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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, cheffe du deuxième groupe d’opposition, et M. Guillaume Cliche-Rivard, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mardi 6 mai 2025, 12 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Douze heures sept minutes)

Le Modérateur : Bonjour, tout le monde. Bienvenue à ce point de presse de Québec solidaire. Prendront la parole, dans l'ordre, Guillaume Cliche-Rivard, porte-parole de Québec solidaire, Brigitte St-Pierre, Cathy Bouchard et Josée Grenier, toutes trois victimes de la nouvelle réforme de l'IVAC, et, pour terminer, Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire.

M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup, Victor. Bonjour, tout le monde. Alors, aujourd'hui, nous déposons une pétition de près de 2 000 signatures, demandant au gouvernement du Québec de mettre place... de mettre en place un mécanisme pour prolonger les indemnisations de l'IVAC pour des cas particulièrement graves. C'est une nouvelle mobilisation menée par des victimes pour dénoncer le caractère arbitraire de la réforme du ministre Jolin-Barrette qui fixe à trois ans le délai maximum pour recevoir de l'aide. Cette nouvelle mobilisation, évidemment, s'ajoute aux autres actions de Québec solidaire au front, depuis le jour 1, dans ce dossier.

Comme vous pourrez l'entendre aujourd'hui, ce délai est bien trop court pour certaines personnes vivant avec des séquelles importantes. Ce délai replonge ces dernières dans l'insécurité, dans l'incertitude, dans le stress. Ce délai ralentit, voire mine leur cheminement et leur rétablissement. Ce délai doit être revu par le ministre qui doit se doter d'un mécanisme pour les cas les plus graves.

Aujourd'hui, nous voulons donner aux femmes victimes la chance de se faire entendre, encore une fois, parce qu'elles sont celles qui vivent au quotidien les réformes et les conséquences de cette réforme de l'IVAC à tous les jours. Je peux vous garantir que vous ne resterez pas insensibles ou indemnes face à leurs témoignages. Alors, sans plus tarder, mesdames, je vous laisse la parole pour que vous nous expliquiez ce que vous vivez au quotidien, à la suite de la réforme du ministre Jolin-Barrette.

Mme St-Pierre (Brigitte) : Bonjour. Je suis mère de quatre enfants, survivante de violence conjugale. Maintenant, je vis avec les séquelles du passé. Chaque jour, je suis ici, chaque jour est pour moi un combat face à un avenir incertain. Aujourd'hui, je suis ici pour vous parler de l'histoire de deux femmes. J'ai changé les noms pour l'anonymat. Voici Anna, 49 ans, mère de cinq enfants, dont deux encore à sa charge, a subi, pendant neuf ans, des violences de la part de son ex-conjoint. Professionnelle de la santé pendant 20 ans, elle est aujourd'hui inapte au travail, revit des événements traumatiques, des crises de panique qui limitent ses perspectives d'emploi. Les violences vécues sont multiples : agressions physiques, sexuelles, psychologiques, menaces de mort, d'enlèvement, contrôle financier, isolement, et la violence de trop, l'agression sexuelle de sa fille cadette. L'aide financière de l'IVAC prendra fin en juin 2025 puisqu'elle a atteint le maximum de trois ans, laissant Anna et ses enfants dans une situation précaire. Anna n'arrive pas à couvrir les besoins de base pour elle et sa famille.

Et Marie, 44 ans, mère de deux jeunes enfants, a quitté une relation violente qui durait depuis 17 ans. Auparavant, elle travaillait dans le domaine de la gestion d'entreprise. L'IVAC arrête l'aide financière en mai 2025 puisqu'elle a atteint le maximum de trois ans. L'agresseur, son ex-conjoint, sortira bientôt de prison malgré que... une séquestration de trois jours, marquée par des violences physiques et sexuelles, l'enlèvement de son fils, intrusion de domicile, des menaces de mort. Marie vit avec un stress post-traumatique, une hypervigilance, et a un isolement, une incapacité de maintenir un emploi, dû aux séquelles. Son état émotionnel, terreur profonde face à la sortie prochaine de l'agresseur, angoisse pour la sécurité de ses enfants, anxiété financière. Marie ne sait pas comment elle va assurer les besoins essentiels pour sa famille déjà vulnérable. Nous avons besoin d'un soutien plus humain, plus efficace, qui reconnaît pleinement les réalités des victimes. Merci.

Mme Bouchard (Cathy) : Bonjour, je me présente. Mon nom, c'est Cathy... une victime de la... je suis victime de la nouvelle réforme de l'IVAC. Je fais partie de celles qui ont été coupées après trois ans de prestations de l'IVAC. Depuis le mois de janvier, je suis sans aucun revenu. Je fais aussi partie de celles qui ont vu les factures s'accumuler jusqu'à recevoir des avis de coupures de services, télévision, téléphone, assurance de voiture et les factures d'électricité. Même mon logement, j'étais incapable de le payer. Donc, je ne pouvais pas rejoindre les deux bouts.

La réalité, c'est que mon stress a augmenté, mon isolement s'est renforcé. Sachez qu'on m'a gardée enfermée pendant plus de huit ans, donc, pour moi, la seule pensée de devoir aller quelque part de jour, cela m'est totalement difficile. Je dois me médicamenter au moins une heure avant de sortir, et ça, c'est si je réussis à sortir. Souvent, c'est impossible.

Toute cette loi me dit que c'est... qu'après trois ans je suis guérie et prête à retourner travailler, mais c'est faux. Je ne suis pas guérie automatiquement après trois ans ni aucune victime. J'en suis la preuve et je ne suis pas une exception. Je ne me sens pas encore capable d'affronter la société au quotidien. Pourtant, je travaillais en santé mentale. Mon hypervigilance me met dans un état de peur constante. Inutile de vous dire que je vis encore beaucoup de détresse, et ce, même plusieurs années après les événements.

