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(Trois heures de l'après-midi)
M. PAUL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Bills privés
M. ST-GERMAIN: M. le Président, pour M. Leduc, j'ai l'honneur de
faire motion qu'il me soit permis de présenter le bill numéro 211
intitulé Loi modifiant la charte de la cité de
Jacques-Cartier.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
M. SAUVAGEAU: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion
qu'il me soit permis de présenter le bill numéro 112
intitulé Loi concernant La Corporation de Montréal
métropolitain et certaines municipalités de la région de
Montréal.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER-AJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
Présentation de bills publics. M. JOHNSON: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable premier ministre.
Rapport du Conseil d'orientation
économique
M. JOHNSON: ... j'ai l'honneur de déposer le rapport pour
l'année 1966 du Conseil d'orientation économique. Il y aura copie
pour chacun des membres de cette Chambre, et elle sera distribuée
pendant la séance.
L'assistance médicale
M. CLOUTIER: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
premier rapport de la commission d'assistance médicale.
M. GABIAS: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
réponse à un ordre de l'Assemblée législative en
date du 1er février 1967.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Loi des cités et villes
M. GERIN-LAJOIE: A propos des publications du gouvernement, je me
demande si les députés ne devraient pas recevoir, au moins sur
demande, les textes officiels des ministères. Par exemple, j'ai
demandé la nouvelle compilation de la loi des cités et villes. Je
l'ai reçue avec un beau compte de $2.50. Je me demande si les
députés ne devraient pas recevoir...
M. GABIAS: C'est très bien.
M. GERIN-LAJOIE: ... les divers textes des ministères dont ils
ont besoin pour leur travail en rapport avec la marche des travaux de la
Chambre.
M. GABIAS: Vous en aviez déjà reçu une copie avant.
C'était la deuxième que vous demandiez.
M. JOHNSON: C'est la deuxième qui coûte $2.50.
M. LESAGE: Non, pas la loi des cités et villes.
M. GERIN-LAJOIE: C'est la première, M. la Président. Je
pense bien que le Secrétaire de la province a voulu faire une boutade,
me tirer la pipe un peu...
M. GABIAS: Ah non!
M. GERIN-LAJOIE: Mais la loi des cités et villes, je pense, n'a
pas été distribuée à tous les
députés.
Bien évidemment, je ne fume pas la pipe. Alors, ça
règle la question.
M. GABIAS: Non, ce n'est pas dans ce but-là, non plus.
M. GERIN-LAJOIE: Non, mais c'est une question sérieuse. Si le
Secrétaire de la province pouvait y voir.
M. GABIAS: M. le Président, je prends note de l'incident
rapporté par le député de Vaudreuil-Soulanges et, s'il est
exact qu'il n'a pas déjà un exemplaire, il est dans les habitudes
qu'un exemplaire soit gratuitement distribué à chacun des
députés de cette Chambre. Alors s'il y a eu erreur de la part de
l'imprimeur de la Reine, nous y verrons.
M. LESAGE: Non, non, il n'y a pas d'erreur. Je dois dire que la demande
du député de Vaudreuil-Soulanges est une demande nouvelle, parce
que ça n'a pas été l'habitude jusqu'à maintenant.
Cette demande comporte aucun blâme, parce que ça n'a pas
été l'habitude de le faire: mais le député de
Vaudreuil-Soulanges dit qu'il serait peut-être normal et raisonnable que
ça se fasse.
M. BELLEMARE: Je voudrais en profiter, M. le Président...
M. LESAGE: Il ne s'agit pas d'une erreur, ça ne se faisait pas,
ce n'était pas la pratique.
M. GABIAS: Oui, mais le député de Louis-Hébert doit
savoir que c'est changé.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. GABIAS: Nous avons demandé à l'imprimeur de la Reine,
lorsqu'il s'agit de textes de loi...
M. LESAGE: Bien oui, mais ce n'est pas...
M. GABIAS: ... de les distribuer aux députés gratuitement,
parce qu'on veut que le député soit un législateur. Or,
pour être un législateur, il faut qu'il connaisse les lois.
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. GABIAS: Il est donc normal qu'il reçoive, dans
l'accomplissement de son mandat, les publications qui ont trait à la
législation.
M. LESAGE: Oui.
M. GABIAS: Alors, nous avons demandé à l'imprimeur de le
faire, depuis quelques mois. Si ça n'a pas été fait
suivant nos instructions, nous allons faire en sorte que l'erreur soit
corrigée.
M. LESAGE: Mais est-ce que ça veut dire que nous recevrons tous,
avec les amendements à ce jour, le code civil, le code de
procédure civile, la Loi des cités et villes, le code municipal
et toutes les lois amendées à ce jour?
M. GABIAS: Non, les amendements. Le député de
Louis-Hébert cherche peut-être noise pour rien...
M. LESAGE: Non, non, non.
M. GABIAS: Il est question...
M. LESAGE: Je n'ai pas cherché noise.
M. GABIAS: ... d'envoyer les amendements sachant que surtout les avocats
peuvent facilement annoter la loi générale de telle sorte que
à moins que le député de Louis-Hébert l'ait
déjà oublié il puisse facilement annoter la loi
générale lorsqu'il y a des amendements et que l'amendement est
placé soit à l'intérieur ou à la suite de la loi
générale.
Dans le cas du député deVaudreuil-Soulanges, j'ai compris
qu'il s'agissait des amendements à la Loi des cités et villes et
que, à ce compte, il aurait dû recevoir gratuitement. Si c'est un
exemplaire de la Loi des cités et villes qui a été
éditée il y a trois ou quatre ans, c'est un cas bien
différent.
M. GERIN-LAJOIE: Pout tout mettre au clair, il s'agit de la codification
administrative de la loi.
M. GABIAS: Très bien.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous me permettrez peut-être
aussi de dire à la Chambre ceci. Il y a plusieurs députés
et ministres qui m'ont demandé la codification administrative du
ministère du Travail. Plusieurs députés me l'ont
demandée parce que plusieurs des anciens l'ont présentement. Nous
en avons fait faire un certain nombre d'exemplaires et d'ici quelques jours, au
plus tard d'ici quinze jours, je pourrai en distribuer à tous ceux qui
en feront la demande. Je regrette de ne pas en avoir suffisamment pour tout le
monde présentement.
M. LESAGE: Si je parlais du code civil et du code de procédure
civile, c'est que dernièrement j'ai voulu les avoir à jour.
Alors, je me les suis procurés à mes propres frais en m'adressant
aux compagnies de publication ordinaires.
M. BERTRAND: Mais le code de procédure civile fait l'objet d'une
publication distincte des statuts.
M. LESAGE: Oui, en effet, mais simplement il est modifié chaque
année. Il est beaucoup plus facile d'obtenir un de ces codes à
feuilles mobiles, et chaque année la compagnie de publication envoie les
modifications apportées. Nous n'avons qu'à changer les
feuilles.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député des
Deux-Montagnes.
Questions et réponses Entente sur Churchill Falls
M. BINETTE: Est-ce que le premier ministre pourrait dire à cette
Chambre si le contrat final entre l'Hydro-Québec et Churchill Falls
Corporation a été signé faisant suite à la lettre
d'entente qui a déjà été signée.
M. JOHNSON : Je ne crois pas.
M. BINETTE: Est-ce que le premier ministre...
M. LESAGE: Est-ce qu'il est devenu d'intérêt public de
publier la lettre d'intentions?
M. JOHNSON: Pas encore. M. LESAGE: Est-ce que...
M. BINETTE: Demandez-lui donc s'il a encore le couteau sur la gorge?
M. LESAGE: Est-ce que les négociations entre
l'Hydro-Québec et les intérêts d'outre-frontière se
continuent au sujet des ventes de surplus?
M. JOHNSON: La réponse est oui s'il s'agit
d'intérêts, c'est-à-dire divers groupes.
M. LESAGE: Oui, oui, bien évidemment il y en avait plusieurs.
Alors, les discussions continuent...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: ... avec les divers groupes...
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: ... et aucun choix n'a encore été fait.
M. JOHNSON: Pas que je sache.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre pourrait s'informer?
M. JOHNSON: Je me suis informé hier!
M. LESAGE: Hier, et aucun choix n'avait été fait?
M. JOHNSON: Aucune décision n'avait été prise.
M. LESAGE: Dois-je comprendre que la décision a été
soumise au gouvernement?
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Est-ce que les pourparlers...
M. JOHNSON: Ma réponse, c'est que vous n'avez pas compris.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LESAGE: J'ai compris. C'est parce que j'ai bien compris que je
voudrais faire dire au premier ministre ce que nous comprenons tous les
deux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Alors, comme d'un côté et
d'autre on se comprend...
M. LESAGE: J'aimerais que tout le monde nous comprenne.
M. BERTRAND: Nous, on ne se comprend pas...
M. LE PRESIDENT: Il y aurait peut-être avantage à ce que
nous procédions aux travaux normaux de la Chambre.
M. LESAGE: J'avais pensé que les autres députés
auraient peut-être intérêt à comprendre, eux aussi.
Alors, je voulais purement et simplement savoir si nous pouvions nous attendre
à ce qu'un choix soit déterminé dans un avenir
rapproché quant au groupe américain auquel sera vendu le surplus
d'électricité.
M. JOHNSON: Il ne faudrait pas considérer comme acquis qu'il y
aura un surplus d'électricité vendu à un groupe
américain. On sait que toute vente d'électricité hors nos
frontières, tout transport d'électricité à travers
le territoire québécois doit si ce transport concerne une
quantité d'au-delà de 75,000 chevaux-vapeur, ou 25,000, je ne
m'en souviens pas être autorisé
par une loi de la Législature en vertu,
précisément, d'une loi que j'ai eu l'honneur de présenter
et que cette Chambre avait votée. Donc, comme dirait bossuet: « As
if and when», « lorsque et si » il est question de vendre de
l'électricité, il faudra éventuellement venir devant cette
Chambre. A ce moment-là, tous les renseignements seront fournis à
l'Assemblée législative.
M. LESAGE: Tout de même, je pense qu'il serait important que les
députés sachent si des pourparlers ont eu lieu ou sont en cours
entre l'Hydro-Québec et l'Hydro-Ontario, ou entre le gouvernement de
Québec, et le gouvernement de l'Ontario pour la vente du surplus ou
d'une partie du surplus d'électricité.
M. JOHNSON: Est-ce que le chef de l'Opposition est d'accord qu'on doive
vendre une partie du surplus?
M. LESAGE: Non, ce n'est pas la question. Je n'ai pas d'opinion à
donner. J'ai posé une question bien précise.
M. JOHNSON: S'il n'a pas même d'opinion à donner quand il
n'a pas de responsabilité, j'ai encore moins d'opinion à donner
ni même de renseignements...
M. LESAGE: C'est une question de fait. J'ai demandé... Ce n'est
pas une opinion que j'ai demandée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je me demande si les honorables
députés ne brûlent pas les étapes parce qu'à
entendre les questions et réponses, j'ai l'impression que nous sommes
à étudier les prévisions budgétaires du
ministère des Richesses naturelles.
M. LESAGE: Non. C'est urgent, ça.
M. LE PRESIDENT: Je comprends que c'est une question
d'intérêt public, mais pour ce qui est de l'urgence, je crois que
c'est peut-être discutable à moins que ceux qui sont
impliqués dans des questions et réponses et il en est
sûrement ainsi connaissent l'urgence de cette question. Mais, de
toute façon, je fais appel à tous les honorables
députés pour éviter que cette série de questions
dégénère en débat.
M. LESAGE: Je n'ai pas l'intention que cela
dégénère en débat. Il y a une question d'urgence
parce qu'il y a une question importante d'investissement de capital, et ma
question au premier ministre, n'était pas une demande d'opinion,
c'était une demande sur une question de faits. Je demandais purement et
simplement s'il y avait eu des pourparlers depuis le 16 juin dernier ou s'il y
avait actuellement des pourparlers en cours entre l'Hydro-Québec et
l'HydroOntario pour une vente du surplus d'électricité, sur une
base temporaire, d'ailleurs, comme les pourparlers qui avaient
été commencés, alors que nous étions au pouvoir,
avec des intérêts américains pour la vente de ces surplus
aux Etats-Unis sur une base temporaire.
M. JOHNSON: Je ne ferai pas de correction à la déclaration
du chef de l'Opposition. Mais je me demande s'il ne cherche pas à avoir
une confirmation concernant des renseignements qu'il posséderait
déjà.
M. LESAGE: Non. Je suis comme l'enfant qui vient de naître.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Innocent.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député des
Deux-Montagnes.
Projet Dickey
M. BINETTE: J'aurais une question à poser au premier ministre.
Est-ce que le premier ministre pourrait informer cette Chambre si l'entente
concernant le projet Dickey, sur la rivière Saint-Jean est conclue?
M. JOHNSON: Non. L'entente n'est pas encore conclue.
M. BINETTE: Est-ce que vous pouvez espérer la signer
bientôt ou est-ce que vous allez la signer bientôt?
M. JOHNSON: Le problème a été soumis au Conseil
d'orientation économique.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable député de
Gouin.
Fonds pour le tourisme
M. MICHAUD: Ma question s'adresse au ministre du Tourisme à la
suite des déclarations que ce dernier a faites au cours de la fin de
semaine. Peut-on espérer qu'il obtiendra du ministre des Finances des
crédits additionnels pour son ministère dans l'exercice...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre.
M. LOUBIER: Je n'ai pas objection à répondre au
député de Gouin. C'est qu'actuellement, les budgets sont
préparés. Le député de Gouin doit savoir que cela
va se discuter en Chambre.
Il va s'apercevoir que nous avons une augmentation sensible, beaucoup
plus grande que celle qui était accordée dans le temps aux
différents ministres qui se sont succédés au
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, que nous
espérons toujours avoir plus d'argent et que tous les ministres sont
d'accord pour dire que, dans nos ministères respectifs nous n'avons
jamais assez d'argent pour remplir toutes les obligations, pour répondre
à tous les plans que nous avons.
M. MICHAUD: Je reprends ma question, M. le Président. Est-ce
qu'on peut espérer que ce sera un peu supérieur aux
prévisions déposées par le ministre des Finances?
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre. M. LOUBIER: On peut
l'espérer.
M. LE PRESIDENT: J'ai bien compris la deuxième intervention de
l'honorable député de Gouin quand il a dit: « Je reprends
ma question. » Alors cela permet de présumer que la réponse
était déjà donnée à une question
déjà posée. Il est certain que dans un avenir
rapproché, à l'occasion de l'étude des prévisions
budgétaires du ministère du Tourisme,de la Chasse et de la
Pêche, les demandes des honorables députés seront
comblées par les différents ministres concernés de
même que par les fonctionnaires qui les assistent. Affaires du jour.
L'honorable député de Westmount.
Guide du chef d'entreprise
M. HYDE: M. le Président, je viens justement de jeter un coup
d'oeil sur le guide pour le chef d'entreprise que le ministre de l'Industrie et
du Commerce vient de faire distribuer aux députés et il semble
qu'il serait très intéressant...
M. BELLEMARE: Oui, oui, nous en avons quelques-uns.
M. HYDE: Non, je demande si...
M. BELLEMARE: Nous en avons en anglais. Nous en avons en anglais.
M. HYDE: Bon, c'est tout ce que je voulais savoir, s'il est disponible
dans la langue anglaise.
M. BELLEMARE: Oui, oui, certainement. M. HYDE: Ce serait
intéressant.
M. BELLEMARE: Certainement, nous en avons. C'était la question,
toujours?
M. HYDE: Oui. Je dois attirer l'attention à l'effet que le
ministre n'a pas le droit de poser une question au député.
M. BELLEMARE: Non, mais en vertu de 679 il ne doit pas subir de
contre-interrogatoire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux-Montagnes.
Le parc d'Oka
M. BINETTE: M. le Président, est-ce que le ministre du Tourisme
pourrait dire à cette Chambre, étant donné que l'usine
d'épuration ne sera pas prête cet été pour le Parc
d'Oka, s'il a trouvé un moyen de régler la situation
temporairement?
M. LOUBIER: M. le Président, ça fait bien des
années que le député est dans les égouts.
Voilà six ans que cela aurait dû être
réglé.
M. BINETTE: J'ai l'impression que le ministre aime ça, être
là-dedans.
M. LOUBIER: Qu'il ne nous demande pas dans trois mois de régler
ça du jour au lendemain. Nous avons actuellement les projets, mais nous
voulons les exécuter sérieusement. Différents
ministères sont impliqués, il le sait.
Il a même assisté à ça et dans son temps
ça ne s'est pas réglé alors qu'il était ministre et
député du comté... Alors nous essayons de le régler
le plus rapidement possible avec la meilleure solution et la plus efficace.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BINETTE: Cela fait six mois que j'ai posé la question.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: Article 63, M. le Président.
Bill no 46
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose la deuxième lecture du bill 46: Loi modifiant la
loi des produits laitiers.
L'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre.
Le présent bill 46 a pour objet de modifier le régime de
garantie prévu à la loi des produits laitiers pour assurer le
paiement, par tout marchand de lait, des sommes qu'il doit ou pourra devoir
à ses producteurs ou fournisseurs. Cette loi impose au marchand de lait,
c'est-à-dire toute personne qui achète ou reçoit du lait
de producteurs fournisseurs, l'obligation de déposer une garantie
adéquate en vue d'assurer le paiement du lait livré par les
producteurs ou fournisseurs. Cette garantie peut, actuellement, être sous
forme d'un dépôt de deniers, de valeurs ou d'un cautionnement. Le
plus grand nombre de garanties déjà déposées l'est
sous forme de cautionnements fournis par des compagnies d'assurance. En effet,
sur un total d'environ $13 millions déposés sous diverses formes
en 1966, $11,500,000 étaient garantis par des polices de cautionnement.
C'est donc le mode qui fut de beaucoup le plus utilisé par les marchands
de lait de la province, et ce depuis 1930.
Certains changements dans l'industrie laitière laissent
prévoir ou laissaient prévoir, depuis déjà quelque
temps, que certaines modalités du système de garantie, en vigueur
depuis les années trente, devraient être modifiées pour
assurer une garantie plus complète aux cultivateurs. Le problème
est devenu plus aigu. Il a nécessité et nécessite une
intervention du législateur à cause de certaines décisions
qui furent prises par des compagnies d'assurance importantes dans ce domaine
particulier de cautionnement. En effet, au mois de novembre 1966, ces
compagnies d'assurance ont décidé, alléguant la situation
où se trouve l'industrie laitière depuis quelque temps, de ne
renouveler aucun des cautionnements qu'elles avaient fournis à divers
marchands de lait du Québec.
Le 14 novembre, les compagnies d'assurance avisaient tous les
détenteurs de cautionnements, qu'elles y mettaient fin avant leur terme
au moyen d'un avis de 60 jours prévu au contrat de cautionnement. Ce
geste posé par ces compagnies d'assurance revêt une importance
particulière puisqu'elles garantissaient 237 des quelque 400 fabriques
de la province, et surtout parce que les valeurs garanties par ces compagnies
représentaient environ 75% du total déposé sous forme de
cautionnement. En fait, ces compagnies d'assurance avaient émis, au28
octobre 1966, des garanties pour une valeur de $8,797,000, alors que les 26
autres compagnies qui ont également délivré des
cautionnements ne garantissaient qu'une somme de $2,719,000. La garantie du
paiement du lait d'un très grand nombre de producteurs était donc
dangereusement compromise.
La régie des marchés agricoles du Québec, qui est
chargée de l'application des dispositions de la loi des produits
laitiers, a alors mis en demeure les marchands de lait concernés de
déposer une nouvelle garantie, comme la loi les y obligeait, sauf pour
quelques exceptions et parce qu'il s'agissait de cas où il n'y avait
pratiquement aucun risque. Les marchands de lait ont répondu qu'ils ne
pouvaient donner suite à la demande de la régie, les compagnies
d'assurance n'étant plus intéressées à
émettre des cautionnements pour garantir le paiement du lait.
La régie a d'ailleurs reçu copie de lettres d'agents et de
courtiers d'assurance confirmant ce fait. Devant le danger imminent pour les
producteurs de lait du Québec, la régie des marchés
agricoles et les officiers de mon ministère ont communiqué avec
diverses compagnies d'assurance pour tenter de régler le
problème, mais sans succès.
En fait, au cours des cinq derniers mois, nous avons donné
l'opportunité aux compagnies d'assurance de délivrer aux
marchands de lait du Québec les cautionnements nécessaires, mais
aucun n'a indiqué son désir d'assumer cette obligation et ce,
à des conditions raisonnables. Devant cette attitude des compagnies
d'assurance, nous avons conçu de nouvelles modalités de garantie
qui vont régler d'une façon définitive et permanente ce
problème ou cette question de garantie pour les producteurs laitiers de
la province, et non pas seulement le problème actuel, mais dans toutes
les années à venir.
En effet, le présent projet de loi va confier à la
régie des marchés agricoles la responsabilité de
délivrer à tous les marchands de lait du Québec une police
garantissant le paiement du lait livré aux fabriques par des
producteurs-fournisseurs. La somme garantie sera déterminée selon
une échelle fixée par l'ordonnance de cette régie, tel
qu'il est d'ailleurs actuellement prévu à l'article 13 de la Loi
des produits
laitiers. Les diverses modalités et conditions, d'émission
de ces polices, leur durée ainsi que le taux des primes seront
déterminés par règlements de la régie après
consultation des principaux intéressés. Ces règlements
devront d'ailleurs être approuvés par le surintendant des
assurances et le lieutenant-gouverneur en conseil avant leur mise en
vigueur.
Nous croyons, M. le Président, que, dans les circonstances, c'est
la formule la plus équitable qui pourra satisfaire tous les besoins des
producteurs de lait sans imposer une obligation trop onéreuse aux
marchands de lait. Et nous croyons que, pour assurer au producteur-fournisseur
de lait de la province une garantie de paiement de sa production livrée
à toute fabrique laitière de la province, il faut de toute
urgence, de toute nécessité adopter ce projet de loi, ce bill 46
qui modifie la Loi des produits laitiers.
J'aurai l'occasion, lorsque nous discuterons en comité sur chacun
des articles du présent projet de loi, de répondre aux questions
qui peuvent être posées par les membres de cette Chambre et je
suis convaincu à l'avance que nous recevrons leur appui parce qu'en
définitive c'est une protection que nous allons assurer à tous
les producteurs de lait de la province.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Alcide Courcy
M. COURCY: M. le Président, c'est certes une protection à
assurer aux cultivateurs producteurs-fournisseurs de lait dans la province,
protection qui était donnée par la Loi des produits laitiers,
article 8, comme le mentionne ladite loi, à ces mêmes producteurs
par différents moyens et par des compagnies d'assurance
indépendantes. Et le bill 46, par les amendements apportés
à la Loi des produits laitiers, donne au gouvernement, non seulement la
possibilité, mais demande, dit et oblige le gouvernement à donner
des garanties, à devenir l'assureur de ces laiteries. Et le projet fait
voir que l'assurance-garantie qui est instituée
précisément pour permettre à des marchands de lait de
faire affaires sans un capital suffisant pour être en mesure de
déposer une garantie en paiement de leurs achats auprès des
producteurs-fournisseurs.
Dans la Loi des produits laitiers, la laiterie ou la fabrique pouvait
déposer soit en argent le montant de garantie, soit en obligations
quelconques, en valeurs quelconques acceptées par la régie et le
ministère des Finances. Elle pouvait en plus, M. le Président,
donner un caution- nement, c'est-à-dire une assurance prise
auprès d'une compagnie.
L'amendement apporté aujourd'hui élimine le montant
d'argent en dépôt, élimine toute autre valeur qui peut
être donnée en garantie pour que le gouvernement donne directement
un cautionnement. C'est le gouvernement qui devient l'assureur, et on
empêche par les amendements le marchand de lait, dont le capital est
suffisant, de déposer lui-même sa garantie ou toute autre valeur
qu'il a en sa possession.
Il n'y a qu'une seule raison, je crois, qui puisse empêcher qu'une
telle entreprise soit en mesure de faire des dépôts requis, c'est
l'insuffisance de capital. Si elle avait suffisamment de capital, elle pourrait
en déposer une partie: elle pourrait aussi, pour satisfaire aux
exigences de la loi, prendre un autre moyen, qui est de déposer des
valeurs quelconques, des obligations, peu importe. Mais pourquoi ces
amendements, si ce n'est pour protéger celui qui n'a pas le capital
suffisant pour agir? C'est-à-dire, celui qui n'a pas les sommes pour
garantir le paiement à ses producteurs-fournisseurs, paiement
fixé par la régie des marchés agricoles. Et, de plus, il
s'agit de laiteries qui ne représentent pas un bon risque, parce que si
le risque était bon, il n'y aurait pas de problème. Les banques,
les compagnies d'assurance, seraient disposées à avancer le
montant requis, mais y a-t-il rien de plus dangereux dans le moment, par
l'amendement à cette loi, et qui expose plus aussi au favoritisme?
Ensuite, pour ce qui est du régime permanent, il faut bien
constater que c'est la province qui, en réalité, sera
garante...
M. BELLEMARE: Le régime permanent?
M. COURCY: ... la province qui sera... Oui, l'établissement par
la province...
M. BELLEMARE: Le régime permanent.
M. COURCY: ... d'une garantie à donner aux laiteries pour le
paiement de leur lait.
M. BELLEMARE: Il est bien permanent?
M. COURCY: Eh bien parce que, si les primes ne sont pas suffisantes, il
est bien évident que c'est le ministre des Finances qui devra combler la
différence.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça du tout. M. LESAGE: Bien oui.
M. COURCY: Pour illustrer par un exemple qui peut simplifier, il suffit
de songer à une caisse populaire. Prenons la caisse populaire de Val
d'Or, qui voilà quelques années a fait faillite et qui a
été volée. Si le gouvernement de la province avait
été garant, il aurait été obligé de
rembourser les montants d'argent à ses actionnaires. C'est ce qui va se
produire dans le cas des laiteries. Le gouvernement se portant garant, il sera
dans l'obligation de payer les producteurs-fournisseurs si la laiterie ou la
fabrique fait faillite. Ce ne peut pas être autrement. En
définitive, le nouveau régime qu'on établit pour les
laiteries signifie que, pour permettre à de nouvelles laiteries, aussi,
qui n'ont pas le capital voulu pour s'établir comme marchands de lait,
on va obliger la population à payer les pots cassés chaque fois
qu'un marchand de lait fera faillite.
M. VINCENT: Pas la population.
M. COURCY: Oui la population. Le gouvernement de la province paiera et,
indirectement, c'est la population qui en fera les frais pour donner à
une laiterie qui n'a pas de capital suffisant pour agir.
UNE VOIX: Ce sont les laiteries.
M. COURCY: Alors, il y a un danger, un très grave danger. On peut
dire que, lorsque les compagnies d'assurance ont fait un prêt, ont
donné une garantie à une laiterie, elles surveillent leur affaire
parce que, si le marchand de lait ne rencontre pas les règlements dans
les paiements, soit à la livre de gras ou du lait en nature, ces
dernières sont dans l'obligation de payer. Alors, si le gouvernement
donne la garantie, est-ce que le ministre croit que les faillites seront moins
nombreuses? Est-ce que le ministre croit qu'on va porter plus
d'intérêt à l'administration de ces différentes
fabriques qu'on en portait quand l'industrie privée en avait la charge?
Alors, M. le Président, nous allons en comité tout à
l'heure et nous discuterons chacun des articles.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
M. Paul Dozois
M. DOZOIS: M. le Président, vous me permettrez d'ajouter un mot
sur cette question, étant donné que le ministre de l'Agriculture
a consulté le ministère des Finances avant d'instituer ce
système d'assurance pour les laite- ries, car c'est une forme
d'assurance obligatoire pour tous les producteurs de lait...
M. COURCY: Les acheteurs de lait.
M. DOZOIS: ... les vendeurs, les marchands. La situation était
celle-ci, M. le Président: c'est que les grandes laiteries, en somme,
qui ont de grandes ressources, pouvaient obtenir des bons de garantie des
compagnies d'assurance. Nous en étions rendus au point où les
compagnies d'assurance avaient de telles exigences que les trois-quarts des
vendeurs de lait ne pouvaient plus obtenir des compagnies d'assurance des bons
de garantie.
Si ces gens ne pouvaient pas obtenir de bons de garantie, ils pouvaient
évidemment encore moins fournir des dépôts en argent ou en
obligations pour garantir le paiement auprès des producteurs de lait.
Nous étions pris d'une part soit à diriger éventuellement
le commerce du lait vers les grands vendeurs de lait, les grandes laiteries,
qui, elles, pouvaient se procurer les garanties suffisantes des compagnies
d'assurance ou bien laisser à la merci des vendeurs de lait qui ne
pouvaient pas fournir de telles garanties la possibilité de pertes pour
les producteurs de lait.
Or le ministère de l'Agriculture soumet cette formule qui sera en
sorte une assurance obligatoire. On va comprendre qu'on ne pouvait pas, dans un
tel système, assurer seulement les vendeurs de lait qui n'offraient
peut-être pas les garanties. Alors, si une assurance obligatoire...
M. LESAGE: Les risques les plus risqués. M. VINCENT: Les risques
les plus risqués.
M. DOZOIS: C'est ça. Alors, nous assurons tout le monde. Tout le
monde paiera la prime, et ce n'est pas en somme les payeurs de taxes de la
province il y a évidemment un risque mais il y aura une
prime de fixée pour couvrir éventuellement comme tout
système d'assurance les pertes que le fonds sera obligé de payer,
si perte il y a.
Nous avons assisté récemment à la faillite d'une
laiterie assez considérable à Montréal
jusqu'à...
M. VINCENT: $192,000 ont été perdus par les
producteurs.
M. DOZOIS: Elle avait fourni un cautionnement qui ne couvrait qu'une
partie des pertes qu'ont dû subir les producteurs de lait et nous croyons
que ces producteurs, qui sont comme on
sait de petits producteurs pour la plupart, n'avaient pas les moyens de
perdre les milliers de dollars qu'ils ont dû perdre.
Alors nous croyons que ce système, qui peut présenter des
risques pour le gouvernement, assurera une meilleure protection aux producteurs
de lait.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, il est entendu que ça
présente certains risques pour le gouvernement. Nous avons eu
récemment l'exemple d'un détournement de fonds dans une caisse
populaire, un détournement considérable. Si une chose semblable
se produisait, il est clair que le gouvernement écoperait et les payeurs
de taxes devraient payer plus.
M. DOZOIS: C'est assuré.
M. LESAGE: Bien oui! Je dis que dans le cas des caisses populaires,
c'était différent, parce que les caisses populaires
étaient assurées. Si la même chose se produisait
maintenant, en vertu de cette loi-ci, le gouvernement pourrait
écoper.
