Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Onze heures quarante-cinq minutes)
M. Roberge : Alors, bonjour.
Je veux dire un mot sur le dépôt du projet de loi que j'ai fait aujourd'hui,
dépôt à l'Assemblée nationale sur un projet de loi qui vient moderniser notre
loi électorale. Un processus qui a été fait de manière transpartisane, c'est
important de le mentionner. On est parti des recommandations du Directeur
général des élections. Ensuite, il y a eu du travail avec les formations
politiques. Ensuite, moi, j'ai reconvoqué des élus aussi de chaque formation
politique de manière informelle dans des séances de travail pour dégager des
consensus. Parce que je pense que c'est important, le plus souvent possible, d'avoir
des consensus quand on touche à nos lois fondamentales, nos lois électorales.
Les objectifs de ce projet de loi, c'est
de protéger les Québécois et notre processus électoral contre la désinformation
et l'ingérence étrangère, renforcer la protection des renseignements personnels
des Québécois, faciliter la participation électorale, et donc, à la fin,
renforcer la confiance des Québécois envers nos institutions et le processus
électoral. Donc, je vais être assez bref dans mes quelques mots. Si vous avez
des questions, ça me fait plaisir de vous... d'y répondre.
Journaliste : ...sur l'ingérence
étrangère... en français, sur l'ingérence étrangère, en quoi vous pouvez vous
attaquer à l'ingérence étrangère, puisque, par définition, c'est des gens qui
sont à l'extérieur du territoire, en général? Donc, vos mesures visent qui,
quand vous visez des amendes, par exemple, pour usurpation d'identité?
M. Roberge : Bien, ce n'est
pas parce que des gens ne sont pas sur le territoire québécois ou canadien qu'ils
ne peuvent pas être poursuivis en vertu de lois québécoises et canadiennes. Ce
qui est visé, dans ce cas-ci, je vous dirais, c'est des personnes physiques ou
morales qui viendraient diffuser des informations qu'elles savent fausses dans
le but de perturber le déroulement d'une élection ou d'influencer le vote, mais
avec l'intention de nuire et sachant que c'est faux. Ça s'applique autant aux
gens qui sont des Québécois, mais aussi à des étrangers qui pourraient essayer,
là, de diffuser des fausses informations, soit avec tout simplement du texte,
mais ça pourrait aussi... avec des procédés informatiques, là, ce qu'on appelle
l'hypertrucage.
Journaliste : Donc, vous
visez les trolls, là, ceux qu'on appelle les trolls qui viennent diffuser de l'information
fausse...
M. Roberge : Il faut faire
attention à la protection, la liberté d'expression. Les gens ont droit d'être
favorables, défavorables, exprimer des opinions. C'est correct. Il faut être très
prudent, là, quand on parle de liberté d'expression, mais c'est différent d'une
situation où quelqu'un qui, à dessein, volontairement, diffuserait des
informations fausses dans le but d'induire les gens en erreur et de perturber
le déroulement d'une élection. Donc, on va faire attention quand même.
Journaliste : ...ligne était
très mince entre un troll qui, à répétition, diffuse des images, des propos qui
sont faux, mais juste parce que c'est ce qu'il croit, versus quelqu'un qui veut
influencer directement les élections. Comment on va déterminer qui est un
troll, qui est un agent étranger?
M. Roberge : Ce n'est pas le
ministre ou le gouvernement qui ferait cette distinction-là, c'est le Directeur
général des élections. Puis, après ça, bien, tout le monde a droit à un procès
juste et équitable si ça arrive.
Journaliste
: Avez-vous
des exemples? Qu'est-ce qui amène cette disposition-là? Est-ce qu'il y a des
exemples qui sont survenus dans les dernières élections ou lors des élections
récentes qui vous amènent à faire ce changement?
M. Roberge : Bien, je pense
que c'est l'évolution en général de la diffusion d'informations. Si on recule
il y a des années, avant vraiment les médias sociaux, on s'informait dans les
médias traditionnels avec des standards de rigueur qui sont différents.
Maintenant, ce qu'on voit dans les médias sociaux, c'est que c'est beaucoup
plus facile pour des personnes de diffuser et de propager des fausses
nouvelles. Et, malheureusement, ça a des impacts parce qu'il y a des gens qui
s'informent sur les médias sociaux et qui font confiance. Donc, il y a des gens
qui veulent être informés et qui sont désinformés par des gens qui sont
malveillants. Et c'est très différent d'être quelqu'un qui exprime une opinion
politique par rapport à quelqu'un qui a l'intention de nuire ou de perturber.
