(Huit heures cinquante et une minutes)
Le Modérateur : Bonjour et
bienvenue à ce point de presse du Parti québécois. Prendront la parole ce matin
Pascal Bérubé, député de Matane-Matapédia, Joël Arseneau, les Îles-de-la-Madeleine,
et notre porte-parole nationale du Parti québécois, Méganne Perry Mélançon.
M. Bérubé : Bonjour, tout le
monde. Je suis heureux d'être avec mes deux collègues pour vous parler de
sujets d'actualité. Mais il y en a un qui s'impose aujourd'hui, c'est la
rencontre entre le premier ministre canadien Justin Trudeau et le président
américain Joe Biden.
Résumé des épisodes précédents. Au début
de la session parlementaire, le Parti québécois est arrivé rapidement avec une
motion ne demandant rien de moins que la fermeture du chemin Roxham. Depuis ce
temps-là, l'ensemble des partis politiques se sont positionnés, ont réagi à
notre proposition. Rappelez-vous que le gouvernement avait voté contre une
motion du Parti québécois demandant la fermeture du chemin Roxham pour ensuite
se raviser, demander à sa ministre de venir dire que c'était souhaitable. D'autres
formations politiques avaient attaqué le Parti québécois, notamment certaines
qui disaient que ce n'était pas un problème, que ça soit irrégulier, qu'il n'y
avait aucune limite à la capacité d'accueil. Pourtant, il n'en est rien.
Je vous rappelle que cet enjeu, il est
fondamental. Le premier ministre a indiqué très clairement, preuves à l'appui,
qu'il comptait essentiellement sur la rencontre entre Justin Trudeau puis Joe
Biden pour régler l'affaire. Sa dernière ligne de défense, son dernier
argument, c'est qu'ils vont en parler et ils vont régler l'affaire. Mais, vous
savez, il y a une façon de le vérifier au cours des prochains jours. Les
questions seront posées au premier ministre Trudeau, au président Biden :
D'abord, est-ce que cela faisait partie de l'ordre du jour? Ensuite, est-ce qu'on
va le fermer?
Et, si ce n'est pas le cas, on revient
rapidement à une réalité très dure pour le Québec. D'abord, c'est une
démonstration que le Québec ne contrôle pas ses frontières, que l'immigration
irrégulière fait en sorte que, seulement l'année passée, 40 000 personnes
sont entrées de façon irrégulière au Québec, que notre capacité d'accueil est
largement dépassée. Qu'est-ce que ça veut dire pour le Québec? Bien, accueillir
dignement les gens, c'est les franciser, c'est les loger, c'est faire en sorte
que les groupes communautaires aient les ressources nécessaires — et
tout ça, on n'a pas ça présentement pour accueillir correctement les gens — c'est
la capacité de vivre ensemble, selon des critères qui sont ceux établis par l'immigration.
Nous n'avons aucune, aucune confirmation
que l'ensemble des personnes qui passent par le chemin Roxham sont
véritablement des demandeurs d'asile. Vous savez qu'il y a des réseaux de
passeurs qui sont liés au crime organisé, qui s'affichent, même parfois sur des
taxis, «Roxham border», en disant : Bien, écoutez, c'est comme ça que ça
se passe.
Puis les formations politiques n'ont pas
toutes la même sensibilité sur cet enjeu. Au Parti québécois, nous vous
réitérons notre position, qui est très claire : le chemin Roxham doit
fermer. Il existe des points de passage réguliers. C'est une question d'équité
également pour les gens qui font des demandes pour venir immigrer au Québec. Si
on accepte que le chemin Roxham reste ouvert, on accepte qu'on bafoue les
prérogatives du Québec de contrôler son immigration — je rappelle qu'on
n'a toujours pas tous les leviers d'immigration — on accepte que,
sans avoir eu aucun débat national là-dessus, la capacité d'accueil du Québec,
ce n'est plus un enjeu, c'est illimité.
