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(Huit heures une minute)
M. Derraji : Bonjour. Bon
matin. Aujourd'hui, je suis avec mon collègue, André Fortin, qui vient d'arriver
d'une très bonne rencontre qui touche la forêt, il va vous en parler un peu
plus tard, une excellente présence en région.
Permettez-moi aujourd'hui de vous
mentionner deux points. Premièrement, je vous informe que je viens d'envoyer
une lettre officielle à la Commissaire à l'éthique par rapport à la question
soulevée aujourd'hui : places fantômes en garderie. La ministre Laforest
aurait dû mettre fin à l'appel. Donc, la lettre a été envoyée. Vous avez vu,
dans l'article, on parle d'un échange entre la ministre et un parent. C'est des
choses très troublantes. On se demande pourquoi le ministère de la Famille n'a
pas déclenché une enquête, pourquoi Mme la ministre n'a pas arrêté l'appel. Et
j'espère, j'espère que, depuis cet incident, Mme la ministre, qui connaît très,
très bien les règles, a déjà avisé la Commissaire à l'éthique. Donc, ça, c'est
le premier point.
Le deuxième point, rapidement. Je vous
annonce qu'aujourd'hui nous allons avoir la première rencontre de la Commission
de l'Assemblée nationale pour enquêter sur Mme Guilbault, et j'ai l'intention
de demander, d'une manière officielle, en dépôt de motion, la convocation des
personnes suivantes : premièrement, Mme Geneviève Guilbault, ministre des
Transports et de la Mobilité durable; M. Éric Ducharme, P.D.G. de la SAAQ; et,
troisièmement, M. Martin Simard, vice-président aux finances et à
l'administration de la SAAQ. Les trois personnes, c'est pour qu'ils nous
expliquent la question de l'outrage au Parlement par rapport au retard. Et souvenez-vous
que la Vérificatrice générale n'a pas été capable d'auditer les états
financiers, ce qui a eu comme impact le retard dans le dépôt du rapport annuel
de la SAAQ.
Et, maintenant, je cède la parole à mon
collègue André.
M. Fortin :Merci. Effectivement, là, hier, j'étais au Saguenay pour le
Sommet sur la forêt. Et, moi, j'ai assisté, avec le collègue de l'opposition
ici, mais avec aucun collègue de la Coalition avenir Québec, à un forum où il y
avait des représentants de l'industrie, des représentants des Premières
Nations, des écologistes, il y avait des aménagistes, il y avait des syndicats
de travailleurs. Et le genre de propos qu'on entendait, là, ça ressemblait à
ça, en lien avec le projet de loi n° 97 sur le régime forestier :
Tout ce qu'on fait, c'est accélérer pour mieux foncer dans le mur. Et ça, c'est
un ex-doyen de foresterie de l'Université Laval qui disait ça. J'ai entendu :
Un nouveau forestier régime forestier, ça presse, mais on n'est pas pressé de
faire pire que ce qu'on a en ce moment. J'ai entendu des groupes des Premières
Nations qui disaient qu'ils voulaient travailler à trouver une solution pour le
régime forestier, à avoir un meilleur régime forestier, mais qui trouvaient que
la ministre avait elle-même vicié le processus de consultation de son projet de
loi. Il faut être clair, là, les groupes des Premières Nations n'ont pas été
entendus sur leurs revendications parce que la ministre a tenté de leur faire
signer un document comme quoi ils ne pouvaient pas parler de la rencontre
qu'ils avaient. Ils ne pouvaient pas se parler entre eux. Ils ne pouvaient pas
parler avec des groupes de l'industrie. Ils ne pouvaient pas parler avec des
écologistes. Ils ne pouvaient pas parler avec qui que ce soit de ce qu'ils
entendaient dans cette rencontre-là.
Alors, les gens des Premières Nations, à
juste titre, ont refusé. Et là on se retrouve avec un projet de loi qui crée
des immenses tensions en forêt en ce moment, qui fait en sorte que les groupes
des Premières Nations se braquent. Et ce que j'ai entendu hier de la part de
chefs de Premières Nations, c'est qu'ils ont averti la ministre, ils ont
averti... Citation : «On a averti le gouvernement pas une fois, deux fois,
trois fois qu'il y aurait des crises sociales cet été, mais la ministre va de
l'avant quand même.»
