Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Dix heures trente-deux minutes)
M.
St-Pierre
Plamondon :Alors, bonjour à tous. Évidemment,
content de vous retrouver pour une session parlementaire qui malheureusement a
tardé de quelques semaines, mais nous sommes là aujourd'hui et très fiers
d'accueillir notre nouvel élu du Parti québécois, Alex Boissonneault.
Je tiens rapidement à souligner la
signification de cette victoire. C'est quand même un score de 46 % pour le
Parti québécois dans une circonscription qui n'avait pas été gagnée par le PQ
depuis 1998. Une victoire significative à plusieurs égards, notamment dans le
discours d'Alex sur le caractère brisé de notre contrat social. Les gens
s'attendent à des services et à ce que l'essentiel fonctionne, et lorsqu'ils
voient SAAQclic, lorsqu'ils voient des milliards de dollars en subventions à
des entreprises pendant que l'essentiel ne fonctionne pas, c'est intéressant, à
la FQM, on disait :Là, où ça compte exactement le même discours, des élus
qui veulent être là où c'est important.
Donc, c'est quand même une campagne
électorale qui était significative, et c'est pour ça que je lui souhaite la
bienvenue, Alex, en lui donnant le micro.
M. Boissonneault : Merci.
Merci, Paul. Ça me fait drôle de vous voir ici. Évidemment, on ne passera pas à
côté, il n'y a pas si longtemps, j'étais... j'étais de l'autre côté de la salle,
mais je suis très content d'être là. Je suis content qu'on puisse prendre...
travailler, faire ce travail parlementaire, ce travail législatif. J'ai déjà
commencé évidemment le travail sur le terrain, puis moi, ce que j'aurais peut
être voulu dire en arrivant, c'est, comme Paul le disait quand je me suis lancé
en politique, il y a un certain nombre d'enjeux qui m'ont interpellé. Celui du
contrat social en était un important où j'ai l'impression que les gens paient
des impôts et travaillent très fort, paient des taxes, puis ils n'ont pas les
services auxquels ils sont en droit de s'attendre. Ça vaut pour la santé, ça
vaut pour l'éducation, ça vaut pour les parents qui viennent d'avoir un enfant,
qui ne sont pas en mesure d'avoir une place en CPE. Je l'ai entendu beaucoup,
ça durant la campagne dans Arthabaska.
Évidemment, je me nourris de ça aussi pour
mon entrée en politique. Ce que les gens me disent sur le terrain, les gens me
parlent aussi de confiance. Ça, je trouve ça problématique. C'est quelque chose
qui m'interpelle beaucoup. Il y a une rupture de confiance entre la population puis
le gouvernement actuel. Ça, on l'a déjà entendu. Mais il y a aussi une rupture
de confiance entre certaines personnes dans la population et les institutions
de l'État en général. Ça, je trouve ça inquiétant, puis j'ai l'impression que...
Mais, en tout cas, moi, je vais me consacrer beaucoup à faire ce travail-là. Je
sais que Paul en a déjà parlé d'une initiative législative, d'un projet de loi
qui devrait venir dans les prochains mois sur l'imputabilité, par exemple, dans
la haute fonction publique, pour... pour aussi... en plus des élus.
Donc, moi, rebâtir cette confiance-là,
c'est important, puis, évidemment, je vais le répéter autant que je peux, il y
a le carcan dans lequel on est emprisonné à l'heure actuelle, le carcan fédéral
qui fait en sorte que, à mon avis, il faut rappeler aux gens à quel point on
aurait tout avantage à contrôler tous les leviers de notre développement au
Québec. Donc, évidemment, je suis indépendantiste puis j'ai toujours porté ce
message-là. Je pense que c'est important aussi de continuer à avoir ces
discussions-là au cours des prochains mois.
Journaliste : M. Plamondon, dans
un an, cinq jours, ça sera le jour J, quel est le plus grand défi pour votre
formation politique dans la prochaine année?
M.
