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Conférence de presse de Mme Pascale Déry, ministre de l’Enseignement supérieur, et M. Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux

Version finale

Thursday, June 8, 2023, 11 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures trente et une minutes)

Le Modérateur : Alors, bonjour. Bienvenue à cette conférence de presse. Prendront la parole, aujourd'hui, Mme Hélène David, présidente du Groupe de travail sur l'optimisation de la formation en psychologie et en santé mentale, Mme Pascale Déry, ministre de l'Enseignement supérieur, et M. Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux. Nous prendrons vos questions par la suite. Mme David.

Mme David (Hélène) : Alors, je tiens, en premier lieu, à vous remercier, remercier de votre présence, aujourd'hui, pour la publication du rapport du Groupe de travail sur l'optimisation de la formation en psychologie et en santé mentale. C'est une journée spéciale, la session finit demain, vous avez beaucoup d'autres sujets qui sont... qui interpellent beaucoup les citoyens, citoyennes, mais la santé mentale aussi, c'est très important et directement lié, je pense, à tout ce qu'on vit.

Alors, en nous octroyant ce mandat, le ministère de l'Enseignement supérieur a lancé un message clair, l'accroissement de l'offre de services en psychologie et en santé mentale passe en majeure partie par le milieu universitaire et par l'accent mis sur la formation des futurs professionnels et intervenants dans le secteur public, bien qu'il ne s'y limite pas. Notre mandat se décline en trois volets : regarder comment réduire le temps de formation au doctorat en psychologie et admettre plus d'étudiants dans les programmes, assurer un meilleur accès à la formation en psychothérapie et, finalement, permettre aux bacheliers de développer des compétences pratiques pendant ou après leur baccalauréat. Nous avons rencontré des universités, des ordres professionnels, des associations, des organismes du milieu de la santé mentale, soit 36 groupes et plus de 80 heures de consultations.

Le Québec fait face à des demandes accrues pour des services en santé mentale, et ce, depuis maintenant plusieurs années, sans compter la situation exceptionnelle de pandémie qui a fragilisé tant les sphères sociales, familiales que professionnelles de la société. La demande en soutien psychologique a littéralement explosé. Les bureaux privés de psychologues ont été pris d'assaut ainsi que les services publics en santé mentale. Plusieurs se sont alors demandé comment améliorer l'accès aux soins en santé mentale afin de répondre à toutes ces demandes et aux besoins urgents, à la fois complexes et diversifiés.

La pénurie de psychologues semble présente principalement dans les secteurs publics de la santé et de l'éducation. Nous devons mettre en place plusieurs mesures pour former, attirer et retenir les jeunes diplômés dans ces secteurs. Les psychologues du secteur public ont des expertises incontestables en évaluation, en intervention ou en psychothérapie pour des clientèles qui, majoritairement, ne peuvent se payer les services privés ou présentent des problématiques très complexes. Les étudiants doivent pouvoir bénéficier de l'expérience de ces psychologues.

Moyennant des investissements rapides et pérennes dans les départements de psychologie, dans l'embauche de personnel de soutien et de professeurs, dans des cliniques universitaires de formation pratique et de services aux citoyens avec des heures d'ouverture élargies ainsi qu'une offre de stages et d'internats très présente dans le réseau public de la santé et des services sociaux, les universités sont prêtes à augmenter significativement le nombre de doctorants et de doctorantes admis annuellement dans leur programme de doctorat professionnel en psychologie, et c'est une excellente nouvelle. Elles sont aussi prêtes à baliser la durée des études à un maximum de quatre ans.

Par ailleurs, à ces mesures spécifiques au programme de doctorat en psychologie s'ajoutent plusieurs initiatives des différentes universités pour former des intervenants et intervenantes en santé mentale dès le baccalauréat ou dans le cadre de programmes courts de deuxième et de troisième cycle. La quantité de projets de programmes innovants est impressionnante et probablement du jamais vu dans le domaine de la santé mentale au Québec. Vous pourrez le constater en lisant les annexes de notre rapport. C'est une petite révolution dans le domaine des programmes de formation en psychologie.

Les bacheliers ayant choisi un volet pratique au cours de leurs études pourraient venir en aide aux professionnels comme les psychologues et les travailleuses sociales qui sont actuellement débordées dans le secteur public en occupant des postes d'agents de relations humaines en santé mentale, d'intervenants pivots ou autres titres similaires. Ils et elles seraient bien formés et préparés pour occuper ces emplois.

