Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Dix heures trente et une minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde! Donc, je veux revenir sur une information très lourde
de conséquences pour le Québec, mais qui, dans l'actualité très chargée, n'occupe
peut-être pas la place que ça mérite, l'augmentation de 10 % des tarifs
douaniers sur plusieurs secteurs névralgiques du Québec en conséquence d'une
publicité que l'Ontario a décidé de diffuser lors notamment de la Série
mondiale. Ce n'est pas rien.
Donc, en ce moment, la réalité, c'est que
c'est impossible d'obtenir des informations fiables de la part d'Ottawa. Un
jour, on nous dit : On est à ça d'une entente. Le jour suivant, on nous
dit : Ah non, on n'était pas si près d'une entente, puis les publicités n'ont
peut-être pas de lien. Puis, ensuite, la journée suivante, on nous dit :
Non, en fait, on était proches, et ce sont les publicités de Doug Ford qui fait
en sorte que là, non seulement on n'est nulle part dans les négociations, mais
on se fait imposer un 10 % de plus de tarifs qui aura un impact important
sur l'économie du Québec.
Donc, quelques constats évidents pour
toute personne qui jette un oeil. Premièrement, est-ce qu'il y a un Bouclier
canadien? Non. Est-ce qu'il y a une confusion canadienne, un brouhaha de toutes
sortes de gestes qui ne sont pas coordonnés? À l'évidence, Doug Ford et Mark
Carney ne se sont pas concertés. Mais surtout, à l'évidence, le Québec n'est
nullement informé ni consulté, mais on va payer la note. C'est ça, le Canada.
Puis là, je ne vous parle pas de toutes les démarches en parallèle de Daniel
Smith en Alberta, toutes les démarches. C'est un chaos qui ne sert pas nos
intérêts. Et je veux rappeler, parce que vous savez ce que je pense de la
campagne de Mark Carney puis de la dernière campagne fédérale, je veux rappeler
qu'il s'est fait élire en promettant de régler les différends avec les
États-Unis, en se servant aussi de la crainte légitime de la population par
rapport à Trump, en disant : Elbows up! Avec moi, là, le coude levé, vous
allez voir, par magie, tout va s'arranger.
Et qu'est-ce qu'on a finalement? Bien, non
seulement on a ce qu'on aurait dû... que ce que plusieurs personnes avaient
compris, à savoir : il n'y a personne qui peut contrôler ou prédire les
réactions de l'administration Trump. Il n'y a personne qui a de baguette
magique, mais surtout ses promesses, c'est-à-dire les droits de douane
réciproques, là, tu sais, on parlait de jouer au plus fort avec les
États-Unis... Puis le Parti québécois avait dit : Non, moi, je ne pense
pas qu'on va aller là. Bien, comme de fait, il a annulé les droits de douane
réciproques, il a annulé également les taxes sur les géants numériques. Donc,
ce n'était pas vrai. Finies, aussi, les menaces d'annexion. Il nous avait dit
qu'avec lui ça mettait fin à cette menace d'annexion. Il nous avait caché une
partie de l'appel téléphonique avec Donald Trump, où, en fait, pendant l'appel,
Donald, Trump lui avait dit à nouveau qu'il souhaitait voir un fifty-first
state. Bien, comme de fait, il n'y a rien qui a changé.
Je vous dis ça, donc, parce que je
comprends qu'il y a une partie qu'à l'impossible, nul n'est tenu.
L'administration Trump est imprévisible, mais il faut concevoir aussi que le
Canada est très imprévisible en ce moment. Il n'y a pas de concertation, tout
le monde fait plein de choses. Et, pendant ce temps-là, bien, le Québec va
payer la note sans ni même être informé ni consulté, sans qu'on ait nos
relations internationales directes. Et, dans ce contexte-là, bien, je fais
valoir que non seulement il n'y a pas de Bouclier canadien, mais si on était un
pays, bien, au moins on aurait notre échange direct de diplomatie avec
Washington et on ne serait pas spectateurs de choses qui vont avoir des
conséquences très graves sur l'économie québécoise. Donc, il est temps de
réaliser que le Québec doit avoir son siège à ces négociations-là. C'est urgent
puis il en va de nos entreprises québécoises. Ce n'est pas du «elbows up» qui
va aider nos entreprises québécoises. C'est ce qu'il faut conclure de la dernière
élection fédérale, et j'espère qu'on peut s'en servir pour les prochaines
élections.
