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(Onze heures une minute)
Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue
à cette conférence de presse du Protecteur du citoyen, Marc-André Dowd. Il
présentera aujourd'hui son rapport annuel en compagnie de Dave Charland,
vice-protecteur à l'intégrité publique, Assunta Gallo, vice-protectrice aux
services aux usagers et aux mandats spéciaux, et Tania Roussel,
vice-protectrice aux services aux citoyens. Sans plus tarder, je vous laisse la
parole, puis ensuite on passera aux questions.
M. Dowd (Marc-André) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. Alors, bonjour à tous et à toutes. Merci de vous
joindre à nous ce matin pour la présentation du rapport annuel d'activité 2024‑2025
du Protecteur du citoyen. Tout d'abord, je souligne que nous avons reçu en 2024‑2025
un nombre record de motifs, de demandes, plaintes et signalements pour un total
de plus de 28 000 motifs pour l'ensemble de l'institution. Tout au
long de cette année, qui laissera sa marque, j'ai pu compter sur une
implication efficace de mon personnel pour le traitement de ces plaintes,
signalements et divulgations. Le rapport que je rends public aujourd'hui avec
fierté est le reflet de cet engagement. J'adresse donc un merci des plus
sincères à mon personnel qui s'est impliqué activement dans un travail colossal,
qui continue de le faire au sein d'une institution en mouvement et qui me
soutient dans l'exercice d'un mandat exceptionnel.
Cette année, l'institution que je dirige a
connu d'importants changements. Essentiellement, la loi a nettement augmenté
nos pouvoirs d'intervention en matière d'intégrité publique et de traitement
des divulgations d'actes répréhensibles. Pour ceux et celles d'entre vous qui
seraient moins familiers avec la notion d'actes répréhensibles au sein d'un
organisme public, je précise qu'il peut s'agir, par exemple, d'un usage abusif
de fonds publics, d'un manquement aux normes d'éthique et de déontologie, ou
encore d'une situation de mauvaise gestion. Les faits sont dénoncés par un
lanceur d'alerte. Ils doivent être graves et leur divulgation doit servir l'intérêt
public. Cette année, le Protecteur du citoyen s'est donc vu attribuer de
nouvelles responsabilités, et mon équipe a fait preuve d'un réel talent, d'une
grande générosité et de toute la rigueur requise.
Quant aux changements dont je parle, je
vous les résume brièvement. Jusqu'à récemment, les dossiers de divulgation
pouvaient être pris en charge à l'interne dans les ministères et les
organismes. Par l'effet de la loi, le Protecteur du citoyen dispose désormais d'une
centrale de signalement en matière d'intégrité publique afin de traiter les
divulgations d'actes répréhensibles. En ce qui concerne les plaintes en cas de
représailles, nous offrons maintenant un service de médiation aux personnes qui
s'estiment victimes de représailles à la suite de leur divulgation. Autre
nouveauté, le Protecteur du citoyen peut maintenant représenter une personne
qui s'estime victime de représailles devant les tribunaux. Et enfin, la loi
nous autorise dorénavant à donner une plus grande portée publique à nos
rapports en intégrité pour les divulgations reçues après le 30 novembre
2024. Ces ajouts à notre mandat ont nécessité la création d'un nouveau vice-protectorat
à l'intégrité publique.
Cette fois-ci encore, la sortie de notre
rapport annuel m'amène à adresser aux acteurs des services publics un message
fort qui cerne des priorités, pour ne pas dire des urgences de l'État. L'an
dernier, j'ai insisté sur l'indispensable humanisation des services aux
citoyens. Cette position a suscité plusieurs réactions dans l'espace public.
Cela faisait écho à la perception de trop de citoyens qui ont l'impression de
faire affaire avec un appareil public déshumanisé et distant. Or,
l'humanisation est indissociable de l'écoute des citoyens. C'est au sujet de
cette écoute que je veux insister aujourd'hui. Écouter le citoyen, l'écouter
pour vrai, afin de répondre à ses besoins peut paraître aller de soi. Nos
enquêtes démontrent pourtant que c'est loin d'être nécessairement inscrit dans
les pratiques des organisations publiques.
Lorsqu'il fait affaire avec l'appareil
gouvernemental, le citoyen se présente sous différents profils :
utilisateur des services publics, usager dans le réseau de la santé ou des
services sociaux, personne incarcérée, lanceur d'alerte, membre des Premières
Nations ou Inuits. Il peut être démuni matériellement, avoir des problèmes de
santé mentale, être âgé en quête d'une ressource d'hébergement, être un jeune parent
dont l'enfant a des besoins spéciaux. Aussi bien dire que le citoyen est un
interlocuteur multiple. Être à son écoute signifie, pour les organismes
publics, se montrer disponible et sensible à l'égard de toutes ces réalités et
de bien d'autres.
Être à l'écoute du citoyen et ouvert
commande d'être disposé à adapter les pratiques organisationnelles et à
simplifier le parcours administratif. Cela veut dire aussi tenir compte de la
situation financière précaire du citoyen ou de ses inquiétudes face à une
décision de refus pour des services qui lui paraissent essentiels. Au fil de
nos enquêtes, nous observons que des personnes ont de la difficulté ou ne
parviennent jamais à être écoutées par les services gouvernementaux. Certaines
parmi elles voudraient simplement parler à un humain parce qu'elles sont
incapables de naviguer avec les nouvelles technologies, mais souvent il n'y a
personne pour leur répondre au téléphone, leur expliquer le cheminement de leur
dossier et leur parler dans un langage accessible. Ce serait exagéré de dire
que c'est toujours le cas. Je connais le dévouement de nombreux membres du
personnel des services publics qui ont à cœur d'établir une vraie
communication. Toutefois, notre rapport annuel rapporte des situations où, à
coup sûr, la réciprocité et le dialogue ont été les grands absents.
Entre autres cas, une personne s'est
rendue à l'urgence d'un hôpital, où elle a d'abord été évaluée au triage.
