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(Quatorze heures cinq minutes)
Le Président: Mmes et MM. les députés, nous
allons nous recueillir quelques instants. Merci. Veuillez vous asseoir.
présence des chefs de délégation
participant au conseil d'administration de l'acct
Avant de procéder aux affaires courantes, j'ai le grand plaisir
de souligner la présence dans la tribune des chefs de
délégation participant au conseil d'administration de l'Agence de
coopération culturelle et technique.
Présence des récipiendaires de
décorations, de distinctions et de récompenses pour
civisme
Également, j'aimerais souligner la présence dans la
tribune des récipiendaires de décorations, distinctions et
récompenses du civisme.
Aux affaires courantes, donc, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article a du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 2
Le Président: À l'article a du feuilleton, M. le
ministre des Finances présente le projet de loi 2, Loi modifiant la Loi
sur l'administration financière et d'autres dispositions
législatives. M. le ministre des Finances.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque: m. le président, ce projet de loi institue un
fonds de financement au ministère des finances. le ministre des finances
peut, à même les sommes empruntées à cette fin par
le gouvernement et versées à ce fonds, faire des prêts
à certains organismes dont les collèges d'enseignement
général et professionnel, les commissions scolaires, les
établissements universitaires, les établissements régis
par la loi sur les services de santé et les services sociaux, certains
organismes dont le remboursement des emprunts peut bénéficier
d'une garantie gouvernementale ou est effectué à même des
subventions gouvernementales, et à certains fonds spéciaux.
Il élargit l'éventail des titres éligibles aux
placements temporaires des surplus du fonds consolidé du revenu et
permet l'utilisation de nouveaux modes de paiement des deniers publics.
Enfin, il modifie certaines dispositions concernant les commissions
scolaires, les collèges d'enseignement général et
professionnel, les établissements régis par la Loi sur les
services de santé et les services sociaux et les établisse- ments
universitaires, afin de rendre applicables à tous leurs emprunts les
contributions relatives aux fonds d'amortissement destinées à
leur remboursement et de permettre d'appliquer les revenus de ces fonds
d'amortissement en déduction de ces contributions.
Le Président: Est-ce que l'Assemblée accepte de se
saisir de ce projet de loi? Adopté?
Une voix: Oui.
Le Président: Adopté.
Dépôt de documents. M. le ministre de la Main-d'oeuvre et
de la Sécurité du revenu.
Avant-projet de loi modifiant la
Loi sur les normes du travail et
d'autres dispositions législatives
M. Bourbeau: M. le Président, j'aimerais déposer
l'avant-projet de loi, Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et
d'autres dispositions législatives.
Le Président: Ce document est déposé. M. le
leader du gouvernement.
Consultation générale
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
la commission des affaires sociales procède à une consultation
générale et tienne des auditions publiques à compter du 20
février 1990, dans le cadre de l'étude de l'avant-projet de loi,
Loi modifiant la Loi sur les normes du travail et d'autres dispositions
législatives et que les mémoires soient reçus au
Secrétariat des commissions au plus tard le 15 janvier 1990.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
procéder à cette motion?
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais une remarque.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: II y a une date... Ce n'est pas qu'on n'est pas
d'accord pour la tenue de la commission. C'est que le 15 janvier, pour la
remise des mémoires, constitue une assez grande difficulté pour
les groupes. Et, à mon point de vue, si le gouvernement voulait
véritablement permettre aux groupes de s'exprimer correctement sur la
loi, il retarderait au moins la première date de la remise des
mémoires. Sinon, je suis mal pris avec mon monde et je les comprends
ceux qui travaillent dans les dossiers, ils veulent absolument avoir une
semaine de plus pour le dépôt des mémoires au moins.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je comprends. Je prends
acte du propos du leader de l'Opposition, sauf qu'il faut bien avoir à
l'esprit deux choses. La première, ce projet de loi a déjà
fait l'objet d'un dépôt. Cet avant-projet de loi,
c'est-à-dire, a déjà fait l'objet d'un dépôt
pour lequel des groupes concernés, intéressés, en ont
été, dans un premier temps, saisis et ont eu l'occasion,
évidemment, de se préparer à réagir.
Deuxièmement, l'avant-projet de loi étant
déposé à nouveau aujourd'hui, le règlement
prévoit que sur motion du leader, on peut déférer en
commission parlementaire et entendre des groupes. Et le délai
prévu au règlement est de 30 jours. C'est donc dire que si on
avait respecté à la lettre le règlement, on pourrait
demander que les mémoires soient déposés avant le 30
décembre. Or, conscient de l'inquiétude de mes honorables
collègues de l'Opposition, on fixe la date au 15 janvier.
Le Président: M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, vous comprendrez que
l'avant-projet de loi sur les normes, il faudrait que le leader du gouvernement
se rappelle que le ministre l'avait déposé la dernière
journée de la dernière session - de un - qu'il y a eu des
élections en plein mois d'août et c'était sur un
avant-projet.
À cette période-ci de l'année, nous en sommes aux
premiers jours de décembre. Est-ce que le ministre comprendra
qu'à partir du 20 décembre jusqu'au 10 ou 12 janvier, en
particulier chez les groupes, il y a peu ou pas de secrétariat? À
mon point de vue, il pourrait carrément dire aujourd'hui même
qu'il concède une semaine additionnelle pour la rédaction des
mémoires.
Des voix: Oui.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous ai indiqué
en début de session et j'ai indiqué à mon collègue
ma volonté, au nom du gouvernement, comme l'ensemble de mes
collègues, de travailler de façon utile et productive ici, et je
vais avoir encore une fois l'occasion d'en témoigner. Alors, je
confirme, à votre demande, que la date limite pour le dépôt
des rapports pourra - et je modifie la motion dans ce sens-là, M. le
Président - passer du 15 au 22 janvier. Je fais motion,
évidemment, que le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, ainsi que la ministre
déléguée à la Condition féminine soient
membres de ladite commission pour la durée du mandat. Merci.
Le Président: Donc, il y a consentement pour la
présentation de la motion. Consentement. Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Mme la ministre des Affaires
culturelles, toujours au niveau du dépôt de documents.
Rapports annuels du ministère des
Affaires
culturelles, de l'Institut québécois
du
cinéma, de la Société de la Place
des Arts
de Montréal, de la Commission de
reconnaissance
des associations d'artistes, du musée
d'Art
contemporain de Montréal et de la
Société
générale des industries culturelles du
Québec
Mme Robillard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1988-1989 du ministère des Affaires
culturelles, le rapport annuel 1988-1989 de l'Institut québécois
du cinéma, le rapport 1987-1988 de la Société de la Place
des Arts de Montréal, le rapport d'activités 1988-1989 de la
Commission de reconnaissance des associations d'artistes, le rapport
d'activités 1988-1989 du musée d'Art contemporain de
Montréal et, enfin, le rapport d'activités 1988-1989 de la
Société générale des industries culturelles du
Québec.
Le Président: Alors, ces rapports sont
déposés.
M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. M. le
ministre.
Rapports annuels de la Société du
parc
industriel et portuaire Québec sud, de
la
Société du parc industriel du centre
du
Québec, de l'Agence québécoise de
valorisation
industrielle de la recherche et de la
Société
de développement industriel du
Québec
M. Tremblay: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1988-1989 de la Société du parc
industriel et portuaire Québec sud, le rapport annuel 1988-1989 de la
Société du parc industriel du centre du Québec et celui de
1987-1988, le rapport annuel 1988-1989 de l'Agence québécoise de
valorisation industrielle de la recherche et, enfin, le rapport annuel
1988-1989 de la Société de développement industriel du
Québec.
Le Président: Ces rapports sont déposés.
Leaders adjoints, whips adjoints et président
du caucus du gouvernement
J'ai moi-même l'honneur de déposer une lettre de M. le
premier ministre, adressée à M. le Secrétaire
général dans laquelle il l'informe des nominations aux fonctions
parlementaires suivantes: leaders adjoints du gouvernement, MM. Roger Lefebvre
et Daniel Johnson; président du caucus, M. Marcel Parent; whips adjoints
du gouvernement, M. Rémy Poulin, Mme Madeleine Bleau et M. Norman
MacMillan.
Rapport des vérificateurs sur l'état
des
revenus et des dépenses du
Vérificateur
général du Québec
De plus, M. le Secrétaire général a reçu le
rapport des vérificateurs et état des crédits
autorisés et des dépenses relatifs au Vérificateur
général du Québec pour l'exercice financier terminé
le 31 mars 1989. Je dépose donc ce rapport.
Maintenant, au dépôt des rapports de commissions, M. le
président de la commission des institutions et député de
Marquette.
Élection des présidents et
présidentes, vice-présidents et vice-présidentes des
commissions parlementaires
M. Dauphin: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des institutions qui a
siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à
l'élection du président et du vice-président de la
commission en exécution de l'article 134 du règlement de
l'Assemblée nationale.
Le Président: Alors, ce rapport est déposé.
M. le président de la commission du budget et de l'administration et
député de Vanier.
M. Lemieux: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission du budget et de l'administration qui
a siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à
l'élection du président et du vice-président de la
commission en exécution de. l'article 134 du règlement de
l'Assemblée nationale.
Le Président: Ce rapport est déposé. Mme la
présidente de la commission des affaires sociales et
députée de Taillon.
Mme Marois: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission des affaires sociales qui a
siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à
l'élection de la présidente et du vice-président de la
commission en exécution de l'article 134 du règlement de
l'Assemblée nationale. Merci, M. le Président.
Le Président: Ce rapport est déposé.
M. le président de la commission de l'économie et du
travail et député de Laval-des-Rapides.
M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail
qui a siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à
l'élection du président et du vice-président de la
commission en exécution de l'article 134 de nos règlements. Je
vous remercie.
Le Président: Ce rapport est déposé.
M. le président de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation et député de
Nicolet-Yamaska.
M. Richard: J'ai l'honneur de déposer, M. le
Président, le rapport de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation qui a siégé le 29 novembre
dernier afin de procéder à l'élection du président
et du vice-président de la commission, tout ça en
exécution de l'article 134 de notre règlement. Merci, M. le
Président
Le Président: Ce rapport est déposé. M. le
président de la commission de l'aménagement et des
équipements et député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements qui a
siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à
l'élection du président et de la vice-présidente de la
commission en exécution de l'article 134 du règlement.
Le Président: Ce rapport est déposé. Mme la
Présidente de la commission de l'éducation et
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'éducation qui a
siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à
l'élection de la présidente et de la vice-présidente de la
commission en exécution de l'article 134 du règlement de
l'Assemblée nationale.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Finalement, M. le Président de la commission de la culture et
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci M. le Président. C'est avec plaisir que je
dépose le rapport de la commission de la culture qui a
siégé le 29 novembre 1989 afin de procéder à
l'élection du président et du vice-président de la
commission en exécution de l'article 134 de notre règlement.
Le Président: Ce rapport est également
déposé.
Dépôt de pétitions. On m'informe que M. le
député de Labelle a une pétition à déposer.
Ça me prendrait cependant le consentement puisque la pétition
n'est pas conforme complètement à nos règles. Est-ce qu'il
y a consentement?
M. Pagé: Consentement, M. le Président.
Le Président: Consentement. Donc, M. le
député de Labelle.
Réduction du prix de l'essence
réclamée à Mont-Laurier
M. Léonard: M. le Président, j'ai l'honneur
de déposer l'extrait d'une pétition adressée au
gouvernement du Québec par 4371 pétitionnaires, citoyens et
citoyennes de la région de Mont-Laurier. Les faits invoqués
étant les suivants: Considérant que le litre d'essence est plus
cher à Mont-Laurier que dans 32 autres villes au Québec;
considérant que le gouvernement du Québec accorde une
réduction de taxe de 04,8 cents du litre d'essence sans plomb à
Maniwaki et une réduction de 02,4 cents du litre d'essence sans plomb
à Mont-Laurier; considérant que la ville de Mont-Laurier est
identifiée par le gouvernement du Québec comme une des zones de
pauvreté, si on se réfère au plan d'action en
matière de développement régional; considérant que
la MRC Antoine-Labelle a un taux de chômage de plus ou moins 20 %;
Que le gouvernement du Québec décrète la
région de Mont-Laurier région périphérique et
qu'elle bénéficie d'une réduction du coût d'essence
de 02,4 cents du litre d'essence sans plomb, à Mont-Laurier, à la
pompe.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Le Président: Cette pétition est
déposée. Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège ou sur un fait personnel. Nous allons donc
procéder à la période des questions et réponses
orales des députés. M. le chef de l'Opposition officielle.
Compensation financière fédérale
et formation professionnelle
M. Parizeau: M. le Président, on sait à quel point,
pour nous, de ce côté de la Chambre, la formation professionnelle
est une condition essentielle à la fois à la réduction du
chômage et à la croissance de l'économie. Le premier
ministre, dans ce qu'il énonce, semble avoir un point de vue
analogue.
On sait aussi à quel point l'immixtion du gouvernement
fédéral dans ce domaine a créé de la confusion et
gêné la mise en place d'un système efficace comme le
ministre de l'Éducation le soulignait récemment. (14 h 20)
Par la loi C-21 adoptée par la Chambre des communes, le
gouvernement fédéral se donne maintenant un pouvoir
d'intervention unilatéral à partir des fonds de
l'assurance-chômage. Il y a une semaine, le ministre de la Main-d'oeuvre
et de la Sécurité du revenu dénonçait les
intentions du gouvernement fédéral et disait, je cite: "C'est un
cas classique où le Québec devrait, à mon avis, demander
sa compensation financière d'Ottawa et régler ici ses
problèmes de formation."
J'aimerais demander au premier ministre s'il est d'accord avec son
ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu que,
compte tenu des dispositions du projet de loi C-21, le Québec devrait
obtenir le retrait du gouverne- ment fédéral et obtenir une
compensation financière.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, on se souvient de l'entente
qui avait été signée il y a quelques années et qui
constituait, sur cette question, une amélioration très importante
par rapport à la situation précédente, c'est-à-dire
pour les entreprises, notamment, qui avaient moins de 200 employés. Je
suis, évidemment, tout à fait d'accord avec le ministre
responsable, mais je dois dire au chef de l'Opposition que les
négociations ne sont pas terminées. Il est vrai que le ministre
responsable, avec raison, a fait part de la possibilité pour le
Québec de se retirer de ce secteur, étant donné que
l'amendement apporté à la constitution de 1982 nous donne ce
droit de retrait avec compensation financière. Je crois qu'il est
prématuré, pour l'instant, d'arriver à une telle
conclusion.
Le Président: En complémentaire, M. le chef de
l'Opposition.
M. Parizeau: Je voudrais poser au premier ministre la question
suivante. Son ministre de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du
revenu a soulevé deux raisons pour lesquelles on pourrait se retirer de
ces programmes de formation professionnelle et exiger une compensation. La
première - et le premier ministre vient de la reprendre - ce serait la
constitution de 1982. À ma connaissance - et j'aimerais savoir ce que le
premier ministre en pense à cet égard - moi qui ne suis pas
avocat - lui l'est - j'ai plutôt l'impression que ce que l'article 40 de
la constitution de 1982 dit, c'est qu'on ne peut avoir de compensation
financière que dans la mesure où il s'agit d'un changement dans
les pouvoirs d'une province. Or, ce n'est pas de cela qu'il s'agit.
J'aimerais demander au premier ministre ce qu'il pense de la
déclaration de son ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui disait: On pourrait aussi demander le
retrait et la compensation financière en vertu du lac Meech. Et, si je
comprends bien, le lac Meech, ça ne s'appliquerait que dans le cas d'un
plan conjoint. Or, il ne s'agit pas de plan conjoint; H s'agit d'une initiative
unilatérale du gouvernement fédéral et, donc, qui n'est
pas soumise ou qui ne serait pas soumise au lac Meech.
Alors, je demande au premier ministre: Comment peut-il me dire ce qu'il
vient de me dire au sujet de la constitution de 1982? C'est manifestement
inapplicable. Et qu'est-ce qu'il pense de ce que son ministre a invoqué,
d'abord, cette première raison, puis, la seconde, sur le lac Meech,
alors que l'accord du lac Meech serait manifestement inapplicable aussi? En
somme, je demande au premier ministre: Est-ce que son
ministre s'est gouré? et au premier ministre: Est-ce qu'il vient
de se gourer?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Si le chef de l'Opposition pouvait se
départir quelques instants de son complexe
d'infaillibilité...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: ...nous pourrions avoir une discussion plus utile.
Ce que j'ai dit au chef de l'Opposition, c'est qu'il y a eu une
déclaration du ministre responsable sur la possibilité - et tout
ça est une question d'interprétation - d'utiliser l'amendement de
1982. Nous avons manifesté, dans le dossier de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu, une fermeté qui nous a permis
d'arriver à une entente améliorant la situation
antérieure. On est tout à fait d'accord sur l'importance qu'il
faut accorder à la formation professionnelle pour le
développement de l'économie. Mais les négociations ne sont
pas encore terminées. Éliminons la question du lac Meech.
Attendons qu'il soit ratifié avant de pouvoir l'invoquer.
Mais ce que je dis au chef de l'Opposition, c'est que les
négociations ne sont pas terminées sur cette question. Et nous
allons assumer nos responsabilités si les négociations ne
permettent pas de respecter la juridiction du Québec. Le ministre
responsable m'a signalé qu'il voudrait ajouter à ma
réponse des éléments d'information.
M. Bourbeau: M. le Président, je profite de l'occasion
pour...
Le Président: M. le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu, brièvement, s'il vous plaît.
M. Bourbeau: Et de la Formation professionnelle, M. le
Président.
Le Président: Et de la Formation professionnelle,
évidemment.
M. Bourbeau: Je veux simplement signaler au chef de l'Opposition
que c'est le journaliste qui a conclu que la constitution actuelle permettait
le retrait et non pas moi. Si le chef de l'Opposition regarde le texte dans le
journal, il va voir qu'il y a un tiret, ce qui signifie que le journaliste
prenait à son compte . cette prise de position. J'ai, d'ailleurs,
appelé le journaliste le lendemain pour te lui signaler, le journaliste
de La Presse. Il a reconnu que c'était son interprétation
à lui et non pas la mienne.
En ce qui concerne le lac Meech, la question était
hypothétique et je lui ai répondu qu'à mon avis, mon
humble avis, il m'apparaissait que, si le lac Meech était
ratifié, ça pourrait être un cas où le Québec
pourrait exercer le droit d"opting ouf, mais je ne suis pas un
constitutionnaliste, c'était une opinion personnelle.
Le Président: En question complémentaire, M. le
chef de l'Opposition.
M. Parizeau: M. le Président, je reconnais que le ministre
de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu appartient
maintenant au club des mal cités. Il reste, néanmoins -
là, je reviens...
Une voix: II l'est de la Formation professionnelle.
Le Président: Excusez-moi, M. le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: Excusez-moi.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Jusqu'à maintenant, le chef de
l'Opposition officielle qui, j'en conviens, en vertu de la tradition et des
coutumes, a droit à un certain temps avant de poser des questions... Je
comprends que le député de L'Assomption, qui nous fait l'honneur
de son retour ici, a eu plus souvent l'occasion de répondre à des
questions qu'à en poser. Cependant, je vous demanderais d'appliquer
intégralement les articles 76 et 78, à savoir qu'au moment de
questions additionnelles la question ne doit pas être accompagnée
d'un préambule. Ce serait beaucoup plus efficace pour nos travaux.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement, j'aurais pu me lever... Je ne sais pas pourquoi le leader du
gouvernement tente d'interrompre les questions des deux chefs - parce qu'il y a
une latitude en cette Chambre qui est reconnue par la présidence - mais
je pourrais lui faire remarquer que j'aurais pu me lever immédiatement
pour dire qu'une question de fait personnel aurait dû être
posée par le ministre de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle. Il a dit qu'il était mal cité; ce
n'était pas une réponse à une question que le "dispatcher"
professionnel a faite. Je vous le dis très honnêtement...
Une voix: Le répartiteur.
M. Chevrette: Le répartiteur, pour bien dire. Le
répartiteur, vous savez qu'est-ce qu'il a
commis avec votre prédécesseur.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le Président, j'invoque l'article 32.
J'invoque l'article 32 du règlement.
Le Président: Un instant. Alors, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: J'invoque l'article 32 du règlement et je me
réfère, pour l'invoquer, à votre discours, le premier que
vous avez prononcé après avoir été nommé
président. "Les députés doivent observer le
règlement et contribuer au maintien du décorum à
l'Assemblée." Vous avez insisté fortement, M. le
Président, là-dessus et, depuis hier, j'aurais pu l'invoquer
à plusieurs reprises, mais, cette fois-ci, je tiens à ce que vous
ayez beaucoup de rigueur dans son application.
Le Président: Effectivement, M. le leader de l'Opposition,
il y a des commentaires. Le président peut simplement demander la
collaboration des députés pour éviter tout commentaire,
dans un premier temps. J'espère que tout le monde se conformera à
ça, sinon je devrai intervenir régulièrement, et
j'espère que je n'aurai pas à le faire.
Sur la question de règlement du leader du gouvernement,
effectivement, l'article 78, au niveau des questions complémentaires,
dit que ces questions-là doivent être brèves,
précises et sans préambule. Il y a une latitude qui est
accordée aux deux chefs de parti, une certaine tolérance au
niveau de leur expression quand ils peuvent poser une première question
principale, mais, au niveau des préambules, j'apprécierais que
tous les députés puissent se conformer et que nous suivions le
règlement, à l'article 78, que les préambules n'existent
pas, qu'il n'y ait pas de préambule dans les questions
complémentaires et que les questions soient précises et
brèves. Je pense que je l'ai souligné hier également - je
ne veux pas prendre trop de temps à la période des questions -
mais, si les questions complémentaires sont multiples, ça
contribue à faire en sorte que le sujet devient pratiquement un
débat. J'apprécierais qu'une question complémentaire
contienne un seul volet et que nous procédions, à ce
moment-là, rapidement à cet échange de questions et
réponses.
Alors, M. le chef de l'Opposition, en complémentaire. (14 h
30)
M. Parizeau: M. le Président, toutes mes excuses
auprès de cette Chambre pour n'avoir pas procédé tout de
suite à la question complémentaire.
Pourrais-je demander au premier ministre si la question ou la
réponse qu'il me donnait tout à l'heure, quant à l'effet
de négociation avec le gouvernement fédéral, peut
être conciliée avec ce que son ministre de la Main-d'oeuvre et de
la Sécurité du revenu affirmait à l'occasion du même
interview que je citais tout à l'heure, à savoir qu'il avait
cherché à rejoindre Mme McDougall, la ministre
fédérale, qu'elle refusait de le recevoir et qu'elle n'avait
procédé à aucune consultation à l'égard de
C-21? Est-ce que le premier ministre croit vraiment qu'on peut décrire
des démarches de cet ordre comme des négociations?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je dirai au chef de l'Opposition, après avoir
accepté ses excuses, que le ministre responsable a affirmé qu'il
avait l'intention, appuyé par tout le gouvernement, de défendre
la juridiction du Québec dans ce secteur-là qui, comme on le
sait, est considéré comme relevant de l'Éducation. Et nous
croyons, comme l'ancien gouvernement l'avait fait également, que c'est
un secteur clé pour l'avenir économique du Québec, et
c'est pourquoi nous avons l'intention de poursuivre et de faire preuve de la
même détermination pour que notre juridiction soit
respectée.
Le Président: Question complémentaire, M. le chef
de l'Opposition.
M. Parizeau: Dernière question, M. le Président,
mais pour compléter les autres. Le premier ministre est-il toujours
d'accord avec la recommandation 18 de la commission constitutionnelle du Parti
libérai du Québec, le fameux livre beige, qui prévoit que
la constitution canadienne, dans ce cas-là, attribuera aux provinces une
compétence complète sur la formation, le recyclage et le
placement de la main-d'oeuvre?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai eu l'occasion, M. le Président, de
signaler que les demandes qui avaient été faites pour la
réintégration du Québec dans la constitution canadienne,
à la suite des erreurs que je mentionnais mardi après-midi,
notamment une erreur que le ministre des Finances du moment avait
acceptée avec passivité et indifférence, l'abandon du
droit de veto... Ce que je veux dire au chef de l'Opposition, c'est que le
point de vue du gouvernement sur la main-d'oeuvre n'a pas évolué,
sauf que nous n'avons pas inclus dans les demandes, les cinq propositions du
Québec, la question de la main-d'oeuvre. Nous en sommes venus à
une entente acceptable à court terme, il y a quelques années, et
nous poursuivons les négociations. Mais le programme du Parti
libéral, tel qu'énoncé dans le livre beige adopté
en 1985, n'a pas été modifié depuis. Ça fera
partie, évidemment, de discussions ultérieures, une fois l'accord
du lac Meech ratifié.
Le Président: En question principale, M. le
député de La Prairie.
Contamination au plomb à Rouyn-Noranda
M. Lazure: M. le Président, les médias font
état ce matin d'une étude menée par le département
de santé communautaire de Rouyn-Noranda auprès de 117 enfants
âgés de deux à cinq ans, habitant le quartier Notre-Dame
à proximité de la fonderie les Minéraux Noranda. Plus de
la moitié de ces enfants présentent un taux de plomb dans le sang
supérieur à la norme - la norme étant entre 80 et 100
microgrammes par litre de sang - et deux ont même des taux de 236 et 269
microgrammes. Il est vrai que Minéraux Noranda, depuis quelques
années, a diminué ses émissions. Il est vrai que
Minéraux Noranda va continuer de diminuer ses émissions, mais il
est encore vrai, M. le Président, que la présence de plomb dans
le sang des enfants plus élevée que la norme a des effets connus,
notamment sur leur système nerveux. Ma question au ministre de
l'Environnement: Qu'a-t-il l'intention de faire pour remédier à
cette situation? Et a-t-il l'intention de donner suite aux recommandations du
département de santé communautaire?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je
remercie le député de La Prairie de sa question
d'intérêt public. Contrairement à hier, cette fois-ci, son
préambule est exact et conforme à la vérité.
M. le Président, je suis en train de répondre à la
question lorsque je suis interrompu par le leader de l'Opposition
officielle.
Le Président: Un instant, M. le... Sur une question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: En vertu de l'article 79 qui dit que la
réponse doit se rapporter à la question. Il n'a pas à
juger les préambules, cela ne fait pas partie de la question.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: m. le président, très
brièvement pour ne pas trop amputer de temps à la période
des questions. le leader de l'opposition prend la section ou la partie du
paragraphe qui fait son affaire. vous auriez dû continuer en disant
qu'elle doit être formulée de manière à ne susciter
aucun débat. et la manière dont c'était formulé,
cela entraînait un débat et, encore une fois, en raison de votre
impatience... je vous invite à être calme, à être
serein, la session vient de s'ouvrir. si vous ne vous étiez point
levé, on n'aurait point perdu une minute et demie de la période
des questions.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, sur la
même question de règlement.
M. Chevrette: Oui. En étant calme et en étant
serein, et pour ne pas rien dire... Je vais essayer de dire quelque chose. Le
préambule d'hier, M. le Président, à ce que je sache, cela
n'a pas à être qualifié, surtout une journée
après. Le ministre a toujours le don de qualifier une question. Il a
toujours fait cela parce qu'il ne sait pas quoi répondre, il ne
connaît pas ses dossiers. Pourrait-il parler véritablement du
contenu des questions? En vertu de l'article 79, c'est cela qu'on dit dans le
règlement. Le leader aura beau se lever, faire appel au calme, cela, je
m'en fous éperdument. On connaît son arrogance habituelle.
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À . l'ordre, s'il vous plaît! M. le ministre, allez-y, à la
question, s'il vous plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. En
oubliant l'intervention du leader de l'Opposition et en m'adressant à
celui qui, aujourd'hui, connaît bien son dossier, le député
de La Prairie, je lui dirai que le DSC du CRSSS Abitibi-Témiscamingue,
hier, conformément à ce que vous avez dit dans le
préambule à votre question, confirme que la contamination, que
les sols dans les quartiers qui s'approchent de la compagnie Noranda
possèdent un taux de plom-bémie plus élevé, mais le
DSC constate quand même que depuis 1979 il y a une amélioration
mais qu'il faut poser des gestes pour réduire encore davantage
l'exposition au plomb chez les enfants de ces quartiers.
Il y a une série de recommandations qui nous sont
adressées et sur lesquelles celui qui vous parle peut agir, il y a
également des recommandations qui sont adressées à la
population locale, des mesures que les gens concernés peuvent prendre de
façon à réduire les risques de contamination chez les
enfants. Les principales mesures qui sont adressées au gouvernement du
Québec ou au ministre de l'Environnement, en collaboration avec son
collègue de la Santé et des Services sociaux, ce sont des mesures
qui visent la décontamination des terrains, des sites; et on nous
demande de l'entreprendre dès le printemps de 1990. C'est dans ce
sens-là que le ministère de l'Environnement du Québec a
l'intention d'assumer ses responsabilités.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de La Prairie.
M. Lazure: M. le Président, au ministre de la Santé
et des Services sociaux. Est-ce que le ministre de la Santé peut
s'engager aujourd'hui à
demander au département de santé communautaire des
diverses régions où on retrouve une concentration de plomb
comparable à celle de Noranda de faire de telles études,
notamment dans l'est de Montréal?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, nous
sommes en constante relation avec le ministère de l'Environnement et
avec les départements de santé communautaire de tout le
Québec et chaque fois qu'il y a signalement, soit par le
ministère de l'Environnement ou par le département de
santé communautaire qui jouit à cet égard d'une autonomie
assez grande, les études se font. Ce n'est certainement pas au
ministère de la Santé et des Services sociaux que nous allons
empêcher ce genre d'étude.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
M. Trudel: En complémentaire, M. le Président, au
ministre de l'Environnement. Le gouvernement nous ayant annoncé dans le
discours inaugural qu'il allait voir à une application rigoureuse du
principe du pollueur-payeur et compte tenu des recommandations du
département de santé communautaire de Rouyn-Noranda quant
à la décontamination d'un certain nombre de résidences et
de terrains relativement vastes, le ministre de l'Environnement peut-il assurer
cette Chambre, la municipalité et les citoyens concernés que le
principe du pollueur-payeur sera rigoureusement appliqué, en particulier
pour les opérations de décontamination des sols dans le quartier
Notre-Dame à Rouyn-Noranda?
Le Président: M. le ministre de l'Environnement. (14 h
40)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je profite de la
première question en Chambre du député pour
également l'informer, comme l'a souligné le député
de La Prairie dans son préambule, que les émanations de plomb
vont diminuer considérablement à compter du début de
l'année 1990, les nouvelles installations de la compagnie Noranda
entrant en fonction. Ce sont des diminutions de l'ordre de 50 % et ça,
il est important également que ce soit communiqué à la
population que vous représentez dans cette Assemblée
nationale.
En ce qui concerne plus spécifiquement votre question en ce qui a
trait au principe du pollueur-payeur, il existe dans la loi de la
qualité de l'Environnement des dispositions qui prévoient que,
lorsque le ministère de l'Environnement, dans le domaine de sa
compétence et de sa juridiction, effectue des travaux de
décontamination, il peut se retourner et facturer le responsable.
Maintenant, est-ce que je peux vous assurer que le responsable va payer en
vertu du principe pollueur-payeur? Ce que je peux vous assurer, c'est que le
ministère de l'Environnement va déployer tous les efforts
nécessaires pour que ça se produise ainsi.
Maintenant, quant à l'application d'une loi, son
interprétation et les sanctions qui peuvent suivre, ça
dépend du système judiciaire qui sera mis à contribution
dans le système, si le Procureur général juge à
propos d'intervenir.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Table de concertation sur l'industrie ferroviaire au
Québec
Mme Harel: Alors, à Montréal, les pertes d'emploi
s'accumulent. Depuis un an seulement, 80 entreprises ont été
fermées, plus de 6000 employés ont été mis à
pied. Dans l'est de Montréal, la situation ne fait qu'empirer.
Très récemment, la Fonderie CSF de la rue Notre-Dame, qui
fabrique et entretient des wagons de marchandise depuis 50 ans, vient
d'annoncer le licenciement des 300 derniers travailleurs qui s'y trouvaient
encore, des travailleurs de plus de 25 ans d'ancienneté. L'engagement
du... Huit mois sont passés depuis l'annonce gouvernementale d'une table
de concertation sur l'industrie ferroviaire au Québec, table de
concertation chargée de faire le point. Et rien encore n'est venu.
Pourtant l'engagement du député d'Anjou au nom du ministre
responsable de la région de Montréal était très
clair au Centre Paul-Sauvé devant des milliers de travailleurs
réunis, au mois d'avril dernier, et l'engagement était le
suivant: Le gouvernement entend exercer toutes les pressions nécessaires
auprès des autorités fédérales afin que les mesures
appropriées soient prises pour le maintien intégral des centres
d'entretien de la région de Montréal, tant et aussi longtemps
qu'une consultation complète n'aura pas été
réalisée auprès des intervenants du Québec. Est-ce
que le gouvernement attend qu'il n'y ait plus une seule job dans la fabrication
et l'entretien du matériel roulant dans l'est de Montréal avant
d'annoncer sa table de concertation?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: Alors, M. le ministre
délégué à l'Administration et à la Fonction
publique et président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Merci, M. le Président. Je serai très
bref parce que le problème est très simple. Nous avons
accepté quasi séance tenante lorsque, notamment, M. Fernand
Daoust et la FTQ ont demandé la constitution d'une table de concertation
du rail. Nous avons accepté séance tenante d'en faire partie.
Nous avons accepté quasi séance tenante d'assurer une portion
considérable
du financement pour fins d'études et de fonctionnement de cette
table. Je dois dire qu'avec la coopération de mon collègue de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle et moi-même et quelques collègues, nous avons
trouvé déjà il y a quelque temps un budget
considérable, des dizaines de milliers de dollars par année,
notre portion à nous.
La ville de Montréal a essentiellement, séance tenante,
accepté de contribuer aux travaux de la table et au financement de la
table. Vous me voyez venir, ça fait longtemps que je lui dis, ça
fait plusieurs fois qu'on s'entretient là-dessus, le gouvernement
fédéral se traîne les pieds dans ce dossier et dans les
heures...
Une voix:...
M. Johnson:... c'est comme ça. Maintenant, vous
n'êtes peut-être pas dans le bon Parlement pour poser la question.
Ce que je dirais... Je dois dire que je m'entends parfaitement avec M. Daoust,
avec M. Doré, avec les gens des syndicats, avec les gens du rail, avec
des gens qu'on a approchés pour faire partie de la table de
concertation. J'attends dans les heures qui viennent - c'est fort à
propos, Mme la députée - la réponse définitive du
gouvernement fédéral à défaut de quoi on annonce la
constitution de la table. Ils ne seront pas là, puis ils ne seront pas
là.
Une voix: C'est ça.
Le Président: En complémentaire, Mme la
députée de Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: Le ministre sait-il que, dans le cadre du Programme de
relance de l'est de Montréal, une subvention aurait été
accordée, au mois d'août dernier, pour mener une étude de
faisabilité qui n'est pas terminée, à cette compagnie qui
vient d'annoncer ces licenciements?
Le Président: M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: Dans la mesure où, lorsque plus rien ne semble
aller, lorsque la lumière devient de plus en plus faible au bout du
tunnel, on tente par tous les moyens de découvrir des nouveaux
marchés, oui, des études, souvent - non pas comme
préalable à un développement, mais comme dernière
mesure pour découvrir ce qu'il est possible de faire - sont mises en
place. Il n'est pas, je dirais, contradictoire qu'il y a quelques mois, des
études de faisabilité étaient entreprises, mais que,
malgré tout, ça n'ait pas réussi à sauver
l'entreprise de façon définitive.
Le Président: En question principale, M. le
député de Pointe-aux-Trembles.
Le rôle de M. Tommy D'Errico dans l'octroi de
contrats gouvernementaux
M. Bourdon: Je m'adresse au premier ministre. Hier, le premier
ministre a esquivé, à quatre reprises, ma question quant à
savoir s'il était au courant que Tommy D'Errico recevait, à la
permanence du Parti libéral, des professionnels sollicitant des contrats
du gouvernement. À défaut d'un non catégorique, je me dois
de déduire que le premier ministre était au courant. J'aimerais
savoir du premier ministre...
Des voix:...
Le Président: Votre question, M. le député
de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: J'aimerais savoir du premier ministre s'il est au
courant, pour les contrats de construction suivants: l'hôpital Santa
Cabrini, pour lequel une des trois firmes d'ingénieurs choisies fut
Liboiron, Roy et associés, s'il y a eu des contacts entre Tommy D'Errico
ou son adjoint, Guy Bacon, et M. Claude Liboiron de cette firme.
Dans le cas de l'hôpital de Lachine, pour lequel une des trois
firmes d'ingénieurs choisies fut Martineau, Vallée,
Régimbald inc., s'il y a eu des contacts entre Tommy D'Errico ou Guy
Bacon et M. Roch Vallée, membre de cette firme et membre du
Comité des finances de la course à la chefferie du Parti
libéral en 1983.
Dans le cas du foyer Saint-Marc, pour lequel une des trois firmes
d'ingénieurs choisies fut Marcel Laurin inc., s'il y a eu des contacts
entre M. Guy Bacon et M. Marcel Laurin qui, lui aussi, faisait du financement
pour le parti, mais surtout qui était régulièrement au
bureau de M. Bacon, à la permanence du Parti libéra! du
Québec.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: C'est un peu regrettable qu'une partie de la
période de questions porte sur des questions aussi frivoles. On a
parlé de ces sujets-là durant la campagne électorale; des
réponses ont été données et le peuple a
jugé. j'ai dit hier - je n'ai pas refusé de répondre aux
questions - que les directives qu'ont les dirigeants du parti, les ministres et
les députés, c'est de respecter les lois avec la plus grande
rigueur. que m. d'errico puisse rencontrer des professionnels... on a
souligné que le député de joliette avait, lui aussi,
rencontré, à l'occasion, un professionnel, m. piette, et qu'il y
avait quand même eu des résultats assez concrets de cette
rencontre avec le député de joliette.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: Alors, il faudrait quand même être
sérieux.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, juste une question de
privilège.
