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« Cabinet fantôme »

Terme(s) anglais :
Shadow cabinet

Définition

Expression désignant l'ensemble des parlementaires de l'opposition officielle, ou d'un tiers-parti, agissant comme porte-parole de leur groupe parlementaire ou de leur parti dans les divers domaines d'action de l'État.

Les synonymes « contre-gouvernement », « contre-cabinet » et « contre-ministre » ont déjà été suggérés, sans grand succès.

Historique

Élément typique du système parlementaire britannique, le cabinet fantôme rassemblait autrefois quelques membres de l'opposition officielle, qui avaient pour tâche de s'intéresser particulièrement aux activités d'un ministère, de poser des questions au ministre, d'examiner ses crédits et ses dépenses. Bref, de suivre un ministre à la trace, comme son ombre, d'où l'expression anglaise shadow cabinet1. L'institution informelle du cabinet fantôme apparaît en Grande-Bretagne à partir de 1867, année de la sanction du Second Reform Act sur l'élargissement du suffrage. De plus, « by the turn of the twentieth century, a group of individuals approximately the size of a Shadow Cabinet [around twenty] had emerged.2 »

Rôles du cabinet fantôme

Selon la tradition britannique, un cabinet fantôme a trois rôles principaux : organiser la stratégie parlementaire de l'opposition officielle, renforcer sa position en tant qu'éventuel gouvernement et permettre aux députés d'acquérir de l'expérience3. Ainsi, le cabinet fantôme est à la fois un moyen d'orchestrer le quotidien parlementaire et une façon de se préparer à une potentielle prise du pouvoir.

Le Québec s'est inspiré de cette tradition, mais ce n'est plus aujourd'hui un groupe restreint qui rassemble les anciens ministres et préfigure le futur cabinet, puisque le chef de l'opposition officielle forme son cabinet fantôme surtout en vue de distribuer des responsabilités aux membres de son caucus.

Au Parlement britannique

Le shadow cabinet est composé d'anciens ministres et de quelques autres députés influents membres du groupe parlementaire formant l'opposition officielle. Les membres du shadow cabinet peuvent généralement aspirer à un poste de ministre advenant l'accession au pouvoir de leur parti. Les porte-parole formant le cabinet fantôme sont soit nommés ou élus, dépendamment du parti formant l'opposition officielle4.

Lorsque le Parti conservateur forme l'opposition officielle, le chef du parti nomme les membres du cabinet fantôme, appelé Consultative Committee. L'origine de cette pratique semble remonter au XIXe siècle. Elle découle de l'habitude prise par les anciens ministres conservateurs et libéraux sortants de se réunir afin d'organiser les travaux de leur groupe.

Lorsque le Parti travailliste forme l'opposition officielle, les membres du cabinet fantôme, appelé Parliamentary Committee, sont élus en principe par l'aile parlementaire du parti. Cette manière de faire, beaucoup plus récente, remonte aux années 1920, époque où les travaillistes ont remplacé les libéraux comme groupe formant l'opposition officielle. Plus récemment, on constate qu'un chef de l'opposition, Tony Blair en l'occurrence, en 1997, a choisi lui-même qui compose son cabinet fantôme5.

Comme pour les conservateurs, la pratique tire son origine de la tendance observée chez les ministres sortants à conserver un intérêt pour les questions touchant leurs anciens ministères. Elle témoigne également de l'intérêt de certains députés envers un ministère qu'ils espèrent occuper une fois leur parti au pouvoir.

Pour citer cet article

« Cabinet fantôme », Encyclopédie du parlementarisme québécois, Assemblée nationale du Québec, 21 décembre 2023.

Faites-nous part de vos commentaires à : encyclopedie@assnat.qc.ca

Pour en savoir plus

Peters, Siegfried (dir.). La procédure parlementaire du Québec, 4e éd., Québec, Assemblée nationale, 2021, p. 286.

Notes

1 

À la Chambre des Lords, c'est plutôt l'expression spokesperson cabinet qui est utilisée, car des membres de cette Chambre peuvent faire partie d'un cabinet fantôme.

2 

A. C. Eggers et Arthur Spirling, « The Shadow Cabinet in Westminster Systems : Modeling Opposition Agenda Setting in the House of Commons, 1832-1915 », British Journal of Political Science, vol. 48, no 2, avril 2018, p. 347-362 et 364.

3 

Joel Bateman, In the Shadows : The Shadow Cabinet in Australia, Parliament of Australia, Parliamentary Library, 2008, p. 11

4 

Depuis les années 1920, deux grands partis se succèdent au pouvoir : le Parti conservateur (Conservative Party) et le Parti travailliste (Labour Party). Sur ce sujet voir Norman Wilding et Philip Laundy, An Encyclopaedia of Parliament, 4e éd., Londres, Cassel, 1972, p. 691, et R. M. Punnett, Front-Bench Opposition : The Role of the Leader of the Opposition, the Shadow Cabinet and Shadow Government in British Politics, Londres, Heinemann, 1973, p. 35-45.

5 

Bill Jones, Dictionnary of British Politics, 2e éd., Manchester University Press, Manchester-New York, ca 2010, p. 303.