(Huit heures cinquante-deux minutes)
M. Fortin :Bonjour. Merci, comme toujours, d'être ici. On voulait vous
parler de santé, ce matin, parce qu'on repensait à la dernière semaine, là,
puis honnêtement je trouve qu'il n'y a rien de rassurant dans ce qu'on entend
par rapport aux soins de santé qui sont donnés, aux soins de santé qui pourront
être donnés aux Québécois puis, disons, à l'ambiance générale dans le réseau.
Juste au cours de la dernière semaine, là,
le ministère a forcé des infirmières de la Mauricie–Centre-du-Québec, toutes
les infirmières de la région, à faire une fin de semaine sur trois dans des
secteurs qui ne sont pas nécessairement les leurs, potentiellement en ayant de
la découverture dans certains autres services donnés en semaine. Je comprends
la frustration des infirmières de la région.
Juste dans la dernière semaine, le
ministre de la Santé a cautionné le fait que, maintenant, les infirmières
bachelières, les infirmières en maîtrise vont commencer à l'échelon zéro, c'est-à-dire
une réduction de leur salaire d'entrée de 20 000 $. Juste dans la dernière
semaine, le ministre de la Santé a avoué qu'il n'avait toujours pas de plan
pour le rattrapage des chirurgies oncologiques et a remis la faute sur les
médecins spécialistes. Juste dans la dernière semaine, le gouvernement a signé
une entente où il se privera de 5 milliards de dollars pour le réseau
de la santé. Juste dans la dernière semaine, on a appris que le ministère de la
Santé lui-même refusait d'octroyer un permis pour un CMS à Saint-Jérôme où on
pourrait améliorer ou augmenter la capacité du réseau à reprendre des
chirurgies.
Et là, aujourd'hui, le ministre nous
arrive avec un projet de loi qui, selon lui, là, peut régler une grande partie
de l'enjeu, mais qui, déjà, soulève des questions auprès des professionnels de
la santé qui se disent : Un instant, je ne suis pas certain, ne comptez
pas nécessairement sur mon retour vers le secteur public, il y a des raisons
pour lesquelles j'ai quitté.
Alors, le ministre de la Santé, là, il
doit comprendre que la situation, elle est urgente, qu'il y a des gens qui n'ont
pas accès aux soins, mais il doit surtout comprendre qu'on n'attire pas les
professionnels vers un réseau public, là, en diminuant les conditions de
travail, qu'on attire les professionnels vers le réseau public en améliorant
leurs conditions de travail. Et, nous, c'est ce qu'on voudra voir aujourd'hui,
en marge de la présentation du projet de loi du ministre, c'est non seulement
ce qu'il y a dans le projet de loi, non seulement comment il a mesuré les
impacts de son projet de loi, mais comment il va faire pour améliorer les
conditions de travail des infirmières, des professionnels de la santé de façon
générale.
Je vais passer la parole à mon collègue
qui veut vous entretenir, pendant quelques instants, sur la situation
spécifique des soins de santé et des conditions dans le Nord-du-Québec.
M. Morin : Merci. Bonjour.
Merci d'être là. On parle beaucoup de santé dans le Sud, mais moi, j'aimerais
attirer votre attention sur la santé dans le Nord, dans le Nunavik. Vous l'avez
probablement lu, il y a eu plusieurs articles qui ont été publiés dans la
presse cette semaine. J'ai posé des questions au gouvernement là-dessus, mais
il faut savoir que la santé des gens au Nunavik est vraiment avec un système
qui est totalement, totalement déficient, et c'est excessivement difficile.
