(Huit heures deux minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Bon jeudi. C'est la dernière journée où les députés siègent ici, à l'Assemblée
nationale, avant la relâche parlementaire de la semaine prochaine.
Une voix : L'autre relâche.
M. Nadeau-Dubois : L'autre
relâche.
Une voix : Il y a plein de
relâches.
M. Nadeau-Dubois : Il y
a plein de relâches. Mais les députés ne siégeront pas la semaine prochaine. On
ne sera pas ici, à l'Assemblée nationale, donc je veux profiter de l'occasion
pour lancer une invitation, une invitation aux députés caquistes, je pourrais
dire, profiter de l'occasion pour leur lancer un défi amical.
Je les invite à aller parler au monde
quand ils vont aller faire leur épicerie. Hein?, les députés vont être dans
leur circonscription, ils vont aller faire leur épicerie. Je les invite à jaser
avec les gens qu'ils vont croiser, le monde qui sont en train de faire leurs
commissions, mais aussi, il y a les caissières avec... qu'ils vont croiser en
faisant leur épicerie dans leur comté, puis j'aimerais que les députés caquistes
leur parlent puis leur posent une question : Comment vous trouvez ça,
vous, des députés qui se votent à eux-mêmes une augmentation de 30 000 $,
une augmentation immédiate et rétroactive? Je pense que ça ferait des
conversations intéressantes.
Je pense que les députés de la CAQ ont
besoin d'entendre les gens qu'ils représentent sur cette question-là, parce
que, moi, ce que j'entends sur le terrain, là, c'est que ça n'a pas de bon sens.
C'est que ça n'a pas de bon sens, des députés qui se votent à eux-mêmes une
augmentation de 30 000 $ par année, alors qu'il y a bien des
caissières, justement, qui font à peine ça, 30 000 $ par année.
Se voter à soi-même une augmentation de
salaire, comme député, comme représentant du peuple québécois, ça envoie un
mauvais message. En fait, procéder comme ça, ce que ça fait, c'est que ça
alimente le cynisme. C'est mauvais pour tous les partis politiques, c'est
mauvais pour la classe politique, c'est mauvais pour la confiance des Québécois
et des Québécoises envers les élus, envers les institutions politiques.
Donc, c'est l'invitation, c'est le défi
amical que je lance ce matin aux députés de la CAQ : Allez jaser avec le
monde que vous représentez puis demandez-leur ce qu'ils pensent de cette
manière-là de procéder, je pense que ça va être intéressant.
Je veux glisser un mot aussi sur ce qu'on
apprend ce matin dans La Presse au sujet de la confidentialité des
données médicales. Les données médicales, ça devrait être sacré, c'est les
données les plus confidentielles de toutes les données confidentielles, ou à
peu près. C'est très inquiétant de voir ça. Je ne pense pas avoir été le seul
ce matin, en lisant l'article, à se dire : Oh! Qu'en est-il de mon dossier
médical, qu'en est-il de mes informations personnelles? Je pense qu'il y a bien
des Québécois, bien des Québécoises qui vont se poser cette question-là.
Il faut faire la lumière là-dessus. Il
faut que le ministre de la Santé, il faut que le ministère de la Santé fasse la
lumière là-dessus pour savoir est-ce que c'est un phénomène répandu, si oui, à
quel point, et évaluer s'il y a des mesures à mettre en place pour que les
données personnelles, les données médicales des Québécois et des Québécoises
soient réellement confidentielles. Franchement, c'est très inquiétant, tout ça,
dans une société de droit.
Christine.
Mme Labrie : Merci,
Gabriel. Moi, je veux vous parler du dossier des aînés. Ce matin, on apprenait
que le propriétaire de la résidence du Mont-Carmel, à Montréal, est disposé à
vendre. L'énorme problème que l'on a en ce moment, c'est que n'importe quel
autre spéculateur pourrait faire l'acquisition de ce bâtiment, et les droits
des locataires ne seraient toujours pas respectés. C'est un problème majeur.
