To use the Calendar, Javascript must be activated in your browser.
For more information

Home > News and Press Room > Press Conferences and Scrums > Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, et M. Saul Polo, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration

Advanced search in the News and Press Room section

Start date must precede end date.

Point de presse de Mme Dominique Anglade, cheffe de l’opposition officielle, et M. Saul Polo, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration

Version finale

Wednesday, December 8, 2021, 8 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trois minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour. Bienvenue au point de presse de la cheffe de l'opposition officielle, Mme Dominique Anglade, qui, aujourd'hui, est accompagnée par M. Saul Polo, porte-parole en matière d'immigration, M. Thibault Camara, Mme Lucie Devos et Sabrina Bozic.

Une voix :

Le Modérateur : Merci. Alors, il y aura quelques déclarations qui seront suivies de la période de questions. Mme Anglade, à vous la parole.

Mme Anglade :Merci. Alors, bonjour à tous. Vous savez qu'on vit une pénurie de main-d'oeuvre importante et on a besoin… il y a 280 000 emplois qui sont vacants au Québec. Et il y a des annonces qui ont été faites de la part du gouvernement en matière d'immigration. Mais ce qu'on constate, en fait, c'est que c'est un ministère qui est livré à lui-même, où les choses qui se passent sur le terrain ne semblent pas être reflétées du tout dans les décisions prises de la part du gouvernement. Les gens vivent des enjeux. On a des gens qui sont installés au Québec qui attendent des réponses en matière d'immigration et qui n'obtiennent pas ces réponses-là de la part du ministère. Et il n'y a pas de prise de conscience.

Aujourd'hui, avec Lucie et Sabrina, qui sont avec nous, on va montrer comment deux femmes qui sont infirmières, qui ont des qualifications, qui travaillent en français, qui sont installées au Québec, vivent des moments extrêmement difficiles justement parce qu'il n'y a pas de prise de conscience au niveau du gouvernement et de réel, je vous dirais, engagement pour régler des problèmes concrets et faire en sorte que les personnes puissent travailler au Québec.

Alors, vous allez me permettre de céder la parole quelques minutes à mon collègue Saul Polo.

M. Polo : Merci beaucoup. Aujourd'hui, nous vous présentons deux cas d'exemple pour démontrer à quel point les réformes de ce gouvernement... les problématiques qui se vivent sur le terrain, au quotidien, par différents néo-Québébois, nouveaux Québécois et Québécoises qui souhaitent venir, justement... qui sont venus avec un rêve au Québec pour contribuer à l'essor de notre société, ont été provoqués directement par les réformes de ce gouvernement-là, que ce soit la diminution des seuils d'immigration ou que ce soit la réforme du PEQ. Ce que vous allez constater aujourd'hui, c'est les drames humains, c'est des rêves brisés, ici même, au Québec.

Alors, quand le gouvernement de M. Legault et le ministre de l'Immigration nous parlent de capacité d'intégration et de francisation, au Québec, il n'y a pas meilleur moyen d'illustrer les contradictions totales de ces messages qui sont envoyés par ce gouvernement-là qui essaie de gérer l'immigration à la pièce, à coups de projets pilotes, d'une semaine à l'autre, plutôt que de revoir l'ensemble de sa vision face à l'immigration.

Ce qu'on regarde, ce qu'on constate aujourd'hui, c'est que ce n'est pas d'éventuels nouveaux Québécois, mais c'est des Québécois et Québécoises qui sont installés au Québec aujourd'hui qui vivent les conséquences de ces réformes-là et qui considèrent même peut-être déménager ailleurs au Canada pour pouvoir répondre à leurs besoins et à leurs attentes, au rêve québécois qui leur a été présenté avant de venir au Québec.

Alors, j'invite Thibault Camara, peut-être, à présenter mesdames et puis, par la suite, à écouter les témoignages. Merci.

M. Camara (Thibault) : Merci beaucoup. Écoutez, c'est ça, l'heure est grave. On lance aujourd'hui Le Québec c'est nous aussi, un cri du coeur au gouvernement québécois pour lui faire comprendre que la réforme du PEQ et les différents délais en immigration provoquent des drames et nous font perdre nos talents aujourd'hui au Québec.