St-Pierre
Plamondon :Ne pas se laisser
déconcentrer par le bruit et se concentrer sur ce qu'on va livrer au jour J,
dans un an, en qualité des personnes et solidité des propositions, tout
simplement.
Journaliste
: Et le bruit,
ce serait quoi?
M.
St-Pierre
Plamondon :Le bruit, c'est le
quotidien de partis politiques ou individus qui font tout pour faire déraper
certains débats qui peuvent être conduits de manière parfaitement raisonnable
et rationnelle, qui veulent créer quelque chose voyant que le Parti québécois
en ce moment est quand même...
Journaliste
: ...un
exemple?
M.
St-Pierre
Plamondon :Je vais juste... je vais
juste finir, voyant que le Parti québécois est élevé...
Je sens la motivation ce matin, hein? Vous
êtes nombreux puis je vous sens d'attaque. Non, je ne donnerai pas d'exemple.
Désolé. Vous les trouverez assez facilement. Mais vous me posez la question sur
quoi se concentrer, sur le fond en termes de personne, puis en termes de
propositions pour 2026, parce que la bulle parlementaire, c'est beaucoup de
partisanerie puis de farces et attrapes, là, des spins, des fois — pardonnez
l'anglicisme — on va être là, on va faire le travail. Mais vous allez
me voir aussi un peu plus souvent dans des universités et des cégeps, auprès de
candidatures potentielles, dans des tournées régionales pour essayer de
comprendre des problématiques, de sorte que notre offre politique soit solide
et réfléchie dans un an. C'est ça notre plan de match.
Journaliste
: Donc,
vous, ce que vous êtes en train de dire, vous allez être moins la période des
questions par exemple.
M.
St-Pierre
Plamondon :Probablement.
Journaliste
: Vous
allez faire comme...
Journaliste
: Mais vous
aviez déjà dit ça la dernière session, M. Plamondon, que vous allez entamer des
rencontres pour trouver des gens ministrables. C'est que vous aviez dit déjà à
l'autre session auparavant. Donc là, ça va être encore pire, encore plus.
M.
St-Pierre
Plamondon :Il n'y a pas de pire.
Journaliste
: ...
M.
St-Pierre
Plamondon :Mais oui, ça va être encore...
ça va être encore plus le centre d'attention, pas à 100 %. Mais je veux
dire, je suis avec vous ce matin, on a plein de sujets sur lesquels réfléchir,
mais je reviens à la question de fond, en effet, il reste un an, et Alex vient
de dire, il y a une rupture assez profonde de la confiance envers le
gouvernement. Donc, nous, notre travail en ce moment, c'est de bâtir quelque
chose de différent et de plus solide. Puis on a un an pour compléter ce
travail-là qui a quand même été débuté, ce n'est pas... On ne commence pas ce
matin, là.
Journaliste
: On a un
an, sentez-vous que vous devez être prêt, peut-être même avant ça, pour le
printemps, au cas où?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
on ne travaille pas sur ce scénario-là, mais si jamais il y avait un
déclenchement anticipé, ça nous ferait plaisir d'en découdre, puis on serait en
mesure de le faire.
Journaliste
: Est-ce
qu'à la suite du discours inaugural, ça vous passe par la tête de déposer une
motion de censure, par exemple, hein, ça serait une bonne manière d'exprimer
votre insatisfaction?
M. St-Pierre Plamondon :
Donc, pour être très honnête, là, l'idée est respectable, mais non, on ne peut
pas considérer ça ce matin. Voilà.
Journaliste
: Votre
première question à François Legault pourrait porter sur quel thème?
M. St-Pierre Plamondon : En
temps et lieu.
Journaliste
: ...que M.
Legault reprenne du momentum.
M.
St-Pierre
Plamondon : Pardon?
Journaliste
:
Craignez-vous que M. Legault commence à reprendre du momentum? Je ne crains
jamais rien. Ce n'est pas notre travail de craindre. Tout est possible.
Attendez-vous à ce qu'il arrive plein de choses dans la prochaine année, là.