Ça fait plus d'un an et demi maintenant que
ma collègue Manon Massé lutte aux côtés des résidents et des résidentes de
Mont-Carmel pour que leurs droits soient mieux protégés, malheureusement, il
n'y a toujours rien qui s'est passé pour soutenir ces locataires-là.
Et, le dossier de Mont-Carmel, c'est
l'emblème de tout ce qui est vécu à travers le Québec avec les fermetures de
RPA et les conversions de RPA en logements réguliers. Ce dont on a besoin,
actuellement, c'est d'actions du gouvernement pour faire en sorte que,
lorsqu'une RPA est à vendre, elle puisse être acquise par un organisme à but
non lucratif pour protéger les droits des locataires, pour protéger
l'abordabilité de leurs logements, les services qu'ils y reçoivent.
Et je ne comprends pas qu'à ce jour on se
retrouve dans une situation où une RPA, qui est encore à vendre, puisse être
achetée par n'importe quel spéculateur après autant de mois de lutte, après
avoir vu l'impact que ça a sur le quotidien de ces gens-là. C'est inadmissible
pour moi que la CAQ n'ait pas encore levé le petit doigt pour mettre fin à
cette spéculation sur les RPA.
Autre dossier. Je veux faire quand même un
petit retour sur ce qui a circulé autour des maisons des aînés hier. Moi, je
n'ai pas été convaincue du tout par les réponses de la ministre concernant les...
l'apparence de partisanerie dans l'attribution des maisons des aînés. Ses
réponses ne sont pas satisfaisantes.
C'est encore inexplicable, à mes yeux,
que, dans la région de Montréal, par exemple, il manque aux environs de 700 places.
On connaît l'impact sur l'engorgement de nos hôpitaux, du manque de places, ce
n'est pas normal qu'on construise, à certains endroits, des centaines de places
supplémentaires pour lesquelles il n'y a pas de demande, et qu'à Montréal on
n'ait pas de projet en développement pour répondre aux listes d'attente
actuelles.
Donc, moi, je demande à la ministre de
faire la démonstration qu'il n'y a pas de partisanerie là-dedans, puis je lui
demande aussi de respecter l'engagement qu'elle a pris pendant l'étude des
crédits, la semaine dernière, de dévoiler la liste des CHSLD qui seront
reconstruits sous forme de maisons des aînés. Et j'espère qu'on ne trouvera pas
de partisanerie dans cette liste-là.
Mme Lajoie (Geneviève) : M. Nadeau-Dubois,
sur le salaire des élus, là, c'est déposé, donc, aujourd'hui, ça veut dire que
ça peut être adopté avant la fin de la session. Je comprends que vous êtes
opposé à ce projet de loi, à cette hausse de salaire. Est-ce que vous allez
utiliser tous les outils parlementaires à votre disponibilité pour retarder
l'adoption de ce projet de loi?
M. Nadeau-Dubois : D'abord,
le projet de loi, on ne l'a pas lu encore. Moi, je ne connais de ce projet de
loi là que ce qu'il a... ce qui a filtré dans les médias, donc vous comprendrez
que je vais me garder une réserve à savoir ce qu'on va faire avec le projet de
loi, je ne l'ai pas vu.
Sur le fond des choses, nous, on n'a
absolument pas lancé la serviette, on n'a absolument pas abandonné. Je crois
que c'est toujours possible de convaincre les autres formations politiques de
mettre tout ça sur pause et de recommencer le processus au début.
Jusqu'à il y a quelques jours, à Québec
solidaire, on était à peu près les seuls, là, à s'opposer publiquement à cette
intention de la CAQ. Moi, je constate, dans les derniers jours, que le Parti
québécois s'est rallié à notre position, je m'en réjouis.
Et donc moi, je tends la main à nouveau au
Parti libéral, notamment. Et je fais peut-être la même invitation aux députés
libéraux que celle que j'ai faite aux députés caquistes : Allez parler à
votre monde, allez parler à votre monde.
M. Bossé (Olivier) : Vous,
vous êtes contre la hausse décidée ou votée par les députés, leur propre...
C'est plus cet élément-là...
