(Neuf heures vingt minutes)
M. Kelley
: Bonjour,
tout le monde. Aujourd'hui, nous sommes ici pour Joyce Echaquan, qui est
décédée dans des circonstances inhumaines. Nous sommes ici pour Joyce et pour
réclamer encore justice pour Joyce. Joyce, c'est une mort de trop. Joyce, c'est
notre George Floyd.
Cette semaine, j'ai déposé une motion à l'Assemblée
nationale pour demander à l'Assemblée nationale d'accepter le Principe de
Joyce, un document qui a été fait par la nation attikamek pour rétablir la
confiance entre les Attikameks et le système de santé et des services sociaux
du Québec, qui a été refusée.
Depuis que le ministre,
M. Lafrenière, est arrivé, j'ai salué le travail qui a été fait. Je veux
travailler avec lui. Mais encore, cette semaine, le gouvernement a refusé une
motion à cause de deux mots, le «racisme systémique». Je trouve ça incroyable,
après le rapport de la commission Viens, après le document le Principe de
Joyce, que le gouvernement continue de refuser ce concept-là qui est bien
documenté, et particulièrement le racisme systémique envers les peuples
autochtones.
On peut regarder la Loi sur les Indiens du gouvernement
fédéral, qui est une loi raciste. On peut quand même, ici, regarder des
institutions qui ont existé au Québec comme le ministère de la Colonisation,
qui a existé dans les années 30, 20 et 10, pour occuper les régions du Québec.
Ça, c'est notre réalité. Alors, quand même, le SPVM, de Montréal, et
M. Lafrenière a travaillé au SPVM pour plusieurs années, a finalement
reconnu la réalité qu'il y a de la discrimination systémique au sein de leurs
forces policières. Alors, j'espère… Et je lance encore un appel à
M. Lafrenière, au sein de son propre parti, de faire les bonnes batailles.
C'est nécessaire.
I'm here today again for
Joyce Echaquan, who, again, died in circumstances that were unacceptable.
We are here to ask for justice for Joyce because Joyce's death was one too many,
and Joyce is our George Floyd. And, this week, at the National Assembly, I presented a motion
asking the Government to adopt
the Principe de Joyce, which was a document prepared by the Atikamekw, and particularly
the community of Manawan, to try and reestablish confidence between the
Atikamekw and the Government of
Québec, and particularly in the
sector of health and social services… and also had recommendations for all Indigenous people of Québec, and it was rejected mostly because
of two words, «systemic racism».
After the commission
Viens report, after the Principe de Joyce document, it is clearly, clearly,
documented in Québec that
systemic racism exists in our institutions. And they ask the Government to take action, but again it is
refused by this Government. So
I'm asking Mr. Lafrenière, who… Since he took over, you know, I tip my
cap, he's worked hard. He's made some positive announcements. And I'm looking
forward to working with him going forward. But, on this one, I'm really asking
him to step up, fight inside his own party to push them towards accepting these
two words and moving forward as a society. And he just has to look no further
than his former police force, the SPVM, who has recognized there's systemic
discrimination, racial profiling, within their own organization.
So, again, like I said…
calling on him to do the right thing. And, again, what we're here for is
justice for Joyce. And that's extremely important for everyone here, at the
National Assembly, but for our entire society, but particularly for the people
of Manawan, and the atikamekw community, and Joyce's entire family and friends.
La Modératrice
:
On est prêts à prendre des questions.
M. Kelley
: Go ahead.
La Modératrice
: En
anglais?
M. Giroux (Stéphane) : Non,
mais je vais rendre service à mes collègues francophones qui sont sur leur
troisième café.
Est-ce que vous pouvez nous dire, en
quelques mots, selon vous, qu'est-ce qui bloque en ce moment? Dans vos mots,
deux mois après la mort de Joyce, est-ce que vous avez peur que le temps passe
puis que ça tombe dans l'oubli?