Alors, le message que je livre aujourd'hui
au premier ministre François Legault : Lorsqu'on posera la question à Joe
Biden et à Justin Trudeau, si le dossier n'est pas réglé dans les prochains
jours, qu'est-ce qu'il vous reste pour faire respecter la frontière québécoise,
pour faire respecter notre capacité d'accueil, faire respecter notre
hospitalité légendaire? Comment on va faire pour franciser ces gens-là? Comment
on va faire pour payer tous les frais reliés à l'hébergement? Comment on va
faire pour aménager des classes dans plusieurs écoles? C'est un enjeu national
qui est lié à la cohésion, à notre capacité d'accueil, notre capacité de payer.
Et même si on est les seuls à évoquer ces
enjeux-là, on va continuer à le faire. Et, en matière de respect des personnes
qui traversent, je pense que la meilleure attitude est la nôtre :
respecter le fait que les personnes qui doivent traverser ici doivent être
accueillies dans de bonnes conditions, et ce n'est pas le cas. Un groupe
parlementaire devait le dire. Ça a été nous, et nous continuons de le dire. Mais
là, on est rendu au jour où c'est là que ça se passe. Qu'est-ce qui va arriver
si le chemin reste ouvert? Bien là, le premier ministre québécois aura de
sérieuses questions à se poser, et on sera là pour lui rappeler quelles sont
les conséquences pour le Québec d'accueillir un nombre important de demandeurs
d'asile, bien au-delà de notre capacité.
Et je vous annonce déjà qu'on va revenir
très prochainement, parce que ça s'ajoute sur les seuils d'immigration que va
nous imposer le gouvernement fédéral avec son projet du siècle...
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Initiative
du siècle, oui.
M. Bérubé : ...initiative du
siècle, une initiative qui devient un projet qui va devenir réalité. Écoutez,
ce n'est pas rien, j'ai vu hier, sur Twitter, le conseiller spécial du premier
ministre, M. Gobeil, évoquer qu'au Canada, l'an dernier, 1 million de
personnes, 1 million de personnes se sont jointes à ce pays. Écoutez,
quand on est rendus dans ces chiffres-là, il y a des sérieuses questions à se
poser sur le Québec. On est à la croisée des chemins, soit qu'on décide de tout
accepter soit qu'on décide de poser les questions nécessaires et de poser des
gestes, et c'est ce qu'on va faire.
Maintenant, si vous le voulez bien, notre
porte-parole nationale, Méganne Perry Mélançon, va vous parler d'un tout autre
sujet qu'elle maîtrise beaucoup mieux que moi.
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Merci.
Merci, Pascal. Bonjour, tout le monde. Il y a beaucoup de sujets d'intérêt,
justement, aujourd'hui, mais j'avais envie de porter ce message-ci, un dossier
qu'on a vu apparaître à Radio-Canada dans un reportage et qui fait état de
l'accueil des enfants à besoins particuliers dans les CPE. On sait que l'accès
est difficile pour chaque parent qui veut donner une place à son enfant en
service de garde, mais c'est tout autant... plus difficile quand on a un enfant
qui a besoin d'être accompagné, d'avoir un ratio un pour un, d'avoir une
éducatrice qui passe plusieurs heures avec cet enfant-là et son groupe.
Donc, souvent, bien, le ministère de la
Famille va réviser à la baisse les diagnostics, les recommandations des
professionnels de la santé, qui vont donner un certain nombre d'heures
d'accompagnement, et, faute de subvention, de financement qui est accordé à cet
accompagnement-là, des enfants à besoins particuliers, eh bien, l'éducatrice va
se retrouver à en avoir beaucoup trop à sa charge. Ça crée de l'épuisement, ou
sinon, bien, le parent n'est pas du tout capable de placer son enfant en CPE.
Donc, ce qu'on demande, c'est vraiment une
bonification de la subvention pour les enfants handicapés, mais également qu'on
tienne compte des diagnostics des professionnels de la santé. Ils sont là pour
une raison. Ils ont une expertise, ils sont habitués de travailler avec le
CISSS, avec les CPE, qui ont eux aussi des compétences, et il faut qu'on puisse
avoir un service qui est personnalisé.
Donc, notre inquiétude, quand on voit le
ministère qui veut centraliser la liste d'attente en 2024 : évidemment
qu'on est content de voir qu'on va prioriser les enfants à besoins
particuliers, mais il faut s'assurer d'avoir encore cette flexibilité-là sur le
terrain de tenir compte des partenariats entre les CISSS et les CPE, parce
qu'il y en a qui ont déjà plus d'habitude à traiter de... — c'est
une expertise, justement, là — à traiter ou à soigner, là, ces
enfants-là. Puis c'est toujours dans l'optique d'avoir la meilleure intégration
possible pour ces enfants qui vont toujours avoir besoin de soins particuliers.