Alors, moi, je lui demande, je lui demande
de prendre l'été, de refaire ses devoirs, de mettre ça sur pause quelques
instants pour faire le travail correctement et pour éviter les tensions qui
sont en train d'avoir lieu en ce moment. Parce que ce qui se passe aujourd'hui,
les blocages qui se passent, ce n'est pas bon pour l'industrie, ce n'est pas
bon pour nos relations avec les Premières Nations, ce n'est pas bon pour qui
que ce soit. Alors, avant qu'il soit trop tard, est-ce que la ministre peut
prendre un peu de recul, faire ses devoirs correctement et nous revenir à
l'automne?
Journaliste : ...pouvez-nous
expliquer quel est le cœur, l'enjeu du problème, pourquoi ces tensions-là.
Honnêtement, je ne suis pas très familier avec le projet de loi.
M. Fortin :Bien, le projet de loi, essentiellement, là, un des enjeux
majeurs du projet de loi pour un paquet de groupes, et là je ne parle pas juste
des Premières Nations, mais pour un paquet de groupes, c'est qu'il va prendre
30 % du territoire en forêt publique, il le donne essentiellement à
l'industrie. Il y aura plus de... Il n'y a pas de processus clair de
consultation pour quelle partie du territoire va être identifiée comme ça. Et
il n'y aura pas nécessairement de... Il n'y a pas de mécanisme pour faire appel
de ces décisions-là. Donc, le gouvernement, le gouvernement lui-même s'empêche,
dans ces territoires-là, de dire qu'il pourrait y avoir un milieu d'une valeur
écologique particulière. Le gouvernement prend 30 % du territoire et le
donne à l'industrie pour faire à peu près n'importe quoi.
Je comprends les groupes des Premières
Nations de dire : On aimerait ça être consultés sur le quand, le comment,
quelle partie du territoire, comment ça va être fait. Et donc, pour eux, c'est
un immense recul, non seulement pour eux, mais pour le processus de
consultation autour de ces décisions-là. Alors, c'est pour ça, aujourd'hui,
avant de dire : On va de l'avant, on impose un nouveau régime forestier,
c'est logique de dire : On prend un petit pas de recul puis on fait la
vraie consultation comme on aurait dû la faire dès le début.
Journaliste : Sur les places
fantômes en garderie, M. Derraji, comment vous expliquez que la ministre ait texté
ce couple de parents là au nom de ses filles puis qu'elle soit intervenue comme
ça? Qu'est ce que ça vous dit? Comment on explique ça quand ça fait quand même
longtemps qu'on est ministre puis qu'on connaît les règles?
M. Derraji : C'est très
préoccupant. C'est très troublant et j'espère que le ministère de la Famille
fera une enquête parce que si ce modus operandi, ce stratagème, est répandu à
travers le territoire, c'est de l'argent public. Parce que, regardez, on
demande à quelqu'un de prendre une place, de demander un retour pour que la
garderie puisse être payée. Donc, moi, par rapport à la ministre, j'espère que,
quand elle a reçu cet appel elle a eu, je dirais, le temps d'appeler la commissaire
à l'éthique puis déclarer ce qu'elle a vécu comme situation. Mais ce qui est
très troublant, c'est qu'il y avait eu une information très simple envoyée par
le ministère de la Famille, en leur rappelant le rôle de la... de gérer... des
responsables de garderie. Il n'y avait pas d'enquête déclenchée. Donc, c'est
complètement irresponsable. C'est complètement irresponsable. Et la ministre
aurait dû agir avec diligence.
Journaliste
: Qu'est-ce
que reprochez au juste? Qu'est-ce que vous reprochez au juste à la ministre
Laforest? ...tourner, là. Qu'est-ce que vous lui reprochez? C'est ses filles.
Qu'est-ce que vous reprochez directement à la ministre?
M. Derraji : On a un
code d'éthique. Il fallait le suivre. Quand il a reçu l'appel. Il fallait, oui.
