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(Dix heures six minutes)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. M. le leader adjoint du gouvernement, aux affaires du jour.
M. Bélisle: Bonjour, M. le Président. Je vous
demanderais d'appeler l'article 56 de notre feuilleton, s'il vous
plaît.
Projet de loi 284 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 56,
m. le député de gatineau propose, au nom du député
de saguenay, l'adoption du principe du projet de loi 284, loi modifiant l'acte
pour incorporer le ste marguerite salmon club. est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
député de Gatineau propose, au nom du député de
Saguenay, l'adoption du projet de loi 284, Loi modifiant l'Acte pour incorporer
le Ste Marguerite Salmon Club. Est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. Alors, le
projet de loi 284 est donc adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, nous poursuivons avec
l'article 57 de notre feuilleton.
Projet de loi 291 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 57,
m. le député de gatineau propose, au nom de m. le
député de louis-hébert, l'adoption du principe du projet
de loi 291, loi concernant les services de santé du québec.
est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix: Sur division.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le député de Gatineau propose, au nom du
député de Louis-Hébert, l'adoption du projet de loi 291,
Loi concernant Les Services de santé du Québec. Est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 58, M. le Président.
Projet de loi 292 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 58,
m. le député de gatineau propose, au nom du député
de saint-louis, l'adoption du principe du projet de loi 292, loi concernant
betts realty ltd. est-ce que cette motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
député de Gatineau propose, au nom du député de
Saint-Louis, l'adoption du projet de loi 292, Loi concernant Betts Realty Ltd.
Le projet de loi 292 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 59, M. le Président.
Projet de loi 293 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 59,
m. le député de gatineau propose, au nom du député
de taschereau, l'adoption du principe du projet de loi 293, loi concernant
mutuelle des fonctionnaires du québec. est-ce que cette motion est
adoptée?
Des voix: Sur division.
Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le député de Gatineau propose, au nom du
député de Taschereau, l'adoption du projet de loi 293, Loi
concernant Mutuelle des fonctionnaires du Québec. Le projet de loi 293
est-il adopté?
Des voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, nous sommes
prêts à procéder aux autres étapes concernant divers
projets de loi. Nous avons besoin de la présence du ministre des
Affaires municipales qui doit arriver d'ici à quelques secondes. Alors,
je vous demanderais de suspendre quelques instants, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je suspends les travaux
pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 10 h 08)
(Reprise à 10 h 12)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, l'article 37, si vous
le voulez bien.
Projet de loi 182 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 37,
M. le ministre de la Sécurité publique propose l'adoption du
projet de loi 182, Loi modifiant ia Loi sur les permis d'alcool et la Loi sur
la Société des alcools du Québec. M. le ministre de la
Sécurité publique. Non? M. le député d'Ungava, la
parole est à vous.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président. Eh bien, quelques mots
quand même, en terminant, avant l'adoption finale de ce projet de loi,
afin de bien recamper les positions et ce qui nous amène à voter
en faveur de ce projet de loi avec le gouvernement, tout en maintenant un
certain nombre de restrictions et de questionnements. Je crois qu'il est bon de
faire le point afin que les choses soient claires pour tout le monde.
D'abord, M. le Président, on a là un projet de loi qui se
veut, d'une certaine façon, une vocation de rafraîchissement, de
nettoyage et de dépoussiérage de la Régie des alcools, qui
va faire en sorte de permettre un fonctionnement peut-être un peu plus
moderne ou un peu plus adapté à la réalité
d'aujourd'hui.
C'est ce que le ministre a défendu tout au cours du processus
d'adoption de ce projet de loi, entre autres, en ce qui concerne le travail des
régisseurs, la possibilité de modifier le comportement de la
Régie dans la façon de recevoir et d'analyser les demandes de
permis d'alcool et aussi le travail qui doit se faire afin de pouvoir s'assurer
que les permis soient utilisés au mieux, dans le plus grand respect de
la loi. Il s'agit là, donc, de quelque chose qui s'évaluera
à l'usage. Au moment où on se parle, disons qu'on doit laisser la
chance au coureur et on prétend que le ministre a probablement raison,
mais on verra à l'usage. On sera probablement plus en mesure de voir ce
que ces changements-là auront donné de positif au cours des mois
et, éventuellement, il sera toujours temps de revenir là-dessus
si jamais ça ne donne pas les résultats escomptés.
Un autre élément aussi qui n'est pas de moindre importance
en ce qui concerne la Régie comme telle, c'est la possibilité
qu'a maintenant la Régie, avec cette loi-là, d'émettre des
permis de fabrication et d'entreposage d'alcool, de bière, de vin et de
cidre, des permis temporaires, ce qui était ou qui relevait
jusqu'à maintenant, d'une façon tout à fait exclusive, de
la Société des alcools du Québec. Alors, aujourd'hui,
à partir de l'adoption de ce projet de loi là, il sera possible
pour la Régie d'émettre des permis de fabrication, de
distillation de différents produits alcoolisés et il sera aussi
possible à la Régie de donner des permis en
complémentarité de permis existants, des permis qui ne sont pas
donnés à de nouvelles entreprises, mais qui peuvent être
donnés à une entreprise existante pour entreposer ou produire
à un endroit autre que celui prévu dans la licence, dans le
permis que détient l'entreprise.
Encore là, il s'agit probablement de cas marginaux. J'imagine que
ça ne fera pas en sorte que tout le monde au Québec pourra
produire son alcool à volonté, ce qui serait peut-être
déplorable comme mesure. Alors, il s'agit là de cas marginaux et
nous serons sûrement en mesure encore d'évaluer avec le temps,
à l'usage, qu'est-ce que tout cela veut dire finalement, vers où
ça va nous mener. Est-ce que cela va porter à exagération?
Il semble que non, d'après les dires du ministre et des responsables de
la Régie. Alors, nous verrons.
Une autre notion qui apparaît dans ce projet de loi là et
qui, elle, est un peu "touchy", pour reprendre un terme qui nous est familier,
c'est la notion de la tranquillité publique. Hier, à la prise en
considération du rapport, après l'intervention du ministre, je me
suis permis de lui poser une question, à savoir qu'est-ce que ça
signifiait, la notion de tranquillité publique, et à partir de
quel moment la tranquillité devient publique ou reste privée.
C'est un peu délicat. C'est un peu la notion de la société
distincte, vous savez. Tout le monde en parie, mais il n'y a personne qui sait
ce qu'il y a là-dedans, qu'est-ce qu'une société
distincte. Alors, là, on se retrouve avec un concept à peu
près semblable.
Lorsque l'on joue avec des concepts comme
ça, qui sont plutôt de tendance philosophique, eh bien! il
devient excessivement difficile de les ancrer dans une loi, de les normer, de
les encadrer très spécifiquement à l'intérieur
d'une loi. Et l'application de ces principes-là relève, à
toutes fins pratiques, du bon jugement de celui qui a à prendre la
décision, et ce bon jugement-là, dépendamment aussi de la
personne qui prend la décision et du contexte dans lequel la
décision est prise, peut varier, peut ne pas avoir le même
contenu, la même saveur, la même raison, la même
signification entre un moment et un autre et entre un décideur et un
autre décideur. Alors, il y a tout ce contexte de la tranquillité
publique qui, moi en tout cas, m'agace un peu, comme contexte ou comme principe
que l'on retrouve inscrit dans une loi comme celle-là.
Est-ce que, par exemple, M. le Président... Et là, je
m'adresse surtout au cas où la notion de tranquillité publique,
telle que prévue dans la loi, pourrait empêcher l'émission
d'un permis d'alcool pour une activité en particulier, pour une
activité très précise, très ponctuelle et qui peut
avoir été promue par un certain nombre d'individus dans le cadre
d'une festivité, d'une fête quelconque. Je prends, par exemple,
des fêtes de quartier liées à la fête nationale du
Québec. Est-ce que des invidivus, un groupe d'individus qui en auraient,
ou qui n'aimeraient pas, ou qui préféreraient que l'on ne fasse
pas trop de festivités au moment de la fête nationale du
Québec pourraient, sur la base du principe que l'on retrouve dans ce
projet de loi, empêcher que se tienne une fête de quartier, parce
qu'il peut y avoir consommation d'alcool, parce qu'il peut y avoir, enfin, un
certain nombre d'événements très spécifiques
liés à la fête nationale et qui sont rendus possibles,
entre autres, parce qu'il y a la possibilité de prendre un petit verre
et de s'amuser ensemble? Alors, sur la base de ce principe-là, des gens
pourraient empêcher que se tienne une fête de quartier en
empêchant que l'on puisse émettre un permis d'alcool ou de vente,
de distribution de boisson, par exemple, en plein air dans ce
quartier-là. (10 h 20)
La même chose pourrait se passer, M. le Président, au
moment du Carnaval, j'imagine, à Québec. On sait qu'il y a
beaucoup de gens qui se plaignent de la façon dont ils sont
traités, enfin des résidents immédiats de Québec
qui se plaignent de la façon dont ils sont traités au moment du
Carnaval. C'est très dérangeant. Bon, il y a des gens qui sont en
boisson, qui s'amusent et on ne peut pas dormir la nuit. Alors, de quelle
façon, à ce moment-là, ces gens-là pourraient-ils
intervenir en se basant sur l'article prévu dans la loi, qui,
maintenant, va permettre au régisseur d'empêcher l'émission
d'un permis d'alcool sous le prétexte de la tranquillité
publique? De quelle façon des gens pourraient-ils nuire ou
empêcher ou, enfin, pour le moins, ralentir considérablement les
élans de la popula- tion dans le cadre d'une activité, par
exemple, comme le Carnaval de Québec? Moi, je pense qu'il y a
là... Vous voyez un certain nombre d'exemples qui nous permettent de
comprendre que la notion de tranquillité publique n'est pas
nécessairement évidente dans son application.
Il peut arriver aussi, M. le Président, que, comme on en
connaît partout à travers le Québec, on ait des festivals,
on ait des activités de toutes sortes: la Traversée
internationale du lac Saint-Jean, les Régates de Valleyfield, etc.
Prenons tout ce genre d'activités qui sont des activités dans
lesquelles les gens aussi aiment bien ça prendre un petit verre et pour
lesquelles on émet un certain nombre de permis qui vont faire en sorte
de pouvoir tenir des stands où on va vendre de la bière sur le
bord d'un quai, à l'entrée d'un stationnement, dans un endroit
public, etc.
Alors, pour une raison ou pour une autre, qui pourrait même,
à la limite, être une raison de conflit à
l'intérieur de l'administration d'une municipalité, enfin, ou des
gens qui ne sont pas satisfaits pour x raison, il pourrait arriver qu'un groupe
se présente et dise: À partir de cette année, on va
s'opposer systématiquement à ce qu'il y ait vente et consommation
de boissons, par exemple, dans les rues de Roberval, au moment de la
Traversée internationale du lac Saint-Jean, sous le prétexte que
ça nuit à la tranquillité publique pendant la semaine de
festivités qui est liée à la Traversée
internationale du lac Saint-Jean. J'imagine que ça pourrait nuire
énormément aux organisateurs. J'imagine que ça pourrait
créer des dommages souvent même irréparables à une
activité aussi importante, et qui est devenue une tradition au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, telle qu'est la Traversée internationale du lac
Saint-Jean. Alors, de quelle façon cette notion-là de
tranquillité publique va-t-elle être appliquée? On a
à se poser de sérieuses questions. Le ministre disait, hier: Vous
savez, les gens sont là pour juger, et puis on analyse ça et puis
on introduit une notion, mais, évidemment, il faut faire confiance au
sens commun.
Mais lorsque l'on a un principe dans une loi, le sens commun, dans le
fond, c'est l'opinion de celui qui a à prendre la décision. Comme
je vous le disais, M. le Président, tout à l'heure, on parle
depuis quelques années de société distincte au
Québec; c'est un principe, c'est une notion. On a eu beau en parler, on
a eu beau en discuter, il y a plein d'experts qui se sont penchés sur le
dossier, qui ont essayé de comprendre ce que ça voulait dire et,
encore aujourd'hui, il n'y a personne qui sait ce qu'il y a vraiment de
légal, de "légiférable", de palpable sur le plan de la
législation dans un concept comme celui de la société
distincte.
C'est exactement ce genre de concept, ce genre d'approche que l'on
retrouve dans la loi que l'on a sous les yeux avec le concept de la
tranquillité publique. J'imagine que les intentions du ministre
sont excellentes. Moi aussi, je suis un fervent défenseur de la
tranquillité publique, je dirais même que j'irais jusqu'à
défendre la notion de la tranquillité publique sur le pont
Mercier, mais...
Une voix: ...Mohawks qui sont là.
M. Claveau: Est-ce qu'ils ont le droit de ne pas respecter la
tranquillité publique, M. le député?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, si vous voulez continuer de vous adresser à la
présidence. M. le député de Laval-des-Rapides, si vous
voulez parler, vous demanderez la parole en temps et lieu. M. le
député, si vous voulez poursuivre.
M. Claveau: Alors, c'est ça. Je pense que les intentions
du ministre sont bonnes, mais d'introduire une notion semblable dans une loi,
ça peut compliquer l'application de cette loi-là. Encore
là, nous verrons, à l'usage, ce que tout cela peut bien vouloir
dire, parce que ce n'est pas évident que ce soit
interprété de la façon dont le ministre voudrait bien que
ce le soit. Ce n'est pas évident que, dans la population, dans le
quotidien, les gens vont réagir à cette notion-là,
maintenant qu'elle a force de loi, si vous me passez l'expression, de la
même façon ou avec les mêmes intentions, avec les
mêmes intérêts que ceux qui ont motivé le ministre
pour introduire cette notion-là dans la loi.
M. le Président, comme on l'a dit tout à l'heure, il y a
un autre élément dans cette loi-là qui est celui qui
permettrait - encore là, j'imagine que le ministre l'a fait avec de
bonnes intentions - à des commerces ouverts 24 heures par jour de vendre
de l'alcool 24 heures par jour. Le ministre a retiré cet
amendement-là à la loi et je crois que l'ensemble des
Québécois et des Québécoises en est content. Je
constate dans la population que la grande majorité ne souhaitait pas
particulièrement que l'on vende de l'alcool 24 heures par jour.
D'ailleurs, M. le Président, je voulais le mentionner hier mais
ça m'a échappé, lorsque le ministre est arrivé avec
cet amendement-là dans la loi, cette nouvelle proposition-là,
moi, ma première réaction, c'a été de dire: Coudon,
d'où ça vient, ça? Comment ça se fait que ça
apparaît tout à coup? L'année dernière on a
passé des semaines et des semaines et des semaines à discuter de
la loi sur les heures d'affaires. Tout le monde s'est présenté
devant cette Chambre, en commission parlementaire, défendant des points
de vue diamétralement opposés, à l'occasion, mais de toute
tendance, de toute nature, des opinions... Vraiment, on a fait une panoplie, un
éventail global de tout ce qu'il y avait d'opinions possibles et
imaginables sur le commerce de détail au Québec et personne, mais
personne, jamais personne n'a fait quelque allusion que ce soit à la
possibilité de vendre de l'alcool 24 heures par jour. Même pas les
propriétaires des chaînes de dépanneurs qui sont ouverts 24
heures par jour, lorsqu'ils se sont présentés en commission
parlementaire, n'ont présenté une telle notion ni dans leurs
mémoires, ni dans leurs présentations verbales devant la
commission parlementaire. Et, tout à coup, la possibilité
apparaît. Tout à coup, malgré tout ça - et j'imagine
que si le problème existe cette année, il devait exister
l'année dernière aussi - on a un projet de loi qui dit: On va
modifier les heures de vente de boissons alcoolisées dans les commerces
qui sont ouverts 24 heures par jour, du type dépanneur, pour
consommation à domicile, enfin, pas pour consommation sur place, mais
pour consommation à domicile ou pour apporter, si vous
préférez.
Alors, vous voyez ma surprise. La première chose que je me suis
dite, c'est que ça n'avait pas d'allure. Comment ça se fait que
l'année dernière, au moment de l'étude de la modification
de la loi sur les heures d'affaires, alors que tout le monde avait beau parler
de tous les points de vue, avait beau amener tout ce qu'on pouvait penser sur
la commercialisation de tous les produits qu'on pouvait avoir au détail
au Québec, il n'y a jamais personne qui a eu la moindre idée, qui
a apporté le moindre soupçon à l'effet qu'il serait
important de vendre de la boisson 24 heures par jour. Et là, tout
à coup, on se retrouvait dans la loi avec une possibilité de
vendre de la boisson 24 heures par jour, prétextant qu'il s'agissait
là de faits nouveaux dans notre société, d'une adaptation
au modernisme de la société des années quatre-vingt-dix
où il y a de plus en plus de gens qui travaillent de nuit, il y a de
plus en plus de gens qui veillent tard, il y a de moins en moins de gens qui
travaillent, c'est bien évident. Avec le taux de chômage et le
taux d'aide sociale qu'on a actuellement, il est fort probable qu'il y ait plus
de gens qui soient portés à prendre une bière la nuit et
plus longtemps que d'habitude. (10 h 30)
Une voix: Pourquoi pas la drogue?
M. Claveau: Pourquoi pas?
Une voix:...
M. Claveau: C'est clair.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le député de Lévis, vous n'avez
pas la parole. Si vous voulez la demander, vous la demanderez en temps et lieu.
M. le député, si vous voulez poursuivre.
Une voix: On l'a assez entendu hier. Il a assez parlé
hier.
M. Claveau: Donc, vous comprendrez que nous nous
réjouissons que le ministre ait retiré cet amendement-là
de sa loi parce que nous croyons, en bons citoyens et comme la grande
majorité des citoyens du Québec, que ce n'est pas un cadeau
à faire à personne que de permettre la consommation ou l'achat -
ça, la consommation, tout le monde peut boire tant qu'il veut - de
boissons alcoolisées toute la nuit dans les dépanneurs. C'est
à toutes fins pratiques de stimuler la consommation d'alcool, d'une
part, et, d'un autre côté aussi, c'est de donner l'image,
d'accentuer l'image d'une société qui ne vit plus que la nuit ou
qui vit de plus en plus la nuit parce que, probablement, elle n'a pas d'ouvrage
le jour. Mais c'est de donner l'image d'une société à
l'envers. On ne peut pas, pour aussi moderne que soit notre
société, accepter et légiférer pour en faire une
société qui vit à l'envers. dans la nature, on vit
généralement le jour, et la nuit, on se repose. à quelques
exceptions près, peut-être, vous me direz, il y a des animaux
nocturnes, mais dans la grande majorité des cas, on vit le jour et on se
repose la nuit ou on est en activité le jour et on se repose la nuit. il
n'y a rien qui empêche quelqu'un qui veut bien prendre une bière
toute la nuit de la prendre, sa bière, toute la nuit, en autant qu'il
reste tranquille et qu'il ne dérange pas, selon le concept de la
tranquillité publique. mais de là à lui dire: ce n'est pas
grave, si tu n'as plus de bière à 2 heures le matin, tu auras
juste à traverser au dépanneur en face et tu iras t'en chercher
et tu pourras continuer à boire toute la nuit, là, il y a une
marge. on a l'habitude dans nos sociétés... m. le
président, dans le contexte dans lequel on vit, on connaît la loi,
on sait comment ça marche, on a l'habitude que si on décide qu'on
va prendre une bière toute la nuit, on va faire nos réserves en
conséquence avant 23 heures. si on n'a pas été assez
prévoyant pour en acheter assez avant 23 heures, eh bien tant pis! ou
peut-être même tant mieux! ça va probablement nous permettre
de nous coucher plus de bonne heure et de nous lever le lendemain matin dans de
meilleures conditions, dans de meilleures aptitudes pour chercher du travail si
on n'en a pas et pour garder son travail si on en a un.
Cela étant dit, M. le Président, je termine ici mon
allocution en précisant que même si nous votons pour ce projet de
loi là, parce que nous croyons qu'il y a beaucoup
d'éléments intéressants, il n'en reste pas moins que
beaucoup des articles ou beaucoup des comportements qui vont être
modifiés par ce projet de loi là, autant à l'interne,
à la Société des alcools, qu'à l'externe, en ce qui
concerne les consommateurs, les fabricants, les distributeurs, les entreposeurs
de boissons alcooliques, ces comportements-là ne sont pas
évidents et il y a des choses là-dedans qu'on ne connaîtra
qu'à l'usage. Nous souhaitons que le projet de loi ait les effets
souhaités par le ministre, les effets que le ministre veut bien qu'il
ait, mais ça, nous le saurons au cours des prochains mois et des
prochaines années. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député d'Ungava, de votre intervention. M. le ministre des
Affaires municipales.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais seulement apporter
une précision parce que le député d'Ungava, dans son
discours, a laissé entendre qu'il n'y aurait eu aucune
représentation de quelque source que ce soit concernant la modification
aux heures de vente des boissons alcooliques dans les épiceries. Or,
c'est faux. C'est faux parce qu'il y avait eu des représentations au
cours des mois qui ont précédé le dépôt du
projet de loi et c'est justement en réponse à ces
représentations que la Régie des permis d'alcool avait soumis des
propositions de modifications. Parmi les instances qui avaient fait des
représentations, il y avait l'Association des détaillants en
alimentation du Québec. Ce n'est pas n'importe qui; c'est le corps qui
est le plus habilité à parler au nom des détaillants en
alimentation du Québec. Dans une lettre que cette Association adressait
au président de la Régie des permis d'alcool du Québec, le
9 octobre, elle indiquait très clairement son désir de voir des
modifications apportées. Elle indiquait même, ce n'est pas mauvais
que...
Avez-vous une question? Alors, elle indiquait même, contrairement
à ce qu'on a entendu dans cette Chambre - je l'évoque non pas
parce que je veux faire de débat maintenant, c'est parce que je veux
indiquer qu'il n'est pas terminé, il n'a pas eu lieu encore, il commence
- qu'à son point de vue une mesure comme celle qu'elle demandait,
c'est-à-dire la libéralisation des heures de vente, serait de
nature à diminuer plutôt qu'à intensifier la
criminalité. je vais vous donner un extrait de la lettre: "ii faut noter
que les dépanneurs desservent par définition une clientèle
locale qui nécessite peu de déplacements en voiture. de plus, le
dépanneur vend des produits pour consommation à la maison. aussi,
nous croyons fermement que permettre à la clientèle d'acheter ses
boissons alcoolisées entre 23 heures et 8 heures dans les
dépanneurs ne créera pas un accroissement de conducteurs
automobiles avec facultés affaiblies, mais devrait plutôt
permettre une réduction de ce phénomème, car le
consommateur aura alors la liberté de consommer chez lui plutôt
que d'être obligé d'acheter sa boisson dans un
établissement à consommation sur place."
On continuait là en faisant valoir le problème
économique de dépanneurs, aussi, qui ont de grandes
difficultés économiques. Il y a
même un bon pourcentage de ventes qui se font de manière
subreptice. Il y a des employés qui trichent la couronne avec ça.
Des fois, il y a des amis qui se présentent ou il y a des gens qui se
présentent au magasin et ils vont prendre la peur et ils se disent: On
va lui vendre six bouteilles, on va se débarrasser de lui, et ils ne
font pas rapport. Il y avait toutes sortes de facteurs qui étaient
invoqués.
Je voudrais simplement souligner... J'ai été content
d'écouter les représentations qu'on a faites. Il n'est pas
question que je revienne, évidemment, sur cette
décision-là parce qu'on ne joue pas aux fous là-dedans, il
faut être sérieux. Mais je voudrais qu'au cours des mois à
venir on entreprenne la discussion en ayant l'ouverture d'esprit voulue pour
regarder des deux côtés. Il faudra, en bout de ligne, atterrir
avec une solution réaliste, juste et conforme au sens commun, à
la sagesse commune dont parlait le député d'Ungava tantôt,
je n'ai pas d'objection à ça.
Alors, sur ce point, je le répète encore une fois, avec le
projet de loi 182, l'Assemblée nationale maintient le régime
actuel concernant la vente des liqueurs alcoolisées dans les
épiceries, c'est-à-dire qu'à 23 heures on doit cesser la
vente de boissons alcoolisées et on n'est pas autorisé à
la reprendre avant 8 heures, le lendemain matin. Alors, ça, ça
reste la règle partout à travers le Québec; c'est une
règle qui ne souffre pas d'exception.
Je mentionne également, pour que tout ceci soit très
clair, que tout détenteur de permis de vente de boisson alcoolique doit
exploiter son permis de manière à garantir en tout temps que la
tranquillité publique est maintenue dans son établissement. Un
propriétaire qui ne réussirait pas à maintenir la
tranquillité publique dans son établissement, c'est-à-dire
à assurer qu'il n'y circulera pas de drogue, qu'il n'y circulera pas
d'arme, qu'il ne s'y produira pas de combat, de lutte ou de rixe, cette
personne, si elle n'est pas capable de donner ces garanties, s'exposera
à des sanctions graves qui pourront aller de la réprimande
à la suspension et même à la révocation du permis.
Il faut que ce soit très clair. Autrefois, ces choses-là
n'étaient pas nettes dans la loi, mais, avec le projet que nous
adoptons, tout ceci est clarifié d'une manière qui ne devrait
laisser de doute dans l'esprit de personne.
Je souligne encore une fois qu'il est très important que le
commerce des alcools soit l'objet d'une surveillance spéciale
étant donné ses répercussions sociales
considérables. Il n'est pas question de l'abolir d'aucune
manière, mais il faut qu'il soit réglementé et
surveillé. Je veux signaler que la Régie des permis d'alcool du
Québec assure à cet égard une excellente collaboration
avec la Sûreté du Québec et les corps de police municipaux.
Dès que des choses surviennent, qui sont en dehors de la normale, les
corps de police sont prévenus; ils vont faire leur enquête sur les
lieux et produisent leur rapport immédiatement de manière qu'on
soit en mesure d'agir ensuite. Je sais que tout n'est pas parfait, loin de
là. Mais, encore une fois, si des personnes font des constatations de
comportements ou de situations contraires à l'esprit de la loi
requérant la protection de la tranquillité publique, je pense que
c'est leur devoir d'en saisir les autorités compétentes et nous
ferons en sorte que la loi soit observée. Merci, M. le Président.
(10 h 40)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Affaires municipales. Est-ce que le projet de loi 182, Loi modifiant la Loi
sur les permis d'alcool et la Loi sur la Société des alcools du
Québec, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté...
Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Oui, M. le Président. L'article 60 de
notre feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 299 Adoption
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, à
l'article 60, M. le député de Rimouski propose l'adoption du
projet de loi 299, Loi concernant la ville de Rimouski. M. le
député de Rimouski.
M. Michel Tremblay
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, il me fait
plaisir de parler du projet de loi 299 à son adoption finale à
l'Assemblée nationale. Vous savez, nous avons présenté ce
projet de loi, un projet de loi spécial et privé, de façon
à permettre à la ville de Rimouski de pouvoir céder
à la Société immobilière du Québec un
terrain dans le parc industriel. Point n'est besoin de vous dire l'importance
de ce projet pour la ville de Rimouski, de façon à lui donner les
autorisations requises pour pouvoir accepter dans son parc industriel un centre
de détention de 64 places, tel que proposé et prévu par le
ministère de la Sécurité publique.
Dans un premier temps, nous avions choisi un terrain dans ce parc
industriel. Chemin faisant et lorsqu'on est arrivés au niveau des
autorisations, le ministère de l'Industrie et du Commerce n'a pas
donné l'aval à cette permission de vente de terrain, compte tenu
que la loi ne lui permettait pas de céder une partie de ce
terrain-là dans les dispositions actuelles, compte tenu qu'un
centre de détention n'avait pas une vocation tout à fait
industrielle.
Alors, pour se conformer à la disposition de la loi, la
Société immobilière et le gouvernement, nous avons
essayé de trouver un terrain ailleurs qu'au parc industriel. Nous avons
trouvé un terrain immédiatement adjacent au parc industriel et la
ville de Rimouski a fait la proposition de ce terrain qui,
éventuellement, sera dans le parc industriel, mais qui, lors de la
discussion, était en dehors.
Nous avons fait les démarches vers ce terrain et les
professionnels, les architectes, les ingénieurs ont commencé
à préparer les plans et devis. Lorsqu'on est arrivés aux
évaluations de la construction, nous nous sommes aperçus qu'il y
avait un dépassement de coût de 800 000 $, compte tenu que le
projet était changé de site. Pourquoi cette augmentation de 800
000 $? Parce que le terrain qui avait été
sélectionné dans un deuxième temps était sur une
ancienne scierie. Il y avait une accumulation de bran de scie et,
nécessairement, le terrain n'était pas propice à la
construction du futur centre de détention.
Devant ces faits, compte tenu que ça coûtait 800 000 $ de
plus au gouvernement, nous nous sommes consultés, la
Société immobilière, le ministre de la
Sécurité publique et le ministre de l'Industrie et du Commerce,
de façon à nous mettre d'accord pour revenir sur le site initial
qui était effectivement, tel que prévu, dans le parc industriel.
Et le projet de loi 299 vient donner à la ville de Rimouski
l'autorisation requise pour pouvoir céder à la
Société immobilière l'espace de terrain requis pour la
construction du futur centre de détention.
Nous avons présenté ce projet de loi 299. C'est un projet
de loi relativement simple. Il a quatre articles. Et, en même temps, il
autorise la ville de Rimouski à procéder à la vente de ce
terrain, donnant, du même coup, l'aval à ce projet fort important
pour notre communauté. Il s'agit d'un centre de détention majeur
de l'ordre de 10 000 000 $, 64 places de détention. Il y a une
création d'emplois qui est rattachée à ça, des
emplois permanents, au-delà de 14, des emplois temporaires et,
finalement, je pense que la décision qui est prise présentement
est une décision qui va dans la plus logique des choses. D'abord, il y a
une économie d'échelle, une économie d'argent pour le
gouvernement, il y a une retombée économique pour la ville de
Rimouski et il y a également une question d'harmonisation au niveau du
développement de la ville de Rimouski.
La ville de Rimouski s'est développée au cours des
années en se dotant, au cours des années soixante-dix, d'un parc
industriel, un immense parc, qui est très bien organisé, avec des
rues très propres, avec des services d'aqueduc et d'égout. C'est
un parc industriel qui fait notre fierté dans Rimouski. Nous n'avons pas
d'objection, nous, les citoyens de Rimouski qui devrons vivre avec ce centre de
détention, à ce qu'un centre de détention se construise
dans un parc industriel et nous avons appuyé notre démarche par
un appui des 56 utilisateurs présentement du parc industriel, des
industriels qui sont déjà installés dans ledit parc
industriel. Eux, dans une lettre qui nous a été
expédiée et dont nous avons fait la démonstration...
Contrairement à ce qui a été dit par le
député de Lévis hier, ce n'est pas une information
verbale, c'est une information écrite que nous avons dans le dossier,
signée par le président de l'Association des industriels du parc
de la ville de Rimouski. Eux disent qu'il n'y a pas de problème à
ce que le centre de détention s'installe dans le parc industriel. Fort
de cet appui et également de l'appui de la ville de Rimouski qui
prétend et qui affirme avec conviction et démonstration à
l'appui, dans un mémoire... Ils nous disent, dans ce
mémoire-là, que le site retenu, en collaboration avec la
Société immobilière, est le meilleur site pour satisfaire
les exigences de la ville de Rimouski, d'une part, les exigences du
ministère de la Sécurité publique et, en même temps,
satisfaire les besoins d'un centre de détention.
Alors, lorsque je regarde dans le mémoire de la ville de Rimouski
les attendus, par exemple, qu'ils ont donnés pour pouvoir justifier la
construction dans ce centre industriel, vous me permettrez, M. le
Président, d'en lire quelques-uns et vous allez vous apercevoir que
toutes les raisons qui sont données là justifient pleinement
notre démarche de pouvoir passer ce projet de loi privé de
façon à permettre à la ville de Rimouski de
procéder à la construction. Et je cite quelques-uns de ces
articles. Alors, le terrain d'une superficie d'au moins 50 000 pieds
carrés, c'est un terrain qui est disponible dans le parc industriel. Il
en restera après ça 300 000 pieds carrés de disponibles
encore pour de l'expansion dans le parc industriel. Le terrain ne
présente pas ou très peu de dénivellation. Très
important, on n'est pas dans une montagne, on est dans un terrain plat. Donc,
de ce côté-là, ça nous aide encore. Le terrain est
desservi par des réseaux d'aqueduc et d'égout. Effectivement,
l'aqueduc et les égouts sont rendus dans le parc. Donc, une
économie. Accès facile au site à partir des principaux
axes routiers. Nous avons des axes routiers qui vont très bien vers le
parc industriel.
Autre argument donné par la ville de Rimouski: le temps de
déplacement entre le site et le palais de justice ne doit pas
excéder 15 minutes. Nous sommes absolument à l'intérieur
de ça. Ça prend 5 minutes à partir du parc industriel pour
aller au palais de justice. Donc, il n'y a pas de problème de ce
côté-là. Nous n'avons pas de pont à traverser. Nous
sommes en contact direct ou encore en ligne directe avec le palais de justice.
Éloignement des secteurs résidentiels existants ou
projetés: voilà un autre argument
très important. Parce que vous savez qu'un centre de
détention, nous ne pouvons pas placer ça dans un milieu
résidentiel, où il y a une agglomération assez importante.
Les gens vont nécessairement contester. Alors, dans le parc industriel,
où il est situé présentement, je pense qu'à ce
niveau-là il n'y a pas trop de contestation possible ou potentielle. (10
h 50)
Proximité d'établissements industriels pour faciliter la
réalisation de programmes de réinsertion socio-économique
des détenus par des activités de travail en milieu non
carcéral. Alors, au niveau des détenus, ils pourront
nécessairement, ces gens-là, profiter d'une activité
industrielle qui sera dans le parc pour peut-être avoir une insertion
sociale, ce qui est loin d'être négligeable. Et, comme vous pouvez
le voir, M. le Président, la somme des arguments fournis par la ville de
Rimouski justifie pleinement notre intervention de façon à ce que
ce projet de loi reçoive, dans toute sa démarche, une approbation
unanime de la Chambre.
Mais non, au contraire, l'Opposition a voté sur division en
commission parlementaire, et je lui reproche ce manque de responsabilité
vis-à-vis d'une démarche d'une communauté très
importante dans l'Est, celle de Rimouski, qui nous fait la démonstration
mathématique, physique et autre, comme quoi le meilleur endroit pour
construire un centre de détention, c'est le site
privilégié défendu, soutenu par la communauté
rimouskoise, par le conseil économique, par la chambre de commerce, par
les industriels, par le député de Rimouski et par tous les
citoyens, parce que je n'ai vu aucune contestation à ce jour.
Quand l'Opposition vient voter sur division en deuxième lecture
sur le projet de loi, c'est un manque de responsabilité, c'est une
décision à courte vue et ça ne démontre aucune
responsabilité vis-à-vis de l'intérêt de vouloir
développer notre région et c'est mettre des entraves, à
mon sens, d'une façon arbitraire, sans considération pour ceux et
celles qui auront à profiter de ces installations. Je reproche à
l'Opposition son manque de responsabilité et sa volonté de nuire
à notre développement. J'écoutais hier... pas hier, la
semaine dernière... Je n'écoutais pas, malheureusement, je
n'étais pas là pour la partie où il est intervenu, mais il
disait... J'ai fait revenir les galées de la discussion en commission
parlementaire et le député de Lévis a fait une charge
à fond de train sur le développement régional. Il en a
profité, comme ses habitudes. Il parle de toutes sortes de choses, mais
jamais du sujet précis.
Alors, le député de Lévis a fait une accusation
gratuite au niveau du désengagement du gouvernement dans notre
région. Dois-je lui rappeler certains faits? Et je profite de la
circonstance, M. le Président, qui m'est donnée pour rappeler le
député de Lévis à l'ordre.
Lorsqu'il aura des critiques à faire pour ma région, qu'il
vienne les faire chez moi, dans mon comté, et je lui donnerai la
réplique en temps et lieu. Mais qu'il arrête de
déblatérer sur notre région en disant qu'on est les plus
démunis de cette province.
Des voix: Bravo!
M. Tremblay (Rimouski): Le député de Lévis
disait textuellement: "Le gouvernement du Québec se désengage,
comme il s'est désengagé dans les loisirs." Aujourd'hui
même, dans Progrès-Echo de ma région, en
première page, le député de Lévis annonce une
subvention de 130 000 $ pour le centre de ski de Val Neigette, une
coopérative dont j'étais un des fondateurs il y a quelques
années. On s'est pris en main et aujourd'hui on tait 125 000 $ de
profits nets à chaque année dans ce centre de ski. Ce n'est pas
un centre de ski moribond, c'est un centre de ski qui va très bien.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Tremblay (Rimouski): Nous avons donné de l'aide
financière pour...
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Tremblay (Rimouski): Où est le désengagement de
l'État, que vous dites, vous, M. le député de
Lévis? Vous faites une affirmation gratuite. Au contraire, nous avons
contribué à donner des infrastructures à ce centre de ski.
Je suis très heureux d'y avoir participé. Désengagement de
l'État...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Rimouski, vous connaissez le règlement et vous
devez vous adresser à la présidence. Je vous prierais
d'intervenir en vous adressant à la présidence.
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je m'en excuse
profondément pour votre poste. M. le Président, dois-je vous
dire, le désengagement de l'État, encore que le
député... M. le Président, le député de
Lévis a laissé entendre en commission parlementaire qu'il y avait
un désengagement de l'État vis-à-vis des
bibliothèques. H y a eu une bibliothèque construite à
Rimouski, dernièrement, une bibliothèque de 4 000 000 $ où
le gouvernement du Québec, mon gouvernement, a souscrit pour 1 600 000
$. Où est le désengagement de l'État? Il n'en parle pas,
par exemple. Cette construction, elle est chez nous, elle est
réalisée présentement et elle a été
décidée et prônée par le gouvernement actuel. Ce
n'est pas un désengagement de l'État, nous l'avons. Le
désengagement des parcs industriels, le désengagement de
l'assainissement des eaux. Assainissement des eaux à Rimouski: 42 000
000 $, M.
le Président, qu'on a mis dans le projet d'assainissement des
eaux pour les municipalités de Rimouski, Rimouski-Est,
Pointe-au-Père. 42 000 000 $ dans les dernières années.
Nous avons, en cours de route, présentement la municipalité de
Sainte-Blandine, 2 500 000 $; la municipalité de Saint-Valérien,
2 000 000 $; la municipalité de Biencourt, 1 600 000 $, dans
l'assainissement des eaux. À quelle place est le désengagement de
l'État? Dites-le-moi! Prouvez-le-moi, notre désengagement de
l'État. C'est bien beau de laisser entendre toutes sortes de choses, des
balivernes, mais vous n'êtes jamais capables de prouver ce que vous
avancez. Prouvez-le ce que vous avancez. Lorsqu'il y a un désengagement
de l'État, dites-le, mais, lorsqu'il y a des bonnes choses pour
l'État, dites-le donc aussi. Vous n'êtes même pas capables
de le faire.
Au niveau des routes, le gouvernement précédent, de 1976
à 1985, ils nous ont laissé entendre toutes sortes de choses. Ils
n'ont jamais construit une route dans ma région. Jamais. Ils n'ont pas
fait de route supplémentaire. Nous avons présentement, dans mon
comté, 20 000 000 $ de construction de routes qui sont en train de se
faire. Ça se réalise. On va bientôt être en train de
l'utiliser. 20 000 000 $. Nous sommes en attente d'un projet
supplémentaire de 10 000 000 $. C'est ça, la volonté du
gouvernement de répartir d'une façon équitable les
richesses dans cette province, mais également d'avoir le souci de
développer et d'améliorer les infrastructures de l'ensemble des
citoyens de cette province. Et, moi, ça m'insulte au plus haut point
lorsque des politiciens de courte vue viennent, dans rna région,
proposer ou dénigrer notre gouvernement quand, eux, ils n'ont rien fait
pendant neuf ans. Ils nous ont laissé dépérir totalement.
Nous avons la ferme intention et la détermination de nous
développer et nous allons le faire avec notre volonté et avec des
gens du milieu et non jamais avec ceux et celles qui veulent dénigrer
notre région.
M. le Président, je m'excuse de m'être emporté un
peu, mais, lorsqu'on touche à mon comté, lorsqu'on touche aux
citoyens de ma région et lorsqu'on veut dénigrer ma
région, je serai toujours là pour les défendre. Je serai
toujours là pour aider ma région à se développer,
bien au contraire, et je vais seconder ses efforts.
Pour en revenir au projet qui nous concerne aujourd'hui, le projet de
loi 299, un projet de la ville de Rimouski pour l'autoriser à vendre un
terrain à la Société immobilière pour la
construction d'un centre de détention, dois-je vous dire, M. le
Président, que je suis tout à fait en accord avec ce projet de
loi, que je vais y souscrire pleinement. Et j'invite les membres de cette
Assemblée nationale... et j'espère que l'Opposition, en
troisième lecture, va réviser sa position et qu'elle ne votera
pas sur division. Si elle a vraiment le souci du développement
régional, qu'elle appuie une démarche semblable! Ça n'a
pas de sens. Il faut absolument que l'Opposition vote à
l'unanimité avec nous pour nous aider à se développer.
Qu'on arrête, s'il vous plaît, de parler des deux
côtés de la bouche en même temps, lorsqu'on dit, par
exemple, que ce n'est pas une économie d'échelle, les 800 000 $.
Au contraire, c'est une économie pour la province de Québec et
c'est une économie pour la ville de Rimouski. M. le Président, je
vous remercie et j'espère que l'Opposition votera avec nous sur ce
projet de loi. Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je rappelle aux membres
de cette Assemblée que nous en sommes à l'étape de
l'adoption du projet de loi 299. Et je cède la parole au prochain
intervenant, M. le député de Lévis, en vous indiquant que
le maximum de votre intervention est de 10 minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: Merci, M. le Président. Comme j'ai seulement 10
minutes, j'aurai l'occasion, dans les prochaines semaines, d'aller dans la
région de Rimouski pour expliquer la position du Parti
québécois. Parce que, essentiellement, quand le
député dit que c'est un projet pour permettre à la ville
de procéder à la construction d'une prison, d'abord, disons une
chose, c'est que ce n'est pas la ville qui va construire une prison, c'est le
gouvernement du Québec. Un.
Quand il dit que la ville a choisi le terrain, je regrette, c'est le
gouvernement qui ne veut pas payer l'argent qu'il faut pour bâtir la
prison et qui décide de la bâtir dans le parc industriel.
Deux.
Si c'était bon de bâtir des prisons dans des parcs
industriels, ce n'est pas un projet de loi privé qu'on aurait devant le
Parlement, c'est un amendement à la Loi sur les cités et villes
pour faire en sorte que, dans toutes les villes du Québec, on puisse
bâtir des prisons dans les parcs industriels. Alors, quand on nous fait
croire aujourd'hui... Et demain, le député à courte vue de
Rimouski, demain, il y aura des usines qui voudront aller à Rimouski et
elles diront: On ne savait pas qu'on était à côté
d'une prison, et elles vireront de bord. Et c'est là que le
député a courte vue parce qu'il ne défend pas son
comté. Actuellement, quand il se vante de réalisations, c'est
sous son mandat que la région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie a
atteint le plus haut taux de chômage au Canada. C'est ça, la
réalisation de ce député-là? (11 heures)
M. le Président, le député de Rimouski est devenu
la risée de sa région. Et aujourd'hui et dans l'avenir...
Pourquoi? Parce qu'il ne faut pas être à courte vue. Il faut voir
pour l'avenir. J'ai demandé aux représentants qui sont venus
présenter le projet de loi privé: Avez-vous
demandé si, au point de vue des assurances, les assurances vont
changer, parce que la prison va être dans le parc industriel, pour ceux
qui seront situés autour de la prison? Ils ont dit: Non, on n'a pas
demandé l'interrogation.
Il nous a produit une lettre pour montrer qu'il avait l'appui des
industriels. J'ai demandé de quelle façon s'est faite la
consultation. Est-ce que c'a été une consultation écrite?
Pouvait-il nous donner les lettres écrites par chacun des gens qui ont
appuyé? On a dit: Non, c'est une consultation verbale. Et c'est pourquoi
j'ai dit... Je sais que la lettre dont il parle... On en a parié en
commission parlementaire. Je savais qu'elle existait cette lettre-là.
Sauf que la consultation auprès de chacun des individus a
été verbale. Et quand il y a des conséquences... Il y en a
combien de prisons, actuellement, au Québec, bâties dans un parc
industriel, M. le Président? Je n'en connais aucune. Si c'était
ça, le modèle, si c'était ça, le grand fort du
développement régional d'avoir une prison dans un parc
industriel, bien, j'ai l'impression qu'il y en a plusieurs autres qui
l'auraient fait jusqu'à maintenant. Mais là il me fait penser
à une mère de famille qui regarderait son petit gars dans
l'armée qui n'aurait pas le même pas que les autres et elle
dirait: Regardez, il n'y a que mon petit gars qui a le pas!
M. le Président, le député de Rimouski est en train
de nous dire que l'idéal, c'est une prison dans un parc industriel,
alors que la loi des cités et villes ne le permet pas. C'est la
Société immobilière qui ne veut pas payer l'argent qu'elle
doit mettre pour bâtir une prison. Personne ne conteste qu'on ait besoin
d'une prison dans la région de Rimouski ou dans la région du
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, excepté la place où le
gouvernement doit investir les sommes d'argent nécessaires pour cette
prison-là, et non pas essayer de rogner le parc industriel de
Rimouski.
Tantôt, j'ai dit que le gouvernement se désengageait. Le
gouvernement se désengage dans plusieurs secteurs. Il y a deux ans, le
gouvernement a voulu se désengager de l'assainissement des eaux. C'est
à cause de la vigilance de l'Opposition et du milieu écologique
que le gouvernement a dû reculer. On a annoncé, hier, 700 000 000
$ de dépenses de plus du gouvernement qui va avoir un déficit qui
va dépasser 4 000 000 000 $ cette année. Tantôt il se
désengagera... Il a décidé de se désengager des
loisirs. Regardez PADEL aujourd'hui. Il y en a combien de projets PADEL
aujourd'hui? Le gouvernement s'est désengagé des loisirs. Et il
va se désengager d'autres secteurs et j'ai dit: Tantôt, il se
désengagera peut-être des parcs industriels. Et la ville de
Rimouski, à ce moment-là, paiera la conséquence de
l'imprévoyance du député de Rimouski qui se fait le
complice d'un gouvernement qui ne veut pas mettre d'argent dans la
région qui a le plus haut taux de chômage au Canada, M. le
Président. C'est ça.
J'ai dit que le ministre de la Sécurité publique, s'il
n'avait pas été le même qui avait été le
ministre des Affaires municipales, sans doute que ça ne se serait pas
passé. Ce n'est pas l'aménagement normal. Regardons, en
Amérique du Nord, combien il y a d'endroits où la prison est
bâtie dans le parc industriel. Pas seulement au Québec. Voyons
donc! Arrêtons de dire des niaiseries, M. le Président! Dans
combien d'endroits on bâtit une prison dans le parc industriel? Et le
député de Rimouski est en train de nous dire: C'est ça,
l'avenir. L'avenir, c'est de mettre les prisons dans les parcs industriels.
Voyons donc! Encore hier, il a dit une fausseté quand il a dit: Le quai
de Rimouski aura 10 mètres. Ce n'est pas décidé. Je
regrette. J'ai rencontré les gens de la ville, des gens de Rimouski, des
promoteurs et des développeurs industriels qui m'ont demandé
d'intervenir. Je suis intervenu pour le parc, comme critique de l'Opposition en
matière de Transports, parce que le député ne s'en
occupait pas. Et j'ai été rencontré les autorités
fédérales pour faire en sorte que le port de Rimouski passe de 7
mètres à 10 mètres. Et, à l'heure où il
parlait hier, quand il a dit: Le quai aura 10 mètres, je regrette, ce
n'est pas décidé. J'ai pris des informations. Il n'y a pas de
décision de prise. Il y a eu des sondages de faits. Sans doute a cause
des interventions du député de Lévis. Pourquoi? Parce que
je pense qu'il y a un avenir maritime important à Rimouski. J'ai
toujours défendu ça.
De la même façon qu'on a essayé de dire qu'à
Lévis... Je regrette, le député n'essaiera pas de donner
le crédit au gouvernement actuel de l'Université du Québec
à Rimouski qui s'est implantée à Lévis. Ça
s'est fait sous le gouvernement précédent. Ça s'est fait
sous le gouvernement précédent, au début des années
quatre-vingt. On vient, au contraire, de dire que ça fait 10 ans,
là; 10 ans, si je sais compter, ça fait 1981.
Deuxièmement, ce que j'ai blâmé, par exemple, c'est
qu'on n'aille pas en appel d'offres à Lévis, quand on a
changé... parce que tout ce que le député est allé
annoncer, c'est un changement de locaux, un changement de locateur. On
changeait de locaux. Sauf que j'ai reproché qu'on n'aille pas en
soumissions publiques parce que ce gouvernement-là a le mérite de
ne jamais aller en soumissions publiques, M. le Président. J'ai dit: On
aurait dû aller en soumissions publiques, on aurait épargné
de l'argent. Et de la même façon que j'ai dit en commission
parlementaire, et je ne retirerai pas mes paroles là-dessus, que quand
on dit qu'on n'a pas 700 000 $ pour la prison... C'est pour ça qu'on la
fait mettre dans le parc industriel, pour utiliser le carré du parc
industriel pour la prison pour sauver de l'argent, c'est parce qu'on ne veut
pas dépenser les 700 000 $ additionnels si on est en dehors du parc
industriel, pour rogner le parc
industriel de Rimouski... Et en même temps, j'ai dit: Comment se
fait-il qu'on ait assez d'argent avec l'Université du Québec
à Rimouski, avec une décision de la direction? Pas la
décision de l'Université du Québec dans son ensemble, pas
les professeurs. Au contraire, ils sont en grief là-dessus. Quand le
recteur a le moyen d'annoncer ou de faire en sorte qu'on va clairer un
professeur en lui donnant au-dessus de 300 000 $ d'indemnité, quelle que
soit la nomination ou les noms qu'on emploie, pour payer ça - dans le
journal de ce matin - au-dessus de 300 000 $, pour dire à un professeur:
Tu n'enseigneras pas, à l'époque où c'est difficile et
où on manque d'argent... C'est le salaire d'un bon professeur pendant
cinq ans. On est rendu à mettre jusqu'à 300 000 $ pour faire que
quelqu'un n'enseigne pas, dans des périodes où le monde manque
d'argent. Je regrette, le député de Lévis va se soulever
contre ces questions-là. C'est l'argent des citoyens, ce n'est pas votre
argent, vous dépenserez le vôtre comme vous voudrez et je
dépenserai le mien comme je veux. Mais, quand c'est l'argent des
citoyens, on va devoir aller en appel d'offres pour avoir un meilleur prix,
dans les locaux à Lévis comme ailleurs, par l'Université
du Québec à Rimouski. Vous remarquerez qu'à Lévis
l'un de ceux qui ont appuyé le plus l'Université du Québec
à Rimouski, c'est le député de Lévis.
M. le Président, quand j'étais ministre des
Pêcheries, j'ai été l'un de ceux qui ont aidé
à faire en sorte que l'université de Rimouski puisse aller dans
le secteur des pêches, dans le domaine de l'enseignement. C'est le
député de Lévis, M. le Président. Excepté
que le député de Lévis doit aller en appel d'offres comme
les autres. Il n'est pas normal qu'on paie 300 000 $ pour faire en sorte que
quelqu'un n'enseigne pas plutôt que d'engager des professeurs. On n'a pas
des 300 000 $ qui nous sortent par les oreilles, au Québec. C'est
l'argent des citoyens. Si vous n'êtes pas assez intelligents pour
comprendre ça, M. le Président, ou si le député de
Rimouski n'est pas assez intelligent...
M. Bélisle: M. le Président, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: Ce n'est pas une pause pour permettre à
un de nos commanditaires de s'identifier, mais pour permettre au
député de Lévis de se calmer et de s'adresser à la
présidence quand il parle des...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Très bien. M. le
député de Lévis, si vous voulez vous adresser à la
présidence. Je vous écoute attentivement.
M. Garon: M. le Président, si le député
de...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît! M. le député de
Salaberry-Soulanges.
M. Marcil: Souvent, l'Opposition réclame le quorum parce
qu'il n'y a pas grand députés à l'Assemblée...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Rapidement.
M. Marcil: je dirai simplement que je suis convaincu que si on
appliquait les normes environnementales en ce qui concerne le bruit à
sa...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! M. le député a le droit d'intervenir dans
le sens qu'il veut. Il peut utiliser son droit de parole comme il le veut. Je
vous cède le droit de parole, M. le député de
Lévis. Le ton, c'est le député de Lévis qui va
l'utiliser à sa façon. M. le député de
Lévis. M. le député de Lévis, la parole est
à vous.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, je dis que si
le député de Rimouski n'est pas capable de comprendre
qu'au-dessus de 300 000 $ pour faire en sorte qu'un professeur n'enseigne pas,
c'est du gaspillage de fonds publics, M. le Président, l'ensemble des
citoyens, eux autres, comprennent que 300 000 $, c'est de l'argent,
comprenez-vous. C'est un débat qui commence, qui n'est pas fini. Ce
n'est pas parler contre une institution parce qu'il y a des gens dans cette
institution qui ont pris de mauvaises décisions administratives. Je
regrette, ce sont des fonds publics qui appartiennent à l'ensemble des
citoyens et, quel que soit l'endroit, on doit protéger les fonds publics
qui appartiennent à l'ensemble des citoyens, surtout quand le
gouvernement a 4 000 000 000 $ de déficit.
M. le Président, en même temps que je dis qu'on doit
respecter les fonds publics qui dépendent des citoyens, qu'on a plus de
4 000 000 000 $ de déficit, le gouvernement qui bâtit des prisons
doit avoir les sommes d'argent suffisantes pour bâtir des prisons aux
endroits où elles doivent être bâties. Personne ne met en
cause la localisation de la prison de Rimouski, mais avoir l'argent suffisant
pour ne pas enlever à Rimouski la moitié du parc industriel, une
grande partie du parc industriel qui est disponible pour l'avenir.
Dans l'avenir, si le gouvernement, à cause de son déficit,
se désengage - parce qu'il va se désengager. Vous avez vu le
secrétaire du comité exécutif qui a dit qu'il irait
chercher 1 000 000 000 $ dans les dépenses du gouvernement - if coupera
dans des secteurs. Quand il aura coupé dans ces secteurs-là, on
verra, après
ça, quand il aura coupé dans des secteurs, si on ne touche
pas les parcs industriels ou l'assainissement des eaux ou d'autres secteurs.
À ce moment-là, il y a des gens qui paieront la facture...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez
conclure...
M. Garon: ...à cause de l'imprévoyance du
gouvernement actuel...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure,
M. le député.
M. Garon: ...du ministre de la Sécurité publique
et, surtout, du député de Rimouski dont la tâche
était de défendre les gens de sa région. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je rappelle aux membres
de cette Assemblée que nous en sommes toujours à l'adoption du
projet de loi 299. Loi concernant la ville de Rimouski. Je suis prêt
à reconnaître un prochain intervenant. M. le ministre des Affaires
municipales. (11 h 10)
M. Claude Ryan
M. Ryan: Brièvement, M. le Président, je pense
qu'il faut revenir les pieds à terre dans ce projet-ci. Il s'agit de
construire un centre de détention à Rimouski. D'accord avec les
autorités municipales, d'accord avec les commerçants qui sont
concernés plus immédiatement, d'accord avec tout ce qu'il y a de
représentants de la population, nous avons décidé de
procéder. Le projet de loi a pour objet de permettre à la ville
de Rimouski de se départir d'une parcelle de terrain dans le parc
industriel pour qu'on puisse y implanter le futur centre de détention.
Tout le monde est d'accord. Le député de Lévis vient
d'exprimer des réserves. Il en a profité pour faire un
véritable dithyrambe au sujet de toutes sortes de sujets qui n'ont aucun
lien direct avec la question que nous discutons ce matin. Je pense que c'est
bon à la fin d'un débat d'en revenir à l'essentiel.
L'essentiel, c'est bien simple: La ville ne peut pas se départir de ce
terrain parce qu'il est régi par la loi sur les parcs industriels. Elle
ne peut se départir d'un terrain situé dans un parc industriel
que pour des fins de développement industriel ou de recherche. Ceci
n'est pas exactement une fin de développement industriel ou de
recherche; il faut une exception, c'est pour ça que nous avons le projet
de loi.
Mais, en plus, nous l'avons montré clairement en commission
parlementaire quand nous avons discuté, il est prévu que le parc
industriel pourra continuer de se développer. Il pourra même
s'agrandir. Tous les aménagements sont prévus de ce
côté-là et l'implantation du centre de détention ne
nuira en aucune manière. Même le lieu qui est choisi sera plus
propice pour l'expansion du parc industriel que l'aménagement qui avait
d'abord été envisagé. C'est ça que j'ai du mal
à comprendre quand j'écoute les porte-parole de l'Opposition.
C'est une chose simple, élémentaire. On a fait la
démonstration par graphiques en commission parlementaire avec les
représentants de la ville de Rimouski. On va procéder tout
simplement et quand arriveront des développements dans les autres
parties de ce parc industriel... Il y a déjà au-delà d'une
cinquantaine d'entreprises implantées dans le parc industriel
actuellement. Ça a bien été. on n'a pas été
obligé de venir chercher des subventions du gouvernement du
Québec pour chaque implantation. On va continuer. La ville et les
entreprises prendront leurs responsabilités à ce
moment-là. Si jamais elles ont besoin d'aide financière pour des
fins particulières reliées au développement du parc
industriel, elles pourront venir nous voir par l'intermédiaire du
député de Rimouski, comme elles le font toujours, on
écoutera, on se rencontrera. On se dit: II ne faut pas profiter de la
construction d'un centre de détention pour aller faire des subventions
détournées, comme le proposerait l'Opposition, à des fins
qui ne regardent pas le ministère de la Sécurité publique.
Voilà le fond de la discussion. Sur le reste, sur la
responsabilité du gouvernement envers les villes en matière de
développement industriel, nous sommes d'accord avec l'Opposition sur
plusieurs des propositions qui ont été mises de l'avant. Mais ce
n'est pas le sujet de la discussion ce matin. J'aurai l'occasion de le
reprendre autour d'autres projets de loi ou d'autres motions qui pourront
être présentées dans cette Chambre.
Je voudrais ajouter une chose, M. le Président. J'entendais
tantôt le député de Lévis s'en prendre, comme il le
fait malheureusement trop souvent, à la personne du député
de Rimouski, ainsi qu'il l'a fait hier à l'endroit de ma propre
personne. Vous en avez été témoin vous-même, toutes
sortes d'allusions de nature religieuse ou parareligieuse. Vous savez, il n'y a
rien à son épreuve, aucun scrupule intellectuel dans le
débat public; aucune courtoisie, aucune aménité, aucun
respect de l'autre.
Des voix: C'est vrai.
M. Ryan: Je veux vous dire, je suis allé à Rimouski
récemment. J'ai pu rencontrer des représentants de tous les
milieux. J'y ai passé toute une journée. J'ai rencontré
tous les maires de la région, de nombreux conseillers municipaux; oui,
tous les maires, avec qui nous avons un dialogue très courtois,
même quand ils sont en désaccord avec nous. Jamais je ne les ai
vus nous insulter comme essaie de le faire continuellement le
député de Lévis. On est capable de
discuter, même virilement s'il le faut, sans descendre jusqu'aux
insultes, aux imputations de motifs, aux accusations de trahison et de
veulerie, tout le vocabulaire que connaît bien mieux que nous le
député de Lévis.
Alors, j'ai pu constater, en me rendant à Rimouski la semaine
dernière, que le député de Rimouski est universellement
estimé par la population de Rimouski et par la population de tous les
milieux. On lui a rendu des témoignages absolument non équivoques
de ce côté-là. Je vois qu'il y a sa voisine de Matane qui
sourit un petit peu et je sais qu'elle partage l'estime que les concitoyens et
concitoyennes de Rimouski portent à leur député. J'en ai
vu de tous les milieux sociaux. J'ai rencontré des gens qui sont de foi
péquiste, parce que malheureusement leurs opinions politiques prennent
souvent l'allure d'une foi religieuse mal placée, mal
placée...
Une voix:...
M. Ryan: Non, je ne mélange pas les deux justement. Ma foi
libérale se situe à un niveau; mes convictions religieuses
à un autre. Il n'y a pas d'opposition entre les deux mais je n'utilise
jamais l'une pour préconiser l'autre, je n'utilise jamais l'une pour
essayer de critiquer l'autre non plus. Alors, j'ai pu constater que dans tous
les milieux on a une estime très répandue pour le
député de Rimouski.
J'étais à l'Université du Québec à
Rimouski, par exemple. Le député prétend
s'intéresser au développement des universités. On a
suggéré que j'aille déjeuner là, le midi. Je ne
suis plus ministre de l'Enseignement supérieur, mais on a dit: On veut
que vous veniez déjeuner pour vous rappeler les bonnes choses qui ont
été faites, pendant que vous étiez ministre, pour
l'Université du Québec à Rimouski, grâce aux
démarches du député de Rimouski. On m'en a
énuméré un bon nombre; je les avais oubliées
moi-même déjà. Je suis passé à autre chose
depuis déjà plus d'un an. J'avais oublié ces
choses-là. Mais je remercie le recteur de l'Université du
Québec à Rimouski, M. Dionne, et son équipe de
collaborateurs qui ont tenu à ce que nous ayons cette rencontre pour
faire le point ensemble. Je veux les assurer que, même si je ne suis plus
directement dans l'éducation, je continue de m'intéresser de
très près au développement de l'enseignement
universitaire. À une réunion où nous étions
ensemble, M. le député de Rimouski, il y avait des
représentants de la commission scolaire, dont le directeur
général. Il est venu me rappeler le travail que nous avons fait
ensemble dans le domaine scolaire, qui a contribué beaucoup à
l'amélioration des conditions de l'éducation dans le secteur de
Rimouski. On pourrait continuer infiniment.
C'est évident que le député n'est pas un
thaumaturge. Quand un vent de récession souffle sur toute
l'Amérique du Nord, M. le Prési- dent - ça existe,
l'Amérique du Nord, il y en a qui ne le savent pas - quand un vent de
récession souffle sur toute l'Amérique du Nord, il est
inévitable que les parties qui sont situées à la
périphérie, qui ont eu moins accès au développement
économique, financier et commercial, soient frappées de
manière plus dure parfois. C'est pour ça que le Québec est
frappé de manière plus dure que certains États
américains. Ça se comprend. Ce n'est rendre justice à
personne que de vouloir mettre la responsabilité de tout ça sur
le dos d'un seul homme qui fait son possible pour aider son milieu à
s'en sortir. Je crois que, si nous pouvions en venir à une attitude un
petit plus authentiquement charitable, un peu plus juste, nos débats
seraient considérablement améliorés, et je le dis au
député de Lévis...
Une voix:...
M. Ryan: Je le dis au député de Lévis en
toute...
Une voix:...
M. Ryan: ...amitié, dans la mesure où c'est
possible avec lui...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ryan: Je dis au député de Lévis que,
chaque fois qu'il voudra que nous ayons un débat sérieux, nous
l'aurons, le débat; nous l'aurons de manière constructive. Nous
en avons fait la preuve ce matin. On avait un débat sur les heures de
vente des boissons alcoolisées dans les épiceries. L'Opposition a
fait des représentations civilisées, par la voix du leader de
l'Opposition, du député d'Ungava également; des
députés ministériels en ont fait. Nous avons
modifié le projet de loi parce que les représentations avaient du
bon sens, étaient équitables. Si nous agissions dans le
même esprit à propos de ce projet de loi... Je veux assurer le
député de Rimouski, ses concitoyens et concitoyennes, en
particulier les autorités municipales dont le concours a
été irréprochable dans ce dossier, que nous allons
continuer de travailler avec eux et nous ne nous laisserons aucunement
influencer par le genre de propos démagogiques que j'ai entendus
tantôt. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Affaires municipales. Alors, sur l'adoption du projet de loi 299, Loi
concernant la ville de Rimouski, je reconnais maintenant M. le
député de Jonquière. M. le député.
M. Francis Dufour
M. Dufour: Oui. Merci, M. le Président. J'étais
loin de m'attendre à un plaidoyer de la part du ministre des Affaires
municipales pour
défendre le député de Rimouski. Il me semblait
qu'il l'avait fait assez fortement et même qu'il avait été
à l'origine des attaques du député de Lévis. Si on
se rappelle bien la nature du débat, c'est le présentateur du
projet de loi qui a été le premier à attaquer le sujet du
député de Lévis et à vouloir régler ses
comptes. Il l'a même invité à venir régler ça
sur son terrain, à Rimouski. Il l'a traité de pleutre et d'autres
noms du même acabit.
Donc, si le niveau du débat s'est abaissé en cours de
route, moi, je n'en imputerais pas et je ne chargerais pas le
député de Lévis. Au contraire, je pense que le parti
ministériel a sa large part de responsabilités et on devrait
peut-être réfléchir durant le temps de l'Avent. Il faudrait
peut-être regarder ça. Moi, j'assiste à toutes sortes de
simagrées, ces temps-ci, à toutes sortes de contorsions pour nous
faire passer, nous faire avaler des couleuvres, comme si c'étaient des
choses bien, bien potables. C'est vrai qu'il y a des places où ils
peuvent en manger, mais, chez nous, ce n'est pas mon plat naturel. Ce n'est pas
à des endroits comme ça qu'on va régler nos comptes. Moi,
je regrette beaucoup, bien sûr, que ça devienne un débat
enflammé; d'un côté, il y a les bons et, de l'autre
côté, il y a les méchants. (11 h 20)
Pourtant, notre travail s'est limité, pour moi, à la
question de fond, à savoir pourquoi il existe des parcs industriels au
Québec. Pourquoi il y a des lois, par le ministère de l'Industrie
et du Commerce, qui permettent à des municipalités de se doter de
parcs industriels? C'était là la question. Les
municipalités ont voulu se développer. Donc, elles ont
demandé aux citoyens, avec l'accord du gouvernement, de pouvoir
implanter des parcs industriels dans leur milieu. Et, à ce que je sache,
à chaque fois qu'il y a eu des implantations ou des décisions
dans ce sens, il y a eu des études qui ont permis de les placer dans des
endroits, au point de vue de leurs municipalités, où ça
devait s'implanter. Et, à ce que je sache, à moins qu'on ne me
dise le contraire, les parcs industriels ne sont pas là pour attirer ou
pour placer des institutions.
Si le législateur l'avait voulu, il l'aurait dit clairement et on
n'aurait pas eu besoin, depuis deux ans, de se présenter ici, à
l'Assemblée nationale, pour venir faire changer la loi pour permettre,
d'une part, au début, au printemps de 1991, d'installer une
réserve navale dans le parc industriel de Rimouski, et sept mois
après on se présente encore pour implanter un centre de
détention à l'intérieur du parc industriel. Ce qui fait
que, et il ne faut pas se le cacher là, on ne se cachera pas là,
les montants qui ont été investis par la ville de Rimouski,
possiblement par les gouvernements supérieurs, pour développer le
parc industriel l'ont été dans l'intention de développer
de l'emploi pour installer des industries et des commerces. C'est ça
qu'on avait décidé. C'est ça que la loi dit.
Et lorsqu'on décide d'implanter autre chose, des institutions,
c'est qu'on détourne l'argent, les sommes d'argent que les gouvernements
ont placées, que les citoyens de la ville de Rimouski ont
placées, pour développer de l'industrie. À ce que je
sache, un centre de détention, ce n'est pas une industrie. C'est
tellement vrai qu'on est ici, et le ministre de l'Industrie et du Commerce se
lavait les mains. Il a dit: Moi, je ne m'occupe pas de ça, je ne vous
donnerai pas le O.K. Donc, voilà pourquoi on a le débat de ce
matin. C'est que le gouvernement est obligé, le gouvernement qui a
forcé la ville de Rimouski. Voyons! Il faudrait être
naïï ou carrément imbécile pour comprendre que le
gouvernement, lorsqu'il nous dit: Vous comprenez, la ville de Rimouski
était d'accord avec nous autres, la ville de Rimouski était
d'accord pour implanter ça dans le parc industriel... Est-ce qu'elle
avait le choix? Je pense qu'on a la démonstration.
La ville de Rimouski, le contexte veut qu'elle ait le plus haut taux de
chômage au Canada. Elle a établi un record. La ville de Rimouski
n'est pas en position de force pour dire au gouvernement: Ton institution,
garde-la chez vous. Puis, même si elle était en meilleure posture,
elle dirait oui. Elle n'a pas le choix. On ne discute pas d'égal
à égal. Ce n'est pas toutes les municipalités... Une
grosse municipalité, Montréal, pourrait dire non. Peut-être
que Québec pourrait dire non, Laval. Mais la ville de Rimouski, vous
pensez qu'elle fait le poids avec le gouvernement actuel? Même
appuyée du député de Rimouski? Vous pensez que la ville de
Rimouski est en bonne position pour aller passer sur le dos du ministre des
Affaires municipales et du ministre de la Sécurité publique?