M. Nadeau-Dubois : Ah bien,
depuis le début, nous, on maintient qu'il y a à la fois un problème sur le
processus et un problème sur le fond. Le processus, il est vicié, notamment
parce que le mandat qui a été confié à ce comité-là était incomplet. On a dit à
ce député-là... à ce comité-là : Occupez-vous du salaire de base, mais ne
regardez pas le régime de retraite. Franchement, franchement. Et, sur le fond
aussi, c'est une augmentation qui est importante, qui est immédiate, qui est
rétroactive. C'est fort de café.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que le PQ sait qu'il s'est rallié à votre position? Parce qu'hier M. Bérubé
n'avait pas l'air d'être si proche...
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
j'ai écouté les entrevues de M. Bérubé, notamment hier, où il exprimait un
malaise assez profond avec comment ça se passe jusqu'à maintenant. Donc, moi,
ce que je perçois, c'est un malaise important, au Parti québécois, puis je suis
content de savoir qu'on n'est pas les seuls à être inconfortables.
M. Laberge (Thomas) : ...s'il
était prêt à discuter avec vous, il avait l'air de dire : On va se faire
notre position, indépendamment de QS, là.
M. Nadeau-Dubois : Ah bien,
moi, j'ai eu une conversation avec M. Plamondon il y a quelques semaines
sur le sujet, donc ce n'est pas vrai qu'il n'y a aucune conversation entre les
partis politiques là-dessus.
Moi, tout ce que je fais... tout ce que je
dis, là, c'est que, moi, je me rappelle d'une époque où, à Québec solidaire, on
était ici, au parlement, les seuls à se battre contre cette manière-là de
procéder. Ce que je constate aujourd'hui, c'est que le consensus s'élargit.
Moi, j'ai... Moi, je perçois un malaise certain du côté du Parti québécois sur
la manière dont ça se déroule, et je salue ça. Ça... Je me réjouis de ça.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que vous pourriez proposer, en amendement, lors de l'étude article par article,
une clause d'autoexclusion? Est-ce que c'est dans vos cartons, ça?
M. Nadeau-Dubois : On verra, on
verra. Là, vous comprenez que vous me demandez : Est-ce
qu'hypothétiquement on pourrait amender un projet de loi, mais on ne l'a pas
encore vu, le projet de loi, ça fait qu'on va... ça fait qu'on va...
M. Lacroix (Louis) : ...aussi.
M. Nadeau-Dubois : ...ça fait
qu'on va regarder le projet de loi. Mais, ce que je vous dis, c'est qu'on verra,
et que, lorsqu'on connaîtra la nature du projet de loi...
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
que c'est quelque chose que vous envisagez, M. Nadeau-Dubois? Est-ce que
vous discutez de ça?
M. Nadeau-Dubois : On n'envisage
pas... M. Lacroix, en tout respect, on n'envisage pas d'amendements sur
des projets de loi qu'on n'a pas lus encore. Mais, ce que je vous ai dit hier,
c'est qu'en caucus, lorsqu'on connaîtra réellement les intentions du
gouvernement, on va en discuter.
Puis la question de qu'est-ce qu'on fait
avec cette augmentation potentielle de salaire, qui n'est pas encore advenue, bien,
elle va se poser, puis on répondra à vos questions avec plaisir.
Journaliste
: Mais
est-ce que, selon vous, on ne doit pas augmenter du tout?
M. Laforest (Alain) : Est-ce
que vous envisagez de ne pas toucher à l'argent? Parce que vous avez des
discussions de caucus, là. Là, vous arrivez, vous dites à la... C'est un peu
confus, votre histoire, ce matin... m'expliquer. Vous dites à la caissière de
votre... dites aux députés de la CAQ de demander à la caissière, le 30 000,
mais vous dites : Nous, c'est le processus. Alors, qu'est-ce qui vous
dérange, c'est le processus ou c'est le 30 000?
M. Nadeau-Dubois : On a
toujours été très clairs, à Québec solidaire, on a à la fois un problème avec
la manière dont on procède — et ça fait 10 ans qu'on le répète,
ce n'est pas nouveau, ça fait 10 ans — et avec les
recommandations, qui pourraient prendre la forme d'un projet de loi aujourd'hui.
