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(Dix heures quatre minutes)
La Modératrice : ...de presse
du Parti québécois. Prendront la parole : Joël Arseneau, député des
Îles-de-la-Madeleine, Robert Comeau, président de l'APTS, Simon Dubé,
Représentant national, APTS Bas-Saint-Laurent, Kevin Newbury, président...
représentant national, APTS Côte-Nord, Jenny Tardif, Représentante nationale...
nationale APTS Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, et Carl Verreault, représentant
national, APTS Abitibi-Témiscamingue.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
Alors effectivement, je suis accompagné des représentants de l'APTS, l'Alliance
du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux.
Aujourd'hui, on veut parler des soins de santé en région. Et, vous savez que
pour le Parti québécois, l'accès à des soins de santé de qualité est essentiel
pour la vitalité de nos régions. C'est une question d'équité. C'est une
question également de vitalité de l'ensemble du territoire du Québec.
Il faut le dire, il faut le répéter à
chaque fois, là, l'accès à des soins de santé ne devrait pas dépendre de notre
code postal. Il est essentiel pour les citoyens d'avoir accès à des soins de
santé de proximité. C'est le régime qu'on s'est donné, des soins accessibles,
universels et gratuits sur l'ensemble du territoire du Québec.
On sait qu'il y a des enjeux de main-d'oeuvre
qui sont extrêmement importants dans les régions et il faut donner à ces
régions la capacité d'attirer du personnel et surtout de les retenir, de s'installer.
Et, pour cela, bien, ça prend évidemment des conditions qui sont favorables.
Et c'est là-dessus que porte la pétition
que l'on va déposer aujourd'hui. Déjà depuis plusieurs semaines, la pétition a
circulé. Je déposerai cette pétition à l'Assemblée nationale un peu plus tard.
Il y a plus de 5 000 personnes qui ont signé cette pétition. Et on va
vous expliquer plus... de façon plus détaillée, là, quels sont les impacts
actuels pour les soins de santé à travers l'ensemble du Québec, en faisant un
petit tour du Québec avec nos invités ici.
M. Newbury (Kevin) : Merci, M.
Arseneau. Alors, un petit rappel, la Côte-Nord, c'est la deuxième plus grande
région au Québec après le Nord-du-Québec. Pour imager le tout, il y a
650 îles de Montréal qui rentrent uniquement sur notre territoire. C'est
quatre fois plus grand que l'Abitibi-Témiscamingue et c'est la région qui s'étend
le plus à l'est, avec Blanc-Sablon, dépassant même les Îles-de-la-Madeleine.
La Côte-Nord, c'est un moteur économique
important pour le Québec, notamment pour ses mines, ses forêts, son aluminium,
son énergie, mais aussi ses fruits de mer. Et, pour faire rouler ce moteur
économique, bien, il faut des travailleurs et des travailleuses et puis, pour
donner des soins et des services sociaux à ces travailleurs et travailleuses
là, il faut des professionnels dévoués et compétents.
Pour y parvenir, il faut valoriser,
reconnaître les spécificités de notre territoire et permettre de s'installer et
vivre dignement dans notre belle et vaste région. C'est donc dire qu'il faut
reconnaître les disparités régionales. Ça veut dire des salaires à la hauteur
du coût de la vie, des primes qui en valent le déplacement. Mais,
malheureusement, on n'y parvient pas, parce qu'en moyenne on a plus de
25 % de postes vacants dans notre région et la dépendance à la
main-d'oeuvre indépendante, elle est problématique. Dans certains secteurs,
c'est même jusqu'à 35 % de postes vacants.
Mme Tardif (Jenny) :
Bonjour.
Je crois que c'est important d'être ici aujourd'hui au nom de ceux et celles
qui vivent, qui travaillent et qui espèrent en Gaspésie et aux
Îles-de-la-Madeleine. Des enfants qui attendent un service, des familles qui
s'inquiètent, des travailleurs qui s'épuisent, des communautés qui refusent de
tomber dans l'oubli.
Chaque jour, on est confrontés, en régions
éloignées, à des choix déchirants, des choix impossibles, des choix douloureux
entre le curatif et le préventif, entre l'urgence et le développement, entre
les personnes hospitalisées et les gens en externe. Nos jeunes ayant besoin de
soins en pédopsychiatrie sont transférés vers Québec, loin de leur famille, de
leur domicile, de leurs repères. Ce déracinement, on ajoute une couche
supplémentaire à la souffrance. Les besoins augmentent, la population vieillit,
les cas se complexifient. La liste d'attente s'allonge. Les listes ne se
comptent plus un jour ni en mois, mais bien en années.
