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(Onze heures quarante-trois minutes)
Mme Roy (Verchères) : Bien,
bonjour, tout le monde. Alors, évidemment, vous allez me permettre de commencer
en remerciant le Comité des sages, donc la présidente, Diane Lavallée, le Dr
Jean-Bernard Trudeau et Patrick Taillon, pour tout le travail accompli. Alors,
ça a été de nombreuses rencontres, hein? On parle d'une centaine de rencontres,
220 personnes, des lectures, des analyses, des réflexions, la rédaction.
Ça a été de nombreuses heures de travail. Je veux saluer leur rigueur et leur
professionnalisme, je pense que c'est important. Et d'ailleurs, quand ils
rencontraient des gens, des fois j'avais des échos, les gens me disaient qu'ils
les avaient rencontrés puis j'avais toujours des échos très positifs de l'écoute
et de la pertinence des questions que les gens avaient reçues.
Alors, c'est un mandat qui n'était pas
simple, on peut se le dire, mais ils ont su malgré tout démontrer justement la
compétence, l'expérience pour relever, justement, ce défi-là. Alors, on peut s'attendre...
on peut s'entendre pour qualifier le rapport de pertinent et, oui, de nuancer,
mais surtout, je vous dirais, sans biais. Puis ça, c'est un élément qui est
extrêmement important. Ils sont allés chercher la confiance de tous les groupes
pour aller chercher l'expertise. Alors, que ce soient les organismes, les
associations, les professionnels, les parents, des personnes qui ont vécu des
transitions, les témoignages, les expertises, ça nous a permis justement d'avoir
le rapport qui nous a été présenté vendredi dernier. Je veux d'ailleurs
souligner même que le Collège des médecins était très heureux d'exprimer sa
satisfaction d'avoir contribué à sa manière en participant à ce rapport qui a
été rendu public.
Donc, on se rappelle, hein, c'était en
2023, ça brassait un petit peu, il y avait de la confrontation de façon très
agressive au niveau, justement, du genre de discussions face à la transition. Alors,
notre gouvernement, à ce moment-là, a décidé de mettre en place un omité de
sages, puis je veux vous réitérer, puis je pense que c'est important, réitérer
quel était le mandat du Comité des sages. Brosser un portrait de la réalité
québécoise, recenser les politiques, les pratiques, les directives, alors dans
les différents secteurs éducation, sports, loisirs, santé, services sociaux,
services publics, sécurité publique, analyser les différents effets sur l'ensemble
de la société, regarder aussi ce qu'il se fait ailleurs, dans des états
comparables, identifier les principaux enjeux à approfondir par la suite — je
vous rappelle que c'était dans le mandat initialement — et de
collaborer étroitement avec le conseil LGBT. Quand on lit le rapport, je pense
que le rapport est le reflet du mandat qui a été donné.
Alors, je le répète, je pense que c'est
important, l'objectif du rapport, ce n'était pas de prendre des décisions à la
place du gouvernement, ce n'était pas non plus de prendre position puis donner
raison à un groupe ou à un autre groupe, de déterminer des bons et des
méchants. On n'était pas du tout là. C'était plutôt d'avoir une base commune
pour l'identité de genre, l'impact sur les différents aspects de la société.
Alors, on le voit à... aux réactions,
hein, c'est un sujet qui est très sensible, puis ça devient rapidement
polarisant. Je pense qu'il est important de se le dire, au Québec, qu'on doit
avoir la maturité de pouvoir se parler même d'un sujet sensible, délicat, qu'on
doit pouvoir en parler publiquement, qu'on doit avoir le droit de se
questionner puis qu'on doit avoir aussi l'occasion d'aller en profondeur puis
documenter aussi. C'est un des éléments qu'on retrouve beaucoup, beaucoup dans
le rapport.
Alors, comme ministre de la Famille, moi,
il y a des éléments qui m'ont interpelée personnellement à l'intérieur du
rapport, alors, rapport qui nous présentait 28 enjeux, 50 avenues à
considérer. D'abord, le fait que les parents ne soient pas toujours impliqués
d'emblée dans les processus, dans les décisions touchant un mineur. Alors, moi,
ça vient me chercher comme mère, comme grand-mère, parce que je pense que la
majorité des parents au Québec, là, ils sont bienveillants, ils sont de bonne
foi. Puis c'est souvent ceux qui sont le mieux placés aussi pour nous parler de
l'historique de l'enfant, mais c'est surtout, surtout ceux qui sont le mieux
placés pour soutenir les enfants. Alors, moi, mon souhait profond, c'est que
les parents, ils fassent partie du dialogue. Donc, on met tout en place pour
justement s'assurer que les parents, ils fassent partie du dialogue.
