Point de presse de M. François Legault, chef du deuxième groupe d'opposition et de M. Gérard Deltell, leader parlementaire du deuxième groupe d'opposition
Version finale
Le jeudi 1 novembre 2012, 11 h 50
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Onze heures cinquante minutes)
M. Legault: Bonjour, tout le monde. Bien, comme vous l'avez vu tantôt, mon collègue le député de Chauveau a déposé un projet de loi pour plafonner les dépenses électorales à 4 millions de dollars. Vous l'avez vu pendant la période de questions, Mme Marois s'est refusée de se lever quand je lui ai demandé le montant qu'elle considérait raisonnable comme dépenses électorales. Et M. Drainville, bien, n'a pas été capable de répondre non plus à la question. C'est quand même surprenant. On sait que Bernard Drainville travaille sur le dossier depuis un certain temps.
Avant de commencer à regarder le comment on pourrait financer plus avec la partie publique, je pense que la première question à se poser, c'est: Quels sont les besoins? Quelles sont les dépenses qu'on veut faire avant de regarder comment on collecte les revenus équivalents? Donc, ce que je comprends, c'est que le Parti québécois ne s'est pas penché sur la question de savoir... ou ils ne veulent pas nous en parler, ou ils veulent garder le plafond actuel de 11,5 millions.
Je vous rappelle que la Coalition avenir Québec a, durant la dernière campagne électorale, dépensé 2,9 millions de dollars. On pense que c'est vrai qu'il y a certaines régions qui n'ont pas été visitées, mais, avec quelques centaines de milliers de dollars de plus, on aurait pu très bien couvrir toutes les régions.
Ce qu'il faut comprendre, là, puis on le voit entre autres dans la campagne américaine, c'est que, de plus en plus, il y a beaucoup de publicité négative qui est faite. La partie importante du budget des dépenses électorales, c'est la publicité. Donc, je pense qu'on a aussi une question de fond à se poser au Québec: Veut-on avoir de plus en plus de publicité négative ou si on veut un vrai débat d'idées?
Donc, nous, on pense que c'est important de limiter les dépenses électorales. On pense aussi, évidemment, qu'en laissant un maximum très élevé, à 11,5 millions, ça incite certains organisateurs à mettre beaucoup de pression sur ceux qui financent les partis politiques, puis ça amène, bien, les problèmes qu'on a vus, de gens qui s'attendent à avoir un retour d'ascenseur en échange du financement.
Donc, on est d'accord avec la proposition du Parti québécois de limiter à 100 $ par personne le financement des partis politiques, mais on pense, là, que c'est inutile ou, en tout cas, incomplet de se pencher sur cette question sans regarder quel est le plafond total des dépenses électorales.
M. Journet (Paul): Sur quoi se base votre chiffre de 4 millions? Et est-ce que vous seriez prêt à peut-être couper la poire en deux puis à hausser ça à, disons, à 8 millions?
M. Legault: On est ouverts. On est ouverts à en parler, mais, vous voyez, 4 millions, ça veut dire que chaque parti politique aurait besoin de ramasser 2 millions, étant donné qu'il y a 50 % qui est remboursé par le Directeur général des élections.
Maintenant, sur le 2 millions, une des propositions, là, que je pense que Bernard Drainville va dans ce sens-là, c'est de dire: Le 75 % qui est remboursé à l'individu qui finance le parti politique, est-ce qu'il ne pourrait pas être donné directement au parti politique? Ça veut dire que le parti politique pourrait ramasser 500 000 $, recevoir 1,5 million de la part du DGE pour l'équivalent de ce qui était donné autrefois directement au contribuable comme individu. Et donc ça serait un chiffre qui est beaucoup plus raisonnable puis, je pense, ça viendrait limiter les tentations de certains de se faire corrompre. Donc...
Puis on l'a vécu, là. Ce n'est pas comme si on lançait un chiffre en l'air. On a vécu, vous l'avez vu, je pense, une bonne campagne électorale, avec des bons autobus pour les journalistes, et d'avoir quand même aussi... On avait un budget de publicité d'à peu près un million de dollars. Donc, je pense que c'était raisonnable. On a réussi à faire connaître nos idées. Donc, je pense que, si le Parti québécois est vraiment sincère dans son objectif d'assainir les moeurs politiques, bien, il doit considérer un plafond électoral.
Journaliste: Et est-ce que vous allez lier les deux, c'est-à-dire donner votre appui à la baisse des contributions seulement à la condition qu'il y ait un plafonnement ou vous traitez ça deux dossiers séparés?
