(Neuf heures trente-et-une minutes)
M. Grandmont : Bonjour, tout
le monde. Alors, le 2 septembre 2021, il y a deux enfants, leur mère, leur
grand-père qui sont morts dans un accident sur l'autoroute Dufferin-Montmorency,
à la sortie François-De Laval, on s'en souvient tous et toutes. Le rapport du
coroner était vraiment très, très clair, il faut réaménager l'endroit de fond
en comble pour forcer les automobilistes à ralentir. On change vraiment l'urbanisme,
en fait, la façon dont le boulevard est construit, il n'y a pas d'autre
solution.Deux ans et demi plus tard, on a un photoradar.
Personnellement, je n'ai rien contre les photoradars. Lorsqu'ils sont bien
utilisés, c'est un outil intéressant, mais, dans le cas qui nous occupe aujourd'hui,
ce n'est pas la solution dont on a besoin.
On a la preuve de ça aujourd'hui. On a
deux personnes, David et Coraline, qui sont avec nous aujourd'hui, qui ont été
victimes d'une collision exactement au même endroit, à la sortie François-De Laval,
lundi dernier. L'intersection, elle est dangereuse, il suffit d'attendre une
seule fois à la lumière pour le réaliser, les voitures passent tellement vite
et de façon... et tellement près, en fait, de notre auto qu'on se sent tanguer
quand on attend à la lumière, comme dans un bateau. N'importe qui à Beauport va
vous dire que c'est franchement dangereux, comme intersection. Même le député
de Montmorency, la semaine dernière, l'a dit, il a dit aux médias qu'il avait
peur quand il attendait à cette lumière-là.
Donc, on ne peut plus courir le risque, il
faut fermer rapidement la sortie François-De Laval, c'est ce qu'il faut faire à
très, très court terme, en attendant que l'autoroute soit éventuellement
transformée en boulevard urbain, une opération qui prendra, on le comprend
bien, davantage de temps.
Sol va vous parler plus en détail du cas
de l'autoroute et du travail qui a été fait depuis plusieurs années, mais, en
attendant, je vais laisser David et Coraline vous raconter leur expérience de
lundi passé.
Mme Toupin (Caroline) : Bien,
bonjour, tout le monde. Bien, en fait, pourquoi qu'on est ici ce matin, c'est
parce qu'on a été, suite à l'accident, un peu choqués, en fait, de la réponse
qu'il y a eu dans l'actualité suite à notre accident. Le radar, concrètement,
oui, il donne des contraventions, mais, à cet endroit-là, on n'était pas en
sécurité même avec le radar. J'ai mentionné à mon conjoint, qui conduisait,
quand qu'il s'est arrêté à l'intersection, que je trouvais ça dangereux, c'est dangereux,
une lumière rouge, pour tourner à gauche sur une autoroute suite à une courbe, en
fait, là. C'est dangereux, cet endroit-là, je ne me sentais pas en sécurité. Quelques
secondes après, l'accident est arrivé. On ne connaissait pas cette intersection-là
puis on n'a pas envie de repasser par là.
J'ai l'impression qu'on priorise, en fait,
les revenus des contraventions avant même de rendre cette intersection-là
sécuritaire, c'est pour ça qu'on trouvait ça important de venir vous parler de
ça aujourd'hui.
M. Rioux (David) : Justement,
pour appuyer ce que Coraline a dit, on ne connaissait pas l'intersection, on ne
vient pas de Québec. C'est tout de suite après l'accident, quand les
ambulanciers sont arrivés, qu'on a su un peu l'historique de l'intersection.
Après ça, on en parlait à nos amis, à nos connaissances, tout le monde nous a
dit que, s'ils pouvaient ne pas passer par là, ils passaient par ailleurs. Même
aujourd'hui, pour venir ici, le chauffeur de taxi qui nous a apporté ici, il
nous a dit qu'il habitait dans ce coin-là, puis qu'à chaque fois qu'il avait à
arrêter là, il avait hâte que quelqu'un arrête en arrière de lui pour être sûr
que ça ne soit pas lui qui se fasse rentrer dedans, tu sais.
