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(Dix heures douze minutes)
Le Président: Alors, mesdames, messieurs les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Présence de l'ambassadeur du Burundi
J'ai le très grand plaisir de souligner la présence dans
la tribune de l'ambassadeur de la République du Burundi, Son Excellence
M. Philippe Kanonko.
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclaration ministérielle.
Présentation de projets de loi publics. M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, j'aimerais qu'on appelle
l'article b du feuilleton.
Projet de loi 191
Le Président: À l'article b du feuilleton, Mme la
députée de Marie-Victorin présente le projet de loi
suivant, Loi sur le Conseil québécois de la toxicomanie. Alors,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Je
dépose le projet de loi 191. Ce projet de loi institue un organisme, le
Conseil québécois de la toxicomanie, qui aura pour fonction de
conseiller le ministre désigné par le gouvernement sur toute
question reliée à la toxicomanie.
Le Président: Simplement, nous avons des visiteurs dans
nos galeries. Je voudrais vous rappeler une disposition de notre
règlement qui fait que le public est admis dans les tribunes, mais doit
se tenir assis et en silence. Tout signe d'approbation ou de
désapprobation lui est interdit.
Une voix:...
Le Président: Donc, je comprends très bien, mais
nos dispositions réglementaires... S'il vous plaît! Alors, nos
dispositions réglementaires prévoient qu'on ne doit faire aucun
signe d'approbation ou de désapprobation dans les galeries.
Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie du projet de
loi 191, Loi sur le Conseil québécois de la toxicomanie?
M. Pagé: Accepté, M. le Président.
Le Président: Adopté. Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: En relation avec le dépôt du projet de
loi 191, je sollicite le consentement de cette Chambre afin de pouvoir
déposer un court vidéo intitulé Toxicomanie, une lutte
à organiser", qui a été tiré du forum provincial
sur la toxicomanie tenu à Longueuil, le 3 mars 1990. Ce document ne
serait pas considéré comme un document officiel de
l'Assemblée et ce pour des raisons de conservation et d'archives, mais
serait distribué dans chacun de vos bureaux par l'intermédiaire
de l'Assemblée nationale. Je dépose donc le document audiovisuel
en question.
Le Président: Un instant, s'il vous plaît. M. le...
Un instant.
Une voix: Est-ce qu'il y a consentement?
Le Président: Oui. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: m. le président, je retiens que mme la
députée dépose un projet de loi aujourd'hui. nous retenons
de plus qu'elle demande le consentement pour déposer un vidéo se
référant aux colloques qui se sont tenus concernant le dossier
qu'elle a analysé. nous ne pouvons donner notre consentement au
dépôt d'un tel document. cependant, je suis persuadé que le
ministre de la santé recevra avec beaucoup d'intérêt le
document si vous le lui faites parvenir.
Le Président: Donc, il n'y a pas de consentement. M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, il est de coutume en cette
Chambre que, lorsqu'il y a des initiatives de prises par un
député, un groupe de députés, ledit parlementaire
ait le privilège d'informer la Chambre d'un travail qu'il a fait ou le
groupe parlementaire a le privilège d'informer la Chambre sur les
rapports d'activités. En l'occurrence, le rapport d'activités ou
de l'initiative prise par la députée de Marie-Victorin, c'est un
colloque provincial qui a été tenu à Longueuil, dans sa
circonscription électorale, sur la rive sud de Montréal et qui
reflète un peu ce que les citoyens émanant de tous les milieux
pensent du problème crucial qu'est la toxicomanie au Québec.
M. le Président, je demanderais tout au moins au leader du
gouvernement qu'il considère ce dépôt pour fins
d'information et non pour fins de conservation au niveau des archives.
Le Président: J'ai une sollicitation à l'effet
que le document sera remis pour distribution. alors, c'est la demande
présentée. est-ce qu'il y a consentement ou pas? m. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre au
leader de l'Opposition, Mme la députée peut très
facilement, de son propre chef, adresser copie de ce document audiovisuel
à chacun des députés ici à l'Assemblée
nationale sans que ce soit déposé ici.
Le Président: Très bien. En conséquence, ce
sera l'initiative de la députée. Au lieu du Secrétariat de
l'Assemblée, c'est elle-même qui pourra faire la distribution
à l'ensemble des députés.
Au niveau de la présentation de projets de loi pour les projets
de loi d'intérêt privé. M. le leader du gouvernement, pour
la présentation de projets de loi d'intérêt privé.
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, l'article f du
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 257
Le Président: À l'article f du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 257, Loi concernant la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur IHe de Montréal. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport. En conséquence, M. le député de Marquette
présente le projet de loi d'intérêt privé 257, Loi
concernant la Régie intermunicipale de gestion des déchets sur
111e de Montréal. Est-ce que l'Assemblée accepte d'être
saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Alors, M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Pagé: Je fais motion pour que le projet de loi soit
déféré à la commission de l'aménagement et
des équipements et pour que le ministre des Affaires municipales en soit
membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. Toujours au
dépôt de projets de loi d'intérêt privé, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: L'article j.
Projet de loi 229
Le Président: À l'article j du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 229, Loi modifiant la charte de Le Club de golf de Saint-Hyacinthe
limitée. Le directeur de la législation a constaté que les
avis ont été faits et publiés conformément aux
règles de fonctionnement des projets de loi d'intérêt
privé. Je dépose ce rapport. En conséquence, M. le
député de Saint-Hyacinthe présente le projet de loi
d'intérêt privé 229, Loi modifiant la charte de Le Club de
golf de Saint-Hyacinthe limitée. Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
M. Chevrette: Adopté. Le Président:
Adopté.
M. Pagé: M. le Président, avant de faire motion et
de remercier le député de Saint-Hyacinthe de la
présentation de ce projet de loi, je suis persuadé que vous
m'autoriserez à saluer l'ex-député de Saint-Hyacinthe qui
a siégé avec nous pendant un certain nombre d'années, M.
Fabien Cordeau.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
Alors, M. le Président, je fais motion pour que le projet de loi
soit déféré à la commission du budget et de
l'administration et pour que Mme la ministre déléguée aux
Finances en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est adoptée?
Adopté. M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: L'article g, M. le Président.
Projet de loi 255
Le Président: À l'article g du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 255, Loi concernant Société de fiducie Bankers' Trust. Le
directeur de la législation a constaté que les avis ont
été faits et publiés conformément aux règles
de fonctionnement des projets de loi d'intérêt privé. Je
dépose ce rapport. En conséquence, M. le député
d'Orford présente le projet de loi d'intérêt privé
255, Loi concernant Société de fiducie Bankers' Trust. Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit déféré à la commission du
budget et de l'administration et pour que Mme la ministre
déléguée aux Finances en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Chevrette: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: J'appelle l'article h.
Projet de loi 256
Le Président: À l'article h du feuilleton, j'ai
reçu le rapport du directeur de la législation sur le projet de
loi 256, Loi concernant Compagnie Trust Royal. Le directeur de la
législation a constaté que les avis ont été faits
et publiés conformément aux règles de fonctionnement des
projets de loi d'intérêt privé. Je dépose ce
rapport. En conséquence, M. le député d'Orford
présente le projet de loi d'intérêt privé 256, Loi
concernant Compagnie Trust Royal. Est-ce que l'Assemblée accepte
d'être saisie de ce projet de loi?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. M. le leader du
gouvernement.
Renvoi à la commission du budget et de
l'administration
M. Pagé: M. le Président, je fais motion pour que
le projet de loi soit lui aussi déféré à la
commission du budget et de l'administration et pour que Mme fa ministre
déléguée aux Finances en soit membre.
Le Président: Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président: Adopté. Maintenant au niveau du
dépôt de documents.
Dépôt de rapports de commissions.
Dépôt de pétitions.
Interventions portant sur une violation de droit ou de privilège
ou sur un fait personnel.
J'ai reçu ce matin, en temps utile, deux avis soulevant des
questions de fait personnel. D'abord un avis de M. le ministre des Affaires
municipales, responsable de l'Habitation, concernant des commentaires faits par
le député de Jonquière à la période de
questions d'hier, le mercredi 6 juin, relativement à des propos que le
ministre aurait tenus à l'endroit de l'UMRCQ. ensuite un avis de m. le
député d'abitibi-ouest, leader adjoint de l'opposition,
concernant des propos que le ministre de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation lui aurait prêtés au sujet des plans
régionaux en agriculture et de l'aide à l'abattoir de la sarre.
ces deux avis, ces deux demandes d'intervention sur une question de fait
personnel sont conformes à notre règlement. je vais donc, dans un
premier temps reconnaître m. le ministre de l'agriculture et, dans un
deuxième temps, m. le député d'abitibi-ouest.
Je vous demanderai simplement une chose. C'est extrêmement
difficile pour le président de se concentrer en regardant ses documents.
J'ai à ma droite et à ma gauche des gens qui parlent et ça
me... Non. Je n'ai pas dit que vous... Mais je reconnaîtrai que
principalement de ma droite, à ce moment-ci...
Des voix: Ah!
Le Président: Peut-être qu'à vos
sièges ça ne vous dérange pas mais, de ce
côté-ci, je pourrais vous dire que c'est énormément
dérangeant. Donc, j'apprécierais que l'ensemble des
députés donnent leur collaboration. Donc, les deux avis, du
ministre des Affaires municipales dans un premier temps et du
député d'Abitibi-Ouest dans un deuxième temps. Je rappelle
que suivant le règlement les explications sur ces questions doivent
être brèves et formulées de façon à ne
susciter aucun débat et à ne porter que sur la question
soulevée. Je vais reconnaître en premier M. le ministre des
Affaires municipales, responsable de l'Habitation.
M. Picotte: Merci, M. le Président. La raison pour
laquelle vous avez entendu des mots tantôt, c'est que vous m'aviez
identifié comme ministre de l'Agriculture et vous tentiez de
récidiver. C'est la raison pour laquelle vous avez entendu des voix.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: J'espère que vous n'en faites pas une
question de fait personnel. Vous avez la parole.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Alors, vous avez la parole.
Affirmation faite par le député de
Jonquière M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Hier, à la
période de questions, M. le député de Jonquière,
dans son préambule, affirmait que j'avais exprimé mon
intolérance à l'endroit de l'Union des municipalités
régionales de comté et je cite ses propos: "Après avoir
exprimé son intolérance à l'égard d'une secte
religieuse, voilà que le ministre des Affaires municipales
récidive envers l'Union des municipalités régionales de
comté en déclarant, sur les ondes d'une station radiopho-nique de
Montréal, que, dans le fond, l'Union des municipalités
régionales de comté ne représente que 20 % de la
population du Québec et qu'on pourrait bien se passer d'elle."
Après avoir mis au défi le député de
Jonquière de me prouver que les paroles qu'il avait utilisées
pour me poser la question étaient exactes, il a déposé, en
cette Chambre, une copie de la transcription d'une émission
d'information diffusée sur les ondes d'une station de radio du
réseau Télémédia, en l'occurrence CKAC, en date du
31 mai 1990.
Lorsqu'on prend connaissance, M. le Président, du document
déposé, on constate que le député de
Jonquière m'attribue des propos tenus par l'animateur de
l'émission, M. Jacques Cami-rand, que je vous cite d'ailleurs, et voici
les propos de M. Camirand. C'est clair, net et précis. M. Camirand dit
ceci: "Toutefois, compte tenu de la représentativité des deux
organismes, le ministre des Affaires municipales, M. Yvon Picotte, est
prêt à aller de l'avant sans la participation de l'UMRCQ qui ne
regroupe que 20 % de la population québécoise." Ça, ce
sont les propos de M. Camirand qui en a entendu un autre, à la
conférence de presse, dire qu'il était représentant de 80
% de la population. Non seulement, il me les attribue, ces paroles-là,
mais il les amplifie, M. le Président, le député de
Jonquière, en affirmant que j'aurais même dit qu'on pourrait
très bien se passer de l'UMRCQ. Les propos de M. Camirand sont
interprétés par M. le député de Jonquière
comme étant les miens, alors que je n'ai pas prononcé de telles
paroles.
Afin de rectifier les faits, M. le Président, je désire,
avec le consentement de cette Chambre, déposer la transcription de la
conférence de presse au complet que j'ai tenue ici même, à
l'Assemblée nationale, le 31 mai dernier, portant sur la réponse
du gouvernement aux demandes des municipalités. M. le Président,
je ne peux terminer mon intervention sans vous exprimer ma déception
face au manque de profondeur de l'intervention du député de
Jonquière. Si cette question avait été
formulée...
Le Président: Une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, vous avez pris la peine
dans votre... Avant même que vous permettiez au ministre des Affaires
municipales de prendre la parole, M. le Président, vous avez pris des
précautions en lui disant: On doit rappeler les faits, point final, s'en
tenir aux faits, point final, et ne pas porter de jugement sur les propos des
autres. On rétablit les faits, mais on ne porte pas de jugement, M. le
Président.
Le Président: S'il vous plaît! Effectivement, les
derniers propos que vous énoncez, M. le ministre, font en sorte d'amener
à susciter un débat et de tels propos, à ce moment-ci, ne
sont pas reconnus par le règlement. Je vous prierais de vous en
abstenir.
M. Picotte: M. le Président, je pense que... Le moins que
je puisse dire, c'est que je m'inscris en faux contre cette
désinformation. Je sais évidemment que - parce que je connais le
député de Jonquière - il a, bien sûr, beaucoup
d'expérience dans ce domaine-là. Il a travaillé à
l'Union... Il a été président de l'Union des
municipalités et je suis certain que le député de
Jonquière reconnaîtra son erreur, M. le Président, pour
éviter que l'UMRCQ...
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président: Je vous avais rappelé à
l'ordre tantôt. Effectivement, les derniers propos que vous mentionnez,
toujours dans le cadre de l'article 71, ne sont pas admissibles parce que
ça va susciter un débat. Donc, vous pouvez rétablir la
situation et dire: Les propos que j'ai mentionnés sont tels, ce
n'était pas ça, et je m'inscris en faux contre les propos que le
député a rapportés. Ça va. Point à la ligne.
C'est fini. D'accord? Sur une question de règlement. M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, c'est une question de
règlement en bonne et due forme, cette fois-ci, pour les motifs
suivants: Dès qu'on laisse un député rectifier les faits
et même, M. le Président, laisser croire à ce
moment-là au niveau de l'intervention que c'est le député
qui est dans l'erreur alors que le ministre des Affaires municipales se
lève, M. le Président, pour rectifier les faits qu'un journaliste
rapporte mal, c'est très différemment... Non, mais je veux poser
ma question de règlement. Qu'on me laisse finir.
Le Président: Je vais commencer par écouter ce
qu'on me demande. Mais simplement, je vous mets en garde, M. le leader de
l'Opposition, de ne pas déborder sur le fond de la question
précédente.
M. Chevrette: M. le Président, le ministre des Affaires
municipales a-t-il, oui ou non, à vos yeux, relevé les propos
d'un journaliste? Disait-il: Le journaliste m'impute des propos, donc je
rectifie les faits en déposant...
Des voix: Non, non, non.
M. Chevrette: M. le Président, êtes-vous
président ou si c'est eux autres?
Le Président: Vous pouvez vous exprimer. Je vous ai
écouté attentivement. Évidemment qu'il y a certaines
réactions qui sont venues de l'autre côté. Vous savez fort
bien qu'à l'Assemblée, je l'ai déjà dit, le
président n'est pas un préfet de discipline. Il est d'usage, il
est de coutume parfois, quand quelqu'un prononce certains propos, qu'on ait des
réactions, d'un côté ou de l'autre, qui peuvent être
admissibles. La coutume permet que la présidence les tolère en
autant que ça ne dérange pas l'intervenant. Si ça
dérange l'intervenant, c'est à lui de le soulever de façon
appropriée, très simplement. Je vous demande d'écouter les
propos du leader de l'Opposition. (10 h 30)
M. Chevrette: Je vous souligne très proprement que
l'article 32 n'était pas respecté au moment où j'avais la
parole. Merci, M. le Président.
Le Président: Là-dessus, je vais mettre ça
bien clair. Si vous avez une intervention à l'article 32, vous faites
l'intervention suivant le règlement. La présidence peut accepter
parfois, et c'est d'usage - vous-même comme parlementaire, à
l'occasion, sur les propos d'un parlementaire, d'un ministre ou d'un
député, vous pouvez faire certaines réactions verbales qui
sont entendues par vos collègues et par vos confrères de votre
côté également, et la présidence aussi. La
présidence ne se lève pas à tout moment. Simplement la
présidence se lèvera si les paroles dites ou les interventions
des députés qui n'ont pas reçu la permission de parler
à ce moment-là par la présidence dérangent les
collègues ou dérangent l'Assemblée. Si ça vous
dérange, vous soulevez l'article 32, le président va se lever et
il le fera appliquer intégralement ou proprio motu. Dans certaines
circonstances, si, moi-même, je me rends compte que ça me
dérange énormément tout autant que l'orateur je vais me
lever immédiatement. C'est ce que je fais usuellement.
M. Chevrette: C'est exactement ce que je vous ai dit, M. le
Président, et je vous remercie. Donc, M. le Président, je
reprends ma question de règlement. Ma question de règlement
était la suivante. En permettant au ministre des Affaires municipales
à la fin de son intervention d'at- tribuer des motifs de mauvaise foi au
député de Jonquière, ça constitue de facto, pour le
député de Jonquière, une question de privilège
parce que la question de fait personnel qui est posée n'a pas pour
objectif d'imputer des motifs à un député qui a
prononcé des mots en cette Chambre, mais de rectifier les faits, point.
Et dès que vous permettez au ministre, dans sa question de fait
personnel, d'imputer des intentions ou des motifs au député de
Jonquière, vous lui créez de facto une question de
privilège à lui aussi.
Le Président: Alors, sur la même question de
règlement, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je comprends que les
dispositions relatives à l'article portant sur le droit d'un
député de soulever une question de fait personnel doivent
être encadrées de façon très stricte pour que
ça ne suscite pas des débats à n'en plus finir, ou des
réactions ou des répliques de part et d'autre. Cependant,
j'interprète les propos du ministre des Affaires municipales comme
n'étant pas, mais pas du tout, une imputation de motifs au
député de Jonquière. Ce qu'on doit retenir du propos et de
la question de fait personnel soulevée par le ministre des Affaires
municipales, c'est très simple. Le ministre des Affaires municipales
allègue, et je crois qu'il a démontré que les propos qui
lui ont été imputés par le député de
Jonquière auraient dû être imputés au journaliste, M.
Camirand, qui y a référé. Ce n'est pas plus
compliqué que ça.
Le Président: Très bien. Effectivement, si on veut
prêter des intentions quand on veut faire une correction, comme c'est le
cas, comme dans tout discours, on contrevient... C'est une question de
règlement, conformément à l'article 35 de nos
règles de procédure, et un député est fondé
à se lever pour faire une question de règlement sur l'article
35.
Quand le ministre a mentionné certaines conclusions à son
exposé, je lui ai rappelé, à votre demande d'ailleurs -
vous vous êtes levé immédiatement - que ses paroles
étaient contraires à l'esprit du règlement. Je lui ai
cédé la parole pour conclure. Il a conclu, il a ajouté
certains propos et, à ce moment-là, je lui ai rappelé
à nouveau, à votre demande, que c'était contraire au
règlement. Je pense que ça clôt la discussion. La
présidence peut déplorer le fait qu'on puisse aller à
rencontre du règlement, mais, à ce moment-là, les
personnes concernées doivent se lever et soulever une question de
règlement.
M. le ministre a demandé le dépôt de certains
documents. Est-ce que ce dépôt de documents est
accepté?
Une voix: Consentement.
Le Président: II y a consentement au dépôt de
ces documents. Maintenant, je vais reconnaître M. le député
d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition sur une question de fait
personnel également.
Propos du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Très
simplement, hier soir, à deux occasions, dans deux extraits
précis des propos du ministre de l'Agriculture, j'estime que le ministre
de l'Agriculture a tenu des propos diffamatoires qui constituent une attaque
grave contre ma personne, sur le plan de ma crédibilité et de mon
honnêteté intellectuelle, et je voudrais citer ce qu'il a dit.
Le ministre de l'Agriculture dit ceci et, dans le document que je vous
ai envoyé, M. le Président, les deux éléments
précis pour lesquels vous avez retenu ma question de fait personnel ont
été soulignés: "On ne peut pas tenir ce discours-là
devant la caméra et venir s'asseoir à côté du
ministre par la suite et venir lui dire: M. Pagé - je cite toujours le
Journal des débats d'hier - Michel, je suis bien content. Ce que
vous avez fait comme gouvernement dans le plan de développement
régional, ça a été un succès sur toute la
ligne, dixit le député d'Abitibi-Est."
Des voix:...
M. Gendron: Un instant! "...dixit le député
d'Abitibi-Est." Bon, là, je n'en fais pas un plat. C'est évident
qu'il faisait une erreur. Il s'est trompé parce que le
député d'Abitibi-Est ne parle pas souvent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: II s'adressait au député
d'Abitibi-Ouest et il le sait. Donc, mon point n'est pas là-dessus. Il y
a une erreur au Journal des débats; il voulait dire le
député d'Abitibi-Ouest et non d'Abitibi-Est.
Et il a ajouté: "...lui-même où j'ai appliqué
au nom du gouvernement du Québec, un programme spécifique
à l'Abitibi, l'an dernier, qui a été un vif
succès." Pourquoi, M. le Président, sur ce premier fait, je
prétends que le ministre a mis ma crédibilité et mon
honnêteté intellectuelle en doute, c'est que, dès la
publication de son plan régional, dont il a parlé hier dans les
termes que je viens de citer, j'émettais un communiqué de presse
que je peux déposer en cette Chambre pour faire la preuve du contraire:
"Le député d'Abitibi-Ouest et leader de l'Opposition of- ficielle
- 18 mai 1989 - du Québec, M. François Gendron, considère
que l'annonce faite par le ministre de l'Agriculture, M. Pagé, ne
constitue aucunement de l'argent neuf pour le développement de
l'agriculture", et le titre du communiqué était le suivant: "Un
faux cadeau et une mesure compensatoire."
Deuxième élément sur le même fait
évoqué par le ministre de l'Agriculture. Le lendemain,
j'émettais un nouveau communiqué pour faire la preuve que, depuis
quatre ans, compte tenu des critères des programmes régionaux en
Abitibi, le ministère avait économisé au-delà de 3
000 000 $ sur le dos des agriculteurs du Québec et, c'est important, son
collègue, l'ancien député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, disait ceci... La preuve que c'est inexact
que j'aurais vanté son plan de développement régional,
c'est que son ex-collègue, le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue, affirme lui-même qu'on s'est fait
avoir. C'est suffisant pour le premier point.
Deuxième élément mensonger, erroné, faux.
Oui. Je cite le ministre de l'Agriculture qui disait ceci: "II a mis en relief
le fait que je lui ai dit, comme ministre: Peux-tu me donner un coup de main -
en parlant des abattoirs régionaux -comme député, pour
faire en sorte que les bêtes produites dans ton comté ne soient
pas abattues en Ontario, mais plutôt dans ton comté. Bien, il m'a
dit: Michel, sais-tu, c'est compliqué ce que tu me demandes là.
Tu m'en demandes pas mal. C'est mes clientèles. Tu ne pourras pas
m'aider, laissant voir clairement que je n'avais pas la préoccupation de
maintenir l'abattoir ouvert."
Or, encore là, M. le Président, je peux déposer en
cette Chambre deux communiqués et de nombreuses lettres où j'ai
indiqué au ministre de l'Agriculture - je suis obligé, M. le
Président, parce que c'est là-dessus qu'il a mis mon
intégrité en doute... et je cite juste un paragraphe, au ministre
de l'Agriculture, dans un communiqué: "II importe, M. le ministre,
à la suite des nombreuses représentations que j'ai
effectuées à votre cabinet ainsi qu'à vous-même, que
nous maintenions un centre d'abattage régional parce que c'est vital
pour assurer la survie de l'abattage de nos bêtes chez nous plutôt
qu'en Ontario." Et, à deux reprises, parce qu'il reste un
élément, il m'a demandé d'essayer d'intéresser des
entreprises privées, parce que le secteur public avait fait la preuve -
ça, c'est l'État -qu'il ne pouvait pas faire fonctionner les
abattoirs. Mais je pourrais déposer les nombreuses démarches de
M. Paul-Ange Morin, qui est venu à mon bureau à de multiples
reprises, pour essayer de réanimer le Centre d'abattage de La Sarre;
même chose pour M. Serge Alarie qui a déposé un projet,
lors de la biennale, pour relancer l'abattage. Donc, propos mensongers, faux et
erronés.
Le Président: Ceci clôt la question. M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, seulement une
question.
Des voix:...
M. Pagé: Non, aucun commentaire.
Le Président: C'est une question de règlement, je
vais l'écouter.
M. Pagé: M. le Président, en vertu de notre
règlement, croyez-vous qu'un député qui soulève une
question de fait personnel, ça lui ouvre la porte à adresser des
qualificatifs de "mensonger", de "menteur" à d'autres collègues
de cette Chambre?
Le Président: M. le leader de l'Opposition sur la
même question.
M. Chevrette: Sur la question de règlement, M. le
Président. Notre règlement est très explicite. On ne peut
pas traiter des personnes, mais on a le droit de qualifier des propos. (10 h
40)
Le Président: C'est une question qui a été
disputée à plusieurs occasions à l'Assemblée. Le
règlement est quand même clair: "Le député qui a la
parole ne peut imputer des motifs indignes à un député ou
refuser d'accepter sa parole". Entre dire qu'un député ou un
membre de l'Assemblée est menteur dans ce qu'il dit et dire qu'il dit
des propos mensongers, je pense que la distinction est très mince.
Ça dépend, évidemment, du contexte. Dans le cas
présent, c'est aux limites de l'acceptation de notre règlement.
De toute façon, sur une question de fait personnel, j'ai accepté
l'intervention du député d'Abitibi-Ouest. J'ai été
à quelques occasions sur le point de me lever puisque de la même
façon qu'on a dit au ministre des Affaires municipales tantôt:
Corrigez la situation, dites ce que vous avez à dire concernant les
propos, a savoir si les propos vous appartiennent ou non, c'est la même
chose pour le député d'Abitibi-Ouest et on ne doit pas engager un
débat. Vous avez été à la limite de tenter de faire
une démonstration. Ce que vous pouvez faire dans une question de fait
personnel, c'est de rappeler des mots qui ont été dits par
quelqu'un et dire: Je n'ai pas dit ça ou mes propos, ce que j'ai dit,
c'est telle chose précisément, mais sans argumenter
là-dessus. Vous étiez au point de l'argumentation. La question
est close. La situation est claire et finie. Et nous allons maintenant passer,
à l'étape suivante de nos travaux.
Période de questions et réponses orales des
députés.
Je vais reconnaître en première question principale, M. le
chef de l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Informer les Québécoises et les
Québécois sur la conférence des premiers ministres
M. Parizeau: M. le Président, ma question s'adresse
à la vice-première ministre, ayant trait, bien sûr, aux
négociations qui ont lieu à Ottawa à l'heure actuelle. Je
voudrais, à cet égard, cependant, en commençant, au
début de mon préambule, indiquer qu'hier, en cette Chambre, il y
a eu entre la vice-première ministre et moi un cours débat quant
à l'identité de la personne du bureau du premier ministre qui
m'avait rejoint au téléphone. Vérification faite, elle
avait raison. J'avais tort Je la prie d'accepter mes excuses.
Cela étant dit, M. le Président, les premiers ministres du
Canada entament aujourd'hui une cinquième journée de
négociations à huis clos à Ottawa. Les quelques rares
informations qui réussissent à filtrer sont inquiétantes:
Engagement, peut-être, pour un Sénat élu. Renonciation du
droit de veto quant à la diminution du poids politique du Québec,
pour n'en citer que quelques-unes de ces bribes d'information que nous
recevons. hier, dans un sondage non scientifique, sans doute, mais qui a
regroupé quelque 4500 appels téléphoniques, le
réseau tva indiquait que 94 % de ceux qui avaient appelé le poste
considéraient, selon l'expression utilisée par le poste tva, que
le premier ministre était en train de se faire avoir. est-ce que la
vice-première ministre peut nous indiquer s'il est de l'intention du
premier ministre d'informer adéquatement les québécoises
et les québécois de l'état de ces tractations en nous
déléguant aujourd'hui son ministre aux affaires
intergouvernementales canadiennes pour rendre compte à
l'assemblée, comme je l'ai demandé au premier ministre hier, en
début de soirée, au nom de l'opposition officielle?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je pense, M. le Président, que le chef de
l'Opposition, qui insiste tellement lui-même pour que le premier ministre
du Québec revienne au Québec, me permettra de lui dire bien
amicalement, M. le Président, de revenir les deux pieds sur terre
lui-même. Et, une fois pour toutes, je pense que son vieux rêve
présidentiel et républicain pour le 24 juin ne se
réalisera pas.
M. le Président, le climat à Ottawa, dans les
négociations, est bon. Il y a des progrès. Il n'y a pas
d'entente, mais il y a des progrès, M. le Président. Quant
à la réforme du Sénat, on ne discute en ce moment que des
paramètres. Le chef de l'Opposition... Vous êtes là vous?
Le chef de l'Opposition, M. le Président, ne devrait pas
s'inquiéter de la fermeté du premier ministre, mais s'en
réjouir et ne pas lui demander de
quitter sa chaise. Le premier ministre se fait l'avocat de tous les
Québécois, tous les Québécois, et un avocat ne
quitte pas sa cause quand il la défend bien, M. le Président.
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: En question complémentaire.
M. Parizeau: M. le Président, je conclus donc que la
demande que nous avons faite d'être renseignés en cette Chambre
sur l'état des tractations par le ministre des Affaires
intergouvemementales, que cette demande ne sera pas satisfaite. C'est la
conclusion que je tire de ce que la vice-première ministre vient de nous
dire. Est-ce que la vice-première ministre peut nous dire aussi si elle
considère que les engagements sur la réforme du Sénat, sur
son caractère élu, sur le poids politique du Québec, sur
le maintien du droit de veto... Est-ce que des compromis de ce genre-là,
c'est conciliable avec les propos du 28 mars du ministre
délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes,
lorsqu'il disait des propositions additionnelles avancées par les
provinces dissidentes: "II ne s'agit pas pour nous - et je le cite - de balayer
du revers de la main ces résolutions, mais il n'est pas question pour
nous de discuter de leur contenu tant que l'entente du lac Meech ne sera pas
acceptée, ratifiée, partie de notre constitution." Fin de la
citation. Est-ce qu'à l'heure actuelle le premier ministre respecte cet
engagement?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, en ce moment, la position du
Québec qui a été clairement exprimée depuis des
années... Encore récemment, le premier ministre l'a
exprimée clairement, avec fermeté. Elle est exprimée avec
calme. Elle est exprimée avec le respect des autres. Si on veut que les
autres nous respectent, il faut aussi les respecter.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Garanties que le Québec peut offrir aux
provinces récalcitrantes
M. Brassard: En principale, M. le Président. Plus les
jours passent, plus cela confirme les appréhensions de l'Opposition qui,
d'ailleurs, disait, avant même que la conférence ne débute,
qu'il ne faudrait pas que le premier ministre s'y rende, position
partagée par le ministre de la Santé et des Services sociaux du
gouvernement qui, lui, disait: On n'a pas d'affaire là.
Des voix: Oui, oui.
M. Brassard: Plus les jours passent, plus cela confirme les
appréhensions que la conférence est devenue un guet-apens, un
traquenard dans lequel le premier ministre du Québec se trouve
piégé. Nous ne sommes pas seuls à penser ainsi,
d'ailleurs, le...
Une voix: M. le Président, s'il vous plaît.
Le Président: Sur une question de règlement, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, sur une question de
règlement. Cette fois-ci, j'invoque l'article 32 qui dit qu'on doit
être capable de s'exprimer librement sans entendre ces murmures, ce
chuchotement continuel. Et je vous le dis, M. le Président, je pense que
vous vous devez de les reconnaître quand ils s'expriment aussi fortement.
On les reconnaît de notre propre siège, et je pourrais vous les
indiquer; c'est ce que j'entends faire dans les prochaines minutes.
Le Président: Alors, je ne peux que souhaiter que tous les
députés acceptent de se conformer au règlement et de
respecter le droit de parole de chacun. Alors, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je suis persuadé, M. le Président, que
c'est aussi l'opinion du peuple du Québec. On l'a vu hier, comme le
rappelait le chef de l'Opposition, par le biais de ce sondage fait par
Télémétropole, les Québécois sont maintenant
convaincus que leur premier ministre est en train de se faire avoir. Non
seulement il est en train de se commettre sur la réforme du
Sénat, mais on apprend, de plus, que le premier ministre du
Québec envisage d'offrir des garanties aux dissidents, aux
récalcitrants, dans le but de les rallier à l'accord du lac
Meech, par le biais d'une déclaration politique.
Ma question à la vice-première ministre: Comment le
Québec peut-il offrir de telles garanties aux provinces
récalcitrantes, alors que ces garanties ne peuvent que compromettre ou
atténuer la portée déjà fort modeste de l'accord du
lac Meech pour le Québec, ce qui serait contraire, en plus, au sens et
à l'esprit de la motion adoptée par cette Assemblée le 5
avril dernier?
Le Président: Mme la vice-première ministre. (10 h
50)
Mme Bacon: M. le Président, le député de
Lac-Saint-Jean parle de sondages qui ont cours. Moi, je vous parlerai du
sondage du 25 septembre 1989 où, en toute démocratie, la
population du Québec s'est exprimée en faveur du parti que nous
représentons, M. le Président.
Le Président: Question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: Pourriez-vous vous assurer que l'article 32 soit
intégralement respecté?
Le Président: Effectivement, la même demande, la
même réponse. Je ne peux que souhaiter que tous les
parlementaires, des deux côtés, respectent l'esprit du
règlement. Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, au moment où les
intérêts supérieurs du Québec sont en cause, au
moment où ils sont discutés, je demanderais à l'Opposition
un peu de retenue. N'affaiblissons pas le Québec en manquant de sens des
responsabilités en cette Chambre. C'est ça, le visage que nous
offrons à la nation canadienne, en ce moment.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: La vice-première ministre pourrait-elle
admettre que l'Opposition s'inquiète à juste titre, parce qu'on
est convaincus, la population du Québec aussi, que les
intérêts fondamentaux du Québec sont mal défendus
présentement à Ottawa par le premier ministre du Québec?
Est-ce que la vice-première ministre pourrait, au nom de son
gouvernement et du premier ministre lui-même, prendre l'engagement,
devant cette Chambre, que le Québec ne signera pas une
déclaration politique qui prévoirait l'introduction d'une clause
Canada dans la constitution, dans les mois qui suivront
l'échéance du 23 juin?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, le député de
Lac-Saint-Jean sait très bien que le premier ministre du Québec
défend les intérêts de tous les Québécois. Il
a même l'appui de son ami Lucien Bouchard. Et il reçoit des
télégrammes d'anciens députés péquistes qui
lui disent: J'ai confiance en vous, M. le premier ministre. Je pense qu'il
faudrait peut-être en tenir compte aussi.
M. le Président, nous n'affaiblirons pas le Québec et nous
n'abandonnerons pas notre droit de veto. Je dois dire qu'à
écouter le Parti québécois ce matin et l'Opposition
officielle, on a l'impression que les masques tombent. On a vraiment
l'impression que les masques tombent. On voit enfin le vrai visage du Parti
québécois pour qui l'unité et la solidarité de tous
les Québécois ne sont nécessaires que pour des fins
partisanes, pour des fins électoralistes, pour la souveraineté du
Québec, qui est leur vision des choses.
Des voix: Bravo!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! En
question complémentaire, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: La vice-première ministre oublie-t-elle que
Lucien Bouchard a demandé à M. Bourassa de revenir à
Québec, aussi? Mais je reviens à ma question, M. le
Président, parce que je n'ai pas eu de réponse. Pourrait-elle
s'écarter un peu de ses papiers et répondre à la question
que je lui ai posée tout à l'heure? Si elle veut que nous soyons
solidaires, est-ce qu'elle est en mesure de dire à cette Chambre, de
garantir à cette Chambre que le premier ministre ne signera pas de
déclaration politique comportant, prévoyant l'introduction d'une
clause Canada qui assurerait la primauté de la Charte sur la clause de
la société distincte - c'est ça que ça veut dire -
ou prévoyant l'introduction d'une clause Canada dans la constitution
dans les mois qui suivraient l'échéance du 23 juin? Est-ce
qu'elle est en mesure de nous garantir que le premier ministre, à
Ottawa, ne signera pas de déclaration politique comportant cet
élément-là?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Vous me permettrez, M. le Président, de
m'interroger sur le fait que le député de Lac-Saint-Jean au
fédéral reste à Ottawa, quand il demande à notre
premier ministre de s'en revenir au Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Bacon: M. le Président, notre position...
Des voix:....
Mme Bacon: ...est claire, elle est ferme, elle est calme, elle
est précise et nous défendons entièrement la position que
nous avons toujours défendue, M. le Président, qui est toujours
la même.
Quant à vos pieux et pathétiques appels, M. le
Président, quant à vos pieux et pathétiques appels,
j'aimerais dire à l'Opposition: Vous repasserez. Oui, j'écris ce
que je dis, M. le Président, parce que ces gens-là font tellement
de désinformation qu'ils peuvent dire le contraire de ce que je dis
aujourd'hui, comme ils l'ont fait pour le député de
Maskinongé et ministre des Affaires municipales.
Une voix: Oui.
Mme Bacon: Les Québécois, M. le
Président...
Le Président: S'il vous plaît.
Mme Bacon: Oui, c'est vrai. On ne signera pas une clause Canada,
M. le Président. Oui, c'est vrai. Et les Québécois ne
seront jamais dupes, jamais dupes de votre stratégie purement
électoraliste. Vous allez perdre l'oxygène que vous recherchez,
M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En question complémentaire.
M. Brassard: M. le Président, puisqu'il est beaucoup
question, ces temps-ci, de sauver la face, la vice-première ministre
pourrait-elle m'expliquer comment le premier ministre du Québec peut se
permettre, peut permettre à MM. Filmon et Wells de sauver la face sans
faire de compromis, sans faire de concession, donc sans perdre la face
lui-même aux yeux des Québécois? Parce que c'est ça
le véritable piège. Le premier ministre du Québec est
placé dans la position de dire aux récalcitrants: Vous ne perdrez
pas la face, moi, je vais la perdre.
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, quand on tente de faire ce
genre de démagogie, ça peut se retourner contre soi et ça
peut nous choisir comme cible. M. le Président, quand on respecte les
autres comme le fait le premier ministre du Québec, avec fermeté,
avec calme, je le répète et "rerépète", on ne perd
pas la face et on ne la fait pas perdre aux autres.
Une voix: Très bien.
Le Président: En question principale, M. le
député de Joliette.
Sujet de discussion à la conférence des
premiers ministres
M. Chevrette: m. le président, le 28 mars 1990, le
ministre délégué aux affaires intergouvernementales
canadiennes disait, à la suite de la proposition présentée
par le chef de l'opposition: votre proposition, la seule réserve que
j'aurais face à cette motion, c'est qu'elle ne va pas assez loin.
Une voix: C'est ça.
M. Chevrette: Vous ne vous rappelez pas de ça, M. le
Président, en cette Chambre? On ne va pas assez loin. Nous ne
discuterons pas, M. le Président, des propositions de M. McKenna, pas
plus que nous ne discuterons des propositions de M. Wells, pas plus que nous ne
discuterons des propositions de M. Getty, de M. Devine, de M.
Vander Zalm. Il ne voulait pas discuter de rien. Pourriez-vous
m'expliquer de quoi on discute présentement?
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: m. le président, je m'aperçois que le
plus grand problème qu'ont les gens d'en face, c'est de ne pas
être là, de ne pas être présents dans cette salle
où sont réunis les premiers ministres. je regrette, m. le chef de
l'opposition, vous n'êtes pas premier ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: En complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, ça ne répond
pas à ma question. Si le ministre des Affaires canadiennes ne voulait
même pas discuter d'un iota émanant des autres provinces, est-ce
qu'on pourrait me dire si le premier ministre respecte la résolution
votée à l'Assemblée nationale, le 5 avril dernier,
à l'effet de ne discuter de rien, de dire tout d'abord: On vote Meech
et, après ça, on se reparlera? Est-ce qu'elle considère
que l'esprit et la lettre de la motion du 5 avril sont présentement
respectés par le premier ministre du Québec?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: Je crois, M. le Président, que l'essentiel,
dans cette discussion - et je ne suis pas là pour discuter, c'est le
premier ministre qui est là... Je fais confiance au premier ministre
comme la population lui a fait confiance, M. le Président. On n'accepte
pas d'amendement à Meech. C'est ça qui est important. Et je
voudrais que l'Opposition le comprenne une fois pour toutes et cesse
d'énerver la population, M. le Président. (11 heures)
Le Président: En complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que la population
n'est pas plus énervée présentement de ne pas savoir ce
qui se passe en catimini et en cachette à Ottawa? Est-ce que la
population du Québec, M. le Président, n'est pas en droit de se
demander si le Parti libéral, avec son premier ministre, n'agit pas par
électoralisme en cachant et en faisant en catimini ce qu'il a
refusé de faire ouvertement suite à une des résolutions de
l'Assemblée nationale?
Le Président: Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, je me demande si on doit
répondre à une telle question. Mais je dois dire, encore fois, M.
le Président, que ce n'est pas à faire de la démagogie
qu'on va régler ce problème. On le fait, encore une fois, M. le
Président, dans le calme, dans la fermeté et dans le respect des
autres. C'est ça, M. le Président: si on veut être
respecté, respectons les autres.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Alors, une dernière question
additionnelle.
M. Chevrette: M. le Président, le respect des autres
n'exclut pas... Est-ce que la vice-première ministre est en train de
nous dire que ce qui prime pour le premier ministre du Québec, c'est le
respect des 10 personnes qui ne veulent pas adhérer à une
résolution qu'ils ont dûment signée? Est-ce que le respect
ne commence pas par respecter les citoyens du Québec...
Le Président: S'il vous plaît!
M. Chevrette: ...et l'Assemblée nationale du
Québec?
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Alors, à la question, Mme la vice-première
ministre.
Mme Bacon: M. le Président, j'ai toujours remarqué
que le respect se manifeste davantage dans le calme et la
sérénité. Je rappellerais, peut-être, le leader de
l'Opposition au calme et à la sérénité.
Le premier ministre, encore une fois, et je le répète, est
le défenseur de tous les Québécois pendant qu'il est
là, à Ottawa, à négocier avec les autres premiers
ministres...
Une voix: À quatre pattes.
Mme Bacon: II le fait... Vous voulez répéter
ça? Posez-la, la question, si vous voulez le répéter.
Une voix: Répondez. Commencez par répondre.
Le Président: S'il vous plaît! Alors, on demande le
respect de l'article 32 et ça s'applique à tous les
parlementaires. Évidemment que des réactions de ce
genre-là, d'un côté ou de l'autre, engendrent
inévitablement un débat et des situations qui sortent du cadre
régulier du règlement. Mme la vice-première ministre.
Mme Bacon: M. le Président, une chaise vide n'a jamais
rien réglé; c'est le premier ministre lui-même qui l'a dit.
et ce n'est pas en quittant l'autre côte de la rivière, comme on a
déjà vu en 1981, m. le président, qu'on va régler
ça.
Des voix: Bravo!
Le Président: En question principale, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, pour apporter ma contribution
à ce que la vice-première ministre passe une bonne journée
et garde sa bonne humeur proverbiale et sa jovialité qui est de commune
renommée, je vais poser ma question au ministre des Transports.
Des voix: Ha, ha, ha!
Secteurs de travail et reconnaissance de
l'ANCAl
M. Garon: La grève des camionneurs artisans se poursuit
toujours, même si le ministre a rencontré...
Le Président: Un instant. M. le député, s'il
vous plaît. Il y a un rappel au règlement, M. le leader du
gouvernement.
M. Pagé: Pourriez-vous m'indiquer si le préambule
à la question du député de Lévis est acceptable,
tel que formulé?
Une voix: On ne peut pas empêcher un coeur d'aimer.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Lévis, je vous invite à poser une
question, mais votre préambule doit être relatif à votre
question. Si c'est au ministre des Transports, pas de commentaire à la
vice-première ministre. Allez-y avec votre question, s'il vous
plaît.
M. Garon: Comme l'a dit un député, on ne peut pas
empêcher un coeur d'aimer, M. le Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Mais la grève des camionneurs artisans, M. le
Président, se poursuit toujours, même si le ministre a
rencontré les représentants de l'Association, de l'ANCAl. Le
ministre a dû se rendre compte qu'il n'y avait pas de péril
à rencontrer les représentants des camionneurs qui se comportent,
comme tout le monde le souligne depuis qu'ils sont à Québec
comme... Rarement on a vu une manifestation aussi sereine et aussi
exemplaire.
Une voix: C'est vrai.
M. Garon: M. le Président, ma question au ministre est la
suivante: Est-ce que le ministre pourrait faire le point sur la rencontre
d'hier et nous indiquer où en est la discussion concernant les secteurs
de travail et la reconnaissance de l'ANCAl?
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, effectivement, le tout se fait
dans le calme parce qu'on n'a pas écouté le député
de Lévis.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Elkas: J'ai rencontré hier après-midi les
représentants de l'ANCAl. J'ai le plaisir d'informer cette Chambre que
la négociation s'est faite dans le calme et qu'on a repris tous les
sujets dont on avait discuté avec eux. J'ai demandé à mes
collègues, le ministre de l'Environnement, le ministre des Affaires
municipales, la ministre de l'Énergie et des Ressources, de confirmer
leur engagement pris lors de rencontres précédentes. Cela va
être fait par écrit, je vais le leur remettre cet
après-midi. J'ai répété l'engagement qu'on a fait
au niveau du gel des permis. J'ai réitéré ma
volonté de maintenir l'organisme de courtages régionaux dans les
régions totalement zonées. J'ai offert de mettre sur pied une
équipe d'inspecteurs de 30 personnes pour enquêter sur des
pratiques de courtage illégal. Je me suis engagé à faire
venir en cette ville, cet après-midi, l'Association des constructeurs de
routes et grands travaux du Québec pour rencontrer ces gens. Il me
semble que ces gens, les représentants de l'ANCAl, sont sortis de
là très satisfaits des rencontres qu'on a eues hier
après-midi. Puis, on va poursuivre les discussions cet
après-midi.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, le ministre peut-il nous dire
si l'élargissement des secteurs de travail et la reconnaissance de
l'ANCAl sont à l'ordre du jour de la rencontre d'aujourd'hui et s'il a
l'intention de faire une nouvelle proposition sur ces deux points en
particulier?
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, les discussions se
continuent.
Le Président: En complémentaire.
M. Garon: Est-ce que le ministre peut nous dire si le fait de
mettre 30 contrôleurs routiers à la fin d'août, ça
rencontre l'engagement de l'ancien ministre qui parlait de 400 pour le 1er
avril 1990? Est-ce que, cette fois - il a dit qu'il le ferait par écrit
- il s'est occupé d'avoir l'engagement également par écrit
du président du Conseil du trésor qui, lui, ne semble pas se
préoccuper beaucoup des engagements des ministres sectoriels?
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, je vais déposer un
projet auprès du Conseil des ministres ces mois-ci concernant le
contrôle routier dans son entier. Le contrôleur routier, comme le
député de Lévis le sait, c'est une personne qui est
multi-discipiinaire. Et au cours de cette discussion on a avancé
l'emploi de certains individus, 30 individus, qui vont s'occuper d'ailleurs de
la question du courtage illégal. C'est une méthode de gestion, il
me semble, qui est très saine.
Le Président: En additionnelle, M. le député
de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je répète ma
question: Est-ce que le ministre s'est assuré - on l'a entendu dire et
j'aimerais qu'il me confirme si c'est exact - qu'il y aurait 30
contrôleurs routiers au mois d'août, 200 l'an prochain - j'aimerais
savoir à quelle date - et est-ce qu'il s'est assuré qu'il avait
l'autorisation du président du Conseil du trésor pour engager ces
fonds ou est-ce un engagement personnel et, ensuite, il ira voir le
président du Conseil du trésor sans savoir quelle sera la
réponse du Conseil du trésor?
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: Je ne crois pas que ça regarde le
député de Lévis. Je m'en vais au Conseil des ministres
avec ma demande et ça ne le regarde pas.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: je m'excuse, m. le président. m. le
président, une question de règlement. (11 h 10)
Le Président: sur une question de règlement... un
instant! s'il vous plaît! alors, question de règlement, m. le
leader de l'opposition.
M. Chevrette: Question de règlement. M. le
Président, cette attitude désinvolte dans le Parlement... Je vous
réfère que c'est un droit. Ce n'est même pas une question
de privilège ni de règlement; c'est une attitude face à la
loi même de l'Assemblée nationale. Il est du devoir de
l'Opposition de questionner le pouvoir, le gouvernement, sur ses
intentions et sur son agir. C'est la deuxième fois par un
deuxième ministre, en cette Chambre, qu'on se fait répondre, de
ce côté-ci de la Chambre, que ce n'est pas de nos affaires. Bien,
quand il répond que ce n'est pas de nos affaires, c'est à la
population qu'il dit: Ça ne vous regarde pas!
Une voix: C'est ça.
Ml. Chevrette: Et on va jouer notre rôle. Je demanderais au
ministre de prendre au sérieux son rôle. Même s'il est
nouveau en cette Chambre, qu'il apprenne qu'il doit répondre devant la
population et qu'on incarne cette population.
Une voix: Voilà! Une voix: C'est ça. Une
voix: Wo! Wo!
Le Président: Alors, sur la même question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Ce que le ministre des
Transports, de toute évidence, a signifié, et ce que j'ai
déjà moi-même formulé en cette Chambre, c'est
qu'à partir du moment où on s'enqùiert auprès d'un
membre du Conseil exécutif, de toute évidence, du contenu d'un
mémoire - parce que c'est ça qui est en cause et c'est ça
que le ministre a évoqué - des recommandations qui seraient
éventuellement soumises au Conseil des ministres et, évidemment,
qu'on présume de la décision du Conseil des ministres, on
déborde largement les questions d'intérêt,
d'actualité, d'urgence, etc., qui sont en cause. C'est tout ce que le
ministre signifiait, M. le Président.
Le Président: Le règlement prévoit, à
l'article 81, qiTaucun rappel au règlement ne peut être
fondé sur l'opinion que la réponse à une question
posée à un ministre est insatisfaisante." Je peux comprendre que
l'Opposition peut déplorer la façon de répondre d'un
ministre, peut déplorer le contenu d'une réponse, mais, à
ce moment-là, la présidence... S'il vous plaît! La
présidence n'a pas à juger. Je pense que le juge ultime, c'est la
population, et vous avez soulevé le point exactement, suivant la
question que vous pouvez faire. La conclusion que vous avez donnée est
là.
M. Chevrette: M. ie Président, je reviens sur une
question...
Le Président: Sur la question de règlement?
M. Chevrette: ...de règlement et je vais vous expliquer
pourquoi. Un ministre a le droit de dire qu'il y va de l'intérêt
public de ne pas répondre. Un ministre peut répondre, M. le
Président, que, compte tenu de la situation, 0 préfère
s'abstenir. Il peut utiliser des propos, dans sa réponse, avec lesquels
on peut être en désaccord. Mais aller se lever de son siège
et dire que ce n'est pas de nos affaires, c'est une tout autre paire de
pantalons, M. le Président, et celle-là, on ne l'endosse pas.
M. Jolivet: C'est vrai.
Le Président: Effectivement, on peut invoquer l'article
82. L'article 82 dit que le ministre doit refuser de répondre à
une question "si sa réponse aurait pour effet de contrevenir aux
paragraphes 2° et 3" de l'article 35", peut-être dans certaines
circonstances ou s'il juge la réponse contraire à
l'intérêt public. Le règlement le prévoit.
Mais je vous dis, moi, comme président, évidemment, que,
si la réponse est insatisfaisante et que vous voudriez une
réponse autre du ministre, je ne peux modifier sa réponse et je
ne peux l'obliger à répondre non plus. Si le ministre
décide de ne pas répondre à une question et se rassoit, il
y a des possibilités prévues au règlement, un débat
de fin de séance; ça ne s'applique pas en juin, je le comprends.
Mais, autrement, le juge de la situation, c'est la population. La
présidence ne peut forcer un ministre à répondre à
une question en lui disant: Répondez à la question telle que
posée. C'est chaque ministre qui décide de la façon de
répondre et c'est la population qui décidera en bout de
ligne.
Nous passons maintenant à...
M. Garon: Une question.
Le Président: Question additionnelle, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ce que je veux demander au ministre, c'est très
simple: Est-ce qu'il prend l'argent de sa poche pour payer les
contrôleurs? S'il ne prend pas l'argent de sa poche, est-ce que, à
ce moment-là, il a pris des engagements personnels, mais ne sait pas
s'il va être autorisé par le Conseil du trésor? Ou est-ce
qu'actuellement, préalablement à ce qu'il a dit aux gens de
l'ANCAl pour les 30 camionneurs au mois d'août et pour les 200 au cours
de l'année, il a obtenu les engagements budgétaires? Est-ce qu'il
a obtenu les autorisations? Ou, tout simplement, s'engage-t-il à aller
les demander au Conseil du trésor qui pourra le renvoyer avec son petit
bonheur comme l'ancien ministre et, à ce moment-là, il va dire:
Bien, j'ai essayé et je n'ai pas été capable?
Le Président: Alors, M. le ministre des Transports.
M. Elkas: M. le Président, tout ce que je peux
répondre au député de Lévis et aux membres
opposants, c'est qu'on me dit qu'on doit suivre des processus. Moi, je suis
prêt à présenter ça au Conseil des ministres
étape par étape, à revenir en Chambre et à
l'informer.
Une voix: C'est ça.
Le Président: En question principale, M. le
député de D'Arcy-McGee.
M. Libman: O.K. C'est une question pour le ministre des Affaires
sociales et on attend son retour, peut-être.
Une voix: II va revenir.
Le Président: Alors, M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, le ministre de la
Santé et des Services sociaux était avec nous jusqu'à il y
a quelques minutes et, si j'ai bien compris, il a été
demandé. Peut-être pourrions-nous passer la question et revenir au
député.
Le Président: Effectivement, le ministre s'est
absenté; donc, nous allons prendre une question principale de
l'Opposition officielle et nous reviendrons avec vous pour la question
supplémentaire, dès le retour du ministre. Alors, en question
principale, M. le député de Shefford.
Appel de propositions pour la construction de
logements
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. En
matière de logement social comme dans beaucoup d'autres domaines, c'est
l'incertitude, l'inquiétude et le mécontentement. La ville de
Montréal affirme que le programme de mise de fond du gouvernement
québécois est en train de favoriser l'étalement au
détriment de la ville de Montréal. À cause de la
mésentente du gouvernement québécois avec le gouvernement
fédéral, on ne sait toujours pas, rendu au mois de juin, combien
il y va y avoir de HLM qui vont être réalisés cette
année et on ne sait pas, non plus, combien de coopératives
d'habitation et d'organismes sans but lucratif seront autorisés. Puisque
la rencontre avec le gouvernement fédéral était
prévue pour le 22 mal dernier, que ça a été
reporté seulement à la fin du mois de juillet, en pleines
vacances, et que ce sera peut-être encore reporté, est-ce que le
ministre des Affaires municipales et responsable de l'habitation, peut nous
dire quand il prévoit, finalement, aller en appel de propositions pour
satisfaire aux 192 projets concernant les coopératives d'habitation et
les organismes sans but lucratif?
