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(Douze heures trente-huit minutes)
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Aujourd'hui, je réagis au projet de loi n° 94 du gouvernement de la
CAQ, qui est sa deuxième tentative d'aborder la question de la laïcité. Au
Parti québécois, c'est une conviction forte et sincère, la laïcité, la
séparation de l'Église de l'État, et ça inclut nécessairement les écoles, ça
inclut l'éducation. Et, aujourd'hui, je comprends que le ministre nous expose
la laïcité en partie. Donc, on parle d'éducation, il n'y a pas de plan
d'ensemble. C'est ce qu'on nous avait pourtant dit, qu'on allait parler de
l'ensemble de la société, qu'on allait parler des services de garde, qu'on
allait parler de l'école, qu'on allait parler de la vie en société de façon
générale.
Donc, on arrive avec des propositions du
gouvernement pour ce qui est des écoles. On est heureux du virage du
gouvernement, d'abord, parce que ça indique que la loi 21 n'était pas
suffisante et ça indique également qu'on a perdu beaucoup de temps. Si la CAQ,
à l'époque, avait dit oui au projet de laïcité du Parti québécois, du
gouvernement de Pauline Marois, bien, on aurait gagné plusieurs années.
Pourquoi ils ne l'ont pas fait dans le cadre d'un gouvernement minoritaire? Ils
trouvaient que ça allait trop loin. Alors, maintenant, ils essaient d'aller un
peu plus loin. Ils essaient de rattraper des phénomènes que nous avons observés.
Souvenez-vous, quand Bernard Drainville se rend à Tout le monde en parle et
peine à définir que c'est religieux. C'était religieux, c'est avéré maintenant.
Et quand Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois, parle d'entrisme,
c'est exactement ce qu'on a vu. Alors, encore une fois, on a été à
l'avant-garde et on a dit au gouvernement : Allez dans ce sens, tout comme
on l'avait fait pour les lieux de prière qu'on appelait lieux de rassemblement
ou lieux de relaxation. On a dit tout de suite : Envoyez une
consigne : plus de lieux de prière. Et c'est devenu une consigne et c'est
devenu suivi dans l'ensemble des écoles, une autre initiative du Parti
québécois. Puis on a demandé aussi une réflexion sur le financement des écoles
religieuses, j'y reviendrai.
Donc, on est heureux de cet avancement. On
parle des vraies choses : du religieux, de la spiritualité, de l'entrisme,
du prosélytisme, et, nous, on tient le cap sur ces valeurs, évidemment, on va
collaborer à ce projet de loi. J'entendais le ministre dire : C'est
important de nous aider à l'adopter le plus rapidement possible. J'aimerais
faire une nuance, à l'adopter et à le modifier, parce que ce n'est pas
suffisant, il y a des bonnes choses, mais il y a des choses qui sont
manquantes. Et comptez sur le Parti québécois qui a une expertise dans le
domaine pour les proposer.
Donc, dans les points positifs, bien, il y
a l'élargissement de l'obligation du visage découvert aux élèves sur les lieux
non limités aux salles de classe et aux élèves éduqués à la maison. Ça allait
de soi, selon la Loi sur la laïcité de l'État, c'est consacré. Visage découvert
à tous les employés du réseau scolaire, c'est une nouveauté, incluant le
personnel des services de garde. On avait parlé de ça, dans le cadre du projet
de loi n° 21, au Parti québécois, ça n'avait pas été retenu. Une porte qui
a déjà été ouverte par la Loi sur la laïcité du Québec, mais, nous, on en avait
parlé.
Élargir l'obligation du visage découvert
aux écoles privées non subventionnées une nuance, on y reviendra. Rappel aux
élèves du devoir d'agir en respectant les principes de non-discrimination sur
le sexe, l'orientation sexuelle, le genre, la race, évidemment. D'ailleurs, je
me souviens des mesures qu'on avait adoptées pour lutter contre la discrimination.
Ça va exactement dans le sens de ce qu'on veut faire au Parti québécois et dans
ce qu'on fait depuis des décennies. Élargissement de l'interdiction des signes
religieux à tout le personnel d'un centre de services scolaire, on comprend
qu'il y a une clause grand-père, même chose pour... et on ne fait pas ça pour
les CPE, les services de garde, pas clair, d'où l'importance d'une approche
globale en matière de la laïcité. Donc, laïcité de l'État, donc, en santé, en
éducation, dans les CPE, voire même des enjeux comme la prière en public. Le
gouvernement a beaucoup parlé de ça. Qu'est-ce qui va arriver? Je ne le sais
pas.
Points faibles ou absents — j'ai
commencé par le positif — pas d'interdiction du port de signes
religieux pour les élèves du primaire. Nous, on est d'avis que pour le primaire
et le secondaire, pour tous les enfants, pour tous les élèves qui rentrent dans
une école, bien, ce n'est pas le lieu pour qu'il y ait des signes religieux.