Le Président: Une question de privilège?
M. Chevrette: Oui. Que le premier ministre veuille souligner un
fait, qu'il le fasse complètement.
Le Président: M. le leader de l'Opposition, je dois vous
avouer qu'ici je ne reconnais pas matière à privilège dans
une question que vous voulez me soumettre. Il y a un fait qui a
été énoncé, mais je voudrais que vous m'indiquiez
en quoi votre privilège est atteint, s'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le Président, je le ferai en temps et
lieu dans ce cas-là. Je retire ce que j'ai dit.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Pointe-aux-Trembies.
M. Bourdon: En additionnelle, au ministre de la Santé et
des Services sociaux. Est-ce que le ministre de la Santé et des Services
sociaux peut nous dire s'il est exact que, pour chacun des contrats que j'ai
mentionnés, le fonctionnaire qui représentait le ministère
de la Santé sur un comité de sélection de trois personnes
était toujours le même?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, M. le
Président, vous comprendrez qu'il faut que je vérifie.
Aussitôt que j'aurai des réponses, je pourrai les fournir au
député de-Une voix: Pointe-aux-Trembles.
M. Côté (Charlesbourg): Pointe-aux-Trembles.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de...
M. Bourdon: II prend avis de la question, si je comprends.
Le Président: Un instant, un instant! Oui. M. Bourdon:
Quant à prendre...
Le Président: Avez-vous une autre question
complémentaire?
M. Bourdon: Oui. Le Président: Allez-y.
M. Bourdon: Une question additionnelle, toujours au ministre de
la Santé. Quant à prendre avis de la question, est-ce que le
ministre pourrait nous dire, à la même occasion, s'il est exact
qu'il connaît ce fonctionnaire et s'il a eu des contacts avec ce
fonctionnaire alors qu'il était ministre des Transports? (14 h 50)
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Vous me voyez dans
l'obligation de prendre avis.
Le Président: Question principale, M. le
député de Nicolet-Yamaska.
Contrôle des importations de produits agricoles
contingentés
M. Richard: M. le Président, en ce qui a trait aux accords
du GATT, le 23 novembre dernier, était rendue publique la proposition
globale du groupe Cairns concernant la réforme à long terme des
échanges agricoles.
Malgré les demandes répétées de nos
producteurs agricoles et du gouvernement du Québec, le texte de l'accord
ne contient aucune proposition de renforcement ni même d'appui à
l'article 11 du GATT qui permet, en fait, le contrôle des importations de
produits dont la production est contingentée.
M. le ministre de l'Agriculture, j'aimerais savoir quelles sont les
intentions de notre gouvernement dans ce dossier?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Pagé: M. le Président, permettez-moi de
remercier le député de Nicolet de sa question qui est tout
à fait pertinente et se rapporte à un sujet éminemment
contentieux et très important pour l'avenir de l'agriculture au
Québec, puisqu'on se réfère au droit pour le Canada et le
Québec d'imposer des mesures de restrictions à l'égard des
produits provenant d'autres pays et concerne des productions
contingentées au Québec. Comme la province de Québec a su
se discipliner, a su se convier à des mesures de discipline au niveau de
la production, notamment dans les produits laitiers, la production de la
volaille, les oeufs, etc, et que les productions contingentées
représentent 50 % des recettes de la ferme au Québec, dans ce
sens-là, le gouvernement du Québec a, jusqu'à maintenant -
et il continuera très certainement - pris ses respon-
sabilités quant à la défense pleine et
entière des intérêts des producteurs et des productrices
agricoles québécois.
C'est ce pourquoi nous demandons, nous, au Québec, comme d'autres
provinces canadiennes, que les dispositions, les négociations qui ont
cours au GATT actuellement, prévoient des dispositions très
claires qui, non seulement vont maintenir, mais vont venir donner plus de force
à l'article 11 des accords du GATT pour garantir que nos productions
agricoles contingentées, suite à une discipline interne de
marché, ne soient pas affectées et agressées par d'autres
pays qui viendraient littéralement envahir nos produits sans jouer de
telles règles de discipline.
Partant de là, ce qu'on entend faire? On entend continuer nos
démarches. Le premier ministre du Québec, M. Bourassa, a
rencontré l'Union des producteurs agricoles, le ministre du Commerce
extérieur, M. Ciaccia, a pris une position très claire,
très ferme, qui a débouché sur des engagements de M.
Crosbie, lundi dernier, et on veille au grain.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Oui, en complémentaire. Est-ce que le ministre
de l'Agriculture pourrait nous informer si son gouvernement a des
représentants à titre d'observateurs lors de ces
négociations du GATT pour l'informer de ce qui se passe exactement ou si
vous vous fiez uniquement sur les représentants d'Ottawa?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Pagé: Je peux vous assurer que le gouvernement du
Québec est présent, que le gouvernement du Québec prend
ses responsabilités. À preuve, le ministre du Commerce
extérieur, M. Ciaccia, lundi dernier, 27 novembre, suite à la
rencontre des ministres provinciaux et du ministre Crosbie, en est venu
à obtenir la garantie du gouvernement canadien, par la voix de M.
Crosbie lui-même, que le gouvernement fédéral allait
modifier son attitude, entre autres au groupe Cairns, pour s'assurer que les
représentations véhiculées, entre autres, par les
producteurs et les productrices du Québec qui ont manifesté de
façon pertinente et légitime la semaine dernière à
Ottawa, le 21 novembre, que ces acquis de l'agriculture du Québec et du
Canada ne seraient pas brisés par l'attitude, le laxisme du gouvernement
fédéral.
À cet égard, pour terminer - et je suis persuadé
que ça va intéresser le député d'Arthabaska, M. le
Président - la question pourrait être, ou la question
additionnelle suivante pourrait être: Comment concilier la
déclaration de M. Crosbie lundi dernier avec la position de son propre
ministère le jeudi précédent, lors de la rencontre de
Thaïlande.
Je vous dirai que c'est une position qui ne va pas dans le même
sens. En fait, ce que le gouvernement canadien a dit...
Le Président: Conclusion, M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Pagé:... et ce que le ministre dit est totalement
contradictoire. C'est ce pourquoi... Pas de question de privilège.
Le Président: Une dernière additionnelle, M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril: Je n'ai même pas pris une minute pour poser ma
question.
Le Président: Votre question, s'il vous plaît.
M. Baril: Est-ce que oui ou non le gouvernement du Québec
a des représentants sur place pour l'informer des procédures de
négociation?
Le Président: M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Pagé: Le gouvernement du Québec via-Une
voix:...
M. Pagé: Une * minute.... via le ministère du
Commerce extérieur, via le ministère de l'Agriculture est
continuellement présent auprès du fédéral parce
qu'il ne faut pas le laisser aller tout seul tout le temps. C'est clair?
Le Président: En question principale, M. le
député de D'Arcy McGee.
L'identité et la viabilité des
établissements de santé communautaire des
minorités
M. Libman: Merci, M. le Président. C'est la
première intervention par notre jeune formation politique à la
période des questions. Ma question s'adresse au ministre de la
Santé et des Services sociaux. L'ex-ministre de la Santé et des
Services sociaux, Mme Thérèse Lavoie-Roux, avait
présenté un avant-projet de loi qui proposait de restructurer le
réseau des services sociaux et de santé. Les objectifs de
l'avant-projet de loi sont bons en eux-mêmes, mais le remplacement des
conseils d'administration autonomes par des grands conseils d'administration
régionaux aura . des effets très négatifs sur
l'administration et l'identité des institutions qui desservent des
groupes communautaires minoritaires.
Alors, ma question, M. le Président: Nous savons que les
audiences publiques vont bientôt commencer sur cet avant-projet de loi.
Alors, est-ce qu'on a l'intention de reconnaître et de tenir compte
sérieusement des objections soulevées par les
représentants concernant ces
prévisions de la loi qui menacent l'identité et la
viabilité des établissements communautaires minoritaires?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux assurer le député de D'Arcy McGee
qu'à ce moment-ci l'état dans lequel se trouve le dossier, c'est
un avant-projet de loi qui sera à nouveau déposé la
semaine prochaine et qui fera l'objet d'une commission parlementaire ouverte.
Donc, une commission parlementaire qui va nous permettre d'entendre les
différents intervenants - il y en a quelque 120 au moment où nous
nous parlons - sur leurs revendications ou sur leurs commentaires quant
à la réforme proposée par Mme Lavoie-Roux, et c'est avec
ouverture d'esprit que nous le ferons. Et au mérite de chacune des
interventions et des argumentations, nous prendrons les décisions
finales par la suite.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Libman: Est-ce que ces changements que nous pourrons
considérer après les audiences publiques pourront inclure que ces
établissements puissent maintenir leurs conseils d'administration
indépendants?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
dis et je le répète, pour la bonne compréhension. C'est
une commission parlementaire qui vise à entendre tous les intervenants
et, donc, toutes les possibilités sont là, celles que vous
évoquez, comme d'autres. Et c'est au lendemain de cette commission
parlementaire que nous prendrons les décisions. Mais, je veux assurer le
député de D'Arcy McGee que nous entendrons tout le monde avec des
arguments qui, à la fois, seront pour, des arguments contre, mais avec
un esprit d'équité et de justice quant à ceux qui
composent le Québec.
Le Président: En question principale, M. le
député de Mercier.
L'expulsion de citoyens haïtiens par le
gouvernement fédéral
M. Godin: Merci, M. le Président. Depuis quelques
semaines, le fédéral expulse à tour de bras des
Haïtiens, citoyens du Québec. Et le Québec a choisi la voix
du silence et la voix de l'abstention totale dans ce dossier. Est-ce que la
ministre va se soustraire longtemps à son devoir de protectrice des
communautés culturelles du Québec?
Le Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, la
détermination du statut de réfugié est de juridiction
fédérale et relève du gouvernement fédéral.
Je dois vous dire, cependant, que le Québec partage les grands objectifs
de la loi qui a été adoptée par le gouvernement
fédéral. Il ne faut pas qu'une revendication de statut de
réfugié soit un moyen, par exemple, de détourner ou de
contourner la loi. Je dois vous dire que je suis très sensible à
ce qui se passe actuellement quant aux Haïtiens. J'ai contacté ma
collègue de l'Immigration à Ottawa et elle suit le dossier de
très près.
Le Président: En question complémentaire, - M. le
député de Mercier.
M. Godin: En complémentaire. Est-ce que la ministre est au
courant que dans la propre loi de son ministère l'article 18c lui
permettrait de donner le CSQ du Québec, c'est-à-dire le
certificat de sélection du Québec à ces
réfugiés et ainsi les garder au Québec au lieu de les
laisser expulser vers un pays dont on dit, dans différents milieux, que
ce n'est pas tout à fait le paradis démocratique que les
Haïtiens de là-bas prétendent? Les Nations unies affirment,
au contraire, que c'est un pays aussi peu démocratique qu'auparavant,
à l'époque où on refusait de les expulser, et la ministre
garde le silence là-dessus depuis le début Nous aimerions savoir
si elle a songé à utiliser ses propres ressources dans sa loi
pour leur donner le certificat de sélection du Québec et
s'assurer qu'ils vont rester au Québec et que le fédéral
ne les expulsera pas. Est-ce qu'elle a songé à utiliser cette
loi-là? . (15 heures)
Une voix: Bravo!
Le Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, la loi actuelle ne
me permet pas d'émettre sur place des certificats de sélection.
Si le député de Mercier l'a fait auparavant, je voudrais bien
savoir en vertu de quelle loi. Cependant, je dois assurer la communauté
haïtienne que ceux et celles qui devront retourner dans leur pays,
à ce moment-là, pourront s'adresser au bureau de l'immigration
Québec-Haïti et nous prendrons tous les moyens nécessaires
pour prendre ces demandes en considération, étant donné
qu'ils connaissent déjà bien le Québec.
Le Président: Une dernière complémentaire,
M. le député de Mercier.
M. Godin: Une dernière, M. le Président. Est-ce que
la ministre sait que, pour des raisons
humanitaires, elle a le pouvoir d'utiliser une dérogation qui
.est reconnue par le fédéral dans l'entente Cullen-Oouture dont
elle ignore peut-être même l'existence et est-ce qu'elle a
pensé à demander à ses fonctionnaires sur place, à
Port-au-Prince, l'état de la situation là-bas, de manière
à juger elle-même si ces gens-là sont expulsés avec
danger pour eux dans leur pays d'origine ou non? Est-ce qu'elle a eu un tel
rapport? Est-ce qu'elle l'a demandé à ses fonctionnaires en poste
là-bas?
Le Président: Mme la ministre des Communautés
culturelles et de l'Immigration.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, j'ai
mentionné à mon collègue de Mercier que j'ai
contacté mon homologue fédérale, dans le but de la
sensibiliser, et non seulement de la sensibiliser, mais de voir à ce
qu'elle porte une attention particulière à ces cas de
déportation. Quant à savoir, par exemple, à bien
connaître la situation en Haïti, je crois que le gouvernement
fédéral, par l'entremise de son ministère des Affaires
extérieures, est beaucoup mieux placé que je le suis actuellement
pour déterminer cette situation.
Le Président: Question principale, Mme la
députée de Taillon.
Fermeture des commerces d'alimentation le
dimanche
Mme Marois: Merci, M. le Président. Alors, le nouveau
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a
déclaré en entrevue en fin de semaine dernière qu'il ne
magasine pas le dimanche pour des raisons d'équilibre personnel - c'est
bien lui qui dit ça - ou de qualité de vie. Alors, j'imagine que
l'équilibre personnel et la qualité de vie des travailleurs et
des travailleuses de l'alimentation sont aussi importants que les siens. Alors,
est-ce que le ministre entend suivre la recommandation du comité de
députés, que son parti d'ailleurs avait formé, qui a
déposé son rapport il y a déjà un bon moment:
septembre 1988, et qui était à ce moment-là en faveur de
la fermeture des commerces d'alimentation le dimanche?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, j'aimerais
profiter de cette occasion pour souligner à la députée de
Taillon que c'est avec plaisir que j'ai appris sa nomination comme critique
officielle de l'Opposition en matière de l'Industrie et du Commerce.
Je suis encore en train d'étudier et d'analyser le dossier et je
ferai part à cette Assemblée dans un avenir rapproché de
mes intentions.
Le Président: Une courte additionnelle, Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: M. le Président, nous en sommes trois
ministres plus tard, 37 consultations...
Le Président: Votre question, s'il vous plaît.
Mme Marois: ...rapports et études...
Le Président: Un instant! Attention! s'il vous
plaît! Alors, sans préambule, Mme la députée de
Taillon, une courte additionnelle.
Mme Marois: Est-ce que le ministre peut nous dire ce qu'il va
faire, d'ici à ce qu'une décision soit prise, pour mettre un
terme à une situation absurde dans laquelle le laxisme du gouvernement
permet à des gens qui défient la loi de se situer en concurrence
déloyale avec d'autres personnes qui, elles, la respectent cette
loi?
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): Je vais continuer à faire ce que
je fais depuis le 10 octobre dernier: premièrement, faire appliquer la
loi; deuxièmement, consulter jusqu'à temps que je sois prêt
à soumettre à cette Assemblée une solution.
Le Président: Fin de la période des questions.
Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis.
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, j'aimerais faire une
motion pour...
Le Président: Un instant, M. le leader du
gouvernement.
Des voix:...
Le Président: MM. les députés, s'il vous
plaît! Nous sommes au début d'une nouvelle session et
j'apprécierais grandement... Nous avons fait la mise au point avec les
deux leaders des partis, à savoir que la période des affaires du
jour se termine aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Trop
souvent, dans le passé, des gens venaient demander des informations
concernant les avis touchant les travaux des commissions, ou quoi que ce soit,
après que ça a été donné, parce qu'on n'a
pas écouté attentivement et qu'on a quitté
l'Assemblée trop tôt. Alors, je demande simplement la
collaboration de tout le monde, pour demeurer en place toute la durée de
la période des affaires couran-
tes et vous quitterez à la période des affaires du jour.
Je pense que c'est quelque chose qu'on devrait s'employer à
réaliser.
Alors, aux motions sans préavis, M. le leader du
gouvernement.
Modifications à la composition de certaines
commissions
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je fais motion
pour certains changements à la composition de certaines commissions: que
M. Robert Thérien, député de Rousseau, remplace M. Yvon
Lemire, député de Saint-Maurice, comme membre de la commission de
l'aménagement et des équipements et que M. Yvon Lemire,
député de Saint-Maurice, remplace M. Robert Thérien,
député de Rousseau, comme membre de la commission de la
culture.
M. Chevrette: M. le Président, je demande un vote
enregistré, s'il vous plaît!
Le Président: Alors, un vote enregistré. Qu'on
appelle donc les députés. (15 h 10)
Veuillez prendre place, Mmes et MM. les députés. MM. les
députés, s'il vous plaît! S'il vous plaît. À
l'ordre! Nous allons maintenant procéder à la mise aux voix de la
motion présentée par M. le leader du gouvernement afin de
modifier la composition de deux de nos commissions parlementaires. Que ceux et
celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Portneuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), MM. Paradis (Brome-Missisquoi),
Levesque (Bonaven-ture), Mme Bacon (Chomedey), MM. Ryan (Ar-genteuil),
Côté (Charlesbourg), Bourbeau (Lapor-te), Vallerand
(Crémazie), Côté (Rivière-du-Loup), Sirros
(Laurier), Vallières (Richmond), Séguin (Montmorency), Tremblay
(Outremont), Rémillard (Jean-Talon), Cherry (Sainte-Anne), Dutil
(Beauce-Sud), Mme Frulla-Hébert (Marguerite-Bour-geoys), MM. Elkas
(Robert-Baldwin), Lefebvre (Frontenac), Cusano (Viau), Mme Robillard (Chambly),
MM. Blackburn (Roberval), Cannon (La Peltrie), Mme Bleau (Groulx), MM. Maciocia
(Viger), Maltais (Saguenay), Rivard (Rosemont), Mme Trépanier (Dorion),
MM. Middlemiss (Pon-tiac), Philibert (Trois-Rivières), Beaudin
(Gaspé), Bélisle (Mille-Îles), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), MM. Hamel (Sherbrooke), Saint-Roch (Drummond),
Mme Pelchat (Vachon), MM. Paradis (Matapédia), Marcil
(Salaberry-Soulanges), Lemire (Saint-Maurice), Leclerc (Taschereau), Poulin
(Chauveau), Thérien (Rousseau), Tremblay (Rimouski), Benoît
(Orford), Williams (Nelligan), Dauphin (Marquette), Doyon
(Louis-Hébert), Fradet (Vimont), Messier (Saint-Hyacinthe), Richard
(Nicolet-Yamaska), Charbonneau (Saint-Jean), Mme Begin (Bellechasse), MM.
Bélanger
(Laval-des-Rapides), Gauvin (Montmagny-L'lslet), Chenail
(Beauharnois-Huntingdon), Gautrin (Verdun), Larouche (Anjou), Khelfa
(Richelieu), Gobé (Lafontaine), Mme Hovington (Matane), MM. Joly
(Fabre), LeSage (Hull), Bergeron (Deux-Montagnes), Bordeleau (Acadie), Mme
Boucher-Bacon (Bourget), MM. Audet (Beauce-Nord), Parent (Sauvé), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), MM. Camden (Lotbinière),
Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal (Châteauguay), MM. Després
(Limoilou), Farrah (îles-de-ia-Madeleine), Forget (Prévost), Mme
Loiseile (Saint-Henri), MM. Lafrenière (Gatineau), Lafrance (Iberville),
MacMillan (Papineau), Parizeau (L'Assomption), Chevrette (Joliette), Perron
(Duplessis), Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme
Harel (Hochelaga-Maisonneuve), MM. Jolivet (Laviolette), Baril (Arthabaska),
Mme Juneau (Johnson), MM. Godln (Mercier), Dufour (Jonquière), Lazure
(La Prairie), Gendron (Abiti-bi-Ouest), Brassard (Lac-Saint-Jean),
Léonard (Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), MM. Paré
(Shefford), Claveau (Ungava), Boulerice (Sainte-Marie-Saint-Jacques), Morin
(Dubuc), Mme Caron (Terrebonne), MM. Boisclair (Gouin), Bourdon
(Pointeaux-Trembles), Trudel (Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis
(Ver-chères), MM. Beaulne (Bertrand), Libman (D'Ar-cy-McGee), Holden
(Westmount).
Le Président: Est-ce qu'il y en a qui s'opposent à
la motion? Il n'y a pas d'abstentions. M. le Secrétaire
général.
Le Secrétaire: pour: 108 contre: 0 abstentions: 0
Le Président: La motion est donc adoptée. Toujours
aux motions sans préavis, M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux
Motion proposant de souligner la Journée
mondiale de lutte contre le sida
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
requiers le consentement de cette Assemblée pour la motion suivante:
"À l'instar de l'Organisation mondiale de la santé,
l'Assemblée nationale du Québec souligne à sa
manière la Journée mondiale de lutte contre le sida. "
Le Président: Y a-t-il consentement pour débattre
cette motion? Consentement. M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux. M. le leader du gouvernement?
M. Pagé: M. le Président, il y a consentement et il
y a cinq Interventions de prévues comme suite du consentement entre le
leader de l'Opposition et le gouvernement.
Le Président: II y a cinq interventions. Est-
ce que vous devez les spécifier à ce moment-ci, M. le
leader du gouvernement?
M. Chevrette: M. le Président, c'est deux de chaque
côté dans les formations et un indépendant.
Le Président: D'accord. Il y a consentement à cet
effet?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Un ordre de la Chambre.
Le Président: Nous en faisons un ordre de
l'Assemblée?
M. Pagé: Oui.
Le Président: Très bien. Alors, M. le ministre de
la Santé et des Services sociaux.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
demain, le 1er mai, se tiendra la Journée mondiale de lutte contre le
sida.
Une voix: Le 1 er décembre.
M. Côté (Charlesbourg): Le 1er décembre.
Cette Journée mondiale du sida représente une occasion
privilégiée de sensibiliser et d'informer la population sur
l'ampleur et les dangers de cette maladie qui, avec quelques
précautions, pourrait être évitée par tout le monde.
C'est pourquoi nous profitons de l'occasion pour réitérer
l'importance qu'accorde le gouvernement du Québec à la lutte
contre le sida. Il ne faut surtout pas se lasser de répéter
à la population que cette question nous concerne tous, hommes et femmes,
jeunes et moins jeunes, de toutes les classes sociales et de toutes les
cultures. Le sida, c'est l'affaire de tous.
Le Président: Un instant, M. le ministre, s'il vous
plaît. Je vais demander la collaboration des députés. J'ai
avisé tantôt, la période des affaires du jour n'est pas
terminée. Si vous avez des caucus, allez à l'extérieur de
l'Assemblée, s'il vous plaît. M. le ministre, vous pouvez
continuer.
Une voix: Ça prendrait des sièges
éjecta-bles.
M. Côté (Charlesbourg): Chacun d'entre nous, M. le
Président, doit assumer pleinement sa part de responsabilité pour
contrer cette maladie. Tant et aussi longtemps qu'un médicament efficace
ne sera pas trouvé, nos efforts doivent porter plus que jamais sur la
prévention. À cet égard, beaucoup d'efforts ont
été entrepris par le gouvernement qui consacre cette année
4 300 000 $ aux activités de prévention propre- ment dites. Nous
avons accentué nos campagnes d'éducation et d'information
particulièrement auprès des jeunes qui constituent l'espoir de
notre société et auxquels nous voulons absolument éviter
ce fléau.
Nous tenterons de les rejoindre partout où ils sont. À ce
sujet, je profite de l'occasion pour mentionner qu'une entente est intervenue
entre le ministère que je dirige et celui de l'Éducation pour que
les commissions scolaires puissent se doter d'une politique de lutte contre le
sida. Nous sommes convaincus que, dans la mesure où chaque réseau
et chaque milieu de travail prendra ses responsabilités par rapport
à cette question, le Québec pourra mener une lutte efficace
à cette maladie. Le ministère du Travail a également
accepté de s'impliquer avec nous pour que nous puissions proposer aux
entreprises une politique de lutte contre le sida.
Beaucoup de préjugés demeurent envers cette maladie et,
souvent, dans un lieu de travail, lorsqu'une personne est atteinte, elle doit
faire face non seulement à sa maladie, mais surtout au rejet et à
la peur de ses collègues de travail. Nous entendons donc poursuivre
énergi-quement ce travail de sensibilisation et l'élargir
à d'autres groupes de la société.
Nous entendons poursuivre et améliorer également les soins
et les services aux personnes déjà touchées par la maladie
et vivant avec le sida. Des centres d'excellence seront incessamment
créés, nous permettant d'être à la fine pointe dans
ce domaine. Ces centres d'excellence créés dans des
hôpitaux universitaires du Québec permettront d'intégrer la
recherche et renseignement aux soins et services médicaux et
psychosociaux. l'effort du québec se poursuivra aussi dans la recherche
à laquelle nous avons consacré plus d'un million cette
année. nous sommes en train de nous doter également d'un
système de surveillance de l'épidémie beaucoup plus
sûr. il faut dire que mieux nous connaîtrons le
développement de l'épidémie, mieux nous serons en mesure
d'y faire face. nous savons déjà, par exemple, qu'ici au
québec, les femmes et les enfants sont plus touchés qu'ailleurs
au canada. au 15 septembre dernier, 100 cas de sida chez les femmes
étaient recensés au québec, ce qui représente 60 %
du total canadien, soit de 166. trente-six enfants sur 50 au canada
étaient par ailleurs atteints de la maladie. (15 h 20)
C'est donc dire que la bataille n'est pas gagnée et qu'il nous
faut continuer de maintenir . une solide ligne de front. Évidemment,
nous ne pourrons pas y arriver tout seuls. Déjà, beaucoup de
citoyens et de citoyennes se sont mobilisés et regroupés autour
d'organismes communautaires dont nous tenons à souligner aujourd'hui les
efforts et leur implication.
Notre personnel du réseau de la santé et des services
sociaux a également manifesté son appui solide dans la lutte
contre la maladie et
certains établissements privés mènent un combat
acharné. L'ensemble des activités qui se dérouleront
demain au Québec constitue d'ailleurs une manifestation éclatante
de toute cette mobilisation. Plus que jamais, demain, Journée mondiale
de la lutte contre le sida, les différents établissements de la
santé, de l'éducation et des services communautaires seront sur
la place publique et transmettront ce message, notre seule arme contre cette
maladie: Le sida, cela concerne tout le monde et tout le monde doit se mettre
à l'abri en adoptant des comportements sécuritaires. Nous tenons
donc à appuyer fortement toutes les manifestations qui se tiendront
demain, le 1er décembre. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre. M.
le leader de l'Opposition.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président. La Journée
mondiale sur le sida a essentiellement pour objectif de sensibiliser la
population à cette grave maladie. En ce sens, la motion que nous
débattons aujourd'hui témoigne très bien de
l'utilité de décréter une telle journée. Le sida
n'est plus la maladie des autres. À l'échelle mondiale, les
chiffres sont tout à fait effarants. L'Organisation mondiale de la
santé estime que les 157 191 cas de sida déclarés au 1er
juin 1989 pour les 149 pays sont inférieurs au nombre réel qui
atteindrait, nous dit-on, le demi-million. Quant aux séropositifs, leur
nombre oscillerait entre 5 000 000 et 10 000 000. Au Québec, il y aurait
entre 8000 et 10 000 personnes séropositives. Le nombre des personnes
atteintes du sida frise les 900, au Québec. Et, à cet
égard, nous nous situons au deuxième rang des provinces
canadiennes quant au nombre de cas par million d'habitants.
Récemment, nous apprenions aussi que, dans 111e de
Montréal, une femme sur 400 qui accouchent a le virus du sida. Ce qui
est clair, c'est que nous devons cesser de parler de groupes à risque
pour parier de comportement à risque. Car la contamination a maintenant
franchi les frontières traditionnelles de ces groupes à risque
pour s'attaquer à tous les groupes de la société. Mais, M.
le Président, au-delà de ces statistiques, c'est le drame humain
que vivent les victimes qui doit retenir notre attention aujourd'hui.
Pour que les personnes déjà atteintes du virus gardent
espoir, il faut intensifier les recherches pour essayer de découvrir une
médication capable de véritablement augmenter l'espérance
de vie et, si possible, guérir la maladie. Pour ces personnes, il faut
aussi humaniser les soins tout en reconnaissant qu'elles ont le droit de
décider elles-mêmes de leur traitement. Pour ces personnes qui
sont confrontées à la maladie, il faut favoriser l'entraide
qu'offrent les groupes communautaires, particulièrement au niveau
psychologique. Pour ces personnes atteintes, il faut leur reconnaître les
mêmes droits qu'aux autres membres de la collectivité aux
chapitres du respect de la vie privée, des soins de santé
appropriés et des revenus d'appoint. Pour ces personnes qui sont
atteintes, il faut que notre société puisse leur garantir
qu'elles ne perdront pas leur emploi à cause de la maladie. Bref, pour
toutes ces personnes, nous devons nous montrer solidaires. Mais, M. le
Président, il nous faut de plus, pour ces personnes qui ne sont pas
encore atteintes du virus, continuer et accentuer la sensibilisation et non
seulement, comme je l'ai déjà dit, auprès des groupes
considérés à risque.
M. le Président, en terminant, nous savons tous que la lutte au
sida coûte cher. Elle aura coûté 56 000 000 $ en 1987.
À cet égard, il n'est pas de mon intention de faire de la
politique partisane avec un dossier aussi pathétique. Le ministre l'a
mentionné, son gouvernement a fait certaines choses. Ce que je lui
demande, c'est de s'assurer que son gouvernement fasse tout ce qui est
humainement possible pour soulager la souffrance de milliers de
Québécois et pour éviter que cette terrible maladie ne
progresse trop rapidement. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. Le sida demeure une
épidémie mondiale et frappe au-delà des frontières,
quel que soit l'âge, la nationalité ou le statut social.
Malgré que nous jouissions, au Canada et au Québec, d'un niveau
de vie parmi les plus élevés, doublé d'un régime de
santé connexe, nous ne sommes toujours pas immunisés contre ces
ravages.
Au Canada, à la fin de juillet de cette même année,
2853 sidéens ont été diagnostiqués et, de ce
nombre, 1638, soit 58 %, ont trouvé la mort. Au Canada également,
le Québec s'est classé après la Colombie-Britannique, au
deuxième rang, avec 830 cas. Actuellement, le nombre des sidéens
double tous les 19 mois. Il y a cinq ans, il augmentait tous les dix mois.
C'est donc une situation alarmante et inacceptable.
La restructuration des services d'aide sociale et de santé,
stipulée dans le sixième objectif du dernier livre blanc du
gouvernement, recommande la stabilisation immédiate de la progression du
sida d'ici l'an 2000. Nous, du Parti Égalité, appuyons toutes les
tentatives du gouvernement actuel non seulement pour en freiner la progression,
mais aussi pour trouver enfin une solution définitive à ce
fléau mondial. Parce que aucun moyen efficace n'a encore
été développé et à cause surtout de son
caractère tragique, nous devons alors miser sur une prévention
éducative encore plus poussée.
Les dangers de transmission doivent être
clairement définis en vue de remédier à sa
progression et ils doivent être dévoilés à toutes
les couches de la société sans exception. Les experts ont
déjà déterminé les dangers de contagion: tout
contact sexuel avec une personne porteuse du sida, le partage des seringues, la
contamination du foetus par la mère lors de la naissance et de
l'allaitement, tranfusion sanguine infectée.
Alors, en conclusion, nous combattrons le sida uniquement si les
personnes impliquées collaborent entièrement avec les agences en
place qui devraient être en mesure de dépister les cas positifs en
vue d'identifier et de modifier les habitudes à risque. Par ailleurs, la
confidentialité et les droits individuels de chaque individu devront
être scrupuleusement respectés. Merci, M. le Président.
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le député de Taschereau.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Merci, M. le Président. J'aimerais me joindre
à ceux qui m'ont précédé pour appuyer la motion du
ministre de la Santé et des Services sociaux et souligner la
deuxième journée mondiale du sida dont le thème, cette
année, est "Le sida et les jeunes".
Des journées comme celle-ci sont très importantes. Elles
permettent de nous arrêter et de réaliser davantage que cette
épidémie nous lance un défi de taille. Ce n'est pas
toujours facile de regarder les choses en face et de voir que le sida,
ça n'arrive pas qu'aux autres. Dans la seule région de
Québec, par exemple, 89 personnes ont, jusqu'à maintenant,
été atteintes de la maladie. L'on ne connaît pas encore
exactement l'ampleur du problème, on reconnaît cependant que le
nombre de personnes porteuses du virus est beaucoup plus important.
Devant ce grave problème, le gouvernement du Québec a pris
ses responsabilités et a mis en place une série de mesures qui
visent à prévenir et à contrôler
l'épidémie. Dans la région de Québec, près
de 600 000 $ ont été injectés; un réseau sentinelle
de prévention et de dépistage anonyme est offert par des
médecins, soit de cliniques privées, d'unités de
médecine familiale dans les centres hospitaliers ou des CLSC. Ce
réseau offre aussi un service de "counsel ling" pré et post-test.
L'organisme communautaire MIELS-Québec est aussi très actif dans
la région et offre des services de prévention et de support aux
personnes atteintes.
Je tiens à souligner l'excellent travail de MIELS-Québec
qui dirige également une maison de transition pour personnes atteintes.
Une ligne 800 offre, sans frais, à tous les résidents du
Québec, l'information sur le sida. Le ministère de la
Santé et des Services sociaux soutient financièrement tous ces
projets. Ceci s'ajoute aux services offerts par le réseau de la
santé et des services sociaux, tels que les services hospitaliers, les
traitements, les services de maintien à domicile, de familles d'accueil
et de support psycho-social aux personnes touchées par la maladie. (15 h
30)
À l'échelle provinciale, le ministère intensifie
ses programmes de prévention et d'information auprès de la
population. Malgré l'importance du problème, il faut se rappeler
que cette maladie est évitable et tout est mis en oeuvre, non seulement
pour apporter l'assistance nécessaire à ceux-là qui sont
déjà aux prises avec la maladie, mais pour que chacun de nous
adopte des comportements pouvant faire échec à cette
épidémie. Il en va de la santé de toute la population
québécoise.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: Je cède maintenant la parole à
M. le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, vous voudrez bien me
permettre d'ajouter ma voix et, sans texte, d'y aller ad lib. J'aimerais
d'abord féliciter M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux d'avoir repris cette année cette proposition, cette motion,
dis-je plutôt, que je présentais à l'Assemblée
nationale l'an dernier. Vous comprendrez qu'il est quand même
agréable, quoique le mot dans le contexte puisse porter à
confusion, de parler après mon collègue, le leader de
l'Opposition, qui a été le premier ministre de la Santé au
Québec à reconnaître un organisme communautaire voué
à la lutte contre le sida, le Comité C-SAM à
Montréal, qui a été le premier des ministres de la
Santé à accorder les fonds nécessaires à
l'hôpital Saint-Luc de Montréal, un hôpital universitaire
spécialisé en immunologie.
M. le Président, s'il est malheureusement en cette Chambre un
député qui est profondément touché par cette grave
pandémie, c'est bien le député de
Sainte-Marie-Saint-Jacques puisque, je ne vous le cacherai pas, malheureusement
trop de mes concitoyens et de mes concitoyennes ont été atteints
et en sont morts. Cela fait que c'est toujours pour moi de plus en plus
difficile d'en parler puisqu'une très grande partie de ces personnes, de
ces hommes et de ces femmes qui sont décédés de cette
maladie, étaient bien plus ? que des concitoyens et des
concitoyennes, ils étaient d'abord et avant tout des amis.
M. le Président, je ne ferai pas, moi aussi, le procès de
ce qui a été fait et que je pourrais peut-être juger avoir
été mal fait, de ce qui n'a pas été fait et que je
pourrais peut-être dénoncer. Je pense que la dernière
conférence internationale qui s'est tenue à Montréal et
à laquelle j'ai participé nous a donné des pistes. Et,
notamment, une très intéressante, puisqu'elle a été
une manifestation passablement remarquée
au cours de cette conférence, a été la place que
tenaient à prendre les personnes atteintes pour, non pas uniquement
centrer le débat sur la recherche et les autres objets connexes, mais
bien sur les conditions d'existence dans lesquelles, malheureusement, vivent
les personnes atteintes, qui sont: l'indifférence, l'isolement et
très souvent, malheureusement, le mépris né de l'ignorance
de cette maladie que peuvent avoir bien de nos compatriotes.
J'aimerais, M. le Président, sur ce sujet très
précis, assurer M. le ministre de la Santé et des Services
sociaux que s'il veut entreprendre des actions, il pourra toujours compter,
à quelque instant que ce soit, sur la collaboration du
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques. Déjà, nous
avons, à notre actif, dans ce petit coin de ville plusieurs
réalisations dont la maison Vali-quette. C-SAM, certes, subit
actuellement une crise de croissance mais dont je suis certain que les
problèmes seront réglés très bientôt pour le
bénéfice des personnes atteintes et de cette éducation
populaire que nous voulons faire.
J'ai apprécié les remarques de mon collègue,
député de Taschereau, quant à la très grande
expertise et au profond engagement de MIELS-Québec qui,
déjà, fait beaucoup. Il faudrait surtout ne pas oublier IRIS
à Sherbrooke qui a su se tailler une place et qui oeuvre en Estrie et un
tout nouveau groupe qui est formé aujourd'hui. Ma collègue, la
députée de Chicoutimi a quitté justement
l'Assemblée nationale il y a quelques minutes pour le lancement de cet
organisme qui va oeuvrer dans la région du Saguenay et du
Lac-Saint-Jean.
