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Conférence de presse de M. Benoît Dubreuil, commissaire à la langue française

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mercredi 8 octobre 2025, 13 h 15

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures dix-huit minutes)

Le Modérateur : Bonjour. Bienvenue à cette conférence de presse du Commissaire à la langue française, Benoit Dubreuil, concernant son rapport sur les étudiants internationaux et le français. Il est accompagné aujourd'hui d'Éric Poirier, commissaire adjoint. M. Dubreuil, je vous laisse la parole.

M. Dubreuil (Benoît) : Bonjour à tous. Merci d'être ici. Alors, nous avons déposé ce matin, à l'Assemblée nationale un nouveau rapport intitulé Les étudiants internationaux et le français; bâtir pour durer. Ce rapport vise à faire la lumière sur l'évolution récente du nombre d'étudiants internationaux dans les établissements d'enseignement francophones au Québec. Il présente aussi des recommandations dans le but d'établir des pratiques de recrutement compatibles avec les objectifs de la Charte de la langue française. L'analyse qui est présentée s'appuie sur des données des gouvernements du Québec et du Canada, mais aussi sur 35 entretiens réalisés auprès de représentants des ministères pertinents et des organisations du domaine de la formation professionnelle, collégiale et universitaire.

Alors, au Québec, le français occupe une place traditionnellement défavorable chez les étudiants et les diplômés internationaux. Alors, c'est une situation qui s'explique principalement par leur concentration dans les établissements anglophones. À partir de 2021, plusieurs établissements d'enseignement francophones ont connu une croissance rapide de leur nombre de demandes d'admission, principalement attribuable à l'Afrique francophone. À première vue, cette évolution était prometteuse pour la situation du français, car les étudiants francophones qui étudient en français sont les seuls dont l'utilisation du français au travail se rapproche de la moyenne québécoise. Le recrutement et la rétention des étudiants francophones est d'ailleurs un objectif du gouvernement du Québec dans son plan pour la langue française rendu public en 2024. Néanmoins, la hausse que nous avons connue a fait surgir des enjeux. Des collèges ont développé des modèles d'affaires centrés principalement sur le recrutement d'étudiants internationaux. L'intégrité des processus d'admission et d'immigration n'a pas toujours été respectée. Plusieurs personnes sont arrivées en étant visiblement mal préparées aux études au Québec et, finalement, plusieurs titulaires d'un permis d'études ne se sont pas présentés dans l'établissement qui les avait admis ou encore ont déposé une demande d'asile.

Alors, de façon plus précise, notre rapport montre que la hausse du nombre de demandes d'admission à partir de 2021 a été particulièrement concentrée dans un certain nombre d'universités francophones et de collèges privés qui ont soudainement reçu plusieurs milliers de demandes venant d'Afrique francophone. Cette hausse avait parfois été recherchée, alors que, dans d'autres cas, elle était plutôt imprévue. Les établissements ont appliqué les mécanismes d'admission en vigueur. Cependant, ces mécanismes n'étaient pas toujours suffisants pour assurer l'intégrité des processus, l'authenticité des projets d'études et la préparation des candidats.

Les difficultés s'expliquent notamment par le fait qu'un bon nombre de candidats ont été accompagnés dans leurs démarches par des intermédiaires qui ont cherché à profiter des faiblesses dans les procédures d'admission et d'immigration pour faire venir des candidats qui étaient peu préparés aux études au Québec. Dans d'autres établissements, notamment les centres de services scolaires et les cégeps, la hausse des demandes a été moindre en importance et des pratiques personnalisées d'accompagnement sont venues limiter les enjeux à l'arrivée.

Alors, les mécanismes mis en place par le gouvernement du Québec n'ont pas permis de prévenir l'émergence des problèmes que nous avons documentés. À partir de 2021, des mesures ont été mises en œuvre par le gouvernement pour assurer la qualité des services offerts par les collèges privés. Toutefois, ces mesures visaient à limiter les risques de fraude par les établissements eux-mêmes, elles ne visaient pas à protéger les étudiants contre les intermédiaires actifs depuis l'étranger ni à bien préparer ces étudiants à leur arrivée au Québec.

De leur côté, les agents fédéraux d'immigration ont cherché à valider l'authenticité des projets d'étude des étudiants internationaux. Cependant, les outils à leur disposition pour ce faire étaient limités. À partir de 2024, les gouvernements du Québec et du Canada ont pris conscience des enjeux liés à la croissance subite du nombre de résidents non permanents et ont adopté plusieurs mesures dans le but de resserrer la délivrance des permis d'études. Ces resserrements sont venus corriger certains abus, mais ils ont aussi entraîné une chute marquée de l'intérêt pour les études au Québec et au Canada, notamment dans les établissements francophones.

 Aujourd'hui, cette situation soulève des doutes quant à notre capacité à mettre sur pied des politiques durables et cohérentes pour renforcer la place du français parmi les étudiants et les diplômés internationaux.

Le Québec a un intérêt stratégique à renforcer ses liens avec la francophonie internationale par le recrutement et la rétention d'étudiants internationaux. Néanmoins, plusieurs changements demeurent nécessaires pour établir un système qui renforcera durablement la situation du français. Nous formulons donc 11 recommandations à l'intention du gouvernement du Québec. Les premières visent à appuyer le déploiement d'une approche cohérente et robuste en Afrique francophone.