Aïe! moi, je ne prends pas des vessies pour des lanternes là. J'en
ai déjà fait, des négociations avec le gouvernement.
Ça ne se négocie pas comme ça. Peut-être que
ça peut intéresser du monde de dire: II est tellement bon, votre
député, qu'il peut tout nous faire accepter. Pas dans ce
cas-là, M. le Président. Pas dans ce cas-là.
Le ministre de la Sécurité publique, pour une politique
à courte vue, pour retarder l'investissement de 750 000 $, il a
imposé son choix à la ville de Rimouski. Il a dit: C'est
là que ça va aller. Il y avait deux choix possibles. Il y en
avait un qui était en dehors du parc industriel, et ça n'aurait
pas fait l'objet des négociations qu'on a actuellement. On n'aurait pas
fait la loi, on n'aurait pas eu besoin de bill privé. On aurait
accepté de le placer en dehors du parc industriel. Il dit: Bien oui,
mais il va finir par être dans le parc industriel. Bien oui! Bien oui!
C'est comme ça. D'habitude, on développe un noyau et on finit par
remplir tous les vides. Ce n'est pas une question de mathématiques, ce
n'est pas une question chimique. C'est une question normale, le gros bon
sens.
Je l'ai regardé, le parc industriel. Deux
implantations majeures la même année qui s'appellent le
centre de détention et la réserve navale. Ces deux
centres-là qui vont être placés là font qu'il y a
une portion énorme du parc industriel qui vient de "péter au
fret", qui vient d'être pris pour d'autres vocations que pour
l'implantation industrielle, et c'est là le problème. Demain
matin, la ville de Rimouski aura à agrandir son parc industriel et
l'agrandissement, les 750 000 $ qui ont été sauvés au
gouvernement du Québec, ça sera comme pour tout le pelletage des
taxes qui a été fait sur les municipalités et toutes ces
taxes-là, ces pelletages-là qui ont été faits,
ça continue dans la même lignée. On peut dire que le
ministre des Affaires municipales a de la suite dans les idées. Il a
décidé qu'il ferait la job aux municipalités et il
continue à la faire. Après que le parc industriel sera
complètement rempli, on dira, à ce moment-là: La ville de
Rimouski n'aura pas d'autre choix que d'agrandir le parc industriel et les 750
000 $ que le gouvernement du Québec a sauvés par la
décision qui a fait que la ville de Rimouski a été
obligée de l'accepter cela fera que les 750 000 $ seront payés
par les gens de Rimouski. Et ça, c'est de dire aux gens de Rimouski,
c'est se présenter comme le sauveur des gens du coin, du
Bas-Saint-Laurent. C'est des gens qui viendront nous dire: Nous autres, on a
fait de bonnes actions en faveur des citoyens. Politique à courte vue.
Politique de gens qui ne voient pas loin, loin, loin. Très près,
au bout de leur nez. C'est comme ça qu'on appelle ça, et je
pourrais mettre au défi n'importe qui, je sais c'est quoi, de
l'administration publique. Je pourrais mettre au défi certains
députés ici, dans la salle, qui sont dans l'Assemblée
nationale, qui n'ont pas vu bien, bien des choses dans le développement.
On pourrait peut-être se poser des questions. S'il y en a qui rient trop
fort, on pourrait peut-être leur rappeler qu'ils ont fait des commerces
dans certains parcs industriels. On se rappelle encore de ça. Il y en a
qui ont profité de certaines décisions, certaines orientations.
Il y en a qui ont profité de certaines orientations.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît, M. le député. Vous avez une question de
règlement sur quoi, M. le député?
M. Bélisle: En vertu de l'article 35 de notre
règlement, M. le Président. Le député de
Jonquière, d'une façon insidieuse, vraiment insidieuse, essaie
d'attaquer indirectement la conduite de certains députés dans
cette Chambre, article 35.5. S'il en a le courage, qu'il nomme des noms et des
faits, sinon qu'il se taise.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Ce n'est pas une question de règlement. Je n'ai pas entendu le
député accuser qui que ce soit ici. Si vous voulez
poursuivre.
M. Dufour: Je regrette que vous n'entendiez pas. Quand j'entends
des gens qui grognent autour de moi...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II vous reste une
minute, M. le député.
M. Dufour: ...je ne peux pas faire autrement que leur
répondre. Vous devriez peut-être, comme leader adjoint, regarder
ce qui se passe dans vos troupes.
M. le Président, je dis que, dans la question des parcs
industriels, depuis trop longtemps on se sert de ces endroits pour implanter
tout autre chose que les éléments pour lesquels on les a mis en
place, et ça, ça me semble une erreur fondamentale. Lorsque le
gouvernement passe au-dessus de ses propres lois, qui ont créé
ces parcs industriels, pour essayer de sauver quelques piastres, je dis que le
gouvernement fait fausse route. Il donne un mauvais exemple et il dit aux
municipalités - c'est ça, le langage qu'on dit aux
municipalités: Faites n'importe quoi, on va vous pardonner, on va
accepter et même, nous autres, on sera les premiers à vous aider
à fausser et à passer à côté des lois. Merci,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): merci, m. le
député de jonquière. alors, sur le projet de loi 299, loi
concernant la ville de rimouski, je reconnais maintenant mme la
députée de johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Je n'avais
pas l'intention d'intervenir sur le projet de loi, mais, quand même,
après avoir entendu ce que j'ai entendu ce matin et compte tenu que
j'arrive pratiquement d'une tournée que j'ai faite dans la région
du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie... Je me suis rendue à Matane,
Rimouski, Rivière-du-Loup, Rivière-Ouelle. J'ai fait une
tournée pour rencontrer des gens de cette région, pour avoir
vraiment le pouls de la population. Je dois vous dire, M. le Président,
que ce n'était peut-être pas mon premier voyage, mais ce
voyage-là, en particulier, m'a fait découvrir des gens
extraordinaires. Je ne peux pas faire autrement que de vous le dire, M. le
Président. Ce sont, a mon point de vue, des magiciens, en quelque sorte.
Provenant d'une région éloignée, ils sont obligés
de faire des pirouettes pour obtenir des choses qu'ils n'ont pas. J'ai
rencontré des centaines et des centaines de personnes, dans ces quatre
jours de tournée, et je dois vous dire que c'est vrai que ce sont des
gens qui se parlent entre eux, c'est vrai que ce sont des gens qui se
concertent régulièrement. (11 h 30)
Pourquoi? Parce qu'il y a un manque évident, M. le
Président, de services et de dossiers de toutes sortes qui ne
parviennent pas à se rendre jusque dans le Bas-Saint-Laurent-
Gaspésie. Et il ne faut pas se le cacher. On l'a dit et je vous
le redis aussi. Gaspésie-Bas-Saint-Laurent, c'est là où se
trouve le plus haut taux de chômage au Canada.
Savez-vous de quoi les gens m'ont parlé, M. le Président?
Ils ne m'ont pas parlé de l'implantation de la prison. Ce dont ils m'ont
parlé, c'est de l'habitation sociale. Ils ont dit: II y a un manque
évident d'habitations sociales dans notre région. Savez-vous ce
dont les grands-parents ou les parents m'ont parlé? C'est que leurs
enfants quittent la région parce qu'il n'y a pas d'emplois. C'est de
ça qu'ils m'ont parlé. Ils m'ont dit et redit: Est-ce que votre
parti serait en mesure de faire en sorte qu'il y ait des entreprises qui
viennent s'établir chez nous? Nos jeunes quittent parce qu'ils n'ont pas
de travail. Est-ce que vous êtes en mesure de transmettre à
l'Assemblée nationale que pour se rendre chez nous, les moyens de
transport, si tu y vas en avion, c'est des prix exorbitants? Donc, les jeunes
qui quittent leurs parents qui sont dans cette région-là ne
viennent pas tous les jours parce que ce sont des jeunes qui n'ont pas l'argent
nécessaire. Quand ça coûte 400 $, 500 $, 600 $ pour se
rendre dans la région du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, vous
comprendrez, M. le Président, que les visites sont rares. Et les parents
se meurent d'ennui, d'avoir vu se disséminer leur famille comme
ça, de les voir quitter la région.
M. le Président, vous savez, on m'a parlé aussi des jeunes
qui, eux autres, insistaient pour rester chez eux, mais qui cherchent des
moyens de trouver des emplois. Et je me suis dit: Si on a un parc industriel
avantageusement situé, si on a aussi, au niveau des élus
municipaux, formulé ensemble des incitatifs pour amener des entreprises
qui pourraient voir le jour dans cette région-là, je pense que
c'est de cette façon-là que les élus municipaux auraient
souhaité que ça se passe.
Parce qu'on a eu un colloque sur le développement des
régions à Rivière-du-Loup, et je dois vous dire qu'on a eu
une personne, un animateur qui est venu nous présenter un dossier
extraordinaire d'implantation de serres dans ces régions-là, dans
les régions éloignées. Et je me suis dit, même s'il
y avait toutes sortes d'objections, ils ont réussi par leur
persévérance à implanter ces serres dans des
régions éloignées. Donc, pourquoi on ne
persévérerait pas dans cette région-là pour attirer
dans le parc industriel des entreprises, des industries qui vont créer
des emplois pour nos jeunes, qui vont aider à ce qu'il n'y ait pas cet
exode, ce départ, pas volontaire, M. le Président, le
départ de nos jeunes, de ces jeunes de ces régions-là pour
les grandes villes où ils vont mourir de faim, où ils seront
obligés d'être sur l'aide sociale, où ils ont aussi des
possibilités de devenir des itinérants?
Ce que souhaitent les gens là-bas, ce qu'on m'a traduit, c'est de
faire état ici, à l'Assemblée nationale, de ces besoins de
création d'emplois pour les jeunes. Et, M. le Président,
même si je ne suis pas contre, bien sûr, qu'on ait des gros
dossiers comme celui qui s'en vient dans la région - je pense qu'il ne
faut pas être contre ça... Mais ce sur quoi on est contre, c'est
que, précisément, ça s'implante dans un parc industriel.
Précisément, cette prison-là va probablement effaroucher
les autres entreprises ou les autres commerces qui souhaiteraient venir
s'implanter dans le parc industriel.
M. le Président, on manque le bateau à ce
moment-là. On manque le bateau parce que l'hémorragie, l'exode de
ces jeunes... Ils ne resteront pas en Gaspésie et dans le Bas-du-Fleuve
parce qu'il y a une prison qui va se construire dans le parc. Je ne pense pas,
M. le Président, que ce soit ça qui les rattache à leur
région. Ce qui va les rattacher à leur région
d'appartenance, la région où ils sont nés, c'est d'avoir
des jobs, de travailler chez eux. Parce que ce n'est de gaieté de coeur
qu'on quitte notre région. Vous le savez très bien. Lorsqu'on
s'en va ailleurs pour un certain temps, on a toujours hâte de revenir
chez soi parce que c'est là où on a vu le jour, où on est
bien. Donc, si on pouvait faire en sorte de construire la prison non pas
à l'intérieur du parc industriel, mais à
l'extérieur, pour donner la chance aux entreprises, aux industries de
pouvoir s'implanter dans le parc industriel et de créer des emplois pour
ces jeunes-là qui quittent le pays.
M. le Président, savez-vous aussi l'autre inquiétude qui
me traverse la tête? Et j'aimerais ça la poser directement au
ministre. Mon inquiétude, c'est que, si on arrive avec le projet de loi
299 et qu'on soit obligé d'aller en projet de loi privé pour
défaire le projet de loi public qui empêche la ville de
céder ses immeubles à des fins autres qu'industrielles, pourquoi
on revient en projet de loi privé pour défaire un projet de loi
public? C'est inquiétant, M. le Président. C'est
inquiétant. Ce qui m'inquiète davantage, c'est: Quand on aura
adopté ce projet de loi, est-ce que les gouvernements ne se serviront
pas de cette implantation, pour une première fois, d'une prison dans un
parc industriel? Est-ce qu'on ne se servira pas de cet élément
pour, après, refuser des subventions pour l'implantation des parcs
industriels? Est-ce que ça ne sera pas là l'exemple qu'on
fournira aux municipalités qui veulent implanter un parc industriel,
leur dire: Non, c'est bien de valeur, mais on ne vous donnera plus d'argent
pour les parcs industriels parce que vous avez permis que des prisons se
construisent à l'intérieur d'un parc industriel. Vous n'avez pas
su faire le choix, finalement, de conserver dans ce parc industriel toutes les
places nécessaires à l'utilisation de commerces, d'entreprises et
de choses qui vont faire en sorte que nos jeunes restent dans la région
où ils sont nés. M. le Président, je pense qu'il faut se
poser la question de façon très claire. Si le
ministre revient dans cinq minutes ou après, dans une
réponse, j'aimerais qu'il me donne l'heure juste là-dessus.
Est-ce que, par le projet de loi 299 où on permet la construction d'une
prison dans un parc industriel, ça va faire en sorte que, dans l'avenir,
les gouvernements ou le gouvernement utiliseront cette
première-là pour le définir à la grandeur du
Québec? M. le Président, je serais désolée que ce
soit ça. Je trouve que le gouvernement fait fausse route, à ce
moment-là, et je regrette qu'on prenne un décision dans ce
sens-là. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée de Johnson, de votre intervention. Est-ce que, M. le
député de Rimouski, vous voulez utiliser votre droit de
réplique? M. le député de Rimouski.
M. Tremblay (Rimouski): Certainement, M. le Président. Je
vous remercie de me donner ce temps de réplique. M. le Président,
étant donné que les intervenants du côté de
l'Opposition ont laissé entendre bien de choses, vous me permettrez de
rectifier certains faits.
D'abord, pour le critique officiel des Affaires municipales, M.
Dufour... Je m'excuse, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Rimouski, vous devez nommer le député par
son nom de comté, vous le savez très bien.
M. Michel Tremblay (réplique)
M. Tremblay (Rimouski): M. le Président, je m'en excuse
profondément. Alors, le député de Jonquière et
critique officiel de l'Opposition a laissé entendre qu'on avait
imposé un choix à la ville de Rimouski. Jamais, jamais personne
n'a imposé un choix à la ville de Rimouski. Dois-je vous le dire?
Je le sais, j'étais dans le dossier depuis 1989 avec l'ex-maire, M.
Michaud. Nous avons fait toutes les démarches pour trouver le terrain le
plus approprié. Le terrain le plus approprié, c'est exactement
celui qu'on retrouve présentement dans le projet de loi 299.
Consé-quemment, nous n'avons jamais eu de pressions indues de qui que ce
soit pour pouvoir modifier notre terrain. Le ministre des Approvisionnements et
Services vient de me dire qu'au contraire c'est le ministère des
Approvisionnements et Services qui a voulu revenir sur le site initial qui
était tout à fait désigné et un choix
approprié. Alors, on ne s'est fait imposer d'aucune manière un
site. (11 h 40)
Je ne reviendrai pas sur les propos de Mme la députée de
Johnson. Elle a dit que, quand elle a fait sa tournée, les citoyens de
la région n'ont jamais parlé du centre de détention et,
par conséquent, il n'y avait pas de problème de ce
côté-là. Mais je vais reveni» sur les propos du
député de Lévis qui a tendance à laisser entendre
toutes sortes d'affirmations, mais sans les prouver. Et la meilleure preuve
qu'il parle d'une façon inconsidérée et d'une façon
irresponsable, la preuve la meilleure, il a laissé entendre tout
à l'heure que l'Université du Québec à Rimouski
avait fart des travaux, je pense que c'est autour de 900 000 $, au
Collège de Lévis et qu'ils avaient fait ces travaux-là
sans appel d'offres. Il reprochait à l'Université du
Québec de ne pas avoir utilisé les appels d'offres. Dois-je lui
dire, à ce député de Lévis, M. le Président,
qu'il est complètement dans les patates? Il est dans l'erreur et, en
plus de ça, il induit la Chambre en erreur parce qu'il dit: Le contrat
ou la location qui a été faite, elle a été faite au
Collège de Lévis et c'est le Collège de Lévis qui
en a fait les réparations. L'Université du Québec à
Rimouski n'avait même pas à aller en appel d'offres, c'est une
location. Alors, là, qu'on laisse entendre une chose semblable, c'est un
discrédit vis-à-vis de l'Université du Québec et
c'est tout à fait malhabile de sa part de laisser entendre des choses
semblables. C'est un discrédit et c'est malicieux de sa part. Je trouve
ça, à mon sens, irresponsable et je ne le comprends pas de
vouloir discréditer une institution de cette nature. autre chose, m. le
président, le député de lévis laisse entendre
là une prime de séparation outrancière, à mon sens,
qui a été donnée à une personne, au-delà de
320 000 $ pour libérer une personne, c'est-à-dire donner non pas
un congé, mais une espèce de prime de séparation pour une
personne ou un professeur de l'université du québec à
rimouski. il fait cette affirmation-là et il répand ça
à tout vent, sans avoir ia démonstration absolue comme de quoi
c'est la vérité. mais il affirme ça d'une façon
gratuite, au détriment de l'université du québec. c'est un
dénigrement impardonnable de la part d'un homme public. je trouve
ça impardonnable de sa part. il devrait être plus responsable et
prendre garde à ces accusations gratuites.
Le député de Lévis manque de
crédibilité dans cette Chambre. Depuis six ans que je suis ici,
je l'ai entendu à moult reprises tenir des discours, nous laisser des
discours sur la fameuse loi d'abolition de l'évaluation des
étalons au Québec. Imaginez-vous, M. le Président, que
ça prend un discours très élevé. Il nous a tenus,
nous, en Chambre, pendant des heures et des heures, pour l'entendre sur ce
projet de loi qui n'avait aucun sens de valeur, à mon avis,
ajoutée à cette société.
M. le Président, pour en revenir au projet de loi qui est
présentement devant cette Chambre, je dois vous dire que je suis tout
à fait heureux que nous soyons rendus maintenant à l'approbation
de ce projet de loi. Le projet de loi recevra, je l'espère,
l'approbation des élus et j'invite encore l'Opposition officielle
à réviser sa
position et à voter avec nous en faveur de ce projet de loi au
lieu de voter comme en deuxième lecture, sur division.
M. le Président, je vous remercie de me donner ce temps de
parole, ça m'a permis de justifier certaines choses et d'apporter des
correctifs à certaines affirmations gratuites faites par l'Opposition.
Je vous remercie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Rimouski.
M. Garon: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le député de Lévis.
M. Garon: ...en vertu de l'article 212, pour rétablir les
faits. Je n'ai jamais dit qu'il n'y a pas eu d'appel d'offres sur les travaux.
J'ai dit qu'il n'y avait pas eu d'appel d'offres sur la location des locaux et
qu'il y a eu un déménagement... qu'il n'y avait pas eu d'appel
d'offres sur le choix des locaux, c'est-à-dire pour permettre à
tous les gens d'offrir des prix pour les locaux. C'est ça que j'ai dit
et c'est l'exacte vérité.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Très bien, M. le
député. Mme la députée de Johnson...
Mme Juneau: En vertu de 212...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...en vertu de 212, et
vous devez... Vous connaissez l'article et je vous le relis. Vous devez donner
des explications immédiatement après l'intervention qui les
suscite si vous avez été mal rapportée et vous ne devez
apporter aucun élément nouveau à la discussion, ni
susciter de débat. Mme la députée, sur l'article 212.
Mme Juneau: M. le Président, je n'ai jamais dit dans mon
intervention qu'il n'y avait pas de problème de ce
côté-là. J'ai dit que les discussions qui avaient eu lieu
avec les gens que j'ai rencontrés, c'étaient d'autres
problèmes. Je n'ai pas dit que la prison, il n'y avait pas de
problème de ce côté-là. Je n'ai jamais dit
ça.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée, de votre précision. Est-ce que la motion du
député de Rimouski proposant l'adoption du projet de loi 299, Loi
concernant la ville de Rimouski, est adoptée?
Une voix: À l'unanimité. Des voix:
Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: M. le Président, l'article 33 de notre
feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 189
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 33,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements sur le projet de loi 189, Loi
modifiant la Loi sur la Société d'habitation du Québec et
d'autres dispositions législatives. Y a-t-il des interventions sur ce
rapport? M. le ministre des Affaires municipales et responsable du dossier de
l'habitation.
Je vais suspendre les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 46)
(Reprise à 11 h 49)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. Alors, nous en sommes à la prise en considération du
rapport de la commission de l'aménagement et des équipements sur
le projet de loi 189, Loi modifiant la Loi sur la Société
d'habitation du Québec et d'autres dispositions législatives. M.
le ministre des Affaires municipales et responsable du dossier de l'habitation.
M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, il me fait plaisir de porter
à l'attention de cette Chambre le cheminement suivi jusqu'à
maintenant par le projet de loi 189 modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec, mais contenant aussi un
certain nombre d'autres dispositions législatives. L'objet du projet de
loi est très simple. Il s'agit, en premier lieu, de permettre à
la Société d'habitation du Québec de veiller avec une
efficacité mieux assurée sur le maintien dans le patrimoine
public d'unités d'habitation construites par des organismes sans but
lucratif avec l'aide de fonds publics. Déjà, les unités
d'habitation construites par des offices municipaux d'habitation sont
considérées comme étant la propriété de la
Société d'habitation du Québec, de sorte que si, par
exemple, la ville de Montréal voulait disposer d'un groupe
d'unités d'habitation dans une partie de son territoire pour construire,
à la place, des habitations en hauteur ou encore des gratte-ciel ou des
édifices commerciaux, elle ne pourrait pas le faire sans recevoir, au
préalable, l'autorisation de la Société d'habitation du
Québec.
Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas la même protection en
ce qui touche les ententes
conclues avec des organismes privés sans but lucratif. En vertu
de notre programme de soutien à l'habitation sans but lucratif, nous
concluons, chaque année, des ententes avec des organismes sans but
lucratif en vertu desquelles des unités d'habitation sont construites
sous la responsabilité conjointe de ces organismes et de la
Société d'habitation du Québec. La gestion de ces
unités est confiée à ces coopératives et il faut
bien qu'elles agissent sur ces unités-là pour faire des travaux,
entreprendre des réparations. Elles ont, par conséquent, les
pouvoirs d'hypothéquer ces biens, les pouvoirs de les gérer. Mais
ce qui n'est pas clairement défini, c'est le pouvoir d'en disposer. Dans
les contrats que nous avons avec eux, il est prévu que, si on met fin
à l'entente avant l'expiration du contrat, il faut évidemment
revenir à la Société d'habitation du Québec. En
bout de ligne, il n'est pas assuré actuellement qu'une
coopérative, je vais prendre un exemple concret, qui aurait bâti
25 unités d'habitation, financée par la Société
d'habitation du Québec... Disons que c'est un contrat de 35 ans; pendant
35 ans, le gouvernement finance le déficit conjointement avec le
gouvernement fédéral et la municipalité concernée.
Le fédéral assume, je pense que c'est 59 % du déficit.
Nous autres en assumons 30 % ou 31 % et la municipalité 10 %.
Disons qu'une société est en voie de réaliser ce
contrat, ça dure depuis une dizaine d'années, et elle vous dit:
Là, nous n'avons plus besoin de ça; nous avons
décidé de marcher par nos propres moyens; nous n'avons plus
besoin de ce contrat-là. Pour arriver qu'elle se détache de son
lien avec la Société centrale d'hypothèques, avec nous,
avec la municipalité, elle vende ces maisons-là pour des fins
commerciales, répartisse les profits entre les membres de la
société, les contribuables qui auraient financé tout
ça ne retireraient absolument rien. Alors, le but du projet de loi,
c'est de garantir qu'à tous les stades de la réalisation d'une
entente l'organisme ne pourra pas disposer des unités d'habitation et
des biens y afférant sans avoir reçu l'autorisation écrite
de la Société d'habitation du Québec. Voilà le but
du projet de loi, M. le Président. Nous voulons que ce qui a
été financé par le domaine public reste dans le domaine
public et n'en sorte que moyennant l'autorisation de personnes
habilitées à agir au nom de la puissance publique. En
l'occurrence, il s'agit de la Société d'habitation du
Québec. Voilà qui est clair!
Deuxième objet du projet de loi: favoriser une plus grande
souplesse de gestion à la Société d'habitation du
Québec. Par exemple, on veut que les autorités de la
Société d'habitation du Québec soient habilitées
à désigner une personne qui va signer des actes officiels au nom
de la Société, disons, à Rouyn, à Lachute, à
Gatineau, à Maniwaki ou ailleurs. Là, actuellement, il arrive
très souvent des transactions devant notaire, par exemple; des fois,
vous le savez, on va faire un petit acte d'importance secondaire et il faut
passer devant le notaire. C'est marqué dans ces actes-là, il faut
que la Société d'habitation du Québec intervienne parce
qu'elle est partie à toutes ces transactions-là. Des fois, il
faut faire venir l'officier de Montréal ou de Québec pour une
transaction qui est bien mineure. Alors, ici, on aurait le droit de
désigner des représentants de la Société qui
seraient habilités à procéder à la signature de ces
actes sans qu'on soit obligé de faire venir M. le président, M.
le secrétaire général ou M. le vice-président de
Québec. C'est un objet très simple en ce qu'il ne soulève
pas beaucoup de discussions.
Troisième objet du projet de loi: favoriser la mise au point de
réglementations pouvant prévoir certaines catégories, en
particulier en ce qui regarde le règlement sur le loyer dans les
habitations à loyer modique. Comme on le sait tous, un projet de
règlement avait été promulgué l'an dernier; il a
été invalidé par la cour sous prétexte qu'on a
invoqué des arguments d'urgence pour ne pas le publier pendant toute la
durée réglementaire de 45 jours. Ça, c'est
réglé; le gouvernement a accepté la décision. Nous
n'en avons point appelé de la décision. Mais, pendant ce
temps-là, il n'y a pas de règlement, alors nous avons
préparé un projet de règlement.
Maintenant, on nous avait dit: Dans ce projet de règlement - tout
le monde s'en souvient, il n'y a pas de cachette avec ça - il est
prévu que le deuxième adulte dans une famille qui vit dans un HLM
va participer au coût du loyer s'il est âgé de 18 à
25 ans. Jusqu'à maintenant, il en était exempté.
Là, il va être appelé à participer, en particulier
s'il est sur l'aide sociale. Il y en a qui ont fait toutes sortes de
réactions avec ça, y compris du côté de
l'Opposition. Puis, dans les milieux populaires, évidemment, on s'est
objecté fortement. Mais je suis très heureux de constater qu'au
cours de la dernière année les opinions ont beaucoup
évolué. Moi, j'ai demandé à combien de reprises aux
représentants des organismes populaires: Est-ce que vous trouvez juste,
vous, qu'une personne qui va toucher 500 $ par mois d'aide sociale, qui est
âgée de 19 ans et qui demeure à la maison, que son revenu
ne soit aucunement pris en compte pour le calcul du revenu de la famille, pour
les fins de déterminer quelle est la partie qui va être
subventionnée par le gouvernement? Savez-vous qu'il n'y a personne qui a
été capable de me répondre qu'il soutenait une
thèse comme celle-là? On est obligés d'admettre,
dès qu'on pose la question - je l'ai posée à
Pointe-Saint-Charles, je l'ai posée à Verdun, je l'ai
posée dans différents endroits... Est-ce que vous trouvez que
c'est juste que cette personne-là, on la mettre dans une espèce
de cocon et qu'on lui dise: Toi, évidemment, tu restes là, mais
tu n'es obligé de payer pour rien parce que tu es un
protégé particulier de la société? Ça
ne tient pas debout, ça ne résiste pas à l'examen et je
crois que les organismes populaires se sont rendus à
l'évidence.
Maintenant, ils nous disent: Faites-le, mais faites-le avec
modération et pondération, en tenant compte de catégories
différentes de personnes. Ils nous disent, par exemple: S'il s'agit d'un
jeune de 18 à 20 ans, sa situation n'est pas la même que celui qui
a de 21 à 24 ans. On voudrait que vous puissiez doser la contribution de
manière à tenir compte de ces différences. Puis, nous ne
pouvons pas doser la contribution actuellement, nous ne pouvons pas instituer
de catégories parce que, sous l'empire de la Charte des droits de la
personne, il pourrait arriver que nous soyons attaqués devant les
tribunaux et ce ne sont pas des matières pour lesquelles nous voulons
passer notre temps devant les tribunaux. Moi, un de mes titres de gloire, c'est
de passer le moins de temps possible devant les tribunaux et ça augmente
mon respect pour eux quand j'ai affaire à eux le moins souvent
possible.
Une voix:...
M. Ryan: Pardon?
Une voix:...
M. Ryan: On les consulte autrement. Ils donnent des conseils
constructifs et ils sont excellents quand ils veulent jouer un rôle
constructif, M. le député de Westmount. Ça, c'est la
philosophie qui inspire cette disposition du projet de loi. C'est
éminemment simple, éminemment juste et équitable, à
part ça. Le gouvernement a pensé à ces catégories
parce qu'on les lui a suggérées.
Moi, je me rappelle, une fois, il y avait le FRAPRU qui voulait me voir.
Le député de Shefford, de bonne foi, me reprochait de refuser de
les voir alors que je les avais vus une couple de jours avant qu'il ne fasse sa
déclaration. Mais ça, c'est des erreurs de communication qui
arrivent et il n'y a aucune espèce de ressentiment qui reste de tout
ça. Je les avais vus, j'avais causé avec eux et je leur avais
dit: II y a certaines choses dans vos présentations qui sont justes, on
va les écouter, on va en tenir compte. (12 heures)
Là, nous n'avons pas publié la nouvelle version du projet
de règlement parce qu'il faut d'abord que ce projet de loi ci soit
adopté pour qu'on puisse... Avant de réglementer, il faut
légiférer, c'est élémentaire. Le pouvoir
réglementaire dérive de la législation. Il ne
dérive pas de la volonté arbitraire du gouvernement. C'est pour
ça que ce projet de loi, même s'il n'a pas une importance
démesurée, a une signification certaine au point de vue social,
à un double titre' d'abord, pour cette préservation du patrimoine
public que nous voulons assurer par les dispositions relatives au droit
d'aliénation d'immeubles construits en faveur d'organismes privés
avec des fonds publics; deuxièmement, au titre des améliorations
qu'il nous permettra d'apporter à la réglementation relative aux
loyers dans les habitations à loyer modique.
J'ajoute un dernier point, M. le Président. Les
représentants des coopératives d'habitation sont intervenus
auprès de nous ces jours derniers pour nous dire qu'ils étaient
inquiets des dispositions relatives au droit d'aliénation; ils se
posaient toutes sortes de questions. J'ai reçu une lettre du
président de la Confédération québécoise des
coopératives d'habitation que je serais heureux de déposer dans
cette Chambre, si vous me le permettez, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Y a-t-il consentement au
dépôt du document dont le ministre a fait part? Alors,
consentement. M. le ministre, vous pouvez déposer ce document.
M. Ryan: J'ai été étonné de cette
réaction et j'en ai pris connaissance avec respect et attention, comme
j'essaie toujours de le faire lorsque nous proviennent des réactions de
milieux intéressés à un document législatif. Hier
soir, une réunion a même eu lieu à mon bureau avec des
représentants de ces organismes coopératifs. Nous leur avons
demandé: Qu'est-ce qui se passe exactement? Qu'est-ce qui vous
embarrasse là-dedans? Finalement, ils ont dit: Bien, on n'a pas eu assez
le temps de regarder ça. C'est une chose qui est en discussion avec eux
depuis des années, ça. Ce n'est pas une chose nouvelle. Ce n'est
pas une petite bibite qui a été sortie d'une cachette quelconque.
C'est une affaire qui est en discussion, qui est d'ordre public de la
manière la plus éminente qu'on puisse imaginer.
On leur a demandé: Avez-vous des représentations
substantielles à faire qui portent sur le contenu? Qu'est-ce que c'est
au juste? Savez-vous que j'ai demandé à mes deux
représentants qui étaient à la réunion hier soir de
me faire rapport de ça et il n'y a rien qui ressort. Il n'y a rien de
clair, de concret et de fonctionnel qui ressort des représentations que
nous avons reçues. Moi, je me disais: Peut-être que... Vous avez
une coopérative à un moment donné, il peut arriver qu'elle
construise des maisons et qu'elle les vende à ses sociétaires.
Ça serait normal. Le principe même de la coopération
voudrait que les sociétaires en soient les propriétaires. C'est
bien plus fort comme coopérative que quand on les garde comme locataires
pendant 35 ans. Moi-même, j'ai présidé une
coopérative d'habitation pendant plusieurs années - je pense que
le président de nos délibérations s'en souvient
très bien - et chaque sociétaire devenait propriétaire
de son unité d'habitation. A ce moment-là, le projet de
loi causerait un problème. Mais ce n'était pas des habitations
construites en vertu du Programme d'habitation à loyer modique.
C'était construit sous l'empire des programmes généraux de
soutien au logement, un peu comme le programme Mon taux, mon toit, le programme
AMI, par exemple. C'est une tout autre affaire, à ce moment-là.
C'est un autre ordre de considérations.
Dans le domaine des logements à loyer modique, par
définition, ces logements ne peuvent pas être acquis par les
propriétaires parce qu'ils sont à un niveau de revenu trop
faible. C'est justement pour ça qu'on les construit. Ils ne seraient
même pas capables de se payer un loyer modeste. On construit des maisons
pour les accueillir là. A fortiori, ils ne peuvent pas envisager
d'accéder à la propriété de leur habitation. alors,
je ne vois pas, là, quel est le problème exactement qui se pose
pour les coopératives, pour les organismes sans but lucratif. je ne vois
pas en quoi ça les embarrasserait, en quelque manière, que nous
adoptions ce projet de loi. cependant, par esprit de composition,
d'honnête compromis, comme nous essayons toujours de le pratiquer, je
leur ai fait faire un message hier. j'ai dit que je serais prêt à
envisager une modification au projet de loi qui dirait quelque chose comme
ceci. on dirait que la loi entre en vigueur le jour qui sera indiqué
à la fin, comme d'ordinaire, sauf que certains articles, eux autres,
entreraient en vigueur à une date ultérieure fixée par le
gouvernement. ça leur donnerait un moratoire de quelques mois pour
soumettre leurs représentations, faire voir leurs objections s'il y en
a.
Ce projet de loi est déposé depuis un mois
déjà. Cette affaire-là est en discussion, comme je l'ai
dit, M. le Président, depuis déjà au moins un an ou deux.
Il n'est pas question de retarder l'adoption du projet de loi à cause de
ça, il faut que nous l'adoptions, mais nous sommes prêts à
introduire une modification qui permettrait d'introduire un peu de souplesse
dans la mise en application du projet de loi et, à cette fin, avec le
consentement de l'Opposition, je voudrais porter maintenant à votre
connaissance, M. le Président, une proposition d'amendement dont nous
pourrons disposer au stade de l'adoption du rapport. Mais par courtoisie, dans
un esprit de collaboration, j'aimerais que cette proposition de modification
soit portée à la connaissance de la Chambre dès
maintenant.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
consentement de cette Assemblée pour le dépôt d'un
amendement au rapport de la commission, ce qui est une dérogation
à l'article 252. Alors, il y a consentement. Donc, nous
étudierons le rapport et l'amendement en même temps.
M. Paré: M. le Président, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, s'il vous
plaît, M. le député.
M. Paré: II y a consentement pour le dépôt,
sauf qu'il faudra y revenir lorsque nous serons en troisième lecture
parce que, moi, je vais demander à ce qu'on ait la chance
d'étudier l'amendement ici, en plénière, au moment de la
troisième lecture. Donc, je suis d'accord qu'on le dépose
maintenant, mais pas que la discussion se fasse et qu'on n'ait pas la chance
d'en discuter en plénière par la suite.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais relire
l'amendement, M. le député de Shefford. Alors, il est
proposé par le ministre de remplacer l'article par le suivant, l'article
8: "Les dispositions de la présente loi entrent en vigueur, sauf les
articles 3, 6 et 7 qui entreront en vigueur à une date ultérieure
fixée par le gouvernement."
Compte tenu de vos remarques, l'amendement est recevable. Compte tenu du
consentement, je le soumettrai aux voix, si l'amendement est accepté,
à la fin du temps de parole qui sera utilisé, et je demanderai si
le rapport tel qu'amendé serait adopté. À ce
moment-là, ça vous permet également d'intervenir au niveau
de la troisième lecture sur cet amendement-là. Je dois le
soumettre si le rapport est adopté tel qu'amendé à ce
moment-là.
M. Paré: Oui. J'aimerais savoir... Une directive, M. le
Président. Est-ce que, si j'accepte maintenant le dépôt de
l'amendement, ça vient compromettre ce qui se passe selon le
règlement qui veut que ce soit déposé lors de la
troisième lecture et qu'à ce moment-là on puisse se
transformer en plénière? Si oui, je vais refuser l'amendement. Si
vous me dites qu'il est déposé pour qu'on en prenne connaissance,
mais qu'il sera officiellement ramené à la troisième
lecture pour qu'on puisse en discuter en plénière, à ce
moment-là, j'accepterai. Mais si ça vient compromettre la
procédure habituelle qui veut que ce soit en troisième lecture
pour qu'on puisse ensuite en discuter en plénière, je vais vous
dire, je vais être obligé de refuser le dépôt.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Compte tenu de vos
remarques, M. le député de Shefford, si vous donnez votre
consentement, l'amendement ne pourrait pas être étudié en
commission plénière en vertu de la troisième lecture,
l'article 256. Donc, ça veut dire qu'à ce moment-là
l'amendement du ministre pourrait être proposé lors de la
troisième lecture pour l'étudier en commission
plénière.
M. Paré: Oui. Alors, dans ce cas-là, M. le
Président, il n'y a pas de consentement pour le dépôt.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): II n'y a pas de
consentement. Donc, je remets l'amendement. Nous en sommes sur le rapport.
À ce moment-là, s'il y a un amendement qui est proposé au
niveau de la troisième lecture, il y aurait effectivement, en vertu de
nos règlements, une commission plénière sur l'amendement
qui est re-cevable. M. le député, si vous voulez intervenir sur
le rapport.
M. Roger Paré
M. Paré: Oui. Merci, M. le Président. Oui, je tiens
absolument à intervenir sur ce rapport de la commission qui a
étudié le projet de loi 189. C'est évident qu'à
écouter M. le ministre, tout va bien dans le meilleur des mondes et les
gens des coopératives sont satisfaits. Tout s'est bien
déroulé. Ça fait longtemps qu'on en discute, et c'est
l'aboutissement logique et normal de longues discussions par rapport à
un principe sur lequel tout le monde est unanime.
Je vais vous dire, je n'aurai pas tout à fait le même
discours. Ce n'est pas seulement en mon nom personnel que je vais le faire,
mais au nom des gens qui sont responsables de coopératives, et qui ont
écrit au ministre dernièrement. Je vais essayer, rapidement, de
faire le tour et d'expliquer le contexte. Il semblerait maintenant qu'il y a
une urgence à légiférer, spécialement lorsqu'on lit
le projet de loi 189 à un article tout à fait particulier, dont
on retrouve un texte qui est, à mon avis, assez rare, et peut-être
même inquiétant. C'est l'article 7 qui dit que la loi entre en
vigueur à la date de présentation du projet de loi, et non pas au
moment où elle est votée. C'est rétroactif au moment
où elle est déposée. Comme s'il y avait une urgence. Comme
s'il y avait des craintes. Comme s'il pouvait se passer quelque chose de
dramatique entre le moment du dépôt et le moment où c'est
voté, ou le moment où ça entre en vigueur.
Pourtant, il y a quelque chose qui n'est pas très clair
là-dedans. Quelque chose de dangereux, en plus de quelque chose de pas
clair. À preuve, c'est qu'on dépose un amendement, ce matin, pour
dire que, maintenant, on accepte de reporter à plus tard. Pourquoi il y
avait une urgence? Pourquoi cette façon de procéder et pourquoi,
maintenant, on est prêt à modifier? Surtout qu'en commission
parlementaire le ministre ne nous a apporté aucun cas justifiant que la
loi soit rétroactive au moment de son dépôt. Donc, s'il n'y
a pas de cas maintenant, s'il n'y a pas de crainte, ça ne veut pas dire
qu'on est contre le principe. À preuve, vous n'avez qu'à relire
ce que j'ai dit, en cette Chambre, au moment de l'adoption de principe. (12 h
10)
Je me suis prononcé en faveur du principe qui veut que le
logement social demeure un bien collectif public, qu'une coopérative
d'habitation demeure une coopérative d'habitation et qu'il n'y ait pas
le risque, dont parlait le ministre tantôt, à l'effet que des
sociétaires décident de vendre à gros prix pour partir
avec la cagnotte et devenir propriétaire de l'argent qui a
été fourni par le public, par la Société canadienne
d'hypothèques et de logement et par la Société
d'habitation du Québec. Sur ce principe, moi, je suis d'accord, et
même les coopératives sont d'accord. Mais si j'étais
d'accord sur le principe, sur la façon maintenant, là, je dois
vous dire: Non, je ne suis plus d'accord. Et par rapport aux discussions que
nous avons eues en commission parlementaire, par rapport aux discussions que
j'ai eues avec les représentants du monde des coopératives
d'habitation, je dois vous dire: Je ne suis pas d'accord de la façon
dont on s'y prend. Et à écouter le ministre, tout va bien et on
fait preuve d'une souplesse incroyable. Ce n'est absolument pas ça. Le
projet de loi, c'est comme à l'image de tous les projets de loi qu'on
discute présentement, presque, ici à l'Assemblée
nationale, ce n'est pas de la souplesse, c'est du contrôle et, à
certains moments donnés, c'est du contrôle qui devient excessif et
dangereux.
Il y a des gens qui ne sont plus à l'Assemblée nationale
et qui doivent être inquiets. Je pense à M. Scowen, avec son
projet de déréglementation: L'État doit être de
moins en moins présent et réglementer de moins en moins. Si vous
remarquez, on n'en parle plus. Le discours, il n'existe plus ici, parce qu'on
n'a jamais réglementé autant, on n'a jamais vu autant de
réglementation, autant de contrôle sur les sociétés,
les individus, les entreprises et les citoyens comme tels. C'est rendu qu'on
contrôle tout. Et les projets de loi, c'est toujours des principes
où on se donne les moyens de contrôler - d'ailleurs, le ministre
en a parlé - le troisième principe qu'on retrouve
là-dedans, c'est pour permettre à la Société
d'habitation de réglementer davantage. D'ailleurs, le projet de loi a
été déposé, déclaré nul par un
jugement et il va être redéposé, donc on va venir
réglementer encore davantage les HLM, mais on va l'imposer aux
coopératives, alors que c'est deux philosophies différentes.
Mais comment ça se passe, ce projet de loi là? Comment
ça s'est passé? C'est quoi le déroulement, le cheminement?
Le cheminement: Le projet de loi a été déposé
à la mi-novembre et dès son dépôt, on dit qu'il doit
entrer en vigueur. Il n'est pas voté, mais lorsqu'il sera voté il
sera rétroactif à son dépôt. Déposé
mi-novembre et tout de suite, quelques jours après, le 20 novembre, nous
étions ici à l'Assemblée nationale à l'étude
de principe - deuxième lecture, comme on disait dans le temps, mais
étude de principe. Dès le lendemain, 21 novembre, en commission
parlementaire, article par article. Nous, qu'on en parle ici, ce n'est pas
pire, mais quand ça touche autant de monde et quand c'est un projet qui,
même, amène du droit nouveau et du droit excessif à
certains moments
donnés, peut-être, bien, il est normal que des intervenants
puissent en discuter et émettre leurs opinions. Mais les gens n'ont pas
eu le temps de réagir. Dépôt vers le 15 novembre -
ça, c'est dans la semaine, ça veut dire qu'il y a eu la fin de
semaine entre les deux - et, dès le 20 novembre, nous étions ici,
sans même que les gens puissent en prendre connaissance, nous
étions ici en train d'en étudier le principe, donc, à
quelques jours seulement du dépôt. Les gens du milieu n'ont pas eu
le temps de réagir et ils se sont inquiétés et à
juste titre. Les gens ne se sont pas inquiétés pour rien.
À preuve, c'est que dès qu'il y a eu manifestation
d'insatisfaction de la part des gens du milieu, par des lettres qu'on a
reçues - je vais en citer quelques-unes, moi aussi, tantôt - le
ministre a convoqué d'urgence, hier soir, une rencontre où il
n'était pas présent. Mais il y a eu une rencontre de gens qui le
représentaient.
Donc, si, suite à une manifestation d'insatisfaction, le ministre
accepte que les gens puissent en discuter, c'est que le projet de loi est
discutable. Et c'est tellement vrai que le ministre, suite à cette
rencontre, accepte de déposer un amendement. Donc, les gens
n'étaient pas inquiets pour rien, c'était justifié. Et
à juste titre la rencontre devait avoir lieu, l'amendement devait
être déposé. Mais est-ce suffisant? Parce que le ministre
disait: Ce n'est pas nouveau, comme sujet de discussion. Et c'est vrai. Les
gens du milieu reconnaissent que, depuis deux ans, les gens des
coopératives en discutent avec la Société d'habitation du
Québec et espèrent trouver une façon de garantir la
pérennité des coopératives d'habitation, que ça
demeure toujours propriété collective. Donc, les gens en
discutent. On n'a pas trouvé de solution. Non, on n'a pas trouvé
de solution. Peut-être parce qu'il n'y a pas eu suffisamment de
discussions, suffisamment d'ouverture, même, de la part du
ministère et de la Société d'habitation du Québec.
Et, moi, je suis prêt à reconnaître qu'il n'y a pas eu
suffisamment d'ouverture, juste à voir de quelle façon le
débat se déroule depuis quelques semaines. Donc, depuis deux ans,
on en discute. Pas d'entente, mais des discussions qui se poursuivent sur une
base pas très régulière.
Le 15 avril dernier les gens ont reçu, effectivement, un document
pour voir ce qu'ils en pensaient, c'est le projet de loi dont on discute, pas
comme un projet de loi, mais comme un document pour discussion et on leur
demande leur avis. Voyant ce document-là, les gens, le 15 novembre, ont
avisé et ont même écrit aux gens de la
Société d'habitation du Québec en leur disant:
Écoutez, c'est complexe, c'est inquiétant et nous, il y a des
choses là-dedans qui ne sont même pas claires. C'est très
nébuleux. C'est confus. Ce n'est pas précis alors que ça
touche notre fonctionnement et notre avenir. Les gens ont dit: Donnez-nous le
temps. De toute façon, ça fait deux ans qu'on en discute. Est-ce
qu'on peut avoir un peu de temps pour en discuter? Et, de toute façon,
avec des dates précises, en disant à la Société
d'habitation du Québec: Écoutez bien, nous, on doit en parler
à notre conseil d'administration. Le conseil d'administration doit se
tenir le 30 novembre. Donc, il y a quelques jours à peine.
Le 15 octobre, les gens demandaient, par une lettre, suite à la
réception du document: Donnez-nous jusqu'en décembre parce qu'on
a une rencontre pour en discuter. Parce que, nous, on ne fait pas ça en
cachette et à huis clos, on fait des vraies discussions, on veut une
rencontre du conseil d'administration le 30 novembre. Donc, on va en discuter.
Mais, entre-temps, il y a des choses tellement pas claires et
inquiétantes là-dedans que nous, ce qu'on demande, c'est qu'un de
nos avocats ou un avocat à qui on va demander son
interprétation... On va mettre un avocat là-dessus, on va faire
étudier ça par un avocat et on sera en mesure de vous dire,
après notre rencontre du conseil d'administration du 30, si, oui ou non,
on est d'accord avec ça ou si on vous demande quelques
modifications.
Suite à tous ces avis qui ont été donnés
à la Société d'habitation du Québec, on n'a pas
attendu le 30 novembre, on a déposé, au milieu de novembre, le
projet de loi, en le rendant rétroactif au moment de son
dépôt. Et quelques jours après, avant le 30 novembre,
deuxième lecture, commission parlementaire article par article et
probablement que, s'il n'y avait pas eu de lettre, on l'aurait peut-être
déjà voté au moment où on se parle, ce projet de
loi là. Ce n'est pas comme ça qu'on respecte le milieu. Ce n'est
pas comme ça qu'on fait de la véritable concertation. Ce n'est
pas comme ça qu'on accepte des gens qui se sont responsabilisés
en devenant sociétaires d'une coopérative. Ce n'est pas comme
ça qu'on respecte ces gens-là et on reconnaît la charge
qu'ils ont prise.
Donc, c'est comme ça que ça s'est passé. Et les
gens se sont mis à écrire au ministre. Effectivement, le ministre
a déposé une lettre de la Confédération
québécoise des coopératives d'habitation. Il y en a
d'autres qui ont été envoyées. J'en ai eu copies, donc le
ministre les a reçues aussi: le Conseil de la coopération du
Québec, la Fédération des coopératives d'habitation
montérégiennes, la FCHIM, c'est-à-dire la
Fédération des coopératives d'habitation de l'île de
Montréal, la Fédération des coopératives
d'habitation du Saguenay, donc plusieurs lettres ont été
envoyées, pas seulement une. Pour demander quoi au ministre? Qu'on se
donne du temps, qu'on ne passe pas ça à la vapeur, à la
cachette, sans discussion. Bien non, ça n'a pas l'air d'être le
cas parce qu'on a essayé de passer ça sans attendre les
recommandations, sans attendre les commentaires, alors qu'on les avait
demandés. On a décidé d'aller rapidement.
Les gens ont demandé des précisions et je vais vous lire
quelques paragraphes d'une lettre de la Confédération
québécoise des coopératives d'habitation pour vous dire ce
que ces gens-là demandaient au ministre. Ce qu'ils demandent: "Ce projet
de loi, dont les conséquences légales pratiques n'ont pu
être évaluées de façon sérieuse et
détaillée faute de temps, ouvre la porte à
énormément d'interprétation en raison de
l'ambiguïté de certains de ses articles." Le projet n'est pas
clair, il est inquiétant, il est ambigu. On ne dit pas qu'on est contre
le principe, on demande le temps nécessaire pour être capable de
le regarder. Ce qu'on dit toujours: "La Confédération ne comprend
pas les raisons qui motivent l'adoption d'une telle législation à
la sauvette, sans un examen approfondi par les intervenants concernés de
ses conséquences. Ce projet de loi fait apparaître de nouvelles
notions juridiques qu'il faut étudier davantage." (12 h 20)
Le beau discours du ministre qui semble tout à fait ouvert, qui
parle de souplesse, qui parle de bonnes relations. C'est ça que le
milieu dit. Il n'y a pas de discussion, c'est ambigu. Ça va permettre au
ministre, parce que c'est ambigu, de faire n'importe quoi. Il va
l'interpréter à sa façon et il va s'imposer. C'est
ça, des mesures de contrôle. Sous le beau discours complaisant
d'un bon père de famille, on agit plutôt en police, on agit
toujours en inspecteur, en contrôleur, on s'impose et c'est ça que
le milieu n'accepte plus. Le milieu le reconnaît, le milieu dit qu'il est
d'accord avec le principe. C'est tellement vrai que je vais vous lire un autre
paragraphe de la même lettre qui dit ceci: "Le mouvement
coopératif en habitation a d'ailleurs déjà
démontré sa préoccupation pour cette question en
élaborant des mesures qui lui sont propres pour assurer le
contrôle du caractère social et collectif de l'habitation par des
dispositifs précis." Le monde coopératif de l'habitation se dit
d'accord avec le principe. Ils sont ouverts, ils sont prêts à
regarder des alternatives mais à la condition qu'on puisse en discuter,
pas à la sauvette comme on fait. Depuis deux ans, il n'y a pas eu
vraiment de discussion de fond. Depuis le 15 - les gens ont pensé que
c'était de bonne foi - on le redépose en disant: Faites-nous des
commentaires. Le milieu répond par écrit, de bonne foi, en
disant: Oui, on va faire étudier ça par un avocat. Nous, on va
l'étudier à notre conseil d'administration et on vous fera des
commentaires. En attendant, à la sauvette, en quelques jours, le
dépôt est fait et puis, là, on se met à passer
étape par étape, ce qui n'a pas vraiment de bon sens. Ce n'est
pas comme ça qu'on doit respecter un milieu qui veut se prendre en main.
Je me demande c'est quoi, cette façon de discuter qu'a le ministre avec
les intervenants.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, Mme la
députée.
Mme Juneau: Je m'excuse...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui. Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: ...de déranger mon collègue, mais nous
n'avons pas quorum en Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Qu'on appelle les
députés!
Alors, il y a quorum. On peut poursuivre. M. le député, si
vous voulez poursuivre.
M. Paré: Oui, merci, M. le Président. Eh bien! moi,
je pense que le ministre devrait faire plus grande preuve de respect par
rapport à un mouvement coopératif qui est important. Il va
falloir s'enlever de la tête que le mouvement coopératif, c'est
des petites choses au Québec. C'est, dans le secteur de
l'économie, ce qui s'en vient de plus important. On a juste à
regarder le mouvement coopératif des caisses d'épargne et de
crédit qui, de plus en plus, lui aussi, s'immisce dans le secteur de
l'habitation.
Les coopératives d'habitation, M. le Président, on parle
de plusieurs milliers de gens qui vivent dans des coopératives. C'est
important, c'est un secteur qui veut se développer, mais on refuse toute
discussion, on refuse même de reconnaître leur importance lorsque
ces gens-là veulent parler de développement. Mais là ce
qu'on est en train de faire, c'est d'imposer un contrôle qu'on appelle
une charge administrative qu'on va leur imposer. Ça veut dire quoi? Ce
n'est pas clair. On ne le sait pas. Mais n'oublions pas quelque chose, dans le
projet de loi qui est déposé présentement, le projet de
loi 189, on parle d'un contrôle, on parle d'une réglementation,
d'une imposition qu'on va faire aux coopératives d'habitation pour une
période indéfinie dans le temps, pour le futur, et
rétroactive en plus. C'est dangereux légiférer de cette
façon-là. Ça a l'air de rien et, dans le discours
complaisant du ministre, c'est comme s'il ne se passait rien. Mais je me
demande même si, au niveau gouvernemental, ce n'est pas quelque chose de
dangereux qu'on est en train d'apporter, un projet de loi qui est
rétroactif et, en plus, qui est indéfini dans le temps pour les
coopératives.
N'oublions pas que les coopératives, c'est des sociétaires
responsables, c'est des gens qui acceptent d'assumer des responsabilités
et même des charges. Mais là, on veut leur imposer une charge
administrative sans dire c'est quoi. Ça veut dire que, même
lorsque ces gens auront fini tout lien avec l'État, avec la
Société canadienne d'hypothèques et de logement et avec la
Société d'habitation du Québec, alors qu'ils auront
payé leurs dettes, alors qu'ils auront assumé toutes leurs
responsabilités, alors qu'ils ne demanderont
plus d'aide financière, ils seront tenus à des charges
administratives qu'on refuse de définir maintenant. Là, ce n'est
pas qu'ils demandent d'être capables de vendre, parce que je l'ai dit
tantôt, les gens acceptent le principe du maintien du logement social
public de bien collectif. Ça, ils l'ont reconnu, mais pas de cette
façon-là, parce que là, il y a une charge administrative
qu'on refuse de définir.
Donc, ces gens-là sont contraints par toutes sortes d'impositions
de la Société d'habitation du Québec qu'ils ne connaissent
pas maintenant. On pourra imposer toutes sortes de charges dans le futur, mais
dans le projet de loi, si on est prêt à imposer une charge
administrative non définie, on n'impose rien à la
Société d'habitation du Québec. C'est dans un sens
seulement.
Mais ça voudra dire quoi, les modifications, dans le temps?
Ça voudra dire probablement qu'ils seront obligés de respecter
toutes sortes de règlements qui, normalement, ne sont pas adaptés
à des coopératives. De l'autre côté, on dira: Les
coopératives, ou c'est petit, ou ce n'est pas rentable, mais on leur
imposera probablement des réglementations qui feront en sorte qu'elles
ne pourront pas rentabiliser leurs opérations. On peut donner des
exemples: la fameuse réglementation relative aux conditions de location,
c'est inapplicable, au moment où on se parle; c'est inapplicable aux
coopératives. On leur donne 14 catégories pour faire le choix des
sociétaires, des locataires à l'intérieur d'une
coopérative. Ça, c'est bon pour les gros HLM. C'est
peut-être bon pour le secteur public parce que c'est un service à
l'ensemble de la collectivité, mais comment imposer ça, ces 14
catégories de sélection des locataires, à des
coopératives de 6 logements? On va leur demander d'avoir du personnel
à temps plein pour catégoriser non pas des gens qui demandent du
logement public, mais des sociétaires qui, librement, décident
d'adhérer à une coopérative d'habitation?
Ce n'est pas la même philosophie. Adhérer à une
coopérative, c'est un choix qu'on fait de se regrouper pour se loger,
pour s'assurer une sécurité de logement, une
sécurité dans l'augmentation des prix du logement puisqu'on est
propriétaire collectivement chez soi. Donc, on ne demande pas du
logement public, on demande du logement privé auquel on va
adhérer et on va accepter une charge administrative et une charge
d'entretien. Ce n'est pas la même philosophie. Pourtant, c'est le
même règlement qu'on veut imposer. On dit que, pour le futur,
indéfiniment, ils seront contrés par des règlements qu'on
ne connaît pas. Les gens disent: On est prêt à regarder
ça. Donnez-nous le temps d'en discuter. Ce n'est pas normal qu'on nous
l'impose d'une façon aussi rapide, à la sauvette, comme nous
disent les gens dans leur lettre, qui était justifiée. La preuve,
c'est que le ministre a convoqué une réunion d'urgence et a
accepté de reporter la mise en vigueur de certains articles.
Mais les articles qu'on décide qui ne s'appliqueront pas
dès maintenant, c'est le coeur même du projet de loi. C'est comme
dire: Eh bien, il ne sera pas en vigueur maintenant, mais on doit le voter
maintenant, alors que c'est l'essence même du projet de loi.
Les gens ont raison de se battre; ils ont raison de vouloir qu'on
retarde même le projet de loi. Il n'y a pas d'urgence; le ministre n'a
trouvé aucun cas à la commission parlementaire pour nous dire
qu'effectivement il y a des cas où on risque qu'il soit trop tard si on
attend la prochaine session. Pourtant, en attendant, on va discuter, par
exemple. La loi va être votée; elle va être votée,
mais, avec l'amendement, le ministre pourra en tout temps, non pas dans un
règlement, non pas dans une loi, mais dans un simple décret
ministériel, dans un simple décret du Conseil des ministres, nous
imposer sa loi de façon rétroactive. Pour les gens, finalement,
c'est une mince consolation. C'est peut-être un pas dans la bonne
direction parce que c'est la reconnaissance que le ministre a mal agi, n'a pas
respecté le milieu, mais ça ne nous apporte pas les garanties que
la discussion va aboutir puisque le ministre pourra, en tout temps,
décider que les discussions sont finies et nous imposer, par
décret, sa loi qui est votée sans discussion, sans
interprétation claire, dans l'ambiguïté par rapport à
ce que veut dire la charge administrative pour les coopératives
d'habitation.
Les gens demandent autre chose aussi. Comment se fait-il qu'on est si
pressés de contrôler les coopératives et qu'en même
temps on n'est pas pressés pour leur donner ce qu'ils demandent depuis
que le gouvernement a aboli Logipop, volet 2, en 1986, une véritable
politique d'habitation coopérative? Comment se fait-il que
là-dessus, même s'il y a des propositions concrètes qui ont
été émises, le gouvernement n'est pas prêt à
en discuter? Il faudrait que le gouvernement profite de ce projet de loi
là pour le retarder et se donner quelques mois ou quelques semaines pour
étudier non seulement comment on va faire pour préserver le
logement coopératif comme un bien collectif et social, mais comment on
pourrait étudier une véritable politique pour développer
le logement coopératif. Alors que, de plus en plus, le gouvernement
coupe, ça veut dire que de moins en moins on construit des unités
coopératives au Québec, alors que les listes d'attente sont de
plus en plus grandes, le besoin est de plus en plus grand.
Il faudrait que le gouvernement prouve sa bonne foi, sa bonne
volonté par rapport au logement coopératif et qu'il respecte les
gens du milieu en acceptant qu'on se donne du temps, non pas avec une
épée de Damoclès sur la tête, mais avec une
volonté clairement exprimée aujourd'hui de dire: Donnons-nous
jusqu'au printemps pour étudier correctement une politique d'habitation
coopérative, pour étudier correctement comment on va
préserver le
principe qui est dans la loi, mais pas comment on va contrôler,
comment on va imposer, parce que c'est l'esprit qu'on retrouve dans le projet
de loi avec, comme je disais, M. le Président, du nouveau, des nouvelles
choses juridiques qui pourraient être un précédent qui
pourrait être dangereux. Et, là-dessus, on ne peut pas, nous,
accepter maintenant d'être d'accord avec ce projet de loi là.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
député de Shefford, de votre intervention. Est-ce que le rapport
de la commission de l'aménagement et des équipements portant sur
le projet de loi 189, Loi modifiant la Loi sur la Société
d'habitation du Québec et d'autres dispositions législatives, est
adopté?
Des voix: Adopté. Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division. Alors, compte tenu de l'heure, je suspends les travaux de cette
Assemblée jusqu'à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 14 h 5)
Le Président: M mes, MM. les députés.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons nous recueillir quelques instants. Je vous remercie.
Veuillez vous asseoir.
Nous allons entreprendre les affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents. M. le leader du gouvernement.
Dépôt de documents
Rapport annuel de la Régie des entreprises de
construction
M. Pagé: M. le Président, au nom du ministre du
Travail, j'ai l'honneur de déposer le rapport annuel 1990-1991 de la
Régie des entreprises de construction du Québec.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Maintenant, M. le ministre de l'Environnement.
Rapport annuel du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
conformément à notre règlement, je dépose le
rapport annuel 1990-1991 du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement.
Rapport annuel du Vérificateur
général
Le Président: Ce rapport est déposé.
Maintenant je dépose, conformément à l'article 44 de la
Loi sur le Vérificateur général, le rapport annuel du
Vérificateur général du Québec pour l'année
financière terminée le 31 mars 1991.
Décisions du Bureau de l'Assemblée
nationale
Également, je dépose les décisions nos 484, 486 et
487 du Bureau de l'Assemblée -nationale. Ces documents sont tous
déposés.
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. M. le
président de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation, et député de Nicolet-Yamaska.
Dépôt de rapports de commissions
Étude détaillée du projet de loi 183
M. Richard: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer, au nom des membres de la commission, le rapport de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation qui a
siégé le 3 décembre 1991, afin de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 183, Loi modifiant la
Loi sur l'assurance-récolte et la Loi sur l'assurance-stabilisation des
revenus agricoles. Le projet de loi a été adopté avec des
amendements, M. le Président.
Étude détaillée du projet de loi
184
Je dépose aussi, au nom de la commission, le rapport de la
commission sur l'étude détaillée du projet de loi 184, Loi
modifiant la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Le projet de loi a
été adopté avec un amendement. Merci, M. le
Président.
Le Président: Je vous remercie, M. le
député. Ces rapports sont déposés. Maintenant, M.
le président de la commission de l'économie et du travail et
député de Laval-des-Rapides.
Étude détaillée du projet de loi
188
M. Bélanger: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail,
qui a siégé le 3 décembre 1991, afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 188,
c'est-à-dire la Loi modifiant la Loi sur le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre et d'autres dispositions législatives. Le
projet de loi a été adopté avec un amendement. Je vous
remercie.
Le Président: Merci, M. le député. Ce
rapport est également déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions. M. le
député
de Labelle.
Dépôt de pétitions
Intervenir afin de permettre le redémarrage des
scieries dans la région des Laurentides
M. Léonard: M. le Président, je dépose
l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale par 3479 pétitionnaires, citoyennes et citoyens de la
région des Laurentides.
Les faits invoqués sont les suivants: "Considérant
l'importance du travail en forêt en tant que principal secteur d'emploi
dans la région; "Considérant que, par la fermeture de plusieurs
scieries de la région, les travailleurs seront confrontés
à des situations pénibles en obligeant plusieurs à
hypothéquer leurs biens personnels ou à recourir à
l'assistance sociale; "Considérant que des délais additionnels
retardant l'ouverture des scieries causeraient des préjudices importants
aux travailleurs, entraînant un climat de pauvreté extrême
et occasionnant une détérioration importante de l'économie
régionale;"
L'intervention réclamée se résume ainsi: "Nous,
soussignées et soussignés de la région de Mont-Laurier et
des villages environnants, demandons à l'Assemblée nationale du
Québec d'intervenir auprès du ministre des Forêts afin
qu'il trouve une solution dans les plus brefs délais afin de permettre
le redémarrage des industries concernées."
Je certifie que cet extrait est conforme au règlement et à
l'original de la pétition.
Le Président: Votre pétition est
déposée. Toujours au dépôt de pétitions, M.
le député de La Prairie.
Favoriser l'ouverture permanente de l'estacade du pont
Champlain et en
permettre l'utilisation pour le transport en commun et
le covoiturage
M. Lazure: Merci, M. le Président. C'est l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale par 3260
pétitionnaires, résidents du comté de La Prairie et de la
région sud-ouest de Montréal. Elle vient suite à une autre
pétition de 3400 personnes, la semaine passée.
"Considérant que des milliers d'automobilistes ont utilisé, en
toute sécurité, l'estacade du pont Champlain entre le 4 septembre
et le 16 novembre 1990 durant la crise amérindienne et, cette
année, jusqu'au 15 novembre 1991 ; "Considérant que les travaux
de réfection sur les ponts Champlain et Mercier pénalisent
grandement les automobilistes de la rive sud; "Considérant que
l'expérience de covoiturage s'avère positive et qu'elle doit
être encouragée; "Considérant que l'estacade
représente une infrastructure publique qui a coûté
plusieurs millions de dollars; "Considérant, enfin, que des incidents
sur la réserve de Kahnawake inquiètent les utilisateurs du
transport en commun qui empruntent le pont Mercier;"
L'intervention se résume ainsi: "Nous, soussignés, prions
l'Assemblée nationale d'intervenir auprès du ministre des
Transports afin de favoriser l'ouverture en permanence - j'insiste, en
permanence - de l'estacade du pont Champlain et d'en permettre son utilisation
aux véhicules de transport en commun de même qu'aux automobilistes
respectant les règles du covoiturage." Merci.
Le Président: Alors, votre pétition est
déposée. Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation
de droit ou de privilège ou sur un fait personnel.
Je voudrais vous aviser qu'après la période de questions
sera tenu un vote reporté sur le rapport de la commission de
l'aménagement et des équipements relatif au projet de loi
179: Loi modifiant la Loi sur les transports.
Je dois maintenant procéder à la période de
questions et réponses orales des députés. Je vais
reconnaître en première question principale M. le leader de
l'Opposition.
QUESTIONS ET RÉPONSES ORALES
Entente entre Hydro-Québec et les
réserves de Kahnawake et Akwesasne
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Mardi, le premier
ministre, au sujet de l'entente d'Hy-dro-Québec avec Akwesasne, a
tenté de nous faire croire qu'il n'y avait aucune discrimination
positive ni négative de la part d'Hydro-Québec. Pourtant, ce
n'est pas tous les Québécois, bons payeurs de leur facture
d'électricité, qui reçoivent 300 $. Mercredi, il a
essayé de nous faire croire que c'était un règlement hors
cour alors qu'il n'y a aucune plainte devant les tribunaux, M. le
Président. Avec le nombre d'avocats qu'Hydro-Québec compte, il
est surprenant qu'on ait laissé prescrire tous ces comptes, ce qui nous
coûte 600 000 $ à nous, Québécois, actionnaires
d'Hydro-Québec. Ce que le premier ministre a omis de nous dire, de nous
expliquer hier, c'est que l'entente relative à la ristourne de 300 $ aux
bons citoyens d'Hydro-Québec, aux bons clients, c'est-à-dire ceux
qui ont payé leur compte et qui se verront retourner 300 $,
c'était pour obtenir, à toutes fins pratiques, la permission du
conseil de bande pour pénétrer sur le territoire.
Ma question au premier ministre: Est-ce qu'il peut nous confirmer que
l'entente signée entre Hydro-Québec et le conseil de bande est
une entente qui vise précisément à permettre aux
employés d'Hydro-Québec d'entrer sur le territoire d'Akwesasne et
que les employés d'Hydro-
Québec pourront entrer sur le territoire uniquement si on donne
une ristourne de 300 $ et si on verse 100 000 $ aux organismes communautaires
d'Akwesasne? Est-ce que le premier ministre, à toutes fins pratiques, en
d'autres mots, peut nous dire si l'entente n'est pas ni plus ni moins que
l'achat d'un droit de passage sur le territoire d'Akwesasne?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, on me permettra de
féliciter chaleureusement le leader parlementaire de l'Opposition pour
la modération de ses propos. C'est parce que j'ai constaté avec
beaucoup de peine hier que, devant les journalistes, il n'avait pas fait preuve
d'excès de modération à mon endroit. Mais ça,
ça arrive, ça arrive au député de Lac-Saint-Jean
aussi, mais on passe l'éponge.
