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(Treize heures dix-huit minutes)
Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue
à cette conférence de presse du Commissaire à la langue française, Benoit Dubreuil,
concernant son rapport sur les étudiants internationaux et le français. Il est
accompagné aujourd'hui d'Éric Poirier, commissaire adjoint. M. Dubreuil,
je vous laisse la parole.
M. Dubreuil (Benoît) : Bonjour
à tous. Merci d'être ici. Alors, nous avons déposé ce matin, à l'Assemblée
nationale un nouveau rapport intitulé Les étudiants internationaux et le
français; bâtir pour durer. Ce rapport vise à faire la lumière sur
l'évolution récente du nombre d'étudiants internationaux dans les établissements
d'enseignement francophones au Québec. Il présente aussi des recommandations
dans le but d'établir des pratiques de recrutement compatibles avec les
objectifs de la Charte de la langue française. L'analyse qui est présentée
s'appuie sur des données des gouvernements du Québec et du Canada, mais aussi
sur 35 entretiens réalisés auprès de représentants des ministères pertinents et
des organisations du domaine de la formation professionnelle, collégiale et
universitaire.
Alors, au Québec, le français occupe une
place traditionnellement défavorable chez les étudiants et les diplômés
internationaux. Alors, c'est une situation qui s'explique principalement par
leur concentration dans les établissements anglophones. À partir de 2021,
plusieurs établissements d'enseignement francophones ont connu une croissance
rapide de leur nombre de demandes d'admission, principalement attribuable à
l'Afrique francophone. À première vue, cette évolution était prometteuse pour
la situation du français, car les étudiants francophones qui étudient en
français sont les seuls dont l'utilisation du français au travail se rapproche
de la moyenne québécoise. Le recrutement et la rétention des étudiants
francophones est d'ailleurs un objectif du gouvernement du Québec dans son plan
pour la langue française rendu public en 2024. Néanmoins, la hausse que nous
avons connue a fait surgir des enjeux. Des collèges ont développé des modèles
d'affaires centrés principalement sur le recrutement d'étudiants
internationaux. L'intégrité des processus d'admission et d'immigration n'a pas
toujours été respectée. Plusieurs personnes sont arrivées en étant visiblement
mal préparées aux études au Québec et, finalement, plusieurs titulaires d'un
permis d'études ne se sont pas présentés dans l'établissement qui les avait
admis ou encore ont déposé une demande d'asile.
Alors, de façon plus précise, notre
rapport montre que la hausse du nombre de demandes d'admission à partir de 2021
a été particulièrement concentrée dans un certain nombre d'universités francophones
et de collèges privés qui ont soudainement reçu plusieurs milliers de demandes
venant d'Afrique francophone. Cette hausse avait parfois été recherchée, alors
que, dans d'autres cas, elle était plutôt imprévue. Les établissements ont
appliqué les mécanismes d'admission en vigueur. Cependant, ces mécanismes
n'étaient pas toujours suffisants pour assurer l'intégrité des processus,
l'authenticité des projets d'études et la préparation des candidats.
Les difficultés s'expliquent notamment par
le fait qu'un bon nombre de candidats ont été accompagnés dans leurs démarches
par des intermédiaires qui ont cherché à profiter des faiblesses dans les
procédures d'admission et d'immigration pour faire venir des candidats qui
étaient peu préparés aux études au Québec. Dans d'autres établissements,
notamment les centres de services scolaires et les cégeps, la hausse des
demandes a été moindre en importance et des pratiques personnalisées
d'accompagnement sont venues limiter les enjeux à l'arrivée.
Alors, les mécanismes mis en place par le
gouvernement du Québec n'ont pas permis de prévenir l'émergence des problèmes
que nous avons documentés. À partir de 2021, des mesures ont été mises en œuvre
par le gouvernement pour assurer la qualité des services offerts par les
collèges privés. Toutefois, ces mesures visaient à limiter les risques de
fraude par les établissements eux-mêmes, elles ne visaient pas à protéger les
étudiants contre les intermédiaires actifs depuis l'étranger ni à bien préparer
ces étudiants à leur arrivée au Québec.
De leur côté, les agents fédéraux
d'immigration ont cherché à valider l'authenticité des projets d'étude des
étudiants internationaux. Cependant, les outils à leur disposition pour ce
faire étaient limités. À partir de 2024, les gouvernements du Québec et du
Canada ont pris conscience des enjeux liés à la croissance subite du nombre de
résidents non permanents et ont adopté plusieurs mesures dans le but de
resserrer la délivrance des permis d'études. Ces resserrements sont venus corriger
certains abus, mais ils ont aussi entraîné une chute marquée de l'intérêt pour
les études au Québec et au Canada, notamment dans les établissements
francophones.
Aujourd'hui, cette situation soulève des
doutes quant à notre capacité à mettre sur pied des politiques durables et
cohérentes pour renforcer la place du français parmi les étudiants et les
diplômés internationaux.
Le Québec a un intérêt stratégique à
renforcer ses liens avec la francophonie internationale par le recrutement et
la rétention d'étudiants internationaux. Néanmoins, plusieurs changements
demeurent nécessaires pour établir un système qui renforcera durablement la
situation du français. Nous formulons donc 11 recommandations à l'intention du
gouvernement du Québec. Les premières visent à appuyer le déploiement d'une
approche cohérente et robuste en Afrique francophone.