Voilà.
Journaliste : Est-ce que ces
fausses informations là doivent nécessairement toucher ou doivent concerner le
processus électoral, l'élection? C'est-à-dire... J'essaie de savoir, est-ce que
c'est toutes fausses informations ou c'est des informations qui touchent à
certaines choses précisément?
M. Roberge : On va le
détailler précisément, là, dans l'étude article par article, mais je dirais
que, d'emblée, dans le projet de loi, on parle d'informations qui concernent le
processus électoral, le processus de mise en candidature, le processus de vote.
Aussi, des informations sur des personnes. Si j'essaie de... disons, un faux CV
sur quelqu'un qui changerait sa trajectoire de vie, ça, ça serait
définitivement là, mais il y a aussi la notion de diffuser de fausses informations
sur d'autres éléments que le processus électoral ou des personnes. Ça couvre un
peu plus large.
Journaliste : Et c'est quoi,
les sanctions?
M. Roberge : On parle de
sanctions qui peuvent aller, pour des personnes physiques, donc des personnes,
de 1 000 $ à 10 000 $ pour une première offense, de
10 000 $ à 30 000 $ pour des récidives dans 10 ans, à
l'intérieur d'un délai de 10 ans. Pour des personnes morales, ce serait de
5 000 $ à 30 000 $ pour une première offense et de
20 000 $ à 60 000 $ pour des gens qui... ou plutôt des
organismes, des entreprises, des personnes morales qui récidiveraient dans un
délai de 10 ans.
Journaliste : On a vécu des
cas comme ça dans la campagne fédérale, donc on parlait de harcèlement en
ligne, sur les réseaux sociaux, mais est-ce que vous avez vu dans la CAQ des
cas de gens qui diffusaient de l'information comme ça de façon fausse?
M. Roberge : Je ne peux pas
vous sortir, là, un tweet. Je ne veux pas non plus diffamer des personnes
précisément...
Journaliste : ...est-ce que
c'est quelque chose que vous avez vécu...
M. Roberge : Ça ne part pas
d'un témoignage de ma part, là, qui serait vécu. Je ne fais pas un projet de
loi en pensant à tel, tel événement qui me serait arrivé.
Journaliste : ...collègues
aussi, évidemment, là.
M. Roberge : Non, je ne sors
pas d'exemples à ce niveau-là.
Journaliste : Non, mais il
s'est passé des choses à la dernière élection, là, on l'a vu. Entre autres, le
député... voyons...
Une voix : Eric Lefebvre.
Journaliste : ...Eric
Lefebvre s'était fait, lui, intimider. Il y a des gens qui ont essayé de le
sortir de la route, il y avait eu un paquet de trucs, d'événements comme ça.
Est-ce que c'est ce qui s'est passé dans la dernière campagne électorale qui
vous amène à faire... à présenter ce projet de loi là?
M. Roberge : Bien, ça nourrit
la réflexion, mais la réflexion porte aussi sur, je vous dirais, les
changements qui se passent, les changements technologiques, les changements
sociaux. Un nourrit l'autre. Et on s'inspire aussi d'autres législations dans
d'autres provinces et au Canada. Donc, là où on va d'autres sont allés avant
nous. On n'est pas les premiers à légiférer au Canada à cet égard-là.
Des voix : ...
M. Roberge : C'est juste que
je suis attendu en commission. Ce n'est pas parce que je ne veux pas répondre
aux questions.
Journaliste : Votre exemple
de faux CV, pouvez-vous me l'expliquer encore, là? Ça serait... Une personne
serait sanctionnée si elle présente un faux... le faux CV, si elle fait
semblant que le CV, c'est le CV d'un député qui se présente. Pouvez-vous juste
m'expliquer, là, le...
M. Roberge : Bien, ce sont
les articles 88 et 89 du projet de loi dont on parle de manière générale
en ce moment.
Journaliste : ...
M. Roberge : Oui. Bien, quand
on dit diffuser des informations relatives à une personne, relatives à son
expérience professionnelle, par exemple. Si on disait... Si on publiait que
Jean-François Roberge n'a jamais enseigné, alors que j'ai enseigné pendant
17 ans et que la personne sait vraiment, est parfaitement au courant du
fait que j'ai été titulaire de classe pendant 17 ans, puis elle voudrait
écrire que j'aime enseigner puis que, finalement, j'induis tout le Québec en erreur,
ça pourrait être ça, par exemple.