C'est avec beaucoup d'empathie que j'aimerais qu'on écoute aujourd'hui... et de solidarité, deux femmes qui vont parler pour plus de 41 000 personnes, 41 000 personnes, aujourd'hui, qui sont au Québec. Je sais que c'est difficile, aujourd'hui, de mettre son visage, de mettre son identité pour illustrer des problèmes. Donc, je les remercie du fond du coeur d'aujourd'hui prendre leur temps sur... ces deux mères de famille, infirmières de la région de Québec qui vont venir demander... expliquer qu'est-ce que c'est, aujourd'hui, être immigrant au Québec et pourquoi c'est compliqué, pourquoi on attend des réponses claires du gouvernement.

Ceci étant dit, nous arrivons aujourd'hui avec des solutions. La solution, elle est adressée, elle est claire, elle est soutenue par les différents partis d'opposition, c'est, aujourd'hui, de régler l'inventaire. Il y a plus de 41 000 personnes dans l'inventaire; il n'y a que 24 000 places par année. Nous demandons que les personnes qui sont déjà sélectionnées par le Québec, intégrées, francisées obtiennent le plus rapidement possible la résidence permanente de la part du gouvernement du Québec et ainsi qu'on puisse, une fois pour toute, régler les enjeux d'immigration au Québec.

Je vous demande maintenant d'accueillir Lucie qui va vous donner un témoignage sur son parcours d'immigration.

Mme Devos (Lucie) : Bonjour. Je m'appelle Lucie, je suis infirmière clinicienne depuis bientôt 17 ans. Je suis mère de trois enfants. Je suis arrivée au Québec depuis bientôt trois ans et demi.

Et donc, quand je suis arrivée, j'ai eu des difficultés à trouver un poste en tant qu'infirmière clinicienne puisque, n'étant pas sur le territoire, je devais obligatoirement être présente pour pouvoir passer un entretien. J'ai fait la reconnaissance de mes années d'études d'infirmière et j'ai pu être embauchée au sein d'un hôpital à Québec.

En août, après plusieurs permis différents, permis ouvert puis enfin permis fermé, j'ai demandé ma résidence permanente, en janvier 2020, et j'ai reçu un courriel de confirmation de la réception de celui-ci le 25 novembre 2020.

Nous avons eu la joie d'accueillir dans notre famille un troisième enfant, qui est aujourd'hui franco-canadien, et c'est bien évidemment que j'ai transféré les dossiers utiles aux fins des informations pour compléter notre situation familiale.

Nous avons dû faire face aussi à un autre problème qui est la pénurie de places en garderie. Et donc, aujourd'hui, je ne travaille pas, actuellement, puisque je dois garder mon fils à domicile.

J'ai la chance de pouvoir bientôt bénéficier d'une place en garderie et je vais me retrouver avec une situation familiale difficile. J'ai deux enfants qui ont des défis scolaires, et je dois être présente à la maison pour m'occuper de mes enfants, et mon employeur aujourd'hui ne me permet pas de concilier ma vie de famille et mon travail professionnel.

Si j'avais la résidence permanente aujourd'hui je pourrais bénéficier d'un autre poste. J'aurais pu travailler dans une pharmacie, j'aurais pu participer aux campagnes de vaccination, bref, je pourrais être ailleurs pour faire bénéficier de ma pratique et mes connaissances infirmières, plutôt que de rester au sein d'un établissement dans lequel je ne peux pas travailler aujourd'hui.

Nous sommes bientôt ici depuis quatre ans, nous avons acheté une maison, nous faisons partie intégrante des consommateurs de la province du Québec et donc du Canada. Nous nous sentons mis à l'écart, nous nous sentons incompris et pas entendus, et cependant nous avons les mêmes devoirs que n'importe quel citoyen canadien.

Aujourd'hui, nous sommes à bout de souffle financièrement et moralement. Et, excusez-moi pour l'émotion, mais il est vraiment très, très difficile de s'intégrer dans la vie de Québec, et d'imaginer l'avenir ici est vraiment difficile pour notre famille. Emménager ailleurs implique des coûts.