Nous recommandons au gouvernement d'établir un consortium pour la promotion et la préparation des études au Québec. Ce consortium regrouperait les expertises en matière de contrôle de l'intégrité et gérerait un portail unique pour le dépôt des demandes d'admission des étudiants internationaux.

Deuxièmement, nous recommandons au gouvernement de viser une répartition des étudiants internationaux plus favorable au français. Nous proposons ainsi de limiter à 15 %, sauf exception, la proportion d'étudiants internationaux dans chaque établissement afin... et de s'assurer aussi que les cégeps et les CSS à l'extérieur de Montréal aient la capacité de maintenir, voire d'accroître le pourcentage d'étudiants internationaux qui nous accueillent, et finalement de ne plus autoriser des programmes reposant principalement sur le recrutement d'étudiants internationaux.

Troisièmement, nous proposons de renforcer le système d'accueil et d'intégration des étudiants internationaux. Ainsi, cet accueil et cette intégration devraient être une composante clé de la politique nationale sur l'intégration qui est présentement en élaboration. Ensuite, le gouvernement devrait transférer aux établissements la responsabilité de gérer les bourses d'études et les exemptions de droits de scolarité pour les étudiants internationaux, de façon à ce que les sommes puissent être affectées d'une manière plus efficace à la rétention et à l'intégration des étudiants.

Quatrièmement, nous considérons essentiel d'atteindre une plus grande cohérence dans les politiques d'immigration. Nous recommandons au gouvernement d'abolir le volet Diplômés du Québec du Programme de l'expérience québécoise, tout en favorisant, dans l'immigration permanente, la sélection des diplômés des établissements francophones. Nous lui recommandons aussi de réclamer du gouvernement fédéral la pleine responsabilité de la délivrance des permis de travail postdiplôme, puis de renforcer la collaboration avec IRCC dans le but de mieux valider en amont, au moment de l'admission par l'établissement et de la délivrance du CAQ, les éléments susceptibles d'accroître le taux d'acceptation des demandes de permis d'études.

Alors voilà, je vous remercie de votre attention et maintenant je suis disponible pour répondre à vos questions.

Le Modérateur : Merci. On va effectivement passer à la période des questions, en commençant avec Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.

Journaliste : Bonjour M. Dubreuil. Donc, à la recommandation 5, vous dites que «le gouvernement du Québec devrait ne plus autoriser les programmes qui reposent principalement sur le recrutement d'étudiants internationaux». Est-ce que... Donc, de quel programme parlez-vous? Dans quel établissement? Est-ce que vous pensez, entre autres, à des programmes comme ceux de soins infirmiers qui, en région, attirent une majorité d'étudiants, par exemple d'Afrique?

M. Dubreuil (Benoît) : De façon générale, en région, il n'y a pas, à ma connaissance, de programmes qui misent principalement sur le recrutement d'étudiants internationaux. Ce qui se passe, c'est qu'on a entre 10 et 15 établissements, niveau collégial, au niveau de la formation professionnelle dans la région de Montréal, qui ont développé ce modèle d'affaires. Et, pour nous, c'est un modèle d'affaires qui soulève des risques trop importants, que ce soit pour les investisseurs, que ce soit pour les étudiants. Parce qu'évidemment, à partir du moment où il y a un changement dans les politiques d'immigration, le modèle d'affaires s'écroule. C'est aussi, à notre avis, des contextes qui ne sont pas tout à fait favorables à l'intégration des étudiants internationaux, dans la mesure où ceux-ci vont pouvoir étudier au Québec pendant quelques années, mais sans être en contact avec des étudiants québécois.

Donc, pour nous, ça va à l'encontre des objectifs de la Charte de la langue française, qui misent non seulement sur l'utilisation et l'apprentissage du français, mais aussi sur la volonté de susciter une adhésion, une contribution à la culture québécoise. Donc, pour nous, ça implique qu'il y ait des contacts entre les étudiants internationaux et les étudiants québécois.

Journaliste : Très bien. Puis, concernant votre recommandation d'abandonner le PEQ Diplômés, est-ce que vous pouvez m'expliquer? Parce que chez, par exemple, les acteurs du milieu de l'éducation, dans le milieu universitaire, en tout cas, ils souhaitent le retour de ce programme-là. C'est souhaité par les étudiants issus de l'immigration eux-mêmes. Alors, pourquoi vous recommandez ça?

M. Dubreuil (Benoît) : Parce qu'avec mon équipe on a essayé de développer un modèle qui nous permettait de prédire combien il y aurait de personnes qui se présenteraient au PEQ, en fonction du nombre de CAQ que le gouvernement délivrait. On s'aperçoit que c'est à peu près impossible de prédire combien de gens vont se présenter au PEQ. Ce qu'on constate, c'est qu'au cours des années, des dernières années, quand on a notamment déplafonné le PEQ pour le volet Diplômés, on n'avait pas la capacité de savoir combien il y aurait de gens qui se présenteraient à l'immigration. Pourquoi? Parce qu'entre le nombre de CAQ que le gouvernement délivre et le nombre de permis d'études qui vont être obtenus entre le nombre de permis d'éudes qui vont être délivrés, puis le nombre de personnes qui se présentent effectivement sur le territoire, on est dans des... C'est très, très difficile, en fait, de comprendre comment on passe d'une étape à l'autre. Les chiffres sont très, très difficiles à interpréter.

