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Point de presse de Mme Ruba Ghazal, cheffe du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mercredi 7 mai 2025, 11 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quarante et une minutes)

La Modératrice : Bienvenue a ce point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole, tout d'abord, Ruba Ghazal, porte-parole de Québec solidaire, suivi de Joanie Chahine, de Dre Élise Girouard-Chantal, et puis d'Amaili Jetté. Merci beaucoup.

Mme Ghazal : Merci beaucoup, Simone. Donc, notre voix, j'espère qu'elle va porter, parce qu'il y a beaucoup de bruit. Écoutez, je suis vraiment très, très heureuse et très fière d'être ici aujourd'hui, après avoir déposé le projet de loi pour rendre la contraception gratuite au Québec. Et je suis très heureuse d'être avec des professionnelles du système de santé qui appuient ce projet de loi.

Donc, c'est un projet de loi important pour les femmes et pour la santé des femmes et aussi pour le portefeuille des femmes, parce qu'on sait que la contraception, encore aujourd'hui, repose beaucoup sur les épaules des femmes. Puis, malheureusement, le Québec, on aime ça dire et se targuer qu'on est à l'avance, mais sur la question de la contraception, on a du retard, beaucoup de retard, surtout quand on voit que la Colombie-Britannique, le Manitoba, Île-du-Prince-Édouard sont allés de l'avant pour rendre la contraception gratuite dans les dernières années. Donc, au Québec, on a du rattrapage à faire. Si le premier ministre aime tant dire que l'égalité entre les femmes et les hommes, c'est une valeur importante pour lui, bien, il doit emboîter le pas pour rendre la contraception gratuite.

En novembre dernier, j'ai déposé une pétition qui a été virale, près de 100 000 signatures. Le contexte politique, quand je l'ai déposé, était particulier. Donald Trump venait d'être élu. On voit aussi une montée du discours masculiniste ici aussi, au Québec. Donc, dans le contexte actuel où on voit des reculs pour les droits des femmes ailleurs dans le monde, notamment chez nos voisins du Sud, on ne peut pas juste se contenter du statu quo, on a besoin de bonnes nouvelles et d'avancées pour les droits des femmes. Donc, la contraception gratuite permettrait ça au Québec.

Les études sont claires, le coût est la principale barrière à l'accès à la contraception. La semaine passée, si vous avez suivi ça, j'étais... j'avais une discussion avec le premier ministre et j'ai senti qu'il était ouvert pendant les crédits. Il est temps vraiment qu'on élimine toutes les barrières pour la contraception au nom de la santé des femmes, c'est aussi une mesure à coût nulle pour l'État. On cherche... le gouvernement cherche des moyens pour réduire le déficit, sauver des grossesses, prévenir des grossesses non désirées permet aussi à l'État de faire des économies et ça permet aussi de changer la vie des femmes. Donc, je m'arrête ici et je passe la parole à Dre Joanie Chahine.

Mme Chahine (Joanie) : Merci. Je suis médecin de famille depuis 12 ans à Montréal. Je travaille à la salle d'accouchement. Je travaille aussi en avortement notamment, et c'était important pour moi de faire la route jusqu'ici, parce que ce projet de loi là, sur la gratuité de la contraception, ça va changer la vie de mes patientes. Je vous donne un exemple.

La semaine passée, je suis en clinique d'avortement puis je voyais une jeune femme qui avait son deuxième avortement en autant de mois. Puis on jasait de contraception, puis, à ce moment-là, elle m'a dit : Ah, je vous arrête docteure, là, je sais déjà qu'est-ce que je veux, moi, je mets mon stérilet hormonal, je l'ai, je l'ai ma prescription, je ne peux juste pas me la payer parce que mon budget, il est serré, je ramasse mes sous, mais dès que je vais pouvoir me le payer, je vais prendre rendez-vous avec vous. Des femmes comme elles qui vivent des grossesses non planifiées, j'en vois quotidiennement dans ma pratique, comme toutes les infirmières, comme toutes les médecins qui travaillent comme moi avec des femmes en âge de procréer. Parce que la contraception, ça coûte cher, ça coûte cher à chaque mois, mois après mois, année après année, de l'adolescence à la ménopause, pendant 30 à 40 ans dans la vie d'une personne parce qu'elle est née avec un utérus. Parce qu'on va se le dire, là, le fardeau de la contraception, il repose sur les épaules des femmes depuis toujours.