Et ce qui est juste incompréhensible pour moi, aujourd'hui, c'est de voir que le gouvernement est prêt à accueillir d'autres infirmiers et infirmières venant d'autres pays, alors qu'il y a beaucoup d'infirmiers et d'infirmières déjà présents sur le territoire qui n'attendent que la résidence permanente pour enfiler leur blouse et aller travailler. Merci.

M. Camara (Thibault) : Merci beaucoup. Merci beaucoup. C'est vrai que ça prend au coeur. Merci beaucoup pour ton témoignage. Je donne la parole maintenant à Sabrina.

Mme Bozic (Sabrina) :Bonjour, tout le monde. Je m'appelle Sabrina. Je suis une infirmière diplômée de juillet 2013. Je suis mariée, j'ai trois enfants aujourd'hui âgés de 22, 18 et 12 ans. Je suis arrivée au Québec en avril 2018 avec ma famille, munie d'un permis temporaire conclu avec l'Hôpital de La Malbaie. Après un an de travail à temps plein, j'ai demandé ce qu'il appelle le certificat de sélection du Québec, que j'ai obtenu en mai 2019.

Nous avons déménagé sur Québec, et j'ai fait un permis, ce qu'on appelle le permis fermé A75, avec le CHU de Québec. Je travaille en obstétrique. Mon mari, lui, continue à bénéficier d'un permis ouvert et mon fils aîné, celui de 22 ans, quant à lui, a seulement droit à un permis fermé aussi et non ouvert. Ma fille a un permis d'études car elle est au cégep, et mon dernier, permis de visiteur puisqu'il est au secondaire.

Le 8 juillet 2019, ma demande de résidence permanente a été envoyée. J'ai reçu l'accusé de réception le 27 août 2019. Ma date estimée, à l'époque, était le 11 mai 2021. Voilà, mon processus d'immigration s'arrête là car, depuis l'accusé de réception, rien n'a avancé dans mon dossier. En avril dernier, j'ai dû refaire mon permis fermé avec l'Hôpital du CHU de Québec. Celui-ci arrivera à échéance.

Étant infirmière, je devais repasser pour la troisième fois la visite médicale. Je me suis rendue, avec toute ma famille, sur Montréal, pour passer la visite médicale, et je me disais que, de toute façon, je ne devrais pas retarder à recevoir l'invitation par l'IRCC. J'ai envoyé la visite médicale par la suite, en avril 2019, via le formulaire Web pour l'ajouter à mon dossier, mais rien n'a été pris en compte. J'ai appelé plusieurs fois pour savoir pourquoi je ne les voyais pas apparaître, alors que c'est censé être traité en deux semaines, un mois tout au plus. Malgré mes nombreux appels, plaintes au IRCC, rien, strictement rien n'avance. Le COVID est l'excuse que j'entends à chaque appel.

En août dernier, j'ai à nouveau renvoyé les visites médicales, au cas où. À ce jour, rien n'a bougé. Les 21 mois d'attente prévus sont passés à 27 mois et, aujourd'hui, sont largement dépassés.

Le 22 juillet, j'ai demandé ce qu'on appelle mes notes ATIP. C'est pour savoir, en gros, où en est notre dossier. C'est des notes qu'on reçoit sur un mois maximum. Je les ai reçues au bout de quatre mois pour y découvrir qu'au final rien n'avait avancé dans mon dossier, l'éligibilité ni la… n'a commencé.

Je fais partie d'un groupe Facebook intitulé Où sont nos résidences permanentes? Nous sommes des milliers. Je trouve cela profondément injuste et incompréhensible, pour rester polie, quand je vois que les 2020, y compris les décembre 2020 et début 2021, reçoivent leur résidence permanent en moins d'un an. L'IRCC nous a juste abandonnés, nous, les 2019, sur la route. Je suis infirmière, je travaille fort, dur, pour prendre soin de votre population, j'enchaîne les temps supplémentaires, je paie mes impôts, j'ai acheté une maison, donc actif pour l'économie du Québec, mon mari a monté sa propre société ici avec trois Québécois, et pourtant je ne bénéficie pas des mêmes droits qu'un citoyen ni d'un résident permanent.