M. DOZOIS: Il pourrait arriver éventuellement...
M. JOHNSON: Il ne s'agit pas...
M. DOZOIS: Il pourrait arriver éventuellement que, si ça
se produisait tellement souvent dans les caisses populaires, les compagnies
d'assurance refuseraient les assurances.
M. LESAGE: Oui, très bien. Non, non, mais tout ce que j'ai...
M. JOHNSON: Il ne s'agit pas de caisses populaires là. Ce n'est
pas pareil.
M. LESAGE: ... dit, M. le Président, c'est que j'étais
d'accord avec le ministre des Finances, ça comportait un
élément de risque. Je ne suis pas allé plus loin.
M. JOHNSON: M. le Président, je m'excuse auprès du chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: J'ai marqué mon approbation. M. JOHNSON: Non, non!
Est-ce qu'il n'y a pas eu un lapsus? Il ne s'agissait pas d'une caisse
populaire mais d'un Credit Union.
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: D'un Credit Union, et non d'une caisse populaire.
M. LESAGE: Oui, oui en effet, je m'excuse, oui. J'ai utilisé le
mot français. Enfin, je pense que le premier ministre sait fort bien
à quel cas je faisais allusion.
M. JOHNSON: Je pense bien, oui, mais au cas où on publierait dans
les journaux que c'était une caisse populaire, alors...
M. LESAGE: C'était un Crédit Union.
M. JOHNSON: Pas affilié à la fédération des
caisses populaires.
M. LESAGE: Non, non, clairement! mais la traduction française de
Crédit Union c'est caisse populaire.
Est-ce qu'il me serait permis de demander au ministre des Finances de
compléter sa déclaration, à ce stade-ci, parce qu'il
serait bien difficile de poser en comité la question que je vais poser,
M. le Président. Je lui demanderais de compléter sa
déclaration en lui posant la question suivante, s'il veut bien y
répondre, il peut fort bien ne pas être prêt à y
répondre:
Est-ce que le gouvernement envisage d'établir le même
système de primes et de garanties pour d'autres productions agricoles,
en particulier en ce qui regarde les fabriques de mise en conserve par exemple?
Est-ce qu'il étudie la question?
M. DOZOIS: M. le Président, le chef de l'Opposition comprendra
que, en regard de ces politiques, je n'ai pas l'initiative...
M. LESAGE: Non, non, je sais.
M. DOZOIS: Si le ministre de l'Agriculture me demande un jour
d'étudier une telle chose toute l'attention que le ministère des
Finances pourra donner à ce ministère c'est avec plaisir qu'il le
fera.
M. LESAGE: Oui! Alors je comprends que le ministre, le ministère
de l'Agriculture n'a pas encore demandé au ministère des Finances
d'étudier les effets de l'application d'une telle politique dans le cas
des fabriques de mise en conserve.
M. JOHNSON: Il en parle au cabinet, cependant.
M. LESAGE: Bon, très bien. Alors c'est rendu à ce
stade-là.
M. DOZOIS: J'enparle avec mon sous-ministre.
M. LESAGE: Je suis renseigné. Je suis satisfait.
M. LE PRESIDENT: La motion est-elle adoptée?
L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. VINCENT: Je crois bien que je dois répondre d'abord à
quelques remarques du député d'Abitibi-Ouest mentionnant qu'il
était peut-être dangereux pour le gouvernement de présenter
le projet de loi que nous discutons présentement.
Je suis certain que l'honorable député d'Abitibi-Ouest n'a
pas consulté, même des députés qui siègent de
son côté de la Chambre. Je regardais tout à l'heure le
député de Huntingdon lorsqu'il parlait. Je suis certain que le
député de Huntingdon n'approuvait pas ce qu'il disait parce que,
dans le passé, nous avions des usines laitières qui, comme cette
usine qui a fait faillite en juillet dernier, c'est-à-dire, qui n'est
pas en faillite mais qui, à cause de certaines difficultés
financières, a fait perdre pour un montant de $192,000 à des
producteurs fournisseurs. Eh bien, ces choses ne se répéteront
plus avec l'amendement à la loi que nous apportons en vertu du bill
46.
De plus, l'honorable député d'abitibi-Ouest mentionne que
le gouvernement assume des risques. Le gouvernement assume certainement
certains risques, mais nous croyons que dans le contexte actuel, où
seuls les producteurs cultivateurs ne sont pas protégés par des
législations adéquates, il est du devoir du gouvernement
d'assumer certains risques. Mais ces risques sont calculés quand
même, car le fonds qui sera formé ou composé avec de
l'argent provenant des industriels en produits laitiers, des
coopératives, va servir exclusivement à rembourser aux
fournisseurs-producteurs les sommes d'argent qui leur sont dues par les
marchands de lait. Si le ministre des Finances est dans l'obligation d'avancer
de l'argent à la régie des marchés agricoles pour qu'elle
puisse faire honneur à ses obligations en donnant l'argent
nécessaire pour rembourser les fournisseurs producteurs, le ministre des
Finances sera remboursé par ce fonds qui sera formé à la
régie des marchés lorsque le fonds sera assez élevé
pour rembourser le ministre des Finances et les producteurs-fournisseurs.
C'est donc dire que je crois bien que l'honorable député
d'Abitibi-Ouest n'a pas compris complètement les raisons pour lesquelles
ce projet de loi est devant nous aujourd'hui. De plus, je puis dire au chef de
l'Opposition qu'en ce qui nous concerne, nous, du ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation, nous avons l'intention nous en
avons discuté avec certains fonctionnaires du ministère des
Finances, j'en ai discuté à d'autres endroits mais j'ai la
ferme intention d'en arriver à avoir un système de protection le
plus complet possible pour les cultivateurs de la province de Québec,
pour les producteurs de la province qui doivent vendre leur production et
être payés seulement quinze jours, trois semaines ou un mois plus
tard, sans être certains d'être payés. Vous remarquerez
qu'en ce qui concerne l'ouvrier, le salaire est toujours
privilégié s'il travaille pour une industrie, si l'industrie
vient dans de mauvaises affaires, fait faillite. Tout de suite le salaire de
l'ouvrier est privilégié. Il sera payé cent cents dans le
dollar. Mais le producteur ou le cultivateur n'est pas dans la même
situation. Si l'usine de transformation fait de mauvaises affaires, le
cultivateur est obligé d'entrer sur la liste des créanciers et
être payé .30¢, .50¢ ou encore même comme dans le
cas que nous avons discuté en juillet dernier, probablement ne rien
recevoir pour ce montant de $192,000. Donc, c'est une perte nette pour les
cultivateurs sans aucun système de protection.
C'est donc dire que ce premier projet de loi, ou cet amendement à
la loi, pourrait être suivi par d'autres amendements ou d'autres
législations qui vont assurer, en plus de l'assurance-récolte, en
plus de l'assurance-bétail, une protection que le cultivateur a besoin,
que le producteur laitier a besoin, que tous les producteurs de la province ont
besoin.
Et d'ailleurs, dans d'autres législatures, à l'heure
actuelle, on discute de modalités d'application de certaines
législations. En ce qui nous concerne, le travail commence et je
voudrais bien que l'honorable député d'Abitibi-Ouest puisse nous
appuyer et non pas dire tout simplement: Vous allez protéger ceux qui
n'ont pas les moyens financiers, ceux qui n'ont pas le capital
nécessaire. Il connaît très bien le problème. Il y
avait 240 fabriques laitières dans la province qui ne pouvaient plus
s'acheter de bons de garantie parce que les compagnies d'assurance refusaient
de leur en donner, et ces 240 fabriques laitières, si nous avions
simplement
dit à la régie: Appliquez la loi, laissez courir la loi,
elles auraient été dans l'obligation de fermer leurs portes. Vous
voyez tout le problème social, économique que ceci aurait
causé dans la province.
Tout de même, nous reviendrons à chacun des articles afin
de donner les explications nécessaires.
M. COURCY: Le ministre de l'Agriculture a mal interprété
mes paroles et, d'ailleurs, le ministre des Finances a admis qu'il y avait un
certain risque pour le gouvernement...
M. VINCENT: D'accord, je l'ai dit, moi aussi.
M. DOZOIS: C'est tout ce que j'ai dit.
M. COURCY: ... Parce que nous avions commencé à
étudier cette question de garantie à donner non seulement aux
produits laitiers, mais dans tous les domaines de production agricole. Alors,
c'est seulement une mauvaise interprétation que le ministre a
donné à mes paroles.
M. LE PRESIDENT: La motion est-elle adoptée? Adopté.
GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second reading of
this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose que la Chambre se forme maintenant en comité
plénier pour l'étude du bill 46: Loi modifiant la Loi des
produits laitiers. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Comité plénier
M. LE BEL (président du comité): Bill 46, article premier.
Cet article sera-t-il adopté?
M. CHOQUETTE: J'aurais une question pour le ministre de l'Agriculture au
sujet de l'article 1. Le ministre est-il au courant s'il y a eu des pertes
récentes par des cultivateurs qui n'ont pas été
payés par des marchands de lait et où les cautionnements
étaient insuffisants? Et je veux référer plus
particulièrement à la faillite de la Laiterie Mont-Royal. Est-ce
qu'il sait si tous les producteurs de lait ont reçu les montants qui
leur étaient dus pour les ventes de lait faites à cette
laiterie-là?
M. VINCENT: D'abord, pour répondre à la question de
l'honorable député, je dois dire que la Laiterie Mont-Royal n'est
pas en faillite.
M. CHOQUETTE: Elle est au moins en liquiditation, parce que je crois que
la compagnie est en défaut sous son acte de fiducie, et les
détenteurs d'obligation ont fait une requête pour faire nommer la
Société d'administration et de fiducie qui a été
mise en possession des biens. Actuellement, ce n'est plus le conseil
d'administration de la Laiterie Mont-Royal qui administre l'entreprise, c'est
un séquestre ou un syndic. Alors, je pense que le ministre pourrait
peut-être se renseigner sur l'état actuel de la gestion des
affaires de cette entreprise.
M. JOHNSON: Elles ne sont pas en concordance.
M. CHOQUETTE: Non, ce n'est pas exactement concordant. Je ne crois pas.
C'est réellement sur le bord de la faillite, si ce n'est pas une
faillite. Mais la question qui m'intéressait, ce n'était pas
réellement le statut actuel de l'entreprise, c'était plutôt
de savoir si les cultivateurs qui avaient fourni du lait à cette
entreprise avaient été intégralement payés, soit
par l'entremise ou en vertu des cautionnements qui étaient fournis sous
l'ancienne loi.
M. VINCENT: Sous toute réserve, la Laiterie Mont-Royal devait
$496,000 aux fournisseurs-producteurs,
M. CHOQUETTE: Est-ce que c'étaient des achats pendant une
période de quinze jours? Pendant quelle période de temps
était-ce, si vous le savez? Le député de Huntingdon me dit
que c'est de 45 à 60 jours.
M. VINCENT: C'était sur des achats de lait pour une
période de 30 jours environ, plus quinze jours à cause de la
péréquation. Mais le total se chiffrait à $494,000, et le
bon de garantie était de $4,000. La différence, entre le paiement
par la compagnie d'assurances qui était de $304,000 et les montants dus
par la laiterie Mont-Royal, était de...
M. LESAGE: $190,000.
M. VINCENT: $190,000:biencettedifférence, si la laiterie
Mont-Royal liquide ou devient en faillite, sera remboursée à 10
cents, 20 cents, 15 cents ou 30 cents dans le dollar.
M. LESAGE: Zéro.
M. VINCENT: Ou zéro, c'est possible. Donc c'est la situation de
la laiterie Mont-Royal. La situation financière s'est
détériorée, c'est-à-dire qu'on a constaté
cette situation financière
déplorable pour le lait livré au mois de juillet et au
début d'août 1966.
M. FRASER: Le lait avait eu un bon de garantie de 30 jours, mais ils
n'ont pas payé au bout de 30 jours et, avant que la chose ne soit
arrêtée, ils ont dépassé ça par vingt jours,
et c'est arrivé après vingt jours, plus peut-être...
M. VINCENT: C'est exactement la raison pour laquelle nous apportons ces
amendements à la loi des produits laitiers afin d'éviter à
l'avenir ce qui s'est produit à la laiterie Mont-Royal ou encore dans
d'autres laiteries de la province de Québec pour que jamais le
producteur laitier ne soit aux prises avec des pertes considérables
d'argent comme ce fut le cas pour les producteurs-fournisseurs de la laiterie
Mont-Royal.
M. FRASER: J'espère que la prime chargée sur les polices
sera suffisante, que ce seront les laiteries qui paieront pour les pertes
éventuelles, que ce ne seront pas les consommateurs ou... Les
consommateurs paieront la perte, mais pas les producteurs de lait.
M. VINCENT: Oui, les primes...
M. FRASER: C'est toujours ça, c'est le producteur de lait qui
paye encore pour les pertes rurales.
M. LESAGE: C'est toujours le public qui paiera. Si c'est la laiterie
cela va être à même le prix du lait: si c'est le
gouvernement ce sera à même le revenu des taxes.
M. VINCENT: La régie des marchés agricoles du
Québec va préparer un projet pour le présenter au service
des assurances, projet calculé sur une base actuarielle. Le service des
assurances va regarder les paiements qui furent effectués dans le
passé. Si par exemple je prends les chiffres très
approximatifs le montant des primes est d'environ $200,000 par
année, cela s'accumule dans un fonds sur une période de cinq ou
six ans ou sept ans, et ce fonds atteint un montant de $1,500,000. Il ne faut
pas oublier que la régie des marchés aura un personnel accru afin
de faire une vérification comptable des usines laitières qui vont
demander cette garantie et vont vouloir payer cette prime à la
régie afin de recevoir cette garantie.
Mais, au cas où il arriverait une faillite ou encore une
situation financière catastrophique dans une usine en particulier, le
montant ou le fonds va servir à rembourser les producteurs-
fournisseurs. Et, pour revenir à ce que l'honorable député
d'Abitibi-Ouest mentionnait tout à l'heure, qu'il y a des dangers de
perte par la province, c'est possible que la province perde de l'argent parce
que la province va donner à la régie les montants
nécessaires afin qu'elle puisse rembourser les fournisseurs-producteurs.
Mais la régie sera toujours dans l'obligation de rembourser le
gouvernement à même le fonds qui sera constitué par les
primes. C'est donc dire que la province, sur une période de dix ans,
quinze ans, ou vingt ans, ne perdra pas d'argent...
M. FRASER: Dans le cas de la Laiterie Mont-Royal, la régie des
marchés a été avertie deux fois par lettre que le bon de
garantie n'était pas suffisant, que la laiterie n'était pas en
bon état financier. Ils n'ont rien fait pour protéger les
producteurs. Et je tiens la régie des marchés responsable pour la
perte d'argent de $190,000 que les cultivateurs ont subie.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je peux me permettre d'insister sur le point
que soulève l'honorable député de Huntingdon? Comme le
sait le ministre de l'Agriculture, les versements qui sont faits aux
cultivateurs qui livrent du lait aux marchands de lait sont faits à tous
les quinze jours. Par conséquent, il n'y a pas lieu, ni plus ni moins,
de laisser se prolonger indûment une période de non-paiement
pendant trente jours et peut-être plus de trente jours, comme le
signalait tout à l'heure le député de Huntingdon. Alors il
y a certainement eu, disons donc, une certaine, je ne dirais peut-être
pas négligence, mais enfin on a été un peu passif devant
le fait que la Laiterie Mont-Royal ne rencontrait pas ses obligations
vis-à-vis des cultivateurs pendant plus de trente jours.
M. VINCENT: Pour répondre à l'honorable
député, il n'y a aucune raison que le producteur ne soit pas
remboursé à tous les quinze jours. Ce qui se produit c'est que le
producteur livre son lait à l'usine laitière pour une
période de quinze jours. Il n'est pas payé après quinze
jours pour tout son lait. Il y a là souvent du lait de livraison pour
une période de trois semaines, un mois, parce qu'on fait la paie pour
les quinze premiers jours mais la paie arrive en retard.
M. COURCY: Quinze jours après la paie. M. CHOQUETTE: Quinze jours
après.
M. VINCENT: Oui, quinze jours après mais pour une livraison de
plus de quinze jours.
M. CHOQUETTE: Pour la période de quinze jours.
M. COURCY: Non, non.
M. CHOQUETTE: Il est payé quinze jours après pour une
période de livraison de quinze jours.
M. COURCY: Il livre le 15, il est payé le 30 ou le 31.
M. CHOQUETTE: Quand il est payé, il y a une autre livraison de
quinze jours.
M. VINCENT: C'est ça,
M. FRASER: A Montréal, c'est à tous les mois.
M. COURCY: Oui, oui, mais la garantie est pour trente jours.
M. FRASER: Mais vous êtes payés...
M. VINCENT: A cause du paiement de péréquation, à
Montréal ils sont payés à tous les mois.
M. FRASER: Oui, oui, mais vous avez votre paie le 20 du mois
après que vous avez fini de livrer le 30 du mois. Le dernier jour du
mois, votre livraison pour le mois est finie, mais vous avez votre compte le
vingtième jour du mois suivant, c'est-à-dire que vous avez trente
jours de livraison et puis vingt jours de plus. Vous avez livré votre
lait, mais vous n'avez pas reçu votre compte encore. Vous avez
reçu les premiers jours du mois la moitié de votre paie, de votre
compte. Si vous livrez pour $1,200 pendant le mois, vous recevez un compte de
$600 ou $500: la moitié à peu près.
M. VINCENT: Maintenant, je crois bien que l'honorable
député a répondu à la question de son
collègue, son voisin de droite. Il serait intéressant de
mentionner ici à la Chambre que les créances remboursées
du 7 mars 1946 au 6 mai 1966 ont été de $507,670.
M. CHOQUETTE: Créances remboursées par qui?
M. VINCENT: Par les bons de garantie, par les compagnies
d'assurance.
M. CHOQUETTE: En vertu des cautionnements.
M. VINCENT: C'est ça, en vertu des cautionnements. Du 7 mai 1966
au 31 décembre 1966, le montant total a été de
$645,000.
M. FRASER: Payé par les compagnies?
M. VINCENT: Par les compagnies, ce qui fait un total, en vingt
ans,de$l,162,670 de remboursement.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre a les chiffres au sujet des
montants qui n'ont pas été payés, c'est-à-dire des
montants qui ont été perdus par les cultivateurs et qui n'ont pas
été payés en vertu de ces cautionnements-là?
M. VINCENT: Sur une période de vingt ans, il y a eu un montant de
$351,475 qui n'a pas été remboursé aux
producteurs-fournisseurs parce que le montant de la garantie n'était pas
suffisant. Si nous voulons tracer une ligne, du 7 mars 1946 au 6 mai 1966, le
montant perdu par les producteurs-fournisseurs à cause de l'insuffisance
des bons de garantie, a été de $159,475.
Et, du 6 mai 1966 au 31 décembre 1966, le montant a
été de $192,000 pour un total de $351,475 perdus par les
producteurs-fournisseurs. Et c'est la raison pour laquelle nous avons, comme le
mentionnait le député de Huntingdon tout à l'heure... Je
crois bien qu'au point où nous en sommes rendus, je pourrais soulever un
débat politique. Quand l'honorable député nous mentionne
qu'on aurait dû voir à ça avant aujourd'hui, qu'on aurait
dû faire quelque chose...
M. FRASER: La régie des marchés doit être tenue
responsable pour le montant d'argent que les cultivateurs ont perdu, parce que
c'est elle qui était censée voir à ce qu'il y ait une
bonne garantie suffisante. Elle n'a pas fait son devoir.
M. VINCENT: Voici, M. le Président, la façon dont nous
allons résoudre ce problème. Avec le bill 46, nous allons le
résoudre de façon définitive et permanente. A l'avenir,
les producteurs laitiers n'auront plus à chercher des coupables ou des
boucs émissaires, ils seront remboursés à 100% des
montants d'argent correspondant au lait qu'ils auront livré aux usines
laitières et même aux coopératives, parce que les
coopératives auront à payer comme tous les autres industriels
laitiers de la province.
M. COURCY: D'ailleurs, ça existe depuis pris d'un an, les
garanties aux coopératives...
M. VINCENT: Les garanties aux coopératives...
M. COURCY: ... parce que des avis ont été envoyés
par la régie.
M. VINCENT: ... existent seulement pour les patrons non-membres de la
coopérative. C'est-à-dire que pour les producteurs-fournisseurs
qui livrent aux coopératives depuis deux ans et qui ne sont pas membres,
il faut que la coopérative obtienne des bons de garantie. Les membres de
la coopérative, même s'ils étaient
fournisseurs-producteurs, n'avaient pas besoin de bons de garantie. Mais
à l'avenir, avec le bill 46, toutes les coopératives, que ce soit
pour un membre ou un non-membre, devront payer une prime et couvrir tous leurs
producteurs-fournisseurs dans toute l'industrie du lait de la province.
M. SEGUIN: M. le Président, je ne suis ni producteur, ni
fournisseur de lait, mais...
M. VINCENT: Consommateur.
M. SEGUIN: ... consommateur. Le prix du lait étant assez
élevé, est-ce que le ministre pourrait me dire quelles sont les
raisons de ces soi-disant difficultés financières ou faillites
peu importe ce qui arrive dans l'industrie laitière à ce
moment-ci quelles sont les raisons qui sont à la base de ces
problèmes financiers?
On discute ici une façon de les surmonter, de les garantir, mais
qu'est-ce qui occasionne cette mauvaise posture? Est-ce qu'il y a une
réponse à cela? On a mentionné la Laiterie Mont-Royal.
Maintenant je sais fort bien par exemple que la Guaranteed Pure Milk, qui est
aussi un distributeur de Montréal, a eu l'an dernier des
difficultés assez considérables parce que, premièrement,
elle ne pouvait pas être payée dans certains cas. Un des grands
problèmes était celui des hôpitaux qui recevaient du lait
de ce distributeur et ne pouvaient pas recevoir de la province à ce
moment-là et je ne suis pas partisan ici, peut-être que
ça dure depuis des années, cette situation-là leurs
allocations, c'est-à-dire la partie de leur budget qui devait leur
être distribuée régulièrement. Entre le mois
d'août et le mois de décembre, je prends un exemple, le Lakeshore
General n'a pas payé de factures de lait. Or, au mois de décembre
on devait à la Guaranteed Pure Milk $12,000. La même chose se
répète pour plusieurs des autres grands hôpitaux.
Est-ce que la raison des difficultés financières des
distributeurs de lait est que ceux-ci n'étaient pas payés pour
leur produit par des organisations qui, à leur tour, dépendaient
de la province pour recevoir l'argent pour payer leurs factures? Et je voudrais
savoir si c'est possible que ce soit une des raisons des difficultés.
Garantir à ce moment-ci n'est peut-être pas la bonne
procédure à suivre.
M. VINCENT: Pour répondre à la question de l'honorable
député quand il me demande...
M. SEGUIN: Je m'excuse de la longueur.
M. VINCENT: D'accord. Mais quand il demande pour quelles raisons, au
cours des dernières années, certaines usines de transformation de
produits laitiers ont fait faillite, même si l'on considère le
prix du lait, il faudrait en quelque sorte faire l'analyse de toutes les
faillites, pas seulement dans l'industrie laitière, mais dans toutes les
autres industries de la province, parce qu'il y a différents
facteurs...
M. SEGUIN: Mais avant...
M. VINCENT: ... qui peuvent amener une entreprise dans de mauvaises
affaires.Il peut s'agir de coût de transformation, c'est-à-dire de
gestion, d'une mauvaise organisation sur le plan de la gestion, un volume pas
assez considérable de produits.
Il peut y avoir aussi un fonds de roulement pas assez
élevé. Il y a différentes raisons qui peuvent amener une
faillite, mais ce n'est pas parce que ces industries s'occupaient de la
transformation des produits laitiers qu'elles ont fait faillite. Elles ont fait
faillite probablement pour d'autres raisons et je ne crois pas que nous soyons
capables cet après-midi de définir bien clairement pour quelle
raison telle usine a fait faillite, telle autre usine a fait faillite, sans
toucher à une série de faillites qui existent ou qui ont
existé dans la province ou dans le pays tout entier.
M. SEGUIN: Oui, mais c'est une des grandes raisons. Les
difficultés financières des distributeurs étaient dues au
fait que le consommateur ne payait pas ses comptes. C'est ça que je
voudrais savoir. Est-ce que c'est un des grands problèmes? Est-ce que
c'est le consommateur? Que ce soit un consommateur comme un hôpital par
exemple où les achats sont dans les milliers de dollars par mois.
M. VINCENT: Pas dans ces cas-là.
M. SEGUIN: Des collèges, enfin les grands consommateurs. Est-ce
que ce sont eux qui ne paient pas leurs comptes aux distributeurs, de sorte que
le distributeur, lui, se voit engagé au-
dessus de ses moyens, et qu'à un moment donné il ne peut
pas recevoir de ressources pour garantir le paiement au producteur?
M. JOHNSON: M. le Président, évidemment le
député de Baldwin soulève un point assez important,
même si c'est un peu loin du bill. Il est quand même opportun de se
demander pourquoi, selon les chiffres qui ont été fournis, il y a
plus de pertes en 1966 ou autant de pertes que pendant les vingt années
précédentes.
M. SEGUIN: Possible.
M. JOHNSON: Je pense bien qu'on peut en général attribuer
cet état de fait aux restrictions sur le crédit. Les restrictions
sur le crédit ont eu des répercussions dans plusieurs domaines,
en particulier dans celui qui nous concerne. Les institutions, gros acheteurs
de lait, n'étaient peut-être pas en mesure de payer. Des
institutions comme les hôpitaux avaient des réclamations qui
dataient d'un an et de deux ans contre leur créancier, un
créancier bien connu qui s'appelait le gouvernement de la province de
Québec. Il peut arriver, comme dans le cas mentionné par le
député de Baldwin, qu'une laiterie en particulier ait
été en mauvaise position financière à cause d'un
manque de capital de roulement, de « working capital » ou de fonds
de roulement. Et les banques, à cause des conditions
générales de restrictions sur le crédit, hésitaient
à augmenter les marges de crédit des commerçants
généraux et hésitaient encore à escompter
même, en vertu de l'article 88, les effets recevables de ces
compagnies.
Quant à la laiterie Mont-Royal, je ne connais pas le cas en
particulier. Je n'en connais que ce que j'ai lu dans les journaux et par
quelques sources bien incomplètes. Evidemment, il peut être
arrivé, dans le cas de laiterie Mont-Royal, ce qui arrive dans plusieurs
autres entreprises du genre. On est temporairement en mauvaises affaires, mais
on espère pouvoir s'en sortir et on plaide assez bien pour obtenir un
délai additionnel: on espère une couverture additionnelle par les
compagnies d'assurance et au bout de quinze jours, on s'aperçoit que ce
n'est pas possible.
C'est précisément pour éviter ce genre
d'inconvénients aux cultivateurs que le ministre de l'Agriculture a
présenté le bill 46. Des situations semblables ne pourront plus
survenir. Evidemment, il y aura des règlements qui prévoiront que
la régie devra enlever le permis, si dans un délai
déterminé on n'a pas payé pour une période
fixée dans le règlement.
Mais s'il arrivait que la régie, à ce moment-là,
dépassait, laissait s'écouler une période un peu plus
longue, évidemment, le fonds sera quand même obligé
d'indemniser les producteurs. C'est une situation déplorable, c'est une
situation qui nous arrache le coeur quand on sait, par exemple, que le
cultivateur dans une autre aventure pas celle de la laiterie Mont-Royal
perd $6,000, $7,000, $8,000, ce qui est le revenu brut peut-être
de quatre mois, cinq mois, six mois dans certains cas. Je ne parle pas encore
une fois de la laiterie Mont-Royal, je parle d'un cas que plusieurs
députés de cette Chambre connaissent l'ancien ministre de
l'Agriculture le connaît certainement des gens qui en somme ont
perdu là leurs profits pour une période d'un an, deux ans, trois
ans peut-être. C'est une situation déplorable qui ne doit plus se
répéter. Je pense que tous les députés de cette
Chambre, qui représentent des comtés ruraux où se trouvent
des producteurs de lait, sont reconnaissants au ministre de l'Agriculture
d'avoir présenté ce projet de loi. C'est un principe nouveau,
c'est de l'assurance: c'est un principe nouveau dans ce domaine-là, mais
en vertu d'un système qui s'appelle l'assurance où les bons et
les solvables aident à supporter les insolvables. C'est assez
fréquent lorsqu'il y a de l'assurance et on...
M. LESAGE: Les meilleurs risques pour protéger...
M. JOHNSON: Les meilleurs risques payent pour les moins bons.
Evidemment, tout dépendra de la diligence...
M. LESAGE : C'est un principe d'assurance.
M. JOHNSON: ... et de la compétence de la régie dans
l'émission de ces polices. Nous avons implicitement confiance en ces
messieurs: je ne les connais pas tous, mais il me semble que le
président, c'est M. April.
UNE VOIX: Pas April. M. LESAGE: M. Halle.
M. COURCY: Il est nommé à la Commission royale
d'enquête.
M. JOHNSON: ... un ancien député libéral d'Ottawa,
honnête homme, tellement honnête qu'il est sorti de la politique
libérale.
UNE VOIX: Il s'est empressé d'en sortir.
M. LESAGE: M. le Président, il était tellement
occupé qu'il est sorti de la politique. Point.
M. JOHNSON: Ah bien ça, M. le Président...
M. LESAGE: Je ne parlerai pas de ses convictions politiques, puisqu'il
est un fonctionnaire, disons qu'il est sorti de la politique, c'est tout.
M. JOHNSON: Il y a là...
M. LESAGE: C'est un grand gentilhomme de toute façon.
M. JOHNSON: Il y a là M. Ledoux. Oui, c'est un gentilhomme, M.
April.
M. BERTRAND: Je les connais très bien.
M. LESAGE: Oui, ce sont d'excellents hommes, il n'y a pas d'erreur.
M. JOHNSON: ... M. Ledoux, dont la compétence ne peut pas
être mise en doute, je pense bien. C'est un homme qui s'y connaît,
qui s'est battu pour les cultivateurs devant le comité de
l'agriculture...
M. LESAGE: Trois semaines.
M. JOHNSON: ... avec une férocité, M. le Président,
qui a fait perdre trois semaines pour employer le langage de certains
publicitaires. Il a dû coûter, lui, à la province quelque
chose comme $22,000 ou $30,000 rien que par son insistance a opter...
M. LESAGE: Le premier ministre ne devrait pas profiter de sa situation
pour dire des choses comme ça, quand il sait qu'un haut fonctionnaire ne
peut pas lui répondre.
M. JOHNSON: Non, c'est précisément un compliment oblique
que je lui fais.