Donc, si on était capable d'avoir un système où on était capable de dire avec certitude : On délivre tant de CAQ, on va avoir tant de personnes au PEQ, on pourrait déjà avoir une certaine discussion. Mais, je vous dis, en ce moment, là, c'est pratiquement impossible.

Journaliste : Ce ne serait pas possible de mettre un plafond ou de...

M. Dubreuil (Benoît) : C'est parce que, pour l'instant, on ne sait pas combien de permis d'études vont... combien il faut délivrer de CAQ pour obtenir tant de permis d'études, puis comment il faut délivrer de permis d'études pour avoir tant de diplômés...

Journaliste : Donc, vous craignez que des gens soient pris avec une impossibilité au fond d'être admis?

M. Dubreuil (Benoît) : C'est la situation qui s'est présentée en 2018-2019. C'est la situation qui s'est représentée aussi à l'automne 2024, où le ministère, en fait, a probablement essayé de dire : Mais nous, on pense qu'il va y avoir tant de candidats qui vont se présenter au PEQ. Puis finalement on s'aperçoit que le nombre devient beaucoup plus important que ce qu'on avait prédit.

Vous savez, on ne savait pas... on a de la difficulté à dire avec précision combien qu'il y a d'étudiants étrangers en formation professionnelle, par exemple. C'est des formations de 18 mois. On a augmenté de façon extrêmement importante le nombre de CAQ délivrés pour ce type de formation là. C'est impossible de faire des mathématiques puis de planifier quelque chose. Peut-être que dans cinq ans, s'il y a des resserrements qui sont mis en place, on va avoir réussi à recréer un certain ordre dans le système, une certaine stabilité, puis on va pouvoir dire : Mais quand on admet tant de personnes à l'immigration, ça nous donne tant de diplômés cinq ans plus tard. Mais, pour l'instant, c'est absolument impossible de faire cet exercice.

Donc, plutôt que de faire des promesses aux gens qui vont être admis avec certitude par un programme d'accès rapide à la résidence permanente, je pense qu'on est mieux, tout simplement, là, aujourd'hui, de renoncer à ça, de mettre nos choses en ordre. Puis, peut-être, éventuellement, plus tard, si on réussit à rétablir un certain ordre dans le dossier, on pourra reconsidérer la question.

Le Modérateur : Je vais juste me permettre une question tout de suite, je m'excuse à mes collègues, là, mais comme on est sur le sujet. M. Dubreuil, bon, vous proposez un plafond à 15 % par établissement du nombre de demandes d'étudiants étrangers. Ceci étant dit, il y a déjà des plafonds généraux, là, mis en place, au Québec, là, dans les établissements universitaires collégiaux. Donc, en quoi, selon vous, cette mesure-là, cette recommandation-là changerait les choses?

M. Dubreuil (Benoît) : C'est ça, c'est que la décision pour le plafond, le gouvernement doit la refaire chaque année. Donc, l'année dernière, ils ont pris une décision sur la base des informations qu'ils avaient sur la base de l'analyse qu'ils ont pu faire, ils ont réduit les programmes courts par exemple, puis ils ont réduit un certain nombre de collèges qui avaient admis énormément de gens, mais ils n'ont pas nécessairement une théorie plus précise de comment ils vont atteindre les objectifs de la loi, qui leur demande notamment de tenir compte de la situation du français. Donc, moi, l'avis que je leur formule, c'est de faire des ajustements supplémentaires pour l'année qui vient et les années subséquentes.

Alors, quand on a des établissements qui sont largement au-dessus de ce seuil, de réduire progressivement le nombre de CAQ délivrés, puis, quand on a des établissements, je pense par exemple à des collèges, des cégeps en région, par exemple, qui ont déjà très peu d'étudiants étrangers et qui ont reçu un nombre, un quota de CAQ très, très faible, moi, je pense qu'on peut augmenter, on peut réallouer les CAQ.

De façon générale, ma lecture, en fait, note lecture, c'est qu'il n'y a pas nécessairement trop d'étudiants étrangers au Québec, le 15 % dont je parle, on est déjà en dessous de ça, il s'agit plutôt de réallouer les étudiants pour s'assurer qu'on a plus de mixité puis qu'on amène les gens dans des contextes d'intégration qui sont plus favorables.

Le Modérateur : À peine... vous aviez à peine déposé votre rapport plus tôt aujourd'hui que Mme Biron, la ministre de l'Enseignement supérieur, est allée dire que c'était un peu irréaliste, là, de mettre en place un plafond comme ça, généralisé, elle parlait davantage d'ajustements paramétriques puis a d'ailleurs rappelé qu'actuellement la proportion, c'est 13 %.

M. Dubreuil (Benoît) : Oui. Mais notre ajustement qu'on propose, il est paramétrique, c'est-à-dire c'est de viser un 15 %. Donc, si vous êtes largement au-dessus, les paramètres font que vous diminuez. Si vous êtes largement en dessous, les paramètres font que vous pouvez augmenter. Donc, c'est un ajustement paramétrique.

