(Huit heures cinquante-huit minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Bien, sans surprise, mon collègue Vincent et moi, on souhaite réagir à la
mégaréforme du système de santé déposé hier par Christian Dubé.
Par où commencer? Moi, quand j'ai lu ça,
je me suis dit : C'est franchement incroyable. C'est vraiment un trip de
pouvoir de bureaucrate. Cette réforme-là, ce n'est pas une réforme pour les
patients, c'est une réforme par et pour les bureaucrates. Ça fait 25 ans
qu'on crée de la bureaucratie dans le système de santé, en centralisant, en centralisant,
en centralisant. Philippe Couillard a centralisé, Gaétan Barrette a centralisé,
et là le tandem Legault Dubé nous dit : Attendez une minute, on va
centraliser encore plus que les gouvernements libéraux du passé. Ces
centralisations-là successives, là, on en voit les résultats aujourd'hui au
Québec. Ça n'a pas aidé personne. Il n'y a pas un patient aujourd'hui au Québec
qui est mieux soigné à cause de cette centralisation-là. Il n'y a pas une
infirmière qui a des meilleures conditions de travail à cause de cette
centralisation-là. Cette centralisation-là a mis le bordel dans le système. Et
là François Legault et Christian Dubé nous disent : Nous, on va aller
encore plus loin, on va franchir toutes les limites que même les gouvernements
libéraux du passé n'avaient pas franchies.
Cette réforme-là va créer,
essentiellement, une mégabureaucratie pour gérer la bureaucratie actuelle,
alors que ce qu'il aurait fallu faire, c'est décentraliser pour enlever la
bureaucratie. Ça ne changera rien pour les patients, ça ne donnera pas plus de
soins à personne. Ça ne va pas ramener une seule infirmière dans notre système
de santé publique. C'est une réforme qui n'est pas faite pour le monde, c'est
une réforme qui a été faite pour les bureaucrates.
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M. Marissal : Merci,
Gabriel. Bien, effectivement, je vais vous dire que je suis encore un peu sous
le choc d'avoir reçu ce pavé hier. M. Dubé nous avait dit, et il l'avait
dit pendant la campagne électorale : On va faire une agence Santé Québec,
on ne veut pas refaire un autre brassage de structures, on va faire ça en
douceur, on vous le promet. Il n'y aura pas de soubresauts puis de nouveaux
chaos dans le réseau de la santé. Bien, il n'a pas respecté cette promesse-là,
en tout cas, cette partie-là de la promesse. Parce que, moi, les contacts que j'ai,
là, depuis hier, dans le réseau... et ça touche tous les gens dans le réseau,
tous les gens dans le réseau. Ce matin, il y avait une association de
gestionnaires aussi, qui disait : Qu'est-ce qu'on s'en va? Où est-ce qu'on
s'en va avec tout ça? Il y a un mot qui revient beaucoup, beaucoup, Gabriel l'a
employé, «centralisation». On est en train de centraliser, mais on ne fait pas
juste centraliser, on est en train de vouloir centraliser des pouvoirs exécutifs,
là, de l'opérationnabilité, là, dans une nouvelle créature qui va s'appeler agence
Santé Québec, qui va permettre essentiellement au ministre, quel qu'il soit, au
ministre Dubé dans ce cas-ci, de s'en laver les mains puis dire : Moi, là,
le quotidien, là, la cuisine, là, je ne m'occupe pas de ça. Il nous l'a déjà
dit de toute façon, que ça ne l'intéresse pas beaucoup, ces choses-là. Alors,
il vient de créer ou il veut créer une méganouvelle structure bureaucratique
qui va permettre au gouvernement de se déresponsabiliser et de mettre à mal ce
qu'on appelle la responsabilité ministérielle. Ce que les Anglais disent, là,
«where the buck stops», là, à un moment donné, il faut que quelqu'un soit
responsable. Les gens responsables ici, à l'Assemblée nationale, ce sont les
gens élus, et ce n'est pas ça que la réforme de M. Dubé veut faire. En
plus, franchement, là, de partir dans toutes les directions, il nous a déposé
hier un mégapavé dans la mare. Alors, j'ai bien hâte de voir comment est-ce qu'on
va se dépatouiller avec tout ça.