M. LESAGE: Oblique? il est oblique, oui. Il est sinueux.
M. JOHNSON: Je sais...
M. LESAGE: Disons qu'il est sinueux.
M. JOHNSON: M. Ledoux, quand il s'agit de protéger les
cultivateurs et l'industrie laitière, va y mettre tout son coeur et ses
connaissances qui sont très grandes dans ce domaine.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. COURCY: C'est pour ça qu'il est allé le chercher. A
cause de ses grandes qualités.
M. JOHNSON: Maintenant qui y a-t-il a part ça? Je ne les connais
pas. Qui a remplacé M. Lemoine, de l'UCC, je ne le sais pas.
M. FRASER: Je peux vous le dire... UNE VOIX: M. Charest.
M. JOHNSON: Non c'est le temps pour le député là...
Est-ce que le député est un de ceux qui ont perdu avec la
laiterie Mont-Royal? Ou a-t-il de ses...
M. FRASER: J'ai perdu de l'argent parce que nous sommes en
péréquation avec Montréal. On nous enlevait $0.56 les cent
livres pour tout le lait envoyé à Montréal pour payer pour
cette perte-là. Même les producteurs de lait pour Montréal
n'étaient pas capables de subir toute cette perte eux-mêmes et
c'était divisé entre tous les producteurs de Montréal.
Mais dans mon cas particulier une perte de $0.56 pour ce mois-là,
M. JOHNSON: Does the member for Huntingdon will admit that if his
government had done what we are doing today he would not have lost that
money?
M. FRASER: The régie des marchés is an independant
board...
MR. JOHNSON: No, but I mean the legislation is made and they apply
it...
MR. FRASER: If they had applied the legislation correctly, it would not
have been a loss.
MR. COURCY: Yes.
MR. FRASER: If they had done their job correctly, it would not have been
a loss. If they were protected for 30 days by this guarantee bond and, with the
péréquation on the equalization of milk prices, the period
extended for 45 days before you received your pay, you would deliver 45 days of
milk. And they did not pay before the cheque went to the bank and if it were
refused, it went on for an other week or two and then they finally shut down on
them.
MR. JOHNSON: Does the Member contend that the régie des
marchés should have clamped down at the end of thirty days?
MR. FRASER: Yes. They were advised by the producers suppliers board
Mr. Glady is the president in January, if my memory serves me
correctly and they went bankrupt in August. They were advised by a letter in
January to the effect that the dairy was in a bad financial position and were
asked by the régie des marchés to take steps to have their bonds
increased to protect the farmers. Nothing was ever done and they went broken in
August, with lost of money to the producers. The cause of the bankruptcy,
everybody knows it, was bad management and stealing by the employees and so
on.
MR. JOHNSON: That I don't know and I would not venture any opinion as to
the quality of the management of Mont Royal Dairy.
MR. FRASER: It is not bankrupt yet. There is one milk company that has
been running the place and I was at a milk meeting last night and they were
talking about it. This milk company, I forget the name Laiterie Leclerc, was
running the place with intentions of buying it. They have withdrawn, they could
have taken half of their clients with them. The market for butter and cheese
and ice cream and so on, they have taken it with them. And now, an other dairy
has entered the picture with possible intentions of buying and the opinion was
that they would eventually withdraw too and take the other half of the clients.
There would be nothing left. But Mr. Gladu said last night he would not give,
they owe the farmers $196,000, He would not give $1.96 for what...
MR. JOHNSON: Does that mean that farmers will eventually loose the whole
amount?
M. CHOQUETTE: Ce ne sont pas les fermiers actuellement, ce sont
plutôt les détenteurs d'obligations qui sont au blanc à ces
réunions dont parle le député. Les cultivateurs vont
perdre également, comme le disait le ministre tout à l'heure.
M. FRASER:Il y a d'autres obligations de $4 millions, je crois.
MR. JOHNSON: Does the Member contend that the farmers will be loosing
the full amount of $196,000? And the bond holders?
MR. FRASER: That is the general opinion. Well, they had other creditors
to pay, bills all over the place to the amount of $4 millions of creditors, so
they will all eventually loose to a great extent. They will probably offer to
pay off a few cents on the dollar.
MR. JOHNSON: Anyway, this will not happen anymore and we will follow the
situation very closely. If there were any suggestion at anytime from the farmer
producers, they will be welcomed by the Minister and by the Government, I am
sure. If the farmers realize that it is not operated as it should be operated,
let them complain and there will be quick action, because we don't want this to
be repeated. It is too hard... It is much too hard to recuperate $5,000 or
$6,000 of milk.
MR. FRASER: The trouble was that the cheques are sent from the dairy to
the farmers. Sometimes, they did not go to the bank the same day that they
receive the cheque, they keep it for a week or so but by the time they went to
the bank, and it was refused then they call back to the Producers Suppliers
Board, the period was extended, until there was quite an amount of money
involved.
MR: JOHNSON: Do the farmers have that much money in your constituency
that they can keep those cheques for a week or so?
MR. FRASER: 3,000 farmers milk involved...
MR. LESAGE: Go and tour the constituency preaching to them.
MR. JOHNSON: I send my cheque to the bank as I receive it.
MR. FRASER: I do too, I am one of the poor farmers.
M. VINCENT: L'honorable député mentionne que les
producteurs vont perdre la somme de $192,000 à cause des mauvaises
affaires de la laiterie Mont-Royal. D'accord. Les producteurs vont perdre ce
montant d'argent si, après la déclaration de faillite, il n'y a
plus d'argent disponible pour faire une redistribution chez ces
producteurs.
M. LESAGE: C'est ce que le député a dit.Il a dit que M.
Gladu leur avait dit que leur $196,000, ils n'en donneraient pas $1.96. Il a
donné l'opinion de M. Gladu quant à la valeur de la
réclamation globale de $196,000, c'est tout. C'est ça qu'il a
dit, le député.
M. VINCENT: Et c'est justement la raison pour laquelle nous voulons que
ceci ne se ré-
pète plus à l'avenir. Parce que, si nous regardons les
chiffres en octobre 1963, les producteurs fournisseurs de la fromagerie
Idéale de St-Vital, Montréal, ont perdu ils étaient
moins nombreux ils ont perdu quand même la somme de $9,584.65. Le
27 avril 1964, en octobre 1963...
M. LESAGE: Personne ne conteste l'opportunité de la loi.
M. VINCENT: Et le 27 avril 19... non, mais seulement qu'on parle de
ça, la dernière faillite qui a existé, qui a eu
lieu...
M. CHOQUETTE: C'est la plus grosse.
M. VINCENT: C'est la plus grosse, d'accord, parce qu'il y avait plus de
producteurs. Il y a eu d'autres faillites avant. La laiterie Mont-Royal avec
moins de producteurs et aucune action ne fut prise par l'ancien
gouvernement.
M. COURCY: Les mêmes qu'aujourd'hui... M. VINCENT: Aucune
action.
M. COURCY: Les mêmes actions, c'est le bon de garantie qui
garantissait le paiement du lait pour trente jours.
M. VINCENT: Et cela s'est continué. En 1963, $9,584.65 furent
perdus par un certain nombre de producteurs. Probablement que chacun des
producteurs a perdu autant d'argent que les producteurs-fournisseurs de la
laiterie Mont-Royal.
M. LESAGE: C'est pour ça que...
M. COURCY: Qu'est-ce que ça change?
M. LESAGE: C'est pour ça que le principe de la présente
loi avait été accepté...
M. VINCENT: Le 27 avril 1964...
M. LESAGE: ... par le gouvernement précédent.
M. VINCENT: Le 27 avril 1964, un certain nombre de producteurs ont perdu
dans la faillite, dans le rang Saint-Camille de Saint-Jérôme dans
le comté de Terrebonne, la somme de $8,099.29.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. CHOQUETTE: Vous êtes en train...
M. VINCENT: Probablement que chacun des producteurs a perdu autant
d'argent que les producteurs de la laiterie Mont-Royal.
M. CHOQUETTE: Non, mais en réalité, vous êtes en
train...
M. VINCENT: Aucune action ne fut prise par la suite par le gouvernement
du temps pour régler de façon définitive cette
question.
M. COURCY: Alors, le gouvernement...
M. CHOQUETTE: Vous êtes en train d'enfoncer des portes
ouvertes.
M. LESAGE: Il enfonce des portes ouvertes. Tout le monde est convaincu
de la nécessité de la loi. Nous en avions approuvé le
principe.
M. VINCENT: Le 15 juin 1964... M. COURCY: Vous avancez, là...
M. VINCENT: Les producteurs-fournisseurs de la laiterie de Marieville
dans le comté de Rouville...
M. LESAGE: Il défonce des portes ouvertes. M. VINCENT: ... ont
perdu $3,551.80.
M. COURCY: Oui, en 1943, $18,000 un groupe de cultivateurs de...
M. CHOQUETTE: Non, mais...
M. VINCENT: En 1965... 1964, encore en juillet...
M. COURCY: Et puis après...
M. BELLEMARE: La coopérative...
M. COURCY: Ce n'était pas le lait. Il n'y avait pas de
garantie.
M. VINCENT: Les producteurs-fournisseurs de la laiterie... à
Montréal...
M. COURCY: Non, et ils ne fabriquent pas de margarine...
M. VINCENT: ... ont perdu $6,492.34... M. BOUSQUET: Politique de
banqueroute.
M. VINCENT: Probablement que chacun des producteurs-fournisseurs a perdu
autant d'argent que les producteurs de la laiterie Mont-Royal...
M. COURCY: Non, non.
M. FRASER: Il n'y avait pas...
M. VINCENT: Aucune action ne fut prise par le gouvernement du temps pour
empêcher qu'à la laiterie, les producteurs-fournisseurs puissent
être garantis et non pas être dans la même situation que ces
producteurs-fournisseurs...
M. COURCY: Est-ce que je peux poser une question au ministre? Le
ministre est rendu avec des milliers de piastres perdues depuis Adam.
M. VINCENT: Non, non, non. Cela fait trois... M. COURCY: Est-ce que le
ministre... M. VINCENT: Le 15 décembre 1965...
M. COURCY: ... J'ai posé une question, M. le
Président...
M. VINCENT: Le 16 décembre... M. COURCY: Justement,
là-dessus...
M. VINCENT: Je vais répondre à cette
question-là.
M. COURCY: Justement, là-dessus, on a plusieurs centaines de
milliers de piastres, depuis 25-30 ans, très bien. Est-ce que le
ministre peut dire à cette Chambre qu'à l'avenir, cela n'existera
plus?
M. VINCENT: Avec le bill 46, les fournisseurs-producteurs de lait aux
usines de transformation, tant coopératives que non coopératives,
ne perdront plus d'argent.
M. COURCY: Deuxième question. Est-ce que les
règlements..,
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas exact... M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. COURCY: Ils ne perdront plus d'argent, cela veut dire que le
règlement devra être amendé...
M. VINCENT: Si je puis terminer...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je pense que la règle est celle-ci.
C'est que la question est permise. Si le ministre, lui-même, accepte,
s'il accepte.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je peux poser une question au ministre? Est-ce
que je peux...
M. VINCENT: Je vais terminer la réponse que j'ai
commencée. En 1963...
M. LESAGE: Ou en 1960, vous allez en trouver des quantités.
M. COURCY: J'en ai en 1939.
M. VINCENT: Le 16 décembre 1965, une faillite De Beaujeu Dairies
Limited...
M. LESAGE: A politician is always a polititician.
M. VINCENT: Une perte des producteurs-fournisseurs de $63,915. Donc,
$63,915 ont été perdus par les producteurs-fournisseurs le 16
décembre 1965.
M. COURCY: Je fais une suggestion, c'est que le gouvenement paie tout
ça.
M. VINCENT: On étudiait dans ce temps-là. M. COURCY: Par
sa loi. M. VINCENT: On étudiait.
M. COURCY: Que le gouvernement paie tout ça à partir de
1948, tout ce qui a été perdu. Pas si mal!
M. VINCENT: Et c'est là... M. COURCY: C'est vrai.
M. JOHNSON: Combien de leçons est-ce que ça vous prend
avant d'apprendre?
M. COURCY: Non, non. M. le Président, le premier ministre m'a
posé une question...
M. VINCENT: ... justement...
M. JOHNSON: M. le Président, je n'avais pas le droit de poser la
question. La question n'étant pas parlementaire, la réponse ne le
sera pas davantage.
M. LE PRESIDENT: Je suis bien d'accord.
M. VINCENT: M. le Président, au lieu de chercher des boucs
émissaires...
M. COURCY: Ce n'est pas ça. C'est le ministre qui cherche
ça.
M. VINCENT: ... au lieu de dire que c'est la faute de celui-ci ou de
celui-là, il faut un projet de loi, une législation qui va
permettre...
M. LESAGE: Nous sommes d'accord.
M. VINCENT: Bon, et qu'à l'avenir les
producteurs-fournisseurs...
M. LESAGE: Vous défoncez des portes ouvertes.
M. CHOQUETTE: Il discute tout seul. M. VINCENT: ... recevront...
M. LESAGE: Cessez donc de vous convaincre vous-même.
M. VINCENT: ... des paiements à cent pour cent pour la livraison
de leur produit.
M. COURCY: Bon.
M. VINCENT: ... aux usines laitières de la province de
Québec.
M. LESAGE: Vous avez donc bien de la difficulté à vous
convaincre vous-même. Nous le sommes, nous.
M. COURCY: M. le Président, le ministre va maintenant me
permettre une question: il a fini sa réponse. Le ministre vient de dire
que les cultivateurs recevront cent pour cent des paiements dus par les
laiteries. Est-ce que le ministre peut me dire si les règlements actuels
de la régie seront amendés et si le bon de garantie va valoir
indéfiniment....
M. CHOQUETTE: Bien non, c'est le contraire.
M. COURCY: ... au lieu de demeurer à 30 jours comme il est
actuellement?
M. PROULX: Consultez les cultivateurs d'Outremont.
M. COURCY: Au lieu de demeurer à 30 jours. Les
députés savent que le règlement dit actuellement...
M. BELLEMARE: C'est le contraire.
M. COURCY: ... « un bon de garantie pour couvrir le paiement du
lait pour une période de 30 jours ». Bon, est-ce que le ministre
de l'Agriculture, en disant que les cultivateurs seront couverts à cent
pour cent veut dire que, si après les 30 jours, les cultivateurs
continuent d'expédier du lait à ladite fabrique, pendant 60
jours, pendant 100 jours, ils seront quand même payés par la
province?
M. BELLEMARE: Voyons donc. Pas par la province.
M. COURCY: C'est ce qu'il vient de dire.
M. JOHNSON: Cela va dépendre des règlements.
M. VINCENT: Bon c'est ça.
M. COURCY: C'est ça qu'on veut savoir.
M. VINCENT: Si le député d'Abitibi-Ouest lit attentivement
le bill 46, il va voir que, d'après ce bill, la régie des
marchés agricoles sera dans l'obligation de soumettre au bureau des
assurances, une série de règlements approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. COURCY: Ah, c'est ça.
M. VINCENT: Oui. C'est exactement ça.
M. COURCY: Alors, le ministre ne peut pas dire que les cultivateurs sont
couverts à cent pour cent pour tout le lait qu'ils livreront à la
fabrique. Mais ils seront couverts suivant les règlements, et si les
règlements disent encore 30 jours, le cultivateur qui aura livré
40 jours ou 60 jours ne sera pas couvert pour cette autre période. Le
ministre dit qu'ils seront couverts à cent pour cent, et si le
règlement demeure ce qu'il est, ils ne seront pas plus couverts qu'ils
ne le sont actuellement, mais celui qui donne la garantie, au lieu d'être
une compagnie d'assurances devient le gouvernement qui la remplace.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député est en faveur du bill
ou contre?
M. COURCY: Le député est en faveur du bill.
M. BELLEMARE: Bon.
M. COURCY: Mais le député doit savoir et c'est son
devoir d'interroger quelle protection le bill va donner aux
cultivateurs.
M. BELLEMARE: Est-ce que les cultivateurs vont en perdre plus ou
moins?
M. LESAGE: Ce n'est pas ça la question.
M. BELLEMARE: Est-ce que les cultivateurs vont en perdre plus ou
moins?
M. COURCY: Les cultivateurs vont peut-être en perdre plus si le
règlement de 30 jours n'est pas changé...
M. BOUSQUET: C'est ça, attendez de voir le règlement.
M. COURCY: ... et s'il y a plus de faillites en industrie
laitière, dans ce cas-là nous perdrons plus: s'il y a moins de
faillites et si le règlement n'est pas changé, ils vont perdre
moins, c'est tout.
M. BOUSQUET: Attendez de voir quels seront les règlements.
M. COURCY: Ils vont perdre moins, c'est tout.
M. PROULX: Si vous voulez en savoir plus long, écoutez Chez
Miville.
M. LESAGE: M. le Président, je crois que le député
de Saint-Jean ferait mieux de se mêler de choses qu'il connaît.
M. VINCENT: M. le Président, il est bien entendu, et ça
l'honorable député d'Abitibi-Ouest a bien raison...
M. COURCY: Ecoutez là! le ministre de l'Agriculture dit que le
député d'Abitibi-Ouest a raison.
M. LESAGE: Je pense que le ministre du Travail aurait
intérêt à suivre la discussion. Ses interventions seraient
plus à point.
M. VINCENT: Je crois bien que l'honorable député
d'Abitibi-Ouest a bien raison quand il dit que, si la régie ne change
pas certaines ordonnances, les producteurs-fournisseurs peuvent perdre de
l'argent. Supposons qu'une laiterie ou une industrie ne paierait pas ses
producteurs pendant un an...
M. JOHNSON: Cela ne peut pas arriver!
M. VINCENT: ... non, tout de même, ne paierait pas les producteurs
pendant un an...
M. JOHNSON: Les gens de la régie seraient dehors!
M. COURCY: C'est arrivé, 50 à 60 jours.
M. BELLEMARE: Pas un an?
M. VINCENT: La couverture...
M. COURCY: Non, non, mais c'est arrivé.
M. CHOQUETTE: C'est parce que le cautionnement est limité: ce
n'est pas un cautionnement illimité qu'ils doivent donner.
M. VINCENT: Certain que c'est arrivé, c'est arrivé en
19... Un instant seulement.
M. COURCY: En 1943.
M. VINCENT: Le fait auquel l'honorable député
d'Abitibi-Ouest fait allusion afin de faire changer certaines ordonnances de la
régie des marchés, est arrivé en 1963, au mois d'octobre.
C'est arrivé au mois d'avril 1964, au mois de juin 1964, au mois de
juillet 1964, au mois de décembre 1964, au mois d'octobre 1964...
UNE VOIX: Le député dormait!
M. VINCENT: ... le 16 décembre 1965...
M. COURCY: Qu'est-ce que ça change?
M. VINCENT: ... mais la régie des marchés va changer par
ordonnance la période où elle va garantir la livraison de la
production laitière du producteur-fournisseur.
M. COURCY: Quelle sera cette période-là? Elle est de
trente jours aujourd'hui. Quelle sera-t-elle?
M. BOUSQUET: C'est important à préciser! M. COURCY: C'est
important de la préciser.
M. VINCENT: L'ancien ministre de l'Agriculture est au courant du fait
que la régie des marchés est un corps quasi judiciaire qui
émet des ordonnances...
M. LESAGE: Non, non, mais quand même... En vertu de l'article 2,
les règlements...
M. COURCY: Qui présente la loi?
M. LESAGE: ... doivent être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil. En vertu de l'article 2, les
règlements devront être approuvés par le
lieutenant-gouverneur en conseil qui aura une décision à prendre.
Certainement, les fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, en
consultation avec les membres de la régie, ont dû
déterminer ou ont tout au moins une idée de la période qui
sera couverte à l'avenir avec les primes qui seront payées par le
bon de garantie émis par la police. C'est une police de garantie, qui
sera émise. Elle sera valable pour combien de jours, la police de
garantie? Combien de jours de livraison de lait?
M. VINCENT: A l'article 13 de la Loi des produits laitiers, chapitre
121, Statuta refondus 1964...
M. LESAGE: C'est la loi qui a été amendée...
M. VINCENT: ... à l'article 13: « Devoirs et pouvoirs de la
régie. Sous le régime des dispositions de la présente loi,
la régie des marchés agricoles du Québec a en outre des
devoirs et pouvoirs qui lui sont attribués par la loi des marchés
agricoles, chapitre 120. Les devoirs et pouvoirs deuxième
garantie d'établir une échelle de la garantie qui doit
être donnée par les marchands de lait en faveur de leurs
producteurs-fournisseurs et d'ajuster le montant de la garantie aux
fluctuations du montant des opérations de toute fabrique ».
M. COURCY et LESAGE: Oui, c'est ça.
M. VINCENT: Ce n'est pas le gouvernement, ce n'est pas le
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, c'est la régie
qui a les devoirs et les pouvoirs d'établir une échelle de la
garantie qui doit être donnée par les marchands de lait en faveur
de leurs producteurs-fournisseurs...
M. LESAGE: Oui.
M. VINCENT: ... et c'est ce que la régie a l'intention de faire,
du moins, les membres de la régie m'informent qu'ils ont l'intention de
couvrir une période assez longue afin...
M. LESAGE: Quoi? Quelle période?
M. VINCENT: Je ne sais pas.
M. LESAGE: Mais M. le Président, tout de même! Voici que le
ministre de l'Agriculture présente un projet de loi: il est
entouré des principaux officiers de la régie, il présente
un projet de loi et il dit: Nous le faisons pour protéger les
producteurs de lait en à l'avenir la régie pourra délivrer
des polices d'assurance moyennant une prime...
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: ... de polices d'assurance qui garantiront les producteurs
contre les pertes éventuelles. Mais ce que je voulais savoir, ce que
nous voudrions savoir, c'est quelle sera la période...
M. COURCY: De garantie.
M. LESAGE: Pas la période de garantie, parce que ça c'est
la période de durée de la police, c'est prévu à
l'article 9-C qui est dans l'article 1 que nous étudions.
La régie devra déterminer la durée des polices.
Est-ce une police d'un an? Est-ce une police de deux ans? Cela, c'est une
question. Mais ce n'est pas de cette période que je veux parler. Quelle
est la période de livraison? Pour quelle période de livraison? En
d'autres termes, comme ça ne s'évalue pas, ce n'est pas une
police de $1,000, ni de $2,000, ni de $5,000, c'est une police pour une
période de livraison de lait.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: Aujourd'hui on sait que les bons, c'est pour trente jours,
alors...
M.JOHNSON: On pourrait...
M. LESAGE: On fait signe que non, ça varie peut-être. Mais
quelle sera la période? Qu'est-ce que c'est? Le ministre de
l'Agriculture a dû consulter la régie à ce
sujet-là.
M. JOHNSON: Evidemment.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y aura variation d'une police à l'autre?
Est-ce que toutes les polices seront pour la même période de
livraison? C'est ça que je voudrais savoir.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: Non, c'est une question que j'ai posée au ministre de
l'Agriculture. Je crois, M. le Président, qu'il est capable...
M. JOHNSON: Bien oui, mais le lieutenant-
gouverneur en conseil a quelque chose a dire là-dedans.
M. LESAGE: Comment se fait-il alors que le premier ministre sait mieux
que le ministre de l'Agriculture quelle sera la période de
livraison?
M. JOHNSON: Ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. LESAGE: S'il ne le sait pas, pourquoi ne laisse -t -il pas
répondre son ministre?
M. JOHNSON: Prenons le processus à l'envers. C'est le
lieutenant-gouverneur en conseil qui, en dernier ressort, devra approuver avec
ou sans modification les projets de règlement qui lui arriveront...
M. LESAGE: Sur la recommandation du ministre de l'Agriculture.
M. JOHNSON: Bon. Qui arriveront devant lui. Or, ils devront avoir
passé le stade de l'approbation chez le surintendant des assurances.
M. LESAGE: Oui, on sait ça.
M. JOHNSON: A ce moment-là, nous aurons déjà un
rapport favorable ou non, totalement ou en partie favorable, à ce genre
de règlement qu'on nous soumet. Antérieurement, on sait que le
stade, c'est l'élaboration des règlements à la
régie des marchés et la discussion avec le ministre et les
officiers du ministre. M. le Président, je ne m'y connais pas tellement
dans ce domaine, mais je sais qu'il est question de varier la prime...
M. LESAGE: Bon, c'est ça que je voulais savoir.
M. JOHNSON: ... selon la période de temps couverte par la
garantie.
M. LESAGE : La période de livraison. M. JOHNSON:
C'est-à-dire...
M. LESAGE: La période de temps pour la livraison.
M. JOHNSON: ... le volume de lait livré...
M. LESAGE: Pas le volume.
M. JOHNSON: Si on paie tous les trente jours, je présume qu'on
donnera, qu'on imposera une prime pour soixante jours. Une prime sera
suffisante pour payer la production de soixante jours...
M. LESAGE: C'est ça que je voulais savoir.
M. JOHNSON: ... si on paie tous les trente jours. Si on paie tous les
quinze jours, je présume, en homme ce sont des gars intelligents
qui se trouvent là qu'on va prévoir une prime suffisante
pour payer trente jours de production de lait.
M. COURCY: C'est ce qui existe actuellement.
M. VINCENT: Quoi?
M. JOHNSON: Non, mais, si on paie tous les trente jours seulement, on
prévoira une prime suffisante pour payer la production de soixante
jours.
M. LESAGE: Bon, bien c'est là...
M. JOHNSON: C'est pas mal plus solide, ça.
M. LESAGE: C'est très bien ça. Maintenant, est-ce
l'intention du gouvernement de prévoir la possibilité de
couverture pour des périodes qui varieraient au choix du producteur?
C'était ça que je voulais savoir.
M. VINCENT: Ce n'est pas au gouvernement à faire ce choix, ce
choix ou cette décision-là.
M. LESAGE: Est-ce qu'on offrira au producteur à son choix une
police pour une couverture de trente jours à tel taux et
alternativement...
M. VINCENT: Le producteur n'aura pas de police.
M. LESAGE: Bien non, mais enfin, on offrira...
M. COURCY: C'est le lait...
M. LESAGE: ... Est-ce qu'on offrira une police de garantie pour trente
jours?
M. JOHNSON: Ce n'est pas le gouvernement qui va faire ça.
M. LESAGE: Non, c'est la régie.
M. JOHNSON: La question est mal formulée.
M. LESAGE: Est-ce que la régie... « La régie peut au
moyen d'une police qu'elle délivre garantir jusqu'à concurrence
du montant qui y est mentionné le paiement des sommes que doit ou pourra
devoir un marchand de lait à ses producteurs-fournisseurs ou à
l'organisme chargé d'appliquer un plan conjoint ». Je demande si
ceux qui paieront la prime pourraient éventuelle -ment avoir le choix de
payer une prime donnant une garantie pour trente jours de livraison et d'un
autre côté, un autre choix, une police, par exemple, qui
couvrirait moyennant une surprime une période de livraison de
quarante-cinq ou soixante jours? C'est ça ma question.
M. JOHNSON: Oh! la! la! Laquelle des suggestions adopterait le
député de Louis-Hébert?
M. LESAGE: Non, non, je ne...
M. JOHNSON: Ayez le courage de vos opinions.
M. LESAGE: Non, je demande l'opinion: je demande ce que le gouvernement
a l'Intention de faire à ce sujet. Qu'est-ce que la régie... on a
dû y penser. Est-ce qu'on a pensé d'offrir...parce qu'après
tout la protection ne sera pas totale, si c'est seulement pour trente
jours.
M. COURCY: C'est ça.
M. VINCENT: D'abord, nous mêlons deux choses bien distinctes et
nous apportons deux choses bien distinctes dans une même discussion. Le
gouvernement n'a aucune autorité.,,.
M. LESAGE: Je parle de la régie. Très bien.
M. VINCENT: Mais le chef de l'Opposition demande ce que le gouvernement
prévoit...
M. LESAGE: Oui, mais le gouvernement devrait approuver les
règlements. Les règlements, c'est l'article 9. L'article 9
détermine que la régie peut faire les règlements qu'elle
juge nécessaires ces règlements devront être
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil qu'elle juge
nécessaires à l'application de l'article 8 et notamment pour
déterminer: a) Les qualités requises, etc.
M. VINCENT: Et non pas sur la période de couverture.
M. LESAGE: Deuxièmement, la forme et la teneur des demandes
d'assurance et des polices. C'est la durée des polices.
M. VINCENT: Oui. Pas sur la durée des couvertures.
M. LESAGE: Oui.
M. VINCENT: Ce n'est pas la même chose, la période de
couverture ou la durée de la police.
H, LESAGE: Je le sais, c'est moi qui l'ai dit tantôt. « b)
les taux de prime et les modalités de paiement ». En
déterminant les taux de prime, il est clair qu'on déterminera la
période de couverture. Est-ce qu'il y aura un choix? Est-ce que...
M. JOHNSON: Est-ce que le député veut écouter?
M. LESAGE: ...un intéressé pourra être plus ou moins
couvert, suivant qu'il paie ou ne paie pas une surprime?
M. VINCENT: La régie des marchés, le 11 août 1962, a
émis l'ordonnance suivante dans la Gazette officielle de la province, en
ce qui concerne la période de couverture. C'est la valeur des achats
mensuels de lait et de crème: « La présente ordonnance
s'applique à tout marchand de lait, tel que défini par le
paragraphe 14 de l'article 2 de la loi des produits laitiers. La garantie
fournie par un marchand de lait en vertu de l'article 8 de la loi des produits
laitiers doit couvrir et là j'arrive à c) la valeur
de ces achats mensuels de lait et de crème, quand ces producteurs
fournisseurs sont payés semi- mensuellement, d) la valeur de ces achats
de lait et de crème durant une période de 45 jours, quand ces
producteurs fournisseurs sont payés mensuellement ». C'est une
ordonnance de la régie des marchés.
M. LESAGE: Est-ce que.».
M. VINCENT: Juste un instant, M. le Président. Depuis quelque
temps même je dirais depuis plusieurs mois la régie
des marchés reçoit des demandes, des suppliques, des pressions ou
des représentations pour que cette ordonnace soit changée. Mais
depuis plusieurs mois la régie n'a pas cru bon à ce qu'on me dit,
parce qu'en définitive c'est la régie qui prend sa
décision...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. VINCENT: ...n'a pas cru bon de changer...
M. LESAGE: Elle a suivi l'exemple du gouvernement, elle n'a pas
bougé.
M. VINCENT: Ah! bon! On m'informe que la régie...
M. LESAGE: Voyons, voyons, j'espère que le ministre de
l'Agriculture va avoir le sens de l'humour.
M. VINCENT: On m'informe que la régie des marchés, depuis
au moins deux ans, depuis deux ans, 1964 ou 1965 1965 surtout
était sur le point de changer cette ordonnance...
M. LESAGE: Bien.
M. VINCENT: ... mais à cause de plusieurs facteurs qui ont
présidé à des faillites depuis 1963, 1964 dans la
province...
