(Huit heures trois minutes)
Le Modérateur
: Alors, bonjour. Bienvenue au point de presse de la cheffe de l'opposition officielle, Mme Dominique
Anglade, qui, aujourd'hui, est
accompagnée par M. Saul Polo, porte-parole en matière d'immigration, M.
Thibault Camara, Mme Lucie Devos et Sabrina Bozic.
Une voix : …
Le Modérateur
: Merci. Alors, il y aura quelques déclarations qui seront suivies de la
période de questions. Mme Anglade, à vous la parole.
Mme Anglade :Merci.
Alors, bonjour à tous. Vous savez qu'on vit une pénurie de main-d'oeuvre
importante et on a besoin… il y a 280 000 emplois qui sont vacants au
Québec. Et il y a des annonces qui ont été faites de la part du gouvernement en
matière d'immigration. Mais ce qu'on constate, en fait, c'est que c'est un
ministère qui est livré à lui-même, où les choses qui se passent sur le terrain
ne semblent pas être reflétées du tout dans les décisions prises de la part du
gouvernement. Les gens vivent des enjeux. On a des gens qui sont installés au
Québec qui attendent des réponses en matière d'immigration et qui n'obtiennent
pas ces réponses-là de la part du ministère. Et il n'y a pas de prise de
conscience.
Aujourd'hui, avec Lucie et Sabrina, qui
sont avec nous, on va montrer comment deux femmes qui sont infirmières, qui ont
des qualifications, qui travaillent en français, qui sont installées au Québec,
vivent des moments extrêmement difficiles justement parce qu'il n'y a pas de
prise de conscience au niveau du gouvernement et de réel, je vous dirais,
engagement pour régler des problèmes concrets et faire en sorte que les
personnes puissent travailler au Québec.
Alors, vous allez me permettre de céder la
parole quelques minutes à mon collègue Saul Polo.
M. Polo : Merci beaucoup.
Aujourd'hui, nous vous présentons deux cas d'exemple pour démontrer à quel
point les réformes de ce gouvernement... les problématiques qui se vivent sur
le terrain, au quotidien, par différents néo-Québébois, nouveaux Québécois et
Québécoises qui souhaitent venir, justement... qui sont venus avec un rêve au
Québec pour contribuer à l'essor de notre société, ont été provoqués
directement par les réformes de ce gouvernement-là, que ce soit la diminution
des seuils d'immigration ou que ce soit la réforme du PEQ. Ce que vous allez
constater aujourd'hui, c'est les drames humains, c'est des rêves brisés, ici
même, au Québec.
Alors, quand le gouvernement de
M. Legault et le ministre de l'Immigration nous parlent de capacité
d'intégration et de francisation, au Québec, il n'y a pas meilleur moyen
d'illustrer les contradictions totales de ces messages qui sont envoyés par ce
gouvernement-là qui essaie de gérer l'immigration à la pièce, à coups de
projets pilotes, d'une semaine à l'autre, plutôt que de revoir l'ensemble de sa
vision face à l'immigration.
Ce qu'on regarde, ce qu'on constate
aujourd'hui, c'est que ce n'est pas d'éventuels nouveaux Québécois, mais c'est
des Québécois et Québécoises qui sont installés au Québec aujourd'hui qui
vivent les conséquences de ces réformes-là et qui considèrent même peut-être
déménager ailleurs au Canada pour pouvoir répondre à leurs besoins et à leurs
attentes, au rêve québécois qui leur a été présenté avant de venir au Québec.
Alors, j'invite Thibault Camara, peut-être,
à présenter mesdames et puis, par la suite, à écouter les témoignages. Merci.
M. Camara (Thibault) : Merci
beaucoup. Écoutez, c'est ça, l'heure est grave. On lance aujourd'hui Le Québec
c'est nous aussi, un cri du coeur au gouvernement québécois pour lui faire
comprendre que la réforme du PEQ et les différents délais en immigration
provoquent des drames et nous font perdre nos talents aujourd'hui au Québec.
