Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures seize minutes)
Le Président: Alors, Mmes et MM. les
députés, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie. Veuillez vous asseoir.
Avant de procéder aux affaires courantes... Mmes et MM. les
députés, veuillez prendre place, s'il vous plaît! Mmes et
MM. les députés!
Démission du député de
Laval-des-Rapides, M. Guy Bélanger
Avant de procéder aux affaires courantes, je vais
reconnaître M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Bélanger (Laval-des-Rapides): Alors, M. le
Président, chers collègues, j'ai demandé la parole
aujourd'hui pour vous faire part de mon intention de me retirer de la vie
politique.
Il y a 8 ans, je faisais mon entrée en cette Chambre de
l'Assemblée nationale. Je laissais alors un poste d'avenir pour un
engagement politique qui me permettait, semblait-il, de grands espoirs. Je
pouvais donner beaucoup, j'étais bien préparé et je
pensais que mon expérience professionnelle me permettait d'aspirer
à un rendement intéressant. Mais, après 8 ans, compte tenu
des circonstances, je constate qu'il n'y a plus d'avenir en politique pour moi.
Je ne peux pas aider comme il se doit les citoyens de mon comté et,
également, ceux du Québec. Considérant cette situation,
j'ai donc décidé de démissionner.
Or, aujourd'hui, c'est ma dernière présence en cette
Chambre. Je veux d'abord remercier les électeurs de Laval-des-Rapides de
m'avoir fait confiance à 2 reprises et j'en profite pour leur
témoigner toute ma gratitude et pour leur dire que j'ai essayé
d'être à la hauteur de leur confiance et que j'ai vraiment fait de
mon mieux.
Je voudrais aussi remercier le personnel de mon bureau dont, entre
autres, Mme Hamel, qui est avec moi depuis 18 ans, et, évidemment, dans
le contexte, ça va séparer nos chemins. Ça a
été une collaboratrice hors pair et je tenais à le
souligner.
Durant les 3 dernières années en particulier, j'ai
oeuvré dans le dossier constitutionnel. D'abord, à la commission
Bélanger-Campeau et à cette commission que j'ai eu l'honneur de
présider, soit celle chargée d'étudier les impacts et les
questions afférentes à l'accession du Québec à la
souveraineté.
De ces 2 commissions, de la rencontre avec autant d'experts et de
représentants de la population, j'en retire une conviction: les choses
ont changé au Québec, comme dans le reste du monde, d'ailleurs.
Qui aurait pu prédire, il y a seulement 3 ans, que le communisme
tomberait comme il l'a fait? Que la social-démocratie serait
défaite en Suède? Que les 2 Allemagne seraient
réunifiées? Que l'ordre politique connu depuis longtemps serait
bouleversé comme il l'est? Que les Américains et les Russes
seraient alliés dans les forces de paix de FONU? Et même ici, au
Québec, qui aurait cru que les contestations en cette Chambre seraient
davantage le fruit des personnes âgées ou des marchands plus que
des assistés sociaux? Il y a des choses qui ont changé. Elles ont
changé beaucoup.
Je pense que l'expression des attentes de la société n'est
plus la même. Mais quelles sont ces attentes? Il y a 25 ans, les
sociologues nous ont dit quelle société on devrait bâtir,
et on avait organisé alors le réseau de la santé, la
Caisse de dépôt, la nationalisation de
l'électricité, le ministère de l'Éducation. Bref,
ce fut la Révolution tranquille de Jean Lesage et ça a
été une époque de prospérité, je pense, sans
précédent pour le Québec. Et ce fut, par la suite,
l'ère des économistes et de leurs théories
économiques, les grands ensembles, la concentration des pouvoirs
à la Trudeau. On parlait de la «trudeaumanie». On a
parlé du «Québec inc.» et toute cette effervescence
qui nous amenait à une certaine fierté. Mais ces époques
sont révolues. (10 h 20)
Enfin, cela ne veut pas dire que nos systèmes économiques
soient stabilisés pour autant. Non. Récession, inflation,
dépression; c'est le lot, actuellement, de notre système
économique, et je pense que ces mouvements-là sont annonciateurs
de grands changements. Autant pour le capitaliste que pour le socialiste, il y
a des changements importants qui s'en viennent dans nos systèmes. Je
pense que nous sommes rendus à une société de philosophes,
à une société où les plus grands problèmes
sont des problèmes d'éthique, beaucoup plus que des
problèmes politiques.
Pouvons-nous tolérer encore davantage la pauvreté?
L'euthanasie doit-elle être acceptée comme une solution? La
protection de l'environnement, qui devient une grande préoccupation, le
suicide chez les jeunes, la situation des autochtones, et là je ne fais
pas allusion à la contrebande des cigarettes qui n'est absolument que le
symptôme d'un problème beaucoup plus grand que ça, la
problématique de l'égalité des femmes,
problématique aussi de la violence, la violence qui explose gratuitement
comme ça. On fête un objet de rejouissance extraordinaire et, tout
à coup, la violence éclate partout. On ne sait pas trop comment.
On est dépassé par ça. On est renversé. Mais
ça existe, dans notre société.
Ce ne sont pas là des problèmes politiques ni, non plus,
d'ordre économique. Ce sont des problèmes de philosophie,
d'éthique, de valeurs et ça appelle, je pense, à un
nouveau leadership de la part de nos politiciens. Nos modèles
économiques n'ont pas survécu à tous ces
changements-là. Steinberg n'est plus, Provigo en arrache, Laval in
n'existe plus, et pourtant c'étaient là les
objets de fierté les plus grands qu'on avait en cette Chambre.
Qui n'a pas cité Lavalin ou ces autres organismes comme modèles
dans ses discours en cette Chambre? On en était fier, les
Québécois. Les grands ensembles, je pense, ne peuvent plus
exister. Décentralisons. Allons vers les communautés locales.
Soyons plus près des gens et de leurs problèmes.
Il y a 10 ans, le peuple québécois a voté non
à la négociation de sa souveraineté. Il y a quelques mois,
ce même peuple a voté non à un renouvellement du
fédéralisme. À quoi votera-t-il oui?
La seule continuité dans tous ces changements, c'est le discours
politique qui m'apparaît, lui, ne pas avoir changé et la fonction
publique qui, elle aussi, est restée là, d'une stabilité
et d'une constance dans sa pensée et dans son action. Ce discours
politique, quant à moi, s'est usé à brasser de l'eau
chaude pour qu'elle ne colle pas au fond. Pourtant, on a dit: Le Québec
est et sera toujours libre de ses choix. Et plus que jamais je continue de
croire que M. Bourassa avait raison, mais on aborde tous ces changements, tous
ces bouleversements sociaux, aussi profonds soient-ils, de la même
façon, et cela, que l'on soit libéral ou péquiste. on est
à l'ère des coupures, on suit les sentiers battus parce que c'est
plus facile de marcher, bien qu'on ne sait pas toujours où ça
mène. même remède, même résultat. mais le
problème m'apparaît beaucoup plus profond. dix ans avec les
péquistes, 8 ans avec les libéraux, et le même
résultat. on se demande encore combien de temps nous serons capables de
nous offrir tous les services que nous avons comme société. il y
a 10 ans, le parti québécois avait posé cette même
question et avait, d'une façon courageuse à l'époque,
posé un geste qui était une coupure des salaires de 20 %. et on a
vu ce qui est arrivé à l'élection suivante. on est
à l'ère des coupures, et je pense que c'est un manque de vision
en avant, un manque de moyens, où on cherche et, de toute façon,
10 ans après, on est encore devant le même problème, avec
juste plus d'acuité. j'ai l'impression qu'on a pelleté la neige
en avant, qu'on n'a pas réglé le problème. c'était
plus facile, mais, voilà, le peuple s'inquiète et ne veut plus de
ces dettes. il met dehors ceux qui les font ou il tend à le faire en
tout cas.
Le Québec, comme tous les États du monde, est devenu un
État complexe à administrer. Quel défi que ces arbitrages
de conflits interpersonnels, sectoriels, régionaux, locaux,
internationaux! Mais qui aura le courage de poser la vraie question? Qui saura
nous présenter avec imagination et créativité les
solutions nouvelles? Qui aura cette vision de ce que doit être le
Québec dans 5 ans, dans 10 ans, dans 20 ans? Et quels moyens prendre
pour y arriver? Avec quel courage défendra-t-il ces solutions neuves et
réalistes et qui seront peut-être fort éloignées de
celles que l'on connaît actuellement? Et force est d'avouer que ça
demandera, je pense, beaucoup de courage. Où sont ces leaders, ces Jean
Lesage, ces René Lévesque et ces Robert Bourassa du défi
des 100 000 emplois, du défi du Nord, de l'énergie du Nord?
J'en arrive à la conclusion que notre façon de faire de la
politique n'est plus capable d'être proactive. Elle sait tout juste
être réactive, réagir comme si les événements
la menaient plutôt que, elle, influencer les événements. On
est à la remorque des systèmes plus qu'on les anticipe et qu'on
agit. Notre système est sclérosé. Et je ne parlerai pas de
ces lignes de parti qui, de part et d'autre, existent et qui ont pour effet, je
pense, de stériliser la réflexion et l'action chez les
politiciens. Comment remplacer la ligne de parti? Je vais vous avouer que je
n'ai pas fait, pas poussé d'étude là-dessus, mais il me
semble qu'il y a matière à se questionner là-dessus.
Il ne faut pas sortir des sentiers battus, avec la ligne de parti, et
penser autrement que les autres. Vous savez, le parti, sa cohésion...
Mais c'est aussi, je pense, sa grande faiblesse. Et je ne parle pas comme
spécialiste en dynamique de groupe, là. Mais pourquoi être
100, si on doit obligatoirement tous penser pareil? Un seul suffirait, non? Et
la ligne de parti oblige!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Laval-des-Rapides): C'est vrai! Sans parler
des disputes entre leaders qui nous obligeaient à passer des nuits
ici.
Bof! Vous n'êtes pas pire que les autres avant! J'en ai connu
plusieurs, puis ce n'est pas leur caractère, c'est la situation qui le
veut.
Ce soir, je vais redevenir membre ordinaire du peuple et, en tant que
tel, j'ai le goût de demander une année sabbatique, une
année sans politique, sans gouvernement, sans rien. Tout à coup
que ça marche. Pourquoi pas? Des fois, je me demande si la politique
n'est pas devenue trop sérieuse pour la laisser aux politiciens. Mais,
en quelques heures, comme peuple, je saurai ce qu'il pense des politiciens.
Déjà les sondages nous le disent: on est en bas de
l'échelle de crédibilité. Et je sors un peu de mon
texte.
Je lisais dernièrement dans une revue européenne, un des
pays d'Europe: Les députés sont au même niveau que les
prostituées dans les sondages d'opinion. Ça prouve que la
politique, ce n'est pas fort, tout au moins. Et ce n'est pas le même
salaire, oui. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bélanger (Laval-des-Rapides): Dans les deux cas, je
suppose que c'est imposable. Enfin!
Alors, dans cette crédibilité-là ? s'il vous
plaît! ? dans cette échelle de crédibilité, je
pense, on est en bas. Qui d'entre nous ne s'est pas fait dire un jour ou
l'autre: Pas toi, toi, tu n'es pas pareil, mais les autres, ce sont tous des
voleurs, des patineurs. Vous vous en mettez plein les poches. Vous êtes
tous pareils! Toi, tu es un petit peu différent. Ça, c'est parce
qu'on est là, parce que, quand on n'est pas là, ils disent la
même chose. Qui ne l'a pas entendu? Autant d'un bord que de l'autre.
C'est ça l'image que la population a de nous.
Comment allons-nous changer cette image-là? Comment on va faire
face à ça? Je pense que c'est le défi qui attend les
politiciens aujourd'hui. Et ce n'est pas si facile. On peut en rire
aujourd'hui, on est capable de rire de nous un peu, mais je pense que ça
ne sera pas si facile. Ce défi-là n'est pas aussi évident.
Et le peuple continue à voter. Évidemment, comme je vous le
disais tout à l'heure, est-ce que la politique n'est pas devenue trop
sérieuse pour être confiée à des politiciens? Je
pense que les politiciens devront reprendre la politique en main. Enfin...
M. le Président, c'est après mûre réflexion,
après avoir bien observé autour de moi, après avoir
consulté que j'ai mobilisé mon courage et que j'ai pris ma
décision. Il n'y a pas de courage facile. La facilité eût
été d'endurer, de laisser aller plutôt que d'agir ou de
laisser les événements décider pour moi, par exemple ne
pas me représenter à la prochaine élection.
Peut-être aussi le courage commandait-il de continuer, de me
dépasser, de donner davantage, d'essayer. Mais je sais aujourd'hui que
décider comporte des risques. Décider, c'est endosser la
responsabilité de son geste, et un geste qui exige de s'informer, de
réfléchir, de discuter.
Jusqu'à aujourd'hui, j'ai le sentiment d'avoir eu une vie remplie
et intéressante et, comme beaucoup, une vie remplie d'action, d'efforts
et de courage ? il y a des petits courages à tous les jours dont il
faut faire preuve. Et je peux dire que, dans ces 8 années de politique,
je me suis donné coeur et âme, pas corps et âme, mais coeur
et âme, sans jamais compter mes efforts et sans jamais ménager ma
peine non plus, et surtout sans crainte d'exprimer mes opinions. Eh oui! Je
suis ainsi fait et je vais continuer à le faire où je serai,
quelles que soient les situations. C'est, comme on dit, «built in»,
c'est inscrit dans la masse. Alors, je ne suis ni désabusé, ni
déçu, ni amer, car, je viens de le dire, j'ai depuis toujours
mené une vie intéressante, et mon seul regret, c'est d'avoir
peut-être mis autant de temps à m'en rendre compte, parce que
ça prend des événements des fois pour s'arrêter,
puis réfléchir, puis dire: Bien, coudon, ce n'est pas si pire mon
affaire! Mais ça prend du temps, ce n'est pas toujours facile, ce n'est
pas toujours évident.
Mais je dois avouer aussi que la vie parlementaire n'est pas facile.
Vous avez choisi le plus dur des métiers et le plus ingrat aussi. Il y a
peu de gens qui savent ce que c'est que de passer ses fins de semaines à
l'âge d'or, puis partout, à s'occuper des gens, à recevoir
les plaintes de tout le monde, les doléances des fois de quelqu'un qui
commence son explication puis qui finit sur une autre explication, et tu ne
sais plus où il est rendu, et tu essaies de suivre parce que tu veux
l'aider, et tu y crois. Ce n'est vraiment pas facile. Il faut faire du bureau
de comté pour savoir comment ce n'est pas facile. Il faut le savoir
aussi quand vous allez au restaurant et que tout le monde est après vous
pour vous demander quelque chose: Aïe! il faut que je te demande ceci.
Aïe! es-tu capable de m'arranger ça? On n'a plus d'intimité,
on n'a plus de vie privée. Ce n'est vraiment pas facile.
Là-dessus, je garderai toujours pour vous tous une grande admiration.
(10 h 30)
Je peux quand même dire que j'ai vécu des bons moments
comme président de commission parlementaire. Il est bien évident
que, bien que ma santé soit plus fragile aujourd'hui qu'à mon
arrivée il y a 8 ans, je ne quitte pas, non plus, pour des raisons de
santé. Est-ce que j'ai l'air d'un gars malade? Ha, ha, ha! Je suis, je
pense, dans une forme physique exceptionnelle, et l'excuse serait trop facile
dans mon cas, voire même, en tout cas, ce serait me mentir au moins
à moi, sinon aux autres, des choses que je ne peux pas faire. Je ne
quitte pas non plus, et je tiens à le préciser, contrairement
à ce qu'un journaliste a écrit, parce qu'on a acheté la
paix, on m'a trouvé un job. Je n'ai pas de job de personne et je n'en ai
pas besoin. Je m'arrange fort bien seul. Et, croyez-moi, lorsque j'aurai besoin
des autres, je demanderai. Mais, pour le moment, je n'ai rien demandé
à personne. Or, l'État ne me doit rien, et je quitte en
excellents termes avec tout le monde, un petit peu malheureux, parce que je
pense qu'on ne quitte pas ces lieux-là facilement. Mais, en tout
cas...
Mon processus de réflexion date de mai et juin 1992, soit avant
mes problèmes de santé. J'avais alors averti le premier ministre,
M. Bourassa, de mon intention de partir. L'un et l'autre étions en
apparence pleins de santé à ce moment-là. Et j'en profite
d'ailleurs pour me réjouir avec M. Bourassa de son retour à la
santé et lui souhaiter ardemment le maintien de sa santé qui,
j'en suis très conscient, est un bien très précieux. Je
vois Mme la vice-première ministre à qui je pourrais aussi
transmettre les mêmes voeux. Donc, plus que ma santé, plus que ma
désillusion, si tant est qu'il y en a ? parce qu'il y a des gens
qui forcent pour que j'en aie, ça fait qu'il y en aura ? c'est le
sentiment d'inefficacité, de paralysie, le sentiment de trahir la
confiance de mes électeurs, face aux changements qui s'en viennent, qui
font que je préfère partir. Je ne voudrais pas les tromper. Je ne
voudrais pas les induire en erreur. J'ai toujours fait de mon mieux. J'ai
toujours essayé... Actuellement, je pense que je ne peux pas aller plus
loin. Je dois donc partir.
Il faudrait, je pense, M. le Président, que les élus
reprennent en main la gestion de l'État et non la laisser aux
fonctionnaires qui ne sont pas imputables, eux. Pourtant, il y avait eu une
commission bipartite, non partisane, qui avait fait un travail fort valable
à ce sujet. J'espère qu'on donnera des suites à ça
et qu'on en arrivera à une politique non partisane où tous les
efforts convergeront vers les citoyens, plus que vers les partis.
Il faudra aussi décentraliser les pouvoirs vers les
régions, ce qui aura un effet mobilisateur très stimulant pour
ces régions qui sont capables, pour l'essentiel, de décider de
leur sort. Donc, plus de pouvoirs aux communautés locales.
Vous savez, on a réussi à baisser le taux de
pauvreté de 8 sur 10 qu'il était à 1 sur 10 chez les
personnes âgées. C'est des recherches d'un sociologue que j'ai
lues dernièrement. Mais, chez les moins de 35 ans ?
malheureusement, mes chiffres ne sont pas validés, mais je vous les
donne quand même, c'est un ordre de grandeur ? il est de 5,2 sur 10.
Ça veut dire que 5,2 jeunes de moins de 35 ans sur 10 vivent sous le
seuil de la pauvreté. Et ça va en augmentant sans cesse. Pour
moi, c'est une catastrophe qu'on ne voit bien qu'à travers les
statistiques. Combien de jeunes avocats sont sur le bien-être social,
après autant d'années d'études? Combien de comptables
agréés sont sur le bien-être social? Combien
d'ingénieurs sur le bien-être social? Ils ne sont plus sur le
chômage, ils ont fini. Alors, il me semble que c'est là quelque
chose d'assez catastrophique et une chose qui devra nous préoccuper
grandement.
Il faudra aussi arrêter de faire croire en
l'État-providence. L'État n'est pas responsable du bonheur des
individus. C'est là une responsabilité personnelle et non
collective. L'État ne peut pas créer... Il ne peut, tout au plus,
que créer des conditions qui permettent généralement le
bonheur, mais il ne peut pas garantir le bonheur à lui seul. Il faudra,
un jour, nous remettre à l'écoute de nos citoyens car, en
substance, ils nous disent partout où on leur en donne l'occasion leur
immense besoin de retrouver la responsabilité de leur destin.
Notre action a été trop centralisatrice et a
sérieusement hypothéqué l'espace de liberté des
individus en les rendant dépendants du gouvernement pour un nombre
considérable de permis, d'autorisations ou de droits qui, finalement,
restreignent plus qu'ils ne responsabilisent. Rendons aux individus et aux
communautés leur capacité d'agir, comme dans le premier mandat.
Revenons aux positions de M. Gobeil où l'on disait qu'il y a trop de
gouvernements. La commission Bélanger-Cam-peau a bien
démontré que cette centralisation aux mains d'une bureaucratie
compétente, il est vrai, mais boulimique comme ce n'est pas possible,
n'est pas le fruit des politiciens. À preuve, après 9 ans et 17
jours avec le Parti québécois et 8 ans avec le Parti
libéral, c'est le même constat.
En fait, les politiciens devront défendre la population et non la
bureaucratie. Faire en sorte de ne pas se cacher derrière des chartes
des droits et libertés, mais derrière, plutôt, un nouveau
contrat social basé sur des devoirs et responsabilités. Les
droits et privilèges, tout le monde les a, tout le monde les
connaît, au Québec. On les utilise avec abondance, même.
N'importe qui qui entre dans nos bureaux nous fait état de ses droits et
de ses privilèges. Mais qui nous parle de ses devoirs et de ses
responsabilités? Et où on fait, nous, appel à ce sens des
devoirs et des responsabilités? Il m'apparaît que le prochain
contrat social à passer avec la population devra être à cet
effet-là. Et, évidemment, éliminer les
dédoublements coûteux avec le fédéral.
Éliminons, dans la même foulée, les dédoublements
coûteux avec les communautés locales. Refaisons le plein de
pouvoirs de haut en bas, comme le suggérait si bien le rapport Allaire.
En fait, M. le Président, j'arrête ma réflexion parce
que... J'en aurais encore pour longtemps, évidemment, beaucoup à
dire.
J'ai peut-être un grand défaut, M. le Président,
c'est que j'aime le Québec. C'est ma province, j'en suis fier et je veux
le meilleur pour cette province-là. Or, au-delà de cette
fierté-là, je voudrais qu'un jour on donne à cette
province tout le sens, toute la force, tous les pouvoirs dont elle a besoin
pour s'épanouir, pour se développer comme on le veut.
Or, à mes collègues, je voudrais vous remercier tous car,
au-delà de la partisanerie et de la politique avec un petit p, j'ai
toujours agi avec sincérité. Si, à l'occasion, je vous ai
secoués ou remués avec mes déclarations, vous m'avez
trouvé un petit peu baveux, mais c'est peut-être parce que je vous
aimais beaucoup. Dans le fond, je voulais brasser les affaires un peu.
À mes collègues de l'Opposition, merci à vous
aussi, car, au-delà de la partisanerie, je me suis toujours senti
respecté par vous. Et je dois vous avouer que je n'ai jamais cru qu'on
avait toute la vérité de notre bord. Remarquez qu'elle
n'était pas plus non plus de votre bord. C'est Jean Piaget qui disait
que toute conduite intelligente est réversible. Alors, vous comprenez
que... Mais c'est la politique qui le veut, puis...
Or, j'ai, quant à moi, décidé de passer la main et
de faire confiance aux jeunes qui nous pressent de changer le régime ou
de quitter le devant de la scène et d'écouter les voeux et les
réflexions de cette jeunesse en qui j'ai confiance, en qui je crois.
C'est peut-être pour moi un retour aux origines. Au début de ma
carrière professionnelle, j'ai travaillé beaucoup avec les
jeunes, à aider les jeunes en difficulté. Et c'est
peut-être... On revient toujours quelque part à nos racines,
à nos origines. Alors, c'est peut-être ce retour-là qui me
motive.
Et, comme je l'ai dit tout à l'heure, contrairement à ce
qui a été affirmé dans un journal, je n'ai aucun poste qui
relève de l'État. Soyez rassurés là-dessus, vous
n'aurez pas un fonctionnaire de plus sur les bras, je ne serai pas là.
J'ai été en congé sans solde. C'est fini, je m'en vais
avec des associés. Nous avons mis sur pied des entreprises qui me
permettent de nourrir les espoirs les plus optimistes et de m'assurer un avenir
qui devra être, en tout cas, la misère confortable quoi! C'est ce
que j'espère. C'est peut-être là mon geste le plus concret
de confiance en l'avenir du Québec. Et ça, j'en suis fier.
M. le Président, je vous prie d'agréer l'expression de mes
sentiments les meilleurs. Merci.
Le Président: Merci, M. le député de
Laval-dès-Rapides.
Affaires courantes
Nous allons maintenant procéder aux affaires courantes.
Il n'y a pas de déclarations ministérielles.
Présentation de projets de loi.
Dépôt de documents
Dépôt de documents.
M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Rapports annuels de la Commission de
protection
du territoire agricole, de l'Office du
crédit agricole du Québec, du
Fonds
d'assurance-prêts agricoles et
forestiers
et du Tribunal d'appel en matière de
protection du territoire agricole
M. Picotte: Merci, M. le Président. J'ai l'honneur de
déposer les rapports annuels 1992-1993 suivants: premièrement,
celui de la Commission de protection du territoire agricole;
deuxièmement, de l'Office du crédit agricole du Québec; en
troisième lieu, du Fonds d'assurance-prêts agricoles et forestiers
et, finalement, M. le Président, celui du Tribunal d'appel en
matière de protection du territoire agricole. Merci.
Le Président: Ces documents sont donc
déposés. Maintenant, M. le ministre de la Justice.
Commentaires du ministre de la Justice sur la
réforme sur le nouveau Code civil du Québec
M. Rémillard: M. le Président, j'ai l'honneur et le
privilège de déposer en cette Chambre les tomes I et II des
commentaires du ministre de la Justice sur la réforme sur le nouveau
Code civil du Québec.
Le Président: Ces documents sont déposés. M.
le ministre des Approvisionnements et Services.
Rapport annuel de la Société
immobilière du Québec
M. Dutil: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1992-1993 de la Société
immobilière du Québec. (10 h 40)
Le Président: Ce rapport est déposé.
Maintenant, M. le ministre des Transports.
Rapport annuel de la Commission des transports du
Québec
M. Elkas: M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport annuel 1992-1993 de la Commission des transports du
Québec.
Le Président: Ce rapport est également
déposé. Dépôt de rapports de commissions
Maintenant, dépôt de rapports de commissions. M. le
président de la commission de l'aménagement et des
équipements et député de Lévis.
Étude détaillée du projet de loi
91
M. Garon: M. le Président, je dépose le rapport de
la commission de l'aménagement et des équipements qui a
siégé les 27 mai, 10 et 15 juin 1993 afin de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 91, Loi
modifiant le Code de la sécurité routière. Le projet de
loi a été adopté avec des amendements.
Le Président: Ce rapport est déposé.
Maintenant, M. le vice-président de la commission de l'économie
et du travail et député de Laviolette.
Audition des parties impliquées dans la
négociation du décret de la construction
M. Jolivet: Permettez-moi, M. le Président, de
déposer le rapport de la commission de l'économie et du travail
qui a siégé le 14 juin 1993 afin d'entendre, conformément
à l'article 51 de la Loi concernant les relations du travail, la
formation professionnelle et la gestion de la main-d'oeuvre dans l'industrie de
la construction, les parties impliquées dans la négociation du
décret de la construction quant aux raisons motivant
l'impossibilité de parvenir à une entente relativement aux
modifications à apporter au décret de la construction.
Le Président: Alors, ce rapport est également
déposé.
Maintenant, dépôt de pétitions.
Il n'y a pas d'interventions portant sur une violation de droit ou de
privilège ou sur un fait personnel.
Questions et réponses orales
Alors, nous allons dès maintenant procéder à la
période des questions et réponses orales des
députés.
Je reconnais, en première question principale, M. le chef de
l'Opposition.
Intention du gouvernement fédéral de
couper les transferts aux provinces
M. Parizeau: M. le Président, le 9 juin dernier, M.
Charest, candidat à la direction du Parti conservateur, assurait, dans
une entrevue qui s'appelle «Prime Time News», à
Radio-Canada, que, s'il devenait chef du Parti conservateur, il couperait 8 000
000 000 $ dans les transferts aux provinces, ce qui veut dire, au minimum, 2
000 000 000 $ pour le québec, peut-être 3000 000 000 $,
dépendant dans quels programmes il couperait. cela entraînerait,
bien sûr, une nouvelle augmentation d'impôt de la part du ministre
des finances au québec, ou une décote, ou les deux. m. charest
n'a pas gagné, comme on le sait, la campagne au leadership.
J'ai cependant été un peu étonné, depuis 48
heures, d'entendre les pleurs, les soupirs de nos amis d'en
face à l'occasion de la défaite de M. Charest. Je ne les
connaissais pas masochistes à ce point-là. Mais ce qu'on sait
moins, à l'heure actuelle, c'est les chiffres impliqués par
l'attitude de Mme Campbell à l'égard des transferts
fédéraux. Dans certaines déclarations, elle indique
qu'elle les gèlerait, opération que le gouvernement d'en face
connaît bien, ou bien encore qu'elle les couperait, mais on ne sait pas
de combien.
Plutôt que de dresser une sorte de liste d'épicerie et de
voeux pieux dont le premier ministre sait très bien qu'il n'en obtiendra
rien, pas plus maintenant qu'il y a 3 ans ou qu'il y a 5 ans, est-ce que le
premier ministre ne devrait pas ou ne pourrait pas demander au nouveau premier
ministre du Canada quel genre de coupures dans les transferts elle envisage, de
façon à ce que son ministre des Finances puisse se
préparer à un budget supplémentaire pour augmenter, par
exemple, les impôts à nouveau? Ça, ce serait important de
le savoir. Est-ce que le premier ministre va se renseigner auprès de la
première ministre du Canada pour savoir de combien elle a l'intention de
couper les transferts aux provinces?
Le Président: Alors, M. le premier ministre.
M. Bourassa: M. le Président, je constate que le chef de
l'Opposition est déjà en campagne électorale avec son ami,
M. Lucien Bouchard, aux questions qu'il pose. Non, mais là, il n'y a
rien de nouveau. Il n'y a rien de nouveau, il l'a annoncé, que lui et
tous les membres de son parti feraient campagne sur la scène
fédérale.
M. le Président, avant de compléter ma réponse, je
voudrais simplement, à l'occasion du départ du
député de Laval-des-Rapides, souligner son travail comme
député durant 8 ans, travail qu'il a fait avec beaucoup de
sincérité et d'ouverture.
Je veux dire au chef de l'Opposition que j'aurai l'occasion de
rencontrer Mme Campbell avec qui j'ai communiqué hier ? et j'ai
communiqué également avec M. Charest ? et j'ai
mentionné, hier, que le dossier prioritaire pour le gouvernement du
Québec... Parce qu'on parle, bon, de transfert, on n'en est pas
là. Le budget fédéral va s'appliquer jusqu'en avril 1994
et, dans le budget fédéral, il n'y avait aucune diminution des
transferts pour le gouvernement du Québec.
Mais ce qui est plus important pour nous, et je l'ai dit clairement,
publiquement et privément, c'est la solution du problème de la
main-d'oeuvre que nous avions réussi à résoudre avec
l'accord de Charlottetown, mais l'accord ayant été refusé
à cause de cette complicité entre le Parti
québécois, l'aile radicale du Parti Égalité et
Pierre Elliott Trudeau, cette triple complicité, M. le Président,
nous a empêchés de pouvoir obtenir les pouvoirs dont nous avons
besoin dans le secteur de la main-d'oeuvre. Voilà le problème
prioritaire pour le gouvernement du Québec.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le chef de l'Opposition.
M. Parizeau: II me semblait que, dans ce
référendum, le peuple québécois avait eu quelque
chose à dire. Il me semble! Il me semble!
Est-ce que le premier ministre, au-delà de traîner son
dossier de main-d'oeuvre dont il n'a aucune indication qu'il est susceptible de
se régler plus aujourd'hui qu'hier ? est-ce qu'on doit lui rappeler
les déclarations de M. Valcourt à ce sujet-là? Il est
toujours dans le portrait, celui-là ? est-ce que le premier
ministre peut, à la première occasion, essayer de
s'enquérir pour savoir jusqu'où les coupures dans les transferts
fédéraux, quand elles vont commencer, de quelle ampleur elles
vont être? Est-ce que je peux rappeler au premier ministre, est-ce qu'il
se souvient que, de l'aveu même de son ministre des Finances, 3 200 000
000 $ représentent, en quelques années, l'ampleur des coupures
déjà réalisées par le gouvernement
fédéral? Est-ce que le premier ministre peut s'enquérir le
plus rapidement possible pour savoir s'il y en a encore 1 000 000 000 $
à venir, 2 000 000 000 $, 3 000 000 000 $? De quelle ampleur ça
va être? Il me semble que ce serait responsable à l'égard
de la population du Québec.
Le Président: M. le premier ministre.
M. Bourassa: J'ai répondu tantôt au chef de
l'Opposition. Les priorités du gouvernement... À ma connaissance,
il n'y a eu aucune indication que le nouveau gouvernement fédéral
va faire un nouveau budget au cours des prochains mois. Je pense bien que le
gouvernement fédéral, qui devra faire face à une
élection dans les prochains mois, tiendra compte de la conjoncture
générale. Qu'on ait juste à examiner la situation chez nos
voisins, le Québec ne sera pas seul pour faire valoir son point de vue.
quand on voit, par exemple, un gouvernement néo-démocrate imposer
un gel des salaires de 3 ans, 3 ans de gel des salaires, et, au cours de la
présente année 1993-1994, 12 journées non payées,
12... nous, on en propose 3; 12 dans le cas de l'ontario qui a une
capacité de payer de 25 % supérieure à la nôtre et
qui a un endettement qui équivaut à environ 20 %, 25 % du pib par
rapport à près de 40 % pour le québec. alors, m. le
président, c'est une raison parmi d'autres qui justifie notre politique
salariale. je l'invoque parce que c'est un sujet d'actualité. il y a des
dizaines de milliers de montréalais et de québécois qui
ont été importunés, il y a des atteintes à la
liberté des citoyens, et on ne pose pas de questions ce matin
là-dessus, m. le président.
Le Président: En question principale maintenant, M. le
député de Bertrand.
Situation financière de
Pétromont
M. Beaulne: Merci, M. le Président.
Lors de l'étude des crédits du ministère de
l'Énergie le 5 mai'dernier, le ministre de l'Industrie, du Commerce et
de la Technologie, qui remplaçait la ministre
de l'Énergie hospitalisée d'urgence, a indiqué que
l'avenir du projet Soligaz était lié à la santé
financière de Pétromont, coeur de la pétrochimie
québécoise. Hier, en cette Chambre, la ministre de
l'Énergie a reconfirmé cette affirmation et a indiqué que
le dossier était désormais entre les mains du ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. depuis 3 semaines, m. le
président, j'essaie en vain d'obtenir les états financiers de
pétromont, à la fois de la part de pétromont
elle-même et de la sgf qui en est partenaire à 50 %. le ministre
de l'industrie, du commerce et de la technologie trouve-t-il normal que les
contribuables du québec ne puissent avoir accès aux états
financiers d'une société détenue à 50 % par des
fonds publics et peut-il confirmer à cette chambre que le déficit
accumulé de pétromont, depuis 1990, s'élèverait
à plus de 100 000 000 $? (10 h 50)
Le Président: M. le ministre de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, il me semble
réentendre ce que le député de Lévis nous disait il
y a quelques années lorsqu'on a refusé de déposer les
états financiers de la Société générale de
financement pour discuter des chantiers maritimes. On faisait des
scénarios d'horreur. On a affecté la crédibilité de
l'entreprise jusqu'à temps que le gouvernement trouve des solutions
concrètes, ce que nous avons fait.
Dans le cas de Pétromont, j'ai écouté attentivement
les propos de la ministre responsable de l'Énergie et des Ressources
hier. Il est vrai que le ministère de l'Énergie et des Ressources
a fait tout ce qu'il pouvait faire pour donner suite à ce projet, en
collaboration avec le ministère de l'Environnement. En ce qui concerne
le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, à
cause de conditions de marché, nous sommes en train de regarder
sérieusement la situation financière de Pétromont et,
lorsque nous aurons les renseignements que la Société
générale de financement a promis de nous donner, nous serons en
mesure de répondre de façon précise à la
question.
D'ailleurs, après de nombreuses questions du leader de
l'Opposition, en commission parlementaire, j'ai donné exactement cette
réponse et j'espère que vous allez arrêter de poser des
questions et de miner la crédibilité de cette entreprise qui
contribue de façon importante au développement économique
de l'est de Montréal.
Des voix: Oh! Oh! Oh!
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire. S'il vous plaît!
M. Beaulne: M. le Président, comment le ministre peut-il
refuser d'accéder à une demande de déposer les
états financiers ou de donner du moins un ordre de grandeur du
déficit accumulé de Pétromont qu'on décla- rait
techniquement en faillite au début de 1992? Est-ce que le ministre peut
confirmer à cette Chambre que Pétromont constitue encore la
pierre angulaire de sa grappe pétrochimique? Et peut-il nous indiquer
quelles mesures il entend prendre pour en assurer la survie et la
rentabilité, si tel est le cas?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Nous attendons un plan d'affaires de
l'entreprise. L'entreprise, c'est un partenariat entre la Société
générale de financement et une multinationale qui s'appelle Union
Carbide. Je me rappelle très bien les mêmes questions du
député lorsque l'entreprise, il y a quelques années, avait
des problèmes. Allez-vous injecter des ressources financières
additionnelles? Allez-vous laisser tomber cette entreprise qui contribue au
développement économique de l'est de Montréal?
Vous posiez les questions. Nous avons trouvé la solution lorsque
les partenaires ont injecté 12 500 000 $ chacun et le gouvernement du
Québec a octroyé une garantie de prêt de 25 000 000 $. Nous
sommes en train d'analyser la situation financière. Nous sommes un
gouvernement responsable. La ministre de l'Énergie et des Ressources l'a
mentionné de façon très claire hier: le projet Soligaz,
Pétromont et les autres entreprises de la grappe de la
pétrochimie sont importants pour le Québec et c'est dans ce
sens-là que nous allons le regarder dans son ensemble et nous allons
prendre les décisions pour assurer la réussite de cette grappe
industrielle dans l'est de Montréal. D'ailleurs, le président du
Conseil du patronat y tient.
