(Treize heures trente-six minutes)
M. Couillard : Alors, bonjour
à tous et à toutes. Je suis heureux d'être accompagné de M. Fournier,
notre leader du gouvernement, M. Billette, le whip en chef, Mme Ménard,
la présidente du caucus, Mme Vien et M. Sklavounos, nos leaders
adjoints, Mme Vallières et M. Huot, qui se joindra à nous dans
quelques minutes, le whip adjoint du gouvernement.
Alors, bonjour. La session qui s'achève, c'est
celle de l'espoir et de la confiance retrouvée au Québec, celle d'un
gouvernement qui tient ses engagements, qui a réussi à assainir les finances
publiques — pourquoi? Afin de nous redonner les moyens de nos
ambitions — qui remet le Québec sous le signe de l'espoir, de la
confiance et, oui, de la prospérité. On le sait, la majorité des engagements
que nous avons pris sont déjà réalisés ou en voie de l'être. Les médias l'ont
confirmé, en moins de deux ans déjà, plus de 50 % de nos engagements sont
en place, beaucoup plus que ce que les gouvernements précédents avaient
accompli. Les actions entreprises par notre gouvernement ont permis de
redresser les finances publiques, relancer notre économie, rassurer les
entrepreneurs et apporter une stabilité politique propice à l'investissement.
Nous nous sommes ainsi redonné les moyens
de regarder l'avenir avec espoir et de réinvestir dans les projets qui tiennent
à coeur aux Québécoises et aux Québécois, notamment l'éducation. Nous nous
étions engagés à redresser nos finances publiques, et la dernière mise à jour
du plan économique confirme l'atteinte de l'équilibre budgétaire cette année, un
déficit 2014‑2015 moins élevé que prévu — 1,1 milliard plutôt
que 2,3 — ce qui nous donne les moyens d'investir dans nos priorités
et notamment en éducation, 80 millions de dollars par année pour soutenir
la réussite de nos enfants, 600 nouveaux enseignants et enseignantes dès que
possible, 200 nouveaux professionnels pour soutenir les élèves en difficulté
et, on l'a vu aujourd'hui, une proposition de révision de la gouvernance
scolaire pour donner plus d'autonomie aux écoles, plus de moyens aux écoles,
plus de pouvoir aux parents et ainsi favoriser la réussite des élèves.
On s'était engagés à développer l'économie
de toutes les régions. C'est ce que nous faisons avec nos grandes stratégies de
développement durable : le Plan d'action en électrification des
transports, 500 millions en investissements, 100 000 véhicules
électriques ou hybrides rechargeables immatriculés au Québec, des centaines de
milliers de tonnes de gaz à effet de serre économisées grâce au transport
électrique et 5 000 emplois d'ici 2020; la Stratégie maritime,
souvenez-vous, 30 000 nouveaux emplois directs d'ici 15 ans, des
investissements privés et publics de 9 milliards, ça a commencé, un
investissement annoncé à Contrecoeur, récemment M. D'Amour annonce
200 millions pour les installations portuaires, le transport maritime, le
secteur des traversiers et des zones industrialoportuaires à Contrecoeur, oui,
mais également dans nos régions; de nombreuses interventions économiques en
région, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, en Mauricie, au Centre-du-Québec, en
Abitibi, en Gaspésie et ailleurs; la stratégie québécoise de l'aluminium,
annoncée le 19 juin, avec les investissements qui l'accompagnent; l'accord
de partenariat avec les municipalités, 3,2 milliards sur quatre ans; le
dépôt d'un projet de loi sur le développement de l'industrie de nos boissons
alcooliques artisanales québécoises, on aura bientôt du vin québécois sur les
tablettes de nos épiceries.