Sur le fond, c'est le 30 000, mais
c'est le fait que le 30 000 se fait de manière complètement isolée du
reste des conditions de travail. On nous dit : Augmentons de manière
importante le salaire, mais on ne touche pas au régime de retraite, qui est
pourtant qualifié par certains experts de Ferrari, ce n'est pas mes mots, ce
sont les leurs, et on ne touche pas au régime d'allocation, qui est plutôt
bordélique et qui permet à 115 députés sur 125 de ne pas toucher seulement
le salaire de base.
Donc, c'est les deux, c'est à la fois la
manière de procéder et le fond de la question. Parce que, tout l'avantage, tout
l'avantage du rapport L'Heureux-Dubé d'il y a 10 ans, c'était de faire un
examen global. Et qu'est-ce que faisait la juge L'Heureux-Dubé?, bien, elle
disait : Oui, on va bonifier un peu le salaire des députés, mais, en
contrepartie, on va réformer le régime de retraite, on va faire le ménage dans
les allocations. Et le résultat de cette opération-là était à coût nul. Ça,
c'est une démarche beaucoup plus intéressante.
Mme Lajoie (Geneviève) : Donc,
vous n'êtes pas contre une hausse de salaire? Vous n'êtes pas contre une hausse
de salaire?
M. Nadeau-Dubois : Nous, on a
toujours dit...
Mme Lajoie (Geneviève) : Si
vous parlez de L'Heureux-Dubé, vous n'êtes pas contre une hausse de salaire?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
vous donne l'exemple du rapport L'Heureux-Dubé comme d'un exercice qui avait
été bien fait, qui avait été sérieux. Et, à l'époque, et, à l'époque, à Québec
solidaire, on était prêts à aller de l'avant avec le rapport L'Heureux-Dubé.
Donc, nous, on n'est pas buckés dans une
position de principe. Mais, des députés qui se votent à eux-mêmes une
augmentation de salaire, ça alimente le cynisme. Ce n'est pas bon.
M. Robillard (Alexandre) : M. Fitzgibbon,
hier, a dit qu'il se rallierait à la position, à la ligne de son parti
concernant la hausse de salaire. Donc, est-ce qu'on peut savoir qu'est-ce c'est,
la ligne de parti de Québec solidaire, là, face à la hausse que vous... de 30 000 $
que vous commentez abondamment avant la... le dépôt du projet de loi, là?
M. Nadeau-Dubois : C'est
quoi, la ligne de parti? C'est quoi?
M. Robillard (Alexandre) : Oui,
c'est ça. M. Fitzgibbon, lui, il dit qu'il va se rallier à la ligne de
parti de la CAQ concernant la proposition de hausser le salaire de 30 000 $.
La question que je vous pose, c'est : Qu'est-ce que c'est, la ligne de
parti de Québec solidaire, à propos du 30 000 $ que vous commentez
abondamment avant le dépôt du projet de loi?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nous, on a eu une discussion en caucus, puis l'ensemble des députés de Québec
solidaire, on a convenu ensemble qu'on s'opposerait à la hausse proposée par la
CAQ, qu'on tenterait de convaincre les autres partis de se rallier à notre
position et qu'on s'opposait à la fois à la manière dont c'est fait, mais aussi
au fond de la question. Je veux dire, 30 000 $, là, il y a du monde
qui font ça dans la vie. Faire ça de manière immédiate et rétroactive...
M. Robillard (Alexandre) : Je
comprends. Mais M. Fitzgibbon accepterait la hausse. M. Fitzgibbon,
il a dit... même s'il a laissé entendre qu'il n'avait pas besoin de 30 000 $,
il a dit qu'il était prêt à accepter cette hausse-là pour se rallier à la ligne
de parti. Donc, moi, je veux savoir : Est-ce que Québec solidaire, à la
lumière des faits que vous commentez abondamment, est en mesure de dire si vous
accepteriez cette hausse de 30 000 $ là?
M. Nadeau-Dubois : C'est que
je ne comprends pas le lien avec la ligne de parti. Dans le fond, vous me
demandez...
M. Robillard (Alexandre) : C'est
sa façon de dire qu'il se rallierait au consensus du caucus de la CAQ en faveur
de la hausse de 30 000.