Puis, une fois qu'on quitte les centres de la petite enfance, bien, il va
falloir être le plus en moyens de, justement, pouvoir s'intégrer le mieux
possible. Donc, c'est toujours avec cette attention-là qu'on traite le dossier,
puis on espère avoir la même sensibilité de la part du ministre et du
gouvernement pour aller chercher le financement nécessaire et tenir compte des
diagnostics qui sont posés sur le terrain. C'est vraiment important. Donc,
voilà.
M. Denis (Maxime) : Sur
Airbnb, on s'attend à quoi de la rencontre de Caroline Proulx ce midi? Quel ton
on doit avoir envers ce géant-là?
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Oui,
bien, j'étais... justement, j'ai participé aux travaux de la commission, bien,
l'étude détaillée du projet de loi sur l'hébergement touristique. Puis on n'a
pas entendu, d'ailleurs, Airbnb en audience publique. On a eu des rencontres en
privé, très peu... On avait très peu d'espoir, justement, qu'il y ait une
participation accrue aux travaux. Et c'est là qu'on réalise que c'était, oui,
dans la cour de la ministre du Tourisme. On aurait dû profiter de l'étude
détaillée pour serrer la vis à Airbnb, alors qu'on a entendu une ministre qui
jetait ça dans la cour de ses collègues, aux Affaires municipales, et tout ça. Mais
on avait l'occasion de le faire, serrer la vis à Airbnb. On a proposé plusieurs
solutions à la ministre durant les travaux. On a demandé notamment à ce que,
par défaut, on applique... qu'on ne puisse pas autoriser la location dans les
résidences secondaires, là où il y a des taux d'inoccupation dans les
municipalités, là, de 3 % et moins. Donc, on aurait voulu qu'il y ait un
peu plus d'emphase mise là-dessus.
Et évidemment que ça pose aussi une
question... des enjeux de sécurité, de conformité lorsqu'on est dans
l'hébergement illégal. Donc, oui, sécurité, conformité, mais il ne faut pas
oublier que ça a une énorme pression sur le marché locatif. On en a parlé
abondamment, de la crise du logement, et puis Airbnb est un gros morceau sur
lequel s'attaquer. On aurait souhaité que ça se fasse déjà en 2021.
Maintenant, on est devant une future
rencontre avec des attentes moyennement élevées, parce qu'on connaît un peu la
dynamique et les mécanismes d'Airbnb, qui ne veut pas avoir à participer ou de
contraindre sur ces plateformes, ne veux pas avoir à être imputable non plus de
l'affichage des numéros d'enregistrement des exploitants. Alors, je pense qu'il
faut les rendre imputables, et c'est ce qu'on va souhaiter de la rencontre.
M. Bérubé : Si tu permets,
chère collègue, je vais compléter. J'ai été ministre du Tourisme dans le
gouvernement de Mme Marois, et, en 2013, j'avais été le premier à annoncer
la volonté de fermer carrément les unités d'hébergement à courte durée.
Rappelons-nous que, dans l'épisode d'Uber, les lobbyistes ont eu un accès
privilégié au Parti libéral du Québec et à la CAQ. Les seuls qui ont défendu
l'industrie du taxi traditionnel, c'est le Parti québécois. D'ailleurs, il n'y
a pas une fois où je prends un taxi qu'on ne me le rappelle pas. Là, ils ont
dépêché deux lobbyistes. D'abord, j'aimerais ça savoir qui sont ces lobbyistes.
Est-ce que ce sont des anciens du gouvernement du Québec, des anciens qui ont
gravité autour de l'Assemblée nationale? Si vous l'apprenez, ça m'intéresse.
Je vais vous dire une vérité toute simple que...
— j'ai entendu le point de presse de la ministre lundi, et puis je
lui ai reparlé à l'extérieur de l'Assemblée nationale récemment : Si un
consommateur peut trouver en quelques clics des centaines d'offres sur le
territoire du Vieux-Montréal qui sont illégales, je pense que les enquêteurs
sont capables de faire la même chose. Les postes d'enquêteurs, il en existe à
Tourisme Québec, là. Je suggère bien humblement qu'ils vont s'autofinancer.
