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Point de presse de M. Paul St-Pierre Plamondon, chef du troisième groupe d’opposition, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mardi 28 octobre 2025, 10 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures trente et une minutes)

M. St-Pierre Plamondon : Alors, bonjour, tout le monde! Donc, je veux revenir sur une information très lourde de conséquences pour le Québec, mais qui, dans l'actualité très chargée, n'occupe peut-être pas la place que ça mérite, l'augmentation de 10 % des tarifs douaniers sur plusieurs secteurs névralgiques du Québec en conséquence d'une publicité que l'Ontario a décidé de diffuser lors notamment de la Série mondiale. Ce n'est pas rien.

Donc, en ce moment, la réalité, c'est que c'est impossible d'obtenir des informations fiables de la part d'Ottawa. Un jour, on nous dit : On est à ça d'une entente. Le jour suivant, on nous dit : Ah non, on n'était pas si près d'une entente, puis les publicités n'ont peut-être pas de lien. Puis, ensuite, la journée suivante, on nous dit : Non, en fait, on était proches, et ce sont les publicités de Doug Ford qui fait en sorte que là, non seulement on n'est nulle part dans les négociations, mais on se fait imposer un 10 % de plus de tarifs qui aura un impact important sur l'économie du Québec.

Donc, quelques constats évidents pour toute personne qui jette un oeil. Premièrement, est-ce qu'il y a un Bouclier canadien? Non. Est-ce qu'il y a une confusion canadienne, un brouhaha de toutes sortes de gestes qui ne sont pas coordonnés? À l'évidence, Doug Ford et Mark Carney ne se sont pas concertés. Mais surtout, à l'évidence, le Québec n'est nullement informé ni consulté, mais on va payer la note. C'est ça, le Canada. Puis là, je ne vous parle pas de toutes les démarches en parallèle de Daniel Smith en Alberta, toutes les démarches. C'est un chaos qui ne sert pas nos intérêts. Et je veux rappeler, parce que vous savez ce que je pense de la campagne de Mark Carney puis de la dernière campagne fédérale, je veux rappeler qu'il s'est fait élire en promettant de régler les différends avec les États-Unis, en se servant aussi de la crainte légitime de la population par rapport à Trump, en disant : Elbows up! Avec moi, là, le coude levé, vous allez voir, par magie, tout va s'arranger.

Et qu'est-ce qu'on a finalement? Bien, non seulement on a ce qu'on aurait dû... que ce que plusieurs personnes avaient compris, à savoir : il n'y a personne qui peut contrôler ou prédire les réactions de l'administration Trump. Il n'y a personne qui a de baguette magique, mais surtout ses promesses, c'est-à-dire les droits de douane réciproques, là, tu sais, on parlait de jouer au plus fort avec les États-Unis... Puis le Parti québécois avait dit : Non, moi, je ne pense pas qu'on va aller là. Bien, comme de fait, il a annulé les droits de douane réciproques, il a annulé également les taxes sur les géants numériques. Donc, ce n'était pas vrai. Finies, aussi, les menaces d'annexion. Il nous avait dit qu'avec lui ça mettait fin à cette menace d'annexion. Il nous avait caché une partie de l'appel téléphonique avec Donald Trump, où, en fait, pendant l'appel, Donald, Trump lui avait dit à nouveau qu'il souhaitait voir un fifty-first state. Bien, comme de fait, il n'y a rien qui a changé.

Je vous dis ça, donc, parce que je comprends qu'il y a une partie qu'à l'impossible, nul n'est tenu. L'administration Trump est imprévisible, mais il faut concevoir aussi que le Canada est très imprévisible en ce moment. Il n'y a pas de concertation, tout le monde fait plein de choses. Et, pendant ce temps-là, bien, le Québec va payer la note sans ni même être informé ni consulté, sans qu'on ait nos relations internationales directes. Et, dans ce contexte-là, bien, je fais valoir que non seulement il n'y a pas de Bouclier canadien, mais si on était un pays, bien, au moins on aurait notre échange direct de diplomatie avec Washington et on ne serait pas spectateurs de choses qui vont avoir des conséquences très graves sur l'économie québécoise. Donc, il est temps de réaliser que le Québec doit avoir son siège à ces négociations-là. C'est urgent puis il en va de nos entreprises québécoises. Ce n'est pas du «elbows up» qui va aider nos entreprises québécoises. C'est ce qu'il faut conclure de la dernière élection fédérale, et j'espère qu'on peut s'en servir pour les prochaines élections.