Une formation plus pratique au baccalauréat ou aux études supérieures devra cependant bien définir les limites des actions pouvant être posées en vertu des actes réservés des différentes professions et assurer qu'il n'y ait pas de confusion dommageable. Les universités en sont bien conscientes. Comme le mentionne l'Ordre des psychologues dans le mémoire qu'il nous a transmis, tous les patients n'ont pas besoin du même niveau ou du même degré d'intervention, et des bacheliers qualifiés pourraient prendre en charge une portion de la clientèle qui correspond à leur niveau de formation et d'habileté.

Nous avons aussi abordé les enjeux de formation à la psychothérapie. Là aussi, les universités sont prêtes à innover par des nouveaux programmes qui incluent des stages, souvent dans des cliniques universitaires, ce qui enlève un gros irritant d'avoir à se trouver un lieu de stage pour ces étudiants.

Les 18 recommandations contenues dans ce rapport devraient permettre de répondre aux trois volets de notre mandat. Il faut intervenir rapidement car les besoins sont importants mais aussi parce que les universités sont au rendez-vous. Nous avons la chance de pouvoir compter sur des universités dynamiques et à l'écoute de la société. Il est temps de leur donner des outils à la hauteur de leurs ambitions en matière de psychologie et de santé mentale.

Dans nos souhaits les plus chers, toutes les innovations discutées dans notre rapport ainsi que la forte mobilisation du milieu de la formation en santé mentale devraient amener le Québec à franchir un pas important dans l'offre de services en santé mentale. Ne ratons surtout pas cette opportunité collective. Nous devons cela à nos concitoyens et concitoyennes et à tous ceux et celles qui croient encore à la qualité et à la nécessité de nos services publics. Merci de votre écoute.

Le Modérateur : Mme Déry.

Mme Déry : Merci. Merci beaucoup, Mme David. Mme David parle d'une journée très, très spéciale. C'est vrai que c'est une journée spéciale. C'est une journée très particulière dans la mesure où on change un peu tout le parcours de formation qu'on a au niveau de la psychologie. Alors, merci pour la mise en contexte. Merci, évidemment, pour le rapport qui met en lumière toutes les recommandations essentielles pour l'optimisation de la formation en psychologie, en santé mentale.

Comme vous le disiez, tout à l'heure, au fil des années, la pénurie de psychologues, dans le réseau public de la santé et des services sociaux, s'est intensifiée. On constate des listes d'attente qui sont interminables pour accéder aux services en psychologie, des services, évidemment, essentiels pour les concitoyens. La pandémie de la COVID-19 est venue amplifier les besoins en matière de santé mentale, mettant en évidence, justement, cette urgence d'agir.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux estime qu'il faudrait recruter environ 1 000 psychologues, au cours des cinq prochaines années, pour assurer un service adéquat dans le réseau public. Il fallait s'attaquer à cet enjeu, trouver des solutions, justement, pour pallier cette pénurie. La formation constitue un des moteurs les plus importants à notre disposition pour répondre à cette problématique. C'est pourquoi nous avons confié à Mme Hélène David la présidence d'un groupe de travail chargé de proposer des pistes d'optimisation de la formation en psychologie et en santé mentale. Mme David et ses proches collaborateurs nous ont remis un rapport complet, dans des délais relativement serrés, qui mérite d'être suivi d'actions concrètes. C'est un rapport très réaliste, très terre à terre, très pragmatique, je vous dirais, qui a été élaboré en tenant compte, bien sûr, des collaborations qui sont nécessaires pour sa mise en oeuvre.

Le succès du plan que nous vous présentons, aujourd'hui, repose sur trois axes : l'optimisation de l'offre de formation en psychologie et en santé mentale, donc tout le volet de l'optimisation et de la valorisation de la formation, l'attractivité du réseau public et la mobilisation de tous les partenaires concernés par l'amélioration des services en santé mentale.

Pour l'axe formation, un des objectifs sera de travailler en étroite collaboration avec les universités afin qu'elles développent des programmes de baccalauréat qui offrent une composante pratique plus importante. C'est avec une approche comme celle-là, d'optimisation et de valorisation de la formation, que l'on veut permettre aux diplômés qui complètent un baccalauréat en psychologie de s'engager rapidement dans le réseau public, tout en ayant déjà acquis une expérience professionnelle précieuse. Également, nous travaillerons avec le réseau universitaire afin que ces derniers développent des cheminements passerelles qui permettent aux bacheliers en psychologie d'accéder rapidement à un programme de maîtrise professionnelle dans divers domaines connexes, comme le travail social ou encore orthophonie, par exemple.