Je vais terminer par dire que ce n'est pas
par un manque de volonté, mais bien par un manque de moyens, un manque de
financement faute de reconnaissance des réalités régionales. Des gens restent
hors service, des gens qu'on aurait pu aider, des gens qu'on aurait dû aider.
Merci.
M. Verreault (Carl) : Bonjour,
tout le monde. Avoir de l'ambition pour l'Abitibi-Témiscamingue, c'est redonner
la gestion des soins de santé et de services sociaux à la communauté
témiscabitibienne. Ce n'est pas de laisser des gestionnaires du centre
Université McGill gérer les laboratoires de l'Abitibi-Témiscamingue. Ils n'ont
aucune idée de la réalité régionale. Nous sommes à l'aube d'une crise dans les
laboratoires en Abitibi-Témiscamingue et rien n'est fait de la part du CUSM.
Ce sont les technologistes médicaux qui
soutiennent le réseau de la santé et des services sociaux. Sans eux, aucun
résultat d'analyse de laboratoire ne serait possible, aucune transfusion
sanguine ne serait effectuée et les opérations ne pourraient pas avoir lieu.
C'est près de 80 % des diagnostics qui sont confirmés par eux.
Avoir de l'ambition pour l'Abitibi-Témiscamingue,
ça aurait été de fermer des services de santé mentale par Santé Québec et le
CISSS. C'est financer une unité de vie pour les jeunes ayant un trouble grave
du comportement et non de les placer avec des adultes ayant un TGC. C'est
donner les moyens aux équipes Agir tôt afin que les enfants et les... puissent
avoir les services adéquats. Ce ne sont que quelques exemples des coupes
actuelles de Santé Québec et de M. Dubé.
Avoir de l'ambition pour
l'Abitibi-Témiscamingue, c'est laisser les Témiscabitibiens s'autodéterminer en
nommant un ministre régional provenant de la région. Avoir de l'ambition pour
l'Abitibi-Témiscamingue, c'est une redistribution plus équitable des revenus du
Québec. Merci.
M. Dubé (Simon) : Au
Bas-Saint-Laurent, nous avons deux urgences qui sont menacées de fermeture
depuis déjà un bon moment. Dans le premier cas, Trois-Pistoles se situe dans la
MRC des Basques, puis, à ma connaissance, c'est celle où la population est la
plus âgée au Québec. Dans le cas de celle de Pohénégamook, c'est un territoire
qui est enclavé à l'intérieur des terres. L'accès à ces services-là frappe
l'imaginaire collectif parce qu'on parle de soins de santé directs. Je dois
vous dire que c'est l'ensemble des soins et services qui sont menacés.
Dans le Bas-Saint-Laurent, avoir un enfant
qui a une déficience intellectuelle... devra faire une heure de route pour
obtenir des services, c'est quelque chose qui est courant. Les personnes les
plus vulnérables sur le territoire, en régions éloignées comme ailleurs, sont
souvent celles qui ont le plus de besoins et, paradoxalement, qui ont le plus
de difficultés à avoir un accès équitable à ces services-là.
Je terminerai simplement en vous disant
que nos membres sont, eux aussi, des citoyens et des citoyennes des régions. Il
faut qu'on réussisse à mettre en place des conditions qui vont les faire venir.
À l'heure actuelle, la perte de soins de proximité fait en sorte que nos
villages se vident, les aînés quittent pour obtenir des soins et les jeunes
familles hésitent à s'installer. Un réinvestissement est important, puis il
faut mettre un frein à la centralisation.
M. Comeau (Robert) : Bonjour,
tout le monde. Merci, M. Arseneau. Je veux remercier le Parti québécois de nous
soutenir dans notre action également. Je veux remercier nos quatre
représentants nationaux, qui, jour après jour, viennent défendre les régions,
non seulement les travailleuses et travailleurs que nous représentons, mais bel
et bien, aussi, la population, aussi, pour qu'ils aient le droit à ces
services-là qui sont si précieux pour tous.
