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Version finale

15th Legislature, 2nd Session
(January 11, 1921 au March 19, 1921)

Thursday, March 10, 1921

Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.

Présidence de l'honorable J.-N. Francoeur1

La séance est ouverte à 3 h 20.

M. l'Orateur: À l'ordre, Messieurs! Que les portes soient ouvertes!

 

Rapports de comités:

M. Godbout (Beauce): J'ai l'honneur de présenter à la Chambre le vingt et unième rapport du comité permanent des bills privés en général. Voici le rapport:

Votre comité a décidé de rapporter, avec des amendements, le bill suivant:

- bill 130 amendant la charte de la cité de Montréal.

Jurés en matière criminelle

L'honorable M. Taschereau (Montmorency) demande la permission de présenter le bill 194 amendant la loi concernant les jurés en matière criminelle.

Accordé. Le bill est lu une première fois.

 

Messages du Conseil législatif:

M. l'Orateur informe la Chambre que le greffier du Conseil législatif a apporté le message suivant, lequel est lu ainsi qu'il suit:

Le Conseil législatif informe l'Assemblée législative qu'il a voté, sans amendement, les bills suivants:

- bill 224 amenant le Code civil, relativement à certains louages d'ouvrages;

- bill 227 amendant les statuts refondus, 1909, relativement à la tenue des termes et séances de la Cour supérieure, dans le comté de Témiscamingue.

 

Demande de documents:

Employés du service civil

M. Sauvé (Deux-Montagnes) propose, appuyé par le représentant de Montréal-Saint-Georges (M. Gault), qu'il soit présenté à Son Honneur le lieutenant-gouverneur de cette Chambre une liste des noms des employés du service civil dont le traitement a été augmenté dans le cours de l'année dernière, avec le chiffre de l'augmentation dans chaque cas.

Adopté.

 

Dépôt de documents:

Employés du service civil

L'honorable M. Mitchell (Richmond) dépose, sur le bureau de la Chambre, une réponse à une adresse de la Chambre en date du 10 mars 1921, demandant communication d'une liste des noms des employés du Service civil dont le traitement a été augmenté dans le cours de l'année dernière, avec le chiffre de l'augmentation dans chaque cas. (Document de la session no 43)

L'honorable M. Mitchell (Richmond) propose, appuyé par le représentant de Montréal-Sainte-Marie (l'honorable M. Séguin) que le document ci-dessus (ladite réponse) soit imprimé comme appendice aux Journaux de l'Assemblée législative.

Adopté.

 

Questions et réponses:

Avocats de la couronne ou substituts du procureur général

M. Dufresne (Joliette): Combien le gouvernement a-t-il payé en 1919 et 1920 pour frais d'avocats de la couronne ou substituts du procureur général?

L'honorable M. Taschereau (Montmorency): 1919: $17,568.92; 1920: $26,707.74.

Rues de Pierreville

M. Renaud (Laval): 1. Combien ont coûté les travaux de macadam dans le village de Pierreville, depuis 1918?

2. Combien chaque année?

3. Quels étaient les estimés du gouvernement pour ces travaux?

4. Combien a coûté le gravelage dans le village d'Yamaska, depuis 1918?

5. Combien chaque année?

L'honorable M. Tessier (Trois-Rivières): 1. 2. 3. Le gouvernement n'a rien payé.

4. et 5. En 1919, $9,564.01; en 1920, $10,628.06.

Paroisse Saint-Eusèbe-de-Verceil

M. Achim (Labelle) propose, selon l'ordre du jour, que la Chambre se forme en comité général pour étudier le bill 149 concernant la construction d'édifices religieux dans la paroisse de Saint-Eusèbe-de-Verceil.

Adopté. Le comité étudie le bill et en fait rapport sans amendement.

M. Achim (Labelle) propose que le bill soit maintenant lu une troisième fois.

Adopté.

Il est ordonné que le greffier porte le bill au Conseil législatif et demande son concours.

 

Demande de documents:

Conservatoire Lassalle

M. Bergevin (Beauharnois) propose, appuyé par le représentant de Rimouski (M. Tessier), qu'il soit présenté à Son Honneur le lieutenant-gouverneur une adresse priant Son Honneur de faire déposer sur le bureau de cette Chambre une copie de la correspondance, états financiers, rapports et tous documents relatifs au Conservatoire Lassalle, école d'élocution française et du bon parler français, depuis sa fondation.

Qu'il me soit permis de déclarer à cette Chambre que l'idée primordiale qui m'a inspiré est beaucoup plus élevée que l'intérêt particulier que peut avoir une institution spéciale, en démontrant le peu d'encouragement qu'on lui accorde à l'heure présente. Cette école d'élocution française, qui depuis 15 ans a remporté les succès les plus éclatants, a permis à notre jeunesse de s'instruire davantage dans le perfectionnement du bon parler français, dans l'élocution française, et elle a formé parmi notre jeunesse des hommes d'élite dont l'éloquence est manifestement reconnue dans l'ensemble de la province et du pays. Son utilité est donc incontestable et sa survivance s'impose à l'attention de nos gouvernants et de tous ceux qui s'intéressent à l'instruction publique et à notre avancement intellectuel et moral.

Ce n'est pas que je veuille faire concurrence à d'autres enseignements qui poursuivent un but aussi élevé qu'elle-même. Son fondateur constate avec plaisir les succès remportés ailleurs que chez lui et auxquels il applaudit de tout coeur. Sachons comme lui, par le fait même, reconnaître le mérite de chacun et respectons les droits auxquels ils peuvent s'attendre en toute justice.

Je m'excuse de n'être ni un Hugo, ni un Paul-Louis Courrier, ni un Lamartine, ni un Crémazie, ni un Pamphile Le May, ni un Mirabeau2 pour parler de la langue française.

Mais il me semble que l'heure est venue où tous ces enseignements devraient se fondre ensemble pour former ce que je me permettrai d'appeler l'université du bon parler des langues officielles française et anglaise au Canada. Et comme le Conservatoire Lassalle est incontestablement l'école la plus complète, la mieux outillée et la plus compétente, son organisation pourra servir de base à la fondation de ce conservatoire nouveau où sera enseigné, non seulement le bon parler français et anglais, mais nous pourrions y joindre l'enseignement de tous les arts d'agrément: le chant, la musique, la peinture et autres beaux-arts, mais surtout, et j'insiste là-dessus, l'enseignement du bon parler français et du bon parler anglais.

Cette école universitaire, si je puis l'appeler ainsi, aura pour but de former un groupe d'élite de professeurs qui, après avoir reçu leur diplôme, iraient enseigner la diction et le bon parler français et l'élocution française, ainsi que la diction et le bon parler anglais et l'élocution anglaise dans les différentes écoles normales de la province, et ainsi, apprendre aux futures institutrices et aux futurs instituteurs qui recevraient, en même temps que leur instruction pédagogique, l'enseignement de deux langues officielles qu'ils pourront enseigner alors plus parfaitement dans toutes les écoles de la province de Québec, dans les collèges et les couvents, dans les académies, dans les écoles modèles et dans toutes les écoles primaires; et répandre ainsi le bon parler de la langue française et de la langue anglaise dans toutes les parties de la province de Québec, depuis la ligne 45e jusque dans les écoles les plus éloignées du Nord, et depuis les rives du Labrador et de la Gaspésie jusque dans les écoles les plus reculées du Témiscamingue et de l'Abitibi, pour que les enfants de colons, ces vaillants défricheurs de la forêt, pour que les fils des cultivateurs, ces nobles chevaliers du sillon, profitent des mêmes avantages dont nous jouissons actuellement dans la métropole. Ce sera dans la solitude et l'éloignement, l'affirmation la plus belle et la plus complète de nos principes nationaux, et la plus grande jouissance intellectuelle de notre peuple.

C'est ainsi que se répandrait dans tout le pays le bon parler des deux langues du pays. On rendrait ainsi meilleure la vie intime de la famille par le charme constant de la pensée et de la langue si pure à nos coeurs français. Toutes nos universités et nos grandes maisons d'enseignement secondaire devraient avoir à coeur cet enseignement perfectionné de la langue française, qui fait intégralement partie de notre existence nationale. Ce qu'il importe actuellement, c'est d'épurer la langue française que nous parlons: nous parlons généralement très mal notre langue. On nous le fait voir assez souvent. Or, c'est le Conservatoire Lassalle qui serait le plus en mesure de nous perfectionner dans l'élocution française.