M. Nadeau-Dubois : O.K. Bien,
nous, on va voir ce qu'il va advenir avec le... D'abord, on va voir ce qu'il y
a dans le projet de loi, on va voir ce qu'il va advenir avec le projet de loi.
On va voir s'il sera amendé. S'il y a...
M. Robillard (Alexandre) : ...Ce
que je ne comprends pas... J'aimerais ça que vous expliquiez pourquoi vous êtes
capable de dire que la hausse de 30 000, qui est hypothétique, est
inacceptable et que, sur cette base-là, vous n'êtes pas capable de dire si vous
l'accepteriez ou non.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, je suis capable de dire que cette hausse-là est inacceptable, parce
que, depuis le début, le processus est vicié, parce qu'ensuite cette
augmentation-là est immédiate, elle est rétroactive, elle fait complètement
abstraction du régime de retraite et des allocations, et parce que, 30 000 $
d'un coup, c'est beaucoup d'argent. C'est beaucoup d'argent. On est en pleine
inflation. Le gouvernement propose 9 % d'augmentation pour ses propres
salariés et se retourne et recommande qu'on s'augmente nous-mêmes de 30 000 $.
Tout ça, là, ça envoie un message de
déconnexion envers la population, puis on n'est pas à l'aise avec ça du tout.
Et, ça, là, c'est n'est pas une nouvelle position de Québec solidaire, ça fait
10 ans que vous nous entendez dire ça ici, à l'Assemblée nationale. On n'a
pas bougé d'un iota sur notre position, parce que, pour nous, c'est une
question de principe. Voter son propre salaire, en 2023, ça ne devrait pas
arriver.
M. Robillard (Alexandre) :
Vous êtes capable de dire que cette hausse-là est inacceptable puis qu'elle est
vraisemblablement indécente, mais vous n'êtes pas capable de dire, à ce
stade-ci, que vous la refuseriez?
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
vous dis, c'est qu'en temps et lieu, quand on connaîtra la nature exacte de la
proposition du gouvernement puis qu'on connaîtra les modalités de son
application, on prendra une décision.
M. Lacroix (Louis) : Eric
Lefebvre, hier, le whip de la CAQ, hier, a dit, Eric Lefebvre, que ça... d'avoir
un salaire plus élevé contribuerait à attirer des gens de qualité. Puis après
ça il a dit : À la dernière élection, il y a même des gens qui ont refusé
de venir parce que le salaire n'était pas assez élevé. Ça, ça veut dire, à la
CAQ, il y a des plans B.
M. Nadeau-Dubois : C'est
votre interprétation des choses. Toi, Christine, tu as-tu un plan B?
M. Lacroix (Louis) : Vous, en
avez-vous, des plans B? Puis il y en a-tu eu, des plans B, que vous
avez présentés dans les circonscriptions parce que le salaire n'était pas assez
élevé?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez, moi, je n'ai pas parlé aux 125 personnes qui se sont présentées
pour nous, mais j'ai quand même été impliqué beaucoup dans le recrutement des
candidats, des candidates. Bien sûr, la question de la rémunération des
députés, ça fait partie des échanges qu'on a. Mais je vais vous parler pour
moi, là, moi, personnellement, il n'y a personne qui a refusé de se présenter
pour Québec solidaire pour des questions financières.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
que ça vous étonne d'entendre le whip de la CAQ dire qu'il y a des gens qu'ils
ont approchés qui n'ont pas voulu se présenter pour la CAQ parce que le salaire
n'était pas assez élevé?
M. Nadeau-Dubois : Est-ce que
ça m'étonne? Écoutez, je... Tu sais, moi, dans ce débat-là, je veux présumer de
la bonne foi de tout le monde. Puis, moi, les 124 personnes que j'ai
autour de moi à l'Assemblée nationale, là, je suis convaincu qu'il n'y a
personne qui est allé là pour faire de l'argent. Pour certaines de ces
personnes là, aller en politique, ça a été un sacrifice financier, c'est vrai,
pour d'autres, ça a été une amélioration de leur salaire. Des gens qui ont
passé, par exemple, leur vie dans le milieu communautaire, devenir député, ça
améliore significativement leurs conditions de vie. Donc, il y a autant de
situations qu'il y a de députés.
