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(Onze heures trente minutes)
Mme Blanchette Vézina : Bonjour.
Je viens tout juste de déposer un projet de loi qui prévoit le transfert d'un
terrain qui appartient à la ville de Blainville au ministère des Ressources
naturelles et des Forêts. Depuis de nombreux mois, on essaie de trouver des
solutions, la meilleure solution dans le dossier, la solution consensuelle
aurait été préférable, et l'entreprise elle-même depuis plusieurs années...
Le 6 février dernier, le président-directeur
général de Stablex, Stablex Canada, a envoyé une lettre au premier ministre en
insistant sur l'urgence de la situation. Depuis plus de 40 ans, Stablex
joue un rôle clé dans l'écosystème de la gestion des matières résiduelles au
Québec. Cette entreprise, qui est déjà située à Blainville, répond à un besoin
essentiel sur notre territoire, à savoir la disposition sécuritaire des
matières dangereuses résiduelles issues de nos activités. Elle est la seule
entreprise au Québec qui traite et élimine ce type de déchets.
Le projet de loi que j'ai présenté aujourd'hui,
c'est une étape requise en vue d'une éventuelle location du terrain à l'entreprise
Stablex pour l'aménagement d'une nouvelle cellule d'enfouissement de matières
dangereuses résiduelles. On a soigneusement pris en compte l'analyse
environnementale et les conclusions du BAPE dans nos réflexions. Cependant,
avant même la conclusion du BAPE, la ville de Blainville a choisi de résilier
une entente, une entente de principe qui était intervenue, qui aurait permis la
vente du terrain à Stablex. La ville reconnaît le caractère essentiel de l'entreprise
et souhaite qu'elle se développe sur une parcelle de terrain différente, dans
le même secteur, mais qui est beaucoup trop rapprochée d'un quartier
résidentiel que celui qu'on va préconiser. Le terrain proposé par la ville,
donc, il est situé à 300 mètres de résidences, d'un nouveau quartier, et l'étude
du BAPE qui avait été faite sur ce terrain remonte à avant le développement de
ce quartier. Donc, si le projet de loi... si, pardon, le projet de
développement se réalisait à l'emplacement qui était proposé par la ville, les
nuisances pour les citoyens seraient nettement plus importantes.
Je le répète, notre gouvernement tente,
depuis de nombreuses semaines, de nombreux mois, d'arriver à une solution
consensuelle dans le dossier, malheureusement sans succès. On n'a donc pas d'autre
choix aujourd'hui que de proposer un projet de loi pour faciliter la continuité
du service, une décision qui est difficile mais qui est absolument nécessaire,
qui est fondée aussi sur des réelles considérations environnementales.
Lorsque j'entends mes collègues de l'opposition
remettre en question la légitimité de cette décision, je me demande sincèrement
comment ils comptent répondre aux entreprises de leurs comtés, aux villes du
Québec, aux municipalités, aux hôpitaux qui se retrouveraient très bientôt avec
aucun endroit pour disposer de leurs matières dangereuses résiduelles. Et on ne
prend pas cette décision de gaieté de cœur, mais c'est la chose responsable à
faire. Si on n'agit pas, les villes, les entreprises, tous les clients, plus de
600 au Québec, de Stablex, risquent de se débarrasser de leurs déchets sans
tenir compte de normes environnementales strictes, et il faut donc à tout prix
éviter un bris de service.
La ville de Blainville était d'accord avec
nous jusqu'à tout récemment. Leur changement de cap dans ce dossier explique,
entre autres, l'urgence de la situation. Les principales dispositions proposées
dans le présent projet de loi entourent donc les modalités du transfert de
propriété du terrain ainsi que les mesures relatives à l'aménagement et à l'exploitation
du terrain.
Le projet de loi démontre la volonté du
gouvernement d'agir efficacement et de façon pragmatique en faveur de la
protection de l'environnement, du bien-être de la population et des intérêts
des villes et des entreprises québécoises. Merci.
Journaliste : Mme Blanchette
Vézina, le projet de loi est déposé, quoi, un peu moins de... Bien, en tout
cas, si on regarde la lettre de l'entreprise, le bris de service est évalué à
la mi-avril, donc ça vous laisse quatre semaines d'étude pour adopter... c'est
ça, étudier, consulter, adopter le projet de loi. Est-ce que c'est assez de
temps? Puis considérez-vous utiliser la procédure d'exception pour vous assurer
que la vente soit faite à temps?
Mme Blanchette Vézina : On va
prendre les mesures nécessaires pour que le débat se fasse. On souhaite qu'un
débat se fasse. Mais, bien sûr, il y a une urgence d'agir, effectivement, si on
souhaite... si on ne veut pas avoir ce bris de service. Alors, on demande la
collaboration de tous les partis dans le dossier parce qu'il en va de l'intérêt
de l'ensemble de la collectivité québécoise.