Journaliste : ...de nommer, M. Plamondon, ce sont des choses que Justin Trudeau avait mises en place. M. Carney les a justement abolies. Ne faites-vous pas davantage confiance en M. Carney qu'en M. Trudeau à l'époque?

M. St-Pierre Plamondon : Vous parlez de quoi?

Journaliste : Bien, les contre-tarifs réciproques et la taxe sur les services numériques, c'étaient des initiatives de Justin Trudeau, non de M. Carney. Est-ce que, donc, dans la situation, vous ne faites pas plus confiance à M. Carney, puisqu'il a aboli...

M. St-Pierre Plamondon : Ce n'est pas un dilemme... ce n'est pas un dilemme entre Justin Trudeau et Mark Carney, c'est une question de ce que Mark Carney nous a dit en campagne électorale pour obtenir à nouveau le pouvoir des libéraux, alors que tout le monde était d'accord que les libéraux de Trudeau, c'était à peu près le pire gouvernement qu'on avait vu depuis des décennies. Comment a-t-il fait? Il s'est servi de la peur légitime que les Québécois ont vis-à-vis ce qui se passe aux États-Unis. Et il a fait des promesses qui sont absolument fausses. Il a même caché de l'information sur ce que Trump lui disait dans le but d'obtenir le pouvoir. Donc, c'est mon rôle, parce que, moi, ma seule loyauté, elle est envers le Québec, c'est mon rôle... c'est mon rôle de dire : C'était, cette élection-là, basé... C'était un vote qui était fondé sur plusieurs affirmations ou promesses qui s'avèrent absolument inexactes, notamment le fait que, parce que tu fais du «elbows up», tu contrôles l'agenda américain.

Journaliste : ...donc, il n'a pas de légitimité comme premier ministre parce qu'il a promis des choses que... vous dites qu'il a promis des choses qui ne se réalisent pas ou qui ne se font pas.

M. St-Pierre Plamondon : J'espère simplement, je fais le commentaire, d'une part parce qu'on doit revendiquer que le Québec voit ses affaires puis soit impliqué, puis là on va payer la note de toutes sortes de choses qui sont l'initiative de l'Ontario ou de Mark Carney, premier point. Deuxième point, il y aura d'autres élections dans l'histoire du Québec, à l'échelle du Québec comme à l'échelle du Canada, puis je fais simplement dire : Lorsqu'on nous fera une prochaine campagne de peur, apprenons de ça et prenons un pas de recul en se demandant : Est-ce que ça a vraiment du bon sens qu'une personne dont on ne connaît rien, mais qui reprend une administration puis un groupe de ministres, qui ont été assez catastrophiques, là, sur le plan de la gestion à l'échelle fédérale... Est-ce que ça a du bon sens? Cette campagne de peur là devrait-elle nous empêcher de voir certaines choses prévisibles? Donc, l'instrumentalisation de ce qui sont des fausses promesses, on peut apprendre quelque chose de ça pour les prochaines fois.

Journaliste : ...le poids d'un Québec indépendant serait suffisant pour aller chercher des concessions dans l'administration de Donald Trump?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est-à-dire qu'on ne subirait pas l'agenda de Doug Ford et de Mark Carney. Et je ne dis pas 19289qu'on aurait plus de poids, je dis simplement : Il n'y a pas de Bouclier canadien, mais on paie la note. Ayons au moins notre relation puis la valorisation de nos intérêts, parce que ce n'est pas exclu que ce qui s'en vient aussi, c'est le sacrifice de certains de nos intérêts économiques au profit des intérêts économiques d'une autre province. C'est ça, l'histoire du Canada. Donc, je fais juste dire le contenu qui a même amené à un renouveau du nationalisme canadien. Là, souvenez-vous, il y avait Jean Chrétien, puis même Steven Harper, pour nous dire que la souveraineté, ça n'a pas de prix. Puis il faut être prêts même à s'appauvrir pour notre indépendance. Écoutez, là, ça, c'est les mêmes qui nous ont dit que l'indépendance du Québec, c'était le truc le plus fermé et le plus rétrograde au monde. Je suis obligé de dire : Prenons conscience que tout cet écran de fumée, dans les faits, ce n'était pas vrai et qu'on n'a rien à perdre à au moins ne pas être des touristes dans cette histoire-là et d'avoir notre destin en main.