Ce qu'on a entendu aujourd'hui, c'est,
bien sûr, un cri du cœur. Ce n'est pas seulement qu'une déclaration, ce sont
vraiment les porte-parole de régions qui ont vraiment besoin d'amour, qui ont
besoin d'être soutenues davantage. Ce que demandent les régions aujourd'hui,
c'est de ne pas être traitées... d'avoir un privilège. C'est bien d'être
traitées comme tout le monde, d'avoir accès aux soins, comme tous les
Québécois, parce qu'on paie les mêmes impôts dans les... dans les régions, et
ils ont droit aux mêmes services. C'est ce qu'on vient d'énoncer aujourd'hui.
Les enjeux soulevés, on en a parlé, il y
a, bien sûr, le manque de services spécialisés, la pénurie de personnel, le
déplacement de plus en plus grand, de plus en plus important pour recevoir les
soins à l'intérieur même d'une région, ou, parfois, même, se déplacer dans une
région qui est tout près. C'est que... Ce qu'on observe, c'est carrément...
c'est que les régions sont vraiment mises de côté par le gouvernement
actuellement, et, pour nous, c'est carrément inacceptable.
Avec ces 5 000 signatures, on réclame
des solutions concrètes et durables pour maintenir le personnel en place, bien
sûr, mais pour voir à la relève. Il faut planifier l'avenir, il faut attirer
des jeunes et des moins jeunes dans nos régions pour qu'ils puissent continuer
à offrir des services de qualité à la population de nos régions, qui nous
tiennent à cœur. Si on veut tenir ces... continuer à maintenir ces services-là
en région, bien, nous, on a quelques solutions à soumettre, bien sûr. C'est
d'avoir des services de garde suffisants et accessibles, par exemple, des
logements abordables, et abordables pour nos travailleurs, nos travailleuses,
avoir des primes, des bourses, aussi, pour permettre aux gens de s'établir en
région, parce qu'on sait tous que le coût de la vie est plus élevé en région
que dans les grands centres.
Le gouvernement doit répondre à cet
appel-là, il ne peut pas rester lettre morte. La balle est dans son camp. Il a
le pouvoir de le faire, il a le devoir de répondre à cette pétition-là. L'APTS
ne laissera pas tomber les gens en région, ne laissera pas tomber les
travailleuses et travailleurs, et on va continuer à se battre pour que les
services soient équitables partout au Québec. Merci.
La Modératrice : Merci. On va
prendre une question et une sous-question. Merci.
Journaliste : Bonjour à tous,
Une question pour M. Arseneau, qui concerne la santé, mais la négociation avec
les médecins. J'aimerais vous entendre, là, sur la demande d'arbitrage des
omnipraticiens. Qu'est-ce que ça dit sur l'état des négociations avec le
gouvernement?
M. Arseneau : Écoutez, je
pense que le gouvernement a une obligation de résultat à l'heure actuelle, dans
le processus, dans le bras de fer, et moi, je pense que, si le gouvernement n'a
pas été en mesure d'obtenir un règlement négocié, bien, il doit, effectivement,
se tourner vers l'arbitrage, ou, en tout cas, d'abord, la médiation, et,
éventuellement, l'arbitrage. Mais, à un moment donné, je pense qu'il faut que
ça cesse, cette situation-là, là, qui met à risque, par exemple, la formation
des médecins puis, quand on sera rendus en juillet prochain, là, bien, s'il y a
1 000 médecins de moins qui sont diplômés, bien, ça va, effectivement,
avoir un impact sur les soins de santé. Donc, je pense que c'est important à
l'heure actuelle que les partis se parlent et vont trouver un règlement. Je
pense que la balle est dans le camp du gouvernement.
Journaliste : Est-ce que vous
croyez qu'il est nécessaire de retirer le projet de loi n° 106, qui est
sur la glace en ce moment?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
le projet de loi n° 106, il a été mis sur la glace, il y a... Nous, on a
beaucoup, beaucoup d'amendements à apporter au projet de loi n° 106. Il y
a beaucoup d'éléments, également, là, qui se retrouvent également dans la
négociation. Donc, il y a, je dirais, une nouvelle mouture qui pourrait être
déposée. Est-ce que le gouvernement a toujours le droit de légiférer?
Absolument, mais, actuellement, force est de constater qu'il ne s'y est pas
pris de la bonne façon en essayant à la fois de négocier, d'une part, et,
d'autre part, d'imposer des négociations ou, en tout cas, un règlement de ce
qui serait normalement négocié dans le projet de loi. Donc, on comprend qu'à
l'heure actuelle, c'est... c'est la confusion.