Moi, je ne suis pas là pour mettre tout le
monde dans un même panier puis je suis convaincu surtout que tous les députés
de l'Assemblée nationale sont là pour des bonnes raisons puisqu'il n'y a
personne qui fait de la politique pour se remplir les poches au Québec dans mes
collègues parlementaires. Ça, pour moi, c'est très clair.
Maintenant, on devrait être capables de
s'entendre, sans blague, là, sur le fait que se voter à soi-même une
augmentation de 30 000 $, là, ça envoie un message qui est un mauvais
message. Ça alimente la perception, la perception d'une classe politique qui se
donne des privilèges. Puis, ça, cette perception-là, il ne faut pas
l'alimenter, il faut la déconstruire parce qu'elle est fausse. Et c'est pour ça
que, ce processus-là, il est vicié.
M. Duval (Alexandre) : Pascal
Bérubé disait avoir subi de la pression de la part de plusieurs élus caquistes.
Vous ou certains membres de votre caucus ont-ils vécu ce genre de situation?
M. Nadeau-Dubois : Je
pourrais passer la parole à Christine pour qu'elle témoigne d'elle, si elle
s'est fait interpeler. À Québec solidaire, ça fait 10 ans qu'on a la même
position, hein?, donc les députés de la CAQ savent où on loge, on a la même
position depuis l'époque d'Amir Khadir et de Françoise David. Donc, ils ne se
sont pas essayés fort, fort sur nous.
Moi... Et, nous, on a eu des discussions
au départ avec la CAQ lorsqu'est venu le temps de former ce comité-là. On s'est
rendu compte très rapidement que tout était attaché d'avance, et que le mandat,
notamment, était non négociable, puis que, ce mandat-là, c'était : On va
regarder le salaire de base, mais on ne regardera pas le régime de retraite,
mais on ne regardera pas les allocations. Tout de suite, on a dit : Bien,
voyons donc, c'est cousu de fil blanc, cette histoire-là, on ne peut pas
procéder comme ça. Et il n'y avait aucune ouverture à la CAQ pour revoir le
mandat de ce comité-là.
Ça fait qu'à partir de... du moment où on
a constaté, comme le PQ d'ailleurs, que tout ça était un processus expéditif et
cavalier, bien, on a affiché nos couleurs. Puis la CAQ n'a pas essayé beaucoup
de nous convaincre, ils connaissent notre position sur la question.
M. Laberge (Thomas) : Oui. Donc,
pas aucun député... qui sont venus vous voir pour vous faire changer de
position?
M. Nadeau-Dubois : Ah! j'ai eu
quelques conversations avec des députés de la CAQ. Mais M. Bérubé parlait
de, quoi, cinq, six députés, qui étaient venus faire de la pression. Moi,
personnellement, ça ne m'est pas arrivé. Puis je pense que c'est parce que,
notre position là-dessus, elle est claire, elle est connue, elle est la même,
elle est cohérente depuis 10 ans.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que, votre l'objectif, c'est d'isoler la CAQ? Est-ce que vous voudriez que la
CAQ soit les seuls à se voter une augmentation de salaire?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense, pas en vertu d'une règle du Parlement, là, mais vertu du gros bon sens,
que la CAQ ne devrait pas procéder seule sur cette question-là. Je pense que la
CAQ ne peut pas, avec sa majorité parlementaire, dire : On augmente le
salaire des députés. C'est une question qui devrait être traitée de manière non
partisane, qui devrait faire l'objet du plus grand consensus possible entre les
partis politiques. Je ne pense pas que la CAQ peut avancer seul là-dessus.
C'est pour ça que je tends la main aux
oppositions pour dire : Aidez-nous à convaincre le gouvernement,
aidez-nous à convaincre la CAQ que ce n'est pas raisonnable, d'augmenter les
salaires comme ça, de manière aussi brusque, aussi immédiate puis surtout de
manière rétroactive.