Puis c'est suite à tout cet historique-là,
puis ensuite aux commentaires de Mme la ministre que j'ai vus sur Facebook le
lendemain de l'accident, que j'ai pris l'initiative d'écrire à M. Grandmont
sur Instagram, parce que je voulais, tu sais, que l'accident serve à quelque
chose puis que ça ne soit pas juste arrivé pour rien.
La semaine dernière, j'ai manqué quatre
jours de travail, je me suis occupé de moi mais aussi de Coraline qui avait été
plus amochée que moi durant l'accident. Tu sais, somme toute, on a été chanceux.
Les dégâts, ils ont seulement été matériels, il n'y a pas eu de blessure grave,
mais je pense que, si on peut dire que le radar fonctionne parce qu'il donne
des contraventions, ça veut dire que le radar, il ne sécurise la route, il fait
juste le monétiser.
Mme Toupin (Caroline) : Oui. J'avais
oublié de dire un petit mot, en fait, c'est que... mais c'est bien, ce que tu
as dit,mais il y en a eu, des malchanceux, à cet endroit-là avant nous.
Il va encore y en avoir, des accidents, après tant qu'il n'y a pas quelque
chose qui se passe à cette intersection-là, parce que c'est encore dangereux.
M. Zanetti : Je remercie
vraiment le courage de David et Coraline d'être venus ici nous partager leur
expérience ce matin. Je pense que c'est important qu'on le fasse. Cet enjeu-là
ne doit pas arrêter là où il en était la semaine dernière dans le débat public.
Etienne a absolument raison, il faut fermer la sortie au plus vite. Tout le
monde demande ça ici, les partis d'opposition le demandent tous, le maire de
Québec demande la même chose. C'est la solution à court terme pour être capable
de sécuriser l'endroit.
Par contre, on ne doit pas arrêter là. Ce
qu'il faut, la solution globale pour ça, c'est la transformation de l'autoroute
Dufferin-Montmorency en boulevard urbain. C'est un enjeu qui est extrêmement
important pour l'est de Québec depuis des années. Nous, à Québec solidaire, ça
fait depuis 2018 qu'on demande cette transformation-là. Aujourd'hui, la ville
de Québec demande cette transformation-là. Je dirais que tout le monde, pas mal,
dans la communauté, avec les conseils des quartiers, demandent cette
transformation-là, et la ministre des Transports est de plus en plus isolée sur
ce sujet-là.
L'est de Québec a été négligé, je dirais,
depuis des années, depuis que la ministre, maintenant des Transports mais avant
la Capitale-Nationale, est arrivée en poste. On a pu voir qu'est-ce qui s'est
passé avec la promenade Samuel-De Champlain qui, pour être véritablement
réalisée, nécessiterait une transformation de l'autoroute en boulevard urbain,
ça a été mis sur la glace. Puis là, aujourd'hui, on parle de projet, de percée
qui laisserait l'autoroute en place, mais ça, on ne doit pas laisser ça passer
parce que c'est dangereux. C'est dangereux, puis on le voit encore aujourd'hui.
Alors, solution temporaire, fermer la
sortie, mais solution à long terme, il faut transformer cette autoroute-là en
boulevard urbain pour que ce soit vraiment sécuritaire une fois pour toutes. Et
voilà, donc, je lui demande, je demande à la ministre, aujourd'hui, d'avoir de
l'ambition et de nous dire quand elle va commencer ce projet de transformation
là et aussi quand elle va fermer la sortie.
La Modératrice : Merci. Avant
qu'on prenne les questions, je vous demanderais, s'il vous plaît, de vous
limiter à une question, une sous-question, comme il y a la période de questions
qui commence. Et, s'il vous plaît, précisez à qui s'adresse votre question. On
va commencer, micro 1.
M. Boivin (Mathieu) : Bonjour,
je m'appelle Mathieu Boivin, je suis journaliste pour Noovo Info.