Nous recommandons au gouvernement
d'établir un consortium pour la promotion et la préparation des études au
Québec. Ce consortium regrouperait les expertises en matière de contrôle de
l'intégrité et gérerait un portail unique pour le dépôt des demandes
d'admission des étudiants internationaux.
Deuxièmement, nous recommandons au
gouvernement de viser une répartition des étudiants internationaux plus
favorable au français. Nous proposons ainsi de limiter à 15 %, sauf
exception, la proportion d'étudiants internationaux dans chaque établissement
afin... et de s'assurer aussi que les cégeps et les CSS à l'extérieur de
Montréal aient la capacité de maintenir, voire d'accroître le pourcentage
d'étudiants internationaux qui nous accueillent, et finalement de ne plus
autoriser des programmes reposant principalement sur le recrutement d'étudiants
internationaux.
Troisièmement, nous proposons de renforcer
le système d'accueil et d'intégration des étudiants internationaux. Ainsi, cet
accueil et cette intégration devraient être une composante clé de la politique
nationale sur l'intégration qui est présentement en élaboration. Ensuite, le
gouvernement devrait transférer aux établissements la responsabilité de gérer
les bourses d'études et les exemptions de droits de scolarité pour les
étudiants internationaux, de façon à ce que les sommes puissent être affectées
d'une manière plus efficace à la rétention et à l'intégration des étudiants.
Quatrièmement, nous considérons essentiel
d'atteindre une plus grande cohérence dans les politiques d'immigration. Nous
recommandons au gouvernement d'abolir le volet Diplômés du Québec du Programme
de l'expérience québécoise, tout en favorisant, dans l'immigration permanente,
la sélection des diplômés des établissements francophones. Nous lui
recommandons aussi de réclamer du gouvernement fédéral la pleine responsabilité
de la délivrance des permis de travail postdiplôme, puis de renforcer la collaboration
avec IRCC dans le but de mieux valider en amont, au moment de l'admission par
l'établissement et de la délivrance du CAQ, les éléments susceptibles
d'accroître le taux d'acceptation des demandes de permis d'études.
Alors voilà, je vous remercie de votre
attention et maintenant je suis disponible pour répondre à vos questions.
Le Modérateur
: Merci.
On va effectivement passer à la période des questions, en commençant avec
Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.
Journaliste
: Bonjour
M. Dubreuil. Donc, à la recommandation 5, vous dites que «le gouvernement
du Québec devrait ne plus autoriser les programmes qui reposent principalement
sur le recrutement d'étudiants internationaux». Est-ce que... Donc, de quel
programme parlez-vous? Dans quel établissement? Est-ce que vous pensez, entre
autres, à des programmes comme ceux de soins infirmiers qui, en région,
attirent une majorité d'étudiants, par exemple d'Afrique?
M. Dubreuil (Benoît) : De
façon générale, en région, il n'y a pas, à ma connaissance, de programmes qui
misent principalement sur le recrutement d'étudiants internationaux. Ce qui se
passe, c'est qu'on a entre 10 et 15 établissements, niveau collégial, au
niveau de la formation professionnelle dans la région de Montréal, qui ont
développé ce modèle d'affaires. Et, pour nous, c'est un modèle d'affaires qui
soulève des risques trop importants, que ce soit pour les investisseurs, que ce
soit pour les étudiants. Parce qu'évidemment, à partir du moment où il y a un
changement dans les politiques d'immigration, le modèle d'affaires s'écroule.
C'est aussi, à notre avis, des contextes qui ne sont pas tout à fait favorables
à l'intégration des étudiants internationaux, dans la mesure où ceux-ci vont
pouvoir étudier au Québec pendant quelques années, mais sans être en contact
avec des étudiants québécois.
Donc, pour nous, ça va à l'encontre des
objectifs de la Charte de la langue française, qui misent non seulement sur
l'utilisation et l'apprentissage du français, mais aussi sur la volonté de
susciter une adhésion, une contribution à la culture québécoise. Donc, pour
nous, ça implique qu'il y ait des contacts entre les étudiants internationaux
et les étudiants québécois.
Journaliste
: Très
bien. Puis, concernant votre recommandation d'abandonner le PEQ Diplômés,
est-ce que vous pouvez m'expliquer? Parce que chez, par exemple, les acteurs du
milieu de l'éducation, dans le milieu universitaire, en tout cas, ils
souhaitent le retour de ce programme-là. C'est souhaité par les étudiants issus
de l'immigration eux-mêmes. Alors, pourquoi vous recommandez ça?
M. Dubreuil (Benoît) : Parce
qu'avec mon équipe on a essayé de développer un modèle qui nous permettait de
prédire combien il y aurait de personnes qui se présenteraient au PEQ, en
fonction du nombre de CAQ que le gouvernement délivrait. On s'aperçoit que
c'est à peu près impossible de prédire combien de gens vont se présenter au
PEQ. Ce qu'on constate, c'est qu'au cours des années, des dernières années,
quand on a notamment déplafonné le PEQ pour le volet Diplômés, on n'avait pas
la capacité de savoir combien il y aurait de gens qui se présenteraient à
l'immigration. Pourquoi? Parce qu'entre le nombre de CAQ que le gouvernement
délivre et le nombre de permis d'études qui vont être obtenus entre le nombre
de permis d'éudes qui vont être délivrés, puis le nombre de personnes qui se
présentent effectivement sur le territoire, on est dans des... C'est très, très
difficile, en fait, de comprendre comment on passe d'une étape à l'autre. Les
chiffres sont très, très difficiles à interpréter.