Je voudrais juste terminer, ce matin, en
vous disant que je vais déposer une motion ce matin. Parfois, on s'entend avec
le gouvernement, on s'entend avec le gouvernement qu'il faut qu'on rapatrie
ici, à Québec, l'argent des soins dentaires. C'est bien gentil de la part de M. Trudeau
de s'occuper de nos dents, mais c'est la responsabilité et la juridiction du
Québec, la santé. Nous, à Québec solidaire, ça fait très longtemps qu'on dit
que ça prend un régime universel, que les dents font partie du corps humain,
que ça devrait être couvert. Alors, on rapatrie l'argent sans condition et on s'occupe
enfin des soins dentaires de notre monde ici, au Québec. Merci.
M. Carabin (François) : Combien
d'argent ça ferait, M. Marrissal? Avez-vous...
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M. Marissal : Bien, il
faudrait faire le calcul, là, parce que j'ai regardé la dernière fois, là,
cette semaine, je pense qu'il y avait encore 13 milliards de prévus en
plus. Généralement, là, on fait à peu près 22 %, 23 %, selon notre
poids démographique. Ça fait que, faites le calcul. Si, dans le total du pot,
il y a 20 milliards, bien, ça représente à peu près 4 milliards, 4,5 milliards
pour le Québec.
M. Lacroix (Louis) : Mais M. Girard
disait 3 milliards, hier.
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M. Marissal : Oui,
bien, comme je vous le dis, moi, j'ai regardé les chiffres en... ce n'est pas
tout à fait clair dans les chiffres du fédéral. Ça fait que je vais laisser le
fédéral mettre de l'ordre dans ses affaires. Peu importe, la règle générale,
là, c'est qu'on s'entend que, a, c'est 22 %, 23 %, selon notre poids
démographique, et ensuite ça vient sans condition à Québec. Nous, ce qu'on
ajoute, c'est que ça fait longtemps qu'on dit qu'il faut qu'on s'occupe des
soins dentaires du monde au Québec. Ça fait un peu tiers-monde de la façon dont
on s'occupe de ça ici.
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M. Nadeau-Dubois : Peut-être
juste ajouter un élément là-dessus, sur les soins dentaires. Le monde au
Québec, là, en pleine période d'inflation, là, le genre de dépenses qu'ils
coupent, c'est exactement ces dépenses-là. Aller chez le dentiste, là, c'est
exactement le genre de facture que le monde en ce moment n'ont plus les moyens
de se payer. Ça fait que, non seulement la santé dentaire, c'est important pour
la santé du monde, mais en ce moment, en pleine crise du coût de la vie, c'est
une manière d'aider bien des familles que de bonifier la couverture des soins
dentaires par le régime public. Nous, on fait cette bataille-là depuis des
années et il n'est pas question que Justin Trudeau s'en occupe à la place du
gouvernement du Québec. La motion qu'on demande aujourd'hui est claire.
Rapatrions cet argent-là sans condition, mais prenons nos responsabilités au
Québec d'aider le monde à aller chez le dentiste puis avoir des dents en santé,
parce qu'en effet, c'est une condition de la santé globale des gens au Québec.
M. Duval (Alexandre) : Santé
Québec, je comprends que vous nommez tous les désavantages que vous y voyez, à
cette agence-là, mais au-delà des désavantages que vous y voyez, est-ce que vous
allez vous y opposer tout court? Santé Québec, une agence, c'est non?