J'ai dit hier - et j'ai le texte de mes réponses - j'ai
été très clair en disant que les sommes en question
étaient contestables devant les tribunaux. C'est ce que j'ai dit, que
c'était pour éviter une contestation. Une forme de
règlement hors cour. C'était le titre d'un article de journal, ce
matin. Le doyen du quatrième pouvoir, M. Normand Girard, a
résumé mes réponses en disant: C'est une forme de
règlement hors cour. Alors, je ne vois pas pourquoi, aujourd'hui, le
leader parlementaire de l'Opposition revient, pour une troisième
journée, alors qu'Hydro-Québec a émis un
communiqué, hier, expliquant tous les faits.
S'il y a d'autres faits qui doivent être connus, je vais
communiquer avec Hydro-Québec de manière à ce qu'elle
puisse faire valoir les faits qui n'auraient pas été connus pour
l'information du public québécois représenté en
cette Chambre, pour ce qui a trait aux questions au gouvernement, par le
député de Joliette et leader parlementaire de l'Opposition. Mais,
hier, HydroQuébec a émis un communiqué donnant tous les
faits. Ça devrait satisfaire mon honorable ami.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais reprendre ma
question. Est-ce que le premier ministre peut nous confirmer si c'est exact ou
non que les 300 $ qu'on retourne aux citoyens qui ont payé leur compte
et que les 100 000 $ que l'on verse aux organismes communautaires, c'est une
des conditions sine qua non pour permettre aux employés
d'Hydro-Québec de faire leur travail sur ce territoire?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je n'ai eu aucun document qui m'ait
été soumis confirmant qu'Hydro-Québec - et je l'ai dit
hier, d'ailleurs, il n'y a rien de nouveau là-dedans - comme le disait
le leader parlementaire hier, voulait acheter la paix. C'est l'affirmation ou
plutôt l'accusation qui a été faite hier, d'une
façon très téméraire, par le leader parlementaire
de l'Opposition. Je réponds au leader parlementaire que je n'ai aucun
document, aucune information appuyant ses accusations.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président: Toujours en complémentaire.
M. Chevrette: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire
combien de bons clients vont recevoir les 300 $ et est-ce que les 100 000 $
versés aux organismes communautaires seront d'abord
déposés au conseil de bande, oui ou non?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: m. le président, j'ai donné tous les
faits hier. je ne vois pas pourquoi le leader parlementaire revient. il me
semble qu'il y a suffisamment de problèmes, comme on le sait,
actuellement, dans le domaine des finances publiques...
Des voix:...
M. Bourassa: Bien oui, mais ça ne paraît pas dans la
pertinence de vos questions. Vous revenez toujours avec les mêmes
questions, rarement des questions sur l'économie. Pas de questions sur
l'économie, ni au ministre responsable, ni au ministre des Finances.
Une voix: II n'est pas là.
Le Président: Un instant. S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Alors, en conclusion, M. le premier ministre, s'il vous
plaît.
M. Pagé: M. le Président, des deux
côtés, hein!
M. Bourassa: M. le Président, j'ai donné hier, il
me semble, toutes les explications qui ont été bien
rapportées par les médias d'information, toutes les explications
au leader parlementaire. Il revient encore. Est-ce qu'Hydro-Québec a
acheté la paix? Hydro-Québec a répondu, dans un
communiqué de presse hier, donnant tous les faits. J'ai dit que
c'était une forme - je résume ma pensée pour éviter
une contestation judiciaire - de règlement hors cour. C'est un cas
particulier parce qu'il y avait des éléments légaux et
que, de manière à pouvoir obtenir le maximum de remboursement,
c'était un cas ad hoc. Maintenant, suis-je obligé de parler en
latin au leader parlementaire pour me faire comprendre?
Le Président: En conclusion, s'il vous plaît.
M. Bourassa: Je dis au leader parlementaire qu'aujourd'hui ses
questions sont superflues, à la lumière des réponses et
des déclarations d'Hydro-Québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le premier
ministre peut nous dire combien de citoyens d'Akwesasne vont recevoir 300 $ et
est-ce que les 100 000 $... Je répète ma question; elle est
sérieuse et il n'a pas répondu hier. Est-ce que les 100 000 $
sont versés directement au conseil de bande ou à des organismes
précis?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Je me réfère d'abord aux informations
qui ont été rendues publiques. Je n'en ai pas eu de plus que
celles qui ont été rendues publiques hier par
Hydro-Québec. Est-ce que le chèque a été
signé? Je peux vérifier, puis j'y répondrai demain.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: Alors, toujours en additionnelle.
M. Chevrette: ...quant à vérifier, est-ce que le
premier ministre connaît l'article 28 des règlements et l'article
22 de la loi d'Hydro-Québec? Et je voudrais lui lire deux extraits pour
en arriver à ma question: "Le fournisseur cesse ou refuse d'alimenter
l'abonné dans les circonstances suivantes: Quand l'abonné ne paie
pas, dans le délai prescrit, le montant de sa facture. Quand
l'abonné refuse de laisser pénétrer chez lui les
employés du fournisseur conformément à l'article 7". Ma
question est la suivante: Y a-t-il des groupes au Québec... Peut-il me
nommer un groupe au Québec qui s'est vu octroyer des ristournes parce
qu'il ne payait pas puis qui s'est vu obtenir des subventions pour fins
communautaires? (14 h 20)
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: À la 10e question sur le même sujet, je
dois répondre, pour la 10e fois, la même réponse: C'est un
cas particulier parce qu'il y avait une vulnérabilité sur le plan
judiciaire de la part d'Hydro-Québec. Il me semble que ça a
été clairement exprimé. Il y avait une possibilité
de contestation judiciaire à cause de la façon dont on avait
perçu les montants. Dans ce contexte-là, pour
récupérer le maximum de montants et ne pas devoir aller devant
les tribunaux... On sait ce que ça coûte, les frais d'avocat,
quand même. La cause à laquelle je me référais hier,
ça a coûté une certaine somme en frais d'avocat, on le
sait, plusieurs centaines de milliers de dollars en frais d'avocat pour la
cause du saccage de la Baie James.
Alors, en tenant compte des frais d'avocat, en tenant compte des risques
de perdre la cause, en tenant compte de l'importance de récupérer
le maximum, Hydro-Québec... Je l'ai dit hier au leader parlementaire:
Ils vont se présenter devant le Parlement. Est-ce que c'était une
bonne transaction? Est-ce que c'était une mauvaise transaction? Le
leader parlementaire remet en cause le jugement d'Hydro-Québec. Ils
pourront être questionnés là-dessus. Mais je
répète pour la 10e fois que c'est un cas ad hoc, un cas
particulier, un cas d'espèce et j'espère que, finalement,
à moins qu'il ne manque de questions, le leader parlementaire va passer
à autre chose.
Le Président: Alors, dernière question
additionnelle. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: m. le président, le premier ministre
connaît très bien le saccage de la baie james, les placements des
fier-à-bras partaient de son propre bureau.
Des voix: Oh!
Le Président: Alors, une question de règlement, M.
le leader du gouvernement.
M. Pagé: C'est le genre de commentaire, M. le
Président, qui est susceptible de susciter des débats et ce n'est
pas conforme à notre règlement. Je le soumets humblement.
Le Président: Effectivement. Donc, je vous demanderais
d'arriver à votre question, s'il vous plaît.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Est-ce que le premier
ministre ne considère pas que c'est une forme de chantage
éhonté, une forme de "shylock", à toutes fins pratiques,
que d'être obligé de payer pour un droit de pénétrer
sur un territoire alors que c'est Hydro-Québec qui alimente l'ensemble
de la réserve et alors que tous les Québécois sont
actionnaires d'Hydro-Québec? Est-ce que ce n'est pas une forme de
"shylock", de chantage inadmissible et qu'aucun gouvernement ne devrait
tolérer?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je lui parle en latin, il me
répond en anglais!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bourassa: J'ai déjà répondu. J'ai
déjà répondu au leader parlementaire, M. le
Président, et je lui répète encore une fois - parce qu'il
remet en cause le jugement et l'administration
d'Hydro-Québec - qu'il aura l'occasion de les questionner sur
cette question et j'espère qu'à ce moment-là il pourra
être satisfait.
Le Président: Alors, en question principale maintenant, M.
le député de Laviolette.
Application de la politique relative au volume de bois
provenant des forêts publiques
M. Jolivet: Merci, M. le Président. La situation des
scieries québécoises, comme vous le savez, est catastrophique.
Les scieries, en plus d'être tributaires des papetières, subissent
une concurrence déloyale encouragée par le ministre. Cette
concurrence déloyale existe à cause de la non-application de
l'article 43 de la Loi sur les forêts qui indique - je me permets de le
citer, M. le Président - que le volume de bois annuel ronds provenant
des forêts du domaine public attribué par contrat est un volume
résiduel que détermine le ministre en tenant compte: des besoins
de l'usine de transformation, des approvisionnements disponibles, tels les
copeaux et les sciures provenant des scieries. Or, c'est tout le contraire qui
se produit.
Récemment, le ministre de l'Industrie et du Commerce rendait
publique sa politique économique dont l'une des grappes est l'industrie
reliée à la forêt et, pour lui, ça représente
un secteur dont le potentiel doit être développé. Au
ministre des Forêts: Est-ce qu'il peut - ce ministre -afin de sauver nos
scieries québécoises, mettre en application l'article 43? Est-ce
qu'il peut s'entendre le plus rapidement possible avec son collègue de
l'Industrie et du Commerce afin de concrétiser sa politique pour le
secteur forestier?
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette a oublié de
mentionner que c'est un volume résiduel. Il fallait aussi ajouter les
fibres recyclées qui ont été rajoutées par un
amendement à la loi, l'an passé.
M. Jolivet: C'est encore pire.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, ce n'est pas
pire. Je pense que c'est mieux, M. le député. Au début de
l'année, M. le Président...
Le Président: Un instant! Je vais demander simplement de
laisser le ministre répondre à la question comme on a pu la
poser. Alors, M le ministre, allez-y.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au début de
l'année, M. le Président, lors de la mise sur pied d'une table de
concertation qui regroupait les pâtes et papiers, l'Association des
producteurs de copeaux et la Fédération des producteurs de bois
qui représentaient le bois de la forêt privée, ces
gens-là, à cette table de concertation, ont décidé
de recommander au ministre de réduire de 20 % les permis d'intervention
en forêt publique alors que l'industrie des pâtes et papiers
était au ralenti et qu'elle fonctionnait à 82 % de ses
capacités. J'ai décidé, suite à cette
recommandation de la table de concertation, de réduire de 18 % tous les
permis d'intervention en forêt publique de façon à
permettre au bois de la forêt privée de trouver preneur et de
façon à permettre également aux producteurs de copeaux de
trouver preneur et de favoriser l'utilisation optimale de la forêt.
Mais, M. le Président, suite à cette décision, je
n'ai entendu dire d'aucun propriétaire, d'aucune
fédération, d'aucun syndicat qu'ils réduisaient leur
production également de 18 %, dans le respect du rendement soutenu sur
la possibilité annuelle de la forêt.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que l'application de
l'article 43, indépendamment de ce que le ministre vient de dire, ne
pourrait pas régler le problème et permettre - et le ministre
pourrait y répondre - à ce moment-là aux scieurs qui ont
des copeaux en surplus de les écouler en faisant en sorte que la
forêt publique ne devienne pas concurrentielle et, en même temps,
que ces scieurs et ces dérouleurs aient des copeaux qui ne sont pas
utilisés, alors qu'on coupe du bois dans la forêt publique?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, le député de Laviolette s'en vient
démagogue un petit peu sur les bords, là.
Une voix: Presque ça.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Parce qu'un emploi
en forêt publique, un emploi dans les pâtes et papiers, un emploi
dans une usine de sciage, un emploi aussi en forêt privée, si le
ministre décidait de discriminer en faveur d'un ou de l'autre, je pense
qu'il serait le premier à me le reprocher. D'un autre
côtré, la forêt publique est encore sur une base
résiduelle en ce qui concerne les approvisionnements des usines de
pâtes et papiers et elle le sera jusqu'à la révision des
contrats d'approvisionnement dans deux ou trois ans. Si nous nous sommes
trompés dans l'évaluation des volumes résiduels, M. le
Président, ça nous fera plaisir de nous ajuster et c'est ce qu'on
fera également avec les usines qui vont utiliser de la pâte
recyclée à partir des vieux journaux.
Le Président: Pour une question additionnelle, M. le
député de Labelle.
M. Léonard: M. le Président, alors pourquoi le
ministre s'entête-t-il à refuser le consensus qui s'est
dégagé entre les scieries et les papetiè-res des
Hautes-Laurentides, qui étaient appuyées hier, d'ailleurs, par
toute la population dans une manifestation? Il y en a un consensus. Tout ie
monde s'est entendu. Alors, dans ce cas-là, l'article 43 est facile
à appliquer. Pourquoi s'entête-t-il à refuser le
consensus?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, évidemment, j'ai vu hier à la
télévision la démonstration, la contestation de
Mont-Laurier. Ça faisait deux mois qu'on la préparait et
j'espère bien qu'après deux mois on a fait une réussite de
cette démonstration.
J'aimerais répondre, M. le Président, à Michel
Morin, le journaliste, qui disait que je souhaitais que les huit usines
privées du comté de Labelle ne puissent faire ce que l'entreprise
gouvernementale ne peut faire à Mont-Laurier. Et je dirai au
député de Labelle que si j'avais voulu être
inéquitable, injuste, j'aurais pu favoriser Bellerive-K'N'Enda au
détriment des Placages de l'Outaouais, au détriment des
Industries manufacturières Mégantic et au détriment
également de Maclaren. Ce que je n'ai pas fait. C'est de cette
façon-là que j'entrevois de régler le problème
qu'on vit dans la région de Labelle, M. le Président.
Le Président: En question complémentaire, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Toujours sur l'article 43, M. le Président. Le
ministre des Forêts sait-il que la scierie des Chantiers de Chibougamau a
actuellement dans sa cour plus de 10 000 tonnes de copeaux non vendus et
qu'à cause de ce manque à gagner elle a dû, pas plus tard
qu'hier, mettre en travail à temps partagé ses 145 travailleurs
syndiqués, et cela pour une période de 10 semaines environ, avant
de savoir ce qu'ils vont faire définitivement avec la scierie?
Attendra-t-il que cette scierie-là, comme d'autres scieries au
Québec, soit définitivement dans la boule-à-mites avant
d'exiger l'application de l'article 43 qui obligerait les papetières
à acheter d'abord ces copeaux-là avant d'aller couper dans leurs
parterres de coupe? (14 h 30)
Une voix: C'est ça.
Le Président: M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): je vous
répète, m. le président, ce que j'ai mentionné
l'autre jour. évidemment, le député d'ungava, ça
lui prend du temps à comprendre.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président: S'il vous plaît! S'il vous
plaît! Sur une question de règlement, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: À l'industrie, je ne sais pas qui ne
comprend pas.
Des voix: Oui.
Le Président: Évidemment, ce n'était pas une
question de règlement, pas plus que la remarque du ministre ne pouvait
enrichir le débat et éviter qu'on ne fasse un débat,
justement. Allez-y avec la réponse. Question de règlement, M. le
leader du gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, je me
réfère souventefois à l'obligation qu'on a de suivre
à la lettre la lettre et l'esprit de notre règlement. Quand on
permet à un député, dans une question
complémentaire, de se référer au fait qu'un ministre
serait entêté, il ne faut pas se surprendre que le ministre, dans
une réponse suivante ou subséquente, se réfère,
lui, au fait que les députés ne comprennent pas. Je vous demande
de faire respecter le règlement à la lettre, M. le
Président.
Le Président: Évidemment, M. le leader, mais,
simplement, comme président, je ne peux pas empêcher les gens de
parler. Si la question est posée, la réponse va venir. Si c'est
un débat, la réponse peut également en susciter un. Je
demande uniquement la collaboration des collègues et de s'en tenir au
règlement formellement. Tous et chacun connaissent bien le
règlement, j'en suis convaincu. Alors, M. le ministre, votre
réponse.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, je voulais seulement enrichir le député
d'Ungava. Pas la réponse, ni la question. Ce que j'ai dit l'autre jour,
c'est qu'en réduisant les permis d'intervention en forêt publique,
ça concernait également les pâtes et papiers. Et les
pâtes et papiers volontairement, étant donné le
ralentissement, une surcapacité de production... Vous avez vu encore
aujourd'hui annoncer que Canadien Pacifique, à Gatineau, va fermer son
usine pendant trois semaines pour réduire son inventaire.
Logiquement, on voudrait forcer les entreprises de pâtes et
papiers à acheter des copeaux alors qu'on a tout réduit pour
faire en sorte qu'il y ait un équilibre et que chaque secteur, soit la
forêt privée, les producteurs de copeaux et les pâtes et
papiers, fasse son effort pour s'ajuster à la conjoncture. C'est
ça, la logique, M. le Président.
Le Président: Alors, en question... M. le
député de Lévis, s'il vous plaît. Alors, je n'ai pas
besoin de vous rappeler à l'ordre, vous
comprenez fort bien la remarque que je vous adressais. Très bien.
Alors, en question principale, Mme la députée des
Chutes-de-la-Chaudière.
Financement des maisons d'hébergement pour les
femmes victimes de violence conjugale
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Une
vingtaine de représentantes des maisons d'hébergement pour femmes
victimes de violence sont présentes ici, cet après-midi, pour
signifier leur exaspération devant l'inertie gouvernementale dans le
dossier de la violence conjugale. Ça fait 20 mois, M. le
Président, que le plan triennal est terminé. Ça fait
quatre mois qu'une demande de renouvellement est rendue au Conseil du
trésor. Et nous sommes toujours dans l'attente d'une
décision.
De plus, on est toujours sans nouvelles des négociations entre le
ministre de la Santé et des Services sociaux et son homologue
fédéral pour le partage des 136 000 000 $ supplémentaires
alloués par le gouvernement fédéral pour la lutte contre
la violence. Pendant que les décisions tardent à venir, les
maisons d'hébergement sont dans le rouge. Il y a même une dizaine
de maisons, présentement, qui vivent des problèmes financiers
très graves. La maison L'Émergence, pourtant située dans
le comté du puissant ministre des Finances, la seule ressource
existante, d'ailleurs, sur son territoire, dans ce domaine, survit grâce
à des dons de la communauté et devra fermer ses portes à
la fin de décembre si aucune aide ne lui est apportée.
Je m'adresse au premier ministre. J'aimerais savoir... Comment le
premier ministre peut-il nous expliquer que le gouvernement prenne autant de
temps à prendre une décision dans un dossier, effectivement,
d'aspect social, mais qui est aussi important?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je suis d'accord pour
souligner les besoins considérables qui ont été
mentionnés par la députée. Une décision... D'abord,
je crois que notre gouvernement a été le premier pour ce qui a
trait à l'établissement d'un plan triennal. Ça n'avait pas
été fait auparavant. Pour ce qui a trait... Je dois d'ailleurs
rencontrer...
Le Président: écoutez, s'il vous plaît. je
vais demander... on a laissé poser la question, je vais demander qu'on
laisse également donner la réponse. alors, m. le premier
ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je dois rencontrer demain,
de toute façon, un certain nombre de représentantes de ces
groupes, mais je puis, dès aujourd'hui, dire qu'une décision est
imminente.
Le Président: Alors en question complémentaire, Mme
la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Mme Carrier-Perreault: Merci. Je suis très heureuse
d'apprendre qu'une décision est imminente, M. le Président.
Est-ce que le premier ministre pourrait nous assurer aussi que les
réajustements demandés concernant le budget de base des maisons,
concernant les per diem qui leur sont alloués, concernant aussi une
possibilité d'indexation annuelle, est-ce que le premier ministre peut
nous assurer que ces éléments-là seront
considérés dans sa prise de décision?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: Toutes ces questions ont été
examinées et, quand la décision sera connue, la
députée en sera informée.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
Mme Carrier-Perreault: Merci, M. le Président. Est-ce que,
d'autre part, le premier ministre pourrait nous assurer de son appui? Est-ce
qu'il pourrait s'assurer qu'on veillera à ce que les maisons qui sont
présentement en difficultés financières graves puissent
recevoir les budgets supplémentaires nécessaires pour assurer le
maintien de leur activité pendant le reste de l'hiver?
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: À des questions pertinentes, on essaie de
répondre d'une façon pertinente. C'est évident que
ça fait partie des priorités qui ont été
exmainées par le Conseil du trésor.
Le Président: En question principale, M. le leader adjoint
de l'Opposition et député d'Abiti-bi-Ouest.
Examen national de français au niveau
collégial
M. Gendron: Oui, M. le Président. À compter de mai
1992, les finissants et finissantes de cégep subiront un examen national
de français. Les collèges prendront ainsi la relève des
universités en ce qui concerne la vérification de leurs
compétences en matière de français écrit. Cette
décision de la ministre a reçu une critique plutôt
sévère de la part de la Fédération autonome du
collégial représentant plus du tiers du corps professoral des
cégeps, décision qualifiée de prématurée,
d'improvisée et d'unilatérale. Et je tiens à signaler tout
de suite qu'on n'est pas contre l'examen de français, on est pour, et
vous allez comprendre pourquoi. Selon la Fédération, l'examen de
français, qui consistera à rédiger un
texte de 500 mots sur un thème choisi parmi trois sujets
proposés, se calque sur l'épreuve imposée aux finissants
du secondaire et ne tient absolument pas compte des exigences
académiques du programme collégial. Cette façon de faire
constitue pour ses membres une négation pure et simple de la
spécificité de l'enseignement du français au
collégial.
Ma question très simple à la ministre: Est-ce que vous ne
trouvez pas normal que l'on vérifie le français des
étudiants et étudiantes du cégep, mais au moyen d'un test
différent de celui qu'ils ont déjà passé au
secondaire? Deuxièmement, est-ce que vous trouvez normal que la
matière même de cette épreuve ne corresponde d'aucune
façon à la spécificité et aux objectifs propres de
l'enseignement collégial?
Le Président: Mme la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science.
Mme Robillard: M. le Président, je tiens à
mentionner d'abord que ce dossier du test de français au
collégial fait partie d'une série de mesures qui concernent le
dossier de l'évaluation au niveau de l'ordre de l'enseignement
collégial. Alors la décision est loin d'être
prématurée. Les cégeps auront 25 ans l'année
prochaine. Il est temps qu'on améliore les mesures d'évaluation
au niveau du collégial. La décision n'est pas improvisée.
Je l'avais annoncée à l'étude des crédits. Elle
n'est pas faite de façon unilatérale vu que la
Fédération des cégeps et l'Association des collèges
du Québec me donnent leur appui pour appliquer cette
décision-là.
Ensuite, je voudrais dire au député d'Abiti-bi-Ouest que
ce n'est pas parce qu'une grille d'évaluation est utilisée par le
secondaire que ça en fait un examen de niveau secondaire. C'est une
grille universelle qui peut être utilisée autant au secondaire
qu'au collégial, qu'à l'universitaire, de même que dans le
monde professionnel. Dans ce sens-là, M. le Président, je veux
affirmer aux membres de cette Chambre que, de fait, il y aura un examen de
français au collégial en mai prochain et que le test qui sera
passé a été soumis, à l'heure actuelle, à
des experts et est même accepté par toutes les universités
du Québec.
Le Président: En question complémentaire.
M. Gendron: Est-ce à dire que la ministre de
l'Enseignement supérieur nous dit aujourd'hui que ce test répond
adéquatement à ce qu'on veut évaluer? Deuxièmement,
puisque tous ceux qui l'ont évalué arrivent à la
conclusion que c'est une reprise presque intégrale du test de
français, le même examen qu'au secondaire, est-ce que vous ne
croyez pas que, rendu au collégial, ça serait important de passer
un examen de vérification des connaissances à tout le moins du
collégial et non du secondaire?
Le Président: Mme la ministre. (14 h 40)
Mme Robillard: M. le Président, ce n'est pas un test du
secondaire. C'est une grille d'évaluation qui est utilisée pour
mesurer le discours et la langue chez une personne. Je ne peux pas croire que
l'Opposition ne va pas nous appuyer dans cet effort qui est fait pour mesurer
la maîtrise de la langue, du français au Québec, qui a des
problèmes à tous les niveaux d'enseignement. Je souhaiterais
même que cet examen soit passé au niveau universitaire. Alors, je
ne peux pas comprendre les questions...
Des voix:...
Mme Robillard: Oui, oui, oui, nous avons des problèmes de
maîtrise de la langue au Québec. Je ne peux pas croire que
l'Opposition n'est pas d'accord avec ce problème-là que nous
vivons, et les efforts qui sont faits présentement pour améliorer
et voir où en sont rendus nos étudiants au collégial
devraient être soutenus par l'Opposition au lieu d'être
critiqués.
Une voix: Tout à fait d'accord.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Gendron: Connaissance du français, oui, Mme la
ministre.
Des voix: Question.
M. Gendron: question, oui. m. le président, est-ce que la
ministre de l'enseignement supérieur va finir par se rendre compte que
ça serait important que l'examen tienne compte des exigences
académiques du programme collégial? sinon, pourquoi passer
l'examen au collégial, qui remplace celui d'admission à
l'université, si on ne regarde pas le contenu de l'enseignement du
français au collégial?
Le Président: Mme la ministre.
Mme Robillard: M. le Président, il n'est nullement
question de faire un examen national du français au niveau
collégial. Et sûrement que le député d'Abitibi-Ouest
peut comprendre la différence entre des examens nationaux tels qu'on les
connaît au secondaire et des examens du collégial. À
l'heure où l'on se parle, tous les étudiants qui suivent des
cours de français à l'intérieur du collégial, dont
les objectifs de français sont très précis, ces
étudiants-là passent des examens au niveau du collégial
qui sont reconnus à l'intérieur de leur D.E.C. C'est
déjà mesuré, les atteintes des objectifs du
français du collégial. Ce qu'on va tenter de faire maintenant,
c'est la maîtrise de la langue au sens large du terme, au sens du
discours. Alors, il m'apparaît
que c'est très clair, l'objectif qui est poursuivi. Ce n'est pas
un examen national; nous ne sommes pas au niveau secondaire.
Le Président: Alors, en question principale, M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue.
Enquête administrative au Centre jeunesse de
Tilly
M. Trudel: Le 30 avril dernier, M. le Président, mon
collègue de Joliette posait une question au ministre de la Santé
et des Services sociaux concernant l'enquête administrative
déclenchée au Centre jeunesse de Tilly de Québec. La
réponse du ministre à cette époque était à
l'effet qu'effectivement il y avait matière à enquête
criminelle dans ce dossier; cependant, pour un des aspects qui concernait une
malversation impliquant le Centre jeunesse de la Monté-régie, on
avait laissé tomber les poursuites pour cause de décès un
peu énigmatique du principal témoin. Cependant, le rapport de la
Sûreté du Québec à l'époque contenait
également d'autres affirmations qui impliquaient d'autres personnes du
réseau, en particulier du réseau des maisons de jeunesse au
Québec, et qui totalisaient des sommes aussi élevées que
680 000 $. Ma question au ministre de la Sécurité publique:
Est-ce qu'il a été donné suite, tel que le disait le
ministre de la Santé et des Services sociaux le 30 avril dernier,
à l'enquête quant aux autres aspects concernés par les
malversations au total de 680 000 $ au Centre jeunesse de Tilly?
Le Président: M. le ministre de la Sécurité
publique.
M. Ryan: Je me souviens au cours de la dernière
année d'avoir eu connaissance d'un rapport dans lequel on me disait que
la personne était morte et que, par conséquent, on ne pouvait pas
poursuivre l'enquête dans ce dossier. J'avais compris que le dossier
était clos, mais je vérifierai quant aux autres
éléments dont vient de parler le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et je lui ferai rapport ces jours
prochains.
Le Président: En question complémentaire.
M. Trudel: Le ministre pourrait-il également s'assurer,
dans ce dossier de malversations, que la Sûreté du Québec
examinera comme il le faut tous les aspects ou toutes les relations entre les
autres individus, les responsables administratifs d'autres centres au
Québec et qui seraient impliqués dans ce dossier de malversations
qui totalisaient 680 000 $, je le répète, et dont, par ailleurs,
on a dû mettre fin à seulement un aspect du dossier dans le cas du
Centre jeunesse de la Montérégie? Est-ce qu'il peut prendre note
de ça et nous assurer qu'on aura une réponse là- dessus
aussi?
Le Président: M. le ministre.
M. Ryan: Dans la mesure où nous disposerons
d'éléments qui justifieraient un élargissement des
vérifications policières, oui. Dans la mesure où ce
seraient des expressions au conditionnel ou du ouï-dire, non.
Le Président: Alors, en question principale, Mme la
députée de Terrebonne.
Interdiction de la vente itinérante de
préarrangements funéraires
Mme Caron: Merci, M. le Président. Hier, une coalition
formée de 90 organismes réclamait publiquement, une fois de plus,
le dépôt d'un projet de loi, avant la fin de la session, pour
interdire la vente itinérante des préarrangements
funéraires afin de faire cesser définitivement les pratiques
abusives dont sont victimes principalement les aînés et les
malades dans ce dossier. D'ailleurs, M. le Président, la Coalition
souhaitait le dépôt d'une pétition et le consentement a
été refusé de l'autre côté de la Chambre,
mardi dernier.
Pour une quatrième intervention en période de questions
sur ce sujet, M. le Président, est-ce que le ministre entend mettre fin
à sa valse à mille temps et à son indécision
chronique, prendre enfin ses responsabilités dans ce dossier et
déposer, avant la fin de la session, un projet de loi pour interdire la
vente itinérante des préarrangements funéraires?
Le Président: M. le ministre de la Justice.
M. Rémillard: M. le Président, j'ai eu l'occasion,
de fait, quand Mme la députée de Terrebonne m'a interrogé
la dernière fois, de lui dire qu'il y avait eu des rencontres au niveau
de mon cabinet; ma chef de cabinet a rencontré des gens de la Coalition,
de même que des gens du domaine plus commercial et nous sommes à
faire le portrait de tout ça. Je suis en contact avec l'Office de la
protection du consommateur. Même s'il n'y a pas de plainte,
officiellement, on sait qu'il s'agit d'une clientèle qui est
particulièrement vulnérable. Or, d'une part, il y a des gens qui
nous demandent que ce service puisse leur être assuré, parce qu'il
s'agit d'un service qui peut avoir beaucoup de bon pour des gens qui veulent
s'en prévaloir, mais, d'autre part, on nous signale aussi qu'il y a des
abus et, manifestement, on peut comprendre qu'il peut y avoir des abus.
Alors, dans ce cas-là, M. le Président, je pense qu'il ne
faut surtout pas brusquer les choses, il faut que j'aie un tableau complet et,
d'une part, rencontrer tous les intervenants. Il y a plusieurs intervenants,
plusieurs points de vue.
D'autre part, il faut que je puisse aussi, avec l'Office de la
protection du consommateur, faire le point, et ma décision va être
prise en temps et lieu.
Le Président: En question complémentaire.
Mme Caron: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre
peut faire la différence entre la vente itinérante des
préarrangements funéraires et les préarrangements
funéraires? Est-ce que le ministre peut comprendre qu'en refusant
d'agir, après deux ans d'analyses et de réflexions... Quand on
sait, M. le Président, et il peut le confirmer - est-ce que le ministre
peut le confirmer? - que plusieurs ministres et députés de sa
formation politique appuient la Coalition... Devant un refus d'agir, M. le
Président, la vraie question: Qui le ministre veut-il protéger au
détriment des malades et des aînés?
Des voix: Ah! Bravo!
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: M. le Président, ça fait trois
ans qu'on suit ce dossier de près...
Des voix:...
M. Rémillard: Ça fait trois ans qu'avec l'Office de
la protection du consommateur... S'il y a un organisme qui est impliqué
dans ce dossier, M. le Président, parce qu'il s'agit de protection des
consommateurs, c'est bien l'Office de la protection du consommateur. Ce que
j'ai fait, comme ministre, M. le Président, c'est que je me suis
adressé à l'Office et j'ai dit: Faites enquête. Montrez-moi
ce qui se passe là-dedans. Il a fait enquête, il m'a fait rapport
et j'ai ce rapport; vous l'avez aussi. Vous savez ce qu'il a
décidé. Il m'a dit: II n'y a aucune plainte. Il n'y a aucune
plainte pour le moment, mais il se peut qu'il y ait des problèmes. C'est
ce qu'on m'a répondu. Très bien.
Ensuite, la Coalition arrive et la Coalition vient nous dire: Voici, il
y a manifestement des abus. Je dois dire, de par les rencontres - je l'ai
mentionné la dernière fois que j'ai été
interrogé - qu'a eues ma chef de cabinet avec les intervenants, les
membres de la Coalition, que, manifestement, il semble y avoir des abus. Alors,
dans ce cas-là, j'ai rencontré les intervenants des deux
côtés, j'ai parlé à l'Office et je suis toujours en
communication avec l'Office de la protection du consommateur. J'ai
demandé des vérifications et je serai à même de
proposer les modifications, si je dois en apporter, ou les changements en temps
et lieu.
Le Président: Toujours en question complémentaire.
(14 h 50)
Mme Caron: oui, m. le président. est-ce qu'après
trois ans le ministre ne peut pas considérer qu'il devrait arrêter
de suivre le dossier et puis agir?
Des voix: Oh!
Le Président: M. le ministre.
M. Rémillard: Dans tous les dossiers qu'on a eus, M. le
Président, les dossiers ont été réglés, un
par un. Mais ils ont été réglés dans le juste
équilibre qui est toujours, pour moi, l'objectif qu'on doit avoir, et ce
juste équilibre veut dire qu'on puisse assurer un service et qu'on
puisse aussi protéger les consommateurs et, dans ce cas-ci, des
consommateurs qui sont particulièrement vulnérables. Je ne
prendrai pas de décision précipitée. J'ai rencontré
les intervenants. Je fais directement affaire avec l'organisme qui est le plus
qualifié pour me conseiller, l'Office de la protection du consommateur,
et je vous dis qu'en temps et lieu je prendrai les décisions qui
s'imposent en fonction de ce juste équilibre.
Le Président: En question principale, M. le
député de Dubuc.
Agissements de la Société des
établissements de plein air du Québec
M. Morin: Merci, M. le Président. Alors, rien ne va plus
à la Société des établissements de plein air du
Québec. Les récents événements nous laissent
perplexes quant au rôle et à la mission de la SEPAQ. Depuis
plusieurs mois la Société est aux prises avec un litige de 12 000
000 $ avec les promoteurs du village du Mont-Sainte-Anne. Elle cultive
l'ambiguïté entourant le projet d'aménagement du parc de la
chute Montmorency et l'incertitude sur l'avenir du manoir. De son
côté, et cela malgré des engagements formels du ministre,
le MLCP poursuit des transferts de gestion, dont celui des rivières
à saumon Matapédia et Patapédia, pour ensuite annoncer la
formation d'un comité sur la gestion de la faune et de ses
équipements. Et, comme si ce n'était pas suffisant, le P.-D.G. de
la Société démissionne à l'instar, bien sûr,
de nombreux autres fonctionnaires de la direction générale du
marketing, des communications et des relations publiques. Évidemment, on
pourrait continuer l'énumération encore longtemps.
Des voix: Ah!
Le Président: S'il vous plaît!
M. Morin: alors, ma question: à partir de ce sombre
portrait, m. le président, est-ce que le ministre du loisir, de la
chasse et de la pêche peut nous dire s'il est satisfait, moyenne-
ment satisfait ou insatisfait de la SEPAQ dans l'accomplissement de son
mandat?
M. Pagé: M. le Président...
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Pagé: C'est une question d'appréciation, une
question d'opinion.
Le Président: M. le leader du gouvernement, sur une
question de règlement.
M. Pagé: M. le Président, pourriez-vous
respectueusement soumettre au député qu'il devrait reformuler sa
question. Il demande purement et simplement une question d'appréciation
et d'opinion.
Le Président: Sur la question de règlement. M. le
leader...
M. Chevrette: M. le Président, le ministre pourra faire
comme d'habitude, manifester son indécision.
Le Président: Effectivement, votre question demande
finalement une appréciation, une question d'opinion. Reformulez une
question, s'il vous plaît.
M. Morin: M. le Président, tout ça voulait dire:
Est-ce que le ministre appuie les agissements de la Société?
Des voix: Ah!
Le Président: M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Blackburn: Je dois vous avouer, M. le Président, que je
commençais à être inquiet de l'Opposition. Je
commençais à penser qu'ils avaient abandonné le milieu de
la faune et le milieu du loisir. Les questions étaient plutôt
lentes à venir. Alors, pour répondre à la question du
député du Dubuc, je veux juste lui dire que, pour moi, la SEPAQ,
la Société des établissements de plein air, est une
société qui est extrêmement importante dans toutes les
régions du Québec. Elle joue un rôle, elle est très
présente. Elle est là pour rester.
Depuis 1984 que cette société est créée,
elle a évolué. Dans beaucoup de dossiers, il y a maintenant un
constat qui est extrêmement important, c'est celui de plus en plus, dans
beaucoup de régions du Québec, d'une volonté du milieu de
s'impliquer dans la gestion de la faune, dans la gestion de
l'équipement, et c'est une avenue que je veux tout à fait
explorer. J'espère que le député de Dubuc ne sera pas
contre cette annonce que j'ai faite ii y a quelques semaines de cette
délégation de gestion des deux rivières de la
Matapédia et de la Patapédia.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Morin: alors, m. le président, le ministre peut-il nous
dire si les multiples démissions au sein de la sepaq sont dues à
de simples conflits de personnalité ou ne serait-ce pas plutôt
dû à l'absence de leadership de la part du ministre quant aux
objectifs et orientations de la société?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Blackburn: m. le président, le député de
dubuc parle de multiples démissions. il y a eu. effectivement, une
démission et je respecte le choix du démissionnaire tout
simplement.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Morin: Bon, je suppose que les quatre autres
démissions, vous les considérez comme négligeables. Alors,
si le ministre nous confirme que la Société est là pour
rester, est-ce que le ministre peut nous dire s'il a l'intention d'apporter des
réformes, soit au mandat de la SEPAQ ou dans son fonctionnement, et dans
quel délai devrait-on s'attendre à de tels changements?
Le Président: M. le ministre.
M. Blackburn: M. le Président, j'ai eu le plaisir de
rencontrer, ce matin, le conseil d'administration de la SEPAQ. Je leur ai fait
part de réflexions extrêmement importantes pour moi sur le devenir
de la Société et, surtout, dans une perspective d'être
très présente dans le milieu sur la base d'un véritable
partenariat avec tous ceux qui voudront manifester cet intérêt de
continuer à développer leurs propres ressources, quand on sait
combien la ressource faunique, en particulier, est une activité
extrêmement importante. Vous savez, l'autre jour, j'en ai fait part,
c'est au-delà de 2 300 000 000 $ de retombées économiques
dans toutes les régions du Québec. Il faut donc qu'on soit
capable d'en profiter et de faire que les gens qui veulent y collaborer aient
les véhicules possibles, les véhicules disponibles pour pouvoir
en profiter.
Le Président: Alors, pour une question principale, M. le
député de Jacques-Cartier.
Offre d'achat des Coopérants par des compagnies
québécoises
M. Cameron: Merci, M. le Président. My question is for the
junior Minister of Finance, responsible for Québec financial
institutions. M. le Président, the insurance companies of Canada
contribute to a Canadawide fund to be used to bail out individual
insurance companies that have got into financial difficulties. Recently, Les
Coopérants, one of the largest Québec insurers, got into this
kind of difficulty, although it still had many valuable assets. The Canadian
fund then bailed out Les Coopérants, but, on the other hand, when it
came to disposing of the valuable assets, the Inspector General of Financial
Institutions for Québec virtually guaranteed that only Québec
companies would be involved in taking over Les Coopérants. My question
for the Minister: Is the Minister interpreting the idea of a distinct society
to mean that Québec business debts should be carried Canadawide while
Québec assets should not be comparably opened?
Le Président: Mme la ministre
déléguée aux Finances.
Mme Robic: M. le Président, il est bien entendu que le
député de Jacques-Cartier n'a pas tout à fait compris le
dossier des Coopérants.
Le Président: S'il vous plaît!
Mme Robic: Que voulez-vous, M. le Président, je suis
obligée de dire les choses comme elles sont. Ce n'est pas l'Inspecteur
général des institutions financières qui a pris la
décision d'offrir, en premier lieu, la possibilité aux compagnies
du Québec de faire une offre sur Les Coopérants. C'est la SIAP
elle-même. C'est la SIAP qui a offert parce que, bien sûr,
d'après l'entente qui est signée avec les compagnies
d'assurances, celles qui opèrent au Québec auront
éventuellement à payer la facture pour la fermeture, si vous
voulez, M. le Président, des Coopérants. Mais il a
été décidé, par la SIAP, donc, d'offrir en premier
lieu aux compagnies du Québec la possibilité de faire une offre
pour Les Coopérants.
Le Président: c'est la fin de la période de
questions. tel qu'annoncé précédemment, nous aurons
maintenant un vote reporté sur le rapport de la commission relativement
au projet de loi 179. j'invite les députés à gagner leur
place, à ne pas quitter leur banc, s'il vous plaît.
Mise aux voix du rapport de la
commission qui a procédé à
l'étude
détaillée du projet de loi 179
Mmes et MM. les députés, s'il vous plaît! Alors, je
mets aux voix le rapport de la commission de l'aménagement et des
équipements qui a procédé à l'étude
détaillée du projet de loi 179, Loi modifiant la Loi sur les
transports.
Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion veuillent bien se
lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Pagé (Port neuf), Mme
Gagnon-Tremblay (Saint-François), M. Paradis (Brome-Missisquoi), M.
Levesque (Bonaven-ture), M. Ryan (Argenteuil), M. Dutil (Beauce-Sud), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Vallières (Richmond), M.
Elkas (Robert-Baldwin), M. Tremblay (Outremont), M. Rémillard
(Jean-Talon), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), M. Bélisle
(Mille-Îles), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), M. Ciaccia (Mont-Royal), Mme Robillard (Chambly), M.
Blackburn (Roberval), M. Houde (Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Savoie
(Abitibi-Est), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Chagnon (Saint-Louis), Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Doyon
(Louis-Hébert), M. St-Roch (Drummond), Mme Pelchat (Vachon), M. Paradis
(Matapédia), M. Marcil (Salaberry-Soulanges), M. Poulin (Chauveau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Or-ford), M.
Williams (Nelligan), M. Kehoe (Cha-pleau), M. Fradet (Vimont), M. Messier
(Saint-Hyacinthe), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
Mme Bégin (Belle-chasse), M. Bélanger (Laval-des-Rapides), M.
Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Chenail (Beauharnois-Huntingdon), M. Gautrin
(Verdun), M. Forget (Prévost), M. Gobé (LaFontaine), Mme
Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. LeSage (Hull), M. Bergeron
(Deux-Montagnes), M. Borde-leau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Audet
(Beauce-Nord), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Bradet (Charlevoix), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau). (15 heures)
M. Libman (D'Arcy-McGee), M. Cameron (Jacques-Cartier), M. Holden
(Westmount).
Le Président: Maintenant, que ceux et celles qui sont
contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), M. Blais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon
(Lévis), M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabas-ka), Mme Juneau
(Johnson), M. Claveau (Ungava), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La
Prairie), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Léonard (Labelle), Mme Vermette (Ma-rie-Victorin), M. Paré
(Shefford), M. Morin (Du-buc), M. Filion (Montmorency), Mme Caron (Terrebonne),
M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), Mme Dupuis (Verchères), M. Beaulne
(Bertrand), Mme Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière).
Le Président: Y a-t-il des abstentions?
Le Secrétaire: pour: 65 contre: 24 abstentions; 0
Le Président: Alors, cette motion et le rapport de la
commission sont donc adoptés.
Maintenant, motions sans préavis, en demandant la collaboration
de tous les collègues, s'il vous plaît! Aux motions sans
préavis, M. le député de Jacques-Cartier.
Motions sans préavis
Souligner le 50e anniversaire du bombardement de Pearl
Harbor
M. Cameron: Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement de cette Assemblée afin de proposer la motion suivante:
"Que l'Assemblée nationale souligne le 50e anniversaire du tragique
bombardement de Pearl Harbor, survenu le 7 décembre 1941,
entraînant les États-Unis dans la Deuxième Guerre
mondiale."
Le Président: Oui, très bien, je vais demander,
comme le député, à juste titre, vient de le mentionner,
aux collègues de garder le silence. S'il vous plaît! Ceux qui
veulent discuter sont invités à le faire à
l'extérieur de l'Assemblée. Alors, est-ce qu'il y a consentement
pour que nous débattions cette motion? Il y a consentement. Très
bien. Alors, je vous cède la parole, M. le député de
Jacques-Cartier.
M. Neil Cameron
M. Cameron: Merci. M. le Président. The 50th Anniversary
of Pearl Harbor is an event of sufficient world historical magnitude to be
marked in all democratic Assemblies, the world over, for a number of reasons.
It was of course the event that brought the United States into the Second World
War and, therefore, was the most important guarantee that the war would be won
by the Allied Coalition made up of the British Empire, the United States itself
and the Soviet Union against Nazi Germany, Imperial Japan, and, for a while,
the Fascist Italy. Therefore, that, in itself, would have made it an event
singular in world history but it had certain kinds of other importance that are
worth reflecting on even after half a century.
In the first place, Pearl Harbor fundamentally shifted the geographic
focus of the Second World War and the subsequent development of world politics.
Until the bombing of Pearl, at least until the German invasion of Russia, the
war that broke out in 1939 is a war that historians now often say was a war
which, for its first two years, was the last European war, or another historian
even more provocatively termed it: The war that Hitler won.
It is worth remembering that in the period from May of 1940 until late
1941, it was by no means clear that the United States, Britain and the Soviet
Union would win World War II. The Axis controlled all of the continent of
Europe and it looked for a while as if they were going to defeat the Soviet
Union as well. They had a preponderance of military expertise, advanced weapons
and the element, in many cases, of surprise against an often disorganized and
frequently initially weak set of democracies.
In consequence, by late 1941, there were many in Europe who believed
that fascism, or else a narrow choice between fascism and communism, were the
waves of the future that would shape all subsequent 20th Century politics.
American entry into the war transformed all that. It was not such a great shock
that the United States entered the war. Many Americans and Canadians and
Europeans had been expecting that for some time. At least, since the summer of
1941, when the Roosevelt Government began declaring that it would shoot on
sight at U-boats and other threats to shipping in their waters, and when it was
made clear that all aid short of war would be provided to Great Britain. It was
assumed, however, that if the Americans were drawn in, they would be drawn in
in Europe.
The Japanese attack shocked the United States, a point to which I will
briefly return, but suddenly made the whole world realize that a huge war, a
war fought mainly on the sea and in the air would have to be carried out in the
Pacific Ocean and in Asia, and that that war would change the world in many
ways as much as the one in Europe.
The war became one large event partly because Hitler committed one of
his many blunders a few days later when, in what was perhaps the stupidest act
of a murderess and stupid career, he declared war on the United States. A great
historian once said that if he had been a diplomatic genius, he would have
declared war on Japan and confused the United States Congress a great deal.
However, fortunately for the forces of democracy, he declared war on the
US. Despite the fact, however, that the war was fought mainly in the European
theater and that the greatest casualties came there, the war in Asia had very
large implications. It was clear, for one thing, that Japan was beginning a
long rise to world power which it would continue by more peaceful methods after
1945. (15 h 10)
It might be said that both Germany and Japan have found that
Volkswagens, Mercedes-Benz and Toyotas are a far more effective means of
spreading their influence and power in the world than armed forces ever were.
But in addition to that, the Japanese entry into the war meant the destruction
of the European colonial empires in Asia.
The Japanese invaded Malaya, for example, immediately after Pearl
Harbor. They sank the two main British capital ships in that part of the world.
They grabbed most of the Island possessions that had once belonged either to
the
British or the Dutch, or occasionally other European powers. They almost
took over India, they took over much of Burma, and because they did so, they
virtually guaranteed that at the end of the Second World War, the old system of
European empire and colony could not be maintained and that national States
would be established instead.
The American supported this enterprise, and supported the movement of
these States out of European imperial control. What they were often a great
deal not so clear about is to exactly what was supposed to happen next. What
did happen next was in some cases a successful transformation to liberal
democratic institutions, much like those we enjoy in Canada.
This was the case, for example, of India. In others, something much more
tragic took place, either communist uprisings, or a mixture of nationalist and
communist uprisings, or uprisings of various forms of religious traditionalism,
or narrow local bigotries that in some cases produced more misery than the
original European colonial empires.
But the most significant factor of all, in a way, was that a vast
imperial system, which had covered the entire world at the beginning of the
century, began to be knocked over, not necessarily for entirely admirable
reasons, but knocked over anyway by the Japanese desire to get in on the empire
business themselves.
When the Japanese attacked Honolulu, when they invaded the Philippines -
at that time under American control - when they invaded places like Malaya and
the Dutch East Indies, the most important thing they accomplished, in the end,
was not their own conquest, which was a failure. The most important thing they
accomplished was one more step towards a world in which no one would find their
State ruled by someone else. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Jacques-Cartier. Sur la même motion, je
cède la parole à M. le député d'Iber-ville.
M. Yvon Lafrance
M. Lafrance: Merci, M. le Président. M. le
Président, c'est un honneur pour moi d'intervenir sur cette motion
présentée par M. le député de Jacques-Cartier
commémorant le 50e anniversaire du bombardement de Pearl Harbor.
M. le Président, plus d'un demi-siècle s'est
écoulé depuis ce dimanche 7 décembre 1941 où, sans
déclaration de guerre, l'aviation et la flotte japonaise ont
détruit la flotte américaine du Pacifique et surtout tué
ou blessé près de 5000 hommes. Je pense, M. le Président,
que cette motion et cet anniversaire justifient quelques moments de souvenir et
surtout de réflexion.
Cinquante ans plus tard, M. le Président, ce bombardement
continue de susciter controverse, amertume et désaccord. Mais, dans la
mémoire des Nord-Américains que nous sommes, cette date du 7
décembre 1941 constitue encore une date représentant une infamie,
pour reprendre les propos du président américain de
l'époque, M. Roosevelt.
En effet, les Japonais, après les deux vagues d'assaut à
Pearl Harbor, laissèrent derrière eux 2403 Américains
morts au combat; 8 navires de guerre américains coulés ou
avariés; 13 autres types de navires coulés; 180 avions de combat
détruits. En contrepartie, les Japonais y laissèrent que 29
avions de combat et 5 petits sous-marins.
Stratégiquement, M. le Président, les Japonais
poursuivaient - comme l'a mentionné M. le député de
Jacques-Cartier - leur rêve de dominer le Pacifique. On se souvient de
l'invasion de la Manchourie en 1931. On se souvient aussi de l'invasion du Nord
de la Chine en 1937. On se souvient aussi que les Japonais s'appropriaient de
territoires riches en matières premières dans cette partie du
monde, des territoires qui appartenaient aux États-Unis, aux
Britanniques et aux Hollandais. Ils voulaient donc s'approprier une partie du
Sud-Est asiatique et d'une partie de l'Océanie.
Le 7 décembre 1941, ils s'attaquèrent donc au seul
élément pouvant contrer leur vue d'expansion, soit la flotte
américaine du Pacifique qui était ancrée à Pearl
Harbor. Tactique-ment, M. le Président, cette attaque fut un
succès total. Ce fut une attaque très osée, très
téméraire et la surprise, le principe de guerre le plus
important, donc, fut totale. Les Américains se virent coincés
dans une souricière et l'histoire nous prouva par la suite qu'ils
avaient fait preuve d'une négligence tactique incroyable.
Par contre, stratégiquement, pour les Japonais, ce fut une
catastrophe. Elle entraîna, comme on l'a mentionné, les
États-Unis, ce géant industriel, dans la guerre mondiale.
L'histoire attribue d'ailleurs notamment à Pearl Harbor d'avoir
été l'événement marquant dans une transformation
radicale de la politique étrangère américaine. Ce
bombardement de Pearl Harbor a donc joué un rôle de catalyseur. Il
éveilla le géant endormi qu'étaient devenus les
États-Unis d'Amérique avec une politique étrangère
isolationniste suite au triomphe de la doctrine de Monroe. Pour riposter, les
Américains déclenchèrent un effort de guerre sans
précédent qui se termina, comme on le sait, par leur victoire,
quelque 48 mois plus tard, d'où en découla une politique
étrangère dite de grande puissance qui persiste encore
aujourd'hui.
Il faut aussi souligner, M. le Président, que le bombardement de
Pearl Harbor a joué un rôle appréciable dans le
développement de l'arme
nucléaire qui viendra, comme on le sait, solder l'issue de la
guerre avec le Japon. Qu'on se souvienne des noms de Hiroshima et de Nagasaki.
Cette stratégie d'emploi nucléaire fut déterminante et
resta déterminante dans les années et les décennies qui
suivirent. Cette attaque de Pearl Harbor, M. le Président, aussi a eu
des répercussions au Canada. Le Canada était déjà
en guerre et, dès le lendemain 8 décembre, le Canada
déclarait la guerre au Japon, ceci avant même les
États-Unis. Deux bataillons de fantassins canadiens furent
coincés à Hong Kong. Ils étaient là en renfort aux
alliés dans un rôle purement défensif. Il s'ensuivit 557
Canadiens qui périrent lors de cette invasion ou qui périrent,
par la suite, dans des camps de prisonniers de guerre. Au pays, un vent de
panique souffla sur la Colombie-Britannique où des milliers de Canadiens
de souche japonaise vivaient. Craignant des conspirations, le gouvernement du
Canada déporta 21 000 Japonais canadiens dans des camps d'internement au
pays, dont un de ces camps était situé dans le comté
d'Iberville que j'ai l'honneur de représenter, soit dans la ville de
Farnham. Cette situation créa donc au pays de grandes injustices et une
situation d'aliénation qui persiste encore aujourd'hui. (15 h 20)
Après ce court rappel à l'histoire, M. le
Président, je pense qu'il est de mise, en cette occasion, de
s'arrêter aussi sur certaines réflexions. La leçon
principale que nous pouvons tirer, je pense, de cette attaque de Pearl Harbor
est la nécessité de rester alerte pour tout État
souverain. Tout État souverain doit être prêt à se
défendre et les Américains payèrent cher leur
négligence à Pearl Harbor. Ensuite, il faut rappeler l'importance
des alliances internationales. Aucun État ne peut penser s'isoler sur la
scène internationale, surtout de nos jours. En découlèrent
évidemment de nombreux organismes internationaux, pour ne mentionner que
l'OTAN, NORAD et la Société des nations qui est devenue, par la
suite, l'Organisation des Nations unies.
Par ailleurs, ce recul de 50 ans, M. le Président, nous oblige
à commémorer aussi les tristes réalités des
conflits armés qui persistent encore aujourd'hui. Chaque décennie
qui a suivi a été marquée par de ces conflits. En 1950, ce
fut la Corée où le Canada participa et où de nombreux
Canadiens laissèrent leur vie. Les années soixante furent
marquées par des conflits au Moyen-Orient qui persistent encore
aujourd'hui entre Israël et les pays arabes. En 1970, ce fut le Vietnam et
l'implication des Américains, l'invasion de Chypre par les Turcs. En
1980, ce fut l'URSS avec le conflit en Afghanistan, ce fut la guerre entre
l'Irak et l'Iran et, finalement, encore voilà quelques mois, en 1990, le
Koweït s'est vu envahir par l'Irak, d'où en a découlé
une coalition internationale sans précédent.
M. le Président, ce ne sont là que des guerres à
caractère purement international, c'est-à-dire dont les acteurs
sont les États dont les frontières sont violées. Je passe
sous silence, il va de soi, les guerres internes, dites civiles, et je pense
principalement aux nombreux pays d'Afrique et de l'Europe de l'Est, en ces
moments, ce qui est une tout autre histoire qui touche le délicat sujet
du droit à l'autodétermination des peuples.
M. le Président, il faut conclure de ce moment historique que
représente le 50e anniversaire du bombardement de Pearl Harbor que
l'équilibre mondial reste très fragile. Il est important de se
souvenir, il est important de connaître l'histoire, il est surtout
important de continuer à oeuvrer pour la mondialisation de la cause de
la paix. Le Canada participe d'ailleurs à ces efforts, comme c'est
encore le cas, ces mois-ci, alors qu'à Bruxelles l'OTAN, les pays
membres de l'OTAN, avec les 16 ex-membres du pacte de Varsovie et les 3
États baltes, se réuniront pour parler d'un conseil de
coopération Nord-Atlantique. Que dire également des 12 pays de la
Communauté économique européenne qui se réunissent
aussi, ce mois-ci, à Maastricht, aux Pays-Bas, pour parler d'alliance
internationale et de défense collective?
M. le Président, je terminerai en disant que cet anniversaire
nous rappelle donc le passé et les leçons qu'il faut en retenir,
nous rappelle aussi l'évolution dangereuse de la situation mondiale et,
aussi, nous rappelle la nécessité de continuer nos efforts de
paix. C'est pourquoi, M. le Président, le gouvernement appuie la motion
du député de Jacques-Cartier. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Iberville. Sur le même sujet, à savoir la
motion de M. le député de Jacques-Cartier, je cède la
parole à M. le député de Lac-Saint-Jean et whip en chef de
l'Opposition officielle.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: Merci, M. le Président. M. le
Président, l'accession des États-Unis sur la scène
internationale comme première grande puissance mondiale a
commencé, de façon paradoxale, par un désastre: la
destruction d'une bonne partie de sa flotte, la flotte du Pacifique, à
Pearl Harbor, en décembre 1941. Mais c'est un paradoxe qui est apparent
parce que ce désastre, cette attaque-surprise va obliger, forcer, en
quelque sorte, les Américains à mettre dans la balance tout le
poids de leur puissance industrielle et de leur puissance économique.
C'est à partir de ce moment-là, même si, en décembre
1941, la situation des Alliés n'était pas très rose sur la
plupart des fronts - aussi bien en Europe, en Afrique qu'en URSS, en Russie -
ils éprouvaient des difficultés considérables sur tous les
fronts...
Malgré ça, au moment où les Américains
entrent dans la guerre, à la suite de Pearl Harbor, les observateurs le
moindrement perspicaces, qui avaient un peu de vision, une certaine perspective
stratégique, savaient, à partir de ce moment-là, que
tôt ou tard - ce n'était qu'une question de temps - les Nazis
aussi bien que les Japonais seraient vaincus. Ils savaient que les guerres
modernes étaient non seulement des armées qui s'affrontaient et
qui s'opposaient, mais que c'était aussi des économies qui
s'affrontaient, donc, que la guerre économique était encore plus
importante que les confrontations ou les affrontements à
caractère militaire.
Je n'ai pas eu le temps, évidemment, de retrouver une citation du
général de Gaulle qui, lorsqu'il a appris l'attaque japonaise sur
Pearl Harbor, a déclaré à peu près ceci: La guerre
est maintenant devenue mondiale et on peut dire que la victoire est
désormais assurée. Ce n'est plus qu'une question de temps. Ce
n'est pas une citation que je fais, je n'ai pas pu la retrouver. Mais de Gaulle
avait compris qu'à partir du moment où les États-Unis
entraient en guerre, à cause de leur puissance économique, de
leur puissance industrielle, de leur puissance militaire aussi, tôt ou
tard, ça se terminerait par une victoire des Alliés. on ne peut
pas parler de pearl harbor, évidemment, sans évoquer
l'isolationnisme américain qui est une tendance profonde, je dirais une
tendance lourde dans l'histoire des états-unis, qui a son origine aux
origines même de l'histoire des états-unis. on connaît le
testament de george washington. quand il a quitté la présidence,
il a conseillé aux américains de ne pas se mêler des
affaires des autres, particulièrement de ne pas s'embourber dans les
affaires européennes, que ce n'était pas leur affaire, qu'ils
devaient s'occuper du développement de leur pays et de
l'amérique. à partir de ce moment-là, c'est devenu une
tendance très forte aux états-unis que l'isolationnisme, cette
espèce de repli sur soi ou de volonté très forte de ne pas
intervenir dans les affaires internationales. ce n'est que forcés,
d'ailleurs, que les américains sont intervenus lors de la
première guerre mondiale, et très tard, en 1917, à la
toute fin de la guerre. ce n'est que très tard et forcés par les
allemands. les allemands sont allés trop loin dans leur guerre navale
contre les navires américains et, finalement, le gouvernement
américain de wilson n'a pas pu éviter de devenir
belligérant. mais, encore là, pendant la première guerre,
les américains n'étaient pas intéressés à
s'impliquer et à intervenir dans cette guerre. ça a
été la même chose pour la deuxième guerre mondiale
en 1939-1945. on l'a vu, ce n'est qu'en 1941 qu'ils interviennent, et c'est
parce que les japonais les ont forcés à intervenir. c'est
ça qui a finalement mis au rancart le vieil isolationnisme
américain parce qu'ils ont été obligés de le faire,
étant attaqués par surprise sans déclara- tion de guerre.
Ils ont été évidemment obligés de le faire, puis de
se ranger, à partir de ce moment-là, dans le camp des
Alliés, forcément. C'est cette intervention-là qui a
été par la suite déterminante.
J'indiquerais que les Québécois, dans leur ensemble, aussi
bien en 1914-1918 qu'en 1939-1945, ont eu à peu près une
réaction similaire à celle des Américains. Les
Québécois, contrairement peut-être aux Canadiens anglais,
sont plus proches des Américains de ce côté-là. Ils
sont plus isolationnistes que les Canadiens anglais qui sont plus portés
à participer aux guerres impliquant la mère patrie, l'Angleterre.
On l'a vu dans l'histoire. Les Québécois sont pas mal plus
réticents à participer aux guerres et, en ce sens-là, ils
ressemblent davantage aux Américains. (15 h 30)
Alors, tout ça s'est terminé - vous le savez,
évidemment - par une victoire des Alliés. C'est à cause de
Pearl Harbor, d'une certaine façon, qu'en 1945 les États-Unis
sont devenus ce qu'ils ont été pendant les 50 années qui
vont suivre, c'est-à-dire la plus grande puissance mondiale et que,
là, vraiment ils vont mettre un peu de côté leur
isolationnisme traditionnel pour participer pleinement à la vie
internationale et jouer un rôle de leadership évident sur la
scène internationale, compte tenu de leur puissance. Ils vont jouer un
rôle, en quelque sorte, sur la scène internationale, qui est
à la mesure de leur force économique, de leur puissance
économique, ce qui n'était pas le cas nécessairement avant
1941.
Alors, je pense qu'il convient, comme le député de
Jacques-Cartier l'a fait, de souligner cet événement parce que
c'est un événement capital dans l'histoire de l'Occident, dans
l'histoire du monde contemporain et surtout, évidemment, dans l'histoire
des États-Unis et l'histoire des relations internationales. Alors, c'est
évident que mon parti s'associe aussi à cette motion. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Est-ce que la motion du
député de Jacques-Cartier, que l'Assemblée nationale
souligne le 50e anniversaire du tragique bombardement de Pearl Harbor, survenu
le 7 décembre 1941, entraînant les États-Unis dans la
Seconde Guerre mondiale, est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): II n'y a pas d'autres
motions sans préavis.
À l'étape des avis touchant les travaux des commissions,
M. le leader adjoint du gouvernement.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Bélisle: Oui, M. le Président. J'avise
cette Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 16 heures, à la salle du Conseil
législatif, la commission de l'aménagement et des
équipements poursuivra l'étude détaillée du projet
de loi 405, Loi modifiant la Loi sur la qualité de l'environnement.
De 16 heures à 18 h 30, de 20 h 30 à minuit ainsi que
demain, le vendredi 6 décembre 1991, de 10 heures à 12 h 30,
à la salle Louis-Joseph-Papineau, la sous-commission des institutions
poursuivra l'étude détaillée du projet de loi 125, Code
civil du Québec.
Après les affaires courantes jusqu'à 18 h 30 et de 20
heures à minuit, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, ainsi que
demain, le vendredi 6 décembre 1991, de 10 heures à 12 h 30,
à la salle 1.38 de l'édifice Pamphile-Le May, la commission du
budget et de l'administration poursuivra l'étude détaillée
du projet de loi 170, Loi sur la taxe de vente du Québec et modifiant
diverses dispositions législatives d'ordre fiscal.
J'avise également cette Assemblée que demain, le vendredi
6 décembre 1991, de 10 heures à 12 h 30, à la salle du
Conseil législatif, la commission de l'économie et du travail
procédera à des consultations particulières dans le cadre
de l'étude du projet de loi 185, Loi modifiant la Loi sur les relations
du travail, la formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction, et du projet de loi 186, Loi modifiant la Loi
sur le bâtiment et d'autres dispositions législatives.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader du
gouvernement. J'ai, moi-même, l'avis suivant à vous transmettre:
Aujourd'hui, le 5 décembre, de 15 h 30 à 18 h 30, au
château De Maizerets à Québec, la Commission d'étude
sur toute offre d'un nouveau partenariat de nature constitutionnelle se
réunira en séance publique.
Aux renseignements sur les travaux de l'Assemblée. M. le leader
adjoint, est-ce qu'il y a des renseignements?
M. Bélisle: Non, M. le Président.
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): J'ai le renseignement
suivant à vous transmettre. Je vous avise qu'aujourd'hui, à 16
heures, il y aura sanction de projets de loi au cabinet de Son Excellence le
lieutenant-gouverneur.
Nous en arrivons à l'étape des affaires du jour. M. le
leader adjoint du gouvernement, avec quel article du feuilleton continuons-nous
nos travaux, s'il vous plaît?
M. Bélisle: Nous procéderons, M. le
Président, avec l'article 34 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi 167 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): A l'article 34 de notre
feuilleton, M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de loi
167, Loi modifiant la Loi sur le camionnage et le Code de la
sécurité routière. Je reconnais immédiatement M. le
ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas
M. Elkas: Merci, M. le Président. Les modifications que
nous proposons à la Loi sur le camionnage sont des changements devenus
nécessaires afin d'harmoniser avec l'évolution de l'industrie du
camionnage et aussi avec la loi 108, adoptée dans cette Chambre en
décembre 1990.
Permettez-moi, M. le Président, de vous rappeler qu'à la
loi 108 il y avait au-delà de 300 articles. C'était une loi
très importante pour le milieu au niveau de la sécurité
routière, qui touchait l'administration de la Société de
l'assurance automobile du Québec, l'immatriculation, la ceinture de
sécurité et, le plus important, le début du contrôle
routier et de l'ordre dans l'industrie du camionnage.
M. le Président, depuis 1987, on parle de
déréglementation dans l'industrie du camionnage. Il n'en reste
pas moins que chaque juridiction de compétence, soit canadienne, soit
américaine, impose à cette industrie des règlements
à caractère économique et administratif pour s'assurer que
la sécurité du public n'est pas menacée, que les
infrastructures sont protégées, que l'équité entre
les transporteurs est maintenue.
Le débat de principe et l'étude du projet de loi en
commission parlementaire, M. le Président, indiquent clairement que ce
projet de loi doit être approuvé intégralement et, avant
d'en demander l'adoption, je veux, une fois encore, expliquer l'essence des
principaux articles.
Premièrement, la location des camions. Cette disposition a pour
objet de soumettre à l'application de la Loi sur le camionnage la
location de camions avec chauffeur. La location de camions avec chauffeur
s'apparente tellement au camionnage qu'elle peut très bien
représenter, pour l'expéditeur, une alternative
intéressante aux services de camionnage des entreprises de camionnage.
Du point de vue juridique, la location du camion, même avec chauffeur, ne
peut être assimilée à du camionnage sans une disposition
législative expresse.
En l'absence d'une telle disposition, il était nécessaire
de maintenir une réglementation sur la location de camions pour ne point
permettre le recours à la location de camions avec chauffeur comme moyen
de contourner l'obligation de détenir un permis de camionnage pour
offrir le
service de camionnage. C'est-à-dire, M. le Président,
qu'une personne qui est en industrie pourrait bien aller louer un camion avec
un chauffeur et éviter d'aller chercher les permis nécessaires au
niveau du camionnage. La mise en vigueur de cette disposition facilitera la
suppression du règlement sur la location des camions pour
contrôler le commerce de location.