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire.
M. Beaulne: Est-ce que le ministre est conscient que le
déficit de Pétromont s'explique en grande partie parce que,
depuis 1990, la direction de Pétromont a pris des décisions de
production en fonction justement des intérêts multinationaux de
son partenaire Union Carbide plutôt qu'en fonction de la
rentabilité elle-même de Pétromont?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, Dieu que
l'Opposition a de la difficulté à comprendre!
Des voix: ...
Le Président: À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! Alors, M. le
ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je ne comprends pas le sourire de
l'Opposition, d'autant plus que je viens de citer le chef de l'Opposition. Les
Japonais cherchent à
nous convaincre de ça depuis des années. Les
Américains nous démontrent ça tous les jours. Union
Carbide... Dieu que l'on a de la difficulté à comprendre le chef
de l'Opposition, M. le Président!
Des voix: Bravo!
Le Président: En question principale? S'il vous
plaît, Mmes et MM. les députés.
Alors, pour une complémentaire, Mme la députée de
Hochelaga-Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, est-ce que le ministre se
rappelle que le 8 avril dernier, en commission parlementaire, il disait ceci,
et je le cite: «Dans les semaines qui viennent, nous devrions avoir
l'information nécessaire pour prendre une décision sur
l'implantation du projet Soligaz»? Est-ce qu'il peut comprendre qu'il y a
10 semaines de cela et que c'est avec raison que nous demandons maintenant
qu'il fasse le point sur cet important dossier, M. le Président?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Alors, j'ai bien dit que, dans les
semaines qui viennent, nous serons en mesure, lors de la réception du
plan, de faire le point sur cet important dossier, parce que nous
reconnaissons, M. le Président, que c'est un important dossier.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de Bertrand.
M. Beaulne: Est-ce que le ministre est en train d'admettre que,
dans ce dossier, la SGF s'est contentée d'un rôle de bailleur de
fonds plutôt que d'un partenaire des opérations comme elle aurait
dû le faire?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): M. le Président, la
Société générale de financement a réussi
à convaincre Union Carbide de consolider l'administration de
l'entreprise au Québec. La Société générale
de financement, dans son plan de développement stratégique, en
commission parlementaire... Parlez à la députée de
Hochelaga-Maisonneuve, elle a félicité le président de la
Société générale de financement parce qu'il a eu
l'opportunité, pendant plus de 2 heures, d'expliquer la
stratégie, à la grande surprise de la députée de
Hochelaga-Maisonneuve qui l'a félicité. «J'ai l'impression
qu'on s'en va vers une prise de conscience nouvelle. Il y a des choses
qu'on n'accepte plus. J'ai de la difficulté à cerner
ça.» Encore une fois, M. le Président, je viens de citer le
chef de l'Opposition.
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire, M. le député de Pointe-aux-Trembles.
M. Bourdon: M. le Président, le ministre peut-il nous
donner l'assurance que les 400 employés d'Union Carbide, à
Montréal-Est, n'iront pas rejoindre au chômage les 300
employés de Kemtec?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Lorsque le député de
Pointe-aux-Trembles m'a approché pour le dossier Kemtec, il m'a
demandé de maintenir les actifs, d'essayer de trouver un partenaire
industriel qui avait des ressources financières, qui avait la
crédibilité et un réseau. Ça fait 18 mois, dans le
dossier Kemtec, qu'on cherche et il va me poser la question pour savoir si,
dans le cas de Pétromont, le gouvernement du Québec va faire tous
les efforts nécessaires pour maintenir cette importante entreprise dans
l'est de Montréal, qui contribue au développement
économique? Je pense que nous avons répondu à cette
question il y a longtemps, et c'est le gouvernement du Québec qui va
trouver les solutions. On va répondre dans un avenir rapproché
parce que c'est important pour le développement de la pétrochimie
au Québec.
Le Président: Pour une dernière
complémentaire, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre pourrait s'engager, M. le
Président, à faire le point d'ici à la fin de la
présente session, parce que nos informations sont à l'effet qu'il
voudrait que le tout se règle en douce avec des fermetures potentielles
au cours de juillet?
Le Président: M. le ministre.
M. Tremblay (Outremont): Je n'ai pas cette information, M. le
Président. Je n'ai pas cette information, je vais vérifier. Je
vais vérifier les affirmations du leader de l'Opposition et je vais
revenir en Chambre pour rassurer l'Opposition que nous n'attendons pas la fin
d'une session pour mettre des personnes à pied. Nous avons trop de
respect pour les travailleurs et les travailleuses de cette entreprise.
Le Président: Alors, en question principale, maintenant,
Mme la députée de Chicoutimi.
Contenu du projet de règlement en
matière d'affichage
Mme Blackburn: Merci, M. le Président.
Lundi soir, en commission parlementaire, le ministre responsable de
l'application de la Charte de la langue française continuait de
distiller au compte-gouttes ses projets de règlement en déposant
celui relatif à la langue du commerce et des affaires. Ce projet de
règlement confirme les intentions du ministre et de son gouvernement
d'instaurer le bilinguisme dans l'affichage. Ma question au ministre
responsable de l'application de
la Charte: Est-ce que le ministre confirme, par son projet de
règlement touchant la langue du commerce et des affaires, qu'il limite
désormais Punilinguisme français au transport en commun et aux
panneaux-réclame?
Le Président: M. le ministre responsable de l'application
de la Charte de la langue française. (11 heures)
M. Ryan: M. le Président, ainsi que la
députée de Chicoutimi aura pu s'en rendre compte, Favant-projet
de règlement déposé lundi soir reproduit, dans une
proportion d'à peu près 90 %, les propositions déjà
contenues dans un projet de règlement qui avait été
prépublié sous le règne du Parti québécois
en 1985. Je pense que la vice-première ministre et ministre de
l'Énergie et des Ressources sait très bien de quoi je parle. Il
reproduit également, de manière presque intégrale... Nous
parlerons des choses sur l'affichage, mais tout le reste du projet de
règlement reproduit des propositions qui m'ont été
soumises dès 1991 par l'Office de la langue française. Et je
défie la députée de Chicoutimi de contredire ce que je
viens d'affirmer.
En ce qui touche l'affichage, ce n'est pas vrai que nous instituons le
bilinguisme généralisé partout. J'ai passé mon
temps à nier cette affirmation-là depuis un mois et demi, et je
vais le faire de nouveau ce matin. Ce que nous faisons, d'abord, nous
proclamons le français obligatoire partout dans l'affichage.
Deuxièmement, nous instituons la possibilité, la faculté,
pour une entreprise ou un particulier, d'avoir un message également dans
une autre langue pourvu que le français soit toujours
prédominant. Mais, d'instituer la possibilité pour un individu ou
une entreprise d'utiliser une autre langue, d'abord, ça ne veut
sûrement pas dire que nous lui en faisons une quelconque obligation.
Ça ne veut pas non plus dire que cette autre langue sera utilisée
en toute occasion. Et le fond du projet gouvernemental, c'est que nous avons
conclu qu'il est fort possible de promouvoir le français sans interdire
l'usage d'une autre langue dans l'affichage.
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
Mme Blackburn: Le ministre peut-il nier que Punilinguisme
français soit devenu l'exception, exception réservée aux
transports en commun et aux panneaux-réclame, alors que la règle
générale autorise l'anglais et le français partout et en
tout temps, et y compris sur les camions de livraison, et qu'il ne sera plus
désormais possible de dire qu'au Québec ça se passe en
français, mais que ça se passe bien en français et en
anglais?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: En matière d'affichage nous disons, depuis le
début du débat, que nous pouvons promouvoir le français
sans nécessairement interdire l'usage d'une autre langue, pourvu que
l'usage d'une autre langue se fasse dans des conditions qui maintiennent la
prédominance du français et que cet usage soit facultatif.
Ça résume tout le projet de loi en ce qui touche l'affichage. Et
toutes les contorsions intellectuelles que voudra nous proposer la
députée de Chicoutimi ne changeront rien à l'orientation
véritable du projet de loi.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire.
Mme Blackburn: On s'en doutait. M. le Président, le
ministre, qui semble se comporter de plus en plus comme s'il était
premier ministre, peut-il nous dire s'il a vraiment décidé de
mettre fin à l'étude article par article du projet de loi 86
avant que l'on aborde l'important volet de la langue d'enseignement? Sinon,
comment explique-t-il qu'à 5 jours de la fin de la session nous ne
soyons toujours pas convoqués aujourd'hui en commission
parlementaire?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: La députée devrait très bien savoir
que ces décisions dont elle parle relèvent de la
compétence du leader du gouvernement en Chambre, et c'est à lui
qu'il incombe de répondre à la question, non pas à
moi.
Le Président: Alors, Mme la députée de
Chicoutimi, pour une autre question complémentaire.
Mme Blackburn: M. le Président, la question est claire. Le
ministre a-t-il l'intention de ramener le projet de loi 86 en commission
parlementaire de manière à ce qu'on examine ensemble, tel que le
veut la règle, l'important volet touchant la langue d'enseignement?
Est-ce qu'il reviendra en commission parlementaire avant la fin de la
session?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Ryan: M. le Président, j'ai l'intention, comme je le
fais toujours, de me soumettre activement aux décisions que le leader de
la Chambre voudra bien communiquer à cette Chambre concernant la suite
de ces travaux.
Le Président: Alors, pour une question
complémentaire, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, au leader du
gouvernement. Étant donné que nous avons appris par les
médias d'information, hier, que le premier ministre avait dit que le
projet de loi 86 et le projet de loi 102 feraient l'objet d'une motion de
clôture, est-ce que le leader du gouvernement pourrait me confirmer que,
même avec l'intention de mettre le bâillon, il n'appellera plus la
loi 86 au moment où on en est rendu à un des chapitres
très importants, à savoir l'immersion scolaire.
Le Président: M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
À l'agenda de la journée, il y a une étape qui s'intitule
«Renseignements sur les travaux de l'Assemblée», qui n'est
pas la même étape que la période des questions comme
telle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maintenant, si vous voulez
profiter de la période des questions, je n'ai pas d'objection
fondamentale à vous répondre. Je n'ai pas pris connaissance de la
déclaration que vous attribuez au premier ministre. Je vous demande de
me donner le temps d'en prendre connaissance, si effectivement il y a eu une
déclaration dans ce sens-là ou non, et je vous reviendrai.
Le Président: Pour une question principale, maintenant, M.
le député de Shefford.
Engagement du ministre de la Santé et des
Services sociaux d'augmenter les budgets des centres de femmes
M. Paré: Oui, merci, M. le Président.
Le 20 mai dernier, le ministre de la Santé et des Services
sociaux prenait un engagement formel devant des centaines de femmes
réunies ici, devant le Parlement. À une question que je lui
posais la même journée, le ministre déclarait, et je cite:
«Que d'ici le 15 juin nous donnerions la réponse finale quant au
triennal et qu'il y aurait des augmentations substantielles par rapport
à ce qu'elles ont aujourd'hui et par rapport à leurs demandes. Je
le maintiens et je le dis devant cette Assemblée, et le
député de Shefford pourra se lever éventuellement pour me
le remettre sur le nez si jamais je ne le remplis pas, mais il n'aura pas ce
plaisir là.»
Ma question au ministre de la Santé et des Services sociaux:
Puisque, le 15 juin, c'était hier, est-ce que le ministre peut nous
annoncer dès aujourd'hui qu'il respectera l'engagement qu'il a pris
devant les femmes, devant le Parlement, le 20 mai dernier?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le
Président, je respecterai ce que j'ai fait comme engagement, et
dès aujourd'hui.
Le Président: Pour une question complémentaire.
M. Paré: Comment le ministre peut-il justifier la
réponse qu'il vient de faire à la question que je lui posais
alors que l'engagement qu'il a pris le 20 mai dernier devant des centaines de
femmes devant le Parlement, c'est qu'on annoncerait les montants investis pour
les centres de femmes dans le plan triennal avant le 15 juin? Nous sommes le
16.
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, les
instances centrales du gouvernement ont été saisies des
différents dossiers, le Conseil du trésor a pris les
décisions qu'il devait hier, c'est donc avec grand plaisir que, oui,
j'annoncerai, 24 heures plus tard, la décision gouvernementale. Mais je
pense que ça va quand même être bien accueilli par les gens
pareil.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Paré: En attendant l'annonce, pour être sûr
et certain que les groupes de femmes ne seront pas déçus de
l'engagement d'augmenter considérablement et d'une façon
substantielle les montants, que le ministre réaffirme son engagement
qu'il va y avoir une augmentation substantielle et que, s'il ne réussit
pas à la décrocher dans le budget du ministre des Finances ?
on connaît déjà la réponse, c'est non ? si ce
n'est pas au niveau du Conseil du trésor, le ministre s'engage à
donner une augmentation substantielle prise à même ses
crédits, si nécessaire.
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
comprends le député de Shefford qui a grand peur que les femmes
soient déçues. Je peux lui assurer une seule chose, c'est que le
seul déçu, ce sera lui.
Des voix: Ha,ha, ha!
Le Président: Pour une question principale maintenant, M.
le leader adjoint de l'Opposition et député d'Abitibi-Ouest.
Transfert d'employés d'Hydro-Québec de
Rivière-du-Loup à Rimouski
M. Gendron: Oui, M. le Président. Les régions du
Québec vivent une série plutôt noire avec ce gouvernement,
dans toutes sortes de décisions de réorganisation administrative
plutôt douteuse. À titre d'exemple, c'est le cas à
Rivière-du-Loup où une trentaine d'employés de la
société d'État seront transférés à
Rimouski parce que Hydro-Québec, dans sa grande sagesse, a entrepris de
centraliser ses activités dans les grands centres au détriment
des petites communautés. À l'instar d'autres régions du
Québec, les citoyens de Rivière-du-Loup se sont mobilisés
et ont vivement protesté contre ce transfert illogique; illogique parce
que Hydro-Québec convient et admet qu'elle ne fait aucune
économie en transférant ces employés à Rimouski.
D'ailleurs, le chef de cabinet, du bureau du premier ministre a confirmé
la
même chose.
Ma question, M. le Président, à la vice-première
ministre: Est-ce que la vice-première ministre peut nous indiquer
pourquoi Hydro-Québec s'entête à effectuer ce transfert
d'employés qui affectera grandement l'économie locale de
Rivière-du-Loup, alors qu'il n'y a pas d'économies à
faire, et où tout le monde questionne: C'est quoi la logique qui guide
Hydro-Québec dans ce dossier? (11 h 10)
Le Président: Mme la vice-première ministre et
ministre de l'Énergie et des Ressources.
Mme Bacon: M. le Président, le député
d'Abitibi-Ouest sait très bien que la ministre de l'Énergie et
des Ressources n'a aucun contrôle sur les décisions
administratives d'Hydro-Québec. Je pense qu'il y a eu des
décisions administratives qui ont été prises, il y a eu
des réaménagements qui ont été faits dans les
régions, comme au central, comme dans le bureau sur le boulevard
René-Lévesque, M. le Président, et la ministre n'a pas
à donner d'avis sur ces décisions administratives. La
responsabilité que j'ai, c'est de surveiller qu'il n'y ait pas des
dépenses folles de faites, à Hydro-Québec, comme on a fait
cette année: on a demandé à HydroQuébec de geler
ses frais d'exploitation et d'achat de biens et de services. Je pense
qu'à ce moment-là on a fait notre devoir, M. le Président.
Mais ces décisions administratives sont prises par
Hydro-Québec.
M. Gendron: Ça va venir, ça va venir. En tout cas,
je n'ai pas...
Le Président: Alors, en question
complémentaire.
M. Gendron: M. le Président, comment la
vice-première ministre peut-elle faire accroire à cette Chambre
que, dans une société d'État où les budgets sont
approuvés par l'Assemblée nationale, par la ministre responsable,
comment peut-elle oser prétendre que ça ne regarderait pas la
ministre responsable? Voyons donc! Et pourquoi la ministre ne se rend-elle pas
compte que, dans ce dossier-là, Hydro-Québec elle-même a
convenu qu'il n'y avait pas d'économies? Et, dans ce sens-là, il
me semble qu'elle devrait leur donner une indication. Pourquoi ne le fait-elle
pas?
Le Président: Alors, Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, on a demandé à
Hydro-Québec de faire des gains de productivité; on a
demandé à Hydro-Québec d'opérer efficacement. Je
pense que c'est ce qu'elle tente de faire. Et, à chaque fois qu'une
région a été insatisfaite des décisions
d'Hydro-Québec, j'ai demandé à M. Couture, qui est
responsable de ces gains de productivité et de ce souci
d'efficacité, de rencontrer les groupes. Ce n'est pas à la
ministre à le faire, M. le Président, c'est à
Hydro-Québec.
Le Président: Alors, toujours en question
complémentaire.
M. Gendron: Oui. Question additionnelle, M. le Président,
au ministre des Forêts: Comment se fait-il que, lui, il prétend
que ça appartient, effectivement, au gouvernement et à la
ministre responsable de prendre une décision qui éviterait de
pénaliser une ville comme Rivière-du-Loup? Et est-ce que le
ministre des Forêts ne convient pas qu'il est pas mal plus attentif, dans
ce dossier-là, et pas mal plus analytique que dans la même
décision où il a prétendu que ça le regardait de
prendre une décision de transfert concernant la société de
conservation de la ressource, de Rouyn-Noranda à Val-d'Or, pour rien, et
de Saint-Honoré à Roberval? Alors, comment se fait-il...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, question
de règlement.
M. Gendron: ...que, dans le dossier de Rivière-du-Loup,
vous êtes pas mal plus attentif?
Le Président: Alors, sur une question de règlement,
M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le leader adjoint de
l'Opposition conviendra avec le leader du gouvernement que les questions
s'adressent au ministre en tant que ministre et non pas à des
députés. On n'adresse pas des questions à des
députés au moment de la période des questions.
M. Gendron: ...le ministre, c'est de mes affaires.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président: M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: ...on espère qu'il va être aussi
loquace dans cette Chambre qu'il l'est en dehors.
Le Président: Alors, la question est posée au
ministre des Forêts.
M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, dans le cas des sociétés de conservation,
auquel fait allusion le député d'Abitibi-Ouest, nous avons fait
des démonstrations d'économies et d'efficacité. Dans le
cas du transfert des employés d'Hydro-Québec à
Rivière-du-Loup, moi, je ne suis pas satisfait des réponses que
j'ai obtenues, tout simplement.
Le Président: Alors, pour une dernière question
additionnelle, M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: Comment un membre de ce gouvernement, M. le
Président, comment un membre de ce
gouvernement peut-il faire une déclaration de cet ordre en
Chambre, alors qu'il est membre du Conseil des ministres? Et, effectivement, ma
prétention est à l'effet que la ministre de l'Énergie et
des Ressources devrait s'impliquer. Il n'y a pas d'économies, et le
gouvernement nous dit: Bien, c'est une décision d'Hydro-Québec.
Ah oui! Comment le ministre délégué aux Forêts
n'exige-t-il pas une discussion au Conseil des ministres afin que ce
débat puisse prendre en compte qu'il n'y a pas d'économies dans
une décision aussi folle?
Le Président: Alors, M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, comme l'a expliqué la ministre de l'Énergie et
des Ressources, c'est une décision administrative d'Hydro-Québec,
qui a été prise administrativement. C'est tout simplement
ça.
Le Président: Alors, pour une question additionnelle, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au ministre des Forêts ? ou à Mme la ministre de
l'Énergie ? en quoi les réponses qu'il a reçues ne le
satisfont pas?
Le Président: Alors, M. le ministre des Forêts.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, c'est tout simplement sur une question d'économies et
d'efficacité, et les représentants d'Hydro-Québec n'ont
pas réussi à me convaincre que c'était efficace de
transférer à Rimouski un chauffeur de véhicule
plutôt que de le laisser à Rivière-du-Loup.
Le Président: Alors, une question principale maintenant,
M. le député de Dubuc.
Interdiction de la chasse au chevreuil dans la
région du Bas-Saint-Laurent
M. Morin: Merci, M. le Président.
En octobre dernier, devant le constat du déclin catastrophique
des populations de chevreuil, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche ordonnait l'interdiction de la chasse au chevreuil pour 5 ans dans
la région de la Gaspésie, décision accompagnée de
mesures timides visant à favoriser le piégeage du coyote. Plus
récemment, soit en mai dernier, c'était au tour de la
région du Bas-Saint-Laurent de se voir interdire la chasse au chevreuil
pour les 5 prochaines années.
En considérant que le MLCP effectue régulièrement
des inventaires et que, depuis plusieurs années, les chasseurs et plus
particulièrement l'Association nationale des trappeurs
indépendants pressaient le ministre d'agir pour contrôler
l'augmentation de la population des coyotes, l'accusant même d'être
responsable de la quasi-extermination du chevreuil, le ministre, comme premier
responsable de la conservation de la faune, reconnaît-il avoir
sous-estimé la gravité de la situation de la prolifération
du coyote et de son impact sur le chevreuil?
Le Président: Alors, en demandant, s'il vous plaît,
l'attention des collègues, M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche.
M. Blackburn: Je dois vous avouer, M. le Président, que
j'apprécie la question du député de Dubuc, ce matin,
concernant la faune, parce qu'à voir le nombre de questions que j'ai
eues depuis le début de cette session je pensais qu'on avait
largué cette responsabilité importante de la faune sur le
territoire du Québec.
Alors, effectivement, il y a un problème qui est majeur. Le
gouvernement, le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
et le ministre ont assumé leurs responsabilités. Une population
de coyotes...
Le Président: Un instant, M. le ministre. Je vais demander
aux collègues leur attention, s'il vous plaît! MM. les
députés, je suis tout près du ministre et j'ai de la
difficulté à l'entendre à ce moment-ci. Alors, je vous
demanderais de baisser le ton, s'il vous plaît!
M. le ministre.
M. Blackburn: Merci, M. le Président.
Alors, compte tenu que la responsabilité fondamentale du ministre
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, c'est de protéger, bien
sûr, les populations fauni-ques, dans le cas de la population des cerfs
de Virginie dans la région du Bas-Saint-Laurent, un inventaire nous
démontrait très clairement que la population était partie
de 11 000 il y a 3 ans à 3000 maintenant. Il nous fallait donc agir, et
c'est ce que j'ai fait, M. le Président.
J'ai voulu restaurer cette population faunique importante, parce
qu'à quelque part on a des responsabilités au niveau de la
restauration la plus rapide pour permettre, justement, que cette pratique de
l'activité de la chasse puisse se faire le plus rapidement possible,
dans les meilleurs délais, compte tenu de l'importance de
l'activité économique que ça génère.
Le Président: Pour une question complémentaire, M.
le député de Dubuc.
M. Morin: Merci. Alors, en parlant de l'aspect économique,
M. le Président, comment le ministre peut-il expliquer que son
ministère ait accepté la tarification de la chasse au chevreuil
pour les ZEC de la région du Bas-Saint-Laurent, alors qu'il était
déjà question, en avril dernier, d'interdire la chasse pour la
saison 1993? Dois-je comprendre, comme l'a soutenu le député de
Rimouski, que le ministre gère son ministère à la petite
semaine?
Le Président: M. le ministre.
M. Blackburn: Je n'accepte pas du tout, M. le
Président, cette affirmation du député de Dubuc.
Effectivement, il y a eu des consultations qui se sont tenues par les
fonctionnaires du ministère en région, avec les
représentants de la réserve faunique de Duchénier et avec
les représentants des territoires de ZEC, pour les informer de la
situation et, bien sûr, pour leur dire qu'à quelque part il y
aurait probablement des décisions de prises. Des décisions ont
été prises, et c'est en fonction des responsabilités qui
m'incombent.
Le Président: Toujours en question
complémentaire.
M. Morin: M. le Président, est-ce que le ministre
considère, pour des partenaires privilégiés, que quelques
coups de téléphone de biologistes, ça constitue une
consultation? Et est-ce que le ministre ne devrait pas admettre que la
consultation auprès des gestionnaires des territoires fauniques
touchés par cette décision a été des plus
ordinaires par rapport aux impacts que celle-ci provoque sur le plan
économique?
Le Président: M. le ministre.
M. Blackburn: II faut bien rappeler, M. le Président, que,
dans la région de la Gaspésie, la même décision a
été prise l'an passé, les mêmes gestes ont
été posés, la même responsabilité a
été assumée. Dans le cas du Bas-Saint-Laurent, c'est une
autre réalité, une autre problématique qui nous fait
ressortir qu'à quelque part il y a des décisions qui se devaient
d'être prises, et c'est ce que nous avons fait. Le coyote est un
élément important, bien sûr, pour les raisons de ce qu'on
voit maintenant en termes de réalité, mais il y a aussi les
hivers rigoureux de ces régions qui sont effectivement très
néfastes pour les populations de cerfs de Virginie.
Le Président: Pour une autre question
complémentaire.
M. Morin: Alors, M. le Président, qu'entend faire le
ministre pour compenser les ZEC, les pourvoi-ries et la réserve
Duchénier des impacts économiques négatifs de plusieurs
millions de dollars causés par sa décision tardive?
Le Président: M. le ministre. (11 h 20)
M. Blackburn: M. le Président, quand le
député de Dubuc parle de plusieurs millions de dollars,
effectivement, il y a des problèmes qui sont d'un ordre beaucoup moins
important. On va continuer d'assumer nos responsabilités et faire que
cette population de cerfs de Virginie soit restaurée le plus rapidement
possible pour permettre que cette activité économique
extrêmement importante pour cette région puisse se faire le plus
rapidement possible. Bien sûr, ce que ça permet de faire, ces
décisions, c'est de restaurer cette population dans les meilleurs
délais, et c'est ce qu'on souhaite tous ensemble.
Une voix: Les compensations?
M. Blackburn: Les compensations, c'est les mêmes qu'on a
eues dans la région de la Gaspésie. Il n'y aura pas de
compensation de plus dans la région du Bas-Saint-Laurent.
Le Président: En question principale, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Rapport du Comité permanent de lutte aux
drogues concernant Le Patriarche
Mme Vermette: Oui. Merci, M. le Président.
Le 21 janvier 1992, je demandais au ministre de la Santé et des
Services sociaux d'enquêter sur l'association Le Patriarche, un centre de
traitement pour toxicomanie et sidatiques, comptant 5 points de services au
Québec, dont les activités et le mode de fonctionnement faisaient
l'objet de vives critiques de la part d'intervenants du milieu.
Le ministre m'informait qu'il transmettrait pour analyse ce dossier
à la Direction générale de réadaptation et services
de longue durée de son ministère, dossier qui fut par la suite
soumis au Comité permanent de lutte aux drogues. Le ministre s'est aussi
engagé à nous faire part de ses commentaires dès
réception de cette analyse. Le rapport de ce comité, qui confirme
la nécessité d'enquêter sur Le Patriarche, fut remis au
ministre en juin 1992 et ce n'est qu'il y a quelques jours seulement qu'il m'en
transmettait copie sans émettre, M. le Président, le moindre
commentaire.
Alors, ma question est de demander au ministre de la Santé et des
Services sociaux ce qu'il a fait depuis 1 an dans ce dossier. A-t-il, oui ou
non, donné suite à la recommandation du Comité permanent
de lutte aux drogues qui lui demandait d'ordonner une enquête formelle
sur les allégations qui ont été soulevées à
l'égard de certaines activités de l'association Le Patriarche
touchant son financement, les soins aux étrangers, le respect des droits
des usagers et divers aspects de son organisation, et peut-il nous livrer, en
fait, les résultats de cette enquête?
Le Président: M. le ministre de la Santé et des
Services sociaux.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
c'est un dossier qui préoccupe la députée depuis, je
dirais, quelques années puisque, depuis quelques années, aux
crédits, elle me pose des questions concernant Le Patriarche.
L'an dernier, donc, aux crédits de 1992-1993, nous avons
abordé cette question de long en large et, au lendemain de cette
commission, M. le Président, j'ai passé dans tout le
réseau des CSS de l'époque le message qu'il ne devait plus y
avoir de placement d'enfants
au Patriarche, chose qui a été faite partout à
travers le Québec, puisqu'elle-même nous avait informés que
certains CSS faisaient ces pratiques.
Entre-temps, nous avons mené des enquêtes et demandé
un avis au comité dont elle faisait mention tout à l'heure et,
à nouveau, aux crédits cette année, Mme la
députée a posé des questions s'informant si on pouvait
rendre public l'avis du comité. Et, aux crédits, j'ai dit: Je
vais m'enquérir auprès des gens du comité, en particulier
de Me Gérald Tremblay, s'il a objection ou pas à ce que ce
document-là soit rendu public. La réponse nous est parvenue il y
a une dizaine de jours tout au plus ou une quinzaine de jours. J'ai donc
décidé ? à ce moment-là, il me laissait le
choix ? de prendre l'avis et de l'expédier à madame, tel que
convenu; il est maintenant du domaine public. Ça, c'est la
première partie de la réponse.
La deuxième, M. le Président. Je ne peux pas et je ne
condamnerai pas un organisme comme Le Patriarche sans qu'il y ait des preuves
suffisantes.
Le Président: Je vais vous interrompre à ce
moment-ci en requérant de nouveau la collaboration des collègues.
Vous avez des salons à votre disposition, alors je vous prie de les
utiliser, s'il vous plaît.
Alors, en conclusion, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
personne jusqu'à maintenant ne m'a fourni des preuves que Le Patriarche
devait faire l'objet d'une enquête plus systématique. Ce que nous
avons décidé, c'est de faire des règlements, tel que nous
le recommandait le comité Bertrand. Ces normes, donc,
d'accréditation, des maisons qui veulent offrir de ces services seront
donc, au cours de l'automne, soumises aux nouvelles normes qui sont en
consultation actuellement et qui feront l'objet d'une décision finale
à l'automne. Le Patriarche, comme les autres, devra être soumis
à ces normes et c'est ça qui va régler le problème,
je pense, une fois pour toutes.
Une voix: Très bien.
Le Président: Alors, en question complémentaire,
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre
peut nous confirmer qu'à la lecture de ces normes justement les centres
de thérapie du genre du Patriarche ne sont pas considérés?
Est-ce qu'il va apporter une attention particulière pour empêcher
que de tels organismes soient, en tout cas, mis à l'intérieur de
ces normes sans vraiment être impliqués aussi par ces normes?
Le Président: M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, ce
que le rapport Bertrand nous recommandait, c'était de mettre de l'ordre
dans ceux qui dispensent des services en toxicomanie, que ce soit au niveau de
la prévention, que ce soit au niveau de la réadaptation. Ce que
nous avons choisi comme voie, c'est de nous assurer qu'en réadaptation
ce ne soit pas n'importe qui, formé n'importe comment, dans n'importe
quelle circonstance, puisse faire ça, et c'est à ça que
vont répondre les normes.
Quant à la prévention, si, demain, on se doit de
réglementer tout ce qu'il y a de prévention ou de promotion
à travers le Québec, je pense qu'on n'a pas fini de
siéger. On va être obligé de siéger 12 mois par
année, 24 heures par jour, pour être capable de les régler.
Et ça, ça fait appel à un contrat qui interviendra entre
un individu et un organisme qui veut dispenser des services en
prévention ou en promotion, et ça relève davantage du
domaine d'un contrat d'un organisme à un individu. Ça ne
relève pas de mon domaine à moi.
Le Président: Alors, pour une autre question
complémentaire, Mme la députée.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre
a l'intention d'examiner chacun des éléments qui ont
été soulevés par le rapport du comité sur les
drogues en ce qui concerne Le Patriarche et qui recommande au ministre de ne
pas accréditer cette maison de thérapie parce que c'est
considéré plus, en fin de compte, selon certains, comme une
secte, comme vraiment une raison sociale? On pourrait leur donner des normes
sans problème. Est-ce que le ministre s'engage à examiner chacun
des éléments soulevés dans le rapport du comité
pour déterminer si vraiment il y a lieu d'accréditer cette
ressource?
Le Président: Alors, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on a
vécu pendant de nombreuses années avec des gens de bonne
volonté qui ont offert des services en réadaptation un peu
partout à travers le Québec, et c'est ce qu'a soulevé le
comité Bertrand, en nous demandant de faire en sorte qu'il y ait
dorénavant des normes. Ces normes ont été
élaborées au cours des dernières années. Elles sont
soumises à une consultation. Elles auront force de loi au cours de
l'automne et, à partir du moment où ces normes seront là,
c'est sûr qu'elles vont s'appliquer, y compris au Patriarche, et il n'est
pas question de reconnaître Le Patriarche tant et aussi longtemps qu'ils
ne répondront pas aux normes que nous allons éventuellement
édicter.
Le Président: Alors, c'est la fin de la période de
questions.
Il n'y a pas de votes reportés. Motions sans préavis.
Avis touchant les travaux des commissions
Avis touchant les travaux des commissions.
M. le leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président.
J'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, de 15 heures à 18 heures et de 20
heures à 24 heures, à la salle Louis-Hippolyte-LaFontaine, la
commission du budget et de l'administration poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 90, Loi modifiant la Loi concernant
l'impôt sur le tabac, la Loi sur le ministère du Revenu et
d'autres dispositions législatives d'ordre fiscal; de 15 heures à
18 heures et de 20 heures à 24 heures, à la salle du Conseil
législatif, la commission des institutions poursuivra l'étude
détaillée du projet de loi 84, Loi sur la Régie des
alcools, des courses et des jeux et modifiant diverses dispositions
législatives.
Le Président: Alors, merci, M. le leader du
gouvernement.
Maintenant, aux renseignements sur les travaux de
l'Assemblée.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui. Je demanderais, si le leader du gouvernement
est d'accord, qu'on suspende pour quelques minutes parce que, avant de poser
mes questions sur les travaux, j'aimerais pouvoir consulter quelques-uns de mes
collègues.
Le Président: Très bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consentement.
Le Président: Alors, à la demande, nous allons donc
suspendre les travaux de l'Assemblée pendant quelques minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 29)
(Reprise à 11 h 38)
Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Nous en sommes aux
renseignements sur les travaux de l'Assemblée.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. J'ai eu une demande du
leader du gouvernement, une demande de consentement concernant la loi 101, qui
est la loi sur...
Une voix: La qualité de l'environnement.
M. Chevrette: La qualité de l'environnement... qui,
normalement, aurait dû être appelée dans 7 jours. Compte
tenu que, de notre côté, on a consenti... Depuis le
dépôt, on a toujours dit au ministre de l'Environne- ment que nous
concourrions à l'étude de ce projet de loi. Donc, dans un premier
temps, je voudrais dire au président de la Chambre et au ministre de
l'Environnement que nous acceptons, cet avant-midi, l'étude du principe,
et que nous accepterions également un consentement pour aller en
commission parlementaire, d'autre part, parce qu'on est à
préparer des amendements au projet de loi, toute cette
partie-là.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement, sur cette question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Effectivement, M. le
Président, le leader de l'Opposition a résumé les
pourparlers entre l'Opposition officielle et le parti ministériel sur ce
projet de loi qui a été déposé en dehors des
délais prescrits par notre règlement. Effectivement, le leader de
l'Opposition nous avait fait part de son accord au cours de la journée
d'hier. Il y a un retrait d'accord pour des vérifications ? je
pense qu'elles ont dû s'effectuer hier soir ? de la part de
l'Opposition officielle. S'il y a consentement, aux affaires courantes,
j'appellerais l'article ou je vous demanderais, M. le Président,
d'appeler l'article 3 du feuilleton.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader de
l'Opposition officielle. (11 h 40)
M. Chevrette: Avant que le ministre n'accepte... appelle
l'article 3 du feuilleton, est-ce que le ministre peut nous donner un
aperçu du déroulement des travaux pour la journée? On sait
qu'il y a des commissions parlementaires qui fonctionnent, puis il y a des lois
qui ne sont pas appelées puis qui sont très contentieuses,
à savoir la 86 et la 102. Et, contrairement à ce que j'ai connu
depuis 4, 5 jours, je n'ai pas un menu très consistant pour la
journée en ce qui regarde l'Assemblée nationale. Donc, à
part de la loi 101 sur laquelle nous consentons à faire des discussions
au niveau du principe, je suppose que c'est une entrée, quel est le plat
de résistance de la journée, M. le Président, et quel est
le dessert?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le
Président. Si nous obtenons le consentement unanime des membres de cette
Assemblée pour procéder dans le cas de la loi 101, qui touche
toute la question des sites d'enfouissement sanitaire et de dépôt
de matériaux secs dans la province de Québec, il y a, à ma
connaissance, plusieurs députés de plusieurs régions qui
souhaitent intervenir, qui sont aux prises avec des problèmes chez eux,
ce qui devrait normalement nous amener à au moins 13 heures. À ce
moment-là, il y aurait suspension, comme c'est l'habitude, des
débats jusqu'à 15 heures en cette Chambre.
Je dois assister au Conseil des ministres où le
menu législatif comme tel va être précisé par
l'ensemble de mes collègues et, à ce moment-là, je serai
en mesure de communiquer l'information au député de Joliette et
leader de l'Opposition. Maintenant, il est possible également que, sur
la loi 101, on n'ait pas terminé, malgré tous les efforts, pour
13 heures. Aussitôt que j'aurai l'information du Conseil des ministres,
je m'engage à la communiquer au leader de l'Opposition officielle.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Drummond.
M. St-Roch: Oui, M. le Président. Sur la
réquisition de M. le leader du gouvernement concernant la loi 101,
j'avais indiqué, lorsqu'on a eu la Journée de la terre, le 2
avril, que j'étais pour concourir à tout projet de loi,
même s'il était hors délai, qui ferait en sorte qu'on
pourrait mettre un frein à la bombe à retardement sur laquelle on
est assis.