M. Zanetti, si vous voulez vous
approcher, dites-moi exactement à quoi tiennent les objections? Qu'est-ce que
vous comprenez des objections des gens, que ce soit Mme la ministre Guilbault,
ou autres, à ce qui est effectivement un consensus régional vers un boulevard
urbain? Pourquoi ça ne se fait pas alors que tout le monde serait d'accord?
M. Zanetti : Je ne comprends
pas bien pourquoi, alors je peux imaginer des hypothèses, puis, parmi les
hypothèses que... les hypothèses que j'imagine, pardon, c'est un exercice de
diction, il y a la question du troisième lien. Je constate que la ministre des
Transports tient à l'autoroute, elle veut la garder là. Est-ce que c'est pour
évacuer les dizaines de milliers de voitures qui seront ajoutées là par un
éventuel troisième lien? Si c'est le cas, c'est vraiment grave, c'est des
mauvais choix, c'est choisir la pollution de l'air dans le centre-ville de
Québec, et l'insécurité routière, et les accidents. Et, nous, c'est un choix
qu'on ne peut pas corroborer, qu'on ne peut pas accepter.
M. Boivin (Mathieu) : Est-ce
qu'on pourrait, honnêtement, faire un lien entre un projet de troisième lien et
un accroissement de l'insécurité à cette exacte intersection dont on parle ce
matin?
M. Zanetti : Si on ne change
pas cette autoroute-là et si on augmente la capacité routière de peut-être
50 000 voitures au quotidien, à terme, au centre-ville, je ne vois
pas comment ça va améliorer le bilan routier. Je ne veux pas prendre la place
des experts, mais moi, je crains ça, effectivement, je craindrais une
augmentation des accidents.
La Modératrice : Merci.
M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour.
Marc-André Gagnon, du Journal de Québec.
Le ministre de la Sécurité publique, François
Bonnardel, a été questionné il y a quelques minutes, là, en vue du point de
presse que vous tenez ce matin, et il a dit, sur cette sortie-là, que ce n'est
pas un secteur accidentogène. Autrement dit, bon, il va dans la même direction
que la ministre Guilbault, la semaine dernière, qui disait que c'est un secteur
qui est sécuritaire quand on regarde le nombre d'accidents versus le volume de
véhicules qui passent là, qui est plus élevé que le pont de Québec, nous
répétait encore, d'ailleurs, M. Bonnardel. Est-ce que ça vous décourage?
Je ne sais pas qui veut répondre, prendre la question.
M. Grandmont : Moi, quand
j'ai refait une revue de presse pour voir un peu c'était quoi, l'historique de
ce secteur-là, de voir que quatre personnes sont décédées, une famille qui a
été complètement fauchée en septembre 2021 à cette exacte intersection-là, puis
qu'on me dise, par la suite, que ce n'est pas un secteur accidentogène, alors
que tout le monde dit qu'il y a un sentiment d'insécurité qui est très élevé, quand
j'ai reçu la visite... quand on a reçu la visite de David et de Coraline qui
nous disent que, juste avant de se faire emboutir par un véhicule à très grande
vitesse, Coraline disait à son chum : Coudon, c'est donc bien insécurisant
ici, c'est donc bien dangereux ici, puis, boum, ils se font rentrer dedans, moi,
je me demande sur quoi s'appuie le ministre Bonnardel pour dire que c'est un
secteur qui n'est pas accidentogène, qui n'est pas dangereux et qui ne mérite
pas l'attention qu'on lui demande d'avoir, lui et sa collègue aux Transports et
à la Mobilité durable. C'est une intersection dangereuse, tout le monde le dit,
même le député de Montmorency. Je veux dire, il faut faire quelque chose à un
moment donné, là.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
veux revenir sur le sujet du troisième lien, parce qu'hier, suite à la sortie
du maire de Lévis, Gilles Lehouillier, vous avez dit : Québec solidaire
fera des pressions maximales pour que le troisième lien ne se réalise jamais.