L'infirmière l'a ensuite dirigée vers la salle d'attente et lui a indiqué de
revenir si son état s'aggravait. Comme sa douleur empirait, la personne est
revenue vers l'infirmière. Impatiente, celle-ci a haussé le ton pour lui dire
d'attendre son tour. Revenez, mais surtout ne revenez pas, c'est le message
paradoxal qu'a retenu l'usagère. Personne ne l'a écoutée alors que sa situation
s'est dégradée.
J'ai aussi en tête une personne atteinte
de surdité que des services administratifs s'entêtaient à vouloir joindre par
téléphone parce qu'elle avait fait une erreur dans un formulaire. L'administration
avait pourtant été informée du handicap de la personne. Celle-ci n'était
évidemment pas en mesure de communiquer par téléphone. Comme il s'agissait
d'une demande d'aide financière de dernier recours, la dame s'est bientôt
retrouvée à bout de ressources, et nous avons dû intervenir. Écouter la
citoyenne et tenir compte de sa condition et de ses besoins aurait nécessité de
communiquer avec elle selon ses capacités.
Un autre exemple me vient du milieu
carcéral. Nous avons reçu une plainte d'un homme incarcéré qui a été placé en
isolement parce qu'il aurait tenu des propos suicidaires. L'homme nie avoir
tenu ses propos et demande de réintégrer le secteur régulier. Malgré tout, il
est maintenu en isolement. Il aura fallu notre intervention pour que l'homme
puisse être évalué, confirmant l'absence de risque de suicide, et sortir de
l'isolement. Le manque d'écoute et d'attention s'est exprimé cette fois à
l'égard d'une personne incarcérée et confinée pour quatre jours, alors que sa
situation aurait dû être évaluée dans les 24 heures.
J'aimerais maintenant parler de l'impact
du contexte budgétaire actuel sur les droits des citoyens. Les autorités
gouvernementales annoncent régulièrement des resserrements budgétaires en
affirmant que la qualité des services n'en sera pas affectée. Il est de notre
rôle de leur rappeler que le respect des droits des citoyens doit être au cœur
de chaque décision et de nous en assurer à l'issue de nos enquêtes. En même
temps, nous voulons formuler des recommandations réalistes en période de
compressions de budget.
Quelles sont les attentes du Protecteur du
citoyen? D'abord, les mesures qui résultent de ces décisions budgétaires
doivent être rigoureusement planifiées en fonction du droit des citoyens à des
services de qualité dans des délais raisonnables. Et puis, même en contexte
budgétaire difficile, les services publics doivent se montrer attentifs aux
situations exceptionnelles et toujours respecter la dignité des personnes. Des
contextes particuliers peuvent nécessiter un traitement spécial et agile dans
le cadre d'une interprétation humaine et souple de la règle. Enfin, les
décisions prises en réponse aux compressions doivent être communiquées avec
transparence, fiabilité et clarté. Les citoyens doivent être avisés des conséquences
attendues sur la prestation de services, par exemple, une hausse des délais de
traitement.
Pour conclure, je tiens à assurer les
personnes aux différents paliers des services publics qu'en dépit des lacunes
je suis conscient des efforts d'un grand nombre d'entre elles pour traiter les
citoyens avec respect, diligence et efficacité. Encore faut-il que ces
personnes disposent des moyens nécessaires pour faire leur travail dans le
respect des différentes clientèles à desservir. Les acteurs des services à la
population sont mis au défi de remplir leurs devoirs avec ingéniosité, alors
qu'ils font face eux aussi, aux obstacles des autres secteurs d'activité, dont
le manque et l'instabilité du personnel. Mais quels que soient les enjeux,
l'État ne saurait prendre des raccourcis dans la réalisation de ces grandes
missions et se soustraire à ses obligations.
Je vous remercie de votre écoute et je
vais maintenant répondre à vos questions avec mes collègues.
Le Modérateur : Merci. On va
commencer la période des questions avec Isabelle Portal Le Devoir.
Journaliste : Oui. Concernant
les compressions, leurs impacts... en fait, il y a déjà des compressions,
est-ce que votre avertissement, c'est comme à la lumière de ce que vous avez pu
observer ces derniers mois ou vous craignez ce qui pourrait se produire, là?
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
en fait, il faut d'abord établir que le rapport, c'est une photo au 31 mars
dernier. Donc, les cas dont il est question dans le rapport, c'est vraiment les
cas qui ont été terminés avant le 31 mars dernier. Donc, les compressions
qui ont été annoncées les dernières semaines et celles qui sont à venir, bien,
ne se reflètent pas dans le contenu du rapport.
Journaliste : Vous ne parlez
pas des répercussions, par exemple, du gel de recrutement ou du gel d'embauche,
là, qui est déjà effectif?
M. Dowd (Marc-André) : Le gel
de recrutement, oui, parce qu'il y a déjà des impacts qui ont été observés dans
différents milieux. Ce que je veux dire, à propos des compressions, c'est les
éléments suivants : D'abord, est-ce qu'il peut y avoir plus d'efficience
dans certains services publics? Absolument, oui. Deuxièmement, est-ce qu'un
gouvernement démocratiquement élu peut faire des choix dans l'allocation des
ressources, établir des priorités? La réponse, c'est oui aussi. C'est
d'ailleurs son rôle de faire ces choix-là et ces priorités-là. Je veux insister
sur le fait que ces décisions-là, ces décisions budgétaires là, doivent être
rigoureusement planifiées. Quand on fait une transition, OK, il y a des impacts
sur cette transition-là. Par exemple, si on a un programme dont on va resserrer
les critères d'admissibilité pour des raisons budgétaires, bien, il y a des
dossiers qui sont déjà en cours, il y a des dossiers qui sont déjà en
traitement, comment on gère cette période de transition là? Nous, on va être
particulièrement sensible à cette question-là.