M. Legault: Non. Écoutez, je ne veux pas commencer à faire ce genre de menace. Ce qu'on veut, c'est d'être capables de faire avancer les choses, mais, encore là, je pense qu'on va voir le sérieux du gouvernement, s'il va jusqu'au fond. Aujourd'hui, il a déposé un projet de loi, là, où on parle de mieux qualifier les fournisseurs, mais, je veux dire, le problème, là, il commence aussi avec le financement politique et puis... Il faut être capables de regarder l'ensemble du dossier. Mais ils sont distincts, puis on est prêts à collaborer.
M. Ouellet (Martin): Ça n'empêcherait pas que circulent des enveloppes brunes ou de l'argent sale. Quand même que vous limitiez... que vous limitez à 4 millions, ça n'empêchera pas...
M. Legault: Oui, mais il faut comprendre, là, que le montant le plus important dans le 11,5 millions qui est dépensé ou dans l'argent qui est dépensé par les partis politiques, c'est la publicité, là. Comptons-nous pas d'histoires. Quand j'entends Mme Marois ou Bernard Drainville dire: C'est parce que vous n'êtes pas allés en Abitibi, écoutez, là, c'est une farce, là. Ce n'est pas sérieux. Le gros montant, c'est la publicité, là. Il n'y a pas de limite à ce qu'on peut mettre en publicité. Donc, ça, là, on a besoin de payer avec des chèques. À moins que certains médias prennent le cash, là, je pense que ça prend un chèque.
M. Ouellet (Martin): Mais avez-vous une idée de la proportion de l'argent qui est utilisé en publicité?
M. Legault: Je pense, c'est la majeure partie, là. Il faudrait poser la question au Parti québécois. Nous, de notre côté, bien, ça a été 1 million sur 2,9, mais, si on avait eu plus d'argent... disons que, si on avait eu 1 million de plus, bien, ça aurait été surtout à la publicité. Je pense qu'à un moment donné, une fois qu'on a nos autobus, nos pancartes, l'important, c'est surtout la publicité.
M. Poinlane (Pascal): En limitant les contributions à 100 $, est-ce qu'il ne risque pas d'avoir un effet pervers, non voulu, de, justement, de favoriser les enveloppes brunes, parce que 100 $, là, ça ne se ramasse pas vite.
M. Legault: Bien, c'est... au contraire, il peut y avoir plus de prête-noms, il peut y avoir, à un moment donné, si... comme certains l'ont montré, on demande à un entrepreneur de collecter un certain montant, puis là qu'il demande à ses employés, bien là il va être obligé de demander à tous ses voisins de rue de mettre de l'argent. Donc, moi, je pense que c'est... au contraire, ça prête flanc à avoir encore plus de prête-noms.
M. Dutrisac (Robert): M. Legault, excusez-moi, c'est juste parce que ce n'est pas clair. Vous dites que... qu'est-ce qui fait en sorte que ça favorise davantage le système des prête-noms?
M. Legault: Bien, parce que, si on veut ramasser 11,5 millions, ça ne change pas, ça, il faut que le parti politique ramasse un certain montant. Donc, s'il les ramasse par 100 $ au lieu de par 1 000 $, il va avoir besoin de plus de personnes qui fournissent.
M. Poinlane (Pascal): Donc, c'est bon pour, disons, briser le système de prête-noms, là?
M. Legault: Bien, moi, je pense, ça aide à réduire le risque d'avoir des prête-noms, absolument.
M. Dutrisac (Robert): M. Legault, sur le discours d'ouverture de Mme Marois, est-ce que vous allez voter pour la motion?
M. Legault: Bon. Moi, j'ai été très clair, là, on n'ira pas défaire un gouvernement sur un discours. Par contre, s'il y a des mesures dans un budget qui serait déposé d'ici le 15 novembre, qui ne font pas notre affaire, bien, on n'hésitera pas, puis les 19 députés vont être en Chambre.
La Coalition avenir Québec a été élue avec 27 % de support, par des personnes qui souhaitent qu'on réduise les dépenses, qui souhaitaient aussi qu'on réduise les impôts de la classe moyenne, mais on ne peut pas aller voter pour un budget qui fait exactement le contraire, c'est-à-dire qui augmente les impôts.
M. Ouellet (Martin): Qu'est-ce que vous allez faire? Qu'est-ce que vous allez faire?
M. Legault: On va voter contre, mais je crois, moi, que je m'attends à ce que le gouvernement recule, qu'il fasse une troisième proposition ou que le Parti libéral avale les couleuvres parce qu'ils n'ont pas de chef.
M. Ouellet (Martin): Sur le discours d'ouverture...
M. Legault: Mais, nous, on ne reculera pas.
M. Ouellet (Martin): ...vous allez présenter moins de monde en Chambre? Je veux dire, qu'est-ce que vous allez faire? Parce que les libéraux vont voter contre.