En second lieu, M. le Président, je veux permettre au
gouvernement d'imposer, par règlement, des droits annuels d'exploitation
aux entreprises de camionnage. La Loi sur le camionnage permet aux entreprises
d'obtenir un permis de camionnage sur la foi des critères d'aptitude, ce
qui a contribué à une augmentation substantielle du nombre des
entreprises de camionnage. L'industrie du camionnage demande à la
Commission d'exercer un suivi administratif et un contrôle plus important
des titulaires de permis pour vérifier, notamment, si les permis sont
exploités.
Cette disposition permettra au gouvernement d'assurer le financement de
ces contrôles à même un droit annuel d'exploitation
perçu auprès des entreprises qui seront avantagées par
l'augmentation des contrôles. Ces contrôles, M. le
Président, occasionneront des frais administratifs à la
Commission des transports du Québec, et je vais établir par
règlement des droits annuels d'exploitation qui ne seront pas excessifs.
Ils seront probablement de l'ordre de 50 $ à 100 $ par année par
entreprise.
Le troisième article, M. le Président, en est un de
concordance et a pour objet d'harmoniser le texte de la Loi sur le camionnage
avec le nouveau système d'immatriculation permanent adopté en
décembre 1990 dans le projet de loi 108, au chapitre 83. L'objet de la
prochaine modification est de réduire le nombre de membres requis pour
décider une révocation d'une suspension de permis, comme le
prévoit présentement la Loi sur les transports dans les autres
domaines de compétence de la Commission. Cette disposition vise à
permettre à la Commission de réaliser son mandat de surveillance
des titulaires de permis tout en réduisant ses frais administratifs et
en augmentant sa productivité et le service à sa
clientèle. (15 h 40)
Enfin, M. le Président, nous allons harmoniser la
procédure d'appel des décisions à la Commission avec la
procédure d'appel prévue au Code de procédure civile.
Encore une fois, M. le Président, ce changement proposé
améliorera le service à sa clientèle sans augmenter les
frais administratifs.
Voilà donc, M. le Président, l'essentiel du projet de loi
167. Je veux préciser en cette Chambre que, lors de l'étude
article par article en commission parlementaire, nous avons fourni aux membres
de l'Opposition toutes les explications et à aucun point il n'y a eu un
grand débat qui a été suscité. Alors, je propose
donc l'adoption du projet de loi 167. Je vous remercie beaucoup, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Sur le même sujet, je cède la parole à M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, nous avons eu l'occasion de
parier lors de la remise du rapport de la commission de l'aménagement et
des équipements en cette Chambre et je dois dire que, pour les
mêmes raisons que nous avons mentionnées à ce
moment-là, nous ne pouvons pas être en faveur d'un tel projet de
loi.
À une époque, M. le Président, où le
gouvernement va dépasser cette année les 4 000 000 000 $ de
déficit, à une époque où le gouvernement a mis en
place la déréglementation, le ministre ne semble pas avoir
compris ce qui a été mis en oeuvre par son gouvernement, parce
que lui-même s'interrogeait en commission parlementaire. Il se posait des
questions sur l'augmentation du nombre de permis. Il n'avait pas l'air de
comprendre pourquoi le nombre de permis était passé de 6000
à 11 000 permis depuis la déréglementation. Le ministre
s'est même plaint de cette hausse du nombre de permis, en indiquant qu'il
s'agissait pour lui d'un "free for all" dans l'émission des permis, et
il a expliqué, croyez-le ou non, que l'introduction de droits annuels
d'exploitation avait pour but de freiner les demandes de permis, comme si
c'était un ticket modérateur de charger un prix plus
élevé pour obtenir son permis de camionneur.
Mais il est fidèle à lui-même, à son
gouvernement. Ce sera le même prix que vous ayez 1 camion ou que vous en
ayez 150. Il a dit approximativement 50 $, pas par camion, par entreprise, de
sorte que si vous avez une entreprise avec 150 camions, vous paierez 50 $; si
vous avez une entreprise avec 1 camion, vous paierez 50 $. Ce qui veut dire,
à toutes fins pratiques, que les petits subventionneront les frais
d'administration de l'émission des permis pour les grosses entreprises
qui ont plusieurs camions. Si c'est ça qu'on appelle
l'équité, M. le Président, les mots ne veulent plus rien
dire.
Le ministre aurait dû se poser les véritables questions.
Est-ce qu'on a encore autant besoin d'une commission des transports du
Québec avec un budget accru, alors que ses responsabilités sont
diminuées considérablement? Autrefois, à chaque demande de
permis, il fallait que les gens viennent devant la Commission des transports du
Québec pour faire valoir la nécessité du permis, le besoin
d'un camion additionnel. Le besoin devait être analysé par la
Commission et toute une analyse s'ensuivait.
Aujourd'hui, à toutes fins pratiques, M. le Président,
vous n'avez rien à démontrer, sauf que vous avez des aptitudes
pour conduire un camion,
pour administrer un camion. Il n'y a plus de preuve à faire, M.
le Président, sur la nécessité du permis; c'est quasiment
automatique, à toutes fins pratiques. Alors, il n'y a plus d'opposition
sur les demandes de permis. La Commission n'a plus à tenir d'audiences
sur les demandes de permis. Le requérant d'un permis n'a qu'à
démontrer à la Commission qu'il possède les aptitudes
requises pour exploiter le permis, c'est-à-dire fournir certains
renseignements prévus à l'article 12 de la Loi sur le camionnage
à la Commission des transports.
À toutes fins pratiques, on n'a pas besoin d'une commission des
transports pour ça. Ça pourrait être essentiellement une
émission administrative de permis, puisqu'il s'agit simplement de
fournir certains renseignements lors de la demande de permis et d'augmenter les
frais de la Commission de transports, alors que ses responsabilités ont
été considérablement réduites. C'est incroyable! Ce
n'est pas ça de la bonne administration, M. le Président.
Vous savez, le gouvernement a déposé hier des
crédits supplémentaires de 681 000 000 $, ce qui fait que les
dépenses du gouvernement cette année vont être de 40 000
000 000 $. Les citoyens doivent payer des taxes à tour de bras, M. le
Président. Les citoyens sont comme des raisins qui sont
écrasés. La grosse grappe au Québec, c'est la grappe des
contribuables, la grappe fiscale où celui qui est écrasé,
c'est le contribuable qu'on considère comme un raisin. Qu'est-ce qui
arrive actuellement? Aujourd'hui, on voit le gouvernement qui continue, comme
s'il n'y avait rien là, à avoir des frais administratifs
considérables.
Tout le projet de loi vise à quoi, au fond? Il vise à
faire en sorte que le gouvernement collecte des droits aux camionneurs qui sont
déjà dans une situation financière difficile pour
maintenir en opération une commission des transports où le
gouvernement peut nommer ses "chums". C'est ça essentiellement, M. le
Président. C'est pourquoi nous disons que ce projet de loi n'est pas
bon, qu'il ne sert à rien, que le ministre aurait dû au contraire
avoir un projet de loi pour diminuer les frais administratifs de la Commission
des transports du Québec, pour économiser l'argent des
contribuables. La Commission des transports à laquelle on diminue les
responsabilités n'a pas à avoir des frais augmentés.
Ça n'a pas de bon sens, M. le Président. Ça n'a pas de bon
sens.
Le contribuable n'est pas fou. Il regarde. Il est
découragé, le contribuable, quand il regarde ce qui se passe. Il
voit aujourd'hui un gouvernement qui est rendu à 40 000 000 000 $ de
dépenses. Il voit que le gouvernement, de plus en plus, a un
déficit accru. Je sais que les députés vont essayer de
faire croire que c'est l'ancien gouvernement, mais heureusement, on peut se
rendre compte que l'an dernier le déficit était à 1 000
000 000 $. La dette de l'ancien gouverne- ment n'a pas augmenté. Elle
est restée la même, puisque l'ancien gouvernement est parti du
pouvoir au mois de décembre, le 13 décembre 1985.
La dette de l'ancien gouvernement était là. Maintenant,
après cinq ans... Le déficit était, il y a cinq ans, de 1
000 000 000 $ seulement. Cette année, il va dépasser 4 000 000
000 $, alors que les taux d'intérêt ont diminué
considérablement cette année par rapport à l'an
passé. Pourquoi il y a eu une augmentation de plus de 3 000 000 000 $ du
déficit? Pourquoi? À cause d'une mauvaise administration du
gouvernement. Ne nous contons pas d'histoires. Comment peut-on avoir un
déficit accru alors que les taux d'intérêt baissent?
Comment peut-on dire que ça dépend de la dette de l'ancien
gouvernement, alors que les taux d'intérêt ont baissé
depuis un an, M. le Président? Et le déficit a augmenté de
1 000 000 000 $ à au-dessus de 4 000 000 000 $. Ce n'est pas bien bien
compliqué à comprendre, M. le Président.
Mais ces marchands d'illusions, ces gens faisaient croire qu'ils
baisseraient la taxe sur la gazoline qui, pourtant, depuis le changement de
gouvernement, est passée, depuis 1985, de 0,133 $ le litre à
0,194 $ le litre au 1er janvier 1992. Augmentation de presque 50 % de la taxe
sur la gazoline. On est rendu au Québec à avoir une taxe plus
forte sur le litre d'essence que l'État américain, lui, charge
sur un gallon d'essence. La plupart des États américains, M. le
Président, sinon tous les États américains ont moins de
taxes sur un gallon d'essence que le gouvernement du Québec, lui, en a
sur un litre d'essence.
Alors, est-ce qu'on pense qu'on va être concurrentiel de cette
façon-là? Et on regarde les rapports actuellement. Les gens sont
écrasés. Ils voient les compagnies qui ferment leurs portes. Ils
voient les entreprises, pas seulement des petites, des grosses, qui ferment
leurs portes; ils en voient d'autres qui déménagent aux
États-Unis. Et le gouvernement continue à faire des
dépenses à tour de bras, à siphonner les contribuables,
à siphonner les entreprises, comme s'il n'y avait rien là, M. le
Président.
Le projet de loi du gouvernement aurait dû être sans doute
pour demander de faire disparaître la Commission des transports du
Québec. Quand un organisme n'a plus de responsabilités, quand un
organisme n'a plus de loi à administrer... Et celle qu'il a à
administrer, il ne l'administre même pas, M. le Président. On sait
à quel point les taux dans le camionnage en vrac ne sont pas
respectés, et la Commission des transports du Québec a l'air de
s'en foutre comme de sa dernière chemise. Il y a des rapports
d'enquêtes; elle ne fait même pas appliquer les conclusions de ses
rapports d'enquêtes, M. le Président.
Je pense que le ministre aurait dû se demander, au contraire, s'il
ne devrait pas faire disparaître la Commission des transports
du Québec, en économisant de cette façon 11 000 000
$ de dépenses. C'est ça la question qu'il faut se demander. Il
faut arrêter, comprenez-vous? Il faut commencer à questionner le
fonctionnement du gouvernement. Il faut commencer à se demander: Est-ce
qu'on administre comme il faut? Quand une université, par exemple, verse
300 000 $ à un professeur pour ne plus le voir enseigner, on serait bien
mieux de se demander si ce ne serait pas mieux d'avoir 300 000 $ pour engager
cinq professeurs, plutôt que de donner 300 000 $ pour ne plus qu'il y ait
d'enseignement.
M. le Président, il faut que le gouvernement arrête,
à un moment donné, qu'il pense aux gens qui n'en peuvent plus de
payer des taxes constamment. L'interrogation qu'il faut faire à ce
moment-ci, le ministre des Transports devrait être celui qui devrait le
plus la faire. Pourquoi? Parce qu'on siphonne les automobilistes d'une
façon éhontée au Québec. Parce que c'est une
façon, au Québec, de financer le gouvernement, de taxer les
automobilistes. Aujourd'hui, les automobilistes paient trois fois plus d'argent
qu'ils en retirent dans les routes sous forme de construction,
d'amélioration, ou d'entretien. Toutes les dépenses qui vont sur
les routes, c'est à peine le tiers, M. le Président, des taxes
qu'ils paient comme automobilistes. Uniquement comme automobilistes, sur
l'essence, les taxes sur les assurances, les taxes sur l'achat d'automobiles,
les taxes sur les réparations, les taxes sur les pièces, tout
ça, M. le Président, ça représente trois fois plus
d'argent qui entre dans les coffres du gouvernement que ce que le gouvernement
met sur les routes du Québec. (15 h 50)
On regarde ça, aujourd'hui. Pensez-vous que nos routes sont une
invitation au tourisme? Quand quelqu'un arrive sur les routes du Québec
- comprenez-vous, il a été invité à venir au
Québec - il arrive là et il se demande ce qui se passe, M. le
Président. Quand on demande: Qu'est-ce que c'est? Ce n'est pas les
motocyclettes qui brisent les routes, ce n'est pas les motocyclettes, M. le
Président. Ce n'est pas les petites automobiles sous-compactes qui
brisent les routes, ce sont les charges trop pesantes. En même temps, le
gouvernement fait en sorte d'émettre - c'est le ministre lui-même
qui le fait - il donne des permis discriminatoires au-delà des charges
excédentaires que peut, de façon exceptionnelle, autoriser la
Régie. Bien lui, il se donne le pouvoir, M. le Président, d'en
émettre au-delà de ça, des milliers de permis chaque
année. Sous l'ancien gouvernement, il n'y en avait pas de ces
permis-là où c'est le ministre, le bureau du ministre qui
autorise la Régie à donner un permis à quelqu'un
au-delà des charges excédentaires que peut déjà
autoriser la Régie, au-delà de ses normes
réglementaires.
M. le Président, l'incohérence du ministre, le ministre
jovialiste. Il est de bonne humeur, le ministre. si vous voulez avoir quelqu'un
pour donner une tape dans le dos, vous n'en trouverez pas un meilleur: un homme
exceptionnel, gentil, aimable, il n'y a personne qui ne peut pas trouver ce
ministre sympathique. il est toujours de bonne humeur. il se choque de temps en
temps. mais ce n'est pas bon pour lui de se choquer parce qu'on sent qu'il perd
ses moyens quand il est choqué. il y en a qui sont plus à l'aise
quand ils sont choqués. le ministre des affaires municipales, lui, il a
l'air d'être correct quand il est de mauvaise humeur. mais le ministre
des transports, lui, il perd ses moyens. c'est un ministre qui est de bonne
humeur, sauf qu'actuellement, ce dont on a besoin, c'est quelqu'un qui regarde
l'administration. qu'est-ce que ça coûte pour ce que ça
rapporte? le rapport coûts-bénéfices. il a
été dans l'entreprise privée. on m'a dit même que
chez bell telephone, il était en charge des boites
téléphoniques, vice-président aux boîtes
téléphoniques qu'on m'a dit. alors, il doit savoir comment on
essaie de faire quelque chose avec pas grand-chose. quand on administre des
boîtes téléphoniques, on réussit à faire des
appels avec 0,25 $. normalement, on devrait avoir le souci de faire en sorte
qu'on puisse faire quelque chose bon marché, m. le président, pas
cher.
Mais là, ce n'est pas ça. Quand on est dans le domaine des
transports, il n'y a pas de limite. Ça coûte une fortune. Vous
allez aux États-Unis, vous remplissez votre réservoir pour 12 $,
13 $. Vous voyez l'Américain quand il arrive ici. Nous autres, quand on
arrive... On s'en va faire un tour... Quand on va aux États-Unis, la
première fois que vous remplissez, que vous arrivez au garage, vous
pensez que le gars s'est trompé, vous dites: Sa pompe ne marche pas. Les
gens les plus honnêtes lui disent: II y a un problème avec ta
pompe, ça n'a pas de bon sens, 12 $ pour remplir mon réservoir.
Mais, imagninez-vous quand c'est l'inverse. L'Américain arrive ici et on
lui dit: 50 $. Il dit: Quoi! Lui, il pense que la pompe ne marche pas, par
exemple. Lui, il dit: Qu'est-ce que c'est que ça? Sur quelle
planète suis-je tombé? Il rentre au restaurant après
ça et s'achète un paquet de cigarettes, environ 6 $,
comprenez-vous. Tu achètes un carton pour à peu près ce
prix-là aux États-Unis. Après ça, s'il va au
restaurant, il dit: 15,56 % de taxes avant le pourboire. Quand quelqu'un arrive
et qu'il fait les trois affaires en même temps, comme a
Saint-Georges-de-Beauce où il y a une station de gaz, un restaurant et
un dépanneur connectés à la même station, il revire
de bord, M. le Président. Il dit: Qu'est-ce qui m'arrive? Il y a quelque
chose qui ne va pas. On n'a pas les moyens de visiter le Québec.
Bien, nous, au Québec, on vit dans un endroit où on est
surtaxés. Les gens ne sont plus capables. Ils ne sont plus capables. Ce
n'est pas pour rien que je vois les députés de l'Outaouais, par
exemple, qui demandent - eux autres sont à
côté de l'Ontario, ils ne sont pas à
côté des États-Unis, à côté de
l'Ontario - de ne plus subir ces taxes-là pour que les gens... non pas
que les gens de l'Ontario viennent acheter au Québec, mais pour que les
gens du Québec arrêtent d'aller acheter en Ontario. Les gens qui
sont sur le bord des frontières passent leur temps à demander des
mesures spéciales. Regardez les gens de Restigouche actuellement, dans
le comté du ministre des Finances, qui se plaignent de quoi? Les
commerçants sont tous en train de déclarer faillite et fermer
leurs portes. Pourquoi? Parce que les gens vont acheter sur la réserve
indienne où il n'y a pas de taxes. Alors, on ne peut pas mettre un
à côté de l'autre les commerçants ou des entreprises
qui sont taxées et d'autres qui ne sont pas taxées.
Au Québec, actuellement, il n'y a plus grand-monde qui a les
moyens de se payer le Québec. Il n'y a plus grand-monde qui est capable
de se payer le Québec parce qu'on a trop de taxes. C'est qu'il va
falloir analyser. Le projet de loi qui est devant nous, ce n'est pas un projet
pour corriger ça, c'est un projet pour taxer encore. Le camionneur,
pourquoi? Les gens ne sont pas trop au courant de ce qui se passe. C'est un peu
comme les gens, les dépanneurs qui ont reçu des frais de 215 $.
215 $ pour le dépanneur, un permis de plus. Là, le camionneur va
voir arriver d'autres frais de 50 $, autour de 50 $. On verra quand le
règlement sera passé si on ne va pas décider de passer
ça à 60 $ ou à 100 $ pour faire un chiffre rond.
M. le Président, les gens en ont assez. Est-ce que je peux assez
dire que les gens ne peuvent plus continuer. On ne peut pas continuer.
Ça n'a pas de bon sens. C'est un suicide fiscal qu'on est en train de
faire là, M. le Président. On ne peut pas continuer à
payer, à avoir des impositions comme ça. Il devrait y avoir un
moratoire sur les taxes, au Québec, pendant les cinq prochaines
années au moins. Et on devrait les baisser, les taxes. Non seulement on
devrait avoir un moratoire pour ne pas les augmenter, mais il faudrait les
baisser. Elles sont trop fortes, les taxes. Il faut avoir des gens qui sont
sensibles à ça. On n'est plus dans la récession
économique. On est rendu en dépression économique. La
preuve, M. le Président, que j'avais dit ça... Vous regarderez
les déclarations que je faisais, il y a au-dessus d'un an, dans le Le
Journal de Québec. J'avais dit qu'on entrait dans une période
non pas de récession, mais de dépression économique qui
durerait de deux à cinq ans. J'ai dit deux ans pour ne pas être
trop décourageant. Pourquoi, M. le Président?
Regardez, actuellement, les taux d'intérêt baissent et les
banques et les caisses populaires ont plus d'argent que jamais à
prêter malgré les taux d'intérêt qui baissent.
Malgré les taux d'intérêt plus bas, les gens empruntent
moins qu'avant. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont pas de projets. Ils n'ont plus les
moyens d'avoir des projets. Ça coûte trop cher. C'est ça la
situation, M. le Président.
Je vous regarde vous regarder la main. Vous commencez à trembler
en voyant ça. Vous vous demandez: Est-ce que la situation... Je le sais.
Les gens ne peuvent plus comprendre ce qui se passe quand ils regardent la
situation actuelle. Le député de Beauce-Sud, quand il regarde les
gens autour de lui, est-ce que les gens lui disent: Envoyez, les gars, allez-y,
taxez, on a les moyens? Est-ce que c'est ça qu'il entend? Est-ce que le
député de Montmagny-L'Islet, quand il passe dans son
comté, les gens lui disent: Envoyez, les taxes; dites-le au gouvernement
qu'on n'a pas de problème, on est capables d'en payer, des taxes? Est-ce
que les gens lui disent ça? Au contraire. Il est en train d'y avoir des
associations de gens qui ne veulent plus payer À entendre des affaires
comme on a vu avec Hydro-Québec, aujourd'hui, qu'on donne 300 $ au bon
client pour entrer dans la maison, bien, moi, je vais vous dire une chose: Je
vais m'acheter des chiens et je vais les laisser lousse dans la cour. Ils me
donneront peut-être bien 300 $ pour que j'attache mes chiens pour laisser
entrer quelqu'un qui va lire le compteur.
M. le Président, pourquoi? Ça n'a pas de bon sens. On est
rendu dans un système complètement... On a l'impression que le
bon sens, aujourd'hui, ça ne fait plus partie du monde dans lequel on
vit, dans le monde politique. Le bon sens... Comment ça se fait qu'il y
a deux genres de citoyens au Québec? Il devrait y avoir un seul genre de
citoyens au Québec, que ce soit des normes qui s'appliquent pour tout le
monde de la même façon.
Qu'est-ce qu'on trouve aujourd'hui? Le ministre, il a trouvé une
façon. Les normes qui vont s'appliquer comment? 50 $ pas par camion, par
entreprise. Il dit: II y a les frais administratifs. Il ne me fera pas croire
que l'entreprise qui va enregistrer 50 camions va représenter les
mêmes coûts au gouvernement que celui qui en enregistre 1. Celui
qui en enregistre 150 représente les mêmes coûts. Mais non.
C'est pour ça que j'ai dit... Quand j'ai dit au ministre des Affaires
municipales... Il n'aime pas ça quand je lui dis ça, parce que je
remarque qu'en ce qui concerne la vertu, la théorie et la pratique,
c'est deux. Mais quand il arrive dans la pratique, je m'aperçois que le
jupon dépasse. C'est facile de dire en vertu toujours et de faire la
morale aux autres. Mais quand on arrive dans la pratique, il faut les appliquer
les principes.
Actuellement, qu'est-ce qu'on fait? On écrase le petit. C'est
ça qu'on fait. Les économies, on les fait sur le dos du petit.
Quand il s'agit de faire payer, bien là, on fait payer le petit parce
qu'on se dit: C'est lui qui va rapporter le plus parce qu'il y a plus de petits
que de gros dans notre société. Alors, quand on arrive, on dit:
50 $ par entreprise, sachant que celui qui a un camion, il a une entreprise,
mais
celui qui a 200 camions, il a aussi une entreprise et il paiera le
même prix que celui qui a seulement un camion. On va nous dire que c'est
de l'équité fiscale. Si on veut charger, qu'on représente
les coûts réels. Autrement, on a une mesure qui est
discriminatoire mais contre les gens qui sont plus faibles, contre les gens qui
sont moins forts. Ce n'est pas ça que devrait faire un gouvernement. Un
gouvernement devrait faire en sorte qu'il y ait plus d'équité,
plus de justice, plus de partage. Non pas avoir des dépenses
illimitées, mais dans ce qu'il dépense, mieux le partager.
Aujourd'hui, actuellement, on est rendu trop loin. On a
dépassé la norme. On a dépassé les limites du bon
sens, M. le Président. Il va y avoir des lendemains à ça.
Vous savez, les gens n'accepteront pas et acceptent de moins en moins un
système qui considère illégitime... On le voit
actuellement. On entend parler de mouvements de gens qui s'organisent pour ne
pas payer leur compte d'Hydro. Pourquoi? Parce qu'ils trouvent injuste la
façon dont le gouvernement fonctionne. Il y a des gens, actuellement,
qui, de plus en plus, vont boycotter. Quand les gens vont acheter aux
États-Unis, ils boycottent le système canadien, parce qu'ils
considèrent qu'il est illégal, qu'il est illégitime qu'un
gouvernement ait le droit d'apporter des mesures. Mais les gens sentent quand
la légitimité est dépassée, quand le gouvernement
n'agit plus dans un cadre de légitimité parce qu'il est rendu
trop loin. Là, les citoyens sentent qu'ils n'ont plus l'obligation de
respecter le gouvernement. (16 heures)
Ce n'est pas pour rien qu'actuellement, dans les enquêtes, on voit
que les gens en politique sont méprisés. Ils sont
méprisables aussi, M. le Président. Pourquoi? Parce que ça
n'a plus de bon sens. On ne reflète plus, dans un État
démocratique, l'opinion de la population d'aucune façon.
Alors, qu'est-ce qu'on est supposés de faire ici? On n'est pas
là, comme des Moïse, avec les Tables de la loi, pour dire aux
citoyens: C'est ça que vous allez faire. On est là pour
refléter aussi les consensus dans notre société. Les
consensus dans notre société, ce n'est pas d'écraser le
monde. Ce n'est pas de les considérer comme des raisins dans des grappes
qu'on va écraser, comprenez-vous. Ce n'est pas ça, M. le
Président. Il faut, au contraire, avoir davantage de respect pour des
citoyens qui sont déjà surchargés.
Regardez le citoyen. Quand il regarde ses taxes fédérales,
taxes à Québec, taxes dans les commissions scolaires, taxes au
niveau municipal, taxe de vente qui arrive par après pour le peu qui lui
reste dans ses poches... Après ça, on dit: Quand tu vas acheter
quelque chose, tu vas payer 15,56 % de taxe sur les produits, puis là,
on a retardé de 6 mois les services qui vont commencer au 1er juillet.
Une coupe de cheveux, aujourd'hui, un luxe; 15,56 % de taxe sur la coupe de
cheveux! Le moindre service, se faire arracher une dent, est-ce qu'il va
falloir payer aussi, M. le Président? Alors, il y a toujours des
limites, comprenez-vous. On va trop loin. Le gouvernement va trop loin
actuellement. Puis !e projet qu'on a devant nous, c'est un projet qui va faire
en sorte que les contribuables auront encore à payer, lis ne peuvent
plus payer davantage. Il faut, au contraire, réduire l'administration,
réduire les coûts administratifs.
La déréglementation avait pour but de réduire les
coûts administratifs. Pourtant, la Commission des transports n'a
même pas diminué son budget. Son budget a augmenté depuis
la déréglementation. Comment peut-on m'expliquer? Le ministre a
un droit de réplique. Il pourrait répondre à quelque
chose, une fois de temps en temps. Il pourrait au moins me dire: Comment
peux-tu expliquer qu'une régie qui a des responsabilités moins
grandes, qui n'est plus obligée de faire enquête sur
l'émission des permis, ait un budget plus grand qu'avant, qu'on va
charger des droits aux citoyens, maintenant, qu'ils ne feront plus
enquête sur l'émission des permis? Avant, ça coûtait
de l'argent! Faire enquête, voir si le permis était
nécessaire, ça prenait toute une analyse. Dans ce
temps-là, il ne fallait pas payer, puis aujourd'hui, il va falloir payer
davantage, alors qu'il n'y a plus d'analyse pour l'émission du permis,
que c'est à peu près automatique, l'émission du
permis.
M. le Président, ça n'a pas de bon sens, puis je sais que
je parle en cette Chambre à des sourds. Comprenez-vous? Comme disait mon
professeur de latin: Qui potest capere capiat. Que celui qui peut comprendre
comprenne. Qui potest capere capiat, hein! Si le député
d'Argenteuif avait été ici, peut-être qu'il aurait pu
comprendre. Je comprends que le premier ministre a cité des mots latins
après-midi. Je suis certain qu'il ne comprenait pas les mots qu'il
disait. Mais qui potest capere capiat. Que celui qui peut comprendre
comprenne.
Ce que je dis actuellement au ministre des Transports, c'est que les
gens ne veulent pas payer davantage. C'est ça que je dis au ministre des
Transports, qu'il faut qu'il s'interroge sur le besoin d'une commission des
transports qui, actuellement, alors que...
M. le ministre des Transports vient d'arriver en cette Chambre. Il
était absent. Il est au-dessus de ça. Mais il était
absent. Je lui dis: Comment pouvez-vous justifier un budget accru à la
Commission des transports, alors que pour l'émission des permis, avant,
il fallait faire enquête. Il n'y a même plus d'enquête
nécessaire. C'est une émission à peu près
automatique, à toutes fins pratiques. Comment ça se fait que
ça coûte plus cher? Comment ça se fait que la Commission
fait des enquêtes puis ne fait même pas de poursuites après?
Quand elle fait des poursuites, c'est toujours contre le petit camion-
neur, mais jamais contre l'expéditeur, jamais contre celui qui
est partie à l'infraction également, qui ne paie pas, ne respecte
pas les taux. Comme si le camionneur lui-même voulait gagner moins cher,
alors que, souvent, c'est lui qui n'a pas le choix, parce que s'il n'accepte
pas le prix qu'on veut bien lui donner, il n'aura pas d'ouvrage, alors que
c'est contraire aux décrets puis aux normes, ou on doit être
obligé de respecter les taux, M. le Président. Autrement,
ça ne donne rien de fixer des taux si les taux ne sont pas
respectés.
M. le Président, j'ai fait l'effort, encore une fois, d'essayer
de convaincre un gouvernement qui est sourd, qui ne veut pas comprendre. Mais
il y aura des lendemains à ça. Les gens devront se prononcer aux
prochaines élections, et je suis persuadé qu'aux prochaines
élections les gens vont se prononcer en tenant compte de ceux qui auront
une crédibilité par rapport aux charges qu'ils vont imposer aux
citoyens. Les gens en ont assez de payer. Ils veulent qu'il leur reste quelque
chose dans leurs poches. Les entreprises ne veulent pas nécessairement
être obligées de déménager aux États-Unis
pour gagner leur vie. Les entreprises veulent fonctionner et ne veulent pas
fermer leurs portes.
Puis là, on va tomber dans les solutions concrètes. Il ne
s'agit pas seulement de dire: II y a 13 grappes au Québec, 13 grappes.
Le ministre, ce n'est pas un vigneron, hein! Le ministre n'est pas un vigneron
ou un viticulteur. Qu'il nous dise ce qu'il veut faire avec ses grappes
industrielles. Dans le domaine des transports, à part nous charger des
taxes, qu'est-ce qu'il veut faire pour le développement des transports,
pour qu'on utilise davantage les transports québécois qui sont de
moins en moins concurrentiels à cause des taxes que le gouvernement leur
impose? C'est encore un projet de loi qui va dans ce sens-là, M. le
Président. C'est pour ça que nous allons voter contre.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis. Alors, s'il n'y a pas d'autres
interventions, je vais... Est-ce que, M. le ministre, vous voulez
répliquer ou si on passe a l'adoption?
M. Elkas: J'aimerais répliquer, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, allez-y avec votre
réplique, M. le ministre des Transports.
M. Sam L. Elkas (réplique)
M. Elkas: Savez-vous, le député de
Jonquière, hier, essayait de maintenir le calme. C'est assez difficile
de faire ça, M. le Président, quand le député de
Lévis peut faire des sorties comme il en a fait aujourd'hui, comme il en
fait depuis 15 jours, qu'il tient toujours le même discours. On l'entend,
non seulement de ce côté-ci, mais on l'entend de l'autre
côté aussi. Il semble la seule personne, M. le
député, dans cette Assemblée, qui tienne le même
discours, qui est pour son propre discours. Il ne se souvient même pas de
ce qui a été discuté en commission parlementaire parce
qu'il n'était même pas présent.
M. le Président, je n'aimerais pas reprendre sur la loi parce que
la loi c'est du "fine tuning" si vous me permettez, c'est de la mise au point.
À la demande de l'entreprise, il y a un ministre qui a eu le courage de
faire, en concertation avec les industries... Les intervenants ont dit - on est
là, à l'écoute - ce qui les préoccupait et on a
répondu. Ce sont des mesures, dans les quatre projets de loi, qui
relèvent de la loi 108, qu'on a mises en place, et encore, M. le
Président, des choses qu'on a faites pour améliorer le rendement,
non seulement de l'industrie, mais du gouvernement aussi.
L'attaque que j'ai entendue sur moi, la personne qui vous parle, je ne
l'ai pas appréciée, M. le Président. Après 32 ans
de carrière chez Bell Canada, une chose que je ne peux pas accepter,
c'est la critique d'une personne qui n'a jamais fait de privé. Il ne
sait même pas ce que cest. Ma carrière, 32 ans sans tache, M. le
Président. Ça, c'est des choses que je n'accepterai jamais.
On veut parler de la Commission des transports du Québec. Vous
devriez avoir honte. On va faire les preuves de votre efficacité, une
petite mémoire, bien courte à part ça. Tout simplement
pour vous donner une idée, M. le député de Lévis,
que la Commission des transports du Québec n'applique pas seulement des
règles au niveau du camionnage. La Commission des transports du
Québec administre 25 lois et règlements qui touchent les autobus,
qui touchent le taxi, le camionnage général, la location de
véhicules, le camionnage en vrac. Il y a près de 50 000 permis
qui sont émis annuellement par la Commission des transports du
Québec. Qui va le faire? Le député de Lévis et les
gens de son comté? Ces gens-là, ce sont des professionnels, ce
sont des gens qui travaillent d'une façon très efficace.
Si je regarde entre 1976 et 1985, dans le temps qu'il était au
pouvoir - il était au Conseil des ministres à part ça - si
je me souviens bien, 263 employés dans leur temps. Là, vous allez
vous en rappeler, 263 employés. Pensez-y, pensez aux taxes dont vous
parlez, 263 employés. Depuis 1989, au moment où je vous parle, il
y a 174 employés avec une augmentation de 42 % du travail et du nombre
de permis. Ça, pensez-y. La raison pour laquelle il y a une augmentation
du nombre de permis, M. le Président, c'est bien simple, c'est parce
qu'il y a du contrôle.
Le député de Lévis ne veut pas comprendre, il n'a
jamais compris que quand il y a des gens
qui ont des charges indivisibles, ça prend des permis. Quand il y
a des charges qui sont au-delà des normes de dimensions, ça prend
des permis spéciaux. Quand il n'y a pas de contrôle, c'est
sûr que les gens se promènent sur nos routes et ne font rien,
seulement un gros "free for ail". Mais, on a mis en place la loi 108. Il dit
que ce n'est pas un gouvernement efficace. La loi 108 a démontré
clairement que le gouvernement est sérieux au niveau de la Loi sur le
camionnage. M. le Président, les 10 premiers jours ouvrables
après le dépôt de la loi 108, 250 000 $ ont
été perçus en amendes. Le message a été
passé non seulement aux camionneurs, mais aux expéditeurs aussi.
(16 h 10)
J'ai eu l'occasion dernièrement de rencontrer les grands
expéditeurs du Québec et j'ai servi avis à ces gens qu'on
est sérieux au niveau du contrôle routier. Il y a 70
contrôleurs routiers qui ont été reformés, des gens
qui font leur job, et qui la font bien à part ça. Il y en a 50
autres en formation aujourd'hui. Ce n'est pas du contrôle avec les
muscles, pas du contrôle avec petite tête, gros bras, comme le
député de Lévis a tendance à vouloir soutenir.
M. Garon: Voyons! Voyons!
M. Elkas: Voyons! Voyons! M. le Président, c'est justement
cette attitude-là qui ne nous mène nulle part. Il y a des gens
qui se lèvent en Chambre et qui induisent les gens en erreur en plus de
ça. Aujourd'hui, il y a eu un vote nominal, un vote nominal parce que le
député de Lévis a menti hier. Il a menti. M. le
député de Lévis a dit que le ministre...
M. Gendron: M. le Président, je regrette, je regrette. On
ne peut accepter que le ministre des Transports tienne de tels propos. C'est
une expression qui est non tolérée, inacceptable lors de la
conduite normale de nos travaux. Vous ne contribuerez pas, M. le ministre,
à augmenter ie niveau du débat si vous employez des expressions
comme ça. Donc, je vous demande, M. le Président, qu'il retire
ses paroles.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le ministre des
Transports, je vous demanderais de retirer les derniers propos que vous avez
tenus relativement au député de Lévis.
M. Elkas: On me dit que je n'ai pas le droit de dire la
vérité en Chambre. Alors, je pourrais peut-être dire qu'il
a induit la Chambre en erreur hier quand il a dit que le ministre était
en train de déréglementer et déréglemente
l'industrie du camionnage en vrac. C'est non, c'est non, c'est non! La clause
75 %-25 % est là, il sait qu'elle est là, et elle va rester.
Faire venir les gens en Chambre et même vos collègues et les faire
voter pour votre motion, c'est totalement faux. Ce n'est pas correct.
Ça, c'est une perte de temps, une perte de beaucoup de temps.
M. le Président, je trouve un peu honteux que le gouvernement
veuille faire des gestes pour améliorer le rendement sur le camionnage.
Dieu sait tout ce que le député de Lévis a pu nous offrir
dans le passé. C'était l'invitation, sur la Colline
parlementaire, de 2000 camionneurs qui sont restés ici pendant 17 jours.
Ça, c'est sa façon de négocier. Quant à ses
commentaires au niveau de la personne - le ministre des Transports, sa
carrière à Bell Canada pendant 32 ans - je l'ai trouvé
bas, bas, bas! M. le Président, in English they say: "Low, low, low, six
inches lower than a snake". Si vous voulez que je le répète en
français, c'est: C'est bas, six pouces plus bas qu'une couleuvre. C'est
justement l'attitude du député de Lévis. Ça me fait
plaisir, M. le Président, d'accepter cette loi parce que je
réponds à ma clientèle. C'est ça qui est le plus
important, non pas le député de Lévis. Je vous remercie
beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que la motion du
ministre des Transports proposant l'adoption du projet de loi 167, Loi
modifiant la Loi sur le camionnage et le Code de la sécurité
routière, est adoptée?
M. Gendron: Sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Bélisle: L'article 35, M. le Président.
Projet de loi 177 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 35 de
notre feuilleton, M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de
loi 177, Loi modifiant la Loi sur le ministère des Transports et la Loi
sur la voirie.
M. le ministre des Transports, pour votre intervention principale.
M. Sam L Elkas
M. Elkas: M. le Président, si vous me le permettez, je
veux faire un survol du projet de loi que je propose aujourd'hui pour adoption.
Ceci permettra de mieux comprendre les impacts. Tout d'abord, le projet de loi
177 modifie, comme je l'ai souligné auparavant, la Loi sur le
ministère des Transports et la Loi sur la voirie à l'égard
des pouvoirs du ministère des Transports de disposer des immeubles
excédentaires. Il permet également d'interdire par
règlement le remorquage par dépanneuse des véhicules
routiers sur certains chemins entretenus par le ministère,
et cela, tout en permettant à ce dernier de conclure un contrat
pour l'exercice exclusif dans cette activité.
Je veux particulièrement prendre le temps de bien expliquer le
pourquoi du remorquage exclusif. En commission parlementaire, je me suis repris
à plusieurs reprises pour expliquer au député de
Lévis, qui ne comprend pas le but de ce chapitre. Il ne voudrait jamais
comprendre, comme il en a l'habitude.
Le remorquage exclusif sur certaines voies a deux buts
spécifiques. Le premier but est que nous allons retrouver une
uniformité tant dans les prix pour les consommateurs que dans le service
aux clients. Le second, M. le Président, c'est la sécurité
accrue que nous aurons avec une seule compagnie sur une partie donnée de
voie de circulation. M. le Président, avec les équipements
électroniques que nous retrouvons dans les remorqueurs, vous allez
comprendre que les conducteurs étaient avertis d'un accident presque en
même temps que la police. Alors s'amorçait une course folle entre
remorqueuses pour avoir la possibilité de remorquer une auto
accidentée ou en panne. D'ailleurs, ces choses nous ont
été soulevées assez souvent par les chroniqueurs de
radio.
C'est là que le député de Lévis ne comprend
plus. M. le Président, il ne devait pas comprendre, à
l'époque où il était ministre, quand il y avait plus de
2000 décès sur les routes en 1983 et 1984. Au niveau de la
sécurité, son gouvernement a toujours eu des difficultés
à comprendre la situation. L'abolition, évidemment, du
contrôle routier, à l'époque, découlait du
même problème de négociations avec les contrôleurs
routiers: Bof! Ce n'était pas important de négocier avec les
contrôleurs routiers. On va s'en débarrasser. C'était la
seule façon de gérer les dossiers.
M. le Président, ce contrôle routier a aussi diminué
la sécurité sur nos routes et, le plus grave, c'est qu'à
notre arrivée, en 1985, nous nous sommes retrouvés avec un
réseau routier en mauvais état. Ça, on pourrait en
reparler assez longtemps. Le discours, je l'ai tenu. Le député de
Lévis ne comprendra jamais. Lui, il dit qu'on devrait mettre un
moratoire. Je l'écoutais tout à l'heure. Il veut mettre un
moratoire sur tout, lui. Et c'était d'ailleurs la façon
qu'il...
Une voix:...
M. Elkas: Mais je ne sais pas comment les gens, M. le
Président, peuvent construire des routes, faire passer des programmes
pour maintenir et conserver nos acquis. On a reçu de leur gouvernement
un dossier au niveau du ministère des Transports qui était
terrible. Mon expérience démontre clairement... Je l'ai vu. Je
l'ai eue, l'expérience au municipal aussi, M. le Président. Il
faut injecter de l'argent dans le réseau de temps en temps. C'est une
chose qu'ils n'ont jamais pu comprendre. L'entretien préventif,
ça, ils ne comprennent pas ça. Ils n'ont jamais été
dans le privé. S'ils avaient été dans le privé, ils
auraient compris ce que c'était. Ils ne l'ont jamais fait.
Alors, aujourd'hui, on se retrouve, oui. avec des routes en mauvais
état, puis ce gouvernement a eu le courage... On se fait accuser de
siphonner la SAAQ, mais les gens aiment bien mieux se promener sur des routes
sécuritaires. Au lieu de se promener aux États-Unis, qu'il aille
donc voir qu'est-ce qu'on a fait dernièrement, ce que mon
collègue, le ministre délégué aux Transports, a
fait depuis les deux dernières années sur notre réseau,
pour l'améliorer.
Allez donc voir qu'est-ce qu'il a fait. Puis je vais le
répéter encore parce que je pense que c'est important que cette
Chambre le sache. Si ce n'était pas de votre manque de gestion, s'ils
avaient mis le moindrement d'argent sur le réseau routier...
Je vais vous citer l'exemple encore, le Métropolitain, qui nous a
coûté 82 000 000 $. C'est honteux! Si on avait investi de l'argent
dans les années soixante-dix, de 1975 à 1980 - puis ça,
ça vient des experts - c'est la moitié qu'on aurait investi.
Ça, c'est 40 000 000 $ qu'on aurait pu mettre ailleurs. Le manque
d'intelligence dans la gestion nous a causé... C'est seulement un
exemple, puis ça, on voit ça tout partout dans la province. Mais
vous, votre but, c'est de vous asseoir sur votre "fanny"...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Elkas: Non, non, sérieusement, c'est de vous asseoir et
de dire: On va avoir des moratoires, un moratoire sur la 30. Belle chose! Je
l'écoutais, l'autre jour... Elle fait des déclarations dans les
journaux, mais elle ne veut pas en faire en Chambre. Elle nous critique parce
qu'il n'y a rien qui se passe au niveau de la 30. Allez donc sur le terrain
voir ce qui se passe sur la 30. Au lieu de faire un moratoire en 1976 pour la
30, on aurait vu à la protection d'une autre route aussi. Les gens n'ont
jamais compris que la 30 servait de voie de contournement pour protéger
d'autres axes routiers. Puis ça, ce n'est pas de la bonne gestion? Les
gens ne comprennent pas ce que c'est, de la gestion. Ils aiment mieux se lever
ici, en Chambre, puis penser à faire des grands discours, puis à
faire le bouffon devant la caméra. (16 h 20)
Quand est-ce que vous allez comprendre que les gestes qu'on pose
aujourd'hui, ce sont des gestes qui sont importants pour la
société québécoise, pas pour demain matin, mais
pour notre avenir. La 40 reçoit 5000 camions par jour qui n'ont
même pas d'affaire là, des camions qui pourraient contourner
l'île de Montréal. On pourrait encore protéger la 40. On a
investi 82 000 000 $ dernièrement. Premièrement si vous
étiez au pouvoir - je remercie le Bon Dieu que vous ne le soyez
pas - au moment où je vous parle, on aurait fermé le
Métropolitain parce qu'il y aurait eu un moratoire comme d'habitude.
M. le Président, je vous dis qu'en 1983, quand j'ai
été nommé à la Commission permanente de
l'environnement, au niveau municipal, ce même gouvernement voulait qu'on
cesse tous travaux sur le projet d'assainissement des eaux à
Montréal, tous les travaux. La seule façon qu'on a pu les forcer
à investir dans le réseau des intercepteurs, puis dans l'usine,
c'est parce que les contracteurs, les gens qui ont manufacturé les
usines comme telles, ne pouvaient pas garantir à la Communauté
urbaine les équipements. Alors, vous pouvez vous imaginer, nous, pris
avec une usine qui ne fonctionne même pas pendant 25 ans. Là, on
se réveille 25 ans plus tard, ça ne fonctionne pas. Alors, on
essaie d'aller contre les manufacturiers. Ce n'est pas imaginable.
C'est le manque d'intelligence dans leur gestion. M. Parizeau,
excusez-moi, le chef de l'Opposition, prétend être ce grand
gestionnaire. À l'entendre parler, je me demande: Se peut-il qu'il soit
sérieux? Il est dans le fond de tout ça, lui. C'est lui qui a mis
fin aux contrôles routiers. Puis, le député de Lévis
se lève et dit: Vous voyez, nos routes sont en ruines. Bien, qu'il se
regarde et qu'il regarde le député qui était en
arrière de lui, le député de Labelle, qui a
été ministre des Transports aussi. Qu'est-ce qu'ils ont fait? Who
knows? I think they fell asleep!
Le député de Lévis fait encore
référence - c'est des affaires gratuites, encore du
théâtre qu'il veut faire - il ne comprend pas que sur la 20, entre
le boulevard Saint-Jean et Saint-Charles, que la route a été
construite en -excusez-moi, dépression, c'est-u le mot? En faisant
ça, on a détruit un tunnel qui appartenait au club de golf de
Beaconsfield. C'est bien normal, quand on enlève quelque chose à
un propriétaire, on doit le remplacer. Mais il n'en a pas tenu compte,
il veut faire de la politique avec ça. Il veut démontrer aux gens
de Québec qu'on dépose... puis qu'on dépense des gros
montants d'argent pour les gens de l'Ouest. Ça, c'est tellement faux.
j'ai été, m. le président, maire de la ville de kirkland,
puis j'ai été pris en otage par ce gouvernement dans le temps. le
viaduc qui traverse la 40, le viaduc saint-charles, était lui aussi en
ruines. on songeait sérieusement à le fermer. les accotements
tombaient. c'était la propriété du gouvernement du
québec. on avait identifié, en 1977, qu'on avait un
sérieux problème avec cela. il fallait commencer les
réparations. pour la première fois dans l'histoire du
ministère des transports, on a obligé une municipalité
à être partenaire dans la réparation et les coûts
pour réparer le viaduc. ça a coûté aux contribuables
250 000 $. on les a mis à contribution. Pourquoi? La seule chose que
j'aurais pu penser, moi, dans le temps, c'est que M. Tardif, qui était
ministre des Affaires municipales et des Transports, m'avait bien dit: Toi, en
plus, tu vas payer cher pour avoir appuyé les libéraux. C'est la
seule raison.
C'est de la discrimination, M. le Président, exercée par
le gouvernement du temps. Ces gens-là vont donner une leçon,
montrer comment gérer un ministère? Ils vont dire que c'est un
gars qui est doux, puis mou. Ce même député se lève
et il dit: Le sous-ministre prend ses ordres d'en haut. Je suis d'accord avec
lui, le sous-ministre prend ses ordres d'en haut. Le sous-ministre, M. le
député de Lévis, est au 28e étage, moi, je suis au
29e.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Elkas: Je n'ai rien à apprendre, M. le
Président, du député de Lévis. La seule chose que
je peux apprendre, c'est que, oui, ça ferait un bon comédien au
théâtre Maisonneuve à Place des Arts. Peut-être qu'il
passerait. Je l'écoute depuis 15 jours. Il a le même discours, et
il commence à... Il veut nous donner une leçon sur un projet de
loi où il n'était même pas présent pour en discuter
et, aujourd'hui, il demande à ses collègues de voter contre. Il
ne comprend même pas le fond du projet et il pose des gestes semblables.
Encore, M. ie Président, il faut avoir de la patience. Souvent, quand je
me promène dans les régions, les gens me disent: M. le ministre,
vous devez avoir de la patience pour écouter des discours
semblables.
Une voix: C'est parce qu'il veut être dans les records
Guinness pour le plus grand nombre de discours.
M. Elkas: Oui, je pense que c'est ça, il veut être
dans les records Guinness pour le plus grand nombre de discours. Il veut
prendre ses heures et parler de n'importe quoi. Il regarde l'horloge pour voir
s'il lui reste encore 10 minutes ou non. M. le Président, est-ce que
c'est vraiment du sérieux? Est-ce que c'est vraiment du sérieux?
C'est la seule chose, M. le Président... parce que j'aime mon emploi au
gouvernement. Je pense qu'on est en train de faire une... Je ne le pense pas,
je le sais qu'on fait une contribution positive. La seule chose que je
regrette, c'est d'écouter des discours semblables. J'avais pensé
que peut-être, de temps en temps, les gens démontreraient un petit
peu plus de sérieux. Même ses propres collègues se grattent
la tête et se demandent: Ça se "peut-u"? Mais, coudon, il faut
qu'ils soient solidaires. Il faut qu'ifs soient solidaires.
Alors, avec tout ça, M. le Président, je pense que j'en ai
dit assez. Je ne changerai jamais d'idée sur le député de
Lévis. Jamais! Ça, ça serait une impossibilité. Je
vous remercie
beaucoup, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Transports. Sur le même sujet, je cède la parole à M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le ministre des Transports dit
que je l'ai insulté quand j'ai dit qu'il avait travaillé chez
Bell Canada. Moi, en autant que je sache, il a travaillé chez Bell
Canada. Je ne voulais pas l'insulter. J'ai dit qu'il avait été
vice-président, je ne le sais pas. Quelqu'un m'a dit qu'il ne l'a pas
été. Je me suis peut-être trompé. Est-ce qu'il l'a
été? Il pourra nous le dire. J'ai dit qu'il était en
charge des boîtes publiques au Québec. C'est ça qu'on m'a
dit qu'il faisait. Alors, si je me suis trompé, j'aimerais ça
qu'il le dise. Il a dit que je l'avais insulté, alors que je me suis
référé à ce qu'il faisait.
Deuxièmement, j'ai dit qu'à Bell Canada et dans
l'entreprise privée il a été habitué - parce que je
pense qu'il y a une bonne administration à Bell Canada - à faire
quelque chose avec des coûts contrôlés. Si c'est ça,
l'insulte, je regrette, mais je ne pense pas, moi, l'avoir insulté.
C'est ça que j'ai dit qu'il avait fait, qu'il travaillait dans des
cadres de coûts contrôlés. Je me dis: Depuis qu'il est en
politique, on a l'impression qu'il administre de l'argent de Monopoly, par
exemple. C'est ça que j'ai dit. Je ne l'ai pas insulté dans sa
vie privée, dans son travail quand il travaillait chez Bell Canada, au
contraire. J'ai beaucoup d'estime pour Bell Canada et, à chaque fois que
les gens de Bell Canada veulent faire des représentations au Parlement,
le député de Lévis est un de ceux qu'ils viennent voir
pour faire comprendre leur point de vue. Je pense qu'il s'agit d'une entreprise
qui a une bonne administration...
Une voix: Au Canada.
M. Garon: ...parce qu'elle est dirigée à partir du
Québec, M. le Président. Essentiellement, elle est dirigée
à partir de Québec. C'est une entreprise qui est dirigée
à partir du Québec, qui n'a pas décidé de partir
ailleurs, M. le Président.
Je souhaiterais que le ministre, et c'est à ça que j'ai
fait allusion, prenne le modèle sur Bell Canada quand il administre son
ministère. Ça fait des années qu'on voit les appels
téléphoniques à 0,25 $. Parce qu'ils augmentent la
productivité, ils peuvent maintenir les prix, alors qu'au
ministère des Transports les charges augmentent considérablement
pour avoir de moins en moins de routes qui sont administrées, M. le
Président. C'est ça, la réalité. Actuellement, le
gouvernement collecte de plus en plus d'argent aux automobilistes pour en
affecter de moins en moins aux routes. Quand le ministre essaie de nous faire
dire... Là, c'est beau dire n'importe quoi. Il faudrait qu'il y ait des
caméras en commission parlementaire qui voient qu'à chaque fois
qu'on pose une question au ministre il n'est jamais au courant, M. le
Président. (16 h 30)
Je dis ceci au ministre: Quand il nous fait des lois qu'il ne comprend
pas et qui ont des coûts pour les consommateurs, qui ont des coûts
pour les citoyens, qui représentent des coûts importants, le
ministre a l'air à être au-dessus de ça. Il avait fait un
discours pour justifier un viaduc pour faire passer les voitures de golf dans
l'ouest de Montréal, pour pouvoir jouer au golf chaque bord de la route.
2 000 000 $.
Une voix: C'est redondant.
M. Garon: Oui, c'est peut-être redondant, mais vous
demanderez aux gens qui veulent la prolongation du boulevard du Vallon,
à Québec, s'ils trouvent ça redondant quand le ministre a
de l'argent pour faire, par exemple, des viaducs pour les voitures de golf, les
petits caddies électriques, pour passer en dessous de l'autoroute pour
jouer chaque bord de la route, et qu'il n'a pas d'argent pour la prolongation
de leur autoroute, M. le Président, alors qu'il y a 90 000 personnes qui
sont desservies par cette route-là. Ils ne trouvent pas ça
très drôle, M. le Président. C'est pour ça que je
dis au ministre...
M. Gendron: Une question de règlement. Ça va faire,
là.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader adjoint
de l'Opposition.
M. Gendron: Moi, j'ai écouté religieusement le
ministre des Transports, et je dois dire qu'à cinq ou six reprises
j'aurais pu me lever et dire: M. le Président, il y a un
problème, parce qu'il n'a jamais dit un mot du projet de loi. Je ne l'ai
pas fait parce que j'ai eu le respect de l'écouter. Je demanderais
autant de respect des membres de cette Assemblée. Depuis que mon
collègue a commencé à parler, il n'y a pas moyen de faire
une phrase sans qu'il ne soit interpellé. Alors, prenez les dispositions
pour qu'il ait le droit de parole. Autrement, ça n'ira pas plus vite,
certain, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous savez qu'il y
a des règles qui permettent à tous ceux et celles qui s'expriment
en cette Chambre de le faire en toute quiétude, et ça tient
autant pour le député de Lévis que pour n'importe quel
autre parlementaire. Alors, j'apprécierais qu'on puisse écouter
son intervention d'une façon correcte. Allez-y, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je le sais que,
quand je parie, ça fait mal aux députés
libéraux. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je le sais. Le député de Charlevoix,
quand il dit que dans mes interventions, je ne frappe pas juste... Quand je
suis allé appuyer les citoyens de Charlevoix, de l'île aux
Coudres, à qui le gouvernement voulait charger des frais exorbitants
pour le traversier de l'île aux Coudres, je suis allé les appuyer
dans la tempête de neige. Je suis monté. J'étais tellement
dans la tempête de neige que, le lendemain, j'avais ma photo dans le
journal et je ne me suis même pas reconnu tellement il y avait de la
neige. M. le Président, c'est quelqu'un d'autre qui m'a dit: Tu es
posé dans le journal. Je ne le savais même pas, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: J'y suis allé pour appuyer les gens, et
ça a pris un an au gouvernement pour réaliser que la critique que
faisait le député de Lévis, il avait raison. Quand j'ai
appuyé les gens de Trois-Pistoles, le ministre n'était pas
là, lui. Moi, j'y étais, à Trois-Pistoles, pour appuyer
les gens parce que je considérais que leur demande était
légitime. Il a fallu deux, trois décisions de la Commission des
transports du Québec. Ça a pris un paquet de débats et,
moi, j'ai dit que les gens de Trois-Pistoles avaient raison d'avoir leur
traversier. Finalement, ils ont eu leur traversier parce que le
député de Lévis les a appuyés là-dedans.
Quand est arrivé le pont couvert dans la Matapédia, j'y
suis allé. Ce n'est pas parce que je n'ai rien à faire que je
vais appuyer les gens. Je trouvais que c'était une demande
légitime. Aujourd'hui, on pense avoir une politique sur l'ensemble des
ponts couverts. On dit qu'on devrait les réparer plutôt que de les
démolir, M. le Président. On dit qu'il y a même eu des
appuis des États-Unis là-dedans. Un instant! Quand le
député essaie de dire...
Je sais que ça fait mal aux libéraux parce que, moi, je
suis un homme de terrain. J'ai l'habitude de voir les gens, de m'informer avec
les gens et de travailler avec les gens, et je n'ai pas non plus l'habitude
d'être mené par les fonctionnaires, comprenez-vous. Je n'en ai pas
l'habitude. Les fonctionnaires, on serait bien mieux de les faire travailler
comme il faut. On a un projet de loi sur la signalisation devant nous, qui ne
sera pas adopté avant Noël. Trois articles, et ils n'ont même
pas réussi à le faire comme il faut. M. le Président, je
sais de quoi je parle. Un ministère, il est supposé y avoir une
âme dirigeante là-dedans. L'âme dirigeante, là, c'est
le ministre qui est supposé indiquer la direction et l'orientation. Le
ministre actuellement, il est comme sur un caddie dans un club de golf. Il se
fait conduire.
Qu'est-ce qu'il présente devant nous comme projet de loi, M. le
Président? Il a même eu une séance de briefing avec moi. Je
suis allé le rencontrer et il ne m'a pas donné l'heure juste, M.
le Président. Il m'a dit - ce en quoi j'ai cru - je voudrais que, sur
les routes, au lieu que tout le monde arrive, lors d'un accident, avec
plusieurs remorqueuses pour remorquer la voiture accidentée ou la
voiture en panne, qu'il n'y en ait qu'un qui puisse y aller. La seule question
que je lui ai demandée, j'ai dit: En principe, ça ne
m'apparaît pas mauvais. Comment va être choisie l'entreprise qui va
pouvoir faire le remorquage? C'est la seule question que j'ai demandée.
J'ai dit: Est-ce qu'il va y avoir des appeis d'offres pour faire en sorte que
ceux qui offrent le meilleur service pour le prix, ou le meilleur prix pour le
service demandé soient choisis? Il m'a dit: II n'y a pas de
problème, il va y avoir des appels d'offres. Arrive le projet de loi et
il n'y a aucun appel d'offres de prévu. Il n'y a rien dans le projet de
loi. Il n'y a rien là-dessus. Ça ne prend pas une 500 watts pour
comprendre ça.
Quand le ministre me dit: Vous n'étiez pas là lors de
l'étude du projet de loi. C'est vrai. Mais le ministre devrait dire
qu'il a été le premier à me dire, lui même - je vais
dire ce qu'il m'a dit à ce moment-là - à déplorer
le fait qu'on ait mis l'étude du projet de loi à un moment
où je devais faire une conférence à Montréal devant
les directeurs généraux d'entreprises de camionnage. Il a
été le premier. Parce que, souvent, c'est un manque de
délicatesse du gouvernement de faire en sorte d'essayer d'organiser des
études de projets de loi quand je suis absent.
C'est pour ça que je m'organise pour ne pas être absent
habituellement, mais là j'avais accepté longtemps d'avance cette
invitation-là. On s'est organisé pour faire ça cette
journée-là, où j'étais absent. C'est ça la
démocratie, M. le Président? Non, ce n'est pas la
démocratie, et le ministre devrait au moins ne pas avoir l'outrecuidance
- pour ne pas employer un autre mot qu'on me dirait de récuser comme non
parlementaire - d'invoquer le fait que je n'étais pas là lors de
l'étude du projet de loi. Sauf que le député d'Ungava qui
l'a fait à ma place comprenait le projet de loi. Il était
accompagné des gens qui avaient étudié le projet de loi
avec moi. Il a fait les représentations. Mais il s'est rendu compte, le
député d'Ungava, que le ministre, encore une fois, naviguait
entre les nimbus et les cumulus. Il naviguait et il n'était pas
préoccupé du sort, des problèmes réels des
gens.
Comment vont être choisies les remorqueuses? Les entreprises de
remorquage, comment vont-elles être choisies? Nous, tout ce qu'on disait
dans ce projet de loi, c'est qu'il devrait y avoir un appel d'offres pour que
le devis soit présenté et que les gens qui offrent le meilleur
prix pour la qualité de service demandé puissent
avoir le contrat. C'est ça qu'on a demandé. On m'a dit:
Ça va être comme dans les haltes routières. Les haltes
routières, ce n'est pas un exemple. J'ai vu des engagements financiers
où il y a eu des soumissions pour des haltes routières, et
c'était la même personne qui soumissionnait sous trois noms
différents, des fois, trois noms différents pour la même
boîte postale. Et on n'avait même pas vu ça. Puis c'est aux
engagements financiers qu'on a montré au ministre et à ses
fonctionnaires que c'était la même entreprise, sous trois noms
différents, avec la même adresse et la même boîte
postale, qui avait soumissionné pour la halte routière.
M. le Président, le rôle de l'Opposition, c'est de
réveiller le ministre. Moi, j'essaie de jouer mon rôle comme
Opposition et de réveiller le ministre. Moi, je ne suis pas un
encensoir. Je ne suis pas là pour encenser le ministre. Il aimerait
ça avoir des encensoirs; il en a en masse. Je pourrais en nommer dans
cette Chambre, des encensoirs de ministres, mais ce n'est pas ça le
rôle de l'Opposition, c'est de montrer ce qui ne va pas dans un projet de
loi. Et dans le projet de loi, ce qui ne va pas, essentiellement, c'est qu'il
n'y a pas d'appels d'offres qui sont prévus pour le choix des
remorqueurs qui vont pouvoir avoir les contrats exclusifs de remorquage sur les
bouts d'autoroute.
Le principe, on n'était pas contre qu'il y ait une
sélection de remorquage pour ne pas qu'il y ait une course au remorquage
lorsqu'une voiture est en panne ou lorsqu'il y a un accident, excepté
que les gens ont le droit d'avoir le choix du meilleur remorquage. Parce que,
autrement, qui va se faire voler, M. le Président? C'est le
contribuable, encore une fois, c'est le citoyen, parce que s'il n'y a pas
d'appel d'offres, qu'est-ce qui va arriver? C'est qu'il n'aura pas
nécessairement le meilleur prix, le citoyen; il aura le chum que le
gouvernement aura choisi, qui chargera peut-être le gros prix à la
personne qui a eu un accident ou qui a été en panne, puis c'est
lui qui devra payer. Ce n'est pas le gouvernement qui va payer, c'est le
citoyen qui va payer. À ce moment-là, le citoyen n'aura pas eu un
projet de loi correct, qui aura défendu ses intérêts.
L'intérêt du citoyen, c'est que pour le service demandé, on
choisisse celui qui va offrir le meilleur prix, parce que ce prix-là,
c'est le citoyen qui va le payer. C'est ça, M. le Président, les
représentations que j'ai faites sur ce projet de loi.
Le ministre, au lieu de faire des blagues... Il peut bien parler des
bouffonneries, il peut bien parler des ballons. Il est une véritable
montgolfière, en termes de ballon. Sauf que, essentiellement, ce qu'on
demande dans ce projet de loi, c'est qu'il puisse y avoir des appels d'offres
pour que celui qui a le contrat de remorquage sur des bouts d'autoroute soit
celui qui offre le meilleur prix pour le devis demandé,
premièrement. Deuxièmement, dans le projet de loi, il y a un
autre élément où on dit: Le projet de loi modifie le mode
de disposition des immeubles excédentaires. Ce sera le ministère
des Transports qui pourra dorénavant disposer des immeubles acquis par
d'autres ministères ou organismes. (16 h 40)
Ce que j'ai dit au ministre, c'est que le ministère des
Transports n'a pas fait ses preuves de façon exemplaire dans ce
domaine-là, et je ne vois pas pourquoi on confie des
responsabilités additionnelles à un ministère qui n'a pas
démontré une efficacité administrative trop forte. Quand
on regarde la gestion au ministère des Transports, quand on regarde tous
les projets farfelus qui en sont issus et il faut attendre la grève des
ingénieurs du ministère pour se rendre compte que des
décisions politiques sont causes de ça. Des ingénieurs en
grève nous ont dit à quel point il y a des choses qui devraient
être faites au ministère, qui ne sont pas faites. Pourquoi?
À cause de décisions politiques zarzais, des décisions
politiques nuisibles, des décisions politiques qui augmentent les
coûts pour les citoyens.
Tout le monde le sait que le ministère des Transports, sous le
gouvernement actuel, c'est un ministère à patronage. Tout le
monde le sait. Ce n'est pas un secret, là. Tout le monde le sait. Tout
le monde sait que les décisions politiques sont prises, tant au niveau
politique qu'au niveau administratif. C'est connu, M. le Président. Je
ne fais pas de secret et je ne révèle rien de confidentiel; tout
le monde sait ça, M. le Président. C'est pourquoi je dis au
ministre que les projets de loi qui sont devant nous ne sont pas bons. Essayer
de vous donner champ libre, des marges de manoeuvre totales, alors que s'il y a
un ministère qui n'a pas mérité ça, c'est bien le
ministère des Transports. Quand on voit des dépassements de
coûts de 30 % pour des travaux dans l'ouest de Montréal, quand on
voit que ceux qui étaient responsables de ces dépassements de
coûts là, qui étaient M. Schiettekatte et M. Alepin, sont
devenus les adjoints directs du sous-ministre à Montréal,
imaginez-vous! En dehors des structures du ministère. En dehors des
services. Est-ce que c'est comme ça qu'on administre un
ministère, M. le Président? Arrêtez donc.
Ce dont on aurait besoin au ministère, dans le fond, c'est
beaucoup plus d'une enquête sur la gestion administrative du
ministère que de n'importe quoi d'autre. Ce que le ministre vient nous
faire par cette loi-là, il vient nous présenter des choses, ou
encore il va se donner une marge de manoeuvre pour choisir des entrepreneurs en
remorquage, des entreprises de remorquage, sans appel d'offres. C'est ça
l'efficacité administrative. C'est ça qui est la justice
gouvernementale, quand c'est le citoyen qui aura la facture, M. le
Président? Non, M. le Président. Ils ne me feront pas concourir
à un tel projet de
loi. Ils ne me feront pas concourir à l'adoption d'un tel projet
de loi. Et c'est pourquoi nous avons fait valoir aux différentes
étapes de ce projet de loi là qu'il devrait être
corrigé, qu'il devrait être modifié. le ministre ne veut
pas. le ministre n'est pas intéressé. il faut faire un effort.
pour être un ministre des transports, il faut au moins faire un effort de
compréhension, il faut essayer de comprendre comment ça marche la
machine, pour pouvoir... dans des lois qui ont un caractère
administratif. pas seulement dire que c'est du "fine tuning". on est dans le
"fine tuning". il n'y a pas de "fine tuning" là-dedans. m. le
président, on n'est pas dans le "fine tuning", voyons donc! on n'est pas
dans les cure-dents. on est dans les madriers. ce n'est pas quelque chose de
raffiné qu'on a comme projet de loi.
C'est quelque chose de très simple, au fond. On dit qu'on va
confier le remorquage sur les autoroutes à des entreprises qui auront le
pouvoir de faire du remorquage de façon exclusive. Et nous, on dit qu'il
n'y a pas d'objection à ça. Ça peut être meilleur;
il y aura peut-être moins d'encombrements, moins de risques d'accidents.
Mais à ce moment-là, il faudrait qu'il y ait des appels d'offres
pour choisir l'entrepreneur qui va faire qu'il y aura un contrat exclusif de
remorquage pour que celui qui offre le meilleur prix soit choisi. C'est tout ce
qu'on demande; on n'est pas dans le "fine tuning". On n'est pas dans le secret
de la bombe atomique, là, M. le Président. On est dans le
remorquage de voitures accidentées ou en panne sur les autoroutes. Ce
n'est quand même pas quelque chose de complexe.
Le ministre, vous avez vu tantôt, quand il a expliqué le
projet de loi, le "fine tuning". Voyons donc! Le remorquage d'une voiture
accidentée, et on est rendus dans le "fine tuning". Voyons donc! Ce
n'est pas compliqué, et celui qui va payer la facture, ce n'est pas le
gouvernement. C'est la police qui va appeler pour dire qu'il y a un accident,
de venir chercher l'automobile, ou qu'il y a une panne, de venir chercher
l'automobile, et on va donner la liste des entreprises, selon les bouts
d'autoroutes, qui peuvent faire le remorquage. Ça va être des
contrats exclusifs avec chacun. Il n'y en a pas d'autres qui vont pouvoir
venir, mais ça va être celui qui est propriétaire de la
voiture accidentée qui va payer.
