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(Quinze heures vingt minutes)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Un moment de recueillement.
Veuillez vous asseoir.
Affaires courantes.
Déclarations ministérielles.
M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.
Demandes du gouvernement et des
représentants de l'industrie de la
chaussure du Québec
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, le gouvernement du
Québec, représenté par le ministre d'État au
Développement économique, et moi-même, réunissait
samedi, à Montréal, les représentants de l'industrie
québécoise de la chaussure et des industries connexes, ainsi que
des porte-parole des syndicats CSN, FTQ et CSD qui représentent les
travailleurs de cette industrie.
L'objet de la rencontre était de fournir aux parties
impliquées l'occasion de se concerter sur la décision
fédérale d'abandonner complètement les contingentements
pour les chaussures en cuir. Cette décision arbitraire et inopportune
comporte une menace directe pour les 80 entreprises et les 6600 travailleurs
oeuvrant au Québec dans ce secteur d'activité. En effet, 80% de
la production québécoise se situe dans le créneau de la
chaussure en cuir.
L'imminence de l'entrée en vigueur de cette politique, le 30
novembre, soit ce soir à minuit, commandait une réaction
vigoureuse de la part de tous. Les efforts consentis tant par les entreprises
que par le gouvernement du Québec depuis quatre ans seraient
irrémédiablement balayés et détruits. Ces efforts
sont, de la part du gouvernement du Québec, l'abolition de la taxe de
vente sur les chaussures, les quelque 10 000 000 $ consacrés au
programme Innovation-chaussure et aux autres mesures d'assistance
financière fournie notamment par la SDI et par l'Office
québécois du commerce extérieur.
L'industrie, pour sa part, y a également consacré des
ressources considérables. Les résultats sont remarquables compte
tenu de la conjoncture: une productivité en hausse moyenne de 4,5% par
an, une maîtrise surprenante des coûts de production qui ne
connaissent qu'une hausse de 8,7% par an, substantiellement moins que la
moyenne des produits industriels. Enfin, des progrès majeurs sont
enregistrés au niveau de l'expertise de l'industrie dans la mise en
marché et de sa capacité à rencontrer les besoins des
consommateurs.
Conscients des progrès réalisés et du
préjudice majeur que causerait l'absence d'une protection
adéquate du marché canadien de la chaussure, le tribunal
antidumping reconnaissait que la capacité de l'industrie canadienne de
conserver sa part actuelle du marché serait gravement menacée.
Malheureusement, le gouvernement fédéral en a
décidé autrement en enlevant complètement les
contingentements pour les chaussures en cuir. Aussi, dans le but précis
de poursuivre la consolidation de ce secteur et de récolter les fruits
bien légitimes des efforts consentis, les participants à cette
rencontre ont unanimement convenu: 1. De réaffirmer conjointement le
principe d'une politique de protection adéquate par le moyen de
contingentements globaux visant au maintien et à l'accroissement de la
part de marché de l'industrie québécoise de la chaussure.
2. D'exiger du gouvernement fédéral un moratoire sur sa
décision d'abandonner les contingentements sur la chaussure en cuir, de
façon à permettre des consultations entre les intervenants
concernés et de maintenir, entre-temps, les mesures actuelles en vigueur
en matière de contingentement global. 3. De former un groupe de travail
composé de représentants de toutes les parties présentes
à la rencontre et dont le mandat sera de faire des
représentations appropriées auprès du gouvernement
fédéral; d'informer la population des conséquences de la
récente décision fédérale; de définir, le
cas échéant, les moyens de pression à utiliser; de faire
la promotion de l'achat chez nous; de maintenir à jour un état de
la situation, des données relatives à la production et à
l'emploi dans ce secteur d'activité, et de procéder à une
évaluation périodique des effets de toute décision
fédérale.
Ce groupe bénéficiera du support technique et financier du
gouvernement du Québec, notamment du secrétariat permanent des
conférences socio-économiques et du ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme. 4. De demander que, sur la base de
l'apport québécois dans l'industrie canadienne de la chaussure,
50% des 17 000 000 $ que le gouvernement fédéral entend consacrer
à la restructuration de cette industrie soient transférés
au programme guébécois Innovation-chaussure déjà
existant au lieu de procéder à la mise sur pied d'une mesure
fédérale séparée du programme
guébécois. À cet effet le gouvernement du Québec
accepterait que deux représentants du gouvernement fédéral
participent au comité d'évaluation des projets chargé de
l'administration du programme et procéderait aux modifications reguises
du programme actuel, ainsi qu'à son élargissement aux industries
connexes. 5. De demander au ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme du gouvernement du Québec d'étudier les problèmes
d'approvisionnement en cuir et en produits semi-finis et de requérir, au
besoin, l'assistance du Centre de recherche industrielle du Québec,
notamment pour analyser et solutionner tout problème relatif à la
teinture du cuir.
M. le Président, c'est là l'audacieux programme de travail
dont ont convenu unanimement toutes les parties présentes à la
réunion de samedi. C'est dire que les Québécois de tous
les milieux n'entendent pas faire les frais de cette politique irresponsable du
gouvernement fédéral et sont bien décidés de
prendre en main leur industrie.
Aujourd'hui même, une lettre siqnée conjointement par mon
collègue, M. Bernard Landry, et moi-même sera transmise au
ministre fédéral de l'Industrie et du Commerce, M. Herb Gray,
afin de lui faire part des demandes et des exigences du Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: Je veux d'abord remercier le ministre pour
l'invitation qu'il a faite aux membres de l'Opposition d'assister à
cette réunion de samedi à laquelle j'étais présent.
D'abord, nous sommes d'accord avec le gouvernement pour dire que la
décision du fédéral était une décision
irréfléchie qui aura des conséquences défavorables
sur notre industrie de la chaussure et nous demandons au gouvernement
fédéral de revoir sa décision dans les plus brefs
délais.
J'ai parlé à beaucoup d'intervenants syndicaux et à
des hommes d'affaires qui étaient là et je pense que tout le
monde était d'accord pour dire que, même si ça ne sera pas
catastrophique dans l'immédiat, dans les prochains mois, à long
terme et à moyen terme, ça peut avoir des effets très
sérieux sur l'industrie au Québec.
Ceci étant dit, je veux souligner que toute l'histoire des douze
derniers mois de cette expérience dans les contingentements de la
chaussure est un très bel exemple de la stratégie de
confrontation, de la stratégie incompétente du ministère
de l'Industrie et du Commerce et de ce gouvernement qui a terriblement affaibli
le Québec. Des voix: Oh! Oh!
M. Scowen: Écoutez-moi, vous allez apprendre quelque
chosel
Le Vice-Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Scowen: Premièrement, nous avons une histoire d'un an
de négociations par courrier, pas de négociations directes, pas
de vraie consultation entre l'une et l'autre, des lettres démagoqiques
du ministre de l'Industrie et du Commerce du Québec à Ottawa. Je
souligne, à titre d'exemple, M. le Président, une lettre
écrite par le ministre de l'Industrie et du Commerce
fédéral, M. Gray, le 11 juin de cette année, dans laquelle
il disait au ministre: "Si vous considérez la chose comme souhaitable,
il pourrait y avoir consultation entre agents de nos ministères
respectifs afin de discuter de la question." Il a invité le gouvernement
péquiste à commencer immédiatement une négociation;
c'était au mois de juin, il y a presque six mois. Est-ce qu'il y a eu
une réponse à cette lettre? À ma connaissance, non. Est-ce
qu'il y a eu une réunion? J'ai demandé à des
fonctionnaires de son ministère samedi et ils m'ont dit qu'à leur
connaissance il n'y avait eu aucune réunion.
Alors, des négociations par courrier, aucune rencontre
sérieuse. Arrive la catastrophe voulue et on passe à l'action. On
convoque un sommet ou un mini-sommet très politisé où on
blâme le fédéral pour son manque d'attention dans ce
dossier, mais tout le monde sait que c'est une série d'efforts
très bien orchestrés pour prouver que le système
fédéral ne peut pas fonctionner. Où êtes-vous?
Ètes-vous vraiment intéressés au bien-être des
travailleurs, des syndicats et des compagnies guébécoises ou
voulez-vous n'utiliser ces incidents que pour créer un climat de
catastrophe? Si vous étiez vraiment intéressés, vous
auriez commencé ces néqociations réelles, face à
face, depuis longtemps.
Je veux passer, M. le Président, brièvement, aux quatre
éléments du proqramme parce qu'il y a deux ou trois
éléments que je veux préciser pour que le ministre en
parle dans sa réplique. Premièrement, le ministre a dit que le
qouvernement a consacré quelque 10 000 000 $ au proqramme
Innovation-chaussure. D'après les chiffres qu'il nous a donnés,
de 1978 à 1980, le total consacré a été de 2 500
000 $; en 1980-1981, c'est 1 500 000 $; il monte à 4 000 000 $ et pour
cette année, c'est un peu difficile de dégager les sommes
totales, mais nous avons l'impression que ça doit être autour
de
2 000 000 $, peut-être, pas plus que ça. D'après les
chiffres que le ministre nous a donnés, les sommes consacrées
jusqu'à maintenant, à la fin de l'année 1981, pour
Innovation-chaussure, doivent monter peut-être à 6 000 000 $, pas
plus que cela, à moins que le ministre ait décidé de
consacrer 6 000 000 $ cette année. J'aimerais avoir une précision
sur ces chiffres parce qu'il a dit que ces 10 000 000 $ étaient
consacrés dans le cadre d'innovation-chaussure. (15 h 30)
En ce qui concerne les quatre décisions qui ont été
prises, la première c'est de réaffirmer une politique de
protection adéquate par le moyen des contingentements. On est d'accord.
Je pense que le ministre aurait dû souligner l'importance en même
temps de la restructuration, de la modernisation de cette industrie pour
qu'à la fin des cinq ans de délai voulu par le ministre, nous
ayons une industrie de la chaussure concurrentielle non seulement pour les
acheteurs québécois, les consommateurs québécois,
mais espérant que ce serait concurrentiel à travers le Canada et
dans le monde entier.
Deuxièmement, on exige du gouvernement fédéral
d'accepter un moratoire. On est d'accord. En ce qui concerne le
troisième point, il y a un élément sur lequel on a de
grandes réserves. Le ministre propose de former un groupe de travail
composé de représentants de toutes les parties
intéressées. On est d'accord. Mais l'idée de prendre les
fonds publics pour informer la population des conséquences de la
récente décision fédérale, pas pour les informer
sur les avantages d'acheter les chaussures québécoises, ce qui
pourrait être quelque chose d'utile, mais d'informer la population des
conséquences d'une décision fédérale, quant
à nous, c'est l'utilisation des fonds publics pour des fins pas loin de
la propagande.
En terminant, M. le Président, je demande que le ministre
réponde à deux questions. Premièrement, quel est le
montant versé dans Innovation-chaussure, pendant chacune des quatre
années, depuis l'inauguration?
Deuxièmement, est-ce qu'il y a eu, cette année, une seule
réunion des fonctionnaires fédéraux, avec les
fonctionnaires de son ministère à ce sujet? Si oui, à
quelle date?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Rodrigue Biron
M. Biron: M. le Président, je commencerai à
répondre au député de Notre-Dame-de-Grâce en le
remerciant d'abord d'avoir participé à cette réunion
d'urgence tenue samedi, à Montréal, avec mon adjoint
parlementaire, le député de Châteauguay.
Comme première remarque, je dirai au député de
Notre-Dame-de-Grâce qu'on n'a pas besoin de faire d'effort pour prouver
que le système ne marche pas, les fédéraux s'organisent
pour faire assez d'efforts, qu'ils nous prouvent que ce système ne peut
pas marcher à l'heure actuelle.
Deuxième chose, vis-à-vis des demandes précises du
député, je pourrai faire les recherches nécessaires pour
lui donner, pour chaque année - je m'engage à le faire - ce qui a
été fait relativement au programme Innovation-chaussure, et
à la SDI. J'ai mentionné qu'à travers les programmes qui
ont subventionné l'industrie de la chaussure, il y avait
Innovation-chaussure et la SDI. Mais je peux dire au député
qu'à la fin de l'année budgétaire qui a
précédé cette année, c'est-à-dire à
la fin de mars 1981, il y avait déjà 9 750 000 $ versés
par le gouvernement du Québec, directement, soit à
Innovation-chaussure, soit à la SDI, ou à l'Office
québécois du commerce extérieur, pour des entreprises qui
en ont fait la demande au cours des dernières années dans le
domaine de la chaussure. Cela, c'est sans compter les sommes d'arqent qui ont
été indirectement versées dans l'économie de la
chaussure par le gouvernement du Québec, à cause de la
décision du ministre des Finances d'enlever complètement la taxe
sur les chaussures.
Quant à l'autre question posée par le
député, concernant la négociation, je l'informe qu'on a un
groupe de travail, formé de fonctionnaires, qui sont constamment en
discussion avec les fonctionnaires du gouvernement fédéral, qui
s'appelle le groupe de travail fédéral-provincial sur la
politique du commerce extérieur. Chaque fois qu'on est intervenu
à ce groupe de travail, la réponse était: La
décision s'en vient, ne vous en faites pas, ne vous inquiétez
pas.
D'ailleurs le ministre fédéral, M. Gray, dans un
télex qu'il me faisait parvenir le 11 juin, me disait: Comme vous le
savez, le gouvernement fédéral étudie actuellement les
conclusions du tribunal antidumping et les différentes alternatives
visant à l'amélioration de la situation de notre industrie dans
ce secteur. Si c'est de cette façon que le gouvernement
fédéral pense qu'il va améliorer l'industrie dans ce
secteur, en faisant en sorte de faire fermer toutes les industries qui
produisent des chaussures et faire perdre les emplois aux travailleurs de la
chaussure, je pense que ce n'est pas la bonne façon.
M. le Président, je serais prêt aussi à
déposer, pour l'information du député, copie des
correspondances que nous avons eues avec le gouvernement fédéral
constamment depuis le début de cette année, soit copie
des lettres de mon prédécesseur, M. Duhaime, et copie des
lettres que j'ai envoyées personnellement, de même que des
réponses de M. Gray, depuis le début de l'année 1981.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre.
Dépôt de documents.
Rapport des dépenses électorales
pour les élections générales
du
13 avril
J'aimerais déposer le rapport des dépenses
électorales pour les élections générales du 13
avril 1981.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés
Dépôt de rapports du greffier en loi sur les projets de loi
privés.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: J'en ai quelques-uns. D'abord, à tout seigneur
tout honneur, le projet de loi qui portera le no 200, qui modifie la charte de
la ville de Montréal. Le projet de loi est conforme à l'avis et
les avis ont été publiés. Le projet de loi qui portera le
no 214 concerne la ville de Mont-Joli. Il est aussi conforme à l'avis et
les avis ont été publiés. Le projet de loi no 230, Loi
concernant La Solidarité, compagnie d'assurance sur la vie, et L'Unique
compagnie d'assurance-vie, est conforme à l'avis et les avis ont
été publiés. Pour ce qui est du projet de loi concernant
l'Union-Vie, plus de six mois se sont écoulés depuis la parution
des avis. Il y a donc lieu de faire motion pour suspendre les règles de
pratique à cet égard et permettre le dépôt de la
loi. J'en fais motion, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
M. Charron: No 216.
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Le projet de loi qui portera le no 244, Loi modifiant
la charte de la ville de Charlesbourg, est conforme à l'avis et les avis
ont été publiés. Il s'est toutefois également
écoulé plus de six mois depuis la parution des avis. Je fais
motion pour qu'on puisse quand même déposer le projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que cette motion
est adoptée? Adopté.
M. Charron: Le projet de loi qui portera le no 248 concerne
l'Union Saint-Joseph de Notre-Dame de Beauport. À la suite des notes du
greffier en loi, je fais motion pour la même dérogation,
c'est-à-dire qu'on puisse le déposer même si plus de six
mois se sont écoulés.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que cette motion
est adoptée? Adopté.
M. Charron: Le projet de loi qui portera le no 263 concerne la
Coopérative agricole régionale de Papineau. Il est conforme
à l'avis et les avis ont été publiés.
En ce qui a trait au projet de loi no 268 concernant la ville de
Fermont, il y a lieu de solliciter la même dérogation puisque plus
de six mois se sont également écoulés, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. Charron: Pour le projet de loi no 243 qui concerne la
succession de Edward Scallon, plus de six mois se sont également
écoulés. Je fais donc motion, M. le Président, pour qu'on
puisse déposer le projet de loi quand même.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Le projet de loi 211 concerne le territoire de la
ville de Mont-Joli. Est-ce que je ne l'ai pas déjà
déposé, celui-là?
Le Vice-Président (M. Jolivet): Non, M. le leader.
M. Charron: Non, c'est un autre. C'est assez curieux, mais...
Le projet de loi 211 concerne la ville de Mont-Joli. Le projet est
conforme à l'avis et les avis ont été publiés.
Le projet de loi no 249 concerne l'annexion de certains lots du cadastre
de la paroisse de Saint-Raymond à la ville de Saint-Raymond. Le projet
de loi est conforme à l'avis et les avis ont été
publiés.
Le projet de loi no 253 concerne le Groupe prêt et revenu.
Il reste un avis à paraître à la Gazette officielle
du Québec. Cet avis paraîtra le 5 décembre 1981, donc avant
la convocation de la commission parlementaire. Je propose qu'on puisse
permettre cette dérogation et déposer quand même le projet
de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Le projet de loi qui portera le numéro 229
concerne la Fondation E.P.I.C. 11 est conforme à l'avis et les avis ont
été publiés.
Le projet de loi no 242, qui modifie la Loi constituant en corporation
l'Hôpital d'Argenteuil. Plus de six mois se sont écoulés
depuis la parution des avis. Je fais motion pour qu'on puisse déposer
quand même ce projet de loi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: Le projet de loi no 257 qui concerne certains lots du
cadastre de la paroisse de Saint-Augustin, division d'enregistrement de
Portneuf. Le projet de loi est conforme à l'avis et les avis ont
été publiés. Il s'est toutefois également
écoulé plus de six mois. Je fais donc la même motion, M. le
Président. (15 h 40)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: II y a finalement le projet de loi no 227 qui
concerne la ville de Pointe-aux-Trembles. C'est la même motion pour la
même dérogation, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée.
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Charron: M. le Président, je vous remets...
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le dépôt de
rapports est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Rapports
déposés.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: II y en a quelques-uns également, M. le
Président.
Je vous prierais d'appeler l'article a) du feuilleton, M. le
Président.
Projet de loi no 18
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre de la Justice
propose la première lecture du projet de loi 18, Loi assurant
l'application de la réforme du droit de la famille et modifiant le Code
de procédure civile. M. le ministre.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, avec le consentement
des membres de l'Assemblée nationale, j'abrégerai un peu les
notes explicatives.
Ce projet de loi a pour objet de permettre une application harmonieuse
de la Loi instituant un nouveau Code civil et portant réforme du droit
de la famille en instituant, au Code de procédure civile, un nouvel
ensemble de procédures en matière familiale et en
complétant les dispositions législatives relatives à
l'adoption.
En matière de procédure civile, ce projet de loi institue
la règle que, en matière familiale, les audiences des tribunaux
de première instance se tiennent à huis clos, sauf
décision contraire du tribunal; la Charte des droits et libertés
de la personne est modifiée en conséquence. Il prévoit
également que les procédures introductives d'instance sont faites
par déclaration ou par requête que, dans l'un et l'autre cas, les
parties peuvent adresser au tribunal par une demande conjointe. Il
prévoit aussi des règles spécifiques pour faciliter le
déroulement de l'instance, la conciliation des parties ou l'instruction
de la cause et il introduit le principe du droit de l'enfant à
être représenté par un avocat lorsque son
intérêt est en jeu et que cette représentation est
nécessaire pour assurer la sauvegarde de cet intérêt.
En outre, ce projet de loi vient préciser les règles
applicables à certaines demandes. Il vient établir le
régime procédural applicable aux demandes conjointes en
séparation de corps ou en divorce sur projet d'accord ainsi que celui
qui est applicable en matière d'adoption, qu'il s'agisse des demandes en
restitution de l'enfant, en déclaration d'adoptabilité, en
placement ou en adoption. Enfin, il précise que les jugements rendus en
matière d'adoption peuvent faire l'objet d'un appel à la Cour
d'appel.
Ce projet de loi vient aussi modifier diverses lois pour y faire
disparaître les distinctions qui y subsistent et qui sont
fondées sur le sexe, la filiation ou les circonstances de la
naissance. Ce projet de loi modifie aussi la Loi sur l'aide juridique pour y
prévoir un pouvoir réglementaire lié au paiement des frais
de l'avocat représentant l'enfant ainsi que la Loi sur le
ministère des Affaires sociales et la Loi sur la protection de la
jeunesse pour y prévoir certains processus administratifs liés
à l'adoption.
Enfin, ce projet de loi vient modifier certaines des dispositions
transitoires prévues par la Loi instituant un nouveau Code civil du
Québec et portant réforme du droit de la famille.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion de
première lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Article b), s'il vous plaît, M. le
Président.
Projet de loi no 28
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre de la Justice
propose la première lecture du projet de loi no 28, Loi modifiant
diverses dispositions législatives. M. le ministre.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, ce projet de loi
modifie effectivement plusieurs dispositions législatives. Ces
modifications sont de nature technique et ont pour but de faciliter
l'administration des lois visées qu'on trouve
énumérées dans les notes explicatives. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion de
première lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
M. Charron: Article c) du feuilleton, M. le Président.
Projet de loi no 31
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre des Transports
propose la première lecture du projet de loi no 31, Loi modifiant la Loi
sur les transports et d'autres dispositions législatives. M. le
ministre.
M. Michel Clair
M. Clair: M. le Président, on me permettra sûrement,
compte tenu du nombre de projets de loi à déposer,
d'abréger les notes explicatives.
Ce projet de loi a pour objet la réforme de l'ensemble des
règles régissant le régime administratif et de gestion du
transport des écoliers. Il prévoit aussi l'introduction de
mesures de polyvalence destinées à permettre une utilisation plus
rationnelle des équipements de transport de personnes, plus
particulièrement les autobus scolaires. Le nouveau régime
administratif confère aux commissions scolaires une
responsabilité accrue dans l'organisation du transport de leur
clientèle.
Ce projet de loi permet l'adoption, par les institutions d'enseignement,
de mesures favorisant l'ouverture de leur circuit de transport à une
clientèle autre que scolaire. Il entrouvre aussi, par le biais des
pouvoirs de réglementation, la possibilité, pour les
transporteurs scolaires, d'offrir des services de charte-partie. Cette
ouverture nécessite la modification du régime actuel qui
confère aux organismes publics de transport une juridiction exclusive
quant aux voyages à charte-partie effectués sur leur
territoire.
Le projet de loi permet aussi aux municipalités, sous
réserve de certaines approbations, d'organiser des services de transport
en commun par la conclusion de contrats à cet effet. Il prévoit
l'exercice de ses nouveaux pouvoirs là où de tels services ne
sont pas assurés par un organisme public de transport ou par un
détenteur de permis de transport en commun.
L'introduction de ces mesures de réforme du système de
transport scolaire et de polyvalence, nécessite des modifications
importantes à la Loi sur les transports et à la Loi sur
l'instruction publigue ainsi qu'à huit autres lois qu'on me dispensera
sûrement d'énumérer.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture
de ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
M. Charron: L'article d), M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 29
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre du Revenu
propose la première lecture du projet de loi 29, Loi modifiant diverses
lois fiscales. M. le ministre.
M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: M. le Président, avec la permission
de la Chambre, j'abrégerai aussi le contenu des notes explicatives. Ce
projet de loi vise principalement à assurer une plus grande
harmonisation entre diverses lois fiscales et modifie donc celles-ci de
façon purement corrective ou technique. Il prévoit
également que le ministre du Revenu doit, depuis le 11 mars 1981, verser
mensuellement au fonds spécial olympique 30% de la taxe qu'il
perçoit en vertu de la Loi concernant l'impôt sur le tabac. Cette
mesure donne suite au discours sur le budget du 10 mars 1981.
Ce projet de loi modifie également la Loi sur le régime de
rentes du Québec afin de permettre à un employeur de recouvrer,
à certaines conditions, l'excédent de contributions qu'il a
versées lorsque, au cours d'une année, il est devenu un nouvel
employeur par suite de la formation ou de la dissolution d'une
société ou par suite de l'acquisition des biens d'une
entreprise.
Enfin, ce projet de loi prévoit les modalités
d'application de l'allocation de disponibilité prévue dans le
budget du 11 mars 1981. Il prévoit, pour les Québécois et
les Québécoises, le choix entre l'allocation de
disponibilité et les déductions prévues pour frais de
garde d'enfant de moins de six ans.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture
prochaine séance ou séance subséquente.
M. le leader.
M. Charron: L'article e), M. le Président.
Projet de loi no 33
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre des Affaires
municipales propose la première lecture du projet de loi 33, Loi
modifiant diverses dispositions législatives concernant les
municipalités. M. le ministre.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, ce projet de loi
modifie diverses lois concernant les municipalités de façon
à apporter une solution à certains problèmes de
fonctionnement qu'elles rencontrent. En particulier, ce projet de loi modifie
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme et le Code municipal de
façon à aplanir certaines difficultés qu'auraient pu
rencontrer les municipalités régionales de comté lors de
leur constitution. Par exemple, le pouvoir des municipalités
régionales de comté de déléguer partiellement leur
compétence en matière d'évaluation foncière sera
précisé pour ne pas briser inutilement la continuité du
travail commencé par les évaluateurs des actuelles corporations
de comté.
De plus, des amendements sont apportés pour faciliter la
participation des cités et villes aux activités des
municipalités régionales de comté.
Enfin, ce projet de loi précise le pouvoir des
municipalités de se regrouper, notamment au sein d'une régie
intermunicipale, pour fournir des services de police à la
population.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture
prochaine séance ou séance subséquente.
M. le leader.
M. Charron: L'article f), M. le Président.
Projet de loi no 30
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le leader du gouvernement,
au nom du ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu propose la première lecture du projet
de loi 30, Loi modifiant la Loi sur l'aide sociale et d'autres dispositions
législatives.
M. le leader.
M. Claude Charron
M. Charron: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
de modifier, dans un premier temps, la Loi sur l'aide sociale afin de permettre
la récupération, par le ministre du Travail, de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, des montants d'aide sociale qui ont
été versés à un bénéficiaire en vue
de combler un besoin résultant de retenues faites dans le cadre d'autres
programmes de sécurité sociale. Il permet également au
gouvernement de fixer les conditions d'admissibilité à l'aide
sociale en raison de besoins spéciaux. Il prévoit en outre la
désignation, par le ministre, d'enquêteurs pour l'application de
la Loi de l'aide sociale. Il consacre, enfin, la confidentialité des
renseignements personnels obtenus dans le cadre de l'application de la loi tout
en permettant au ministre, avec l'autorisation du gouvernement, et à
certaines conditions précises, de communiquer certains renseignements
à d'autres ministères ou organismes. (15 h 50)
Dans un deuxième temps, ce projet a également pour objet
de modifier la Loi sur les allocations familiales pour remplacer le mode de
détermination des allocations familiales actuellement prévu
à la loi par un pouvoir de réglementation à cet effet et
pour modifier les règles concernant le paiement d'allocations dans le
cas d'un enfant handicapé.
Il ajoute enfin une disposition à la Loi sur l'assurance
automobile afin de permettre à la Régie de l'assurance automobile
du Québec de transmettre certains renseignements au ministre du Travail,
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu responsable de
l'application de la Loi sur l'aide sociale.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
M. Charron: Article w), M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 39
Première Lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre du Revenu
propose la première lecture du projet de loi no 39, Loi modifiant le
régime des droits relatifs au commerce des boissons alcooliques et
certaines dispositions législatives. M. le ministre.
M. Raynald Fréchette
M. Fréchette: M. le Président, avec le consentement
de la Chambre, j'abrégerai aussi les notes explicatives. Ce projet de
loi donne suite à la présentation, le 17 novembre 1981, de
l'énoncé complémentaire aux politiques budgétaires
du gouvernement pour 1981-1982 dans lequel le ministre des Finances
annonçait certaines modifications au régime des droits et taxes
applicables aux boissons alcooliques, à l'impôt sur le revenu des
particuliers et à la taxe sur les carburants.
Enfin, ce projet modifie la Loi sur les permis d'alcool afin de
transférer certains pouvoirs de perception de droits de la
Société des alcools du Québec au ministère du
Revenu du Québec et d'effectuer certaines modifications de
concordance.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente.
M. le leader du gouvernement.
M. Charron: Article x), M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 36
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose la
première lecture du projet de loi no 36, Loi modifiant la Loi sur
les produits agricoles et les aliments. M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: Ce projet de loi a pour objet d'étendre la
portée de la Loi sur les produits agricoles et les aliments à
toutes les phases du conditionnement des produits marins et d'imposer un
nouveau système de permis d'exploitation des usines de transformation de
ces produits en fonction d'une modernisation des normes de construction
d'éguipement et d'exploitation de ces usines.
Il permet au gouvernement d'ordonner le triage des produits marins et
autorise le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
à prescrire, dans la proportion fixée par le qouvernement, le
remboursement des dépenses de triage faites par la personne
préposée au triage, désignée par le ministre, ainsi
que la répartition de ces dépenses entre les industriels et les
pêcheurs.
II prescrit l'imposition d'amendes dans le cas de contraventions aux
dispositions réglementaires ordonnant le triage des produits marins. Il
prévoit l'abrogation de la loi sur la préparation des produits de
la mer et le maintien en vigueur, jusqu'au 1er janvier .1985, des permis
actuels d'exploitation des usines de transformation délivrés en
vertu du règlement d'application de cette loi tout en prohibant,
à compter de la date du dépôt du présent projet de
loi, la délivrance de nouveaux permis selon ce règlement.
Le nouveau système de permis s'appliquera dès la sanction
du projet de loi, sauf pour les titulaires des permis actuels qui y sont
assujettis à compter du 1er janvier 1985, à moins qu'ils ne
demandent un nouveau permis avant cette date. Ce projet de loi vise
également à assurer l'application de la Loi sur les produits
agricoles et les aliments aux produits et aux lieux de conditionnement
reliés à des activités commerciales de fourniture de
services moyennant rémunération sans qu'il n'y ait de vente.
Ce projet de loi propose enfin que les rapports d'inspection ou
d'analyse des produits constituent une preuve prima facie de leur contenu et de
la qualité de leurs signataires tout en précisant que les
pouvoirs d'inspection portent non seulement sur les produits, mais
également sur les locaux et les équipements.
Je pense bien que l'Opposition me permettra de dire que je mets
également à sa disposition, dès ce jour, dix copies du
projet de règlement qui devrait être proposé au Conseil des
ministres à la suite de l'adoption de cette loi parce que, comme on me
le dira sans doute, une bonne partie de la réqlementation se trouve dans
le rèqlement plutôt que dans le projet de loi.
On pourra donc étudier le projet de loi en connaissance de
cause.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Bravo!
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
M. Charron: Article y), M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 37
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre des Affaires
municipales propose la première lecture du projet de loi no 37, Loi sur
le regroupement des villes de Baie-Comeau et de Hauterive. M. le ministre.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, ce projet
prévoit le regroupement en une seule municipalité des villes de
Hauterive et de Baie-Comeau sous le nom de ville de Baie-Comeau. Il
prévoit également un régime provisoire d'administration de
la nouvelle municipalité jusqu'à la première
élection générale et les diverses règles qui
régissent ce regroupement.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: M. le Président, comme il est dans l'intention
du qouvernement de convoquer les autorités municipales de Hauterive et
de Baie-Comeau avant même la
discussion du principe de ce regroupement par l'Assemblée, je
proposerais de déférer immédiatement ce projet de loi
à la commission parlementaire des affaires municipales.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
M. Levesque (Bonaventure): Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader.
M. Charron: Article z, M. le Président.
Projet de loi no 32
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre des Finances
propose la première lecture du projet de loi no 32, Loi concernant les
emprunts scolaires. M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, ce projet de loi a pour
principal objet de simplifier le processus d'autorisation des emprunts des
commissions scolaires et du Conseil scolaire de l'île de Montréal,
de faciliter la mise en marché de ces emprunts et d'établir un
nouveau mode de garantie des emprunts à long terme. Il confie au
ministre de l'Éducation les autorisations d'emprunts scolaires qu'il
exerçait conjointement avec le ministre des Affaires municipales et la
Commission municipale. Il l'autorise notamment à déterminer les
conditions et modalités des emprunts et à requérir des
organismes scolaires les informations relatives à leur situation
financière. Il modifie enfin la Loi sur le ministère de
Éducation afin d'y prévoir la délégation
d'autorité du ministre à un fonctionnaire par voie de
règlement publié à la Gazette officielle du
Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséguente. M. le leader.
M. Charron: Article aa), M. le Président.
Projet de loi no 38
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre des
Institutions financières et Coopératives propose la
première lecture du projet de loi no 38, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance-dépôts. M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet d'imposer le paiement d'une prime aux institutions dont le remboursement
des dépôts est garanti par la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec. Il a, de plus, pour objet de
porter de 250 000 000 $ à 700 000 000 $ le montant que le gouvernement
est autorisé à engager auprès de la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
M. Charron: Article bb).
Projet de loi no 40
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre des
Institutions financières et Coopératives propose la
première lecture du projet de loi no 40, Loi sur les
sociétés d'entraide économique et modifiant diverses
dispositions législatives. M. le ministre.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, ce projet de loi a pour
objet de permettre la transformation des caisses d'entraide économique
en sociétés d'entraide économique. Il a également
pour objet de réqir le fonctionnement des sociétés
d'entraide économique, d'en assurer le contrôle et la surveillance
et de permettre la constitution de la Fédération des
sociétés d'entraide économique du Québec. Le titre
1 du projet prévoit que la transformation d'une caisse en
société ne pourra se faire qu'avec l'approbation d'au moins les
trois quarts des voix exprimées par les membres présents à
une assemblée générale spéciale qui sera tenue le
30 janvier 1982. Le projet de
transformation soumis à l'Assemblée aura été
préalablement approuvé par le ministre des Institutions
financières et Coopératives et précisera, notamment,
à l'égard de chague titulaire le nombre de parts sociales qui
seront converties en actions de la société, le nombre de parts
sociales qui seront converties en dépôts, ainsi que les taux
d'intérêt et les échéances de ces
dépôts. De plus, certains documents d'information, notamment un
résumé du projet de transformation, devront accompagner l'avis de
convocation de l'assemblée.
Le titre 1 édicté également des règles sur
la tenue de l'assemblée du scrutin.
Le titre 2 prévoit qu'un surintendant sera chargé de
l'administration de la loi. Ce titre édicté aussi les normes
financières qui concernent notamment les dépôts,
l'endettement en dépôts, les prêts, les placements, les
emprunts et les liquidités de la société. Il
détermine également des règles relatives à la
détention des actions du capital-actions d'une société
d'entraide économique et prévoit des règles concernant les
différents organes de fonctionnement de la société.