M. Legault: Moi, je suis convaincu qu'on va trouver une façon de s'arranger avec le gouvernement pour que, dans le discours, peut-être qu'on ajoute ou qu'on fasse des ajustements d'une sorte ou l'autre. Mais il reste qu'un discours, là... on n'ira pas défaire un gouvernement sur un discours, C'est des intentions. Comme je le disais hier, je suis très surpris qu'on nous dise, d'un côté: J'ai un trou de 1,6 milliard, mais, de l'autre côté, aucune mesure pour réduire les dépenses, puis peut-être je vais vous déposer un budget. Ce n'est pas bien, bien sérieux, là, dans un discours inaugural. Disons qu'il manque d'information dans le discours inaugural.
M. Séguin (Rhéal): Qu'est-ce que vous pensez de l'idée qui semble vouloir que le gouvernement dépose un budget avant le 15 novembre - il pourrait être adopté avant les fêtes - qui va inclure l'année fiscale 2013-2014?
M. Legault: Écoutez, si on est prêts à déposer des mesures qui vont s'appliquer pour les cinq mois qui restent puis pour les 12 mois suivants, bien, si ce sont des mesures intéressantes, on est ouverts à cette façon de faire, là. Je pense que le Parti québécois va sûrement vouloir, rendu au mois de mars, réviser ses propositions. Je ne suis pas certain qu'ils vont vouloir déposer un budget qui va couvrir 2013-2014, mais on est ouverts. On est ouverts.
Nous, ce qui est important, là, c'est qu'il y a un coup de barre à donner au Québec. On a déposé une liste de 2,1 milliards de dépenses qu'on pense qui pourraient être réduites au Québec puis on pense, c'est primordial, si on veut être capables de soulager la classe moyenne puis être capables aussi d'atteindre l'équilibre budgétaire l'année prochaine. J'ai entendu comme vous ce matin, là, qu'on dit que le plan n'est pas changé. J'étais surpris de voir sur la dette, par contre, là, qu'ils disent que le plan n'est pas changé, mais là il leur manque 13 milliards parce qu'ils n'augmenteront pas les tarifs du bloc patrimonial.
On n'a pas d'information. Franchement, là, pour moi, là, c'est la confusion totale pour ce qui est des finances publiques.
M. Séguin (Rhéal): Mais à la lumière de ce qu'ils vont dit jusqu'à maintenant... ce qu'ils ont dit, là, jusqu'à maintenant, qu'est-ce que vous entrevoyez comme mesures qui pourraient être prises? Est-ce que ce sont des coupures au niveau des dépenses actuelles qui vont être la solution à tout cela?
M. Legault: Bien, moi, mon inquiétude, là, c'est que Mme Marois a une facilité à augmenter les impôts plutôt qu'à réduire les dépenses. Et mon inquiétude, c'est que, là, ça s'applique à certaines catégories d'individus, là, avec des salaires de plus de 100 000 $, mais j'ai peur que la prochaine fois ça s'applique à plus de personnes. Est-ce que ça sera des impôts, des taxes, des tarifs?
Vous savez, il n'y a pas 56 000 manières de balancer un budget, hein? On augmente les revenus, donc les impôts ou les taxes, ou on réduit les dépenses. C'est les deux seules façons que je connais d'arriver à l'équilibre budgétaire. Donc, ils n'ont pas l'air partis, là, pour réduire les dépenses, et puis moi, je suis inquiet. Je suis inquiet.
M. Poinlane (Pascal): Sur le projet de loi n° 1, trouvez-vous que ça va assez loin, ou, au contraire, il y aurait encore des failles dans ce projet de loi là?
M. Legault: Bon, d'abord, on va en prendre connaissance de façon détaillée. On vient de l'avoir en même temps que vous, là. Donc, cet après-midi, Christian Dubé va vous donner les détails... nos réactions complètes. Par contre, ce que je vous dirais: Bon, on ne peut pas être contre le fait, là, qu'on resserre la liste des fournisseurs qui sont autorisés et à Québec et dans les municipalités. On ne peut pas être contre ça. Mais ce qu'on voit a priori, c'est que c'est très incomplet. Ce n'est pas comme ça qu'on va régler tous nos problèmes, là.
Qu'est-ce qu'on fait avec la partie politique? On parlait du plafond des dépenses électorales. J'ai bien hâte de voir aussi ce qui va se passer avec la partie syndicale, hein? On a entendu hier qu'il y aurait une nouvelle formule pour retrouver la paix syndicale pour ce qui est du placement syndical. Ça m'inquiète d'entendre ça, là, parce que je pense que c'était un geste courageux qui avait été posé par Lise Thériault de transférer le placement syndical à la CCQ. Là, que nous prépare le Parti québécois, avec ses petits amis de la FTQ? Ça, il faut voir aussi qu'est-ce qui s'en vient de ce côté-là. Puis que fait-on pour intervenir dans les municipalités quand un maire est accusé? Je n'ai pas, a priori, vu rien, là, dans le projet de loi.