Alors, c'est avec plaisir que je participerai et que je donne mon
consentement à l'adoption du principe de la loi 101.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a
d'autres renseignements sur les travaux? Alors, ceci met fin à la
période des affaires courantes.
Affaires du jour
Nous allons maintenant passer aux affaires du jour. M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
prie donc, dans les circonstances, d'appeler l'article 3 de notre
feuilleton.
Projet de loi 101 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À l'article 3, M.
le ministre de l'Environnement propose l'adoption du principe du projet de loi
101, Loi sur l'établissement et l'agrandissement de certains lieux
d'élimination de déchets.
Alors, y a-t-il consentement pour déroger à l'article 227
du règlement parce qu'il y a délai d'une semaine? Est-ce qu'il y
a consentement?
Mme Juneau: Consentement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Consentement.
M. le leader du gouvernement, sur ce projet de loi, à l'adoption
du principe.
M. Pierre Paradis M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le
Président, pour le bénéfice de tous les membres de cette
Assemblée et pour une meilleure compréhension du débat qui
nous préoccupe aujourd'hui, vous me permettrez de reprendre l'essentiel
des propos que je tenais, il y a quelque temps, à l'occasion d'une
interpellation en Chambre sur la gestion des déchets solides, soit le
vendredi 14 mai dernier.
Il faut d'abord remonter dans le temps et dresser un portrait des
actions entreprises par notre gouvernement au cours des dernières
années, avant de situer le débat sur la question plus
précise qui fait l'objet de la législation discutée en
cette Chambre aujourd'hui.
À l'instar de tous les Québécois et
Québécoises, notre gouvernement accorde le plus grand
intérêt à la question des déchets solides. C'est une
préoccupation de première importance sur laquelle nous
travaillons, avons travaillé et continuerons de travailler avec
constance, comme en font foi la mesure législative que nous
débattons aujourd'hui et les autres mesures dont il sera question plus
loin au cours de cette intervention.
On se rappelera d'abord, M. le Président, qu'en 1987 notre
gouvernement recevait les commentaires et recommandations de 37 organismes
prônant la mise en place d'une politique de gestion
intégrée des déchets solides au Québec. La
même année, le ministère de l'Environnement menait une
large consultation à laquelle ont participé plus de 120
organismes, en décembre 1987, à Montréal. Cette
consultation, conjuguée aux efforts d'analyse et de réflexion du
ministère, a débouché sur l'adoption, en août 1989,
de la politique de gestion intégrée des déchets
solides.
Cette politique fait état de la situation concernant la
problématique des déchets solides au Québec, propose des
principes d'intervention de même que toute une série de moyens
d'action. Ce document demeure toujours une référence quand on
s'intéresse consciencieusement à la question des déchets
au Québec, particulièrement quand on réclame une politique
cohérente et, surtout, garante du développement durable.
C'est donc dès ce moment que le gouvernement libéral
disposait d'un guide pour ses interventions et établissait 2 objectifs
fondamentaux, à savoir de réduire au minimum les quantités
de déchets à éliminer et, deuxièmement, de
s'assurer que les moyens d'élimination des déchets qui restent
soient adéquats et sans danger pour l'environnement.
En fait, le but premier visé par la politique consiste à
réduire de 50 %, d'ici à l'an 2000, la quantité de
déchets solides destinés à l'enfouissement. De plus, la
politique privilégie, dans l'ordre: la réduction à la
source, le réemploi, le recyclage, la valorisation et, finalement,
l'élimination, une stratégie mieux connue sous l'appellation des
RRRV.
D'autre part, la politique clarifie le rôle de chaque intervenant
et confirme la responsabilité première des municipalités
dans la gestion de leurs déchets, spécialement en matière
de collecte, de transport et d'élimination.
Il faut, en effet, garder à l'esprit que la gestion
des déchets proprement dite de même que la collecte
sélective relèvent du champ de compétence des
municipalités. Le ministère de l'Environnement du Québec,
pour sa part, est concerné dans la mesure où l'élimination
des déchets solides, surtout les déchets domestiques, est
susceptible de porter atteinte à la qualité de
l'environnement.
Il va de soi, par ailleurs, que la responsabilité des autres
intervenants doit nécessairement être mise à contribution
dans une démarche intégrée de réduction des
déchets. Suivant ce partage des responsabilités, le
ministère de l'Environnement intervient donc à titre de
responsable de la préservation et de l'amélioration de
l'environnement. C'est son rôle de régir les pratiques
liées à l'élimination des déchets, le tout dans une
perspective de développement durable. Toutefois, dans une approche
globale, il n'est qu'un des acteurs concernés et il a toujours
envisagé ses interventions dans une perspective d'interaction avec les
différents intervenants et dans le respect du rôle de chacun.
Je mentionnerai maintenant, à titre d'exemple, quelques-unes des
interventions que notre gouvernement a entreprises dans l'esprit et dans la
foulée de cette politique de gestion intégrée des
déchets.
En 1989, Collecte sélective Québec a été
créée, avec l'appui du gouvernement, afin d'assurer
l'implantation de programmes municipaux de collecte sélective; 2 000 000
de citoyens sont desservis aujourd'hui par la collecte porte à porte,
soit 6 fois plus qu'en 1989. En mars 1990, nous avons donné notre
approbation au protocole national sur l'emballage, adopté par le Conseil
canadien des ministres de l'Environnement, protocole qui vise une
réduction de 50 % de la quantité d'emballage envoyé
à l'élimination d'ici l'an 2000. Le 22 juin 1990,
l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité la Loi
créant la Société québécoise de
récupération et de recyclage, mieux connue sous le nom de
RECYC-QUÉBEC. Cette nouvelle société vise à
promouvoir la réduction à la source et la
récupération en vue du réemploi, du recyclage et de la
valorisation. RECYC-QUÉBEC créait plus récemment un
programme d'aide gouvernemental pour solutionner les problèmes
environnementaux causés par les pneus hors d'usage
générés au Québec annuellement. Elle a
également mis sur pied, il y a quelque temps, une bourse
québécoise de matières secondaires destinée
à ouvrir des marchés pour la valorisation de ces produits.
Le 25 juin 1991,des modifications ont été apportées
au règlement sur les déchets solides afin que les exploitants du
lieu d'enfouissement sanitaire puissent refuser les déchets provenant de
l'extérieur de leur région. En octobre 1991, le ministère
de l'Environnement démarrait son évaluation systématique
des lieux d'enfouissement sanitaire par son plan d'action pour
l'évaluation et la réhabilitation des lieux d'enfouissement
sanitaire. En mai 1992, le gouvernement du Québec a modifié sa
politique d'achat, favorisant ainsi l'acquisition de produits et services plus
respectueux de l'envi- ronnement.
Malgré toutes ces démarches, il reste néanmoins que
la gestion des déchets constitue actuellement un problème et que
nous ne pouvons pas attendre que la situation devienne plus critique avant de
réagir à la pollution générée par
l'élimination des déchets. Nous sommes parfaitement conscients de
la situation en tant que gouvernement.
Qu'en est-il de cette situation? Il faut tout de suite remarquer qu'en
matière d'élimination des déchets le problème se
pose surtout avec les lieux d'enfouissement sanitaire. Si l'on brosse
rapidement un portrait de la situation, force nous est de constater que la
grande région de Montréal s'avère particulièrement
préoccupante. Le dépotoir de l'ancienne carrière Miron et
le projet d'incinérateur de la Régie intermunicipale de gestion
des déchets sur l'île de Montréal donnent à la
question de l'élimination des déchets son caractère
d'actualité. Mais le gouvernement n'est pas sans rien faire ?je
l'ai dit ? sur la question de l'élimination des déchets,
bien au contraire, et particulièrement quant au problème des
lieux d'enfouissement sanitaire. (11 h 50)
Ainsi, depuis le 12 novembre 1992, tout nouveau site d'enfouissement
sanitaire, de dépôt de matériaux secs, de
dépôt en tranchées, de site de déchets
spéciaux ainsi que tout agrandissement de l'un de ces sites font l'objet
d'une évaluation de ma part en vue de décider si ces projets
doivent être référés au Bureau d'audiences publiques
sur l'environnement pour fin d'une consultation.
Cette décision fait en sorte que tout projet actuel et futur
visant à établir ou à modifier un système de
gestion des déchets ou une partie de ce système est
potentiellement soumis à la procédure d'enquête et
d'audiences publiques, et ce, en vertu des pouvoirs exceptionnels que
confère au ministre de l'Environnement l'article 6.3 de la Loi sur la
qualité de l'environnement. Cette décision a été
prise en attente de l'adoption du nouveau règlement sur les
évaluations environnementales et du nouveau règlement sur les
résidus solides, qui constitue une refonte de l'actuel règlement
sur les déchets solides. De cette façon, nous avons
manifesté notre ferme volonté d'impliquer la population dans la
gestion des sites de déchets. Les citoyens et les citoyennes doivent en
effet être directement et démocratiquement impliqués dans
le processus d'analyse actuellement effectué par les fonctionnaires du
ministère de l'Environnement.
Vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, toutefois,
que cette décision a essuyé quelques revers devant les tribunaux
dans certains dossiers. En fait, actuellement, 7 projets majeurs
d'agrandissement font toujours l'objet de procédures judiciaires devant
les tribunaux, soit 4 projets de lieux d'enfouissement sanitaire et 3 projets
de dépôts de matériaux secs. Au-delà des
caractéristiques de chacun de ces cas particuliers, ce que cette
situation vient mettre en évidence, c'est l'in-
suffisance, à certains égards, des mesures actuelles
législatives et réglementaires, ce dont nous sommes tout à
fait conscients, en tant que gouvernement, comme le montrent les importantes
mesures législatives que nous entendons présenter dans le cadre
de la refonte du règlement sur les déchets solides ou que nous
avons déjà fait savoir, notamment avec le projet de loi 61
portant sur la réforme de l'évaluation environnementale.
Enfin, en ce qui concerne la première de ces mesures, nous avons
amorcé, en octobre 1992, la diffusion auprès de plus de 200
intervenants d'un document de préconsultation visant à donner les
orientations de la refonte du règlement sur les déchets solides.
Quant à la deuxième mesure, l'Assemblée nationale a
adopté en décembre 1992 le projet de loi 61 portant sur la
réforme des évaluations environnementales visant, entre autres,
l'assujettissement des lieux d'élimination des déchets à
la procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement. La réforme obligera en effet tout projet d'implantation
d'un lieu d'enfouissement sanitaire et de dépôt de
matériaux secs à faire l'objet d'une consultation publique
préalable.
D'après tous les avis que nous avons reçus, cette loi et
le règlement afférent, une fois en vigueur, donneront au ministre
de l'Environnement une assise juridique solide sur laquelle il pourra s'appuyer
pour obliger tous les sites d'enfouissement sanitaire, par exemple, à
passer devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Le
gouvernement reste par ailleurs sensible aux préoccupations de la
population quand elle s'exprime par la voix des groupes environnementaux sur la
question de l'élimination des déchets, et nous sommes bien loin
de faire la sourde oreille lorsque ces mêmes représentants nous
demandent de tenir une enquête publique sur cette problématique
particulière des déchets et de décréter, pour ce
faire, un moratoire sur l'établissement et l'agrandissement des lieux
d'élimination des déchets. À preuve, nous avons
rencontré ces représentants à plusieurs reprises ces
derniers temps et nous leur avons confirmé, par le fait même,
toute l'importance que nous accordons à leur point de vue sur le
problème. Nous avons même pu compter, au cours de ces
échanges, sur l'expertise d'éminents juristes
québécois en environnement. L'avis de ces juristes devait
confirmer la position que nous continuons de défendre sur ce sujet,
à savoir qu'un moratoire entraînerait des difficultés
légales, des contestations légales et pratiques, qu'on ne peut
arrêter de produire des déchets et qu'il est, à toutes fins
utiles, impossible d'appliquer une telle solution.
Un moratoire sur l'élimination des déchets
s'avérerait sans doute encore moins viable, sur le plan juridique, que
l'application de l'actuel article 6.3 qui a déjà fait l'objet de
contestations devant les tribunaux. Qui plus est, les juristes ont
confirmé qu'il ne serait pas pertinent de modifier les règles de
jeu actuelles en allant dans cette direction, compte tenu de l'état
d'avancement des actions déjà entreprises au sujet de la refonte
du règlement sur les déchets solides et de la réforme sur
l'évaluation environnementale. Ainsi, dans un contexte où un
moratoire se révèle une solution pour le moins précaire
pour soutenir un débat public, dans un contexte où les moyens
actuellement mis en branle aux plans légal et réglementaire se
présentent comme des solutions tout à fait appropriées,
nous sommes d'avis que la solution qui apparaît la plus réaliste
et la plus indiquée dans les circonstances réside dans la
poursuite des actions qui sont déjà entamées et qui vont
bon train, et dont on peut espérer un certain succès.
Toutefois, tout au cours de nos discussions avec les différents
intervenants intéressés à la gestion des déchets,
nous avons toujours indiqué que nous demeurions ouverts, à titre
de gouvernement, à tout autre élément de solution qui
pourrait être utile dans l'atteinte de nos objectifs. Aussi est-ce pour
cette raison que nous avons continué d'accueillir avec
considération l'avis de tous les partenaires environnementaux, car il
faut bien, sur une question aussi grave et aussi déterminante, chercher
à mettre tous les efforts en commun et faire fi des divergences
d'opinion stériles.
C'est cette attitude d'ouverture qui nous a conduits à
présenter le projet de loi sur l'établissement ou
l'agrandissement de certains lieux d'élimination des déchets,
particulièrement devant la prolifération des demandes
d'autorisation pour la création ou l'agrandissement de lieux
d'élimination avant que n'entrent en vigueur les nouvelles dispositions
portant sur les déchets solides et sur les évaluations
environnementales. Il faut signaler, encore une fois, en effet, que ces
nouvelles dispositions seront plus contraignantes et plus rigoureuses à
l'endroit des promoteurs.
Je signalerai à cet égard que le ministère de
l'Environnement est actuellement saisi ou informé de près de 80
demandes d'établissement ou d'agrandissement de lieux d'enfouissement
sanitaire et de dépôt de matériaux secs. Bien qu'on
remarque que ces demandes sont réparties dans toutes les régions
du Québec, on note que les environs de la grande région
métropolitaine, notamment la Montérégie et l'Estrie, font
l'objet d'un nombre important de demandes.
Enfin, le projet de loi que nous présentons aujourd'hui se veut,
d'une part, une réponse rapide et appropriée à une
problématique actuelle et, d'autre part, une solution dotée d'une
base légale qui correspond aux préoccupations légitimes et
toujours plus pressantes de la population du monde municipal et des groupes
écologiques à l'égard de la problématique de la
gestion des déchets au Québec.
L'essentiel de ce projet de loi consiste à rendre
l'évaluation environnementale obligatoire, avec étude d'impact et
audiences publiques à l'égard des projets d'implantation ou
d'agrandissement de certains lieux d'élimination de déchets, des
projets qui, jusque-là, ont échappé à ce processus
d'évaluation puisque la Loi sur la qualité de l'environnement et
l'actuel Règlement portant sur l'évaluation environnementale ne
les soumettait pas à ce processus.
D'autre part, ce projet de loi, lorsqu'adopté, permettra au
gouvernement, si les circonstances le justi-
fient, d'imposer des normes différentes, c'est-à-dire plus
sévères que celles qui sont prescrites par le Règlement
sur les déchets solides actuellement en vigueur. Cette
particularité permettra d'imposer des conditions plus exigeantes
à un promoteur lors de la création ou de l'agrandissement, par
exemple, d'un lieu d'enfouissement sanitaire.
Je me dois d'ailleurs d'insister sur le fait que ce projet de loi est
une mesure transitoire présentée en attente du nouveau
Règlement sur les évaluations environnementales qui soumettra
notamment les sites d'enfouissement et les dépôts de
matériaux secs à la procédure d'examen des impacts sur
l'environnement et du . nouveau Règlement sur les déchets
solides, qui prévoit la mise en place de normes plus
sévères concernant l'établissement et l'exploitation des
lieux d'élimination des déchets.
Je me dois également d'insister sur le fait que cette solution
légale permet d'intervenir rapidement et de soumettre à une
procédure d'évaluation environnementale et d'audience publique
tous les projets de création et d'agrandissement de sites tout en
prenant le temps qu'il faut pour compléter le processus visant
l'adoption de mesures précédemment mentionnées, et ce,
dans le meilleur intérêt de l'ensemble de la population et des
décideurs locaux.
J'ajouterai en outre que, lors de sa sanction par le
lieutenant-gouverneur, ce projet de loi spécial sera effectif à
la date de son dépôt, soit le 14 juin 1993, et qu'il s'applique
à toute nouvelle demande de certificat et également à
toutes les demandes qui sont pendantes au ministère de l'Environnement
du Québec.
D'autre part, comme je le signalais précédemment, nous
avons travaillé dans un esprit d'ouverture avec nos partenaires
environnementaux, si bien qu'il me fait plaisir d'annoncer aujourd'hui la mise
sur pied d'un processus de consultations particulières additionnelles
réunissant des représentants du monde municipal, gouvernemental,
écologique et de l'industrie environnementale.
Animés d'un souci de bonification, nous croyons de cette
façon que le texte législatif instituant la refonte du
Règlement sur les déchets solides fera l'objet de commentaires et
de propositions du milieu qui viendront améliorer le projet de loi en
voie de rédaction au ministère, lequel a déjà
été précédé d'une consultation
préliminaire sur un document technique l'automne dernier. Ce groupe de
travail, dont la première réunion est prévue pour le 21
juin prochain, réunira les représentants de chaque organisation
que nous sollicitons, soit le ministère des Affaires municipales, le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le
ministère de l'Environnement, l'Union des municipalités du
Québec, l'Union des municipalités régionales de
comté du Québec, l'Union des producteurs agricoles, la
Société québécoise de récupération et
de recyclage, Collecte sélective Québec, l'Association des
entrepreneurs de services en environnement du Québec, et le Front commun
québécois pour une gestion écologique des déchets.
(12 heures)
En mettant nos efforts en commun ainsi que nos compétences
respectives, je suis confiant que nous élaborerons ensemble une
réglementation environnementale sur la problématique de la
gestion des déchets au Québec qui répondra aux besoins et
aux attentes de la population, du monde municipal et des groupes
écologiques. Cette consultation, qui a pour but de doter le
Québec des outils nécessaires à une gestion
écologique de nos déchets, n'entraînera pas, par ailleurs,
de délais significatifs dans l'atteinte de cet objectif puisqu'il est
prévu qu'un rapport devra être élaboré pour le 1er
septembre prochain.
Pour l'heure, et dans l'attente de l'entrée en vigueur des
mesures annoncées précédemment et du rapport de la
nouvelle table de discussion, nous demeurons toutefois fermement convaincus que
le projet de loi 101, dont nous débattons aujourd'hui, s'avère la
réponse la plus indiquée et la plus apte, compte tenu des
circonstances, pour répondre aux préoccupations légitimes
de la population, circonstances sur lesquelles vous me permettrez, M. le
Président, d'insister, à savoir: le caractère
désuet des normes de l'actuel règlement sur les déchets
solides qui fixe des paramètres datant de 1978 pour
l'établissement et l'agrandissement des lieux d'élimination des
déchets, alors que ces sites exigent, de toute évidence,
l'application d'une réglementation environnementale beaucoup plus
rigoureuse; que la population désire de plus en plus ? et à
bon droit, d'ailleurs ? être consultée et être
impliquée dans la mise en place ou la gestion de projets dont les
impacts sur la qualité de l'environnement sont des plus
préoccupants, compte tenu, d'une part, de la nature des
opérations qu'on y pratique et, d'autre part, de l'envergure toujours
plus grande que prennent ces mêmes projets quant à leur dimension;
que les promoteurs ont, dans certains dossiers, contesté devant les
tribunaux la décision que nous avions prise en novembre dernier, suivant
l'article 6.3 de l'actuelle Loi sur la qualité de l'environnement, de
soumettre à l'analyse, en vue d'une éventuelle procédure
d'enquête et d'audiences publiques, tout projet actuel et futur visant
à établir ou à modifier un système de gestion des
déchets ou une partie d'un tel système; qu'il y a
prolifération des demandes d'autorisation pour la création ou
l'agrandissement de lieux d'élimination de déchets ou de
dépôts de matériaux secs dont le ministère a
été saisi ou informé ? on en dénombre, et je
le répète, à peu près 80 ? alors que nous
sommes en train d'élaborer et de mettre en place, pour un avenir
rapproché, les dispositions légales et réglementaires qui,
d'une part, obligeront à une procédure de consultation publique
concernant les sites d'élimination de déchets et qui, d'autre
part, introduiront une batterie de normes plus rigoureuses et plus
sévères concernant l'établissement et l'exploitation des
lieux d'élimination des déchets; que l'émission d'un aussi
grand nombre de permis aurait des répercussions importantes et fort
négatives sur la collecte sélective, la
récupération et le recyclage de nos
déchets parce que, l'enfouissement étant facilement
accessible, les coûts de la tonne de déchets enfouis se
maintiendraient à des niveaux très bas, ce qui
découragerait tous les efforts qu'on doit consentir à la
récupération et au recyclage; que, dans les dossiers des lieux
d'enfouissement sanitaire ou dans tout autre dossier à caractère
environnemental, nous devons poser des gestes pour le seul et unique
bien-être de la population que nous représentons, ce qui est le
cas avec ce projet de loi; que, dans le cadre de nos interventions, nous devons
surtout nous assurer que personne n'a ou ne conserve de droits acquis à
la pollution, une telle prétention étant indéfendable et
insoutenable dans une société comme la nôtre, comme le
reconnaît une jurisprudence maintenant bien établie en droit de
l'environnement; que, lorsque nous devons intervenir en tant que
parlementaires, nous devons le faire au moment jugé approprié et
que, dans le dossier de la gestion des déchets solides, un concensus a
été établi afin que nous intervenions dans ce secteur
qualifié d'intérêt public.
Voilà, M. le Président, autant de raisons qui expliquent
notre choix d'invoquer l'urgence de la situation pour discuter aujourd'hui de
ce projet de loi spécial. C'est pourquoi je demanderai à tous les
membres de cette Chambre de contribuer activement au processus parlementaire
permettant d'aller de l'avant avec cette mesure législative dont
l'urgence et la nécessité, j'insiste, ne font aucun doute.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre de
l'Environnement de votre intervention.
Alors, je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous en
sommes à l'étape de l'adoption du principe du projet de loi 101,
Loi sur l'établissement et l'agrandissement de certains lieux
d'élimination de déchets, et je cède la parole à
Mme la présidente de la commission des affaires sociales et
députée de Taillon.
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Pauline Marois
Mme Marois: Merci. Alors, je vous remercie M. le
Président.
Je voudrais, dès le début de mon intervention, et sans
réserve, dire au ministre que je suis d'accord avec le fond du projet de
loi qui nous est présenté de même que
généralement avec les articles, tels que je les interprète
à ce moment-ci. Évidemment, nous aurons l'occasion, en commission
parlementaire, d'étudier l'un après l'autre ces articles et nous
aurons l'occasion, s'il y a lieu, de les bonifier. J'aurai, d'ailleurs, une
proposition précise à faire, M. le Président, un
amendement, un projet d'amendement dont je parlerai plus loin dans mon
intervention.
Je pense qu'il était important que, dès ce moment-ci, les
membres de cette Assemblée, unanimement, reconnaissent l'importance
d'agir d'une façon urgente dans ce dossier, et c'est ce que permettra de
faire la loi, urgente parce qu'on a constaté ? et le ministre l'a
dit lui-même ? que, suite aux directives émises par le
ministre, celles-ci avaient été déboutées en cour
et, donc, avaient permis à certains promoteurs de sites, qu'il s'agisse
de promoteurs publics ou privés, d'ailleurs, de ne pas avoir à
passer devant le BAPE pour que le projet de site d'enfouissement soit
évalué, donc, par le Bureau d'audiences publiques, et surtout que
le projet soit soumis à la discussion publique.
Cela étant dit, M. le Président, vous allez me permettre,
cependant, de déplorer le fait que le ministre, comme ça en est
malheureusement son habitude, arrive en catastrophe, à la fin d'une
session, pour nous présenter ce projet de loi qui devient un projet de
loi spécial, nous contraignant, évidemment, à
procéder d'une façon accélérée, sans avoir
le temps de faire toutes les consultations utiles et nécessaires nous
permettant de nous alimenter, pour intervenir d'une façon pertinente
dans le débat, en tenant compte de tous les enjeux concernés par
un tel projet de loi.
M. le Président, ce qu'il faut savoir, c'est que le ministre
avait été prévenu, tant par ses conseillers juridiques que
par des avocats qui oeuvrent dans le secteur privé ? et ça,
je l'affirme parce qu'on me l'a très clairement dit ? le ministre
avait été prévenu que sa directive risquait d'être
contestée, ce qui est arrivé concrètement et pratiquement.
Ce qui fait que nous nous retrouvons donc maintenant devant un projet
spécial, alors qu'il aurait pu, il y a quelques mois, il y a 1 an, il
aurait pu, dès ce moment-là, venir avec le projet qui est
là, qui corrige évidemment... c'est-à-dire qui lui permet
d'intervenir sans aucune espèce de crainte de se voir contesté.
Et c'est ce que je reproche au ministre, comme je reproche au ministre, M. le
Président, d'annoncer depuis un long moment ? et j'ai devant moi le
document qu'il a déposé en commission parlementaire où on
a étudié le budget du ministère, j'ai devant moi la liste
des règlements qui sont en étude... Ce que je reproche au
ministre, c'est qu'il annonce des projets, il fait miroiter aux gens qu'il va
procéder et, 1 an, 1 an et demi plus tard, on en est toujours en
préconsultation, en projets qui dorment sur les tablettes du
ministère et qui ne sont pas mis en opération.
Quand je lis la liste des projets de règlement qui sont soit en
prépublication ou qui sont attendus, c'est absolument effarant, M. le
Président: projet de règlement sur les matières
dangereuses, refonte de règlement sur l'évaluation de l'examen
d'impact, projet de règlement sur les rejets liquides, projet de
règlement sur la pollution par les élevages d'animaux, etc.
Certains sont en prépublication ou en publication, c'est-à-dire
en prépublication ou en consultation depuis février 1990, janvier
1992, M. le Président; 1 an, 2 ans, 3 ans. C'est inadmissible. Et le
ministre le sait très bien, M. le Président.
De la même façon, le projet de loi qui est devant nous
aurait pu être présenté préalablement, aurait
évité que des conflits ne s'enveniment sur le terrain, et le
ministre le sait très bien, des conflits entre les citoyens
et les promoteurs. Cela met les promoteurs dans des situations
difficiles, bien sûr, mais cela enlève, à mon point de vue,
des droits aux citoyens de s'exprimer. Et c'est ce qui s'est passé dans
un certain nombre de cas au Québec. C'est ce qui se passe actuellement
en Mauricie. C'est ce qui se passe actuellement dans
Laurentides-Lanaudière. Qu'on pense, entre autres, à
Saint-Jean-de-Matha, M. le Président.
Alors, si on avait très clairement modifié la loi,
obligeant tous les projets, c'est-à-dire toutes les demandes, soit
visant à agrandir des sites d'enfouissement ou à en implanter,
à passer devant le BAPE, à ce que s'applique pour eux la
procédure prévue par le Bureau d'audiences publiques, on aurait
évité, à mon point de vue, que des conflits s'enveniment.
Et ça m'apparaît une responsabilité que le ministre doit
porter à ce moment-ci. (12 h 10)
Bien sûr, il se rattrape un peu par le projet qui est là,
et maintenant va obliger toutes les demandes qui vont lui être
présentées... va obliger les promoteurs de toutes les demandes
à suivre la procédure du BAPE. Je suis d'accord, ça a de
l'allure, ça a du bon sens, puis c'est important de le faire. Pourquoi
ne l'a-t-il pas fait avant, M. le Président? C'est ça que je
reproche au ministre, et il le savait, mais il a attendu de contester son
règlement... C'est-à-dire que sa directive a été
contestée. Il s'est défendu, bien sûr. Il a annoncé
par la suite qu'il poursuivrait devant les tribunaux supérieurs. Tant
mieux! Bravo! Il n'avait pas le choix, de toute façon, à mon
point de vue, s'il voulait être un tant soit peu cohérent. Cela
étant dit, je lui reproche de se traîner les pieds, M. le
Président, en matière d'environnement.
Il nous a resservi ? je n'ai pas d'autre mot, M. le
Président ? les propos qu'il tenait il y a quelques semaines devant
cette Assemblée, au moment où nous avons eu un débat sur
la question de la gestion des déchets solides au Québec, M. le
Président. Ceci s'appelait une interpellation, c'est-à-dire un
moment où les parlementaires ont la possibilité de questionner un
ministre sur un thème précis, de telle sorte que l'on puisse
comprendre ce que sont les intentions du ministre, que l'on puisse faire un peu
l'évaluation d'une situation qui concerne, évidemment, l'ensemble
de la population, et, dans ce cas présent, c'était la question de
la gestion des déchets solides, M. le Président.
J'ai relu avec attention les propos qu'avait tenus le ministre et je
l'ai écouté à nouveau ce matin. Et c'était
tellement amusant, M. le Président, qu'à un certain moment j'ai
retrouvé in extenso ? c'est-à-dire dans le texte, absolument
tel que le ministre l'avait dit déjà au moment de
l'interpellation ? les propos qu'il a repris ce matin. Bon. Cela
étant dit, ça va de soi. Il n'avait pas de choses
différentes à dire, vous allez me dire, sûrement. Mais,
cela étant dit, comme il n'avait pas répondu à mes
questions au moment de l'interpellation, dans ses propos de ce matin,
évidemment, en défendant sa loi, il n'a pas davantage fait la
lumière sur la question de la gestion des déchets solides, M. le
Président.
Et je vais vous dire en quoi, à mon point de vue, il ne l'a pas
fait, et je vais reprendre un certain nombre d'interrogations que j'avais
à cet égard et que le projet de loi ne vient pas résoudre,
M. le Président, mais qu'une commission d'enquête, qu'une
enquête générique, qu'une commission publique pourrait,
cependant, venir, sinon résoudre, du moins mettre en lumière et
par laquelle nous pourrions avoir un certain nombre d'avenues de solution
auxquelles le ministre pourrait souscrire et surtout qu'il pourrait appliquer,
M. le Président. Alors, comme il n'a pas répondu à mes
questions, je vais en reprendre un certain nombre concernant la gestion des
déchets.
En fait, on va se rappeler, M. le Président, que l'intervention
du gouvernement en matière de gestion des déchets date de 1978.
Sous le gouvernement du Parti québécois, on avait publié,
pour la première fois, un règlement sur la gestion des
déchets solides. D'ailleurs, faut-il se rappeler, M. le
Président, que c'est toujours ce règlement qui est
opérationnel, et nous sommes tout à fait et essentiellement
d'accord avec le ministre qu'il faut revoir ce règlement-là. S'il
était pertinent et juste au moment où on l'a adopté,
compte tenu d'une évolution absolument extraordinairement rapide que
connaît toute la question environnementale, et particulièrement
celle qui concerne la gestion des déchets, il va de soi qu'on doit
réviser ce règlement, qui est toujours, M. le Président,
je le rappelle, en prépublication.
C'est important de se souvenir aussi, parce que ça concerne notre
vie quotidienne, mais ça concerne aussi l'aménagement de nos
ressources, M. le Président, et ça concerne ce qui nous concerne
très largement en matière de développement durable... Il
faut rappeler qu'en 1982 on avait amorcé un programme en vue de fermer
ce qu'on appelle maintenant des lieux d'enfouissement, mais qui étaient
essentiellement des dépotoirs, faut-il bien le dire. Il y avait un terme
anglais qu'on utilisait à l'époque, des «dumps». Je
le mets entre guillemets, évidemment. On avait donc, en 1982, fait un
bilan et engagé un programme de fermeture des dépotoirs à
ciel ouvert. En 1991, le ministère de l'Environnement croit, dit qu'il
reste environ 50 dépotoirs à ciel ouvert, et ce que je vous dis
c'est qu'actuellement 43 seraient encore en opération. Alors, si,
actuellement, on a un débat important sur le fait que chacun des sites
d'enfouissement soit analysé en termes d'impacts sur l'environnement, du
fait qu'ils peuvent générer des gaz absolument dangereux pour la
qualité de vie, pour la santé, même ? c'est plus que
pour la qualité de vie, pour la santé des citoyens et des
citoyennes ? si ces lieux d'enfouissement peuvent générer
des eaux qu'on appelle des eaux de lixiviation, c'est-à-dire qui sont le
résultat, évidemment, de la putréfaction de l'ensemble des
déchets qu'on enfouit dans un site et qui, ces eaux, lorsqu'elles
s'écoulent, viennent soit contaminer en sous-sol des nappes
phréatiques, soit contaminer des ruisseaux ou des cours d'eau qui sont
près des sites, on comprendra l'importance, M. le Président,
qu'il y a à se préoccuper, évidem-
ment, de la sécurité sanitaire de ces sites-là et
de la sécurité en termes de santé publique et en termes
d'affectation de l'environnement.
Imaginez si, maintenant, on est très exigeant à
l'égard de l'implantation de nouveaux sites, de l'agrandissement de
sites existants, de la consolidation, en termes sécuritaires, de sites
qui auraient été mal foutus au départ, imaginez comment il
est important qu'on se préoccupe de dépotoirs, à toutes
fins pratiques, qui existent toujours, à ciel ouvert, et pour lesquels
on n'exerce aucune espèce de contrôle, M. le Président.
Et, dans ce sens-là, je rappellerai au ministre que je lui avais
demandé de nous faire état du travail qu'il accomplissait, que
son ministère accomplissait à l'égard des lieux
d'enfouissement sanitaire. Et l'état de la situation, à l'heure
actuelle, serait le suivant ? je dis bien serait le suivant, puisque ce
sont les informations officielles dont je peux disposer, à l'heure
actuelle. Ce qu'on me dit, c'est qu'il existerait 75 lieux d'enfouissement
sanitaire, 342 dépôts en tranchées, 78 dépôts
de matériaux secs.
Ce qu'on nous dit aussi, c'est que tous les exploitants des lieux
d'élimination qui étaient considérés comme non
conformes devaient procéder à des travaux pour corriger les
déficiences des sites, donc de ces dépotoirs, dans certains cas,
mais, dans d'autres cas, de sites dans le sens où ils ont
été, quand même, aménagés de manière
sécuritaire à l'époque où on les a
aménagés; il faut quand même être conscient de
ça aussi. Ils devaient le faire, donc, d'ici 1991.
Ce que l'on sait, M. le Président, c'est que le travail
n'était pas terminé. Nous sommes, cependant, en 1993. Le ministre
serait encore à faire un bilan de la situation. C'est un peu
inquiétant, M. le Président, quand on sait que plusieurs lieux
d'élimination ne sont pas conformes, quand on sait les problèmes
auxquels sont confrontés certains citoyens dans un bon nombre de
régions du Québec, où des eaux de lixiviation, des eaux
contaminées de sites d'enfouissement s'écoulent dans les
rivières, s'écoulent dans les ruisseaux, viennent contaminer les
sources d'eau potable de certains milieux ou présentent des risques de
contamination à cet égard-là.
Moi, je pense que c'est absolument inadmissible que le ministre ne nous
dise pas publiquement, à ce moment-ci, où il est en est, d'une
part, dans l'identification et, d'autre part, dans la caractérisation.
Ça veut dire quoi? Ça veut dire essentiellement que l'on
identifie exactement... Parce qu'on peut savoir où ils sont, mais savoir
où ils sont et savoir qu'ils sont polluants, dangereux pour
l'environnement, c'est une autre chose, et savoir ce qu'il faut faire pour
corriger la situation s'ils sont dangereux, c'est aussi une autre
étape.
Ce que je veux savoir du ministre, c'est sur l'ensemble des sites...
Parce que, là, on se préoccupe des futurs sites qui vont s'ouvrir
ou de sites qui vont s'agrandir, et tant mieux, je suis d'accord. Remarquez
qu'on a des techniques beaucoup plus fines, maintenant, qui nous permettent de
travailler plus adéquatement à la protection de l'environnement,
de s'assurer que les sites sont bien «sécurisés», M.
le Président, en termes de santé publique et de protection de
l'environnement au sens large.
Mais, M. le Président, je veux savoir du ministre ce qui se passe
avec le passé. Où en est-il actuellement? Quand va-t-il
déposer l'état de la situation précis, complet, avec la
caractérisation des sites dans le sens des actions à mener pour
corriger les lacunes identifiées dans ces sites-là, M. le
Président? Parce que, si on se préoccupe de l'avenir, il faut
aussi se préoccuper du passé parce que le passé a souvent
été bien pire que ce qui se fait maintenant, compte tenu que
l'état de connaissances était à ce point limité, si
on veut, dans ce secteur-là, qu'on a agi dans un certain nombre de cas,
pas dans tous les cas, je veux bien le préciser, mais on a agi dans un
bon nombre de cas en toute bonne foi, n'ayant pas les connaissances pour agir
autrement. (12 h 20)
Mais cela étant dit, nous sommes en 1993, et je pense que le
ministre a une responsabilité à cet égard-là.
Alors, j'aimerais bien qu'il puisse me dire quel est l'état de la
situation à cet égard et qu'il fasse le point le plus complet
possible. Ce matin, en l'écoutant, je me disais: II fait toujours la
même chose; il nous explique ses objectifs, il nous explique les
processus qu'il choisit pour atteindre ces objectifs-là.