Il (M. Bergevin) cite l'opinion exprimée par M. Louvigny de Montigny3 au sujet d'un conservatoire ou d'une faculté des lettres, M. Louvigny termine ses remarques par ces mots: "Est-il admissible, est-il convenable que, dans toute la province de Québec, si fière de se proclamer le bureau, le château fort, la serre-chaude, le boulevard, et que sais-je encore, de l'esprit et du parler français en Amérique, il n'y ait aucune faculté d'université qui forme des docteurs de notre propre langue ou qui seulement impose le respect du français que l'université française produit dans ses différentes facultés, qu'il ne se trouve, chez nous, aucune école consacrée à l'étude scientifique du français pour enseigner à fond la langue, pour préparer de véritables maîtres du français."

Cette lacune inadmissible et inconcevable existe pourtant. Aussi faut-il en voir les résultats chez ceux des nôtres qui se sont contentés du français appris au collège et à l'université. Olivar Asselin nous a dernièrement donné de cela un échantillon prélevé dans notre plus haute magistrature. C'est peu flatteur. De leur côté, les "Indigénistes" citent des exemples du contraire, et ce sont toujours des exceptions. La règle générale ne peut accuser qu'un résultat désobligeant et il ne saurait en être autrement puisque, à aucun stage de notre formation scolaire et universitaire, nous ne recevons d'enseignement scientifique du français. Nous en apprenons quelque peu les éléments en primaire et en secondaire, et c'est ensuite au petit bonheur, sans méthode et sans maître, que doivent compléter leur étude du français ceux de nos compatriotes qui se trouvent appelés à écrire ou à parler et qui n'ont pas l'avantage d'aller refaire leurs humanités en France.

De quelle utilité technique sont les cours de littérature française à l'université? D'aucune. Ces cours sont suivis par de braves amateurs, de snobs et comme sont fréquentées les conférences de l'Alliance française. Ces cours littéraires, de même que ces conférences littéraires, procurent un amusement intellectuel, mais aucun enseignement technique. Toutes nos écoles et nos universités même devraient se préoccuper de cet enseignement qui fait intégralement partie de notre existence nationale.

Pour vous donner une idée de ce que l'on pense de l'école Lassalle, voici les opinions de Son Altesse Royale le duc de Connaught4, ancien gouverneur du Canada, de Son Excellence Lord Grey5, de S.G. Mgr Paul Bruchési6 archevêque de Montréal, de Sir Lomer Gouin, de Sir Wilfrid Laurier, de l'honorable M. Jérémie Décarie7 ancien secrétaire provincial, de l'honorable M. Cyrille Fraser Delâge8, surintendant de l'Instruction publique, de M. le curé Henri Gauthier de la paroisse de Saint-Jacques, de M. le capitaine Duthoit et de plusieurs autres.

Tous ces personnages ont visité le Conservatoire Lassalle ou en ont entendu parler et ils ont exprimé à son fondateur leur plus entier appui. Les journaux La Presse, La Patrie, Le Canada, Le Devoir applaudissent à l'oeuvre de M. Lassalle9. Il faut la développer. Tous parlent du Conservatoire Lassalle comme de l'institution par excellence pour faire apprendre et aimer la langue française. Ces témoignages sont si éloquents que l'on devrait sans tarder élaborer un programme d'enseignement gratuit d'élocution française dans les écoles, afin de répandre d'une façon plus pratique la langue française et la langue anglaise.

Je propose qu'un projet de loi devrait être préparé de la manière suivante: En vue d'assurer la surveillance du Conservatoire Lassalle et de répandre dans la province de Québec l'enseignement gratuit de cette école, c'est-à-dire la diffusion plus pratique et plus intensive de la langue française et de la langue anglaise bien parlées dans tous les milieux et particulièrement dans les écoles normales.

1. Assurer au Conservatoire Lassalle un local spécial aménagé selon les besoins de l'école, dans la ville de Montréal, qui serait le centre principal de cette branche de l'enseignement technique de langue française et de la langue anglaise, dans leur prononciation la plus pure basée sur ses règles phonétiques et de toute la technique nécessaire.

Ce local spécial devra s'ouvrir pour l'enseignement de l'art oratoire, de la diction, de l'élocution française et anglaise, de la lecture à haute voix, de la lecture expressive du geste et du maintien.

Il y serait donné des cours pédagogiques en vue de la formation de professeurs des deux sexes qui seraient appelés à remplir ces fonctions, soit dans les conservatoires, soit dans les écoles normales de jeunes gens et de jeunes filles.

2. Pour que la ville de Montréal ne bénéficie pas seule de cet enseignement, il serait fondé, pour commencer, une succursale du Conservatoire Lassalle à Québec, avec le même programme d'enseignement.

3. Ces conservatoires devront rester gratuits et ouverts aux adultes et pupilles des deux sexes.

4. Pour tous les élèves qui se destineraient au professorat, la durée des cours serait obligatoirement de trois années consécutives à la fin desquelles ils seront tenus de passer un examen devant un bureau d'examinateurs compétents et recevront, s'il y a lieu, un diplôme de professeur signé par l'honorable secrétaire provincial et de l'honorable surintendant de l'Instruction publique et du général des écoles du Conservatoire.

5. Suivant leurs capacités, ces professeurs seront attachés, avec un salaire à fixer dans le Conservatoire d'élocution française ou anglaise ou dans les écoles normales des deux sexes, en raison de la subvention qui leur sera accordée.

6. Ces conservatoires seront subventionnés par le gouvernement provincial et les municipalités, et dépendront du département du secrétaire provincial et de l'Instruction publique.

7. Le Conservatoire Lassalle, incorporé en 1908, devra subir des modifications à ses lettres patentes pour agrandir son champ d'action tel que proposé.

8. Il resterait à entrer dans de plus amples détails pour l'organisation et la mise en pratique de ce projet que je considère comme très important et devant rencontrer l'approbation de tous ceux qui voudront penser à l'avenir.

Aujourd'hui, le Conservatoire compte trois professeurs: M. Lassalle, le directeur, Mme Lassalle, la femme du directeur et M. Georges Landeau, un jeune français, le beau-fils du directeur.

Ces trois professeurs ont déjà produit de nombreux élèves. Permettez-moi de vous citer quelques noms. Il (M. Bergevin) cite 25 noms environ dont M. Georges Landeau, le beau-fils du directeur, M. Paul Gury10, auteur des Dopé et du Mortel Baiser, des mélodrames qui ont fait pleurer pendant des semaines le public du Théâtre national, etc.

Je cite seulement quelques noms, car la nomenclature serait trop longue s'il fallait que je mentionne ici tous ceux qui, à l'heure présente, enseignent déjà un peu partout, ou d'autres qui prêchent par leur exemple de la connaissance plus complète du bon parler français et de l'élocution française et qui ont été formés au Conservatoire Lassalle.

Qu'il me suffise de vous dire que depuis 15 ans, 7,000 à 8,000 élèves ont été formés dans le Conservatoire Lassalle. Il y passe annuellement 400 à 50011 élèves. Trois professeurs, M. Eugène Lassalle, directeur fondateur, Mme Lassalle, et M. Georges Landeau forment le corps enseignant de cette belle et patriotique institution véritablement nationale.

Deux anciens élèves sont venus au secours de leurs maîtres et aident heureusement de leur talent le fondateur du Conservatoire dans les différents cours du programme.

Si présentement nous ajoutons quelques professeurs pour enseigner à bien parler l'anglais, ce Conservatoire sera pratiquement complet, suivant l'idée que j'ai l'honneur de préconiser et de recommander à cette Chambre et à la province. Et ainsi, nous verrons se développer davantage, dans la province de Québec, l'élite bilingue qui devra s'affirmer chaque jour de plus en plus pour la bonne entente des nôtres avec nos compatriotes de langue anglaise en ce pays, ainsi que l'expansion et le génie de la langue française et de la langue anglaise dans toute l'Amérique du Nord. Mais pour bien répandre ces enseignements qui doivent primer d'abord dans l'instruction publique, puisque la langue, c'est la vie morale et intellectuelle de l'humanité, comme le pain quotidien est le soutien de l'être humain, nous devons organiser une propagande générale de l'enseignement du bon parler des deux langues officielles de notre pays.

