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(Dix heures trente-deux minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde. Je veux revenir ce matin sur ce qu'on apprend dans La
Presse, un dossier qui nous démontre que la majorité des tours du plus gros
parc éolien au Québec utilisent de l'acier chinois essentiellement, alors qu'on
a nous-mêmes cette expertise-là au Québec. Et ça soulève la question des
exigences minimales de contenu québécois dans les appels d'offres.
Ici, essentiellement, c'est qu'Hydro-Québec
n'impose aucune exigence pour les appels d'offres en termes de contenu
québécois, et ça a des conséquences.
Je veux mentionner le long historique du
Parti québécois sur ce sujet-là. Ça fait des années qu'on interpelle le
gouvernement. Donc, dès 2017, depuis que je suis chef, on a fait un Buy Québec
Act qui avait des exigences de contenu québécois. On a eu une intervention en
2022, en juin 2022, spécifiquement sur ce projet-là, où est-ce que Pascal
Bérubé demande quelle est l'exigence de contenu québécois. On n'a jamais eu de
nouvelles. Il revient à la charge en 2023. On a fait deux motions sur ce
sujet-là au cours de la dernière année. Bref, il y a un long historique d'intervention.
Et c'est un autre dossier, et c'est ça mon
point, où la CAQ parle de nationalisme économique, vend des communications.
Mais, quand on regarde ce qu'elle fait, c'est un tout autre univers. Et c'est
typique de la CAQ dans plusieurs dossiers. On va parler de la constitution.
Mais il faut toujours se poser la question, avec la CAQ, est-ce que
véritablement la CAQ va faire ce qu'elle nous dit ou est-ce qu'on parle de
communication qui est complètement détachée de la réalité. Et, dans ce cas-ci,
c'est triste parce qu'on pourrait, et le gouvernement... un gouvernement du
Parti québécois s'y engage, là, être plus exigeants via Hydro-Québec et via les
autres bras de l'État, plus exigeants en matière de contenu québécois. Donc, je
voulais le mentionner.
Journaliste : Est-ce que ça
devrait être inscrit dans la constitution québécoise?
M. St-Pierre Plamondon : D'acheter
québécois? Ça va compliquer la tâche aux tribunaux, ça. Oui, allons-y sur la
constitution. Donc, votre question?
Journaliste : Oui. Non, mais
en fait, vous étiez... vous êtes d'accord avec l'adoption d'une constitution,
si je comprends bien. C'est... C'est la façon de le faire qui vous déplaît?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
pas que, pas que. Donc, c'est très important de comprendre les aspects
juridiques d'une constitution québécoise. Si une loi qu'on appelle Constitution
s'inscrit dans l'ordre juridique actuel dans le cadre duquel il y a une seule
constitution qui est la loi fondamentale, c'est la constitution désuète de
1867, la Constitution canadienne. Si on fait juste adopter une loi au Québec,
puis on met le mot Constitution dessus, la vérité, la réalité juridique, c'est
que ça ne génère aucune autonomie supplémentaire pour le Québec. Ça ne change
rien sur le plan de nos pouvoirs. Ça ne change rien non plus en matière d'abus
de pouvoir sous la Constitution canadienne. En clair, ça veut dire que le
gouvernement fédéral va continuer à s'ingérer dans les champs... dans les
champs de compétence du Québec à travers son pouvoir de dépenser. Ça veut dire
que la laïcité va être contredite constamment par le gouvernement fédéral et
son interprétation de la Constitution canadienne en matière de droit à la
religion. Ça veut dire que nos transferts en santé puis tous les autres
dysfonctionnements ne changeront pas.
Donc, ce ne serait pas très honnête de
présenter une Constitution québécoise dans l'ordre juridique actuel, sans faire
un pays, là, en disant que ça va être une loi fondamentale ou un bouclier.
Juridiquement, les effets de ça sont minimes.
Et dernier point. Parce que c'est vrai
aussi qu'il y a un aspect consultation. Même si c'était le cas, et je vous le
dis que ce n'est pas le cas, mais même si c'était le cas, que ça changeait
quelque chose puis c'était vraiment la loi fondamentale d'un pays qu'on est en
train de faire, c'est impossible de faire une constitution sans consulter les
gens puis y travailler de manière ouverte. On n'écrit pas des constitutions sur
un coin de table dans un bureau.