Journaliste : Économiquement, en quoi ça serait positif pour le Québec alors qu'on est... qui soit indépendant, une province, on est présentement dans de l'instabilité par rapport au partenaire commercial américain. En quoi est-ce que ça serait positif d'ouvrir un nouveau front, au même moment, avec le marché canadien? Parce qu'après un référendum, il faudrait négocier aussi la capacité du Québec à faire du commerce avec le reste du Canada. On ne serait pas à l'abri nécessairement que des tarifs soient imposés par le fédéral après, après l'indépendance.

M. St-Pierre Plamondon : Ouais. Non, mais ce n'est pas... On a une section du livre bleu là-dessus.

Journaliste : Ah non! c'est vrai, on ne l'a pas vu.

M. St-Pierre Plamondon : Mais pour répondre à la question, parce qu'on s'est déjà penché sur ces questions-là, comprenez que l'ordre juridique ne sera pas à renégocier parce que le Québec existe, là. Il y a une standardisation des échanges commerciaux dans le cadre duquel le Québec va s'insérer. Mais mon point n'est pas qu'on va se retrouver dans une meilleure situation.

Journaliste : ...juste pour bien comprendre. Donc, automatiquement, un Québec indépendant aurait un traité de libre-échange avec le reste Canada? Ça serait automatique après la sécession?

M. St-Pierre Plamondon : Bien c'est-à-dire que pour les fins des accords existants, on serait toujours à un échange avec le Canada, avec des politiques qui nous lient par rapport aux accords internationaux, là. Donc, les accords internationaux ne cesseront pas d'exister le lendemain de l'indépendance du Québec. On a un chapitre juste là-dessus.

Journaliste : Et quelle certitude avez-vous qu'après l'indépendance du Québec, le reste du Canada fera du libre-échange avec la république québécoise?

M. St-Pierre Plamondon : J'ai... Bien, disons, il n'y a pas une entreprise canadienne qui a intérêt à couper ses activités puis à se couper d'un marché du jour au lendemain.

Journaliste : Les Québécois, le lendemain, ce n'était pas dans leur intérêt non plus.

M. St-Pierre Plamondon : Non, mais je regrette, là, je... j'ai un chapitre là-dessus. D'ici Noël, vous allez l'avoir. Ce que je vous dis que...

Journaliste : ...vous avez des anglophones, les autres premiers ministres...

M. St-Pierre Plamondon : Ce que je vous dis qu'il y a de certitude, c'est qu'un Québec qui parle pour lui-même va au moins pouvoir avoir sa stratégie et non pas subir la stratégie des autres. Et ce qu'il faut retenir des dernières... des derniers jours, c'est que Mark Carney agit sans consulter le Québec, mais qu'on va payer la note des 10 %. Puis Doug Ford, lui, il décide qu'il fait des publicités aux États-Unis, ça va nous impacter, mais on n'a ni information ni consultation. Donc, ça ne fonctionne pas. On est mieux dans ces circonstances-là, constatant qu'il n'y a pas de Bouclier canadien...

Journaliste : ...que les États-Unis allaient reconnaître la légitimité du Québec? Qu'est-ce qui vous fait croire que l'administration Trump reconnaîtrait la légitimité du Québec? Pour le dire...

M. St-Pierre Plamondon : Bien, par définition, si on est dans le scénario d'un Québec indépendant, c'est parce qu'il y a des pays qui nous ont reconnus. Donc, c'est...

Une voix : ...

M. St-Pierre Plamondon : Évidemment que c'est une condition. Évidemment que c'est une condition.

Journaliste : Vous dites ça comme si c'était sûr qu'ils reconnaîtraient note légitimité. Qu'est-ce qui peut vous assurer de ça?