Il a le droit, lui, que le gouvernement prenne toutes les mesures
nécessaires pour que celui qui a le contrat de remorquage sur ce bout
d'autoroute, soit celui qui offre le meilleur service au meilleur prix, M. le
Président. C'est aussi simple que ça. Le ministre essaie de noyer
le poisson. Il essaie de parler de 56 affaires pour ne pas que le monde
s'intéresse, et d'endormir l'affaire avec toutes sortes de verbiages qui
ne servent à rien. C'est aussi simple que ça, le projet de
loi.
Et le deuxième aspect que j'ai souligné, c'est de confier
la disposition des immeubles excédentaires au ministère des
Transports; on ne pense pas que c'est une bonne chose tant qu'on n'a pas
réformé l'administration de ce ministère-là. Un
ministère dont l'administration est lente. Ça prend du temps.
J'ai vu même, parfois, le député de Pontiac, qui est ici en
cette Chambre, me dire: Je veux faire telle chose. J'ai senti qu'il
était sincère. Ça n'aboutissait pas. C'est le ministre qui
avait donné l'ordre et ça n'aboutissait pas. Ça n'arrivait
pas. Puis on n'était pas dans des gros projets. On était dans des
projets de 30 000 $. Pourquoi? Parce que c'est une machine rouillée qui
a besoin d'avoir un certain ménage.
Qu'est-ce qui arrive? On a fait des nominations dans ce
ministère-là qui mettent du sable dans l'engrenage plutôt
que de huiler le moteur, M. le Président. C'est ça,
essentiellement. Il y a un besoin de réforme administrative dans ce
ministère-là puis il y a un besoin d'avoir des personnes qui
changent de place parce que ça ne marche pas. Ne nous contons pas
d'histoires.
Quand on spécifie, dans l'ouest de Montréal, sur des
routes, comprenez-vous, du béton poly-mérisé, ça
coûte pas mal plus cher. Après ça, une fois que le contrat
a été donné à la firme, au lieu de mettre du
béton polymérisé, qu'est-ce qu'on fait? On met du gunite
qui coûte pas mal meilleur marché. C'est quoi, ces
affaires-là? Quand on demande les contrats et les devis, on ne
réussit pas à les obtenir. Pourquoi? Parce que ça devient
bien, bien compliqué d'un coup sec, alors qu'on spécifie dans les
contrats du gouvernement les produits, puis après ça, on met
autre chose qui coûte beaucoup meilleur marché. On se rend compte
après ça que les murs craquent dans l'année de la fin des
contrats. C'est crevassé. Et on va nous dire que c'est de la bonne
administration? Voyons donc! C'est pour ça que je dis au ministre... Je
suis sévère avec le ministre parce que le ministre, ce n'est pas
son argent qu'il dépense et ce n'est pas le mien. Oui, c'est un peu le
mien. C'est un peu le sien pour les taxes qu'il paie. Mais essentiellement,
c'est l'argent de l'ensemble des contribuables. On n'a pas le droit de faire de
gaspillage quand on administre l'ensemble des fonds publics. Il faut avoir, au
fond... Si le ministre veut gaspiller son argent personnel, il a le droit. S'il
veut mettre le feu dedans, s'il veut s'en servir, rouler les billets de 10 $
ensemble pour faire un cigare puis mettre le feu dedans, c'est son
problème. Je ne dirai pas un mot. C'est son argent. Il en fera ce qu'il
voudra. Mais quand on administre les fonds publics, il faut être plus
prudent, un peu plus prudent dans la gestion.
C'est pourquoi ce projet de loi là, à notre avis, M. le
Président, ne va pas dans le sens de l'intérêt public, pas
parce que ses objectifs ne sont pas bons, mais parce que les moyens
utilisés pour les mettre en oeuvre ne sont pas bons. Les
précautions nécessaires pour faire que les objectifs
souhaités soient réalisés ne sont pas bonnes. C'est
pourquoi, en troisième lecture, nous voterons également contre ce
projet de loi, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): merci, m. le
député de lévis. m. le ministre, votre droit de
réplique sur votre propre projet de loi 177, loi modifiant la loi sur le
ministère des transports et la loi sur la voirie.
M. Sam L. Elkas (réplique)
M. Elkas: M. le Président, je vous remercie beaucoup. Je
vais faire ça bien, bien court parce que, comme je l'ai
mentionné, c'est un projet de loi qui vient améliorer le
rendement, vient s'assurer que ce qu'on fait maintenant est
réglementé.
On fait la critique que le ministre ne va pas en appel d'offres; il va
donner ça à ses amis. Je n'ai jamais entendu un discours aussi
insignifiant, M. le Président. La règle est bien simple. On va
par règlement, une offre de service. C'est bien simple, c'est bien
normal parce qu'on n'a rien inventé. Ça se fait au niveau
municipal. Pas pour aller en soumissions... on va trouver une partie de la
route...
Je vais vous donner un exemple: le Métropolitain, à l'est
de Saint-Laurent. On va se trouver avec un soumissionnaire à 50 $ le
voyage et à l'ouest, on va en trouver un à 90 $ le voyage. Il
faut avoir des offres de service. Il ne faut pas avoir 56 gars qui vont venir
soumissionner puis devenir le plus bas soumissionnaire, puis forcer le
gouvernement à le prendre, et avoir une grande différence
semblable.
Je l'ai vécue, cette expérience-là. On va par la
voie de la Gazette officielle. C'est dans la Gazette officielle.
Ça se fait par règlement. Il n'y a rien de mal dans
ça. C'est justement pour venir assurer une uniformité dans notre
approche, pour que les prix soient conformes aussi. Et ça, cet
exercice-là, c'est "tough", c'est difficile pour le député
de Lévis. C'est trop complique. Il va chercher toutes sortes de moyens
pour nous suggérer des moyens qui vont nous coûter encore plus
cher. C'est justement là qu'on veut éviter cette suggestion qu'on
nous fait qui n'a vraiment pas de sens.
Alors, je voulais simplement mettre les choses au clair. Dans le milieu
municipal, ils font de cette façon-là. On va le faire de la
même façon. Il n'y a rien de mal dans ça. C'est simplement
de la bonne gestion. Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Transports. Est-ce que la motion proposant l'adoption du projet de loi 177, Loi
modifiant la Loi sur le ministère des Transports et la Loi sur la
voirie, est adoptée?
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division. M. le leader adjoint du gouvernement. (16 h 50)
M. Bélisle: Oui, l'article 36, M. le Président.
Projet de loi 178 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 36 de
notre feuilleton, M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de
loi 178, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile et la Loi modifiant la
Loi sur l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives. M.
le ministre des Transports, vous avez droit à une heure pour votre
intervention principale.
M. Sam L Elkas
M. Elkas: M. le Président, je vais vous sauver l'heure. On
en a assez discuté en commission. Le député de
Lévis semble être d'accord et il a voté pour le
dépôt en commission. Il me semble qu'on a tout dit sur ce projet
de loi qui vient, évidemment, améliorer la rente pour les
accidentés au Québec. Comme l'ont expliqué les gens en
Chambre hier, c'est une bonne loi et je propose, d'ailleurs, le projet de loi
178, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je reconnais maintenant
M. le député de Lévis. Je vous rappelle qu'en tant que
critique officiel, vous avez également droit à 60 minutes, M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: Je vous remercie, M. le Président. Je vais en
profiter puisqu'il s'agit d'une loi sur la Société de l'assurance
automobile du Québec. Le rapport à l'Assemblée nationale
vient d'être déposé par le Vérificateur
général. On va voter pour ce projet de loi là parce
qu'il...
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Garon: ...donne quelques avantages mineurs, minimes, minimes,
quelques avantages minimes aux citoyens, excepté que, quand on regarde
les sommes d'argent qu'on va enlever de la caisse d'assurance automobile, c'est
insignifiant comme avantages, à comparer à ce qui va être
siphonné de la caisse de l'assurance automobile. la preuve, c'est dans
le rapport même qu'on la dit. regardez ce qu'il dit ici, le rapport. ce
n'est pas moi qui l'écris, le rapport,
c'est le Vérificateur général, et je vais vous dire
qu'il n'est pas très critique, le Vérificateur
général. Moi, je changerais le Vérificateur
général du Québec n'importe quand pour le
Vérificateur général d'Ottawa, n'importe quand! Je vais
vous dire qu'ici on a des Vérificateurs généraux, au
Québec, en culottes courtes.
Qu'est-ce qu'il y a ici? Qu'est-ce qu'il dit? "Dans notre rapport
à l'Assemblée nationale, de l'an dernier, aux pages 184 et
185..." Là, le ministre s'en va, il ne veut pas entendre ça,
là, M. le Président. Il s'en va. Il serait mieux d'entendre parce
qu'à défaut de le lire, au moins, il pourrait l'entendre. "Nous
mentionnions, dit le Vérificateur général, que la
Société de l'assurance automobile du Québec n'avait pas
défini les fins précises auxquelles sa réserve de
stabilisation devrait servir, ni élaboré de politique permettant
de déterminer le niveau de suffisance de cette réserve. Compte
tenu que la réserve actuarielle est suffisante pour pourvoir aux
obligations de la Société envers les victimes d'accidents
d'automobile, la réserve de stabilisation qui totalise 1 070 000 000 $
au 31 décembre 1990 serait excédentaire des besoins financiers de
la Société en l'absence de critères précis
déterminés par celle-ci." On dit plus que ça, c'est un
milliard de dollars. "La Société n'a pas déterminé
de fins précises à la réserve de stabilisation, à
part révéler que cette réserve doit être
redistribuée aux assurés sous différentes formes, entre
autres par des baisses ou des gels des contributions ou par une majoration des
indemnisations. Elle n'a pas non plus fixé de paramètres quant
à la valeur où devrait se situer la réserve de
stabilisation."
M. le Président, le Vérificateur général
devrait aller plus loin. Il devrait dire que non seulement... Ce n'est pas vrai
qu'on se sert de l'argent rien que pour les assurés; on se sert de
l'argent de la Caisse pour le donner au ministre des Finances. C'est le
ministre des Finances qui est le plus grand prestataire de la
Société de l'assurance automobile du Québec actuellement.
C'est le plus grand bénéficiaire, celui qui reçoit les
plus grands montants d'argent. Je vois tous ces gens qui sont dans le domaine
de l'assurance, qui parlaient contre la Société de l'assurance
automobile du Québec. Aujourd'hui, ils votent à mort pour la
siphonner, et ils votent à mort pour prendre l'argent au
détriment des assurés. Ils votent à mort, à tour de
bras, individuellement, pour enlever l'argent de la caisse des assurés,
M. le Président! Est-ce que c'est normal? Est-ce que c'est normal? Ce
n'est pas leur argent. Ce n'est pas l'argent du ministre des Finances. C'est
l'argent des victimes d'accidents d'automobile. Il faut avoir l'âme assez
basse, quand des gens se sont assurés, qu'ils ont mis de l'argent dans
un pot pour les assurés, pour les victimes d'accidents, et que c'est le
ministre des Finances qui leur enlève le pain de la bouche, qui leur
enlève l'argent qu'ils ont payé pour les assurances pour des
victimes d'accidents d'automobile. C'est ça la situation! Et le
Vérificateur général devrait aller plus loin dans son
rapport pour analyser le montant de 1 700 000 000 $ qu'aura pris le ministre
des Finances dans la caisse entre 1986 et 1995, lorsqu'il aura adopté
les ponctions additionnelles qu'il s'est autorisé à prendre
jusqu'en 1995.
M. le Président, ça n'a pas de bon sens! Ça n'a pas
de bon sens, c'est l'argent du monde. C'est l'argent des citoyens. On a des
voeux pieux. On a des voeux pieux dans le rapport du Vérificateur
général parce qu'on nomme un Vérificateur
général par intérim. On lui laisse Cépée de
Damoclès au-dessus de la tête. Il ne sait pas s'il va être
nommé ou non. Ça contribue à avoir des rapports plus doux,
sans doute. On a l'Ordre des comptables à qui j'ai demandé une
opinion. Ça veut dire quoi, ça? Est-ce que le Vérificateur
qui fait la vérification générale ne devrait pas se
prononcer quand on siphonne 1 700 000 000 $ de la caisse de la
Société de l'assurance automobile? Je vous le dis, l'Ordre des
comptables là, Aïe! Ils vont dire: Ah! C'est bon. la
vérification générale, pour faire payer le citoyen. On
paie pour la vérification générale. Est-ce que ça
donne quelque chose? C'est ça qu'est le point. Ça ne donne rien.
Éliminons ça. Les gens paieront moins cher. Mais, si on veut
faire des vérifications générales, qu'il y ait des
obligations d'analyser comme il faut la situation financière.
On a une opinion juridique qui est publique, l'opinion juridique du
professeur Patrice Garant de l'Université Laval, spécialiste du
droit administratif, qui dit: C'est illégal. C'est un abus de droit.
C'est contre les droits et libertés de la personne que le ministre des
Finances aille chercher 1 700 000 000 $ dans la caisse de la
Société d'assurance automobile. Un bureau d'avocats a
donné une opinion au Club automobile du Québec et, actuellement,
la seule chose qui fait qu'il n'y a pas encore de poursuite, c'est que
l'ampleur de la cause fait peur. C'est comme si on disait: Plus le vol est
gros, plus ça devient de la finance, M. le Président!
C'est un peu comme quand on congédie des citoyens, des
travailleurs sur un chantier de construction: 15 jours d'avis. Quand c'est
l'Université du Québec à Rimouski, 300 000 $
d'indemnités, M. le Président. Là, on est dans un ordre de
grandeurs. On n'est plus dans l'administration. Pareil, quand c'est un pauvre
diable, je vous dis que la vie n'est pas longue. Mais, quand on arrive avec
l'université, qu'on veut congédier quelqu'un, on s'organise pour
voir s'il y a un contrat... Si quelqu'un dit: Je vais me retirer moyennant un
montant d'argent... On est rendu dans des montants, qu'on dit... J'ai le
montant, puis ceux qui veulent le voir, le montant, je l'ai ici. On parle de
deux fois 160 000 $. Tout le monde, deux fois 160 000 $, ça fait 320 000
$ pour deux épisodes. On dit:
L'épisode du 1er janvier 1992 au 31 décembre 1992, puis du
1er janvier 1993 au 31 décembre 1993. deux épisodes d'un an: 160
000 $ par épisode. ça m'apparaîl assez simple. avez-vous
beaucoup de gens qui doivent donner leur démission dans ces
conditions-là? il n'y en a pas beaucoup. il n'y en a pas beaucoup puis,
moi, je ne supporterai pas qu'on fasse ça avec des fonds publics. c'est
les citoyens qui paient.
Une voix: ...contre l'UQAR?
M. Garon: Les citoyens paient... Non, je ne suis pas contre
l'UQAR, mais je suis contre la mauvaise administration où qu'elle soit.
Je ne protège pas plus une mauvaise administration à tel et tel
endroit. De la même façon, quand j'ai dit à Lévis
que l'UQAR aurait dû aller en appel d'offres pour ses locaux parce que je
considère qu'on doit donner la chance à tout le monde de
soumissionner. C'est ça, l'équité. C'est ça
l'équité. Quand le gouvernement, avec les taxes des gens, doit
agir, il doit agir en équité. L'équité, c'est quoi?
C'est de traiter les gens équitable-ment, également.
Dans le projet de loi en cause, on va voter en faveur du projet de loi
parce qu'il y a quelques bonifications qui ne coûteront pas grand-chose
à la Société de l'assurance automobile. On a
préféré donner de l'argent au ministre des Finances. Les
députés de cette Chambre ont voté pour enlever le pain de
la bouche, le pain de la caisse des victimes d'accidents d'automobile. Les
primes ont été payées et c'est tellement des grosses
sommes d'argent. C'est plus facile quand on parle de 100 000 $ ou de 200 000 $,
le monde comprend ça. Mais, quand on est rendu dans les milliards, les
gens n'en reviennent pas. Ils sont saisis. Mais là, on parle, au fond...
Le montant que le ministre des Finances siphonne, c'est l'équivalent de
quatre ans d'assurance pour tous les assurés. Quatre ans! On aurait pu
assurer tout le monde gratuitement pendant quatre ans pour le montant que
siphonne le ministre des Finances, M. le Président. (17 heures)
Le Vérificateur général ne se prononce pas
là-dessus, si on a le droit, en vertu de la loi, de le faire. Les seules
opinions juridiques qui sont publiques actuellement disent que c'est
illégal. M. le Président, qu'est-ce que ça donne d'avoir
des organismes qui sont là pour analyser des situations, donner des
opinions à l'Assemblée nationale - c'est les lois que nous votons
- puis qui se déguisent en courant d'air, mais qui retirent la paie, par
exemple. Quand les gens retirent la paie, ils doivent faire l'ouvrage. C'est
facile faire de l'ouvrage quand c'est facile, mais on mérite son salaire
quand on le fait quand c'est difficile. C'est facile pour un homme politique
d'aller couper un ruban. N'importe qui est capable de faire ça. Mais
quand il s'agit de prendre des décisions difficiles, vous en voyez un
grand nombre qui se déguisent en courant d'air. C'est là qu'on a
besoin des gens qui sont capables de prendre leurs responsabilités.
Quand on vit la situation qu'on vit actuellement avec un gouvernement
qui a au-dessus de 4 000 000 000 $ de déficit - il taxe les gens
à tour de bras, M. le Président; tout ce qui bouge au
Québec est taxé actuellement - bien, le gouvernement doit faire
attention à l'argent qu'il administre. C'est l'argent de citoyens qui
sont déjà surtaxés, qui ont leur voyage puis qui ont le
droit d'avoir des organismes qui méritent au moins le salaire qu'ils
reçoivent. Le Vérificateur général doit analyser la
ponction de 1 700 000 000 $ que fait le ministre des Finances dans la caisse de
la Société de l'assurance automobile, en contravention de la loi
constitutive de la Société de l'assurance automobile du
Québec.
C'est pour ça, M. le Président, que je dis au ministre:
C'est facile de faire une loi qui donne des avantages mineurs aux
assurés puis aux victimes d'accidents d'automobile quand on sait les
sommes d'argent considérables qu'on a vidées de la caisse pour
donner au ministre des Finances. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Lévis. Est-ce que le projet de loi 178...
M. Joly: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je m'excuse, M. le
député de Fabre, vous voulez intervenir?
M. Joly: Sûrement, monsieur...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous avez droit à
une période de 20 minutes.
M. Jean A. Joly
M. Joly: Merci, M. le Président. J'apprécie le fait
que vous ayez reconnu mon privilège. C'est certain que venir intervenir
à la suite du député de Lévis qui nous dit qu'il
est pour le projet de loi, ça m'amène ou ça me force
quasiment à changer un peu le vocabulaire de mon intervention parce que,
à ma connaissance, ce n'est pas souvent qu'il est pour un projet de loi.
On a reconnu le député de Lévis dans son style...
Une voix: C'est inquiétant.
M. Joly: Oui, c'est drôlement inquiétant lorsqu'on
sait que le député de Lévis, de par sa nature - on ne peut
pas dire qu'il est négatif - s'objecte pour s'objecter, et parle pour
parler. Même ses collègues disent que c'est un vrai verbomoteur,
mais à la vitesse qu'il parle,
on nous fait mention qu'il n'a sûrement pas le temps de
réfléchir à tout ce qu'il dit.
Alors, partant de là, on a tendance à vouloir être
sympathique avec le député de Lévis et à lui
pardonner la majorité de ce qu'il peut dire. Mais il y a des choses
qu'on peut quand même difficilement passer sous silence, M. le
Président, et c'est pourquoi j'ai demandé à intervenir
dans le cadre de la troisième lecture du projet de loi 178 pour essayer
de replacer un peu dans le contexte et peut-être essayer de parler aussi
du projet de loi comme tel.
On me faisait mention que le discours du député de
Lévis, celui qu'il vient de livrer, c'est le même qu'il avait
livré hier, mais dans un autre projet de loi, pratiquement du mot pour
mot. Alors, il faut quand même, à mon sens, en tant que
parlementaire, surtout lorsqu'on en a abondamment discuté, comme en
faisait mention M. le ministre des Transports, qu'on en ait discuté ici
en Chambre lors du principe d'adoption, qu'on en ait discuté en
commission parlementaire, qu'on en ait discuté à
l'intérieur des corridors ou partout ou à chaque tribune qui nous
était donnée... On se devait, disons, d'en parler parce que ce
sont quand même des projets de loi importants, M. le
Président.
Je pense que tout a été dit, mais peut-être que la
population ne réalise pas toute l'importance du projet de loi 178. Alors
c'est pourquoi je vais essayer de m'attarder, M. le Président, à
faire valoir que ce projet de loi est un projet de loi qui est surtout
basé sur le sens des responsabilités que nous avons toujours
défendu en tant que gouvernement: essayer de donner, en fait, des
indemnités où ça s'applique et essayer de couper aux
endroits où ça ne s'applique pas.
Alors, le député de Lévis nous lance des
accusations qu'on pourrait quasiment dire gratuites en disant: toujours trop
peu, trop tard, jamais assez. Dans le fond, c'est ce qu'il nous dit. Pourquoi,
M. le Président, sommes-nous en mesure de bonifier un projet de loi, une
loi qui, d'ailleurs, a été mise de l'avant avant 1985, donc,
avant notre arrivée au pouvoir, une loi à laquelle, avec le
temps, nous avons quand même souscrit? Mais nous avons, si on peut
dire... On s'est battus pour faire en sorte qu'il y ait des principes qui ne
soient jamais mis de côté et je me réfère à
des principes humains.
Si on se souvient, dans le passé, M. le Président, il y
avait des bénéfices qui étaient accordés
strictement au niveau de ce qu'on appelait le "no fault". Le "no fault" faisait
en sorte que quelqu'un était un accidenté de la route et, partant
de là, sans égard à la faute, eh bien,
nécessairement, on reconnaissait qu'il y avait quelqu'un qui se devait
de payer. Au lieu, disons, de se transporter à gauche et à droite
et d'essayer de trouver qui était le coupable, on s'organisait pour
payer. On a humanisé le projet et réalisé qu'à
travers toutes les réclamations, c'était souvent un père
de famille, quelqu'un qui avait des dépendants qui était la
victime et qui, par le fait même, amenait, si on peut dire, dans cet
accident, dans cette chute, des conséquences assez graves au niveau de
la famille. Alors, c'est pour ça qu'on a convenu de bonifier et de
bonifier aux bons endroits.
J'aimerais, avant de vous parier des bénéfices, M. le
Président, juste souligner une chose. Lorsqu'on parie de mauvaise
gestion, lorsqu'on parie de manque d'équité, lorsqu'on parie de
s'élever contre toute mauvaise administration, je voudrais quand
même rappeler à cette Chambre et à la population, M. le
Président, que c'est le député de Lévis
lui-même qui a souscrit à l'abolition de tout ce qu'on peut
appeler contrôle routier. Alors, un langage d'un côté et,
nécessairement, une action de l'autre. Moi, je me suis toujours souvenu,
M. le Président, qu'une once d'action vaut toujours mieux que mille
livres d'intention. Alors, le député de Lévis, c'est un
bonhomme qui est plein de bonnes intentions, qui souscrit à toutes les
causes, qui accroche son grelot, comme on dit, en arrière de toutes les
charrettes et, sans dire qu'il prend toujours les devants pour annoncer des
mauvaises nouvelles, je pense que c'est un peu la vocation qu'il s'est
donnée.
Alors, M. le député de Lévis, sans vouloir vous
rappeler à l'ordre et vous dire que vous-même, vous avez aboli
tout ce qu'on pouvait appeler comme minimum de sécurité au niveau
du contrôle routier... Et ça se mesurait, M. le Président,
dans le sens qu'il y a quelques années encore, on héritait d'un
bilan d'accidents routiers et de pertes de vie, de 1800 pertes de vie au
Québec par année, suite à des accidents d'automobile. Je
pense qu'on peut faire la relation entre l'abolition du contrôle routier
et, nécessairement, les résultats du temps.
Aujourd'hui, M. le Président, je suis fier de m'associer à
notre ministre des Transports parce que, encore là, ça se mesure.
Ça se mesure, cette fierté, parce que les éléments
sur lesquels nous avons tablé ou que nous avons changés nous
amènent à réaliser un progrès qui est quasiment
incroyable. En 1991, nous sommes rendus, au 5 décembre... nous accusons
actuellement, cette année, un bilan de 905 décès
actuellement, ce qui veut dire, des fois, comme on se sert d'une expression, si
la tendance continue, on devrait régler en bas de 1000
décès cette année, M. le Président.
Eh bien, tout ceci, c'est grâce à des mesures que nous
avons mises de l'avant. Oui, à certains endroits, on a dû
appliquer des mesures assez coercitives, on a dû resserrer un peu la
façon d'opérer le système au niveau des amendes
routières. La population a bien réagi, M. le Président. La
population a réagi en ce sens que la vie qu'on essayait de sauver,
c'était peut-être la leur. Donc, vous n'avez pas eu de
tollé de protestations à ces niveaux-là. Le gouvernement
s'est pris en main, le gouvernement a pris ses
responsabilités, le gouvernement a mis à sa charge ce dans
quoi il croyait parce qu'on n'est pas un gouvernement à la pièce;
on est un gouvernement qui agit d'une façon globale, avec une politique,
avec des objectifs et, partant de là. on peut mesurer le
résultat. (17 h 10)
Donc, et le sérieux de la population, et le sérieux du
gouvernement nous ont amenés à faire en sorte qu'aujourd'hui on
puisse être fiers de souscrire à la Loi sur la
Société de l'assurance automobile, qui est la loi qui modifie
nécessairement des dispositions législatives, bien sûr,
mais certains éléments auxquels nous avons largement
souscrit.
Dans les objectifs, M. le Président, je vous en souligne trois.
Il s'agissait d'accorder une meilleure indemnisation aux victimes de la route
et ce, principalement aux grands blessés. Ça. c'était le
premier objectif qui nous a motivés à vouloir aller de l'avant.
En deuxième lieu, il fallait rééquilibrer les
indemnités en fonction des besoins véritables des victimes et de
leurs pertes économiques réelles. Je vous donne un exemple.
Lorsqu'une personne est à la retraite, elle ne perd pas
nécessairement des revenus. Est-ce que c'est normal de lui donner la
même indemnité que nous donnerions à un jeune père
de famille de 30 ans, qui a deux enfants à sa charge, qui a
nécessairement un grand nombre de dépenses? D'ailleurs, vous
connaissez ce dont je parle, M. le Président. Vous êtes dans cette
situation: un jeune homme, marié, des enfants, des
responsabilités. Donc, partant de là, vous savez que tous les
vendredis, ce n'est pas simplement des intentions, mais ça prend
nécessairement des dollars pour régler les factures. Donc, les
besoins véritables des victimes et leurs pertes économiques
réelles, ça, ce sont des éléments sur lesquels nous
nous sommes appuyés.
Puis, il fallait faciliter l'administration du régime de
l'assurance automobile. Alors, lorsqu'on s'arrête et qu'on regarde ce que
nous, en tant que gouvernement libéral, avons fait, nous avons dit d'une
façon très très claire qu'on tenait mordicus à ce
que le principe de l'indemnisation juste et équitable demeure. C'est ce
sur quoi nous avons simplement tablé toutes les orientations et toutes
les décisions. Si le député de Lévis souscrit
à cette formule, c'est parce qu'il décide tout simplement de se
rallier au gros gros bon sens. Parce qu'il a compris, pour une fois, que tu ne
peux pas toujours t'obstiner contre la logique, parce que si tu t'obstines
contre la logique, tu deviens par le fait même illogique. Alors, le
député de Lévis a compris que, autour de 17 heures, on
sait que c'est peut-être la cote d'écoute qui est la plus forte,
mais il ne faut pas que les gens interprètent l'Assemblée
nationale comme "the funny hour", comme il a déjà
été dit. Alors, le député de Lévis, dans son
cas, sachant qu'il y a une clientèle, bien, il en met. Bien sûr,
il a peut-être suivi des cours d'art dramatique à la
Comédie nationale. Je ne le sais pas. C'est ce qu'on m'avait dit.
Peut-être que j'erre. Non? Donc, à ce moment-là, ça
ne sert à rien, disons, de s'exposer à l'Assemblée
nationale pour mettre en pratique ces cours-là.
Une voix: C'est un talent naturel.
M. Joly: Par contre, si on ne suit pas de cours, il y en a qui
ont un talent naturel. Ça, je le lui accorde. Je le conçois et je
retire peut-être l'énoncé que j'ai fait, à savoir
qu'il avait suivi des cours. Je m'aperçois que c'est vraiment un talent
naturel.
À titre d'exemple, M. le Président, dans les
indemnités accordées aux bénéficiaires pour ce
qu'on peut appeler des dommages non pécuniaires, rappelons-nous qu'en
1990 nous avons gradué le montant accordé à la famille des
bénéficiaires de 42 743 $ qu'il était à 75 000 $.
En janvier 1991, le même montant de 75 000 $ a été
gradué à 100 000 $. En janvier 1992, dans quelques semaines, M.
le Président, ce même montant sera haussé à 125 000
$. Par la suite, nécessairement, ce sera indexé selon l'indice
des prix à la consommation. Alors, comme vous le remarquerez, nous
sommes conscients que toute perte d'êtres chers, toute perte
causée par un accident de la route amène des conséquences
financières, des conséquences familiales et, de ce fait, on est
conscients que ce cauchemar causé aux familles nous amène
à nous responsabiliser aux bons endroits, aux endroits qui ne sont pas,
disons, des bénéfices, comme on peut les appeler,
tape-à-l'oeil, mais des bénéfices, si on peut dire,
réellement nécessaires à l'évolution d'un budget de
famille. Alors, c'est pourquoi on se devait de corriger des choses et nous
l'avons fait.
J'aimerais rappeler ici, M. le Président, quelques articles
où nous avons bonifié. La loi prévoit que la perte
réelle de revenus pour toutes les victimes exerçant un emploi
lors de l'accident sera compensée. C'est un élément
fondamental pour assurer la justice et l'équité. La même
loi prévoit la compensation de la perte des prestations
d'assurance-chômage pour les victimes exerçant un emploi à
temps partiel, ou temporaire, ou les victimes sans emploi.
En troisième lieu, la loi prévoit l'indemnisation des
travailleurs autonomes sur la base d'une revenu comparable pour un emploi
salarié de la même catégorie.
En quatrième lieu, le régime actuel prévoit
l'indemnisation en fonction du potentiel réel de travail d'une victime.
Souvent, on indemnisait une victime qui gagnait 30 000 $ et au moment de sa
réhabilitation, elle revenait sur le marché, et elle gagnait 20
000 $. Donc, automatiquement, l'accident comme tel avait causé chez cet
individu une perte de 10 000 $. La nouvelle loi prévoit qu'on va
compenser pour la différence de perte.
En cinquième lieu, en vertu du présent
régime, on prévoit le versement d'une indemnité
forfaitaire à l'étudiant pour compenser le retard dans ses
études et le versement d'une indemnité de remplacement du revenu
basé sur la rémunération moyenne des travailleurs
québécois à compter de la date où il serait
entré sur le marché du travail. En exemple, citons un
étudiant qui est en deuxième année d'université, M.
le Président. Il aurait reçu un montant de 5000 $ par
année, mais au moment où il aurait gradué, deux ans
après - supposons qu'il a été reçu avocat - eh
bien, à ce moment-là, de quelle façon établir son
revenu? On aurait présumé qu'il aurait été
reçu avocat. On aurait pris la moyenne canadienne des salaires des
avocats et, à ce moment-là, on aurait indemnisé ce jeune
étudiant pour qui la carrière peut être perturbée,
peut être écourtée, peut être ralentie.
Alors, comme vous voyez, M. le Président, ce sont simplement
quelques points sur lesquels je voulais appuyer pour vous démontrer
qu'on a essayé de penser à toutes les situations possibles, mais
on est conscients qu'on ne peut pas être parfaits. Nous, on ne proclame
pas cette perfection. Il y en a qui le font de l'autre côté, et je
leur iaisse ce privilège. Je leur laisse ce qu'on peut appeler ce
quasi-droit d'habitude parce qu'on n'a pas cette prétention. On
s'aperçoit qu'un gouvernement qui n'a pas l'oreille tendue pour
être capable de ne jamais couler un projet de loi dans le ciment,
être capable de l'amender quand c'est nécessaire, eh bien,
à ce moment-là, c'est un gouvernement qui, n'étant pas
proche de la population, se fait mal juger et se fait aussi ramener à
l'ordre.
Donc, on est parti d'un principe en se basant sur ce qui avait
déjà été dit par un grand sage: Mieux vaut un
diamant affligé d'une imperfection qu'un caillou sans défaut.
Alors, dans le cas actuel, il y en a qui, nécessairement, voteraient
très facilement pour des cailloux sans défaut. Alors, dans mon
cas, j'aime mieux me rallier à notre ministre, à notre
gouvernement, et voter pour un diamant avec des imperfections, en sachant que
le temps étant un grand maître, on sera toujours capable d'y
revenir et toujours capable de modifier en conséquence.
Alors, comme je vous le disais, M. le Président, c'est en tenant
compte des pertes réelles, des pertes économiques des
bénéficiaires, des gens susceptibles de collecter. C'est bien
certain qu'on ne peut pas éviter l'accident quand il est arrivé,
quand on a pris toutes les mesures, quand on a mis de l'avant certaines lois
qui ont amené justement à améliorer, si on peut dire, la
moyenne du nombre de décès par année, parce que c'est
toujours catastrophique que d'avoir 1000 décès, même si on
sait qu'on est à la moitié de ce que c'était il y a
quelques années. C'est encore catastrophique. S'il y avait moyen de
ramener à l'élément zéro, il est certain qu'on
pourrait d'emblée souscrire à cette suggestion.
Avant de terminer, j'aimerais juste ouvrir une parenthèse sur ce
que le député de Lévis a lui-même mentionné
tantôt en parlant d'un gouvernement avec 4 000 000 000 $ de
déficit. Oui, c'est vrai, M. le Président, que cette
année, en tant que gouvernement, dû à toute la situation
qui est connue, qui est décriée, qui n'est pas propre simplement
au Québec, qui n'est pas propre simplement au Canada, qui est propre,
que ce soit dans tous les pays d'Amérique du Nord, qui est propre... Si
on peut dire, c'est quasiment une situation mondiale actuellement, parce qu'il
y a une prise de conscience collective qu'on ne peut plus dépenser
pareil, comme si c'était un puits sans fond. Eh bien, oui, cette
année, possiblement qu'on arrivera avec un déficit de 4 000 000
000 $ dû à toute cette conjoncture. (17 h 20)
Rappelez-vous, M. le Président, qu'en 1985, lorsqu'on reprenait
le pouvoir après neuf ans où, moratoire par-dessus moratoire,
nous avons dû essayer de naviguer dans le temps et de reconvaincre la
population que le gouvernement libéral se devait de reprendre le pouvoir
et ceci, pour le mieux-être de toute la population, eh bien, à ce
moment-là, M. le Président, le déficit du temps
frôlait déjà les 4 000 000 000 $. Oui, oui. Je sais que
ça vous fait mal, M. le député de Lévis.
Mais ça frôlait les 4 000 000 000 $, 3 700 000 000 $,
compte tenu de tout ce qui, nécessairement, était en suspens.
C'était 3 700 000 000 $, m. le président. et ça, on peut
le lui prouver hors de tout doute. ce qui est important de dire aussi, ce
n'était pas sur un budget de 37 000 000 000 $; c'était sur un
budget beaucoup moindre. un budget de 10 000 000 000 $ de moins sur un budget
de 27 000 000 000 $, vous avez pratiquement 4 000 000 000 $ de déficit.
dieu merci, m. le président, on a eu la sagesse, à travers les
six dernières années, de ramener le déficit à une
proportion normale, plus normale, plus acceptable, malgré qu'on sache
que l'objectif, c'est le déficit zéro. on a ramené
ça à 1 400 000 000 $, 1 500 000 000 $ et, nécessairement,
malheureusement, avec la conjoncture et aussi avec l'immobilisation qu'on est,
disons, obligé d'aller dedans, eh bien, on en arrive aussi pratiquement
avec une figure de 4 000 000 000 $.
Eh bien, M. le Président, je ne pense pas qu'on ait de
leçons à tirer du député de Lévis, qu'on ait
de leçons à tirer des gens d'en face qui se proclamaient, se
pétaient les bretelles pour faire valoir que c'étaient des
administrateurs. Quand on regarde le chef de l'Opposition qui se proclamait,
dans le temps, aujourd'hui un peu moins... il traînait son titre
d'économiste. Un économiste avec un fardeau comme ça qu'il
nous a traîné pendant des années, je ne pense pas que
ça devrait être une fierté nationale.
Alors, arrêtons de juger un gouvernement à la pièce.
Regardons l'ensemble. Regardons ce sur quoi on travaille actuellement. On
travaille
d'une façon étendue, globale, élaborée pour
faire en sorte que le pion qu'on bouge aujourd'hui ait une conséquence
demain, pour faire en sorte que, justement, la population en retire les
bénéfices. Alors, quand on nous parle de mauvaise administration,
M. le député de Lévis, je m'inscris en faux contre tout
ceci parce que vous, dans votre temps, le moratoire, ça vous connaissait
parce qu'il n'y a rien de pire que l'indécision ou il n'y a rien de pire
que de ne pas savoir où on s'en va, et c'est ce que vous avez fait
à partir de 1985. Quand on parle de trous, on ne parle pas simplement de
trous dans les budgets. On parle de trous dans le système routier. On
parle de trous à travers le Québec. Sur un réseau routier,
M. le Président, évalué à 60 000 000 000 $, on
aurait dû, dès notre première année, arriver ici et
avoir la disponibilité de 1 000 000 000 $. On était sur le point
de perdre le système de réseau routier lorsqu'on a repris les
rênes ici, les rênes du Québec.
Alors, qu'on ne vienne pas essayer de nous faire des leçons et
nous parler de mauvaise gestion parce qu'à ce moment-là, je
reviendrai avec ce que je disais tantôt. Sûrement qu'il a pris des
cours à la comédie nationale pour venir se livrer ici à
l'Assemblée nationale. Vous savez, M. le Président, pour se faire
une belle jambe, certains députés dans cette Chambre sont
prêts à faire à peu près n'importe quoi ou dire
n'importe quoi, mais il y a toujours des conséquences en arrière
de ça. La population n'est pas dupe. Sûrement qu'il a un "fan
club". Sûrement qu'il y a une population qui le regarde et qui aime son
style. Ça, je ne pourrais pas lui enlever ça. C'est lui,
ça.
Mais partant de là, si nécessairement ça peut aider
les sondages, bien, il a peut-être fait perdre quelques points
dernièrement parce que vous avez remarqué que la population
n'étant pas dupe, se basant sur de l'acquis, se basant sur du concret,
elle continue de faire confiance au Parti libéral et de
démontrer, une fois pour toutes, qu'elle réalise que tout
l'aspect social du bas, c'est possible que ça fonctionne à une
condition, que l'aspect économique du haut puisse être mis en
valeur.
Alors, M. le Président, je sais que vous me faites signe que mon
temps est déjà terminé. J'aurais souhaité, moi
aussi, avoir un petit peu plus de temps, avoir une heure comme le
député de Lévis. Je pense que, des fois, vous avez des
préférés dans cette Chambre, M. le Président. Vous
donnez une heure au député de Lévis et vous me donnez un
maigre 20 minutes. Alors, il me semble que j'aurais eu encore des choses
à dire, mais je profiterai de la prochaine occasion pour brosser un
tableau plus précis de certaines choses que le député de
Lévis a déjà avancées et qu'aujourd'hui on pourrait
lui remettre directement sur sa tribune. Et sûrement, quoique je respecte
la couleur rouge, qu'il rougirait et que ça le rendrait sûrement
inconfortable. M. le Président, je vous remercie de m'avoir
écouté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Fabre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
ministre, vous avez une réplique? Pas de réplique. Est-ce que le
projet de loi 178, Loi modifiant la Loi sur l'assurance automobile et la Loi
modifiant la Loi sur l'assurance automobile et d'autres dispositions
législatives, est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Bélisle: Article 32, M. le Président.
Projet de loi 179 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 32 de
notre feuilleton, M. le ministre des Transports propose l'adoption du projet de
loi 179, Loi modifiant la Loi sur les transports. M. le ministre.
M. Elkas: Merci, M. le Président. M. le Président,
je veux tout d'abord informer cette Chambre que le projet de loi 179 est le
fruit de longues discussions avec différents... Oui?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): J'ai besoin d'un
consentement de tous les parlementaires, particulièrement de
l'Opposition officielle, pour qu'on puisse procéder, étant
donné qu'on doit déroger à l'article 230 du
règlement.
M. Gendron: Un instant, sur quel projet de loi?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): 179.
M. Gendron: Sur 179. Déroger pourquoi? Pour faire
l'adoption?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui. Il faut qu'il y ait
deux séances distinctes entre le principe et l'adoption. Alors, je vais
vous donner lecture de 230, M. le leader adjoint de l'Opposition
officielle.
M. Gendron: Non, non, je le sais, M. le Président. Mais,
à ma connaissance, 179, aujourd'hui, on en faisait l'adoption. On n'a
jamais fait le rapport aujourd'hui. On l'a fait hier. Non, je sais ce que je
fais.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, un instant.
Ce n'est pas moi qui étais là hier, lors de l'adoption du
principe.
M. Gendron: Le rapport a été adopté.
Aujourd'hui, on...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ça arrive que
ça ne marche pas dans nos papiers, mais ça, ça arrive
également au niveau des deux leaders. Alors, effectivement, je n'ai pas
besoin de consentement. Allez-y, M. le ministre des Transports.
M. Sam L Elkas
M. Elkas: M. le Président, je vous remercie beaucoup. Je
veux tout d'abord informer cette Chambre que le projet de loi 179 est le fruit
de longues discussions avec différents intervenants impliqués
dans le transport en vrac au Québec. Je veux rappeler, M. le
Président, que ce n'est pas nouveau que nous avons des problèmes
dans cette industrie. Ce n'est pas quelque chose qui date d'hier. On peut
retourner même en 1979, lorsque le ministre du temps était un
dénommé Lucien Lessard qui a reçu à son tour les
camionneurs sur la colline parlementaire. Contrairement à ce qui est
arrivé en 1990, en 1979, M. Lessard a reçu ces gens-là,
mais ils sont partis avec les mains vides. Absolument rien.
De notre côté, on a reçu les gens, à
l'invitation, évidemment, du député de Lévis qui a
été à Saint-Hyacinthe pour inviter, d'ailleurs, les
camionneurs à se joindre à nous sur la colline parlementaire.
Vous savez, quand on ne peut pas leur offrir grand-chose, il est évident
que la meilleure chose qu'on peut offrir, dans ce cas-là, c'est une
invitation à se joindre à nous sur la colline. Ce qu'il a fait.
Ce n'est pas lui qui est resté pris avec le problème, il me l'a
lancé. Nouvel arrivé, envoie, jeune homme, arrange-toi avec!
Alors, je me suis joint à ces gens. Je les ai rencontrés.
Je les ai écoutés et puis je les ai convaincus qu'une commission
parlementaire était très importante pour régler l'ensemble
du transport en vrac, que l'ANCAl n'était pas seule dans le dossier; il
y avait RPEV, il y avait les associations des grands constructeurs du
Québec, il y avait aussi les gens de l'industrie de la forêt. Il y
a bien du monde qui fait du vrac au Québec, pas seulement l'ANCAl.
Alors, il fallait écouter tous les intervenants. Et puis, c'est
là qu'on a décidé, après la commission
parlementaire, qu'on devrait inviter ces gens-là. Pas que le
gouvernement s'impose à eux pour régler les problèmes,
mais qu'entre eux les gens qui font du vrac trouvent une solution à
leurs problèmes. Et les changements qu'on a apportés ont
été très positifs. (17 h 30)
Des fois, vous savez, M. le député de Lévis, on
doit mettre un petit peu d'eau dans notre vin. On ne peut pas être 100 %
satisfaits, mais par contre on doit avoir une espèce de consensus et
avoir des compromis pour se rendre à ce consen- sus. Au niveau du
problème de transport du bois en forêt - Dieu sait qu'il y en a eu
des problèmes dans le passé - à la demande de
l'industrie... L'expéditeur ainsi que les transporteurs en vrac ont
demandé un contrat type pour faire face à leurs problèmes,
pour que le gros n'égorge pas le petit. C'est pour ça qu'on a une
Commission des transports. C'est pour s'assurer qu'il y ait un juste
équilibre entre les deux partenaires qui font l'expédition ainsi
que le transport.
Le point auquel le député de Lévis va s'objecter,
il est évident, c'est l'alimentation d'usine en vrac, en matière
en vrac. Je vais faire le point ici, M. le Président. Un exemple: une
personne qui fait de l'alimentation en vrac à son usine a trois camions.
Son fils en a trois. Si on suit la logique du député de
Lévis, il faudrait absolument que le propriétaire qui a trois
permis se rende au poste de courtage pour aller chercher des gens qu'il ne
connaît pas, des gens qui ne sont pas nécessairement
associés à sa compagnie. Cet article permet au
propriétaire, la personne qui fait l'alimentation d'usine en vrac,
d'aller chercher une autre personne qu'il connaît, qui n'a pas plus que
trois permis, et de lui donner de l'ouvrage. S'il en a besoin de plus que
trois, il est évident qu'il ira au poste de courtage. C'est ça
que l'ANCAl a donné en échange pour les permis de corporation
régionale de courtage.
C'est là encore où j'aimerais faire le point, au niveau de
la réglementation. Hier, le député de Lévis a
induit la Chambre en erreur en disant que le ministre
déréglementait, ne voulait rien savoir de l'ANCAl. Je lui
répète et je le répète encore, la clause 75-25 est
là pour rester.
L'autre aspect qui a été aussi soulevé par les
"vracquistes", l'ANCAl: préoccupation au niveau de la
réglementation dans le transport des sols contaminés et non
dangereux. Il n'y avait rien qui venait régler et je pense que le
député de Lévis était d'accord avec ça qu'on
corrige la situation pour mettre les choses au clair. Les gens étaient
bien heureux.
Le cinquième point de ce projet de loi est simplement pour faire
de l'harmonisation avec la loi 108 et les fonctions de la Commission des
transports du Québec. M. le Président, on me dit qu'hier on a
fait des commentaires. D'ailleurs, le député de Lévis a
fait allusion que les gens de l'ANCAl n'étaient pas d'accord avec le
projet de loi. Mes gens ont rencontré les représentants de
l'ANCAl au mois de novembre et ont conclu une entente. Bien sûr, qu'ils
n'étaient pas trop, trop satisfaits, mais par contre ils ont conclu une
entente et ils sont sortis de là prêts à accepter le projet
de loi 179.
Maintenant, j'aimerais demander au député de Lévis,
qui prétend que personne n'est d'accord avec ce projet de loi, de me
donner les preuves - s'il a de la correspondance - qui nous démontrent
clairement que les gens ne veulent rien savoir de la loi 179. S'il ne les a
pas, bien
là, qu'il accepte au moins le projet de loi parce que les gens
qu'il prétend représenter, l'ANCAl, ont dit oui au projet de loi
179.
Alors, M. le Président, je pense qu'on arrive à la
troisième lecture, et on en a assez dit sur le projet de loi. C'est un
bon projet de loi. Les gens sont satisfaits. C'est un projet de loi qui
démontre encore que le gouvernement du Québec est prêt
à écouter l'industrie, à mettre en marche les dispositions
pour leur rendre la vie plus facile. Je vais continuer à le faire. Ce
n'est pas un geste qu'on a posé parce qu'on a eu la visite des
"vracquistes" ici sur la colline. J'ai demandé à mes gens de
convoquer à nouveau la table de concertation au début de
l'année 1992 pour continuer... Il faut être de l'avant. Il faut
démontrer... Il ne faut pas être en réaction comme ils
l'ont été pendant des années. Même quand ils
étaient en réaction, ils n'ont jamais pu rien faire avec le
ballon. Lance le ballon, ils l'échappent. Ils en ont peur!
Tout ça pour vous dire, M. le Président, que je suis
heureux de le présenter. Je crois que ça ajoute encore à
l'industrie du camionnage, au niveau du vrac, un élément
très important pour l'industrie. Je vous remercie beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Sur le même projet de loi, à savoir le projet de loi 179, Loi
modifiant la Loi sur les transports, je cède la parole à M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai entendu le ministre.
Tantôt, il a fait parler le député de Fabre. Le
député de Fabre, je suis surpris qu'il ne parle pas de son projet
spécial qu'il privilégie entre tous. La seule chose dont il nous
entretient, c'est le fonds de pension des députés. C'est
ça, sa grande préoccupation, le député de Fabre,
comme il n'aime pas le député de Lévis parce que le
député de Lévis ne pense pas qu'il faille augmenter les
pensions des députés. M. le Président, essentiellement, le
député de Fabre tire à côté de la cible. Moi,
je fais partie des gens qui pensent que les citoyens en ont assez de payer,
comprenez-vous? C'est ça que je pense, M. le Président.
Or, qu'il y ait des gens qui m'en veulent parce que je suis capable de
me tenir debout, ça, je le pense. Je le pense. Ceux qui ont pour
bébé d'augmenter les pensions des députés, eh bien,
ils n'ont pas un allié avec le député de Lévis.
Ça, ça fatigue. Ça fatigue surtout ceux qui voient les
sondages, puis qui disent: On peut débarquer le prochain coup, M. le
Président. Alors, comprenez-vous? Mettons les points sur les i, ayons
les yeux devant les trous et on va comprendre bien des choses dans cette
Chambre. Des fois, on pile sur le député de Lévis pour
telle chose, mais on ne dit pas que c'est pour autre chose qu'on lui en veut.
Le député de Lévis, je vais vous dire une chose, il est le
fier descendant de Lévis et de Desjardins. Lévis était un
homme qui n'a pas connu la défaite au Québec.
Une voix: Oui.
M. Garon: II n'a pas connu ça, la défaite. À
Sainte-Foy, comprenez-vous, la bataille de Sainte-Foy... Si on avait eu plus de
Lévis à Québec, il y a bien des choses qui auraient
été différentes dans l'histoire du Québec. On avait
trop de Vercors ou de Vaudreuil. On avait encore trop de Montcalm qui se
pensaient en Europe au lieu d'être en Amérique du Nord.
Lévis, lui, il se pensait en Amérique du Nord,
comprenez-vous?
Deuxièmement, descendant aussi de Desjardins qui, avec la
solidarité des Québécois, a réussi à mettre
en oeuvre un système, même s'il a fait rire de lui dans le temps.
Il a fait rire de lui quand il ramassait des dix cents avec sa femme,
Dorimène, dans la cuisine. Sa femme ramassait les dix cents pendant la
semaine parce que, lui, il traduisait. C'était le traducteur du
Parlement. Il ramassait des dix cents. Les gens riaient. Il voulait faire la
révolution avec les dix cents. Mais, aujourd'hui, grâce à
Desjardins de Lévis, grâce aux citoyens de Lévis, plus de
50 % des épargnes des Québécois sont dirigées par
des caisses populaires qui leur appartiennent et qui ne pourront jamais
être achetées par des étrangers. Ce ne serait rien que
ça, la contribution de Lévis, ce serait déjà
beaucoup.
Le député de Lévis, quand il s'est
présenté, il a voulu faire honneur aux gens de Lévis,
comprenez-vous, qui veulent un représentant qui défend les
intérêts des citoyens, à la base, pas des
éditorialistes. Ah! Je sais que les éditorialistes, c'est la
mode. Quand c'étaient les culottes courtes, tout le monde, des culottes
courtes! Des pantalons longs, tout le monde, des pantalons longs! Quand ils
avaient des pantalons avec des "cuffs", tout le monde des "cuffs"! Moi, je ne
fais pas partie de cette catégorie de "suiveux", M. le Président.
Moi, je dis ce que je pense, surtout en écoutant l'opinion du public, en
écoutant l'opinion des gens. Je pense que, dans un système
démocratique, un député doit être à
l'écoute de la population. Les gens ne veulent pas que les
administrateurs des fonds publics dilapident les fonds publics.
Je vois la ministre de l'Enseignement supérieur, elle a de
l'ouvrage dans son secteur. Elle a de l'ouvrage pour voir si, justement, les
maisons d'enseignement supérieur administrent bien les fonds qu'on leur
confie. Je ne dis pas de se guider en arrière des paravents, puis dire:
On les laisse autonomes. Les Québécois veulent que les piastres
qu'ils placent, surtout à ce moment-ci dans le temps, rapportent du 100
pour un, rapportent au maximum. C'est pour ça qu'ils veulent un
système d'administration efficace, avec des gens
préoccupés que chaque piastre
rapporte. (17 h 40)
Moi, je vais vous dire que, quand je suis arrivé au
ministère de l'Agriculture en 1976, administrer 1 $
d'assurance-récolte, ça coûtait 0,70 $. Je trouvais
ça épouvantable. Quand je suis parti, ça coûtait
0,07 $ pour administrer 1 $, dix fois moins cher, M. le Président, en
assurant beaucoup plus le monde, en étant mieux assurés, puis
avec des méthodes administratives, pas en disant qu'on va couper les
services aux gens, mais en leur donnant plus de services, à meilleur
coût, à meilleur compte, avec une meilleure administration, une
administration plus efficace. Pour ça, il faut qu'on ait le
contrôle de la machine, par exemple.
Quand les citoyens élisent des dirigeants, quand ils
élisent un gouvernement, ils ne veulent pas un gouvernement qui soit sur
le pilote automatique. Ils veulent un gouvernement qui dirige en fonction des
aspirations des citoyens pour lesquels ils sont mis là. Pas un
gouvernement qui dit que la taxe sur le gaz est trop chère, puis
qu'après ça il l'augmente de 50 %. Pas un gouvernement - quand
ils arrivent - qui dit: C'est épouvantable, l'ancien gouvernement, 0,13
$ du litre, puis que lui, il vous monte ça, dans l'espace de six ans,
à 0,19 $ du litre. Ce n'est pas ça que le monde veut, M. le
Président.
Ils ne veulent pas non plus d'un système ambulancier où on
dit: On passe de 70 $ à 1500 $ du voyage pour la Société
de l'assurance automobile. Les citoyens ne veulent pas ça, M. le
Président. Ça va rester, pour le député de
Beauce-Sud, une marque indélibile, comme un baptisé en enfer, M.
le Président. D'avoir réussi à faire un décret
gouvernemental, puis que ça coûte 1500 $ du voyage d'ambulance
pour la Société de l'assurance automobile, plus le
kilométrage, ça n'a pas de bon sens, M. le Président!
Non plus, les citoyens ne veulent pas que les universités
puissent payer 300 000 $ pour se débarrasser d'un professeur. Le
professeur est bon: on le garde. Il n'est pas bon: on ne le garde pas. Mais on
ne paie pas 300 000 $ pour mettre quelqu'un de côté,
comprenez-vous, comme ça. La ministre, c'est son job de voir à ce
que l'argent soit bien dépensé, soit bien affecté. C'est
son travail parce que c'est elle qui est la gardienne des fonds publics qui
sont dévolus aux maisons d'enseignement.
Ceux à qui on donne plus, on doit exiger plus, M. le
Président, parole de l'Évangile. Il faut exiger plus de ceux qui
ont plus reçu. Ceux qui ont plus reçu, on doit leur demander des
comptes plus sévères. Ce dont je m'aperçois avec le
gouvernement du Parti libéral, c'est que plus la personne est petite,
plus on l'écrase! Plus elle est grosse, moins on lui demande! Alors,
c'est ça que le monde ne veut pas. Dans la période actuelle, les
gens ont de la misère, ont des difficultés. Je vais le
répéter et le dire parce que les gens ont des difficultés.
Le gouvernement est sourd aux difficultés des gens. Il faut que
ça change. Les députés, on a demandé un vote
enregistré en commission parlementaire sur le projet de loi qu'on a
devant nous. On a demandé un vote enregistré également ici
pour le rapport de la commission. On va en demander un aussi en
troisième lecture. Pourquoi? Parce qu'on veut que chacun des
députés qui vote actuellement la déréglementation
du secteur du camionnage en vrac... Comme l'a dit le directeur du contentieux
du ministère des Transports: Oui, le gouvernement veut faire ça
juste dans la forêt mais, si un jour il voulait étendre ça
à d'autres services, la loi sera là. Il n'aura pas besoin de
retourner devant l'Assemblée nationale. Le ministre va vous dire: Je
veux rien que faire ça dans les forêts. Mais la loi qui est devant
nous, aujourd'hui, va permettre de déréglementer tout le
système du camionnage en vrac, produit par produit, pas rien que la
forêt. Ça pourrait être les déchets, ça
pourrait être l'enlèvement de la neige, ça pourrait
être d'autres secteurs. La loi n'est tellement pas respectée que,
pour l'enlèvement de la neige à Montréal, ils paient plus
cher que le décret. Pourquoi? Parce que la Commission des transports ne
fait pas sa job, M. le Président.
Ne nous contons pas d'histoire. Quand il s'agit de servir le petit, le
gouvernement se déguise en courant d'air. Quand il s'agit de donner
davantage aux riches, le gouvernement est là, par exemple. C'est pour
ça que je parle souvent de la parabole du pasteur et de ses brebis. Le
pasteur n'est pas parti pour dire: Je m'occupe de mes brebis qui sont les plus
grasses. Il a abandonné toutes ses brebis pour celle qui était
malade, celle qui était faible, celle qui était
égarée. Puis, il a dit: II faut que je m'occupe de
celle-là parce qu'un bon pasteur doit s'occuper de sa brebis la plus
faible. C'est ça que je demande au gouvernement de faire, surtout dans
cette période difficile. Ce n'est pas de la religion. Le
député d'Argenteuil dit que c'est de la religion. Ce n'est pas de
la religion, c'est du comportement normal dans une société
civilisée, M. le Président. C'est normal de faire ça. On
essaie de dire au gouvernement: Essayez donc d'avoir un peu le sens de
l'équité. Essayez donc d'arrêter de parler sur le plan des
principes comme si la vertu était dans les théories mais le vice
dans la pratique.
C'est facile de nous parler des manteaux de vertu quand on veut mettre
la bière 24 heures par jour. Qu'est-ce que c'est ça? Il faut
vraiment être déconnecté de la réalité.
Mettre la bière 24 heures par jour. Qu'est-ce qui va arriver quand les
bars vont fermer à 3 heures? Tout le monde chez le dépanneur.
Voyons donc! Il faut être des rêveurs déconnectés,
des nonos du comportement humain, comprenez-vous. Ce n'est pas parce qu'on a
"editorialise" pendant des années dans des journaux que le monde ne lit
pas beaucoup, hein, M. le Président. Voyons donc, M. le
Président. Voyons donc. Il faut devenir connectés
sur la réalité, connectés sur les besoins des gens.
Alors qu'on a du chômage actuellement, les gens sont taxés
à tour de bras. Les gens qui sont plus faibles ont besoin d'être
protégés, et le projet de loi qui est devant nous a pour objet de
ne plus protéger ceux qui sont les plus faibles dans le secteur du
camionnage. C'est ça qu'est le projet qui est devant nous.
Les députés, je vous le dis, un par un, vont voter. Les
députés de chacun de ces comtés. Montmagny-L'Islet, le
député va être obligé de dire s'il est pour ou s'il
est contre; et, quand les gens viendront nous voir, on va dire: Votre
député, bien, il a voté pour que vous soyez
déréglementés, pour que les petits camionneurs ne soient
pas protégés. Et dans chacun de vos comtés. Le
député de Rousseau qui va voter pour, lui aussi, on dira la
même chose à ses camionneurs. Quand les gens viendront nous voir
à nos bureaux, on va obliger les députés à
être devant leurs responsabilités. Et on devrait faire ça
de plus en plus à l'Assemblée nationale, obliger les gens
à se prononcer, pas voter sur division en général, mais
par vote nominal. Et, s'il le fallait, mettre des appareils pour que les gens
pèsent sur des pitons pour qu'on sache pour qui ils ont voté,
comme aux États-Unis. Le système parlementaire américain,
il a une qualité exceptionnelle. Si vous allez dans un congrès
américain, vous allez vous en rendre compte, M. le Président,
quand vous allez visiter leur assemblée nationale. Leur assemblée
nationale, fantastique! Il y a, au mur - j'ai vu ça dans plusieurs
États américains - un endroit où on enregistre les votes.
Et, quand le député vote, il y a un piton et il pèse sur
un piton; et on sait pour qui il a voté, le député. Chacun
des votes du député est enregistré. Vote pour, vote contre
ou abstention, c'est enregistré.
Nous, on dit: Sur division. Ça permet de se cacher. Ça
permet de se cacher et ce n'est pas un bon système parlementaire. Il
faudrait que chacun des députés soit identifié sur chacun
de ses votes. C'est un système démocratique, parce qu'on a des
comptes à rendre à la population. Les députés
devraient être identifiés, pas se déguiser en courant
d'air, pas se déguiser et, après ça, dire: Ah! qu'est-ce
que vous voulez, c'est le gouvernement qui a voté ça. Comme si,
lui, il n'avait pas voté.
Non, M. le Président, le projet de loi qui est devant nous est un
projet de loi mauvais, qui va permettre la déréglementation du
secteur du camionnage, alors qu'on ne fait même pas respecter la
réglementation. Dans l'enlèvement de la neige, c'est rendu
même que la ville de Montréal paie plus cher que le décret.
Pourquoi? Parce qu'on le laisse là. Ah! c'est des petits camionneurs.
Tant du voyage! Des petits camionneurs! On ne s'en occupe pas, le ministre s'en
fout. Lui, son intérêt, c'est les petits viaducs pour les voitures
électriques de golf pour pouvoir jouer chaque bord de l'autoroute. Ah!
là, il est là. Pour mettre un mur antibruit de 1 000 000 $
à ville Mont-Royal et payer à 100 % le mur qui ne respecte
même pas les normes du ministère, ah! là, il est là,
M. le Président. Il ne respecte même pas les normes du
ministère. 1 000 000 $! Habituellement, on paie selon l'indice de
richesse. À ville Mont-Royal, à peu près la ville la plus
riche au Québec, le gouvernement a payé à 100 %, comme si
on était dans la ville la plus pauvre. Pour ça, il est là,
le ministre, comprenez-vous.
Le ministre, sa solidarité, elle n'est pas bien bien
ajustée. Et ça, on va le dire, on va le répéter. On
va le répéter et le répéter, et comme ça
adonne, M. le Président, moi, je vais le répéter dans le
champ, avec les citoyens, avec eux. Pas du haut du 29e étage dont nous
parlait le ministre. Du 29e avec le sous-ministre dans le 28e, ça,
ça ne fait pas connecté, ça fait déconnecté.
Ça veut dire qu'on est dans les nuages. 29e étage! C'est bien
mieux quand on est à terre. Les routes, on voit mieux les trous quand on
est sur la route plutôt qu'au 29e étage. Et les trous, le
gouvernement, là... Vous savez, quand vous regardez l'effort sous
l'ancien gouvernement et par le gouvernement actuel, c'était plus de 100
000 000 $ par année de plus que mettait l'ancien gouvernement, et c'est
exactement ce que le député de Charlesbourg a essayé
d'avoir et que le Conseil du trésor a refusé. Il a manqué
100 000 000 $ par année, bien, il y avait les 100 000 000 $ par
année de plus dans le temps de l'ancien gouvernement.
Les routes, quand vous regardez les différentes régions du
Québec, il y en avait des routes dans les régions. Qu'est-ce que
le gouvernement a fait? Le budget qui, il y a deux ans, était à
170 000 000 $ pour la voirie régionale, l'an dernier, a baissé
à 104 000 000 $ et, cette année, il n'est même pas à
70 000 000 $, 69 000 000 $ pour la voirie régionale, avec tous ces
députés qui représentent des comtés ruraux et qui
ne se sont pas occupés de défendre les intérêts de
leurs citoyens. Le ministre nous dit: C'est parce qu'on a fait le boulevard
Métropolitain, ça a coûté 82 000 000 $. On a
coupé bien plus que 82 000 000 $, mais on a fait payer ça par
tous les citoyens du Québec, tous les citoyens du Québec,
maintenant, qui ont des routes tout croches, des routes crevassées,
pleines de trous parce que le ministre ne s'est pas occupé de
défendre ses budgets. Un ministre jovialiste. (17 h 50)
Enfin, quand il vous dit qu'il y a un consensus dans ce projet de loi
là, bien, je vais vous dire une chose. C'est le propre rapport de son
ministère. Quand il me dit: Où sont vos sources? Mes sources: le
rapport de son ministère. Ici, M. le Président, table de
concertation sur le camionnage en vrac, rapport d'étape. Qu'est-ce qu'on
dit: Conclusion, définition du camionneur artisan. Premièrement,
il y a consensus sur le fait que les discussions sur cette
question reprendront. Consensus. Un gros consensus. Il faut forcer sur
le mot "consensus". Écoutez bien, je le lis. Il y a consensus sur le
fait que les discussions sur cette question reprendront lorsque les
résultats de l'étude de marché sur le camionnage en vrac
seront connus. On fait un consensus pour dire qu'il faudra discuter plus tard.
C'est un bon consensus, hein!
Deuxièmement, l'application de la l'article 36.2. Le
ministère a décelé un certain rapprochement entre les
parties, sans toutefois atteindre un consensus sur cette question. C'est le
rapport du ministère. Il dit lui-même qu'il n'y en a pas de
consensus. Troisièmement, interprétation du transport pour compte
propre. Écoutez bien ça. Mis à part la réserve du
RPEV sur le projet de définition du MTQ, le ministère des
Transports du Québec, concernant le transport pour compte propre, un
certain consensus s'est établi. Remarquez bien! Un certain consensus
s'est établi sur la problématique de la définition
réglementaire actuelle. Qu'est-ce que ça veut dire, ça?
Hein? Un certain consensus s'est établi sur la problématique de
la définition réglementaire actuelle et sur les avantages que
comporte le projet du ministère. Imaginez-vous! On s'entend pour dire
qu'il y a un problème dans la réglementation. Je vais vous dire
une chose. Je vais vous dire que les consensus ne sont pas forts.
L'interprétation du transport des déchets solides. Le
ministre l'a dit tantôt. Il a dit: Je pense que le député
de Lévis est d'accord sur la question des déchets. Bien oui.
Regardez ce qui est marqué ici. La proposition du ministère des
Transports, à l'effet de préserver les matières en vrac et
les nouveaux règlements, a fait l'objet d'un consensus entre les
participants. Là, il y en a un consensus. Et le reste, il n'y en a pas,
M. le Président. Alors, c'est ça que nous avons devant nous.
Qu'est-ce que nous avons devant nous? C'est ça que nous avons devant
nous, M. le Président.
C'est pourquoi je dis que ce projet de loi là ne rencontre pas
les voeux de la population. Ce projet de loi n'est pas utile. Il ne fait pas
l'objet de consensus. Il va créer des problèmes et, surtout, il
va permettre au ministère de déréglementer le camionnage
en vrac par la voie d'en arrière. Ça, c'a été dit
clairement par le directeur du contentieux du ministère des Transports,
lors de l'étude article par article en commission parlementaire,
à tel point que, quand il l'a eu dit, j'ai fait remarquer aux
parlementaires qu'il avait dit, le directeur du contentieux, celui qui avait
fait le projet de loi, qu'on pourrait faire ce qu'on voulait faire dans le
domaine de la forêt, mais en l'appliquant à tous les autres
secteurs, sans revenir devant le Parlement, parce qu'on permettait de
déréglementer par la porte d'en arrière, ce qui veut dire
ceci, M. le Président.
Quand je l'ai dit, qu'est-ce qui est arrivé? Les
députés ministériels ont demandé immédiate-
ment l'ajournement de la commission. Le ministre a dû leur dire: Bien, on
n'a pas l'intention de le faire dans d'autres secteurs. Sauf que le pouvoir est
là, il est dans la loi et on pourra déréglementer toute
l'industrie du camionnage en vrac en faisant des règlements par produit.
C'est pour ça qu'il faut demander aux députés de prendre
leur courage à deux mains puis de voter publiquement, en face des
citoyens, pour qu'éventuellement, quand les problèmes arriveront,
on pourra leur dire: Allez voir votre député; lui, il a
voté pour. Je vous remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, merci, M. le
député de Lévis. Nous sommes à étudier la
motion proposant l'adoption du projet de loi 179, Loi modifiant la Loi sur les
transports. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous avez une
période de 10 minutes, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Réjean Doyon
M. Doyon: oui. merci, m. le président. c'est avec beaucoup
de plaisir que je viens intervenir sur le projet de loi qui est devant nous, m.
le président. c'est une occasion, en même temps, qui m'est
présentée de rétablir un certain nombre de faits.