Et il y a plusieurs fois, à plusieurs reprises, il a rappelé le fait qu'il est
en conflit d'intérêts. C'est arrêter complètement l'appel et non pas commencer
à justifier. Vous avez vu l'échange. Il y a quand même un échange avec le monsieur,
avec le citoyen, parce que c'est elle la députée du coin. Ça, c'est un. Deux,
j'espère que suite à cet appel, il a avisé la commissaire à l'éthique. C'est
très clair, parce que si je prends le code d'éthique, il est très clair. Agir,
tenter d'agir ou omettre d'agir de façon à favoriser ses intérêts personnels ou
ceux d'un membre de sa famille immédiate, ou ceux d'un de ses enfants à charge
ou d'une manière abusive, ceux de toute autre personne. L'article 16,
chapitre II, Conflit d'intérêts. Donc, j'espère que Mme la ministre a
avisé sur le champ la commissaire.
Journaliste
: ...
M. Derraji : Oui,
aujourd'hui.
Journaliste
: Ce matin.
M. Derraji : Je viens de
mentionner que suite en se basant sur ces articles, notamment l'article 16
du Code d'éthique et de déontologie de l'Assemblée nationale, l'article 24
aussi, nous avons envoyé une demande à la Commissaire à l'éthique aujourd'hui.
Mais encore une fois, j'espère que Mme la ministre, au moment de cet incident,
a déjà parlé avec la Commissaire à l'éthique pour l'aviser.
Journaliste
: Si ce
n'est pas le cas, qu'est-ce qu'elle devrait faire?
M. Derraji : Je
laisserai la Commissaire à l'éthique juger. Moi, j'ai formulé la demande
aujourd'hui à la Commissaire à l'éthique en se basant sur notre code d'éthique
parce que, clairement, Mme la ministre a été dans une situation très délicate.
Il s'agit de ses filles, il s'agit d'un citoyen dans son propre comté et il
s'agit carrément d'un détournement, d'un stratagème utilisé pour que le parent
puisse utiliser sa place en garderie, même s'il ne l'utilisait pas. C'est ça
qui est grave. Et le ministère de la Famille dans tout ça, pourquoi le
ministère de la Famille n'a pas déclenché une enquête?
Journaliste
:
...l'impression, entre autres, que la ministre, par l'appel, mettrait de la
pression sur le citoyen?
M. Derraji : Écoutez, à
la lecture de cet article, à plusieurs reprises, oui, il a mentionné conflit
d'intérêts, mais on voit dans l'échange, c'est qu'il y avait quand même un
échange long avec le citoyen. Est-ce que ça a été la seule chose à faire? Je ne
pense pas parce que la ministre doit suivre notre code d'éthique. Et c'est une
ministre chevronnée qui comprend c'est quoi, le rôle de ce code d'éthique.
Donc, il fallait agir en conséquence, mais pas uniquement agir en conséquence
et mettre fin à l'appel, c'est prendre le téléphone, aviser la commissaire.
Journaliste
: ...c'est
problématique pourquoi? Je comprends que c'est prévu au code d'éthique, là.
Mais, dans votre esprit, c'est problématique pourquoi? Est-ce que c'est parce
qu'on met de la pression sur le citoyen? Qu'est-ce qui fait que c'est
problématique comme appel?
M. Derraji : Bien,
premièrement, l'article 16, il s'agit de la garderie de ses filles.
Journaliste
: Ceci dit,
est-ce qu'il y a un potentiel conflit d'intérêts? Elle a formulé son malaise.
M. Derraji : Et il
fallait arrêter l'appel et aviser la commissaire à l'éthique.
Journaliste
:
...appeler la commissaire, pour vous, c'était la bonne chose à faire...
M. Derraji : Il fallait
absolument aviser la Commissaire à l'éthique. Mais encore une fois, il n'y a
pas d'enquête du ministère de la Famille. Et écoutez, là, je veux juste prendre
un instant, là, une famille qui avait besoin d'une place en garderie, on lui
explique que la seule chose à faire. On va commencer au mois de septembre? Pas
de problème, faites la demande. Même si votre enfant n'était pas là, vous allez
recevoir le crédit et moi aussi je vais être payée. Et on nous explique que
c'est la façon de faire. Bah, de ma connaissance, ce n'est pas la façon de
faire.
Journaliste
: Est-ce
que c'est illégal...