Il faut aussi savoir que, depuis plus d'un an, le ministère soutient déjà financièrement les universités pour ce qu'on appelle la reconfiguration de l'offre de programmes. Donc, c'est une mesure qui vise le développement de nouvelles formations courtes dans les cycles supérieurs ou l'optimisation des formations existantes qui peuvent mener, par exemple, à un permis de psychothérapie, Mme David en parlait tantôt, pour permettre à davantage de professionnels de contribuer à l'offre de services en santé mentale. C'est une mesure qui représente, actuellement, un investissement total de près de 1,7 million de dollars. On prévoit, évidemment, travailler pour rehausser cette enveloppe budgétaire au cours des prochains mois.

Au niveau de l'admission, comme le met en évidence le rapport, on souhaite également soutenir davantage les universités pour qu'elles augmentent les cohortes au doctorat en psychologie clinique et qu'elles optimisent leurs programmes de façon à ce que les étudiants terminent leur formation doctorale en quatre ans.

Pour le deuxième axe, qui concerne l'attractivité du réseau public, il est primordial de continuer nos efforts pour augmenter l'offre de stages dans le réseau de la santé et des services sociaux. On cherche à attirer évidemment davantage de psychologues qui vont jouer un rôle de superviseur dans le réseau public, qui accompagnent ainsi les psychologues en devenir, mais je vais laisser à mon collègue, M. Carmant, qui va donner, bien sûr, davantage de détails à ce niveau-là dans quelques minutes.

Je me permets également d'insister sur un aspect qui est important et qui a été soulevé dans le rapport. Quand on parle du réseau public, on parle de services sociaux, mais on parle aussi du milieu scolaire. Et je pense que Mme David l'a vraiment bien mentionné à plusieurs reprises. Il existe peu de programmes dédiés au milieu de l'éducation, et cette spécialité semble peu connue des étudiants. Alors, évidemment, on va encourager le réseau universitaire à en faire la promotion et valoriser ce secteur d'intervention.

Pour le troisième axe, comme j'ai mentionné à plusieurs reprises : primordial de travailler dans un esprit de collaboration. Le gouvernement ne peut pas, évidemment, à lui seul mettre en place les mesures qui découlent de ce rapport. En réponse aux recommandations de Mme David, nous allons établir un comité de mise en oeuvre qui va être composé notamment de membres, évidemment, du ministère de l'Enseignement supérieur, du ministère de mon collègue, de la Santé et des Services sociaux, du Bureau de coopération interuniversitaire, le fameux BCI, et des universités qui offrent des programmes de formation dans ce domaine-là. Et l'un des objectifs de ce comité sera bien évidemment de veiller à la mise en oeuvre des recommandations mais aussi d'établir un échéancier pour l'application de ces recommandations.

Alors, sincèrement, en conclusion, je peux vous dire que je suis très fière de tout le travail qui a été accompli au cours des derniers mois avec tous les acteurs impliqués. Les mesures, les changements qu'on va mettre en oeuvre et qu'on propose aujourd'hui sont nécessaires. Il faut absolument défier le statu quo, absolument adapter la formation et les parcours surtout, les parcours de formation, aux réalités et aux besoins d'aujourd'hui, permettre aussi à des centaines d'étudiants de s'investir dans la relation d'aide et de venir renforcer une première ligne forte, structurée en santé mentale.

En conclusion, je tiens à remercier, évidemment... sincères remerciements à Mme David, ses collaborateurs, Maxime Colleret, Luc Granger, qui ont travaillé avec elle, qui, par leurs travaux et leur approche, ont su inspirer la confiance des intervenants consultés. Et je suis très heureuse, évidemment, de constater que les établissements universitaires sont déjà en action pour proposer des solutions à ces enjeux qui sont soulevés aujourd'hui. Leur participation à ces travaux et aux consultations ainsi que de l'ordre... celle de l'Ordre des psychologues, entre autres, témoigne de leur engagement envers la qualité de la formation.

Alors, il est indéniable que l'optimisation de la formation en psychologie et en santé mentale repose sur ces efforts concertés de toutes les parties prenantes. Psychologues, autres professionnels en santé mentale jouent un rôle crucial dans le maintien d'une offre de services très forte. Alors, il est nécessaire de former, comme on le mentionnait, un plus grand nombre d'entre eux en garantissant, bien sûr, une formation de qualité.

Je saisis cette occasion pour remercier les équipes du ministère, notamment Christina Vigna, qui est là, aujourd'hui, avec nous, Mélanie Savard, l'équipe, évidemment, du MSSS, mes collègues au cabinet, Christophe Navel, Simon Savignac, et évidemment mon collègue ici, M. Carmant. On a travaillé étroitement ensemble et on va continuer de travailler étroitement ensemble. Le MSSS a fait vraiment des efforts colossaux au cours des derniers mois. Alors, je remercie beaucoup tous ces proches collaborateurs. Et je cède la parole à mon collègue. Merci.