On a constaté aussi, à la lecture du
rapport, un manque d'uniformité de certaines pratiques d'interventions
psychosociales ou médicales. Surtout lorsqu'il est question de mineurs, je
pense que la prudence s'impose. La prudence, ça ne veut pas dire d'arrêter, ça
ne veut pas dire l'immobilisme. La prudence, ça veut dire de bien faire les
choses, de mieux faire les choses. Alors, le rapport nous a démontré
qu'il n'y a pas de consensus scientifique, qu'il n'y a surtout pas suffisamment
de données puis qu'il faut documenter davantage. D'ailleurs, on a l'intention,
puis je vous en informe, de donner un mandat, un mandat confié à l'Institut
national d'excellence de santé et des services sociaux, à l'INESSS, et aussi un
mandat à l'Institut national de santé publique du Québec, donc deux mandats
distincts. On va vous revenir avec le mandat spécifiquement de chacun, mais
l'objectif, c'est d'améliorer, oui, l'état des connaissances par rapport aux
soins d'affirmation de genre pour tous les groupes d'âge, alors, du point de
vue de la santé publique, évidemment, on veut capter, capter les effets des
soins transaffirmatifs à travers les années. D'ailleurs, là aussi, le Collège
des médecins mentionnait que des recherches, de travailler avec ces deux
organismes indépendants, ça va permettre d'orienter les cliniciens pour avoir
les meilleures pratiques. Je pense que ça, c'est important. On parle de nos
jeunes particulièrement, alors, je pense, d'avoir... de s'assurer d'avoir les
meilleures pratiques, c'est extrêmement important.
Un autre élément aussi qu'on a vu dans le
rapport, c'est évidemment tout ce qui touche le droit des femmes. Alors, que ça
soit le sentiment de sécurité, le respect de l'intimité en matière d'équité, ça
m'interpelle aussi, et il faut pouvoir en tenir compte quand on traite de ces
enjeux-là.
Alors, autre élément... et d'ailleurs le
comité commençait avec ça, moi, je conclus presque avec ça, mais eux
commençaient avec ça : la distinction dans les notions de sexe, il y a
deux sexes, les hommes et les femmes, deux sexes biologiques, et il y a le
genre. Alors, souvent, puis on s'en... on s'en aperçoit, et le comité des sages
s'en est beaucoup aperçu dans les rencontres qu'ils ont eues, c'est confondu,
c'est mal utilisé, c'est interchangé. Alors, je pense qu'il y a définitivement
place à de la pédagogie à ce niveau-là et à la cohabitation et des sexes,
hommes et femmes, et de la diversité de genre.
Journaliste : Pour faire une
recension puis de la recherche, comme vous le résumez, ça a coûté un
demi-million. Trouvez-vous que c'est des fonds bien dépensés?
Mme Roy (Verchères) : Oui, je
pense qu'on a là beaucoup d'éléments qui vont nous permettre d'aller plus loin,
de s'assurer justement de bien identifier... Premier élément qu'on a vu, là,
c'est à quel point on manquait de données, à quel point on manquait de
consensus au niveau scientifique. Alors, le travail a été fait, on a pu
entendre tous les points de vue, on a pu voir les spécialistes. Alors, je pense
que oui, c'est de l'argent bien dépensé.
Journaliste : Mais combien ça
va coûter, respectueusement, là? Avant que vous sachiez quoi faire dans le
sport, dans les prisons, où là vous vous faites dire de continuer de faire ce
que vous faisiez déjà pour les toilettes... Tu sais, là, vous donnez deux
autres mandats à l'INESSS, à l'INSPQ. C'est quand même des fonds publics, du
temps, avant que le gouvernement ait des réponses?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
les réponses, je pense, quand on parle de l'INESSS, on parle de s'assurer
d'avoir les meilleures pratiques. Un des éléments qu'on a pu justement voir
dans le rapport, c'est que les pratiques étaient inégales, entre autres au
niveau médical, psychosocial. Donc, s'assurer d'avoir les meilleures pratiques.
S'assurer que les cliniciens aient les orientations aussi pour avoir les
meilleures pratiques.