Vous identifiez l'unité, vous donnez l'amende, vous le faites fermer, c'est
terminé. On les fait un après l'autre. En un après-midi, là, on peut en faire
pas mal. Imaginez, en quelques semaines, une unité spéciale qui commence
maintenant, et ça va être terminé dans le Vieux-Montréal.
Ceci étant dit, il y a d'autres
plateformes, autres qu'Airbnb, qui font affaire dans le Vieux-Montréal, ce
n'est pas les seuls...
M. Arseneau : Et ailleurs au
Québec.
M.
Bérubé
: ...et
au Québec, et dans nos petites municipalités aussi. Moi, j'ai été surpris de
voir dans un village, ma circonscription, qu'il y en avait plusieurs. Ce n'est
pas interdit. Quand, au Tourisme, je posais la question à des gens :
Pourquoi vous aimez l'expérience Airbnb?, la raison, c'est que les gens
disent : J'aime me sentir un citoyen de la ville au lieu de me sentir un
touriste. C'est parfaitement légitime. C'est une offre qui fait en sorte qu'il
y a des gens qui choisissent de venir au Québec, et, si ce n'était pas le cas,
ils ne viendraient pas. C'est ça, la vérité.
Ceci étant dit, si c'est illégal dans
l'arrondissement historique du Vieux-Québec, par exemple, ou dans le
Vieux-Montréal pour des raisons évidentes de vivre ensemble, de nuisance, de
bruit, tout ça, faites appliquer la loi. Si la ville de Montréal, elle a un
rôle à jouer dans la conformité des bâtiments, sécurité incendie, tout ça, ça,
c'est normal, mais je pense que Tourisme Québec a tout ce qu'il faut pour bien
identifier le problème. Vieux-Montréal, engagez, je ne sais pas, moi, un
certain nombre d'enquêteurs. Je peux même... Avec mon téléphone, là, en
15 minutes, je peux les identifier puis leur donner les adresses. Prenez
votre calepin, on part. Je veux dire, c'est juste ça, l'affaire.
M. Robillard (Alexandre) : Mais
est-ce qu'une partie du problème, ce n'est pas de, justement, déterminer qui
est responsable de ça? Je veux dire, comme, là, vous, vous dites :
Tourisme Québec aurait les moyens de ça, mais on entendait qu'avec l'ajout du
certificat sur les annonces, ce serait la responsabilité de Revenu Québec. Puis
là on se pose la question de...
M. Bérubé : Bien, la certification,
dans le domaine de l'hôtellerie, c'est Québec. La certification, c'est Québec.
Quand vous allez dans un hôtel puis vous voyez un panneau à l'entrée avec des
étoiles, avec une certification...
Mme Perry Mélançon (Méganne) :
...
M.
Bérubé
: Oui,
mais c'était Québec, c'était Québec qui décidait de ça. Alors, moi, je pense,
au gouvernement du Québec, Tourisme Québec, tout le monde a à y gagner. Avoir
une offre touristique qui est légale, qui est sécuritaire, qui est adaptée, on
gagne.
M. Robillard (Alexandre) : ...vous
concluez que ce n'est pas la ville de Montréal qui était responsable de
s'assurer qu'il n'y avait pas d'hébergement illégal dans le Vieux-Montréal?
M. Bérubé : Bien, avec les
règlements flous... en fait, la collaboration floue entre Tourisme Québec, la ville
de Montréal, ils ne se retrouvent pas puis ils sont partie prenante de
l'entente. Imaginez pour le public puis pour les consommateurs.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que la proposition législative, là, que Mme Proux évoque, elle devrait
préciser les rôles? Puis, selon vous, ça devrait être quoi, les rôles?
M. Bérubé : Moi, je suis
d'avis que le gouvernement du Québec, de façon générale, que ce soit Tourisme
Québec ou Revenu Québec, a tout ce qu'il faut pour agir. C'est ma prétention.
Mme Plante (Caroline) : Sur
le chemin Roxham, M. Bérubé, s'il y a du mouvement, c'est grâce au Parti
québécois?