M. le Président, vous me permettrez, en terminant, tout en
rappelant de nouveau au ministre ma plus entière collaboration,
d'indiquer à tous mes collègues de l'Assemblée nationale,
qu'ils soient ici présents en cette Chambre ou qu'ils écoutent
dans leur bureau ainsi qu'aux compatriotes qui, par le truchement de la
télévision des débats, peuvent entendre mon message:
Durant la période de Noël, un groupe bénévole,
animé par - vous m'excusez du pléonasme - des animateurs de la
radio communautaire de l'Université McGill, vont faire une visite des
hôpitaux où se trouvent des personnes atteintes afin de leur
remettre un petit cadeau de Noël afin que cette journée soit
également, pour ces personnes, une journée de
réjouissance. Ceux à qui le coeur le dit et ceux qui nous
écoutent peuvent déposer un cadeau à mon bureau de
circonscription, au 1889, rue Amherst, angle Ontario; et pour mes
collègues ici, de cette Chambre, dont je n'ai jamais douté de la
générosité, c'est au deuxième étage, le
bureau 2.42, où je serai très heureux, avec ce groupe de
bénévoles, de les remettre en disant que c'est un geste de
solidarité, un geste chaleureux de mes collègues de
l'Assemblée nationale qui sont très sensibles à la douleur
que vivent ces personnes et surtout les familles et les amis qui les entourent.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président: Le débat étant terminé,
est-ce que cette motion présentée par M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux soulignant la Journée mondiale de
lutte contre le sida est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Il n'y a pas d'autres motions
sans préavis. Il n'y a pas d'avis touchant les travaux des
commissions.
Est-ce qu'il y a des demandes de renseignements sur les travaux de
l'Assemblée? Ceci . met donc fin à la période des affaires
courantes.
Reprise du débat sur le discours
d'ouverture et sur les trois
motions de censure
Nous allons maintenant procéder aux affaires du jour. Nous allons
procéder aux affaires prioritaires et à la reprise du
débat sur le discours d'ouverture prononcé par le premier
ministre le 28 novembre dernier et sur les motions de censure du chef de
l'Opposition officielle, du whip de l'Opposition officielle et du
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Je vais maintenant
reconnaître, comme premier intervenant cet après-midi, M. le
député de D'Ar-cy-McGee.
M. Robert Libman
M. Libman: Merci, M. le Président. Premièrement -
je veux ajouter un mot - à notre grand étonnement, une nouvelle a
circulé à l'effet que le chef du Parti Égalité
aurait traité le chef de l'Opposition de traître. Le chef du Parti
Égalité n'a jamais prononcé de telles paroles.
M. le Président, j'aimerais bien souhaiter la bienvenue aux
nouveaux élus qui représentent majoritairement les autres
formations politiques dans cette Chambre. Je voudrais aussi profiter de cette
occasion pour remercier tous les électeurs et électrices de la
circonscription de D'Arcy-McGee pour la confiance qu'ils m'ont
témoignée pour prendre la relève d'hommes comme Victor
Goldbloom et Herbert Marx, comme député.
I would like to take this opportunity to thank the electors of
D'Arcy-McGee who had the courage to vote for a new party, who had the courage
to put their confidence behind me to play the role as their member of the
Assembly Assembly for the next four years.
Je voudrais d'abord exprimer les sentiments de fierté et
d'honneur que nous éprouvons, moi-même et mes collègues du
Parti Égalité, à l'idée de participer avec vous au
processus législatif de la 34e Législature de l'Assemblée
nationale.
L'Assemblée où nous siégeons présentement
date, rappelons-le, d'environ 200 ans, ce qui en
fait l'une des plus anciennes assemblées législatives
démocratiquement élues au monde et c'est quelque chose dont tous
les Québécois et Québécoises ont raison
d'être fiers.
The next four years would be the most crucial in the history of this
provincial Legislature. There are difficult questions confronting us. What
should be the status of Québec within the frame work of the nation of
Canada?
We, of the Equality Party, believe implicitly in a strong Québec
within a unified Canada. It is to that end that the voice of the Equality Party
will be heard within these walls. A voice for Québec within the
federation of the nation of Canada. (15 h 40)
Can Québec continue to preserve and promote its distinct identity
within a Canadian context? Can this be done without the suspending individual
rights and freedoms? And if it cannot, is the only viable means to protect the
French culture is the protection that the boundaries of an independent nation
may provide? These are the decisions that will surface in the next four
years.
Le Québec est l'une des communautés les plus riches, l'une
des communautés les plus singulières du continent
nord-américain. Et l'une des choses qui font que le Québec est
unique, singulier, distinct, riche, attachant, c'est la culture et la langue
françaises, la vitalité, le dynamisme de cette culture et de
cette langue.
Cependant, la grandeur que le Québec pourra atteindre
dépendra de quelque chose qu'aucune langue ne peut donner. Ce quelque
chose qui donne la grandeur aux sociétés, c'est le respect que la
majorité de cette société porte aux droits et aux
libertés des individus et des groupes minoritaires qui la composent.
La majorité française du Québec est aussi une
minorité. Elle est une minorité à l'intérieur de
l'ensemble canadien et plus encore, dans l'ensemble du continent
nord-américain. On le sait, toutes les minorités, par
définition, ont des besoins spécifiques et nécessitent une
attention spéciale. Les Législatures devront toujours donner
priorité à la protection, à la promotion et à la
sécurité des cultures minoritaires.
In light of recent events, the challenge again presents itself. We must
find that fine line, that middle-ground between two competing and legitimate
interests: protection of the French language and culture on one side and
individual rights on the other.
That precious line, once found, must never be crossed. Crossing it, has
dire implications for Québec and for Canada.
The vision of the Equality Party is represented by a three cornerstores.
Les trois pierres angulaires du Parti égalité: 1. is the respect
for all citizens' fundamental rights and freedoms. Le respect des
libertés fondamentales de chaque individu. 2. the important benefits of
bilinguism. L'importance du bilinguisme. And 3. that Québec must remain
an integral part of a strong and unified Canada. Le Québec devra rester
toujours une partie intégrale d'un Canada fort et uni.
This clear message would guide our party in defining any balance between
our two cultures.
Aujourd'hui, dans la même mesure où le Québec
français est différent de ce qu'était le Québec il
y a 30 ans, le Québec anglais aussi est différent. Les deux ont
profondément changé. Le changement consiste en ceci: La
majorité des . anglophones et des allophones, en 1989, ont
accepté le fait français, la réalité
française du Québec. Près de 60 % des anglophones du
Québec sont aujourd'hui bilingues. Près de 20 000 de nos enfants
sont inscrits en classe d'immersion française. Un grand nombre d'entre
nous travaillons presque exclusivement en français. Il est clair,
irréfutable que les anglophones du Québec non seulement acceptent
mais participent au fait français et le supportent.
We have adapted to, we have accepted the french fact. This is
indisputable. The focus for any future dialogue therefore is clear and much
more sensitive and open than it ever was in the past. Once the proper balance
between promoting the French language and culture and individual rights is
struck, respected for and adherence to that balance must become entrenched in
the hearts, minds and souls of all Quebeckers. It will be this balance that
will form the foundation for a new social contract between Quebec's two
founding peoples.
And, for the first time, the floor of the ' National Assembly will serve
as the forum for discussing the conditions of this new social contract between
the two founding peoples of Québec. In these discussions, the Equality
Party will enunciate a vision of Québec and Canada that is fundamentally
different than either of the two parties that occupied 121 of the 125 seats in
this House.
M. le Président, le premier ministre du Québec parle de
trois niveaux en ce qui concerne la protection constitutionnelle de la langue
française au Québec. Premièrement, l'article 1 de la
Charte canadienne des droits et libertés, c'est-à-dire la clause
des limites raisonnables; deuxièmement, la clause de la
société distincte, qui n'est pas encore réalisée;
troisièmement, la clause "nonobstant".
Le chef de l'Opposition officielle propose un quatrième niveau de
protection: l'indépendance du Québec.
Je vais maintenant examiner ces quatre niveaux de protection qui
représentent différen- ¦ tes visions du Québec et du
Canada. Je vais les examiner à la lumière des trois pierres
angulaires du Parti Égalité.
Premièrement, la clause "nonobstant". Une charte des droits et
libertés proclame des principes universels, des principes que tout
être humain peut faire siens, quels que soient sa langue, sa religion, sa
race, sa profession, son métier, son âge, son sexe, etc. Une
charte des
droits et libertés garantit à tout individu les droits
civils, les droits à l'égalité et les libertés
fondamentales. Ils sont inaliénables et ne doivent en aucune
façon dépendre de la volonté des gouvernements, de
l'humeur d'une époque, des groupes de pression ou des pressions de la
majorité. Ainsi, la liberté de conscience, la liberté
d'expression, la liberté d'association, le droit à la vie, le
droit d'être présumé innocent et bien d'autres droits et
libertés ne peuvent être violés et les plus hautes cours du
pays les garantissent. Ils appartiennent à chacun et chacune.
It is a Charter of Rights that identifies and protects freedom for every
person. Many feel, however, that the final authority for the validity of
legislation should be elected politicians. Therefore, where constitutionally
entrenched Charters of Rights exist, a device such as the notwithstanding
clause is made available to a government to pass legislation that may otherwise
contravene a charter.
Mais tout se passe donc comme si nous n'avions pas de chartes des droits
et libertés. On peut suspendre ces droits et ces libertés
à volonté. Il y a une clause dérogatoire dans les deux
chartes. Elles permettent de passer outre aux libertés fondamentales,
aux droits fondamentaux. Ces clauses "nonobstant", québécoise
comme canadienne, permettent de violer, de suspendre des libertés ou des
droits aussi fondamentaux que la liberté d'expression, la liberté
d'association, la liberté de conscience et de religion, les droits
à l'égalité, la liberté de presse, le droit d'aider
un groupe défavorisé, le droit à la présomption
d'innocence; même le droit à la vie, même le droit à
la protection contre les traitements cruels ou inusités peuvent
être suspendus.
Les individus, les groupes, les professions, les minorités sont
à la merci des gouvernements, sont à la merci des pressions de
toutes sortes auxquelles les politiciens sont toujours soumis. Ces clauses
dérogatoires rendent les protections légitimes, normales, sur
lesquelles tous les citoyens du Québec, comme du Canada, devraient
pouvoir compter, ces clauses dérogatoires, ces clauses "nonobstant"
rendent ces libertés fondamentales et ces droits nuls. Une
société qui ne se préoccupe pas de garantir ces
libertés et ces droits à tous les citoyens est une
société qui s'expose à de grands dangers.
The presence of the notwithstanding clause in our Charters of Rights and
Freedoms, which can be invoked at any time, is as if we do not have a Charter
of Rights and Freedoms at all. Today then, in Québec as well as across
the rest of Canada, a dangerous situation exists that demands - it demands -
the immediate abolition of the notwithstanding clause. All Canadians must
demand its removal. We must have a valid Charter of Rights and Freedoms that
protects all people.
Il nous faut une véritable charte des droits et libertés
qui protège tout le monde. (15 h 50)
Is the independence of Québec the answer? One of the three
cornerstones of the Equality Party is that Québec remain an integral
part of a strong and unified Canada. Independence will not be the saviour of
the French fact. On the contrary, it will lead, as far as we are concerned, to
the demise of Québec. We will suffer irreparable harm, economically,
socially and culturally. Canada will loose without Québec and
Québec will suffer miserably without Canada.
Les dernières trente années ont vu la croissance et
l'épanouissement de la langue française, sa
pénétration en profondeur dans le monde des affaires, sa
pénétration en profondeur dans les arts et dans la politique. Ces
progrès, tous ces progrès se sont faits à
l'intérieur du fédéralisme canadien. Ces progrès ne
doivent rien au vandalisme. Ils ne doivent rien non plus à des lois
répressives sous prétexte de protéger la paix sociale, une
paix sociale que seule l'injustice ou l'hostilité entretenue entre
groupes met en danger. Ces progrès ne sont pas dus non plus aux
restrictions linguistiques comme celles imposées par certains articles
de la loi 101. Ces progrès sont dus à la fierté profonde,
naturelle, innée des Québécois et des
Québécoises. Ils sont dus à leur volonté
séculaire d'exercer leur droit d'être francophones dans une
perspective dynamique et constructive.
M. le Président, l'indépendance du Québec
résoudra-t-elle la question linguistique? Nous posons la question.
Est-ce que la protection naturelle que donneront les frontières d'un
pays indépendant permettrait d'établir dans la population ce sens
de la sécurité culturelle à laquelle une large portion de
cette population aspire? Et surtout, surtout, est-ce que les
représentants de la majorité linguistique au Québec
pourront alors se sentir suffisamment en sécurité pour restaurer
dans leur intégralité les libertés individuelles qui
pourraient encore avoir été suspendues d'ici la? Tous les
habitants de tous les pays indépendants du monde ont-ils
nécessairement le sentiment d'être libres? D'être en
sécurité? L'indépendance d'un pays est-elle une formule
infaillible ou magique?
Separation is a risk that cannot be taken. Events of the last 18 months
have indicated that if the independence option is chosen, individual freedoms
and minority rights would be compromised even more. We have to look no further
than statements that have been made by both of the other parties in this House.
One party brags of suspending fundamental rights; the other complains that
these measures do not go far enough.
However, the danger does not lie with the people of Québec; with
or without the Meech Lake Accord - which I will speak of shortly - the people
of Québec still love Canada, still want to remain Canadian citizens. The
percentage of Quebeckers who want our province to leave Confederation will
always be a minority.
The worry is not one that is dedicated to any sentiment of attributed to
the population.
That there has been a perceptible shift in the Liberal Party away from
feralism - this is a real danger. Just in the past few weeks, we have witnessed
a move in the Liberal caucus, not only towards nationalism... but towards
independence.
Le Parti libéral, ce parti dont les membres élus forment
la majorité dans la présente Législature, le Parti
libéral sera-t-il fidèle à sa propre philosophie?
L'article 1 de la constitution du Parti libéral nous donne une
idée de ce que pourrait être le libéralisme, et je cite:
"II est, par la présente constitution, formé un parti politique
voué à la promotion du développement économique du
Québec et de la justice sociale au sein de la fédération
canadienne, et composé de personnes qui professent la liberté de
l'individu, la protection des droits des individus et des libertés
civiles."
M. le Président, in December 1988, the Liberal Government invoked
the notwithstanding clause, suspending freedom of expression and equality
guarantees as expressed in the Canadian and Québec Charters. In doing
so, the leader of the Québec Liberal Party disregarded three unanimous
court decisions - decisions rended by no less than eleven judges - eight from
Québec. Could a political party representing true liberal philosophy, as
I have just outlined in their constitution, commit such an act? Could they
suspend fundamental freedoms? The Liberal Party, the true Liberal Party has
abandoned its own Constitution. They have abandoned their very own principle of
liberalism.
Alors, la question doit être posée. Le présent
gouvernement éprouve-t-il un lien étroit, une attache forte au
reste du Canada? Au fur et à mesure que nous nous rapprocherons du mois
de juin 1990, date à laquelle l'accord du lac Meech sera ou ne sera pas
ratifié, la réponse va devenir de plus en plus claire. Du moins,
espérons-le. Quoi qu'il en soit, contrairement à ce qui se
passait jusqu'ici avant le 25 septembre 1989, il n'y aura pas seulement ce
parti de fédéralistes mutants, comme d'autres dans cette
Assemblée l'ont dit, pour représenter la vision canadienne
à l'Assemblée nationale. Une voix fera entendre son soutien non
équivoque à la vision fédéraliste: celle du Parti
Égalité, une voix forte, une voix vraie en faveur du Canada et du
lien canadien.
If the Meech Lake Accord is not ratified by all ten provinces by June
1990, certain voices . from within the Liberal caucus have insinuated that
other avenues will have to be explored. Now, what does this mean? If the
Liberal Government is so committed to federalism, certainly the Premier of this
province can find common ground that will satisfy his five demands. They are
not unreasonable demands, but they are unacceptable in the form expressed in
the Meech Lake Accord, which must be rejected if major amendments are not
made.
Si le premier ministre est tellement fidèle à l'accord du
lac Meech, il doit trouver un terrain d'entente. On n'a qu'à consulter
les documents officiels du Parti libéral lui-même. Et j'ai ici une
copie du programme électoral du Parti libéral de 1985:
"Maîtriser l'avenir". Les exigences du Parti libéral pour une
réforme constitutionnelle y sont très clairement
exprimées. Voici, à titre d'exemple, et je cite: "II est grand
temps que la loi constitutionnelle reconnaisse explicitement le Québec
comme le foyer d'une société distincte par sa langue, la culture,
l'histoire, les institutions et le vouloir vivre de sa population. Un tel
énoncé, selon nous, doit se retrouver dans un préambule
à la nouvelle Constitution". Fin de la citation.
M. le Président, si le premier ministre désire vraiment,
s'il souhaite vraiment sauver l'accord du lac Meech, pourquoi doit-il avertir,
comme il a fait mardi après-midi: "une erreur historique aux
conséquences imprévisibles" au lieu d'être à la
hauteur de l'homme d'État qu'il est capable d'être et
reconnaître des amendements à l'accord qui doivent au moins
être apportés, et tout spécialement en ce qui concerne la
protection des droits et des libertés de l'individu? C'est lui...
Le Président: Je m'excuse, M. le député de
D'Arcy-McGee. Puisque nous avons déjà 20 minutes qui se sont
écoulées depuis le début de votre intervention, ça
me prendrait le consentement de l'Assemblée pour poursuivre
au-delà du temps permis. Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: Je n'ai pas d'objection. Un instant, M. le
député de D'Arcy-McGee. Je n'ai pas d'objection. On a eu
l'occasion de s'en parler. Cependant, il faudrait que les parlementaires ainsi
que la présidence considèrent qu'il s'agit là d'un
consentement très spécifique, très ad hoc pour la
circonstance. Et, il me semble quand même que le consentement devrait se
limiter un tant soit peu... On avait convenu d'une dizaine de minutes de plus,
cinq minutes de la formation du parti ministériel et cinq minutes de
l'Opposition. Donc, le député de D'Arcy-McGee pourrait
bénéficier de dix minutes . additionnelles.
Le Président: Alors, très bien. Effectivement, ce
consentement, puisque je le requiers, c'est donc qu'il est ad hoc pour la
situation présente. Vous pouvez continuer, M. le député de
D'Arcy-McGee.
M. Libman: Merci, M. le Président. Comme j'ai dit, c'est
lui-même, M. le Président, le premier ministre, dans sa propre
documentation
en 1985 qui a exprimé que la reconnaissance du Québec
comme société distincte doit se retrouver dans un
préambule à la nouvelle constitution. S'il n'est pas prêt
à effectuer des amendements, alors l'accord doit être purement et
simplement rejeté. (16 heures)
If the Premier of this province wants to save the Accord, if he wants to
show his commitment to the Accord and federalism, is he prepared to support an
amendment to the Accord that will protect all of the Charter from the influence
of the distinct society clause?
He himself mentioned, in his opening speech here on Tuesday, that the
distinct society clause does not permit the suspension of any article of the
Charter. He should therefore have no objection to extend Section 16 of Meech
Lake to protect not only Sections 25 and 27 of the Canadian Charter from the
effects of the distinct society clause, but all of the Charter as well.
Or is he ready to adopt the recommendations that his own party has set
out in their 1985 Party program "Maîtriser l'avenir" such as putting
recognition of Quebec's distinct society in a preamble? Is he ready to revoke
Bill 178 and advocate the removal of the "notwithstanding" clause from the
Charters? It was this action, his own use of the "notwithstanding" clause to
pass Bill 178, that has created a backlash in the rest of Canada.
All Québec citizens, English and French, must have answers to
these questions. We must all know wether we are being governed by a Liberal
Party committed to Québec remaining within Canada.
Otherwise, the Equality Party MNAs, the four of us, as duly elected
representatives of one of the major components of what our Premier calls the
fundamental characteristic of Canada, we will shout from the rooftops that the
Meech Lake Accord must be rejected.
La ratification de l'accord du lac Meech, comme telle, constituerait
sans le moindre doute une erreur historique aux conséquences
imprévisibles.
Alors, qu'est-ce que le Parti Égalité considère
comme une protection constitutionnelle adéquate à l'endroit de la
culture et de la langue française au Québec?
Le programme de notre parti dit clairement et sans équivoque que
le Parti Égalité s'engage sans aucune ambiguïté
à promouvoir la vitalité de la langue française.
Cependant, il doit y avoir un équilibre juste, approprié entre
cette promotion et le respect des droits individuels.
Le Parti Égalité croit fortement que la ligne
d'équilibre, la ligne juste se trouve dans l'article 1 de la Charte des
droits et libertés, et je cite cet article: "La Charte canadienne des
droits et libertés garantit les droits et libertés qui y sont
énoncés. Ils ne peuvent être restreints que par une
règle de droit, dans des limites raisonnables et dont la justification
puisse se démontrer dans le cadre d'une société libre et
démocratique."
En vertu de l'article 1 de la charte canadienne, le gouvernement du
Québec peut passer des lois avec l'intention de renforcer le fait
français, la vitalité et la prédominance de la langue
française, mais sans outrepasser cette ligne, cette précieuse
ligne d'équilibre au risque ' de mettre en danger les droits des
individus ou d'encourager la population elle-même à les
négliger, voire à les mépriser. Il n'existe pas de
société au monde pour laquelle franchir cette ligne ne soit pas
dangereux.
Les nationalistes disent que la seule façon de sauvegarder le
français au Québec est la suspension ou la restriction des droits
des minorités.
Croyez-vous que ce soit juste que ma langue soit interdite chez moi?
Croyez-vous que ce soit juste que l'on doive la cacher? Croyez-vous que ce soit
justice pour nous que des mesures restrictives soient prises pour l'effacer de
la surface du Québec, comme l'article 58 de la loi 101 et la loi 178?
Les francophones du Québec, comme tous les francophones du Canada,
devraient être les premiers à le comprendre parce que eux aussi
ont connu l'hostilité et la répression linguistique.
La disparition, l'effacement, la non-visibilité des autres, de
ceux qui sont différents de nous - ne règle rien, ne
résout rien, ne protège rien. Il n'existe qu'une façon de
se défaire d'un étranger; toutes les autres façons ont
lamentablement échoué dans l'histoire. Il n'existe qu'une seule
façon de se défaire d'un étranger et c'est d'apprendre
à le connaître. Il faut construire, construire ensemble. Il ne
faut pas démolir. il est vrai qu'il existe en amérique du nord
250 000 000 d'individus qui parient anglais. et il est vrai que la population
francophone compte pour seulement 2 % dans cet immense ensemble. mais cette
communauté peut-elle comprendre que nous, la communauté
anglophone du québec, ne formons qu'un minuscule 0,2 % dans tout
ça? c'est ça, la réalité. il faut comprendre. nous
ne sommes pas, nous, anglophones du québec, une majorité en
amérique du nord; nous formons une minorité, comme vous, plus
petite même. où habitent les 250 000 000 d'anglophones
d'amérique du nord? chez nous? ici? non, pas chez nous. nous sommes une
minorité ici aussi. le québec est aussi notre foyer, comme vous.
c'est . ici que nous vivons. nous ne vivons pas à chicago, nous n'avons
pas nos racines à sudbury ou à toronto, mais ici. nous sommes
québécois aussi.
L'article 1 de la Charte canadienne des droits et libertés nous
indique le chemin, la voie à suivre, et nous permet de promouvoir le
français, de le promouvoir sans éliminer d'autres langues. Cette
perspective, si elle est bien comprise de part et d'autre, peut donner lieu
à un exercice enrichissant, agréable, excitant, créateur,
passionnant, qui nous fera réaliser
combien nous avons en commun!
Le gouvernement du Québec a en sa possession tous les moyens,
tous les fonds nécessaires, toute l'autorité et toute la
légitimité nécessaires pour promouvoir le français
et il n'a pas besoin, absolument pas besoin de la loi 178 pour le faire.
On n'a pas à choisir entre la charte des droits et la langue
française. On peut être amoureux des deux.
Je demande, M. le Président, que le premier ministre du
Québec voie à assurer à la langue française et au
Québec un avenir rayonnant, dans la fierté et la dignité,
en respectant la minorité anglophone et les communautés
culturelles et en exigeant du Canada qu'il respecte aussi ses minorités
francophones et ses communautés culturelles.
So, in conclusion, M. le Président, the Equality Party feels that
stripped of its over ride provision, the Canadian Charter of Rights and
Freedoms offers a viable, workable formula that recognizes the French fact in
Québec and Canada. The Charter, with its reasonable limit clause,
enables the Government to protect, promote, and enrich the French language and
culture in Québec, while maintaining Quebec's Canadian identity. But it
does not allow the Government of the day to perform in a manner that crosses
that fine line, that fine line that protects the rights of an individual human
being.
Il est temps de construire un pont entre toutes les communautés
culturelles et ethniques du Québec. Il est grand temps de voir à
ce que chaque groupe, chaque individu se sente chez lui ici et partout au
Québec. Le Parti Égalité représente et respecte
tous les Québécois et toutes les Québécoises, peu
importe leur origine linguistique ou culturelle. Nous ne sommes pas un parti
des Anglais non plus. Nous sommes un parti pour tout le monde.
By reconciling our differences and finding common ground, we will send a
message not only to the rest of Canada but to the world, to see how these two
historical solitudes, the English and French Québec, together, with a
rich mosaic of all cultural communities, worked out our differences. Today
should be a new beginning. Aujourd'hui peut être le commencement d'un
temps nouveau.
This is how Québec will once again draw tourism, vitality and
foreign investment. It will be by opening our borders, opening our arms instead
of closing them off, by creating a comfortable social climate that we will once
again re-establish ourselves on a level playing field with major economic
centers elsewhere in Canada.
It is time, then, that we take the advice of the Liberal Party's own
platform and recognize Québec as a distinct society in a preamble to
Canada's Constitution, which can form the basis of a new accord that brings
Québec back into the constitutional family and does not sacrifice
individual freedoms bilingualism and the national . unity of our country, which
are the three cornerstones of the Equality Party, le Parti
Égalité. Merci, M. (e Président.
Motion de censure
Je veux présenter une motion. I wish to present the following
motion, Mr. Speaker: In view of its disregard for the fundamental rights and
freedoms of individual and minority groups within Québec, the National
Assembly condemns the Government for its failure to respect the Canadian and
Québec Charters of Rights and Freedoms. Merci, M. le Président.
(16 h 10)
Le Président: Nous allons maintenant poursuivre le
débat avec l'intervention de M. le ministre de la Main-d'Oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: M. le Président, vous me permettrez, dans un
premier temps, de vous offrir mes félicitations et celles des
électeurs de la Montérégie pour la nomination dont vous
avez fait l'objet à titre de président de l'Assemblée
nationale. En tant que ministre responsable de la Montérégie, je
dois dire que nous sommes particulièrement fiers d'avoir un
président de l'Assemblée nationale issu de cette région.
Je crois bien que vous êtes le premier président à
accéder à de tels honneurs et nous en sommes tous très
fiers.
Vous me permettrez également de remercier les électeurs du
comté de Laporte qui m'ont renouvelé leur confiance pour une
troisième fois. J'espère bien pouvoir faire honneur à
cette confiance qu'ils m'ont témoignée.
M. le Président, pour peu que l'Assemblée nationale
traduise les préoccupations véhiculées lors de la
dernière campagne électorale, nous devrions abondamment parler de
la formation professionnelle de la main-d'oeuvre au cours des prochains
mois.
En effet, la question de la qualification des travailleurs qui, à
certaines occasions, fut mêlée à la macédoine
électorale a, cette fois, émergé clairement des programmes
politiques au point de constituer un enjeu important de la dernière
élection. D'aucuns diront que ce n'est pas trop tôt, mais enfin,
les deux principaux partis politiques représentés en cette
Chambre reconnaissent la nécessité et même l'urgence de
relever le niveau de compétence de la main-d'?uvre
québécoise.
Bien sûr, nous allons nous "coltailler" sur le choix des moyens.
Le propre de l'Opposition, c'est de chercher des "bibites", de dire qu'on
n'agit pas assez vite, qu'on ne va pas suffisamment en profondeur, bref, que
les moyens retenus par le gouvernement ne permettent pas d'atteindre le
meilleur des mondes, ce concept merveilleux qu'on imagine avec tant de
facilité
quand on n'est pas au pouvoir.
Mais par-delà ces prises de bec coutumières
à toute joute parlementaire, il faut se réjouir de l'importance
qu'accaparera le sujet de la formation professionnelle dans les travaux de
l'Assemblée nationale.
Le discours inaugural qu'a lu le lieutenant-gouverneur,
mardi dernier, reflète en tout cas la priorité que !e
gouvernement entend accorder à cette question.
Je crois que, de part et d'autre de cette enceinte, nous
nous entendons sur le besoin d'accroître les efforts de toute la
société dans le domaine de la formation professionnelle. Nous
reconnaissons tous la nécessité d'un Québec
compétent, le seul qui puisse espérer à la
prospérité économique et à l'équité
sociale.
Tout le monde déplore un taux de chômage qui a
de la difficulté à se maintenir en deçà de 10 %.
Pourtant, une partie importante de ce taux de chômage est attribuable
à l'incapacité des personnes à accéder, à
cause d'un manque de formation, aux milliers d'emplois disponibles.
C'est ce que les économistes appellent "le
chômage structurel". Au-delà des mots, il y a la dure
réalité vécue par les chômeurs qui doivent se
recycler, se perfectionner pour pouvoir aspirer aux emplois plus techniques,
plus spécialisés qui sont présentement en pénurie.
Il y a aussi la nécessité de prévenir les pertes d'emplois
en permettant aux travailleurs, en entreprise, de demeurer compétents,
c'est-à-dire d'être capables de suivre l'évolution de la
technologie et des marchés.
Quand on parle de la formation professionnelle, on fait état d'un
processus quasi-permanent qui permet à la main-d'oeuvre, en particulier
les travailleurs en emploi, d'avoir la capacité de s'adapter aux
changements constants qui s'opèrent sur le marché du travail.
C'est pourquoi, la participation des entreprises à cette formation
continue revêt une importance primordiale.
Depuis de nombreuses années, l'essentiel des
énergies déployées par le gouvernement du Québec et
le gouvernement fédéral dans le domaine de la main-d'oeuvre est
canalisé vers les besoins des chômeurs. Tant au plan des budgets
qui leur sont consacrés qu'à celui des programmes en place, tout
ou presque semble converger vers l'aide aux personnes à la recherche
d'un emploi.
Réalisons simplement que les prestations
d'assurance-chômage et de la sécurité du revenu ou de
l'aide sociale, si vous voulez, versées aux personnes aptes au travail
représentent, au Québec, des déboursés de l'ordre
de 5 000 000 000 $ par année. Dans une très large mesure, les
5800 fonctionnaires des centres d'emploi du Canada offrent, avant tout, de
l'aide aux chômeurs. De même, la part du lion des 431 000 000 $
prévus à l'entente Canada-Québec intitulée "La
Planification de l'emploi" va aux personnes à la recherche d'un
emploi.
Je ne dis pas qu'il faut couper les vivres aux
chômeurs et aux prestataires de la sécurité du revenu. Le
besoin de les intégrer au marché du travail conserve toute sa
pertinence. Mais H est essentiel de faire plus pour les personnes en
emploi.
Cela devient encore plus évident dans le contexte du
développement technologique. Les études menées par le
ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et
de la Formation professionnelle démontrent clairement que plus de 80 %
des personnes affectées aux nouvelles tâches créées
par l'implantation d'une technologie sont des travailleurs de l'entreprise
recyclés dans ces nouveaux emplois.
Si on ne permet pas aux travailleurs de se perfectionner,
de suivre l'évolution technologique, de se recycler
périodiquement au rythme des mutations du marché du travail, on
risque de les "déqualifier", comme disent les gens du milieu, de les
rendre improductifs et, à toutes fins pratiques,
incompétents.
Il ne s'agit pas d'une menace théorique, du cri
d'alarme d'une personne "déconnectée". Combien d'entrepreneurs
ont dû fermer boutique, incapables qu'ils étaient de satisfaire
les exigences de la concurrence ou de la modernisation des
procédés de fabrication? Combien de personnes sont mises à
pied parce que leur entreprise a trop longtemps repoussé la
décision, inéluctable, de moderniser ses installations et ses
méthodes de travail.
Face aux défis de la mondialisation de
l'économie, le repli sur soi représente la pire des
stratégies. À cet égard, il est assez invraisemblable que
deux grands partis politiques au Canada aient mené une campagne contre
le libre-échange avec les États-Unis. Ce qui se passe dans les
pays de l'Est présentement nous montre justement que la
réalité d'un monde ouvert finit toujours par s'imposer et qu'il
ne sert à rien de vouloir la nier, même avec la plus grande
fermeté. Il vaut mieux se préparer à affronter la
concurrence internationale que de se - cantonner dans un protectionnisme
à courte vue.
Or, pour être en mesure de rivaliser dans une
économie ouverte, c'est-à-dire de compéti-tionner avec les
meilleurs au monde, il faut investir davantage dans les ressources humaines en
emploi. Au premier chef, les entreprises doivent prendre conscience de leur
responsabilité à l'égard de la formation de leur
personnel. À ce chapitre, la performance de nos entreprises n'est
guère reluisante.
Une enquête menée à travers le Canada
par le ministère fédéral de l'Emploi et de l'Immigration
indique que seulement 14 % des entreprises québécoises offraient,
en 1984, un programme de formation organisé aux employés,
comparativement à 26,9 % en Ontario et 25,2 % dans l'ensemble du Canada.
De plus, nos entreprises ont dépensé cette
année-là, c'est-à-dire en 1984 toujours, 570 $ par
participant à un programme de formation contre 1100 $ en Ontario et 930
$
dans l'ensemble du Canada. Malheureusement, on ne dispose pas
d'études plus récentes, mais on peut facilement présumer
que la situation n'a pas changé significativement.
Dans le régime actuel, les personnes en emploi se trouvent
doublement pénalisées sur le plan de la formation
professionnelle. D'une part, les fonds publics destinés à
régulariser le marché du travail au Canada sont drainés
massivement vers les chômeurs. Ce biais est aggravé, d'autre part,
par le sous-investissement des entreprises québécoises dans la
formation professionnelle. (16 h 20)
Si le gouvernement ne réagissait pas, le Québec risquerait
de s'acheminer vers un état de sous-utilisation grave de sa
main-d'oeuvre à cause d'un manque de compétence. À une
époque où tout le monde avance, la personne ou l'entreprise qui
commet l'imprudence de rester sur place prend rapidement un retard
considérable. Il faut donc, M. le Président, inciter le secteur
privé à accroître son effort en formation professionnelle.
Il faut que la formation fasse partie des conditions normales d'exercice d'un
emploi, qu'elle s'inscrive tacitement ou formellement dans les liens d'affaires
que peuvent établir un employé et son employeur.
Les grandes entreprises, de façon générale, ont
parfaitement compris l'importance de la formation de leur personnel et elles y
consacrent, pour la plupart, des ressources importantes. Dans les petites et
moyennes entreprises, cependant, cette conception de la formation
professionnelle inhérente à l'emploi représente un
défi considérable.
Très souvent, compte tenu des contingences de la production, la
petite entreprise ne dispose pas des ressources humaines et financières
requises pour offrir la formation sur place ou pour libérer des
employés à des fins de perfectionnement. Pourtant, il est
absolument essentiel d'inculquer aux dirigeants des PME ce souci de la
formation professionnelle, condition essentielle à la capacité
des travailleurs de s'adapter aux exigences du marché du travail. On a
beau exhorter les entreprises à investir davantage dans la formation de
la main-d'oeuvre, ce réflexe ne se développera pas
d'instinct.
Dans un premier temps, il faut inventer des mesures incitatives qui vont
déclencher la décision de former le personnel. Il faut aider les
entreprises à assumer la part qui leur revient dans le perfectionnement
de la main-d'oeuvre et les inviter à prendre le relais du système
d'éducation, une fois que les personnes sont en emploi.
À cette approche incitative, le chef de l'Opposition officielle
nous a rappelé hier qu'il préférait la solution d'une taxe
sur la masse salariale destinée à financer la formation
professionnelle. Je ne ferai pas le débat tout de suite. Nous aurons
sûrement l'occasion d'y revenir M. le Président. Je me contenterai
de dire que le chef de l'Opposition continue de croire qu'à chaque
problème suffit sa taxe. Pour notre part, il nous semble, qu'au
même titre que le gouvernement offre des incitatifs fiscaux pour l'achat
d'équipements, il apparaît normal qu'il consente aux entreprises
et aux travailleurs des allégements fiscaux applicables aux
dépenses encourues à des fins de formation.
Parlant de la réplique du chef de l'Opposition au discours
inaugural, je dois absolument, M. le Président, relever l'une de ses
affirmations voulant que le déficit actuariel du Régime de rentes
du Québec atteigne le montant astronomique de 130 000 000 000 $. Cela
est totalement inexact, M. le Président, et j'ai la
responsabilité de rassurer la population sur notre capacité de
payer dans les prochaines années le plein montant des pensions
prévues au Régime de rentes du Québec.
J'ai déposé en cette Chambre, en juin dernier, une
étude exhaustive, intitulée "L'analyse actuarielle du
Régime de rentes du Québec". Cette étude démontre
clairement que si nous poursuivons la politique de notre gouvernement sur le
mode de cotisation au Régime de rentes du Québec, nous allons
disposer pour les 30 prochaines années et même au-delà, des
sommes nécessaires pour respecter tous les engagements que nous
contractons envers l'ensemble des travailleurs du Québec qui doivent
tous participer au financement de ce régime universel.
À la fin de l'année 1989, la présente année,
la caisse du Régime de rentes du Québec s'élèvera
à 13 900 000 000 $. Ce montant est égal à plus de quatre
fois le montant des prestations qui seront payées en 1990, soit 3 300
000 000 $. Non, il n'y a aucun déficit présentement et je dois
dire que nous avons pris et que nous prendrons les moyens pour qu'il n'y en ait
pas dans l'avenir.
Je rappellerai au chef de l'Opposition que le taux de cotisation au
Régime de rentes du Québec a été maintenu à
3,6 % de la masse salariale pendant 20 ans, entre 1966 et 1986. Depuis que nous
sommes revenus au pouvoir, nous avons eu le courage et la prévoyance
d'augmenter les cotisations de deux dizièmes pour cent par année
afin d'être en mesure de respecter les engagements du Régime de
rentes et d'éviter de refiler des factures faramineuses à la
prochaine génération.