Journaliste
: ...de
nommer, M. Plamondon, ce sont des choses que Justin Trudeau avait mises en
place. M. Carney les a justement abolies. Ne faites-vous pas davantage
confiance en M. Carney qu'en M. Trudeau à l'époque?
M. St-Pierre Plamondon : Vous
parlez de quoi?
Journaliste
: Bien, les
contre-tarifs réciproques et la taxe sur les services numériques, c'étaient des
initiatives de Justin Trudeau, non de M. Carney. Est-ce que, donc, dans la
situation, vous ne faites pas plus confiance à M. Carney, puisqu'il a aboli...
M. St-Pierre Plamondon : Ce
n'est pas un dilemme... ce n'est pas un dilemme entre Justin Trudeau et Mark
Carney, c'est une question de ce que Mark Carney nous a dit en campagne
électorale pour obtenir à nouveau le pouvoir des libéraux, alors que tout le
monde était d'accord que les libéraux de Trudeau, c'était à peu près le pire
gouvernement qu'on avait vu depuis des décennies. Comment a-t-il fait? Il s'est
servi de la peur légitime que les Québécois ont vis-à-vis ce qui se passe aux
États-Unis. Et il a fait des promesses qui sont absolument fausses. Il a même
caché de l'information sur ce que Trump lui disait dans le but d'obtenir le pouvoir.
Donc, c'est mon rôle, parce que, moi, ma seule loyauté, elle est envers le
Québec, c'est mon rôle... c'est mon rôle de dire : C'était, cette
élection-là, basé... C'était un vote qui était fondé sur plusieurs affirmations
ou promesses qui s'avèrent absolument inexactes, notamment le fait que, parce
que tu fais du «elbows up», tu contrôles l'agenda américain.
Journaliste
: ...donc,
il n'a pas de légitimité comme premier ministre parce qu'il a promis des choses
que... vous dites qu'il a promis des choses qui ne se réalisent pas ou qui ne
se font pas.
M. St-Pierre Plamondon :
J'espère simplement, je fais le commentaire, d'une part parce qu'on doit
revendiquer que le Québec voit ses affaires puis soit impliqué, puis là on va
payer la note de toutes sortes de choses qui sont l'initiative de l'Ontario ou
de Mark Carney, premier point. Deuxième point, il y aura d'autres élections
dans l'histoire du Québec, à l'échelle du Québec comme à l'échelle du Canada,
puis je fais simplement dire : Lorsqu'on nous fera une prochaine campagne
de peur, apprenons de ça et prenons un pas de recul en se demandant :
Est-ce que ça a vraiment du bon sens qu'une personne dont on ne connaît rien,
mais qui reprend une administration puis un groupe de ministres, qui ont été
assez catastrophiques, là, sur le plan de la gestion à l'échelle fédérale...
Est-ce que ça a du bon sens? Cette campagne de peur là devrait-elle nous
empêcher de voir certaines choses prévisibles? Donc, l'instrumentalisation de
ce qui sont des fausses promesses, on peut apprendre quelque chose de ça pour
les prochaines fois.
Journaliste
: ...le
poids d'un Québec indépendant serait suffisant pour aller chercher des
concessions dans l'administration de Donald Trump?
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, c'est-à-dire qu'on ne subirait pas l'agenda de Doug Ford et de Mark
Carney. Et je ne dis pas 19289qu'on aurait
plus de poids, je dis simplement : Il n'y a pas de Bouclier canadien, mais
on paie la note. Ayons au moins notre relation puis la valorisation de nos
intérêts, parce que ce n'est pas exclu que ce qui s'en vient aussi, c'est le
sacrifice de certains de nos intérêts économiques au profit des intérêts
économiques d'une autre province. C'est ça, l'histoire du Canada. Donc, je fais
juste dire le contenu qui a même amené à un renouveau du nationalisme canadien.
Là, souvenez-vous, il y avait Jean Chrétien, puis même Steven Harper, pour nous
dire que la souveraineté, ça n'a pas de prix. Puis il faut être prêts même à
s'appauvrir pour notre indépendance. Écoutez, là, ça, c'est les mêmes qui nous
ont dit que l'indépendance du Québec, c'était le truc le plus fermé et le plus
rétrograde au monde. Je suis obligé de dire : Prenons conscience que tout
cet écran de fumée, dans les faits, ce n'était pas vrai et qu'on n'a rien à
perdre à au moins ne pas être des touristes dans cette histoire-là et d'avoir
notre destin en main.