Et c'est ce qu'on fait, encore une fois, en
soutenant et en travaillant avec nos entreprises dans toutes les régions du
Québec, rappelons l'investissement de 190 millions pour soutenir la
relance de Kruger en Mauricie pour transformer les machines à papier en
machines à carton; un investissement de 1,3 milliard dans la série C
de Bombardier, consolidation de dizaines de milliers d'emplois du secteur
aéronautique au Québec et de centaines de fournisseurs dans le même secteur;
près de plus de 5 millions à l'entreprise Uniboard Canada pour la
modernisation de son usine de fabrication de panneaux de bois reconstitué en
Abitibi, près de 400 emplois; entente avec l'Aluminerie Alouette pour réviser ses
tarifs d'électricité, 1 000 emplois consolidés; antennes régionales
de la Société du Plan Nord à Roberval, Baie-Comeau, Sept-Îles et Chibougamau.
Et les résultats parlent d'eux-mêmes :
malgré un ralentissement mondial, malgré une économie mondiale instable et
parfois précaire, le rythme de croissance de l'économie du Québec s'est
maintenu en 2015 avant d'amorcer un rebond en 2016. Les exportations
internationales de biens ont augmenté, et notamment nos exportations de biens à
haute valeur technologique, qui ont fortement augmenté, vers l'Asie. Le taux de
chômage, on vient de l'apprendre, a diminué de 0,2 % au Québec en novembre pendant
qu'il a augmenté de 0,1 % au Canada et en Ontario. Depuis notre arrivée,
le secteur privé, qui est le principal moteur de la croissance, a créé
70 200 emplois. Depuis le début de l'année, 10 régions du Québec ont
vu leur taux de chômage diminuer. Donc, la preuve est faite : la fameuse
austérité toxique, c'est un mythe, un mythe qui vient de voler en éclats,
puisque nous démontrons qu'on peut combiner la gestion rigoureuse des finances
publiques et la croissance de notre économie et de l'emploi.
Réalisons-le et disons-le avec fierté :
depuis notre arrivée, le Québec a créé le même nombre d'emplois que l'Ontario,
le même nombre d'emplois que l'Ontario, malgré la baisse de notre population
active. Les entreprises sont plus productives, on l'a vu récemment, les investissements
privés reprennent, notamment à Montréal.
En développant notre économie, nous nous
sommes donné les moyens de bâtir un Québec plus juste, plus sain et plus
sécuritaire : adoption de la nouvelle loi pour lutter contre le tabagisme,
plan de développement en soins palliatifs et soins de fin de vie, plan de lutte
contre l'intimidation, meilleur accès aux soins et aux services dans le réseau
de la santé et des services sociaux avec une meilleure répartition des
ressources pour un service de proximité aux usagers — d'ailleurs, on
constate déjà les résultats, environ 38 % de plus de Québécois ont accès à
des médecins de famille depuis les derniers mois, ce qui témoigne de l'utilité
des mesures adoptées — dépôt d'un projet de loi sur l'immatriculation
des armes à feu, dépôt d'un projet de loi facilitant la divulgation d'actes
répréhensibles dans les organismes publics.
On s'était engagés à bâtir un Québec plus
vert, c'est pourquoi on continue les efforts afin de doter le Québec d'une
cible 2030 qui est la plus ambitieuse au Canada : 37,5 % sous le
niveau de 1990. On fait la promotion, en mission, de la bourse du carbone et on
incite des partenaires à s'y joindre. L'Ontario, bien sûr, et d'autres
partenaires, très bientôt, vont se joindre à nous. Le Québec, d'ailleurs, hier,
recevait un prix à Paris sur son action en tarification du carbone et notamment
autour de la bourse du carbone. Grâce à la bourse du carbone, on a un Fonds
vert, grâce au Fonds vert, on peut développer des projets comme l'électrification
des transports, les transports publics, la conversion des moteurs de véhicules
lourds vers le gaz naturel liquéfié et autres éléments.
Les gestes, donc, qu'on a posés font
reconnaître clairement le Québec comme leader en matière de lutte aux changements
climatiques au Canada, bien sûr, avec cette alliance avec le gouvernement de
l'Ontario, aux Nations unies et le Climate Group, dont on est un membre
important parce qu'on copréside l'Alliance des États fédérés et des régions du
Climate Group, à New York, bien sûr, le groupe des Nations unies.