C'est avec beaucoup d'empathie que
j'aimerais qu'on écoute aujourd'hui... et de solidarité, deux femmes qui
vont parler pour plus de 41 000 personnes, 41 000 personnes, aujourd'hui,
qui sont au Québec. Je sais que c'est difficile, aujourd'hui, de mettre son
visage, de mettre son identité pour illustrer des problèmes. Donc, je les
remercie du fond du coeur d'aujourd'hui prendre leur temps sur... ces
deux mères de famille, infirmières de la région de Québec qui vont venir
demander... expliquer qu'est-ce que c'est, aujourd'hui, être immigrant au
Québec et pourquoi c'est compliqué, pourquoi on attend des réponses claires du
gouvernement.
Ceci étant dit, nous arrivons aujourd'hui
avec des solutions. La solution, elle est adressée, elle est claire, elle est
soutenue par les différents partis d'opposition, c'est, aujourd'hui, de régler
l'inventaire. Il y a plus de 41 000 personnes dans l'inventaire; il
n'y a que 24 000 places par année. Nous demandons que les personnes
qui sont déjà sélectionnées par le Québec, intégrées, francisées obtiennent le
plus rapidement possible la résidence permanente de la part du gouvernement du
Québec et ainsi qu'on puisse, une fois pour toute, régler les enjeux
d'immigration au Québec.
Je vous demande maintenant d'accueillir
Lucie qui va vous donner un témoignage sur son parcours d'immigration.
Mme Devos (Lucie) : Bonjour.
Je m'appelle Lucie, je suis infirmière clinicienne depuis bientôt 17 ans. Je
suis mère de trois enfants. Je suis arrivée au Québec depuis bientôt
trois ans et demi.
Et donc, quand je suis arrivée, j'ai eu
des difficultés à trouver un poste en tant qu'infirmière clinicienne puisque,
n'étant pas sur le territoire, je devais obligatoirement être présente pour
pouvoir passer un entretien. J'ai fait la reconnaissance de mes années d'études
d'infirmière et j'ai pu être embauchée au sein d'un hôpital à Québec.
En août, après plusieurs permis
différents, permis ouvert puis enfin permis fermé, j'ai demandé ma résidence
permanente, en janvier 2020, et j'ai reçu un courriel de confirmation de la
réception de celui-ci le 25 novembre 2020.
Nous avons eu la joie d'accueillir dans
notre famille un troisième enfant, qui est aujourd'hui franco-canadien, et c'est
bien évidemment que j'ai transféré les dossiers utiles aux fins des
informations pour compléter notre situation familiale.
Nous avons dû faire face aussi à un autre
problème qui est la pénurie de places en garderie. Et donc, aujourd'hui, je ne
travaille pas, actuellement, puisque je dois garder mon fils à domicile.
J'ai la chance de pouvoir bientôt bénéficier
d'une place en garderie et je vais me retrouver avec une situation familiale
difficile. J'ai deux enfants qui ont des défis scolaires, et je dois être
présente à la maison pour m'occuper de mes enfants, et mon employeur
aujourd'hui ne me permet pas de concilier ma vie de famille et mon travail
professionnel.
Si j'avais la résidence permanente
aujourd'hui je pourrais bénéficier d'un autre poste. J'aurais pu travailler
dans une pharmacie, j'aurais pu participer aux campagnes de vaccination, bref,
je pourrais être ailleurs pour faire bénéficier de ma pratique et mes
connaissances infirmières, plutôt que de rester au sein d'un établissement dans
lequel je ne peux pas travailler aujourd'hui.
Nous sommes bientôt ici depuis
quatre ans, nous avons acheté une maison, nous faisons partie intégrante
des consommateurs de la province du Québec et donc du Canada. Nous nous sentons
mis à l'écart, nous nous sentons incompris et pas entendus, et cependant nous
avons les mêmes devoirs que n'importe quel citoyen canadien.
Aujourd'hui, nous sommes à bout de souffle
financièrement et moralement. Et, excusez-moi pour l'émotion, mais il est vraiment
très, très difficile de s'intégrer dans la vie de Québec, et d'imaginer
l'avenir ici est vraiment difficile pour notre famille. Emménager ailleurs
implique des coûts.
Et ce qui est juste incompréhensible pour
moi, aujourd'hui, c'est de voir que le gouvernement est prêt à accueillir
d'autres infirmiers et infirmières venant d'autres pays, alors qu'il y a beaucoup
d'infirmiers et d'infirmières déjà présents sur le territoire qui n'attendent
que la résidence permanente pour enfiler leur blouse et aller travailler.