M. LESAGE: ... qui ont contribué.
M. VINCENT: ... qui ont contribué à des faillites, facteur
économique, si la régie avait changé l'ordonnance, au lieu
de voir la Laiterie Mont-Royal les autres laiteries, que j'ai
mentionnées tout à l'heure, en faillite, faisant perdre des
sommes d'argent assez considérables aux producteurs ça
aurait été multiplié par deux ou trois.
Donc, la régie des marchés ne pouvait pas changer cette
ordonnance du moins à ce qu'on me dit tant et aussi
longtemps qu'un projet de loi ou un changement...
M. LESAGE: Bon!
M. VINCENT: ... ne serait pas apporté à la Loi des
produits laitiers telle qu'elle existe depuis 1930.
M. LESAGE: Nous comprenons tout ça, mais quels changements vont
être apportés maintenant que la loi va être
passée?
M. VINCENT: M. le Président, voulez-vous demander au chef de
l'Opposition de me laisser terminer? Il va comprendre tout ça clairement
tout à l'heure.
M. LESAGE: Mais c'est long et laborieux.
M. VINCENT: Non, ce n'est pas long, si je n'étais pas...
M. LESAGE: Non, non, c'est très bien, je vous laisse aller.
M. VINCENT: Bon, laissez-moi aller. Vous allez voir que ça va
bien aller.
M. LESAGE: Très bien.
M. VINCENT: Donc, après l'acceptation par cette Chambre du bill
46, la régie des marchés pourra changer cette ordonnance qu'elle
veut changer depuis deux ans, mais à cause de l'immobilisme de l'ancien
gouvernement...
M. LESAGE: C'est ça!
M. VINCENT: ... parce qu'on n'a rien apporté de neuf...
M. CHOQUETTE: C'est un reproche rétroactif.
M. VINCENT: ... la régie des marchés était dans
l'obligation de se conformer à cette ordonnance de 1962.
M. LESAGE: C'est très bien jusqu'à ce qu'on ait la
présente loi.
M. VINCENT: Le bill 46 sera accepté, la régie des
marchés a l'intention... Je ne veux pas pour aucune considération
mentionner de jour...
M. LESAGE: Pourquoi?
M. VINCENT: ... de semaine, parce qu'on m'accuserait par la suite et je
sais que le chef de l'Opposition est assez fin pour aller dire par la suite:
Bien, le ministre de l'Agriculture a dit trente jours, quarante jours,
quarante-cinq jours, donc il a dicté à la régie des
marchés...
M. COURCY: Il n'a rien dit. M. LESAGE: Non, non, non.
M. VINCENT: ... la nouvelle ordonnance qui sera émise dans
quelques semaines ou dans quelques mois...
M. LESAGE: Mais la régie des marchés est à
côté du ministre. Je ne peux pas l'accuser d'avoir dicté,
s'il le demande.
M. VINCENT: Ce n'est pas la régie qui est à
côté de moi, la régie des marchés est composé
d'un certain nombre de membres...
M. LESAGE: Oui, mais le président est à ses
côtés, qu'il lui demande.
M. VINCENT: ... nommés pour la plupart par l'ancien gouvernement.
Ils doivent siéger pour des questions bien spécifiques, prendre
une décision, émettre une ordonnance, laquelle ordonnance est
publiée dans la Gazette officielle du Québec...
M. LESAGE: Oui, mais le vice-président est à ses
côtés, là, qu'il lui demande!
M. VINCENT: Il y a seulement un membre de la régie des
marchés qui est ici dans cette Chambre. Est-ce que l'ancien premier
ministre...
M. LESAGE: La régie des marchés a dû
l'étudier.
M. VINCENT: ... veut par là signifier... M. COURCY: M. le
Président, c'est clair...
M. VINCENT: ... qu'un seul membre de la régie des marchés
peut prendre une décision sans consulter les autres membres.
M. LESAGE: Non.
M. Vincent: Ce n'est pas l'ancien cabinet, la régie des
marchés.
M. LESAGE: M. le Président, il est clair que la régie des
marchés a contribué à l'élaboration du bill 46.
M. VINCENT: D'accord.
M. LESAGE: C'est entendu. Alors...
M. VINCENT: Oui, mais laissez-mbi finir.
M. LESAGE: ... la régie des marchés a certainement, en
élaborant le bill 46, étudié quelles pouvaient en
être les conséquences les plus bénéfiques pour les
producteurs? Alors, quelle est la réponse à ma question? Est-ce
qu'il y aurait moyen d'augmenter la garantie actuelle, la garantie qui est
actuellement possible en vertu de la présente loi, avec le bill 46?
Est-ce que la régie va le faire et est-ce que le gouvernement va
approuver?
M. VINCENT: Non, M. le Président. D'abord, le gouvernement n'aura
pas à approuver l'ordonnance qui sera édictée par la
régie, parce que la régie a tous les pouvoirs pour changer
l'ordonnance de 1962. La régie pourra...
M. LESAGE: Mais pour y appliquer... M. VINCENT: ... la régie
pourra...
M. LESAGE: Mais pour appliquer la présente loi.
M. VINCENT: ... après l'adoption du bill 46, changer l'ordonnance
du 11 août 1962, comme elle voulait la changer depuis 1964 ou 1965. Elle
va pouvoir le faire.
M. LESAGE: Oui. Oui, mais il fallait un bill, comme le bill actuel.
M. VINCENT: Et assujettie au bill 46, l'ordonnance de 1962 sera
changée. Bon, ça, disons que c'est chose. Maintenant, une autre
chose qui est entrée dans la discussion tout à l'heure, c'est que
les règlements qui seront approuvés par le lieutenant-gouverneur
en conseil...
M. LESAGE: Oui.
M. VINCENT: ... seront assujettis à la nouvelle ordonnance de la
régie des marchés...
M. LESAGE: Est-ce à dire qu'ils devront..
M. VINCENT: ... et la prime fera fonction du nombre ou de la
période de temps de couverture...
M. LESAGE: C'est clair.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. VINCENT: Est-ce que l'honorable chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Cela j'ai très bien compris ça, je dis
ça depuis le début, c'est ça que je demande. Est-ce que il
y aura un choix de primes pour des choix de couverture?
M. VINCENT: Oui, mais ce n'est pas ça, M. le Président, je
considère que le chef de l'Opposition...
M. JOHNSON: C'est un manque de confiance dans la régie. Tout ce
qu'a dit le chef de l'Opposition là.
M. LESAGE: Est-ce qu'il y aura un choix
de primes pour un choix de couverture. C'est ce que je demande depuis le
début.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le...
M. VINCENT: L'honorable chef de l'Opposition est certainement...
M. LESAGE: C'est tout ce que je demande.
M. VINCENT: D'accord. Ceux qui vont payer, ce sont les producteurs
à tous les quinze jours.
M. LESAGE : Je demande s'il y aura un choix de primes diverses pour des
périodes différentes, parce qu'il est clair que la prime est plus
élevée pour les premiers montants qu'elle ne l'est pour des
montants plus élevés. C'est comme dans le cas de la
réassurance, c'est dans tout le domaine des assurances. Est-ce qu'il y
aura une prime pour une période déterminée de livraison?
Pour un tel volume de lait? Est-ce qu'on pourra assurer pour une livraison sur
une plus longue période moyennant une surprime qui nécessairement
ne sera pas au même taux que la prime de base?
M. CHOQUETTE: Non seulement ça, mais on peut ajouter ceci
ce qui est très important à mon avis c'est que non
seulement des variations sont susceptibles de se produire à cause des
différentes périodes de paiement du lait, mais il faudra dans
l'établissement des primes que la régie tienne compte de la
solvabilité des différentes entreprises. C'est pour ça
que, moi, je pense que quand on a donné ou confié à la
régie la responsabilité d'agir comme assureur > parce
qu'au fond, on demande à la régie des marchés agricoles de
devenir un véritable assureur je pense que la conception du
gouvernement était erronnée sur ce point et qu'il aurait mieux
valu créer une corporation d'Etat différente, à part, qui
aurait agi comme assureur, vu que le gouvernement a l'intention de se lancer
dans l'assurance-cautionnement. Et la régie des marchés agricoles
aurait joué le rôle qui lui est dévolu en vertu de la Loi
des marchés agricoles et en vertu de la Loi des produits laitiers. En
particulier, elle aurait rempli le rôle sur lequel le ministre insistait
tout à l'heure, c'est-à-dire passer des ordonnances fixant la
période de temps durant laquelle le cautionnement doit couvrir les
producteurs, que ce soit 30 ou 45 jours, et les conditions dans lesquelles ces
cautionnements auraient été émis.
Tandis que, dans le projet du gouvernement tel qu'il nous est
présenté, on a une confusion des rôles, confusion entre le
rôle administra- tif et semi-judiciaire de la régie des
marchés agricoles et son rôle comme assureur des cultivateurs ou
comme, disons donc, caution des laiteries et des marchands de lait. Je pense
que ça peut apporter des difficultés, ni plus ni moins, au point
de vue des décisions de la régie. Elle sera divisée entre,
d'une part, son désir de vouloir protéger les cultivateurs, ce
qui est normal, et, à ce point de vue-là, il me fait plaisir de
reconnaître le rôle extrêmement important que joue la
régie des marchés agricoles et de reconnaître la
compétence de ses membres et en particulier de M. Ledoux qui est ici.
Mais je dis que ce rôle de protecteur de la classe agricole qui incombe
à la régie, elle le jouera nécessairement.
Mais, d'un autre côté, on lui demande de jouer le
rôle d'assureur. Or, comme tout le monde le sait, la politique d'un
assureur c'est d'obtenir une prime d'assurance qui lui permette défaire
face à un certain nombre de risques qui sont répartis entre
différentes entreprises de grosseur inégale, de
solvabilité différente et en fin de compte dans des conditions
différentes. Si bien que les primes que la régie des
marchés agricoles en tant qu'assureur va être obligée
d'imposer à ces entreprises-là sont nécessairement
susceptibles de varier d'entreprise à entreprise et je ne vois pas
comment la régie, devant ce double rôle qu'on lui demande de
jouer, pourra agir efficacement.
Evidemment, si elle assure toutes les entreprises, tous les marchands de
lait, à n'importe quelle condition, eh bien, on encourra un
déficit formidable qui sera payé par les contribuables en
définitive. Mais si, d'un autre côté, elle est trop
étroite comme assureur, à ce moment-là on aura des
entreprises qui ne pourront pas obtenir la police de cautionnement.
M. VINCENT: Le chef de l'Opposition tout à l'heure je
reviendrai à la question posée par le député
d'Outremont le chef de l'Opposition demandait si la période de
couverture ou encore la prime serait la même pour tous les
assurés. D'après l'ordonnance qui existait depuis le mois
d'août 1964 et d'après l'ordonnance qui existera après
l'adoption du bill No 46, il est bien entendu que les primes ne seront pas les
mêmes dans tous les cas.
M. LESAGE: A cause du volume?
M. VINCENT: Non, à cause de...
M. LESAGE: Y a-t-il d'autres facteurs?
M. VINCENT: ... à cause de la valeur des achats et de la
période.
M. LESAGE: Oui, oui, très bien. D'accord. M. COURCY: Alors, ce
sera la même chose.
M. CHOQUETTE: Et la solvabilité des entreprises, vous ne pensez
pas que c'est un facteur qui va entrer en ligne de compte? Qui va
l'apprécier?
M. VINCENT: Quel est le principe de... M. CHOQUETTE: C'est la
régie...
M. LESAGE: Mais c'est ce que je disais tout à l'heure.
M. VINCENT: Maintenant, pour les achats quotidiens de lait et de
crème, quand ils sont payés quotidiennement, l'assuré ne
paiera pas la même prime que s'il payait ses producteurs-fournisseurs
tous les mois.
M. LESAGE: Cela se comprend. C'est ça que je voulais faire dire
au ministre. Mais d'autres choses à part cela.
M. JOHNSON: C'est tellement clair.
M. LESAGE: Non, non. Il y a d'autres choses qu'il ne dit jamais. La
seule réponse que je voudrais avoir, il ne la donne jamais.
M. VINCENT: Quelle chose?
M. COURCY: Il n'a pas compris encore.
M. LESAGE: C'est évident que si le paiement a lieu tous les
jours, le risque est beaucoup moins grand que si le paiement a lieu tous les
quinze jours. Et s'il a lieu tous les quinze jours, il est moins grand que si
le paiement a lieu tous les mois. Cela, ça influe sur la prime. Cela
veut dire une variation de prime. Deuxièmement, il est clair que si le
volume de lait est plus grand, la prime est plus élevée. C'est
une deuxième variation de prime. C'est dans le domaine de n'importe
quelle assurance. Mais, par exemple, il y a aussi, indépendamment du
fait qu'on a payé... Supposons, par exemple, pour tous ceux dont les
paiements sont faits tous les mois, est-ce que la régie offrira la
délivrance de police pour une période de livraison, par exemple,
de trente jours, de 45 jours et de soixante jours?
M. VINCENT: C'est la régie qui va décider.
M. LESAGE: Oui, je le comprends, mais c'est parce que le ministre a dit
tout à l'heure que les cultivateurs ne perdraient plus jamais, les
producteurs ne perdraient plus jamais. Alors, comment va-t-il s'y prendre pour
que les cultivateurs ne perdent plus jamais s'il n'est pas capable de me dire
maintenant pour quelle période de livraison les polices seront
émises? Comment peut-il dire ça?
M. JOHNSON: Je demande la parole.
M. LESAGE: Est-ce que la période est illimitée?
M. JOHNSON: Cela m'a l'air que les députés d'Outremont, de
Louis-Hébert et de Bagot sont plus fins que la régie, qui
connaissent mieux la régie.
M. LESAGE ET COURCY: Non.
M. JOHNSON: ... qui connaissent mieux que la régie, dis-je, que
les intérêts des cultivateurs seront les meilleurs
règlements à passer pour les cultivateurs. Je comprends mal le
chef de l'Opposition. Il a l'air de mettre en doute la compétence des
gens de la régie.
M. LESAGE: Non, non.
M. FRASER: Nous voulons avoir ce qui est nécessaire.
M. JOHNSON: ... qui nous demande de lui donner d'avance l'assurance que
tel ou tel règlement sera...
M. LESAGE: Ce n'est pas ça, pas du tout.
M. JOHNSON: ... d'avance, je déclare moi, je fais un acte
de foi implicite, évidemment, j'aurai une chance de
vérifier...
M. LESAGE: Attention! Vérifier après?... Vous feriez mieux
de vérifier avant.
M. JOHNSON: Quand le projet de loi nous sera présenté,
j'aurai l'occasion de vérifier mais, implicitement, j'ai confiance que
les gens les mieux qualifiés pour apprécier quel genre de
couverture et pour quelle période et pour quel montant et à
quelle prime. Ce sont encore les gens de la régie...
M. LESAGE: Oui, je suis d'accord.
M. JOHNSON: ... Sur les conseils de quelqu'un qui se connaît en
assurance. Je voudrais tout de suite dire, quitte à répondre aux
ques-
tions du chef de l'Opposition, que la régie d'abord, il lui est
arrivé plusieurs fois dans le passé et c'est à
l'intention du député de Huntingdon que je dis ça -
d'accorder un délai au-delà de la période à
certains producteurs, en plusieurs occasions.
M. FRASER: A certains producteurs?
M. JOHNSON: A certains transformateurs, à certains marchands et
que ces mêmes marchands ont pu se raplomber au point de vue
financier...
M. LESAGE: Ce n'est pas seulement dans ce domaine-là.
M. JOHNSON: Si la régie avait strictement appliqué les
prescriptions prévues à la loi, et aux règlements, il y en
a plusieurs qui auraient culbuté, alors qu'avec...
M. LESAGE: Mais c'est vrai dans tous les domaines.
M. JOHNSON: ... un sursis de quinze jours, ils se sont raplombés.
Ou bien ils ont obtenu une couverture additionnelle, ou bien ils ont investi du
capital, ou bien ils en ont emprunté.
A tout événement, les cultivateurs n'ont pas perdu. M. le
Président, je voudrais dire ici au député de Huntingdon
que, nous, nous apprenons un peu plus vite. Cela n'a pas pris...
M. LESAGE: Cela n'a pas l'air de ça.
M. JOHNSON: ... dix ou quinze expériences comme celles qu'a
énumérées tantôt le député, le
ministre de l'Agriculture entre 60 et 66 pour apprendre. Dès la
première, nous avons décidé de procéder. Je dois
dire ici, M. le Président, à la louange de la régie, que
celle-ci a pris une décision radicale à un moment donné et
nous a dit: « Maintenant que les compagnies d'assurance qui d'ordinaire
émettaient ce genre de garanties ne veulent plus marcher, nous allons,
à moins d'une assurance du gouvernement de présenter une loi et
de prendre la responsabilité à ce moment-ci, nous allons fermer
toutes les portes. »
M. COURCY: Le couteau sur la gorge.
M. JOHNSON: Non, non, il n'y a pas de couteau sur la gorge.
M. COURCY: Bien, oui.
M. JOHNSON: Ils ont bien fait d'insister. Ils auraient dû faire
ça, mais autrefois...
M. COURCY: Le ministre l'a dit tout à l'heure...
M. JOHNSON: ... autrefois, ça m'a l'air...
M. COURCY: ... et le premier ministre vient de l'admettre.
M. JOHNSON: ... que quelqu'un faisait venir un des membres de la
régie et vous allez passer tel règlement, tel
règlement...
M. COURCY: ... parce que les compagnies d'assurance refusent
d'émettre le nouveau cautionnement.
M. JOHNSON: Avons-nous tort, nous, de faire confiance à la
régie ou devrions-nous faire comme j'ai tout lieu de le croire
ça se faisait dans le passé quelqu'un du gouvernement qui
fait venir un des membres et dit: C'est ça que vous allez faire, tout de
suite.
M. COURCY: Possible, entre 1944 à 60, mais après, non!
Vous avez connu ce temps-là bien mieux que moi.
M. VINCENT: C'est ce que le chef de l'Opposition nous demande de
faire.
M. JOHNSON: Le chef de l'Opposition voudrait nous faire dire aujourd'hui
que nous avons déjà demandé à la régie de
passer tel ou tel règlement ou que nous avons déjà obtenu
de la régie la connaissance de tel ou tel règlement qu'elle a
l'intention de passer.
Quant à moi...
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre me permet de lui dire pourquoi
j'ai dit ça?
M. JOHNSON: Un instant. M. le Président, la régie qui se
lancerait dans l'assurance, à première vue...
M. LESAGE: Elle se lance là.
M. JOHNSON: ... ça ne me tente pas.
M. LESAGE: Mais elle se lance.
M. JOHNSON: Cela ne me plait pas.
M. COURCY: C'est le bill.
M. JOHNSON: Cela ne me tente pas.
M. CHOQUETTE: Pourquoi ne formez-vous pas une compagnie qui serait une
compagnie d'assurance du gouvernement?
M. JOHNSON: C'est une solution temporaire. Nous allons voir comment
ça fonctionne et à mesure qu'il va falloir garantir les
transformateurs ou acheteurs de produits agricoles dans d'autres domaines, il
faudra éventuellement en arriver à une corporation. Il nous
faudra en arriver à une corporation qui s'occupera d'assurance,
elle.
M. CHOQUETTE: Alors, c'est éventuellement ce vers quoi nous
allons.
M. JOHNSON: J'ai même averti des membres, un membre de la
régie, de ne pas considérer comme prérogatoire à
leur compétence ou comme un jugement défavorable la
décision que le gouvernement, éventuellement, prendra de sortir
cette assurance de leurs mains. Car, en soi, je n'aime pas l'idée, moi,
de voir un juge qui est en même temps témoin, et en même
temps expert.
M. COURCY: Alors, vous êtes de notre avis.
M. JOHNSON: C'est une situation temporaire pour régler un
problème qui est urgent. Nous avons dit dans le temps à la
régie: « D'accord, nous passons une loi à partir de
maintenant, du moment où nous vous parlons, le gouvernement se porte
garant de ce qui pourrait survenir...
M. COURCY: C'est là.
M. JOHNSON: ... à condition que vous appliquiez évidemment
les prévisions, sauf celle-là qui leur imposait d'enlever le
permis à tous ceux qui n'avaient pas de bon de garantie. » Cela
aurait été un désastre. Tout ce lait-là, qu'est-ce
qu'on en aurait fait?
Alors, le problème est en voie de règlement. Cela durera
combien de temps sous cette forme-là? Je ne le sais pas, mais nous en
arriverons éventuellement, je crois bien, à une corporation qui
s'occupera d'assurance.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le premier ministre me permettrait une
observation?
M. JOHNSON: Oui.
M. CHOQUETTE: Vous avez donné l'exemple tout à l'heure
d'un cas où, par exemple, la régie donnerait une extension
à un marchand de lait qui ne peut pas temporairement payer ses
producteurs. Alors, admettons, par exemple, qu'une laiterie a un cautionnement
de 30 jours: la régie pense que la situation financière de cette
laite- rie est simplement, temporairement en mauvais état. Donc, elle
lui donne une extension de 30 jours additionnels, de 60 jours.
Or, le cautionnement qu'elle a elle-même autorisé n'est
qu'un cautionnement de 30 jours qu'elle avait précédemment
autorisé. Alors, là il peut survenir un problème et c'est
le problème que je signalais tout à l'heure. Je suis content de
voir que le premier ministre l'avait noté lui-même...
M.VINCENT: Cela, c'est du passé! M. LESAGE: Mais non.
M. CHOQUETTE: ... puisque le premier ministre vient de le dire: Le
ministre de l'Agriculture ne comprend pas.
M. LESAGE: C'est le ministre de l'Agriculture qui ne comprend pas.
M. CHOQUETTE: ... le premier ministre, quand il parle...
M. LESAGE: Le premier ministre comprend, lui.
M. CHOQUETTE: Quand le premier ministre dit des choses qui sont bien
fondées ça fait plaisir aux membres de l'Opposition de le
reconnaître mais apparemment pas au ministre de l'Agriculture.
M. HAMEL: Vous le prenez à votre façon, quand ça
fait votre affaire.
M. CHOQUETTE: Cela fait notre affaire, parce que c'est la
réalité, c'est qu'on fait jouer un rôle ambigu ou
équivoque aux membres de la régie des marchés
agricoles.
M. JOHNSON: Non, non.
M. CHOQUETTE: Ce ne sont pas des assureurs...
M. JOHNSON: Vous n'êtes pas dans le vent: c'est un rôle
polyvalent qu'on leur fait jouer.
M. CHOQUETTE: Un rôle ambivalent, admettons, pas polyvalent,
ambivalent. Je pense que des complications surviendront de cette solution que
le gouvernement nous propose.
M. VINCENT: Quelle solution?
M. LESAGE: Moi, M. le Président, ce qui
me préoccupe c'est ceci, c'est que le ministre de l'Agriculture
ne semble pas comprendre quel va être l'effet du projet de loi qu'il
présente. En effet, il a déclaré qu'à l'avenir,
grâce à ce bill, il n'y aura plus un producteur qui perdrait un
seul cent. Or, de la discussion que nous venons d'avoir, des propres paroles du
premier ministre, il appert clairement que tout ce que le bill fait, c'est de
permettre à la régie d'émettre des polices de garantie
parce que les compagnies d'assurance refusent de le faire maintenant, c'est
tout.
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: Or, même lorsqu'il y avait assurance...
M. VINCENT: M. le Président...
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais terminer ma remarque? J'en ai pour une
seconde, M. le Président.
M. VINCENT: Sur une question de privilège, M. le
Président. Le chef de l'Opposition dit que je ne comprends pas le projet
de loi que je présente. Si le chef de l'Opposition veut simplement
écouter pour quelques minutes, je vais lui donner les
explications...
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas une question de privilège, j'ai
le droit de répondre, M. le Président.
M. COURCY: Il doit répondre!
M. VINCENT: ... qu'il ne peut pas comprendre. D'abord si la régie
des marchés...
M. LESAGE: Tout à l'heure, j'ai essayé d'interrompre, on
ne m'en a pas empêché et puis là... C'est le bâillon,
M. le Président.
M. VINCENT: ... agricoles du Québec émet de nouvelles
ordonnances qu'elle veut changer depuis 1962...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition avait des remarques
à compléter.
M. LESAGE: Oui, oui, j'en avais pour deux minutes. Le seul objet du
bill...
M. BELLEMARE Il faudrait laisser parler le ministre. Vous l'avez
interrompu...
M. LESAGE: Je l'ai interrompu et puis il ne m'a pas permis de le faire,
alors j'ai repris mon siège, c'est tout.
M. BELLEMARE: Il n'a pas pu s'expliquer non plus.
M. LESAGE : Mon Dieu! Il s'est expliqué en deuxième
lecture et il a soutenu que, grâce à l'adoption de ce bill, il n'y
aurait plus jamais un producteur qui perdrait un seul cent.
M.VINCENT: Et je vais le soutenir!
M. LESAGE: Or, M. le Président, de la discussion que nous venons
d'avoir et des paroles du premier ministre, il appert clairement que l'objet du
bill, à cause de la situation présente, situation dans laquelle
les compagnies d'assurance refusent d'émettre des polices... Le premier
ministre dit lui-même: « Temporairement, nous confions
l'émission des polices de garantie à la régie ».
M. JOHNSON: Ah! c'était plus nuancé que ça.
M. LESAGE: J'essaie de résumer: un résumé c'est
toujours mauvais, évidemment, surtout quand c'est d'un grand discours
bien fait.
M. ROY: Un résumé à votre avantage!
M. LESAGE: Mais le résumé de ses paroles c'est
ça...
M. JOHNSON: Non, non.
M. LESAGE: ...c'est qu'étant donné que les compagnies
d'assurance refusent d'assurer, temporairement, et puis je n'aime pas ça
c'est le premier ministre qui parle temporairement, nous confions
ce travail, cette obligation, cette responsabilité à la
régie ». Mais c'est la garantie que donnaient les compagnies
d'assurance, les polices d'assurance. Or, même avec des garanties
données par les compagnies d'assurance, il est arrivé que ces
garanties soient insuffisantes pour couvrir le montant des pertes et c'est le
cas qui a été soumis par le député de Huntingdon,
et le ministre de l'Agriculture lui-même a dit que la garantie
était de $300,000 en vertu de la police. Mais, comme la dette
était de $492,000 ou de $494,000 ou de $496,000 eh bien, il y aurait
perte de $192,000, $194,000 ou $196,000...
Nous avons mentionné $190,000 tous les deux, je pense. Nous nous
étions entendus là-dessus. Cela, c'est une perte au-delà
de la police, mais
il a dit que ça ne pourrait plus se répéter. Or,
d'après l'explication que je comprends du bill, après les paroles
du premier ministre, une telle perte est encore possible malgré
l'adoption du bill.
M. VINCENT: Donnez-nous un exemple.
M. LESAGE: Bien, je donne l'exemple. Si la police d'assurance dans le
cas de la Mont-Royal avait été émise aux mêmes
termes et conditions par la régie des marchés au lieu de
l'être par la compagnie d'assurance, la situation aurait
été exactement la même.
M. COURCY: Rien de changé.
M. LESAGE: Exactement la même. Et il y aurait eu perte quand
même.
M. COURCY: Il y en aura encore, si ça ne change pas.
M. LESAGE: Et puis, à moins qu'il ne s'agisse de faire plus qu'un
remplacement des polices des compagnies d'assurance par des polices
délivrées par la régie des marchés, je ne vois pas
que la situation soit changée.
M. VINCENT: Bon, M. le Président, est-ce que je peux
répondre?
M. LESAGE: Bon, c'est le temps.
M. VINCENT: En vertu...
M. LESAGE: Si j'ai tort, tant mieux, mais...
M. VINCENT: Est-ce que le chef de l'Opposition a terminé?
M. COURCY: Bien, voyons donc.
M. LESAGE: Je viens de vous le dire.
M. VINCENT: M. le Président, en vertu du bill 46, s'il est
adopté par la Chambre, la régie des marchés pourra changer
l'ordonnance du mois d'août 1962 où elle exigeait une
période de couverture de tant de jours si un acheteur de lait ou un
marchand de lait payait tous les quinze jours, tous les jours ou tous les mois.
Elle exigeait une période de tant de jours, une période de
couverture. Si le bill 46 est adopté, la régie des marchés
va pouvoir changer l'ordonnance.
M. LESAGE: Oui, comment?
M. VINCENT: Et l'ordonnance, elle va la changer suivant qu'elle jugera
que la période de couverture sera équitable pour le producteur
afin de couvrir tous les producteurs. Si, par exemple, d'après
l'ordonnance nouvelle qui sera édictée par la régie, un
marchand paie tous les producteurs tous les quinze jours et qu'on étend
la période de couverture à X jours, 30 jours, 35 jours, 40 jours,
45 jours, 50 jours, je ne le sais pas. C'est la régie des marchés
qui va prendre cette décision.
M. LESAGE: Oui.
M. VINCENT: Après cette période de couverture de 40 jours,
45 jours ou 50 jours...
M. COURCY: Oui.
M. VINCENT: ... chacun des producteurs laitiers, chacun des
producteurs-fournisseurs sera averti par lettre.
M. COURCY: Comme il l'est d'ailleurs dans trente jours.
M. LESAGE: Il l'est actuellement.
M. VINCENT: Et ces producteurs laitiers qui seront avertis par lettre,
si le même jour ou dans les jours très prochains qui suivent,
après une livraison, peut-être une deuxième livraison, ils
arrêtent d'expédier du lait à cette usine, je suis certain
et nous pouvons être assurés que ceproducteur-fournisseur ne
perdra pas un sou à l'avenir pour la livraison du lait.
M. COURCY: Ah! ça change là. Cela change. Ce n'est plus la
même chose.
M. VINCENT: Mais, si le producteur laitier livre son lait à une
usine de transformation qui n'a plus de bon de garantie, qui n'a plus cette
garantie de la régie, là il peut perdre de l'argent. Mais ce que
je dis c'est qu'en vertu de ce bill 46, avec la nouvelle ordonnance, avec les
nouveaux règlements, le producteur-fournisseur sera
protégé des situations comme nous en avons vues depuis 1944, qui
ne se répéteront plus, et nous n'aurons pas à
déplorer des pertes de $192,000.
M. COURCY: Cela ne change rien du tout.
M. LESAGE: Cela ne change rien à la situation actuelle.
M. COURCY: Actuellement, M. le Président...
M. LESAGE: C'est ça actuellement, tout ce que vous dites, c'est
ça actuellement.
M. COURCY: ... c'est ce qui se produit depuis des années. Trente
jours de garantie, la régie des marchés agricoles avise le
producteur, la garantie étant dépassée, d'arrêter de
fournir du lait, et le cultivateur continue à fournir et.».