Mais pour ce qui est de... je dirais, de
la mise en place d'un...qui permettent d'avoir des services de proximité de
première ligne, par exemple, qui soient plus efficients. Ça prend un coup de
barre. Et ça, le gouvernement avait le moyen de le faire s'il avait mis en
place le rapport qui lui a été déposé juste au moment où il a déposé sa loi, un
rapport d'experts qui a été déposé en avril dernier, si je me souviens bien. Il
a été tabletté sur le champ. C'est là que se trouvent les solutions pour
améliorer les soins de première ligne, à mon point de vue.
Journaliste
: ...quand
on parle de soins de santé en région, vous l'avez vu, quelques-uns ont déploré,
là, la centralisation des décisions. Mais on n'est pas dans une fusion
administrative comme on a vu par le passé. Donc, c'est quoi la différence avec
la centralisation qu'on déplore aujourd'hui, puis des fusions plus... plus
formelles, là, qu'on a vues dans le passé?
M. Arseneau : Bien, moi,
je vais commencer une réponse, là. Premièrement, ce que je veux dire, c'est que
les témoignages qu'on a entendus aujourd'hui, là, c'est un bel éventail de ce
qui se passe à travers l'ensemble des régions du Québec où le gouvernement gère
les soins de santé par attrition. Il y a des ruptures de services, il y a des
fermetures de services, il y a des urgences qui sont menacées, il y a des soins
en obstétrique qui ne sont plus offerts. Il y a des laboratoires, évidemment,
qui ont été concentrés à travers le réseau OPTILAB. Et à travers tout ça, les
services se rétrécissent comme peau de chagrin. Et la solution gouvernementale,
c'est de dire : On va offrir des corridors de services. Ce que ça veut
dire un corridor de services, essentiellement, là, c'est qu'on va prendre le
patient qui vit dans sa région puis on va le déplacer ailleurs pour se faire
soigner. Et ça, ça entraîne aussi des coûts. Ça entraîne une pression sur la
famille, parfois une pression financière aussi, parce qu'on doit faire des
grands déplacements puis qu'on n'est pas compensés. Et toutes ces décisions-là
sont prises maintenant par Santé Québec dans une tour d'ivoire qui est
extrêmement opaque et déconnectée de la réalité.
Je pense que c'est un peu ça, le cri du cœur
qu'on entend aujourd'hui, là. Est-ce qu'on peut en venir à une gestion qui soit
respectueuse des réalités de nos différentes régions et qu'on puisse mettre en
place les moyens d'avoir notre personnel sur place qui s'installe dans la
communauté, qui développe avec la communauté non seulement des services de
santé, mais un esprit de communauté aussi. Et ça, ça répond à certaines
conditions qui actuellement ne sont pas réunies et qui semblent être le dernier
des soucis du gouvernement et des gestionnaires.
Donc, le projet de loi no° 15, j'y
reviens, là, parce que ça devait transformer le système de santé, le rendre
plus performant, on attend toujours des résultats, plus humains, c'est
absolument le contraire qui est en train de se réaliser. Et la question de la
décentralisation, il n'y a plus personne qui sait qui prend les décisions.
Chose certaine, ce n'est pas sur le terrain. Ça fait que moi, à l'heure
actuelle, je vous dis : Que ce soit administratif, que ce soit une fusion,
que ce soit Santé Québec, les résultats, c'est que les gens des régions,
actuellement, voient les services diminuer et se restreindre. Et c'est
dramatique pour nos communautés et pour leur vitalité. Je ne sais pas s'il y a
quelqu'un qui veut compléter là-dessus. C'est ce que je peux vous dire.
M. Newbury (Kevin) :
Bien, en fait, ce qu'on sait, c'est que les orientations vont être données par
l'agence Santé Québec, mais après, c'est quelles seront les marges de manœuvre
de nos PDG de nos CISSS et des CIUSSS. Et c'est là la problématique. Alors, à
partir du moment où est ce que l'agence Santé Québec dit : Il faut que tu
restreignes les services, il faut que tu fasses des compressions, des coupures,
bien, assurément, même si le PDG va nous dire que oui, il y a des marges de
manœuvre dans la région, on s'attend assurément à une restriction dans les
services. Et ça, c'est très problématique pour nos régions éloignées. Sur la
Côte-Nord, par exemple, c'est fréquent où est ce qu'on va envoyer, justement,
des gens à Chicoutimi ou à Québec pour se faire soigner? Et ça, c'est
complètement inacceptable, parce qu'on va... On ne se le cachera pas, là,
Sept-Îles, c'est loin d'être à la porte. Imaginez Havre-Saint-Pierre et
Blanc-Sablon.