Le Président: M. le ministre des Affaires municipales et
responsable de l'habitation.
M. Picotte: II me semble, M. le Président, que c'est
facile à comprendre. D'ailleurs, j'ai eu l'occasion de l'expliquer au
député de Shefford et je vais le lui réexpliquer. Pour
aller en appel de propositions, il faut connaître l'ensemble et la
totalité des budgets. Comme nous n'avons qu'une partie des budgets, nous
irons en appel de propositions au moment où nous saurons -de quelle
somme nous disposons pour aller en appel de propositions. Je l'ai
déploré moi de même. C'est moi qui lui ai acheminé,
sans qu'il m'en fasse la demande, la copie d'une lettre que j'ai envoyée
à M. Redway, le condamnant d'avoir modifié la date de la
conférence fédérale-provinciale. Je lui disais que
ça nous causait des problèmes. Je pense, M. le Président,
que je ne peux pas expliquer davantage qu'en disant que, tant que nous ne
connaîtrons pas la part que le fédéral va mettre dans les
budgets, nous ne pourrons décider vers quel nombre de logements nous
irons et combien d'appels d'offres seront lancés. Dès que ce sera
fait, nous irons dans les meilleurs délais. Je répète
encore une fois, M. le Président, que c'est moi-même qui ai
signifié à M. Redway mon désaccord là-dessus et
c'est moi-même qui ai expédié cette copie de ma lettre,
sans qu'on me le demande, au député de Shefford, pour lui
démontrer ma collaboration. Donc, il aurait dû comprendre
déjà, mais je le répète quand même.
Le Président: En complémentaire, M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui, M. le Président, en
complémentaire. Dû à ce retard, est-ce que le ministre peut
nous dire s'il croit qu'il va être encore possible de respecter
l'engagement qui avait été pris par le premier ministre
lui-même, le 6 septembre dernier, à l'effet de réaliser
exactement 2812 logements en HLM durant les années 1990-1991 ou s'il
s'agit, encore une fois, d'un engagement du premier ministre qui ne sera pas
tenu?
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, c'est encore pire que je le
croyais. J'ai eu l'occasion de démontrer, en commission parlementaire,
que, quand on fait le total de toutes nos interventions en habitation, non
seulement on en a fait plus que l'ancien gouvernement, plus que promis, mais on
a au moins décidé une chose, nous: eux qui prétendent
qu'on ne défend pas les démunis, on a décidé de
mettre tous nos programmes en faveur des démunis, contrairement à
eux.
Et, aujourd'hui, il me demande si on va respecter nos engagements. M. le
Président, le passé étant garant de l'avenir, je dis au
député de Shefford: Oui, effectivement, et c'est
vérifia-
bie n'importe quand, les chiffres ont été mis sur la
table. Alors, je dis au député de Shefford: Nous allons respecter
nos engagements. Et c'est bien sûr que, s'il y a un retard de quelques
mois à cause de la situation que je viens de souligner, M. le
Président, il faut déjà dire que, parfois, on va en appel
d'offres pour deux ans et que le retard qu'on prend à l'intérieur
d'une année est hautement compensé par l'autre année qui
est déjà mise en marche avant même que l'année ne
soit arrivée. C'est donc facile à comprendre, M. le
Président. Il sait tout ça.
Le Président: Alors, avant de vous reconnaître en
question complémentaire, je vais demander la collaboration de tous les
députés, s'il vous plaît. En complémentaire.
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. Justement, le
passé étant garant de l'avenir, je suis très inquiet par
rapport aux engagements du premier ministre.
J'aimerais savoir si, effectivement, vous êtes en mesure, ce
matin, de reconfirmer que, durant les années 1990 et 1991, on va
réaliser les 2812 logements promis ou si, au contraire, on va faire
comme on est en train de faire dans certaines municipalités où on
les avait annoncés en septembre dernier et où on commence
à remettre en doute, et on demande à la Société
d'habitation du Québec d'examiner l'opportunité de
réaliser ces dossiers avec un exemple bien précis, Saint-Prime.
(11 h 20)
M. Picotte: M. le Président...
Le Président: M. le ministre.
M. Picotte: Ça fait déjà suffisamment de
temps que le député de Shefford est critique en habitation pour
savoir que, quand une construction d'habitation est annoncée, il faut
d'abord, par la suite, trouver des terrains. Or, il sait très bien,
qu'à Côte-des-Neiges, à Montréal, par exemple, il y
a une pénurie de terrains. Il n'y en a pas. Il faut toujours bien
commencer par trouver un terrain avant de construire l'habitat. Même si
on a dit qu'on le construirait, ce n'est pas dans un espace aérien, un
habitat, ça ne se situe pas entre ciel et terre, ça se situe sur
un terrain. Donc, les étapes se suivent et, dès qu'on a
ça, on construit.
Alors, il peut y avoir de légers retards dans certains cas.
Parlez-moi donc des endroits où il y a devancement et, à partir
de ce moment-là, vous allez équilibrer et vous allez être
en mesure de poser une question qui fera en sorte qu'il y aura du discernement
au lieu de ne pas en avoir.
Le Président: Nous allons passer à la question
principale suivante. Je comprends, M. le député de D'Arcy-McGee,
que vous reviendrez demain pour votre question principale. Alors, en question
principale maintenant, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Indemnité en cas de fermeture d'usine et de
licenciement
Mme Harel: M. le Président, il y a trois ans, la compagnie
de matelas Simmons de Saint-Henri déménageait à Cornwall
en Ontario. Après 96 ans d'opération, 163 hommes et femmes, dont
la plupart avaient plus de 25 ans d'ancienneté, étaient mis
à pied sans aucune des modestes indemnités prévues
à la convention. Une sentence arbitrale est venue tout récemment
leur donner raison. Les deux jours par année de service qui doivent leur
être payés devront l'être par la compagnie. C'est 1 000 000
$ qui leur est dû.
Devant l'entêtement de la compagnie, suite à cette
décision arbitrale de porter en appel la décision, la FTQ a
décidé de lancer un boycottage des 80 000 matelas Simmons vendus
au Québec, M. le Président, et réclame du ministre de la
Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Formation
professionnelle une législation qui protège et oblige le
versement de payes de séparation comme en Ontario. Qu'est-ce que le
ministre attend pour inclure la protection d'une indemnité lors des
licenciements et des fermetures trop nombreuses qui se produisent
présentement, M. le Président?
Le Président: M. le ministre de la Main-d'oeuvre, de la
Sécurité du revenu et de la Formation professionnelle.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve souligne un point extrêmement intéressant et
extrêmement important auquel je suis particulièrement sensible. La
députée de Hochelaga-Maisonneuve sait que j'ai annoncé, en
mars 1989, dans le cadre de la stratégie d'adaptation de la
main-d'oeuvre québécoise aux nouvelles réalités du
marché, un plan d'action gouvernementale qui, actuellement, se met en
place morceau par morceau. Dans ce plan d'action là il y a une
réforme de la loi sur la qualification et la formation professionnelle
de la main-d'oeuvre, et c'est à l'occasion de la réforme de cette
loi que seront prises les décisions dont parie la députée
de Hochelaga-Maisonneuve.
Le Président: Question complémentaire.
Mme Harel: M. le Président, les travaux de la commission
parlementaire sont déjà terminés depuis trois mois
maintenant. Quelles recommandations le ministre entend-il faire à son
gouvernement et quand, plus précisément?
Le Président: M. le ministre.
M. Bourbeau: M. le Président, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve confond deux lois. La Loi sur les normes du travail, dont
elle vient de parler, et l'autre loi dont je viens de parler, qui est la loi
qui régit les commissions de formation professionnelle. Or, le
problème dont elle parle ne touche pas, ne dépend pas de la Loi
sur les normes du travail, celle que nous avons étudiée en
commission parlementaire il y a trois mois, mais plutôt de la Loi sur la
qualification et la formation professionnelles de la main-d'oeuvre. Donc,
dès que nous allons amorcer l'étude du projet de loi que je
compte déposer à l'automne, la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, je l'espère, pourra voir des améliorations
sensibles au problème qu'elle a soulevé.
Le Président: En complémentaire.
Mme Harel: M. le Président, le ministre reconnaît-il
que pour la seule région de Montréal et pour l'année 1989
seulement, en excluant les entreprises sous juridiction fédérale,
en excluant la majorité des entreprises qui, en vertu de la loi dont il
parie justement, n'envoient pas leur avis - et je voudrais déposer la
liste, M. le Président - 113 entreprises ont fermé leurs portes,
7700 travailleurs et travailleuses ont été licenciés, la
plupart toujours sans aucune protection au moment de la fermeture.
Combien de centaines de fermetures d'entreprises le ministre va-t-il
attendre pour enfin agir en matière de protection des travailleurs
licenciés?
Le Président: Alors, y a-t-il consentement au
dépôt du document par Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve?
Des voix: Consentement.
Le Président: Consentement. Alors, le document est
déposé. M. le ministre, pour la réponse.
M. Bourbeau: M. le Président, je suis très sensible
aux problèmes dont vient de parier la députée de
Hochelaga-Maisonneuve et j'ai la ferme intention d'agir le plus rapidement
possible dans ce dossier-là. Mais il y a un maximum de travail que peut
accomplir un ministre ou un gouvernement en l'espace de quelques mois.
Après la Loi sur la reforme de l'aide sociale, la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite, la Loi sur les normes du
travail, on arrive maintenant à la loi dont je viens de parier tout
à l'heure. Je pense que réformer quatre lois en moins de deux
ans, c'est quand même pas si mal.
Le Président: Alors, pour une question principale, M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint...
Accessibilité des immigrants aux cours de
français
M. Gendron: Oui, très rapidement... Le
Président: ...de l'Opposition.
M. Gendron: ...parce qu'il nous reste peu de temps. Je voudrais
poser ma question à la ministre de l'Immigration. Compte tenu que, de
plus en plus, il serait important que les immigrants que le Québec
reçoit de partout puissent s'intégrer mieux et plus rapidement
à la communauté francophone et que, manifestement, il y a des
retards indus et que les listes d'attente s'allongent pour permettre que ces
gens-là puissent avoir un minimum d'aide et d'apprentissage de la langue
française au niveau des COR, est-ce que la ministre pourrait indiquer
à cette Chambre si on attend le fameux résultat du
brasse-camarades qui se passe à Ottawa pour exiger que les délais
soient plus courts et que le gouvernement fédéral ne coupe pas de
25 %, comme c'est son intention?
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, je dois mentionner
qu'il est totalement faux de dire que les immigrants ne peuvent pas s'inscrire
à des cours de français. Je dois vous dire que le gouvernement a
créé deux programmes québécois de francisation et
qu'actuellement il y a encore place pour des nouveaux venus pour s'inscrire
à ces deux programmes, le PQFI, qui se donne dans les COFI et un autre
programme aussi qui demande une association avec des groupes communautaires.
Cependant, je dois vous dire que, au niveau du programme PNFE, le programme
national de cours de français, de formation, qui n'est pas un cours de
francisation, mais bien d'adaptation sur le marché du travail, nous
sommes, c'est vrai, en négociation avec le gouvernement
fédéral. Actuellement, les négociations vont bon train et,
dès que nous aurons terminé ces négociations, nous
pourrons, à ce moment-là, rappeler les personnes qui ont
déjà fait des demandes, dans le but de pouvoir donner ces cours
le plus rapidement possible.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Il n'y a pas de votes reportés.
Motions sans préavis. Aux motions sans préavis, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je solliciterais le
consentement de cette Chambre pour qu'on puisse débattre et adopter le
plus rapidement possible cette motion qui se lit comme suit: "Que cette
Assemblée, étant donné l'ampleur des enjeux des
négociations constitutionnelles en cours à Ottawa, demande la
convocation de la commission parlementaire des institutions aux fins
d'entendre, dès cet après-midi, le ministre
délégué aux affaires intergouvernementales
canadiennes afin qu'il fasse, au nom de la transparence, un rapport sur
l'état des négociations."
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
débattre de cette motion, M. le leader du gouvernement?
M. Pagé: Pour tous les motifs invoqués par Mme la
vice-première ministre, pas de consentement, M. le Président.
Le Président: Donc, il n'y a pas de consentement.
Toujours aux motions sans préavis, M. le député de
Gouin.
M. Boisclair: Compte tenu aussi des propos tenus par le ministre
de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu, j'aimerais qu'on
puisse débattre de la motion suivante: "Que l'Assemblée nationale
du Québec, à l'occasion de la campagne de boycott contre les
matelas Simmons, regrette, à l'instar de la ville de Montréal et
de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la
décision des dirigeants de la compagnie d'en appeler de la sentence
arbitrale qui reconnaît le droit des 163 employés licenciés
de réclamer leur prime de séparation pour la perte de leur emploi
occasionnée par le déménagement de l'usine à
Cornwall, en Ontario."
Une voix: Bravo!
Le Président: Alors, est-ce qu'il y a consentement pour
que nous débattions de cette motion? M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: Pas de consentement, M. le Président.
Le Président: Donc, pas de consentement.
Avis touchant les travaux des commissions. M. le leader adjoint du
gouvernement. (11 h 30)
Avis touchant les travaux des commissions
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. De 12 heures à
13 heures, aujourd'hui, de 15 heures à 18 heures et de 20 heures
à 24 heures, à la salle Louis-Hippolyte-Lafontaine, la commission
de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation procédera
à l'étude détaillée des projets de loi suivants, et
ce, dans l'ordre ci-après indiqué: Le projet de loi 15, Loi sur
la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la
pêche et modifiant d'autres dispositions législatives; projet de
loi 34, Loi modifiant la Loi sur le financement agricole, après les
affaires courantes, jusqu'à 13 h 30, à la salle
Louis-Joseph-Papineau.
M. Pagé: À partir de midi.
M. Lefebvre: À partir de midi, M. le Président,
jusqu'à 13 h 30, à la salle Louis-Joseph-Papineau. La commission
de l'aménagement et des équipements complétera ses
consultations particulières dans le cadre de l'étude du projet de
loi 65, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement De 15
heures à 18 heures et de 20 heures à 22 heures, à la salle
Louis-Joseph-Papineau, la commission de l'aménagement et des
équipements procédera à des consultations
particulières dans le cadre de l'étude du projet de loi 60, Loi
sur la Société québécoise de
récupération et de recyclage. Merci, M. le Président.
Le Président: Est-ce qu'il y a consentement pour
dérogation à l'article 143 relativement aux heures où les
travaux de la commission de l'aménagement et des équipements
seront tenus?
Une voix: Consentement.
Le Président: Consentement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président.
Le Président: M. le ministre de l'Environnement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La commission de
l'aménagement et des équipements, pour la Loi modifiant la Loi
sur la qualité de l'environnement, c'est à quelle heure que vous
avez dit qu'est le début des travaux?
Le Président: M. le leader adjoint du gouvernement, si
vous voulez nous indiquer à nouveau.
M. Lefebvre: À partir de midi. Le Président:
C'est très bien.
M. Chevrette: II y a consentement dans toutes les
discussions.
Le Président: Oui. J'ai compris, c'est de midi à 13
h 30. Oui, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je pense que, dans le cas des audiences des groupes
que l'on doit entendre, je suis d'accord avec le leader du gouvernement qu'on
peut modifier l'avis et leur demander de procéder immédiatement,
pour le cas précis de l'environnement.
Le Président: II y a consentement à cet
effet-là?
Des voix: Consentement.
Le Président: Donc, la commission va se tenir
immédiatement jusqu'à 13 h 30. Très bien.
Aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée. Est-ce qu'il y
a des questions? Il n'y a pas de question. Ceci met donc fin à la
période des affaires courantes. M. le député de La
Prairie, s'il vous plaît! Il est de coutume dans l'Assemblée, de
tradition, qu'on ne passe jamais entre la masse et la présidence.
Débat restreint sur les rapports
des commissions qui ont étudié
les crédits pour l'année
financière 1990-1991
Donc, nous arrivons maintenant aux affaires du jour. Aux affaires du
jour, nous avons une affaire prioritaire. Aux affaires prioritaires,
maintenant, il s'agit du débat restreint sur les rapports des
commissions qui ont étudié les crédits budgétaires
pour l'année financière 1990-1991. Ce débat est restreint,
donc nous devons organiser le temps, répartir le temps entre les
formations politiques. Est-ce qu'il y a un député qui veut
intervenir immédiatement? Nous pourrons procéder à la
conférence des leaders pendant ce temps-là. Est-ce qu'il y a un
intervenant?
M. Pagé: M. le Président.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je prévois que la
conférence des leaders va déboucher sur un partage du temps entre
les deux formations politiques et, au besoin, on devra le prendre en compte si
une demande nous est formulée par les représentants des
députés indépendants. Ce que je vous propose, c'est qu'on
amorce immédiatement le débat puisqu'il est déjà 11
h 34. Je présume que l'entente devrait déboucher sur un partage
du temps où le ministre pourra avoir une certaine enveloppe et aussi un
droit de réplique. Et on reviendra dans quelques minutes.
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: C'est un débat restreint de deux heures, M.
le Président?
Le Président: Exactement.
M. Chevrette: Je suis prêt à faire une proposition,
mais je pense qu'on va être obligés de le faire en
arrière.
Le Président: Bien, écoutez, c'est
préférable d'avoir une conférence avec la
présidence et les deux leaders. Il est de tradition,
généralement, qu'on peut enclencher le débat et que nous
faisons le partage du temps lors de la première intervention. D'accord?
Je vais reconnaître sur ce débat, comme premier intervenant, M. le
président du Conseil du trésor. J'invite immédiatement les
deux leaders à l'arrière pour une conférence des leaders.
Donc, M. le ministre délégué à l'Administration et
à la Fonction publique et président du Conseil du trésor,
vous avez la parole.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, nous sommes ici à la
fin d'un bloc important - c'est le moins qu'on puisse dire - de nos travaux
législatifs, c'est-à-dire celui de l'étude des
crédits du gouvernement du Québec pour l'année 1990-1991,
les crédits étant la somme des programmes de dépenses des
différents ministères qui sont soumis pour analyse, étude
et adoption éventuelle aux députés, en vertu du
contrôle législatif des dépenses. Nous avons
été amenés à déposer ces crédits dans
un contexte particulièrement difficile, M. le Président. Oui,
nous sommes à la fin d'une décennie qui a été
marquée par des changements très profonds de l'économie, y
compris de l'économie du Québec, l'ouverture des
frontières à la concurrence de plus en plus féroce que se
livrent entre elles les différentes régions du globe, des besoins
de plus en plus criants, à certains égards, de toutes nos
sociétés et des moyens, à travers tout ça, qui
diminuaient, des moyens que les gouvernements cherchent avec une attention et
une insistance croissante, afin de rencontrer, dans un contexte de concurrence,
des besoins nouveaux, des besoins extrêmement élevés.
On a vu, depuis une dizaine d'années, comment nous avons dû
affronter des crises financières et budgétaires. Il suffit de se
souvenir comment, au début des années quatre-vingt, les
employés du secteur public ont été traités par le
gouvernement qui nous a précédés: des coupures de salaire
de quelque 20 % qui permettaient de boucler les comptes de plus de 500 000 000
$. En dollars d'il y a 10 ans, il faut se rendre compte que ça
signifierait une coupure unilatérale, sans convention collective, de
plus de 1 000 000 000 $ si on faisait ça aujourd'hui. Alors, on se rend
compte de l'ampleur des coupures qui avaient été
réalisées à l'époque. On peut toujours questionner
l'opportunité des choix qui ont été faits, mais on doit
constater qu'ils ont été faits afin de réaliser des
équilibres financiers, notamment, parce qu'au fil des ans le poids de la
dette, du service de la dette, des emprunts contractés par le
gouvernement d'alors imposait des contraintes réelles sur la croissance
des dépenses qui est toujours limitée par la capacité de
payer des contribuables.
Nous avons donc, il y a quelques années, hérité de
cette situation et avons dû prendre quelques décisions, des
décisions qui coulaient de la source suivante, M. le Président:
avoir comme
priorité de redresser les finances publiques en nous attaquant
à l'évolution structurelle des programmes de dépense du
gouvernement, afin de diminuer ce taux de croissance. Alors, nous avons
dû prendre des mesures, ma foi, particulièrement difficiles. Nous
avons dû, avec la solidarité de tous les députés de
la majorité ministérielle, nous convier à des exercices,
extrêmement pénibles à l'occasion, de choix, d'arbitrage
que nous avions à faire afin de réduire la croissance des
dépenses.
Et je m'en voudrais de ne pas remercier ici l'ensemble de la deputation
ministérielle pour la solidarité qui a été
manifestée par tout ce groupe politique dans des objectifs qui
étaient ceux que nous avions proposés à la population:
assurer une croissance des dépenses de l'État qui est conforme
à la capacité de payer des contribuables en ayant à
l'esprit qu'on devait d'abord assurer que cette capacité,
déjà beaucoup surtaxée, devait retrouver une quelconque
marge de manoeuvre afin de véritablement libérer l'espace
économique qu'occupait le gouvernement.
C'est la trame générale qui nous a amenés, depuis
cinq ans, à prendre des décisions et à réduire,
effectivement, les taux de croissance des dépenses publiques comme nous
l'avons démontré amplement et comme les documents que nous avons
en main permettent à l'ensemble des députés de le
constater.
Mais, de façon plus immédiate, malgré les efforts
déjà consentis pendant quatre ou cinq ans, la confection des
comptes de dépenses, des comptes publics, des crédits de
dépenses, de-vrais-je dire, du gouvernement du Québec en
1990-1991, s'est heurtée, néanmoins, à d'autres obstacles:
d'abord, la nécessité de maintenir la capacité des
contribuables de financer les services publics à l'intérieur d'un
seuil acceptable, acceptable étant celui que les comparaisons avec nos
voisins peuvent nous dicter. Nous ne vivons pas en vase clos. Nous avons
à affronter la concurrence. Nous avons à nous assurer que les
ponctions fiscales qui pèsent sur nos contribuables ne sont pas
tellement supérieures à ce qui se fait ailleurs qu'on
décourage l'emploi, qu'on décourage l'investissement et qu'on
décourage donc le développement économique. (11 h40)
Nous avons donc dû respecter, d'abord et avant tout, cette
capacité de payer des contribuables. Alors, il était au centre
même de l'exercice budgétaire de cette année de ne pas
augmenter les impôts des particuliers québécois. Nous avons
même réussi - le ministre des Finances l'a d'ailleurs dit, et nous
l'avons tous répété de ce côté-ci - par des
indexations pleines et entières, à libérer des centaines
de millions de dollars de revenus disponibles, notamment à l'intention
des familles québécoises. Nous avons dû, par ailleurs, nous
assurer d'un contrôle rigoureux des coûts. Nous avons dû nous
pencher sur les moyens d'accroître l'efficacité de la gestion de
tous ces services publics et nous avons dû, compte tenu de ces
éléments, prendre en compte, en l'absence de mesures
concrètes de réduction de dépenses additionnelles, que
nous en serions à un taux de croissance, cette année par rapport
à l'an dernier, dans les dépenses publiques, de 7,5 %, ce qui est
carrément inacceptable dans la situation financière que nous
connaissons, si on veut maintenir le cap sur les objectifs que j'ai
décrits.
Devant toutes ces difficultés, il s'en ajoutait une autre, M. le
Président, celle de l'intention manifeste et les décisions
concrètes du gouvernement fédéral d'envoyer une pression
additionnelle sur les provinces, notamment les provinces qui ont un profil
économique comme celui du Québec, en transférant une
partie du déficit fédéral sur les provinces, en leur
occasionnant des manques à gagner au niveau des revenus de transfert du
gouvernement fédéral qui nous imposaient, à nous aussi,
des mesures additionnelles au-delà de toutes celles que j'ai
indiquées en raison du contexte que j'ai indiqué et des objectifs
que nous poursuivons.
Nous avons donc dû prendre en compte, M. le Président,
l'ensemble de cette situation pour en arriver, afin de confectionner les
crédits, à retenir quelques voies permettant d'entrer à
l'intérieur des objectifs que les Québécois ont les moyens
d'endurer. De façon exceptionnelle, nouvelle, un comité
ministériel de revue de programmes de l'ensemble des activités
gouvernementales a été mis sur pied par le premier ministre du
Québec. J'ai eu l'honneur et l'occasion de présider ce
comité avec quelques collègues et de faire rapport
éventuellement au gouvernement sur les choix qui s'offraient à
nous afin de respecter les objectifs fondamentaux de croissance des
dépenses publiques.
On a donc vu que nous avons, en bout de ligne, décidé de
comprimer des dépenses en confectionnant les crédits, par
opposition à ne rien faire du tout et laisser la machine continuer,
comprimer les crédits d'un peu plus de 400 000 000 $. Ça a
été fait, M. le Président, de deux façons: L'une
qui procède de choix délibérés et
spécifiques de différents ministères qui seront
annoncés au fil des semaines ou, alors, qui font l'objet de mesures
administratives internes dans certains ministères, d'une part, et,
d'autre part, d'une décision, je dirais philosophique, de partage des
coûts de certaines activités avec d'autres acteurs
intéressés en toute première ligne à la gestion et
à l'administration de ces activités.
Je m'explique en deux ou trois mots. Décentralisation du
financement scolaire. Il nous est apparu opportun, légitime même,
de faire en sorte que certaines décisions à l'égard du
système de l'éducation, du réseau de l'éducation,
soient prises au niveau local, le mieux placé, dans certaines
circonstances, pour prendre ces décisions, faire ces choix et ces
arbitrages, et
c'est ce que nous avons décidé de faire. Nous n'enlevons
rien à personne, je le répète, par ce geste de
décentralisation du financement scolaire. À terme, plus de 300
000 000 $ seront en cause, seront donc à la charge de commissions
scolaires locales qui financeront ces besoins, à même l'assiette
fiscale locale sur laquelle et par rapport à laquelle, pourrions-nous
dire, lorsqu'on se compare avec nos voisins et d'autres juridictions, il y a
une marge de manoeuvre réelle qui s'ouvre aux instances locales pour
utiliser cette forme de financement. Il n'y a aucune marge que ce soit au
niveau de l'impôt sur le revenu des particuliers car, effectivement, M.
le Président, nous avons à bien tenir en compte les
désavantages que signifieraient pour le Québec des hausses
d'impôt sur le revenu des particuliers dans un contexte, je le
répète, concurrentiel.
Nous avons donc procédé à certaines compressions de
dépenses spécifiques à des programmes et à des
activités. Libre à chaque ministère de faire ses choix.
Deuxièmement, à des compressions dites paramétriques,
c'est-à-dire qui affectent l'ensemble des ministères que l'on
convie à une gestion particulièrement serrée de certains
postes de dépenses. Et, troisièmement, à des diminutions
de coûts pour le gouvernement du Québec qui se sont traduites par
un transfert de responsabilités et de ressources financières aux
instances locales. Je veux que ce soit bien clair, M. le Président. On
n'a pas pelleté quoi que ce soit vers quelque instance que ce soit. Nous
avons, dans la décentralisation du financement scolaire, mis entre les
mains des commissions scolaires des responsabilités additionnelles,
donc, un pouvoir décisionnel au niveau local, et, en parallèle,
avons doté les commissions scolaires d'un pouvoir de financement de ces
besoins qui sont maintenant à leur charge, qui sont de leur ressort et
de leurs responsabilités.
M. le Président, ça a été de toute
évidence l'exercice le plus difficile à réaliser à
l'occasion de la confection des crédits. On sait les portes qui sont
ouvertes maintenant vers l'avenir vers des discussions, des rencontres, des
entretiens avec nos partenaires des instances locales. Nous aurons, et nous
l'avons annoncé, à regarder de façon très attentive
dans les semaines et les mois qui viennent l'ensemble des relations
financières du gouvernement du Québec et des instances locales,
afin d'en arriver peut-être à un nouveau partage de nos
responsabilités ayant à l'esprit que, dans chaque cas où
des nouveaux partages de responsabilités seraient convenus ou se
produiraient, nous aurons - et c'est l'engagement que nous avons
contracté - à prévoir des sources de financement à
l'endroit de ces nouvelles responsabilités. Il est exclu que nous nous
comportions dans ces matières comme des gens qui restreindraient la
capacité de payer du milieu local tout en imposant au milieu local des
responsabilités additionnelles. Les deux vont de pair. C'est d'ailleurs
ce que nous avons fait. La preuve est là. Le transfert aux commissions
scolaires locales d'une partie des décisions qui affectent le milieu
local s'est accompagné de modifications que nous proposons, et qui sont
d'ailleurs débattues en cette Assemblée ces jours-ci,
modifications à la capacité des instances locales d'aller
chercher le financement qui permet de remplir des responsabilités.
Donc, premier aspect particulièrement difficile, mais qui ne nous
empêchait cependant pas, M. le Président, c'est ce que je veux
souligner à ce moment-ci, de retenir certaines priorités
importantes et de les doter en crédits additionnels dans certains cas.
Il y a deux façons de considérer qu'il y a des crédits
additionnels. Ou alors on ajoute de façon spécifique des postes
de dépenses, des programmes, de l'argent par-dessus ce que,
mécaniquement, un ministère peut dégager. Ou alors on peut
exempter, dans les cas de correction des taux de croissance, des
dépenses qui font en sorte que nous sommes appelés à
réduire les programmes, réduire la main-d'oeuvre, réduire
différentes activités pour tout le monde afin que tout le monde
contribue aux équilibres financiers. (11 h 50)
Nous pouvons, par ailleurs, décider d'exempter certaines missions
prioritaires de cet effort collectif que nous devons faire. À partir du
moment où le gouvernement décide qu'il y a des objectifs à
atteindre et qu'en toute solidarité, normalement, tout le monde est
convié à faire sa part, vous me permettrez de prétendre,
M. le Président, que d'exempter tout le réseau de la santé
et le réseau de l'éducation et de l'enseignement supérieur
de mesures de compressions que tous les autres ministères,
activités et missions doivent soutenir, c'est l'équivalent de
dégager, dans ce contexte extrêmement serré, une marge de
manoeuvre ou d'insister et de souligner que le gouvernement retient certaines
priorités.
C'est ce que nous avons fait, M. le Président, à deux
titres. Nous avons très littéralement évité toute
compression. Quand on sait, et je le répète, que les
dépenses évoluaient à un rythme tel qu'on aurait
défoncé les 7,5 % de croissance par année, nous avons,
même dans ces circonstances difficiles, exempté le réseau
de la santé et celui de l'éducation et de l'enseignement
supérieur de toutes sortes de compressions. Nous avons fait de
même avec le ministère de l'Environnement. J'ajouterais, comme
deuxième illustration à la façon d'enrichir une mission
gouvernementale, que nous avons ajouté des crédits neufs,
additionnels au ministère de l'Environnement après l'avoir
exempté de toutes les compressions que j'ai mentionnées tout
à l'heure. Ça m'apparaît, M. le Président, quelque
chose de particulièrement substantiel à avoir
réalisé.
Il m'apparaît, M. le Président, que nous avons
rencontré les exigences que nous nous étions nous-mêmes
définies. Si nous avons, afin
d'affronter la concurrence nouvelle des plus féroces, à
mieux instruire nos ressources humaines, il faut exempter de compressions les
réseaux d'éducation et d'enseignement, et c'est ce que nous avons
fait. Si on doit assurer, comme c'est l'objectif numéro un d'un
gouvernement civilisé, des soins de santé de qualité
à l'ensemble de notre population, on doit, comme nous l'avons fait,
exempter de toutes compressions, même dans des circonstances
financières difficiles, le réseau de la santé et des
services sociaux. Si on doit retenir comme priorité celle de la
protection de notre environnement, c'est exactement ce que nous avons
réussi à faire en exemptant de compressions ce ministère
et en y ajoutant incidemment des sommes peu banales et très
significatives.
Nous avons donc réussi, M. le Président, malgré des
difficultés réelles et constantes, à fermer les livres, si
vous me passez l'expression, à un niveau de crédits qui est
acceptable pour les contribuables québécois et qui permet,
à cause des choix que nous avons effectués, de la façon
que nous les avons faits, de rencontrer les missions fondamentales et
prioritaires du gouvernement du Québec et même d'en ajouter, dans
les circonstances, à ces missions. M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je m'excuse, M. le
ministre, de vous interrompre. Je voudrais quand même faire rapport de la
conférence des leaders avec la présidence quant au partage du
temps. Il reste cinq minutes comme droit de réplique à un membre
du gouvernement. Les députés indépendants n'auront pas de
temps à leur disposition. Le reste du temps est partagé à
50 % entre le groupe gouvernemental et l'Opposition officielle. Le temps qui
n'est pas utilisé par un groupe accroît à l'autre.
Sur ce, M. le ministre, je tiens à vous informer que vous avez
déjà 19 minutes d'utilisées et que vous avez 57 minutes et
demie utilisables par le côté ministériel. M. le ministre
et président du Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, j'étais donc en train
de démontrer d'une façon extrêmement claire - et je vois,
de ce côté-ci, qu'on est d'accord avec moi - que, dans des
circonstances extrêmement difficiles, alors qu'on s'est donné
nous-mêmes des objectifs extrêmement rigoureux et extrêmement
sévères, nous avons réussi à protéger et
même à enrichir les missions fondamentales du gouvernement du
Québec en matière de services à nos concitoyens.
Mais on voit, dans cet exercice, M. le Président, que nous avons
dû, depuis quelques années et de façon extrêmement
pointue cette année, remettre en cause le rôle du gouvernement. Je
ne veux pas faire le long historique des décisions que nous avons prises
en matière de présence du gouvernement dans l'économie, de
réglementation de différents secteurs économiques. Je ne
veux que retenir que tous ces gestes se résument dans notre
capacité de respecter des objectifs de dépenses qui sont à
la mesure et des besoins de la population et de la capacité de pouvoir
payer pour tous ces services. À travers un exercice aussi rigoureux, on
a donc à regarder plus attentivement qu'à l'accoutumée
quelles sont les pistes que nous devrons emprunter à l'avenir. Nous
avons déjà, à l'occasion des crédits 1990-1991,
prévu, à certains égards - je l'ai expliqué - un
réaménagement des responsabilités entre les
différents niveaux de gouvernement. Je l'ai illustré avec
l'exemple du financement scolaire.
Ça ne peut pas être terminé, M. le Président.
Les défis financiers que nous avons à rencontrer dans les
prochaines années, lorsqu'on regarde de plus près
l'évolution naturelle de certains postes de dépenses, nous
incitent à regarder de façon extrêmement
particulière, singulière les gestes que nous aurons à
poser pour compenser certaines augmentations inévitables de coûts
dans certains services, et je pense à la santé. Nous aurons
à adopter une nouvelle approche, en matière de gestion des
dépenses publiques, si nous voulons offrir à nos concitoyens les
services de qualité d'un niveau ou d'une étendue que nous
connaissons déjà et dont nous nous sommes dotés. Tout en
respectant leur capacité de payer pour ces services, nous devons
nécessairement redéfinir le rôle du secteur public. Nous
avons à nous interroger constamment sur la place que nous occupons. Nous
avons à nous occuper constamment de contrôler la place
déjà occupée et nous avons à nous demander chaque
jour si la place que nous occupons est permanente.
Il m'apparaît essentiel de réévaluer partout le
rôle et le coût du secteur public. Nous avons à remettre en
cause les services afin de juger si leur utilité est toujours aussi
grande que celle qui était souhaitée ou réelle lors de
l'implantation de différents programmes. Nous avons à composer
avec l'évolution que notre société a connue. Nous avons
à soupeser la distribution financière des services. Nous avons
à réexaminer jusqu'à quel point nos concitoyens tiennent
véritablement à certains services qu'ils, non pas prennent pour
acquis, mais prennent ou acceptent comme permanents sans jamais s'en
préoccuper, sans jamais remettre en cause leur coût, leur
étendue, leur ampleur, mais surtout les objectifs qui ont
été retenus, parce que même les objectifs changent dans une
société. On peut, à un moment donné, souhaiter un
développement des programmes sociaux, débridé à la
limite, illimité dans la mesure où il n'y a pas de limite
à la demande de services. On peut souhaiter la même chose au
niveau économique, qu'il n'y aurait pas de limite à soutenir, de
toutes sortes de façons, l'implantation industrielle où que ce
soit. On peut décider qu'à la limite il n'y en a pas de
limite à la protection de l'environnement et que tout doit
être subordonné à cette mission. On peut, dans tous les
domaines - je viens de donner trois exemples - dans chaque cas, décider
que c'est la seule priorité, qu'elle est illimitée et qu'on met
toutes nos ressources à atteindre les objectifs à
l'intérieur de l'une ou l'autre de ces missions. (12 heures)
Malheureusement, M. le Président, la vie n'est pas aussi simple,
nous le savons tous, et un gouvernement doit réaliser l'équilibre
entre le soutien à l'économie, à l'emploi, à la
création de la richesse, à la prospérité de la
société, ce qui lui permet de dégager les ressources qui
permettent de créer, soutenir et faire croître les programmes de
protection sociale, le tout dans un contexte où on doit faire preuve de
prudence afin de ne pas dégrader davantage notre environnement et
fatiguer davantage la terre qui en a beaucoup enduré, notamment depuis
les débuts de la révolution industrielle.
À l'intérieur de toutes ces missions, y compris la mission
administrative qui fournit en infrastructures physiques ou de services comme la
justice, l'ensemble d'une société, nous avons donc à
réaliser le meilleur équilibre possible à la
lumière du seul critère objectif que nous ayons à notre
disposition, celui de la capacité de payer des contribuables
québécois. Nous devons commencer avec cette mesure. Nous devons
nous fier à cette seule ressource. Nous devons tenir compte de son
caractère éminemment fragile, à partir du moment
où, lorsque l'équilibre entre les différentes missions est
rompu, la capacité de payer des Québécois en est
affectée.
L'équilibre qui serait en faveur de programmes sociaux qui ne
sont plus contrôlés pour répondre à toutes les
demandes qui peuvent être formulées de façon
illimitée atteint la capacité même des contribuables
d'affronter leur propre avenir. Le développement industriel sans
frontières ni limites peut sembler attrayant quant à la
prospérité qu'il crée dans les poches de tous les
Québécois, parce qu'il allège davantage leur fardeau
fiscal; il n'en reste pas moins qu'il nuit en parallèle, et dans le
même moment, à la qualité de notre environnement, à
moins que l'on n'y consacre des sommes croissantes pour le protéger.
Et on peut arriver à des limites, lorsqu'on se compare avec ce
qui se fait ailleurs, où notre désir de protéger et de
surprotéger certaines valeurs nous empêche de progresser dans
d'autres secteurs. C'est cet équilibre que nous avons à
réaliser et, à partir du moment où on accepte que le seul
critère, le critère principal, le premier qui doit nous guider
est la capacité de nos concitoyens de se payer ces différents
services, on doit remettre en cause, à l'intérieur de chacune des
missions gouvernementales, chaque activité qu'on y retrouve, qui s'y est
ajoutée ou greffée au fil des générations.
Les objectifs recherchés il y a 20 ans, les circonstances
observées il y a 15 ans, les moyens qu'on pouvait avoir à notre
disposition il y a 10 ans sont toutes des notions qui ont évolué
depuis et qui permettent fort légitimement à un gouvernement de
réexaminer si les objectifs poursuivis à l'origine sont toujours
pertinents ou ne peuvent pas être mieux atteints, qui permettent à
un gouvernement de tenir compte de l'évolution des besoins, à la
baisse comme à la hausse, de différentes clientèles depuis
une génération ou 15 ans ou 20 ans, et qui obligent
également un gouvernement qui veut accomplir son devoir de façon
responsable à tenir compte de ceux qui nous entourent lorsque vient le
moment de financer ces différents programmes.
C'est l'exercice auquel le ministre des Finances m'a convié bien
spécifiquement à l'occasion du discours sur le budget du mois
d'avril. Le discours sur le budget indique que les défis
d'équilibre des finances publiques sont encore à relever, que ce
qu'on peut avoir accompli depuis plusieurs années demeure à
parfaire et à compléter. C'est un programme, un projet
persistant. C'est un projet que nous devons continuer à travailler, car
il y a un problème persistant dans les finances publiques, pour les
quelques prochaines années, qui nous mènerait à un
déséquilibre financier de quelque 700 000 000 $ chaque
année; c'est ce qu'indique le discours sur le budget.
Afin de réaliser nos équilibres financiers et les
objectifs que nous nous sommes donnés, nous devons avoir à
l'esprit, être conscients que des gestes majeurs doivent être
posés dans les prochaines années afin de maintenir cette
capacité des Québécois de payer pour les services
gouvernementaux. Nous avons à regarder les structures, les coûts
des différentes activités, à voir comment elles ont
évolué depuis quelques années et comment leur coût
en a été affecté. Nous avons à vérifier et
revérifier l'efficacité des programmes, à voir,
au-delà de la structure des coûts, à quel coût
unitaire certains objectifs sont rencontrés. Nous avons à
redéfinir les besoins essentiels de la société
québécoise. À partir du moment où il y a un
problème de 1 000 000 000 $, on doit regarder ce qui est essentiel, le
conserver et se délester de ce qui l'est moins afin de respecter
toujours - et c'est la seule pierre de touche qu'un gouvernement responsable
peut utiliser - la capacité de payer du contribuable
québécois.
Nous avons la responsabilité de ne rien exclure lorsque des
exercices de cette nature s'enclenchent. Nous avons à regarder avec des
yeux neufs des situations nouvelles. Car si nous avons à prendre des
décisions qui respectent toujours l'équilibre des missions
gouvernementales, mais qui nous amènent à mettre des accents sur
des nouvelles préoccupations de notre société, tout en
examinant la variété des sources de financement qui peuvent
exister, en
mettant dans l'équation les partages de responsabilités
des différentes instances, institutions et organismes de notre
société, en regardant le potentiel de financement de certains
services par l'utilisateur même de ces services, tout dans cette
équation extrêmement complexe doit faire l'objet d'une remise en
cause si on veut véritablement jeter des bases solides, donc durables,
pour les équilibres financiers du gouvernement du Québec et le
respect de la capacité de payer des contribuables
québécois.
C'est donc avec une certaine humilité, je dirais, M. le
Président, que, d'ici quelques mois, le gouvernement aura à
regarder l'ensemble des activités gouvernementales. Une humilité
qui vient du fait qu'il faut quand même se rendre compte de la
difficulté de la tâche, de sa complexité, car le travail
que nous avons à abattre en politique - c'est la raison essentielle pour
laquelle nous sommes tous ici - est d'une telle ampleur qu'on peut
difficilement prétendre, à la fin d'une carrière qui
durerait toute une vie, avoir accompli tout ce qu'il y avait à
accomplir.
C'est donc une simple étape, dans le fond, dans ce cadre beaucoup
plus large, que nous aurons à traverser d'ici quelques mois. J'aurai, et
mes collègues, les députés, et l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale auront, au fil des mois et des années
à venir, à continuer - j'en suis profondément convaincu -
à prendre des décisions extrêmement difficiles devant le
manque de ressources relatif, compte tenu des besoins qui sont
manifestés dans notre société de plus en plus
informée, de plus en plus exigeante à l'endroit de ses
gouvernements. Nous aurons à nous rendre compte que nos ressources ne
sont pas à la mesure des besoins formulés et exprimés. (12
h 10)
Et je m'amuse toujours lorsque je relis les discours sur le budget de
celui qui, aujourd'hui, est le chef de l'Opposition. Longtemps, alors qu'il
était là à tout le moins, a-t-on eu l'impression que les
ressources étaient illimitées, qu'on pouvait emprunter tant qu'on
voulait, que ce n'était pas l'argent qui manquait, mais les projets
dispendieux. M. le Président, ça ne dure qu'un temps, des
comportements comme ceux-là, et arrive le moment où on doit payer
les factures; arrive l'instant où, l'inventaire étant fait, on
s'aperçoit qu'on a dépassé les bornes et, heureusement,
arrive en même temps cette conscience que le travail peut être fait
si on se concentre sur l'essentiel. L'essentiel, c'est le sort de nos
concitoyens. Le sort de nos concitoyens est d'abord et avant tout lié
à des choix personnels que leur liberté leur permet de faire. Nos
concitoyens sont d'autant plus libres qu'ils ont chacun les ressources
disponibles pour se réaliser.
À partir du moment où nous avons fait nos devoirs, et
notre devoir, d'équiper les gens, si je peux m'exprimer ainsi, avec une
formation qui leur permet d'affronter l'avenir, avec une sécurité
de santé et de services sociaux qui leur permet d'affronter l'avenir
plus sereinement et avec plus d'assurance, nous avons le devoir
d'alléger, au maximum, le fardeau financier que l'État fait peser
sur nos concitoyens. C'est à la lumière de cet objectif que la
constitution d'un budget de dépenses d'un gouvernement doit se faire.
C'est en respectant cet objectif de façon constante depuis cinq ans que
le gouvernement actuel a réussi à réduire le fardeau
fiscal des Québécois et à maintenir des services et,
j'irais dire, à ajouter certains services à la gamme de ceux qui
étaient disponibles, notamment, il ne faut pas négliger de le
dire et je le dirai en terminant, en remettant en cause certaines
activités, une certaine présence de l'État dans
l'économie, certains poids réglementaires et législatifs
qui pouvaient peser sur des domaines d'activité fort variés, mais
qui ont toutes eu comme résultat, toutes ces décisions, de
libérer davantage la spontanéité entrepreneuriale,
économique, communautaire même, du Québec.
M. le Président, je suis particulièrement fier d'avoir pu
contribuer, avec des collègues, en équipe, à remettre les
finances publiques du Québec sur la bonne voie. Je ne peux que
souhaiter, alors que les défis sont toujours là, que nous aurons
tous le temps de les attaquer, mais surtout que nous aurons tous la chance de
pouvoir les relever avec succès. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
président du Conseil du trésor. Je reconnais maintenant M. le
député de Labelle. M. le député.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, je viens d'entendre
l'autopanégyrique du président du Conseil du trésor, qui
avait déposé ses crédits au mois de mars dernier, à
la fin du mois de mars, lesquels nous ont conduits au budget du mois d'avril
dernier. M. le Président, je voudrais rétablir une chose en
partant. Ce gouvernement se vante sans arrêt d'avoir réduit
l'écart fiscal entre l'Ontario et le Québec, et il en fait sa
gloire. Il s'en vante constamment en disant que, sous l'ancien gouvernement,
c'était une chose épouvantable, que l'écart entre
l'Ontario et le Québec s'était agrandi et qu'eux-mêmes
avaient corrigé la situation ou auraient corrigé la situation.
rétablissons donc les faits, en partant, sur cela, parce qu'il est
important que la population le sache. lorsque nous avons pris le pouvoir en
1976, pour ne pas aller trop loin dans l'histoire, l'écart fiscal entre
l'ontario et le québec était de 20 %, 20 % plus
élevé au québec. et ceux qui venaient de laisser le
gouvernement étaient
les gens d'en face, exactement l'actuel premier ministre du
Québec qui dit qu'il se spécialise dans la fiscalité ou
qui se prétend un super en fiscalité. Pendant les six ans
où il a été au gouvernement, l'écart fiscal avait
atteint 20 % entre l'Ontario et le Québec. Et vous vous rappellerez que,
durant ces années de gouvernement libéral, de 1970 à 1976,
les budgets augmentaient à des taux faramineux d'une année
à l'autre, de l'ordre de 15 % à 20 % par année.
C'était ça, la réalité. De sorte que, lorsque nous
sommes arrivés, l'État avait un budget considérable,
faisait face à des problèmes qu'il n'arrivait plus à
solutionner et la population se rappelle très bien qu'elle n'avait pas
d'autre choix que de battre le gouvernement de l'actuel premier ministre, au
pouvoir à l'époque. Ils l'ont battu. Ils ont bien fait.
Et, si nous revenons à cette question de l'écart fiscal,
qu'est-il arrivé entre 1976 et 1985? L'écart fiscal a
diminué de 20 % à 10 %. Nous avons corrigé la situation
pourrie qu'ils nous avaient laissée en ramenant l'écart fiscal de
20 % à 10 %. Ce sont ces gens-là qui nous avaient laissé
la situation pourrie et nous l'avons ramenée. M. le président du
Conseil du trésor se vante qu'ils l'ont baissé. De combien
l'ont-ils baissé? Bien, de 1985 à maintenant, de 3,5 %. Mais ce
qu'ils refusent de dire, ce qu'ils ne disent pas, c'est que, dans le temps
où eux l'ont baissé, ils ont surchargé les
municipalités. C'est ça, la réalité. Tandis que
nous, tout en réduisant l'écart fiscal, nous avons soulagé
la fiscalité des municipalités, nous avons subventionné
les commissions scolaires pour leurs dépenses, pour leurs enveloppes
courantes, tandis qu'eux n'ont pas touché à ça.
Nous avons fait cela, réduire l'écart fiscal de 20 %
à 10 %, tout en essuyant la pire crise économique qu'il y ait eu
depuis 1929, dans les années 1981-1982, alors que, pour casser
l'inflation que nous avaient justement léguée nos
prédécesseurs, les gouvernements occidentaux - et celui du
Québec était doublement coupable là-dedans - ont dû
prendre des mesures draconiennes pour réduire l'inflation en augmentant
les taux d'intérêt, ce qui a cassé l'économie. Nous
avons pris des décisions difficiles, mais que nous devions prendre pour
équilibrer les budgets du Québec, équilibrer et stimuler
en même temps l'économie au Québec. Nous avons
lancé, nous avons défini un programme de relance qui a eu des
effets considérables, tout en réduisant l'écart fiscal de
20 %à10 %.
Ces messieurs se sont amenés au pouvoir avec une bonne situation
financière. Le Québec s'en était sorti. L'économie,
au Québec, s'en était sortie plus vite qu'en Ontario et plus vite
qu'au Canada dans les autres provinces et même qu'aux États-Unis
parce que les effets du programme de relance économique que nous avions
lancé en 1983 se sont fait sentir et, déjà, en 1985, les
équilibres financiers du gouvernement étaient plus faciles
à atteindre.
Ils ont donc pris le pouvoir dans une bonne situation économique.
Tout le monde reconnaît que l'économie est sur une lancée
ou a connu une progression très intéressante de 1982,
immédiatement après la crise, jusqu'à 1989-1990. Ils ont
pris une bonne situation. Ils ont profité des décisions
difficiles que nous avions prises, que nous devions prendre. Ils en ont
profité. Je dirais que c'est le Québec qui en a profité,
mais eux veulent s'en attribuer le mérite. Et, à partir de
là, ils se sont mis à clamer, en écrivant un petit texte
"L'urgence d'un redressement", par exemple, que nous avions laissé le
Québec dans une situation épouvantable, ce qui est faux. (12 h
20)
Pour accréditer cette idée, ils ont changé les
méthodes comptables. Quel que soit le mérite d'un tel changement,
parce que nous pouvons admettre que nous devons, à l'occasion, changer
de méthode comptable, d'ailleurs sur la recommandation du
Vérificateur général, ils ont, à partir de
là, transformé, par en arrière, tous les chiffres que le
gouvernement avait produits et toutes les données sur lesquelles le
gouvernement antérieur s'était basé pour prendre ses
décisions. Évidemment, c'est avec intérêt, parce que
ça les servait. Ils ont essayé d'accréditer l'idée
que nos déficits étaient beaucoup plus élevés que
ce qui avait été déclaré auparavant. Ce qui
était faux. Mais, au moins, disons que, sur la base des mêmes
données comptables, ils auraient pu, ils auraient dû mettre des
séries d'au moins cinq ans pour bien montrer les différences dans
les toutes premières pages de leur document financier, dans le livre des
crédits, dans le livre du discours sur le budget; ils auraient dû
le faire. Pour le savoir et pour faire ces rétablissements, M. le
Président, il faut être comptable. Et, même en étant
comptable, il faut chercher plusieurs heures pour rétablir tout
ça, pour ne pas se tromper. Et ils viennent nous dire ici qu'ils sont
transparents alors qu'au fond tout est une affaire de camouflage.
M. le Président, au cours de ces débats, nous les avons
accusés, à juste titre, de faire du camouflage et du tripotage de
chiffres, les deux béquilles de ce gouvernement. C'est ça qu'ils
ont fait. C'est comme ça qu'ils se comportent. Alors, ils ont
payé des dépenses d'avance, deux, trois jours avant la fin de
l'année, pour présenter un budget où les taux
d'augmentation des dépenses n'étaient pas trop
élevés, où les déficits, sup-posément,
baissaient alors qu'en réalité ils montaient. Nous avons cette
réalité dans le budget de 1989-1990, notamment, 738 000 000 $ de
dépenses d'avance. Leur vrai déficit, cette année, n'est
pas de 1 600 000 000 $; il est de 2 100 000 000 $ environ, lorsqu'on fait les
vrais rétablissements. Comme par hasard, lorsqu'ils ont
présenté leurs chiffres, ils sont revenus à une base sur
données réelles pour bien indiquer que leurs dépenses
n'augmentaient pas trop.
M. le Président, dans ces crédits, dans ce
discours sur le budget, nous avons effectivement les résultats de ces
camouflages et de ces tripotages. Le discours sur le budget nous a amené
de dures réalités qu'on a d'ailleurs essayé de camoufler,
remarquez bien encore une fois, parce que - c'est connu par tous les
économistes gouvernementaux ou autres dans l'entreprise privée,
mais disons par les économistes occidentaux, surtout en Amérique
du Nord - l'année 1990 est une année de ralentissement
économique. Ralentissement ne veut pas dire récession, mais
signifie que la croissance économique a diminué. On augmente
encore, mais moins que dans les autres années.
Alors, comment expliquer que, juste en période de
ralentissement économique, on ait eu le budget que nous avons eu, on ait
eu les crédits que nous avons connus? Parce que, M. le Président,
il y a une question d'image. Ils ont tripoté les chiffres,
camouflé les chiffres dans les années antérieures et,
maintenant, on ne peut pas toujours tout camoufler, on ne peut pas toujours
tout tripoter; il y a un moment où la vérité
apparaît. C'était, évidemment, important de
présenter une belle image avant l'élection, pour se faire
réélire. Les gens, au moment de l'élection, pensaient que
toute la situation était parfaite, que les taxes allaient baisser, que
l'économie roulait bon train, que, surtout, il n'y aurait pas
d'augmentation de taxes et que, à partir de l'élection, avec tous
les engagements électoraux qui avaient été pris, on
pouvait s'attendre à une relance, à une période
dorée du gouvernement. C'était le 25 septembre dernier.
Or, au cours de l'automne, subitement nous apprenons que la
situation se détériore. Il n'y a aucune raison - tout est connu -
pour laquelle la situation se détériorerait. Mais
déjà, le 6 novembre dernier, il y a eu au Conseil des ministres
une décision à l'effet de geler les crédits. Le
président du Conseil du trésor, qui s'est absenté, a
nié qu'il y avait gel des crédits, mais nous avons eu la copie de
cette décision du Conseil des ministres. Évidemment, on n'emploie
pas le mot "gel", mais cela signifie que, dans tous les ministères, tout
ce qui n'est pas engagé juridiquement ne sera pas honoré. Et,
donc, tout est retardé. C'est ce qu'on appelle dans les faits un gel.