Journaliste
: Économiquement,
en quoi ça serait positif pour le Québec alors qu'on est... qui soit
indépendant, une province, on est présentement dans de l'instabilité par
rapport au partenaire commercial américain. En quoi est-ce que ça serait
positif d'ouvrir un nouveau front, au même moment, avec le marché canadien?
Parce qu'après un référendum, il faudrait négocier aussi la capacité du Québec
à faire du commerce avec le reste du Canada. On ne serait pas à l'abri
nécessairement que des tarifs soient imposés par le fédéral après, après
l'indépendance.
M. St-Pierre Plamondon :
Ouais. Non, mais ce n'est pas... On a une section du livre bleu là-dessus.
Journaliste
: Ah non!
c'est vrai, on ne l'a pas vu.
M. St-Pierre Plamondon :
Mais pour répondre à la question, parce qu'on s'est déjà penché sur ces
questions-là, comprenez que l'ordre juridique ne sera pas à renégocier parce
que le Québec existe, là. Il y a une standardisation des échanges commerciaux
dans le cadre duquel le Québec va s'insérer. Mais mon point n'est pas qu'on va
se retrouver dans une meilleure situation.
Journaliste
: ...juste
pour bien comprendre. Donc, automatiquement, un Québec indépendant aurait un
traité de libre-échange avec le reste Canada? Ça serait automatique après la
sécession?
M. St-Pierre Plamondon :
Bien c'est-à-dire que pour les fins des accords existants, on serait toujours à
un échange avec le Canada, avec des politiques qui nous lient par rapport aux
accords internationaux, là. Donc, les accords internationaux ne cesseront pas
d'exister le lendemain de l'indépendance du Québec. On a un chapitre juste
là-dessus.
Journaliste
: Et quelle
certitude avez-vous qu'après l'indépendance du Québec, le reste du Canada fera
du libre-échange avec la république québécoise?
M. St-Pierre Plamondon :
J'ai... Bien, disons, il n'y a pas une entreprise canadienne qui a intérêt à
couper ses activités puis à se couper d'un marché du jour au lendemain.
Journaliste
: Les Québécois,
le lendemain, ce n'était pas dans leur intérêt non plus.
M. St-Pierre Plamondon :
Non, mais je regrette, là, je... j'ai un chapitre là-dessus. D'ici Noël, vous
allez l'avoir. Ce que je vous dis que...
Journaliste
: ...vous
avez des anglophones, les autres premiers ministres...
M. St-Pierre Plamondon :
Ce que je vous dis qu'il y a de certitude, c'est qu'un Québec qui parle pour
lui-même va au moins pouvoir avoir sa stratégie et non pas subir la stratégie
des autres. Et ce qu'il faut retenir des dernières... des derniers jours, c'est
que Mark Carney agit sans consulter le Québec, mais qu'on va payer la note des
10 %. Puis Doug Ford, lui, il décide qu'il fait des publicités aux
États-Unis, ça va nous impacter, mais on n'a ni information ni consultation.
Donc, ça ne fonctionne pas. On est mieux dans ces circonstances-là, constatant
qu'il n'y a pas de Bouclier canadien...
Journaliste
: ...que
les États-Unis allaient reconnaître la légitimité du Québec? Qu'est-ce qui vous
fait croire que l'administration Trump reconnaîtrait la légitimité du Québec?
Pour le dire...
M. St-Pierre Plamondon :
Bien, par définition, si on est dans le scénario d'un Québec indépendant, c'est
parce qu'il y a des pays qui nous ont reconnus. Donc, c'est...
Une voix : ...
M. St-Pierre Plamondon :
Évidemment que c'est une condition. Évidemment que c'est une condition.
Journaliste
: Vous
dites ça comme si c'était sûr qu'ils reconnaîtraient note légitimité. Qu'est-ce
qui peut vous assurer de ça?
M. St-Pierre Plamondon :
Si on discute de l'hypothèse d'un Québec indépendant puis on se pose la
question quelles seront nos relations commerciales avec les États-Unis, c'est
parce que les États-Unis nous ont reconnus, là. Et là, si vous remettez en
question le droit international, c'est-à-dire que l'autodétermination des
peuples est reconnue, donc, je m'attends à ce que les principes de base, si
c'est fait démocratiquement puis dans les règles de l'art, soient reconnus à
l'échelle internationale, ça, c'est une prémisse fondamentale, parce
qu'évidemment, s'il n'y a plus rien qui tient puis on ne peut pas
s'autodéterminer suivant les conventions internationales, bien là, c'est un
autre scénario. Mais à ce moment-là, toute notre discussion n'a pas lieu parce
qu'on n'est pas un pays. Pour être un pays, il faut qu'il y ait une forme de
reconnaissance internationale à un certain degré, là. Il n'y a pas de doute.