M. Bossé (Olivier) : ...des
pressions. Les gens du PLQ reçoivent des pressions de Québec solidaire dans les
jours actuels pour...
M. Nadeau-Dubois : Des
pressions?
M. Bossé (Olivier) : Bien, M. Bérubé
disait qu'il y avait eu des pressions de la CAQ pour appuyer leur position.
Donc, est-ce que, là, QS fait des pressions sur le PLQ pour...
M. Nadeau-Dubois : Bien, ça
dépend ce que vous voulez dire par... C'est-à-dire, moi, j'interpelle le Parti
libéral. Je ne sais pas si mes collègues ont des discussions en marge des
commissions parlementaires, échangent sur la question. On a des jasettes de
corridor, mais, je veux dire... Je ne sais pas si vous... si, votre question,
c'est : Est-ce qu'il y a une opération planifiée où on va parler aux
députés libéraux, non, on n'est pas là-dedans du tout. Mais, oui, on en discute
entre nous parce que ça nous touche, tous et toutes.
Puis, moi, ce que je dis aux députés que
je rencontre, de la CAQ et du Parti libéral, c'est... Tu sais, je ne les traite
pas de plein de noms, là, je leur dis : Chers collègues, chers collègues,
pensez à l'image que vous envoyez de nous, comme parlementaires, pensez aux
gens qui vont voir l'image de députés qui se lèvent un à la suite de l'autre
pour se voter une augmentation de 30 000 $, est-ce que c'est ça, la
perception que vous voulez alimenter du travail que l'on fait ici, comme
parlementaires? Puis je leur pose cette question-là en toute sincérité, parce
que j'y crois, que c'est mauvais pour la confiance envers les institutions
politiques, que d'envoyer ce genre d'image-là. Moi, c'est ça que je dis aux
députés libéraux et caquistes que je rencontre.
M. Denis (Maxime) : Quelle
lecture faites-vous d'Éric Duhaime, qui revient à la charge avec les
drag-queens, sa pétition, un sondage aujourd'hui? On verra à 14 heures les
détails, mais pourquoi ramener ça dans l'actualité? Est-ce que c'est vraiment
un enjeu au Québec?
M. Nadeau-Dubois : Bien, M. Duhaime
avait fait de la pandémie son cheval de bataille, ce cheval-là, il n'est plus
fort, fort, ça fait qu'il se cherche des nouveaux combats : c'est la fête
des Mères, c'est les drag-queens. Je veux dire, M. Duhaime a le droit de
choisir ses combats, mais je pense que tout le monde voit qu'est-ce qu'il fait,
là. Il se cherche des moyens d'avoir de l'attention en montant en épingle des
situations qui sont, dans le cas de la fête des Mères, par exemple,
complètement anecdotiques.
M. Laforest (Alain) : Manon
Brouillette, à la tête d'Hydro-Québec, c'est-tu un bon choix?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez, je... on lui souhaite le meilleur des succès, j'ai envie de dire. On
remarque qu'elle n'a pas d'expérience en... spécifique dans le domaine de
l'énergie. Mais, vous savez, le nœud de l'affaire, avec Hydro-Québec, c'est la
prochaine personne P.D.G. et c'est le mandat que cette personne va avoir et
c'est la vision qu'on devrait avoir au Québec sur l'avenir énergétique du
Québec.
Qu'on ait trouvé une nouvelle présidence
au C.A., tant mieux, mais, le vrai débat de société, il reste à faire. Le vrai
plan du Québec, de la nation québécoise, pour son avenir énergétique, il
n'existe toujours pas, et c'est la responsabilité du gouvernement de lancer ce
processus-là.
M. Laforest (Alain) : M. Fitzgibbon
nous a dit hier qu'il était vraiment sur une courte liste, on a l'impression
que le choix est fait, là.
M. Nadeau-Dubois : Bien, on a
hâte de le connaître, dans ce cas-là. Je ne sais pas trop quoi vous dire
d'autre.