Donc, si on était capable d'avoir un
système où on était capable de dire avec certitude : On délivre tant de
CAQ, on va avoir tant de personnes au PEQ, on pourrait déjà avoir une certaine
discussion. Mais, je vous dis, en ce moment, là, c'est pratiquement impossible.
Journaliste
: Ce ne
serait pas possible de mettre un plafond ou de...
M. Dubreuil (Benoît) : C'est
parce que, pour l'instant, on ne sait pas combien de permis d'études vont...
combien il faut délivrer de CAQ pour obtenir tant de permis d'études, puis
comment il faut délivrer de permis d'études pour avoir tant de diplômés...
Journaliste
: Donc, vous
craignez que des gens soient pris avec une impossibilité au fond d'être admis?
M. Dubreuil (Benoît) : C'est
la situation qui s'est présentée en 2018-2019. C'est la situation qui s'est
représentée aussi à l'automne 2024, où le ministère, en fait, a
probablement essayé de dire : Mais nous, on pense qu'il va y avoir tant de
candidats qui vont se présenter au PEQ. Puis finalement on s'aperçoit que le
nombre devient beaucoup plus important que ce qu'on avait prédit.
Vous savez, on ne savait pas... on a de la
difficulté à dire avec précision combien qu'il y a d'étudiants étrangers en
formation professionnelle, par exemple. C'est des formations de 18 mois. On a
augmenté de façon extrêmement importante le nombre de CAQ délivrés pour ce type
de formation là. C'est impossible de faire des mathématiques puis de planifier
quelque chose. Peut-être que dans cinq ans, s'il y a des resserrements qui sont
mis en place, on va avoir réussi à recréer un certain ordre dans le système,
une certaine stabilité, puis on va pouvoir dire : Mais quand on admet tant
de personnes à l'immigration, ça nous donne tant de diplômés cinq ans plus
tard. Mais, pour l'instant, c'est absolument impossible de faire cet exercice.
Donc, plutôt que de faire des promesses
aux gens qui vont être admis avec certitude par un programme d'accès rapide à
la résidence permanente, je pense qu'on est mieux, tout simplement, là,
aujourd'hui, de renoncer à ça, de mettre nos choses en ordre. Puis, peut-être,
éventuellement, plus tard, si on réussit à rétablir un certain ordre dans le
dossier, on pourra reconsidérer la question.
Le Modérateur : Je vais juste
me permettre une question tout de suite, je m'excuse à mes collègues, là, mais
comme on est sur le sujet. M. Dubreuil, bon, vous proposez un plafond à
15 % par établissement du nombre de demandes d'étudiants étrangers. Ceci
étant dit, il y a déjà des plafonds généraux, là, mis en place, au Québec, là,
dans les établissements universitaires collégiaux. Donc, en quoi, selon vous,
cette mesure-là, cette recommandation-là changerait les choses?
M. Dubreuil (Benoît) : C'est
ça, c'est que la décision pour le plafond, le gouvernement doit la refaire
chaque année. Donc, l'année dernière, ils ont pris une décision sur la base des
informations qu'ils avaient sur la base de l'analyse qu'ils ont pu faire, ils ont
réduit les programmes courts par exemple, puis ils ont réduit un certain nombre
de collèges qui avaient admis énormément de gens, mais ils n'ont pas
nécessairement une théorie plus précise de comment ils vont atteindre les
objectifs de la loi, qui leur demande notamment de tenir compte de la situation
du français. Donc, moi, l'avis que je leur formule, c'est de faire des
ajustements supplémentaires pour l'année qui vient et les années subséquentes.
Alors, quand on a des établissements qui
sont largement au-dessus de ce seuil, de réduire progressivement le nombre de
CAQ délivrés, puis, quand on a des établissements, je pense par exemple à des
collèges, des cégeps en région, par exemple, qui ont déjà très peu d'étudiants
étrangers et qui ont reçu un nombre, un quota de CAQ très, très faible, moi, je
pense qu'on peut augmenter, on peut réallouer les CAQ.
De façon générale, ma lecture, en fait,
note lecture, c'est qu'il n'y a pas nécessairement trop d'étudiants étrangers
au Québec, le 15 % dont je parle, on est déjà en dessous de ça, il s'agit
plutôt de réallouer les étudiants pour s'assurer qu'on a plus de mixité puis
qu'on amène les gens dans des contextes d'intégration qui sont plus favorables.
Le Modérateur : À peine...
vous aviez à peine déposé votre rapport plus tôt aujourd'hui que
Mme Biron, la ministre de l'Enseignement supérieur, est allée dire que
c'était un peu irréaliste, là, de mettre en place un plafond comme ça,
généralisé, elle parlait davantage d'ajustements paramétriques puis a d'ailleurs
rappelé qu'actuellement la proportion, c'est 13 %.
M. Dubreuil (Benoît) : Oui.
Mais notre ajustement qu'on propose, il est paramétrique, c'est-à-dire c'est de
viser un 15 %. Donc, si vous êtes largement au-dessus, les paramètres font
que vous diminuez. Si vous êtes largement en dessous, les paramètres font que
vous pouvez augmenter. Donc, c'est un ajustement paramétrique.