Journaliste
: ...il y a
des règles internationales qu'il ne respecte absolument pas, là, et des anciens
traités de libre-échange qu'il ne respecte absolument pas.
M. St-Pierre Plamondon :
Oui, mais si... L'objet de notre discussion ce matin, c'est que ça prend la
reconnaissance des autres pays pour être un pays. La réponse, c'est oui, il n'y
a aucun doute là-dessus. C'est un principe de base.
Journaliste
: Puis je
reviens là-dessus, est-ce que Trump va vous reconnaître comme pays? Est-ce
qu'il va nous reconnaître?
M. St-Pierre Plamondon :
Je n'ai pas de certitude. J'ai confiance qu'un processus qui est bien mené va
mener à une reconnaissance. Et dans tous les cas, que le peuple québécois
s'exprime sur sa volonté démocratique parce qu'on n'arrêtera pas d'être une
démocratie en fonction de ce qu'on ne sait pas pourrait advenir dans quelques
années. La démocratie, le principe, c'est qu'on tient des élections. Si on... 19289 consultation de la population. On prend
acte de ce que la population nous dit. Puis ensuite, bien, on s'attend à ce que
les autres pays reconnaissent, en fonction du droit international, la volonté
d'un peuple.
Journaliste : ...gouvernement
américain démocrate serait plus avantageux pour le Québec?
M. St-Pierre Plamondon : Je
ne sais pas. On m'a souvent posé cette question-là, à savoir, tu sais, est-ce
qu'il y a une opportunité ou un risque dans l'administration Trump. Ma
position, c'est que ces circonstances-là vont bouger au moins trois, quatre
fois d'ici à notre rendez-vous ultime avec notre histoire. C'est-à-dire qu'on
peut faire... on peut faire beaucoup de scénarios puis tenter d'anticiper quel
serait le contexte politique international dans quelques années...
Journaliste : ...d'ici 2030?
M. St-Pierre Plamondon : Il y
a un «midterm». Il y a quand même plusieurs facteurs.
Journaliste : Bien, vous
tenez le référendum d'ici 2030, c'est votre engagement si vous prenez le
pouvoir.
M. St-Pierre Plamondon : C'est
ça. Mais il y a un «midterm» américain avant. C'est ça. Donc, dans quel cas, ça
plusieurs années devant nous. Donc, moi, ce que je fais, c'est que, notre
équipe, on mène une bataille et une démarche qui est absolument fondamentale
pour que cessent les situations ridicules du genre, la décision de l'Ontario de
faire des publicités, mine nos entreprises, puis on n'a aucune information ni
consultation. Pour ça, il faut décider par nous-mêmes. Et les circonstances
vont changer trois, quatre fois politiquement, tant aux États-Unis qu'à
l'international, qu'en politique québécoise. Donc, c'est comme quand vous me
demandiez, en pandémie : Allez-vous arrêter d'être indépendantiste parce
qu'il y a une pandémie? Non, je n'arrêterai pas. Puis, oui, la pandémie a un
impact. Mais est-ce que la pandémie sera là dans trois, quatre ans?
Probablement pas. Puis là, vous me demandiez : Est-ce que vous avez la
certitude qu'il n'y aura pas d'autre pandémie ou que la pandémie sera terminée
dans trois, quatre ans? Non, je n'ai pas la certitude, mais je ne m'empêcherai
pas de donner le cap en fonction de l'intérêt du Québec. Puis ces
circonstances-là vont changer.
Journaliste : ...au pays, il
y a... à court terme, vous dites... bon, vous parlez des autres premiers
ministres, M. Ford, Mme Smith. Est-ce que François Legault a un manque de
leadership à ne pas être le touriste, là, dont vous parlez dans tout cet
enjeu-là?