Pourquoi un gel au mois de novembre, alors que la situation économique
n'avait pas changé? On savait qu'on était en période de
ralentissement économique. Elle n'avait pas changé.
Le temps passe, M. le Président, et puis, au cours
de l'hiver, surtout, différentes nouvelles apparaissent par-ci,
par-là. Au hasard d'un congrès, d'un colloque, il y a un ministre
qui rend une décision, qui indique des intentions. Ça commence
long comme un pouce, mais ça achève long comme un pied. On a eu
dans ce style le cas, par exemple, de l'Impôt foncier scolaire. Lorsque
nous avions eu, en 1979-1980, le pacte
fiscal, l'entente avec les municipalités,
l'échange du champ de l'impôt foncier scolaire vers les
municipalités, la reprise de la taxe de vente par le gouvernement
à partir des municipalités, et le financement des commissions
scolaires uniquement par le gouvernement ou presque exclusivement par le
gouvernement, nous avions établi un pacte à ce moment-là.
Et, tout à coup, on apprend que le gouvernement va ouvrir le champ de
l'impôt foncier scolaire à nouveau. Le champ de l'impôt
foncier scolaire, qui était resté très mince pour des
raisons constitutionnelles, sera ouvert davantage aux commissions scolaires.
Alors, c'est une bonne nouvelle pour les commissions scolaires, pense-t-on.
Elles s'en réjouissent, du premier coup. Mais quand les crédits
sortent, M. le Président, qu'arrive-t-il? La masse budgétaire
d'opération des commissions scolaires publiques n'est indexée que
de 1 %, alors que l'indexation est de 5 %. Ça veut dire tout simplement
que le gouvernement ne fait plus face à ses obligations, qu'il refile
aux commissions scolaires ses responsabilités qui avaient
été reconnues par tout le monde en 1980. Il n'en a pas
parlé au départ. En réalité, ce qu'on m'a dit,
c'est que les commissions scolaires, en fait, bénéficient d'une
augmentation de taxes ou de revenus de 13 000 000 $ - 13 000 000 $ - sur un
transfert global de 320 000 000 $. C'est 13 000 000 $ dont on parie.
On a parié d'un programme de
péréquation pour adoucir le tournant, c'est une chose; mais,
là encore, c'est un cataplasme, M. le Président, parce que le
système qu'il y avait avant était correct. Et, là-dessus,
il y a des choses absolument illogiques qui ne correspondent pas à ce
que nous avions décidé comme société depuis 1960.
L'éducation doit être accessible à tous - accessible
à tous - et les écoles, les services scolaires doivent être
les mêmes partout au Québec. C'était ça, l'objectif
de notre société en 1960: donner une chance égale à
tous en ce qui concerne l'éducation qui est un des biens les plus
fondamentaux de la personne.
Alors, pour des raisons de trésorerie, pour des
raisons d'image de ce gouvernement, pour éviter qu'on ne lui dise qu'il
doit augmenter ses taxes, pour des raisons d'image, donc, il refile aux autres
le fardeau d'aller chercher les revenus qu'il leur faut pour assumer leurs
responsabilités. Et ce que ça produira, c'est qu'on va revenir
à un système d'inégalités quant à
l'éducation, c'est ça qui se produira. (12 h 30)
Les écoles, les services scolaires sont les
mêmes en Gaspésie. Les besoins quant à l'éducation
sont les mêmes en Gaspésie, les mêmes au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, les mêmes dans les Laurentides, les mêmes
en Abitibi-Témiscamingue que dans les municipalités qui sont
riches. Pourtant, la proportion des taxes que les gens devront verser pour
s'assurer les mêmes services sera beaucoup plus grande compte tenu du
revenu
de ces gens.
M. le Président, il n'y a pas de progrès de la part de ce
gouvernement. J'entendais le président du Conseil du trésor tout
à l'heure faire un grand discours philosophique. Je pense qu'il se met
à parler de philosophie justement parce qu'il sait très bien que
les chiffres démentent ce qu'il est en train de faire. Alors, dans toute
cette opération qui concerne les municipalités, les commissions
scolaires, on n'a pas parlé des 2 % de taxe de vente parce que, si c'est
vrai que ce pacte fiscal, comme ils disent, n'existait pas et qu'on veut le
déchirer, que le gouvernement retourne aux municipalités les 2 %
de la taxe de vente qu'il avait pris en 1979-1980. Pas un mot là-dessus.
Pas un mot. C'est comme si ça n'existait pas. Mais c'est ça que
les municipalités possédaient comme champ de taxation en
1979-1980, au moment du pacte fiscal. Si on n'est plus d'accord avec le pacte
fiscal, qu'on ait le courage de le dire, de le défaire, de le
défaire au complet et de remettre aux municipalités les champs
que le gouvernement leur avait repris en 1979-1980.
M. le Président, dans tout cela, nous avions une situation
économique qui était saine, qui est encore saine, qui s'est
ralentie et, pourtant, au dernier discours sur le budget, nous avons vu que les
crédits, disent-ils, n'ont pas augmenté beaucoup, qu'ils ont
augmenté sur une base comparable de 6,2 %, cette fois, en remettant les
738 000 000 $ dans le circuit parce que, cette fois-là, il faut comparer
à son avantage et, donc, on met vraiment les chiffres sur une base
comparable, alors que sur une base strictement comptable, l'augmentation est de
7,9 %. Ils veulent que leur image en soit une où les dépenses
n'augmentent pas trop et, donc, cette fois-là, ça les sert de
mettre les chiffres sur une base comparable. Ils l'ont fait et c'est pour cela
que nous les accusons de tripotage.
M. le Président, donc, ils ont une image à
préserver. Ce qu'ils font, c'est qu'ils rétablissent les
crédits sur une base comparable et, en même temps, ils commencent
à distiller les mesures fiscales dans le discours sur le budget, avant
que le discours ne soit fait. Je viens de parler de la taxation scolaire et
municipale, beaucoup d'autres exemples sur lesquels je reviendrai. Mais
remarquez bien que, simplement en termes de ralentissement économique,
ce gouvernement, pour financer des crédits qui augmentent seulement de
6,2 %, alors que l'inflation est d'au-delà de 5 %, a augmenté les
taxes de 1 219 000 000 $. Et, toujours selon ces déclarations et selon
ces chiffres, le rendement de l'impôt sur le revenu, lui, a
augmenté de 14 %, soit de 1 442 000 000 $. Pourquoi, tout à coup,
être obligé d'augmenter les taxes autant, 14 % dans l'impôt
sur le revenu et 1 219 000 000 $ sur les taxes? Parce que, justement, il est
victime de l'image qu'il avait voulu présenter à
l'élection et que, maintenant, la vérité des chiffres
réapparaît.
L'élection étant passée, on donne le gros coup tout
de suite après et, après, on veut se donner de la marge pour les
années suivantes. M. le Président, je trouve que c'est une
façon d'administrer qui méprise les Québécois,
finalement, parce que c'est de ça dont il s'agit, H les manipule, il
manipule leur portefeuille simplement pour se faire réélire,
simplement pour se faire réélire. La vérité
économique apparaît après. On la dit après les
moments importants.
M. le Président, je reviendrai sur les crédits, mais je
reviens sur les dispositions qu'a prises ce gouvernement pour aller chercher
des revenus additionnels dans la poche des contribuables.
Ils ont, comme je le disais, transféré aux commissions
scolaires et aux municipalités un fardeau considérable de 320 000
000 $ par année, sur une base annuelle, simplement dans ce que j'ai
expliqué tout à l'heure. Ils ont, en plus, augmenté les
frais de scolarité. Les universités ont besoin de fonds, c'est
connu, et spécialement les universités francophones ont besoin de
fonds additionnels, de beaucoup de fonds additionnels.
Le gouvernement, l'an dernier, a mis quelques millions d'argent neuf, je
dis bien quelques millions parce que, dans une grande déclaration, lors
du discours sur le budget, où il augmentait ces fonds de 60 000 000 $,
un certain nombre de ces millions avait déjà été
annoncé et engagé l'année précédente, ce qui
équivalait à peu près à 20 000 000 $ ou autour de
là, un autre montant de 20 000 000 $ a été accordé
pour des fins spécifiques et il restait pratiquement 20 000 000 $, qui
étaient une augmentation de la base budgétaire de ces
universités. 20 000 000 $ sur au-delà de 1 000 000 000 $ ou plus,
M. le Président.
Quelle est la solution? Parce que le problème n'est pas
réglé, M. le Président. Ils ont simplement indexé,
cette année, l'enveloppe des universités. Le problème
n'est pas réglé, pas plus d'ailleurs qu'au cégep il n'est
réglé. Mais, dans les universités, ce gouvernement, parce
que ce n'est pas l'imagination qui pleut, a trouvé le moyen de
dégeler ce qu'on appelle les frais de scolarité qui
étaient fixes depuis 1962-1965 ou environ, selon les universités
- environ 1965, pour les dernières augmentations, mais pas dans tous les
secteurs - ce qui avait permis à beaucoup de francophones, en
particulier, d'avoir accès à l'université, à
beaucoup de gens. La population universitaire s'était accrue de
façon considérable par rapport à un objectif que nous
visions. Nous n'avions pas encore rattrapé ce que faisait l'Ontario,
mais nous avions fait des progrès dans ce sens.
Par rapport à cela, il faut dire que le gouvernement, dans les
dernières années, n'avait pas subventionné comme il le
fallait les universités, compte tenu de l'afflux nouveau
d'étudiants qu'il y avait. Donc, c'est réel, le problème
du sous-financement des universités. Il demande
donc aux étudiants de payer et il appelle ça une
décision par laquelle les universités vont devoir aller chercher
plus d'argent, une décision correcte où les usagers qui
bénéficient doivent payer. (12 h 40)
M. le Président, je pense que c'a été là
tout le débat de la société dans les années
soixante, soixante-dix, parce que, s'il y a des cas où c'est vrai,
où c'est réel, où il y a des parents qui aident leurs
enfants jusqu'au niveau universitaire, il y a beaucoup de familles où ce
n'est pas le cas, où les parents ne subventionnent plus leurs enfants,
même pour des études universitaires, ne les aident plus à
partir de l'âge de 18 ans, justement l'âge où on
accède à l'université. Et ça, c'est un cas
particulièrement vrai actuellement, surtout avec le
phénomène de l'éclatement des familles. M. le
Président, cette mesure équivaut à empêcher un grand
nombre d'étudiants, et de bons étudiants, d'avoir accès
à l'université.
Bien sûr, on dit qu'on va corriger le financement ou l'aide aux
étudiants, qu'il y a des mesures dont il faut reconnaître qu'elles
sont correctes et qu'elles vont aider les étudiants, mais, finalement,
on corrige. Qu'en est-il du système fondamental, du choix que nous
avions fait de financer l'enseignement universitaire par le public?
Aujourd'hui, sans corriger les différences, et je dirais, jusqu'à
un certain point, les inéquités en ce qui concerne le partage des
fonds de dotation entre les universités, on subventionne toutes les
universités sur le même modèle, pour leur fonctionnement,
sans se préoccuper du reste et puis, maintenant, les universités
francophones, dans tout le système, seront pénalisées en
ce qui concerne l'excellence. Il faut bien voir les conséquences des
gestes - et des décisions - que nous avons posés, que ce
gouvernement a posés en augmentant les frais de scolarité, parce
que si, au moins, il avait corrigé autre chose, en même temps il y
aurait peut-être plus d'équité dans le financement entre
les différentes universités au Québec.
Quels que soient les chiffres et les démonstrations que l'on
fait, il reste qu'il y a deux systèmes auxquels certaines
universités participent, dont celui d'avantages fiscaux quant aux fonds
de dotation et aux donations aux universités, alors que d'autres n'ont
que le financement public pour assurer leur enseignement et augmenter leurs
recherches. De ceci, le gouvernement n'en a pratiquement ou n'en a pas du tout
parié dans son budget, comme d'un autre secteur qui est celui
d'Hydro-Québec.
Le gouvernement inscrit dans ses comptes les revenus complets
d'Hydro-Québec, les résultats financiers d'Hydro-Québec,
et le résultat définitif de l'année à
Hydro-Québec se reflète au complet dans le chiffre du
déficit du gouvernement. Alors, quand il touche à
Hydro-Québec, aux factures d'Hydro-Québec, au prix de
l'électricité au Québec, il influence directement son
budget et son déficit. Qu'est-ce qu'il a fait? Cette année, le
résultat du financement des augmentations d'Hydro-Québec va avoir
comme conséquence d'ajouter, au-dessus de l'inflation, 133 000 000 $ de
plus dans les coffres du gouvernement et 229 000 000 $ l'an prochain. C'est une
taxe déguisée parce que ce dont je parle, c'est l'excédent
de l'augmentation sur l'inflation. Il n'y avait pas de raison d'augmenter
au-delà de l'inflation, mais cette augmentation résulte en une
augmentation de taxes de 133 000 000 $, M. le Président.
Considérable!
Encore une décision qu'il fait prendre par d'autres, qu'il fait
assumer par d'autres, comme Hydro-Québec, comme il a fait avec les
commissions scolaires, comme il a fait avec les étudiants en faisant
augmenter les frais de scolarité par les universités. Ce
gouvernement se camoufle derrière les autres en ce qui concerne les
augmentations de taxes. des augmentations qu'il a sorties à son budget,
évidemment des augmentations sur lesquelles il fait son petit couplet
moral, il y a celle sur le tabac qui lui donne 133 000 000 $, celle sur
l'alcool qui lui donne 103 000 000 $, donc 236 000 000 $ qu'il a
annoncés dans son budget. il a aussi augmenté la surtaxe des
entreprises de 12 % à 15 % avec un rendement de 104 000 000 $. mais ce
qu'il n'a pas dit, c'est que cette augmentation s'inscrit aussi dans un
contexte où le profit déclaré ou présumé des
entreprises va baisser, de sorte que l'impôt sur le revenu des
entreprises non seulement n'augmente pas, mais va baisser de 3 % cette
année. tous les particuliers augmentent leurs frais, leurs taxes, se
voient augmenter leurs taxes, leurs frais. alors que le rendement de
l'impôt sur le revenu des entreprises va baisser, celui de l'impôt
sur les particuliers va augmenter de 14 %; mais celui de l'impôt sur le
revenu des entreprises va baisser de 3 %.
Et ce n'est pas tout. Nous avons eu l'occasion d'en parier, en ce qui
concerne l'immatriculation, le gouvernement a produit un programme
supposé de 1 700 000 000 $ dans les transports, qu'il entend faire
financer en bonne partie par la Régie de l'assurance automobile du
Québec, jusqu'à concurrence d'environ 100 000 000 $, faisant en
sorte que la Régie de l'assurance automobile du Québec, qui
était une régie d'assurances, qui était en quelque sorte
la compagnie d'assurances pour les Québécois, va devenir une
caisse de financement pour des travaux routiers.
Or, qu'en est-il de ces travaux routiers, M. le Président? Mon
collègue critique de l'Opposition en la matière, le
député de Lévis, a bien démontré que ces 1
700 000 000 $ étaient de la poudre aux yeux; il l'a bien
démontré. Au fond, il n'y aura pas de fonds additionnels
significatifs d'injectés dans les transports pour les cinq prochaines
années, tout au plus 100 000 000 $. Parce que si l'on met les
crédits accordés dans
le réseau routier sur une base comparative, ces crédits
n'augmentent pas. Au contraire, cette année, en 1989-1990, ces
crédits étaient de 1 020 000 000 $; ils seront de 1 020 000 000 $
en 1990-1991. En termes réels, c'est une baisse de 50 000 000 $ dans les
crédits des transports.
En dollars constants, le gouvernement du Québec a investi, de
1981 à 1985-1986, le gouvernement du Parti québécois a
investi, en dollars constants, 3 500 000 000 $. Et le gouvernement du
Québec, à l'époque, avait fait des efforts
considérables pour maintenir le réseau routier dans un bon
état, même si, durant cette période, il y a eu une crise
économique majeure. Mais le gouvernement libéral, de 1986
à 1990, a dépensé 3 000 000 000 $, soit exactement 445 000
000 $ de moins, en dollars constants, que pendant les cinq dernières
années de pouvoir du Parti québécois. Donc, sur une
même période, c'est 500 000 000 $ de moins que le gouvernement du
Parti libéral a investis dans les travaux routiers. Pourtant, la
conjoncture économique est excellente. Il n'y a pas de raison, il n'y a
aucune raison pour que les crédits diminuent. Et ce que nous voyons
présentement, c'est que le budget du ministère des Transports
diminue en ce qui concerne la construction et les réparations majeures.
Le budget des transports diminue de façon considérable.
M. le Président, nous avons là un gouvernement qui ne
respecte pas ses engagements, qui fait des programmes pour la frime, dans
lesquels il n'y a absolument aucuns crédits nouveaux, en jouant encore
une fois sur les mots. Nous en avons un exemple patent et mon collègue
des transports va en parler ultérieurement.
Je voudrais toucher quelques autres secteurs, par exemple, un secteur
qui intéresse beaucoup les Québécois, qui est au coeur de
leurs activités de tous les jours, un secteur qui est d'ailleurs
très créateur d'emplois, ce qu'on ignore
généralement, qui est celui des affaires culturelles. Le budget
1990-1991, comme l'a dit mon collègue, constitue l'enterrement de la
promesse libérale de 1985 à l'effet de consacrer 1 % du budget
global de l'État au budget du ministère des Affaires culturelles.
C'était un engagement ferme en 1985, réitéré
à chaque année par la suite. Ça a été promis
pour le premier mandat, puis pour 1990-1991. Mais ce qu'on peut conclure, c'est
que cet engagement, toujours non réalisé, confirme le
désengagement du gouvernement du Parti libéral en matière
d'affaires culturelles. Le budget du ministère des Affaires culturelles,
encore pour 1990-1991, ne représente toujours que 0,73 % du budget
global de l'État, loin derrière le 1 %. Aujourd'hui il atteint
261 000 000 $ sur un budget global de 35 800 000 000 $. Alors, il manque 100
000 000 $ pour que la promesse, pour que l'engagement du Parti libéral
soit réalisé. 100 000 000 $ qu'il manque.
Considérable.
Lors du discours sur le budget, le ministre des Finances
annonçait une somme additionnelle de 72 000 000 $ pour le secteur des
affaires culturelles, mais cela ne modifie aucunement le budget du ministre. Il
est indiqué, d'ailleurs, à la page 7 de l'annexe A du budget, que
le plan d'accélération des investissements du secteur public
n'affecte pas les prévisions de dépenses en 1990-1991, puisqu'il
s'agit d'investissements financés par emprunt subventionné dont
l'impact budgétaire ne se fera sentir qu'au moment où le service
de la dette devra être payé. Donc, dans les crédits: rien.
Et on apprend en plus qu'en matière d'équipement culturel, les 72
000 000 $ annoncés par le gouvernement seront financés, 32 000
000 $ par le gouvernement, ultérieurement, pas sur le budget de cette
année, mais 40 000 000 $ par les partenaires. Donc, cela veut dire qu'il
s'agit encore une fois des municipalités qui devront injecter 40 000 000
$ et des promoteurs privés. Donc, il faut conclure que le gouvernement
se désengage encore une fois de ce secteur. (12 h 50)
M. le Président, dans le discours sur le budget, autre engagement
non réalisé, celui de l'environnement. Le discours sur le budget
1990-1991 fait part d'une augmentation des crédits du ministère
de l'Environnement de l'ordre de 55 000 000 $ au total. Mais, cependant, la
part la plus importante de ces crédits, 40 000 000 $, est allouée
au service de la dette du programme d'assainissement des eaux. Il s'agit donc
de travaux qui sont déjà faits. Et on est loin de ce que le
ministre de l'Environnement attendait, 50 000 000 $ pour la prévention
en matière de protection de l'environnement. Le ministre avait dit
à l'époque qu'il démissionnerait s'il n'avait pas ses 50
000 000 $. Nous avons vu qu'il n'a pas démissionné, même
s'il n'a eu que 15 000 000 $, même s'il n'y a eu aucune
amélioration finalement à son budget, qu'il a
déclaré lui-même que ses fonds étaient
déjà épuisés et qu'il ne pouvait plus rien faire.
Tout le monde a compris que compte tenu qu'il n'avait pas fait la
prévention qu'il aurait dû faire, par exemple dans l'incendie de
pneus de Saint-Basile, compte tenu qu'il n'avait pas fait la prévention,
les coûts simplement pour corriger, pour réparer la situation,
viendraient éponger une très large partie de son budget.
M. le Président, voilà quelques exemples, deux exemples
que je viens de donner. Mais, dans un contexte où le gouvernement est
dans une période de ralentissement économique, où il
aurait dû, vraisemblablement, stimuler l'économie avant qu'elle ne
tombe complètement, le gouvernement a préféré se
camoufler, dire simplement que le gouvernement fédéral lui avait
coupé les transferts fédéraux et prendre prétexte
de cela pour présenter un budget où les taxes augmentent
considérablement au Québec. M. le Président, le
gouvernement fédéral avait diminué ses transferts de 221
000 000 $ seulement. Le
gouvernement ici a augmenté ses taxes de 1 219 000 000 $, juste
les taxes, et le rendement de l'impôt sur le revenu, lui, a
augmenté de 1 442 000 000 $. Si on additionne les deux, dans les coffres
du gouvernement cette année il va rentrer 2 500 000 000 $ de plus.
Qu'est-ce que viennent faire 221 000 000 $? C'est le dixième de cette
somme de plus qui rentre dans les coffres du gouvernement. S'il n'avait pas
joué dans les chiffres, s'il n'avait pas tripoté les chiffres,
l'image du gouvernement aurait pu être très différente
cette année. Mais c'est lui qui est coupable de ce qui arrive et,
aujourd'hui, il est obligé de réparer la situation. Il est
obligé d'augmenter les taxes de façon considérable pour
maintenir une image qui aurait dû être présentée
correctement au moment de l'élection, qui aurait dû être
présentée en toute transparence, ce qui n'a pas été
le cas, M. le Président.
Maintenant, quelles sont les perspectives du ministre des Finances et du
Conseil du trésor? On nous parle, dans le discours sur le budget
notamment, du chapitre VI, de l'annexe E et des perspectives où ce
gouvernement prétend qu'il doit aller chercher chaque année 700
000 000 $ simplement pour équilibrer ses revenus. Dans un des coins de
son discours, nous avons vu que le ministre des Finances avait dit qu'il
commencerait des négociations avec le fédéral, qu'il
voulait reprendre les discussions en ce qui concerne les transferts fiscaux.
J'ai de forts doutes, M. le Président, sur les résultats de
telles négociations, parce que, depuis 1985-1990 - disait le ministre
des Finances - nous avons essayé sur tous les tons d'avoir plus d'argent
du fédéral, alors qu'en fait il en a moins. Et l'une des preuves,
c'est bien cette année, alors que les transferts fédéraux
sont coupés de 221 000 000 $. Ou bien, il est inefficace ou bien il ne
se rend pas compte de la réalité et il rêve en pensant
qu'il va aller chercher davantage de fonds au gouvernement
fédéral.
Moi, je pense, M. le Président, que sur un plan bien
réaliste, il est utopique de sa part d'aller chercher des fonds
additionnels chez un gouvernement qui est endetté comme l'est le
gouvernement fédéral, qui est endetté de 352 000 000 000
$, chiffre du 31 mars. La seule part du Québec, là-dedans, pour
le service de la dette, c'est 10 000 000 000 $, M. le Président. 10 000
000 000 $, en termes d'intérêts, et on est très loin du
service de la dette du Québec qui est de 1 500 000 000 $ ou de cet
ordre-là, de 3 000 000 000 $ plutôt.
M. le Président, c'est utopique. C'est, à mon sens, une
parole qui a été dite par le ministre des Finances, qui a
été écrite dans son document, mais il n'y a rien à
l'appui de cette assertion qui nous laisse croire que le gouvernement peut
aller chercher des fonds additionnels au gouvernement fédéral,
absolument pas. Et nous pensons plutôt que c'est l'inverse. Et nous
voyons, année après année, le gouvernement
fédéral se battre de façon
désespérée, pour essayer d'équilibrer son budget,
sans y parvenir. Parce que, cette année, il a déclaré
qu'il voulait limiter son déficit à 28 000 000 000 $, il sera
très probablement largement au-dessus de 30 000 000 000 $. Et, puis, on
peut s'attendre qu'au cours de l'automne, le ministre fédéral des
Finances, pour rentrer dans son plan de résorption du déficit, va
présenter un budget supplémentaire où les provinces
écoperont, encore une fois, et écoperont davantage.
Si le ministre des Finances était sérieux, ou celui qui le
remplace était sérieux, il nous dirait quand il va rencontrer son
homologue du gouvernement fédéral ou les gens du gouvernement
fédéral pour aller négocier. Le ministre des Finances en
titre m'a répondu, à une question, très vaguement: Au
cours de l'été. Peut-être bien qu'il pense jouer au golf
avec les gens du gouvernement fédéral au cours de
l'été, mais ça ne règle pas les problèmes
financiers du Québec, M. le Président, et les perspectives sur ce
plan-là sont très moroses, très noires plutôt. Et je
ne vois pas comment on peut sérieusement penser qu'on va aller chercher
1 000 000 000 $ ou 2 000 000 000 $ au gouvernement fédéral alors
que, justement, le gouvernement fédéral essaie de se sortir de
plus en plus de toutes sortes de programmes. Alors que, maintenant, il
négocie avec des provinces, d'autres provinces dites
récalcitrantes, dans le cas du lac Meech, à qui il fait des
promesses, à qui il donne des sommes pour l'agriculture - surtout dans
l'Ouest, pas au Québec - à qui il donne des sommes pour les
pêcheries dans les Maritimes, à qui il promet toutes sortes de
choses, jamais au Québec, il sera encore plus endetté et plus en
déficit en réalisant toutes ces promesses que maintenant. Et
donc, je ne vois aucunement aucune chance pour le Québec d'aller
chercher davantage de fonds. Ce n'est pas que je ne le souhaiterais pas mais,
M. le Président, je pense que ce n'est pas là la voie et puis, de
toute façon, lorsque nous allons chercher des fonds au
fédéral, ce sont des fonds que nous aurons à payer. Alors,
nous demandons de l'argent au fédéral, aux autres, de l'argent
qu'ils devront venir chercher chez nous pour payer les promesses qu'ils nous
font. C'est ça la réalité. Alors, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, compte tenu de l'heure, en vertu de l'article 21, je vais
suspendre les travaux de cette Assemblée à 15 heures et en vous
indiquant qu'il reste 12 minutes à votre formation politique. Comme vous
avez la parole à l'ajournement du débat, vous pourrez poursuivre
avec 12 minutes. Alors, les travaux de cette Assemblée sont suspendus
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 59)
(Reprise à 15 h 5)
Le Vice-Président (M. Cannon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Veuillez vous asseoir, s'il vous plaît!
Au moment de la suspension de nos travaux, à 13 heures, nous
étions à débattre les affaires prioritaires. Il s'agissait
du débat restreint sur les rapports des commissions qui ont
étudié les crédits budgétaires pour l'année
financière 1990-1991, déposés le 6 juin 1990. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Labelle, en
indiquant à la formation de l'Opposition qu'il reste 12 minutes au
débat et, au parti ministériel, 18 minutes.
M. Léonard: M. le Président, je veux simplement
conclure ce que je disais cet avant-midi. Le gouvernement a pris
prétexte qu'il avait reçu 221 000 000 $ de moins du gouvernement
fédéral pour lui faire passer sur le dos toute espèce de
choses, d'augmentations de taxes et d'impôts qu'il a
décidées, le tout, finalement, en accusant le gouvernement
fédéral de pelleter une partie de son déficit sur
lui-même. Il en a pelleté six fois plus ou dix fois plus dans les
organismes publics, parapublics et les réseaux municipalités,
commissions scolaires, HydroQuébec, étudiants, etc. Partout, il a
fait ça.
En plus, M. le Président, il a assorti le tout d'un discours sur
la décentralisation qui, dès qu'ils en parle deux minutes, on
s'aperçoit très bien qu'il ne s'agit là que de
transférer des taxes et des impôts aux autres,
responsabilités qu'il ne veut pas prendre d'augmenter les impôts.
Alors, lorsqu'on parie de décentralisation, on parie aussi de la
façon dont les décisions sont prises. Mais le président du
Conseil du trésor ne connaît rien là-dedans; on le voit
dès qu'il se met à ouvrir la bouche.
M. le Président, il y a aussi un autre élément que
j'ai touché et qui, à mon sens, mérite d'être
développé parce qu'il y a eu, dans ce budget, l'annonce d'un
supposé immense projet de travaux de voirie, de construction de routes
et d'améliorations routières qui s'est
révélé, à l'analyse des chiffres, n'être
rien. Sur cinq ans, il n'y a rien de plus. Je voudrais laisser le temps qu'il
me reste à mon collègue critique de l'Opposition officielle en
matière de transport, le député de Lévis. Merci
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Labelle. M. le député de Saint-Louis.
M. Jacques Chagnon
M. Chagnon: M. le Président, vous ne m'en voudrez pas, en
commençant ces propos, de réfuter quelques propos du
député de Labelle qui nous a fait carrément de la
comptabilité-fiction pendant cette dernière heure pour laquelle
il nous a présenté sa version des crédits.
Le député de Labelle oublie qu'il a été
lui-même, dans le précédent gouvernement, ministre de
l'Aménagememt du territoire dans un gouvernement de la confusion
financière. Entre 1975-1976, ou à partir de 1976 jusqu'en 1985,
dans l'annexe E du budget qui nous amène le sommaire des
opérations financières pour tous les gouvernements de 1970
à 1990 - je lui suggère fortement une relecture de ce document -
pas une année sous l'administration du Parti québécois les
déficits n'ont été inférieurs, à l'exception
d'une année, à 1 000 000 000 $.
Non seulement cela, mais les besoins financiers nets du gouvernement,
c'est-à-dire l'argent qu'on a véritablement emprunté
année après année pour financer le gouvernement... De
1976-1977, première année du premier mandat du gouvernement du
Parti québécois, jusqu'à 1985-1986, dernière
année, chacune de ces années, le déficit s'est accru de
façon spectaculaire; chacune des années, au moins 1 000 000 000
$, 1 500 000 000 $ d'emprunts réels pour financer les opérations
du gouvernement. en 1980-1981, année référendaire, 2 300
000 000 $; 2 200 000 000 $ en 1982-1983; 2 250 000 000 $ en 1983-1984. le
gouvernement précédent a pris la situation financière de
1976 avec un déficit accumulé de 5 000 000 000 $; il l'a
lui-même, en l'espace de neuf ans... 5 000 000 000 $ de déficit
accumulé pour tous les gouvernements depuis 1867. en 10 ans, le
gouvernement du parti québécois a passé le déficit
accumulé de la province de 5000000000$ à 25 000000000$, ce qui
fait qu'année après année nous avons à payer des
intérêts sur ces emprunts qui dépassent largement le niveau
même du budget du ministère des transports dont le
député de lévis va vouloir nous parier tout à
l'heure.
M. le Président, pour le bénéfice des gens qui nous
écoutent, l'exercice de l'adoption des crédits, c'est un des
moments privilégiés pour l'Assemblée nationale et pour les
membres de l'Assemblée nationale d'exercer un contrôle réel
sur le gouvernement. Le gouvernement fait la présentation de ses
crédits, donc, il annonce ses choix prioritaires, les choix du
gouvernement, ministère par ministère, les priorités du
gouvernement. nous avons, cette année, une augmentation de
crédits de 6,2 %, donc, les dépenses vont augmenter pour
l'année 1990-1991 de 6,2 % par rapport à ce qu'elles
étaient l'an dernier. chaque ministère a défendu ses
crédits dans les différentes commissions parlementaires et les
députés, des deux côtés de la chambre, ont pu
analyser quelles seront pour chacun des ministères les actions
prioritaires pour l'année en cours et l'année à venir.
Nous avons un budget qui dépassera cette année 35 000 000
000 $. Le président du Conseil du trésor mentionnait - et ce, il
faut l'en féliciter - avoir réussi par le biais de la mise sur
pied d'un comité de la revue de programmes
à freiner l'augmentation des dépenses gouvernementales de
411 000 000 $, ce qui est énorme compte tenu des circonstances. Mais,
sur ce, je l'invite et je nous invite tous à éviter de faire en
sorte que trop de programmes dans le gouvernement, dans les ministères
connaissent la sédimentation de ce qu'on appelle un programme qui
existe, donc, l'opportunité où le bien-fondé devient de
moins en moins réel année après année, et qu'il
nous faudra éventuellement remettre en question. Donc, le comité
de la revue de programmes pourrait, si le gouvernement le voulait, commencer
à siéger tout de suite pour préparer les crédits de
l'an prochain.
Un effet important sur les crédits de 1990-1991, M. le
Président, a été le résultat de la
négociation dans le secteur public et para-public. Nous pouvons tout de
suite imaginer, compte tenu de l'importance des sommes en jeu dans cette
négociation, soit un peu plus de la moitié du budget du
gouvernement, soit 35 000 000 000 $ divisés par deux, 17 500 000 000 $,
un peu plus de la moitié du budget de* l'ensemble du gouvernement sert
à financer la masse salariale et les bénéfices marginaux
de l'ensemble des employés du secteur public et des secteurs
parapublics.
Nous avons constaté que, suite à la négociation
dans les deux principaux réseaux - je pense à la santé et
aux services sociaux, je pense à l'éducation - nous avons
constaté que la négociation a été basée sur
une amélioration des services à la clientèle. Ce qui fera
que dans le secteur de l'éducation primaire et secondaire seront
créés 130 postes permettant de répondre à
l'alourdissement des clientèles handicapées, plus 290 postes
d'enseignant au primaire, pour baisser les moyennes de groupe, pour faire en
sorte que les moyennes de 27 élèves, par exemple, puissent
baisser à 26 élèves par classe moyenne, à travers
le Québec; 120 postes d'enseignant seront ainsi injectés dans
notre système d'éducation pour la formation de groupes
d'élèves handicapés, plus 65 postes de niveau secondaire
pour les besoins de formation générale; 150 postes pour le niveau
secondaire seront des postes qui auront comme spécificité de
répondre à l'harmonisation de la formation professionnelle qui,
comme vous le savez, a été modifiée pour permettre aux
jeunes et aux adultes de pouvoir recevoir une formation professionnelle de
niveau secondaire qui soit adéquate, mais en même temps, dans des
locaux et avec des services qui soient similaires.
Quant au niveau collégial, le résultat de la
négociation fera en sorte que nous créerons 300 postes dans le
secteur régulier et le secteur professionnel pour permettre au
réseau collégial de pouvoir soit faire des baisses moyennes de
ses clientèles ou encore d'offrir, dans certaines régions, un
choix de cours qui soit un peu plus large que celui que nous avons connu
jusqu'à date.
Parmi les effets importants de la dernière négociation sur
les crédits 1990-1991, il faut mentionner l'effet tout à fait
spécial et récurrent de l'équité salariale. comme
cela a été mentionné dans "les opérations
budgétaires, renseignements supplémentaires sur les
crédits", l'équité salariale nous coûtera cette
année 153 500 000 $. l'équité salariale a
été accordée aux employés syndiqués du
secteur public, et des augmentations de base, qui correspondent, pour
l'année 1990-1991, à 5,13 % du budget de l'état. mais, en
plus, 150 000 employés bénéficieront de redressements qui
sont provoqués par le système d'équité salariale
intégré à nos échelles salariales; donc, 150 000
employés bénéficieront de ces redressements en 1990 et en
1991. pour l'essentiel, ces employés seront des employés
féminins parce que l'équité salariale a permis de faire en
sorte que, sur le poids des tâches de chacun des membres, de chacun des
groupes d'employés dans la fonction publique, on puisse,
dorénavant, rémunérer les femmes et les hommes de
façon la plus juste possible, ce qui nous permettra, dans une
volonté de justice d'abord sociale par rapport à nos
employés, de faire en sorte d'équilibrer les niveaux de
rémunération. équilibrer les niveaux de
rémunération impliquera une dépense de 250 000 000 $ sur
les deux prochaines années et de 150 000 000 $, 153 500 000 $, plus
justement, pour l'année qui vient. mais, essentiellement, ces emplois
à prédominance féminine qui seront touchés feront
en sorte que 130 000 de nos employés féminins verront une
amélioration de leur condition salariale.
Dans le cas de la santé et des services sociaux, M. le
Président, encore une fois, les choix du gouvernement auront
été des choix qui correspondront aux nouvelles
réalités sociales que connaît le Québec.
Premièrement, souvenons-nous tous que, dans le cadre des modifications
aux masses salariales dans le secteur de la santé et des services
sociaux, nous nous rappellerons, définitivement, quels ont
été la volonté et l'effort gouvernemental qui auront
été investis, entre autres dans les primes et allocations
accordées aux infirmières et infirmiers. Le travail de nuit et le
travail de fin de semaine seront dorénavant nettement mieux
rétribués. Bacheliers, bachelières auront droit à
une reconnaissance de leur statut dans les hôpitaux et dans tout le
service de la santé et cela, c'est un phénomène, cela est
une nouveauté qui découle directement de la négociation et
des ententes que nous avons eues avec chacun des groupes d'employés.
J'ajoute, M. le Président, que c'est la première fois,
à ma connaissance, depuis que la mécanique de la
négociation des conventions collectives s'est instaurée, en 1968,
négociation globale pour l'ensemble des employés des secteurs
public et parapublic, qu'un gouvernement réussissait à faire deux
rondes de négociations sans avoir une ronde négociée et
une ronde décrétée. C'est la première fois qu'un
gouvernement réussit cet exploit depuis 22 ans.
Des voix: Bravo! (15 h 20)
M. Chagnon: Les choix en matière de santé qu'un
gouvernement doit avoir, doit prioriser, sont ceux-ci. Le ministère de
la Santé investira 46 300 000 $, donc 46 000 000 $, à cause d'un
phénomène social que nous vivons tous - tout autour de nous, nous
nous en apercevons, nous le vivons - le vieillissement de la population. Les 46
000 000 $ seront investis dans les hôpitaux, court terme, pour faire
bénéficier les gens les plus âgés, les personnes,
les citoyens et citoyennes les plus âgés de notre
société, de services rapides, de services correspondant davantage
à leurs besoins et avec de l'équipement, l'équipement
spécialisé pour les besoins des personnes âgées, des
besoins, donc, de gérontologie. 28 000 000 $, M. le Président,
seront aussi investis, injectés dans le système de santé
et, dans ce cadre-là, davantage dans le système de service
social, d'adaptation sociale, pour le maintien à domicile des personnes
âgées. Nous savons tous comment il peut être
extrêmement difficile de voir des personnes âgées quitter
leur foyer parce que c'est devenu un peu trop difficile pour elles de pouvoir
parfois faire leurs repas, parfois faire le ménage de leur appartement.
Eh bien, l'État considère cela comme étant une
priorité de garder les gens dans leur domicile. Les personnes
âgées du Québec auront droit à des services qui
équivaudront à 28 000 000 $: 10 800 000 $, M. le
Président, pour le désengor-gement des salles d'urgence et 5 600
000 $ pour le maintien à domicile et pour aider au maintien à
domicile des personnes handicapées.
Donc, première priorité, la santé; deuxième
priorité, l'éducation; troisième priorité,
l'environnement. Il est intéressant de constater, M. le
Président, à la lecture même de ce document, document qui
vient nous indiquer comment seront partagées les sommes
afférentes à l'environnement, comment elles seront donc
dépensées. Il y aura un ajout direct de 15 000 000 $ au
ministère de l'Environnement pour ses opérations courantes et,
donc, la majorité de cette somme ira à la gestion des milieux
environnementaux. Le principal élément de croissance de ce
programme s'explique par l'ajout de crédits de 10 600 000 $ à
titre de développement prioritaire. Ces sommes seront affectées,
entre autres, à la consolidation des opérations
régionales, pour 3 600 000 $, au programme de réduction des
rejets industriels, pour 2 000 000 $, et à la restauration des sites
contaminés pour 3 300 000 $. Le secteur de l'évaluation des
impacts environnementaux bénéficiera, pour sa part, d'un ajout de
ressources de 1 600 000 $. Donc, 15 000 000 $ de services
supplémentaires à la population donnés par une
augmentation de crédits au ministère de l'Environnement et
au-delà de 200 postes créés pour le ministère de
l'Environnement. Ajoutons à cela, pour le service de la dette donc, une
augmenta- tion de 24 000 000 $, presque 25 000 000 $, pour le service
d'amélioration et d'assainissement des eaux usées du
Québec. Combinons avec cela la volonté gouvernementale de
décentraliser.
Nous avons remarqué, nous avons réussi à savoir que
l'Opposition n'était pas d'accord avec une redistribution de la
fiscalité scolaire. Je peux vous dire que les commissions scolaires avec
qui j'ai parlé depuis un mois et demi se sont montré
enchantées de la démarche gouvernementale et perçoivent de
la part du gouvernement, pour la première fois depuis au-delà
d'une quinzaine d'années, une démonstration vigoureuse, une
démonstration vivante et bien réelle d'une volonté de
décentralisation de ce gouvernement, de notre gouvernement, du
gouvernement libéral. Et ce n'est que le premier pas. Nous aurons
à faire aussi plusieurs rencontres avec le secteur municipal pour nous
assurer que les services rendus et la qualité des services rendus
à la population soient administrés le plus près des
citoyennes et citoyens du Québec. M. le Président, je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Saint-Louis. M. le député de
Lévis, en vous rappelant qu'il reste à votre formation
parlementaire 11 minutes.
M. Garon: Pardon?
Le Vice-Président (M. Cannon): 11 minutes. M. Jean
Garon
M. Garon: M. le Président, comme disait Boileau: Ce qui
est clair est facile à énoncer, et se conçoit bien...
Le Vice-Président (M. Cannon): Un instant, M. le
député de Lévis. S'il vous plaît! Je demanderais aux
collègues de la Chambre de bien vouloir respecter le temps de parole des
autres collègues, de la même manière qu'on a
respecté le temps de parole du dernier collègue qui vient
d'intervenir. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, ce que je veux
dire, c'est que le ministre responsable du Conseil du trésor ne peut pas
recevoir de félicitations pour les crédits qu'il nous
présente aujourd'hui. D'autant plus que la plupart des
députés libéraux pensaient, après
l'énoncé des crédits, que c'étaient des mauvais
crédits, particulièrement et surtout en matière de
transport, puisque j'ai vu combien de députés libéraux qui
m'ont dit: Ça n'a pas de bon sens, qui n'étaient pas contents.
Mais lorsque le discours sur le budget est arrivé, ils se sont mis
à faire des discours en laissant entendre que maintenant ils avaient les
sommes d'argent nécessaires. Alors qu'on réalise qu'entre les
crédits et le budget il n'y a pas eu une cenne de plus dans les
transports, pas une cenne de plus dans la voirie, pas une cenne de plus dans
les routes régionales. Alors, comment des députés qui
étaient mécontents au moment du dépôt des
crédits peuvent-ils devenir contents, pourraient-ils devenir contents au
moment du budget alors qu'il n'y a pas une cenne de plus, à moins qu'ils
ne se soient fait emplir comme des valises? Je vous dirais même, M. le
Président, que j'ai l'impression que le ministre des Finances et le
ministre responsable du Conseil du trésor ont abusé des nouveaux
ministres, le ministre-député de Richmond, M. Vallières,
et le ministre responsable du Transport, M. Elkas. Il s'agit de deux nouveaux
ministres qui ne connaissent peut-être pas toutes les règles de la
Loi sur l'administration financière, tous les "flignes-flagnes" qu'il y
avait dans le budget et qui ont peut-être pensé de bonne foi qu'il
y avait des budgets accrus alors que les budgets accrus ne sont pas là,
parce que le ministre des Finances a parlé de budget de base et que
ça ne se réfère pas au budget de base, au budget de
l'année précédente, mais à un concept financier de
négociation du ministère des Finances avec les ministères
sectoriels.
Sauf que la réalité, M. le Président, que les gens
vont voir apparaître tout au cours de l'été et au cours de
l'automne, si la situation n'est pas changée, c'est que le budget du
transport pour la voirie régionale, pour le budget de construction et de
rénovation majeure, des routes régionales et des autres routes
est diminué de 42 %, c'est-à-dire qu'il part de 172 000 000 $, et
puis ça apparaît aux livres, à 105 000 000 $, 172 000 000 $
l'an dernier à 105 000 000 $ cette année. Et ça veut dire
beaucoup moins de travaux parce que même 105 000 000 $ ça
n'achète pas la même quantité de travaux que 105 000 000 $
l'an dernier. Il y a une inflation de 5 %. Ça veut dire, à ce
moment-là, que 172 000 000 $ de l'an dernier qui était
déjà une petite année en voirie régionale, si on
compare aux années antérieures, ne sera même pas du
même montant mais va baisser de 42 %. Comment veut-on que des camionneurs
- ce n'est pas pour rien que les camionneurs se retrouvent devant le parlement
- puissent faire leurs paiements, eux dont le principal travail vient des
travaux du ministère de la voirie? Comment veut-on qu'ils puissent faire
leurs paiements, parce qu'ils vont tous payer des frais d'intérêt
plus élevés sur leur camion? Je dois vous dire que des
camionneurs, quand ça emprunte pour payer leur camion ça n'a pas
le taux privilégié des banques, ça paie un peu plus cher
que nos taux d'intérêt qui sont beaucoup plus élevés
que les taux américains, que les taux sont très
élevés mais pour faire des paiements plus importants, plus
considérables sur leur camion que l'an dernier, ils auront des revenus
beaucoup moins élevés, puisque ie budget de la voirie dans les
régions va baisser de 42 %.
C'est pour ça.
Le ministre responsable du Conseil du trésor savait qu'en
même temps le ministre des Finances se préparait à aller
chercher 363 000 000 $ de plus dans la poche des automobilistes et dans la
caisse de la Régie de l'assurance automobile du Québec. On va
chercher 363 000 000 $ de plus, mais on ne fera pas plus de travaux que l'an
dernier dans l'ensemble du budget et dans la voirie régionale, beaucoup
moins de travaux que l'an dernier. C'est pourquoi, j'ai rendu les chiffres
publics, chiffres qui m'ont été fournis d'ailleurs par le
ministère lui-même dans les demandes pour la préparation de
l'étude des crédits en commission parlementaire. J'ai
additionné le budget de construction et le budget de rénovation
ou d'entretien des routes et, quand on additionne les deux ensemble, on se rend
compte que, dans la plupart des régions, sinon dans toutes les
régions, les budgets sont baissés de façon drastique au
point de vue de la voirie régionale. (15 h 30)
Je comprends que le ministre Vallières, ministre des Transports,
ministre délégué à la voirie, va dire: Oui, mais
c'est parce que, cette année, on va faire plus de travaux à
Montréal. Je comprends qu'il va faire plus de travaux dans l'ouest de
Montréal; M. Elkas s'est occupé de son coin, le ministre des
Transports. Sauf qu'il aurait dû y avoir des sommes d'argent
additionnelles pour payer ces travaux-là, pour ne pas pénaliser
les gens de l'ensemble des régions du Québec. Parce que les gens
qui vont faire leurs paiements sur leur camion, les gens qui ont des familles
à faire vivre dans les différentes régions du
Québec, qu'il s'agisse de l'Abitibi-Témiscamingue, du
Bas-Saint-Laurent, de la Côte-Nord, du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de
l'Estrie ou de la Mauricie, eux autres, ils ne feront pas des remboursements
aux banques avec des prières. Ils ne pourront pas dire: On a les voeux
pieux du Conseil du trésor. Ils ne pourront pas dire: On a les voeux
pieux du ministre des Finances. Les banques vont leur demander de l'argent et,
comme leur principal fournisseur, c'est le ministère des Transports, je
pense que le ministère des Transports ne fera pas les travaux dans les
différentes régions, tant en termes de construction que
d'entretien. Tous ces gens-là vont être
pénalisés.
Ce n'est pas pour rien qu'actuellement, on voit que les gens se
soulèvent dans les différentes régions parce qu'ils se
rendent compte que ça ne va pas. 2000 camionneurs sont venus devant le
parlement, les propriétaires de camions-remorque. Pourquoi sont-ils
venus devant le parlement? Pensez-vous qu'ils sont venus faire un voyage de
touristes? Ils ont dit: On va prendre nos camions et on va aller voir
Québec.
Une voix: Oui.
M. Garon: C'est parce qu'il y a des problèmes. Ils nous
disent: Vous nous avez embarqués dans une concurrence avec les
États-Unis, alors que, maintenant, on a des taux d'intérêt
beaucoup plus élevés que les États-Unis. On paie nos
licences à un prix beaucoup plus élevé, nos permis. Nos
assurances sont plus chères et la gazoline est beaucoup plus
chère, et vous nous demandez de concurrencer avec les Américains?
Eux autres paient tout ça meilleur marché. Comment voulez-vous
qu'on arrive?
Les gens aujourd'hui, les camionneurs artisans sont devant le parlement.
Pourquoi? Parce qu'ils disent: On a des problèmes. Vous ne livrez pas la
marchandise. Ils sont rendus à demander au gouvernement essentiellement
d'appliquer ses lois. Et, ce matin, quand j'ai demandé au ministre des
Transports: Avant de faire des offres à l'ANCAl ou aux
représentants de l'ANCAl, avez-vous obtenu les autorisations? Il m'a
dit: Je vais suivre le processus. Il avait l'air tout perdu. Sauf qu'un
ministre ne peut pas faire plus d'autorisations qu'il est autorisé
à en faire. Le ministre, quand il dépense de l'argent, ne
dépense pas son argent personnel, il dépense l'argent du
gouvernement et, pour ça, il doit être autorisé à le
faire. Un ministre ne peut pas signer des dépenses de 500 000 $, de 600
000 $ ou de 1 000 000 $, comme s'il avait le droit de le faire. Il faut qu'il
soit autorisé par le Conseil du trésor.
On sait que l'ex-ministre des Transports, le député de
Charlesbourg, qui avait la réputation d'être un matamore dans le
Parti libéral, s'est fait renvoyer aux bananes, sinon aux prunes, aux
fraises ou aux framboises par le ministre responsable du Conseil du
trésor. Il a dit: Non, vous n'aurez pas de contrôle routier. Il
avait pris des engagements sur la demande qu'il faisait. Il avait dit en
commission parlementaire: Je veux avoir un contrôle routier. S'il n'y a
pas de contrôle routier, pour appliquer de façon juste,
équitable et uniforme les lois 73 et 76 sur le Code de la
sécurité routière et sur la Loi sur le camionnage, cette
loi-là est inutile. C'est évident qu'il faut avoir l'inspection
pour contrôler. Il pariait même de 400 personnes. Mais le
président du Conseil du trésor lui a dit non. Le président
du Conseil du trésor n'est pas seulement arrogant avec l'Opposition, il
l'est même avec ses collègues. Il a renvoyé, imaginez-vous,
le député de Charlesbourg. Le député de
Charlesbourg, ça passe pour le matamore du gouvernement, l'homme le plus
féroce du gouvernement. Et pourtant, le président du Conseil du
trésor lui dit: Va te faire cuire un oeuf! Et, quand il sera cuit, vous
reviendrez nous voir.
Une voix: À deux jaunes.
M. Garon: Ce matin, vous voyiez le nouveau ministre des
Transports, qui sait à peine où se trouvent les routes au
Québec; lui, sans autorisa- tion, il fait des engagements avec les
camionneurs et il va réussir où l'ex-ministre n'a pas
réussi? Moi, si j'étais lui... J'ai dit aux gens: Vous devez
être prudents. Si j'étais le nouveau ministre, j'essaierais
d'avoir les autorisations avant de prendre des engagements pour ne pas bourrer
le monde, essentiellement pour ne pas bourrer le monde.
Le gouvernement, on va me dire, veut faire ça. Le gouvernement a
le droit de faire ce qu'il veut, mais il a le devoir de donner l'heure juste.
Il ne peut pas parier des deux coins de la bouche en même temps. S'il ne
dépense pas l'argent, il ne dépense pas l'argent. S'il
dépense l'argent, il dépense l'argent, mais il n'a pas le droit
de donner deux versions en même temps. Puis, un ministre ne peut pas
prendre des engagements... Je me rappelle, comme l'ancien ministre des Affaires
municipales avant 1976 qui envoyait des lettres à des
municipalités dans le Québec, 350 000 000 $ quand on est
arrivés au pouvoir en 1976, des lettres où il disait: Je m'engage
à recommander au Conseil du trésor. Puis, il y avait des
municipalités qui avaient bâti là-dessus, sauf qu'une
recommandation... Quand un ministre dit: Je m'engage à recommander au
Conseil du trésor, ça ne veut strictement rien dire tant qu'il
n'a pas été autorisé à faire tels engagements et
autorisé par le Conseil du trésor si c'est le Conseil du
trésor, et par le Conseil du trésor et le Conseil des ministres,
si c'est nécessaire.
M. le Président...
Le Vice-Président (M. Cannon): En conclusion, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: Je conclus en disant que nous allons faire une bataille
d'enfer là-dessus. Pourquoi? La bataille que les députés
libéraux ne font pas, on va la faire, nous autres, parce que les gens du
Québec ont le droit de vivre, les camionneurs du Québec ont le
droit de vivre, les camionneurs artisans du Québec ont le droit de
vivre, les entrepreneurs en construction de routes du Québec ont le
droit de vivre et ceux qui font la réparation de routes ont le droit de
vivre. Il doit y en avoir pour tous, surtout dans une période difficile
où l'État, et je termine là-dessus, qui est le plus fort
des nôtres, est utile à la condition qu'il travaille pour les
citoyens et non pas contre eux. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Lévis. Pour l'exercice de votre droit de
réplique, M. le ministre, je vous rappelle que vous avez cinq
minutes.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Merci, M. le Président. C'est toujours avec
une pointe d'humour que je me
sens obligé de répondre au député de
Lévis qui reproche à différents membres du gouvernement de
ne pas savoir, de ne pas connaître l'importance de l'argent des
contribuables. Venant de celui qui a traîné un chèque de 11
000 000 $, payable au Trésor public québécois, pendant des
jours et des jours, avec des centaines de milliers de dollars que ça a
coûté, venant d'une formation politique qui est en voie - en fait,
j'ai vécu un "filibuster" de quatre heures hier en commission, M. le
Président - d'empêcher le gouvernement d'édicter une loi
qui constituerait un service aux organismes publics pour qu'ils empruntent
à des taux inférieurs au taux du marché, nous
épargnant ainsi entre 40 000 000 $ et 60 000 000 $ par année, M.
le Président, je suis toujours impressionné de voir le
député de Lévis et le député de Labelle
prétendre que les fonds publics, les équilibres financiers, la
croissance des dépenses et la capacité de payer des
Québécois les intéressent. Les gestes qu'ils posent et
qu'ils ont posés personnellement, à répétition, ont
toujours démontré le contraire, à tel point que, pour la
première fois depuis une dizaine d'années, nous avons dû,
devant l'évolution des coûts des dépenses publiques, devant
le poids incontournable du service de la dette contractée par les gens
qui nous ont précédés, notamment par le chef de
l'Opposition, nous avons dû, cette année, regarder plus
attentivement que jamais auparavant comment nous pouvions confectionner des
crédits qui permettaient de respecter l'équilibre difficile que
nous devons maintenir devant les demandes illimitées de tous les
secteurs de la population.