Merci.
M. Camara (Thibault) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup. C'est vrai que ça prend au coeur. Merci beaucoup pour
ton témoignage. Je donne la parole maintenant à Sabrina.
Mme Bozic (Sabrina) :Bonjour, tout le monde. Je m'appelle Sabrina. Je suis une infirmière
diplômée de juillet 2013. Je suis mariée, j'ai trois enfants aujourd'hui âgés
de 22, 18 et 12 ans. Je suis arrivée au Québec en avril 2018 avec ma famille,
munie d'un permis temporaire conclu avec l'Hôpital de La Malbaie. Après un an
de travail à temps plein, j'ai demandé ce qu'il appelle le certificat de
sélection du Québec, que j'ai obtenu en mai 2019.
Nous avons déménagé sur Québec, et j'ai
fait un permis, ce qu'on appelle le permis fermé A75, avec le CHU de Québec. Je
travaille en obstétrique. Mon mari, lui, continue à bénéficier d'un permis
ouvert et mon fils aîné, celui de 22 ans, quant à lui, a seulement droit à un
permis fermé aussi et non ouvert. Ma fille a un permis d'études car elle est au
cégep, et mon dernier, permis de visiteur puisqu'il est au secondaire.
Le 8 juillet 2019, ma demande de résidence
permanente a été envoyée. J'ai reçu l'accusé de réception le 27 août 2019. Ma
date estimée, à l'époque, était le 11 mai 2021. Voilà, mon processus
d'immigration s'arrête là car, depuis l'accusé de réception, rien n'a avancé
dans mon dossier. En avril dernier, j'ai dû refaire mon permis fermé avec
l'Hôpital du CHU de Québec. Celui-ci arrivera à échéance.
Étant infirmière, je devais repasser pour
la troisième fois la visite médicale. Je me suis rendue, avec toute ma famille,
sur Montréal, pour passer la visite médicale, et je me disais que, de toute
façon, je ne devrais pas retarder à recevoir l'invitation par l'IRCC. J'ai
envoyé la visite médicale par la suite, en avril 2019, via le formulaire Web
pour l'ajouter à mon dossier, mais rien n'a été pris en compte. J'ai appelé
plusieurs fois pour savoir pourquoi je ne les voyais pas apparaître, alors que
c'est censé être traité en deux semaines, un mois tout au plus. Malgré mes
nombreux appels, plaintes au IRCC, rien, strictement rien n'avance. Le COVID
est l'excuse que j'entends à chaque appel.
En août dernier, j'ai à nouveau renvoyé
les visites médicales, au cas où. À ce jour, rien n'a bougé. Les 21 mois
d'attente prévus sont passés à 27 mois et, aujourd'hui, sont largement
dépassés.
Le 22 juillet, j'ai demandé ce qu'on
appelle mes notes ATIP. C'est pour savoir, en gros, où en est notre dossier. C'est
des notes qu'on reçoit sur un mois maximum. Je les ai reçues au bout de quatre
mois pour y découvrir qu'au final rien n'avait avancé dans mon dossier,
l'éligibilité ni la… n'a commencé.
Je fais partie d'un groupe Facebook
intitulé Où sont nos résidences permanentes? Nous sommes des milliers. Je
trouve cela profondément injuste et incompréhensible, pour rester polie, quand
je vois que les 2020, y compris les décembre 2020 et début 2021, reçoivent leur
résidence permanent en moins d'un an. L'IRCC nous a juste abandonnés, nous, les
2019, sur la route. Je suis infirmière, je travaille fort, dur, pour
prendre soin de votre population, j'enchaîne les temps supplémentaires, je paie
mes impôts, j'ai acheté une maison, donc actif pour l'économie du Québec, mon
mari a monté sa propre société ici avec trois Québécois, et pourtant je ne
bénéficie pas des mêmes droits qu'un citoyen ni d'un résident permanent.
J'ai été privée de voir ma famille en France
pendant plus de 20 mois à cause du COVID, les frontières étant uniquement
ouvertes pour la famille des citoyens canadiens et des résidents permanents.
J'en suis à trois permis fermés, trois visites médicales, des changements de
permis pour mes enfants, perdre mes droits à l'allocation enfant, renvoyer les
papiers pour réactiver, attendre, pareil pour la RAMQ. Cette attente me laisse
un goût amer quant au fait d'avoir choisi le Québec pour offrir à mes enfants
une belle vie.