M. St-Pierre Plamondon : C'est
vrai que le gouvernement du Québec est touristique sur le plan des relations
internationales et des relations avec les États-Unis. Moi, ça m'avait frappé de
voir l'Alberta, l'Ontario puis l'Île-du-Prince-Édouard, là, qui n'est quand
même pas la superpuissance démographique du Canada, là, mais il y avait toutes
leurs équipes, puis ils étaient en tournée, puis ils voulaient convaincre les
États-Unis de leurs intérêts, ce qui a créé une cacophonie. J'avais relevé que
finalement, il n'y avait pas de Canada, là. Les provinces se comportaient un
pays. Mais c'était quand même bizarre de voir les... le gouvernement du Québec
absent et même faire des gaffes monumentales du genre, dès le départ, offrir
une concession alors qu'il n'y a pas de négociation. C'était touristique.
C'est... C'est un gouvernement touristique sur le plan des relations
internationales et sur d'autres plans.
Journaliste : Par ailleurs,
Geneviève Guilbeault, ce matin, la PDG de Santé Québec a envoyé un message à
tous ses employés en disant...
M. Arseneau : ...
Journaliste : ...Biron,
pardon, oui... ou Biron? Biron. Donc, Mme Biron a envoyé un message ce matin à
tous ses employés, 327 000, en disant : Il faut garder le calme, là.
On sent la soupe chaude. Vous pensez quoi de ça, de l'intervention de Santé
Québec pour faire appliquer ou adoucir le passage de cette loi-là?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est symptomatique. C'est symptomatique que ce qu'on vient de faire au
gouvernement du Québec a beaucoup de conséquences potentielles. Et que là, le
gouvernement vient d'allumer sur ce qu'on leur disait pendant plusieurs
semaines, à savoir, c'est légitime de réformer le mode de rémunération, puis
oui, il peut y avoir de l'opposition, mais un gouvernement a le droit de faire
les réformes. Mais, si vous perdez la confiance de tous les intervenants en
vous dépêchant puis en empêchant une étude sérieuse de ce que vous êtes en
train de faire, on va se retrouver avec des aberrations comme des limites à la
liberté d'expression qui ne se défendent pas puis qu'on va abroger aussitôt
qu'on va avoir une chance, des histoires où est-ce qu'on confond un
radiologiste avec un radiooncologue, des histoires comme des désincitatifs à la
télémédecine. Toutes ces questions-là, c'est le fruit du travail bâclé puis de
la volonté de monter en épingle à des fins politiques un travail qui
nécessitait un peu plus de temps, qui n'était pas si sorcier mais qui demandait
quand même une étude sérieuse. Ils ne l'ont pas fait. La confiance, donc,
chute.
La seule chose qu'on peut faire, nous,
puis c'est ce que je vous ai dit hier, on va prendre un an pour étudier partout
où il y a des choses qui n'ont pas de bon sens dans les objectifs puis on va
s'engager calmement à faire ces correctifs-là dans un an.
Journaliste : ...l'élection
ou c'est un an après l'élection? Je me posais cette question-là hier en vous
écoutant.
M. St-Pierre Plamondon : Un
an d'ici l'élection, dans l'hypothèse de la prise de pouvoir du Parti
québécois, on aura déjà fait le travail sur tous les éléments qui n'ont pas de
sens dans cette loi-là. Puis on va, dans ce cadre-là, tout corriger. Et donc...
Journaliste : ...début de
votre mandat?
M. St-Pierre Plamondon : Et
donc on fait le travail d'un... Au début, début de notre mandat. Et donc on
fait le travail que, normalement, une commission parlementaire puis l'étude
d'un projet de loi fait, à savoir écouter équitablement les gens.
Et, quand vous entendez les médecins, là,
moi, ce que j'entends, c'est l'aspect 19289inéquitable
du processus amène une juste colère. Ce n'est pas tant que le gouvernement n'a
pas le droit de réformer le mode de rémunération pour amener des composantes
d'objectifs, c'est le fait que c'est bâclé et c'est construit pour un
affrontement à des fins politiques. Et tout le monde le voit, le comprend
aussi, de la manière dont ça a procédé durant la nuit. Et c'est là que les gens
ne peuvent pas accepter le verdict. Alors qu'un verdict d'un gouvernement,
c'est toujours contesté, hein? Ce n'est jamais parfait. Il y a toujours des
groupes d'intérêts. Tout ça est normal, mais ce qui n'est pas normal, c'est
que, là, la confiance est à zéro pour tout le monde parce que le processus
n'est pas fait correctement. On va se donner un an pour le faire correctement, faire
les réformes.
