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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et M. Vincent Marissal, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de santé

Version finale

Thursday, March 30, 2023, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante-huit minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour. Bien, sans surprise, mon collègue Vincent et moi, on souhaite réagir à la mégaréforme du système de santé déposé hier par Christian Dubé.

Par où commencer? Moi, quand j'ai lu ça, je me suis dit : C'est franchement incroyable. C'est vraiment un trip de pouvoir de bureaucrate. Cette réforme-là, ce n'est pas une réforme pour les patients, c'est une réforme par et pour les bureaucrates. Ça fait 25 ans qu'on crée de la bureaucratie dans le système de santé, en centralisant, en centralisant, en centralisant. Philippe Couillard a centralisé, Gaétan Barrette a centralisé, et là le tandem Legault Dubé nous dit : Attendez une minute, on va centraliser encore plus que les gouvernements libéraux du passé. Ces centralisations-là successives, là, on en voit les résultats aujourd'hui au Québec. Ça n'a pas aidé personne. Il n'y a pas un patient aujourd'hui au Québec qui est mieux soigné à cause de cette centralisation-là. Il n'y a pas une infirmière qui a des meilleures conditions de travail à cause de cette centralisation-là. Cette centralisation-là a mis le bordel dans le système. Et là François Legault et Christian Dubé nous disent : Nous, on va aller encore plus loin, on va franchir toutes les limites que même les gouvernements libéraux du passé n'avaient pas franchies.

Cette réforme-là va créer, essentiellement, une mégabureaucratie pour gérer la bureaucratie actuelle, alors que ce qu'il aurait fallu faire, c'est décentraliser pour enlever la bureaucratie. Ça ne changera rien pour les patients, ça ne donnera pas plus de soins à personne. Ça ne va pas ramener une seule infirmière dans notre système de santé publique. C'est une réforme qui n'est pas faite pour le monde, c'est une réforme qui a été faite pour les bureaucrates.

17  867 M. Marissal : Merci, Gabriel. Bien, effectivement, je vais vous dire que je suis encore un peu sous le choc d'avoir reçu ce pavé hier. M. Dubé nous avait dit, et il l'avait dit pendant la campagne électorale : On va faire une agence Santé Québec, on ne veut pas refaire un autre brassage de structures, on va faire ça en douceur, on vous le promet. Il n'y aura pas de soubresauts puis de nouveaux chaos dans le réseau de la santé. Bien, il n'a pas respecté cette promesse-là, en tout cas, cette partie-là de la promesse. Parce que, moi, les contacts que j'ai, là, depuis hier, dans le réseau... et ça touche tous les gens dans le réseau, tous les gens dans le réseau. Ce matin, il y avait une association de gestionnaires aussi, qui disait : Qu'est-ce qu'on s'en va? Où est-ce qu'on s'en va avec tout ça? Il y a un mot qui revient beaucoup, beaucoup, Gabriel l'a employé, «centralisation». On est en train de centraliser, mais on ne fait pas juste centraliser, on est en train de vouloir centraliser des pouvoirs exécutifs, là, de l'opérationnabilité, là, dans une nouvelle créature qui va s'appeler agence Santé Québec, qui va permettre essentiellement au ministre, quel qu'il soit, au ministre Dubé dans ce cas-ci, de s'en laver les mains puis dire : Moi, là, le quotidien, là, la cuisine, là, je ne m'occupe pas de ça. Il nous l'a déjà dit de toute façon, que ça ne l'intéresse pas beaucoup, ces choses-là. Alors, il vient de créer ou il veut créer une méganouvelle structure bureaucratique qui va permettre au gouvernement de se déresponsabiliser et de mettre à mal ce qu'on appelle la responsabilité ministérielle. Ce que les Anglais disent, là, «where the buck stops», là, à un moment donné, il faut que quelqu'un soit responsable. Les gens responsables ici, à l'Assemblée nationale, ce sont les gens élus, et ce n'est pas ça que la réforme de M. Dubé veut faire. En plus, franchement, là, de partir dans toutes les directions, il nous a déposé hier un mégapavé dans la mare. Alors, j'ai bien hâte de voir comment est-ce qu'on va se dépatouiller avec tout ça.