Le titre 3 concerne la Fédération des
sociétés d'entraide économique du Québec. Il
précise les objets et pouvoirs de la fédération et
prévoit notamment que celle-ci constituera et administrera un fonds de
liquidités pour le bénéfice des sociétés. Le
projet rend admissibles au régime d'épargne-actions les actions
des sociétés d'entraide économique. Il accorde, de plus,
aux membres des caisses d'entraide économique dont les parts sociales
auront été converties en actions de sociétés
d'entraide économique un crédit d'impôt égal
à 25% de la valeur nominale de ces actions. Le projet prévoit au
surplus que le ministre devra, dans les trois ans de l'entrée en vigueur
de la loi, faire un rapport à la commission des institutions
financières et coopératives de l'Assemblée nationale sur
l'application de la loi, accompagné de ses recommandations sur
l'opportunité d'en maintenir ou d'en modifier les dispositions. Le
projet modifie enfin la Loi sur les caisses d'épargne et de
crédit et la Loi sur les impôts. (16 heures!
Le Vice-Président (M. Jolivet): Est-ce que cette
première lecture est adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
M. Charron: L'article cc), M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 41
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre
délégué à l'Habitation et à la Protection du
consommateur propose la première lecture du projet de loi 41, Loi
modifiant la Loi instituant la Régie du logement et modifiant le Code
civil et d'autres dispositions législatives. M. le ministre.
M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, avec tout le respect que l'on
vous doit, depuis que le ministère de l'Habitation a été
constitué, au mois de juin dernier, il faut maintenant parler du
ministre de l'Habitation et de la Protection du consommateur et non plus du
ministre délégué.
Ce projet de loi a principalement pour objet de modifier des
dispositions législatives relatives au fonctionnement de la Régie
du logement afin de permettre d'accélérer le traitement de
certaines demandes. Les nouvelles mesures proposées ont pour effet,
premièrement, de permettre la nomination, selon la procédure
prévue par la loi, de régisseurs à temps partiel lorsque
les circonstances l'exigent; deuxièmement, d'habiliter des greffiers
spéciaux à décider de certaines demandes de recouvrement
de loyer ou de résiliation de bail, lorsqu'ils procèdent par
défaut et à autoriser le dépôt du loyer;
troisièmement, d'autoriser les régisseurs à ordonner, dans
certains cas, l'exécution provisoire d'une décision,
malgré la révision ou l'appel; quatrièmement, de
conférer aux régisseurs le pouvoir d'adjuger les frais
afférents aux procédures devant la réqie et élargir
à cet égard le pouvoir réglementaire du gouvernement.
Le projet de loi modifie également le Code civil de
manière à soumettre le dépôt de la totalité
ou d'une partie du loyer à une autorisation du tribunal, à
assouplir la formulation de certains avis obligatoires et à simplifier
les modalités de constatation du prolongement d'un bail
écrit.
Enfin, le projet de loi propose un certain nombre de modifications
à caractère purement technique.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais poser une
question au leader parlementaire. Puisqu'il y a eu une foule de plaintes au
sujet de l'application et des dispositions de la présente loi, est-ce
que le gouvernement va tenir une commission parlementaire - ce que je
suggérerais fortement - avant la deuxième lecture, pour entendre
les parties
concernées afin qu'on puisse s'assurer que les amendements qui
seront apportés à la présente loi reflètent
vraiment les besoins des personnes qui seront affectées par toute cette
loi sur la Régie du logement?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: M. le Président, j'accepte de prendre en
considération le souhait que vient de formuler le député
de Mont-Royal. Pour l'instant, je suggérerais de garder ce projet de loi
inscrit en deuxième lecture. Si jamais, après consultation, nous
décidions de nous rendre à ce souhait, nous ferons les
démarches nécessaires à ce moment-là.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente. M. le leader.
M. Charron: Le dernier, M. le Président, l'article v) du
feuilleton.
Projet de loi no 35
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le ministre de
l'Énergie et des Ressources propose la première lecture du projet
de loi no 35, Loi sur la révocation des droits de mine et modifiant la
Loi sur les mines. M. le ministre.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, ce projet de loi a pour objet
la révocation des droits de mine ne faisant pas partie du domaine public
et compris dans les concessions de terres faites avant le 24 juillet 1880, tant
dans les cantons que dans les seigneuries et dans les concessions
minières pour lequelles des lettres patentes ont été
délivrées avant le 1er juillet 1911. Il précise dans quel
cas les droits de mine ne sont pas révoqués, notamment les droits
de certains minéraux, tels les matériaux de construction, le
sable, le gravier, la tourbe, de même que des droits sur des gisements en
exploitation, et ceux qui constituent une réserve nécessaire pour
assurer la continuité d'une exploitation minière,
pétrolière ou gazière.
Il prévoit le paiement d'une indemnité à
l'ex-détenteur des droits de mine, sous forme d'un pourcentage du profit
annuel découlant de l'exploitation de toute substance minérale
provenant du terrain dont les droits de mine sont révoqués. Il
institue, de plus, un mécanisme d'attribution des permis spéciaux
d'exploration pour rechercher et mettre en valeur les substances
minérales dans les limites des territoires dont les droits de mine sont
révoqués et modifie la Loi sur les mines pour étendre ce
mécanisme à toute concession minière susceptible
d'être révoquée pour défaut de paiement d'une taxe
annuelle prévue à la loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette première
lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Deuxième lecture,
prochaine séance ou séance subséquente.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, nous sommes,
comme vous le savez, rendus au 30 novembre - cela paraît un peu, oui - et
le gouvernement a voulu se prévaloir des dispositions de l'article 31
paragraphe a, qui prévoient que les projets de loi qui ne sont pas
déposés avant le 1er décembre risquent de ne pas
être adoptés. Lorsque je vois ce que vient de nous
présenter le leader parlementaire du gouvernement, je me demande s'il y
a eu un oubli, parce qu'il n'y a qu'un seul projet de loi public apparaissant
en avis qui n'a pas été appelé par le leader parlementaire
du gouvernement. Il s'agit, en l'occurrence, de l'article u), au nom justement
du leader parlementaire du gouvernement, Loi assurant la reprise des services
de transport par traversier entre Sorel et Saint-Ignace.
Est-ce que le leader parlementaire du gouvernement peut nous dire s'il
s'agit d'un oubli volontaire ou involontaire, et, peut-il nous dire s'il aurait
besoin du consentement plus tard ou encore s'il a l'intention de
présenter une motion d'urgence?
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: C'est un oubli volontaire, qui fait que ce projet de
loi demeure encore en avis aujourd'hui et qu'il n'a pas été
déposé. La réalité est bien simple, nous
espérons encore à ce moment-ci ne pas avoir à le
déposer du tout. Ce qui veut dire le résultat concret d'une
négociation, qui a donné des signes encourageants, semble-t-il,
et d'autre part, de ne jamais avoir besoin d'une motion d'urgence et de
solliciter le
consentement unanime pour avoir à le faire. Il est évident
que si nous avons à le faire, les premiers informés seront les
collègues de l'Opposition desquels nous espérons obtenir la
collaboration.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Présentation de
projets de loi au nom des députés.
M. le leader.
M. Charron: II y en a aussi quelques-uns. L'article g), s'il vous
plaît.
Projet de loi no 244
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Charlesbourg propose la première lecture du projet de loi privé
244, Loi modifiant la charte de la ville de Charlesbourg. Cette première
lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Je propose de déférer ce projet de loi
à la commission des affaires municipales.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adopté? Adopté. M. le leader.
M. Charron: L'article 0, M. le Président, s'il vous
plaît.
Projet de loi no 248
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Limoilou propose la première lecture du projet de loi privé 248,
Loi concernant l'Union Saint-Joseph de Notre-Dame de Beauport. Cette
première lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission
des institutions financières
et coopératives
M. Charron: Cette loi devrait être
déférée à la commission des institutions
financières et coopératives. J'en fais motion.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté. M. le leader.
M. Charron: L'article j).
Projet de loi no 230
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Taschereau propose la première lecture du projet de loi privé
230, Loi concernant La Solidarité, compagnie d'assurance sur la vie et
l'Unique, compagnie d'assurance-vie. Cette première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission
des institutions financières
et coopératives
M. Charron: Je propose que cette loi soit
déférée à la commission des institutions
financières et coopératives.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? M. le leader.
M. Charron: L'article k).
Projet de loi no 263
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Joliette, au nom du député d'Arthabaska, propose la
première lecture du projet de loi privé 263, Loi concernant la
Coopérative agricole régionale de Papineau. Cette première
lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission
des institutions financières
et coopératives
M. Charron: Je propose de déférer le projet de loi
à la même commission, celle
des institutions financières.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté. M. le leader.
M. Charron: L'article I).
Projet de loi no 216
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Joliette, au nom du député d'Arthabaska, propose la
première lecture du projet de loi privé 216, Loi concernant
l'Union-Vie. Cette motion de première lecture est-elle adoptée?
Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission
des institutions financières
et coopératives
M. Charron: Aux institutions financières.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté. M. le leader.
M. Charron: L'article m).
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Joliette propose, au nom du député d'Arthabaska...
M. Charron: Excusez-moi, M. le Président. On ne
dépose pas ce projet de loi aujourd'hui. Je vous prierais plutôt
d'appeler l'article o).
Projet de loi no 227
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): L'article o). Le
député de Bourassa propose la première lecture du projet
de loi privé 227, Loi concernant la ville de Pointe-aux-Trembles. Cette
première lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Aux affaires municipales.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Déférence
aux affaires municipales. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Charron: L'article p), s'il vous plaît.
Projet de loi no 200
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Bourassa propose la première lecture du projet de loi privé 200,
Loi modifiant la charte de la ville de Montréal. Cette motion de
première lecture est-elle adoptée? Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Vous le
déférez?
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: M. le Président, je voudrais signaler - sans
doute qu'on l'a remarqué - que c'est la première fois, depuis
quatre ans que j'ai cette responsabilité, que le traditionnel projet de
loi privé de la ville de Montréal n'a pas à être
présenté sous le couvert du consentement unanime et qu'il est
parfaitement respectueux des règles de notre Assemblée. Je
propose donc qu'il soit déféré à la commission des
affaires municipales. (16 h 10)
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader.
M. Charron: L'article q), M. le président.
Projet de loi no 214
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Matapédia propose la première lecture du projet de loi
privé 214, Loi concernant la ville de Mont-Joli. Cette première
lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: À la commission des affaires municipales
aussi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Déféré à la commission des affaires municipales.
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader.
M. Charron: L'article r), M. le Président.
Projet de loi no 229
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Rosemont propose la première lecture du projet de loi privé 229,
Loi concernant la Fondation E.P.I.C. Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Levesque (Bonaventure): ...
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Non, c'est ce dont je m'informais à l'instant.
Il s'agit d'un problème d'évaluation. Je crois que la fondation
conteste quelque chose, enfin la commission l'examinera. À la commission
des affaires municipales.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Déféré à la commission des affaires municipales.
Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: L'article t), M. le Président.
Projet de loi no 268
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Duplessis propose la première lecture du projet de loi privé 268,
Loi concernant la ville de Fermont. Cette motion de première lecture
est-elle adoptée?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader. Il est
déféré à la commission des affaires
municipales?
M. Charron: À la commission des affaires municipales,
oui.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Déféré à la commission des affaires municipales.
Adopté.
Une voix: Dédé Desjardins.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: Un projet de loi à l'article dd), M. le
Président.
Projet de loi no 243
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Joliette propose la première lecture du projet de loi 243, Loi
concernant la succession de Edward Scallon. Ce n'est pas ce qu'on pense. Cette
motion de première lecture est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Renvoi à la commission de la justice
M. Charron: M. le Président, je propose de
déférer l'article dd) à la commmission de la justice.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté. M. le leader.
M. Charron: L'article ee), M. le Président.
Projet de loi no 242
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Groulx propose la première lecture du projet de loi privé 242,
Loi modifiant la Loi constituant en corporation "L'Hôpital d'Argenteuil".
Cette motion de première lecture est-elle adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission des affaires
sociales
M. Charron: Je propose de déférer ce projet de loi
à la commission des affaires sociales.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader.
M. Charron: L'article ff), M. le Président.
Projet de loi no 211
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Matapédia propose la première lecture du projet de loi
privé 211, Loi modifiant le territoire de la ville de Mont-Joli. Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Je demanderais qu'il soit déféré
à la commission des affaires municipales.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. Charron:
Le dernier, l'article gg).
Projet de loi no 249
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Portneuf propose la première lecture du projet de loi privé 249,
Loi concernant l'annexion de certains lots du cadastre de la paroisse de
Saint-Raymond à la ville de Saint-Raymond. Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission des affaires
municipales
M. Charron: Je demanderais qu'il soit déféré
à la commission des affaires municipales, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. M. le
leader.
M. Charron: II me faut solliciter le consentement pour
déposer deux projets de loi dont j'ai lu les notes qui émanaient
du bureau du qreffier en loi, mais qui figurent en appendice aujourd'hui. Celui
inscrit au nom du député de Chauveau d'abord.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Projet de loi no 257
Première lecture Le Vice-Président (M. Jolivet):
Adopté.
Le député de Chauveau propose la première lecture
du projet de loi privé 257, Loi concernant certains lots du cadastre de
la paroisse de Saint-Augustin, division d'enregistrement de Portneuf. Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
M. Charron: II devrait être déféré
à la commission des affaires municipales ou à la justice?
Renvoi à la commission de l'énergie et
des ressources
Des voix: À la commission de l'énergie et des
ressources.
M. Charron: II devrait être déféré
à la commission de l'énergie et des ressources, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Jolivet):
Déféré à la commission de l'énergie et des
ressources. Cette motion est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté. Le
deuxième.
M. Charron: Celui au nom du député de Taschereau,
M. le Président.
Projet de loi no 253
Première lecture
Le Vice-Président (M. Jolivet): Le député de
Taschereau propose la première lecture du projet de loi privé
253, Loi concernant le Groupe Prêt et Revenu. Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Adopté.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Le Secrétaire adjoint: Première lecture de ce
projet de loi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le leader.
Renvoi à la commission
des institutions financières
et coopératives
M. Charron: M. le Président, je propose de
déférer ce projet de loi à la commission des institutions
financières et coopératives.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
Est-ce qu'on propose aussi les deuxièmes lectures?
M. Charron: Non, une autre fois, M. le Président, il faut
s'en qarder.
Le Vice-Président (M. Jolivet): On en a amplement.
Nous en sommes rendus aux questions orales des députés. M.
le député de Vaudreuil-Soulanges.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
La situation des stations-service des régions
frontalières
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, ma
question s'adresse au ministre des Finances qui a dû malheureusement
s'absenter quelques secondes. Le voici.
Une voix: There he is.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président,
à l'occasion du discours sur le budget, le ministre des Finances a
imposé aux Québécois une augmentation de 0,30 $ le gallon
d'essence. Dans la semaine qui a suivi, en réponse aux questions du
député de Gatineau, M. Gratton, le ministre des Finances nous a
indiqué qu'il surveillait attentivement la situation à
l'égard des stations-service qui étaient dans les régions
frontalières de l'Ontario, c'est-à-dire dans l'Outaouais
québécois, dans le comté de Bonaventure et dans mon propre
comté, Vaudreuil-Soulanges, entre autres.
Il y a un fait nouveau depuis la déclaration du ministre, la
semaine dernière. Le premier ministre, dans la région de Hull, en
fin de semaine, a indiqué que le ministère des Finances
s'apprêtait, dans les quinze jours de la déclaration initiale du
ministre des Finances, à prendre des mesures d'exception afin
d'alléger les difficultés que rencontrent les stations-service et
d'autres commerces, notamment, de l'Outaouais.
Est-ce que le ministre des Finances pourrait commenter cette annonce
absolument spontanée de la part du premier ministre en fin de semaine?
Ou, alors, est-ce que le ministre des Finances peut simplement
confirmer les dispositions qu'il prendra avant le mercredi 9
décembre, si je comprends bien le premier ministre, afin
d'alléger les difficultés que rencontrent les stations-service et
autres petits commerces de la région de l'Outaouais, de
Vaudreuil-Soulanges et de Bonaventure?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je ne pense pas que j'aie
visé ou que qui que ce soit ait visé les autres petits commerces;
nous parlons du commerce de l'essence. La perception que j'ai des choses est
peut-être un peu moins tranchée que celle que le
député de Vaudreuil-Soulanges vient de présenter. J'ai
indiqué, effectivement, lors d'une question avec débat à
22 heures, la semaine dernière, que d'ici deux semaines environ - je ne
pense pas que j'aie dit quinze jours juste et pas quinze jours après la
mesure - on aurait à examiner ce qui doit être fait, si quelque
chose doit être fait.
Nous avons 123 garages, stations-service, etc., qui sont sous
surveillance. Je comprends que, passant dans la région, le premier
ministre se soit fait demander dans quelle mesure il ne pourrait pas pousser
sur le ministre des Finances pour que, s'il a des décisions à
prendre, il les prenne le plus vite possible, dans les délais les plus
courts possible. J'ai pris la commande du premier ministre à cet effet.
Il est évident que, si nous avons à prendre des mesures, le plus
tôt elles seront prises, le mieux ce sera. Encore une fois, il faut quand
même regarder l'effet que cela produit et quel genre de correctifs
doivent être apportés.
Dans ce sens, tout ce que je peux dire au point où nous en sommes
à l'heure actuelle, c'est que la question est suivie de très
près. Rapidement, s'il y a quelque chose à faire, j'aurai
l'occasion de l'indiquer.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, j'ai,
de mes propres oreilles, entendu le premier ministre à la radio, en fin
de semaine, dire que le ministre des Finances, à toutes fins utiles,
à l'intérieur d'un délai de quinze jours depuis sa
dernière déclaration d'il y a une semaine, prendrait des mesures
d'exception à l'avantage des stations-service qui étaient
affectées, dont le volume de vente avait baissé
considérablement à la suite de l'annonce de la hausse de taxe de
0,30 $ le gallon d'essence. Est-ce que c'est le ministre des Finances qui
déclarait ça il y a une semaine ou si c'est le premier ministre
qui déclarait ça en fin de semaine? J'aimerais savoir qui des
deux dit vrai.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, si le
député de Vaudreuil-Soulanges a bien entendu - j'espère
qu'on n'aura pas besoin de faire venir la transcription - j'ai eu l'occasion de
dire au moins deux ou trois fois dans la journée qu'à partir de
la déclaration que le ministre des Finances a faite il y a quelques
jours, dans laquelle il disait que, autant que possible, d'ici une quinzaine de
jours, on verrait clair - et j'ai poussé, le ministre des Finances en
est témoin, et je pousse encore - s'il est possible de raccourcir les
délais d'une journée, de deux jours, de trois jours, je ne sais
pas, aussitôt qu'on verra clair, tant mieux. C'est tout ce à quoi
je pouvais m'engager; ce n'est pas moi qui fais les calculs.
Le Président: Question additionnelle? M. Parizeau: Un
complément.
Le Président: M. le ministre des Finances, un
complément de réponse?
M. Parizeau: Oui, quelques mots seulement, M. le
Président. Je voudrais, encore une fois, qu'on mette autour de cette
question les nuances que j'y avais mises moi-même au moment où
j'ai fait ma déclaration en cette Chambre. Il est évident que ce
ne sera sûrement pas pour l'ensemble des stations-service. J'ai eu
l'occasion de dire, par exemple, que dans le cas des stations-service qui
appartiennent à de grandes chaînes ou à de très
grandes entreprises, le problème ne se présente pas du tout, du
tout de la même façon qu'à l'égard des
indépendants. Il faut établir des nuances et être capable
de faire quelque chose qui est approprié à chaque cas. fié
h 20)
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, c'est sûr que nous
faisons les nuances. Je regrette, auprès du ministre des Finances, que
son premier ministre ne les fasse pas. Nous avons la transcription et
effectivement les journaux titraient: "Mesures d'exception pour l'Outaouais
d'ici quinze jours."
Ma question ne porte pas là-dessus, elle porte sur un autre
élément qui a été touché. Est-ce que je dois
comprendre, de la réponse du ministre des Finances qu'on exclut toute
possibilité que cette mesure d'exception, que ces "mesures" entre
guillemets, puissent s'appliquer à d'autres commerces que les
stations-service?
Je prends le premier ministre à témoin, il a reçu
de nombreuses représentations, notamment au cours d'une ligne ouverte,
du
propriétaire d'un dépanneur qui prétendait avoir
perdu 1300 $ de ventes, la semaine précédente, depuis
l'imposition de cette taxe, qui n'avait rien à voir avec l'essence, j'en
conviens, c'est un dépanneur. Ma question précise est celle-ci:
Est-ce qu'on exclut dès maintenant toute possibilité que ces
mesures d'exception puissent s'appliquer à d'autres commerces que les
stations-service?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Je voudrais quand même
rectifier. Je ne sais pas si le député de Gatineau
écoutait ou s'il a la transcription. J'ai remarqué que le
député de Hull se profilait - on me l'a fait remarquer -
derrière un groupe qui est venu à la porte... Il était
tellement bien dissimulé que je ne l'ai pas vu à ce
moment-là.
M. Rocheleau: ... par l'autre porte.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, on est
entré bien tranquillement, on a rencontré des gens qui
étaient très convaincants, surtout les trois ou quatre premiers,
et on m'a appris après que le député de Hull était
quelque part aux environs, derrière la foule. Je ne sais pas pourquoi il
ne s'est pas montré, mais enfin c'est son problème.
Cela étant dit...
M. Rocheleau: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président: M. le député de Hull, sur une
question de privilège.
M. Rocheleau: J'aimerais dire au premier ministre que j'ai
l'habitude d'attendre les gens par la porte d'en avant, alors que le premier
ministre s'est faufilé par la porte d'en arrière.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Lévesque (Taillon): Autant que je sache, je me suis
faufilé par la porte où on m'attendait, M. le Président,
sauf que le député de Hull, ayant fait ses rassemblements, s'est
faufilé derrière la foule.
Cela étant dit, pour préciser quand même cette
partie de la ligne ouverte qu'évoquait le député de
Gatineau, c'était quand même un élément d'une
journée extraordinaire où on a inauguré un Palais des
congrès qui, en 17 mois, a été mis sur pied, a
été construit, et qui a déjà 30% d'occupation pour
sa première année. On m'a donné des rapports
d'étapes extraordinairement intéressants sur l'hôpital de
Gatineau qui attendait depuis des années, qui était en marche.
L'autoroute 50, les gens trouvent que cela avance bien, malgré les
problèmes qu'on est obligé de rencontrer. Autrement dit...
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on va avoir un débat
sur la situation économique de l'Outaouais?
M. Lévesque (Taillon): ... en même temps que la
route Matagami-Témiscamingue, le complexe intégré
forestier s'en vient dans le... Oui, oui. Dans l'ensemble, j'ai cru remarquer
en tout cas, et très honnêtement, toute la journée, que les
gens de la région de l'Outaouais et des régions de l'Ouest du
Québec étaient extraordinairement impressionnés par
l'effort sans précédent que le gouvernement a fait depuis cinq
ans.
Cela étant dit, le monsieur qui a téléphoné
à titre de dépanneur a dit, très
précisément, et je ne vois pas pourquoi on étire cela, que
juste en face de son dépanneur il y a une station d'essence qui a perdu
une partie de ses clients depuis quelque deux semaines, cela l'affecte, mais
cela l'affecte à cause de l'absentéisme, si vous voulez, de la
clientèle du côté de l'essence. J'ai cru comprendre que son
problème à lui serait réglé le jour où
serait réglé le problème du poste d'essence qu'il y a en
face de chez lui.
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. J'aimerais
procéder par une question de privilège parce que je pense que le
premier ministre a induit cette Chambre en erreur quand il a parlé des
efforts du gouvernement depuis cinq ans. J'aimerais dire...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Sur
une question additionnelle, M. le député de Hull.
Des voix: Sur une question de privilège.
Le Président: Sur une question additionnelle.
M. Rocheleau: J'aimerais noter que lors du passage du premier
ministre dans la région, plus particulièrement à
Hull...
Une voix: Question:
M. Rocheleau: Je veux situer les faits, M. le Président,
il s'agit d'un texte tiré d'un journal.
Une voix: Question.
M. Rocheleau: J'aimerais savoir si le
premier ministre doit tenir compte du fait qu'il y a déjà
des enguêtes qui dénotent une perte de 137 000 $ par jour dans les
stations-service de l'Outaouais, plus particulièrement à Aylmer,
à Gatineau et à Hull, et si le ministre des Finances, d'autre
part, tient compte du fait que cela peut provoquer des pertes d'au-delà
de 50 000 000 $ par année uniquement pour le carburant.
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: II est évident que dans les premiers jours de
l'application d'une mesure comme celle-là, il y a toute une série
de mouvements qui se font. J'en prendrai à témoin, par exemple,
le fait que quand nous avons enlevé la taxe de vente sur les meubles,
les chaussures, les vêtements, de ce côté-là, du
côté de Hull, alors que la taxe était encore valide en
Ontario et qu'elle est encore aujourd'hui à 7%, cela a provoqué,
de ce côté, des mouvements pendant un certain nombre de jours dont
on se doutait bien qu'ils ne dureraient pas éternellement.
C'est évident et c'est la raison pour laquelle je demande un peu
de temps pour voir. On sait que pendant un certain nombre de jours, cela brasse
passablement, il s'agit de savoir à quel niveau cela se situe finalement
quand ça se stabilise. Lorsque nous avons établi à 20% la
taxe sur l'essence plutôt qu'un certain nombre de cents par litre ou par
gallon - on s'en souviendra, il y a déjà quelque temps -
l'Ontario était resté aux cents et nous étions au
pourcentage. Cela a ouvert un écart entre les deux provinces. Cela a
pris quinze jours ou trois semaines et, finalement, presque partout, entre
l'Ontario et le Québec, les prix se sont ajustés de chaque
côté de la frontière.
Là, je reconnais que dans ce cas, c'est un peu plus grand comme
effet, mais il faut d'abord savoir à quel niveau cela se stabilise et,
d'autre part, établir une distinction très nette entre: Saqit-il
d'indépendants ou de grandes compagnies? Il me semble que c'est une
position de bon sens que d'être en mesure, justement, d'établir
ces distinctions et de prendre un peu de temps pour que, si on doit bouger, on
bouge correctement à l'égard de ceux pour qui on doit bouger et
pas de n'importe quelle façon.
D'autre part, je voudrais revenir brièvement sur la question
supplémentaire du député de Gatineau. Quant, tout à
l'heure, à la suite de l'intervention du député de
Vaudreuil-Soulanges, il parlait d'autres commerces, j'ai dit: Non, pas d'autres
commerces. J'ai entendu des ricanements de l'autre côté. On voit
bien qu'il n'y avait pas matière à ricaner puisque, justement, le
député de Gatineau posait la question sur ces autres commerces.
Il est clair, il est tout à fait évident qu'on ne va pas
commencer, à l'occasion d'une question qui porte sur l'essence, à
régler les problèmes de toute espèce d'autres commerces.
Encore une fois, quand nous avons aboli la taxe de vente sur des choses aussi
importantes que les meubles, les réfrigérateurs ou les
cuisinières, personne ne nous a demandé de commencer à
ajuster les autres commerces, dans l'autre sens, ou de leur imposer un
impôt supplémentaire parce qu'ils faisaient plus d'argent.
Quand on commence à parler des autres commerces, c'est qu'ils
reflètent la situation générale de l'économie dans
le coin. Il est tout à fait clair - je peux répondre au
député de Gatineau à l'occasion de la question du
député de Hull à l'égard des autres commerces - que
c'est non.
Le Président: Question principale, M. le
député de Laporte.
Hausse de la taxe sur l'essence et commissions de
transport
M. Bourbeau: Ma question s'adresse au ministre des Finances.
À la suite de la hausse du coût de l'essence de 0,30 % le gallon
dont on vient de parler, plusieurs commissions de transport du Québec
ont annoncé des hausses de tarif imminentes; entre autres, à la
commission de transport de Montréal, on parle d'un déficit de 4
000 000 $ à 5 000 000 $ pour l'année courante. A la commission de
transport de Québec, le président parlait, au cours de la fin de
semaine, d'une hausse probable des tarifs de l'ordre de plus de 20%. À
la commission de transport de l'Outaouais, on a parlé d'un
déficit excédant 300 000 $.
Le premier ministre, en fin de semaine, dans l'Outaouais, a parlé
d'accorder des dégrèvements ou des compensations à des
pompistes des régions frontalières. On vient justement d'en faire
état.
Ma question est la suivante: Compte tenu de la politique du gouvernement
visant à favoriser et même à privilégier le
transport en commun, le ministre des Finances songe-t-il à accorder une
réduction ou un dégrèvement de la taxe sur l'essence
à l'égard des autobus afin d'éviter ces hausses imminentes
des tarifs des commissions de transport du Québec? (16 h 30)
Le Président: M. le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, je vais dire quelques mots
à ce sujet et j'imagine que mon collègue des Transports voudra
probablement donner un complément de réponse. Là encore,
il faudrait quand même être un peu sérieux quand on discute
de ça. Effectivement, quand je vois des commissions de transport venir
annoncer 20%
d'augmentation de leurs tarifs à cause de ça, ça a
bon dos, l'augmentation de la taxe sur l'essence. Il est évident que des
hausses pareilles, ce serait plusieurs fois l'augmentation de coût qui
vient de la taxe sur l'essence. Dans ce sens, je comprends qu'il peut y avoir
des commissions de transport qui attendent depuis longtemps d'augmenter leurs
billets pour toutes espèces de raisons et qui se disent: Voici
l'occasion rêvée. C'est parfait, on va se servir de cela et on va,
à l'occasion de ce geste, faire passer toute espèce d'autres
choses dans le train. On n'est pas forcé d'être
nécessairement impressionné par les chiffres qui sortent.
Pour ce qui a trait aux choses plus sérieuses, comme, par
exemple, le fait que la CTCUM, à Montréal, l'augmentation de la
taxe sur l'essence va lui coûter à peu près 5 000 000 $,
oui, c'est à peu près, à quelques centaines de milliers de
dollars près, le coût effectif. Que ça puisse
entraîner, qu'on puisse avoir à réexaminer
légèrement, par exemple, le coût de la carte d'abonnement
mensuel pour tenir compte de ça, ce n'est pas impensable. Seulement,
dans des proportions réduites qui correspondent essentiellement à
l'augmentation du coût qui découle de cette taxe, pas plus. Il n'y
a pas de raison, encore une fois, de faire passer toute une série
d'autres facteurs à l'intérieur de ça. La CAM, la carte
d'abonnement mensuel, représente, par rapport à tout ce qu'il y
avait avant comme paiement de billet, comme abonnement, à
Montréal, un avantage considérable. Un avantage sur le plan du
coût mensuel pour l'abonné régulier qui est tellement grand
que nous avons, je pense, à l'heure actuelle, quelque 365 000
Montréalais - là je peux faire erreur de quelques milliers - qui
achètent la CAM à tous les mois. C'est donc qu'ils y trouvent un
avantage considérable, et il est évident que le gouvernement a
intérêt à garder un avantage relatif important pour ces
gens. Cela a été un avantage, je pense, tout à fait
essentiel, qui a été accordé par le présent
gouvernement aux abonnés mensuels. Il faut garder un avantage financier
important.
De là à dire, cependant, qu'on va commencer à
établir des distinctions entre les divers usagers et faire en sorte que
l'essence pour tel groupe coûterait tel prix et, pour tel autre groupe,
coûterait tel autre prix, pour tel genre de véhicule
coûterait un prix et pour un autre genre de véhicule
coûterait un troisième prix, est-ce que vous avez une idée
comment cela pourrait se contrôler? Est-ce qu'il faudrait colorer
l'essence de véhicule en véhicule? Avoir des inspecteurs qui vont
vérifier dans chaque réservoir pour savoir si la bonne couleur se
trouve dedans? Il y a des gens qui, à certains moments, protestent
contre comment dire - l'expansion de la bureaucratie. Je vous assure que ce
n'est pas la façon de la simplifier que d'avoir différents types
d'essence colorée différemment, à différents prix,
pour différents types de véhicules. On n'a pas fini de
contrôler les choses. Dans ce sens, encore une fois, il faut être
raisonnable et simplement, effectivement considérer qu'il peut y avoir
des ajustements de tarifs en vertu de cette taxation, mais pour ça
seulement, par exemple. Pas pour les trois, quatre, cinq autres facteurs qu'on
essaierait de faire passer à l'occasion de.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, complément de
réponse, simplement pour confirmer les chiffres, qui sont donnés
par le ministre des Finances. Effectivement, si on prend le cas de la CTCUM,
par exemple, l'augmentation de la taxe représente 5 000 000 $ sur un
budget d'environ 405 000 000 $. C'est donc dire que cela représente
à peine 1% du budget de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal. Là d'où vient le
problème, à mon avis, actuellement, c'est qu'au cours des
dernières années, la contribution du gouvernement du
Québec au transport en commun a augmenté de façon
phénoménale. Je prends seulement le cas de la CTCUM: elle est
passée de 38 000 000 $ en 1977 à 115 000 000 $ en 1981. C'est
multiplié par trois. Or, ce qui se passe actuellement, M. le
Président, c'est qu'à l'occasion de l'augmentation de la taxe sur
l'essence, certaines commissions de transport et certains élus
municipaux veulent - c'est peut-être de bonne guerre - profiter d'une
augmentation de taxe sur l'essence pour augmenter considérablement le
coût du tarif à l'usager, augmentant ainsi encore la contribution
du gouvernement du Québec, mais laissant intacte la part des
municipalités. Je pense, M. le Président, qu'on ne doit pas
être absolument naïf à l'égard de ce
phénomène. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé, au
cours des derniers jours, de rencontrer les trois présidents des
commisions de transport de la région de Montréal, la CTCUM, la
Commission de transport de Laval et celle de la rive sud de Montréal,
afin de jouer cartes sur table et de connaître exactement ce qui en est,
ce qui est attribuable à l'augmentation de la taxe sur l'essence et ce
qui est attribuable à des décisions des commissions de transport
ou des élus municipaux visant à faire porter aux usagers
l'augmentation des coûts dans le transport en
commun parce qu'ils ne veulent pas prendre la décision
d'auqmenter leur contribution comme municipalités.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Laporte. M. le député de Rosemont, je
vous reconnaîtrai par la suite.
M. Bourbeau: M. le Président, à la suite de la
réponse du ministre des Finances, dois-je comprendre qu'il va
subventionner davantage la CAM ou les passes aux usagers, de façon
à annuler les déficits prévus des commissions de transport
et à empêcher les hausses de tarifs?
Le Président: M. le ministre des Finances.