Donc, moi, je vous ai dit quand même assez souvent là, il faut me le donner,
que les sondages sont appelés à fluctuer puis qu'il peut arriver toutes sortes
de choses dans la joute parlementaire très partisane. Mais ça a peu d'influence
sur le véritable rendez-vous dans un an.
Journaliste
: Vous vous
attendez à redescendre, quoi, dans les sondages?
M. St-Pierre Plamondon : Je
m'attends à n'importe quel scénario sans les craindre, parce que la question
qui m'est posée, c'est : Est-ce que vous craignez? Je suis très conscient
que toutes sortes de choses peuvent arriver, qui ne sont pas des choses
structurantes. C'est pour ça que je vous dis... Vous me posez la
question : Vous allez où pour la prochaine année? On se concentre sur ce
qu'il y a de fondamental et structurant, parce que les Québécois cherchent une
solution à un problème qui est réel, tant sur le plan de la confiance que du
rendement de ce gouvernement-là. Puis, après sept ans, il n'y a plus de doute,
là.
Journaliste
: Est-ce
que vous avez l'impression que la CAQ vire à droite?
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que la CAQ vire pas mal dans toutes les directions en ce moment.
Journaliste
: Mais on a
quand même entendu dire que la CAQ virait à droite, est-ce que c'est votre
constat à vous?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mon constat, c'est qu'ils vont aller dans pas mal toutes les directions de
manière assez inintelligible dans les prochains mois.
Journaliste
: Par
rapport à ce ce positionnement-là de la CAQ, comment vous vous situez?
M. St-Pierre Plamondon :
Aucune influence sur nous. D'ailleurs, ça arrive le plus souvent, c'est que
c'est nous qui prenons position sur un sujet, puis c'est la CAQ qui est en mode
de réaction au rétropédalage. Donc, non, non, aucune influence. Nous...
Journaliste
: ...
M. St-Pierre Plamondon : Il
n'arrivera rien. Je sais qu'il y a une espèce de volonté d'imposer l'idée qu'il
y a une surenchère. Je suis désolé, mais, dans ce qui a trait au Parti québécois,
sur toutes les questions, on prend position. Puis les positions qu'on prend sur
certains thèmes ne sont absolument pas liées à ce que fait la CAQ. On a nos
processus. On les annonce à l'avance. Vous pouvez suivre chaque étape. On les
complète correctement, puis après on a une position. Mais ça n'a rien à voir
avec la CAQ. Si la CAQ, elle, fait la plupart de ses communications en fonction
de ce que, nous, on fait, tant mieux pour nous, tant mieux pour la démocratie
parce que ça fait peut-être avancer certains dossiers. Mais comprenez que,
nous, peu importe ce que la CAQ va faire, on prépare 2026 en fonction de ce
que, nous, on veut dire aux Québécois.
Journaliste
: François
Legault répète depuis quelque temps qu'il veut recentrer l'accent de son
gouvernement sur quatre priorités d'action. Il y a des propositions là-dedans
qui n'ont jamais été ou très peu discutées lors de la dernière campagne
électorale. On pourrait dire qu'il n'est pas allé chercher le mandat pour
mettre en œuvre ces propositions-là. Est-ce que le gouvernement a la légitimité
de mettre en œuvre ces propositions-là? Est-ce que vous vous doutiez un peu de
la légitimité du gouvernement en juin dernier?
M. St-Pierre Plamondon :
Exact. Exactement. C'est là que je m'en allais.
Journaliste : Est-ce que le
gouvernement, avec ces nouvelles propositions-là, a la légitimité de faire
bloc... Parce que là ils ont encore une bonne majorité malgré les défections à
l'Assemblée nationale, est-ce qu'ils peuvent mettre en œuvre leurs
propositions?