Je voudrais juste terminer, ce matin, en vous disant que je vais déposer une motion ce matin. Parfois, on s'entend avec le gouvernement, on s'entend avec le gouvernement qu'il faut qu'on rapatrie ici, à Québec, l'argent des soins dentaires. C'est bien gentil de la part de M. Trudeau de s'occuper de nos dents, mais c'est la responsabilité et la juridiction du Québec, la santé. Nous, à Québec solidaire, ça fait très longtemps qu'on dit que ça prend un régime universel, que les dents font partie du corps humain, que ça devrait être couvert. Alors, on rapatrie l'argent sans condition et on s'occupe enfin des soins dentaires de notre monde ici, au Québec. Merci.

M. Carabin (François) : Combien d'argent ça ferait, M. Marrissal? Avez-vous...

17  867 M. Marissal : Bien, il faudrait faire le calcul, là, parce que j'ai regardé la dernière fois, là, cette semaine, je pense qu'il y avait encore 13 milliards de prévus en plus. Généralement, là, on fait à peu près 22 %, 23 %, selon notre poids démographique. Ça fait que, faites le calcul. Si, dans le total du pot, il y a 20 milliards, bien, ça représente à peu près 4 milliards, 4,5 milliards pour le Québec.

M. Lacroix (Louis) : Mais M. Girard disait 3 milliards, hier.

17  867 M. Marissal : Oui, bien, comme je vous le dis, moi, j'ai regardé les chiffres en... ce n'est pas tout à fait clair dans les chiffres du fédéral. Ça fait que je vais laisser le fédéral mettre de l'ordre dans ses affaires. Peu importe, la règle générale, là, c'est qu'on s'entend que, a, c'est 22 %, 23 %, selon notre poids démographique, et ensuite ça vient sans condition à Québec. Nous, ce qu'on ajoute, c'est que ça fait longtemps qu'on dit qu'il faut qu'on s'occupe des soins dentaires du monde au Québec. Ça fait un peu tiers-monde de la façon dont on s'occupe de ça ici.

16  827 M. Nadeau-Dubois : Peut-être juste ajouter un élément là-dessus, sur les soins dentaires. Le monde au Québec, là, en pleine période d'inflation, là, le genre de dépenses qu'ils coupent, c'est exactement ces dépenses-là. Aller chez le dentiste, là, c'est exactement le genre de facture que le monde en ce moment n'ont plus les moyens de se payer. Ça fait que, non seulement la santé dentaire, c'est important pour la santé du monde, mais en ce moment, en pleine crise du coût de la vie, c'est une manière d'aider bien des familles que de bonifier la couverture des soins dentaires par le régime public. Nous, on fait cette bataille-là depuis des années et il n'est pas question que Justin Trudeau s'en occupe à la place du gouvernement du Québec. La motion qu'on demande aujourd'hui est claire. Rapatrions cet argent-là sans condition, mais prenons nos responsabilités au Québec d'aider le monde à aller chez le dentiste puis avoir des dents en santé, parce qu'en effet, c'est une condition de la santé globale des gens au Québec.