M, Parizeau: Non, M. le Président, rien de ce que j'ai dit tout
à l'heure ne permet d'affirmer ça.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, le président de la
CTCUM annonçait, la semaine dernière, son intention de hausser
les tarifs du transport en commun pour la deuxième fois au cours de
l'année. Ma question s'adresse au ministre des Transports. Est-ce qu'il
a l'intention dans ses démarches auprès des autorités de
la CTCUM de trouver un mécanisme qui va faire en sorte que les personnes
les plus démunies, qui sont obligées d'utiliser le transport en
commun, soient protéqées contre une deuxième hausse de
tarifs au cours de l'année?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, encore une fois, la question du
député de Rosemont fait directement référence
à qui paie les augmentations de coûts dans l'exploitation du
transport en commun. Il y a effectivement, dans ce secteur comme dans d'autres,
des augmentations de coûts. On a vu tantôt que l'augmentation sur
l'essence représente 1%. Par ailleurs, il y a d'autres augmentations de
coûts. La volonté du gouvernement du Québec a
été clairement énoncée de favoriser le transport en
commun et on a augmenté notre contribution de façon
considérable dans le transport en commun. Quant à examiner des
possibilités de limiter, pour les personnes les plus démunies,
les augmentations de tarification dans le transport en commun, c'est
directement relié à la volonté des élus municipaux
de faire leur part pour contenir les tarifs dans des proportions acceptables.
On a fait un pas de géant; on est passé en cinq ans de 38 000 000
$ à 115 000 000 $ de contribution. Pendant ce temps-là, pour la
CTCUM notamment, la contribution des municipalités est passée de
44 000 000 $ à 70 000 000 $ seulement.
Je pense que la réponse à la question du
député de Rosemont, c'est: Oui, je vais tenter de faire en sorte
que les tarifs augmentent le moins rapidement possible et l'une des
façons privilégiées, c'est que les municipalités
augmentent leur contribution au transport en commun.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Jeanne-Mance, sur le même sujet.
M. de Belleval: M. le Président, question
additionnelle.
Le Président: Je vous reconnaîtrai par la suite, M.
le député de Charlesbourg.
M. de Belleval: Merci, M. le Président.
M. Bissonnet: M. le Président, après avoir entendu
les commentaires du ministre des Transports, je tiens à vous dire - s'il
vous plaît, elle s'en vient, la question - que les élus municipaux
n'ont aucun contrôle sur la Commission de transport de Montréal.
Cette commission n'est même pas un service municipal; elle est autonome
et le président a informé la population d'une augmentation de
tarifs dans les prochaines semaines. Je pose ma question au ministre,
considérant que, dans le journal, dimanche, on indiquait que les
députés du parti ministériel demandaient au ministre des
Finances de faire tout en son possible pour donner une subvention à ces
compagnies de transport pour qu'il n'y ait pas une augmentation de
coûts.
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, le député de
Jeanne-Mance a raison, à savoir que juridiquement la Communauté
urbaine de Montréal n'a pas directement autorité sur la CTCUM.
Cependant, elle a un pouvoir moral considérable quand on sait que la CUM
a demandé à la CTCUM, par rapport à ses prévisions
budgétaires, de réduire son budqet, dans un premier temps, de 7
000 000 $, et dans un deuxième temps, de 7 000 000 $ de plus, donc de 14
000 000 $, faisant en sorte que la contribution de la Communauté urbaine
de Montréal n'augmenterait pas, à toutes fins utiles, pour le
transport en commun, alors qu'on sait tous que les coûts du transport en
commun augmentent, dans ce secteur comme dans d'autres.
Je dis que, juridiquement, le député de Jeanne-Mance a
raison; la Communauté urbaine de Montréal n'a pas directement
autorité sur la CTCUM; cependant, elle a une autorité
morale et financière très puissante. (16 h 40)
Le Président: Dernière question additionnelle. M.
le député de Charlesbourg.
M. de Belleval: M. le Président, à la suite de la
présentation du dernier budget du ministre des Finances, le journal Le
Soleil, dans la région de Québec, titrait, sur huit colonnes
à la une, que le coût du billet de transport en commun pourrait
passer de 0,60 $ à 0,90 $, c'est-à-dire une augmentation de 50%,
à cause de l'augmentation de la taxe sur l'essence. Ma question est la
suivante: D'après les explications que vient de nous donner le ministre
des Transports, une augmentation de 50% ne peut pas être justifiée
par l'augmentation du coût du pétrole. J'aimerais savoir du
ministre des Transports, en ce qui concerne la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Québec, quel sera en pourcentage le fardeau
additionnel sur le budget de dépenses de la Commission de transport
qu'apportera la hausse de la taxe sur les carburants?
Le Président: M. le ministre des Transports.
M. Clair: M. le Président, je n'ai pas, en pourcentage, le
chiffre exact, puisque je n'ai pas entre les mains le budget de la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Québec. Ce que je peux
vous dire, cependant, c'est qu'en coûts additionnels pour la CTCUQ, la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Québec, c'est
une somme de 869 000 $. Compte tenu que le circuit est un peu moins
chargé à la CTCUQ qu'il peut l'être à la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Montréal, c'est
probablement l'équivalent de 1,5% ou 2% d'augmentation par rapport
à l'ensemble du budget.
Le Président: Question principale. Mme la
députée de L'Acadie.
M. de Belleval: Question de règlement, M. le
Président. Je n'ai pas bien entendu le pourcentage cité par le
ministre des Transports. De combien est l'augmentation?
M. Clair: Avec les renseignements que j'ai entre les mains
à ce moment-ci, c'est à peu près 1,5% ou 2%, mais je vais
le vérifier officiellement et donner le renseignement précis au
député de Charlesbourg.
Le Président: Question principale. Mme la
députée de L'Acadie.
Journée d'étude des médecins
omnipraticiens
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ma question s'adresse au
ministre des Affaires sociales. Les médecins omnipraticiens tiennent
aujourd'hui une journée d'étude pour protester, entre autres
choses, contre la lenteur des négociations en vue du renouvellement de
leur entente générale avec le gouvernement.
Ma question va être courte, précise, dans l'espoir
d'obtenir une réponse courte et précise. Le ministre peut-il nous
dire s'il est exact que la dernière séance de négociations
qui a été tenue entre le gouvernement et les représentants
de la fédération remonte au 18 septembre dernier?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): C'est inexact.
Le Président: Question additionnelle. Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre peut-il nous indiquer alors à
quelle date remonte cette dernière séance?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): Étant donné que la
députée de L'Acadie veut absolument des précisions "and
with all particulars", comme on dit dans la langue de Shakespeare, cela me fera
plaisir de lui fournir plus de précisions, avec dates, lieux et noms,
s'il le faut, mais je pourrai vous dire que, dans le cas des dernières
rencontres avec la Fédération des médecins omnipraticiens,
qui ont permis le règlement du dossier des urgences à
Montréal que la fédération elle-même jugeait
important, ces réunions ont eu lieu au mois d'octobre.
Le Président: Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si j'ai posé une
question précise, c'est que, la semaine dernière, le ministre m'a
répondu exactement sur des dossiers particuliers et non pas sur le
dossier de l'entente générale. Ma question était au sujet
de la dernière rencontre des négociations touchant le
renouvellement de l'entente générale.
Le Président: M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): II y a peut-être une confusion qui
existe dans le vocabulaire utilisé en ce moment par le président
de la Fédération des médecins omnipraticiens qui,
on le sait, est en ce moment en campagne électorale, comme c'est
son droit de l'être. Je pourrai peut-être rappeler avec
précision les événements qui ont entouré les
séances de négociations depuis mon arrivée au
ministère. Lors de la dernière élection - je parle de
celle du mois d'avril - quand je suis arrivé au ministère, j'ai
rencontré les deux présidents des fédérations
médicales pour leur offrir de négocier avec des comptables sans
mandat ou d'accepter d'attendre jusqu'à l'automne pour s'assurer qu'ils
avaient devant eux des gens qui avaient des mandats venant du ministre des
Affaires sociales et du Conseil des ministres. Les deux
fédérations ont accepté cette espèce de
période transitoire de quatre ou cinq mois, cinq mois pour être
plus précis, depuis l'expiration de la dernière entente, alors
que, rappelons-le, l'entente nue le gouvernement, en 1976, avant les
dernières élections, avait conclue, avait pris quatre ans.
Puisque je m'étais entendu avec les deux présidents des
fédérations que nous ne commencerions les négociations
qu'à l'automne, je me suis fait dire par les représentants et
notamment par ceux de la FMOQ que certains dossiers étaient plus urgents
à leurs yeux, notamment les médecins omnipraticiens pratiquant
l'anesthésie, la question du transport ambulancier à
Montréal et la question des omnipraticiens s'occupant de
problèmes psychiatriques dans la région de Drummondville. Or,
nous avons réglé deux de ces trois dossiers pendant
l'été.
Par ailleurs, quant au reste...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Mme
la députée, sur une question de règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, chaque fois que nous
posons une question au ministre des Affaires sociales, il reprend toujours les
mêmes dissertations. Il m'a donné toutes ces informations
vendredi. Je lui demande, encore une fois, si la dernière rencontre
touchant le renouvellement de l'entente générale avec la FMOQ
remonte au 18 septembre. Si tel est le cas, qu'entend-il faire pour que les
parties se rencontrent dans les plus brefs délais?
Le Président: M. le ministre.
M. Johnson (Anjou): Nous sommes prêts, M. le
Président, à rencontrer les représentants des
fédérations. Je les ai rencontrés à quelques
reprises. Les mandats non seulement sont prêts, ils ont été
rendus publics. Je peux même dire que, dans le cas du président de
la FMOQ, en ce moment, il a laissé véhiculer des
demi-vérités entre ce qui était contenu dans la loi et ce
qui était contenu dans les mandats de négociation, notamment en
invoquant ce que certaines personnes ont fait dans certains milieux
médicaux, que le salariat était prévu dans la loi. Il n'y
a rien de tel dans la loi. C'est dans les mandats de négociation qu'on
prévoit que certaines catégories de spécialistes peuvent
être l'objet d'un mandat de négociation qui vise à leur
donner des honoraires fixes, à les placer dans un cadre d'honoraires
fixes plutôt que de rémunération à l'acte.
En ce sens, nous sommes prêts à négocier. Non
seulement sommes-nous prêts, nous avons étalé les mandats
sur la place publique et, que je sache, pour le moment, c'est le
président de la Fédération des médecins
omnipraticiens du Québec qui a dit qu'il n'irait pas à la table
de négociation tant qu'on ne retirerait pas les projets de loi. Je pense
qu'il exagère.
Le Président: Dernière question additionnnelle, Mme
la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est toujours de bonne guerre. Je
réalise que tout à coup le ministre actuel des Affaires sociales
commence à s'apparenter un peu à l'ancien ministre, c'est
toujours la faute des autres et de leurs mauvaises intentions.
Peut-il également confirmer ou infirmer le fait que la
fédération aurait déposé un nouveau projet et
qu'elle n'a eu aucune réponse?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): Effectivement, la fédération a
déposé une brique dans la plus pure tradition syndicale, dans le
cadre du renouvellement d'une entente.
La réponse, à cause du temps, a été
donnée par les représentants qui ont dit: II y aura bientôt
sur la place publique, pour que vous le sachiez, un projet de loi dont j'avais
laissé entendre de grandes orientations aux présidents des
fédérations lors des conversations que j'ai eues avec eux durant
l'été et dont je ne me suis pas caché dans les
tournées dans les régions du Québec. Deuxièmement,
formellement, le ministre des Affaires sociales annoncera les grands contenus
de ces mandats de négociation à l'occasion du dépôt
du projet de loi. En ce sens, je trouverais un peu regrettable que quelqu'un
joue à la surprise, étant donné qu'on s'était
entendu là-dessus à partir du moment où je suis
arrivé au ministère que c'est ainsi que cela se
déroulerait.
Si à la FMOQ on a choisi, dans le cadre, entre autres, d'une
élection qui doit avoir lieu le 12 décembre, pour un nouvel
exécutif, d'agiter ou de faire tourner, ou de faire du tambour pour les
troupes autour du projet de loi 27, qu'on n'invoque pas que le ministère
ne veut pas négocier. Qu'il n'ait
pas négocié pendant l'été sur l'ensemble du
dossier, je suis entièrement d'accord, c'est vrai; mais on
s'était entendu avec les fédérations pour ne pas
négocier pendant l'été, parce que je venais d'arriver au
ministère et je leur demandais quelgues mois. Quant au reste, il y a une
commission parlementaire sur le projet de loi 27 où elles pourront
s'exprimer et, par ailleurs, des tables de négociation où nous
serons prêts à négocier en plus de continuer le travail
qu'on a fait dans le cas des dossiers particuliers. Nous sommes toujours
prêts à régler le problème des omnipraticiens qui
font de l'anesthésie en région, à condition que le
syndicat lui-même accepte de regarder ce dossier dans la perspective de
l'entente échue et non pas de l'entente à venir.
Le Président: Question principale, M. le
député de Beauce-Sud.
Fusion des hôpitaux de Beauceville et de
Saint-Georges
M. Mathieu: Merci, M. le Président. Ma question
s'adressera au ministre des Affaires sociales. Nous savons que le ministre
suscite une crise grave entre l'hôpital de Beauceville, situé dans
Beauce-Nord, qui dessert 18 000 personnes et celui de Saint-Georges,
situé dans Beauce-Sud, qui dessert plus de 40 000 personnes. (16 h
50)
En 1978, une entente avait été signée entre les
deux hôpitaux, ratifiée par le CRSSS, mais refusée par le
ministre. Or, le 6 novembre, le ministre a pris une décision
unilatérale par laquelle il décrète la fusion des deux,
détermine une liste de services à Beauceville et nomme un
mandataire. Cette décision, évidemment, est inacceptable pour la
population; elle soulève de l'inquiétude et un tollé
général. La population prétend à juste titre qu'il
s'agit de déménager une partie des services et que le reste
suivra. Jeudi dernier, il y a eu une manifestation de 3000 à 4000
personnes à l'aréna de Saint-Georges-de-Beauce pour protester
contre cette décision. Beauce-Sud ne veut rien enlever à
personne, mais veut garder son butin. Cette fusion semble être de la
confusion.
C'est pourquoi je demande au ministre, premièrement: Vu que le
ministre a précisé la vocation de l'hôpital de Beauceville,
peut-il nous dire quelle sera la vocation qu'il entrevoit pour l'hôpital
de Saint-Georges? Deuxièmement, quelle somme sera
économisée en appliquant sa décision?
Troisièmement, peut-il nous assurer que sa décision n'aura pas
pour effet de faire perdre des emplois?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): M. le Président, à
l'égard du préambule évoqué par le
député de Beauce-Sud, je pourrai dire que s'il décrit un
hôpital desservant 18 000 de population et un autre desservant 40 000 de
population, je lui ferai remarquer que, même pas à 20
kilomètres l'un de l'autre, c'est une population de 58 000 qui est
desservie par les deux établissements. Je pense que c'est
peut-être comme ça qu'il faut le voir.
Il n'y aura pas de développement additionnel en termes de lits
à Saint-Georges. Il y a suffisamment de lits, il y a suffisamment
d'appareils, il y a suffisamment de personnel qualifié dans ce rayon de
quelques milles pour desservir adéquatement les citoyens de toute la
Beauce. En ce sens, Saint-Georges doit renoncer à l'idée de faire
du développement.
Deuxièmement, à partir du moment où on sait qu'il
n'y aura pas de développement de nouveaux lits à Saint-Georges,
il faut utiliser au maximum les espaces disponibles à Beauceville et
à Saint-Georges pour desservir les citoyens, et pas des potentats, et
pas des égoïsmes; ne pas s'adonner à des
considérations égoïstes, que ce soit de la part des
professionnels ou du personnel. C'est l'intérêt des citoyens qui
est en cause. C'est pour ça que j'ai donné mandat au Dr Roy de
régler le problème dans le cadre suivant et d'entreprendre tous
les pourparlers nécessaires avec les conseils d'administration et les
conseils des médecins et dentistes des deux établissements: 1)
Fusion juridique des deux établissements. Donc, un hôpital avec un
conseil des médecins et dentistes possédant deux pavillons, l'un
à Saint-Georges, l'autre à Beauceville. 2) Qu'à
Beauceville qui, soit dit en passant, est un hôpital mieux
équipé sur le plan physique, plus récent, plus moderne,
avec au-delà de 240 lits, alors que l'autre n'en a que 150, on s'assure
de ne pas le convertir en Auberge des Gouverneurs, c'est-à-dire que
ça serve, dans la mesure du possible, comme un hôpital. Pour cela,
conserver à Beauceville, d'une part, la gynécologie et
l'obstétrique, la pédiatrie, certains services en clinique
externe, de l'hébergement pour patients chroniques, la psychiatrie,
l'alcoologie, la toxicologie et des départements tel le
département de santé communautaire. Ce qui implique, par
définition, que s'il devait y avoir d'autres services il faudrait que
les gens s'entendent.
Les médecins de Saint-Georqes peuvent être assurés,
dans les circonstances, qu'en maximisant et en permettant, notamment, aux
femmes de cette région d'accoucher dans de meilleures conditions
qu'elles ne le font en ce moment à Saint-Georges, il y aura à
Saint-Georges la chirurgie de deuxième niveau, et même de premier
niveau dans la plupart des cas, la médecine interne, en
d'autres termes, l'ensemble des disciplines chirurgicales et
médicales spécialisées.
Le reste, c'est du placotage qui est, entre autres, entretenu par
certaines personnes qui sont contre le changement et qui vont contre les
intérêts des citoyens en le faisant.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: M. le Président, je peux vous garantir qu'il
n'est pas question d'égoïsme ou d'esprit de clocher entre les deux
institutions. Je remarque que le ministre ne répond pas à mes
questions qui sont les suivantes: Est-ce qu'il y aura des sommes d'argent
d'économisées? Je lui fais mention qu'il y a trois fois plus
d'accouchements qui se font à Saint-Georges qu'à Beauceville,
d'après ce qu'on m'a dit. Si la situation était à ce point
tragique, comment la chose serait-elle tolérée?
Est-il au courant que les négociations avec son mandataire sont
rompues parce que celui-ci a refusé l'accès à deux
délégués de comités de citoyens? Dans une politique
de transparence, c'est pas mal bizarre. Est-ce qu'il a quelque chose à
cacher?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): Absolument pas. Je pense que le Dr Roy, qui
est mon mandataire et qui est lui-même originaire de la Beauce pour avoir
pratiqué à Saint-Georges et être lui-même originaire,
je crois, de Beauceville, est un homme qui respecte ce milieu de la Beauce,
comme je le respecte également. Je dis cependant que, compte tenu de la
décision de faire en sorte que la gynécologie,
l'obstétrique et la pédiatrie soient à Beauceville afin
d'être utilisées d'une façon adéquate pour les
citoyennes et les citoyens de la Beauce, dans les meilleures conditions
possible, de faire en sorte, également, qu'à Saint-Georges on
puisse libérer un certain nombre de lits pour y pratiquer de la
chirurgie de deuxième niveau parce que c'est un hôpital où
cela se fait comme cela et que cela doit continuer de se faire comme cela, dans
les circonstances, il m'apparaît normal et adéquat que des
échanges puissent avoir lieu, comme le Dr Roy en a eu avec les
membres.
Il s'est cependant, à l'occasion, heurté à
certaines personnes qui ont tenté de politiser ce débat. Je pense
que le député me comprend très bien et je trouve cela un
peu regrettable parce que le mandat du Dr Roy n'est pas de faire de la
politique. Le mandat du Dr Roy, c'est de s'assurer que les meilleurs services
soient disponibles justement pour les citoyens de la Beauce dans le cadre de
cette opération. C'est ce à quoi on va continuer à
travailler.
Est-ce qu'il y aura des économies? Sans doute qu'il y en aura. Je
peux vous assurer d'une chose, par exemple, c'est que le jour où on aura
réussi cette opération qui consiste à fusionner ces deux
établissements, on pourra s'assurer qu'il y a un développement
adéquat des services de santé pour les citoyens de la Beauce,
parce qu'il n'y a plus de médecins qui veulent y aller tellement il y a
de chicanes. Il faut s'assurer qu'on continue d'avoir des services de
qualité dans la Beauce en faisant en sorte que les hommes politiques qui
veulent faire de la politique au lieu de s'occuper de la santé publique
sortent du décor.
Des voix: Très bien! Bravo!
M. Mathieu: Question additionnelle.
Le Président: Dernière question additionnelle, M.
le député de Beauce-Sud. Il reste deux minutes à la
période des questions. Donc, courte question et courte
réponse.
M. Mathieu: M. le Président, j'affirme, de mon fauteuil
à l'Assemblée nationale, que je n'ai jamais participé
à la politisation de ce débat et, si la décision fut
politique, j'en conviens, ce n'est pas moi qui l'ai politisée.
Ma question est la suivante: En termes d'emplois, le ministre ne nous a
pas répondu. Est-ce qu'il y aura perte d'emplois?
Le Président: M. le ministre des Affaires sociales.
M. Johnson (Anjou): Le principe qui doit être retenu dans
des circonstances de fusion, c'est le respect des dispositions des conventions
collectives. La fusion, en vertu du Code du travail lui-même, garantit
à ceux qui ont ce type de garantie dans le cadre d'un
établissement les mêmes droits qu'ils auraient s'il n'y avait
qu'un seul établissement. Dans ce sens-là, les travailleurs
peuvent être assurés que les droits qu'ils ont continueront
d'exister, même si cela peut impliquer, en cours de route, que des
équipes soient refaites et qu'on change les habitudes des citoyens. Si
les habitudes de ces concitoyens, qui sont des travailleurs du secteur
hospitalier, sont dérangées, c'est pour mieux servir l'ensemble
de la population de la Beauce, qu'elle soit de Beauce-Nord ou de
Beauce-Sud.
Le Président: Fin de la période des questions.
Motions non annoncées.
Enregistrement des noms sur les votes en suspens.
Avis à la Chambre.
M. Gratton: En vertu de l'article 34.
M. Charron: Je crois qu'il y a des questions.
Recours à l'article 34
Le Président: En vertu de l'article 34, M. le
député de Gatineau.
M. Gratton: Oui, M. le Président. J'aimerais demander au
leader parlementaire, compte tenu qu'il semble qu'on sera appelés
à étudier les crédits supplémentaires jeudi et
compte tenu qu'on a fait état dans les journaux en fin de semaine d'un
certain rapport émanant du service aérien du ministère des
Transports, qu'il demande au ministre des Transports s'il serait possible de
déposer cette étude préparée par les services de
son ministère sur le coût des avions du gouvernement.
Le Président: M. le leader. (17 heures)
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Coûts d'exploitation et d'entretien des avions
du gouvernement
M. Charron: Si on a le consentement, M. le Président, le
ministre des Transports serait en mesure de déposer un document. Puisque
la question m'est adressée en vertu de l'article 34, je dépose,
au nom du ministre des Transports, un document dont le titre est:
Répartition des coûts d'opération et d'entretien des
avions, année 1980-1981, et tableaux comparatifs.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Document
déposé.
M. Charron: Le document est déposé, M. le
Président.
Recours à l'article 34 (suite)
Le Vice-Président (M. Rancourt): En vertu de l'article 34,
M. le député de Beauce-Sud.
M. Mathieu: Oui, M. le Président, j'aurais une question
à poser au leader du gouvernement. Le discours inaugural mentionnait,
entre autres, qu'il y aurait une loi pour venir en aide à la
relève agricole. Dans toute la panoplie de projets qui ont
été déposés tout à l'heure, rien ne tient
compte de cela. Le ministre de l'Agriculture avait déjà
annoncé la venue d'une loi permettant un prêt de 50 000 $ pour
cinq ans. Le ministre avait dit que la subvention ne dépasserait pas 20
000 $. Je veux savoir si cette loi sera présentée avant
Noël.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader.
M. Charron: Cette loi ne sera pas présentée avant
Noël.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): En vertu des dispositions de l'article
34 et avant que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation ne nous quitte, au cas où le leader parlementaire du
gouvernement voudrait le consulter sur la réponse à donner,
puis-je demander au leader parlementaire du gouvernement si le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation l'a approché
pour le dépôt d'un projet de loi relativement à la
qualité du poisson? En effet, dans un article de la Presse de samedi
dernier, c'est-à-dire il y a deux jours, on lit: "Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, M.
Jean Garon, déposera devant l'Assemblée nationale, au cours des
jours qui viennent, un projet de loi régissant la qualité du
poisson capturé par les pêcheurs québécois et
destiné tant au marché local qu'au marché
international".
Simplement pour l'édification du ministre, l'article se termine
comme ceci: "Interrogé par la presse à ce sujet lors de
l'ouverture officielle du Salon international de l'agriculture, à
laquelle il participait, le ministre Jean Garon s'est refusé à
tout commentaire. Il s'est d'ailleurs montré irrité par le fait
que cette nouvelle, dont l'Assemblée nationale n'est pas encore au
courant, serait déjà communiquée au public." Voici donc
une belle occasion, une merveilleuse occasion, soit pour le leader
parlementaire ou pour le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, alors que nous sommes réunis ici et que nous pouvons
nous prévaloir des dispositions de l'article 34, de nous faire
connaître les intentions du gouvernement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Mon collègue de l'Agriculture éprouve
le plus grand respect pour l'Assemblée nationale et, en particulier,
pour l'Opposition; c'est exactement pourquoi il s'est montré
irrité, en fin de semaine, du fait que la décision toute chaude
du Conseil des ministres de mercredi dernier avait conduit le comité de
législation à travailler -je pense dans la journée
même de jeudi - à la mise au point, sur le plan juridique, des
décisions gouvernementales et c'est exactement ce que nous vous avons
communiqué cet après-midi non seulement sous la forme du projet
de loi no 36, qui a
été déposé par le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, mais également le projet de
réglementation qui découlerait éventuellement de cette loi
telle quelle.
Je crois que l'Opposition en a amplement à se mettre sous la
dent, actuellement, en ce qui concerne les intentions annoncées en fin
de semaine par le ministre de l'Agriculture et confirmées aujourd'hui
par le dépôt du projet de loi no 36.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce l'intention du gouvernement de
voir ce projet de loi adopté avant l'ajournement de Noël et,
deuxièmement, s'il y a une telle réglementation que nous ne
connaissons pas, est-ce que nous pouvons nous attendre que cette
réglementation nous soit communiquée en temps utile?
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le leader du
gouvernement.
M. Charron: Oui, c'est l'intention du gouvernement de voir cette
loi adoptée avant l'ajournement de Noël. Deuxièmement, le
ministre de l'Agriculture avait avec lui en Chambre, cet après-midi, un
nombre peut-être insuffisant pour l'ensemble des députés,
mais suffisant pour une reproduction quelconque dans la journée
d'aujourd'hui, de ce projet de réglementation. Si ce n'est pas
déjà fait, ce sera fait avant la fin de la séance
aujourd'hui.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le ministre...
M. Charron: Avec mon consentement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): ... avec votre
consentement.
M. Garon: J'aimerais dire que celui qui prend les documents est
venu à mon bureau et il m'a dit qu'il remettait dix documents au whip du
Parti libéral; il s'agit de projets de réglementation. De
même qu'il y a dix projets au whip du Parti québécois.
J'aimerais aussi aviser le président que je vais prendre l'avion tout
à l'heure pour aller à Matane et à Gaspé pour
remettre les projets de règlement aux pêcheurs et aux industriels
et, dans les jours qui vont suivre, j'irai également aux
Îles-de-la-Madeleine et à Sept-Îles, encore en avion, parce
qu'autrement je ne pourrais pas revenir à la session avant deux ou trois
jours.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député d'Orford, en vertu de l'article 34.
M. Vaillancourt (Orford): J'aimerais demander au leader s'il est
au courant que le ministre de l'Agriculture va déposer un projet de loi
pour changer le nom des chevaux canadiens en chevaux québécois.
C'est lui qui a mentionné, lors d'une visite qu'il a faite à
Deschambault dans le comté de Portneuf, que désormais les chevaux
canadiens devront s'appeler les chevaux québécois.
M. Charron: M. le Président, vous connaissez bien le
député d'Orford. Je pense qu'il a essayé de nous passer un
sapin.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Affaires du jour. Article
34, M. le leader.
Avis de la Chambre
M. Charron: Aux affaires du jour, je voudrais donner avis de nos
intentions, pour la semaine, auxquelles j'espère collaborera
l'Opposition. Je souhaiterais que le débat sur la motion inscrite au nom
du premier ministre, qui va reprendre dans quelques instants, s'achève
ce soir et que nous puissions, vers la fin de la séance de ce soir,
procéder au vote.
Demain, après la période des questions, nous devrions
entamer l'étude d'un projet de loi sur lequel on m'annonce un certain
nombre d'interventions du côté de l'Opposition. Il concerne la
société Hydro-Québec. Nous poursuivrons demain soir et, si
ce n'est pas terminé, nous poursuivrons mercredi et possiblement jeudi
l'étude de ce projet de loi no 16. S'il n'est pas adopté en
deuxième lecture, jeudi midi, par exemple, cela aurait pour effet de
retarder l'étude du budget supplémentaire, dont parlait le
député de Gatineau, à la semaine prochaine.
Reprise du débat sur la motion
déterminant
les conditions sans lesquelles le
Québec
ne peut accepter le rapatriement de la constitution
Le Vice-Président (M. Rancourt): Reprise du débat
sur la motion de M. Lévesque, premier ministre, député de
Taillon. M. Chevrette, au nom du ministre de la Justice avait demandé
l'ajournement. Donc, M. le ministre de la Justice.
M. Marc-André Bédard
M. Bédard: M. le Président, face aux
événements constitutionnels que nous vivons, je ne voudrais pas
aujourd'hui écrire ce que sera le jugement définitif de
l'histoire, mais je sais que la population du Québec se trouve devant
une situation qu'elle n'avait jamais cru possible. Alors que les partis
d'Opposition, à Ottawa, sont disposés à donner suite
à une revendication
fondamentale du Québec, à savoir le droit de retrait avec
compensation financière obligatoire, ceux qui résistent et qui
refusent d'accepter cette revendication du Québec, ce sont les
députés du Québec à Ottawa, c'est-à-dire
ceux et celles qui prétendent représenter les
intérêts du Québec. Autrement dit, au Parlement
fédéral, les exigences du Québec, les droits du
Québec sont mieux défendus par les partis d'Opposition que par
les soi-disant représentants du Québec à Ottawa. (17 h
10)
Pendant ce temps, ici, à l'Assemblée nationale,
l'Opposition libérale, aveuglée par la partisanerie et la haine
de l'adversaire politique, l'Opposition libérale, dis-je,
s'apprête à voter contre une résolution du gouvernement qui
exprime les exigences minimales, mais fondamentales, dont le peuple du
Québec est en droit d'exiger le respect. Plus que cela, l'Opposition
officielle du Québec, l'Opposition libérale, fait savoir à
Ottawa qu'elle se contenterait de moins que ce qui est exigé par le
gouvernement du Québec. Qui aurait cru possible que le Parti
libéral en soit rendu là, après l'engagement de son chef
d'effectuer un virage nationaliste proquébécois après le
résultat du 13 avril dernier? Qui aurait cru possible, M. le
Président, puisque c'est le cas, que les vrais droits de veto contre les
intérêts du Québec, ce sont des hommes comme Pierre Elliott
Trudeau, Jean Chrétien et tous les députés du
Québec, libéraux serviles, que la population a élus
à Ottawa pour défendre les intérêts du
Québec? Aussi incroyable que cela puisse paraître, ce sont des
francophones qui sont les adversaires les plus agressifs à l'endroit des
demandes minimales, mais fondamentales, du Québec au point de vue
constitutionnel.
Je crois, M. le Président, qu'on peut dire que les masques
tombent véritablement et qu'enfin la population est à même
de voir les vrais visages de tout ce beau monde, les vrais visages et les
vraies intentions des dirigeants du Parti libéral, tant
fédéral que provincial, lorsqu'il s'agit de la défense des
intérêts du Québec. Malgré les efforts de
l'Opposition officielle pour faire croire le contraire, la motion que nous
étudions aujourd'hui s'inscrit dans la lignée de celle
qu'adoptait l'Assemblée nationale il y a quelques semaines à
peine. Elle reprend les principes de base que l'on retrouve dans l'entente que
le premier ministre du Québec, qui a respecté sa parole, signait
avec sept autres premiers ministres provinciaux le 16 avril dernier. C'est
cette entente, M. le Président, que les premiers ministres des provinces
anglophones ont déchirée dans le dos du Québec.
Au cours de ce débat, l'Opposition libérale s'est bien
gardée de rappeler ces signatures qui ont été
reniées. Au contraire, les libéraux provinciaux se sont
acharnés à minimiser les efforts de bonne foi qui ont
été faits par le premier ministre du Québec pour en
arriver à une entente; pas n'importe quelle sorte d'entente, une entente
dans la dignité et le respect des droits du Québec.
Tout au long de ce débat, l'Opposition officielle a
employé toutes ses énergies à décortiquer et
à essayer de dévaloriser les moindres gestes posés par le
gouvernement du Québec au cours de ces négociations. Mais je
crois sincèrement que l'Opposition officielle n'a trompé personne
avec cette attitude qui lui était dictée uniquement, encore une
fois, par la partisanerie et la haine de l'adversaire politique.
Lors du référendum, M. le Président, plusieurs de
ces premiers ministres qui ont signé sont venus visiter le Québec
et déjà, à ce moment-là, lors du
référendum, un fort pourcentage des Québécois et
des Québécoises savaient que leur parole donnée, leurs
promesses, ne valaient rien. Ils ont voté en conséquence.
Aujourd'hui - c'était le temps qu'on le sache - toute la population du
Québec sait que même les signatures de ces premiers ministres ne
valent rien.
Au-delà de cette trahison, M. le Président, et avec
quelques semaines de recul, il me semble maintenant que ce qui s'est
passé illustre bien la réalité canadienne. C'est
l'aboutissement de l'histoire du Québec et la répétition,
avec de légères variantes, d'épisodes où d'autres
gouvernements qui nous ont précédés se sont
retrouvés isolés face au Canada anglais, que ce soit les
gouvernements de MM. Lesage, Johnson ou Bourassa.
Cette motion sur laquelle nous aurons à voter demande la
reconnaissance de l'égalité des deux peuples fondateurs. Cet
ajout était nécessaire puisgue auparavant nous prenions cette
dualité comme étant une chose acguise alors que le
dénouement de la conférence a clairement illustré la
négation de cette réalité fondamentale pour le peuple
québécois. Ayant été ignorée, il est
maintenant nécessaire que cette égalité soit clairement
exprimée.
