Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Onze heures trente-cinq minutes)
La Modératrice : Alors,
bonjour et bienvenue à cette conférence de presse de l'opposition officielle
pour dénoncer la disparition du Programme d'expérience québécoise. Donc, on va
commencer avec le député de l'Acadie, André Albert Morin, qui est également
porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration, de
francisation et d'intégration. On aura ensuite Christopher Zéphyr, le président
de la Fédération étudiante collégiale du Québec, ensuite Flora Dommanget,
présidente de l'Union étudiante du Québec, et sera suivie d'Alain Ibou
Diédhiou, un étudiant qui est affecté par l'arrêt du PEQ.
M. Morin : Bonjour. Merci.
Alors, on est ici à nouveau avec des étudiants pour dénoncer l'abolition du
PEQ, du Programme de l'expérience québécoise.
C'est une véritable injustice que d'abolir
ce programme et, comme je le soulignais, dans le milieu d'un match et de
changer les règles avant la fin de la partie. Ça ne se fait pas.
Il faut rappeler que le gouvernement de la
CAQ, dans ses programmes, a invité un très grand nombre d'étudiants étrangers à
venir étudier dans nos universités. Quand ces gens-là sont partis, le programme
PEQ existait, il était ouvert, ils avaient donc un plan de vie, un avenir.
Certains ont découvert évidemment, bien sûr, comment le Québec est une terre d'accueil,
est une terre magnifique, et donc ils ont voulu rester. Mais voilà, dans le
milieu de la partie, le gouvernement change des règles, abolit le programme, l'a
suspendu d'abord, on espérait qu'il revienne, mais il a été aboli par la suite.
Imaginez le désarroi de ces étudiants. Leur programme est brisé, leur vie est
évidemment affectée. C'est un impact majeur pour tous ces étudiants qui avaient
un projet d'études. Et, en plus, cette décision nuit à la réputation du Québec
à l'étranger, particulièrement en France. Et ça, il faut le dénoncer.
Alors, moi, ce que je demande au ministre
de l'Immigration, M. Roberge, c'est une clause de droit acquis pour les gens
qui sont déjà sur le territoire québécois afin qu'ils puissent se prévaloir de
ce programme.
Je cède maintenant la parole aux collègues
qui sont avec moi.
M. Zéphyr (Christopher) : Bonjour.
Je m'appelle Christopher Zéphyr et je suis président de la Fédération étudiante
collégiale du Québec. La FECQ représente plus de 70 000 personnes
étudiantes au sein de 30 associations étudiantes réparties à travers 13 régions
administratives, de l'Abitibi-Témiscamingue jusqu'en Gaspésie.
Je prends aujourd'hui la parole aux côtés
de l'Union étudiante du Québec, du Parti libéral du Québec, de l'association
étudiante du cégep Gérald-Godin et de d'autres associations afin de dénoncer
une décision injuste, précipitée et profondément déconnectée de la réalité que
vivent les personnes étudiantes au Québec.
L'annulation du Programme de l'expérience
québécoise, particulièrement le volet Diplômés, c'est plus qu'un changement
administratif, c'est une fermeture de portes, c'est un recul et c'est un
message extrêmement inquiétant envoyé à des milliers de jeunes déjà intégrés,
déjà enracinés, déjà engagés dans notre société.
Le PEQ offrait une voie claire et simple
pour obtenir la résidence permanente. Ce n'était pas un passe-droit, c'était
une reconnaissance, une reconnaissance que ces personnes étudiantes parlent
français, vivent ici, étudient ici, travaillent ici et participent activement à
la vitalité culturelle, sociale et économique du Québec.
En abolissant le Programme de l'expérience
québécoise, ce que le gouvernement fait, encore une fois, c'est abandonner les
personnes étudiantes internationales. On leur dit : Venez étudier chez nous,
payez vos frais, comblez nos besoins de main-d'œuvre, mais, une fois diplômés,
bonne chance, débrouillez-vous! Cette incohérence a un coût, un coût
humain : l'insécurité, le stress, la peur de devoir quitter une vie qu'on
s'est construite ici.
Le PEQ n'était pas seulement efficace, il
permettait au Québec de retenir des talents déjà formés, déjà intégrés chez
eux. L'abolir, c'est se tirer une balle dans le pied, c'est envoyer le message
que le Québec n'est plus un lieu que l'on peut envisager son avenir
sereinement.