Jusque-là, ça va. Je ne suis pas en désaccord avec
ça. C'est important, lorsqu'on veut résoudre un problème,
lorsqu'on veut atteindre, réaliser un projet, il faut fixer l'objectif
qu'on veut atteindre, le plan de travail à suivre et poser les gestes en
conséquence. Bon. Alors, ça va de soi. Là, il m'explique
ça. Il me dit: Voilà, je me fixe un objectif de réduction,
par exemple, de l'emballage, parce que j'adhère au protocole avec les
autres provinces et on s'est entendu sur un objectif; je fixe un objectif de
réduction de production de déchets, de résidus; je fixe un
objectif, voici lequel il est, et je compte procéder de cette
façon-là pour y arriver.
Mais où en est-il maintenant? Quels sont les résultats
qu'il a atteints dans tous les cas, M. le Président? Et si le rythme
d'atteinte de l'objectif est en deçà de ce qu'il s'était
fixé, qu'est-ce qu'il va faire pour remédier à la
situation? C'est ça, dans le fond, la question que je lui pose. Pas
qu'il vienne me dire qu'il s'est fixé des objectifs.
C'est-à-dire, oui, j'accepte qu'il vienne me le dire, mais je veux
savoir où il en est dans l'état de réalisation de ce qu'il
s'est fixé comme objectif et comme plan d'action.
Et c'est toujours la même chose, M. le Président, on
devient un petit peu vague et on revient sur le fait que la volonté du
ministre est là, qu'il doit respecter ses partenaires. J'en suis, M. le
Président, je n'ai jamais pensé que le ministre ne devait pas
respecter ses partenaires, que ceux-ci soient des partenaires publics, soit les
municipalités, les MRC, que ses partenaires soient des partenaires
privés. Je suis tout à fait d'accord avec cela. Ce n'est pas
ça que je lui demande. Je lui demande: II se fixe des objectifs, a-t-il
les moyens de les réaliser? S'il n'a pas les moyens actuels de le
faire,
qu'est-ce qu'il va corriger pour y arriver? C'est juste ça que je
lui demande, M. le Président, mais encore faut-il qu'il me fasse un
état de la situation complet, et je n'ai pas l'impression d'en
être à cette réalité-là.
D'ailleurs, M. le Président, je vais prendre un thème
précis, celui de la réduction des déchets. En fait, la
politique de 1989 prévoyait de réduire la production des
déchets, vous savez, ce qu'on met dans nos sacs verts, les sacs verts
qu'on dépose sur le coin de la rue ou sur le bord de notre cour. La
politique de 1989 nous disait: II faut réduire de 36 % la
quantité de nos déchets. Ce qu'on sait, c'est qu'en 1989 on
produisait annuellement 6 500 000 tonnes métriques de déchets. 6
500 000, ce n'est pas inutile de bien se rappeler ce chiffre-là. En
1992, une augmentation de l'ordre de 700 000 tonnes par rapport au chiffre de
1989: nous produisons 7 219 000 tonnes métriques. Quand je lis
ça, M. le Président, je n'ai pas l'impression qu'on a
baissé ni de 1, ni de 2, ni de 3, ni de 36 %, M. le Président, la
production des déchets.
Là, le ministre va me dire: Oui, mais écoutez, entre 1989
et 1992, la population a sans doute augmenté. A-t-elle augmenté
suffisamment, M. le Président, pour expliquer que les déchets
aient augmenté de l'ordre de 700 000 tonnes, alors que le ministre
voulait réduire la production de déchets? Sûrement pas en 3
ans, M. le Président. En 20 ans, en 10 ans, là, on pourra
comparer des chiffres, puis mettre tout ça en relation les uns avec les
autres. Mais je ne pense pas que ce soit la situation actuelle, M. le
Président.
En fait, ce qu'on constate, c'est que, si on veut atteindre l'objectif
qu'on s'est fixé, on devrait effectivement diminuer la production
annuelle de l'ordre de 430 000, 435 000 tonnes. Or, si je comprends, on l'a
augmentée sur 2 ans, 3 ans, de 700 000 tonnes. Alors, on est
complètement, mais complètement, M. le Président, à
côté de la cible.
Qu'est-ce que le ministre a à me répondre à
ça? Qu'est-ce qu'il a fait comme travail, à cet égard,
pour arriver à atteindre l'objectif qu'il s'était fixé et
dont il nous parle, M. le Président? Comment vous pensez qu'on arrive
à réduire la production de déchets? De différentes
façons, bien sûr, mais la première consiste à faire
en sorte que ce qu'on met dans le sac à déchets,
c'est-à-dire les produits que l'on achète pour fins de
consommation, soit consommation en termes de nourriture, soit consommation en
termes de produits de nettoyage ou quoi que ce soit, que les produits, donc,
que l'on achète au début de la chaîne de production de
déchets, M. le Président, soient les moins polluants possible,
d'une part, que les emballages prévoient que l'on puisse
réutiliser les contenants, par exemple, dans lesquels se trouvent soit
des produits de nettoyage ou des produits utiles à la consommation
humaine, donc que l'on intervienne chez le producteur, M. le Président,
d'une part; d'autre part, pour faire en sorte que les contenants qui sont
utilisés soient réutilisables, soient dans des formats qui font
en sorte qu'on ne morcelle pas le contenant et qu'on se retrouve avec 3 petites
boîtes plutôt qu'une, qui déjà utilise moins de
ressources, mais qui aussi vient moins encombrer notre sac à vidanges
qui, lui, va justement s'en aller au site d'enfouissement avec tous les
problèmes que cela comporte.
Alors, il faut donc qu'il y a ait des politiques en ces matières,
mais il faut qu'il y ait aussi des politiques en matière de
récupération et de recyclage, c'est-à-dire des produits
que l'on peut transformer, après qu'ils ont été
utilisés une première fois, pour les remettre sur le
marché sous la même forme, soit de contenant, ou autrement
réintroduits. Tout le secteur des papiers, évidemment, est un
très bel exemple des papiers qui sont réintroduits dans des
produits de consommation courante, qu'il s'agisse de papier hygiénique
ou qu'il s'agisse de papier nous permettant d'écrire, de produire des
documents, etc., peu importe, que l'on recycle, donc, un certain nombre des
produits pour les réintroduire dans le circuit. Tous ces gestes qu'on
pose ont un impact sur le fait que l'on réduise le volume des
déchets qui s'en vont vers les sites d'enfouissement. évidemment,
pour ce faire, le ministre a rappelé qu'on avait mis en place des
programmes de collecte sélective. combien, vous pensez, de personnes au
québec sont desservies par la collecte sélective,
c'est-à-dire le fait que l'on aille chercher, soit dans des bacs, soit
en vrac dans des sacs, tous ces produits qui peuvent être
réutilisés, papier, carton, plastique, boîtes de conserve
vides, etc.? savez-vous combien, quelle partie de la population est couverte
par ces processus de collecte sélective? 37,2 % de la population est
couverte. ça peut être aussi les fameuses cloches que l'on
retrouve dans plusieurs de nos municipalités. mais savez-vous quel est
l'objectif du ministre? c'est un autre bel exemple, ça. il fixe des
objectifs et il ne prend pas les moyens pour y arriver. il ne nous dit pas non
plus ce qu'il va faire pour corriger la cible, pour corriger le tir ou pour
mener des actions différentes. (12 h 30) en 1989, on prévoyait
que de 70 % à 80 % de la population seraient desservis en 1996, m. le
président. il va falloir accélérer le rythme, et
drôlement, si on veut atteindre cet objectif-là. on apprenait
dernièrement qu'à l'échelle canadienne les régions
de montréal et de québec se classent respectivement
avant-dernière et dernière parmi les 15 principales
agglomérations urbaines du pays. dans la région de
montréal, le pourcentage est de 37 % et dans celle de québec, on
parle de 25 %. rappelez-vous l'objectif: réduire, d'ici 1996, de 70 %
à 80 % la production de déchets, m. le président, par
l'intermédiaire... pardon, pas réduire la production de
déchets, mais atteindre de 70 % à 80 % des foyers par la collecte
sélective. en fait, ce qu'il faut savoir, c'est que si le triste chiffre
de 37 % pour montréal et de 25 % pour québec est inadmissible, on
va constater que dans des villes de même taille, ailleurs, on
réussit, par contre, à atteindre 50 % et même à le
dépasser. ottawa est à 70 %; toronto, 75 %; 94 % dans la
région de kitchener, waterloo. alors, à ce que je sache, notre
niveau de consommation
est à peu près comparable, nos économies se
comparent. La différence, elle est dans la volonté et du
gouvernement et du ministre d'appliquer les politiques qu'ils adoptent, les
objectifs qu'ils se fixent, M. le Président. Alors, c'est ça les
résultats auxquels on est confrontés.
Qu'est-ce que c'est, maintenant, la suite des choses? La suite des
choses, c'est que si on ne réduit pas à la source la question et
qu'on ne touche pas la question des emballages, si on n'implante pas d'une
façon systématique la collecte sélective... Et pour ceux
qui croyaient, d'ailleurs, qu'en recueillant des produits qui devraient
être réintroduits dans le circuit pour être recyclés,
si certains croyaient qu'on le fait inutilement parce que tout ça
s'empile dans l'arrière-cour des entreprises et qu'il n'y a pas de
marché pour ça, je peux vous dire, pour avoir visité un
certain nombre de centres de tri à travers le Québec, que les
entreprises impliquées, soit dans la revente de ces produits-là
ou dans la collecte de ces produits-là pour éventuellement
fournir des marchés, nous disent: Le problème auquel on est
confrontées, c'est qu'on ne peut pas assurer aux entreprises à
qui on vend, soit des plastiques, soit de l'aluminium, soit des cartons, on ne
peut pas leur assurer qu'on va être fidèles dans la livraison de
la marchandise en termes de volume.
Vous savez comment ça marche, n'est-ce pas? On dit à une
entreprise: Tous les mois ou toutes les semaines, je te livre une tonne de
papier qui est utile pour du recyclage, qui peut être réintroduit
dans le processus. Je te livre une tonne toutes les semaines. Sauf que la
semaine prochaine, sais-tu, je ne suis pas capable, ça va être
juste 700 000 livres. Ça ne sera pas... Ou ça va être
juste... Ça va être un volume différent. L'entreprise dit:
Bon. Moi, je veux bien... Je n'ai pas signé, par exemple, un contrat
avec toi pour tes beaux yeux et parce que tu étais poli et gentil et
aimable, j'ai signé un contrat parce que tu voulais me livrer ça.
Moi, je compte sur la marchandise. Merci beaucoup. Vas signer un contrat avec
quelqu'un d'autre, moi, je ne suis pas preneur.
Ceci pour vous dire, M. le Président, qu'il y a des
marchés. Il y a des marchés pour les fibres recyclées, il
y a des marchés pour les matières plastiques recyclées, il
y a des marchés pour les produits, les métaux recyclés, il
y a des marchés pour l'ensemble de ces produits que nous pouvons
récupérer, sortir de nos boîtes à vidange et
remettre dans le circuit pour le mieux-être collectif de tous, pour une
meilleure protection de l'environnement, pour une meilleure utilisation de nos
ressources, M. le Président, et pour une vision à long terme de
ce que sera notre avenir et celui de nos enfants.
Si on ne fait pas ça, évidemment, ou même en le
faisant, il restera toujours un certain nombre de déchets dont on ne
saura que faire et qu'il faudra envoyer vers les lieux d'enfouissement.
D'ailleurs, soit dit en passant, je n'ai pas parlé de toutes les
techniques de compostage qui sont fort prisées à l'heure actuelle
et qui permettent d'aller rechercher un certain nombre de déchets qu'au-
trement on jette littéralement, encore une fois, dans le sac à
poubelle, alors que certains vous diraient: Ce n'est pas un déchet,
c'est une ressource. Je pense à tous les déchets reliés
aux légumes et aux fruits, par exemple, que l'on peut
immédiatement, dans sa propre cour, faire transformer en compost
utilisable dans son jardin, sa pelouse, et qui sont tout aussi efficaces et
utiles, bien sûr, que beaucoup d'autres engrais de type chimique. Bon.
Alors, M. le Président, une fois qu'on a fait tout ce travail-là,
il restera toujours, évidemment, des déchets que l'on ne peut
réutiliser ? souillés, etc. ? et qu'on doit envoyer aux
sites d'enfouissement. Et si j'ai fait cette longue démonstration, c'est
pour vous dire que le projet de loi qu'on regarde ce matin, il ne s'attaque
qu'à un élément de toute la chaîne et de tout le
processus de production, de consommation, de rejet des déchets. Et,
donc, en ne s'attardant qu'à un seul élément du processus,
on perd la vue de l'ensemble.
Et dans ce sens-là, ça me fait toujours penser au fait
que, quand on est dans une forêt et qu'on a le nez collé sur
l'arbre, la forêt disparaît. Évidemment, on ne la voit plus.
Et on a une vision très limitée de ce qui se passe dans notre
univers. Ce qui est un peu inquiétant, M. le Président, à
l'heure actuelle, c'est que le ministre morcelle son intervention par la loi
que nous adoptons ce matin. Il dit: Là, moi, j'ai tellement de troubles
avec les sites d'enfouissement sanitaire ? et il a raison ? on va
s'assurer qu'au moins on puisse intervenir sur ces demandes-là par un
processus qui va impliquer la population. Alors, on va donc se
préoccuper de ces sites-là. Tant mieux, bravo! Mais ce n'est,
comme je vous le disais, qu'un petit bout de toute la chaîne, de toute la
réalité. Alors le ministre dit: Oui, mais ce n'est pas grave,
j'ai un projet de règlement sur les déchets solides et il viendra
corriger un bon nombre des situations auxquelles on est confronté en
matière de déchets.
Savez-vous, M. le Président, que le règlement dont il nous
a parlé ce matin est en préconsultation depuis septembre 1992, et
qu'on prend la peine, dans le libellé de présentation, dans les
paragraphes de présentation, de nous dire ceci: «Comme son titre
l'indique, il s'agit d'une préconsultation sur des propositions
préliminaires.» Alors, il faut le faire, M. le Président!
C'est exactement, là, ce qu'il nous dit sur le règlement de
septembre 1992.
Vous pensez qu'il l'a changé là? Pas du tout. Il ne l'a
pas changé. C'est ça qu'il envoie devant le comité dont il
nous parlait ce matin ? et je vais lui en parler de son comité, M.
le Président ? pour lui dire: Vous allez étudier ce
projet-là. Vous allez même regarder du côté de la loi
pour que l'on modifie plus en profondeur la loi, M. le Président.
Mme Bleau: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, Mme la
députée de Groulx.
Mme Bleau: Je m'excuse, Mme la députée, j'ap-
pellerais l'article 32, s'il vous plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, vous invitez, si
je comprends bien, les députés à retourner à leur
banquette. Alors, tout le monde est à sa banquette. Continuez votre
intervention, Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: Bon. Je vous remercie, M. le Président. Alors,
donc, le ministre nous dit qu'il va nommer un comité pour revoir le
règlement sur les déchets solides. Là, M. le
Président, j'aimerais ça que le ministre m'entende bien et je
suis persuadée qu'il m'entend bien. Je ne veux pas, je ne veux plus que
l'on cautionne, de ce côté-ci de la Chambre... Et d'ailleurs, je
vais vous dire, on ne l'a jamais fait. Mais je veux que ce soit clair. Je ne
veux pas que l'on cautionne une intervention à la pièce. C'est
inadmissible. Quand on parle justement de développement durable, M. le
Président, c'est parce qu'on croit utile et nécessaire de
développer une vision globale de l'ensemble des activités que
l'on mène, de l'ensemble des processus de production que l'on utilise,
des façons d'occuper le territoire qu'on a retenues, pour dire: II faut
modifier nos comportements, nos attitudes, nos façons de faire. (12 h
40)
Cela ne demande pas un changement sur une chose. Cela demande un
changement plus global. Et c'est aussi vrai, M. le Président, dans le
cas de la gestion des déchets au Québec. Des groupes de tous les
univers, M. le Président, ont dit au ministre: II faut que vous engagiez
un débat de fond sur cette question-là, une enquête
générique ? appelons-la comme on veut; moi, je ne m'enfarge
pas vraiment dans les étiquettes, M. le Président, mais ce que je
sais que je veux, cependant, et ce que d'autres veulent aussi et demandent
depuis un long moment au ministre ? puis je vais lui rappeler d'ailleurs,
M. le Président, quels groupes ont demandé cela au ministre, et
je vais lui rappeler depuis combien de temps on lui demande ce qu'on lui
demande ? c'est qu'il procède à une analyse globale,
à une consultation sur tout le processus de production du produit, au
départ de ce qui va devenir éventuellement déchet, toute
la chaîne dans laquelle chaîne s'engage ce produit, ce que nous lui
faisons subir et ce que nous pourrions faire avec, M. le Président, pour
qu'on évite des débats comme ceux qui ont cours actuellement
à Montréal entre la Régie intermunicipale de gestion des
déchets sur l'île de Montréal, qui veut implanter un
incinérateur, alors qu'on ne réussit pas à occuper
pleinement, par exemple, le site Miron, et qu'on se débat sur la
même île entre une avenue versus une autre, M. le Président.
Est-ce que l'incinération doit être retenue ou pas, comme
procédé d'élimination des déchets, M. le
Président? Moi, je pense que non.
Si une commission d'enquête fait des analyses systématiques
et sérieuses de ce qui se passe ailleurs, des procédés que
nous avons retenus chez nous, et que nous concluons que cela pourrait
être une avenue, on verra. Mais, pour l'instant, on fait à la
pièce, dossier par dossier, des analyses qui coûtent cher, qui
impliquent des énergies, qui, souvent, mettent en conflit des citoyens
avec les autorités municipales, avec des entreprises. On met au ban des
accusés un certain nombre d'entreprises qui, probablement, ne le
méritent pas. Certaines le méritent peut-être, mais sans
doute qu'un bon nombre ne le méritent pas, mais on les identifie comme
étant les gros méchants. En fait, c'est l'irresponsabilité
du ministre qu'on devrait remettre en cause, celui qui ne donne pas, ne permet
pas que les outils soient identifiés pour prendre les bonnes
décisions dans toutes circonstances en ce qui concerne la gestion des
déchets, M. le Président. Ça, ça s'appelle une
enquête publique, une commission, peu importe.
Il nous dit ? mais c'est inadmissible ? il nous dit: Vous
savez, j'ai demandé au comité, au front commun, aux groupes
préoccupés des matières environnementales de me dire
comment je pouvais instaurer un moratoire pour ne pas qu'on ouvre nulle part de
nouveaux sites d'enfouissement, pour ne pas qu'on ouvre d'incinérateurs
pendant 1 an. Qu'on établisse donc un moratoire, c'est ça le sens
du moratoire, pour pouvoir faire cette enquête-là. Parce que, si
on fait une enquête et qu'en même temps s'ouvrent un peu partout
des sites et qu'on autorise des incinérateurs, le ministre a,
jusqu'à un certain point, raison dans ce sens-là, on se posera la
question pour rien puisque les infrastructures seront en place et qu'on aura
investi des sous. Mais le ministre l'a, son moratoire, M. le Président.
Il a sa loi qu'il dépose aujourd'hui, qui va amener tous les projets
à passer en audience devant le BAPE. Pour certains, ça ne prendra
pas un long moment puisque les procédures étaient
déjà engagées. Pour d'autres, évidemment, cela
prendra un certain temps. Est-ce que c'est 6 mois? Est-ce que c'est 1 an?
Est-ce que c'est 18 mois? Pourquoi, immédiatement, ne demande-t-il pas
la tenue d'une enquête publique, qui durera 1 an, un an et demi, de telle
sorte qu'on puisse se pencher sur l'ensemble du processus? Si on donne à
la pièce des permis pour enfouir au Québec, que ce soit à
Saint-Étienne-des-Grès... D'ailleurs, j'aimerais bien que le
ministre me dise comment il se fait qu'il a autorisé un permis à
Saint-Étienne-des-Grès pour la compagnie Waste Management, il y a
à peine quelques jours. Ça m'inquiète un peu. Je suis
persuadée qu'il pourra répondre à ça au moment de
la commission parlementaire, parce que c'est un petit peu
inquiétant.
Mais, cela étant dit, revenons sur le propos global. Si le
ministre autorise, même après étude, parce que,
évidemment, le BAPE fait une étude, et il dit: Oui, l'entreprise
ou la municipalité respecte les règles, s'assure que le site ne
contaminera pas l'environnement. Si, donc, le BAPE conclut cela, qu'on
procède correctement et que le ministre autorise que le site s'implante
ou que le site s'agrandisse, on va voir apparaître comme ça des
dizaines de lieux d'enfouissement à travers le Québec. Vous savez
qu'il y en a actuellement au moins 16, si ce n'est 17, au bureau du ministre,
des projets
d'agrandissement. Qu'est-ce que ça va faire, si on les autorise,
ces projets-là? On augmente la capacité d'enfouissement.
Augmentant la capacité d'enfouissement, on ne crée aucune
espèce de pression pour réduire à la source, pour
recycler, pour récupérer. Et c'est ça le débat,
actuellement. Ce n'est pas de dire qu'on est contre le fait qu'il s'ouvre des
sites. On est contre le fait que l'on prenne des décisions à la
pièce, que la décision se prenne, mais par la bande et sans qu'on
ait eu d'impact dessus.
De la même façon pour l'incinération. Qu'on soit
pour ou contre l'incinération... D'abord, il faut savoir que, pour
incinérer, ça prend un certain nombre de matières qui
stimulent la combustion. Les matières qui stimulent le plus la
combustion, ce sont les matières les plus récupérables
? c'est le papier, entre autres. Alors, si on enlève le papier,
parce qu'on le récupère et qu'on ne l'envoie plus à
l'incinération, est-ce que ça ne provoquera pas d'autres
problèmes liés au fait qu'on se retrouve avec des déchets
sur lesquels il faudra jeter certains produits pour que l'incinération
se fasse mieux ou davantage? C'est le genre de problèmes auxquels on est
confronté.
Alors, ce que je dis au ministre, et que des dizaines et des centaines
de groupes, à travers le Québec, lui disent, M. le
Président, ce n'est pas un comité comme celui qu'il va former cet
été... Il peut le former s'il veut, pour regarder la loi, pour
essayer de l'améliorer et regarder la question des règlements et
tout. Il peut le faire, mais ce qu'on lui dit, c'est: Mettez en place une
enquête générique. Et ça va être ça la
proposition qu'on va lui faire aujourd'hui. S'il se dit si ouvert, M. le
Président, il acceptera notre proposition d'amendement, qu'il s'engage
dans une enquête générique.
Savez-vous la liste des groupes qui lui ont demandé une
enquête générique? Je ne vous la lirai pas, M. le
Président, parce que j'en aurais pour 15 minutes. Je vais juste vous
nommer les premiers que j'ai sur la liste: le Front commun
québécois pour une gestion écologique des déchets,
le Bureau de consultation de Montréal, la ville de Montréal,
l'Union des municipalités régionales de comté du
Québec ? toutes les municipalités du Québec, mais
ça, ce n'est pas trop grave ? l'UPA, la commission de
l'aménagement et des équipements ? une commission de
l'Assemblée nationale, M. le Président, pas une commission
extérieure à nous ? le Conseil des travailleurs et
travailleuses du Montréal métropolitain, Environnement Jeunesse,
Greenpeace, le Centre québécois du droit de l'environnement, la
Fédération québécoise de la faune, l'Association
québécoise de lutte contre la pollution, Action RE-buts, etc. Je
n'en ai que 4 lignes de lues, il y en 20 lignes...
Alors, ce qu'on lui dit, c'est: Cessez de nous faire intervenir à
la pièce. C'est inadmissible, M. le Président. Et ce matin, je
voudrais réitérer, d'une façon encore plus
spécifique cet appui que j'ai mentionné et qui concerne l'Union
des municipalités régionales de comté qui écrit au
ministre en lui disant ceci: «Parallèlement à la
démarche visant l'adoption de la loi 101, vous proposez la mise sur pied
d'une table de discussion élargie pour procéder à une
consultation particulière sur les modifications législatives
à venir, découlant de la politique de gestion
intégrée des déchets et du protocole national sur
l'emballage. Bien que l'objectif de cette table soit louable, et nous en
sommes, nous considérons que cette consultation, qui se veut davantage
technique, ne pourrait suppléer à une réflexion plus
approfondie et plus globale qu'impliquerait une enquête
générique, telle que nous l'avons préconisé
précédemment.» Et c'est signé du président de
FUMRCQ, M. Roger Nicolet. Alors, ce n'est pas, là, quelques groupes
isolés quelque part qui réclament une enquête publique de
la part du ministre. C'est à peu près tout ce qui bouge au
Québec et qui est préoccupé de la question de la gestion
des déchets. Alors, plutôt que de s'entêter et de nous faire
travailler à la pièce, pourquoi ne reçoit-il pas
favorablement les demandes qui viennent de toutes parts à travers le
Québec, pour que nous statuions ensemble d'une façon
cohérente sur les techniques que nous allons privilégier, sur les
objectifs que nous allons nous fixer? (12 h 50)
Et je vous dirais que toute la société en sortirait
gagnante. Les entreprises qui sont aux prises soit avec des projets de sites ou
qui ont des centres de tri et qui, actuellement, fonctionnent toujours en se
disant: Est-ce que c'est toujours cette orientation-là qu'on va
conserver? Est-ce qu'on ne va pas en changer? L'ensemble des groupes
concernés par ces questions-là, particulièrement les
groupes écologiques, les groupes de protection de l'environnement,
pourraient mettre toute leur énergie à supporter des objectifs de
collecte sélective, de recyclage, de modification de nos comportements.
Je suis persuadée de cela. Mais encore faut-il savoir ce que nous
voulons faire, comment nous voulons le faire, avec qui nous voulons le faire et
dans une perspective globale. Il en va aussi, bien sûr, de la
qualité de notre environnement, mais encore plus largement de
développement durable et de notre avenir, de l'avenir de ceux et celles
qui vivent sur cette planète, M. le Président.
Si j'étais la seule, ici, à vous demander ça et que
je me retournais derrière et je disais: II n'y a absolument personne qui
m'appuie, bien, je dirais peut-être que le ministre a raison de rejeter
du revers de la main ma proposition. Mais ce n'est pas le cas, M. le
Président, d'aucune espèce de façon. La liste est longue,
les appuis sont nombreux, M. le Président, et l'intérêt
collectif serait beaucoup mieux servi si le ministre acceptait la proposition
que nous lui faisons.
Je crois que la question du moratoire n'est qu'un prétexte, M. le
Président. Vous savez, quand on ne veut pas faire quelque chose, on
s'arrête souvent sur des processus, sur des raisons à
côté qui font qu'on peut toujours dire ? comme le fait le
ministre, je relisais encore ses propos... Comme le fait le ministre: «Je
ne suis pas insensible à la demande que font les groupes, mais c'est
tellement compliqué; c'est tellement compli-
que que je leur ai même demandé de me proposer une solution
et il ne semble pas qu'ils en aient vraiment.» Alors, on va continuer
à chercher. On ne le fera pas, M. le Président, et, entre-temps,
on va prendre pareil les décisions. Alors, une façon même
pas élégante, à mon point de vue, de rejeter une demande
tout à fait légitime et qui nous permettrait de faire avancer le
dossier.
Alors, je dis au ministre que je vais présenter ce projet en
amendement, lorsque nous arriverons à l'étude article par
article. J'espère que, cette fois-ci, il ne sera pas insensible à
une demande qui vient, de toutes parts, de l'ensemble des groupes
concernés par une telle question à travers le Québec, M.
le Président. En ce sens-là, je l'invite à relire les
propos tenus tant par l'UMRCQ que par ses partenaires des
municipalités.
Il est le premier à venir nous dire, et je n'en disconviens pas:
Écoutez, c'est la responsabilité dès municipalités
que telle action à mener. Alors, si c'est la responsabilité des
municipalités et qu'il est si respectueux de cela, bien, qu'il respecte
leur demande, M. le Président, et qu'il y réponde positivement.
Je crois que c'est ainsi qu'il assumera le rôle qu'il a comme ministre de
l'Environnement au sein de ce gouvernement et qu'il respectera l'objectif qui
est le seul qu'il doive poursuivre, M. le Président: s'assurer que notre
avenir soit un avenir meilleur en matière de santé,
d'équité, de justice, mais aussi et surtout, je dirais, en
matière de qualité de vie au sens large du terme. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Taillon. Mme la députée de Johnson.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je croyais qu'il y
aurait l'alternance et qu'il y avait quelqu'un de l'autre côté qui
prendrait la parole. Je m'aperçois que ce n'est pas le cas. Donc...
Compte tenu qu'il nous reste 5 minutes, je vais commencer mon intervention, M.
le Président, et je continuerai après la reprise.
M. le Président, on se pose toujours des questions ici, à
l'Assemblée nationale. Ça fait longtemps que des gens exigent
qu'il y ait ce qui se passe aujourd'hui, cette loi-là qui a
été déposée après le temps limite que la
Chambre prescrit pour le dépôt de lois, quand, dès le mois
de novembre dernier... Et j'ai une copie de presse de novembre dernier, du 23
novembre dernier, qui exigeait un moratoire déjà, M. le
Président. Comment se fait-il que ça ait pris tant de temps?
Ça fait 6, 7, 8 mois qu'on exige ça et bien avant aussi. Mais
qu'on arrive après la date prévue et, là, ça
presse. Il faut des consentements, il faut que l'Opposition officielle soit
très ouverte. Mais on est d'accord avec ça. Ça fait
longtemps qu'on est d'accord, M. le Président. Ça fait longtemps.
Ça fait des mois que, de notre côté, les critiques en
matière environnementale demandent, talonnent, exigent du ministre qu'il
dépose quelque chose qui fasse en sorte qu'il y ait un moratoire sur
tout projet de nouveaux sites, d'agrandissement, de toute la
problématique qui concerne l'environnement.
M. le Président, on disait, le 23 novembre, qu'il y avait une
coalition de cols bleus, de représentants de CLSC, de sociétaires
de caisses populaires, d'associations de consommateurs, d'environnementalistes,
beaucoup de gens, en surcroît de ceux que ma collègue, la
députée de Taillon, vient de nommer dans son intervention qui
exigeaient, dès le mois de novembre... Mais on sait que ça fait
bien plus longtemps que ça que les gens souhaitent que le ministre en
arrive avec une loi où on oblige les gens à passer devant le
Bureau d'audiences publiques afin de clairement indiquer ce qu'ils veulent
faire.
Vous savez, M. le Président, l'environnement, c'est la vie, en
quelque sorte, parce que si tu ne peux plus respirer, si tu n'as plus d'eau
à boire, puis si tout est sans dessus dessous dans la
société, comment allons-nous faire, nous, les humains, pour
continuer à vivre? C'est la question. C'est une question de vie ou de
mort, l'environnement. Malheureusement, les gens n'ont pas accepté
d'être prévoyants. Les gens ont laissé aller pendant un
certain temps et, là, on est rendus, à un moment donné,
où il y a de grandes décisions qui doivent être prises, et
le ministre responsable de l'Environnement en a une encore plus importante
à prendre, c'est-à-dire arrêter tout ce cirque,
arrêter l'autobus qui file à fond de train vers quoi? Avec une
décadence de tout ce qui peut se passer en matière
environnementale.
M. le Président, il faut que l'autobus arrête net. Il faut
qu'on regarde ensemble ce qu'on peut faire pour protéger notre
environnement, c'est-à-dire protéger notre vie ? la
nôtre, et celle de ceux qui viendront après. Quand on sait que,
dans le domaine de l'environnement et des sites d'enfouissement, on a
parlé de membranes qui pourraient protéger ad vitam aeternam le
fait que le lixivia pourrait s'écouler, tout ça. Ça a
été prouvé, M. le Président, que ces membranes ne
peuvent durer que peut-être une vingtaine d'années et
qu'après ça elles ne sont pas garanties, et que le lixivia,
justement, pourrait passer à travers et pourrait contaminer la nappe
phréatique.
M. le Président, qu'allons-nous faire si, à un moment
donné, cette catastrophe-là arrive? Et si tous nos cours d'eau
sont contaminés, qu'est-ce que nous allons faire? La loi 101, M. le
Président, va nous permettre au moins de pouvoir arrêter le train,
le cirque, l'autobus, pour faire en sorte qu'on puisse voir c'est quoi, les
vrais projets, et ce que ça va faire au niveau de l'environnement.
Donc, vous comprendrez, depuis le temps qu'on le demande de ce
côté-ci...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader de
l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, compte tenu de l'heure et,
d'autre part, désireux que ce projet de loi
soit en étude en commission parlementaire ce soir, après
avoir discuté avec le député de Drummond et mon
collègue de Dubuc ? je n'ai malheureusement pas eu le temps de
parler avec ma collègue de Johnson ? nous serions prêts
à donner un consentement pour prolonger le temps à compter de 13
heures, pour terminer le discours de Mme la députée de Johnson et
avoir l'exposé de MM. les députés de Dubuc et de Drummond,
pour qu'on puisse s'assurer que, ce soir, il soit étudié article
par article en commission parlementaire.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Est-ce qu'il y a
possibilité d'aménager une brève réplique au cas
où il y aurait...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Combien de temps,
à peu près?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...des éléments qui
commanderaient des réponses immédiates?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je prends note de votre
consentement. Maintenant, j'ai besoin de savoir jusqu'à quelle heure
à peu près, parce qu'on ne peut pas prolonger jusqu'à 13 h
30. Plus ou moins... (13 heures)
M. Chevrette: Bien, je vais vous dire: dans les meilleurs
délais à compter de ce temps, M. le Président. Je pense
qu'en autant qu'on limite le nombre, sachant auparavant que ce sera aux
alentours de 10 minutes, les exposés de chacun, mais sans être
très rigoureux.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): D'accord. Allez-y.
Allez-y, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, je pense que l'environnement
est tellement un sujet important pour la vie de tous les humains et pour les
générations futures qu'on ne peut pas se permettre, M. le
Président, de boucler ça trop rapidement. C'est trop important.
C'est trop important.
Vous savez, le projet de loi 101 vient, en quelque sorte, changer
l'état du droit sur cette question. Il permet explicitement au ministre
de l'Environnement de soumettre à la procédure
d'évaluation tous les projets d'implantation de sites d'enfouissement ou
encore de dépôts de matériaux secs. Il prévoit, en
outre, que les projets pour lesquels les demandes sont faites, mais dont les
certificats d'autorisation ne sont pas émis, devront également
être soumis à la procédure d'évaluation. Ces
dispositions prévalent également pour les projets
d'agrandissement. Le projet de loi prévoit également que le
ministre pourrait exiger des promoteurs qu'ils se conforment à des
normes réglementaires plus sévères que celles
prévues au Règlement sur les déchets solides. Ces
dispositions s'expliquent par le fait que le ministère de
l'Environnement est actuellement à réformer le règlement
qui date de 1978, et ma collègue, la députée de Taillon,
en a parlé tout à l'heure. Ça fait longtemps, M. le
Président, que ça aurait dû être
amélioré, compte tenu des nouvelles connaissances que nous avons
sur les sites d'enfouissement.
M. le Président, il y a de simples citoyens qui sont simplement
des gens qui croient à l'environnement, qui ne font pas partie de
grandes sociétés, qui n'ont pas les enveloppes budgétaires
pour faire en sorte qu'ils puissent utiliser ça pour aller se chercher
de l'information à l'extérieur et qui dépensent leurs
propres deniers pour dire qu'ils croient à l'environnement, qu'ils
croient que c'est important qu'on le protège pour notre vie et pour la
vie de nos enfants et les générations futures. Je pense, M. le
Président, qu'on ne peut pas avoir de meilleur témoignage de gens
qui croient très fortement qu'on devrait faire en sorte
d'évaluer, mais de façon très approfondie, tous les sites
d'enfouissement qui verront le jour, tous les agrandissements pour lesquels il
y a des propositions sur la table, et qu'il y ait des critères
généraux et des critères bien établis où
chacun des projets... que chacune des entreprises qui voudrait implanter des
sites d'enfouissement ou agrandir des sites d'enfouissement puisse se baser sur
des critères bien établis, que ce ne soit pas
décidé à la pièce et que chaque personne soit
soumise aux mêmes règles. C'est ça qu'on demande, M. le
Président, pas d'autre chose.
Je voudrais, entre autres, vous parler de ma région, que le
ministre connaît très bien, et je vais vous donner un exemple
très, très, très, très flagrant de ce qu'on veut
éviter. Vous savez, vous connaissez le comté d'Orford dans ma
région ? mon collègue est ici ? puis le comté
d'Orford vit présentement, la municipalité de Magog en
particulier, une problématique très inquiétante, M. le
Président, très inquiétante. Et je vais vous raconter ce
qui se passe.
Vous savez, le projet de gestion de rebuts Laid-law, dans notre
région. En février 1991, Laidlaw achète des actions de
Services sanitaires Bestan inc., qui sont propriétaires du site qui est
situé sur la route 147 entre Magog et Ayer's Cliff. Bestan exploite
à ce moment 66 acres et enfouit à peu près 50 000 tonnes
de déchets solides annuellement de provenance régionale. Je pense
que le ministre comprend très bien ce que je suis en train de lui dire.
Dès février 1991, Laidlaw, ayant enfoui 120 000 tonnes de
déchets par année, le 4 juin 1991, Laidlaw fait une demande
d'agrandissement au ministère de l'Environnement du Québec afin
d'ajouter 240 acres pour y enfouir 320 000 tonnes de déchets solides par
année. Le dossier d'agrandissement du site de Laidlaw est
présentement chez le ministre Paradis, selon mes informations ? je
m'excuse de le nommer de même ? le ministre de l'Environnement, pour
approbation finale.