Pour atteindre ce but, nous devons établir, d'une façon permanente, sur des bases solides, l'instruction qui s'est particulièrement préoccupée de l'élocution française et du bon parler français et qui en fait un succès éclatant. Il faut pour cela un local digne de l'oeuvre et de la mission qu'elle s'est destinée à remplir. Puis, lorsque la maison-mère aura enfin son loyer, d'autres écoles similaires pourront être établies à Québec d'abord, puis dans tous les centres éducationnels de la province de Québec, et des succursales dans toutes les divisions de la métropole et d'ailleurs, où besoin s'en fera sentir. Alors, nous aurons à notre disposition des écoles suffisamment bien organisées et outillées pour rendre les services que l'on sera en droit d'attendre d'elles et de la mission qu'elles poursuivront pour le bien et l'avancement des générations futures.

Dans cette université d'élocution, la chaire des chaires serait la chaire d'élocution et du bon parler français. Ce n'est pas que je veuille laisser entendre que nos hommes de profession, formés dans nos universités, ne sont pas des hommes de distinction, ne parlent pas bien leur langue. Nous sommes fiers des hommes qui appartiennent à nos professions libérales, qui ont reçu leur instruction dans nos universités, mais il me semble que les ambitions de la race canadienne française doivent porter toujours plus haut ses légitimes aspirations.

Et pour cela, que l'on me permette d'exprimer franchement que la connaissance la plus parfaite du bon parler et de l'élocution des deux langues est essentiellement le couronnement d'une instruction et d'une éducation vraiment supérieure, surtout en ce pays. Nous avons maintenant les universités des professions libérales, nous avons les universités du commerce et de l'industrie, nous avons des universités d'arts et métiers; il nous faut maintenant l'université du bon parler français et anglais.

Il (M. Bergevin) exprime le désir de voir ces conservatoires affiliés aux universités et il cite à ce sujet une lettre de Mgr Gauthier12, recteur de l'Université Laval, dans laquelle il est question de l'affiliation du Conservatoire Lassalle à l'Université de Montréal. Déjà les propagateurs et amis des arts dans la ville de Québec, dit-il, ont établi un Conservatoire de musique, et ils désirent l'établissement et la fondation d'un conservatoire semblable à celui déjà établi à Montréal pour l'enseignement de l'élocution française et du bon parler français.

Lorsque ce projet sera réalisé, si ce n'est pas téméraire de ma part de le suggérer, l'Université Laval pourra peut-être prendre sous son égide protecteur cette école de musique et du bon parler français et de l'élocution française qui sera si utile à la jeunesse universitaire de Québec. Je suis sûr que de ce côté-là l'Université Laval sera heureuse de s'affilier cette institution.

Il (M. Bergevin) lit une lettre de M. Ludger Robitaille, de Québec architecte, auteur d'un projet de Monument national, qui offre à M. Lassalle l'établissement de l'Athénée, un local pour établir un conservatoire à Québec.

Le directeur et le fondateur de cette école supérieure d'élocution française, dit-il, a des visées plus nobles que celles qui pourraient se rattacher à sa personnalité ou à ses intérêts personnels. Tout en étant encore en bonne santé, il est arrivé à un âge où son avenir ne lui offre pas de longues espérances; son unique pensée se porte sur la survivance de l'oeuvre qu'il a fondée au milieu des difficultés sans nombre à ses débuts, mais qui s'est affirmée dans la suite, grâce à une ténacité sans égale.

Il compare M. Lassalle à Coquelin13 qui était l'un des plus grands comédiens du monde, ce dont personne n'a jamais douté.

À cause de l'extension de son enseignement, le local du Conservatoire Lassalle est devenu absolument insuffisant; d'autant plus que les dépenses de cette institution augmentent considérablement, de sorte qu'à l'heure qu'il est, l'institution ne peut donner tout le travail qu'elle serait prête à donner et que l'on devrait en attendre. N'est-il pas temps alors de réaliser l'espoir d'établir sur des bases sérieuses et solides cette institution?

On devrait augmenter la subvention accordée au Conservatoire. Il dépose devant la Chambre un état des dépenses à l'école de M. Lassalle. Cet état démontre que M. Lassalle paie $1,300 de loyer par année; $32 de taxe d'eau (comme l'eau coûte cher en notre siècle)14; $570 par année en 10 ans, pour avoir fait rafraîchir l'hôtel qu'il occupe, au-delà de $1,000 pour le chauffage; $80 pour un homme qui chauffe sa fournaise; $90 pour l'éclairage de son hôtel; $100 pour ses frais de bureau; $76 pour son téléphone; $75 pour les réceptions et fêtes; $200 d'entretien de l'immeuble; $12 pour l'assurer; $80 pour de la clavigraphie et, enfin, $180 pour payer son portier et le "nettoyage".

Tout cela coûte à M. Lassalle $3,042.50. Or, comme le gouvernement ne lui paie que $5,000, qu'il ne reçoit que $200 de la ville de Montréal et $250 environ de ses élèves, il ne lui reste plus, ô horreur, que $2,407.50 pour vivre!

Deux cents dollars par mois pour trois personnes: M. Lassalle, Mme Lassalle et le fils de Mme Lassalle, M. Georges Landeau, professeur au Conservatoire Lassalle.

Deux cents dollars par mois pour notre Coquelin, le Coquelin du Canada! Un gouvernement peut-il être aussi mesquin?

Mais M. Lassalle oubliera tout cela! Il veut travailler pour l'art. Qu'on lui donne le droit de fonder une école d'élocution anglaise dans son Conservatoire; qu'on porte sa subvention de $5,000 à $10,000 et alors, le gouvernement aura compris le rôle que joue en notre pays le grand artiste qu'est M. Lassalle; celui de montrer aux petits Canadiens français comment parler le français comme on doit le parler.

Si nous élevons nos regards au-dessus de votre fauteuil, M. l'Orateur, nous apercevons l'admirable tableau de l'Assemblée où furent adoptées les 92 résolutions, résolutions réclamant la conquête de nos libertés constitutionnelles et la protection des droits sacrés de notre foi et de notre langue.

N'est-ce pas un devoir pour nous, maintenant, de continuer l'oeuvre accomplie par nos pères que nous devons développer et affermir chaque jour, et c'est en perfectionnant notre langage et en embellissant la langue qui nous a bercés de ses chants sur les genoux de nos mères que nous atteindrons cet idéal rêvé par la race canadienne-française, tout en respectant la langue anglaise et la mère patrie dans un sentiment véritablement national.

Il (M. Bergevin) rappelle que c'est lui qui a réclamé le premier la construction des écoles de hautes études commerciales et des écoles techniques à Montréal.

Excelsior! Portons toujours plus haut et vers le bien nos idées et nos pensées et soutenons courageusement et généreusement des oeuvres si utiles et si fécondes qui immortaliseront la province de Québec et le peuple qui l'habite. Par les immenses services qu'elle doit rendre, par l'exemple et la mise en pratique de ces projets qui s'imposent à notre attention, se rappelant toujours de sa devise "Je me souviens", elle regardera l'avenir avec confiance, voyant des lendemains plus heureux encore et plus féconds. C'est par ces moyens que nous conserverons le respect, l'estime et l'affection véritables de tous nos concitoyens et, travaillant tous ensemble dans une entente mutuelle sincèrement cordiale, nous marcherons vers les glorieuses destinées de notre vie nationale et, dans une fraternelle union, nous gravirons triomphalement vers les idéaux et la grandeur de la patrie canadienne.

M. Ricard (Saint-Maurice): Il me fait plaisir, pour la première fois que j'ai l'honneur d'adresser la parole dans cette Chambre, d'avoir à parler en faveur de Sa Majesté, la langue française, et il me semble que je faillirais à mon devoir envers mon comté et ma province si je ne contribuais pas à aider à l'expansion de la langue française, chaque fois que l'occasion s'en présente.

Messieurs, si nous voulons la survivance en notre pays et en Amérique, de la belle langue française que nous aimons tant, il faut deux choses: premièrement, l'appui de notre gouvernement, et en deuxième lieu, le concours et la bonne volonté de nos hommes publics et de toute la population en général. Il (M. Ricard) conseille à ses compatriotes de montrer plus de vigilance dans la défense de leurs droits. Le meilleur moyen de conserver la langue française, c'est de la parler partout et toujours. Aussi, il faut que nous aidions par tous les moyens possibles les institutions qui ont pour mission d'épurer notre langue. Et c'est la mission du Conservatoire Lassalle.