M. St-Pierre Plamondon : Je
pense que c'est un gouvernement qui est en lourde perte de légitimité. Ça veut
dire que pour certains gestes qui sont fondamentaux, qui demandent du temps, de
la préparation, de la réflexion puis la participation de tout le monde,
supposons une constitution, ils ne sont pas en position de faire
unilatéralement, sur un coin de table, du tort. Mon plus gros problème avec le
troisième lien, quand je suis parti à rire vendredi parce qu'on m'a dit :
On va avoir une tarification — comment ça s'appelle — dynamique
du troisième lien, j'ai éclaté de rire, mais, en même temps, ce n'est pas
drôle. Ça fait que je suis obligé de me rattraper un peu. C'est drôle si on
regarde à quel point ça n'a pas de sens. Mais ce sont des millions de dollars
qu'on continue à dilapider.
Donc, ce gouvernement a peu de légitimité.
Il doit agir en conséquence, c'est-à-dire avoir une certaine prudence avant de
causer des dommages en désespoir de cause. Et c'est ça l'expression que je
pense qu'il faut retenir,
«désespoir de cause», c'est-à-dire ne pas poser
des gestes. Regardez la déclaration de Simon Jolin-Barrette sur les
propositions en laïcité vendredi, il a dit que je m'attaquais à des enfants. Tu
sais, c'est... Ça vient du ministre de la Justice vis-à-vis un des chefs
d'opposition qui fait une proposition de politique publique. C'est ça, être en
désespoir de cause.
Puis je demande juste à la CAQ d'être
relativement prudente avant de tirer dans toutes les directions, de se faire
des ennemis partout dans le but d'essayer quelque chose, là, pour leurs
sondages. Leurs sondages ne vont pas bien. Ça veut dire qu'ils ont moins de
légitimité qu'ils en ont déjà eue. En conséquence, il me semble qu'ils
devraient avoir une certaine prudence par rapport à... le ton, mais par rapport
également à ce qu'ils peuvent légitimement entreprendre ou non. Ça ne veut pas
dire qu'on les encourage à ne rien faire, là, au contraire. Tu sais, je... On a
montré de l'ouverture sur ce qu'ils vont faire en matière de taille de l'État
puis de contrôle bureaucratique. On est prêts à collaborer avec eux. Il y a
plein de choses sur lesquelles on peut avancer, mais il ne faut pas que ça vire
au vinaigre dans des gestes de désespoir de cause, et c'est ça que je crains.
Journaliste : Est-ce que vous
souhaitez qu'il vous rencontre à l'occasion, comme Éric Duhaime le demande?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je pense que l'influence dans le système qu'on a actuellement... parce qu'on
pourrait le réformer, là, puis réfléchir à comment ça pourrait fonctionner,
mais, dans le système actuel, c'est... Nous, on a un pouvoir de proposition
puis on a un pouvoir de remise en question de l'orientation du gouvernement, et
souvent, ça amène le gouvernement, finalement, à changer un peu sa trajectoire.
Donc, on va se concentrer là-dessus. Ça a fonctionné à plusieurs égards.
Donc, je réitère, en termes de confiance
dans les institutions, ceux qui suivent vont se rendre compte que la joute
parlementaire fonctionne dans une certaine mesure. Elle n'est pas toujours
belle à voir, ce n'est pas toujours joli, mais ça fonctionne des fois. Donc, on
va tenter d'influencer ce gouvernement-là.
Journaliste : ...sur la
question référendaire, quelle place vous aimeriez que le sujet prenne dans
l'actualité pour la prochaine année, d'ici l'élection, mais aussi quelle place
vous pensez que ça va prendre? Parce que les autres partis vont commencer à le
marteler, là.
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
c'est sûr. Mais c'est déjà commencé, puis je m'attends à ce que ça prend... que
ça prenne la place que ça mérite, c'est-à-dire que le Québec va devenir un
pays. Puis c'est normal, que les gens en discutent puis se disent : OK,
mais comment ça fonctionne? Sachez que nos chapitres pour le livre bleu sont
prêts, donc vous allez les voir apparaître au fur et à mesure de cette
session-ci. Sachez également que c'est normal, que les gens s'expriment, puis
c'est sain.
On en vient à la conclusion que le Canada
nous enlève un avenir linguistique et culturel qu'on mérite, nous enlève
90 milliards en gaspillage — et on pense qu'on pourrait mieux l'utiliser.