M. Kelley
: Ce n'est
pas moi qui crains ça. Si on regarde le Principe de Joyce, la citation de Carol
Dubé, qui est le mari de Joyce Echaquan… dire ça clairement qu'il ne veut pas que
qu'est-ce que sa femme Joyce a… était en vain. Il dit ça clairement. Il ne veut
pas que ce rapport, ce principe est tabletté par un gouvernement, que le
gouvernement accepte juste certaines parties du rapport. Il veut que le
principe au complet est accepté par l'Assemblée nationale.
Et, encore, ce n'est pas juste moi qui dis
ça. Je parle un petit peu pour les Attikameks et pour les gens qui ont
travaillé sur ce document qui, dans les états, dit clairement que le présent
mémoire soit adopté et mis en oeuvre par l'Assemblée nationale du Québec et par
la Chambre des communes du Canada sans délai.
Alors, encore, je suis ici pour réclamer
la justice pour Joyce, pour les Attikameks qui demandent ça clairement après
une consultation qu'eux autres ont faite. Après un drame comme ça, dans une
situation où ce n'était pas facile, ils ont fait ça. C'est un document avec
plusieurs affirmations qui sont très intéressantes, qui sont pas mal en lien
aussi avec qu'est-ce qu'on a vu dans la commission... les appels à l'action de
la commission et rapport Viens.
M. Giroux
(Stéphane) : Can I switch to English?
M. Kelley
: Yes.
M. Giroux
(Stéphane) : Now, Joyce died almost two months
ago. Are you afraid that her death will not advance the cause unless the
current Government recognizes
systemic racism?
M. Kelley
: And, again, I'm going to come back to the document, the Principe de Joyce, where… that's actually what Carol Dubé,
Joyce's husband, says pretty clearly, that he doesn't want her death to be in
vain. He wants this to advance. He clearly says that there is systemic racism
in the system. And, again, in the document, the
Atikamekw ask the National Assembly to adopt this Principe de Joyce «sans délai»,
without, you know, delay, and do it quickly.
So I think that, you
know, they're not asking us to take portions of the report. They're asking us
to adopt the entire thing, the Principe de Joyce. And I think those two words,
the only thing that... according to the Minister, are the only two things that are
blocking it. But, again, for them, when you speak with atikamekw leadership,
when you speak with people from Manawan, the words «systemic racism»… it has to
be recognized.
M. Giroux
(Stéphane) : Mr. Lafrenière feels that he did
so much to recognize systemic racism in the Montréal police. He should step up.
M. Kelley
:
I think he should push his caucus. And he was working
on the committee that is studying how Québec can, you know, deal with racism. I think it'd be time for the CAQ
to just accept the concept, accept it, and let's move forward, and I think it
will make a lot of gains. I think it will push the ball forward.
M. Verville
(Jean-Vincent) : What would it mean for Québec to adopt the Joyce Principle…
M. Kelley
: I think, if the National Assembly adopted the motion that I presented this week, it would've sent a
very positive signal they were ready to move things forward, I really do,
because I saw the reaction after. The Atikamekw released a press release
yesterday where they said they were disappointed again that this is not being
accepted. The Assembly of First Nations of Québec also said… The Québec-Labrador… said the same thing too. Let's just move on with this. Let's
get on with it and let's start to do things positively. But it is important.
Like I said, it's written in the Principe de Joyce. They talk about systemic
racism throughout the entire document. So we can't just take portions of it. We
have to do this for Joyce. That is what justice for Joyce is all about.
M. Verville
(Jean-Vincent) : Why do you think the CAQ has
not committed to do that?
M. Kelley
: I find that it plays into this… if we say there is systemic racism
in Québec, we're saying all Quebeckers are racist, which isn't the case.
Quebeckers, as a whole, are not a racist people. They're
not a racist society, but there could be institutions that have a legacy where
there has been discrimination, racism, because it goes back to models… And I
always like to point to the Indian Act, which was a racist piece of legislation
in its concept when you look at it in its entirety, and we do inherit some of
that here, in Québec. So I'm not too sure. Again, it's always for them, when
they have to go there and explain it… But, again, I want to be clear, when we
talk about systemic racism, we're not saying that Quebeckers, as a whole, are
racist.