Elles doivent aussi être communiquées avec
transparence. Alors, on entend beaucoup, dans le discours public, des
autorités... de dire : Il n'y aura pas d'impact sur les services aux
citoyens. Il y a toujours un impact sur les services aux citoyens, au bout du
compte. Même si ce sont des postes qui sont coupés qui ne donnent pas de
service direct aux citoyens, ils soutiennent les collègues qui donnent des
services directs aux citoyens. Alors, ça vient impacter. Je vais donner
l'exemple d'une personne qui ferait de l'assurance qualité, qui vérifierait les
dossiers de ses collègues pour voir : est-ce qu'il y a eu des erreurs dans
le traitement des dossiers? Voici une personne qui ne donne pas de service
direct à la population mais dont le travail permet de déceler des erreurs, de
corriger les erreurs pour les citoyens qui ont été victimes de ces erreurs-là et
de suggérer des améliorations pour que ça ne se reproduise pas dans le futur.
Donc, voici un exemple où ce poste-là a une plus-value dans l'organisation.
Maintenant, comme je le disais, est-ce
qu'il peut y avoir plus d'efficience? Oui, dans la mesure où c'est
rigoureusement planifié. Ça, c'est un premier élément. Les citoyens ont le
droit de savoir aussi quels sont les impacts des mesures budgétaires qui sont
prises. Alors, on l'a vu, notamment avec notre enquête sur les délais de
traitement dans les certificats de décès à l'état civil. Donc, on a fait une
enquête spéciale sur les certificats à l'état civil, l'émission des certificats
de décès, et un des éléments, c'était de dire, bon : On comprend que vous
ne pouvez pas respecter le délai qui est annoncé dans votre déclaration de
service au citoyen, notamment pour des raisons de ressources, mais soyez
transparents, dites aux citoyens c'est quoi, le délai réel qui est observé. Le
citoyen a le droit de savoir ça, et on insiste pour que ces décisions-là soient
communiquées avec transparence.
Enfin, ce que je dirais aussi sur les
compressions budgétaires, c'est que, dans le passé, ce qu'on a observé, quand
on fait des cycles de compressions budgétaires, c'est que ça amène souvent une
tendance à la rigidité administrative. Parce qu'on a moins de ressources, on va
appliquer plus strictement des critères. Et là moi, je veux lancer un
appel : C'est une responsabilité de l'État de toujours rester à l'affût
des situations exceptionnelles, la situation qui ne rentre pas dans la petite
case du formulaire. C'est la responsabilité de l'État de garder sa capacité à
déceler ces situations d'exception, à interpréter les règles avec souplesse,
avec humanité pour atteindre les objectifs qui sont dans les programmes, et,
également, et ça, c'est une ligne rouge, à toujours respecter la dignité des
personnes. Les services gouvernementaux, quels qu'ils soient, doivent être...
que ce soit en santé, que ce soit en services correctionnels, que ce soit dans
le domaine de l'administration publique, doivent être donnés dans des
conditions qui respectent la dignité des personnes.
Journaliste : Si je peux me
permettre, en relance, ce que je comprends, c'est quand même que ça vous
inquiète, l'impact des compressions.
M. Dowd (Marc-André) : On va
être très vigilants, effectivement. J'ai donné un petit peu la grille
d'analyse. On s'est posé la question : Quel est le rôle du Protecteur du
citoyen dans un contexte ou annonce comme ça, une révision du panier de
services, des choix? Alors, je pense que je vous ai exposé un peu comment on va
traiter les dossiers au cours des prochains mois.
Journaliste
: Bien, je
vais laisser les autres et j'y reviendrai.
Le Modérateur
:
Caroline Plante, LaPresse canadienne.
Journaliste
: Bonjour.
M. Dowd (Marc-André) :
Bonjour.
Journaliste
: Dans
votre rapport de septembre dernier, il était question de CHSLD, puis des
employés qui, à la salle à manger, là, qui ne portaient pas très attention, pas
beaucoup attention aux gens, qui mangeaient, qui parlaient fort entre eux, etc.
La télé était forte en volume. Et puis là, encore une fois, dans votre rapport,
cette année, il est question des CHSLD. Alors, est-ce qu'il y a un constat
général, disons, qui se dessine pour vous, là, par rapport aux aînés en CHSLD?
M. Dowd (Marc-André) :
C'est difficile d'établir un constat général, mais on voit qu'il y a une
récurrence de certaines situations. Et ça, oui, effectivement, il faut être
très vigilant là-dessus. Maintenant, il y a sûrement des milieux de soins qui
fonctionnent très bien, où ça se passe mieux que d'autres milieux de soins.
C'est pour ça que, comme Protecteur du citoyen, j'essaie toujours d'être
prudent et de me prononcer sur des situations qu'on a... qu'on a constatées, qu'on
a personnellement constatées. Mais je vais vous donner un exemple, vous
soulignez dans les CHSLD, mais on a aussi un exemple, un centre de réadaptation
pour jeunes, cette année, où on a noté lors d'une visite, d'une enquête, que
les intervenants, intervenantes étaient beaucoup sur leur téléphone cellulaire
à regarder des vidéos ou à chatter. Et là aussi, on a fait une recommandation
pour dire qu'il faut baliser l'utilisation du cellulaire personnel de son
personnel, du cellulaire sur le temps de travail. Ça, le fait de dire, bien, je
suis sur mon cellulaire, je ne suis pas en contact avec le jeune, c'est un peu
le même... le même constat que les préposés qui se parlaient entre eux et qui
ne parlaient pas à... qui n'établissaient pas la communication avec la personne
âgée. Donc, ne jamais oublier que c'est l'usager, c'est le destinataire de
service qui devrait être au cœur de la communication.
Journaliste
: Ce genre
de situation là...
M. Dowd (Marc-André) :
Oui, c'est exact.
Journaliste
: ...on
pourrait voir ça de plus en plus souvent dans les services publics?