M. Duval (Alexandre) : Santé Québec, je comprends que vous nommez tous les désavantages que vous y voyez, à cette agence-là, mais au-delà des désavantages que vous y voyez, est-ce que vous allez vous y opposer tout court? Santé Québec, une agence, c'est non?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien, l'idée théorique et abstraite d'une agence, c'est une chose. Nous, on juge le projet de loi qu'on a sous les yeux. Puis le projet de loi qu'on a sous les yeux, c'est quoi? C'est le Saint-Graal des réformes centralisatrices. C'est la mère de toutes les réformes de centralisation. Jamais les libéraux n'étaient allés aussi loin en matière de centralisation. C'est une très mauvaise nouvelle. Et c'est cette manière-là de créer une agence, c'est une mauvaise idée. Mon collègue va travailler sur le projet de loi. On va essayer d'en faire... on va essayer d'être constructif puis d'en faire quelque chose du moins pire possible. Mais moi, je vous dis, là, quand j'ai lu ça hier soir, là, ma réaction, ça a été de dire : C'est vraiment un power trip de bureaucrates. C'est un truc réfléchi par et pour des bureaucrates. Il n'y a pas plus de soins pour les patients là-dedans. Voulez-vous bien me dire, là-dedans, là, qu'est-ce qui va convaincre une infirmière qui a quitté vers le privé à revenir vers le public? Aïe! à cette heure, il va y avoir un P.D.G. big shot, ça me donne le goût de retourner travailler au public. Voyons donc! Ça passe complètement à côté des vrais problèmes de notre système de santé : l'accès à la première ligne, la pénurie de personnel. Il n'y a rien là-dedans qui règle ça. C'est un power trip de bureaucrates.

M. Bellerose (Patrick) : C'est une gestion locale. Est-ce que ce n'est pas un bon équilibre d'avoir une gestion locale et une uniformité nationale avec l'agence?

17  867 M. Marissal : Bien, écoutez, si gestion locale, c'est d'avoir un ou une responsable en charge dans un établissement comme un hôpital, évidemment, on est pour. Mais, bon, on n'a pas réinventé le bouton à quatre trous non plus, là, ça fait longtemps que ça aurait dû être fait. Ça, c'était une des erreurs, une des absurdités de la réforme Barrette. C'est clair, quand on s'est rendu compte, notamment avec la pandémie, qu'à un moment donné personne n'était responsable de rien. Bon, ça... et puis, comme je vous dis, bon, moi, je ne suis pas fermé à tout, là, unilatéralement, là. Ça, ce n'est pas une mauvaise idée, mais est-ce qu'on a besoin de créer une nouvelle mégastructure, de recommencer au complet le casse-tête à l'envers, là, parce que M. Dubé, il a envie de se payer un power trip, là, d'organigramme? Moi, je pense qu'on n'a pas besoin de faire ça. Honnêtement, là, entre vous puis moi, là, c'est pas mal le béaba que quelqu'un est responsable dans un hôpital, là, ça va de soi.

16  827 M. Nadeau-Dubois : Mais juste là-dessus...

Des voix : ...

16  827 M. Nadeau-Dubois : ...juste là-dessus, je veux ajouter un élément, c'est que la question, aussi, c'est : Les solutions, là, pour réparer notre système de santé, c'est qui, qui les a? Est-ce que c'est des bureaucrates dans leur bureau à Québec, ou des bureaucrates «top guns» qu'on va aller chercher dans des entreprises privées ou si c'est le monde sur le terrain?

Moi, je pense qu'il y a bien des solutions à nos problèmes en santé, là, ils sont sur le terrain. C'est les femmes et les hommes sur le terrain qui vivent le système, qui, je pense, ont des choses à nous dire sur comment l'améliorer. Qu'est-ce que fait cette réforme-là? Elle enlève tout le pouvoir aux gens sur le terrain. Les gens qui, je pense, devraient être nos alliés, les gens dont on devrait s'inspirer pour réparer notre système... parce que c'est vrai qu'il ne va pas bien, puis, moi, le statu quo, ça ne m'intéresse pas. Mais on peut-u écouter le monde sur le terrain? Christian Dubé vient de faire le contraire, il vient dire : Je m'en fous de ce que vous pensez. Je vous enlève votre pouvoir, je vais aller chercher mes «chummies» du privé, je vais leur donner des grosses jobs, puis checkez bien, ça va marcher.

Moi, je pense que c'est un power trip de bureaucrates. Puis il n'y a pas aucun patient qui a été aidé par la réforme Barrette, puis il n'y a aucun patient qui va être aidé par cette réforme-là.