J'ai été privée de voir ma famille en France pendant plus de 20 mois à cause du COVID, les frontières étant uniquement ouvertes pour la famille des citoyens canadiens et des résidents permanents. J'en suis à trois permis fermés, trois visites médicales, des changements de permis pour mes enfants, perdre mes droits à l'allocation enfant, renvoyer les papiers pour réactiver, attendre, pareil pour la RAMQ. Cette attente me laisse un goût amer quant au fait d'avoir choisi le Québec pour offrir à mes enfants une belle vie.

En mai dernier, le Canada a fait passer une loi qui accorde en priorité des délais courts de résidence permanente aux travailleurs essentiels. Tout le Canada, sauf au Québec. Pas de chance. On propose une prime de 15 000 $ pour tenter de retenir les infirmières face à cette pénurie, ce que M. Legault a fait le 23 septembre dernier.

J'aurais envie de lui dire de commencer, déjà, à donner les papiers à celles déjà sur le territoire. Vous pourriez embaucher des centaines et des centaines d'infirmières étrangères compétentes si vous changiez votre politique d'immigration. Vous préférez payer des millions, alors que le problème de pénurie restera le même début 2023.

Bref, je suis une infirmière en colère et j'en appelle au premier ministre du Québec, François Legault : Faites preuve de raison et de coeur, car notre avenir est désormais interrelié. Merci.

Le Modérateur : On va passer à la période de questions.

Mme Anglade : Est-ce qu'il y a des questions par rapport… Pas de question? Non? Bien, merci.

Le Modérateur : Une question?

M. Lacroix (Louis) : Comment vous avez trouvé, hier, l'attitude, lors de l'annonce de M. Dubé, sur le fait que les gens vont pouvoir se rassembler jusqu'à 20 dans les résidences à Noël? Est-ce que vous avez trouvé qu'il y avait une espèce d'attitude paternaliste, quand on a dit, par exemple : On va vous récompenser, on va... C'est comme si on nous faisait un cadeau de nous rassembler. Comment vous avez trouvé cette annonce-là hier?

Mme Anglade : Si vous me demandez si je trouve que le gouvernement est paternaliste dans sa manière de faire les choses, vous savez, je l'ai déjà dit, alors ce ne sera pas nouveau, ce ne sera pas nouveau de ma part, mais c'est une approche qui, honnêtement... Il procède de cette manière-là : Vous vous êtes bien comportés, voici comment on va vous récompenser, etc. Ce n'est pas l'approche que je privilégierais parce que je pense que les Québécois sont capables de se faire une tête. Mais on l'a vu à plusieurs reprises, on l'a vu dans le cadre des élections, au fédéral, quand il nous disait pour qui voter, voter conservateur, si on voulait vraiment défendre la nation québécoise. Donc, ce n'est pas quelque chose qui me surprend par ailleurs.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que vous trouvez que c'est une bonne annonce? Est-ce que vous êtes d'accord avec cette annonce-là?

Mme Anglade : Bien, écoutez, ça, la Santé publique s'est prononcée là-dessus. Donc, à partir du moment où la Santé publique se prononce sur quelque chose, je suis à l'aise avec ce qui est mis de l'avant.

Mme Côté (Claudie) : Bonjour, Mme Anglade. Peut-être une petite question sur le front commun que vous avez fait hier, avec les autres partis d'opposition, pour demander une enquête publique indépendante sur la gestion de la pandémie dans les CHSLD. Bon, visiblement, le gouvernement ne va pas acquiescer à votre demande. C'est quoi, la prochaine étape?

Mme Anglade : Bien, ce n'est pas parce que le gouvernement n'acquiesce pas qu'on ne va pas continuer de demander une enquête publique indépendante. Et, encore une fois, chaque jour qui passe, chaque jour qui passe nous confirme la raison pour laquelle on a besoin d'avoir une enquête indépendante. Encore aujourd'hui, on... en fait hier, on apprenait... le premier ministre nous disait qu'autour de la table ils n'avaient pas des informations, alors qu'on sait très bien que des courriels ont été envoyés à des gens qui, justement, siégeaient autour de la table. Donc, au fur et à mesure, on va voir qu'il y a une nécessité. C'est incompréhensible, après avoir passé une crise aussi importante, qu'on n'ait pas une enquête publique indépendante.