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M. Nadeau-Dubois : Bien,
l'idée théorique et abstraite d'une agence, c'est une chose. Nous, on juge le
projet de loi qu'on a sous les yeux. Puis le projet de loi qu'on a sous les
yeux, c'est quoi? C'est le Saint-Graal des réformes centralisatrices. C'est la
mère de toutes les réformes de centralisation. Jamais les libéraux n'étaient
allés aussi loin en matière de centralisation. C'est une très mauvaise
nouvelle. Et c'est cette manière-là de créer une agence, c'est une mauvaise
idée. Mon collègue va travailler sur le projet de loi. On va essayer d'en
faire... on va essayer d'être constructif puis d'en faire quelque chose du
moins pire possible. Mais moi, je vous dis, là, quand j'ai lu ça hier soir, là,
ma réaction, ça a été de dire : C'est vraiment un power trip de
bureaucrates. C'est un truc réfléchi par et pour des bureaucrates. Il n'y a pas
plus de soins pour les patients là-dedans. Voulez-vous bien me dire, là-dedans,
là, qu'est-ce qui va convaincre une infirmière qui a quitté vers le privé à
revenir vers le public? Aïe! à cette heure, il va y avoir un P.D.G. big shot,
ça me donne le goût de retourner travailler au public. Voyons donc! Ça passe
complètement à côté des vrais problèmes de notre système de santé : l'accès
à la première ligne, la pénurie de personnel. Il n'y a rien là-dedans qui règle
ça. C'est un power trip de bureaucrates.
M. Bellerose (Patrick) : C'est
une gestion locale. Est-ce que ce n'est pas un bon équilibre d'avoir une
gestion locale et une uniformité nationale avec l'agence?
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M. Marissal : Bien,
écoutez, si gestion locale, c'est d'avoir un ou une responsable en charge dans
un établissement comme un hôpital, évidemment, on est pour. Mais, bon, on n'a
pas réinventé le bouton à quatre trous non plus, là, ça fait longtemps que ça
aurait dû être fait. Ça, c'était une des erreurs, une des absurdités de la
réforme Barrette. C'est clair, quand on s'est rendu compte, notamment avec la
pandémie, qu'à un moment donné personne n'était responsable de rien. Bon, ça...
et puis, comme je vous dis, bon, moi, je ne suis pas fermé à tout, là,
unilatéralement, là. Ça, ce n'est pas une mauvaise idée, mais est-ce qu'on a
besoin de créer une nouvelle mégastructure, de recommencer au complet le
casse-tête à l'envers, là, parce que M. Dubé, il a envie de se payer un
power trip, là, d'organigramme? Moi, je pense qu'on n'a pas besoin de faire ça.
Honnêtement, là, entre vous puis moi, là, c'est pas mal le béaba que quelqu'un
est responsable dans un hôpital, là, ça va de soi.
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M. Nadeau-Dubois : Mais
juste là-dessus...
Des voix : ...
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M. Nadeau-Dubois : ...juste
là-dessus, je veux ajouter un élément, c'est que la question, aussi, c'est :
Les solutions, là, pour réparer notre système de santé, c'est qui, qui les a?
Est-ce que c'est des bureaucrates dans leur bureau à Québec, ou des
bureaucrates «top guns» qu'on va aller chercher dans des entreprises privées ou
si c'est le monde sur le terrain?
Moi, je pense qu'il y a bien des solutions
à nos problèmes en santé, là, ils sont sur le terrain. C'est les femmes et les
hommes sur le terrain qui vivent le système, qui, je pense, ont des choses à
nous dire sur comment l'améliorer. Qu'est-ce que fait cette réforme-là? Elle
enlève tout le pouvoir aux gens sur le terrain. Les gens qui, je pense,
devraient être nos alliés, les gens dont on devrait s'inspirer pour réparer
notre système... parce que c'est vrai qu'il ne va pas bien, puis, moi, le statu
quo, ça ne m'intéresse pas. Mais on peut-u écouter le monde sur le terrain?
Christian Dubé vient de faire le contraire, il vient dire : Je m'en fous
de ce que vous pensez. Je vous enlève votre pouvoir, je vais aller chercher mes
«chummies» du privé, je vais leur donner des grosses jobs, puis checkez bien,
ça va marcher.
Moi, je pense que c'est un power trip de
bureaucrates. Puis il n'y a pas aucun patient qui a été aidé par la réforme
Barrette, puis il n'y a aucun patient qui va être aidé par cette réforme-là.
M. Bellerose (Patrick) : ...enlève
les C.A. sur les CISSS et les CIUSSS?
