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(Onze heures trente-six minutes)
Le Modérateur : Alors,
bonjour à tous. Bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Joël Arseneau,
député des Îles-de-la-Madeleine et porte-parole en matière de santé et services
sociaux et soins à domicile, fera un point de presse sur une pétition demandant
le maintien des services d'urgences à Fortierville. Il sera accompagné pour l'occasion
de Mme Julie Pressé, mairesse de Fortierville.
M. Arseneau : Alors, bonjour.
Aujourd'hui, on a déposé une pétition, de plus de 4 500 signatures,
qui demande le maintien des services de l'urgence du centre de santé de
Fortierville. Et c'est extrêmement important d'assurer le... le plein rendement
d'un centre de santé comme celui-là, parce qu'à l'heure actuelle on a déjà vu
une baisse des services. On avait un service qui était pleinement fonctionnel,
24 heures sur 24, sept jours par semaine, et c'était le cas aussi un petit
peu partout à travers le Québec, et ce à quoi on assiste présentement, là, c'est
un rétrécissement de la couverture en matière de soins de santé, en matière d'accès
à des soins de santé, et ça cause, évidemment, un problème d'équité, un
problème de santé, un problème de sécurité également, parce que ce qu'on veut
forcer les gens à faire ultimement, là, c'est à se déplacer sur des dizaines,
voire 100 kilomètres, dans le cas qui nous intéresse, pour aller obtenir
des soins auxquels on est en droit de s'attendre là où on habite au Québec.
Donc, ce n'est pas rien.
On sait que le gouvernement, via le CIUSSS
de... de la Mauricie—Centre-du-Québec, nous dit : Bien, écoutez, on ne peut
pas inventer des médecins, on est en pénurie de personnel. On a créé Santé
Québec pour avoir une optimisation des soins de santé au Québec, pour pouvoir
avoir, selon les paroles du ministre, plus d'agilité, pour pouvoir répartir les
ressources de façon à avoir un système de santé qui fonctionne mieux pour
toutes les Québécoises et tous les Québécois. Et, à l'heure actuelle, bien, c'est
exactement le contraire qu'on est en train de faire, on est en train de réduire
les services par attrition en espérant que les gens de nos régions vont cesser
de se battre et baisser les bras.
Et ce n'est pas ce qui se passe à
Fortierville. Ce n'est pas ce qui se passe ailleurs au Québec. On demande donc
que le gouvernement fasse preuve de volonté, d'une volonté politique pour
pouvoir maintenir ces services-là au même niveau qu'on est habitués de les
avoir. Et, dans le cas de Fortierville, on a simplement réduit la couverture
pour ensuite se dire : Bien, on ne peut plus avoir accès aux médecins
dépanneurs. Donc, c'est comme si on avait voulu provoquer cette incapacité-là
d'aller chercher les services dont on a besoin pour... ou chercher les
ressources dont on a besoin pour maintenir les services. Donc, le gouvernement
peut agir.
Et je vais laisser la mairesse nous
expliquer en quoi poser un geste comme celui-là, c'est... ça a un impact non
seulement sur les soins de santé, mais ça a un impact aussi, je dirais, sur la
vitalité de nos communautés. Merci.
Mme Pressé (Julie) : M. le
député, Mesdames, Messieurs les journalistes, chers citoyens et citoyennes de
Fortierville, de la MRC de Bécancour et des MRC avoisinantes. Je tiens
premièrement à remercier M. Arseneau, qui a accepté de parrainer et de déposer
la pétition relative au maintien intégral des services d'urgence du Centre de
santé de Fortierville. Récoltant plus de 4 500 signatures en quelques
semaines, la pétition témoigne de l'inquiétude suscitée par une fermeture
imminente et représente la voix des citoyens de notre région. Récolter plus de
4 000 signatures en quelques... en un peu plus d'un mois est la
preuve indéniable que la mobilisation populaire ne faiblit pas et que les
citoyens refusent de rester silencieux.
On a une volonté collective de défendre un
accès équitable aux soins de santé malgré l'indifférence du gouvernement. Et
nous commandons maintenant des actions concrètes du ministre de la Santé.
L'heure n'est plus aux délais ni aux demi-mesures, mais à des engagements
fermes pour assurer la pérennité de l'urgence. Nos démarches ont d'ailleurs reçu
l'appui de la table des MRC du Centre-du-Québec.
Je suis seule aussi aujourd'hui, mais ce
sont les démarches de toute une région. Notre préfet devait d'ailleurs
m'accompagner, mais des ennuis de santé l'ont gardé à la maison.
Nous sommes toujours sans réponse du
ministre de la Santé, qui n'a pas saisi l'occasion de nous rencontrer lors de
notre dernier passage ici, en février. Cette démarche aujourd'hui, avec la
pétition, s'inscrit donc dans notre volonté de témoigner des impacts d'une
telle décision.