Journaliste : Mais l'INESSS
puis l'INSPQ n'auraient pas pu commencer ça il y a un an? Pourquoi on avait
besoin de payer trois sages à un demi-million pour arriver à cette
conclusion-là?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
en fait, là on parle d'un volet, on parle du volet médical. Les sages, ça a été
beaucoup plus large que ça : ça a été le sport, ça a été l'éducation.
Journaliste : Mais le sport,
le sport, Mme Roy, en tout respect, là, on a demandé clairement c'étaient quoi
leurs recommandations, et ils ne se disent pas spécialistes de la chose et donc
vous remettent entre les mains la tâche de concocter des guides pour les
fédérations pour le sport étudiant notamment.
Mme Roy (Verchères) : Effectivement,
il y a des éléments au...
Journaliste : Est-ce que ça
valait vraiment la peine?
Mme Roy (Verchères) : Ce
n'était pas le mandat qu'ils avaient, eux, d'élaborer les guides.
Effectivement, ils disent : C'est une bonne façon de faire. Dans leurs
recommandations, on disait : On doit regarder dans certains niveaux de
sport, par exemple, à ce qu'il y ait une mixité, dans d'autres niveaux de sport,
on s'adresse entre autres aux fédérations sportives. Alors, je pense que, quand
on regarde le rapport des sages, il faut le regarder largement, dans l'ensemble
des secteurs qui ont été touchés. Au niveau des ordres professionnels aussi, il
y a beaucoup d'éléments apportés.
Journaliste : ...décision,
c'était présenté comme ça dans l'an dernier. Vous disiez : Nous, comme
gouvernement, on veut être outillé pour prendre les bonnes décisions. Quelle
aide vous avez de plus, là, pour prendre une décision sur le sport par exemple?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
je pense que sur le sport, justement, il y a des éléments qui ont été référés,
entre autres aux organismes sportifs. Il y a eu une distinction qui a été
faite, par exemple, entre le sport récréatif, comment on peut le faire. On ne
peut pas prendre juste un élément puis dire : Le comité des sages, ce
n'est que cet élément-là. C'est en termes médicaux, où on a vu là le fait qu'il
n'y avait pas d'uniformité dans la façon de le faire, alors là, vraiment, on
s'est dit...
Journaliste : Mme Roy!
Mme Roy (Verchères) : Oui.
Journaliste : C'est parce
que, comme disait Marie-Michèle, quand on a annoncé la composition de ce
comité-là, c'était dans le but d'aider le gouvernement à prendre des décisions.
Quelles décisions vous allez prendre, là, concrètement, là, qui vont changer
des choses, là? Vous avez parlé tout à l'heure, notamment, là, que les parents
devaient être plus impliqués. Ils ont... Eux autres, ils ont dit : Bien,
au niveau de la prise d'hormones, là, ce n'est ce pas tout à fait normal que
les parents ne soient pas impliqués là-dedans. Est-ce que vous allez légiférer
là-dessus? Dire par exemple : Bien, dorénavant, il faudra que les parents
soient impliqués? Parce que là, vous arrivez, les seules décisions que je
comprends que vous allez prendre, c'est de demander deux mandats à l'INESSS
puis l'INSPQ. Alors, c'est quoi les décisions qui découlent de ce rapport-là?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
le rapport a été déposé vendredi dernier. Alors, la suite des choses, c'est
qu'effectivement le rapport s'en va dans les différents ministères. Et là,
chaque ministre va être interpelé, va pouvoir analyser les choses, voir quels
vont être les aspects qui... les politiques qui vont être adoptées. Non, effectivement,
aujourd'hui, je ne vous annonce pas la série des décisions qui vont être
prises. La suite, c'est que ça retourne dans chacun des ministères avec
justement l'expertise qui a été mise en place, avec tout ce qu'on a réussi à
réunir. Et là, chaque ministère va faire avancer. Et le gouvernement va mettre
en place les politiques.
Journaliste : Mais, si j'ai
bien compris, vous êtes d'accord que ça prend des changements pour faire en
sorte que les parents soient mieux informés?
Mme Roy (Verchères) : Tout à
fait. D'emblée, je pense, mieux informer, puis je vous dirais d'emblée, comme
prémisse de base, qu'on prenne pour acquis que les parents peuvent faire partie
de la solution.
