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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, et M. Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation

Version finale

Tuesday, December 8, 2020, 16 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Seize heures)

Le Modérateur : Bonjour à tous et à toutes. Bienvenue à cette mêlée de presse du premier ministre du Québec, M. François Legault, et du ministre de l'Économie et de l'Innovation, M. Pierre Fitzgibbon. M. Legault.

M. Legault : M. Fitzgibbon va commencer.

M. Fitzgibbon : Alors, bonjour, tout le monde. J'aimerais faire quelques commentaires suite au dépôt du rapport plus tôt aujourd'hui par la Commissaire à l'éthique à mon égard. J'ai quatre points à faire.

À propos des conclusions de la commissaire, selon son interprétation du code, la commissaire conclut à des manquements dans la façon que je me suis conformé au code, et, dans ce contexte, j'ai reconnu les manquements. La commissaire note aussi qu'elle a perçu comme un manque de collaboration au départ, mais elle note aussi que les choses ont changé depuis, comme elle le souligne dans son rapport.

Deuxième point le plus important, il n'y a aucun manquement à l'éthique. La commissaire reconnaît les efforts que j'ai faits pour me conformer au code et ma bonne foi dans le processus. Elle me reproche d'en avoir trop fait dans certains cas ou d'avoir omis certaines précisions techniques. Il faut retenir surtout que ce n'est jamais… été question d'irrégularités sous quelque forme que ce soit ni de malversations. C'est d'ailleurs le même constat qu'on a eu dans le rapport précédent.

Troisièmement, je vais énoncer les mesures qui ont été et seront prises pour me conformer à l'esprit du code. Tout au long de ma carrière, j'ai toujours accordé une grande importance aux questions d'éthique, et ma réputation est sans tache à cet égard. Un aspect important de l'éthique à l'Assemblée nationale, c'est de s'assurer que les élus gèrent de façon indépendante, sans favoriser leur intérêt personnel.

Dans son rapport, la commissaire souhaite que des mesures supplémentaires soient prises en regard d'une entreprise privée dans laquelle j'ai des intérêts. La commissaire reconnaît qu'il est possible de détenir des intérêts dans des entreprises québécoises et de continuer à gérer les affaires de l'État de manière éthique. Mais, dans sa forme actuelle, notre code d'éthique me laisse une alternative : ou bien me départir de mes intérêts dans cette société ou bien quitter la vie politique.

Je vous annonce donc que je ne quitterai pas la vie politique et que j'ai mis en place il y a plus d'un an des mesures appropriées pour que mes intérêts soient conservés de façon totalement indépendante de mon travail politique. On va même rajouter des mesures. L'entreprise en question est une petite entreprise avec seulement quelques années d'existence et elle figure dans ma déclaration d'intérêts. J'ai déjà donné des instructions de mettre en place un mur d'éthique étanche entre moi et l'entreprise depuis le début.

J'ai aussi pris une mesure additionnelle. Toutes les demandes concernant cette entreprise devront être acheminées, s'il y a lieu, à un autre ministère, soit celui du Conseil du trésor. De plus, je soumettrai volontairement à la Commissaire à l'éthique une déclaration spéciale d'intérêts deux fois par année afin qu'elle puisse attester du respect des règles éthiques concernant cette entreprise-là.

Pour l'avenir, je ne suis pas heureux de ce nouveau rapport de la Commissaire à l'éthique. Je reconnais entièrement l'importance de son rôle dans notre vie parlementaire. Selon moi, la commissaire devrait disposer d'une plus grande marge de manoeuvre pour mieux accompagner les élus qui se trouvent dans des situations particulières comme la mienne. C'est d'ailleurs la commissaire elle-même qui le recommande dans son rapport de mise en oeuvre de décembre 2019 et c'est aussi le choix qu'ont fait certaines autres provinces canadiennes. Je constate qu'après 10 ans il y a eu plusieurs recommandations faites par les commissaires, et il est temps qu'on les prenne en considération. Ce code est désuet et date d'une autre époque.

Aujourd'hui, il faut combattre la pandémie. Là est le vrai défi. Demain, un groupe indépendant qualifié devrait se pencher sur cette situation. Merci.

M. Legault : Merci. Merci, Pierre. Bonjour, tout le monde. D'abord, je veux vous dire, le Québec est chanceux d'avoir un homme de la compétence de Pierre Fitzgibbon au gouvernement. Je le rappelle, je ne donnerai pas tout son C.V., mais Pierre a été, entre autres, vice-président d'une grande entreprise, Domtar, a été aussi vice-président à la Banque Nationale, donc connaît bien toute la question des prêts aux entreprises. Il a été aussi sur le conseil d'administration de la Caisse de dépôt et de placement, donc connaît bien aussi les investissements dans les entreprises.

Puis, dans les dernières années avant de venir en politique, Pierre agissait comme entrepreneur investisseur. Donc, il avait des investissements dans plusieurs entreprises, dont trois entreprises dont il est question dans le rapport de la Commissaire à l'éthique, trois entreprises pour lesquelles il n'y a pas de marché. Donc, même si Pierre avait voulu tout faire pour vendre ses actions, à moins de les vendre peu cher, il n'y avait pas vraiment d'acheteurs de disponibles. Il a fini par en trouver un, acheteur pour une des trois entreprises.