Je vous donne un chiffre. Si vous avez un
accident avec un trauma, au Nunavik, vous allez avoir 40 fois plus de
chances de mourir que si vous êtes dans le Sud. C'est comme s'il y avait deux
mondes, c'est comme si les citoyens du Nunavik étaient des citoyens de second
ordre, et ça, je ne peux pas l'accepter. Et il y a d'autres exemples de gens
qui ont subi des traumatismes, que ce soit parfois un traumatisme crânien, et
qui sont morts parce qu'ils n'ont pas pu être amenés vers les hôpitaux du Sud à
temps. Il y avait également des reportages de médecins qui soignent les gens
qui souffrent de traumatismes, dans le Sud, et qui voient des gens arriver du
Nunavik, et malheureusement, souvent, c'est trop tard. Parce que, vous le
savez, quand vous avez un accident avec un traumatisme, la première heure est
vraiment importante, puis les heures après. Donc, plus vite vous allez être
capable d'intervenir, plus vite vous allez être capable d'avoir des soins, plus
vite vous allez avoir des chances d'être non seulement soigné, mais de
survivre, ce qui n'est quand même pas banal, ce qui n'arriverait pas dans le
sud du Québec.
Et là je vous parle, évidemment, des
accidents, des cas les plus graves, mais, si vous avez, par exemple, besoin de
chirurgies, si vous avez besoin d'examens, bien, il y a toujours des délais.
Et, vous le savez, une des façons, évidemment, de régler ou d'aider à ces
questions-là, c'est de relier le Grand Nord avec des systèmes de télémédecine.
Et, là encore, il y a trop de délais, c'est trop long, ce qui fait qu'il y a
des gens qui ne sont pas soignés ou qui sont mal soignés, qui n'ont pas l'attention
voulue à cause de la situation. Et ça, je pense que c'est inacceptable dans le
Québec d'aujourd'hui.
M. Denis (Maxime) : M.
Fortin, est-ce que vous ne trouvez pas ça inquiétant de voir le sondage, ce
matin, de l'association des entreprises privées en santé, quand on voit que
80 % ne retournerait pas au public, 70 % changerait de carrière?
M. Fortin :Oui, bien, tout à fait. C'est préoccupant dans le sens où
le ministre semble mettre beaucoup d'oeufs dans le même panier aujourd'hui avec
son projet de loi. Ce sur quoi il faut surtout se pencher, c'est les raisons
pour lesquelles ces gens-là ont choisi de quitter le réseau public. Et, à
travers le sondage, là, on comprenait que c'était pour des meilleures
conditions de travail, une meilleure conciliation travail-famille, des meilleures
conditions salariales et un meilleur contrôle de son horaire. Alors, tant que
le ministre de la Santé ne réglera pas ces enjeux-là, ne proposera pas quelque
chose de différent à ces professionnels-là, bien, je peux comprendre leur
réaction initiale.
Alors, oui, dans un monde idéal, là, tout
le monde, tout le monde veut qu'on ait beaucoup moins recours aux agences qu'en
ce moment. Tout le monde a vu les chiffres, des chiffres complètement démesurés
de recours aux agences au cours des dernières années, mais le ministre doit
avoir un plan, à savoir non seulement comment on va serrer la vis aux agences,
mais comment on va améliorer les conditions de travail pour s'assurer que ces
gens-là ont un intérêt à revenir dans le réseau public.
Parce que sinon, parce que sinon, ce qui
peut se passer, ce qui risque de se passer, là, c'est qu'il y a des gens qui
vont prendre leur retraite, il y a des gens qui vont se tourner vers le secteur
privé, il y a des gens qui vont changer de carrière, complètement changer de
carrière. Et, en même temps, le seul autre recours qu'ils auront, au cours des
prochaines années, ce seront les hôpitaux privés du gouvernement de la CAQ.
Alors, si le gouvernement est en train d'essayer de s'assurer de pouvoir
embaucher dans ses hôpitaux privés, c'est peut-être la chose à faire, mais,
pour nous, d'améliorer les conditions de travail, c'est la chose numéro un à
faire.
M. Robillard (Alexandre) : Ça
coûterait combien, améliorer les conditions de travail pour les infirmières,
selon vous?