M. Carmant : Merci beaucoup, Pascale. Bonjour, tout le monde. Moi aussi, je veux commencer en remerciant Mme David et le comité pour son excellent rapport. Les recommandations sont concrètes, applicables à court et à long terme. Et c'est tellement important pour moi, qui est en recherche de solutions pour assurer les services en santé mentale à toute la population du Québec.

Je pense que, s'il y a une chose à retenir aujourd'hui, c'est qu'on se donne les moyens pour assurer d'avoir assez de psychologues et de travailleurs en santé mentale pour faire face à la hausse de demandes en santé mentale. On l'estime à peu près à 40 %, cette hausse-là. Et, comme on l'a mentionné déjà, il y a eu un impact de la pandémie qui en explique une bonne, une bonne partie.

Dès 2022, on a déposé le Plan d'action interministériel en santé mentale qui disait des... qui donnait des grandes balises. Premièrement, on s'est ouvert, avec le 8-1-1 Info-Social, une porte d'entrée claire qui permet à tout le monde d'avoir accès à des services 24/7, 12 mois par année. Et, en ayant une professionnelle en santé mentale à l'accueil de ces appels, on peut orienter et diriger les patients vers le bon professionnel. Ça, ce que ça nous permet de faire, c'est avoir une approche, par la suite, d'offrir le bon service au bon moment, par le bon professionnel. Et, pour réussir ça, on a besoin de la contribution de tous : psychiatres, psychologues, travailleurs sociaux, techniciens en travail social, psychoéducateurs, ergothérapeutes, infirmières, infirmières praticiennes, sexologues et même conseillères en orientation.

Et ce qui est important ici, c'est que les psychologues et les psychiatres auparavant recevaient la majorité de ces consultations-là. Maintenant, on peut accélérer l'accès aux psychologues pour ceux qui en ont besoin de façon, là, plus rapide. Et ce qui est important également, c'est que l'impact de cette approche avec plusieurs professionnels commence déjà à se faire sentir. Entre 2020 et 2022, on a vu 200 000 patients de plus qui ont reçu des services en santé mentale au Québec.

Cependant, on veut avoir le plus de psychologues possible et le plus de professionnels en santé mentale possible pour offrir ces services, et finalement recommencer à diminuer la liste d'attente. Et, si on veut garder le cap sur ce changement de culture, c'est important pour nous d'avoir besoin de plus de professionnels possible. Et, dans le cas des psychologues, oui, il faut en attirer plus, mais également il faut garder l'expertise qu'on a dans le réseau public. Et ça, pour moi, c'est également important. Donc, au lieu de voir la pénurie de main-d'oeuvre, là, comme une fatalité, ici, avec les recommandations de Mme David, on va pouvoir se retrousser les manches et se donner les moyens de nos ambitions.

Puis, si j'ai un message à passer à nos doctorants, c'est que la contribution du ministère de la Santé et des Services sociaux, aujourd'hui, c'est... on avait déjà une... et ça, ils me l'ont dit souvent quand j'étais sur le terrain, on a une bourse de 25 000 $ offerte par le ministère de l'Éducation pour l'internat. Eh bien, le ministère de la Santé vient donner une bourse additionnelle de 25 000 $ à ceux qui reviennent dans le réseau public pour au moins deux ans et qui sont prêts à faire leur stage pour retourner dans le réseau public. 50 000 $ qu'on met sur la table pour une année — parce que le stage va être possible d'être fait, maintenant, en une année — c'est vraiment important et c'est majeur comme changement.

On parle également des programmes passerelles, comme Pascale le mentionnait tout à l'heure. Et ça aussi, c'est une mesure importante pour nos services sociaux. On parle de presque 2 000 finissants au bac en psychologie qui, éventuellement, pourront se réorienter vers des maîtrises en travail social, en psychoéducation, ou tout autre domaine qui, également, peut mener vers la psychothérapie en bout de ligne. Donc, on vient donc faciliter l'accès à la psychothérapie d'un côté en augmentant le nombre de psychologues, mais aussi en augmentant le nombre de criminologues, sexologues, travailleurs sociaux, psychoéducateurs qui peuvent être aptes à faire de la psychothérapie.

Puis finalement je parlerais également de nos bacheliers qui, maintenant qu'ils seraient armés d'une expérience clinique pendant les stages qu'ils vont faire au bac, vont pouvoir combler de nombreux postes qui sont trop souvent vacants en première ligne, et surtout qu'on a amorcé des travaux pour ramener la santé mentale dans nos CLSC. Et ça, ce sont tous les Québécois qui vont en bénéficier.