Alors, ce que je demande humblement à nos élus aujourd'hui, c'est de rétablir l'iniquité reproductive, qui est, à mon sens, assez évidente dans notre système actuel. C'est avoir le contrôle sur sa propre fertilité, puis, par extension sur sa vie entière, que ça ne devienne pas juste un privilège des femmes qui sont les mieux nanties, c'est que ça devienne un réel droit pour toutes les Québécoises.

Mme Girouard-Chantal (Élise) : Bonjour. Dre Girouard-Chantal, je suis médecin de famille également, spécialisée en santé de la femme et ce projet de loi touche un droit fondamental qui fait partie de notre réalité quotidienne en tant que médecin qui pratique en santé sexuelle et reproductive. En fait, c'est bien démontré dans la littérature scientifique que la couverture universelle de la contraception permet de diminuer les grossesses non désirées et le taux de complication beaucoup plus élevé des grossesses non désirées comparativement aux grossesses qui sont désirées, planifiées. Ça permet aussi de diminuer globalement les coûts au système de santé et ça permet de traiter une panoplie d'autres conditions médicales, on parle d'anémie causée par les saignements abondants, d'endométriose, d'acné et autres.

L'amélioration de l'accès à la contraception, ça passe également par l'augmentation du nombre de professionnels pouvant prescrire, prodiguer et offrir de la contraception. Ce projet de loi là adresse non seulement la barrière importante financière, mais également la barrière d'accès à la contraception. La contraception, ce n'est pas un luxe, c'est un soin de santé essentiel et c'est pour ça que j'appuie sans équivoque ce projet de loi.

Mme Ghazal : Merci. Merci beaucoup.

Mme Jetté (Amaili) : Bonjour. Alors, je m'adresse à vous aujourd'hui à titre de sage-femme. Je suis Amaili Jetté et je suis aussi présidente du Regroupement des sages-femmes du Québec. Donc, je suis très fière de pouvoir appuyer ce projet de loi qui est essentiel, justement, à la santé, à l'autonomie puis à l'équité. Comme le rappelle le collectif SisterSong, qui parle de justice reproductive, la justice reproductive, c'est justement un droit fondamental de... de disposer de son corps, de pouvoir avoir des enfants, de choisir de ne pas en avoir ou de choisir quand en avoir, ainsi que de pouvoir élever les enfants qu'on a, que nous avons au sein des collectivités qui sont sûres, viables et durables. C'est... Ainsi, l'accès à la contraception, l'accès gratuit à la contraception est un pilier fondamental de cette vision.

Ce projet de loi s'inscrit en continuité avec différents autres plans d'action, etc., qui ont été adoptés dans les dernières années. Puis ça répond principalement à un besoin, c'est d'assurer un accès concret, partout au Québec, à des services de santé sexuelle et reproductive. Puis, particulièrement par rapport à ça, nous saluons fortement l'inclusion des sages-femmes à travers cette vision-là. On pourra... on pourrait désormais prescrire, administrer et délivrer la contraception dans... Et la particularité, c'est que, dans plusieurs régions au Québec et dans certains contextes, on se retrouve à être parfois les seuls professionnels qui sont en contact, qui sont en... qui sont accessibles, justement, à certaines personnes. Donc, justement, de pouvoir offrir des soins complets en lien avec la santé sexuelle et reproductive permet justement de faire en sorte que les gens, les personnes, les femmes et... elles puissent avoir l'autonomie de... et avoir leur projet complet et les soins qui sont affiliés à ça.

Ça fait que ce projet de loi, c'est sûr qu'il reconnaît les sages-femmes à titre de professionnelles de première ligne, aux côtés des pharmaciens, des infirmières et des médecins. C'est ce qui est très important. C'est un pas important, commensurable, je dirais même, vers un réseau de la santé plus inclusif, plus humain, aussi, et plus efficace par le fait d'être en collaboration comme ça. Et, impliquer à divers endroits, on peut justement s'assurer qu'on mise sur les forces du terrain, mise sur les forces existantes, d'ailleurs, du terrain.

Ça fait que c'est une mesure logique, efficace, juste, tout à fait. Elle améliore l'accessibilité, mais elle renforce aussi la continuité des soins, particulièrement pour les sages-femmes. Puis il reconnaît aussi les compétences de ces professionnelles-là, des sages-femmes, qui peuvent justement... qui font des... qui sont déjà en train de se préparer en ce moment pour pouvoir offrir ces soins-là. En ce moment, les sages-femmes peuvent prescrire un stérilet, mais la personne ne peut pas... elle ne peut pas l'installer. Donc, ce qui fait en sorte qu'elle se promène avec son stérilet à cogner à la porte de médecins, qui sont parfois difficiles d'accès dans certains contextes. Alors, on vous invite ensemble, haut et fort, à pouvoir dire que, justement, la contraception, c'est un droit et non pas un privilège. Je vous remercie.