En matière d'éducation et d'enseignement supérieur,
en matière de ressources humaines donc, les demandes sont
illimitées. En matière d'environnement, les demandes sont
illimitées. En matière de santé et de services sociaux,
les demandes sont illimitées. En matière d'infrastructures,
physique ou administrative, les demandes sont illimitées. Mais il y a
une chose qui n'est pas illimitée, c'est la capacité du
contribuable québécois de payer pour ces services.
Ce que nous avons tenté de faire, c'est de maintenir, d'une part,
l'équilibre des services gouvernementaux souhaités par la
population. Nous avons décidé de dégager, soit en
exemptant de compressions financières ou, alors, par ajout net de
ressources, nous avons tenté de souligner que nous portions une
attention particulière à la mission éducative, à la
mission de santé et à la mission environnementale. C'est ce que
nous avons réussi à faire à la lumière de la seule
mesure qui permet véritablement de juger si un gouvernement se comporte
de façon responsable. (15 h 40)
Le fardeau fiscal que nous imposons à nos concitoyens est la
mesure que nous devons retenir à chaque décision que nous
prenons. On voit, M. le Président - les chiffres et les séries
historiques sont là pour le montrer - que ceux qui nous ont
précédés se sont comportés comme si les ressources
financières étaient illimitées. On se souvient des
discours de nos amis d'en face lorsqu'ils occupaient ces banquettes. Ce
n'était pas l'argent qui manquait, c'étaient les projets qui
manquaient. On n'avait cure de l'autre côté de se demander comment
ça pouvait s'appliquer ou influencer la cote de crédit du
Québec, comment ça pouvait raffermir ou affaiblir la
capacité concurrentielle de nos entreprises, qu'est-ce que ça
pouvait signifier pour la création d'emplois permanents, durables,
à plein temps pour les Québécois.
Jamais, dans toutes les années où le gouvernement a
été mené par les gens d'en face, n'a-t-il
été question une seule fois de se soucier des équilibres
financiers et de notre capacité de payer, sauf lorsqu'ils avaient le
nez, pas sur la vitre, à travers la vitre. À un point tel, que ce
sont les fonctionnaires et 300 000 Québécois qui se
dévouent encore corps et âme au service de leurs concitoyens, qui
se sont fait dire "vos salaires sont trop élevés" par les gens
qui leur avaient consenti ces salaires. C'est ça qui est arrivé
et c'est ce que nous avons évité. À tel point que cette
année, non seulement avons-nous réussi à protéger
le pouvoir d'achat de nos employés, mais comme l'a
démontré le député de Saint-Louis, nous avons
enrichi davantage le portefeuille avec raison, justice et
équité...
Le Vice-Président (M. Cannon): En conclusion, s'il vous
plaît, M. le ministre.
M. Johnson: ...avec raison, justice et équité de
centaines de milliers d'employés, à 80 % des femmes qui,
traditionnellement, avaient été moins bien payées qu'elles
ne le méritaient. C'est là qu'on a mis nos priorités, M.
le Président. On n'a pas mis nos priorités sur un fardeau fiscal
trop élevé, on n'a pas mis nos priorités sur les emprunts
toujours trop élevés, sur un déficit insoutenable, on a
mis nos priorités sur l'environnement, l'éducation, la
santé et sur la rémunération adéquate des
employés qui ont été méprisés par le
gouvernement qui nous avait précédés.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, conformément
à l'article 288 du règlement, je vais maintenant mettre aux voix
les rapports regroupés des commissions qui ont étudié les
crédits budgétaires pour l'année financière
1990-1991 et le projet de loi sur les crédits 1990-1991. Est-ce que les
rapports regroupés des commissions qui ont étudié les
crédits budgétaires pour l'année financière
1990-1991 sont adoptés?
Une voix: Vote.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, qu'on appelle les
députés! (15 h 43-15 h 52)
Mise aux voix des rapports regroupés
Je vais d'abord mettre aux voix les rapports regroupés des
commissions qui ont étudié les crédits budgétaires
pour l'année financière 1990-1991.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Paradis (Brome-Missisquoi), Mme
Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), M. Vallerand (Crémazie), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros (Laurier), M. Savoie
(Abitibi-Est), M. Tremblay (Outremont), M. Cherry (Sainte-Anne), Mme Robic
(Bourassa), M. Dutil (Beauce-Sud), M. Lefebvre (Frontenac), M. Johnson
(Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinongé), Mme Robillard
(Chambly), M. Houde (Bert hier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay), M.
Middlemiss (Pontiac), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beau-din
(Gaspé), M. Bélisle (Mille-Îles), M. Hamel (Sherbrooke), M.
St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M.
Lemire (Saint-Maurice), M. Poulin (Chauveau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit
(Orford), M. Williams (Nelligan), M. Dauphin (Marquette), M. Kehoe (Chapleau),
M. Fradet (Vimont), M. Lemieux (Vanier), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M.
Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean), M. Bélanger
(Laval-des-Rapides), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin (Verdun),
M. Larouche (Anjou), M. Khelfa (Richelieu), Mme Hovington (Matane), M. LeSage
(Hull), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Borde-leau (Acadie), Mme Boucher Bacon
(Bourget), M. Audet (Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Camden (Lotbi-nière), M.
Brouillette (Champlain), M. Bradet (Charlevoix), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), M. Farrah
(Îles-de-la-Madeleine), M. Forget (Prévost), Mme Loiselle
(Saint-Henri), M. Lafrenière (Gatineau), M. MacMillan (Papineau).
Le Vice-Président (M. Cannon): Que ceux et celles qui sont
contre cette motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), M. Perron (Duplessis), Mme Blackburn (Chicoutimi), M.
Garon (Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve), M. Jolivet
(Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme Juneau (Johnson), M. Dufour
(Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle).
Des voix: Bravo!
Le Secrétaire adjoint: Mme Vermette (Ma-rie-Victorin), M.
Paré (Shefford), M. Morin (Du-buc), Mme Caron (Terrebonne), M. Boisclair
(Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Du-puis (Verchères), M.
Beaulne (Bertrand).
M. Libman (D'Arcy-McGee).
Le Secrétaire: pour: 64 contre: 24
Le Vice-Président (M. Cannon): Par conséquent, la
motion est adoptée.
Projet de loi 79
Présentation, adoption du principe et
adoption
En conséquence, M. le ministre délégué
à l'Administration et à la Fonction publique et président
du Conseil du trésor, au nom du ministre des Finances, propose que
l'Assemblée soit saisie du projet de loi 79, Loi n° 2 sur les
crédits, 1990-1991, qu'elle en adopte le principe et qu'elle adopte le
projet de loi proprement dit.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever.
Des voix: Même vote.
M. Pagé: Alors, M. le Président, je demanderais le
consentement pour qu'on réfère au même vote, en
additionnant, évidemment, le député de Roberval, ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, et M. le ministre des Transports,
député de Robert-Baldwin.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, il y a consentement,
M. le leader de l'Opposition? Consentement. Alors, en conséquence, la
motion est adoptée.
Alors, le projet de loi 79, Loi n° 2 sur les crédits,
1990-1991, est donc adopté.
M. le leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je vous inviterais
à appeler l'article 43 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 25
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a tait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, à l'article
43 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la commission de l'éducation sur le projet de loi 25, Loi sur l'aide
financière aux étudiants. En conséquence, je
reconnais M. le ministre de l'Éducation.
Alors, nous allons attendre quelques instants, M. le ministre de
l'Éducation, afin de permettre aux autres collègues de se rendre
aux différentes commissions.
Alors, chers collègues, s'il vous plaît. Alors, M. le
ministre de l'Éducation.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, à cette étape
importante de l'examen du projet de loi 25 traitant de l'aide financière
aux étudiants, il sera utile de faire une brève revue des
étapes qu'a franchies ce projet avant d'arriver à un point qui
est tout proche, maintenant, de l'étape finale de l'approbation par la
Chambre.
On se souviendra que le gouvernement avait entrepris, il y a
déjà trois ans, une réforme majeure du régime de
l'aide aux étudiants, à la suite des nombreuses
représentations dont il avait été saisi par les milieux
étudiants et par les responsables d'établissements
d'éducation chargés de l'application du régime de
prêts et bourses aux étudiants. (16 heures)
En avril 1989, le gouvernement publiait un énoncé
d'orientation intitulé "L'aide financière aux étudiants
dans les années quarante", dans lequel 25 propositions de changement
étaient formulées par le gouvernement en comparaison du
régime actuel. Cet énoncé fut publié pour
être soumis à la discussion publique. Pendant tout l'automne, on
entendit toutes sortes de points de vue au sujet des propositions contenues
dans l'énoncé d'orientation. En décembre 1989, j'avais
l'honneur de déposer dans cette Chambre le projet de loi 25, lequel
traduisait en des propositions législatives les grandes modifications
déjà annoncées dans l'énoncé d'orientation
d'avril 1989. Fidèles à une promesse que nous avions faites, nous
soumettions le projet de loi à l'examen de la commission parlementaire
de l'éducation en février. La commission siégea pendant
presque trois semaines, si mes souvenirs sont bons. Elle entendit tous les
groupes intéressés, toutes les associations, tous les
établissements qui avaient des représentations à lui
faire, y compris certaines personnes qui avaient demandé à
témoigner à titre individuel.
Au terme de ces auditions parlementaires de la commission de
l'éducation, le Parlement reprenait ses travaux réguliers
à la mi-mars de cette année et, très tôt dans la
session, nous engagions le débat de principe sur le projet de loi 25. Le
projet de loi fut adopté par l'Assemblée au début d'avril,
dans son principe, et nous reçûmes alors le mandat de retourner en
commission parlementaire pour un examen article par article du projet de loi.
La commission parlementaire s'est réunie les 8, 9, 10 et 15 mai dernier
et, grâce à l'esprit de collaboration qui s'était
institué entre tous les députés faisant partie de la
commission, celle-ci pouvait faire rapport à l'Assemblée
nationale il y a déjà deux semaines environ: travail accompli,
mission complétée, et la commission pouvait faire rapport
à l'Assemblée nationale qu'elle avait apporté plusieurs
modifications bonifiant le projet de loi.
Parmi les modifications que la commission parlementaire a pu apporter au
projet de loi, je voudrais mentionner les suivantes, M. le Président. On
se souviendra que dans la version originelle les étudiants souffrant
d'un handicap ou d'une déficience majeure se voyaient traiter sur un
pied d'égalité avec tous les autres candidats à l'aide
financière. Le gouvernement avait pensé bien agir faisant
écho à des représentations, dont il est souvent saisi,
voulant que tout le monde soit traité sur un pied
d'égalité. Il s'était dit que là où un
étudiant souffrant d'une déficience majeure disposerait des
ressources financières nécessaires pour financer lui-même
ses études, il n'y avait pas lieu de lui donner de l'aide
financière de manière différente des étudiants
ordinaires. On nous a fait valoir en commission parlementaire que le cas des
étudiants souffrant d'une déficience majeure n'est pas du tout
comparable à celui d'un étudiant ordinaire. Non seulement les cas
où ces étudiants peuvent gagner de l'argent sont-ils
extrêmement rares, mais là où ils font un petit peu de
revenus par des travaux d'appoint, ils en ont triplement besoin par rapport
à l'étudiant ordinaire. Et le gouvernement, attentif aux
représentations qu'on lui avait soumises, a décidé de
modifier le texte du projet de loi et, en vertu de la modification
apportée en commission parlementaire, tous les étudiants
souffrant d'une déficience majeure ou d'un handicap grave seront admis
directement et automatiquement à la bourse sans avoir à passer
d'abord par le prêt, comme le veut l'économie
générale du régime des prêts et bourses.
On s'était inquiété aussi des étudiants qui
revenaient aux études après avoir passé deux ans sur le
marché du travail. La manière dont le projet de loi était
formulé originellement pouvait induire des pertes d'avantages pour des
étudiants qui auraient suivi, par exemple, des études à
temps plein pendant une période de deux ans. Avec la modification que
nous avons apportée au projet de loi, l'étudiant se trouve
grandement avantagé de ce point de vue et j'en suis très
heureux.
On avait beaucoup critiqué la sévérité des
pouvoirs d'enquête attribués au ministre dans le projet initial.
Le gouvernement, agissant de bonne foi, avait voulu harmoniser la Loi de l'aide
financière aux étudiants avec la Loi sur l'aide sociale. Nous
avions emprunté littéralement de la Loi sur l'aide sociale, les
dispositions sur le pouvoir d'enquête du ministre qui avaient
été inscrites dans le projet initial. Après avoir entendu
les représentations qui nous furent faites
et considéré que la situation des étudiants qui
sollicitent l'aide financière du gouvernement pour la poursuite de leurs
études est très différente, à maints égards,
de la situation de la personne qui sollicite l'aide sociale, nous avons conclu
que le ministre n'avait pas besoin des pouvoirs d'enquête très
sévères, très étendus que lui attribuait la version
originelle et nous avons amendé le projet de loi de manière que
le ministre soit doté de pouvoirs de vérification qui nous
apparaissent suffisants, comme ils l'ont été jusqu'à ce
jour, pour permettre au ministre de s'acquitter de tous ses devoirs avec
l'efficacité qu'on est en droit d'exiger de lui.
Il en va de même des pénalités. Nous avions,
même dans le régime actuel des prêts et bourses, des
pénalités beaucoup trop sévères, des
pénalités absolument disproportionnées à la nature
des infractions susceptibles d'être commises. Si, par exemple, un
étudiant soumettait une demande d'aide avec un délai de quelques
jours à peine, il était exposé à perdre la
moitié de l'aide financière à laquelle il avait droit, une
pénalité sans aucune commune mesure avec la nature de
l'infraction.
Il y avait d'autres cas... On proposait de l'exclure, je pense que c'est
pour cinq ans, de l'aide financière pour des choses qui pouvaient
souvent être en soi des peccadilles. Alors, le gouvernement a
écouté ce qu'on lui avait dit, et j'étais heureux
d'entendre le porte-parole de l'Opposition signaler en commission que le
gouvernement écoutait beaucoup. Le gouvernement, écoutant ce
qu'on lui avait dit, a décidé d'adoucir les
pénalités prévues dans le projet de loi sur l'aide
financière de manière que l'étudiant qui commet une faute
contre l'économie ou les lois du régime encourt une
pénalité et que cette pénalité soit davantage
accordée à la nature de l'infraction commise. Je pense que tout
le monde sera très heureux de ces dispositions.
De même, le pouvoir de dérogation qui est attribué
au ministre dans le projet de loi a connu certains élargissements. Je
donne un exemple. Dans le cas de l'étudiant qui aurait
dépassé le nombre de périodes d'études, de sessions
d'études qui permettent d'être admis à la bourse ou au
prêt, dans ces cas-là, le ministre se voit attribuer le pouvoir de
permettre l'accès au prêt, s'il y a des raisons sérieuses
qui le justifient. Ces décisions du ministre seront prises, comme on le
sait, après qu'un comité consultatif attaché au ministre
aura formulé son opinion et entendu, au besoin, les personnes
concernées.
Voilà quelques améliorations que nous avons
apportées à l'occasion des travaux en commission. Et vers la fin
des travaux de la commission, c'est-à-dire lorsque nous eûmes
pratiquement terminé les travaux, j'avais le plaisir de communiquer
à la commission des modifications que le gouvernement a également
décidé d'apporter à l'économie même du
régime.
On. se souviendra que j'annonçais en particulier que le
gouvernement accordait, pour un étudiant inscrit dans un
établissement collégial ou universitaire situé dans une
région périphérique, une allocation spéciale de 210
$ par semestre, 420 $ par année, si le lieu de résidence des
parents de l'étudiant est situé dans une autre région.
Nous faisions droit, par cette mesure, à une demande qui nous avait
été faite par de nombreuses personnes voulant que si un
étudiant est obligé de partir de Montréal pour aller
s'inscrire à un cours d'océanographie à Rimouski où
il est exclusivement offert, à ce moment-là, il recevra une
allocation spéciale qui constituera en même temps un encouragement
à l'inscription dans les universités périphériques.
C'est pour renforcer la vocation des universités
périphériques et faire comprendre aux étudiants de tout le
Québec qu'on y offre des cours de première qualité, que
cette mesure a été instituée dans le projet de loi. (16 h
10)
Des voix: Bravo!
M. Ryan: Autre amélioration très importante pour
les familles de cultivateurs ou de pêcheurs. Vous savez qu'on avait
prévu dans le projet de loi que l'actif des parents qui est exempt des
calculs pour les fins de la contribution parentale dans le cas d'une demande de
bourse est actuellement de 50 000 $; dans le projet de loi nous portions cet
actif à 90 000 $. Mais les représentants des producteurs
agricoles et des pêcheurs nous ont dit: 90 000 $ pour un cultivateur
ça ne veut pas dire grand-chose. Un cultivateur le moindrement important
aujourd'hui a des actifs qui dépassent les 400 000 $, 500 000 $, 600 000
$ et 700 000 $. Et sur la plupart de ces actifs il ne réalise que des
revenus liquides très modestes dans une année. Il doit encourir
des charges très lourdes. Et on nous a dit si vous le grevez pour le
montant qui est prévu ici toute valeur supérieure à 90 000
$, vous lui portez un coup très dur en partant. Ça peut
être assez dur pour que son fils ou sa fille soit empêché de
s'inscrire aux études collégiales ou universitaires. Nous avons
étudié très attentivement les représentations qui
nous avaient été faites et nous avons décidé de
porter de 90 000 $ à 250 000 $ l'exemption consentie pour les actifs de
parents de fils de cultivateur ou de pêcheur. Ça c'est une
revendication....
Des voix: Bravo!
M. Ryan: ...je vois le ministre des Approvisionnements et
Services qui est député de Beauce-Sud. Le ministre m'avait
écrit, il y a une dizaine de jours, à ce sujet-là. Je lui
ai dicté une lettre en fin de semaine dans laquelle je l'informais de ce
changement qui avait été approuvé par le cabinet à
une réunion où il était absent, étant retenu
ailleurs par ses devoirs.
Mais je suis bien content pour nos collègues de toute
l'Assemblée nationale des deux côtés de la Chambre
d'annoncer cette amélioration, de confirmer cette amélioration
dont j'ai déjà fait part à la commission parlementaire au
début de mai. Nous avons également amélioré les
dépenses de transport des étudiants; des allocations
versées aux étudiants pour les dépenses de transport. Dans
le projet que nous avions conçu nous resserrions la vis peut-être
un petit peu trop. Et là, nous avons des mesures qui seront plus
accordées aux besoins réels. Pour tout étudiant qui peut
utiliser le transport en commun pour se rendre à l'établissement
qu'il fréquente, il y aura une allocation minimum pouvant aller de 11 $
par semaine au montant équivalent au coût réel encouru par
l'étudiant. Ça veut dire que, dans toutes les régions
urbaines où il y a des transports en commun, l'étudiant se verra
allouer chaque semaine un montant qui lui permettra de se rendre à son
établissement et d'en revenir sans qu'il soit obligé d'encourir
des déboursés personnels pour ça. Et là où
le transport en commun n'est pas disponible, une allocation hebdomadaire
consentie à l'étudiant est portée à 30 $ par
semaine.
On nous avait dit aussi, il y a une table qui sert à
établir la contribution des parents. Comme on le sait quand on
établit l'aide à laquelle a droit l'étudiant on
établit d'abord la contribution de ses parents, sa contribution à
lui, la contribution de ses parents. Pour établir la contribution de ses
parents, il faut fixer le niveau de revenu qui va être
considéré pour les fins de la contribution parentale. Or, on nous
a dit qu'on fixait le niveau de revenus trop bas, qu'il fallait le monter un
petit peu de manière que les parents à revenus plus modestes
soient exemptés de la contribution parentale. Alors, dans la
dernière version du projet de loi, nous avons porté le seuil des
revenus qui est le plus bas dans l'échelle de contribution parentale de
1000 $ qu'il était à 2730 $. Alors, c'est un changement
considérable qui vient s'ajouter à toutes les bonifications
déjà inscrites dans le projet initial.
Finalement, on nous avait dit: II y a les étudiants inscrits dans
des établissements privés d'enseignement professionnel
post-secondaires qui eux ont accès actuellement au prêt et non pas
accès à la bourse. On nous avait dit: C'est discriminatoire par
rapport aux étudiants qui suivent des cours professionnels dans un
établissement public et ça l'est d'autant plus dans certaines
disciplines que quelques disciplines sont offertes par des
établissements privés et ne le sont pas par des
établissements publics. Je donne un exemple. Un étudiant ou une
étudiante qui veut suivre un cours de mode aujourd'hui. Où est-ce
que vous pensez que cette personne va s'inscrire au niveau collégial?
Elle va aller au collège de Lasalle à Montréal c'est
là qu'est le centre de l'enseignement de la mode de niveau
collégial. Or, le collège de Lasalle est un collège
privé. Alors, l'étudiant qui s'inscrivait là n'avait droit
qu'au prêt. Avec l'amélioration que nous avons
décidé d'apporter il aura droit également à la
bourse.
J'ai parlé tantôt des pénalités. Le
Protecteur du citoyen était venu nous faire des représentations
très élaborées en commission parlementaire. Il trouvait
que nous étions un petit peu trop sévères, M. le
Président. Nous l'avons écouté avec attention. Nous avons
tenu compte de ses représentations et je pense que le Protecteur du
citoyen pourrait être fier de la participation qu'il a eue à
l'élaboration du projet de loi sur les prêts et bourses parce que
sa contribution aura été retenue.
J'ajoute un dernier point. Au début des auditions de la
commission parlementaire, des réunions pour l'étude article par
article, l'Opposition a déposé une demande, dès le
début des travaux. Elle a dit: Nous aimerions bien connaître le
projet de règlement qui accompagnera le texte de loi. Parce que, dans
ces lois comportant des allocations financières, des fois, le plus
important est dans le règlement et non pas dans le texte de loi, M. le
Président. Nous savons tous cela. Alors, l'Opposition nous a dit fort
opportunément qu'elle aimerait connaître le texte du
règlement aussi avant de pouvoir se prononcer définitivement sur
le texte du projet de loi.
Or, je fus très heureux, à la séance de la
commission parlementaire tenue le 15 mai, de porter à la connaissance
des députés le texte d'un projet de loi adopté
provisoirement par le gouvernement et que j'avais été
autorisé à porter à la connaissance de la commission, de
manière à pouvoir recueillir ses observations et ses
recommandations avant que je présente une version définitive au
gouvernement. Les députés ont pu se rendre compte à cette
occasion que, dans le projet de règlement, le gouvernement respecte
intégralement toutes les orientations, tous les engagements qu'il avait
annoncés à diverses étapes du cheminement de ce projet,
c'est-à-dire depuis la publication du document d'orientation en avril
1989 jusqu'à ce jour. La commission a fait encore quelques propositions
d'améliorations dont nous tiendrons compte pour la présentation
d'un projet de règlement définitif au gouvernement dans les jours
qui vont suivre.
Il me fait plaisir de conclure ceci, en signalant que, dès que le
projet de loi aura reçu la sanction de l'Assemblée nationale,
nous verrons à ce qu'il soit ratifié ou sanctionné par le
lieutenant-gouverneur, et, ensuite, je m'empresserai de soumettre au
gouvernement un projet de règlement dont je souhaite qu'il entre en
vigueur le plus tôt possible de manière que, dans les meilleurs
délais, nous puissions commencer à gérer le programme des
prêts et bourses en vue de l'année 1990-1991, suivant les
dispositions, les normes, les modalités et les conditions
définies dans le projet de loi 25.
M. le Président, j'exprime ma vive satisfaction pour l'excellent
travail accompli autour de ce projet de loi et je souhaite que nous puissions
procéder à la prise en considération du rapport et,
ensuite, dans les meilleurs délais, à l'adoption
définitive.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre.
Je reconnais maintenant M. le député d'Abitibi-Ouest et leader
adjoint de l'Opposition officielle. M. le député.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Il me fait plaisir de
prendre la parole sur un projet de loi majeur, important, qui s'inscrit dans un
contexte qu'il y a lieu de rappeler? C'est suite à la décision
d'augmenter les frais de scolarité d'une façon très
significative, très majeure, c'est-à-dire quelque chose qui ne
s'est jamais vu, de 130 % sur deux ans, que, dans la même
déclaration, le ministre de l'Éducation annonçait qu'il
procéderait, au cours de l'année, à un nouveau
régime d'aide financière aux étudiants.
Je pense qu'il a rappelé assez correctement ce qui s'est
passé en commission parlementaire puisque, à la fin de son
laïus, il indiquait qu'il avait hâte que nous commencions
l'étude du rapport de la commission et c'est ce que nous faisons. Nous
sommes présentement à l'étude du rapport de la commission
de l'éducation sur les amendements, sur les modifications sur le projet
de loi 25 qui, effectivement, a subi des modifications, dans certains cas,
significatives, dans d'autres cas, beaucoup moins et, dans d'autres cas,
absence totale d'ouverture, comme c'est la responsabilité d'un
gouvernement d'avoir de la sensibilité sur des choses et d'en avoir
moins sur d'autres, selon sa vision des choses, puisque c'est lui qui est
mandaté pour diriger l'État, et c'est ainsi que la population du
Québec a voulu que les choses se passent puisque nous vivons dans un tel
régime. (16 h 20)
Je ne peux pas faire tout l'historique de ce projet de loi. Je le ferai
plus lors de la troisième lecture où on aura l'occasion, à
ce moment-là, de fermer toute la façon dont s'est
déroulée la problématique du projet de loi 25 et des
éléments l'entourant.
Aujourd'hui, on a à adopter ou pas ou à prendre en
considération, M. le Président, le rapport de la commission de
l'éducation sur le projet de loi 25, qui est l'assise sur laquelle
viendront s'appliquer les diverses mesures dans le futur concernant l'aide aux
étudiants, soit sous forme de prêt, soit sous forme de bourse, et
le gouvernement a choisi de procéder par voie législative pour
que les règlements puissent avoir une assise juridique, ce qui est
familier et ce qui est régulier, ce qui est courant.
Avant de revenir au premier aspect, parce qu'il y a toutes sortes de
façons d'aborder un rapport de commission, il est exact que moi,
j'aimerais mieux commencer par le début plutôt que par ce que le
ministre a fait, par la fin, en disant qu'à la toute fin il était
heureux de nous déposer les règlements. Bien sûr, mais il
faut dire aux membres de cette commission que les règlements que nous
avons obtenus comportent 82 articles et que, dans certains cas, il y a
jusqu'à 18 alinéas par article, ce qui vous démontre et ce
qui signifie combien, dans l'application du régime de prêts et
bourses, c'est bien clair que plus souvent qu'autrement, c'est aux
règlements que nous allons devoir nous référer pour savoir
ce à quoi les étudiantes et les étudiants du Québec
auront droit, qu'ils soient du niveau collégial ou du niveau
universitaire.
Je répète et je trouve anormal, et ce n'est pas parce que,
encore là, les gens d'en face applaudissaient leur dieu que c'est normal
de procéder comme ça... C'est le monde à l'envers. Il y a
toujours, contrairement à ce qu'on entend des fois, la chance de
composer avec une Opposition responsable et, je pense, un critique responsable
en éducation qui connaît le domaine et qui sait qu'il n'y aurait
pas intérêt à pénaliser les étudiantes et les
étudiants du Québec pour faire de la politique. Ce n'est pas mon
genre, ce n'est pas mon style, ce n'est pas le style de l'Opposition,
contrairement à ce que j'ai entendu il n'y a pas plus tard que 45
minutes dans la réplique de cinq minutes du président du Conseil
du trésor qui disait: Nous, évidemment, on ne connaît rien,
on ne sait pas compter, on ne sait pas ce que c'est que des chiffres, on n'a
aucune espèce d'idée de s'assurer que l'État prenne des
décisions qui respectent la capacité de payer des contribuables.
C'est ça qu'on s'est fait dire tantôt pendant cinq minutes. Si
j'avais le même comportement, c'est évident qu'on ne serait
même pas rendus où on est là, M. le Président, on ne
parierait même pas de ça, parce qu'on serait probablement encore
en commission, parce que nous avions le droit, comme Opposition responsable, de
dire: M. le ministre, vous savez bien que même si on a le projet de
loi... Quand vous me demandez: Qu'est-ce que vous pensez, entre autres, de
l'article 11? Qu'est-ce que vous pensez de l'article 4? Et, juste dans
l'article 4, je pense qu'on se référait aux règlements
à cinq reprises. Alors, j'aurai beau dire ce que vous voulez sur
l'article 4, je peux être pour, je peux être contre, je peux
être dans les patates, je peux être correct ou incorrect, il n'en
demeure pas moins que je ne sais pas de quoi je parie puisque, de toute
façon, la plupart des dispositions du projet de loi 25 se
référaient à des articles où on voit l'application
concrète, le vécu, les modalités, la procédure,
l'application et la signification à l'intérieur des
règlements.
C'est vrai que, dès le début des travaux, nous avons fait
une motion afin d'avoir copie des
règlements. Les gens qui applaudissaient, tantôt, le
ministre de l'Éducation, parce qu'il a toujours, toujours, toujours fait
les choses d'une façon extraordinaire selon eux. Je le
répète, pour eux, c'est une idole. Ils n'ont jamais eu de
ministre de l'Éducation au Québec d'une aussi grande envergure.
Et ils vont le répéter. Mais, il n'en demeure pas moins, comme je
l'ai dit tantôt, qu'on a toujours un ministre qui procède de la
même façon, tout le temps. On n'a jamais entre les mains le projet
de loi qu'on nous demande d'étudier.
Donc, ce que nous étudions, on ne sait jamais, quand on nous
demande... Parce qu'il a commencé de même, il a dit: On a
adopté le principe telle date. Oui, mais quand j'ai adopté le
principe du projet de loi 25, et dans probablement trois, quatre semaines,
lorsqu'il sera réimprimé, compte tenu du grand nombre
d'amendements, il n'y a personne objectivement, qui a une tête sur les
épaules, qui va être capable de dire: Je reconnais le projet de
loi 25 qui a été déposé - je l'ai ici là -
au tout début d'avril. Entre le dépôt d'un projet de loi
où on nous demande de faire l'étude sur son principe et la
finalisation du processus législatif qui nous conduit à la
troisième lecture, il y a trop souvent un écart qui est une
mauvaise habitude législative, qui n'est pas correcte, et le ministre,
lui, met ça sur le dos de son écoute extraordinaire.
Je vous donnerai un exemple tantôt de son écoute
extraordinaire. Le projet de loi normalement devait contenir la disposition la
plus importante dans ses orientations en avril, et c'est pour ça
d'ailleurs que je vous indique tout de suite qu'on va être
collaborateurs, mais qu'on va être contre. On ne peut pas être pour
ça. Ce qu'il y avait de plus important dans ses orientations en avril,
c'était les étudiants à temps partiel. Enfin,
dorénavant, on permettrait à des étudiants qui
étudieront à temps partiel... Et en passant, pour ceux qui sont
moins familiers avec ces notions-là, c'est le lot, on est rendu à
presque plus de 50 % d'étudiants, dans l'ensemble du Québec, qui
ont un statut d'étudiant à temps partiel.
Êtes-vous au courant que, pour ces 50 % en partant, c'est fini
là? Eux autres, ils n'ont droit à ni prêt ni bourse.
C'était ça la mesure la plus extraordinaire de ses orientations
d'avril. Et en commission, on a eu beau lui faire la preuve, on a eu beau
entendre toutes sottes de témoins, on a eu beau être des fois un
petit peu plus déterminés, un petit peu plus agressifs, on a
toujours eu la même réponse de ce ministre attentif, de ce
ministre ouvert, de ce ministre qui écoute terriblement la population et
les groupes qui le consultent. La réponse a été: Non, j'ai
des vérifications à faire.
En avril, quand il l'a mis dans son papier, dans ses orientations, si on
avait eu affaire à un ministre sérieux, ses vérifications,
il les aurait faites. C'est lui qui a dit dans ses orientations en avril: Je
souhaite pouvoir offrir un régime de prêts et bourses aux
étudiants à temps partiel. Donc, c'est clair qu'on a
commencé par une motion. Est-ce qu'on peut avoir les règlements?
Rapidement, on s'est fait battre. Rapidement, les ministériels de
l'autre côté de la table ont dit: Vous n'avez pas besoin de
ça. Ce n'est pas grave. On a un mandat ici pour étudier article
par article même si ça n'a pas de signification.
Alors, comme, je le répète, notre objectif était
que le plus rapidement possible cette loi là soit adoptée dans
toutes ses phases pour que les étudiants eux ne soient pas
pénalisés, pour que les étudiantes du Québec ne
soient pas pénalisées, on a procédé. Et c'est vrai
qu'en commission, on a procédé, on a travaillé
sérieusement, on a fait notre job sérieusement, comme c'est
toujours le cas. Mais c'est certain que si on avait pu obtenir les
règlements au préalable plutôt qu'à la fin... Parce
que c'est comme un processus à l'envers. À partir du moment
où on a fini un travail avec des instruments que nous n'avions pas, qui
auraient facilité le travail, de venir se vanter qu'on a pu mettre la
main dessus le dernier jour de la commission parlementaire, moi, je ne trouve
pas que c'est très méritoire. Je ne trouve pas que c'est
très logique. (16 h 30)
Moi, je n'aurais pas dit ça. Je ne serais pas content comme
ministre de dire: Je vous les ai donnés le dernier jour. J'étais
très heureux, quand tout a été fini, que vous puissiez
mettre la main sur les règlements. Je comprends! Là enfin, on
pouvait prendre connaissance de l'ensemble de la portée du projet de
loi. Mais, ce n'est pas une façon de faire. Sur le nombre d'amendements
apportés, une cinquantaine ont été apportés,
Ça vous donne une idée comment ses projets de loi ne sont jamais
prêts. Ça vous donne une idée que, quand il arrive en
commission, de deux choses l'une, ou il veut se faire applaudir en phase
finale, ce qu'il n'a pas besoin de faire, puisque, de toute façon, ces
gens-là l'applaudissent sur tout en partant, quoi qu'il fasse. Quoi
qu'il fasse, de quelque manière qu'il le fasse, qu'il reprenne ses
devoirs cinq fois, dix fois, ça n'a pas d'importance, ça, c'est
garanti. Donc, je ne vois pas pourquoi il procède de même. Et je
le répète, je préférerai toujours des
législateurs qui déposent un projet de loi ou un ministre qui
dépose un projet de loi qui comporte l'ensemble des
éléments sur lesquels on demande à une Opposition ou
à des parlementaires d'étudier le projet de loi.
La nature des amendements qui ont été apportés.
Regardons ça un peu. Regardons c'était quoi, la nature des
amendements à apporter. Il y en a une série qui portait sur
l'élargissement du programme de bourses aux étudiants à
temps partiel, en termes d'échanges, en termes de discussions, et
également aux étudiants du collégial. Mais, je vous l'ai
dit, on a eu beau
marteler ces situations-là, on a eu beau reprendre ces
situations-là, on a eu beau citer la CEQ, citer les rapports des
centrales, citer les rapports d'une multitude d'associations étudiantes,
pas d'ouverture. Et moi, quand il y a un mur de briques, s'il a 20 pieds
d'épais ou s'il a 200 pieds de hauteur, je n'ai pas la réputation
de dire: Je vais essayer pareil de le défoncer. Et c'est ce qui est
arrivé, on ne l'a pas défoncé, au détriment des
étudiants, bien sûr, au détriment d'une bonification que
nous aurions souhaitée.
Deux autres notions majeures dans ce projet de loi là.
C'était la notion d'autonomie, au niveau des critères
d'autonomie, pour éliminer la notion de résidence ailleurs
qu'à la résidence des parents. Là, on aurait aimé
ça que le ministre soit plus souple pour tenir compte d'une
réalité moderne. La réalité d'aujourd'hui, en 1990,
n'est pas celle des années trente. Et là, je ne porterai pas de
jugement sur la sagesse ou l'âge du ministre, mais des fois il me
dépasse, il ne me paraît pas vivre à la même
époque que nous. Il ne me paraît pas vivre en 1990, sur certains
éléments. Et en 1990, il faut savoir qu'il y a des familles qui
sont éclatées. Il faut savoir qu'il y a beaucoup de gens qui,
même si on écrit dans un règlement que ce sont encore les
parents qui ont la responsabilité de leurs enfants, il faut savoir qu'il
y a beaucoup de ces familles-là qui, malheureusement, n'aident pas leurs
jeunes, n'aident pas les enfants aux études collégiales ou
universitaires. Ça, c'est une réalité de 1990, ce n'est
pas une réalité des années trente. Et dans la notion
d'autonomie, faire en sorte que nous ayons un nouveau régime qui
permette qu'on accorde plus de valeur à l'autonomie d'un jeune,
ça c'était un objectif que nous poursuivions. Et
là-dessus, je vous avoue franchement qu'on n'a pas pu avancer beaucoup.
On n'a pas pu avancer, pour ne pas dire ne pas bouger du tout.
J'ai un exemple qui me passe par la tête. Souvent, il n'y a rien
de mieux que les choses qu'on connaît le plus. J'ai une fille qui
étudie ici à l'Université Laval. Elle a
étudié deux ans à Sherbrooke. Ça fait trois ans que
sa résidence, ce n'est pas 15, rue Dubuc à La Sarre, c'est: deux
ans à Sherbrooke et un an à Québec. Pensez-vous que ce ne
serait pas normal qu'on commence à considérer - et là, je
ne parle même pas de son âge, elle va avoir bientôt 22 ans -
que c'est une étudiante pleine et entière et, en
conséquence, qu'elle ne devrait pas avoir constamment un lien avec 15,
rue Dubuc, qui est ma résidence privée. Là, on nous a dit:
Oui, mais écoutez, question de salaire et question de capacité de
payer et de responsabilité familiale, ce sont tes enfants. Je le sais,
ce n'est pas ça que je discute. Je dis qu'on aurait voulu que la notion
d'autonomie puisse progresser un peu plus dans l'économie
générale du projet de loi, et on n'y est pas arrivé. Et
pourtant, ça, c'est une réalité à laquelle les
jeunes sont très sensibles parce que c'est normal qu'il en soit ainsi,
et c'est comme ça, en 1990, que ça se passe, de toute
façon. Échec là-dessus. On a proposé deux ou trois
amendements, ils n'ont pas été retenus, bien sûr. On a
voulu, nous, inclure le 1er cycle pour le remboursement d'une partie de la
dette d'étude; amendement non retenu. C'est pour montrer qu'en
commission, on a essayé de faire notre travail, nous.
Le ministre se glorifiait, tantôt, en disant... Il est habile, le
ministre de l'Éducation, ça, je reconnais ça, pour dire
les choses à sa façon - parce que ma phrase n'était pas
finie - et pour prendre les bouts qui font son affaire: J'ai été,
disait-il, très impressionné par le rapport du Protecteur du
citoyen qui trouvait qu'on allait loin dans la question, dans tout le chapitre
V au complet. En passant, la demande était le retrait total; la demande
de tous les groupes et du Protecteur du citoyen, ce n'était pas "on va
fricoter là-dedans", c'était: Retrait total du chapitre V,
articles 47 à 52. C'était ça, la demande. Est-ce que le
résultat, c'est ça? Non, messieurs; non, non, non, le
résultat, ce n'est pas ça, trompez-vous pas. Même si
tantôt, il disait "nous, écoutez, on est des gens qui voulaient
s'harmoniser", il faut le faire; il faut le faire, essayer de nous faire
accroire que le rationnel de ces articles-là, c'est parce que
c'était dans l'autre loi de fou, la loi de l'aide sociale qui, je ne le
souhaite pas, va créer, M. le Président - on va le regretter
collectivement - des remous graves cet été quand elle va
s'appliquer dans sa totalité. Je n'ai pas hâte de vivre le 1er
juillet, quand l'ensemble des assistés sociaux apprendront ce qui va
leur arriver par la tête.
J'ai cité un exemple cette semaine, les aberrations. Tu ne
partages pas un loyer, tu es tout seul, tu ne connais même pas tes deux
voisins; ce n'est pas grave, tu as une coupure parce qu'eux autres, ils ont
interprété, par règlement, qu'il y a une notion de partage
de logement dans l'air ou dans l'atmosphère ou dans la
stratosphère. Et j'ai cité des cas, des cas précis: tel
monsieur, il me montre ce que ça lui coûte par mois, il reste tout
seul dans son 2 1/2, on l'a coupé quand même de 89 $. Le 1er
juillet, n'oubliez pas que ces gens-là vont vivre l'ensemble de
l'application de la loi de fou. Parce que la loi de fou, pour ceux qui ne
savent pas ce que c'est, c'est la Loi sur l'aide sociale, c'est la loi avec les
boubous macoutes, c'est la loi qui fait la guerre aux pauvres et non à
la pauvreté. C'est la loi qui multiplie toutes les intrusions contre la
Charte des droits, c'est la loi qui a été décriée
par la Charte des droits, par les organismes qui ont un peu de
sensibilité pour le respect des personnes, comme l'Assemblée des
évêques. Très pertinent, M. le Président, parce que
c'était son explication pour dire: On avait mis la même chose dans
la loi des prêts et bourses, on avait mis les mêmes dispositions
par
harmonisation.
Pensez-vous que ça peut être crédible, un tel
argument? C'est impensable qu'on puisse considérer les étudiants,
qui sont des demandeurs de prêts et bourses, qui sont des demandeurs
d'aide financière, comme, entre guillemets, des fraudeurs d'aide
sociale. Pensez-vous que ça a du bon sens sur le plan des principes?
C'est ça que ça voulait dire. Ça voulait dire que presque
par notion ante, si vous me permettez l'expression, on présumait que ces
gens-là auraient des comportements de nature douteuse qui auraient fait
que ça prenait un mécanisme aussi lourd de vérification et
d'enquête que celui qu'on a mis dans la Loi sur l'aide sociale concernant
les assistés sociaux - je suis très pertinent - qui fait la
guerre aux pauvres et non la guerre à la pauvreté parce qu'eux
autres, prendre des mesures pour corriger la pauvreté qui s'agrandit,
les poches de pauvreté qui se multiplient au Québec, ils ne
connaissent pas ça. On ne connaît aucun programme concret qui
permet de corriger ça. Mais s'attaquer aux pauvres, aux plus
démunis, des exemples, on en a tous les jours et on en a juste en face
du parlement. (16 h 40)
Donc, quand le ministre dit "on a progressé, j'ai enlevé,
tout de suite aux revendications qui m'ont été faites, les
pouvoirs d'enquête", il a raison. Il a raison. Mais il a gardé les
pouvoirs de vérification. Alors que - je ne change pas d'opinion et j'ai
fait des vérifications - il les avait de toute façon; il les a de
toute façon dans la loi générale du ministère. Il
pouvait très bien, comme ministre de l'Éducation... Il le fait
tout le temps de toute façon partout. Écoutez! Avez-vous un
ministre qui est plus "dérogateur" que celui-là? Même ses
amis les plus intimes disent: II y a deux choses: on reconnaît qu'il est
un grand travailleur, on reconnaît qu'il connaît ses dossiers - je
n'ai jamais mis ça en cause - mais on reconnaît en même
temps qu'il faut que tout lui passe dans les mains; qu'il est très
centralisateur. Et, en plus, il faut que M. le ministre... Je ne sais pas s'il
veut, pour la postérité, avoir une multitude de petits calepins
noirs, je ne sais pas si c'est pour en mettre très épais, parce
que j'en vois souvent sortir de sa poche; son petit calepin noir, ça a
l'air précieux. Et il note toutes sortes de choses. Je ne sais pas si
c'est pour l'histoire, je ne sais pas si c'est pour les archives. Mais il n'en
demeure pas moins qu'il a rarement passé, dans un Parlement, un ministre
qui tient tant à avoir des pouvoirs de dérogation: Laissez-moi
regarder ça et moi, je vous garantis que l'âge d'admission
à l'école, on va le régler.
Il en a parlé là-dedans aussi. Il dit: Je suis heureux de
dire que nous avons élargi, rendu plus souples les pouvoirs de
dérogation. Et, dans le présent cas, il a raison. Dans le
présent cas, il a raison. C'est beau. Je le félicite. D'ailleurs,
je le lui avais dit quand on a fait les crédits. Quand on a fait les
crédits du ministère de l'Éducation, j'ai dit que je
terminerais - parce que je ne suis pas rendu là - en disant au ministre
qu'entre le projet de loi 25 sur lequel il nous a demandé de se
prononcer en principe et le projet de loi 25 final qui permettra aux
étudiants d'avoir de l'aide financière, il y a une très
large différence, mais en termes de bonification. Et je ne change pas
d'avis que les étudiants auront un meilleur régime que celui
qu'on nous a montré lors du dépôt du projet de loi 25. Ils
auront un meilleur régime globalement, ce qui va permettre,
effectivement, que certains étudiants souffrent moins d'endettement et
aient un peu plus de facilité à avoir un soutien financier, quand
ils en ont besoin, pour poursuivre leurs études.
Donc, le chapitre Vérification et enquête et Dispositions
pénales, nous, on voulait le retirer, parce que c'est ça que le
monde demandait. C'est ça que le Protecteur du citoyen demandait. C'est
ça que les intervenants demandaient. Le ministre n'a pas retiré
le chapitre. Le ministre n'a décidé de ne retirer que l'aspect
enquête, et c'est mon rôle de le noter, parce que ça s'est
passé en commission et qu'on étudie le rapport de la commission.
Dans le rapport de la commission, vous ne trouverez que la moitié de la
demande générale. Ça signifie que le ministre est
resté sur ses demi-positions en prenant la moitié de ce qu'on lui
demandait d'enlever.
Au niveau des dispositions pénales, nous avons apporté un
amendement afin d'éliminer la notion de "aurait dû savoir".
À l'article 53 du projet de loi, nous, on trouve un peu dur, et on ne
change pas d'avis, "est passible d'une amende d'au moins 250 $ et d'au plus
1500 $" - et là, ça va être changé; donc, ce n'est
pas sur les chiffres que j'en ai, parce que le ministre a effectivement
réduit le niveau des amendes - "...qui fait une déclaration alors
qu'elle sait ou aurait dû savoir". Nous, sur la notion de "aurait
dû savoir", on pense qu'il y aurait eu lieu, compte tenu que, souvent, ce
sont des jeunes de bonne foi... De prétendre qu'ils doivent
connaître les règlements avant de les avoir lus et d'avoir cette
capacité de tout savoir, bien on pense qu'effectivement, le ministre
aurait pu être plus souple.
Le ministre a apporté d'autres amendements positifs. Je les cite.
Au niveau des critères d'autonomie, il a retiré la notion d'avoir
occupé un emploi à temps plein: article 4, dixièmement,
dans les règlements, parce que ce n'est que dans les règlements
qu'on a pu voir ça. Alors, là-dessus, je dis au ministre: Je
pense que vous êtes sur la bonne voie. Je ne parlerai pas trois jours
là-dessus; c'est une bonne mesure. Alors, bravo, au nom des
étudiants. Je suis content.
Le ministre a assoupli certains délais pour produire une demande.
Encore là, je pense que le ministre, cette fois-là, a
écouté les revendications des intervenants et celles de
l'Opposition parce que ça n'avait pas de bon sens. Il y avait
certains délais pour produire une demande qui étaient
d'une rigueur à peu près de la détermination, des fois,
des accusations du ministre de l'Éducation quand il les porte avec le
geste que vous connaissez tous et, souvent, il finit ça en disant: Moi,
j'aime ça quand on a des propos virils, déterminés.
Là-dedans, il y avait trop de virilité parce que, à un
moment donné, ce n'était pas de la virilité,
c'étaient des abus systématiques. Heureusement, le ministre a eu
un peu d'ouverture et il a décidé d'améliorer et
d'assouplir. Bravo! pour cette disposition.
Il a inclus que dans le cas des étudiants atteints d'une
déficience fonctionnelle... Et là, il fallait l'entendre encore
tantôt, je n'en reviens pas! Je n'en reviens pas! C'est bon, la
conclusion, mais quand un ministre de l'Éducation commence sa phrase en
nous disant: M. le Président, nous, il nous apparaissait, pour un
principe d'égalité universel - et là, je le cite au texte
- "que même un étudiant qui est atteint d'une déficience
majeure ou d'un handicap grave"... Nous, on pensait, dans notre bonne foi, dans
notre bonne simplicité qu'il fallait traiter ces gens-là d'une
façon égale, comme s'ils étaient exactement
considérés comme les autres. Alors, ça a pris des heures,
il a fallue presque faire une crise avec un groupe à un moment
donné qui est venu dire au ministre: Écoutez, nous autres, les
handicapés... Supposons qu'ils sont complètement incapables de
voir... Et on a eu un excellent témoignage d'un type qui a eu le courage
de faire ses études de droit, aveugle complètement. Il a fait ses
études de droit jusqu'au bout. Il a obtenu son diplôme. Il ne peut
pas être reçu avocat cependant parce que les examens du Barreau,
c'est compliqué et il faudrait traduire ça avec un
système. Et il a tout conté ça au ministre, pour montrer
que ces gens-là ont des besoins spécifiques. À la fin, le
ministre a conclu: D'accord, j'achète votre affaire et j'apporte une
modification. Mais quelle difficulté à faire la
démonstration que des handicapés visuels ou des gens souffrant
d'une déficience majeure grave ou d'un handicap grave n'auraient jamais
dû être considérés sur le même plan que les
autres.
Puisque vous m'indiquez qu'il ne me reste qu'une minute, je ne peux pas
faire ma minute ailleurs qu'à sa place, c'est-à-dire c'est sur
l'autre exemple. Quand j'ai parlé de hausser la notion d'actif pour les
agriculteurs. Le ministre disait: J'ai envoyé une lettre au
député de Beauce, il était content et tout ça. Moi,
je peux vous dire qu'on l'a traîné ce bout-là avec des
exemples de Rouyn-Noranda et de mon comté. Je suis arrivé avec
des cas précis, en disant qu'il empêchait systématiquement
à des producteurs agricoles que leurs enfants aient droit à des
prêts et bourses parce qu'on donnait une valeur artificielle à un
quota de lait, en disant: Un quota de lait, ça vaut 300 000 $, mais
ça ne donne pas d'argent dans les poches des parents pour aider le jeune
aux études. Et les frais de scolarité, tu ne les paies pas en
quotas de lait. Ça ne se paie pas de même. Oui, M. le
Président, je vais conclure. Tu es obligé de les payer en
argent.
Alors, puisque vous me demandez de conclure, je vais respecter le temps
qui m'est alloué. Je dis en conclusion: Oui, on a travaillé
convenablement; oui, M. le ministre, je suis content de procéder
rapidement parce que je veux que les étudiants puissent
bénéficier d'un régime qui est amélioré. Et,
comme je vous avais dit que ma conclusion, ça serait aux crédits,
entre le dépôt de votre projet de loi et le résultat final:
Oui, il y a une nette amélioration, et nous sommes très heureux
que les étudiants et les étudiantes du Québec puissent
bénéficier des améliorations qui ont été
apportées par le ministre de l'Éducation sur plusieurs
points.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest. Je reconnais maintenant M. le
député de Jacques-Cartier. M. le député.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. Aujourd'hui, c'est un
sujet sur lequel je préfère parler en anglais. I would not take
up too much of the Assembly's time on the issue of grants and bursaries to
students, which, I think, has now been given an exhaustive and thourough
analysis by the Member from Abitibi-Ouest. (16 h 50)
I would repeat that in general, we support the position of the
Government on the Bill, and the general course of action that it has taken,
and, on the whole, the amendments that have subsequently been added appear to
us as mainly improving the Legislation. But I would add one qualifying remark
that, I hope, may be useful; and that is that it appears to me from the
amendments and from the discussions on the different roles of students who are
full-time or at "temps partiel" that the Minister or the Ministry is attempting
to achieve a regime of perfect justice by distributing loans and grants in such
a fashion as to be most fair and most equitable to students. This is a nice
idea in theory, but from what I observe inside the actual educational system it
is not highly realistic, because it does not allow for the intelligent
behaviour of the students themselves, when examining the loans and grants that
are available to them.
In other words, whether or not they are a full-time student or a
part-time student, or whether they apply for a loan or a bursary itself depends
on what they calculate as the means by which they can maximize the amount of
money they can have available for that year in school. So, consequently, if you
adjust the loans or you
adjust the bursaries with the idea of aiding one group or another, what
will happen is simply that the group will change its behaviour to provide
whatever gives it the best deal. I will therefore suggest, in practical terms,
that it will be a good idea for the Ministry to monitor very closely exactly
what happens to, let us say, a sample group of loans and bursaries made next
year, and find out how that compares with previous years, and in the following
year, and on that basis consider the possibility of subsequent amendments to
the law. Merci, M. le Président
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Je reconnais maintenant, Mme la
députée de Chicoutimi. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: M. le Président, il y aura bientôt
cinq ans que je suis en cette Chambre. J'ai vu passer tous les projets de loi
préparés par le ministre de l'Éducation comme un certain
nombre de projets de loi. Il y a une chose remarquable avec les projets de loi
présentés par le ministre de l'Éducation, ce sont sans
doute les plus mal faits. Aucun des projets de loi qui ont été
déposés par le ministre de l'Éducation n'a pu passer avec
quelque modification tant il était fait de façon
négligente, je dirais, et qui ne reflétait pas la pensée
du ministre. Tout se passe avec le ministre de l'Éducation comme si,
délibérément, il choisissait de faire des projets de loi
fortement influencés, à l'occasion, par des fonctionnaires - en
ce qui concerne ce projet de loi là ça me semble évident -
qui avaient connu un certain nombre de frustrations et qui voulaient tellement
resserrer le projet de loi qu'on pouvait même le faire au
détriment des droits de la personne. Et le ministre laisse passer
ça. Je pense que, quand mon collègue parle d'habilité du
ministre, c'est de ça dont il parle. Il a cette habilité de vous
déposer un projet de loi sur lequel il craint nécessairement de
la contestation...
M. Tremblay: Question de privilège, M. le
Président. Je demanderais la pertinence du débat.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, ce n'est pas une question de privilège,
premièrement. Alors, Mme la députée, je vais continuer
à vous écouter.
Mme Blackburn: M. le Président,
délibérément le ministre choisit de déposer des
projets de loi sachant pertinemment qu'en raison des...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): J'apprécierais
avoir l'ordre. Je continue à vous écouter religieusement.
Mme Blackburn: M. le Président,
délibérément, le ministre de l'Éducation choisit de
déposer des projets de loi dans lesquels il y a des grands trous, des
projets de loi qu'il sait d'avance qu'ils seront contestés tant ils
échappent au sens commun dans certains de leurs aspects, parce que
ça lui permet de laisser ses fonctionnaires passer un peu de leurs
frustrations particulièrement dans ce projet de loi, mais plus
particulièrement il le fait parce qu'il sait qu'il pourra dire
après: J'ai aidé ceux qui voulaient faire faire des
modifications, je suis à l'écoute. Je trouve ça
très facile. Il en avait tellement mis dans le chapitre sur les
vérifications et les enquêtes que le Protecteur du citoyen
lui-même a cru utile de venir lui dire: Ça n'a pas de bon sens.
