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Point de presse de M. André Fortin, porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, et M. André Albert Morin, porte-parole de l’opposition officielle responsable de la région du Nord-du-Québec

Version finale

Wednesday, February 15, 2023, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante-deux minutes)

M. Fortin :Bonjour. Merci, comme toujours, d'être ici. On voulait vous parler de santé, ce matin, parce qu'on repensait à la dernière semaine, là, puis honnêtement je trouve qu'il n'y a rien de rassurant dans ce qu'on entend par rapport aux soins de santé qui sont donnés, aux soins de santé qui pourront être donnés aux Québécois puis, disons, à l'ambiance générale dans le réseau.

Juste au cours de la dernière semaine, là, le ministère a forcé des infirmières de la Mauricie–Centre-du-Québec, toutes les infirmières de la région, à faire une fin de semaine sur trois dans des secteurs qui ne sont pas nécessairement les leurs, potentiellement en ayant de la découverture dans certains autres services donnés en semaine. Je comprends la frustration des infirmières de la région.

Juste dans la dernière semaine, le ministre de la Santé a cautionné le fait que, maintenant, les infirmières bachelières, les infirmières en maîtrise vont commencer à l'échelon zéro, c'est-à-dire une réduction de leur salaire d'entrée de 20 000 $. Juste dans la dernière semaine, le ministre de la Santé a avoué qu'il n'avait toujours pas de plan pour le rattrapage des chirurgies oncologiques et a remis la faute sur les médecins spécialistes. Juste dans la dernière semaine, le gouvernement a signé une entente où il se privera de 5 milliards de dollars pour le réseau de la santé. Juste dans la dernière semaine, on a appris que le ministère de la Santé lui-même refusait d'octroyer un permis pour un CMS à Saint-Jérôme où on pourrait améliorer ou augmenter la capacité du réseau à reprendre des chirurgies.

Et là, aujourd'hui, le ministre nous arrive avec un projet de loi qui, selon lui, là, peut régler une grande partie de l'enjeu, mais qui, déjà, soulève des questions auprès des professionnels de la santé qui se disent : Un instant, je ne suis pas certain, ne comptez pas nécessairement sur mon retour vers le secteur public, il y a des raisons pour lesquelles j'ai quitté.

Alors, le ministre de la Santé, là, il doit comprendre que la situation, elle est urgente, qu'il y a des gens qui n'ont pas accès aux soins, mais il doit surtout comprendre qu'on n'attire pas les professionnels vers un réseau public, là, en diminuant les conditions de travail, qu'on attire les professionnels vers le réseau public en améliorant leurs conditions de travail. Et, nous, c'est ce qu'on voudra voir aujourd'hui, en marge de la présentation du projet de loi du ministre, c'est non seulement ce qu'il y a dans le projet de loi, non seulement comment il a mesuré les impacts de son projet de loi, mais comment il va faire pour améliorer les conditions de travail des infirmières, des professionnels de la santé de façon générale.

Je vais passer la parole à mon collègue qui veut vous entretenir, pendant quelques instants, sur la situation spécifique des soins de santé et des conditions dans le Nord-du-Québec.

M. Morin : Merci. Bonjour. Merci d'être là. On parle beaucoup de santé dans le Sud, mais moi, j'aimerais attirer votre attention sur la santé dans le Nord, dans le Nunavik. Vous l'avez probablement lu, il y a eu plusieurs articles qui ont été publiés dans la presse cette semaine. J'ai posé des questions au gouvernement là-dessus, mais il faut savoir que la santé des gens au Nunavik est vraiment avec un système qui est totalement, totalement déficient, et c'est excessivement difficile.