M. St-Pierre Plamondon : Si on discute de l'hypothèse d'un Québec indépendant puis on se pose la question quelles seront nos relations commerciales avec les États-Unis, c'est parce que les États-Unis nous ont reconnus, là. Et là, si vous remettez en question le droit international, c'est-à-dire que l'autodétermination des peuples est reconnue, donc, je m'attends à ce que les principes de base, si c'est fait démocratiquement puis dans les règles de l'art, soient reconnus à l'échelle internationale, ça, c'est une prémisse fondamentale, parce qu'évidemment, s'il n'y a plus rien qui tient puis on ne peut pas s'autodéterminer suivant les conventions internationales, bien là, c'est un autre scénario. Mais à ce moment-là, toute notre discussion n'a pas lieu parce qu'on n'est pas un pays. Pour être un pays, il faut qu'il y ait une forme de reconnaissance internationale à un certain degré, là. Il n'y a pas de doute.

Journaliste : ...il y a des règles internationales qu'il ne respecte absolument pas, là, et des anciens traités de libre-échange qu'il ne respecte absolument pas.

M. St-Pierre Plamondon : Oui, mais si... L'objet de notre discussion ce matin, c'est que ça prend la reconnaissance des autres pays pour être un pays. La réponse, c'est oui, il n'y a aucun doute là-dessus. C'est un principe de base.

Journaliste : Puis je reviens là-dessus, est-ce que Trump va vous reconnaître comme pays? Est-ce qu'il va nous reconnaître?

M. St-Pierre Plamondon : Je n'ai pas de certitude. J'ai confiance qu'un processus qui est bien mené va mener à une reconnaissance. Et dans tous les cas, que le peuple québécois s'exprime sur sa volonté démocratique parce qu'on n'arrêtera pas d'être une démocratie en fonction de ce qu'on ne sait pas pourrait advenir dans quelques années. La démocratie, le principe, c'est qu'on tient des élections. Si on... 19289 consultation de la population. On prend acte de ce que la population nous dit. Puis ensuite, bien, on s'attend à ce que les autres pays reconnaissent, en fonction du droit international, la volonté d'un peuple.

Journaliste : ...gouvernement américain démocrate serait plus avantageux pour le Québec?

M. St-Pierre Plamondon : Je ne sais pas. On m'a souvent posé cette question-là, à savoir, tu sais, est-ce qu'il y a une opportunité ou un risque dans l'administration Trump. Ma position, c'est que ces circonstances-là vont bouger au moins trois, quatre fois d'ici à notre rendez-vous ultime avec notre histoire. C'est-à-dire qu'on peut faire... on peut faire beaucoup de scénarios puis tenter d'anticiper quel serait le contexte politique international dans quelques années...

Journaliste : ...d'ici 2030?

M. St-Pierre Plamondon : Il y a un «midterm». Il y a quand même plusieurs facteurs.

Journaliste : Bien, vous tenez le référendum d'ici 2030, c'est votre engagement si vous prenez le pouvoir.

M. St-Pierre Plamondon : C'est ça. Mais il y a un «midterm» américain avant. C'est ça. Donc, dans quel cas, ça plusieurs années devant nous. Donc, moi, ce que je fais, c'est que, notre équipe, on mène une bataille et une démarche qui est absolument fondamentale pour que cessent les situations ridicules du genre, la décision de l'Ontario de faire des publicités, mine nos entreprises, puis on n'a aucune information ni consultation. Pour ça, il faut décider par nous-mêmes. Et les circonstances vont changer trois, quatre fois politiquement, tant aux États-Unis qu'à l'international, qu'en politique québécoise. Donc, c'est comme quand vous me demandiez, en pandémie : Allez-vous arrêter d'être indépendantiste parce qu'il y a une pandémie? Non, je n'arrêterai pas. Puis, oui, la pandémie a un impact. Mais est-ce que la pandémie sera là dans trois, quatre ans? Probablement pas. Puis là, vous me demandiez : Est-ce que vous avez la certitude qu'il n'y aura pas d'autre pandémie ou que la pandémie sera terminée dans trois, quatre ans? Non, je n'ai pas la certitude, mais je ne m'empêcherai pas de donner le cap en fonction de l'intérêt du Québec. Puis ces circonstances-là vont changer.

Journaliste : ...au pays, il y a... à court terme, vous dites... bon, vous parlez des autres premiers ministres, M. Ford, Mme Smith. Est-ce que François Legault a un manque de leadership à ne pas être le touriste, là, dont vous parlez dans tout cet enjeu-là?

