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Point de presse de Mme Line Beauchamp, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport

Version finale

Le vendredi 20 août 2010, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente et une minutes)

Mme Beauchamp: Bonjour. Ça me fait plaisir d'être parmi vous ce matin pour faire ma première annonce comme ministre de l'Éducation.
J'ai le plaisir de vous annoncer ce matin que le gouvernement du Québec a pris la décision d'aller de l'avant avec l'introduction d'un nouveau bulletin unique à l'échelle du Québec, donc un bulletin national, qui sera un bulletin chiffré, basé sur l'évaluation des connaissances, un bulletin qui sera clair, qui sera utile pour les parents, pour bien connaître et bien suivre les progrès de leurs enfants. Ce sera donc le même bulletin partout au Québec, peu importe la région où on habite. Donc, qu'on soit sur la Côte-Nord ou en Montérégie, comme parent, j'ai... je dois prendre connaissance et analyser le même bulletin. Et, par exemple, si on déménage en cours d'année, donc, c'est le même instrument, le même bulletin que je retrouve dans toutes les écoles du Québec.
Il y aura trois bulletins par année, soit... avec des dates limites de remise aux parents, soit le 20 novembre, le 15 mars et le 10 juillet. Donc, trois bulletins, mais les écoles devront communiquer, en tout début d'année, en fait au plus tard le 15 octobre, une première communication aux parents, qui n'est pas un bulletin - on n'a pas eu le temps de faire des examens ou des travaux - mais qui est une première communication aux parents, où on doit dire si l'enfant semble aller bien dans la classe, s'il semble au bon niveau, si finalement sa rentrée scolaire se passe bien. Donc, une première communication aux parents avant le 15 octobre, mais par la suite trois bulletins qui permettent vraiment d'évaluer l'acquisition de connaissances par l'enfant ou l'élève. Nous avons pris aussi la décision de pondérer, de donner un poids à chaque bulletin. Le premier bulletin comptera pour 20 % de la note finale; le deuxième bulletin, aussi 20 %; et le troisième bulletin, pour 60 %.
Je réponds ainsi à des avis largement partagés dans les 41 mémoires que nous avons reçus et analysés. Cette pondération permet d'être sûrs et certains, là, que c'est vraiment équitable pour tous les enfants au Québec, mais aussi c'est une façon de s'assurer que l'enfant reste motivé en cours d'année. Imaginez un premier bulletin qui aurait compté pour, disons, je vous donne un exemple, pour 40 % de la note; peut-être qu'un enfant aurait réagi en disant: Bien, ça ne vaut pas la peine de continuer, j'ai trop de terrain à rattraper sur le reste de l'année et j'arrête. Alors qu'une pondération 20 %, 20 %, 60 % amène tous les enfants à être motivés à poursuivre parce qu'ils savent qu'ils ont cette fin d'année très importante et que ça vaut la peine de poursuivre, même si, par exemple, j'ai connu des moins bons résultats dans mon premier ou mon deuxième bulletin.
Le gouvernement aussi fixe dorénavant un seuil de réussite pour tous les élèves dans toutes les écoles du Québec. Ce seuil de réussite est à 60 %. On m'expliquait que, dans certaines écoles du Québec, c'était variable, il y en avait que c'était 50 %, d'autres, 60 %. Dorénavant, c'est le même seuil de réussite partout, donc 60 %. Ce que ça veut dire, c'est que, si un jeune devait se retrouver en situation d'échec dans une matière qui est une matière obligatoire, prenons l'exemple du secondaire, pour l'obtention de son diplôme, eh bien, bien sûr le jeune devra recommencer ce cours. Au niveau primaire, si le jeune est en deçà de 60 %, ça doit déclencher une intervention, de la part de la direction d'école avec le professeur et le parent, qu'on se pose les bonnes questions: Est-ce que le jeune a besoin d'un encadrement supplémentaire, de services pour réussir sa prochaine année? Ou même ça peut aller jusqu'à se poser la question: Est-ce que mon enfant devrait redoubler cette année-là qu'il a échouée?
Donc, le seuil de réussite est fixé à 60 %.