Ce qu'on mentionne cependant, c'est
l'importance d'avoir quelques exceptions pour des situations qu'autrement on
n'est pas capables de gérer autrement. Donc, on parle par exemple des cégeps
qui sont en régions éloignées, qui sont la seule offre de services, par exemple
à Matane, à Baie-Comeau ou à Saint-Félicien, on ne peut pas réduire parce
qu'eux sont très largement au-dessus de 15 %, OK? Mais, par contre, si on
les réduit, mais là on réduit l'offre de programmes pour les étudiants
québécois dans la région. Donc, nous, on propose une exception pour ça.
Même chose pour le volet doctoral. Donc,
on sait que dans le doctorat, en ce moment au Québec, on est largement
au-dessus. Éventuellement, moi, j'aimerais qu'on ait... qu'on réussisse à
corriger un peu des choses aussi au niveau doctoral, mais, pour l'instant, on
propose d'exclure parce que ça soulève des questions qui sont liées au financement
de la recherche. Donc, mais nous, pour l'instant, si on parle du baccalauréat,
si on parle du niveau collégial, si on parle de la formation professionnelle,
ce n'est pas du tout irréaliste, là.
Le Modérateur
: Merci.
Caroline Plante, La Presse canadienne...
Journaliste
: Bonjour,
M. Dubreuil. Bien, je me demandais tout simplement une petite précision,
là. Quand vous parlez qu'il y a 10 à 15 établissements à Montréal qui ont
développé un modèle d'affaires qui misent principalement sur le recrutement
international, est-ce que vous les nommez, ces établissements, dans votre
rapport? Pouvez-vous les nommer?
M. Dubreuil (Benoît) : Alors,
dans notre rapport, on a une annexe de chiffres, là, qui est très, très, très
détaillée. Donc, je n'ai pas la page exacte, mais...
Journaliste : OK. Bien, en
gros, ma question, c'est quels établissements sont les plus problématiques,
disons?
M. Dubreuil (Benoît) : Bien,
problématiques, disons qu'ils ont joué... Moi, je n'ai pas de raison de penser
que les gens n'ont pas respecté les règles du jeu, c'est juste que les règles
du jeu les amenaient à aller dans cette direction-là. Donc, vous avez... si
vous prenez l'annexe en question, on pourra retrouver le numéro, peut-être que
M. Parent devant vous pourra vous la donner, et là vous avez le nombre de
CAQ, de permis d'études, qui a été demandé et délivré par établissement. Donc,
il y en a à peu près cinq au niveau collégial puis peut-être entre cinq et 10,
là, ça dépend où vous mettez la ligne, du côté de la formation professionnelle.
Journaliste : Mais
pouvez-vous tout simplement, en conférence de presse, comme ça, les nommer,
nommer les...
M. Dubreuil (Benoît) :
Bien, c'est ça, écoutez, je vais y aller pour le volet collégial. C'est sûr que
le collège TAV, le collège LaSalle, mais surtout l'Institut Teccart, le collège
universel, Ellis sont les collèges qui ont admis beaucoup, beaucoup, beaucoup
d'étudiants. C'est des collèges, dans plusieurs cas, qui ont de longs historiques,
là, ce n'est pas des collèges qui ont été créés sur mesure pour ça, mais qui
ont pris cette tangente parce qu'aujourd'hui le marché, la réalité des règles
de financement, les amenait dans cette direction-là. Pour moi, c'est un
problème, on n'aurait pas dû en arriver à cette situation-là, mais c'est de ça
dont on parle.
Journaliste : Puis, le
plafond de 15 %, concrètement, là, sur le terrain, comment ça
s'appliquerait? Puis, s'il y a des établissements qui dépassent de 15 %,
est-ce qu'il devrait y avoir des pénalités ou...
M. Dubreuil (Benoît) : Bien,
nous, on propose d'ajuster la délivrance de CAQ chaque année. Donc, si vous
êtes au-dessus, l'année suivante, vous avez beaucoup moins de CAQ. Puis, si
vous êtes en dessous, bien là on peut augmenter vos CAQ. Par exemple, il y a
des cégeps en région qui vont avoir 5 % d'étudiants étrangers, puis là on
leur donne à peine le nombre de CAQ pour maintenir leur 5 %. Bien,
honnêtement, on peut augmenter le nombre de CAQ pour ces collèges-là, on peut
même le doubler, là. Même s'il passait à 10 %, il n'y aurait pas d'enjeu,
là.
Journaliste : Et, bien, pour
répondre à ma question sur les sanctions ou les pénalités, si jamais on...
M. Dubreuil (Benoît) : Bien,
moi, je le verrais comme ça. Je pense que la pénalité, ce serait que l'année
suivante, l'établissement en ait moins. Donc, une sorte de mécanisme
d'ajustement paramétrique, comme on disait, oui.
Journaliste : Ce n'est pas
lourd en termes de bureaucratie?
M. Dubreuil (Benoît) : Bien
non, c'est-à-dire le calcul, il doit être fait. Donc, ça prend quelqu'un qui
est capable d'établir un paramètre d'ajustement, là, donc, mais quelqu'un qui
est bon avec Excel en général est capable de faire ça assez vite.
Le Modérateur : Merci. Hugo
Pilon-Larose, La Presse.
Journaliste
: Bonjour.
Au point n° 7 concernant l'intégration dans vos
recommandations des étudiants internationaux, est-ce que dans... auprès des
gens des collèges et des universités que vous avez consultés, vous avez vu
certains endroits qui ont de bonnes pratiques qui mériteraient d'être
répliquées? Pouvez-vous nous donner peut-être une anecdote ou une histoire qui
l'illustre?