Pour ce qui est de l'appui de notre gouvernement, en autant que je crois savoir, le ministère a fait son devoir et, dans mon humble opinion, il a droit à la reconnaissance de cette province. Les nombreuses subventions en faveur de nos maisons d'éducation françaises en sont la preuve, nos universités et nos collèges classiques savent ce qu'ils ont reçu, le Conservatoire Lassalle de Montréal, pour sa part, reçoit une subvention de $5,000 par année. J'ose espérer que ces subventions à nos universités, à nos collèges et au Conservatoire Lassalle seront encore, sous peu, fortement augmentées. Car, quel est celui qui, dans cette Chambre, ignore ce qu'ont fait ces institutions, avec le concours de nos communautés religieuses, pour la survivance française en Canada?

Le bon vieux séminaire de Québec, aidé du collège de Montréal et du séminaire de Nicolet et plus tard, par d'autres collèges plus jeunes ont formé cette élite d'hommes distingués qui ont si vaillamment combattu sur ce sol béni pour la défense de notre langue et de nos droits: devant ces institutions dévouées et patriotes, je m'incline avec respect et je leur dis: Vive toujours le Canadien français reconnaissant vous appuie et vous admire (sic). Ces dernières années, M. Eugène Lassalle de Montréal, animé d'une idée noble, fonda une école de diction française et de parler français qui porte aujourd'hui son nom. Nombreux sont les élèves qui ont suivi ces cours et aussi nombreux sont ceux qui ont dû ensuite se distinguer par leur langage châtié et correct.

Il serait à souhaiter que des institutions semblables à celle-ci soient fondées dans les différentes villes de notre province avec les généreuses subventions que pourrait nous donner notre gouvernement. Mais il est bien beau de demander de l'aide au gouvernement, mais nous aussi, en notre qualité de citoyens, nous devons faire notre part, et nous n'avons pas le droit de laisser au gouvernement seul toute la tâche d'aider et défendre la cause française en Amérique.

Si la population ne concourt pas avec le gouvernement et nos maisons d'éducation, tout leur dévouement serait inutile et notre argent dépensé en pure perte. Il faut donc le concours et l'appui de tous ceux qui ont à coeur la survivance du français au Canada et l'amour de la patrie.

Je voudrais que mes concitoyens montrassent plus d'amour et de respect pour cette belle langue française apprise sur les genoux de nos mères. Chaque détail pour sa conservation est important, et n'est-ce pas l'ensemble de ces détails qui forme un tout compact et en assure la vie dans ce pays? Pourquoi, par exemple, nos hommes d'affaires canadiens-français forment-ils des compagnies avec des noms exclusivement anglais, au lieu de prendre un nom français? Si nous nous permettons de leur en faire la remarque, ils nous répondent que c'est un détail: pourquoi envoyer nos télégrammes ou demander notre numéro de téléphone en anglais? ...

L'on nous dit: "Cela n'a pas d'importance, c'est un détail. Pourquoi des Canadiens français, vivant dans des centres français, s'annoncent-ils exclusivement en anglais?... C'est un détail," nous dit-on!... Encore ces jours derniers, alors que j'avais l'honneur de présenter, dans cette Chambre, un bill amendant la Charte de Shawinigan Falls, je me suis permis, au comité des bills privés, de demander de faire disparaître du nom de cette ville, presque exclusivement canadienne-française, le mot "Falls"; le bon Canadien français de me dire tout bonnement: "À quoi sert, mon ami, c'est un détail, ce n'est qu'un mot". Après tout, oui, un qui dit beaucoup, car on laissera ainsi l'étranger qui étudiera la géographie de notre province sous l'impression, bien à tort, mais par notre faute, que cette ville est anglaise.

L'Assemblée législative s'est rendue à cette demande très juste, mais le Conseil législatif l'a rejetée. Si l'on continue à donner des noms anglais à nos différentes localités, avant longtemps l'on laissera croire aux étrangers que Québec est devenu une province anglaise. Oui, des détails, toujours des détails que l'on continue à négliger, et tous les sacrifices faits par nos gouvernements et nos maisons d'éducation seront peines perdues. C'est avec des détails de ce genre que l'on mine l'influence de la langue française en notre province. Faisons donc moins de discours le jour de la Saint-Jean-Baptiste et soyons plus pratiques. Ce jour-là, l'on rappelle ce qu'ont fait nos grands hommes pour la cause française, l'on dit notre amour pour tout ce qui est français et le lendemain, l'on oublie toutes nos bonnes résolutions et l'on recommence, comme auparavant, dans le cours ordinaire des affaires, et cette pauvre langue française est mise de côté comme une quantité négligeable par un trop grand nombre. Il vaut mieux aimer nos institutions et notre langue tout le temps en ne cessant pas de la respecter. Je ne veux pas mettre la langue anglaise au rancart mais entre nous, entre nous, parlons donc français15!

Ah! Si nos journaux voulaient aider le travail de nos éducateurs, quel bien ils pourraient faire. La mission du journaliste qui comprend bien son devoir est noble et quel service précieux pourrait-il rendre ici pour la cause française, s'il s'en donnait la peine!

Réveillons donc nos énergies et aidons nos institutions nationales. Avec feu l'honorable Honoré Mercier, le père de notre distingué ministre des Terres et Forêts, je dirai, pour terminer ces paroles pleines de sens de notre grand homme d'État: "Encourageons nos institutions nationales."

(Applaudissements)

M. Boisseau (Saint-Hyacinthe) félicite le représentant de Beauharnois (M. Bergevin) d'avoir présenté ce projet devant la Chambre, puis il fait l'éloge des institutions de notre province qui ont conservé chez nous la belle langue française et qui lui donnent la place d'honneur, dans leurs programmes d'études élémentaires, moyennes et supérieures. Il (M. Boisseau) parle des bons résultats obtenus par les nombreux collèges et institutions de la province et félicite le gouvernement pour ses généreuses contributions à la cause de l'éducation.

Il (M. Boisseau) vante le mérite du Conservatoire Lassalle, qui a pour mission de conserver intact le beau langage de France sur les bords du Saint-Laurent et qui mérite l'encouragement de nos gouvernements. Il reconnaît pleinement le travail splendide accompli par le Conservatoire Lassalle et souhaite que le projet proposé par le représentant de Beauharnois (M. Bergevin) se réalise dans un avenir très rapproché. Il se déclare en faveur de la création de chaire de bons parlers français dans nos universités.

La langue française est en honneur dans nos maisons d'enseignement, nos écoles primaires et secondaires, nos collèges classiques et nos universités. Mais il ne faut pas perdre de vue que trop de gens sortant de nos collèges se persuadent aisément qu'ils n'ont plus rien à apprendre en dehors de la connaissance de la science qui leur permettra de gagner leur vie. Les jeunes ne font pas fructifier les connaissances qu'il y ont prises et ne s'efforcent pas d'obtenir une culture générale, sans laquelle ils ne peuvent donner toute la mesure de leurs talents. Le Conservatoire Lassalle fut fondé, du moins en ce qui concerne les langues, pour remédier à cette situation. Il mérite donc tout l'appui et l'aide possibles.

L'instruction n'est qu'un emmagasinage de connaissances. L'homme qui a de la culture possède le flambeau qui fait valoir ses connaissances à son entourage. Ce qui est vrai de toutes les connaissances en général l'est aussi de notre belle langue française, et après en avoir appris les grandes lignes, c'est notre devoir d'en connaître les détails et de la bien parler.

Le Conservatoire est appelé à rendre de grands services à notre race, au pays, et c'est cette institution qui doit nous aider à perfectionner notre langage. Mais pour que ce Conservatoire produise les résultats que l'on attend de lui, il faut le seconder. Et cette langue qui a bercé notre enfance, qui a charmé notre jeunesse, qui est le flambeau de l'âge viril et le réconfort de la vieillesse; cette langue dont nous nous servons pour dire notre amour à ceux que nous aimons; cette langue sans laquelle nos bonheurs resteraient ignorés comme une mélodie céleste; cette langue sans laquelle nos souffrances seraient encore plus douloureuses dans la solitude; cette langue qui a défendu nos droits et nos libertés dans cette université du bon parler français, nous la verrons fleurir à l'ombre bienfaisante d'un patriotisme franc et loyal, nous la verrons prendre des envolées de gloire et de splendeur, nous l'entendrons nous chanter ses douces harmonies aux heures difficiles, pour soutenir et enhardir nos courages, et nous tenir sur la brèche, pour défendre le dépôt précieux de nos ancêtres.