Je vous annonce aussi que j'ai accepté une recommandation qui est revenue dans pratiquement tous les mémoires reçus, qui est la recommandation de permettre une année de transition pour l'arrivée de ce nouveau bulletin national chiffré portant sur l'évaluation des connaissances. Je pense qu'il y a là une volonté de respecter, notamment de respecter les professeurs. Vous trouverez, dans votre pochette de presse, un tableau de bord. J'ai exigé du ministère que soit rendu public sur le site Internet du ministère un tableau de bord qui décrit en fait chaque étape qui doit être réalisée par les différents partenaires pour en arriver au bulletin unique. C'est des fois des gestes que le ministère de l'Éducation doit poser, ou les commissions scolaires, et on y prévoit notamment la période de formation de tout près de 90 000 professeurs qui sont concernés dans l'utilisation de ce nouveau bulletin. Et, moi, j'ai répondu à cet appel, qu'on me faisait, d'avoir une année de transition et qu'on s'assure donc que tout près de 90 000 professeurs sont bel et bien formés et vont être en pleine maîtrise de ce nouveau bulletin pour la prochaine année scolaire 2011-2012. Je pense que le bulletin que nous avons devant nous répond clairement... D'ailleurs, je veux juste vous dire, on vous a carrément donné un exemple du bulletin, on vous a donné l'exemple de ce à quoi ça ressemble, par exemple, au deuxième niveau du primaire. Je pense qu'on reconnaîtra tous là que c'est d'une grande clarté et très utile. Vous voyez, par exemple, qu'en français on répond aux questions que se posent les parents: En termes d'acquisition de connaissances, est-ce que mon enfant sait lire, sait écrire, sait communiquer oralement? Et, dans chaque colonne, pour chaque bulletin, vous retrouverez un chiffre et un résultat final en fin d'année.
Donc, c'est un instrument vraiment clair, j'en suis convaincue, qui sera très utile pour les parents et qui, à mon sens... En tout cas, j'ai été à l'écoute de plusieurs parents, comme députée, comme citoyenne. Et je pense que ça répond vraiment à la volonté exprimée par une large proportion des parents mais aussi une large proportion des professeurs.
Et je veux vous souligner que les principaux syndicats sont en accord avec l'arrivée d'un bulletin unique et avec l'évaluation des connaissances. Je veux tout de suite vous dire qu'il y aura des réactions à cette annonce. Il y aura deux types de réaction, deux extrêmes, c'est un continuum, là, de positions. Une première réaction sera de dire... certains diront: C'est une bonne idée. On appuie le bulletin unique national, chiffré, portant sur les connaissances, mais on voudrait que ce soit tout de suite. Et à cette réaction je veux juste répéter que je suis sensible et préoccupée par le respect des professeurs et par le fait que je veux être sûre et certaine que les professeurs ont bel et bien eu l'étape de formation avant d'imposer, là, le bulletin unique. Vous avez une autre catégorie de réactions à un autre extrême du continuum, où les gens vont vous dire que ça ne respecte pas l'esprit du renouveau pédagogique portant sur les compétences. Je veux ici réitérer que le gouvernement du Québec, à l'écoute des parents et des professeurs, apporte des ajustements au renouveau pédagogique.
Et je veux ici souligner, et vraiment souligner de belle façon, le travail fait par ma prédécesseure, Michelle Courchesne. Mme Courchesne a vraiment mis l'accent sur l'importance et le bon poids qu'il faut donner à l'acquisition des connaissances. D'ailleurs, en 2009... tous les professeurs ont maintenant un document qui s'appelle La progression des apprentissages, mais c'est un document qui nomme les connaissances qui doivent être acquises à chaque niveau du primaire. Et, dès 2010, dès cette année, dès cet automne, les professeurs du secondaire, dans la majeure partie des disciplines, vont aussi avoir cet instrument qui nomme les connaissances qu'on doit acquérir. Donc, nous sommes en train d'apporter des ajustements, mais je suis sûre et certaine, lorsqu'on est à l'écoute des parents et des enseignants, je suis sûre et certaine qu'on ne se trompe pas. Merci.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Mme Beauchamp, les enseignants devront par conséquent modifier leurs types d'enseignement parce que, plutôt que des compétences, maintenant c'est des connaissances qu'on évaluera. Le Conseil supérieur de l'éducation le note, par ailleurs, qu'il faudra modifier l'approche au niveau de l'enseignement. Est-ce que vous le reconnaissez, cela?