Je vous donne... puis je termine
là-dessus, je vous donne l'exemple de ce qu'on a fait pour la Charte des droits
et libertés québécoise. On a consulté pendant huit, huit ans de préparation,
notamment la commission Prévost, avec des consultations partout au Québec.
Ensuite, on a confié... c'est Robert Bourassa qui a confié à Frank Scott et
Paul Crépeau la première ébauche. Ensuite on l'a réétudiée. Pendant huit ans,
on a travaillé, consulté. Puis on l'a fait publiquement parce que ce sont des
lois importantes.
Il n'y a pas de scénario où la CAQ... en
fait, le ministre Jolin-Barrette va en faire sa bébelle à des fins électorales,
sans consulter ni les Premières Nations ni les autres partis politiques. Ça...
Ce n'est pas sérieux, là.
Journaliste : Mais ce n'est
pas ce que vous voulez faire avec une consultation transitoire? Moi, j'ai
vraiment de la misère à comprendre ça. Pourquoi ne pas juste attendre d'en
faire une vraie au lieu d'y aller avec une transitoire en attendant?
M. St-Pierre Plamondon : Le
Québec est appelé à devenir un pays. Et...
Journaliste : Oui, mais tant
qu'il ne l'est pas.
M. St-Pierre Plamondon : Je
m'en vais là. Et un pays, lorsqu'il naît, il a besoin d'un ordre juridique et
d'une loi fondamentale. Donc, de manière à ce qu'il n'y ait pas de vide au
moment de la déclaration d'indépendance du Québec, on aura fait une
constitution qu'on appelle provisoire et transitoire. En d'autres mots, le mot
le plus simple, c'est temporaire. Pourquoi? Parce qu'une constitution n'a pas
de légitimité si on n'a pas consulté sérieusement toutes les parties prenantes
de la société. C'est comme le contrat social, la constitution.
Donc, en résumé, une constitution n'a pas
de sens si ce n'est pas la constitution d'un pays, parce qu'elle sera une
simple loi subordonnée à une constitution canadienne absolument
dysfonctionnelle et désuète, et, deuxièmement, une constitution n'a de sens que
si les gens ont été consultés. Ça ne peut pas être une bébelle électorale.
Journaliste : Oui, mais là il
propose de faire le travail de votre constitution transitoire déjà, parce que,
si on adopte une constitution, bien, vous n'avez pas besoin de la constitution
transitoire, ce sera déjà là.
M. St-Pierre Plamondon : Pas
nécessairement. Mais vous avez raison de mentionner que, tant qu'on n'a pas vu
le texte, on ne sait pas quelle proportion serait utilisable dans la transition
vers un pays. Mais, comprenons-nous bien, je pense que cette rédaction en vase
clos, sans consulter n'est pas dans la perspective que le Québec est appelé à
devenir un pays, donc il y aura des problèmes d'arrimage.
Journaliste : Est-ce qu'on
vous a dit qu'il n'y aurait pas de consultation? Parce que, là, tout ce qu'on
a, c'est un avis d'intention, là.
M. St-Pierre Plamondon : C'est
ça. Donc, nous, ce qu'on...
Journaliste : Et puis cet
avis d'intention là, là, est amené depuis 1868, là. Tout le monde s'est avancé,
le Parti québécois, Daniel Turp, tout gouvernement qu'on... Jacques-Yvan
Morin...
M.
St-Pierre
Plamondon :Exact. Nous, on constate
qu'il reste...
Journaliste : Tout le monde
s'est avancé là-dessus, là.
M. St-Pierre Plamondon : Exact.
Et moi, je vous dis : On constate qu'il reste seulement six mois de
travaux parlementaires. Pour qu'une constitution sérieuse soit mise en œuvre,
on a besoin minimalement d'une consultation de toutes les parties prenantes de
manière transparente. On a besoin d'avis juridiques. On a besoin d'une
commission parlementaire. On a besoin de... Ça a pris huit ans pour la Charte
québécoise. Je veux dire, ça ne prendra pas six mois parce que Simon
Jolin-Barrette veut un outil électoral, là. Ça ne marche pas, là.