Mme Côté (Claudie) : Est-ce que vous pensez qu'il ne veut pas acquiescer à votre demande parce que ça ne l'intéresse pas d'avoir une enquête dans les pattes alors qu'on s'en va en élection?

Mme Anglade : Ah! bien, c'est clair que ça ne l'intéresse pas d'avoir une enquête, mais ça ne l'intéresse pas depuis le début. Mais l'enjeu que l'on a, c'est qu'on n'a pas toute la vérité. On ne l'a pas, toute cette vérité-là. On ne nous dit... Puis il y a plein de choses qu'on ne nous dit pas, qu'on apprend à travers les médias, qu'on apprend parce qu'il y a des articles qui sortent, et ça, c'est inacceptable. Je pensais qu'il n'y avait pas de questions.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. On parle de combien de personnes dans votre situation? Pas toutes les 41 000, là?

Mme Anglade : Oui, bien, c'est ça, justement, exactement. Peut-être que Thibault pourrait répondre, mais de ce que j'en comprends, c'est 40 000 personnes aujourd'hui qui attendent, qui font partie du Programme de d'expérience québécoise. Ça veut dire, donc, qu'ils parlent français, qu'ils sont intégrés et auxquels on n'accorde pas de permis aujourd'hui.

Le ministère de l'Immigration, là, honnêtement, c'est un ministère qui a été laissé à lui-même, sans réelle gestion. Arrima ne fonctionne pas. Et chaque fois ils font des annonces à droite et à gauche sans comprendre la réalité terrain, sans comprendre ce qui se passe.

Les cas de Lucie et de Sabrina ne sont pas des exceptions, elles ne sont pas des exceptions. Et c'est pour ça qu'elles vous disent... il y a un groupe auquel elles appartiennent, des milliers de personnes qui font partie de ce groupe-là. Ce ne sont pas des exceptions. Et le gouvernement Legault ne voit pas ce qui se passe sur le terrain.

M. Bossé (Olivier) : C'est quoi, la suite du plan, pour vous, mesdames? Vous pouvez endurer ça, vous pouvez vivre avec ça combien de temps? Ou c'est le déménagement, c'est le retour en France? Je ne le sais pas.

Mme Devos (Lucie) : Alors, la suite du plan, pour nous, aujourd'hui, bien, c'est de voir si... Dans quelques semaines, j'espère peut-être avoir un joli cadeau, à Noël, et obtenir ma résidence permanente. Ça serait vraiment bien. Si, d'ici la fin de l'année... Puisque mes enfants sont scolarisés dans des établissements québécois, donc je les laisse, en fait, je ne veux pas couper leur scolarité, surtout qu'ils ont des défis scolaires, donc je préfère les laisser aller jusqu'à la fin de l'année. Et si, d'ici la fin de l'année scolaire, la situation n'est pas rétablie, on aura pris une décision de partir ailleurs au Canada.

M. Bossé (Olivier) : Vous resteriez au Canada, mais dans une autre province?

Mme Devos (Lucie) : Bien, au Canada, il y a des demandes aussi d'infirmières. Mon conjoint, aussi, est enseignant. Donc, puisqu'ici on n'a pas notre place, au Québec, on va aller dans un endroit qui nous accueille à bras ouverts.

M. Bossé (Olivier) : Mme Anglade, est-ce que vous croyez à l'annonce surprise d'hier, le petit cadeau qui nous a été donné comme en fin de conférence de presse, alors qu'on parlait : À la fin de la semaine et même début de semaine? Est-ce que vous pensez que c'est circonstanciel avec le front commun, et tout ça? Ils ont accéléré l'annonce?

Mme Anglade : C'est fort possible, c'est fort possible qu'ils aient décidé de faire ça. C'est un gouvernement qui aime avoir de la diversion quand il y a un enjeu spécifique par rapport à ce qu'ils font. On l'a vu à plusieurs reprises, ce jeu de diversion là. Donc, ça ne m'étonnerait absolument pas.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour, Mme Anglade. Vous avez dit que le ministère de l'Immigration est laissé à lui-même. À ce que je sache, il y avait quand même une ministre en titre. Qu'est-ce que vous voulez dire, au juste?