M. Derraji : C'est au
ministère de la Famille de le déclarer et de faire une enquête.
Journaliste
: ...la
loi, vous ne le savez pas ou...
M. Derraji : Bien, je
préfère que le ministère de la Famille déclenche son enquête et nous avise.
Pour moi, ce que je vois, c'est illégal dire que tu as une place, tu ne l'as
pas. Tu réserves une place, tu demandes de l'argent au gouvernement, tu
demandes un remboursement alors que tu n'es pas dans. Ta place, elle n'était
pas... elle n'est pas utilisée parce que ça a été prévu pour plus tard.
Journaliste : Hier, le chef
du Parti québécois a promis de réduire le prix de l'essence à la pompe en
baissant les taxes, TVQ, ou taxe sur le carburant sur le prix à la pompe. Il
dit lui-même que ça va coûter au moins 1 milliard, peut-être
1,5 milliard. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Derraji : Bon, je vais
aller après, là. Je pense aussi que mon collègue... Il dit très bien
1 milliard. Moi, je laisse ça au Parti québécois. Je pense qu'il voit
qu'il y a un enjeu, mais je tiens juste à rappeler au Parti québécois que, dans
l'équation, ils doivent nous dire où ils vont aller chercher le 1 milliard,
nous avons un 13,6 milliards de déficit.
Journaliste : Responsable
d'aller couper encore dans les revenus de l'État quand on a un déficit de
13 milliards déjà dans le...
M. Derraji : C'est au Parti
québécois, au chef du Parti québécois, d'expliquer, d'être honnête et
transparent avec les Québécois. Où il va aller chercher l'argent?
Journaliste : Mais vous, vous
le feriez au Parti libéral, par exemple, aider les Québécois, parce que les
Québécois sont ceux qui paient l'essence le plus cher en ce moment au Canada.
Est-ce que vous aideriez des Québécois payer moins cher le coût de l'essence?
M. Derraji : Ce que j'aime
dans votre question, c'est aider les Québécois. Le Parti libéral va toujours
aider les Québécois avec une très bonne gestion des finances publiques. On en
parlait avec mon collègue...
Journaliste : Sur l'essence.
Journaliste : Sur l'essence.
M. Derraji : Bien, sur
l'essence, je pense que le débat... le débat... et vous savez où on loge... on
loge le Parti libéral, oui, il y a un enjeu. Mon collègue me parle aussi de la
situation en Outaouais, les gens qui sont proches de l'Ontario, ils me parlent
d'une... Il ne faut pas être insensibles à cet enjeu. C'est un réel problème.
Maintenant, on l'a dit au Parti libéral, c'est anormal que je voie mon argent
favoriser Air Canada ou des grosses compagnies. Le fonds doit être très bien
géré. Donc, si mon argent que je contribue en vue de l'électrification des
transports ou les changements climatiques doit servir dans des bons projets.
Mais encore une fois...
Journaliste : Sauf votre
respect, là, je vous vois, là, tourner autour du pot, là, mais moi ma question
est claire : Est-ce que le Parti libéral du Québec aiderait les Québécois
à payer moins cher leur essence en coupant des taxes, quelque taxe que ce soit,
parce qu'il y en a plein, là, qui s'appliquent? Est-ce que vous réduirez les
taxes pour faire en sorte que le prix de l'essence au Québec s'harmonise avec
ce qui se fait ailleurs au Canada? Là, ça, ça vient... ça n'a rien à voir avec
le fait de payer ou non Air Canada dans... avec le Fonds vert.
M. Fortin :Moi, je vais vous dire une chose, là, il y a... il y a cinq
candidats à la chefferie, là, qui font un débat à Québec demain soir, là, puis
c'est eux qui vont être en charge d'élaborer la prochaine... la prochaine
plateforme du Parti libéral. Alors, si le Parti libéral a un rôle à jouer
là-dedans, ça va être lors de cette prochaine campagne électorale là, puis la
plateforme va être écrite par le prochain chef. Alors, vous avez toute
l'opportunité de lui... d'en discuter. Cependant....
Des voix : ...