Notre reconnaissance de programmes
similaires représente un pas dans la bonne direction, mais il demeure largement
insuffisant. Nous demandons au gouvernement de reconnaître la contribution
immense des étudiants internationaux et surtout de respecter celles et ceux qui
ont choisi le Québec non seulement pour étudier, mais pour y vivre, travailler
et y contribuer pleinement. Le Québec a besoin d'eux et, aujourd'hui plus que
jamais, il doit leur démontrer qu'il... qu'il veut réellement les garder.
Je passe maintenant la parole à l'Union
étudiante du Québec.
Mme Dommanget (Flora) : Bonjour
à vous. Je m'appelle Flora Dommanget et je suis présidente de l'Union étudiante
du Québec. L'UEQ regroupe 13 associations universitaires et représente près
de 117 000 personnes étudiantes à travers le Québec, de Rouyn-Noranda
à Chicoutimi en passant par Gatineau, Montréal, Sherbrooke, Drummondville et
Lévis. Aujourd'hui, nous sommes aux côtés du Parti libéral du Québec et de
la Fédération étudiante collégiale du Québec et de nos associations étudiantes
pour dénoncer les politiques anti-immigration du gouvernement de la CAQ. Nous
dénonçons particulièrement l'abolition du Programme de l'expérience québécoise,
donc le PEQ. Cette décision injuste, incompréhensible et lourde de conséquences
fragilise la vie de nombreuses familles et personnes étudiantes internationales
qui veulent s'établir au Québec.
Il faut rappeler que les personnes
étudiantes internationales contribuent directement à notre société et à notre
économie. Elles étudient, travaillent, consomment localement, participent à la
création de savoirs et jouent un rôle indispensable dans la recherche et
l'innovation. Elles sont présentes dans nos laboratoires, dans nos entreprises,
dans nos communautés. Elles enrichissent notre culture et participent à la
vitalité de nos régions.
Le gouvernement les a invitées à venir
ici, leur promettant un avenir au Québec grâce au PEQ. Aujourd'hui, il revient
sur sa parole, créant un climat d'incertitude et d'angoisse et envoyant un
message à l'international, le message que le Québec n'est plus un endroit
fiable pour venir étudier et s'établir. Cette volte-face ne nuit pas seulement
aux personnes étudiantes internationales, elle nuit à la réputation du Québec,
à sa capacité d'attirer les talents et à son avenir économique.
Nous recevons chaque semaine des
témoignages bouleversants de personnes étudiantes internationales qui ne savent
plus si elles pourront suivre... poursuivre leur vie ici. Certaines sont au
Québec depuis deux, trois, parfois huit ans. Elles ont construit leur avenir,
elles sont intégrées, elles ont appris le français, elles contribuent à nos
communautés et maintenant elles doivent tout mettre en pause à cause des
politiques anti-immigration du gouvernement de la CAQ.
Dans un contexte de pénurie de
main-d'œuvre, alors que le Québec a besoin de soutien dans ses hôpitaux, ses
écoles, ses entreprises et ses laboratoires, le gouvernement ferme la porte à
celles et ceux qui contribuent déjà activement à notre société. C'est une
contradiction flagrante. D'un côté, on dit que le Québec manque de bras et de
talents et, de l'autre, on refuse de reconnaître celles et ceux qui sont déjà
ici et qui veulent s'établir durablement. Rappelons que même la ministre de
l'Immigration a reconnu que les personnes étudiantes internationales
représentent la meilleure immigration possible, formées ici, intégrées dans nos
milieux, prêts à contribuer pleinement au Québec. Alors, pourquoi leur tourner
le dos? Pourquoi briser une promesse qui leur avait été faite?
Nous demandons donc au gouvernement de
revenir sur sa décision et de permettre aux personnes internationales déjà
établies au Québec d'avoir accès à une voie d'accès rapide à la résidence
permanente comme cela leur avait été promis. Il en va de la crédibilité du
Québec, de l'équité envers celles et ceux qui ont choisi de venir dans notre
société et à notre capacité à bâtir un avenir prospère et inclusif.
Le Québec doit envoyer un message clair.
Ici, nous valorisons les personnes étudiantes internationales, ici, nous
reconnaissons leur apport, ici, nous respectons notre parole.
Merci. Et je laisserai maintenant la
parole à Alain Ibou, étudiant au cégep Gérald-Godin.
M. Diédhiou (Alain Ibou) : Mesdames
et messieurs, je me nomme Alain Diédhiou, étudiant international en technique
de l'informatique, fier membre de la communauté étudiante québécoise.
Aujourd'hui, si je prends parole, ce n'est pas seulement en mon nom, mais aussi
au nom de ceux et celles qui, comme moi, ont choisi le Québec avec le cœur et
qui aujourd'hui voient leur avenir menacé.