M. Bellerose (Patrick) : ...enlève les C.A. sur les CISSS et les CIUSSS?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Il enlève, en effet, notamment la voie qu'avaient les travailleurs et travailleuses dans la prise de décision puis c'est s'en aller dans la direction contraire. Nous, ce qu'on veut, là, c'est décentraliser puis ramener du pouvoir au monde qui sont sur le terrain. Moi, je pense, ce monde-là, ils en ont, des bonnes idées, mais ce gouvernement-là ne les a jamais écoutés, il ne les écoutait pas pendant la pandémie, il ne les écoute pas plus aujourd'hui.

Journaliste : ...

17  867 M. Marissal : Mais non seulement il les enlève, des C.A., mais il nomme ce qu'il a appelé lui-même des «top guns» du domaine privé, de la business. C'est un peu insultant, là, pour les gens qui sont sur le terrain tous les jours, à qui le ministre dit d'ailleurs : Ah! je veux travailler avec vous, je veux vous consulter. Sauf qu'il ne les a pas consultés, il ne les a pas entendus, puis là il veut les remplacer par des gens qui, évidemment, ont la solution magique parce qu'ils viennent du privé. Il y a un parti pris évident là-dedans, puis, M. Dubé, bien, il en fait la preuve ici.

M. Bergeron (Patrice) : Aimeriez-vous aller jusqu'à voter contre au vote, sur le principe?

16  827 M. Nadeau-Dubois : On verra. On va... Honnêtement, là... C'est, comme, 1 000 articles ?

17  867 M. Marissal : C'est 1 200...

16  827 M. Nadeau-Dubois : 1 200 articles.

M. Bergeron (Patrice) : ...vous avez l'air opposés même au principe de...

16  827 M. Nadeau-Dubois : Non. C'est-à-dire que, là, ce qu'on vous livre, c'est notre réaction préliminaire sur... appelons ça les grandes orientations du projet de loi. Puis on trouve que c'est une réforme qui va dans la mauvaise direction. C'est ce qu'on vous dit ce matin. On va poursuivre l'analyse. Il va y avoir d'abord des consultations particulières, et puis on prendra notre décision sur le vote, sur la série de votes à faire en temps et lieu, là.

M. Carabin (François) : Est-ce que c'est réaliste de penser qu'en 2023, cette réforme-là va passer, même avec modifications ou...

17  867 M. Marissal : ...là, vous parlez de l'échéancier ou vous parlez de...

M. Carabin (François) : ...il dit qu'il préférait que ça soit adopté avant juin. Mais vous, selon vous, c'est quoi l'échéancier réaliste?

17  867 M. Marissal : M. Dubé, il est bon dans les chiffres, là, et je lui invite à compter le nombre de jours qu'il y a d'ici l'ajournement de juin, là. Je ne vois pas, là, même avec la meilleure volonté du monde, à moins qu'il nous annonce qu'on va travailler 24 heures sur 24, jour et nuit, la fin de semaine aussi, là... Il y a 1 200 articles dans sa patente. Il nous a dit, lui-même, hier qu'il est tombé en bas de sa chaise puis que ça lui a fait peur quand ses fonctionnaires lui ont amené le projet de loi. Ça fait que, tu sais, il y a comme... C'est lui qui a créé le monstre, puis là il voudrait qu'on avale le mammouth en une bouchée.

Bien, en tout cas, je ne vois pas trop comment. Et il y a des crédits. Alors, tu sais, faites le calcul de jours disponibles, là, ce n'est pas de la physique nucléaire, c'est le nombre de jours disponibles qu'on a d'ici l'ajournement. J'espère qu'il n'est pas en train de nous dire qu'il va y avoir un bâillon, là, je ne peux pas croire qu'on passe ça par bâillon en plus, là.

Alors, c'est curieux, d'un côté de la bouche, de dire : Ah! les oppositions, on travaille bien, on va bien travailler ensemble, mais, d'un autre côté, nous pousser dans le dos avec une baïonnette pour dire : Il faut que vous adoptiez ça, là, ce monstre-là, d'ici le 10 juin. En tout cas, moi, j'entre là-dedans de façon constructive, mais ce n'est pas vrai non plus que je vais me faire bulldozer parce qu'un ministre veut faire un power trip, là.