Ce qu'on mentionne cependant, c'est l'importance d'avoir quelques exceptions pour des situations qu'autrement on n'est pas capables de gérer autrement. Donc, on parle par exemple des cégeps qui sont en régions éloignées, qui sont la seule offre de services, par exemple à Matane, à Baie-Comeau ou à Saint-Félicien, on ne peut pas réduire parce qu'eux sont très largement au-dessus de 15 %, OK? Mais, par contre, si on les réduit, mais là on réduit l'offre de programmes pour les étudiants québécois dans la région. Donc, nous, on propose une exception pour ça.

Même chose pour le volet doctoral. Donc, on sait que dans le doctorat, en ce moment au Québec, on est largement au-dessus. Éventuellement, moi, j'aimerais qu'on ait... qu'on réussisse à corriger un peu des choses aussi au niveau doctoral, mais, pour l'instant, on propose d'exclure parce que ça soulève des questions qui sont liées au financement de la recherche. Donc, mais nous, pour l'instant, si on parle du baccalauréat, si on parle du niveau collégial, si on parle de la formation professionnelle, ce n'est pas du tout irréaliste, là.

Le Modérateur : Merci. Caroline Plante, La Presse canadienne...

Journaliste : Bonjour, M. Dubreuil. Bien, je me demandais tout simplement une petite précision, là. Quand vous parlez qu'il y a 10 à 15 établissements à Montréal qui ont développé un modèle d'affaires qui misent principalement sur le recrutement international, est-ce que vous les nommez, ces établissements, dans votre rapport? Pouvez-vous les nommer?

M. Dubreuil (Benoît) : Alors, dans notre rapport, on a une annexe de chiffres, là, qui est très, très, très détaillée. Donc, je n'ai pas la page exacte, mais...

Journaliste : OK. Bien, en gros, ma question, c'est quels établissements sont les plus problématiques, disons?

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, problématiques, disons qu'ils ont joué... Moi, je n'ai pas de raison de penser que les gens n'ont pas respecté les règles du jeu, c'est juste que les règles du jeu les amenaient à aller dans cette direction-là. Donc, vous avez... si vous prenez l'annexe en question, on pourra retrouver le numéro, peut-être que M. Parent devant vous pourra vous la donner, et là vous avez le nombre de CAQ, de permis d'études, qui a été demandé et délivré par établissement. Donc, il y en a à peu près cinq au niveau collégial puis peut-être entre cinq et 10, là, ça dépend où vous mettez la ligne, du côté de la formation professionnelle.

Journaliste : Mais pouvez-vous tout simplement, en conférence de presse, comme ça, les nommer, nommer les...

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, c'est ça, écoutez, je vais y aller pour le volet collégial. C'est sûr que le collège TAV, le collège LaSalle, mais surtout l'Institut Teccart, le collège universel, Ellis sont les collèges qui ont admis beaucoup, beaucoup, beaucoup d'étudiants. C'est des collèges, dans plusieurs cas, qui ont de longs historiques, là, ce n'est pas des collèges qui ont été créés sur mesure pour ça, mais qui ont pris cette tangente parce qu'aujourd'hui le marché, la réalité des règles de financement, les amenait dans cette direction-là. Pour moi, c'est un problème, on n'aurait pas dû en arriver à cette situation-là, mais c'est de ça dont on parle.

Journaliste : Puis, le plafond de 15 %, concrètement, là, sur le terrain, comment ça s'appliquerait? Puis, s'il y a des établissements qui dépassent de 15 %, est-ce qu'il devrait y avoir des pénalités ou...

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, nous, on propose d'ajuster la délivrance de CAQ chaque année. Donc, si vous êtes au-dessus, l'année suivante, vous avez beaucoup moins de CAQ. Puis, si vous êtes en dessous, bien là on peut augmenter vos CAQ. Par exemple, il y a des cégeps en région qui vont avoir 5 % d'étudiants étrangers, puis là on leur donne à peine le nombre de CAQ pour maintenir leur 5 %. Bien, honnêtement, on peut augmenter le nombre de CAQ pour ces collèges-là, on peut même le doubler, là. Même s'il passait à 10 %, il n'y aurait pas d'enjeu, là.

Journaliste : Et, bien, pour répondre à ma question sur les sanctions ou les pénalités, si jamais on...

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, moi, je le verrais comme ça. Je pense que la pénalité, ce serait que l'année suivante, l'établissement en ait moins. Donc, une sorte de mécanisme d'ajustement paramétrique, comme on disait, oui.

Journaliste : Ce n'est pas lourd en termes de bureaucratie?

M. Dubreuil (Benoît) : Bien non, c'est-à-dire le calcul, il doit être fait. Donc, ça prend quelqu'un qui est capable d'établir un paramètre d'ajustement, là, donc, mais quelqu'un qui est bon avec Excel en général est capable de faire ça assez vite.

Le Modérateur : Merci. Hugo Pilon-Larose, La Presse.