Mme Ghazal : Merci. Merci beaucoup.

La Modératrice : On va passer à la période de questions. Juste prendre le temps de vous présenter puis d'adresser vos questions.

Journaliste : Bonjour, Mme Ghazal. François Carabin, Le Devoir. Bon, vous avez déposé ce projet de loi comme vous l'aviez promis, mais évidemment tout... l'avancement ou le cheminement de ce projet de loi là en Chambre va dépendre beaucoup du gouvernement. Qu'est-ce que vous avez entendu dans les propos du premier ministre, la semaine dernière, qui vous donne espoir que le projet de loi puisse cheminer à l'Assemblée?

Mme Ghazal : Oui. Bien, le premier ministre, j'ai senti de l'intérêt face aux arguments que je lui donnais, pourquoi c'était important de le rendre gratuit, mais il n'y a pas eu d'engagement de sa part. Le seul engagement qu'il a donné, pendant l'étude des crédits, c'est d'en parler une autre fois, parce qu'il me dit qu'il en avait déjà parlé avec le ministre de la Santé, pour voir ce qu'il est possible de faire. Et il a reconnu que la prévention en santé, c'est important et que la contraception est une mesure de prévention. Tout ça, il l'a reconnu, il est d'accord. Il est... il a reconnu que ça permet aussi de faire des économies, mais il ne s'est pas engagé à aller plus loin. Cela dit, pour le nombre de fois que j'ai eu des conversations puis des discussions avec le premier ministre, d'habitude, quand il n'est pas d'accord avec quelque chose, il ferme la porte assez vite, ce qui n'a pas été le cas, ce qui me donne espoir que peut-être aussi, avec les arguments qui sont donnés, pas juste par moi, qui est une élue de l'opposition, mais aussi par des professionnels de la santé, des médecins, des sages-femmes, peut-être qu'en entendant les arguments, ça va lui permettre d'avoir encore plus d'arguments pour aller de l'avant, comme ça a été fait par d'autres provinces.

Journaliste : En gros, vous lui dites on a déjà un projet de loi déposé, préparé, faites-le avancer...

Mme Ghazal : Oui, exact. Moi, j'ai fait le travail pour l'aider face à l'ouverture. Moi, ce n'est pas la première fois que je parle de contraception avec François Legault. Ma première question, c'était là-dessus. J'ai senti une ouverture, ça fait que, là, j'ai dit : Bien, tiens, je vais faire une partie du travail en déposant le projet de loi.

Journaliste : J'aurais une question pour les deux médecins qui nous ont parlé, là, excusez-moi, je ne me souviens plus de vos noms, mais Québec solidaire calcule que cette mesure-là économiserait 80 millions de dollars par année à l'État québécois en raison, effectivement, de l'arrêt de certains soins, de grossesses interrompues d'avance, bon. Est-ce que ce que vous constatez sur le terrain est en droite ligne avec ce que vous entendez sur ces économies-là, de 80 millions de dollars?

Mme Chahine (Joanie) : Oui, bien, moi, je suis médecin de famille, je ne suis pas économiste, mais, certainement. Moi, ce que je vois à la salle d'accouchement... en suivi de grossesse puis, quelques mois plus tard, à la salle d'accouchement puis en clinique d'avortement, ce sont des femmes qui, si elles avaient eu leur stérilet hormonal, qui même après... même après couverture d'assurance, leur coûte 100 $... C'est sûr qu'un avortement ça coûte beaucoup moins cher que 100 $ étalé sur huit ans. Un suivi de grossesse, un accouchement, élever un enfant, ça coûte pas mal plus cher que pouvoir planifier sa fertilité avec un implant qui coûte... qui va coûter à l'État 280 $ mais qui va durer quatre ans. Je veux dire, le calcul est assez simple. Pas besoin d'être économiste pour ça. 

Mme Girouard-Chantal (Élise) : Je rajouterais également qu'au Canada 40 % des grossesses sont non planifiées et puis que les grossesses non planifiées ont des taux de complication beaucoup plus élevés. On parle de prématurité, de saignements post-partum, donc, et autres. Donc, ce sont des grossesses beaucoup plus à risque lorsqu'elles sont non planifiées. Donc, c'est d'offrir aux femmes le droit, en fait, de planifier quand elles le veulent, si elles le veulent, une grossesse.

Journaliste : Merci.