Mme Anglade : Que les ministres ne se préoccupent pas des véritables enjeux en matière d'immigration. C'est incompréhensible. Par exemple, le système Arrima, c'est le néant, c'est le néant pour les gens qui sont dans le système. Ils attendent, ils n'ont pas de réponse, ils essaient de communiquer, il n'y a jamais de retour... bien, de retour d'appel, c'est évident, mais de retour, même, de courriel. Les gens vivent des moments qui sont extrêmement difficiles.

Et là je ne parle pas de gens qui sont à l'extérieur du Québec, je parle de gens qui sont sur notre territoire, qui travaillent ici, qui ont besoin d'avoir des informations, qui veulent rester. Lucie et Sabrina sont deux personnes qui veulent rester au Québec, là. Elles ont donné énormément de leur temps, de leur énergie. Elles ont des enfants, des conjoints qui travaillent. Puis on se retrouve dans une situation où on n'est pas capable de simplement reconnaître ce qu'ils font et de leur donner la résidence permanente. C'est incompréhensible.

M. Bergeron (Patrice) : Simplement pour résumer, là. On comprend que c'est des dédales et c'est long. Mais il s'agit donc bien d'arrérages et non pas de gens qui ne correspondent pas aux critères ou à des conditions, là. Juste clarifier l'affaire : C'est des arrérages parce que c'est long à traiter, c'est ça?

Mme Anglade : Ce n'est pas long à traiter. C'est qu'il n'y a pas de volonté politique de traiter ces dossiers-là de manière rapide. On se met des limites en termes de nombre de dossiers que l'on peut passer à travers le système. Ce sont des personnes qui sont sur notre territoire, ce sont des personnes qui travaillent en français et qui n'ont pas accès à la résidence permanente, alors il n'y a pas... On parle d'environ 40 000 personnes qui sont touchées par ça. C'est énorme lorsque l'on sait ce qu'on vit en matière de pénurie de main-d'oeuvre.

M. Bergeron (Patrice) : M. Polo, peut-être juste pour terminer. Vous avez dit tout à l'heure... vous avez évoqué, donc, le bilan du gouvernement caquiste et puis vous avez parlé, donc, de la diminution des seuils d'immigration. Est-ce que vous prônez, donc, une augmentation du seuil d'immigration? Et à combien?

M. Polo : Nous, ce qu'on prône avant tout, là, c'est de répondre aux arrérages actuels. C'est là la priorité. L'enjeu ici, là, a été provoqué entre autres par la diminution du seuil et la réforme du PEQ, et c'est ça qui a provoqué les arrérages. Donc, nous, ce qu'on prône avant tout, c'est de traiter ces arrérages-là le plus rapidement possible et de pouvoir répondre à leurs attentes, de pouvoir répondre aux rêves avec lesquels ils sont arrivés au Québec et d'éviter, comme ce qui vient d'être mentionné, d'avoir à quitter le Québec pour pouvoir, justement, continuer à vivre au Canada.

Le Modérateur : Dernière en français, s'il vous plaît.

M. Gagnon (Marc-André) : Mme Anglade, bonjour. Hier, là, lorsque vous avez écouté Dr Arruda, est-ce que vous avez été convaincue du fondement scientifique qui justifie sa recommandation, là, sur les rassemblements privés?

Mme Anglade : ...

M. Gagnon (Marc-André) : ...

Mme Anglade : Pardon? Je ne sais pas pourquoi vous dites ça. Écoutez, on doit faire confiance à la Santé publique, on doit faire confiance qu'on a les bases scientifiques pour prendre les décisions. Et là j'espère qu'il y a toutes les informations nécessaires pour prendre la décision qu'ils ont prise.

M. Gagnon (Marc-André) : Pour répondre plus particulièrement, est-ce que Dr Arruda, c'est encore l'homme de la situation?