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M. Nadeau-Dubois : Il
enlève, en effet, notamment la voie qu'avaient les travailleurs et
travailleuses dans la prise de décision puis c'est s'en aller dans la direction
contraire. Nous, ce qu'on veut, là, c'est décentraliser puis ramener du pouvoir
au monde qui sont sur le terrain. Moi, je pense, ce monde-là, ils en ont, des
bonnes idées, mais ce gouvernement-là ne les a jamais écoutés, il ne les
écoutait pas pendant la pandémie, il ne les écoute pas plus aujourd'hui.
Journaliste : ...
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M. Marissal : Mais non
seulement il les enlève, des C.A., mais il nomme ce qu'il a appelé lui-même des
«top guns» du domaine privé, de la business. C'est un peu insultant, là, pour
les gens qui sont sur le terrain tous les jours, à qui le ministre dit
d'ailleurs : Ah! je veux travailler avec vous, je veux vous consulter.
Sauf qu'il ne les a pas consultés, il ne les a pas entendus, puis là il veut
les remplacer par des gens qui, évidemment, ont la solution magique parce
qu'ils viennent du privé. Il y a un parti pris évident là-dedans, puis,
M. Dubé, bien, il en fait la preuve ici.
M. Bergeron (Patrice) : Aimeriez-vous
aller jusqu'à voter contre au vote, sur le principe?
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M. Nadeau-Dubois : On
verra. On va... Honnêtement, là... C'est, comme, 1 000 articles ?
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M. Marissal : C'est 1 200...
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M. Nadeau-Dubois : 1 200 articles.
M. Bergeron (Patrice) : ...vous
avez l'air opposés même au principe de...
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M. Nadeau-Dubois : Non.
C'est-à-dire que, là, ce qu'on vous livre, c'est notre réaction préliminaire
sur... appelons ça les grandes orientations du projet de loi. Puis on trouve
que c'est une réforme qui va dans la mauvaise direction. C'est ce qu'on vous
dit ce matin. On va poursuivre l'analyse. Il va y avoir d'abord des
consultations particulières, et puis on prendra notre décision sur le vote, sur
la série de votes à faire en temps et lieu, là.
M. Carabin (François) : Est-ce
que c'est réaliste de penser qu'en 2023, cette réforme-là va passer, même avec
modifications ou...
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M. Marissal : ...là,
vous parlez de l'échéancier ou vous parlez de...
M. Carabin (François) : ...il
dit qu'il préférait que ça soit adopté avant juin. Mais vous, selon vous, c'est
quoi l'échéancier réaliste?
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M. Marissal : M. Dubé,
il est bon dans les chiffres, là, et je lui invite à compter le nombre de jours
qu'il y a d'ici l'ajournement de juin, là. Je ne vois pas, là, même avec la
meilleure volonté du monde, à moins qu'il nous annonce qu'on va travailler
24 heures sur 24, jour et nuit, la fin de semaine aussi, là... Il y a 1 200 articles dans sa
patente. Il nous a dit, lui-même, hier qu'il est tombé en bas de sa chaise puis
que ça lui a fait peur quand ses fonctionnaires lui ont amené le projet de loi.
Ça fait que, tu sais, il y a comme... C'est lui qui a créé le monstre, puis là
il voudrait qu'on avale le mammouth en une bouchée.
Bien, en tout cas, je ne vois pas trop
comment. Et il y a des crédits. Alors, tu sais, faites le calcul de jours
disponibles, là, ce n'est pas de la physique nucléaire, c'est le nombre de
jours disponibles qu'on a d'ici l'ajournement. J'espère qu'il n'est pas en
train de nous dire qu'il va y avoir un bâillon, là, je ne peux pas croire qu'on
passe ça par bâillon en plus, là.
Alors, c'est curieux, d'un côté de la
bouche, de dire : Ah! les oppositions, on travaille bien, on va bien
travailler ensemble, mais, d'un autre côté, nous pousser dans le dos avec une
baïonnette pour dire : Il faut que vous adoptiez ça, là, ce monstre-là,
d'ici le 10 juin. En tout cas, moi, j'entre là-dedans de façon
constructive, mais ce n'est pas vrai non plus que je vais me faire bulldozer
parce qu'un ministre veut faire un power trip, là.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
qu'il faut financer ou subventionner davantage les propriétaires de résidences
pour aînés qui ferment parce que ce n'est pas assez payant, puis ils aiment
mieux faire faire des condos ou vendre ça?