C'est de bonne stratégie, évidemment, il nous apporte plus de 60
modifications sur un projet de loi qui a une cinquantaine d'articles, et
ça paraît bien, il a écouté. C'est facile dans ces
circonstances-là. C'est facile, sauf qu'il va trop loin. Le projet de
loi sur l'instruction publique plus de 1000 amendements. Il y a eu un projet de
loi sur la commission scolaire de Chisasibi, un projet de loi de quatre
articles, qui a été écrit au complet. Il a dû le
réécrire. Et c'est toujours comme ça. Et ensuite, une fois
l'exercice terminé, il dit: Écoutez, je suis très à
l'écoute de tous ceux qui viennent en commission parlementaire faire
valoir leur opinion là-dessus. Chose facile, puisque,
délibérément, il choisit de ne pas présenter un
projet de loi qui aurait, dans la plupart de ses aspects, retenu les grands
courants de pensée, les grandes objections ou les grandes
représentations qui ont été faites à son sujet.
Le projet de loi que nous avons contenait une disposition
intéressante en ce qui touche l'accès au régime d'aide
financière des étudiants à temps partiel. Surprise et
déception, ils n'y auront pas droit cette année. Et pourtant, les
étudiants à temps partiel, M. le Président, c'est 50 % des
étudiants dans nos collèges et dans nos universités, et,
dans 80 % des cas pour l'Université du Québec à
Montréal, ce sont des femmes dont on sait tous que le revenu est le
tiers plus bas que celui de hommes, qui ont de plus en plus la
responsabilité de subvenir aux besoins de la famille. Et le programme
n'est pas accessible à ces personnes.
M. le Président, le projet de loi qui a été
déposé, on le reconnaît, a été
amélioré. Ça n'aurait pas eu de bon sens s'il avait
été passé tel quel. Mais une remarque importante a
été faite par le Protecteur du citoyen: il fait trop recours au
pouvoir réglementaire. Moi, je me rappelle les discours
complètement scandalisés de l'Opposition libérale de
l'époque qui disait: Vous abusez des règlements, trop de recours
au pouvoir réglementaire, ça n'a pas de bon sens, nous autres,
quand on va prendre le pouvoir, le recours au pouvoir réglementaire, ce
n'est pas vrai, le moins de règlement possible. On n'a
jamais, mais jamais vu autant de pouvoir réglementaire dans les
projets de loi et dans tous les projets de loi, pas seulement dans le projet de
loi du ministre de l'Éducation. Tous les projets de loi sans exception
abusent du recours au pouvoir réglementaire. Le règlement qui
accompagnera ce projet de loi, M. le Président, 82 articles, mais il y a
certains articles qui ont plus de 18 alinéas. C'est énorme.
D'ailleurs, c'a été l'objet des remarques du Protecteur du
citoyen qui disait: On n'aurait pas le droit, normalement, dans un tel projet
de loi, de retrouver des dispositions dans un règlement. Le
législateur a la responsabilité de se prononcer de façon
claire sur les principes qui sous-tendent les projets de loi qu'il
dépose, alors que, pour ce projet de loi, beaucoup beaucoup de mesures
vont se retrouver dans les règlements sur lesquels le législateur
n'a aucun droit de parole, et c'est inacceptable.
M. le Président, ce n'est pas l'Opposition qui le dit, c'est le
Protecteur du citoyen, et le ministre a trop souvent recours, et cela, c'est
reconnu par ses collègues comme par tout le monde, au pouvoir
discrétionnaire. Ça lui fait donc plaisir de pouvoir
écrire individuellement à 2000, 3000, 4000 ou 10 000 personnes,
de ce que je sais, au Québec, pour dire: Voilà, je vous ai
accordé ça. Ma grande générosité tout
à coup. C'est comme s'il sortait l'argent de ses poches. Il serait
peut-être mieux et plus souhaitable qu'il y ait des règles
claires, accessibles et connues par tous, de manière que tout le monde
puisse s'en prévaloir. Parce que le problème, avec un pouvoir
discrétionnaire, c'est seuls ceux qui connaissent l'existence de cette
possibilité qui peuvent faire la demande, et faut-il encore qu'on soit
informé. J'y reviens, au pouvoir discrétionnaire du ministre en
matière de dérogation à l'âge d'admission à
l'école. C'est inacceptable, injuste, inéquitable, parce que
seules les personnes qui ont pu envoyer leurs enfants en prématernelle,
qui ont développé leurs enfants, peuvent un peu se qualifier,
celles qui ont l'information et celles qui ont l'argent pour faire passer les
expertises professionnelles. M. le Président, le recours au pouvoir
discrétionnaire du ministre, c'est son défaut. (17 heures)
Mais il y a quelque chose qui est passé un peu inaperçu
dans ce projet de loi et que je déplore infiniment, c'est-à-dire
pas passé inaperçu, sur lequel le ministre a refusé de
revenir. Deux des articles du projet de loi laissent l'impression que seuls les
étudiants bénéficiaires de l'aide financière aux
étudiants prolongeraient indûment leurs études. Je rappelle
ces articles du projet de loi, M. le Président. Le premier qui
prévoit qu'on accordera une déduction, qu'on réduira de 25
% la dette d'étude des étudiants qui termineront leurs
études dans les délais requis. La mesure est intéressante.
Personne ne peut être contre ça. Il aurait été
souhaitable que ça s'applique aussi au premier cycle; ça s'appli-
que au deuxième cycle. Mais qu'est-ce que ça veut dire? Ça
veut dire: Bien, si vous terminez ça dans les délais requis, on
vous récompense, ce qui n'est pas mauvais. Mais l'autre mesure, elle
limite l'accès aux bourses pour un certain nombre pour une
période donnée. Alors, si vous êtes inscrit à un bac
où il est prévu huit sessions, vous aurez droit peut-être
à neuf ou dix sessions.
Ce que ça laisse entendre, c'est que seuls les étudiants
qui bénéficient de l'aide financière aux étudiants
auraient la mauvaise habitude de prolonger indûment leurs études
et ça n'est pas vrai. Ça n'est pas vrai, les chiffres le
démontrent. Ça n'est pas le fait des étudiants
bénéficiaires de l'aide financière aux étudiants
qui prolongent indûment leurs études. C'est le fait des
étudiants de façon générale et, plus
particulièrement, de ceux qui n'ont pas accès aux prêts et
bourses parce que les parents paient pour eux. Alors, pourquoi faut-il laisser
dans ce projet de loi l'impression que seulement les étudiants qui vont
s'endetter prolongent leurs études? Je pense, M. le Président,
que le ministre aurait dû, parce que ça fait porter un
préjugé sur ces étudiants-là, rayer cet
article-là du projet de loi.
M. le Président, le projet de loi qui est déposé,
on y a apporté un certain nombre de modifications intéressantes,
il va sans dire. Cependant, il aurait été intéressant
qu'on ait en même temps les règlements, mais qu'on ait en
même temps un projet de loi beaucoup plus conforme à ce
qu'étaient les représentations qui avaient été
faites par les étudiants et par les différents collèges et
universités. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. Je reconnais maintenant la prochaine intervenante, Mme
la députée de Terrebonne. Mme la députée.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Je suis très
heureuse de prendre la parole sur le projet de loi 25, Loi sur l'aide
financière aux étudiants. Lorsqu'on sait à quel point le
programme de prêts et bourses est important, doublement important, bien
sûr, à cause du dégel des frais de scolarité, vous
en conviendrez, nous nous devions, comme membres de l'Opposition, de surveiller
de près ce projet de loi.
Aussi vrai qu'il faut dénoncer avec ardeur les lacunes des
projets de loi, aussi vrai nous faut-il reconnaître les
améliorations apportées. Lors de l'adoption du projet de loi 9
modifiant la Loi sur l'instruction publique, je déplorais la
non-réceptivité du ministre à nos demandes ainsi
qu'à celles des intervenants du milieu. Je tiens à souligner que
le ministre de l'Éducation a démontré, par la loi 25,
qu'il pouvait, à l'oc-
casion, non seulement écouter, mais apporter des correctifs
essentiels, lorsque nous étions très tenaces, bien sûr. Par
la loi 25, le ministre nous a agréablement surpris en donnant
réponse à de nombreuses préoccupations
présentées en commission parlementaire, autant par les
associations étudiantes que par ceux et celles qui ont
présenté des mémoires ainsi que par les membres de
l'Opposition.
La loi 25 bonifie, bien sûr, le programme actuel de prêts et
bourses, ce qui nous apparaît primordial devant l'écart qui se
maintient toujours entre le nombre de diplômés du Québec et
celui de l'Ontario, car il ne faut jamais oublier les embûches
énormes qui se dressent sur le chemin de nos étudiants et que,
malgré cette loi, de nombreux étudiants et de nombreuses
étudiantes ne pourront poursuivre leurs études.
Parmi les éléments positifs, on peut rappeler l'aide sous
forme de bourses uniquement pour les étudiants atteints d'une
déficience fonctionnelle majeure. C'est un élément auquel
nous tenions beaucoup, qui a été présenté en
commission, et il nous apparaissait normal que le ministre en tienne
compte.
L'augmentation des exemptions pour les parents propriétaires d'un
domaine agricole est des plus positives. L'ajout d'un montant de 420 $ pour les
candidats inscrits en région ainsi que la disparition de la notion
d'emploi à temps plein pour les critères d'autondmie doivent
aussi être soulignés comme positifs.
Malgré ces nombreux amendements apportés grâce au
travail fait en commission, certains irritants demeurent toujours et je
prendrai quelques minutes pour les relever. Plusieurs mémoires
recommandaient des mesures précises pour informer les parents sur la
contribution parentale qui est calculée par la Direction des prêts
et bourses. Malheureusement, ce problème bien réel vécu
annuellement par les étudiantes et les étudiants du Québec
ne trouvent pas encore de solution concrète à la lecture de la
réglementation. On touche ici le problème numéro un des
étudiants. Puisque plus de 40 % des parents refusent toujours de verser
cette contribution aux étudiants, il y aurait lieu de préciser et
de donner réponse à tous les intervenants qui ont demandé
des modifications dans ce sens.
La deuxième préoccupation a trait à la
recommandation du Protecteur du citoyen concernant l'article 39 qui
précise les modalités advenant un retard dans la
présentation d'une demande. Je l'avais rappelé lors de la
première intervention et je tiens à le rappeler à nouveau.
Le Protecteur du citoyen nous mentionnait: "S'il est normal que les
étudiants, pour la bonne marche du système, respectent les
délais sous peine de sanctions, ne devrait-il pas en être de
même pour le ministère? Est-il déraisonnable de penser que,
dans le même but de fonctionnement harmonieux du régime, on
pourrait également fixer des délais précis au
ministère pour le traitement des dossiers? Et une inobservance de ces
délais ne pourrait-elle entraîner une pénalité que
devrait verser le ministère à l'étudiant qui a
respecté les exigences réglementaires et qui est victime des
délais abusifs? J'invite le législateur à se poser cette
question. Cependant, à partir de l'expérience vécue, je
peux affirmer, pour ma part, qu'il y a eu des cas où des
étudiants, pour survivre, ont dû emprunter et payer des
intérêts parce que l'aide financière leur a
été versée avec un retard considérable par la faute
du ministère. En toute équité - le Protecteur du citoyen
concluait - je crois que la présente législation devrait
prévoir le remboursement des intérêts que l'étudiant
doit assumer lorsque de telles situations se présentent, et j'en fais
une recommandation." L'Opposition partage entièrement cette
recommandation et elle n'a pas été retenue par le ministre.
On doit également déplorer que le ministre ait maintenu
dans l'article 4, paragraphe 9°, au niveau des critères d'autonomie,
l'obligation d'avoir résidé ailleurs qu'à la
résidence des parents. On sait que les jeunes demeurent de plus en plus
longtemps chez leurs parents, même s'ils travaillent à temps
partiel ou à temps plein. C'est devenu une nouvelle tradition chez nos
jeunes de demeurer très longtemps à la résidence
familiale. Cette mesure nous apparaît donc non conforme à la
réalité.
Le problème des étudiants et des étudiantes
à temps partiel reste entier puisque le pourcentage de ces
étudiants ne cesse de s'élever et que la majorité de ces
étudiants à temps partiel, il est important de le rappeler, sont
des femmes. Il faut insister pour que le ministre applique le plus rapidement
possible ce régime pour les étudiants à temps partiel. On
sait que si les femmes choisissent d'étudier à temps partiel,
c'est parce qu'elles vivent des conditions particulières. La
majorité d'entre elles se retrouvent chef de famille et doivent faire
face à des obligations. Donc, elles ne peuvent étudier à
temps complet. Il faut donc insister à nouveau pour que le ministre
tente d'apporter le plus rapidement possible des modifications pour assurer un
régime de prêts et bourses pour les étudiants à
temps partiel.
Enfin, M. le Président, le travail accompli par tous les membres
de la commission fut exemplaire et tous les participants, le ministre et le
porte-parole officiel en tête ont démontré un esprit de
collaboration remarquable pour améliorer le régime d'aide
financière aux étudiants au-delà de toute partisanerie.
C'est très rare que l'on peut souligner ce fait, mais je tenais à
le souligner. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, Mme la
députée. S'il n'y a aucun autre intervenant, M. le ministre de
l'Éducation? Non? Bon. Alors, donc, à l'article 43 de notre
feuilleton, est-ce que le rapport de la commission de l'éducation
quant à la prise en considération du projet de loi 25, Loi
sur l'aide financière aux étudiants, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Gendron: Sur division.
Le Vice-Président (M. Cannon): Sur division.
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, je vous
inviterais maintenant à appeler l'article 24 du feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi 69 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Cannon): à l'article 24 du
feuilleton, m. le ministre de l'éducation propose l'adoption du principe
du projet de loi 69, loi modifiant la loi sur l'instruction publique et la loi
sur l'enseignement privé. alors, m. le ministre. (17 h 10)
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, c'est avec grand plaisir que
j'assume au nom du gouvernement la lourde responsabilité de
présenter le projet de loi 69 à l'Assemblée nationale et
à la population du Québec. Dès la campagne qui
précédait l'élection de 1985, le Parti libéral du
Québec avait pris l'engagement de responsabiliser les
établissements d'enseignement à tous les niveaux. Dans le secteur
de l'enseignement primaire et secondaire, il s'était engagé
à maintenir un système où l'école, tout en
étant davantage invitée à se donner une
personnalité propre, demeurerait rattachée à une
commission scolaire formée de membres élus au suffrage universel
par leurs concitoyens. Aux commissions scolaires, le Parti libéral avait
promis un rôle plus clairement défini dans une Loi sur
l'instruction publique refaite et modernisée, de manière à
mieux répondre aux besoins d'aujourd'hui. Il avait également
promis aux commissions scolaires d'en faire des partenaires respectés en
matière de pédagogie, de financement et de gestion scolaire.
Le projet de loi 69 marque une nouvelle étape sur la route
balisée d'actes concrets que nous avons suivie ensemble depuis 1985.
Dès 1987, le gouvernement, conformément à un engagement
pris en 1985, réaménageait les règles budgétaires
qui guident la gestion des affaires scolaires. Il offrait aux commissions
scolaires de nouvelles règles budgétaires où une place
beaucoup plus large était laissée à l'initiative des
commissions scolaires et à la souplesse dans les méthodes de
gestion. Cette première initiative fut suivie, il y a deux ans, d'une
nouvelle mesure assurant que le financement des commissions scolaires serait
réalisé à l'avenir à l'intérieur d'un cadre
général étalé sur trois ans, de manière
à procurer une plus grande stabilité dans la gestion des affaires
scolaires. En juillet 1989, la nouvelle Loi sur l'instruction publique
adoptée en décembre 1988 entrait en vigueur. Cette loi venait
confirmer, en le précisant davantage, le rôle central
défini aux commissions scolaires, à titre de dispensatrices
majeures des services éducatifs de niveaux primaire et secondaire sur
leurs territoires respectifs. Cette réforme d'envergure sera
complétée en novembre prochain par l'application qui sera faite
pour la première fois de la nouvelle Loi sur les élections
scolaires.
Avec le projet de loi 69, nous ouvrons un autre volet majeur de
l'aggiornamento des commissions scolaires. Nous abordons de front Is question
de leur financement. Sur ce sujei délicat, la loi 107 était
demeurée muette, le législateur s'étant borné
à reprendre, dans le nouvelle Loi sur l'instruction publique, les
dispositions existantes dans l'ancienne loi. Mai: des problèmes aigus se
posaient. Les deu> fédérations regroupant les commissions
scolaires pour catholiques et les commissions scolaires pour protestants ne se
lassaient point de les souligner depuis déjà plusieurs
années. Les commissions scolaires formulaient à cet égard
deux critiques majeures. Tout d'abord, elles dénonçaient avec
vigueur la diminution des ressources réelles mises à leur
disposition pour l'accomplissement de leur mission. En second lieu, elles
déploraient la situation de dépendance accrue à l'endroit
du bon vouloir gouvernemental dans laquelle elles furent plongées par
suite de l'adoption, en 1979, de la loi 57, laquelle transférait aux
municipalités la quasi-totalité du champ de l'impôt
foncier.
Le gouvernement était conscient de ces difficultés. Mais
aux prises lui-même avec des contraintes financières multiples, il
dut chercher, pendant plus de quatre ans, des avenues de solution. Il aura
fallu le sommet de mars dernier sur le financement des commissions scolaires
pour qu'un déblocage se produise. À l'occasion de ce somment,
convoqué par la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec et l'Association des commissions scolaires
protestantes du Québec, le gouvernement avait été
invité à faire part de ses intentions. Désigné pour
intervenir à ces assises au nom du gouvernement, je fus autorisé
à informer les commissions scolaires que des modifications
significatives seraient apportées, dès cette année, au
mode de financement des commissions scolaires. Je fus également
autorisé à préciser que les modifications iraient dans le
sens d'une plus grande responsabilisation des commissions scolaires.
La seconde étape de l'opération fut réservée
au président du Conseil du trésor. Lors du dépôt
des crédits à l'Assemblée nationale, le 28 mars
dernier, ce dernier dévoilait, en effet, la nature des changements
arrêtés par le gouvernement. Il annonçait, entre autres,
que le gouvernement entendait confier aux commissions scolaires la
responsabilité budgétaire du fonctionnement de leurs
équipements locaux en échange d'un accès élargi des
commissions scolaires au champ de l'impôt foncier. La nouvelle formule de
financement prêta, à l'époque, à toutes sortes
d'interprétations, souvent contradictoires. J'aurai tantôt
l'occasion d'en résumer les implications réelles au plan fiscal
et financier.
Pour que puissent se réaliser les modifications annoncées
dans le livre des crédits et confirmées, ensuite, dans le
discours sur le budget, il fallait, cependant, procéder sans
délai à des modifications à la Loi sur l'instruction
publique. Tel est précisément l'objet du projet de loi 69. Je
tenterai maintenant de résumer le contenu et la portée du projet
de loi.
Le projet de loi 69 vient, tout d'abord, modifier l'équilibre
établi par la loi 57 de 1979 en matière de financement des
institutions politiques locales. En vertu de la loi 57, les commissions
scolaires s'étaient vu confinées, sans avoir été
même consultées à ce sujet, à une portion de plus en
plus étroite du champ de l'impôt foncier. Tandis qu'en 1978-1979,
elles percevaient des revenus fiscaux dont la valeur était égale
à 1,44 $ par 100 $ d'évaluation, cette part n'avait cessé
de décroître par suite de l'application de la loi 57, et, en
1989-1990, elle n'était plus que de 0,11 $. Ce résultat avait
été rendu possible par l'effet de la règle voulant que les
commissions scolaires soient habilitées, sauf à la suite d'un
référendum, à ne toucher que ie plus faible des deux
montants suivants sous forme de revenus fiscaux, soit un montant
équivalent à un plafond de 6 % sur les dépenses
admissibles pour fins de subvention, soit un montant pouvant aller
jusqu'à un maximum de 0,25 $ par 100 $ d'évaluation. Elles
avaient droit de toucher seulement le plus faible des deux montants. Ça,
c'est très important.
Pour compenser les effets négatifs de cette politique sous
l'angle de l'égalité des chances, la loi 57 contenait une mesure
de péréquation garantissant aux commissions scolaires moins
nanties l'accès à un niveau minimum de ressources. Mais cette
mesure de péréquation fondée sur le rendement de
l'évaluation uniformisée fut conçue de telle
manière qu'elle contribua souvent à élargir plutôt
qu'à réduire l'écart entre commissions scolaires à
l'aise et commissions scolaires moins pourvues. À mesure que les
années passaient, la formule de financement définie dans la loi
57 créait un carcan de plus en plus étouffant pour les
commissions scolaires. Celles-ci en réclamaient, avec une insistance
croissante, le remplacement par une formule plus équitable.
Les commissions scolaires n'étaient pas seules à souffrir
des effets de la loi 57. Sous l'empire de cette loi, le gouvernement avait, en
effet, été obligé d'assumer des charges financières
de plus en plus lourdes envers les commissions scolaires. En 1989-1990, la part
des subventions gouvernementales dans les revenus des commissions scolaires
était de plus de 92 %. Outre que cette situation créait une
dépendance dangereuse des commissions scolaires envers le gouvernement,
une dépendance qui menaçait à la longue de mettre en jeu,
sinon l'existence même, du moins la liberté des commissions
scolaires, elle imposait aussi au gouvernement un fardeau dont le poids
était devenu très lourd. Pendant que s'accentuait au
Québec ce déséquilibre, une double constatation s'imposait
à l'attention du gouvernement et de n'importe quel observateur objectif:
d'une part, contrairement aux autres sources de taxation, la
propriété foncière était moins lourdement
grevée par le fisc au Québec que dans toutes les autres provinces
canadiennes et, d'autre part, les commissions scolaires avaient accès
dans les autres provinces à une part de l'impôt foncier variant le
plus souvent de 25 % à 40 % de leurs revenus, tandis qu'au Québec
cette part n'était plus que de 8 %. (17 h 20)
Par les décisions qu'annonçait en mars dernier le
président du Conseil du trésor, le gouvernement a voulu
réaliser deux objectifs: d'abord, transférer aux commissions
scolaires la responsabilité des dépenses consacrées au
fonctionnement des équipements scolaires et, deuxièmement,
fournir aux commissions scolaires les sources de revenus dont elles auront
besoin à cette fin.
Les dépenses que le gouvernement transfère aux commissions
scolaires sont les dépenses reliées au fonctionnement des
équipements. Ces dépenses embrassent plus
précisément l'entretien et les réparations relatifs aux
terrains, aux bâtiments, à l'ameublement, au mobilier, à
l'appareillage, à l'outillage et au matériel roulant propres
à l'enseignement et aux moyens d'enseignement. Elles embrassent aussi
l'entretien ménager, c'est-à-dire les activités
reliées au maintien de la salubrité et de la propreté dans
les immeubles, la consommation énergétique, c'est-à-dire
les coûts relatifs au chauffage, à l'éclairage, à la
climatisation et à la ventilation des immeubles, et, enfin, la
protection et la sécurité, c'est-à-dire les
systèmes d'alarme, l'embauche de concierges, de gardiennage, etc. Ces
dépenses ne comprennent pas cependant - je pense qu'il faut que ceci
soit très clair - la construction et l'agrandissement d'écoles,
l'achat de mobilier, d'appareillage et d'outillage, les améliorations et
transformations de nature capitalisable et les autres dépenses
d'investissement. Toutes ces dépenses continueront, en effet,
d'être subventionnées par le gouvernement tout comme les
dépenses de fonctionnement encourues au titre des surfaces
excédentaires ou de l'éloi-gnement. L'ensemble des
dépenses dont la
responsabilité est transférée aux commissions
scolaires représente, après actualisation, une somme de 312 000
000 $ pour l'exercice 1990-1991.
Afin de garantir aux commissions scolaires les revenus dont elles auront
besoin pour faire face à leurs responsabilités nouvelles
concernant les équipements scolaires, le gouvernement a inscrit dans le
projet de loi 69 un montant de base - ceci est capital, un montant de base -
auquel toute commission scolaire devra avoir accès, soit par la
taxation, soit par la péréquation. Les commissions scolaires
comptant plus de 1000 élèves auront droit à un montant de
base de 500 $ par élève pondéré plus une allocation
initiale de 150 000 $. Quant aux commissions scolaires comptant moins de 1000
élèves, elles auront droit à un montant de base de 650 $
par élève pondéré. Pour chaque commission scolaire,
le nombre des élèves sera pondéré de manière
à tenir compte des charges financières plus lourdes
découlant de facteurs comme l'inscription à l'école
secondaire, l'inscription en formation professionnelle - ça coûte
beaucoup plus cher de former un élève en formation
professionnelle que de l'instruire en formation générale - les
élèves qui présentent des difficultés d'adaptation
et d'apprentissage. Les modalités de cette pondération seront
établies par réglementation du gouvernement.
Pour l'année 1990-1991, les facteurs de pondération
suivants seront proposés au gouvernement: un élève inscrit
en maternelle, 0,50 $; un élève inscrit au primaire, 1 $ - le
montant de base, c'est 1 $; ça, c'est l'élève inscrit au
primaire - l'élève inscrit en secondaire général,
1,50 $; l'élève inscrit au secondaire professionnel, jeune ou
adulte, 2 $; l'élève inscrit à l'éducation des
adultes en formation générale, 0,75 $; et l'élève
handicapé, 3,50 $. Les montants de base inscrits dans le projet de loi
69 ont été établis à partir du coût total des
subventions gouvernementales pour le fonctionnement des équipements
scolaires actualisés pour l'année 1990-1991, à partir
aussi des revenus fiscaux des commissions scolaires pour l'année
1989-1990 et, enfin, d'une somme ajoutée de 40 000 000 $ dont l'objet
est l'accroissement de la marge de manoeuvre des commissions scolaires. Le
coût total des montants de base ainsi établis a été
réparti en fonction de la clientèle pondérée de
chaque commission scolaire.
Comment les commissions scolaires pourront-elles se procurer les revenus
dont elles auront besoin pour financer les dépenses reliées au
fonctionnement de leurs équipements, dont elles seront désormais
responsables? La réponse à cette question se trouve, comme il se
doit, dans le projet de loi 69. En premier lieu, les commissions scolaires se
verront attribuer un accès élargi à l'impôt foncier.
Sous la loi 57, les commissions scolaires ne pouvaient se procurer, sous forme
de revenus fiscaux, que le plus faible des deux montants suivants, soit 6 % de
leurs dépenses admissibles à des fins de subvention
d'équilibre ou un maximum de 0,25 $ de taxe par 100 $
d'évaluation.
Une fois que le projet de loi 69 sera devenu loi, les commissions
scolaires seront habilitées à recourir à l'impôt
foncier pour se procurer des revenus équivalents au seuil défini
par les montants de base inscrits dans la loi, et ce, jusqu'à
concurrence de 0,35 $ par 100 $ d'évaluation. Si le seuil défini
par les montants de base, c'est-à-dire le nombre des
élèves pondérés multiplié par 500 $, dans le
cas d'une commission scolaire comptant plus de 1000 élèves, si ce
seuil défini par les montants de base est atteint par un niveau de
taxation inférieur au maximum de 0,35 $ par 100 $ d'évaluation,
la commission scolaire ne sera pas autorisée à dépasser ce
niveau de taxation.
Si, au contraire, le seuil défini par les montants de base n'est
pas atteint par un niveau de taxation égal à 0,35 $ par 100 $
d'évaluation, la différence entre le produit de l'impôt
foncier et le seuil défini par les montants de base sera versée
à la commission scolaire à l'aide d'une formule de
péréquation à la fois nouvelle et plus simple dont le
financement sera assuré par le gouvernement.
La formule actuelle de péréquation tient compte du
rendement de l'impôt foncier normalisé. Au dire de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, laquelle en a fait à plusieurs reprises la
démonstration irréfutable, la formule actuelle engendre des
inéquités prononcées d'une commission scolaire à
l'autre. Sous l'empire de cette formule, des écarts variant de 3 %
à 10 % ont été observés dans le niveau des revenus
autonomes des commissions scolaires.
La nouvelle formule de péréquation est, au contraire,
très simple, très facile d'application et plus équitable.
À toute commission scolaire, elle garantira, en effet, un niveau de
revenus autonomes égal au seuil de ressources auquel lui donneront droit
les montants de base définis dans la loi. Lorsqu'il sera établi
que, sur la base d'un taux de taxation de 0,35 $ par 100 $ d'évaluation,
la commission scolaire aurait accès à des revenus
inférieurs à ceux que définissent les montants de base, la
commission scolaire aura droit à une subvention de
péréquation égale à la différence entre les
deux montants, et ce, même dans les cas où la commission scolaire
aurait décidé de se satisfaire d'un taux de taxation
inférieur à 0,35 $ par 100 $ d'évaluation.
Lorsque j'ai laissé entrevoir certains changements aux
commissions scolaires en mars dernier, je pris soin de les prévenir que
les changements envisagés par le gouvernement, quelles qu'en dussent
être la nature et l'ampleur, ne sauraient entraîner à court
terme un accroissement majeur de la marge de manoeuvre financière des
commissions scolaires. Cet avertisse-
ment s'imposait en raison des contraintes financières dont doit
continuellement tenir compte le gouvernement par suite du niveau d'endettement
très élevé auquel il doit faire face. Il permet de mieux
situer la marge de manoeuvre accrue dont bénéficieront les
commissions scolaires à la suite des changements que vient confirmer le
projet de loi 69. La marge de manoeuvre accrue des commissions scolaires sera
de 40 000 000 $. Elle découlera de l'effet combiné des nouvelles
responsabilités financières des commissions scolaires, des
ressources fiscales accrues auxquelles elles auront accès et de la
nouvelle formule de péréquation.
La valeur des changements que nous proposons devra être
mesurée à l'aide de critères vérifiables. En
particulier, par l'examen des résultats concrets qui en
découleront pour les commissions scolaires, par l'observation des
charges fiscales accrues qu'ils entraîneront pour les citoyens et par les
conséquences qui en découleront pour l'équilibre
général des finances publiques au Québec. (17 h 30)
En ce qui touche les commissions scolaires, le critère le plus
sûr qu'on puisse emprunter, c'est celui de la valeur nette des revenus
autonomes qu'elles toucheront de l'opération par rapport à ceux
dont elles eussent disposé sous la formule actuelle de financement. Il
faut aussi vérifier la valeur de ces revenus autonomes non seulement
pour l'ensemble des commissions scolaires, mais aussi pour chaque commission
scolaire individuelle. Pour l'ensemble des commissions scolaires, la marge de
manoeuvre accrue sera de 40 000 000 $, comme je viens de l'indiquer. Il y a
là un gain net très appréciable, car il représente
plus de 12 % de la valeur totale des dépenses transférées
aux commissions scolaires. Ce n'est pas négligeable. Une marge de
manoeuvre accrue de 12 % par rapport aux dépenses qui sont
transférées, je pense que ça doit être
souligné avec vigueur. Pour chaque commission scolaire, les revenus par
élève pondéré auxquels donnera accès la
nouvelle formule fourniront la mesure la plus concrète de l'impact des
changements envisagés. Soulignons en premier lieu que près de 40
% des commissions scolaires retireront des revenus autonomes accrus de plus de
50 $ par élève pondéré, par suite de l'application
de la nouvelle formule. En outre, un autre 45 % des commissions scolaires
retireront des revenus autonomes accrus allant de 1 $ à 50 $ par
élève pondéré. Pour ces dernières
commissions scolaires, la nouvelle formule représente un gain. Quant aux
commissions scolaires qui sortiraient perdantes du transfert envisagé,
il y en a une trentaine, M. le Président, le gouvernement a prévu
à leur intention un programme de subventions de transition dont les
effets pourront s'étaler sur une période de deux à quatre
ans, de manière à réduire au minimum les effets
négatifs des changements envisagés et à leur donner le
temps de se rattraper, à l'aide de la valeur accrue que prendra la
propriété foncière et des revenus accrus qui en
découleront inévitablement. Pour la plupart des commissions
scolaires dites perdantes, le manque à gagner sera inférieur
à 25 $ par élève pondéré et sera
compensé, pendant la période de transition, par des subventions
permettant d'assurer - et ceci doit être souligné clairement - que
chaque commission scolaire sans exception aura accès au minimum à
des revenus autonomes accrus d'au moins 5 %. Si l'on traduit en revenus
autonomes par élève pondéré les ressources propres
auxquelles auront accès les commissions scolaires, on constate que, pour
la très grande majorité d'entre elles, les revenus par
élève pondéré varieront de 510 $ à 550 $. On
remarque aussi que les commissions scolaires qui auront accès à
des revenus autonomes supérieurs à la moyenne seront surtout les
commissions scolaires comptant un nombre d'élèves relativement
moins élevé. On remarque que les commissions scolaires comptant
1000 ou 1200 élèves ou moins retireront des revenus autonomes
accrus par élève pondéré qui seront plus
considérables, et ça se comprend parce qu'elles n'ont pas la
même marge en matière d'économie d'échelle. Les
commissions scolaires à forte clientèle, celles qui ont plus de
10 000 élèves chacune, disposeront par contre de revenus
autonomes de l'ordre de 505 $ à 515 $, soit des montants
inférieurs à la moyenne. Ces résultats témoignent
que la nouvelle formule permettra une redistribution équitable des
ressources. La nouvelle formule procurera aux commissions scolaires, pour la
gestion de leurs équipements scolaires, des ressources adaptées
à la taille et aux besoins propres de chacune.
Ces données que je viens de citer constituent la réponse
la plus éloquente que l'on puisse offrir à ceux qui
prétendent que la nouvelle formule engendrera des
inégalités accrues entre les commissions scolaires et entre les
régions. Si elle engendre des inégalités ce seront des
inégalités favorables aux commissions scolaires plus modestes,
aux régions moins pourvues, et des inégalités, dont les
régions mieux pourvues devront surtout porter le poids. En
matière de taxation, il subsistera évidemment des écarts
significatifs dans le niveau de l'imposition foncière à travers
le Québec, tandis que dans certaines régions la grande
majorité sinon la totalité des commissions scolaires devront
percevoir une taxe équivalente au maximum de 0,35 $ par 100 $
d'évaluation pour atteindre le seuil de revenus défini par les
montants de base. Le taux de taxation requis pour atteindre ce seuil demeurera
inférieur, dans d'autres régions, au maximum de 0,35 $ par 100 $
d'évaluation défini dans la loi. Mais, en contrepartie,
l'augmentation du compte de taxes sera généralement plus faible
dans les régions où le niveau de taxation passera à 0,35 $
par 100 $ d'évaluation, et elle sera plus élevée dans les
régions où le
taux de taxation demeurera inférieur au maximum de 0,35 $.
Pour prendre deux exemples, en Gaspésie, le taux actuel de
taxation est de 0,25 $. Ce taux passera à 0,35 $, soit une augmentation
de 40 % du compte de taxes sur une maison unifamiliale de valeur moyenne.
À Montréal, par contre, le taux de taxation actuel est de 0,068
$, 0,06 $ seulement par 100 $ d'évaluation; il passera à 0,1544 $
par 100 $ d'évaluation, soit une augmentation du compte de taxes de
l'ordre de 127 %: 40 % en Gaspésie, 127 % dans les comtés de la
région de Montréal.
Si l'on examine la hausse du fardeau fiscal en dollars plutôt
qu'en pourcentage - et c'est ce qui compte pour le contribuable au bout de la
ligne, il veut bien savoir combien il sera appelé à
débourser sous forme de taxes - on arrive à des constatations non
moins intéressantes. Dans le comté de Bonaventure, par exemple,
le compte de taxes sur une maison unifamiliale de valeur moyenne augmentera
d'une trentaine de dollars. Dans un comté du nord-est de
Montréal, et le comté que j'ai à l'esprit est celui de
Bourassa, l'augmentation sera voisine de 100 $. La différence s'explique
évidemment par les écarts prononcés dans la valeur des
propriétés. On soulignera que les augmentations envisagées
sont loin d'être négligeables, et je n'en disconviens aucunement.
Mais nous ne saurions continuer d'inviter le gouvernement à procurer les
ressources nécessaires aux institutions scolaires et de l'inviter
à assurer en même temps un équilibre plus satisfaisant dans
les finances publiques, sans consentir à des ajustements importants dans
les charges respectives du gouvernement, des institutions et des citoyens
eux-mêmes.
Les deux objectifs que l'on souhaiterait pouvoir poursuivre en
même temps sont chacun nobles, ont chacun une valeur indiscutable, mais
ils ne sauraient être atteints, à moins que chacun, à son
niveau propre, n'accepte de faire sa juste part. Qui pourra prétendre
que l'effort demandé à la population est démesuré
quand l'on songe à la valeur inestimable des services que les
écoles publiques et les commissions scolaires rendent à la
population du Québec et quand l'on songe que l'augmentation
envisagée du fardeau fiscal restera bien inférieure au coût
que des milliers de citoyens encourent chaque année pour le tabac ou
l'alcool, par exemple.
Ainsi que le gouvernement l'a signalé à maintes reprises,
l'augmentation moyenne du compte de taxes sera d'environ 100 $ par
propriété pour l'ensemble du Québec. La hausse sera plus
prononcée dans les centres urbains où la valeur de la
propriété foncière a connu, ces dernières
années, une progression accélérée. Elle sera, par
contre, plus modeste dans les régions périphériques
où la valeur de la propriété a augmenté beaucoup
moins rapidement.
En outre, le remboursement accordé par le gouvernement aux
contribuables à revenu modes- te, ce remboursement qui est
accordé au titre de l'impôt foncier, continuera de s'appliquer; il
s'appliquera même, à compter de cette année, pour un nombre
beaucoup plus élevé de contribuables à la suite des
ajustements annoncés par le ministre des Finances dans le dernier
discours sur le budget concernant les seuils d'admissibilité. Je
souligne que les locataires à revenu modeste ont également droit
à semblable remboursement de manière qu'un locataire à
revenu modeste qui se verrait transférer, comme on peut s'y attendre,
une partie de l'augmentation de taxes découlant des changements
envisagés aura droit, en compensation, à un remboursement fiscal
à la fin de l'année. Il en ira de même du rentier à
revenu très modeste dont le seul bien est sa propriété. Ce
rentier aura droit, comme actuellement et même plus qu'actuellement,
à un remboursement d'impôt foncier qui viendra diminuer et
même annuler, dans certains cas, le fardeau fiscal accru découlant
des mesures dont nous avons parlé. (17 h 40)
Le gouvernement a souligné à maintes reprises sa
volonté de contribuer, par les mesures envisagées, à une
plus grande responsabilisation des commissions scolaires. On ne saurait
invoquer de témoignage plus fiable quant à la valeur des mesures
annoncées par le gouvernement que celui des commissions scolaires
elles-mêmes. Le langage emprunté à cet égard par les
porte-parole des commissions scolaires ne prête à aucune
équivoque, à aucune distorsion de leur pensée
véritable.
De toutes les réactions auxquelles a donné lieu l'annonce
des changements envisagés, les plus explicites, les plus
éloquentes, les plus responsables et les plus représentatives
sont celles qu'a formulées la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec par la voix de son président
général, M. Guy d'Anjou. Celui-ci s'est prononcé sans
ambiguïté en faveur des mesures annoncées par le
gouvernement. Je pourrais citer, à ce sujet, de nombreux textes, mais
les commentaires les plus clairs nous viennent d'une lettre que le
président de la Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec adressait le 19 avril dernier au premier
ministre.
Dans cette lettre à M. Bourassa, M. Guy d'Anjou réfutait,
une à une, les principales objections soulevées à
rencontre du projet de réforme. "Après avoir souligné que
les mesures annoncées le 28 mars par le président du Conseil du
trésor constituent un juste retour des choses - je cite M. d'Anjou - et
sont - je le cite de nouveau - ni plus ni moins que la pleine reconnaissance du
caractère local des services rendus par les commissions scolaires et de
leur compétence administrative en la matière." M. d'Anjou
concluait ainsi, et je cite: "Les propositions de réforme du
gouvernement en matière de financement scolaire vont dans le sens
d'une
gestion plus efficace des équipements d'éducation primaire
et secondaire et sont donc dans l'intérêt de la
collectivité sans toutefois pénaliser indûment les
contribuables locaux." Fin de la citation.
Parmi les commissions scolaires - j'ai parlé tantôt d'une
trentaine - qui ne retireront guère de gains monnayables, dans
l'immédiat, des changements annoncés, certaines ont
exprimé leur inquiétude au sujet de la réforme que vient
confirmer le projet de loi 69. À ces commissions scolaires, je rappelle
qu'aucune commission scolaire ne sera perdante financièrement et que
toutes, sans exception, retireront des avantages considérables au plan
politique plus large qui doit nous préoccuper tous. Après avoir
vécu 10 années de marginalisation fiscale, financière et
politique, les commissions scolaires obtiennent en effet, par le projet de loi
69, un juste rééquilibrage des forces qui n'enlève rien
à d'autres institutions, mais qui leur permet d'envisager l'avenir avec
une confiance accrue. Elles se voient confirmées financièrement
et fiscalement dans le rôle qu'a déjà défini pour
elles au plan pédagogique et administratif la nouvelle Loi sur
l'instruction publique. Elles sont appelées à jouir d'une marge
de responsabilité accrue dont l'effet sera, je le souhaite vivement, une
gestion sans cesse plus efficace des affaires scolaires, une participation
accrue des citoyens à la gestion de l'éducation et une plus
grande estime de la population pour les services éminents que rendent
les commissions scolaires.
Parmi les implications des changements annoncés, je ne saurais
passer sous silence celles qui se relient à l'équilibre
général des finances gouvernementales et celles qui affectent
plus immédiatement les municipalités.
À l'annonce des décisions gouvernementales, les
municipalités, par la voix des deux unions qui les regroupent, ont
réagi avec vigueur. La loi 57 les avait habituées à
considérer que le champ de l'impôt foncier leur était,
à toutes fins utiles, acquis d'une manière pratiquement
exclusive. Les réaménagements arrêtés par le
gouvernement à cet égard nous rappellent, cependant, que les
décisions concernant l'affectation des champs de taxation appartiennent
en dernière analyse au gouvernement et à l'Assemblée
nationale. De toutes les provinces canadiennes, le Québec était
la seule où les commissions scolaires s'étaient vues
graduellement exclues du champ de l'imposition foncière. Il était
aussi la province où la ponction fiscale exercée sur la
propriété foncière était la moins
élevée, en raison surtout du fardeau très lourd que fait
peser sur le Trésor public une dette qui a tragiquement augmenté
sous l'ancien gouvernement. Le gouvernement actue! devait en outre faire face
à des contraintes très serrées pour l'établissement
des prévisions budgétaires de l'exercice 1990-1991. Ayant
déjà réussi, par ailleurs, au cours des quatre
dernières années, à ramener les autres sources majeures
d'imposition à un niveau de rendement concurrentiel par rapport aux
autres provinces canadiennes, et particulièrement par rapport à
l'Ontario, le gouvernement ne voulait ni ne pouvait envisager de recréer
en ce domaine les déséquilibres coûteux auxquels il fut
remédié par les trois budgets antérieurs du ministre des
Finances.
Dans ce contexte extrêmement serré, le gouvernement a
conclu qu'une ponction pouvait et devait être exercée sur
l'impôt foncier. Les moyens qu'il a choisis pour le faire étaient
d'autant plus indiqués qu'ils permettront de procurer aux commissions
scolaires, outre les revenus dont elles auront besoin pour pourvoir
elles-mêmes au financement du fonctionnement des équipements,
permettront de leur procurer en outre l'absence de toute compression
budgétaire pour l'exercice actuel et l'indexation de toutes leurs
dépenses autres que salariales pour l'exercice 1990-1991; et à
cela vient s'ajouter en plus une marge de manoeuvre accrue de 40 000 000 $ pour
l'ensemble des commissions scolaires en 1990-1991.
Le moyen retenu par le gouvernement permettra également de
réduire de 191 000 000 $ pour l'année 1990-1991 et de 272 000 000
$ pour l'année 1991-1992 les subventions de fonctionnement
versées aux commissions scolaires. Cette diminution des subventions
gouvernementales n'enlève rien aux commissions scolaires, bien au
contraire, car celles-ci disposeront dès cette année d'une marge
financière accrue pour faire face à leurs dépenses. Elle
permettra en outre au gouvernement d'accroître les services fournis
à la population dans d'autres domaines, tout en maintenant le
déficit de fonctionnement du gouvernement à un niveau très
proche de celui de la dernière année.
En ce qui touche les municipalités, il est vrai que le choc
produit par les mesures annoncées le 28 mars dernier a été
brutal. Il est également vrai que le contexte dans lequel le
gouvernement a dû agir ne se prêtait pas à des
négociations en bonne et due forme. On comprend, dans ces circonstances,
que la réaction des municipalités -ait été
très vive. Mais une fois passé l'effet du choc initial, il faut
bien se rendre compte que les mesures annoncées par le gouvernement
n'ont pas été révoquées et ne sauraient
l'être pour l'exercice budgétaire 1990-1991. Il y a
également lieu de présumer, à moins d'avis contraire, que
le gouvernement, qui a voulu instituer des modifications aussi importantes dans
le champ de la fiscalité scolaire, qui a assumé les risques
politiques inhérents à cet exercice, devait avoir à
l'esprit des changements dont la nature et les effets ne seraient pas seulement
transitoires, mais seraient durables.
Dans ce contexte, il faut adopter une attitude de réalisme
plutôt que de rancoeur. De l'expérience des dernières
semaines, je retiens, pour ma part, les éléments suivants.
Tout
d'abord, l'accès élargi des commissions scolaires à
l'impôt foncier ne diminuera en rien le niveau des ressources fiscales
que percevaient les municipalités avant les récentes mesures
gouvernementales. Dans l'immédiat, aucune municipalité ne
souffrira de perte de revenu par suite des décisions du gouvernement.
(17 h 50)
En second lieu, en ce qui touche le rôle et l'aménagement
des pouvoirs locaux, l'expérience des dernières semaines nous a
rappelé avec force la place très importante des
municipalités dans le paysage politique québécois, et le
gouvernement reconnaît cette place sans aucune espèce de
réticence. Mais les événements des dernières
semaines nous ont également rappelé que les commissions scolaires
sont elles aussi un élément essentiel de notre tradition
politique locale et qu'elles sont bien davantage qu'un simple relai
administratif du ministère de l'Éducation.
Troisièmement, en ce qui touche les changements qui pourraient
être apportés à l'avenir à la fiscalité
scolaire et municipale, nous serons tous plus conscients que jamais, à
la suite de l'exercice des dernières semaines, de l'étroite
interaction entre ces deux types de fiscalité et de la
nécessité d'une concertation plus grande que par le passé
entre le gouvernement, les municipalités et les commissions scolaires.
Je me réjouis, à cet égard, de la reprise prochaine des
échanges entre les municipalités et le gouvernement. Je me
réjouis également de la formation récente, par le premier
ministre, d'un comité ministériel qui sera appelé à
se pencher sur ces questions et où seront appelés à
siéger tous les ministres intéressés, y compris le
ministre de l'Éducation et le ministre des Affaires municipales.
Voilà une façon de procéder qu'on ne retrouvait pas dans
la méthode de travail qui inspira la loi 57 en 1979.
Quatrièmement, en ce qui touche les rapports entre les
commissions scolaires et les municipalités, nous savons tous que des
liens de collaboration de plus en plus nombreux et intéressants se sont
établis ces dernières années entre ces deux pouvoirs
locaux, surtout dans le domaine des équipements communautaires
où, de plus en plus souvent, commissions scolaires et
municipalités unissent leurs efforts afin de fournir à la
population des services de qualité. Chaque fois que le gouvernement a
été invité à participer à la
réalisation de projets issus de pareils efforts de collaboration entre
les commissions scolaires et les municipalités, il a adopté une
attitude ouverte et positive. Ces expériences de collaboration entre
commissions scolaires, municipalités et autres corps communautaires ont
permis d'ajouter, dans plusieurs municipalités du Québec, des
équipements communautaires de première qualité qui
n'auraient pas été concevables en l'absence d'une participation
de tous ces éléments soutenus par le complément finan-
cier qu'apportait, à son niveau, le gouvernement. Cette collaboration du
ministère de l'Éducation à la réalisation de
projets de concertation impliquant tous les agents d'un milieu - je pense que
plusieurs députés dans cette Chambre se souviennent
d'expériences qui ont été réalisées chez eux
dans ce sens, tant du côté ministériel que du
côté de l'Opposition - la collaboration du ministère de
l'Éducation à des projets de cette nature demeurera acquise pour
l'avenir. Je la considère comme un des plus beaux acquis des
dernières années. J'ai été heureux de recevoir,
encore ces jours derniers, M. le Président, des lettres
d'autorités municipales m'assurant, par-delà toute la controverse
des dernières semaines, qu'elles sont heureuses de participer à
des projets de cette nature. J'en recevais justement une de la région
que représente le député de Beauharnois, pas plus tard que
ce matin.
Nous avons la chance d'avoir au Québec un système scolaire
qui établit un juste équilibre entre les responsabilités
dévolues à l'autorité centrale, c'est-à-dire au
ministère de l'Éducation, et celles qui sont confiées
à des commissions scolaires, formées de membres élus au
suffrage universel par leurs concitoyens. À ces deux paliers de
responsabilités, la loi 107 est vanue ajouter une consécration
plus nette du rôle propre de l'école dans le bon fonctionnement de
notre système scolaire et de la participation nécessaire, voire
indispensable, des parents dans le bon fonctionnement de l'école.
La politique du gouvernement a toujours été, et elle
demeure, de viser à maintenir et à renforcer cet équilibre
démocratique extrêmement impressionnant. Le gouvernement a maintes
fois exprimé ses convictions quant à la nécessité
d'un ministère de l'Éducation fort et doté de pouvoirs
suffisants pour assurer la direction efficace du système d'enseignement.
Le gouvernement prouve également, par des gestes concrets, sa foi dans
le rôle indispensable des commissions scolaires en matière
d'éducation, un rôle qui doit s'exercer non seulement par
l'accroissement des subventions en provenance de Québec, mais par une
implication plus substantielle et plus directe des commissions scolaires
elles-mêmes dans le financement de leurs dépenses de
fonctionnement.
Le projet de loi 69 vise à préciser et à renforcer
le rôle des commissions scolaires dans un secteur où il avait
subi, depuis 10 ans, une dangereuse érosion. Ce redressement
répond à un besoin maintes fois exprimé par les
commissions scolaires. Il traduit aussi une conviction profonde du
gouvernement. Je souhaite, en conséquence, que le projet de loi 69
reçoive l'appui de l'Assemblée nationale, car ce projet de loi
n'a pas d'autre but que l'amélioration de la démocratie scolaire
et la promotion d'un équilibre plus sain dans la gestion des finances
publiques au Québec.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le ministre de
l'Éducation. Je suis maintenant prêt à
reconnaître le prochain intervenant, M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: Oui, M. le Président, compte tenu de
l'heure, je demanderais à ce moment-ci la suspension du
débat.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Cannon): Adopté. Nous allons
suspendre les travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 1)
Le Vice-Président (M. Cannon): Veuillez vous asseoir, s'il
vous plaît. M. le député d'Abi-tibi-Ouest et leader adjoint
de l'Opposition.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Suite au discours du
ministre porteur du projet de loi 69, loi intitulée Loi modifiant la Loi
sur l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé, il
m'apparaît fondamental, prioritaire et d'une très grande
importance de donner ce que j'appellerais, moi en tout cas, l'envers de la
médaille qui a été présentée par le ministre
de l'Éducation.
J'ai aussi le sentiment - ça fait déjà 14 ans que
je suis en cette Chambre - de discuter, ce soir, d'un projet de loi majeur,
à conséquences graves en termes de renversement d'un vécu
sur la fiscalité municipale des 10 dernières années,
lequel vécu ne peut se transformer du revers de la main, comme le
ministre l'a indiqué, sans qu'il y ait des conséquences
sérieuses, graves, tout autant pour les municipalités du
Québec, les MRC du Québec, les commissions scolaires du
Québec, le tissu rural du Québec que pour nos traditions
historiques sur certaines décisions prises suite à de très
longs échanges, à de très longs débats, ce que nous
appelons communément des pactes majeurs importants, des réformes
qui engagent, dans le fond, toute la société.
Le projet de loi 69 intitulé, comme je l'ai mentionné
tantôt, Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique... est, en soi,
un faux titre uniquement pour dire: Dorénavant, l'État se
désengage de sa responsabilité première d'assumer
Pentièreté ou la plus grande partie des coûts en
éducation au Québec, puisque la question de l'éducation au
Québec doit être une question nationale. Si la santé au
Québec est une question nationale, l'éducation doit être
une question nationale. Je l'ai dit souvent en cette Chambre, je vais le
répéter, je ne pense pas être quelqu'un qui ait l'habitude
de parler des deux côtés de la bouche. Et, en ce sens-là,
il est impossible, je pense, de titrer le projet de loi 69 comme s'il
s'agissait d'une simple modification à la Loi sur l'instruction
publique, alors que, dans le fond, il s'agit de modifier le régime
fiscal que nous connaissons au Québec depuis les 10 dernières
années.
C'est un projet de loi qui vient élargir le pouvoir de taxation
des commissions scolaires de même que celui du Conseil de l'île de
Montréal, parce que lui aussi a un pouvoir de taxation, en fixant de
nouvelles limites à ce pouvoir. Et sur le plan technique, il faut quand
même que les gens comprennent une chose, ça peut être un peu
ardu pour des non-initiés, mais je me dois le plus simplement que je
pense, en tout cas, être en mesure de l'illustrer de la façon
suivante. La réforme dirait dorénavant, en termes de nouvelles
limites, 0,35 $ du 100 $ de l'évaluation au lieu de 0,25 $
uniformisé des immeubles imposables inclus dans l'assiette
foncière des commissions scolaires. Et ce montant-là est
établi par un jeu d'opérations comptables, un jeu
d'opérations mécaniques que je n'ai pas l'intention, moi, de
détailler, le jeu d'opérations de la mécanique qui fait
que les commissions scolaires pourraient aller chercher tant de millions de
plus dans le champ d'impôt foncier scolaire. On aura l'occasion, lors des
étapes subséquentes si jamais on réussit à les
franchir, d'expliquer la mécanique. Moi, je veux rester sur le principe.
Et le principe, il n'est pas compliqué, c'est de chambouler le
régime que nous connaissions depuis les 10 dernières
années. Le projet de loi fixe également de nouvelles
règles relatives à la subvention de péréquation
versée aux commissions scolaires dont les ressources fiscales sont
jugées insuffisantes. Après avoir situé le sujet d'un
projet de loi, lorsqu'on a la responsabilité d'en faire l'étude
au niveau du principe, il est important quand même de le placer dans quel
contexte historique ce projet de loi nous arrive-t-il par la tête? Parce
qu'il nous arrive par la tête d'une façon tout à fait
irrespectueuse des traditions de conciliation, d'échanges, de longues
discussions avec l'ensemble des intervenants impliqués. Afin de mieux
comprendre et de mieux saisir toute la portée de toutes les implications
du présent projet de loi, il est utile de rappeler certains faits ou
certains événements qui ont présidé à sa
présentation catastrophique. Quelques mots sur le pacte fiscal de 1979,
parce que tout part de là. La loi fiscale, qui fut adoptée le 21
décembre 1979, modifiait de façon importante le régime
fiscal des municipalités du Québec de même qu'elle
réduisait de façon considérable le pouvoir de taxation des
commissions scolaires. Ça, on ne nie pas ça, c'est un fait parce
qu'il faut parler franc. C'est la conférence
Québec-municipalités de juin 1978 qui avait préludé
à l'accord de 1979. Cette consultation avait elle-même
été précédée du rapport
Bélanger-Castonguay, dans les années
soixante, et du rapport Tremblay, dans les années cinquante.