Journaliste : ...aux
Québécois qui vous écoutent, là, puis qui écoutent les médecins puis qui se
disent depuis une semaine : Les enfants gâtés, c'est assez, là. C'est nous
autres qui paient pour ça, là. Les Québécois qui sont fâchés, eux aussi, là,
ils trouvent que le vocal des médecins est beaucoup trop fort par rapport aux
services qu'ils obtiennent. Vous leur dites quoi aujourd'hui, là, ceux qui sont
dans les salles d'attente?
M. St-Pierre Plamondon : Ça
fait au moins 10 ans que le Parti québécois prône une réforme du mode de
rémunération des médecins. C'est légitime de se pencher là-dessus. Puis il y a
des modèles bien meilleurs que ça au Québec. Donc, ce n'est pas qu'on ne doit
pas faire de réforme pour améliorer l'accessibilité aux médecins, améliorer les
aspects, c'est simplement qu'on a bâclé le travail parce qu'on voulait un
adversaire, les médecins, et on l'a fait tellement vite que c'est rempli
d'aberrations. Donc, à la fin, tout le monde est frustré.
Et rappelez-vous de ce que je vous...
rappelez-vous ce que je vous ai dit en tout début de session. Vous m'avez
demandé : Quel est les thèmes qu'on doit surveiller cette session? Puis je
vous avais répondu : Le risque qu'on a avec un gouvernement qui est en fin
de régime et qui a des sondages très, très bas, c'est qu'il pose des gestes en
désespoir de cause, de manière irresponsable. Et c'est assez irresponsable de
faire une réforme durant la nuit, cinq heures pour étudier un paquet
d'aberrations, en mettant en péril, donc, le système de santé et les patients,
dont vous parlez, simplement à des fins électorales. C'est irresponsable.
Journaliste : ...qui prend
l'avion, là, et qui vient à Québec pour son examen puis qu'il est obligé de
retourner aux Îles parce que le spécialiste n'est pas disponible, vous lui
dites quoi, à M.... aujourd'hui, à lui, là?
M. St-Pierre Plamondon : u'on
va probablement avoir un changement de gouvernement dans un an et que toutes
les aberrations seront corrigées. Puis on se donne ce temps-là pour s'assurer
qu'on fasse ces corrections-là.
Journaliste : ...juste pour
clarifier votre position hier. Est-ce que vous... Est-ce que vous allez quand
même renoncer à la partie punitive pour ce projet de loi, la loi, et la partie
surveillance du projet de loi?
M. St-Pierre Plamondon : Totalement.
Journaliste : OK.
M. St-Pierre Plamondon : Mais
je l'ai dit hier, on l'a dit toute la nuit, grâce au travail de Joël. Mais je
veux juste aussi, là...
Journaliste : ...vous voulez
garder l'essentiel de la loi, alors que votre critique a quand même indiqué...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
mais hier, là, j'ai passé en revue tous nos projets d'amendements, puis j'ai
insisté là-dessus, puis j'ai dit : Il y a des affaires qu'on n'a pas eu le
temps d'attraper, comme la télémédecine, puis on se donne le temps, puis on va
probablement trouver d'autres aberrations, et un gouvernement du Parti
québécois va tout corriger. Donc, ce n'est vraiment pas de la complaisance, au
contraire.
Et je souligne à nouveau qu'il y a juste
le Parti québécois qui a proposé des amendements à cette loi-là. Ce n'est quand
même pas rien, là. Les autres partis d'opposition peuvent dire ce qu'ils
veulent, mais il y a un seul parti qui a pris le temps d'étudier article par
article et de dire : Il y a une erreur là, corrigez-le. Et c'est
l'arrogance et l'incompétence du gouvernement, qui n'a même pas étudié...
Comme, le truc des radiologistes, radio-oncologues, là, ça ne coûte rien de le
changer, là. Je veux dire n'importe qui qui regarde ça se dit : Ah oui, tu
as raison, on l'a échappé. Mais ils ne l'ont pas regardé. Donc, on a travaillé
toute la nuit, en fait, c'est vraiment Joël qui peut en parler, mais pour rien.
Ce n'est pas normal.