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827
M. Nadeau-Dubois : Bien,
en ce moment, ce à quoi on assiste... puis on le vit dans nos circonscriptions,
d'ailleurs, c'est vraiment une crise dans le secteur des RPA, mais une crise
qui touche les petites résidences privées, parfois familiales. Plusieurs
d'entre elles sont en région. Et il va falloir trouver une solution parce qu'on
ne peut pas se permettre que des RPA comme ça ferment en série. Ceci étant dit,
il n'y a pas un modèle de RPA, hein? Il y a des RPA et, il y a aussi, en ce
moment au Québec, des géants de l'immobilier qui font de l'hébergement aux
aînés une véritable mine d'or, des entreprises extrêmement profitables cotées
en bourse, dont la capitalisation se chiffre en milliards de dollars.
Donc, qu'on aide les petites RPA
familiales, les petites RPA de région, souvent qui sont autonomes, à continuer
de faire partie de la solution dans l'hébergement aux aînés, oui. Donner des
cadeaux aux milliardaires de l'immobilier qui s'en mettent plein les poches en
ce moment, ça, c'est non. Il va falloir trouver une manière d'aider les gens
qui ont besoin d'aide sans enrichir des gens qui, déjà, souvent — puis
les reportages ont été nombreux — ont des pratiques prédatrices à
l'égard des aînés.
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M. Marissal : Mais il
faut ouvrir les livres aussi, hein?
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M. Nadeau-Dubois : Oui.
Puis ça implique...
17
867
M. Marissal : ...on
dit des fois, là, pas d'imposition sans représentation, là, les Américains
disent ça. Moi j'ajouterais : Ici, là, pas d'aide de l'État sans
transparence.
Donc, vous voulez avoir de l'aide de
l'État, vous allez faire la démonstration, a, que vous en avez vraiment besoin,
b, que vos pratiques envers les aînés, parce qu'il y a plein d'abus dans ce
secteur-là, sont respectueuses, puis que vous n'êtes pas là juste pour faire du
fric en vendant des petits services à la pièce à des gens qui sont vulnérables.
M. Carabin (François) : Gilles
Proulx a fait paraître une chronique, M. Nadeau-Dubois, ce matin, dans
laquelle il vous demande d'admettre que vous avez erré quant à la citation sur «achevé».
Est-ce que... bien, qu'est-ce que vous répondez?
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M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, j'ai lu la chronique de M. Proulx. Il a le droit de se défendre.
Il a le droit de s'expliquer. Ses explications lui appartiennent. Je trouve son
explication sur cette phrase-là bancale, mais il a le droit de se justifier.
Dans une société démocratique, c'est bien correct. Après ça, même si on
adhérait à son explication, même si on adhérait à son explication pour cette
phrase-là, est-ce que ça justifie de dire que le Parti libéral est à abattre?
Est-ce que ça veut dire que traiter des hommes et des femmes politiques de
bâtards, de cochonneries puis de gangrènes, ça, c'est correct? Je ne pense pas.
C'est des propos qui ne sont pas acceptables, QUB radio n'aurait pas dû les
accepter. On attend toujours des excuses de M. Proulx, de M. Martineau,
qui a laissé ces propos-là être exprimés à son micro sans corriger son
chroniqueur, et de QUB radio.
Journaliste : Mais, visiblement,
M. Proulx...
M. Bellerose (Patrick) : ...quand
même. Est-ce que vous maintenez qu'il y avait un lien entre «les achevés» et
Québec Solidaire? Vous avez réécouté, vous avez eu le temps de l'écouter comme
il le faut. Est-ce que ça, vous le maintenez? Le restant vous pouvez le
maintenir, là, mais est-ce que ça, vous le maintenez?
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827
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je ne suis pas dans la tête de M. Proulx.
M. Bellerose (Patrick) : ...
16
827
M. Nadeau-Dubois : Non,
mais ce que je veux dire, c'est que, moi, je ne peux pas juger son intention.