Et, une fois que ces constats-là sont faits, même si ce n'est pas toujours
simple à porter, puis ce n'est peut-être pas favorable sur le plan électoral,
nous allons le porter à 100 %, de manière intègre. Donc, je m'attends à ce
que ce sujet-là prenne naturellement de la place. C'est sain, c'est normal.
Journaliste : ...la question
de l'urne, donc une élection référendaire, si finalement vous êtes encore si
haut dans les sondages, là, lors de la prochaine élection?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est-à-dire qu'une élection, c'est une élection générale, là, ça porte sur
tous les sujets.
Journaliste : Oui, mais que
l'enjeu principal, ce soit, finalement, l'indépendance et la question
référendaire.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est certain qu'on va en discuter. Si vous avez des craintes par rapport au
fait qu'on va dire...
Journaliste : ...quelle place
ça va prendre? Est-ce que ça sera... selon vous, ça sera l'enjeu principal?
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne contrôle pas, je ne peux pas le prédire, mais c'est certain que c'est une
partie importante. Et c'est sain, c'est normal, c'est normal, et je veux ça.
Nous autres, on est fiers d'avoir un projet de société. Puis, en ce moment,
quand vous me dites comment je m'y prends pour bâtir une équipe de qualité en
2026, le fait qu'on porte une cause puis qu'on porte de l'espoir dans un
nouveau projet où le Québec existe puis prend ses propres décisions nous amène
une qualité de candidature qu'on n'aurait jamais, à commencer par Alex
Boissonneault, qui n'aurait jamais fait de politique si on n'était pas
indépendantiste puis on n'avait pas ce projet-là, Pascal Paradis même chose,
Catherine Gentilcore même chose. Et tous ceux que vous verrez apparaître sont
là parce qu'ils croient à un projet de société, puis ils croient à l'espoir, au
lieu du déclin et du pessimisme. Donc, il n'y a aucune chance que ce ne soit
pas un sujet.
Journaliste : ...
M. St-Pierre Plamondon : Ça,
c'est la même chose, Arthabaska, vous vous souvenez, ce dialogue qui ne finit
pas. Donc, je ferai une annonce dans Chicoutimi, incessamment, et chaque chose
en temps et lieu.
Journaliste : Votre liste...
500 seulement ou c'est... à l'été, en disant que vous aviez une liste de
500 candidats pour 125 circonscriptions, est-ce qu'elle a doublé
depuis?
M. St-Pierre Plamondon : À
votre avis?
Journaliste : Parce qu'il y a
juste 125 postes, là.
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'est pas une information publique, mais, à votre avis, est-ce qu'elle augmente
ou elle diminue?
Journaliste : Je ne sais pas.
Moi, je ne suis pas le chef du Parti québécois, là. Je vous pose la question.
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
poser la question, c'est y répondre.
Journaliste : Est-ce que ce
serait une bonne chose, que M. Legault cède sa place avant les élections?
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'est pas mon travail de faire du commentariat sur la politique interne des autres
partis. C'est une ligne qu'on a quand même tenue de manière constante. Je
laisse la CAQ faire ce qu'elle a à faire, mais retenez quand même que la CAQ
est le bris de confiance, le gaspillage, l'absence d'orientation et de vision,
de sorte que, dans plusieurs projets de loi puis initiatives, on ne comprend
plus rien. C'est une œuvre collective. C'est une œuvre qui lie Fitzgibbon,
Pierre Fitzgibbon qui n'est plus là, c'est une œuvre qui lie les ministres
actuels, puis on a beau brasser la salade de fruits, là, ça demeure la même
salade.
Journaliste : Donc, ça ne
changerait rien.
M.
St-Pierre
Plamondon : Bien, je les laisse gérer ce qu'ils ont à gérer à
l'interne puis, clairement, ils ont beaucoup de choses à gérer à l'interne en
ce moment. Ça, ce n'est pas mon travail. Mais mon travail est quand même de
rappeler que cette formation politique là, elle a des caractéristiques qui
lient l'ensemble des ministres, et pas une seule personne.