Vous comprendrez que les gens de Magog et du comté d'Orford, qui
est l'un des plus beaux comtés, M. le Président, en termes
d'attraits touristiques et un des comtés où il y a beaucoup
d'attraits touristiques... Je
pense au mont Orford. Je pense au parc national qu'il y a à
Orford. C'est incroyable, si on laisse faire une chose comme celle-là.
Durant les 35 années prochaines, Laid-law veut imposer et importer dans
le canton de Magog de 10 000 000 à 12 000 000 tonnes de déchets
solides, et le site est situé dans le bassin versant du lac
Memp-hrémagog. Le lac Memphrémagog est le réservoir d'eau
potale de la ville de Sherbrooke, desservant 125 000 citoyens. La région
de Magog-Orford fut désignée site touristique et non site
d'enfouissement, et notre région n'est pas la poubelle de la rive sud de
Montréal.
En septembre 1992, le ministère de l'Environnement a
publié le document de préconsultation sur la refonte du
Règlement sur les déchets solides. Après l'avoir
consulté, il est certain que le ministère de l'Environnement va
regarder passer le bateau. Ça, c'est ce qu'on me dit. Si les gens
s'inquiètent à ce point-là, M. le Président...
Concernant la refonte du Règlement sur les déchets solides, il
faut un moratoire sur tout projet de nouveau site d'agrandissement et de site
d'enfouissement au Québec pour que certains devoirs soient refaits.
Donc, M. le Président, c'est des lettres comme ça,
d'hommes et de femmes concernés et qui sont prêts à mettre
de l'argent de leurs poches pour défendre l'environnement. Est-ce que
ça ne vaut pas, M. le Président, qu'il y ait un moratoire qui
ferait en sorte qu'on puisse voir venir les gens, qui, à bien des
égards, s'en foutent? D'abord qu'ils fassent de l'argent, M. le
Président, c'est tout ce qui compte! Je pense que nous sommes des gens
qui ont été élus par une population qui compte sur nous
pour qu'il se passe ici des choses pour interdire que la population en
général souffre de gens sans conscience qui puissent faire en
sorte que dans quelques années la nappe phréatique soit
gaspillée à tout jamais.
M. le Président, c'est grave, l'environnement, et je pense que
chacun de nous le sait. À ce moment-là, on ne peut pas accepter,
M. le Président, que ça aille à la va-comme-je-te-pousse.
On ne peut pas! Je pense qu'on a des responsabilités à prendre en
matière d'environnement et ce n'est pas seulement au niveau du ministre
lui-même, titulaire de l'Environnement, pas plus que seulement la
responsabilité de notre critique, la députée de Taillon.
L'environnement, ça regarde tout le monde ici, tout le monde à
l'extérieur, toute la population en général.
M. le Président, on ne peut pas accepter qu'on aille comme
ça et que le ministre décide, cas par cas, comment il va
réagir dans une situation comme dans une autre. Je ne voudrais pas que
ma région, que les gens de ma région, pas plus que les gens de
tout le Québec ou d'ailleurs ne puissent plus respirer l'air pur,
n'aient plus d'eau pour faire en sorte qu'on puisse continuer à vivre.
Je ne veux pas ça et je pense qu'il n'y a aucun parlementaire en cette
Chambre qui ait l'âme assez basse pour souhaiter une chose comme
ça, parce que ça serait la fin du monde. (13 h 10)
M. le Président, je ne veux pas avoir l'air de quelqu'un qui crie
au loup, mais je pense qu'il faut réveiller la conscience des uns et des
autres afin qu'on puisse intervenir et pouvoir discuter de ce dossier
extrêmement important qu'est l'environnement. Ma collègue, la
députée de Taillon, a annoncé en plus qu'elle aurait des
amendements à apporter en commission parlementaire. Je pense qu'en
commission parlementaire on pourra discuter de toutes ces choses qu'il nous
apparaît important d'apporter. C'est le temps, M. le Président,
que le ministre se lève et qu'il pose des gestes concrets ? pas des
gestes à la pièce ? des gestes concrets qui vont englober
l'ensemble de la situation au niveau de l'environnement. C'est très
important. C'est important pour les gens de Magog qui vivent une urgence,
présentement. C'est important pour toutes les autres personnes qui
vivent aussi des problèmes au niveau de l'environnement.
M. le Président, je sais que nous allons faire un travail
intensif au niveau du projet de loi 101 et j'espère qu'après que
nous aurons... Je ne présume pas, mais je pense bien que, compte tenu
que tout le monde le désire, le projet de loi pourra être
adopté, avec ce que Mme la députée de Taillon apportera
comme amendements, et j'espère que ça sera en application pour
faire en sorte, M. le Président, que l'ensemble de la population soit
sûre de savoir où elle s'en va et faire en sorte qu'il n'y ait pas
de gens sans coeur et sans vergogne qui puissent faire n'importe quoi pour
nuire à l'ensemble de la population. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée de Johnson. Sur la même motion, je cède la
parole à M. le député de Dubuc.
M. Gérard R. Morin
M. Morin: Alors merci, M. le Président. On a souvent
entendu dire «Ne touchez pas à la loi 101.» Sauf que,
celle-là, il faudra y toucher quelque peu. Alors, considérant
qu'on est en prolongation des heures normales de séance, je vais
synthétiser mon intervention de façon très, très
rapide pour vous dire, M. le Président ? comme l'a dit d'ailleurs
ma collègue, dans son intervention ? que nous serons favorables au
principe de cette loi, et pour les raisons suivantes, en ce qui me
concerne.
D'abord, cette loi fait franchir une étape importante à
une des recommandations fondamentales du mandat d'initiative de la commission
de l'aménagement et des équipements, dont le rapport était
déposé, par pure coïncidence, il y a 1 an presque jour pour
jour à l'Assemblée nationale ? en juin 1992.
Deuxièmement, bien sûr, elle donne un poids juridique aux
directives du ministre de l'Environnement de l'automne dernier en ce qui
concerne les sites d'enfouissement sanitaire. Et, enfin, un troisième
élément pour lequel nous devons être favorables au principe
de loi, c'est que ça peut éviter la paralysie des projets
d'enfouissement sanitaire, surtout,
particulièrement, à la non mise en vigueur de l'article 12
de la loi 61 qui a été adoptée l'an passé.
Maintenant, tout en étant favorables, M. le Président,
nous devons quand même vous faire part de nos réserves par rapport
à des vices cachés potentiels. Alors, ces vices cachés
sont reliés aux éléments suivants. D'abord, devant
l'absence d'audiences génériques concernant la gestion des
déchets, vous conviendrez avec moi qu'il devient assez difficile de bien
positionner toute la réglementation entourant l'enfouissement sanitaire
comme tel, sans que ce volet puisse s'inscrire dans une politique globale de la
gestion des déchets.
Un autre élément, bien sûr, c'est que ce projet de
loi 101 nous est soumis à la dernière minute. Et, à ce
moment-là, comme il s'agit d'un projet de loi transitoire, qui, d'une
part, a pour but de donner des dents ou un poids juridique aux directives du
ministre de l'automne dernier concernant l'enfouissement sanitaire, c'est une
loi qui n'aura qu'une durée temporaire, c'est-à-dire jusqu'au
moment où sera en vigueur l'article 12 en particulier du projet de loi
61, relié à toute la réglementation.
Il y a aussi les 80 projets d'enfouissement sanitaire qui sont
là, au Québec, dont certains viennent tout juste d'être mis
sur la table à dessin. D'autres ont fait l'objet de consultations de
différentes formes depuis 3, 4, 5, 6 ? 10 ans, peut-être.
Alors, est-ce que le projet de loi aura pour effet de tout mettre ces projets
d'enfouissement sanitaire sur le même pied ou s'il permettra une analyse
particulière, sans tomber dans des cas d'exception qui ne seraient pas
faciles à gérer?
Et, enfin, M. le Président, il ne faudrait pas que le
présent projet de loi soit ? puisque le ministre en a fait mention
abondamment ? un moratoire déguisé par cette obligation de
faire reprendre toute la procédure à travers tous les projets. Il
ne faudrait pas que ce soit une façon déguisée de
paralyser tous les projets qui sont en plan. Alors, ceci dit, c'est le genre de
questionnement que nous nous posons, tout en étant favorables au
principe, et nous souhaitons que, lors de la commission parlementaire, le
ministre pourra répondre à nos inquiétudes. Je vous
remercie.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le député de Drummond, je vous
cède la parole.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Merci, M. le Président. C'est avec plaisir que
j'ai donné mon consentement à l'étude du projet de loi
101, présenté, il va sans dire, hors délais. Hier, lors de
l'étude du projet de loi 73, le leader du gouvernement nous rappelait
que, lorsque des projets de loi sont appelés et apportés à
la dernière minute, il fallait faire preuve d'une grande prudence. M. le
leader du gouvernement, si j'avais utilisé les critères d'analyse
que vous avez étudiés dans l'élaboration de votre
stratégie concernant le projet de loi 73, je dois vous dire, lorsque je
regarde le projet de loi 101, adopté dans cette grande
problématique de gestion intégrée des déchets, que
nous ne serions pas, ici, M. le Président, aujourd'hui, à
étudier et à considérer le projet de loi 101.
Mais je pense que le député de Drummond a toujours fait
preuve, M. le Président, d'un sens d'urgence et d'un sens des
responsabilités collectives. Dès le 2 avril, lorsque nous avons
eu la motion célébrant la Journée de la terre, j'avais
insisté et plaidé auprès du ministre de l'Environnement
d'être capable d'en arriver avec ce que j'aurais espéré
aujourd'hui avec la loi 101: non pas un moratoire, mais un vrai projet de loi
qui aurait réglementé cette grande problématique. Il va
sans dire que, pour cette raison... J'avais offert aussi, M. le
Président, mon concours au ministre de l'Environnement, et c'est avec
plaisir que je le fais. Mais cette grande problématique, je n'y
reviendrai pas, parce que, comme mon collègue de Dubuc l'a
souligné, nous sommes maintenant en période
supplémentaire, on a dépassé les délais. Alors, je
prendrai le moins de temps possible. Mais il ne faudrait quand même pas
oublier, M. le Président, lorsqu'on regarde l'ensemble de cette
problématique qu'est la protection de l'environnement aujourd'hui, qu'il
faudrait être minutieux. Ma collègue de Taillon l'a
souligné. M. le ministre, à l'intérieur de ses objectifs
l'a souligné aussi, devant toute la réglementation et les lois
maintenant qui sont sur la table.
J'aimerais rappeler, M. le Président, à cette
Assemblée, que, lors du dernier colloque de l'Association
québécoise du droit comparé, qui a été tenu
par la Faculté de droit de l'Université McGill, dans un article
de M. Emmanuel Bilodeau, dans La Presse juridique du 30 avril, il y
avait deux commentaires qui méritent qu'on s'y attarde, M. le
Président, lorsqu'on regarde cette législation que nous sommes en
train de passer aujourd'hui. Ce colloque nous rappelait avec justesse que la
stabilité du droit est importante. Il nous rappelait que «le
citoyen ordinaire devrait pouvoir se coucher le soir avec la certitude que,
lorsqu'il se réveillera le lendemain matin, le droit ? n'aura pas
complètement changé». Or, c'est une des raisons pourquoi
j'ai donné mon consentement. Contrairement à la 61 où on a
fait ça en pleine nuit, aujourd'hui, au moins, on le fait visière
levée, en plein jour. Je pense que les paroles du 30 avril de Me Gaudet,
ça se voulait de l'inflation législative, menace à la
stabilité du droit. M. le ministre semble en avoir tenu compte dans ses
propos.
Et un deuxième point, M. le Président, qui
m'ap-paraît drôlement important aussi, lorsque je regarde un sujet
aussi fondamental que la protection de notre environnement, qui veut dire
qualité de vie, qualité sociale, et qui veut dire aussi
héritage que l'on laissera aux générations qui vont nous
suivre, c'est cet autre commentaire qu'il faisait: «Le droit a un
rôle important à jouer dans l'angoisse collective d'une
société. Jusqu'au XIXe siècle, le citoyen avait une
connaissance intuitive de ses droits et obligations. Mais l'univers juridique
est aujourd'hui tellement complexe que même les experts s'y
perdent.»
Lorsque j'ai écouté, M. le Président, autant la
critique et députée de Taillon que le député de
Brome-Missisquoi et ministre de l'Environnement nous faire part de tous les
objectifs, de toutes ces grandes problématiques, c'est la
première inquiétude que ça me soulève, M. le
Président, et c'est pour cette raison que je crois qu'il est important
maintenant d'en arriver au Québec à une commission. Est-ce
qu'elle sera générique? Est-ce qu'elle sera une commission
parlementaire élargie? Est-ce que ce sera autre chose? M. le
Président, la seule chose, je pense, qui est importante à ce
moment-ci, c'est qu'une fois pour toutes on essaie de dégager un grand
consensus social, au Québec, autour de cette politique de gestion
intégrée de nos déchets domestiques.
M. le Président, j'aimerais vous rappeler que je viens d'une
région qui a été à l'origine de la cueillette
sélective, chez nous, dans la Mauricie?Bois-Francs? Drummond.
On est sorti hors des sentiers battus, et un des dangers, M. le
Président, qui nous guette, c'est lorsque je regarde, moi, dans un
même espace de temps, trois semaines, où, à Drummond, nous
avons la cueillette sélective, on a demandé à chacun des
propriétaires occupants, par porte, de payer un conteneur spécial
pour la récupération de nos déchets, pour être
capable de les recycler; on a demandé un coût de 150 $ à
être défrayé par les propriétaires de chacune des
portes, de chacun des logements, M. le Président. (13 h 20)
On a demandé aussi, à l'intérieur de cette
politique chez nous, de gestion des déchets... Ça nous
coûte 102 $ la tonne pour être capable de faire de la
récupération. Et, dans le même délai qu'on prenait
ces décisions-là ? et Dieu sait que je suis fier de cette
décision-là de nos autorités municipales ? on voyait
que l'enfouissement d'une tonne de déchets non
récupérés, non recyclés, non
réutilisés coûtait 42 $. Alors, je dois vous dire, M. le
Président, que les citoyens et les citoyennes de la ville de Drummond
ont toute mon admiration d'avoir consenti à débourser 60 $ de
plus la tonne pour être capable de récupérer et de
recycler. Et c'est ça qu'il va falloir faire dans un avenir pas
tellement lointain.
On a touché aussi à toute la réutilisation des
matériaux recyclés. Or, M. le Président, je pense qu'il
était urgent d'avoir la loi 101 qui nous met un blocage dans tout
agrandissement de site d'enfouissement, parce que je pense que c'est un secret
de Polichinelle pour ceux et celles qui se sont intéressés
à cette gestion des déchets de savoir que, lorsqu'on demande un
permis pour un nouveau site, ceux qui sont déjà existants vont
utiliser toutes sortes de moyens détournés pour prévenir
l'ouverture de nouveaux sites, pour faire en sorte que, pour ceux qui sont
existants, on soit capable d'avoir des permis d'agrandissement, on soit capable
d'avoir des permis pour surélever les sites.
Finalement, M. le Président, on ne s'en cachera pas, c'est
à une guerre de gros sous qu'on doit faire face, à l'heure
actuelle. C'est là qu'on a la responsabilité, en tant que
parlementaires, de dire quel est l'héritage qu'on veut laisser. Et le
problème s'en vient urgent, M. le Président. Je pense que M. le
ministre va reconnaître, lui qui a à travailler tous les jours
avec les différents intervenants du dossier. Que ce soit au niveau
écologique ou au niveau monétaire, on s'aperçoit que c'est
une guerre de gros sous. Et lorsqu'on dit guerre de gros sous, malheureusement
encore aujourd'hui, lorsqu'on parle d'économie, souvent tous les coups
sont permis, M. le Président.
Mais on devra s'élever ici au-dessus de ces batailles de
quartiers, de ces batailles de régions. Lorsque je regarde, M. le
Président, ce qui est en train de se développer... Je vais vous
poser une question. Le développement des sites et la
récupération, les centres de tri, est-ce que ça devrait
être la responsabilité du monde municipal ou du monde
privé? Je regarde dans ma région, M. le Président,
où on est en train d'avoir un super site, chez moi, près de la
rivière Saint-François, qui est une source d'approvisionnement
d'eau potable pour à peu près 65 000 de nos citoyens et
citoyennes de la grande région de Drummond. Alors, on veut proposer un
centre de tri... Parce que j'ai toujours été un de ceux qui
croient qu'il va falloir récupérer le maximum de nos
déchets, M. le Président. Il va falloir être capable de
développer les technologies. Je regarde la législation qu'on a
devant nous, M. le Président, elle ne favorise pas ça.
Il y a un autre domaine dont je suis convaincu... C'est un domaine
où le Québec pourrait prendre un rôle de chef de file,
c'est au niveau de la recherche et du développement. Moi, je suis un de
ceux qui croient, M. le Président, qu'on est capable aujourd'hui, avec
les biotechnologies, de développer de nouveaux produits, de nouvelles
enzymes, de nouvelles bactéries qui feront que, dans 3, 4 ou 5 ans, on
aura un site qui serait devenu complètement amorphe et neutre.
Autrefois, on disait 20 ans, aujourd'hui on parle de 30 ans, et peut-être
même plus avant qu'un site ne devienne complètement amorphe.
Ça, M. le Président, il va falloir s'attacher. Est-ce que
c'est un projet de loi? Est-ce c'est la commission parlementaire qui va
être capable de dégager ces grands consensus là? Je n'y
crois pas à ce moment-ci. De là l'importance d'avoir cette
commission ? je vais dire commission d'enquête. On y mettra le
générique «élargie» ? pas élargie,
mais une commission d'enquête qui aurait pour mandat et but de regarder,
M. le Président, les politiques. Est-ce que ce sont des politiques au
niveau du privé? Est-ce que ce sont des politiques au niveau municipal
de la gestion des déchets? On a parlé de toute la
problématique de l'emballage. On a toute la récupération
des déchets. On a toute la réutilisation. On a toute la recherche
et le développement. Or, quand on regarde toute cette
problématique-là sur ces différentes facettes, il est
sûr et certain qu'on a besoin, et dans les plus brefs délais, M.
le Président, de cette enquête-là pour faire en sorte aussi
qu'on ne laisse pas se développer à l'intérieur de nos
régions, puis accentuer le phénomène de «pas dans ma
cour», parce que je vous dis qu'à
l'heure actuelle, chez moi, on veut garder nos déchets, mais on
ne veut pas avoir ceux des autres.
Pourtant, je me dois, en tant que parlementaire, d'être
responsable, de dire à mes gens: Oui, mais on est un milieu industriel
aussi. On ne peut pas garder nos déchets industriels, il faut les
envoyer traiter et recycler ailleurs. Alors, quelque part ailleurs, il va
falloir qu'il y ait des unités aussi de récupération et de
recyclage des déchets industriels. La même chose, M. le
Président, qu'à l'intérieur de nos propres déchets
domestiques. Nous, les consommateurs que nous sommes, on a des déchets
qui sont dangereux aussi. Il va falloir quelque part qu'il y ait un site de
récupération, de réutilisation.
Or, comme vous voyez, ça fait appel à beaucoup plus
qu'à une législation. Moi, je crois, M. le Président,
quand je regarde la multitude de réglementations et que je reviens
? et je vais conclure ? en regardant au niveau du droit, au niveau de
l'obligation du citoyen et de la citoyenne d'avoir la connaissance, il ne peut
pas plaider l'ignorance des lois, il va falloir arriver avec une
simplification. La simplification, quant à moi, va arriver lorsqu'on
aura eu cette commission élargie au Québec, lorsqu'on sera
capable d'avoir ce consensus et de dire: Oui, on va récupérer,
oui, on va recycler nos déchets, même si ça coûte 50
$ à 60 $ la tonne de plus. Je vais citer Normand Maurice, que tout le
monde connaît au Québec et qui est une personne de ma
région, qui est originaire de chez nous, qui dit toujours que des
déchets, ce n'est pas des déchets, c'est une mine d'or, c'est une
mine de matières premières. Je pense que la journée
où on sera capable d'avoir cette philosophie-là au Québec,
il sera possible aussi d'avoir de grands consensus où on pourra faire
réellement cette gestion intégrée des déchets.
M. le ministre, j'espère que, dans l'analyse article par article
de cette loi-là, vous nous annoncerez, avant la troisième
lecture, la tenue, dès cet automne, de cette commission d'enquête
que vous voudrez élargie ou pas élargie, générique
ou non générique, mais une commission d'enquête où
les parlementaires auront leur rôle, auront leur mission d'arriver,
lorsqu'on arrivera, avant le 17 décembre 1993... Ça me fera
plaisir de vous donner mon consentement cette fois-ci, non pas pour un
moratoire, mais pour une vraie loi, qui va contribuer à mettre en place
les résultats de cette commission d'enquête. Je vous remercie, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Drummond. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Une voix: Oui, le député d'Orford.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député d'Orford.
M. Benoit: M. le Président... Une voix: En
conclusion.
M. Robert Benoit
M. Benoit: ...en conclusion, je vais prendre seulement quelques
instants. J'ai accepté de laisser mon temps d'antenne pour bien entendre
ce que l'Opposition avait à dire, ce que les gens, les
députés indépendants avaient à dire, et,
finalement, pour m'apercevoir qu'il y a unanimité à
l'Assemblée nationale sur la loi 101, et je m'en réjouis.
Je veux aussi reconnaître le dynamisme du ministre qui a
déposé cette loi-là. Je dois aussi reconnaître que
la députée de Taillon et son équipe, qui avaient
retiré leur consentement hier après-midi, sont revenus sur cette
décision; ils ont accepté de nouveau, aujourd'hui, que nous
puissions parler de ce projet de loi tout à fait important. Alors, je
suis heureux de voir qu'il y a unanimité et on va se retrouver en
commission parlementaire, un peu plus tard, pour l'étude article par
article.
M. le Président, la problématique, elle est à ce
point importante que nous ne parlons plus maintenant de petits sites que vous
avez connus à l'arrière de la maison chez vous, à
l'arrière du village, mais nous parlons, maintenant, de
mégasites. Nous parlons de sites où des centaines et des
centaines de camions entrent à tous les jours, des sites où les
déchets viennent de très loin, sont transportés par de
très gros camions et même par des trains. La problématique,
elle est grandissante et on sait tous qu'il y a en ce moment au
ministère plus de 79 demandes d'agrandissement de sites, de gens qui,
éventuellement, nous diront qu'ils ont des droits acquis.
La députée de Johnson a, effectivement, parlé de la
problématique d'un site en particulier, celui du comté d'Orford,
et c'est une très grande problématique. Nous en reparlerons en
commission parlementaire. Problème qui est très grand, entre
autres à cause du promoteur, mais ce promoteur-là, il est
semblable aux autres promoteurs et aux compagnies qui sont tout à fait
puissantes, aux compagnies qui ont une expertise, mais qui sont très
loin, en termes de territoire... Ils vont aller chercher des déchets
aussi loin que la périphérie de Montréal, des compagnies
qui ont les meilleurs avocats, qui ont une expertise aux Etats-Unis et qui vont
nous battre sur tous les fronts. Et le ministre avait besoin de la loi 101 pour
dire à ces gens: Assez, c'est assez! Ce ne sont pas des compagnies qui
vont mener le Québec, mais c'est le Québec, c'est le
gouvernement, c'est les gens qui ont été élus
démocratiquement qui vont prendre ces décisions-là, qui
vont décider des balises. C'est ce que fait, M. le Président,
cette loi 101.
Finalement, je voudrais finir en disant que cette loi va permettre
à tous les citoyens qui vont en faire la demande... Chez nous, c'est
déjà fait; j'ai parti le bal, j'ai écrit au ministre, il y
a déjà plusieurs mois en disant: Attention, il y a un
problème, il faut le regarder, il faut envoyer ça devant le BAPE.
Je suis heureux, maintenant, de voir que la loi 101 va obliger ces compagnies
à aller devant le BAPE. Je voudrais finir en vous disant qu'on a
vécu une expérience, chez nous, devant le
BAPE, et, peu importe ce que j'ai entendu, peu importe ce que vont dire
les gens ici, peu importe ce que diront les médias, en mon âme et
conscience, je suis allé à l'expérience du BAPE chez nous,
je suis allé voir ce qui se passait. Je voulais voir si les simples
citoyens étaient écoutés; s'ils étaient
écoutés et si on les aiderait. (13 h 30)
M. le Président, je dois dire que, dans un autre débat qui
fut mené chez nous, j'ai dit au ministre, je l'ai dit aux médias
et je le dis ici, à l'Assemblée nationale, l'expérience du
BAPE a été l'une des plus belles expériences en
démocratie que j'ai pu voir. De simples citoyens, français et
anglais, de tous les âges, qui se sont ramassés pendant un mois
dans un sous-sol d'église pour aller expliquer, souvent difficilement,
souvent sans mémoires, et la présidente du BAPE les faisait
expliquer... On avait une série d'experts qui essayaient de ridiculiser
ces gens-là, mais, constamment, le BAPE leur a permis d'être tout
à fait dynamiques dans leurs interventions. Un jugement tout à
fait neutre a été rendu, non pas des gens du village et de la
ville qui étaient pour ou qui étaient contre, des intervenants
qui, de l'autre bord, étaient pour et étaient contre, mais des
experts assis au BAPE, qui, finalement, ont rendu un jugement tout à
fait démocratique. C'est une magnifique expérience, chez nous,
cette expérience qui a eu lieu devant le BAPE, il y a environ 1 an. Je
me réjouis de voir que les citoyens vont pouvoir retourner maintenant,
dans le cas des sites.
Alors, j'arrête ici en vous disant, bien entendu, que je voterai
pour la loi 101. C'est une loi qui était importante et qui est tout
à fait responsable. Je serai présent en commission, cet
après-midi, avec le ministre pour écouter ce que l'Opposition
veut apporter comme amendements à la loi. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député d'Orford. Mme la députée de Taillon.
Mme Marois: M. le Président, en vertu de 213, je peux, je
pense, poser une question.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, s'il y a
consentement du député d'Orford.
Mme Marois: S'il y a consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous consentez, M. le
député?
M. Benoit: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Courte question, courte
réponse.
Mme Marois: D'accord. Je voudrais savoir de la part du
député s'il a affirmé que nous avions retiré notre
consentement sur le fond de la loi 101, parce que ce ne serait pas le cas.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député d'Orford.
M. Benoit: Je continue à dire que le consentement a
été retiré hier, à 15 heures, et nous n'avons pas
pu... On m'a posé une question, M. le Président, puis-je y
répondre?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît!
Allez-y, allez-y.
M. Benoit: Ce que je dis et ce que je redis, c'est que le
consentement a été retiré hier et que nous n'avons pas pu
débattre de la loi 101, tel que prévu, en après-midi hier,
M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. Alors, est-ce
qu'il y a d'autres interventions? Pas d'autres interventions?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement,
simplement...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, je m'excuse. Pour
votre réplique.
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pour remercier tous les
parlementaires qui ont pris la peine d'intervenir sur ce débat, pour
l'appui qu'ils donnent au principe de ce projet de loi. Tout à l'heure,
nous donnerons des avis quant au moment où siégera la commission
parlementaire. Je vous invite à suivre très attentivement le
libellé de chacun des articles de façon à ce que ce
libellé nous permette d'atteindre les objectifs que nous partageons.
Je vous préviens également que c'est un projet de loi qui
dérange beaucoup de gens sur le terrain. Nous allons être
victimes, tous et chacun, de beaucoup de pressions. Je pense qu'il s'agit de
maintenir, au cours des prochaines heures et des prochains jours,
l'unanimité qui nous a animés au cours de cette adoption de
principe, de façon à ce que, au bout, ce soit
l'intérêt public qui soit le mieux servi. Merci, M. le
Président.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre. Le
principe du projet de loi 101, Loi sur l'établissement et
l'agrandissement de certains lieux d'élimination de déchets,
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
leader du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je fais une autre motion, M. le
Président, pour que ce projet de loi soit déféré
à la commission de l'aménagement et des équipements pour
étude détaillée.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Cette motion de
déférence est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. Il est 13
h 30.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, M. le leader du
gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...conformément à
une entente intervenue avec le leader de l'Opposition ? et je sollicite
également le consentement du député de Drummond pour
modifier les avis touchant les travaux de cette Chambre et permettre à
une quatrième commission parlementaire de siéger ce soir, de 20
heures à 24 heures.
M. St-Roch: II y a consentement, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je donne donc avis formel...
Mme Juneau: Est-ce que j'ai bien compris qu'il y avait eu une
entente avec le leader de l'Opposition?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De l'Opposition officielle. Oui,
c'est exact.
Mme Juneau: C'est très bien, M. le Président.
Avis touchant les travaux des commissions
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je fais donc l'avis suivant, M. le
Président. J'avise cette Assemblée qu'aujourd'hui, de 20 heures
à 24 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, la commission de
l'aménagement et des équipements procédera à
l'étude détaillée du projet de loi 101, Loi sur
l'établissement et l'agrandissement de certains lieux
d'élimination des déchets. Et je dépose l'avis.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Et vous m'informez que le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle, est
d'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous informe que le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle, a
donné son consentement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, ça rassure
le président. Ça rassure le président. Je suspends les
travaux jusqu'à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 34)
(Reprise à 15 h 11)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place, s'il vous plaît. M. le leader adjoint du gouvernement.
Motions du gouvernement
Motion d'urgence proposant la suspension
de certaines règles de l'Assemblée afin
de permettre l'adoption du projet de loi 102
M. Pierre Paradis
M. Johnson: Oui, M. le Président, je fais motion:
«Que, en raison de l'urgence de la situation et en vue de permettre
l'adoption du projet de loi 102, Loi concernant les conditions de travail dans
le secteur public et le secteur municipal; «Le 1er paragraphe de
l'article 19, les articles 20 et 21, l'article 54, les 2e, 3e et 8e paragraphes
de l'article 87, les articles 88 à 93, 100 et 101, 105 à 108, 111
à 114, 164 et 175, les articles 194 et 195, 205 à 209, 212 et
213, 215 et 216, 230, le 2e alinéa de l'article 244, les mots "et
l'adoption du projet de loi est fixée à une séance
subséquente" au 2e alinéa de l'article 248, les articles 249
à 251, les 2e et 3e alinéas de l'article 256 et les articles 304
à 307 soient suspendus jusqu'à l'adoption dudit projet de loi;
«Dès l'adoption de la présente motion, un ministre ou un
leader adjoint du gouvernement puisse proposer que l'Assemblée se
constitue en commission plénière pour poursuivre l'étude
détaillée du projet de loi 102, Loi concernant les conditions de
travail dans le secteur public et le secteur municipal; une telle motion ne
requière pas de préavis, ne puisse être amendée ni
débattue et soit immédiatement mise aux voix, sans appel nominal;
«La durée de l'étude détaillée dudit projet
de loi en commission plénière soit fixée à un
maximum d'une heure après le début de ses travaux, et ce,
malgré les dispositions de l'article 245; «Un ministre ou un
leader adjoint du gouvernement puisse, plus d'une fois au cours d'une
même séan-
ce, proposer de faire rapport à l'Assemblée que la
commission plénière n'a pas fini de délibérer et
qu'elle demande la permission de siéger à nouveau; une telle
motion ne requière pas de préavis, ne puisse être
amendée ni débattue et soit immédiatement mise aux voix,
sans appel nominal; «Le président de la commission
plénière, à l'expiration de ce délai, mette aux
voix immédiatement, sans débat et sans appel nominal, les
articles et les amendements dont la commission n'aurait pas disposé, y
compris les amendements que le ministre qui présente le projet de loi
n'aurait pas pu proposer en cours d'étude, mais dont il saisira le
président de la commission à ce moment, et fasse rapport à
l'Assemblée; ce rapport soit mis aux voix sans appel nominal; «La
durée du débat sur l'adoption dudit projet de loi soit
fixée à un maximum de 60 minutes, dont 25 minutes au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 25 minutes au groupe parlementaire
formant l'Opposition officielle, 5 minutes au groupe des députés
indépendants et une réplique d'une durée maximale de 5
minutes au ministre qui présente le projet de loi, auquel maximum
pourrait s'ajouter, le cas échéant, pour les fins de
l'application de l'article 257, une période maximale de 15 minutes
réparties de la façon suivante: 5 minutes au groupe parlementaire
formant le gouvernement; 5 minutes au groupe parlementaire formant l'Opposition
officielle; 3 minutes au groupe des députés indépendants
et une réplique d'une durée maximale de 2 minutes au ministre qui
présente le projet de loi, au terme de laquelle les amendements seraient
mis au voix immédiatement, sans débat et sans appel nominal;
«Une motion de suspension de la séance puisse être
proposée à tout moment par un ministre ou un leader adjoint du
gouvernement; une telle motion ne requière pas de préavis, ne
puisse être amendée ni débattue, et soit
immédiatement mise aux voix sans appel nominal; «L'ajournement du
débat, l'ajournement de l'Assemblée ou le retrait d'une motion
puissent être proposés à tout moment de la séance
par un ministre ou un leader adjoint du gouvernement; une telle motion ne
requière pas de préavis, ne puisse être amendée ni
débattue et soit immédiatement mise aux voix, sans appel nominal;
«L'Assemblée puisse siéger tous les jours, à compter
de 10 heures, jusqu'à ce qu'elle décide d'ajourner ses travaux;
«Sous réserve de ce qui précède, les dispositions du
règlement particulières aux mois de juin et décembre
soient appliquées et les règles ci-haut mentionnées
puissent s'appliquer jusqu'à l'adoption dudit projet de loi.»
M. Chevrette: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, votre motion est
déposée. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: J'ai l'intention de traiter de la
recevabilité et je demanderais quelques minutes pour lire la suspension
d'à peu près tous les droits qui nous restent dans cette
Assemblée, afin de pouvoir argumenter sur la recevabilité.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): À votre demande,
je vais suspendre les débats de cette Assemblée. Et je
demanderais qu'on remette les copies de la motion aux parlementaires qui sont
ici présents.
(Suspension de la séance à 15 h 16)
(Reprise à 15 h 25)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez
prendre place. Si vous voulez prendre place, s'il vous plaît. Alors, sur
la recevabilité, M. le leader de l'Opposition officielle.
Débat sur la recevabilité M. Guy
Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Je voudrais
dire quelques mots sur la recevabilité. Tout d'abord, c'est en vertu de
l'article 183 de nos règlements que le ministre a invoqué
l'urgence, en sachant très bien que, lorsqu'il invoque le motif
d'urgence, il n'a pas à déposer de motion au feuilleton. Il n'a
qu'à invoquer le mot «urgence» en cette Chambre pour qu'il
n'y ait pas besoin de préavis ou de quoi que ce soit et qu'il se
lève pour suspendre les règles.
M. le Président, je ne crois pas que l'esprit de nos
règlements soit ainsi fait pour permettre d'induire la Chambre en
erreur, pour tromper la Chambre, tel que c'est le cas présentement.
Parce que, dans la procédure régulière de nos
règlements, en vertu des articles 200, 250 et suivants, il y a une
manière pour un gouvernement de mettre fin à des travaux qui
traînent en longueur, selon lui. Il aurait donc pu, depuis jeudi
dernier... Depuis jeudi dernier, jamais le leader adjoint et président
du Conseil du trésor n'a rappelé la loi en cette Chambre. Jamais
il n'a ramené cette loi pour qu'elle soit étudiée article
par article, depuis jeudi passé. Il y a eu toute la journée de
vendredi où on aurait pu travailler sur la loi. Il y a eu la
journée de lundi. On aurait pu travailler de 10 heures à 10
heures le lendemain matin puisque, en plénière, il n'y a
même pas de limite à minuit. Il aurait pu l'appeler toute la
journée hier. Il aurait pu l'appeler ce matin. M. le Président,
je ne crois pas que l'économie de nos règlements soit ainsi faite
pour induire le public et la Chambre en erreur et tromper ainsi,
délibérément, cette Assemblée nationale. L'urgence,
en aucun temps, ne peut être invoquée à ce stade-ci. Il
reste encore 5 jours de délibérations, en vertu de nos
règlements. Ça, c'est de un.
Deuxièmement, quant à en mettre, en tant que
sépulcre blanchi, le premier ministre lui-même, hier, a
dit que, dans les 3 mois qui suivent, il n'était pas question
d'appliquer cette loi. Quelle est l'urgence? Quelle est l'urgence, d'abord?
Quel motif? Pour quelle raison il peut invoquer l'urgence, à ce
stade-ci, quand le premier ministre lui-même, au sortir de la rencontre
avec les principaux leaders syndicaux, a dit: Écoutez, ça va
aller à l'automne prochain ? négociez! Bien, quand on veut
prouver sa bonne foi, quand on l'est, de bonne foi, d'abord, on s'écrase
puis on négocie. Ça, c'est fondamental.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je voudrais informer les membres dans la galerie qu'en vertu de nos
règlements vous ne pouvez faire aucun signe d'approbation ou de
désapprobation. S'il y a d'autres signes qui se manifestent, je serai
obligé de vous faire quitter cette salle. Merci d'avance de votre
collaboration.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. La
spontanéité a sa place.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. le leader.
M. Chevrette: M. le Président, j'espère... On peut
empêcher de... On peut empêcher de parler, on peut empêcher
de manifester, mais rire, c'est difficile, des fois, de s'en empêcher. M.
le Président, le premier ministre nous donnait lui-même, hier,
l'argument fondamental qui démontre que le motif invoqué par le
leader adjoint, par le président du Conseil du trésor qui est
à la fois leader et celui qui a le portefeuille de la
négociation.... Et il vient invoquer candidement: En raison de
l'urgence. Qu'est-ce qu'il y a d'urgent, M. le Président, si on donne 3
mois de négociation? Quand on est de bonne foi, on dit: Bon bien, O.K.,
je vais essayer, durant les prochains mois, de laisser libre cours à la
négociation. C'est ça, le principe du rapport de force. Mais non.