Je n'étais pas à la Chambre, hier, mais j'ai
été en mesure de savoir que le député de
Lévis avait décidé, comme on dit vulgairement, de me faire
la job, M. le Président. Il a dit des faussetés énormes.
Ça lui ressemble, me direz-vous, pour ne rien en faire de cas, mais je
profite de l'occasion, M. le Président, grâce aux
généreuses 10 minutes que vous m'accordez, pour dire au
député de Lévis, en ce qui concerne le
député de Louis-Hébert, qu'il n'a aucune honte à
comparer sa carrière personnelle à celle du député
de Lévis.
Je lui dirai qu'alors que, moi, j'étais reçu au
ministère des Affaires extérieures il était indignement
recalé au même examen et qu'il est sorti de là
séparatiste, alors qu'il voulait aller représenter le Canada
à l'étranger, M. le Président. Ce sont les faits.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Doyon: C'est la pure vérité, M. le
Président. Si on m'attaque, il faut qu'on sache que je suis capable de
répliquer et de rendre la pareille à qui m'aura attaqué.
La vérité a ses droits en cette Assemblée, M. le
Président. Il est faux de dire que je me suis promené dans le
comté de Louis-Hébert, qui est un comté extrê-
mement sophistiqué, en disant que je serais nommé ministre
et que même je déterminais le ministère que j'aurais. C'est
totalement faux, M. le Président, et je mets au défi le
député de Lévis d'amener un seul témoin sur les 50
000 électeurs de Louis-Hébert, un seul témoin pour
soutenir la fausseté qu'il a avancée. Le député de
Lévis est un fieffé, et je laisse des points de suspension...
Fieffé, ça va avec quel mot? Points de suspension. C'est tout ce
qu'il est. Il insulte à gogo tout le monde. Il insulte à gogo
tout le monde. Le vide se fait autour de lui, M. le Président. C'est
quelqu'un qui ne peut que faire une chose, lancer de la boue, salir. Savez-vous
pourquoi, M. le Président? C'est qu'il est possédé par
l'envie et la jalousie.
M. Gendron: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! M. le leader
adjoint de l'Opposition officielle, sur la question de règlement.
M. Gendron: Je veux bien subir la montée de valium ou la
montée de lait du député, mais il faudrait encore qu'il
parle du projet de loi. S'il a quelque chose à dire sur le projet de
loi, je suis prêt à l'entendre, je vais être silencieux, je
vais être respectueux. Alors, j'invoque la pertinence. Il n'a pas dit un
traître mot, il ne sait probablement même pas de quel projet de loi
on parle. Alors, s'il n'a rien à dire sur le projet de loi, qu'il fasse
ce qu'il fait d'habitude. On ne le voit pas souvent ici.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint du
gouvernement, sur la question de règlement.
M. Bélisle: M. le Président, je pense que la
dernière remarque du député d'Abitibi-Ouest et leader
adjoint de l'Opposition est totalement déplacée. On n'a pas
à invoquer, en aucune façon, la présence ou l'absence de
quelqu'un en cette Chambre. Deuxièmement, M. le Président, j'ai
eu l'insigne honneur d'écouter à 11 reprises depuis deux jours le
député de Lévis. Si vous appliquez le même
critère de pertinence au député de Louis-Hébert, je
vais vous dire une chose, il va pouvoir dire à peu près n'importe
quoi dans cette Chambre. Je vous ai soumis à je ne sais pas combien de
reprises, M. le Président, des cas de pertinence. Vous avez toujours
jugé que tout était pertinent. Je pense que l'intervention du
député de Louis-Hébert, compte tenu de celle du
député de Lévis, a drôlement une pertinence
relativement au débat.
M. Gendron: Un instant.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, non, je suis
prêt à rendre ma décision.
M. Gendron: Je veux bien que vous rendiez votre décision,
sauf que la largeur de vue concernant la pertinence du débat, on va
l'accepter, mais encore faut-il... Je veux que ce soit des deux
côtés. J'aurais pu me lever sur les répliques du ministre
des Transports qui ne parlait plus du tout du projet de loi, qui parlait des
problèmes d'attitudes envers mon collègue de Lévis qu'il
aurait eus avec lui, mais je l'ai laissé faire. Mais là on n'a
pas entendu un mot du projet de loi. Moi aussi, j'ai été
présent tout l'après-midi et le député de
Lévis a toujours fait de multiples références au projet de
loi en titre. On n'a pas entendu un mot du projet de loi...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, nous sommes
à étudier la motion proposant l'adoption du projet de loi 179,
Loi modifiant la Loi sur les transports. Les deux premiers paragraphes des
notes explicatives nous donnent un aperçu de ce que contient le projet
de loi: "Ce projet de loi a pour objet d'assurer l'application de la Loi sur
les transports au transport des déchets exclus du champ d'application de
la Loi sur le camionnage. Ce projet de loi prévoit..." etc. M. le
député de Louis-Hébert, vous pouvez, évidemment,
discuter de l'intervention du député de Lévis, mais
toujours en la mettant en parallèle avec le projet de loi 179. Je vous
demanderais de respecter l'article 211 qui traite particulièrement de la
pertinence du débat.
M. Doyon: Oui, M. le Président, bien sûr je me
rendrai à votre décision, mais vous comprendrez que, pour un
parlementaire dans cette auguste Assemblée, il est parfois
nécessaire de mettre en relief la personnalité du messager pour
bien comprendre le message qu'il veut transporter et qu'il veut inventer. Si on
veut prendre le message dans la dimension qu'il doit avoir, encore faut-il
connaître la personnalité du messager. C'est dans ce
sens-là, M. le Président, que je pense que les propos que j'ai
tenus sont pertinents, parce qu'ils permettent, justement, de mettre en relief
que sur le projet de loi 179, projet de loi extrêmement important, comme
sur les autres projets de loi sur lesquels le député de
Lévis a parlé, M. le Président, il a fait la
démonstration de sa personnalité connue qui est d'insulter et
d'être blessant, autant que faire se peut, envers tout le monde.
M. le Président, vous n'aurez jamais entendu celui qui vous parle
tenir des propos qui sont de nature à blesser et à aller chercher
dans des faussetés considérables, des faussetés pures et
simples, M. le Président, des propos qui visent tout simplement à
salir, à insulter. C'est ça que j'ai voulu dire. Le projet de loi
179, vous le savez, c'est un projet qui découle de longues
négociations entre les différentes parties impliquées dans
l'industrie du transport. Que le député de Lévis soit
pour, qu'il soit contre, il
est obligé de reconnaître qu'il y a un pas en avant de fait
là.
Évidemment, il ne sera pas d'accord. Il n'a jamais
été d'accord avec quoi que ce soit que le gouvernement fait.
Savez-vous pourquoi, M. le Président? Parce que, de son
côté, être libéral, dans son esprit à lui,
c'est avoir la lèpre, c'est être des galeux. Alors, qu'est-ce qui
peut émaner d'un gouvernement qui est considéré comme
ça de sa part? C'est dommage à dire, et je le connais assez pour
savoir de quoi je parle, M. le Président. Je sais de quoi je parle.
Alors, qu'il soit contre le projet de loi 179, nulle surprise là-dedans.
Nulle surprise. Dans son idée, nous sommes de pelés, des galeux,
des lépreux.
M. le Président, ça n'empêche pas que le projet de
loi 179 a sa raison d'être. Et, au nom du ministre, je voudrais remercier
les différents groupes de travail qui ont accepté de s'asseoir
autour de la même table. Je parle de l'ANCAl, bien sûr, de
l'industrie de la forêt, des entrepreneurs, du regroupement des
entrepreneurs en vrac et privés. Et je pense que c'est dans la
concertation, dans le consensus qu'on va continuer à faire des
progrès. Bien sûr, on n'a pas trouvé la solution miracle
qui répondra à toutes les attentes. Il est impossible, dans les
circonstances, de faire ça. Mais je sais qu'il y a beaucoup de chemin de
fait. Je sais que l'industrie forestière a des idées qui font
qu'elle voudrait voir transporter plus de matière par ses propres
camions, ses propres entrepreneurs.
Je sais aussi que les "vracquiers" voudraient avoir plus d'argent, avoir
de meilleurs taux. Ce sont là des intérêts légitimes
mais qui sont parfois opposés. Et c'est grâce à l'action du
ministre des Transports, M. le Président, si on réussit à
avoir un modus vivendi qui est acceptable. J'aurais attendu, si le
député de Lévis avait voulu le bien de la
collectivité, qu'il dise: Bon, ce n'est pas pariait, sauf que c'est un
pas dans la bonne direction, et qu'il manifeste une certaine ouverture
d'esprit. Mais c'est impossible d'attendre une telle chose de sa part, M. le
Président. Ce ne sont que des invectives. Ce ne sont que des insultes.
Ce ne sont que des dénonciations à l'emporte-pièce. C'est
tout ce qu'on entend de sa part. Et ce qui est dommage à dire, M. le
Président, c'est que si je suis venu ici aujourd'hui, c'est parce que,
si, on ne donne pas la réplique à ces faussetés-là,
les gens pensent que, finalement, il y a peut-être du vrai, il n'y a pas
de fumée sans feu, que peut-être que c'est ça, qu'il n'y a
pas eu de réplique, il n'y a pas eu contradiction. Ça fait partie
du devoir des parlementaires, des députés, un respect minimum de
la vérité. Et quand quelqu'un ne l'a pas, le minimum requis, ce
minimum requis, il nous appartient à nous, les parlementaires, de le
déplorer ouvertement, de le dire, de le dénoncer.
Ces dires, ce sont des faussetés, et que quelqu'un vienne dire
des choses pareilles sur mon compte, j'avertis qui que ce soit qui le fera
qu'il aura à qui parler parce que je reviendrai le lendemain mettre les
choses au point, M. le Président, et ça continuera comme
ça aussi longtemps qu'il le faudra. Je veux que ce soit bien clair et
bien connu, et je tenais à ce que ce soit dit publiquement.
La minute qui me reste, M. le Président, ne me permettra pas de
faire la démonstration que j'aurais voulu faire, mais, s'il y en a une
que j'ai réussie, de mettre en garde les téléspectateurs,
les auditeurs contre les propos enflammés, démagogiques du
député de Lévis, j'aurai fait une intervention qui valait
la peine d'être faite, M. le Président. Merci beaucoup.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Il n'y a pas d'autres interventions. Votre réplique, M.
le ministre.
M. Elkas: M. le Président, je propose l'adoption du projet
de loi 179.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que le projet de
loi 179, Loi modifiant la Loi sur les transports, est adopté?
M. Gendron: Vote enregistré, M. le Président. Vote
enregistré.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous faites une
demande de vote enregistré.
M. Gendron: Oui, M. le Président.
M. Bélisle: Report du vote à la période des
affaires courantes.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Ce n'est pas une motion
de report. C'est une demande de vote reporté.
M. Bélisle: C'est exact, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Le vote est
reporté à la prochaine séance, après les affaires
courantes.
M. Bélisle: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. Est-ce que, M. le
leader adjoint, vous appelez autre chose d'ici 18 h 30?
M. Bélisle: Non, pas d'ici 18 h 30.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, les travaux sont
suspendus jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 20 h 8)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, je vous demanderais d'appeler
l'article 61 du feuilleton.
Étude des crédits supplémentaires
no 1 pour l'année financière 1991-1992
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 61,
il s'agit de l'étude des crédits supplémentaires n° 1
pour l'exercice financier se terminant le 31 mars 1992 déposés
par M. le ministre des Finances le 4 décembre 1991 et renvoyés
pour étude en commission plénière. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, conformément à
l'article 291 du règlement, l'étude des crédits
supplémentaires est prévue pour une durée maximale de huit
heures en commission plénière. Je voudrais vous faire part, donc,
de l'entente intervenue entre les leaders afin de s'assurer de la bonne marche
de nos travaux et, en conséquence, en faire éventuellement un
ordre de l'Assemblée. Donc, ce soir, pour une durée d'une heure,
le président du Conseil du trésor sera parmi nous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Johnson: Pour une durée d'une heure, le ministre de la
Santé et des Services sociaux a été appelé par son
vis-à-vis de l'Opposition; pour une durée de 30 minutes, le
ministre du Travail et, pour une durée d'une heure, le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Demain matin, à compter
de 10 heures, pour une durée d'une heure, le ministre du Tourisme; pour
une durée de trois quarts d'heure, la ministre de l'Enseignement
supérieur et de la Science; pour une durée de trois quarts
d'heure, le ministre de l'Éducation. Finalement, après les
affaires courantes, demain, pour une durée d'une heure, le ministre de
la Sécurité publique et pour une durée d'une heure, le
ministre de la Main-d'oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la
Formation professionnelle. Je vous réitère donc ma demande, M. le
Président, d'en faire un ordre de la Chambre.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Cette motion est-elle
adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): cette motion est
adoptée, et c'est un ordre de la chambre. en conséquence,
l'assemblée se constitue... m. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: m. le président, en conséquence, vous
me permettrez de faire motion pour que l'assemblée se constitue en
commission plénière.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce que cette
motion est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Elle est adoptée.
En conséquence, l'Assemblée se constitue en commission
plénière afin d'entreprendre l'étude des crédits
supplémentaires n° 1 pour l'exercice financier se terminant le 31
décembre 1992.
(Suspension de la séance à 20 h 11)
(Reprise à 20 h 12)
Commission plénière
M. Bissonnet (président de la commission
plénière): Alors, mes chers collègues, je vous
rappelle que la commission plénière est réunie afin
d'étudier les crédits supplémentaires n° 1 pour
l'exercice financier se terminant le 31 mars 1992.
Conseil du trésor
Conformément à l'ordre de l'Assemblée, j'accorde
immédiatement la parole à M. le président du Conseil du
trésor pour ses remarques préliminaires. M. le président
du Conseil du trésor.
Remarques préliminaires M. Daniel
Johnson
M. Johnson: Merci, M. le Président. Un rappel, très
brièvement, avant que nous n'entreprenions la discussion. Le
gouvernement a déposé des crédits au montant de 38 787 000
000 $, au printemps dernier, et les dépenses prévues, à ce
moment-là, étaient de 38 567 000 000 $, ce qui,
évidemment, reflète les ajustements dans les placements,
prêts et avances, d'une part, de 20 000 000 $, et des
périmés anticipés de 200 000 000 $.
Un peu plus tard, quelques semaines plus tard, j'avais le plaisir
d'annoncer, avec nos partenaires syndicaux, un gel salarial de six mois, donc,
devant prendre fin le 30 juin prochain. Là aussi, ça
m'apparaït un élément important à avoir à
l'esprit lorsqu'on regarde la gestion des finances publiques. Un peu plus tard
encore, à l'occasion du Discours sur le budget, le ministre des Finances
annonçait, en raison de certaines mesures qu'il prenait, que l'objectif
de
dépenses était ramené à 38 389 000 000 $,
objectif qui a subi un ajustement de 375 000 000 $ à la hausse, tout
récemment, sous la signature du sous-ministre des Finances, faisant
état des prévisions révisées au 30 septembre 1991
pour l'année en cours.
Nous arrivons, à ce moment-ci, comme c'est traditionnel... C'est
la saison des crédits supplémentaires; je rappelle le processus.
L'Assemblée vote les crédits de dépenses programme par
programme. C'est donc le maximum qu'un ministère peut dépenser
qui est autorisé ici, à l'Assemblée nationale. La
conjoncture, certains événements imprévus, etc., font en
sorte que les différents programmes peuvent, dans certains cas,
connaître des dépassements, des dépassements de
crédits, donc, qu'on doit amener ici à l'Assemblée
nationale afin de restaurer une nouvelle limite dans certains programmes, ce
qui ne signifie pas pour autant que le dépassement est équivalent
à cette somme des crédits supplémentaires, car ces
dépassements, nous tentons de les financer par une gestion toujours plus
rigoureuse de certains autres programmes pour périmer des
crédits, donc, pour que l'objectif global des dépenses soit
respecté.
La conjoncture étant particulièrement difficile, certains
événements imprévus s'étant produits, il n'en reste
pas moins que nous avons affaire, dans le cadre des travaux qui nous
amènent ici aujourd'hui, à une situation où nous
pourvoyons à des crédits additionnels, mais il y a eu, de fait et
de façon nette, un dépassement qui a été reconnu de
375 000 000 $. Mais les mesures que nous amenons aujourd'hui visent à
financer ces 693 000 000 $ de crédits additionnels, programme par
programme, compte tenu des dépassements que certains programmes ont
connus. Environ la moitié de ces 693 000 000 $ - je passerai rapidement
à travers les postes importants de dépassements - s'explique par
la hausse des clientèles étudiantes, par révolution des
besoins financiers à la sécurité du revenu, par
l'accroissement des dépenses dans le réseau de la santé et
par l'effet de la conjoncture sur les engagements de la Société
de développement industriel.
Nous n'échappons pas en cela à ce qui se passe partout
dans le monde industrialisé, surtout selon le modèle canadien
où on voyait récemment... Par exemple, la lettre
économique et financière de la Banque Nationale indique, et je
cite: "La structure même des dépenses des provinces les rend plus
vulnérables face à une reprise fragile car les dépenses
d'éducation, de santé, services sociaux demeurent
particulièrement robustes en période de faible activité
économique." On pourrait évidemment ajouter les besoins à
la sécurité du revenu.
De façon schématique ou à tout le moins sommaire,
j'indiquerais certains des dépassements importants. Reprenons les grands
titres. Au ministère de l'Éducation, les crédits
supplémen- taires totalisent 115 000 000 $ qui s'expliquent
essentiellement par l'accroissement de la clientèle étudiante,
soit 47 000 000 $ à la formation des jeunes et près de 60 000 000
$ à la formation des adultes. À l'Enseignement supérieur,
il s'agit de plus de 40 000 000 $, notamment en raison d'une hausse de 9,4 % du
nombre de bourses consécutives aux prêts en cours d'année.
Encore une fois, une hausse de la fréquentation scolaire à cet
égard, hausse de clientèle... Effet de volume, je devrais
plutôt dire quant au financement de ces clientèles. Quelque 20 000
000 $ sont requis également à l'enseignement collégial
pour reconnaître la hausse à l'enseignement collégial
public et privé. Donc, effet combiné: hausse de la
clientèle et hausse évidemment du programme de bourses
consécutives, aide financière aux étudiants.
À l'Environnement, environ 10 000 000 $ au service de la dette de
l'assainissement des eaux pour tenir compte des emprunts, des remboursements
effectués qui sont quelque peu plus élevés que
prévu.
Au ministère des Finances, de façon regroupée, 45
800 000 $ indiqués au fonds de suppléance; près de 35 000
000 $ pour couvrir des ajustements salariaux et les contributions de
l'employeur; 11 000 000 $ afin de parer aux dépenses imprévues
qui pourraient survenir dans l'administration de certains programmes d'ici
à la fin de l'année financière.
Il me fera plaisir d'expliquer plus avant ces détails. Mais,
d'ores et déjà, je peux indiquer que des ajustements salariaux
sont pourvus aux centrales car, notamment, lorsque le gel salarial a
été envisagé, aucune provision n'avait été
faite à ce moment. Par exemple, lors du Discours sur le budget, pour
quelque ajustement que ce soit aux salaires des cadres en juillet 1991, j'ai
recommandé une augmentation de 2,5 %, pour les cadres, plutôt que
5 % - je leur rappelle douloureusement - ce qui signifiait un peu plus de 30
000 000 $ d'ajustement en 1991-1992. Cette reconnaissance du fait
qu'au-delà du gel salarial on demandait un effort supplémentaire
de 2,5 % à nos cadres, qui, donc, ne voyaient leur salaire ajusté
que de 2,5 %, plutôt que de 5 % comme le reste du secteur public en 1991,
de toute façon, ce n'était pas prévu au moment où
le Discours sur le budget a été confectionné. C'est donc
là un dépassement évidemment significatif et je vous
l'explique.
Aux Forêts, 10 000 000 $, à la gestion du patrimoine
forestier. À ce niveau s'explique - inutile d'y revenir,
évidemment - l'ampleur exceptionnelle des feux de forêts qui ont
sévi l'été dernier. La Loi sur les forêts
prévoit un recours automatique au fonds consolidé de ce programme
afin de combattre, évidemment, ces sinistres. industrie et commerce,
quelque 30 000 000 $; 17 000 000 $ à la SDI afin de pourvoir à
des crédits demandés à l'égard de
l'aide financière accordée en vertu de l'article 7 pour
des interventions spéciales. Une dizaine de millions requis,
évidemment, afin de compenser la SDI pour les engagements financiers
qu'on connaît dans le cas de Lavalin. (20 h 20)
À la Main-d'oeuvre, Sécurité du revenu et Formation
professionnelle, un gros morceau: près de 90 000 000 $ au programme 4,
Sécurité du revenu. Augmentation de la clientèle, 13 400
ménages par rapport à nos prévisions, ce qui a
provoqué des besoins de 51 000 000 $ au programme APTE et de 18 000 000
$ à Soutien financier. On doit également ajouter quelque 27 000
000 $ au programme 7, Adaptation et formation professionnelle de la
main-d'oeuvre.
Dans le cadre de nos ententes avec le gouvernement canadien, environ 21
000 000 $ ont été alloués pour les dépenses
fédérales pour la formation des chômeurs. Encore une fois,
je rappelle une drôle de mécanique qui fait qu'au Canada on compte
deux fois certaines dépenses au niveau fédéral, lorsque le
transfert se fait vers le programme de la province récipiendaire. Dans
notre cas, nous faisons transiter ces sommes par le fonds consolidé et
les inscrivons en hausse des dépenses, évidemment, au
ministère pertinent, en l'occurrence, le MMSRFP. Donc, il n'y a
aucun effet sur les équilibres financiers, mais une hausse des
dépenses à pourvoir.
Programme 8, Développement de l'emploi et intégration au
marché du travail, des crédits de près de 26 000 000 $
sont requis en raison de la hausse de 66 $ par mois de l'aide qui est
accordée aux bénéficiaires de la sécurité du
revenu qui se déclarent disponibles. On parle de 18 000 000 $ dans ce
cas-là. Nous devons souligner que la popularité, si je peux
m'exprimer ainsi, du programme PAIE, Programme d'aide à
l'intégration en emploi, qui permet de subventionner un employeur qui
accepte d'embaucher pour six mois un bénéficiaire de la
sécurité du revenu, représente un ajout de plus de 7 500
000 $.
La Régie de l'assurance-maladie, j'y reviendrai à la toute
fin. C'est particulièrement intéressant, ce poste-là.
Au ministère du Revenu, l'harmonisation du régime de nos
taxes de vente, TVQ, avec le système, entre guillemets, TPS,
représente environ 40 000 000 $, évidemment, dans tous les
systèmes qu'on doit mettre en place pour gérer cette forme
d'impôt à la consommation.
Santé et Services sociaux, je crois comprendre que mon
collègue, le ministre de la Santé, sera ici vers 21 heures ou
à peu près. Il pourra sans doute vous en entretenir plus
longtemps. Qu'il suffise de dire qu'il s'agit de presque 66 000 000 $ de
crédits supplémentaires.
D'autres postes, les derniers. Au ministère du Tourisme, la RIO
requiert plus de 7 000 000 $ suite à certaines réclamations,
à des réductions de revenu, etc., consécutives à la
fermeture du
Stade. Donc, une provision est prévue à ce
titre-là.
Sûreté du Québec: de nombreux millions, 18 000 000
$, pour les opérations policières accrues dans la région
de Montréal, notamment près des réserves indiennes. On le
sait, question d'actualité.
Au ministère du Travail, enfin, quelque chose d'un peu
particulier, 13 600 000 $, le coût d'activités d'inspection de la
Commission. Ce n'est pas en soi un dépassement à cette
activité. Il existe, comme on le sait sans doute, un contentieux entre -
appelons les choses par leur nom - le Conseil du trésor et le ministre
du Travail quant au moment où certaines législations devaient
être amendées pour faire en sorte que le gouvernement ne prendrait
plus à son compte les frais d'inspection. Reconnaissons qu'il y a un
litige. Il y a une question de temps. Il y a une question juridique qui est en
cause ici. En attendant, les activités d'inspection se déroulent.
La loi pertinente n'a pas été modifiée. Donc, il y a.
techniquement, un dépassement que nous devons pourvoir.
Je parierai, en terminant - comme je l'avais annoncé - d'un poste
de dépenses particulièrement important lorsqu'on regarde les
dépassements: celui de la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. Près de 110 000 000 $ sont présentés
à titre d'information puisque, évidemment, ils sont
autorisés, de toute façon, en vertu de la Loi sur
l'assurance-maladie. Ces dépenses sont pourvues directement par le fonds
consolidé et, pour les techniciens, par certains impôts
dédiés. Cette somme permet de financer le manque à gagner
de près de 95 000 000 $ qui est causé carrément par la
non-application de la contribution santé que mon collègue,
d'autres membres du gouvernement et moi-même avions annoncée il y
a quelques mois, au printemps. Il y avait d'envisagé, à
l'époque, un système de financement de certains frais de
santé qui amenait une contribution qui aurait été en
déduction de la dépense de la Régie de
l'assurance-maladie.
Cette approche n'a pas été réalisée par le
gouvernement, mais elle est en voie plutôt - c'est la décision que
nous avons prise - d'être discutée plus largement à compter
du mois prochain, je présume - quelque part en janvier, février -
sous la coupe du ministre de la Santé. Il y aura une consultation plus
large de tous les intéressés sur les modes de financement de la
santé au Québec. Alors, évidemment, dans l'attente de ces
autres décisions, nous avions décidé de surseoir à
cette décision que j'avais par ailleurs annoncée en mars
dernier.
Ça termine mes remarques d'introduction, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Très bien, M. le
ministre. C'était dans le temps qui vous était alloué.
Alors, Mme la députée de Taillon et présidente de la
commission des affaires sociales.
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Alors, merci, M. le Président. On se retrouve,
encore une fois, devant un exercice auquel on est conviés
périodiquement. Au-delà de la présentation que nous a
faite le président du Conseil du trésor, qui est une
présentation poste par poste et qui sera reprise, de toute façon,
si je ne m'abuse, par mes collègues et les collègues aussi du
ministre, selon les thèmes soulevés aux crédits qui
s'ajoutent... Donc, je n'ai pas l'intention d'aller nécessairement dans
chacun des éléments puisque ce sera repris dans les discussions
éventuelles, si ce n'est que de soulever - j'aimerais bien que le
ministre puisse m'expliquer comment cela est possible - le fait qu'au Revenu on
nous dit que c'est une somme de 42 000 000 $ qui s'ajoute en crédits
supplémentaires. On nous l'a expliqué par le fait qu'on a
harmonisé ou qu'on a ajouté la TVQ, d'abord sur les produits,
éventuellement sur les services, et qu'on avait dû réviser
les systèmes. Je peux très bien le comprendre.
Mais, cela étant dit, on le savait déjà au budget
du printemps dernier lorsqu'on a fait la présentation du budget, donc
des revenus et des dépenses, donc des crédits. On aurait dû
prévoir, à ce moment-là, les coûts reliés au
système. Alors, ça m'étonne un peu qu'en milieu
d'année, surtout dans un ministère aussi administratif,
finalement, on n'ait pas pu prévoir déjà le coût de
telles modifications au système. Ce ne sont pas des coûts de
l'ordre de 5 000 000 $ ou 3 000 000 $. Ce ne sont pas des ajustements mineurs.
C'est quand même assez majeur, c'est 42 000 000 $. Alors, j'imagine que
le président du Conseil du trésor pourra nous apporter un certain
nombre d'éléments nous permettant d'éclaircir cette
question-là. Il pourra nous expliquer comment il se fait que ça
arrive à ce moment-ci alors que, normalement, c'aurait dû
être prévu.
Cela étant dit, l'étude des crédits
supplémentaires - ce à quoi nous sommes invités
actuellement, M. le Président - est souvent une occasion de faire le
point sur la situation générale et d'essayer de regarder un peu
c'est quoi, la stratégie gouvernementale en matière de
dépenses. Des crédits, ça veut essentiellement dire: ce
qu'on va dépenser pour rendre disponibles un certain nombre de services
à nos concitoyens et nos concitoyennes.
Je relevais des points de vue ou des analyses qui avaient
été faites au moment du dépôt du budget, au
printemps 1991. En avril, on disait ceci: "Québec ressert le
contrôle des dépenses de tous les ministères."
Déjà, à l'époque, on annonçait: "Le
président du Conseil du trésor a rendu public hier le contenu
d'une décision prise au Conseil des ministres. Elle s'applique à
compter de cette date pour toute l'année financière 1991-1992. Le
gouvernement a déjà eu recours à des mesures semblables,
mais en fin de parcours, quelques mois avant la fin de l'année
financière, pour redresser la courbe de ses dépenses afin de les
maintenir dans les limites de ses prévisions". Je termine la citation.
(20 h 30)
Le journaliste s'étonnait du fait que, dans le cas
présent, ce n'était pas à la fin de l'année
financière. C'était au début de l'année
financière que, déjà, on prévoyait des mesures
drastiques de contrôle. On allait aussi loin, et je recite l'article qui
est extrait du Devoir du 25 avril, sous la plume de Michel Venne:
"L'embauche d'employés occasionnels, l'octroi de toute nouvelle
subvention et tout engagement contractuel de 10 000 $ et plus devront, par
ailleurs, être soumis à l'autorisation préalable du Conseil
du trésor." On identifiait des ministères en particulier:
l'Éducation, l'Enseignement supérieur, la Santé et les
Services sociaux qui devaient prendre tous les moyens nécessaires pour
réduire les dépenses prévues dans leurs réseaux.
Ators, on a ça dès le dépôt du budget, en avril. Le
président du Conseil du trésor annonce qu'on devra resserrer les
dépenses. Nous sommes huit mois plus tard, finalement, et il nous
annonce qu'il y a des dépassements significatifs, majeurs, très
importants qui seront compensés, d'autre part, j'en conviens. On
n'additionnera pas l'annonce des crédits supplémentaires que nous
avons eue cette semaine aux crédits prévus, bien sûr, parce
qu'on va comprimer, d'autre part.
Évidemment, on se retrouve encore une fois avec une demande
à l'égard de l'ensemble de l'appareil public surtout et
peut-être moins parapublic. On dit: "Québec gèle ses
dépenses pour freiner son déficit." Je pourrais reprendre les
éléments d'analyse qui sont présentés par les
journalistes qui sont des observateurs critiques de la scène politique,
mais là nous sommes le 5 décembre 1991. Ce serait une copie
conforme de ce qui s'est dit en avril 1991.
Alors, je voudrais savoir, de la part du ministre, d'abord: Les mesures
qu'il avait prévues pour comprimer les dépenses, quels effets ces
mesures ont-elles eus, effectivement, sur l'appareil? Quel a été
le résultat? On peut constater un certain nombre
d'éléments dans la Synthèse des opérations
financières, mais je veux qu'il m'en parle d'une façon plus
concrète et plus précise. Actuellement, je veux qu'il signifie
aussi la raison qui a fait que les mesures de compression n'auraient pas
été suffisantes, puisque, encore une fois, on imprime à
l'appareil une autre série de mesures qui ont été
annoncées, d'ailleurs, si je ne m'abuse, aux sous-ministres qui sont
concernés dans l'appareil.
Là, on parle actuellement de l'ordre de... de presque 400 000 000
$, si je ne m'abuse. Alors, j'aimerais qu'on me fasse un portrait un petit peu
plus complet de l'effet des mesures qu'on a choisies, de leur effet réel
en termes budgétai-
res. Qu'est-ce qu'on a réellement comprimé? Qu'est-ce
qu'on demande à nouveau à l'appareil? Cela aura quoi comme impact
sur l'ensemble des finances publiques?
Je voudrais revenir aussi plus globalement sur les crédits, le
livre des crédits tel qu'il a été déposé,
toujours au moment de la fin de l'année financière, au
début de la nouvelle année financière. Donc, le budget
1991-1992 où on rend publique, à ce moment-là, une
série de documents, dont le livre des crédits. Dans le livre des
crédits, on essaie d'identifier les grandes variables auxquelles on
confronte les dépenses de l'État. Ça veut dire, par
exemple, quel sera l'indice des prix à la consommation? Quel sera son
taux? Comment la croissance des dépenses se situera par rapport à
cela?
On nous dit quelle est la prévision en termes de croissance de la
richesse. Le produit national brut va augmenter de combien? Le produit
intérieur brut va augmenter de combien? En comparaison, les
dépenses du gouvernement vont-elles augmenter au même rythme, ne
nous appauvrissant pas collectivement, ou vont-elles augmenter à un
rythme plus élevé? La Synthèse des opérations
financières qui a été présentée en 1991 nous
indique que le total des dépenses budgétaires croîtrait
à un rythme annuel de l'ordre de 8,1 %. Ça, ce sont les
prévisions révisées par rapport au budget
présenté en 1991-1992, au discours sur le budget. Ça, on
l'avait révisé en cours d'année. Mais, au 30 septembre, et
toujours dans les opérations financières, c'est un bond de 1 %
auquel on se réfère, puisqu'on parle de 9,1 %, en termes de
variation.
Si je regarde les derniers indices financiers tels que
présentés par les analystes du Mouvement Desjardins, ce qu'on
prévoit, c'est qu'il y ait une baisse du produit intérieur brut
de l'ordre de 1,6 %. Évidemment, on est dans l'ordre des
prévisions et ça pourrait se corriger, mais, que je sache et
compte tenu du rythme qu'a la reprise, je ne crois pas que ça aura un
effet très significatif pour les mois qui viennent. Ça, ce sont
des prévisions qui sont tirées de l'analyse économique de
novembre 1991. Alors, imaginons qu'ils n'avaient pas en main tous les chiffres
ou tous les derniers éléments, mais il reste qu'on peut imaginer
que ce sera autour de cette réalité-là. Évidemment,
quand on parle de la croissance du budget, on ne l'a pas dégonflé
de l'inflation, mais, finalement, on restera encore beaucoup au-dessus de la
croissance réelle de notre richesse collective.
Le président du Conseil du trésor, qui est d'abord et
avant tout le principal contrôleur des dépenses du gouvernement,
devrait être capable, à ce moment-ci, de nous dire comment ont
évolué - et c'est à ça que je faisais
référence quand je parlais de stratégie de la part du
gouvernement - les dépenses en regard des indices généraux
que l'on utilise pour évaluer la santé financière de notre
économie. Et est-ce que nos dépenses ont crû davantage que
la richesse collective? Parce qu'à ce moment-là on se trouve
devant un problème majeur, M. le Président, on va en convenir,
qui a été, d'ailleurs, fort largement dénoncé par
nos amis d'en face à moult reprises, à une certaine
époque.
Je vais terminer parce que je veux que, d'abord, le ministre
réponde à ces questions-là. J'ai un certain nombre
d'autres questions à lui soulever, qui sont d'ordre peut-être plus
technique, sur les dépenses qui sont devant nous. Je vais terminer en
lui citant un autre article produit par le journaliste, M. Lessard, en fin de
semaine dernière, et qui disait: "A-t-on manqué de courage
à une certaine époque? C'est facile de refaire la partie une fois
qu'elle est jouée. Si on avait fait alors des choix différents,
il est probable qu'il y aurait eu une diminution de dépenses,
résumait ces jours-ci M. Gobeil. Avec toujours le même credo, ce
dernier maintient qu'un gouvernement doit profiter des périodes fastes
pour engranger en prévision des années de vaches maigres, ce que
n'a visiblement pas fait le gouvernement Bourassa." Nous sommes en
années de vaches maigres, comment réussit-on à se sortir,
effectivement, de cette mauvaise passe sans que ce soit toujours le
contribuable, nos concitoyens et nos concitoyennes qui ne soient
pénalisés, et ceux de l'avenir aussi, parce qu'on
détériore notre situation sur les marchés en termes
financiers? Alors, aux questions plus précises que j'ai
soulevées, d'abord sur le revenu, et sur la comparaison, sur les
crédits périmés, quel est le résultat net,
réel à ce moment-ci? qu'est-ce qui a fait défaut?
qu'est-ce qui a fonctionné? et comparer la croissance des
dépenses avec les grands indices concernant notre économie.
Le Président (M. Bissonnet): Merci beaucoup, Mme la
députée de Taillon. M. le président du Conseil du
trésor.
Discussion générale Rythme de croissance
des dépenses de l'État
M. Johnson: Oui, M. le Président, beaucoup de questions
spécifiques, je me permets de les mettre en contexte. Nous traversons
une conjoncture de baisse économique, de décroissance en termes
nets, d'ailleurs prévue au discours sur le budget, qui s'avère
beaucoup plus sévère que prévu. Je répète
que la structure même de nos dépenses fait en sorte que ces
mécaniques, si nous sommes en période de basse conjoncture, donc
si le produit intérieur brut des Québécois ne croît
pas comme il devrait ou certainement beaucoup moins rapidement que ce qui
était prévu, nos dépenses augmentent. C'est un effet assez
pervers, là. J'ai cru comprendre que la députée souhaitait
qu'on se maintienne toujours - c'est toujours souhaitable, je veux bien
le croire et on a le même objectif, appelons les choses par leur
nom - qu'on souhaite, évidemment, que les dépenses publiques ne
croissent pas, d'une année à l'autre, plus rapidement qu'un
certain pourcentage de notre croissance économique. Il n'en reste pas
moins que la conjoncture elle-même, par des hausses de clientèles
à certains postes, par l'utilisation massive de certains services
publics, par des imprévus que j'ai expliqués, par des
décisions gouvernementales, en l'occurrence, par exemple, sur la
contribution en santé, le financement de la santé, ça
s'additionne et elles vont toutes, ces mesures, dans le même sens
d'augmenter les effets, je dirais, de hausse de dépenses. (20 h 40)
Je veux rappeler à la députée que ce qui est en
cause ici, je le répète, c'est une détérioration de
l'économie, ou alors un ralentissement, ou alors un défaut pour
l'économie de redécoller qui n'a été prévu
par absolument personne. Moi aussi, je me souviens d'avoir vu et le
trésorier et le président américains déclarer que
la récession était terminée. Le ministre des Finances du
Canada a fait la même chose. À peu près tous les ministres
des Finances des provinces canadiennes ont fait la même chose. Je ne
crois pas que nous ayons échappé à l'interprétation
que tout le monde a faite de certaines données techniques qui
étaient disponibles à la fin de l'été. On pouvait
croire, à ce moment, que la récession avait pris fin. Je pense
qu'on peut le dire, c'est une réalité qui était mesurable
à ce moment-là. Tout le monde a interprété tous les
mêmes chiffres dans le même sens. Ça s'est
avéré inexact. Il s'est avéré que, je vais donner
un chiffre intéressant à la députée, l'effet
conjoncturel sur les dépenses a été de plus de 800 000 000
$ cette année. J'oserais affirmer qu'on croyait que cet effet pourrait
être de 500 000 000 $ ou 550 000 000 $, il a été de plus de
800 000 000 $. Alors, je viens d'expliquer, par la conjoncture, 250 000 000 $,
ça monte vite; ça monte très très vite. C'est ce
qui est en cause.
Je ne dispute pas les prétentions de ceux qui disent qu'on doit
engranger lorsque ça va bien pour pouvoir rencontrer des
difficultés passagères comme celles que nous traversons tous. La
réalité est que nous avons engrangé le plus possible dans
des circonstances où le service de la dette était encore de 6 000
000 000 $ par année, dans un contexte où, au seul titre du solde
des opérations courantes, donc les emprunts effectués pour payer
l'épicerie avant que nous n'arrivions en 1985, c'était de 15 103
800 000 $, 15 000 000 000 $. Il y en a pour à peu près 30 000 000
$ tous les lundis matin pour payer l'intérêt sur la dette
contractée par nos prédécesseurs pour payer les
dépenses courantes. Ce que je peux vous dire, c'est les chiffres,
ça ne ment pas. Ils sont tellement évidents, ils sont absolument
lumineux. Ce sont des gros gros montants, ce sont des très gros
montants. Là, je viens de vous donner les chiffres des besoins
financiers nets, la vraie vraie mesure; le déficit des opérations
courantes, 12 900 000 000 $, et les besoins financiers nets, 15 000 000 000 $.
C'est énorme. C'est énorme et ça fait un trou
considérable dans les finances publiques, un trou qu'on tente de combler
rapidement, mais qui, par la force des choses, perdure un certain temps.
Nous avons, quant à nous, diminué constamment ce recours
à l'emprunt pour payer les dépenses courantes de plus de 2 000
000 000 $, 2 500 000 000 $ que ça pouvait être lorsque nous sommes
arrivés. Ce solde, ce déficit des opérations courantes
s'est chiffré à 1 700 000 000 $ la première année
de notre administration, à 1 200 000 000 $ l'année suivante, 309
000 000 $ l'année d'après, 430 000 000 $ l'année
d'après et, là, la conjoncture, évidemment, fait ses
effets. Mais on remarque tout de suite que, même en empruntant une
tendance à la baisse pour ce déficit des opérations
courantes, nous avons été condamnés à emprunter
près de 4 000 000 000 $ en quatre ans à ce seul titre pour en
mettre par-dessus les 13 000 000 000 $ dont nous avions hérité.
On ne peut rien faire. Si on augmente de 30 % le service de la dette pour des
opérations courantes, ça gruge, ça hypothèque,
ça grève; à ça on n'y peut rien. Nous faisons, par
ailleurs, tout ce qui est possible de faire pour réduire cette
dépendance que nous avons sur les emprunts pour financer nos
dépenses. Mais je répète que la conjoncture frappe tout le
monde et que je suis moins inquiet que je n'aurais été
d'affronter la conjoncture à ce moment-ci, dans les circonstances
financières que nous avons pu réaliser, par opposition à
celles dont nous avons hérité.
Je ne crois pas qu'on doive pénaliser les
bénéficiaires d'aide sociale pour réduire les
dépenses. Je ne crois pas qu'on doive pénaliser les
étudiants dans des circonstances économiques difficiles, qui
choisissent de rester aux études, qui ont recours aux prêts et
bourses. Il y en a pour 40 000 000 $ de plus à l'Enseignement
supérieur à ce seul titre. Je ne crois pas que c'est sur le dos
de ces gens-là qu'on doive réaliser des économies en
période de basse conjoncture si les effets conjoncturels sont de 250 000
000 $ ou 260 000 000 $ de plus qu'il n'était prévu.
Alors, à ce moment-là, les dépenses augmentent
quelque peu. On tente d'en réduire le rythme de croissance. Le
député a utilisé les 8,5 % qu'on retrouvait à la
dernière page de la synthèse des opérations
financières. Il faut regarder sur une base comparable, en réel.
Si on ne fait pas attention aux engagements préalables, aux frais qui
ont été payés dans une année financière
plutôt que dans l'autre, aux anticipations de dépenses et autres,
je dirais, corrections comptables, même si on ne fait pas attention, on
arrive à 8,1 %. Mais la réalité signée par le
sous-ministre des Finances, c'est plutôt 7,5 %, ce qui est
évidemment supérieur de 3 % à l'inflation, excluant la
TPS. Parce que l'effet TPS existe dans l'économie, mais il n'existe pas
pour le gouvernement, comme tel. Ce qui explique une croissance des
dépenses d'environ 3 % plus élevée que l'inflation et,
évidemment, considérablement plus élevée que le
PIB. On est en période de décroissance économique et la
structure de nos dépenses fait augmenter nos dépenses. le
président (m. bissonnet): merci, m. le président du conseil du
trésor. alors, nous établissons un dialogue. vous posez des
questions, vous répondez, il n'y a pas de problème. mme la
députée de taillon.
Mme Marois: Je vous remercie, M. le Président. Le ministre
répond à moitié à mes questions en essayant
toujours de retourner sur le passé, puis de faire le procès des
gouvernements qui ont précédé le sien. Bon! Alors,
j'aimerais mieux qu'il me réponde sur ce que fait son gouvernement parce
que, actuellement, à ce que je sache, il est au pouvoir et c'est eux qui
sont responsables devant le peuple de dire à quoi sert l'argent que l'on
va récolter par les impôts et comment, surtout, on le gère.
Et si l'on veut regarder le passé, on va le regarder ensemble, et je
vais même utiliser les chiffres que le ministre, président du
Conseil du trésor, lui-même nous a déposés au moment
du discours sur le budget. On va en faire des comparaisons, puisqu'à
chaque fois il faut nous ramener à ça. Il me semblait que j'avais
été, à cet égard, assez prudente dans l'ensemble de
mes questions pour faire en sorte que - j'ose l'espérer à ce
moment-ci - le ministre allait répondre à mes questions et non
pas revenir avec les sempiternelles rengaines concernant le passé.
Alors, on va regarder les courbes. On peut en regarder une, ici,
à la page 27 du livre des crédits du budget 1991-1992, qui nous
montre très clairement comment ont évolué les
dépenses en longue période, en prenant l'année 1980-1981
jusqu'à l'année 1991-1992. On voit très bien que les
dépenses se situaient essentiellement à la hauteur de l'IPC et de
la croissance du PIB. On voit très bien que, quand arrive le
gouvernement, il y a une distorsion. Les dépenses suivent la ligne du
PIB, effectivement, mais sont en deçà, sont au-dessus de la ligne
de l'inflation. On voit la ligne, ici, des dépenses et on pourrait
tracer ici la ligne de l'inflation. Alors, maintenant, ça, c'est une
chose. Je ne veux pas revenir sur ça parce que je trouve qu'on ne fait
pas la tâche pour laquelle on nous a confié un mandat. C'est de
regarder les finances à l'heure actuelle avec la stratégie du
gouvernement à l'égard des compressions, à l'égard
des choix budgétaires. Quand le président du Conseil du
trésor me dit: Bien, écoutez, la députée s'est
trompée, là. ce n'est pas 8,1 %, c'est 7,5 %. Effectivement, je
l'avais vue, la note. Je l'avais vue. Elle est en tout petit, en bas du budget,
des crédits, en tout petit, sur base comparable, c'est-à-dire en
tenant compte principalement... Bon. On nous donne l'explication et on nous
ramène le taux de croissance, effectivement, à 7,5 %. Le moins
qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas toujours à l'évidence,
immédiatement constatable, hein? Bon. Le ministre le dit un petit peu
plus loin, dans un paragraphe plus explicatif, sauf que, quand on regarde le
tableau, on regarde 8,1 %. Je conviens que c'est 7,5 %, mais il l'a dit
lui-même, ça reste quand même 3 % au-dessus de l'IPC. C'est
lui-même qui m'a donné cette information; en regard de l'IPC,
c'est 3 % au-dessus. Alors, ça reste encore nettement trop
élevé, on va en convenir. (20 h 50)
D'ailleurs, puisqu'il faut lui rappeler sa stratégie, il me l'a
dit encore une fois, dernièrement, lorsqu'on a eu un débat ici,
M. le Président, et j'aimerais ça qu'il me le redise, l'objectif
du gouvernement, c'était de ne pas être à plus de 1 %
au-dessus de l'IPC, et là, on est trois fois au-dessus de l'objectif
qu'il s'était fixé. Trois fois 1 %, on est 3 % au-dessus de
l'IPC. C'était ça, l'objectif du ministre, président du
Conseil du trésor. Maintenant, par rapport au PIB, il n'a pas osé
en parler et faire le calcul, mais c'est dramatique par rapport à la
croissance réelle.
Cela étant dit, la question du revenu: Comment se fait-il qu'on
n'avait pas prévu, au départ, les modifications
nécessaires au système, à moins qu'il n'y ait une autre
explication pour nous dire à quoi serviront les 40 000 000 $ qui sont
prévus aux crédits supplémentaires? Combien de
crédits, dans les faits, aura-t-on périmés? Où les
aura-t-on périmés? Est-ce que la stratégie initiale aux
synthèses des opérations financières - toujours celles,
évidemment, du 30 septembre... Aux synthèses des
opérations financières, on retrouve environ 400 000 000 $... 515
000 000 $. Est-ce que c'est vraiment ce qu'aura périmé le
gouvernement et est-ce que la stratégie de départ a
été efficace ou pas?
Je vais ramener ça à une autre question, M. le
Président. Là, je ramène le ministre, président du
Conseil du trésor, toujours au tableau de la page 13, la Synthèse
des opérations financières, où je regarde où on
périme les réductions de dépenses, etc. Alors, c'est
combien, finalement? Est-ce que c'est la somme qui est là? Est-ce que
c'est davantage? Est-ce que c'est moins? Est-ce que les mesures prévues
au discours sur le budget ont été efficaces, n'ont pas
été efficaces? Est-ce qu'on a dû réintervenir
à ce moment-ci parce que ce n'était pas efficace?
Je vais mettre ça en regard d'une autre prétention qu'a le
premier haut fonctionnaire du gouvernement, M. Morin, qui, lors d'une
intervention publique - je me suis demandé si c'était
le Conseil du trésor ou le gouvernement qui l'envoyait faire un
certain nombre de tests sur la place publique - nous a dit: "Nous sommes
capables, avec une série de mesures qu'on a identifiées, de
comprimer pour environ 1 000 000 000 $ de dépenses par année."
Ça, c'est il y a à peine quelques jours. M. Morin a fait valoir
ce point de vue.
Alors qu'on est en situation où le ministre, président du
Conseil du trésor, devrait être absolument acharné à
réduire les dépenses de l'État, de combien, dans les
faits, les réduira-t-il? Combien périmera-t-il de crédits
périmés? Il y a des gens qui nous écoutent et qui doivent
bien se demander ce que ça mange en hiver. Périmé, cela
veut dire des dépenses qui étaient prévues et qu'on n'a
pas faites parce qu'il y a eu des retards dans les programmes, parce qu'on a
des gens qu'on devait embaucher et qu'on n'a pas embauchés, pour toutes
sortes de raisons parfois que l'on peut contrôler et, d'autres fois, qui
sont incontrôlables. Généralement, la notion de
"périmé" voulait dire que c'était plutôt
incontrôlable, mais là, maintenant, c'est devenu plutôt une
affaire contrôlée.
Alors, combien? Est-ce qu'il peut affirmer, comme le fait actuellement
le secrétaire général du gouvernement, M. Morin, que ce
sera facilement possible d'atteindre 1 000 000 000 $ de compressions pour
l'année à venir? C'est de ça qu'on parle dans les
prétentions, c'est-à-dire que c'est ça qu'on dit, c'est ce
que prétend le secrétaire du gouvernement. Alors, je me dis que,
comme le président du Conseil du trésor est celui qui a la
responsabilité du contrôle des dépenses, c'est le premier
à être capable de me dire: Oui, tout à fait, et nous allons
atteindre cet objectif, alors que cette année ça ne semble pas
être le cas en tout cas.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil...
Mme Marois: Et je ne veux pas qu'on oublie ma question sur le
Revenu parce que...
M. Johnson: Non, non, c'est correct.
Mme Marois: Peut-être que vous l'aviez oubliée, tout
à l'heure, là, mais je ne veux pas qu'on l'oublie.
M. Johnson: Oui, avec mes excuses.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. le président
du Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, avec mes excuses pour cet oubli. La question
s'est perdue dans toutes les autres démonstrations que la
députée a faites en même temps que la question qu'elle
posait. 42 000 000 $ de plus que ce qu'on croyait, à l'époque. Je
ne peux rien dire de plus. là. sinon que c'est majeur comme installation
de systèmes de toute nature au ministère du Revenu,
l'administration de la perception de milliards et de milliards de dollars de 37
ou 38 sources fiscales différentes, de mémoire. Nous avions
à l'époque, là - ne m'en tenez pas rigueur si c'est
inexact, à l'examen - une prévision de 15 000 000 $ à 17
000 000 $ pour la réfection des systèmes, compte tenu de
l'harmonisation à la TPS que notre système de perception de la
TVQ pouvait amener. Il s'est avéré, à ce moment-là,
que les informations - parce que ça bougeait très vite,
ça, on se comprend, là - que nous avions, à
l'époque, étaient incomplètes, de toute
évidence.
Les 42 000 000 $ sont donc un ajout considérable, je veux bien le
reconnaître. Il faut savoir qu'une portion de ces dépenses est
attribuable, néanmoins, à des changements de systèmes dans
le cadre de l'harmonisation avec la TPS et notre administration de la TPS
attribuable à des dépenses pour lesquelles le gouvernement
fédéral aura à nous dédommager, donc, à
effectuer des remboursements. Alors, ce n'est pas aussi dramatique que
ça au net, mais le chiffre de 42 000 000 $ est substantiel, je le
reconnais volontiers.
Quelques démonstrations, toujours les mêmes, de la
députée... Et moi aussi, je vais reprendre la page 27 du livre
des crédits et les explications qu'on y retrouvait. La
députée semble bien accrochée au fait que la courbe des
dépenses suit celle de l'inflation pendant de nombreuses années
et s'en décroche lorsque nous arrivons au pouvoir. J'aimerais qu'elle
regarde le tableau au complet pour remarquer que ce qu'il y a d'absolument
lumineux, éclatant dans ce tableau, c'est que, à compter de
1986-1987, la croissance des dépenses est largement en dessous de la
croissance du produit intérieur brut. Donc, ce qu'il est important de
regarder, c'est l'effet cumulatif de marge de manoeuvre qui se dégage
entre le niveau des dépenses en croissance, exprimé en
pourcentage, et la croissance de l'économie. C'est ça,
l'engrangement. C'est ça qui permet de rencontrer une conjoncture plus
difficile. C'est ça qu'était notre politique: de maintenir,
contrairement à ce qui se faisait avant que nous arrivions, les
dépenses publiques, en taux de croissance, en deçà - et
non pas au-delà - de la croissance du produit intérieur brut,
même si - de toute évidence, dans certains cas - ça
dépasse l'inflation. Je dirais que la croissance des dépenses et
le taux d'inflation n'ont presque aucun rapport l'un avec l'autre. Ce qu'il est
important de savoir, c'est quel est le pourcentage de l'économie qui est
exproprié, entre guillemets, par les services publics. Combien en
laisse-t-on au secteur privé plutôt que combien en prend-on au
secteur privé, quel que soit le taux d'inflation? C'est ça qui
est central à la politique gouvernementale des dépenses que nous
poursuivons.
Je regrette, mais on devra toujours revenir... Tant et aussi longtemps
qu'on n'aura pas atteint un solde budgétaire cumulatif nul à
l'égard des déficits des opérations courantes, on devra
regarder l'histoire financière du Québec et constater qu'il y a
eu une explosion d'emprunts pour payer l'épicerie pendant les huit ans
que le député de L'Assomption a été ministre des
Finances. On n'en sort pas. Le ministre des Finances d'alors, le gouvernement
d'alors, ces gens-là étaient solidaires, il n'y a aucun doute.
Aujourd'hui, c'est moins clair, mais ils l'étaient à
l'époque. Toutes ces décisions gouvernementales, pendant huit ou
dix ans, ont fait en sorte - et c'est absolument éclatant quand on
regarde les tableaux qui sont publiés - que les citoyens recevaient en
services publics plus que la somme des impôts qu'ils payaient. (21
heures)
C'est absolument extraordinaire: faire croire au monde, les acheter avec
leur propre argent en empruntant. La structure des dépenses, des
équilibres financiers faisait en sorte que, compte tenu de l'excellente
situation financière qui existait au Québec lorsque ces gens sont
arrivés au pouvoir, ils pouvaient emprunter facilement sur le
crédit du Québec et donner des services publics d'une valeur
supérieure aux impôts collectés. C'est extraordinaire,
ça! Mais le prix qu'on paie à un moment donné pour cette
irresponsabilité fiscale là, c'est qu'on doit percevoir des
impôts d'un montant tel qu'après avoir pourvu au service de la
dette, il en reste moins pour les services publics et là on est
obligé, littéralement, et c'est la situation dans laquelle on est
au Canada puis au Québec. On est obligé de percevoir, disons,
1000 $ d'impôt, on emprunte un autre montant de 200 $ ou à peu
près, c'est la situation au Canada, pour équilibrer les comptes
et, de ces 1200 $ de recettes, emprunt plus impôt, on en dépense
900 $ pour les services publics et 300 $ pour le service de la dette. Alors,
les gens paient 1000 $ d'impôt, puis ils reçoivent 900 $ de
services publics. C'est la situation dans laquelle on est à cause du
service de la dette. On ne peut pas dire: Arrêtez de nous parler de
ça. C'est central! C'est une balloune d'à peu près 50 000
000 000 $, les emprunts publics au Québec, dont plus de 20 000 000 000 $
parce qu'on a emprunté pour payer l'épicerie. C'est dans nos
états financiers. On ne peut pas faire semblant, quand même que la
députée de Taillon insistait pendant des lustres, on ne peut pas
faire semblant que la réalité va s'en aller ou qu'elle n'existe
pas. C'est dans cette situation-là qu'on est.
Alors on essaie de manoeuvrer sans taper sur la tête des
bénéficiaires d'aide sociale, sans taper sur le
développement régional, sans sabrer plus qu'il ne faut dans les
services de santé, mais on doit remettre en cause toute la dynamique de
croissance des finances publiques. Et c'est ce que M. Morin veut dire II
l'exprime et je l'exprime, et je l'ai toujours dit et la plupart des gens ici
l'ont toujours dit, il faut remettre en cause la dynamique, l'ampleur des
services publics. Il faut arrêter d'essayer de couper à la petite
semaine, à droite puis à gauche, à coups de 50 $ ici, puis
50 $ la, ça ne marche pas. Il faut remettre en cause la dynamique des
finances publiques. Et une des façons de le faire, c'est de donner des
signaux comme on l'a refait encore la semaine dernière. C'a
été annoncé aujourd'hui, à tous les niveaux, dans
les postes d'activités de tous les ministères. Dépenser le
moins possible avec un rendement - je dis en terminant - qu'on escompte, pour
l'année, de 684 500 000 $. Je reconstitue, d'après les chiffres
qui sont devant nous pour le bénéfice de la
députée, qu'au dépôt du livre des crédits, on
anticipait 200 000 000 $ de crédits périmés, que le budget
en a ajouté 178 000 000 $, ça fait 378 000 000 $, que l'objectif
de dépenses a été haussé de 375 000 000 $, donc
c'était en déduction, qu'aujourd'hui on arrive avec 681 500 000 $
de crédits budgétaires. Donc, le total des crédits non
dépensés pour équilibrer les comptes devra être de
684 500 000 $.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le président
du Conseil du trésor. Alors, je vous rappelle qu'il reste neuf minutes
à cet échange et je cède la parole à Mme la
députée de Taillon.
Mme Marois: Le président du Conseil du trésor
préfère toujours se retourner vers le passé plutôt
que de rendre des comptes à ses concitoyens et à ses
concitoyennes maintenant. Et ça lui évite, à ce
moment-là, de répondre aux 11 % de personnes qui sont sans emploi
actuellement et pour lesquelles il n'offre rien comme avenue de solution. Puis
il n'est même pas capable d'expliquer aux membres de cette
Assemblée quelles sont les stratégies qu'il a retenues
effectivement, au-delà de grands chiffres qu'il nous annonce, quelle est
la stratégie qu'il a retenue pour effectivement les comprimer. Ce qu'il
ne nous dit pas non... les dépenses, parce que l'addition qu'il nous a
faite tout à l'heure nous dit qu'en cours d'année il a perdu le
contrôle quelque part pour nous retrouver avec un déficit qui va
être de l'ordre de près de 4 000 000 000 $, puis ça, ce
n'est pas celui de 1976, ce n'est pas celui de 1980, c'est celui de 1991-1992,
puis c'est le ministre qui est devant qui en est responsable et qui doit rendre
des comptes sur cela, M. le Président. Et on a toujours droit à
la même rengaine: toujours regarder le passé.
Rendez des comptes maintenant pour nous dire comment vous les
gérez, les finances publiques, et quelle est votre stratégie. Les
gens en ont effectivement ras-le-bol à tous égards. Quand gronde
la révolte fiscale. La Chambre de commerce du Québec veut une
commission sur les
finances publiques. Il y a actuellement trois comités de travail
sur les finances publiques. Celui qui est présidé par le
Secrétaire général du gouvernement, M. Morin. Lui parle de
1 000 000 000 $ de compressions. Le ministre ne réussit pas à
dépasser les 700 000 000 $, cette année, au moment où il
nous dit que sa stratégie budgétaire a dégagé une
marge de manoeuvre. S'il a dégagé une marge de manoeuvre,
ça devrait avoir de l'effet maintenant. Ça n'en a pas! Ça
n'en a pas parce que, tout en dégageant une marge de manoeuvre, ils
n'ont pas réussi à soutenir la croissance de la richesse
collective, ce qui fait qu'effectivement il y a des hausses de clientèle
à l'aide sociale, malheureusement; on doit tous le déplorer et il
a raison, on ne va pas s'attaquer à ces gens-là qui sont souvent
très mal pris. Bon.
Mais c'est ça, actuellement, la réalité à
laquelle on est confronté. Le ministre ne répond pas. Il y a
trois comités mis en place par son gouvernement: un
présidé par le secrétaire du Conseil exécutif, un
autre présidé par des gens de son parti et un autre
présidé par les députés. Et tout ça
derrière des portes closes, en lançant quelques sondes ici et
là, si on excepte celui du parti, pour voir ce que ça va donner
comme réaction, si on propose un certain nombre de mesures. C'est
ça.
Moi, je pense, M. le Président, qu'à ce moment-ci, compte
tenu que le ministre prend huit minutes pour retourner dans le passé et
deux minutes pour répondre à nos questions, j'aimerais revenir
sur une proposition que j'ai faite déjà au ministre et qui
m'apparaîtrait répondre aux souhaits et aux voeux effectivement de
plusieurs de nos concitoyens et de nos concitoyennes. Qu'on mette les enjeux
clairs. Qu'on les débatte en toute transparence. Et que si les gens, si
la population dit: Oui, je souhaite conserver les acquis dans le secteur de la
santé, dans le secteur des services sociaux ou dans d'autres secteurs,
elle saura ce que cela signifie en termes fiscaux. Elle saura à quoi
elle est confrontée comme choix.
Et cela, c'est demandé pas seulement par nos concitoyens et nos
concitoyennes, mais c'est demandé aussi par des groupes sociaux, par des
groupes économiques, par des gens d'affaires et par des
représentants des travailleurs et des travailleuses. Qu'il y ait de la
transparence. Qu'il y ait un véritable débat public et que cela
cesse de se passer derrière les portes closes. Et que le ministre,
surtout, cesse de retourner en arrière sans être capable de
répondre aux questions précises qu'on lui soulève ici.
Quelle a été sa stratégie au-delà de nous dire: II
y a eu tels chiffres, tels chiffres, tels chiffres. Ce que j'en comprends,
c'est qu'il a mis une pression énorme en début d'année,
que cela n'a pas donné de résultat. Il en a remis une autre en
cours d'année et il est en train d'en remettre une autre à la
fin, enfin, quelques mois avant la fin de l'année financière
parce que, dans les faits, les orientations qu'il choisit, les décisions
qu'il prend n'ont pas de suite.
Et là on va encore nous faire miroiter - et c'est ce que fait
actuellement M. Morin - que pour l'année prochaine on pourra aller vers
des compressions de 1 000 000 000 $. Est-ce que le président du Conseil
du trésor pense que c'est réaliste, imaginable? Est-ce qu'il est
prêt à s'engager à ce qu'il y ait un débat sur les
finances publiques, sur les choix pour notre avenir? Si, effectivement, nous
devons ensemble nous serrer les coudes pour faire en sotte que nous augmentions
davantage notre richesse collective, si on veut maintenir le niveau des
services là où il est, que l'on soit conséquent quant au
choix que cela impliquera pour nous. Mais qu'au moins le débat ait lieu
et pas comme on le fait maintenant, en catimini, derrière les portes
closes.
En terminant, M. le Président, j'aimerais qu'on réconcilie
les chiffres. Une dernière question. Je sais qu'il me reste peu de
temps, même si j'ai voulu entrer sur le débat plus global, parce
que je pense que c'est majeur et qu'il faut y arriver, et rapidement. Et je
n'ai pas l'impression que le gouvernement est sensible à cette
demande-là. Au budget, on prévoyait - bon, c'est ça.
Alors, voilà.
Les prévisions révisées, si on ajoute les
crédits supplémentaires, mais qu'on enlève les
crédits périmés, nos calculs nous amènent à
la somme de 38 764 000 000 $. Nous perdons quelque part dans
l'opération, en regardant la synthèse des opérations
financières, 179 500 000 $, c'est-à-dire un écart par
rapport aux prévisions. Voilà!
Une voix: Au Discours sur le budget.
Mme Marois: Au Discours sur le budget, mais on fait
l'opération, là, quant aux pertes sur placement, les
crédits périmés, les crédits supplémentaires
et les prévisions révisées. Et là, je me situe,
évidemment, à la synthèse financière du 30
septembre. J'aimerais, si le ministre comprend bien ma question...
Le Président (M. Bissonnet): II reste une minute et demie
à cet échange.
Mme Marois: Peut-être est-ce compatible, et peut-être
que c'est vraiment nous qui faisons une mauvaise lecture ou une mauvaise
analyse.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor. Je rappelle à nos deux parlementaires que,
dans une minute, le débat sera terminé.
M. Johnson: ...minute?
Le Président (M. Bissonnet): Une minute.
M. Johnson: Une minute.
Le Président (M. Bissonnet): C'est un ordre de la
Chambre.
M. Johnson: Je réconcilie. Je croyais que j'avais ouvert
la discussion avec ça. On a annoncé, aux crédits, 38 787
000 $; le niveau de dépenses, alors, est de 38 567 000 $, donc des
périmés de 220 000 $. Plus tard, le ministre des Finances s'est
joint à nous en Chambre et a annoncé pour environ 12 000 000 $ de
mesures additionnelles, moins 190 000 $ de périmés additionnels,
178 000 $; un total, donc, si on fait le cumulatif de l'objectif de
dépenses, de 38 389 000 $. Tout récemment, on annonçait un
dépassement de 375 000 $ à cette prévision, pour un
chiffre de 38 764 000 $. Moi, je trouve qu'il ne manque rien,
personnellement.
L'effet de conjoncture est toujours là. Je réponds en
quelques secondes à la députée. L'effet de conjoncture est
toujours là. Le passé est très, très lourd sur les
finances publiques. Ce que nous avons comme stratégie, c'est
d'être cohérents. Être cohérents, ça veut dire
d'arrêter de penser qu'on peut maintenir le niveau des services là
où il est; ce n'est pas possible, de toute évidence. La
cohérence, c'est... En Chambre, moi, je veux bien qu'on soit des
partenaires partout, pour que nos concitoyens limitent leurs appétits.
Mais, aujourd'hui, il y a encore eu des questions de l'Opposition qui demandait
à peu près 25 000 000 $ d'ajouts de crédits. C'est
toujours les mêmes questions, M. le Président, mais il faut
être cohérent.
Le Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à
l'échange entre Mme la députée de Taillon et M. le
président du Conseil du trésor. Nous allons suspendre quelques
instants pour permettre au personnel qui accompagne et le ministre et Mme la
députée de quitter et pour permettre aux autres intervenants de
prendre place avec le personnel qui les accompagne.
Alors, je suspends quelques instants les travaux de cette commission
plénière.
(Suspension de la séance à 21 h 13)
(Reprise à 21 h 18)
Le Président (M. Bissonnet): Alors, bonsoir, mesdames et
messieurs. La commission plénière reprend ses travaux. Nous en
sommes à étudier les crédits supplémentaires n°
1 pour l'exercice financier se terminant le 31 mars 1992.
Conformément à l'ordre de l'Assemblée, il y aura un
échange entre M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et vice-président de la commission
des institutions et M. le ministre de la Santé et des Services sociaux,
pour un temps d'une heure. Alors, ce que la présidence souhaite, c'est
qu'il y ait un débat entre M. le député et M. le ministre
concernant les échanges qui vous intéressent tous les deux.
Alors, M. le ministre de la Santé et des Services sociaux.
Ministère de la Santé et des Services
sociaux Remarques préliminaires
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Nous avons à discuter ou à échanger sur
65 000 000 $, ce sera donc une heure payante pour les usagers de la
santé et des services sociaux. Je sais que, règle
générale, dans ce genre d'échanges, on couvre un certain
nombre de sujets, c'est beaucoup plus large que les crédits
eux-mêmes. Je suis davantage prêt à répondre aux
questions que pourrait me poser le député sur les champs
d'intérêt qui l'intéressent que je suis accompagné
d'un certain nombre de mes fonctionnaires qui pourraient maider à
répondre aux interrogations du député.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre. Alors,
M. le député de Rouyn-Noran-da-Témiscamingue.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Je débuterai,
à la suite des annonces du ministre, en disant que ça va
être beaucoup plus payant que ça puisque ce n'est pas seulement
sur 65 000 000 $ de crédits supplémentaires, car, lorsqu'on
inclut les crédits à la Régie de l'as-surance-maladie du
Québec, il s'agit d'un total de 173 000 000 $ en ajout au budget, aux
crédits qui avaient été prévus le printemps dernier
au ministère de la Santé et des Services sociaux dans le budget
global, dans les crédits globaux de dépenses pour le
Québec.