Cette motion réaffirme ensuite notre désir de
protéger les pouvoirs de l'Assemblée nationale dans les domaines
de sa compétence face à l'intention du fédéral
d'inclure dans son projet des éléments qui auront des
conséquences certaines et importantes sur la compétence du
Québec d'adopter ses propres lois. Je rappellerai simplement que la Cour
suprême a confirmé l'opinion qu'émettaient les juristes
experts du gouvernement du Québec concernant l'effet du projet
fédéral sur la validité de nos lois, de nos
règlements et de nos directives. De plus, il ne fait aucun doute que le
projet fédéral ampute les droits du Québec non seulement
dans l'enseignement, mais aussi dans le secteur économigue. C'est bien
beau
de dire qu'on veut une charte constitutionnelle généreuse,
comme le dit souvent le chef de l'Opposition, sauf qu'on oublie de dire aux
Québécois que nous avons déjà une Charte des droits
et libertés qui est une des plus évoluées dans l'ensemble
canadien. Cette charte fédérale doit être analysée
avec beaucoup de soin de manière qu'elle n'ait pas comme effet de
restreindre les pouvoirs de l'Assemblée nationale. C'est ce que fait
cette charte avec plusieurs des dispositions qui y sont contenues.
Enfin, la motion reprend la pierre angulaire de l'entente signée
par le premier ministre du Québec et sept autres premiers ministres en
avril dernier, c'est-à-dire le droit de retrait avec compensation
financière obligatoire. Depuis quelque temps, j'ai entendu, comme bien
d'autres, le chef du Parti libéral du Québec déclarer que
le Québec avait laissé tomber son droit de veto. Sur ce point,
l'Opposition répète servilement l'affirmation faite par MM.
Trudeau et Chrétien qui sont manifestement heureux d'avoir trouvé
un allié et un complice chez les libéraux provinciaux qui savent
très bien qu'à partir du moment où un accord n'est pas
respecté le droit de veto reste entier. L'Opposition devrait savoir
qu'en endossant cette fausseté et bien d'autres faussetés qui
sont véhiculées par les libéraux fédéraux
elle contribue à diminuer la force de négociation du gouvernement
du Québec. D'ailleurs - cela, l'Opposition le sait même si elle
affirme le contraire - non seulement le Québec n'a pas laissé
tomber son droit de veto; au contraire, il l'a renforcé en exigeant un
droit de retrait avec compensation obligatoire. Cela, nos représentants
du Québec, les libéraux fédéraux à Ottawa,
l'ont vu rapidement. La meilleure preuve en est l'acharnement de Pierre Elliott
Trudeau, et de Jean Chrétien à triturer, justement, ce droit de
retrait avec compensation financière obligatoire, qui est un des
éléments essentiels, de manière à lui enlever tout
le sens qu'il avait au moment où nous avons signé cette entente.
(17 h 20)
II faut bien comprendre que le droit de veto traditionnel du
Québec est essentiellement un droit de s'opposer à ce que nos
pouvoirs soient modifiés sans notre consentement. Ce droit de veto a
constamment placé les gouvernements du Québec dans la difficile
position de s'opposer à des changements dans la répartition des
pouvoirs faits aux provinces anglophones qui désiraient
légitimement centraliser davantage la constitution canadienne, alors que
le Québec a constamment recherché un accroissement de ses
pouvoirs.
L'observateur le moindrement attentif des conférences
fédérales-provinciales sait que les autres provinces du Canada
partagent toutes, à des degrés divers, une conception beaucoup
plus centralisatrice du gouvernement fédéral que celle des
Québécois. Pour ces provinces anglophones, le véritable
gouvernement national est à Ottawa et c'est normal. Quant à nous,
Québécois, le seul gouvernement que nous contrôlons est ici
à Québec et notre situation en Amérique du Nord nous
oblige à poursuivre son renforcement, indépendamment de nos
options politiques.
Ce droit de veto pur et simple du Québec a donc
empêché non seulement le système fédéral
d'évoluer, mais il a aussi empêché le Québec de voir
ses propres pouvoirs augmenter. Il fallait donc trouver une solution pour
sortir du cercle vicieux qui nous enfermait constamment dans l'éternelle
et difficile position d'empêcheurs de tourner en rond.
Nous avons donc exigé un droit de retrait avec compensation
financière qui, s'il avait été accepté, aurait
renforcé la notion de droit de veto traditionnel du Québec en
permettant au reste du Canada de se doter d'un État
fédéral selon sa conception, tout en donnant au Québec la
possibilité de mettre sur pied ses propres programmes, selon ses
intérêts et de conserver l'intégrité des pouvoirs
qui lui sont conférés par la constitution.
Après sa visite à Ottawa, le chef de l'Opposition a
semblé réaliser mieux l'importance capitale de ce droit de veto
ou de ce droit de retrait avec compensation financière obligatoire qui
est, en fait, un droit de veto qui s'applique aux seuls pouvoirs du
Québec.
Je me permettrai, M. le Président, de donner un exemple. Au
Québec, on connaît bien le secteur de la justice et les
conséquences de l'application d'une forme de droit de retrait sans
clause compensatoire. En effet, le Québec, qui a la
responsabilité exclusive de l'administration de la justice, a
décidé, comme vous le savez, de mettre sur pied son propre corps
de police, la Sûreté du Québec. Par contre, les provinces
anglophones, sauf l'Ontario, ont préféré s'en remettre au
fédéral et utiliser chez elles les services de la Gendarmerie
royale du Canada. C'est ainsi qu'à même les impôts que nous
payons à Ottawa, nous les Québécois, les services
policiers offerts dans ces huit provinces par la Gendarmerie royale du Canada
sont financés en partie par les Québécois. Ce fait,
dénoncé d'abord par Jérôme Choquette, l'ancien
ministre libéral de la Justice, a privé le Québec de plus
de 1 000 000 000 $, depuis 1966. La réclamation que nous adressons
chaque année aux autorités fédérales est de plus de
150 000 000 $, par année. M. le Président, en 1966, si nous
avions eu le droit de retrait avec compensation financière obligatoire,
ce n'est pas moins de 1 000 000 000 $ de plus qu'il y aurait dans les coffres
du
gouvernement depuis 1966.
D'ailleurs, cette décision du Québec n'a jamais
été mise en question par les gouvernements qui se sont
succédé. La constitution, ce n'est pas seulement du papier, c'est
aussi de l'économie. Un des meilleurs exemples est celui que je viens de
vous donner. Si, en 1966, nous avions eu ce droit de retrait avec compensation
financière obligatoire, ce n'est pas moins de 1 000 000 000 $ qu'il y
aurait de plus dans les coffres du Québec et nous n'aurions pas
été obligés, comme c'est le cas présentement, de
continuellement nous mettre à genoux pour réclamer notre
dû, une partie des impôts des Québécois, et nous
aurions à ce moment-là obtenu ces sommes qui nous auraient
peut-être permis, aujourd'hui, de ne pas être obligés de
procéder aux restrictions budgétaires que toute la population
connaît.
M. le Président, le retrait ou l'"opting-out" avec compensation
financière n'est pas nouveau dans le système de relations
fédérales-provinciales. En fait, des accords de cette nature ont
été conclus à plusieurs reprises entre MM. Lesage et
Pearson dans les années soixante, mais c'était avant
l'arrivée au pouvoir de Pierre Elliott Trudeau, dont le gouvernement a
refusé, par la suite, de continuer dans cette voie qui avait permis au
Québec de se doter de plusieurs outils importants pour son
développement social et économique.
Il faut toutefois noter que ces ententes n'ont pas permis au
Québec d'acquérir des responsabilités nouvelles en termes
de pouvoirs, puisqu'elles furent toutes conclues dans des domaines de
juridiction provinciale. En fait, elles ont permis d'éviter un plus
grand envahissement du fédéral dans des secteurs que la
constitution reconnaît aux provinces. C'est en utilisant justement ce
droit de retrait que fut créé notre régime de rentes, plus
avantageux pour les Québécois que le régime canadien qui
s'applique au reste du Canada. Cette formule permet aussi de faire
évoluer notre régime de rentes à notre rythme et selon nos
intérêts et nos conceptions.
Il y a quelques années, l'Assemblée nationale du
Québec adoptait une loi qui permettait de diminuer le nombre
d'années de cotisation des femmes qui se retirent du marché du
travail pour élever leur famille de façon que leurs rentes ne
soient pas diminuées lorsque viendra le temps de la retraite. Tout cela
a été possible en fonction d'un droit de retrait, même si
l'Ontario n'était pas d'accord. On le sait, notre régime de
rentes est plus avantageux au chapitre des rentes versées aux invalides
et aux veuves. Ces rentes sont effectivement plus élevées au
Québec que dans le reste du Canada.
De plus, l'établissement de notre propre régime de rentes
a permis de créer un outil économique important, la Caisse de
dépôt et placement, qui contribue au développement
économique du Québec. Plusieurs ententes semblables ont
été signées à cette époque entre le
Québec et le gouvernement du Canada dans le secteur social, mais jamais
aucune autre entente n'a été possible depuis que Pierre Elliott
Trudeau, un francophone, est premier ministre du Canada.
M. le Président, c'est là qu'on voit qu'une constitution,
ce ne sont pas seulement des mots qu'on écrit, ça
représente également une réalité économique.
Souvent, on entend, soit le chef de l'Opposition, ici à
l'Assemblée nationale, ou nos représentants du Québec
à Ottawa, dire: Finissons-en avec la constitution, ensuite, on va parler
d'économie. Sauf qu'ils oublient de dire à la population qu'une
constitution, justement, une fois qu'elle est écrite, représente
des dollars au bout du compte. Je viens de vous en donner un exemple concernant
simplement un petit secteur de la justice, à savoir la
Sûreté du Québec. Cela représente plus d'un milliard
de dollars que les Québécois auraient en caisse au moment
où je vous parle sans être obligés de se mettre à
genoux. Nous avons également un autre exemple avec le régime de
rentes.
Maintenant, M. le Président, si on regarde un tout petit peu en
avant et sans fabuler sur les conséquences de ce que M. Trudeau veut
imposer au Québec, il est fort plausible que les provinces anglophones
veuillent se départir de certains pouvoirs ou programmes qu'elles
administrent actuellement, particulièrement ceux où il y a un
coûteux dédoublement de fonctions avec des organismes provinciaux.
On serait alors dans la position où le fédéral se verrait
confier une responsabilité par les provinces anglophones, et le
Québec, qui voudrait conserver la sienne, serait doublement
pénalisé. Comme dans le cas de la police, les
Québécois devraient défrayer le coût de leurs
propres services et financer ceux des autres provinces à même les
impôts qu'ils paient à Ottawa.
Ainsi, par exemple, un transfert de juridiction sur les cours
criminelles peut facilement coûter au Québec 50 000 000 $ s'il
veut garder sa responsabilité. Un transfert concernant les prisons, si
nous voulons garder notre responsabilité dans ce secteur, peut
facilement représenter pour le Québec un coût de 70 000 000
$ (17 h 30)
Une constitution ce n'est pas seulement des écrits, ce sont des
réalités économiques. En résumé, et je
termine là-dessus, M. le Président, les avantages du droit de
retrait avec compensations financières sont les suivants. Il permet au
fédéralisme canadien d'évoluer en tenant compte des deux
peuples fondateurs. Il permet au Québec, en exerçant
ses pouvoirs, de mettre sur pied des programmes mieux adaptés
à ses besoins spécifiques. Le droit de retrait avec compensations
financières est enfin un droit de veto du Québec pour ses propres
pouvoirs puisqu'il nous permet de nous opposer à un transfert vers le
fédéral, tout en exigeant une compensation financière. Il
est infiniment plus avantageux pour le Québec, puisqu'il nous permet
d'évoluer selon nos besoins et non de nous placer dans la position de
l'empêcheur de tourner en rond. Ceci est très important, vous le
savez, au moment où on en discute, M. le Président.
Je terminerai en redisant qu'il est incroyable de penser, de
réaliser qu'alors que le droit de retrait avec compensations
financières obligatoires représente une des demandes
fondamentales du Québec dans ce débat constitutionnel, ceux qui
s'y opposent, ceux qui, effectivement, je le dis encore une fois, sont les
vrais droits de veto contre les intérêts du Québec, ce sont
nos francophones de service à Ottawa et l'Opposition libérale
officielle, ici, dans cette Assemblée nationale.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Mont-Royal.
M. Rocheleau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement, M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Cela semble être une question très
importante que nous traitons actuellement et je me rends compte que du
côté ministériel on n'a pas quorum dans cette
Assemblée. Je demanderais que les gens soient rappelés, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je vais vérifier,
M. le député de Hull.
Mme Lavoie-Roux: Ils entrent. Ils ne sont pas à leur
place.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nous avons quorum.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: L'occasion de la discussion de cette motion est
très bienvenue, quant à moi, dans la mesure où, une fois
de plus, elle met en lumière les vraies intentions et la vraie
philosophie du gouvernement en ce qui concerne non seulement ce pays et son
avenir, mais aussi le Québec et ceux qui en font partie.
Je dis cela, M. le Président, parce que subitement le
gouvernement redécouvre dans le débat constitutionnel, pour les
besoins de sa cause séparatiste, le concept des deux peuples
fondateurs.
Je dis "redécouvre" parce que alors deux questions me viennent
à l'esprit, auxquelles je demanderais une réponse du
gouvernement. La première question: Pourquoi le gouvernement, le premier
ministre a-t-il oublié ce concept dans l'entente du 16 avril? Est-ce que
les deux peuples fondateurs n'existaient pas à cette date? Qu'est-ce qui
obligeait le gouvernement à signer une entente avec les sept autres
provinces sans l'inclusion de ce concept des deux peuples fondateurs? Le
gouvernement n'a pas donné de véritable réponse.
La deuxième question, le deuxième point sur la motion est
qu'à mon sens la formulation même de ce concept, telle que
contenue dans la motion, est incomplète, insatisfaisante et ne
reflète nullement la réalité sociale et ethnique de ce
pays.
Où sont donc les autochtones dans cette motion? Est-ce un moyen
de nier à l'avance l'existence de leurs droits, comme cela s'est traduit
à l'occasion des événements de Restigouche? Est-ce parce
que le gouvernement n'a pas l'intention de respecter les droits des autochtones
dans l'entente de la Baie-James, tel que les autochtones et leurs
représentants s'en sont plaints? Il manque un élément
essentiel quant à la composition de ce pays dans la motion telle que
formulée par le gouvernement. À part l'absence des autochtones,
dont nous parlerons plus longuement bientôt, où sont les
Québécois et les Canadiens d'origine autre que française
ou anglo-saxonne dans votre motion? Ne sont-ils pas des Canadiens, eux aussi?
Ne sont-ils pas des Québécois? Ne travaillent-ils pas au
développement et à l'enrichissement du Québec? En un mot,
sont-ils de si mauvais citoyens que le gouvernement ne signale même pas
leur présence dans la motion?
Enfin, la formulation de cette motion nous en dit très long sur
l'estime et la considération dans lesquelles ce gouvernement tient tous
nos concitoyens qui n'ont peut-être pas eu la chance d'être
d'origine française ou d'origine anglo-saxonne. Dès lors, il est
ironique de vouloir demander justice et équité quand il s'agit de
deux catégories de citoyens et d'agir, en fait, de sorte que cette
égalité ne soit pas accessible à d'autres
catégories.
Ce que cette motion sous-entend par ce concept, c'est que nous avons au
Québec, d'après le gouvernement, une société de
privilèges et non une société de droits. C'est ce
même gouvernement, qui veut supposément intégrer les
communautés minoritaires au Québec qui, pour montrer sa
reconnaissance, continue de les mettre à part de la population en
créant spécialement pour elles un ministère des
Communautés
culturelles. Les communautés minoritaires au Québec ne
veulent pas de ministère spécialisé à leur endroit;
elles veulent, comme les autres citoyens du Québec,
bénéficier des services de tous les ministères.
C'est à ce niveau qu'on peut voir la philosophie d'approche qui
nous différencie, nous, les libéraux, des membres du gouvernement
du Parti québécois. Le programme constitutionnel du Parti
libéral prévoit que la nouvelle constitution affirmera
l'égalité foncière des deux peuples fondateurs, oui, et
des deux communautés linguistiques qui ont donné et
confèrent encore à ce pays sa place originale dans la famille des
peuples. Cela comprend les peuples fondateurs, mais cela comprend aussi les
membres des communautés linguistiques d'autre origine que
française ou anglaise.
On prévoit aussi que la constitution reconnaîtra les droits
fondamentaux des peuples qui ont été les premiers habitants de ce
pays et on prévoit que la constitution affirmera la richesse de l'apport
culturel, économique et social fourni par les groupes ethniques et
affirmera le droit de ceux-ci à la préservation et à
l'épanouissement de leur héritage propre, ainsi qu'à une
pleine participation à la vie et aux institutions publiques. Plus
particulièrement, les institutions publiques et parapubliques des
provinces et de l'État fédéral devront favoriser, dans le
respect de la dualité linguistique du pays, la pleine participation des
communautés ethniques et de leurs membres. Voilà l'approche
ouverte du Parti libéral envers la constitution, envers ce pays et
envers tous les citoyens qui font partie du pays, du Québec et du
Canada.
Je voudrais qu'on me comprenne bien. Je suis absolument d'accord pour la
reconnaissance, dans la constitution canadienne, de l'existence et de
l'égalité des deux communautés linguistiques au pays et je
crois qu'il appartenait au Québec, par l'exercice de son veto, de
continuer de manière positive à accréditer cette notion
sur tous les forums où était discutée la constitution. La
dualité canadienne ne peut être garantie par une
déclaration incomplète et inadéquate qui exclut des
centaines de milliers de personnes au Québec et des millions de
personnes au Canada qui ne font pas partie des soi-disant deux peuples
fondateurs, mais elle est garantie par le droit de veto du Québec sur
tout changement important à la constitution, même ceux qui
n'impliquent pas des questions de compensations financière. (17 h
40)
M. le Président, j'entendais le ministre de la Justice dire que
la formule de Vancouver, qui a été signée par le
gouvernement du Parti québécois et sept autres provinces, donnait
un droit de veto.
Absolument pas, M. le Président. Je vais vous donner un exemple
parfait. Si, dans la province d'Alberta, il y a des écoles pour des
francophones, M. le ministre de la Justice, et si, dans l'avenir, on veut
enlever ce droit par un changement à la constitution, un droit de veto
protégerait les francophones d'Alberta, les francophones dans les autres
provinces, mais quelle compensation financière le gouvernement du
Québec peut-il demander parce qu'on a enlevé des droits aux
francophones au Manitoba, par exemple? L'article 133 qui s'applique au
Manitoba, sans le droit de veto du Québec, comment allez-vous
protéger ces gens dans ces provinces? Allez-vous dire: Les francophones
au Manitoba, ça vaut 10 000 000 $, ça vaut 1 000 000 000 $? M. le
Président...
M. Bédard: Question de privilège.
M. Ciaccia: II ne veut pas me laisser parler.
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous plaît;
Question de privilège, M. le ministre de la Justice.
M. Bédard: J'ai bien dit, M. le Président, que
c'était un droit de veto sur tous les pouvoirs du Québec.
Concernant l'exemple que donne le député, la protection des
minorités, il sait très bien que le gouvernement
fédéral avait toute latitude pour les protéger dans le
passé et qu'il n'a jamais voulu exercer sa responsabilité.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Vous avez droit de
parole, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, le ministre
répète les bêtises qu'il a dites dans son discours. Il
répète ces bêtises en essayant de faire croire à la
population qu'une compensation financière va protéger l'article
133 au Manitoba ou va protéger les droits des francophones en d'autres
provinces. Dans le nouveau projet fédéral, il y a des protections
pour les francophones. À l'avenir, M. le Président, le droit de
veto du Québec aurait protégé ces personnes, mais pas une
compensation financière. N'essayez donc pas de faire croire à la
population... Dites donc la vérité.
M. Bédard: Le gouvernement fédéral aprotégé les francophones!
M. Ciaccia: Au lieu de blâmer le gouvernement
fédéral pour ce qui s'est passé dans le passé, on
vit aujourd'hui, essayons donc de bâtir une nouvelle constitution pour
tout le monde, aujourd'hui, en tenant compte de la réalité
d'aujourd'hui. Arrêtez donc d'essayer de faire passer votre
séparatisme
sur ce qui s'est produit en 1890 au Manitoba. Vous faites de la
démagogie. M. le Président, il y a une ironie assez tragique
à constater que c'est l'actuel gouvernement du Québec qui n'a pas
insisté sur le concept du dualisme canadien, qui a abandonné le
rôle de protecteur de la dualité canadienne, qui l'a même
mise en jeu en abandonnant le droit de veto. Et c'est ce même
gouvernement qui, aujourd'hui, fait semblant de se réclamer du dualisme
qu'il a torpillé par ses politiques, par sa philosophie et par son style
de négociation.
Ce n'est pas la dualité canadienne, M. le Président, que
ce gouvernement veut. C'est l'indépendance du Québec. Il va
prendre tous les moyens pour y arriver. Rappelons-nous leur philosophie: la fin
justifie les moyens. S'il faut abandonner le veto du Québec, le 16
avril, et s'il faut abandonner le concept des deux peuples fondateurs, le 16
avril, ça serait mieux pour revenir et essayer de convaincre la
population qu'il faut faire la séparation. C'est ça leur jeu, M.
le Président, et la population voit ce jeu. La supercherie de ce
gouvernement est devenue encore plus grossière lorsqu'il revendique
tardivement l'imposition de l'article 133 à la province d'Ontario. Nous
savons tous que jamais le gouvernement du Québec n'en a fait un
élément de négociation. Il aurait pu l'inclure dans
l'entente du 16 avril, il ne l'a pas fait.
Pourtant, plusieurs groupes issus des communautés minoritaires -
on oublie de les mentionner dans la résolution actuelle du gouvernement
- ont fait campagne pour que l'Ontario soit précisément assujetti
à l'article 133. À cet égard, vous me permettrez, M. le
Président, de souligner la présentation faite devant le
comité mixte de la Chambre des communes et du Sénat, sur la
constitution, par le Congrès des Italo-Canadiens du Québec. Ces
derniers ont non seulement apporté leur appui au fait français au
Québec et au Canada, mais ils ont réclamé que l'article
133 soit étendu à l'Ontario, au Nouveau-Brunswick et,
éventuellement, au reste du Canada.
Nous croyons vraiment à la dualité canadienne, parce que
nous sommes Québécois et qu'il nous importe que le fait
français s'affirme et se développe dans l'ensemble du pays.
D'autres groupes ont aussi eu la même attitude. Mais comment voulez-vous
que cette action puisse avoir quelque effet, si notre propre gouvernement du
Québec n'a jamais levé le petit doigt pour soutenir cette action,
trop préoccupé qu'il était à former le front du
refus que l'on sait pour aboutir au résultat que chacun
connaît.
M. le Président, est-ce là l'attitude sincère et
honnête d'un gouvernement qui recherche vraiment la reconnaissance de la
dualité canadienne? Ce n'est pas la dualité canadienne que le
gouvernement recherche, mais l'indépendance du Québec. La
dualité canadienne, il aurait pu la protéger, l'inclure dans son
entente du 16 avril.
J'ai toujours affirmé ma méfiance profonde à
l'égard de la volonté de négocier le
fédéralisme par ce gouvernement. Je ne crois pas et je n'ai
jamais cru que ce gouvernement avait l'intention, pas plus hier qu'aujourd'hui,
de négocier le renouvellement du fédéralisme canadien. Je
demeure convaincu que ni hier, ni aujourd'hui, le gouvernement du PQ ne peut ni
ne veut construire un Canada uni et fraternel. Le but caché des
négociations du Parti québécois a toujours
été de prouver qu'il était impossible d'en venir à
un accord avec le reste du Canada, afin de pouvoir revenir devant le peuple du
Québec pour l'amener, par réaction, à accepter à
contrecoeur la solution de l'indépendance du Québec.
À ce propos, quand on parle d'un Canada uni et fraternel, je
voudrais m'adresser au premier ministre, au Québécois qu'il est
et à l'homme de coeur qu'il prétend être. Je voudrais lui
demander s'il est raisonnable de construire un pays, même si on est
indépendantiste, sur la base de la discorde, de la haine entre
communautés, de la méfiance qu'on établit entre
francophones et anglophones, entre francophones et communautés
ethniques. Est-il vraiment nécessaire d'enflammer les passions et de
désigner nommément, dans un discours inaugural et dans tout ce
débat constitutionnel, une section de la population, de notre
société, à la vindicte publique? Personne, M. le
Président, n'aime être montré du doigt. Tout citoyen,
quelles que soient sa langue, sa religion, ses origines, doit pouvoir compter
sur le respect du gouvernement qu'il a élu et de l'État auquel il
contribue. Si on s'en prend aux collectivités, aux anglophones, c'est
étrange... Je demanderais au premier ministre de donner le bon exemple,
d'arrêter de semer la discorde entre communautés et
d'arrêter d'enflammer les passions des Québécois pour
essayer d'arriver à ses objectifs.
M. le Président, nous devons tous vivre ensemble au
Québec, quelle que soit l'option politique définitive que nous
aurons choisie, parce que, au-delà des différences d'opinions, il
y a un attachement et un enracinement au Québec pour tous ceux qui
l'habitent, quelle que soit leur origine ethnique, quelle que soit leur
langue.
M. le Président, peut-on arriver à la reconnaissance des
droits du Québec? Comment cette reconnaissance peut-elle nuire aux
droits de l'Assemblée nationale? Si l'Assemblée nationale est
l'expression de la souveraineté de la population du Québec, en
quoi le fait pour cette Assemblée de garantir l'expression des droits
individuels des citoyens du Québec constitue-t-elle une
insulte à l'Assemblée nationale? On ne pourra jamais me
faire croire que donner le droit d'accès aux écoles à
moins de 5000 petits enfants, selon la clause Canada, sur une population dans
les écoles anglophones de 150 000 personnes qui diminue tous les ans de
9%, on ne pourra jamais me faire croire, dis-je, que c'est là la raison
pour laquelle on ne veut pas renouveler la constitution et que cela va faire
tellement de nuisances. L'article 23, même au complet, cela ne ferait pas
de tort. Ce n'est pas seulement cet aspect de la clause Canada. Quand on essaie
d'enflammer les passions des Québécois, parce que quelqu'un
propose la clause Canada, je pense que la population va voir clair et jugera ce
gouvernement en conséquence. (17 h 50)
M. le Président, il y a un autre aspect de la résolution
que j'ai déjà signalé au début de mon intervention:
c'est le manque de références aux autochtones et à la
reconnaissance de leurs droits. Nous l'avons délogé, ce peuple,
et nous lui avons causé des problèmes trop nombreux pour
même les énumérer. Reconnaître les droits des
autochtones, cela ne veut pas dire qu'il faut leur remettre le pays. Ce n'est
pas cela du tout. Cela ne veut pas dire non plus qu'on peut s'en acquitter
seulement en payant des sommes d'argent. Ces peuples ont le même droit
à la survivance, à la survivance culturelle et à leur
survivance comme peuple que tous les autres peuples au Canada. La
reconnaissance des droits implique la reconnaissance d'un mode de vie
différent du nôtre, la reconnaissance de leur culture, de leurs
traditions et les moyens de les sauvegarder; la reconnaissance des besoins
qu'ils ont de ressources financières qui doivent leur permettre non
seulement de survivre, mais aussi de s'épanouir. Il est clair que dans
la mesure où l'on reconnaît les droits des gens, leur condition
économique ou culturelle s'améliore très sensiblement.
C'est pour cela qu'il est essentiel de reconnaître les droits des
autochtones dans la constitution. Je suis heureux que le gouvernement
fédéral et les autres provinces l'aient fait, mais je demande
encore où se situe le Québec. Est-ce que, encore une fois, au nom
des droits de l'Assemblée nationale, on va refuser de reconnaître
d'autres droits des citoyens, cette fois-ci, le droit des autochtones? Je pense
que c'est une très mauvaise excuse à donner pour refuser de
reconnaître les droits des premiers habitants de ce pays.
En conclusion, M. le Président, je ne voterai pas en faveur de
cette résolution, car elle ne correspond pas à la
réalité, ni ne répond à aucune des
préoccupations immédiates de la population du Québec.
Cette résolution ne fera pas que le gouvernement du Québec aille
négocier raisonnablement avec nos autres partenaires canadiens et,
à ce stade-ci, elle n'est qu'un paravent dérisoire
derrière lequel se cache le gouvernement pour son manque de
cohérence à l'endroit du Québec et pour la promotion
insidieuse de sa thèse indépendantiste. C'est une
stratégie du Parti québécois qui ne veut pas de nouvelle
constitution et qui veut prendre toutes les excuses possibles pour faire de
l'obstruction pour promouvoir ses objectifs.
Quant à la réalité de ce pays, cette motion
l'ignore totalement, puisqu'à toutes fins utiles, elle relègue au
rang de citoyens de deuxième classe plus d'un tiers de la population
canadienne, en plus d'iqnorer totalement les autochtones de ce pays.
M. Président, à cause de cet irréalisme, il est
clair que cette motion ne peut être considérée comme une
contribution positive visant à véritablement contribuer au
renouvellement de la constitution canadienne. Comme le ministre des Finances
l'a dit une fois au cours de l'une de ses envolées, le gouvernement nous
convie à être comme le boeuf qui regarde passer le train de la
constitution. C'est malheureux, mais c'est là le seul rôle que
s'est donné ce gouvernement. Je sais que la population du Québec
s'en souviendra, parce que, dans les mots d'Ernest Renan, "ce qui fait que des
hommes forment un peuple, c'est le souvenir des grandes choses qu'ils ont
faites ensemble et la volonté d'en accomplir de nouvelles." M. le
Président, ce n'est pas ce que le Parti québécois nous
offre.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, je demande la suspension du
débat.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Nos travaux sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 55) (Reprise de la
séance à 20 heures)
Le Vice-Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il
vous plaît;
Veuillez vous asseoir.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le whip.
M. Chevrette: Avec le consentement du whip de l'Opposition,
j'aimerais inverser l'ordre des orateurs et demander au député de
Frontenac de parler avant le député de Châteauguay.
D'accord?
M. Pagé: Aucun problème, M. le
Président, quant à moi.
Le Vice-Président (M. Jolivet): Cela va. Donc, M. le
député de Frontenac, vous avez maintenant la parole.
M. Gilles Grégoire
M. Grégoire: M. le Président, je ne serai pas
très long sur cette motion, mais je voudrais au moins appuyer la motion
du premier ministre qui est présentement devant cette Assemblée
nationale.
Au mois de mai 1980, il y a eu un référendum au
Québec. Certains citoyens québécois ont voté oui
à la proposition d'alors, à savoir: oui à des
négociations pour une nouvelle entente entre le Québec et le
Canada sur la base de la souveraineté-association. D'autres ont
voté non, mais il était évident, également, que ces
gens admettaient qu'il fallait des changements dans la constitution canadienne,
qu'il fallait des changements quant au partage des pouvoirs parce qu'il y avait
énormément de chevauchements entre les pouvoirs du gouvernement
fédéral et ceux du gouvernement québécois. Dans
trop de domaines, il y avait ce chevauchement qui nuisait au progrès,
qui l'empêchait, qui le retardait. Ce n'est qu'après maintes
discussions et après des compromis qu'on en arrivait à des
ententes et, souvent, cela ne faisait que retarder le progrès que tout
le monde voulait.
Il y en a qui ont voté non au référendum, mais ils
voulaient également des changements. Le chef de l'Opposition a dit qu'il
espérait aussi voir des changements. Et, surtout, le premier ministre du
Canada est venu au Québec et a dit: II y aura des changements dans la
constitution canadienne, on met notre tête en jeu. Mais il n'a pas dit
quels changements. La majorité des gens qui ont voté non au
référendum espérait bien, ou du moins, n'aurait jamais cru
que les changements proposés constitueraient un recul pour le
Québec, mais, au contraire, que cela constituerait un avancement.
Aujourd'hui, le premier ministre du Canada arrive avec des amendements
constitutionnels, avec une charte, avec un rapatriement de la constitution
assorti d'amendements. Or, ce n'est pas un proqrès pour les citoyens
québécois ou pour le Québec, c'est un recul.
On nous a dit: Les francophones dans tout le Canada seront
protégés avec la nouvelle charte qui sera enchâssée
dans la constitution canadienne. Dès la semaine dernière,
l'argumentation du premier ministre était démolie puisque le
premier ministre de l'Ontario, l'allié numéro un du premier
ministre du Canada, disait, dans une lettre qu'il signait, que la charte des
droits du gouvernement Trudeau ne changera rien à la situation des
franco-ontariens, mais qu'elle était devenue nécessaire pour
contrer les législations adoptées par les gouvernements Bourassa
et Lévesque en matière linguistique au Québec, les
législations adoptées par l'ancien gouvernement libéral
aussi bien que l'actuel gouvernement du Parti québécois.
Tous les députés en cette Chambre, qu'ils soient d'un
côté ou de l'autre, sont donc impliqués, puisque ce sont
les législations sur la langue, qu'elles aient été
adoptées par l'ancien gouvernement ou par le gouvernement actuel, qui
seront contrées par la charte des droits que veut faire adopter le
premier ministre du Canada.
M. Davis, le premier ministre de l'Ontario, ajoute: Je tiens à
vous assurer que nous sommes opposés à l'imposition du
bilinguisme aux institutions provinciales, tels les Législatures, les
tribunaux et les autres institutions.
Nous ne nous y sommes pas opposés, M. le Président. Ici,
le bilinguisme est reconnu à la Législature de l'Assemblée
nationale, c'est reconnu devant nos tribunaux québécois.
L'école publique anglophone est subventionnée au même titre
que l'école publique francophone, mais en Ontario, par exemple, on ne
veut pas accepter cela. Si la charte des droits du premier ministre du Canada
est adoptée, ce n'est pas pour donner plus de droits aux francophones de
l'Ontario, mais pour essayer d'enlever des droits au Québec.
Le premier ministre de l'Ontario continue sa lettre en disant: "II est
très évident que notre forte opposition - c'est le premier
ministre de l'Ontario qui l'écrit - à l'intention première
d'Ottawa de revoir l'article 133 de la constitution pour imposer le bilinguisme
institutionnel a porté le gouvernement canadien à laisser tomber
cette idée." Donc, on admet que le premier ministre du Canada a
cédé, a plié devant le premier ministre de l'Ontario.
Le premier ministre de l'Ontario ajoute: "En ce qui a trait à la
loi 101, si l'article 23 de la charte devient loi, les sections 72 et 73 de la
loi 101, une loi québécoise, seront inconstitutionnelles." Cela
veut donc dire, en bon français, que les franco-ontariens ou les
francophones hors Québec n'auront rien de plus tandis que les
Québécois, eux, perdront dans cette nouvelle charte
fédérale.