Donc, quand on a accouché de cette réforme en 1979, ce
n'était pas quelque chose qu'on avait concocté en quelques
semaines, comme c'est le cas avec la loi que le ministre nous présente
ce soir. C'était une longue réflexion qui avait amené
à la conclusion qu'au Québec, le champ foncier ne pouvait pas
véritablement être occupé par toutes sortes de
partenaires.
Le problème qui se posait alors aux municipalités
était le suivant. Leurs dépenses augmentaient rapidement à
cause d'une urbanisation intensive. C'est normal parce qu'on était dans
un Québec en progression, en développement, dans le temps, ce qui
n'est plus le cas aujourd'hui malheureusement, alors que leurs revenus
n'augmentaient malheureusement pas au même rythme. Déjà,
à cette époque, les revenus des municipalités provenaient
en grande partie de l'impôt foncier qu'elles se partageaient avec les
commissions scolaires. Cette situation amenait le gouvernement à
compenser les pertes municipales par des subventions qui ne cessaient
d'augmenter tout comme la dépendance. Et n'oubliez pas que, lorsqu'un
gouvernement maintient un régime de subventions, il maintient ce que je
viens de dire, un régime de dépendance et de soumission, et on
l'a vécu. Je n'ai pas envie de vous rappeler ce dont, moi-même,
j'ai eu connaissance comme maire, comme conseiller municipal d'une toute petite
municipalité. Nous avions droit à quelque chose pour autant que,
collectivement, nous faisions le sacrifice de monter un bon dossier, de se
taper une dépense d'une couple de 1000 $, à trois ou quatre
conseillers et le maire, pour se rendre à Québec et venir
pleurnicher, chez l'un, chez l'autre, dépendamment des couleurs
politiques. Dépendamment de plusieurs situations conjoncturelles, nous
retournions avec notre petit bonheur ou, de temps en temps, nous retournions
avec notre petite récompense, encore là, dépendamment si
on avait une bonne calotte rouge ou une bonne calotte bleue, parce que c'est de
même que ça fonctionnait.
Deux options s'offraient au gouvernement à ce moment-là.
La première impliquait l'absorption graduelle des fonctions
traditionnellement des municipalités. Cela conduisait ultimement
à la prise en charge par le gouvernement de certaines fonctions locales.
Ou la seconde option, celle qu'au Parti québécois, on a toujours
choisie, celle de l'autonomie, celle de la responsabilité, celle de
l'indépendance... (20 h 10)
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: Oui, celle de l'indépendance. Il ne faut pas
avoir peur des mots. Nous, on pense que le pouvoir municipal, étant plus
près de Québec que d'Ottawa, il est beaucoup plus normal de lui
permettre qu'il fasse ses propres choix, qu'il prenne ses propres
décisions et, pour ce faire, il fallait réformer la
fiscalité et c'est ce que nous avons fait.
Lors de l'adoption des principes de la réforme de la
fiscalité, le gouvernement transféra aux municipalités le
champ de l'impôt foncier scolaire normalisé. Le gouvernement
reconnaissait ainsi que l'impôt foncier local ne pouvait servir à
financer les dépenses de l'éducation au niveau local puisque la
quantité et la qualité, et j'y reviendrai tantôt, des
services fondamentaux en éducation - et ça, c'est un point
clé, c'est un point majeur que, de l'autre côté, vous
devriez comprendre - ne devraient pas dépendre de la richesse
foncière d'une municipalité.
Le gouvernement reconnaissait également qu'il avait la
responsabilité de répartir équi-tablement le financement
de l'éducation et qu'il devait s'assurer que les besoins fondamentaux
des Québécois et des Québécoises étaient
satisfaits partout en vertu des mêmes règles, en vertu des
mêmes normes, en vertu des mêmes dispositions. Ce n'est pas parce
que nous sommes à Val-Saint-Gilles, une petite municipalité
à 900 kilomètres et quelques de Québec, que les jeunes de
Val-Saint-Gilles n'ont pas droit à une éducation de même
qualité que ceux de Westmount, que ceux de Mont-Royal, que ceux de
n'importe Quelle partie du Québec.
Au-delà de cet engagement, les commissions scolaires
étaient libres d'offrir des services particuliers. C'est pourquoi, en
1979, contrairement à ce qu'on a véhiculé, on avait
décidé de conserver aux commissions scolaires une part de
l'impôt foncier, et cette part, en principe, devait servir à
financer - écoutez le terme - les dépenses qu'on appelait,
à l'époque, non éligibles ou non admissibles, suivant
l'expression, aux subventions du gouvernement et répondre aux besoins
spécifiques de chacune des régions. Cet impôt a
été délimité à un taux maximal de 0,25 $ par
100 $ d'évaluation ou à 6 % de la dépense nette de chaque
commission scolaire. La législation a fait en sorte que l'impôt
foncier des commissions scolaires ne contribue, depuis ce temps, que pour 2 %
à 6 % de leurs revenus.
Si nous en sommes rendus à la loi que le ministre vient de
déposer, c'est qu'il y a des règles qui n'ont pas joué
dans le sens qu'elles devaient jouer. Et pour ce faire, je suis obligé
de vous parler du sous-financement des commissions scolaires parce que c'est
exact que les commissions scolaires sont sous-financées. Vous parlez
à quelqu'un qui connaît le monde de l'éducation, qui a
vécu dans le monde de l'éducation, qui est proche du milieu de
l'éducation, qui a eu la chance quelque temps d'être ministre de
l'Éducation, et je suis en mesure de dire que, lorsque les commissions
scolaires du Québec prétendent qu'elles sont
sous-financées, elles ont raison. Ce n'est pas là-dessus qu'il y
a un désaccord.
Le gouvernement n'a pas tenu ses engagements. Le gouvernement, quelque
gouvernement
que ce soit, n'a pas tenu ses engagements, puisque depuis
quelques années le sous-financement chronique des commissions scolaires
les a amenées à puiser dans leurs revenus provenant de
l'impôt foncier pour couvrir des dépenses dites admissibles et
payer les coûts des décisions prises par l'État: politique
d'éducation, régime pédagogique, application de lois et de
règlements comme la loi sur l'accès à l'information ainsi
que celle sur la santé et la sécurité du travail.
Cette situation, qui aurait dû être
corrigée dès le départ, a empiré jusqu'au
résultat que l'on connaît aujourd'hui. Et le résultat que
l'on connaît aujourd'hui, c'est un document dont tout le monde pourrait
prendre connaissance, qui fait on ne peut plus clair qu'avec l'enseignement
régulier, préscolaire, primaire et secondaire, avec les
changements au niveau de l'enseignement professionnel, avec les mesures
particulières à l'enseignement, avec les services
complémentaires à l'élève, avec les moyens
d'enseignement réduits, comme les bibliothèques... Depuis
quelques années le gouvernement a dit aux bibliothèques: Vous
trouvez qu'elles sont désuètes, vos bibliothèques, vous
avez raison, mais nous on ne vous donne pas d'argent pour les modifier.
Ça c'est le gouvernement actuel. On ne vous donne pas d'argent pour
améliorer le sort de vos bibliothèques.
Au niveau de la lourdeur administrative... Et là je
cite un document de la fédération: Notre enquête
auprès des commissions scolaires a de plus révélé
que 85 % des commissions scolaires interrogées considèrent que
les ressources humaines et financières qu'elles affectent pour
répondre - écoutez bien ça - au diktat bureaucratique dont
elles n'ont pas le contrôle, hypothèquent les services dont aurait
besoin leur clientèle. Et encore, ce pourcentage grimperait si les
commissions scolaires se conformaient entièrement aux exigences
bureaucratiques qu'elles ne considèrent pas toutes justifiées,
soit dit en passant.
Et à titre d'exemple, elles mentionnent toutes les
belles exigences de cet extraordinaire ministre centralisateur. Les
contrôles lourds et fréquents exigés par le
ministère de l'Éducation à propos des effectifs jeunes,
mais surtout du côté des adultes. Imaginez, une déclaration
mensuelle de clientèles parce que c'est un moyen de contrôler le
financement. Les contrôles du personnel. Exemple: Une foule de
renseignements sont demandés pour le système PERCOS. Les
dérogations au régime pédagogique, j'en parlais pas plus
tard qu'avant-midi. L'âge d'admission, il y a des coûts à
ça parce qu'il faut que des professionnels de l'enseignement des
commissions scolaires fassent l'évaluation si le jeune a assez de
capacité pour être admis, même s'il n'a pas l'âge de
fréquentation, selon la règle établie; on appelle
ça les dérogations. Les annexes aux états financiers. Les
commissions scolaires en sont presque rendues à hypothéquer la
pédagogie pour rencontrer les impératifs bureaucratiques de ce
gouvernement-là.
Ils ont fait également une série d'exigences
sur les exigences légales. Donnons des exemples: Loi sur les
élections scolaires. Il y a un décret qui est passé en
1990, il coûte 1 300 000 $: pas une cenne aux commissions scolaires. Loi
sur l'instruction publique. L'application de la loi 107 est
évaluée à 30 000 000 $ dont 15 000 000 $ uniquement pour
l'article 292 dont toutes les commissions scolaires sont venues nous parler
lorsqu'on a eu des consultations sur la loi 107, et ça s'appelle la
garde du midi, l'obligation de faire la surveillance du midi. Et les
collègues qui étaient aux commissions savent de quoi je parle. La
Loi sur la santé et la sécurité du travail, le Code du
bâtiment, les règlements généraux relatifs à
la sécurité dans les édifices publics, la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels. Et je m'arrête là parce que la liste
serait trop longue.
Qu'est-ce que j'ai voulu illustrer par cette note?
Uniquement ce que je disais tantôt. Il est exact que les commissions
scolaires, depuis 10 ans, ont été "clenchées". La
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec, les amis de ce régime-là, évalue à
840 000 000 $ les pertes encourues par sous-indexation des compressions
pratiquées dans les budgets des commissions scolaires depuis 1980; 64 %
d'entre elles sont présentement déficitaires. Le déficit
moyen: 450 000 $ par commission scolaire. Et plus de 80 % des revenus de la
taxe scolaire et de la péréquation servent maintenant à
compenser le manque à gagner des subventions gouvernementales
plutôt qu'à financer des activités locales, comme cela
aurait dû être le cas. Parce qu'il faut l'expliquer, la formule. M.
le ministre n'en a pas dit un mot. Dans le pacte de la fiscalité,
lorsqu'on a dit aux commissions scolaires: Vous avez le pouvoir de taxer,
limité à 0,25 $ ou 6 %, si le gouvernement avait continué
à considérer admissible ce qu'il avait toujours fait, les
années préalables, il n'y a personne ce soir qui serait
obligé de parler de la loi dont on parle. Personne, ce soir, ne serait
obligé de parler de ça, parce que tel que le pacte était
fait, les 6 % ou les 0,25 $ lui auraient permis de jouer le rôle pour
lequel il avait été créé, c'est-à-dire les
adaptations locales, parce que toutes les commissions scolaires n'ont pas
exactement la même philosophie d'initier des choses à leur taille,
à leur mesure ou qui correspondent à leurs besoins
spécifiques. (20 h 20)
Par ailleurs, la fédération considère
que les mécanismes de péréquation et les normes
applicables à l'impôt foncier scolaire sont inéquitables,
inappropriées et discriminatoires. L'effort fiscal le plus important
étant exigé des contribuables les moins favorisés, c'est
pourquoi elle proposait en 1988 des recommandations précises
au gouvernement par le biais d'une nouvelle formule de financement,
visant à améliorer le niveau des ressources des institutions
scolaires, à augmenter leur autonomie dans l'utilisation des ressources
mises à leur disposition et à réduire les
disparités régionales. Mais j'aurais aimé ça que le
ministre ait l'honnêteté de dire que cette formule qu'elles
demandaient, ça représentait 75 000 000 $ de plus en taxes
foncières et 39 000 000 $ en péréquation, pour une somme
de 114 000 000 $. Ce n'est pas ce que la loi 69 va leur permettre de faire.
Après plusieurs mois d'attente d'une réponse à leur
proposition, la fédération décidait de tenir en mars
dernier un sommet sur le financement, même si on a eu droit à une
leçon du père spirituel de l'éducation au Québec,
en disant qu'on ne pouvait pas appeler ça un sommet. Parce que vous vous
rappelez ça, un sommet, il faut que le gouvernement soit partenaire.
Donc, il était irrespectueux de l'historique québécois.
Parce que, quand on n'est que deux parties, on appelle ça un colloque.
Ils ont eu droit à un discours de 15 minutes du maître à
penser sur la notion des termes au Québec. Ça ne pouvait pas
être un sommet. Mais dans toute leur publicité, les commissions
scolaires ont quand même dit qu'elles faisaient un sommet sur la crise du
financement ou du sous-financement des commissions scolaires. C'était
sûr que ce sommet-là, c'était pour alerter l'opinion
publique et également obtenir enfin une réponse du gouvernement.
Parce que, imaginez que leur cher premier ministre de ce gouvernement, absent
depuis quatre jours pour aller encore nous vendre en petits morceaux...
Des voix: Wo! Wo!
Des voix: Oui, oui! M. Lefebvre:
M. le Président...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement, sur une question de règlement.
Des voix: La pertinence. M. Gendron: C'est quoi?
M. Lefebvre: c'est assez clair, m. le président, non
seulement ça ne respecte pas la pertinence, c'est grossier, c'est
vulgaire, ça va à rencontre du règlement, non seulement de
la loi...
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
M. Lefebvre: Non, non...
Une voix: II n'y a aucune question de règlement dans ce
que le leader... Des voix:...
Le Vice-Président (M. Cannon): Un instant, un instant,
s'il vous plaît! De toute façon, messieurs, je vais les prendre
les unes après les autres. Vous allez terminer, M. le leader adjoint du
gouvernement, après quoi je vais écouter l'intervention de M. le
leader de l'Opposition.
M. Lefebvre: Ce n'est pas, M. le Président, sur la
pertinence que je soulève ma question de règlement. C'est en
vertu de l'article 35, paragraphe 6°, qui dit ceci: "Le
député qui a la parole - en l'occurrence, le leader adjoint de
l'Opposition - ne peut imputer des motifs indignes à un
député ou refuser d'accepter sa parole." Alors il vient de
prêter des motifs indignes, M. le Président, au premier ministre
du Québec qui, au moment où on se parle, est à
protéger ses intérêts à lui, les
intérêts des gens de son comté et les intérêts
de tous les Québécois. De dire, M. le Président, que le
premier ministre est à vendre le Québec, c'est non seulement
contraire à l'esprit du règlement, c'est répugnant de la
part d'un parlementaire qui est ici depuis 14 ans. Alors, ma question de
règlement, M. le Président, c'est l'article 35, 6° et la
pertinence, l'article 211 du règlement.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: Je ne veux même pas plaider, M. le
Président, vous le savez bien, il n'y a aucune question de
règlement. D'ailleurs, la preuve la plus claire, c'est qu'à deux
reprises il a changé de sujet pour finir en disant que ce n'était
pas la pertinence et, à la fin, en mentionnant que c'était la
pertinence.
J'ai le droit de porter des jugements sans les attribuer à une
personne spécifiquement. J'ai dit que le gouvernement était en
train de modifier le régime fiscal et j'ai donné comme exemple,
dans ce que je disais, que le premier ministre du Québec était en
train de vendre le Québec en petits morceaux. Et c'est une
réflexion que j'ai le droit de penser. Il n'y a pas de motif indigne
là-dessus. C'est une opinion dans le cadre, strictement, d'un droit de
parole. Ça s'est fait régulièrement en cette Chambre et,
en aucune façon, il n'y avait là une question de règlement
en ce qui me concerne, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors. MM. et Mmes les
députés, effectivement, l'article 35, 6° indique que "le
député qui a la parole ne peut imputer des motifs indignes
à un député ou refuser d'accepter sa parole". Et,
évidemment, à l'article 239 qui porte sur la pertinence, surtout
en seconde lecture, j'ai eu l'occasion, aupara-
vant, d'expliquer largement l'interprétation de cette notion de
pertinence. Toutefois, je dirais que nous arrivons presque à la limite
de ce qui est acceptable et de ce qui est inacceptable. Alors, je vous
demanderais, M. le député, de poursuivre votre intervention tout
en étant bien conscient de la présence de l'article 35, 6°.
Merci.
M. Gendron: Merci, M. le Président. Alors, après
plusieurs mois d'attente d'une réponse à la proposition, le
même premier ministre qui avait qualifié que leurs demandes
étaient raisonnables, ce dernier reconnaissait que le système
actuel provoquait des inéquités entre les commissions scolaires -
là je parle du ministre de l'Éducation - s'était alors
engagé, au nom du gouvernement, à apporter des ajustements
à la fois sur la formule de financement local découlant de la loi
57 et sur la formule de péréquation, et ce, dès la
prochaine année budgétaire. Il révélait toutefois
que le gouvernement envisageait d'aller au-delà d'une simple
augmentation du pouvoir de taxation et qu'il comptait transférer aux
commissions scolaires certaines responsabilités donnant, à titre
d'exemple, l'entretien des bâtiments. C'est là que le chat est
sorti du sac. Et je cite un article du Devoir du lundi 1er mars:
Québec pourrait permettre aux commissions scolaires de taxer davantage
les contribuables. Le 5 mars, on apprenait que le gouvernement,
supposément bon comptable, après six et sept ans de
prospérité, paniquait, par sa mauvaise administration et ses
mauvais choix de budgétisation et que, dorénavant, il
était disposé à changer la formule de la fiscalité
pour permettre aux commissions scolaires de taxer davantage les contribuables,
parce que ça ne leur fait pas peur, eux, de taxer directement les
contribuables. Et l'article était signé, bien sûr, par
quelqu'un qui s'intéresse aux questions éducatives depuis des
années, Jean-Pierre Proulx, du Devoir. Première
brèche dans le dossier de la fiscalité.
Le budget 1990-1991. Le dépôt des crédits 1990-1991
est venu confirmer les avancés du ministre de l'Éducation et
l'étude des crédits provisoires de son ministère a permis
de préciser davantage l'ampleur des mesures préconisées.
En effet, le livre des crédits déposé le 27 mars dernier
révèle, pages 11 à 13 - mais là je n'ai pas le
temps de lire les pages 11 à 13 dans le livre des crédits - que
les commissions scolaires se verraient désormais confier, écoutez
bien ça, la pleine responsabilité de la gestion et du financement
des équipements scolaires. Cette responsabilisation accrue
entraînera cependant une baisse nette de 191 000 000 $ des subventions de
fonctionnement qui leur sont versées par l'État. En année
scolaire, cette baisse équivaut à 272 400 000 $. Elles auront,
par contre, accès à un élargissement de leur pouvoir de
taxation de même qu'à une bonification de la
péréquation de l'ordre de 27 500 000 $ et d'un ajout de 7 700 000
$ pour pallier aux pertes nettes de revenus, suite à ces
réaménagements. La révision du financement et l'ouverture
du champ d'impôt foncier leur permettra également de
bénéficier d'une marge de manoeuvre financière accrue.
La journée suivante, le ministre de l'Éducation vient
donner un ordre de grandeur à l'accroissement du pouvoir de taxation des
commissions scolaires. C'est 320 000 000 $ d'argent additionnel qu'elles iront
chercher dans la poche des contribuables québécois dès le
1er juillet 1990, si on avait l'indécence d'accepter un tel projet de
loi. (20 h 30)
Par ailleurs, le livre des crédits du ministère de
l'Éducation, déposé dernièrement, nous permet
d'établir que le niveau des revenus autonomes des commissions scolaires
sera dorénavant égal à la somme des éléments
suivants: le revenu actuel de taxation, 264 000 000 $ et 47 600 000 $ de
péréquation. Le montant correspondant à la
décentralisation du fonctionnement des équipements, 312 000 000
$. La marge de manoeuvre' additionnelle provenant de l'État, 40 500 000
$. De plus, une hausse de subventions de péréquation de l'ordre
de 34 600 000 $ pour l'année scolaire de 1990-1991 est prévue de
même qu'un montant de 5 300 000 $ pour pallier aux pertes de revenus
à la suite du réaménagement proposé. C'est quoi la
position des intervenants? Après les discours qu'elle a tenus depuis des
années pour réclamer une plus grande responsabilisation des
commissions scolaires, la Fédération ne peut que se montrer
favorable, au plan des principes, à l'orientation qu'a prise le
gouvernement. Par contre, son président ne se fait pas d'illusion sur
les décisions du gouvernement à l'égard des commissions
scolaires. Il tient à préciser que la marge de manoeuvre demeure
tout à fait insuffisante en regard des besoins actuels. 40 000 000 $
versus 75 000 000 $ réclamés, voir Le Soleil du 20 avril,
le Telbec du 15 mai 1990. Dans un article du Soleil sur l'impôt
foncier, on disait ceci: Une mauvaise décision de Québec.
Et pourtant ces grands sages qui ont toujours la vérité,
qui sont censés défendre les intérêts des
Québécois, quand on les accuse qu'ils ne sont pas des vendeurs
des intérêts des Québécois, comme par hasard
à peu près toutes les opinions qu'on peut lire, autant ces
jours-ci qu'ailleurs sur cette question-là, et je le verrai
tantôt... Quand c'est rendu que l'UPA, l'Union des producteurs agricoles
dit que la loi 69 est grave et dangereuse et conséquentielle pour les
régions rurales, et j'y reviendrai tantôt, ça signifie
qu'on ne parle pas à travers notre chapeau, on n'est pas uniquement ce
que j'appellerais des gens qui parlent conformément à l'option
que nous défendons ou strictement en tant qu'Opposition comme on dit.
Quand M. Claude Masson du Soleil disait: L'impôt foncier, une
mauvaise décision de Québec, lui au moins,
avait le mérite non seulement de le dire mais de le prouver avec
des arguments, et je voudrais en citer quelques-uns. voilà qu'en deux
temps, trois mouvements, en raison de compressions fédérales de
la mauvaise conjoncture économique et de la forte croissance des
dépenses dans le domaine de la santé et de l'éducation, le
gouvernement libéral décide en catastrophe, en irresponsable, de
partager le champ de l'impôt foncier entre les municipalités et
les commissions scolaires et d'autoriser celles-ci à utiliser
jusqu'à 10 % ou 15 % de cette forme de taxation limitée jusqu'ici
à 6 %. au départ, ça devait de se limiter à 75 000
000 $ et présentement nous en sommes rendus à des sommes de 320
000 000 $. il ajoutait: la décision prise à la vapeur par le
gouvernement bourassa est tout croche. je répète: la
décision est tout croche. ces grands sages, ces hommes prudents,
compétents, bons gestionnaires, grands administrateurs de l'état!
incohérente, injuste et injustifiée. il me semble que ça
commence à en faire épais sur la tartine. cette tartine-là
n'était pas beurrée par celui qui vous parle. c'était
beurré par des gens qui suivent ces questions-là. je
répète: injuste, incohérente, injustifiée et tout
croche. et je m'arrête là parce que j'en ai d'autres. et je
continue. par ailleurs, certaines commissions scolaires membres ou non de la
fédération ont exprimé en marge des déclarations de
la fédération leur mécontentement quant à la
décision prise par le gouvernement. ici, je pourrais en citer plusieurs,
plusieurs commissions scolaires qui ont pris la peine de m'envoyer des lettres
et des résolutions, et le ministre les a reçues aussi. la
commission scolaire des cascades-l'achigan, dans un extrait d'une
réunion de cette commission scolaire, disait ceci: ii est proposé
par m. le commissaire untel et appuyé par m. le commissaire untel que
nous indiquions au ministre de l'éducation que nous ne sommes pas
d'accord avec une perception d'impôt foncier accru pour compenser une
coupure de subvention de l'ordre de 1 900 000 $ à notre commission
scolaire. à la commission scolaire la neigette: on n'a pas du tout le
goût de fêter à la suite de la décision encore
malheureuse de ce gouvernement-là. la commission scolaire saint-jean: la
taxe scolaire pourrait doubler de 0,19 $ à 0,35 $ à saint-jean et
de 0,13 $ à 0,31 $ à iberville. m. jacques demers, le
président de la commission scolaire catholique de sherbrooke
réagissait ainsi, et regardez ce qu'il vous dit, chers
répondeurs: "je suis en désaccord avec le gouvernement qui nous
impose des responsabilités supplémentaires d'un coût aussi
élevé que 191 000 000 $." ce sont des présidents de
commission scolaire, m. le président. sherbrooke: "l'odieux de la taxe
sans marge de manoeuvre, cadeau empoisonné, déçoit les
commissions scolaires." on pourrait lire ça pendant une demi-heure.
"cadeau empoisonné", on est habitué, cadeau de grec.
Proposition gouvernementale de financement des commissions scolaires,
regardez bien ce qu'on disait dans un article de Christian Pelletier:
"Accentuation grave des inégalités sociales au détriment
des régions rurales." Ceux qui ne connaissent pas le Québec de
base, moi, je connais le Québec de base. J'ai été ministre
responsable des régions, j'ai été ministre responsable de
l'OPDQ, j'ai fait trois fois le tour du Québec et c'a paru au moins pour
me rendre compte que, si nous n'avions pas les ressources des régions du
Québec, je suis loin d'être sûr qu'on aurait le produit
national brut qu'on a. Les régions du Québec, puisque les
ressources sont là, n'ont pas le droit d'être traitées
comme elles le sont par ce gouvernement-là depuis quatre ans; elles
n'ont pas le droit d'être traitées en parent pauvre, elles n'ont
pas le droit d'être traitées de façon inéquitable,
que ce soit dans le domaine du transport, dans le domaine de la santé,
des affaires sociales ou dans n'importe quel domaine; il y a iniquité
grave et c'est dit par l'UMRCQ, c'est dit par l'UPA, c'est dit par l'auteur que
je viens de citer. Et tous ces gens-là seraient dans le tort, M. le
Président? Tous ces gens-là seraient dans les patates? Nous, on
dit non. On dit que ces gens-là ont des opinions et qu'ils ont des
opinions arrêtées, assises et fondées.
Les deux unions municipales, elles, qu'est-ce qu'elles ont dit de cette
belle loi? L'UMQ et l'UMRCQ reconnaissent que les problèmes financiers
des commissions scolaires sont réels. Comme critique de
l'éducation, je n'en disconviens pas, je l'ai dit, ça fait trois
fois. Elles ont cependant la conviction que la taxe foncière ne
constitue pas une source de revenu appropriée pour financer
l'éducation et pour garantir l'universalité de ce service. La
remise en cause de la quasi-exclusivité de leur champ d'impôt
foncier et, par surcroît, les moyens utilisés par le gouvernement
pour y arriver ont soulevé un tollé de protestations, et pour
cause, puisqu'on mettait fin sauvagement, brutalement au pacte fiscal
lui-même.
Il faut rappeler que la décision de revoir le financement
municipal avait été prise le 6 novembre 1989, réunion du
Conseil des ministres. Dans une note sur laquelle on avait mis la main,
où, d'une façon encore là odieuse, sans même aviser
le ministre des Affaires municipales, sans même que le ministre des
Affaires municipales ait le courage de lever le petit doigt pour
défendre les municipalités, un décret que nous avons entre
les mains, c'était très clair, on a le décret au complet
et ça disait ceci, et c'est signé par M. Benoît Morin,
secrétaire général du Conseil exécutif: ...suite
à une décision du Conseil des ministres, de demander au ministre
concerné, en concertation avec le ministre des Finances et le
président du Conseil du trésor, de présenter, avant le 20
décembre 1989, des plans d'action visant à réduire les
dépenses dans les secteurs suivants: santé et éducation...
Regardez bien le
paragraphe suivant: Confier au ministre des Affaires municipales, en
concertation avec le ministre des Finances et le président du Conseil du
trésor, le soin de présenter, d'ici le 1er avril 1990, un projet
de réforme municipale. Et ça, c'est dans un décret du
gouvernement. (20 h 40)
La remise en cause de ce pacte fiscal a créé des remous
majeurs, légitimes de la part des deux unions. En cours de route, l'UMQ,
tout en réaffirmant sa volonté de faire respecter le pacte de
1979, accepte toutefois, dans un esprit de partenariat - et ça, c'est
elle; ce n'est pas nous, mais c'est elle - une actualisation, en 1990, de la
proportion du champ d'impôt scolaire consacré aux commissions
scolaires en 1980, c'est-à-dire 75 000 000 $, mais s'opposent
farouchement au transfert unilatéral des factures gouvernementales qu'on
essaie de leur refiler, parce que c'est ça que ça veut dire. Je
peux bien employer des beaux mots, mais ce que ça veut dire, c'est que,
dorénavant, c'est le contribuable, c'est le payeur Baptiste qui devra
assumer d'une façon plus importante les coûts éducatifs que
l'État devrait assumer puisque c'est une question nationale, c'est une
question majeure et, si on veut faire de l'éducation une
priorité, il faut se comporter comme un gouvernement qui n'a pas la
parole à droite et le geste à gauche. Il faut avoir la parole et
le geste du même côté, ce qui n'est pas le cas dans ce
dossier-là.
En conséquence, elle demande au gouvernement de convoquer des
assises Québec-municipalités s'ils veulent changer les
règles du jeu. Les 320 000 000 $ annoncés par le ministre de
l'Éducation de même qu'un document du ministère des
Finances et des Affaires municipales énumé-rant des
hypothèses de transfert de responsabilités aux
municipalités dont le coût pourrait atteindre 1 400 000 000 $, ont
l'effet d'une bombe dans le milieu municipal, et ça, ça nous
était révélé le 3 avril 1990: "L'iceberg fait
surface. Surcharge de 1 400 000 000 $ ajoutée aux 320 000 000 $ de taxes
scolaires?" Et là, on apprenait, par petits morceaux, le début
des intentions de ce gouvernement-là et ça donnait même
lieu à un titre que certains avaient trouvé très
audacieux, antiparlementaire, mais comme il ne s'adresse à personne de
cette Chambre, certains en avaient parié, ça ne me gêne pas
de le répéter, c'est vrai, "Putasserie politique", selon l'Union
des municipalités du Québec, M. Camille Rouillard. "Putasserie
politique". Et il n'y a pas d'autre terme parce qu'on leur a fait ça
dans leur dos, sans les mettre dans le coup, et n'oubliez pas que la putasserie
est annoncée le 4 avril. Mais n'oubliez pas que le décret de ce
même gouvernement, hypocrite sur cette question-là, hypocrite sur
cette question-là...
Des voix: Ah!
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
M. Gendron: Le même gouvernement...
Le Vice-Président (M. Cannon): Sur une question de
règlement, M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, deux propos non
parlementaires dans la même phrase: "putasserie", ce n'est pas
parlementaire et ça s'adresse au gouvernement ou a un
député, de son côté à lui ou du nôtre;
c'est non parlementaire, et hypocrite également, M. le Président,
c'est non parlementaire, que ce soit dit par lui ou qu'il rapporte les paroles
d'un tiers, tout journaliste qu'il soit, c'est non parlementaire, M. le
Président, et je vous demande de ramener le député
à l'ordre, de lui demander de retirer ses propos non parlementaires. Et
il le sait d'ailleurs, M. le Président, il vous a prévenu, avant
même de le dire, que c'était non parlementaire.
M. Gendron: M. le Président, une seconde sur la
question...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint de
l'Opposition.
M. Gendron: Encore là, il ne s'agit pas du tout d'une
question de règlement. C'est la vieille tactique d'un adjoint qui ne
connaît pas son règlement. J'ai pris la peine, M. le
Président, de vous dire que si j'adressais ces propos à un
parlementaire de cette Chambre vous auriez raison de me rappeler à
l'ordre. J'ai pris la peine de vous le dire. Ce n'est pas ce que j'ai fait. Je
citais...
Une voix: Fait indirectement.
M. Gendron: Non, pas du tout. Je citais un article de journal,
ça c'est la pratique. Et le règlement, dans le fond, M. le
Président, vous avez assez d'expérience pour savoir que c'est
beaucoup plus les coutumes de cette Chambre qui sont le véritable
règlement. Et il a toujours été de coutume que lorsqu'on
citait intégralement, sans aucune nuance, un titre de journal, nous
étions complètement et parfaitement dans la
légalité parlementaire, et vous le savez. Donc, il n'y a pas de
question de règlement.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Alors, j'aimerais savoir du député,
puisqu'il invoque la coutume. La coutume, c'est basé sur une
jurisprudence. Alors, s'il peut me citer, et à vous également,
évidemment, une seule cause qui justifie son propos, qu'il peut
faire indirectement ce qu'il n'a pas le droit de faire directement, M.
le Président, je vais me rasseoir. On ne peut pas citer le texte d'un
journaliste qui, en soi, est non parlementaire. C'est faire indirectement ce
qu'on n'a pas le droit de faire directement. Et le député qui est
ici depuis 14 ans, c'est ce qu'il nous dit, mais je dois vous rappeler que
ça ne paraît pas, le sait très bien, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Bon, alors, chers
collègues, je vous rappelle le recueil des décisions concernant
la procédure parlementaire, aux articles qui concernent... L'article
35,7° paroles interdites. Propos non-parlementaires: interdiction de faire
indirectement ce qu'il n'est pas permis de faire directement. Une
décision rendue par Mme Bégin, notre collègue de
Bel-lechasse, le 9 juin 1986. Au fait, la décision, c'est de lire un
extrait d'un article de journal qui contient des paroles interdites par le
règlement, c'est faire indirectement... S'il vous plaît! S'il vous
plaît, MM. les leaders. C'est de faire indirectement ce qu'il n'est pas
permis de faire directement. Alors, M. le député, je vous
demanderais de vous restreindre quant à l'usage des documents qui sont
des articles de journaux, qui sont effectivement non parlementaires ou
antiparlementaires dans l'usage de l'Assemblée, et je vous demande de
poursuivre.
M. Gendron: Depuis, les unions municipales ont posé cinq
conditions minimales suivant la reprise du dialogue avec le gouvernement en vue
de dénoncer la crise persistante. Et dans les conditions qu'elles ont
posées, pour dénouer la crise persistante, elles ont
été on ne peut plus claires. J'en cite une:
"Quatrièmement, tenue de véritables assises
Québec-municipalités. Publication le plus tôt possible par
le gouvernement de l'ensemble de son projet de décentralisation et de
transfert des responsabilités au niveau local. Identification par le
gouvernement des sources de financement liées à chaque
responsabilité. Inscription à l'agenda de la question du
financement scolaire pour discussion et révision. L'implication directe
du ministre des Finances et du ministre des Affaires municipales pour diriger
conjointement l'élaboration. Voilà les conditions qu'elles ont
posées. "Ces exigences sont des conditions minimales en
deçà desquelles nos membres n'accepteront pas de reprise de
dialogue avec le gouvernement. M. le premier ministre, ce que nous attendons,
c'est que le chef du gouvernement annonce officiellement la convocation des
parties." Et c'était signé conjointement par les deux
présidents d'union.
En réponse à cette lettre, le premier ministre leur fait
part de la création d'un comité ministériel dont le
ministre dans son discours disait: Je suis heureux d'être membre d'un
comité ministériel avec d'autres collègues pour partager
toutes ces belles réflexions qu'on va faire. Et le ministre des Affaires
municipales annonçait: Québec crée un comité
interministériel pour élaborer une nouvelle entente fiscale avec
les municipalités. Également, dans La Presse, on
annonçait: "Les derniers obstacles sont levés entre les MRC et le
Québec." Pourtant, il faut souligner que la question du financement
scolaire qui pourrait être abordée à ces assises, selon le
premier ministre, ne pouvait être mise en cause parce que, dans un autre
document, qui, en ce qui me concerne, s'appelle la note 7... Là, c'est
le premier ministre qui parle.
Il a envoyé une lettre à M. Desrosiers. Il dit très
clairement ceci et c'est signé: Premier ministre du Québec, M.
Robert Bourassa. Et je cite: "À cet égard, il convient
également de mentionner que la question du financement scolaire pourra
être abordée à l'occasion de ces assises..." Mais
écoutez bien la suite: "...sans cependant remettre en cause l'approche
que le gouvernement a privilégiée dans son dernier budget." Nous
avons la vérité. Nous sommes assis sur notre
vérité. On aura beau faire les colloques qu'on voudra, vous
poserez les conditions que vous voudrez, on annoncera dans la presse un peu
partout qu'il y a reprise du dialogue, le premier ministre du Québec
leur dit: II n'est pas question de remettre en cause...
Je comprends qu'ils peuvent avoir certains doutes et être
tentés d'y aller quand on sait comment le premier ministre se comporte
avec la parole donnée en cette Chambre. Quand on le voit agir à
Ottawa, je comprends comment ces gens-là peuvent être dans
l'inquiétude.
Une voix: Du calme!
M. Gendron: Je suis très calme. Parce qu'on s'est fait
dire ici: Pas question de changer un iota. Et surprenez-vous pas qu'on apprenne
ce soir qu'il y a un règlement à l'entente Meech parce qu'encore
une fois, on aura vendu le Québec, on aura vendu les
intérêts du Québec. Surprenez-vous pas de ça.
Une voix: Ça fera un Meech oui!
M. Gendron: Et ça fera ce que les municipalités
pensaient.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: On vient d'associer le premier ministre du
Québec au propos qui est le suivant: On a vendu les
intérêts du Québec.
Une voix: C'est faux! (20 h 50)
M. Lefebvre: M. le Président, c'est évident que
c'est non parlementaire. Et je vous demande d'indiquer au député
qu'il doit retirer ces derniers propos-là. Ça fait au moins cinq
ou six fois, depuis 45 minutes, qu'il récidive. On est tolérants
parce qu'il est supposément leader adjoint de l'Opposition. De deux
choses l'une, il est carrément ignorant de ce qu'est un propos
parlementaire ou non parlementaire, ou il est malhonnête. C'est l'un ou
l'autre, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Non, non. Écoutez!
Écoutez! Un instant, s'il vous plaît! Un instant! J'ai
écouté attentivement les propos du député et, en
vertu des articles qui gouvernent la conduite d'une adoption de principe,
l'article 239, quant à la pertinence, est bien clair: Le
député peut se servir, à l'occasion, d'exemples. Et le
propos que le député a tenu depuis 45 minutes a porté
exclusivement sur le projet de loi qui nous concerne. Et oui, il s'est servi,
à quelques occasions, d'exemples. Alors, M. le député je
vous demanderais de poursuivre, s'il vous plaît.
M. Gendron: Oui, je vous indique, M. le Président...
M. Lefebvre: M. le Président. M. le Président.
M. Gendron: Je vous indique, M. le Président, que...
M. Lefebvre: M. le Président. M. Gendron: ...je
commence-Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, ma question de
règlement ne portait pas sur la pertinence, mais sur le propos non
parlementaire. M. le Président, est-ce que vous êtes en train de
m'indiquer qu'on peut prétendre et qu'on peut dire, et que ce serait
parlementaire, que le premier ministre est à vendre le Québec au
moment où on se parle?
Une voix: C'est indigne! C'est indigne!
M. Lefebvre: Est-ce que ça c'est parlementaire, M. le
Président? Non seulement c'est non parlementaire, mais c'est indigne
d'un parlementaire qui siège à l'Assemblée nationale, peu
importe de quel côté il siège, M. le Président.
Des voix:...
Le Vice-Président (M. Cannon): Non. Un instant! Un
instant, s'il vous plaît! J'ai écouté attentivement les
propos tenus par le député et leader adjoint de l'Opposition et,
à mon avis, puisque je n'ai pas dit qu'il s'agissait de propos non
parlementaires, il ne s'agit pas de propos non parlementaires. Poursuivez, s'il
vous plaît, M. le député.
M. Gendron: De toute façon, je le sais, je connais leur
tactique. Je citais le premier ministre et le premier ministre a dit: II n'est
pas question de revenir là-dessus. J'ai indiqué que
c'était normal pour les deux unions d'être ambivalentes, parce que
ce ne serait pas la première fois. Il n'y a rien d'antiparlementaire
là-dedans, c'est la lettre du premier ministre.
Notre position, puisqu'on a tout fait pour me voler le plus de temps
possible sur le temps que j'avais...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: La preuve, c'est qu'à quatre reprises, M. le
Président, vous avez indiqué qu'il ne s'agissait pas du tout de
questions de règlement. Et le leader adjoint s'est levé quatre
fois inutilement uniquement pour me faire perdre du temps.
Notre position, elle est claire. Notre position, elle est très
claire et je vais la résumer dans les 10 dernières minutes qui me
restent. L'éducation doit demeurer une responsabilité de
l'État et doit être financée par l'Etat
québécois parce que c'est une question nationale. C'est une
question qui ne peut pas permettre des inéquités à gauche
et à droite et qui ne peut pas également faire que, parce qu'on
est dans certains petits milieux, on n'aurait pas droit au même type de
qualité éducative.
Je donne deux exemples. Alain Dubuc dit ceci...
Une voix: C'est un péquiste, ça.
M. Gendron: Non, ce n'est pas très péquiste,
ça. C'est son droit, par exemple, c'est son droit le plus sacré,
mais ce n'est pas ça que je mets en cause. Mais quand M. Alain Dubuc
dit: "Si l'idée de confier certaines responsabilités au niveau du
gouvernement le plus proche des citoyens est raisonnable - écoutez ce
qu'il dit - elle introduira un élément d'inégalité
qui contrevient au principe de l'universalité." Là, je suis au
niveau des principes, pour ceux que ça intéresse. Et nous sommes
à l'adoption d'un projet de loi au niveau du principe. Et moi, je ne
suis pas d'accord avec un principe qui va bousiller le principe de
l'universalité en éducation. Je ne suis pas d'accord. Et voici ce
qu'il ajoutait, et je sais qu'il a raison et je sais qu'il y en a beaucoup qui
pensent comme l'Opposition officielle, l'UPA, l'UMRCQ. Je sais que certains ont
dit: L'UMRCQ, il n'y a rien là, c'est rural, ça, c'est du monde
rural; donc, ce n'est pas
important, pas besoin de considérer ça. On fera la preuve.
Je continue. "Les équipements scolaires sont une partie
intégrante de la qualité de l'éducation." Écoutez
la phrase suivante. "En se débarrassant de certaines
responsabilités, le gouvernement québécois fera en sorte
que l'environnement scolaire ne sera pas le même partout et que la
qualité de l'éducation - et regardez ce qui suit - variera selon
la richesse des milieux." Pour des gens qui se disent libéraux - et
là, je ne parle pas du parti politique - pour des gens qui se disent
libéraux d'opinion, demeurer insensibles à des notions aussi
fondamentales que celles que je viens d'illustrer et que d'autres ont
illustrées, moi, je n'en reviens pas. Ça me fait mal,
sincèrement, ça me fait mal. Ça fait mal à beaucoup
de gens, parce que c'est quelque chose de grave. Je le disais tantôt. Si
je peux retrouver la lettre de l'UPA.
Les gens de l'UPA, on peut leur reprocher ce que vous voudrez, mais ce
sont des gens qui ont les deux pieds sur terre, règle
générale. Ce sont des gens qui vivent dans le monde rural. Voici
ce qu'ils disaient. "Le débat actuel remet en cause ces principes
d'équité, et nous croyons que le milieu rural écopera et
subira plus que tout autre milieu la réforme du projet de loi 69." Vu la
constance et surtout la valeur moindre de sa richesse foncière, ils
ajoutent: "Les données qu'on a - c'est l'UPA qui parle - à notre
disposition sont très éloquentes et indiquent que la valeur de
l'indice de richesse foncière per capita s'accroît en proportion
de la taille des villes, favorisant manifestement les citoyens des cités
plus vastes au détriment des localités plus petites et
révélant ainsi le caractère nettement régressif des
mesures envisagées. Les représentations que vous faites sont
justes - parce que c'est l'UPA qui écrit à M. Nicolet - et
assureront au milieu rural que nous représentons respectivement sous des
angles différents un développement respectueux des
spécificités propres du Québec des régions, un
développement porteur d'avenir pour les localités rurales." Je ne
parle pas de vous autres. Parce que je te dis qu'un développement
porteur d'avenir avec le Parti libéral dans les régions du
Québec, ce n'est pas le discours qui se tient dans les régions,
si vous connaissez les régions du Québec. Et ils continuaient:
"À l'opposé du modèle gouvernemental, ce modèle est
un facteur de dégradation du milieu qui vous est imposé."
M. le Président, ce n'est quand même pas moi qui ai
inventé le document du Québec Deux Québec dans un
du Conseil des affaires sociales. C'est un document grave,
"conséquentieT. Il me semble que, si j'étais gouvernement, je
serais préoccupé par ça. Ça n'a pas l'air
"pantoute" de les préoccuper. On est en train de développer un
modèle qui a comme conséquence d'affaiblir graduellement la
richesse et la valeur des régions. On marche allègrement
là-dedans et on applaudit les porteurs de telles décisions. Nous,
on ne marchera pas là-dedans. C'est-y clair? Nous, on ne marchera pas
là-dedans. On ne peut pas marcher là-dedans, parce que ça
n'a pas de sens de créer tant d'inéquité dans le monde
rural.
Tout en étant conscients de la situation difficile des
commissions scolaires, je l'ai dit, je l'ai répété, tout
en étant conscients de la nécessité de corriger la formule
de péréquation, je l'ai dit, je l'ai dit publiquement, je l'ai
dit à la Fédération... Tout en étant conscients de
réajuster le sens des 6 % ou du 0,25 $ qui devaient être
réajustés, pour permettre la couleur locale, on est tous
conscients de ces choses-là... Mais ce dont nous sommes surtout
conscients dans ce dossier-là, c'est que c'est un changement de cap,
c'est un virement à 180°, pour ne pas dire 360°, sans
consultations, d'une façon... Et je l'ai dit tantôt, je n'ai pas
le choix, M. le Président, là, je n'emploierai pas le terme,
mais, vous le savez - décret du 6 novembre - qu'on a dit travailler
là-dessus. Publiquement, c'était sorti au mois de mars ou avril,
et c'est dans le budget. Le 6 novembre, on dit: Sortez une nouvelle proposition
pour "clencher" les contribuables québécois, ce qui aura comme
conséquence de créer des inégalités en
éducation. (21 heures)
Moi, je ne peux pas venir en cette Chambre, être critique de
l'Opposition officielle en éducation et défendre un dossier qui a
comme conséquences de rapetisser, d'affaiblir et d'atténuer la
valeur de l'éducation dans toutes les régions du Québec.
Je vous le dis, M. le Président, je ne marcherai pas là-dedans.
L'Opposition ne marche pas là-dedans. L'UMRCQ ne marche pas
là-dedans. L'Union des municipalités du Québec ne marche
pas là-dedans. L'UPA ne marche pas là-dedans. Et il y a une
série de commissions scolaires qui ne marchent pas là-dedans.
Mais ce n'est pas nouveau - et je conclus là-dessus - qu'est-ce que vous
voulez? vous avez la vérité. C'est pour ça qu'il y a des
camionneurs devant le parlement. C'est pour ça qu'il y en avait il y a
15 jours. C'est pour ça que les assistés sociaux, cet
été, j'ai peur, M. le Président, et ça fait
plusieurs fois que je le dis, j'ai peur de ce que nous allons vivre quand ils
apprendront tout ce qui va leur arriver le 1er juillet avec votre belle
réforme qui fait la guerre non pas à la pauvreté, mais qui
fait la guerre aux pauvres.
Avec autant, M. le Président - et je conclus - de
décisions qui ont toujours comme conséquences de rapetisser,
d'affaiblir, d'atténuer et de taxer le contribuable davantage, surtout
sur une question aussi fondamentale que l'éducation, vous faites fausse
route et ma responsabilité, c'était de vous dénoncer.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le leader adjoint
de l'Opposition et député d'Abiti-bi-Ouest. Le prochain
intervenant sur l'adoption de principe du projet de loi 69, M. le
député de Sauvé.
M. Marcel Parent
M. Parent: Alors, merci, M. le Président. Je suis
très à l'aise d'ailleurs pour prendre la parole sur ce projet de
loi qui apporte diverses modifications à la Loi sur l'instruction
publique relativement aux modalités de financement des commissions
scolaires et du Conseil scolaire de (Ile de Montréal.
C'est ainsi que ce projet de loi élargit le pouvoir de taxation
des commissions scolaires et du Conseil scolaire de IHe de Montréal en
rehaussant les limites permises par la loi. Il fait toutefois obligation au
Conseil de répartir entre les commissions scolaires de l'île de
Montréal la totalité du produit de la taxe qu'il impose en
appliquant certaines règles fixées dans la loi.
Le projet de loi habilite le gouvernement à adopter des
règlements pour déterminer certaines règles relatives
à l'établissement du produit maximal de la taxe qui peut
être imposée par les commissions scolaires. Ce projet de loi
remplace les règles relatives à la subvention de
péréquation que le ministre de l'Éducation verse aux
commissions scolaires.
Le projet de loi vient également corriger, à
l'intérieur de la Loi sur l'instruction publique, certaines
imprécisions. Le projet de loi modifie aussi la Loi sur l'enseignement
privé afin d'actualiser pour l'année scolaire 1990-1991 les
montants de base par élève pour la détermination des
subventions à verser à une institution déclarée
d'intérêt public ou reconnue pour fins de subventions. Le projet
de loi édicté aussi des dispositions transitoires et finales.
Alors, pour bien saisir la perspective et la portée du projet de
loi 69, deux points principaux me paraissent intéressants:
premièrement, la revalorisation nécessaire du niveau scolaire et,
deuxièmement, la situation financière du gouvernement du
Québec. Ces deux lignes directrices sont particulièrement
importantes dans la mesure où on se rend compte que les demandes de
biens et services formulées auprès de l'État
québécois deviennent, si l'on n'y prend garde, illimitées
en considération de la capacité de payer des contribuables.
Il n'y a pas de gouvernement moderne qui échappe à cette
réalité d'ordre économique, d'abord, et de laquelle
découle une série de choix de plus en plus judicieux. Or, dans
l'élaboration de ce projet de loi, le gouvernement
québécois doit tenir compte d'un ensemble de facteurs dont la
nécessaire revalorisation du palier scolaire. La réalité
est telle qu'au fur et à mesure qu'évoluait le secteur scolaire,
on s'est aperçu que sa marge de manoeuvre diminuait dans le temps. Et
pourtant, il ne s'agit aucunement de mettre en position de concurrence les
niveaux scolaire et municipal, mais bien d'équilibrer les ressources
mises à la disposition de chacun des paliers gouvernementaux en fonction
des mandats ou objectifs qui leurs sont dévolus.
En réalité, la marge de manoeuvre du niveau scolaire
remonte aux années soixante-dix. À cette époque,
l'État québécois exerçait au sein de la
société une influence grandissante dans les moindres secteurs
d'activité. Les uns en étaient satisfaits, d'autres, moins. Mais
quoi qu'il en soit, l'expansion de l'État québécois a,
à plusieurs égards, aidé le Québec à se
mettre à l'heure du modernisme et à, coup sûr, à
améliorer sa qualité de vie.
La vapeur s'est renversée dans le sillon de la récession
économique qui a frappé de plein fouet l'ensemble des pays
industrialises. On s'est alors retournés pour axer l'action
gouvernementale autour d'une priorité, à savoir: faire plus avec
moins.
Les périodes de stabilité et de croissance
économique qui ont suivi n'ont pas diminué la prudence des
gouvernements et on ne peut nier non plus que les gagnants d'un pacte comme
celui de 1979, par exemple, furent les municipalités pendant que le
niveau scolaire voyait diminuer son influence, son rôle, au sein de leur
communauté.
Et on a souvent oublié, Mme la Présidente, que les
premières municipalités au Québec étaient des
municipalités scolaires. Les premiers gouvernements locaux
n'étaient pas des municipalités municipales, passez-moi
l'expression, mais bien des gouvernements scolaires. Ils font partie de
l'histoire du Québec et on a tenté, en 1979, de leur enlever,
pour des raisons que je n'ai pas à juger, un droit qui leur était
acquis depuis longtemps.
Ce projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui aura un effet
bénéfique, celui de redonner au niveau scolaire la place qui lui
revient. Cette implication plus grande et plus concrète engendra,
à son tour, un degré de responsabilité plus
élevé, augmentant d'autant la qualité de l'enseignement au
Québec.
On se plaint, M. le Président, que les gens désertent les
élections scolaires. On se plaint que les gens ignorent ce palier de
gouvernement qui a la responsabilité de former la relève de
demain. Eh bien, je pense qu'avec le projet de loi 69, le gouvernement a fait
un effort pour revaloriser et redonner sa place, dans l'histoire politique du
Québec, aux commissions scolaires.
Voilà bien l'un des effets positifs que produira ce projet de loi
puisque le niveau scolaire se rapprochera, comme il se doit, de la
communauté. Cet aspect de la qualité de gestion apparaît
important dans la mesure où on réclame, depuis plusieurs
années, un tel rapprochement entre les administrateurs, d'une part, et
les administrés, d'autre part.
Un autre aspect de la qualité de l'enseignement concerne ce trait
d'union qui doit être effectué entre l'école et le
marché du travail. En effet, on insiste depuis longtemps sur cette
nécessité d'assurer à nos jeunes la meilleure transition
possible avec le marché du travail. Or, trop souvent, l'une des
conditions essentielles n'était pas remplie pour répondre
à cet objectif, soit la communication directe avec les divers
intervenants. Or, l'impact positif à moyen et à long terme du
milieu scolaire avec, par exemple, le secteur industriel, ne fait pas de doute.
Il assure une harmonie pour ce qui a trait au passage de l'école au
travail, pour mettre toutes les chances de notre côté et
améliorer notre position concurrentielle du fait que nos jeunes seront
mieux préparés en vue de faire face au défi de demain.
M. le Président, au début de mes remarques, je mentionnais
que les ressources de l'État québécois n'étaient
pas illimitées. Un gouvernement qui cherche à mieux
légiférer ne peut oublier cette réalité, au nom de
la saine gestion des fonds publics. L'Opposition officielle devra bien saisir
cette notion de saine gestion, elle qui a formé un gouvernement entre
les années 1976 et 1985 et n'hésitait pas à se lancer dans
des dépenses somptuaires. Cette situation fut tellement évidente,
M. le Président, que le gouvernement du Parti québécois
s'est retrouvé sans marge de manoeuvre lorsque la conjoncture
économique fut plus difficile. Privées de ressources suffisantes,
on se souviendra que les régions du Québec ont
littéralement été abandonnées à
elles-mêmes jusqu'au retour du gouvernement du Parti libéral.
Des voix: Bravo!
M. Parent: D'autre part, l'important dossier des paiements de
transferts aux provinces intervient également dans l'évaluation
des dépenses du gouvernement québécois. Cette situation
créée par le gouvernement fédéral engendra
nécessairement un manque à gagner. Et l'enjeu est de taille,
puisqu'on doit parler d'une diminution de l'ordre de 1 300 000 000 $, laquelle
situation oblige le Québec à redoubler de prudence avant de
s'engager dans des programmes divers. (21 h 10)
Ainsi, malgré un certain contrôle des coupures et des
compressions des dépenses effectuées depuis les 15 ou 20
dernières années, les dépenses publiques continuent de
croître à mesure que la demande des biens de service et la
qualité augmente elle aussi. Et là, je n'ai même pas
abordé la question des taux d'intérêt qui a une incidence
directe sur l'administration des finances publiques de tous les paliers de
gouvernement. M. le Président, voilà, je pense, le
véritable enjeu, le véritable contexte dans lequel se
présente cette législation soumise par le gouvernement du
Québec. Le contexte tient compte, d'une part, d'un nécessaire
rapprochement entre les administrateurs et les administrés, en plus de
tenir compte de la capacité de payer des contribuables, d'autre
part.