Donc, l'essentiel de ce qui est reproché par la Commissaire à l'éthique, c'est de dire : Bien, vous êtes en contravention avec le code, vous auriez dû vendre ces entreprises-là à l'intérieur d'un certain délai. Mais, quand vous lisez bien le rapport, la Commissaire à l'éthique dit : J'aurais voulu encadrer ces cas exceptionnels, mais la loi actuelle ne me le permet pas. Puis, faut se rappeler aussi que, l'année dernière, la même Commissaire à l'éthique avait dit, en décembre 2019 : Faudrait penser, après 10 ans, à mettre à jour ce code d'éthique. Et je suis d'accord avec elle, c'est pour ça qu'on va regarder, effectivement. C'est un sujet délicat, on veut le faire avec les partis d'opposition, mais ce n'est pas normal qu'une personne qui détienne des placements dans des entreprises privées, des placements que cette personne-là ne peut pas vendre, qu'elle ne puisse pas venir servir, qu'elle ne puisse pas venir travailler au gouvernement, qu'elle ne puisse pas être ministre de l'Économie, alors qu'on souhaite avoir comme ministre de l'Économie quelqu'un qui connaît les entreprises.

Bon, Pierre le disait, entre-temps, en attendant de corriger le code, de le moderniser, de le mettre à jour, de permettre, parce qu'on veut au gouvernement des entrepreneurs investisseurs qui viennent s'impliquer pendant un certain nombre d'années pour le service public, entre-temps, on va mettre une espèce de mur de Chine. Donc autant du côté des… Il en reste deux entreprises, quand elles vont faire des demandes, si elles font des demandes au gouvernement ou à Investissement Québec, bien, Pierre ne sera pas impliqué. Puis de l'autre côté, si Investissement Québec ou le ministère de l'Économie reçoit des demandes, Pierre ne sera pas impliqué. Donc, il y aura vraiment un mur de Chine en attendant de pouvoir ajuster le code d'éthique.

Bon, la commissaire nous suggère, comme elle l'avait fait dans le premier rapport, de faire un blâme. Et on a discuté avec les députés, et on ne pense pas qu'il y a matière, pour une deuxième fois, à blâmer le ministre de l'Économie de ne pas avoir vendu des actions dans deux entreprises, alors qu'il ne pouvait pas, qu'il n'y avait pas d'acheteur de disponible.

Bon, il y a deux autres points qui lui sont reprochés, puis je veux quand même y revenir. Pierre utilisait un holding personnel, je pense, ça s'appelait Gestion Pierre Fitzgibbon, façon très originale, pour investir dans des entreprises. Il a déclaré toutes les entreprises dans lesquelles il avait des intérêts, mais il n'a pas déclaré le holding qui servait juste à détenir des intérêts dans les entreprises. Donc, techniquement, la Commissaire à l'éthique dit : Il n'a pas déclaré le holding ou les holdings, mais elle reconnaît qu'il a déclaré tous ses placements dans toutes les entreprises. Le holding, c'était juste pour détenir des actions dans les entreprises.

Bon, il y a une des trois entreprises en question aussi, à un moment donné, qui a demandé de l'aide à Investissement Québec. Quand Pierre a su ça, il a appelé puis il leur a dit : Ne faites pas de prêt, ne faites pas… ne donnez pas d'aide à cette entreprise-là parce qu'il y a un conflit d'intérêts. La Commissaire à l'éthique aurait préféré qu'il n'intervienne pas. Bon, on peut regarder ça de deux manières, là. Oui, ça a peut-être pénalisé l'entreprise, mais ça a évité qu'il y ait un vrai conflit d'intérêts.

Donc, je termine en vous disant : Tous les Québécois doivent savoir que l'honnêteté de Pierre Fitzgibbon n'a jamais été mise en cause. Deuxièmement, il faut comprendre qu'on est — je le répète — chanceux d'avoir un homme compétent comme Pierre Fitzgibbon. Depuis deux ans, là, je ne compte plus les gens d'affaires au Québec qui me disent : Comment tu as fait, François, pour recruter un gars comme ça en politique? Donc, on est chanceux qu'il parle le même langage que les dirigeants d'entreprises, que les entrepreneurs. Et on en a besoin, au Québec. Je vous l'ai souvent dit, on a un écart de richesse avec nos voisins. Il faut vraiment que l'économie puis la création de richesse soient la priorité. Il faut créer des emplois bien payés, puis on ne peut pas espérer avoir une meilleure personne que Pierre Fitzgibbon pour le faire.

Donc, je suis très content qu'il reste, puis je souhaite qu'il reste, et je ne pense pas que ça mérite un deuxième blâme.

Le Modérateur : Le premier ministre et le ministre vont maintenant répondre aux questions des journalistes d'abord en français, ensuite en anglais. Alexandre Robillard, Le Journal de Montréal.

M. Robillard (Alexandre) : Mais, M. Legault, vous dites que M. Fitzgibbon est compétent, mais est-ce que vous jugez que c'est effectivement le cas d'un ministre qui téléphone directement à une société dont il est responsable pour l'influencer sur une décision? Donc, ça, est-ce que c'est un signe de compétence pour un ministre?