Ah! M. Laforest?
M.
Laforest (Alain) : Cet après-midi, là, Lionel Carmant et Ian
Lafrenière font une conférence de presse pour annoncer du logement pour les
étudiants autochtones. Est-ce que c'est une partie de la réponse, tout ça, ou
ce n'est pas assez?
M. Kelley
: C'est sûr
qu'il n'y a jamais un geste qui va être assez pour régler tous les problèmes. C'est
sûr. Est-ce que c'est une bonne nouvelle? Oui, mais c'est sûr que, quand même,
ce type de projet peut être multiplié partout dans la province. Alors, est-ce
que c'est un pas dans la bonne direction? Oui, mais ça ne répond pas à tous les
enjeux qui existent.
Et, quand on regarde tous les appels à
l'action dans le rapport de la commission Viens, ça prend une implication de
tous les différents ministères et, quand même, le leadership du premier
ministre du Québec, de vraiment prendre action et de changer des choses au sein
de la fonction publique, changer des choses aux CIUSSS partout au Québec. Et je
dis toujours que la communauté de Manawan et les Attikameks réclament toujours,
toujours, que le gouvernement change le P.D.G. du CIUSSS de Lanaudière.
M. Laforest (Alain) : Donc,
vous leur parlez, aux autochtones. Est-ce que, depuis qu'Ian Lafrenière est là,
ils trouvent que ça va mieux ou il n'y a rien qui a changé?
M. Kelley
: Je pense
que tout le monde, parce que ça fait juste deux mois, ils sont toujours ouverts
à essayer de travailler avec le gouvernement. Les autochtones sont toujours
dans cet esprit. Ils savent que tout ne peut pas être réglé juste avec un geste.
Il n'y a aucune magie qui existe dans la vie. Alors, ils sont toujours prêts à
collaborer avec n'importe quel ministre.
M. Laforest (Alain) : Le sens
de ma question, là… Je ne veux pas ramener votre père, là. On savait qu'avec
votre père la communication était facile avec les communautés autochtones,
alors que ça ne l'était pas, là, depuis l'arrivée du gouvernement Legault, c'était
plus compliqué. Est-ce qu'on sent, là, qu'il y a un aplanissement de vos
contacts, que c'est un peu plus facile, qu'il y a plus d'ouverture ou non?
M. Kelley
: Oui, c'est
sûr qu'il y a plus d'ouverture, mais il y a aussi un ministre qui est aussi plus
présent. Aussi, on a vu ça depuis le début qu'il est sur le terrain. Alors,
c'est sûr qu'on a vu un changement. Mais aussi, après ça, savoir est-ce que
c'est juste des… quelles actions est-ce que le gouvernement a prises, parce
qu'une chose… Et je veux citer le grand chef des Cris, Abel Bosum, qui a dit…
après l'annonce pour le 15 millions de dollars pour le système de santé,
pour la sécurisation culturelle, il a dit : C'est bien correct, mais des
gens qui travaillaient dans le CIUSSS de Lanaudière sont toujours là, c'est les
mêmes personnes. Alors, le problème ne s'est pas réglé parce qu'on a annoncé quelque
chose. Il y a un plus grand travail à faire. Alors, j'espère que ça répond à
votre question.
M. Laforest (Alain) :
…cleanup before?
M. Kelley
: Exactement,
exactement, exactement. Et, comme je dis, oui, j'ai un rôle, dans l'opposition,
de critiquer le gouvernement, mais je suis toujours là aussi pour travailler
avec M. Lafrenière. J'espère qu'à un point on va déposer un projet de loi pour
ramener tous ces éléments, encadrer tous les éléments dans une loi. Puis moi,
je vais être prêt à aider lui, travailler avec lui et faire une vaste consultation
avec les autochtones le jour que ça arrive.
La Modératrice
: Merci
beaucoup.
M. Kelley
: Merci.
Thank you.
(Fin à 9 h 32)