M. Arseneau : Juste un
élément. Le projet de loi n° 83 qu'on a adopté au printemps, là, que
le gouvernement a adopté, il y avait 26 articles, il y a eu
23 amendements. Celui qu'on a adopté à toute vapeur, là,
214 articles, un amendement, celui proposé par le gouvernement qui l'a
déposé le matin même. Donc, notre amendement a été refusé, dont un, d'ailleurs,
oui, sur la question des radio-oncologues, mais l'autre sur la liberté
d'expression, parce que le conseiller légal du gouvernement du ministre nous a
dit : Tout à fait, on peut... on pourrait poursuivre les gens qui
s'expriment et qui disent : Moi, si j'étais médecin, là, je changerais de
province, je partirais vers un autre pays où je prendrais ma retraite, et c'est
passible de 500... d'une amende de 500 000 $.
Journaliste : ...
M. Arseneau : Oui. Oui,
bien...
Journaliste : ...vous dites
quoi, à M.... aujourd'hui?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
moi, je vais vous dire, j'ai...
Journaliste : Il est fâché,
lui, là.
M. Arseneau : Oui, il est
fâché... En fait, il peut être inquiet, mais il est fâché si, effectivement,
les médecins ont décidé de ne pas pratiquer la chirurgie qui était prévue. Mais
moi, j'ai passé ma soirée hier en communication avec des médecins, et ce que
j'ai compris, c'est qu'ils avaient une bonne dose de colère, de frustration,
très, très blessés dans la façon dont le gouvernement a procédé, mais toujours
très volontaire dans la question de soigner et d'être professionnels et d'être
responsables. On est en contact aussi avec la FMSQ et la FMOQ, et je pense
qu'on va travailler de façon constructive sur les éléments qui n'ont pas de bon
sens dans le projet de loi, mais moi, j'ai pleine confiance que les médecins
vont continuer de pratiquer en remplissant leurs obligations, leur serment
d'Hippocrate.
Journaliste : ...menace à
exécution puis qu'ils déposaient une injonction, est-ce que vous appuieriez les
médecins dans cette démarche?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
c'est une démarche légale. On n'a pas à se prononcer si, oui ou non, c'est le
juge qui va trancher.
M. St-Pierre Plamondon : Ça
dépend des arguments...
M. Arseneau : Et si c'est sur
la question de la liberté de mouvement ou la liberté de parole, bien, on l'a
déjà dit, qu'on était contre ces mesures abusives du gouvernement, alors,
effectivement, on va l'appuyer, disons, théoriquement, mais c'est les avocats
des fédérations qui vont en faire leurs plaidoyers devant le juge.
Journaliste : Hier, M.
St-Pierre Plamondon, vous avez fait allusion au gouvernement corrompu du Parti
libéral, puis ça a choqué beaucoup le Parti libéral, qui vous demande de vous
rétracter et de présenter des excuses ce matin. Alors, je ne les ai pas
entendues jusqu'à maintenant.
M. St-Pierre Plamondon : Je
répète ce que j'ai dit : La combinaison de campagne de peur du Parti
libéral, avec un vide de contenu abyssal, dans notre historique presque à
chaque décennie, nous a menés à des gouvernements libéraux affairistes et
corrompus. C'est ce que j'ai dit, je viens de le répéter, et la raison pourquoi
je viens de le répéter, c'est que c'était à peu près la chose la plus
consensuelle au Québec à la fin de l'ère libérale, qu'il y avait de la
corruption. Je vous... Peut-être, la mémoire est une faculté qui oublie... Le
scandale de la SIQ, les prête-noms pour le financement, l'affaire Tony Tomassi,
pour laquelle, je pense, il a plaidé coupable, l'affaire des post-it et des
juges libéraux, la commission Bastarache, donc, la commission Charbonneau, et
ça, c'est riche en contenu, on s'entend, l'îlot voyageur, le scandale des
garderies, le Vérificateur général avait dit qu'il y avait plusieurs
irrégularités, le salaire occulte, tout ce qu'on trouve dans le livre. PLQ inc.