Mme Beauchamp: C'est exactement pour cela que je dis qu'il doit y avoir une année de transition puis une... et une étape de formation des professeurs. Je vais aussi vous répéter qu'un syndicat... comme la FAE ou la CSQ sont en accord avec l'arrivée d'un bulletin unique portant sur l'acquisition des connaissances.
Mais, votre préoccupation, je la partage, c'est vrai qu'elle était nommée par le Conseil supérieur de l'éducation. On y répond en disant: Prenons le temps, dans cette année de transition, de faire en sorte que chacun maîtrise comme il faut cette étape d'acquisition des connaissances et le fait que ça doit maintenant se refléter, être évalué par un bulletin.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Mais combien de temps sera accordé aux enseignants? Et combien ça coûtera au gouvernement, là, ce virage-là?

Mme Beauchamp: L'étape de formation des enseignants se fera par les conseillers pédagogiques des commissions scolaires, à l'intérieur des journées pédagogiques prévues en cours d'année. Nous avons eu des discussions, hein, avec les différents partenaires, y compris avec les commissions scolaires, et tous reconnaissent qu'il y a là une étape importante et essentielle à franchir.
D'un point de vue, là, des sommes en espèces sonnantes et trébuchantes, c'est... j'ai posé la question, et on m'indique en fait que les principaux coûts sont reliés à des transformations mineures des systèmes informatiques. Je dis «mineures» parce que déjà, à large échelle, ce qui existe, c'est trois bulletins, et donc nous répondons à cette demande-là de parler de la production de trois bulletins par année. Et on me dit que les coûts d'ajustement, quand c'est nécessaire, des systèmes informatiques... Vous savez, c'est des systèmes partagés, il y a comme une forme de centre de services partagés au niveau de ces systèmes-là. On me dit que ça devrait être en deçà de 50 000 $.

Le Modérateur: Jocelyne Richer.

Mme Richer (Jocelyne): Oui. Mme Beauchamp, finalement vous avez reporté l'échéance, là, l'entrée en vigueur du bulletin de une année, ce qui semble dire que celle qui avait été fixée par votre prédécesseure, elle n'était pas du tout réaliste. Et c'est ça que le milieu vous a dit.

Mme Beauchamp: En fait, je pense qu'on procède... on publie un règlement puis on procède à des consultations exactement pour avoir la réaction des principaux concernés. Je vous dirais, les directeurs d'établissement scolaire, encore aujourd'hui... c'est un peu ce que j'ai voulu vous dire, des directeurs d'établissement scolaire, encore aujourd'hui, vous diraient: C'est faisable, et, nous, on est prêts à le faire. Donc, il y a des positions assez partagées sur cette question. Donc, le ministère avait proposé dès maintenant, mais, quand on analyse, la forte majorité des mémoires plaide pour que l'on parle de une année de transition.
Et, moi, j'ai été sensible à la question de la formation des professeurs. Il y aura, environ, là, presque 90 000 professeurs concernés par l'utilisation de ce bulletin. Et je pense que, bien que des directeurs d'établissement nous disent: On aurait été prêts cette année, la majorité des mémoires plaide pour cette année de transition. Et, moi, je suis assez convaincue que de prendre le temps d'utiliser des journées pédagogiques pour être sûrs et certains que tout le monde est à la même page, hein, à la même place, savoir quelles connaissances, comment je les évalue, comment fonctionne ce nouveau bulletin... je pense que c'est une année de transition qui était souhaitée, je la considère souhaitable et je choisis d'accepter cette demande d'une large majorité d'intervenants.
Maintenant, je veux insister sur le tableau de bord que j'ai exigé du ministère de l'Éducation. Il ne sera jamais question d'autres délais. Vous avez là un tableau de bord qui fixe chaque étape à réaliser pour que tout le monde soit prêt à compter de l'année prochaine, et c'est un tableau de bord public. Il y aura des crochets lorsque chaque étape sera réalisée. Ça sera suivi de près. Tout professeur, tout parent, toute commission scolaire va pouvoir voir l'évolution des gestes posés, pour qu'on en arrive tous en même temps à ce bulletin unique, et c'est important pour moi de vous le dire.
C'est sûr et certain, la décision est prise, ce bulletin unique, chiffré, clair et utile sera mis en place pour la prochaine année scolaire.

Mme Richer (Jocelyne): On parle de délais. Qu'est-ce qui diffère du bulletin que vous présentez aujourd'hui de celui que Mme Courchesne avait présenté en juin?