Journaliste : Bonjour. Au point n° 7 concernant l'intégration dans vos recommandations des étudiants internationaux, est-ce que dans... auprès des gens des collèges et des universités que vous avez consultés, vous avez vu certains endroits qui ont de bonnes pratiques qui mériteraient d'être répliquées? Pouvez-vous nous donner peut-être une anecdote ou une histoire qui l'illustre?

M. Dubreuil (Benoît) : Oui. Bien, je vais vous donner des... Pour moi, les bonnes pratiques d'abord, c'est, quand vous admettez quelqu'un, vous le rencontrez, OK, juste parler à la personne dans une rencontre Teams, dans une rencontre Zoom pour s'assurer que la personne, elle sait qui vous êtes, elle sait où elle s'en va, peut parler français, est capable de communiquer avec vous, premièrement, aussi, que la personne existe, qu'elle correspond à la personne qui a introduit le dossier, puis vous pouvez lui expliquer qu'est-ce qu'il y a d'intéressant dans votre établissement.

Des webinaires, de plus en plus, là, les établissements vont développer des webinaires qu'ils vont offrir aux candidats. Il y en a qui vont rencontrer les parents aussi. Superimportant de rencontrer les parents. Il y a plein de jeunes de 19 ans, 20 ans qui vont s'endetter, la famille va s'endetter. Il faut que le parent sache dans quoi il s'embarque. Des webinaires sur le système d'immigration, sur le système d'éducation, sur le coût de la vie. Il faut que la personne sache c'est quoi, le coût de la vie. Il y a des gens qui sont arrivés qui sont tombés, là, dans des... ils sont tombés en bas de leur chaise parce que, justement, ça coûtait infiniment plus cher que ce qu'on leur avait expliqué. Il y a des gens qui viennent, ils disent : Bien, moi, je vais réussir à payer mes droits de scolarité puis à vivre en travaillant 24 heures semaine. Ça ne marche pas, ça ne fonctionne pas. Cette personne-là, là, il y a quelqu'un qui ne lui a pas donné la bonne information. Elle se met dans une situation dangereuse. Donc la préparation, le jumelage, excellent, le jumelage avec des... soit avec d'autres étudiants étrangers qui sont là depuis un peu plus longtemps, idéalement aussi avec des étudiants québécois qui sont prêts à entrer dans une relation interinterculturelle. Des semaines d'accueil. Il y a des cégeps, là, ils vont chercher des étudiants à Montréal, ils les amènent en région, ils font le tour de la ville, ils font une semaine d'accueil au complet, ils ont des systèmes de jumelage, ils ont des mesures d'appoint aussi en français, ça, je l'ai mentionné, mais c'est superimportant parce que le français que les gens apprennent en Afrique n'est pas tout à fait le même que vous êtes susceptible d'entendre partout au Québec. Donc, d'avoir une sorte de mise à niveau pour dire : Bien, au Québec, tu vas être plutôt exposé à ce français-là. Sur le plan pédagogique, ça prend de la préparation, sur le plan pédagogique, parce que les gens qui viennent de systèmes d'éducation en Afrique, souvent, vont avoir eu des méthodes d'enseignement qui sont plus traditionnelles, alors que les jeunes Québécois, eux, qui sortent du secondaire puis du cégep, sont habitués de collaborer, de faire des travaux d'équipe, les relations sont très horizontales avec les profs. Donc là, les gens arrivent puis là ils disent : Mon Dieu! Tout le monde pose des questions, tout le monde traite le prof comme leur ami. Là, les gens sont comme choqués, tu sais, parce qu'évidemment, quand on est dans un système plus traditionnel, ça ne se fait pas. Donc, comment on prépare les gens à cette rencontre interculturelle en mettant les attentes au bon endroit. Donc, toutes les bonnes choses qu'il y a à faire, elles existent. Ça, c'est le bon point. Ensuite, il faut qu'on les généralise.

Journaliste : OK. Parce que quels sont les dangers pour le français comme vecteur de culture si les étudiants internationaux qui parlent français, qui étudient en français... quels sont les dangers pour le français québécois, pour la culture québécoise si on les intègre mal, si on n'a pas assez de mécanismes comme ceux que vous venez de...

M. Dubreuil (Benoît) : Alors, je vais vous donner un exemple très précis, OK? Imaginez que vous avez une classe en région, vous avez... la moitié de la classe, c'est des Québécois, l'autre moitié, c'est des étudiants africains. Vous dites : On va faire un travail d'équipe, on va vous mettre en équipe. Les gens, là, ils viennent d'univers complètement différents, OK, complètement différents. Ils n'ont pas étudié de la même manière, tout ce qu'ils ont comme expérience, c'est différent. Là, vous leur dites : On va vous, on va vous mettre en équipe, puis le travail va valoir 40 % de la session, OK, 40 %, puis je vais mettre une note pour les quatre personnes. Qu'est-ce qui va se passer? Il va se passer que les gens vont dire : Mon Dieu! Mais pourquoi il pense de même? Qu'est-ce qu'il fait? Pourquoi ça n'avance pas? Qu'est-ce qu'il ne comprend pas? Donc là, les gens vont dire : Bien, les Québécois sont un peu racistes. Puis là les Québécois vont dire : Coudon, les Africains, qu'est-ce qu'ils ne comprennent pas?

