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« Salon de la race »

Définition

Expression marquant la distinction de l'enceinte parlementaire en tant que lieu physique, celle de l'Assemblée législative comme institution, et celle des représentants du peuple qui la composent.

Elle est utilisée pour la première fois en août 1936 par Maurice Duplessis en campagne électorale, puis répétée en Chambre le 7 octobre suivant.

Historique

Pour bien saisir l'esprit dans lequel Duplessis prononce ces mots, ce moment survient lors la première séance en Chambre du nouveau gouvernement qu'il dirige, dans son discours d'appui à la candidature de Paul Sauvé au poste d'orateur :

En l'occurrence, je crois que le choix du député de Deux-Montagnes est des plus opportuns, parce qu'il me paraît posséder toutes ces qualités. Il a toute la compétence voulue et il saura faire preuve d'impartialité et de dignité dans cette Chambre qui doit être le salon non seulement de la province, mais je dirais même dans le salon de la race. Voilà pourquoi toutes ces qualités sont nécessaires. En conséquence, je crois refléter l'opinion unanime de la Chambre en proposant que Joseph-Mignault-Paul Sauvé soit élu président de cette Chambre1 .

Dans ce contexte, l'expression se veut élogieuse envers une Chambre composée de députés francophones et anglophones de différentes confessions religieuses2.

De nombreux journalistes utilisent ensuite l'expression dans le même esprit. Calixte Dumas, par exemple, conclut sa description de l'éclat de la cérémonie d'ouverture de la session parlementaire de 1939 en ces mots : « On a souvent donné à la Législature provinciale le titre pompeux de salon de la race. Jamais ce qualificatif n'a été plus justifié qu'au cours de l'après-midi d'hier.3 » À l'inverse, certains parlementaires déforment parfois l'expression en « salon de la farce », ou encore « salon de la crasse » durant certains échanges partisans4.

L'usage de l'expression est plus rare après 1970, mais elle survient périodiquement pour faire référence à l'histoire passée de l'Assemblée.

Aujourd'hui, bien que le mot « race » soit porteur d'une connotation négative5, certains journalistes utilisent à l'occasion l'expression « salon de la race » - souvent de manière sarcastique - pour désigner les parlementaires ou encore la salle de l'Assemblée nationale où ils se réunissent6.

Pour citer cet article

« Salon de la race », Encyclopédie du parlementarisme québécois, Assemblée nationale du Québec, 31 mars 2023.

Faites-nous part de vos commentaires à : encyclopedie@assnat.qc.ca

Notes

2 

À ce moment, Peter Bercovitch est le seul représentant de la communauté juive à siéger à l'Assemblée législative. La Chambre compte alors neuf parlementaires anglophones sur un total de 90 députés.

3 

« En marge de la session », L'Action catholique, 19 janvier 1939, p. 3.

5 

Le Dictionnaire Usito résume la question en ces termes : « Le terme race, en raison de son évolution et de son caractère scientifiquement non applicable chez l'espèce humaine, est perçu par certains comme étant porteur d'une charge péjorative. Son utilisation, en parlant des êtres humains, tend à disparaître des discours officiels. On [préfère] dire, par exemple, un homme noir, une femme blanche [...]. D'un point de vue strictement linguistique, ce terme entre dans la formation de dérivés (racisme, raciste, interracial, etc.) et de divers composés (profilage racial) qui correspondent à des concepts souvent incontournables. »

6 

Voir par exemple « Yves Blais, le prolixe député de l'Assemblée nationale », La Presse, 13 décembre 1986, p. A8; « Ni Charest ni Boisclair ne réfèrent à la fête chrétienne », Journal de Québec, 15 décembre 2006, p. 2; « Brusque fin de session pour Couillard », Journal de Québec, 14 juin 2014, p. 10.