Journaliste : ...ce doit être
une obligation pour les écoles d'informer les parents?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
déjà, dans les processus, je vous dis, je ne vous ferai pas... je ne ferai pas
l'annonce de chacune des recommandations... pas des «recommandations», mais des
pistes à analyser, mais je dis que cet élément-là, des parents, il y a
différentes façons de l'aborder. Mais, en prémisse de base, est-ce qu'on peut
s'assurer que, oui, on tente au maximum d'intégrer les parents? Puis tout le
monde nous l'ont dit, quand le comité des sages raconterait que ce soient des
gens qui se questionnaient, des parents qui se questionnaient ou encore même
des spécialistes au niveau de la transition nous disaient : Les parents,
c'est un apport positif. Donc, il faut trouver le moyen de le mettre comme
prémisse de base et tenter de le faire. Dans tous les cas, peut-être que ce
n'est pas nécessairement applicable. Mais, quand ce n'est pas applicable, un
des éléments qui a été apporté par le comité des sages, c'est de dire comment
on peut faire pour mettre un processus, quand ce n'est pas applicable avec le
parent, que ce n'est pas possible, pour s'assurer de bien accompagner nos
jeunes.
Journaliste : ...Pardonnez-moi.
Je ne voulais pas vous couper.
Mme Roy (Verchères) : Non,
non, ça va. J'avais fini.
Journaliste : Qu'est-ce que
vous dites aux associations sportives ou au réseau scolaire, par exemple, qui
s'attendaient à obtenir, au moment du dépôt du rapport, des directives claires,
à savoir par exemple est-ce qu'une fille trans peut intégrer une équipe
féminine? Quand est-ce qu'ils vont obtenir ces réponses-là? Quand est-ce qu'ils
vont tenir des directives? Parce que pour l'instant, moi, ce que j'ai entendu
vendredi dernier, c'est : Allons-y au cas par cas. Est-ce que dorénavant
c'est comme ça que ça va fonctionner?
Mme Roy (Verchères) : Le
rapport va être transmis à la ministre des Loisirs et des Sports, et ça va être
transmis aussi à chacun des ministres, où on va regarder comment on peut faire
concrètement pour travailler, pour s'assurer... Par exemple, il y avait des
éléments qui ont été apportés dans le comité, de dire : Oui, il y a des
grilles qui doivent être gérées par les associations sportives
professionnelles, et il y a des normes où on peut développer aussi plus de
mixité dans certaines autres... certains autres sports. Même chose au niveau,
par exemple, du sport scolaire, comment on peut ajuster tout ça.
Alors, je pense qu'il faut... il faut
prendre le rapport comme étant le moment de départ. Maintenant, on a fait...
Journaliste : Mais quel est
l'échéancier, quel est l'échéancier?
Mme Roy (Verchères) : Alors,
l'échéancier va être différent selon, effectivement, chacun des domaines. Vous
le voyez, là, au niveau médical, tout de suite, on a dit : Il y a un
problème criant au niveau de ce qui est appliqué, donc l'uniformité. Donc, il
est important pour nous que, maintenant, l'INESSS, il ait un mandat pour dire
comment on fait pour donner les outils aux praticiens.
Journaliste : Mais à
l'entraîneur, dans l'école, là, qui attend une réponse...
Mme Roy (Verchères) : Pardon?
Journaliste : À l'entraîneur,
dans l'école, qui attend une réponse, là, pour la saison de basket l'automne
prochain, vous dites quoi?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
justement... bien, le rapport... la suite des choses, c'est que le rapport part
dans les différents ministères, et qu'il va y avoir des interventions, mais ce
ne sera pas nécessairement tout le monde en même temps. Il y a des affaires qui
vont être plus faciles à faire. Déjà, on le voyait. On trouvait important, le
mandat, de le partir maintenant, pour que l'INESSS puisse travailler rapidement
pour les cliniciens, parce que c'est un des éléments qu'on a apportés. Mais il
va y avoir d'autres éléments qui vont être apportés au cours des semaines, au
cours des mois qui s'en viennent.
Journaliste : ...au fond, la
consigne, un peu, c'est encore du cas par cas? Est-ce que c'est ça qu'on doit
comprendre?
Mme Roy (Verchères) : Non,
pas du tout, pas du tout. La consigne, ce n'est pas du cas par cas. La
consigne, c'est, justement, de se donner... Ce n'est pas documenté. Le premier
élément, puis qui est ressorti dans à peu près tous les thèmes du comité des
sages, c'est de dire qu'on n'a pas... on n'avait pas la documentation, on n'avait
pas les données scientifiques, on n'avait pas le suivi, les impacts. Alors là,
déjà, il faut travailler à ce niveau-là, en parallèle de solutions ou de façons
de faire.