Donc, en finissant, j'inviterais tous celles et ceux qui ont le goût de travailler en santé mentale, dans le réseau ou dans les organismes communautaires, à ne pas hésiter à embarquer dans cette aventure que nous permet ce nouveau rapport et l'ouverture, également, du ministère de l'Éducation supérieure. On va être là pour mettre toutes les chances de votre côté. Donc, merci encore, Mme David. Merci à toi, Pascale, pour cette belle initiative. Et bonne journée, tout le monde.

Le Modérateur : Merci, M. Carmant. Alors, on va passer à la période de questions, une question, une sous-question par journaliste. Le temps file. On commence avec Thomas Laberge, LaPresse canadienne.

M. Laberge (Thomas) : Oui, bonjour à vous trois. Merci pour l'annonce. Mme Déry, on en a déjà parlé, pour vous, la liberté universitaire, c'est extrêmement important. Si un groupe antiavortement voulait faire une présentation dans une université québécoise, est-ce que vous interviendriez pour annuler l'événement?

Mme Déry : Je vais vous répondre, Thomas, mais en principe, je vous aurais répondu peut-être après la période de questions, au moins, qui porte sur le rapport. Mais je vais vous répondre. Ça fait que, si jamais il y a des questions qui portent sur le rapport... Mais je peux vous répondre après sur la liberté universitaire, il n'y a aucun problème. Mais c'est juste par respect pour Mme David puis pour le rapport. Je ne sais pas s'il y a des journalistes qui ont des questions concernant le rapport. Mais je vous reviens, Thomas.

M. Laberge (Thomas) : On fait souvent des questions qui sont sur d'autres sujets pendant une conférence de presse.

Mme Déry : Bien, c'est correct, je peux vous revenir, Thomas. Il n'y a pas de problème, je vais vous revenir, mais je veux juste au moins savoir s'il y a des questions concernant le rapport puis je vous reviens tout de suite après, là.

Le Modérateur : Andrée Martin, TVA.

Mme Martin (Andrée) : Oui, bien, je veux juste... redites-moi encore quelles sont les autres professions. Les professionnels vont pouvoir se diriger vers, vous disiez, travail social. Quoi d'autre?

Mme Déry : Bien, en fait, au niveau de la formation, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a le bac. Ensuite, on va valoriser le baccalauréat. Parce que le baccalauréat, en ce moment, c'est une formation de trois ans où, quand on finit le bac, ceux qui n'accèdent pas au doctorat sont un peu dans un cul-de-sac. C'est la raison pour laquelle, au départ, on avait lancé un peu ce comité, parce qu'il y avait 1 000 et quelques étudiants qui se présentaient au bac, qui faisaient leur bac, et ensuite vous aviez 300 étudiants qui accédaient au doctorat, et donc il n'y avait pas de possibilité, on se retrouvait avec des débouchés très, très limités.

Alors là, ce qu'on fait, c'est qu'on diversifie les parcours de formation, on offre beaucoup plus d'opportunités à la fin du bac. On rend le bac, évidemment, plus pratique. Donc, il y aura... à ce bac-là, la dernière année sera beaucoup plus pratique pour qu'ils puissent aller travailler dans plusieurs secteurs, comme l'a mentionné Lionel, tous les secteurs, tant au niveau de l'éducation, tant au niveau de la santé et des services sociaux. Ils peuvent se retrouver en travail social, peuvent se retrouver en orthophonie. On peut éventuellement accéder à une maîtrise et obtenir un permis psychothérapie.

Je ne sais pas, Lionel, si tu veux renchérir là-dessus.

M. Carmant : Oui. Alors, pour nous, pour ceux qui peuvent devenir psychothérapeutes, on parle de criminologues, psychoéducateurs, travailleurs sociaux, donc ils pourraient... conseillers en orientation. Donc, tous ces gens-là, ils pourraient, suite à leur bac, avoir une passerelle vers ces maîtrises-là qui leur permettraient, en bout de ligne, de faire de la psychothérapie, si c'est ce qu'ils voulaient faire au début.

Mme Martin (Andrée) : Dans le fond, c'est d'accélérer le processus pour que les gens qui ont des soucis, des enjeux de santé mentale aient accès aux services.

M. Carmant : Exactement, à la psychothérapie. En bout de ligne, ça nous ferait plus de psychothérapeutes. Actuellement, c'est extrêmement compliqué, après une maîtrise, de faire ce parcours additionnel en psychothérapie, c'est des formations qui sont sur trois, quatre ans, il faut aller chercher des cours un peu à droite, à gauche. Là, ici, on donnerait la possibilité de concentrer cette formation-là et d'y accéder plus rapidement.

Mme Martin (Andrée) : Je fais le chemin inverse, je me mets dans la place... à la place des gens qui ont besoin d'aide.