M. Fortin :...cependant... cependant, je... moi, je veux dire quelque
chose en lien avec un lien avec ma région, là, parce que les gens de ma région,
ils m'en parlent constamment de ça, ils le voient, là. Depuis que le
gouvernement fédéral, que les autres provinces ont diminué la taxe ou ont
éliminé la taxe carbone. Il y a une différence marquée de 0,20 $,
0,30 $ et parfois jusqu'à 0,40 $ sur l'essence entre Ottawa et
Gatineau, entre Pembroke et le Haut-Pontiac, et il y a des propriétaires de
stations services dans ma circonscription qui m'ont dit : On a perdu
jusqu'à 90 % de notre business. Il y en a qui ont fermé leurs portes dans
mon comté. Alors, moi, je demande une chose très claire au gouvernement du
Québec, là, et à François Legault aujourd'hui, c'est de revoir le rabais en
région frontalière, parce que le rabais qui est déjà en place en région
frontalière, là, il ne fait plus la job aujourd'hui. Et il y a des gens, des
Québécois qui perdent leur emploi, qui perdent leur... qui perdent leur
entreprise à cause de cette situation-là. Alors, pour ces gens-là, moi, je
demande au gouvernement du Québec de revoir le rabais en région frontalière. Et
je ne peux pas croire que les quatre députés de l'Outaouais de la Coalition
avenir Québec, là, n'ont pas fait valoir ce point-là au premier ministre ou au
ministre responsable. Ils entendent comme moi les doléances des propriétaires,
des consommateurs chez nous, et ça ne fait aucun sens de laisser cette
situation-là perdurer alors qu'elle affecte des entreprises du Québec.
Journaliste : Question sur le
projet de loi de découvrabilité — j'ai de la misère à le dire — du
ministre Lacombe, là, pour faire en sorte que, sur les grandes plateformes
américaines, le contenu québécois soit mis de l'avant. Êtes-vous satisfait de
ça? En auriez-vous fait plus? Comment vous réagissez?
M. Derraji : Bon, on va
attendre le dépôt du projet de loi.
Journaliste : De ce qu'on
sait ce matin, là.
M. Derraji : Là, et c'est sur
l'énoncé du principe, on est d'accord. Ça fait quand même sept ans qu'on en
parle, ça fait quand même depuis l'arrivée de la CAQ au pouvoir qu'on parle...
qu'on parle de la découvrabilité, c'est une bonne chose. Mais encore une fois,
on a l'habitude avec ce gouvernement d'avoir des beaux slogans, des beaux
titres de projets de loi. Vraiment, on va attendre le détail, le comment, et
après on est très disponibles à le commenter.
Journaliste : ...pensez-vous,
M. Derraji, que la majorité de la Coalition avenir Québec va vous permettre
d'entendre Mme Guilbault?
M. Derraji : Ah! très bonne
question. Écoutez, M. Legault disait qu'il voulait faire toute la lumière sur
le scandale de la SAAQ, il a échoué dans le premier test, et là, maintenant, je
comprends, parce qu'ils avaient peur d'une commission qu'ils ne contrôlaient
pas, une commission de l'Assemblée nationale où on avait une liste de témoins.
Donc, ils ont déjà, M. Laforest, utilisé leur majorité pour empêcher la
première enquête de l'outrage de la SAAQ avec les mauvaises informations
envoyées à la Commission de l'administration publique. Moi, je pars aujourd'hui
dans cette rencontre de la Commission de l'Assemblée nationale avec une bonne
volonté de mettre la lumière sur ce qui s'est passé avec cet outrage. J'ai
trois personnes. Je n'ai pas 10, je n'ai pas 15. Et j'espère que la majorité
gouvernementale et M. Simon Jolin-Barrette va donner suite à cette demande.
Journaliste : M. Fortin, sur
le bâillon, hier M. Dubé qui a dit qu'il n'excluait pas ça. On ne vous a pas
entendu là-dessus, vous...
M. Fortin :Oui, effectivement, bien, j'étais... j'étais au Saguenay
hier. Mais, sur le fait que Christian Dubé, là, parle d'adopter le projet de
loi n° 106 sous bâillon, honnêtement, moi, je suis tombé à la renverse en
entendant ça hier, parce que Christian Dubé, c'est le ministre qui présente les
projets de loi les plus mal ficelés depuis... depuis son arrivée au pouvoir,
là.