Journaliste : Mais c'est
quoi, les mesures? Parce que, là, vous pourriez imposer un bâillon, là. Vous
avez deux semaines de relâche parlementaire que vous perdez en plus. Est-ce que
ce serait de rappeler spécifiquement cette commission-là pour que ça puisse
avancer le plus vite possible? C'est quoi...
Mme Blanchette Vézina : On va
demander la collaboration de l'ensemble des partis d'opposition pour que le
dossier avance le plus rapidement possible. Ça reste un court projet de loi. On
va faire les choses rapidement. Et idéalement il faudrait adopter le plus tôt
possible ce projet de loi, qui est un projet de loi qui est, somme toute, court,
mais qui va permettre donc de pouvoir disposer et de transférer la propriété
rapidement.
Journaliste : ...quitte à
recourir au bâillon, là, si nécessaire, s'il y a obstruction, et tout ça, là.
Mme Blanchette Vézina : Écoutez,
il y a urgence d'agir. On a tenté jusqu'à la dernière minute d'arriver à une
solution consensuelle. On arrive avec un projet de loi, aujourd'hui, qu'on
souhaite adopter rapidement. On va prendre les mesures nécessaires pour que ça
se fasse en temps qui permettrait...
Journaliste : ...comprend,
là.
Mme Blanchette Vézina : À
cette étape-ci, je demande la collaboration de l'ensemble des partis
d'opposition parce qu'il en va de l'intérêt des Québécois et des Québécoises.
Journaliste : Maintenant, un
des principaux arguments que vous avez avancés, c'est que le Québec exporte,
là... Combien de fois plus, là? Mais beaucoup plus...
Mme Blanchette Vézina : Quatre
fois.
Journaliste : Quatre fois,
vous avez dit? Bon. On exporte quatre fois plus de matières dangereuses qu'on
en importe. Or, le rapport du BAPE dit précisément le contraire. Qu'est-ce
qu'il en est exactement?
Mme Blanchette Vézina : En
fait, lorsqu'on regarde ce qui est importé par le Québec, beaucoup vont en recyclage.
Moi, aujourd'hui, je ne ferai pas de guerre de chiffres. Puis oui,
effectivement, l'information qui était dans le BAPE n'est pas nécessairement le
chiffre qui est réel, mais il faut comprendre qu'au net, lorsqu'on calcule,
puis moi, je me réfère aux chiffres du ministère de l'Environnement puis des
données qui sont prélevés par les équipes du ministère de l'Environnement, on
en exporte beaucoup plus. Et si on excluait d'exporter, on aurait un autre gros
problème.
Journaliste : Si on exclut
d'importer, à ce moment-là, ça n'aide pas à régler un peu le problème.
Mme Blanchette Vézina : Écoutez,
la situation, elle est qu'on a besoin d'un site de remplacement. Et il n'y aura
pas d'alternative à exporter, non exporter, là. À ce moment-ci, on doit trouver
la solution.
Journaliste : ...quatre fois
en Chambre. Je comprends que c'était en incluant ce qu'on recycle.
Mme Blanchette Vézina : Exact.
Non, mais en fait on importe, il y a une grande partie qui est... qui est
recyclé de ce qu'on importe, mais ce qu'on met dans le site, on en a besoin,
puis ce qu'on exporte est plus grand, quatre fois plus grand, là. Donc, au net,
on serait perdants. Puis moi, aujourd'hui, ce que je vous dis, c'est : On
a besoin de ce site-là. C'est le seul au Québec. Et si on ne va pas de l'avant,
on n'aura pas de... on va avoir un bris de service.
Journaliste : En termes de
déchets purs, on importe plus qu'on exporte, en termes de déchets seulement?
Mme Blanchette Vézina : Tout
à fait.
Journaliste : Le BAPE avait
raison là-dessus.
Mme Blanchette Vézina : Non,
mais on en exporte plus qu'on en importe.
Journaliste : ...la matière
destinée aux cellules, là. Tu sais, dans les cellules, les espèces de
sarcophages, là, qu'on s'entende bien. Pas les...
Mme Blanchette Vézina : Bon
an, mal an, on a besoin de l'exportation parce qu'on n'a pas le traitement
possible non plus ici au Québec.
Journaliste : Maintenant,
pourquoi la ville proposerait un site essentiellement nuisible, vous dites, aux
citoyens? Qu'est-ce qui explique ça?