Journaliste
: Plus
précisément, pour le Bas-Saint-Laurent, est ce que votre niveau d'inquiétude
par rapport aux urgences a changé où votre niveau de confiance, à l'inverse, de
les garder ouvertes, a changé à la suite de la mobilisation de la semaine
dernière?
M. Dubé (Simon) : La
réponse à cette question-là, c'est qu'il y a un niveau d'opacité actuellement
qui est très inquiétant. À ma connaissance, il n'y a pas eu de conseil
d'établissement de manière publique depuis plus de six mois, depuis le moment
où ces fermetures-là ont été annoncées plus ou moins en catimini. Le prochain
est à la fin du mois. Est ce qu'on est en mesure, comme acteurs privilégiés
d'avoir des réponses? La réponse est non. Est-ce que nos élus municipaux sont
en mesure d'avoir des réponses à l'heure actuelle? La réponse est non. Ça fait
qu'on est dans un régime, actuellement, où ça fait huit ou neuf mois,
tranquillement, pas vite, que les gens vivent avec cette épée de Damoclès là,
sans aucune information additionnelle.
Journaliste
: Bonjour.
Quand le premier ministre a dit vendredi qu'il y a des PDG de CISSS et de
CIUSSS qui allaient perdre leur job parce qu'ils disaient au public que les
compressions allaient affecter les services,
est-ce que ça vous inquiète? Vous parliez de marge
de manœuvre, là, des PDG, monsieur, tout à l'heure. Comment vous accueillez ça,
là, ce genre de propos là? C'est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour ce qui
va se passer comme services dans la région?
M. Arseneau : Oui, allez-y...
Je peux y aller après, mais allez-y.
M. Comeau (Robert) : Bien, ce
qu'on décode dans ce message-là, c'est que... est-ce que les PDG qui osent
dénoncer le fait... et ils constatent le fait qu'ils n'ont pas d'autre choix
que de couper des services vont passer à la moulinette? Est-ce que c'est ça que
le premier ministre a dit? Est-ce qu'il faut suivre absolument toutes les
directives de Santé Québec et appliquer... et on ne peut pas avoir de voix
divergentes à travers ça? On sait pertinemment qu'il y a des PDG qui voient
clair puis il y en a qui voient qu'ils n'ont pas d'autre solution que de couper
dans les services. Est-ce que c'est ces gens-là qu'il visait? Je pose la
question. Mais lancer un pavé dans la mare comme ça, je ne pense pas que c'est
ça qui va jeter un sentiment de confiance très grand dans le réseau de la santé
et services sociaux. C'est plus inquiétant que d'autre chose.
M. Arseneau : Oui. Bien, moi,
je vous dirais qu'il faut quand même faire attention à une dérive autoritaire
de la part du premier ministre, qui ferait de l'ingérence dans la gestion des
services de santé à tous les échelons à travers le Québec. Il a le droit de
nommer les directeurs généraux, mais il doit leur permettre de faire leur
travail. Et, si les commandes politiques sont à l'effet d'exercer des coupures,
je pense qu'il doit y avoir, je dirais, un travail administratif de fait, et,
essentiellement, c'est le gouvernement qui en portera les... la responsabilité.
Mais là où moi, j'ai un enjeu, c'est si les commandes sont politiques pour des
raisons politiques plutôt que de livraison de services, là il y a un danger, et
comment on maintient cet équilibre-là lorsque... et qui a été perdu au cours
des dernières années. À une certaine époque, les directions générales rendaient
des comptes aux communautés desservies. Aujourd'hui, s'ils ne rendent des
comptes qu'au gouvernement et s'ils ne répondent qu'à des commandes politiques,
bien, je pense que la population est en droit de se poser des questions sur ce
qui va advenir de leurs services.
Journaliste
: Merci.
M. Newbury (Kevin) : Je peux
peut-être vous donner une petite image pour la Côte-Nord. L'année passée, si je
ne me trompe pas, on était aux alentours de 130 millions de déficit causé
principalement par la main-d'oeuvre indépendante. Alors, à partir du moment où
est-ce qu'on dit : On va licencier des PDG s'ils coupent dans les
services, bien, assurément, si on demande de faire des réductions pour être
plus performant sur la Côte-Nord, c'est nécessairement ou assurément une
coupure dans les services. Image simple, efficace.
Journaliste
: Merci.
La Modératrice
: Merci.
M. Arseneau : Merci.
(Fin à 10 h 24)