Mme Beauchamp: Rapidement, c'est ce que j'ai souligné. Le projet de règlement du mois de juin prévoyait plutôt quatre bulletins. Donc, nous acceptons les commentaires d'une majorité de mémoires qui disent: Écoutez, en ce moment, de façon, je dirais, de façon majoritaire, on parle plutôt de trois bulletins et on choisit d'avoir une première communication, qui n'est pas un bulletin chiffré, mais où j'informe le parent, en rentrée scolaire, si ça va bien ou pas et on s'est rendus aux arguments de deux qui disaient: Bien, conservons le principe de trois bulletins.
Je dois aussi vous dire que, bien des professeurs sur le terrain vous le diront, produire un bulletin, là, avoir tous les instruments amenant à l'évaluation des connaissances, avoir les bons examens, les bons travaux, produire le bulletin, c'est beaucoup de temps. Et on estime que produire trois bulletins nous amène un meilleur équilibre entre le ratio de temps mis par le professeur pour l'apprentissage des enfants puis son temps mis sur l'évaluation des enfants.
Donc, on s'est rendus à cet argument. Donc, on choisit de produire trois bulletins et une communication, qui est sous la forme de commentaires, en rentrée scolaire.
Deuxième changement, c'est le fait qu'on choisit de pondérer, de fixer une pondération de chaque étape. Ce n'était pas prévu au mois de juin. Ça aussi, les mémoires nous disaient: Faites en sorte que ça soit équitable et que partout au Québec on connaisse l'importance du premier bulletin, du deuxième et de la note finale. Donc, on introduit cette pondération, 20 % le premier bulletin, 20 % le deuxième bulletin, 60 % le troisième bulletin, pour la constitution de la note finale.
Et je crois que je vous ai pas mal décrit essentiellement le seuil de réussite. Malheureusement, je ne me souviens plus s'il était déjà prévu au mois de juin ou pas, mais les principales...

Mme Richer (Jocelyne): ...

Mme Beauchamp: Pardon?

Mme Richer (Jocelyne): La formation des enseignants?

Mme Beauchamp: Bien, je pense que ce n'est pas d'un point de vue réglementaire. Tu sais, ce que je veux dire, c'est que ça ne se met pas dans un règlement qui est comme une forme de loi. Des directeurs d'école vous auraient dit: On aurait été capables de tout faire ça avec la rentrée scolaire, mais franchement une majorité d'intervenants nous disent: Prenons le temps. Et la formation est plutôt prévue - vous le verrez dans le tableau de bord - dans la deuxième moitié de l'année, après qu'on ait tout communiqué vers les commissions scolaires, que les conseillers pédagogiques des commissions scolaires aussi maîtrisent bien le dossier, et on forme les professeurs au printemps prochain.

Une voix : Antoine Robitaille.

M. Robitaille (Antoine): Selon ce que je vois du bulletin, ça ressemble pas mal au bulletin que, moi, j'avais au primaire, c'est-à-dire savoir lire, savoir écrire. Donc, on retourne finalement au savoir. Il y a des chiffres. Est-ce que c'est, au fond, le retour au bon sens ou est-ce que c'est après des années d'errance ou c'est un retour en arrière après une expérience un peu pétée?

Mme Beauchamp: Là, je vous laisse tous ces commentaires-là.

M. Robitaille (Antoine): Non, j'ai posé deux questions à deux alternatives.

Mme Beauchamp: Merci de m'enfermer dans deux expressions très utiles pour une ministre de l'Éducation. Non, je veux juste vous dire, quand je parlais tantôt d'ajustements, je pense que c'est important de le dire, il y a des ajustements au renouveau pédagogique proposé il y a bon nombre d'années. Donc, on parle d'ajustements, et, je vous dirais surtout, c'est qu'on parle d'avoir un instrument qui répond plus aux besoins des parents. Dans le fond, ce qu'on a compris en cours de route, c'est que les parents ont beaucoup dit que, lorsqu'ils recevaient le bulletin, eux-mêmes n'étaient pas sûrs et certains de bien le comprendre. Donc, la logique du gouvernement, la première chose, c'est de dire : Il faut absolument que le bulletin soit clair et utile pour le parent, qu'il sache.

M. Robitaille (Antoine): Est-ce qu'on aurait trop écouté les spécialistes des sciences de l'éducation?

Mme Beauchamp: On est en ajustement. Je pense que...