M. Dowd (Marc-André) :
Bien, on va rester vigilant. Moi, j'invite toutes les personnes qui sont
témoins... Dans le réseau de la santé, on peut intervenir sous forme de
signalement. Des situations graves qui sont observées, les gens ne devraient
pas hésiter à communiquer avec nous. Les gens ne devraient pas hésiter à se
plaindre non plus au commissaire aux plaintes et à la qualité des services dans
les établissements. C'est le premier niveau de plainte. Et c'est une vigilance
de tous. Ce n'est pas seulement l'affaire du Protecteur du citoyen. Encore
faut-il qu'on soit au courant des situations.
Journaliste
:
Pouvez-vous nous expliquer un peu vos... vos constats par rapport à la COVID
puis à la préparation du gouvernement en ce qui a trait à la COVID ou à une
autre pandémie?
M. Dowd (Marc-André) :
Sur le suivi de notre enquête sur la COVID?
Journaliste
: Oui.
M. Dowd (Marc-André) :
Oui, je vais demander à Mme Gallo de répondre à cette question.
Mme Gallo (Assunta) :
Oui. Alors, on avait mis de l'avant, là, certaines recommandations. Alors, une
partie des recommandations sont complétées. Il y a une partie qui reste encore
à être mise en place. Avec l'arrivée de Santé Québec, il y a eu un certain
délai à cause que les rôles et responsabilités sont en train de découper le
tout. Alors, on a des rencontres prévues pour assurer le suivi.
Malheureusement, l'ensemble des recommandations ne sont pas encore implantées.
Journaliste
: Puis
juste sur ce sujet-là, s'il y avait une autre pandémie, est-ce que le Québec
serait prêt à affronter une pandémie?
Mme Gallo (Assunta) :
Bien, je ne dirais pas que quand on avait eu le rapport, on s'est statué sur la
mise en place au plan national de comment qu'on allait gérer une autre... une
autre situation comme la COVID. C'est plutôt on a mis de l'avant des
recommandations quant à la concertation ainsi que la planification concernant
la vaccination a été claire? Alors, il y a certaines recommandations qui nous
rassurent. Alors, on a quand même mis en place certains pare-feu pour s'assurer
qu'on est mieux adressé, mais il y a certaines choses qui sont encore à
ficeler.
Journaliste
: Comme
quoi? Voulez-vous élaborer là-dessus?
Mme Gallo (Assunta) :
Oui. Par exemple... Comme par exemple le personnel, les rôles et
responsabilités de qui va faire quoi exactement. Ça, ce n'est pas
nécessairement entièrement ficelé, évidemment le carré de sable de chacune des
personnes. Alors là, on a une entité de Santé Québec qui vient d'arriver. Alors,
ce n'est pas trop clair qui va prendre quels mandats, quels rôles et
responsabilités. On est en train de revoir tout ça.
Le Modérateur
: Merci.
Charles Lecavalier, LaPresse.
Journaliste
: Bonjour.
Je vais reposer une question que ma collègue a posée sur l'usage du cellulaire.
Vous l'avez constaté, je comprends, aussi dans les CHSLD. Il y a eu une
réflexion à l'Assemblée nationale, puis des recommandations qui font qu'on a
dit : À l'école, il n'y a plus de cellulaire. Mais est-ce qu'on devrait
avoir une réflexion plus large au sein de l'appareil de l'État? Quand les
employés sont en contact avec... donne du service, par exemple, à des aînés ou
des enfants, est-ce qu'on devrait baliser, dans tous les secteurs, l'usage du
cellulaire? C'est ça, la recommandation que vous faites?
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
la recommandation qu'on a faite, c'était de baliser dans une situation
particulière, un centre de réadaptation pour lequel on avait enquêté.
Maintenant, il faut quand même dire une chose, c'est que le cellulaire, ça peut
être un outil de travail utile pour les intervenants, parce qu'entre autres ils
peuvent se communiquer entre eux sans être entendus par les usagers. Donc, il
ne s'agit pas nécessairement de bannir le cellulaire, il s'agit d'encadrer
l'utilisation personnelle du cellulaire lorsqu'on est au travail, lorsqu'on est
en temps de travail. Maintenant, on n'a pas enquêté sur cette question-là sur
l'ensemble des milieux, donc je vais réserver mes commentaires.
Journaliste : Mais, je
comprends, sauf que, quand même, vous dites : Bon, dans ce cas-là, il
devrait être balisé. Mais peut-être que c'est parce que ça, c'est dans un
établissement, mais on imagine que des employés qui ont des cellulaires, il y
en a partout, là. Donc, il ne faudrait pas avoir une vue d'ensemble puis faire
des balises plus claires un peu partout?
M. Dowd (Marc-André) : Mais
en fait il faudrait voir la portée du problème. Là, on l'a vu dans une
situation. Mais, encore une fois, on va faire une enquête, une intervention
dans un autre milieu, un autre centre de réadaptation, puis on va se rendre
compte que cette problématique-là, elle n'est pas observée. Tu sais, il faut
faire attention.
Journaliste
: Je comprends.
M. Dowd (Marc-André) : C'est
important, je pense, quand on parle au Protecteur du citoyen, de le faire sur
la base de faits constatés. On est allé en enquête, on a constaté ci, voici nos
recommandations.
Maintenant, quand ça fait trois fois qu'on
constate la même chose dans trois milieux différents, mais là, on peut se
dire : Ah, mais il y a peut-être une problématique plus large, plus
collective, plus systémique. Et ça nous amène des fois à faire des
interventions systémiques, où là, justement, on va regarder ces questions là,
mais sous un angle beaucoup plus large et faire des recommandations plus
larges. Donc, c'est que je dirais.
Journaliste
: Êtes-vous
rendu là?
M. Dowd (Marc-André) : Sur la
question du cellulaire?
Journaliste
: Oui.
M. Dowd (Marc-André) : Je ne
veux pas dire, à cette étape-ci, l'ampleur du problème, là, non.
Journaliste : Merci. On peut
retourner à Isabelle Porter.
Journaliste
: Mais
j'avais juste une...
Journaliste
: Continue.
Journaliste
: Juste
pour finir sur ce sujet-là. Est-ce que c'est quelque chose que vous pourriez
faire?