M. Fortin :Bien, ça dépend, je ne suis pas dans le détail des
négociations, là, qui ont lieu présentement, mais je vais vous dire une chose :
Il y a des étapes qui peuvent être prises rapidement. La question des ratios, c'en
est une. On continue de demander au gouvernement de s'engager en faveur de ces
ratios-là, qui ont été étudiés, qui ont été positifs pour les patients, pour
les professionnels, pour la sécurité des soins et qui peuvent être mis de l'avant,
à terme, dans le réseau de la santé. L'autre chose, c'est qu'en ce moment les
infirmières québécoises, dans le réseau public, sont les moins bien payées au
Canada. Ce n'est pas de quoi être fier, ça.
M. Robillard (Alexandre) : Là,
mais vous dites… les hôpitaux privés. Ça ne serait pas une bonne solution, ou
est-ce que...
M. Fortin :Si le gouvernement veut simplement prendre des infirmières
d'agences privées puis les envoyer dans ses hôpitaux privés, là, c'est loin d'être
la solution. Pour nous, en ce moment, là, il y a un recours démesuré aux
agences. C'est clair, que ce soit pour les infirmières, les préposés, les
gardes de sécurité, l'entièreté des corps de métier, dont on a vu une
augmentation drastique au fil des dernières années, mais ce que le gouvernement
doit nous dire, c'est le plan pour ramener ces gens-là vers le réseau public.
Parce qu'aujourd'hui c'est là qu'on a besoin de ces gens-là.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
la place du privé, c'est quoi, selon vous? Puis je veux vous entendre
là-dessus, mais je vous pose la question parce qu'il y a exactement 44 minutes,
là, Jean Charest s'est exprimé, là, sur les réseaux sociaux. Sur l'offre du
fédéral, il dit : «Même si l'offre du fédéral acceptée par les provinces
est un pas dans la bonne direction, ça ne règle pas les problèmes à long terme.
Il est temps d'envisager un rôle accru du privé tout en assurant l'accès à un
système de santé universel.» Donc, ma question, c'est dans ce sens-là. Donc, la
place du privé, vous, est-ce que vous êtes du côté de la CAQ puis de M.
Charest?
M. Fortin :Bien, à court terme, je vous dirais, là, il y a une
utilisation qui doit être faite, entre autres des CMS, entre autres des cliniques
qui peuvent décharger certaines des chirurgies. Nous, si on veut utiliser le
réseau privé, en ce moment, là, ça, c'est l'avenue à faire à court terme. Le
réseau public est incapable, de toute évidence, parce que le ministre n'a
toujours pas de plan pour le faire, de réduire le nombre de chirurgies hors
délai. L'utilisation de cliniques privées pour faire ces chirurgies-là, en ce
moment, pour nous, c'est la meilleure utilisation du privé qu'on peut faire, et
c'est pour ça que c'est incompréhensible que le ministre et son ministère
refusent d'octroyer un permis à une clinique à Saint-Jérôme, alors qu'elle peut
décharger le réseau public.
M. Robillard (Alexandre) : Avez-vous
l'impression que M. Charest appuie, finalement, le plan de M. Dubé à cet égard-là?
M. Fortin :Je vous avoue, là, vous l'avez dit, là, c'est sorti il y a
44 minutes, là, je n'ai pas vu le détail de ce qu'il dit. Mais, pour nous,
aujourd'hui, s'il y a une utilisation du privé à faire, c'est à travers des
cliniques comme celles-là pour faire un rattrapage au niveau des chirurgies, parce
qu'en ce moment il y a des Québécois qui attendent beaucoup, beaucoup, beaucoup
trop longtemps.
M. Gagnon (Marc-André) : Êtes-vous
d'accord avec M. Charest quand il dit qu'une partie de la solution ça réside
dans un plus grand rôle du secteur privé?