Vous aviez un conseil national la fin de semaine dernière, vous avez parlé de
l'importance de renouer avec les régions, de faire davantage de gains. Donc,
est-ce que cette opposition-là au troisième lien, c'est plus populaire dans les
grands centres? Est-ce que ça ne risque pas de vous nuire, éventuellement, à
l'extérieur des grands centres, vous empêcher d'atteindre votre objectif de
faire des gains à l'extérieur des grandes villes?
M. Grandmont : Non,
absolument pas. Nous, on a toujours dit que les projets d'autoroute,
d'augmentation, de prolongement d'autoroute dans des secteurs bien précis où on
peut améliorer la sécurité, où on peut désenclaver certaines communautés, ça se
peut.
Une autoroute, ça doit d'abord servir à
relier des villes entre elles, c'est pour les déplacements interurbains. Quand
c'est pour du navettage, une autoroute n'est certainement pas la bonne solution
à mettre en œuvre. Et, à preuve, on le voit très bien actuellement dans le
conflit entre la STLévis et la ville de Lévis, il y a un problème au niveau de
l'offre de transport collectif. On n'a absolument pas maximisé le transport
collectif entre les deux rives.
Donc, pour des déplacements de navettage
le matin et le soir en heure de pointe, commençons par maximiser les
infrastructures existantes : le pont de Québec, le pont Pierre-Laporte, le
traversier, d'autres mesures qui sont apparues aussi pendant la pandémie, le
télétravail, avant de commencer à penser un projet qui ne s'appuie sur rien,
avec pas d'étude d'opportunité, pas d'étude de besoins. Donc, c'est très, très
clair pour nous autres que ce projet-là n'est pas un projet à mettre en œuvre
pour les raisons que je viens de vous évoquer.
Mme Porter (Isabelle) : Oui, bonjour.
Isabelle Porter, du Devoir.
Ma question est pour vous deux. J'essaie
de suivre un peu le raisonnement. Est-ce qu'on pourrait même voir, dans la
situation de cette intersection-là, un argument de plus contre le troisième
lien? Est-ce que vous allez jusque-là?
M. Zanetti : Oui, c'est un
argument de plus, dans le sens que ce n'est pas... En fait, c'est un argument
de plus contre cette autoroute-là, ce n'est pas directement un argument de plus
contre le troisième, mais c'est que cette autoroute-là, elle doit changer parce
qu'elle est dangereuse. On doit la transformer en boulevard urbain.
Moi, ce qui m'inquiète... Le lien à faire
avec le troisième lien, c'est que j'ai l'impression que la ministre des
Transports s'attache à l'autoroute à cause du troisième lien. Et ça, pour moi,
c'est grave, parce que c'est choisir l'insécurité et choisir les accidents. Et
ça, ce n'est pas une décision qui est responsable puis ce n'est pas une
décision qui doit être prise. Donc, ce qui s'est passé puis les accidents qui
sont là plaident en faveur d'une transformation de cette autoroute-là.
Mme Porter (Isabelle) : Avez-vous
l'impression que les motivations du gouvernement dans ce dossier-là sont de
nature idéologique?
M. Zanetti : Bien, moi, j'ai
l'impression que, quand ils nous disent : Regardez ce que nous disent les
chiffres, c'est sécuritaire, ils ont un angle mort important. Moi, je
préférerais qu'ils écoutent les humains qui sont ici puis qu'ils regardent la
réalité concrète vécue par les gens. Et, si leurs chiffres leur disent que ça,
ce n'est pas accidentogène, puis que ça, ça rentre dans les normes, peut-être
que ces normes-là sont à modifier.
Mme Porter (Isabelle) : Merci.