M. St-Pierre Plamondon : C'est vrai que le gouvernement du Québec est touristique sur le plan des relations internationales et des relations avec les États-Unis. Moi, ça m'avait frappé de voir l'Alberta, l'Ontario puis l'Île-du-Prince-Édouard, là, qui n'est quand même pas la superpuissance démographique du Canada, là, mais il y avait toutes leurs équipes, puis ils étaient en tournée, puis ils voulaient convaincre les États-Unis de leurs intérêts, ce qui a créé une cacophonie. J'avais relevé que finalement, il n'y avait pas de Canada, là. Les provinces se comportaient un pays. Mais c'était quand même bizarre de voir les... le gouvernement du Québec absent et même faire des gaffes monumentales du genre, dès le départ, offrir une concession alors qu'il n'y a pas de négociation. C'était touristique. C'est... C'est un gouvernement touristique sur le plan des relations internationales et sur d'autres plans.

Journaliste : Par ailleurs, Geneviève Guilbeault, ce matin, la PDG de Santé Québec a envoyé un message à tous ses employés en disant...

M. Arseneau : ...

Journaliste : ...Biron, pardon, oui... ou Biron? Biron. Donc, Mme Biron a envoyé un message ce matin à tous ses employés, 327 000, en disant : Il faut garder le calme, là. On sent la soupe chaude. Vous pensez quoi de ça, de l'intervention de Santé Québec pour faire appliquer ou adoucir le passage de cette loi-là?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, c'est symptomatique. C'est symptomatique que ce qu'on vient de faire au gouvernement du Québec a beaucoup de conséquences potentielles. Et que là, le gouvernement vient d'allumer sur ce qu'on leur disait pendant plusieurs semaines, à savoir, c'est légitime de réformer le mode de rémunération, puis oui, il peut y avoir de l'opposition, mais un gouvernement a le droit de faire les réformes. Mais, si vous perdez la confiance de tous les intervenants en vous dépêchant puis en empêchant une étude sérieuse de ce que vous êtes en train de faire, on va se retrouver avec des aberrations comme des limites à la liberté d'expression qui ne se défendent pas puis qu'on va abroger aussitôt qu'on va avoir une chance, des histoires où est-ce qu'on confond un radiologiste avec un radiooncologue, des histoires comme des désincitatifs à la télémédecine. Toutes ces questions-là, c'est le fruit du travail bâclé puis de la volonté de monter en épingle à des fins politiques un travail qui nécessitait un peu plus de temps, qui n'était pas si sorcier mais qui demandait quand même une étude sérieuse. Ils ne l'ont pas fait. La confiance, donc, chute.

La seule chose qu'on peut faire, nous, puis c'est ce que je vous ai dit hier, on va prendre un an pour étudier partout où il y a des choses qui n'ont pas de bon sens dans les objectifs puis on va s'engager calmement à faire ces correctifs-là dans un an.

Journaliste : ...l'élection ou c'est un an après l'élection? Je me posais cette question-là hier en vous écoutant.

M. St-Pierre Plamondon : Un an d'ici l'élection, dans l'hypothèse de la prise de pouvoir du Parti québécois, on aura déjà fait le travail sur tous les éléments qui n'ont pas de sens dans cette loi-là. Puis on va, dans ce cadre-là, tout corriger. Et donc...

Journaliste : ...début de votre mandat?

M. St-Pierre Plamondon : Et donc on fait le travail d'un... Au début, début de notre mandat. Et donc on fait le travail que, normalement, une commission parlementaire puis l'étude d'un projet de loi fait, à savoir écouter équitablement les gens.

Et, quand vous entendez les médecins, là, moi, ce que j'entends, c'est l'aspect 19289inéquitable du processus amène une juste colère. Ce n'est pas tant que le gouvernement n'a pas le droit de réformer le mode de rémunération pour amener des composantes d'objectifs, c'est le fait que c'est bâclé et c'est construit pour un affrontement à des fins politiques. Et tout le monde le voit, le comprend aussi, de la manière dont ça a procédé durant la nuit. Et c'est là que les gens ne peuvent pas accepter le verdict. Alors qu'un verdict d'un gouvernement, c'est toujours contesté, hein? Ce n'est jamais parfait. Il y a toujours des groupes d'intérêts. Tout ça est normal, mais ce qui n'est pas normal, c'est que, là, la confiance est à zéro pour tout le monde parce que le processus n'est pas fait correctement. On va se donner un an pour le faire correctement, faire les réformes.