Ce n'est pas pour rien que le Québec cherche à
protéger les droits qu'il possède à l'heure actuelle dans
le domaine linguistique et en matière d'éducation. Nous avons
appris au cours de l'histoire que nos droits avaient souvent été
foulés aux pieds un peu partout au Canada. On se rappelle que c'est en
Nouvelle-Écosse que cela a commencé, en 1864, même avant la
Confédération, alors qu'on y a fait perdre aux francophones leur
droit à des écoles françaises. En 1864. À ce
moment-là, la population francophone de la
Nouvelle-Écosse était de 33%. On leur a enlevé
leurs écoles françaises; il n'en reste à peine que 4% ou
5%.
En 1871, quatre ans après la Confédération,
c'était au tour du Nouveau-Brunswick; après l'acte des
écoles communes, c'est-à-dire des écoles publiques et non
confessionnelles, on n'enseignait plus le français dans les
écoles.
Six ans plus tard, c'était l'Île-du-Prince-Édouard.
Même scénario qu'en Nouvelle-Écosse et au
Nouveau-Brunswick.
Au Manitoba, quelques années plus tard, on a
procédé par deux lois: celle de 1890 et celle de 1916. On a,
à toutes fins utiles, aboli les écoles francophones, les
écoles françaises dans cette province.
Et puis, cela a été l'Ontario; 1912, le fameux
règlement 17 pour la restriction de l'enseignement du français,
menaçant la survie du français en Ontario. Au Manitoba, en 1916,
quand on a adopté cette loi, il y avait près de 40% de
francophones. Aujourd'hui, il n'y en a plus que 5%. Partout dans les autres
provinces, on a adopté des lois et jamais le gouvernement d'Ottawa n'a
réagi. Jamais! Et s'il y a une province pendant ce temps-là qui
traitait bien ses minorités anglophones, et elles peuvent le dire, c'est
bien le Québec. Malgré tout cela, aujourd'hui on cherche à
restreindre les droits, les juridictions, les pouvoirs du Québec dans le
domaine de l'enseignement, dans le domaine de la langue. (20 h 10)
M. le Président, quand on songe qu'il a fallu à peu
près 30 ans de lutte - quand je regarde le travail de nos
députés québécois à Ottawa, à l'heure
actuelle, je réalise qu'ils continuent dans la même tradition
depuis 75 ans - à nos députés québécois
d'Ottawa pour obtenir que les chèques envoyés par le gouvernement
d'Ottawa au Québec soient bilingues, que les chèques de pensions
de vieillesse ou d'allocations familiales soient non pas seulement en
français, mais bilingues. Le chiffre lui-même pouvait se
comprendre, mais tout ce qu'il y avait en lettres, c'était en anglais
seulement.
Quand on pense qu'il a fallu près de 25 ans de lutte pour que la
monnaie canadienne soit bilingue. Quand on pense qu'il a fallu 40 ans de lutte
pour avoir un drapeau typiquement canadien. Quand on pense qu'il a fallu
près de 35 ans de lutte pour avoir un hymne national typiquement
canadien et, encore, seulement la musique a été adoptée
officiellement. Les mots de l'hymne national du Canada n'ont pas encore
été adoptés officiellement. Cela fait 15 ans que la
musique a été adoptée, mais pas les mots. Quand on pense
à tout le nombre d'années où il a fallu que les
députés québécois à Ottawa se battent
régulièrement pour obtenir cela à la graine et à la
pièce, M. le Président, à ce moment-là, on se dit
ceci:
Le Québec a des droits, des privilèges, des obligations
et, si la nouvelle constitution du premier ministre du Canada veut nous enlever
cela, c'est toute l'Assemblée nationale ici qui doit s'y opposer.
M. le Président, je pense bien que l'ensemble de la population du
Québec aujourd'hui comprend qu'on ne peut pas enlever au Québec
ses droits et privilèges, qu'on doit lui laisser toute sa juridiction,
qu'on doit lui laisser tout ce qui lui a été accordé il y
a 114 ans par l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Nous l'avons
accepté à ce moment. Ceux qui siégeaient à
Québec l'ont accepté. On a demandé au gouvernement de
Londres de garder le document en dépôt, mais s'il nous le
retourne, on voudrait bien qu'il le retourne comme on l'a envoyé, pas en
le changeant, qu'il nous retourne le même document. M. le
Président, je crois qu'au Québec nous devons rester encore avec
l'ancien document. Nous continuerons à respecter celui qui est à
Londres, mais celui qu'on nous retournera et qui aura été
tronqué en cours de route, nous ne l'accepterons pas.
M. le Président, je crois que l'immense majorité de la
population du Québec sait fort bien que les grands problèmes de
l'heure sont des problèmes économiques, mais le premier ministre
du Canada nous est arrivé avec ce problème constitutionnel, il y
a un an ou un an et demi, nous devons y faire face, nous devons le combattre et
c'est ce que nous allons faire par cette résolution.
Le Président: Mme la députée de
Chomedey.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, dans le cas des discussions
constitutionnelles, on aurait pu croire qu'une démarche
québécoise ne se serait pas limitée à l'adoption
d'une stratégie essentiellement négative de désaccord
permanent, mais serait plutôt basée sur le souci d'ouvrir des
voies de solution en vue d'en arriver à un consensus raisonnable. Cette
démarche négative du gouvernement s'est manifestée
à deux niveaux. Dans les dossiers sectoriels, les ministres ont fait
preuve de gourmandise, à maintes reprises voisines de
témérité. C'est ainsi que, progressivement, le Parti
québécois a déployé son arsenal en fermant les
portes à toute discussion touchant le contentieux
fédéral-provincial. À chaque rencontre sectorielle, ou, si
on préfère, ministère par ministère, le
scénario fut inlassablement basé sur une volonté de gruger
une partie de souveraineté additionnelle.
En fait, le seul dossier où le gouvernement s'est montré
satisfait depuis cinq ans concerne l'accord Cullen-Couture, où le
Québec aura réussi, avec succès,
disons-le, à mener à bien l'objectif visant à
s'assurer un contrôle sur la question de la sélection des
candidats immigrants désirant s'installer au Québec. Encore que,
dernièrement, le Québec voudrait un contrôle accru en ce
qui trait à la question des réfugiés. Mais, à ma
connaissance, aucun autre dossier n'a satisfait le Québec. Et lorsque,
à certaines occasions, la délégation
québécoise sentait le tapis glisser sous ses pieds, on
préférait claquer la porte plutôt que de chercher un
terrain d'entente et de jouer les règles du fédéralisme,
comme l'ont fait les gouvernements du Québec antérieurement.
Pas surprenant alors que les discussions menées par le
Québec entourant le rapatriement, se soient soldées par un
échec complet. Conséquence directe des discussions sectorielles,
la démarche québécoise est, depuis le 20 mai 1980,
maquillée d'une pseudo-bonne foi à défendre les droits du
Québec.
M. le Président, je tiens à souligner avec force que la
défense des droits du Québec ne sera jamais assurée si le
Québec est absent lors des discussions avec les autres gouvernements.
C'est une question de bon sens d'abord et de leadership ensuite.
Concernant ce droit de veto, nous ne disons pas que le Québec n'a
pas raison aujourd'hui de demander aux tribunaux de déterminer si le
Québec possède effectivement un droit en matière
constitutionnelle. Voilà un point qui aurait dû être
éclairci plus tôt. Pourquoi ne pas avoir demandé une telle
précision à la Cour suprême en même temps que l'avis
sur la démarche unilatérale du gouvernement
fédéral? Sans doute une autre stratégie se cache-t-elle en
dessous de cette attitude, celle de déstabiliser la tenue des
discussions constitutionnelles ou à faire croire que le Parti
québécois est constamment présent et attentif à la
défense des droits du Québec. C'est ainsi qu'une forte
majorité de Québécois a clairement exprimé le
désir de voir se poursuivre les discussions constitutionnelles
fédérales-provinciales.
Aujourd'hui, on nous demande d'appuyer une motion qui, une fois de plus,
aurait comme effet d'associer le Parti libéral du Québec à
une autre étape de l'inlassable démarche du Parti
québécois vers l'indépendance du Québec. Si telle
était son intention, il ne me resterait qu'à aller travailler en
atelier lors du prochain congrès du Parti québécois,
sachant bien que la tenue du congrès du Parti québécois
n'est fondée qu'en fonction de stratégies en fonction du pouvoir.
Je préfère travailler pour le progrès du
Québec.
Aujourd'hui, le Parti québécois est contraint de
pénaliser les groupes les plus vulnérables aux crises
économiques en taxant des biens essentiels, en augmentant de
façon indue les taxes indirectes, contribuant à la
dégradation d'un consensus basé sur un contrat social
déjà fragile. C'est ainsi que les incohérences de ce
gouvernement auront contribué à miner la
crédibilité de nos institutions censées faire converger
les pressions politiques, économiques et sociales en vue d'un objectif
commun.
M. le Président, il est un autre point sur lequel il
m'apparaît important de dissiper une fausse impression que tente de
répandre le gouvernement au nom sans doute de cette stratégie de
fermer une autre voie d'entente constitutionnelle. J'avoue être
étonnée d'une déclaration récente du ministre de la
Justice, la semaine dernière, à savoir que s'il fallait que la
charte fédérale ait prépondérance sur les chartes
provinciales, cela voudrait dire qu'on enlèverait des droits aux femmes
du Québec. Sur ce point, la position de notre parti maintes fois
répétée demeure claire. Notre parti favorise une charte
généreuse.
Premièrement, les femmes se sont révoltées, et avec
raison, de la clause "nonobstant", laquelle aurait permis à notre
Législature d'adopter des mesures à l'encontre des droits
accordés en vertu de la future charte incluse dans la constitution, car,
faut-il le répéter, la présente charte
québécoise est une loi statutaire en vertu de laquelle le
gouvernement pourrait y faire adopter des amendements comme bon lui semble. La
solution d'enchâsser les droits des femmes dans une constitution me
semble une des meilleures garanties qui aient été données
aux femmes du Québec, comme à celle des autres provinces, pour
faire face aux défis de demain.
Cette charte des droits, M. le Président, permettra au
Québec de se doter des instruments, lois et programmes
nécessaires à son développement.
Bien sûr que cette charte limitera jusqu'à un certain point
les Assemblées législatives au Canada, mais elle empêchera
quelque pouvoir fédéral ou provincial de brimer les droits acquis
en vertu de cette dernière. En ce sens l'inclusion sans clause
"nonobstant" de la charte dans la constitution doit être vue comme un
acquis essentiel pour les Québécoises.
De plus, cette charte constitutionnelle ne constitue pas un plafond,
mais plutôt un plancher sur lequel les provinces auront tout le loisir
d'ajouter des éléments que les gouvernements estiment
nécessaires dans l'intérêt de leurs populations
respectives.
D'ailleurs, M. le Président, les Québécoises, au
cours des années, se sont habituées à composer, telles des
négociatrices en quête d'une justice profondément humaine,
en croyant légitime d'espérer une place qui leur est due dans
tous les secteurs d'activité d'une société normalement
respectueuse des droits.
De plus, les bévues administratives du
présent gouvernement contraignent celui-ci à passer sous
silence la mise en place d'un réseau de services de garde complet
permettant aux femmes d'avoir accès au marché du travail. (20 h
20)
Enfin, parmi les attentes du Conseil du statut de la femme sur cette
charte des droits, on précise que les amendements les plus
séduisants devront être suivis de mesures administratives
concrètes pour la réalisation de politiques adéquates, car
il ne faut jamais oublier une dimension importante, lorsqu'on aborde la
question des femmes au Québec. Charte ou non, lois et règlements
ou non, celles-ci ne verront leur sort amélioré que si
l'État favorise la création d'un climat propice aux changements
sociaux et économiques aussi bien que politiques.
À cet égard, je vous avoue douter des capacités du
gouvernement à respecter des ententes et conventions en vigueur ou en
voie de l'être avec des groupes cibles de notre société,
mais je me console à l'idée que, quelques semaines avant le
référendum, le présent gouvernement ait compris de quelle
façon une majorité de Québécoises avaient
clairement manifesté leur intention de ne pas se laisser influencer par
des préjugés dangereusement faux qu'on a tenté de
répandre à la grandeur du Québec en dévalorisant le
rôle de la femme au foyer.
J'aimerais faire une mise en garde aux femmes contre une confiance
excessive qu'elles seraient tentées d'accorder à tout
gouvernement. Je les inviterais, d'abord, à continuer leur lutte en vue
de faire connaître et reconnaître leurs droits, mais aussi à
tenir compte des réalités de notre société et
à relever les défis du marché du travail à partir
d'une démarche tant individuelle que collective. Plus exactement, les
femmes ont dû, à un moment donné, s'associer aux
différents partis politiques et mouvements sociaux les plus aptes
à répondre à leurs revendications. Quelquefois, une telle
stratégie a pu faire en sorte que des correctifs soient apportés.
Mais elle aura aussi forcé certains mouvements féministes
à politiser des problèmes qui relèvent d'une situation de
femmes d'abord et avant tout.
Inévitablement, les femmes ont dû, elles aussi,
négocier, peut-être même échanger des espoirs contre
un appui conditionnel à un parti politique ou à un syndicat.
Phénomène normal, me direz-vous, où les mutations
profondes d'une société découlent avant tout de la nature
des rapports de force existants, mais dangereux aussi, car un tel contexte
laisse place à des compromis où les questions de fond font
l'objet de promesses électorales qui, bien souvent, ne verront jamais le
jour à une époque de restrictions auxquelles tous les groupes
sont soumis.
Je préconise plutôt une action individuelle qui tienne
compte de nos possibilités, de nos goûts et aspirations et de la
réalité avec ses contraintes et ses ouvertures. La charte des
droits proposée, bien qu'essentielle, n'est qu'un outil de plus pour les
femmes du Québec. Elle ne transforme rien du jour au lendemain, mais ne
fait que traduire certaines revendications en principes légitimement
reconnus.
En ce sens, la venue au pouvoir du Parti québécois aura
créé beaucoup d'illusions. La ministre d'État à la
Condition féminine devait récemment déplorer les
mêmes problèmes vécus par les femmes à
accéder aux postes de cadres dans la fonction publique, ainsi que le
taux de pauvreté élevé que l'on retrouve chez les femmes.
Dans le secteur privé, d'autres situations sont dénoncées,
par exemple dans l'industrie du vêtement où les rapports de force
entre syndicats ne semblent pas aider les femmes pour que des correctifs soient
apportés. Ces défis doivent être relevés en sachant
bien que les mutations et les changements en cours au sein de notre
société continueront d'évoluer dans le temps.
Des luttes nombreuses menées par les femmes au cours des
dernières années s'ensuivit un éveil de l'ensemble de la
société sur ce que ses membres omettent de considérer dans
la planification de politiques sociales et économiques. Vous avez
remarqué, M. le Président, que les femmes ont dû politiser
systématiquement les revendications adressées à nos
dirigeants. Quand on est rendu à un tel point, c'est que quelque chose
ne va plus dans cette société. C'est aussi parce que
l'État n'accomplit plus cette tâche de veiller à
l'émancipation aussi bien des groupes que des individus qui forment
cette société. C'est, enfin, attribuable aux agents même du
pouvoir, pour la plupart des hommes, qui ont refusé dans le passé
de considérer sérieusement les misères vécues d'une
façon inhumaine par certaines femmes victimes de brutalités tant
physiques que psychologiques, des milliers de femmes potentiellement aptes
à s'acquitter d'emplois élevés dans la hiérarchie
du travail, mais incapables de franchir les étapes en raison de
discrimination.
Je connais bien des hommes qui se seraient refusés à vivre
ces misères ou frustrations aussi longtemps sans faire appel à la
révolte. Faut-il croire que les femmes ont une capacité
d'endurance plus élevée à supporter les injustices? Au
risque de faire de la discrimination, j'affirme que oui, M. le
Président.
En second lieu, vous aurez remarqué que les quelques victoires
acquises à partir du simple droit de vote, par exemple, furent bien
menées en raison de la cohérence des analyses avancées de
la détermination avec laquelle les mouvements féministes
d'inspiration européenne ont su faire avancer
leur cause.
J'aimerais voir cette même détermination à faire
progresser la cause du Québec au sein du Canada de la part du
présent gouvernement, mais, hélas, ni la cohérence de son
argumentation non plus que sa stratégie d'action ne sont comparables aux
nombreuses luttes des femmes pour obtenir justice et égalité.
Bien plus, je vous parie que les femmes obtiendront gain de cause bien avant
que le Parti québécois fasse avaler aux Québécois
l'indépendance du Québec.
En somme, les femmes du Québec doivent obligatoirement se faire
à l'idée que les emplois regroupés dans le secteur des
services administratifs et de bureau, bien que des possibilités
subsistent, appartiennent aux décennies de 1960 et 1962.
Voilà, à mon avis, les véritables données
sur lesquelles doivent s'appuyer les Québécoises pour relever les
défis de demain. D'ailleurs, nombre d'entre elles ont fignolé un
sens de pragmatisme qui leur aura permis d'accéder à des postes
clés enviés par bien des hommes. Donc, revanche, j'en conviens,
mais ce n'est pas suffisant, puisque les femmes qui vivent les
véritables souffrances inhérentes à notre système
s'affichent rarement, tandis que, d'autre part, certains groupes
féministes ont peut-être oublié, en cours de route, de
situer les vrais problèmes, se contentant trop souvent de s'identifier
à une démarche essentiellement politisée,
éloignée en cela des préoccupations de milliers de
Québécoises.
De ces propos rassurants à l'égard des femmes du
Québec, j'ai toute raison de croire que l'optimisme est la voie de
l'avenir. Les pas franchis depuis une vingtaine d'années, d'abord sur
les bancs de l'école, ensuite sur le marché du travail, sont
énormes si l'on compare à l'espace restreint qu'occupaient les
Québécoises dans une société où,
naguère, le rôle familial de dévouement, souvent sans
compensation, l'emportait sur les immenses avantages que procurent les
possibilités d'avancement d'une société dite
postindustrielle.
On ne peut affirmer par ailleurs que nos mères et
grand-mères n'ont vécu que frustration et dévalorisation,
depuis le début du dernier siècle. La nature des rapports humains
était différente, le concept de la famille aussi. En fait, la
société industrielle a façonné un modèle de
comportement qui ne sied plus aujourd'hui. À cet égard, Roger
Lemelin aura, de façon plus qu'honnête, ressuscité des
épisodes de la vie des Québécoises qui, comme on l'a vu,
engendraient aussi l'émancipation de façon différente, si
l'on veut, jugé aujourd'hui, et avec raison, insuffisante.
L'époque où les communautés religieuses assuraient
l'éducation de nos ministres actuels, par exemple, n'est plus si loin.
L'époque où les hôpitaux, non sujets aux coupures
budgétaires, étaient sous juridiction cléricale, n'est pas
si loin non plus. Le secteur public a pris la relève avec les avantages
et les désavantages que l'on connaît aujourd'hui.
Plus récemment, la production littéraire et artistique
aura contribué à découvrir des talents issus du monde
féminin. Sur le marché du travail, les Québécoises
ont aussi profité de plusieurs options ouvertes dans le secteur
professionnel et au même titre que tous les Québécois ont
profité des avantages reliés à un taux de scolarisation
élevé.
Nous convenons tous que la démarche entreprise par les
Québécoises est loin d'être un aboutissement, mais que les
étapes doivent s'effectuer dans cette détermination d'une hausse
de qualité de vie pour celles qui n'ont pas encore
bénéficié de telle mutation, mais en ne perdant pas de vue
des années difficiles, tant sur le plan social qu'économique.
Mais un fait demeure, M. le Président, ce présent gouvernement,
à force de ramer à contre-courant, n'engendre d'aucune
façon le progrès des Québécoises et
Québécois.
La situation financière est telle qu'une planification visant
à venir en aide aux personnes les plus démunies est rendue
illusoire.
Sur le plan constitutionnel, au lieu de s'acharner à
dénouer l'inclusion d'une charte des droits dans la constitution,
j'inviterais ce présent gouvernement à procéder à
un sérieux examen de conscience, surtout lorsqu'on en vient à
céder un droit de veto en faveur d'une sympathie
éphémère des autres gouvernements.
À la lumière d'un tel bilan, force est de constater qu'un
appel au peuple devient chaque jour plus pressant. (20 h 30)
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Merci, M. le Président. En fin de semaine,
j'étais dans mon comté de Sainte-Anne et quand j'ai dit à
mes électeurs que je parlerais, ce soir, sur la motion
constitutionnelle, ils m'ont dit: On ne comprend plus rien de ce que fait le
Parti québécois, ses zigzags, ses manoeuvres, ses
décisions; voulez-vous nous expliquer un peu de quoi il s'agit afin
qu'on comprenne, une fois pour toutes. Comme je suis un homme objectif, je vais
d'abord faire un petit historique de ce qui s'est passé depuis le mois
d'avril 1981. Je suis d'ailleurs très content de voir que le ministre de
l'Éducation du gouvernement péguiste est venu pour
m'écouter; peut-être va-t-il retenir quelque chose de ce que je
vais dire.
La première date importante est le 16
avril 1981. À ce moment-là, M. Lévesque faisait
encore parti du front uni des huit. Vous rappelez-vous? Les huit premiers
ministres des provinces, y inclus le Québec, ont signé un accord
constitutionnel sur le projet canadien de rapatriement de la constitution.
C'était le 16 avril 1981, quelque trois jours seulement après la
réélection du gouvernement péquiste. La question de
souveraineté était à ce moment-là mise en
veilleuse, comme toujours, selon sa stratégie, et c'était sans
doute la raison pour laquelle M. Lévesque a signé ledit accord.
Il y a une chose intéressante dans cet accord. L'accord que M.
Lévesque a signé le 16 avril disait: "Attendu que le Canada est
un pays développé et indépendant, doté d'un
système fédéral de gouvernement - il est important, le mot
"fédéral", il croyait en cela, apparemment, à ce
moment-là - de plus, attendu que le plein exercice de la
souveraineté au Canada exige une procédure canadienne de
modification de la constitution qui respecte le caractère
fédéral du Canada..." C'était carrément dans
l'accord constitutionnel qui a été signé par M.
Lévesque. Il est à noter qu'à ce moment-là, on
n'avait pas encore eu le jugement de la Cour suprême et les huit
provinces, y inclus M. Lévesque du Québec, espéraient
évidemment que la Cour suprême donnerait raison aux provinces.
Dans le communiqué de presse de la même date, de ces huit
premiers ministres y inclus M. Lévesque, on peut lire: "Les huit
premiers ministres - y inclus M. Lévesque, ne l'oublions pas - ont
souligné que leur accord sur la constitution canadienne démontre
de façon claire et positive - j'aime le mot "positive" parce qu'ils
parlent encore de manière positive - qu'il est possible de faire avancer
sensiblement la question constitutionnelle si toutes les parties
intéressées l'abordent avec sincérité et bonne
volonté." Ils sont très importants, les mots
"sincérité et bonne volonté". M. Lévesque
était alors dans l'équipe des huit.
Il est à noter également que dans cet accord
constitutionnel, M. Lévesque a renoncé au droit de veto du
Québec, si jamais tel veto a existé.
Des voix: Ah! Ah!
M. Polak: La prochaine date importante est le 28 septembre 1981,
à peu près quatre mois plus tard, quand la Cour suprême a
rendu son jugement. On oublie cela maintenant, mais le jugement avait dit
carrément que sur le plan légal, M. Trudeau pourrait aller
à Londres unilatéralement, qu'il pourrait procéder sans
l'assentiment des provinces. Mais, en même temps, le jugement avait dit
que sur le plan constitutionnel et selon les conventions, il ne devrait pas le
faire.
On a eu alors la réaction des huit provinces; le NPD sur le plan
fédéral et notre Assemblée nationale ici, au
Québec, avons demandé tous ensemble à M. Trudeau de
négocier, ce qui a été consigné dans notre fameuse
résolution du 2 octobre 1981. Ce n'était pas facile pour notre
parti de voter pour une telle résolution, non pas parce que nous ne
croyions pas aux négociations, mais parce qu'elle émanait du
gouvernement péquiste. Comme je l'ai dit dans le temps devant
l'Assemblée nationale, cette résolution n'était qu'un
moyen de tordre le bras de M. Trudeau pour qu'il négocie et d'exiger de
la flexibilité de la part du gouvernement fédéral. En
toute honnêteté, M. le Président, on a eu cette
flexibilité parce qu'on a eu la conférence
fédérale-provinciale du 3 au 5 novembre suivant à Ottawa.
M. Trudeau n'était pas obligé de la faire sur le plan
légal. Mais, selon les conventions et selon les demandes des provinces,
y compris l'Assemblée nationale, il a négocié. Nous
connaissons tous les résultats de cette conférence,
c'est-à-dire que le fédéral et toutes les provinces
canadiennes étaient d'accord sur un pacte constitutionnel, sauf le
Québec. On voit le changement d'attitude, savez-vous? Le 16 avril, trois
jours après les élections, M. Lévesque a souscrit à
l'accord des huit provinces, mais là, on est rendu dans le mois de
novembre et l'histoire change.
Le prochain événement important au point de vue des dates
était le discours inaugural de M. Lévesque, le 9 novembre.
J'étais ici quand il était là et qu'il a fait son discours
où il a dit qu'il avait été trahi, que le Québec
était violé, qu'il s'agissait d'un groupe de bandits - il parlait
de premiers ministres d'autres provinces - que le premier ministre l'avait
trahi pendant cette nuit des longs couteaux, que, de toute façon
c'était le sommaire de son discours à ce moment - il n'y avait
plus rien à négocier, qu'on ne parlait plus avec eux autres. Il a
même dit: On n'assistera plus aux conférences
fédérale-provinciales, sauf évidemment là où
il y a des sous à aller chercher.
Il est évident, M. le Président, que pendant cette
conférence à Ottawa, entre toutes les provinces et le
fédéral, M. Lévesque n'a jamais voulu négocier de
bonne foi, parce que comment est-ce que M. Lévesque aurait pu retourner
dans la province de Québec comme père d'un
fédéralisme renouvelé alors qu'il ne croit vraiment que
dans une seule chose, soit: la rupture de notre pays, la séparation?
Dans les jours qui suivirent le discours inaugural de M. Lévesque,
où il a dit: II n'y a plus rien à négocier, c'est fini -
il était très militant à ce moment - on a vu la
réaction de l'opinion publique qui demandait, qui réclamait la
négociation. C'était clair dans
la presse francophone, anglophone, partout. En fait, le chef de
l'Opposition de notre équipe, M. Ryan, réclamait aussi des
négociations et il suggérait des solutions aux trois
problèmes qui existaient, aux trois problèmes majeurs,
c'est-à-dire la formule d'amendement, la clause de mobilité et
les droits linguistiques des minorités.
N'oublions pas que depuis cette conférence du 3 au 5 novembre,
à Ottawa, M. Lévesque n'a jamais parlé ou voulu
négocier avec M. Trudeau. Pas du tout. Il ne veut rien savoir. Mais
après les pressions de l'opinion publique, il commence à changer
graduellement et là il nous présente - on est rendu au 17
novembre - la fameuse motion qu'on a devant nous maintenant. M. le
Président, dans cette résolution, cette motion du gouvernement de
M. Lévesque, on demande carrément, au paragraphe 2a, de maintenir
au Québec son droit de veto. On demande cela, sans même attendre
les résultats du débat de cette résolution, cette motion
qui est devant nous aujourd'hui. On la discute, on ne sait pas comment on
votera, peut-être qu'il y a des péquistes qui voteront contre, je
ne le sais pas, mais on n'attend même pas ça parce que le 25
novembre, dans la motion encore devant nous, on demande: S'il vous plaît,
redonnez-nous le droit de veto. Mais le 25 novembre, M. Lévesque a
exercé son droit de veto! Le 17 novembre il demande, dans la
résolution: Voulez-vous me donner mon droit de veto? Je l'avais perdu,
je veux l'avoir. Et le 25 novembre il dit: Je l'exerce, ce droit de veto.
Voilà une contradiction qui ne s'explique pas, que la population
ne comprend pas, que moi je ne comprends pas non plus et que même les
péquistes ici ne comprennent pas s'ils pensent sérieusement
à leur affaire. Pas seulement ça! Avant même d'avoir une
réponse de M. Trudeau, il annonce déjà: Voici, on va
devant la Cour d'appel de la province de Québec pour demander si on a ce
droit de veto et, selon le résultat, le jugement de la Cour d'appel, on
va même à la Cour suprême. On débat ce soir une
résolution, une motion où on demande le droit de veto.
Entre-temps, on a déjà exercé le droit de veto et
maintenant on demande à la Cour de confirmer si on a droit au droit de
veto, oui ou non. Comprenez-vous ça? Il y a une expression, dans le pays
natal d'où je viens, M. le Président, la Hollande, qui dit - je
vais le dire d'abord en hollandais et, ensuite, traduire pour vous autres -
Lévesque heeft gesproken als een kip zonder kop. M. Lévesque a
parlé et agi comme un poulet sans tête. Depuis le mois d'avril
jusqu'à aujourd'hui, on peut dire qu'il s'agit de zigzaguer en
réagissant aux demandes de l'opinion publique; on va à gauche, on
va à droite, on va en arrière, on va en avant, on est
mêlé, on ne sait plus quoi faire. (20 h 40)
M. le Président, analysons rapidement quelques paragraphes de
cette fameuse motion qui est devant nous. La motion commence - c'est
supposé être la manière de négocier du gouvernement
du Parti québécois. - par dire: "Rappelant le droit du peuple
québécois à disposer de lui-même." C'est bien beau
de le dire, mais quand vous voulez négocier un fédéralisme
renouvelé, pourquoi insérer ce paragraphe là-dedans, qui
me fait penser à l'étapisme du Parti québécois?
Parce que, quand on dit "le droit du peuple québécois à
disposer de lui-même", on ne pense qu'à une chose, la
séparation, la souveraineté. Cela ne devrait peut-être pas
se trouver dans un texte, si on est sérieux pour négocier un
fédéralisme renouvelé. Ensuite, on est prêt à
négocier, disent les péquistes.
Dans le paragraphe 3, on déclare qu'on "ne peut accepter le
projet de rapatriement de la constitution, sauf si celui-ci rencontre les
conditions suivantes." Avez-vous jamais vu ça, M. le Président?
Même le député de Prévost, qui connaît bien le
droit ouvrier, doit savoir que, quand on parle avec quelqu'un pour
négocier, on ne dit pas: Je négocie, mais je veux les choses
suivantes; autrement, je ne parle pas. Est-ce que c'est cela se parler?
Une voix: Négocier debout.
M. Polak: Ce n'est pas une façon de négocier. M. le
Président, cette résolution a été
préparée juste pour un but, pour le congrès qui aura lieu
en fin de semaine à Montréal, avec les 2000 militants. Savez-vous
ce que la Gazette disait en fin de semaine: "The radicals at Rene's heel". Pour
ceux qui ne comprennent pas, je vais traduire: Les radicaux aux talons de
René. Les radicaux parlent, MM. les députés de Maisonneuve
et de Rosemont. C'est ça, la vraie raison. On veut acheter la paix.
M. le Président, je ne veux pas continuer, parce que je veux
donner à mes confrères une chance de continuer. Je voulais parler
de la clause de mobilité, mais je laisse cet honneur au
député de Hull qui connaît très bien ça. Mais
je voudrais dire une chose... J'espère que les applaudissements sont
pour le député de Sainte-Anne. Merci.
M. le Président, en terminant, vous vous rappelez le petit livre
qu'on a eu, intitulé Minute Ottawa!, que j'ai critiqué dans le
temps et avec raison. J'ai un petit slogan pour les péquistes et pour M.
Lévesque, parce qu'il n'est pas encore trop tard. Malheureusement, M.
Lévesque n'est pas ici, il ne peut pas entendre ce que j'ai à
dire, mais il devrait dire: Minute Ottawa, j'arrive, je suis en retard, il faut
se parler,
c'est encore le temps.
Le Vice-Président (M. Jolivet): M. le député
de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Merci, M. le Président, à mon tour, je
me lève pour me prononcer sur la motion que nous avons devant nous,
mais, avant d'aborder le contenu de la motion, j'aimerais prendre quelques
instants pour partager avec mes concitoyens du Québec mes vues sur la
situation actuelle, dresser, en quelque sorte, ce que je vois comme toile de
fond sur laquelle arrive cette motion. Il y a près de deux mois, comme
on se le rappelle tous, le 2 octobre, la presque totalité des
députés de cette Chambre se trouvait unie dans un des rares
moments d'absence de partisanerie. Si nous avons voté, M. le
Président, le 2 octobre, de la manière dont nous l'avons fait,
c'est parce que nous étions dans une tout autre situation que celle que
nous connaissons aujourd'hui. D'ailleurs, les événements changent
tellement vite dans ce dossier depuis un certain temps l'ensemble du dossier
évolue de façon très rapide et il y a un mouvement
continuel -qu'il est très compréhensible que la grande
majorité de nos concitoyens se sente perdue, sinon fatiguée
d'entendre parler de constitution.
Le 2 octobre, nous étions devant un projet fédéral
contre lequel s'élevaient les voix des huit provinces canadiennes. Nous
étions éqalement devant une intransigeance apparente du premier
ministre du Canada, M. Trudeau. Nous avons voté à ce moment une
motion qui, d'une part, déclarait que l'Assemblée nationale
s'opposait à une action unilatérale qui réduirait ses
pouvoirs, et d'autre part, on exigeait la reprise des négociations. Ces
négociations ont eu lieu. M. Trudeau a ouvert la porte à ces
négociations, et quelques jours plus tard, elles ont eu lieu.
Nous avons donc, en partie, ici à l'Assemblée nationale,
réussi à faire bouger le gouvernement fédéral,
à le sortir de son intransigeance et à l'asseoir à la
table pour reprendre les discussions. Le tout s'est terminé le 5
novembre dernier par une entente signée par neuf provinces canadiennes
et le gouvernement fédéral. M. Lévesque, à la suite
de cette entente, est revenu à Québec tout bouleversé,
agité, en proférant ce qu'on pourrait qualifier des discours
vitrioliques, assaisonnés un peu de menaces et d'appels à la
résistance.
Quelque part dans cette agitation, il a réussi quand même
à trouver quelques moments de lucidité pour nous faire part que
son gouvernement s'opposait finalement à trois points précis dans
l'accord: premièrement, la clause de la mobilité;
deuxièmement, la compensation financière en cas d'amendements
constitutionnels et en cas de retrait du Québec de ces amendements;
troisièmement, la fameuse clause 23, soit le droit à
l'enseignement dans la langue de la minorité. Quelques jours plus tard,
M. Trudeau a encore une fois laissé entrevoir la possibilité
qu'il pourrait y avoir d'autres pourparlers, d'autres négociations avec
le Québec.
M. Lévesque, pour sa part, nous a répété
continuellement qu'il ne voulait rien savoir. Nous lui avons rappelé le
sens d'un des paragraphes de la motion du 2 octobre qui demandait qu'on trouve
une solution négociée à cette question constitutionnelle.