Nous nous étions engagés à travailler en
collaboration avec nos partenaires et faire rayonner le Québec sur la scène
nationale et mondiale. Le Plan Nord du Québec est maintenant connu comme un
modèle de développement nordique durable et a été salué comme tel lors de la
troisième assemblée de l'Arctic Circle, à Reykjavik; de nombreuses missions aux
États-Unis pour promouvoir notre hydroélectricité et la Stratégie maritime;
mission économique au Mexique; Conseil des ministres conjoint avec l'Ontario,
qui nous permet de renforcer des liens plutôt que d'ériger des murs autour du Québec,
par exemple en signant les ententes de collaboration avec l'Ontario dans le
secteur de l'économie, de l'énergie, des changements climatiques et de la
francophonie; on a signé une entente historique avec le Grand Conseil des Cris;
on a dévoilé, bien sûr, le plan de coordination québécois pour l'accueil des
réfugiés syriens, permettant d'accueillir de manière sécuritaire et coordonnée
3 650 réfugiés en 2015 et également en 2016.
Notre gouvernement avait dit ce qu'il
ferait et fait ce qu'il a dit. On s'était engagés à le faire, on travaille
chaque jour à établir un environnement stable, prévisible et propice à la
création d'emplois. Chaque décision que nous prenons, chaque geste que nous
posons est fait dans l'intérêt du Québec d'aujourd'hui et de demain. On veut
donner aux Québécoises et aux Québécois les moyens d'investir dans les domaines
qui nous tiennent à coeur, et ce, sans hypothéquer les générations futures.
Nos finances publiques se portent déjà
mieux. Nous avons déjà été en mesure de réinvestir dans les services publics,
notamment en éducation. Mais entendons-nous bien, nous continuerons de gérer
les finances publiques avec rigueur. Ce n'est qu'un premier pas. La véritable
liberté du Québec, la liberté retrouvée avec l'atteinte de l'équilibre
budgétaire nous permettra d'en faire encore davantage dans la prochaine année.
Continuons de travailler ensemble pour bâtir avec confiance et espoir un Québec
qui soit à la hauteur de nos ambitions, un Québec qui, à nouveau, avance dans
la bonne direction, un Québec plus prospère, tourné vers l'avenir et vers le
monde.
Merci. M. Fournier, maintenant, va
vous parler du bilan législatif.
M. Fournier
: Merci, M.
le premier ministre. Mesdames messieurs, très rapidement, pendant cette
session, 17 projets de loi ont été adoptés. Et, si on avait à résumer et simplement
résumer l'activité législative, soulignons qu'en matière de santé, notamment le
projet de loi n° 20, qui permet plus d'accès aux médecins, a été adopté; le
projet de loi n° 44, sur la lutte au tabagisme, a aussi été adopté; le
projet de loi n° 81 a été présenté, il vise à faire des appels d'offres en
matière pharmaceutique pour faire économiser aux Québécois et investir
davantage en matière de santé.
En matière d'éducation, d'emplois liés à
la situation démographique au Québec, évidemment, le projet de loi n° 70,
qui permet une meilleure adéquation entre la formation et l'emploi; le projet
de loi n° 77, qui, en matière d'immigration, insiste sur une orientation
vers l'emploi; et évidemment le projet de loi n° 86, déposé aujourd'hui,
qui met l'école au centre des priorités.
En matière d'économie et, évidemment, l'activité
gouvernementale, le premier ministre en a parlé tantôt, elle est abondante en
matière législative : le projet de loi n° 67 sur l'hébergement
touristique, qui a été, à l'unanimité, très bien reçu; le projet de loi
n° 88 a été déposé sur les boissons alcooliques du Québec pour mettre en
valeur nos produits; et le projet de loi n° 85 sur le corridor économique
de la 30, en fait avoir un guichet unique pour permettre plus de développement
économique.