Le projet de loi n° 15 sur la
création de Santé Québec, il y a eu 888 amendements à ce projet de loi là.
Il y en a eu 226 qui ont été déposés par le gouvernement lui-même le jour un,
puis il y en a eu 424 qui ont été déposés au premier jour du bâillon. Ça, c'est
la preuve même que le gouvernement de la CAQ, que Christian Dubé, quand ils
déposent des projets de loi, ils sont mal ficelés, ils sont mal écrits, ils ne
peuvent pas être adoptés tels quels.
Alors, qu'il nous dise aujourd'hui, là :
Bien, moi, le projet de loi n° 106, là, on est à deux semaines de la
fin... de la fin de la session, je pense qu'il faut l'adopter, je pense que
j'envisage de l'adopter par bâillon, c'est-à-dire de ne pas faire l'étude de ce
projet de loi là... Parce que, soyons honnêtes, là, on est le 21 mai,
l'étude du projet de loi commence... ou la consultation sur le projet de loi
commence le 26 mai. La session se termine le 6 juin. À toutes fins
pratiques, on aurait quatre jours d'étude du projet de loi pour changer le mode
de rémunération des médecins.
Journaliste : ...M. Fortin,
ou c'est vraiment une façon de garder la pression sur les médecins?
M. Fortin :Bien, honnêtement, la pression, là, en ce moment, elle
devrait être sur Christian Dubé. La personne qui ne réussit pas à faire en
sorte que les Québécois ont un médecin de famille, c'est Christian Dubé. La
personne qui fait en sorte que les gens attendent des heures, et des heures, et
des jours, et des mois, et des années pour de leurs chirurgies, c'est Christian
Dubé. Alors, moi, la pression, là, la responsabilité... projet de loi n° 106
ou pas, là, la responsabilité du succès ou de l'échec du réseau de la santé est
sur les épaules du ministre de la Santé, pas sur les épaules de qui que ce soit
d'autre.
Journaliste : ...lier la
rémunération à l'atteinte d'objectifs?
M. Fortin :Bien, je vais... Vous allez peut-être me trouver plate,
mais je vais vous répéter ce que je vous ai dit la semaine dernière, là. Sur le
fond de la chose, de dire : Est-ce qu'on est ouverts à discuter de la
rémunération à l'acte versus la rémunération à la capitation ou de faire un
modèle mixte, là?, nous, on est tout à fait ouverts à avoir ce débat-là. C'est
un débat sain. C'est un débat qui doit avoir lieu dans... au Québec. Mais, sur...
et à la limite, là, sur la question d'atteindre... de lier la rémunération à la
performance des médecins, on peut avoir ce débat-là, mais on ne peut pas lier
la performance des médecins... pardon, on ne peut pas lier la rémunération des
médecins à la performance globale du réseau. Si on veut dire aux médecins :
On va lier votre rémunération à votre performance individuelle, c'est-à-dire
aux heures de disponibilité que vous offrez, etc., bien là, on peut avoir un
débat là-dessus, mais avoir un débat en disant : Votre rémunération à
vous, elle est basée sur la performance du réseau, ça ne tient pas la route.
Le meilleur exemple qui nous vient en
tête, là, c'est comme dire... c'est comme dire à des travailleurs d'usine :
Bien, vous, là, votre performance, elle va être mesurée sur le nombre d'unités
qui vont sortir de l'usine, mais il y a la moitié des machines qui ne marchent
pas dans l'usine aujourd'hui. Donc, on n'a pas... on n'a pas de salle
d'opération qui fonctionne, c'est la même dynamique. On ne peut pas faire
porter aux médecins la responsabilité qui incombe au ministre de la Santé.
C'est sa responsabilité de s'assurer que les Québécois ont des chirurgies dans
les délais et c'est sa responsabilité qu'il tente de faire porter aux médecins
aujourd'hui.