M. Dubreuil (Benoît) : Oui.
Bien, je vais vous donner des... Pour moi, les bonnes pratiques d'abord, c'est,
quand vous admettez quelqu'un, vous le rencontrez, OK, juste parler à la
personne dans une rencontre Teams, dans une rencontre Zoom pour s'assurer que
la personne, elle sait qui vous êtes, elle sait où elle s'en va, peut parler
français, est capable de communiquer avec vous, premièrement, aussi, que la
personne existe, qu'elle correspond à la personne qui a introduit le dossier,
puis vous pouvez lui expliquer qu'est-ce qu'il y a d'intéressant dans votre
établissement.
Des webinaires, de plus en plus, là, les
établissements vont développer des webinaires qu'ils vont offrir aux candidats.
Il y en a qui vont rencontrer les parents aussi. Superimportant de rencontrer
les parents. Il y a plein de jeunes de 19 ans, 20 ans qui vont
s'endetter, la famille va s'endetter. Il faut que le parent sache dans quoi il
s'embarque. Des webinaires sur le système d'immigration, sur le système
d'éducation, sur le coût de la vie. Il faut que la personne sache c'est quoi,
le coût de la vie. Il y a des gens qui sont arrivés qui sont tombés, là, dans
des... ils sont tombés en bas de leur chaise parce que, justement, ça coûtait
infiniment plus cher que ce qu'on leur avait expliqué. Il y a des gens qui
viennent, ils disent : Bien, moi, je vais réussir à payer mes droits de
scolarité puis à vivre en travaillant 24 heures semaine. Ça ne marche pas,
ça ne fonctionne pas. Cette personne-là, là, il y a quelqu'un qui ne lui a pas
donné la bonne information. Elle se met dans une situation dangereuse. Donc la
préparation, le jumelage, excellent, le jumelage avec des... soit avec d'autres
étudiants étrangers qui sont là depuis un peu plus longtemps, idéalement aussi
avec des étudiants québécois qui sont prêts à entrer dans une relation
interinterculturelle. Des semaines d'accueil. Il y a des cégeps, là, ils vont
chercher des étudiants à Montréal, ils les amènent en région, ils font le tour
de la ville, ils font une semaine d'accueil au complet, ils ont des systèmes de
jumelage, ils ont des mesures d'appoint aussi en français, ça, je l'ai
mentionné, mais c'est superimportant parce que le français que les gens
apprennent en Afrique n'est pas tout à fait le même que vous êtes susceptible
d'entendre partout au Québec. Donc, d'avoir une sorte de mise à niveau pour
dire : Bien, au Québec, tu vas être plutôt exposé à ce français-là. Sur le
plan pédagogique, ça prend de la préparation, sur le plan pédagogique, parce
que les gens qui viennent de systèmes d'éducation en Afrique, souvent, vont
avoir eu des méthodes d'enseignement qui sont plus traditionnelles, alors que
les jeunes Québécois, eux, qui sortent du secondaire puis du cégep, sont
habitués de collaborer, de faire des travaux d'équipe, les relations sont très
horizontales avec les profs. Donc là, les gens arrivent puis là ils
disent : Mon Dieu! Tout le monde pose des questions, tout le monde traite
le prof comme leur ami. Là, les gens sont comme choqués, tu sais, parce
qu'évidemment, quand on est dans un système plus traditionnel, ça ne se fait
pas. Donc, comment on prépare les gens à cette rencontre interculturelle en
mettant les attentes au bon endroit. Donc, toutes les bonnes choses qu'il y a à
faire, elles existent. Ça, c'est le bon point. Ensuite, il faut qu'on les
généralise.
Journaliste : OK. Parce que
quels sont les dangers pour le français comme vecteur de culture si les
étudiants internationaux qui parlent français, qui étudient en français...
quels sont les dangers pour le français québécois, pour la culture québécoise
si on les intègre mal, si on n'a pas assez de mécanismes comme ceux que vous
venez de...
M. Dubreuil (Benoît) : Alors,
je vais vous donner un exemple très précis, OK? Imaginez que vous avez une
classe en région, vous avez... la moitié de la classe, c'est des Québécois,
l'autre moitié, c'est des étudiants africains. Vous dites : On va faire un
travail d'équipe, on va vous mettre en équipe. Les gens, là, ils viennent
d'univers complètement différents, OK, complètement différents. Ils n'ont pas
étudié de la même manière, tout ce qu'ils ont comme expérience, c'est
différent. Là, vous leur dites : On va vous, on va vous mettre en équipe,
puis le travail va valoir 40 % de la session, OK, 40 %, puis je vais
mettre une note pour les quatre personnes. Qu'est-ce qui va se passer? Il va se
passer que les gens vont dire : Mon Dieu! Mais pourquoi il pense de même?
Qu'est-ce qu'il fait? Pourquoi ça n'avance pas? Qu'est-ce qu'il ne comprend
pas? Donc là, les gens vont dire : Bien, les Québécois sont un peu
racistes. Puis là les Québécois vont dire : Coudon, les Africains,
qu'est-ce qu'ils ne comprennent pas?