Journaliste : ...aux Québécois qui vous écoutent, là, puis qui écoutent les médecins puis qui se disent depuis une semaine : Les enfants gâtés, c'est assez, là. C'est nous autres qui paient pour ça, là. Les Québécois qui sont fâchés, eux aussi, là, ils trouvent que le vocal des médecins est beaucoup trop fort par rapport aux services qu'ils obtiennent. Vous leur dites quoi aujourd'hui, là, ceux qui sont dans les salles d'attente?

M. St-Pierre Plamondon : Ça fait au moins 10 ans que le Parti québécois prône une réforme du mode de rémunération des médecins. C'est légitime de se pencher là-dessus. Puis il y a des modèles bien meilleurs que ça au Québec. Donc, ce n'est pas qu'on ne doit pas faire de réforme pour améliorer l'accessibilité aux médecins, améliorer les aspects, c'est simplement qu'on a bâclé le travail parce qu'on voulait un adversaire, les médecins, et on l'a fait tellement vite que c'est rempli d'aberrations. Donc, à la fin, tout le monde est frustré.

Et rappelez-vous de ce que je vous... rappelez-vous ce que je vous ai dit en tout début de session. Vous m'avez demandé : Quel est les thèmes qu'on doit surveiller cette session? Puis je vous avais répondu : Le risque qu'on a avec un gouvernement qui est en fin de régime et qui a des sondages très, très bas, c'est qu'il pose des gestes en désespoir de cause, de manière irresponsable. Et c'est assez irresponsable de faire une réforme durant la nuit, cinq heures pour étudier un paquet d'aberrations, en mettant en péril, donc, le système de santé et les patients, dont vous parlez, simplement à des fins électorales. C'est irresponsable.

Journaliste : ...qui prend l'avion, là, et qui vient à Québec pour son examen puis qu'il est obligé de retourner aux Îles parce que le spécialiste n'est pas disponible, vous lui dites quoi, à M.... aujourd'hui, à lui, là?

M. St-Pierre Plamondon : u'on va probablement avoir un changement de gouvernement dans un an et que toutes les aberrations seront corrigées. Puis on se donne ce temps-là pour s'assurer qu'on fasse ces corrections-là.

Journaliste :  ...juste pour clarifier votre position hier. Est-ce que vous... Est-ce que vous allez quand même renoncer à la partie punitive pour ce projet de loi, la loi, et la partie surveillance du projet de loi?

M. St-Pierre Plamondon : Totalement.

Journaliste : OK.

M. St-Pierre Plamondon : Mais je l'ai dit hier, on l'a dit toute la nuit, grâce au travail de Joël. Mais je veux juste aussi, là...

Journaliste : ...vous voulez garder l'essentiel de la loi, alors que votre critique a quand même indiqué...

M. St-Pierre Plamondon : Non, mais hier, là, j'ai passé en revue tous nos projets d'amendements, puis j'ai insisté là-dessus, puis j'ai dit : Il y a des affaires qu'on n'a pas eu le temps d'attraper, comme la télémédecine, puis on se donne le temps, puis on va probablement trouver d'autres aberrations, et un gouvernement du Parti québécois va tout corriger. Donc, ce n'est vraiment pas de la complaisance, au contraire.

Et je souligne à nouveau qu'il y a juste le Parti québécois qui a proposé des amendements à cette loi-là. Ce n'est quand même pas rien, là. Les autres partis d'opposition peuvent dire ce qu'ils veulent, mais il y a un seul parti qui a pris le temps d'étudier article par article et de dire : Il y a une erreur là, corrigez-le. Et c'est l'arrogance et l'incompétence du gouvernement, qui n'a même pas étudié... Comme, le truc des radiologistes, radio-oncologues, là, ça ne coûte rien de le changer, là. Je veux dire n'importe qui qui regarde ça se dit : Ah oui, tu as raison, on l'a échappé. Mais ils ne l'ont pas regardé. Donc, on a travaillé toute la nuit, en fait, c'est vraiment Joël qui peut en parler, mais pour rien. Ce n'est pas normal.