Il y a aussi des projets de loi qui se
sont inscrits rapidement dans la foulée des orientations du rapport Charbonneau
parce qu'ils étaient déjà en train d'être préparés, notamment le projet de loi
n° 87, qui a été présenté, concernant la protection des divulgateurs d'actes
répréhensibles qui concernent les aspects publics, pas les aspects privés, qui
étaient aussi mentionnés dans le rapport, le ministre a indiqué qu'il voulait
aussi aller de l'avant de ce côté-là; le projet de loi n° 83 sur le
financement... notamment sur le financement politique municipal, aussi, qui
s'inscrit dans les orientations de la commission. Évidemment, comme ce rapport
vient tout juste d'arriver, c'étaient deux premiers gestes qui étaient déjà en
préparation.
Certains autres projets de loi sont quand
même à mentionner : le projet de loi n° 64 sur l'immatriculation des
armes à feu; le projet de loi n° 76 sur le transport collectif dans la
CMM, qui est très important; le projet de loi n° 54 sur le bien-être
animal, qu'on vient d'adopter; et le projet de loi n° 78 sur les
allocations de transition pour les députés qui quittent durant mandat.
De nombreuses consultations ont été tenues
durant cette session, je n'en nommerai qu'une — sur le projet de loi
n° 59 sur le discours haineux : d'abord, 38 groupes ont été
entendus en consultation. Sur le principe, il y a eu de nombreuses séances qui
ont été utilisées pour faire cette étude de principe. L'opposition a présenté
une motion de scission puis une motion de report. Finalement, le principe a pu
être adopté. À l'étude détaillée, nous sommes rendus à huit séances, et, à ce
stade-ci, nous sommes déjà en mesure d'identifier, sur le tableau de bord
gouvernemental, que ça tourne au ralenti.
Sur le déroulement de la période de
questions, et je terminerai là-dessus avec mes commentaires, évidemment ce fut
une session qui s'est commencée avec la fin des applaudissements. Et certains
d'entre vous — et, si ce n'est pas vous, certains de vos collègues
commentateurs — nous avaient prévenus que cela allait durer peut-être
une ou deux périodes de questions. Je suis heureux d'être devant vous
aujourd'hui pour faire rapport que cela a duré durant toute la session. Merci
beaucoup.
Le Modérateur
: Alors,
on va passer à la période de questions destinée aux médias. Je vais vous
demander, aujourd'hui, de limiter vos questions à une question et une
sous-question. On va commencer avec Julie Dufresne, Radio-Canada, au micro de
droite, s'il vous plaît.
Mme Dufresne (Julie)
:
Bonjour, M. Couillard. Mesdames messieurs, bonjour. Vous avez dit que
l'austérité toxique, c'est officiel, c'est un mythe. Alors, M. Couillard,
est-ce que c'est fini, cette fois, les compressions et les coupes?
M. Couillard : Ce qui est...
Ce qui bientôt, bien sûr, ne finira pas, c'est la gestion rigoureuse des
finances publiques, et ce principe fondamental, fondamental qui est que le
Québec ne dépensera pas plus que ce qu'il gagne, ce qui est une notion
élémentaire de gestion qu'on continuer à appliquer.
Mais le fait d'avoir équilibré les
finances publiques avec beaucoup d'efforts — c'est probablement ce à
quoi vous faites allusion — nous a permis de résorber, n'est-ce pas,
une impasse de plus de 7 milliards de dollars, nous donne maintenant les
moyens d'investir, par exemple, en éducation. Mais la gestion rigoureuse des
finances publiques, c'est un travail qui doit sans cesse être poursuivi et ça
n'arrêtera pas.
Maintenant, l'importante période de
resserrement qui a été rendue nécessaire par l'impasse de 7 milliards,
oui, elle a été réalisée, elle a fonctionné, mais je ne voudrais pas non plus
envoyer le signal que, maintenant, l'État va dépenser sans compter. Nous allons
continuer à gérer les finances publiques de façon rigoureuse.
Mme Dufresne (Julie)
:
J'aimerais vous entendre sur le projet de loi qui a été déposé ce matin par le
ministre de l'Éducation, qui est un projet de loi majeur pour votre
gouvernement. Pourtant, les partis d'opposition s'entendent pour dire que
l'éléphant a accouché d'une souris, que ça sent l'improvisation, que ça ne va
pas aussi loin que ce à quoi vous les aviez préparés. Pourquoi n'avez-vous pas
pu aller aussi loin?