M. Grandmont : Excusez-moi,
juste sur le troisième lien, j'ajouterais que... Le projet de troisième lien,
on ne sait pas s'il va se réaliser pour vrai, là. On sait qu'il va y avoir des
nouvelles enquêtes origine-destination qui vont être réalisées dans la grande
région de Québec. Que nous dirons les chiffres? On a eu des informations qui
sont sorties récemment à l'effet que l'achalandage sur les deux ponts,
actuellement, a baissé quand même de façon importante, là, ce n'est pas mineur,
des baisses de 13 %, 14 %, c'est quand même assez important.
Donc, c'est quoi, le portrait de la
mobilité à Québec? Comment ça a changé dans le temps? Donc, est-ce qu'on va
attendre un éventuel, un hypothétique troisième lien avant de refaire
l'autoroute ou de convertir l'autoroute en boulevard urbain? Est-ce qu'on va
attendre, avant de fermer la sortie de François-De Laval, sous prétexte que le
troisième lien va peut-être arriver un jour ou si on va régler vraiment un
problème à très court terme? Le problème, là, il est réel, il est concret, il y
a des gens qui en sont décédés, il y a des gens qui ont subi des accidents.
Est-ce qu'on va attendre un hypothétique troisième lien alors qu'on ne sait
même pas qu'est-ce que donneront les enquêtes origine-destination?
Moi, je pense qu'il faut agir rapidement
sur le... C'est un dossier sur lequel la ministre Guilbault est isolée, comme
l'a dit tantôt mon collègue, Sol. Et elle peut agir rapidement, elle peut agir
en fermant rapidement François-De Laval, il ne faut pas attendre. C'est des projets
qui doivent être vus, à notre point de vue, comme deux projets complètement
séparés, alors qu'on a l'impression, plutôt, que, de leur côté, de son côté, la
ministre des Transports et de la Mobilité durable les attache ensemble.
M. Bossé (Olivier) : Bonjour.
Olivier Bossé, du Soleil.
Je ne me souviens pas si c'est Mme Toupin
ou M. Rioux, mais il y en a un des deux qui a dit : Ils privilégient
l'argent des tickets à la sécurité. Est-ce que vous souscrivez à ça?
M. Zanetti : Qui ça, nous?
M. Bossé (Olivier) : Oui,
vous, de Québec solidaire. Est-ce que vous souscrivez à cette hypothèse ou
cette évaluation-là?
M. Zanetti : Bien, je dirais
que je n'ai pas l'impression que la ministre, ce qui la motive, c'est la
question de l'argent. Ce n'est pas, somme toute, des gros revenus pour le
ministère des Transports, mais la question, c'est qu'elle pense que c'est un
moyen suffisant pour sécuriser ce secteur-là, et ce n'est pas le cas. C'est ça,
l'affaire, c'est ça, le fond, qui, moi, me trouble. C'est ça que je trouve
irresponsable, ce n'est pas sécuritaire.
M. Bossé (Olivier) : Sur la
fermeture de la sortie, M. Simard a mentionné que les commerçants du
boulevard Sainte-Anne, qui en arrachent déjà, pourraient... ce serait encore
plus difficile. Est-ce que... Peut-être vous, M. Zanetti, le boulevard
Sainte-Anne passe dans votre circonscription, est-ce que vous en avez parlé
avec eux? Parce que, si, effectivement, ça ferme, les magasins qui sont là, ils
risquent de fermer aussi.
M. Zanetti : Historiquement,
là, moi, ce que me disent les gens qui vivent à Beauport depuis longtemps,
depuis avant la construction de l'autoroute dans les années 70, ce qu'ils
disent, en fait, c'est que la construction de l'autoroute, elle a grandement
nui aux commerces de proximité à Beauport. Pourquoi? Parce qu'avec cette
autoroute-là ça a favorisé les comportements de consommation où les gens de
Beauport allaient au centre-ville ou utilisaient l'autoroute pour sortir de
Beauport pour acheter des choses, puis ça a nui à beaucoup de commerces de
proximité. Et je pense qu'une transformation de l'autoroute en boulevard
urbain, ça pourrait avoir un effet inverse, c'est-à-dire de favoriser une
économie de proximité à Beauport.