M. Bossé (Olivier) : Est-ce qu'il faut financer ou subventionner davantage les propriétaires de résidences pour aînés qui ferment parce que ce n'est pas assez payant, puis ils aiment mieux faire faire des condos ou vendre ça?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien, en ce moment, ce à quoi on assiste... puis on le vit dans nos circonscriptions, d'ailleurs, c'est vraiment une crise dans le secteur des RPA, mais une crise qui touche les petites résidences privées, parfois familiales. Plusieurs d'entre elles sont en région. Et il va falloir trouver une solution parce qu'on ne peut pas se permettre que des RPA comme ça ferment en série. Ceci étant dit, il n'y a pas un modèle de RPA, hein? Il y a des RPA et, il y a aussi, en ce moment au Québec, des géants de l'immobilier qui font de l'hébergement aux aînés une véritable mine d'or, des entreprises extrêmement profitables cotées en bourse, dont la capitalisation se chiffre en milliards de dollars.

Donc, qu'on aide les petites RPA familiales, les petites RPA de région, souvent qui sont autonomes, à continuer de faire partie de la solution dans l'hébergement aux aînés, oui. Donner des cadeaux aux milliardaires de l'immobilier qui s'en mettent plein les poches en ce moment, ça, c'est non. Il va falloir trouver une manière d'aider les gens qui ont besoin d'aide sans enrichir des gens qui, déjà, souvent — puis les reportages ont été nombreux — ont des pratiques prédatrices à l'égard des aînés.

17  867 M. Marissal : Mais il faut ouvrir les livres aussi, hein?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Oui. Puis ça implique...

17  867 M. Marissal : ...on dit des fois, là, pas d'imposition sans représentation, là, les Américains disent ça. Moi j'ajouterais : Ici, là, pas d'aide de l'État sans transparence.

Donc, vous voulez avoir de l'aide de l'État, vous allez faire la démonstration, a, que vous en avez vraiment besoin, b, que vos pratiques envers les aînés, parce qu'il y a plein d'abus dans ce secteur-là, sont respectueuses, puis que vous n'êtes pas là juste pour faire du fric en vendant des petits services à la pièce à des gens qui sont vulnérables.

M. Carabin (François) : Gilles Proulx a fait paraître une chronique, M. Nadeau-Dubois, ce matin, dans laquelle il vous demande d'admettre que vous avez erré quant à la citation sur «achevé». Est-ce que... bien, qu'est-ce que vous répondez?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, j'ai lu la chronique de M. Proulx. Il a le droit de se défendre. Il a le droit de s'expliquer. Ses explications lui appartiennent. Je trouve son explication sur cette phrase-là bancale, mais il a le droit de se justifier. Dans une société démocratique, c'est bien correct. Après ça, même si on adhérait à son explication, même si on adhérait à son explication pour cette phrase-là, est-ce que ça justifie de dire que le Parti libéral est à abattre? Est-ce que ça veut dire que traiter des hommes et des femmes politiques de bâtards, de cochonneries puis de gangrènes, ça, c'est correct? Je ne pense pas. C'est des propos qui ne sont pas acceptables, QUB radio n'aurait pas dû les accepter. On attend toujours des excuses de M. Proulx, de M. Martineau, qui a laissé ces propos-là être exprimés à son micro sans corriger son chroniqueur, et de QUB radio.

Journaliste : Mais, visiblement, M. Proulx...

M. Bellerose (Patrick) : ...quand même. Est-ce que vous maintenez qu'il y avait un lien entre «les achevés» et Québec Solidaire? Vous avez réécouté, vous avez eu le temps de l'écouter comme il le faut. Est-ce que ça, vous le maintenez? Le restant vous pouvez le maintenir, là, mais est-ce que ça, vous le maintenez?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne suis pas dans la tête de M. Proulx.