En mai dernier, le Canada a fait passer
une loi qui accorde en priorité des délais courts de résidence permanente aux travailleurs
essentiels. Tout le Canada, sauf au Québec. Pas de chance. On propose une prime
de 15 000 $ pour tenter de retenir les infirmières face à cette
pénurie, ce que M. Legault a fait le 23 septembre dernier.
J'aurais envie de lui dire de commencer, déjà,
à donner les papiers à celles déjà sur le territoire. Vous pourriez embaucher
des centaines et des centaines d'infirmières étrangères compétentes si vous
changiez votre politique d'immigration. Vous préférez payer des millions, alors
que le problème de pénurie restera le même début 2023.
Bref, je suis une infirmière en colère et
j'en appelle au premier ministre du Québec, François Legault : Faites
preuve de raison et de coeur, car notre avenir est désormais interrelié. Merci.
Le Modérateur
: On va
passer à la période de questions.
Mme Anglade : Est-ce qu'il y a
des questions par rapport… Pas de question? Non? Bien, merci.
Le Modérateur : Une question?
M. Lacroix (Louis) : Comment
vous avez trouvé, hier, l'attitude, lors de l'annonce de M. Dubé, sur le fait
que les gens vont pouvoir se rassembler jusqu'à 20 dans les résidences à Noël? Est-ce
que vous avez trouvé qu'il y avait une espèce d'attitude paternaliste, quand on
a dit, par exemple : On va vous récompenser, on va... C'est comme si on
nous faisait un cadeau de nous rassembler. Comment vous avez trouvé cette
annonce-là hier?
Mme Anglade : Si vous me
demandez si je trouve que le gouvernement est paternaliste dans sa manière de
faire les choses, vous savez, je l'ai déjà dit, alors ce ne sera pas nouveau, ce
ne sera pas nouveau de ma part, mais c'est une approche qui, honnêtement... Il
procède de cette manière-là : Vous vous êtes bien comportés, voici comment
on va vous récompenser, etc. Ce n'est pas l'approche que je privilégierais parce
que je pense que les Québécois sont capables de se faire une tête. Mais on l'a
vu à plusieurs reprises, on l'a vu dans le cadre des élections, au fédéral,
quand il nous disait pour qui voter, voter conservateur, si on voulait vraiment
défendre la nation québécoise. Donc, ce n'est pas quelque chose qui me surprend
par ailleurs.
M. Lacroix (Louis) :
Mais est-ce que vous trouvez que c'est une bonne annonce? Est-ce que vous êtes d'accord
avec cette annonce-là?
Mme Anglade : Bien, écoutez,
ça, la Santé publique s'est prononcée là-dessus. Donc, à partir du moment où la
Santé publique se prononce sur quelque chose, je suis à l'aise avec ce qui est
mis de l'avant.
Mme Côté (Claudie) :
Bonjour, Mme Anglade. Peut-être une petite question sur le front commun
que vous avez fait hier, avec les autres partis d'opposition, pour demander une
enquête publique indépendante sur la gestion de la pandémie dans les CHSLD.
Bon, visiblement, le gouvernement ne va pas acquiescer à votre demande. C'est
quoi, la prochaine étape?
Mme Anglade : Bien, ce n'est
pas parce que le gouvernement n'acquiesce pas qu'on ne va pas continuer de
demander une enquête publique indépendante. Et, encore une fois, chaque jour
qui passe, chaque jour qui passe nous confirme la raison pour laquelle on a
besoin d'avoir une enquête indépendante. Encore aujourd'hui, on... en fait hier,
on apprenait... le premier ministre nous disait qu'autour de la table ils
n'avaient pas des informations, alors qu'on sait très bien que des courriels
ont été envoyés à des gens qui, justement, siégeaient autour de la table. Donc,
au fur et à mesure, on va voir qu'il y a une nécessité. C'est incompréhensible,
après avoir passé une crise aussi importante, qu'on n'ait pas une enquête
publique indépendante.
Mme Côté (Claudie) : Est-ce
que vous pensez qu'il ne veut pas acquiescer à votre demande parce que ça ne
l'intéresse pas d'avoir une enquête dans les pattes alors qu'on s'en va en élection?