M. Legault : Bien, si c'est pour aller dire à Investissement Québec : N'aidez pas cette entreprise-là parce que j'ai des actions dans l'entreprise, je pense qu'on peut dire de bonne foi c'était un geste, là, qui est acceptable.

M. Robillard (Alexandre) : C'était acceptable pour vous?

M. Legault : C'était acceptable, c'est correct. Même, c'est peut-être trop correct.

M. Robillard (Alexandre) : Puis dans d'autres situations, est-ce que des ministres devraient se comporter comme ça, appeler, contacter directement des organismes dont ils sont responsables pour influencer des décisions?

M. Legault : Sûrement pas pour faire le contraire, sûrement pas pour essayer de convaincre le gouvernement, un ministère ou un organisme de faire un prêt ou une aide à une entreprise, sûrement pas dans l'autre sens. Mais quand il s'agit de dire : Non, surtout, ne faites pas de prêt à cette entreprise-là, c'est le contraire.

M. Robillard (Alexandre) : M. Fitzgibbon, j'aimerais ça savoir comment vous vous sentez aujourd'hui. Vous avez été réprimandé par l'Assemblée nationale il y a deux semaines. Aujourd'hui, vous êtes confronté à un deuxième blâme.

Bon, on comprend que le gouvernement ne votera pas dans ce sens-là, mais j'aimerais savoir comment vous vous sentez devant cette deuxième recommandation de réprimande là. J'aimerais ça que vous expliquiez aussi pourquoi vous étiez furieux contre Mme Mignolet quand elle faisait son travail concernant vos actifs.

M. Fitzgibbon : Bien, peut-être trois choses. La première, juste pour reprendre votre première question que vous avez posée à M. Legault, je dois avouer que c'est Investissement Québec qui m'a téléphoné, parce que la réalité, ce qui s'est passé, c'est qu'Investissement Québec est allé voir la société en question pour lui offrir un prêt, et un des hauts dirigeants d'Investissement Québec, qui savait que j'étais actionnaire, m'a téléphoné. C'est là que je lui ai dit : Je pense que c'est mieux de ne pas faire de prêt considérant que je suis actionnaire. Donc, juste pour mettre ça dans l'ordre. Donc, demain matin, je ferais la même chose parce que je pense que c'était la bonne chose à faire dans les circonstances.

Deuxièmement, comment je me sens, écoutez, j'étais plus bouleversé dans le dernier rapport. Dans le dernier rapport, on parlait de jugement, tu sais, on parlait de conflit d'intérêts potentiel, et je l'ai pris très dur, et j'avais dit que je n'étais pas nécessairement d'accord avec la conclusion mais que je la respectais. Je dois la respecter. Ici, on parle de technicalité. Ici, fondamentalement, il y a un enjeu, c'est que je suis actionnaire d'une société, et on me demande de vendre la société, ce que je ne pouvais pas faire. Ce n'est pas parce que je ne voulais pas la vendre, il n'y a pas de marché pour la société. Donc, je suis pris devant cette technicalité-là.

Alors, je me sens très à l'aise parce que... Le conflit d'intérêts, c'est quoi, finalement? C'est quand une personne met ses intérêts personnels avant les intérêts de qui elle dessert. Dans ce cas ici, il n'y a eu aucun mais aucun manque à l'éthique par rapport à la société. Alors, je me sens très bien par rapport à ça. Ce n'est pas une question de jugement, c'est une question de fait. La commissaire a jugé, selon le code, et elle a elle-même confirmé, au mois de décembre 2019, dans son rapport de mise en oeuvre, je pense, qu'il fallait qu'elle ait plus de flexibilité. Donc, en fait, elle, indirectement, confirme que les règles devraient être plus flexibles. Alors, moi, je me sens très à l'aise parce qu'il n'y a pas eu de conflit.

Le Modérateur : Valérie Gamache, Radio-Canada. Il faut avancer, sinon on n'y arrivera pas. Valérie Gamache, Radio-Canada.

Mme Gamache (Valérie) : Je vais vous relancer. Pourquoi vous vous sentiez furieux face à la Commissaire à l'éthique?

M. Fitzgibbon : Bien, je pense que premièrement, comme j'ai dit tantôt, en entrée de jeu, il y a eu la période où... expéditif au début, oui, mais ça s'est corrigé après. Puis en fait, quand j'ai réalisé qu'elle-même considérait que le code devait être ajusté, être plus flexible, bien, la coopération s'est améliorée grandement par après.

Mme Gamache (Valérie) : M. Fitzgibbon, vous connaissiez ces règles-là quand vous vous êtes engagé en politique. Au moment de votre assermentation, on vous a demandé de fournir un certain nombre de choses. Puis là, aujourd'hui, ce que vous venez de nous dire avec M. Legault, c'est : Bien, finalement, on va le changer, on va changer le code. C'est comme si vous disiez... ou que vous arriviez et vous disiez aux Québécois : Bien, les règles, finalement... on va changer les règles pour avoir une espèce de mesure Fitzgibbon. Est-ce que c'est ça que les gens doivent comprendre?