Il (M. Boisseau) appuie très fortement le plan élaboré par le député de Beauharnois, étant convaincu que le gouvernement l'accueillera très favorablement et qu'il fournira au Conservatoire un soutien des plus enthousiastes ainsi qu'une aide financière.

M. Conroy (Montréal-Sainte-Anne)16 se déclare en faveur du projet du représentant de Beauharnois (M. Bergevin) et espère qu'il se réalisera bientôt. Beaucoup de professionnels, dit-il, possèdent une bonne connaissance de leur profession, mais ils manquent de culture générale, et le travail du Conservatoire apporterait un remède à ce défaut.

L'éducation bilingue est un actif exceptionnel et un investissement extrêmement rentable. Il (M. Conroy) se penche sur la question du bilinguisme du double point de vue de la commodité et de la bonne volonté. Il n'essaiera pas d'indiquer au département à quel âge un enfant devrait commencer l'étude des deux langues ou discuter si oui ou non une deuxième langue change les caractéristiques nationales d'un enfant. Cependant, il veut montrer la nécessité d'une éducation bilingue en tant qu'investissement rentable. La valeur, en termes de bonne volonté qui y est attachée, à elle seule, vaut plusieurs fois les coûts supplémentaires que cette éducation demande.

Il n'y a pas assez de français dans les écoles anglaises et pas assez d'anglais dans les écoles françaises. Si cet échange existait dans l'école, il y aurait moins d'animosité, car les deux groupes du Canada se connaîtraient mieux. Une telle connaissance mutuelle déboucherait sur des relations d'affaires améliorées et plus profitables, de même qu'elle entraînerait un accroissement des échanges et du commerce. Si nous en retrouvions un peu plus des deux, les chances de déclencher des ressentiments diminueraient, le gris brouillard des ténèbres engendré par l'ignorance de l'autre se dissiperait et la brillante lumière de la compréhension et de l'optimisme, basée sur un bon jugement et sur la connaissance, nous mènerait à une estime mutuelle que nous attendons depuis longtemps et à une période de saine expansion économique.

Personne, à son avis, ne pourrait prétendre en toute justice défendre une province qui veut n'avoir qu'une langue, chose qu'on entend quelquefois de la part d'irresponsables. Autrefois, c'était l'habitude pour les gens aisés d'envoyer leurs fils étudier dans les universités allemandes alors que, délibérément, on négligeait la culture française et la culture anglaise. Ces dernières années ont montré vers quoi cette éducation a mené. En France, l'éducation la plus excellente fut partiellement ignorée, et ceci eut comme résultat un manque de raffinement et de vraie culture.

Il serait préférable que l'on insiste moins sur une connaissance des langues mortes et plus sur la connaissance égale des deux langues qui sont parlées dans ce pays. Chacune des deux langues officielles possède une valeur marchande au quotidien. Le gouvernement est parfaitement justifié de donner toute l'aide possible à l'éducation bilingue. En encourageant l'enseignement bilingue, le gouvernement augmenterait la bonne entente qui, plus tard, aurait son effet en faisant régner en ce pays le bonheur et la paix. Construire avec vigueur l'actif incommensurable qu'est la bonne volonté, telle est la tâche de nos deux langues.

M. Miles (Montréal-Saint-Laurent): M. l'Orateur... (Applaudissements) ... je veux tout simplement faire quelques remarques et attirer l'attention de cette Chambre sur l'utilité de parler les deux langues, non seulement dans cette province, mais aussi dans toutes les provinces du dominion. Les citoyens de chaque province devraient pouvoir s'exprimer dans les deux langues. Je veux traiter d'un sujet qui n'a pas encore reçu d'attention, le secteur des affaires. Pour réussir en affaires dans cette province, les deux langues sont nécessaires. J'ai réussi dans ce domaine et, bien qu'il ne soit pas mon intention de m'exposer personnellement à votre attention, je peux fournir un exemple.

J'ai eu quelque succès en affaires et je dois une bonne partie de ces succès au fait que je comprenne la langue française et que je fus toujours en mesure de parler et de comprendre cette belle langue. (Mais) je ne connais pas assez la belle langue française et je crois que c'est le devoir des Canadiens anglais d'apprendre le français à leurs enfants. Le conseil que je donne, je le pratique chez moi, M. l'Orateur. Je suis heureux de pouvoir m'exprimer en français. Et je suis aussi heureux de dire que mes enfants parlent mieux le français que moi et leurs enfants parlent encore mieux le français que leurs parents. (Applaudissements)

Dans toutes les familles, on devrait apprendre aux enfants à parler les deux langues, afin de les préparer pour l'avenir et de leur permettre de lutter avec succès dans la vie. Un homme d'affaires devrait exiger de ses employés qu'ils sachent les deux langues. (Applaudissements)

Une des choses dont je suis le plus fier, c'est ce qui m'est arrivé il y a quelques années, alors que j'étais président du Board of Trade de Montréal. De tous les membres du bureau de direction du Board of Trade, j'étais le seul capable de m'exprimer en français. Je fus heureux de prouver à mes collègues que je pouvais bien recevoir en français. J'avais à recevoir une délégation d'Ottawa et, parmi cette délégation, il y avait une quinzaine de députés canadiens-français. Je leur souhaitai la bienvenue dans leur langue, je les ai reçus, monsieur, dans leur langue et tous les membres du Board of Trade étaient fiers aussi de voir que je pouvais parler français à des députés canadiens-français.

Il souhaite, dit-il, que son exemple soit suivi par beaucoup d'autres de ses compatriotes. C'est la première fois que je parle le français en cette Chambre. J'espère qu'avec un peu de pratique, je m'y habituerai, car j'ai toujours beaucoup de plaisir à parler la belle langue française. Je demande pardon aux membres de cette Chambre de ne pas m'exprimer ici dans un meilleur français. La prochaine fois, avec un peu de pratique, je tâcherai de faire mieux.

(Applaudissements)

M. Grégoire (Frontenac) félicite le représentant de Beauharnois (M. Bergevin). Il (M. Grégoire) tient à prendre part à ce débat et à dire son amour pour la langue française. Il se réjouit de connaître un grand nombre de citoyens de langue anglaise qui aiment à s'exprimer en français. Il parle de l'entente entre les deux nationalités de cette province, puis il évoque le souvenir de la douce France. Au temps des Plantagenets17, en Angleterre, on parlait français dans les cours royales. La devise Dieu et mon droit en est une preuve. Il est convaincu que les Anglais bien pensants ne peuvent qu'applaudir aux efforts que nous faisons pour conserver pure, en notre pays, la belle langue de nos ancêtres.

Il (M. Grégoire) insiste sur la nécessité de l'articulation et de la prononciation, ce qui l'amène à parler de l'utilité des conservatoires. Nous parlons une langue en somme assez correcte, mais nous mangeons nos mots, nous rognons nos syllabes. Il demande que l'on prononce clairement une langue claire. Nous ne parlons pas tout à fait le français de Paris. Le français du parisien, de la petite parisienne, ah, celle-là, elle mord bien dans la syllabe. Nous ne parlons pas le français comme à Paris, nous parlons le langage du terroir que nos ancêtres ont apporté sur nos rives. Il faut la purifier, cette langue, il faut la mieux parler. Et je suis heureux que le député de Beauharnois (M. Bergevin) veuille étendre le champ d'action de cette école d'élocution que dirige M. Lassalle.

Comme il est d'un comté bilingue, il (M. Grégoire) prêche naturellement la connaissance des deux langues dont il fait un éloge détaillé. Il félicite le représentant de Huntingdon (M. Philps) pour sa connaissance du français.

Il (M. Grégoire) rappelle le souvenir de nos mères et nos fiancées dont il exhorte les Canadiens à ne pas oublier les belles caresses et les doux mots que seuls peuvent dire les mots français. Il cite Shakespeare, Homère, Virgile et Walter Scott18.