Mme Anglade : Ah! bien, c'est
clair que ça ne l'intéresse pas d'avoir une enquête, mais ça ne l'intéresse pas
depuis le début. Mais l'enjeu que l'on a, c'est qu'on n'a pas toute la vérité.
On ne l'a pas, toute cette vérité-là. On ne nous dit... Puis il y a plein de
choses qu'on ne nous dit pas, qu'on apprend à travers les médias, qu'on apprend
parce qu'il y a des articles qui sortent, et ça, c'est inacceptable. Je pensais
qu'il n'y avait pas de questions.
M. Bossé (Olivier) :
Bonjour. On parle de combien de personnes dans votre situation? Pas toutes les
41 000, là?
Mme Anglade : Oui, bien,
c'est ça, justement, exactement. Peut-être que Thibault pourrait répondre, mais
de ce que j'en comprends, c'est 40 000 personnes aujourd'hui qui
attendent, qui font partie du Programme de d'expérience québécoise. Ça veut
dire, donc, qu'ils parlent français, qu'ils sont intégrés et auxquels on
n'accorde pas de permis aujourd'hui.
Le ministère de l'Immigration, là,
honnêtement, c'est un ministère qui a été laissé à lui-même, sans réelle
gestion. Arrima ne fonctionne pas. Et chaque fois ils font des annonces à
droite et à gauche sans comprendre la réalité terrain, sans comprendre ce qui
se passe.
Les cas de Lucie et de Sabrina ne sont pas
des exceptions, elles ne sont pas des exceptions. Et c'est pour ça qu'elles
vous disent... il y a un groupe auquel elles appartiennent, des milliers de
personnes qui font partie de ce groupe-là. Ce ne sont pas des exceptions. Et le
gouvernement Legault ne voit pas ce qui se passe sur le terrain.
M. Bossé (Olivier) : C'est
quoi, la suite du plan, pour vous, mesdames? Vous pouvez endurer ça, vous
pouvez vivre avec ça combien de temps? Ou c'est le déménagement, c'est le
retour en France? Je ne le sais pas.
Mme Devos (Lucie) : Alors, la
suite du plan, pour nous, aujourd'hui, bien, c'est de voir si... Dans quelques
semaines, j'espère peut-être avoir un joli cadeau, à Noël, et obtenir ma
résidence permanente. Ça serait vraiment bien. Si, d'ici la fin de l'année... Puisque
mes enfants sont scolarisés dans des établissements québécois, donc je les laisse,
en fait, je ne veux pas couper leur scolarité, surtout qu'ils ont des défis
scolaires, donc je préfère les laisser aller jusqu'à la fin de l'année. Et si,
d'ici la fin de l'année scolaire, la situation n'est pas rétablie, on aura pris
une décision de partir ailleurs au Canada.
M. Bossé (Olivier) : Vous
resteriez au Canada, mais dans une autre province?
Mme Devos (Lucie) : Bien, au
Canada, il y a des demandes aussi d'infirmières. Mon conjoint, aussi, est
enseignant. Donc, puisqu'ici on n'a pas notre place, au Québec, on va aller
dans un endroit qui nous accueille à bras ouverts.
M. Bossé (Olivier) :
Mme Anglade, est-ce que vous croyez à l'annonce surprise d'hier, le petit
cadeau qui nous a été donné comme en fin de conférence de presse, alors qu'on
parlait : À la fin de la semaine et même début de semaine? Est-ce que vous
pensez que c'est circonstanciel avec le front commun, et tout ça? Ils ont
accéléré l'annonce?
Mme Anglade : C'est fort
possible, c'est fort possible qu'ils aient décidé de faire ça. C'est un
gouvernement qui aime avoir de la diversion quand il y a un enjeu spécifique
par rapport à ce qu'ils font. On l'a vu à plusieurs reprises, ce jeu de
diversion là. Donc, ça ne m'étonnerait absolument pas.
M. Bergeron (Patrice) :
Bonjour, Mme Anglade. Vous avez dit que le ministère de l'Immigration est
laissé à lui-même. À ce que je sache, il y avait quand même une ministre en
titre. Qu'est-ce que vous voulez dire, au juste?