M. Fitzgibbon : Non. Mais je pense qu'il faut regarder un peu en arrière. J'ai été élu le 2 octobre 2018. J'ai été nommé ministre quelque part quelques semaines après. Mon métier, il faut comprendre, avant d'être en politique, c'était d'investir dans des compagnies privées avec ce qu'on appelle une «family office». J'avais 13 investissements privés. Je savais qu'il fallait qu'elles soient vendues parce que les compagnies publiques peuvent être mises dans une fiducie sans droit de regard, les compagnies privées ne peuvent pas être mises là-dedans. Sur les 13, aujourd'hui, j'en ai vendu 11.

Il faut comprendre que, quand on vend une entreprise privée, il n'y a pas de marché liquide pour ça. Donc, ça a pris, pour vendre les 11/13 du portefeuille que j'avais... ça s'est fait au mois d'avril ou mai 2019, donc on parle de, quoi, huit mois, sept mois. Alors, c'est un temps relativement rapide parce qu'il n'y a pas de marché pour ça. Il m'en reste deux. Alors, les deux, bien, on a pris des mesures correctrices.

Donc, ce n'est pas une règle Pierre Fitzgibbon. C'est une règle... qu'aujourd'hui je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui sont détenteurs de titres de sociétés privées pour lesquels il n'y a pas de marché pour les vendre. Alors, c'est tout simplement une question de donner le temps de les vendre et deuxièmement, entre-temps, d'avoir des mesures de protection pour empêcher qu'un ministre soit en conflit d'intérêts ou que ses intérêts personnels seraient mis...

Alors, j'ai fait ces mesures-là dans le cas de la société puis j'ai demandé qu'on ne prête pas, justement, pour ne pas que je sois en conflit. Donc, il n'y a eu aucun manque à l'éthique. Il faut juste que la flexibilité du code permette que les gens puissent disposer de leurs actifs dans un temps raisonnable.

Le Modérateur : Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : M. le premier ministre, M. le ministre. Une situation semblable s'était produite à l'automne 2014. Il y avait un chef du Parti québécois, à cette époque-là, qui était propriétaire d'une très grande entreprise québécoise, M. Péladeau, pour ne pas le nommer, et vous aviez quand même émis des commentaires assez sévères envers M. Péladeau à l'époque, alors qu'il demandait essentiellement la même chose, c'est-à-dire d'adapter le Code de déontologie pour faire en sorte qu'il puisse permettre à des gens d'affaires de s'impliquer en politique.

M. Legault : Je ne pense pas qu'on peut comparer les deux situations, là. Pierre détient des intérêts dans deux petites compagnies. Pierre Karl Péladeau détenait la majorité des actions votantes dans une compagnie qui s'appelle Québecor, qui a des médias au Québec. Je ne pense pas qu'on puisse comparer les deux situations.

M. Lacroix (Louis) : Mais il y a quand même un... À l'époque, est-ce que... En fait, est-ce que... M. Péladeau disait essentiellement la même chose que M. Fitzgibbon, que le code n'était pas adapté au fait qu'il y ait des gens d'affaires qui puissent s'impliquer en politique sans en payer un prix important, en termes de patrimoine personnel financier.

M. Legault : Toute la question, c'est de savoir : Est-ce qu'on peut éviter un conflit d'intérêts? Moi, je pense que, dans le cas des deux petites entreprises dans lesquelles Pierre a des investissements, on peut éviter le conflit d'intérêts. On a juste à s'assurer que Pierre ne soit pas impliqué ni d'un bord ni de l'autre dans toutes les transactions avec le gouvernement. Dans le cas de Québecor, bien là, je ne veux pas revenir dans tout le débat, là, mais ils ont des...

M. Lacroix (Louis) : ...qu'est-ce que vous proposez pour qu'on change... Qu'est-ce qui serait acceptable pour convaincre des gens d'affaires, comme vous dites, à venir donner leur expertise, finalement, au gouvernement, en faire profiter l'ensemble de la population? Qu'est-ce qu'il faudrait transformer dans le code?

M. Legault : Bien, il faudrait être capable... Quand quelqu'un détient des actions en bourse, on peut les mettre dans un fidéicommis dans droit de regard, fiducie sans droit de regard. Puis là, bien, il y a quelqu'un qui peut décider, selon l'évolution de la bourse, est-ce que je les vends, est-ce que je les garde. Quand qu'il n'y a pas de marché, quand ce n'est pas coté en bourse, est-ce qu'on ne devrait pas mettre, justement, ces actions-là sous la surveillance de quelqu'un au gouvernement qui s'assure qu'il n'y a pas d'influence, qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts, c'est-à-dire qu'il n'y a personne au gouvernement, puis surtout la personne concernée, qui viennent avantager cette entreprise-là?

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que cette personne-là pourrait être la Commissaire à l'éthique elle-même?

M. Legault : Bien, écoutez, moi, je suis ouvert à regarder comment on peut gérer ça.

Le Modérateur : Tommy Chouinard, LaPresse.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour, M. le premier ministre. Est-ce que votre ministre a commis quelque faute que ce soit, selon vous, à la lecture du rapport?

M. Legault : Oui. Bien, écoutez, il n'a pas respecté le code, qui dit : Vous avez un certain temps pour vendre vos intérêts dans des placements privés. Donc, il n'a pas été capable de respecter le code. Est-ce que l'esprit du code a été respecté? Moi, je pense que oui. Mais, de façon technique, bien, il n'a pas réussi à vendre ses actions. Il voulait les vendre, puis il n'a pas réussi à les vendre. Donc, comme on dit : À l'impossible, nul n'est tenu.