On passe la loi. On passe la loi cet après-midi, en pleine urgence
supposément. (15 h 30)
M. le Président, je ne crois pas que, comme président de
l'Assemblée nationale... Et je fais maintenant appel à vous. Vous
êtes le gardien des droits. Et le gardien des droits, c'est contre les
abus de pouvoir que vous avez le droit d'intervenir. Et, à mon point de
vue, le geste qui est posé cet après-midi est un abus de pouvoir
contraire à l'esprit du règlement.
S'il y avait eu une urgence, M. le Président, si les
écoles étaient fermées, si les hôpitaux
étaient en grève, si tout était perturbé, au
Québec... Jamais je n'ai vu au Québec autant de bonne foi de la
part des chefs syndicaux. Jamais je n'ai vu ça: prêts à
sacrifier un an, dans certains cas, de gel de salaires. Dans des cas, il y a
des chefs syndicaux, sans consulter leur base, à part de ça, dans
certains cas, qui ont annoncé 2 ans de gel de salaires. Puis il vient
invoquer l'urgence, alors que le premier ministre dit que ça
s'appliquerait dans 3 mois? C'est quoi? Vous voulez négocier avec une
petite arme au-dessus des oreilles pour leur dire: Accepte ça, sinon,
voici, c'est voté déjà? Ce n'est pas ça qui est le
principe de relations de travail. En relations de travail, il y a un climat. Il
y a bien assez, de temps en temps, que l'Assemblée nationale est
obligée d'intervenir sans invoquer de faux prétextes dans le
processus normal des négociations. Si vous voulez négocier 3
mois, si vous voulez de la bonne foi de part et d'autre, respectez l'esprit du
règlement et la lettre du règlement qui dit: en cas
d'urgence.
Moi, je n'ai pas vu d'urgence, M. le Président. Au contraire, si
j'avais le droit de le dire en cette Chambre?j'ai besoin de mon droit de
parole aujourd'hui, parce que je dirais ce que je pense quitte à me
faire enlever la parole ? je dirais, M. le Président, que c'est de
la mauvaise foi, puis je la qualifierais. Quand le premier ministre,
lui-même, de ce gouvernement a annoncé qu'il y avait 3 mois pour
négocier et qu'on vient suspendre tous les droits dans le Parlement,
toutes les règles en invoquant la notion d'urgence... Vous avez
peut-être hâte d'aller en vacances, ça, c'est une chose,
mais induire la Chambre en erreur, tromper la Chambre sur la notion d'urgence
et accepter ça comme procédure parlementaire pour
bâillonner une équipe qui a l'idée de faire son travail,
qui a le goût de faire son travail, M. le Président, c'est de la
mauvaise foi.
Et j'en appelle à vous comme gardien des droits de chacun des
députés en cette Chambre. Est-ce que nos règlements sont
faits pour inciter aux mensonges? Est-ce qu'ils sont faits pour inciter
à la tromperie? Est-ce qu'ils sont faits, monsieur, pour induire les
gens en erreur, une population entière en erreur? Non, M. le
Président, nos règlements sont faits pour être
respectés non seulement dans la lettre, mais dans son esprit.
Et, M. le Président, je défie le président du
Conseil du trésor de me prouver qu'il y a urgence si ce n'est que pour
satisfaire ses petits besoins de maîtrise totale des négos. S'il y
a de la bonne foi, qu'il n'invoque pas au moins l'urgence et qu'il se serve de
l'article 250. Qu'il dise qu'il est tanné d'entendre l'Opposition parler
sur le projet de loi, je lui dirais encore là qu'il induit la Chambre en
erreur. Pourquoi ne l'a-t-il pas appelé? Pourquoi, en plein mercredi, M.
le Président, il arrive puis il dit: En raison de l'urgence, je dois
suspendre toutes les règles du Parlement pour adopter une loi qui sera
sanctionnée peut-être dans 3 mois, qui ne s'appliquera
peut-être pas pantoute si la négociation aboutit. Bien, donnez une
chance à la négociation!
M. le Président, je sais que la tradition au niveau de la
présidence vis-à-vis ce genre de plaidoirie que je viens de
faire, la présidence a toujours refusé jusqu'à
présent de juger de l'urgence, de la notion d'urgence. Mais quand
à sa face même ? et vous êtes avocat, M.
le Président ? une plaidoirie n'a ni queue ni tête,
quand à sa face même la notion d'urgence est ridicule,
dérisoire, quand à sa face même la notion d'urgence est
ridicule et dérisoire, quand à sa face même le gouvernement
lui-même dit que cette loi s'appliquera dans 3 mois, prouvez-moi donc
qu'il y a une urgence! Et il y a toujours une soupape dans nos
règlements. Un premier ministre peut en tout temps convoquer la Chambre.
Ça, c'est dit en toutes lettres. Bien, qu'il négocie de bonne foi
pendant 3 mois avec l'ensemble des secteurs, du secteur de la fonction publique
québécoise, de tous les secteurs, qu'il négocie de bonne
foi, puis, au mois de septembre, il nous convoquera s'il y a une urgence. Nos
règlements prévoient ça, mais pour le moment, M. le
Président, qu'on ne vienne pas me dire qu'il y a urgence. Je
prétends que c'est un faux prétexte. C'est tromper la Chambre.
C'est contraire à l'esprit du règlement, et je fais appel
à vous comme gardien, dans cette Chambre, de nos droits.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Sur la
recevabilité, M. le président du Conseil du trésor.
M. Daniel Johnson M. Johnson: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député.
M. Johnson: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député, vous pouvez poursuivre.
M. Johnson: ...le leader de l'Opposition vient d'évoquer
le fait qu'un argument peut être sans queue ni tête. Il peut
également, comme le sien, être tellement court que la queue
rejoint la tête. Et ça m'apparaît que c'est le raccourci que
vient d'utiliser le député de Joliette et leader de
l'Opposition.
Je lui rappelle tout simplement que, en vertu de la jurisprudence sous
183, l'urgence n'a pas à être prouvée, M. le
Président. Les décisions sont extrêmement claires. La
dernière, enfin, celle que j'ai devant moi remonte à juin 1987:
«II suffit d'invoquer l'urgence et cette dernière n'a pas à
être prouvée.»
Ça pourrait mettre fin, de cette simple façon, au
débat, mais il m'apparaît important, dans les circonstances, d'en
remettre, d'en ajouter et de préciser, de toute façon, que cette
preuve n'a pas à être faite, M. le Président, parce que
c'est l'évidence même qu'il y a urgence au titre des
équilibres financiers du gouvernement. Et nous l'avons dit depuis le 23
mars. Nous l'avons dit depuis le 23 mars que nous avions, comme gouvernement,
la responsabilité de faire en sorte que les signaux que nous donnons,
à quelque titre que ce soit dans les dépenses publiques, sont des
signaux qui sont clairs, qui permettent de réaliser les dépenses
qui sont prévues dans les crédits et de ne pas dépenser
plus que les moyens de nos concitoyens. Nous en sommes à un moment, en
juin, où nous devons nous donner l'assurance, comme gouvernement... Et
c'est ce que nous avons fait lorsque nous avons rencontré, depuis le 23
mars dernier ? dans mon cas, à 9 reprises différentes ?
les dirigeants syndicaux. Nous avons indiqué l'urgente
nécessité qu'il y avait de souscrire à l'objectif
financier gouvernemental en raison de la situation de l'économie et des
finances publiques et en raison du jugement que s'apprêtaient alors
à porter les prêteurs sur le risque financier que
représentent les obligations du gouvernement du Québec sur les
marchés internationaux.
Nous avons eu une réponse d'une des agences tout
récemment, qui n'allait évidemment pas dans le sens
souhaité par tous les Québécois et tous les
parlementaires, qui reconnaissait que, malgré des efforts
récents, il y avait une dette considérable; que malgré le
dépôt à l'Assemblée nationale de différents
documents, il y avait encore cette inquiétude qu'on doit
reconnaître par la cote qui nous a été octroyée,
mais qu'il y avait au moins cette perspective que le gouvernement avait pris
des décisions qui allaient dans le bons sens, le sens de la
responsabilité, en invoquant spécifiquement le projet de loi
102.
Il m'apparaît que, dans les circonstances, il est urgent de
confirmer notre intention d'aller de l'avant. Nous l'avons fait en cette
Chambre en termes très nombreux. Nous l'avons fait, le premier ministre
et moi, hier, pendant 2 heures 30, à de nombreuses reprises. Nous avons
dit à nos interlocuteurs qu'aujourd'hui, cette semaine, nous serions
à l'Assemblée nationale pour adopter cette loi. Nous l'avons dit
à nos interlocuteurs, et nous avons également indiqué
qu'afin de maintenir une atmosphère que je qualifierais de
sérénité relative nous étions disposés
à retarder la mise en vigueur de la loi jusqu'au 15 septembre. C'est,
mot à mot, ce que le premier ministre et moi-même, donc le
gouvernement, avons manifesté à nos interlocuteurs syndicaux. (15
h 40)
L'adoption de la loi, en raison des faits que j'ai mentionnés,
est en même temps un geste d'ouverture qui fait en sorte que
l'épée n'est pas suspendue au-dessus des têtes. On pourra y
voir des distinctions, des nuances. J'indique que, dans les circonstances... Je
dirais même que, si la loi était en vigueur demain... Elle
prévoit, dans ses dispositions, de toute façon, des
négociations qui peuvent mener, avant le 1er octobre, à une
convention qui équivaut aux objectifs financiers que nous
recherchons.
On pourrait donc dire, M. le Président, que, dans certains cas,
dans le cas de la sanction et de la mise en vigueur immédiate de la loi,
les délais ne sont même pas les mêmes que ceux que nous
avons évoqués, hier. Mais on pourrait faire de l'analyse de
texte, invoquer le calendrier. Je réitère l'intention
gouvernementale, M. le Président, d'adopter cette loi pour des motifs de
certitude, d'invoquer cette loi pour des motifs d'assurance que nous pouvons
réaliser les équilibres financiers dont
dépendent la qualité, la crédibilité du
crédit du Québec.
Je suis surpris que le chef de l'Opposition ne soit pas, quant à
lui, sensible à ces préoccupations. Sans doute nous
entretiendra-t-il de ce qu'il en est. Il est évident que le débat
pourrait éventuellement le permettre, mais il m'apparaît, M. le
Président, que d'aucune façon, à ce moment-ci, en
invoquant l'urgence, nous manquions de bonne foi, que nous manquions de quelque
façon que ce soit aux règles que nous nous sommes données
comme Assemblée, d'autant plus que nous avons annoncé, hier,
à nos partenaires syndicaux que c'est précisément ce que
nous sommes en train de faire aujourd'hui que nous ferions aujourd'hui.
Je pourrais penser qu'il y a mauvaise foi si, hier, nous avions
laissé penser le contraire ou avions dit le contraire. Ce n'est
justement pas le cas. Nous avons, comme gouvernement, indiqué clairement
à nos interlocuteurs que nous serions aujourd'hui à
l'Assemblée nationale en train de faire ce que nous faisons. C'est un
peu fort de prétendre qu'à partir de ce moment-là il y a
mauvaise foi d'une des parties, lorsque toutes nos intentions ont
été communiquées en temps utile à nos
partenaires.
Quant à savoir que, de toute façon, selon le leader de
l'Opposition il y a beaucoup de temps encore de disponible, ça
dépend de combien de temps on parle. Il faut nécessairement s'en
référer au temps que nous avons déjà passé
sur ce projet de loi. Je ne parle pas de l'adoption en deuxième lecture,
l'étude du principe. Nous avons passé presque 6 heures. C'est
parfaitement normal. Une quinzaine d'intervenants, 8 de part et d'autre, se
sont exprimés sur le projet de loi.
En commission plénière, M. le Président, nous avons
passé près de 15 heures à l'occasion desquelles ou
à la fin desquelles ? et je vais le dire exactement ? une des
raisons pour lesquelles je refuse, M. le Président, de croire qu'il y a
quelque perspective que ce soit que cette loi soit adoptée en temps
utile, avant le 23 juin, chose certaine, en raison des interventions de
l'Opposition.
Je suis heureux que nos fonctionnaires ou leurs représentants
soient dans les galeries pendant que je le dis. Parce que, je veux leur
rappeler, je vais leur apprendre, à titre d'exemple, que nous n'en
sommes, après une vingtaine d'heures de débats, qu'à 4
articles, qu'il y a 51 articles à la loi. Et qu'à raison de 10
heures par jour, 5 jours par semaine, il faudrait mettre 5 semaines pour
adopter article par article, avec le comportement de l'Opposition, ce projet de
loi.
On aurait droit, M. le Président, et je refuse de m'associer une
minute de plus qu'il ne faut à un processus qui permet, par exemple, au
député d'Ungava d'accuser littéralement l'ensemble des
fonctionnaires du gouvernement du Québec d'être des voleurs. Parce
que c'est ça qu'il a dit.
Des voix: ...
M. Johnson: II a évoqué, M. le
Président...
M. Gendron: Question de règlement, monsieur...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
un instant! S'il vous plaît!
Question de règlement, M. le leader adjoint de l'Opposition.
M. Gendron: M. le Président, d'aucune façon, vous
ne devez, à ce moment-ci, accepter des arguments sur le fond des propos
qui ont été tenus, lors de l'étude qu'on ne veut
même plus nous permettre de faire correctement comme parlementaires, en
commission. Nous avons et vous avez...
Une voix: ...
M. Gendron: Bien sûr, s'ils ont été tenus
hors contexte. Vous avez, comme président, M. le Président,
à recevoir un éclairage addtionnel sur le pourquoi de l'usage en
vertu de 182 et 183 qui, spécifiquement, indiquent qu'on doit prouver
l'urgence. Le leader dit: On n'a pas à en faire la preuve. C'est
l'inverse, à condition que... Ce serait évident, à sa face
même, et c'est ce que je vais faire tantôt, sur le fond. Mais,
à ce moment-ci, M. le Président, dites-moi en quoi vous allez
permettre, dans la discussion, qu'on se lève pour reprendre des
éléments qui ont été pris ou discutés
à d'autres étapes du projet de loi. Ça n'a rien à
voir avec l'éclairage additionnel que vous devez recevoir concernant
l'urgence.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, nous en sommes...
Alors, j'entends la recevabilité de la motion du leader adjoint du
gouvernement en ce qui a trait à la recevabilité qui a
été soulevée par M. le député de Joliette,
leader de l'Opposition officielle, et je demanderais au leader de s'en tenir
aux motifs sur l'urgence qui a été invoquée.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je prétendrais
qu'il est urgent que nous n'ayons plus à entendre le
député d'Ungava s'exprimer en commission plénière.
Il est urgent que nous n'entendions plus le député d'Ungava nous
dire que, lorsqu'il était maire de sa municipalité, l'acheteur,
à l'aréna, passait une commande pour acheter des globes, et on
lui envoyait une petite télévision ou un «charcoal»
pour le récompenser. Et je le cite: «Je m'imagine que ça
doit se passer comme ça au gouvernement aussi», dit-il.
Littéralement, M. le Président, je crois qu'il est urgent de ne
pas être l'objet de commentaires comme ceux-ci.
J'aurai l'occasion, si vous reconnaissez la recevabilité de cette
motion et que nous en débattons, d'illustrer comment, pendant une
vingtaine d'heures, nous avons eu droit à des interventions de cette
nature. J'aurai l'occasion d'exprimer comment il m'apparaît que nous
pourrions faire du progrès si nous discutions tous, comme l'ont fait
certain menbres de l'Assemblée nationale des 2 côtés de
cette Chambre. Et j'ai des exemples d'une contribution positive qui peut
être faite pour
l'examen d'un projet de loi. Malheureusement, au rythme où on
traitait de ces travaux, et compte tenu notamment des interventions comme celle
du député d'Ungava, il m'apparaît urgent, M. le
Président, de ne pas lui donner une chance de récidiver.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, sur la
recevabilité, M. le député de Drummond.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui, merci, M. le Président.
Sur la recevabilité. M. le Président, en décembre,
j'ai eu l'occasion de me lever dans des circonstances similaires et de rappeler
qu'en 1992, à 4 occasions, le leader du gouvernement avait jugé
bon d'utiliser la loi du bâillon. Nous nous trouvons cet
après-midi à évoquer, encore une autre fois, M. le
Président, l'état d'urgence. Pour moi, me faire bâillonner,
c'est devenu une coutume, M. le Président, dans cette Assemblée
ou dans des commissions, parce qu'il y a un précédent. Il faut se
rappeler que le résultat de la loi 102 a débuté lorsqu'il
y a eu des commissions parlementaires. Et lorsque j'ai demandé, en tant
que député, de participer, on m'a refusé le consentement
parce que, encore là, le règlement fait, à cause d'une
lacune qui est aberrante à mon idée, M. le Président,
qu'on m'a refusé la permission d'intervenir.
Mais, ceci étant dit, M. le Président, vous aurez cet
après-midi, encore une fois, à statuer sur l'état
d'urgence. Je l'ai mentionné tantôt, à 4 reprises
maintenant, en 1992, on a utilisé l'état d'urgence. Et ce que
vous aurez à considérer, M. le Président, lorsque je
regarde... En décembre 1992, les raisons qui ont été
invoquées sur 4 projets de loi pour nous invoquer l'état
d'urgence... Il y en a un, entre autres, qui était le projet de loi 55
où, pour une des rares fois, on a appelé à une
rétroactivité de la fiscalité. Et, aujourd'hui, on
retrouve ça aussi, M. le Président, banalisé dans nos
procédures lorsque je regarde ce qui est arrivé à
l'état du budget.
J'aimerais que vous preniez en considération aussi, M. le
Président, les commentaires, ce qui est arrivé aussi dans la
population, parce qu'on n'est pas ici simplement en tant que
législateurs, pour faire des lois, on a l'obligation, M. le
Président, en tant que parlementaires, de revaloriser l'image de
l'institution. On a l'obligation, en tant que parlementaires, de faire en sorte
que nos citoyens et citoyennes sachent une chose, puis c'est dans cette
honorable Assemblée, ici, qui, depuis 200 ans, est le summum de la
démocratie, c'est ici que les problèmes vont se régler, en
ayant des échanges directs, musclés, dans la bonne foi.
Qu'est-ce qu'on a retrouvé, M. le Président, suite
à décembre? C'est probablement ce qu'on retrouvera aussi dans la
presse et ce que nos citoyens en diront. Je vais vous citer seulement le
bâtonnier. Le titre de l'article, M. le Président, était:
Le Barreau révolté par le recours abusif au bâillon de
l'Assemblée nationale. On a demandé, à ce
moment-là, au président de l'Assemblée nationale et on a
demandé, aussi, au leader du gouvernement et au premier ministre de
faire en sorte que ça ne se produise plus. On a conclu, M. le
Président, que la banalisation du bâillon n'est certes pas un
signe de santé pour la démocratie parlementaire au Québec
et discrédite notre processus législatif, a précisé
le bâtonnier.
Je vais faire miennes, M. le Président, ces paroles. Je ne veux
pas prendre plus de temps qu'il faut. J'aurai l'occasion de revenir, tout
à l'heure, sur le fond. Mais je plaide devant vous qu'on n'a pas
utilisé tout le recours au règlement. J'ai écouté
le leader adjoint du gouvernement et président du Conseil du
trésor nous dire que, peut-être, en commission parlementaire,
ça ne s'est pas développé de la façon qu'il
aimerait. Mais l'article 249 de notre règlement est clair. Il aurait pu
appeler cette loi-là dès hier soir. Parce qu'il faut se rappeler
qu'à 17 h 15, hier, on ajournait nos travaux, puis on était en
congé, en pleine session intensive.
Des voix: Bravo! Bravo!
M. St-Roch: Alors, si le président... Si le
président du Conseil du trésor et leader ajoint du gouvernement
pense qu'il y avait abus de qui que ce soit, M. le Président, il a
manqué une opportunité en or parce que, si on avait fait
siéger hier, ici, cette Assemblée, en commission parlementaire,
de 17 h 15... et on pourrait encore siéger sur ce même projet de
loi, ça aurait été au vu et au su de tout le monde. Parce
que, lorsqu'on siège dans le salon bleu, ici, tous nos débats
sont télévisés à l'ensemble de nos citoyens et
citoyennes. Eux auraient été à même de juger et non
pas ce qui passe, malheureusement, dans une commission parlementaire où
très peu de gens suivent nos recours. (15 h 50)
Je vais conclure en vous citant, M. le Président, les
interrogations que le bâillon de décembre avaient
suscitées. Parce qu'en décembre on a eu le bâillon, on a eu
à plaider la même recevabilité. Et la présidence
avait statué. Puis c'est la première fois en 8 ans, ici, dans
cette Assemblée, que la présidence émettait de
sérieux doutes.
Je vais citer la présidence. La présidence disait: La
disposition à laquelle a recours le leader du gouvernement peut
paraître, pour le moins, extraordinaire. Aurait-elle été
voulue ainsi, ayant été introduite au règlement en 1984,
à l'usage que l'on décèle les avantages et les
inconvénients d'une disposition? Avait-on prévu, à
l'époque, toutes les possibilités qu'offre cette disposition? Le
moment serait-il venu de remettre en question cette procédure? Pour le
savoir, une discussion s'impose dans un cadre tout désigné, celui
de la sous-commission permanente de la réforme parlementaire qui devrait
s'en saisir.
J'ai eu l'occasion, M. le Président, de demander ici, dès
la reprise de nos travaux, au mois de mars, la tenue de cette sous-commission
pour qu'on puisse regarder notre règlement et faire en sorte que
l'article 84 de
l'ancien règlement, tel qu'il avait été
écrit, où le leader du gouvernement était obligé de
plaider l'urgence... qu'on réforme le règlement pour faire en
sorte... Ce que j'avais plaidé, à ce moment-là, M. le
Président, qu'on ne soit pas en fin de session aujourd'hui et être
devant le fait qu'on banalise, maintenant ? et c'est devenu une pratique
courante ? que, dès qu'on arrive ici, au début de mars ou au
début d'octobre, deuxième mardi, on a juste à regarder les
projets de loi pour être pratiquement capable de prédire,
maintenant, ce qui sera appelé comme loi, comme bâillon.
Bien, M. le Président, pour moi, si j'avais, à ce
moment-ci... et, si notre règlement me le permettait, j'oserais vous
demander de mettre les drapeaux en berne en signe d'une autre entorse
très grave à la démocratie et à la
représentative de nos citoyens. Et je vous remercie.
Des voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, je rappelle aux
membres de cette Assemblée que le motif allégué par le
leader de l'Opposition officielle, c'est sur l'urgence, et je voudrais
écouter le leader adjoint de l'Opposition officielle sur l'urgence.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Je voudrais vous
rappeler 3 faits qui m'apparaissent importants... qu'ils soient pris en compte,
M. le Président.
Le premier, c'est que, lorsqu'un gouvernement décide d'utiliser
une motion de suspension des règles et qu'il le fait en vertu, comme mon
collègue l'a rappelé correctement, de 182 et 183, la marge
d'interprétation n'existe que sur une seule notion. Elle n'existe, M. le
Président, que sur la seule notion d'urgence.
Le leader adjoint du gouvernement a prétendu tantôt que
nous n'avions plus, dans nos règlements, à faire la preuve de
l'urgence. Il a raison, sauf qu'il oublie ceci: L'esprit du règlement,
M. le Président ? et c'est là qu'on fait appel à
votre qualité de présidence et de sauvegarde de nos droits
démocratiques ? a toujours été parce que, à sa
face même, d'autres que nous, d'autres que le leader du gouvernement
pouvaient constater cette urgence. En quoi, M. le Président, il y aurait
une logique d'avoir une disposition où, à sa face même, il
y a une notion d'urgence et il n'y a personne qui peut la constater? Il n'y a
personne d'autre qui pourrait la voir. Moi, il me semble que, à sa face
même, l'esprit du règlement, c'est parce que ça se devait
d'être une évidence. Et lorsque ça se doit d'être une
évidence, il faut que la notion d'urgence soit visible, observable et
manifestement conclue par d'autres.
Parce que ce n'est pas uniquement, ça, un collège
privé, l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale est
l'institution qui représente la démocratie au Québec, et,
dans ce sens-là, si n'importe qui à l'extérieur ne peut
pas observer la raison pour laquelle le gouvernement invoque le
règlement, en vertu de 182 et 183... Parce que dans votre siège
de président, vous avez interprété aussi, M. le
Président. Pourquoi le fait-il en vertu de 182 et 183? C'est un choix
qu'il a fait. À partir du moment où il fait ce choix-là,
il me semble qu'il vous appartient de statuer: Est-ce que pour d'autres,
manifestement, nous pouvons observer et conclure que, oui, il y a une urgence
parce que ça fait des semaines que nous faisons un certain nombre de
discussions en commission parlementaire ou ailleurs et nous sommes à une
journée de la fin de session? Est-ce que vous pouvez observer ça?
Réponse: Non. Est-ce que vous ne pouvez pas observer une certaine
insouciance, une certaine délinquance de ce gouvernement-là de ne
pas avoir convoqué, depuis jeudi soir dernier, la commission
parlementaire pour faire les travaux?
Ce n'est pas très, très honnête intellectuellement
de faire le discours qu'on a entendu tantôt, en disant: On a
étudié ça pendant 14 heures en commission et on a
avancé sur 4 articles, sachant très bien que l'essentiel du temps
a été pris par les remarques préliminaires. Vous le savez.
L'essentiel du temps a été pris par des remarques
préliminaires, comme c'est normal. Ça fait 17 ans que je suis
membre de ce gouvernement-là, pas de ce gouvernement-là, excusez,
je ne voudrais pas pour 5 minutes...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Gendron: ...mais de l'Assemblée nationale, et de tout
temps, M. le Président, lorsqu'on commence, en commission parlementaire,
un projet de loi article par article, de tout temps, il y a eu des remarques
préliminaires, et, règle générale, c'est ce qui
prend le plus de temps. Et quand on se met au travail article par article,
ça procède. Il avait uniquement à la convoquer, la
commission parlementaire. Jeudi, vendredi, jusqu'à minuit, il avait le
droit. Lundi, jusqu'à minuit, il avait le droit. Mardi...
M. Chevrette: Lundi...
M. Gendron: ...toute la nuit, je le sais bien. Cinq jours. Et
là, aujourd'hui, vous, dans votre responsabilité de
président de cette Assemblée, vous ne seriez pas tenté de
dire: Écoutez, j'ai des sérieux doutes, moi, quant au motif
d'urgence, à sa face même, qu'on appelle, prima facie, observable
par tout le monde, visible. Manifestement, ça n'y est pas.
Manifestement, nous ne pouvons observer cette réalité d'urgence.
Et aussi pour les motifs que lui-même invoquait, pas parce qu'il a eu une
rencontre hier avec le premier ministre qui a dit: Oui, on va l'adopter, le
projet de loi, mais il sera en vigueur uniquement dans 3 mois.
Mon collègue, avec raison, a dit: À n'importe quel moment,
il y a une disposition du règlement qui permettra au premier ministre de
dire à l'ensemble du Québec: Je dois convoquer l'Assemblée
nationale parce que, là, il y a urgence. On n'a pas conclu, on a
négocié
raisonnablement, selon leur vision des choses ? ça pourrait
arriver, ça, qu'ils négocient raisonnablement, selon leur vision
des choses ? puis on n'arrive pas à une conclusion. En
conséquence, là, par rapport à ses objectifs de comptable
puis de «balançage» de colonnes, qu'on peut respecter,
dépendamment de... S'il n'y avait pas tant de gaspillage, on
comprendrait. Là, on pourrait respecter ça. Là, il y
aurait une notion d'urgence.
M. le Président, je veux juste conclure. Il me semble que les 3
motifs nouveaux que je vous apporte, c'est que, oui, dans l'esprit du
règlement, quand on a mis la notion d'urgence, c'est parce que ça
se devait d'être une évidence, à sa face même. Nous
n'avons rien de ça qui nous permettrait aujourd'hui de conclure, et vous
n'avez pas le droit de sanctionner un tant soit peu l'insouciance chronique du
gouvernement, de dire: Bien, écoutez, je peux jouer ? excusez
l'expression ? fessier, puis on verra, parce que, moi, je veux juste
arriver en Chambre puis dire: J'utilise la notion d'urgence, puis c'est
réglé, puis dans 2 heures, j'ai ma loi. Au diable les
règles démocratiques! Et c'est évident qu'on reviendra sur
le fond, dépendamment de votre décision. Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Une dernière
remarque sur la recevabilité de la motion, M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président, sur la
recevabilité.
Je notais que le chef de l'Opposition désirait prendre la parole,
et je vous demanderai ici, si vous préférez ? je m'en remets
à vous ? que j'intervienne tout à la fin ou si vous entendez
écouter absolument tout le monde là-dessus. Ou, si je dois
intervenir après chaque intervention, alors, là...
Une voix: Vous n'êtes pas obligé.
M. Johnson: C'est simplement pour savoir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je fonctionne en vertu de l'alternance. Je vous reconnais, et je pourrai vous
reconnaître si vous avez quelque chose, additionnellement, à dire
après. Si vous voulez intervenir, je suis prêt à vous
écouter.
M. Johnson: M. le Président, en présumant que vous
nous expliquerez, que vous nous direz à quel moment vous serez
suffisamment éclairé, je présume, pour rendre la
décision. D'abord, peut-être un sophisme du leader adjoint de
l'Opposition, ou une inexactitude, à tout le moins, qui lui a permis un
sophisme, c'est-à-dire qu'il aurait laissé croire que nous avons
passé le plus clair de notre temps en commission plénière
avec les remarques préliminaires. C'est absolument inexact. Plus de 12
heures se sont écoulées dans l'article par article.
C est à peine 2 heures qui ont été
consacrées aux remarques préliminaires, sur 14 h 30 de
débats.
Mais, M. le Président, quant à l'urgence, encore une fois,
je vous rappelle que notre jurisprudence est très claire à cet
égard-là. Il ne s'agit, dans ce cas, qui n'est pas celui
d'invoquer qu'il y a raison d'un débat d'urgence mais que nous invoquons
l'urgence afin de suspendre les règles... Il s'agit pour le gouvernement
de l'invoquer. (16 heures)
On a, de l'autre côté, indiqué que ce n'était
même pas dans l'esprit de nos règles. J'indique, M. le
Président, que c'est certainement dans l'esprit de l'exercice de la
responsabilité gouvernementale à l'Assemblée nationale
d'invoquer l'urgence là où, comme gouvernement, nous croyons que
cette urgence peut être invoquée. Et je réitère que
nous n'avons pas à la prouver comme telle au sens du règlement
afin que vous jugiez de la recevabilité, mais que c'est une intervention
à caractère qu'on pourrait qualifier de politique, qui fait en
sorte que nous invoquons l'urgence pour les raisons que j'ai expliquées
un peu plus tôt. J'ai expliqué les raisons de fond qui, quant
à nous, nous amènent, à ce moment-ci, compte tenu du
retard apporté à l'examen article par article, à assurer
de façon très claire, législative que nous pouvons
réaliser les équilibres financiers cette année, notamment
au titre des conditions de travail dont nous pourrions, je le souhaite,
convenir avec nos partenaires syndicaux, mais à l'intérieur d'un
cadre extrêmement clair qui est celui qui est prévu dans la
loi.
J'aimerais, par ailleurs, préciser, M. le Président, que
je suis un peu perplexe devant les propos du député de Drummond,
qui, à de très nombreuses reprises, lorsqu'il siégeait
à un autre banc que celui qu'il occupe, maintenant, s'est, de
façon enthousiaste, prêté à un vote en faveur de la
suspension des règles de l'Assemblée nationale. Alors, moi, je
veux bien qu'il fasse aujourd'hui amende honorable, mea culpa, mais il n'en
reste pas moins que, du côté gouvernemental, nous croyons de bonne
foi que c'est maintenant le moment, après les heures que nous avons
passées en commission plénière, d'en arriver à un
examen le plus rapide possible des dispositions et de l'adoption de cette
loi.
Et je ferai simplement remarquer que si nous n'avons pas convoqué
la Chambre ou la commission plénière sur ce projet de loi depuis
minuit jeudi dernier... Encore une fois, je m'en réfère à
la transcription des débats, on verra, et je vous le dis, M. le
Président, avec toute la conviction dont je suis capable, c'est à
la suite des interventions du député d'Ungava que, quant à
moi, j'ai recommandé au leader...
Des voix: Ah! Ah!
M. Johnson: Je regrette infiniment, mais c'est exactement
à ce moment-là, M. le Président, si on se le demande et si
les gens qui veulent bien en témoigner veulent le faire, c'est lorsque
le député d'Ungava a commencé à accuser les
fonctionnaires d'être des vo-
leurs que j'ai trouvé que ce n'était plus le temps d'en
faire.
M. Gendron: M. le Président, question de
règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Alors, je vais entendre M. le leader adjoint de l'Opposition officielle.
M. Gendron: M. le Président, vous ne pouvez pas, sur
l'urgence, accepter ça, parce que moi, je veux sortir les galées.
Il y a des propos qui ont été tenus, à cette commission,
par des représentants ministériels, puis c'était loin
d'être drôle d'entendre ce qui s'est dit. Ça n'a rien
à voir par rapport à ce qu'on discute. Vous avez une
responsabilité. Quand vous prétendrez que vous avez suffisamment
d'éclairage, vous prendrez une décision. Mais l'éclairage
doit toujours porter sur: En quoi est-il urgent? Or, je regrette, les propos
pris hors contexte du député d'Ungava n'ont rien, mais rien
à voir avec ce qui est sur la table.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. leader
adjoint. Alors, voici, je vais entendre 2 intervenants de part et d'autre. M.
le chef de l'Opposition.
M. Jacques Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, nous observons dans ce
Parlement, depuis déjà un certain temps, une sorte de glissement
qui, basé sur nos règlements, nous amène maintenant des
situations qui violent le sens commun, si je peux m'exprimer ainsi. Par
exemple, cette notion d'urgence. Ça fait assez longtemps que je
siège à l'Assemblée nationale pour avoir vu les
transformations de cette notion d'urgence. Autrefois, on plaidait. On pouvait
discuter du sens de l'urgence lorsqu'une loi spéciale était
présentée, par exemple, à l'occasion d'une grève
qui avait eu lieu dans les écoles. Bon, ça durait depuis 1
semaine. Est-ce que c'était urgent ou pas? 15 jours. Est-ce que
c'était urgent ou pas? Ce sont des choses qui se comprenaient, qui
relevaient du sens commun. Il y a eu un certain nombre de décisions
gouvernementales sur l'urgence qui ont donné lieu à une
série de décisions de la présidence ? 3 ou 4. Et la
jurisprudence, graduellement, s'est établie qu'on n'avait pas,
côté gouvernemental, à plaider l'urgence, à
démontrer l'urgence. Déjà, c'était embêtant.
C'est une décision, moi, qui continue de m'embêter autant que
celle que plusieurs présidents ont rendue, à l'effet que, mentir
en cette Chambre, ce n'est pas grave. Il y a des décisions, comme
ça, moi, qui m'embêtent.
Mais, comment dire, l'urgence... On a décidé, de par la
jurisprudence, qu'on n'avait pas à plaider ou à démontrer,
que le gouvernement n'avait pas à démontrer l'urgence. Bon, soit!
Je veux bien, puisque c'est comme ça que la jurisprudence a
évolué. Mais il faut quand même, là encore, revenir
au sens commun. Ce n'est pas parce qu'il y aurait une jurisprudence en cette
Chambre qui dirait qu'on ne discute pas de la couleur des choses que, devant
quelque chose de manifestement noir, le gouvernement pourrait nous dire: C'est
blanc, puis la présidence dirait: Bien, oui, c'est blanc, effectivement,
puisque le gouvernement l'a dit.
On est un peu dans ce genre de situation, actuellement, M. le
Président. Là, on viole le sens commun le plus
élémentaire. Il y a une sanction à ça. Depuis jeudi
dernier, le gouvernement n'a pas cru bon de convoquer la commission pour
discuter de ce projet de loi. Donc, vendredi, ce n'était pas urgent,
puis, lundi, ce n'était pas urgent, puis, hier, ce n'était pas
urgent. Bah! Tout à coup, aujourd'hui, ça le devient. On nous
dit: À cause des réactions d'un député du
côté ministériel. Est-ce que c'est la même raison
pour laquelle, à l'heure actuelle, on ne siège pas aujourd'hui
pour examiner la loi 86? Et, hier, est-ce qu'on a siégé sur la
loi 86? Non. Tout à coup, depuis quelques jours, la loi 86, ce n'est
plus important, ce n'est plus urgent. Le gouvernement se conduit comme s'il
n'en avait pas besoin de la loi 86.
M. Chevrette: Demain, il va y avoir une motion.
M. Parizeau: Et là, tout à coup, demain, qu'est-ce
qui va arriver? Il va nous dire: Ah! l'urgence! puis je n'ai pas besoin de la
plaider. Ça devient une parodie du Parlement.
En somme, le gouvernement, si je comprends bien, quand il est
tanné, seulement tanné de discuter de certaines choses,
arrête les discussions en Chambre, puis, au bout de quelques jours,
quand, d'autre part, ses propres députés lui font comprendre
qu'ils aimeraient bien que ça se termine vendredi, dit: Urgence!