Et ça, ça se combine maintenant parce
que... grâce à Pablo Rodriguez, ça se combine avec la corruption libérale
fédérale. Lui, il a été député à partir de 2004 pour les libéraux. Et donc je
suis obligé de rappeler le scandale des commandites, mais le scandale, oui,
Charity, l'affaire SNC-Lavalin, le scandale à... la nomination des juges
libéraux, même principe, l'Aga Khan, l'ingérence étrangère. Bref, je... En
fait, non seulement ça a toujours été relativement compris de la population
mais je réitère que ce livre-là, que j'ai rédigé et publié durant la course à
la chefferie et qui m'a mené à être chef du Parti québécois, les deux premières
phrases disent la chose suivante, ce ne sera pas compliqué, là : «Au cours
des dernières années, j'en suis venu à conclure que l'indépendance du Québec
est une question de survie linguistique et culturelle pour le Québec. Je suis
arrivé également à la conclusion que la corruption et l'affaiblissement de nos
institutions causés par les gouvernements libéraux de Jean Charest et Philippe
Couillard étaient une conséquence de notre décision de voter non en 95 et que
ce genre de gouvernement très nuisible reviendra cycliquement au pouvoir tant
que nous ne réaliserons pas l'indépendance du Québec.» Deux premières phrases
de mon livre, puis si vous voulez comprendre mon action politique, là, tout est
là. Et c'est mon contrat aussi avec les membres et les gens qui m'ont suivi et
soutenu. Donc, il n'y a pas de surprise, là.
Journaliste : Donc, si j'ai
écrit ça puis ils ne m'ont pas poursuivi, il n'y a pas de raison... poursuivre
pour ce que vous avez dit aujourd'hui... hier et aujourd'hui?
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ce n'est pas ça que je dis. Je dis : Il n'y a pas de ce matin. Je veux
dire, il n'y a personne qui est tombé en bas de sa chaise suite à mon
affirmation. Évidemment...
Journaliste : ...avec M.
Rodriguez, puisqu'en plus il y a l'héritage fédéral, donc les deux ensemble,
là, c'est inévitable.
M. St-Pierre Plamondon : Je
n'ai jamais dit que c'était inévitable. J'ai dit : Regardez notre
histoire, apprenons de notre histoire. Lorsqu'un Parti libéral vous sert du
contenu absolument vide, avec des campagnes de peur, ça a donné, le plus
souvent, des gouvernements affairistes et corrompus. Je le pense, je l'ai
toujours pensé et je pense que cette prise de conscience, elle est nécessaire
parce que, si un gouvernement n'a pas une loyauté... une formation politique
n'est pas tant loyale envers son peuple qu'elle est loyale envers le régime
d'origine coloniale qui veut conserver le Québec dans son entité fédérale... si
c'est ça, la loyauté, puis si on ment sur l'essentiel à la population, il ne
faut pas se surprendre après qu'on ment sur le reste, la, je veux dire.
Journaliste : ...population
va faire le lien, c'est-à-dire, il y a quand même le mot Pablo Rodriguez
d'associé au mot «corrompu», vous comprenez qu'il peut être heurté par ça?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
de la même manière que quand il invente des sornettes comme quoi je considère
que les gens qui ne veulent pas un référendum ne sont pas Québécois. Ce n'est
pas vrai. Tu sais, la différence entre... Parce que je comprends qu'il y a un
échange d'intérêt pour les médias, mais Pablo Rodriguez, ce qu'il dit sur le
Parti québécois et sur moi, c'est non fondé, alors que je viens de vous nommer
une trentaine de faits qui soutiennent l'affirmation que les administrations
libérales ont eu un degré de corruption anormal. Donc, moi, je ne m'excuse pas
de ça. Ça fait partie du débat public, là, je veux dire, on ne se surprend pas,
c'est... c'est signe aussi que le rendez-vous électoral arrive à grands pas.
Puis moi, je maintiens ce que j'ai toujours dit et je pense que c'est essentiel
de le réaliser parce que le Parti québécois, à ce moment bâtit à même des gens
qui n'auraient pas fait de politique n'eût été qu'on donne l'heure juste, même
sur la question la plus courageuse ou la plus lourde à porter, à savoir qu'on
doit devenir un pays, ça attire du capital humain et, s'il y a une chose pour
laquelle j'ai une certitude totale, c'est que vous ne verrez jamais des Pascal
Paradis, des Catherine Gentilcore et des Alex Boissonneault dans un scandale de
corruption, jamais. C'est... Il y a beaucoup d'incertitude dans une carrière
politique, mais si j'ai une certitude, c'est que ces gens-là sont venus pour
servir le Québec et non pas pour se servir, et c'est une conséquence du fait
qu'on sert l'indépendance du Québec. Si on mentait sur l'essentiel de notre
destin comme peuple, on n'attirerait pas ce genre de personnes là.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
M. St-Pierre Plamondon : Il
n'y a pas d'anglais.
Le Modérateur
: Non, il
n'y a pas d'anglais.
(Fin à 10 h 58)