M. Couillard : On va très
loin, on va très loin. Jamais un gouvernement n'a donné autant d'importance à
l'école. Jamais un gouvernement n'a remis les dirigeants d'établissements
scolaires, les enseignants, les parents au centre de la décision. Jamais un
gouvernement n'a fait en sorte, jusqu'à ce qu'on dépose ce projet de loi, que
les sommes budgétaires liées à la réussite scolaire, par exemple, aillent
directement dans les écoles, sans interruption dans le passage entre le
gouvernement et l'école. Au contraire, c'est un projet de loi qui est
excessivement ambitieux et qui accompagnera le réinvestissement en éducation.
Il faut faire les deux : il faut réinvestir dans l'éducation, ce qu'on a
commencé à faire, mais également moderniser nos façons de faire. C'est ce qu'on
fait avec ce projet de loi, et j'espère qu'il sera adopté au cours de la
prochaine session.
Le Modérateur
: Merci.
Pierre-Olivier Zappa, micro de gauche, TVA.
M. Zappa (Pierre-Olivier) :
M. Couillard, est-ce que vous prenez acte de l'insatisfaction qui a été,
notamment, affichée, là, par certains sondages à l'égard de vos choix
budgétaires, de certains choix, notamment certaines coupes?
M. Couillard : Je ne commente
jamais les sondages. Je ne gouverne pas en fonction des sondages.
M. Zappa (Pierre-Olivier) :
Mais est-ce que vous prenez acte de ce...
M. Couillard : Je ne gouverne
pas en fonction des sondages au gouvernement, je gouverne en fonction du devoir
que j'ai pour le Québec d'aujourd'hui et de demain, et ce devoir passait avant
tout par l'équilibre des finances publiques. Si c'était facile, monsieur, il
aurait été fait avant nous. Si c'était facile, le Parti québécois après l'avoir
annoncé deux fois, l'aurait réalisé. Si c'était facile, on ne nous aurait pas
laissé une impasse de 7 milliards de dollars, on aurait eu le courage de
faire face à la réalité d'agir également, contrairement à ceux qui nous ont
précédés, sans réduire les budgets, notamment du ministère de la Santé et de
l'Éducation, sans envoyer des dizaines de milliers d'employés du secteur public
à la retraite, sans diminuer la rémunération des employés du secteur public.
Voilà ce qu'on a réussi à faire et ça nous donne maintenant la véritable
liberté pour le Québec, la liberté, encore une fois, d'investir dans les
secteurs importants comme l'éducation.
M. Zappa (Pierre-Olivier) :
Vous avez accueilli, au cours de la dernière session parlementaire, de nouveaux
élus avec fierté lors d'élections partielles. Maintenant, est-ce que vous avez
en tête un remaniement ministériel éventuel pour accueillir de nouvelles têtes
d'affiche au sein de votre Conseil des ministres?
M. Couillard : Je crois que c'est
la première fois qu'on se rencontre dans un point de presse comme celui-là,
donc vous ne serez pas surpris de m'entendre répondre la même chose que j'ai
déjà répondue à vos collègues sur la question. D'abord, c'est que je suis très
fier de la qualité de mon équipe de députés. On est tous des députés ici, à
l'Assemblée nationale, dans notre parti, et j'ai un caucus très, très, très
talentueux, une équipe ministérielle également très talentueuse, des officiers
parlementaires dévoués et efficaces. Et, comme je l'ai déjà dit, et je le
répète, je suis toujours à la recherche de façons d'améliorer mon équipe. C'est
tout ce que j'ai à dire là-dessus.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite, Geneviève Lajoie, Journal de Québec.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bonjour, M. le premier ministre. Je voudrais savoir ce qui se passe avec
Mme Lise Thériault et l'impact que ça peut avoir, justement, sur votre
cabinet.