Mme Blanchette Vézina : Vous
pourrez poser la question à la ville. Nous, on a tenté de trouver des
solutions. On sait que le site qui était proposé initialement, c'était le site
sur lequel on prend une décision aujourd'hui. Donc, la ville avait une entente
avec Sablex. Elle a résilié l'entente de principe. Elle est revenue avec une
autre solution. Elle est revenue sur ses paroles envers nous aussi il y a
quelques semaines seulement. Écoutez, nous, aujourd'hui, on prend la meilleure
décision en regard des terrains qui sont disponibles à proximité, avec le
moindre impact sur les citoyens et sur l'environnement.
Journaliste : La ville, ce
qu'elle dit, c'est qu'elle veut qu'il y ait de l'acceptabilité sociale chez ses
citoyens. Donc, je ne comprends pas, est-que vous... Est-ce que, selon vous, la
ville prend mal le pouls de ses citoyens?
Mme Blanchette Vézina : Je
laisse la ville diriger comme elle le souhaite sa ville. Mais moi, aujourd'hui,
je vous parle dans l'intérêt des citoyens du Québec. On ne peut plus attendre.
Il y a eu des aller-retour, des changements de décision de la part de la ville
pour différentes raisons que vous nommez. Ceci étant, nous, comme gouvernement,
on doit gouverner pour... dans le meilleur intérêt de l'ensemble des Québécois.
Et aujourd'hui ce n'est pas de gaieté de cœur que je viens adopter une loi
spéciale pour ce type d'expropriation, mais on doit le faire parce que c'est
dans l'intérêt collectif de l'ensemble du Québec.
Journaliste : ...on a
l'impression que vous avez hérité d'une patate chaude dont personne ne voulait,
là, ce n'est pas de l'environnement, ce n'est pas les affaires municipales.
Mme Blanchette Vézina : Non,
parce qu'en fait je suis responsable des Ressources naturelles mais du
territoire public. Donc, à ce titre là, je peux... j'ai des mécanismes qui
permettent de louer des baux industriels avec des tarifs qui sont déjà
déterminés, là. Donc, il y a une mécanique qui est simple. On a une urgence
aujourd'hui, donc on est allé avec des mécanismes, mais... Et il y a aussi...
on vient s'assurer de garder l'indépendance du ministère de l'Environnement
dans la relation avec l'entreprise. Donc, le bailleur, ce serait le ministère
des Ressources naturelles et des Forêts. Puis le ministère de l'Environnement
va continuer son rôle de surveillance.
Journaliste : Mais pourquoi
on n'accepte pas, disons, la situation actuelle? Selon le BAPE, on pourrait
garder la solution actuelle jusqu'en 2030, il n'y a pas cette urgence-là dont
on parle. Eux, ils ont tout regardé ça puis ils disent : Mais non, on est
correct avec ce qu'on a en ce moment, là, la cellule actuelle jusqu'en 2030.
Elle est où, l'urgence?
Mme Blanchette Vézina : En
fait, ce qui est venu dire le BAPE, c'est : Il y a déjà eu un BAPE sur
l'autre terrain. Mais le BAPE a eu lieu antérieurement au développement d'un
quartier résidentiel sur le terrain dont on parle. Donc, ce terrain-là est à
300 mètres de résidence. Si on souhaitait pouvoir utiliser ledit terrain,
ça voudrait dire des dizaines de milliers de camions qui passeraient dans un
nouveau quartier résidentiel. Des nuisances importantes en termes de bruit, en
termes...
Journaliste : ...parce que
moi, je parle la cellule numéro cinq qui est en exploitation.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
nous, les données qu'on a, c'est qu'il en reste suffisamment uniquement pour
qu'on puisse faire le processus d'ouverture de nouvelles cellules.
Journaliste : Ça, ça amène à?
Mme Blanchette Vézina : Ça
amène à 2027. Donc, on est aujourd'hui, ça prend au moins deux ans faire cet
exercice-là.
Journaliste : Ce n'était pas
jusqu'en 2030?
Mme Blanchette Vézina : 2027 qu'on
a comme information.
Journaliste : ...c'était...
moi, je ne comprends pas, là, le BAPE, il fait l'analyse, puis là ils ne sont
pas... il parle à des spécialistes, mais donc...
Mme Blanchette Vézina : L'information
qu'on a, c'est que c'est 2027.
Journaliste : Il faudrait que
les travaux commencent quand, à ce moment-là?
Mme Blanchette Vézina : Dès
que possible.
Journaliste : O.K., mais, je
veux dire, est-ce qu'on parle du 14 avril?