Journaliste : ...par rapport
à ce que vous disiez tout à l'heure, est-ce que ça ne constituerait pas une
forme de distraction ou du bruit qui pourrait vous détourner des sujets qui
vous intéressent?
M.
St-Pierre
Plamondon :Non, mais il va y avoir du
bruit, là, cette année, ça va être... En quelques jours seulement, là... juste
pour vous parler de bruit, là, parce que c'est quand même un sujet
intéressant... on m'aura traité de pas humain. Ça, ça vient du chef de... Tu
sais, on aura sous-entendu que je manque d'humanité. Ça, ça vient du chef du
Parti libéral. On m'aura traité de communiste, de nazi, ou, en tout cas, on
aura fait des références à la race aryenne sur la Première Chaîne de
Radio-Canada. Le National Post me compare au Hamas, puis le ministre de
la Justice dit que je m'attaque à des enfants. Ce n'est pas normal, ça, là, là,
tu sais, ce n'est pas un environnement de discussion sain.
Journaliste : Est-ce que vous
avez l'impression d'être davantage ciblé par ce genre de commentaires là que
les autres politiciens?
M.
St-Pierre
Plamondon :Historiquement, oui. Le
Parti québécois, que ce soient Pauline Marois, Jacques Parizeau, Lucien
Bouchard, René Lévesque, a toujours fait face à ce genre de choses là. Je le mentionne,
parce que vous me posez la question, est-ce qu'il va y avoir du bruit là, puis
quel genre de bruit. Il est là, le bruit, là. Je veux dire, ça ne se peut pas,
là. Pourquoi on n'est pas capables de débattre de quelle est la meilleure
politique publique pour nos écoles ou pour les lieux publics, là, les prières,
pour générer une paix sociale puis un vivre-ensemble qui fonctionne?
Nous, notre point de vue, c'est que le
religieux ne devrait pas empiéter sur des espaces, des institutions qui
devraient être laïques, puis que, pour les enfants, c'est plus sain. On ne
pense pas que c'est une bonne politique publique, des enfants qui arrivent avec
des costumes religieux qui les définissent dès l'âge de six ans. Puis on
pense... puis on ne pense pas qu'ils ont consenti. Moi, je vous parle de mon
référendum, là.
Journaliste
: Si la CAQ
va là, donc, elle vous vole... elle vous vole un peu la...
M.
St-Pierre
Plamondon : Non, la CAQ va à un autre endroit, probablement, en
réaction à ce qu'on fait. Mais nous, notre référendum, il a été décidé le
14 mai dernier, on l'a exécuté, on a une position.
Je veux juste revenir au sujet. Le sujet,
c'est, dans la prochaine année, mon deuxième objectif, après celui de bâtir une
offre solide, c'est que le Québec soit une exception par rapport à ce qu'on
voit en Europe puis aux États-Unis, c'est-à-dire l'incapacité d'un dialogue
social sain, basé sur l'intérêt public, puis un dialogue social sain, c'est
d'offrir des arguments et des contre-arguments sur laquelle des politiques
publiques est adéquate. Donc, si des gens, au Québec, de manière très légitime,
considèrent, supposons, que les prières devant la basilique Notre-Dame ou une
petite fillette qui arrive voilée à l'école primaire, c'est une bonne politique
publique, qui génère de l'inclusion, ils ont le droit de manifester leur
désaccord avec notre position en arguant, en expliquant pourquoi c'est une
bonne chose, puis pourquoi, à leur avis, ça va générer plus de paix sociale et
d'inclusion. Ce n'est pas notre point de vue.
Mais j'espère, dans la prochaine année,
qu'on va être capables de dialoguer et d'argumenter mais sans tomber dans les
dérives qu'on voit de plus en plus, là, France, Angleterre, États-Unis, on est
capables. Je crois au Québec dans sa capacité à mener des débats plus sereins
qu'ailleurs parce qu'on a cette mentalité-là, on n'aime pas le trouble, puis on
aime aussi une certaine camaraderie. En tout cas, historiquement, on a toujours
été capables d'un peu plus de modération qu'ailleurs. Je nous le souhaite, puis
ça, ce serait mon deuxième objectif après le premier, qui est de préparer une
offre de remplacement à la CAQ.