M. Dowd (Marc-André) : Est-ce
que c'est quelque chose qu'on pourrait faire? On pourrait faire, oui,
effectivement. Si on a des indices sérieux qu'il y a des problèmes dans tel ou tel
milieu, c'est quelque chose qu'on pourrait regarder. Mais, encore une fois,
c'est un élément parmi d'autres, hein, je pense, parce que, dans ce qu'on a
observé dans plusieurs milieux, c'est le roulement de personnel, c'est
l'absence d'équipes stables qui sont en intervention, etc. Donc, j'hésiterais à
isoler puis à mettre trop d'importance sur cet élément là. Effectivement, on
l'a remarqué dans ce dossier-là puis on en a fait une recommandation en
disant : Il y a un problème, mais il y a des problèmes plus profonds que
ça aussi, là.
Journaliste : Vous
comprendrez qu'on n'est pas beaucoup, donc je vais laisser mes collègues poser
plusieurs questions. Isabelle Porter, Le Devoir.
Journaliste : Vous parlez,
là, du nombre record de plaintes, est-ce que c'est lié à l'ajout des
responsabilités sur les lanceurs d'alerte ou c'est en plus?
M. Dowd (Marc-André) : C'est
en plus parce que l'ajout de responsabilités sur les lanceurs d'alerte, c'est
depuis le 30 novembre. Et là, donc, dans le fond, c'est du 30 novembre
au 31 mars, les nouvelles responsabilités, donc ça couvre seulement quatre
mois des nouvelles responsabilités.
Moi, je voudrais peut-être insister, on le
retrouve dans tous nos secteurs, l'augmentation des motifs de plainte, là, on
le retrouve en administration publique, on le retrouve en service
correctionnel, on le retrouve en santé, services sociaux puis on le retrouve,
de façon marquée, en intégrité publique aussi. Mais ça, de recevoir plus de
plaintes, ça peut vouloir dire plusieurs choses, ça peut vouloir dire les
citoyens sont plus insatisfaits, ça peut vouloir dire mais là la population
grandit, c'est normal qu'on reçoive plus de plaintes, ça peut vouloir dire le Protecteur
du citoyen est plus connu, donc les gens font plus appel à lui.
Mais moi, j'aimerais vous amener sous un
autre indicateur que je trouve encore plus intéressant, plus parlant, c'est la
proportion de plaintes fondées après enquête. Alors ça, c'est de regarder dans
les dossiers où on a enquêté, dans quel pourcentage les plaintes sont fondées
après enquête. Et il y a un tableau à la page 88 de notre rapport annuel
que je vous invite à regarder. Puis, si on prend les trois dernières années, on
observe une tendance à la hausse du pourcentage de plaintes fondées. Donc, en
administration publique, on est passé de 27,3 % à 31,3 %, donc une
augmentation. Et puis on voit, l'an passé, on était à 28.8 %. Dans le
réseau des services correctionnels, on est passé de 40,3 % à 45,6 %.
Et dans le réseau de la santé, de 43,2 % à 48,2 %. Donc, il y a quand
même une tendance à ce qu'on considère, au Protecteur du citoyen, encore après
enquête, que la plainte était fondée. Et ça, c'est très parlant, je pense.
Journaliste : Mais ce record
là, donc, c'est depuis toujours, là?
M. Dowd (Marc-André) : Exact.
Journaliste
: Puis, OK,
est-ce que vous êtes capables de nous dire depuis combien d'années est-ce que
vous constatez qu'il y a une croissance des plaintes? Est ce que c'est vraiment
cette année qu'il y a une hausse marquée ou ça se fait... tu sais, c'est
constant depuis plusieurs années?
M. Dowd (Marc-André) : Mais
moi, depuis que je suis là, je vais m'arrêter, je vais commencer en 2022, j'ai
vu l'augmentation des plaintes d'année en année.
Journaliste : Mais vous ne
savez pas par... avant?
M. Dowd (Marc-André) : Il faudrait
peut-être... on serait peut-être en mesure de vous avoir l'information d'ici la
fin du point de presse, là, mais je ne m'avancerai pas là-dessus. Avant que je
sois là. Oui?
Journaliste : Concernant le
milieu carcéral, le réseau des services correctionnels, on a beaucoup entendu
parler, ces derniers mois, là, du manque de ressources, les agents
correctionnels qui se plaignent. Est-ce que vous pensez que vos observations
peuvent être liées à ça?
M. Dowd (Marc-André) : De
façon évidente, oui. Depuis plusieurs années, la pénurie de personnel,
notamment d'agents de services correctionnels, elle a un impact direct sur les
droits des personnes incarcérées. En fait, ce qui arrive, c'est que par pénurie
de personnel, on va se trouver à devoir souvent annuler, par exemple, des
sorties de cour à l'extérieur pour que les détenus puissent prendre... les
personnes incarcérées puissent prendre l'air, annuler par exemple des visites
de famille au parloir parce qu'on n'a pas d'agent de services correctionnels,
annuler des visites médicales parce qu'il n'y a pas d'escorte pour assurer une
sortie sécuritaire de la personne incarcérée, annuler dans certains cas la
possibilité que les personnes incarcérées puissent être ensemble dans l'unité
de vie. Alors, dans ce cas-là, on va plutôt dire aux personnes
incarcérées : Ramenez les personnes incarcérées en cellule, quelquefois
jusqu'à 22 heures sur 24. Ça, c'est directement lié à la pénurie de
personnel. Puis je voudrais insister aussi sur le fait que cette pénurie de
personnel là, elle engendre des difficultés chez les personnes incarcérées et
des non-respects des droits, mais elle engendre aussi des difficultés pour le
personnel des services correctionnels. Donc, plusieurs de nos constats, quand
la personne est confinée à sa cellule, la frustration grandit, la personne
réagit plus, il y a plus d'interventions des agents de services correctionnels
en réaction à ces réactions des personnes incarcérées, là. Donc, toute
amélioration qu'on fait pour les conditions de vie des détenus, ça se répercute
positivement sur le personnel des services correctionnels. Je tiens à insister
là-dessus, là.