Je vous donne un chiffre. Si vous avez un accident avec un trauma, au Nunavik, vous allez avoir 40 fois plus de chances de mourir que si vous êtes dans le Sud. C'est comme s'il y avait deux mondes, c'est comme si les citoyens du Nunavik étaient des citoyens de second ordre, et ça, je ne peux pas l'accepter. Et il y a d'autres exemples de gens qui ont subi des traumatismes, que ce soit parfois un traumatisme crânien, et qui sont morts parce qu'ils n'ont pas pu être amenés vers les hôpitaux du Sud à temps. Il y avait également des reportages de médecins qui soignent les gens qui souffrent de traumatismes, dans le Sud, et qui voient des gens arriver du Nunavik, et malheureusement, souvent, c'est trop tard. Parce que, vous le savez, quand vous avez un accident avec un traumatisme, la première heure est vraiment importante, puis les heures après. Donc, plus vite vous allez être capable d'intervenir, plus vite vous allez être capable d'avoir des soins, plus vite vous allez avoir des chances d'être non seulement soigné, mais de survivre, ce qui n'est quand même pas banal, ce qui n'arriverait pas dans le sud du Québec.

Et là je vous parle, évidemment, des accidents, des cas les plus graves, mais, si vous avez, par exemple, besoin de chirurgies, si vous avez besoin d'examens, bien, il y a toujours des délais. Et, vous le savez, une des façons, évidemment, de régler ou d'aider à ces questions-là, c'est de relier le Grand Nord avec des systèmes de télémédecine. Et, là encore, il y a trop de délais, c'est trop long, ce qui fait qu'il y a des gens qui ne sont pas soignés ou qui sont mal soignés, qui n'ont pas l'attention voulue à cause de la situation. Et ça, je pense que c'est inacceptable dans le Québec d'aujourd'hui.

M. Denis (Maxime) : M. Fortin, est-ce que vous ne trouvez pas ça inquiétant de voir le sondage, ce matin, de l'association des entreprises privées en santé, quand on voit que 80 % ne retournerait pas au public, 70 % changerait de carrière?

M. Fortin :Oui, bien, tout à fait. C'est préoccupant dans le sens où le ministre semble mettre beaucoup d'oeufs dans le même panier aujourd'hui avec son projet de loi. Ce sur quoi il faut surtout se pencher, c'est les raisons pour lesquelles ces gens-là ont choisi de quitter le réseau public. Et, à travers le sondage, là, on comprenait que c'était pour des meilleures conditions de travail, une meilleure conciliation travail-famille, des meilleures conditions salariales et un meilleur contrôle de son horaire. Alors, tant que le ministre de la Santé ne réglera pas ces enjeux-là, ne proposera pas quelque chose de différent à ces professionnels-là, bien, je peux comprendre leur réaction initiale.

Alors, oui, dans un monde idéal, là, tout le monde, tout le monde veut qu'on ait beaucoup moins recours aux agences qu'en ce moment. Tout le monde a vu les chiffres, des chiffres complètement démesurés de recours aux agences au cours des dernières années, mais le ministre doit avoir un plan, à savoir non seulement comment on va serrer la vis aux agences, mais comment on va améliorer les conditions de travail pour s'assurer que ces gens-là ont un intérêt à revenir dans le réseau public.

 Parce que sinon, parce que sinon, ce qui peut se passer, ce qui risque de se passer, là, c'est qu'il y a des gens qui vont prendre leur retraite, il y a des gens qui vont se tourner vers le secteur privé, il y a des gens qui vont changer de carrière, complètement changer de carrière. Et, en même temps, le seul autre recours qu'ils auront, au cours des prochaines années, ce seront les hôpitaux privés du gouvernement de la CAQ. Alors, si le gouvernement est en train d'essayer de s'assurer de pouvoir embaucher dans ses hôpitaux privés, c'est peut-être la chose à faire, mais, pour nous, d'améliorer les conditions de travail, c'est la chose numéro un à faire.