Mme Anglade : Que les ministres
ne se préoccupent pas des véritables enjeux en matière d'immigration. C'est
incompréhensible. Par exemple, le système Arrima, c'est le néant, c'est le
néant pour les gens qui sont dans le système. Ils attendent, ils n'ont pas de
réponse, ils essaient de communiquer, il n'y a jamais de retour... bien, de
retour d'appel, c'est évident, mais de retour, même, de courriel. Les gens
vivent des moments qui sont extrêmement difficiles.
Et là je ne parle pas de gens qui sont à
l'extérieur du Québec, je parle de gens qui sont sur notre territoire, qui
travaillent ici, qui ont besoin d'avoir des informations, qui veulent rester.
Lucie et Sabrina sont deux personnes qui veulent rester au Québec, là. Elles
ont donné énormément de leur temps, de leur énergie. Elles ont des enfants, des
conjoints qui travaillent. Puis on se retrouve dans une situation où on n'est
pas capable de simplement reconnaître ce qu'ils font et de leur donner la
résidence permanente. C'est incompréhensible.
M. Bergeron (Patrice) :
Simplement pour résumer, là. On comprend que c'est des dédales et c'est long.
Mais il s'agit donc bien d'arrérages et non pas de gens qui ne correspondent
pas aux critères ou à des conditions, là. Juste clarifier l'affaire : C'est
des arrérages parce que c'est long à traiter, c'est ça?
Mme Anglade : Ce n'est
pas long à traiter. C'est qu'il n'y a pas de volonté politique de traiter ces
dossiers-là de manière rapide. On se met des limites en termes de nombre de
dossiers que l'on peut passer à travers le système. Ce sont des personnes qui
sont sur notre territoire, ce sont des personnes qui travaillent en français et
qui n'ont pas accès à la résidence permanente, alors il n'y a pas... On parle
d'environ 40 000 personnes qui sont touchées par ça. C'est énorme
lorsque l'on sait ce qu'on vit en matière de pénurie de main-d'oeuvre.
M. Bergeron (Patrice) :
M. Polo, peut-être juste pour terminer. Vous avez dit tout à l'heure...
vous avez évoqué, donc, le bilan du gouvernement caquiste et puis vous avez
parlé, donc, de la diminution des seuils d'immigration. Est-ce que vous prônez,
donc, une augmentation du seuil d'immigration? Et à combien?
M. Polo : Nous, ce qu'on
prône avant tout, là, c'est de répondre aux arrérages actuels. C'est là la
priorité. L'enjeu ici, là, a été provoqué entre autres par la diminution du
seuil et la réforme du PEQ, et c'est ça qui a provoqué les arrérages. Donc,
nous, ce qu'on prône avant tout, c'est de traiter ces arrérages-là le plus
rapidement possible et de pouvoir répondre à leurs attentes, de pouvoir
répondre aux rêves avec lesquels ils sont arrivés au Québec et d'éviter, comme
ce qui vient d'être mentionné, d'avoir à quitter le Québec pour pouvoir,
justement, continuer à vivre au Canada.
Le Modérateur
:
Dernière en français, s'il vous plaît.
M. Gagnon (Marc-André) :
Mme Anglade, bonjour. Hier, là, lorsque vous avez écouté Dr Arruda,
est-ce que vous avez été convaincue du fondement scientifique qui justifie sa
recommandation, là, sur les rassemblements privés?
Mme Anglade : ...
M. Gagnon (Marc-André) :
...
Mme Anglade : Pardon? Je
ne sais pas pourquoi vous dites ça. Écoutez, on doit faire confiance à la Santé
publique, on doit faire confiance qu'on a les bases scientifiques pour prendre
les décisions. Et là j'espère qu'il y a toutes les informations nécessaires
pour prendre la décision qu'ils ont prise.
M. Gagnon (Marc-André) :
Pour répondre plus particulièrement, est-ce que Dr Arruda, c'est encore
l'homme de la situation?