Je ne peux pas son intention, je ne la connais pas. Mais, ce que je constate,
c'est que, non seulement nous, mais la quasi-totalité de la classe politique
québécoise a compris la même chose que nous quand ils ont entendu ces
propos-là. A posteriori, M. Proulx nous dit : Non, mais ce n'est pas
exactement ça que je voulais dire. Parfait. Qu'en est-il des autres propos?
M. Bellerose (Patrick) : Vous
n'aviez pas entendu l'extrait avant de vous prononcer?
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827
M. Nadeau-Dubois : Bien
sûr. Non seulement on l'a écouté, mais on l'a réécouté, bien sûr.
M. Bellerose (Patrick) : ...Québec
solidaire et «achevé»?
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827
M. Nadeau-Dubois : Bien
sûr. D'ailleurs, Mme Rizqy, qui a réagi vivement... Marwah a réagi
vivement aux propos. Elle aussi, là, n'a pas réagi sans avoir écouté la
chronique. En fait, les gens de QUB radio avaient retiré au départ un des liens
pour avoir accès à cette chronique-là. Nous, on l'avait enregistrée parce qu'on
voulait avoir un extrait audio complet des propos de M. Proulx. Ce qui est
arrivé, c'est que Marwah m'a texté, elle dit : Je vois ça, qu'est ce qui
se passe? Est-ce que tu as un extrait? J'ai dit : Oui, on l'a enregistré.
Marwah est venue dans mon bureau, on l'a écouté ensemble. Je lui ai donné le
fichier pour qu'elle puisse se faire une tête elle-même. Elle a écouté
l'entièreté des propos. Elle en est arrivée, dans son indépendance de jugement,
à la même conclusion que nous. Ça fait que... en fait, la quasi-totalité de la
classe politique québécoise a eu cette conclusion-là.
Donc là, après ça, tout le monde a compris
quelque chose ou à peu près la même chose. M. Proulx, lui, soutient que ce
n'est ça qu'il voulait dire. Il a le droit de s'expliquer, c'est correct. Mais,
au-delà de... D'une part, au-delà de l'intention, il y a les effets du propos,
puis, d'autre part, qu'en est-il du reste des propos? Ils ne sont pas plus
acceptables.
M. Carabin (François) : ...visiblement,
M. Proulx reste un collaborateur à QUB radio. Il avait une chronique hier,
si je ne m'abuse. Il écrit des chroniques toujours pour le Journal de Montréal.
Est-ce que vous allez continuer votre boycotte de QUB radio? Parce que, là, on
a l'impression que vous jouez à «chicken», là.
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827
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, si on avait voulu jouer à «chicken», on aurait émis une déclaration
publique d'entrée de jeu, ce qu'on n'a pas fait, hein? On a commencé... on a eu
des discussions pendant une bonne partie de la journée jeudi dernier avec les
gens de QUB radio, parce que, nous, on souhaitait qu'il y ait une admission de
la faute puis une excuse. Ça aurait pu se faire en privé. Ça n'a pas été
possible. C'est seulement par la suite qu'on est sortis publiquement. Ça fait
que si c'était une game de «chicken», on n'aurait pas procédé comme ça, premièrement.
Deuxièmement, nous, on n'est pas en guerre
contre aucun média. On est même... On n'est pas en guerre contre aucun
chroniqueur, mais il arrive des moments où, en politique, il faut tracer des
lignes, puis il faut envoyer un message qu'il y a des choses qu'on ne devrait
pas accepter dans notre débat public. C'est ce qu'on a voulu faire, c'est ce
que j'ai voulu faire, pas faire perdre un micro à quelqu'un, pas faire perdre
une chronique à quelqu'un, mais dire : On peut-u s'entendre... Et, je
précise, je ne veux pas non plus admettre quelqu'un en prison ou l'amener
devant les tribunaux, juste envoyer un message, puis que tout le monde,
journalistes, politiciens, chroniqueurs, au-delà de nos débats et de nos rôles
distincts dans une démocratie, on dise : O.K., on ne va pas là. On
respecte l'humanité des hommes et des femmes qui s'engagent en politique. On a
des familles, puis dire des affaires de même, ça met en danger notre sécurité.