(Applaudissements)

L'honorable M. David (Terrebonne): En me levant pour parler, après les députés qui m'ont précédé, je ne sais pourquoi, mais il me revient à la mémoire une préface d'un livre écrit par une artiste... je veux dire le livre de Marie Jenna19 qui dit: "Me pardonnerez-vous d'écrire, vous qui m'avez entendu chanter?"

Après les remarquables discours qui ont été prononcés, il me semble que mes remarques seront bien pauvres. Je rappelle que, lorsque le capitaine Duthoit passa à Québec, il disait: "Il faut conserver la langue française au Canada." Mais il y avait alors longtemps que les Canadiens français avaient conservé la langue française.

La plus belle éloquence que l'on puisse mettre au service de sa langue est celle que l'on doit mettre au service de sa mère, beaucoup de dévouement et de sincérité; le plus grand service à rendre à la langue française, c'est de la bien parler. En France, bien des patois ou dialectes sont parlés. Nos ancêtres venaient du Poitou, d'Angoulême, de Bretagne, d'un peu partout. Et pourtant aujourd'hui, de la péninsule de Gaspésie jusqu'à Gatineau, notre langue est uniforme: tous les idiomes se sont fondus dans notre langue canadienne. D'un bout à l'autre de la province de Québec, on parle la même langue. En est-il de même en France où des villages distants de quelques kilomètres seulement ont des idiomes différents?

Elle peut ne pas être aussi pure que le souhaitent certains, mais elle n'en est pas moins harmonieuse. Elle sera de mieux en mieux parlée, car le temps de l'indifférence et de l'apathie est passé, le temps où l'on se moquait de quiconque s'appliquait à parler correctement "à parler en termes" comme on disait. Notre peuple comprend aujourd'hui et admire notre belle langue et20 la parle d'une façon assez parfaite pour qu'il n'en ait pas honte.

Chacun témoigne à sa façon sa reconnaissance à celui qui lui a fait du bien. Notre façon de témoigner notre reconnaissance envers le pays à qui nous devons nos origines, c'est de lui assurer que toujours nous garderons ce petit coin de terre où sa langue est parlée. Le moyen de bien protéger la langue française, c'est de la bien parler. Notre peuple la parle bien. Il est vrai que nous nous accommodons de certaines impropriétés; que nous avons gardé de nos ancêtres, marins, certaines expressions que nous adaptons indifféremment: nous "embarquons" dans un tramway, nous "débarquons" d'un train.

Nous faisons fi, peut-être, du mot boulevardier (mais), que nous importe de ne pas connaître le dernier mot du boulevard? Nous n'avons pas plus d'anglicismes qu'ailleurs, nous ne parlons pas de "five o'clock", ici. Mais à côté de cela, nous n'avons pas le snobisme douteux qui nous fait accepter, comme ailleurs, des mots étrangers. Je crois que jamais ce coin de terre canadienne ne sera submergé par l'anglicisation, si nous nous appliquons à bien parler notre langue, ce qui est le meilleur moyen de la défendre.

Au lendemain de l'Armistice, lorsque après 44 années, la France reprit ses provinces de l'Alsace et de la Lorraine, elle fut surprise et constata que l'école de l'Alsace devait être francisée. On avait réussi, dans les deux provinces reconquises, à germaniser l'école. Cette situation n'est pas survenue chez nous. On n'a jamais pu enlever le français dans la province de Québec. Pourquoi cela? Car nous n'avons pas oublié la langue française et cela est dû à notre école et surtout à nos mères. Ici en Québec, après 300 ans, les écoles et la population sont encore français. La France nous a bercés pendant près de 150 ans sur ses genoux, et lorsqu'elle est partie, ce sont nos mères qui nous ont bercés depuis 150 ans, en chantant ses belles chansons.

Nous parlons encore français; nous n'avons jamais oublié alors que, là-bas, trop souvent, on a complètement oublié. Si parfois on remarque que notre langue a des imperfections, il ne faut pas en être surpris. Pourrait-on exiger de l'acier le mieux trempé d'une épée qu'il ne porte pas quelques brèches, alors que cette épée a combattu contre des boucliers pendant 150 ans? Il me semble que la France donne une parcelle d'immortalité à tout ce qu'elle touche. Si nous voulons garder à la langue française sa place d'honneur, que la langue maternelle soit à la base de tout notre enseignement. Elle doit s'apprendre sur les genoux de nos mères.

J'admets la nécessité en certains milieux de savoir la langue de la minorité de cette province; l'anglais ne doit pas être négligé, mais la base de l'éducation donnée dans nos écoles doit être le français. Dans les villes, l'enseignement de l'anglais s'impose et l'on pourra commencer à l'enseigner dans les classes moins élevées. Mais laissons les enfants dans les campagnes apprendre le français. Que l'enfant apprenne à lire et à compter dans sa propre langue, qu'il s'instruise en français, à condition qu'il commence, avant de quitter l'école, à apprendre l'anglais qui lui sera utile pour le commerce et dans ses relations avec ceux qui sont ici la minorité!

Il (l'honorable M. David) félicite le représentant de Beauharnois (M. Bergevin) d'avoir provoqué ce débat. Il serait heureux de voir le Conservatoire Lassalle affilié à une université, l'Université de Montréal21. Le gouvernement est sympathique à ce Conservatoire et est disposé à lui aider. Il ne veut pas promettre, cependant, que le gouvernement augmentera la subvention qu'il donne tous les ans au directeur du Conservatoire d'élocution. Il félicite le représentant de Montréal-Saint-Laurent (M. Miles) pour le style magistral dans lequel il s'est adressé à la Chambre dans un français cultivé et parfait.

Il devait, dans sa jeunesse, savoir assez bien le français pour lire Victor Hugo, L'art d'être grand-père... Il rappelle le souvenir de la Tranchée des bayonnettes, près de Verdun, qui devrait donner une leçon de persévérance et être un exemple pour ceux qui pourraient être tentés de montrer une quelconque défaillance dans la revendication de leurs droits. Les Canadiens français défendront leur langue avec la même ardeur que les poilus ont mise à sauver la forteresse historique où ils avaient écrit: "On ne passe pas!" (Applaudissements)

Ceux qui ont lutté pour la langue chez nous, les grands disparus comme Lafontaine, restent pour la protéger comme ces baïonnettes. À l'exemple de ces braves qui sont restés debout dans la mort, nous aussi nous devons toujours combattre sans nous rendre, pour la défense de la langue française. Que notre vigilance et notre énergie soient pour nous la sauvegarde de la langue que nous devons à tout prix conserver.

La motion est adoptée.

 

Messages du Conseil législatif:

M. l'Orateur informe la Chambre que le greffier du Conseil législatif a apporté le message suivant, lequel est lu ainsi qu'il suit:

Le Conseil législatif informe l'Assemblée législative qu'il a voté, avec certains amendements qu'il la prie d'agréer, les bills suivants:

- bill 20 amendant la loi constituant en corporation l'École technique de Québec;

- bill 74 concernant la succession de feu William Joseph Leduc;

- bill 94 concernant les écoles catholiques de Montréal;

- bill 95 concernant les successions Jacques Blanchard et Sara Déry;

- bill 115 pourvoyant à l'administration de la succession de feu Thomas Connolly Aylwin.

École technique de Québec

La Chambre prend en considération les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 20 amendant la loi constituant en corporation l'École technique de Québec. Les amendements sont lus une première fois.

Succession de W. J. Leduc

La Chambre prend en considération les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 74 concernant la succession de feu William Joseph Leduc. Les amendements sont lus une première fois.

Commission des écoles catholiques de Montréal

La Chambre prend en considération les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 94 concernant les Écoles catholiques de Montréal. Les amendements sont lus une première fois.

Successions de J. Blanchard et S. Déry

La Chambre prend en considération les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 95 concernant les successions de Jacques Blanchard et Sara Déry. Les amendements sont lus une première fois.

Succession de T. C. Aylwin

La Chambre prend en considération les amendements que le Conseil législatif a apportés au bill 115 pourvoyant à l'administration de la succession de feu Thomas Connolly Aylwin. Les amendements sont lus une première fois.

Great Life Insurance Company

M. Létourneau (Québec-Est) propose, appuyé par le représentant de Québec-Centre (M. Cannon), que, vu que le bill 147 constituant en corporation La Great East Compagnie d'assurance-vie a été retiré, les droits ordinaires et additionnels que les promoteurs de ce bill ont payés leur soient remboursés, après déduction de tous frais d'impression et de traduction.