Journaliste : Quand vous
parlez des cliniciens de l'INESSS, là... Excusez-moi, mais moi, je voudrais
revenir sur ce que... ce que nous a révélé Diane Lavallée, notamment, que ça
prend 15 minutes, parfois, un rendez-vous chez le médecin pour obtenir des
hormones, pour sortir avec des hormones. Est-ce que c'est de ça que vous parlez?
Mme Roy (Verchères) : Entre
autres, entre autres.
Journaliste : Est-ce que ça,
il faut mettre un terme à ça? Il faut qu'il y ait une directive additionnelle?
Est-ce que...
Mme Roy (Verchères) : Moi, je
ne suis pas une spécialiste de la médecine, mais, oui, il faut clairement qu'il
y ait pour les cliniciens, les praticiens, au niveau médical, des façons de
faire uniformisées, qu'on s'assure justement, qu'on prend les bonnes décisions,
que les jeunes sont bien informés. Alors, oui, au niveau médical, l'INESSS va
contribuer, justement, à mettre des protocoles de pratique pour les cliniciens.
Journaliste : Comment vous
expliquez que ça a été aussi mal reçu par le Conseil québécois LGBT, ce
rapport-là?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
le conseil a collaboré, quand même, avec nous tout au long du processus, et ils
nous ont référé plusieurs spécialistes, une vingtaine d'organismes de défense
des droits. D'ailleurs, il y a eu une rencontre, au mois de mars, où les sages
leur ont présenté l'ensemble des enjeux et des... justement, des avenues à
considérer.
Journaliste : Mais ils ont
dit qu'ils se sentaient trahis parce qu'ils s'attendaient à obtenir le rapport
d'avance, que c'est ça qui avait été convenu.
Mme Roy (Verchères) : Bien,
il y a eu une rencontre avec les sages, comme je vous le mentionnais, où,
effectivement, tous les enjeux et les avenues ont été présentés au conseil.
Alors, on va continuer de travailler. Ils vont être interpelés pour la suite
des choses, comme on le mentionnait. Ce rapport, c'est un élément de départ,
qui nous donne, justement, la vision globale, une vision globale et commune,
et, dans chaque élément, où on retrouve... en éducation, en santé, en sport, en
sécurité publique, les discussions vont continuer.
Journaliste : ...le rapport
qui leur a été présenté... le rapport final qui leur a été présenté?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
final... C'est à dire, oui, les enjeux et les... les enjeux et les avenues à
considérer.
Journaliste : Donc, ce n'est
pas vrai quand ils disent qu'ils ne l'ont pas reçu?
Mme Roy (Verchères) : Bien,
ils ne l'ont peut-être pas reçu papier. Il y a eu une rencontre où on leur a
présenté.
Journaliste : Est-ce que...
est-ce que vous regrettez maintenant, après coup, après avoir reçu le rapport,
de ne pas avoir nommé quelqu'un provenant de la communauté LGBT sur ce comité?
Mme Roy (Verchères) : En
fait, l'objectif des sages, c'était vraiment de nous dresser un portrait
global. Alors, je pense que, là-dessus, le travail a été fait. Il y a eu une
collaboration avec le conseil LGBT, et il y a eu... tout au long des
consultations, les spécialistes sont venus, se sont fait entendre, les groupes.
Il y a plus de 20 groupes défendant la diversité sexuelle qui se sont
présentés. Puis, je vous le dis, là, j'ai parlé à plusieurs, puis l'écho était
très positif, de la réception.
Journaliste : Donc, vous ne
regrettez pas de ne pas avoir nommé de gens...
Mme Roy (Verchères) : Non.
Journaliste : Mais je veux
juste être certaine de bien comprendre la conclusion de votre allocution.
Est-ce que vous connaissiez, avant ce rapport-là, la distinction entre le sexe
et le genre, ou est-ce que vous l'avez apprise à la lecture du rapport?
Mme Roy (Verchères) : Non,
non. Nous, on la connaît. Mais ce qu'on dit, c'est que, souvent... puis ce
qu'ont constaté les sages dans les rencontres qu'ils ont eues, c'est que les
notions étaient confondues, interchangeables, alors que c'est des notions, à
mon avis, qui doivent cohabiter, mais elles ne sont pas interchangeables. Ce
n'est pas la même chose, le sexe biologique, homme et femme.
Journaliste : Mais qu'est-ce
que ça change pour vous, dans votre perception?