M. Fortin :Bien, je pense, à court terme, il y a utilisation à faire
de ces cliniques-là qui peuvent décharger le réseau de toutes ces chirurgies
qu'elles sont incapables de faire, mais, si vous me demandez d'appuyer le plan
de la Coalition avenir Québec de créer des hôpitaux privés, alors qu'il y a des
hôpitaux comme Maisonneuve-Rosemont qui sont en train de tomber en ruine, alors
qu'il y a des hôpitaux, partout au Québec, qui ont besoin d'investissements
publics importants, moi, je vais toujours vous dire que, pour une question...
pour une somme monétaire X, ces investissements-là devraient avoir lieu dans
nos hôpitaux publics.
M. Bergeron (Patrice) : M.
Fortin, le fédéral a dit non, donc, aux demandes du Québec en santé. M. Legault
n'arrête pas de dire, de rappeler que vous avez conseillé Justin Trudeau.
Est-ce que c'était la bonne chose à faire pour vous? Puis est-ce que c'est
vraiment un ami du Québec, M. Trudeau, actuellement, là?
M. Fortin :Bien, je pense que la pire chose qui est arrivée au Québec,
au cours de la dernière semaine, c'est que le premier ministre Legault s'est
fait rouler dans la farine. Bien honnêtement, on avait un premier ministre qui,
à la sortie de sa rencontre avec le premier ministre fédéral, a simplement
accepté. Et parce qu'il était, selon lui, là, fatigué, il avait eu une longue
journée, mais le rôle premier du premier ministre du Québec, c'est de défendre
les intérêts des Québécois et des Québécoises.
Le gouvernement fédéral va toujours
vouloir, dans un principe de négociation, arriver avec une première offre, mais
tout le monde est sorti de là surpris que les provinces acceptent l'offre. Le
premier rôle du premier ministre du Québec, là, c'était de créer des liens, de
s'assurer que l'alliance canadienne, l'alliance des premiers ministres
provinciaux, elle était forte, puis il n'y avait pas de brèche dedans. C'est ce
que lui-même a dit au sortir de cette rencontre-là, mardi dernier, et c'est ce
qu'il a clairement échoué à faire.
M. Bergeron (Patrice) : Mais
je vous ramène à ce qu'on vous reproche, c'est-à-dire qu'on dit : Bien,
vous avez vous-même aidé M. Trudeau. Est-ce que ce n'est pas une tache à votre
dossier de défendre les intérêts du Québec?
M. Fortin :
Honnêtement, là, M. Legault, il va se servir de ça à chaque fois qu'il va avoir
une défaite avec le gouvernement fédéral puis, quand il va avoir un gain, il
n'en parlera pas. Alors, bien honnêtement, ça me semble une ligne de défense
bien mince. Celui qui était autour de la table, la semaine dernière, là,
c'était le premier ministre Legault, celui qui s'est fait rouler dans la
farine, c'est le premier ministre Legault, celui qui a accepté une offre à
rabais, c'est le premier ministre Legault.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que vous, vous auriez un meilleur un rapport de force avec Justin Trudeau,
concernant votre relation avec lui, si vous étiez autour de la table?
M. Fortin :Bien, il y a une chose qui est claire, c'est que le premier
ministre, en ce moment, là, il a échoué à former des alliances avec les autres
premiers ministres du Canada. La force du Conseil de la fédération, depuis Jean
Charest, ça résidait, justement, dans cette capacité-là à faire une alliance, à
faire un front commun. Alors, quand le premier ministre du Québec nous dit :
Il faut que le front commun reste uni, il se met ce poids-là sur ses épaules.
J'espère que n'importe quelle autre
personne, qui peut aspirer au titre de premier ministre, comprend que le rôle
que le premier ministre Legault aurait dû jouer, ça aurait été de former des
alliances. Sa soi-disant amitié avec Doug Ford, là, ne lui a servi absolument à
rien cette semaine. Doug Ford a largué François Legault à la première opportunité,
les premiers ministres des autres provinces ont fait le même choix. On a un
devoir, comme Québécois, comme gouvernement du Québec, de s'assurer qu'on est
capables, lorsqu'on a des intérêts communs avec les autres provinces, de
s'allier avec eux. C'est ce à quoi on a échoué cette semaine.