M. Robillard (Alexandre) : Ça coûterait combien, améliorer les conditions de travail pour les infirmières, selon vous?

M. Fortin :Bien, ça dépend, je ne suis pas dans le détail des négociations, là, qui ont lieu présentement, mais je vais vous dire une chose : Il y a des étapes qui peuvent être prises rapidement. La question des ratios, c'en est une. On continue de demander au gouvernement de s'engager en faveur de ces ratios-là, qui ont été étudiés, qui ont été positifs pour les patients, pour les professionnels, pour la sécurité des soins et qui peuvent être mis de l'avant, à terme, dans le réseau de la santé. L'autre chose, c'est qu'en ce moment les infirmières québécoises, dans le réseau public, sont les moins bien payées au Canada. Ce n'est pas de quoi être fier, ça.

M. Robillard (Alexandre) : Là, mais vous dites… les hôpitaux privés. Ça ne serait pas une bonne solution, ou est-ce que...

M. Fortin :Si le gouvernement veut simplement prendre des infirmières d'agences privées puis les envoyer dans ses hôpitaux privés, là, c'est loin d'être la solution. Pour nous, en ce moment, là, il y a un recours démesuré aux agences. C'est clair, que ce soit pour les infirmières, les préposés, les gardes de sécurité, l'entièreté des corps de métier, dont on a vu une augmentation drastique au fil des dernières années, mais ce que le gouvernement doit nous dire, c'est le plan pour ramener ces gens-là vers le réseau public. Parce qu'aujourd'hui c'est là qu'on a besoin de ces gens-là.

M. Robillard (Alexandre) : Mais la place du privé, c'est quoi, selon vous? Puis je veux vous entendre là-dessus, mais je vous pose la question parce qu'il y a exactement 44 minutes, là, Jean Charest s'est exprimé, là, sur les réseaux sociaux. Sur l'offre du fédéral, il dit : «Même si l'offre du fédéral acceptée par les provinces est un pas dans la bonne direction, ça ne règle pas les problèmes à long terme. Il est temps d'envisager un rôle accru du privé tout en assurant l'accès à un système de santé universel.» Donc, ma question, c'est dans ce sens-là. Donc, la place du privé, vous, est-ce que vous êtes du côté de la CAQ puis de M. Charest?

M. Fortin :Bien, à court terme, je vous dirais, là, il y a une utilisation qui doit être faite, entre autres des CMS, entre autres des cliniques qui peuvent décharger certaines des chirurgies. Nous, si on veut utiliser le réseau privé, en ce moment, là, ça, c'est l'avenue à faire à court terme. Le réseau public est incapable, de toute évidence, parce que le ministre n'a toujours pas de plan pour le faire, de réduire le nombre de chirurgies hors délai. L'utilisation de cliniques privées pour faire ces chirurgies-là, en ce moment, pour nous, c'est la meilleure utilisation du privé qu'on peut faire, et c'est pour ça que c'est incompréhensible que le ministre et son ministère refusent d'octroyer un permis à une clinique à Saint-Jérôme, alors qu'elle peut décharger le réseau public.

M. Robillard (Alexandre) : Avez-vous l'impression que M. Charest appuie, finalement, le plan de M. Dubé à cet égard-là?

M. Fortin :Je vous avoue, là, vous l'avez dit, là, c'est sorti il y a 44 minutes, là, je n'ai pas vu le détail de ce qu'il dit. Mais, pour nous, aujourd'hui, s'il y a une utilisation du privé à faire, c'est à travers des cliniques comme celles-là pour faire un rattrapage au niveau des chirurgies, parce qu'en ce moment il y a des Québécois qui attendent beaucoup, beaucoup, beaucoup trop longtemps.

M. Gagnon (Marc-André) : Êtes-vous d'accord avec M. Charest quand il dit qu'une partie de la solution ça réside dans un plus grand rôle du secteur privé?