Journaliste : Deux questions, minimum, pour Mme Gazhal. Une question, en fait, concernant... Je reprends... Vous évoquez l'analyse des crédits avec M. Legault. Il y a eu aussi la période avec Mme Biron. On voit qu'elle a parlé, là, d'un ménage à faire dans plusieurs... bon, certaines femmes qui ont accès, 18 ans et moins, celles qui habitent chez leurs parents, l'aide sociale. Donc, on dirait que... on avait l'impression que c'était complexe, à ses yeux, à qui véritablement s'adresserait cette nouvelle mesure.

Mme Ghazal : Oui. Bien, en fait, je ne m'explique pas pourquoi est-ce qu'elle trouve ça compliqué. Elle a déposé un plan pour rendre l'avortement plus accessible, et ça a été salué, notamment par la Fédération des femmes du Québec, qui aurait voulu être ici, mais, pour des enjeux d'horaire, n'ont pas pu être ici. Donc, ça a été salué. Nous-mêmes, on l'a salué, mais il manquait un gros, gros, gros morceau, c'était de rendre la contraception gratuite.

Et ce que j'ai senti de la part de la ministre, c'est qu'elle voulait aider les femmes qui en ont vraiment besoin. Mais il y a aussi des études qui démontrent que, quand tu essaies de trop y aller de façon chirurgicale, ça amène... ça engendre des coûts administratifs pour vérifier qui a droit, qui n'a pas droit. Parce que, même si on a des assurances, ça a été mentionné tantôt, il y a quand même une franchise qu'il faut payer, ce n'est pas tous les frais, ce n'est pas 100 % des frais qui sont payés. Donc, ça reste, même quand on a une assurance... ça reste une barrière à l'accès à la contraception. Puis moi, je lui donnais l'exemple de la Colombie-Britannique, qui l'a fait depuis 2023, et eux, ce n'est pas un estimé, ce n'est pas une étude de combien, dans le futur, on va faire des économies, c'est déjà à coût nul depuis la deuxième année, puis on estime, pour la quatrième année, à 27 millions de dollars d'économies. Je veux dire, n'importe quel projet économique, d'investissement ne rapporterait pas aussi rapidement de l'argent. Évidemment, l'objectif, ce n'est pas juste ça, mais si la barrière pour la ministre puis pour le gouvernement, de mettre la contraception gratuite, c'est le coût pour l'État, bien là, les chiffres le démontrent, que ce n'est pas une barrière du tout, au contraire, l'avortement et les conséquences de pas avoir la contraception gratuite coûtent cher à l'État. Donc, s'ils veulent faire des économies, ils devraient rendre la contraception gratuite.

Journaliste : Et je rebondis sur... vous avez évoqué la Colombie-Britannique. Je vous entends, dans votre discours, beaucoup... insister un peu sur cette... On aime ça, être les premiers, dans ce cas-ci, on ne l'est pas...

Mme Ghazal : Non, on a du retard...

Journaliste : ...auquel pourrait être sensible le gouvernement de la CAQ.

Mme Ghazal : Bien là, malheureusement, il est trop tard parce qu'on est déjà en retard, il y a déjà trois autres provinces qui le font. Mais c'est même le premier ministre qui l'a évoqué. Je ne l'ai même pas dit puis j'ai senti que c'est venu comme le chercher. On est en retard au Québec, bien, on est d'accord. Qu'est-ce qu'on attend? Il ne faut pas... Si on est en retard, bien, il faut le faire rapidement. Maintenant, tout est là. Les professionnels de la santé le disent, économiquement, c'est bon. Le projet de loi est prêt, il n'attend que l'aval du gouvernement.

Journaliste : Et mon collègue a évoqué 80 millions. Je vous ai déjà entendu parler de 70. On a une fourchette un peu... Aujourd'hui, là, si je vous demande l'évaluation de ce...

Mme Ghazal : Bien, nous, l'évaluation qu'on a faite, c'était en prévision, parce que ce n'est pas la première fois qu'on parle de ça à Québec Solidaire, c'était en prévision de notre plateforme électorale en 2022. Donc, c'est sûr qu'il va falloir faire une mise à jour. Nous, l'économie, c'est 70 par année, avec un coût de 50 millions, pardon, 70 millions, 50 millions. Donc, on ferait des économies. Cela dit, il faudrait mettre ces chiffres-là à jour. C'est quelque chose qu'on va faire si le gouvernement ne va pas de l'avant pour la prochaine campagne électorale, c'est sûr.

Journaliste : Merci.

Mme Ghazal : Merci.

La Modératrice : Est ce qu'il y a d'autres questions? Merci beaucoup.

Mme Ghazal : Merci. Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 59)

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