M. Chouinard (Tommy) : Vous avez décidé... Bien, vous vous êtes forcé de remplacer votre général chargé de diriger la campagne de vaccination, là. Pour être bien clair, là, est-ce qu'on parle de la COVID, là, puis on parle d'un congé?

M. Legault : Non, non, non, on parle...

M. Chouinard (Tommy) : Non? O.K. Est-ce qu'on parle d'une absence prolongée, là?

M. Legault : Bien, on parle de problèmes de santé. Donc, à partir du moment où il a des problèmes de santé, là... je pense c'est lui-même, puis il nous a demandé de le remplacer.

M. Chouinard (Tommy) : ...je veux dire, est-ce que c'est...

M. Legault : Il va y avoir quelqu'un d'autre qui va être nommé. Mais je vous rappelle que le vrai général, là, il s'appelle Christian Dubé, là. Mais il va avoir quelqu'un qui va le remplacer, là, pour être responsable dans le quotidien de la distribution des vaccins partout, dans toutes les régions du Québec.

Le Modérateur : Patrice Bergeron, LaPresse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous, messieurs. M. Legault, pourquoi vous jugez que c'est important pour vous aujourd'hui d'être là pour défendre votre ministre, qui aurait très bien pu se défendre tout seul, par exemple?

M. Legault : Bien, je pense que c'est important que tous les Québécois comprennent, là, que moi, j'ai 100 % confiance en Pierre Fitzgibbon, qu'il a respecté les règles, l'esprit des règles, mais effectivement les règles, je pense, doivent être modifiées. On ne devrait pas être obligés au Québec de dire à quelqu'un qui a des placements dans des entreprises privées : Tu ne peux pas faire de la politique. Moi, je pense, c'est souhaitable d'avoir un ministre de l'Économie qui est habitué d'investir dans des entreprises, dans plusieurs entreprises.

M. Bergeron (Patrice) : Et M. Fitzgibbon, on dit, donc, que vous n'avez pas pu vendre les actions dans vos entreprises parce qu'il n'y a pas de marché pour ça. Mais c'est-u... Le problème, ce n'est pas plutôt que vous avez tenté de les vendre, mais vous n'avez pas eu votre prix, dans le fond? C'est que, dans le fond, il aurait fallu que vous les donniez moins cher, puis vous ne vouliez pas perdre de l'argent dessus?

M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, il y a une question de nuance là-dedans. Comme j'ai dit tantôt, j'avais 13 entreprises privées, pour des petits montants, mais quand même. J'ai fait un effort, puis j'ai réussi à en vendre 11 sur 13. C'est toujours une question de jugement, si on paie 1 $ pour quelque chose puis on pense que ça en vaut trois, puis on se fait offrir un, bien, il y a eu une question... je n'ai pas eu d'offre pour la compagnie en question par contre, mais il y avait une question aussi de jugement. Puis, bon, dans les 11 que j'ai vendues, bien, je n'ai pas vendu nécessairement au prix que je voulais vendre. Mais ça étant dit, je suis venu en politique avec la connaissance qu'il fallait que ça, ça se fasse. Dans le cas de la compagnie en question, il n'y avait pas de marché puis c'est une petite société, très petite, là, les revenus sont moins que 10 millions par année, là. C'est une compagnie de technologie, donc la valeur est dans le futur, donc il n'y a pas de marché pour ces entreprises-là.

M. Bergeron (Patrice) : Mais pour les deux petites, là, justement, restantes, là, c'est que vous n'aviez pas votre prix pour ça?

M. Fitzgibbon : Bien, en fait, je n'ai même pas eu d'offre. À un moment donné, quand même je serais allé vous voir, je vais vous vendre ça, vous allez dire : Bien, là, moi, je ne connais pas ça. C'est très petit, là, si j'avais eu une entreprise d'envergure, privée, bien, il y a du monde, il y a un marché qui existe. Alors, ce n'est pas de la mauvaise volonté, c'est juste la réalité du marché dans lequel j'étais.

Le Modérateur : Mylène Crête, Le Devoir.

Mme Crête (Mylène) : M. Fitzgibbon, avez-vous menacé de démissionner de votre poste de ministre de l'Économie?

M. Fitzgibbon : Non parce que… J'ai mentionné ça, la dernière fois. Écoutez, si ça avait été un temps normal, peut-être qu'il serait arrivé d'autres choses. Je considère que je suis venu en politique pour aider le Québec. Je considère qu'en plein milieu d'une pandémie le rôle du ministre de l'Économie est important. Bon, avec toute humilité, je pense que je peux jouer un rôle. Quitter pendant une pandémie aurait été, à mon avis, un manque de respect pour les gens qui m'ont élu.

Mme Crête (Mylène) : Êtes-vous le Bill Morneau de la politique québécoise?

M. Fitzgibbon : Je respecte Bill Morneau, en passant. Je ne peux pas vous répondre. Je ne sais pas comment…

Mme Crête (Mylène) : Il a eu des problèmes lui aussi avec ses actions dans la société familiale.