M. Bérubé : S'il y a du
mouvement, c'est souhaitable. On en a parlé, le gouvernement du Québec n'avait
aucune position là-dessus. Le 2 février dernier, notre motion, on en a
parlé. Qu'est-ce que ça a fait? Ça a forcé le gouvernement du Québec à établir
une position. La position était celle de la ministre Fréchette, sa position
très personnelle, elle pense ça pour vrai. Le gouvernement du Québec lui a
dit : Non, non, non, vous retournez en point de presse, puis vous dites
finalement que ce n'est pas notre position. Ça a eu du bon, ça a forcé le
gouvernement du Québec à en faire un enjeu, qui, lui, a communiqué avec le
gouvernement canadien. Là, on va voir si c'est rendu à Justin Trudeau. On va
voir si ça a été discuté et si ça se réalise.
Mais, au-delà de tout ça, l'idée, ce n'est
pas d'avoir raison, c'est de faire en sorte qu'on ferme ce chemin-là. Moi, je
le dis. Est-ce que d'autres formations politiques vont se joindre à nous? C'est
souhaitable. Je suis allé au débat dans Saint-Henri—Sainte-Anne. J'ai entendu à
deux reprises le nouveau porte-parole en matière d'immigration dire devant
témoins, je cite, là : Jamais, jamais, jamais il ne faut fermer le chemin
Roxham, après avoir dit exactement le contraire à l'émission de Masbourian le
matin.
Est-ce qu'il est souhaitable de fermer le
chemin Roxham? Oui. Pourquoi? C'est irrégulier, c'est non sécuritaire, il y a
eu des décès, il y a des passeurs. Pour toutes ces raisons-là, ce n'est pas
souhaitable, puis des raisons d'équité avec les gens qui font des demandes
régulières. Je ne suis même pas sûr que tous les partis de l'Assemblée
nationale s'entendent pour fermer le chemin Roxham. Moi, je peux vous dire
c'est quoi, les conséquences : le nombre de classes qu'il faut aménager,
ce n'est pas simple, là, la francisation, le réseau de la santé, il y a des
femmes enceintes, et tout ça. C'est 40 000 l'an dernier, puis ça va
continuer de monter parce que le chemin, il est bien adapté à avoir un flot
continu.
Est-ce que c'est tabou de dire ces
choses-là? J'espère que non. Est-ce que nous, on aurait moins de considération
pour le sort de ces demandeurs d'asile parce qu'on dit des vérités qui sont,
par exemple : les groupes communautaires nous le disent? On le dit à
Québec solidaire, qui sont près de nous autres, ils ne nous croient pas, ils le
font pareil. Ils nous le disent : On n'est plus capables d'accueillir, on
n'a pas les ressources. Qui est le plus conséquent avec la capacité d'accueil?
J'aime notre position, en phase... qui est en phase avec celle des Québécois.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
est-ce que vous estimez que, sans le Parti québécois, on n'aurait pas autant
cheminé dans ce dossier-là?
M. Bérubé : C'est une
évidence. Qui a amené ce sujet-là en motion? Qui a questionné? Qui a eu à subir
les démonstrations de vertu de certains en disant : Nous, on a du coeur,
nous, on est prêts à accueillir, il n'y a aucune limite, versus ceux qui
disent : On veut accueillir dignement les gens, voici notre capacité
d'accueil? On n'a jamais eu de débat là-dessus, au Québec, puis il faudrait
accepter ça. Je laisse les Québécois trancher là-dessus.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que c'est ces migrants-là qui font déborder nos services publics?
M. Bérubé : Dans le réseau
communautaire, oui, présentement, oui, dans le réseau scolaire également, le
nombre d'écoles. Vérifiez avec ce qu'on appelait la Commission scolaire de
Montréal combien d'écoles sont à aménager. La planification régulière, c'est en
fonction de l'immigration, c'est être capable de voir les seuils arriver.
D'ailleurs, on aura un débat sur les seuils bientôt. En arrivant au
gouvernement, la CAQ proposait 40 000 immigrants par année. C'est
rendu 50 000, ils n'ont jamais reparlé du 40 000, qui est le même
seuil que sous Jean Charest et Philippe Couillard, avec l'initiative du
siècle...
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Oui,
l'initiative du siècle...