Rien à faire, pourtant. La situation avait changé, disait le
gouvernement. Il ne se sentait plus lié par cette motion ou, tout au
moins, par cette partie de la motion. On avait commencé, à ce
moment, à la suite du discours inaugural, de l'autre côté
de cette Chambre, à nous parler continuellement de la nuit des longs
couteaux, des mauvais Anglais, sinon des maudits Anglais, de la guerre des
plaines d'Abraham, même, pour fouetter l'ardeur des militants
péquistes qui commençaient à manifester une certaine
inquiétude face à la possibilité que leur gouvernement
signe un accord pour une nouvelle constitution canadienne. D'ailleurs,
convoqués en congrès national spécial pour essayer de
voler la vedette à M. Trudeau qui parlait le même jour - petit jeu
qui se jouait à côté - les membres du Parti
québécois ont durci leur position. Ils ont laissé tomber
le trait d'union entre la souveraineté et l'association et ont
commencé à parler d'indépendance pure et simple.
Le vendredi 13 avril, dans un exercice que je qualifie de
publicité, le gouvernement a dévoilé aux journalistes une
motion qu'il entendait soumettre à l'Assemblée nationale quatre
jours plus tard. C'est un geste en soi qui indique un peu le style de ce
gouvernement. Le respect de l'institution qu'est l'Assemblée nationale
aurait exigé que celle-ci soit saisie de la motion avant les
journalistes. On respecte peut-être les conventions quand cela nous
convient, mais on les bafoue quand on peut en tirer profit. La consistance qui
est là, cherchez là!
La semaine passée, la motion a finalement été
appelée pour discussion, dix jours après son dépôt
devant les journalistes, tandis qu'on disait que la situation pressait, qu'il y
avait une crise, que c'était urgent. Devinez pourquoi cela a pris tant
de temps? Entre-temps, entre le moment où le premier ministre a
dévoilé sa motion et le moment où on a commencé
à la discuter, ce gouvernement qui se dit le défenseur des
intérêts des Québécois est venu déposer un
deuxième budget à l'Assemblée nationale, un budget des
plus régressifs qui met l'incompétence économique de
ce
gouvernement sur le dos des Québécois, et non seulement il
ne défend pas leurs intérêts, mais il les met quasiment
à genoux.
Voilà donc qu'après le dépôt de ce budget, on
a sorti cette motion du tiroir et on a commencé à la discuter, un
geste qu'on qualifie de tactique de diversion. Voilà en gros comment
nous en sommes rendus là. (20 h 50)
Regardons un instant la motion elle-même en se rappelant les trois
points de désaccord, mentionnés par le premier ministre, M.
Lévesque, et les raisons pour lesquelles il n'a pas signé
l'accord des neuf. Quand on lit la motion et qu'on pense à ces trois
points, on se rend compte très rapidement que cette motion ne vise
absolument pas à résoudre le problème. Si on voulait
vraiment arriver à une entente, le gouvernement aurait accepté de
parler de l'accord avec le gouvernement fédéral au lieu de
présenter des motions qui essaient simplement de sauver la face devant
les militants péquistes se préparant à un congrès
national.
Que dit la motion quant à la clause de mobilité dans le
projet constitutionnel? Absolument rien de constructif, étant
donné que ce gouvernement ne veut pas entendre parler de mobilité
dans la motion et dans la charte des droits où la clause se retrouve. Il
exige dans sa motion la disparition de cette clause de la charte des
droits.
De quelle menace pourrait-il s'agir quant aux intérêts des
Québécois? Que dit cette clause qui pourrait causer
d'irréparables torts au Québec, comme on nous en a fait part de
l'autre côté de la Chambre de façon continuelle? Elle dit
principalement deux choses. J'aimerais profiter de l'occasion pour les citer
pour tout le monde. La première dit simplement ceci: Tout citoyen
canadien a le droit de demeurer au Canada, d'y entrer ou d'en sortir.
La deuxième: Tout citoyen canadien et toute personne ayant le
statut de résident permanent au Canada ont le droit de se
déplacer dans tout le pays, d'établir leur résidence dans
toute province et de gagner leur vie dans toute province.
Il y a un troisième paragraphe qui dit ceci: Ces droits
mentionnés au paragraphe 2 sont subordonnés, a) aux lois et
usages d'application générale en vigueur dans une province
donnée, s'ils n'établissent entre les personnes aucune
distinction fondée principalement sur la province de résidence
antérieure ou actuelle; b), ils sont subordonnés également
aux lois prévoyant de justes conditions de résidence en vue de
l'obtention des services sociaux publics.
Le gouvernement pourtant ne veut pas entendre parler de mobilité,
un point, c'est tout. Pourtant, il me semble qu'une des choses les plus
logiques, quand on sait qu'on fait encore partie du Canada, une des choses les
plus normales, c'est qu'un citoyen d'un pays ait le droit de se déplacer
à travers ce pays et de travailler où il peut dans ce pays. Les
temps qui courent sont déjà assez difficiles pour gagner sa vie,
venir empêcher ce genre de chose rendrait peut-être la vie encore
plus difficile aux gens.
Encore plus, si jamais on craignait que ces étrangers de
l'Ontario, du Nouveau-Brunswick viennent ici voler nos jobs, le projet
constitutionnel donne le droit à une province ayant un taux de
chômage plus élevé que la moyenne de prendre des actions
pour protéger les personnes les plus défavorisées par
cette situation. Il est donc à mon point de vue inacceptable que le
gouvernement s'oppose au droit d'un citoyen de vivre là où il
veut et de travailler là où il veut dans le pays, d'autant plus
que tous les règlements quant à l'exercice de profession
resteront intacts ici au Québec.
Le deuxième point de désaccord: la compensation
financière. De quoi s'agit-il finalement? Après avoir
signé, le 16 avril, une entente avec sept autres provinces où le
Québec a laissé aller son droit de veto, le marchandait, le
gouvernement le réclame de nouveau aujourd'hui. C'est une position
finalement peu sérieuse, compte tenu que c'est ce même
gouvernement qui a effectivement marchandé quelque chose qui ne devrait
pas être marchandable. La solution se trouve finalement dans la voie des
discussions par rapport à une compensation financière en cas de
retrait du Québec des programmes découlant d'amendements
constitutionnels.
Le chef de mon parti, M. Ryan, a déjà proposé que
cette question soit examinée de nouveau. Le premier ministre Trudeau a
déjà consenti à reconnaître une compensation
financière dans deux domaines, l'éducation et la culture, en
laissant entrevoir qu'il est peut-être prêt à aller plus
loin, mais personne ne donne quoi que ce soit sans qu'on ne le demande. Ce
n'est pas en criant ici sur tous les toits que le Québec ne
négociera jamais qu'on en arrivera à un accord acceptable sur ce
point. Tout ce que l'on fait dans cette motion à cet égard, c'est
de reculer à la position du Québec du 16 avril dernier ou avant
sans démontrer la moindre bonne volonté à discuter de
façon responsable et sérieuse.
Nous arrivons finalement à la question des droits linguistiques.
Le gouvernement voudrait nous faire croire qu'il y a ici matière
à lancer une croisade de défense du caractère francophone
du Québec, comme si nous étions envahis par des petits
anglophones qui viendraient de l'Ontario pour angliciser le Québec. Rien
de plus faux, de plus xénophobe et de plus aveugle au commun bon
sens.
Le premier ministre Trudeau, à la suite
de suggestions de M. Ryan, a accepté que la portée de la
clause linguistique soit limitée à la fameuse clause Canada. Cela
veut dire exactement la même clause que celle qui existe actuellement
dans la loi 101, sauf que ceux qui auraient fait leurs études en langue
anglaise au primaire partout au Canada, au lieu de simplement au Québec
comme le dit la loi 101 actuellement, auraient le droit d'envoyer leurs enfants
aux écoles anglaises. Il s'agirait, selon les chiffres d'une
étude de l'Office de la langue française, en collaboration, je
crois, avec le ministère de l'Éducation, d'une augmentation de
clientèle dans les écoles anglophones de l'ordre de 1000 à
5000 élèves.
M. Laurin: ...
M. Sirros: Vous avez accepté, M. le ministre, la
dernière fois, l'exactitude de ces chiffres, et on parlait de 5000
personnes. C'est une augmentation de 1% de la clientèle, au maximum,
dans les commissions scolaires anglaises. C'est ça, M. le
Président, l'immense menace! Sommes-nous, finalement, nous, les
Québécois qui demeurent ici, d'un esprit si étroit que
nous craignions cela? Je crois que non. Il se peut que d'autres, de l'autre
côté, souffrent de cette étroitesse d'esprit. Je suis
convaincu que la grande majorité des Québécois accepterait
ce fait avec dignité et générosité.
C'est le Parti québécois qui veut agir de cette
manière, comme si le Québec était déjà
indépendant. C'est ça, la pierre d'achoppement. Il n'y a rien de
plus normal, dans un pays où, aujourd'hui, on demande de
reconnaître la dualité, que les enfants dont les parents ont
été instruits dans une langue puissent fréquenter les
écoles de la même langue. Que dit la motion sur ce point? Elle dit
simplement que le Québec ne devrait pas avoir à accepter cette
partie de la nouvelle constitution canadienne. Comme si une constitution d'un
pays pouvait s'appliquer en morceaux ici et là.
En terminant, cette motion n'est rien d'autre qu'un geste partisan. Son
intention est de recevoir l'appui des militants au congrès qui se
tiendra la fin de semaine prochaine, et cela démontre une
étroitesse d'esprit qui n'est pas représentative de la population
québécoise. La grande majorité de nos concitoyens exige de
ce gouvernement de mener à terme cette négociation
constitutionnelle et d'agir de bonne foi.
Nous, de ce côté-ci de la Chambre, après la
façon catastrophique dont le gouvernement a mené les
négociations jusqu'à présent, nous mettons en doute la
compétence de ce gouvernement dans ce domaine et, évidemment,
dans beaucoup d'autres. Non pas parce que les membres de ce gouvernement ne
sont pas intelligents ou très habiles, mais simplement parce qu'ils
participent à contrecoeur à un processus en lequel ils ne croient
pas. Ils ont cherché la première occasion pour crier au viol et
ils se contentent aujourd'hui de jouer les vierges offensées. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Vachon, sur une question de privilège.
M. Payne: M. le Président, je n'aimerais pas croire que le
député de Laurier a induit cette Chambre en erreur.
Peut-être faisait-il référence à quelques allusions
que je faisais la semaine dernière concernant ceux qui viennent de
l'extérieur du Québec. Effectivement, nous avons, au
Québec, à peu près 24 000 personnes qui viennent d'autres
provinces chaque année. Cela représente effectivement plus de
gens, plus d'immigrants...
Des voix: Ce n'est pas une question de privilège.
M. Payne: C'est pour rectifier des faits.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Vachon, vous avez utilisé l'article 89 pour
signaler ce que vous croyez être une rectification à vos paroles.
Vous avez terminé? (21 heures)
M. Payne: Je voulais brièvement terminer, M. le
Président, en disant...
Le Vice-Président (M. Rancourt): S'il vous
plaît!
M. Payne: ... qu'effectivement le député de Laurier
induisait cette Chambre en erreur en suggérant qu'il y a très peu
d'immigrants qui viennent des provinces, de l'extérieur. Merci.
M. Blank: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Question de
règlement.
M. Blank: Si le député soulève une question
de privilège, il doit poser une question de privilège. Qu'il
n'ait pas la même opinion que le député de Laurier ne
constitue pas une question de privilège. S'il veut rectifier ce qu'il a
dit dans son discours, c'est l'article 96. M. le député de
Laurier n'a pas discuté le discours du député de Vachon du
tout. Ce n'est ni une question selon l'article 96, ni une question de
privilège ici.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Richelieu.
M. Maurice Martel
M. Martel: M. le Président, j'écoutais tout
à l'heure mon savant collègue, le député de
Sainte-Anne, faire allusion à ce que ses commettants lui avaient dit en
fin de semaine ne pas comprendre très bien que, devant une situation
économique comme celle que nous connaissons en Amérique du Nord,
ici, à l'Assemblée nationale, on discute de problèmes de
constitution. Malheureusement, je constate que son histoire du Québec
est très limitée puisqu'elle se limite à avril 1981.
Nous ne pouvons pas dissocier à ce moment-ci ce qui est
économique de ce qui est constitutionnel.
Une voix: Les deux vont de pair.
M. Martel: Le Québec est une des nations fondatrices du
Canada. Le Québec a une culture, des traditions qui ont fait que ce
peuple fondateur du pays a besoin d'avoir tous les outils nécessaires
afin d'assurer son plein épanouissement. Nous avons vu qu'au tout
début de notre histoire on a reconnu, lorsque, par exemple, Cartier et
Macdonald ont jeté les bases de cette Confédération, qu'il
y avait deux cultures, deux peuples à l'intérieur de ce
Canada.
Nous avons vu par la suite que nous avions, comme peuple francophone en
Amérique du Nord, des droits, des privilèges que nous devons
conserver. Et, pour ce faire, l'histoire nous rappelle que, depuis 1960, les
premiers ministres qui se sont succédé dans cette Chambre, tels
Duplessis, Johnson, Bertrand, Lesage, Bourassa et Lévesque, ont tous
essayé de faire respecter ces droits et ces privilèges
fondamentaux pour l'avenir de notre peuple. Nous avons vu ce que cela a
donné en 1947, 1952, 1957, lorsque Duplessis était ici, lorsqu'il
essayait de renégocier cette entente entre les deux peuples fondateurs.
Il est arrivé ce qui arrive aujourd'hui, que toutes les provinces avec
le fédéral ont décidé d'accords fiscaux à ce
moment-là, et qu'elles ont isolé encore une fois le
Québec. Cela se passait avant 1960.
Par la suite, en 1960, 1964, lors des conférences
fédérale-provinciales, le premier ministre libéral du
temps, M. Lesage, est allé à Ottawa défendre ses
positions, et a réclamé du gouvernement fédéral
cette fameuse formule d"'opting out" permettant de se retirer avec compensation
financière de programmes. Vous avez vu ce que cela a donné.
Encore là, un front commun des autres provinces du Canada et l'isolement
du Québec.
Par la suite, en 1967, j'ai vécu dans le gouvernement de l'Union
Nationale avec Daniel Johnson qui défendait la thèse de
l'égalité des deux peuples à l'intérieur de ce
Canada ou d'en arriver à son indépendance.
Il fondait ses arguments sur la reconnaissance de ces deux nations comme
fondatrices du Canada. Qu'est-ce que cela a donné, encore une fois? Le
refus également de cette formule d'"opting out" nécessaire
à la survie du peuple québécois.
De 1968 à 1970 Jean-Jacques Bertrand a repris exactement les
mêmes arguments pour faire reconnaître que cette association de
provinces était basée strictement sur l'identité de ces
deux grandes cultures que sont la culture française et la culture
anglophone. Encore là, front commun des provinces anglaises pour isoler
encore le Québec.
Nous avons vu un autre premier ministre, celui-là libéral,
qui a vu, à Victoria, sa proposition rejetée carrément
alors qu'il demandait des pouvoirs accrus pour le Québec dans le domaine
des affaires sociales. Il a refusé avec raison de signer cette entente
de Victoria. Encore une fois, le Québec a essuyé un autre
échec.
Nous avons vu, par la suite, en 1981, ce qui est arrivé
dernièrement lorsque notre premier ministre actuel est allé
à Ottawa pour négocier une nouvelle constitution du Canada.
Après avoir obtenu le consentement de cette province concernant le
privilège de garder ses droits, de garder ses acquis tant pour les
provinces anglophones que pour la province francophone, qu'est-ce que cela adonné? Quelques jours après, ce front commun se reformait
à nouveau; le même front commun qui s'est formé dans le
temps de Duplessis s'est formé encore une fois en 1981, de la même
façon, en isolant le Québec.
Cette histoire se continue encore aujourd'hui. Que fait-on de cette
dualité canadienne, de ces deux peuples fondateurs? Nier ce qui existe
depuis 1867, que ces Québécois forment cette
société distincte d'expression française. La formule
d'amendement de la constitution: Ou bien on devra maintenir au Québec
son droit de veto ou bien ce sera celui qui a été convenu dans
l'accord constitutionnel signé le 16 avril dernier et confirmant le
droit du Québec à ne pas être assujetti à une
modification qui diminuerait ses pouvoirs ou ses droits, ou bien on devra
recevoir, le cas échéant, une compensation financière
raisonnable et obligatoire. Et cela ne s'applique pas; ça devient du
chantage, ça devient un dilemme permanent, que nous connaissons depuis
le début de la Confédération.
En effet, si le Québec veut continuer d'appliquer ses droits,
privilèges et compétences, il devra continuellement choisir entre
le respect de ses privilèges et le portefeuille des contribuables. Sans
compensation financière, le peuple du Québec aura constamment
à choisir entre garder ses compétences et payer le double prix ou
bien, pour éviter de payer le double, abandonner
ses compétences, droits et privilèges.
En 1968-1969, comme membre du gouvernement de l'Union Nationale, j'ai
connu ces pénitences imposées par Ottawa lorsque, par exemple, il
était question d'avoir, au Québec, cette assurance-maladie. Dans
le temps, comme gouvernement, nous n'avions pas les moyens d'appliquer ce
régime au Québec et nous avons refusé d'appliquer ce que
le fédéral voulait appliquer avec le consentement de six
provinces; maintenant, ça prend sept provinces pour appliquer un
programme. Qu'est-ce qui est arrivé au Québec? Nous avons perdu
200 000 000 $, de l'argent des Québécois qui va à Ottawa
et qui revient ici. Parce que nous ne voulions pas du programme, on nous a
refusé cette somme.
C'est devant des dilemmes semblables que le peuple
québécois sera systématiquement placé chaque fois
que le fédéral décidera dorénavant, avec l'accord
des sept, de mettre sur pied un nouveau programme. En tant que
Québécois, nous ne pouvons choisir entre nos principes et 200 000
000 $. Donc, l'entente Ottawa-Canada anglais signifie que le Québec
devra laisser aller à la pièce ses compétences, ses droits
et ses privilèges et toute la définition que le Québec
veut obtenir s'en va par le fait même à Ottawa. L'entente
constitutionnelle Ottawa-Canada anglais est à la fois inadmissible et
inacceptable pour le peuple québécois.
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Hull. (21 h 10)
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Le 20 mai 1980, on nous parlait de
référendum. Le peuple québécois a répondu
qu'il voulait demeurer dans le Canada. Le 13 avril dernier, une élection
provinciale: la veilleuse! Le parti séparatiste a plongé dans
l'obscurité la séparation du Québec du Canada. Le 2
octobre dernier, M. le Président, on était appelé en cette
Chambre en toute vitesse pour discuter d'une motion d'urgence,
c'est-à-dire qu'à la suite des amendements que déposait
l'Opposition dans la résolution qui devait être
présentée, nous demandions la négociation, nous
étions contre un rapatriement unilatéral et nous étions
pour les droits de l'Assemblée nationale. Le 5 novembre, une fois les
discussions terminées, neuf provinces canadiennes et le
fédéral s'entendent. Le Québec passe à
côté. Le 24 novembre, on nous déposait une nouvelle motion,
une motion qui ne traitait plus uniquement des points en litige, comme la
compensation pécuniaire en cas d"'opting out", la langue, la
mobilité. Le 25 novembre, quelques heures à peine après la
motion qui contenait seize nouveaux problèmes que le Québec
soulevait, déclaration ministérielle que nous faisait le premier
ministre du Québec pour aller rechercher le droit de veto qu'il avait
laissé sur la table, le 16 avril dernier.
M. le Président, les Québécois et les
Québécoises en ont soupe de parler de constitution. Ils
souhaiteraient que nous parlions d'autre chose. J'ose espérer que,
demain, nous allons pouvoir commencer à parler d'autre chose. Vous
savez, quand on parle de la langue, et qu'on regarde les nouveaux menus, quand
on se présente dans un restaurant, il faut maintenant demander un
hambourgeois. Si on veut boire quelque chose, on demande une racinette. Ouais,
en québécois c'est un "hamburger" et une "rootbeer". Il ne
faudrait pas commencer à faire honte à notre mère patrie,
la France, qui emploie quand même encore au coin des rues des "stop" et
qui mange encore des "hot dogs".
M. le Président, un des points les plus importants que je retiens
actuellement, c'est la question de liberté de circulation et
d'établissement. Nous en avons appris quelque chose dans l'Outaouais
québécois quand le ministre du Travail du temps, M. Pierre-Marc
Johnson, nous a passé sa loi sur le placement, une loi qui, à
toutes fins utiles, empêche les Québécois, aujourd'hui, de
travailler. La Loi sur la mobilité, on en a souligné tantôt
quelques points. Mais de l'avis de motion donné par le ministre de la
Justice, l'honorable Jean Chrétien, personne intègre,
compétente, qui veut faire du Canada l'unité de demain, je tiens
à vous souligner l'article 6, qui dit: Que tout citoyen canadien a le
droit de demeurer au Canada, d'y entrer ou d'en sortir. Est-ce que cela est
assez fort? De se déplacer dans tout le pays et d'établir sa
résidence dans toute province. Est-ce que cela est assez fort? De gagner
sa vie dans toute province.
M. le Président, je ne peux accepter là où nous
sommes rendus actuellement au Québec. Il y a le gouvernement qui
s'oppose au fait de permettre à tous les citoyens
québécois de gagner leur vie partout au Canada. Il ne faudrait
quand même pas s'inquiéter, mesdames et messieurs. Il ne faut pas
s'inquiéter parce que tant et aussi longtemps que vous allez être
au pouvoir, ne vous en faites pas, les Canadiens des autres provinces ne
viendront pas prendre les jobs ici, il n'y en a pas de jobs. Ne vous en faites
pas. Je trouve malheureux que nous charriions actuellement sur l'aspect
constitutionnel alors qu'Ottawa est en train de régler nos
problèmes pour nous. Pourquoi? Parce que le gouvernement actuel du
Québec ne veut pas aller négocier. J'ose souhaiter qu'il leur
reste un peu d'honnêteté, M. le Président, dans le sens
qu'ils nous reviennent avec une vraie question.
Vous voulez, messieurs et mesdames, la
séparation du Québec du Canada? Arrêtez donc de
fricoter, comme le dit si bien votre premier ministre, et posez donc la
question aux Québécois et aux Québécoises, pour
qu'on en finisse, une fois pour toutes, pour qu'on puisse réellement
bâtir au Québec ce que les Québécois et les
Québécoises s'attendent de vivre, dans le Canada, avec une
nouvelle fédération, avec une nouvelle constitution qui soit
propre à nous tous. Je pense que c'est important, M. le
Président.
Quand on parle de mobilité, j'examine un peu les problèmes
que nous crée actuellement le gouvernement du Québec. Dernier
budget Parizeau: catastrophe, 0,30 $ d'augmentation par gallon d'essence. On ne
peut sûrement pas empêcher la mobilité, parce que les gens
de Hull, de l'Outaouais traversent les ponts pour aller faire le plein
d'essence du côté de l'Ontario. C'est ça qu'on voudrait
empêcher, la mobilité, empêcher nos Québécois
de sortir du Québec un jour? C'est ça que vous voulez construire
messieurs et mesdames, une muraille? Une muraille pour empêcher nos
Québécois de traverser et d'aller gagner leur vie de l'autre
côté.
M. le Président, on s'aperçoit de plus en plus de la
faiblesse et de l'irresponsabilité du gouvernement. Nous avons eu la
visite de l'honorable premier ministre du Québec, M. René
Lévesque, dans l'Outaouais, vendredi passé, et quand le premier
ministre commence à utiliser les portes arrière, c'est qu'il a
peur de faire face à ses responsabilités, c'est qu'il a peur de
faire face aux gens qui ont des problèmes chez nous.
Non, M. le Président, je n'accepterai jamais d'appuyer de nouveau
le gouvernement qui s'en va vers son but ultime qui est la séparation.
Jamais plus! J'ose souhaiter et j'espère que nous sommes en train d'en
convaincre le gouvernement; je m'aperçois de l'essoufflement du
gouvernement actuel et, du côté ministériel, sur les quatre
derniers orateurs, nous en avons gagné trois de notre côté.
Vous êtes essoufflés, messieurs, vous n'avez plus d'argument. Je
pense qu'il est temps, aujourd'hui, d'aller au peuple. Allez-y, au peuple, je
vous l'ai demandé l'autre jour, je vous le demande encore ce soir. Allez
au peuple, messieurs!
Le Vice-Président (M. Rancourt): À l'ordre, s'il
vous plaît! S'il vous plaît! M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je vous remercie de m'avoir
donné la parole. Il faudrait peut-être penser à sortir
votre règlement un de ces jours et lire l'article 100 pour que nos
collègues d'en face puissent être un peu plus dociles dans cette
Chambre. Je m'aperçois que dès la minute où on commence
à chatouiller nos adversaires, ça s'excite. On parlait la semaine
passée du poulailler qui commençait à picosser un peu. Je
pense qu'on a raison quand on dit ça. Je pense qu'on ne peut
sûrement pas accuser le député de Hull d'un langage
antiparlementaire quand on entend la façon dont le premier ministre du
Québec, traite les neuf premiers ministres des provinces voisines et le
premier ministre du Canada.
Je trouve que c'est multiplier la haine. On n'est pas en train de se
faire un Québec fort, on est en train de s'essouffler ensemble. Je
trouve malheureux que nous parlions encore et continuellement de cette
constitution et qu'on n'offre pas aux Québécois et aux
Québécoises un menu plus judicieux. Merci. (21 h 20)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Châteauguay. S'il y a eu entente, je
reconnaîtrai le député d'Outremont.
M. Fortier: Merci beaucoup.
M. Dussault: M. le Président, ce n'est pas tout à
fait ce que...
Le Vice-Président (M. Rancourt): Je m'excuse. M. le
député d'Outremont.
M. Pierre-C. Fortier
M. Fortier: Merci beaucoup, M. le Président. Nous voici de
nouveau dans cette Chambre pour discuter d'une autre motion traitant de la
constitution. Notons que c'est la deuxième en deux mois et la
troisième depuis l'an dernier. Je crois que la population qui nous
écoute a bien du mal à se retrouver dans tout ce dédale
des négociations fédérales-provinciales et se demande bien
pour quelle raison nous en sommes encore à discuter de la
constitution.
Je vais tenter de vous expliquer et d'expliquer à la population
pourquoi nous en sommes encore là et pourquoi je crois que la motion
présentée par le Parti québécois n'est d'aucune
utilité, et pourquoi je voterai contre cette motion. Je vous ferai part
de mes commentaires tout simplement, quoique je vous avouerai que je me
sentirais bien plus à l'aise si j'avais à vous parler de
développement économique, du chômage accru qui sévit
dans les régions et de la nécessité pour le gouvernement
de changer radicalement ses attitudes et ses politiques face à ces
problèmes, s'il veut vraiment les résoudre.
En effet, toute personne qui parcourt le Québec en ce moment se
rend bien compte qu'une très grande majorité de la population
n'admet pas que ses députés et surtout que son gouvernement
prennent tant de temps et d'énergie pour débattre de la question
constitutionnelle alors que les besoins des travailleurs, surtout chez les plus
jeunes,
sont si aigus. La population du Québec connaît bien la
conjoncture actuelle. Elle sait bien que, depuis que le Parti
québécois est au pouvoir, le taux de chômage a
augmenté de quelque 30% si on compare le taux de chômage moyen du
Canada pour la période de quatre ans, allant de 1977 à 1980 avec
la période antérieure de quatre ans de 1973 à 1976. Elle
sait bien que les immobilisations dans le domaine de la fabrication ont
diminué de 20% en comparant ces mêmes périodes. Comme tous
le savent, ce sont ces investissements qui normalement créent le plus
grand nombre d'emplois permanents. Elle sait bien que les tarifs
d'électricité dans cette province ont augmenté de plus de
100% depuis 1977, alors que l'inflation n'aura augmenté, à la fin
de 1982, que de 62%. Elle sait bien également que les
Québécois sont ceux qui paient leur essence le plus cher au
Canada.
M. le Président, la population sait ces choses. Les
Québécois et les Québécoises savent que c'est
difficile pour plusieurs de trouver un emploi et ils savent également
que, lorsqu'ils en ont un, ils doivent payer les impôts et les taxes
indirectes les plus élevés au Canada. Ce que la population sait
aussi, c'est que cette Chambre a voté une résolution au
début d'octobre, demandant au gouvernement du Québec de
négocier et de défendre les intérêts du
Québec de façon à permettre au Québec de jouer
pleinement son rôle au sein de la fédération canadienne.
C'est ce que la population a compris du débat sur la motion que nous
avons eu au début du mois d'octobre.
M. le Président, certains de nos sympathisants nous ont
reproché l'appui que nous avions donné au gouvernement à
cette occasion parce qu'ils ne croyaient pas que le gouvernement puisse
utiliser cet appui à bonne fin. Malgré tout, il semble bien
qu'à cette occasion, soit au début d'octobre, une majorité
de citoyens de cette province a compris que le Parti libéral du
Québec avait vraiment à coeur les intérêts des
Québécois et des Québécoises, ainsi que les
intérêts de tous les Canadiens d'un océan à l'autre.
Une majorité des citoyens de cette province a approuvé à
ce moment le geste posé par l'Assemblée nationale parce qu'elle
savait d'instinct qu'il était important pour le Québec de faire
valoir son point de vue, qu'il était important pour le Québec de
contribuer positivement à la négociation d'une nouvelle entente
constitutionnelle et d'être partie prenante à toute modification
substantielle de la constitution.
M. le Président, c'est ce que la population a compris des
intentions exprimées par cette Assemblée au début
d'octobre. Mais où en sommes-nous maintenant? Je suis convaincu qu'une
très grande majorité de citoyens de cette province sont
déçus. Ils sont déçus non seulement parce qu'ils
voudraient nous voir passer à des choses qui, d'après eux,
seraient plus importantes comme la lutte au chômage et le
développement de notre économie, deux actions très
importantes qui pourraient réduire d'ailleurs le fardeau de nos
impôts. On ne peut les en blâmer, mais ils sont
déçus, parce qu'ils se rendent compte que notre gouvernement a
mal négocié, qu'il a mal défendu les intérêts
du Québec et que les brillants stratèges de notre gouvernement
ont amené le Québec dans un cul-de-sac.
M. le Président, il faut le dire et le redire, le gouvernement
avait établi dans ce dossier constitutionnel une très mauvaise
stratégie. Le gouvernement s'est fourvoyé dans son approche et il
a perdu. Oui, M. le Président, en signant l'entente du 16 avril dernier,
notre gouvernement lui-même a signé sa perte, puisqu'il acceptait
officiellement de cette entente deux principes extrêmement importants.
D'une part, il ne reconnaissait pas le Québec comme une province comme
les autres, puisque le texte de l'entente du 16 avril ne fait aucune allusion
à la dualité culturelle du Canada et, d'autre part, il acceptait
de troquer notre droit de veto séculaire contre un droit de retrait avec
compensation financière, comme si on pouvait négocier
pécuniairement un droit de veto qui a eu dans le passé et qui
aura encore dans l'avenir une importance primordiale. Ce droit de veto avait
toujours été défendu avec acharnement par tous les
premiers ministres du Québec jusqu'au 16 avril dernier.
Tous les Québécois ont compris récemment que le
gouvernement du Québec avait déjà laissé tomber, en
avril dernier, ses meilleurs atouts et que l'affaiblissement du Québec
à la dernière conférence constitutionnelle n'était
que le résultat des positions du gouvernement prises il y a quelque neuf
mois. J'aimerais rappeler que cette entente du 16 avril, qui nous place
maintenant dans une situation si difficile, ne fut jamais discutée
publiquement et ne fut jamais soumise à cette Assemblée qui est
censée nous représenter tous, surtout dans les moments
difficiles.
M. le Président, le 16 avril dernier, non seulement le
gouvernement a-t-il trahi les positions constitutionnelles les plus
fondamentales du Québec, mais il l'a fait en cachette, sans chercher
à obtenir l'approbation de cette Chambre, probablement parce qu'il
savait fort bien qu'il ne l'aurait jamais obtenue.
Je veux souligner, pour que cela soit très bien compris, que le
Parti libéral du Québec n'était pas partie prenante
à cette entente du 16 avril et qu'il ne l'aurait jamais
été, puisque l'entente que le premier ministre du Québec a
signée est en contradiction flagrante avec le livre beige de notre
parti.
Le peuple du Québec a également compris autre chose, ces
jours derniers. C'est que notre gouvernement est continuellement
ballotté entre deux options fondamentales. Certains jours, notre premier
ministre, tant bien que mal, tente d'honorer les promesses faites au peuple
québécois lors des dernières élections,
c'est-à-dire de défendre les intérêts du
Québec à l'intérieur de la fédération
canadienne, mais d'autres jours, plus nombreux malheureusement, il
élabore des stratégies étapistes devant mener le Parti
québécois, lentement mais sûrement, vers
l'indépendance du Québec. C'est cet enchevêtrement
d'objectifs contradictoires qui a mené notre gouvernement dans le
cul-de-sac où il se trouve présentement.
M. le Président, les Québécois et les
Québécoises ne sont pas dupes. Sans s'attarder à lire tous
les textes constitutionnels, ils ont compris ce qui se passe
présentement. Ils ont compris, premièrement, que le Québec
est affaibli par les mauvaises stratégies du gouvernement. Ils ont
compris qu'il était important pour le gouvernement, malheureusement, de
répondre aux propositions positives qui lui ont été
faites, tant par le gouvernement d'Ottawa que par les partis d'Opposition ainsi
que celles qui ont été faites par notre chef de façon
à rendre l'entente constitutionnelle compatible avec les vrais
intérêts du Québec, mais, malheureusement, le gouvernement
n'a pas voulu donner suite à toutes ces ouvertures.
Ils ont compris que notre premier ministre n'a pas cherché
à tirer avantage de ces ouvertures, parce qu'il est prisonnier des vues
indépendantistes de son parti, surtout à la vieille d'un conseil
général du week-end prochain. Ils ont compris que la
dernière motion présentement débattue en cette Chambre a
bien peu d'importance et qu'elle n'a été amenée que pour
cacher les bévues commises par le gouvernement dans ce dossier depuis
neuf mois.
M. le Président, les citoyens de cette province ne sont pas dupes
et ils ont compris quelle est la situation devant eux présentement. Je
vous remercie. (21 h 30)
Le Vice-Président (M. Rancourt): M. le
député de Châteauguay.
M. Roland Dussault
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je dois vous dire en
commençant, et bien sincèrement, combien j'admire
l'habileté de nos amis d'en face quand le tapis leur glisse sous les
pieds dans les débats comme celui qu'on connaît
présentement. Surtout, j'admire leur habileté à ne pas
dire s'ils auraient, eux, voté pour la motion, signé oui ou non
l'entente des dix. C'est ça, je pense, qui est le plus significatif dans
ce débat depuis que nous entendons l'Opposition se prononcer sur la
question.