Donc, ce qui, à la base, pourrait être une belle occasion de rencontre interculturelle va venir consolider des préjugés, consolider des stéréotypes, puis la prochaine fois que vous allez faire un travail d'équipe, les gens vont dire : Moi, tout, mais je ne veux pas être avec un Africain, ou : Tout, mais moi je m'en vais avec les Africains, je ne veux pas être avec les Québécois. Donc, si, dans le réseau scolaire, vous n'êtes pas capable de gérer ces rapprochements-là pour qu'il y ait des rapports positifs entre les cultures, après, ça va se transférer sur le marché du travail. Mais le but, justement, d'avoir des étudiants étrangers qui restent, c'est que, justement, quand les gens vont arriver sur le marché du travail, ils vont déjà avoir apprivoisé... s'être apprivoisés les uns les autres puis être capables de gérer cette différence interculturelle.

Journaliste : Ça fait que, finalement, peut-être que je vais aller trop loin dans mon analyse, là, mais corrigez-moi si vous n'êtes pas d'accord, mais de mal travailler sur le fond ou de... en intégrant mal, ça peut quasiment même générer du racisme systémique. Parce que, là, on est dans la définition que c'est un système qui est en place qui génère du racisme, des préjugés et de l'incompréhension, parce qu'au final, ce sont des gens qui n'arrivent pas à se connecter puis à se comprendre.

M. Dubreuil (Benoît) : C'est ça. Quand on ne gère pas bien la rencontre interculturelle, on produit des préjugés puis du racisme, OK? Dans ce cas-là, c'est quasiment mieux que les gens restent chacun de leur côté, parce que c'était moins pire avant qu'ils ne se rencontrent. On consolide les préjugés. Un phénomène de base en psychologie sociale.

Le Modérateur : Merci. Nicolas Lachance, Le Journal de Québec.

Journaliste : Bonjour. Avez-vous été capable d'établir des liens entre les établissements qui ont un modèle d'affaires basé sur les 10 ou 15 établissements, là, que vous avez nommés tout à l'heure et les organisations sur le terrain, donc locales, qui font du recrutement? Est-ce que... Comprenez-vous où je veux... Vous en glissez un mot dans votre rapport, mais il y a des organisations qui ne sont pas liées... qui ne semblent pas liées à des établissements, mais qui font du maraudage, qui inscrivent des tonnes et des tonnes d'étudiants étrangers dans des établissements. Les demandes sont en forte croissance depuis quelques années. Avez-vous été capable d'établir des liens entre ces établissements-là et ces organisations-là sur le terrain?

M. Dubreuil (Benoît) : Sur le terrain ici ou sur le terrain en Afrique francophone?

Journaliste : Là-bas.

M. Dubreuil (Benoît) : OK, c'est ça. Oui. Bien, en fait, on nous l'a dit, là, parce que les gens s'en aperçoivent. Il y a des collèges privés qui font affaire avec des agences de recrutement. L'agence de recrutement, c'est un intermédiaire qui est présent souvent à l'étranger, qui va prendre une cote sur les droits de scolarité en échange d'amener l'étudiant. Donc, ces organismes-là contrôlent la communication entre le collège et l'étudiant. Donc, déjà, on a un problème. Ça, quand un collège dépend d'étudiants étrangers pour vivre puis qu'il n'y a pas d'étudiants étrangers qui s'inscrivent, vous créez un contexte où vous l'incitez à aller faire affaire avec des agences, OK?

Ensuite, il y a des consultants qui sont en affaires en Afrique. L'établissement ne verra pas le consultant lui-même, l'établissement va préparer le dossier de l'étudiant puis va envoyer le dossier au Québec. Mais l'université ou le collège va recevoir ça, mais le nom du consultant, il n'est pas... il n'est pas sur le... sur le dossier. Mais il y a des établissements qui s'en rendent compte parce qu'ils disent : Bien, là, j'ai comme... j'ai 150 dossiers qui viennent de rentrer avec la même adresse et le même numéro de carte de crédit, on présume qu'il y a quelqu'un derrière qui prépare le dossier, ou tous les dossiers sont montés exactement de la même façon, donc il y a une usine, quelque part, là, de quelqu'un qui qui prend en charge. Donc, il y a toutes sortes... C'est peut-être les modèles les plus répandus. Il y a des gens aussi qui reçoivent des étudiants qui sont déjà au Québec, puis à ce moment-là, qui s'inscrivent peut-être comme étudiant étranger, peut-être pour pouvoir rester plus longtemps sur le territoire. Puis on sait aussi qu'il y a des gens qui se sont inscrits dans des dans des endroits sans avoir eu jamais l'intention d'y mettre les pieds, là.

Journaliste : Ce n'est pas... ça ne fait pas partie de votre mandat, mais savez-vous c'est quoi les sommes qui peuvent être liées à ces partenariats-là ou la cote qu'un agent va se prendre ou...

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, je n'oserais pas mettre de chiffres précis. Je pense que c'est extrêmement variable, là. Disons, par exemple, si vous êtes dans un DEP de 18 mois, 1 800 heures, généralement, les prix peuvent être n'importe où entre 20 000 $ et 30 000 $ de droits de scolarité pour l'étudiant. Donc, quelle est la cote exacte en fait, que l'agent recruteur, par exemple, va aller chercher? Quelques milliers de dollars certainement.