Journaliste : ...générale,
est-ce que ça vous satisferait ou? Parce que, là...
M. St-Pierre Plamondon : Pardon?
Journaliste : Une
consultation particulière, je comprends que ça ne vous va pas, mais une
consultation générale auprès de la population dans le cadre d'une commission
parlementaire, est-ce que ça vous conviendrait?
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne vois pas le scénario dans le cadre duquel un processus sérieux de
constitution va se faire en six mois. Je n'ai pas vu de consultation à ce jour,
donc on part de loin. Et je pense que le plus clair de cette constitution est
déjà rédigé et que ça a été rédigé dans le bureau de Simon Jolin-Barrette, et
ce n'est pas une manière de procéder. Et, dans tous les cas, je vous le dis, la
CAQ va tenter de nous faire croire qu'on réussit là où on échoue
lamentablement, c'est-à-dire que le bilan de la CAQ sur sept ans, c'est des
reculs puis un mépris des demandes du Québec au fédéral. On va tenter de nous
faire croire comme on a tenté avec la modification unilatérale de la
Constitution canadienne. On va faire une bébelle pour tenter de nous faire
croire qu'on réussit alors qu'on est en... on est dans la mitigation du déclin.
Ce serait un symbole, alors qu'on est clairement en déclin, puis ça ne génère
pas de changement sur nos pouvoirs.
Journaliste : Avez-vous peur
de vous faire couper l'herbe sous le pied?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
non, parce que je vous dis...
Journaliste : Parce que la
CAQ la déposerait avant vous.
M. St-Pierre Plamondon : Non,
parce que, moi, je vous dis, dans tous les cas, un gouvernement du Parti
québécois a un plan. Le plan va être déposé dans les prochaines semaines, il
est déjà rédigé, et c'est une partie du livre bleu. Donc, peu importe ce qui va
se produire dans les prochains mois, notre plan ne change pas, il est clair,
donc une constitution transitoire et provisoire qui mène à une véritable
constitution d'un pays après consultation de toutes les parties prenantes, pour
qu'on ait quelque chose de fondamental, solide qui va définir la différence
québécoise.
Journaliste : Il y a
30 ans, Jacques Parizeau voulait donner un an à la négociation avec le
reste du Canada. Vous, vous dites : Il faudrait que la constitution du
Québec, ça prenne huit ans. Puis là, pour désimbriquer...
M. St-Pierre Plamondon : Moi,
je n'ai pas dit qu'il faut que ça prenne.
Journaliste : ...deux
États-providence, il donnait juste un an. Est-ce que vous pensez qu'il faudrait
donner plus de temps que ça pour s'entendre avec le reste du Canada puis
ensuite adopter la constitution?
M. St-Pierre Plamondon : En
fait, deux choses. Je n'ai pas dit qu'il faut que ça prenne huit ans, j'ai dit
que la dernière fois qu'on a fait un processus sérieux, ça a pris huit ans,
donc ça serait surprenant qu'on le fasse en six mois. Mais votre question
reflète pertinemment la raison d'une constitution provisoire. C'est qu'on ne le
sait pas, en fait, les délais de négociation ou les délais de consultation.
Donc, on veut un outil qui est déjà là pour qu'au moment de la proclamation de
l'indépendance du Québec il y ait déjà une constitution, on est déjà
fonctionnel, on dit officiellement : L'ancienne Constitution de 1867, à
laquelle on n'a jamais consenti, ne s'applique plus. C'est la constitution
québécoise jusqu'à ce qu'on termine le processus de consultation qui mène à la
vraie constitution. Ça prend un outil. Donc, c'est pour ça qu'il y a une
transitoire ou une provisoire.
Journaliste : Mais vous, vous
donneriez combien de temps à la négociation avec... pour un partenariat,
mettons, avec le reste du Canada?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ce n'est pas mon rôle de jouer au devin sur la durée des négociations. Il a une
obligation de négocier de bonne foi de... Puis des conventions qui
s'appliquent, là. Si vous allez voir le budget de l'an 1, notamment, on
fait référence aux conventions de partitions qui existent déjà. Donc, je pense
que c'est plus long faire une constitution si vraiment on fait les choses
correctement, comme en témoigne l'exemple de la charte.