Journaliste
: ...qui
s'en vient, quoi?
M.
St-Pierre
Plamondon : Pardon?
Journaliste
: Vous
sentez une dérape qui s'en vient?
M.
St-Pierre
Plamondon : Non, pas tant. J'observe ce qui se passe en Europe
assez attentivement, notamment les pays scandinaves. J'y ai vécu trois ans, là,
donc je m'intéresse beaucoup à ce qui se passe là. Je regarde la France
attentivement, je regarde l'Angleterre et je me dis : on a réussi, dans
notre histoire, à naviguer plus intelligemment quand l'Europe et les États-Unis
pognaient un peu des dérives dans le climat social. On a un... Je pense que
Duplessis, lui, plaidait que c'était parce qu'on a des hivers, puis l'hiver on
n'a pas le choix de survivre et de travailler. C'est la série avec Jean
Lapointe, là, l'extrait...
Journaliste
: Est-ce
que ça prend plus de transparence du côté des syndicats?
M.
St-Pierre
Plamondon : Oui. Moi, je pense qu'il y a beaucoup mieux... plus
à bâtir puis à faire du côté de la transparence et de la qualité de la
démocratie des syndicats que d'essayer de commencer à contrôler comment les
cotisations sont utilisées. Parce que là, l'État va... en tout cas, je ne
comprends pas comment ça fonctionnerait, tu sais. Comment l'État va faire
l'arbitrage de : tu as dépensé 1 $ là, puis là... je ne veux plus que
tu t'exprimes sur l'environnement, puis je ne veux plus que tu mettes de
l'argent... Ça ne marchera pas, cette histoire-là, c'est un autre truc de coin
de table, à mon avis, alors qu'il y a des vraies questions à se poser sur la
transparence puis la reddition de comptes démocratiques pour les membres. Je
reviens toujours avec l'exemple de la FAE. Je n'ai jamais compris comment ça se
peut que les cotisations syndicales soient utilisées à la contestation de la
loi 21 et des décisions légitimes de l'Assemblée nationale, alors que ça ne
peut pas être plus hors mandat.
Donc, là-dessus, j'ai l'impression que les
membres devraient avoir une voix puis des mécanismes plus transparents et non
pas tenter de contrôler l'argent puis de dicter aux syndicats comment on
dépense chaque dollar. Je...
Le Modérateur : On va en
prendre une dernière en français.
Journaliste : Vous êtes
d'accord sur le principe, là. Vous êtes d'accord sur le principe?
M. St-Pierre Plamondon : Moi,
je... en tout cas je suis ouvert à étudier une amélioration de la transparence
et de la démocratie parce que ça, c'est vrai pour le PQ, c'est vrai pour les
médias, c'est vrai pour tous les organismes. Tu sais, de la transparence, là,
ça n'a jamais fait mal à personne. Puis, en général, ça améliore les processus.
Journaliste :
How would you describe... How would you
describe the state of the CAQ Government at this particular juncture, right at
the point where he's about to deliver a new inaugural address? In a few words,
how would you summarize the state of that party?
M. St-Pierre
Plamondon :
Hurry
up offense. So, in a game of football, if you're down by three touchdowns,
you'll cut the huddles and you'll start throwing the ball everywhere. And
that's a risk in terms of interceptions. So, it's the first image that comes to
mind.
What I'm worried about
right now is the CAQ starting all sorts of initiatives just throwing the ball
anywhere in "désespoir de cause". So, I will need your help on that
translation.
Journaliste :
Desperation of cause.
M. St-Pierre
Plamondon :
Out
of desperation of cause. And that's the theme that preoccupies me...
Journaliste :
...
M. St-Pierre
Plamondon :
...concerns
me. Thank you. I think a government should never fall... Whatever the polls are
telling you, a government should never fall in desperation of cause, making
random statements or random initiatives. And it's been a problem in the past
years, CAQ taking decisions without preparation, without really working their
thing, just testing things without any justification for it.