M. Bergeron (Patrice) : Un
premier ministre Fortin aurait fait mieux?
M. Fortin :
On n'est pas là…
M. Robillard (Alexandre) : M.
Legault dit que le fédéralisme est toujours payant parce que le Québec reçoit
10 milliards de plus que ce qu'il envoie financièrement, là, à Ottawa,
donc malgré le résultat des négociations sur le financement de la santé. Est-ce
que vous êtes d'accord avec M. Legault là-dessus?
M. Fortin :Bien, il y a des semaines où le fédéralisme est plus payant
que d'autres. La semaine dernière, c'était une semaine où le fédéralisme n'a
pas été payant. Le gouvernement du Québec, le gouvernement de la CAQ, a accepté
une entente avec le fédéral pour un sixième de ses demandes. Alors, la semaine
dernière, là, la semaine dernière, le gouvernement du Québec a accepté que le
fédéralisme ne soit pas payant.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
donc, vous, vous dites quand même que le fédéralisme, ce n'est pas toujours
payant, là?
M. Fortin :Bien, de façon générale, je pense qu'il y a beaucoup
d'avantages au fédéralisme. Quand on accepte une entente à rabais comme
celle-là, sans se battre, sans même avoir la moindre énergie, sans même donner
l'impression qu'on est prêts à aller plus loin, sans même tenter de former des
alliances avec les autres premiers ministres, de toute évidence, là, ça ne
porte pas ses fruits.
M. Gagnon (Marc-André) : À
l'intérieur même de la CAQ... Je ne sais pas si vous avez lu Rémi Nadeau, samedi
dernier, là, mais, au caucus, il semble que, même s'ils sont 90, là, il n'y a
personne… Tu sais, ça n'a pas rué dans les brancards pour dénoncer l'offre du
fédéral, semble-t-il que personne ne s'est levé. Qu'est-ce que ça dit du
nationalisme de la CAQ?
M. Fortin :Le nationalisme de la CAQ me semble fatigué. Le premier
ministre lui-même a dit qu'il était fatigué, la semaine dernière, qu'il n'avait
peut-être pas l'énergie pour se battre à ce moment-là. J'ai trouvé que le
nationalisme aussi m'apparaissait plutôt fatigué, là. La job numéro un du
premier ministre du Québec, c'est d'aller se battre pour être capable d'avoir
les moyens de donner des services aux Québécois.
Là, on parle de gens qui sont malades, de
gens qui attendent pour des soins de santé mentale, de gens qui attendent pour
des soins en toxicomanie, de gens qui attendent pour des services dans le Nord-du-Québec,
auxquels ils devraient avoir droit, des gens qui sont sur des listes d'attente
de chirurgies à n'en plus finir. Et le premier ministre Legault a simplement
abdiqué, a simplement renoncé à vraiment se battre. J'ai de la misère à croire
ça. Là, on est engagés pour une entente de 10 ans, alors, pendant
10 ans, on n'aura pas les sommes nécessaires. Et le premier ministre dit
qu'il va donner tous les soins de santé nécessaires aux Québécois. J'ai hâte de
voir où il va couper pour le faire.
M. Denis (Maxime) : Sur le
chemin Roxham, qu'est-ce que vous comprenez de la ministre Fréchette? Une
journée, on ferme le chemin, une autre journée, on ne le ferme pas, on l'ouvre
d'une autre façon, on prend des autobus, tout d'un coup, mais ce n'est pas
nouveau. Qu'est-ce qu'on comprend dans cette gestion-là?
M. Fortin :Je comprends que le gouvernement change d'idée comme il
change de chemise, là. On dirait qu'à chaque jour il y a une version
différente, que ça vienne de la ministre de l'Immigration, que ça vienne du
premier ministre, ou d'autres. Cependant, ce matin, moi, il y a une chose qui
est venue me chercher, c'est le gouvernement fédéral ne semble pas considérer
le critère de la langue dans son choix d'endroit où les demandeurs d'asile vont
terminer leur déplacement. Il me semble que le moindre auquel on peut
s'attendre, c'est que ce soit un des critères que des demandeurs d'asile
francophones soient priorisés pour le Québec plutôt que de les envoyer à
Niagara Falls.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
qui décide ça, selon vous? Est-ce que c'est les demandeurs d'asile eux-mêmes
qui veulent quitter, ou si c'est les autorités fédérales ou le gouvernement du
Québec?