Je trouve pour le moins ironique que le chef de l'Opposition, qui n'a
pas manifesté cette sagesse quand il était au pouvoir, vienne
parler maintenant du déficit du Régime de rentes. Je suppose que
nous assisterons régulièrement à ce genre de
démonstration dans les prochains mois, puisque le passage dans
l'Opposition semble représenter une occasion privilégiée
de se convertir. Il s'agirait, d'après ce que j'en comprends, d'une
sorte de chemin de Damas.
Mais revenons, M. le Président, à la question de la
formation professionnelle. Avant d'ouvrir la parenthèse sur le
Régime de rentes, je parlais des avantages fiscaux qui seraient
offerts aux entreprises et aux travailleurs afin d'encourager les
investissements en matière de formation.
Il ne suffit pas cependant de réviser la fiscalité et de
sensibiliser les employeurs pour que les entreprises décident tout
à coup, comme par enchantement, d'investir dans les ressources humaines.
Nous devons également revoir les programmes de formation et d'aide
à l'emploi de même que les modes de gestion de ces programmes.
Quand je rencontre les employeurs et les travailleurs au sujet des
mesures d'adaptation, un mot revient sans cesse: complexité.
Complexité due aux nombreux programmes détaillés qui
nécessitent plusieurs formulaires et, parfois, plusieurs
démarches administratives. Complexité d'un régime
multicéphale où les responsabilités du réseau de
l'éducation, du gouvernement fédéral, du gouvernement du
Québec et des commissions de formation professionnelle peuvent
s'enchevêtrer. Ce n'est pas le fouillis que dénonce l'Opposition,
mais il y a place pour davantage de simplicité, de souplesse et
d'harmonisation.
Les entreprises et les personnes en emploi sont
généralement pressées. Elles n'ont pas le temps de
traverser les labyrinthes bureaucratiques ou d'effectuer la tournée des
programmes avant de s'engager dans un processus de formation. Dans ce contexte,
la complexité de l'organisation des programmes de main-d'oeuvre
représente un obstacle à l'accessibilité à la
formation professionnelle. Comme les besoins sont plus criants que jamais, il
est impératif de simplifier nos procédés pour ouvrir nos
portes au plus grand nombre possible de travailleurs.
Le ministère de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du
revenu et de la Formation professionnelle est donc engagé dans un
processus de simplification des programmes de formation professionnelle et
d'aide à l'emploi. Nous avons décidé de prendre le taureau
par les cornes et de réviser de fond en comble nos programmes et notre
façon de les administrer.
Le ministère de l'Éducation a également
emprunté cette voie de la simplification. Il travaille
présentement à instaurer un régime pédagogique
propre aux adultes afin de mieux tenir compte des besoins des personnes en
emploi et des chômeurs qui veulent acquérir un métier ou
développer une spécialisation.
Pour que cette simplification prenne tout son sens, il faut que le
gouvernement fédéral, qui est un intervenant majeur dans ce
domaine, décide, cette fois, de s'associer avec le gouvernement du
Québec plutôt que de tenter de "dupliquer" notre action par des
programmes pancanadiens mal ajustés à la réalité de
notre marché du travail.
Ici, j'ai conscience d'agiter une marmite chère à nos amis
de l'Opposition. Mais tant pis. Je les vois déjà
répliquer: L'ultime simplification, c'est le rapatriement total, voire
l'indépendance.
Entre la simplification et l'exubérance, il y a une marge, M. le
Président, mais passons.
Le gouvernement fédéral est en train d'établir une
stratégie de mise en valeur de la main-d'oeuvre canadienne. Cette
stratégie passe par la réforme de l'assurance-chômage et
par d'importants ajustements budgétaires. Le problème, c'est que
toute cette opération, dont l'enjeu est quelques milliards de dollars
par année, se déroule en vase clos.
On est obligé de décortiquer le projet de loi modifiant la
Loi sur l'assurance-chômage pour réaliser, par exemple, que le
gouvernement fédéral s'octroie le pouvoir de puiser dans la
caisse de l'assurance-chômage des centaines de millions de dollars pour
financer directement des plans de formation dispensés, selon toute
vraisemblance, par le secteur privé. S'agit-il d'une tentative
d'intrusion dans un champ de compétence constitutionnel des provinces,
celui de l'éducation et de la formation professionnelle?
Nous avons appris, par le discours sur le budget fédéral,
que le gouvernement fédéral cesserait de contribuer au
régime d'assurance-chômage qui sera désormais
supporté en totalité par les cotisations des employés et
des employeurs. Il ne s'agit pas d'une mince affaire puisque, pour
l'année en cours, cela représente une économie de 2 900
000 000 $ pour le trésor fédéral. Le ministre canadien des
Finances...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le ministre.
M. Bourbeau: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): II ne vous reste que
quelques secondes. Alors, si vous voulez bien conclure. (16 h 30)
M. Bourbeau: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander à l'Opposition trois à quatre minutes pour terminer mon
allocution, étant donné qu'ils semblent intéressés
par le sujet que je traite présentement? Sinon, M. le Président,
je pourrais conclure...
Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que j'ai
consentement, M. le leader adjoint de l'Opposition?
M. Gendron: Je serais plus convaincu, M. le Président, de
l'intérêt du discours du ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu si ses propres joueurs et joueuses
étaient un peu plus nombreux en Chambre. Là, je serais convaincu;
cela me ferait plaisir d'accorder un consentement, mais ça n'a pas l'air
d'être le cas puisqu'il n'y a pas grand monde de son équipe
ministérielle qui l'accompagne. Deux ou trois minutes, ça va.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, il y a consentement
pour poursuivre deux ou trois
minutes.
M. Bourbeau: C'est assez, M. le Président, pour faire
remarquer au leader adjoint de l'Opposition que sa dernière remarque va
à rencontre des traditions parlementaires. Je dirai simplement,
s'agissant du gouvernement fédéral, que le ministre canadien des
Finances s'est engagé à rétablir la contribution
fédérale en cas de ralentissement économique afin
d'éviter des hausses brusques de cotisations au régime de
l'assurance-chômage. Mais, aucune assise juridique ou administrative
n'est mise en place pour supporter ou étayer cet engagement.
En somme, le gouvernement canadien est en train de s'implanter pas
à pas, d'implanter, dis-je, une stratégie qui revêt, pour
les provinces, et pour le Québec évidemment, une importance
primordiale. Ce que nous lui demandons, c'est de faire équipe avec nous,
de joindre ses efforts aux nôtres pour offrir aux entreprises et aux
travailleurs des programmes complémentaires, simples et accessibles.
Nous n'avons pas le droit de gaspiller nos énergies dans des
guerres de drapeaux ou de laisser la ruse ou la stratégie l'emporter sur
le contenu des programmes et leur mode de gestion. Sans succomber à la
naïveté, j'ai confiance que le bon sens finira par triompher et que
le gouvernement fédéral acceptera de négocier avec nous
une entente par laquelle nous éviterons tout dédoublement.
J'insiste ici pour souligner que la condition essentielle à la
ratification d'une telle entente tient au respect scrupuleux des
compétences constitutionnelles du Québec.
M. le Président, au début des années soixante, la
population du Québec s'est massivement ralliée à
l'idée que s'instruire, c'est s'enrichir. Comme collectivité,
nous avons effectivement beaucoup investi dans l'éducation au cours des
trente dernières années et nous nous sommes indiscutablement
enrichis.
Aujourd'hui, il faut implanter cet adage fort judicieux dans les
entreprises. Nous devons tous travailler à ce que se répande dans
les entreprises et chez les travailleurs cette conscience que la formation
professionnelle représente un investissement, un placement dans le
capital humain et une authentique forme de richesse.
Voilà, M. le Président, le grand défi que nous
partageons tous et qui devrait nous rassembler dans les prochains mois. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre.
J'accorde la parole au leader adjoint de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: Merci, M. le Président. Mes premiers mots,
rapidement, seront pour remercier les électeurs et les électrices
de mon comté qui, pour une quatrième reprise, un quatrième
mandat, m'ont fait confiance encore. Il s'agit là d'un défi
majeur important, mais qu'on va relever avec plaisir, d'autant plus qu'il y a
tellement de choses à faire en l'absence d'un gouvernement qui prend des
décisions que ça nous motivera sûrement pour être
très associés, et de très près, à la
population, comme je l'ai toujours été.
Mardi dernier, devait se passer en cette Chambre un
événement majeur parce que, règle générale,
pour les parlementaires - je félicite d'ailleurs tous ceux qui sont
nouveaux, autant de la formation ministérielle que de notre formation -
normalement, un discours inaugural, c'est la pièce où le
gouvernement communique ses orientations, ses intentions mais, surtout, ses
propositions d'action. Je dois vous dire que c'est avec
énormément de déception qu'on a été
obligés d'assister presque à l'absence d'un discours
inaugural.
J'entendais le ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu tantôt nous dire: Écoutez, c'est
facile d'être dans l'Opposition parce qu'il s'agit pour nous uniquement
de picocher, qu'on a juste à critiquer et que ça, c'est une
mission facile. Je lui dirais qu'on n'a . même pas besoin de se forcer.
On a tellement de groupes, on a tellement d'intervenants de toute nature en
dehors des membres de l'équipe de l'Opposition! Pas plus tard que la
veille, M. le Président, la veille du discours inaugural, un chroniqueur
quand même assez réputé ici, du Soleil, mentionnait:
"M. Bourassa devra gouverner". Qu'est-ce que ça signifie? Cela signifie
qu'il avait appris, après quatre ans de pouvoir, parce que ces gens, il
ne faut pas l'oublier - c'est en 1985 que, malheureusement, l'incident est
arrivé et il a été répété en 1989 -
ils sont là depuis 1985. Et, dans ce sens, ils auraient pu prendre
quelques décisions, gouverner un tant soit peu. Et, justement, cet
éditeur, M. Jacques Samson, dans Le Soleil, mentionnait:
"Bourassa, premier ministre du Québec, devra apprendre à
gouverner". Et il mentionnait également, le lendemain, parce qu'il y en
a qui se sont plus à citer ça: Les ministres responsables de
l'Énergie et des Ressources et du Développement régional,
de l'Agriculture, des Mines, de la Forêt, des Pêches, de
l'Industrie et du Commerce, du Tourisme, de la Voirie, personne de ces
ministres-là n'a pu dégager quelques avenues concrètes
pour appuyer, en ce début de session, les intentions vertueuses, un peu
verbeuses, marécageuses du premier ministre du Québec dans un
discours qui se voulait à caractère économique. Et la
conclusion de M. Samson était: Cela en est navrant, M. le ministre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Et ce n'est pas nous de l'Opposition qui avons écrit ce que je
viens de raconter. Ce sont des gens qui ont l'habitude de voir que,
normalement, dans un discours inaugural, on exprime des orientations
précises. On exprime des créneaux sur lesquels le gouvernement
posera des gestes concrets avec des politiques précises pour
corriger et pallier des lacunes évidentes qui ont
été manifestées pendant un certain temps. Nous n'avons pas
eu droit à ça, M. le Président, lors du dernier discours
inaugural. C'est notre responsabilité de le rappeler, d'autant plus
qu'à peu près tous les groupes sociaux, groupes
économiques, au niveau de la langue, dans les domaines social,
éducatif...
Je reviendrai d'une façon plus spécifique sur
l'éducation dans quelques minutes. Mais, avant, en plus de vous signaler
qu'on n'a pas eu droit à ce qu'on aurait dû avoir, comme le chef
de l'Opposition l'a extraordinairement et bien fait remarquer, pour les
quelques pistes qu'il y a de dégagées, ce gouvernement-là
a un problème de crédibilité terrible. Et, c'est notre
responsabilité, M. le Président, d'alerter l'opinion publique
pour ce qui est de la crédibilité de ce gouvernement-là
sur ses intentions. À titre d'exemple, parce que j'ai toujours
aimé illustrer en cette Chambre les points sur lesquels j'appuie mes
dires, allons-y de quelques exemples pour illustrer si, effectivement, ce
gouvernement-là a une once, un poil de crédibilité
à certains égards par rapport à des politiques qu'il a
énoncées.
Je viens d'entendre le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu, et à la page 9 du discours inaugural
lu par le lieutenant-gouverneur: "Le gouvernement déposera donc à
l'Assemblée nationale un document - imaginez, comme si on en avait pas
assez de documents -majeur d'orientation sur la formation permanente de la
main-d'oeuvre." Mais c'est quoi? Est-ce que c'est une trouvaille? Est-ce qu'un
gouvernement responsable n'aurait pas dû être conscient depuis des
mois, des années, qu'un des problèmes majeurs de la
société québécoise d'aujourd'hui, pour toutes
sortes de raisons d'évolution, de développement,
d'adaptabilité, c'est spécifiquement la formation de notre
main-d'oeuvre, une main-d'oeuvre plus qualifiée, plus compétente,
plus apte à prendre le virage.
Pensez-vous que ce fait n'est pas connu, M. le Président?
Qu'est-ce qu'on nous a dit mardi de cette semaine, il y a deux jours? On ne
nous dit pas que ces gens-là savent exactement quoi faire après
quatre ans d'exercice du pouvoir. Ces gens-là nous disent: Nous allons
déposer - on ne sait pas quand, mais ce qu'on sait, c'est que ce ne sera
même pas quelque chose de précis, de défini - un programme
d'action dans le cadre de la main-d'oeuvre et de la formation professionnelle.
Ça sera encore un document d'analyse, d'étude. Tout ça,
c'est multiplier... Il s'agit juste de traverser un corridor. On a à peu
près une cinquantaine de dossiers bien étoffés
là-dessus à la bibliothèque de l'Assemblée
nationale, dans tous nos centres de documentation, dans les services de
recherche de nos formations politiques respectives. Ça n'a pas de bon
sens. Je ne peux pas croire ces gens-là. Donc, premier exemple concret
de crédibilité.
Deuxième point, pensez-vous qu'il ne faut pas être un peu
farceur pour arriver à la page 10 et dire: Bon, bien là, il va
falloir s'adapter au libre-échange. Il va falloir développer une
stratégie d'adaptation au libre-échange. Pensez-vous que
ça a du bon sens, M. le Président? Le libre-échange,
ça fait quoi? Deux ans que ce dossier-là est dans ce que
j'appelle l'opinion publique des dirigeants de sociétés,
d'organismes, d'intervenants d'entreprises, et autres. Et pensez-vous qu'on n'a
pas martelé, nous de l'Opposition, en disant: Ça prend des
programmes d'adaptabilité. Ça prend des programmes qui vont
permettre à des travailleurs dans des secteurs qu'on sait qu'ils seront
en difficulté suite aux accords du libre-échange, et on souhaite
- de Granpré l'a dit, d'autres organismes à caractère
économique l'ont dit, des chambres de commerce l'ont dit, tout le monde
l'a dit - on exige du gouvernement d'avoir quelque chose de palpable, de
concret. Qu'est-ce que vous faites? C'est quoi, le coup de pouce que vous
donnez? On apprend qu'ils vont regarder ça. (16 h 40)
Je pourrais continuer, je vais en faire deux autres. Là où
j'ai quasiment tombé en bas de ma chaise, c'est à la page 13: Le
dossier des heures d'ouverture des commerces retiendra également
l'attention du gouvernement. Quand on aime se moquer du monde, on écrit
des phrases comme ça, M. le Président. Quand on a un peu de
respect pour une population, on n'a sûrement pas le droit d'écrire
- il n'y a pas d'autres mots, je les emploie à volonté - des
niaiseries de cette espèce, quand c'est rendu qu'il y a eu commission
sur commission. Un de leurs collègues, qui a fait un travail - il nous
l'a dit à une couple de reprises - le député de Nicolet, a
fait le tour du Québec, s'est promené d'un bord et de l'autre
pour regarder ça.
Je me rappelle l'ancien ministre qui a laissé ce
gouvernement-là probablement parce qu'il se trouvait très mal
à l'aise à l'intérieur d'un gouvernement qui ne prend
jamais une décision, et il était habitué d'en prendre dans
l'entreprise privée. Je fais allusion à M. MacDonald qui les a
lâchés en disant: J'en ai assez. Il a lâché ces
gens-là en disant: Ça n'a pas de bon sens.
Mais sur les heures affaires, il y a huit mois, M. le Président,
j'étais ici, en cette Chambre: D'ici une couple de semaines, une
décision définitive sera prise par notre gouvernement parce qu'on
sait où on s'en va, on a regardé ça et on a fait le tour
de la question. On apprend, mardi dernier, par le premier ministre, que le
dossier des heures d'ouverture des commerces retiendra leur attention. Il ne
nous dit même pas qu'il va peut-être bien prendre une
décision; non, non: On va regarder ça; ça nous
intéresse, on va regarder ça.
Et je pourrais continuer. Donc, je pense que le chef de l'Opposition l'a
illustré, non seulement il n'y a rien, mais quand il y a des intentions,
elles sont tellement peu crédibles qu'on n'a pas le droit de ne pas
revenir là-. dessus pour dire: Ce gouvernement a un problème
de crédibilité.
Je suis critique en matière d'éducation et de Charte de la
langue française, tout le dossier linguistique. Je ne voudrais pas, pour
les quelques minutes que nous avons - je vais y revenir, c'est clair - ne pas
profiter de cette occasion pour parler un peu d'une des questions qui me
préoccupent, qui devraient préoccuper des parlementaires comme
nous, qui devraient préoccuper un gouvernement responsable: Essayez de
me trouver ce qu'il y a de concret dans le discours inaugural concernant
l'éducation au Québec. Cette priorité qu'on devrait
donner, comme société moderne, à un secteur aussi majeur
de la formation de nos jeunes pour l'avenir, de programmes adaptés qui
permettent que le type de formation qu'on donne, nous avons les garanties que
ça correspond aux besoins de la société.
Tout le volet de l'enseignement universitaire. Ça fait des mois,
des années qu'on dit que l'enseignement universitaire est mal foutu sur
le plan financier, n'a pas l'argent requis pour faire sa mission, pour
s'adapter pleinement à sa mission. On a appelé ça le
dossier du financement universitaire. Le dossier du financement universitaire
dans le discours inaugural? Rien, j'y reviendrai.
En éducation, c'est un peu comme le reste. Normalement, on
devrait avoir droit à un gouvernement qui prend quelques
décisions. Bien sûr, ça n'a pas été aussi
repris que je l'aurais souhaité. Mais il y a quelques semaines, j'avais
l'occasion de me taper le discours du ministre de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science et de la langue lors du
colloque à l'occasion du 25e anniversaire de la création du
ministère, colloque organisé par l'Institut
québécois de recherche sur la culture. J'ai jasé au moins
avec une quinzaine de personnes qui étaient présentes et elles
ont dit qu'elles n'ont jamais vu ça et elles ont raison. Le ministre a
fait un des plus beaux discours, comme s'il était encore
éditorialiste au Devoir. Il a oublié qu'il était ministre
de l'Éducation. Il a complètement oublié qu'il
était nommé ministre de l'Éducation depuis décembre
1985. Et c'a été relaté par des gens qui étaient
dans la salle. Ils me disaient: Ça ne se peut pas, il fait une analyse
extraordinaire des besoins majeurs sur lesquels un gouvernement responsable
devrait se pencher, exactement l'édito, au Devoir, qui a toujours des
solutions à offrir à tout le monde. Lorsqu'il était au
Devoir, il a écrit d'extraordinaires bons papiers. Je ne change pas
d'avis qu'il aurait probablement continué à être plus utile
au Devoir parce que, depuis qu'il est à l'Éducation, il
connaît les problèmes, il connaît bien le ministère,
il travaille fort, mais, bon sang qu'il ne se prend pas
grand-décision!
Regardons quelques secteurs malades, en éducation, où il y
a lieu de prendre des décisions. Premier critère: Est-ce que, oui
ou non, au Québec, on doit relancer l'éducation, une relance
majeure? Je pense que oui, pour quatre raisons. Est-ce que le ministre sait,
par exemple, que le nombre d'analphabètes, actuellement, est
évalué à 300 000? De plus, le taux d'analphabétisme
est deux fois plus élevé parmi la population francophone que chez
les anglophones du Canada. Sait-il qu'au niveau de l'analphabétisme,
c'est un coût social sans précédent pour une
société quand on doit dire, malheureusement, que presque un
adulte sur trois ne sait pas lire et écrire convenablement? Ça,
c'est la réalité de l'extraordinaire Québec moderne de
1989. Et tout ce que le ministre a réussi à faire, en cette
prochaine année de l'alphabétisation, c'est coupures, c'est
limitation dans tes heures d'apprentissage. Et ça permettait, pas plus
tard que cette semaine, à la Commission des écoles catholiques de
Québec de dire au ministre: Je trouve, M. le ministre, que votre limite
de 2000 heures est injuste, inappropriée, injustifiée et
indéfendable, compte tenu des coûts sociaux que représente
le problème de l'analphabétisme.
Ce n'est pas il y a un an, il y a six mois; . il y a quelques semaines,
M. le ministre décidait d'appliquer un décret: Moi, j'ai la
vérité révélée et, après 2000 heures,
que ça fasse votre affaire ou pas, c'est fini, peu importent vos
difficultés d'apprentissage. C'est de même qu'on va réussir
à progresser pour permettre qu'il y ait de moins en moins
d'analphabètes au Québec. Moi, je ne pense pas. est-ce que le
ministre sait que 24 % des personnes âgées de plus de quinze ans
ont moins de neuf années de scolarité, comparé à 15
% dans le reste du canada? sait-il que la proportion de la population
détenant un diplôme universitaire est de 10 % au québec,
comparativement à presque 12, 5 % en ontario? toutes proportions
gardées, l'ontario décerne 25 % plus de diplômes
universitaires que le québec. notre retard est préoccupant au
niveau des études de deuxième et troisième cycle et dans
les disciplines de sciences appliquées. des disparités
considérables subsistent en matière de scolarisation et de
diplomation, selon toutes les régions. les plus récentes
données indiquent qu'il y a chaque année, au québec, deux
fois moins de diplômés universitaires francophones qu'anglophones.
le problème principal en est maintenant un de diplomation.
Êtes-vous au courant, M. le ministre, que le taux d'abandon se
chiffre à 30 % au secondaire, 40 % au collégial et presque 50 %
au niveau universitaire? C'est quoi la politique du gouvernement
libéral? C'est quoi la politique concrète pour contrer ces
difficultés d'abandons qui sont trop élevés, ce qui fait
qu'on a de la difficulté à progresser quant à la notion
d'accessibilité?
Pensez-vous que je ne pourrais pas continuer à illustrer les
analyses, les difficultés? Lui-même, le ministre, l'a bien fait au
colloque dont je vous pariais tantôt. Mais comme ministre, les gens qui
étaient là se seraient attendus à
quelques pistes de solution, à quelques suggestions
concrètes, en disant: Voilà, on vient d'être
réélus et, comme gouvernement, en éducation, voici les
gestes concrets que nous allons faire pour apporter des correctifs. Et j'en
donne des exemples. Est-ce que le ministre n'aurait pas pu dire: Bien, il est
urgent de favoriser, entre autres, une scolarisation plus précoce des
enfants, notamment, dans les milieux défavorisés? C'en est une
piste, ça! Ils attendent quoi, ces gens-là? Ils attendent quoi
pour dire, puisque... Est-ce qu'on a sérié au Québec les
poches de pauvreté? La réponse est oui. Malheureusement, elles se
multiplient, les poches de pauvreté, mais on les a
sériées. On les connaît, on les a identifiées.
Ils attendent quoi pour poser des gestes concrets pour développer
davantage, dans ces secteurs, des apprentissages en bas âge? La
stimulation précoce, ça existe; ça existe en France,
ça existe ailleurs. On attend quoi pour avoir des mesures de soutien, de
développement, pour permettre à des jeunes, de se donner plus
rapidement une éducation de qualité?
Pensez-vous qu'il n'y a pas lieu d'engager des efforts massifs en
alphabétisation, notamment, par un soutien accru aux organismes
populaires qui s'y consacrent? Est-ce que c'est ce qu'on a fait,
récemment? Non. On a coupé à peu près tous les
organismes populaires qui faisaient de l'alphabétisation. On a
coupé les groupes et la Commission des écoles catholiques du
Québec - M. le ministre, elle vous le dit, vous lirez la correspondance
qu'elle vous fait valoir - vous dit: C'est injustifié, c'est
déraisonnable, on n'est pas d'accord là-dessus, ça n'a pas
de bon sens. Ce n'est pas celui qui vous parle. Je reprends des propos de la
Commission des écoles catholiques de Québec.
Est-ce qu'on ne pourrait pas poser des gestes concrets pour mener une
lutte au décrochage scolaire aux niveaux secondaire et collégial?
Ça n'a pas de bon sens. Si on veut qu'un plus grand nombre de nos jeunes
se rendent à l'université, parce qu'on dit qu'on est faible au
niveau du deuxième cycle et du troisième cycle, bien, il y a un
petit calcul facile à faire. Il faut d'abord les rendre au
collégial. Il faut d'abord leur permettre de faire un premier cycle
universitaire, après ça, un second cycle. Autrement, on va
toujours avoir des statistiques qui vont désavantager les
Québécois et les Québécoises. (16 h 50)
Renflouer immédiatement les universités, non pas par le
biais d'une hausse des frais de scolarité susceptible de compromettre
certains acquis au plan de l'accessibilité, mais par une contribution
des entreprises du secteur privé et de l'État
québécois. Écoutez là, j'ai un document ici. Je le
relisais, je me disais: Ça ne se peut pas, je dois me tromper. Le 13
février 1989, ce n'était pas hier ça, mémoire
présenté au premier ministre, M. Robert Bourassa, par la
Conférence des recteurs. Ça faisait un an et demi qu'ils
faisaient des démarches. Là, ils ont dit: C'est assez, on
rencontre le premier ministre, enfin. Te financement universitaire.
Après deux ans de tergiversations, de transitions, l'heure est à
la décision." C'est le titre du document. Ils ont été
obligés de retourner bredouilles parce que le ministre dit: Le
sous-financement universitaire, vous avez raison. Vous avez raison. Mais on
regardera ça une autre fois.
Écoutez là, votre petite crise et votre peur concernant
l'économie, on ne marchera pas là-dedans, nous autres. Le
ministre des Finances, pendant cinq ans, qu'est-ce qu'il a dit ici? Le ministre
des Finances a dit à cinq, six reprises qu'il engrangeait, que le fric
lui rentrait pardessus les oreilles. Il a dit ça à cinq, six
reprises. En 1983, 1984, 1985, 1986, 1987, 1988, je ne pense pas qu'on
était dans la dèche. Et, en conséquence, il y a lieu que
l'État fasse de meilleurs choix budgétaires pour s'assurer que le
monde de l'éducation reçoive sa part. Pensez-vous, M. le
Président, qu'on a trouvé réponse à toutes ces
questions-là dans le discours inaugural? La réponse est non. On
aura l'occasion d'y revenir.
Je voulais dire deux phrases sur l'aspect linguistique, puisqu'il ne me
reste que deux minutes. Est-ce qu'il y a dans le discours inaugural des
intentions bien heureuses de ce gouvernement-là sur cette question
fondamentale qui est toute la question linguistique? Pour ces gens-là,
c'est un peu réglé. D'ailleurs, on l'a vu par le genre de
réponses auxquelles j'ai eu droit hier. Ils sont bien plus
empressés de mener des enquêtes dans l'Outaouais pour essayer de
répondre à la commande d'un autre, la commande du commissaire aux
langues fédéral, comme si c'était important de lui dire ce
qui se passe alors que leur propre député de Hull l'a dit ce qui
se passait. Il n'est même pas capable de se faire servir en
français dans la plupart des magasins de l'Outaouais, parce qu'on
considère cette région-là comme faisant partie de la
capitale nationale. Ils ne connaissent même pas la carte
géographique du Québec. Écoutez, l'Outaouais, à ce
que je sache, fait partie du Québec. Et pour que ça reste dans le
Québec, il serait bien plus important d'être un peu plus soucieux
d'avoir des mesures de renforcement du fait français, y compris dans
l'Outaouais et, en particulier, dans tout le milieu du travail parce que c'est
là, je pense, qu'il va falloir effectuer une nouvelle percée, M.
le Président...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. leader de l'Opposition,
il ne vous reste que quelques secondes. Alors, si vous voulez bien
conclure.
M. Gendron: Oui, M. le Président... Le
Vice-Président (M. Cannon): Merci.
M. Gendron: Oui, M. le Président, je vais prendre les
quelques secondes qui me restent pour conclure. Et j'allais mentionner que
ce
serait pas mal plus stimulant et respectueux de la majorité
francophone si on sentait que ce gouvernement-là a une volonté de
renforcer, par des mesures concrètes, le français au travail,
parce que c'est là que ça se passe. Nous aurons l'occasion d'y
revenir.
Motion de censure
Mais en conclusion, M. le Président, je ne peux pas faire
autrement, moi également, puisque le secteur de l'éducation a
tellement été oublié dans ces pieuses intentions du
discours inaugural du premier ministre que de finir par la motion de censure
suivante: Que cette Assemblée réprimande durement le gouvernement
libéral qui n'a pas su, au cours de son premier mandat, faire de
l'éducation une véritable priorité et qui ne propose
aucune mesure concrète afin d'enrayer les problèmes
d'analphabétisme et d'abandon scolaire et aucune mesure susceptible de
hausser la scolarisation de la population du Québec. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le leader adjoint
de l'Opposition. Cette motion étant maintenant déposée, je
reconnais le prochain orateur. Je reconnais le député de
Saint-Maurice.
M. Yvon Lemire
M. Lemire: m. le président, permettez-moi tout d'abord de
remercier tous les électeurs du comté de saint-maurice de m'avoir
accordé leur confiance pour un second mandat. souvenez-vous, le peuple
québécois nous a fait confiance en 1985. à notre
arrivée au pouvoir à ce moment-là, nous avons
trouvé dans un état lamentable les finances du québec.
imaginez-vous seulement les dépenses, à l'époque, de ce
gouvernement qui était le gouvernement péquiste dans les
années quatre-vingt, des dépenses annuelles en publicité
de l'ordre de 10 000 000 $ à 15 000 000 $ par année pour se
donner une meilleure image et, souvent, cette publicité-là
était partisane. cela a nécessité de notre gouvernement
une rationalisation dans le domaine des dépenses et un virage presque
à 180° qui s'est effectué pour en arriver à un
meilleur contrôle des finances de l'état.
Lors de notre premier mandat, notre fiche de route démontre notre
efficacité comme gouvernement: baisse du déficit, baisse des
impôts, privatisation de sociétés d'État. On s'est
débarrassé de certaines sociétés d'État qui
étaient souvent démontrées par le chef de l'Opposition
comme canards boiteux. Gouvernement efficace. C'est l'une des raisons
premières de la confiance que nous ont accordée les citoyens du
Québec pour un deuxième mandat.
Sur le plan économique, le gouvernement du Québec entend
s'en sortir sans augmentation du déficit, sans hausser les impôts
des contribuables et des compagnies. C'est avant tout en resserrant ses
dépenses que notre gouvernement se propose d'éponger la
diminution de ses recettes qu'entraîne le sérieux ralentissement
économique. Pas question pour notre gouvernement d'augmenter le niveau
du déficit. "Une solution pas opportune qui n'aurait d'effet qu'à
court terme", d'observer M. le premier ministre Robert Bourassa.
Hausser l'endettement, M. le Président, c'est hypothéquer
l'avenir de la jeunesse. On lui léguera alors des impôts.
Néanmoins, pour neutraliser, pour essayer de neutraliser la baisse
cyclique de l'économie prévue pour 1990-1991, notre gouvernement
annoncera sous peu un important programme d'investissements publics dans les
secteurs de la santé et des services sociaux, de l'éducation, de
l'environnement et des affaires culturelles, comme l'annonçait dans le
discours inaugural M. le premier ministre Robert Bourassa.
D'ici peu, Québec injectera plusieurs dizaines de millions dans
la réparation d'édifices publics, hôpitaux et centres
d'accueil surtout, sans toutefois en bâtir de nouveaux, ce qui
augmenterait ses coûts à long terme. la force du gouvernement, m.
le président, réside avant tout dans sa capacité de
maintenir le cap sur une croissance économique soutenue pour mieux
poursuivre la réalisation de son idéal élevé de
justice sociale et, en particulier, pour atteindre un partage plus
équitable des richesses avec les plus démunis de la
société.
Une réforme est déjà amorcée dans cette
direction, comme en témoignent lors de notre premier mandat la hausse de
12 000 $ à 20 000 $ du seuil d'imposition des familles et l'augmentation
de l'aide financière aux parents à faible revenu. Le gouvernement
compte faire davantage pour atteindre une plus grande équité
fiscale, particulièrement envers les citoyens qui supportent une charge
financière plus lourde.
La stratégie économique du gouvernement pour les
années quatre-vingt-dix comporte quatre grandes orientations: 1°
inscrire le Québec dans les grands courants internationaux; 2°
stimuler le développement régional; 3° rajeunir les
méthodes de gestion de l'administration publique et, enfin,
l'éducation, clé maîtresse de notre avenir. Le gouvernement
promet de mettre en place un fonds d'assistance financière dirigé
vers l'environnement. On instaurera aussi un incitatif fiscal pour canaliser
l'épargne individuelle vers le financement de projets créateurs
d'emplois. (17 heures)
La mise en valeur de notre potentiel hydroélectrique demeure un
élément important du succès de notre stratégie de
développement . économique, puisqu'il constitue un avantage
concurrentiel déterminant et particulier au Québec pour assurer
son développement économique.
M. le Président, la volonté de développer notre
potentiel énergétique manifestée par le gouvernement
libéral a permis de créer un climat favorable à la
réalisation de cet objectif, ce qui s'est traduit depuis deux ans par la
signature de
contrats de vente de 2400 mégawatts qui généreront
40 000 000 000 $ de revenus additionnels pour le Québec, l'entente sur
le libre-échange, l'accroissement de 1 % du rythme de croissance
prévu par la demande d'électricité dans le Nord-Est, une
politique économique taillée sur mesure pour donner au
Québec tous les outils dont il a besoin pour faire face aux exigences
impitoyables de la concurrence.
Hydro-Québec accroît son rôle comme agent de
développement économique. La demande accrue a permis de devancer
les travaux de la phase II de la Baie-James, ce qui entraînera des
investissements de près de 3 000 000 000 $ dès 1990. Un plan de
développement a été élaboré qui permettra
d'investir 4 700 000 000 $ par année pour les dix prochaines
années.
M. le Président, pour atteindre une nouvelle politique
économique, il nous faut favoriser le déploiement d'un maximum
d'investissements tant privés que publics afin d'apporter le meilleur
soutien financier possible au dynamisme de l'entreprise
québécoise, particulièrement dans les secteurs porteurs
d'avenir, là où le Québec détient un potentiel
reconnu et bien identifié. Il s'agit des secteurs qui présentent
les meilleures garanties quant à la présence ou à
l'émergence d'une expertise québécoise et quant au
maintien ou à l'augmentation des parts de marché de nos
entreprises, tant au Québec qu'à l'étranger.
De nombreux secteurs répondent à cette définition:
l'hydroélectricité et les entreprises fortement consommatrices
d'électricité, les communications, les industries pharmaceutiques
ainsi que certaines branches de l'industrie des services telles que
l'ingénierie, la finance et les assurances.
M. le Président, au niveau du projet environnemental
québécois, cela exigera la participation de nombreux acteurs
ayant chacun leurs responsabilités. L'environnement est bel et bien un
bien commun dont nous avons tous besoin et dont nous sommes tous responsables.
Ainsi, chacun de nous, selon nos compétences, ces pouvoirs et les
moyens, doit tenir compte de cette responsabilité dans ses
décisions et actions. De tous les acteurs, c'est cependant le
gouvernement du Québec qui a la responsabilité la plus
fondamentale, à savoir assumer un leadership dans ce domaine.
Deux objectifs prioritaires, M. le Président: accroître la
protection de l'environnement, assumer le développement durable du
Québec. À la lumière des travaux de la commission
Char-bonneau sur la gestion des déchets dangereux, le gouvernement
propose des choix socio-économiques et techniques pour solutionner les
problèmes de transport et d'entreposage et d'élimination des
déchets dangereux. Le gouvernement rejette la conception selon laquelle
les préoccupations environnementales sont assujetties au
développement de notre économie. Il adhère au principe
voulant que la conservation de l'environnement est une condition
nécessaire à la croissance économique du Québec
à long terme.
En ce sens, M. le Président, il fart sienne la définition
du gouvernement, du développement durable formulé par le groupe
de travail sur l'environnement et l'économie, voulant qu'un
développement ou l'utilisation des ressources et de l'environnement
d'aujourd'hui ne doit pas remettre en cause leurs perspectives d'utilisation
pour les générations futures.
M. le Président, le gouvernement entend donc orienter ses
interventions de façon à engager l'économie
québécoise dans une démarche de développement
durable. Pour ce faire, il faudra assurer le remplacement graduel des
activités économiques non conformes à l'environnement par
d'autres qui le soient. On vise ainsi à diminuer la consommation des
ressources non renouvelables, à augmenter le recyclage et à
diminuer les rejets de toute nature. Il s'agit d'introduire de nouvelles
technologies plus performantes du point de vue environnemental.
Malgré tout ce défi qui est gigantesque, cela
représente pour le gouvernement du Québec que nous croyons
possible et essentiel d'infléchir positivement l'ensemble de nos
activités de manière qu'elles respectent l'environnement. M. le
Président, la société québécoise, comme
toutes les sociétés avancées, aspire de plus en plus
à une qualité de vie qui dépasse largement la satisfaction
des besoins de base. Ainsi, le désir de vivre dans un environnement sain
est devenu une priorité pour la majorité des
Québécois. Qualité de vie et qualité de
l'environnement sont devenues des notions indissociables. Le bilan de notre
gouvernement comporte le double avantage d'avoir proposé un cadre
général d'intervention, tout en faisant preuve de réalisme
et de pragmatisme, en apportant des solutions complètes pour
l'amélioration de notre qualité de vie. En premier lieu, le
gouvernement a adopté des politiques globales et a défini des
grandes orientations susceptibles d'atteindre cet objectif d'une meilleure
qualité de vie. En deuxième lieu, le gouvernement s'est
assuré de mettre en place des politiques sectorielles et des plans
d'action concrets qui sous-tendent les grandes orientations.