Mme Blanchette Vézina : Bien,
c'est la date limite que l'entreprise nous demande, pas juste parce qu'elle
nous le demande, c'est qu'il y a un enjeu aussi faunique, là, sur... on veut
limiter les impacts fauniques. Donc, l'idée est de rapidement agir pour
notamment la récolte forestière et éviter l'impact sur un type d'oiseau, là,
qui peut être présent. On veut limiter. Et je tiens à le dire, là, on regarde
le dossier en limitant au maximum l'impact environnemental et l'impact sur les
citoyens. Donc, la situation a changé depuis le BAPE initial. Il y a un
quartier résidentiel à proximité. Ce qu'on propose, c'est un terrain qui avait
déjà été envisagé par la Ville de Blainville initialement et qui, à notre avis
et à l'avis de tous, est le moins pire... la moins pire des solutions.
Journaliste : J'ai une
question, en fait, puis là, ce que je comprends, O.K., c'est que, sur un
horizon de 10 ans, c'est estimé que Stablex, les matières à enfouir,
30 % à peu près viennent des États-Unis. C'est en augmentation de façon
importante de 48 % durant cette période-là, c'est 2023-2032, je pense, la
période qui est identifiée. Bon, O.K., pourquoi ce n'est pas une option de
fermer le robinet de ce qui vient des États-Unis et qui est enfoui par cette
société qui est, par ailleurs, américaine?
Mme Blanchette Vézina : Parce
qu'on a besoin nous-mêmes d'envoyer à l'extérieur du pays. C'est une dynamique,
là, les matières résiduelles, puis c'est une expertise qui est nichée, là. On
ne trouve pas à tous les coins de rue une entreprise qui peut faire ce type de
traitement là. Les matières résiduelles du Québec ne peuvent pas toutes être
enfouies ici. Même avec l'actuel site, elles doivent être traitées à
l'extérieur parce que c'est là qu'il y a le procédé.
Journaliste : On importe
300 000, on exporte 183 000. Vous avez clairement les moyens
d'inclure tout ça, là.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
il y a des types de matières qui ne sont pas traitées au Québec et qui doivent
être traitées ailleurs.
Journaliste : ...qui vont là
chez Stablex.
Journaliste : O.K., bien,
c'est parce que... Est-ce que je dois comprendre qu'il y a quelqu'un, mettons
ceux avec qui on fait affaire aux États-Unis pour enfouir des matières
québécoises, on dit : Écoutez, là, si vous ne faites pas ça pour Stablex,
nous, vos matières, on ne les prend plus?
Mme Blanchette Vézina : Moi,
je n'ai pas cette information-là. Moi, ce que je vous dis, c'est que sur le
site de Stablex, sur le site actuel, il n'y a pas le processus pour pouvoir
traiter nos matières résiduelles. Donc, on doit pouvoir exporter. Ça fait que,
moi, ce que je vous dis, c'est que l'information que nous avons, c'est qu'on en
exporte beaucoup plus qu'on en importe.
Journaliste : O.K., je veux
bien comprendre, mais est-ce que vous avez l'information? Avez-vous... Est-ce
que c'est donc un risque que, si le Québec décide de fermer le robinet de son
côté que, de l'autre côté, ils disent : Ah oui, je ferme le mien aussi?
Mme Blanchette Vézina : Il y
a plusieurs possibilités, dont le fait que l'entreprise pourrait quitter
également, qu'on se retrouverait comme dans les années 70, avec un grave
bris de service. C'est ce qu'on souhaite éviter de manière primordiale.
Journaliste
: ...le
Québec, là, littéralement.
Mme Blanchette Vézina : Bien,
écoutez, s'il n'y a pas d'alternative et qu'on n'arrive pas à une entente
rapidement, ce qu'on a tenté de faire jusqu'à la dernière minute, il est
possible qu'il n'y ait pas d'autres sites, donc on se retrouve avec un bris...
Journaliste
: Sur le
contenu du projet de loi, parce que vous avez parlé de location,
Mme Blanchette-Vézina, donc le terrain va être loué à Stablex?
Mme Blanchette Vézina : Exact.
Journaliste : Puis sur quel
horizon on pense pouvoir rembourser cette indemnisation de
17 millions de dollars?
Mme Blanchette Vézina : C'est
10 ans, de mémoire, 10 ou 20 ans, là, en fait, le bail, mais on
projette beaucoup plus de temps, là. Donc, à terme... là, je pourrai vous
revenir avec le détail du moment d'amortissement, mais c'est 6 % de la
valeur marchande à indexer annuellement. Ça, c'est nos termes habituels aux
Ressources naturelles. Et donc le site projeté permettrait beaucoup plus long
que ce qui serait nécessaire pour absorber le coût d'acquisition du terrain.
Une voix : ...
Mme Blanchette Vézina : On a
tout envisagé, on a tout regardé. Pas possible, il n'y a pas d'autre
possibilité. Merci, tout le monde.
(Fin à 11 h 45)