Donc, ce qui, à la base, pourrait être une
belle occasion de rencontre interculturelle va venir consolider des préjugés,
consolider des stéréotypes, puis la prochaine fois que vous allez faire un
travail d'équipe, les gens vont dire : Moi, tout, mais je ne veux pas être
avec un Africain, ou : Tout, mais moi je m'en vais avec les Africains, je
ne veux pas être avec les Québécois. Donc, si, dans le réseau scolaire, vous
n'êtes pas capable de gérer ces rapprochements-là pour qu'il y ait des rapports
positifs entre les cultures, après, ça va se transférer sur le marché du
travail. Mais le but, justement, d'avoir des étudiants étrangers qui restent,
c'est que, justement, quand les gens vont arriver sur le marché du travail, ils
vont déjà avoir apprivoisé... s'être apprivoisés les uns les autres puis être
capables de gérer cette différence interculturelle.
Journaliste : Ça fait que,
finalement, peut-être que je vais aller trop loin dans mon analyse, là, mais
corrigez-moi si vous n'êtes pas d'accord, mais de mal travailler sur le fond ou
de... en intégrant mal, ça peut quasiment même générer du racisme systémique.
Parce que, là, on est dans la définition que c'est un système qui est en place
qui génère du racisme, des préjugés et de l'incompréhension, parce qu'au final,
ce sont des gens qui n'arrivent pas à se connecter puis à se comprendre.
M. Dubreuil (Benoît) : C'est
ça. Quand on ne gère pas bien la rencontre interculturelle, on produit des
préjugés puis du racisme, OK? Dans ce cas-là, c'est quasiment mieux que les
gens restent chacun de leur côté, parce que c'était moins pire avant qu'ils ne
se rencontrent. On consolide les préjugés. Un phénomène de base en psychologie
sociale.
Le Modérateur : Merci.
Nicolas Lachance, Le Journal de Québec.
Journaliste : Bonjour.
Avez-vous été capable d'établir des liens entre les établissements qui ont un
modèle d'affaires basé sur les 10 ou 15 établissements, là, que vous avez
nommés tout à l'heure et les organisations sur le terrain, donc locales, qui
font du recrutement? Est-ce que... Comprenez-vous où je veux... Vous en glissez
un mot dans votre rapport, mais il y a des organisations qui ne sont pas
liées... qui ne semblent pas liées à des établissements, mais qui font du
maraudage, qui inscrivent des tonnes et des tonnes d'étudiants étrangers dans des
établissements. Les demandes sont en forte croissance depuis quelques années.
Avez-vous été capable d'établir des liens entre ces établissements-là et ces
organisations-là sur le terrain?
M. Dubreuil (Benoît) : Sur le
terrain ici ou sur le terrain en Afrique francophone?
Journaliste
: Là-bas.
M. Dubreuil (Benoît) : OK, c'est
ça. Oui. Bien, en fait, on nous l'a dit, là, parce que les gens s'en
aperçoivent. Il y a des collèges privés qui font affaire avec des agences de
recrutement. L'agence de recrutement, c'est un intermédiaire qui est présent
souvent à l'étranger, qui va prendre une cote sur les droits de scolarité en
échange d'amener l'étudiant. Donc, ces organismes-là contrôlent la
communication entre le collège et l'étudiant. Donc, déjà, on a un problème. Ça,
quand un collège dépend d'étudiants étrangers pour vivre puis qu'il n'y a pas
d'étudiants étrangers qui s'inscrivent, vous créez un contexte où vous
l'incitez à aller faire affaire avec des agences, OK?
Ensuite, il y a des consultants qui sont
en affaires en Afrique. L'établissement ne verra pas le consultant lui-même,
l'établissement va préparer le dossier de l'étudiant puis va envoyer le dossier
au Québec. Mais l'université ou le collège va recevoir ça, mais le nom du
consultant, il n'est pas... il n'est pas sur le... sur le dossier. Mais il y a
des établissements qui s'en rendent compte parce qu'ils disent : Bien, là,
j'ai comme... j'ai 150 dossiers qui viennent de rentrer avec la même adresse
et le même numéro de carte de crédit, on présume qu'il y a quelqu'un derrière
qui prépare le dossier, ou tous les dossiers sont montés exactement de la même
façon, donc il y a une usine, quelque part, là, de quelqu'un qui qui prend en
charge. Donc, il y a toutes sortes... C'est peut-être les modèles les plus
répandus. Il y a des gens aussi qui reçoivent des étudiants qui sont déjà au
Québec, puis à ce moment-là, qui s'inscrivent peut-être comme étudiant
étranger, peut-être pour pouvoir rester plus longtemps sur le territoire. Puis
on sait aussi qu'il y a des gens qui se sont inscrits dans des dans des
endroits sans avoir eu jamais l'intention d'y mettre les pieds, là.
Journaliste
: Ce n'est
pas... ça ne fait pas partie de votre mandat, mais savez-vous c'est quoi les
sommes qui peuvent être liées à ces partenariats-là ou la cote qu'un agent va
se prendre ou...
M. Dubreuil (Benoît) : Bien,
je n'oserais pas mettre de chiffres précis. Je pense que c'est extrêmement
variable, là. Disons, par exemple, si vous êtes dans un DEP de 18 mois,
1 800 heures, généralement, les prix peuvent être n'importe où entre
20 000 $ et 30 000 $ de droits de scolarité pour l'étudiant. Donc,
quelle est la cote exacte en fait, que l'agent recruteur, par exemple, va aller
chercher? Quelques milliers de dollars certainement.