M. Fitzgibbon : Je n'ai pas le détail de ce qui s'est passé.

M. Lacroix (Louis) : Estimez-vous avoir perdu de l'argent en venant en politique, M. Fitzgibbon?

M. Fitzgibbon : J'ai fait des sacrifices, mais volontairement. Quand j'ai décidé de venir aider M. Legault puis aider la cause, je me suis dit… Bien là, c'est sûr que, sur une base historique, oui, je faisais mieux avant que je fais aujourd'hui, financièrement, mais ce n'est pas ça, l'enjeu. Je suis venu ici parce que j'avais le goût et j'ai encore le goût.

M. Lacroix (Louis) : Mais, en vendant vos entreprises, est-ce que vous êtes capable d'estimer avoir perdu une valeur importante pour le sacrifice de la politique?

M. Fitzgibbon : Oui, mais c'est dur à juger parce que, tu sais, la valeur… Vous et moi, on pourrait s'entendre que ça vaut ça ou ça. Encore une fois, j'ai posé les gestes que j'avais à poser. Est-ce que j'aurais aimé les garder? Oui. Est-ce que, si le code d'éthique m'avait permis de garder les sociétés puis d'avoir ce mur de Chine là, je les aurais gardées? C'est sûr. C'est moi qui les avais achetées, pas les sociétés, mais les participations. Mais je suis venu en politique sachant que je devais en disposer, là. Ce n'est pas une surprise. Donc, il faut que je vive avec, là. Je n'ai pas de remords par rapport à ça. Je suis venu ici pour faire des choses, alors je vais continuer de les faire.

Le Modérateur : François Carabin, Métro.

M. Carabin (François) : Bonjour, M. Fitzgibbon. Vous répondiez à ma collègue du Devoir et vous avez dit que vous comptez rester en place en raison de la pandémie. Mais, au-delà de la pandémie ou en 2022, est-ce que vous avez le même intérêt à rester en politique?

M. Fitzgibbon : Bien, écoutez, j'ai dit, je pense, c'est à M. Lacroix que j'avais dit ça à un moment donné : C'est le travail le plus intellectuellement motivant que j'ai eu dans ma vie. C'est un travail qui est très motivant, qui m'excite, pas nécessairement être au Parlement, mais être dans le milieu du ministère, m'occuper des entreprises, le développement économique. Ce matin, on a fait une annonce d'Enerkem. J'ai travaillé très fort avec le groupe sur ça. Alors, c'est valorisant de faire ce travail-là. Alors, tant que, le matin, on se lève puis on est heureux d'aller travailler, je vais continuer parce que je trouve que c'est un très beau travail, puis c'est une façon de redonner, puis je suis fier de le faire.

M. Carabin (François) : Vous dites que la commissaire vous reproche d'en avoir trop fait. C'est ce que vous avez dit en entrée de jeu. Mais ce qu'elle écrit, elle, c'est que vous avez… il y a eu un manque de collaboration de votre part et votre volonté de vous conformer suivait la propre interprétation de vos règles. C'est qui qui a raison dans ça?

M. Fitzgibbon : Écoutez, c'est un jugement, puis je ne suis pas ici pour critiquer la Commissaire à l'éthique. C'est un poste qui est excessivement important pour le parlementarisme. Alors, je n'ai aucun doute que ce poste-là doit être conservé. La référence à laquelle vous faites, c'est celle de votre collègue, là, en avant de vous, qu'il a relatée. La société en question a eu une offre d'Investissement Québec de lui prêter de l'argent. Alors, le dirigeant principal... un des dirigeants principaux d'Investissement Québec a dit : Woups! le ministre est actionnaire partiel... d'une société. Il m'a appelé. Réaction, ça a pris trois secondes, j'ai dit : Non, ne prête pas à la société, c'est un conflit potentiel, même si le prêt peut être fait.

Alors, j'ai agi de bonne foi pour me mettre dans une situation de non-conflit. Sauf que les règles du code d'éthique disent que je n'aurais pas dû parler à Investissement Québec d'une société dans laquelle j'étais actionnaire. Alors, la commissaire a raison, elle a interprété la loi de la bonne façon. Mais moi, de mon côté, j'ai pris la mesure et je ferais la même chose demain matin, là.

M. Carabin (François) : ...par intérêt personnel que vous avez décidé de garder... ou de dire à Investissement Québec de rester loin de ça?

M. Fitzgibbon : Parce que, si vous êtes... Si, comme ministre, je suis actionnaire de la société, Investissement Québec, qui se rapporte au ministère de l'Économie, fait un prêt à la société, bien, il y a un intérêt financier qui va... société dans laquelle je suis investisseur. Alors, on revient au point de départ. Parce que c'est quoi, le code d'éthique? C'est qu'il ne faut pas que le ministre de l'Économie place ses intérêts personnels avant ceux du Québec. Alors, dans ce cas-là, quelqu'un aurait pu juger que, si Investissement Québec prête à une société, donc on va l'aider, alors que je suis actionnaire, là, tu dis : Ça, c'est un conflit d'intérêts. Puis c'est un vrai... ça pourrait être un vrai conflit d'intérêts. Alors, j'ai voulu éviter ça, justement, parce que je suis une personne qui a une très grande éthique.