M. Couillard : Bien, d'abord,
je voudrais remercier Mme David, dans les souhaits de fin d'année, d'avoir
souhaité prompt rétablissement à Mme Thériault, c'est un geste, de sa
part... puis je peux vous dire que... dans notre équipe a été très, très
apprécié. J'ai eu l'occasion de parler très récemment à Mme Thériault, qui
se remet, mais qui est encore en période de récupération. On veut la revoir
parmi nous le plus tôt possible, mais on veut la revoir parmi nous le mieux
possible. Ce qui est certain, c'est que Mme Thériault va toujours être une
partie importante de notre équipe. Ça, je peux le répéter et l'affirmer encore
une fois aujourd'hui. Ceci dit, le gouvernement continue son action, et on est
prêts, et on a hâte d'accueillir Lise à son retour.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
M. Couillard, je sais que vous êtes médecin, mais je m'adresse aujourd'hui
au premier ministre et non pas au médecin. Trouvez-vous que les médecins sont
trop payés?
M. Couillard : Je pense que,
là, ça suffit, là. Je pense que, s'il y avait un rattrapage à faire, il a été fait,
il a été fait. Moi, écoutez, je me souviens en 2003, en arrivant, on avait
cette lettre d'entente qui nous engageait dans cette spirale d'étudier puis de
corriger l'inégalité de revenus entre les médecins du Québec et ceux du Canada.
Je pense que, là, la correction est largement faite. Alors, le signal que
j'envoie à la profession médicale, c'est que, maintenant qu'on a fait ça, la
prochaine négociation, elle va se faire au bénéfice entier des patients. Et ça,
c'est quelque chose qui va être très, très clair.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de gauche, Patrick Bellerose, Huffington Post.
M. Bellerose (Patrick) :
Bonjour, M. Couillard. Juste pour terminer sur la question de ma collègue,
est-ce que Mme Thériault va revenir dans ses fonctions de ministre de la
Sécurité publique?
M. Couillard : Non, je ne
répondrai pas à cette question-là. Mme Thériault reste une partie
importante de l'équipe du gouvernement. Elle doit actuellement prendre soin
d'elle. On l'aime beaucoup, Lise, on s'ennuie d'elle, on veut la revoir, mais
on veut la revoir bien, bien en forme, et on a hâte qu'elle revienne.
M. Bellerose (Patrick) : Que
répondez-vous à François Legault, qui dit que la bourse du carbone, c'est :
on achète des droits de polluer?
M. Couillard : M. Legault,
malheureusement, montre son ignorance totale du sujet. Il s'y est intéressé
très récemment. Avant, il ne parlait jamais de ça, M. Legault, des
changements climatiques. La CAQ, malheureusement, cherche chaque semaine le
sujet à la mode. Bien, cette semaine, parce qu'on va à Paris, c'est les
changements climatiques. Au contraire, s'il étudiait un peu la question, il
verrait que tout le monde, partout, parle de tarifer le carbone et qu'il y a
deux grandes méthodes qu'on peut utiliser pour tarifer le carbone, soit une
taxe sur le carbone... alors il pourra vous dire, s'il n'aime pas la bourse du
carbone, s'il veut faire une taxe sur le carbone. On n'a pas choisi une taxe
parce qu'elle s'adresse à l'ensemble de l'économie, on a plutôt choisi une
bourse du carbone qu'on fait avec la Californie, qu'on fait avec l'Ontario avec
bientôt d'autres partenaires. Je suis un peu déçu de ce résumé très, très
simpliste de ce qu'est la bourse du carbone, mais, comme M. Legault sera à
Paris, il aura peut-être l'occasion, là-bas, d'approfondir la question.
M. Bellerose (Patrick) : Si
je peux me permettre un dernier petit point, pouvez-vous qualifier l'ampleur de
la tâche pour atteindre les 37,5 % sous le seuil de 1990?