Mme Anglade : Écoutez, je
pense que les décisions sont prises essentiellement par le gouvernement. Je
veux dire, la vraie question qu'il faut se poser, c'est : Comment les
décisions sont prises par le premier ministre? Et on voit non seulement... Puis
ce cas, c'est un cas parmi tant d'autres, mais la réalité, c'est qu'il y a
plein de décisions qui sont prises par le gouvernement. Le premier ministre
nous dit qu'il prend des décisions et qu'il est le seul maître à bord. Mais ce
que l'on constate, notamment avec tout ce qui s'est passé dans la première
vague, c'est qu'il prend des décisions, mais qui ne sont pas toujours... qui ne
sont clairement pas toujours éclairées, et il n'a pas toutes les informations
pour le prendre, même si l'information est disponible. Je pense que le premier
ministre a fait preuve, encore une fois, d'aveuglement volontaire dans tout ce
qui a trait à la première vague, et ça, c'est préoccupant, c'est très
préoccupant.
M. Gagnon (Marc-André) :
Donc, compte tenu du poids politique dans les décisions, ce que je semble
décoder, là, de vos réponses, c'est que la Santé publique n'est peut-être plus
assez convaincante à ce point-ci.
Mme Anglade : Depuis le
départ, on aurait souhaité qu'il y ait une différence claire entre les
décisions qui sont politiques et les décisions qui sont scientifiques. Mais ça,
on l'a répété je ne sais pas à combien de reprises. Le gouvernement a décidé de
procéder de la manière dont il procède. Donc, il n'y a rien de très surprenant aujourd'hui
dans la manière de faire les choses. Je crois qu'une enquête publique
indépendante viendrait dire : Voici comment on sépare le pouvoir politique
de l'aspect scientifique des décisions. Ça, ça pourrait nous aider.
Le Modérateur
: On va
devoir passer en anglais...
M. Robillard (Alexandre) : Peut-être
juste pour préciser, parce que… Donc, selon vous, quoi, il y a une apparence
d'ingérence politique dans la décision qui a été rendue hier sur les seuils de
rassemblement?
Mme Anglade : Je ne veux pas
parler de la décision d'hier, puisque c'est comme ça que procède le
gouvernement depuis le début de la pandémie. Depuis le début de la pandémie, on
a mentionné à quel point c'était important de séparer des décisions qui sont
d'ordre politique versus le scientifique. Donc, moi, je pense que c'est une
enquête publique…
M. Robillard (Alexandre) : …le
lendemain de l'annonce des seuils de rassemblement des fêtes, donc j'essaie de
faire le lien avec l'annonce d'hier et ce que vous dites ce matin.
Mme Anglade : Je vous entends,
mais ce serait… comment je vous dirais ça, ce serait incohérent de ma part de
dire que je ne l'ai pas mentionné, à combien de reprises, que nous avions un
enjeu avec le fait que le gouvernement et la Santé publique sont tout le temps…
M. Robillard (Alexandre) : C'est
ça. Mais ce que je vous demande, c'est : Est-ce qu'il y a une apparence
d'une influence politique dans la décision d'hier?
Mme Anglade : Est-ce qu'il y a
une apparence? Il y a une apparence depuis le départ, dans toutes les décisions
qui sont prises, c'est certain.
M. Authier (Philip)
: Good morning. What's the next step in your…
Yesterday, the three parties went together asking for an inquiry. What is the
next step? It's pretty clear, from what Mr. Legault was saying in the House
yesterday, that that's not going to happen. So, are you counting on public
opinion? What else can you do to move ahead on the CHSLDs inquiry?
Mme Anglade :
The first time we brought up the necessity of having a public inquiry, we were
alone, the Liberal Party was alone in saying : You know, we need to have,
at some point in time, a public inquiry. And you realize now that all the
opposition parties, many, many people from the scientific experts... scientific
world are now saying : You know, we really need to have a public inquiry.
So, this idea is going to
gain momentum because everyday that's going to go by we're going to realize
that there's information that was not given to Quebeckers because, obviously,
there's something that they want to… They don't want to tell the whole truth,
that's for sure. So I think our responsibility is to keep asking for an
inquiry, to keep showing all the reasons why it's a necessity in Québec.
M. Authier (Philip)
:
And, yesterday, you said that Mr. Legault seems to
be increasingly isolated in his position. Is there still time for him to act,
do you think, or is this pretty well over?
Mme Anglade : There is always time, for somebody who wants to act, to act. Always.
Le Modérateur
: Cathy.
Mme Anglade : It's a short answer, but it's the only answer.