M. Bérubé : ...jusqu'à 100 000.
Puis là on va accepter ça. Je vous annonce qu'on aura aussi ce débat-là.
Le gouvernement du Québec, qui s'en remet
tellement au gouvernement fédéral en disant : Oui, mais on compte sur
Justin Trudeau, alors, après avoir demandé de tweeter... Finalement, il ne l'a
pas fait. Avez-vous vu passer le tweet? Le premier ministre, sa position, c'est
de demander au premier ministre canadien de tweeter. Il ne l'a pas fait. Et là
c'est : Parlez-en au président américain. Ça va se vérifier rapidement
s'il le fait. Et, si on réalise, au départ du président américain, que,
finalement, rien ne change, qu'est-ce que va faire le gouvernement du Québec?
On reviendra vous en parler.
M. Duval (Alexandre) : Sur Optilab,
M. Bérubé... bien, M. Arseneau...
M. Arseneau : J'aimerais me
prononcer là-dessus. Ça justifie ma présence ici avec vous ce matin.
M. Duval (Alexandre) : Merci
d'être là. Qu'est-ce qu'on fait à partir de maintenant, sachant que la
centralisation des tests en laboratoire, clairement, ne donne pas les résultats
escomptés?
M. Arseneau : Nous, on a
demandé une enquête de la Vérificatrice générale sur l'ensemble de l'oeuvre d'Optilab,
parce que ce qu'on nous avait promis avec ces centralisations-là, c'étaient des
gains sur le plan budgétaire, financier, des gains d'efficacité, et c'est
exactement le contraire qui se fait. On a ouï-dire que ça coûte beaucoup plus
cher avec une efficacité qui, aujourd'hui, est démontrée, notamment, là, grâce
à des sonneurs d'alerte, là, qui nous démontrent qu'il y a des tests de
laboratoire qui pourrissent dans des congélateurs depuis deux ans. Il y a des
délais qui sont dépassés de l'ordre de plusieurs semaines, voire de plusieurs
mois. Ça met à risque la santé des gens, voire leur diagnostic, donc le
pronostic, donc le traitement. Ce sont les médecins maintenant qui dénoncent
cette façon de faire.
On a demandé il y a quelques semaines que
l'on décentralise les tests de laboratoire, et on pense encore que c'est la
meilleure chose à faire, mais là, ce qu'on voit, c'est que la gestion de
l'ensemble du système a des ratés absolument innommables. Et c'est pour ça
qu'on se dit qu'après six ans... Et je vous indique qu'Optilab ne rend pas de
compte à personne, c'est une espèce d'État dans l'État dans le réseau de la
santé, et il est temps que l'on regarde comment ça fonctionne, et qui dirige,
et comment ça se passe, et quelles sont, justement, les pratiques aujourd'hui
qui mettent à risques la santé des gens.
M. Bellerose (Patrick) : ...ce
matin qu'il y a une garderie insalubre qui a pu demeurer ouverte pendant une
dizaine d'années. Que doit faire la ministre de la Famille à ce sujet-là?
Mme Perry Mélançon (Méganne) : Oui,
bien, c'est sûr que ça pose des sérieuses questions, de voir qu'on a... que ça
a pris tout ce temps-là. Puis, sur une dizaine d'années, bon, on est toujours
inquiets de la sécurité puis de la santé des touts-petits. On est inquiets
aussi de voir la volonté du gouvernement du Québec de convertir, justement, des
places privées en places subventionnées, parce qu'on se pose plein de questions,
justement, sur l'état de ces services-là. 5 200 places, donc, nous, ce
qu'on pense, c'est qu'évidemment il aurait fallu faire ce virage-là dans les
CPE en créant des nouvelles places puis en renforçant le réseau. Donc, je pense
que ça pose beaucoup de questions. Puis même, on disait, sur le plan financier,
il y en a beaucoup qui se sont mis beaucoup d'argent dans les poches avec le
secteur privé dans le temps... oui, dans le temps des libéraux, mais il faut
dire que la CAQ est en train de reprendre un peu cette même approche. Donc, je
pense que, oui, nos inquiétudes...