Mme Roy (Verchères) : Bien, déjà,
quand on ne parle pas la même langue, qu'on confond les concepts, c'est plus
difficile de se comprendre. Je le disais, hein, c'est un sujet qui est fragile,
puis, si en partant, en partant on ne comprend pas la même chose parce qu'on
n'utilise pas la même conception des notions, par exemple, de diversité de
genre et celle des sexes biologiques, ça peut être encore plus compliqué puis
ça rend la chose encore plus polarisante. Je suis convaincue de ça.
Journaliste : Mais
M. Drainville avait pris une décision, lui, avant même la composition du
comité, dans les écoles, entre autres, il avait dit : Ça prend des
toilettes pour les gars, pour les filles, puis une toilette universelle
éventuellement, là. Avant même de connaître les conclusions du rapport, est-ce
qu'il est allé trop vite, est-ce qu'il aurait dû attendre d'avoir les
conclusions du rapport?
Mme Roy (Verchères) : On
n'arrêtait pas de travailler parce que le comité des sages faisait ça, là.
C'est vaste, là, tout ce qu'ils ont couvert comme terrain, alors je pense que
non. Les choses ont continué. D'ailleurs, vous vous rappelez, même au début du
mandat, le marqueur x pour l'assurance maladie est entré en vigueur même au
début du mandat, pendant que les travaux se faisaient.
Journaliste : Est ce que vous
vous attendiez à ce que l'INSPQ puis l'INESSS donnent davantage que des
suggestions? Est-ce qu'à la fin du mandat... des mandats que vous allez leur
confier, là, vous vous attendez à avoir des lignes directrices très claires
pour les cliniciens, par exemple?
Mme Roy (Verchères) : Vous
allez avoir... Ces deux mandats distincts, là, on va vous revenir avec les
mandats spécifiques, mais, oui, ces deux éléments... oui, des lignes très
claires au niveau des cliniciens pour ce qui est de l'INESSS. Puis, du côté de
la Santé publique... la santé, on parle plutôt, là, de données, de s'assurer de
suivre tout au long de la vie, l'INSPQ va pouvoir suivre les impacts, par
exemple de la transition, quel impact ça peut avoir au niveau de la santé, de
l'évolution, le nombre détransitions, etc., donc pour avoir des données qu'on
ne possède pas actuellement.
Journaliste : Prenez-vous
quand même un engagement qu'il y aura de réels effets... que vous prendrez de
vraies décisions en lien avec ce rapport-là d'ici les prochaines élections?
Mme Roy (Verchères) : C'est
vraiment l'objectif. Et, quand on parle d'un mandat tout de suite, parce que
notre objectif, ce n'était pas d'aller rapidement après le mandat, mais
vraiment de donner le temps, c'est vraiment parce qu'un des éléments qui
ressort beaucoup, c'est le manque de documentation et c'est le manque
d'uniformité dans la façon de faire au niveau médical et psychomédical.
Journaliste : C'est quoi?
Quand vous dites c'est vraiment notre objectif, votre objectif, c'est?
Mme Roy (Verchères) : De
s'assurer... Comme là, d'avoir des actions, d'amener des solutions, de
travailler à des solutions.
Journaliste : Donc, du
concret d'ici la prochaine élection?
Mme Roy (Verchères) : Oui,
tout à fait, il va y avoir différents éléments à l'intérieur des différents
ministères.
La Modératrice
: On va
prendre peut-être une dernière question.
Journaliste : Juste une
petite dernière, là, sur, justement, la question de l'hormonothérapie, parce
que vous l'avez soulevée à plusieurs reprises, parce que pendant la conférence
de presse, on est quand même allés assez fort en disant que, justement, le 15,
20 minutes, là, c'était quelque chose qui était inadmissible. Est-ce que
vous partagez les propos de Mme Lavallée là-dessus?
Mme Roy (Verchères) : Mais je
ne suis pas une spécialiste au niveau médical, mais il est certain...
Journaliste : Elle non plus,
elle n'était pas spécialiste.
Mme Roy (Verchères) : ...mais
il est certain que, quand un jeune de 14, 15 ans va prendre une
médication, je pense qu'il faut prendre le temps de s'assurer que c'est la
meilleure décision, que la décision qui est prise, le jeune est bien informé,
qui... c'est un consentement éclairé qui est pris, puis ça, d'après moi, ça
prend plus que 15 minutes.
Journaliste : Merci beaucoup.
Mme Roy (Verchères) : Merci.
Bon appétit.
(Fin à 12 h 04)