M. Bellerose (Patrick) : ...

16  827 M. Nadeau-Dubois : Non, mais ce que je veux dire, c'est que, moi, je ne peux pas juger son intention. Je ne peux pas son intention, je ne la connais pas. Mais, ce que je constate, c'est que, non seulement nous, mais la quasi-totalité de la classe politique québécoise a compris la même chose que nous quand ils ont entendu ces propos-là. A posteriori, M. Proulx nous dit : Non, mais ce n'est pas exactement ça que je voulais dire. Parfait. Qu'en est-il des autres propos?

M. Bellerose (Patrick) : Vous n'aviez pas entendu l'extrait avant de vous prononcer?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien sûr. Non seulement on l'a écouté, mais on l'a réécouté, bien sûr.

M. Bellerose (Patrick) : ...Québec solidaire et «achevé»?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien sûr. D'ailleurs, Mme Rizqy, qui a réagi vivement... Marwah a réagi vivement aux propos. Elle aussi, là, n'a pas réagi sans avoir écouté la chronique. En fait, les gens de QUB radio avaient retiré au départ un des liens pour avoir accès à cette chronique-là. Nous, on l'avait enregistrée parce qu'on voulait avoir un extrait audio complet des propos de M. Proulx. Ce qui est arrivé, c'est que Marwah m'a texté, elle dit : Je vois ça, qu'est ce qui se passe? Est-ce que tu as un extrait? J'ai dit : Oui, on l'a enregistré. Marwah est venue dans mon bureau, on l'a écouté ensemble. Je lui ai donné le fichier pour qu'elle puisse se faire une tête elle-même. Elle a écouté l'entièreté des propos. Elle en est arrivée, dans son indépendance de jugement, à la même conclusion que nous. Ça fait que... en fait, la quasi-totalité de la classe politique québécoise a eu cette conclusion-là.

Donc là, après ça, tout le monde a compris quelque chose ou à peu près la même chose. M. Proulx, lui, soutient que ce n'est ça qu'il voulait dire. Il a le droit de s'expliquer, c'est correct. Mais, au-delà de... D'une part, au-delà de l'intention, il y a les effets du propos, puis, d'autre part, qu'en est-il du reste des propos? Ils ne sont pas plus acceptables.

M. Carabin (François) : ...visiblement, M. Proulx reste un collaborateur à QUB radio. Il avait une chronique hier, si je ne m'abuse. Il écrit des chroniques toujours pour le Journal de Montréal. Est-ce que vous allez continuer votre boycotte de QUB radio? Parce que, là, on a l'impression que vous jouez à «chicken», là.

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, si on avait voulu jouer à «chicken», on aurait émis une déclaration publique d'entrée de jeu, ce qu'on n'a pas fait, hein? On a commencé... on a eu des discussions pendant une bonne partie de la journée jeudi dernier avec les gens de QUB radio, parce que, nous, on souhaitait qu'il y ait une admission de la faute puis une excuse. Ça aurait pu se faire en privé. Ça n'a pas été possible. C'est seulement par la suite qu'on est sortis publiquement. Ça fait que si c'était une game de «chicken», on n'aurait pas procédé comme ça, premièrement.

Deuxièmement, nous, on n'est pas en guerre contre aucun média. On est même... On n'est pas en guerre contre aucun chroniqueur, mais il arrive des moments où, en politique, il faut tracer des lignes, puis il faut envoyer un message qu'il y a des choses qu'on ne devrait pas accepter dans notre débat public. C'est ce qu'on a voulu faire, c'est ce que j'ai voulu faire, pas faire perdre un micro à quelqu'un, pas faire perdre une chronique à quelqu'un, mais dire : On peut-u s'entendre... Et, je précise, je ne veux pas non plus admettre quelqu'un en prison ou l'amener devant les tribunaux, juste envoyer un message, puis que tout le monde, journalistes, politiciens, chroniqueurs, au-delà de nos débats et de nos rôles distincts dans une démocratie, on dise : O.K., on ne va pas là. On respecte l'humanité des hommes et des femmes qui s'engagent en politique. On a des familles, puis dire des affaires de même, ça met en danger notre sécurité. Il y a deux personnes qui ont été arrêtées depuis la dernière élection pour menaces de mort à mon égard, deux. Il y a bien du monde qui ne vont pas bien au Québec. Des propos comme ça dans l'espace public, ça peut avoir un effet, ça peut donner des mauvaises idées. Je suis convaincu que ce n'était pas ça, l'intention de M. Proulx, hein? Mais des propos haineux et violents, ça peut... ça alimente un climat qui est déjà délétère, qui est déjà rempli de violence et de haine envers les hommes et les femmes politiques. Puis, si on condamne ça quand c'est des comptes anonymes sur les médias sociaux, on devrait le condamner de la même manière quand c'est des gens qui parlent à des centaines de milliers de personnes.