Le Modérateur : Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : ...micro, mais, M. Legault, est-ce que vous avez déjà approché des hommes d'affaires qui ont dit : Moi, François, j'aimerais bien ça aller avec toi, mais je n'y vais pas, exactement parce que... qu'est-ce qu'on voit qui se passe aujourd'hui?

M. Legault : Oui, régulièrement. J'ai beaucoup de gens d'affaires qui me disent régulièrement que je suis courageux, que Pierre est courageux, que Christian Dubé est courageux, qu'Éric Girard est courageux. Moi, je suis très fier de l'équipe, là, économique, entre guillemets, qu'on a au gouvernement du Québec. Mais je comprends des gens d'affaires de dire... venir répondre, comme on le fait actuellement, à des journalistes de façon régulière, il y en a qui n'aiment pas ça. Moi, j'adore ça.

Le Modérateur : Justement, une deuxième question d'Olivier Bossé.

M. Bossé (Olivier) : En approchant, comme lui-même s'autoproclame, la bibitte Fitzgibbon, est-ce que vous vous attendiez à avoir ce genre de situation là peut-être? C'est un risque à prendre?

M. Legault : Bien, je me suis rendu compte, dans ma vie professionnelle, que les personnes les plus fortes sont parfois les plus difficiles à diriger. Mais moi, je vois ça comme étant un défi puis je vois ça comme étant une bonne façon de faire avancer les choses. Moi, là, quand, aujourd'hui, Pierre Fitzgibbon a réussi à convaincre Shell, puis Suncor, puis Proman de mettre de l'argent dans Enerkem, c'est moi qui parais bien, là, tu sais?

Le Modérateur : …Alexandre Robillard.

M. Robillard (Alexandre) : Bien, en fait, dans le rapport, la commissaire, elle écrit que le ministre l'a informée qu'il ne voit aucun problème à conserver des intérêts dans des entreprises hors bourse qui ont des marchés avec le gouvernement, un ministère ou un organisme public. Moi, j'aimerais savoir, vous, est-ce que vous êtes d'accord avec cette… Est-ce que vous partagez le point de vue de M. Fitzgibbon? Puis est-ce qu'on peut s'attendre à ce que les modifications auxquelles vous pensez aillent dans ce sens-là?

M. Legault : Bon, d'abord, les liens avec le gouvernement, ce que je comprends, là, c'est des crédits d'impôt, O.K.? Donc, c'est des programmes normés. Moi, je pense qu'un ministre de l'Économie, puis un ministre de façon générale qui détient des intérêts dans une entreprise privée peut très bien éviter le conflit d'intérêts. Puis ce qu'il faut faire, c'est d'être transparent, donc, de le dire à tout le monde…

Journaliste :

M. Legault : Bien, là, quand on vend du ciment, c'est une autre question, ça, est-ce que le gouvernement donne des contrats de ciment? Là, je ne veux pas mentionner les compagnies, les petites compagnies dans lesquelles Pierre a… mais c'est… on n'est pas dans le même film du tout, là.

M. Bélair-Cirino (Marco) : On va passer aux questions en anglais, mais, juste avant, on m'indique qu'une entente est intervenue avec la Fédération interprofessionnelle de la santé. Êtes-vous en mesure de confirmer cette information-là? Puis votre réaction, M. Legault? Les délégués auraient accepté, enfin.

M. Legault : Bien, écoutez, tellement heureux de cette entente-là avec la FIQ. Je sais qu'ils devaient voter durant toute la nuit, là, donc j'attendais cet appel-là, là. Donc, je l'ai devant vous. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on a, donc, une entente avec la FIQ sur tout ce qu'on appelle le normatif, donc ça veut dire toutes les conditions de travail. Vous savez, depuis le début, on l'a dit, beaucoup d'infirmières sont à temps partiel, il y a certains quarts de travail qui sont difficiles à combler, donc on a regardé toutes sortes d'incitatifs pour être capables de mieux organiser le travail pour les résultats pour les patients mais aussi pour la qualité de vie des infirmières.

Donc, moi, je suis un premier ministre très heureux aujourd'hui, là, puis une chance que je vous connais, là, je vous fais confiance que c'est vrai ce que vous venez de me dire. Mais j'attendais cette réponse-là, donc je ne suis pas surpris, mais disons que je suis très content, très, très…

M. Lacroix (Louis) :

M. Legault : Pardon?

M. Lacroix (Louis) : …ça risque d'être plus difficile, non?

M. Legault : Bien, écoutez, je pense que la FIQ, c'est probablement le syndicat qui représente le plus d'infirmières. Pas facile, Mme Bédard. Qu'on ait une entente, que ces dirigeants syndicaux qui, la dernière fois, avaient refusé l'entente qu'on avait conclue avec Mme Bédard, que, cette fois-ci, ils l'aient acceptée, bien, c'est toute une bonne nouvelle, puis c'est bon pour les Québécois, pour les patients, puis c'est bon pour les infirmières que, là, il va y avoir plein de changements qui vont faire qu'ils vont avoir une meilleure qualité de vie, moins de temps supplémentaire obligatoire, donc une meilleure organisation du travail. C'est gagnant-gagnant. Les Québécois sont gagnants, puis les infirmières sont gagnantes, là, c'est extraordinaire. Là, moi, je suis un premier ministre très heureux.