Journaliste
: Dans
votre livre, là, M. St-Pierre Plamondon, là, Des jeunes et l'avenir du
Québec, j'ai pris une photo que j'ai à la maison, oui, oui, c'est moi,
j'aime bien cette blague, vous dites à la page 71 : «Je me limiterai
à mentionner qu'un tel projet, s'il se garde d'être un outil de promotion du
nationalisme et du fédéralisme, qui vise plutôt tous les Québécois à titre
citoyen, a le potentiel de donner au Québec des règles de jeu collectives fort
utiles. De plus, ce projet permettrait de discuter de certaines de nos valeurs
communes, telles que celles de la démocratie, et se distinguer en innovant sur
le plan de nos institutions et de nos pratiques.
M. St-Pierre Plamondon :
C'est exact. Bien, en fait, je vais vous en donner plus.
Journaliste
: Là, vous
semblez d'accord avec ça dans la suite des choses.
M. St-Pierre Plamondon :
...mais je vais vous en donner plus que pour votre scoop. J'ai milité...
Journaliste
: Bien, ce
n'est pas un scoop, c'est dans votre livre. Ce n'est pas un scoop, là.
M. St-Pierre Plamondon :
Non, mais dans le sens que vous avez cet outil-là. Je vous en donne un autre.
J'ai milité avec Claude Béland dans son organisme pour une constitution du
Québec. Je suis pour une constitution. Je suis contre les bébelles. Ce n'est
pas pareil. Ce que... L'extrait que vous venez de lire parle clairement de se
doter d'un contrat social commun puis des règles qui nous unissent. Il faut que
je consulte pour faire ça. C'est une insulte à la Constitution que de faire en
vase clos un processus qui doit impliquer tout le monde. Et si vraiment on veut
qu'un jour ce soit la loi fondamentale du Québec, ça prend plus de sérieux
qu'un truc bâclé à vase clos pendant six mois, là.
Journaliste
: Mais le
rapport Proulx Rousseau, est-ce que vous êtes d'accord avec? Il a été déposé
l'année passée.
M. St-Pierre Plamondon :
Je pense que c'est précisément dans ce rapport-là qu'on mentionne que le
processus doit être fait avec sérieux dans le cadre de consultations.
Journaliste
: De façon
transpartisane.
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, voilà.
Journaliste
: Mais êtes-vous
d'accord avec les bases de ce qui est là-dedans?
M. St-Pierre Plamondon :
Oui, mais... Non, mais vous comprenez mon point?
Journaliste
: Oui, oui,
mais est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
M. St-Pierre Plamondon :
Qui a été consulté? Il reste combien de temps? On a... Ça ne tient pas la
route. Je pense qu'on est devant...
Journaliste
: Pas de
pays, pas de constitution?
M. St-Pierre Plamondon :
C'est à dire qu'une constitution sans un pays n'a presque pas d'effet. Ça ne change
concrètement pas grand-chose.
Journaliste
: Pas de
pays, pas de constitution.
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, c'est-à-dire qu'il va y avoir une constitution à l'évidence. Puis à ce
moment-là, si on n'a pas de pays... On peut en avoir une. Je fais juste vous
dire que ça ne changera ni notre autonomie ni les abus de pouvoir du fédéral.
Ça ne changera pas grand-chose. Je veux juste qu'on soit clair.
Des voix : ...
Journaliste
: La
semaine dernière, M. Roberge a dit que le fédéral avait été trop sévère
par rapport à l'immigration en région. J'aimerais vous entendre là-dessus.
Est-ce que vous êtes d'accord? Est-ce que vous pensez qu'il faut effectivement
protéger une immigration temporaire par région pour protéger les entreprises?