Alors, moi, je comprends tout à fait, là,
les médecins qui crient sur la place publique en disant : Moi, j'en fais
déjà beaucoup. Et il y en a beaucoup, de médecins, qui travaillent très fort,
qui en font beaucoup. Est-ce qu'il y en a, des médecins, qui travaillent moins
de jours? Assurément. Mais de faire porter à un médecin particulier... à un
médecin en particulier la performance de l'ensemble du réseau, c'est-à-dire de
lui faire porter à lui, par sa rémunération, la performance du médecin à Gaspé
et le nombre d'infirmières qui sont disponibles à l'hôpital de Gatineau, ça ne
tient pas la route.
Journaliste
: À ce
sujet-là, si je peux me permettre, le ministre n'a pas laissé entendre que ce
serait une imputabilité collective. En fait, ce n'est pas individuellement.
Dans le fond, justement, là, c'est que cette idée... ce qu'il avait expliqué
lors de la présentation du projet de loi, c'est que ça allait être une espèce
de responsabilité partagée aussi, là.
M. Fortin :
En fait, là, nous, ce qu'on comprend du projet de loi, là., et... En fait, non,
je vais prendre un petit peu de recul, O.K., si vous le permettez, là. Le
projet de loi, c'est une chose, là, puis il y a bien des affaires là-dedans
qu'on est prêt à discuter, qu'on est prêt à débattre, comme le mode de
rémunération, mais l'attitude du gouvernement, dans ce projet de loi là, c'est
ça qui est particulièrement déplorable, là. Quand on dépose un projet de loi en
disant «ça va brasser», puis on a l'air fier de ça, là, on a l'air vraiment
content que ça brasse, on a l'air content d'avoir un débat avec les médecins,
là, moi, ça me dit que c'est un gouvernement qui, honnêtement, là, qui est en
fin de mandat, qui ne sait plus quoi faire, qui a tout essayé pour changer
l'opinion publique. Juste, regardez, au cours de la session, là, il nous avait
dit ça au début de la session, il nous avait dit : Nos priorités, ça va
être la laïcité, l'immigration, le réseau de la santé. Il a essayé des projets
de loi sur la laïcité, ça n'a pas fait bouger l'opinion publique. Il a essayé
de parler d'immigration, ça n'a pas fait bouger l'opinion publique. Là, il se
dit : Ah, bien, je vais taper sur les médecins d'abord, c'est peut-être ça
qui va fonctionner. Honnêtement, c'est un gouvernement qui est à court d'idées,
qui ne sait plus quoi faire. Puis là il va dans son... ses derniers
retranchements puis il le fait sur le dos des professionnels de la santé. Moi,
je trouve ça déplorable.
Journaliste
: C'est
quoi, vous trouvez ça cynique?
M. Fortin :
Au-delà de dire que c'est cynique ou pas, là, moi, je vous dirais qu'il y a...
quand on s'en prend de façon si organisée, disons, à un groupe de
professionnels, là, je trouve qu'on est bien loin de penser au bien public, on
est bien loin de penser aux patients, on est bien loin de penser à la
responsabilité gouvernementale d'offrir des soins aux patients. Le
gouvernement, en ce moment, là, il tente de se décharger de ses responsabilités
à lui. La responsabilité de s'assurer que les patients sont opérés dans les
délais, ça appartient au ministre de la Santé. La responsabilité de s'assurer
que les patients sont pris en charge, ça appartient au ministre de la Santé.
Alors, de tenter de faire porter ça à quelqu'un d'autre que lui, alors que
certains d'entre eux, certains d'entre eux, plusieurs d'entre eux, là, et nous,
on en reçoit des témoignages à n'en plus finir, là, ils font déjà tout ce
qu'ils peuvent faire. C'est contre-productif, ça n'aide pas le patient, ça
n'aide pas la dynamique entre les médecins et le gouvernement, ça n'aide pas la
négociation qui a lieu, ça n'aide pas personne.
M. Derraji : Juste ajouter un
point dans le contexte de travaux parlementaires. Quand on est sérieux, et mon
collègue n'arrête pas de le mentionner, on ne va pas ramener un projet de loi
en fin de session. Il nous reste deux semaines. Je tiens à vous le dire, il ne
reste même pas neuf jours d'étude. Donc, c'est un projet de loi qui arrive dans
un moment bien particulier sachant ce que le gouvernement a vécu, notamment avec
l'hôpital Maisonneuve. Mon collègue l'a mentionné à plusieurs reprises. Donc,
est-ce que le ministre, qui est... Lui, il ne sera plus ministre l'année
prochaine, il quitte la CAQ, il quitte la vie politique. Est-ce qu'il est
vraiment sérieux dans sa démarche d'offrir des soins de qualité? La question se pose.