Il y a deux personnes qui ont été arrêtées depuis la dernière élection pour
menaces de mort à mon égard, deux. Il y a bien du monde qui ne vont pas bien au
Québec. Des propos comme ça dans l'espace public, ça peut avoir un effet, ça
peut donner des mauvaises idées. Je suis convaincu que ce n'était pas ça,
l'intention de M. Proulx, hein? Mais des propos haineux et violents, ça
peut... ça alimente un climat qui est déjà délétère, qui est déjà rempli de
violence et de haine envers les hommes et les femmes politiques. Puis, si on
condamne ça quand c'est des comptes anonymes sur les médias sociaux, on devrait
le condamner de la même manière quand c'est des gens qui parlent à des
centaines de milliers de personnes.
Mme Lévesque (Fanny) : Sur le
transport aérien régional, ça va faire un an qu'on a annoncé les billets à
500 $. Là, on voit... c'est le président de l'UMQ qui dit que la
situation, la desserte n'a jamais été aussi pire que ça.
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827
M. Nadeau-Dubois : Bien,
je vous rappellerai, quand la CAQ a annoncé cette mesure-là des billets à
500 $, la réaction unanime a été de dire : Bien, voyons donc, ça ne
peut pas être ça, la solution. C'était encore une fois une solution qui, du
point de vue de la communication politique, pouvait avoir l'air vendeuse, hein?
Billets à 500 $, tu dis : Wow! C'est cool, mais tout le monde voyait
bien que ça ne réglerait pas le problème de fond. C'est exactement ce qui est
en train de se produire. Puis c'est au gouvernement à nous expliquer c'est
quoi, la prochaine étape, parce que la solution, ce n'est pas ça.
Mme Lévesque (Fanny) : Parce
qu'on parle d'un comité qui va identifier des solutions. On se donne deux ans.
C'est satisfaisant pour les gens qui attendent les services?
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827
M. Nadeau-Dubois : C'est
beaucoup trop long. Puis, bien sûr, la solution pour connecter les régions au reste
du Québec, ce n'est pas seulement le transport aérien interrégional, mais en ce
moment, il y a à la fois une crise dans ce secteur-là et une crise dans le
secteur du transport interurbain par autobus, hein? il y a des... encore
aujourd'hui, je voyais il y a quelques semaines des trajets d'autobus
interurbains qui se font retirer, et on est en retard sur le plan du
développement du ferroviaire au Québec. Donc, il y a un problème beaucoup plus
large que la simple question du transport aérien, c'est : Comment ça se
fait qu'en 2023 on n'est pas capable de partir de Gaspé puis de s'en aller à
Montréal sans prendre la voiture de manière minimalement efficace? Et ça, la
CAQ n'a aucun plan pour répondre à ce besoin-là des gens, pas juste des gens
d'affaires, de tous les gens qui habitent dans les régions du Québec.
Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce
que les transporteurs doivent être sur le comité permanent, là, pour trouver
des solutions?
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827
M. Nadeau-Dubois : On
n'a pas d'opposition, non, à ce que les transporteurs soient dans les
discussions.
Mme Lévesque (Fanny) : Ils
font partie de la solution?
16
827
M. Nadeau-Dubois : Bien,
il va falloir, oui, d'une manière ou d'une autre.
M. Bellerose (Patrick) : Le
directeur exécutif des Chantiers Chibougamau, que vous avez rencontré en
campagne électorale, propose qu'on abaisse les exigences pour les travailleurs
temporaires, qui deviennent travailleurs... ou, en fait, qui demandent la
résidence permanente. Est-ce que c'est une solution pour éviter de perdre des
gens qu'on attire ici, au Québec, et qui pourraient fuir vers l'Ontario?
16
827
M. Nadeau-Dubois : Je
pense que la solution, ce n'est pas de diminuer les exigences en français, mais
il y a quand même un signal à entendre, là. Puis ce signal-là, c'est que le
modèle actuel d'immigration, où on mise tout sur de l'immigration temporaire,
précaire, qui noie les entrepreneurs dans un océan de paperasse, ce modèle-là
ne fonctionne pas. La solution, ce n'est pas de diminuer les exigences, c'est
d'avoir un meilleur modèle d'immigration, au centre duquel il y a la
francisation en milieu de travail, appuyé, financé par le gouvernement.