Et ça, je pense que... bien, mon collègue
qui est spécialiste en transport pourrait vous le dire, mais ça, c'est l'écho
des gens qui vivent à Beauport depuis longtemps et qui ont vu l'impact de cette
autoroute-là sur le long terme.
M. Bossé (Olivier) : Mais ce
n'est pas l'écho des commerçants, ça?
M. Zanetti : Je vais... Bien,
c'est sûr que, les commerçants locaux, je vais prendre en considération leurs
appréhensions. Puis, pour l'instant, il n'y en a pas qui m'ont contacté. Cela
dit, c'est sûr que je vais être à l'écoute, puis je vais regarder ça, mais j'ai
l'impression qu'à long terme la transformation en boulevard urbain, là, ça va
créer plus d'avantages que d'inconvénients.
M. Béland (Gabriel) : Gabriel
Béland, de LaPresse.
Une question pour les députés, peut-être,
pour commencer. Si je comprends bien votre hypothèse, donc, la transformation
des deux autoroutes en boulevard urbain qui est réclamée par la ville de
Québec, puis il y a un consensus des élus là-dessus, consensus du conseil
municipal, donc Laurentienne et Dufferin-Montmorency, il y aurait des
atermoiements au gouvernement parce qu'on ne sait pas si ça va fitter avec le
troisième lien, le troisième lien qui est demandé par Lévis, notamment.
À Québec, donc au gouvernement,
pensez-vous que la ville de Lévis a plus d'oreilles que la ville de Québec a en
ce moment, plus d'influence que la ville de Québec? Est-ce qu'on peut
comprendre ça?
M. Zanetti : Bien, je pense
qu'il y a une vision différente. Je n'y avais pas pensé, mais effectivement
c'est sûr que les revendications de Québec, en ce moment, je ne les trouve pas
bien reprises par le gouvernement de la Coalition avenir Québec, je ne trouve
pas qu'on est très défendus. Et, pour moi, ça me pose un problème.
Le choix qu'il y a entre le troisième lien
entre les deux rives puis les transformations d'autoroute à Québec, c'est un
choix entre... c'est un choix de mobilité puis c'est un choix de sécurité. Moi,
je comprends les gens de Lévis qui veulent améliorer le transport interrives
parce qu'il y a des problèmes, parce que c'est long, parce que c'est
problématique, je comprends ça. Et, étant donné le sous-investissement
historique de la ville de Lévis en transport en commun, bien, c'est normal
qu'il y a une dépendance à l'auto qui est élevée puis qu'on privilégie ce genre
de situation là.
Cela dit, le troisième lien, ça va
aggraver les choses. Et nous, on pense que la vraie solution, puis il y a des
Lévisiens qui sont pour ça, hein, il y a du monde qui, de plus en plus, veulent
ces situations-là aussi, c'est d'avoir un transport collectif entre les deux
rives. Et ça permettrait aussi d'améliorer l'urbanisme de la ville de Québec
puis de sécuriser certains secteurs, dont le secteur Dufferin-Montmorency.
M. Béland (Gabriel) : Peut-être
en deuxième question à Coraline et David, si je ne me trompe pas dans vos
prénoms. Pouvez-vous, peut-être, nous raconter un peu l'accident? C'est quoi,
les dommages qu'il y a eu sur la voiture? Comment ça s'est passé? Il n'y a pas
eu... Je ne sais pas, est-ce qu'on peut...
M. Rioux (David) : Oui, bien,
c'est ça, on était arrêtés à la lumière pour tourner à gauche sur François-De
Laval. Puis, tout de suite après que Caroline ait dit qu'elle ne se sentait pas
en sécurité, que c'était dangereux, cette intersection-là, j'ai entendu un
bruit de moteur en arrière, ça fait que je me suis dit : Il y a quelqu'un
qui va passer vite à côté de nous parce que la lumière était verte pour passer
tout droit. Puis, quand j'ai regardé dans mon miroir, dans le milieu, j'ai vu
derrière les deux phares, dans ma vitre de derrière...