M. LESAGE: C'est là qu'il perd.
M. COURCY: ... à un moment donné on se réveille
avec $192,000 de perte. Peu importe que le nombre de jours de garantie soit de
trente ou de soixante jours, s'il y a soixante jours, la régie des
marchés avise le cultivateur: le bon de garantie qui était
donné pour $400,000 ou $500,000 couvrant une période de soixante
jours de paie... Eh bien! si le cultivateur continue de fournir du lait...
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que l'honorable
député d'Abitibi-Ouest a demandé la parole?
M. LESAGE: Il l'a fait.
M. COURCY: J'ai demandé la permission.
M. LESAGE: Certainement. C'est lui qui a la parole.
M. COURCY: M. le Président, dans ce cas-là, le ministre a
dit: Nous allons quand même payer...
M. VINCENT: M. le Président...
M. COURCY: Il nous disait ça tout à l'heure.
M. LESAGE: Le ministre de l'Agriculture avait repris son
siège.
M. COURCY: Très bien, on finit.
M. VINCENT: Ah! j'avais repris mon siège?
M. LESAGE: Oui.
M. CHOQUETTE: Vous ne vous en étiez pas aperçu.
M. ROY: Il est occupé: président des comités,
président de l'assemblée, tout ça.
M. LESAGE: M. le Président, quand on est bien occupé, on
dit moins de bêtises.
M. VINCENT: M. le Président, donc en vertu de l'article 1 de ce
présent bill, à l'avenir le seul mode de garantie qui sera
accepté est celui du dépôt d'un cautionnement et seule la
régie des marchés agricoles pourra émettre des polices
moyennant le paiement d'une prime versée par le marchand de lait. Cela,
c'est pour l'avenir.
Le nouvel article 8 des produits laitiers, tel qu'il est proposé
dans l'article 1 du bill, prévoit que la régie des marchés
agricoles du Québec peut délivrer une police aux marchands de
lait de la province en vue de garantir, aux producteurs-fournisseurs, le
paiement du lait livré aux établissements laitiers. S'il y a
défaut du marchand de lait, la régie versera la somme due soit au
producteur fournisseur créancier, soit à l'organisme et, dans ces
cas, c'est l'office des producteurs, la coopérative ou le syndicat
professionnel, chargé d'administrer un plan conjoint, si ce dernier agit
comme agent de vente des producteurs qu'il groupe.
Maintenant, le nouvel article 9 de la loi des produits laitiers,
proposé à l'article 1 du bill, donne à la régie des
marchés le pouvoir d'adopter les règlements nécessaires
à l'application de l'article 8 précité,
particulièrement quant aux conditions que le marchand de lait doit
remplir pour obtenir une telle garantie. Les renseignements qu'il doit fournir,
la teneur des demandes d'assurance et des polices, la durée de ces
dernières, les taux de prime et leurs modalités de paiement. Et
avant que ces règlements puissent entrer en vigueur, ils doivent
être soumis au surintendant des assurances de la province et le
lieutenant-gouverneur en conseil devra les approuver. Ils seront ensuite
publiés dans la Gazette officielle du Québec. Cela, c'est ce qui
concerne les règlements que la régie doit soumettre au service
des assurances pour donner la durée des polices, des taux de primes, des
modalités de paiement. Mais, je suis convaincu que l'honnorable
député d'Abitibi-Ouest, comme les autres, comprendront qu'il
faudra nécessairement, avec ces nouveaux règlements, changer
l'ordonnance de 1962. D'accord?
M. COURCY: Oui. C'est ça qu'on veut savoir.
M. FRASER: Est-ce que je peux poser une question? Est-ce que ce ne
serait pas mieux de mettre un bon de garantie pour un montant d'argent
suffisant pour couvrir une période de six semaines. Un mois de plus que
le mois de production? Ne pas mettre de terme de jour, mais mettre un terme de
montant d'argent suffisant pour couvrir les paiements. Ce n'est pas le jour,
c'est l'argent compris dans les polices...
M. VINCENT: Le but visé par le ministère, le gouvernement
et je suis certain que la régie des marchés vise aussi ce
but c'est de demander à tous les marchands de lait d'avoir une
garantie suffisante pour une période de temps assez longue, afin que
tous...
M. FRASER: C'est ça.
M. VINCENT: ... les producteurs fournisseurs de lait aient la certitude
d'être payés.
M. FRASER: C'est ça.
M. VINCENT: Mais pour ce faire, il faut d'abord accepter le bill 46.
Deuxièmement, changer l'ordonnance. C'est la régie qui a
autorité de le faire, l'ordonnance de 1962. Troisièmement,
adapter des règlements qui seront soumis au service des assurances,
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil, publiés dans
la Gazette officielle du Québec pour en arriver justement à ce
que demande l'honorable député de Hunthington. C'est tout le
processus qui sera suivi par le ministère de l'Agriculture, par la
régie des marchés et par le gouvernement pour, justement, en
arriver à ce que demande l'honorable député de
Hunthington.
M. FRASER: J'espère que les compagnies qui se sont bien
financées ne seront pas punies pour protéger les compagnies qui
n'ont pas de finance.
M. COURCY: C'est ce qui va se passer.
M. VINCENT: Mais est-ce qu'on est contre le bill 46? Est-ce qu'on est
contre le principe du bill 46?
M. COURCY: Nous voulons que le ministre dise réellement ce qui
doit se passer, afin que nous sachions ce que le bill apporte...
M. VINCENT: Dans quoi?
M. COURCY: ... parce que nous savons une chose...
M. JOHNSON: Il ne s'appelle pas Mackenzie King, lui.
M. COURCY: ... c'est que dans un cas où le volume de lait serait
garanti pour le montant de $300,000 dans une laiterie quelconque... pour le
paiement d'une quinzaine de lait actuellement, le ministre le sait, $600,000
sont versés en garantie, soit en argent, soit en dépôt de
toutes autres valeurs données à la régie pour garantir les
$600,000 de paiement pendant un mois. Et les règlements disent que tout
marchand de lait est dans l'obligation de payer le lait qu'il a reçu
quinze jours au plus tard après la réception. C'est dire que, du
1er au 15 du mois, la paye doit se faire le 31 de l'autre mois au plus tard.
Alors, à partir de ce moment-là, il y a quinze jours de lait
peut-être à payer mais étant donné qu'il y avait
déjà quinze jours de lait, ça fait $600,000 de garantie.
Si le laitier ne paye pas le montant de sa première paye, sa
première quinzaine, la régie doit aviser les
producteurs-fournisseurs le premier, le 2 et le 3 de l'autre mois, que le lait
livré aux petits marchands de lait n'est pas couvert par une garantie et
si les cultivateurs continuent l'expédition pendant encore quinze jours
sans recevoir de paie, il y a trois semaines de livraison de lait et avec une
garantie de deux quinzaines, ça veut dire un mois de garantie et une
livraison de trois quinzaines, deux quinzaines garanties. A partir de ce
moment, le cultivateur est couvert 30 jours et les autres quinzes jours ne sont
pas couverts, advenant le cas d'une faillite. C'est ça? Bon, peu
importe, si nous changeons, si nous amendons les règlements, il y aura
toujours un montant déterminé et le montant qui sera
déterminé sera le volume de lait qui entre dans une laiterie par
quinzaine. Et nous demandons au ministre combien de quinzaines, s'il y a un
montant déterminé, par exemple deux quinzaines, comme c'est
là, ça veut dire 30 jours. S'il y a trois quinzaines, 45 jours,
quatre quinzaines, 60 jours, si à partir de 60 jours la garantie ne vaut
plus pour le cultivateur... J'ai demandé au ministre: Comment fera-t-il
pour couvrir les 60, 70, 75 jours où il pourra y avoir livraison de
lait? Le ministre a répondu: Les cultivateurs seront entièrement
payés parce qu'avec la nouvelle loi, c'est impossible, il n'y aura plus
de pertes. Moi, je dis que le ministre s'est trompé. Il y aura encore
des pertes comme il y en a actuellement. Peu importe qui paie. Aujourd'hui, ce
sont les compagnies d'assurance qui paient la garantie: demain, ce sera la
régie, garantie par le gouvernement. Il n'y a pas de différence
là-dessus. Mais la régie devra prendre des moyens, cependant,
pour surveiller la mise en application de ces règlements qu'elle fera et
si après 60 jours admettons qu'on donne une extension au nombre
de jours, au nombre de quinzaines pour le paiement du lait ou, comme
actuellement, 30 jours, la régie n'a pas les moyens de faire
arrêter, soit en fermant la porte ou autrement, il y aura toujours des
pertes. Mais j'ose espérer que ces pertes que les cultivateurs ont
faites dans le passé, il y en aura de moins en moins
parce qu'il y aura plus de surveillance, non seulement de la part de la
régie, mais il y aura aussi des décisions à prendre de la
part des producteurs eux-mêmes.
Je sais que le vice-président de l'office et le secrétaire
de la régie, qui sont ici, le savent. Même, parfois, après
avertissement et en règle générale, après
avertissement par la régie, on trouve des moyens et on trouve la
possibilité de continuer à livrer du lait et on s'aperçoit
à un moment donné qu'on a fait une erreur. C'est là que la
régie est prise dans une situation difficile. Dans ces situations
difficiles, le gouvernement, par la régie, garantira-t-il le paiement de
ce lait qui est allé en dehors des polices de garantie?
M. VINCENT: D'après le nouveau bill 46, c'est-à-dire,
d'après l'article 11, « nul ne peut être marchand de lait ni
agir comme tel s'il ne détient pas une police de garantie en vigueur
délivré par la régie en vertu de l'article 8 pour le
montant fixé par la régie, selon l'échelle établie
en vertu du paragraphe 2 de l'article 13. » C'est clair? Bon. Et,
d'après la Loi des produits laitiers, à l'article 33: « au
cas de contravention à l'article 4 ou à l'article 8, »...
Il va y avoir un amendement de concordance. Mais au cas de contravention,
suivant les ordonnances de la régie ou autres, « ordonner la
fermeture de la fabrique à moins que dans les huit jours de la
signification du jugement le délinquant ne se mette en règle. Si
un délinquant ne satisfait pas ce jugement, s'il continue ses
opérations après l'expiration du délai, la régie
doit fermer la fabrique et la tenir fermer en employant la force requise
jusqu'à ce qu'il ait été satisfait ».
M. COURCY: Est-ce que la régie a déjà fermé
un seul établissement?
M. VINCENT: Oui, vous en avez fermé, je crois. Il y en a deux qui
ont été fermés par la régie. Je suis au courant. Il
y a une laiterie ici justement qui a fait faillite, De Beaujeu Daries en
1965.
M. LESAGE: Non, fermées par la régie?
M. VINCENT: Fermée par la régie.
M. LESAGE: C'est évident, si elle a failli.
M. VINCENT: Elle a fait faillite après.
M. LESAGE: Après la fermeture?
M. VINCENT: C'est ça. Après la fermeture, elle a fait
faillite. C'est là que les producteurs-fournisseurs avaient perdu
$63,915.50.
M. COURCY: En 1965?
M. VINCENT: Oui, en 1965. On avait fermé un autre
étalissement, je ne me souviens pas duquel.
M. COURCY: Bon, continuons. En tout cas, quelques-unes ont
été fermées.
M. VINCENT: Deux, je crois. Maintenant, comme cet argent ou ces primes
seront versées par des marchands de lait, j'aimerais tout de suite
signifier à cette Chambre, au comité, que nous désirons
apporter une petite modification à l'article 9 de la loi telle que
proposée à l'article 1 du bill 46 en remplaçant le dernier
alinéa par le suivant: « Les règlements
édictés par la régie en vertu du présent article
doivent être soumis au surintendant des assurances. Ils peuvent aussi
être soumis à un comité consultatif institué par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Ils n'entrent en vigueur qu'après leur
approbation par le lieutenant-gouverneur en conseil. »
M. COURCY: Un comité consultatif?
M. VINCENT: Bien, voici. Ce nouveau texte prévoit que la
régie des marchés agricoles peut en plus consulter les parties
intéressées...
M. LESAGE: Bien oui, mais alors...
M. VINCENT: ... avant l'adoption des règlements prévus
à l'article...
M. LESAGE: Vous n'avez pas besoin de mettre ça dans la loi.
M. CHOQUETTE: Vous vous compliquez l'existence pour rien.
M. VINCENT: Les associations, les coopératives, les associations
d'industriels laitiers ont demandé...
M. LESAGE: Vous compliquez le texte de la loi.
M. COURCY: La régie peut le faire, actuellement.
M. JOHNSON: Laissez donc parler le ministre.
M. LESAGE: Il a parlé. M. JOHNSON: Pourquoi cet acharnement? UNE
VOIX: Il parle pour ne rien dire. M. BERTRAND: Contre l'agriculture.
M. COURCY: C'est comme la chambre agricole, c'est...
M. LACROIX: C'est comme la chambre à gaz, c'est pour endormir les
cultivateurs.
UNE VOIX: Cela ne veut rien dire. Des mots inutiles.
M. VINCENT: D'après nous, il a semblé équitable que
la régie puisse justement rencontrer les marchands...
M. LESAGE: Et elle l'a, le pouvoir...
M. VINCENT: Pas en vertu de cette nouvelle législation.
M. LESAGE: Bien oui! Oui!
M. VINCENT: Elle a les pouvoirs en comité consultatif, elle a
certains pouvoirs avec un comité consultatif, mais pas en vertu de cette
nouvelle législation, comité qui un jour, comme le disait le
premier ministre tout à l'heure, sera enlevé à la
régie des marchés pour probablement devenir un organisme
complètement indépendant de la régie des marchés,
ou même peut-être du ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation. Et c'est là que nous avions l'intention de prévoir
immédiatement que les principaux intéressés,
c'est-à-dire ceux-là mêmes qui vont contribuer à la
composition de ce fonds pour rembourser les producteurs-fournisseurs, puissent
être consultés. Et je dois dire tout de suite que ce comité
consultatif sera composé probablement d'un représentant des
coopératives agricoles, d'un représentant des industriels
laitiers, de quelques représentants de personnes
intéressées à payer ces primes. Ces personnes ne seront
même pas payées, et même pas les dépenses de voyage
pour assister à ces réunions-là. Cela est une demande qui
nous a été faite par des associations, par les
industriels-laitiers et les coopératives, et nous avons cru qu'il serait
préférable de la soumettre au comité afin que le
comité l'accepte et que la régie puisse, justement dans
l'application de ce bill 46, de cette nouvelle législation, consulter
les personnes intéressées.
Donc, si la Chambre est consentante, nous aimerions apporter cet
amendement à l'article 1 du nouvel article 9 de la Loi des produits
laitiers. Je vais simplement distribuer...
M. COURCY: Si je comprends bien, le ministre a l'intention de former un
nouveau comité consultatif...
M. CHOQUETTE: Spécifique?
M. VINCENT: Spécifique, parce que ça va être
complètement en dehors de la loi de la régie des marchés.
Parce que le comité consultatif que nous avons à l'heure actuelle
est là pour conseiller la régie sur la question de la mise en
marché, sur la question des plans conjoints. Comme l'application de
cette législation spéciale est complètement en
dehors...
M. CHOQUETTE: Mais est-ce que vous ne seriez pas mieux
immédiatement de former un fonds ou une corporation ayant une
peronnalité civile qui émettrait ces polices d'assurances
là, à qui le gouvernement permettrait de recevoir les primes? Il
me semble que le gouvernement se complique la vie inutilement à vouloir
passer par plusieurs phases différentes. Parce que là vous formez
un comité consultatif, vous donnez des pouvoirs à la régie
d'émettre des polices d'assurance, vous faites de l'assurance et vous ne
faites pas ce qu'il me semblerait urgent de faire former un fonds
distinct qui serait administré sur une base financière saine.
Là ce qui est à craindre dans le projet actuel du gouvernement,
c'est que ce soit un gouffre, un moyen ni plus nin moins de venir combler les
déficits continuellement...
M. VINCENT: Non, non, non.
M. CHOQUETTE: ... et qu'on n'exige pas des primes suffisantes de la part
des marchands de lait pour permettre l'achat ou la vente de lait par les
cultivateurs. C'est ça qui est à craindre. Tandis qu'un organisme
distinct, qui serait administré par des gens qui ont de
l'expérience dans le domaine de l'assurance, saurait exiger des primes
correspondant aux risques qui vont être assumés par le
gouvernement, en définitive.
M. VINCENT: M. le Président, il est bien entendu que ce serait
l'idéal si nous avions pu en arriver à un projet incluant tout ce
que nous avons l'intention d'apporter comme régime de protection pour
les producteurs-fournisseurs ou les cultivateurs pour garantir le paiement de
leurs produits.
C'est, d'ailleurs, ce que nous avions l'intention de faire, et c'est
d'ailleurs ce que nous avions dans le programme politique électoral de
l'Union Nationale. Mais nous pensions pouvoir mettre en application ce
programme sur une période de quatre ans. Autrement dit, nous permettre
à la première session, à la deuxième session,
à la troisième session, entre ces sessions, de faire ce travail.
Malheureusement, nous avons constaté qu'il y avait des trous, beaucoup
de trous dans ce qui existait déjà. Nous pensions, après
avoir lu les huit colonnes dans les journaux, que tout le travail était
fait et nous nous sommes rendu compte qu'il fallait apporter dès la
première session, des législations d'urgence.
M. CHOQUETTE: Oui, mais est-ce qu'il n'y a pas intérêt
à bien faire tout de suite ce qu'on veut faire, au lieu, de commencer
par un projet qui est à moitié votre programme électoral
et à moitié, peut-être, notre programme électoral?
Cela serait peut-être mieux de prendre le temps nécessaire de
faire un projet qui se tienne immédiatement.
M. VINCENT: Bien, c'est ça que nous aurions aimé que
l'ancien gouvernement fasse.
M. COURCY: Cela aurait été, on ne vous retarde pas, au
mois d'août 1966.
M. VINCENT: Non, non.
M. LESAGE: Vous êtes au pouvoir depuis le mois de juin!
M. VINCENT: Oui, mais la situation existe depuis 1963.
M. COURCY: Ah non, bien avant ça.
M. VINCENT: C'est plus grave depuis ce temps-là...
M. COURCY: Depuis qu'il y a le comité de l'industrie
laitière.
M. VINCENT: C'est plus grave depuis ce temps-là, depuis 1963.
M. LESAGE : C'est grave depuis le mois de juin, voyez-y!
M. VINCENT: Oui, c'est grave depuis le mois de juin, certainement.
M. LESAGE: Voyez-y!
M. VINCENT: Il y a eu une faillite en décembre 1965 et puis en
juin, en juillet.
M. LESAGE: Voyez-y comme il faut!
M. VINCENT: C'est justement la raison pour laquelle nous apportons cet
amendement à la Loi des produits laitiers, cette solution, afin...
M. LESAGE: Nous voulons aider le gouvernement.
M. COURCY: Le président fait signe que oui, qu'on peut aider le
gouvernement.
M. VINCENT: Accepté? Article 1.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre me permettrait une question? Sous
l'ancienne législation, le marchand de lait qui était acheteur de
lait des producteurs pouvait offrir trois genres de cautionnement: soit un
cautionnement d'une police d'assurance, soit un dépôt de valeurs,
d'obligations de la province ou d'obligations du Canada ou encore un
dépôt en argent entre les mains, si je me souviens bien, du
ministre des Finances. Est-ce que le ministre pourrait me dire pourquoi, en
vertu du projet qui est soumis actuellement à la Chambre, vous avez
éliminé la possibilité de faire un dépôt de
valeurs auprès du ministre des Finances ou auprès de la
régie des marchés agricoles puisque la régie devient
l'organisme régulateur de ces activités-là? Parce que
ça me semble avoir des avantages de pouvoir permettre le
dépôt de valeurs. Celui qui peut déposer, par exemple, des
valeurs solides et reconnues n'est pas obligé de payer une prime
à ce moment-là, puisque les valeurs ont un cours sur le
marché.
M. VINCENT: M. le Président, l'an dernier, sur un total de
$13,842,200, total des bons de garantie que nous avions en septembre 1966, il y
avait un montant de $1,822,100 en dépôt.
M. CHOQUETTE: En dépôt de valeurs?
M. VINCENT: En dépôt de valeurs, oui. Donc environ 15%. Et
le principe de l'assurance, après en avoir discuté avec le
surintendant des assurances, son personnel, avec des avocats... Pour ne pas
détruire ce principe des assurances, il fallait nécessairement
inclure tous les marchands de lait sans exception, pour ne pas en arriver au
jour où la prime: Disons qu'un jour le fonds est constitué d'un
montant de $1,500,000 et que la prime que nous allons charger, que
ce soit la régie ou un autre organisme qui est chargé
d'administrer cette politique et les autres politiques qui viendront
disons que le montant est de $1,500,000 dans le fonds de secours et que nous
considérons que nous devrions diminuer les primes à presque rien,
aune valeur nominale, est-ce que nous devrions encore exiger des
dépôts de valeur pour la totalité ou pour un montant assez
substantiel.
Donc, pour le principe des assurances, il fallait nécessairement
adopter un principe uniforme, c'est-à-dire adopter une politique
uniforme pour tous les marchands de lait à travers la province.
M. CHOQUETTE: Le ministre m'a convaincu.
M. VINCENT: Vous ne me dites pas! Je me lance une fleur. J'ai convaincu
un avocat.
M. COURCY: C'est parce qu'il n'a pas compris ce que le ministre a
dit.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'à l'article 1 l'amendement sera
adopté?
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 1, adopté? Adopté.
Article 2.
M. VINCENT: A l'article 2, nous proposons d'ajouter à l'article 1
du bill ah! c'est mon erreur, excusez-moi . On se propose
d'ajouter à l'article 1 du bill l'article 12a) suivant.
M. LESAGE: Je pense que, depuis le bill de Montréal, le ministre
de l'Agriculture a pris une mauvaise habitude, l'habitude des papillons.
M. VINCENT: L'ancien ministre des Finances va comprendre cette
exigence.
M. LESAGE: J'avais un amendement à suggérer à
l'article 3, et je l'ai envoyé au début de la séance aux
membres du gouvernement.
M. VINCENT: Non, non, je les avais ici. C'est parce que.».
M. LESAGE: Bien oui, mais si le ministre me l'avait envoyé au
début de la séance, j'aurais eu le temps de l'étudier.
M. VINCENT: J'en ai seulement deux, excusez-moi.
M. LESAGE: J'en avais un.
M. VINCENT: D'ailleurs, c'était prêt. C'est mon erreur,
excusez-moi.
M. COURCY: Est-ce qu'il y en a d'autres?
M. VINCENT: Oui, il y en a un autre après celui-là.
M. LESAGE: Bien, alors suspendons l'article 1 et l'article 2...
M. VINCENT: Non, mais c'est seulement ceci: « La régie au
plus tard le dernier jour de mai de chaque année, doit faire au ministre
de l'Agriculture et de la Colonisation un rapport des opérations
accomplies pour l'année précédente en vertu des articles 8
et 12. Ce rapport doit contenir tous les renseignements que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut prescrire. « Ce rapport est
immédiatement déposé devant l'Assemblée
législative, si elle est en session, ou si elle ne l'est pas, dans les
quinze jours de l'ouverture de la session suivante. Il est aussi transmis sans
délai au surintendant des assurances. »
M. LESAGE: Un instant.
M. VINCENT: En définitive, c'est un rapport annuel des
opérations en vertu de cette législation.
M. LESAGE: Oui, je sais. Mais est-ce que je pourrais regarder le
français? « Un rapport des opérations accomplies pour
l'année précédente ». Franchement, c'est un peu
lourd. C'est un rapport des opérations de l'année
précédente. C'est du franglais. « The operations for the
preceeding year ». C'est une traduction mot à mot. Je pense que le
ministre de l'Agriculture a été contaminé à
Ottawa.
Il aurait bien fait de soumettre son texte au député de
Chicoutimi. Je ne sais pas ce que le député de Chicoutimi pense
de ces mots: « Un rapport des opérations accomplies pour
l'année précédente, en vertu des articles... »
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ressemble aux rapports qui
s'établissent entre les membres de la fédération
libérale...
M. LESAGE: Non, ça ressemble à du franglais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ça ressemble donc au chef de
l'Opposition.
M. LESAGE: C'est un rapport des opérations de l'année
précédente.
M. VINCENT: Est-ce qu'il y a d'autres changements linguistiques?
M. JOHNSON: Il est six heures moins une. Il n'y a personne qui voudrait
se lever, sur une question de privilège relativement à un article
dans le Soleil.
M. LESAGE: Non, je laisse ça au premier ministre. Non, je l'ai
laissé au premier ministre comme apéritif avant de dîner ce
soir.
M. BELLEMARE: Vous l'avez lu?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pas mal mêlé comme
coquetel.
M. GERIN-LAJOIE: C'est pour mieux aiguiser l'appétit.
M. LESAGE: Oui, c'est plutôt Molotov.
M. JOHNSON: Non, je pense qu'il a frappé juste.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que vous avez
l'amendement?
M. JOHNSON: Il est généralement bien renseigné.
M. LE PRESIDENT: L'amendement sera-t-il adopté?
M. LESAGE: Tel que modifié, oui.
M. LE PRESIDENT: Article 2. L'article sera-t-il adopté?
M. VINCENT: M. le Président, l'article 2 est une concordance
seulement.
M. LE PRESIDENT: Adopté, article 3.
M. VINCENT: L'article 3 soustrait les employés de la régie
à l'application de la Loi des assurances et à celle concernant
les agents et courtiers en assurances.
M. LESAGE: Oui, mais ça n'est pas seulement les employés
de la régie qu'il faut. Le but ce n'est pas de soustraire les
employés de la régie, c'est de soustraire justement toutes les
opérations.
M. VINCENT: Oui, oui.
M. LESAGE: Bon, bien alors si c'est de soustraire toutes les
opérations, il faut le dire.
M. VINCENT: Non, non ce ne sont pas les opérations.
M. LESAGE: Et c'est pour ça que j'ai proposé une
modification, un amendement que j'ai envoyé au début de la
séance...
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE: ... au premier ministre et au ministre des Finances.
M. VINCENT: C'est très bien.
M. LESAGE: Il s'agit de remplacer les mots « aux employés
de la régie » qu'on trouve dans les 6e et 7e lignes de l'article
37 par les mots suivants « A la régie, aux régisseurs,
à ses fonctionnaires et employés non plus qu'à des actes
relatifs à une police de garantie prévue à la
présente loi ». Je l'ai soumis au début de la séance
au premier ministre et au ministre des Finances.
M. VINCENT: Oui, d'accord.
M. JOHNSON: D'accord. A quelle heure les modérés
explosent-ils?
M. VINCENT: Bon, M. le Président, maintenant c'est l'article
3.
M. COURCY: On est mieux d'avoir des modérés que des
arriérés.
M. LE PRESIDENT: Article 3. Adopté.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. LESAGE : Bien, il y a des modifications à l'article 4. Il est
passé six heures. Nous regarderons ça. Je vais les regarder entre
six et huit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme digestif.
M. JOHNSON: Somme toute, ce n'est pas
mauvais pour le chef actuel. C'est un bon article pour le chef.
M. BELLEMARE: Je suis bien favorable. D'ailleurs, je vais en parler dans
mon discours.
M. LESAGE: Je ne sais pas, je l'ai lu très rapidement.
M. COURCY: Vous n'avez pas analysé ça, la Chambre, ici,
les réformistes, les modérés puis les
arriérés.
M. JOHNSON: Je recommande au chef de l'Opposition de lire attentivement:
ça va jeter un peu de baume.
M. COURCY: L'immobilisme!
M. JOHNSON: Cela va jeter un peu de baume sur ses plaies.
M. COURCY: Baume de myrrhe!
M. LESAGE: Est-ce que je dois comprendre que, dès que nous aurons
terminé l'étude du bill 46...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: ... nous entreprendrons l'étude du bill 39?
M. JOHNSON: Bill 38.
M. LESAGE: Bill 38 ou 39?
M. JOHNSON: Le bill concernant' la Commission des écoles de
Montréal et le Protestant Board.
M. LESAGE: J'ai compris qu'il fallait absolument l'adopter aujourd'hui,
celui-là.
M. JOHNSON:Il faudrait le faire sanctionner dès cette
semaine.
M. LESAGE: Justement, est-ce que ça va être bien long?
M. JOHNSON: C'est très simple.
M. LESAGE: On me dit que la discussion sur le présent bill sera
très court.
M. JOHNSON: Très bien. Huit heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à huit
heures ce soir.
Reprise de la séance à 8 h 9 p.m. M. LEBEL
(président du comité): A l'ordre!
M. VINCENT: M. le Président, je crois que nous en étions
à l'article 4. L'article 4 du bill 46 établit un régime
intérimaire qui durera jusqu'au 1er juin prochain. Les marchands de lait
qui, selon le ministre des Finances et après recommandation de la
régie des marchés, ne peuvent obtenir une garantie selon les
modalités actuelles de la Loi des produits laitiers pourront être
garantis par le ministre des Finances aux conditions que ce dernier
déterminera. Et aussi, à l'article 4, nous aimerions apporter une
modification pour respecter les exigences linguistiques. Nous allons proposer
de remplacer, dans la sixième ligne, les mots: « au moyen d'une
prime » par les mots « moyennant une prime ». D'accord?
M. LESAGE: Bien sûr.
M. VINCENT: Vous l'avez, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LESAGE: Est-ce que c'est « moyennant une prime »?
M. VINCENT: Oui. Changez les mots « moyen d'une prime » par
« moyennant une prime ».
M. LESAGE: Oui, oui. J'ai très bien compris, mais je me demande
comment ça marche avec le reste de la phrase.
M. VINCENT: « ... conseil garantir, moyennant une prime et aux
autres conditions qui déterminent le paiement des sommes que le marchand
doit. »
M. LESAGE: C'est bien. Je me demandais si on devait dire « autres
conditions » ou si on devait dire « et aux conditions ».
Mais, je crois qu'il faut laisser le mot « autre », parce que la
prime est elle-même une des conditions.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté? Adopté.
M. COURCY: Oui.
M. VINCENT: Les autres conditions ne sont pas nécessairement
monétaires.
M. LESAGE: Je demandais purement et simplement s'il fallait laisser
là le mot « autre », et, après réflexion, je
crois qu'il faut le
laisser, parce que la prime est elle-même une condition.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, avant l'article 5, tel
que nous pouvons le lire dans le bill 46, nous aimerions, si le comité y
consentait, insérer, après l'article 4, l'article suivant qui
portera le numéro cinq...
M. LESAGE: Et qui nous donne raison sur l'interprétation que nous
donnons au projet de loi.
M. VINCENT: Donc, cet amendement se lirait comme suit: « Le
cautionnement fourni par un marchand de lait avant le 7 avril 1967, excusez,
avant le 11 avril 1967 parce que le 7 avril, c'était le bill de
Montréal...