M. Fortin :Bien, je pense, à court terme, il y a utilisation à faire de ces cliniques-là qui peuvent décharger le réseau de toutes ces chirurgies qu'elles sont incapables de faire, mais, si vous me demandez d'appuyer le plan de la Coalition avenir Québec de créer des hôpitaux privés, alors qu'il y a des hôpitaux comme Maisonneuve-Rosemont qui sont en train de tomber en ruine, alors qu'il y a des hôpitaux, partout au Québec, qui ont besoin d'investissements publics importants, moi, je vais toujours vous dire que, pour une question... pour une somme monétaire X, ces investissements-là devraient avoir lieu dans nos hôpitaux publics.

M. Bergeron (Patrice) : M. Fortin, le fédéral a dit non, donc, aux demandes du Québec en santé. M. Legault n'arrête pas de dire, de rappeler que vous avez conseillé Justin Trudeau. Est-ce que c'était la bonne chose à faire pour vous? Puis est-ce que c'est vraiment un ami du Québec, M. Trudeau, actuellement, là?

M. Fortin :Bien, je pense que la pire chose qui est arrivée au Québec, au cours de la dernière semaine, c'est que le premier ministre Legault s'est fait rouler dans la farine. Bien honnêtement, on avait un premier ministre qui, à la sortie de sa rencontre avec le premier ministre fédéral, a simplement accepté. Et parce qu'il était, selon lui, là, fatigué, il avait eu une longue journée, mais le rôle premier du premier ministre du Québec, c'est de défendre les intérêts des Québécois et des Québécoises.

Le gouvernement fédéral va toujours vouloir, dans un principe de négociation, arriver avec une première offre, mais tout le monde est sorti de là surpris que les provinces acceptent l'offre. Le premier rôle du premier ministre du Québec, là, c'était de créer des liens, de s'assurer que l'alliance canadienne, l'alliance des premiers ministres provinciaux, elle était forte, puis il n'y avait pas de brèche dedans. C'est ce que lui-même a dit au sortir de cette rencontre-là, mardi dernier, et c'est ce qu'il a clairement échoué à faire.

M. Bergeron (Patrice) : Mais je vous ramène à ce qu'on vous reproche, c'est-à-dire qu'on dit : Bien, vous avez vous-même aidé M. Trudeau. Est-ce que ce n'est pas une tache à votre dossier de défendre les intérêts du Québec?

M. Fortin : Honnêtement, là, M. Legault, il va se servir de ça à chaque fois qu'il va avoir une défaite avec le gouvernement fédéral puis, quand il va avoir un gain, il n'en parlera pas. Alors, bien honnêtement, ça me semble une ligne de défense bien mince. Celui qui était autour de la table, la semaine dernière, là, c'était le premier ministre Legault, celui qui s'est fait rouler dans la farine, c'est le premier ministre Legault, celui qui a accepté une offre à rabais, c'est le premier ministre Legault.

M. Laberge (Thomas) : Est-ce que vous, vous auriez un meilleur un rapport de force avec Justin Trudeau, concernant votre relation avec lui, si vous étiez autour de la table?

M. Fortin :Bien, il y a une chose qui est claire, c'est que le premier ministre, en ce moment, là, il a échoué à former des alliances avec les autres premiers ministres du Canada. La force du Conseil de la fédération, depuis Jean Charest, ça résidait, justement, dans cette capacité-là à faire une alliance, à faire un front commun. Alors, quand le premier ministre du Québec nous dit : Il faut que le front commun reste uni, il se met ce poids-là sur ses épaules.

J'espère que n'importe quelle autre personne, qui peut aspirer au titre de premier ministre, comprend que le rôle que le premier ministre Legault aurait dû jouer, ça aurait été de former des alliances. Sa soi-disant amitié avec Doug Ford, là, ne lui a servi absolument à rien cette semaine. Doug Ford a largué François Legault à la première opportunité, les premiers ministres des autres provinces ont fait le même choix. On a un devoir, comme Québécois, comme gouvernement du Québec, de s'assurer qu'on est capables, lorsqu'on a des intérêts communs avec les autres provinces, de s'allier avec eux. C'est ce à quoi on a échoué cette semaine.