M. Fortin :Ce que j'ai compris, c'est que ce n'était pas un critère
dans l'analyse du gouvernement fédéral, à savoir où ces gens-là seraient
déplacés. Il me semble que ça devrait être important. C'est une des demandes du
gouvernement du Québec d'avoir des immigrants plus francophones, d'avoir plus
d'immigrants francophones. Alors, il me semble que, quand...
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
qu'on devrait forcer les demandeurs d'asile qui parlent français à rester au
Québec?
M. Fortin :Bien, moi, je comprends qu'il y en a, des francophones, là,
qui voulaient être au Québec, qui n'ont pas nécessairement eu cette
opportunité-là, alors qu'il y a peut-être des demandeurs d'asile, qui ont
d'autres langues maternelles, d'autres langues qu'ils connaissent bien, qui,
eux, se retrouvent au Québec. Alors, dans les critères du gouvernement fédéral,
quand il choisit où envoyer les demandeurs d'asile, il me semble que c'est une
des choses qu'on devrait considérer.
M. Gagnon (Marc-André) : Saint-Henri-Saint-Anne,
j'aimerais vous entendre sur la sortie que le candidat de la CAQ a faite, parce
qu'il est tanné de se faire agacer parce qu'il est de petite taille. Qu'est-ce
que ça dit sur ce qu'on voit sur les réseaux sociaux, entre autres?
M. Fortin :N'importe quelle attaque envers un candidat, ou n'importe
qui, là, sur sa taille physique, c'est complètement déplacé. Alors, je peux
comprendre quelqu'un qui fait une sortie comme celle-là.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Sur les agences de santé privées, vous avez parlé, si j'ai bien compris,
qu'il faut améliorer les conditions proposées, les ratios. Vous vous attendez à
un plan comme ça avec le projet de loi sur l'abolition des agences privées?
M. Fortin :Moi, ce que je veux voir, aujourd'hui, de la part du
ministre de la Santé, là, c'est son analyse, à savoir combien de monde on va
être capables de ramener dans le réseau public, combien de monde vont choisir
de prendre leur retraite, combien de monde vont se chercher un autre emploi
dans le privé, combien de monde vont abandonner la profession. Il y a beaucoup
d'effets à resserrer la vis des agences privées.
Il faut le faire, mais il faut connaître
les conséquences de ça et savoir comment améliorer les conditions de travail
dans le réseau public pour qu'un maximum d'entre elles choisissent de rester… de
revenir au réseau public. Elles ont toutes quitté pour une raison, que ce soient
les conditions salariales, que ce soit la question des horaires, que ce soit la
question de la conciliation travail-famille, mais ça prend un plan pour savoir
comment on va ramener ces gens-là, quelles conditions de travail on va leur
donner pour qu'elles reviennent. Nous, on en a fait, quelques propositions en
ce sens-là, mais je veux savoir c'est quoi...
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
...trop tôt, est-ce que c'est un peu ça? Vous dites : Est-ce qu'on
abolit trop tôt les agences privées, parce qu'on n'a pas encore de plan pour leur
proposer quelque chose d'attirant?
M. Fortin :Bien, je vais attendre de voir les détails du projet de loi.
Moi, je n'ai pas nécessairement compris qu'on abolissait à travers ce projet de
loi là. Alors, il faudra voir les détails du projet de loi, mais il me semble
que, si, demain matin, on veut qu'une infirmière, qu'une préposée revienne dans
le réseau de la santé, il faut lui dire qu'elle va être respectée, qu'elle va
être traitée comme du monde, qu'elle va avoir des meilleures conditions de travail.