Dans le cas des gens qui offrent des
conseils du côté africain, à ce moment-là, on ne peut pas savoir les tarifs.
Mais je vous invite à aller chercher sur TikTok «étudier au Canada» et vous
allez voir des tonnes et des tonnes d'influenceurs qui demandent aux gens de
les contacter par message privé. Vous pouvez leur demander leurs tarifs.
Le Modérateur : Merci. Philip
Rodrigue-Comeau, Cogeco.
Journaliste : Bonjour. Dans
votre première recommandation, vous parlez d'une partie importante des enjeux
documentés ces dernières années qui est liée à l'action d'acteurs malveillants.
Est-ce que vous pouvez élaborer là-dessus? Je pense que ça va un peu dans le
même sens que...
M. Dubreuil (Benoît) : C'est
exactement... c'est ce que je viens de dire, c'est qu'à la base, il y a
beaucoup, beaucoup de gens qui cherchent des façons de venir au Québec. Puis
encore une fois, le Québec n'est pas unique parce que c'est pancanadien. Et là,
le phénomène qu'on décrit, le propre du Québec, c'est que les gens ont été
actifs en Afrique francophone, alors qu'au Canada, c'est plutôt du côté de
l'Inde que ça s'est joué. Mais donc, c'est des gens qui cherchent du monde, qui
veulent venir au Canada puis qui vont embaucher des consultants, qui leur
dit : Bien moi, je vais prendre en charge ton dossier, je vais te trouver
une façon d'y aller. Donc il y a tel collège, tu peux y aller comme étudiant
étranger, puis après 18 mois, tu vas avoir ton accès au PEC et donc en
échange d'un certain montant, cette personne-là vous accompagne dans vos...
dans vos démarches. Puis comme il y a un lien personnel, bien souvent c'est des
gens qui vont réussir à susciter la confiance de leur interlocuteur. Le
problème, c'est ça, c'est que ces gens-là ne vont pas nécessairement faire en
sorte que la personne soit bien préparée au cheminement dans lequel elle
s'engage.
Journaliste : Et pour ce qui
est du consortium que vous proposez, est-ce qu'il n'y a pas aussi de la
concurrence à l'intérieur même du réseau entre les différents centres qui, des
fois, comptent sur l'arrivée d'étudiants étrangers pour bien boucler leur
financement? Est-ce que ça ce que c'est vraiment réaliste de penser que ça peut
se faire facilement?
M. Dubreuil (Benoît) : Bien,
je pense que c'est pour ça que ça doit être imposé, c'est sûr. Il y a des
instances de collaboration qui existent déjà, qui fonctionnent bien. Je pense,
par exemple, aux services régionaux d'admission dans les collèges. Pour moi,
c'est une façon de mettre les choses en commun qui est très, très efficace.
Pour ce qui est de la promotion aussi, on voit beaucoup de collaborations dans
la Fédération des cégeps. On voit beaucoup de collaborations au sein de
l'éducation internationale pour la formation professionnelle. Les
établissements de l'UQ sont habitués maintenant de travailler ensemble aussi à
la fois pour la détection de la fraude, pour la promotion. Donc, il y a des
instances de collaboration qui fonctionnent bien. Le but, c'est d'amener tout
le monde au même endroit. Et c'est sûr qu'une grande université n'aura pas
nécessairement besoin des autres pour fonctionner. Mais il faut qu'on mette
tout le monde ensemble, justement parce qu'il y a des gens qui sont toujours à
la recherche du maillon faible. C'est ça l'enjeu.
Journaliste : Et s'il y a une
des 11 recommandations, là, sur laquelle vous vous insistez, c'est
laquelle? Elles sont toutes importantes. Mais s'il y en a une qui sort du lot,
qui pourrait vraiment contribuer à résorber le constat que vous faites, ça
serait laquelle?
M. Dubreuil (Benoît) : Bien,
une, ça serait vraiment difficile. Mais c'est sûr, la question du consortium,
ça, ça me semble vraiment très, très important. La question de l'intégration
aussi que je mentionnais, ça me semble très important, puis peut être la
question des modèles d'affaires, là, qui sont 100 % concentrée sur le
recrutement étranger. Oui.
Journaliste : Rapidement, je
vais me permettre une autre question, François Carabin, Le Devoir.
Vous avez fait ces recommandations-là en plein en pleine consultation sur
l'immigration. La semaine dernière, vous étiez aux consultations. Pourquoi ne
pas avoir profité de votre passage, par exemple, pour proposer l'abolition du
PEC diplômé?
M. Dubreuil (Benoît) : Bien,
dans les faits, quand on lit attentivement les recommandations qu'on a
présentées la semaine dernière, là, il n'y avait... il y avait comme plus de
PEC. Nous, ce qu'on proposait la semaine dernière, c'est de de s'assurer que
les gens qu'on amenait à l'immigration économique ont déjà passé un certain
temps dans un contexte francophone où ils ont été en position d'interagir avec
des Québécois et en français. Donc, on proposait de favoriser, justement, des
gens qui avaient étudié en français, mais on ne mentionnait pas le PEQ de façon
explicite, là, mais c'était comme implicite.
Journaliste
: OK. Mais
donc le... parce qu'actuellement, là, comment le gouvernement procède pendant
la suspension du PEQ, c'est que toutes ces demandes-là passent par le PSTQ, là,
le Programme de sélection des travailleurs qualifiés. Est-ce que, selon vous,
c'est un modèle qui est... en tout cas, qui répond à vos recommandations,
positivement?