M. Arseneau : Juste un élément. Le projet de loi n° 83 qu'on a adopté au printemps, là, que le gouvernement a adopté, il y avait 26 articles, il y a eu 23 amendements. Celui qu'on a adopté à toute vapeur, là, 214 articles, un amendement, celui proposé par le gouvernement qui l'a déposé le matin même. Donc, notre amendement a été refusé, dont un, d'ailleurs, oui, sur la question des radio-oncologues, mais l'autre sur la liberté d'expression, parce que le conseiller légal du gouvernement du ministre nous a dit : Tout à fait, on peut... on pourrait poursuivre les gens qui s'expriment et qui disent : Moi, si j'étais médecin, là, je changerais de province, je partirais vers un autre pays où je prendrais ma retraite, et c'est passible de 500... d'une amende de 500 000 $.

Journaliste : ...

M. Arseneau : Oui. Oui, bien...

Journaliste : ...vous dites quoi, à M.... aujourd'hui?

M. Arseneau : Bien, écoutez, moi, je vais vous dire, j'ai...

Journaliste : Il est fâché, lui, là.

M. Arseneau : Oui, il est fâché... En fait, il peut être inquiet, mais il est fâché si, effectivement, les médecins ont décidé de ne pas pratiquer la chirurgie qui était prévue. Mais moi, j'ai passé ma soirée hier en communication avec des médecins, et ce que j'ai compris, c'est qu'ils avaient une bonne dose de colère, de frustration, très, très blessés dans la façon dont le gouvernement a procédé, mais toujours très volontaire dans la question de soigner et d'être professionnels et d'être responsables. On est en contact aussi avec la FMSQ et la FMOQ, et je pense qu'on va travailler de façon constructive sur les éléments qui n'ont pas de bon sens dans le projet de loi, mais moi, j'ai pleine confiance que les médecins vont continuer de pratiquer en remplissant leurs obligations, leur serment d'Hippocrate.

Journaliste : ...menace à exécution puis qu'ils déposaient une injonction, est-ce que vous appuieriez les médecins dans cette démarche?

M. Arseneau : Bien, écoutez, c'est une démarche légale. On n'a pas à se prononcer si, oui ou non, c'est le juge qui va trancher.

M. St-Pierre Plamondon : Ça dépend des arguments...

M. Arseneau : Et si c'est sur la question de la liberté de mouvement ou la liberté de parole, bien, on l'a déjà dit, qu'on était contre ces mesures abusives du gouvernement, alors, effectivement, on va l'appuyer, disons, théoriquement, mais c'est les avocats des fédérations qui vont en faire leurs plaidoyers devant le juge.

Journaliste : Hier, M. St-Pierre Plamondon, vous avez fait allusion au gouvernement corrompu du Parti libéral, puis ça a choqué beaucoup le Parti libéral, qui vous demande de vous rétracter et de présenter des excuses ce matin. Alors, je ne les ai pas entendues jusqu'à maintenant.

M. St-Pierre Plamondon : Je répète ce que j'ai dit : La combinaison de campagne de peur du Parti libéral, avec un vide de contenu abyssal, dans notre historique presque à chaque décennie, nous a menés à des gouvernements libéraux affairistes et corrompus. C'est ce que j'ai dit, je viens de le répéter, et la raison pourquoi je viens de le répéter, c'est que c'était à peu près la chose la plus consensuelle au Québec à la fin de l'ère libérale, qu'il y avait de la corruption. Je vous... Peut-être, la mémoire est une faculté qui oublie... Le scandale de la SIQ, les prête-noms pour le financement, l'affaire Tony Tomassi, pour laquelle, je pense, il a plaidé coupable, l'affaire des post-it et des juges libéraux, la commission Bastarache, donc, la commission Charbonneau, et ça, c'est riche en contenu, on s'entend, l'îlot voyageur, le scandale des garderies, le Vérificateur général avait dit qu'il y avait plusieurs irrégularités, le salaire occulte, tout ce qu'on trouve dans le livre. PLQ inc.