Les événements constitutionnels depuis le
référendum de mai 1980 ont largement permis aux
Québécois de saisir toute la performance dont est capable la
manufacture à illusions des fédéraux et de leurs nouveaux
alliés provinciaux. Le non voulant dire un oui au
référendum, la négociation estivale devant mener à
l'échec, selon le document Kirby, la négociation de la
dernière chance démasquée en une nuit, voilà autant
de scénarios dont l'objectif, maintenant évident, était
d'entretenir l'illusion chez les Québécois.
Les Québécois, cependant, ne sont pas les seules victimes
de cette illusion manufacturée. C'est aussi le cas de nos frères
de sang qui vivent en dehors du Québec. Depuis qu'il est question
d'introduire une charte des droits dans la constitution canadienne, pour eux
aussi la grande illusion continue. M. Jean Chrétien leur a dit: Ce sont
les minorités francophones qui doivent en premier lieu profiter de la
révision constitutionnelle. Qu'en est-il de la réalité?
C'est de ça que je veux parler maintenant.
Lors des négociations de la dernière chance, de tous les
premiers ministres des provinces où il y a des minorités
francophones, seul le premier ministre du Nouveau-Brunswick a fait preuve d'une
certaine ouverture à l'égard des francophones hors Québec,
mais pour sa province seulement. Les autres ont pratiqué la politique de
la porte fermée. Que représentent ces francophones hors
Québec sur le plan du nombre et où se situent-ils?
Globalement, en 1971, les francophones hors Québec se
déclarant de langue maternelle française étaient au nombre
de 924 790, alors qu'en 1976, ils ont diminué, on n'en comptait plus que
896 350. Cependant, en 1971, sur les 924 790 qui se déclaraient de
langue maternelle française, seulement 675 200 personnes
déclaraient avoir toujours le français comme langue d'usage. Ces
francophones hors Québec constituent, en Ontario, 5,6% de la population;
au Nouveau-Brunswick, 33%; en Nouvelle-Écosse, 4,5%; à
l'Île-du-Prince-Édouard, 5,5%; à Terre-Neuve, 0,5%; au
Manitoba, 5,4%; en Saskatchewan, 2,9%; en Alberta, 2,4% et en Colombie
britannique, 1,6%. Un jour, au Canada, nous formions la majorité.
D'ici 20 ans, selon une étude récente des
démographes Réjean Lachapelle et Jacques Henripin, les
francophones hors Québec ne représenteront plus que 2,2% à
3,5% de la population canadienne, alors qu'en 1976, ils étaient de 4,4%.
De toute évidence, quand il s'agit de la langue maternelle, les
francophones hors Québec sont en nette régression et la situation
est pire lorsqu'il s'agit de leur langue d'usage.
Ce n'est qu'en 1968 que des lois sur
l'enseignement en français ont été adoptées
en Ontario; en 1969 pour le Nouveau-Brunswick, encore que celles-ci furent
promulguées dans leur totalité seulement en 1977, et en 1970 pour
ce qui est du Manitoba. Selon le document Deux poids deux mesures, produit par
la Fédération des francophones hors Québec: "Si ces lois
avaient toujours existé, on n'aurait pas, aujourd'hui, un taux aussi
effarant d'assimilation. Il ne faut pas oublier que si plusieurs
communautés anglophones ont pu étudier en français, elles
ont dû le faire dans l'illégalité et la
clandestinité. Les lois sur l'enseignement en français dans ces
trois provinces n'établissent aucunement un statut
d'égalité et ne permettent pas d'instaurer un système
d'éducation autonome. Elles permettent tout simplement aux commissions
scolaires d'ouvrir des écoles françaises pourvu qu'un nombre
minimum d'élèves soient inscrits." Je le répète:
"pourvu qu'un nombre minimum d'élèves soient inscrits."
Cela ne ressemble-t-il pas à quelques petits mots de la charte
des droits inscrits dans la résolution d'Ottawa présentement
à l'étude à la Chambre des communes? En Saskatchewan,
selon les francophones hors Québec, l'État peut agir au
gré de sa fantaisie en déterminant les règles du jeu. Les
écoles désignées, écoles où l'on
tolère l'enseignement du français, n'ont aucune garantie de
survie et existent selon le bon vouloir du cabinet.
En Nouvelle-Écosse, à
l'Île-du-Prince-Édouard, comptez-vous chanceux, dit le document.
Il ajoute: "Dans ces deux provinces il existe quelques écoles où
on enseigne en français, mais l'existence même de ces
écoles relève entièrement du pouvoir
discrétionnaire des ministères de l'Éducation. Il n'existe
aucune loi provinciale à ce sujet."
À Terre-Neuve, maintenant, on dit dans le document: "Les quelques
écoles qui dispensent un enseignement en français sont des
projets pilotes, par conséquent elles peuvent tout aussi bien
disparaître sans que les communautés n'aient le moindre recours."
C'est ça la réalité, M. le Président. Des
générations de revendications n'ont rien donné de plus.
Sauf au Nouveau-Brunswick, où des changements récents permettent
de l'espérer, les francophones hors Québec ne peuvent encore voir
comment ils pourront un jour avoir un contrôle réel sur leurs
écoles.
Est-ce que la charte incluse dans la résolution
fédérale y changera quelque chose? Est-ce que l'article 23 de
cette résolution deviendra le rempart souhaité contre
l'assimilation galopante des francophones hors Québec? Je dis non. Les
francophones hors Québec disent non aussi. Il n'y aura que les marchands
d'illusions pour tenter de faire croire qu'il y aura des changements
après cela.
Dois-je rappeler que le contenu de la résolution actuelle relatif
aux francophones hors Québec n'est pas fondamentalement différent
de ce qu'il était lorsque M. Trudeau voulait l'imposer
unilatéralement, ce qui permet de penser que toutes les critiques faites
avant demeurent vraies aujourd'hui? Pour les francophones hors Québec,
le sort est toujours réservé aux quelques petits mots: "là
où le nombre le justifie".
Voyons ce qu'en pensent les francophones hors Québec
eux-mêmes. Mme Jeannine Séguin, porte-parole officiel des
francophones hors Québec, disait, dans une lettre du 28 octobre,
adressée au coprésident de la conférence constitutionnelle
devant se tenir le 2 novembre suivant: "Dans sa version actuelle, le projet de
charte des droits linguistiques est beaucoup trop limitatif pour qu'il serve
à améliorer de façon tangible la situation des
francophones hors Québec, en particulier dans le domaine de
l'éducation. La Fédération des francophones hors
Québec ne peut souscrire à une charte qui assujettit le droit
à l'enseignement en langue française à des
considérations de nombre suffisant qui ne garantit pas aux francophones
hors Québec l'accès à des classes et à des
écoles homogènes, de même que le droit à la gestion
de leurs institutions scolaires." Un peu plus tard Mme Séguin ajoute: "
En définitive, la seule chose que nous accorde la charte est le droit de
revendiquer devant les tribunaux pour la reconnaissance de nos droits
linguistiques dans le domaine de l'enseignement."
De plus, la Fédération des francophones hors Québec
a émis l'opinion qu'aucun tribunal ne pourrait forcer un gouvernement
provincial à ouvrir une école française en dehors du
Québec si le contenu de la résolution reste ce qu'il est
présentement. Pour la fédération, la présente
reconnaissance des droits linguistiques n'est qu'un voeu pieux si elle ne
prévoit pas aussi que les bénéficiaires de ces droits
auront le pouvoir d'exiger qu'ils soient respectés par le pouvoir
exécutif autant que par le pouvoir législatif, ce qui n'est pas
prévu.
On peut penser que la Fédération des francophones hors
Québec dit ce qu'elle pense à la limite de ce que la diplomatie
exige. Aussi, pour avoir une idée plus juste des sentiments des
francophones hors Québec, il y a lieu d'évoquer ici ce qu'en
disait un Franco-Manitobain maintenant installé au Québec,
anciennement directeur général de la Société
franco-manitobaine. Parlant de l'article 23 de la résolution
fédérale à la commission parlementaire de la
présidence et de la constitution, le 4 février dernier, M. Hubert
Gauthier disait: "Pour mes frères, pour mes soeurs, mes amis, mes
parents du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta, tout ce que ce
même article leur concède et consacre, c'est le droit de se
battre. J'aimerais vous signaler que le droit de se
battre, moi je n'en ai pas eu besoin; mon père non plus n'a pas
eu besoin du droit de se battre, mon grand-père non plus et Louis Riel
non plus. Le droit de se battre on en portait l'enseigne, et, là-bas,
cela faisait partie intrinsèque de la vie de tous les jours. Il est donc
complètement superflu, pour ne pas dire aberrant, de nous dire qu'il
faut enchâsser le droit de se battre dans la constitution canadienne.
C'est cela, à mon avis - disait toujours M. Gauthier - la pire des
inégalités, les deux poids deux mesures dont on faisait tant
état. Il faisait allusion à ce moment-là au droit qu'ont
les anglophones québécois. Plus loin, M. Gauthier ajoutait:
"L'illusion, c'est que tout est centré sur l'aspect juridique, sur une
soi-disant charte des droits qui donne bonne conscience à certains, et
je sais très bien que tout ce débat ne représente qu'une
petite fraction de la réalité quotidienne chez nous." Il
ajoutait: "Pourtant, on nous laisse croire que tous les problèmes des
francophones hors Québec seront résolus une fois pour toutes
lorsque ces droits seront enchâssés dans la constitution.
Voilà l'autre illusion, disait-il. Il est à se demander si le
projet de constitution qu'on nous propose n'est pas l'oeuvre de marchands
d'illusions." (21 h 40)
II ajoutait, évoquant la situation délicate dans laquelle
se situent les francophones hors Québec face à leurs
revendications et face au pouvoir: "Ils vont jusqu'à dire aux
francophones hors Québec qu'ils doivent accepter cette situation sinon
ils se retrouveront les mains vides, ils perdront toutes ces subventions qui
ont été arrachées au prix de tant de luttes." Il terminait
en disant: "Les nombreux contacts que je maintiens encore aujourd'hui avec mes
amis hors Québec me confirment que ce chantage éhonté se
poursuit toujours. Les faits sont là," disait-il.
À la question qu'on lui posait après son exposé,
à savoir si le résultat du référendum était
susceptible d'aider les francophones hors Québec et les
Franco-Manitobains particulièrement, il avait répondu: "Non. Les
francophones hors Québec commencent déjà à payer le
prix du non que les Québécois ont offert à leur
gouvernement." Les francophones hors Québec ne peuvent pas se contenter
de la reconnaissance d'un droit individuel; ils veulent des droits collectifs.
Mme Séguin, la porte-parole officielle, s'est dite d'avis que toute
modification constitutionnelle doit se faire dans le respect des conventions et
des principes fondamentaux qui ont présidé à la fondation
de ce pays, donc des deux peuples fondateurs, et c'est ce que nous revendiquons
dans la motion que nous débattons présentement.
De plus, ce serait l'illusion consommée s'ils ne revendiquaient
pas les droits essentiels - et ils les revendiquent - suivants: le droit
à l'éducation en français de la maternelle à
l'université inclusivement dans des classes, des écoles et des
conseils scolaires qui sont sous le contrôle des francophones
eux-mêmes, le droit à des services sociaux et communautaires en
langue française, le droit à un appareil judiciaire offrant
plusieurs services en langue française; le droit à un
réseau de radio et de télévision en langue
française, reflétant la réalité des besoins des
communautés francophones hors Québec; le droit à l'usage
du français dans les Législatures provinciales et dans les
services qui en découlent.
Ce qu'ils veulent, au fond, ce sont les mêmes avantages qu'on
offre à la minorité anglophone du Québec, et pourquoi pas?
Mais cela, le Canada anglais ne veut pas le leur donner et il ne le leur
donnera jamais. À part le Nouveau-Brunswick, les francophones hors
Québec n'auront que ce que l'Ontario accepte bien de donner aux
Franco-Ontariens et c'est peu de chose. On en a maintenant la certitude
grâce à une lettre du premier ministre de l'Ontario
adressée à une Ontarienne, Mme Sallmen, le 29 janvier dernier, et
dont des extraits ont été publiés dans la Presse.
Selon M. Davis, la charte ne vise qu'à contrer la loi 101 et ne
comporte rien de plus pour les Franco-Ontariens. Dans sa lettre, M. Davis
disait: "Cela ne créera aucune obligation supplémentaire à
l'Ontario qui a déjà, depuis plusieurs années, sa propre
législation assurant que des programmes éducatifs dans la langue
française sont offerts là où le nombre le justifie."
Toujours ces mots: "là où le nombre le justifie". Pour bien faire
comprendre sa pensée et bien situer sa conviction, M. Davis ajoutait:
"Je tiens à vous assurer que nous sommes opposés à
l'imposition du bilinguisme sur les institutions provinciales telles les
Législatures, les tribunaux et autres institutions." Comme si ce
n'était pas suffisant, il ajoutait: "II est très évident
que notre forte opposition à l'intention première d'Ottawa de
revoir l'article 133 de la constitution pour imposer le bilinguisme
institutionnel a porté le gouvernement canadien à laisser tomber
cette idée".
De toute évidence, non seulement le premier ministre de l'Ontario
ne veut pas faciliter les choses aux Franco-Ontariens, mais encore il veut
détruire ce qui existe dans les lois québécoises qui
protègent les droits des francophones du Québec et c'est
inacceptable. C'est dans ces cinq petits mots: "où le nombre le
justifie", que l'on peut mesurer toute la générosité dont
est capable le système fédéral et la population
anglo-saxonne qui le contrôle, de même que le premier ministre de
l'Ontario et les auteurs de la résolution fédérale
débattue en Chambre des communes présentement. A-t-on
compris, M. le Président, les pertes considérables pour
les anglophones du Québec que constituerait au Québec
l'application d'une mesure constitutionnelle aussi restrictive? Si notre
générosité s'était laissée enfermer dans un
tel carcan, connaîtrait-on la situation suivante au Québec? En
1980-1981, sur 377 écoles de langue anglaise, 40 avaient moins de 37
élèves. 21 avaient moins de 20 élèves. Sur 86
écoles bilingues où, pour la plupart, il y a cohabitation
linguistique, 39 avaient moins de 37 élèves et 16 avaient moins
de 20 élèves.
Plus précisément, sur le territoire même du Conseil
scolaire de l'île de Montréal, dans l'appendice protestant du
comté de Soulanges, en 1980-1981, le Soulanges Protestant School,
à Saint-Télesphore, une école primaire avait neuf
élèves, pas une classe de neuf élèves, M. le
Président, une école de neuf élèves, une
école régulière. Notre générosité n'a
jamais eu de limites à leur égard, pas seulement dans le domaine
scolaire de niveau élémentaire ou secondaire. La minorité
anglophone du Québec a droit à trois universités, à
plusieurs collèges, à plusieurs institutions de santé
à caractère social, à plusieurs postes de radio et de
télévision et même à des journaux dans sa langue
où il est même possible d'y colporter toute la propagande
entretenant chez cette minorité la conviction qu'elle n'a pas et qu'elle
n'a jamais eu droit à une telle générosité.
M. le Président, si on enlevait de la résolution
fédérale les mots "où le nombre le justifie", l'accord des
dix n'existerait plus. Ces cinq petits mots garantissent, à toutes fins
utiles, aux provinces de ne pas devoir appliquer les droits reconnus à
l'article 23 de la résolution fédérale. C'est ça,
la réalité. C'est de la fumisterie en mots clairs. C'est la
garantie de l'assimilation. En terminant, M. Chrétien - je le rappelle -
a dit aux francophones - et il leur a menti - qu'ils seraient les premiers
à profiter de la révision constitutionnelle. C'était un
autre des nombreux produits de la manufacture à illusions entretenues
par le régime fédéral.
Vous me permettrez, M. le Président, puisqu'il en a
été convenu ainsi, de changer de sujet pour aborder un amendement
que je voudrais soumettre à la motion. Avant de soumettre cet amendement
que j'annonce, M. le Président, je voudrais dire ceci: La semaine
dernière, dans cette Assemblée, nous avions l'impression que
l'égalité entre les femmes et les hommes du Canada était
enfin reconnue. On sait maintenant que cette reconnaissance n'est pas aussi
claire qu'on le croyait et que si l'article 28 assure que toutes les
dispositions de la charte fédérale doivent respecter ce principe
d'égalité, l'article 33, lui, permet des dérogations. Quel
article prévaut sur l'autre? Nul ne le sait et les juristes sont
divisés là-dessus. C'est donc la Cour suprême qui devra en
décider un jour. Ce n'est donc pas la grande victoire que les femmes
avaient pressentie et leurs commentaires reflètent la déception
générale. Plusieurs Canadiennes croient que l'article 33
constitue une menace dont il est difficile de mesurer la portée.
D'autres n'ont pas le sentiment que les femmes ont gagné quoi que ce
soit par la seule modification de l'article 28. Et nous,
Québécois et Québécoises, comment pouvons-nous nous
situer face à cela?
Au Québec, l'égalité entre les femmes et les hommes
est inscrite dans la Charte des droits et libertés de la personne depuis
1975. Non seulement la charte reconnaît-elle le principe de
l'éqalité, elle reconnaît certains droits qui donnent une
consistance à ce principe. Par exemple, le droit à un salaire
égal pour un travail équivalent. À plus ou moins long
terme, la charte va reconnaître l'action positive, etc.
Motion d'amendement
Ce qui m'amène, M. le Président, à une constatation
qui explique l'amendement proposé. Le système de droit civil qui
est le nôtre est différent de celui du reste du Canada, il en est
un où la loi écrite a une importance fondamentale, où
seule l'Assemblée nationale peut adopter et modifier des lois. Ce
système donne des ouvertures aux femmes. Ces instruments que nous donne
notre système juridique, nous y tenons. Ce serait un recul que de se
soumettre à une charte fédérale opaque, pour ne pas dire
douteuse, sur la question d'égalité, la légitimité
de ce que les femmes ont gagné ici au cours des années.
En conséquence, je propose l'amendement suivant, tel qu'entendu,
à la motion déposée. À l'alinéa 3, je
propose un nouveau paragraphe, entre b) et c), qui se lirait comme suit:
"L'égalité entre les hommes et les femmes, pourvu que
l'Assemblée nationale conserve le pouvoir de faire prévaloir ses
lois dans les domaines de sa compétence."
Merci, M. le Président.
Le Président: Je déclare l'amendement recevable et
je cède la parole au leader de l'Opposition officielle. (21 h 50)
M. le leader.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, il est
réellement inconcevable qu'à ce moment-ci du débat, les
ministériels déposent une motion d'amendement comme celle que
nous avons devant nous. Vous me permettrez de rappeler à cette Chambre
qu'en ce qui concerne l'égalité des hommes
et des femmes, j'ai cru comprendre que des deux côtés de
l'Assemblée, on voulait laisser entendre à la population qu'on
appuyait ce concept. Or, à deux reprises, le gouvernement actuel a fait
en sorte de vouloir jeter de la confusion, laisser entendre qu'on appuyait ce
concept, mais à ces deux reprises, on présente des motions
d'amendement qui n'ont pas pour effet de protéger, dans une charte
constitutionnelle, cette égalité des sexes.
On se rappelle du raté de Mme la ministre à la Condition
féminine, lorsqu'elle a présenté une motion d'amendement,
qu'elle a, par la suite, retirée lorsqu'elle s'est sans doute
aperçu de sa valeur intrinsèque, ou plutôt de son absence
de valeur. Parce que tout ce que cette motion disait, en deux mots, c'est que
nous avons ici une loi que nous appelons la Charte des droits et
libertés de la personne et dans cette loi, on proclame
l'égalité des sexes. Cette loi est une loi que nous connaissons
bien, d'autant plus que c'est un gouvernement du Parti libéral, le
dernier gouvernement du Parti libéral d'ailleurs... Est-ce qu'on met en
doute qu'il s'agit bien de la Charte des droits et libertés de la
personne, proclamée, déposée, votée par cette
Assemblée sous un gouvernement libéral? Lorsque je parle du
dernier, je ne parle pas dans le même sens que mes honorables amis d'en
face, parce que ceux-ci savent fort bien que si on ne va pas aux urnes
présentement, de l'autre côté, c'est simplement parce qu'on
a peur que ce dernier devienne le prochain, et rapidement!
Je ne voudrais pas, à ce moment-ci, devant une question aussi
sérieuse, me laisser entraîner par ces gens qui sont des
spécialistes dans les procédures de diversion. Vous me permettrez
de rappeler à cette Chambre justement que cette première motion
d'amendement présentée encore une fois par les
ministériels, et plus précisément par Mme la ministre
d'État à la Condition féminine, avait simplement pour
effet de rappeler qu'il existait ici une loi statutaire que l'on appelle la
Charte des droits et libertés de la personne. Il s'agit bien d'une loi
statutaire que tout gouvernement peut changer. On peut la changer chaque jour
si l'on veut. Elle n'est pas enchâssée dans une constitution. Ce
que les femmes du Canada, du Québec, de toutes les provinces canadiennes
demandent, c'est que cette égalité des sexes se retrouve dans la
constitution. Non pas une constitution fédérale, une constitution
provinciale, mais la constitution du pays, c'est-à-dire une charte
constitutionnelle qui, elle, ne peut être changée que par le
truchement de la formule d'amendement dont on a tellement parlé. Cela
veut dire une majorité de sept provinces, cela veut dire une
possibilité de retrait, cela veut dire un vote dans les Chambres
provinciales et au Parlement fédéral. C'est donc dire
l'importance que ce droit, que ce concept de l'égalité des sexes
se retrouve dans une constitution, dans une charte constitutionnelle. Le
premier amendement n'avait pas pour effet de donner cette protection aux femmes
du Québec et du Canada. Présentement, alors qu'on a retiré
la première motion d'amendement parce qu'on savait fort bien qu'elle ne
ferait pas grand chemin, on apporte un nouvel amendement à la fin de ce
débat sur la motion principale du premier ministre. Et qu'est-ce que
l'on dit? On dit: Oui, "l'égalité entre les hommes et les
femmes," on retrouve cela, mais on ajoute immédiatement: "pourvu que
l'Assemblée nationale conserve le pouvoir de faire prévaloir ses
lois dans les domaines de sa compétence." Mais c'est justement cela qui
affecte toutes les femmes du Québec et du Canada. Toutes les
organisations féminines ont protesté justement contre cela. C'est
cela que l'on retrouvait dans la résolution fédérale au
début. C'est cela qui a fait qu'il y a eu mobilisation des femmes au
Québec et au Canada qui ont dit: Non, nous n'en voulons pas, parce que,
justement, ce que proposait le gouvernement fédéral, à la
suite de la conférence fédérale-provinciale, de la
conférence constitutionnelle, parce qu'il ne pouvait pas avoir l'accord
des province, c'était d'avoir l'égalité entre les hommes
et les femmes, mais assortie d'une formule, d'une clause qu'on appelle la
clause "nonobstant". Cela veut dire qu'une province ou le gouvernement
fédéral pouvait encore légiférer à
l'encontre de la charte constitutionnelle, à l'encontre de
l'égalité des sexes, à condition que, dans cette loi, on
dise que c'était "nonobstant la charte constitutionnelle". C'est
justement cela que les femmes ne veulent pas et - ils n'ont rien compris encore
- ils reviennent encore ce soir avec le même amendement autrement
présenté, mais qui n'a pas pour effet, justement, de consacrer
l'égalité des sexes dans la constitution. On n'en veut pas, M. le
Président.
Pourtant, regardons ce que la résolution fédérale
dit. Au début, à l'article 28 - je le répète - elle
proclamait l'égalité des deux sexes, mais conditionnellement
à l'application de l'article 33, lequel article 33 décrivait ce
qu'on appelle la clause "nonobstant". Protestations à travers le pays!
Finalement, les provinces les unes après les autres ont consenti
à ce que demandaient les femmes du pays. Toutes les provinces,
finalement, ont accepté, le gouvernement fédéral
était bien d'accord et il a accepté. On nous disait encore
récemment: Le Québec va accepter, il accepte, il est bien
d'accord, mais lorsqu'on voit en blanc sur noir ou en noir sur blanc, comme
vous le voulez, cet amendement qu'on nous apporte ce soir, on s'aperçoit
que le gouvernement du Québec, le
gouvernement du Parti québécois s'oppose par cet
amendement au concept de l'égalité des sexes
enchâssé dans la constitution canadienne.
Une voix: Honte! C'est une honte.
M. Levesque (Bonaventure): On aura beau dire, M. le
Président: Mais voyez-vous, nous autres, on a une charte ici. On a une
loi statutaire, qu'on l'appelle charte ou non. Ce n'est pas une charte
constitutionnelle. Évidemment, nous avons une loi ici, au Québec,
c'est vrai. D'ailleurs, nous l'avons adoptée ensemble et elle a
été parrainée par un gouvernement libéral. Nous
avons cela, c'est vrai, mais ce n'est pas une charte constitutionnelle, elle
peut être changée n'importe quand.
Je les entends déjà dire: Mais il y a des fois où
on voudrait légiférer, ici à l'Assemblée nationale,
pour donner plus de pouvoirs aux femmes. Autrement dit, on ferait
peut-être une infraction à la charte constitutionnelle parce que
ce ne serait pas l'égalité, on voudrait donner plus aux femmes.
Je rappelle à cette honorable Assemblée que l'article 15 de la
résolution fédérale prévoit la discrimination
positive. C'est-à-dire qu'on pourra adopter des lois ici pour rendre
justice aux femmes et même aller plus loin que l'égalité.
C'est déjà permis dans l'article 15 de la résolution
fédérale.
Alors pourquoi ne pas l'accepter ce soir? Pourquoi se cacher
derrière un autre amendement? Pourquoi essayer de faire croire à
la population qu'on est en faveur de l'égalité des deux sexes
alors qu'on apporte un amendement limitant et mettant de côté ce
concept qu'on voudrait voir et que les femmes du pays voudraient voir
enchâssé dans la charte constitutionnelle canadienne?
Motion de sous-amendement
Je termine ici ces quelques remarques que je voulais faire sur cet
amendement, mais non sans vous dire tout de suite que notre formation politique
votera contre cet amendement du député de Châteauguay. De
plus, qu'il me soit permis de présenter un sous-amendement afin que
notre position soit très bien comprise et que celle des
ministériels soit également comprise parce que nos amis d'en face
auront à se prononcer sur le sous-amendement que je propose
immédiatement. (22 heures)
M. le Président, je propose que, dans la motion d'amendement du
député de Châteauguay, tous les mots après le mot
"femmes" soient retranchés et que cette motion se lise maintenant comme
suit: "... l'égalité entre les hommes et les femmes." Point.
Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo! Très bien!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! Je
déclare recevable le sous-amendement et je donne la parole à Mme
la ministre d'État à la Condition féminine.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci, M. le Président. Il est bien
évident que je voterai pour l'amendement déposé par mon
collègue de Châteauguay. J'aimerais dire immédiatement au
député de Bonaventure que je suis essentiellement, sinon je ne
serais pas là, en faveur de l'égalité entre les sexes,
entre les hommes et les femmes, évidemment, cependant, dans le respect
des différences.
Le député de Bonaventure semble dire qu'il y a
unanimité chez toutes les femmes et tous les groupes de femmes du
Canada, disant qu'enfin l'égalité entre les femmes et les hommes
sera reconnue par l'enchâssement dans la constitution.
J'aimerais bien lui répondre maintenant, parce que je pense
qu'effectivement il n'y a pas unanimité chez l'ensemble des femmes du
Canada. D'autre part, j'aimerais bien dès maintenant dire aussi au
député de Bonaventure qu'au contraire il m'apparaît
extrêmement courageux de la part de notre gouvernement et je dirais aussi
de ma part, comme ministre d'État à la Condition féminine,
de soutenir ce qui est présenté maintenant ici comme amendement,
parce que justement on reconnaît chez nous, au Québec,
l'égalité entre les hommes et les femmes, mais dans le respect de
notre différence.
J'aimerais parler des réactions des femmes à travers le
Canada et des réactions d'un certain nombre de groupes. Mardi dernier,
pour satisfaire le lobby des femmes - je pense qu'elles ont raison de le faire
- la Chambre des communes a approuvé une nouvelle version de l'article
28 de la charte. Cet amendement vient corriger l'article 33, celui de la clause
"nonobstant". On y a retranché les mots qui exprimaient clairement que
le législateur pouvait ignorer l'article 28 en passant des lois qui
discriminaient sur la base du sexe. Le problème est donc maintenant de
savoir quelle section a priorité sur l'autre. La section 28 qui comprend
la clause d'égalité ou la section 33 qui permet le passage de
lois discriminatoires?
Il y a plusieurs avis conflictuels qui ont été
donnés à ce sujet-là. Je me permets de présenter
quelques-uns de ces avis qui sont, évidemment, dans une traduction "ad
lib". Par exemple: Camara Thompson, qui est conseillère légale
pour le Comité canadien des femmes et la constitution, s'inquiète
à cause de la formulation qui n'est pas claire et croit que le verdict
final repose sur
l'interprétation ultérieure par la Cour suprême du
Canada. Elle ajoute gu'étant donné l'histoire des cours
canadiennes, de la façon dont elles ont négocié les droits
des femmes, je ne suis pas sûre qu'elles jugeraient en notre faveur sur
cette question. Graham Eglinton, qui est conseiller du comité conjoint
Sénat-Communes sur les mesures législatives, se refusait de
donner immédiatement une opinion, mais admettait que la formulation
représentait clairement un problème, du moins en apparence.
Du côté des groupes de femmes, effectivement,
l'enthousiasme n'est pas particulièrement délirant au sujet de
cette entente. Plusieurs ont exprimé la crainte que l'article 33 - ne
nous trompons surtout pas -constitue une menace dont on peut difficilement
mesurer la portée. Lucie Pépin, présidente du Conseil
consultatif canadien sur la situation de la femme, prétend que le nouvel
article 28 est bienvenu, mais elle émet effectivement des doutes sur
l'interprétation qu'on fera relativement à la clause "nonobstant"
qui demeure encore.
Lynne Gordon, qui dirige le Conseil ontarien du statut de la femme,
commente: "Je ne pense pas qu'il y ait matière à jubilation. Cela
met en évidence le problème que nous sommes tous et toutes
conduits en bateau." Une autre femme de Regina nous dit qu'elle n'a pas le
sentiment que les femmes ont gagné quoi que ce soit par la seule
modification de l'article 28. Tous ces commentaires témoignent, c'est le
moins qu'on puisse dire, que sur la question de l'égalité entre
les hommes et les femmes, la charte constitutionnelle est complexe, pour ne pas
parler de complexité douteuse.
La confusion durera, évidemment, tant que ne sera pas
établi clairement lequel des articles - 28 ou 33 - a priorité sur
l'autre. Il est exclu que cela soit précisé dans la constitution;
il est donc probable que la réponse appartient à la Cour
suprême du Canada et que ce n'est pas demain qu'on saura exactement ce
qui en est.
Je me permettrai aussi d'intervenir en ce qui a trait au fait que la
charte québécoise des droits contient une clause "nonobstant". Il
est vrai que la charte québécoise contient une clause
"nonobstant". On la doit d'ailleurs à un gouvernement libéral, le
député de Bonaventure l'a reconnu tout à l'heure et je
l'ai même applaudi. Mais dans la mesure où la charte donne forme
au principe d'égalité, dans la mesure où elle
précise certains droits, elle interdit certains comportements pour
définir de plus près le principe d'égalité. Je
pense que c'est un instrument précieux pour les femmes du
Québec.
Comme l'a souligné d'ailleurs mon collègue de
Châteauguay, vous savez sans doute - et ce n'est pas à vous, M. le
Président, que je vais l'apprendre - que notre système de droit
civil, où la loi écrite, a une importance fondamentale, où
seule l'Assemblée nationale peut faire et modifier des lois, ce
système, M. le Président, donne des ouvertures aux femmes. Les
femmes prennent la parole dans les commissions parlementaires. Les pressions de
la base se répercutent sur l'Assemblée nationale. Cela nous a
permis, entre autres, les femmes du Québec, de faire reconnaître
l'égalité des conjoints dans le mariage, dans notre Code civil
que nous venons à peine d'adopter, le droit à un salaire
égal pour un travail équivalent. La charte des droits sera encore
amendée prochainement au cours de cette session, sans doute en grande
partie en réponse aux pressions des groupes de femmes, à leur
participation, finalement, au processus d'élaboration des lois. Je le
répète: Dans le domaine des droits des femmes, c'est le
gouvernement qui est le plus près des citoyens et citoyennes qui est le
plus susceptible de s'ajuster et de développer une politique globale de
la condition féminine qui corresponde étroitement à la
situation de la collectivité.
Ne nous y trompons pas, M. le Président, à Ottawa, les
femmes ont eu beaucoup de difficultés à gagner, si on peut le
dire, la reconnaissance du principe. À vrai dire, les femmes ne sont
même pas sûres d'avoir gagné quoi que ce soit. Ce qui est
beaucoup plus important, c'est comment on va interpréter ce principe
d'égalité. Nous, les femmes, savons bien que, pour être
égales, il faut arriver à faire reconnaître notre
différence. La charte québécoise va dans ce sens et ira
encore plus loin, comme l'a déjà annoncé mon
collègue le ministre de la Justice. Pourquoi faudrait-il se reposer sur
l'interprétation que les tribunaux anglophones donneront à la
charte, eux qui ne reconnaissent pas encore le droit... M. le Président,
je les ai écoutés tout à l'heure, je pense que j'ai droit
au même respect.
Le Vice-Président (M. Rancourt): A l'ordre, s'il vous
plaît! Mme la ministre. (22 h 10)
Mme Marois: Merci, M. le Président. On sait
qu'effectivement, et j'y reviens, c'est un principe important, on ne
reconnaît pas à beaucoup d'endroits - on est sûrement
très particulier au Québec - le droit à un salaire
égal pour un travail équivalent. Mon temps se termine, M. le
Président. Je me permettrai de citer la présidente du Conseil
consultatif canadien du statut de la femme: Je pense qu'on ne peut pas la taxer
d'être péquiste. Lucie Pépin parlait de la
conférence de Vancouver et elle déplorait l'absence du
Québec à cette conférence. Elle a dit: "Mais nous
continuons nos relations officieuses qui sont d'ailleurs excellentes. Le
Québec est toujours très important dans ce type de rencontre car
il a depuis longtemps
le leadership sur ces questions. Il ne faut pas oublier que c'est la
seule province à avoir un ministère d'État à la
Condition féminine." Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Rancourt): Mme la
députée de L'Acadie.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Il semble que de
ce côté-ci de la Chambre comme de l'autre, du moins d'après
les paroles de la ministre d'État à la Condition féminine,
on veuille tous, je pense, avec beaucoup de sincérité assurer
l'égalité des sexes. Mais j'ai écouté attentivement
la députée de La Peltrie et il me semble y avoir une confusion.