Je remercie le ministre de préciser, au départ, que ce
serait plus une séance en termes d'échanges, de questions et
réponses. Lui et moi avons au moins 255 heures de pratique suite,
finalement, à l'adoption de la loi 120 sur la réforme de la
santé et des services sociaux, ce qui nous donne déjà un
certain nombre d'éléments sur lesquels, je pense, nous pourrions
revenir ce soir.
Discussion générale Régie de
l'assurance-maladie
À l'intérieur de ces ajouts de 65 000 000 $, proprement au
ministère de la Santé et des Services sociaux, et de 108 000 000
$ à la Régie de l'assurance-maladie du Québec, je
commencerai par cet aspect-là, M. le ministre. 108 000 000 $, donc, qui
sont ajoutés en demande de crédits pour tout le programme de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec. Il me semble que ce n'est
pas une marge à laquelle nous sommes fréquemment habitués
en termes de
crédits supplémentaires, 108 000 000 $ de plus en
décembre pour la fin de l'année à la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Rapidement, quelles sont les causes
principales auxquelles on peut imputer le fait que nous soyons obligés
d'ajouter 108 000 000 $? Est-ce que les Québécois et les
Québécoises sont soudainement beaucoup plus malades et ont
beaucoup plus de fréquentations dans les cabinets de médecins?
Quelle est la raison principale de cet ajout supplémentaire de 108 000
000 $ à la Régie de l'assurance-maladie du Québec?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre de la
Santé et des Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
vous dirai: Mais, parbleu! le député en a perdu la
mémoire, de ces 255 heures de travaux où nous avons
échangé ensemble. Il est en partie responsable, l'une des causes
directes de ces 108 000 000 $, puisqu'il nous faut faire
référence à l'impôt-services qui avait
été escompté à ce moment-là et, compte tenu
du fait qu'il a lui-même insisté pour avoir un débat plus
large sur le financement du système de santé et de services
sociaux, M. le Président, et que nous avons acquiescé à
cette demande, il est par conséquent normal qu'une centaine de millions
additionnels soient rajoutés dans le budget de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec, principalement pour des programmes
complémentaires qui devaient faire l'objet d'un impôt-services et
qui ne l'ont pas été, et auxquels il faut donc pourvoir sur le
plan de leur financement. Pour la majeure partie, donc plus ou moins 103 000
000 $, c'est imputable à l'impôt-services sur les 108 000 000 $, 5
000 000 $ étant pour des services médicaux; sur un budget de plus
ou moins 2 000 000 000 $, ce n'est pas absolument épouvantable.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
M. Trudel: Au premier échange auquel j'ai assisté
à l'Assemblée nationale lorsque j'ai été élu
en 1989, il me semble avoir retrouvé ces mots: Parbleu! a-t-il
oublié? Et de répondre: Mais diantre! combien aviez-vous
budgétisé? Combien aviez-vous budgétisé l'an
passé de revenus de l'impôt-services planifié pour
l'année 1989?
M. Côté (Charlesbourg): 100 000 000 $. M.Trudel:
100 000 000 $? M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Et, dans ce contexte-là, ça veut dire,
pour le ministre de la Santé et des Services sociaux - si, oui, ma
mémoire est très fidèle. Par rapport aux discussions que
nous avons eues sur la loi 120... Le ministre nous dit donc que c'est une
commande qui est remise à plus tard, de ramener les 100 000 000 $ dans
le système à l'aide de différents mécanismes qui
s'appelleront impôt-santé, impôt-services ou d'autres formes
d'imposition. Est-ce que ça demeure une commande au ministre de la
Santé et des Services sociaux?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): ...je sais que le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue anticipe avec
beaucoup de plaisir notre débat sur le financement du système de
la santé et des services sociaux, qu'il est très attiré
par ce débat. J'en connais les grands paramètres, mais le
débat n'aura certainement pas lieu ce soir puisque nous nous convions
à un exercice qu'il a lui-même demandé dans une commission
parlementaire que nous aurons au début de l'année 1992. C'est
donc à ce moment-là que nous discuterons de l'ensemble du
problème. Ce que j'avais dit à l'époque, c'est: Oui,
l'impôt-services est abandonné pour le moment. Il sera à
l'intérieur d'une discussion plus large, plus globale sur le financement
des services de santé et des services sociaux et c'est clair qu'on
l'abordera à ce moment-là.
Le Président (M. Bissonnet): M. le
député.
Financement du système de santé et des
services sociaux
M. Trudel: M. le ministre, de grandes associations, comme
l'Association des hôpitaux du Québec, la Fédération
des CLSC, ont déjà fait connaître un certain nombre de
positions dans le débat, un certain nombre de documents. Il tarde que le
gouvernement, que le ministre de la Santé et des Services sociaux publie
son propre document qui, sauf erreur, avait été assez
formellement promis pour le début de décembre puisque cette
commission... Et j'aimerais en même temps que vous puissiez nous
préciser le moment assez exact où vous pensez convoquer cette
commission parlementaire. Mais surtout à quelle date pouvons-nous
maintenant espérer le dépôt du document de discussion du
gouvernement sur le financement de la santé et des services sociaux,
pour que ce débat-là se fasse en tout éclairage et qu'on
connaisse enfin... Je pense bien qu'on peut avoir une position du gouvernement.
C'est difficile d'en avoir une dans le domaine constitutionnel, mais on va
peut-être en avoir une dans le domaine de la santé et des services
sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
je
comprends l'intérêt du député de
Rouyn-Noran-da-Témiscamingue sur le plan constitutionnel. Il a
été tellement convaincu lui-même qu'il a voulu être
le porteur de flambeau du NPD, on se le rappellera, un parti pancanadien. Donc,
il voulait défendre, il a même défendu les couleurs,
presque élu dans le comté fédéral et, finalement,
tout ça s'est bien réglé puisque nous l'avons avec nous
maintenant et nous préférons l'avoir ici qu'à Ottawa.
Au-delà de tout cela, oui, il va y avoir un document qui sera rendu
public et qui va respecter les échéances, les délais que
nous impartit le règlement quant à la tenue de cette commission
parlementaire que nous voulons toujours tenir fin janvier, début
février. Par conséquent, il ne vous reste pas beaucoup de
semaines à attendre pour que soit rendu public le document sur le
financement.
M. Trudel: Est-ce que le ministre peut s'engager à
déposer ce document avant la fin de la session?
M. Côté (Charlesbourg): Tout est fait pour que les
parlementaires puissent partir en toute quiétude avec une très
bonne lecture, un excellent document que vous pourrez avoir pour lecture
pendant le temps des fêtes, vous inspirant sur l'ensemble de la
problématique.
M. Trudel: Peut-être allons-nous avoir le même genre
de lecture que l'an passé? Parce que l'an passé, nous avions eu
l'avant-projet de loi 120 sur la réforme de la santé et des
services sociaux et, maintenant, nous aurions le document sur le financement de
ce système de santé et des services sociaux. J'espère
qu'on n'aura pas autant de changements, vous l'espérez vous-même,
je l'espère, dans ce document que nous n'en avons eu dans le projet de
loi 120. Quoi qu'il en soit, vous dites qu'avant l'ajournement de la session
nous pourrons compter sur la position gouvernementale dans le débat sur
le financement du système de santé et des services sociaux au
Québec.
D'ores et déjà, est-ce que le ministre peut nous dire,
pour sa part à lui, comme en quelque sorte le défenseur des
citoyens et citoyennes en termes de système de santé et de
services sociaux, s'il se dissocie des choix qui semblent déjà
avoir été faits au niveau du Conseil exécutif ou, enfin,
du comité Morin qui a été mis sur pied par le Conseil
exécutif au niveau des sous-ministres et qui préconisait, pas
plus tard que samedi dernier, un certain nombre de mesures où, par
exemple, on préconisait, comme élément dans le financement
ou dans la restriction des dépenses dans le système de
santé et de services sociaux, la réduction de la couverture pour
un certain nombre de programmes? On mentionnait spécifiquement la
réduction de la couverture des services gratuits, des services dentaires
gratuits pour les enfants, gratuits au sens où c'est assumé par
l'État à même la ponction sur la masse salariale. Est-ce
que le ministre, lui, se dissocie déjà de ces conclusions
préliminaires ou de ces conclusions qui sont faites par les
sous-ministres, par le comité Morin à l'effet de couper la
couverture quant à un certain nombre de services de santé au
Québec, avant ce débat sur le financement lui-même de
l'ensemble du système? (21 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président il y
a une démarche qui est celle des sous-ministres dont le comité a
été présidé par M. Morin, il y a une
démarche des collègues de i'Assemblée nationale qui
rendront publiques un certain nombre de mesures et ça, c'est des
démarches, donc, faites par des sous-ministres, faites par des
collègues députés, et qui font des propositions au
gouvernement.
Que je sache, le rapport Morin n'a pas fait de dépôt public
de ses propositions. Ce que vous avez entre les mains, c'est un document qui a
coulé et qui fait état d'un certain nombre de choses sur
lesquelles le gouvernement aura à prendre des décisions à
un moment x. Quant à nous, nous nous dirigeons vers une commission
parlementaire où on va discuter du financement et, je l'ai dit,
financement ne signifie pas uniquement dépenses, mais signifie
très clairement revenus et dépenses, et, dans la vie, il faut de
temps en temps que les colonnes s'équilibrent. Si les colonnes ne
s'équilibrent pas, on hypothèque la jeunesse et on
hypothèque le futur. Et, dans ce sens-là, le débat viendra
en son temps en commission parlementaire, et les décisions, c'est le
gouvernement qui va les prendre au moment opportun et, très
certainement, un certain nombre de mesures seront dans le prochain budget que
le gouvernement défendra au cours de l'année 1992.
M. Trudel: Pour ne pas dire au ministre que je
m'inquiétais un peu quand je lisais, dans le journal Le Soleil du
29 novembre, une citation de M. Morin, qui présidait le comité,
qui disait, et je cite: "Les ministres ont été informés
des mesures qui seraient proposées dans leur secteur respectif, mais en
étant invités au départ à ne pas intervenir,
à moins que leur sous-ministre ne soit complètement tombé
sur la tête." Êtes-vous intervenu?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai eu l'occasion de
discuter de certaines mesures du comité Morin, bien sûr, comme
c'est mon devoir de ie faire. J'ai effectivement discuté de certaines de
ces mesures, mais dans les endroits appropriés et dans les temps
appropriés.
M. Trudel: Mais semble-t-il que, d'après les conclusions,
de ce qu'on en connaît aujourd'hui, ou vous étiez d'accord avec
ces recommandations de coupures de couvertures ou on n'a pas retenu
votre intervention. Mais je ne veux pas la discuter ici puisque vous
dites: On sera appelés, suite au débat sur les questions de
financement, à trancher, le gouvernement sera appelé à
prendre une position suite à l'éclairage que nous espérons
que nous nous donnerons en commission parlementaire.
M. Côté (Charlesbourg): Mais qu'il soit bien clair
que, quant à moi, cette commission parlementaire ne portera pas
uniquement sur les dépenses. Elle devra aussi porter sur les revenus de
manière très claire et, si d'aucuns interviennent dans un sens
contraire, je vais saisir le temps qu'il m'est donné en commission
parlementaire pour les ramener à l'ordre. Il faut que ces
colonnes-là se balancent pour l'État, et nous sommes à
l'heure de choix, et questionner un certain nombre de choses qu'il nous faudra
questionner, peu importe qui, demain ou après-demain, formera le
gouvernement. C'est une question de finances publiques aussi.
M. Trudel: Très bien. Je voudrais juste noter au passage
là-dessus, en terminant sur cette question du débat sur le
financement, qu'il y a un bon nombre de questions, M. le ministre, qui
apparaissent au feuilleton, des questions écrites. Je voudrais juste
m'assurer que le message soit bien transmis et que nous espérions avoir
les réponses assez rapidement parce qu'il y a un bon nombre de ces
questions qui concernent précisément des informations sur le
débat sur le financement de notre système de santé et de
services sociaux. Je voulais juste rappeler ça à l'occasion de
ces crédits. M. le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
là-dessus, je vais faire l'impossible pour vous fournir les
réponses. D'ailleurs, je ne pense pas que nous soyons un
ministère qui retarde beaucoup, et il n'y a pas de réponse qui
traîne au feuilleton en ce qui nous concerne. On va tenter de le faire
avec diligence et de vous donner l'information comme d'habitude pour être
capables d'avoir un débat très ouvert.
M. Trudel: Vous avez raison, ça ne tarde pas beaucoup
lorsqu'on demande des réponses précises à un certain
nombre de questions et, si on peut avoir la réponse à
celles-là, ce sera encore très précieux pour nous au
niveau du débat.
Conseils d'administration unifiés
Parlons un peu, M. le ministre, maintenant des crédits qui sont
proprement rattachés au ministère de la Santé et des
Services sociaux. Le premier volet, le sous-programme 3... Non. Je pense qu'on
peut les aborder globalement, d'abord, en matière de santé et de
services sociaux. Bon, il y a, évidemment, un bon nombre de
chambardements qui se produisent actuellement, compte tenu de l'adoption du
projet de loi 120. Une question bien claire en matière de calendrier
d'implantation de certains éléments de la réforme et, plus
spécifiquement, la création de nouveaux conseils d'administration
unifiés, la création éventuelle des assemblées
publiques régionales chargées d'élire les membres qui vont
constituer les futures régies régionales... L'autre
élément, c'est la création de ces mêmes
régies régionales, elles-mêmes, suite à la
création de l'assemblée publique régionale. Alors,
j'aimerais avoir un certain nombre de détails sur le calendrier
d'implantation puisque, dans les modifications qui sont actuellement sur la
table, il y a un bon nombre de questions qui se posent quant à
l'échéancier et, surtout, quant au point de chute ou au point
d'arrivée de ces éléments structurels puisque c'est
à peu près cela qu'il nous restait dans le projet de
réforme 120. Où est-ce qu'on en est comme calendrier
d'implantation des modifications structurelles suite à l'adoption de la
loi 120?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, nous
suivons sensiblement le calendrier que nous nous étions fixé.
D'abord, demander aux régies régionales qu'elles nous
transmettent pour le - plus ou moins - 25 octobre leurs propositions quant aux
conseils d'administration unifiés - ce qui a été fait -
donnant au ministère un mois pour analyser chacune des propositions et
retourner, le cas échéant, aux régies régionales
notre acceptation ou notre refus, dans certaines circonstances. Ça aussi
a été très largement fait. Je puis vous dire qu'à
ce moment-ci nous avons reçu 446 propositions venant des régies
régionales, que nous en avons accepté 425. Il y a donc 425
situations qui respectent l'esprit de la loi et la lettre que nous avons
acceptées. Nous avons donc retourné aux régies
régionales 21 cas pour, à nouveau, les faire examiner, dont 5,
dans un premier temps, non conformes sur le plan juridique, et 16 autres cas
qui ne pouvaient être mis en oeuvre avant le déclenchement du
processus de formation des conseils d'administration en janvier 1992.
Donc, on est dans une opération globale où la très
grande majorité des propositions sont conformes à l'esprit et
à la lettre de la loi. Un certain nombre - 35, plus
précisément - nécessiteront un décret
gouvernemental qui, lui, pourrait obtenir l'aval du Conseil des ministres avant
les fêtes. Avant les fêtes, nous serions dans une situation
où l'ensemble de la problématique concernant les conseils
d'administration unifiés serait réglé et on pourrait
passer, dès 1992, aux nominations de présidents, donc ceux qui
assumeront la responsabilité de l'élection des conseils
d'administration. On pourrait être dans une situation - en
février, mars - d'élection de ces conseils d'administration,
donc, enclenchant le processus. La période la plus critique
était
celle qu'on vient de traverser, une période, quand même,
qui appelle... Quand on appelle à l'unification, cela peut aussi appeler
un certain nombre de problèmes qui ont été, pour la
plupart, résolus. D'autres sont encore en échange avec les CRSSS,
mais très peu, comme vous le voyez, en termes d'échanges. (21 h
40)
La nomination des cooptés se compléterait en avril. On se
rappelle qu'on a laissé, dans des conseils d'administration, des places
pour des postes cooptés afin d'avoir le meilleur éventail
possible d'une représentation, au niveau des territoires, des
populations et des groupes. Par la suite, serait enclenchée
l'assemblée régionale. Il fallait d'abord constituer les nouveaux
conseils d'administration, enclencher le processus qui nous mène aux
assemblées régionales et, par conséquent, en juin 1992, se
retrouver avec la formation des conseils d'administration des régies
régionales et à une date x, en septembre ou en octobre, donc le
transfert juridique des responsabilités aux nouvelles régies
régionales. Ce sont les grandes dates qui nous attendent pour 1992. mais
l'échéancier que nous nous étions fixé est
respecté à ce moment-ci, à quelques jours près, et
comme le processus est bien engagé au niveau des conseils
d'administration unifiés, on est dans une situation où le reste
devrait normalement bien se passer. Et ce que je ferai demain, je remettrai au
député une copie de notre calendrier qui pourrait lui être
utile pour suivre tous ces événements.
M. Trudel: Tout à fait. Merci, M. le ministre, de nous
faire parvenir ce calendrier-là. Est-ce que, actuellement, il y a 35 cas
qui demanderaient dérogation, donc décret au Conseil des
ministres?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Trudel: Vous dites la période avant les fêtes. Il
y a 21 autres cas qui ont été retournés dans les
régions, dans les différents CRSSS, pour nouvel avis pour
différentes raisons, soit non-conformité ou non-acceptation de la
solution.
M. Côté (Charlesbourg): et m. caron me signale qu'on
a déjà eu le retour de propositions de la part des conseils
régionaux pour la totalité des 21 qui avaient été
retournés, mais dont je n'ai pas pris connaissance là. il y a
donc de nouvelles propositions qui sont revenues au niveau des conseils
régionaux.
M. Trudel: II y a un certain nombre de cas, en tout cas, qui
m'ont été signalés qui, je pense, sont plus difficiles ou
ont présenté, dans un certain nombre de CRSSS, des cas vraiment
difficiles à trancher et, pour un certain nombre d'intervenants, ces
gens ont eu l'impression de ne pas avoir eu suffisamment d'espace de discussion
dans ce processus avec les CRSSS.
Un des cas, je pense, qui concerne le plus de monde, c'est la
région de Montréal en matière de déficience
intellectuelle. Il y a une dizaine de jours maintenant. Je vous avais
signalé cette difficulté, vous avez été
informé de cette difficulté, tout le problème de la
gestion ou de l'unification des conseils d'administration en matière
d'établissements oeuvrant au niveau de la déficience
intellectuelle sur l'île de Montréal. Le modèle
présenté par le CRSSS du Montréal métropolitain
était grosso modo: pour les établissements juifs, un conseil
d'administration, pour les établissements anglophones, un conseil
d'administration, et un conseil d'administration, si ma mémoire m'est
fidèle, pour 12 établissements, actuellement 12
établissements chez les francophones. Vous aviez dit que ça vous
posait, oui, un bon nombre de questions puisque vous dites qu'il y a une grande
majorité de ces cas qui sont réglés. Qu'en est-il pour
tout le secteur de la déficience intellectuelle sur l'île de
Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, avec
votre permission, comme je n'ai pas suivi au jour le jour et que j'avais
quelques autres préoccupations en parallèle, urgentes, comme vous
le dites si bien, en parallèle, je passerais peut-être la parole
à M. Caron qui pourrait nous donner l'heure juste d'hier ou de ce
matin.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. Caron. Votre
prénom, M. Caron?
M. Caron (Simon): Simon.
Le Président (M. Bissonnet): M. Simon Caron. pour le
ministre de la Santé et des Services sociaux. M. Caron.
M. Caron: Nous avons reçu hier une proposition du conseil
régional de Montréal. Selon cette proposition-là,
l'île de Montréal serait découpée en quatre grands
territoires. Il y aurait l'ouest de Montréal, il y aurait l'est de
Montréal, il y aurait le centre-sud de Montréal et le centre-nord
de Montréal. Et, selon cette proposition, ce seraient des conseils
d'administration unifiés qui regrouperaient un certain nombre
d'établissements pour chacune de ces régions-là, pour
chacune de ces sous-régions comme telles.
M. Trudel: Mais là vous me parlez seulement pour les
francophones?
M. Caron: C'est vrai pour les anglophones également.
M. Trudel: II y aurait quatre sous-régions pour les
anglophones ou quatre conseils d'administration unifiés.
M. Caron: Ne bougez pas. Effectivement, il y aurait un conseil
d'administration unifié pour trois établissements qui oeuvrent
dans l'ouest de Montréal et il y aurait un certain nombre
d'établissements également qui se trouveraient dans l'est de
Montréal, qui se trouvent sous un même conseil d'administration
unifié. Même chose pour les établissements centre-sud,
même chose pour centre-nord. Il y a un seul établissement qui
aurait son propre conseil d'administration, qui serait Miriam, et lui
desservirait l'ensemble de la communauté juive de IHe de Montréal
comme telle, le principe étant que chaque sous-territoire, les
établissements de chaque sous-territoire desserviraient l'ensemble des
clientèles se trouvant sur ce territoire. Et pour l'ouest, par exemple,
de Montréal, pour la communauté anglophone, il y aurait
également une responsabilité de veiller à ce que les
anglophones puissent recevoir les services à la grandeur, je dirais, de
l'île.
Mais pour les territoires qui sont en dehors de l'ouest, notamment l'est
de Montréal, centre-sud et centre-nord, ce seraient les
établissements qui se trouvent sur ces territoires qui desserviraient.
Mais, advenant le cas où les établissements ne dispenseraient
pas, les établissements se trouvant dans l'ouest auraient un mandat de
suppléance. L'inverse s'appliquerait mutatis mutandis,
c'est-à-dire les francophones de l'ouest de Montréal, qui ne
recevraient pas certains services, les établissements francophones
pourraient desservir.
C'est une proposition qui a été agréée, je
dirais, par l'ensemble des artisans du réseau de la santé et des
services sociaux, qui avait été travaillée avec l'ensemble
de la communauté anglophone de Montréal, la communauté
juive, et c'est la proposition que nous avons reçue hier. Nous sommes en
train de l'analyser actuellement au ministère.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. Caron. M. le
député de Rouyn-Noranda-Témis-camingue.
M. Trudel: Ce que vous voulez dire, c'est que ce n'est pas la
proposition qui avait été travaillée par les intervenants,
mais qui a été retravaillée par les intervenants. Bon. Je
ne veux pas faire tout le débat là-dessus ici ce soir. On nous
avait bien assuré, dans la première phase, que le débat
avait bien été fait au niveau de la solution qui avait
été présentée au départ par le CRSSSMM, de
la région de Montréal métropolitain, et il semble donc
qu'on ait changé d'idée en quelque sorte, qu'il y ait de nouveaux
arguments qui ont été invoqués sur
l'impossibilité.
Juste brièvement, vous nous indiquez les motifs principaux qui
ont été invoqués pour à la fois refuser la
proposition et, deuxièmement, les motifs qui ont été
invoqués pour présenter une nouvelle proposition compte tenu des
documents, je pense, que pas mal de personnes ont eus dans le circuit.
L'argumentation était quand même assez serrée sur pourquoi
on devait avoir un seul, par exemple, conseil d'administration unifié
pour tous les établissements en déficience intellectuelle au
niveau de l'île de Montréal, pour les francophones.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. Simon Caron, pour
M. le ministre de la Santé et des Services sociaux. M. Caron.
M. Caron: Je dirais que globalement, M. le député,
c'a été les réactions de la communauté
elle-même. Il y a eu, je dirais, une levée de boucliers
extrêmement importante. On sait que cette proposition qui avait
été faite par le conseil général de Montréal
avait été débattue largement au sein du conseil
d'administration comme tel. Ce n'était pas, je dois le dire, la
proposition originelle qui avait été travaillée d'ailleurs
par, je dirais, les fonctionnaires du conseil régional avec les artisans
qui oeuvrent au niveau de la déficience intellectuelle, si bien que c'a
été une proposition qui a été faite par le conseil
régional, mais où il y avait énormément de
réserves comme telles. À la lumière de cela, le
ministère et le ministre ont demandé de reconsidérer cette
proposition. Et le conseil régional s'est repenché de
façon très sérieuse sur ce qui existait comme tel. Ils ont
débouché sur une proposition. si vous me permettez, m. le
président, je vais juste donner les établissements. tout à
l'heure, je n'avais pas le document dans ma main. si vous voulez, je pourrais
vous donner les établissements qui sont regroupés dans l'ouest de
montréal, et ça va me prendre quelques secondes. les
établissements de l'ouest de montréal, m. le
député, qui seraient regroupés; il y aurait les promotions
sociales taylor-thibaudeau, qui est un établissement; il y aurait
également le centre de réadaptation de l'ouest de l'île;
et, également, le chalet d'enfants primavesi comme tel. trois
établissements qui seraient sous un même conseil d'administration.
vous avez également pour un autre territoire, le centre d'accueil
jean-olivier-chénier et également le centre d'accueil la spirale
qui seraient regroupés sous un même conseil d'administration. vous
auriez pour un autre territoire, les ateliers cap centre de réadaptation
fonctionnelle et d'intégration au travail, et également le centre
d'accueil sénécal, comme tel. et enfin, dans le quatrième
territoire, le centre d'accueil charleroi, centres marroniers, et le centre
d'accueil à la croisée. le cinquième qui est seul, comme
je vous disais tout à l'heure, c'est le centre d'accueil miriam.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue. (21 h 50)
M. Trudel: M. le ministre, maintenant,
CPEJ, Centre de protection de l'enfance et de la jeunesse. La
proposition qui a été présentée au ministère
était sensiblement et probablement encore sensiblement la même qui
avait été présentée dans le cas de la
déficience intellectuelle. Quel est l'état de la situation, quant
au regroupement des établissements et à la formation des conseils
d'administration unifiés, en matière de protection de la
jeunesse, sur l'île de Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il y
a, à ce moment-ci, une acceptation d'un seul conseil. Je l'avais dit
à l'époque, je le dis encore, l'ampleur nous cause quand
même un certain nombre de problèmes. On se rappellera qu'on avait
dit: un anglophone, un francophone, pour ne pas qu'il y ait d'équivoque
quand je dis un seul. Les gens nous ont dit souhaiter que l'on soit dans cette
situation-là parce qu'il était plus facile de se retrouver dans
une situation où, éventuellement, si besoin est, on peut faire
une subdivision, que de faire une subdivision maintenant et de se retrouver
avec un regroupement ultérieurement.
J'ai eu l'occasion de rencontrer des intervenants encore en début
de semaine, sur ce sujet, et nous avons convenu de mettre sur pied un
comité très rapidement, après les fêtes, avec des
gens qui viendront conseiller sur comment on peut gérer un ensemble
aussi important que celui-là et, donc, travailler pour que ce soit une
gestion plus souple, plus acceptable, malgré la taille et la grosseur,
n'éliminant d'aucune manière la possibilité
qu'éventuellement on puisse faire des subdivisions. C'est là que
nous en sommes à ce moment-ci.
M. Trudel: Mais ce que vous me dites, M. le ministre, c'est que
vous acceptez trois conseils d'administration unifiés, trois
établissements en protection de l'enfance, de la jeunesse de l'île
de Montréal. Mais, essentiellement, pour les fins de notre débat,
deux?
M. Côté (Charlesbourg): Deux
M. Trudel: Un pour la communauté anglophone et un pour la
communauté francophone. Mais vous dites que, pour la communauté
francophone en particulier, vous ne savez pas trop comment ils vont administrer
ça.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que ce
que les gens ont souhaité, c'est qu'on puisse mettre sur pied, en
collaboration avec les différents intervenants, que ce soit le CRSSS,
que ce soient le ministère et les intervenants du milieu, puisque le
transfert des responsabilités ne se fera qu'au mois de septembre...
qu'on puisse, d'ici là, mettre des gens au travail pour nous donner des
modèles de gestion, en collaboration avec les intervenants du milieu,
puisque nous partageons chacun certaines appréhensions et que nous
sommes, à ce moment-là, bien conscients qu'il y a du travail
à faire, sur le plan du modèle de gestion qu'on voudra se donner;
par conséquent, on va y travailler au cours de janvier, février
et mars, espérant qu'on puisse trouver une solution le plus rapidement
possible. Avec l'esprit de collaboration des 12, je pense qu'on sera dans une
situation pour trouver un modèle de gestion qui soit acceptable.
M. Trudel: Est-ce qu'on peut affirmer aujourd'hui que
l'acceptation de la proposition du Conseil régional de la santé
et des services sociaux de Montréal métropolitain pour la
protection de l'enfance et de la jeunesse est une acceptation de principe qui,
suite aux discussions, pourrait très bien être remise en question,
puisqu'on discutera de comment gérer cela de façon efficace? Vous
dites: On pourra aussi remettre en question la forme de regroupement que nous
acceptons aujourd'hui. Alors, c'est une acceptation de principe qui pourra
être discutée également, cela.
M. Côté (Charlesbourg): II y a beaucoup d'avantages
à un regroupement. Ça fait un budget global de plus ou moins 140
000 000 $ pour 12 établissements. C'est donc un budget qui est
gérable. On se retrouve avec des établissements qui gèrent
un budget comme celui-là, au niveau des centres hospitaliers de courte
durée, premièrement.
Deuxièmement, il y a, à mon point de vue, des avantages
réels, quant à la complémentarité, à un
regroupement comme celui-là. Évidemment, on est dans une culture
où chacun a été, chez lui, maître de ses budgets, de
ses programmes, et il nous faut développer une culture encore plus
intime que ce que nous connaissons maintenant, sur le plan de la collaboration.
Ce que nous disons, c'est donc une acceptation, oui, de principe, mais une
acceptation réelle, sans fermer de portes futures. Il faut être
réaliste, tenter de trouver le modèle le mieux adapté
à gérer ces choses et ces établissements, mais faire en
sorte qu'on soit dans une situation où le message soit assez clair
aussi. Si c'est oui à un conseil d'administration unifié,
trouvons la meilleure formule possible pour le gérer avec les gens comme
partenaires, mais n'excluons pas une révision éventuelle, si la
démonstration était faite que d'autres structures étaient
mieux adaptées.
M. Trudel: J'appelle ça une adoption de principe, mais
vous avez raison, si vous voulez l'appeler comme cela.
Quelques cas de région, maintenant, M. le ministre. Rapidement,
j'ai eu un nombre d'appels téléphoniques, d'interrogations et
d'échanges assez nombreux avec la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, en particulier. Toujours au niveau de
la déficience intellectuelle, il y a, dans cette région,
un établissement qui s'appelle le CEDAP, qui est une expérience
particulière d'atelier protégé et de
rééducation en matière de déficience
intellectuelle. Tout cela a fait l'objet d'un débat très
vigoureux au Conseil régional de la santé et des services
sociaux. Vigoureux, j'ai cru comprendre assez acrimonieux à certains
égards. Est-ce que, pour la situation Saguenay-Lac-Saint-Jean, on
pourrait dire que tous les cas sont réglés? Quelle est la
situation en particulier pour le centre CEDAP qui est toujours dans le secteur
de la déficience intellectuelle? Est-ce qu'on a considéré
l'originalité de l'expérience pour permettre,
éventuellement, une dérogation?
M. Côté (Charlesbourg): Ce que nous a demandé
le CRSSS comme dérogation, au lieu d'avoir un seul conseil pour
l'ensemble du Saguenay-Lac-Saint-Jean... Parce que ça nous
apparaît toujours une région très unie, très
uniforme, vu de Québec, mais, évidemment, quand on est au
Saguenay, on n'est pas au Lac-Saint-Jean et, quand on est au Lac-Saint-Jean, on
n'est pas au Saguenay.
Compte tenu de ces particularités, nous allons donc aller en
décret pour accepter un conseil unifié au niveau du Saguenay qui
va regrouper Centrait et le Centre d'entraînement à la vie, de
Chicoutimi, et un conseil pour le Lac-Saint-Jean qui regrouperait Villa des
lys, CEDAP et le centre de réadaption Le Claire Fontaine.
M. Trudel: Rapidement, là-dessus, la discussion a
été très vive au conseil d'administration. Au conseil
d'administration du CRSSS, on m'a transmis le procès-verbal, bien
honnêtement et bien clairement, de la discussion qui avait eu lieu. Le
vote a été très divisé sur cette question. Est-ce
que nous pouvons dire aux gens de cette région - même le whip de
l'Opposition officielle vous avait fait parvenir une note à cet
égard-là - ce soir: Oui, le ministre peut y repenser compte tenu
de l'expérience et compte tenu des conditions particulières de
cet atelier? Je connais aussi la recommandation du CRSSS, mais comme dans
d'autres cas, comme à Montréal, il n'est pas interdit au ministre
et à son équipe de continuer à réfléchir sur
les arguments particuliers qui pourraient lui être
présentés.
M. Côté (Charlesbourg): Le ministre va être
très respectueux de sa loi, dont un des principes extrêmement
importants est celui de décisions prises en région par les gens
des régions. On s'est dit, à plusieurs reprises, que des gens des
régions étaient encore plus habilités que le pouvoir
central à adapter des structures aux besoins de leur région.
Même si c'a été une décision serrée au
conseil d'administration, il reste qu'il y a une décision. Je vais
respecter cette décision du conseil d'administration. Dans ce
sens-là, je ne peux pas vous en dire plus. Je respecte la
décision du conseil d'administration. (22 heures)
M. Trudel: Je souhaite vivement que le ministre puisse accepter
de continuer à réfléchir avec la recommandation du conseil
d'administration du CRSSS et, également, des informations qui lui ont
été transmises sur l'originalité de l'expérience.
Je conclus, pour ma part, sur ce cas-là, c'est un cas particulier. Le
ministre peut réfléchir à l'aide des
éléments de discussion qui ont été impliqués
dans la décision. La même chose, d'ailleurs, avec un cas qui m'a
valu beaucoup de papiers dans la région d'Abitibi-Est-Malartic, le
regroupement du centre hospitalier avec le centre d'accueil, le foyer Villa
Saint-Martin. C'est quand même assez appréciable que l'ensemble de
la population soit mobilisé là-dessus et ait fait parvenir un
certain nombre de réflexions au ministre. Je souhaite que le ministre
puisse laisser la porte ouverte à la réflexion encore quelques
jours sur ces cas pour permettre aux gens de s'exprimer assez clairement. Je le
regrette, M. le ministre, je pense qu'on peut dire que, dans certaines
régions, selon les échos et les informations qui nous sont
parvenus, les discussions n'ont pas toujours été
extrêmement larges. Vous avez donné le calendrier, tantôt,
de déroulement des événements et des consultations. Les
gens ont pu généralement s'exprimer. Ce n'est pas un calendrier
qui a permis une expression large compte tenu des enjeux qui étaient
impliqués et on n'a pas toujours eu une possibilité large
d'expression dans la population. Beaucoup de gens - je vous le dis, M. le
ministre - dans bien des coins du Québec, ont eu l'impression que
ça demeurait encore une affaire de bureaucrates, de technocrates,
d'administrateurs. Souvent, la perception joue plus de tours que la
réalité elle-même. Alors, la même chose, la
même question pour les gens de la région de Malartic, la
région des Bois-Francs ou la région de l'Estrie elle-même;
il y a un certain nombre de cas où on a fait parvenir de l'argumentation
au ministre, et je souhaite qu'elle puisse être portée à
son attention pour juger des cas vraiment particuliers.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, que
ce soit le cas de Malartic, que ce soit le cas de Dixville au niveau de
l'Estrie, je ne suis pas sûr que des débats de six mois
additionnels auraient réglé ces cas-là de manière
différente. Il est bien évident que - et je pense qu'il faut le
répéter - les gens des CRSSS à travers le Québec
ont fait un travail assez exceptionnel à partir de la loi.
Évidemment, la loi est là, elle a été votée
en étant pleinement conscients de ces impacts et, dans ce
sens-là, M. le Président, je pense que c'est un premier exercice
qui, globalement, a été bien fait. C'est bien sûr que
ça amène quelques problèmes et quelques frictions.
C'est un peu normal dans ce genre de situation là, en souhaitant
qu'il y en ait le moins possible, bien sûr. Ce qui est porté
à ma connaissance, je finis par passer à travers et en prendre
connaissance en totalité; je ne suis pas fermé à de
l'information. Évidemment, il faut, bien sûr, que je prenne en
compte aussi que les recommandations des régies et des CRSSS sont des
recommandations qui viennent des milieux et qui sont acceptées par les
conseils d'administration. Tout n'est pas parfait, bien sûr, mais je suis
globalement satisfait du travail qui a été fait, pas toujours
dans des conditions faciles, mais c'est une première étape.
M. Trudel: Je ne voudrais pas amener une réflexion qui
amènerait une autre réponse parce qu'on a beaucoup de sujets sur
lesquels on peut poser des questions pour ces crédits
supplémentaires, en vous indiquant cependant que les indications que
vous aviez données aux CRSSS dans les différentes régions
les invitaient à y aller strictement de par les dispositions de la loi.
On a souvent l'impression que c'est la loi en général,
forcément, qui dominait sur la réalité géographique
ou sociologique des régions ou des communautés. C'est une
impression qui s'est dégagée dans beaucoup de cas. Je ne veux pas
prolonger là-dessus, mais je dis que ce sont des impressions et ce sont
des éléments qui se sont présentés dans bien des
régions du Québec.
Services des centres hospitaliers de courte
durée
Je voudrais revenir, M. le Président, au programme 3, plus
précisément aux crédits supplémentaires qui nous
sont déposés aujourd'hui en ce qui regarde les services des
centres hospitaliers de courte durée. J'ai ma question, vous pourrez
faire votre commentaire sur la question précédente
également. Donc, il y a une demande d'ajout de 41 000 000 $ pour les
centres hospitaliers de courte durée, et l'explication qui nous y est
donnée, c'est que ce programme vise à rendre accessibles aux
malades les soins de courte durée que requiert leur état; il vise
également à assurer les activités de dépistage et
de prévention. Je dirais que l'ajout que nous avons fait à la
dernière minute à la mission noyau dur des centres hospitaliers
de courte durée a fait rapidement son chemin puisque la motivation pour
invoquer les 41 000 000 $ supplémentaires, c'est les soins mais aussi
les activités de dépistage et de prévention, des
éléments plus particuliers de dépistage et de
prévention qui font en sorte qu'il y a 41 000 000 $, bien sûr,
pour les soins, les éléments particuliers qui sont à
l'intérieur de cet élément des ajouts
budgétaires.
M. Côté (Charlesbourg): Je peux vous donner la
ventilation. C'est de nature à vous instruire, bien sûr. Il y a
d'abord une indexation des cadres à 2,5 % au 1er juillet 1991 pour 7 174
000 $; deuxièmement, une hausse de contribution des employeurs au fonds
du service de santé pour 3 631 000 $; contribution des adultes
hébergés pour 3 374 000 $; supplément de chambres,
1990-1991, pour 5 893 000 $; médecins résidents, 5 000 000 $, et
hors Québec, 16 000 000 $. Donc, pour un total de 41 072 000 $. Je vais
tenter de vous donner tout de suite des réponses. Je vois
déjà des points d'interrogation dans vos yeux.
Sur le supplément de chambres, 1990-1991, lorsqu'on a
augmenté de 28 % le prix des chambres privées ou
semi-privées, nous avions fait des évaluations sur les revenus
que nous pouvions en tirer. Ces revenus ont été inférieurs
par rapport aux prévisions de 5 893 000 $. Par conséquent, il
faut les pourvoir sur le plan financier. Quant aux 5 000 000 $ des
médecins résidents, on se rappellera qu'il y a un certain nombre
de résidents qui peuvent prendre un peu plus de temps à - si vous
me passez l'expression, et que ça n'insulte personne - sortir du
pipeline et qu'il y a donc des coûts inhérents à ce temps
qui est pris; donc, plus de temps pour devenir un spécialiste. Il y a
des coûts de 5 000 000 $ additionnels.
Quant à hors Québec, 16 000 000 $, c'est un rattrapage de
deux ans qui est, pour 1990-1991, de 7 000 000 $, alors que ce serait 9 000 000
$ pour 1991-1992, ce qui s'explique en particulier par des sommes que nous
devions récupérer dans des prévisions budgétaires
puisqu'il y a des gens hors Québec, vous vous rappellerez, qui paient
actuellement... On paie actuellement 700 $, plus 50 % de la différence,
et nous avions, à l'époque, décidé de payer 700 $,
mais non pas 50 % de la différence. Après certaines
vérifications sur l'assurabilité des personnes qui vont en
Floride, ce n'était pas évident que les gens pouvaient s'assurer
ou que les compagnies d'assurances étaient intéressées
à les assurer. Nous avons donc continué de travailler sans
imposer cette mesure et elle avait des conséquences sur le plan
financier que nous retrouvons là en termes de
récupération, mais sur une période de deux ans.
M. Trudel: Est-ce que les ajouts vont avoir des effets sur la
réduction des listes d'attente, par exemple, pour les opérations
chirurgicales? Déjà, les listes sont très longues dans
bien des établissements, dans bien des régions. Si je comprends,
ça n'aura pas d'effets, ces ajouts de 41 000 000 $, sur la
réduction des interventions chirurgicales en particulier et des listes
d'attente?
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas dans ces cas-ci. Je
pense que dans tous les cas, ici, c'est ce qu'on appelle
généralement du paramétrique tout simplement. Lorsqu'on
parle de listes
d'attente, il y en a un certain nombre qui ont été
identifiées où, par exemple, chirurgie cardiaque, il y avait des
listes d'attente. On en entend un petit peu moins parler aujourd'hui là
parce qu'on est intervenus sur le plan financier de manière assez
importante et avec des objectifs de résultats. On a donc donné
à l'Institut de cardiologie, à Laval, à Québec,
à l'Hôtel-Dieu etc., dans des centres, des sommes d'argent
additionnelles exigeant par le fait même un nombre de cas additionnels.
Il y a donc à ce niveau-là une résorption des listes
d'attente. Il y en a d'autres dans d'autres domaines, bien sûr. Il s'agit
de les voir une par une, et c'est comme ça que nous travaillons chez
nous, compte tenu des priorités.
M. Trudel: Ça veut donc dire que les comités de
gestion des listes d'attente similaires en cardiologie... Je vous en ai
parlé à deux ou trois occasions. Vous me disiez que vous
étiez toujours à travailler au niveau des comités
d'admission et de gestion des listes d'attente.
M. Côté (Charlesbourg): En cardiologie. (22 h
10)
M. Trudel: Mais vous m'en aviez parlé également du
côté de la chirurgie générale, de gestion des listes
d'attente pour les hôpitaux, que vous étiez à travailler
sur ces comités de gestion des listes d'attente des admissions pour
chirurgie générale.
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour la chirurgie
cardiaque, et c'est là que nous l'avons mise en place. Nous l'avons
d'ailleurs annoncée au moment de notre plan triennal, en chirurgie
cardiaque, où nous avons parlé d'un comité qui permettrait
de faire en sorte qu'on puisse s'assurer qu'à travers le Québec
le premier cas qui sera sujet d'une intervention, par exemple, à
l'Institut de cardiologie, soit véritablement le cas le plus urgent
à travers le Québec, compte tenu du fait qu'on peut se retrouver
dans des situations où des patients fréquentant un hôpital
en particulier qui fait de la chirurgie cardiaque puisse avoir ses patients...
que d'autres patients soient ailleurs. On se rappellera que le cas qui avait
défrayé les manchettes des journaux était quelqu'un de
Saint-Luc qui attendait d'être traité à Saint-Luc, alors
qu'il n'y avait pas de chirurgie et que, par conséquent, il ne se
retrouvait pas sur une liste de l'Institut de cardiologie. C'est là que
nous avons mis sur pied un comité de gestion qui, bien sûr, va
nous inspirer dans les autres cas de listes d'attente pour lesquelles nous
continuons d'avoir une attention particulière.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député et
M. le ministre, il reste sept minutes à votre échange. M. le
député.
Conseil régionaux de la santé et des
services sociaux
M. Trudel: 4 000 000 $ de plus pour les CRSSS du Québec,
les structures régionales. À quoi cela va-t-il servir? Est-ce que
c'est un premier acompte sur les 57 000 000 $ au niveau de l'implantation des
futures régies régionales pour cette année? Pourquoi 4 000
000 $ de plus dans le réseau des CRSSS au niveau de l'administration? Il
n'y a pas de services de plus directement aux patients, là.
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez probablement
être déçu.
M. Trudel: Ce n'est pas un acompte?
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez probablement
être déçu, à ce moment-ci, puisqu'on retrouve comme
explication, d'abord, des subventions d'appoint au niveau des CRSSS, et on les
définit comme suit: Indexation des cadres, 2,5 %, aussi dans ces
cas-là, et hausse des contributions des employeurs au fonds de services
de santé et la Croix-Rouge.
M. Trudel: C'est presque un acompte. M. Côté
(Charlesbourg): Comment? Ah!
M. Trudel: C'est presque un acompte puisque c'est pour
l'indexation du personnel cadre, des avantages, des bénéfices
marginaux...
M. Côté (Charlesbourg): Disons que sur...
M. Trudel: ...des avantages sociaux qui y sont reliés. Je
pense qu'on pourrait diminuer déjà de 4 000 000 $ la facture de
57 000 000 $. Moi, je vais prendre pour acquis qu'on va repartir à 53
000 000 $ pour le supplément.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas du tout. Ce serait
malhonnête vis-à-vis des CRSSS puisque 3 500 000 $ vont servir
à la Croix-Rouge. Ce ne serait pas très très honnête
si on faisait cette déduction-là à ce moment-ci, mais on
aura très certainement l'opportunité d'en rediscuter
éventuellement puisque le plan de mise en oeuvre, d'implantation de
cette réforme sera connu très prochainement.
M. Trudel: En tout cas, sur le seul coût connu publiquement
sur l'implantation des CRSSS, des futures régies régionales,
c'est un coût de 57 000 000 $, selon l'étude de Samson et
Bélair. Le ministre avait répondu à l'époque qu'il
était à préparer une contre-étude à son
ministère sur les coûts d'implantation des futures régies.
Est-ce que c'est fait au ministère? Est-ce que vous avez l'intention de
rendre ça public et est-ce que ça viendra bientôt?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il
est clair que j'avais dit que nous ferions le travail qui s'imposait dans les
circonstances, compte tenu de l'étude qui nous avait été
transmise et que tout le monde a pris pour acquis que c'est ce que ça
coûterait. Nous avons donc fait du travail et nous sommes devant des
instances gouvernementales pour un certain nombre de décisions à
ce niveau-là et, lorsque nous ferons connaître le plan de mise en
oeuvre, on fera aussi connaître les coûts, y compris pour les
régies régionales quant à leur implantation.
M. Trudel: Quand?
M. Côté (Charlesbourg): J'aurai des choix à
faire quant à un certain nombre de documents que nous devons rendre
publics. Il y a une semaine, c'était sur les personnes
âgées. Aujourd'hui même, c'était sur la jeunesse;
l'enfance et la jeunesse est une autre priorité. Nous aurons donc le
document sur le financement. On aura aussi le document sur le plan de mise en
oeuvre. Il faut, bien sûr, prendre le temps. Je n'ai pas encore
désespéré que ça puisse être aussi un
document de chevet pour la période des fêtes, sinon, très
tôt en janvier.
M. Trudel: M. le ministre, on me signale qu'il nous reste juste
quatre minutes pour parler un peu des services sociaux et vous rappeler dix
secondes, puisque je m'y suis engagé aujourd'hui, qu'il demeure une
situation toujours problématique: région de Drummondville, avec
des familles d'accueil... Alors, je vous dépose, M. le ministre, un
certain nombre de documents qui me sont parvenus et je souhaite vivement que la
conclusion du rapport de vos enquêteurs au niveau de l'administration,
qui disait... Et je vais citer, là, parce que ça me semble assez
exact pour la situation des familles d'accueil, mais pour l'ensemble des
personnes âgées aussi, qui est dénoncée. Le rapport
de vos enquêteurs disait que la situation leur apparaissait très
fragile et qu'à leur avis une intervention rapide et articulée de
la part des autorités du Centre de services sociaux devait être
faite afin de rétablir un climat de confiance qui s'effrite depuis 1987.
Je sais les efforts que vous avez faits dans ce dossier-là. Je vais tout
simplement vous déposer les documents.
Le Président (M. Bissonnet): Pour le dépôt de
ces documents, consentement?
M. Trudel: Très bien.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président,
mais je pense que ce ne serait pas complet si ce n'était pas
accompagné d'une réaction.
Le Président (M. Bissonnet): Je demande tout simplement
s'il y a un consentement au dépôt de documents.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, consentement. Les
documents sont déposés.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue m'a
déjà interpellé à ce niveau-là, sur ce cas
qui a canalisé beaucoup d'énergie jusqu'à maintenant, et
le ministère a tout fait pour tenter de concilier un certain nombre de
choses et le CSS a aussi fait ses pas. À un point tel, M. le
Président, que nous avons offert - aujourd'hui ou demain, le 5 ou le 6 -
imaginez-vous, à Trois-Rivières, dans un lieu neutre, de
rencontrer des personnes en présence d'officiers du ministère
pour tenter de régler le problème et les gens ont refusé
de se présenter à cette réunion. Ils peuvent
considérer, quant à moi, le dossier comme fermé. C'est
clos, c'est clair.
M. Trudel: Là-dessus, M. le ministre, je souhaite que vous
puissiez juste relire les conclusions de vos propres enquêteurs au niveau
administratif et qu'on puisse donner rapidement suite, quand même, avec
des personnes assez neutres dans ce dossier-là, à l'examen des
choses pour qu'on arrive à un climat plus propice au niveau des services
aux usagers. Je pense que c'est la préoccupation de tout le monde.
Très bien.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ça, je l'ai
toujours dit: Le CSS a fait son bout, le ministère a collaboré,
on a voulu rencontrer les gens - je le répète, dans un endroit,
même à Trois-Rivières, peut-être au risque de me
faire reprocher de louer des salles quand on n'en a pas besoin - et ils ont
refusé, ils ne se sont même pas rendus. Bien, écoutez, je
pense qu'il faut être sérieux dans la vie. Quand on veut
collaborer et régler des problèmes, il faut être
présent.
M. Trudel: M. le ministre, en terminant...
Le Président (M. Bissonnet): En terminant, très
rapidement, il reste 45 secondes à cet échange.
M. Trudel: Rapidement. M. le ministre, je vous avais fait
parvenir des informations comme de quoi, aujourd'hui, j'aborderais
légèrement - ça va être très léger -
le cas du centre hospitalier de ma propre région, le centre hospitalier
Rouyn-Noranda. Je veux juste mentionner au ministre que je souhaite qu'il
puisse réitérer son désir de venir dans la région
de l'Abitibi-Témis-camingue et, d'autre part, lui indiquer que je le
remercie pour le rapport d'analyse financière qu'il m'a transmis
sur la situation du centre hospitalier, en constatant - et j'aurai l'occasion
de lui retransmettre des documents - qu'il y a des erreurs mathématiques
dans le document qui font en sorte qu'il y a une machine à calculer qui
n'a pas fonctionné, puisqu'il n'y a pas de différence de
coût au niveau de l'analyse comparative qui a été faite, et
également d'autres remarques au niveau de la méthodologie
là-dessus. Je veux juste demander au ministre s'il réitère
son désir de venir dans la région et à quel moment.
D'autre part, en conclusion, si le ministre, sur un sujet
complètement à part, peut également nous parler du
pourquoi de toute la question de la subvention à l'Info-secte, à
Montréal: Quels sont les motifs qui ont inspiré le ministre
à refuser le renouvellement de la subvention? Merci, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ça va être
très rapide, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Très rapidement. Je
vous donne 30 secondes, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): 30 secondes. J'en aurai
suffisamment de 15. Oui, je réitère que j'irai en Abitibi au
début de l'année 1992. J'aurais souhaité le faire en
décembre, mais je n'ai pas pu. Au début de l'année
1992.
Quant à la deuxième question, il semble bien qu'il y ait
un éditorialiste, à tout le moins, de La Presse qui n'ait
pas compris grand-chose dans la vie, lui non plus. C'est clair, la subvention
du ministère à Info-secte a été enlevée. Ils
ont été avisés il y a deux ans que ça prendrait
fin. Ils ont eu, l'an dernier, environ 3000 $. Info-secte et Santé et
Services sociaux, dites-moi le lien. Quand vous l'aurez trouvé,
j'examinerai le dossier. Il n'y en a pas. Donc, il n'y a pas de subvention qui
doit venir du ministère. Point, "period", à la ligne.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci, mes chers
collègues, met fin à la période allouée pour cet
échange entre M. le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue et M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux, et je vais suspendre quelques instants pour permettre au
personnel qui accompagne et M. le ministre, et M. le député, de
se retirer.
Nous allons poursuivre les débats de cette commission
plénière sur l'étude des crédits
supplémentaires dans un échange entre M. le ministre du Travail
et Mme la députée de Chicoutimi pour une période de 30
minutes. Alors, je suspends les travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 22 h 21)
(Reprise à 22 h 27)
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît! Mes chers collègues, la commission plénière
reprend ses travaux pour l'étude des crédits
supplémentaires no 1, pour l'exercice financier se terminant le 31 mars
1992. Il s'agit maintenant d'un échange entre Mme la
députée de Chicoutimi et M. le ministre du Travail, pour une
période maximum de 30 minutes. Il s'agit d'un échange, alors
j'espère que vous allez y contribuer en discutant entre vous de ces
crédits supplémentaires. Je cède la parole au ministre du
Travail.
Ministère du Travail
Remarques préliminaires
M. Normand Cherry
M. Cherry: Merci, M. le Président. Comme vous l'avez
indiqué, la raison pour laquelle on est convoqués ici, ce soir,
ce sont les crédits supplémentaires, Aide financière
à la CSST. Alors, M. le Président, pour bien comprendre, je
rappelle à notre collègue, la députée de
Chicoutimi, que le gouvernement, dans le cadre de sa politique
budgétaire pour l'année 1990-1991, avait établi sa
contribution à la CSST à 13 037 000 $. D'ailleurs, je cite le
cahier des renseignements supplémentaires de 1990-1991, M. le
Président, à la page 91. Ça dit ceci: "Les crédits
prévus pour ce programme visent à fournir à la CSST une
aide financière pour les activités d'inspection. Les
crédits 1989-1990 incluent un montant de 14 900 000 $ relié aux
dépenses des années antérieures et qui a été
versé en 1988-1989; en faisant abstraction de ce montant, les
crédits de ce programme diminuent d'une somme de 10 300 000 $, laquelle
pourra être pourvue en cours d'année après entente avec la
CSST sur l'évaluation des coûts d'inspection."
Pour l'année financière 1991-1992, lors de la
présentation des crédits, et ce, M. le Président, en mars
dernier, le gouvernement n'avait pas établi sa contribution. À
cet effet, pour la bonne compréhension, je cite le cahier des
renseignements supplémentaires 1991-1992, à la page 123. 7. Aide
financière à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. C'est bien inscrit ici: "Aucun crédit
n'a été prévu en 1991-1992 pour défrayer le
coût des activités d'inspection de la Commission." Or, puisque le
montant n'avait pas été déterminé, ceci explique
les crédits supplémentaires de 1991-1992 dont nous discutons
présentement. C'est ça, l'explication. Les 13 597 700 $
représentent le même montant que l'année dernière,
mais indexé.
De plus, comme la députée de Chicoutimi le sait, il y a
présentement une action pendante devant les tribunaux en ce qui a trait
aux années antérieures à l'année financière
1991-1992. Je
vous souligne que nos règles de pratique, M. le Président,
nous interdisent de discuter de toute affaire soumise aux tribunaux.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la députée
de Chicoutimi.
Mme Jeanne L. Blackburn
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Effectivement, il
est interdit de parler d'une cause qui est pendante devant les tribunaux, sauf
si le ministre aborde la question en annonçant qu'il accepte de verser
des fonds pour payer ou défrayer une partie des frais reliés
à l'inspection. (22 h 30)
Alors, j'ai ici un document de la CSST, que le ministre a
également en main, et qui est intitulé CSST inspection,
évolution du compte à recevoir selon l'exercice financier de la
CSST, en milliers de dollars. On voit: 1986, aucune contribution du
gouvernement; 1987, aucune contribution. Donc, une dette à l'endroit de
la CSST, à l'époque, de 54 000 000 $ en 1987. Un versement de 62
000 000 $ en 1988; ça laisse donc une dette de 15 000 000 $. En 1989, le
gouvernement verse 29 000 000 $; il était comme sensiblement revenu
à de meilleurs sentiments. La dette s'élève à 10
000 000 $, à ce moment-là. En 1990, il verse 16 000 000 $. En
1991, apparaissent 4 345 000 $, et la dette s'élève à 41
080 000 $. En 1992, on estime qu'il en coûtera... Et j'imagine que
ça ne comprend pas les 50 inspecteurs que le ministre nous a
annoncés. J'ai trouvé ça charmant de sa part, ici en
Chambre, de dire: On va s'en occuper, de l'inspection, on ajoute 50
inspecteurs. Il ne les paie pas, sauf qu'il les annonce; c'est tout à
fait charmant. Il créait 50 postes d'inspecteurs, sauf qu'il n'en
défraie pas les coûts. Il nous a dit ça en Chambre.
Ce que j'ai ici en main montre qu'en 1991 la dette du gouvernement
à l'endroit de la CSST était de 41 080 000 $. Ce soir, le
ministre nous dit, dans les crédits additionnels: On n'avait pas
fixé... Effectivement, c'était indiqué zéro pour
1992. La contribution de 1991 a été de 4 345 000 $. Et là
on nous dit: 13 597 000 $. Ils appellent ça "contribution
financière à la CSST" et non pas "obligation du gouvernement
à l'endroit de la CSST". Alors, je trouve que...
Est-ce que le gouvernement a l'intention de rembourser la
totalité de la dette?
Discussion générale
Commission de la santé et de la
sécurité du travail
M. Cherry: M. le Président, ma collègue le sait
très bien... C'était la fin de mes remarques, pour m'assurer que
je vais dire la même chose.
Elle sait bien que ce qui fait présentement l'objet de litiges
devant les tribunaux, je ne dois pas commenter ça.
Mme Blackburn: Est-ce que le ministre peut faire le commentaire
suivant? À combien estime-t-il les coûts reliés aux avocats
des deux parties, dans cette cause? La population serait
intéressée de savoir ça, de savoir qu'un organisme
gouvernemental poursuit le gouvernement pour défaut de répondre
à ses obligations, en vertu de la loi constitutive de la CSST, et la
population serait intéressée de savoir combien ça va lui
coûter, un gouvernement qui est poursuivi par une de ses institutions et
qui paie des avocats, et des avocats des deux parties. Le ministre va me dire:
C'est le contentieux du ministère, mais c'est quand même du monde
qu'on paie. Et à la CSST peut-être aussi, mais c'est quand
même du monde qu'on paie. Mais j'imagine qu'ils se font conseiller, quand
on est rendu à ce niveau-là. Ce n'est pas leur pratique
quotidienne que d'aller devant les tribunaux, j'espère à tout le
moins. Alors, la population serait intéressée de savoir combien
cette poursuite - et pour la défense - aura coûté aux
citoyens contribuables.
M. Cherry: En réponse à ça, madame, et je
crois bien que vous n'ignorez pas ça, la CSST a des avocats, c'est son
contentieux, et ça fait partie de sa responsabilité. Ils
travaillent à ce dossier-là comme ils travaillent à
d'autres. Il n'y a pas eu d'embauché d'avocats supplémentaires
dans ce dossier-là, et il n'y a pas d'honoraires en extra à
ça. Selon les informations que j'en ai, ça fait partie de la
responsabilité du contentieux de la CSST, comme c'est la
responsabilité de tout contentieux, de tout organisme qui décide
d'initier des procédures de cette nature-là, de répondre
aux besoins de l'organisme. C'est pour ça qu'ils sont payés.
C'est ça, leur responsabilité, et c'est ce qu'ils font.
Mme Blackburn: Ça veut dire que, s'il n'avait pas à
poursuivre le gouvernement, il n'aurait rien à faire, ce
monde-là. C'est ça que vous me dites, là.
M. Cherry: Non. Ils ont...
Mme Blackburn: Ça n'a pas de bon sens, votre raisonnement,
vous le savez bien, là.
M. Cherry: Non, je suis convaincu, madame, que ce qui n'a pas de
bon sens, ce n'est pas la réponse que je vous donne comme la question
que vous me posez. Vous savez bien qu'un contentieux ne peut exister que parce
qu'il n'y a qu'une seule cause. Vous savez bien qu'il y a une série de
responsabilités d'ordre juridique, de cette nature-là, qui
justifient l'existence d'un contentieux. Et ça, c'est un des nombreux
mandats qu'ils ont à exécuter.
Mme Blackburn: J'aimerais que le ministre puisse déposer
ici, tant pour le gouvernement que pour la CSST, combien d'heures seront
imputées à la préparation et à la défense de
ce dossier pour permettre aux citoyens contribuables de savoir combien
ça coûte, une telle pratique.
Mais je passe à une seconde question. J'ai tenté par tous
les moyens de connaître l'état des finances de la CSST et le
ministre s'est constamment rabattu sur les avocats, ou la CSST, il en faisait
l'éloge. Ça a l'air que tout était bien et tout
était beau. C'était soit la responsabilité et la faute des
avocats, et puis tout ça, ce serait réglé par deux
comités. Moi, j'ai une question au ministre. Est-ce que le ministre a
été informé que les actuaires consultés pour
établir le budget de la CSST et sa cotisation, et revoir les
règles actuariales, avaient prévenu la CSST qu'elle se dirigeait
vers un mur de brique et que les 191 000 000 $ de déficit seraient
largement dépassés?
Il y a conciliabule. Oui?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Cherry: merci, m. le président. vous conviendrez,
madame, quand vous posez des questions et, dans le souci que j'ai de bien
tenter de vous répondre...
Mme Blackburn: Oui, ça va.
M. Cherry: ...il est important que... Bon! C'est ça, le
but de l'opération, à moins que, pour vous, ça n'en soit
une que d'ordre médiatique important, en autant que vous avez vos
minutes d'antenne. L'important, pour moi, c'est de tenter de bien vous
répondre. Dans ce sens-là, selon la façon de fonctionner
de la CSST, elle doit produire trois fois par année quelles sont ses
prévisions budgétaires. Et, au fur et à mesure qu'il y a
indication d'une amélioration ou d'une détérioration, les
prévisions sont revues périodiquement. Alors, celles du printemps
dernier permettaient d'espérer tel type de situation. Comme la situation
a continué à se détériorer, une deuxième
performance est celle qui fait l'objet... Celle qui a été
publiée par exemple le 31 août prévoit un déficit
anticipé de 566 000 000 $. Évidemment, quand la prochaine
paraîtra, M. le Président, nous découvrirons si la
prévision du 31 août, à 566 000 000 $, était au
point ou s'il y a eu amélioration ou détérioration. Mais
ça, ça fait partie des responsabilités des gens qui ont
à gérer l'institution qu'est la CSST, de suivre le
déroulement dans son fonctionnement et de faire des prévisions,
dépendam-ment de quelles sont les prévisions de la situation.
C'est la nature du fonctionnement.
Mme Blackburn: M. le Président, le ministre ne
répond pas à la question. La question était simple,
brève et courte. La CSST l'a-t-il informé que les actuaires
avaient prévenu la CSST qu'en diminuant la cotisation, en revoyant les
règles actuariales, en rétablissant ce qu'on appelle le taux
réel de rendement, ou ce qu'on appelle le rendement réel, le
déficit anticipé ne serait pas de 191 000 000 $ tel que
budgété? Il serait largement supérieur. C'est ça,
la question. Est-ce que la CSST l'a informé de l'avis des actuaires
là-dessus?
Le Président (M. Bissonnet): Alors, merci de votre
question, Mme la députée. Je voudrais informer également
le ministre que vous avez des fonctionnaires qui vous accompagnent et, si vous
jugez à propos qu'un fonctionnaire puisse apporter une réponse
additionnelle, il n'y a aucun problème. Vous pouvez permettre à
un de vos fonctionnaires de répondre à une question, si vous le
jugez à propos. M. le ministre du Travail.
M. Cherry: merci, m. le président. parce qu'on
reconnaît que, des fois, il y a des questions d'ordre technique
auxquelles on se réfère. bon!
Le Président (M. Bissonnet): II n'y a pas de
problème. (22 h 40)
M. Cherry: Pour établir les besoins pour l'année
1991, la première prévision a été établie en
juin 1990 et, selon les actuaires, la tarification établie, à ce
moment-là, pour l'année 1991, à 2,32 $ les 100 $ de
salaire amènerait un budget équilibré. Ça,
c'était la prévision à l'époque. Mais
évidemment, au fur et à mesure qu'on avance dans l'année,
s'il y a amélioration ou détérioration, ces
chiffres-là sont révisés en fonction. C'est la
façon de fonctionner. Les actuaires doivent se prononcer chaque fois
qu'on en a besoin.
Mme Blackburn: Le ministre, ou il ne comprend pas ou il fait
semblant de ne pas comprendre. Il était clair, selon
l'ex-présidente, que, pour équilibrer le budget, c'était
2,75 $ de cotisation. On est passé à 2,50 $ et à 2,32 $.
En période de récession, ça peut s'expliquer. Mais ce qui
s'explique plus mal, c'est le ramdam qu'on fait autour de ça en disant:
Horreur, horreur, on a un déficit à la CSST, alors que le
déficit - et, de bonne source, je le sais, et le président le
sait - était prévisible. Et comment doit-on comprendre cette
espèce de saga et cette espèce de tollé de protestations
tout à coup qui lèvent de partout en disant: Horreur! On a un
déficit à la CSST, alors que les actuaires avaient prévenu
la CSST?
M. Cherry: M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Cherry: ...on m'informe que les actuaires n'ont jamais
prévenu la CSST qu'avec un taux autre que celui-là il y aurait
déficit. Et, comme madame vient d'indiquer qu'elle avait une source
sûre, elle a même indiqué: Je sais que le président
de la CSST savait, je souhaiterais, suivant l'invitation que vous m'avez faite,
demander au président de l'organisme de compléter la
réponse.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, vous êtes
monsieur?
M. Diamant (Robert): Robert Diamant, président-directeur
général de la CSST.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. Robert Diamant,
pour M. le ministre du Travail.
M. Diamant: Je pense que je dois réitérer ce qui a
déjà été exprimé par le ministre à
savoir que, pour l'année 1991, la première prévision des
besoins financiers de la CSST a été établie en juin 1990.
Cette prévision analysée par le conseil d'administration visait
à déterminer quels étaient les revenus nécessaires
pour faire face aux dépenses. Et on a établi, sur la base d'une
masse salariale estimée pour l'ensemble des entreprises du
Québec, que les besoins financiers étaient de l'ordre de 2,32 $
des 100 $ de masse salariale versée, ce qui permettait, selon les
actuaires et selon les membres du conseil, d'obtenir les ressources
financières requises pour rencontrer les dépenses de
l'organisme.
Alors, c'est sur cette base-là que la résolution du
conseil d'administration a été adoptée après
l'examen des besoins financiers de l'organisme et aussi l'estimation des
dépenses et des revenus. Il faut comprendre que l'estimation des masses
salariales est faite habituellement sur l'expérience de l'organisme et
sur les indicateurs de l'évolution économique de l'année
suivante. Dans ce contexte-là, il y a des techniques de
prévisions qui sont utilisées par les actuaires.
Je vais terminer, ça ne sera pas long, si vous permettez, puisque
vous m'avez demandé une question. Alors, dans ce
contexte-là...
Mme Blackburn: Oui. Vous comprendrez aussi que j'ai une
demi-heure, ce n'est pas très long. Alors...
M. Diamant: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure, M.
Diamant.
M. Diamant: Par la suite, les cotisations sont établies
aux entreprises, les factures sont envoyées et l'année
financière débute. Au bout de trois mois, il y a une
évaluation de l'état des dépenses et des revenus. Alors,
ce qui a été constaté, c'est que les revenus, après
trois mois, rentraient moins vite que prévu et aussi que les
dépenses augmentaient à un rythme plus grand que prévu.