Dans le cas des gens qui offrent des conseils du côté africain, à ce moment-là, on ne peut pas savoir les tarifs. Mais je vous invite à aller chercher sur TikTok «étudier au Canada» et vous allez voir des tonnes et des tonnes d'influenceurs qui demandent aux gens de les contacter par message privé. Vous pouvez leur demander leurs tarifs.

Le Modérateur : Merci. Philip Rodrigue-Comeau, Cogeco.

Journaliste : Bonjour. Dans votre première recommandation, vous parlez d'une partie importante des enjeux documentés ces dernières années qui est liée à l'action d'acteurs malveillants. Est-ce que vous pouvez élaborer là-dessus? Je pense que ça va un peu dans le même sens que...

M. Dubreuil (Benoît) : C'est exactement... c'est ce que je viens de dire, c'est qu'à la base, il y a beaucoup, beaucoup de gens qui cherchent des façons de venir au Québec. Puis encore une fois, le Québec n'est pas unique parce que c'est pancanadien. Et là, le phénomène qu'on décrit, le propre du Québec, c'est que les gens ont été actifs en Afrique francophone, alors qu'au Canada, c'est plutôt du côté de l'Inde que ça s'est joué. Mais donc, c'est des gens qui cherchent du monde, qui veulent venir au Canada puis qui vont embaucher des consultants, qui leur dit : Bien moi, je vais prendre en charge ton dossier, je vais te trouver une façon d'y aller. Donc il y a tel collège, tu peux y aller comme étudiant étranger, puis après 18 mois, tu vas avoir ton accès au PEC et donc en échange d'un certain montant, cette personne-là vous accompagne dans vos... dans vos démarches. Puis comme il y a un lien personnel, bien souvent c'est des gens qui vont réussir à susciter la confiance de leur interlocuteur. Le problème, c'est ça, c'est que ces gens-là ne vont pas nécessairement faire en sorte que la personne soit bien préparée au cheminement dans lequel elle s'engage.

Journaliste : Et pour ce qui est du consortium que vous proposez, est-ce qu'il n'y a pas aussi de la concurrence à l'intérieur même du réseau entre les différents centres qui, des fois, comptent sur l'arrivée d'étudiants étrangers pour bien boucler leur financement? Est-ce que ça ce que c'est vraiment réaliste de penser que ça peut se faire facilement?

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, je pense que c'est pour ça que ça doit être imposé, c'est sûr. Il y a des instances de collaboration qui existent déjà, qui fonctionnent bien. Je pense, par exemple, aux services régionaux d'admission dans les collèges. Pour moi, c'est une façon de mettre les choses en commun qui est très, très efficace. Pour ce qui est de la promotion aussi, on voit beaucoup de collaborations dans la Fédération des cégeps. On voit beaucoup de collaborations au sein de l'éducation internationale pour la formation professionnelle. Les établissements de l'UQ sont habitués maintenant de travailler ensemble aussi à la fois pour la détection de la fraude, pour la promotion. Donc, il y a des instances de collaboration qui fonctionnent bien. Le but, c'est d'amener tout le monde au même endroit. Et c'est sûr qu'une grande université n'aura pas nécessairement besoin des autres pour fonctionner. Mais il faut qu'on mette tout le monde ensemble, justement parce qu'il y a des gens qui sont toujours à la recherche du maillon faible. C'est ça l'enjeu.

Journaliste : Et s'il y a une des 11 recommandations, là, sur laquelle vous vous insistez, c'est laquelle? Elles sont toutes importantes. Mais s'il y en a une qui sort du lot, qui pourrait vraiment contribuer à résorber le constat que vous faites, ça serait laquelle?

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, une, ça serait vraiment difficile. Mais c'est sûr, la question du consortium, ça, ça me semble vraiment très, très important. La question de l'intégration aussi que je mentionnais, ça me semble très important, puis peut être la question des modèles d'affaires, là, qui sont 100 % concentrée sur le recrutement étranger. Oui.

Journaliste : Rapidement, je vais me permettre une autre question, François Carabin, Le Devoir. Vous avez fait ces recommandations-là en plein en pleine consultation sur l'immigration. La semaine dernière, vous étiez aux consultations. Pourquoi ne pas avoir profité de votre passage, par exemple, pour proposer l'abolition du PEC diplômé?

M. Dubreuil (Benoît) : Bien, dans les faits, quand on lit attentivement les recommandations qu'on a présentées la semaine dernière, là, il n'y avait... il y avait comme plus de PEC. Nous, ce qu'on proposait la semaine dernière, c'est de de s'assurer que les gens qu'on amenait à l'immigration économique ont déjà passé un certain temps dans un contexte francophone où ils ont été en position d'interagir avec des Québécois et en français. Donc, on proposait de favoriser, justement, des gens qui avaient étudié en français, mais on ne mentionnait pas le PEQ de façon explicite, là, mais c'était comme implicite.

Journaliste : OK. Mais donc le... parce qu'actuellement, là, comment le gouvernement procède pendant la suspension du PEQ, c'est que toutes ces demandes-là passent par le PSTQ, là, le Programme de sélection des travailleurs qualifiés. Est-ce que, selon vous, c'est un modèle qui est... en tout cas, qui répond à vos recommandations, positivement?