Je suis arrivée ici à l'automne 2024
animé par un... par une grande estime par le Québec, pour sa culture, sa
langue, pour ses valeurs. Et très vite, je m'y suis plongé les deux bras en
avant. Pour moi, m'intégrer, ce n'était pas seulement m'adapter, c'était
participer, c'était pouvoir dire que je contribuer à faire quelque chose de
plus grand qu'il ne l'était déjà. J'ai rejoint des comités étudiants, organisé
des activités, soutenu des services d'entraide, participé à des initiatives
contre l'insécurité alimentaire et collaboré avec la FECQ pour améliorer la vie
étudiante. J'ai voulu rendre au Québec ce qu'il m'a donné, une chance. Et ce
Québec m'a répondu. Il m'a donné une voix, une confiance, mais surtout une
communauté.
En à peine un an, j'ai été élu président
de mon association étudiante au cégep Gérald-Godin. Pour moi, c'est une preuve
que j'étais ici un étudiant comme les autres, qu'il n'y avait aucune différence
entre un Québécois et moi. J'étais enfin devenu un vrai Québécois. Et je l'ai
cru, naïvement peut-être, mais sincèrement. De tout mon cœur, j'ai cru qu'un
jour je serai réellement Québécois, reconnu pour mon engagement, mon travail,
pour mes efforts de devenir comme les autres.
Mais aujourd'hui, force est de constater
que le gouvernement de la CAQ ne tient pas compte de ces rêves-là, ni des
miens, ni de ceux des milliers d'autres personnes qui, comme moi, ont tout
investi avec l'espoir de bâtir une vie ici. On nous avait promis une place et
maintenant on nous dit que cette place n'est peut-être qu'une illusion.
Le Programme de l'expérience québécoise,
le PEQ, n'est pas un simple programme administratif qu'on retire du jour au
lendemain. Pour nous, le PEQ, c'est un avenir, c'est une promesse. C'est la
reconnaissance officielle d'une intégration déjà accomplie. Pour certains, ce
ne sont que des chiffres, mais pour nous, ce sont des familles qui ont fait
confiance au Québec, ce sont des parcours de vie qu'on a encouragés à
s'enraciner et qui maintenant sont forcés de se voir déracinés, encore une
fois.
On m'a souvent dit : Alain, tu es ici
chez toi, si tu donnes à ta communauté, personne ne fera de différence, tu
seras un vrai Québécois. Ce qui veut dire : tu étudies ici, tu travailles
ici, tu vis ici et tu es chez toi ici. Et aujourd'hui, on nous dit que tout
cela, eh bien, c'est terminé, qu'aujourd'hui, malgré les promesses, malgré les
espoirs donnés, eh bien, c'est fini.
L'abolition du PEQ ne couperait pas
seulement dans un processus administratif, elle coupe dans la confiance, dans
la stabilité, dans la réputation du Québec comme terre d'accueil. Elle coupe
dans l'avenir de milliers de jeunes qui, chaque jour, travaillent, étudient, paient
leurs impôts et participent activement à la vitalité de la société. Ces
personnes ne sont pas des variables d'ajustement. Elles sont déjà une force
vive. Elles sont déjà des membres à part entière de nos campus, de nos milieux
de travail, de nos communautés.
Au nom des étudiants internationaux que je
représente aujourd'hui, je vous le dis avec respect mais fermeté : Il
n'est pas trop tard pour reconsidérer votre... pour corriger votre erreur, il
n'est pas trop tard pour protéger ce qui fait la force du Québec, l'équité,
l'intégrité et la diversité.
Nous ne demandons pas un privilège. Nous
demandons que la... que la promesse faite soit tenue. Nous demandons que
l'intégration sincère soit reconnue. Nous demandons un parcours clair, juste et
humain vers l'avenir que nous construisons déjà ici.
Je veux m'établir au Québec, je veux
travailler au Québec, je veux servir ici, je veux donner à cette société ce
qu'elle m'a permis de recevoir. Et je sais que je ne suis pas seul. Des
milliers de jeunes comme moi ont choisi le Québec, parfois au prix de tout
quitter parce qu'ils croyaient en sa parole. Être Québécois est une chance, et
nous en sommes conscients. Donnez-nous donc l'opportunité de la mériter avec
notre travail acharné et nos efforts inconditionnels. Laissez-nous devenir
Québécois. Merci.
La Modératrice
: Alors,
c'est ce qui complète cette conférence de presse. Merci.
(Fin à 11 h 47)