M. Carmant : Oui. Donc, on en formerait plus.

Mme Déry : Oui, absolument. On en formerait plus, puis, en même temps, les opportunités que les bacheliers, bachelières vont avoir, après leur bac, ça va nous permettre de répondre à la première ligne, de répondre à tous les besoins. Ça va être des professionnels en santé mentale qui vont pouvoir répondre aux besoins criants en santé mentale actuellement. Donc, ça peut être un peu partout, là, les débouchés vont être... il y a plusieurs programmes qui vont être déployés. Il y a déjà certains programmes qui le sont en ce moment. On travaille avec des universités sur une douzaine de projets qui sont en train de reconfigurer la formation.

Donc, soit on reconfigure la formation qui existe déjà ou soit on prépare des formations nouvelles mais qui vont permettre à ces bacheliers et bachelières, quand elles finissent ou quand ils finissent avec un bac, d'accéder dans le réseau public et de nous aider, d'aider, évidemment, Lionel et le ministère pour être capable d'aller combler des postes qui sont vacants, qui sont généralement plus difficiles à combler puisque, quand on se retrouve avec un bac, actuellement, et qu'on ne rentre pas au doctorat, c'est très limité. Les débouchés sont très limités.

Mme Martin (Andrée) : Peut-être une dernière question pour Mme David. Pouvez-vous nous parler encore de cette augmentation des demandes qui ont explosé en santé mentale?

Mme David (Hélène) : Bien, écoutez, c'est... Entre autres, l'Ordre des psychologues recense le nombre d'appels qu'ils reçoivent et le nombre de visites sur leur site Web. Et, dans leur dernier rapport... et ils le disent, si vous allez dans l'annexe du rapport, il y a le mémoire de l'Ordre des psychologues du Québec, et ils disent bien qu'ils ont eu 12 500 appels, donc des gens qui ont pris la peine d'appeler pour dire : J'ai besoin d'un psychologue, pouvez-vous m'aider à en trouver un? Et il y a eu 285 000 visites sur le site Web pour se trouver... dans l'onglet Comment me trouver un psychologue? Et pour l'ordre, qui regarde chaque année ces indicateurs, c'est des indicateurs jamais vus de croissance de demandes.

Le ministre Carmant le disait tout à l'heure, et la ministre Déry aussi, une augmentation très, très significative de la demande de consultation, ce qui fait que les bureaux de psychologue, maintenant, sont quasi pleins constamment. Donc, même là, il y a des listes d'attente, ce qu'il y avait beaucoup moins dans les années antérieures. Et le réseau public, bien, c'est des attentes qui sont très, très longues. Et puis il y a des gens qui partent à la retraite, il y a des gens qui, justement, quittent le secteur public. Ce n'est pas pour rien que le réseau de la santé dit qu'ils vont avoir besoin de 1 000 psychologues d'ici cinq ans.

Alors, je pense que là il y a toutes sortes de mesures qui sont annoncées, mais il faut aussi avoir la main-d'œuvre pour aider. Et, l'Ordre des psychologues, j'aime bien leur citation qui dit : On n'a pas besoin nécessairement d'être psychologue pour pouvoir accompagner les gens dans leurs problèmes de santé mentale. Il y a... Ça prend tout un continuum de soins. C'est un peu comme en médecine. On va voir un médecin général, puis on va voir l'oncologue quand on a un cancer ou on va voir le cardiologue quand on a des gros soucis en cardiologie, mais il faut absolument alimenter en diplômés tout le continuum, et pas seulement les psychologues.

Et là on a, comme le disait le ministre Carmant, plus de 2 000 finissants au baccalauréat qui ont essentiellement un baccalauréat théorique. Et ça, c'est ça qu'il faut comprendre dans la révolution dont je parle, c'est qu'on... les universités acceptent de penser à des volets pratiques pendant le baccalauréat, en ne se disant pas : Bien, ça, on va faire ça rendu au doctorat. Bien, non, mais, si c'est un sur cinq, six, sept, huit, neuf, 10 qui entrent... Il y a une main-d'œuvre, comme disait la ministre Déry, incroyable qui pourrait être utilisée, qui est utilisée de facto, comme on dit, en occupant des postes, disons, d'agents de relations humaines, mais sans aucune formation pratique. Alors, le réseau les accueille parce qu'il manque de gens, par exemple, en centre jeunesse sur... la fin de semaine, dans un centre jeunesse, pour s'occuper des jeunes. Il manque à toutes sortes de titres d'emplois, mais qui se résument souvent à agents de relations humaines, mais ils n'ont pas la formation pratique.