Mme Senay (Cathy) : Hi. Good morning. This morning, Mrs. Guilbault will table her
bill to modernize police forces. Among the recommendations of the committee, that the committee tabled, it's a report in May, there
was measures to reinstate the trust of the population, including having police
forces representing more cultural communities, diverse population. What are
your expectations regarding this bill, and in the optic of many stories we
heard from different police forces across Québec?
Mme Anglade :
I think it's important for the police forces to represent the society in
general, society that they serve in general. So the level of diversity, obviously,
has to increase. So I'm expecting a full recognition of this need. And this is
one way to really connect the police forces to the population in reestablishing
the trust between the population and them. So that would be my expectation of
true recognition of the situation with real measures in place.
Mme Senay (Cathy) : Regarding the 20 days… 20 guests, I mean, starting…
Mme Anglade :
In 20 days.
Mme Senay (Cathy) : …more or less, yes, September… December 23rd. I guess my
coffee is not working today, but it will.
Mme Anglade :
It's all right.
Mme Senay (Cathy) : So the 20-guests-recommendation, up to, like, no more than
20 guests, how serious is this number to you?
Mme Anglade : Well as serious as Mr. Arruda says it is. I mean, again, we
have no choice but to believe that there is some scientific support towards
this decision. I really hope there is. And we're going to follow the
recommendation of Public Health, obviously.
Mme Senay (Cathy) : So basically, Mr. Arruda didn't convince you, yesterday, that
there was enough evidence?
Mme Anglade : Well, it's not that there were a whole lot of evidence either. But
I understand that they need to make decisions based on what they have and I
assume that they have good scientific basis to make those decisions.
Mme Fletcher (Raquel) : Can you explain... I know you already touched on it, in French, but
just what the issue is when it comes to getting permanent residency? Like, why is
there this… specifically, when it comes to nurses? I mean, we need nurses. I
don't know if you speak English?
Une voix
:
No, sorry.
Mme Fletcher (Raquel) : No? OK.
Mme Anglade : So, you see, we have people living in Québec today, thousands of people living in Québec today that could actually work in their field, a field that is
required, nurses, that can't really operate because they don't have the
permanent residency. This is unacceptable. The Government doesn't want to move on this. They keep throwing money to fix
solutions, but they don't look at the Ministry of Immigration to fix those
issues. The Minister of Immigration is not working today. Honestly, like, we
have so many issues, the Minister has not paid attention to this
Ministry, Arrima is not working, we have issues like Lucie and Sabrina, cases
like this all over. There needs to be a real attention to this file.
Mme Fletcher (Raquel) : Is there a way to allow them to work before they get their
permanent residency? Do we need to…
Mme Anglade : Well, these are people that are already here.
Mme Fletcher (Raquel) : So, they're already working in their field?
Mme Anglade : They are already here, some of them are working in their field, but
they can't change their work, some of them can no longer work. You have all
kinds of cases. But we're talking about people that are here, that speak
French, that are integrated, that cannot get their file processed.
Mme Fletcher (Raquel) : And why? Is it an Arrima issue, in your mind, or is it just a
bureaucracy issue where it takes years and years to file this?
Mme Anglade : It's the absence of political will to make things happen because
they capped the number of files that they can go through in a year, for
political reasons. But the reality is… truly help Québec, in general, to have these people working here.
Mme Greig (Kelly) : Hello. Good morning. I want you to ask you a little bit about
policing, as well, in light of Mme Guilbault's bill that will be announced later today. I want to ask about
confidence in police. We have this program, for
instance, in Longueuil, that's starting today, where
they have a crisis intervention before police intervention. What do you think
it would take, considering all we have seen, to reestablish confidence in Québec's police forces? Because, right now, it's difficult.
Mme Anglade : Yes. Well, I think the image… I think a project like this one, in
Longueuil, would definitely be a good step in the right direction. I really
believe that. Because you're changing the conversation, when you do this, first
of all. Second of all, the level of diversity that you find in the police
forces would be also definitely helpful. Prevention, prevention, prevention.
There's been an announcement in terms of prevention. What we've said in the
Liberal Party is that, for every dollar that we invest in the police forces, we
should also invest one dollar in prevention. This is also the other element
that I would like to see.
Mme Anglade : Thank you.
Le Modérateur
: Merci
beaucoup.
(Fin à 8 h 33)