M. Couillard : C'est une
tâche qui est importante. Souvenez-vous, on est déjà à un niveau d'émissions
très bas, 9,6 tonnes par habitant par an, ce qui nous place au plus bas
niveau canadien. Donc, ce qui était, entre guillemets — puis je veux
vraiment mettre des guillemets — plus facile a déjà été réalisé; ce
qui reste devant nous est très exigeant, mais on sait exactement les cibles qu'il
faut viser. Le plan 2013‑2020 est en cours. Par la suite, il y aura un plan
2020‑2030, mais c'est clair que le secteur des transports, avec 45 % de
nos émissions, doit faire l'objet de notre attention particulière, non
seulement l'électrification des transports — ça, c'est une
partie — mais également les projets de transport collectif, les
projets de conversion des moteurs de véhicules lourds, du diesel au gaz naturel
liquéfié, les projets d'électrification des transports publics comme les
autobus, par exemple, tout ça doit faire l'objet d'une attention particulière,
de même que l'efficience des bâtiments.
Je pense que, quand je vais dans les
conférences internationales, c'est un sujet dont on parle moins chez nous,
toute la question de l'efficience énergétique et notamment de... la façon dont
on construit nos bâtiments a un rôle très, très important à jouer dans le
domaine de la lutte aux changements climatiques.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. Micro de droite, Marco Bélair-Cirino Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bonjour, M. le premier ministre. À entendre les partis d'opposition, M. Barrette,
le ministre de la Santé, croule sous les conflits d'intérêts. Pourquoi le
maintenez-vous en poste?
M. Couillard : M. Barrette
est probablement un des meilleurs ministres de la Santé qui a agi au Québec au
cours des dernières années, et je mets beaucoup d'années dans ce vocable-là. Il
a fait une démarcation très nette, très, très nette entre son rôle précédent de
président de Fédération des médecins spécialistes et son rôle de ministre de la
Santé. Il n'a pas, contrairement à d'autres, deux chapeaux en même temps, il
n'en a qu'un, et c'est celui de ministre de la Santé, pour le bien de tous les
Québécois.
Le rapport de la Vérificatrice générale
qui nous est présenté nous donne des outils, justement, pour faire en sorte que
la prochaine négociation avec les médecins... maintenant que le rattrapage, de
toute évidence, est accompli, la prochaine négociation ne va parler que des
patients. Les médecins gagnent très bien leur vie au Québec maintenant, et
maintenant on va penser, comme toujours, d'abord et avant toujours au patient.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Plusieurs observateurs vous trouvent particulièrement combatif dans le salon
bleu, d'autres, surtout des leaders des partis d'opposition vous trouvent
arrogant. Êtes-vous excédé par la conduite des chefs Péladeau et Legault en
Chambre, notamment?
M. Couillard : Je suis plutôt
patient de nature puis je pense qu'on reconnaîtra que je respecte mes
adversaires, autant ceux d'aujourd'hui que ceux d'autres époques. On a vu,
tragiquement, cette semaine que ce n'est pas le cas pour tout le monde. Moi,
tant que les gens sont respectueux, tant que les gens n'exagèrent pas dans
leurs commentaires, tant que les gens n'abusent pas d'attaques personnelles
dans l'argumentaire, je n'ai aucun problème à débattre, et je me maintiens à ce
niveau-là puis j'entends me maintenir à ce niveau-là également.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Donc, on ne doit pas s'inquiéter du climat dans l'avion qui va vous mener à
Paris…
M. Couillard : Je ne crois
pas. Ça devrait bien aller.
Le Modérateur
: Au
micro de gauche, Julien Arsenault, La Presse canadienne.
M. Arsenault (Julien) :
Bonjour, M. Couillard. Ce matin, M. Moreau nous a dit qu'après avoir
cumulé deux fonctions en même temps pendant plusieurs mois qu'il avait ressenti
le poids de tout ce travail-là, qu'il était quand même content de l'avoir fait.
Est-ce que vous pensez qu'il peut maintenir le rythme dans une session complète
ou vous allez devoir peut-être corriger la situation?
M. Couillard : Mon équipe
actuelle est de grande qualité.