M. Dubreuil (Benoît) : Mais alors, de notre point de vue, le PEQ, en ce moment, on ne voit pas comment on pourrait réussir à le faire fonctionner, là, d'une manière prévisible et qui fonctionnerait bien. Don, nous, de fonctionner à travers le PSTQ, ça nous semble légitime à ce moment-ci. Ensuite, on pourrait commenter, peut-être, la grille, là, de sélection plus particulière qui a été présentée par le gouvernement, mais on n'irait peut-être pas là aujourd'hui, là.

Journaliste : Si vous voulez, vous pouvez y aller.

M. Dubreuil (Benoît) : Mais, pour nous, je viens de le mentionner, c'est que sûr que les gens qui étudient en français dans des établissements francophones, qui parlent bien français, c'est sûr que la probabilité d'utiliser le français par la suite est infiniment plus grande. Donc, nous, on pense que ça doit être privilégié, c'est sûr.

Journaliste : ...en dehors de la région de Montréal.

M. Dubreuil (Benoît) : Aussi, ce qui inclut presque exclusivement des gens qui ont étudié en français pour l'instant, là, oui.

Journaliste : Donc, ça, c'est bien, selon votre point de vue?

M. Dubreuil (Benoît) : Oui, oui. Mais nous, on l'a mentionné d'ailleurs, en ce moment, on pense que c'est à l'extérieur de Montréal qu'on a la meilleure certitude, en fait, que les gens ont pu s'intégrer en français. Ensuite, pour ce qui est de Montréal, mais c'est plus difficile de le déterminer. Donc là, il faut que le gouvernement se donne une façon, justement, d'aller sélectionner des gens qui sont le plus susceptibles de s'être bien intégrés.

Le Modérateur : Merci. Je pense qu'on a quelques questions en anglais. Cathy Senay, CBC.

Journaliste : Bonjour! In your first recommendation, to create this African team, super team to do this recruitment, did you… were you wondering, when you were writing your report, why Québec hasn't put in place this type of team to avoid those recruiters that do not have the greatest intentions?

M. Dubreuil (Benoît) : I think that they did not foresee the problem. When mass recruitment of students started in India around 2017-2018, in Québec, as well as in Canada, it took already a number of years for Government to realize what was going on.

And I think that the government of Québec in 2021, when they realized what was the situation, they put in place a number of correctives, a number of measures to stop this system of mass recruitment in India. At the Canadian level, it took another 2 or 3 years before the federal government reacted and actually did something. I think that when they implemented these new measures in 2021-2022, they did not foresee what was coming in French speaking Africa.

Journaliste : In African countries?

M. Dubreuil (Benoît) : Yes. They did not foresee that there would be all those third parties that would produce massive number of admission requests for colleges and universities, so they did not think that there would be a problem coming. So, I think that at some point they realized that there was a problem, but after three years maybe, because the reaction time in Government is not so fast, depending on the time it takes for data to be produced, just realize that there is a problem, start thinking about what you should do about it. So, the reaction was the adoption of Bill 74 last year, something like three years after we got the first signs of the problem.

Journaliste : But I don't remember having so many measures to counter this, that type of system.

M. Dubreuil (Benoît) : In 2021?

Journaliste : No, in Bill 74.

M. Dubreuil (Benoît) : Oh, basically, it gives the Government the legal tool to cap the number of admission requests by institution.

Journaliste : So, you don't receive like a massive number like what that recruiters can do.

M. Dubreuil (Benoît) : Exactly. Yes. It creates an incentive for institutions to pay better attention to the profile of the people that you admit.

Journaliste : I don't… But you don't think it's enough, obviously, if it is your recommendation number one.

M. Dubreuil (Benoît) : Yes. I think we need to do more. Especially now the situation has changed so dramatically because when the bill was adopted last year the question is that: How do we manage to make sure that there is not this massive growth in the number of international students? Now, the situation is different, the number of enrollments has dropped dramatically. So, we are not in the same world. So, for me, the problem today is not to say: How can we control the number of international students as a general matter, because it is declining very quickly, the question is: How can we build something that will last in structuring our relationship with African, French-speaking countries? That is important for Québec.

Journaliste : And regarding the decline in the number of students, international students, in September, McGill, for example, was,well, very worried about this drop of international students. And now you're saying that you want to have a cap, a maximum of 15% of international students in every institution, that includes McGill, and it also includes Concordia University. What do you tell them; it doesn't go in line with their own strategy?

M. Dubreuil (Benoît) : Well, the first thing, the first thing is that we exclude research graduate programs. So, this should be a relief for them, because that's where the higher proportion of international student is. But we don't go there. Maybe at some point we will want to go, there because there is a question about the place of French in research, but it questions all the other programs that we have to subsidize research. So, I think when it comes to undergraduate programs, McGill is probably above the line of 15%, but not by so much, I think, it is manageable. Concordia is probably not very much above at the moment. Yes. OK.

Le Modérateur : Merci. C'est ce qui met fin à cette conférence de presse.

M. Dubreuil (Benoît) : Merci beaucoup, tout le monde.

(Fin à 13 h 55)

Participants

  • Dubreuil, Benoît

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