Et en terminant, je soulignerai que, dans l'histoire de
l'éducation au Québec, un tel projet arrive à point.
Depuis le temps que l'on discute de décentralisation, de cette
nécessité de remettre les pouvoirs dans les mains de ceux et
celles qui sont directement impliqués dans la vie des citoyens, pas de
doute alors qu'on appréciera le sens et la portée de ce projet de
loi, une fois qu'ils seront appliqués. Dans ce contexte, il s'agit
véritablement d'un virage axé autour de la volonté
d'assurer une meilleure qualité de l'enseignement au Québec et
cette loi augmentera enfin la responsabilisation de ceux et celles qui
administrent le dossier scolaire. En somme, M. le Président, le
présent gouvernement libéral présente cette
législation en étant persuadé de ses bienfaits dans les
différentes communautés des régions du Québec. On
en appréciera d'ailleurs les avantages à son usage, mais
dès lors que ces paramètres visent à améliorer la
qualité de vie de l'ensemble des intervenants dans ce dossier, je suis
assuré à l'avance de son succès quant à l'atteinte
d'un objectif fondamental, soit la revalorisation du palier scolaire. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Sauvé. M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci, M. le Président. Encore je pense que ce
serait une bonne idée de m'exprimer en anglais sur ce sujet. Chaque fois
que je suis ici, je souhaiterais employer plus de français et une
meilleure qualité de français en discutant des affaires
publiques. J'espère aussi que le ministre et tous les
députés préféreraient une adresse claire et
raisonnable dans n'importe quelle langue. Pour le temps actuel, je voudrais
penser que je reste raisonnable en français, mais je sais bien que je
parle avec clarté seulement en anglais.
I will begin by noting that this law is again one to which, in
principle, neither I or my party take any objection, although we did raise
initial doubts about the exact mechanisms by which it was being applied. That
is to say, the sudden sharp change from the taxation procedures applying under
Law 57 of 1979 was a brutal shock for the municipalities. I notice that the
Minister himself used this expression to describe it. I thought at first that
the consequence might be a long period of bitter confrontration between the
Québec government and the province's mayors, which would not do much to
serve the public interest in general. However, while there
are still possibly some detailed grievances to be addressed, I noticed,
in watching a recent frank exchange between the President of the Treasury Board
and an informal conference of mayors last Friday evening, that more harmonious
relations are apparently being restored. The more militant mayors would
probably claim this was because they put a good scare into the Government; the
Government because they have been sensible and accommodating. But in any event,
we seem to be now in a position to deal with the substance of the reform
itself.
As I have noted in a previous address, I believe that both academic
professionals, and citizens generally, would largely agree with the Minister
that the previous regime applied by Law 57, while it had some attractive
features for the municipalities, led to far too great an amount of
centralization, and gave far too little discretionary taxing and spending power
to the individual boards. After all, school boards throughout most of North
America only 40 years ago functioned very well, sometimes better than they do
now, raising almost all of their revenues from local taxes.
A reform of the kind undertaken in this law should ultimately be
beneficial for the general process of education in Québec, because local
expenditures, locally initiated, are more likely to be for sensible and
affective purposes. I would like to see eventual reforms over the next few
years, that will go even further. Evenly introduction of a voucher system. Let
me explain something of this system briefly.
This is an argument that is being used increasingly in education in the
Western world, notably in the United States, where it has achieved bipartisan
political support. It amounts to the argument that Departments of Education
should make use of some kind of voucher or transfer document, a little like a
food stamp, only applied to education, which could not be converted into cash,
but which could be used by parents or students to decide what kind of education
they wanted for their children, in the case of parents, or for the students
themselves when they are passed a certain age. The advantage of such a regime
is that it makes possible both a more equitable system, answering some of the
problems of inequity that were raised by the Deputy for Abitibi-Ouest, while,
at the same time, managing something that is within the control of government
finances. It also allows the maximum amount of individual decision and
individual freedom in the course of education.
I believe a general movement in the direction of greater freedom in
Québec education as is true everywhere in the West, will be inevitable
in the 1990's and beneficial. This will be the case, I think, for several
reasons, which I wanted to briefly explain, M. le Président, before
concluding.
The first is that, in the 1990's, education is going to present
increasingly painful costs to all governments, for simply the same reasons that
other public bodies have. That is, despite the fact that student enrolments are
not growing as rapidly as they once were, because there was such a large amount
of hiring of teachers and other academic professionals in the 1960's and the
1970's, most of them will be at the top of their earning power in the 1990's
and, therefore, represent the largest financial burden to the school boards, to
the colleges and to the universities. So there is a problem, in other words, in
the schools, that is somewhat similar to Hydro-Quebec's problem with
sub-contracting, that is to say if all the hiring is done, a permanent staff
with tenure, with union contracts, with staggering salaries, will eventually
ruin virtually any government. There is bound to be some kind of problem as to
how to deal with this by the latter 1990's.
On the other hand, as the baby-boom generation all reach the age where
they, themselves, have children in school, are worried about them and, no
doubt, are becoming enthusiastic politicians on the school boards, the pressure
to deliver the maximum quality of education for our young people will be
greater than ever. In combination, these two things mean that the use of
centralized authority will become more and more difficult. Therefore, the
direction that is being taken by the Ministry of Education and by the minister
at the moment is the right direction. I just think that, some day, he will have
to go a great deal further than he has gone right now. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Mme la députée de
Chicoutimi.
Mme Jeanne L Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, le projet de loi 69, comme ce gouvernement, restera à
l'histoire comme le champion des taxes régressives. En effet, ce projet
de loi s'ajoute à des dizaines de mesures fiscales, tarifaires ou encore
de désassurance, de restriction à l'accès aux services qui
ont des effets catastrophiques sur la qualité de vie des plus
démunis au Québec.
Ce projet de loi, en fait, remet fondamentalement en question le droit
des citoyens et des citoyennes du Québec, selon qu'ils demeurent dans
les grands centres ou en régions, à l'accès à des
services comparables. C'est ça que vient faire ce projet de loi. En
effet, selon que vous demeuriez à Saint-Siméon, dans le
comté de Bonaventure, ou à Sainte-Edwidge, au Lac-Saint-Jean, si
vous voulez conserver une qualité de services comparable à
Chicoutimi, Québec ou Montréal, vous devrez payer jusqu'au double
de plus de taxes scolaires, et c'est comme ça que ça
s'appelle quand on n'a plus comme priorité l'éducation au
Québec, quand on a comme priorité de boucler et de ne pas porter
ses responsabilités. (21 h 20)
M. le Président, un des arguments qui étaient le plus
fréquemment utilisés pour justifier le projet de loi 69,
c'était de dire: Le gouvernement n'a plus les moyens, notre
capacité de taxer est au maximum. Rien de plus faux, mais rien aussi de
plus malhonnête quant au fond, sur le raisonnement, parce que, M. le
Président, le gouvernement prétend ne plus avoir de marge de
manoeuvre et être incapable de lever de nouvelles taxes. Comment
appelle-t-il les taxes qui seront levées par les commissions scolaires
ou qui seront levées par les municipalités? Ce ne sont pas des
nouvelles taxes. La seule différence, c'est parce que le gouvernement ne
veut pas être obligé de prendre ses responsabilités et de
dire aux citoyens: Si on veut conserver l'équité dans certains
services au Québec, il faut accepter qu'on paie un peu plus de taxes. La
seule façon qu'il avait de le faire et de se déresponsabiliser,
c'était de transférer sur le dos des municipalités et des
commissions scolaires cette responsabilité et le projet de loi, c'est
ça que ça fait. N'allez pas me dire qu'on n'ira pas chercher plus
de sous pour boucler. On va les chercher, sauf que le gouvernement ne prend pas
la responsabilité, qui est la sienne, de s'assurer de le faire, parce
que, selon lui, ce serait trop impopulaire.
M. le Président, j'entendais tantôt le député
de Sauvé qui, ce soir, invoque comme argument pour appuyer ce projet de
loi la nécessité d'accroître l'autonomie des commissions
scolaires, il n'y a rien de plus choquant à entendre quand, comme moi,
on a passé des dizaines d'heures en commission parlementaire à
étudier les projets de loi 106 et 107 qui viennent réduire
à néant la responsabilité des commissions scolaires en
matière pédagogique. Il ne reste plus rien comme
responsabilité aux commissions scolaires en matière
pédagogique. Le gouvernement et son ministre ont entièrement pris
et occupé tous les champs. La seule responsabilité qu'on donne
aux commissions scolaires, ça va être d'entretenir les
édifices. C'est ça, le problème. Et on vient nous dire: II
faut donner un peu plus de responsabilités aux commissions scolaires.
Ça, il faut le faire, vous savez. Il faut le faire et ça frise la
malhonnêteté.
M. le Président, en fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que ce
projet de loi a été déposé en catastrophe, sans
consultation, au mépris le plus fondamental des partenaires premiers du
gouvernement que sont les municipalités. Pour quelle raison? Parce que,
dans le budget 1990-1991 du fédéral, le fédéral
décidait de pelleter une partie de son déficit dans la cour des
provinces. Évidemment, le Québec écopait: 200 000 000 $ de
moins dans les transferts en enseignement supérieur et en
santé.
Le gouvernement du Québec aurait pu, à cette occasion,
choisir de remettre en question le fédéralisme canadien. Il
aurait pu. Il aurait pu, M. le Président, d'autant que l'occasion
était belle. Le Canada anglais ne veut rien savoir de lac Meech, les
conditions les plus minimales que le Québec art jamais posées. Le
Québec et son gouvernement auraient pu dire: Assez, c'est assez. Non
seulement ça n'est plus rentable, mais le journal Les Affaires
estime que le Québec, de façon générale, est
pénalisé par le biais des transferts. Il paie plus d'impôt
que ce qu'il retire.
Le gouvernement aurait pu dire: Assez, c'est assez; vous ne voulez pas
de Meech? très bien, on se retire; ou encore, on questionne
fondamentalement le fédéralisme, d'autant qu'il est de moins en
moins rentable, il nous coûte cher. Est-ce que c'est ce qu'il a fait?
Non. Les études ont beau démontrer que ce n'est pas rentable, le
gouvernement qui a reçu le pelletage du déficit du
fédéral dans sa cour n'a pas décidé de prendre ses
responsabilités. Il s'est tourné vers les commissions scolaires,
vers les citoyens, vers les municipalités et il a pelleté son
déficit dans la cour des municipalités. C'est ça que le
gouvernement a fait.
M. le Président, le gouvernement aurait pu choisir à cette
occasion d'informer très sérieusement les Québécois
et les Québécoises sur les avantages et les inconvénients
du fédéralisme. Ce n'est pas ce qu'il a choisi. Il a encore
choisi la fuite en avant, M. le Président.
Le gouvernement a déposé un projet de loi en catimini,
sans consultation des municipalités, mais, qui plus est, dans le dos du
ministre des Affaires municipales. Il faut le faire. Il faut le faire. Avec des
amis comme ça, vous savez, on se passe d'ennemis. M. le
Président, ce gouvernement a réussi à retourner dos
à dos des partenaires qui avaient réussi à établir
des collaborations dans différents secteurs, partenaires qui s'appellent
les commissions scolaires et les municipalités. Là on les
retourne dos à dos parce que les commissions scolaires,
évidemment, on les a affamées. Quand vous affamez les commissions
scolaires, quand vous affamez quelqu'un, la première possibilité
que vous lui donnez d'aller chercher des revenus, il ne dira pas non.
Alors, le gouvernement a trouvé le moyen. Il a
littéralement affamé les commissions scolaires. Les commissions
scolaires en commission parlementaire n'en demandaient pas tant, M. le
Président. Ils demandaient simplement de réajuster, de leur
permettre de choisir entre la meilleure des hypothèses,
c'est-à-dire 6 % ou 0,25 $ des 100 $ d'évaluation. Le
gouvernement et son ministre ont refusé. Elles n'en demandaient pas
tant. Elles disaient au ministre: Écoutez, laissez-nous choisir l'une ou
l'autre de ces hypothèses mais, je vous en prie, donnez-nous un
financement qui nous permette, avec cet argent addi-
tionnel, de répondre à nos propres priorités. Parce
que de plus en plus le gouvernement coupe les ressources aux commissions
scolaires, les commissions scolaires se voient contraintes, avec les faibles
taxes qu'elles retirent, de répondre aux objectifs du gouvernement.
Elles ne pouvaient plus, les commissions scolaires, se donner des
programmes qui correspondaient à leurs besoins. Le gouvernement les a
affamées, les a affamées, et ensuite il a dit: Ah, bravo, on va
vous donner un pouvoir de taxation. Ce que nous savons, cependant,
pertinemment, c'est que le gouvernement et les années à venir
vont nous le prouver. Ce gouvernement va couper les subventions aux commissions
scolaires dans la même proportion que les commissions scolaires vont
aller chercher des taxes. Tout le monde le sait. On fait semblant et les
commissions scolaires aussi parce qu'elles se disent dans le fond:
Écoute, au moins, ça nous permet de respirer peut-être un
an ou deux. Mais tout le monde le sait pertinemment. C'est que le gouvernement
va réduire ses subventions dans la même proportion où les
commissions scolaires vont aller chercher des nouveaux revenus avec les
taxes.
Le gouvernement aura réussi à envoyer dos à dos les
commissions scolaires et les municipalités comme il l'a fait,
d'ailleurs, avec beaucoup d'habileté - mais curieusement, c'est toujours
le même ministre - entre les universités et les étudiants.
Les universités bien financées n'auraient pas
réclamé à cor et à cri le dégel des frais de
scolarité, M. le Président, et je pense plus
particulièrement aux universités du Québec, à
l'Université de Sherbrooke; elles étaient contre un dégel
des frais de scolarité jusqu'à ce qu'on les affame suffisamment
et que le ministre leur dise: Écoutez, vous êtes en arrière
de moi pour le dégel des frais de scolarité parce que... ne
comptez pas sur moi pour augmenter vos budgets.
Alors, qu'est-ce que les universités... Est-ce qu'elles avaient
une possibilité, une alternative? Non, M. le Président. Elles se
sont tournées du côté du ministre. Elles ont dit: Oui, on
est d'accord. On va vendre votre idée de dégeler les frais de
scolarité. On a retourné dos à dos les universités
et les étudiants. Mais avec le résultat, et l'histoire nous le
dira, les prochaines années nous le diront, que les universités
n'auront pas plus de budgets, continueront à être
sous-financées, sauf que ça coûtera plus cher pour aller
à l'université et ce ne sera pas accessible à tout le
monde. C'est ça le problème.
Ce gouvernement va passer à l'histoire comme le gouvernement des
taxes régressives. Qu'est-ce que c'est qu'une taxe régressive, M.
le Président? C'est une taxe qui s'applique aveuglément, quel que
soit le revenu des personnes. Et je vais vous en donner un exemple. Je l'ai
fait comme ça, sur le coin de la table. Il y en a tellement d'exemples,
de taxes, de tarifications qui sont venues réduire la qualité de
vie des plus démunis que c'est scandalisant. M. le Président,
dès son élection en 1985, le gouvernement prenait deux
décisions. Je m'en rappellerai toujours parce que ça m'avait
frappée. La première décision, c'était de
réduire les impôts pour les hauts revenus. Ceux qui avaient des
revenus de 70 000 $, 75 000 $ par année et plus réussissaient
à remettre dans leurs poches environ 80 000 000 $ par année.
Mais, dans la même session, on décidait de ne plus indexer
trimestriellement les allocations des bénéficiaires d'aide
sociale, et l'on économisait 31 000 000 $. On économisait 31 000
000 $ sur ceux qui sont les plus démunis au Québec, sur ceux pour
lesquels on est incapable de créer de l'emploi encore aujourd'hui. Et on
continue de les affamer parce qu'on ne fait pas la guerre à la
pauvreté au Québec avec ce gouvernement, on fait la guerre aux
pauvres. (21 h 30)
M. le Président, des exemples. À la Régie du
logement, il va en coûter 25 $ pour ouvrir un dossier. Vous et moi, les
députés, on le ferait, on n'a pas trop de problèmes. Sauf
que celui dont le logement coûte le tiers de ses revenus, il n'aura pas
le moyen de sortir les 25 $ pour aller se défendre contre les abus d'un
propriétaire. Mais le propriétaire va pouvoir y aller, cependant;
ça, c'est régressif.
M. le Président, pour enregistrer une association en vertu de la
troisième partie de la Loi sur les compagnies, il en coûtait 25 $.
C'est sans but lucratif. C'est généralement pour venir en aide
à ses concitoyens. C'est bénévole. Il en coûte 100 $
actuellement. L'accès à l'information à la CARRA, qui est
la Commission administrative des régimes de retraite et d'assurances, on
va être obligés de payer pour y avoir accès.
La "désassurance" des services de santé, M. le
Président, ce n'est pas grave. On donnait droit à des examens
dentaires pour des enfants de moins de 14 ans, deux fois par année. Ce
gouvernement l'a porté à huit mois. Moi, ça ne me
dérangera pas beaucoup; mes enfants, ils vont y aller au besoin. Et
s'ils ont besoin d'y aller aux quatre ou cinq mois, ils vont y aller. Sauf que
si vous êtes pauvres, ils ne peuvent pas y aller. C'est ça une
taxe régressive, M. le Président.
La désassurance de certains médicaments, moi non plus,
ça ne me dérangera pas. En plus, j'ai une carte
d'assurance-maladie additionnelle. Je vais aller chercher mes
médicaments parce que je suis, en plus, assurée. Mais ce n'est
pas le cas pour les assistés sociaux, ce n'est pas le cas pour les
personnes âgées.
Le resserrement des critères d'admissibilité aux HLM. Ce
sont souvent des familles monoparentales et souvent des femmes qui ont besoin
d'une qualité de logement à laquelle elles n'ont pas accès
en raison des revenus qui sont faibles. On le sait, les femmes gagnent le tiers
de moins de revenus que les hommes. Un étude canadienne
qui vient juste d'être déposée nous apprend que 50 %
des femmes vivent en dessous du seuil de la pauvreté; c'est
énorme. On a resserré les critères. En resserrant les
critères, on affecte encore une fois les plus démunis.
On s'apprête, par le biais du projet de loi qui est sur la table,
à faire une ponction dans le Régime d'assurance automobile du
Québec. Mais avant ça, qu'est-ce qu'on a fait? On a
modifié cette loi-là de manière que les femmes au foyer
n'aient pas le droit de compensation pour perte de revenus, parce que,
supposément, des revenus, elles n'en ont pas. Curieusement, ces femmes
paient des assurances automobiles, mais elles n'ont pas la même
couverture. Elles n'ont pas droit à cette couverture-là.
Curieusement, les listes d'attente s'allongent lorsque vous êtes victime
d'un accident de voiture et que vous avez à faire évaluer votre
dossier pour fins de compensation. Mais on fait une ponction là-dedans
pour aller mettre ça sur les routes. M. le Président, qui est-ce
qui paie là-dedans? Ce sont les plus démunis. Vous et moi,
ça ne nous dérangera pas beaucoup, nous avons une
assurance-revenu, une garantie d'être au moins six mois, peut-être
un an, peut-être plus, je ne le sais pas, avec un revenu décent,
80 % ou 100 % des revenus. Ça ne nous dérangera pas, ça,
sauf que ça dérange encore une fois les plus démunis.
Les tarifs d'électricité. Que vous soyez fortuné,
que vous gagniez 50 000 $, 75 000 $ ou 10 000 $ par année, votre facture
d'électricité, au 1er janvier 1991, aura crû de 23 %. Quand
on sait que les foyers les moins bien chauffés, qui coûtent les
plus cher en électricité, ce sont les personnes les plus
défavorisées qui les occupent. M. le Président, ça
aussi, ça s'appelle une taxe régressive.
Le resserrement des critères d'admissibilité à
l'aide juridique, c'est un déni de justice. Il nous arrive souvent de
penser que les États-Unis sont moins avancés que nous en
matière de programmes sociaux. Pourtant, tout citoyen, quel que soit son
revenu, peut avoir recours à l'aide juridique. S'il veut se choisir un
avocat à ses propres frais, il peut le faire, mais tout le monde y a
droit. Ici, on a tellement resserré les critères qu'une personne
qui travaille au salaire minimum n'a plus accès à l'aide
juridique, mais elle ne peut pas non plus se payer d'avocat. Donc, on vient de
nier à toute une catégorie de Québécois et de
Québécoises le droit à la justice.
La taxation scolaire, je le rappelle, vient introduire une
iniquité fondamentale en ce qui a trait à l'accès à
des services égaux. J'écoutais tout à l'heure le
député de Sauvé qui disait: Cette loi vient aussi modifier
la Loi sur l'enseignement privé. Je n'oserai pas m'embarquer
là-dessus parce que, chaque fois, ça me rend furieuse. On a
continué à développer le réseau privé, parce
que les gens qui sont capables de se le payer, y compris dans les
régions, vont pouvoir envoyer leurs enfants à l'école
privée, tandis que ceux qui ne le pourront pas vont avoir des
écoles où il y aura de moins bonnes bibliothèques, de
moins bons locaux, moins de services. Mais qu'à cela ne tienne, ceux qui
sont privilégiés pourront toujours se tourner du
côté des écoles privées parce que le ministre est
fort là-dessus. Il a continué à développer les
écoles privées, évidemment, au détriment des
écoles publiques.
M. le Président, le ministre, avec son gouvernement, a rompu
unilatéralement le pacte fiscal municipal, sans consultation, au plus
grand mépris d'autres élus au Québec. Une attitude aussi
méprisante est totalement inqualifiable. Moi, je veux bien qu'Ottawa
soit méprisant à notre endroit, mais on réplique,
j'espère, quand on a le goût de se tenir debout, à moins
que le premier ministre ne soit en train de nous vendre, ce qui ne
m'étonnerait pas, M. le Président. Mais on peut réagir
lorsque le gouvernement fédéral ou les députés
fédéraux viennent s'en prendre aux élus...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Je ne sais pas si on peut dire que l'exemple vient
de haut. L'exemple vient du député d'Abitibi-Ouest que vous avez
ramené à l'ordre tout à l'heure, M. le Président.
La députée de Jonquière parce qu'elle manque
d'originalité... De Chicoutimi. Ce n'est pas élogieux pour vous
de vous comparer au député de Jonquière, je m'excuse.
Mme Marois: Une question de règlement. Je pense que les
propos que...
Le Vice-Président (M. Cannon): Je vais me lever, Mme la
députée. Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Ça m'étonne chaque fois. Le leader
adjoint du gouvernement se lève sur une question de règlement
pour ramener à l'ordre une collègue qui intervient sur un dossier
en utilisant des propos tout à fait parlementaires et lui-même
utilise un argument et tient des propos qui, eux, ne le sont pas, M. le
Président.
M. Lefebvre: M. le député, je me suis tout
simplement excusé de l'avoir...
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement, je vous reconnais.
M. Lefebvre: M. le Président, je disais tout à
l'heure que Mme la députée de Chicoutimi a repris des propos du
leader adjoint de l'Opposi-
tion à l'effet qu'on était, au moment où on se
parie, en train de vendre le Québec. Je considère ces
propos-là comme étant non parlementaires. Si, M. le
Président, vous êtes d'accord avec moi, vous allez lui intimer
l'ordre de retirer ces propos. C'est aussi simple que ça, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Je demande à tous
les députés, ici ce soir en Chambre, de bien vouloir respecter le
règlement, les coutumes et les convenances que nous avons ici en cette
Chambre. Je demanderai à la députée de poursuivre son
intervention, lui soulignant qu'il lui reste à peine deux minutes.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Il m'en reste
assez...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: Je vous demande, M. le Président, de vous
prononcer. Si vous considérez que les propos de la députée
de Chicoutimi sont parlementaires, je vous demande de le dire. Si vous
considérez qu'ils ne sont pas parlementaires, je vous demande de le dire
et je me plierai à votre décision, M. le Président.
Mme Blackburn: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Est-ce que le leader adjoint a le droit de
remettre en question la décision du président? C'est la
première chose qu'on m'a apprise ici en Chambre, qu'on n'avait pas
à remettre en question une décision du président. Il a
rendu sa décision.
Le Vice-Président (M. Cannon): J'ai effectivement rendu
une décision. Je vous ai demandé, Mme la députée,
maintenant de conclure. Il vous reste une minute et quelques secondes.
Mme Blackburn: Oui, M. le Président, suffisamment pour
conclure...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): M. le leader adjoint du
gouvernement, j'ai rendu une décision et je demande à la
députée de Chicoutimi de terminer son intervention. Est-ce que
vous avez l'intention de soulever la même question de
règlement?
M. Lefebvre: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors, je m'excuse, M. le
leader adjoint du gouvernement, je ne vous reconnais pas. J'ai demandé
à la députée de conclure. J'ai rendu une décision
sur cette question-là. Vous pouvez tirer les conclusions que vous
désirez, M. le leader adjoint du gouvernement. J'ai rendu une
décision. J'ai demandé à Mme la députée de
conclure. (21 h 40)
Mme Blackburn: M. le Président, une minute pour conclure,
simplement pour dire aux députés du gouvernement que, s'ils
avaient le courage de tenir ici les propos qu'ils tiennent en dehors de la
Chambre, ils s'inquiéteraient de ce qui est en train de se passer
à Ottawa, au moins autant que nous nous inquiétons au nom des
Québécois et des Québécoises, M. le
Président. On est en train de maquignonner le lac Meech, M. le
Président. Je ne sais pas si c'est parlementaire ou non, mais c'est une
réalité. Et, M. le Président, le projet de loi qui est sur
la table est totalement inacceptable et il s'est fait au plus grand
mépris...
Le Vice-Président (M. Cannon): En conclusion, s'il vous
plait!
Mme Blackburn: ...des premiers partenaires de ce gouvernement que
sont les municipalités. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, Mme la
députée. Je suis maintenant prêt à reconnaître
le prochain intervenant, à moins, M. le ministre de l'Éducation,
que vous n'ayez une intervention à formuler? Alors, M. le
député de Rimouski, s'il vous plaît.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, il me fait
plaisir d'apporter mon point de vue au sujet du projet de loi 69 que nous
avons, ici devant nous, à prendre en considération, en
première lecture.
Après avoir entendu la députée de Chicoutimi, dans
ses propos, remettre en cause l'ensemble des taxes que nous avons ici au
Québec, je m'interroge un peu sur la volonté de l'Opposition de
donner au gouvernement les moyens d'aller chercher les sommes
nécessaires pour offrir aux Québécois et aux
Québécoises une qualité d'enseignement que tout le monde
recherche.
J'entendais la députée de Chicoutimi nous dire que le fait
d'augmenter ou d'aller chercher un peu plus de taxation dans l'assiette fiscale
des municipalités, ça avait pour effet de nuire à la
taxation des municipalités. Je dois vous dire que le fait qu'on ait
élargi quelque peu le champ de taxation des commissions scolaires
n'enlève rien aux municipalités et ça donne aux
commis-
sions scolaires une marge de manoeuvre supplémentaire pour
pouvoir offrir des services de qualité et, en même temps, des
infrastructures scolaires adéquates pour la population du Québec,
la population scolaire.
Lorsque la députée de Chicoutimi prétend que nous
nous soustrayons, à ce moment-là, à notre
responsabilité pédagogique, je lui rappellerai que nous, du
gouvernement du Québec actuel, le gouvernement libéral, nous
avons pris en considération toute la responsabilité
pédagogique de l'enseignement élémentaire et secondaire au
Québec. Et, à preuve, nous avons présentement une
convention collective de signée avec tous les personnels de ce
niveau-là et nous avons donné des augmentations de salaire
à tous ces personnels. Et le fait d'avoir donné des augmentations
de salaire rend ces personnels-là plus heureux, plus efficaces et, en
même temps, améliore la qualité de l'enseignement. Nous
avons également, comme gouvernement, ajouté au-delà de 250
professeurs dans le réseau de l'enseignement élémentaire
et secondaire, ce que l'Opposition n'a jamais été capable de
faire pendant les 10 années où elle a été au
pouvoir. Nous avons aussi diminué le nombre d'élèves, de
deux, à la première année de l'élémentaire,
de façon à améliorer l'aspect pédagogique de ce
secteur-là.
Alors, se faire dire par la députée de Chicoutimi que nous
n'avons aucune responsabilité ou encore aucune intention
d'améliorer l'aspect pédagogique dans le réseau de
l'enseignement élémentaire et secondaire, ce sont des propos,
à mon sens, qui ne se tiennent pas, qui ne se défendent pas quand
on tient compte de la somme d'argent, comme gouvernement, que nous avons
consentie pour améliorer les salaires des professeurs: au-delà de
77 000 000 $, ce n'est tout de même pas négligeable. Nous sommes,
à ce moment-là, en mesure d'affirmer que l'appareil et que les
services éducatifs seront nettement améliorés du fait que
nous avons nécessairement consenti des sommes énormes et
considérables pour le mieux-être du personnel enseignant.
Nous avons un aspect, nous, tant du contenu que du contenant. D'une
part, nous voulons améliorer les infrastructures scolaires. Par
l'intermédiaire de la ponction de taxes que nous allons chercher au
niveau du milieu scolaire, nous allons, à ce moment-là, donner
une marge de manoeuvre supplémentaire à nos commissions scolaires
pour pouvoir mieux gérer leurs infrastructures scolaires, soit les
écoles, les gymnases, les salles de cours, les salles de
récréation, le système de ventilation, de climatisation,
etc. Alors, la commission scolaire pourra profiter d'un supplément de 40
000 000 $ pour pouvoir leur donner un petit peu plus de responsabilités
vis-à-vis de l'ensemble du parc immobilier qu'ils ont à
gérer. Alors, contrairement à ce que la députée de
Chicoutimi vient de prétendre et vient de dire, nous avons une
préoccupation pour l'aspect pédagogique, ce que vous n'avez
jamais eu comme gouvernement pendant les 10 années où vous avez
été au pouvoir.
Une voix: Ça, c'est vrai.
M. Tremblay (Rimouski): Nous, nous avons une préoccupation
pédagogique et, en même temps, une préoccupation pour
améliorer les infrastructures scolaires de l'ensemble de la province de
Québec.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Tremblay (Rimouski): Les finances des commissions scolaires,
on pourrait en parler longtemps. Les commissions scolaires avaient globalement,
dans la province de Québec, environ 150 000 000 $ de surplus
accumulés, ce qui n'est pas énorme, j'en conviens, mais au moins
qui leur donnait une certaine marge de manoeuvre. Elles étaient en
sous-financement. Pourquoi étaient-elles en sous-financement? Vous
êtes-vous posé la question, Mme la députée de
Chicoutimi, vous qui êtes si familière...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, je vous prierais de vous adresser à la
présidence dans votre exposé.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je m'en excuse
profondément, je vais m'adresser à la présidence.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): C'est ça.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, Mme la
députée de Chicoutimi, est-ce qu'elle s'est posé la
question, elle, sur le coût de la vie entre 1976 et 1985? Ça a
coûté 84 %, eux, pendant qu'ils étaient au pouvoir, et ils
ont indexé pour environ 44 %, laissant un écart de 40 %. C'est
pour ça qu'on a un sous-financement dans l'ensemble du réseau,
tant scolaire que collégial et universitaire. Cependant, nous, du
gouvernement du Québec, du gouvernement actuel, nous avons pris nos
responsabilités et nous avons injecté des sommes dans tout le
réseau: élémentaire, collégial, universitaire et en
recherche. Et nous sommes capables de livrer la marchandise deux fois mieux
qu'eux l'ont fait pendant le temps où ils étaient là.
Des voix: Bravo!
Une voix: Ça, c'est un bon discours.
M. Tremblay (Rimouski): Quand j'entendais larmoyer, M. le
Président, tout à l'heure la députée de Chicoutimi
qui a la larme facile, qui semble vouloir dire qu'au Québec tout va mal,
ainsi de suite, elle ne prend pas en considération les sommes
considérables que nous avons consenties comme gouvernement pour
améliorer l'en-
semble du réseau scolaire, collégial et universitaire.
Seulement pour les universités en région, nous avons
ajouté 5 200 000 $ dans le dernier budget; 5 200 000 $ pour trois
universités en région: Chicoutimi, Rimouski et Abitibi. Et
ça, jamais ils ne l'ont fait, eux. Ils n'ont même pas eu le
courage d'indexer les enveloppes de fonctionnement. Dans les cégeps,
ça a été la même affaire. Les cégeps ont eu
des enveloppes de fonctionnement indexées pendant que, eux, ils
n'indexaient pas les enveloppes de fonctionnement.
Tous les professeurs ont vu leur salaire coupé de 20 %. Tous les
professeurs au Québec ont vu leur salaire coupé de 20 %.
Imaginez-vous le climat que ça donnait dans les écoles et dans
les institutions que nous avions. C'est le gouvernement précédent
qui a fait ça. Nous, au contraire, nous avons respecté notre
parole, nous avons respecté nos enseignants et nous leur avons consenti
des augmentations de salaire convenables et acceptables et des conventions
signées.
Des voix: Bravo!
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, lorsque j'entends
la députée de Chicoutimi nous reprocher notre manque
d'investissements au niveau de l'enseignement professionnel, nous avons
ajouté 100 000 000 $ au niveau secondaire pour les enseignements
professionnels. Aucun gouvernement n'avait osé adapter cette formation
professionnelle aux besoins de 1990. Nous l'avons fait.
M. le Président, c'est un peu choquant de voir de quelle
manière l'Opposition traite le gouvernement actuel, parce que nous
agissons, parce que nous prenons nos responsabilités. On semble vouloir
nous blâmer de vouloir améliorer et donner un service
adéquat à la population du Québec, surtout à la
population scolaire. (21 h 50)
J'entendais Mme la députée de Chicoutimi, M. le
Président, tout à l'heure, nous dire qu'en Gaspésie, par
exemple, dans le comté de Bona-venture, il y aurait une taxation
supérieure à celle de Montréal ou des grands centres. Nous
avons un régime de péréquation qui viendra
équilibrer, qui viendra ajuster et en même temps créer une
espèce d'équilibre pour l'ensemble de la province de
Québec. Comme le niveau de taxation ou les immobilisations sont moins
fortes dans les petits centres, nécessairement, il y aura une
compensation qui viendra ajuster.
Alors, M. le Président, je vous dirai bien honnêtement que
je serai tout à fait favorable aux dispositions du projet de loi 69.
J'en conviens, je sais que c'est un peu un projet de loi qui nous oblige
à faire une ponction de taxation au niveau de la population en
général, mais cependant il faut comprendre que cette taxation va
servir à améliorer les services au niveau des commissions
scolaires, et c'est ça qu'il faut comprendre. Vous n'avez pas eu le
courage de taxer. La seule chose que vous avez eu le courage de faire, le
gouvernement précédent, ça a été d'endetter
la province de Québec. En 1976, nous avions un déficit
accumulé de 5 000 000 000 $. En 1985, nous avions 25 000 000 000 $ de
déficit accumulé avec un service de la dette nettement difficile
à absorber en 1985 et présentement. C'est toute la
différence du monde. Pendant qu'ils endettaient la province de
Québec, nous nous essayons d'améliorer les finances de la
province de Québec. M. le Président, soyez assuré que je
vais souscrire au projet de loi 69 et qu'il me fera plaisir de l'appuyer en
temps et lieu. Je vous remercie.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rimouski. Je reconnais maintenant le prochain
intervenant, Mme la députée de Marie-Victorin. Mme la
députée.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. C'est avec
intérêt que j'ai écouté le député de
Rimouski, parce que je me disais: À un moment donné, il va bien
arriver à nous apporter la situation réelle dans le milieu de
l'éducation à l'heure actuelle, et peine perdue. En fart, j'ai
l'impression que ce gouvernement et les membres de ce gouvernement, les
députés et les élus, ont de la difficulté à
voir actuellement que nous sommes rendus en 1990, qu'ils sont à leur
deuxième mandat et que justement ils avaient fait des promesses
électorales en 1985, disant qu'ils étaient là pour
améliorer la situation. Nous sommes devant un deuxième mandat et
nous voyons, nous devons faire un constat que plus ça avance, en fin de
compte, plus la situation est épouvantable. Dans le domaine de
l'éducation, on en a un fait à l'heure actuelle. Les
municipalités, en fin de compte, sont obligées à l'heure
actuelle de supplier le gouvernement de les consulter, alors qu'elles n'ont pas
été du tout consultées; on a pris des décisions
unilatéralement en ce qui concerne le champ de taxation en ce qui
concerne les commissions scolaires. Les déficits au niveau des
commissions scolaires se sont accumulés en fait à peu près
de 625 000 000 $ depuis 1985 et, quant au système d'éducation,
même l'éducation qu'on donne à nos enfants, jamais
aujourd'hui, actuellement, les résultats n'ont été si peu
efficaces. Qu'on regarde au niveau du primaire le nombre d'échecs, le
nombre d'enfants qui ont des problèmes, des troubles de comportement ou
qui doivent avoir affaire à des psychologues ou à toute autre
mesure d'appui pour leur permettre de pouvoir continuer. Qu'on regarde au
niveau secondaire le nombre d'enfants qui abandonnent leurs études, au
niveau collégial,
le nombre de jeunes qui carrément s'en vont du circuit, parce
qu'on n'est pas capables de trouver un système d'éducation qui
correspond adéquatement à nos jeunes d'aujourd'hui, parce qu'on
n'arrête pas continuellement de changer ces systèmes par des
programmes-cadres, des programmes de tout ordre, de sorte qu'actuellement on
peut dire qu'on a peut-être, selon ce gouvernement, les meilleures
écoles, tes meilleurs profs, les meilleurs programmes. La seule chose
qu'on pourrait constater à l'heure actuelle, c'est qu'il n'y a que les
élèves qui sont impossibles, dans le système actuel de
l'éducation. En fart, quand j'écoutais le député de
Rimouski, c'est à peu près le constat qui me revenait en
tête. Je me disais: Ça ne se peut pas.
Mais il faut manquer d'une certaine forme d'éclairage pour
arriver à parler de cette façon-là. Je me dis: C'est
peut-être normal dans leur cas parce que, lorsqu'on les questionne
à la période de questions, c'est très difficile d'avoir
des réponses, d'une part, et, quand on leur demande des faits
précis, on se fait répondre de l'autre côté que ce
n'est pas nos affaires, de ne pas se mêler de ça, que ça ne
nous regarde pas.
Mais ce gouvernement oublie une chose: c'est que nous
représentons le peuple du Québec, de la même façon
qu'eux aussi, ils ont été élus pour représenter les
Québécois et les Québécoises. Et manquer
d'éthique, de cette façon-là, je trouve ça
inadmissible. C'est faire preuve, en tout cas, d'un esprit étroit, d'un
esprit qui n'est pas capable véritablement de faire sa propre critique.
Il n'y a rien de plus dangereux que des gens qui sont convaincus de leur
raisonnement et c'est un peu ce que nous avons actuellement. Quand
j'écoute certains députés de l'autre côté de
la Chambre, je suis obligée malheureusement de dire: Eh bien, plus on
avance dans le temps, plus c'est pareil.
J'aimerais, M. le Président, soulever le fait que jamais nous, de
ce côté-ci de la Chambre, nous n'avons, en tout cas, fait en sorte
de mettre le Québec dans une situation aussi désavantageuse et
jamais nous n'avons porté d'actes de trahison par rapport à
l'ensemble des Québécois. Nous avons toujours voulu faire en
sorte qu'au Québec nous soyons des gens fiers, dignes et nobles. Nous
avons toujours défendu les intérêts particuliers des
Québécois. Lorsque nous allions à Ottawa, nous
étions capables de nous tenir debout et nous n'étions pas
prêts à vendre le Québec aussi facilement.
Actuellement, on pourrait peut-être se demander pourquoi il y a
tellement de camions tout autour, ici. C'est peut-être le temps de
"crater" le Parlement et de l'envoyer à Ottawa parce que ça me
semble...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée, je vous rappelle, en étant très large,
vous savez, la règle de la pertinence, et vous la connaissez très
bien. Je voudrais vous rappeler que nous discutons du projet de loi 69, Loi
modifiant la Loi sur l'instruction publique. Je vous permets de continuer votre
intervention.
Mme Vermette: Je vous remercie, M. le Président. Mais je
ne faisais qu'un parallèle entre les propos qu'affirmait le
député de Rimouski et son étroitesse d'esprit ou son
manque de critique par rapport à son gouvernement. Je trouvais que,
inévitablement, je ne pouvais pas faire autrement que de faire ce
parallèle, à l'heure actuelle, qui me semble très
important parce qu'il y va de l'ensemble, un peu comme domaine de
l'éducation, de notre avenir, M. le Président. Et, quand on parle
de l'avenir d'un peuple, quand on parle de l'avenir, en fait, de nos jeunes, je
crois qu'il est essentiel de démontrer exactement l'attitude, le
comportement des gens qui sont au pouvoir à l'heure actuelle et quelle
forme de démarche ils entreprennent pour défendre nos
intérêts, et ce, dans tous les domaines, autant dans le domaine de
l'éducation et plus particulièrement, M. le Président, au
moment où il se passe des choses les plus essentielles, les plus
cruciales pour notre avenir en tant que peuple collectif.
M. le Président, bien sûr qu'on se pose une question:
Est-ce qu'il y a un premier ministre ici, au Québec? Est-ce qu'on est
capables de compter sur ce même premier ministre et qu'il est capable de
ramener à l'ordre ses ministres pour leur dire que ce qui est important,
c'est non pas de se faire du capital politique en tant que ministres, mais de
se faire beaucoup plus du capital politique en servant les
intérêts du peuple québécois? Actuellement, ceci
semble échapper à la majorité de ces ministres et semble
aussi échapper à notre premier ministre. Je ne sais pas s'il a
perdu le contrôle, où il en est rendu. Tout ce qu'on peut savoir,
c'est que, depuis cinq jours, on ne le voit pas, on n'en entend pas parler ici,
à l'Assemblée nationale. On a beau essayer de le questionner, de
lui demander: Où vous orientez-vous, M. le premier ministre?
Envoyez-nous un émissaire ici, au moins, à Québec, pour
savoir exactement la situation. Peine...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mme la
députée, je vais vous lire l'article 239. "Le débat porte
exclusivement sur l'opportunité du projet de loi, sur sa valeur
intrinsèque, ou sur tout autre moyen d'atteindre les mêmes fins."
J'attire votre attention sur l'article 239 et je vous permets de continuer
votre intervention sur l'adoption du principe du projet de loi 69. (22
heures)
Mme Vermette: Oui, merci, M. le Président. Alors, ce que
je suis en train de dire, M. le Président, c'est important. C'est
important de s'occuper de notre avenir en tant que peuple et c'est important de
s'occuper de l'avenir de nos jeunes aussi dans le domaine de l'éducation
en
leur permettant de pouvoir compter sur un service d'éducation de
qualité au Québec, un service d'éducation qui, peu importe
la classe sociale à laquelle nous appartenons, fait en sorte que nous
pouvons avoir un enseignement de qualité, à
l'élémentaire, au secondaire, au collégial et même
à l'université.
Bien sûr, tout le monde sait que, dans le domaine de la recherche,
nous avons actuellement un énorme retard et qu'il est très
important de reprendre ce retard. Il faut prendre les bouchées doubles,
parce que, si nous voulons être concurrentiels sur l'ensemble des
différents marchés, il nous faut, oui, former une main-d'oeuvre
de qualité. Cette main-d'oeuvre de qualité se prépare
très tôt et c'est vraiment en donnant aux étudiants un
enseignement de qualité et des institutions aussi de qualité.
Pourquoi, M. le Président, favoriser uniquement l'élite?
Pourquoi favoriser... Est-ce que les cerveaux se tiennent uniquement dans les
écoles privées ou dans une forme d'élitisme? Je ne le
crois pas. Il y a beaucoup de jeunes qui appartiennent au système public
et qui sont tout aussi brillants. Malheureusement, si on ne leur apporte pas
l'aide nécessaire ou un service d'éducation adéquat et de
qualité, ils n'auront pas la chance de mettre à profit leur
potentiel et ça, c'est désastreux. Je pense que ce qu'il nous
faut actuellement c'est de mettre des efforts substantiels pour faire en sorte
qu'au Québec, au niveau primaire et au niveau secondaire, nos
écoles répondent aux besoins de la société moderne
et future et à ses exigences pour nous permettre d'avoir justement des
gens bien formés et des gens capables d'avoir un raisonnement qui
favorise des décisions qui correspondent aux aspirations les plus
profondes des gens d'ici, les gens du Québec, les gens de chez nous.
M. le Président, je ne vois pas pourquoi, unilatéralement,
le gouvernement, le ministre des Affaires municipales enfin - c'est lui qui a
eu le mauvais sort dans cette joute-là - a fait en sorte de prendre des
décisions sans convoquer ses partenaires les plus importants, les maires
des différentes municipalités, les gens des MRC et les unions de
municipalités. Pourquoi ne pas les avoir consultés, alors qu'il
se préparait à apporter des réformes substantielles dans
le champ de la taxation, qui auront aussi des conséquences importantes
sur les contribuables de celles-ci, puisqu'on verra les taxes augmenter dans
les différentes villes du Québec en fonction de cette nouvelle
imposition du niveau des taxes foncières qui seront
prélevées par les commissions scolaires? Et là, on change
complètement les règles du jeu.
Vous savez que, lorsqu'il y a eu l'entente fiscale de 1979, les
municipalités ont laissé tomber certains privilèges pour
vraiment se donner complètement à leurs nouvelles
responsabilités dans le domaine de l'impôt foncier et, là,
tout ça se voit chambardé du jour au lendemain sans qu'on ne les
avertisse et sans crier gare. D'autant plus, M. le Président, qu'il faut
sûrement relever le fait que, de plus en plus, on demande aux
municipalités d'apporter un effort accru dans tous les champs
d'activité. À cause de certaines formes de désengagement,
de déresponsabilisation de l'État, le rôle des
municipalités est de plus en plus lourd et on les appauvrit de plus en
plus. On n'aura pas le choix. Si ce n'est pas ce gouvernement-ci qui va
percevoir des taxes, ce sera ce gouvernement, le gouvernement des
municipalités. À un moment donné, je pense que,
effectivement, nous allons faire en sorte que la population dans son ensemble,
c'est elle qui fera les frais de toutes ces prises de décisions
inconsidérées de la part d'un gouvernement qui n'est pas capable
de prendre de véritables responsabilités et, même plus, qui
n'est pas capable d'avertir ses partenaires au moment où il est en train
de faire de véritables et de profonds changements dans les règles
du jeu.
Il est inacceptable, M. le Président, qu'un tel gouvernement se
comporte de cette façon, d'une façon aussi cavalière
à l'endroit, à part ça, d'amis privilégiés
qu'il avait depuis de nombreuses années. En fait, tout le domaine des
municipalités, on le sait fort bien, avait une tendance importante
envers le gouvernement libéral et on s'aperçoit qu'actuellement
on a beau être des bons amis de ce gouvernement, la parole donnée,
on se demande ce que ça représente dans certains cas. Et on est
obligé de constater, à l'heure actuelle, que, malheureusement, on
avait fait confiance, dans le domaine des municipalités, des commissions
scolaires, au gouvernement, mais que cette relation, en tout cas, elle a
été rompue à un moment donné. Pourquoi? Pour
permettre de faire plaisir à certains, mais tout en défavorisant
un autre groupe.
Je ne crois pas qu'on puisse appeler cela gouverner que de favoriser un
groupe au détriment d'un autre groupe. Je trouve que c'est tout
simplement se déresponsabiliser en tant que gouvernement. Or, je sais
fort bien que, de plus en plus, actuellement, il y aura, en tout cas, des
échanges entre les différents niveaux de gouvernement local,
c'est-à-dire les commissions scolaires et les municipalités. Il
aurait été plus heureux, par contre, qu'on favorise un
rapprochement entre ces deux groupes plutôt que de toujours maintenir un
rapport de forces, qui n'est pas heureux, ce rapport de forces, pour la
population parce qu'il empêche certaines fois d'avoir un esprit, non pas
de compétition, mais de partenariat, qui est très important parce
que, tout compte fait, M. le Président, ce sont toujours les mêmes
contribuables qui sont les mêmes utilisateurs des services qui sont
donnés tantôt par les villes et tantôt par les commissions
scolaires.
Je pense qu'il faudrait prendre en compte que cette population, à
un moment donné, il
faudrait peut-être l'alléger quelque part et arrêter
de faire que ce soit toujours ces mêmes personnes qui doivent faire les
frais des différentes orientations des gouvernements de cette
façon-là. Or, je pense, M. le Président, que la loi 69 est
vraiment une grave erreur. Elle ne favorisera pas non plus le
développement attendu au niveau de nos commissions scolaires. Il aurait
fallu en 1985, lorsque ce gouvernement a pris le pouvoir, qu'il prenne vraiment
ses responsabilités dans le domaine de l'éducation et qu'il
favorise justement le manque à gagner au niveau des commissions
scolaires et, plutôt que laisser aller les bâtisses, de laisser
aller l'ensemble des équipements dans un état de
décrépitude, prendre ses responsabilités, les favoriser et
permettre justement que les commissions scolaires puissent, elles aussi,
accroître leurs dépenses convenablement sans être prises
dans un entonnoir et être obligées, encore une fois, de se
retourner vers les champs de taxation pour répondre adéquatement
aux besoins de la population dans le domaine scolaire.
On dit toujours que ça dépend de la façon dont on
traite nos écoles, que l'avenir d'un pays peut prendre une orientation
importante. Je me demande si vraiment nous sommes convaincus que
l'éducation est peut-être une des plus fortes richesses d'un
peuple, parce que plus nos gens seront adéquatement
éduqués, plus ils auront facilement accès aussi aux
systèmes d'éducation, plus nous formerons des gens
compétents, des gens qui seront qualifiés et qui pourront prendre
les responsabilités qui s'imposent au moment de développement
soit économique, industriel, culturel, à tout autre niveau. Et
l'éducation devrait être, en tout cas, une priorité pour un
gouvernement parce que c'est la base même de tout l'avenir d'un peuple,
plutôt que d'y aller d'une façon aussi parcimonieuse, tel qu'on
est en train de le faire.
Plutôt que de remettre ses responsabilités à
d'autres ordres de gouvernement, je pense que le gouvernement devrait faire des
efforts substantiels, que le ministre de l'Éducation, dans le domaine de
l'éducation, devrait vraiment accroître davantage son aide
substantielle pour permettre justement que les commissions scolaires, en fait,
ne soient pas obligées de tordre les bras des contribuables, de tordre
aussi les bras de leurs collègues dans le domaine municipal pour qu'on
puisse répondre plus adéquatement aux besoins du domaine
scolaire. (22 h 10)
Donc, M. le Président, je pense que le gouvernement a de la
difficulté dans ce domaine comme dans bien d'autres aussi à
prendre ses véritables responsabilités. Nous voyons bien, nous
savons bien que c'est encore les petits qui font toujours les frais. Nous
savons que, dans certaines régions, ils seront plus durement
pénalisés que dans certaines grandes villes comme Montréal
ou dans l'ouest de Montréal et que, effec- tivement, il y en aura qui,
malheureusement, ne pourront plus garder une maison parce que, là,
ça ne paraîtra pas trop, mais plus ça ira, plus les taxes
augmenteront et ils auront des difficultés, à un moment
donné, sur le plan financier. Ils devront choisir d'autres quartiers
pour envoyer leurs enfants à l'école. Et encore une fois, ce
seront des jeunes, des enfants qui seront pénalisés et qui auront
de la difficulté à recevoir des services d'éducation
suffisants et de qualité, non pas parce que les enseignants ne sont pas
capables de donner un enseignement de qualité, mais parce qu'on ne
pourra pas leur donner tout le matériel pédagogique. On ne pourra
pas, finalement, leur permettre un encadrement qui favorise une qualité
de vie dans le domaine de l'enseignement. Et je pense que c'est très
important de développer ce réflexe d'une qualité de vie
dans le milieu de l'enseignement et ce, au niveau du primaire et au niveau du
secondaire puisque c'est là qu'on développe le désir, le
goût d'apprendre et le goût de vouloir aller beaucoup plus
loin.
M. le Président, je trouve ça dommage qu'à l'heure
actuelle on passe une loi de cette façon-là, qu'on passe une loi
qui touche d'une façon aussi inaccoutumée le système de la
taxe foncière, tant au niveau municipal qu'au niveau scolaire. Et encore
une fois, il faut le rappeler, ceci s'est fait pratiquement en cachette, sans
que les principaux "concernés" puissent être mis au courant. Ils
ont été mis devant des faits, ils ont dû s'ajuster, ils ont
dû frapper plusieurs fois encore pour qu'on les écoute et, encore
une fois, c'est parce que l'Opposition a fait une farouche offensive
vis-à-vis de ce projet de loi, ce qui fait en sorte qu'on pourra arriver
à de meilleurs résultats. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Vice-Président (m.
bissonnet): merci, mme la
députée. je reconnais maintenant mme la députée de
matane. mme la députée, la parole est à vous.
Mme Claire-Hélène Hovington
Mme Hovington: Merci, M. le Président. D'abord, avant
d'entrer dans le vif du sujet du projet de loi 69, permettez-moi, M. le
Président, de faire une mise au point vis-à-vis de certains
propos que l'Opposition a tenus depuis le début de ce débat,
c'est-à-dire le député d'Abitibi-Ouest et la
députée de Chicoutimi qui accusaient le premier ministre du
Québec d'être en train de vendre le Québec à
Ottawa.
Je voudrais lire ici un communiqué de presse qui sort à
l'instant, en provenance du cabinet du premier ministre et qui dit: Le premier
ministre du Québec...
Mme Marois: M. le Président, question de
règlement!
Mme Hovington: ...M. Robert Bourassa... Mme Marois: M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Mme la députée, j'ai une question de règlement. Mme la
députée de...
Mme Marois: Oui. M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Mme la députée de Taillon, je vous
cède la parole sur une question de règlement.
Mme Marois: Merci, M. le Président. Est-ce que, lors du
débat que nous avons à ce moment-ci, il est possible de sortir
complètement du sujet, de faire une déclaration
ministérielle, à toutes fins pratiques, ou de lire un
communiqué qui ne concerne en aucune espèce de façon la
question dont nous discutons?
Une voix: Vous ne savez même pas ce qu'il y a dedans.
Mme Marois: Je veux savoir, M. le Président, si cela est
possible.
Une voix: Elle ne sait même pas ce qu'il y a dedans.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je vais vous
écouter sur la question de règlement, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Lefebvre: M. le Président, à deux ou trois
reprises, à l'occasion de l'intervention du député
d'Abitibi-Ouest, à l'occasion de l'intervention de la
députée de Chicoutimi, à l'occasion de l'intervention
d'autres députés de l'Opposition, on a fait
référence aux discussions qui se tiennent actuellement à
Ottawa entre les différents premiers ministres du Canada et le premier
ministre fédéral. Je ne répéterai pas ce qu'on a
mentionné relativement a l'attitude du premier ministre du
Québec, vous vous en souviendrez. Et celui qui vous a
précédé sur le banc a eu à décider sur des
interventions que j'ai faites. Au moment où on se parle, M. le
Président, on a des informations à l'effet que le premier
ministre du Québec se serait retiré de la table de
négociations à Ottawa. Je considère, M. le
Président, compte tenu de tout...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader,
premièrement, je tiens à vous dire que j'ai écouté
la question de règlement de Mme la députée de
Marie-Victorin et...