Journaliste : Puis peut-être...
La Modératrice
: Oui.
C'est sur ça?
Journaliste : Bien, c'est que
j'ai une petite petite dernière. Concernant les lanceurs d'alerte, vous avez
parlé... tantôt dans le briefing, on nous a dit qu'il y avait un certain nombre
de plaintes en lien avec les représailles, là, je pense, 31 plaintes liées
à des représailles. Est-ce que vous pouvez nous donner des exemples, des
représailles qui vous ont été signalées?
M. Dowd (Marc-André) : Les
représailles, c'est beaucoup, beaucoup lié au milieu de travail, par exemple,
perdre son emploi...
Journaliste
: Jusque-là?
M. Dowd (Marc-André) : Oui,
oui, oui.
Journaliste : OK.
M. Dowd (Marc-André) : Oui,
oui, oui.
Journaliste
: Perte
d'emploi ou?
M. Dowd (Marc-André) : Se
faire retirer des dossiers.
Journaliste
: OK.
M. Dowd (Marc-André) :
Donc... donc, se faire mettre à l'écart, ne plus participer à des rencontres,
ne plus être invité. Donc, des éléments comme ça.
Journaliste
: OK.
Le Modérateur
: Charles
Lecavalier, LaPresse.
Journaliste : Sur SAAQclic, je
veux dire, la SAAQ, là, me répond qu'eux ils voient une baisse des plaintes en
2024 par rapport à 2023, puis ils se félicitent.
M. Dowd (Marc-André) : Oui.
Journaliste
: Mais, de
leur côté, c'est-à-dire dans leurs plaintes à eux, à l'interne, une baisse de
15 %.
M. Dowd (Marc-André) : Nous,
on a une baisse de 8 % des plaintes. C'est ça?
Une voix : Oui.
M. Dowd (Marc-André) :
8 % des plaintes, oui.
Journaliste : Et moi, je me
demandais, il reste quand même que vous avez un volume très élevé de plaintes
liées à SAAQclic, est-ce que vous êtes devenu en quelque sorte le guichet des
plaintes de la SAAQ?
M. Dowd (Marc-André) :
Veux-tu répondre?
Mme Roussel (Tania) : Oui. Je
ne dirais pas qu'on est le guichet, je pense que la SAAQ reçoit aussi un bon
nombre de plaintes, mais il y a quand même un certain nombre de citoyens qui
s'adressent au Protecteur du citoyen pour la SAAQ. Il y a eu aussi, dans la
dernière année, tous les enjeux de rejoindre, d'être capable de parler à
quelqu'un au niveau de la SAAQ, donc ça aussi, ça a peut être pu influencer le
fait que nous, on puisse être, on est plus facilement joignable en public, on
est... c'est plus facile de nous parler.
Journaliste : C'est juste
parce que, tu sais, les exemples qui sont donnés dans le rapport, ça n'a pas
l'air d'être des trucs, tu sais, hyper, tu sais, compliqués. Il me semble que
c'est le genre d'affaires que la SAAQ devrait être capable de régler à
l'interne ou... Il y a une erreur de facturation, puis ça se ramasse chez vous
au Protecteur du citoyen. Ça me semble être comme... Il me semble qu'il y a
problème là, non? Je pose.
Mme Roussel (Tania) : Mais
l'erreur de... Le cas auquel vous faites référence, je pense que c'est un bel
exemple aussi d'une situation où la personne n'a pas été en mesure, de un, de
rejoindre la SAAQ et lorsqu'elle s'est présentée, l'information n'a pas pu lui
être clarifiée. Donc, elle s'est tournée vers nous pour être en mesure d'avoir
la bonne information sur les frais qui lui étaient... qui lui étaient réclamés.
Il y a quand même encore plusieurs problématiques au niveau de la SAAQ, un
certain nombre encore d'anomalies qui sont... qui sont recensées. Donc, ça peut
peut-être avoir l'air simple, mais dans le lot, ça peut être complexe, là.
Journaliste : Puis peut-être
juste des questions de suivi sur ce que j'avais abordé dans mes premières
questions, là, on parlait des aînés. Bon, là, on s'est mis à parler du
cellulaire. Mais de façon générale, est-ce que vous trouvez que les aînés en
CHSLD, c'est particulièrement préoccupant? Parce que ce n'est pas la première
fois qu'on parle de CHSLD dans des rapports, que ce soient les vôtres ou
d'autres. Alors, est-ce que vous trouvez ça, vous, au Protecteur,
particulièrement préoccupant, ce qui se passe dans les CHSLD?
M. Dowd (Marc-André) : Ce qui
est préoccupant, c'est que le pourcentage de plaintes fondées dans les CHSLD
est particulièrement élevé. Est-ce que tu l'as? Oui...
Mme Gallo (Assunta) : Bien,
je sais que, pour le volet de soins à domicile, alors ce n'est pas entièrement
relié avec les CHSLD, mais la hausse des plaintes qu'on a reçues, le plus
marqué, sont celles qui sont les soins à domicile. Alors, il y a quand même un
effort qui est mis sur assurer que les personnes peuvent rester à domicile,
mais ce qu'on sait, c'est qu'au 31 mars 2025, on a 3133 personnes qui
attendent une place en CHSLD. Alors, ça, ce sont des informations qu'on a
reçues quand on a fait une demande au ministère de Santé et Services sociaux,
Santé Québec. Alors, ce sont quand même des personnes qui sont en attente en
CHSLD.
Alors, on n'a pas fait l'analyse
généralisée de tous les enjeux qu'on a, des situations en CHSLD, mais quand on
a des situations, ça fait... parmi les motifs, quand M. Dowd parlait des motifs
fondés, alors ce sont des dossiers pour lesquels on reçoit une plainte, et,
malheureusement, il s'avère que les allégations sont fondées.
Journaliste : Ce chiffre-là,
pouvez-vous... Oui?