M. Paradis : Il y a deux
éléments. D'abord, le fait que le Québec ne maîtrise pas les outils pour avoir
le contrôle de son immigration comme il devrait l'avoir. Et ça, ça rejoint la
discussion qu'on vient d'avoir. On est soumis au gouvernement fédéral. Il y a
eu une dérive idéologique qui a saboté un système d'immigration qui
fonctionnait. Donc ça, c'est le premier élément. Le deuxième élément, c'est
qu'au Québec, on a eu un gouvernement de la CAQ qui, lui aussi, a complètement
perdu le contrôle de l'immigration. C'est le même gouvernement qui, il y a
quelques années, nous disait que l'immigration temporaire, ça ne se planifie
pas parce que ça équivaudrait à une économie planifiée. Et là, aujourd'hui, on
a un ministre qui souffle le chaud et le froid et qui, malheureusement, étale
sur la place publique ces deux problèmes-là, qui est dépendant de ce qui se
passe au fédéral. Et en ce qui concerne la partie que lui maîtrise, bien, il y
a eu malheureusement de graves problèmes de gestion de l'immigration, ce qui
nous a amenés là.
Journaliste
: Et vous
aussi, vous trouvez qu'il y a trop d'immigrants temporaires au Québec. Et là on
voit qu'il y a des entreprises en région qui trouvent que c'est un problème et
qui menacent de fermer s'il n'y en a pas plus. Est-ce que, indépendamment de
qui contrôle, là, est-ce que ce n'est pas un problème que d'avoir diminué le
nombre d'immigrants temporaires en région?
M. Paradis : Ce qui est
important, c'est d'avoir une approche qui est ciblée, qui n'est pas une règle
qui s'applique partout de la même façon. C'est... Il faut planifier. Il faut
une vision. Tu n'arrives pas du jour au lendemain, en disant :
Aujourd'hui, c'est ça, puis tel nombre. Puis, demain matin, c'est ça. Et tu
prends tout le monde par surprise. Et c'est ce qu'on dit, nous, depuis des
années, ça prend une planification, ça prend d'une vision qui va par région,
qui va par secteur. Et ce n'est pas ce qu'on a vu ni du gouvernement fédéral ni
du gouvernement de la CAQ. Et là dessus je vous réfère au plan complet que nous
avons déposé il y a un an, qui parle spécifiquement de ces questions-là et
qu'il n'y a à peu près personne au Québec qui a remis en question parce que
c'est du solide, parce que c'est justement cette vision-là qui est de dire que
ça nous prend une politique qui convient à nos besoins et aux besoins distincts
par secteur et par région.
Journaliste
: Pour
revenir rapidement sur la constitution, M. St-Pierre Plamondon, je veux
vous entendre sur un tweet de Ruba Ghazal, ce matin. Elle dit : Ni une
constitution province écrite par Simon Jolin-Barrette ni un référendum perdant
de Paul St-Pierre Plamondon. Plus que jamais, le Québec a besoin d'une
constitution d'un Québec indépendant écrite par et pour le peuple. C'est ce que
QS propose depuis sa fondation. Avez-vous toujours l'impression que Mme Ghazal et
QS sont à vos côtés dans la... dans votre campagne référendaire?
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai pas de commentaire à faire sur les multiples déclarations de QS.
Journaliste
: Mais une
constituante, est-ce que ça vous intéresserait, vu que vous dites qu'une
constitution, ce n'est pas une bonne chose, écrite comme ça dans... en vase
clos?
M. St-Pierre Plamondon : On
dépose notre livre bleu sur la séquence qui mène à la constitution. On a un
plan de match, puis c'est ça qu'on va offrir aux Québécois...
Journaliste
: Est-ce
qu'il y a une constituante dedans?
M. St-Pierre Plamondon : C'est-à-dire
qu'il y a une consultation lors de la proclamation de l'indépendance qui mène à
une constitution après des consultations. C'est toujours ça qu'on a prôné, au
Parti québécois. Puis je laisse à Québec solidaire ses déclarations.
Journaliste
: Est-ce
qu'il y aura une place pour QS sur l'autobus du camp du Oui? Est-ce que vous
allez les accepter sur l'autobus ou ils vont s'en louer un autre?