Mme Lévesque (Fanny) : Sur le transport aérien régional, ça va faire un an qu'on a annoncé les billets à 500 $. Là, on voit... c'est le président de l'UMQ qui dit que la situation, la desserte n'a jamais été aussi pire que ça.

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien, je vous rappellerai, quand la CAQ a annoncé cette mesure-là des billets à 500 $, la réaction unanime a été de dire : Bien, voyons donc, ça ne peut pas être ça, la solution. C'était encore une fois une solution qui, du point de vue de la communication politique, pouvait avoir l'air vendeuse, hein? Billets à 500 $, tu dis : Wow! C'est cool, mais tout le monde voyait bien que ça ne réglerait pas le problème de fond. C'est exactement ce qui est en train de se produire. Puis c'est au gouvernement à nous expliquer c'est quoi, la prochaine étape, parce que la solution, ce n'est pas ça.

Mme Lévesque (Fanny) : Parce qu'on parle d'un comité qui va identifier des solutions. On se donne deux ans. C'est satisfaisant pour les gens qui attendent les services?

16  827 M. Nadeau-Dubois : C'est beaucoup trop long. Puis, bien sûr, la solution pour connecter les régions au reste du Québec, ce n'est pas seulement le transport aérien interrégional, mais en ce moment, il y a à la fois une crise dans ce secteur-là et une crise dans le secteur du transport interurbain par autobus, hein? il y a des... encore aujourd'hui, je voyais il y a quelques semaines des trajets d'autobus interurbains qui se font retirer, et on est en retard sur le plan du développement du ferroviaire au Québec. Donc, il y a un problème beaucoup plus large que la simple question du transport aérien, c'est : Comment ça se fait qu'en 2023 on n'est pas capable de partir de Gaspé puis de s'en aller à Montréal sans prendre la voiture de manière minimalement efficace? Et ça, la CAQ n'a aucun plan pour répondre à ce besoin-là des gens, pas juste des gens d'affaires, de tous les gens qui habitent dans les régions du Québec.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que les transporteurs doivent être sur le comité permanent, là, pour trouver des solutions?

16  827 M. Nadeau-Dubois : On n'a pas d'opposition, non, à ce que les transporteurs soient dans les discussions.

Mme Lévesque (Fanny) : Ils font partie de la solution?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien, il va falloir, oui, d'une manière ou d'une autre.

M. Bellerose (Patrick) : Le directeur exécutif des Chantiers Chibougamau, que vous avez rencontré en campagne électorale, propose qu'on abaisse les exigences pour les travailleurs temporaires, qui deviennent travailleurs... ou, en fait, qui demandent la résidence permanente. Est-ce que c'est une solution pour éviter de perdre des gens qu'on attire ici, au Québec, et qui pourraient fuir vers l'Ontario?

16  827 M. Nadeau-Dubois : Je pense que la solution, ce n'est pas de diminuer les exigences en français, mais il y a quand même un signal à entendre, là. Puis ce signal-là, c'est que le modèle actuel d'immigration, où on mise tout sur de l'immigration temporaire, précaire, qui noie les entrepreneurs dans un océan de paperasse, ce modèle-là ne fonctionne pas. La solution, ce n'est pas de diminuer les exigences, c'est d'avoir un meilleur modèle d'immigration, au centre duquel il y a la francisation en milieu de travail, appuyé, financé par le gouvernement.