M. Bergeron (Patrice) : Un premier ministre Fortin aurait fait mieux?

M. Fortin : On n'est pas là…

M. Robillard (Alexandre) : M. Legault dit que le fédéralisme est toujours payant parce que le Québec reçoit 10 milliards de plus que ce qu'il envoie financièrement, là, à Ottawa, donc malgré le résultat des négociations sur le financement de la santé. Est-ce que vous êtes d'accord avec M. Legault là-dessus?

M. Fortin :Bien, il y a des semaines où le fédéralisme est plus payant que d'autres. La semaine dernière, c'était une semaine où le fédéralisme n'a pas été payant. Le gouvernement du Québec, le gouvernement de la CAQ, a accepté une entente avec le fédéral pour un sixième de ses demandes. Alors, la semaine dernière, là, la semaine dernière, le gouvernement du Québec a accepté que le fédéralisme ne soit pas payant.

M. Robillard (Alexandre) : Mais donc, vous, vous dites quand même que le fédéralisme, ce n'est pas toujours payant, là?

M. Fortin :Bien, de façon générale, je pense qu'il y a beaucoup d'avantages au fédéralisme. Quand on accepte une entente à rabais comme celle-là, sans se battre, sans même avoir la moindre énergie, sans même donner l'impression qu'on est prêts à aller plus loin, sans même tenter de former des alliances avec les autres premiers ministres, de toute évidence, là, ça ne porte pas ses fruits.

M. Gagnon (Marc-André) : À l'intérieur même de la CAQ... Je ne sais pas si vous avez lu Rémi Nadeau, samedi dernier, là, mais, au caucus, il semble que, même s'ils sont 90, là, il n'y a personne… Tu sais, ça n'a pas rué dans les brancards pour dénoncer l'offre du fédéral, semble-t-il que personne ne s'est levé. Qu'est-ce que ça dit du nationalisme de la CAQ?

M. Fortin :Le nationalisme de la CAQ me semble fatigué. Le premier ministre lui-même a dit qu'il était fatigué, la semaine dernière, qu'il n'avait peut-être pas l'énergie pour se battre à ce moment-là. J'ai trouvé que le nationalisme aussi m'apparaissait plutôt fatigué, là. La job numéro un du premier ministre du Québec, c'est d'aller se battre pour être capable d'avoir les moyens de donner des services aux Québécois.

Là, on parle de gens qui sont malades, de gens qui attendent pour des soins de santé mentale, de gens qui attendent pour des soins en toxicomanie, de gens qui attendent pour des services dans le Nord-du-Québec, auxquels ils devraient avoir droit, des gens qui sont sur des listes d'attente de chirurgies à n'en plus finir. Et le premier ministre Legault a simplement abdiqué, a simplement renoncé à vraiment se battre. J'ai de la misère à croire ça. Là, on est engagés pour une entente de 10 ans, alors, pendant 10 ans, on n'aura pas les sommes nécessaires. Et le premier ministre dit qu'il va donner tous les soins de santé nécessaires aux Québécois. J'ai hâte de voir où il va couper pour le faire.

M. Denis (Maxime) : Sur le chemin Roxham, qu'est-ce que vous comprenez de la ministre Fréchette? Une journée, on ferme le chemin, une autre journée, on ne le ferme pas, on l'ouvre d'une autre façon, on prend des autobus, tout d'un coup, mais ce n'est pas nouveau. Qu'est-ce qu'on comprend dans cette gestion-là?

M. Fortin :Je comprends que le gouvernement change d'idée comme il change de chemise, là. On dirait qu'à chaque jour il y a une version différente, que ça vienne de la ministre de l'Immigration, que ça vienne du premier ministre, ou d'autres. Cependant, ce matin, moi, il y a une chose qui est venue me chercher, c'est le gouvernement fédéral ne semble pas considérer le critère de la langue dans son choix d'endroit où les demandeurs d'asile vont terminer leur déplacement. Il me semble que le moindre auquel on peut s'attendre, c'est que ce soit un des critères que des demandeurs d'asile francophones soient priorisés pour le Québec plutôt que de les envoyer à Niagara Falls.