M. St-Pierre Plamondon :
C'est... On est toujours... On est toujours sur cet... Ça me fait rire, cet
autobus. J'ai bien hâte de voir c'est quoi, cet autobus-là. À chaque fois, on
est comme : Qui on va mettre sur l'autobus du camp du Oui?, comme s'il
fallait pousser de force du monde puis dire : Arrangez-vous. Vous allez
probablement voir plutôt différentes campagnes de gens qui ne s'entendent pas
sur plein de sujets mais qui s'entendent sur le Oui et qui auront toute la
liberté de faire valoir, de leur point de vue, pourquoi c'est le Oui qu'il faut
qui gagne, sans avoir eu à se mettre d'accord ou à se piler sur les pieds dans
le même autobus orange, là, tu sais, dans le sens... il y a des limites à... Ça
fait que, souvent, cette question-là de qui va être sur l'autobus, ça me fait
rire, je veux dire...
Journaliste : On va la poser
autrement.
Journaliste : La famille...
La famille souverainiste est dysfonctionnelle?
M. St-Pierre Plamondon :
...toujours, c'est... Qui va être au... sur les premières banquettes? Qui tu
vas placer... Ce n'est pas un autobus d'école.
Il y aura plusieurs campagnes en parallèle pour le
Oui.
Journaliste : Non, non, mais
ne parlons pas de l'autobus, parlons de la famille. La famille souverainiste...
La famille souverainiste est dysfonctionnelle?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
je n'ai pas dit ça.
Journaliste : Bien, c'estparce
que QS vous dit que votre référendum, ça n'a aucun sens, puis il est pour le
Oui.
M. St-Pierre Plamondon : Oui,
mais QS dit plusieurs choses dans une semaine, là, je veux dire...
Journaliste
: Bien oui,
mais c'est... Est-ce que, pour vous, c'est un parti souverainiste ou ce n'en
est pas un?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ils disent qu'ils sont souverainistes. On va espérer que ce soit vrai. Mais
donc attendez-vous, lors de cette campagne, qui est notre rendez-vous ultime
avec la réussite d'un destin qui se doit d'être réussi... attendez-vous à ce
qu'on laisse des gens qui ne sont pas d'accord sur plein de sujets simplement
faire leurs campagnes du Oui en disant : Indépendamment de l'autre groupe
qui dit ça sur un autre sujet, on est d'accord sur le Oui, puis là il faut
régler cette question-là, on sera enfin une démocratie normale.
Journaliste
: Sur le
bulletin de vote, est-ce qu'il pourrait y avoir plus d'une question
référendaire?
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
mais ça, vous allez adorer notre livre bleu là-dessus.
Journaliste
: Bien, on
a hâte de le voir parce que, câline...
M. St-Pierre Plamondon : Ah!
le temps commence à...
Journaliste
: ...on
était censés le voir avant la fin de l'année.
M. St-Pierre Plamondon :
Mais, si on pouvait... si on pouvait arrêter de faire des élections partielles,
ça nous aiderait, ça nous aiderait, mais... On ne peut pas dire que le Parti
québécois a chômé dans les derniers mois, mais on va respecter notre
engagement, n'ayez pas peur.
Journaliste : Sur un autre
sujet, un individu membre d'un club affilié des Hell's Angels qui veut se
présenter comme conseiller municipal en Estrie, vous en pensez quoi?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est comme plein de candidatures dans le cadre duquel la formation politique
qui a fait ce choix-là doit exercer son jugement, là, dans le sens, le... c'est
aux partis politiques de choisir si une candidature est une contribution ou si
c'est un boulet pour la campagne. Et moi, je crois que la démocratie est bien
faite de ce point de vue là, là. Il y a toutes sortes de profils qui peut
s'intéresser à la politique, puis les gens ont le dernier mot. C'est comme ça
que ça fonctionne.
Journaliste
: Mais à
partir du moment où c'est un indépendant?
M. St-Pierre Plamondon :
Veux-tu le prendre?
M. Paradis : ...
M. St-Pierre Plamondon :
Hein?
Journaliste : S'il est
indépendant... Vous parlez de parti politique qui a à prendre... mais, si c'est
un conseiller... un candidat indépendant, bien, il a tout le loisir de se
présenter, comme vous dites, puis c'est correct?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est-à-dire, je n'ai pas regardé le profil. Est-ce qu'on a...