Adopté.

 

Demande de documents:

E. Bourque, Lewis, R. Doutre et Marchessault

M. Sauvé (Deux-Montagnes) propose, appuyé par le représentant de Montréal-Saint-Georges (M. Gault), qu'il soit déposé sur le bureau de cette Chambre une copie de toutes correspondances entre le gouvernement et toute personne au sujet de plainte ou destitution contre Emmanuel Bourque, de l'ex-administrateur de la loi de prohibition, Lewis, Rosario, Doutre, Marchessault, etc.

Adopté.

 

Questions et réponses:

Instituteurs ou principaux d'écoles primaires

M. Sauvé (Deux-Montagnes): 1. Quels sont les instituteurs ou principaux d'écoles primaires, catholiques ou protestants, de cette province qui reçoivent un traitement plus élevé que celui des inspecteurs d'écoles et des professeurs aux écoles normales et quel est le chiffre de leur traitement respectif, ainsi que le degré de leur diplôme?

2. Quels sont les fonctionnaires dont les dépenses sont payées par l'État, quand ils voyagent dans l'exercice de leurs fonctions?

3. Quels sont ceux dont les dépenses de voyage ne leur sont pas remboursées ou ne le sont qu'en partie?

L'honorable M. David (Terrebonne): 1. Les instituteurs ou principaux d'écoles primaires qui reçoivent un traitement plus élevé que celui des inspecteurs d'écoles sont les suivants: (Voir la liste ci-dessous)

a) CATHOLIQUES
Montréal (DistrictCentre)
  Salaire
Leblond de Brumath, Pr. Acad. Ec. Normale $2,200
Banks, Th.-S. Acad. B. Central 1,900
Ducharme, J.-R.-E. Acad. Ec. Normale 1,700
LeRouzes, Yves Acad. B. Central 1,700
McCullen, J.-J. Mod. Ec. Normale Laval 1,700
Valois, H.-A. Mod. Ec. Normale J.-C. 1,700
Malone, Denis, Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 2,100
Fendall, G.-A. Mod. B. Central 1,700
Smith, P.-E. Mod. B. Central 1,700
Morin, J.-A. Élém. Ec. Normale J.-C. 1,700
O'Keefe, D.-P. Mod. B. Central 1,700
Mondoux, H. Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 2,200
Primeau, J.-A. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,800
Mahieu, D. Acad. B. Central 1,700
Tremblay, J.-L. Mod. Ec. Normale J.-C. 1,700
Jasmin, L.-P.J. Mod. Ec. Normale J.-C. 1,700
Tremblay, J.-M. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,800
Hébert, S., Pr. Acad. B. Central 1,700
Brennen, P.-K. Mod. B. Central 1,700
Payment, J. Acad. B. Central 1,700
Lantier, Émile, Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,700
Bellisle, Avila Mod. Ec. Normale J.-C. 1,700
Brisebois, David Mod. B. Central 1,700
Cléroux, Avila Mod. B. Central 1,700
Lebrun, J.-T.-L. Mod. Ec. Normale Laval 1,700
St-Laurent, F.-X. Mod. Ec. Normale Laval 1,700
Sauvé, Arthur, Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,700
Guérin, Zotique, Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,975
O'Donoughue, W.-L. Pr. Acad. Ec. Normale 2,200
Pagé, G.-E. Acad. Ec. Normale 1,800
Cuddihy, R.-J.-L. Mod. B. Central 1,700
Montréal (DistrictEst)
Marchildon, C., Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,750
Beauchemin, I., Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,650
Ladouceur, Arthur, Pr. Acad. Ec. Normale J.-C. 1,750
Montréal (DistrictNord)
Sénéchal, Mendoza, Pr. Mod. Ec. Normale Laval 1,700
Morin, Donat, Pr. Mod. B. Central 1,700
Montréal (DistrictOuest)
Brennan, W.-J., Pr. Mod. B. Central 1,700
Fitzpatrick, P.-J. Mod. B. Central 1,700
Bellisle, Nap. Mod. Ec. Normale 1,700
Gobeil, N.-Eudore Acad. Ec. Normale Laval 1,725
Meloche, J.-W. Acad. Ec. Normale 1,900
Méthot, Achille, Pr. Acad. Ec. Normale 1,800
b) PROTESTANTS
Lachute, ville:      
McBurney, Chas., B. A. Acad. Cl. Board 2,000
Longueil, ville:      
Crutchfield, C. W. Acad. Cl. Board 2,400
Saint-Lambert:      
Ford, Chs-W. Acad. Cl. Board 2,600
Lachine:      
Jackson, C.-A. Acad. Que. Board 2,600
Verdun:      
Smith, Ernest Acad. Cl. Board 2,500
Montréal:      
Bacon, F.-J.,Pr. Acad. Cl. Board 2,700
Spinney,Th. Acad. Cl. Board 2,600
Davis, N.-C. Acad. Cl. Board 2,400
Mackenzie, J.-M. Acad. Cl. Board 2,300
Fullerton, K.-B. Acad. Cl. Board 2,200
Harry, E. England Acad. Cl. Board 2,450
Briggar, H. Harris Acad. Cl. Board 2,700
Vincent, Irving, O. Acad. Cl. Board 2,700
Hopkins, M. C. Acad. McGill 2,700
Reid, Chas.-E. Acad. Cl. Board 2,500
Briggle, Walter, O. Acad. Cl. Board 1,800
Edgar, George Mod. Cl. Board 1,900
Archibald, H. F. Mod. McGill 2,300
MacArthur, Arch. Acad. McGill 2,700
Rowell Arthur-H. Acad. McGill 2,700
Mabon James Q. Acad. McGill 2,500
Bates, D.-A. Acad. Cl. Board 1,900
Weatherbee, J.-A. Acad. Cl. Board 2,180
Brissell, R. P. Mod. Macdonald 1,900
Harlow, A. C. Acad. Cl. Board 2,300
Kneeland, W. A. Mod. McGill 3,100
Messanger, W. J. Acad. Cl. Board 2,700
Anderson, W. C. R. Acad. Cl. Board 2,750
Rivard, E. S. Acad. McGill 2,100
Dixon, Wellington Acad. Cl. Board 3,640
Foster, David S. Acad. Cl. Board 2,160
Heslan, Gordon-H. Acad. McGill 2,060
Bott, Harold Acad. McGill 2,060
Dick, Thomas M. Mod. Cl. Board 1,960
McGarry, Allen Arthur Acad. Cl. Board 2,360
Dyas, C. R. Acad. Cl. Board 2,260
Lockhart, Harry P. Acad. Cl. Board 2,260
MacNeily, William H. Acad. Cl. Board 2,260
McNealy, Murray Acad. Cl. Board 2,560
Mcbean, Alexander Acad. Cl. Board 2,560
Denton, Kelsey, C. Acad. Cl. Board 2,560
Christie, David H. Acad. Cl. Board 2,460
Reith, Thomas B. Acad. Cl. Board 2,445
Rexford, Orrin Mod. McGill 2,780
Gammel, Isaac Acad. Cl. Board 3,280
McPhee, M. C., Coll. Acad. Cl. Board 2,160
Campbell, E. M. Acad. McGill 3,166
Astbury, J. S. Acad. Cl. Board 2,366
McVicar, J. E. Acad. Cl. Board 2,350
Patterson, R. A. Acad. Cl. Board 2,250
Raguin, R.E. Acad. Cl. Board 2,350
Stephen, F.-N. Mod. Cl. Board 2,250
Québec:      
Walker, Miles, G. Acad. Cl. Board 2,500
Shanklin, W. R. Acad. Cl. Board 2,000
Hansomebody, F. Acad. Cl. Board 1,800
Brust, J. W. Mod. Macdonald 1,800
Richmond, ville:      
Mills, John S. Acad. Cl. Board 1,800
Granby:      
Adams, Claude Acad. McGill 2,200
Waterloo:      
Rivard, A., E. Acad. McGill 1,800
Sherbrooke:      
Hatcher, H. G. Acad. Cl. Board 2,200
MacGowan, S. J. Acad. Cl. Board 1,845
Coaticook:      
Moore, Levi, B. A. Acad. McGill 2,000
Stanstead:      
Trueman, Geo. J. Acad. Cl. Board 3,000
Irving, E.-C. Acad. Cl. Board 2,400
Dubois, J.-H.-A. Acad. Cl. Board 2,000
Trois-Rivières:      
Hunting, H. D. Acad. Cl. Board 1,800
Westmount:      
Lang, W. A. Acad. Cl. Board 1,800
Veysey, A. G. Élém. Cl. Board 2,200
Honey, H. P. Acad. McGill 2,300
Davis, Chas. J. Acad. Cl. Board 2,600
Polloch, I.I. Acad. McGill 2,900
McPhee, A. M. Mod. McGill 2,260
Walsh, W. Allen Acad. McGill 2,600

 

Les traitements annuels des inspecteurs d'écoles sont de $1,600, plus $400 alloués pour dépenses de voyage. Les traitements des professeurs laïcs des écoles normales sont comme suit: minimum $1,200, maximum, $1,700 pour les écoles normales de filles; minimum, $1,500, maximum, $2,000 pour les écoles normales de garçons. L'augmentation annuelle est de $50 pour ceux qui n'ont pas atteint le maximum.