Alors, ça, c'est une première proposition ou c'est une distinction entre le CAQ
et nous. Absence d'une organisation centralisée pour le dossier de laïcité, M.
Drainville devance la réflexion collective qu'il devait faire avec son collègue
Roberge, ce qui implique que l'éducation agit seule, sans cohérence d'ensemble
avec les services de garde, les CPE, par exemple. Vous savez, dans les CPE, il
y a du recrutement qui se fait sur des bases religieuses, là ça a toujours
cours. Difficile de juger un projet de loi sans savoir ce que le ministre de la
Laïcité va y ajouter ou non plus tard, après les travaux de son comité. On
attend.
Le ministre, il voulait être premier, il
voulait être le premier à paraître à la télévision, le premier à chanter sa
chanson. Il a réussi, mais il y a une question de cohérence aussi. Il joue dans
une équipe. Il faut parfois rappeler ça à Bernard Drainville. On a déjà
travaillé avec lui au Parti québécois, je pense que les gens de la CAQ
l'apprennent aujourd'hui. Pas d'interdiction des critères confessionnels
religieux pour l'admission dans les écoles et les CPE. Ça, en tout cas je ne
l'ai pas entendu, là, je ne l'ai pas lu.
On n'interdit pas le port des signes
religieux au personnel des écoles privées. Encore une fois, le gouvernement,
avec son préjugé très favorable à l'égard des écoles privées, ne leur impose le
moins de balises possible. Ça ne pourra pas fonctionner. Si on finance les
écoles, elles appliquent les règles de l'État. Point à la ligne. C'est comme ça
au Parti québécois. À la CAQ, c'est vraiment, là, d'essayer d'éviter d'imposer
quoi que ce soit aux écoles privées.
Absence de mécanismes de contrôle et de
suivi d'application de la Loi sur la laïcité au niveau du gouvernement.
Ceci étant dit, qu'en retenir? Le fait que
le projet de loi touche seulement l'éducation illustre des problèmes de
coordination au gouvernement, en même temps qu'on annonce un comité qui va
faire des recommandations sur la Loi sur la laïcité à la ministre de... au
ministre de l'Éducation avec un projet de loi pour son carré de sable
uniquement.
On salue certaines avancées avec le projet
de loi, notamment l'obligation pour tous les élèves et membres du personnel de
garder le visage découvert, il faut encore le rappeler en 2025, sur les lieux
des écoles et des écoles privées, l'obligation du français dans les
communications avec le personnel et avec les élèves ou encore l'encadrement des
congés religieux et autres demandes d'accommodement, c'est bon.
On pense toutefois que le ministre devrait
aller plus loin sur certaines questions. Il étend certains aspects de la Loi
sur la laïcité aux établissements privés, mais il ne va pas jusqu'à interdire
le port des signes religieux dans les écoles privées. Pourquoi? Il ne l'a pas
dit. Ce qui est pour nous une erreur et un manque d'ambition très clair.
On constate aussi qu'il ne touche
aucunement au financement des écoles privées religieuses, ce qu'on avait
dénoncé à plusieurs reprises, ni au port des signes religieux chez les élèves.
Et, ça, c'est beaucoup plus grave à notre sens. On continue d'autoriser tacitement
le port du voile de fillettes dans nos écoles. On continue de financer des
écoles où on retrouve des pratiques religieuses explicites. L'État paie, les
citoyens de toutes les régions du Québec paient pour des écoles religieuses.
Mais, ça, la CAQ ne veut pas toucher à ça. D'ailleurs, la question avait été
posée à M. Drainville à Tout le monde en parle, j'ai rarement vu une réponse
aussi floue. Il disait que c'était le... un genre de patrimoine. Pas sûr, là.
On regrette aussi que le ministre n'ait
pas prévu l'interdiction formelle pour toute école privée d'appliquer des
critères de sélection confessionnels. On sait que ça se fait. Il y a des
critères très subjectifs quand vient le temps de choisir des élèves pour
l'admission des élèves ou le recrutement du personnel. Pour nous, au Parti
québécois, c'est clair, la religion appartient à la sphère privée et à
l'éducation. Et un service public fondamental qui doit être séparé de la
religion, c'est une condition essentielle au vivre-ensemble, à la concorde entre
les citoyens du Québec. On compte faire des propositions fortes pour bonifier
le projet de loi.
J'ajouterais en terminant que, je l'ai
évoqué tout à l'heure, il va falloir parler des CPE. Donc, ça ne sera
manifestement pas dans ce projet de loi là, ce n'est pas le bon ministre. Il va
falloir parler du réseau collégial. Il y a des lieux de prière qui sont
aménagés, il y a des problèmes présentement, il y a de la confusion. Il y a
certainement un fort retour du religieux dans certaines écoles, c'est documenté,
notamment dans des cégeps de Montréal. Je me souviens du cégep Maisonneuve qui
a fait l'objet d'un documentaire, d'une série, de 12 cégeps, où ça doit
être... ça doit vraiment être réglementé, et pas seulement à Montréal. Donc, je
termine là-dessus, et vous dire qu'on va participer pleinement. Et je suis en
mesure de prendre vos questions.