Journaliste
: Il est
candidat indépendant. Il est même au club affilié puis...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais est-ce qu'on a quelqu'un qui a commis des actes criminels?
Journaliste : Non, il n'y a
pas d'acte criminel, mais il est clairement avoué comme étant club
sympathisant.
M. St-Pierre Plamondon : Il
se présente tel quel? Parce que je ne connais pas cet individu.
Journaliste : ...pas présenté
à la mairie, mais... considéré comme...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais il se présente ouvertement comme étant un affilié du crime organisé?
Des voix : Oui.
M. St-Pierre Plamondon : Je
vais vous revenir sur une politique publique parce que ce n'est pas simple. Si
l'État québécois commence à dicter qui qui a le droit puis qui n'a pas le droit
de se présenter alors qu'il n'y a pas d'acte criminel en cause, on tombe dans
de l'arbitraire qui va mener à des abus politiques. Puis, en même temps, ce
n'est pas acceptable d'avoir quelqu'un affilié au crime organisé qui dit :
Moi, je vais vous arranger ça, la politique municipale. Donc, laissez-moi un
deux, trois heures de réflexion sur quelle politique publique on pourrait
tenter d'échafauder. Mais il y a un caractère non acceptable de la situation.
Il ne faut pas pour autant que ça mène à des abus où est-ce que ce serait moi,
supposons, arbitrairement, à partir de l'Assemblée nationale, qui commence à
dire : Toi, tu es dans une association de tennis, tu n'as pas le droit de
te présenter. Toi, je n'aime pas tes idées, tu n'as pas le droit de te... Tu
sais, on ne peut pas tomber là-dedans non plus. Je vous reviens avec une
réponse.
Journaliste
: Bien, les
Hell's échangent des balles, mais ce n'est pas les mêmes qu'au tennis.
M. St-Pierre Plamondon : Bon
point.
Le Modérateur
: On va
prendre une dernière... On va prendre une dernière en français.
Journaliste
:
Concernant la transformation numérique en santé, on voit ce matin qu'il y avait
des clauses particulières dans le contrat pour toute la transformation du
système financier, de l'approvisionnement, c'est un... donc, sur le projet qui
a été suspendu par Santé Québec, depuis quelque temps, Santé Québec répète
qu'ils ont hérité d'un projet mal ficelé du ministère de la Santé et des
Services sociaux. C'est un projet qui a été signé en 2024 sous le gouvernement
de la CAQ. Quoi penser de tout ça? Est-ce qu'on devrait élargir la commission
d'enquête publique sur les projets informatiques?
M. Paradis : Bien, je vous
dirais que pas mal toutes mes réponses étaient dans votre question. Voilà un
gouvernement qui, depuis des mois, nous répond ceci : Nous ne sommes
responsables de rien, il n'y a aucun ministre qui n'est responsable de rien,
nous avons hérité d'un gâchis du précédent gouvernement, c'est le précédent
gouvernement qui a signé les contrats informatiques.
Et qu'est-ce qu'on apprend aujourd'hui?
Ah! voilà un contrat informatique signé par ce gouvernement qui contient des
clauses aussi malheureuses que les contrats précédents, qui nous attachent, qui
fait en sorte qu'on paie à l'avance des sommes très importantes de l'argent
durement gagné par les contribuables, qu'il n'y a à peu près aucune
imputabilité. Alors, c'est le problème qui se perpétue.
Et nous avions demandé dès le départ que
la commission d'enquête ne porte pas uniquement sur le scandale SAAQclic mais
qu'elle porte sur plus de contrats, certainement ceux en santé, sinon
l'ensemble des contrats informatiques. Parce qu'actuellement ça ne va pas du
tout. On se rappelle que ce gouvernement, un de ses chevaux de bataille en
2018, c'était les contrats informatiques. François Legault lui-même en avait
fait son affaire personnelle. Le ministre Éric Caire s'était présenté comme le
shérif des contrats informatiques.
Voilà où nous en sommes aujourd'hui. Il va
falloir une vision globale de ces contrats-là, qu'est-ce qu'on met dedans, donc
il y a des questions juridiques, il y a des questions de transparence, il y a
des questions de rapportage. Quand on parle de centaines de millions de
dollars, où on arrive avec des napperons qui sont envoyés, là, aux ministères,
ça ne fonctionne pas, et surtout il y a une question d'imputabilité des hauts
fonctionnaires. Et là-dessus, on est arrivés avec des propositions, là, pas
plus tard que la semaine dernière.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais.