Dès les trois premiers mois de l'exercice financier 1991, il y avait
déjà des indications sérieuses qu'on s'en allait vers un
déficit important et c'a été confirmé par les
évaluations qui ont été produites au mois d'août
1991.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. Diamant. Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Oui. M. le Président, la CSST - j'ai lu
attentivement ces documents -est difficile à suivre. On a deux
documents. Le ministre parlait d'un document publié. Je dirais que c'est
plutôt un document qui a fui parce qu'il était rendu dans le
journal avec M. Girard qui en a publié de grands extraits, et il ne l'a
pas obtenu de la CSST. Alors, dans ce document, vous voyez, sur la toute
première page, les explications suivantes. On explique l'augmentation du
déficit par un déficit de 375 000 000 $ relatif aux besoins
financiers des exercices antérieurs. C'est parce qu'on a changé
les règles comptables et, en même temps - et c'est dans le rapport
de 1990; c'est le rapport de 1989, mais c'est signé le 26 mars 1990 - on
a changé les règles quant à la provision de fluctuation du
taux de rendement réel, de même que du taux de capitalisation.
Mais c'est trop compliqué pour revenir là-dessus, je vais laisser
aller cette partie-là.
Ce document, à sa face même, laisse l'impression qu'on a
voulu monter un peu artificiellement une campagne, et je m'explique. J'ai deux
documents de la CSST qui montrent l'évolution du nombre de jours de
consolidation. Celui-ci établit, en 1989, la consolidation à 47,1
jours et, en 1991, à 67,4 jours, alors que le tableau que j'ai ici nous
montre que l'évolution s'est faite... En 1987 - là, je prends
1987, je pourrais aller en 1985 où on avait 55 jours, mais soyons
raisonnables, partons de 1987 - nous avions 49 jours et, là, c'est
monté à 67 jours. Pourquoi a-t-on indiqué dans ce rapport
ou a-t-on voulu donner l'impression qu'on avait augmenté de 20 jours sur
deux ans, alors que la croissance de 20 jours s'est faite de... Ce n'est
même pas 20 jours. Il faut compter de 1987, où on était
à 49, à 1991, à 67. Et ce sont toujours les documents de
la même CSST.
À présent, autre chose. La diminution des accidents de
travail est surtout imputable aux 0-14 jours. Selon les informations qui nous
ont été dites ici, en cette Chambre, également par un des
députés qui vous accompagnaient la dernière fois, l'effet
net, c'est que, comme on a eu une diminution importante de 0-14 jours - de
moins en moins d'entreprises les déclarent - ça a eu pour effet
d'augmenter la moyenne générale; n'importe qui aurait compris
ça. Alors, plutôt que d'avoir 200... Le nombre de consolidation
est nécessairement plus long. Si vous le rétablissiez avec les
0-14 jours qu'on devrait normalement
retrouver là-dedans, si tout le monde les déclarait, les
0-14 jours, on aurait probablement une moyenne qui ressemblerait à celle
de 1989, 55 jours de consolidation.
Donc, les prévisions de la CSST, il y a quelque chose qui ne va
pas. Qui est responsable de ça? Pourquoi? Qu'est-ce qu'on a voulu monter
là-dessus? Je n'en ai aucune idée. Mais on va finir par le
savoir, parce qu'à sa face même il y a quelque chose qui ne va
pas. Les seules augmentations réelles - parce que la consolidation n'a
pas augmenté, elle, vraiment autant qu'on l'indique, de 67 jours - selon
les données que nous avons, ce sont vraiment les traitements de
physiothérapie, un peu les traitements médicaux, ces
choses-là. Moi, il faudrait qu'on m'explique ces tableaux-là,
l'écart entre les deux et pourquoi est-ce qu'on a voulu induire
délibérément le lecteur - et je suis tombée dans le
piège - en erreur en figurant qu'on avait augmenté le nombre de
jours de consolidation de 20 jours sur deux ans, alors que ce n'est pas
ça, la réalité.
M. Cherry: M. le Président, madame a déclaré
qu'à sa face même n'importe qui pourrait comprendre ça. Je
ne considère personne qui siège à l'Assemblée
nationale comme n'importe qui. Vous vous êtes
référée à beaucoup de documents. Vous avez dit que
leur origine était de la CSST. Donc, pour bien vous aider à
comprendre, à tenter tout au moins de comprendre, parce qu'il semble que
c'est ça, l'exercice que vous faites, je demanderais au
vice-président responsable de la division des finances, de cette
documentation-là, de tenter de vous éclairer.
Mme Blackburn: M. le Président, avec votre permission, je
voudrais qu'il soit un peu plus bref.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, d'accord.
Mme Blackburn: II me reste trois, quatre questions.
Le Président (M. Bissonnet): Mais vous avez posé la
question. Vous êtes monsieur? M. Pierre Shedleur, vice-président
aux finances pour le ministre du Travail. M. Shedleur, en étant le plus
bref possible.
M. Shedleur (Pierre): Merci beaucoup. Tout d'abord, je n'ai pas
devant moi le document dont vous parlez, Mme Blackburn. J'ai reconnu un des
nombreux documents que nous avons déposés au conseil
d'administration ou à un des nombreux comités auxquels je
siège. Je dois dire que les chiffres qui y apparaissent ne sont pas
là pour induire qui que ce soit en erreur au Québec, surtout
lorsqu'on sait que ces documents-là circulent beaucoup.
Juste pour revenir sur l'explication, entre 1989 et 1991, on parle de
47,1 jours à 67,4 jours. C'est exactement la situation qui a
été évaluée par nos actuaires, et je m'explique
parce que c'est un petit peu compliqué. En 1989, lorsqu'on a fait nos
états financiers 1989, le nombre de jours moyen était de 47,1
jours. Et, lorsqu'on établit le nombre de jours, ce que l'on fait, c'est
qu'on prend tous les dossiers d'accidentés, des travailleurs du
Québec, on prend la date qu'ils sont entrés dans le
système jusqu'à temps qu'ils sortent du système et on
calcule le nombre de jours. Donc, ce n'est pas des jours fictifs, ce sont des
jours réels. Lorsqu'on compare 47 à 67,4 - parce qu'on parle de
20 jours, c'est exactement ça - c'est qu'en 1991, lorsqu'on a revu nos
réserves actuarielles, on a vu une hausse importante au niveau du nombre
de jours moyen des accidents. Mais lorsqu'on indemnise des gens en 1991, des
accidentés de 1991, on n'indemnise pas juste des accidentés de
1991, on indemnise des accidentés de 1990, de 1989, de 1988 et en
bas.
Je conclus en disant que ces chiffres-là, par la suite, bougent,
c'est-à-dire qu'en 1991 on a constaté que les accidentés
de 1989 - pour prendre cet exemple-là - avaient monté à
55,3 jours au lieu de 47. Donc, ça veut dire que les gens restaient plus
longtemps dans le système. Or, ça veut dire que le chiffre de
47,1 est très bon. Il a été vérifié par deux
firmes d'actuaires extérieures plus le Vérificateur
général. On estime que c'est un chiffre qui est valable et on n'a
jamais voulu induire qui que ce soit en erreur.
Mme Blackburn: Alors... Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Mme la
députée.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. M. le
Président, le ministre...
Le Président (M. Bissonnet): Je rappelle qu'il reste cinq
minutes à notre discussion.
Mme Blackburn: Cinq minutes?
Le Président (M. Bissonnet): Cinq minutes.
Mme Blackburn: Bien. Le ministre nous a annoncé la
création de deux comités. Les membres... Oui. Un qui est à
la CSST, pour révision administrative, pour serrer un peu
l'administration et essayer de boucler, et l'autre qui était... Oui,
vous nous aviez aussi annoncé deux comités. Il y en a un à
la CSST et il y en a un qui relève du CCTM, et les deux comités
sont sensiblement composés des mêmes personnes, alors des
personnes qui, ensemble, vont actuellement essayer de revoir comment elles ont
mal fonctionné, pour mieux améliorer la situation.
Mais en attendant, là, en attendant, est-ce que la CSST est
capable de revoir son mode de fonctionnement pour établir des modes de
conciliation au sein de la CSST?
La CAMLP est venue rencontrer les députés des deux caucus,
caucus libéral et caucus pé-quiste, et ce qu'on apprend c'est
qu'il y a encore, aujourd'hui, des dossiers qui portent sur 30 $ de taxi, des
lunettes, la bicyclette, fixe évidemment, pas pour aller faire de la
promenade, toutes choses qui coûtent moins de 500 $, ça prend de
deux ans et demi à trois ans et demi à se régler et
ça coûte à la CSST une moyenne de 8000 $. La CSST nous
apprend, la CAMLP nous apprend - pas la CSST, la CAMLP - la Commission d'appel
en matière de lésions professionnelles nous apprend que, cette
année seulement, il y a 1900 dossiers pour lesquels les personnes se
sont désistées. À sa face même, les dossiers
étaient montés là inutilement. Elle nous apprend
également que 70 % des contestations de l'arbitrage médical sont
renversées, ils confirment la première décision. Et tout
ça, rendu là, ça a coûté 8000 $ par dossier.
Et ça, ça ne comprend pas les coûts reliés aux deux
parties.
Alors, est-ce qu'il n'y a pas moyen de mettre en place des mesures qui
pourraient corriger ça? Est-ce qu'il faut attendre le rapport du
comité du CCTMO? Est-ce qu'il faut attendre d'autres rapports pour
mettre ça en place? Si ça fonctionne à la CAMLP, la
conciliation, il me semble que ça fonctionnerait un peu aussi à
la CSST. Il y a augmentation des plaintes à la CSST, 25 % par
année. Comparé avec l'Ontario, c'est totalement inacceptable et
tout fonctionne comme si, à la CSST, personne ne prenait connaissance de
la jurisprudence établie par la CAMLP. Ce n'est pas normal
ça.
Alors moi, comme je sais que le temps coule, deuxième question:
Est-ce que le ministre a prévenu ses collègues qu'il y avait abus
dans le système public, selon la CAMLP, de recours en appel de
décisions du BRP ou de l'arbitrage, arbitrage médical et le
bureau... Il y a 12 % de la fonction publique qui sont couverts par la CSST. Il
y a 16 % des plaintes qui émanent du public et, de ça, quand on
parle des requêtes en évocation, évidemment, la CSST est
là-dedans, elle est la championne.
Mais dernière, dernière question et je veux une
réponse, quitte à ce qu'il ne réponde pas aux deux autres.
Est-ce que le ministre s'engage à tenir une commission parlementaire,
une fois qu'il aura le rapport de son comité, de la commission
consultative de travail et de la main-d'oeuvre, du CCTM? Une fois qu'il aura ce
rapport en main, est-ce qu'il s'engage à tenir une commission
parlementaire pour que nous puissions apprécier les recommandations et
leur portée et vérifier si la CSST va pouvoir présenter un
budget équilibré en 1992?
Le Président (M. Bissonnet): Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
M. Cherry: M. le Président, j'ai rarement entendu une
porte-parole d'une formation politique tirer à boulets sur une
législation issue de sa propre formation politique. Ce que vous
critiquez, madame... Non, il est important - je ne veux pas me permettre de
vous donner de leçon, mais ça serait important... Vous êtes
dans votre neuvième ou dixième semaine dans ce dossier-là
et je vous invite, dans les périodes quotidiennes de questions en
Chambre, à y revenir. Ce que vous questionnez, c'est une loi
votée par votre formation politique en fin de mandat, en 1985, qui a
donné le droit aux parties, travailleurs comme employeurs, d'en appeler.
Aujourd'hui, vous dites: Est-ce que le ministre a informé ses
collègues qu'il y a abus d'appels?
Mme Blackburn: Du...
M. Cherry: Là, il est important... Et je ne vous demande
pas d'y répondre ce soir.
Mme Blackburn: ...du côté de la fonction
publique.
M. Cherry: Je vous demande d'y revenir dans les jours qui
viendront. Est-ce que j'entends bien qu'au nom de votre formation politique,
vous voulez remettre en doute, en question... est-ce que vous désirez en
faire un amendement à la loi qui soustrairait le droit qu'ont les
travailleurs et les employeurs d'en appeler de décisions? M. le
Président...
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure.
M. Cherry: ...il me semble que ça, c'est...
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez conclure
rapidement.
M. Cherry: ...fondamental dans votre décision. Et j'ai
terminé, M. le Président.
Mme Blackburn: Juste un mot: démagogie! Le
Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît! Mme Blackburn:
Démagogie.
Le Président (M. Bissonnet): Ceci met fin à
l'échange prévu... S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Ceci met fin à l'échange de 30 minutes entre Mme la
députée de Chicoutimi et M. le ministre du Travail. Pour
permettre au personnel qui a acccompagné et Mme la députée
et M. le ministre... Je vais suspendre les travaux pour quelques instants.
Lorsque nous reprendrons nos travaux, ce sera un échange entre M.
le ministre... S'il vous plaît! Ce sera un échange entre M. le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et M. le
député de Labelle. Je suspends les travaux pour quelques
instants.
(Suspension de la séance à 22 h 58)
(Reprise à 23 h 2)
Ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie
Le Président (M. Bissonnet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission plénière reprend ses travaux afin
d'étudier les crédits supplémentaires 1 pour l'exercice
financier se terminant le 31 mars 1992 et, selon l'ordre de la Chambre, il y
aura un échange d'une heure entre M. le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie et M. le député de Labelle. Il
s'agit d'un échange sur ses crédits, et je cède la parole
immédiatement à M. le ministre de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie. M. le ministre, la parole est à vous.
Discussion générale
M. Tremblay (Outremont): Je suis prêt à
répondre aux questions de l'Opposition sur les crédits
budgétaires additionnels.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle, la parole est vous.
M. Léonard: M. le Président, dans les
crédits supplémentaires qui ont été
déposés, le ministre demande à l'Assemblée
nationale 29 945 300 $. Je lui demande simplement, en partant, pourquoi
faire?
M. Tremblay (Outremont): Les crédits budgétaires
demandés dans le budget supplémentaire 1991-1992 concernent les
dossiers autorisés dans le cadre de l'article 7 de la Loi sur la
Société de développement industriel du Québec. Les
dossiers sont les suivants: le dossier Crustacés des îles; une
garantie de prêt...
M. Léonard: Est-ce que vous avec une liste de ces
dossiers, s'il vous plaît? J'avais l'intention de vous la demander, s'il
y en a plusieurs. Sinon, je vais les prendre.
M. Tremblay (Outremont): II y a six dossiers.
M. Léonard: Ah! O.K. Je vais les noter.
M. Tremblay (Outremont): Oui, six dossiers.
M. Léonard: Crustacés des îles.
M. Tremblay (Outremont): Malgré que j'ai... M. le
Président, je vais vous sauver l'écriture et ça me fait
plaisir de vous la remettre.
Le Président (M. Bissonnet): Si un des pages peut aller
chercher la copie et la transmettre au député de Labelle.
Ça va.
M. Tremblay (Outremont): On va sûrement sauver un petit peu
de temps comme ça.
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre, si vous
voulez poursuivre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, il y a six dossiers. Le premier,
c'est Crustacés des îles, une garantie de prêt de 3 167 200
$; le dossier Sofati Cameroun, une garantie de prêt de 7 650 200 $; le
dossier Lavalin, une garantie de prêt de 10 628 000 $; le dossier
Cascades, Port-Cartier, paiement sur les intérêts de 1 904 000 $;
le dossier Sotelmont, 2 370 900 $ et le dossier mont Saint-Sauveur, 4 100 000
$, pour un grand total de 29 820 300 $.
De plus, il y a des crédits de fonctionnement au montant de 125
000 $ qui sont demandés afin d'appuyer les efforts de la SDI en
matière d'implantation de son plan d'organisation administrative
supérieure et de la rénovation orga-nisationnelle sous-jacente
à cette activité. Donc, le total est de 29 945 300 $, qui est
conforme aux crédits supplémentaires demandés.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle.
Les Crustacés des îles
M. Léonard: Oui. Je pense qu'on va avoir le temps.
Crustacés des îles. Première question: De façon
générale, est-ce que le ministre pourrait nous indiquer comment
il se fait, à part, je suppose, des cas tout à fait exceptionnels
et imprévisibles, qu'en cours d'année comme cela, on arrive avec
une demande additionnelle de 30 000 000 $? Si je fais le compte, M. le
Président, ça veut dire 10 $ par Québécois qui
travaillent à l'heure actuelle.
M. Tremblay (Outremont): En fait, sur une base
régulière, la Société de développement
industriel du Québec est appelée à demander des
crédits budgétaires supplémentaires en fonction des
résultats obtenus dans certaines garanties de prêts et ou de
prêts donnés à des entreprises. Alors, dans ce
sens-là, ce sens-là, ce n'est pas la première fois. C'est
une opération qui est très régulière.
M. Léonard: Non. Je comprends, mais disons quand
même que le 2 mai, lorsque le ministre des
Finances a déposé son budget et lorsque nous avons fait
l'étude des crédits, au début d'avril et au cours du
printemps, il avait quand même été accordé à
la SDI 179 000 000 $ pour l'année sur le total des crédits du
programme 2, et c'est celui qui nous intéresse ici. Alors, il me semble
que ça veut dire qu'on a fait une erreur de tir, en partant dans
l'année, et que ça exige quelque explication. Pourquoi ces
dossiers-là n'auraient pas été compris dans l'enveloppe
qui avait été prévue pour l'année? Est-ce que
vraiment il y a des dépassements de prêts, des dépassements
de demandes? Qu'est-ce qui justifie une telle variation? Parce que c'est 15 %
de plus comme budget.
M. Tremblay (Outremont): Oui. C'est parce qu'il n'y a pas un
gouvernement qui va prévoir d'avance ses pertes. Quand on fait des
prêts, c'est parce qu'on pense que l'entreprise va nous rembourser.
Alors, s'il s'avère que l'entreprise ne nous rembourse pas, il y a des
démarches à faire qui sont importantes, tant au niveau des
institutions financières traditionnelles s'il s'agit d'une garantie de
prêt, tant au niveau de la réalisation des actifs s'il s'agit de
prêt. Alors, dans tous les dossiers que j'ai mentionnés tout
à l'heure, il a fallu faire des procédures, s'assurer que la
perte était bel et bien celle que nous réclamons aujourd'hui et,
au même titre qu'en juin 1989 on a réclamé 10 200 000 $ de
budget supplémentaire, au même titre qu'en décembre 1989 on
a réclamé 55 300 000 $, aujourd'hui on réclame 29 945 300
$.
M. Léonard: Oui mais, si on prend globalement les
crédits, ils augmentent de façon significative, parce que, si on
prend 1991, il y avait 226 000 000 $, sauf qu'au cours de l'année on a
modifié ou, en tout cas, en présentant les nouveaux
crédits, on a modifié une certaine définition qui a fait
qu'on a imputé 42 000 000 $ ou une quarantaine de millions de dollars au
programme 3 plutôt qu'au programme 2.
Si je lis le livre des crédits, on voit qu'il y a une diminution
au programme 2 et une augmentation au programme 3, ce qui a vraisemblablement
été expliqué au cours du printemps dernier, lors de
l'étude des crédits. Mais, comme j'arrive dans le dossier, je me
suis dit simplement qu'il y avait eu un transfert entre deux programmes. Donc,
nos chiffres sont probablement comparables. Et là on ajoute 30 000 000 $
en cours d'année.
Quand vous dites que des garanties de prêts ne sont pas
réalisées ou que vous ne pouvez pas percevoir les sommes qui vous
sont dues, cela implique donc qu'il y a eu des pertes supérieures aux
prévisions et que vous manquez de fonds, à ce moment-ci, pour
terminer l'année.
M. Tremblay (Outremont): En fait, ce sont, dans tous les cas, sur
l'article 7.
M. Léonard: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Donc, les articles 7 sont garantis par
le gouvernement. C'est un mandat gouvernemental. Alors, si on expliquait, si on
prenait un prêt après l'autre, je pense que vous allez comprendre
la dynamique et la raison pour laquelle on ne peut pas prévoir des
pertes d'avance. Par contre, si c'étaient des prêts de la
Société de développement industriel du Québec, les
prêts normaux, les prêts participatifs garantis, on ferait des
provisions et, à ce moment-là, si jamais il y avait perte, on
appliquerait la perte en réduction de la provision. Alors, dans ce
cas-là, c'est des articles 7. (23 h 10)
La suggestion que je pourrais faire à ce stade-ci, quitte
à y revenir si les explications ne sont pas satisfaisantes, c'est de les
prendre rapidement, un après l'autre, et on va vous donner des
explications.
M. Léonard: Oui, mais je voulais examiner un peu
l'arrière-plan de tout cela. Le gouvernement, par l'article 7, vote des
sommes x, y, z lorsque se posent des problèmes, etc. Pour combien y en
a-t-il dans le portefeuille de prêts de la SDI?
M. Tremblay (Outremont): II n'y a jamais comme tel... On ne vote
pas des garanties de prêt. On donne un mandat à la
Société de développement industriel du Québec, par
le biais de l'article 7, pour prendre un engagement.
M. Léonard: Oui.
M. Tremblay (Outremont): et si jamais, pour une raison ou pour
une autre, il y a un défaut à l'engagement, c'est à ce
moment-là qu'on vient pour des crédits. alors, dans ce
cas-là, on revient pour des crédits supplémentaires.
M. Léonard: Donc, ça, ce sont des prêts qui
ont déjà été consentis et qui ne seront pas
remboursés, que le gouvernement paie.
M. Tremblay (Outremont): Exactement. Oui, oui.
M. Léonard: Donc, ce sont des pertes sèches.
M. Tremblay (Outremont): Ah oui!
M. Léonard: Les cas que nous avons ici et les 179 000 000
$ qu'il y a là, du printemps dernier, ce sont des pertes
sèches.
M. Tremblay (Outremont): Non.
M. Léonard: Pas les 179 000 000 $ au complet,
là.
M. Tremblay (Outremont): C'est parce que dans les 179 000 000 $,
il y a plusieurs éléments.
M. Léonard: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Par exemple, il y a... C'est un
coût pour le gouvernement, oui.
M. Léonard: Mais ce qui est donné par les mandats
de l'article 7, c'est ça, des pertes.
M. Tremblay (Outremont): Mais ce n'est pas toutes des pertes
parce qu'il y a des mandats gouvernementaux qui sont donnés à la
SDI et, dans un très grand nombre de cas, il n'y a pas de perte
éventuelle pour le gouvernement. Il n'y a pas de perte sèche pour
le gouvernement, donc on ne peut pas l'approvisionner d'avance, on ne peut pas
demander des crédits, mais quand la perte arrive, on demande un
crédit. Mais dans le montant de 179 000 000 $, il n'y a pas uniquement
de ce genre de prêt. Il y a également l'ancienne
Société de développement industriel où il y a des
subventions qu'on paie sur trois ans ou sur cinq ans. Mais c'est un coût
pour le gouvernement. En ce moment, on demande des crédits de 29 000 000
$ pour payer des engagements aux institutions financières
traditionnelles.
M. Léonard: Avant de passer au détail, combien y
a-t-il de mandats de cette nature en cours, donnés par le gouvernement
en vertu de l'article 7 à la SDI?
M. Tremblay (Outremont): Attendez, je vais vous le donner. Dans
le rapport du Vérificateur - je vous le donne de mémoire - il y a
88 mandats d'article 7. Je suis certain que c'est 88. Dans le rapport du
Vérificateur - vous avez sûrement eu la chance d'en prendre
connaissance - vous allez vous apercevoir que le chiffre est là,
exactement. C'est 88 mandats gouvernementaux, selon l'article 7. Je le fais
vérifier, là, mais je vais le...
M. Léonard: O.K. C'est ce qu'il dit: 81.
M. Tremblay (Outremont): Excusez! Il y a 2300 dossiers
répartis à la Société de développement
industriel du Québec et, parmi ces dossiers, 81 - je m'excuse -
correspondent à des mandats exécutés en vertu de l'article
7 de la loi.
M. Léonard: Environ 1 000 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): Environ 1 000 000 000 $.
M. Léonard: O.K. Ça correspond. C'est la somme au
31 mars 1991. Actuellement, il peut y en avoir un peu plus. Bien. Est-ce qu'on
peut prendre les dossiers l'un après l'autre sur ce plan?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Alors, Les Crustacés des
îles. Si on se rappelle bien, c'est le dossier Madelipêche. Alors,
Madelipêche, c'était un engagement du gouvernement
précédent qui avait investi massivement dans le secteur des
pêches. Alors, dans ce sens-là, lorsque nous avons
hérité de ce dossier, nous avons pensé que de
transférer à l'entreprise privée, ce n'était pas
une mauvaise idée. Alors, étant donné qu'il ne semblait
pas y avoir un acheteur important pour se porter acquéreur d'une partie
des activités de Madelipêche, on a transféré
à une compagnie à numéro, propriété de
plusieurs actionnaires des Îles-de-la-Madeleine, une filiale de
Madelipêche qui s'appelait Les Crustacés des îles pour 1 $.
Nous avons donné une garantie à une institution financière
traditionnelle de 3 000 000 $ avec la conséquence qu'après des
efforts importants, cette entreprise a perdu 700 000 $ l'année suivante
et l'autre année, 1989, 1 600 000 $. Les opérations ont
cessé le 7 octobre 1989 et le montant que nous réclamons, c'est
le montant qui a été payé à l'institution
financière traditionnelle: 3 167 200 $.
M. Léonard: Ça avait été vendu
à qui, cette filiale de Madelipêche pour 1 $?
M. Tremblay (Outremont): Ça a été vendu,
entre autres... Le président de l'entreprise, c'était M. Delaney.
Donc, M. Delaney était propriétaire d'une société
de gestion, une société à numéro. Je cherche le nom
des autres actionnaires. C'est le groupe Delaney des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Léonard: Ils n'ont pas réussi à la
rentabiliser?
M. Tremblay (Outremont): Non, parce que. la première
année, ils ont perdu 700 000 $, la deuxième année, 1 600
000 $ et, nous, on a donné en garantie 3 000 000 $. La réponse,
c'est non. On a perdu 3 167 200 $, avec beaucoup de regret, mais au moins on a
tout fait ce qui était possible pour démontrer hors de tout doute
que les décisions qui avaient été prises dans le
passé en ce qui concerne Madelipêche et maintenant
Crustacés des îles... Je pense que les intervenants en
région ne peuvent pas dire que le gouvernement n'a pas fait un effort
considérable pour favoriser le développement de ce secteur aux
Îles-de-la-Madeleine.
M. Léonard: Avant, est-ce qu'ils perdaient de
l'argent?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Madelipêche, oui.
C'était un éléphant blanc du précédent
gouvernement, qui avait investi au-delà de 50 000 000 $ dans les...
M. Léonard: Ça dépend. Non.
M. Tremblay (Outremont): Bien, en fait...
M. Léonard: Je pense que là-dessus on pourrait s'en
parler longtemps. Tous ceux qui connaissent plus le dossier pourraient en
parler davantage. Je n'accuserais pas comme cela. Ça s'appellerait
cracher en l'air trop facilement, parce que depuis ce temps-là il n'y a
pas grand-chose qui se passe dans les pêches ici au Québec.
M. Tremblay (Outremont): En fait, on...
M. Léonard: Peut-être que le fédéral
n'aide pas, ça peut être une explication. On connaît
l'attitude générale dans le dossier.
M. Tremblay (Outremont): Alors, convenons qu'on a des
problèmes collectifs importants dans le secteur des pêches. On
assume aujourd'hui...
M. Léonard: C'est peut-être une des bonnes
conclusions qu'il faudrait tirer. Il y en a qui les fuient, puis d'autres qui
essaient de les régler.
M. Tremblay (Outremont): C'est ce qu'on a essayé de faire
en privatisant cette entreprise, parce qu'on s'est dit que peut-être le
gouvernement n'est pas le meilleur gestionnaire des pêches. On a
donné ça au secteur privé, puis, aujourd'hui, en plus des
pertes totalisant près de 2 000 000 $, nous, ça nous coûte,
comme gouvernement, 3 167 200 $. Alors, je pense qu'on a réellement fait
notre possible pour cette entreprise aux Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. Bissonnet): M. le
député.
M. Léonard: Ça va. On pourra revenir sur autre
chose ultérieurement.
Sofati Cameroun
M. Tremblay (Outremont): Dans le dossier Sofati...
M. Léonard: Sofati Cameroun.
M. Tremblay (Outremont): Pardon? Cameroun?
M. Léonard: Oui.
M. Tremblay (Outremont): Alors, ça c'est un autre, article
7 de la Société de développement industriel. On avait
été approché par le groupe Sofati pour la construction
Clé en main de six lycées techniques pour le ministère de
l'Éducation nationale du Cameroun. C'est un projet de 176 200 000 $
financé à 85 % par la SEE, donc 109 000 000 $; l'ACDI, 22 400 000
$; les institutions financières traditionnelles, 12 000 000 $; la SDI, 6
100 000 $; et le Cameroun, 25 700 000 $.
Le projet a eu certains problèmes en cours de réalisation,
avec la conséquence que le montant que nous garantissions à la
banque de 6 100 000 $, plus éventuellement les intérêts, on
a dû le payer à cause des problèmes que le cameroun a eus.
donc, nous sommes maintenant substitués dans les droits de l'institution
financière traditionnelle et nous avons un recours contre le cameroun.
nous pensons que ça va nous prendre beaucoup de temps pour
récupérer ces sommes d'argent, avec la conséquence
qu'aujourd'hui la sdi réclame un montant de 7 650 200 $ pour se
rembourser ce prêt-là. si jamais, éventuellement, on
récupérait du cameroun le montant, nous rembourserions le fonds
consolidé.
M. Léonard: Sofati était le maître d'oeuvre
du projet, était le contracteur.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: Ce dont vous venez de nous parler,
c'étaient les financiers. C'est le financement dont vous venez de nous
parler.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Bien, ce que je viens de vous
donner, c'est le montage financier du projet de 176 200 000 $.
M. Léonard: Est-ce que le projet a été
réalisé?
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Le projet...
M. Léonard: Est-ce que les six lycées ont
été réalisés?
M. Tremblay (Outremont): Je ne peux pas vous confirmer si les six
lycées ont été réalisés, mais le projet...
Assumons que le projet est en grande partie réalisé; je pourrai
vous donner l'information à savoir s'il est entièrement
complété. Mais ce qui est arrivé, c'est, lorsque le
banquier a voulu se faire rembourser par le Cameroun, le Cameroun n'a pas pu
payer à cause de problèmes dans le pays et, dans ce
sens-là, l'institution financière, après des
démarches infructueuses face au pays, s'est retournée vers la SDI
pour se faire rembourser notre garantie de 6 100 000 $, et il faut dire qu'on
partageait le risque avec des institutions financières qui, elles, ont
également en jeu 12 200 000 $. L'argent n'est pas perdu. On est
substitué dans les droits de la banque pour réclamer notre
montant de 7 650 200 $.
M. Léonard: Sauf que les chances de
récupérer, si je vous comprends, si je comprends les
explications, sont minces et lointaines. (23 h 20)
M. Tremblay (Outremont): Oui, exactement, parce que, selon nos
aviseurs financiers, nos aviseurs légaux, c'est un remboursement qui
devrait normalement se faire, disons, à long terme. Et c'est dans ce
sens-là que le rôle de l'institution financière
traditionnelle, c'est plus à court terme. Donc, elle nous a fait une
demande de remboursement de notre garantie, ce que nous avons
honoré.
M. Léonard: En réalité, la SEE et l'ACDI ont
déboursé toutes deux leur participation dans le projet, à
ce stade-ci.
M. Tremblay (Outremont): Je ne peux pas vous le confirmer.
Sûrement une bonne partie, mais je ne peux pas vous confirmer s'ils ont
déboursé le montant total. Mais de la façon que ça
fonctionne habituellement, la réponse, ça devrait être oui,
là.
M. Léonard: C'étaient des lycées, donc des
écoles secondaires, si je comprends, du type français pour
préparer les élèves au niveau baccalauréat, dans
les principales villes du Cameroun.
M. Tremblay (Outremont): En fait, ce qu'on dit, c'est une des
grandes priorités du pays, du Cameroun. Le projet permettra de
réaliser une réforme dans le secteur de la formation
professionnelle au niveau technique. Le projet est devenu, depuis les
dernières années, une priorité nationale devant la
nécessité d'élever le niveau des nouveaux emplois
disponibles au Cameroun et de répondre aux exigences de
développement. Les six lycées seront livrés en 36 mois.
J'ai toute l'information. Je peux vous rendre cette information disponible.
M. Léonard: Bien.
M. Tremblay (Outremont): Mais c'est pour la formation
professionnelle.
M. Léonard: oui, des lycées professionnels. dans le
cas de la see et de l'acdi, il ne s'agissait pas de prêt, je suppose.
c'étaient des dons.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais il faut dire que les
retombées... Lorsque la Société de développement
industriel du Québec s'implique dans un projet de cette envergure, c'est
parce qu'il y a des retombées importantes pour le Québec. Alors,
dans ce sens-là, le contenu québécois, c'est-à-dire
la valeur ajoutée au coût des facteurs, c'était 90 900 000
$. Au niveau de la main-d'oeuvre personnes-année, on parle de 673 000 $,
et les revenus du gouvernement du Québec pour ce contrat ont
totalisé 4 700 000 $. Donc, on a déjà une compensation au
niveau des revenus.
M. Léonard: Le propriétaire de Sofati, c'est M.
Gaucher?
M. Tremblay (Outremont): Oui. À100 %. M.
Léonard: Bien.
M. Tremblay (Outremont): C'est une dette qu'on appelle
aujourd'hui souveraine et, dans ce sens-là, on est évidemment
dépendants de la capacité financière de ce pays un jour de
nous rembourser son argent.
M. Léonard: J'aime bien le mot "souverain"
là-dedans.
M. Tremblay (Outremont): L'allusion, vous la relevez, mais je
dois vous dire que c'est totalement involontaire. C'est le terme employé
dans le métier. Je ne voulais pas faire de comparaison.
M. Léonard: Vous ne pouvez pas vous retourner vers
quelqu'un d'autre pour assumer vos... C'est ça. Lavalin.
M. Tremblay (Outremont): Le troisième dossier...
M. Léonard: Lavalin.
Lavalin
M. Tremblay (Outremont): ...c'est un dossier qui a
été publicise de façon importante, c'est le dossier
lavalin. je pense qu'on n'a pas à revenir sur ce dossier, sur lequel on
a fait énormément de publicité. je dois dire que lorsque
nous avons appris la situation financière de lavalin, ce qui
était important pour le québec, c'était de se mettre en
position pour avoir un droit de regard sur un acquéreur éventuel
des actifs de lavalin et, principalement, les actifs de la firme
d'ingénierie-conseil. deuxièmement, il fallait s'assurer d'avoir
le temps nécessaire pour trouver cet acheteur, et c'est la raison pour
laquelle nous avons négocié avec les institutions
financières traditionnelles une marge de crédit
supplémentaire de 145 000 000 $ à 165 000 000 $, et nous avons
garanti pari passu avec les banques 50 % des 20 000 000 $ additionnels, donc 10
000 000 $. en retour de quoi? en retour d'un droit de veto sur la
réalisation des actifs, ce qui nous a permis aujourd'hui de favoriser le
regroupement de snc-lavalin pour en faire la cinquième firme au monde en
ingénierie-conseil. cette garantie de prêt de 10 000 000 $, je
l'ai dit publiquement à plusieurs reprises, c'était un risque
calculé que nous avons pris, et je dois dire que j'avais
évidemment calculé que, possiblement, nous serions appelés
un jour à payer ce montant de 10 628 000 $. alors c'est 10 000 000 $
plus les intérêts que la sdi a payés jusqu'à temps
que le gouvernement nous rembourse.
Je dois dire pour votre information que les chiffres qui sont
mentionnés là, ça prend pour acquis que le gouvernement va
nous rembourser d'ici au 31 mars 1992. Si jamais le gouvernement nous
remboursait avant le 31 mars 1992, ça serait des intérêts
de moins; donc 10 000 000 $... peut-être 400 000 $ ou 500 000 $ à
ce moment-là.
M. Léonard: Dans le cas de la faillite de Lavalin, si on
en parle un peu, j'aurais une question à poser: Est-ce que le
gouvernement était impliqué d'une façon ou d'une autre
dans une ou des succursales de Lavalin ou compagnies affiliées ou quoi
que ce soit ou dans un ou des projets de Lavalin? Est-ce qu'il y a d'autres
implications gouvernementales moins visibles actuellement, mais dans les
projets qui ont fait faillite?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Une autre, dans une seule filiale
qui s'appelait Kemtec, alors l'usine de pétrochimie dans l'est de
Montréal. Le gouvernement était très impliqué, pour
un montant totalisant 44 000 000 $. Ça a été
également public, bien connu, depuis 1987.
M. Léonard: Ça risque de nous arriver un jour dans
des crédits additionnels, ces 44 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): On ne l'a pas... Oui.
M. Léonard: Mais ce n'est pas encore fait.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça, ce n'est pas...
Non.
M. Léonard: C'est encore dans le processus de liquidation
de Kemtec.
M. Tremblay (Outremont): Oui, mais on sait très bien que
si les institutions financières traditionnelles, qui ont un premier
rang, ont accepté de perdre 125 000 000 $...
M. Léonard: ...125...
M. Tremblay (Outremont): ...alors il y a des grandes chances que
nous allons perdre ces 44 000 000 $.
M. Léonard: C'est ça, ma question. Dans le cas de
l'effondrement de Lavalin, il y a 10 000 000 $ qui ont été...
disons un coût d'opportunité pour assurer une fusion SNC-Lava-lin
mais, par ailleurs, il y a une garantie que vous devrez assumer, de 44 000 000
$, ultérieurement.
M. Tremblay (Outremont): Oui, oui. Il n'y a aucun doute que dans
Kemtec il y a une perte additionnelle de l'ordre de 44 000 000 $, qui
était en partie une garantie de prêt sur marge de crédit de
15 000 000. qui est un prêt additionnel de 13 000 000 $ qu'on avait fait,
et il y a également les autres montants qui sont: 2 000 000 $ pour une
étude, de mémoire, et 9 600 000 $ qui étaient une aide
d'un prêt remboursable sur 15 ans sans intérêts avec le
gouvernement fédéral, qui avait investi le même montant.
(23 h 30)
M. Léonard: Dans Lavalin, il y avait aussi,
évidemment, des actionnaires et les actions étaient inscrites en
bourse - Lavalin inc. que ça s'appelait, je pense, il y a plusieurs
dénominations - et il y avait aussi des créanciers
hypothécaires, mais je suppose que tout ce monde vient de voir rayer ou
la valeur de leurs actions à zéro ou même de leurs
obligations à zéro aussi, si je comprends bien. Je suppose que ce
sont les syndics qui sont en train d'en disposer à l'heure actuelle.
Est-ce que, premièrement, ce sera un processus que vous
considérez comme long, en termes de liquidation? Deuxièmement,
est-ce que vous jugez normale une telle faillite? C'est la plus grosse qui se
soit produite au Québec, je dirai presque aussi soudaine, que ce qui
s'est passé au printemps et à l'été dernier. Est-ce
qu'il y a des mesures à prendre pour prévenir de tels
désastres? À mon sens, au moins d'un point de vue financier,
c'est un désastre. Si on a sauvé toute notre expertise de
génie-conseil, fort bien, c'est au moins ça de pris. Mais, sur le
plan financier, c'est un désastre pour le génie et pour les
investisseurs dont, je pense pouvoir le dire, la plupart sont probablement des
Québécois.
M. Tremblay (Outremont): Donc, dans le groupe Lavalin,
au-delà de la firme d'ingénierie-conseil, il y avait Lavalin
industries, qui est une compagnie publique. Alors, si nous, en tant que
créanciers garantis, on perd dans Kemtec, une des filiales de Lavalin
industries, il n'y a aucun doute que les actionnaires de Lavalin industries
vont également perdre. Mais il y avait une autre filiale importante
qu'il ne faut pas oublier et qui s'appelle UTDC. Très important. Une
partie de nos démarches, c'était de s'assurer qu'UTDC passe sous
le contrôle de Bombardier. Alors, on voit très bien,
d'après la récente déclaration, que le gouvernement de
l'Ontario a décidé de négocier uniquement avec Bombardier
et non plus avec Westinghouse. Alors, dans ce sens-là, je pense que
c'est un autre gros avantage pour le Québec de consolider maintenant le
secteur des wagons de métro dans une entreprise canadienne qui s'appelle
Bombardier.
Donc, Lavalin industries, on peut récupérer UTDC sous
contrôle québécois. On peut essayer de trouver des
solutions concrètes pour Kemtec parce que la SDI a dû nommer le
syndic pour prendre possession des actifs. On a réussi à mettre
l'usine en veilleuse jusqu'au mois d'août
1992, sans coût additionnel pour le gouvernement, en
réalisant les inventaires et les receva-bles. Partant de là, nous
sommes à la recherche d'un acheteur international qui viendra partager
le risque et s'assurer que ça puisse fonctionner. Alors, on le saura
dans un avenir rapproché. Les actionnaires de Lavalin industries ont
perdu leur mise de fonds.
Il y a une autre entreprise qui s'appelait LavalinTech. Dans
Lavalinïech, il y a eu une offre d'achat qui a été faite par
un groupe d'investisseurs du Québec pour poursuivre LavalinTech. Alors,
dans ce sens-là, il n'y a pas de perte pour les actionnaires. En ce qui
concerne les investisseurs, les petits épargnants, ils recevront
sûrement une valeur pour leurs actions. C'est en train d'être
discuté présentement avec la Commission des valeurs
mobilières du Québec. Votre question qui est, je pense,
très importante, c'est: Comment peut-on aujourd'hui...
M. Léonard: Juste avant que vous ne continuiez, il y avait
les obligataires là-dedans.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: Eux, ils sont...
M. Tremblay (Outremont): Les obligataires...
M. Léonard: C'est nettoyé aussi. Zéro.
M. Tremblay (Outremont): II y avait dans Lavalin industries, en
plus des 125 000 000 $ des banques - 65 000 000 $ à terme et 60 000 000
$ à court terme, ça faisait 125 000 000 $ - 20 000 000 $
obligataires aussi. Alors, 145 000 000 $ et, selon toute vraisemblance, ces
personnes-là ont également perdu leur argent.
Alors, la question plus fondamentale: Comment une telle situation
peut-elle se présenter? C'est sensiblement parce qu'une entreprise a
diversifié ses opérations dans deux secteurs d'activité
qui n'étaient pas reliés à son expertise
particulière, la pétrochimie avec Kemtec et la vente et la
location d'avions. Alors, je dois dire que, si on n'avait pas eu des
entrepreneurs aussi importants que Bernard Lamarre pour bâtir une firme
d'ingénierie-conseil de cette envergure, eh bien, on n'aurait pas un
SNC-Lavalin qui est le cinquième au monde. C'est évident
qu'après le fait on peut dire: II a peut-être pris certaines
décisions au niveau de la diversification qui n'étaient pas les
plus pertinentes. La conjoncture économique n'a pas aidé, surtout
dans la pétrochimie et dans la location et la vente d'avions parce que,
lorsqu'il a pris la décision, les avions étaient vendus à
la Russie. La Russie, à la suite de problèmes internes, a
décidé de ne pas donner suite à ses achats. Alors, moi, je
pense que Bernard Lamarre nous laisse au moins une entreprise d'envergure
internationale dans le secteur de l'ingénierie-conseil, et je n'ai pas
de jugement à porter sur ses décisions, sauf qu'aujourd'hui on
est appelés a assumer une garantie de prêt de 10 000 000 $.
Lorsqu'on l'a donnée, cette garantie de prêt, c'était
justement pour réaliser une consolidation, au Québec, de
l'ingénierie et tenter de prendre le contrôle d'UTDC. Il
s'avère que cette décision a été rentable, parce
que, oui, on a SNC-Lavalin et, peut-être, si ça se finalise, qu'on
va avoir UTDC, alors tout ce qu'on visait, et ce n'est pas cher, pour 10 000
000 $, considérant ce qu'on fait dans beaucoup d'autres dossiers, pour
essayer d'attirer des investisseurs au Québec. Au moins, ces 10 000 000
$ ne seront jamais contestés dans un contexte de libéralisation
des échanges.
M. Léonard: Ça a coûté 10 000 000 $.
Dans le cas d'UTDC, est-ce que les perspectives de rentabilisation sont bonnes,
suffisantes en tout cas pour qu'on s'y intéresse? Je voudrais bien que
l'Ontario essaie de nous le refiler, mais ce n'est pas ce qui a aidé
l'empire Lavalin à s'en sortir; ça l'a plutôt alourdi. Ce
n'est pas la même chose qui risque d'arriver?
M. Tremblay (Outremont): Bombardier a toujours été
intéressée à UTDC et, quand ça a été
la course, il y a quelques années, dans l'achat, c'est Lavalin qui a
réussi. Mais je peux vous assurer une chose, la raison pour laquelle
ça a pris du temps, c'est que Bombardier a fait une offre qu'elle
considère raisonnable et très, très basse, et je suis
convaincu que, si jamais c'était public, au même titre que
certains critiques ont dit: Le gouvernement a aidé Lavalin ici... J'ai
très hâte de voir personnellement l'implication du gouvernement de
l'Ontario pour le maintien des opérations d'UTDC. D'ailleurs, ils ont
déjà mis en place une garantie de 13 000 000 $, pour le mois
à venir, uniquement pour rencontrer les salaires. Donc, quand on disait
que le gouvernement du Québec a posé des gestes importants pour
consolider Lavalin, je pense qu'en ce moment ce que le gouvernement de
l'Ontario est en train de faire pour UTDC et DeHaviliand, ce sont des
décisions de beaucoup supérieures à ce qu'on a pu faire au
niveau du Québec. Je peux vous assurer une chose, au même titre
que Bombardier a mis la main sur Short, en Irlande, et a convaincu le
gouvernement britannique de donner une subvention énorme, au même
titre Bombardier va tout mettre en règle pour avoir un apport important
du gouvernement de l'Ontario. Et je peux vous dire que, pour bien
connaître Bombardier, elle va ramasser UTDC pour un prix raisonnable,
mais elle va la rentabiliser rapidement.
M. Léonard: Si je comprends bien, UTDC, c'est le
Madelipêche de l'Ontario?
M. Tremblay (Outremont): les gens, en ontario, s'ils
étaient aussi transparents que nous le sommes au québec, on en
entendrait peut-être parler un peu. ça viendra peut-être un
jour.
M. Léonard: Moi, ce qui m'a étonné dans ce
dossier, c'est la soudaineté de l'effondrement. Évidemment, on
peut l'expliquer, comme vous dites, par les événements qui se
sont passés en Russie, en tout cas le "bridge" qui ne s'est pas fait en
ce qui concerne les avions et qui a coûté une sortie de fonds de
roulement importante à Lavalin. Mais je pense que ce qui en ressort,
c'est que, au fond, la partie solide, c'était à peu près
uniquement le génie-conseil et que le reste était de
qualité hautement spéculative, pour employer un terme du
métier, très hautement spéculative, si on parle de Kemtec
ou même d'UTDC, dans le cas.
M. Tremblay (Outremont): Pas le génie-conseil.
M. Léonard: Non, non!
M. Tremblay (Outremont): Non, non. Parfait. C'est clair. Oui,
oui. Il n'y a aucun doute. Ça fait sûrement
réfléchir plusieurs de nos entrepreneurs et je pense que, dans ce
sens-là, il y a toujours un aspect positif à des choses qui
arrivent au Québec.
M. Léonard: En tout cas, ça a coûté 10
000 000 $ au gouvernement pour apprendre, plus les 44 000 000 $ qu'il ne faut
pas oublier, de l'autre bord. Ça fait 54 000 000 $.
Cascades Port-Cartier
M. Tremblay (Outremont): Alors, Cascades Port-Cartier?
M. Léonard: Oui. Je pense que vous aimez passer à
ça? Oui, allons-y.
M. Tremblay (Outremont): Cascades Port-Cartier, on connaît
très bien le dossier, aussi. Alors, étant donné les
baisses importantes au niveau du marché, l'usine de Port-Cartier a
été mise également en veilleuse. La Société
de développement industriel du Québec, sous mandat
gouvernemental, avait donné une garantie de prêt de 80 % sur un
prêt de 40 000 000 $, donc une perte éventuelle de 32 000 000 $,
et ce que nous demandons aujourd'hui, ce sont les intérêts que la
Société de développement industriel du Québec aura
à payer du 1er octobre 1991 au 31 mars 1992, soit 1 904 000 $.
M. Léonard: Pour six mois. Les intérêts pour
six mois. (23 h 40)
M. Tremblay (Outremont): C'est ça.
M. Léonard: Jusqu'à quand prévoyez-vous
devoir supporter ce prêt? Ce prêt, en quelque sorte, parce que vous
en payez les intérêts.
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: Vous-mêmes, vous êtes pour 32 000
000 $, vous avez dit, sur les 40 000 000 $ de prêt. Les autres 8 000 000
$, c'est qui? C'est l'entreprise elle-même?
M. Tremblay (Outremont): C'est l'institution financière
traditionnelle, la banque.
M. Léonard: O.K.
M. Tremblay (Outremont): Parce qu'on a garanti 80 % de la perte,
donc 32 000 000 $. La banque, c'est 8 000 000 $. Les partenaires, REXFOR et le
groupe Cascades, ont injecté 1 100 000 $ pour assurer la
continuité de certaines opérations. Alors, dans ce
sens-là, je pense que dans la région il y a une volonté de
collaborer avec le gouvernement pour trouver un acheteur. Mon collègue,
le ministre des Forêts, fait des efforts considérables. Un mandat
a été donné au ministère des Affaires
internationales qui essaie de trouver un acheteur partout à travers le
monde. Alors, c'est difficile de répondre aujourd'hui et de façon
précise à votre question. Mais ce qui était important,
c'était de protéger les actifs, de mettre l'usine en veilleuse,
c'est ce que nous avons fait. Alors, on espère évidemment, comme
vous, qu'on va trouver une solution le plus rapidement possible.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a des acheteurs potentiels qui
se sont manifestés jusqu'ici?
M. Tremblay (Outremont): Disons qu'il y a un certain
intérêt, mais c'est toujours un intérêt au niveau de
demander de l'information. Alors, je ne suis pas en mesure de vous dire
aujourd'hui jusqu'à quel point un acheteur pourrait faire une offre. On
n'est pas rendu au stade d'avoir une offre, même préliminaire.
M. Léonard: Ça pose des questions. Quelle est la
probabilité de pouvoir rentabiliser une telle usine actuellement?
M. Tremblay (Outremont): Dans le contexte économique
actuel, dans le contexte d'une surcapacité importante, dans le contexte
où on doit regarder de plus en plus des regroupements, c'est difficile,
à court terme, il n'y a aucun doute. Mais avant de laisser aller une
usine qui a coûté sensiblement au-delà de 200 000 000 $, et
dont le seul passif, c'est les 40 000 000 $ qui sont là, on a convenu
avec les banques, qui prennent la partie de leurs risques et nous
prenons la nôtre, d'essayer au moins de mettre les
équipements en veilleuse pour trouver un acheteur. Alors, on va essayer.
On va essayer avant de prendre d'autres décisions.
M. Léonard: Quel est le CAAF - ou la garantie
d'approvisionnement, mais on dit maintenant les CAAF - qui est lié
à l'usine?
M. Tremblay (Outremont): Je ne pourrais pas répondre
à cette question-là. Je pense qu'il faudrait la demander au
ministre des Forêts. Je peux vous dire que c'est du pin noir en grande
quantité et, dans ce sens-là, ce n'est pas une question de
matière première. L'usine a réussi à
développer de nouveaux produits et un de ces nouveaux produits, en plus
de la pâte à bourre, c'est une nouvelle pâte isolante qui
est prometteuse. Ce que l'entreprise Cascades est en train de faire, c'est
d'essayer de sécuriser des acheteurs éventuels pour ce nouvel
isolant et peut-être que dans - je ne sais pas, moi - six mois on pourra
trouver une réponse. Sinon, l'autre alternative qui est
envisagée, c'est d'investir dans une machine additionnelle pour faire du
surcalandré, donc un produit de plus grande valeur ajoutée, et
ça, ça coûterait de sommes importantes - on parle de 300
000 000 $ à 400 000 000 $. C'est une autre possibilité qui est
envisagée.
M. Léonard: II y a combien d'usines calan-drées au
Québec, ou de supercaiandrées? On ne sait pas?
M. Tremblay (Outremont): J'aimerais ça pouvoir vous
répondre, mais il faudrait peut-être poser cette
question-là à mon collègue, le ministre des
Forêts.
M. Léonard: Le ministre des Forêts, il n'est pas de
bonne humeur de ce temps-là. À ce qu'on voit, il n'aime pas la
concertation, lui. Il faudrait lui donner des conseils un peu.
M. Tremblay (Outremont): Disons qu'on travaille en équipe.
On vit une conjoncture...
M. Léonard: Oui, ça a l'air de vous peser un peu,
mais enfin.
M. Tremblay (Outremont): On vit une conjoncture économique
en ce moment qui n'est pas des plus favorables. Alors, nous faisons tout pour
trouver des solutions concrètes et répondre aux attentes des
intervenants dans toutes les régions du Québec.
M. Léonard: Ce qui est malheureux, c'est qu'il y en a une
à portée de main puis, par entêtement, il ne la voit pas.
Bon. Alors, espérons que s'il y a une solution comme ça à
Cascades, même si elle ne fait pas complètement son affaire, il va
sauter dessus.
Sotelmont
Dans Sotelmont. Sotelmont, c'est une entreprise que je ne connais
pas.
M. Tremblay (Outremont): Que vous ne connaissez pas?
M. Léonard: Non.
M. Tremblay (Outremont): C'est le centre de congrès qu'on
a construit à côté du mont Sainte-Anne. Alors...
M. Léonard: Ah, ça s'appelle Sotelmont?
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. C'était la
compagnie qui était propriétaire du complexe hôtelier. Et
nous, ce que nous avons fait, on a accordé une aide financière,
un prêt participatif de 1 662 500 $ pour le financement d'un projet de
construction d'un centre de congrès qui était attenant à
l'hôtel. Ça s'est avéré un mauvais prêt et
c'est la raison pour laquelle on réclame 2 370 900 $ parce que, comme
vous le savez, l'hôtel a fait une proposition concordataire et je pense
qu'elle a été refusée par les créanciers.
M. Léonard: C'est le dossier dont il est question
actuellement dans les journaux?
M. Tremblay (Outremont): Oui. Exactement.
M. Léonard: Comment peut-on s'engager dans un dossier
comme cela qui ne se réalise pas, alors qu'on est obligés,
finalement, de débourser des fonds qui sont attenants?
M. Tremblay (Outremont): ...réalisé, le centre des
congrès existe. C'est qu'ils n'ont pas réussi... Le centre des
congrès est là, mais il n'ont pas réussi à avoir
l'achalandage nécessaire pour le rentabiliser et ça a même
affecté la rentabilité de l'hôtel comme tel. C'est dans ce
sens-là que des conseillers externes ont été
appelés pour faire un plan de redressement. Ils ont fait une proposition
concordataire. Elle a été refusée et ils sont à la
recherche d'acheteurs. Et nous, notre prêt, 1 662 000 $, on l'a perdu. On
avait capitalisé les intérêts. C'est la forme de prêt
participatif. Et aujourd'hui, les intérêts, si le gouvernement
nous rembourse, ça totalise 2 370 900 $ jusqu'au 31 mars 1992.
M. Léonard: Capital et intérêts compris,
c'est la dette finale.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Exactement. Et la valeur de
réalisation, c'est la banque Toronto-Dominion qui avait une
hypothèque de premier rang sur le centre des congrès, et ce
qu'on nous dit, c'est que le produit de la réalisation sera
insuffisant à rembourser la créance des créanciers
garantis. Alors, il n'y aura aucun surplus pour les autres. Donc, on a perdu
notre argent.
M. Léonard: Irez-vous chercher M. Malenfant pour racheter
la faillite?
M. Tremblay (Outremont): Dois-je répondre à cette
question?
M. Léonard: Je la pose.
M. Tremblay (Outremont): Je pense que on fait affaire avec des
gens d'affaires et des professionnels de la région de Québec qui
ont investi personnellement des sommes importantes dans Sotelmont et qui ont
pris un risque calculé pour favoriser le développement
touristique de cet endroit du Québec, puis ils ont perdu leur argent.
Alors, dans ce sens-là, on ne fait pas affaire avec un promoteur comme
tel. C'est des personnes qui, de bonne foi... Et nous, on a...
M. Léonard: Je n'ai pas remis en cause la bonne foi des
gens. Absolument pas.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, je sais, je comprends. Non,
non, je comprends. C'était ma façon de répondre à
la question.
Mont Saint-Sauveur
M. Léonard: Oui, oui, oui. À côté un
peu, c'est bien. Je vois. Mont Saint-Sauveur. On en arrive donc à
rembourser un prêt ou des intérêts.
M. Tremblay (Outremont): Ça, c'est bien. C'est bien parce
que, là, peut-être qu'on va parler de M. Malenfant avec
celui-là.
M. Léonard: Oui, bien, il a des intérêts dans
le coin...
M. Tremblay (Outremont): Non, non, mais c'est...
M. Léonard: ...mais pas nécessairement dans cet
hôtel-là.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça. M. Léonard:
C'est Malenfant aussi.
M. Tremblay (Outremont): Non. Je vais vous expliquer. Alors, une
société en commandite, Manoir Saint-Sauveur, a été
mise en place et le contracteur de cette entreprise s'appelait Paul Martin, la
compagnie publique...
M. Léonard: Paul Martin inc..
M. Tremblay (Outremont): Exactement.
M. Léonard: ...qui est allée à un
contracteur... (23 h 50)
M. Tremblay (Outremont): Oui.
M. Léonard: ...qui l'a reprise parce que le premier
promoteur n'a pas été capable de le payer.
M. Tremblay (Outremont): Exactement. Parce que la
société en commandite n'a pas réussi à
récolter les sommes nécessaires pour financer le projet, Paul
Martin a dû reprendre le projet et le terminer. Il nous a
approchés pour lui faire un prêt participatif de 4 000 000 $ et
nous avons accepté de faire un prêt participatif de 4 000 000 $
avec la garantie de Paul Martin inc. Alors, en plus de prendre un risque sur le
complexe immobilier qui a coûté au-delà de 25 000 000 $ -
il devait coûter, au départ, 19 000 000 $ - alors, on a pris un
risque calculé. En plus, on s'est protégés en demandant la
garantie de Paul Martin inc. et il s'est avéré que le complexe
n'a pas été rentable. Paul Martin a eu de gros problèmes
financiers et, dans ce sens-là, ce qui arrivé - je faisais
allusion au groupe Malenfant - c'est le groupe Malenfant qui s'est porté
acquéreur de cet hôtel pour un montant, je pense, de 10 000 000 $.
C'est cet actif que le groupe Malenfant a perdu ou qu'il a remis au syndic et
le syndic essaie de le vendre, sans succès, aujourd'hui, et c'est le
syndic qui opère le manoir Saint-Sauveur. Alors, nous, en tant que
gouvernement, on a perdu 4 000 000 $.
M. Léonard: Vous les avez perdus parce que vous avez
été pris dans la faillite de Paul Martin inc.
M. Tremblay (Outremont): Oui. Bien, on était pris...
M. Léonard: C'est là que vous les perdez. Vous
n'avez pas garanti pour Malenfant.
M. Tremblay (Outremont): Non, non, du tout. Là, je fais
allusion à Malenfant, parce que Malenfant a acheté l'actif, mais,
quand il l'a acheté du syndic pour 10 000 000 $, ça a
éliminé nos 4 000 000 $ parce qu'on ne pouvait pas aies
récupérer...
M. Léonard: C'est ça.
M. Tremblay (Outremont): ...à cause du prix payé
par le groupe Malenfant. Alors, on s'est retournes sur Paul Martin, mais on
avait déjà commencé à réaliser, en partie,
les montants. Il nous avait versé 500 000 $ parce que le prêt
était rendu à 4 600 000 $ avec les intérêts. Il nous
a remboursé 500 000 $, donc, on réclame
aujourd'hui 4 100 000 $. Mais, malgré ce remboursement, c'est le
groupe Paul Martin inc. qui a fait faillite.
Le Président (M. Bissonnet): Je vous signale qu'il reste
neuf minutes.
Société générale de
financement
M. Léonard: Oui. Est-ce qu'on peut poser des questions
à l'intérieur des crédits sur d'autres entreprises, type
SGF, actuellement? Est-ce que la SGF prévoit faire des opérations
rentables en cours d'année? Est-ce que les prévisions de revenus
et de profits qui avaient été inscrites au budget du 2 mai
dernier seront réalisées ou seront à peu près
réalisées?
Le Président (M. Bissonnet): M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Oui. La SGF, c'est une compagnie de
portefeuille qui détient des actifs dans quatre secteurs: les chantiers
maritimes; Domtar, dans le secteur des pâtes et papiers; dans les
alumineries et Pétromont, dans la pétrochimie. Dans ce
sens-là, évidemment, Pétromont, la pétrochimie a
des problèmes présentement, mais on est partenaire à 50-50
avec Union Carbide. Donc, c'est juste les divi-dences de la SGF qui vont
diminuer par rapport aux dividendes qui avaient été
prévus. Dans Domtar, la situation, elle est bien connue. C'est une
compagnie publique. On a déjà annoncé 104 000 000 $ de
pertes. Alors, Domtar ne déclarera pas de dividendes à la SGF.
Dans le secteur des alumineries, étant donné le marché, la
conjoncture économique défavorable, les dividendes prévus
du projet ABI vont être inférieurs, mais ça n'affecte pas
comme telle la Société générale de financement, qui
est une compagnie de portefeuille. Elle aura moins de plus-value, mais
l'information que j'ai, c'est que les revenus vont compenser les
dépenses d'opération, parce qu'il n'y a aucuns crédits
additionnels qui nous sont demandés.
M. Léonard: Oui, mais quand vous faites la
déclaration de revenus en provenance de la SGF, vous ne consolidez pas
les résultats financiers des filiales? Parce qu'à partir du
moment où vous avez plus de 20 % du capital-actions dans une entreprise,
en tout cas, comme on applique actuellement les normes comptables du secteur
privé, dès que vous dépassez 20 %, vous consolidez. Vous
avez le droit de le faire.
M. Tremblay (Outremont): Je ne peux pas... Je n'ai pas
l'information pour répondre à cette question.
M. Léonard: Bon!
M. Tremblay (Outremont): Mais je peux vous la devoir. Je vais la
demander au ministre des Finances pour connaître exactement les
méthodes comptables dans le cas de la Société
générale de financement.
M. Léonard: En termes d'équilibre financier, c'est
drôlement important.
M. Tremblay (Outremont): Vous avez raison. D'autant plus qu'il y
a au moins deux de ces entreprises qui, à cause de la conjoncture
économique défavorable, ont des pertes assez importantes.
Sidbec
M. Léonard: L'autre sur laquelle je voulais vous
interroger, c'était Sidbec. Les rumeurs sont que Sidbec aurait perdu un
client important.
M. Tremblay (Outremont): Le client important c'est Canam-Manac.
Sidbec n'a pas perdu Canam-Manac et ce que Marcel Dutil a dit de façon
privée, qui a été entendu par un journaliste, c'est qu'il
voulait avoir des prix comparables à ceux qu'il pouvait avoir aux
États-Unis. Dans ce sens-là, j'ai eu des discussions importantes
avec le président de Sidbec-Dosco pour m'assurer que les achats de
Canam-Manac se feraient au Québec et que Marcel Dutil... et que nous
devions être compétitifs avec les Américains au niveau du
prix de l'acier. Et on m'assure qu'il va y avoir une entente, parce que c'est
important, sur un chiffre d'affaires de près de 600 000 000 $, on parle
de 50 000 000 $ qui seraient achetés par Canam-Manac. Alors, les
discussions sont en cours. Ce sont des négociations serrées,
évidemment, pour bien connaître les différents partenaires;
mais je suis confiant que Marcel Dutil et Canam-Manac vont acheter leur acier
au Québec.
M. Léonard: Par ailleurs, est-ce que les problèmes
d'orientation de Sidbec, en termes de production de l'acier, sont
réglés?
M. Tremblay (Outremont): La réponse c'est non. Ils ne sont
pas réglés. Et c'est la raison pour laquelle je mentionne sur la
place publique, depuis maintenant six mois, que je privilégie de
façon importante des alliances stratégiques dans le secteur de la
sidérurgie. Il y a eu une rencontre, le 4 juillet 1991, avec les
entreprises suivantes: Stelco, Sidbec-Dosco, le président de Canam-Manac
était là, Ivaco et les représentants des travailleurs et
des travailleuses dans le secteur de l'acier. Le mandat a été
donné au président de Sidbec-Dosco de nous revenir avant
Noël avec des recommandations précises sur les moyens que nous
devons mettre en place pour assurer la réussite de ce secteur qui est
important pour le Québec.
Dans ce sens-là, un mandat a été donné
à
une firme américaine très importante qui doit nous
remettre son rapport incessamment. Je peux vous assurer d'une chose, c'est que
la situation n'est pas facile dans ce secteur, mais nous avons l'intention de
prendre tous les moyens nécessaires pour consolider ce que nous avons au
Québec dans le secteur de la sidérurgie.
M. Léonard: M. le Président, est-ce qu'on a encore
quelques minutes?
Le Président (M. Bissonnet): Trois minutes.
M. Léonard: Trois minutes, ah! J'ai une autre question.
Sur le Fonds de développement technologique, vous nous avez dit aux
engagements financiers, il y a à peu près une semaine, qu'il
restait au Fonds, non engagés, environ 90 000 000 $ ou 94 000 000 $.
Est-ce un montant engagé, quelles sont les dépenses
réellement effectuées à ce moment-ci? Je suppose, au
meilleur de votre connaissance, disons, au 31 octobre ou au 30 novembre, si
vous avez les montants.
M. Tremblay (Outremont): Les montants réellement
engagés, vous avez raison, il restait 94 733 000 $ des crédits
disponibles. Les montants réellement engagés totalisent 108 704
000 $.
M. Léonard: Attention. C'est parce que là on
n'emploie pas le même terme: réellement déboursés,
je vais employer le mot "déboursés".
M. Tremblay (Outremont): Ah! Très bien.
Déboursés, nous allons débourser en 1991-1992, 39 941 000
$.
M. Léonard: 40 000 000 $, en gros, 40 000 000 $.
M. Tremblay (Outremont): C'est ça: 60 000 000 $ en
1992-1993; 66 000 000 $ en 1993-1994; 41 500 000 $ en 1994-1995; 13 400 000 $
en 1995-1996. J'arrondis un peu, mais ça donne 108 715 000 $.
M. Léonard: Oui. Non, ça va. Puis en 1990-1991?
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas le chiffre.
M. Léonard: Vous n'avez pas le chiffre?
M. Tremblay (Outremont): Non. Ah! Oui, excusez, les années
antérieures: 20 385 000 $.
M. Léonard: Parce que, aux crédits, ce
n'était pas exactement cela. C'était 2 000 000 $, 1 800 000 $
pour les deux années antérieures. Mais...
M. Tremblay (Outremont): Non, non. Combien vous avez dit? 2 430
000 $?
M. Léonard: 1 800 000 $, peut-être 2 430 000 $.
M. Tremblay (Outremont): 2 430 000 $, c'est peut-être parce
que c'était juste les projets mobilisateurs. Moi, ce que je vous donne,
c'est les projets mobilisateurs - je l'ai tout ventilé. Je l'ai ici,
ventilé. J'ai les priorités gouvernementales. J'ai le projet en
environnement, en recherche et développement PME, en fonctionnenement,
et les crédits disponibles. Tout ça, c'est pour les années
antérieures, 20 385 000 $, parce que les priorités
gouvernementales, c'est 15 615 000 $. Le gros montant, c'est les
priorités gouvernementales. Radarsat, l'Institut national de la
technologie du magnésium.
M. Léonard: Est-ce que c'est possible d'avoir cette
ventilation, M. le Président?
M. Tremblay (Outremont): Je n'aurais pas d'objection à
vous donner la ventilation. Non.
M. Léonard: Alors, c'est possible. M. Tremblay
(Outremont): Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Ceci met fin, M. le
ministre...
M. Tremblay (Outremont): Merci beaucoup.
Le Président (M. Bissonnet): ...de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie, M. le député de Labelle, et je
vous remercie de l'excellence de votre collaboration à ces travaux.
Alors, conformément à l'ordre de la Chambre, ceci met fin aux
travaux de la commission plénière et je vais suspendre quelques
instants pour permettre au personnel qui accompagne M. le ministre et M. le
député de se retirer. Et l'Assemblée poursuivra ses
travaux.
(Suspension de la séance à 0 h 2) (Reprise à 0 h
3)
M. Fradet (président de la commission plénière):
Je désire vous faire rapport que la commission
plénière qui étudie les crédits
supplémentaires no 1 pour l'exercice financier se terminant le 31 mars
1992 n'a pas fini de siéger.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le
président de la commission plénière. M. leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président, je fais maintenant
motion pour que nous ajournions nos travaux à demain, 10 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
d'ajournement est adoptée? Adopté. Alors les travaux de cette
Assemblée sont ajournés à 10 heures, aujourd'hui 6
décembre.
(Fin de la séance à 0 h 4)