M. Robillard (Alexandre) : En
immigration, qu'est-ce que vous pensez du fait que le gouvernement, là, veut,
mur à mur, une immigration francophone, qu'il y ait une connaissance du
français pour l'immigration économique, puis que, là, les fonctionnaires du
ministère mettent des bâtons dans les roues, injustifiés, qui ne sont même pas
dans les critères du PEQ, pour une famille belge francophone qui vit au Québec
depuis trois ans?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
trouve que ça a l'air d'une absurdité bureaucratique, là. Je ne comprends pas
qu'on mette des bâtons dans les roues comme ça, pour des raisons difficiles à
comprendre, à des familles intégrées au Québec, francophones, qui veulent
contribuer à l'essor de la nation, de la société québécoise. Je ne comprends
pas ça.
On veut, à Québec solidaire, rapatrier
l'ensemble des pouvoirs en immigration, là. Bien, ça, ça commence par bien
faire le travail puis traiter le monde avec humanité puis avec respect puis
éviter des imbroglios comme ceux-là.
M. Spector (Dan) : Can you explain your grocery store salary challenge?
M. Nadeau-Dubois : Well, it's… I don't know, it's a very friendly challenge. It's a
very friendly challenge and it's an invitation, frankly, to the MNAs of the Coalition avenir Québec. You know, we're all
leaving for our ridings, we're going to be, next week, inside our ridings, and
my friendly invitation for the MNAs of the Coalition
avenir Québec is just : Go and talk with people,
when you're going to go do your groceries, with the people that are doing their
groceries too, but also to the cashier that you will meet at the end of your
trip, and ask them what do they think of the fact that their representative
will vote for himself, for herself, an increase of $30,000 in their salary.
When I have those
conversations, what I hear is that people saying me : It doesn't make
sense, it doesn't make sense that MNAs vote themselves an increase of their
salaries, it should not be working like that, and it's a big amount of money
with immediate effect, with a retroactive effect, and you guys are going to vote
yourselves for that.
We should not be doing things
that way. I think it's really just common sense, so, let's call that the «common
sense friendly challenge» : Just talk to people around you, ask them what
do they think of that. When I go out of the parliament bubble, what I hear is
people saying that it's absurd that it works like that.
And there are solutions.
A lot of provinces and territories inside Canada have found a solution, a lot
of other countries have found solution outside Canada, and that solution is to have an independent and decisional process
that takes care of that instead of asking the MNAs, once each five or six
years, to vote themselves an increase of their salary. It doesn't make sense.
M. Spector (Dan) : So, you're going to try to get as many people to vote against this
as possible?
M. Nadeau-Dubois : Well, honestly, we haven't thrown the towel yet. I think it's
possible to convince the other political parties to just put things on hold,
start the process all over again and do a real exercise. Because you cannot
just look at the base salary and forget the pension plan that has been
qualified by experts as the Ferrari of pension plans in Québec — those
are not my words, it's the words of the experts — you cannot talk about the base salary and forget this whole regime
of bonusses that is a little bit chaotic and that makes that 115 MNAs out
of 125 have… do more money than their actual base salary, that is used as an
example sometimes in the media.
So, let's do things the
right way. Let's put all these things together, do a real exercise. We did it
10 years ago. We were on the verge of a consensus, we missed it 10 years
ago, let's do it right now.
M. Spector (Dan) : Just one more on another subject. Québec English School Boards Association says it will challenge
Bill 23 in court in its current form. What do you think of it?
M. Nadeau-Dubois : Who said that?
M. Spector (Dan) :Québec English
School Boards Association. They say it goes against their constitutional rights,
they'll challenge it in court in its current form.
M. Nadeau-Dubois : Well, honestly, you are learning me that fact. And I don't know the
motives that will be invoked by those groups. So, I will refer the question to my colleague Ruba, who will be
able to answer you shortly.
Mme François
(Mélissa) : I'm just curious to know what
would you do with $30,000?
M. Nadeau-Dubois : Well, full transparency, as a «chef parlementaire», I would receive
more than $30,000 because I have a supplementary allocation. So, it's going to
be a lot of money, potentially. And that's the question we're going to ask ourselves, together, in the Québec solidaire caucus, if they go forward,
it's not done yet, but, if they go forward : What are we going to do? And
it's a pertinent question, and
we will answer it in due time. Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 29)