Et ça, ça se combine maintenant parce que... grâce à Pablo Rodriguez, ça se combine avec la corruption libérale fédérale. Lui, il a été député à partir de 2004 pour les libéraux. Et donc je suis obligé de rappeler le scandale des commandites, mais le scandale, oui, Charity, l'affaire SNC-Lavalin, le scandale à... la nomination des juges libéraux, même principe, l'Aga Khan, l'ingérence étrangère. Bref, je... En fait, non seulement ça a toujours été relativement compris de la population mais je réitère que ce livre-là, que j'ai rédigé et publié durant la course à la chefferie et qui m'a mené à être chef du Parti québécois, les deux premières phrases disent la chose suivante, ce ne sera pas compliqué, là : «Au cours des dernières années, j'en suis venu à conclure que l'indépendance du Québec est une question de survie linguistique et culturelle pour le Québec. Je suis arrivé également à la conclusion que la corruption et l'affaiblissement de nos institutions causés par les gouvernements libéraux de Jean Charest et Philippe Couillard étaient une conséquence de notre décision de voter non en 95 et que ce genre de gouvernement très nuisible reviendra cycliquement au pouvoir tant que nous ne réaliserons pas l'indépendance du Québec.» Deux premières phrases de mon livre, puis si vous voulez comprendre mon action politique, là, tout est là. Et c'est mon contrat aussi avec les membres et les gens qui m'ont suivi et soutenu. Donc, il n'y a pas de surprise, là.

Journaliste : Donc, si j'ai écrit ça puis ils ne m'ont pas poursuivi, il n'y a pas de raison... poursuivre pour ce que vous avez dit aujourd'hui... hier et aujourd'hui?

M. St-Pierre Plamondon : Non, ce n'est pas ça que je dis. Je dis : Il n'y a pas de ce matin. Je veux dire, il n'y a personne qui est tombé en bas de sa chaise suite à mon affirmation. Évidemment...

Journaliste : ...avec M. Rodriguez, puisqu'en plus il y a l'héritage fédéral, donc les deux ensemble, là, c'est inévitable.

M. St-Pierre Plamondon : Je n'ai jamais dit que c'était inévitable. J'ai dit : Regardez notre histoire, apprenons de notre histoire. Lorsqu'un Parti libéral vous sert du contenu absolument vide, avec des campagnes de peur, ça a donné, le plus souvent, des gouvernements affairistes et corrompus. Je le pense, je l'ai toujours pensé et je pense que cette prise de conscience, elle est nécessaire parce que, si un gouvernement n'a pas une loyauté... une formation politique n'est pas tant loyale envers son peuple qu'elle est loyale envers le régime d'origine coloniale qui veut conserver le Québec dans son entité fédérale... si c'est ça, la loyauté, puis si on ment sur l'essentiel à la population, il ne faut pas se surprendre après qu'on ment sur le reste, la, je veux dire.

Journaliste : ...population va faire le lien, c'est-à-dire, il y a quand même le mot Pablo Rodriguez d'associé au mot «corrompu», vous comprenez qu'il peut être heurté par ça?

M. St-Pierre Plamondon : Bien, de la même manière que quand il invente des sornettes comme quoi je considère que les gens qui ne veulent pas un référendum ne sont pas Québécois. Ce n'est pas vrai. Tu sais, la différence entre... Parce que je comprends qu'il y a un échange d'intérêt pour les médias, mais Pablo Rodriguez, ce qu'il dit sur le Parti québécois et sur moi, c'est non fondé, alors que je viens de vous nommer une trentaine de faits qui soutiennent l'affirmation que les administrations libérales ont eu un degré de corruption anormal. Donc, moi, je ne m'excuse pas de ça. Ça fait partie du débat public, là, je veux dire, on ne se surprend pas, c'est... c'est signe aussi que le rendez-vous électoral arrive à grands pas. Puis moi, je maintiens ce que j'ai toujours dit et je pense que c'est essentiel de le réaliser parce que le Parti québécois, à ce moment bâtit à même des gens qui n'auraient pas fait de politique n'eût été qu'on donne l'heure juste, même sur la question la plus courageuse ou la plus lourde à porter, à savoir qu'on doit devenir un pays, ça attire du capital humain et, s'il y a une chose pour laquelle j'ai une certitude totale, c'est que vous ne verrez jamais des Pascal Paradis, des Catherine Gentilcore et des Alex Boissonneault dans un scandale de corruption, jamais. C'est...  Il y a beaucoup d'incertitude dans une carrière politique, mais si j'ai une certitude, c'est que ces gens-là sont venus pour servir le Québec et non pas pour se servir, et c'est une conséquence du fait qu'on sert l'indépendance du Québec. Si on mentait sur l'essentiel de notre destin comme peuple, on n'attirerait pas ce genre de personnes là.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. St-Pierre Plamondon : Il n'y a pas d'anglais.

Le Modérateur : Non, il n'y a pas d'anglais.

(Fin à 10 h 58)

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