M. Bérubé : Et, si vous
permettez, qui seront les gagnants? Qui passera du privé au public? Comment on
va les sélectionner? Les libéraux, c'est uniquement dans la région de Montréal
puis uniquement dans la région du Parti libéral. Comment on va sélectionner?
C'est quoi, le processus? Dans quelle région? Parce que c'est le rêve de
beaucoup d'organisations privées de se faire convertir, très payant. Donc, sans
évoquer le triste épisode de l'époque Tomassi, j'aimerais avoir des assurances
sur comment va se faire la sélection, parce qu'il y a beaucoup d'entreprises, des
entreprises qui vont lever le bras puis vont dire : On aimerait ça, nous.
Moi, j'ai une garderie privée dans ma circonscription, privée, privée, là, à
Mataine, qui voulait ça, avoir un 80 places financées. Je sais ce que ça
vaut. Ce n'est pas arrivé. Mais là c'est 5 200, la cible dans le budget. Qui
seront les heureux élus? Quelle région? Pourquoi? Quels critères? Qui va
décider? Je lance ça dans l'univers et aussi au ministère de la Famille.
M. Bellerose (Patrick) : Sur
la situation dénoncée ce matin, est-ce que le ministère doit faire enquête pour
s'assurer que la prochaine fois qu'il y a des drapeaux rouges qui sont agités,
on agit plus rapidement pour révoquer le permis?
M. Bérubé : Bien, ils ont des
plaintes. Je veux dire, les parents sont rapides à faire des plaintes, là, ils
écrivent au ministère, ils nous écrivent à nous. Je veux dire, les gens sont
alertes là-dessus, là, les parents veulent ce qu'il y a de mieux pour leurs
enfants, ils ne tolèrent pas. Il y a quelqu'un qui a dit qu'il n'aurait même
pas amené son chien dans cet endroit-là. J'ai entendu ça ce matin sur une radio
privée.
M. Bellerose (Patrick) : ...si
on a averti le ministère et que le propriétaire a pu garder son permis aussi
longtemps, c'est le ministère qui a failli?
M. Bérubé : Inspection,
action, réaction.
Mme Greig
(Kelly) : How high of a priority do you think
it is for the federal Government to revise the Safe Third country Agreement with Biden's meeting?
M.
Bérubé
: It's a national matter. It's the day for the Roxham road, a matter
for Québec. Since we don't run
our border, the federal Government is in charge. So, at the beginning of February, Parti québécois was the first to ask to
close Roxham Road. Then, the Government of Québec decided
to have a position. First, they were against closing Roxham Road. Then, they
changed their mind. Now, they're in favor. You have other parties, like Québec solidaire, their position is: no
limit, 40,000, 50,000, 500,000, it doesn't matter because we have heart. But
you know what? We have heart as well. We want to respect those people, we want
to make sure they have school, daycare, health services, able to learn French,
housing. This is how we are responsible of those people who dream of a better
life here, in Québec. But it
doesn't work that way. People cross the border at Roxham Road why? Because it's
easy, because when they cross the border, we look in another way, because you
have the mob involved, having some big bucks helping people to cross the
border. Some people died on their way to Canada. So, this is what it's all about.
And, last thing, Premier
Legault said that our only hope is that Justin Trudeau is going to talk about
this issue with President Biden and they're going to solve it. In a few hours,
we're going to be fixed on this matter. And, if it doesn't happen, what's going
to happen with Québec? They accept it? You're going to be back in a few days to make sure that people
understand what are the consequences for Québec of not controlling our border and our immigration as well.
Mme Greig
(Kelly) :
What's
the incentive, though, for the Americans, for President Biden to change it?
M. Bérubé :
Not that much. They have a lot of
pressure on the south border with Mexico. So, I don't think it's a real matter
for the U.S. because they have a crisis on the south border. So, it's not that
important for them. So, this is why I'm pretty surprised that Premier Legault
say that: I'm pretty sure they are going to understand our position and they're
going to make sure that we close the Roxham Road. I'm not that optimistic. But
I'm going try to be as more optimistic that I can be. I'm going to be pretty
attentive to the press conference, when the journalist is going to ask Mr. Trudeau:
Did you talk about that matter? Yes, OK. Mr. Biden, did you talk about this issue? A little. Did you decide
to do something? We don't have an agreement on this. That's what we said since
the beginning, since the get-go: Don't trust them, it's not a matter for them,
it's not a matter for Justin Trudeau.