Mme Toupin (Coraline) : Dans
le rétroviseur.
M. Rioux (David) : Bien, dans
le rétroviseur de... dans ma vitre en arrière. J'ai vu les deux phares, donc
j'ai fait le lien que, tu sais, il n'arrêtera pas, il va me rentrer dedans.
J'ai juste eu le temps de mettre mes bras en avant de moi puis de me tasser
vers le milieu. Puis c'est peut-être ça qui a fait que j'ai été moins raqué que
Caroline dans les derniers jours qui ont suivi, parce qu'elle, elle n'a pas vu,
elle a réalisé après, tu sais. Puis, bien, oui, c'est comme ça que c'est
arrivé.
Mme Toupin (Coraline) : Oui,
mais je pense que c'est l'après... Bien, merci pour l'avant... excusez, oui,
mais l'après, en fait, c'est que, bien là, ça arrive tellement vite, on se dit :
O.K., là, on vient d'avoir un accident. Sur le coup, on allait bien, on est
sortis de la voiture aussitôt qu'on a pu. Moi, je me suis mise entre les
voitures qui arrivaient et notre voiture pour ne pas qu'il y ait d'autres
accidents. Parce que la voiture de l'autre personne, en fait, qui conduisait,
qui est entrée en collision avec nous, était devenue en avant de nous. On est
encore dans la courbe sur l'autoroute, je ne veux pas qu'on se refasse rentrer
dedans. Ça fait que c'était vraiment... Mon Dieu! Excusez. C'était stressant,
comme événement, c'était...
J'espère vraiment que l'autre conducteur
va bien, parce qu'on n'a pas eu de nouvelles, en fait. Ensuite de ça, puis
c'est vraiment les intervenants qui sont arrivés rapidement, heureusement, puis
les autres voitures qui ont pu appeler, bien, la sécurité, parce que, mon
téléphone, je l'ai perdu dans la voiture à ce moment-là. Même que, quand que les
ambulanciers, les policiers, tout ça, sont arrivés, nous, on a commencé à
ramasser nos trucs dans la voiture. La voiture est perte totale, toute la
carrosserie était avancée jusqu'à nos dossiers de chaise. Heureusement qu'il
n'y avait personne avec nous en arrière. Heureusement aussi qu'il n'y avait
rien de solide derrière, dans la voiture.
M. Rioux (David) : Des
planches à neige...
Mme Toupin (Coraline) : Nous,
on fait des sports d'hiver, s'il y avait eu des planches à neige, s'il y avait
eu tes articles de musique, il joue de la guitare, amplis de guitare, tes
guitares, bref, d'autres choses derrière la voiture, ça nous aurait écrasés. Ça
aurait été un autre accident, peut-être plus... moins plaisant aux nouvelles.
Je ne sais pas comment dire ça.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Vous
êtes d'origine... D'où vous venez, en fait? Vous dites : On ne vient pas
du coin, on n'emprunte pas ce... Vous êtes d'où, exactement?
Mme Toupin (Coraline) : Je
viens de Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie.
M. Rioux (David) : Moi, je
viens de Rimouski.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : O.K.
Les séquelles, je vous voyais tantôt marcher...
Une voix : ...
M. Rioux (David) : Depuis cet
été, oui.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) :
O.K., donc vous habitez dans le coin.
M. Rioux (David) : Oui, on
habite à Saint-Sacrement, proche du cégep Garneau.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Les
séquelles de l'accident, y en a-t-il?
Mme Toupin (Coraline) : Bien
là, j'ai de la difficulté à marcher pour l'instant. Bien là, on est jeunes, on
se rétablit vite, les entorses dans le dos, ça n'a pas resté plus qu'une
semaine, là. Là, on commence à dire : O.K., on ne les prend plus, les
antidouleurs, c'est correct, là. On se réveille, on n'est plus raqués depuis ce
matin, mais c'est ça, ma jambe me fait toujours mal. Là, je suis contente de
pouvoir marcher, c'est ma deuxième sortie depuis l'accident. Je n'ai pas été
capable de sortir avant ça.