Elle a présenté son argumentation en voulant s.'opposer au
sous-amendement - même si elle ne l'a pas mentionné, je pense que
c'était sous-entendu - fait par le député de Bonaventure,
voulant que l'article 28 qui, au départ, reconnaissait
l'égalité des sexes, mais exception faite de l'article 33,
c'est-à-dire l'article "nonobstant", créait une confusion, compte
tenu que maintenant l'article 33 demeure et on pourrait avoir des
difficultés à interpréter si, dans cette question
d'égalité des sexes, c'était l'article 28 ou l'article 33
qui avait prédominance.
Il m'apparaît hors de tout doute, M. le Président,
qu'à l'article 28, il est clair qu'on a barré, depuis une semaine
ou lorsque la décision s'est prise au gouvernement
fédéral, exception faite de l'article 33, c'est-à-dire
indépendamment des autres dispositions de la présente charte...
Les droits et libertés qui y sont mentionnés sont
également garantis aux personnes des deux sexes. Le fameux article
"nonobstant" n'existe plus, eu égard aux femmes; il subsiste eu
égard à d'autres dispositions de la charte.
Une voix: C'est ça.
Mme Lavoie-Roux: II n'existe plus, eu égard aux femmes,
mais, quand le gouvernement présente sa motion d'amendement, il veut
reconnaître l'égalité des sexes, ce avec quoi tout le monde
s'entend, mais pourvu que les lois du Québec, en l'occurrence, aient
priorité sur l'égalité des sexes qui est prévue
dans la charte. Ce que le gouvernement du Québec fait, je pense que mon
collègue, leader de l'Opposition et député de Bonaventure,
qui est un juriste averti l'a fait avec encore plus d'éloquence que je
ne saurais le faire, mais, en termes plus simples, je pense que c'est
évident qu'en réintroduisant ces mots: "pourvu que les lois du
Québec aient prédominance", on rétablit cette notion de
"nonobstant" pour laquelle on s'est battu et qu'on avait obtenu de faire
disparaître.
Une voix: Exactement. Cela réintroduit la clause, vous
venez de le dire.
Mme Lavoie-Roux: Ceci ne met pas en doute le fait - et c'est fort
heureux - que, dans certains cas, la Charte des droits et libertés de la
personne soit à l'avant-garde et que, pour certaines lois du
Québec, dont ce côté-ci de la Chambre a été
l'instigateur, l'Opposition du temps, j'en suis sûre, y a concouru et
inversement, depuis que le Parti québécois est au pouvoir, dans
les lois touchant les droits des femmes et introduisant des dispositions
nouvelles pour les protéger, nous y avons souscrit.
Alors, ce n'est pas une question de ne pas être d'accord avec le
fait qu'il y a peut-être des dispositions touchant les femmes qui sont
à l'avant-garde au Québec par rapport à d'autres
provinces, mais encore faudrait-il examiner toutes les dispositions ou toutes
les lois des autres provinces avant d'établir un bilan final pour savoir
quelle province ou quelle autre donne le plus d'avantages aux femmes.
Tout ceci pour dire qu'il m'est est difficile, pour ma part - même
si je pense que j'ai les mêmes préoccupations touchant les droits
des femmes que la députée de La Peltrie - à ce moment de
venir restreindre par une clause "nonobstant", contre laquelle les femmes du
Canada se sont battues, et la réintroduire sous forme d'amendement en
disant: Nous voulons bien l'égalité des femmes, mais pourvu que
nos lois qui, elles, sont statutaires - je reviens sur cette notion de loi
statutaire - peuvent être changées selon le bon vouloir des
gouvernements. Avec les changements de gouvernement, on sait fort bien que les
lois sont amendées. On peut, par la volonté des gouvernements,
les modifier, alors que quand ces droits sont inscrits dans une charte
constitutionnelle -mon collègue de Bonaventure l'a bien indiqué -
on peut très difficilement jouer avec une charte qui est inscrite dans
la constitution.
Je sais que c'est un argument que le ministre de la Justice avait
développé au moment de la fameuse motion du 2 octobre, où
il avait dit: La charte fédérale va venir court-circuiter notre
Charte des droits et libertés de la personne, qui est une charte
d'avant-garde et qui - d'ailleurs, on l'a mentionné tout à
l'heure - dont presque tous les éléments, à l'exception
d'un seul qui a été ajouté depuis que le Parti
québécois est au pouvoir, soit l'orientation sexuelle, avaient
été votés par le gouvernement libéral. Le ministre
de la Justice disait: On va venir court-circuiter notre Charte des droits et
libertés de la personne. Je pense qu'il a admis par la suite que rien
n'empêchait qu'on ait dans la constitution une charte des droits
fondamentaux et que, si les provinces voulaient venir enrichir ou ajouter
à ces droits par des lois ou par leur propre charte,
rien ne s'y opposait. La condition fondamentale, c'était que dans
chacune de ces lois ultérieures on respecte l'égalité des
sexes.
M. le Président, je suis certainement favorable au
sous-amendement, puisqu'il vient corriger l'amendement du gouvernement qui veut
réintroduire une charte de "nonobstant" qui, justement, veut faire
passer en premier lieu des lois statutaires, alors que nous croyons qu'une
charte enchâssée dans la constitution doit demeurer fondamentale
et la plus importante pour vraiment assurer le respect des droits et, en
l'occurrence, l'égalité des deux sexes. Merci, M. le
Président.
Le Président: M. le premier ministre. M. le leader de
l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Sur le plan de la procédure, je
vois même que le secrétaire général a ses doutes,
vous devriez en avoir vous-même, M. le Président, sauf le respect
que je vous dois.
Le Président: J'avais compris qu'il y avait entente entre
les partis politiques, mais si ce n'est pas le cas, vous avez raison, M. le
leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): Disons que cette entente devrait
être consacrée à ce moment-ci, je le pense bien, parce que
nous ne pouvons pas laisser un amendement du député de
Châteauguay et le sous-amendement de notre côté de la
Chambre sans s'entendre au moins pour qu'il y ait un vote là-dessus,
à moins que le sous-amendement ne soit accepté de part et
d'autre. À ce moment, je ne demanderais même pas le vote pour ne
gêner personne, si c'est le voeu de la Chambre.
Le Président: Voici, M. le leader de l'Opposition, j'avais
compris que par entente entre les leaders le vote sur la motion principale
aurait lieu demain. J'ai déduit personnellement, peut-être
à tort, que le vote sur l'amendement et le sous-amendement aurait lieu
également demain. À moins que je ne me trompe, je suis prêt
à procéder au vote.
M. Charron: M. le Président, vous avez été
bien conseillé.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne veux pas
prolonger cette période-ci. Je sais que le premier ministre a son droit
de réplique que je ne veux pas lui enlever, ni retarder, mais je
voudrais simplement me permettre d'insister là-dessus, parce qu'il n'y
avait pas eu effectivement d'entente sur le vote relativement à un
sous-amendement, je ne savais pas même à ce moment-là qu'il
y avait un sous-amendement. Je pense bien qu'il aurait été
difficile d'avoir entente là-dessus.
Maintenant - je pense que tout le monde est d'accord - que vous dites
que nous procéderions dès demain matin, aux premières
heures, au vote sur le sous-amendement, l'amendement et la motion principale,
je suis d'accord, M. le Président.
Le Président: Trois votes demain matin. M. Levesque
(Bonaventure): D'accord.
Le Président: M. le premier ministre. (22 h 20)
M. René Lévesque
(réplique)
M. Lévesque (Taillon): M. le Président, je pense
bien qu'à peu près tout a été dit, y compris
même sur l'amendement et le sous-amendement dont nous venons de prendre
connaissance. Quant à nous, le débat se résume facilement.
Autant nous sommes évidemment d'accord pour faire avancer ces droits des
femmes du Canada anglais - on n'est pas toujours très pressé de
faire avancer ces droits féminins, on l'a vu depuis quelques semaines -
autant on est d'accord pour qu'un maximum d'appui soit apporté à
ceux qui veulent les appliquer là-bas sans trop de restrictions et
autant on croit que notre charte québécoise, qui, à notre
avis, reflète une société distincte, une
société qui a non seulement son identité, mais qui a une
évolution accélérée aussi, qui est de plus en plus
progressiste sur ce sujet comme sur d'autres, devrait garder cette
prédominance, qu'elle ne puisse pas être exposée à
être ralentie. C'est à cela que cela pourrait mener, quand on
étudie un peu plus profondément ce qui est impliqué dans
cette charte fédérale ou enfin ce qu'on appelle une charte
fédérale des droits. On votera là-dessus, comme sur tout
le reste demain matin.
Je pense qu'au moment où se termine ce troisième
débat sur le même sujet ici dans cette Chambre depuis un an, il
faut d'abord souligner que nous attendons toujours une réponse. J'ai
vérifié encore à 20 heures; les bureaux ferment à
Ottawa aussi, je pense, à des heures qui ne sont pas tellement tardives,
et, à 20 heures, il n'y avait toujours pas la réponse plus
étoffée que le premier ministre fédéral nous
promettait dans son télex, le vendredi dernier 27 novembre, et dont je
rappelle la phrase essentielle: "Des fonctionnaires et des ministres du
gouvernement fédéral procèdent actuellement à une
lecture attentive de votre lettre - celle dans laquelle on annonçait
l'opposition formelle du Québec à ce projet de rapatriement tel
qu'il est constitué - et je vous adresserai une réponse
détaillée au début de la semaine prochaine." On est
au début de la semaine, bien sûr c'est seulement lundi, mais,
encore une fois, à 20 heures, il n'était rien arrivé.
Quoi qu'il en soit, la loi qui implique une référence
à la Cour suprême le cas échéant doit être
inscrite dès ce soir au feuilleton de la Chambre et, compte tenu de
l'insistance répétée de l'Opposition et de son chef sur
l'emploi de tous les recours judiciaires disponibles, j'ai confiance qu'au
moins là-dessus, le cas échéant, on tombera facilement
d'accord sans éterniser les débats sur l'urgence de la question.
Enfin, on verra ça en temps et lieu et, encore une fois, le cas
échéant.
Cela dit, nous voici 25 jours après le 5 novembre, 25 jours
après un accord signé, avec la plus grande solennité et
aussi avec une espèce de grosse bonne humeur et beaucoup de tapes dans
le dos, à Ottawa, par neuf provinces anglophones et par le gouvernement
libéral d'Ottawa. 25 jours pendant lesquels cet accord soi-disant
définitif a été amendé, sous-amendé,
réamendé pour donner suite à une foule de revendications
que je n'ai pas, ici, à discuter en détail ni, entre autres
choses, à contester. C'est une foule de revendications qui paraissaient,
soit régionalement, soit d'intérêt national au sens
"canadian", anglais du terme, absolument essentielles. Tout cela a
été fait pendant des jours et des jours.
Pendant cette même période qui a permis tous ces ravaudages
sont restés absolument en dehors du processus, un peu comme suspendus en
dehors de la réalité fédérale et canadienne
anglaise, en dehors de toute cette frénésie, depuis 25 jours,
deux problèmes d'une certaine importance. Ce sont, en fait, les deux
composantes d'un même problème, c'est-à-dire l'isolement et
la spoliation très précise du Québec et, en particulier,
bien sûr, fondamentalement, du Québec français, et aussi
l'insatisfaction de plus en plus évidente et de plus en plus
marquée et, Dieu sait, justifiée des minorités
francophones hors Québec qui se rendent compte encore une fois, pour la
énième fois depuis 100 ans et plus, qu'elles sont les victimes
d'une manoeuvre absolument odieuse.
M. Jean Chrétien, le fidèle exécutant des
volontés de son maître, sauf quand, parfois, il leur arrive de se
contredire, n'a cessé de jouer avec cet accord, avec le texte de cette
entente du 5 novembre. Il paraît que c'est une activité folle, il
paraît que M. Chrétien a passé des heures - j'ai vu
ça en fin de semaine - et des nuits, même, à essayer de
rafistoler tout ça au téléphone et autrement. Mais depuis
25 jours, dès qu'il s'agit de quoi que ce soit qui puisse introduire
là-dedans l'une ou l'autre des demandes, en fait des exigences
fondamentales du Québec, alors là, aussitôt, le même
M. Chrétien québécois parle de Timpossibilité de ce
qui serait le bris absolu de l'accord que nous avons conclu avec les neufs
provinces". Là, c'est sacré. Tout à coup, les signatures
deviennent intangibles et le texte aussi, sur le dos du Québec.
Après avoir déchiré d'autres signatures tout aussi
solennelles à nos dépens au début de novembre, celles qui
ont succédé le 5 novembre, ces signatures-là sont
absolument taboues, mais, encore une fois, aux dépens du
Québec.
Bien sûr, donner suite aux exigences québécoises, ce
serait enlever tout son sens -je cite un homme aussi au fait de ce qui se passe
que M. Davis, premier ministre de l'Ontario - à un projet qui a
été calculé et fabriqué "in the canadian way" comme
on dit en anglais, en cachette, en l'absence des représentants
légitimes du Québec et sur le dos de notre peuple. Pourtant,
chacun à sa façon, les chefs de deux partis totalement
anglo-canadiens, M. Joe Clark, le premier, avec un courage qu'il faut
souligner, parce que Dieu sait qu'on ne voit pas très bien ce que cela
peut lui rapporter électoralement, à court terme, en tout cas,
dans la situation présente de I'électorat, M. Clark, chef de
l'Opposition, à deux reprises, et enfin M. Broadbent lui-même,
enchaînant avec un amendement qu'il a proposé aujourd'hui dans le
style d'un statut particulier pour le Québec, donc, deux partis
totalement anglophones, chacun pour ses motifs que je n'ai pas à
évaluer, ont tenu compte au moins partiellement des exigences du
Québec et ont eu aussi la courtoisie de nous en parler.
De la part de nos élus libéraux québécois
à Ottawa, en immense majorité francophones, qui doivent tout
l'essentiel de leur arrivée, de leur maintien et de leur retour au
pouvoir à I'électorat québécois, MM. Trudeau,
Chrétien, Lalonde et, cet après-midi, ceux qui ont vu les
nouvelles à la télévision ont vu un député
conservateur, M. Epp, parler - Dieu sait qu'il n'est pas
particulièrement proche de la longueur d'onde québécoise -
M. Broadbent, NPD, faisant un effort même pour essayer de dire
l'essentiel de ce qu'il avait à dire en français et ensuite ce M.
Joyal que je mentionnais, disant, avec cette espèce de
sincérité absolument indiscutable - parce que ça se sent,
à la télévision, la sincérité, en
général - en arrivant ensuite, comme représentant
québécois, pour dire: C'est malheureux, mais on ne peut tenir
compte de rien de tout cela. Donc, ces élus francophones, en immense
majorité, du Québec, MM. Trudeau, Chrétien, Lalonde, Joyal
et au moins 69 autres, sur les 74 que nous faisons trôner là-bas,
de ce côté-là, qu'est-ce qu'il est venu pour le
Québec? Ponctués souvent par des farces plates, les quelques
discours qu'on a entendus seraient une espèce de honte
impérissable, s'ils devaient passer à l'histoire.
Ce qu'on a eu, c'est un lourd et assez affreux silence.
Là, on touche du doigt, comme jamais auparavant, cette
décomposition terrible du sens des racines et même du minimum
vital de loyauté à l'égard des siens qui semble, pour ce
vieux Parti libéral, être toujours fatalement la
conséquence du pouvoir à la Chambre des communes. C'est toujours
au Québec et au peuple québécois que ces gens-là
font payer la rançon de leur gloire et de leur carrière
éminemment passagère, même si elle dure trop longtemps
parfois, pour garder un appui suffisant au Canada anglais. Pour cela, il faut
qu'on soit quelque peu "mange-Canayen", pour parler notre vieux langage, mais
jamais ils n'en ont mangé autant et jamais ils n'ont osé attaquer
la substance même du Québec français comme sous cette
présente caricature de "French power" qui s'éternise ou qui se
reperpétue à Ottawa.
Le dernier épisode a été l'entrée solennelle
de M. Trudeau lui-même, vendredi dernier, à la Chambre des
communes, pour annoncer, avec l'air toujours éminemment sincère
d'un homme qui vient d'apprendre une nouvelle historique et inattendue, qu'un
télégramme d'un de ses complices occasionnels, un premier
ministre provincial du Canada anglais, l'enjoignait sans réplique de ne
plus accepter aucun amendement, de ne plus faire aucun changement et que, par
conséquent, il fallait que ce soit réglé, voté,
expédié aux Communes dans deux jours, c'est-à-dire
mercredi de cette semaine. (22 h 30)
Si on a bien compris, même si cela impliquait la parfaite
indécence, assez incroyable dans une société
démocratique qui respecte les pouvoirs établis des institutions
qu'elle s'est elle-même données, de ne pas même attendre
l'ultime jugement des tribunaux sur un aspect essentiel de toute
l'opération.
Quant aux francophones hors Québec, eux aussi, ils y ont
goûté, à cette solidité et à cette vigilance
exemplaire du caucus libéral québécois d'Ottawa touchant
les droits des nôtres. C'était dans la Presse de vendredi aussi,
mais il s'agissait d'une rencontre de jeudi. Quand on pense à tout le
branle-bas, à toute l'effervescence qu'on pouvait suivre dans les
journaux anglais ou à la télévision anglo-canadienne sur
tel ou tel amendement, sous-amendement, rafistolage, etc., de ce projet de
charte, qui est en train de devenir une caricature historique, quand on voit
tout ça et qu'on voit ceci, qui est arrivé jeudi dernier, que
c'est en vain que les représentants des francophones hors Québec
ont rencontré hier soir l'exécutif du caucus des libéraux
fédéraux du Québec à Ottawa pour obtenir une
modification à la charte des droits assurant des droits
supplémentaires aux minorités de langue française du pays,
un de leurs représentants, M. Yves Saint-Denis, a déclaré
à l'issue de la rencontre que les libéraux s'étaient
déclarés peinés de la situation, mais qu'il leur avait
été impossible de s'engager à obtenir des amendements au
chapitre au projet fédéral.
Tout au plus - écoutez bien - a-t-on évoqué la
possibilité d'un budget supplémentaire du Secrétariat
d'État afin d'aider les minorités francophones du Canada à
défendre leurs droits devant les tribunaux. Ce n'est même pas
sûr qu'il y aurait ce budget supplémentaire. On sait, depuis la
lettre de M. Davis, qui est sortie accidentellement, une lettre d'un cynisme
absolument parfait, que cela ne changera rien - c'est entendu - en Ontario,
ailleurs aussi, sauf peut-être un peu formellement au Nouveau-Brunswick,
cela ne changera rien pour la majorité francophone. M. Davis en a
assuré une de ses électrices. Ne vous inquiétez pas,
dit-il, j'ai marchandé ce qu'il fallait pour que ça ne change
rien, c'est le Québec qui est visé par cette
opération.
Vendredi, on recevait un télégramme -je pense que si la
Chambre n'est pas au courant, c'est intéressant, c'est très court
-du Conseil des parents français de Prince-Albert, Saskatchewan, dont je
cite tout l'essentiel, en fait, la seule phrase: "La commission scolaire
anglophone vient de fermer les portes de la première et de la seule
école primaire française de Prince-Albert, Saskatchewan." "Equal
treatment".
Maintenant, avant de terminer, revenons exclusivement au Québec,
si vous me permettez, M. le Président. Demain matin, nous voterons le
sous-amendement, l'amendement et la motion elle-même sur ces textes qui
sont devant nous. Ce que contient cette motion, les exigences qu'elle
définit, sont celles que, dans les mêmes circonstances, à
supposer qu'il ait eu à traverser des circonstances pareilles, n'importe
quel gouvernement du Québec, avant nous, aurait
considérées lui aussi comme un minimum vital. Le chef de
l'Opposition - qui sera ici demain, j'en suis sûr, qui n'est pas devant
nous ce soir, mais enfin, je dois évoquer quand même l'attitude de
nos amis d'en face - évoque tout ça. Quand on en parle, il a
employé l'autre jour l'expression "éloquence creuse." Des droits,
certains pouvoirs qui ont été inaliénables depuis 114 ans,
ce serait de l'éloquence creuse que d'en parler, de parler du pouvoir
exclusif sur l'accès à nos écoles, sur lequel on n'a de
leçon à recevoir de personne, surtout dans ce pays, ailleurs au
Canada? Par rapport à la comparaison si terriblement facile entre ce qui
arrive ici à une minorité anglophone et ce qui achève
d'arriver aux minorités francophones, c'est de l'éloquence creuse
que de l'évoquer? Il y a le droit à un statut particulier, qui
nous a été promis en
plein référendum par certains des hommes qui, aujourd'hui,
déchirent leur signature pour signer le contraire, c'est-à-dire
ce qui est inclus dans cette formule de compensation, ce qui est inclus aussi
en grande partie dans tout ce qui touche, camouflé derrière le
mot "mobilité", cette opération de rattrapage plus
nécessaire que jamais pour nos entreprises, c'est-à-dire pour le
développement économique par les nôtres. On a maintenant
près de la moitié de nos gens qui étudient
l'administration, la gestion des entreprises, ici au Québec, la
moitié de tous ceux et celles qui étudient au Canada et, tout
à coup, on mettrait le couvercle là-dessus? On serait
obligé, constitutionnellement, de mettre le couvercle là-dessus?
Autrement dit, sur la promotion économique d'une société,
seule de son espèce en Amérique du Nord et qui finalement,
tardivement, s'est mise à évoluer dans le sens de la
modernisation et dans le sens, en conséquence, de l'initiative,
ça, c'est de l'éloquence creuse?
Demander la reconnaissance d'une société distincte et
d'une société nationale qui a une égalité
foncière avec l'autre, à l'intérieur de ce pays, ça
ne peut sûrement pas être de l'éloquence creuse, pour le
député d'Argenteuil, puisque, mot à mot, ou à peu
près, ce sont des énoncés de principe qui étaient
dans son propre livre beige. Pas toujours dans l'application de ces principes,
c'est ce qu'on critiquait, mais les principes étaient là, mot
à mot. Est-ce que c'est de l'éloquence creuse?
Ce qui est attristant, c'est que cette façon de réagir
rejoint certains propos tout récents du chef de l'Opposition
libérale, et ceux du mois dernier et ceux de ces derniers jours. Le mois
dernier, je me souviens avec quelle éloquence, que je ne croyais pas
creuse, lui et la plupart de ceux qui sont en face de nous dans cette Chambre
disaient à peu près ceci, que nos votes à tous sur la
motion - fondamentalement la même, les circonstances ont changé,
le fond n'a pas changé...
Vous serez jugés comme les autres. On sera tous jugés. Je
me souviens que le député d'Argenteuil disait que, sur ces
questions fondamentales, nous serons tous jugés, non seulement en
fonction du vote qu'on donnait en octobre, mais en fonction de l'espèce
de fidélité essentielle qu'on aura à partir de ce vote,
parce que cela va nous suivre longtemps, notre conduite, les uns et les autres.
M. le chef de l'Opposition disait: "II ne peut pas être question ni de
perdre ni de laisser entamer si peu que ce soit aucune prérogative que
ce Parlement détient en fiducie au nom de tout un peuple et dont il est
censé être le rempart." C'était le mois dernier. Ces "si",
c'est plus vrai que là; nous sommes non seulement devant une
éloquence creuse, mais quelque chose qui est bien pire.
Or, il semble que, comme tout ce qui est creux, cela se soit
effondré depuis quelques semaines. Je croyais, en octobre -je le dis
comme je le pense - en voyant le député d'Argenteuil tenir
tête jusqu'à admettre neuf dissidences que je n'ai pas à
juger - on sait à quel point c'est dur sur les tripes quand on est
obligé de diriger ou d'essayer de diriger le mieux possible un parti
politique - et que le chef de l'Opposition tenait tête, avec le
député de Saint-Laurent qui n'est plus avec nous - c'est
peut-être un peu pour cela qu'il n'est plus avec nous - je me disais que
le chef de l'Opposition était redevenu le chef réformiste
foncièrement québécois, d'une façon instransigeante
sur les principes, comme tant de chefs québécois, qui
étaient fédéralistes aussi, s'en sont montrés
capables depuis Honoré Mercier et tous les autres, j'en passe.
Encore une fois, tout semble s'effilocher, s'en aller tout à
coup, ces jours derniers. La stupéfaction, ce n'est pas moi seul qui
l'ai sentie, quand j'ai appris ces jours-ci, dans une entrevue de la Presse,
que le député d'Argenteuil savait déjà, en plein
référendum 1980 - c'est la première fois qu'on entend dire
cela - quelles étaient les vraies intentions du premier ministre
fédéral.
Il faut citer: "Quand, durant la campagne référendaire -
dans la Presse ces jours-ci - Pierre Trudeau promettait solennellement aux
Québécois de modifier la constitution, Claude Ryan savait
très bien qu'il n'avait aucunement l'intention de revoir le partage des
pouvoirs pour satisfaire aux demandes séculaires du Québec, qu'il
n'avait en tête que la charte des droits. C'est au cours d'une entrevue
accordée à la Presse cette semaine que le chef du Parti
libéral du Québec a fait cette étonnante
déclaration, c'est le moins qu'on puisse dire. M. Ryan a dit se souvenir
qu'au cours de la campagne référendaire, M. Trudeau lui avait
déclaré: "Moi, mon objectif, c'est de faire le solage de la
maison, poser les bases au point de vue des droits qui seront garantis;
ensuite, d'autres s'arrangeront avec le reste." (22 h 40)
Je me rappelle - poursuit M. Ryan -qu'il m'avait dit cela clairement.
Moi, je lui ai dit que je n'étais pas d'accord avec son approche et je
l'ai dit aux Québécois dès qu'il a lancé sa
réforme constitutionnelle -après - et s'il n'a pas jugé
bon d'avertir immédiatement, pendant la campagne
référendaire, les Québécois du sens
véritable des propos du premier ministre canadien, c'est que "ce
n'était pas le sujet de la discussion". Je n'ai pas de commentaires
à faire, je pense que cela se tient.
Dans cette même interview à la presse - c'est là que
je me demande où se trouve l'éloquence creuse - il s'agit pour M.
le chef de l'Opposition libérale d'étayer la demande
d'élections hâtives à laquelle il aboutit. Ah! tout
de suite, cela presse. Après sept mois, il faut un autre scrutin pour
qu'une sorte de légitimité s'établisse, celle qui n'a pas
réussi à s'établir à la satisfaction de nos amis,
il y a sept mois, au mois d'avril, comme s'il ne savait pas au fond - je pense
qu'on fait des sondages maintenant et il y a aussi d'autres perceptions qui
complètent les sondages, si on veut - que le Parti libéral serait
liquidé au Canada français en tout cas, je veux dire au
Québec français, et liquidé d'une façon qu'il
mériterait, non pas que nous soyons très fiers de l'état
des choses en ce moment, c'est sûr. Cela fait mal et cela ferait mal, de
toute façon, à n'importe quel gouvernement et il faut patauger
jusqu'à un certain point pour passer à travers, comme c'est
vrai...
Mais toutes les perceptions et tous les sondages disent que,
malgré tout, ce n'est surtout pas avec cette succursale disloquée
et en partie déracinée que cela irait mieux. Quand je les entends
parler d'élection en ce moment, ils me font penser à ce qu'on
faisait quand on était petit gars. On passait devant le cimetière
et on sifflait pour montrer qu'on n'avait pas peur.
Est-ce qu'on me permet deux minutes, M. le Président, ou à
peu près? J'ai presque fini. Merci.
Ce qu'il y a de plus frappant, c'est que pour étayer cette
demande un peu artificielle d'élections précipitées, le
leader libéral provincial parle de choses comme ceci: S'il avait pris le
pouvoir le 13 avril dernier - je cite toujours l'article de la Presse - il
n'aurait pas dramatisé la crise constitutionnelle - il n'a plus
d'éloquence du tout - comme le Parti québécois le fait en
ce moment. "Nous aurions mis la pédale douce et nous aurions obtenu de
bien meilleurs résultats." Essayez d'expliquer cela.
Une voix: Come back to the bargaining table.
Une voix: Vous avez raison.
M. Lévesque (Taillon): Je n'irai pas plus loin. Ces
applaudissements, comme tout le reste, ça révèle des
choses. Je vous ferais remarquer que la pédale douce et cette
espèce de résignation tranquille forment un curieux contraste
avec l'homme qui avait des propos vibrants, il y a dix ans cette année,
alors qu'il s'agissait, à Victoria, du non du gouvernement de M.
Bourassa, dont certains, en face, devraient se souvenir. En 1981, ce non est
encore au moins deux ou trois fois plus fondé qu'en 1971.
En 1971, il y a dix ans, on a dit non, au nom du Québec, pour
refuser un projet dans lequel il n'y avait aucune augmentation des pouvoirs du
Québec. Donc, c'était inacceptable. Après tout ce temps,
il s'agit cette fois d'une tentative de réduction des pouvoirs du
Québec, dix ans après. Si le non de 1971 a fait ranger sur les
tablettes cet autre projet fédéral, je ne sais pas quelle logique
suicidaire peut pousser les Canadiens anglais et, à Ottawa, les
mêmes hommes, si fatigués ou obsédés soient-ils,
à passer outre aux objections et au veto si terriblement
justifiés du Québec et de tous les francophones du Canada,
d'ailleurs, dix ans plus tard, avec la charge qui n'est pas seulement
émotive, cette fois-ci, mais qui, au point de vue politique, a quelque
chose d'un détonateur, si on ne prend pas garde. Dix ans après,
il s'agit quand même du non d'un gouvernement qui représente une
société en évolution accélérée.
En terminant, je voudrais citer rapidement un passage d'un ouvrage
remarquable du successeur du député d'Argenteuil au Devoir, M.
Jean-Louis Roy, sur le débat constitutionnel Québec-Canada
pendant les seize ans de 1960 à 1976. Je cite ce passage, à la
page 323: "Le fait le plus décisif intervenu depuis 1960 dans les
relations du Québec et du Canada est constitué par l'acceptation
générale par une majorité de Québécois du
statut de nation pour leur collectivité. Le refus du Canada anglais,
tout au moins de ses porte-parole au niveau fédéral et à
celui des provinces anglophones, de reconnaître ce fait a
précipité la rupture psychologique du Canada. Ce refus explique
sans doute qu'aucun projet de nouvelle constitution susceptible de susciter
l'adhésion au Québec n'est venu du Canada anglais." Il explique
de plus l'exceptionnelle marge de manoeuvre du gouvernement
fédéral qui peut compter sur l'appui indéfectible des
provinces anglophones quant aux questions fondamentales. Il explique enfin
l'inacceptable situation qui est encore faite en 1978 - on est en 1981, on sait
à quel point cela a changé, mais pas en mieux - aux
minorités francophones à travers le pays après plus de
quinze années de recherches, de pressions et de discussions
bilatérales ou multilatérales. Le refus du Canada anglais de
reconnaître le statut de nation à la collectivité
québécoise après plus de dix années de
négociations constitutionnelles demeure le motif essentiel de la
fragmentation du Canada.
Ce que le gouvernement Trudeau prépare, ce qu'il essaie, à
toute force, de compléter avant un certain abandon de la vie publique du
genre "après moi le déluge", ce qu'il prépare activement
et aussi avec la complicité, parfois par servilité, parfois
sincèrement - ce sont les plus à plaindre -de tant de gens, ce
n'est pas l'écrasement, cela n'est pas possible, c'est fini d'être
possible, mais l'affaiblissement, l'abaissement maximum d'une des deux nations
du Canada par l'autre et, hélas, par des gens de chez nous qui
s'aplatissent dans ces cas-là pour se
prolonger eux-mêmes.
Mais comment peut-on s'imaginer qu'une société
nationale...
Le Président: À l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
Effectivement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, vous
avez raison, le premier ministre a dépassé son temps, sauf que
deux minutes après ses vingt minutes j'ai entendu le mot "consentement".
Il y a également une tradition dans cette Chambre qui est de longue
date, lorsque le chef de l'Opposition officielle et le premier ministre ont la
parole, il y a une sorte de tolérance d'un côté et de
l'autre de la Chambre pour faire en sorte que ces deux chefs puissent parler.
En vous demandant de conclure, M. le premier ministre, s'il vous
plaît!
M. Lévesque (Taillon): C'était ma dernière
phrase, M. le Président, que le député de
Marguerite-Bourgeoys ponctuait avec la courtoisie qui le caractérise. Je
disais donc simplement que l'écrasement, même si on le voulait de
l'autre côté, ce n'est pas possible, mais l'affaiblissement,
l'abaissement maximum d'une des deux nations du Canada par l'autre, avec,
hélas, ceux de chez nous qui s'aplatissent dans ces cas-là pour
se prolonger eux-mêmes, comment peut-on s'imaginer qu'une
société nationale qui a un minimum de dignité, qui a tout
l'élan d'une évolution tardive, mais aussi de plus en plus rapide
et accélérée, va se laisser faire? Non seulement, ce n'est
pas possible, non seulement, ça n'arrivera pas, mais je crois - sans
préciser davantage, c'est simplement un sentiment qu'on ne peut pas
s'empêcher d'avoir - que cette tentative va se payer cher. C'est un
très modeste début, très partiel aussi, de la
réponse à cette question qui sera marquée au moins, comme
on dit en anglais, comme une "note de pied" dans la petite histoire que
constituera le vote des uns et des autres, demain matin, sur la motion. (22 h
50)
Des voix: Bravo! Bravo! Bravo!
Le Président: Les travaux de l'Assemblée sont
ajournés à demain... M. le leader de l'Opposition.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, seulement un
mot sur une question de règlement, avant que vous ne déclariez la
séance levée. Tout à l'heure, vous avez mentionné
qu'il y avait une certaine tolérance pour le premier ministre et pour le
chef de l'Opposition, et j'en suis; cependant, M. le Président, je ne
voudrais pas que vos paroles soient de nature à être
interprétées dans l'avenir comme laissant entendre que le
règlement n'existe plus. Ceci simplement pour vous dire, M. le
Président, que, dans le cas que nous venons de vivre, le
dépassement dépassait, si on veut, 50% du temps alloué au
premier ministre. Nous n'avons pas eu d'objection à l'écouter,
nous ne voulons pas en faire un plat, mais, tout en respectant les propos que
vous avez tenus quant à une tolérance vis-à-vis du premier
ministre et du chef de l'Opposition, à ce moment-ci, il ne faudrait pas
que ce que nous avons vécu ce soir constitue un précédent
ou que vos paroles soient de nature à consacrer une tolérance de
50% et plus.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, avant
d'ajourner les travaux et puisque vous m'ouvrez la porte, j'aimerais quand
même dire que la présidence, trois minutes après
l'expiration du temps normal accordé au discours du premier ministre en
vertu du règlement, a entendu à sa gauche le mot "consentement".
Aucune question de règlement n'a été soulevée
entre-temps, de telle sorte que j'ai présumé que le consentement
continuait toujours.
Là-dessus, les travaux sont ajournés à demain, dix
heures.
(Fin de la séance à 22 h 52)