M. Dubreuil (Benoît) : Mais
alors, de notre point de vue, le PEQ, en ce moment, on ne voit pas comment on
pourrait réussir à le faire fonctionner, là, d'une manière prévisible et qui
fonctionnerait bien. Don, nous, de fonctionner à travers le PSTQ, ça nous
semble légitime à ce moment-ci. Ensuite, on pourrait commenter, peut-être, la grille,
là, de sélection plus particulière qui a été présentée par le gouvernement,
mais on n'irait peut-être pas là aujourd'hui, là.
Journaliste
: Si vous
voulez, vous pouvez y aller.
M. Dubreuil (Benoît) : Mais,
pour nous, je viens de le mentionner, c'est que sûr que les gens qui étudient
en français dans des établissements francophones, qui parlent bien français,
c'est sûr que la probabilité d'utiliser le français par la suite est infiniment
plus grande. Donc, nous, on pense que ça doit être privilégié, c'est sûr.
Journaliste
: ...en
dehors de la région de Montréal.
M. Dubreuil (Benoît) : Aussi,
ce qui inclut presque exclusivement des gens qui ont étudié en français pour
l'instant, là, oui.
Journaliste
: Donc, ça,
c'est bien, selon votre point de vue?
M. Dubreuil (Benoît) : Oui,
oui. Mais nous, on l'a mentionné d'ailleurs, en ce moment, on pense que c'est à
l'extérieur de Montréal qu'on a la meilleure certitude, en fait, que les gens
ont pu s'intégrer en français. Ensuite, pour ce qui est de Montréal, mais c'est
plus difficile de le déterminer. Donc là, il faut que le gouvernement se donne
une façon, justement, d'aller sélectionner des gens qui sont le plus
susceptibles de s'être bien intégrés.
Le Modérateur
: Merci.
Je pense qu'on a quelques questions en anglais. Cathy Senay, CBC.
Journaliste :
Bonjour! In your first recommendation,
to create this African team, super team to do this recruitment, did you… were
you wondering, when you were writing your report, why Québec hasn't put in
place this type of team to avoid those recruiters that do not have the greatest
intentions?
M. Dubreuil
(Benoît) :
I
think that they did not foresee the problem. When mass recruitment of students
started in India around 2017-2018, in Québec, as well as in Canada, it took
already a number of years for Government to realize what was going on.
And I think that the
government of Québec in 2021, when they realized what was the situation, they
put in place a number of correctives, a number of measures to stop this system
of mass recruitment in India. At the Canadian level, it took another 2 or 3
years before the federal government reacted and actually did something. I think
that when they implemented these new measures in 2021-2022, they did not
foresee what was coming in French speaking Africa.
Journaliste :
In African countries?
M. Dubreuil
(Benoît) :
Yes.
They did not foresee that there would be all those third parties that would produce
massive number of admission requests for colleges and universities, so they did
not think that there would be a problem coming. So, I think that at some point
they realized that there was a problem, but after three years maybe, because
the reaction time in Government is not so fast, depending on the time it takes
for data to be produced, just realize that there is a problem, start thinking
about what you should do about it. So, the reaction was the adoption of Bill 74
last year, something like three years after we got the first signs of the
problem.
Journaliste :
But I don't remember having so many
measures to counter this, that type of system.
M. Dubreuil
(Benoît) : In 2021?
Journaliste
: No, in Bill 74.
M. Dubreuil
(Benoît) :
Oh,
basically, it gives the Government the legal tool to cap the number of
admission requests by institution.
Journaliste :
So, you don't receive like a massive
number like what that recruiters can do.
M.
Dubreuil (Benoît) : Exactly. Yes. It creates an
incentive for institutions to pay better attention to the profile of the people
that you admit.
Journaliste :
I don't… But you don't think it's
enough, obviously, if it is your recommendation number one.
M. Dubreuil
(Benoît) :
Yes.
I think we need to do more. Especially now the situation has changed so
dramatically because when the bill was adopted last year the question is that:
How do we manage to make sure that there is not this massive growth in the
number of international students? Now, the situation is different, the number
of enrollments has dropped dramatically. So, we are not in the same world. So,
for me, the problem today is not to say: How can we control the number of
international students as a general matter, because it is declining very
quickly, the question is: How can we build something that will last in
structuring our relationship with African, French-speaking countries? That is
important for Québec.
Journaliste :
And regarding the decline in the number
of students, international students, in September, McGill, for example,
was,well, very worried about this drop of international students. And now
you're saying that you want to have a cap, a maximum of 15% of international
students in every institution, that includes McGill, and it also includes
Concordia University. What do you tell them; it doesn't go in line with their
own strategy?
M. Dubreuil
(Benoît) : Well, the first thing, the first
thing is that we exclude research graduate programs. So, this should be a
relief for them, because that's where the higher proportion of international
student is. But we don't go there. Maybe at some point we will want to go,
there because there is a question about the place of French in research, but it
questions all the other programs that we have to subsidize research. So, I
think when it comes to undergraduate programs, McGill is probably above the
line of 15%, but not by so much, I think, it is manageable. Concordia is
probably not very much above at the moment. Yes. OK.
Le Modérateur
:
Merci. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.
M. Dubreuil (Benoît) : Merci
beaucoup, tout le monde.
(Fin à 13 h 55)