M. Bellerose (Patrick) : Ce n'est pas tout le monde qui a la même aisance pour apprendre une langue seconde à un niveau intermédiaire avancé, comme exigé pour la résidence permanente. Est-ce qu'on ne pourrait pas se dire : Bien, écoutez, pour des gens qui viennent faire du travail manufacturier, oui, il faut parler français, oui, on va envoyer leurs enfants à l'école en français, mais on pourrait avoir une certaine...

16  827 M. Nadeau-Dubois : Bien, ça prend du temps, ça prend du temps apprendre une langue, mais c'est possible, et c'est possible à tous les âges, si on est accompagné, si les ressources sont suffisantes et si on met les gens dans des bonnes conditions. Par ailleurs, le milieu de travail lui-même, c'est sans doute le meilleur endroit pour apprendre le français, parce qu'on le fait dans l'échange avec nos collègues, à travers la socialisation. C'est beaucoup plus efficace que mettre les gens dans une salle de classe le mercredi soir, à 8 h 30, en disant : Apprenez le français.

M. Spector (Dan) : ...Mr. Dubé was saying yesterday that he wants to put more decision making power in the hands of people on the ground, doctors, etc., have local managers who people are going to see in the hallway. Do you think that's all... like, is that all a lot?

M. Nadeau-Dubois : What I see in that reform is a bureaucrat's power trip. It's a reform by and for bureaucrats. There is nothing here for the patients. There is nothing here to bring more nurses into the public health care system. No one will say : Oh! I will go back to work for the public system, because now there is big shot CEO coming from the private sector. What a curious idea! This reform does not address the real everyday problem that Quebeckers face with their health care system. It's a… yes, it's a bureaucrat's power trip, it's another reform that will centralize, centralize, centralize the health care system. Governments in Québec have been doing this for decades. Look at the results. Look at the results.

M. Marissal : Yes, Mr. Dubé has a strange vision of decentralization. When you look at this draft bill, the first idea behind it is to create a new agency that will run basically everything on the day-to-day business in the health sector, from top to bottom. So, basically, I don't see the link between what he's saying and what I read in the draft bill.

Journaliste : It's obviously very early on, but do you think you'll vote against it? I mean…

M. Marissal : It's too early to say. You know, I'm still in shock, quite frankly. I thought we were going to study a draft bill on the creation of an agency, now we have a major overall again, and again, and again, of the health sector. So, allow me to take some time. I think I need the weekend to think about it, at least.

Journaliste : I wanted to ask you about Airbnbs. We're seeing that people are trying to find ways around to keep their properties up on Airbnb, what appear to be fake permit numbers, one, two, three, four, five, six. I mean, what's the next step here and what needs to be done?

M. Nadeau-Dubois : First of all, we need to change the law. We need to correct the mistake that the CAQ did months ago when they refused the proposition of Québec solidaire to force Airbnb and other similar platforms to be responsible for the illegal postings on their websites. That has not been done yet. Airbnb said that they're going to do it on a good faith basis. I don't believe in the good faith of Airbnb. We need to change the law. We need to be tough, we need to be clear. There is laws in Québec and it's not the companies that make the laws, it's the elected people, and we will collaborate to adopt a new law as soon as possible.

Journaliste : Does Airbnb have a place in Montréal, you think, in the future?

M. Nadeau-Dubois :You know, if you have a home and go away for two weeks in vacations, and you want to temporarily lent your apartment for two weeks while you're away, no one has a problem with that, no one. It's a reasonable use of a reasonable technology to do a reasonable thing. But throwing people out of their apartments, evicting people from their homes, to make piles and piles of money, as a speculator, this is not what Airbnb should be used for and our laws should force those platforms to respect those boundaries. They will never do it by themselves, never. They just want to make money. We are here to protect the people.

Journaliste : Thank you.

M. Nadeau-Dubois : Merci. Thank you.

M. Marissal : Merci.

(Fin à 9 h 24)

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