M. Dowd (Marc-André) : Oui,
je l'ai trouvé. Page 97. Donc, en moyenne, c'est 48,2 % de plaintes
fondées dans le réseau de la santé en général, mais, si on regarde les plaintes
qui visent les CHSLD, on est à 65,6 % de plaintes fondées. Donc, on voit
qu'il y a vraiment une surreprésentation des plaintes fondées dans les CHSLD.
Donc, ça témoigne de situations où des problématiques sont observées.
Journaliste : Puis ce
chiffre-là, que vous nous donnez, le 3 133, là, si j'ai bien entendu,
personnes en attente, il se compare... avez-vous des comparatifs? Il me semble
que c'est un chiffre qui ne bouge pas beaucoup.
Mme Gallo (Assunta) : Alors,
le chiffre que je vous ai donné, de 3 133 personnes qui sont en
attente d'une place en CHSLD, on le retrouve à la page 70.
Journaliste : Je vais aller
voir ça. Merci. Et puis juste pour continuer aussi sur la COVID, ce serait ma
dernière question, mais... ce que vous avez dit tantôt c'est : On ne sait
pas encore tout à fait qui fait quoi. Ce n'est pas, là, particulièrement
problématique? Parce que c'était un gros, gros enjeu, pendant la pandémie de
COVID-19, c'est que la chaîne de commandement, ce n'était pas toujours clair,
là, qui faisait quoi. Donc là, on est encore dans cette situation-là.
Mme Gallo (Assunta) : Bien,
en termes de... au niveau... en termes de certaines parties du qui fait quoi
puis qui... s'explique aussi par le fait que c'est quand même embryonnique, la
mise en place de Santé Québec. Alors, ça s'explique un peu. Ils sont en train
de voir le découpage de... qui va faire quoi et quelles responsabilités
relèvent de qui.
Mais tout n'est pas encore à ficeler, il y
a des choses qui ont été mises en place, comme, par exemple, la planification
concernant la vaccination. Il y a eu quand même beaucoup de démarches et
également eu des sensibilisations au fait de la COVID, qu'est-ce que c'est.
Alors, il y a eu quand même des actions qui ont été mises de l'avant, mais je
ne pourrais pas dire que l'entièreté des recommandations ont été mises en place
parce qu'il reste encore des bouts qui ne sont pas encore attachés. Il y a des
rencontres qui s'en viennent très bientôt avec Santé Québec et avec le
ministère de Santé et Services sociaux pour voir comment qu'on va attacher le
tout.
Journaliste : Est-ce que l'ajout
d'une autre entité dans le réseau, Santé Québec, donc... est-ce que ça vient
compliquer les choses, d'après vous, d'après votre analyse?
M. Dowd (Marc-André) : Je
vais répondre. Oui, effectivement, on a observé que ça a amené des délais dans
les plantations de plusieurs de nos recommandations, je pense, entre autres,
là, dans le milieu des centres de détention, justement, les soins de santé.
Maintenant, dans les centres de détention... ils étaient donnés, avant, par le
ministère de la Santé et des Services sociaux, depuis quelques années.
Maintenant, ils sont la responsabilité de Santé Québec dans les centres de
détention. On avait des chantiers qui étaient en cours, notamment sur la
trajectoire du médicament, comment les médicaments sont distribués en centres
de détention, ou encore la prévention du suicide en centre de détention.
Alors, c'est sûr que l'arrivée d'un
nouveau joueur qui devait se structurer, ça a amené des délais. Puis ce n'est
pas de la mauvaise foi, là, tout le monde travaille, mais simplement de
dire : Il y a un nouveau partage des rôles et responsabilités, il faut
attacher les fils, c'est des nouveaux interlocuteurs, il faut s'assurer du qui
fait quoi. Puis on est là-dedans actuellement, puis on a des contacts avec
Santé Québec pour s'assurer que les recommandations qui étaient... Je vais
donner aussi l'exemple des recommandations de la commission Viens. Les appels à
l'action de la commission Viens, beaucoup des appels à l'action dans le secteur
de la santé, auparavant, étaient adressés au ministère de la Santé, puis,
maintenant, dans les faits, c'est Santé Québec qui doit les mettre en œuvre.
Donc, comment on structure le travail pour s'assurer de qu'est-ce qui demeure
une responsabilité du ministère de la Santé? Qu'est-ce qui est maintenant une
responsabilité plus opérationnelle de Santé Québec? On est en train d'attacher
ça, là, donc.
Journaliste
: Juste
rebondir sur les CHSLD, là, sur le taux de plaintes fondées à 65 %. Est-ce
que vous êtes comme les premiers à recevoir ces plaintes-là?
M. Dowd (Marc-André) : Non.
On est, dans le réseau de la santé, comme deuxième recours, hein, il faut bien
le dire, c'est que le système de traitement... le régime de traitement des
plaintes est d'abord fondé sur un premier recours qui sont les commissaires aux
plaintes et à la qualité des services dans les établissements. Donc, le
commissaire va regarder les insatisfactions de l'usager. Et si l'usager,
lorsqu'il reçoit les conclusions du commissaire, est insatisfait, il peut venir
en deuxième niveau, deuxième recours au Protecteur du citoyen.
Journaliste : Mais qu'est ce
que ça veut dire sur leur travail à eux si vous estimez, vous, que le taux de
plaintes justifiées est à... fondées, pardon, est à 65 %?
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
c'est difficile à porter un jugement global sur le travail des commissaires. Ça
ne veut pas dire que la plainte de l'usager a été complètement refusée par le
commissaire aux plaintes. L'usager peut recevoir la conclusion du commissaire
qui lui donne partiellement raison sur certains points, mais dire : Mais
moi, sur les autres points, je veux que le Protecteur du citoyen se prononce.
Alors, ça ne veut pas dire que c'est dans 65 % des cas où la commissaire
avait conclu qu'il n'y avait pas de problème, ce n'est pas ça, la réalité est
plus nuancée. Nous, on regarde de nouveau la situation, hein, quand on est au
niveau de la... ce n'est pas un appel, en fait, là, c'est vraiment un deuxième
niveau de plainte, on reçoit la plainte et on fait nos propres vérifications. Donc,
oui, on va partir de la conclusion du commissaire, on va regarder qu'est ce que
le commissaire a regardé, quelles sont ses conclusions, mais on ne se limitera
pas à ça.