Depuis plusieurs mois, les citoyens de la
MRC de Bécancour et des environs doivent composer avec une urgence
partiellement ouverte à Fortierville. La réduction des services et la menace de
fermeture complète de l'urgence au cours des prochains mois suscitent une vive
inquiétude et une angoisse croissante dans notre population. Une fermeture
complète de notre urgence priverait des milliers de citoyens d'un accès rapide
aux soins essentiels. Cette fermeture obligerait des patients à parcourir plus
de 100 kilomètres pour recevoir des soins, augmentant les délais
d'intervention et mettant des vies en danger.
Ma question au ministre de la Santé est la
suivante : Est-ce que ce serait acceptable que vos commettants de La
Prairie doivent se rendre à Blainville pour une urgence médicale? C'est
pourtant ce qui attend nos citoyens de Fortierville et des alentours si rien
n'est fait. On ne peut pas avoir deux catégories de citoyens, ceux qui ont
accès à un service de santé de proximité et ceux en région, qui n'en ont pas.
Est-ce que c'est ça le fameux système de santé à deux vitesses?
Une urgence, par définition, ça ne peut
pas être à temps partiel. On ne choisit pas le moment d'un infarctus, d'une
détresse respiratoire, d'un AVC ou d'un accouchement précipité. Des témoignages
abondent de cas où notre urgence a sauvé la vie de citoyens qui n'auraient pas
pu faire la route.
L'urgence de Fortierville constitue un
service de proximité crucial pour les résidents de la MRC de Bécancour et des
régions avoisinantes. Nous avons 14 000 visites par année. Notre
urgence a prouvé son importance dans les 50 dernières années. Il est
important de rappeler que la pétition fait suite à une motion demandant au
gouvernement de garder l'urgence de Fortierville ouverte, et cette motion a été
adoptée à l'unanimité avec 98 votes pour et zéro contre. Nous exigions
alors que le gouvernement prenne les moyens nécessaires pour maintenir les
services d'urgence de Fortierville de soir et de fin de semaine. Et, depuis son
adoption, les actions concrètes du gouvernement se font toujours attendre.
Notre cri du cœur ayant trouvé écho jusqu'à
l'Assemblée nationale reflète les préoccupations des citoyens. Nous souhaitons
sensibiliser à nouveau le ministre de la Santé par le dépôt de cette pétition. Nous
espérons qu'il entendra l'angoisse qu'une telle fermeture suscite dans notre
région. Bien que nous ayons une bonne collaboration avec le CIUSSS MCQ, nous
souhaitons que le ministre se saisisse du dossier et qu'il nous rencontre.
C'est à lui que revient le pouvoir d'agir. On espère avoir un retour, suivant
cette autre démarche aujourd'hui, pour attirer l'attention sur la réalité de
notre population.
Je vous remercie de votre attention et je
souhaite remercier à nouveau M. Arseneau, qui a accepté de parrainer cette
pétition, très importante pour nous, et de la déposer aujourd'hui. Merci
beaucoup.
M. Arseneau : En terminant,
je voudrais dire qu'il y a un suivi à cette pétition-là qu'on va réclamer de la
part de la Commission de la santé et des services sociaux. Lorsqu'on dépose un
document comme celui-là, c'est important qu'on puisse en débattre. Il y aura
donc une séance de travail sur la pétition, et on va demander au gouvernement
de s'en saisir, d'entendre des groupes, notamment les représentants de la
population de Fortierville et de la MRC de Bécancour, pour mesurer les impacts
d'une décision comme celle qui nous pend au bout du nez, et, en même temps,
dénoncer le fait qu'aujourd'hui — et la mairesse vient de l'exprimer
de façon éloquente — on est en train de créer un Québec qui est
littéralement cassé en deux.
Sur le plan de la santé, là, on n'est plus
avec un régime public et privé uniquement, on est rendus avec un système à deux
vitesses où, si on habite dans les centres urbains, bien, on a le droit à des
services optimaux, et, lorsqu'on vit en région, bien, on a des services qui se
ratatinent et se ratatinent encore jusqu'à ce qu'on les ferme, tout simplement,
tout bonnement. Et ça se passe, présentement, à Fortierville, ça se passe à Rivière-Rouge,
ça se passe à Trois-Pistoles, ça se passe à Pohénégamook, ça se passe dans le
Pontiac. Il faut mettre un terme à cette gestion par attrition du gouvernement
dans des domaines aussi précieux, aussi essentiels que celui de l'accès aux
soins de santé pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Je vous
remercie beaucoup.
(Fin à 11 h 45)