Je conclurai en vous disant qu'à l'instar des grands secteurs
sociaux comme l'éducation, la justice, l'environnement constitue un
secteur où l'État doit assumer son leadership. En tout ce qui
touche la santé et la sécurité, le gouvernement croit que
la responsabilité de l'État est entière. Le virage
environnemental de l'an 2000, à mon avis, c'est apprendre à
être des citoyens responsables, apprendre à protéger nos
ressources, apprendre à devenir de meilleurs consommateurs, apprendre
à être des partenaires à part entière aux objectifs
collectifs. Notre action est guidée par la perspective de construire un
Québec fier, d'avoir appris à vivre et à se
développer dans le respect de son environnement, sous toutes ses
facettes, et d'avoir fait de cette nouvelle force un élément
original et distinctrf
de sa politique économique. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Saint-Maurice. Je cède la parole au
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: M. le Président, à la fin de la
dernière session de la 33e Législature, je vous disais au revoir
à titre de député de Saint-Jacques. Vous comprendrez
qu'aux premiers jours de cette 34e Législature, j'ai beaucoup de joie
à vous saluer, vous, M. le Président, et tous mes
collègues de cette Assemblée nationale, à titre de premier
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
Mes premiers mots viendront donc du fond du coeur et iront tout
naturellement, vous le comprendrez, aux femmes et aux hommes de
Sainte-Marie-Saint-Jacques qui m'ont renouvelé leur confiance, pour
certains, et, pour les nouveaux électeurs de cette circonscription
modifiée, un premier appui, un premier appui dont l'enthousiasme me
laisse encore un peu abasourdi tellement il fut massif dans son expression et
son résultat en nombre de votes. Qu'elles et qu'ils sachent, ces femmes
et ces hommes simples, chaleureux, créateurs et solidaires du centre-sud
et du Plateau Mont-Royal, et je le leur répète encore, que ma
première loyauté va d'abord vers eux. (17 h 10)
Je les remercie et les assure, M. le Président, que je ne
ménagerai ni de mon temps ni de mon énergie pour défendre
leurs droits collectifs et les différences individuelles qui en font des
êtres attachants. J'ai, pour ces femmes et ces hommes de ce petit mais
beau coin de ville, estime, admiration et affection. J'ai pour ces gens, M. le
Président, les plus grandes ambitions, et ce sont celles de la
réussite personnelle dans des domaines où nous avons
d'éminents et d'étonnants succès: la création
culturelle, l'"en-trepreneurship", l'action bénévole nés
d'un sens du partage qui nous a tous animés et que la nouvelle
génération partage également.
A ces succès s'opposent malheureusement, M. le Président,
des difficultés énormes, comme le chômage, l'assistance
sociale, le logement, les toxicomanies qui dégradent les individus et
appauvrissent notre société. Je dois vous rappeler, pour ce qui
est du chômage, que ma circonscription a malheureusement le plus fort
taux au Québec.
Notre pays! M. le Président. Déjà en 1970, 1973.
1976, 1980, 1981, 1985 et, encore il y a quelques semaines, en 1989, les gens
de Sainte-Marie-Saint-Jacques ont dit et redit oui au Québec. Les gens
de ma petite patrie sont gens de parole, M. le Président, de
ténacité et d'espoir pour notre peuple. Mes concitoyennes et
concitoyens savent que nous n'aurons de vrai développement
économique, industriel, commercial que le jour où nous aurons
tous les outils pour réparer ce qui va mal et pour entretenir ce qui va
bien, sans compter l'immense chantier que représentera la construction
d'un vrai pays.
Par une pleine et entière souveraineté, nous voulons
mettre fin à la multitude de programmes - qui s'annulent les uns, les
autres et qui ne permettent pas un plein emploi avec de vrais emplois
valorisants et un vrai recyclage de la main-d'?uvre. Gâchis de temps
et d'argent, M. le Président, dont mes concitoyens sont les innocentes
victimes.
Quant au bilan culturel du premier mandat du gouvernement
libéral, tous se rappelleront la fameuse promesse électorale
libérale de 1985 visant à consacrer 1 % du budget de
l'État à la culture. En quatre ans, la part du budget du
ministère de la Culture dans les dépenses totales du gouvernement
est laborieusement passée de 0,67 % à 0,75 %. Promesse non tenue.
Il manque toujours, donc, 80 000 000 $ pour atteindre le 1 % tant promis.
Le gouvernement libéral, par son premier ministre, a ultimement
tenté, par un subterfuge un peu grossier, vous me permettrez
l'expression, de grossir ce chiffre en y incluant les dépenses dites
fiscales. Mais le milieu culturel n'a pas été dupe, M. le
Président, et a bien vu que les . libéraux ont renié leur
engagement. La coalition des arts pour le 1 % devra donc recommencer,
année après année, ses pèlerinages auprès du
premier ministre pour tenter de convaincre ce gouvernement de la
légitimité de ses demandes. Ce 1 % est devenu en quelque sorte
l'étalon, la mesure de la place qu'accorde une société
à la culture, à ses créateurs et créatrices.
Lors de la dernière campagne électorale, le parti
libéral a eu le culot de réitérer la promesse de consacrer
1 % du budget gouvernemental au développement culturel. Il ne reste
qu'à souhaiter, sans grand espoir, que cet engagement sera, cette fois,
réalisé dans les meilleurs délais, sans subterfuge, sans
jouer sur les chiffres.
En 1985, le Parti libéral s'était aussi engagé
à fournir une aide financière accrue aux municipalités
pour l'établissement de bibliothèques et l'acquisition de
volumes. À leur arrivée au pouvoir, M. le Président, les
libéraux se sont empressés de sabrer dans l'aide aux
bibliothèques municipales et ont compromis gravement leur
développement. Le rapport de la commission Sauvageau,
déposé en 1987, est venu dresser un très sombre portrait
de la situation, plaçant le Québec parmi les derniers rangs des
provinces canadiennes pour le nombre de livres, le nombre d'employés,
les dépenses per capita. Seule Terre-Neuve peut nous envier ce triste
sort.
Plus de deux ans plus tard, le redressement que nous avions
demandé, si nécessaire et urgent, n'est véritablement pas
amorcé. Les crédits affectés au développement des
bibliothèques publiques autonomes se situent en 1989-1990 à un
niveau inférieur en dollars courants à celui de 1984-1985,
dernière année du mandat du Parti
québécois. Deux ans et demi après le rapport
Sauvageau, on attend toujours la révision de la Loi sur les
bibliothèques publiques. Le gouvernement libéral ne brille pas
par sa célérité.
En campagne électorale, de nouveau, le Parti libéral du
Québec s'est engagé à faire en sorte que, d'ici cinq ans,
95 % des citoyens du Québec aient accès aux services d'une
bibliothèque publique. Nous savons que présentement près
de 1 000 000 de Québécois, 900 000, pour être
précis, de Québécois et de Québécoises sont
dépourvus d'un tel service, M. le Président. Ceci indique
l'ampleur du chemin à parcourir. L'Opposition - et je vous en donne
l'assurance - sera particulièrement vigilante à cet
égard.
En matière d'équipements culturels, tous conviendront des
effets néfastes du moratoire décrété par le
gouvernement libéral en 1986. Ce moratoire est cependant devenu
curieusement plutôt sélectif à l'approche de
l'échéance électorale. On attend maintenant du
gouvernement qu'il parachève le réseau des équipements
culturels en matière d'arts d'interprétation, aussi bien à
Montréal, la métropole, que dans les différentes
régions, afin d'assurer une diffusion la plus large possible des
produits culturels québécois à l'exemple des
Américains qui ont toujours encouragé la consommation des
produits culturels domestiques.
Pour compléter le bilan des promesses libérales
formulées en 1985 dans le secteur de la culture, on pourrait mentionner
le cas de l'Office québécois de diffusion du spectacle, dont on
n'a jamais entendu parler et qui, contrairement au cas du 1 %, n'est pas
réapparu dans la fournée des promesses de 1989.
Sur le contenu du message inaugural que nous ont livré à
la fois Son Excellence le lieutenant-gouverneur et le premier ministre du
Québec, force est de constater, M. le Président, que ce message
inaugural est d'une pauvreté désolante en ce qui concerne la
culture. Le gouvernement s'est contenté d'y consacrer quelques maigres
lignes, ce qui ne reflète pas, il faut l'espérer, et je le
souhaite, l'importance réelle qu'il accorde à ce secteur crucial
de notre vie collective. Notre culture, notre langue sont au coeur de
l'identité de la spécificité québécoise. Le
seul gouvernement d'une majorité francophone en Amérique du Nord,
M. le Président, a le devoir de consacrer tous les efforts
nécessaires à la consolidation et au rayonnement de la culture
québécoise.
Le message inaugural comporte essentiellement deux annonces d'intention
de la part du gouvernement. D'abord, une révision de la Loi sur les
bibliothèques publiques, dont j'ai déjà souligné
qu'elle était maintenant attendue depuis trois ans. Il nous a aussi
indiqué qu'il soumettra des "propositions - et je l'ai bien mis entre
guillemets dans mon texte, - d'orientation en matière de cinéma
pour actualiser l'action gouvernementale en fonction de l'évolution du
milieu cinématographique." Telle est l'expression utilisée. Le
domaine du cinéma mérite que je m'y arrête quelques
instants compte tenu des succès éclatants que nous avons
remportés comme Québécois. (17 h 20)
À cet égard, le bilan des quatre années de
régime libéral n'est guère reluisant, M. le
Président. Il s'était d'abord empressé de couper dans les
déductions fiscales accordées pour les investissements dans les
productions cinématographiques québécoises, qu'il a
dû par la suite, ' grâce à notre vigilance, rétablir
en constatant l'effet désastreux de ce geste sur l'industrie
cinématographique québécoise. Le gouvernement
libéral a aussi échoué dans ses négociations avec
la France au sujet de l'épineux dossier du doublage. Les films et les
émissions télévisuelles doublés chez nous n'ont
toujours pas un accès normal au marché français, avec
toutes les conséquences que cela engendre pour les artistes et nos
industries de doublage au Québec.
Par ailleurs, animé, semble-t-il, de louables intentions, le
gouvernement libéral avait fait amender, en décembre 1987, la Loi
sur le cinéma afin de renforcer la présence du français au
grand écran, en assurant la simultanéité et la
parité de diffusion des films produits dans une langue autre que le
français, c'est-à-dire en anglais pour la très grande
majorité, donc, la diffusion de ces films en version française.
Mais le gouvernement a reculé en décrétant d'abord un
premier moratoire de cinq mois sur l'application du nouvel article 83, un
moratoire ensuite prolongé et dont on attend encore, 18 mois plus tard,
la levée. En fait, l'article 83 semble maintenant bel et bien
enterré jusqu'à la révision annoncée de la Loi sur
le cinéma. L'industrie et les intérêts étrangers qui
la gouvernent ont-ils atteint cette faculté d'autodiscipline que le
gouvernement semble avoir la naïveté de croire au point où
l'on puisse maintenant la laisser voguer sans contrainte, où l'on puisse
lui faire confiance afin que le français bénéficie de la
place qui lui revient à l'écran, sur tous les écrans du
Québec? Nous ne croyons pas et nous le signifierons au gouvernement
d'une voix forte.
Le message inaugural demeure également totalement muet sur des
pans entiers de l'activité culturelle: muséologie, diffusion des
produits culturels notamment à l'étranger, l'aide aux jeunes
artistes, avenir des conservatoires de musique, patrimoine, et j'en passe. Ce
silence en matière de patrimoine est d'autant plus étonnant que
le gouvernement libéral avait annoncé, lors de son message
inaugural, en mars 1988, une révision de la Loi sur les biens culturels,
suite au dépôt d'une nouvelle politique en matière de
protection du patrimoine. Cet engagement n'a encore connu aucune suite. Un
large débat sur cette question majeure s'impose pourtant avec force.
Nous avons été témoins, au cours des quatre
dernières années, de plusieurs cas, soit de destruction
d'édifices publics, soit d'altération
de leur valeur patromoniale. Le gouvernement doit assumer ses
responsabilités sur les plans aussi bien financier que légal pour
assurer la préservation et la mise en valeur de notre héritage.
Je reprendrai ce slogan que je lançais: Donnons un avenir à notre
passé.
Les intentions du gouvernement fédéral. Puisqu'il est dans
mon intention, M. le Président, de parler de la souveraineté du
Québec, les interventions du gouvernement fédéral dans le
domaine de la culture sont nombreuses et variées. Pensons notamment au
Conseil des arts, qui gère quelque 80 programmes d'aide visant à
l'attribution de bourses individuelles aux artistes ou de subventions à
des organismes professionnels engagés dans toutes les sphères de
l'activité artistique (danse, théâtre, musique, arts
visuels, création littéraire, édition) à
Téléfilms Canada, qui s'implique dans le soutien aux
investissements dans la production cinématographique, à l'Office
national du film, aux musées nationaux, à Radio-Canada, qui
relève du secteur des communications, c'est-à-dire de mon
collègue, le député de Gouin, mais dont l'impact sur le
plan culturel est indéniable, à ses prérogatives
législatives, par exemple en matière de droits d'auteur, aux
outils fiscaux dont il dispose et qui affectent le développement
culturel.
L'intention du gouvernement fédéral d'introduire une TPS
affecterait grandement, par exemple, les milieux de l'édition et de
l'imprimerie. Je me dois, aujourd'hui, M. le Président, dans ce premier
discours, de dénoncer le silence inqualifiable du gouvernement
libéral actuel à ce sujet. la présence du
fédéral dans le domaine culturel signifie un dédoublement
d'organismes, sodic et téléfilm, par exemple, une juxtaposition
de mesures de soutien: les programmes du ministère des affaires
culturelles du québec et du conseil des arts d'ottawa, qui sont loin de
garantir une utilisation rationnelle des ressources ainsi qu'une harmonisation
des politiques dont nous aurions tellement besoin pour donner toute la
solidité aux industries culturelles québécoises à
leur développement. c'est aussi que cette présence d'un
gouvernement que nous ne contrôlons pas, que nous ne contrôlerons
jamais, cette ingérence, cette présence du gouvernement central
fédéral dans un secteur intrinsèquement lié
à notre identité collective, à notre épanouissement
comme société distincte, c'est inquiétant, et il nous faut
rapatrier ces pouvoirs le plus rapidement possible.
Cette souveraineté, M. le Président, permettra
effectivement, comme je vous le disais tantôt, de rapatrier les pouvoirs,
donc les sommes dévolues par le fédéral à la
culture pour décider nous-mêmes de leur allocation en fonction de
nos propres priorités. Et qui est mieux placé que
nous-mêmes pour établir les priorités dans le
développement culturel du Québec? Elle permettra d'assurer - on
voit les effets néfastes, quotidiennement - la cohérence des
interventions dans des domaines et pour des organismes, tels le cinéma
et l'audiovisuel. Un Québec souverain, M. le Président, pourrait
aussi décider librement de soustraire un domaine aussi vital que celui
des industries culturelles - et j'en parlais tantôt - d'une taxe que le
fédéral a tout le loisir de nous imposer.
Nous laissons, M. le Président, aux mains d'un gouvernement qui
nous est étranger, un gouvernement où les nôtres n'ont
qu'une faible participation, tant au niveau de la députation que de leur
présence à un Conseil des ministres, quel que soit le parti au
pouvoir qui le forme, le soin de décider, dans un secteur aussi
important, de notre personnalité nationale qui est celui de la culture
comme celui de la langue.
Motion de censure
Devant, M. le Président, le bilan des quatre années de ce
gouvernement libéral, devant le peu d'intérêt que semble
porter ce gouvernement à la culture et le peu d'intérêt
qu'il porte pour le développement de l'est de Montréal, je crois
de mon devoir de déposer cette motion, et je vous la lis, M. le
Président: "Que l'Assemblée nationale blâme
sévèrement le gouvernement pour son inaction quant aux
problèmes économiques et sociaux de l'est de Montréal et
son insouciance quant à la culture. " Merci.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Sainte-Marie-Saint-Jacques, votre motion est maintenant
déposée. Je vais reconnaître le député de
Salaberry-Soulanges. M. le député.
M. Serge Marcil
M. Marcil: Merci beaucoup, M. le Président. Cela me fait
énormément plaisir de prendre la parole en cette
Assemblée, compte tenu du fait que nous sommes au début d'un
deuxième mandat et que j'ai eu l'agréable surprise d'avoir
été élu une deuxième fois. On sait que, pour une
personne qui se lance en politique, l'objectif premier, c'est d'être
élu dans son comté afin de représenter sa population
à l'Assemblée nationale et également au gouvernement du
Québec. (17 h 30)
Historiquement parlant, je pourrais dire également que j'ai
été le dernier député du comté de
Beauharnois, puisque ce comté a été modifié, et le
premier député du comté de Salaberry-Soulanges.
Salaberry-Soulanges, c'est une circonscription électorale qui est
située au sud-ouest du Québec, donc aux frontières de
l'Ontario et des États-Unis, dont une partie est située sur la
rive nord du fleuve Saint-Laurent, la partie de Soulanges et une partie sur la
rive . sud du fleuve Saint-Laurent, celle de Salaberry. On peut dire
également que c'est ta seule circonscription électorale au
Québec qui soit réellement assise sur notre beau fleuve
Saint-
Laurent, qui est un axe de développement économique par
excellence pour toute la vallée du Saint-Laurent.
Sa capitale régionale est également
Salaber-ry-de-Valleyfield, reconnue de façon bien particulière
par un événement très spécial que nous y voyons
depuis 52 ans, les Régates internationales de Valleyfield. Et, soit dit
en passant, nous avons eu, en 1988, dans le cadre du 50e anniversaire, des
régates internationales, la triple couronne, le championnat du monde, le
championnat nord-américain et le championnat canadien. Nous avons obtenu
dernièrement, pour 1992, lorsque les Jeux olympiques d'été
auront lieu à Barcelone, de même que l'Exposition universelle,
pour Salaberry-de-Valleyfield, les régates mondiales dans le cadre du
350e anniversaire de la fondation de la ville de Montréal et du 125e
anniversaire de la Confédération. Tout ça pour vous dire
que c'est un endroit quand même riche en histoire et qui est très
visité par le touriste américain et le touriste canadien. Je
profite de l'occasion également pour inviter les membres de cette
Assemblée à venir y faire un tour. Nous avons des plans d'eau
extraordinaires.
Ceci dit, M. le Président, je voudrais profiter également
de l'occasion qui m'est donnée pour remercier cette population de
Salaberry-Soulanges de la confiance qu'on m'a renouvelée le 25 septembre
1989. J'ai eu également le plaisir de presque doubler ma majorité
par rapport à 1985. C'est satisfaisant, très satisfaisant et je
remercie aussi les centaines de bénévoles qui ont mis du temps,
des heures, des jours et des semaines à faire en sorte que leur
député soit réélu à l'Assemblée
nationale.
Salaberry-Soulanges, c'est un comté qui est à
moitié rural et à moitié urbain. On a vécu, depuis
quelques années, des pertes d'emplois quand même assez majeures
malgré des investissements également importants. On
s'aperçoit aujourd'hui que ces pertes d'emplois, souvent, sont dues
à un manque de formation de la main-d'?uvre. Donc dans les
années à venir, il faudra, du moins dans notre région et
partout à travers le Québec... Il va falloir justement que notre
système scolaire, nos écoles de formation s'ajustent davantage
aux besoins du marché du travail. Il faudra aussi que nos entreprises
communiquent davantage avec nos écoles de formation afin de bien
s'adapter et de bien identifier le type de formation de main-d'oeuvre dont nous
avons besoin.
M. le Président, lorsqu'on parie du capital humain, lorsqu'on
parie de la main-d'oeuvre, on parie à peu près de ce qu'il y a de
plus important au Québec. Plus qu'à aucun autre moment de notre
histoire, le capital humain constitue la ressource stratégique de la
société québécoise. Les emplois de demain, emplois
que nous voulons stimulants, rémunérateurs seront tributaires des
efforts que nous aurons su investir pour améliorer et développer
la compétence de la main-d'oeuvre d'aujourd'hui. C'est le défi
que veut relever notre parti, notre gouvernement.
La performance économique de notre gouvernement nous a permis
d'atteindre les objectifs de création d'emplois que nous nous
étions fixés en 1985, soit un rythme de 80 000 nouveaux emplois
par année. Qui plus est, la composition de la création d'emplois
a radicalement changé par rapport à la période
précédente. Ainsi de 1981 à 1985, le Québec avait
perdu 38 000 emplois à temps plein, de sorte que seul le nombre des
emplois à temps partiel a augmenté. Inversement de 1986 à
1988, 91 % de ¦ la création d'emplois étaient
constitués de postes à temps plein. Les mesures que nous avons
mises en place et qui visent à rendre l'économie plus
compétitive, à stimuler les investissements et à corriger
certaines lacunes de l'économie québécoise ont donc
déjà porté fruit et continueront à produire leurs
effets bénéfiques en termes de création d'emplois de
qualité.
Nous ne pouvons cependant nous satisfaire entièrement des
résultats actuels. Il nous faut nous préoccuper davantage des
problèmes de fonds qui vont au-delà des fluctuations de la
conjoncture économique. Au Québec, la nature même du
chômage a évolué. Si l'augmentation de l'activité
économique permet de résorber le taux de chômage, il appert
qu'au-delà d'un certain seuil, la lutte au sous-emploi se bute à
un noyau structurel de chômage, composé en bonne partie de
personnes qui font face à des problèmes d'employabilité
tels que les décrocheurs, les assistés sociaux aptes au travail,
les analphabètes, les travailleurs âgés etc., mais sutout
de personnes qui n'ont pu faire évoluer leurs qualifications au
même rythme que les besoins du marché du travail ou qui ont
été victimes des mutations de la structure industrielle de
l'économie.
En outre, les phénomènes de transformation des secteurs
industriels, de modernisation des entreprises et d'émergence
d'activités de pointe accélèrent le problème de ce
chômage qualifié de structurel. Ainsi, on se retrouve aujourd'hui
dans une situation plus incongrue où des milliers d'emplois ne peuvent
être comblés, faute de main-d'oeuvre qualifiée.
Ce chômage structurel revêt une importance significative
puisque, selon des études du Conseil économique du Canada, les
deux tiers de notre écart de chômage avec l'Ontario s'expliquent
par cette seule source. Cette disparité importante entre la
disponibilité de la main-d'oeuvre et les besoins du marché du
travail, ceux d'aujourd'hui et de demain, nous font prendre conscience de
l'importance stratégique du capital humain dans notre
développement économique.
Comment peut-on envisager de bâtir l'économie de l'avenir
compétitive, ouverte, misant sur les développements
technologiques et les secteurs de pointe sans investir dès aujourd'hui
dans le développement des ressources humaines.
M. le Président, cet investissement exigera des efforts majeurs
de la part de tous les
partenaires impliqués dans le défi de l'emploi. Le virage
que le Québec doit prendre en matière de formation
professionnelle requiert un important changement d'attitude, une
évolution des mentalités autant chez (es employeurs que chez les
travailleurs. Par les voies de la concertation, le gouvernement devra
encourager l'émergence d'une véritable culture à
l'égard de la formation qui devrait être considérée
comme une condition d'épanouissement personnel en emploi.
M. le Président, si je veux conclure sur cet exposé, on
pourra dire que la révolution technologique n'est pas pour demain, mais
pour aujourd'hui. La main-d'oeuvre doit être qualifiée et savoir
s'ajuster à l'évolution des besoins dont les exigences deviennent
de plus en plus pointues au rythme du progrès et sous la pression de la
concurrence.
Le Parti libéral du Québec est profondément
convaincu que le développement économique du Québec est
intimement lié à la qualité de nos ressources humaines,
comme il est conscient que le Québec est confronté à un
chômage structurel qu'il faut savoir contrer.
Pour les travailleurs, il faut que l'éducation permanente
devienne un mode de vie plutôt qu'une opération de
dépannage en cas de coup dur. Pour les entreprises, il faut que les
efforts de développement des ressources humaines deviennent assimilables
à des investissements en capital. Nous n'y parviendrons pas sans changer
des façons de faire, des attitudes, des modes d'opération, sans
faire évoluer des mentalités. C'est pourquoi, notre gouvernement,
notre parti, s'est fixé des objectifs réalistes et a choisi
d'adopter des mesures précises et adaptées à notre
réalité socio-économique d'aujourd'hui: création
d'un fonds de formation, mesures fiscales incitatives, régime
pédagogique et service éducatif adaptés, renouvellement du
système . d'apprentissage et, enfin, vaste programme d'information et de
sensibilisation à la nécessité pour les entreprises et les
travailleurs de développer un nouveau partenariat en matière de
formation de la main-d'oeuvre. (17 h 40)
Voilà autant de moyens auxquels le Parti libéral du
Québec ou le gouvernement libéral du Québec s'engage pour
réussir à endiguer le problème de chômage structurel
et à passer victorieux le cap de l'an 2000. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Salaberry-Soulanges. Je vais maintenant
reconnaître le député de Gouin.
M. André Boisclair
M. Boisclair: Merci, M. le Président. Vous comprendrez que
c'est avec une émotion certaine que je prends la parole pour la
première fois dans cette Assemblée nationale du Québec et
c'est aussi avec beaucoup d'enthousiasme que j'aborde mon mandat comme
député de cette circonscription montréalaise. Je suis
convaincu que cette 34e Législature sera riche en
événements et je tiens à vous assurer, M. le
Président, de mon entière collaboration.
Personne ne s'étonnera que mes premiers mots aillent aux
électeurs et aux éiectrices de ma circonscription, ces gens qui,
à l'occasion du récent scrutin, m'ont accordé toute leur
confiance. Ces hommes et ces femmes, jeunes et moins jeunes, ont compris le
sens de mon implication politique, la réalisation du pays du
Québec. C'est avec eux que j'ai l'intention de travailler et vous pouvez
être assuré que je travaillerai à la défense de
leurs intérêts et à la promotion de leurs aspirations les
plus légitimes, M. le Président. Tous auront la même
écoute et - le même soutien de leur député.
De plus en plus aussi, je suis fier de l'appui de nos
aînés, ceux et celles qui ont contribué au
développement économique du Québec, ceux et celles qui ont
contribué aussi à son développement démographique.
Ils ont compris mon message et je crois qu'ensemble, on a été
capables de tisser une nouvelle solidarité entre les
générations. Quant à moi, ce geste est tout simplement
porteur d'avenir et je tiens à assurer toutes ces personnes qui ont
voté pour moi, leur assurer ma gratitude et mon respect.
Vous me permettrez aussi de saluer mon prédécesseur, M.
Jacques Rochefort qui, pendant deux mandats, a représenté les
électeurs de ma circonscription de façon remarquable. Je tiens
à reconnaître ici l'excellence de son travail et lui assurer mes
voeux de succès pour l'avenir. Je crois qu'à son exemple...
Des voix: Bravo!
M. Boisclair: ...M. le Président, mon implication
politique n'aura de sens que si je suis capable de maintenir un dialogue
constant et un dialogue fructueux avec l'ensemble de mes électeurs.
Finalement, je me réjouis aussi de la composition de cette
nouvelle Législature, une Législature et une Assemblée
qui, pour la première fois, comporte un nombre important de femmes, et
j'espère aussi que, dans les années qui viendront, cette
Assemblée sera composée et sera plus représentative de
l'ensemble des groupes qui forment notre société. Je fais
référence ici plus particulièrement aux
Québécois de nouvelle souche qui sont venus ici, dans notre pays,
à la recherche de liberté. Un jour, j'espère qu'ils seront
mieux représentés, et ce, des deux côtés de la
Chambre. M. le Président, il y a quelques jours, le premier ministre de
ce qu'il est toujours convenu d'appeler une province profitait de l'occasion
pour nous entretenir de ses projets d'avenir. Mais, j'ai peur cependant que le
premier ministre ait oublié un certain nombre de sujets qui concernent
pourtant nos concitoyens.
En effet, plutôt que d'apporter une véritable
solution aux problèmes qui confrontent un bon nombre de
Québécois et de Québécoises, le premier ministre a
préféré entretenir l'illusion constitutionnelle en
laquelle bien peu de Québécois et de Québécoises
continuent de croire. Vous me permettrez, sans doute, M. le Président,
de prendre quelques minutes pour faire un peu de lumière au bout de ce
tunnel sans fin. Les récents développements ne me surprennent
guère: Par son à-plat-ventrisme, le premier ministre a remis
entre les mains des McKenna, Wells et Filmon l'avenir de notre pays. Comment
expliquer qu'à la conférence constitutionnelle, c'est au premier
ministre de l'Ontario qu'est revenue l'initiative de défendre les
demandes du Québec, si minimes soient-elles? Plusieurs
Québécois ont raison de s'inquiéter du silence de notre,
premier ministre. À l'heure où partout dans le monde, M le
Président, on discute de développement technologique,
d'environnement, de formation professionnelle, de recherche et de paix, les
Québécois, quant à eux, sont contraints d'assister encore
une fois au terne spectacle de danse à claquettes constitutionnelle
auquel se livre le premier ministre.
Est-ce possible, M. le Président, qu'à l'aube
des années quatre-vingt-dix, nous soyons encore en train de discuter de
constitution et discuter de langue, alors qu'il y a bon nombre de
problèmes sur lesquels on ne s'arrête même pas?
Heureusement, M. le Président, pour bien des Québécois, ce
cirque constitutionnel n'est plus porteur d'avenir. De plus en plus, nos
concitoyens ont arrêté leur choix ou arrêtent, ces jours-ci,
une option, celle du pays du Québec. Ils veulent vivre, ils veulent
travailler et ils veulent aussi commercer en français. Ils en sont venus
à la conclusion que seul un véritable pays
québécois, avec toutes ses lois, tous ses impôts et tous
ses pouvoirs en matière de relations internationales, peut leur garantir
le respect de leur langue, de leur culture, et leur permettre le
développement économique auquel ils ont droit. Pour le Parti
québécois, le choix est aussi clair: il faut avoir notre pays
bien à nous.
Depuis le référendum de 1980, l'option du
pays québécois telle que proposée par le Parti
québécois a beaucoup évolué. Ce projet
n'apparaît pas simplement en réaction à un
fédéralisme canadien si désuet soit-il. Les
Québécois sont désormais libérés de
l'insécurité économique qui les hantait encore il y a
quelques années, aidée par les discours alarmistes, vous le
comprendrez, et mensongers des tenants du fédéralisme.
Aujourd'hui, les Québécois connaissent des succès
économiques qui leur inspirent une confiance inébranlable. Ceux
que le chef de l'Opposition officielle appelait il y a quelques années
la garde montante sont aujourd'hui bien installés aux commandes de notre
économie. Le récent traité de libre-échange, par
exemple, leur offre de nouvelles possibilités d'affaires et
éloigne à jamais le chantage canadien d'un éventuel blocus
économique.
Les Québécois sont enthousiasmés, et
avec raison, par les perspectives nouvelles qu'offre l'internationalisation des
marchés économiques et ils sont désireux de relever le
défi de l'excellence. De plus, les jeunes Québécois sont
ouverts sur le monde comme jamais d'autres générations ne l'ont
été auparavant. Nous avons le goût de participer activement
aux changements importants qui surviennent partout dans le monde et,
contrairement à ce que nos amis d'en face essaient de nous faire croire,
la souveraineté, nous ne la voulons pas pour nous refermer sur
nous-mêmes, bien au contraire. La souveraineté, nous la voulons
parce que nous voulons participer aux différents traités qui se
signent de façon quotidienne, parce que nous voulons, nous aussi, comme
peuple, être représentés au sein du concert des nations, et
il serait juste et normal, M. le Président, que nous puissions
participer et enrichir le concert des nations en tant que pays souverain.
À l'aube de ce XXIe siècle, de ce
troisième millénaire, le temps est venu pour nous d'aborder les
vrais problèmes auxquels sont confrontés nos citoyens et
citoyennes et d'y apporter des solutions qui s'y imposent. Heureusement, M. le
Président, il y a des gens, qui, de façon quotidienne,
bâtissent le pays. Dans mon comté et partout au Québec, et
ce comme nulle part ailleurs au Canada, on remarque l'émergence de
nouvelles solidarités sociales. Ces organismes communautaires qui
canalisent ces énergies contribuent à développer ce que
j'appelle l'économie sociale dont la rentabilité, vous en
conviendrez avec moi, n'est plus à démontrer.
Dans un contexte de laisser-faire économique, de
plus en plus de gens prennent leurs responsabilités et décident,
à leur façon, de faire la différence en s'impliquant dans
leur quartier, en s'impliquant dans leur paroisse, en s'impliquant dans leur
milieu de vie. Ces gens connaissent beaucoup mieux la réalité que
n'importe quel fonctionnaire à Ottawa ou à Québec et
interviennent de façon beaucoup plus efficace. Ces gens, cependant, dont
tout le monde s'entend pour vanter le mérite, ont été
oubliés par notre premier ministre.
À l'aube de l'an 2000, alors qu'on redéfinit
nos priorités et que l'État définit ses priorités
en matière de santé et de services sociaux, la question et la
place de la reconnaissance de l'action communautaire, M. le Président,
deviennent un enjeu fondamental pour l'avenir de notre
société.
Si cela est vrai pour les domaines de la santé et
des services sociaux, ça l'est aussi pour d'autres domaines, comme
l'insertion ou la réinsertion dans un emploi ou les mesures
d'éducation aux adultes et d'éducation populaire toutes mises en
oeuvre, vous le savez comme moi, par des organismes communautaires très
près des personnes en cause.
Certains organismes agissent essentiellement
en complémentarité avec le réseau public, mais il
faut maintenant ouvrir une nouvelle avenue en reconnaissant l'effort quotidien
de l'action communautaire autonome. Ces organismes devraient pouvoir compter
sur une politique de financement adéquate qui pourrait leur permettre de
sortir du cercle vicieux de la recherche de financement. Ceux-ci, souvent
négligés par le gouvernement, doivent, à leur tour,
négliger leur clientèle pour mener un combat quotidien avec les
fonctionnaires des différents ministères et ce, souvent, je le
regrette, sans l'appui de leur député. Souvent, lorsqu'ils
réussissent à obtenir du financement, on met des conditions qui,
souvent, n'ont rien de comparable aux conditions qu'on pourrait imposer
à l'entreprise privée.
M. le Président, j'ai eu l'occasion de rencontrer ces organismes,
tout comme l'ensemble de mes collèges de la région
métropolitaine, et je peux vous assurer qu'ils en ont assez de se
déguiser, de se comporter en quêteux, à chaque
année, pour négocier du financement et essayer de répondre
aux normes et aux critères de toutes sortes. (17 h 50)
Ils dénoncent à l'unisson une ingérence quotidienne
dans leurs affaires et souhaitent rapidement une intervention de la part du
gouvernement libéral. Si nous continuons à brûler la
chandelle par les deux bouts, M. le Président, c'est notre tissu social
qui en souffrira et le gouvernement aura tout simplement à rendre ses
comptes. Quant à moi, je m'associe à leur action. Voilà un
dossier devant lequel le gouvernement ne pourra pas se défiler.
De plus, rien dans le discours du premier ministre ne laisse
présager que la situation adverse qui touche ma
génération, les jeunes du Québec, va se résorber.
Au contraire. Ce gouvernement avait promis de revoir le mode de financement de
nos universités. Il a même tenu en 1986 une commission
parlementaire à cet effet. Depuis, que des mesures partielles, que des
mesures temporaires et à courte vue.
Devant son incapacité à innover, M. le Président,
le gouvernement a plutôt opté pour la solution facile: refiler la
facture aux étudiants et aux étudiantes du Québec en
augmentant considérablement les frais de scolarité.
Voilà qui ne règle en rien la situation des jeunes
Québécois et Québécoises qui, encore une fois,
remportent le championnat du chômage.
Bien sûr, le gouvernement a annoncé une réforme du
régime de l'aide financière aux étudiants sans toutefois
dévoiler directement ses intentions à l'égard des frais de
scolarité. Mais, en maintenant un fort taux d'endettement chez les
diplômés, on parle de plus de 10 000 $ à la fin des
études, en ne facilitant pas davantage leur entrée sur le
marché du travail, leur permettons-nous vraiment de participer
pleinement à la société et de relever, par exemple, le
nouveau défi démographique?
M. le Président, à titre de député de Gouin,
j'assume la responsabilité de critique en matière de
communications comme représentant de l'Opposition officielle. Bien que
le premier ministre ait peu fait état des enjeux importants qui
confrontent ce secteur, vous me permettrez sans doute, puisqu'il n'y a pas de
proposition dans l'air, de proposer un certain nombre de pistes d'action et de
réflexion au nouveau gouvernement.
Le Québec, M. le Président, doit recouvrer rapidement sa
pleine souveraineté dans le secteur des communications pour en
poursuivre résolument la francisation et développer sa
maîtrise économique, légiférer et
réglementer. Le Québec, par son histoire, a toujours
considéré les communications comme relevant de sa
compétence, en matière de langue, d'éducation et de
culture, ainsi que sa responsabilité morale comme seul
représentant de la majorité francophone en Amérique du
Nord. Les tribunaux ont cependant sans cesse confirmé l'autorité
fédérale dans ce secteur en vertu de la constitution de 1867. Le
Québec a donc dû se contenter d'une présence
discrète, pour ainsi dire, complémentaire, par exemple la
télévision éducative, avec tous les désavantages
qui en découlent pour la mise en oeuvre de politiques nécessaires
au développement de sa culture.
Les nouvelles techniques ont envahi peu à peu tous les champs de
la culture, mais le Québec n'a guère plus de compétence
constitutionnelle que sur la culture du XIXe siècle, c'est-à-dire
celle qu'on pouvait se représenter en 1867. La culture du XXIe
siècle, celle dont la diffusion est liée aux moyens modernes de
communication, nous échappe quasi entièrement.
L'épanouissement de la culture québécoise dépend
donc de l'orientation que d'autres choisissent aux communications en territoire
québécois. Les nouvelles techniques, M. le Président, nous
sont souvent venues des États-Unis, donc, en anglais, depuis le
cinéma et la radio d'avant-guerre, jusqu'à la révolution
informatique récente, ce qui suppose un effort permanent de francisation
et d'aménagement socioculturel.