Alors, ces jeunes-là nous disent : Mais Mme David on arrive là puis on ne se connaît pas, on ne sait pas comment faire des rencontres, on ne sait pas comment gérer des crises d'un adolescent qui pète sa coche, comme on dit, on ne sait pas... Alors, si le baccalauréat a des profils d'intervention, ça ne veut pas dire qu'ils vont être membres d'un ordre professionnel puis qu'ils vont... — C'est ça, la question des actes réservés, ils n'ont pas le droit d'être des psychothérapeutes ou de dire : Je fais de la psychothérapie — mais ils peuvent faire un paquet d'autres choses, comme de l'accompagnement en intervention de crise, ils peuvent travailler à la DPJ dans plusieurs types d'emploi. Mais au moins, ils arrivent avec un baccalauréat qui les a préparés à ça ou un diplôme d'études supérieures spécialisées qui se fait tout de suite après le baccalauréat, par exemple, en santé mentale, qui peut réunir, dans ce programme-là, des finissants bacheliers, des criminologues particulièrement intéressés par une partie de la santé mentale qui est moins de la criminologie, des travailleurs sociaux, conseillers d'orientation.

Mais le jeune qui se dit... dès la première année de baccalauréat, il revient chez lui puis il dit à ses parents : Mon rêve est mort, là, c'est sûr, moi, que je ne m'en vais pas au doctorat en psychologie, j'ai eu 3.2 de moyenne sur 4.3, ou 3.6, ou je n'ai même pas eu 4 sur 4.3 — ce qui est déjà formidable si vous avez 4 sur 4.3, je peux vous dire ça — puis je vais être refusé, alors là, les gens disent : Bien, pourquoi tu vas être refusé? Bien, parce que ça prend 4.2 sur 4.3 pour être admis.

Bon, alors, on se dit : Il faut pouvoir dire à ces gens-là, puis je pense que c'est le ministre Carmant qui disait, ou la ministre Déry : Ne perdez... On veut vous donner d'autres horizons de contribution à la société dans le domaine de la santé mentale, puis on va vous former pour ça. Puis ça ne veut pas dire que vous allez devenir psychologues, ou vous essaierez de le devenir plus tard, ou vous vous réessaierez. La vie n'est pas un continuum linéaire fini, là, ce n'est pas parce que tu es refusé une fois... On le sait pour la médecine, il y en a qui font des... Alors, c'est ça. Donc, on veut leur offrir d'autres opportunités. Et la bonne nouvelle, c'est que les universités sont prêtes, enthousiastes et ouvertes à développer ces programmes-là.

Le Modérateur : Pierre-Alexandre Bolduc, Radio-Canada.

M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Juste rebondir sur les chiffres dont vous parlez, Mme David, peut-être Mme la ministre. Je comprends que vous disiez qu'on va avoir besoin de 1 000 psychologues d'ici cinq ans. Mais ce qu'on nous a expliqué tantôt, c'est que, dans un horizon de quatre ans, on va être capable d'accueillir seulement, au Ph. D., là, au doctorat, 100 étudiants de plus. Ça me paraît peu. Je ne sais pas si...

Mme Déry : Bien, ça, c'est vraiment pour le doctorat. Moi, je pense qu'on est capables... Dans le réseau, dans le continuum, comme parlait tout à l'heure Mme David, je pense que c'est important de former tout ce qui est professionnel en santé mentale, les intervenants qui vont pouvoir avoir des formations diversifiées et vont pouvoir combler plusieurs postes actuellement qui sont vacants partout dans le réseau. Et je pense qu'il faut s'adapter à cette réalité-là d'aujourd'hui, parce qu'on avait comme un entonnoir où on fait son bac et on est quand même un peu dans un cul-de-sac en bout de ligne. Donc, ça va nous permettre de répondre à beaucoup, beaucoup de besoins. Et en répondant à toutes ces formations diversifiées, bien, on va être capables en même temps d'augmenter, en parallèle, les cohortes pour ceux qui accèdent au doctorat, les bourses, le soutien financier, les embauches de profs également qui se font. Il y a déjà des mesures budgétaires qu'on accorde pour les embauches de profs, et on va être capable de former. Si on est capables d'en former plus éventuellement, parce qu'on est capables, en parallèle, d'aller combler certains autres postes, je pense qu'il ne faut pas négliger le fait qu'il faut former des psychologues, c'est-à-dire ceux qui accèdent au doctorat et ceux qui accèdent, évidemment, que ce soit... bien, qui accèdent au doctorat clinique, là.

M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Mais avez-vous des cibles? Avez-vous des chiffres?