M. Jolin-Barrette, je vous demande de reconnaître la souffrance que nous vivons encore, nous, les victimes d'actes criminels, et d'accepter d'intégrer un mécanisme supplémentaire qui pourrait prolonger les prestations de l'IVAC après trois ans. Merci.

Mme Grenier (Josée) : Alors, bonjour. Je suis Josée Grenier et, présentement, dans mon cas, la nouvelle réforme Déshabille Pierre pour habiller Paul, c'est comme ça que je le dis. En septembre 2021, j'ai fait ma demande d'indemnisation à l'IVAC. Trois ans plus tard, en août 2024, eh bien, c'est enfin le procès de mon agresseur. Et là on parle d'août 2024, alors ça a pris trois ans avant que j'aie le procès. Le mois suivant, en septembre 2024, si on suit l'histoire, ça fait trois ans que j'ai été indemnisée, alors j'apprends que mes indemnisations sont terminées. Je venais de sortir, en fait, d'un stress très important et là on m'en insère un autre qui l'insécurité financière, et je suis toujours en incapacité totale temporaire. Et si vous le voyez, bien que je peux m'exprimer, un stress post-traumatique fait réagir notre corps d'une façon qu'on ne peut pas prévoir. On est déjà en stress, et ça monte d'un cran, notre corps réagit. Ce n'est pas seulement psychologique.

Alors, dans mon cas, après, on attend la compensation des montants forfaitaires. Mais, pour ce fait, eh bien, entre-temps, il n'y a rien de prévu. Alors, je tombe entre deux chaises. Et imaginez-vous, j'ai trop d'argent, j'ai trop d'économies, en fait, pour avoir droit à l'aide sociale qui, de toute façon, ne viendrait pas combler mes besoins financiers. Alors, je suis en train de m'appauvrir. Il faut quand même s'en apercevoir, je suis entre deux chaises et je ne suis sûrement pas la seule.

Alors, présentement, en étant, évidemment, encore en incapacité totale temporaire, médicale d'un point de vue emploi, j'attends toujours la compensation. Je vide mon compte de banque et puis j'attends. Alors, je peux vous dire que ça en met sur le tas, sur les symptômes. Maintenant, pour conclure, j'aimerais vous dire ce que j'en pense de la nouvelle réforme présentement, et c'est très important. Avec la nouvelle réforme de l'IVAC, présentement, il y a deux sentences, il y a une sentence pour les criminels qui est selon les crimes qui sont commis, évidemment, mais il y a une sentence aussi pour les victimes, et celle-là est d'un maximum de trois ans sans conditionnelle. Merci beaucoup.

Mme Ghazal : Merci. Merci beaucoup, mesdames. Merci Brigitte, Cathy, Josée, pour vos témoignages. Merci aussi pour votre courage. Je le vois, je le sens, ça prend énormément, énormément de courage de venir ici témoigner, à l'Assemblée nationale. Puis je vous remercie aussi au nom de toutes les femmes qui sont victimes puis qui voient leurs indemnisations être coupées, mais qui ont peur de parler, qui n'osent pas parce qu'elles ont toujours peur de leur agresseur. Puis là elles se trouvent dans une précarisation sans précédent. Vous avez raison quand vous dites : C'est une autre sentence pour les victimes. Cette réforme-là de Simon Jolin-Barrette est totalement, totalement injuste, même si on reconnaît qu'au départ il avait des bonnes intentions. Il passe son temps à répéter, à dire : On veut élargir plus, mais ce n'est pas une raison pour qu'après ça vous pénalisiez des femmes qui vont vivre dans une précarisation financière, qui vont être revictimisées dans leur situation. Je veux dire, on n'a pas besoin de plus de preuves, vous le démontrez, tous les témoignages aussi, d'autres victimes à la télévision l'ont démontré : Trois ans, ce n'est pas suffisant. Des fois, trois ans plus tard, après avoir été indemnisé, il y a un procès, donc, il y a un autre processus de revictimisation qui fait que les victimes ne peuvent pas retourner travailler.

Je veux remercier aussi Guillaume qui, depuis un an, est sur ce sujet-là. Il y a une pétition de près de 2 000 signatures. Merci de l'avoir portée. Ce n'est pas la première. C'est une autre chance qu'on donne à Simon Jolin-Barrette pour revoir sa réforme. C'est quelqu'un aussi qui se targue d'être un réformateur féministe et, je le reconnais, on le reconnaît, qui a fait des avancées pour les femmes. Moi, je me rappellerai toujours du jour où Simon Jolin-Barrette était en pleurs, pleurait quand il y a eu la création du tribunal spécialisé pour les victimes de violence sexuelle. C'était un moment émouvant. Je pense qu'aujourd'hui il se questionne. Peut-être, c'est difficile de reculer quand on a fait quelque chose, mais je pense que ce serait tout en son honneur de vous écouter, vous, mesdames, d'écouter toutes les victimes et de reculer face à cette réforme qui est totalement injuste.

C'est un enjeu féministe, 80 % des victimes sont des femmes et qui reçoivent les indemnisations de l'IVAC. Donc, ça serait une avancée vraiment incroyable et un respect pour vos histoires puis ce que vous vivez en ce moment. Merci beaucoup.

Le Modérateur : Merci, merci, tout le monde. J'ouvrirais une rapide période de questions ou sinon on peut tout de suite aller aux entrevues individuelles. Excellent. Merci, tout le monde.

M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup.

Mme Ghazal : Merci.

(Fin à 12 h 19)

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