M. Rioux (David) : Quand que les
ambulanciers sont arrivés sur place puis qu'ils ont vu l'auto, puis qu'après ça
ils ont fait le lien que c'était nous qui étaient dans l'auto, ils ont fait
comme : Ah! oui, tu sais, c'était vous qui était là-dedans, puis vous êtes
debout? Vous êtes vraiment chanceux, là.
Mme Toupin (Coraline) : En
fait, tous les gens qui ont vu la voiture ont dit ça.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : C'était
la voiture grise?
M. Rioux (David) : Oui, c'est
ça, oui.
Mme Toupin (Coraline) : Oui,
oui.
M. Dubois (Sébastien) : Bonjour.
Sébastien Dubois, de TVA.
Juste un petit détail. Est-ce qu'on vous est
revenus, après l'accident, sur les circonstances? À quelle vitesse allait le
véhicule derrière vous? Pourquoi il ne s'est pas immobilisé? Est-ce qu'il a été
distrait? Est-ce qu'on vous a donné des précisions?
M. Rioux (David) : Pas du
tout.
Mme Toupin (Coraline) : Non, mais
on n'en a pas demandé non plus, là, ce n'est pas... On ne veut pas faire une
enquête, on veut juste aller mieux, tu sais.
M. Rioux (David) : Puis qu'il
n'y ait pas d'autre accident.
Mme Toupin (Coraline) : Oui,
surtout ça.
M. Dubois (Sébastien) : Merci
beaucoup.
La Modératrice : Une dernière
question en français.
M. Boivin (Mathieu) : Oui, je
vais me permettre, parce que, tout à l'heure, je voyais que vous aviez envie de
répondre aussi à ma question. Quand vous entendez le ministre de la Sécurité
publique dire : C'est un secteur qui n'est pas accidentogène, comment vous
réagissez à ça?
Mme Toupin (Coraline) : Bien,
en fait, c'est parce que tout mon entourage, bien, qui connaissent la ville,
qui connaissent cette intersection-là ne passent pas par cette intersection-là
parce qu'ils connaissent l'historique de ça. Je pense... Bien, en fait, je ne
me rappelle plus c'est lequel de vous deux qui l'a mentionné, que, non, ça ne
fait pas partie des chiffres, les gens qui ne passent pas par là parce qu'ils
le savent que c'est dangereux. Je pense, bien, c'est ça qui m'a choqué, en fait,
qu'il y a beaucoup de gens qui l'évitent, justement, ce secteur-là, cette
sortie-là, parce qu'il y a eu beaucoup d'accidents là, des accidents où est-ce
qu'il y a eu malheureusement des décès.
Mme Porter (Isabelle) : C'était
la première fois que vous passiez par là?
M. Rioux (David) : Oui,
c'était ça que j'allais dire, c'est ça, nous, on suivait Google Maps, puis
peut-être qu'avoir su l'historique de ça on n'aurait pas arrêté là. Puis, tu
sais, je sais que, tu sais, je dis : Pour qu'il n'y ait pas d'autre
accident, mais, tu sais, je sais qu'il va y en avoir d'autres, accidents,
ailleurs, n'importe où, même si ce n'est pas nécessairement un secteur qui est
dangereux, mais je pense qu'une lumière pour tourner à gauche après un virage
sur une autoroute, ça fait plus ou moins de sens. C'est ça.
M. Grandmont : Je me
permettrais juste d'ajouter un petit quelque chose. J'ai demandé à la ministre
des Transports et de la Mobilité durable si elle était intéressée à rencontrer
David et Coraline, puis, effectivement, elle a montré une ouverture. Donc, on
fera ça, nous autres, de notre côté, on ira... on accompagnera nos deux
invités, là, au bureau après la période des questions. Voilà, merci.
La Modératrice : Merci
beaucoup.
(Fin à 9 h 56)