M. Arsenault (Julien) : À ce
moment-là, pourquoi, à Chicago, vous sembliez avoir ouvert la porte pour dire
que, s'il y avait peut-être un remaniement ministériel… Vous avez évoqué la fin
de la session. On y est maintenant, ça ne serait pas le temps de dire oui ou
non? Plus tôt cette semaine, M. Legault vous a demandé de dire si M. Daoust
allait être là à la prochaine session, vous ne l'avez pas dit clairement.
Est-ce qu'il y a un flou qui…
M. Couillard : Alors,
heureusement pour le Québec, ce n'est pas M. Legault qui a à prendre ces
décisions, mais je dirais, cependant, que, comme d'habitude, monsieur, je vous
le répète, je suis toujours à la recherche de façons d'améliorer mon équipe.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup. On va passer en anglais. Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : In the summer of 2014, you said there were no sacred cows when it
came to how you were going to look at the QuébecGovernment, and you
dealt with the health care governance last year, this year you have dealt with
the education governance. What's next year?
M. Couillard : There's always work to be done. As you know, following the report
made by Mme Robillard and her group, we have instituted a process, a
constant revision of programs. So, for example, we're going to look at the SAQ,
its business model, we're going to look at Revenu Québec and other options…
avenues that the commission
indicated to us. But the message here is that we're not going to end this
operation of looking at our programs on a constant basis, even if we have
achieved fiscal balance. On the contrary, it has to do… it will always be a
work in progress, so there'll always be something on which we will be working.
M. Hicks (Ryan) :
In French you said that toxic austerity is a myth. Why was it important for you
to say that today?
M. Couillard : It's very surprising what has been read and said in the recent
month. First, austerity itself has no relationship at all to reality. We have
never decreased the budgets of our ministries, contrary to what has been done
before. We have been, actually, one of the only provinces with, I would say, a
weak, a low level of increase of budget, but increasing their budget. Only two
provinces in Canada increased their program expenses more than Québec by less
than 1%, and elsewhere nobody talks about austerity. Everyone realizes that,
you know, it has to be done, budgets have to be balanced. Now, when people add
the adjective that you mentioned after «austerity», they say that because we
are regressing the way we manage our finances, it's going to hurt the economy.
Actually, we're showing that we are achieving growth; we are achieving job
creation while managing our budget in a very safe way. Merci.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup. Micro de gauche, Philip Autier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
: Are you really all getting on the same plane?
M. Couillard : Sorry, I cannot…
M. Authier (Philip)
: Are you really all, Mr. Legault, Mr. PKP…
you're all getting on the same plane?
M. Couillard : I'm not sure that we are on the same plane.
M. Authier (Philip)
:
Ah! OK. I'm a little worried about that, you know…
M. Couillard : I'll let you know. You mean if something happens to the plane,
you'll be…
M. Authier (Philip)
:
Well, the executives… Well, you know, executives of Coca-Cola don't fly on the
same plane, right, you know, like who's got the football?
M. Couillard : We'll see, we'll see.
M. Authier (Philip)
:
Anyway, I wanted to ask you to follow up on that other question about the
atmosphere in the House the last few days. You, at times, appear to be quite
exasperated with your opponents, even, dare I say, a bit snippy with them at
times. One point, you were answering questions with one word : yes, oui,
non. So, is there a danger… this is sort of what Mr. Legault is talking
about, a sort of having too much power, and being to confident, and being
arrogant? Is that something that stacks your Government?
M. Couillard : No. Well, I'll let you know as I indicated before, my worst critic
is myself. I'm always looking at the way I do things, the way I communicate
with you and the public, the way I work with my team. I'm very hard with
myself, I can tell you that. If I'm asked intelligent questions in an
intelligent way, I'll be very happy to go in extensive debate and extensive
answers. But, you know, sometimes, if you just listen to the preambles of the
questions, they are so out of touch with reality that you just can not answer a
question like this without making it known that you see what is behind the
question. Let us have serious conversations with serious questions, documented
questions on serious issues, and I have always shown that, when this is the case,
I answer very directly and very well. Merci.
Le Modérateur
:
Merci beaucoup.
(Fin à 14 h 2)