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Point de presse de Mme Virginie Dufour, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires municipales et d’habitation

Version finale

Thursday, May 25, 2023, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures quarante et une minutes)

La Modératrice : Bonjour et bienvenue à ce point de presse de Mme Virginie Dufour, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires municipales et d'habitation, qui est accompagnée pour l'occasion aujourd'hui de membres de l'organisme Mérule pleureuse Québec, dont la directrice générale de l'organisme Marie-Hélène Cauchon, et d'une membre de Mérule pleureuse, là, Québec, Geneviève Levasseur, qui prendront, là, la parole. Donc, la parole est à vous, d'ailleurs.

Mme Dufour : Merci. Bonjour à tous. Et je suis ici pour vous parler de l'immense drame humain que vivent les propriétaires de bâtiments contaminés par la mérule pleureuse depuis que la CAQ a resserré les critères du programme d'aide financière qui leur était destiné. Les représentants de Mérule... pardon, les représentants de Mérule pleureuse Québec m'accompagnent, mais il y a également trois victimes de la mérule, Geneviève Levasseur, France Pinet et Olivia Roy Malo, avec son petit bébé.

D'abord, permettez-moi de vous rappeler ce qu'est la mérule pleureuse. C'est un cancer du bâtiment, un champignon dévastateur qui se propage rapidement dans les bâtiments et peut ravager complètement le bois des maisons. Lorsqu'il est découvert, on doit décontaminer quasiment comme s'il s'agissait de l'amiante. C'est une opération coûteuse, complexe et, malheureusement, la démolition est parfois la seule option.

Et ça coûte plus cher parce qu'il y a beaucoup de précautions à prendre pour éviter que les spores se répandent dans l'air et contaminent d'autres bâtiments. Vous devriez voir, là, les combinaisons de décontamination. Moi, ça m'a rappelé un peu les hommes de la NASA dans le film E.T., ça vous donne une idée. Je tente de vous l'imager, là, mais vous pouvez voir des vidéos de gens qui ont vécu cette problématique, c'est vraiment spectaculaire de voir la vitesse à laquelle la propagation du cancer du bâtiment se fait.

En 2018, le Parti libéral avait mis en place le premier programme de soutien financier pour les victimes de la mérule, un programme alors jugé efficace, qui permettait de compenser les sinistrés. Mais, en 2021, la CAQ a resserré grandement les critères d'admissibilité au programme, ce qui a fait en sorte que la plupart des demandes sont désormais refusées. Pourtant, avec la pyrrhotite, les critères, eux, ils n'ont pas changé. C'est comme si la CAQ considérait comme moins importantes les victimes de la mérule, et, ça, c'est une injustice. Malheureusement, sans aide financière, bien, plusieurs familles sont obligées de faire faillite et vivent un véritable drame humain.

Et je déplore le fait que la CAQ ait refusé ma motion pour améliorer le programme aujourd'hui. Alors, pendant ce temps-là, bien, la CAQ fait de l'aveuglement volontaire. En étude de crédits, la ministre de l'Habitation a dit qu'il y avait de moins en moins de cas de mérule au Québec, alors que, la réalité, c'est tout le contraire. Il y a de plus en plus de cas, mais il y a moins de sinistrés qui ont accès au programme, et donc il y a tout simplement moins de monde qui se... qui font des demandes.

Le maire d'Esprit-Saint avait aussi demandé à la ministre des modifications pour que le programme soit ouvert aux petites localités comme la sienne, une demande qui a aussi été refusée. Dans cette municipalité, il y a un citoyen qui a abandonné son bâtiment infesté par la mérule, mais la ville n'a pas les moyens de le reprendre parce que juste la démolition coûterait plus de 65 000 $. Et là on parle d'Esprit-Saint, une petite localité de 180 personnes qui payent des taxes, 65 000 $ pour 180 personnes.

Alors, ce qu'on voit, avec la CAQ, c'est un gouvernement qui se désengage envers les victimes de la mérule pleureuse. C'est un cri du cœur qu'on lance aujourd'hui, et j'espère sincèrement que ça fera bouger les choses. Tout ce qu'on veut, c'est travailler avec le gouvernement pour améliorer rapidement le programme et le rendre plus accessible. On ne peut plus attendre.

Et je vais maintenant passer la parole à Marie-Hélène Cauchon, la directrice générale de Mérule pleureuse Québec, pour... qui va vous parler plus en détail de la situation.

Mme Cauchon (Marie-Hélène) : Affirmer que la mérule pleureuse est identifiable à l'inspection, affirmer que l'apparition de la mérule pleureuse est causée par la négligence des propriétaires, affirmer que c'est un problème d'ordre personnel, c'est... ce sont les propos d'une personne qui ne comprend pas ce qu'est la mérule pleureuse, une problématique de contamination de son bâtiment à la mérule pleureuse, et ce sont les propos qu'a tenus la ministre il y a à peine trois semaines.

La mérule pleureuse, c'est un champignon aux capacités de développement et de survie incroyables, qui compliquent la décontamination et, ultimement, augmentent la facture. La mérule est une menace pour le patrimoine bâti du Québec, c'est-à-dire pour le charme de nos municipalités et de nos régions. M. Foster, président-directeur général de la SHQ, a affirmé, le 4 mai dernier, que personne ne veut de la mérule pleureuse. On est d'accord avec lui, effectivement, personne ne veut de la mérule pleureuse.

Le programme d'aide financière gouvernemental n'est pas un programme de revitalisation des bâtiments. C'est un programme de survie financière pour les propriétaires qui doivent faire des travaux de rénovation majeurs et d'urgence. En resserrant les critères d'admissibilité du programme, en 2021, le gouvernement a laissé à eux-mêmes des... plusieurs propriétaires. Évidemment que les gens ne peuvent pas assumer seuls, du jour au lendemain, une facture de décontamination avoisinant les 100 000 $. Ces cas ne sont pas comptabilisés parce que les... ils ne sont pas admis au programme d'aide gouvernemental, et, de cette façon, on dresse un portrait qui est beaucoup plus beau de la problématique.