D'après ce que je peux voir, M. le Président, il n'y a d'urgence,
à l'heure actuelle, que celle d'un bon nombre de députés
libéraux décidés de partir en vacances, vendredi. C'est la
seule urgence que je vois. C'est respectable, je n'en disconviens pas, comme
motif, mais quand on discute de quelque chose d'aussi important que les
relations de travail, il me semble que d'autres considérations
pourraient primer.
D'autre part, le leader adjoint du gouvernement et président du
Conseil du trésor faisait état, tout à l'heure, des
exigences des agences de «rating». Ce seraient les exigences de
Moody's qui rendraient imperative et urgente l'adoption du projet de loi que
nous avons devant nous. M. le Président, c'est une autorité bien
discutable qu'évoque le leader adjoint du gouvernement. Le ministre des
Finances, le jour de son budget, annonçant des augmentations
phénoménales d'impôts, disait: C'est pour maintenir notre
«rating». Bon! Eh bien, si le président du Conseil du
trésor a autant de succès avec ce projet de loi que le ministre
des Finances en a eu avec ses augmentations d'impôts, on n'est pas sorti
de l'auberge! Bon!
D'autre part, est-ce qu'on pourrait me dire en quoi les agences de
«rating» ont quoi que ce soit à voir avec toutes ces
dispositions dans la loi 102 qui portent
sur les municipalités?
Une voix: Ha,ha, ha!
M. Parizeau: Allons donc! Alors, M. le Président, j'en
conclus simplement ceci. Je vous demande de prendre juste le temps, là,
de regarder ça à nouveau, attentivement, cette question de
l'urgence. J'ai l'impression que le glissement en est rendu à un point
tel que là, ce n'est pas seulement qu'à mon sens nous violons
l'esprit de notre règlement, mais nous violons le plus
élémentaire sens commun.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Dernière
intervention sur la recevabilité et, après, je vais suspendre
pour délibérer sur cette question. M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, je préciserais, tout
en rejoignant la même préoccupation que le chef de l'Opposition et
tous les députés ici, à l'Assemblée nationale, que
nous devons faire preuve d'une extrême prudence, c'est le moins qu'on
puisse dire, lorsque nous invoquons les règles exceptionnelles. C'est
évident.
Mais encore faut-il se souvenir que ces règles exceptionnelles
n'ont pas été imposées par le gouvernement. C'est
l'ensemble des députés, l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale... À un moment donné, afin de
prévoir qu'il y a des circonstances où le gouvernement doit
exercer ses responsabilités, dans un contexte où l'Opposition
décide, pour des raisons qui lui sont propres, M. le Président,
de prendre beaucoup de temps, alors qu'un projet de loi chemine, notamment en
commission parlementaire, notre règlement doit pouvoir permettre au
gouvernement d'exercer ses responsabilités. (16 h 10)
II a été décidé, en 1987 ? il y a quand
même un bon moment ? que, si le gouvernement, en vertu de 183,
invoque l'urgence, qu'il n'a pas à le prouver. Nous n'en sommes pas
à discuter d'un débat d'urgence, où vous avez à
vous prononcer, M. le Président, si, oui ou non, il y a urgence. Nous en
sommes à cette étape finale, c'est évident, dans la tenue
de nos débats, où le gouvernement décide ? c'est une
décision de la formation ministérielle ? d'invoquer
l'urgence pour suspendre les règles. Nous en sommes là. Et il me
semble, M. le Président, qu'on doit avoir à l'esprit certains
précédents, et les précédents sont nombreux, ils
sont variés.
Je m'en voudrais de ne pas soulever celui de décembre 1990, alors
que, lorsque nous étudiions, en commission parlementaire, la loi qui
amendait la Loi sur la Caisse de dépôt et placement, après
4 ou S heures, cette fois, de débats, alors que le gouvernement
invoquait la suspension des règles et le bâillon, le leader de
l'Opposition, dans son enthousiasme, avait reconnu que «8 à 10
heures de débats pouvaient lui permettre de reconnaître que nous
pourrions recourir au processus du bâillon» ? et je cite. Nous
avons fait plus de 20 heures, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, dernière
intervention et je vais suspendre.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Oui, M. le Président, mais je
voudrais dire au leader du gouvernement et président du Conseil du
trésor: Si un député en cette Chambre peut l'influencer au
point de décider de mettre un bâillon, il me semble qu'un simple
petit calcul politique devrait lui faire comprendre que 400 000 travailleurs
des secteurs public et parapublic devraient l'influencer d'abord.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, là-dessus,
je vais suspendre les travaux pour quelques instants, pour...
M. Claveau: Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement? Je m'excuse. Question de règlement, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Est-ce que je peux soulever une question de fait
personnel sur les accusations que le président du Conseil du
trésor a faites, sur la base d'une intervention qu'il cite hors contexte
et qui se voulait des exemples de pratiques...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, M. le
député... M. le député, vous connaissez le
règlement plus que moi. Vous savez le règlement et vous devez
l'utiliser.
M. Chevrette: Non, non. Question de règlement.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question de
règlement, M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: M. le Président, vous n'avez même pas
laissé continuer mon collègue pour qu'il explique la nature de sa
question de règlement. C'est un minimum, en cette Chambre...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non... Un instant. Il
m'a parlé d'une question de fait personnel. Alors, en vertu du
règlement...
M. Chevrette: Question de privilège, si vous voulez.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Question...
Écoutez, je peux...
M. Chevrette: Quand un député est taxé
fausse-
ment de choses, qu'est-ce qu'il lui reste à faire, en vertu du
règlement? D'abord, d'être entendu par la présidence pour
rectifier les faits. C'est un minimum, ça, des droits, là. Vous
en avez assez suspendu. S'il vous plaît, laissez-nous celui qu'il nous
reste pour le moment.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Johnson: M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement, sur la question de règlement.
M. Johnson: Une question de fait personnel, M. le
Président, si elle doit être soulevée, selon nos
règles, doit...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous
plaît!
M. Johnson: ...l'être par avis qui vous est signifié
une heure avant la période des affaires courantes, M. le
Président ? et à défaut de quoi, je pourrais
déposer le texte de l'intervention du député...
Question de règlement
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
Je vais permettre que vous continuiez votre intervention sur une question de
règlement, mais... Quelle est votre question de règlement, M. le
député?
M. Chevrette: II a laissé...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît,
M. le député, vous n'avez pas la parole. S'il vous plaît!
M. le député d'Ungava.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui, M. le Président, en vertu de 35.6°,
«imputer des motifs indignes à un député ou refuser
d'accepter sa parole». M. le Président, vous me permettez de
plaider pendant quelques secondes sur ce dont on m'accuse. Et là, je
pense que c'est la moindre des choses, que l'on puisse, en cette Chambre,
rectifier ce qui peut être dit sur notre compte hors contexte, M. le
Président.
Je vais me situer dans le contexte de mon intervention. Je n'ai jamais
accusé qui que ce soit de pratiques frauduleuses, de vol, de fraude, ou
quoi que ce soit. J'ai parlé de pratiques administratives qui pouvaient
s'appliquer dans un cadre qui doit être légal puisqu'il est
publicise. Des entreprises, M. le Président... J'ai eu des papiers en
main... Malheureusement, je n'en ai pas avec moi pour les déposer en
cette Chambre, mais je peux en trouver, s'il le faut. Il y a des entreprises
qui font leur publicité aux différents ache- teurs d'entreprises,
de municipalités ou autres, et les acheteurs, ce ne sont pas tous des
fonctionnaires, M. le Président. Ce n'est pas tous les fonctionnaires
qui décident des achats, dans un gouvernement. Ça,
déjà là, il y a une exagération de la part du
ministre. Mais il y a de la publicité qui se fait en bonne et due forme,
qui est publiée, distribuée à la population, où on
dit: Si vous achetez tant d'unités, vous en recevrez tant; si vous
achetez 2 fois plus d'unités, vous aurez autre chose, etc. Je n'ai pas
à juger de la légalité ou non de la pratique, et ce n'est
pas ça dont j'ai parlé. Mais j'ai tout simplement dit que de
telles pratiques administratives, si elles étaient
tolérées par un gouvernement, pouvaient amener à des
dépenses indues, inconsidérées, et que, là, il y a
une responsabilité gouvernementale de faire en sorte que l'on
empêche des dépenses qui ne sont pas nécessaires. C'est des
questions de pratiques administratives, dont lui est responsable, et qui n'ont
rien à voir, mais absolument rien à voir...
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Vice-Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! Alors, je suspends les travaux pour... Sur la
recevabilité de... Je suspends les travaux, actuellement. J'ai suspendu
les travaux, M. le député. S'il vous plaît, les travaux
sont suspendus pour étudier les argumentaires sur la recevabilité
de la motion.
(Suspension de la séance à 16 h 15)
(Reprise à 17 h 1)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, en vertu des article 69,
70, je crois, du règlement ? j'espère que je ne me trompe
pas de numéro ? je pense que, dans cette Chambre, il est admis
qu'on puisse discuter, diverger d'opinion. Je pense qu'en vertu de nos
règlements on ne peut pas, en aucun temps, bousculer un
député ou menacer physiquement un député, ce dont
je fus victime au moment où vous vous êtes levé de votre
siège pour aller délibérer.
Je demanderais au président de l'Assemblée nationale de
voir à ce que chaque député en cette Chambre, quel qu'il
soit, qu'il diverge d'opinion ou pas, puisse avoir sa pleine
intégrité physique et avoir pleine liberté d'exercer son
travail comme bon lui semble.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, en vertu de 68,
vous vous êtes expliqué sur ce fait.
Décision du président
Alors, voici ma décision. J'ai été saisi d'une
question de règlement soulevant l'irrecevabilité de la
motion présentée par M. le leader adjoint du gouvernement.
L'argument invoqué à rencontre de la recevabilité de cette
motion consistait en l'appréciation de la notion d'urgence
invoquée à son soutien.
Le président est lié par le règlement actuel
voté unanimement par l'Assemblée nationale. Ce règlement
l'enjoint de décider de la recevabilité d'une motion, si les
conditions de forme sont remplies. Or, en ce qui concerne l'urgence, elle n'a
qu'à être invoquée, si on se reporte au texte même de
l'article 183 de notre règlement. Le président n'a pas à
aller au-delà de ce que lui dicte le règlement que
l'Assemblée lui demande d'observer.
Il existe une abondante jurisprudence à l'effet que la
présidence n'a pas à s'immiscer dans l'examen de cette notion
d'urgence. Si on voulait laisser à la présidence le devoir
d'apprécier l'urgence d'une situation, il faudrait amender le
règlement actuel pour le prévoir. Y a-t-il urgence ou non?
Voilà une question qui est laissée à l'appréciation
de l'Assemblée et non de la présidence, appréciation qui
sera exprimée par le vote qui se tiendra après le débat
sur cette motion. Tel est l'état de notre règlement actuel.
Je voudrais, à ce moment-ci, dissiper la confusion qui semble
régner lorsqu'on parle de l'ancien règlement. Avant 1984, sous
l'ancien règlement, il n'était pas requis, comme aujourd'hui,
d'ailleurs, de prouver l'urgence. Sous l'ancien règlement, on devait
indiquer les motifs à l'appui de l'urgence dans l'accord même de
la motion de suspension. C'est la seule différence qui existe avec le
règlement actuel. C'est l'Assemblée qui devait aussi, à ce
moment, apprécier l'urgence par son vote sur la question qui lui
était soumise.
La motion du leader adjoint du gouvernement est donc recevable parce
qu'elle est conforme à notre règlement. Je suspends la
séance pour réunir les leaders parlementaires afin de partager le
temps du débat qui s'ensuit. Alors, je suspends pour quelques instants
pour une rencontre avec les leaders.
M. Chevrette: M. le Président, si ça peut vous
aider, là...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Chevrette: ...il y a une procédure, pour ne pas
étirer le temps indûment, qui est à peu près
normale. On laisse quelques minutes aux députés
indépendants et on partage 50-50 pour le reste. Je ne vois pas pourquoi
on se réunirait à nouveau.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si je comprends bien,
quant au partage du temps et, s'il y a consentement, 50 % du temps pour la
formation ministérielle, 50 % du temps pour la formation de l'Opposition
officielle et 10 minutes pour les députés indépendants.
Alors, il y a consentement. Alors, c'est le partage du temps.
Et je reconnais M. le député, sur votre motion.
Débat sur la motion M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, je vous remercie, M. le Président. La
raison qui nous amène ici aujourd'hui est fort connue. Nous avons, comme
gouvernement, des décisions à prendre en matière
financière, et la réalité des chiffres est
inéluctable. Nous avons à composer avec une situation
économique qui a des effets que je qualifierais, sans
exagération, de dévastateurs sur certains des
éléments des finances publiques.
Nous avons vu, depuis les 2 dernières années, que, quel
que soit le soin que nous mettions, quel que soit le conservatisme,
ajouterais-je, M. le Président, que les ministres des Finances, partout
dans les pays industrialisés, peuvent mettre dans leurs
prévisions de revenus, dans tous les cas, l'économie nous a
réservé de désagréables surprises et, malgré
des hausses de taxes et d'impôts passablement
généralisées dans le monde qui nous entoure ? et nous
n'y avons pas échappé ? nous avons dû constater que la
conjoncture économique a créé un
déséquilibre des finances publiques que nous devons corriger.
C'est ironique, évidemment, les revenus n'étant pas
là, créant par eux-mêmes une difficulté
d'équilibrer les finances publiques, que les dépenses, quant
à elles, soient trop là. Nous avons décidé,
à l'instar de nos voisins canadiens et de nombreux pays de l'Europe de
l'Ouest, de nous donner un ensemble de services publics qui font en sorte que
nous prévoyions un filet de sécurité pour nos concitoyens.
Qu'il s'agisse des services sociaux ? au-delà des services de
santé ? qu'il s'agisse de l'accès
généralisé, gratuit, universel à l'enseignement
supérieur, qu'il s'agisse des programmes de sécurité du
revenu ou du soutien particulier aux familles, nous n'échappons pas
à la dure conséquence que le ralentissement économique
emporte: c'est-à-dire que nos dépenses augmentent par la
structure même de nos programmes, alors que les revenus diminuent en
raison de la conjoncture économique.
Nous n'y pouvons rien, M. le Président. Il s'agit de savoir
comment nous pouvons composer avec de telles difficultés. Je
prétendrais que nous avons réussi, comme gouvernement, depuis
quelques années, à maîtriser davantage qu'autrement
l'évolution des dépenses publiques. Que nous avons choisi ?
on peut le déplorer, le regretter, vouloir le contredire aujourd'hui
après le fait, que nous...
Des voix: Non à la loi 102! Non à la loi 102!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je suspends les travaux.
Je suspends les travaux.
(Suspension de la séance à 17 h 7)
(Reprise à 17 h 18)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, nous reprenons les
travaux de l'Assemblée, et je rappelle à ceux et celles qui
suivent les travaux de la galerie que vous êtes les bienvenus pour
assister aux travaux de l'Assemblée nationale, mais, comme vous avez pu
le constater, la présidence a le pouvoir et de devoir de maintenir
l'ordre. Également, tout signe d'approbation ou de désapprobation
quant au discours d'un intervenant ne peut se manifester dans les galeries de
l'Assemblée. M. le président du Conseil du trésor, je vous
cède la parole.
M. Johnson: Merci, M. le Président. Et pour
renchérir sur vos derniers propos, je pense qu'on pourrait convenir que,
sur le parquet de l'Assemblée, il y a suffisamment d'exemples
d'approbation et de désapprobation, que ce soit avec ou sans nuances,
qu'il n'y a presque plus de place, dans cette enceinte, pour des signes qui
viendraient d'ailleurs que du parquet.
Ceci étant dit, je remercie ceux de nos spectateurs qui sont
toujours avec nous, qui font preuve d'une attention exemplaire à nos
débats et qui, évidemment, sont préoccupés par les
effets que cette loi pourrait entraîner sur leurs conditions de travail.
J'indique, et je reviens, M. le Président, à mon propos initial
qui était le constat que la gamme des services que nous nous sommes
donnés et la structure des revenus que le gouvernement a mis sur pied
font en sorte qu'une conjoncture économique extrêmement difficile
crée un écart bien au-delà des prévisions, aussi
serrées et conservatrices soient-elles, que nous pourrions faire et que
nous avons faites depuis 2 ans. (17 h 20)
II faut savoir que la structure des dépenses publiques a une
mécanique propre, je le reprends, qui fait en sorte que, sur les 40 000
000 000 $ ou à peu près que nous dépensons, un peu plus du
quart ? 10 000 000 000 $ ou à peu près ? est
attribuable au service de la dette, donc à l'intérêt sur
les emprunts que nous avons contractés dans le passé ? plus
de 60 000 000 000 $ au moment, où nous nous parlons de dette directe
totale ? et, deuxièmement, est consacré à la
sécurité du revenu d'un nombre malheureusement trop
élevé de nos concitoyens qui ne peuvent compter sur un emploi
pour subvenir à leurs besoins et qui donc se retournent ? c'est
exactement pour ça que ces programmes existent ? vers le
ministère de la Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu,
afin de leur assurer un tant soit peu quelque aide financière dans la
conjoncture que nous traversons.
Je dois signaler que, pour ce qui reste des 30 000 000 000 $, les deux
tiers sont attribuables à la rémunération. Je peux
comprendre nos fonctionnaires et les gens qui, dans les services publics,
assurent la prestation de ces services, alors que dans l'entreprise
privée, s'il y a un problème de marché, tout le monde dans
l'entreprise en est saisi. On s'aperçoit ? je reprends l'exemple
? qu'à l'expédition les clients ne viennent plus chercher de
marchandises, qu'aux comptes receva-bles on doit se faire insistant pour que
les clients commencent à payer, qu'aux comptes payables on doit recevoir
des appels pressants des prêteurs, de la banque ou de qui que ce soit,
des fournisseurs. Lorsque la conjoncture économique est plus difficile,
les gens, en général, dans les entreprises s'en
aperçoivent personnellement.
Lorsqu'on commence à requérir une contribution, ou un
effort, ou une participation pour rééquilibrer, je dirais, le
bilan d'une entreprise, il est peut-être plus facile de faire passer le
message qu'il ne l'est dans le secteur public où, ironiquement, au fur
et à mesure que nous persistons dans ce ralentissement
économique, des jeunes s'attardent à l'école; des gens
plus nombreux et plus insistants transigent avec nos agents de l'aide sociale
dans les bureaux de Travail-Québec; des familles connaissant des
déchirements, sinon carrément des tragédies beaucoup plus
sérieuses, ont à vivre des problèmes humains qui
créent des tensions, qui demandent souvent des signalements à la
Direction de la protection de la jeunesse, qui demandent des interventions des
travailleurs sociaux qui, autrement, bon, auraient à vaquer à
leurs occupations de façon peut-être moins intensive.
La même chose est vraie dans le milieu scolaire. La crise
économique, avec les répercussions que ça peut avoir sur
les familles, et donc sur les enfants, demande des efforts de compensation
considérables des hommes et des femmes ? et des femmes surtout, on
le sait, dans le monde de l'enseignement primaire, notamment ? des efforts
de compensation sur les lieux, à l'école, dans les classes, afin
de donner aux enfants une perspective d'espoir qui peut leur manquer dans leur
milieu familial, lorsque le père, la mère ou les deux ont perdu
leur travail et se demandent vraiment comment subvenir aux besoins des
enfants.
On voit, étrangement, donc, que lorsque les revenus du
gouvernement chutent, les services connaissent une pression additionnelle, et
les femmes et les hommes qui ont à rendre ces services dans le secteur
public sont soumis à des pressions croissantes de la clientèle.
Alors, évidemment, le signal est inverse de celui qu'il est dans le
secteur privé: nous sommes privés de revenus; la moitié de
notre budget est consacrée à la rémunération; ceux
que nous rémunérons, nos employés, travaillent ou sont
appelés à travailler plus fort, ou dans des circonstances plus
difficiles; et nous sommes condamnés ? et c'est vrai depuis de
nombreuses années ? à leur demander une contribution qui
doit être ? c'est le seul test ? raisonnable dans les
circonstances.
On pourra toujours prétendre qu'il y a des gains autres que ceux
que nous pourrions faire sur la rémunération à
réaliser. Et je suis parfaitement d'accord, M. le Président. Nous
poursuivons, depuis de nombreuses années, depuis plus de 10 ans, au
Québec, un effort de rationalisation des dépenses, de coupures
dans les rythmes de croissance des dépenses, qui nous permet un tant
soit peu de vivre à la mesure de nos moyens. Or, nos moyens,
indépendamment des efforts que nous avons faits pour, je dirais,
contrôler le rythme de croissance des dépenses, nos moyens ont
chuté. Le ralentissement économique a un effet immédiat
sur notre capacité de rencontrer les factures que l'activité
gouvernementale nous oblige à rencontrer.
Évidemment, une de ces grosses factures, ça demeure la
rémunération de nos employés. On ne peut pas faire
autrement. Et je le sais pertinemment: depuis février, mars 1991 que, de
façon presque permanente, je suis en discussion avec nos partenaires
syndicaux. Depuis le printemps 1991, alors que j'avais pris contact avec les
instances syndicales, j'avais indiqué que les perspectives
financières étaient telles que nous devions envisager un gel d'un
an, à l'époque, pour l'année suivante, et une augmentation
de 3 % pour l'année qui suivait. nous avons éventuellement
réglé ? parce que nous avions quand même plusieurs
options ? pour un gel de 6 mois, donc aucune augmentation de salaire par
rapport au 31 décembre 1991. nous avons maintenu les échelles
salariales pour 6 mois de plus. nous avons versé 3 %, au titre de
l'augmentation sur échelle, le 1er juillet 1992. et lorsqu'il fut
question, l'année suivante, du versement de ces 3 %, et du 1 % qui
devait, sur échelle, je dirais, faire perdurer un forfait de 1 % qui
avait été introduit lors de la négociation de 1989 pour
l'année 1991, à compter du 1er juillet 1991, je me suis
retrouvé, en 1992, devant, encore une fois, nos vis-à-vis
syndicaux pour leur dire que l'augmentation qui devait être payée
dans les mois qui venaient apparaissait passablement problématique, que
les finances publiques s'étaient détériorées
davantage et qu'il y aurait peut-être lieu de considérer que les 3
% et le 1 % ? les 4 %, donc ? pourraient être avantageusement
divisés sur une période de 12 à 18 mois, en versements de
1 %, puis de 1 %, puis de 2 %; ou, alors, de 2 % et de 2 %, ou, alors, de 2 %
et de 1 %, et de 1 %. enfin, on a essayé toutes les combinaisons pour,
finalement, maintenir, parce qu'il fallait en convenir, l'engagement
gouvernemental quant aux 3 %. et ça représentait, dans les
circonstances, un coût, évidemment, financier. mais, ayant
convenu, l'année d'avant, que c'est ce que nous ferions, on n'a pas
légiféré à rencontre de notre signature. nous avons
donc décidé, oui, de verser ces 3 %, mais avons également
convenu que le 1 %, qui devait être intégré dans les
échelles à partir de juillet, ne le serait que 9 mois plus tard,
c'est-à-dire en avril dernier. nous sommes donc rendus, dans mon
récit, au printemps 1993, où le 1 %, comme on le sait, a
été versé selon les ententes qui avaient été
conclues en 1992.
Mais un autre des éléments de cette entente de 1992 visait
la tenue d'une commission sur les finances publiques, sur le financement des
services publics. On pourra, aujourd'hui, dire et dénoncer ? enfin,
je m'y attends, M. le Président ? que le ministre des Finances et
moi-même avons tardivement déposé un document.
On reconnaîtra, par ailleurs, qu'il était passablement
complet et que nous avons ?j'entends déjà les propos de
l'Opposition, «pour la frime», comme on dit chez nous ? tenu
des audiences publiques. Encore une fois, 75 groupes ont eu quand même
l'occasion, par écrit et presque tous en personne, de faire valoir leur
point de vue sur les dépenses publiques, sur le niveau de revenus, sur
la politique fiscale. Ce n'était pas aussi ciblé qu'auraient pu
le souhaiter certains intervenants ? notamment, je pense à la CSN
? sur la fiscalité et la progressivité de notre
régime fiscal, sur les dépenses fiscales que les individus et les
entreprises ont à leur disposition dans notre régime, mais,
enfin, ça a été un forum qui a duré 3 semaines, qui
a permis à peu près à tout le monde de s'exprimer.
Nous avons donc, à ce moment, déposé ce qui
constituait un plan de redressement graduel des finances publiques sur 5 ans,
et il m'apparaît, encore une fois, que, lorsqu'on regarde la composition
des éléments de dépenses publiques, on ne peut pas
échapper à un examen attentif de ce que la
rémunération peut représenter ultimement comme facteur de
stabilisation ou facteur de contribution à la réalisation de ces
équilibres financiers. (17 h 30) mais, cette contribution, je le
répète, doit être raisonnable. elle doit s'inscrire sur une
longue période, dans un effort soutenu du gouvernement et de ses
employés à contribuer tous ensemble à réaliser nos
engagements financiers à l'endroit de nos prêteurs, à
l'endroit de l'économie du québec, à l'endroit du secteur
privé et à l'endroit de nos employés. et ce que nous avons
à décider comme gouvernement, c'est comment nous pouvons
requérir de tous et chacun de nos concitoyens, qu'ils soient
contribuables ou bénéficiaires de services ou, alors,
évidemment, nos propres employés et nous-mêmes, les
députés de l'assemblée nationale... comment pouvons-nous
distribuer ce fardeau? nous avons réussi, pour 1993, à diminuer
les dépenses de plus de 1 400 000 000 $ à l'égard de la
rémunération dans le secteur public, en partie par des
diminutions de 6 % sur l'ensemble, une moyenne de 6 % ? c'est beaucoup
plus, c'est beaucoup moins, selon les programmes ? 6 % de diminution dans
les différents programmes de subvention et de transfert; par une
diminution de 3 %, ou à peu près, en moyenne, au titre du
fonctionnement et des dépenses de capital des différents
ministères. également par des diminutions d'effectif, notamment
dans la fonction publique, où le régime de sécurité
d'emploi, évidemment, ne menace pas l'ensemble de nos employés,
mais requiert des attitudes de gestion qui nous permettent d'identifier ?
et c'est déjà commencé ? là où il peut
y avoir un surplus d'effectif, de nous astreindre à reformer, recycler,
rediriger ces employés, en vertu de la loi de la fonction publique, pour
leur demander, évidemment, d'occuper un poste qui peut devenir vacant,
sans que nous ayons recours au recrutement externe pour combler ce poste. c'est
une responsabilité de gestionnaire que je viens de décrire, qui
doit également faire partie des efforts qui sont demandés.
C'est un effort demandé au gestionnaire lui-même. C'est un
effort demandé au corps que représentent les gestionnaires et
cadres, que nous réduisons de 20 % sur 3 ans, dont les salaires non
seulement sont diminués de 1 % mais également de 2 % additionnels
cette année au titre des bonis, qui, depuis 1982, sont
intégrés dans les modes de rémunération de nos
cadres. il faut se souvenir, d'ailleurs, que ce n'est pas 2 % par-dessus les
100 % de rémunération, mais que, à l'occasion des
décrets de 1982 et 1983, la base de rémunération des
cadres a été abaissée à 98 % de ce qu'elle
était avant les décrets de réduction de salaires, et que
les 2 % qui sont restés lorsque leur rémunération a
été restaurée sont maintenant distribuables au
mérite. donc, certains ont 0 %, d'autres, 2 %; d'autres, 4 %; d'autres,
6 %; et, essentiellement, ce n'est pas à 102 % que se situe maintenant
la rémunération globale des cadres, mais à 100 %, dont une
partie est distribuée au mérite.
Donc, nous avons requis des efforts de tout le monde. Je
répète, enfin, pour ceux qui nous écoutent, je veux les
rassurer: les députés aussi, en vertu du projet de loi, sont
touchés. Notre salaire est fixé comme étant à 100 %
ou à la médiane d'une classe de fonctionnaires, de telle sorte
que, au fur et à mesure que cette classe de fonctionnaires peut
connaître des augmentations de salaire, les députés voient
leurs salaires évoluer de la même façon. Nous serons
désormais à 99 % de cette rémunération. Donc, il y
a essentiellement une diminution de 1 % des salaires des députés,
et ce, pour toujours, non pas seulement pour une année et on se
reprendrait plus tard. C'est pour toujours que la base de
rémunération du secteur public, y compris celle des
députés, est abaissée. C'est la contribution qu'on
requiert. je viens tout de suite dire qu'on a souvent souhaité ? et
on a vu le gouvernement de l'ontario le faire hier ? du côté
de l'opposition et du côté de certaines instances syndicales, que
nous exemptions davantage certaines classes d'emploi situées dans les
emplois les moins rémunérés. l'ontario le fait à la
hauteur de 30 000 $; les mesures de diminution de salaires que l'ontario
pourrait décréter d'ici le 1er août sont de 4,4 %. c'est
une diminution de 4,4 % dans un gel de 3 ans. c'est ça qu'ils sont en
train de faire en ontario pendant que, nous, on parle d'un gel de 2 ans et
moins 1 %. l'ontario parle d'un gel de 3 ans et moins 4,4 %,
c'est-à-dire 12 jours par année de congé sans solde. c'est
ça, la base de comparaison qui m'apparaît importante, dont il
m'apparaît important de se souvenir.
C'est que, dans cette opération, nous avons à
requérir de tout le monde une contribution qui est raisonnable. Et on ne
peut pas confondre le rôle de l'État comme employeur et le
rôle de l'État comme, je dirais, agent fiscal, comme agent de
soutien financier aux familles québécoises. Qu'un gouvernement du
Nouveau Parti démocratique en Ontario utilise le gouvernement comme un
redistributeur de richesses, à titre d'employeur, pour exempter certains
emplois d'une diminution de la rémunération et n'en pas exempter
les autres m'apparaît confondre ces deux rôles. Nous n'exemptons
personne, M. le Président. Mais je veux faire remarquer que, si un
couple avec enfants reçoit un revenu de 25 000 $, ou presque, il est
exempté de l'impôt sur le revenu des particuliers. C'est de cette
façon que nous décidons, pour tous les Québécois de
ce niveau de revenu d'assurer qu'ils conservent la totalité de ces
revenus au titre de l'impôt sur le revenu des particuliers. d'autres
écoles: le député de duplessis, de mémoire, qui
nous faisait état de ses activités de représentant
syndical d'hydro-québec sur la basse-côte-nord, nous disait plus
tôt que, quant à lui, il favorisait un modèle où
toutes les classes d'emploi verraient leur salaire diminuer ? à la
hausse ou la baisse, selon la conjoncture ? d'un montant égal.
alors, évidemment, on se rend compte que 0,50 $ l'heure, pour quelqu'un
qui fait 10$ l'heure, ça représente 5 %, mais 0,50$ l'heure, pour
quelqu'un qui fait 20 $, ça ne représente que 2,5 %. c'est un
modèle pour lequel plaidait le député de duplessis.
Il m'apparaît que c'est là une illustration de
l'État-employeur redistributeur de richesses. C'est un modèle,
sans caricaturer, qui a été épousé dans d'autres
pays, qui, depuis 5 ans, s'écroule sous le poids de l'injustice et de la
désincitation au travail qu'un tel régime égalitaire,
évidemment, apporte à la longue. Je dirais qu'avec des
critères de rémunération comme ceux-là, dans des
situations d'inversion salariale, à la limite, lorsqu'on veut tellement
corriger ce qu'on prétendait des injustices sociales à coup de
rémunération plutôt qu'à coup de soutien financier,
de programmes sociaux ou de fiscalité, on se retrouve dans des
situations où certains de nos employés de la fonction publique,
qui occupent les postes de superviseurs ou de cadres, sont moins bien
payés que ceux qui relèvent d'eux. Alors, évidemment,
ça crée des situations absolument loufoques, qui, dans n'importe
quelle pyramide des emplois, mènent à des tensions, à des
difficultés de gestion qu'il faut absolument corriger. alors, nous
empruntons plutôt le modèle... je m'excuse d'avoir
été un peu technique, m. le président. ce n'est pas
là mon objet, mais il fallait quand même illustrer comment notre
politique requiert de tous, dans un souci d'équité, une
contribution à la mesure de leurs moyens. et, en réalité,
certains des moyens de soutien financier que nous mettons à la
disposition des contribuables, des familles québécoises viennent
contrer, dans les classes de revenus plus modestes, les décisions que
nous prenons, viennent compenser, viennent annuler littéralement
certaines de décisions que nous prenons en assurant du soutien financier
additionnel pour ceux qui auraient vu leur feuille de paie diminuer de 1 %.
Il m'apparaît, M. le Président, en terminant, que je dois
encore passer un moment à justifier le recours à cette mesure
exceptionnelle qu'est la suspension des règles. Les heures que nous
avons passées à discuter de ce projet, article par article, n'ont
pas été aussi productives qu'elles auraient pu l'être. Je
pense que c'est la moindre des choses. Je pense qu'une lecture honnête
de
la transcription de nos débats nous amènerait à
cette conclusion en toute bonne foi.
Je ne prétends pas que ça a été universel et
permanent, cette absence d'esprit constructif, et je me souviens, par exemple,
que le député de Masson a fait une intervention que j'ai
trouvée extrêmement intéressante et même constituant
un défi intellectuel, dans l'application de la loi aux
municipalités, dans certaines circonstances où nous pourrions
nous être entendus, d'ici la mise en vigueur de la loi, avec l'ensemble
de nos employés de notre univers à nous, du secteur public.
Quels étaient les effets? Quels sont les effets qu'on pourrait
prévoir, si nous nous entendons avec tous nos employés ?
mais évidemment pas avec les employés municipaux, ce ne sont pas
nos employés ? et que, donc, ne subsisteraient, dans cette loi 102,
que les dispositions s'appliquant aux municipalités? Question
légitime, s'il en est. Et nous avons à nous pencher,
évidemment, et nous aurons à le faire, si la motion est
adoptée très prochainement, sur la façon d'approcher ce
problème très, très précis.
On m'a également demandé, je dirais, des détails
sur l'ensemble des conventions collectives qui étaient ainsi
affectées. Je ne prétends pas que la question n'était pas
légitime. Je crois qu'elle était tellement vaste, par ailleurs,
qu'il était impossible d'y répondre aussi rapidement que la
question pouvait laisser espérer, tout en ajoutant qu'il n'en demeure
pas moins qu'on peut mettre en doute ? le terme est fort ? qu'on peut
peut-être diverger'd'opinion sur l'opportunité, la pertinence
qu'il y a de savoir combien de conventions collectives, quelles sont les dates
d'échéance et le nombre d'employés de chaque unité
syndicale de chaque municipalité ainsi visés. J'ai affirmé
? c'était la seule réponse que je pouvais donner en toute
vérité, en toute clarté, séance tenante ? que
toutes les conventions collectives étaient touchées dans toutes
les municipalités, à charge pour elles, je dirais, sauf
évidemment les cas où la municipalité ? et c'est sa
décision ? décidait, par résolution, de se soustraire
à l'application de la loi. (17 h 40)
J'ai demandé à mes gens de me fournir quelques-unes des
réponses qui étaient accessibles plus facilement que d'autres en
réponse à des questions de l'Opposition, que ce soit celles du
député de Labelle... Le député de Joliette a
également évoqué des questions extrêmement
précises sur les mandats que le Conseil du trésor aurait
donnés depuis 6 mois à différentes instances. J'ai des
débuts de réponse à ce sujet-là. J'ai fait faire
l'inventaire de ces activités. On pourra voir si c'est encore pertinent
tout à l'heure, mais nous ne tentons pas de cacher quoi que ce soit, M.
le Président. Je crois qu'il a été extrêmement
clair, comme il l'a été dans le dossier de la fiscalité
municipale, comme il l'a été... Enfin, dans tous les dossiers que
le gouvernement a à mettre de l'avant, les exigences de transparence,
d'évidence que le Vérificateur général, le
contrôleur des finances, l'Assemblée nationale, ses commissions et
notre tradition parlementaire exigent, font en sorte qu'on ne peut pas
prétendre que le gouvernement cache ce qu'il est en train de faire. il
n'y a rien de plus clair depuis le 23 mars que ce qu'on est en train de faire:
on est en train de requérir de nos employés une contribution qui
passe par un gel des conditions de salaire au titre des taux et échelles
et qui passe par l'identification et évidemment la réalisation
d'un gain de 1 % de la masse salariale. c'est de ça qu'on veut discuter,
et je dirais que ce que nous avons proposé est un signe de toute
l'importance que nous accordons comme gouvernement à la
réalisation de cet objectif. ça m'apparaît important. si
c'était en doute, là... j'espère que ce n'est plus en
doute, l'importance qu'on accorde à la réalisation de cet
objectif. là où il y a beaucoup de place, et je le redis à
nos employés, c'est que nous devons, à un moment donné...
et là, il y a tellement de place ? dans le fond, c'est là
que la négociation devrait se dérouler ? à
l'intérieur de cet objectif-là, il y a tellement de place dans
les conventions collectives qu'on a négociées depuis 25 ans pour
aménager le travail, la prestation des services d'une façon plus
souple, plus légère, plus efficace, qu'on peut facilement
réaliser 1 %. moi, je ne doute pas une minute et on nous l'a dit,
notamment la ftq, qui prétend avoir, avec raison, une grosse
expérience d'études de productivité du travail, notamment
dans le secteur privé, qu'il y a probablement plus que 1 % à
réaliser. il y a très probablement plus que 1 % d'économie
à réaliser dans l'organisation du travail en modifiant des
habitudes, en modifiant des rigidités, en se débarrassant de
certaines rigidités qu'il y a dans les conventions collectives et dans
les règles d'organisation du travail. s'il y a plus que 1 %, ça
devrait être un détail, là, de dire: garantissez-nous donc
le 1 %, parce que c'est important. convenons donc qu'on va le faire, le 1 %.
garantissons-le. entendons-nous sur une façon de le garantir et
l'excédent sera distribuable et partageable. c'est presque jusque
là que les instances syndicales sont allées. je dis presque, mais
c'est un gros presque. c'est un gros presque, la différence entre
garantir et ne pas garantir. c'est presque la différence entre?
j'allais dire entre rouge et bleu ? noir et blanc.