Mme Crête (Mylène) : Est-ce qu'on peut avoir le nom des deux entreprises que vous détenez toujours?

M. Fitzgibbon : ...non, parce qu'aujourd'hui c'est plus pour... de moi, là. Dans ma déclaration d'initié, là, on peut pas mal les retrouver, là.

Une voix :

M. Fitzgibbon : Non, non. Mais c'est... je préfère que l'on parle plus de moi que des sociétés. Je pense que ça serait plus…

Le Modérateur : Philip M. Authier, The Gazette.

M. Authier (Philip) : Mr. Legault, when you took power, you were promising a very clean government to the people.

M. Legault : Right.

Mme Fletcher (Raquel) : Is that still intact? And do you... You seem to be saying that it is not so much your minister in trouble but the rules that are wrong? Could you explain that?

M. Legault : Yes. OK. What we're talking about here, is an investment in two private companies where there is no market. They are not quoted on the stock exchange, there are not buyers for these two compagnies. So, even if Mr. Fitzgibbon wanted to sell those companies, he didn't find any buyers. I think that we can manage to have a minister, holding very small amounts into two small companies, being able to continue to manage the rest of the Québec economy. And I think, if we want to have people with experience in the business, I think it's about normal that these people, that they have some interests in some private companies.

So, I think it's about time that we change the code with the opposition parties. Of course, we have to do that together, but it has to respect the principle, the spirit. We don't want to have any conflict of interest, and I think we can manage to make sure, in being very open, to make sure we protect this independence.

M. Authier (Philip) : And you lost today the person that you had put in charge — Mr. Gagnon — of the vaccination. Is that in any way going to hamper the vaccination plan for the Province?

M. Legault : OK. First, the real general is Christian Dubé. Second, unfortunately, Mr. Gagnon had some health problem, so we already found somebody else to replace him. So, we'll announce that very soon.

Le Modérateur : Raquel Fletcher, Global.

Mme Fletcher (Raquel) : Good afternoon. Mr. Fitzgibbon, you've repeated throughout this press conference that the businesses in which you hold, I don't know, some sort of share are very small. How do you classify a small business? And, if you're talking about potentially updating the code of ethics, how would we go about classifying, for instance, the type of business that you own versus the type of business that Mr. Péladeau owns?

M. Fitzgibbon : Well, I think the issue of size is perhaps irrelevant in terms of what should be defined as the flexible code. I think the issue is more in… talk about clean Government. I think the issue is about allowing someone in office not to be conflicted to put his personal interest ahead of the interests of the community he wants to serve. I think that's the key, how to define ethic. And I think the issue here is : Can a ministry… a minister of any department can own shares? Can it be a Chinese wall organized around, so he's not… the person is not involved in decision making process to give financial incentive? I think that's the issue.

In the case of the company that is referred to, the size… a revenue of $10 million. It could be 50, I don't think the size matters. I think it's more what kind of measures do you put so there's no conflict where personal interests and interest of community are head to head. That's the issue. And what I did in that company is I protected that situation by not allowing the Government to have any financial incentive, hence never put myself into a conflict of interest.

Mme Fletcher (Raquel) : I'm just curious because you've also mentioned a number of times that there was no market to sell. OK, you said that one business was 10 million, but I assume that there is no market for the two businesses. I know you said you didn't want to mention the name of them, but can you explain what kind of company it is, what kind of company has no market?

M. Fitzgibbon : Yes... perhaps, also a background as well. I mean, my day job, before I went to politics, was to help a family office to invest in private equity, in private investments. So, in each company that we were investing, I put some money personally, you know, small amounts of money to be in line of interest. So, I had 13 of those. So, when I decided to come into politics, I knew I would have to dispose of those shares, but it's a private company, so there's no line-up of people who wanted to buy. You have to make an effort and talk to people, see who wants to buy it. So, I was able to sell 11 out of the 12… out of 13, sorry, in about seven, eight months. It's all about personal contacts, so it's a full-time job. In the case of the company that I couldn't sell, it's a small company. So the smaller you are, the less shareholders you have and the less people who know the company, right? This company's not that much known. So, to try to sell it, it's a private kind of market, so there was no market.

Mme Fletcher (Raquel) : …what kind of company it was? I mean, the same can be said about an old car, right, like, there's maybe less of a market for a car that is unknown, from a private seller. Like, what kind of company… Can you give us some sort of hint of what kind of company it was?

M. Fitzgibbon : Well, it's a company involved… It's a technology company, a company that had been in existence for five, seven years, sales of $10 million. These companies, they can be worth… The owner of a share thinks its worth $10, and then I talked to you, you say : Well, maybe it's worth $1. There's no… It's even difficult to put a value because it's a company… it's in a growing process. So, normally speaking, you don't sell these businesses because they just wait for time to come. So the difficulties… The industry in which I was involved… while other companies I had had revenue, they existed for 20 years, that's easier because they're known, and there's always people who want to get in. So the nature of the business made it practically impossible to sell.

Le Modérateur : C'est ce qui met fin au point de presse. Merci beaucoup.

(Fin à 16 h 41)

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