Journaliste :
On minister Laforest, in your opinion,
what exactly did she do wrong here?
M. Derraji :
First, I think once she received this
call, she should call directly the commission, «la commissaire d'éthique», and
stop the call between her and the citizen, because the link between Mrs.
Laforest and this daycare is like she was involved before the politics. And now
the daycare is managed by the daughters of Mme Laforest.
Journaliste :
Realistically, do you think that she
can keep her job as minister, keep the trust of citizens after doing this?
M. Derraji :
So, that's why I sent a letter today to
«la commissaire de l'éthique», because I want her to be involved in this file and
to clarify everything.
Journaliste :
Because minister Laforest, when she
spoke with this citizen, she was like... she knew that she was probably in a
conflict of interest, but at the same time, she was also taking stand position
to defend the daycare of her daughters. So, she should have known better with
her own experience as a minister for years.
M. Derraji :
You're right to say that. That's why
I'm asking «la commissaire de l'éthique» to clarify everything. And I hope that
Mrs. Laforest called «la commissaire à l'éthique» after this call. And, you
know, she said that, yes, «conflit d'intérêts», «conflit d'intérêts», but she
should stop the call between her and the citizens, because it's someone from
their family involved in this file, and the call is very clear, we are not
allowed to be involved in some files that our members in our family are very
involved.
So, that's why today I
sent a letter to the Commissaire à l'éthique, because I want her to clarify, to
clarify everything.
Journaliste :
And just on the upcoming bill, I know,
you cannot comment on the bill itself, but do you feel that the Québec content
is easily discoverable on... platform?
M. Derraji :
We can do more, and, for the bill, I
will wait for the bill.
Journaliste :
When you say : We can do more,
what do you mean?
M. Derraji :
Yes, to give all the Québec... the
Quebeckers the opportunity to discover our products and our...
Journaliste :
...the principles that we have to add
more francophones original content?
M. Derraji :
Yes, we want to add more content in
French, so, it's very important. That's why we will wait for the bill before
saying anything.
Journaliste :
... but can the Québec Government fight
against those... like giant platforms?
M. Derraji :
Yes, you are right to say that. That's
why I'm very excited to see what the solution that Mr. Lacombe is bringing to
the table. That's why we will wait until... to read the bill.
Journaliste :
What is Minister Laforest did illegal?
Did she do something illegal?
M. Derraji :
Sorry?
Journaliste :
Minister Laforest, what she did, is it
illegal?
M. Derraji :
Yes, because, you know, if we follow
our code... involved with this daycare, and she should be prudent, once,
someone from the family involved in this file and not be involved. That's why,
I hope Mrs. Laforest, she call the Commissaire à l'éthique, hein? And, today,
I'm sending this letter because I want to clarify what has happened during this
code and what has happened to this problem between the citizens and the daycare
of the children.
Journaliste :
Je veux juste demander. Il y a un projet de loi, d'ailleurs, de Mme
Laforest aujourd'hui, ça vient d'être publié. Mais on apprend que, dans le
fond, M. Legault va réduire le poids de Montréal, au sein de la CMM, en en
retirant un vote prépondérant au sein des instances décisionnelles...
M. Derraji : On a vu, dans le
préavis hier... Pardon?
Journaliste : ...c'était un
engagement de 2018.
M. Derraji : Oui. J'ai vu le
préavis hier de ce projet de loi. On va attendre le dépôt du projet de loi pour
voir un peu l'intention de M. Legault. Je sais que M. Legault n'aime pas
Montréal. Il ne s'intéresse pas à Montréal, et on voit la dégradation des
infrastructures à Montréal, ça, ce n'est pas nouveau par rapport à nous.
Donc... Mais, juste, on va voir un peu où
il veut aller, M. Legault, parce qu'il y a beaucoup de problèmes de gouvernance,
c'est vrai, mais on va attendre le dépôt du projet de loi et vous revenir.
(Fin à 8 h 30)