So, Québec doesn't control this border and it's
a matter for a lot of Quebeckers.
I suggest that more than three quarters of Quebeckers have a position, and that's exactly the same position that we have
in the Parti québécois. And
we're the only ones putting pressure to close Roxham Road. And we feel that
it's the best way to welcome with dignity people who decide to come here.
Mme Henriquez
(Gloria) :
On Airbnb,
do you suggest that there's a more proactive approach and that we send
inspectors to look for illegal...
M. Bérubé :
I'm going to start, then, Méganne, if
she wants to...
Mme Henriquez
(Gloria) :
Yes.
M.
Bérubé
: Well, if the customer can easily find illegal offers in Old Montréal, I can do this in a few minutes
with my iPhone, I guess that people in charge of looking those illegal offers
can find those offers as well. So, that's pretty easy. Minister of Tourism, and
I used to be the Minister of Tourism, has the power to hire some people doing
inquiries, going to the address: You're illegal, this is what you have to pay,
and you close the place. And this is a notice that you're going to have on your
door: If you keep doing this, it's going to be pretty expensive for you. So,
you shut that offer right now on the Web and everywhere else. So, this is the
way we should act. So, it doesn't matter... is it Montréal? Is it Minister of Tourism? I guess the Minister of Tourism, the Government of Québec was in charge of getting taxes, can do the job if they want to. We
want them to do that.
As-tu quelque chose à
ajouter, Méganne?
Mme Perry
Mélançon : Well, yes. Hi! If we go back to the
studying of the Bill 9, I think, the Loi sur
l'hébergement touristique, we had the chance to make
measures, to put very… pressure on Airbnb, and we didn't do it because Minister
of Tourism, Caroline Proulx, was saying that: This is not my responsibility,
I'm here to provide, to offer tourism, not to put sanctions on the platforms or
anything. So, she was putting the problem on another colleague's shoulders. And
now she's in front of a big situation, and it's not taken control of. So, we
were asking for more... for solutions «en amont», before having to give
sanctions or anything. We could unauthorize housing tourism lodging in
municipalities where «le seuil», the percentage of inoccupation is very low,
the rate. We should do something to control the tourism lodging to reduce
pressure on the market of housing, «la crise du logement». So, that's why we
are a little bit skeptical of the meeting that is going to have between those
two, because the problem is there. We could put something more secure in the
law, and we haven't done anything, so…
M. Arseneau : If I may add my two cents, because your question is very
interesting. Should the Government crackdown on illegal housing? It's exactly
the same question that we are asking about, you know, the Far West in the taxi
industry. It's like liberalizing the industry led to anyone can be a taxi
driver without having his license. If it's the same in lodging, why wouldn't it
be the same in opening a restaurant or doing all sorts of businesses? And how
equitable is it for the taxpayer or for the businessperson who asks for the licenses,
pays for the licenses, accepts to be audited so many times during the year and,
you know, giving, of course a part of his revenue to Revenu Quebec, you know,
and abides by the law? And the more you abide by the law, the more, you know,
the Government officials will be on your back, because you have to respect a
certain number of rules. And why would the Government not, you know, try and
preserve that system and say: Well, you know, we're going to make sure that
everyone respects the rules? And turning, you know, the other way, saying:
Well, we can't find them, Pascal just mentioned that you can find them. If
clients can find the illegal housing and the Government can't, how logical is
this? You know, you need, in the first place, political will to solve a
problem, which is also a problem of, you know, revenue that escapes the
Government and inequity between people who are doing things legally, respecting
the rules, and those who aren't, encouraged by an international platform that
makes money off of the Government and off of the Québec people.
Mme Henriquez
(Gloria) :
Am I
hearing that Mme Proulx has a track record of sort
of letting these… this corporation at least or all of the lodging corporations
just like off the hook, and now she needs to step up?
M.
Bérubé
: About lobbyists, yes, about lobbyists, we have to remember, in the
cab industry, they were pretty open mind to lobbyists in the Uber, by example.
So, I want to know who are those two lobbyists having an encounter with a
minister today. It's an important matter for us. So, maybe we're going to find
out about this. Thank you very much.
(Fin à 9 h 23)