Journaliste :
Do you think he can turn things around
with an inaugural speech?
M. St-Pierre
Plamondon :
That's
not for me to comment. I mean, there are tons of commentators and analysts. We
do our own thing based on the quality we want... we want to offer in one year
from now. Everything else is noise, as far as I'm concerned, because what
Quebeckers are expecting from us is to provide an answer that is more solid and
more trustworthy than what we have currently with the CAQ.
Journaliste :
Mr. St-Pierre Plamondon, you're saying
that the CAQ has nothing to lose and that Quebeckers should be worried about
this. But what should be... Why they you should be worried about this? Maybe is
the time for the CAQ to make good changes. They have... The party has nothing
to lose.
M. St-Pierre
Plamondon :
I
will be the first to be helpful if we're doing good changes. If you're looking
for enemies and wedges because you hope it will influence your polls, those are
not good changes. Those are measures of desperate cause. There's a difference
between the two. And rest assured, if we can help towards sound measures that
helps Québec going the right way, we will collaborate and help as we did in the
past years. It's just that the risk here is this mentality of hurry up offense
where you just throw the ball anywhere. The Hail Mary and the declarations of
Simon Jolin-Barrette saying that I'm attacking children. I mean, he's the
minister... he's a minister, and I'm the leader of opposition. I mean, this is
not normal. It shouldn't be accepted, it shouldn't be normalized, but it should
also give us a clue as to the risk going forward for this upcoming year.
Journaliste :
But it's not a surprise that it's...
it's controversial to suggest that we should put a ban on children in primary
schools to wear religious symbols.
M. St-Pierre
Plamondon :
It's
no surprise that what?
Journaliste :
It's not surprising that it may cause
controversy when you suggest that primarily school students...
M. St-Pierre
Plamondon :
Ah!
well, that's precisely my point. We should debate on what's the best policy.
But obviously, I mean, schools who have uniforms, are they attacking children
by telling them to have a uniform? And it's very the case in England, it's very
the case now in France, they have projects going on. The CAQ's own law, Bill
21, I mean, is it attacking children because you forbid certain things and
you...
I mean, we think that the
best policy to integrate and to include everyone is to have a school where
there's no religion, that religion should be kept in temples. And people are
very free to be religious in Québec. But when our institutions are mixing
people with different views... parents with different views, because the
children, they're not in an age to consent to that religious symbol, that's
another issue as well, what's the well-being of the child.
But a part from that,
we think that when everybody mixes in one class, there should be common rules
so that there is a space for citizenship, and religion I don't think should be
there. So, if their arguments are against other propositions, it's healthy. But
it's not normal that a minister of the Government says things like that about
the leader of opposition and that hence... therefore the... a bit is the risk I
see of a government throwing things in all directions. We need to think about
the best interest of our democracy.
Journaliste
:What does your place in the polls says about Quebecker's
desire to have a referendum?
M.
St-Pierre
Plamondon :What is the place?
Journaliste
: What your
commanding lead in the polls says about the desire of Quebecker to have a
referendum?
M.
St-Pierre
Plamondon :So, we don't see it that
way, we never ask that question. We think, we're convinced that Québec must
become a country. If it is to have a secular state but as well a future from a
linguistic and cultural point of view, and if it has money enough to finance
essential services, it must succeed. And once we think of that, we just put it
forward to the population and it's up for them to decide in an election. But we
never let the fundamentals of your politic elections are not based... maybe in
other parties it is based on polls, but in our case, not based on polls at all,
so the polls can go up and down, it will not change what we think about...
about the best interest of Québec in the upcoming years.
Journaliste
: Legault
seems like that he is will be coming and fighting especially with this whole
rocky bet. Is it too little to late?
M.
St-Pierre
Plamondon :I won't comment... I won't
comment on whither Legault is rocky. As you know, I have been rocky to in 2018.
But unfortunately, I think it's really irrelevant in terms of public policy.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 10 h 58)