Journaliste
: The CAQ Government has been thinking about putting together a
Québec constitution for such a number of years, so why do you think this work
could be botched, like could not be…
M. St-Pierre
Plamondon :
Thank
you for asking the question. That's precisely the issue here. It was in
documents of the CAQ, sometimes in the 2015 I think already. So, why did they
do exactly nothing from 2018 until today? And, at the end, they throw this with
six months to go and no consultations whatsoever that have been done. It's…
It's not serious and it's a bit insulting for what could be, what could become
at some point the fundamental law of a new country, Québec.
So, of course, we're not
going to accept that, not because we disagree with the idea of a constitution,
but simply because a constitution only makes sense if it's the fundamental law
of a country, it would not be the case within Canada, and only if you've been
consulting and thinking with everyone in your society so as to have legitimacy
at the end of the process. We're not going to achieve this, given this… you
said botched.
Journaliste
: Botched operation.
M. St-Pierre
Plamondon : Botched operation. I think that
quote is… is accurate.
Journaliste :
But they've done some work prior to
this with the committee on those big questions to give more powers to Québec.
And that was the first recommendation. So that's been going on for months. So,
there is consultation.
M. St-Pierre
Plamondon :
I
have never seen… I have never seen any legal document that would be a first
draft of that constitution. We called the First Nations, we did a few phone
calls to look around, is there anyone who received that phone call :
Here's a first draft, we're not going to… going on that right, we're going to
add something that doesn't exist in the Canadian constitution, we're going to
do this and that. We've been through. No one. No one. So, you cannot have
legitimacy.
And, to answer your
question, the reason is there's a will for Simon Jolin-Barrette to have his
electoral thing. And it's not the first time they do that. Think of Northvolt,
think of the “troisième lien”. You throw something because it looks good, you
haven't worked your… you haven't done your homeworks and always finishes in the
same way. It's always afterwards a disaster because it's not the proper way to
work. Governments should be working in terms of delivering the best quality in
terms of public policy, not in terms of having a good media cycle for three
days, because it's going to bite you back, of course.
Journaliste
: What would it change in Québec's legal status within the... within
the Federation. What... Does it change anything? Does it... They say it's a
shield for the Québec nation in Canada.
M. St-Pierre
Plamondon :
And
how is that? Please, ask the question. OK, you say it's a shield. Is it going
to change Québec's autonomy? Is it going to change the current interpretation
of the Canadian Constitution, with all the problems it generates in terms of
trespassing the responsibilities of provinces? Ask the question, and you'll see
there's no clear... there's no solid answer, because it's not going to change
much. What is... what is going to happen, though, and it's very sad, the Québec
Constitution, being a simple law that is dependent on the fundamental law that
is the Constitution of 1867, will be interpreted in the light of the current
Canadian Constitution. So, it's sad, because the intention will be canceled by
the juridical order of the current state of Canada, and that's why it only
makes sense to have that constitution if you're a country, and it becomes
genuinely your fundamental law. It's not the case here.
Journaliste :
...the Constitution is a document that
Québec has never accepted, so...
M. St-Pierre
Plamondon :
Never
accepted 1867, never accepted 1982 neither. But 1982 does say... I think it's
Section 52 that says it's the fundamental law, and there's no law that is
stronger than the interpretation of the Canadian Constitution. That is not
changing, because the CAQ, in last resort, throw a simple law, and they put the
name "Constitution" on it, and that's our point. So... long that we
all understand each other on that reality — it's not an opinion, it's just a legal fact —
then we can have a conversation as to what's going on.
But it's not true to say that it will become the fundamental law of Québec. The
fundamental law of Québec, unfortunately, for us, is still the Constitution,
Canadian Constitution of 1867. If you... if you want evidence of that, the
lieutenant-gouverneur, the lieutenant governor was here to start our
activities. I mean, it couldn't be more clear than that.
(Fin à 10 h 59)