Le Modérateur : On va aller
en anglais.
M. Roberge : Là, je vais
aller en anglais. Sérieusement, j'aurai l'occasion de revenir, mais là je dois
vraiment... parce que je suis attendu en commission...
Des voix : ...
M. Roberge : C'est la même
chose.
Des voix : ...
Journaliste
: Les
images générées par ordinateur, par exemple, là, les gens s'amusent à créer des
images, un député qui embrasse une autre députée, peu importe, est-ce que ça,
c'est visé par la loi?
M. Roberge : C'est précisé
dans la loi que la notion de parodie ou d'humour sont exclues.
Journaliste
: Mais sur
les...
Le Modérateur
: Je
m'excuse, il faut vraiment aller en anglais.
Journaliste
: Non, non,
mais c'est parce que vous nous... vous nous demandez d'expliquer un projet de
loi puis vous ne nous laissez pas aller chercher les informations. Après ça, ça
va sortir tout croche, vous allez nous appeler, vous allez dire : Bien, ce
n'est pas ça qu'on voulait dire.
Le Modérateur
: ...en commission après. Donc, j'aimerais
prendre les questions en anglais.
Journaliste
:Bien, c'est ça, prenez... bien, il n'y aura
pas de topo là-dessus. C'est dommage.
Journaliste :
MNAs told us, from different political
parties, that they feel vulnerable with the use of artificial intelligence and
also false information, interference. Do you think this bill is sufficient to
counter that in 2026 for the next election?
M. Roberge :
Well, I hope so. I think it is, I think
it is. We had a lot of discussion with the Directeur général des élections, and
with other parties. We found something like a consensus. I think it's as far as
we can go right now about misinformation and foreign interference, about
deepfakes, but it's important to say that it's important to preserve the
liberty of expression. It's important to preserve the liberty to make jokes and
to have... comment on dit «caricature»? Je suis désolé.
Journaliste :
...
M. Roberge :
Cartoons. We are free here, in Québec,
and we'll still be free, but it's important to say that people that want to
disinform, they want to a have a bad influence of election, they want people to
make their decision with false information, this can be the new way to make
elections here, in Québec. We want the truth. We want people to vote. We want
people to have the right information. And that's why we move.
Journaliste :
And here and abroad?
M. Roberge :
Of course.
Journaliste :
There were allegations, in the last
federal election, of interference, foreign interference and meddling, and it
became a huge thing in Ottawa. Do you think we have a big problem in Québec?
And did you see any signs of it in the last election?
M. Roberge :
I didn't see any sign, but I think we
should prevent it.
Journaliste :
And how are you going to cut those
people? Like, how are you going to make... How are you going to enforce this
bill? If this bill becomes law, how are you going to enforce it? What's going
to happen?
M. Roberge :
Well, if some people see something that
they think is now unlegal, they... they can fulfill a complaint to Directeur
général des élections. The... this will be analyzed, and people will have some
justice, but Directeur général des élections has a duty to be sure that people
have confidence in our electoral processes.
Journaliste :
...is the Directeur général des
élections will have more resources to enforce this law?
M. Roberge :
I think... I think they have the
resources they need.
Journaliste :
And it's going to be complementary to
the criminal code?
M. Roberge :
Yes. It's not criminal. We are... we
don't have in mind to change the criminal code, the criminal code is Canadian.
We have our law here, in Québec.
Journaliste :
Do you feel behind compared to other
Canadian provinces regarding just...
M. Roberge :
Excusez-moi, je la comprends mal,
celle-là.
Journaliste :
OK. Do you feel that you are behind,
late compared to other Canadian provinces?
M. Roberge :
No. Some other at... some other
provinces did already move forward. Some others didn't. So, I think we are...
we are at the same place that the average and... and but important to...
Journaliste :
...a delicate line to prove that it's
bad influence or disinformation. Like, you have to know exactly what you're
talking about. Is there a risk sometimes to target a person that is not
committing...
M. Roberge :
We will be very, very conscious writing
the bill in the right way, because it's important to preserve the liberty of
expression in Québec.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
M. Roberge : Merci.
(Fin à 11 h 58)