Or, cette tâche relève de l'autorité
fédérale, dont ce ne fut jamais un objectif clair, ni un objectif
prioritaire. La francisation des nouvelles techniques et leur
intégration à la culture québécoise ne se sont donc
faites que partiellement et plusieurs décisions conçues pour les
besoins du Canada anglais ont même joué au détriment des
francophones. En 1985 par exemple, dans le secteur de la
radiotélévision, les francophones composaient la clientèle
des stations anglaises pour environ 33 % à la télévision,
41 % à la radio, et 10 % à la radio MA. Il y a là une
menace d'acculturation.
Pour ma part, M. le Président, j'ai l'intention de travailler
à l'établissement d'un espace francophone que nous devrons
défendre et développer en ces matières où
communications et culture se chevauchent et se nourrissent l'une de l'autre:
disque et radio, cinéma et télévision,
informatique et documentation écrite, création et
télécommunication. Le but n'est pas de fermer le Québec
aux influences étrangères, mais de lui assurer sa juste place sur
son propre marché, de manière qu'il les assimile à son
profit et non pas que le contraire se produise.
Je suis d'ailleurs heureux, M. le Président, de voir que la
nouvelle ministre des Communications a pris le pari des 65 % pour le quota de
chansons francophones sur les ondes radio. Quoique ayant auparavant
présenté une position plutôt équivoque a cet
égard, elle a su faire sienne la proposition de l'Opposition en se
prononçant clairement sur la question. Comme quoi, M. le
Président, même en désavantage numérique, on peut
parfois compter des buts.
Je m'inquiète aussi de l'avenir de la Régie des services
publics, suite à l'adoption du projet fédéral C-41. La
ministre a rencontré le ministre fédéral responsable du
dossier et l'Opposition attend toujours une position claire du gouvernement du
Québec. Gouverner, pour moi, c'est plus que manifester des souhaits. Il
faut parfois passer aux actes. Et j'espère qu'on ne voit pas dans ce
comportement attentiste une autre des conséquences des
négociations constitutionnelles.
En conclusion, M. le Président, j'émets le souhait que les
travaux de cette 34e Législature nous permettent de répondre
aussi adéquatement que possible aux nombreux besoins de nos concitoyens
et concitoyennes. L'Opposition officielle ne laissera pas le gouvernement
passer outre à ses responsabilités et ignorer ceux et celles qui,
tous les jours, contribuent à bâtir une société plus
solidaire et plus humanitaire. Nous ne tolérerons plus, comme semble
vouloir l'accepter ce gouvernement, un taux de chômage honteux parce que
beaucoup trop élevé chez les jeunes. Il s'agit là d'un
gaspillage de ressources humaines et ce n'est certes pas à l'honneur
d'une société riche comme la nôtre. m. le président,
c'est précisément à l'endroit des plus démunis de
notre société que nous devons augmenter nos énergies et
nos ressources. sans l'indéfectible soutien des élus de ce
parlement, des centaines de milliers de concitoyens et concitoyennes ne
pourront participer pleinement à la vie collective. il continuera d'y
avoir deux québec: un québec riche et en santé, un
québec pauvre, malade et isolé.
Enfin, M. le Président, les travaux de l'Assemblée
nationale démontreront à la population, au cours de la prochaine
année, que l'illusion constitutionnelle de l'actuel gouvernement
n'était en fait qu'une perte de temps, qu'une perte d'énergie,
que cela nous a empêchés d'avancer à notre rythme pour nous
développer et pour développer pleinement le Québec dans
tous les secteurs de l'activité québécoise et ce, avec
tous les groupes qui forment la société moderne d'aujourd'hui.
Nous devons assumer tous les pouvoirs d'un pays souverain pour qu'enfin nous
puissions être fiers d'être Québécois, être
fiers de vivre en ce pays que j'espère pouvoir partager avec l'ensemble
de mes concitoyens et concitoyennes. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Gouin. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Je fais motion pour suspendre les travaux
jusqu'à 20 heures, en indiquant à la Chambre qu'on reprendra,
à 20 heures, le débat sur le discours d'ouverture.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, les travaux sont
donc suspendus jusqu'à 20 heures, pour la reprise du débat.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 2)
Le Vice-Président (M. Cannon): Veuillez vous asseoir, s'il
vous plaît. Nous en sommes donc à la reprise du débat sur
le discours d'ouverture prononcé par le premier ministre le 28 novembre
1989 et je suis prêt à reconnaître le premier orateur. M. le
député de Charievoix.
Des voix: Bravo!
M. Daniel Bradet
M. Bradet: M. le Président, avant de commenter le discours
inaugural, je voudrais profiter de l'occasion qui m'est offerte pour remercier
mes partisans, électeurs et électrices du beau comté de
Charievoix pour la confiance qu'il m'ont témoignée le 25
septembre dernier. J'ai l'honneur de représenter une population
fière de ses origines, laborieuse et soucieuse de son bien-être
que je continuerai, au début de ce second mandat, à appuyer par
un travail soutenu et acharné. Je connais les responsabilités
qu'ils m'ont confiées, et c'est avec fierté que je les
représenterai le plus fidèlement possible à
l'Assemblée nationale.
J'aimerais profiter de cet événement pour remercier tous
ceux et celles qui, à juste titre, ont mis leur confiance et leurs
espoirs dans le Parti libéral du Québec, en son chef, son
équipe et son programme.
Permettez-moi, M. le Président, de vous présenter
brièvement le comté de Charievoix, un comté dont la
renommée n'est plus à faire, oasis du Temps d'une paix, une
émission qui, pendant plus de six ans, a connu les cotes d'écoute
les plus fortes au Québec, reconnu pour sa gastronomie, la beauté
naturelle de ses sites, que ce soit le parc des Grands-Jardins, le parc des
Hautes-Gorges, le fleuve, l'île-aux-Coudres, lieu de rencontre des grands
peintres, unique au plan faunique. Quel comté, à une heure de
l'Assemblée nationale, peut se vanter d'avoir, à une de ses
extrémités, à Cap-Tourmente, les oies sauvages,
dans le centre, des caribous à l'état sauvage et, à
l'autre extrémité du comté, les baleines? Charlevoix est
donc un véritable lieu de destination-séjour type au
Québec, une région où l'industrie touristique est
citée en exemple, où l'agriculture tient une place importante,
où l'industrie est de plus en plus présente.
Charlevoix, c'est aussi, M. le Président, un véritable
croissant fertile du ski. Qui peut se vanter d'avoir dans son comté des
centres de ski aussi prodigieux, tels le Mont Sainte-Anne, la véritable
Mecque du ski au Québec, Petite-Rivière-Saint-François, un
projet potentiel et énorme, et le mont Grand-Fonds?
Charlevoix, c'est aussi un comté de 29 municipalités
d'où émergent des villes dynamiques telles
Sainte-Anne-de-Beaupré, lieu de pèlerinage reconnu,
Beaupré, Baie-Saint-Paul, la ville des arts, La Malbaie, ville qui,
historiquement, était vouée au tourisme, Clermont, le coeur de
Dono-hue. Mais Charlevoix, M. le Président, c'est aussi un comté
aux prises avec un taux de chômage élevé, l'exode de nos
jeunes, le vieillissement de la population, le manque de petites industries
dans les secteurs primaire et secondaire.
M. le Président, l'an dernier, à pareille date, nous
fêtions dans Charlevoix les 25 ans du Parti libéral et nous
faisions alors le constat que lorsque le gouvernement libéral a
été au pouvoir, le Québec s'est développé,
Charlevoix s'est développé, connaissant la
prospérité, connaissant le progrès. Mais nous constations
aussi l'épisode péquiste, ces neuf années de vaches
maigres, où nous avons payé le prix plus que partout ailleurs au
Québec, le prix de cette fidélité et de ces convictions
politiques. 108 longs mois d'holocauste, de purgatoire pour Charlevoix qui se
terminait en décembre 1985. Le monde québécois allait
redevenir à la normale. L'épidémie était sous
contrôle, mais les plaies étaient profondes: un déficit de
plus de 4 000 000 000 $, des routes délabrées, des services
sociaux dépassés.
Le gouvernement libéral s'était alors fixé, vous
vous en souvenez, trois objectifs: insuffler au Québec un climat de
stabilité politique et sociale nécessaire à notre
prospérité; créer un climat propice aux investissements et
à la croissance économique; enfin, assurer un meilleur
contrôle des finances publiques. L'opération de revitalisation
entreprise par le gouvernement dès son accession au pouvoir s'est
traduite par de nombreuses compressions budgétaires,
l'élimination de certains programmes qui se dédoublaient ou dont
l'efficacité n'était pas démontrée, la
privatisation d'un certain nombre d'entreprises où la présence de
l'État semblait superflue.
En fait, cette opération consistait à dégager une
véritable marge de manoeuvre indispensable pour une meilleure
redistribution collective de la richesse et pour pouvoir maximiser les
interventions économiques.
Les progrès enregistrés furent remarquables. Pour la
première fois depuis plusieurs années, le taux de chômage
devait diminuer à près de 9,4 % sur une base annuelle. La
progression de l'économie québécoise qui s'était
établie à 2,9 % en 1986 passait à 4,9 % en 1988. Le
déficit menaçait d'exploser, à 4 300 000 000 $, au moment
où l'actuel gouvernement a pris le pouvoir. Au cours de l'exercice
financier 1988-1989, le déficit fut réduit à 1 500 000 000
$. Cette prouesse est remarquable.
M. le Président, le gouvernement libéral croit fermement
au dynamisme régional, que chaque région possède ses
caractéristiques, ses ressources et son potentiel. Il va sans dire que
l'atteinte des objectifs économiques que s'est fixés le
gouvernement ne peut se faire sans l'entière participation de chacune
des régions du Québec. Il est donc nécessaire de voir
à ce que les investissements et la création d'emplois
s'étendent à toutes les parties de notre province tout en tenant
compte des spécificités et des besoins de chacune d'elles. C'est
pourquoi, depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral
a mis sur pied diverses mesures visant à favoriser le
développement des régions.
Par ailleurs, M. le Président, depuis quelques années, des
besoins pressants se font sentir à tous les niveaux dans le domaine de
l'environnement. Étant donné l'urgence de la situation, le
gouvernement libéral a intensifié le programme d'assainissement
des eaux au Québec, accélérant ainsi la création
d'emplois en régions. À titre d'exemple, les programmes
d'assainissement des eaux mis en oeuvre avec la collaboration des
municipalités génèrent chaque année environ 400 000
000 $ d'immobilisations tout en améliorant la qualité de vie des
citoyens et des citoyennes. Le ministre de l'Agriculture vous parlerait sans
doute des efforts qu'il a faits pour combattre et enrayer la pollution
agricole. Pour Charlevoix, ce fut plus de 40 000 000 $; 28 000 000 $ si l'on
tient compte de la signature des protocoles de Malbaie, Rivière-Malbaie,
Pointe-au-Pic, Cap-à-l'Aigle, ceux de Baie-Saint-Paul, de
Baie-Saint-Paul paroisse et de RMère-du-Gouffre; 16 700 000 $
ajoutés à cela pour Beaupré, Sainte-Anne,
Saint-Féréol et Saint-. Joachim.
En trois ans, M. le Président, plus de 75 % des
municipalités de Charlevoix - et ça, c'est important quand on en
a 29 - ont profité du programme d'assainissement des eaux. Lors du
budget 1988-1989, présenté par le gouvernement du Québec,
d'autres mesures furent annoncées dans un certain nombre de programmes
ayant un impact déterminant sur le développement
régional.
En effet, pour faire face à un réseau routier fortement
déprécié depuis dix ans - je dois vous dire que Charlevoix
a payé la note encore plus dans le réseau routier puisque nous
avions eu un ministre des Transports, de 1970 à 1973, et qu'il fallait
payer cette note-là. Donc, pour faire face à ce réseau
routier fortement déprécié, 30 000 000 $ se sont
ajoutés en crédits
déjà prévus afin d'accélérer la
réfection des routes et ainsi améliorer la circulation en
régions périphériques.
Les emplois qui découlèrent de ces travaux ont
contribué à diminuer le taux de chômage en région.
Charlevoix a eu sa quote-part: des tronçons de la 138 qui étaient
sur le pavé depuis une quinzaine d'années se sont faits. Je pense
à Baie-Saint-Paul, à Clermont. Les lits d'arrêt. Il existe
au Québec trois structures de lits d'arrêt pour camions en
détresse: une à Tadoussac et deux dans les côtes de
Baie-Saint-Paul. Et, pour la première fois depuis quinze ans, il n'y a
pas eu d'accident mortel causé par un camion en détresse à
Baie-Saint-Paul. Il a fallu attendre le Parti libéral pour le faire. Les
mêmes côtes étaient là depuis 1976.
Vous avez dit en décembre 1985 qu'on arrêterait de planter
des piquets et qu'on . referait des routes. M. le Président, on a tenu
notre promesse et je sais que, dans bien des comtés, là aussi il
y a eu amélioration du réseau routier.
Finalement, diverses mesures visant à favoriser le
développement régional ont été mises de l'avant
depuis trois ans: l'injection de 50 000 000 $, AIDA, en infrastructures
d'aqueduc et d'égout; l'entente fédérale-provinciale pour
les régions où 970 000 000 $ seront injectés au cours des
cinq prochaines années.
Dès son accession au pouvoir, lors de la lecture du discours du
16 décembre 1985, le gouvernement libéral annonçait
déjà ses couleurs en matière de soins de santé et
de services sociaux. Fidèle à ce qu'il réclamait alors
qu'il était dans l'Opposition, le gouvernement du Québec se
donnait comme ambition de redonner à la population
québécoise des services de santé et des services sociaux
de toute première qualité en s'attaquant prioritairement au
problème des salles d'urgence, au problème du vieillissement de
la population et à celui de la famille. Chez moi, on a retrouvé
la mise en place du CLSC Beaupré-Orléans, du CLSC
Beaupré-Charlevoix, l'augmentation de l'aide aux organismes
communautaires, le redressement de nos centres d'accueil dans l'alourdissement
de la clientèle et surtout la consolidation des équipements.
Quand, M. le Président, dans une région, dans un comté de
plus de 170 milles de côtes, nous avons seulement deux hôpitaux,
c'est important d'améliorer la qualité de ces
équipements-là et j'étais fier que le gouvernement du
Québec injecte 7 300 000 $, il y a deux ans, dans l'agrandissement du
centre hospitalier Saint-Joseph-de-la-Malbaie.
La principale réussite du gouvernement libérai en
matière de culture est sans doute la reconnaissance du statut
professionnel de l'artiste. En outre, bien que le gouvernement ait
"priorisé" l'amélioration des conditions de vie et de travail des
artistes et des créateurs au détriment des immobilisations,
certains dossiers de construction ou d'agrandissement qui traî- naient en
longueur ont vu le jour. Je pense au musée régional Laure-Conan,
le musée de Charlevoix, où plus de 1 000 000 $ ont
été injectés. Je pense à la papeterie Saint-Gilles
qui fabrique un papier unique en Amérique du Nord, au musée
maritime. Tout ça s'est fait dans ces trois années où il y
avait des compressions budgétaires et tout ça, M. le
Président, c'étaient des projets qui traînaient depuis
quinze ans.
Outre ces préoccupations concernant l'état des finances
publiques et sa volonté d'y remédier par des mesures
appropriées, le gouvernement s'était engagé, dès
son arrivée au pouvoir, à relancer l'activité
économique sur des bases solides et durables puisqu'elle est essentielle
au progrès social et culturel. Pour ce faire, le gouvernement
était prêt à reconnaître à sa juste valeur le
dynamisme et les qualités d"*entrepre-neurship" des hommes, des femmes
et des jeunes du Québec. Les lignes directrices de la politique
économique se résumaient de la façon suivante: Encourager
d'abord la formation de nouvelles entreprises par le développement des
présentes techniques de financement et par des mesures nouvelles de
soutien à rentrepreneurship"; alléger la fiscalité des
entreprises, de manière à leur permettre d'être plus
concurrentielles et compétitives pour conquérir les
marchés nouveaux; favoriser la concertation des efforts du gouvernement,
de l'entreprise et de l'université; encourager la recherche et le
développement technologique; donner aux régions des moyens accrus
pour assurer la responsabilité de leur développement;
remédier au problème de l'emploi chez les jeunes par la
réévaluation des divers programmes d'aide et de soutien à
l'emploi et au revenu chez les jeunes. L'atteinte de cet objectif
représente en moyenne la création de 80 000 emplois par
année et permet de ramener le taux de chômage de 11,8 %, où
il était, à un niveau variant entre 8,5 % et 9,75 %.
D'autre part, M. le Président, le développement
régional a toujours constitué un intérêt capital
quant aux orientations du gouvernement en matière économique.
À cet égard, le budget 1988-1989 offrait des conditions propices
aux investissements et à la création d'emplois dans les
régions du Québec. Dans certaines régions, des programmes
spéciaux étaient également prévus par l'octroi de
crédits additionnels consacrés à la poursuite du programme
de création d'emplois et un montant supplémentaire de 7 000 000 $
a été alloué pour l'implantation d'un programme
spécial visant à former un bassin de main-d'oeuvre
spécialisée dans le secteur forestier.
De plus, le ministre des Finances annonçait une hausse de 12 000
000 $ de crédits alloués au fonds de développement
régional ainsi que la mise en oeuvre d'un plan d'action en
matière de développement régional, lequel était
présenté par le ministre des Transports en octobre dernier.
Enfin, M. le Président, la promotion et
l'initiative de l'"entrepreneurship" régional s'inscrivaient
parmi les principales orientations de ce plan d'action économique. Afin
d'encourager le dynamisme des entrepreneurs régionaux, des avantages
fiscaux additionnels étaient accordés aux sociétés
de placement dans l'entreprise québécoise dans les régions
périphériques. Ainsi, la déduction accordée aux
investisseurs pour tout placement dans une SPEQ régionale était
majorée de 100 % à 125 % et de 125 % à 150 % pour les SPEQ
dont chaque actionnaire est un employé.
De plus, la mise de fonds minimale nécessaire au démarrage
d'une SPEQ régionale s'établissait à 50 000 $,
comparativement à 100 000 $ dans les autres cas. Enfin, le gouvernement
annonçait la création d'un programme de subventions au
démarrage de SPEQ grâce à la collaboration de la
Société de développement industriel.
Sans entrevoir de récession à court ou moyen terme, on
prévoit une légère diminution de la croissance
économique. Jusqu'à maintenant, M. le Président,
l'économie québécoise s'est comportée de
façon remarquable, comme en témoignent les statistiques relatives
à la croissance de l'économie, aux investissements et à
l'emploi. En effet, la progression de l'économie
québécoise qui s'établissait à 3,3 % en 1986-1987 a
été exceptionnellement vigoureuse en 1987-1988, comparativement
à plusieurs grands pays industrialisés qui ont enregistré
des résultats nettement inférieurs. ainsi, en 1987-1988,
l'économie du québec a connu un taux de croissance du produit
intérieur brut de 4,8 % par rapport à 3,9 % pour l'ensemble du
canada, 2,9 % aux états-unis, 2,2 % en europe, 3,5 % au japon. cette
performance économique était d'autant plus remarquable que le
taux de croissance du produit intérieur brut avait été
deux fois supérieur en 1987-1988 à la moyenne des dix
dernières années. en 1988-1989, le québec a
également connu une croissance économique supérieure
à la moyenne et à celle des principaux pays
industrialisés. il s'agissait de la sixième année
consécutive de forte croissance économique avec une augmentation
du produit initérieur brut de 4,9 %, comparativement à 4,2 % au
canada, 4,25 % au japon, et 2,7 % aux états-unis. (20 h 20)
Les efforts, M. le Président, fournis par le gouvernement pour
relancer l'économie québécoise au cours des trois
dernières années, conjugués à une conjoncture
économique favorable, se sont également traduits par une
amélioration du marché de l'emploi au Québec. Le taux de
chômage a progressivement régressé de 11,7 % qu'il
était en 1985-1986, à 11 % en 1986-1987, pour atteindre
finalement, en 1988-1989, 9,4 %. Ce dernier aurait diminué à 8,9
% au cours du dernier trimestre. Chez les jeunes, le taux de chômage est
passé de 18,1 %, en 1985-1986, à 13,4 % en 1988-1989. De ce fait,
le gouvernement a respecté ses engagements électoraux
relativement au problème de l'emploi de la jeunesse
québécoise.
Au chapitre de l'emploi, les objectifs que le gouvernement
s'était fixés ont non seulement été atteints, mais
dépassés. Dans l'ensemble de ces indicateurs économiques,
nous pouvons conclure que le Québec s'oriente de plus en plus vers une
activité économique fort acceptable et une meilleure perspective
du marché de l'emploi. Des projections à moyen terme
indiqueraient que le taux moyen d'expansion de l'économie
québécoise s'établirait à 3 % au cours des
prochaines années et ce, en l'absence de récession sur le plan
international. L'atteinte de ce résultat se traduirait par la
création, en moyenne, de 80 000 emplois-année entre 1987 et
1991.
M. le Président, au cours de son premier mandat, le gouvernement
libéral s'est employé à rénover les politiques
fiscales et budgétaires du Québec afin d'attirer davantage
d'investissements et soutenir la croissance économique sur son
territoire. C'est ainsi que les investissements ont fait un bond de 13,1 %, en
moyenne, de 1985 à 1988, allant même jusqu'à relever le
taux d'investissement à 19,3 % du produit intérieur brut en 1988,
le plus haut taux des dix dernières années.
Aujourd'hui, on peut dire que le Québec offre des conditions
d'investissement qui sont parmi les plus avantageuses du monde
industrialisé, surtout en ce qui concerne les facteurs d'importance
stratégique comme l'achat d'équipements de pointe, la recherche
et le développement et le...
Le Vice-Président
(m. cannon): m. le
député, simplement pour vous indiquer qu'il ne vous reste que
quelques secondes pour conclure, s'il vous plaît.
M. Bradet: Je conclus, M. le Président. en conclusion,
"s'ouvrir à demain", le manifeste politique adopté par le parti
libéral du québec en février 1988, proposait à la
population québécoise d'entreprendre l'avenir dans la
continuité du programme économique mis en place par l'actuel
gouvernement, avec l'audace d'édifier une société plus
ouverte, plus prospère et plus soucieuse de la justice sociale.
désireux de doter le québec d'assises solides nécessaires
à la prospérité future, le gouvernement libéral
propose un projet économique qui permettra aux québécois
de construire leur avenir. et je suis fier, avec toute la population de
char-levoix, d'en faire partie. merci, m. le président.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Charievoix. Alors, je reconnais maintenant le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté le
député de Charlevoix - c'était la première fois que
j'entendais le son de sa voix - et je me suis dit: H n'est pas obligé de
tout dire ce qu'il a à dire dans un seul discours dans un mandat, mais
il peut revenir à plusieurs reprises. Mais j'ai remarqué qu'il
était moins volubile, il parlait du développement régional
stimulant, vigoureux du gouvernement. Sauf que je me rappelle, dans Charlevoix,
lorsqu'il a été question de la traverse payante, alors que le
gouvernement faisait des études et puis qu'il a mis la traverse payante
dans Charlevoix, à l'île-aux-Coudres, qu'il a fallu que le Parti
québécois s'en occupe parce que la traverse serait restée
payante. Lorsque les gens faisaient appel au service des députés
pour les défendre, le député de Charlevoix était
absent. J'y suis allé à chaque fois qu'on m'a invité, je
ne l'ai jamais vu là une seule fois.
Quand on parle du développement économique
régional, je regarde: Portneuf, papeterie de Saint-Raymond
fermée, alors que le journal Le Soleil nous apprend, ce matin,
que c'est parce que, apparemment, les frères Lemaire, de Cascades,
auraient voulu opérer avec la Papeterie de Saint-Raymond, la faire
fonctionner, mais, apparemment, le député de Portneuf,
d'après ce que dit Le Soleil, ce matin, n'aime pas les
frères Lemaire. Alors, il y aura 200 et quelques chômeurs parce
que le député de Portneuf n'aime pas les frères
Lemaire.
On regarde également dans le Bas-Saint-Laurent, où j'ai eu
l'occasion de rencontrer les gens de différents organismes, et on me
disait: II y a eu un sommet - tout le monde s'en rappelle, c'a
été la fin de semaine du tremblement de terre... On disait: Le
tremblement de terre a eu lieu cette journée-là, mais, depuis ce
temps-là, je vais vous dire qu'il n'y a pas eu grand son dans le
sommet, puisque au contraire, en agriculture, on me disait: Sur 21 projets,
zéro qui marche, zéro, ça ne marche pas.
J'ai rencontré les gens de la Gaspésie également,
dans les comtés. Cela fait quatorze mois que le sommet a eu lieu, en
septembre 1988; et là, la route, 195, à partir de Matane à
aller vers la Matapédia, qui devait commencer le 21 septembre, pas un
pouce de fait. La route également, belle autoroute à quatre
voies, que promettait le député de Charlesbourg, pour aller
jusqu'à Rimouski, pas un pouce de fait, même pas une
cuillerée à thé de terre qui a été
enlevée, pas rien, M. le Président. Le développement
régional se déguise en fantôme.
Là, actuellement, le ministre a été changé.
Là, on se dit: Est-ce qu'on va voir le nouveau ministre, la nouvelle
ministre. J'ai dit: Au moins, elle a une qualité, la nouvelle ministre.
Moi, je suis obligé de dire que la ministre du Dévelop-. pement
régional a une qualité exceptionnelle, elle donne l'heure juste.
Elle a dit que le député Lincoln...
Une voix: Ah oui!
M. Garon:... lui, il aurait été mieux de faire
moins de discours et de s'occuper de son ministère. On le pensait, nous,
mais quand on le disait, nous, ils disaient: Ils font de la politique. Elle l'a
dit, pas de "taponnage".
Une voix: Eh vlan!
M. Garon: Quand est arrivée l'affaire des lignosulfonates,
ça "taponnait"; le ministre de l'Environnement, lui, pas de
problème. Mme Bacon est arrivée: Fini, les lignosulfonates, tant
qu'on n'aura pas démontré que ce n'est pas dangereux pour
l'environnement. Je dois dire que j'ai été content. Content. Vous
le demanderez dans mon territoire, les gens m'ont dit: Qu'est-ce que vous en
pensez de Mme Bacon? J'ai dit: Moi, je l'aime bien parce qu'elle donne l'heure
juste. Là, au moins, quand on vous dira qu'une route, vous allez
l'avoir, je suis certain que ça va être oui, mais si c'est non,
ça va être non. Parce qu'à ce jour, quand elle a
donné son opinion sur quelque chose, c'est ça qui s'est
passé. Alors, j'ai dit: Là-dessus, il va peut-être y avoir
une amélioration. Dans le développement régional, on ne
peut pas dire qu'il y a eu grand développement régional au
Québec actuellement. Au contraire, dans une situation économique,
que même le premier ministre dit difficile - il n'est pas en campagne
maintenant, il dit que la situation est difficile - les régions vont
avoir des problèmes. Les différentes régions du
Québec vont avoir des problèmes. Et je vais vous dire que quand
c'est rendu que même Montréal est un problème;
Québec, comprenez-vous? on a vu le développement
régional... On est rendu que les négociations... Pour la
première fois, sous le Parti libéral, maintenant une convention
collective ne se passe plus dans la capitale nationale, elle se passe
entièrement à Montréal. Il n'y a plus rien. Même la
CEQ est en voie, si elle ne l'a pas vendu, de vendre son siège social
à Québec pour déménager ses pénates à
Montréal. Ça fait une belle capitale nationale. Et puis, regardez
ce qu'on a. On disait: Ça nous prend des députés, 35 sur
35. Il y en avait un dans l'Opposition, un sur 18. Maintenant on est deux sur
18. Il y en a seize. Avec seize députés libéraux dans la
région de Québec, maintenant, les négociations sont
entièrement faites dans la région de Montréal, 100 %. Je
regarde le député de Limoilou qui me regarde avec des yeux ronds.
Est-ce qu'il est au courant? Je ne le sais pas. Rappelez-vous quand le
député - je ne me rappelle pas le nom du comté - Gobeil -
je peux le nommer il n'est plus en Chambre -...
Une voix: Verdun.
M. Garon:... le député de Verdun, voulait
déplacer le ministère des Affaires internationales à
Montréal. Le Québec aurait été à peu
près le
seul endroit au monde dont les Affaires internationales n'auraient pas
été dans la capitale.
Une voix: On y a vu.
M. Garon: Après ça, on y a vu... Oui, vous y avez
vu. Certainement vous y avez vu. Sauf que ce qui est rendu à
Montréal, je vais vous le dire, c'est l'Asie qui est rendue à
Montréal. L'Asie, la section de l'Asie est rendue à
Montréal. L'Europe est rendue à Montréal, sauf la France
parce qu'on a le consulat à Québec. On a l'Afrique du Nord. Mais,
actuellement, l'Europe est rendue à Montréal, la direction de
l'Europe, la direction de l'Asie. Le député de Limoilou dit: On y
a vu. Certainement. On va peut-être avoir la responsabilité des
îles Faeroe, on va peut-être avoir le Groenland à
Québec, sauf que les divisions importantes dans le domaine des affaires,
dans le domaine des relations à venir avec le Québec sont toutes
rendues à Montréal. Mais on n'a pas eu la franchise de le dire
à la population. On a fait ça à la cachette comme le
gouvernement libéral.
Dans le domaine des chemins de fer, des hommes vigoureux? Un
gouvernement de matamores, comprenez-vous? Regardez les lignes qu'on coupe une
par une. Le Petit Train du Nord qui était là depuis le temps du
curé Labelle va fermer. La ligne
Québec-Montréal-Sherbrooke qui coûtait, si ma
mémoire est bonne, 75 $ de subvention par passager, fermée. La
ligne Mont-réal-Trois-Rivières-Québec, 30 $ de subvention
par passager, fermée. La ligne Québec-Mont-Joli, 100 $ de
subvention par passager, fermée. La ligne Charny-Richmond, fermée
- le député d'Arthabaska est là, il le sait - contre la
volonté de la population. Pendant ce temps-là, comprenez-vous,
devant ce gouvernement de matamores, la ligne Prince-Rupert-Jasper, elle...
Des voix: Ha, ha, ha!
(20 h 30)
M. Garon:... va demeurer. Savez-vous combien elle coûte par
passager pour voir les belles montagnes Rocheuses de Mme Chaput-Rolland? Vous
rappelez-vous? Ça coûte 484 $ de subvention par passager. Elle,
elle est maintenue. Regardez la ligne "le Montagnard des Rocheuses", le petit
train qui se promène dans les Rocheuses; il va être maintenu.
Savez-vous combien ça coûte? 330 $ par passager. Vous avez un
petit Japonais qui arrive, il prend l'avion et après ça, il prend
la ligne Prince-Rupert-Jasper et le Montagnard des Rocheuses: 484 $ plus 330 $,
814 $ de subvention pour voir les Rocheuses. On paie! S'il vient avec sa femme
1628 $ pour voir les Rocheuses! Comprenez-vous! Ces gens faisaient des discours
dans le temps du référendum en disant: Nos belles montagnes
rocheuses! Ils ne sont même pas capables de les voir à leurs
frais.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II faut payer des subventions. Et quand on parle de 800
$, remarquez bien que, nous autres, on paie le quart des taxes, donc on paie
au-dessus de 200 $ pour chaque personne qui va faire un tour vers
Prince-Rupert-Jasper et le Montagnard des Rocheuses. C'est quelque chose, le
beau Canada dans cet oecuménisme fédéral. En même
temps, on a vu que le fédéral veut couper 1000 kilomètres
de chemin de fer au Québec, sans aucune compensation!
En même temps, l'an dernier, il a coupé 1169
kilomètres de chemin de fer à Terre-Neuve, entente
fédérale-provinciale de 800 000 000 $, dans laquelle le
gouvernement fédérai va payer 700 000 000 $ de subventions pour
indemniser. Dans l'Ouest, encore mieux, 25 000 kilomètres de chemin de
fer non rentable qui seront maintenus. Les gens vont nous parler des
beautés du fédéralisme où on paie pour faire vivre
les provinces de l'Ouest ou les Maritimes. 25 000 kilomètres de chemin
de fer! Pour faire le transport du grain de l'Ouest, seulement pour le
Nid-de-Corbeau, c'était rendu à 658 000 000 $ indexés en
1983, ça doit être rendu 750 000 000 $ en allant vers 800 000 000
$, cela veut dire qu'on paie 800 000 000 $ par année. 658 000 000 $
indexés en 1983, près de 800 000 000 $, cela veut dire qu'on paie
le quart, 200 000 000 $. Après cela, les gens disent: Est-ce qu'on
aurait le moyen? On a le moyen de les faire vivre, les montagnes Rocheuses. On
a le moyen de faire vivre des chemins de fer de l'Ouest. On a le moyen de faire
vivre... même M. le premier ministre de Terre-Neuve, quand il donne des
gifles au premier ministre du Québec! Terre-Neuve... L'argent qui est
dépensé à Terre-Neuve, 50 % est gagné à
Terre-Neuve et l'autre 50 %, c'est un cadeau qu'on leur fait. C'est beau le
Canada!
Pendant ce temps-là, le développement régional,
vous devriez voir ce qui se passe en Gaspésie et dans le
Bas-Saint-Laurent, ce sont les territoires les plus pauvres du Canada. '
Qu'est-ce qu'on fait? On n'a pas d'argent. Pas d'argent pour le
développement régional. Pas d'argent pour le pont de
Québec qui est en train de tout rouiller, il est plein de rouille, le
pont de Québec. Pas d'argent! Cela coûterait 20 000 000 $. On dit:
Pour le dérouiller, on n'en a pas. Mais on fait une étude pour
savoir si on ne ferait pas un pont, un tunnel ou une partie de pont et une
partie de tunnel pour relier l'île-du-Prince-Édouard à la
terre ferme. Cela coûterait autour de 1 000 000 000 $. Il y a 118 000 de
population, non, même pas 114 000 de population, l'équivalent de
la population dans les comtés des Chutes-de-la-Chaudière et de
Lévis. C'est cela, 114 000 de population: les
Chutes-de-la-Chaudière et Lévis. Bien là, 1 000 000 000 $,
ce n'est pas trop, ce n'est pas trop. On fait une étude. Qu'est-ce que
vous préférez? Un pont? Un tunnel? Ou une partie pont et une
partie tunnel, pour ne pas déranger les homards de la baie? Là,
il y a de l'argent! Là, il n'y a pas de problème,
il y a de l'argent! Là, les gens vont nous parier des
beautés du fédéralisme canadien, d'un gouvernement
fédéral sur le bord de la banqueroute, parce qu'un gouvernement,
cela ne fait pas faillite parce qu'il serait déjà en
faillite.
Quand M. Trudeau est arrivé à Ottawa, le Canada avait 18
000 000 000 $. On aime cela dire: Combien il y en avait quand le PQ est
arrivé et parti? Au Canada, ce gouvernement que vous avez
défendu, dont vous n'avez jamais parié de l'endettement, 18 000
000 000 $ quand Trudeau est arrivé en 1968 à Ottawa. Quand il est
parti en juin 1984, si on coupe l'endettement de l'année 1984 en deux,
parce qu'il est parti au mois de juin - donnons-lui six mois sur douze - 234
000 000 000 $, l'endettement du Canada. Pas trois fois plus, plus de dix fois
plus. En décembre dernier, 330 000 000 000 $. On dit qu'en 1993, cela va
être 440 000 000 000 $, alors qu'on a prévu pour les
intérêts de la dette, dans le dernier budget
fédéral, 39 500 000 000 $ et on a dit que cela resterait 39 500
000 000 $ pour les quatre prochaines années, même si la dette
passait de 330 000 000 000 $ à 440 000 000 000 $. On a vu que
c'était uniquement pour faire croire cela aux gens puisqu'il est apparu
immédiatement dans les journaux financiers - et l'année n'est
même pas écoulée - qu'on va dépasser 39 500 000 000
$.
Le gouvernement, donc, est en faillite. Et tout simplement, quand on dit
qu'il faut la souveraineté du Québec au plus vite, c'est pour au
moins geler la dette dont on va discuter de la répartition, parce
qu'elle augmente au rythme de 30000000000$ à 40000000000$ par
année même dans une période de prospérité; et
là on s'en va vers une période difficile. Ça presse! Ce
n'est pas quelque chose qui ne presse pas, cela devient urgent de faire la
souveraineté du Québec pour arrêter de payer pour faire
vivre les provinces de l'Ouest et les provinces maritimes. On n'est pas
condamnés dans l'Évangile, les Québécois, à
faire la charité au reste du Canada, ad vftam aeternam, hein, Mme
Carstairs. Je vous le dis, on veut que les programmes nationaux demeurent. Si
le Québec peut se retirer d'un programme et que l'Ontario fait la
même chose et la Colombie-Britannique, il n'y en aura plus de programmes
nationaux. Pourquoi? Elle a compris, elle. Elle a compris ce que les
députés libéraux d'ici n'ont pas compris, qu'on les fait
vivre. Eux, ils veulent que ça continue.
Est-ce que notre rôle, c'est de continuer à faire vivre le
reste du Canada alors qu'on dit à nos citoyens qu'on n'a pas d'argent
pour eux? quand on dit qu'on n'a pas d'argent pour le Bas-Saint-Laurent, pour
la Gaspésie et d'autres territoires? Quand on regarde la
charité...
Je vais revenir avec le nouveau ministre des Transports pour faire une
commission parlementaire sur le transport des voitures neuves. On achète
bon an, mal an, au Québec 400 000 automobiles neuves. Une grande partie
viennent de l'Ontario. Le transport est fait à 100 % par des compagnies
ontariennes ou américaines en moyenne à 500 $ par automobile. 200
000 000 $ qu'on donne en cadeau aux compagnies ontariennes ou
américaines. Je vais écrire au ministre des Transports dans les
prochains jours pour lui demander s'il accepte de faire la commission
parlementaire dont on avait voté le principe avant la dissolution de la
Chambre, au printemps, pour qu'on fasse faire justement une enquête par
la commission parlementaire sur le transport des véhicules automobiles.