M. Robitaille (Antoine): Non, les parents.

Mme Beauchamp: Bien, je pense qu'on est en ajustement. Justement, des choses ont été testées, mais on porte les bons ajustements. Nous avons en ce moment une approche extrêmement pragmatique. Le parent veut savoir à la base si son enfant acquiert des connaissances, et peut-être qu'avant il n'était pas assez clair dans le bulletin, on n'était pas capable de répondre à cette question : Est-ce que mon enfant maîtrise le français écrit ou pas? Donc, au moins, on répond maintenant ça. On redonne la bonne place à l'acquisition des connaissances. Et, moi, je reconnais que nous sommes en train d'apporter des ajustements au renouveau pédagogique.

M. Robitaille (Antoine): Le gouvernement est au pouvoir depuis 2003. Je sais que ça ne fait pas longtemps que vous êtes ministre de l'Éducation, mais quand même le gouvernement Charest est au pouvoir depuis 2003. Pourquoi avoir attendu sept ans pour se mettre au diapason des besoins des parents?

Mme Beauchamp: M. Robitaille, vous savez comme moi qu'encore la semaine dernière, au lendemain de ma nomination, j'avais un avis du Conseil supérieur de l'éducation qui nous disait de ne toucher à rien.
Vous comprenez donc que nous sommes dans une situation où les positions, dans le secteur de l'éducation, à ma bonne compréhension après une semaine en fonction... mais j'ai des membres de ma famille dans le réseau de l'éducation, je suis à l'écoute des citoyens de mon comté. Je vous dirais, donc, selon moi, il y a comme un continuum de positions puis il y a même des positions qu'à la fin, là, dans les deux extrémités du continuum, les positions sont très éloignées. Donc, je ne pense pas que... Je pense en fait que le gouvernement a choisi une approche très pragmatique mais, je vous le reconnais, vraiment basée sur l'écoute des parents et des enseignants. C'était pour moi... C'est important pour moi de dire: Bien sûr, un bulletin, c'est un outil de communication vers le parent pour qu'il suive les progrès de son enfant. Mais je pense qu'il faut dire qu'on a été très à l'écoute aussi des professeurs qui ont à vivre ces situations, qui avaient à vivre, là, la mise en oeuvre de ces bulletins.
Et, eux aussi, les principaux syndicats ont plaidé pour qu'on revienne à un bulletin plus clair, plus utile pour le parent. Donc, nous sommes en ajustement.

Le Modérateur: Carl Langelier.

M. Langelier (Carl): Ma question est presque, mot à mot, dans le sens de mon collègue. Vous parlez d'ajustement. Ce n'est pas un ajustement, à mon point de vue, c'est retour en arrière, c'est un retour à ce qui était le gros bon sens dans la tête des parents, et des étudiants, et des gens qui revendiquaient ça. Mais est-ce que... Ma question est la suivante: Est-ce qu'on peut se permettre, en tant que société, de jouer avec... en faisant des essais et erreurs avec une génération d'étudiants pour en arriver, au bout de huit ans ou de neuf ans, puis dire: «Finalement, on s'excuse, on s'est trompés»?

Mme Beauchamp: Moi, je parle... Je vais vous dire pourquoi je parle d'ajustement. Je pense qu'il serait tout à fait erroné, vraiment être dans l'erreur de prétendre que tout est... vous savez, qu'on était en train de jeter le bébé avec l'eau du bain, dans le sens suivant: il y a une forme de pédagogie que propose... que proposait la réforme. Je parle, par exemple, ce qui est bien connu puis bien accepté de la part des parents... c'est que le fait qu'on axe sur le travail en équipe, sur la notion de production de projets, tout ça, c'est bien intégré, puis ça ne l'était pas nécessairement avant. Donc, moi, je parle d'ajustements parce qu'il y a les bons côtés, les bons aspects que l'on garde, mais effectivement, et je pense qu'on avait peut-être, à l'époque... là, je parle d'il y a vraiment 10 ans, à l'insatisfaction des parents, un peut trop... on s'était éloigné des questions de base qu'on a de l'acquisition des connaissances. Mais il y a encore des... Il y a encore, bien sûr, de la pédagogie qui... dont les assises sont sur des principes qu'on amenait avec la... qu'on amène avec ce qu'on appelle très familièrement la réforme ou le renouveau pédagogique.
D'ailleurs, je veux juste vous souligner que, dans, le bulletin, deux fois dans l'année, on... ça ne sera pas évalué avec un chiffre, mais on doit, vous le verrez, on doit commenter si le jeune, par exemple, sait exercer son jugement, s'il sait travailler en équipe, s'il sait organiser son travail puis s'il sait communiquer. Ça, c'est des éléments où avant les professeurs disaient: Si vous me demandez d'évaluer ça avec une note et vraiment un principe d'évaluation, comment je vais faire ça? Et ça, on dit: Vous avez raison, on ne commencera pas à tenter d'évaluer ça avec des notes. Ça, c'est des commentaires qui seront mis dans le bulletin, mais on les conserve. On doit commenter. Est-ce que le jeune sait travailler en équipe? Est-ce qu'il sait communiquer? Est-ce qu'il sait s'organiser? Est-ce qu'il sait exercer son jugement? C'est des éléments qu'on retrouve. Vous le verrez, là, c'est une autre section après tous les résultats par discipline, par matière chiffrée.