Mme Anglade : Écoutez, je pense que les décisions sont prises essentiellement par le gouvernement. Je veux dire, la vraie question qu'il faut se poser, c'est : Comment les décisions sont prises par le premier ministre? Et on voit non seulement... Puis ce cas, c'est un cas parmi tant d'autres, mais la réalité, c'est qu'il y a plein de décisions qui sont prises par le gouvernement. Le premier ministre nous dit qu'il prend des décisions et qu'il est le seul maître à bord. Mais ce que l'on constate, notamment avec tout ce qui s'est passé dans la première vague, c'est qu'il prend des décisions, mais qui ne sont pas toujours... qui ne sont clairement pas toujours éclairées, et il n'a pas toutes les informations pour le prendre, même si l'information est disponible. Je pense que le premier ministre a fait preuve, encore une fois, d'aveuglement volontaire dans tout ce qui a trait à la première vague, et ça, c'est préoccupant, c'est très préoccupant.

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, compte tenu du poids politique dans les décisions, ce que je semble décoder, là, de vos réponses, c'est que la Santé publique n'est peut-être plus assez convaincante à ce point-ci.

Mme Anglade : Depuis le départ, on aurait souhaité qu'il y ait une différence claire entre les décisions qui sont politiques et les décisions qui sont scientifiques. Mais ça, on l'a répété je ne sais pas à combien de reprises. Le gouvernement a décidé de procéder de la manière dont il procède. Donc, il n'y a rien de très surprenant aujourd'hui dans la manière de faire les choses. Je crois qu'une enquête publique indépendante viendrait dire : Voici comment on sépare le pouvoir politique de l'aspect scientifique des décisions. Ça, ça pourrait nous aider.

Le Modérateur : On va devoir passer en anglais...

M. Robillard (Alexandre) : Peut-être juste pour préciser, parce que… Donc, selon vous, quoi, il y a une apparence d'ingérence politique dans la décision qui a été rendue hier sur les seuils de rassemblement?

Mme Anglade : Je ne veux pas parler de la décision d'hier, puisque c'est comme ça que procède le gouvernement depuis le début de la pandémie. Depuis le début de la pandémie, on a mentionné à quel point c'était important de séparer des décisions qui sont d'ordre politique versus le scientifique. Donc, moi, je pense que c'est une enquête publique…

M. Robillard (Alexandre) : …le lendemain de l'annonce des seuils de rassemblement des fêtes, donc j'essaie de faire le lien avec l'annonce d'hier et ce que vous dites ce matin.

Mme Anglade : Je vous entends, mais ce serait… comment je vous dirais ça, ce serait incohérent de ma part de dire que je ne l'ai pas mentionné, à combien de reprises, que nous avions un enjeu avec le fait que le gouvernement et la Santé publique sont tout le temps…

M. Robillard (Alexandre) : C'est ça. Mais ce que je vous demande, c'est : Est-ce qu'il y a une apparence d'une influence politique dans la décision d'hier?

Mme Anglade : Est-ce qu'il y a une apparence? Il y a une apparence depuis le départ, dans toutes les décisions qui sont prises, c'est certain.

M. Authier (Philip) : Good morning. What's the next step in your… Yesterday, the three parties went together asking for an inquiry. What is the next step? It's pretty clear, from what Mr. Legault was saying in the House yesterday, that that's not going to happen. So, are you counting on public opinion? What else can you do to move ahead on the CHSLDs inquiry?

Mme Anglade : The first time we brought up the necessity of having a public inquiry, we were alone, the Liberal Party was alone in saying : You know, we need to have, at some point in time, a public inquiry. And you realize now that all the opposition parties, many, many people from the scientific experts... scientific world are now saying : You know, we really need to have a public inquiry.

So, this idea is going to gain momentum because everyday that's going to go by we're going to realize that there's information that was not given to Quebeckers because, obviously, there's something that they want to… They don't want to tell the whole truth, that's for sure. So I think our responsibility is to keep asking for an inquiry, to keep showing all the reasons why it's a necessity in Québec.

M. Authier (Philip) : And, yesterday, you said that Mr. Legault seems to be increasingly isolated in his position. Is there still time for him to act, do you think, or is this pretty well over?

Mme Anglade : There is always time, for somebody who wants to act, to act. Always.

Le Modérateur : Cathy.

Mme Anglade : It's a short answer, but it's the only answer.