Alors qu'on est les clients, c'est nous autres qui payons le transport. C'est .
toujours marqué "livraison et préparation en sus", s-u-s.
Une voix: En sus.
M. Garon: En sus, si vous voulez. Il y en a qui disent "sus".
Comme il y en a qui disent "sud" et "su", d'autres disent "en susse" ou "en
sus". Alors, de toute façon, on paie 500 $ par voiture. Ça fait
un marché de 200 000 000 $. C'est de l'argent! Quand on arrive au
transport maritime, on fait des cadeaux, comprenez-vous? On fait des
cadeaux.
Et là, le gouvernement du Québec a une chance,
actuellement, de faire quelque chose dans ce secteur-là. On importe pour
faire vivre en donnant des bons tarifs d'électricité aux
alumine-ries. On leur donne des bons tarifs pour venir ici, sauf qu'il faut
qu'ils fassent venir... Pour faire marcher des alumineries, ça prend de
la bauxite ou de l'alumine. Habituellement, il y a une première
transformation dans le pays producteur de bauxite et on transporte de
l'alumine. En 1988, les besoins en alumine ou en bauxite étaient de 4
500 000 tonnes entièrement transportées par des vraquiers
demandés sur le "spot market", c'est-à-dire sur le marché
qu'on appelle lorsqu'on en a besoin par des courtiers.
Pourquoi le gouvernement du Québec n'exigerait-il pas... Je ne
voudrais pas une réponse comme m'a dit le ministre de l'Industrie et du
Commerce: Pourquoi vous ne l'avez pas fait? Bien oui, mais en 1977, il y a une
étude qui a été faite et il n'y avait pas beaucoup de
transport d'aluminium. On a commencé les premières alumineries.
Là, actuellement on parie d'avoir plus d'alumineries et là
ça commence à faire du volume de transport. Il serait temps de
penser à relier les tarifs d'électricité au fait que cette
alumine-là soit transportée par des bateaux fabriqués au
Québec. Vous savez, là-dessus, on ferait juste imiter les
Américains; les Américains qui ont voté une loi qui
s'appelle le "Jones Act" qui dit: Pour porter le drapeau américain sur
votre bateau et avoir les avantages que ça comporte, votre bateau doit
être construit et réparé aux États-Unis.
Nous, c'est simple, on va dire dans les compagnies d'aluminium: Si vous
voulez qu'on vous renouvelle votre contrat ou qu'on vous donne un contrat avec
des tarifs préférentiels, il
faudrait que votre alumine qui va venir ici soit transportée par
des bateaux fabriqués et réparés au Québec. Ce
n'est pas compliqué. Et on pourrait dire au gouvernement
fédéral également: On paie assez d'argent pour l'Ouest,
pour le grain de l'Ouest, que quand, au moins, vous le donnez à des
pays, on pourrait peut-être bien faire le transport avec ces
vraquiers-là, ça fait qu'il y aurait quelque chose pour y aller
et de l'alumine pour revenir. À part ça, les vraquiers peuvent
transporter n'importe quel produit en vrac, mais à condition d'avoir une
volonté politique. (20 h 40)
On a l'impression que le nouveau ministre de l'Industrie et du Commerce,
dans sa réponse, dit que ça équivaudrait à
subventionner les chantiers maritimes. Qu'est-ce que c'est que ça? Avant
de donner une réponse comme ça aux journalistes, il aurait pu
m'appeler pour que je lui explique comment ça peut marcher. Je lui
aurais fourni l'étude même, faite en 1977 par Alcan Aluminium, une
étude de sa division des transports, subventionnée par Transports
Canada, qui démontrait qu'il y avait plusieurs routes qui étaient
intéressantes sur le plan financier, qui étaient viables sur le
plan économique. À ce moment-là, c'étaient des
petits volumes, en 1977, comparé à ce qui s'est
développé dans le secteur de l'aluminerie par la suite, dans les
alumineries au Québec. Mais à condition de vouloir faire du
développement économique, de faire du développement
économique, pas seulement régional, pour en parier, pour trouver
ça beau, pour parler des dynamismes locaux, mais également pour
qu'il y ait les retombées économiques qui vont avec
ça.
Regardez, aujourd'hui, dans le domaine de l'agriculture. Y a-t-il
quelque chose qui est plus régional que l'agriculture? Il y avait 85 100
personnes qui travaillaient dans l'agriculture en 1985, quand on était
au gouvernement. Les libéraux arrivent et qu'est-ce qui arrive? 2900 de
moins en 1986. 5900 de moins en 1987. Ça s'additionne aux 2900,
ça. Un autre 5900 de moins. En 1988, 7000 de moins. Là, on a des
chiffres pour les neuf premiers mois de l'année: 12 500 de moins. On est
rendu actuellement avec 28 300 emplois dans l'agriculture de moins que dans le
temps du Parti québécois. Comprenez-vous que ça commence
à faire du monde, ça. 28 000 personnes. Additionnez ça:
2900, 5900, 7000 et 12 500. C'est du monde. Pourquoi? Parce que le
développement régional ne se fait pas. Il n'y a pas de politique.
Regardez les scieries qui sont obligées de manifester et de fermer pour
qu'on puisse utiliser les copeaux des scieries. Pendant ce temps-là, on
parle d'environnement, alors qu'il va falloir couper des milliers et des
milliers, des dizaines et des dizaines de milliers d'arbres de plus, parce que
les copeaux vont pourrir ou vont être brûlés dans...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le député
de Lévis, simplement pour vous indiquer qu'il vous reste quelques
secondes à votre intervention. Alors, si vous voulez conclure, s'il vous
plaît.
Motion de censure
M. Garon: M. le Président, je vais terminer
immédiatement en faisant cette motion de censure: "Que cette
Assemblée blâme sévèrement le gouvernement
libéral pour son inaction et sa - mollesse à défendre les
intérêts du Québec dans les dossiers des relations
fédérales-provinciales en matière de transport, notamment,
concernant la politique fédérale d'abandon des lignes de chemin
de fer au Québec, le traitement inéquitable du Québec dans
le processus de rationalisation de Via Rail, la stratégie cachée
du fédéral d'éliminer les chantiers maritimes au
Québec, ia part des dépenses fédérales en
matière de routes." Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Lévis. Votre motion est maintenant
déposée.
Je suis prêt à reconnaître le prochain orateur, M. le
député de Richelieu.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Des voix:
Bravo!
M. Albert Khelfa
M. Khelfa: Pour faire contraste avec mon
prédécesseur, je vais être un peu plus sérieux et
pertinent.
Mes premières paroles, M. le Président, s'adressent, bien
sûr, à l'ensemble de mes électeurs et électrices du
comté de Richelieu pour les remercier et leur dire à quel point
je suis honoré d'avoir eu ce mandat, le 25 septembre dernier, et que je
travaillerai, comme je l'ai fait dans le passé pendant mon premier
mandat, d'une façon sérieuse, déterminée et
déterminante. C'est un engagement indéfectible envers mes
électeurs et mes électrices. C'est un travail de tous les
instants et de toutes les heures. J'aimerais aussi remercier tous ceux et
celles qui ont travaillé et qui ont participé à cette
élection d'une façon forte et solide afin que le message du Parti
libéral soit transmis à l'ensemble de la population du
comté de Richelieu.
Mon intervention aujourd'hui, M. le Président, dans la 34e
Législature, dans le discours d'ouverture, c'est une intervention dans
deux domaines, dans deux dimensions. Dans un premier temps, comme vous le
savez, un discours d'ouverture, M. le Président, c'est un discours qui
détermine l'orientation d'un gouvernement, l'orientation de
l'exécutif du gouvernement, l'orientation de l'ensemble de l'action
politique, sociale et économique. Comme vous le savez, notre engagement
électoral lors de la dernière
campagne électorale s'est situé à quatre niveaux:
au niveau de l'environnement, de l'économie, de la démographie et
de l'éducation.
Mais aujourd'hui, compte tenu de l'ampleur du discours d'ouverture qui
coiffe l'ensemble de nos engagements électoraux, je veux me limiter
à deux aspects, l'environnement et l'économie, et essayer de
faire le lien entre l'environnement et l'économie. Le lien entre une
volonté de développer d'une façon durable, constante et
permanente tout en respectant la qualité de vie, tout en respectant la
nature et tout en respectant notre volonté de vivre dans une
atmosphère saine et le transmettre à nos jeunes, le transmettre
aux générations futures d'une façon la plus
respectueuse.
Afin d'assurer le développement durable du Québec, notre
engagement a été articulé autour d'une
préoccupation environnementale qui veut la conservation de notre
environnement et qui permet un développement économique à
long terme. Un développement où l'utilisation des ressources et
de l'environnement d'aujourd'hui ne doit pas remettre en cause la perspective
d'utilisation par les générations futures.
C'est pour ça, M. le Président, que si on veut continuer
à assurer cette qualité de vie et ce développement
économique, nous devons, d'une façon très sérieuse
et rigoureuse, continuer à administrer nos finances publiques, continuer
à améliorer les relations de travail afin de consolider la
viabilité de notre climat social. Nous devons consolider, bien
sûr, la compétitivité de notre fiscalité, notamment,
par des sources de financement qui ne compromettent pas la force
concurrentielle de notre économie, mais qui permettent à
l'État de continuer à opérer, à se
développer d'une façon constante et permanente.
Le gouvernement du Québec, depuis quelques années, a
réussi à attirer d'importants capitaux internationaux. Nous avons
vu, pendant les derniers mois, des investissements en alumi-nerie et dans
d'autres secteurs. Nous savons tous qu'il est préférable
d'importer des capitaux que d'exporter des travailleurs. Ces capitaux
internationaux apportent également des retombées fiscales au
Québec et, par la création d'emplois qu'il y a ensuite, ces
capitaux internationaux aident également les entreprises du
Québec avec toutes leurs filiales à améliorer l'ensemble
de la situation économique et sociale. Comme vous le savez, M. le
Président, quand on investit dans l'économie, ça nous
permet d'aller chercher des retombées fiscales pour les redistribuer au
niveau de l'action sociale du gouvernement.
Je voudrais expliciter aujourd'hui quelques aspects de l'action du
gouvernement. Si nous avons été réélus une nouvelle
fois, c'est que, pour le Parti libéral, pour moi et pour
l'équipe, la toute première priorité, c'est le
développement économique. Et, à cet égard, on doit
constater, actuellement, au Québec plusieurs signes encourageants
malgré quelques ralentissements qui peuvent surgir.
Nous savons tous les atouts que nous possédons, notamment, dans
le secteur des ressources naturelles abondantes.
L'hydroélectricité dont les faibles coûts confèrent
au Québec des avantages concurrentiels. De plus, s'ajoute à
ça l'industrie pétrochimique avec Soligaz qui s'en vient avec 6
000 000 000 $ de retombées. Il y a aussi le secteur bien
développé des services, notre secteur industriel qui peut
s'appuyer sur un secteur tertiaire moteur efficace et de calibre, même
j'oserais dire de calibre mondial. (20 h 50)
On n'a qu'à constater le succès de nos grandes firmes
d'ingénieurs, de consultants qui peuvent non seulement conquérir
le marché sur le plan québécois, sur le plan canadien,
mais aussi sur le plan international. La disponibilité au Québec
de travailleurs compétents et scolarisés, ça devient un
atout majeur pour le Québec et son développement
économique.
Vu que je fais un rapport entre le développement
économique et l'environnement, vous allez me permettre, M. le
Président, dans un premier temps, de faire un petit tour d'horizon sur
les mesures que nous pouvons et que nous devons prendre afin d'améliorer
la condition économique, de bâtir notre économie
québécoise, l'économie de l'avenir. Afin d'assurer notre
économie, nous devons regarder d'une façon directe la concurrence
étrangère et la révolution technologique qui sont des
réalités du monde d'aujourd'hui. Leurs effets ne cesseront de
s'accentuer d'ici le siècle prochain.
Donc, M. le Président, ce sont des défis majeurs pour
nous. Ce sont des défis de compétitivité, d'innovation,
qui vont nous permettre d'accentuer l'intervention gouvernementale dans le
secteur économique afin de permettre un meilleur financement, une
meilleure fiscalité et une meilleure formation de nos ressources
humaines.
Donc, notre objectif qui est le défi majeur, c'est l'objectif
d'améliorer la condition économique. Il faut doubler le nombre de
personnes en formation, il faut diminuer le chômage structurel. Puis,
afin de réaliser ça, il y a six points majeurs à soutenir.
Le premier, soutenir l'innovation par des projets moteurs afin d'assurer
l'avenir. Deuxièmement, définir ces projets moteurs.
Troisièmement, le facteur critique permettant le succès, c'est le
coût du capital. Quatrièmement, la stratégie
gouvernementale. Et, cinquièmement, le financement des projets moteurs.
Et, sixièmement, distinction.
Je vais commencer par le premier point, M. le Président, qui est
soutenir l'innovation par des projets moteurs afin d'assurer notre avenir. Vous
le savez, M. le Président, à l'aube des années
quatre-vingt-dix, les défis de la concurrence internationale, comme je
le mentionnais tout à l'heure, et de l'innovation, se font toutefois
plus pressants pour une économie ouverte comme celle du Québec.
La recherche d'investissements de qualité qui soient porteurs
d'avenir constitue pour nous une donnée
incontournable pour le progrès économique.
Afin de faciliter ce financement d'investissements majeurs
par le tissu industriel québécois, on permettra la mise sur pied
de sociétés de projets moteurs. Ce faisant, le gouvernement
complète d'une certaine manière l'ensemble de sa stratégie
de recherche d'investissements de qualité en permettant au Québec
de s'engager et d'innover dans une variété de domaines qui lui
permettront d'assurer davantage l'avenir.
Deuxièmement, comment peut-on définir ces
projets moteurs? Il faut définir ces projets d'envergure dont les
principales caractéristiques sont les suivantes: ils doivent être
réalisés au Québec, lancés par une entreprise qui
jouit d'une réputation solide. De plus, ils doivent concerner une
activité de développement très spécifique;
troisièmement, ils doivent comporter plusieurs phases de
réalisation. Pour être réaliste dans la réalisation,
la conception et la production, la commercialisation du nouveau produit doit
permettre à ce projet d'envergure de se réaliser afin d'avoir des
retombées directes et indirectes sur l'ensemble du territoire.
Troisièmement, c'est un point vraiment important,
c'est le facteur le plus critique d'un succès, c'est le coût du
capital. D'un point de vue strictement économique, lorsqu'une entreprise
évalue un projet d'investissement, ce qu'on appelle le coût de
capital, ce coût de capital constitue un critère
prépondérant. En effet, tout projet d'investissement doit
nécessairement produire un rendement financier supérieur à
son coût de capital. Le coût du capital, pour les compagnies
nord-américaines, représente environ le double de celui de leurs
concurrents japonais. À ce moment, il faut être réaliste,
il faut être concurrentiel, il faut accepter que le travail se fasse
d'une façon structurée avec ces projets moteurs.
Quant à la stratégie gouvernementale - et
là ça entre en ligne de compte - l'intervention d'un gouvernement
permettra la réalisation de cette économie durable.
D'abord, la fiscalité concurrentielle. Nous l'avons
vu, dans le premier mandat, nous avons réussi à améliorer
l'état de la fiscalité pour être aussi concurrentiels que
l'Ontario. Créer un Fonds de développement technologique, le FDT,
qui s'inscrit en complémentarité de la fiscalité pour les
projets mobilisateurs. En troisième lieu, le programme de prêt
participatif de l'Agence québécoise de valorisation industrielle
de la recherche, ce qu'on appelle l'AQVIR, et la SDI, les autres programmes de
dépenses de RD - de recherche et de développement - de divers
ministères. Donc, cet ensemble de stratégies gouvernementales
permettra de réaliser les trois autres premiers points. Donc, la
politique générale et l'intervention directe dans la
recherche-développement permettent et permettront la réalisation
des projets moteurs.
En dernier lieu, afin de favoriser non seulement ces
projets qui comportent un risque technologique, les projets de recherche et de
développement, aussi les projets de grande envergure qui comportent un
risque de marché élevé. Par exemple, on peut penser
à des initiatives majeures d'entreprises renommées.
Donc, M. le Président, comme vous le savez, ce sont
des mesures directes, des mesures permettant au gouvernement du Québec
et aux entreprises du Québec de se diriger vers des secteurs qui
pourront créer des emplois directs, des emplois indirects dans plusieurs
secteurs.
J'aimerais vous rappeler les engagements dans le
comté de Richelieu, les engagements majeurs. Dans un premier temps,
c'est l'amélioration de la fiscalité des entreprises; dans un
deuxième temps, la recherche de l'aide directe à ces entreprises
existantes pour améliorer leur intervention sur le marché local,
. le marché régional et le marché international, l'aide
directe au niveau des SPEQ régionales comme un outil d'investissement
majeur qui permettra aux travailleurs de participer directement à
l'enrichissement de l'entreprise.
De plus, comme je l'ai déjà dit dans le
comté, la meilleure intervention qu'un député fait:
être le lien entre le gouvernement et les intervenants du milieu,
permettant, par exemple, l'intervention, travailler de concert avec la CDE, la
Corporation de développement économique, les agents du milieu, le
CADC et les autres afin de consolider le rôle croissant de la
région Sorel-Tracy, afin de devenir le lieu majeur de la croissance
économique du milieu et de devenir le centre d'excellence dans le
secteur de la métallurgie et des matériaux composites de la
fabrication mécanique au Canada. (21 heures)
De plus, nous pouvons désormais compter sur un
secteur qui est Un secteur en développement, ie secteur de l'alliage.
C'est un secteur qui est prometteur, c'est un secteur qui permettra des
investissements directs et qui correspond directement au principe des projets
moteurs mentionnés tout à l'heure, M. le Président.
Surtout dans un contexte de libre-échange, il faut incontestablement
nous diversifier pour ne pas être à la merci d'un seul secteur, ce
à quoi j'accorderai toute ma vigilance avec tous les intervenants du
milieu.
Il faut noter que, dans ces secteurs, bien sûr, il y
a le secteur touristique qu'il faut développer; c'est un secteur jeune,
il faut le développer, il faut lui accorder toute l'attention
possible.
Vu, M. le Président, que vous me mentionnez- qu'il
me reste seulement deux minutes, je vais aller vers l'environnement qui est le
deuxième volet de mon intervention. Comme je l'ai mentionné,
l'environnement, c'est un secteur important. Le comté de Richelieu est
reconnu pour sa volonté de faire et son savoir-faire. C'est pour cela
que nous voulons travailler et développer l'économie, d'un
côté, et réaliser une
qualité de vie saine. Mes engagements, j'aimerais les
réitérer ici, c'est de travailler de concert avec tous les
intervenants afin de créer une table de concertation régionale
qui assurera notre avenir. Elle a été proposée pendant la
campagne électorale et nous sommes en train de la concrétiser
afin de permettre à tous les intervenants soucieux et
intéressés à la qualité de vie et à
l'environnement de notre milieu de pouvoir participer au rôle actif de
prévention, de conservation, de recyclage, de préparation et
d'éducation, et de devenir les porte-parole de la qualité de vie
dans notre milieu.
Je pourrais rajouter plusieurs facteurs, plusieurs points importants
dans notre milieu, que nous avons eu la chance et le plaisir de débattre
pendant les 47 jours de campagne électorale...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le député
de Richelieu, il ne vous reste que quelques secondes. Alors, si vous voulez
bien conclure.
M. Khelfa: Merci, M. le Président. Comme vous l'avez vu,
le temps s'est écoulé trop vite, je n'ai pas terminé mon
intervention, mais, quand même, j'aimerais dire à tous mes
électeurs et électrices que la qualité de vie et le
développement économique, ce sont les points les plus
déterminants pour notre avenir collectif afin d'assurer à notre
comté de Richelieu un meilleur rayonnement et une meilleure
économie et de pouvoir donner à nos jeunes et à nos moins
jeunes, aux travailleurs et aux travailleuses de notre comté et aux
personnes âgées un avenir prometteur pour le Richelieu et pour le
Québec. Merci.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Richelieu. Je suis prêt maintenant à
reconnaître M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Merci, M. le Président. Il me fait beaucoup
plaisir d'intervenir ce soir, en cette Chambre, en ce début de mandat.
Je suis convaincu que les travaux de la 34e Législature seront des plus
fructueux pour le Québec, surtout en ce qui concerne le rôle que
l'Opposition aura à jouer devant un gouvernement qui, semble-t-il,
à la suite du discours inaugural, n'a pas l'intention de bouger beaucoup
plus rapidement qu'il n'a bougé lors de la 33e Législature, entre
1985 et 1989.
À ce rythme-là, le développement régional,
il n'en restera plus grand-chose à la fin du présent mandat, je
vous prie de me croire. Je tiens à remercier mes électeurs pour
m'avoir reconduit dans un nouveau mandat. Ce sont des remerciements qui sont
très sincères, dans la mesure où je comprends, d'une
certaine façon, quelques hésitations de leur part.
Ce n'est pas parce que je voudrais relancer le député de
Richelieu qui vient de terminer en nous parlant des petits engagements
électoraux qui auraient été supposément pris dans
sa circonscription électorale lors de la dernière campagne
électorale, je ne voudrais surtout pas le relancer sur ce qu'il a dit,
mais, je vous le demande, M. le Président, en connaissez-vous beaucoup
de députés libéraux qui ont eu pour au-delà de 100
000 000 $ de promesses électorales faites dans leur comté durant
la dernière campagne électorale? En connaissez-vous beaucoup?
Au-delà de 100 000 000 $ de subventions directes du gouvernement - on ne
parie pas d'investisse-- ments, de capital étranger, etc. - 100 000 000
$ de subventions directes dans des projets d'infrastructure dans son
comté promis en campagne électorale. En connaissez-vous beaucoup?
Moi, j'en connais au moins un, l'actuel député d'Ungava.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: J'ai comme un léger soupçon que cette
générosité gouvernementale n'était pas à
l'effet de m'akJer à me faire réélire. C'est bien
évident. Du moins, je le soupçonne.
Une voix: Assis-toi...
Des voix: Pas de patronage...
M. Brassard: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Cannon): Oui, M. le
député.
M. Brassard: ...je pense que le député de Richelieu
est intervenu tout à l'heure et que son droit de parole a
été scrupuleusement respecté. J'aimerais qu'il en soit de
même également pour le député d'Ungava.
Le Vice-Président (M. Cannon): Oui, M. le
député, vous avez absolument raison et je demanderais aux membres
de la Chambre de bien respecter le règlement que vous connaissez tous.
Toutefois, je dirais aussi qu'on devra se rappeler qu'il faudrait
peut-être éviter de s'adresser directement à d'autres
députés et passer par la présidence.
M. Claveau: M. le Président, tout cela pour vous dire que,
quand on dit qu'un comté dans l'Opposition ce n'est pas rentable pour
une population, je vous permets de croire que chez nous on a l'impression du
contraire jusqu'à maintenant. Mais comme je le disais, il me semble, en
tout cas j'ai comme de légers soupçons, que ce n'était pas
nécessairement pour m'aider à me faire réélire.
À preuve, un peu moins de trois semaines avant la campagne
électorale, quatre ministres se sont déplacés chez nous.
Quatre ministres, c'est plutôt rare, vous me direz. On n'a pas vu
ça souvent dans l'histoire
du Nord du Québec, quatre ministres arriver en même temps,
deux ministres du Québec et deux ministres du fédéral,
pour annoncer des subventions conjointes de 57 000 000 $ pour faire un bout de
route. On n'a pas vu ça souvent. Et, comme par hasard, trois semaines
avant la campagne électorale. Et, comme par hasard, on avait
oublié d'inviter le député du coin. Tout à fait par
hasard. D'ailleurs, l'expérience avait été
réalisée quelques heures auparavant à
Saint-Félicien ou à Roberval - enfin, dans une circonscription
électorale bien connue - où on avait invité tous les
maires du Saguenay-Lac-Saint-Jean, 52, 53 maires, mais où on avait
oublié d'inviter les députés. Et le ministre responsable
de l'opération, le député de Roberval, est allé
jusqu'à me dire qu'il ne pouvait quand même pas aller
jusqu'à inviter tous les députés de la région, que
ça n'avait pas d'allure. Mais il avait invité tous les maires.
Au-delà de 50. Cela allait bien. Or, comme vous le voyez, je
soupçonne que cette manne n'était pas nécessairement pour
m'aider.
Réserve de Chibougamau, on annonce en pleine campagne
électorale, à grand renfort de publicité, 31 000 000 $, au
moins 31 000 000 $, un projet pour un accès routier à la
réserve de Mistassini, au nord de Chibougamau, que j'avais
moi-même travaillé à faire inscrire depuis 1986 au plan
quinquennal du ministère des Transports et pour lequel, année
après année, il n'y avait pas d'argent. Eh bien, en pleine
campagne électorale, le ministre des Transports d'alors a trouvé
le temps et les moyens d'aller leur promettre une route asphaltée jusque
chez eux, un projet de 10 000 000 $, sans mentionner évidemment que le
député du coin avait bûché corps et âme pour
faire inscrire le projet au plan quinquennal. Mais, comme par hasard aussi,
depuis 1986, alors qu'il était inscrit au plan quinquennal, on n'a
jamais réussi à trouver quelques sous pour le permettre. Alors,
on prévoyait à peu près 300 000 $ par année,
puis... Mais ils n'avaient pas d'argent. En pleine campagne il y en a eu. La
manne électorale, c'est ça. Tout de suite après la
campagne, on sait que la route du Nord, bon... Bien... On avait oublié
de consulter le Conseil du trésor. Enfin on nous dit que,
dernièrement, il y a à peine quelques heures, le Conseil du
trésor est revenu sur sa décision première et va
débloquer les fonds pour l'étude préliminaire. Je m'en
réjouis, mais il semble que ça n'a pas été de bon
coeur.
Le député de Richelieu et son collègue de
Charlevoix, antérieurement, nous parlaient du développement
régional. Le député de Richelieu disait qu'il y avait des
projets moteurs. À l'entendre, il y en avait des projets moteurs pour
faire tourner tout ce qu'il y a de turbines au Québec. Il y en avait des
moteurs. Bien moi, je vais vous dire que chez nous, M. le Président,
sans risque de me tromper, il y a deux genres d'activités motrices dans
le milieu. Il y a les mines et la forêt. On pourrait s'en parler. J'ai
déjà eu l'occasion de parler en cette Chambre du dossier minier.
Il va falloir y revenir. (21 h 10)
D'ailleurs, ce n'est pas pour rien qu'aujourd'hui même le ministre
délégué aux Mines et le président de SOQUEM
étaient dans mon comté pour rencontrer les intervenants pour voir
ce qu'il y a à faire. Perte d'emplois par-dessus perte d'emplois. En
pleine campagne électorale, une compagnie minière annonce
au-dessus de 100 mises à pied dans l'industrie minière. Une autre
compagnie minière, une semaine ou deux après la fin de la
campagne électorale, annonce la fermeture de ses opérations pour
le 18 janvier: 270 mises à pied. Une troisième compagnie
minière vient d'annoncer pas plus tard que la semaine dernière
qu'il va y avoir au moins 50 mises à pied d'ici aux fêtes, qu'on
allait réviser la politique de rationalisation et qu'il n'y avait rien
de certain pour l'avenir de la mine. C'est cela que vous appelez du moteur de
développement économique.
On vous l'avait dit ici même, en cette Chambre, en 1987, au moment
où vous avez passé le sabre, où vous avez
décapité le programme des actions accréditives. On vous
l'avait dit que vous étiez en train de tuer l'industrie minière
au Québec. Certes, à ce moment-là, c'était facile
de dire: 'Oui, mais l'industrie minière, cela rapporte plus que cela ait
jamais rapporté. On est rendu à 2 700 000 000 $, 2 800 000 000 $
d'injection dans le produit national brut du Québec à partir de
l'industrie minière. Oui, c'était vrai, mais c'est vrai dans la
mesure où, entre janvier 1986 et mai 1987, le prix de l'or sur les
marchés internationaux est passé de 295 $ US l'once à
au-delà de 550 $. C'est certain que, dans ces conditions-là, un
gouvernement n'a pas à se grouiller, l'argent rentre. Mais, dès
que le prix de l'or est retombé au cours de 1989 en dessous du seuil
critique de 400 $, les mines ont commencé à tomber l'une
après l'autre. Malheureusement, à ce moment-là, il n'y
avait plus personne pour faire de l'exploration sur le terrain. Je peux vous
dire que, dans les grandes compagnies minières qui opèrent dans
mon secteur, il n'y en a plus une seule qui a des foreuses au diamant pour
faire de l'exploration minière. Il ne s'en fait plus. Il y en a
même une qui est allée jusqu'à fermer complètement
tout son secteur d'exploration. Imaginez-nous si cela promet pour les quelques
travailleurs qui restent dans cette compagnie-là. C'est cela que vous
osez appeler des moteurs économiques? Eh bien, félicitations!
C'est une belle réussite.
L'industrie forestière, parlons-en. Certes, on est loin
d'être contre la rationalisation de l'utilisation de nos forêts. On
a été les premiers, comme parti politique, en 1985, à
déposer un livre blanc sur la façon de revoir l'ensemble de la
gestion de nos forêts, rationaliser les coupes, mais on avait émis
des principes à l'intérieur de ce livre blanc qui n'ont jamais
été respectés au moment du vote en cette Chambre de la loi
150
à l'automne 1986.
Qu'est-ce qui arrive aujourd'hui? D'une part, les compagnies
forestières, se voyant dans l'obligation de rationaliser leurs
opérations et de foire affaire avec les scieries, ont
décidé de les racheter. À tel point qu'au moment où
on se parle, aujourd'hui, les deux plus grandes industries de sciage au
Québec, ce sont les compagnies Donohue et Domtar. À ce que je
sache, historiquement, c'étaient des usines ou des entreprises qui
produisaient de la pâte, du papier, du carton. Eh bien, ils sont devenus
les deux plus gros scieurs du Québec, en rachetant des scieries ici et
là, celles qui les intéressaient. Les 63 scieries
indépendantes qui restent, celles qui n'ont pas eu, je dirais, on peut
peut-être dire le bonheur à court terme, mais sûrement la
malchance à long ternie, d'avoir été rachetées par
les gros de l'industrie papetière, eh bien! elles sont prises à
la gorge par ces entreprises qui refusent de leur acheter leurs copeaux au prix
coûtant, qui les font chanter sur le prix du copeau.
En plus, dans des régions comme les nôtres, le gouvernement
se refuse à donner priorité aux entreprises de sciage locales
dans la répartition des CAAF, les contrats d'aménagement et
d'approvisionnement forestier. Ce qui fait en sorte qu'on donne la même
priorité ou le même traitement aux grosses papetières et
aux petites scieries indépendantes. Alors que les papetières sont
capables de s'approvisionner, totalement ou à peu près
totalement, en copeaux à partir des scieries qu'elles ont
rachetées et, pour le reste, à partir de la fibre qu'elles
prélèvent elles-mêmes en forêt, eh bien! les petites
scieries, nos scieries indépendantes sont toutes en train de crever,
littéralement de crever. Et, à l'occasion, elles vont
réussir à vendre un peu de copeaux aux deux tiers, aux trois
cinquièmes du prix coûtant. Ce n'est pas avec cela qu'elles vont
faire de l'argent. Et, à long terme, on sait très bien qu'elles
vont tomber ou sinon être rachetées pour des prix ridicules par
ces grandes papetières. C'est ça que vous appelez des moteurs de
développement économique? C'est ça que vous appelez du
développement régional? C'est ça que vous appelez
l'intérêt des régions? Eh bien! encore une fois,
félicitations! Continuez comme cela et vous ne serez pas longtemps au
pouvoir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: Non, vous avez beau en rire, je me souviens, j'ai
entendu des députés libéraux qui sont ici aujourd'hui qui
nous disaient en début 1988: Ah! C'est beau, parlez de
l'indépendance, vous allez voir. Allez-y, pariez de
l'indépendance, on va tous vous laver, 125 sur 125! Hein? Je pourrais en
nommer, ici, qui m'ont dit: Allez-y! C'est le bon sens. Vous avez
décidé de parler de l'indépendance, vous pensez que vous
allez nous faire peur avec ça? On va vous laver, 125 sur 125. Ça
n'a pas tout à fait été le cas, d'après ce que je
peux voir! Ça n'a pas été tout . à fait le cas.
Alors, faites attention!
Quand vous parlez de développement économique, quand vous
pariez de développement régional, allez-y voir ce qui se passe
réellement en région, allez voir où vos politiques en
matière d'emploi, en matière d'exploration minière, en
matière de gestion des forêts, en matière de loisir, chasse
et pêche, en matière de développement touristique, allez
voir où toutes ces politiques vous ont menés. C'est facile de
regarder ça à partir des grands centres urbains de Québec
et Montréal, et des environs de ces grands centres urbains. Mais allez-y
voir en région. Ce n'est pas pour rien que la plupart des grandes
régions du Québec sont restées fidèles au Parti
québécois, parce qu'elles savent qu'au Parti
québécois on avait l'intérêt des régions.
Blés n'ont pas cru au chantage qui a été fait en campagne
électorale en disant: Si vous ne votez pas pour nous autres, vous
n'aurez rien. Elles n'y ont pas cru parce qu'elles savent que le Parti
québécois a toujours été avec les régions et
va continuer d'être avec les régions. C'est clair. Regardez les
grandes régions du Québec, de quel côté elles sont.
Et nous, on va se faire donner la leçon par les centres urbains ou
semi-urbains quant au développement régional? Vous allez venir
nous dire que vous avez fait du développement régional? Allez
donc! Regardez comment se comporte le vote en région, vous allez
comprendre peut-être ce que vous avez fait en développement
régional.
Parions brièvement d'Hydro-Québec. Lors du discours
inaugural du 8 mars 1988, vous devez vous souvenir, le premier ministre du
Québec se levait en cette Chambre et disait: C'est le plus beau jour de
toute ma carrière politique. J'annonce la reprise des travaux de la Baie
James. Moi, il y a une chose qui me surprend terriblement. On est à peu
près à 20 mois du plus beau jour politique du premier ministre du
Québec. C'est évident que, le 15 novembre 1976 étant
probablement son pire jour politique, la contrepartie du 8 mars 1988 pouvait se
justifier. Il se cherchait un jour quelconque qui pouvait lui servir d'emprise
pour lui faire oublier le 15 novembre 1976. Donc, c'était son plus beau
jour. Mais, 20 mois plus tard, il n'a même pas le courage, dans son
discours inaugural qui suit, de faire la moindre allusion à ce qui
devait être son plus beau jour ou la raison qui motivait sa plus belle
journée de politique: la reprise des travaux de la Baie James.
Regardez qu'est-ce que ce gouvernement, M. le Président, a fait
d'Hydro-Québec. Regardons la situation d'Hydro-Québec. Le premier
ministre se vantait, au cours des mois qui ont suivi son annonce du 8 mars, de
vendre des mégawatts en quantités infinies aux Américains.
Il y en avait de l'électricité, il était capable d'en
vendre. On lui disait: Vous feriez peut-être bien de faire attention un
peu, vous feriez peut-être bien d'être prudent. On ne sait jamais.
Là, ça ne va
pas mal, mais qu'est-ce qui arriverait s'il y avait pénurie?
Qu'est-ce qui arriverait dans un contexte où vous auriez à faire
le choix entre respecter vos contrats d'énergie ferme à puissance
garantie et respecter les contrats ou l'engagement qu'a Hydro-Québec de
desservir adéquatement la population du Québec? et le premier
ministre et son ministre de l'énergie nous disaient: voyons donc,
l'opposition est alarmiste, l'opposition n'a rien compris. les milliards
rentrent dans les coffres d'hydro-québec. il n'y a pas de
problème. les problèmes sont dans vos petites têtes, vous
de l'opposition qui n'avez pas compris. eh bien, encore là, je tiens
à féliciter le premier ministre pour son grand niveau de
compréhension, parce qu'à peine 20 mois après son plus
beau jour il en est presque revenu à son plus mauvais jour. il n'ose
plus en parler, d'hydro-québec. où sont les 40 000 emplois qu'il
nous annonçait à ce moment-là? où sont les 12 000
mégawatts qu'il devait vendre aux américains, hein? il nous
disait, le 8 mars 1988: j'en ai 2500 de vendus. au moment où on se
parle, savez-vous combien il y en a de vendus? 1400. 1000 à new york
power authority et 400 à la vermont joint owners. 1400, 20 mois plus
tard. il nous annonçait solennellement qu'il en avait déjà
2500 de vendus et qu'il n'y avait pas de problèmes; les
américains couraient après nous autres, ils ouvraient leurs
frontières à pleines portes pour faire entrer nos
mégawatts chez eux. on n'en a même plus pour nous autres. (21 h
20)
Une voix: II va falloir les racheter.
M. Claveau: II va falloir les racheter. On rachète
actuellement pour réussir à s'approvisionner. Encore une chance
que l'Opposition ait été assez tenace pour faire en sorte qu'ils
n'aillent pas tout vendre. Vous vous imaginez? On a vu le taux de
pénalité qu'Hydro-Québec aurait dû absorber dans la
mesure où elle ne pouvait pas réaliser ses contrats, respecter
ses engagements. Imaginez-vous. En plus d'acheter de
l'électricité des Américains, il aurait fallu leur payer
des amendes pour ne pas leur livrer ce que nous nous engagions à livrer
par le biais des contrats d'énergie ferme à puissance
garantie.
Le budget d'Hydro-Québec, c'est certain que, lorsqu'on met tous
les bénéfices d'Hydro-Québec dans les budgets du
gouvernement, on baisse théoriquement, disons, sur papier, le
déficit, sauf que ce n'est pas de l'argent qui appartient au
gouvernement. Ce ne sont pas des dividendes. C'est le bénéfice
d'Hydro-Québec. Mais autant c'est vrai que, lorsqu'il y a des
bénéfices astronomiques, ça apparaît dans la liste
des comptes et des revenus du gouvernement et ça fait baisser le
déficit, autant aussi c'est vrai qu'en situation de déficit
d'Hydro-Québec ce sont les déficits du gouvernement qui
augmentent. Et si le premier ministre maintient sa théorie qu'il ne doit
pas déranger les équilibres budgétaires et qu'il n'est pas
question d'augmenter la dette, c'est bien évident que, si les
bénéfices d'Hydro-Québec diminuent, il va falloir que les
impôts augmentent pour compenser. C'est clair comme de l'eau de roche.