Le Modérateur: John Grant.

M. Grant (John): Pour juste suivre la question de Carl, depuis des décennies, on a des théoriciens dans le monde de l'éducation au Québec et ailleurs au Canada qui testent leurs théories sur les enfants avec plus ou moins de résultats probants, et voyez-vous le jour où ces gens-là auront besoin de prouver la fiabilité de leur théorie avant de la tester sur les enfants?

Mme Beauchamp: Écoutez, je suis en place depuis une semaine et, moi, je ne suis pas en mesure après une semaine de commenter, là, les... vous savez, je vais appeler ça les écoles... les grandes écoles de pensée dans le monde de l'éducation, et vraiment ce serait très cavalier de ma part, très prétentieux de me mettre à commenter cela.
Je veux juste vous dire qu'il y a des aspects de ce qu'on appelle le renouveau pédagogique, notamment l'approche par projets par exemple, le travail en équipe, le fait qu'il y a des compétences de base qu'on doit avoir, peu importe si je fais des mathématiques, ou de la géographie, ou du français. Je dois savoir lire. Je dois savoir comprendre un texte. Bon. Cette reconnaissance-là, elle est partagée à une large échelle maintenant dans plusieurs pays membres de l'OCDE, donc c'est des approches qui sont assez bien implantées.
Je pense qu'une difficulté qu'on a vécue, c'est vraiment la communication auprès des parents. C'est vraiment le fait qu'on a peut-être gardé des expressions qui étaient malheureusement pas compréhensibles pour le parent. Mais les principes des approches pédagogiques, ils demeurent, mais maintenant on dit: Il faut que, le parent, quand il lit un bulletin, il faut que pour lui ce soit clair puis il faut que ce soit utile pour qu'il puisse faire les bons commentaires à son enfant, et c'est là qu'on fait les ajustements, puis en disant aussi, je vous le reconnais... de dire: On doit être plus simplement être capable de nommer les connaissances que je dois acquérir quand je suis en troisième année ou en secondaire I. Et, oui, on a réintroduit ça de façon plus claire, là. Je vous le disais, Mme Courchesne l'a fait, dès l'année passée, pour le niveau primaire.

Le Modérateur: Daphnée Dion-Viens.

M. Grant (John): Est-ce qu'il y a quelqu'un qui sait pourquoi on a délaissé les parents, qu'on a oublié qu'ils sont supposés d'être impliqués dans le résultat de leurs enfants et de comprendre ce que leurs enfants apprennent à l'école? C'est tellement comme si on est parti avec une théorie, mais oubliez le pratique.

Mme Beauchamp: En tout cas, chose certaine, ce que je peux vous dire, c'est que le gouvernement, et ça a commencé sous Jean-Marc Fournier avec le bulletin chiffré, mais vraiment aussi ça a nettement progressé sous Michelle Courchesne, le gouvernement a décidé, depuis son arrivée, d'avoir une approche plus pragmatique et qui répond plus aux besoins des parents.

Le Modérateur: Deux dernières questions: Daphnée Dion-Viens et Julie Dufresne, par la suite.

Mme Dion-Viens (Daphnée): Un peu sur la même lignée, Mme Beauchamp, bon, vous l'avez dit, il y a eu plusieurs ajustements apportés, en cours de route, à cette fameuse réforme, là, il y a d'autres ajustements apportés ce matin. Est-ce que, pour vous, avec les ajustements de ce matin, on boucle la boucle et puis on peut ensuite passer à autre chose ou s'il y a encore d'autres ajustements, pour vous, là, qui seront éventuellement...