Puis, quand on voit le ministre de la Santé qui dit qu'il cautionne le fait
qu'un tiers... qu'une infirmière va travailler une fin de semaine sur trois, en
Mauricie–Centre-du-Québec, peu importe son travail actuel, quand on voit le
ministre de la Santé qui accepte de diminuer les conditions de rémunération des
infirmières bachelières, je pense qu'on est en train de leur envoyer un bien
mauvais signal.
Alors, il me semble que la chose à faire,
c'est de dire : Voici comment on va augmenter… améliorer les conditions de
travail, et en espérant que ça amène des gens dans le réseau, mais, si on ne
fait qu'au net diminuer les conditions de travail des infirmières, je ne suis
pas sûr que c'est un gain pour notre réseau public.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Mais, en même temps, on ne peut pas leur faire accroire qu'il n'y aura pas
de fin de semaine à faire, qu'il n'y aura pas de nuit à faire, qu'il n'y aura
pas d'urgence à faire.
M. Fortin :Non, mais ça prend des propositions claires sur comment on
va améliorer les conditions de travail. C'est le bout qui manque au ministre de
la Santé en ce moment.
Mme O'Malley (Olivia) :On Roxham Road, what do you think of the strategy of,
you know, accepting these people, but then ushering them to other provinces? Do
you think it's going to work?
M. Fortin : Well, I think, it's a realization that the Québec can't be the only one to accept people coming from Roxham Road,
but, at the same time, what really surprised me today was the fact that the federal Government doesn't seem to consider
language as one of their criteria. They are sending francophones to Niagara
Falls, where it's probably very
difficult to have an easy integration of these newcomers, and sending people
without French language skills in Québec. I think it has to be considered as a way to better integrate,
better facilitate their arrival in various parts of the country.
Mme O'Malley (Olivia) : And, when it comes to the private agencies bill being tabled today,
what will it take, in that bill, for you, to support it?
M. Fortin : We'll have to see the details. I think everybody wants and
everybody knows it's important
to change the tendency. I mean, you've seen the grass like I have, the Government is becoming more and more reliant
on agencies, and that comes at a massive cost to the province of Québec and to our public finances. But, at
the same time, you can't just reduce the working conditions of nurses.
We have to find ways of
improving the working conditions in our public sector so that these nurses,
these orderlies are interested by coming back to our public health care sector.
If not, they are warning us today as to what's going to happen. Some of them
will retire, some of them will look for new professions, some of them will try
to continue to work in the private field.
So, it's on the Minister,
right now, at the time where he is going to restrict the agencies, to say how
he plans to improve the working conditions and bring these people back to our
public health care network.
Mme O'Malley (Olivia) : And, when it comes to anglophones CEGEPs, they say they still aren't
able to access the database for students who are eligible to study in English
before the March 1st deadline, what do you think this says about... or what do
you think this is a sign of when it comes to Bill 96?
M. Fortin : Well, I think, one of the things that we argued in Bill 96 was to
have a proper phasing in time of the bill. The Government was not interested in that proposition at the time, and obviously
we see some of the consequences of that.
Mme Henriquez
(Gloria) : On the private health agencies,
what is a good start, then, in order to improve those working conditions? Is it
now that we are going into negotiations, going full throttle with those
contracts in negotiation? What's the start?
M. Fortin : Well, the Government has to send a clear signal. At a time where you will restrict
agencies, which is a good thing, it needs to happen, it's costing us a fortune…
but you have to tell those nurses, who are currently employed by agencies and
who you're trying to bring back to the health care network. You have to send
them a signal. And we made some propositions on that end, better working
conditions, to improve the ratios, which we have tested everywhere, and better
salary conditions. We, right now, in Québec, we are the province that offers
the lowest salary for nurses. If we're trying to attract nurses, not only to
come back from agencies, but to be less interested in going to work in Ontario,
to be less interested in going to work in other provinces, that's something we
have to change in this province. Merci.
(Fin à 9 h 16)