2. Tous.

3. Aucun.

Comté de Laval

M. Ashby (Jacques-Cartier) propose, appuyé par le représentant de Québec (M. Leclerc), que le bill 99 autorisant la corporation du comté de Laval à emprunter $60,000 et annexant au comté de Laval certaines municipalités de villes pour fins de comté, soit de nouveau renvoyé à l'examen du comité des bills privés.

Adopté.

La séance est levée à 6 heures.

__________

NOTES

 

1. L'Événement du 11 mars 1921, à la page 7, rapporte que "L'honorable M. Francoeur ordonna l'ouverture des portes et les galeries, qui sont presque toujours vides, se remplirent en un instant. C'est que c'était jeudi, jour de congé pour les écoliers du Séminaire de Québec, et, selon la coutume, leur directeur les conduit, ce jour-là, à la Chambre des députés, où ils viennent apprendre à devenir de grands hommes."

2. Il s'agit de M. Victor Hugo (18802-1885) poète, chef de l'école romantique, animateur du Cénacle, il est connu pour son oeuvre poétique et littéraire, notamment Les Misérables (1862). Il se fit l'écho des préoccupations morales et politiques de son époque. M. Paul-Louis Courier de Méré (parfois Courrier) (1772-1825) écrivit des pamphlets littéraires et politiques contre l'ordre politique et religieux et la Restauration. M. Alphonse Marie Louis Prat de Lamartine (1790-1869) fut poète et écrivain, orateur influent et politicien; il est connu surtout pour son oeuvre poétique classée comme romantique. M. Octave Crémazie (1827-1879) écrivit plusieurs poèmes influencés par les romantiques et d'inspiration patriotique. M. Pamphile Le May (1837-1918) fut conservateur de la bibliothèque de l'Assemblée législative de Québec et écrivit, comme M. Crémazie, plusieurs oeuvres poétiques et littéraires, influencé par le romantisme et célébrant sa patrie. M. Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau (1749-1791), fut un des plus brillants orateurs des États généraux et de l'Assemblée nationale lors de la révolution française.

3. Louvigny de Montigny (1876-1955) fut fondateur et rédacteur en chef du journal Les débats et de la Gazette municipale; il participa à la fondation de l'École littéraire de Montréal dont il est le premier secrétaire-archiviste (1895), il publia des poèmes dans les journaux montréalais, écrivit des contes et des essais, fut traducteur au Sénat d'Ottawa (1910-1955), membre et vice-président de la Société des écrivains canadiens et fut nommé chevalier de la légion d'honneur en 1925.

4. Son Altesse Royale le prince Arthur William Patrick Albert, 1er duc de Connaught et de Strathearn (1850-1942) fut gouverneur général du Canada de 1911 à 1916. Il fut le troisième fils de la reine Victoria et il est le premier membre de la famille royale à occuper la fonction de gouverneur général du Canada.

5. Sir Albert Henry George Grey, 4e comte Grey (1851-1917), fut député de 1880 à 1886, puis devient membre de la Chambre des lords en 1886 et devint gouverneur général du Canada de 1904 à 1911. Il fut un ardent défenseur de l'unité nationale entre Canadiens français et Canadiens anglais.

6. M. Paul Bruchési (1855-1939) fut archevêque de Montréal de 1897 à 1921. Il s'opposa violemment contre la création d'un ministère de l'Instruction publique.

7. Il s'agit de Jérémie-Louis Décarie (1870-1927), qui fut élu député libéral dans la circonscription de Hochelaga (1904, 1908) et de Maisonneuve (1912-1916), fut ministre de l'Agriculture (1909) et secrétaire et registraire de la province (1909-1919).

8. M. Cyrille Fraser Delâge (1869-1957) fut élu député libéral à l'Assemblée législative dans la circonscription de Québec-Comté (1901, 1904, 1908, 1912) et fut Orateur suppléant de la Chambre (1909-1912), puis Orateur (1912-1916). Depuis 1916, il est surintendant de l'Instruction publique de la province de Québec.

9. Il s'agit en fait d'Eugène-Jean-Baptiste Lassalle, un comédien qui joua en France et à l'étranger pendant trente ans. C'est en 1906 qu'il vint à Montréal, puis se consacra à l'enseignement de l'élocution française. Il a créé le Conservatoire Lassalle la même année.

10. Paul Gury est en fait un pseudonyme de Loïc Le Gouriadec (1888-1974). Il suivit des cours d'art dramatique au Conservatoire Lassalle, fit ses débuts sur la scène du Théâtre national dont il devint le directeur artistique. Il écrivit des radios-théâtres, des sketches humoristiques, puis il fit des adaptations cinématographiques de romans (Le curé du village, Un homme et son péché).

11. Chiffre du Soleil, du 11 mars 1921: 600.

12. Il s'agit de Georges Gauthier (1871-1940) qui fut nommé en 1912 évêque de Philippopolis et auxiliaire de Montréal, puis sacré Monseigneur. Il fut d'abord vice-recteur de l'Université Laval de Montréal en 1917, puis recteur depuis 1920.

13. Benoit Constant Coquelin (1841-1909) fut un acteur français connu comme Coquelin l'aîné. Il a fait ses débuts à la Comédie française en 1860. Il est principalement connu grâce à ses rôles comiques classiques comme valet dans des pièces de Molière et Figaro de Beaumarchais et le rôle principal dans Cyrano de Bergerac. Il fit de nombreuses tournées en Amérique et en Europe.

14. Nous ne savons pas exactement qui a émis ce commentaire, M. Bergevin ou le journaliste?

15. L'Événement du 11 mars 1921, à la page 12, rapporte que "On vit sourire M. Mitchell et cela amusa beaucoup ceux qui se rappelaient l'incident au cours duquel M. Dufresne demanda au trésorier de parler français."

16. Certains journaux placent l'intervention de M. Conroy immédiatement après celle de M. Boisseau, d'autres après celle de M. Miles.

17. Cette dynastie régna en Angleterre de 1154 à 1485 (Henri II, Richard 1er Coeur de Lion, Jean sans Terre, Henri III, Édouard 1er, Édouard II, Édouard III, Richard II, Henri IV, Henri V, Henri VI, Édouard IV, Édouard V, Richard III.

18. Il s'agit de William Shakespeare (1564-1616) célèbre poète dramatique anglais (Roméo et Juliette); Homère est le poète mythique à qui on a attribué L'Illiade et L'Odyssée. Virgile (v. -70 - -19) fut un poète latin qui a eu une influence sur toute les littératures occidentales, il écrivit notamment L'Énéide; Le poète et romancier écossais Walter Scott (1771-1832) fut l'auteur de La Dame du Lac et Ivanhoé.

19. Marie Jenna (1834-1887). Il existe peu d'informations sur elle et nous renvoyons à l'ouvrage de Jules Lacointa, Marie Jenna, sa vie et ses oeuvres, Paris, Librairie Poussielgue frères, 1905 , 414 p. ill.

20. Ce passage provenant de La Patrie du 11 mars 1921, à la page 4, commençant par: "Elle sera de mieux en mieux" peut avoir été inventé par le journaliste.

21. La Presse du 11 mars 1921, à la page 9, rapporte plutôt l'Université Laval.