Il faut savoir que le programme est le moyen officiel par le gouvernement d'avoir un portrait de l'étendue de la problématique à l'échelle du Québec : moins de cas admissibles, moins de cas au Québec, donc très beau portrait de la situation. Est-ce que c'est vraiment ça?, non, pas tout à fait. Des cas, il y en a à l'échelle du Québec, on en découvre pratiquement à chaque semaine.

Et, le plus choquant, je vous dirais, c'est que, pour la CAQ et le gouvernement, présentement, on a l'impression que la problématique est en voie d'être réglée au Québec. Ce n'est pas le cas. Malheureusement, nous, le téléphone sonne à chaque semaine.

Mme la ministre, on vous demande d'accepter de nous rencontrer. Je suis certaine qu'en prenant le temps de vous expliquer la problématique et ses répercussions, vous allez comprendre l'ampleur des enjeux qui sont en cours. Vous avez le choix. Je vous explique. Le sporophore, qui est l'organe reproducteur du champignon, dont la taille varie entre 10 et 50 centimètres, pour vous montrer, 10 centimètres peut émettre 4 à 5 milliards de spores, le sporophore, on peut en retrouver plusieurs dans une pièce, plusieurs dans un bâtiment. Donc, chaque cas qui n'est pas décontaminé adéquatement représente un risque pour le... pour les propriétaires avoisinants et pour les municipalités québécoises.

En 2021, le gouvernement a resserré les critères et a exclu Mme Levasseur du programme d'aide financière mérule. Un an plus tôt, elle aurait pu procéder à la décontamination de son habitation, mais le gouvernement a préféré ignorer son cas et faire comme si la contamination n'existait pas. Le bâtiment a été vendu à faible prix et la décontamination n'a pas été encadrée.

Je vais laisser la parole à Mme Levasseur maintenant, et elle va vous expliquer de quelle façon cette décision a complètement changé sa vie.

Mme Levasseur (Geneviève) : Merci. Bonjour. En 2021, après une séparation en pleine pandémie, je commence la recherche de maison pour moi et mes enfants. Je prends un agent d'immeuble que je connais très bien depuis 25 ans et qui a le bonheur de ma famille à cœur. Ne pas oublier que j'allais être seule à m'occuper de tout.

Et arrive ce duplex-là sur le marché, vraiment pas au goût du jour, mais toiture neuve, fenêtres neuves, galerie neuve, petite cour aménagée en plus d'un revenu au deuxième étage. Je l'ai visité deux fois avec l'agent et un ami. On a fouillé les coins de mur, recherché des problèmes qui pourraient arriver : rien de majeur. Un inspecteur est venu inspecter aussi : rien de majeur.

Je passe chez le notaire le 20 mai. Et, le 21 mai, le calvaire commence. En arrachant un bout du plancher du sous-sol, il y a une texture de ouate qui s'étire : appel aux assurances, mon agent fait des démarches un peu partout, aucune aide. Mais on a réveillé le démon. Trois jours après avoir enlevé le plancher, des champignons d'un mètre de circonférence sont sortis du plancher à la grandeur de mon sous-sol. J'ai fait venir une compagnie spécialisée dans la qualité de l'air, et le diagnostic est tombé : c'est de la mérule pleureuse.

Comme le duplex a été vendu par une succession, la garantie légale est tombée, parce qu'une succession qui n'a jamais habité un bâtiment ne prendra pas la chance d'offrir une garantie légale. Je n'ai plus d'endroit où loger ma famille, mais, en même temps, je dois agir. Demande de subvention pour la mérule : enfin, un petit espoir, j'ai déjà commencé la décontamination. Ma maison est rendue un abri nucléaire. Et là la réponse arrive : ils ont resserré les critères du Programme d'intervention résidentiel – mérule, et je ne suis plus admissible. C'est le découragement total. J'ai déjà mis 20 000 $ en rénos au premier étage et 25 000 en décontamination.

Un soir, un ingénieur en bâtiment m'a dit : Là, c'est terminé, tu ne remets plus un sou dans cette maison et tu remets les clés à la banque. Je venais de frapper mon mur. J'ai emprunté des sous à un membre de ma famille pour être certaine de payer tous ceux qui avaient travaillé chez moi. J'ai fait faillite et remis les clés. J'ai perdu toutes mes économies, REER, CELI, et surtout mon crédit pour quelque chose qui n'était pas ma faute. Saisie d'impôts pour deux ans, payer le syndic. J'ai aménagé dans le sous-sol d'une amie et j'ai dû laisser mes enfants à leur papa pendant six mois parce qu'il n'y avait aucun loyer à louer à Trois-Rivières.

J'ai perdu ma santé financière, ma santé mentale et physique. Je suis une bonne personne, une bonne maman, une bonne employée du gouvernement du Canada, je n'ai pas été négligente et j'ai tout fait dans les règles pour m'assurer de mettre ma famille en sécurité. Maintenant j'aimerais que cela n'arrive plus jamais à personne, que de l'aide financière leur soit accordée, parce que moi, il y a deux ans, j'avais une belle vie, le programme aurait changé ma vie, positivement.

Mme Dufour : Merci beaucoup, Mme Levasseur. Alors, ça complète la conférence de presse. Je vous remercie de votre écoute. Et vous comprendrez, là, que je vais continuer à talonner le gouvernement et la ministre de l'Habitation sur cet enjeu important. Merci.

(Fin à 11 h 51)

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