M. Bellerose (Patrick) : Ce
n'est pas tout le monde qui a la même aisance pour apprendre une langue seconde
à un niveau intermédiaire avancé, comme exigé pour la résidence permanente.
Est-ce qu'on ne pourrait pas se dire : Bien, écoutez, pour des gens qui
viennent faire du travail manufacturier, oui, il faut parler français, oui, on
va envoyer leurs enfants à l'école en français, mais on pourrait avoir une
certaine...
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M. Nadeau-Dubois : Bien,
ça prend du temps, ça prend du temps apprendre une langue, mais c'est possible,
et c'est possible à tous les âges, si on est accompagné, si les ressources sont
suffisantes et si on met les gens dans des bonnes conditions. Par ailleurs, le
milieu de travail lui-même, c'est sans doute le meilleur endroit pour apprendre
le français, parce qu'on le fait dans l'échange avec nos collègues, à travers
la socialisation. C'est beaucoup plus efficace que mettre les gens dans une
salle de classe le mercredi soir, à 8 h 30, en disant : Apprenez
le français.
M. Spector (Dan) : ...Mr. Dubé was saying yesterday that he wants to put more
decision making power in the hands of people on the ground, doctors, etc., have
local managers who people are going to see in the hallway. Do you think that's
all... like, is that all a lot?
M. Nadeau-Dubois :
What I see in that reform is a
bureaucrat's power trip. It's a reform by and for bureaucrats. There is nothing
here for the patients. There is nothing here to bring more nurses into the
public health care system. No one will say : Oh! I will go back to work
for the public system, because now there is big shot CEO coming from the
private sector. What a curious idea! This reform does not address the real
everyday problem that Quebeckers face with their health care system. It's a…
yes, it's a bureaucrat's power trip, it's another reform that will centralize,
centralize, centralize the health care system. Governments in Québec have been
doing this for decades. Look at the results. Look at the results.
M. Marissal : Yes, Mr. Dubé has a strange vision of decentralization. When you
look at this draft bill, the first idea behind it is to create a new agency
that will run basically everything on the day-to-day business in the health
sector, from top to bottom. So, basically, I don't see the link between what
he's saying and what I read in the draft bill.
Journaliste
: It's obviously very early on, but do you think you'll vote against
it? I mean…
M. Marissal : It's too early to say. You know, I'm still in shock, quite frankly. I thought we were going to
study a draft bill on the creation of an agency, now we have a major overall
again, and again, and again, of the health sector. So, allow me to take some
time. I think I need the weekend to think about it, at least.
Journaliste
: I wanted to ask you about Airbnbs. We're seeing that people are
trying to find ways around to keep their properties up on Airbnb, what appear
to be fake permit numbers, one, two, three, four, five, six. I mean, what's the
next step here and what needs to be done?
M. Nadeau-Dubois : First of all, we need to change the law. We need to correct the
mistake that the CAQ did months ago when they refused the proposition of Québec solidaire to force Airbnb and other
similar platforms to be responsible for the illegal postings on their websites.
That has not been done yet. Airbnb said that they're going to do it on a good
faith basis. I don't believe in the good faith of Airbnb. We need to change the
law. We need to be tough, we need to be clear. There is laws in Québec and it's
not the companies that make the laws, it's the elected people, and we will
collaborate to adopt a new law as soon as possible.
Journaliste
: Does Airbnb have a place in Montréal, you think, in the future?
M. Nadeau-Dubois :You know, if you
have a home and go away for two weeks in vacations, and you want to temporarily
lent your apartment for two weeks while you're away, no one has a problem with
that, no one. It's a reasonable use of a reasonable technology to do a
reasonable thing. But throwing people out of their apartments, evicting people
from their homes, to make piles and piles of money, as a speculator, this is
not what Airbnb should be used for and our laws should force those platforms to
respect those boundaries. They will never do it by themselves, never. They just
want to make money. We are here to protect the people.
Journaliste
: Thank you.
M. Nadeau-Dubois : Merci. Thank you.
M. Marissal : Merci.
(Fin à 9 h 24)