M. Robillard (Alexandre) : Mais qui décide ça, selon vous? Est-ce que c'est les demandeurs d'asile eux-mêmes qui veulent quitter, ou si c'est les autorités fédérales ou le gouvernement du Québec?

M. Fortin :Ce que j'ai compris, c'est que ce n'était pas un critère dans l'analyse du gouvernement fédéral, à savoir où ces gens-là seraient déplacés. Il me semble que ça devrait être important. C'est une des demandes du gouvernement du Québec d'avoir des immigrants plus francophones, d'avoir plus d'immigrants francophones. Alors, il me semble que, quand...

M. Robillard (Alexandre) : Est-ce qu'on devrait forcer les demandeurs d'asile qui parlent français à rester au Québec?

M. Fortin :Bien, moi, je comprends qu'il y en a, des francophones, là, qui voulaient être au Québec, qui n'ont pas nécessairement eu cette opportunité-là, alors qu'il y a peut-être des demandeurs d'asile, qui ont d'autres langues maternelles, d'autres langues qu'ils connaissent bien, qui, eux, se retrouvent au Québec. Alors, dans les critères du gouvernement fédéral, quand il choisit où envoyer les demandeurs d'asile, il me semble que c'est une des choses qu'on devrait considérer.

M. Gagnon (Marc-André) : Saint-Henri-Saint-Anne, j'aimerais vous entendre sur la sortie que le candidat de la CAQ a faite, parce qu'il est tanné de se faire agacer parce qu'il est de petite taille. Qu'est-ce que ça dit sur ce qu'on voit sur les réseaux sociaux, entre autres?

M. Fortin :N'importe quelle attaque envers un candidat, ou n'importe qui, là, sur sa taille physique, c'est complètement déplacé. Alors, je peux comprendre quelqu'un qui fait une sortie comme celle-là.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Sur les agences de santé privées, vous avez parlé, si j'ai bien compris, qu'il faut améliorer les conditions proposées, les ratios. Vous vous attendez à un plan comme ça avec le projet de loi sur l'abolition des agences privées?

M. Fortin :Moi, ce que je veux voir, aujourd'hui, de la part du ministre de la Santé, là, c'est son analyse, à savoir combien de monde on va être capables de ramener dans le réseau public, combien de monde vont choisir de prendre leur retraite, combien de monde vont se chercher un autre emploi dans le privé, combien de monde vont abandonner la profession. Il y a beaucoup d'effets à resserrer la vis des agences privées.

Il faut le faire, mais il faut connaître les conséquences de ça et savoir comment améliorer les conditions de travail dans le réseau public pour qu'un maximum d'entre elles choisissent de rester… de revenir au réseau public. Elles ont toutes quitté pour une raison, que ce soient les conditions salariales, que ce soit la question des horaires, que ce soit la question de la conciliation travail-famille, mais ça prend un plan pour savoir comment on va ramener ces gens-là, quelles conditions de travail on va leur donner pour qu'elles reviennent. Nous, on en a fait, quelques propositions en ce sens-là, mais je veux savoir c'est quoi...

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : ...trop tôt, est-ce que c'est un peu ça? Vous dites : Est-ce qu'on abolit trop tôt les agences privées, parce qu'on n'a pas encore de plan pour leur proposer quelque chose d'attirant?