Mme Beauchamp: Vous avez une bonne question. Et, je le dis bien, bien humblement, vous comprenez que je suis dans ma sixième journée comme ministre de l'Éducation. Est-ce que j'ai la bonne perspective sur les enjeux complets? Là encore, je ne prétendrai pas ça. Mais, à partir de mon expérience comme citoyenne à l'écoute des parents de mon comté puis des professeurs, je veux dire, j'en ai dans ma famille, moi, je pense que, le bon... la bonne importance accordée à l'acquisition des connaissances et ensuite d'avoir un bulletin clair et utile, je pense nettement que c'étaient les deux grands reproches... ou les deux grandes préoccupations exprimées par les professeurs et les parents. Dans ce sens-là, je pense quand même qu'on répond vraiment à l'essentiel des besoins exprimés jusqu'à maintenant. Mais est-ce qu'il y a d'autres ajustements? Honnêtement, en ce moment, je ne suis pas capable de commenter.
Mais, de toute façon, je vous dirais honnêtement, je pense que, lorsqu'on parle d'éducation, de pédagogie, d'évaluation, moi, je considère qu'il est toujours un peu normal d'être à l'écoute et d'apporter des ajustements. Mais est-ce qu'ils seront aussi importants que celui annoncé ce matin? Je ne crois pas. Mais est-ce qu'il peut y avoir d'autres ajustements? Peut-être.

Mme Dion-Viens (Daphnée): Donc, tout le dossier compétences et connaissances, là, ça devrait faire le tour, si on se comprend bien, là, on a pas mal réglé le cas?

Mme Beauchamp: Oui. Selon moi, oui. Le règlement proposé nomme en toutes lettres la notion de connaissances, et l'évaluation proposée dans le bulletin nomme en toutes lettres qu'on évalue les connaissances de façon chiffrée et qu'on fait des commentaires sur quatre éléments, comme travailler en équipe, organiser son travail, exercer son jugement, savoir communiquer. Je pense bien qu'on fait le tour.

Le Modérateur: Dernière question. Julie Dufresne.

Mme Dufresne (Julie): À la lumière de tout ça, est-ce que vous diriez que d'aller vers les compétences transversales, c'était une erreur?

Mme Beauchamp: Je dirais la chose suivante: Honnêtement, dans le... Et c'est là que tantôt je vous disais: Il y a tout un continuum de prises de position sur cette question, et avec le temps certains intervenants qui étaient tout à fait contre au début finalement ont appris à maîtriser ces concepts-là puis maintenant sont des défenseurs. Mais je pense qu'à la fin pour le parent ça demeurait difficile à comprendre. C'est là tantôt que je voulais faire la différence entre comment ça va se passer dans la classe... Selon moi, aujourd'hui, dans une classe, ça ne se passe pas comme quand, moi, j'étais à l'école au niveau primaire, je pense qu'il y a vraiment un accent mis sur le fait qu'on veut aussi être certain que le jeune sait travailler en équipe, ou organiser son travail, ou exercer des jugements. Ça, c'est des accents qui sont mis et c'est ce qu'on appelait, je vous dirais, un peu les compétences transversales ou c'est ce qu'on appelle les compétences transversales. Mais je suis un peu d'accord avec ce qui a été dit avant. C'est comme si c'étaient des expressions utilisées qui proviennent vraiment d'experts, et, lorsqu'on a voulu réussir cette communication-là auprès des parents, ça n'a pas été une réussite, et c'est même devenu le...

Une voix: ...

Mme Beauchamp: Non. Bien, ce que je veux dire, c'est que, pour moi, les principes sont des principes qui sont bons, mais je pense que ça n'a pas été réussi en termes de communication auprès des parents. Peut-être un peu, si je me permettais un exemple à vous donner. Imaginons deux médecins qui parlent du cas, de la maladie d'une personne. Peut-être qu'entre eux, quand ils discutent, ils utilisent certains mots, mais, quand ils se tournent vers le patient pour lui expliquer ce qu'il a, je pense qu'on... ils se... on adapte le vocabulaire pour être sûr que le parent et sa famille comprennent bien. Et il y a peut-être eu cette étape-là de se poser la question: Est-ce que vraiment on va être capables de réussir la communication vers les parents, qui n'a pas été réussie? Et ce n'est pas pour rien que, là, on revient à un bulletin chiffré et franchement, nettement, beaucoup plus clair, où le parent va savoir: Est-ce que mon enfant a acquis des connaissances en histoire? Est-ce qu'il a acquis des connaissances en français, en mathématiques, en activité physique, etc.?