Journaliste : SI je peux me
permettre d'aller vers les lanceurs d'alerte. Là, en breffage, tantôt, là, on a
vu les chiffres, puis il y a à peu près une trentaine de personnes qui ont
été... j'oublie, le terme m'échappe, là...
Une voix : ...
Journaliste
: ...qui
ont été victimes de représailles. Merci. Puis donc ils sont allés en médiation
puis là il y en a à peu près quatre, cinq, je pense, où c'est... là, c'est en
cours présentement puis ça, c'est juste pour 2024-2025.
M. Dowd (Marc-André) : Exact.
Ce sont des allégations d'abord, ce qu'il faut dire, là, de représailles. La personne
allègue être victime de représailles. Et donc, à cette étape-là, ce sont des
allégations. Un certain nombre, après vérification, on ne retiendra pas, on va
dire : Pour nous, il n'y a pas présence de représailles.
Par exemple, on a reçu des situations où
la personne n'avait pas fait une divulgation, donc elle vivait quelque chose de
négatif au travail puis elle venait déposer une plainte en représailles, mais
on disait : OK. Où est la divulgation d'actes répréhensibles? Il n'y en
avait pas. Alors, ça, ça ne peut pas être une divulgation... ça ne peut pas
être une représaille liée à la divulgation. Ça, c'est des dossiers qui ont été
fermés.
Je pense, en termes au 31 mars, neuf
dossiers en médiation? Veux-tu... Mais je vais laisser le vice protecteur donner
les chiffres.
M. Charland (Dave) : Oui.
Donc, dans les... c'est 31 dossiers, là, au 31 mars, là, de
représailles que nous avons reçus. Sur ces 31 dossiers-là, il y en a
environ, là, le tiers, donc neuf qui ont été en médiation, mais il y en a plus
que ça où on a offert la médiation aux gens, mais ça prend un accord des deux
parties, là. Donc, des fois, le plaignant veut aller en médiation, mais c'est
la partie visée par les allégations qui, elle, pourrait le refuser. Donc, sur
ces cas-là, en date d'aujourd'hui, il y a eu deux accords en médiation qui ont
été conclus entre les parties.
Journaliste : Puis,
excusez-moi, juste pour finir là dessus, est-ce que vous pouvez identifier,
disons, les mauvais joueurs, c'est-à-dire les ministères, organismes qui n'ont
pas une bonne opinion des lanceurs d'alerte?
M. Dowd (Marc-André) : Non,
je ne pourrais pas faire cet exercice-là. Je pense que c'est vraiment du cas
par cas. C'est le message qu'on lance, c'est le message du vice protecteur
aussi, de... tu sais, le message de l'écoute, là, ça marche aussi pour les
lanceurs d'alerte. Ce qu'on observe, c'est que, souvent, nos lanceurs d'alerte,
lorsqu'ils viennent chez nous, ils ont essayé de sensibiliser leurs autorités à
la situation qu'ils dénonçaient. Dans plusieurs situations, ils n'ont pas été
écoutés, on n'a pas agi sur la base des allégations qui étaient faites puis on
se retrouve avec des situations qui, quelquefois, s'empirent à cause du passage
du temps, notamment, lorsqu'on intervient. Donc, c'est un message général qu'on
lance aux responsables des services publics : Prêtez une oreille attentive
aux lanceurs d'alerte, prenez le temps d'écouter pour voir si ce qui est
dénoncé peut s'avérer, est vrai. Donc, ça, c'est un premier élément.
Donc, il n'y a pas de mauvais joueur, je
dirais. Puis c'est quand même nouveau, le fait de développer la culture de
l'intégrité publique au sein des ministères et des organismes, là, il y a
vraiment... la réforme avec le projet de loi n° 53, c'est vraiment d'aller
dans ce sens-là, de créer, notamment dans les ministères, les organismes, des
responsables de la gestion de l'éthique et de l'intégrité qui sont responsables
d'amener des mesures de prévention, de faire connaître le recours au Protecteur
du citoyen pour les personnes qui travaillent dans les ministères et les
organismes, d'agir comme agent de liaison si on intervient dans un ministère ou
un organisme en intégrité publique. Donc, ça reste à développer, c'est ce que
je dirais.
Journaliste
: Juste une
clarification concernant la réplique que la SAAQ a donnée, là, à vos constats.
Vous avez répondu... Parce qu'eux ils disent qu'il y a une baisse, je pense, de
13 % des plaintes. Puis là, vous, vous avez répondu : Nous, on à une
baisse de 8 %.
M. Dowd (Marc-André) : 8 %.
Mais c'est parce que c'est des bassins différents, hein? Eux traitent des
plaintes... Donc il y a des... À l'interne, des gens se plaignent des services
de la SAAQ. Donc, là, ce que je comprends, c'est que, selon eux, ils ont une
diminution de 15 % de leurs plaintes. Nous, ce qu'on observe pour les
plaintes que nous recevons, c'est que cette année on a une diminution de
8 % des plaintes qu'on a reçues, mais c'est lorsque les citoyens viennent
au protecteur du citoyen pour se plaindre.
Journaliste
: Je
pensais tantôt que vous aviez dit que ça augmentait. C'est parce que tantôt,
quand on parlait de... On avait comme 500 quelques plaintes pour l'année
passée. C'est ça?
Mme Roussel (Tania) : On
a 569 plaintes pour cette année. Si on compare à l'année dernière, on a
8 % de moins.
Journaliste
: Ah oui?
OK. C'était encore plus. OK, c'est beau.
Mme Roussel (Tania) :
Oui, oui, c'était encore plus.
Journaliste
: C'est
beau.
Le Modérateur
: Merci.
C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.
M. Dowd (Marc-André) :
Merci beaucoup. Merci bien.
(Fin à 11 h 41)