M. LESAGE: Non, non, c'est très bien, ce que j'ai devant moi
c'est: « Le cautionnement fourni par un marchand de lait avant le 11
avril 1967, conformément au septième alinéa... »
M. VINCENT: Je n'avais pas corrigé le mien. « ... avant le
11 avril 1967, conformément au septième alinéa de
l'article 8 de la loi des produits laitiers (Statuts refondus 1964, chap. 121
tel qu'il se lisait le 16 mars 1967) ».
M. LESAGE: Mais c'est là que je ne comprends pas très
bien.
M. VINCENT: « ... tient lieu d'une police de garantie
délivrée par la régie des marchés agricoles du
Québec conformément à l'article 8 de ladite loi,
édictée par l'article 1 de la présente loi jusqu'à
l'expiration du terme pour lequel ce cautionnement avait été
souscrit. »
En vertu de ce nouvel article 11, proposé par l'article 1, tous
les marchands de lait devront détenir une police de garantie
délivrée par la régie à partir du 1er juin
prochain. Or, environ 60 marchands de lait détiennent
présentement des cautionnements qui expireront après le 1er juin,
certains même en 1968. La plupart de ces cautionnements contiennent une
clause stipulant qu'ils sont révocables par la caution seulement. Si
aucune modification n'était apportée à ce bill, ces
marchands de lait pourraient être pénalisés en devant payer
une prime à la régie d'une part et en devant maintenir en vigueur
un cautionnement qui ne leur serait plus utile.
L'amendement proposé obligera ces marchands de lait à se
procurer une police de garantie de la régie uniquement lorsque le
cautionnement en vigueur au moment du dépôt de l'amendement
arrivera au terme qui y est prévu.
M. LESAGE: Avant de traiter du fond de la question, j'aurais une
question de forme à soulever. Pourquoi « l'artique 8, tel qu'il se
lisait le 16 mars 1967? » Pourquoi le 16 mars 1967?
M. VINCENT: Cela, c'était la date du dépôt du bill.
Nous avons déposé le bill en Chambre le 16 mars.
M. LESAGE: Très bien. Maintenant, le ministre conviendra que, si
un marchand de lait qui détient actuellement une police de garantie, un
cautionnement, fait faillite et que le montant dû aux producteurs
dépasse le montant du cautionnement, les producteurs subiront une perte,
n'est-ce pas?
M. VINCENT: Advenant le cas...
M. LESAGE: Bien, c'est le cas de la Mont-Royal.
M. VINCENT: D'accord. Advenant le cas où ces producteurs...
M. LESAGE: Donc en vertu du bill, contrairement à ce qu'a dit le
ministre de l'Agriculture, il est possible que les producteurs laitiers fassent
des pertes parce que, si j'ai bien compris le ministre de l'Agriculture, il a
déclaré cet après-midi qu'avec le bill 46 jamais plus un
seul producteur laitier ne pourrait perdre un seul sou. Or, il vient d'admettre
qu'il est possible que des producteurs laitiers continuent de perdre de
l'argent.
M. JOHNSON: On dirait que le chef de l'Opposition souhaiterait que les
producteurs en perdent...
M. LESAGE: Non, pas du tout, mais simplement le ministre...
M. JOHNSON: ... simplement pour avoir raison.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça. Ce n'est pas pour avoir raison, mais
quand un ministre déclare de son siège qu'à l'avenir,
grâce à ce bill, il ne sera plus possible qu'un seul producteur
laitier perde un seul sou, bien il est important, par les questions et les
« transquestions » de vérifier cette déclaration
importante du ministre. Or, par nos questions et les réponses que nous
avons obtenues, surtout du premier ministre cet après-midi, et que nous
venons d'obtenir du ministre de l'Agriculture, ce soir, il est clair que
l'adoption du bill ne donne pas plus de garanties que les producteurs laitiers
n'en ont en vertu des lois actuelles.
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas exact, M. le Président. Je n'ai pas
dit ça.
M. LESAGE: Très bien. Alors, pour être plus exact, il est
clair qu'il est encore possible que des producteurs laitiers perdent de
l'argent.
M. JOHNSON: J'avais la parole... On dirait que le chef de l'Opposition
souhaiterait que ça arrive, afin qu'il puisse prouver...
M. LESAGE: Non.
M. COURCY: Nous voudrions que le gouvernement prenne...
M. JOHNSON: ... à la population qu'il avait raison.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça. Je trouve que le ministre de
l'Agriculture avait tort de faire la déclaration qu'il a faite.
M. COURCY:Il ne le souhaite pas, il le déplore.
M. JOHNSON: Alors, pour prouver que le ministre avait tort, pour
moi,...
M. LESAGE: C'est bien important.
M. JOHNSON: ... on souhaiterait qu'il y ait des gens qui perdent de
l'argent.
M. LESAGE: Non, pas du tout. M. COURCY: Ce n'est pas ça. M.
BELLEMARE: Oui, oui, oui.
M. COURCY: On souhaiterait que le gouvernement...
M. LESAGE: Le ministre de l'Agriculture n'aurait pas dû donner
l'impression de sécurité totale aux producteurs de lait de la
province.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. M. JOHNSON: M. le Président...
M. COURCY: Qu'il prenne les moyens pour que les cultivateurs ne perdent
pas.
M. BELLEMARE: Vous n'êtes pas capables de voter contre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. COURCY: ... que les cultivateurs ne perdent pas d'argent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: Le député de Champlain,... ce n'est pas de la
margarine ça, voyons.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: Ce sont les produits laitiers.
M. COURCY: Ce sont les produits laitiers.
M. BELLEMARE: Si c'était de la margarine, ça voudrait dire
quoi, monsieur le chef de l'Opposition?
M. LESAGE: Je ne le sais pas.
M. COURCY: Cela voudrait dire que ça serait une autre loi.
M. LESAGE: C'est une autre loi.
M. COURCY: Alors là, c'est la loi des produits laitiers.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: J'espère.
M. LESAGE: Non. C'est parce que lorsqu'on parle de la margarine le
député de Champlain se fâche. Alors, je dis qu'il n'est pas
question de margarine...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: ... qu'il ne se fâche pas.
M. BELLEMARE: Je ne me fâche pas du tout, pas plus que l'honorable
chef de l'Opposition pourrait se choquer: « Lesage aurait à
choisir entre les modérés et la gauche extrémiste
».
M. LESAGE: ... parce qu'il y a des membres de mon comité de
surveillance en arrière de moi.
M. BELLEMARE: C'est justement... M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: Je demande pitié au député de
Champlain.
M. BELLEMARE: ... dans mon discours du budget...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Non, mais je demande pitié au député de
Champlain, parce que les membres de mon comité de surveillance sont
derrière moi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Tout ça pour arriver à dire
que la parole est à l'honorable premier ministre.
M. JOHNSON: M. le President, il est évident que les dispositions
transitoires devaient être incorporées dans cette loi.Il serait
évidemment onéreux de demander à ceux qui ont
déjà des cautionnements en bonne et due forme de
s'intégrer tout de suite au nouveau projet, car ces cautionnements sont
irrévocables, c'est-à-dire que la prime est payée...
M. COURCY: C'est vrai.
M. JOHNSON: ... il n'y a aucun remboursement, même si on y met fin
avant la fin, avant la...
M. COURCY: Le premier ministre a raison.
M. JOHNSON: Si on veut absolument être tâtillonneux, on va
dire que, peut-être, le cautionnement actuel qui est maintenu en vigueur
dans certains cas n'est pas, ne sera pas ou ne serait pas suffisant, dans un
concours de circonstance donné, pour couvrir toutes les pertes. Donc, il
est possible qu'il y ait des pertes après le bill 46.
M. COURCY: Bon, alors c'est ce que nous avons dit.
M. JOHNSON: M. le Président, il arrive cependant que les
compagnies qui ont encore un cautionnement sont les plus solvables, les plus
grosses...
M. COURCY: Les vraies.
M. JOHNSON: ... les moins susceptibles...
M. LESAGE: C'est bien. On a dit tout ça.
M. JOHNSON: ... de causer des pertes aux cultivateurs. Donc, comme
dirait le chef de l'Opposition, le danger n'est que théorique: en
pratique, on n'a pas besoin de comité de surveillance.
Là, ça va bien aller. Avec l'expérience...
M. LESAGE: Le premier ministre a dit lui-même que la régie
des marchés, à cause de la capacité, de la qualité
de ses membres, était un excellent comité de surveillance. Je ne
voudrais pas qu'il revienne sur ses paroles.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on pourrait le prêter au parti
libéral, le comité de surveillance?
M. LESAGE: Je l'ai eu longtemps, je m'en suis bien trouvé.
M. COURCY: Pendant six ans.
M. JOHNSON: M. le Président, donc ce sont des chicanes de moine
ça, ce soir.
M. LESAGE: Ce ne sont pas des chicanes.
M. JOHNSON:Il est évident qu'on veut retarder...
M. LESAGE: Non, non.
M. JOHNSON: Nous sommes prêts...
M. BELLEMARE: Ce sont les cultivateurs...
M. COURCY: S'il avait fallu que l'ancien ministre de l'Agriculture fasse
une déclaration semblable ici en Chambre, je vois le chef de
l'Opposition du temps...
M. PROULX: Vous n'étiez pas capable d'en faire, des
déclarations.
M. COURCY: ... nous faire une tempête.
M. JOHNSON: Mais est-ce que c'étaient des tempêtes de ce
genre-là?
M. COURCY: Oui, M. le Président. UNE VOIX: Il s'en souvient.
M. JOHNSON: Non, j'oublie vite moi, les choses, les périodes
désagréables.
M. CHOQUETTE: M. le Président, secondé par le
député de Huntingdon, je voudrais...
M. VINCENT: M. le Président, avant... Quand le chef de
l'Opposition a mentionné que ces soixante compagnies devront continuer
leurs bons de garantie, j'ai voulu répondre au chef de l'Op-
position en disant: Advenant le cas où la régie changerait
l'ordonnance qui date de 1962, comme je crois qu'elle va la changer, ces
compagnies, ces soixante détenteurs de bons de garantie de compagnies
d'assurance, devront se conformer à la nouvelle ordonnance de la
régie des marchés. Et, si la régie des marchés
exigeait une période de 45 jours au lieu de 30 jours, ils devront se
conformer aux exigences de l'ordonnance de la régie des
marchés.
Mais, le gouvernement ne peut pas obliger ces compagnies ou ces
marchands de lait à payer des primes en vertu de ce bill 46, tant et
aussi longtemps que leur caution...
M. COURCY: Nous admettons ça.
M. VINCENT: ... n'aura pas été discontinuée.
Maintenant, advenant le cas... Je voudrais simplement répéter
pour éclairer le député d'Abitibi-Ouest et les
députés de l'Opposition, ce que j'ai dit cet après-midi.
C'est qu'en vertu de ce bill 46 et de la réglementation qui viendra, si
la réglementation est suivie à la lettre par les officiers...
M. LESAGE: Non.
M. VINCENT: ... de la régie des marchés...
M. LESAGE: Cela, c'est du patinage à reculons.
M. COURCY: Cela, c'est un autre problème.
M. LESAGE: Cela, c'est du patinage à reculons, parce que ce n'est
pas ce que le ministre de l'Agriculture a dit cet après-midi.Il n'a pas
posé de telles conditions.
M. VINCENT: Si les producteurs laitiers, les producteurs-fournisseurs,
aussitôt qu'ils sont avertis par lettre de ne plus livrer leur
lait...
M. LESAGE: C'est du patinage à reculons.
M. VINCENT: ... à telle industrie ou à tel marchand de
lait, il va arriver ceci, c'est qu'aucun producteur-fournisseur ne perdra
d'argent en suivant les directives, soit de la régie des marchés
ou de la division des produits laitiers du ministère de l'Agriculture et
de la Colonisation. La régie des marchés, afin d'apporter cette
garantie additionnelle, pourra, avec le bill 46, changer l'ordonnance de 1962,
ce qu'elle ne pouvait faire avant aujourd'hui. C'est la raison pour laquelle
nous pouvons dire avec certitude que les producteurs-fournisseurs, quand on
respectera tous les règlements, toutes les normes et que le producteur
lui-même respectera la lettre qu'il va recevoir de la régie, il
n'y a aucun danger qu'il perde de l'argent.
M. COURCY: Mais si tout ça a été respecté,
M. le Président, il n'y avait aucun danger qu'aucun cultivateur perde de
l'argent, si tout ce que le ministre vient de dire... dans le passé,
c'est la même chose.
M. VINCENT: Bien oui, mais seulement c'est la raison pour laquelle j'ai
énuméré cet après-midi cette série de
faillites depuis 1963 où les producteurs-fournisseurs ont perdu de
l'argent.
M. COURCY: Oui, pourquoi?
M. VINCENT: Bien, l'ancien ministre le sait certainement, il
était là jusqu'au 5 juin.
M. COURCY: Bien oui, je l'ai dit cet après-midi pourquoi,,..
M. VINCENT: Bien oui, mais c'est justement...
M. LESAGE: Le premier ministre nous l'a expliqué,
lui-même.
M. COURCY: ... il y a encore des possibilités...
M. VINCENT: ... parce que la période de couverture n'était
pas assez longue. L'ancien ministre le sait.
M. COURCY: Ah non, ce n'est pas ça.
M. VINCENT: Mais, dans certaines circonstances, dans le passé, au
cours des dernières années, on a été
obligé...
UNE VOIX: Pas le droit d'interrompre, on est en comité.
M. VINCENT: ... pour question économique de donner une extension
de quelques jours, parce qu'on aurait pu fermer trois, quatre, dix, quinze,
vingt usines dans la province.
M. COURCY: Très bien.
M. VINCENT: On aurait fait parvenir des lettres des
producteurs-fournisseurs, les avertissant de ne pas livrer à tel endroit
et, automatiquement, on fermait l'usine.
M. COURCY: Est-ce que le ministre, M. le Président, peut me
garantir...
M. PROULX: Debout.
M. COURCY: ... que du moment que la période où le montant
de dépôt garanti par primes d'assurance ou autrement sera
arrivé à terme, la régie va immédiatement dans
l'avenir fermer les portes de ces usines? S'il me répond oui, à
ce moment-là, je dis que les cultivateurs ne perdront pas, mais s'il
répond qu'il va donner quelque chose, une extension d'une semaine,
là il y a des possibilités que les cultivateurs perdent encore de
l'argent.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, en ce qui me concerne,
depuis que je suis ministre de l'Agriculture et de la Colonisation, depuis le
16 juin, l'ancien ministre dit: Est-ce qu'on va donner, est-ce que le ministre
va donner? Je n'ai jamais demandé de donner une extension d'une
journée, deux jours ou trois jours...
M. COURCY: C'est ce que vous venez de dire. M. VINCENT: Je n'ai jamais
demandé ça. M. COURCY: Bien non...
M. CHOQUETTE: Cela a été dit cet après-midi.
M. COURCY: Vous avez dit cet après-midi qu'on pourra donner des
extensions.
M. VINCENT: Je n'ai jamais demandé ça. M. COURCY: Mais
c'est I la régie... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Cela a été admis cet après-midi.
M. VINCENT: Maintenant, si la régie qui est un corps quasi
autonome qui relève non pas du ministre de l'Agriculture, mais qui passe
par le ministre de l'Agriculture...
M. COURCY: Qui relève du ministre de l'Agriculture, parce que
c'est le ministre de l'Agriculture qui présente la loi.
M. VINCENT: C'est-à-dire qui relève du ministre de
l'Agriculture, mais qui ne relève pas du ministère de
l'Agriculture. Le ministre de l'Agriculture répond pour la régie
des marchés en Chambre, mais le ministre de l'Agriculture n'a pas le
droit, n'a pas l'autorité d'édicter ou de donner des ordres
à la régie des marchés sur certaines ordonnances.
M. COURCY: Non, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui peut
changer des décisions de la régie.
M. VINCENT: Pas des décisions.
M. COURCY: Certainement, c'est écrit dans la loi...
M. VINCENT: Certaines décisions de la régie.
M. COURCY: ... Certainement, toute décision de la régie
peut être changée par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est
écrit dans la loi, dans la Loi des marchés agricoles et,
d'ailleurs, à un moment donné, on nous a demandé, les
compagnies...
M. CHOQUETTE: C'est même l'article 54.
M. COURCY: ... c'est le député d'Outremont qui a
demandé, au nom de ses clients, de faire changer une décision de
la régie...
M. CHOQUETTE: De mes ex-clients, vous devez dire.
M. COURCY: ... de ses ex-clients, et le gouvernement a maintenu la
décision de la régie.
M. VINCENT: C'est en vertu de la Loi des produits laitiers et non pas en
vertu de la Loi des marchés agricoles. Il y a une différence, une
distinction.
M. COURCY: Oui, c'est ce que je viens de dire: c'est en vertu de la Loi
de la régie des marchés agricoles. Maintenant, M. le
Président, on admet.
M. LE PRESIDENT: Adopté? M. CHOQUETTE: Un instant.
M. COURCY: Non, j'ai quelques questions encore. Est-ce que le ministre
de l'Agriculture peut me dire pourquoi il enlève aux vendeurs de lait,
à la laiterie ou à la coopérative qui fait le commerce du
lait, la possibilité de faire un dépôt? Si son
dépôt est fait, pourquoi lui enlever la possibilité de
donner une garantie quelconque qui peut être des obligations de la
province en dépôt à la régie...
M. VINCENT: M. le Président...
M. COURCY: ... et, pendant ce temps-là, ils retirent leur
intérêt sur leur argent et les garanties sont
déposées à la régie ou au ministère des
Finances. Là, on élimine ça et on lui charge un
montant...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. VINCENT: M. le Président, j'ai d'ailleurs cet
après-midi donné les raisons à l'honorable
député d'Outremont.Il m'a dit que je l'avais convaincu et comme
j'ai convaincu l'honorable député d'Outremont, il pourrait
peut-être convaincre l'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. COURCY: C'est au ministre d'être assez clair pour convaincre
tous les députés de l'Opposition.
M. PROULX: C'est un homme intelligent.
M. VINCENT: On m'a dit que je les avais convaincus cet
après-midi, à ma grande surprise, que j'avais eu assez de talent
pour les convaincre.
M. COURCY: Le député d'Outremont...
M. LESAGE: Le ministre de l'Agriculture nous a convaincus finalement
qu'il avait fait erreur dans sa première déclaration quand le
premier ministre a indiqué quelle était la véritable
portée de la loi.
M. CHOQUETTE: Secondé par le député de Huntingdon,
j'aimerais soumettre un amendement à la suite de l'article 5, tel que
proposé par le ministre de l'Agriculture, amendement qui se lirait comme
suit: « Cependant, tel cautionnement devra en tout temps être
conforme aux normes stipulées par la régie ».
C'est-à-dire que, si la régie décide de changer, par
exemple, au cours de l'année qui va suivre, les normes au sujet du
cautionnement, il faudrait quand même que les cautionnements en vigueur
soient modifiés de façon à se conformer aux exigences. Or
ça ne va pas nécessairement de soi parce que, si on lit l'article
5, tel qu'il est...
M. LESAGE: Cela ne va pas de soi.
M. CHOQUETTE: ... il fige en quelque sorte les cautionnements, tels
qu'ils existent à la date où la loi est passée. Je ne
voudrais pas qu'il y ait d'ambiguïté parce qu'il me semble qu'il y
a tout intérêt à clarifier le texte dans ce
sens-là.
M. LESAGE: Ceux qui existent présentement sont sur la base de
trente jours, n'est-ce pas? C'est clair, c'était l'ordonnance. Alors,
c'est sur la base de trente jours.
M. VINCENT: Pas tous.Il peut y en avoir de 45 jours, il peut y en avoir
de moins de 45 jours.
M. LESAGE: Mais, de toute façon, les polices actuelles sont
basées évidemment sur les ordonnances actuelles de la
régie. Alors, si la régie modifie ses ordonnances, comme l'a
laissé entendre le ministre de l'Agriculture cet après-midi,
c'est que les conditions de la police existante peuvent être
changées. Mais, d'un autre côté, le ministre de
l'Agriculture nous a dit tout à l'heure que certaines de ces polices ne
pouvaient être annulées qu'à la volonté du
cautionnant, c'est-à-dire, de la compagnie d'assurance. Alors, dans
quelle situation le ministre se place-t-il avec l'article 5? S'il veut
protéger les producteurs, il faut qu'il accepte l'amendement
proposé par le député d'Outremont. S'il accepte
l'amendement proposé par le député d'Outremont,
qu'arrive-t-il des polices qui ne peuvent être changées que
suivant la volonté du cautionnant, de la caution?
M. VINCENT: Pas changées, annulées.
M. LESAGE: Oui, annulées. « Qui ne peuvent être
annulées que... »
M. VINCENT: Mais, implicitement, si la régie des marchés
émet une nouvelle ordonnance, l'usine est obligée d'augmenter sa
garantie, ses bons de garantie.
M. CHOQUETTE: C'est le but de l'amendement.
M. COURCY: D'accord.
M. VINCENT: C'est implicite dans la loi.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas aussi implicite que ça.
M. VINCENT: Pas dans cette loi-là, mais dans la Loi
générale des produits laitiers, c'est implicite.
M. CHOQUETTE: Dans l'amendement que vous proposez, ce n'est pas
implicite. Parce que vous dites que les cautionnements tels qu'ils existent,
à la date où la présente loi est passée, resteront
en vigueur jusqu'à ce qu'ils expirent. Alors, est-ce que ça
permettrait à la régie de les modifier? De toute façon,
puisqu'il y a pos-
sibilité d'ambiguïté, il me semble qu'il y a
intérêt à le clarifier tout de suite.
M. JOHNSON: Ce sont des tâtillonnages d'avocats.
M. LESAGE: Le premier ministre connaît ça: il a tatillonne
pendant cinq ans.
M. CHOQUETTE: Ils sont aupouvoir. M. PROULX: On va le garder à
part ça.
M. ALLARD: Comme chef de l'Opposition, vous pouvez le garder.
M. JOHNSON: Avec seulement des amendements de cette
importance-là, nous n'aurions pas battu le gouvernement. C'est implicite
évidemment, même actuellement.
M. LESAGE: Ce n'est pas implicite. Le premier ministre connaît
mieux que ça...
M. JOHNSON: Même dans l'état actuel de la loi de la
régie des marchés, quand la régie des marchés exige
une couverture supplémentaire, elle l'obtient. Or, tout ce qu'on dit
dans l'article 5 actuel, c'est que le cautionnement que vous avez à
telle date, le 11 avril,...
M. LESAGE: Tient lieu...
M. JOHNSON: ... tient lieu de la police qu'on émettra, mais la
police qu'on émettra par la régie, elle, pourra être
modifiée, c'est-à-dire que la couverture pourra être
élargie selon les circonstances et les ordonnances. Mais pour vous
prouver qu'on ne veut pas faire une chicane de Bénédictins...
M. LESAGE: Ce n'est pas ça que l'amendement dit.
M. JOHNSON: Mais, pour vous prouver qu'on ne veut pas faire une chicane
de bénédictins ou de la casuistique... Evidemment, je sais que le
député d'Outremont est formé dans la casuistique, et
particulièrement bien préparé à ça. Nous
n'avons pas d'objection à ajouter: « cependant, tel cautionnement
devra en tout temps être conforme aux normes prescrites par la
régie. » Pas de problème.
M. LESAGE: Non, mais le député d'Outremont n'a pas fait
son cours chez les Jésuites.
M. CHOQUETTE: Je félicite... Très bien,le premier ministre
a compris.
UNE VOIX: Ce n'est pas nécessaire.
M. COURCY: La preuve que c'est nécessaire, c'est que les avocats
des deux côtés ne se comprennent pas, ils ne l'interprètent
pas de la même façon. Mettons-le donc clair...
M. BOUSQUET: Cela prend un agronome. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PROULX: C'est le gros bon sens de l'homme de la rue.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. JOHNSON: M. le
Président, il y a avocat...
M. LESAGE: Il y a longtemps que ça dure, d'ailleurs.
M. JOHNSON: ... il y a avocat et avocat, comme il y a agronome et
agronome.
M. COURCY: Oui, oui, il y en a un qui est à point,
là-bas.
M. JOHNSON: Alors, à tout événement, nous n'avons
pas d'objection. Trop fort ne casse pas...
UNE VOIX: Pardon?
M. JOHNSON: Je vous dis que les avocats...
M. COURCY: Il y en a un qui est à point. Le premier ministre n'a
même pas confiance en lui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. JOHNSON: Une autre chose agréable. Quand les légistes
ont préparé la loi, ils s'y connaissent, ils nous ont dit...
M. LESAGE: Oui, mais c'est un papillon, ça.
M. JOHNSON: ... ils nous ont dit que c'était implicite: quand ils
ont préparé le papillon, ils nous ont dit que c'était
implicite. Ils sont d'excellents législateurs, je les connais. Ce sont
les mêmes qui étaient utilisés d'ailleurs sous l'ancien
régime. Il y en a quelques-uns d'ajoutés, entre autres, celui qui
vous parle et le député de Missisquoi, et ça fait notre
affaire. Mais, pour contenter le député d'Outremont, lui donner
de l'importance, avocat...
M. BERTRAND: ... d'un comté rural.
M. JOHNSON: ... avocat pour les grandes
causes de lait, la Carnation surtout. Pour prouver à la province
que les avocats, c'est utile en Chambre...
M. LESAGE : Même dans les questions rurales.
M. JOHNSON: Ils méritent leur salaire réellement,
tant de l'heure nous allons accepter cet amendement d'une portée
formidable, qui va sauver l'agriculture de la province de Québec.
M. LESAGE: A ce point de vue-là, il est de même nature que
le bill.
M. DEMERS: Le futur ministre de l'Agriculture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi):Il va gagner la médaille du
mérite agricole.
M. LESAGE: Il est clair que, si le député de Chicoutimi
avait assisté aux trois semaines mémorables de discussions lors
de l'étude de la loi des marchés agricoles, alors que le
député d'Outremont était l'un des procureurs de l'autre
côté de la barre, il saurait qu'il avait raison de dire qu'il
avait mérité le mérite agricole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La médaille de l'ordre du
défricheur...
M. CHOQUETTE: Il faut dire que, durant trois semaines ou un mois, je
n'ai pas obtenu un seul amendement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Défricheur d'asphalte!
M. LESAGE: Quand on pense qu'il en avait même perdu
connaissance.
M. JOHNSON: Pendant trois semaines ou un mois, il a plaidé devant
l'ancien premier ministre, et il n'a pas eu un seul amendement.
M. LESAGE: Non, mais si l'ancien chef de l'Opposition s'en souvient, il
en avait même perdu connaissance, à un moment donné.
M. CHOQUETTE: C'est parce que, dans le temps, on avait un gouvernement
ferme.
M. JOHNSON: Ferme et entêté.
M. COURCY: Il préparait bien ses lois.
M. LE PRESIDENT: Six. L'amendement sera-t-il adopté?
Adopté. Article 5, adopté?
M. VINCENT: Maintenant, l'article 5...
M. LE PRESIDENT: Le nouvel article 6 se-ra-t-il adopté?
M. VINCENT: ... devra se lire article 6. Cela prévoit simplement
le mode de paiement des frais d'administration...
M. LE PRESIDENT: L'article 6 adopté. M. CHOQUETTE: L'article 6
devient 7. M. LE PRESIDENT: Adopté? M. COURCY: Juste un...
M. VINCENT: Maintenant, un amendement à l'article 6...
M. LESAGE: Devenu 7.
M. VINCENT: ... qui est devenu 7. Nous proposons d'amender l'article 6
du bill en ajoutant à la fin de la deuxième ligne de cet article
les mots suivants: « les articles 1 à 3 », en ajoutant
« et l'article 5 ». A cause de l'amendement apporté
après l'article 4.
M. LESAGE: Un instant.
M. VINCENT: Vous avez à l'article 6 qui devient 7: « La
présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction, sauf les articles
1 à 3 et l'article 5 qui entreront en vigueur le 1er juin
1967.»
M. LESAGE: On se rend bien compte que, s'il y a des cautionnements
actuellement fournis, ceux qui sont prévus à l'article 5 et dont
le terme arrive avant le 1er juin, ne seront pas couverts pendant un certain
temps. Mais ce n'est pas pire que pour les autres.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LESAGE: Je voulais simplement dire...
M. COURCY: C'est dangereux ça. C'est dangereux, M. le
Président.
M. LESAGE:Il y en a d'autres qui n'en ont pas du tout actuellement, mais
qui n'en auront pas avant le 1er juin non plus.
M. LE PRESIDENT (Lebel): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que le comité a adopté avec des amendements le bill
46.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les amendements sont lus et agrées?
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. VINCENT: Troisième lecture?
M. LESAGE: Non, à demain la troisième lecture parce que je
demanderais au ministre d'étudier l'effet de l'amendement qui vient
d'être apporté à l'article de mise en vigueur,
c'est-à-dire l'article 6 devenu 7, l'article 5 étant en vigueur
le 1er juin seulement s'il y a des polices qui expirent entre le 11 avril et le
1er juin. Peut-il y avoir des accidents? Je lui demande d'étudier
ça avec...
M. VINCENT: D'accord.
M. LESAGE: ... les conseillers juridiques et avec les messieurs de la
régie. Lorsque viendra la troisième lecture demain, il pourra
donner une réponse. Je serai satisfait n'est-ce-pas des renseignements
qu'il obtiendra et qu'il voudra bien transmettre à la Chambre à
ce moment-là.
M. COURCY: Une autre question pour avoir réponse demain aussi,
c'est de faire bien attention à changer le 30 jours de garantie parce
que non vous pouvez rire parce qu'actuellement les paies de
beurreries ou de laiteries se font tous les 30 jours, 30 jours, 15 jours en
retard. Et si on donnait 40 jours, les paies seraient 45 jours en retard.
UNE VOIX: Demain.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest
pourrait facilement retarder sa question jusqu'à demain à
l'occasion de la troisième lecture du bill.
M. LESAGE: M. le Président, j'espère que la question que
j'ai posée en demandant de reporter à demain la troisième
lecture n'est pas considérée comme une intervention.
M. BELLEMARE: En vertu du règlement, lui, il n'avait pas droit de
parole.
Bill no 38
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose la
deuxième lecture du bill 38, Loi concernant l'éducation dans la
ville de Montréal et d'autres municipalités avoisi-nantes.
L'honorable ministre de l'Education.
M. BERTRAND: M. le Président, étant donné la nature
du bill, je pense que nous pouvons aller immédiatement en comité
plénier.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LESAGE: Le ministre de l'Education a de l'expérience...
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose que la
Chambre maintenant se forme en comité, pour l'étude du bill 38,
Loi concernant l'éducation dans la ville de Montréal et d'autres
municipalités avoisinantes. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LESAGE: C'est la fébrilité du ministre du Travail qui
pousse, qui hâte la procédure.