Pour ceux qui ne comprennent pas, on dit "de l'eau de roche" parce
qu'actuellement, avec les pluies qu'ils ont, il ne nous reste plus rien que
ça, de l'eau de roche.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix:... avec des roches.
M. Claveau: Je ne comprends pas que le premier ministre,
supposément un éminent économiste dont on cherche toujours
le diplôme, n'ait pas compris ça, qu'il ne réussit pas
à comprendre que, lorsque les bénéfices de la
société d'État diminuent, s'il veut garder ses
équilibres, il va falloir qu'il augmente les impôts. C'est
difficile à comprendre que lui n'ait pas compris ça.
Les contrats de biénergie. Ça va coûter 168 000 000
$ à Hydro-Québec pour acheter des contrats de biénergie,
sans compter tous les problèmes que ça va créer sur
l'environnement. Et le ministre de l'Environnement lui-même disait: Ah!
Mais non, je n'ai pas été consulté; ça ne semble
pas être très grave. Mais qu'est-ce qui va remplacer
l'électricité, sinon des énergies produites d'une
façon plus polluante?
Relations du travail à Hydro-Québec, très
rapidement. La nouvelle ministre de l'Énergie se garde bien de parler
des relations du travail à Hydro-Québec. Elle sait où est
le noeud du problème. Il est dans la question de la sous-traitance.
C'est clair, ça aussi, comme de l'eau de roche. Toute la
problématique de la sous-traitance, je m'en souviens; j'étais
témoin lors des deux derniers dépôts de plans de
développement d'Hydro-Québec en 1988-1989 et il avait
été question de la sous-traitance. À ce moment-là,
le ministre de l'Énergie et des Ressources d'alors, le
député de Mont-Royal, s'était engagé formellement
à régler le problème. Qu'est-ce qu'il a fait? C'est
à relever au Journal des débats pour ceux qui en
douteraient. Qu'est-ce qu'il a fait? Rien. Il a laissé pourrir la
situation. Ça pourrit encore et qu'est-ce que la nouvelle ministre va
vaire? C'est bien juste...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le député
d'Ungava, simplement pour vous dire qu'il vous reste quelques secondes. Donc,
si vous voulez bien conclure.
M. Claveau: j'aimerais conclure, m. le président,
très rapidement, en disant qu'en ce qui nous concerne nous continuons
à souhaiter que dans le cas, entre autres, de la question des
énergies le gouvernement du québec aille de l'avant le plus
rapidement possible dans une vaste consultation publique et qu'il ne se fie pas
juste aux quelques énoncés de sa politique
énergétique de l'hiver dernier qui, en soi, ne comprenait
absolument rien de nouveau.
J'aurais aimé parler de la question de l'Office national de
l'énergie qui vient contrôler les exportations d'énergie
d'Hydro-Québec. On aura sûrement l'occasion de s'en reparler. Une
belle preuve encore d'un fédéralisme de moins en moins rentable
pour le Québec. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député d'Ungava.
Je reconnais donc M. le député d'Acadie.
M. Yvan Bordeleau
M. Bordeleau: Merci, M. le Président. Permettez-moi
d'abord de féliciter sincèrement le président de
l'Assemblée nationale pour sa nomination. J'aimerais également
transmettre mes meilleurs voeux aux deux nouveaux vice-présidents qui
l'assisteront dans l'exercice de ses responsabilités.
En tant que nouveau député à l'Assemblée
nationale, je dois vous avouer, M. le Président, que c'est avec le plus
grand respect que je m'adresse à vous, aujourd'hui, compte tenu de ma
perception actuelle de l'importance des responsabilités qui sont les
vôtres. En effet, vous devez, dans l'exercice de vos fonctions, garantir
à chaque membre de cette Chambre le respect de ses droits et
privilèges. Ce faisant, vous garantissez à la population qui nous
a élus, chacun d'entre nous, le droit de pouvoir se faire entendre en
cette Chambre.
Comme le mentionnait le premier ministre lors de la nomination du
président, il s'agit là de l'essence même de notre
régime parlementaire et des règlements qui en régissent le
fonctionnement. Il était également fait mention qu'une
institution ne vaut que par ceux et celles qui sont appelés à
l'animer. Dans cet esprit, M. le Président, je compte bien contribuer
aux travaux de cette Assemblée de façon positive en conservant
continuellement à l'esprit que je suis ici en tant que
représentant des concitoyens et concitoyennes du comté d'Acadie
et en travaillant dans le respect des collègues et du rôle
qu'assume cette Assemblée dans la vie démocratique
québécoise.
Comme le bon fonctionnement de cette Assemblée n'est possible
qu'avec la collaboration, la bonne volonté et la discipline personnelle
de tous les élus qui la composent, je désire, M. le
Président, vous assurer de mon entière collaboration.
Si vous me le permettez, M. le Président, je voudrais profiter de
cette occasion exceptionnelle que j'ai aujourd'hui pour remercier très
sincèrement la population du comté d'Acadie pour la marque de
confiance qu'elle m'a manifestée en me choisissant pour la
représenter à l'Assemblée nationale. C'est un grand
honneur pour moi de venir représenter ce comté à
l'Assemblée natio- nale, après que celui-ci l'a été
de façon très spéciale au cours des treize
dernières années par Mme Thérèse Lavoie-Roux.
La population du comté d'Acadie a, le 25 septembre dernier,
voté d'une façon très claire et significative pour le
candidat libéral en lui donnant une majorité de 11 651 votes.
C'est donc un acte de confiance très évident envers le
gouvernement libéral sortant et le nouveau candidat libéral du
comté. Un tel appui, M. le Président, est fort éloquent
puisque cette majorité est la plus forte dans la grande région
métropolitaine de Montréal et la deuxième dans l'ensemble
de la province. Fort de l'appui de la population du comté d'Acadie, je
compte exercer le rôle qui m'a été confié à
l'Assemblée nationale avec reconnaissance, tout en étant bien
conscient des responsabilités que je dois assumer à
l'égard de mes concitoyens et concitoyennes. je voudrais maintenant, m.
le président, vous mentionner que je suis particulièrement .
heureux de représenter le comté d'acadie, principalement à
cause de ses caractéristiques sociologiques et culturelles qui
représentent bien l'état actuel et l'évolution future de
la société québécoise. en effet, le comté
d'acadie est particulièrement intéressant sur le plan culturel.
la population francophone forme 55 % de la population du comté, les
anglophones, 12 % et les allophones, 33 %. c'est donc, sur le plan humain, un
comté particulièrement riche par sa diversité, mais
également par l'intégration harmonieuse qui règne entre
ses différents groupes culturels. par leur dynamisme, ceux-ci
fournissent un apport très positif à l'ensemble de la
société québécoise. c'est dans le respect des
valeurs profondes de chacune de ces communautés et dans le respect des
caractéristiques sociologiques et culturelles de la communauté
québécoise que concitoyens et concitoyennes se côtoient
quotidiennement en apprenant à s'apprécier mutuellement.
Quand on connaît, M. le Président, les problèmes
démographiques actuels de la société
québécoise, la contribution des membres des différentes
communautés culturelles revêt une importance capitale pour
l'avenir de notre société. C'est une réalité que
nous vivons dans le comté d'Acadie depuis de très nombreuses
années et l'expérience démontre, à mon avis, hors
de tout doute, que l'avenir du Québec passe par l'ouverture de notre
société et par l'implication active de tous les groupes
culturels. Notre avenir, en tant que société, ne peut, en aucune
façon, être concevable sans l'engagement et la contribution des
allophones, des anglophones et des francophones dans le partage d'une vision
commune du devenir du Québec et dans le respect des valeurs profondes
qui caractérisent chacun de ces groupes.
C'est un défi de société stimulant que de penser
que nous pouvons, ensemble, réaliser ce genre de société
ouverte, respectueuse et riche par sa diversité. Je dirais môme,
M. le Président, que nous devons la réaliser, compte tenu des
problèmes démographiques qui confrontent le
Québec actuel et l'évolution de notre société au
moment où nous sommes au seuil des années quatre-vingt-dix. (21 h
30)
J'aimerais maintenant, M. le Président, aborder le
contenu du discours inaugural de cette 34e Législature de
l'Assemblée nationale. Comme première réaction, je
voudrais vous exprimer toute ma satisfaction, en tant que député
ministériel, face au contenu du discours inaugural prononcé par
le lieutenant-gouverneur.
Nous avons terminé, il y a à peine quelques
semaines, une campagne électorale qui nous a permis d'être en
contact direct avec la population de nos comtés respectifs. Je retrouve
dans le contenu de ce discours les principales préoccupations dont m'ont
fait part les citoyens et les citoyennes de mon comté. Le gouvernement
actuel fait preuve dans ses énoncés de politique et dans ses
orientations d'un pragmatisme et d'un réalisme qui collent aux
préoccupations quotidiennes de la population du Québec. Nous ne
sommes plus à l'époque des grands débats où les
rêves et les chimères avaient priorité sur les
réalités. Au contraire, nous devons, en tant que gouvernement,
s'assurer de répondre précisément aux besoins prioritaires
et concrets de nos concitoyens et concitoyennes. Je me permettrai donc, M. le
Président, de faire ressortir quelques aspects particuliers du discours
inaugural qui m'apparaissent fort intéressants.
Premièrement, la croissance démographique du
Québec pose des problèmes très sérieux quant
à notre devenir. Le faible taux de natalité qui
caractérise la situation québécoise nous rend perplexes
quant à la possibilité de maintenir et d'améliorer les
nombreux programmes sociaux que les gouvernements antérieurs ont mis sur
pied pour le bien-être de la population du Québec. Il faut
être conscient du fardeau que pourrait représenter
éventuellement le maintien de tous ces programmes par une population qui
sera, dans quelques années, probablement moins nombreuse que
présentement.
Dans ce contexte, il est évident que la promotion
des valeurs familiales et le soutien aux parents constituent une condition
première pour assurer notre croissance démographique interne. Il
faut garder une grande confiance en l'avenir puisque le gouvernement actuel a
démontré clairement sa sensibilité et son
intérêt face au rôle que doit avoir la famille dans notre
société. Il veut, par des mesures concrètes, créer
des conditions qui permettront une meilleure adaptation de la famille à
la réalité socio-économique actuelle.
En effet, il n'est pas facile de concilier les
responsabilités parentales et professionnelles et le gouvernement entend
prendre des mesures concrètes pour améliorer les conditions de
vie et de travail des parents. De plus, il faut souligner qu'un autre
élément de solution à ce problème important pour
notre société se retrouve dans
l'immigration et l'intégration des membres des
diverses communautés culturelles. À ce sujet, le gouvernement
entend soumettre un énoncé de politique complet. Comme je l'ai
mentionné précédemment, je suis particulièrement
sensibilisé au rôle indispensable que doivent jouer l'immigration
et l'intégration des membres des diverses communautés culturelles
dans le développement démographique de notre
société.
Encore ici, le gouvernement désire soutenir les
communautés culturelles du Québec en favorisant le maintien de
leurs valeurs profondes et en développant des relations interculturelles
plus fécondes. Outre l'apport démographique, l'immigration
apporte un dynamisme indispensable à notre développement
économique. Il est évident, M. le Président, que notre
croissance démographique doit essentiellement être basée
sur ces deux volets d'intervention, c'est-à-dire la famille de
même que l'immigration et l'intégration des communautés
culturelles.
Deuxièmement, j'aimerais souligner certains aspects
du discours inaugural touchant la gestion des finances publiques et
l'économie.
Durant la campagne électorale, j'ai eu l'occasion,
à de multiples reprises, de discuter avec mes concitoyens et
concitoyennes de la gestion exercée par le gouvernement libéral.
Je dois vous dire, M. le Président, que ceux-ci et celles-ci ont
apprécié grandement la rigueur exercée par le
gouvernement. sur le plan de la gestion des finances publiques, le gouvernement
libéral a présenté à la population du québec
un bilan fort éloquent et positif. la croissance économique qui
découle de la saine gestion et de la priorité accordée au
développement économique constitue le moteur du .
développement social, environnemental, culturel et éducatif de la
société québécoise. au cours des quatre
dernières années, le gouvernement libéral a réussi
à réduire le déficit annuel de 3 300 000 000 $ qu'il
était en 1985 à 1 600 000 000 $ en 1989, à créer
chaque année environ 80 000 nouveaux emplois et à attirer des
investissements très importants en développant une
fiscalité concurrentielle pour les entreprises et les particuliers. en
effet, l'écart entre la fiscalité de l'ontario et celle du
québec a été réduite, de 1985 à 1989, de
10,5 % à 1,5 % pour les particuliers et de 9,6 % à 1,3 % pour les
entreprises.
Voilà, M. le Président, quelques
données d'un bilan très positif. D'ailleurs, la population du
Québec a été informée de ces réalisations au
cours de la campagne électorale et ce n'est pas par accident,
contrairement à ce que semble se plaire à croire l'Opposition,
que cette population a réitéré sa confiance dans un
gouvernement libéral. Les citoyens et les citoyennes comprennent le bon
sens et ont été à même de voir qu'en exerçant
une gestion rigoureuse et réaliste, il est possible de bien gérer
les fonds publics tout en se préoccupant de fournir à la
population les meilleurs services possible et en tenant
compte de la capacité de payer de la population dans le contexte
économique actuel.
Sans activité économique intense, c'est tout le maintien
et le développement de nos divers programmes gouvernementaux qui
pourraient être remis en cause. À l'heure où on voit
poindre un ralentissement économique, il est encore plus important que
le gouvernement continue à vouloir ne pas augmenter le déficit.
Il est certainement facile, pour notre bien-être à court terme,
d'augmenter le déficit afin de maintenir et d'améliorer les
différents programmes sociaux qui sont offerts aux concitoyens et
concitoyennes. Mais il serait, à mon avis, tout à fait
irresponsable d'agir ainsi et de reporter le fardeau aux
générations futures, alors que les premiers
bénéficiaires de ces services seraient la
génération actuelle. Ce serait hypothéquer leur avenir
d'une façon inacceptable et cette génération aurait bien
raison de venir nous blâmer de ne pas avoir été plus
conscients de nos responsabilités et de leurs obligations
éventuelles.
M. le Président, le gouvernement libéral a fait beaucoup
en gérant mieux les ressources disponibles et il ne faut pas oublier que
c'est dans cet esprit que la population québécoise a
confié à un gouvernement libéral le mandat de poursuivre
cet effort de redressement des finances publiques et de développement
économique. Avec les profondes mutations qui s'opèrent
présentement sur la scène économique internationale, nous
sommes en face de défis que nous devons relever avec succès si
nous souhaitons continuer à assumer le développement de notre
province. Dans le cadre du libre-échange et de l'unification prochaine
du marché européen, nous devrons, en tant que
société, être concurrentiels. Face à cette nouvelle
réalité économique, nous ne pouvons augmenter la
croissance économique de la province qu'en étant plus productifs
et en assumant une gestion rigoureuse de l'ensemble de nos ressources.
Il aurait été intéressant, M. le Président,
de souligner plusieurs autres dimensions du discours inaugural qui
correspondent parfaitement aux préoccupations actuelles de la population
du Québec. Mentionnons ici tout de même le problème de la
formation d'une main-d'oeuvre compétente et, dans ce contexte,
l'amélioration des apprentissages de base des étudiants. Le
capital humain constitue notre ressource la plus importante et la plus
fondamentale au plan du développement de toutes les dimensions de notre
société. Il faudrait également noter les priorités
accordées par le gouvernement aux investissements dans le
développement et la recherche susceptibles de fournir à la jeune
génération un cadre stimulant de réalisation
professionnelle, l'intention de mettre en place de nouvelles structures qui
permettront d'assurer une meilleure qualité de vie pour nos concitoyens
et nos concitoyennes par le respect absolu de l'environnement dans lequel nous
vivons.
De plus, ii aurait été possible de mentionner la
préoccupation du gouvernement relativement aux conditions de vie des
personnes âgées par la création d'un conseil des
aînés susceptible d'améliorer nos programmes d'aide aux
personnes âgées. Il est important que le gouvernement actuel se
préoccupe de ces personnes qui méritent une attention
particulière, compte tenu qu'elles ont bâti le Québec que
nous connaissons actuellement. Ce conseil des aînés pourra
également faire prendre conscience à la population du
Québec que ceux-ci constituent un bassin d'expérience et de
connaissances dont nous devons, en tant que société, utiliser
tout le potentiel. Ainsi, ce groupe de citoyens et de citoyennes pourra
continuer à participer activement, à sa façon, au
développement de notre milieu. (21 h 40)
M. le Président, comme le temps qui m'était alloué
se termine bientôt, je désire conclure en soulignant que le
contenu du discours inaugural démontre bien que le gouvernement entend
être à l'écoute des différents groupes qui composent
notre société et mettre en place des mesures qui permettront de
solutionner les difficultés qui confrontent les différents
segments de la population québécoise.
Le 25 septembre dernier, la population du Québec a
été appelée à évaluer la performance du
gouvernement libéral. Les citoyens et les citoyennes nous ont alors
mandatés pour continuer l'excellent travail commencé en 1985.
C'est dans cet esprit, M. le Président, que je suis très heureux
de participer, à titre de député ministériel, au
défi du développement de notre société qui, au
seuil des années quatre-vingt-dix, doit s'adapter à des
réalités économiques, sociales, démographiques de
plus en plus complexes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député d'Acadie. Je reconnais donc maintenant M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Vous allez me
permettre à mon tour, étant donné que c'est la
rentrée parlementaire depuis les élections du 25 septembre, de
saluer les électeurs et les électrices du comté de
Shefford et de les remercier de la confiance renouvelée pour une
troisième fois. Je peux seulement les rassurer, leur dire que j'ai
toujours la même conviction, la même ferveur et le même
goût de travailler, non seulement pour aller chercher le maximum pour les
gens du comté de Shefford, mais aussi travailler ici, avec acharnement,
pour l'avancement du Québec. En parlant de ça, un des objectifs
que je vais me donner - je suis convaincu que les autres membres de
l'Opposition vont se le donner aussi - ça va être de s'assurer que
le gouvernement libéral va respecter ses engagements. Je dois vous dire
que c'est un peu
inquiétant quand on regarde la presse, parce que,
déjà, on voyait dans La Presse du jeudi 23 novembre
dernier: "Johnson rabroue Blackburn. Québec n'a pas d'argent pour la
construction de la route du nord." Déjà, un engagement pris
pendant la campagne électorale par une personne qui est maintenant
ministre et on nous dit que, déjà, cet engagement n'est pas
sûr d'être respecté.
Avec tous les engagements qui ont été pris, je dois vous
dire que c'est un peu inquiétant. Mon collègue, tantôt,
parlait ici, seulement dans son comté, de 100 000 000 $ d'engagements.
Cela a été comme ça, pas aussi fort, heureusement, parce
que, là, on est certain que c'aurait été seulement un peu
une erreur de date, probablement que le premier ministre se prenait pour le 25
décembre, comme si c'était Noël, mais c'était le 25
septembre. Il y a eu des engagements, mais il va devoir les tenir. Nous, on va
tout faire pour suivre ce gouvernement et lui rappeler les engagements parce
que, en politique, il va falloir qu'on arrête de faire de la petite
politique et commencer à respecter les gens du Québec. Quand on
prend des engagements, c'est pour les respecter, il va falloir que ce soit
comme ça.
Donc, tous les engagements doivent être tenus. Là-dessus,
le discours qu'avait tenu le premier ministre, à un moment donné,
même à l'extérieur du Québec, en disant que ce qu'on
dit avant les élections, ce n'est pas nécessairement ce qu'on
doit dire après les élections, ça, ce n'est pas correct.
Et ce n'est pas surprenant que les citoyens commencent à être
désabusés de la politique, en entendant des discours semblables
et en ayant un chef de gouvernement qui dit des choses aussi inacceptables.
Cette fois-ci, le premier ministre n'aura pas l'argument de dire: Ça
dépend de l'ancien gouvernement. Il ne pourra pas dire, non plus, qu'il
ne connaissait pas l'état des finances du Québec puisqu'il
était au pouvoir depuis quatre ans. Je me rappelle l'avoir entendu dire,
en faisant certains engagements: Si on les prend, les engagements, c'est qu'on
est capables de les respecter, parce qu'on connaît les chiffres et qu'on
est un gouvernement responsable. C'est ce qu'on va voir à partir de
maintenant. On n'acceptera pas que des engagements soient reportés ou ne
soient pas respectés.
Maintenant, plus précisément sur le discours inaugural. En
regardant toute la liste - je les écrivais un à un - ça
fait plusieurs pages et on s'aperçoit que, finalement, le gouvernement a
essayé tout simplement de faire plaisir à tout le monde. C'est
effectivement une macédoine touchant à tous les secteurs de la
société, mais avec rien de neuf, par exemple, quand on y regarde
de plus près. Pas d'engagement précis, rien de chiffré,
pas d'annonce vraiment nouvelle. Toutes des choses qui nous sont
déjà connues. Mais une autre chose qui nous est aussi connue et
qu'on retrouve dans le discours inaugural, c'est qu'il n'y a pas d'orientation,
qu'il n'y a pas de but, qu'il n'y a pas d'objectif précis.
À un certain moment donné, oui, le premier ministre nous
parle d'un objectif majeur du gouvernement, et je le cite: "Une force
concurrentielle pour le Québec." Dans ma tête à moi,
être concurrentiel, c'est tout à fait normal. Être
concurrentiel comme société, ce n'est pas en soi un objectif, ce
n'est certainement pas un but de société, c'est un moyen de
parvenir à quelque chose. Donc, normalement, s'il avait
été un peu constant, il aurait dit: On va prendre un moyen qui
est de rendre le Québec concurrentiel pour avoir le plein emploi,
quelque chose comme ça. Mais non. On est rendu qu'on se bat pour des
moyens parce qu'on n'a pas la volonté, l'imagina-¦ tion de se
donner des grands objectifs ou parce que, justement, on ne veut pas. On aime
mieux servir et se faire contrôler de l'extérieur. C'est un peu
ça quand on écoute le discours inaugural. Je vais justement
revenir un peu plus tard sur le secteur ou, en tout cas, le point qui a
été traité largement dans le discours inaugural, le lac
Meech.
Dans le discours inaugural, on se rend compte d'une chose, et les
députés la répètent à tour de rôle.
C'est basé sur la continuité. Je dois vous dire que ça
m'inquiète, ça aussi. Ça m'inquiète qu'on veuille
absolument qu'il y ait une continuité quand on regarde la
réalité. Quand on regarde la réalité, je me dis:
Non, il ne faut pas se contenter de la continuité, il faut modifier des
choses pour que ça aille mieux, sinon ce n'est pas acceptable. Quand on
se dit: Ça ne va pas bien... Le premier ministre le reconnaît
lui-même, on s'en va vers une récession ou, à tout le
moins, un ralentissement économique. Et bravo! c'est la
continuité. Laissons-nous aller. Ce n'est pas très très
optimiste et encourageant comme société. Le chômage est
entre 9 % et 10 %. La continuité! Je ne sais pas si vous êtes
d'accord avec ça, les députés d'en face? Moi, je ne suis
pas d'accord avec ça. La continuité avec 9 %, 10 % de
chômeurs, c'est inacceptable. Si on était en pleine crise
économique et si c'était pareil partout en Amérique du
Nord, dans les autres provinces et les États américains, je
serais obligé de dire: Écoutez, c'est le contexte
américain. Mais ce n'est pas ça la situation. C'est deux fois
plus qu'en Ontario. Et on va se contenter de ça et on va faire accroire
que c'est correct? Tout va bien dans le meilleur des mondes, contentons-nous de
continuer comme ça?
Ça n'a pas de bon sens. Les derniers chiffres... On est en
décembre, là. Le 30 novembre, ce soir, décembre, demain.
Les indicateurs nous disent que, pour cette année, il va y avoir 40 000
emplois. C'est deux fois moins que ce qui s'est créé à
chaque année depuis 1984. 40 000 seulement créés au
Québec en 1989, et on s'en va dire à la population, comme
gouvernement, que ce sera la continuité. À peine 15 % des emplois
créés au Canada et on représente 26 % de la population. Et
on veut faire accroire qu'on est un gouvernement responsable, un gouvernement
qui crée des emplois, un gouvernement qui
s'occupe de sa société. on va se contenter de 15 % des
emplois créés au canada. c'est une honte! et ce n'est pas vrai
que la continuité, ça doit être le discours. et cela doit
être ça notre objectif comme société.
Je me rappelle, parce que j'ai été porte-parole pour le
développement régional, on avait un bon programme qui s'appelait
PECEC, pour aider justement la création de nouvelles entreprises.
Beaucoup de jeunes en ont profité, pas seulement les jeunes, mais dans
bien des cas, cela a été des jeunes. On l'a aboli, il y a un ah,
en novembre 1988, pour nous faire une grande annonce. À la place ce sera
PRECEP, je m'excuse de la soupe à l'alphabet, mais c'est comme cela que
ça fonctionne. PECEC remplacé par PRECEP, cela a permis au
gouvernement, pendant la fin de l'année financière 1988-1989, de
ne pas dépenser un sou parce que c'est un nouveau programme qu'on est en
train d'élaborer. Depuis, on l'a annoncé trois fois - en novembre
1988, à l'été 1989 et pendant la campagne
électorale - comme quelque chose d'extraordinaire: PRECEP, créer
des emplois.
L'année financière s'achève, on est à la fin
de novembre, le programme n'est pas encore en branle, il n'y a pas un sou de
mis dedans, on n'est plus sûr maintenant que c'est un bon programme et il
semble qu'on va l'abandonner. Si vraiment vous voulez créer des emplois
et spécialement pour les jeunes, abandonnez votre idée de PRECEP
et revenez à PECEC qui était un bon programme qui a fait ses
preuves.
La disparition des secteurs, je ne serai pas très long
là-dessus. Mais c'est incroyable, l'économie du Québec,
où on s'en va. Mon collègue de Lévis en a parlé
largement tantôt. Le secteur maritime est en train de disparaître.
Il y a quelques générations, les bateaux, c'étaient au
Québec, maintenant, depuis que le gouvernement d'en face accepte tout,
parce qu'il joue au tapis rouge face à Ottawa, les chantiers maritimes,
c'est la fermeture. La Vickers est fermée. On ne fera plus de bateaux
à Sorel. Ici, à Lauzon, cela va devenir un garage maritime, on va
réparer les bateaux. La construction maritime, c'est maintenant pour les
autres et, de l'autre côté, on dit: quel beau système, le
fédéralisme! Les bateaux, c'est fini. (21 h 50)
Via Rail. Je trouve que vous n'avez pas crié bien fort, le
gouvernement. La moitié des jobs coupés dans Via Rail, cela va
être au Québec. On n'a pas crié de l'autre
côté. Il faut défendre ce fameux lac Meech. Il faut se
soumettre à cette fameuse majorité. Cela n'a pas de bon sens. Ce
sont des emplois directs qu'on est en train de perdre. Ma collègue de
Maisonneuve en parlait aujourd'hui à la période des questions.
L'annonce de la fermeture de l'usine dans l'est de Montréal. CSF,
fermeture: 325 emplois de perdus. Pourquoi? Parce qu'il va y avoir moins de
trains. Le service ferroviaire est en train de tomber au Québec. Moins
de jobs, c'est cela que ça veut dire quand on ne se tient pas debout et
qu'on ne défend pas les intérêts des
Québécois. Pourtant, cela ne crie pas très fort de l'autre
côté.
Le port de Montréal, c'est la même chose. Ottawa a
dépensé des centaines de millions pour aménager le port de
Vancouver, des centaines de millions pour aménager le port de Toronto.
Il nous avait promis 190 000 000 $ pour le port de Montréal. On vient de
nous dire, maintenant . que les élections sont passées: Pour le
port de Montréal, on va faire une étude. Cela fait des
années qu'on étudie. Les 190 000 000 $, maintenant, on dit qu'on
ne le fera plus. Je le comprends un peu, parce que ce serait de l'injure et de
l'indécence. Entre autres, il voulait faire un musée ferroviaire
dans les îles, dans le port de Montréal. Un musée
ferroviaire. Comme il nous enlève le chemin de fër, cela le
gêne un peu. À tout le moins, je dois dire que je le comprends,
c'est un minimum.
Dans la société, et c'est reconnu, les
Québécois pauvres sont de plus en plus pauvres et les riches de
plus en plus riches. On est en train d'appauvrir la société et de
faire en sorte que les plus pauvres soient de plus en plus dans la
misère. Des dizaines de milliers de sans-abri à Montréal,
c'est inacceptable. Et pourtant de l'autre côté, on n'en parle
pas. Il n'y a pas de nouvelles mesures. Au contraire, il y a des maisons de
jeunes qui sont en train de fermer.
Parlons-en des jeunes. Qu'est-ce qu'on a fait pour les jeunes depuis
quelques années? Pas beaucoup, hein? On a aboli 16 000 emplois
occasionnels au gouvernement spécialement chez les jeunes. On les a
endettés de 100 000 000 $ en faisant en sorte que les bourses deviennent
des prêts au niveau du gouvernement, au niveau du ministère de
l'Éducation. C'est incroyable, la fameuse parité de l'aide
sociale. Deux jeunes, trois jeunes veulent s'aider au niveau du logement, parce
que ça coûte de plus en plus cher, spécialement dans les
grandes villes, on les coupe. On ne permet même pas à deux ou
trois personnes dans le malheur de pouvoir s'entraider et on se demande
après pourquoi des familles, il y en a moins, pourquoi il y a moins de
solidarité, pourquoi il y a moins d'entraide. Il y a des lois comme
ça qui font en sorte qu'on les empêche même de s'aider et de
s'entraider et ça c'est dommage.
Au Québec, on est en train de battre un autre record: le record
des suicides chez les jeunes. Je ne suis pas content, mais on n'a pas le droit
de se mettre la tête dans le sable et de se cacher la
vérité comme société. Trois suicides par jour
réussis au Québec, un par huit heures. Je dois vous dire que
c'est inquiétant. J'aimerais ça qu'on offre autre chose à
notre jeunesse que ce désespoir qui en amène autant à se
suicider. Et ça, c'est trois réussis par jour! Une centaine
identifiés ratés, heureusement! Heureusement! Mais imaginez-vous,
quand on sait que la liste d'attente au niveau de la protection de la jeunesse,
c'est entre 3000 et 4000 jeunes dénon-
ces comme battus, violentés, violés, qui ont
besoin de secours immédiatement. 3000, 4000 noms de personnes, de jeunes
sur la liste d'attente et on n'a pas les moyens d'envoyer des gens voir ce qui
se passe.
On a découvert, depuis deux ans, une nouvelle liste.
C'est la liste de prise en charge avec de 700 à 800 jeunes qui ont
été identifiés comme étant menacés où
ils se trouvent, 700 à 800 identifiés et on ne trouve pas les
moyens d'aller les chercher pour les mettre en sécurité.
Après, on se demande pourquoi notre jeunesse pense au suicide et
pourquoi c'est si inquiétant pour l'avenir.
Dans le domaine de l'habitation, c'est la même chose.
Le gouvernement d'en face parle de continuité. C'est incroyable! Ils ont
coupé le programme coopératif Logipop, le seul qui existait. Ils
ont commencé à couper l'aide aux groupes de ressources techniques
qui aident justement la mise sur pied des coopératives un peu partout au
Québec. Ils ont commencé à les couper. Cela va être
la continuité, ils vont couper. Les HLM. Ils en ont parlé dans la
fameuse salade dont je vous parlais tantôt, parce qu'ils ont parlé
de tous les sujets. La continuité dans les HLM, de notre temps, il y en
avait 2400 par année. En 1987, c'est venu à 1200 quelque chose;
en 1989, on était rendus à 1000. La continuité,
imaginez-vous! On n'a pas besoin d'être fort ni ingénieur en
dessin pour voir ce que ça veut dire, la continuité. Si on est
parti de ça et on fait ça, de la continuité, ça
veut dire qu'il n'y en aura plus. C'est vers ça qu'on s'en va, alors que
les HLM sont essentiels, entre autres, pour les plus démunis de la
société.
La fameuse entente dont on a tant entendu parler de l'autre
côté, l'entente fédérale-provinciale sur l'aide au
logement social. On s'est fait avoir comme des niais de l'autre
côté, et ce sont même les députés
conservateurs à Ottawa, dans un document, qui reconnaissent que
l'entente est tout à fait inacceptable pour le Québec. Dans les
fonds disponibles, alors qu'en 1986, 24 % venaient au Québec, en 1989,
on est tombés à 17,8 %. L'entente fait en sorte que le
Québec en retire de moins en moins. Encore une fois, la
continuité vers la descente. Pendant ce temps-là, en Ontario, en
1986, il y avait 32 % du budget fédéral. Ils sont rendus à
39,6 %. Pour eux aussi, c'est la continuité, mais dans le sens inverse.
C'est incroyable, mais c'est toujours comme ça.
Toujours dans le document des députés
conservateurs à Ottawa, ils ont annoncé 632 000 000 $
d'investissements supplémentaires en habitation, quand on connaît
les problèmes spécialement à Montréal et à
Québec. 632 000 000 $. Le Québec a un beau 43 000 000 $;
l'Ontario 400 000 000 $, encore une fois. 400 000 000 $, dix fois plus.
Ça, ça veut dire des gens mieux logés, mais ça veut
dire la création de coopératives, de HLM résidentiels,
améliorations et rénovations. 400 000 000 $ dans
l'économie de l'Ontario; 43 000 000 $ dans l'économie du
Québec. Et ça continue. Ça n'a pas lâché.
Ça n'a tellement pas lâché que, dans la fameuse
délégation canadienne en Russie - ça ne . fait pas
longtemps, ça fait une dizaine de jours - on se pétait les
bretelles ici. Il y avait une délégation de vingt
Québécois, des hommes et des femmes d'affaires. Est-ce qu'on
pouvait être contents? On en avait vingt. Il y en avait 90 de l'Ontario;
vous savez ce que ça veut dire en termes de développement
économique, en termes de contrats, en termes de contacts qui vont se
traduire en investissements, en exportations, en création d'emplois?
Parce que c'est encore l'Ontario: cinq fois plus. Et on se contente toujours de
ce qu'on nous donne. C'est toujours moins que notre part
Je conclus en parlant un peu du lac Meech. Dans le discours
inaugural, le premier ministre a parlé du lac Meech en termes de menaces
advenant la non-ratification. Imaginez-vous, comme projet de
société, ce n'est pas très emballant. On ne peut tellement
pas parler du contenu, parce qu'il n'est pas acceptable, qu'on parle des
menaces pour les autres provinces; on essaie de leur faire peur. On joue au
Bonhomme Sept Heures; on essaie de leur faire peur advenant la
non-ratification. C'est tout ce qu'on a à dire aux
Québécois: Ce qu'on a à vous offrir comme constitution,
donc comme avenir, on ne peut tellement pas en parier parce que ce n'est pas
acceptable qu'on dit aux Anglais qu'on va vous menacer de représailles
presque ou vous allez y goûter si jamais vous n'embarquez pas
là-dedans.
Je comprends qu'on ne puisse pas en parler. Le premier
ministre lui-même reconnaît que l'entente, l'accord du lac Meech,
tel que proposé, c'est le minimum que le Québec peut accepter. Le
minimum. Depuis quand un gouvernement responsable, depuis quand des gens
élus, qui aiment habituellement les gens pour qui ils travaillent,
peuvent-ils leur offrir, comme projet de société, le minimum?
Moi, j'ai toujours pensé que quand on a le goût de travailler pour
quelqu'un ou pour quelque chose, c'est pour aller chercher au moins le maximum.
On se bat pour le maximum. Mais, en face, on se bat pour le minimum pour les
Québécois. Imaginez-vous! En sachant qu'on va toujours chercher
moins que ce qu'on négocie, on va négocier pour le minimum. Ce
n'est pas acceptable. Surtout que la "société distincte", on sait
maintenant que ça ne veut rien dire. Le premier ministre Mulroney l'a
dit. Les neuf autres premiers ministres provinciaux, eux autres,
interprètent que la société distincte ne veut rien dire.
M. Bourassa refuse d'aller voir en Cour suprême pour savoir ce que
ça veut dire, parce qu'il le sait ce que ça veut dire. Et il a
reconnu en cette Chambre, il y a quelques mois, advenant que la
définition de la société distincte soit soumise à
la Charte canadienne des droits et des libertés, que ce serait, pour le
Québec, dangereux, inacceptable, qu'on est mieux de rester avec le statu
quo. Main-
tenant qu'il le sait, il continue à défendre le lac Meech.
C'est inacceptable et c'est pour ça...
Le Vice-Président (M. Cannon): Quelques secondes, M. le
député, pour conclure, puisque nous sommes tout près de la
clôture de notre séance.
M. Paré: Oui, M. le Président. Je conclus tout
simplement en disant que l'accord du lac Meech, ce n'est pas l'accord du
siècle, mais c'est plutôt l'accord de l'échec, l'accord de
l'échec du fédéralisme, l'accord de l'échec des
libéraux à défendre les intérêts
suprêmes des Québécois.
Contrairement à ce que disait M. Mulroney, de cette façon,
ce n'est pas dans l'honneur et dans la dignité que les
Québécois pourraient rentrer à nouveau dans la
constitution, mais ce serait plutôt dans l'insulte et dans la soumission.
C'est pour cette raison que l'accord du lac Meech ne doit pas passer.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Shefford. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, le débat sur le
discours d'ouverture n'est pas terminé. Il se continuera la semaine
prochaine. Je fais donc motion pour ajourner le débat.
Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que la motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
M. Lefebvre: Et...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, je fais également
motion pour ajourner les travaux de l'Assemblée à lundi, le 4
décembre, à 14 heures.
Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, les travaux de cette
Chambre sont ajournés au lundi . 4 décembre, à 14
heures.
(Fin de la séance à 22 h 1)