Mme Marois: De Taillon.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...de
Taillon, je m'excuse, et je vous écoute vous-même, mais je
n'ai pas encore entendu Mme la députée de Matane me dire ce
qu'elle voulait me dire. Je ne peux pas vous dire à ce moment-ci sur
quoi porterait la question de règlement. Mais je tiens à dire
à la députée de Matane, comme à tous les
députés qui siègent dans cette Assemblée, que,
lorsqu'on étudie un projet de loi en deuxième lecture, il y a
l'article 239, on peut faire des exemples dans un projet de loi...
Une voix: Des parallèles.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Des parallèles...
Madame vous avez presque utilisé les mots que je voulais utiliser. Et je
tiens à vous dire, au niveau de la pertinence... Et j'attire votre
attention à l'effet que vous êtes sur le projet de loi 69,
l'adoption du principe de la Loi modifiant la Loi sur l'instruction publique.
Mais, au moment où je vous parle, je ne peux pas entendre de questions
de règlement parce que je n'ai pas entendu les propos que vous vouliez
dire. Je vous cède la parole, Mme la députée de
Matane.
Mme Hovington: Merci, M. le Président. Je vais parler
justement du projet de loi 69, M. le Président, projet de loi sur le
financement des commissions scolaires. Ce projet vient corriger une situation
de déséquilibre dans le domaine scolaire et plusieurs tentatives
du gouvernement et plusieurs projets de loi du gouvernement justement viennent
faire en sorte d'améliorer les situations au Québec. Et ceci,
encore ce soir on en a un exemple, M. le Président, dans la personne du
premier ministre, M. Robert Bourassa, qui vient de se retirer de la
conférence constitutionnelle à Ottawa, justement pour
préserver l'avenir des Québécois et de toutes les
Québécoises du Québec. M. Bourassa travaille actuellement
pour l'avenir des Québécois et des Québécoises
à Ottawa. En ce sens, il n'est pas en train de vendre le
Québec.
Comme le projet de loi de M. Ryan, ce soir, vise à corriger une
situation de déséquilibre dans le monde scolaire, un
déséquilibre qui remonte à la fin des années
soixante-dix, et qui n'a fait que croître depuis lors, je voudrais
utiliser le temps qui m'est alloué, dans cette discussion sur le
principe, pour montrer la pertinence et le bien-fondé...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
Mme la députée, je voudrais demander à vos
collègues du côté ministériel de bien écouter
votre intervention. Mme la députée, vous pouvez poursuivre.
Mme Hovington: ...de ce projet de loi. Eu égard aux
problèmes du financement de l'éducation primaire et secondaire au
Québec, et pour bien saisir la raison .d'être du projet de loi
présenté par le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur, il faut absolument jeter un regard sur le
financement de l'éducation primaire et secondaire au début des
années quatre-vingt-dix chez nous, ici au Québec. Ce regard doit
être guidé par trois grandes considérations: D'abord, la
première considération est relative au contexte budgétaire
du début de la présente décennie. Et la seconde, au palier
décisionnel que représentent les commissions scolaires. Enfin, la
troisième considération tient aux mérites - et aux
mérites au pluriel, M. le Président - des dispositions du projet
de loi proprement dit. le financement de l'éducation primaire et
secondaire constitue, nous le savons, une priorité budgétaire
chez nous depuis la révolution tranquille. les dépenses en
matière d'éducation primaire et secondaire ont connu une
croissance importante dans les années soixante et dans les années
soixante-dix pour mettre en place le réseau d'écoles primaires et
secondaires. jusqu'en 1979, m. le président, ces dépenses
étaient financées, en grande partie, par le gouvernement et en
partie par l'impôt foncier scolaire. mais en 1979, à la suite
d'une entente avec les municipalités, la part du gouvernement du
financement de l'éducation primaire et secondaire s'est accrue, et celle
de l'impôt foncier a diminué à travers l'imposition de la
règle du 6 % ou du 0,25 $ du 100 $ d'évaluation. la croissance de
la part gouvernementale du financement a donc été
augmentée de façon très substantielle. elle a crû en
fait de plus de 5 % pour atteindre près de 94 % du financement total,
tandis que celle des commissions scolaires était ramenée à
6 %. (22 h 20)
Cette entente, qui a presque sorti les commissions scolaires du champ
foncier et transféré au gouvernement la quasi-totalité du
financement de l'éducation primaire et secondaire, a été
réalisée dans un contexte où l'état des finances
publiques importait peu. Aux équilibres budgétaires,
l'administration péquiste préférait la fuite en avant dans
l'endettement, M. le Président. Ainsi, pour le gouvernement
péquiste du temps, partisan d'un État toujours en manque de
responsabilités, il allait de soi que l'État doive financer
presque entièrement l'éducation primaire et secondaire au
Québec et ceci, bien sûr, sans égard à l'état
des finances publiques ni non plus sans égard pour le caractère
concurrentiel de la fiscalité québécoise.
Et on sait que c'est au milieu de la décennie quatre-vingt que
cette vision des choses est apparue dépassée, en raison,
notamment, de la mondialisation des économies. On s'est rendu compte
qu'avec cette mondialisation de l'économie le Québec est
placé directement en concurrence avec ses voisins de l'Ontario ou ses
voisins des États de la Nouvelle-Angleterre pour sa fiscalité et
que cette concurrence est une donnée incontournable de notre
époque. C'est essentiel, pour permettre aux citoyens et citoyennes du
Québec de maintenir leur niveau de vie dans ce monde de grande
transformation économique.
Et, conscient de cette nécessité, le gouvernement
libéral a profité des années de prospérité
de la décennie quatre-vingt pour redresser d'abord les finances
publiques et améliorer ensuite la compétitivité de notre
fiscalité. À cet égard, nous avons réduit
l'écart avec l'Ontario. Cet écart, vous vous souvenez, M. le
Président, était de 10 % pour les particuliers en 1985. Cet
écart a été réduit à 2,3 % en 1990. Pour
l'écart fiscal entre les entreprises, il en va absolument de même.
Cet écart était de 10,5 % en 1985 pour les entreprises et il
n'est plus maintenant que de 3,5 % en 1990.
La période de prospérité a donc permis cette
amélioration de la compétitivité de notre fiscalité
tout en continuant d'assumer la quasi-totalité du financement de
l'éducation primaire et secondaire, et cette situation a
été rendue possible par ces années de grande
prospérité. Mais le ralentissement économique que nous
connaissons maintenant, la diminution des paiements de transfert de l'ordre de
1 300 000 000 $, l'augmentation des frais de la dette constituée par
l'administration péquiste ne permettent plus de continuer dans cette
voie sans compromettre soit l'avenir des jeunes générations en
haussant le déficit, soit en anéantissant les progrès
réalisés par la fiscalité québécoise.
Le gouvernement, M. le Président, n'a plus les moyens de financer
94 % de l'enseignement primaire et secondaire. Le contexte économique
oblige le gouvernement à faire davantage appel aux commissions scolaires
dans le financement de l'éducation primaire et secondaire. Leurs
contributions de 6 % à ce financement n'apparaissent plus
adéquates, à la lumière de circonstances
économiques où la croissance économique est à peine
supérieure à 1 % par rapport à 3 % en 1987 et 1988. C'est,
M. le Président, le premier motif qui a amené le gouvernement
à revoir l'entente de 1979 sur l'impôt foncier.
Le second motif qui a amené le gouvernement à revoir cette
entente tient au fait que les commissions scolaires ont, au fil des ans, vu
leur part de l'impôt foncier diminuer. Cette part représentant 8,8
% en 1980-1981 a chuté à 7,4 % en 1989-1990, soit de 1,4 %, ce
qui est évidemment très significatif. Cela a eu pour effet que
les commissions scolaires ne retirent plus que 264 000 000 $ en 1989-1990 de
l'impôt foncier, tandis que les municipalités ont recueilli 3 300
000 000 $ pour la même année; 264 000 000 $ pour les commissions
scolaires, 3 300 000 000 $ pour les municipalités. L'ordre de grandeur
est révélateur, M. le Président, de la
sous-représentation des commissions scolaires dans le champ de
l'impôt foncier et de la surreprésentation des
municipalités dans le champ foncier.
Le troisième motif qui a amené le gouver-
nement à revoir cette entente de 1979 tient au fait que cette
sous-représentation des commissions scolaires n'a aucune
équivalence dans les autres provinces. Il n'existe pas d'endroit au
Canada, pas un seul endroit au Canada, où la part du financement des
commissions scolaires à même l'impôt foncier est aussi
mince. Dans la plupart des autres provinces canadiennes, et
particulièrement en Ontario, on a su conserver en matière de
financement scolaire, un régime beaucoup plus équilibré
que celui qui prévaut aujourd'hui au Québec. L'impôt
foncier contribue au minimum dans les autres provinces à 25 % du
financement scolaire. Le quatrième motif à l'origine de la
révision par le gouvernement de l'entente de 1979 tient au fait qu'elle
s'est faite aux dépens des commissions scolaires comme palier
inférieur de gouvernement.
Après ce que je viens d'exposer, M. le Président, il est
assez facile de comprendre que les commissions scolaires, comme palier de
responsabilité locale, ont été très affaiblies par
la loi 57 de 1979. Au moment de son adoption, cette loi 57 avait
été présentée par le gouvernement péquiste
comme un renforcement de l'autonomie locale. Or, M. le Président, ce
renforcement de l'autonomie locale n'en était pas un, dans la mesure
où l'on renforçait les pouvoirs des municipalités en leur
assurant une quasi-exclusivité du champ d'impôt foncier et,
surtout, en renforçant le contrôle de l'État sur les
commissions scolaires. Est-ce là un renforcement de l'autonomie locale,
lorsque l'on rend plus dépendant un tiers vis-à-vis de
l'État ou ne serait-ce pas plutôt une centralisation? En effet, ce
que les gens d'en face ont fait, M. le Président, c'est de faire passer
une centralisation pour un renforcement de l'autonomie locale.
M. le Président, j'en arrive maintenant au projet de loi
proprement dit. Le projet de loi 69 présenté par le ministre de
l'Éducation et de l'Enseignement supérieur vient-il corriger la
situation de déséquilibre créée par la loi 57 de
1979? En fait, il vise à redonner aux commissions scolaires certaines
responsabilités et les moyens de les assurer à travers un
accès plus large au champ d'impôt foncier. Il aura d'abord pour
effet - et c'est important - d'améliorer l'enracinement local de
commissions scolaires et ce, à plusieurs niveaux tant culturel
qu'économique. Au plan économique, un meilleur enracinement local
contribuera à faciliter l'établissement de liens entre les
entreprises et les écoles, ce qui n'est pas négligeable dans le
contexte de nos énormes besoins en formation professionnelle, faciliter
l'établissement de liens entre les entreprises et les écoles.
Le projet de loi a aussi l'avantage de rapprocher le citoyen du palier
de responsabilité que représentent les commissions scolaires.
C'est un secret de polichinelle, M. le Président, que depuis quelques
années, peut-être même une dizaine d'années, le
palier scolaire ne suscite plus guère d'intérêt pour les
citoyens. Aux élections scolaires, les très faibles taux de
participation sont, à cet égard, hautement
révélateurs. Le ralentissement des commissions scolaires comme
palier significatif d'autorité ne pourrait, à ce chapitre,
qu'être bénéfique. Les citoyens se sentiront davantage
concernés par la vie scolaire dans leur milieu, dans la mesure d'une
contribution plus significative de leur part.
Le projet de loi 69 a aussi un autre avantage, celui d'augmenter les
ressources et les dispositions des commissions scolaires. Les commissions
scolaires disposeront, avec cette loi, de plus ou moins 40 000 000 $ de plus
pour faire face à des besoins d'équipement, d'entretien,
d'immobilisations. On connaît déjà, M. le Président,
l'état de certaines de nos écoles. Un certain nombre ont
grandement besoin d'amélioration et de restauration.
Et il y a un autre avantage au projet de loi présenté par
le ministre, qui mérite aussi d'être souligné. Ce projet de
loi met fin à une tendance à l'exclusion des commissions
scolaires du champ foncier. Les commissions scolaires puiseront dans le champ
de l'impôt foncier une somme de l'ordre de 320 000 000 $ en 1990-1991, et
l'année 1990-1991 marque ainsi le retour dans un champ d'impôt qui
avait été traditionnellement le leur avant 1979. Et, par la
même occasion, la part des commissions scolaires dans le financement de
leurs activités passera de 6 %, qui était leur niveau depuis
1979, à 12 %. Si l'on considère que même en doublant elle
demeurera nettement inférieure à la moyenne canadienne, il s'agit
là d'un simple réajustement des choses.
Pour les raisons que j'ai évoquées, M. le
Président, le projet de loi présenté par le ministre Ryan
est pleinement justifié. La situation de déséquilibre
créée par la loi 57 de 1979 devait être corrigée.
Les commissions scolaires retrouveront les éléments essentiels
à la vitalité du niveau de juridiction qu'elles
représentent dans notre société. Elles sont, au même
titre que les municipalités, des lieux essentiels à l'expression
de la démocratie locale. Le gouvernement, pour sa part, continuera de
financer l'éducation primaire et secondaire dans des termes qui sont
compatibles autant avec ses ressources qu'avec les idéaux
d'accessibilité et de qualité de l'éducation qui sont les
siens. (22 h 30)
Et en ce qui concerne la capacité concurrentielle de la
fiscalité québécoise, elle sera, par ce projet de loi,
préservée. Et c'est là une grande chose, dans le contexte
économique actuel, où il faut être extrêmement
soucieux de notre prospérité économique et surtout
éviter d'ériger des obstacles qui auraient pour effet de remettre
en cause les gains précieux que nous ont permis les années de
grande prospérité de la seconde moitié du milieu de cette
décennie. Et,
quant aux municipalités, le projet de loi ne modifie en rien,
mais en rien la situation actuelle. Elles n'auront pas à augmenter leurs
taxes à cause des dispositions de ce projet de loi. Et notre
gouvernement continue de les considérer comme des partenaires essentiels
dans tous les dossiers les concernant de près ou de loin. C'est pour
cette raison, M. le Président, que je défendrai le projet de loi
présenté par le ministre de l'Éducation et de
l'Enseignement supérieur. Merci, M. le Président.
Des voix: Bravo.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, Mme la
députée de Matane. M. le député de
Pointe-aux-Trembles.
M. Michel Bourdon
M. Bourdon: M. le Président, le projet de loi qui est
devant nous est présenté dans les termes suivants. Dans les notes
explicatives, on dit: "Ce projet de loi apporte diverses modifications à
la Loi sur l'instruction publique relativement aux modalités de
financement des commissions scolaires et du Conseil scolaire de l'île de
Montréal." Cependant, la réalité que ce projet de loi
recouvre est plus vaste. Il s'agit d'un nouveau partage fiscal que le
gouvernement a décidé unilatéralement d'appliquer aux
élus locaux, aux régions du Québec, sans tenir compte
d'aucune manière des représentations des
intéressés. En effet, il s'agit techniquement d'appliquer aux
commissions scolaires et au Conseil scolaire de l'île de Montréal
les changements fiscaux que le gouvernement a décidé
unilatéralement d'apporter pour l'ensemble des commissions scolaires du
Québec. Chacun sait de quoi il s'agit. On retourne vers les commissions
scolaires 280 000 000 $ de dépenses, les dépenses d'entretien et
d'immobilisation qui, avant, étaient assumées par le gouvernement
du Québec et on les fait, du même souffle, taxer pour 320 000 000
$, leur laissant une espèce de commission de l'ordre de 40 000 000 $ ce
qui, à l'égard de l'ensemble des besoins des commissions
scolaires, est bien peu d'argent. Et par ailleurs, on soulage le budget du
gouvernement du Québec de 280 000 000 $. Et donc, on a raison, du
côté de l'Opposition officielle, de dire et de
répéter que c'est une façon hypocrite de faire taxer par
d'autres; le gouvernement se sert du niveau scolaire pour effectuer une
ponction fiscale qui va coûter en moyenne 140 $ par année par
famille. Et, de cette manière, il pense alléger ses
difficultés budgétaires, dont il est vrai qu'elles proviennent en
partie du gouvernement d'Ottawa, qui a réduit toujours davantage, depuis
quelques années, les sommes qu'il dépense au Québec.
Par ailleurs, on peut comprendre les municipalités de voir d'un
mauvais oeil qu'un champ de taxation qui leur avait été
réservé en 1979 leur soit restreint. Et, à cet
égard, je voudrais rappeler, M. le Président, que la loi 57 de
1979 n'avait d'aucune manière comme résultat d'enlever de
l'autonomie aux commissions scolaires. Elle venait plutôt sanctionner un
nouveau pacte fiscal; on ne répétera jamais assez que
celui-là avait été convenu et négocié et que
celui qui est devant nous maintenant est imposé aux interlocuteurs
locaux. rappelons qu'avant 1979, m. le président, les
municipalités se finançaient par l'impôt foncier et
diverses sources locales, mais qu'elles recevaient un quart de la taxe de vente
qui, à l'époque, était de 8 %. le pacte qui a
été fait a impliqué, de la part des municipalités,
qu'il fallait renoncer à leur part d'une taxe évolutive, qui est
la taxe de vente. évolutive dans le sens que, à mesure que les
dépenses augmentaient, les municipalités avaient un quart de la
taxe de vente qui venait dans leurs coffres. on y substituait une taxe qui
n'est pas évolutive, qui est la taxe foncière, une taxe dont on
dit qu'elle est régressive, parce que la valeur de la
propriété ne correspond pas toujours à la capacité
de payer de ceux qui l'habitent; des retraités, par exemple, qui
habitent une résidence sur ihe de montréal, peuvent avoir des
revenus insuffisants, mais, si la valeur de leur propriété
augmente, leur taxe foncière fait qu'ils doivent payer davantage. pour
les municipalités, il y avait, en contre-partie, de leur réserver
la quasi-exclusivité du champ de l'impôt foncier, puisqu'on
réservait aux commissions scolaires 0,25 $ du 100 $ d'évaluation,
ou 6 % des dépenses nettes de chaque commission scolaire.
C'était donc un pacte, et le gouvernement, pour le briser, nous
invoque maintenant un certain nombre de choses. Par exemple, on parle
d'instituer une plus grande participation par une plus grande taxation. Je
pense, M. le Président, qu'il s'agit là d'un argument assez
creux. Je ne pense pas que c'est en taxant davantage que les gens vont
participer davantage au niveau scolaire. Par ailleurs, sur l'île de
Montréal, il faut bien ajouter, M. le Président, que le
gouvernement ne se contente pas de forcer une hausse de la taxe scolaire, qui
va atteindre, sur l'île de Montréal, 121 % - elle va plus que
doubler, la taxe scolaire - mais dans le dernier budget on a encore une fois
attaqué les élus locaux et régionaux, en particulier dans
la Communauté urbaine de Montréal, en annonçant aussi
l'intention de l'État de se désengager quant au financement des
dépenses d'opération du transport en commun. Dans le cas de la
Communauté urbaine de Montréal, M. le Président, cela va
représenter entre 150 000 000 $ et 175 000 000 $ qui vont tomber soit
sur les épaules des contribuables, encore une fois par l'impôt
foncier, soit sur les usagers des transports en commun, et dans des proportions
qui sont vraiment insupportables. On a parlé que la carte d'autobus et
de métro, par exemple, devrait passer d'un peu plus de 30 $ à
90 $ par mois, pour rencontrer ces nouvelles dépenses.
Il y a donc, M. le Président, une volonté du gouvernement
de pelleter ses problèmes financiers sur les autres et de taxer d'une
façon hypocrite en envoyant d'autres que lui au front, dans l'espoir que
la population ne verra pas la source de cette taxation. La source, c'est le
gouvernement du Québec, qui envoie 320 000 000 $ de taxes vers le niveau
local, à même l'impôt foncier. (22 h 40)
La raison pour laquelle le champ foncier a été
réservé presque exclusivement aux municipalités, en 1979,
M. le Président, c'est que la valeur foncière a un certain
rapport, dans les municipalités, avec les services municipaux qui sont
dispensés. Alors qu'au plan scolaire nous disions et nous disons encore
qu'il s'agit d'une responsabilité nationale et que c'est à
même les revenus de l'ensemble du Québec qu'il faut les financer.
Autrement, la qualité de l'éducation risque de dépendre de
la valeur des maisons et je comprends mal de voir des députés
ministériels, qui viennent de régions où
l'évaluation foncière est notablement plus basse que dans des
centres comme Montréal et Québec, nous dire l'enthousiasme qu'ils
éprouveront à être traités d'une façon
inégale. À cet égard, je pense que ça n'est pas
correct de prétendre que la qualité de l'éducation
reçue devrait dépendre de la valeur des propriétés
dans un milieu. L'éducation au Québec doit être nationale.
Sa responsabilité financière doit porter sur notre gouvernement
national.
Donc, M. le Président, on va créer des
inégalités importantes puisque la qualité de
l'éducation va être fonction de la valeur des maisons. Par
ailleurs, ce qu'on a devant nous comme projet n'est qu'un début d'un
mouvement plus vaste. On sait, M. le Président, qu'il a
été révélé que le Conseil du trésor
avait des plans pour retourner au plan local jusqu'à 1 400 000 000 $ de
dépenses. On peut donc voir que, si les dépenses
d'opération des transports en commun doivent revenir aux
municipalités - et, dans le cas de l'île de Montréal,
ça va être catastrophique, il faut le répéter - si
les dépenses d'immobilisations, d'entretien et de fonctionnement des
écoles reviennent aux commissions scolaires, c'est des pans complets des
missions de l'État qui sont retournés au plan local par un
gouvernement qui, après, peut se vanter d'avoir un déficit qui,
dit-il, n'est pas trop important, mais, en pratique, c'est parce qu'il aura
pelleté son déficit sur d'autres.
Dans le fond, le gouvernement, dans cette matière, ressemble
à quelqu'un qui, maltraité dans son entreprise, traite mal sa
famille chez lui, en ce sens que personne, du côté
ministériel, ne met vraiment en cause le régime politique
fédéral qui fait que le Québec verse bien plus qu'il ne
reçoit et que le Québec reçoit de moins en moins. Mais nos
élus municipaux et scolaires, ça, on est fantasque pour leur
rentrer dedans. Alors, on vend le Québec à Ottawa et on frappe
sur les élus au Québec. Je pense, M. le Président, que
c'est tout à fait une mauvaise orientation et que le gouvernement
devrait cesser de s'orienter dans cette direction-là.
Il est évident, par ailleurs, que les commissions scolaires ont
des besoins financiers grandissants et que les compressions des
dernières années les ont placées dans une situation
compliquée. Mais je répète que, dans les 320 000 000 $ qui
leur sont retournés sous forme de taxes qu'elles devront
prélever, le gouvernement les autorise à taxer pour 320 000 000
$, mais il leur prélève 280 000 000 $, ne leur laissant qu'un
faible, qu'un maigre montant de 40 000 000 $. Je pense donc qu'à cet
égard-là le ministre de l'Éducation et le gouvernement
nous amènent des mesures qui sont susceptibles de nuire à la
qualité de l'éducation dans nos écoles, et surtout de la
rendre inégale d'un quartier à l'autre, d'une région
à l'autre.
M. le Président, je pense que, quand on parle du pacte fiscal de
1979, que le gouvernement a déchiré et jeté au panier sans
aucune consultation des intéressés, il faut bien parler aussi de
ce qu'on appelle les "en lieu" de taxes. Le mot peut paraître
compliqué. La réalité est toute simple, c'est que les deux
gouvernements, le provincial et le fédéral, ont des immeubles
dans les villes, dans les régions, sur lesquels ils versent des "en
lieu" de taxes puisque les gouvernements ne peuvent pas être
imposés les uns les autres.
Cependant, on estime que, pour ce qui est du gouvernement de
Québec, les "en lieu" de taxes couvrent à peine 50 % de ce que
coûterait le versement d'une véritable taxe foncière. Lors
du pacte de 1979, c'était 40 %. En 1983, le gouvernement que nous
formions à l'époque a augmenté à 50 % et, depuis,
il n'y a plus rien. Pour une ville comme Montréal, le handicap est
sérieux. La ville de Montréal évalue son manque à
gagner à une trentaine de millions de dollars et l'île et la ville
de Montréal sont handicapées puisqu'il y a sur leur territoire
une très forte concentration d'hôpitaux, d'écoles et
d'universités, donc, de services publics qui ne paient pas leur juste
part de l'impôt foncier.
Et, dans ce sens-là, il y a quelque chose de cynique lorsque le
gouvernement, qui décide que les contribuables vont payer plus de taxes
foncières, se met lui-même à l'abri de la taxe
foncière en ne payant pas ses taxes comme tout le monde. Et on pourrait
penser que les gouvernements, parce que le fédéral fait de
même, devraient être des bons citoyens et payer leurs taxes comme
tout le monde.
M. le Président, il y a également un autre sujet qui est
abordé dans la loi 69, celui du financement de l'enseignement
privé où, pour l'essentiel, le gouvernement applique une
formule
qui fait qu'on ajoute 8 % au financement, sans l'indexer comme il
l'était auparavant, sur ce qui est versé au réseau
scolaire puisque la part du gouvernement du Québec au financement du
réseau scolaire vient d'être réduite de 280 000 000 $.
Donc, on ajuste une situation que le gouvernement lui-même avait
créée en faisant en sorte qu'on change les données de la
fiscalité au Québec. Et, à cet égard, M. le
Président, je voudrais dire qu'il y a, dans les décisions
gouvernementales, un peu de la mentalité que les commissions scolaires
et les municipalités sont des gouvernements inférieurs, des
succursales dont on peut racler les fonds de tiroirs quand, à
Québec, on manque un peu d'argent.
Et, à cet égard-là, je trouve que ça augure
mal de ce qui devrait être fait au Québec pour que les
régions aient plus de ressources et plus de pouvoirs pour s'acquitter de
leurs responsabilités. Car j'estime, quant à moi, que
l'idée d'avoir un Québec souverain devrait s'accompagner, dans ce
pays à construire, d'une plus grande décentralisation et du
retour, vers les régions, de pouvoirs plus importants. Or, ce que le
gouvernement est en train de faire comme tripotage de la fiscalité va
dans le sens contraire, puisqu'il prive les régions de moyens d'action,
qu'il enlève aux municipalités une partie de l'assiette fiscale
pour, dans le fond, l'imposer aux commissions scolaires qui, elles, ne
demandaient pas nécessairement cette formule, mais voulaient avoir un
financement plus adéquat. Et, à cet égard, le gouvernement
utilise vis-à-vis des commissions scolaires exactement le même
procédé que vis-à-vis des universités dont tout le
monde convenait qu'elles sont sous-financées. Dans le cas des
universités, on remplace les contribuables qui devront payer une taxe
foncière plus importante par les étudiants qui vont voir leurs
frais de scolarité augmenter d'une façon très importante,
sans, et il faut le dire, que les universités, qui se sont faites un peu
complices de ce fardeau qu'on refilait aux étudiantes et
étudiants, reçoivent nécessairement le fruit de
l'opération qu'elles ont aidé à conduire. (22 h 50)
Je crois donc, M. le Président, que cette loi est mauvaise dans
son essence et son principe, puisqu'elle va imposer des taxes
supplémentaires aux gens, sans égard à leur
capacité de payer, qu'elle va réduire l'assiette fiscale des
municipalités, qu'elle va laisser les commissions scolaires avec un
problème de financement qui va demeurer important et, surtout, parce
qu'il s'agit d'un pacte, d'une entente sanctionnée par une loi que le
gouvernement avait faite avec les élus locaux et que ce
gouvernement-là déchire au début de son deuxième
mandat qui va être le mandat de l'arrogance, le mandat de l'impuissance
vis-à-vis du gouvernement fédéral, le mandat des taxes. On
disait, parfois, qu'un gouvernement démocratique, c'est le gouvernement
du peuple, par le peuple, pour le peuple. De ce gouvernement, je pense qu'on
peut de plus en plus dire que c'est le gouvernement de la taxe, par la taxe,
pour la taxe.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le député de Verdun.
Une voix: De Pointe-aux-Trembles. M. Henri-François
Gautrin
M. Gautrin: Je pensais que c'était le député
de Pointe-aux-Trembles qui venait de...
Le Vice-Président (M. Cannon): Excusez! Oui.
M. Gautrin: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir et
un peu d'émotion qu'actuellement je m'adresse à cette Chambre.
Après avoir entendu, par l'orateur précédent, des propos
voulant que le premier ministre soit en train de vendre le Québec. Je
dois dire que je suis extrêmement fier, à l'heure actuelle, de la
manière brillante, constante avec laquelle notre premier ministre
défend actuellement la position du Québec à Ottawa.
Mais revenons au vif du sujet pour parler du financement des commissions
scolaires. M. le Président, le député d'Abitibi-Ouest a
dit, en terminant son allocution: II s'agit d'un changement de cap. Oui, il
s'agit d'un changement de cap par rapport aux positions que prenait le
gouvernement précédent. Oui, il s'agit d'un changement de cap
parce que cette loi reconnaît, comme nous l'avons toujours fait,
l'importance des commissions scolaires, importance des commissions scolaires
qui a été reconnue par la loi 107 qui a bien
précisé les rôles de chacun des intervenants au niveau
scolaire, importance des commissions scolaires qui a été
reconnue, par ce gouvernement, par la loi 106 qui a précisé les
moyens d'élire les commissaires, importance des commissions scolaires
que nous reconnaissons ici dans cette loi, et en leur donnant de nouvelles
responsabilités, en leur donnant les moyens d'assumer ces nouvelles
responsabilités.
Rapidement, M. le Président, essayons de revenir à la loi
57. La loi 57 adoptée en 1979, est celle, comme l'a rappelé
l'orateur précédent, qui a réformé la
fiscalité au niveau scolaire. Avant la loi 57, les commissions scolaires
pouvaient, en utilisant la taxation foncière, financer à peu
près de 30 % de leurs dépenses à partir de leurs revenus
autonomes. Après le "passage" de la loi 57, 6 %, en moyenne, des revenus
des commissions scolaires pouvaient provenir de leurs revenus autonomes,
c'est-à-dire des revenus de la taxation foncière. Perte notoire
de responsabilité, perte notoire d'autonomie. Et nous voulons,
actuellement, pouvoir redonner l'autonomie aux commissions scolaires.
Regardons comment ont évolué les éléments de
la loi 57. En 1980-1981, compte tenu des restrictions dans la loi 57, une
commission scolaire recevait à peu près 0,18 $ par 100 $
d'évaluation. À cause de la limite prévue dans la loi 57
des 6 % de dépenses admissibles, en 1989-1990, seulement 0,12 $
étaient obtenus par les commissions scolaires sur les 100 $
d'évaluation. Donc, lente érosion de l'autonomie des commissions
scolaires, lente érosion du pouvoir des commissions scolaires de
générer leurs propres revenus.
Dans la loi 69 et dans le discours sur le budget, on a clairement voulu
responsabiliser à nouveau les commissions scolaires, les responsabiliser
en leur transférant la responsabilité du fonctionnement des
équipements scolaires. De quoi s'agit-il? De la responsabilité de
l'entretien et de la réparation, de la responsabilité de
l'entretien ménager, de la responsabilité sur le plan financier
de la consommation énergétique et de la responsabilité de
la protection et de la sécurité. Un transfert de
responsabilités évalué à à peu près
300 000 000 $ ou 307 000 000 $.
Nous leur transférons des responsabilités, parce que nous
croyons réellement que ces gouvernements locaux doivent être et
sont des gouvernements responsables. Pour leur transmettre des
responsabilités, il fallait aussi leur donner les moyens d'assumer ces
responsabilités et la loi 69, que nous avons devant nous, M. le
Président, est clairement une réforme de la loi 57, une
réforme de la fiscalité des commissions scolaires et un moyen qui
leur est donné d'assumer ces nouvelles responsabilités. Ensemble,
regardons quels sont ces moyens.
Premièrement, une réforme de champ de la taxation
foncière en autorisant les commissions scolaires à aller
jusqu'à 0,35 $ des 100 $ d'évaluation. J'ai écouté
l'orateur précédent prétendre, à tort - et je vais
vous dire pourquoi - que ceci aurait permis de dire que les commissions
scolaires, où l'évaluation est élevée auront plus
de revenus que les commissions scolaires où l'évaluation est plus
faible. À première vue, on aurait certainement pu conclure cela,
mais la loi prévoit un mécanisme de péréquation. Il
est important de comprendre comment va fonctionner ce mécanisme de
péréquation pour rendre maintenant justice à toutes les
régions du Québec. Au contraire, cette loi-là, au lieu de
créer une injustice entre les régions éloignées et
les régions urbaines, va recréer la justice dans les revenus des
commissions scolaires, qu'elles soient dans les régions
périphériques, qu'elles soient dans les régions plus
éloignées des grands centres urbains ou dans les centres
urbains.
Regardons comment va fonctionner le mécanisme de
péréquation; il est assez simple, vous allez comprendre. Nous
évaluons l'équivalent étudiants, les étudiants
pondérés d'une commission scolaire, étudiants qui sont
pondérés en fonction de leur niveau d'études: 1, pour ceux
qui sont au primaire; 1,5, pour ceux qui sont au secondaire, enfin, il y a un
mécanisme pour obtenir, dans chaque commission scolaire, le nombre
d'étudiants pondérés. Ensuite, très simplement, on
dit: En fonction du nombre d'étudiants que chaque commission scolaire va
avoir, chaque commission scolaire va recevoir ou devrait recevoir 500 $ par
étudiant pondéré; 500 $ par étudiant
pondéré, qu'elle va aller chercher soit par les 0,35 $ par 100 $
d'évaluation ou, si elle n'arrive pas à obtenir ses
dépenses autorisées par les 0,35 $ des 100 $ d'évaluation,
par le mécanisme de péréquation, le gouvernement les lui
assurera, parce que nous croyons à l'égalité, à
l'égalité des chances de chacun des enfants quels qu'ils soient.
Qu'il habite dans un milieu urbain ou qu'il habite dans un milieu rural, chacun
et chaque enfant a droit à l'éducation. Pour assurer cela, le
mécanisme de péréquation va assurer à chaque
commission scolaire de recevoir l'équivalent de 500 $ par
étudiant pondéré. Il y a là, M. le
Président, un élément majeur de justice et de recherche
d'égalité qui est la poursuite de la justice sociale, qui a
toujours été l'apanage du Parti libéral du Québec.
(23 heures)
M. le Président, en résumé, cette loi 69 vient
préciser deux choses: d'une part, responsabiliser les commissions
scolaires, leur donner le moyen d'assumer leurs nouvelles
responsabilités; d'autre part, assurer une justice sociale, assurer une
égalité entre les régions, assurer une
égalité entre les villes et les campagnes pour permettre à
chaque enfant, à chaque petit Québécois de pouvoir avoir
l'éducation à laquelle il a droit. Parce que cette loi, M. le
Président, est fondamentalement juste, je pense que nous devons voter
tous ensemble en faveur de la loi 69. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Verdun. M. le député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Merci, M. le Président. Je vous ferai une
confidence en débutant. J'ai été fortement tenté de
modifier mes propos pour répliquer un peu à tous les intervenants
du côté ministériel, d'autant plus que, bien sûr,
lorsqu'ils s'attaquent ou qu'ils interviennent ou que leurs propos touchent
à l'aspect purement scolaire, puisqu'il s'agit de la loi 69 sur
l'instruction publique, sans être de leur avis, je comprends leurs
propos. Mais, lorsqu'on s'attaque ou on touche le moindrement à la loi
57, là, je sens une méconnaissance profonde de la
fiscalité municipale. Même le dernier intervenant admettait,
peut-être inconsciemment, que le présent projet de loi constituait
une réforme de la fiscalité municipale. Enfin, si c'est le cas,
c'est
une curieuse façon de procéder. On conviendra que
lorsqu'on veut réformer une politique, on veut réformer une loi,
on procède avec une loi qui amende cette même loi.
À tout événement, M. le Président, j'ai
fortement l'impression que la loi qui est devant nous n'est ni plus ni moins
que le produit d'un rapport de force entre deux ministres, soit d'abord le
ministre de l'Éducation qui, on le sait, a toujours été
très réactionnaire ou réfractaire à cette Loi sur
la fiscalité municipale, et cela depuis fort longtemps, et, d'autre
part, le ministre des Affaires municipales qui, lui, nous a avoué
indirectement son incapacité à résister à la
tentation du gouvernement. Il a fallu qu'il se plie aux directives du Conseil
des ministres de novembre dernier.
Il faut quand même, M. le Président, que le gouvernement
ait beaucoup d'audace, pour ne pas dire du culot, pour s'attaquer à la
Loi sur la fiscalité municipale parce que, il faut le reconnaître,
le projet de loi 69 a cet effet direct. Si c'est du culot ou de l'audace, M. le
Président, c'est parce que, pendant les années 1970 à 1976
où le Parti libéral était au pouvoir, le problème
du financement des municipalités existait déjà. On sait
que le gouvernement, pendant ces années, n'a pas eu le courage politique
de légiiérer sur le financement municipal et c'est pour ça
que je dis que tout en n'ayant pas eu le courage politique pendant ces
années-là, ce même gouvernement vient aujourd'hui
s'attaquer à une loi qui, quand même, est beaucoup plus importante
qu'on peut le penser. Le deuxième exemple de manque de courage, c'est,
bien sûr, le manque de courage du gouvernement devant ses soi-disant
difficultés financières. Bien, avoir le courage politique, c'est
y aller avec l'imposition de taxes directes et en supporter l'odieux
plutôt que de passer par les taxes au niveau du champ foncier et de se
libérer, bien sûr, de ses obligations auprès des
commissions scolaires.
Je disais tout à l'heure, M. le Président, que la Loi sur
la fiscalité municipale est une loi qui n'est pas comme les autres. On
dit assez fréquemment, d'ailleurs, on utilise l'expression de "pacte sur
la fiscalité municipale", on utilise même cette expression plus
souvent qu'on utilise la loi 57. C'est parce que ça indique que c'est
une loi qui a été longue. D'ailleurs, vous me permettrez
peut-être de rappeler toutes les commissions qui ont
précédé, parce que vous savez, depuis les années
soixante, le problème du financement des municipalités
était existant. Je pense que, sans faire un survol exhaustif, il y
aurait peut-être lieu de rappeler quelques étapes ou les
réflexions qui ont eu lieu pendant toutes ces années, en partant
peut-être de la Commission royale d'enquête sur la fiscalité
municipale, la commission Bélanger, qui a eu lieu entre les
années 1963 et 1965.
Il y a eu aussi une commission d'étude sur les problèmes
intermunicipaux, une commission d'étude sur les problèmes
intermunicipaux de l'île de Montréal; La Commission provinciale
d'urbanisme, qui proposait l'idée d'amener les municipalités
à prendre en charge l'aménagement du milieu urbain; il y a eu
aussi le plan REMUR, dans les années soixante-dix, qui proposait la
formation de villes de 8000 à 10 000 et la création de
communautés urbaines; il y a eu, en 1971, le livre blanc sur la
réforme municipale, qui proposait la création de 131
communautés régionales; il y a eu la Commission de refonte des
lois municipales, commission qui a siégé entre les années
1971 et 1976, qui visait l'adoption d'une seule loi générale en
remplacement de la Loi sur les cités et villes et du Code municipal,
enfin, il y a aussi la fameuse conférence provinciale-municipale de
1975, qui traitait d'urbanisme et des finances municipales.
Voilà quelques commissions, des travaux qui illustrent bien que
la situation du financement des municipalités existait depuis fort
longtemps. Et c'est pour ça que je dis que le présent
gouvernement fait preuve de beaucoup d'audace, voire même de culot
d'intervenir dans une loi alors que, lorsqu'il était au pouvoir, il n'a
pas eu le courage... parce qu'il faut le reconnaître, cette Loi sur la
fiscalité municipale a provoqué beaucoup de tiraillements.
Ça n'a pas été une loi facile.
On sait que cette loi avait pour but, bien sûr, d'accorder une
véritable autonomie aux municipalités. Et vous me permettrez de
rappeler les principaux éléments qui composaient et qui composent
la loi 57 et aussi de démontrer jusqu'à quel point la situation a
rétrogradé depuis. On se souvient que cette proposition ou ce
pacte proposait à l'ensemble des municipalités certains
échanges: d'abord, une reprise du produit de la taxe de vente de la part
du gouvernement; d'autre part, on libérait totalement ou, enfin,
à 94 % tout le champ foncier aux municipalités; le gouvernement
s'engageait à établir les "en lieu" de taxes pour environ 40 %
à 50 % des immobilisations ou des immeubles, c'est-à-dire, du
gouvernement, du public et du parapublic, et, enfin, certains
éléments de la loi, qui touchaient l'évaluation
municipale, permettaient d'introduire certains éléments au
rôle d'évaluation.
Mais, tout cela n'était considéré, à ce
moment-là, que comme le début d'une réforme fiscale
municipale, donc qui devait être complétée par la suite.
Mais, loin de là. M. le Président, cette réforme fiscale a
été loin d'être complétée. C'est la
rétrogradation d'année en année, et
particulièrement depuis que le Parti libéral est au pouvoir,
depuis 1986. Il faut rappeler, d'abord, que pour le paiement des taxes du
gouvernement sur la base de 50 % des valeurs qui devait normalement être
augmentée, c'a été le statu quo. Et que dire de
l'expérience, M. le Président, d'un élément fort
important de cette loi entourant l'évaluation municipale,
particulièrement l'article 65.1 qui a amené une multitude de
contestations des évaluations, particulièrement au niveau
de l'industrie et qui a provoqué des baisses majeures, voire
catastrophiques pour certaines municipalités au niveau de leur
évaluation. (23 h 10)
À tout cela, rappelons l'ajout des responsabilités, sans
que ces responsabilités soient accompagnées de l'aspect
économique. Alors, voilà plusieurs exemples qui démontrent
qu'en plus d'avoir une loi fiscale qui a été adoptée en
1979, qui devait être complétée, en plus de ne pas l'avoir
été, se voit coupée de plusieurs de ses aspects
importants. Et le comble du malheur, nous avons devant nous la loi 69.
Ça, c'est presque incroyable, il faut être ici pour le croire. Je
pense que je serais chez moi et je n'y croirais pas. C'est impensable. C'est
vraiment ne pas reconnaître l'importance de cette loi. Et sans souhaiter
de malheur au gouvernement, je pense bien que ce qu'il considère comme
des partenaires au niveau des unions municipales... Je pense bien que les cinq
conditions exigées par le monde municipale et auxquelles le gouvernement
semble vouloir répondre, c'est un dossier qu'il sera intéressant
de suivre...
Je disais que le comble du malheur, justement, est cette loi qui est un
amendement à la Loi sur l'instruction publique, mais qui, finalement, en
plus de briser ce pacte de 1980, ne règle pas le financement des
commissions scolaires. Le leader adjoint, cet après-midi, je pense, en
faisait la démonstration à partir de l'introduction ou de
certains propos compris dans le discours sur le budget où il
était très clairement démontré que, d'une part, le
gouvernement se désiste de certains engagements vis-à-vis du
monde scolaire pour finalement lui refiler la facture auprès du champ
foncier. En plus, ces statuts, c'est peut-être l'aspect le plus
scandaleux. C'est, de la part d'un ministre de l'Éducation, assujettir
la qualité de l'éducation à l'indice des richesses des
municipalités ou de la communauté. Je pense que le premier souci
d'un ministre de l'Éducation - et cela on le sait depuis la
réforme des années soixante - est l'universalité, le
même degré ou le même niveau de qualité
d'éducation pour l'ensemble du Québec. Ça, je pense que
ça doit être l'objectif numéro un du ministre de
l'Éducation. On sait fort bien que, permettre à une commission
scolaire d'élargir son champ foncier, bien sûr, au niveau du
principe et sur le plan politique des commissions scolaires, ça peut
paraître intéressant, mais quand on connaît la
disparité qui peut exister entre les différentes régions,
entre les différentes municipalités, je pense qu'on assujettit la
qualité de l'enseignement à cette disparité. Et je suis
convaincu que d'ici un an, deux ans, trois ans, peut-être moins, il
faudra faire le constat que cette loi est allée au détriment
d'une égalité ou de l'universalité de la qualité de
l'enseignement à travers le Québec. Évidemment, cette
inégalité ou la disparité, au niveau municipal, peut se
concevoir davantage, puisque les gens peuvent fort bien, à partir de
leur indice de richesse, déterminer les services qu'ils veulent bien se
donner, puisqu'il peut s'agir de loisirs sportifs, culturels, urbains, enfin,
différentes choses à différents niveaux. Mais lorsqu'on
touche à la scolarité, à l'éducation, je pense
qu'on ne peut pas se permettre les mêmes disparités.
Finalement, en conclusion, M. le Président, le présent
projet de loi n'a qu'un seul but en fait, c'est de donner suite aux directives
du Conseil des ministres de novembre dernier où on mandatait le
président du Conseil du trésor, le ministre des Affaires
municipales et le ministre des Finances, je pense, à s'attaquer au champ
foncier municipal, parce que c'est dans cette optique-là... Qu'on ne
vienne pas faire accroire à cette Chambre que le but de la loi 69, c'est
de corriger des lacunes au niveau scolaire. Ce n'est pas ça du tout.
D'ailleurs, on n'a qu'à regarder l'origine. D'où vient ce projet
de loi? Il vient de directives du gouvernement, du Conseil des ministres, dans
la perspective de la préparation de son budget. C'est ça la
véritable raison du gouvernement. Alors, j'avise le ministre que, s'il a
eu la collaboration de l'Opposition en commission parlementaire au niveau du
projet de loi 25, il ne l'aura pas, que ce soit en commission ou autrement,
pour ce qui est du projet de loi 69.
Ce projet de loi est un exemple, le plus bel exemple d'amateurisme.
C'est l'exemple d'un ministre réactionnaire à cette loi fiscale
de 1980. C'est un projet de loi d'un ministre non conscient des effets que
pourrait avoir ce projet de loi, soit, je le répète, d'assujettir
la qualité de l'enseignement ou de l'éducation à l'indice
de richesse des milieux de vie des municipalités, des communautés
et, partant de là, provoquer une disparité dans la qualité
de l'enseignement à travers le Québec.
Alors, M. le Président, je vous remercie et vous devez bien vous
douter que c'est, non pas avec plaisir, mais avec regret, parce qu'il aurait
été si intéressant de voter en faveur d'une loi
améliorant, bonifiant la Loi sur la fiscalité municipale, mais,
dans les circonstances, vous comprendrez que je devrai voter contre ce
présent projet de loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Dubuc. Toujours dans la poursuite du débat sur
l'adoption du projet de loi 69, M. le député de
Beauharnois-Huntingdon.
M. André Chenail
M. Chenail: M. le Président, en m'adressant aujourd'hui
à l'Assemblée nationale sur le projet de loi 69, Loi modifiant la
Loi sur l'instruction publique et la Loi sur l'enseignement privé, je ne
peux m'empêcher de réfléchir sur l'importance de
notre rôle de législateur et sur l'effet de cette loi dans
les commissions scolaires. Ce projet de loi, qui apporte des modifications sur
l'instruction publique relativement aux modalités du financement des
commissions scolaires, nous a permis, durant cette session, de comprendre la
fragilité financière des commissions scolaires dans les
différentes régions du Québec et surtout de créer
de l'intérêt pour un développement équitable.
Le projet de loi déposé par mon collègue, le
ministre de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la
Science permet aux commissions scolaires d'accroître leurs revenus
à même l'impôt foncier. Cette réforme permettra aux
administrateurs scolaires une autonomie plus grande à l'égard du
gouvernement et le gouvernement libéral, par ce projet de loi, normalise
la situation. m. le président, si on regarde un peu en arrière,
le gouvernement péquiste a complètement manqué de vision
avec ce qu'on appelle le pacte de 1979. le gouvernement péquiste ne
laissait presque plus de marges de manoeuvre aux administrateurs des
commissions scolaires, leur imposant des méthodes de gestion ne
correspondant pas à leur réalité. ce que l'on propose
aujourd'hui, nous, du gouvernement libéral, c'est le partage des
responsabilités avec les pouvoirs locaux. nous ne pouvons agir seuls et
les commissaires scolaires élus démocratiquement ont le droit
à leur autonomie. partager des responsabilités avec des pouvoirs
locaux est la vision de l'actuel gouvernement du québec, cette
façon de travailler permet d'agir localement, favorisant ainsi le
travail et les postes de commissaires et d'administrateurs scolaires. bien
sûr, des gens sont heureux de cette réforme et d'autres l'ont peu
appréciée. la mauvaise humeur des municipalités m'a
beaucoup touché. ayant été maire de la municipalité
de sainte-clothilde pendant près de dix ans, la réaction des
municipalités a été celle de gestionnaires
défendant avec acharnement une autonomie fiscale. cependant, elles
auraient tort d'ignorer certains faits et de ne pas voir plus loin que leurs
propres affaires. en effet, comme vous le savez déjà, la
dépendance des commissions scolaires québécoises envers
les subventions est un fait unique en amérique du nord. partout
ailleurs, l'école publique est financée à 40 % et plus par
l'impôt foncier. par exemple, dans la plupart des états
américains, les commissions scolaires tirent moins de 50 % de leur
revenu des subventions gouvernementales. et, au canada, le financement scolaire
s'établit à 25 %. ce nouveau partage, m. le président,
répond donc aux besoins des commissions scolaires en leur assurant une
stabilité dans les sources de revenu. dans ces conditions, elles
pourront régler des problèmes particuliers qui, habituellement,
passaient inaperçus dans des administrations trop centralisées.
le partage de responsabilités avec les pouvoirs locaux, voilà la
vision du projet de loi.
Les projets de loi d'ordre financier auxquels le gouvernement
fédéral a participé lors de la présentation de son
budget ne nous ont pas aidés. Nous avons dû assumer un manque
à gagner de 1 300 000 000 $. Ainsi, la récession
économique a amené avec elle plusieurs réalités
qu'on aurait préféré ignorer. Mais le gouvernement y a
fait face avec réalité. Le gouvernement québécois,
en tant que gestionnaire des fonds publics, a eu une décision à
prendre. Le gouvernement du Québec a des devoirs et il doit
répondre aux besoins de la population. Avec cette législation qui
est soumise aujourd'hui, sans doute que la population y gagnera.
Il faut préciser, M. le Président, que la décision
du gouvernement libéral d'accorder un pouvoir de taxation aux
commissions scolaires n'entravera aucunement l'autonomie des
municipalités. En effet, l'impôt foncier des contribuables
québécois restera de 15 % inférieur à celui de
l'Ontario. Après la hausse des frais de scolarité, après
la hausse des taxes scolaires, les municipalités resteront avec une
marge de manoeuvre de 1 000 000 000 $ de taxes foncières. Voilà,
M. le Président, un retour à la nornale. Nous devons redonner aux
commissions scolaires la place qui leur revient.
Dans un mémoire présenté en 1988, la
Fédération des commissions scolaires du Québec a eu raison
de conclure en disant que l'effort fiscal des contribuables
québécois au financement des coûts d'éducation n'est
pas proportionnel à la richesse du milieu et que les plus grands efforts
sont fournis par les milieux les moins favorisés. Ainsi, le pacte
péquiste de 1969 a été jugé inéquitable par
ceux-ci. Par exemple, un milieu rural comme mon comté de
Beauharnois-Huntingdon ne peut atteindre le maximum de 0,25 $ par 100 $
d'évaluation, alors qu'à Montréal, il est de 0,07 $ par
100 $ d'évaluation. Avec ce projet de loi, nous aurons droit à
une répartition plus équitable. Ainsi, avec ce projet de loi, le
gouvernement, en plus de proposer le partage des responsabilités, nous
parle d'équité. Voilà la vision du gouvernement
libéral. En termes clairs, la réforme présentée par
mon collègue, le ministre de l'Éducation, de l'Enseignement
supérieur et de la Science signifie que, pour une année
financière complète des commissions scolaires,
l'élargissement de l'impôt foncier pourrait atteindre 320 000 000
$, soit 121 % de plus que pour l'année 1989. Depuis 1979, le
gouvernement québécois subventionne 95 % des coûts des
commissions scolaires contre moins de la moitié en Ontario.
Avec un retour à l'autonomie financière, cette formule
devrait susciter un regain d'intérêt dans la population, plus
particulièrement chez les parents pour la gestion des affaires
scolaires. Le gouvernement péquiste de 1979 aurait dû savoir qu'on
ne peut économiser si on ne sait pas
combien ça coûte. Leurs économistes devraient savoir
qu'en 1979 le pacte a été fait sur le dos des commissions
scolaires.
M. le Président, à mon avis, la qualité de
l'éducation réside dans le fait que nous devons savoir à
quoi sert chaque dollar investi. Les administrateurs scolaires
démotivés ne le savent plus. Dans ce sens, le projet de loi 69
mobilisera et responsabilisera ceux-ci. C'est ça, la vision de gestion
moderne du gouvernement libéral: le partage des responsabilités,
une gestion équitable et la qualité de l'enseignement. Il est
certain que le projet de loi peut déranger. Toute réforme et tout
changement dérange des choses établies, mais certaines situations
nous placent face à des réalités que l'on doit affronter
et, là, nous devons trouver des solutions durables. Alors, sans
accroître notre déficit et sans augmenter les impôts, le
ministre de l'Éducation a trouvé une solution qui convient
à l'une et l'autre des parties.
M. le Président, tout évolue d'une façon rapide et
le monde de l'éducation tout autant. Le marché du travail
évolue et des nouvelles technologies apparaissent
régulièrement dans tous les secteurs d'activité. Nous
devons favoriser et être le plus possible de cette nouvelle connaissance.
Nous devons adopter et favoriser des méthodes de gestion ouvertes et, en
même temps, rigoureuses. Le mode de financement que propose le projet de
loi 69 répond aux besoins présents. M. le Président, la
réforme du financement scolaire s'impose et celle que propose le
gouvernement libéral continue d'assurer un pas dans la bonne direction.
L'essence même de notre tradition en matière scolaire, c'est de
remettre l'existence d'organismes qui assurent en même temps des
responsabilités administratives et des responsabilités
pédagogiques. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Merci, M. le
député de Beauharnois-Huntingdon. Mme la députée de
Taillon.
Mme Marois: Oui, M. le Président. À ce moment-ci de
nos travaux, je crois que, tel qu'il a été entendu entre les
leaders, nous proposons l'ajournement de nos travaux.
Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que cette motion est
adoptée?
M. Lefebvre: L'ajournement du débat.
Mme Marois: L'ajournement du débat, pardon.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Cannon): Alors l'ajournement du
débat est adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. On n'appelle
rien d'autre ce soir et, dans les circonstances, je fais donc motion pour
ajourner les travaux à demain matin, 10 heures.
Le Vice-Président (M. Cannon): Est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Cannon): Adopté. Alors les
travaux de cette Assemblée sont terminés et sont
reconvoqués pour demain matin, le vendredi 8 juin, à 10
heures.
(Fin de la séance à 23 h 28)