M. GERIN-LAJOIE:Il a hâte de faire son discours.
M. BERTRAND:Il veut parler. Alors, M. le Président, l'article 1.
On sait que, par le bill 32 concernant le dépôt du rôle
d'évaluation de la ville de Montréal adopté par ce
parlement le 23 février, nous oblige à modifier la loi
régissant la Commission des écoles catholiques de Montréal
ainsi que le Protestant School Board of Greater Montreal. A ce
moment-là, en raison de la grève des fonctionnaires municipaux de
Montréal, l'estimateur d'évaluation foncière de la ville
s'était trouvé dans l'impossibilité de dresser et de
déposer le rôle d'évaluation foncière pour
l'exercice financier 1967/68 au plus tard le 1er mars 1967, tel que le
prescrivait la loi.
Nous avons donc alors voté une loi différant, pour
l'exercice financier 1967/68, du 1er mars au 14 avril, la date limite à
laquelle l'estimateur devait dresser, compléter, signer et
déposer le rôle d'évaluation. Ce délai nous oblige
donc à modifier la loi actuelle pour autoriser la Commission des
écoles catholiques de Montréal et le Protestant School Board of
Greater Montreal à différer à leur tour jusqu'au 27 avril
prochain la fixation du taux de la taxe scolaire des protestants, des
catholiques et des neutres pour l'année scolaire 1967/68, car, en vertu
de la loi actuelle, ces taux auraient dû être fixés au plus
tard le 15 mars de cette année pour les neutres et au plus tard le 1er
avril pour les autres.
Maintenant j'aimerais noter immédiatement qu'à la demande
de la Commission des écoles catholiques de Montréal et du Greater
Montreal School Board, on verra à la page 2 que le taux de la taxe des
neutres, à l'heure actuelle, ne doit pas dépasser vingt-deux
millièmes et demi au dollar, et la Commission des écoles
catholiques de Montréal demande que ce taux soit établi à
vingt-cing millièmes et demi au dollar: ce qui ne veut pas dire que la
Commission des écoles catholiques de Montréal, comme le Montreal
Greater Protestant Board établiront ce taux à 2.5, mais ils
demandent qu'on les autorise à fixer ce taux à vingt-cinq
millièmes, au lieu de vingt-deux millièmes et demi. A l'heure
actuelle, au point de vue de la taxe foncière des particuliers, on est
autorisé... On verra à l'article 1, numéro 8, que ce taux
est à vingt millièmes, c'est-à-dire $2 pour la taxe des
particuliers, et la Commission des écoles catholiques de Montréal
demande que le taux, pour la taxe des neutres, ne puisse pas dépasser
vingt-cinq millièmes.
Je demanderais donc que l'on remplace vingt-deux millièmes et
demi par vingt-cinq millièmes. C'est à la page 2, ce qui est
numéroté 9, où l'on parle du bureau métropolitain
et de la Commission des écoles catholiques de Montréal: «
Quant à la fixation du taux, que le taux ainsi fixé ne doit pas
dépasser vingt-cinq millièmes au dollar. » Est-ce que vous
avez la page? Page 2, vingt-cinq millièmes.
M. GERIN-LAJOIE: Alors à l'article 9 de la loi 15-16 Elisabeth
Il, alinéa quatrième. C'est bien ça?
M. BERTRAND: L'aniéa quatrième: « Le taux ainsi
fixé ne doit pas dépasser vingt-cinq millièmes au dollar
», c'est-à-dire $2.50.
Alors voilà, M. le Président, pour le premier article, et
les raisons que la Commission des écoles catholiques de Montréal
donne c'est qu'il semble il n'y a aucun doute qu'à
Montréal, à la Commission des écoles catholiques,
d'après les renseignements et les études qui ont
été faites, le taux de la taxe, établi par la Commission
des écoles catholiques devra être augmenté. Jusqu'à
concurrence de quel montant? Il appartiendra à la Commission des
écoles catholiques de Montréal comme au Montreal Greater
Protestant Board d'établir leur taux de taxe pour répondre aux
dépenses accrues des commissions scolaires respectives.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au sujet de cet article 1, je
comprends très bien dans quel esprit d'abord la première partie
de l'article nous est présentée, celle qui modifie
l'époque...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: ... pour la fixation des taux et le dépôt
des rôles.
Maintenant, je pense qu'il y a une question qu'il importe de soulever
à ce moment-ci, M. le Président. C'est toute la question de la
différence du taux de taxation entre les neutres et les particuliers. Je
pense qu'on peut dire que, dans le territoire de la Commission des
écoles catholiques de Montréal, les particuliers sont
taxés au point de vue scolaire, à un niveau, non seulement
à un taux, mais à un niveau réel moindre que dans la
plupart des autres municipalités de la province de Québec.
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges me permettra
et je pense qu'il serait à-propos qu'il le dise de suite
à l'heure actuelle, le taux de la taxe à Montréal, pour
les particuliers, est de $1.25.
M. GERIN-LAJOIE: Le taux de la taxe des particuliers est en effet de
$1.25, et cela s'applique également aux catholiques et aux
protestants...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. GERIN-LAJOIE: ... alors qu'il y a un certain nombre d'années,
les catholiques et les protestants avaient des taux différents. Or, ce
taux de $1.25 est substantiellement moindre que celui qui existe dans les
autres municipalités de la province. Bien sûr, l'évaluation
n'est pas exactement la même dans toutes les municipalités du
Québec, nous le savons très bien. Mais le taux de taxation
réel, compte tenu de l'évaluation réelle, est sensiblement
moindre à Montréal que dans le reste de la province. Cela est-il
compensé par une taxe municipale, c'est-à-dire à fins
municipales, plus élevée que dans le reste du Québec?
C'est un point de vue qui peut se soutenir dans une certaine mesure. Mais, sur
l'ensemble de la matière taxable de Montréal, il faut dire que la
ville de Montréal fait assez substantiellement sa part parce que le taux
relativement bas de taxation des particuliers est compensé par un taux
relativement élevé des compagnies, un taux des particuliers
on vient de le souligner de $1.25 les $100 pour un taux des
compagnies de$2 les $100 pouvant aller en vertu de la loi qui est actuellement
devant nous à $2.50 les $100, c'est-à-dire le
double du taux des particuliers.
M. le Président, si une telle situation était rendue
possible dans le reste du Québec, on pourrait obtenir pour l'ensemble
des petits contribuables pour fins scolaires, un dégrèvement
substantiel d'impôt. Bien sûr, ce n'est pas une question qui peut
se régler à l'occasion du bill 38, ce n'est pas une question qui
peut se régler sans certaines études sérieuses et
approfondies, en mesurant toutes les répercussions d'un changement comme
celui-là. Mais je pense qu'il y a lieu de considérer très
sérieusement au niveau du gouvernement, que ce soit au niveau du
ministère de l'Education, que ce soit dans les cadres du
ministère des Affaires municipales, que ce soit dans le cadre du
ministère des Finances, peut-être par une étude qui serait
menée conjointement par les trois ministères, qu'on étudie
toute cette question de la taxation scolaire.
Je sais très bien que le premier ministre, lors de l'étude
du bill de Montréal l'autre jour, a indiqué que le gouvernement
explore la possibilité de faire disparaître à plus ou moins
long terme la taxe foncière pour fins scolaires de façon à
laisser le champ de la taxation foncière entièrement libre pour
fins municipales. C'est un problème, le premier ministre l'a bien
indiqué, qui ne peut pas se régler rapidement. Atout
événement, je crois que le bill 38 est l'occasion de bien mettre
en lumière un élément de solution et peut être un
élément de solution temporaire avant que des solutions à
plus long terme ne soient trouvées.
Si la loi générale de l'instruction publique par exemple,
prévoyait que la taxe des neutres est toujours de 25% ou de 50% pour ne
pas dire de 100% comme dans ce cas-ci, plus élevée que la taxe
des particuliers, je pense qu'on pourrait en arriver à un
dégrèvement substantiel du petit contribuable, et en particulier
du petit propriétaire. Je pense que des deux côtés de la
Chambre, nous sommes très conscients que la petite
propriété familiale, en particulier la propriété
unifamiliale, est très lourdement grevée et de plus en plus
lourdement grevée au Québec, a une époque justement
où l'on se préoccupe partout du développement d'une
véritable politique familiale qui comporte des éléments
dans le domaine de la propriété tout autant que dans celui du
revenu annuel, tout autant que dans le domaine de la sécurité
sociale.
Je pense qu'il ne faut pas perdre de vue un élément
possible de solution. Il n'y a pas de solution globale ici, bien sûr,
mais un élément possible de solution dans l'établissement
d'un taux différencié pour les neutres et pour les particuliers
aux fins scolaires.
Alors, voilà les observations, M. le Prési- dent, que
m'inspire l'article 1 du bill 38 qui est actuellement devant nous. Ce sont des
considérations qui débordent, on s'en rend bien compte, le
problème de la région métropolitaine de Montréal
desservie par la Commission des écoles catholiques de Montréal,
mais je pense que l'occation est tout indiquée pour bien mettre en
lumière un élément possible de solution à nos
problèmes actuels en matière de taxation foncière.
Maintenant, le ministre de l'Education nous a signalé que la Commission
des écoles catholiques de Montréal avait demandé que le
chiffre 25 soit substitué au chiffre 22 1/2.
M. BERTRAND: 22 1/4.
M. GERIN-LAJOIE: Je présume le ministre voudra le confirmer
sans doute que le bureau métropolitain des écoles
protestantes, ce n'est pas son nom exact, que la Commission des écoles
protestantes est d'accord aussi avec cette demande.
M. BERTRAND: C'est ce qu'on m'a représenté. Maintenant, je
voudrais immédiatement apporter une correction. Après avoir
causé avec le ministre des Affaires municipales qui est en communication
avec le président du Conseil exécutif, on suggère que la
date du 27 avril soit changée pour celle du 17 avril à l'article
1, troisième alinéa. Cependant, pour les fins de l'année
scolaire 1967-68 seulement, ce taux doit être fixé au plus tard le
17 avril au lieu du 27.
M. GERIN-LAJOIE: Pourquoi ce changement? A cause du budget municipal qui
doit être soumis le 1er mai?
M. DOZOIS: M. le Président, à cause du budget municipal.
Nous avons passé un amendement dans le bill de Montréal la
semaine dernière qui prévoit que le comité exécutif
doit déposer son budget au plus tard le 18 avril. Comme les taxes
scolaires font partie du budget municipal, pour les inclure, il faut
connaître d'avance le taux de taxe qui sera appliqué au rôle
d'évaluation, lequel rôle entrera en vigueur le 14 avril. Et, si
un nouveau rôle n'est pas déposé à cette date, c'est
le rôle de l'année 1966-67 qui continue à être en
vigueur. Or, les commissions scolaires, le 17 avril, connaissant le rôle,
sachant lequel des deux rôles sera en vigueur, le nouveau ou l'ancien,
pourront déterminer le taux de taxe et le comité exécutif
pourra présenter son budget en indiquant les revenus qu'il doit ajouter
à ceux de la ville pour fins scolaires. C'est à M. Saulnier
lui-
même, avec qui j'ai causé cet après-midi, qui
demande que ce soit à cette date-là que les commissions scolaires
fixent leur taux.
M. BERTRAND: L'on me rapporte, si le député de Vaudreuil
mêle permet, l'on me rapporte que les conseillers de la Commission des
écoles catholiques de Montréal ont également
communiqué avec l'exécutif ou le président du
comité exécutif de la ville de Montréal et que cette date
du 17 avril serait satisfaisante. Alors, il y aurait lieu de la changer aux
deux endroits. A l'article 1, au paragraphe que j'ai noté tantôt,
de même qu'à la page 2 où il est question du 27 avril.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, quant à moi, sans
engager mes collègues, je n'aurais pas d'objection à ce que nous
adoptions l'article 1 avec le changement proposé, entre autres, mais je
demanderais que la troisième lecture, éventuellement, soit remise
à demain, afin que le ministre de l'Education puisse informer cette
Chambre qu'il a été en communication lui-même avec la
Commission des écoles catholiques... ou enfin que son ministère a
été en communication...
M. BERTRAND: Voici, je puis répondre immédiatement.
Malheureusement, celui qui au ministère, s'occupe d'habitude de tous ces
problèmes de relations entre le ministère et la Commission des
écoles catholiques de Montréal et le Montreal Greater Protestant
Board n'est pas ici, mais le mémoire que j'ai...
M. GERIN-LAJOIE: M. Pagé?
M. BERTRAND: M. Pagé est à Montréal aujourd'hui et
y sera probablement demain également, mais cette demande-là de
porter la taxe des neutres à $2.50, c'est-à-dire de permettre
à la commission scolaire de ne pas dépasser $2.50, ne veut pas
dire que les organismes concernés les porteront d'un commun accord
à $2.50.
Les parties l'ont demandé et j'ai, de la part de la Commission
des écoles catholiques de Montréal, des raisons qui militent en
faveur... il n'y a aucun doute, ça sert à rien de se le
cacher d'augmentation de taxes. On pourrait reprendre ici un peu les
propos que le président du conseil exécutif de la ville de
Montréal tenait dernièrement à l'occasion d'une causerie:
Tout doit se payer et il y a par exemple la nouvelle convention collective, il
y a l'augmentation substantielle à cause de la dette obligataire qui est
beaucoup plus élevée, locations d'immeubles plus nombreuses,
charges additionnelles à cause de la participation au financement des
maisons indépendantes. Car l'on sait qu'il y a une autre loi qui
permettra par exemple à la Commission des écoles catholiques de
Montréal de payer les frais de scolarité par suite d'entente
entre la Commission des écoles catholiques de Montréal et des
institutions privées. Il y a en plus la constitution d'un fonds
nécessaire pour valoriser leur fonds de pension local et leur
système de banque de congés de maladie, et, en plus de ça,
la contribution au régime de retraite.
La mise en vigueur, par exemple, de la loi des régimes
supplémentaires de rentes et du règlement adopté sous son
empire entraîne un gel considérable de capitaux pour la Commission
des écoles catholiques de Montréal. Les actuaires de la
commission, d'après quelques renseignements que j'ai ici, ont
établi les chiffres approximatifs suivants: le fonds de pension local
pour le personnel non enseignant, une contribution annuelle pour services
courants, y compris contribution au régime de rentes du Québec,
un demi-million: contribution annuelle pour prévenir l'augmentation du
déficit, un demi-million: contribution annuelle pour amortir en 25 ans
le déficit actuariel, $200,000: contribution annuelle au régime
de rentes du Québec quant aux employés faisant partie du fonds de
pension des enseignants, $750,000. Tous ces montants additionnés
s'élèvent à $1,950,000.
C'est donc dire que la Commission des écoles catholiques de
Montréal, le Montreal Greater Protestant Board, comme toutes les
corporations et les gouvernements sont obligés de faire face, en vue
d'augmenter les services, à des augmentations de taxes. Cela ne sert
à rien de se le cacher, il n'y a pas d'autres moyens d'augmenter les
services à la population, deles améliorer, de les rendre plus
accessibles à tous, sans augmenter en même temps les revenus. Or,
les gouvernements ne peuvent pas trouver de revenus ailleurs que par des
augmentations de taxes ou par des emprunts.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je comprends tout ce que le
ministre de l'Education vient de nous expliquer, mais je me permettrai
simplement d'ajouter ceci, à ce que j'ai déjà dit, c'est
que je trouve que l'organisation scolaire catholique et protestante du grand
Montréal est bien chanceuse d'avoir une voix aussi forte, aussi
puissante, en raison de son budget et de la population qu'elle
représente, pour obtenir des projets de loi comme celui-ci, comme ceux
des années antérieures qui lui accordent des privilèges,
par rapport à ce que les autres commissions scolaires du Québec
obtiennent. Je voudrais, pour ma part, me faire le porte-parole des autres
commissions scolaires
du Québec et demander pour les commissions scolaires qui ne sont
pas touchées par le bill 38, c'est-à-dire la majorité des
l,500quelque commissions scolaires du Québec et des quelque 60
commissions scolaires régionales du Québec, une diminution
générale de 25% à 50% de la taxe scolaire sur les maisons
unifamiliales, cette diminution de taxe devant être compensée par
une taxe supplémentaire sur les neutres c'est-à-dire les
immeubles des compagnies, d'une façon générale.
Je pense qu'une situation comme celle qui existe à
Montréal devrait être accordée à toutes les
municipalités de la province, de sorte que le petit propriétaire
de Vaudreuil ou de Cowans-ville soit aussi favorisé que celui de
Montréal.
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges peut
être assuré que le ministre des Finances en particulier, qui a
fait des déclarations déjà, que le premier ministre et que
le ministre de l'Education sont conscients de ce problème du financement
des commissions scolaires et du financement des municipalités. Je n'ai
pas besoin de reprendre les propos déjà tenus. Le
député de Vaudreuil-Soulanges sait qu'à l'heure actuelle,
nous avons plusieurs rapports: je n'ai pas besoin d'y revenir, il les a
nommés tantôt: rapport Bélanger, rapport Parent, rapport
Morcel, qui a été déposé dernièrement, et
des études qui sont faites à l'heure actuelle au ministère
des Finances en vue de tâcher de mieux répartir les impôts,
de façon que le petit contribuable puisse respirer. Ce problème
existe depuis assez longtemps et nous espérons,... Je sais comment le
ministre des Finances actuel a à coeur d'y trouver une solution la plus
rationnelle, la plus raisonnable, tout en respectant, dans toute la mesure du
possible, les droits et, disons, une autonomie relative des commissions
scolaires. Ce problème, nous allons, au cours de la présente
année, y apporter une attention toute particulière. Maintenant,
pour parler de l'augmentation des dépenses, si on examine, par exemple,
les budgets de la Commission des écoles catholiques de Montréal:
1963/64, $69 millions: 1964/65, $81 millions: 1965/66, $95 millions: 1966/67,
$104 millions et pour 1967/68, les contribuables montréalais le sauront
quand la Commission des écoles catholiques aura définitivement
préparé son budget.
M. DOZOIS: Je veux seulement ajouter quelques commentaires au sujet de
l'étude que nous entreprenons concernant la taxe scolaire de même
que la taxe foncière municipale. Il ne s'agit pas d'une vague
étude. C'est une étude que nous entreprenons incessamment
je l'ai dit la semaine dernière, le député de
Vaudreuil-Soulanges n'assistait pas à la séance du comité
des bills privés. Nous sommes actuellement en pourparlers avec
des économistes, des experts en fiscalité. J'attends une
réponse ces jours-ci, à la suite des entrevues que j'ai eues avec
ces gens et nous allons entreprendre cette étude immédiatement de
façon à pouvoir apporter, dès le prochain budget et
je le répète, dès le prochain budget une
réforme dans tout ce domaine de la taxe foncière. Maintenant, ce
que nous voulons éviter, c'est précisément d'apporter des
changements sans en connaître toute la portée et la suggestion du
député de Vaudreuil-Soulanges a ceci de dangereux, c'est que,
théoriquement, cela peut sembler attrayant de dire que, partout dans la
province, la taxe sur les individus sera la moitié de ce qu'elle est sur
les industries, mais il peut arriver qu'une commission scolaire, dans un
endroit, sans passer une telle législation, pourra avoir dans son
territoire peu d'industries et le montant dont cette commission aurait besoin,
disons, nécessiterait un taux de $1.75, chez les particuliers et
ça obligerait de mettre un taux de $ 3.50 sur l'industrie, même
s'il n'y a qu'une industrie dans ce territoire. Cela pourrait être cruel
pour cette industrie, ça pourrait chasser cette industrie de ce
secteur.
C'est une chose trop sérieuse pour établir des nouvelles
normes uniquement en se basant sur le fait que telle ou telle chose aurait du
bon sens. L'étude que nous voulons entreprendre en appliquant certaines
théories mais en les appliquant d'une façon pratique dans les
1600 municipalités de la province de Québec de façon
à savoir exactement quelles seraient les conséquences de tel
geste plutôt que de tel autre. Et si cela présente des
difficultés, nous pourrons les corriger avant l'application d'une
nouvelle formule et non pas après, comme ça se présente
et inutile de se le dire dans la taxe de vente.
Nous avons des problèmes actuellement quasi insolubles. J'ai
été le premier à déclarer ici, dans cette Chambre,
lorsque la formule a été recommandée dans un rapport
spécial de la Commission Bélanger, que c'était une formule
qui était attrayante. J'espérais que cela donnerait d'excellents
résultats.
Mais, dans l'application, deux ans après, nous constatons que
cela crée des problèmes qui deviennent quasi insolubles. Alors,
avant de poser un geste qui va chambarder complètement le champ fiscal
des municipalités et le champ fiscal pour fins d'éducation, nous
voulons savoir exactement, dans la mesure du possible, qu'est-ce que nous
apporteront ces réformes. Je serais le premier à m'objecter
à apporter une réforme temporaire qui serait
peut-être un cataplasme et qui apporterait peut-être plus de
problèmes que celui que nous voulons corriger.
Mais je suis assuré que cette étude qui sera
considérable, nous sommes en mesure de la faire au cours de cette
année et que, dès le prochain budget, nous pourrons appliquer une
réforme dans ce domaine.
M. CLICHE: Est-ce que le travail va être confié à
une commission...
M. DOZOIS: Non.
M. CLICHE: ... qui va tenir des séances ici et là dans la
province...
M. DOZOIS: Non.
M. CLICHE: ... ou si l'étude sera faite par des experts, ici,
à son ministère, au gouvernement?
M. DOZOIS: Non. Une foule d'études ont été faites
jusqu'à présent. Nous avons des théories qui sont
recommandées par des économistes etc, et nous engagerons de ces
personnes pour nous conseiller de façon que nous travaillions avec eux
et non pas confier un mandat à un comité qui travaille en
vase-clos et qui pourra peut-être recommander quelque chose qui ne nous
conviendrait pas ou que nous ne pourrions pas accepter. Nous voulons avoir
à nos côtés des experts qui vont travailler en
collaboration avec nous, qui vont voir comment on peut appliquer telle et telle
formule et nous allons travailler en collaboration avec ces gens.
M. CHOQUETTE: Le ministre de l'Education a sans doute reçu une
requête de la part d'un certain nombre de propriétaires de Ville
Mont-Royal protestant à plusieurs points de vue. Premièrement,
parce qu'ils le sont...
M. DOZOIS: Catholiques ou protestants?
M. CHOQUETTE: J'ai dit protestant à plusieurs points de vue,
parce qu'ils sont protestants et ils protestaient contre la Commission scolaire
protestante: The Greater Montreal Protestant School Board, dont la politique a
consisté à hausser d'un trop haut pourcentage, suivant leur
opinion, le rôle d'évaluation de Ville Mont-Royal. J'avais
déjà moi-même soulevé le problème
auprès du ministre de l'Education et je pense qu'il a reçu une
requête de la part de ces propriétaires. C'est que les
municipalités, comme Ville Mont-Royal, dont le rôle dans son
entier subit une hausse globale, par décision unilatérale du
Protestant School Board, n'ont aucun moyen à leur disposition...
M. BERTRAND: Si le député d'Outremont me le permet, le
ministre des Affaires municipales m'informe: D'abord, qu'il y a
déjà eu une requête qui a été envoyée,
si je me souviens bien, à l'occasion du bill 15 que nous avons
étudié en décembre et, dans ces cas-là, il y a un
appel à la Commission municipale de Québec.
M. CHOQUETTE: Non, je ne pense pas, monsieur.
M. DOZOIS: Oui, oui.
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas qu'il soit accordé aux
municipalités affectées d'aller en appel de la décision
prise par une commission scolaire. J'en doute fortement.
M. DOZOIS: A la commission municipale, il y a un appel et la commission
a déjà rendu des jugements pour baisser le quantun de
l'augmentation.
M. CHOQUETTE: Bien, je vais certainement prendre la parole de
l'honorable ministre, ça c'est sûr, mais...
M. GERIN-LAJOIE: Il a mal répondu, vous ne parlez pas de la
même chose.
M. CHOQUETTE: Peut-être que l'ancien ministre de l'Education
pourrait nous dire d'où provient le malentendu.
M. GERIN-LAJOIE: Je pense que le ministre des Finances parle d'une
municipalité, ou conseil municipal et non pas d'une commission
scolaire.
M. DOZOIS: Non.
M. GERIN-LAJOIE: ... qui peut aller en appel d'une décision du
Montréal métropolitain. Or, ce dont il est question ici, c'est
autre chose.
M. DOZOIS: Pour fins scolaires. Pour l'évaluation pour fins
scolaires, il y a un droit d'appel à la commission municipale.
M. GERIN-LAJOIE: Par qui? M. DOZOIS: Par la municipalité.
M. CHOQUETTE: Pour l'ensemble du rôle...
M. GERIN-LAJOIE: Par la ville ou par la commission scolaire? pas par la
ville?
M. DOZOIS: Je vais aller le vérifier immédiatement, j'ai
un cas.
M. CHOQUETTE: D'après les opinions juridiques que j'ai vues et
des recherches qui ont été faites, on m'a informé que ce
n'était pas le cas,
M. BERTRAND: A tout événement, ce
problème-là ne s'est pas posé à cette occasion-ci.
Il s'est posé à l'occasion de l'étude du bill 15.
M. CHOQUETTE : Il se pose indirectement.
M. BERTRAND: Autant que mon souvenir est bon, les gens de la Commission
scolaire de Ville Mont-Royal devaient rencontrer les autorités du
Montreal Greater Protestant Board.
UNE VOIX: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, au sujet de la date du 17
avril, évidemment je prends la parole du ministre des Finances. Il s'en
rapporte au président du comité exécutif de la ville de
Montréal. Comme c'est la commission scolaire qui est en cause, deux
commissions scolaires...
M. BERTRAND: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: ... et nous sommes aujourd'hui au onze et c'est demain
le douze. Est-ce que le ministre de l'Education pourrait faire communiquer
demain avec les deux commissions scolaires pour être bien sûr que
le délai du 12 demain au 17 avril leur donnera le temps
nécessaire pour prendre la décision?
M. BERTRAND: Je l'ai fait. Et j'ai demandé qu'on me le confirme
par un télégramme. D'autre part, il n'y a aucun problème
à inscrire ici le 17. Le bill, une fois adopté ici, s'en ira au
Conseil. Le bill de Montréal sera également au Conseil et, s'il y
a lieu de changer la date, les deux bills devant être sanctionnés
en même temps, on verra à apporter un amendement au Conseil. Je
puis assurer le député de Vaudreuil-Soulanges que l'on m'a
déclaré qu'il n'y avait aucun inconvénient à mettre
le 17. J'ai demandé qu'on me le confirme par télégramme.
Je n'ai pas encore reçu le télégramme.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre de l'Education...
M. BERTRAND: Je l'aurai sans aucun doute...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre de l'Education cherche une
raison d'être au Conseil législatif?
M. BERTRAND: Pardon?
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre de l'Education cherche une
raison d'être au Conseil législatif?
M. BERTRAND: Non, mais étant donné qu'il existe,
étant donné qu'il fait partie de la Législature de
Québec...
M. GERIN-LAJOIE: Aussi bien le faire travailler.
M. BERTRAND: Et, d'ailleurs, il faut tenir pour acquis que ce
bill-là s'en ira au Conseil en même temps que l'autre de la ville
de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Cet amendement sera-t-il adopté?
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1 adopté.
M. GERIN-LAJOIE: On acceptera que le ministre des Finances nous donne
des explications tout à l'heure.
M. BERTRAND: Oui, oui.
M. SAUVAGE AU: M. le Président, avant de permettre à la
Commission des écoles catholiques de changer son taux ou d'augmenter la
taxe, je crois qu'il y aurait lieu de suivre de très près les
dépenses de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. On sait que la Commission des écoles catholiques de
Montréal n'a pas à son comité de direction les personnes
directement responsables devant les contribuables de Montréal. Il est
beau de dire et de toujours répéter: L'éducation ça
coûte cher et de donner tout l'argent demandé par la Commission
des écoles catholiques de Montréal. On a vu dernièrement
à l'occasion de la demande de l'achat du stadium Delorimier au montant
de $3,600,000.
M.BERTRAND: Il n'a pas été acheté.
M. SAUVAGE AU: Il n'a pas été acheté, mais si la
commission municipale avait dit oui, la Commission des écoles de
Montréal aurait acheté le vieux stade Delorimier pour un montant
de $3,600,000. Je crois qu'il y aurait lieu, vu que nous n'avons pas de
représentant à la commission qui soit responsable directement
devant les contribuables de Montréal, d'obliger les commissaires
à faire approuver les résolutions comportant un montant
supérieur à X par le conseil des ministres de Québec,
parce qu'on m'informe que, de ce temps-ci, les portes sont ouvertes, qu'on
entre des employés partout à des gros salaires et puis qu'on se
fout du taux qu'on sera obligé de charger aux contribuables de
Montréal, aux petits propriétaires qui sont surtaxés en
frais d'éducation.
M. le Président, je désire demander au ministre de
l'Education de voir et de bien faire attention, de surveiller les
dépenses, de toutes les dépenses de la commission scolaire de
Montréal, que ce soit pour la location d'écoles ou l'achat de
propriétés.
M. GERIN-LAJOIE: J'espère que le ministre de l'Education a bien
entendu.
M. BERTRAND: Alors, le ministre de l'Education prend note des remarques
du député de Bourget.
M. DOZOIS: M. le Président, je voudrais faire une correction. La
note que j'avais à mon bureau, il s'agissait d'un appel de la ville de
Montréal-Est sur l'évaluation au point de vue de la
répartition de la corporation de Montréal métropolitain,
mais de mémoire il me semble qu'il y a un appel à la commission
municipale pour l'évaluation faite par les commissions scolaires. Je
vais vérifier cependant.
M. CHOQUETTE: Mais je suis persuadé qu'il n'y en a pas, M. le
Président. Je pense que, s'il n'y en a pas réellement, je veux
signaler le fait qu'il y a des municipalités dont les contribuables
peuvent être maltraités dans leur ensemble par une décision
qui est prise unilatéralement par une commission scolaire, qu'elle soit
protestante ou catholique.
M. BERTRAND: Je prends note du problème qui est soulevé
par le député d'Outremont et j'attirerai l'attention des
officiers de mon ministère pour que l'on voit s'il n'y aurait pas un
moyen de procéder de manière à ce que les
municipalités scolaires concernées qui peuvent être,
disons, brimées puissent trouver un moyen de corriger la situation, soit
par un appel devant les tribunaux.