Mme Déry : Bien, le comité de mise en œuvre qui va être mis en œuvre dans pas long va être capable de travailler sur tout ça, va être capable de déterminer ce que ça nous prend. Mais je pense qu'on ne peut pas rester les bras croisés, il faut absolument être capable de mettre en œuvre certaines actions. Il y a certaines actions qu'on peut déjà mettre en œuvre à très, très court terme, là. La reconfiguration des formations, c'est extrêmement important, dans la mesure où on peut agir maintenant. Les universités sont là-dessus déjà. Il y a déjà des budgets qui sont alloués pour, justement, diversifier ces parcours-là.

Donc, on va déjà donner un peu d'air à tous ces bacheliers et bachelières qui rentrent, parce qu'il y en a beaucoup qui rentrent, donc on va être capable de donner de l'air à tout ce monde-là, soutenir, évidemment, les cohortes qui décident d'aller, elles, au doctorat. Et donc le comité de mise en œuvre va prendre ces recommandations-là, va être capable d'en faire un peu plus, de nous donner des échéanciers, de nous dire un peu ce que ça coûtera en bout de ligne, même si on a une bonne idée de ce que ça peut coûter. Je pense qu'il faut agir, on ne peut pas rester... on ne peut pas rester comme ça vu la situation actuelle et le contexte actuel dans lequel on est, là.

M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : M. Carmant, vous...

M. Carmant : Juste pour compléter, s'il vous plaît. On ne part pas de zéro, quand même. Chaque année, on recrute à peu près 150 psychologues dans le réseau de la santé, mais aussi, ce qui est important, c'est de les retenir dans le réseau également. Donc, je pense que c'est... on ne part vraiment pas de zéro, là, ce n'est pas comme si on partait de zéro à 1 000.

M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Vous parliez de la pandémie tout à l'heure. Là, il y a les feux de forêt, il y a des inondations dans le dernier mois, ça affecte aussi les gens. Ça, c'est quelque chose qui vous inquiète?

M. Carmant : Bien, c'est sûr. Et puis nous, on a tout de suite délégué des équipes psychosociales dans les régions où il y a eu les catastrophes des derniers jours, là. Et on remercie les intervenants qui sont sur le terrain, on remercie tous les gens qui aident ces familles-là. Et, bien sûr, nos pensées sont avec ceux qui sont déplacés, là, par exemple tous ceux qui ont dû se diriger vers le Lac-Saint-Jean. Mais on a des équipes psychosociales qui sont sur le terrain, et tous les collègues sont avisés.

M. Bourassa (Simon) : Je vais y aller avec une question. Simon Bourassa, de Noovo.

M. Carmant, comment s'assurer qu'on retient les futurs psychologues dans le réseau public? Est-ce qu'on pourrait en venir à y aller avec des obligations, par exemple, comme c'est le cas dans le cas de la médecine généraliste, là? Qu'est-ce qui garantit qu'on va retenir ces gens-là dans le réseau?

M. Carmant : Bien, ça, c'est une partie qui n'est pas abordée, qui ne faisait pas partie du travail, mais, nous, ce qu'on a déjà dit, tant moi que la présidente du Conseil du trésor, que le premier ministre, c'est qu'on doit rehausser les conditions salariales de nos psychologues. Et on est en négociation, et j'ai très confiance que Mme LeBel va réussir son... à nous arranger ça.

Mme Déry : Plus la bourse.

Le Modérateur : Merci. S'il y a des questions sur d'autres sujets, ce serait le moment.

Mme Déry : Oui. Allez-y, Thomas.

M. Laberge (Thomas) : ...reposer ma question, Mme la ministre. Donc, je vous demandais, vous, comme grande défenseuse de la liberté académique, si un groupe antiavortement se présentait dans une université au Québec, est-ce que vous feriez annuler cet événement?

Mme Déry : Écoutez, ma position sur la liberté universitaire, elle est la même, je ne changerai pas la position que j'ai sur la liberté universitaire. La raison pour laquelle l'événement dont vous parlez a été annulé, c'est parce que ça se passait, justement, dans un endroit qui était financé par le gouvernement. Puis, en même temps, c'est un droit fondamental qu'on protège ici, le fait qu'on soit prochoix. Alors, c'est judiciarisé, c'est devant les tribunaux, je ne commenterai pas davantage, mais comme je vous dis, ma position sur la liberté académique n'a pas changé.

M. Laberge (Thomas) : Mais les universités sont aussi financées par le gouvernement. Donc, vous agiriez de la même manière que votre collègue, si je comprends bien?

Mme Déry : Écoutez, les universités sont autonomes. Ce que je vous dis, c'est un processus qui est actuellement devant les tribunaux, donc je ne commenterai pas davantage.

Le Modérateur : Pas d'autre question? C'est ce qui met fin à cette conférence de presse. Merci, tout le monde. Bonne journée.

Mme Déry : Merci.

(Fin à 12 h 4)

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