Mme Senay (Cathy) : Hi. Good morning. This morning, Mrs. Guilbault will table her bill to modernize police forces. Among the recommendations of the committee, that the committee tabled, it's a report in May, there was measures to reinstate the trust of the population, including having police forces representing more cultural communities, diverse population. What are your expectations regarding this bill, and in the optic of many stories we heard from different police forces across Québec?

Mme Anglade : I think it's important for the police forces to represent the society in general, society that they serve in general. So the level of diversity, obviously, has to increase. So I'm expecting a full recognition of this need. And this is one way to really connect the police forces to the population in reestablishing the trust between the population and them. So that would be my expectation of true recognition of the situation with real measures in place.

Mme Senay (Cathy) : Regarding the 20 days… 20 guests, I mean, starting…

Mme Anglade : In 20 days.

Mme Senay (Cathy) : …more or less, yes, September… December 23rd. I guess my coffee is not working today, but it will.

Mme Anglade : It's all right.

Mme Senay (Cathy) : So the 20-guests-recommendation, up to, like, no more than 20 guests, how serious is this number to you?

Mme Anglade : Well as serious as Mr. Arruda says it is. I mean, again, we have no choice but to believe that there is some scientific support towards this decision. I really hope there is. And we're going to follow the recommendation of Public Health, obviously.

Mme Senay (Cathy) : So basically, Mr. Arruda didn't convince you, yesterday, that there was enough evidence?

Mme Anglade : Well, it's not that there were a whole lot of evidence either. But I understand that they need to make decisions based on what they have and I assume that they have good scientific basis to make those decisions.

Mme Fletcher (Raquel) : Can you explain... I know you already touched on it, in French, but just what the issue is when it comes to getting permanent residency? Like, why is there this… specifically, when it comes to nurses? I mean, we need nurses. I don't know if you speak English?

Une voix : No, sorry.

Mme Fletcher (Raquel) : No? OK.

Mme Anglade : So, you see, we have people living in Québec today, thousands of people living in Québec today that could actually work in their field, a field that is required, nurses, that can't really operate because they don't have the permanent residency. This is unacceptable. The Government doesn't want to move on this. They keep throwing money to fix solutions, but they don't look at the Ministry of Immigration to fix those issues. The Minister of Immigration is not working today. Honestly, like, we have so many issues, the Minister has not paid attention to this Ministry, Arrima is not working, we have issues like Lucie and Sabrina, cases like this all over. There needs to be a real attention to this file.

Mme Fletcher (Raquel) : Is there a way to allow them to work before they get their permanent residency? Do we need to…

Mme Anglade : Well, these are people that are already here.

Mme Fletcher (Raquel) : So, they're already working in their field?

Mme Anglade : They are already here, some of them are working in their field, but they can't change their work, some of them can no longer work. You have all kinds of cases. But we're talking about people that are here, that speak French, that are integrated, that cannot get their file processed.

Mme Fletcher (Raquel) : And why? Is it an Arrima issue, in your mind, or is it just a bureaucracy issue where it takes years and years to file this?

Mme Anglade : It's the absence of political will to make things happen because they capped the number of files that they can go through in a year, for political reasons. But the reality is… truly help Québec, in general, to have these people working here.

Mme Greig (Kelly) : Hello. Good morning. I want you to ask you a little bit about policing, as well, in light of Mme Guilbault's bill that will be announced later today. I want to ask about confidence in police. We have this program, for instance, in Longueuil, that's starting today, where they have a crisis intervention before police intervention. What do you think it would take, considering all we have seen, to reestablish confidence in Québec's police forces? Because, right now, it's difficult.

Mme Anglade : Yes. Well, I think the image… I think a project like this one, in Longueuil, would definitely be a good step in the right direction. I really believe that. Because you're changing the conversation, when you do this, first of all. Second of all, the level of diversity that you find in the police forces would be also definitely helpful. Prevention, prevention, prevention. There's been an announcement in terms of prevention. What we've said in the Liberal Party is that, for every dollar that we invest in the police forces, we should also invest one dollar in prevention. This is also the other element that I would like to see.

Mme Anglade : Thank you.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

(Fin à 8 h 33)

Participants


Document(s) Related