M. Fortin :Bien, je vais attendre de voir les détails du projet de loi. Moi, je n'ai pas nécessairement compris qu'on abolissait à travers ce projet de loi là. Alors, il faudra voir les détails du projet de loi, mais il me semble que, si, demain matin, on veut qu'une infirmière, qu'une préposée revienne dans le réseau de la santé, il faut lui dire qu'elle va être respectée, qu'elle va être traitée comme du monde, qu'elle va avoir des meilleures conditions de travail. Puis, quand on voit le ministre de la Santé qui dit qu'il cautionne le fait qu'un tiers... qu'une infirmière va travailler une fin de semaine sur trois, en Mauricie–Centre-du-Québec, peu importe son travail actuel, quand on voit le ministre de la Santé qui accepte de diminuer les conditions de rémunération des infirmières bachelières, je pense qu'on est en train de leur envoyer un bien mauvais signal.

Alors, il me semble que la chose à faire, c'est de dire : Voici comment on va augmenter… améliorer les conditions de travail, et en espérant que ça amène des gens dans le réseau, mais, si on ne fait qu'au net diminuer les conditions de travail des infirmières, je ne suis pas sûr que c'est un gain pour notre réseau public.

Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) : Mais, en même temps, on ne peut pas leur faire accroire qu'il n'y aura pas de fin de semaine à faire, qu'il n'y aura pas de nuit à faire, qu'il n'y aura pas d'urgence à faire.

M. Fortin :Non, mais ça prend des propositions claires sur comment on va améliorer les conditions de travail. C'est le bout qui manque au ministre de la Santé en ce moment.

Mme O'Malley (Olivia) :On Roxham Road, what do you think of the strategy of, you know, accepting these people, but then ushering them to other provinces? Do you think it's going to work?

M. Fortin : Well, I think, it's a realization that the Québec can't be the only one to accept people coming from Roxham Road, but, at the same time, what really surprised me today was the fact that the federal Government doesn't seem to consider language as one of their criteria. They are sending francophones to Niagara Falls, where it's probably very difficult to have an easy integration of these newcomers, and sending people without French language skills in Québec. I think it has to be considered as a way to better integrate, better facilitate their arrival in various parts of the country.

Mme O'Malley (Olivia) : And, when it comes to the private agencies bill being tabled today, what will it take, in that bill, for you, to support it?

M. Fortin : We'll have to see the details. I think everybody wants and everybody knows it's important to change the tendency. I mean, you've seen the grass like I have, the Government is becoming more and more reliant on agencies, and that comes at a massive cost to the province of Québec and to our public finances. But, at the same time, you can't just reduce the working conditions of nurses.

We have to find ways of improving the working conditions in our public sector so that these nurses, these orderlies are interested by coming back to our public health care sector. If not, they are warning us today as to what's going to happen. Some of them will retire, some of them will look for new professions, some of them will try to continue to work in the private field.     

So, it's on the Minister, right now, at the time where he is going to restrict the agencies, to say how he plans to improve the working conditions and bring these people back to our public health care network. 

Mme O'Malley (Olivia) : And, when it comes to anglophones CEGEPs, they say they still aren't able to access the database for students who are eligible to study in English before the March 1st deadline, what do you think this says about... or what do you think this is a sign of when it comes to Bill 96?

M. Fortin : Well, I think, one of the things that we argued in Bill 96 was to have a proper phasing in time of the bill. The Government was not interested in that proposition at the time, and obviously we see some of the consequences of that.

Mme Henriquez (Gloria) : On the private health agencies, what is a good start, then, in order to improve those working conditions? Is it now that we are going into negotiations, going full throttle with those contracts in negotiation? What's the start?

M. Fortin : Well, the Government has to send a clear signal. At a time where you will restrict agencies, which is a good thing, it needs to happen, it's costing us a fortune… but you have to tell those nurses, who are currently employed by agencies and who you're trying to bring back to the health care network. You have to send them a signal. And we made some propositions on that end, better working conditions, to improve the ratios, which we have tested everywhere, and better salary conditions. We, right now, in Québec, we are the province that offers the lowest salary for nurses. If we're trying to attract nurses, not only to come back from agencies, but to be less interested in going to work in Ontario, to be less interested in going to work in other provinces, that's something we have to change in this province. Merci.

(Fin à 9 h 16)

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