M. Poinlane (Pascal): Pensez-vous qu'un entrepreneur qui est accusé mais non pas encore reconnu coupable de fraude devrait, justement, être exclu de la liste? Parce que là, en ce moment, dans le projet de loi, ce n'est pas le cas, c'est seulement ceux qui seraient reconnus coupables.
M. Legault: Bien, on a un système de droit au Québec, là, quand même, qui a la... où on a la présomption d'innocence. Par contre, il faut voir justement, là, son passé, son passé aussi au niveau de l'exécution des travaux. Est-ce que c'est quelqu'un qui arrive continuellement avec des extras? Est-ce que... Bon, je pense qu'il y a différentes façons de regarder les fournisseurs pour qu'ils soient mieux encadrés.
Mais ce qui est important, c'est qu'il y ait une vraie compétition entre les fournisseurs. Donc... Et, pour ça, bien, il faut aussi qu'il y ait des gens d'expérience, des gens qui soient compétents au ministère des Transports, et, encore là, j'avoue, là, puis, bon, pour en avoir déjà discuté lorsque j'étais avec eux, le fait de se dire: Actuellement, le ministère des Transports perd... a perdu, au cours des dernières années, tous ses ingénieurs avec expérience parce que le salaire n'était pas compétitif avec le privé.
Là, ce qu'on dit à ça, là, ce que le Parti québécois prend comme solution, solution simpliste, on va créer une agence, puis, dans une agence, bien, la convention collective ne s'applique pas, donc on va pouvoir payer les salaires qu'on veut. Par contre, on prend une certaine distance en créant une agence par rapport à un ministère au moment où on a besoin d'avoir plus de contrôle que jamais.
Moi, je ne comprends pas que le Parti québécois n'ait pas eu le courage de s'asseoir avec les syndicats puis de dire: Écoutez, là, on n'est pas... on vit dans un système capitaliste, où il y a l'offre et la demande, puis, si on donne une augmentation de salaire aux ingénieurs parce qu'on n'est pas capables de les recruter, bien, on n'est pas obligés de donner une augmentation de salaire à tous les employés de l'État. C'est le système de négociation mur à mur qu'il faut avoir le courage de remettre en question, mais je n'ai pas beaucoup d'espoir que Mme Marois va toucher à ça.
M. Poinlane (Pascal): Juste en terminant... mais, juste pour être sûr que j'ai bien compris, c'est que vous êtes d'accord avec le projet de loi n° 1, mais vous allez proposer des améliorations. C'est ça que je comprends en gros, là?
M. Legault: Écoutez, on va vous donner les commentaires exacts. Je ne l'ai pas lu au complet, donc je l'ai lu en même temps que vous. Je viens de l'avoir. On va revenir cet après-midi pour vous donner des commentaires plus complets.
M. Duboyce (Tim): Can you explain why or what kind of difference the bill that you're presenting today would make concretely?
M. Legault: I think that the... When you look at a way to reduce possibilities of collusion or corruption with some political parties, the first thing you should look at is the level of expenses. Before talking about the percentage that should come from the public and the percentage that should come from the private side, the first thing you should look is how much money you need. And we think that, right now, $11,5 million per party, per election, is too much. So we propose to have a ceiling, to have a maximum of $4 million.
But, as you saw a few minutes ago, Mrs. Marois and Mr. Drainville refuse to tell us how much is a reasonable amount. We did a campaign with $2,9 million. I think it was a good campaign and I think that, right now, the difference between the $4 millions and the $11 millions is publicity. Do we want to go, like United States, having so much negative publicity? I don't think so. So I think that it's about time that we put and reduce the maximum of total expenses.
M. Duboyce (Tim): We now have some new information, that Gérald Tremblay has decided to take a couple of days of break from his duties. How do you react to that?
M. Legault: About the same thing as Mr. Vaillancourt. I think that what I said is that he owes us some explanations. And, staying at home, we're sure we won't get these explanations soon. So I think that, right now, we cannot afford this kind of situation in Montréal and in Laval.
M. Duboyce (Tim): So what should he do?
M. Legault: I think that, right now, the Government has to propose us a solution. How do we take back control over Montréal? Because the city is still giving some contracts right now. So the money of the taxpayers is at risk right now. So we cannot stay the situation the way it is and we shouldn't exclude any solution.
Une voix: Merci.
M. Legault: O.K. Merci.
(Fin à 12 h 7)