M. Langelier (Carl): Le problème, c'est que... c'est ça, c'est que dès le départ, dès le premier bulletin, dès que... les premières minutes où les parents ont reçu ça sur leurs bureaux... ils vous l'ont dit directement: On ne comprend rien. Ça, ça fait des années, ça. Et là on ne parle pas de la semaine passée, là, ça fait plusieurs années. Et là on arrive plusieurs années plus tard avec la solution. Pourquoi? C'est ce que tout le monde se demande. Pourquoi ça a pris autant de temps?

Mme Beauchamp: Je vais... Tantôt, je vous...

M. Langelier (Carl): Il n'y a personne qui a allumé là-dessus, alors que les gens ont sonné la sonnette d'alarme tout de suite, là.

Mme Beauchamp: Non, mais peut-être vous dire: Il y a eu des étapes. Les étapes, ça a été le fait... Parce que ça, ce n'est pas nouveau, là, les bulletins sont déjà chiffrés, là, au moment où on se parle. Donc, il y a eu des étapes: faire en sorte qu'au moins le bulletin soit chiffré; après ça, il y a eu la réintroduction donc des notions d'acquisition de connaissances qu'on a nommées, que les... Les professeurs maintenant savent quelles connaissances doivent être acquises à chaque niveau. Ça a été introduit par Mme Courchesne en 2009, ce sera fait pour le secondaire cette année. Donc, il fallait préparer le terrain. Mais je veux juste vous redire : C'est important pour moi de vous redire... Vous me présentez ça comme une très grande évidence et comme s'il y avait unanimité dans notre société, alors que je tiens à vous redire que, la semaine dernière, le conseil qui doit conseiller la ministre sur ses prises de position, le Conseil supérieur de l'éducation, m'invitait à ne pas procéder à l'annonce de ce matin.

M. Langelier (Carl): ...écoles de pensée.

Mme Beauchamp: Donc, vous voyez que c'est extrêmement partagé comme positions sur ces questions. Mais, je vous répète, on prend l'approche pragmatique, on répond au souhait des parents et des professeurs, on a préparé le terrain pour le faire. Mais là vraiment, je reprends l'expression qu'on m'a proposée, la boucle est un peu bouclée, avec le fait que le bulletin, il est chiffré, il porte sur les connaissances, il est clair, il est utile.

Une voix: Merci beaucoup. Merci.

M. Langelier (Carl): ...est-ce que vous avez oublié les parents, à un certain moment donné, aussi... et que vous vous êtes réveillés plus tard?

Mme Beauchamp: Je ne crois pas qu'on peut prétendre ça quand le gouvernement, notre gouvernement, a réintroduit le bulletin chiffré, a réintroduit la notion de connaissance et maintenant procède à un bulletin unique portant sur l'acquisition de connaissances.

Une voix: Merci, tout le monde. Merci. C'est terminé.

M. Robitaille (Antoine): ...revenir dans les programmes? Parce qu'aussi le...

Mme Beauchamp: Je vous disais: L'année dernière, on a... On a un document.

M. Robitaille (Antoine): Oui, mais il y a des programmes aussi, qui sont encore plus déterminants que les documents dont vous parlez. Est-ce que... Est-ce qu'il ne faudrait pas les réintroduire dans les programmes, les connaissances?

Mme Beauchamp: Je vais être bien honnête avec vous, M. Robitaille, moi, peut-être que je ne possède pas... peut-être que c'est ma qualité, en ce moment je ne possède pas tout le jargon que vous possédez. Je dis «jargon», je le dis positivement. Mais, moi, ce que je sais, c'est qu'a été transmis aux professeurs l'année dernière un document qui s'appelle La progression des apprentissages puis qui fait un peu la hiérarchisation, d'année en année, des connaissances que l'enfant doit acquérir entre la première et la sixième année. Et, à ma connaissance, selon ce qu'on m'a dit, en ce moment, du côté, par exemple, des syndicats d'enseignants, ils sont heureux d'avoir eu ça. Ils sont heureux de revenir à ça et de voir que le bulletin sera unique et portera là-dessus.

Une voix: Merci beaucoup.

Mme Beauchamp: Merci.

(Fin à 11 heures)

 

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