M. CHOQUETTE: Je remercie le ministre.
M. LE PRESIDENT: Article 2. Cet article sera-t-il adopté?
M. BERTRAND: Article 2. Etant donné la prolongation de l'article
1, le projet de loi prévoit aussi que la Commission des écoles
catholiques de Montréal et le Protestant School Board pourront retarder
jusqu'au 30 juin le dépôt des modifications qu'elles ont droit
d'apporter au rôle d'évaluation municipale sur leur territoire. A
l'heure actuelle elles doivent les déposer le ou avant le 30 mai de
chaque année. Et l'article 2 modifie en conséquence, pour
l'année 1967 seulement, la loi régissant le bureau
métropolitain des écoles protestantes de Montréal et
l'article 3 le modifie pour la loi régissant la Commission des
écoles catholiques de Montréal. Adopté?
M. LE PRESIDENT: Adoptée? Adopté. Article 3. Cet article
sera-t-il adopté?
M. BERTRAND: C'est justement, les deux vont de pair: il y en a un qui
est pour le Greater Protestant Board et l'autre pour la Commission des
écoles catholiques de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Article 4. Il y aura lieu de changer, M. le
Président, si vous me permettez, la date du 27 avril en celle du 17, et
demain je verrai à vérifier. C'est pour la détermination
du taux de la taxe des particuliers de la liste catholique dans le territoire
soumis à la juridiction de la commission. A l'heure actuelle, comme on
l'a déclaré tantôt, le taux de la taxe des particuliers est
de $1.25.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5.
M. BERTRAND: L'article 5, M. le Président, est devenu
nécessaire par suite d'un autre bill qui sera sans aucun doute
adopté au cours de la présente session et cet amendement a pour
objet de permettre à la Commission des écoles catholiques de
Montréal et au bureau métropolitain, pour les fins de la
répartition de la taxe des neutres, de compter à leur charge
respective les élèves qui seront l'objet ou qui pourront
bénéficier des ententes conclues entre la Commission des
écoles catholiques et des institutions privées. Alors le nombre
d'élèves pourra être compté comme étant parmi
les élèves qui peuvent être comptés dans le partage
de la taxe des neutres.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le mi-
nistre de l'Education et le gouvernement nous demandent ici à
l'article 5 de présumer de l'adoption d'un autre projet de loi. Je pense
bien qu'il n'y a pas lieu de discuter de cet autre projet-là à ce
moment-ci. Ce n'est pas dans l'ordre selon notre procédure et je pense
qu'il est anormal qu'on demande à cette Chambre d'adopter ici un article
en prenant pour acquis qu'un autre projet de loi sera adopté.
M. BERTRAND: C'est le même article.
M. GERIN-LAJOIE: Pardon?
M. BERTRAND: L'article 496 de la loi.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, mais onprendpour acquis que le bill 37, je pense,
sera adopté. Evidemment, quel que soit le mérite du bill 37,
quelles que soient les opinions qu'on puisse avoir individuellement à ce
moment-ci, je pense que comme corps législatif il est pour le moins
anormal que nous soyons appelés à adopter un article qui prenne
pour acquis ce que nous ferons demain, c'est-à-dire dans les semaines
à venir.
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges peut
être sûr que n'eût été la
nécessité d'adopter, à cause des changements qui ont
dû être apportés au bill de la ville de Montréal,
n'eût été cette urgence, ce projet de loi-là ne
serait pas venu immédiatement. Nous aurions attendu. Mais étant
donné que le projet de loi qui sera, sans aucun doute,
espérons-le... que le Parlement voudra qu'une bonne loi soit
adoptée puisque le député de Vaudreuil-Soulanges serait,
je pense, quant à lui.,,.
M. DOZOIS: Il n'y aura pas de dissolution.
M. BERTRAND: ... lui qui est conseiller de ses collègues dans le
domaine de l'éducation et qui, l'an dernier, avait publié un
document, le document numéro 1, qui prévoyait justement la
réalisation d'ententes entre les commissions scolaires régionales
et les institutions privées... je pense qu'on peut dire qu'au moins le
principe en est admis, même s'il y a de nouveaux collègues, et je
n'ai aucun doute que ce projet de loi sera adopté. Si par hasard il ne
devait pas l'être, eh bien, nous amenderons.Il faudra faire revenir ce
bill et l'amender.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, encore une fois on ne
peut pas présumer de ce qu'on fera sur un autre projet de loi. Disons
que, peu importe ce qu'avait comme attitude l'an dernier celui qui était
alors ministre de l'Education, nous avons aujourd'hui une attitude nettement
collégiale de ce côté-ci de la Chambre, Alors, nous devrons
prendre notre attitude en commun. Quant à moi, sans engager mes
collègues, je veux bien consentir à l'adoption de l'article 5,
mais sous réserve encore une fois du droit de revenir sur cette question
lorsque nous étudierons le bill 37.
M. BERTRAND: Très bien. M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BERTRAND: Oui. A l'article 6, on propose.., quand on étudie,
M. le Président, des amendements à la charte de la Commission des
écoles catholiques de Montréal comme à celle des
écoles protestantes, on n'a pas besoin de vous dire que c'est un
fouillis. La Commission des écoles catholiques de Montréal a
été constituée en corporation en 1846. Quand on en fait
l'étude et qu'on réfère à certains articles, je
dois vous avouer et j'en ai parlé avec nos officiers
légistes que c'est joliment compliqué. Cet article 6
propose de supprimer, parmi les dispositions relatives à la
répartition de la taxe des neutres, une disposition selon laquelle on
comptait à cette fin pour $0.60-unité chacun des
élèves qui fréquentaient une institution d'enseignement
secondaire reconnue pour laquelle l'une ou l'autre des deux commissions
scolaires de Montréal payait les $200 à titre de frais
d'inscription et de scolarité.
Or, et là encore une fois on doit faire une
référence à un autre projet de loi qui va être
soumis pour l'année 67/68, cette subvention de $200 sera
remplacée par une subvention versée directement aux institutions
d'enseignement secondaire par le ministère de l'Education. En vertu du
bill 39 qui a déjà été soumis en première
lecture, on prévoit l'abrogation de l'article 497 de la Loi de
l'instruction publique en vertu duquel les commissions scolaires devaient
verser elles-mêmes aux institutions d'enseignement secondaire
indépendantes reconnues... La même raison que soulevait
tantôt le député de Vaudreuil-Soulanges pourrait être
soulevée par lui encore.
Disons donc que le député de Vaudreuil-Soulanges de
même que ses collègues, dans l'esprit de
collégialité qu'il annonçait tantôt, pourront
formuler leurs critiques à l'occasion de l'adoption du bill 39, ou
formuler leur approbation. Est-ce qu'on peut l'adopter dans cet
esprit-là?
M. GERIN-LAJOIE: Alors sous réserve des mêmes observations
que tout à l'heure...
M. BEAUPRE: M. le Président, je pense que la Commission des
écoles catholiques de Québec a une charte un peu similaire
à celle de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Et aujourd'hui le ministre pense qu'il est nécessaire,
en regard de la législation qui s'en vient, soit le bill 39 ou le bill
37... s'il pense que cette législation qui est sur la table ne
prévoit pas de cas spéciaux pour Québec et
Montréal, qu'est-ce qu'il va arriver de la ville de Québec et de
sa commission scolaire?
Là on prévoit dans une loi, et nous sommes un peu dans le
même bateau...
M. BERTRAND: Je puis dire au député de
Québec-Centre que, s'il y a un problème pour la Commission des
écoles catholiques de Québec, nous l'étudierons et s'il y
a lieu d'adopter une loi, nous le ferons.
M. BEAUPRE: Mais le problème n'a pas été
étudié à la connaissance du ministre? En d'autres termes,
c'est-à-dire ces deux articles 5 par exemple? Le cas est similaire
à la commission scolaire de Québec, comme à
Montréal. A l'article 6, est-ce que le problème en regard de
Québec a été étudié? Est-ce que le ministre
croit que la loi, le bill 37 ou le bill 39, prend soin du problème de la
commission scolaire de Québec.
M. BERTRAND: Le député de Québec-Centre peut
être assuré que, s'il est nécessaire d'adopter une loi pour
la Commission des écoles catholiques de Québec, nous le
ferons.
M. BEAUPRE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BERTRAND: Article 7 qui réfère encore à
l'article 11 de la charte. Selon la loi actuelle, « la Commission
scolaire catholique ayant juridiction sur le territoire des 22
municipalités soumises à l'application de la loi », c'est
encore au sujet du $200. Alors, c'est tout simplement de la concordance.
M. GERIN-LAJOIE: Mêmes observations.
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté? Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, une question au sujet de
l'article 8. C'est seulement une question au ministre de l'Education. Est-ce
qu'il y a lieu de bien prévoir que l'article 6 entre en vigueur
immédiatement, le jour de la sanction, et non pas le 1er juillet lui
aussi?
M. BERTRAND: Non, l'article 6... Voici, sauf les articles de 5 à
7, qui entreront en vigueur, 5 à 7...
M. GERIN-LAJOIE: J'avais lu 5 et7. Merci.
M. BERTRAND: ... donc 6 est en plein milieu.
M. GERIN-LAJOIE: Merci bien.
M. LEBEL (Président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté la deuxième lecture du bill numéro 38, avec
amendements.
M. PAUL (Président): L'honorable ministre de l'Education propose
que les amendements soient maintenant lus et agréés. Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
M. BERTRAND: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose maintenant
la troisième lecture du bill 38, Loi concernant l'éducation dans
la ville de Montréal et d'autres municipalités avoisinantes. La
motion est-elle adoptée? Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: Le député de Champlain. Débat
sur le budget
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur la motion de M. Dozois
proposant que M. l'Orateur quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se
forme de nouveau en comité des voies et moyens. L'honorable ministre du
Commerce.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE: Commerce bien agréable. M. le Président, je
n'ai pas besoin de vous dire que, avec l'auditoire aussi distingué
auquel j'ai à m'adresser ce soir et aussi nombreux...
M. GERIN-LAJOIE: Il faut admettre que le ministre du Travail a de la
concurrence.
M. BELLEMARE: Je sais que le pointage est favorable, en tous les cas
semble favoriser au moins les Canadiens.
M. le Président, le discours du budget est, pour les membres de
cette Chambre, l'occasion bien particulière et surtout l'occasion toute
trouvée pour rendre un témoignage bien spécial au ministre
des Finances. L'honorable député de St-Jacques dans cette
Chambre, M. le Président, a prouvé par son travail et son
dévouement, depuis plusieurs années, son indéfectible
attachement aux siens et à sa province.
Le ministre des Finances, dans une province comme dans un pays,
représente l'homme sur lequel pivote toute l'économie d'un
gouvernement, comme d'ailleurs toutes les législations qui seront
données en faveur de la population.
Il m'est bien agréable ce soir de dire à l'honorable
député de Saint-Jacques, l'honorable ministre des Finances, notre
vive gratitude pour le travail immense qu'il a accompli depuis le 16 juin
dernier.
Il a fait un travail de géant, il s'est montré sous son
véritable jour, celui d'être un homme extrêmement bien
préparé, mais un homme aussi consciencieux de ses
responsabilités, sacrifiant ses heures de loisirs pour donner à
la population du Québec, le plein rendement qu'on attend de lui et, ce
soir, je suis particulièrement fier de lui dire notre admiration
profonde et l'assurer de notre indéfectible amitié.
Le budget a été présenté avec des termes et
surtout dans des expressions d'idées nouvelles. Le ministre des Finances
a voulu montrer sous son véritable jour la position de la province de
Québec au point de vue financier, mais aussi ce qu'un gouvernement de
notre équipe pouvait faire pour avoir soin et de « nos promesses
» et de la population tout court.
Les députés de l'Opposition qui ont participé au
débat sur le budget, jusqu'ici, ont pratiqué le truc de la
diversion avec surtout un art consommé. On a fait d'abord sortir le
député de Mercier, on a dit devant cet homme reconnu pour son
érudition en chiffres et en statistiques vous allez voir
s'écrouler dans la province de Québec tous les espoirs qu'avait
causés par son budget, l'honorable ministre des Finances, les
législations qui avaient été annoncées.
Nous l'avons écouté, pour une fois, pour une
première fois, dans un grand discours. Je regrette infiniment qu'il ne
soit pas à son siège, je sais qu'il lira demain le journal des
Débats. J'aurai pour lui quelques bons mots, parce que, franchement, il
a fait un effort remarquable afin d'aligner un lot de chiffres, de statistiques
qui viendraient contredire un peu les avancées du ministre des
Finances.Il l'a fait avec une grande gentilhommerie que je lui reconnais, mais
je vais lui démontrer tout à l'heure au cours de mon
exposé demain, ou après demain quand je reviendrai reprendre mon
discours, combien on peut faire dire à certains chiffres ce qu'on veut,
surtout quand on est comme lui un grand économiste et surtout qu'on a
l'habitude de donner avec les chiffres certains aspects, de montrer certains
tableaux de faire valoir dans un plan d'ensemble certains chiffres qui prouvent
ou qui donnent, qui essaient de donner raison à celui qui veut à
ce moment-là se faire une raison de dire que c'est faux ou c'est
mal.
A partir de là, nous avons entendu les trois grandes
unités du parti, les trois grands, d'abord l'honorable
député de Matapédia, l'honorable député de
Laurier, l'honorable député de Notre-Dame-de-Grâce. Nous
les avons entendus avec beaucoup de plaisir et, surtout, lorsque nous avons
entendu l'éloge dithyrambique fait par le député de
Matapédia à l'endroit de son chef l'honorable
député de Louis-Hébert.
Je n'ai pas besoin de vous dire que la loyauté de l'honorable
député de Matapédia à l'endroit du chef du parti
est reconnu, je l'en félicite très sincèrement. C'est un
loyal, c'est un homme qui a su comprendre son chef et qui sait l'aider dans les
jours difficiles qu'il traverse.Il mérite sûrement, cet honorable
député, d'être félicité, et surtout
après les longues péripéties qu'il a traversées,
surtout lui qui a été le conservateur nationaliste et qui est
devenu libéral.
Il a réussi à s'accrocher à l'aile progressiste du
parti et, surtout dans des déclarations assez fracassantes, il a
menacé les jeunes détracteurs, ceux qui voulaient faire de la
misère au grand chef. Je n'ai pas besoin de vous dire les
déclarations assez extraordinaires qu'a faites dans les journaux ce
grand député de Matapédia. C'est lui qui disait, le 4
octobre 1966: « Les extrémistes, dehors. Et surtout les
extrémistes de gauche.» Il avait raison, Bona.Il avait vu venir le
danger comme un vieux politicien. Et combien aujourd'hui j'entends, dans cette
Chambre, les accents d'un parti triomphant, il n'y a pas si longtemps, qui nous
disait à nous de l'Opposition: Mon Dieu! l'Opposition, qu'est-ce que
ça vaut? C'est archidivisé, et c'est ça qu'on a comme
opposition? C'est ça, comme disait un jour le grand premier ministre du
temps, c'est ça qui va nous battre? Ce groupe divisé entre eux
autres? Ils ne se comprennent pas.
M. CHOQUETTE: Cela fait bien des fois que vous ditez ça.
M. BELLEMARE: On ne le dira jamais assez.
M. CHOQUETTE: Je vois ça. A tous vos discours, vous dites la
même chose.
M. BELLEMARE : Nous avons entendu dans cette Chambre et j'ai le
droit ce soir de dire à la face de la province de Québec
que nous avons enduré notre mal, mais que notre scission n'était
pas comme celle du parti libéral. Nous avons eu, dans notre parti, des
divergences d'opinion, mais jamais de scissions publiques comme celles que nous
constatons dans les rangs de l'Opposition libérale. Et ce sont eux qui
venaient nous prêcher la vertu. Ce sont eux qui venaient nous dire de
nous rallier afin de donner un exemple d'unité nationale, ces grands
prêcheurs de la vertu. A quel spectacle assiste-t-on aujourd'hui? Au
lamentable spectable d'une division qui va être extrêmement grave,
et je vous dis qu'ils ne sont pas au plus creux. Vous allez encore les voir
descendre, se déchirer, se séparer et ce ne sera pas long. C'est
le commencement de la fin.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre me permettrait une petite
question?
M. BELLEMARE: Un chef qui a été premier ministre de la
province, un homme qui a travaillé pour les siens, qui a
travaillé jour et nuit dans son bureau comme il le disait, et durant ce
temps-là, on lui joue dans le dos. Je veux protester au moins. Ce n'est
pas raisonnable.
M. KENNEDY: Est-ce que le ministre est contre ou en faveur du
budget?
M. BELLEMARE: Ce n'est pas raisonnable qu'on fasse ça au
député de Louis-Hébert. Il n'a pas mérité
tant de déboires et tant de déceptions de ses
députés.
M. CHOQUETTE: C'est vrai.
M. KENNEDY: A quelle page du budget êtes-vous?
M. BELLEMARE: Lui qui a couru par monts et par vaux.
Je n'ai pas parlé du Mont-Tremblant, ni du veau que tout le monde
connaît. Mais ces gens arrogants, ces gens triomphateurs il n'y a pas si
longtemps dans cette Assemblée législative, qui n'avaient que
dédain pour l'Opposition. Je me souviens du soir terrible où le
premier ministre du temps s'était levé pour lire un rapport qu'on
a appelé le rapport de l'enquête Salvas. Les gens de la galerie,
en haut, nous crachaient sur la tête. On était dans l'Opposition,
dans le temps et on était ridiculisé. On était des gens de
rien, des gens qui étaient bafoués. L'opinion publique ne les a
pas crus, parce qu'on nous connaissait.
Mais aujourd'hui, c'est le temps du bien juste retour des choses. Il y a
une justice dans ce bas monde, une justice qui veut que ceux qui
écrasent les autres, un jour, avec dédain et fanfaronnade soient
un jour cités à la barre de l'opinion publique et paient devant
la province de Québec.
M. le Président, vous avez craché en l'air, certains
d'entre vous. Aujourd'hui, cela vous retombe...
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas le droit de dire ça au
président. Ce n'est pas parlementaire.
M. BELLEMARE: Je n'ai jamais vu une opposition aussi divisée.
Onze députés en Chambre, onze députés. Où
sont les gens qui ont un mandat pour être ici en Chambre comme
législateurs? C'est ça, l'équipe de l'Opposition? C'est
ça, l'équipe qui doit terroriser?
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous prétendez que ça vaut...
M. BELLEMARE: Et après les discours qu'on a entendus de
l'honorable député de Matapédia, qui, lui, a eu le courage
de la loyauté vis-à-vis de son chef, nous avons entendu le
discours du député de Laurier qui disait: « L'Union
Nationale, par sa démagogie pendant six ans, a réussi à
tenir le pouvoir. Démagogie? S'il y en a un dans cette Chambre qui
devrait au moins se taire et surtout lorsqu'il y a un brin de révolution
qui grouille quelque part, vous voyez arriver le député de
Laurier, on sent son appétit! Et on sent aussi dans ses expressions le
noyautage d'une certaine sorte d'idées qui manquent de popularité
en certains lieux.
Le député de Laurier, venir nous donner des leçons?
Venir nous dire que nous avons mal taxé le peuple? Venir nous reprocher
d'être des administrateurs qui vivent dans l'immobilisme? Lui, le
député de Laurier!
M. HARVEY: Il n'est pas là.
M. BELLEMARE: Quand on sait que les ancêtres du
député de Laurier, comme les ancêtres du parti
libéral, ont dans cette Chambre, un jour, voté contre la taxe de
luxe.
L'histoire est là, M. le Président, à la page 339
des procès verbaux de l'Assemblée législa-
tive. Nous avions pensé un jour qu'il fallait établir dans
cette province une taxe de luxe de 6%. J'entendais l'autre soir l'honorable
député de Laurier dire au gouvernement: « Vous auriez
dû taxer d'abord les riches avec une taxe de luxe. » Il avait
oublié de lire la page 339 des procès verbaux de
l'Assemblée législative. Et surtout des discours qui ont
été faits à cette occasion. Je m'en souviens, M. le
Président. J'arrivais dans cette Chambre, et j'ai entendu à ce
moment-là des discours qui ont fait époque.
M. le Président, le député de Laurier, lui, parler
de démagogie, essayer de nous faire comprendre qu'il est plus proche du
peuple aujourd'hui qu'hier! Ce n'est pas parce qu'on fait dans la province une
tournée et que l'on se fait applaudir en certaines places
particulières et choisies que l'on peut ramasser assez de
popularité pour être le prophète du temps.
Ce n'est pas parce qu'un jour il a senti l'aiguillon de sa vocation,
celle d'être ce qu'il est, qu'on peut attacher grande importance à
ce qu'il vient faire ici en Chambre. Et surtout dans les arguments qu'il
emploie contre nous.
M. LAFONTAINE ET LOUBIER: Il ne vient pas.
M. BELLEMARE: M. le Président, parler de la famille, essayer,
lui, dans ses termes qu'il sait surtout méchants, essayer de...
Qu'est-ce que j'ai dit? Dans ces termes...
M. HARVEY: Vous avez toujours été contre le fait qu'on
parle des absents.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas de ma faute si je
dois faire mon travail, moi, ici en Chambre et s'ils ne sont pas à leurs
sièges. Je n'attendrai pas que tout le monde y soit. S'il y a un
député qui devrait être ici en Chambre et suivre toute la
législation, c'est bien celui qui s'en va aux quatre vents de la
province pour la critiquer.
M. HARVEY: Il est peut-être malade, vous ne le savez pas.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoinde vous dire que... Je n'ai pas besoin
de vous faire connaître les statistiques de ses présences. Dans 92
séances, il y a un an, il a siégé 7 fois.
M. HARVEY: Sept fois?
M. BELLEMARE: Oui, sept fois.
M. KIRKLAND-CASGRAIN: Cela valait mieux que toutes vos fois.
M. HARVEY: Je ne savais pas qu'on avait un « time-keeper »
en Chambre.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cela n'empêche pas le ministre
d'utiliser des termes parlementaires.
M. BELLEMARE: Non, si j'ai dit « méchant », je le
retire et je dis... inapproprié.
M. le Président, quand on parle de démagogie et qu'on
analyse le discours qu'a fait en cette Chambre l'autre soir le
député de Laurier, je suis à me demander où sont
ceux qui travaillent véritablement en faveur d'une famille, en faveur du
respect des droits de chacun? Et je me demande, M. le Président, s'il ne
vaut pas mieux passer pour des immobilistes qui remplissent
véritablement bien leur rôle dans les législations qui sont
devant vous ou qui viendront, M. le Président, que dans la
légèreté d'action qu'emploie souvent le
député de Laurier.
Ce n'est pas nous qui avons dit un jour: « On ne sait pas
où on va avec notre politique mais une chose certaine, c'est qu'on y va
vite ».
M. le Président, nous avons entendu l'honorable
député de Notre-Dame-de-Grâce. Imaginez-vous qu'il a
trouvé quelque chose d'intéressant pour la
Fédération libérale: la recherche vers la lune, un moyen
pour l'atteindre, une technique spéciale, et il a cité plusieurs
extraits du journal des Débats me concernant. J'aurai l'occasion tout
à l'heure, dans quelques instants, de lui apporter une réponse
cinglante pour lui prouver...
M. CHOQUETTE: Le ministre du Travail ne souffre pas de modestie.
MME KIRKLAND-CASGRAIN: C'est vous qui le dites!
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis donc que l'honorable
député de Notre-Dame-de-Grâce a lui aussi fait valoir ses
arguments. Est-ce que, dans le discours qu'a prononcé l'honorable
député de Notre-Dame-de-Grâce, il y avait quelque chose de
constructif dans ses critiques?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: Oui, certainement.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y avait quelque chose qui apportait un
renouveau, une sug-
gestion heureuse? Est-ce que l'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce s'est plu a reconnaître que du bien avait
déjà été fait? Non, M. le Président. A
entendre ces gens, il devient clair et extrêmement limpide qu'une
discussion objective sur les grands problèmes que pose
l'évolution du Québec est leur moindre souci. Il n'est pas dans
mes intentions d'apporter un démenti formel aux allégations du
député de Notre-Dame-de-Grâce ayant trait à la
santé de l'économie du Québec. La plupart de ses
commentaires s'inspirent sans doute d'un souci louable d'améliorer notre
perfectionnement économique. Cependant, il présente
l'économie du Québec, et surtout de notre Québec, une
image tronquée et incomplète parce que l'on perd de vue les
mouvements d'ensemble tels qu'ils se reflètent dans les revenus et les
emplois mis à la disposition de toute la population du
Québec.
A force de regarder les arbres, M. le Président, vous le savez,
on oublie souvent la présence de la forêt, c'est indiscutable. Le
reproche que j'adresse au député de Notre-Dame-de-Grâce et
au pessimisme de sa classe, c'est de s'être laissé hypnotiser par
quelques aimants négatifs qui vont à l'encontre des
réalités globales mises à jour par l'évolution de
l'emploi et des revenus et surtout de la production du Québec. Ceci
compte pour lui et pour les autres.
M. le Président, nous avons entendu aussi l'honorable chef de
l'Opposition. Nous avons reconnu sa gentilhommerie.Il a, comme ses fonctions
l'y obligent, fait un discours où la critique, mêlée
à certaines considérations d'avenir pour son parti, était
sûrement indiscutable. Mais est-ce que ces membres de l'Opposition ont le
droit de traiter les Québécois de la sorte? Est-ce qu'ils ont le
droit de laisser filtrer à travers notre Assemblée
législative de telles prises de position quand les
Québécois en 1967 sont sûrement des adultes? Ce sont eux
qui disaient: Nous avons été battus pour une raison très
simple: nous nous sommes éloignés du peuple. Donc, s'ils se sont
éloignés du peuple, la législation qu'ils ont faite
était une législation que le peuple ne voulait pas.Il n'y avait
donc pas eu de dialogue. C'était une législation imposée
et non pas raisonnée, en faveur du peuple et pour le peuple. Et on
revient aujourd'hui et on est larmoyant. On dit: Pauvre peuple, je reviens
à toi, ouvre-moi grand tes bras, daigne me recevoir dans ta maison, je
suis le serviteur des serviteurs et avec un trémolo presque
décourageant, on demande la pitié.
Eux qui ont gouverné pendant 6 ans, eux qui ont pensé
d'abord au parti avant de penser au peuple, après avoir subi le terrible
châtiment dont le peuple, qui est le seul juge en l'occur- rence, les a
frappés, reviennent devant nous aujourd'hui et disent: L'Union
nationale, vous pensez au peuple, vous autres. Bien, vous êtes là
pour administrer. Vous n'avez pas le droit d'arrêter d'endetter la
province. Voyons donc, c'est le peuple qui vous demande ça. Continuez
d'emprunter, continuez les investissements. Nous avons besoin, pour
l'économie de la province, qu'on connaisse encore des dettes. Ces
gens-là ne savent pas qu'ils ont été battus à cause
de ça. C'est à cause de ça qu'ils ont connu le
châtiment, la désapprobation populaire.
M. le Président, je suis habitué à des auditoires
très sympathiques et je vois revenir vers le bercail, certains membres
de l'Opposition qui me prouvent que les Canadiens ont gagné.
M. KENNEDY: Vous défiez toute concurrence. Il vous ont entendu et
ils ne peuvent pas résister.
M. BELLEMARE: Mais, maintenant, M. le Président, je vais les
priver de mon discours, je demande l'ajournement du débat.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable ministre du Travail est-elle
adoptée? Adopté.
M. JOHNSON: ... avant l'ajournement, je voudrais attirer votre attention
et celle du greffier sur la page 23 du feuilleton. C'est probablement par oubli
ou distraction, qu'on a, contrairement à l'habitude immémoriale,
mentionné le nom d'un député dans la rédaction de
l'avis de motion...
M. GERIN-LAJOIE: Daniel Johnson.
M. JOHNSON: ... la question, oui. On sait que ce n'est pas habituel et
celui qui est chargé de surveiller les épreuves devrait y
penser.Il n'est pas habituel de mentionner le nom du ministre. Il est
déjà décrit par sa fonction, quelle que soit la personne
qui à ce moment-là agissait en qualité de ministre des
Richesses Naturelles.
M. le Président, demain nous pourrions, puisque c'est la
journée des députés, débuter en appelant d'abord
l'article 66, reprise du débat sur la motion de M. Laporte, passer
ensuite à la motion de M. Fournier et, s'il nous reste du temps, aborder
l'étude de la motion au nom du député de
Louis-Hébert...
M. LESAGE: C'est toujours s'il reste du temps.
M. JOHNSON: ... concernant le règlement de l'Assemblée
législative...
M. LESAGE: Depuis le début de la session, c'est: s'il reste du
temps.
M. JOHNSON: ... peut-être prendre celle du député de
Bagot concernant le bill 99...
M. LESAGE: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: Oui, bien il n'a pas le temps. Il n'y aura pas de
temps.
M. LESAGE: Dans tous les cas...
M. JOHNSON: ... et peut-être qu'on pourrait, s'il nous reste du
temps, plutôt que de prendre 65, étudier le bill des
investissements universitaires pour 66/67, bill préparé dans le
temps par nos amis d'en face...
M. LESAGE: D'ailleurs...
M. GERIN-LAJOIE: Non, non, non.
M. JOHNSON: ... afin qu'il soit sanctionné jeudi.
M. LESAGE: ... le bill a été préparé par le
gouvernement actuel mais la division des montants avait été faite
avant, et il s'agit de consacrer des dépenses déjà
faites.
M. BERTRAND: Oui.
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas le même bill.
M. JOHNSON: Non, mais c'est...
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est pas le même montant.
M. JOHNSON: Non, sauf qu'il faudrait...
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: De toute façon.
M. JOHNSON: ... autant que possible, le faire sanctionner jeudi ou
vendredi...
M. GERIN-LAJOIE: Les hautes études commerciales ont
été enlevées. Mais c'est important les hautes
études.
M. JOHNSON: ... et le bill concernant le ministère des affaires
intergouvernementales jeudi, probablement, ou vendredi.
M. LESAGE: Tout ça demain?
M. JOHNSON: Oui. Il faut toujours s'en préparer d'avance. Il
arrive parfois que ça déboule.
M. LESAGE: Oui. Mais est-ce que, jeudi, ce sera le budget de toute
façon?
M. JOHNSON: De toute façon, jeudi, même si nous sommes
retenus en comité des bills privés pour le bill de Laval et des
Iles Laval, la Chambre pourrait peut-être siéger en comité
des subsides et aborder tout de suite les subsides du ministère de
l'Industrie et du Commerce et, ensuite, les subsides du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. LESAGE: Pas de débat sur le budget jeudi, de toute
façon.
M. JOHNSON: Bien, si on insiste pour entendre le député de
Champlain, on pourra peut-être demain, après
délibération...
M. GERIN-LAJOIE: Non, mais jeudi.
M. LESAGE: On pourrait peut-être entendre l'enregistrement.
M. JOHNSON: On pourrait peut-être demain changer cette
décision-là.
M. BELLEMARE: Il y a des bons bouts pour vous.
M. LESAGE: On m'a dit ça, oui.
M. JOHNSON: Alors, demain, trois heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La Chambre ajourne ses travaux à
demain après-midi trois heures.