Journaliste : Je vais faire
ça vite parce que les syndicats vont réagir, mais sur le port des signes
religieux, si j'ai bien compris que vous auriez été plus loin? Vous auriez
inclus les élèves?
M. Bérubé : Oui.
Journaliste : Donc, pas
seulement... tout. Parce que là, on est passé de juste les enseignants à tout
le personnel. Ça fait que...
M. Bérubé : Toute personne
qui est dans une école.
Journaliste : Pour vous, les
élèves...
M. Bérubé : Tout le
personnel, l'ensemble des... je les appelle les enfants ou les élèves. Oui,
oui, très...
Journaliste : ...que, je ne
sais pas, le ministre manque de courage à cet égard-là ou...
M. Bérubé : Je ne pourrais
pas mieux dire que vous.
Journaliste : Puis,
concernant...
M. Bérubé : Ils sont... C'est
comme pour le nationalisme, c'est à petites doses. Il faut donner l'impression
qu'ils en font, mais ça passe rarement le test de la cohérence. Et, là-dessus,
bien, ils laissent faire. Ils ne veulent pas se brouiller. Ils ne veulent pas
se brouiller avec des écoles privées. Ils ne veulent pas se brouiller avec
certaines communautés. Je veux dire, il faut que tu sois cohérent. Si tu es pour
la laïcité, tu le fais. Puis, quand tu es un gouvernement, tu as une obligation
comme celle-là. Un éventuel gouvernement du Parti québécois aurait les mêmes
positions qui sont évoquées ici, c'est-à-dire une cohérence puis une équité
pour tout le monde.
Journaliste : Concernant le
financement des écoles religieuses, M. Roberge n'a pas ouvert la porte
concernant...
M. Bérubé : Jamais.
Journaliste : Il n'a pas
ouvert la porte... quand il a été question du... de l'intégration?
M. Bérubé : Non. Moi, j'ai...
je n'ai pas entendu ça. Puis j'ai entendu le ministre à Tout le monde en parle
indiquer que ça allait rester comme ça. C'était un genre d'entente historique.
Moi, j'aimerais ça, voir le texte de l'entente, parce que je n'en suis pas conscient.
Et il y a des écoles de toutes les confessions, là, il y en a des catholiques,
il y en a des orthodoxes, des juives, des musulmanes, il y en a de tout genre.
Il faudrait les définir, le mandat, je pense... sans en pointer une, demander
au ministère de nous les indiquer, qu'est-ce qu'il considère comme une école
religieuse et pourquoi il est dans l'intérêt public de les financer si elles
ont des pratiques religieuses dites explicites.
Journaliste
: Je
termine là-dessus. Hier soir, ça priait en groupe encore, Place du Canada, à
Montréal. C'est un mouvement anti-Israël.
M.
Bérubé
:
C'est de l'intimidation.
Journaliste
: Qu'est-ce
que vous en pensez, oui?
M.
Bérubé
:
Bien, d'abord, ce n'est pas spontané, là, c'est organisé. C'est une mesure qui,
à juste raison, a été dénoncée par la communauté juive, quant à cette organisation
en particulier. C'est de l'intimidation, donc, je pense qu'on teste le système.
J'ai vu des prières collectives également dans un aéroport, l'aéroport Dorval,
de Montréal. Le gouvernement a mis la barre haute, le premier ministre en a
parlé, là, puis quand il parle, ça a un impact, qu'il allait mettre fin à ça
puis que ça le fatiguait. Est-ce que ça va venir plus tard, puis comment il va
faire ça? Parce qu'il y a le municipal qui a des règlements quant à la libre
circulation des citoyens, tout ça. Disons que, pour l'instant, si on parle
juste d'éducation, on est déjà prêts à faire le débat, mais aussi en service de
garde, aussi en matière de santé, aussi en matière des relations avec l'État.
Dans tous ces enjeux-là, nous, on n'a pas eu besoin de comité, là, on est prêts
depuis longtemps.
Journaliste :
Can you repeat some of your
reservations about Bill 89?
M. Bérubé :
OK, well, it's
the second chance for Government to make sure that they're doing the good thing
for secularism. First step was Bill 21, obviously it was not enough, so now
they're coming back with the Bill 94. I think they wish to make sure that they
have tools to make sure that Bedford's problems don't come back anymore, in
other schools.
Most of the propositions
are good, but there's some... there's a lack of coherence. Let's say that the
private schools don't have to apply those new rules. And we do think that it's
wider than the schools. It's in the the daycare centers, it's in the colleges
as well. We should intervene. And if they need our our collaboration, we are
going to be there, because we don't need any comity for that. We are going
straightforward, since the Marois Government, and our mind is pretty clear
about what do we have to do to make sure that religion and the govern affairs
are apart. Is that good?
Journaliste
: Yes. Thank you.
M.
Bérubé
: Thank you.
(Fin à 12 h 51)