C'est vraiment là qu'il y avait une difficulté, je dirais,
là, d'asseoir solidement notre connaissance mutuelle, notre
reconnaissance mutuelle de la situation financière. C'est ça
qu'on cherche et pas plus. On n'essaie pas d'attacher les instances syndicales
à des défis qu'on ne pourra jamais relever. On n'essaie pas de
prétendre non plus de notre côté que, dans le fond, il n'y
a rien là, puis si on ne réalise pas 171 000 000 $
d'économie, ce n'est pas grave. C'est très grave. C'est
très grave, parce que c'est un manquement à la parole que l'on
tente de donner aux contribuables, à savoir qu'on va trouver le moyen de
ne pas dépenser plus que ce qu'ils ont les moyens de dépenser,
sachant que déjà on emprunte 4 000 000 000 $. Écoutez, par
dessus les 60 000 000 000 $ qui existent, ça commence à faire! Et
on est dans une situation où on se trouve à augmenter encore
davantage la pression sur le service de la dette de
l'année suivante.
Alors, il faut bien comprendre que moi, j'ai toujours été
disposé à faciliter aux instances syndicales, je dirais, la
construction, la formulation d'un discours qui permet de s'engager dans une
oeuvre qui est celle de tous les Québécois, de faire en sorte
qu'on redonne la santé aux finances publiques, parce que c'est le seul
outil de développement qu'on a, c'est la seule façon dont le
gouvernement peut intervenir, si ses finances publiques sont saines,
auprès des clientèles que je mentionnais tout à l'heure et
que la crise économique non seulement n'épargne pas, mais dont
elle complique l'existence encore davantage. Alors, moi, je suis prêt
à demander aux instances syndicales à se pencher sur une
formulation qui leur permette, d'une façon convaincante, de
présenter une position qui rejoint ces objectifs-là, qui ne sont
pas les objectifs du gouvernement du Québec, du ministre des Finances,
du premier ministre, du président du Conseil du trésor ou de qui
que ce soit. Ce n'est pas personnel, cette affaire-là. On n'est pas ici
pour notre affaire; on est ici pour l'affaire de tout le monde.
Il y a pour le gouvernement une responsabilité qu'on a à
assumer et qu'on formule de la façon suivante: Nous devons vivre selon
nos moyens. Nous devons, afin d'y arriver, requérir de tout le monde une
contribution raisonnable, et la contribution raisonnable de nos
employés, c'est telle chose. Maintenant, venons voir ensemble comment
nous pouvons identifier, pour respecter nos préoccupations respectives,
les voies qui nous permettent d'atteindre au moins 1 % ? apparemment c'est
un détail, je suis profondément convaincu de ça, moi aussi
? et comment, donc, nous pourrions négocier le partage de cet
excédent de 1 %. Il m'apparaît, M. le Président, que c'est
quelque chose, c'est un effort que, quant à moi, j'ai consenti depuis 3
mois. Ce à quoi je me serais attendu de nos partenaires, c'est qu'ils
nous permettent également de soutenir, de façon convaincante,
qu'on peut s'engager ensemble dans cette voie-là.
Il me semble que ça manque encore, cette reconnaissance que le
gouvernement agit non pas pour son propre compte, mais pour le compte de
l'ensemble des citoyens, y compris nos employés. C'est ce bout-là
qui manque, il me semble, M. le Président. Ce n'est pas comme dans une
entreprise privée où il y a, d'un côté, l'employeur
? souvent l'actionnaire, si c'est une petite entreprise ou une moyenne
entreprise ? et, de l'autre côté, les travailleurs et leurs
intérêts. On pourrait penser que leurs intérêts
divergent. Il n'en reste pas moins qu'il faut, et pour l'actionnaire, et pour
les travailleurs, que l'entreprise subsiste afin qu'elle produise son rendement
pour tout le monde, soit pour l'employeur, le cadre, le propriétaire, le
directeur, les employés, ou qui que ce soit. Et, là aussi, il y a
un partenariat.
Mais c'est la même chose dans le cas du gouvernement. Nous, on
n'agit pas comme si on était une entreprise privée qui essaie de
balancer ses livres au détriment de ses clients, de ses fournisseurs ou
de ses employés. On essaie de réaliser, à
l'intérieur d'un cadre budgétaire extrêmement difficile,
l'équilibre des revenus et des dépenses. Et, à
l'intérieur des dépenses, il y a les choix des services qu'on
octroie à nos concitoyens qui nous le demandent et qui s'attendent
à ça, mais il faut le faire, là, à la hauteur de
nos capacités de payer.
Alors, je me serais attendu, moi, à cette
compréhension-là de la part de nos employés. Je comprends
qu'ils disent que c'est presque de la négation de la négociation.
C'est là qu'on arrive au coeur du problème. On a vu les macarons,
on a vu les affiches, enfin, on a entendu les discours, les chansons, les
poèmes qui font rimer «trésor» avec
«dehors» ? c'est une des rares fois où on m'appelle
«trésor». Incidemment, ça, je le souligne, M. le
Président, c'est lorsque les membres des syndicats m'illustrent,
à leur façon, ce qu'ils pensent de moi par les temps qui courent.
Bon. Moi, je veux bien. Ça fait partie des échanges qu'on a de
toutes sortes de façons. Mais, on a, ensemble, à régler
ces problèmes-là, et il me semble qu'on a beaucoup de
matière à négociation à l'intérieur, je
dirais, d'une patinoire qui est pas mal plus petite qu'elle était, pas
mal plus restreinte. Ça, c'est comme ça. Ça, c'est comme
ça, mais c'est la réalité. Qu'est-ce que vous voulez qu'on
y fasse? Et moi, je prétends que la patinoire est dessinée
à partir de la situation économique, avec ses
répercussions sur les finances publiques, et qu'en conséquence on
doit tenir compte du fait qu'on ne peut pas agrandir la patinoire parce qu'on
doit geler ? vous me permettrez le jeu de mots, en parlant de gel et de
patinoire ? on doit geler pour 2 ans le niveau de
rémunération dans les taux et échelles et on doit trouver
une économie de 1 %. Et c'est là-dessus, là, c'est sur ce
plancher-là qu'on doit évoluer ensemble. (17 h 50)
II me semble qu'il y a de la place pour la négociation. On doit
assurer, nous, aux contribuables qu'on va être capable de réaliser
ces équilibres financiers. C'est pour ça qu'il y a un projet de
loi, c'est pour ça que ça presse. C'est aussi simple que
ça. On est disposé, on l'a dit hier, à retarder la mise en
vigueur de la loi de 90 jours, pour qu'on continue à discuter de ces
choses-là. Je peux comprendre que, dans le discours syndical
traditionnel, ça veut dire qu'on nie la négociation, qu'il y a
une épée de Damoclès et que, s'ils ne s'entendent pas...
Bien oui, bien oui, les circonstances sont comme ça. On en est
là, et le geste qu'on peut poser, c'est de dire que d'ici 3 mois il me
semble qu'on a assez le temps de s'entendre sur ce que veut dire
l'équilibre des finances publiques, la contribution qu'on requiert de
tout le monde et la façon de réaliser cette contribution
raisonnable.
M. le Président, c'est la raison pour laquelle nous avons
amené le projet de loi. C'est la raison pour laquelle nous en avons
parlé tout à l'heure. Il y a, selon nous, urgence. C'est la
raison pour laquelle nous avons cette mention de suspension des règles.
J'ai traité un peu plus tôt de certains discours qui avaient eu
cours et qui m'avaient amené, je vous le dis bien franchement, à
trouver totalement inutile et futile l'exercice de la com-
mission plénière. Il s'agit ?je ne les citerai pas,
j'en ai distribué des exemplaires ? de se remémorer les
propos de députés ? au singulier! ? à la toute
fin, jeudi soir, de la commission plénière. C'est pour cette
raison, c'est en raison de ce discours... Ce n'est pas la seule raison, mais
c'est une des raisons qui m'ont amené, moi, à suggérer au
leader que vraiment ça ne donnait rien de passer des heures en
commission plénière et d'en arriver...
M. Chevrette: Ce n'est pas sérieux.
M. Johnson: Bien, écoutez, on aura beau dire que ce n'est
pas sérieux, moi, je viens témoigner des raisons qui m'ont
amené à suggérer...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Johnson: ...cette mesure. Et je dis ici, devant tout le monde,
que certains discours ? au singulier! ? que j'ai entendus m'ont
profondément convaincu. D'abord, ils m'ont profondément
outré et scandalisé sur ce que certains députés
pensent des fonctionnaires. Moi, je trouve que ça n'avait pas sa
place...
Des voix: Ah!
M. Johnson: ...et, deuxièmement, ça ne contribuait
absolument en rien à faire avancer le dossier que de s'échanger
des propos comme ceux-là. Alors, c'est une question personnelle.
Peut-être que, de l'autre côté, on trouve que ça
faisait avancer le dossier. C'est possible. On diverge là-dessus.
Des voix: ...
M. Johnson: Le député de Pointe-aux-Trembles, qui
n'était pas ici, d'ailleurs, aurait intérêt à
regarder la cassette du discours dont je parle, à 23 h 40, jeudi
dernier...
Une voix: ...
M. Johnson: En parlant de bouffon, il va en voir un vrai
là, s'il regarde cette cassette-là, et il va comprendre... Je le
mets au défi d'être convaincu que c'était une intervention
constructive. Bon. À partir de ce moment-là, je me dis: Si c'est
sur cette patinoire-là qu'on joue, avec des joueurs habillés de
même, la partie ne finira jamais, M. le Président!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le leader
adjoint et président du Conseil du trésor. M. le
député de Joliette, je vous cède la parole.
M. Guy Chevrette M. Chevrette: Merci. M. le Président,
vous venez d'entendre un discours d'à peu près 40 minutes, dont
la principale justification, c'est les propos d'un député,
à 23 h 40, un soir, qui déclenchent une urgence nationale
d'adopter un projet de loi pour mettre fin à des conventions collectives
qui finissent le 30 juin prochain, avec une clause de reconduction automatique.
C'est le président du Conseil du trésor qui ne semble pas savoir
ça. Toutes les conventions sont en vigueur jusqu'au 30 juin ? dans
le domaine de l'enseignement, en tout cas; ça, j'en suis sûr
? avec une clause de reconduction, c'est-à-dire que ça
demeure ce que c'est, avec 3 mois de promesse du premier ministre pour
négocier. Il dit: Voilà, il y a de la place pour de la
négociation. C'est ce qu'il dit. M. le Président. S'il y a place
pour la négociation et si on donne 3 mois pour ce faire, pourquoi on se
précipite à lever toutes les règles dans cette Chambre et
qu'on veut voter un projet de loi?
Parce que l'État, ce n'est pas un employeur normal. Vous savez
que tout employeur, M. le Président, il se bâtit un rapport de
force entre un employeur du secteur privé et son syndicat. Mais
l'État-employeur a 2 chapeaux. Quand ça ne marche pas avec son
chapeau d'État-employeur, il utilise son chapeau de législateur.
Lui, avant même d'utiliser son chapeau d'État-employeur pour
négocier, il se coiffe d'avance de son chapeau
d'État-législateur et il dit: II y a de la place pour de la
négociation.
Franchement, là, je ne sais pas où il a fait son cours de
relations de travail, mais c'est dérisoire, c'est ridicule, M. le
Président, d'avoir un tel discours. C'est clair. Voyons!
Déjà le rapport de force est disproportionné entre un
État et ses employés. Déjà, tout le monde sait
ça. Il me semble que, si c'est vrai, s'ils ont de la bonne foi, s'ils
sont sérieux, s'ils croient véritablement qu'ils peuvent en
arriver à une entente d'une convention collective d'ici 3 mois, pourquoi
voter la loi d'abord? Pourquoi suspendre les règles du jeu ici, à
l'Assemblée nationale? Pourquoi ne pas attendre, de bonne foi, ce que
donneront les négociations, avant de se servir de son chapeau de
législateur? C'est ça, fondamentalement, les règles du jeu
présentement en cause, M. le Président.
Bien sûr qu'on va profiter du fait qu'il y a eu un budget
épouvantable, puis, là, on veut faire miroiter aux citoyens du
Québec que ça pourrait être dangereux de signer des
contrats. Mais, s'il a aussi confiance que ça dans les
négociations, au point de retarder de 3 mois, pourquoi ne pas donner
libre cours aux règles du jeu normales des relations de travail? Je suis
convaincu que l'ex-président du NPD-Québec devrait comprendre
ça, M. le Président, parce que, à mon point de vue, ce
qu'on fait là, aujourd'hui, ce n'est vraiment pas sérieux.
Le président du Conseil du trésor, qui reçoit, avec
son premier ministre, tous les leaders syndicaux, puis qui dit: Oui, c'est
correct, là, on va se donner 3 mois de négociation. Le lendemain,
tu arrives en Chambre, tu suspends toutes les règles du jeu, et tu dis:
loi! M. le Président, c'est rire du monde. C'est rire du monde, d'autant
plus que le premier ministre, il faut le dire, là,
au cas où il y aurait des citoyens qui ne le sauraient pas, le
premier ministre a un pouvoir de convoquer cette Chambre n'importe quand, en
plein mois de juillet, août, septembre. Mais qu'il laisse la chance aux
négociations d'avoir lieu. C'est ça qu'on vous demande. C'est
ça que vous demande le front commun.
M. le Président, je n'ai jamais vu, je l'ai dit tantôt,
dans ma plaidoirie sur la recevabilité, avec la notion d'urgence qui,
à sa face même, est folle comme balai... Là, je disais, M.
le Président, que je n'ai jamais vu autant de bonne foi, moi,
personnellement. Quand j'ai entendu la présidente de la FIIQ dire: Je
suis prête à négocier 2 ans de gel, puis on va parler de
réaménagement, avez-vous déjà vu plus que
ça, vous autres? J'ai même reçu une lettre que je lisais,
là, qui va probablement la placer dans l'embarras, à part de
ça, d'avoir fait ça sans consulter sa base ? 2 ans de gel,
disait-ellle.
Pourquoi vous imposez une loi? Vous avez déjà dans le sac,
avec ce groupe-là, ce que vous vouliez. Pourquoi ne pas essayer de faire
la même chose avec les enseignants du Québec, négocier?
J'écoutais Mme Pagé, ce midi, à l'émission
«Mongrain de sel», qui expliquait ce qu'elle voulait. Elle parlait
de réaménagement de travail. Mais donnez la chance de bonne
foi.
Pourquoi, à ce moment-là, vous servir de votre chapeau de
légistaleur avant même de passer le test de la bonne foi des
négociations? C'est parce que vous n'y croyez pas, M. le
Président. Il y a des mots, qui ne sont pas parlementaires, qui
pourraient être utilisés. Je ne les utiliserai pas.
Une voix: Ah oui! Ah oui!
M. Chevrette: Quand on ne croit pas à quelque chose, on
fait exactement ce que le président du Conseil du trésor fait,
présentement: place à la négociation, mais je passe ma loi
avant.
M. le Président, franchement, vous n'avez pas là un
modèle de grande transparence parce que, quand on est transparent et
qu'on fait un discours, et qu'on croit à la valeur de la
négociation, on subit l'épreuve avant de se servir de la
matraque. C'est ça, fondamentalement, que vous faites et, à mon
point de vue, M. le Président, c'est incorrect, c'est injustifiable,
puis je continuerai à 20 heures, M. le Président, de dire ce que
je pense de ça.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, comme vous venez
de l'indiquer, M. le leader de l'Opposition officielle, il est 18 heures. Je
vous rappelle, M. le leader adjoint du gouvernement, que votre formation
dispose encore d'un temps d'intervention de 17 minutes. Je suspends donc les
travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 59)
(Reprise à 20 h 7)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, si vous voulez vous asseoir, s'il vous plaît.
Nous continuons le débat sur la motion de suspension de certaines
règles de procédure, prévue aux articles 182 et 183 de
notre règlement. Je cède la parole à M. le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle. Je vous
rappelle, M. le député, que votre formation dispose d'un temps de
parole de 50 minutes. Allez-y, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Merci. M. le Président, avant le souper, je
disais combien c'était important, la bonne foi dans les relations de
travail, et je considère qu'avec ce qui se passe présentement,
autant pour les parlementaires que face au monde syndiqué de la fonction
publique et parapublique, la bonne foi n'y est pas.
Comment peut-on faire croire, M. le Président, avec de grands
discours, que nous avons confiance en la négociation, que nous avons
confiance que, dans les 3 mois qui vont suivre, on va en arriver à des
ententes négociées avec les différents secteurs de la
fonction publique, les différents corps syndiqués de la fonction
publique, M. le Président, et en même temps, avoir tellement
confiance, au point qu'on enlève, qu'on suspend à peu près
tous les droits, à cette Assemblée nationale, M. le
Président, qu'on s'empresse, qu'on invoque l'urgence pour voter une
législation qui démontre carrément le contraire d'une
bonne foi, M. le Président?
En relations de travail, M. le Président, une des clés,
c'est justement la confiance. C'est justement la compréhension de part
et d'autre. C'est justement la transparence. Le ministre dit: Oui, mais nous
avons des objectifs, nous avons des paramètres. Bien oui. Je pense
qu'ils sont connus. Déjà, les groupes syndiqués, M. le
Président, ont fait connaître des propositions, ont avancé
des propositions. Il y en a même qui sont allés au-delà de
toute attente, je pense, et ils sont assujettis à une loi. (20 h 10)
Quelle est la marge de manoeuvre pour négocier, M. le
Président? Expliquez-moi comment on pourra négocier correctement,
comment on pourra vraiment faire des échanges corrects. Chaque fois
qu'il va y avoir un raidissement, un peu, à la table de
négociation ? et Dieu sait si ça arrive souvent ?
là, ils vont sortir la loi 102. On va la montrer aux syndiqués.
C'est de la provocation. Ce n'est pas un élément qui va
faciliter, qui va aider la négociation. C'est précisément
cette arme, que se donne le ministre, qui va raidir les positions, qui va
provoquer des réactions, parce que c'est un geste purement provocateur,
M. le Président.
Pourquoi cet empressement? Pourquoi cette hâte? Je disais, avant
le souper, que toutes les conventions collectives ? plusieurs, en tout
cas, si ce n'est pas toutes ? viennent à échéance le
30 juin prochain. D'abord, au moment où on se parle, on n'est pas devant
une situation où il y a des problèmes, M. le Président,
qui exigent l'intervention de l'État. On a des conventions collectives
de travail qui sont en renouvellement. Est-ce qu'il y a de quoi qui justifie,
à ce stade-ci, l'intervention de l'État? L'État
lui-même, par la voix de son premier
ministre, dit: Qu'on se donne 3 mois pour négocier. Quelle est
l'urgence et quels sont les motifs qui, pour le moment, sont cachés, en
tout cas, qui font en sorte qu'on demande à l'État
d'intervenir?
Il me semble, M. le Président, que l'intervention de
l'État est beaucoup plus au moment où la santé publique
est en cause, où les services sont en cause, où l'année
scolaire, par exemple, de nos jeunes serait en cause, où, dans les
hôpitaux, les patients pourraient être affectés dans la
qualité des services qu'ils reçoivent. Ce n'est pas ça. Au
moment où on se parle, il y a du monde qui veut négocier, puis il
y a un gouvernement qui dit qu'il veut négocier, et il passe une loi
pour mettre fin aux négociations, tout en disant qu'il donne 3 mois pour
négocier. Voyons! Pensez-y 30 secondes, là. Où est la
bonne foi dans cela? Où est véritablement la transparence?
Qu'est-ce qu'on cherche? Qu'est-ce qu'on vise, M. le Président?
Il y a une évolution sans précédent dans le monde
du travail, présentement, au Québec. On a eu des centrales
syndicales qui ont signé des conventions de 5 ans, dernièrement,
dans l'entreprise privée. On n'a jamais vu dans le passé autant
de leaders syndicaux des secteurs public et parapublic tendre la main au
gouvernement et dire: Voici l'effort que nous sommes prêts à
consentir immédiatement, là, avant même de commencer
à parler de réaménagement de travail, avant même de
discuter là où on pourrait faire certaines
récupérations ou des gains de productivité, pour avoir le
langage du président du Conseil du trésor. Parce que «gain
de productivité», c'est comme s'il n'y avait pas d'humain,
là. Tout est signe de piastre.
Mais où est-ce qu'elle est, la bonne foi, à ce
moment-là? Si le gouvernement n'a pas l'intention réelle,
arrêtée, de sanctionner, de promulguer une loi ou de la mettre en
application avant le mois de septembre prochain, c'est quoi? C'est quoi qui est
recherché, M. le Président, si ce n'est pas la provocation, si ce
n'est pas carrément, M. le Président, de leur dire:
Écoutez, vous pourrez bien vous amuser, moi, j'ai mon petit papier,
puis, quand je serai tanné de vous parler, je ne vous parlerai plus
parce que j'ai ma loi. C'est ça, fondamentalement. Un peu comme
l'attitude du président du Conseil du trésor. On le disait cet
après-midi, ça dénote bien l'attitude arrogante.
Après 14 heures de débat, il a décidé que c'en
était fait, qu'on ne discutait plus d'une loi.
M. le Président, ce gouvernement en est rendu à 7 motions
de suspension des règles en trois ans et demi. Il en est rendu à
10 motions de clôture sur les débats depuis trois ans et demi. Et,
un record, du jamais vu dans cette Chambre: il y a eu une motion de
clôture pour 27 projets de loi d'une seule claque ? avec le
député de Portneuf de l'époque. M. le Président, on
n'est pas dans une dictature pour clore le bec à tout le monde sur
l'ensemble des projets de loi, voyons! Moi, j'ai vu cette formation, cette
artillerie lourde rouge, au moment où ils occupaient les banquettes de
l'Opposition, durant la loi 101; on les a entendus pendant 200 heures et plus,
en plein mois de juillet, par une chaleur épouvantable, au salon rouge,
déconner sans arrêt sur une loi qui avait apporté la paix
linguistique au Québec; 200 et quelques heures à écouter
des âneries, mais c'était le fruit de la démocratie pour se
donner un projet de loi qui amenait au Québec cette paix sociale sur le
plan linguistique.
Après 14 heures, «sa majesté, le président du
Conseil du trésor», directement arrivé de la haute finance
québécoise, en a assez et il veut négocier de bonne foi.
Il veut une entente pour le mois de septembre. Il flanque une loi ici, suspend
toutes les règles... M. le Président, je l'écoutais
essayer de justifier son projet de loi, cet après-midi. Il n'en a pas
parlé du tout, il parlait de la décote. Il parlait de la
décote québécoise, comme si c'est rien que ça qui
compte pour lui, alors qu'il pourrait peut-être trouver,
précisément dans une négociation de bonne foi, des
aménagements de travail et des gains de productivité ? pour
utiliser son langage ? qui permettent au Québec de vivre à
l'intérieur de ses édifices de santé, à
l'intérieur de ses écoles, un climat de relations du travail
normal.
M. le Président, les relations de travail, pour en avoir fait
pendant une bonne quinzaine d'années, c'est aussi des relations
humaines. Je vous dis que, dans la fonction publique québécoise,
c'est encore plus dur de faire des relations de travail que dans n'importe quel
secteur du monde du travail, parce que, quand on a affaire à un patron
dans l'entreprise privée, on discute avec, on a un rapport de force
avec. On peut carrément s'opposer, avoir des stratégies qui font
en sorte qu'il y a un équilibre dans le rapport de force. Mais, dans la
fonction publique, à faire ce qu'on fait depuis des années ?
puis je n'essaierai pas d'être partisan, je dirai depuis 1982 ? on a
complètement débalancé les rapports de force. On a perdu
toute imagination, à part ça, au pouvoir. Quand on manque
d'argent sur le plan budgétaire, la seule source ou le seul endroit
où on va chercher de l'argent, c'est dans des ponctions salariales.
Comme s'il n'y avait pas des choses à corriger pour aller chercher de
l'argent! Comme s'il n'y avait pas des débats de fond, des débats
de société à faire pour voir si on ne doit pas conserver
l'essentiel! Puis, peut-être, au lieu de couper systématiquement
dans tous les programmes, comme on le fait pour indisposer tout le monde et
faire en sorte que l'ensemble de nos programmes deviennent des programmes qui
clochent à tous les points de vue... Bien non, on coupe partout, on
indispose tout le monde plutôt que de faire un débat de
société, puis dire: Écoutez, on serait peut-être
mieux de faire un débat sur ce qui est essentiel par rapport à ce
qui est accessoire. Qu'est-ce qu'on veut se payer parce que c'est essentiel?
Mais non, M. le Président. On dirait qu'un coup au gouvernement on n'a
plus le droit d'être imaginatif, on n'a plus le droit d'être
inventif, on n'a plus le droit d'être créatif. Ah non! On coupe ou
on gèle, sous l'étiquette des gains de productivité.
On en a vu une belle expérience avec les médecins, des
gains de productivité, en cette Chambre. Le
ministre, président du Conseil du trésor, et le ministre
de la Santé, qu'est-ce qu'ils ont fait avec les médecins
spécialistes puis les médecins? Imaginez-vous qu'on a mis la main
sur un papier. Ils avaient décidé qu'ils pourraient donner une
trentaine de millions aux médecins. Mais ils avaient dit aux
médecins: Trouvez-nous des endroits où il faut couper. Comme par
hasard, ils ont eu une liste; puis, les mammographies pour détecter le
cancer du sein, ça, c'était coupé. Ah! Le ministre a dit:
Non, non, je ne le ferai pas, quand il a vu qu'on se levait, de ce
côté-ci de la Chambre, pour dire: Ça n'a pas de bon sens.
Ce n'est pas un choix de société, ça. Depuis quand dit-on
à un groupe: Trouvez-moi de l'argent, je vais vous en donner? Ce n'est
pas ça, une discussion.
Ce n'est pas ça que Lorraine Pagé, de la CEQ, propose
à la ministre de l'Éducation. Elle lui dit qu'elle est
prête à discuter de bonne foi sur des aménagements de
travail. Dans le domaine de la santé, qu'est-ce que Mme Lavallée
a dit? Oui, on est prêt à des choses majeures. On comprend la
situation économique du Québec. On comprend la situation
budgétaire, mais on veut négocier. On ne veut pas avoir une loi
au-dessus de notre tête. Qu'est-ce que Fernand Daoust a dit, ce midi? Ils
n'ont pas l'air de gens enragés qui veulent faire la grève. Au
contraire, je sais jusqu'à quel point, à cause des
déboires depuis 1982, il ne doit pas être facile, dans le monde du
travail, dans le monde du secteur public, de mobiliser des gens, parce qu'ils
se disent: Ça ne nous donne rien. Si on enclenche un moyen de pression,
il va mettre son chapeau de législateur, il va nous flanquer une loi
avec des amendes épouvantables allant jusqu'à la prison. Je me
rappelle de ça. M. le Président, le gouvernement libéral,
là-dessus, aura beau reprocher n'importe quoi. Chaque gouvernement fait
ses erreurs, puis je reconnais ça, moi. Mais un gouvernement, par
exemple, qui dit qu'il veut négocier, un gouvernement qui dit qu'il est
de bonne foi, il a donc l'obligation d'avoir une cohérence entre son
discours et ses actions.
Je répète que je ne comprends pas que ce
gouvernement-là ne veuille pas donner la chance... Parce que c'est une
chance unique qu'ils ont de voir autant d'offres de négociation
sincères. Moi, je ne l'ai jamais vu, je n'en ai jamais vu... Je trouve
qu'il n'y a jamais eu autant de bonne volonté, qu'il n'y a jamais eu
autant le désir d'en arriver à quelque chose de
négocié, mais pas négocié exclusivement en
chiffres. (20 h 20)
II y a des problèmes majeurs en éducation, M. le
Président. Je recontre des dizaines et des dizaines d'enseignants, puis,
avec le type de société dans lequel on vit présentement,
ce n'est pas facile, enseigner. Pourquoi ne pas se prêter à une
négociation, à ce moment-là, sur l'aménagement du
travail dans l'enseignement? Qu'est-ce que ça vous ôte, ça?
Mais, donnez donc de la bonne foi. Faites-le dans un cadre où il n'y a
pas d'épée de Damoclès sur la tête. Vous aurez
toujours le recours, comme État-législateur, de convoquer la
Chambre n'importe quel temps, n'importe quel temps...
Qu'est-ce que ça vous donne de passer une loi qui va faire faire
du chantage tout l'été, alors que vous pourriez profiter
précisément de cette période estivale, dans un cadre
beaucoup plus calme, pour négocier correctement les contrats collectifs
de travail? Moi, je ne comprends pas. C'est de la mauvaise foi, M. le
Président, j'en suis sûr. J'allais dire un autre mot, puis je me
suis tourné la langue sept fois. Mais je vous dis que ça sonne
faux, ça sonne faux. C'est de parler des deux côtés de la
bouche en même temps, puis il n'y en a pas gros, au Québec, qui
peuvent faire ça: avoir le discours à gauche, puis le geste
à droite; le verbe à gauche et le geste à droite. C'est un
peu ça qui se passe présentement, M. le Président. Il n'y
aucune sincérité dans la volonté de négocier.
Et ce qui me dépasse encore davantage, c'est que le premier
ministre lui-même, qui en a vécu, pourtant, des conflits, il
devrait avoir appris qu'on ne provoque pas inutilement... M. le
Président, voulez-vous demander au député de Richelieu et
au député de Verdun, s'ils veulent parler, de demander la
parole?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je m'adresse
à tous les parlementaires de cette Chambre, à ma gauche comme
à ma droite... Non, non, M. le député de Richelieu. C'est
les prescriptions qu'on retrouve à l'article 32 qui s'appliquent. Celui
qui intervient doit pouvoir le faire en toute quiétude. Question de
règlement, M. le député de Richelieu?
M. Khelfa: Oui.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, allez-y. Sur
quoi...
M. Khelfa: M. le Président, s'il n'a pas autre chose
à dire, qu'il...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, non. Ce n'est pas
une question de règlement. Allez-y, M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: L'article 32 s'applique très bien dans son
cas. Donc, M. le Président, je voudrais... Parce que je voudrais donner
la chance à mon collègue de Labelle et à mon
collègue d'Abitibi-Ouest également de dire quelques mots sur le
projet de loi. C'est de la fumisterie, M. le Président, ce qu'on nous
présente. Une motion qui suspend à peu près tous les
pouvoirs des parlementaires, qui suspend l'effet de tout notre règlement
? 2, 3, 4, 5 pages de suspension de droits ? pour pouvoir passer une
loi dite urgente! Dite urgente!
Et ça a été intéressant de voir le
président du Conseil du trésor, toujours très froid,
très glacial, se lever et invoquer l'urgence. Urgence, quand les
conventions collectives ne sont pas échues! Urgence, quand le premier
ministre dit qu'il donne 3 mois pour négocier! Urgence, M. le
Président, parce qu'ils se battent la trappe depuis je ne sais pas
combien de mois pour dire
qu'ils veulent négocier de bonne foi! Urgence, quand les
syndiqués, les leaders syndicaux leur disent à tour de bras
qu'ils sont prêts à faire des compromis majeurs! Urgence, parce
qu'ils veulent négocier autre chose que des conditions salariales, parce
qu'il y a des problèmes importants à régler dans nos
écoles, dans nos centres hospitaliers! Urgence d'une négociation
de bonne foi! Et, après ça, on dira: II y a une crise de
confiance entre les élus politiques et la population.
Seulement, continuez à faire un paquet de conne-ries comme celles
qu'on fait présentement, et la crise, non seulement elle va continuer
mais elle va augmenter, M. le Président. Ce n'est pas surprenant qu'il y
en ait qui soient tannés, qui soient dégoûtés devant
ce genre de gestes de mauvaise foi. On se tait si on ne peut pas être
cohérent avec nos discours. Quand on dit qu'on veut négocier,
puis dans un contexte où il n'y a même pas de pression, en plein
coeur d'été, pourquoi passe-t-on une loi pour provoquer? Pourquoi
passe-t-on une loi pour narguer ceux et celles qui, difficilement, essaient de
montrer qu'ils ont des pouvoirs présentement, et qu'ils veulent les
faire valoir?
Moi, je ne comprends pas ça. Je vous avoue que ça me
dépasse! Ça me dépasse! Il y a sûrement quelque
chose de caché en-dessous de ça. Et l'histoire nous le dira, ce
qu'il y a de caché en-dessous de ça. Ça peut être
aussi bien les préparatifs d'une élection hâtive, et on ne
le dit pas. Ça peut être aussi bien, M. le Président, une
entourloupette qu'on nous fera au cours de l'été ou au
début de l'automne. Ça peut être n'importe quoi, mais
ça ne s'explique pas par la logique. Ça ne s'explique pas avec
des arguments de raison. Ça ne s'explique pas du tout quand on se dit
homme ou femme de bonne foi. Dans un contexte de relations de travail, tu
laisses jouer tous les mécanismes prévus au Code du travail, et,
en cas d'impasse, le seul employeur qui a des pouvoirs disproportionnés
par rapport aux autres employeurs, c'est l'employeur qui est l'État.
Puis, là, il se sert de son statut de législateur. Mais, tant et
aussi longtemps, M. le Président, qu'on ne connaîtra pas les vrais
motifs, je ne serais même pas surpris que tout ça sous-tende
également une course à la chefferie. Merci, M. le
Président.
Une voix: Bravo!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Joliette, leader de l'Opposition officielle. M. le
député de Verdun, il reste à votre formation une
période de 17 minutes.
M. Henri-François Gautrin
M. Gautrin: Je ne les prendrai pas, pour laisser la chance
à d'autres d'intervenir, mais il me faut répondre au
député de Joliette.
M. le Président, la base de tout l'esprit des relations de
travail, c'est la bonne foi. La base de l'esprit des relations de travail,
c'est la bonne foi. Y a-t-il meil- leure bonne foi, à l'heure actuelle,
de la part du gouvernement, que de dire exactement dans quelle situation
financière nous sommes? y a-t-il meilleure bonne foi, de la part du
gouvernement, que de ne pas laisser croire que les finances publiques peuvent
permettre de faire n'importe quoi, que de dire la vérité, et dire
la vérité au point de l'inscrire même dans la loi? c'est
ça, la loi 102. la loi 102 le dit: voici, nous sommes de bonne foi, mais
nous ne pouvons pas aller plus loin que telle situation. nous ne pouvons pas
aller plus loin que demander que l'ensemble de la gestion des conventions
collectives soit diminué de 1 %.
Permettez-moi, M. le Président, de rappeler pourquoi,
brièvement. Le taux de croissance des dépenses, depuis ces
dernières années, a toujours été supérieur
au taux de croissance des revenus. Nous devons ? c'est dans le budget,
actuellement ? être en mesure de réduire à la fois les
dépenses et soutenir aussi les augmentations de revenus, la ponction
fiscale, ce qu'on a pris dans la poche des Québécois. De bonne
foi et de la meilleure foi qu'on ne peut pas dire, on délimite
clairement la patinoire ? je reprends les expressions, actuellement, du
président du Conseil du trésor ? on dit: C'est dans ces
limites-là que nous pouvons négocier. Nous ne pouvons pas aller
plus loin. Nous ne pouvons pas faire autre chose, non pas parce qu'on ne le
veut pas, mais parce qu'on ne peut pas. Parce qu'on voudrait peut-être
faire autre chose, mais les conditions financières, actuellement, de
l'État du Québec nous placent dans cette situation.
M. le Président, n'y a-t-il pas geste de meilleure bonne foi,
à l'heure actuelle, que de dire: Voici les paramètres, voici les
frontières, voici la partie intangible, non franchissable que la
responsabilité que nous avons des finances publiques et du
bien-être de l'ensemble du Québec ne nous permet pas de franchir?
Nous allons même jusqu'à l'inscrire dans la loi pour bien faire en
sorte de bien exprimer que ces barrières ne sont pas franchissables.
C'est ça actuellement la loi 102, M. le Président.
Il ne s'agit pas de remettre en question le principe des
négociations. Pas vrai. Ce n'est pas vrai. Il s'agit réellement
de bien préciser, compte tenu de l'état des finances publiques,
compte tenu de la situation dans laquelle se trouvent actuellement les finances
publiques de l'État, compte tenu de la limite que nous pouvons prendre
dans la poche de nos citoyens en augmentant la ponction fiscale, compte tenu de
ces limites-là... Et nous avons déjà demandé ?
et le député de Labelle l'a rappelé avec brio ? un
effort important à nos concitoyens dans le dernier budget. (20 h 30)
M. le Président, la loi 102 est un autre élément
qui s'ajoute, à l'heure actuelle, à l'effort que fait ce
gouvernement pour équilibrer les finances publiques. D'un
côté, nous avons, dans le budget, demandé un effort
extrêmement dur à l'ensemble des Québécois, mais, de
l'autre côté, nous voulons actuellement être en mesure de
réduire les dépenses publiques. On ne peut
pas arriver à une réduction des dépenses publiques,
lorsque l'on sait que la majeure partie des dépenses se trouve
être des dépenses d'ordre salarial, si nous ne fixons pas, au
début, dans la loi, les limites de la négociation.
Qu'est-ce que dit, à l'heure actuelle, la loi 102? La loi 102 va
clairement fixer non pas la totalité des conventions collectives, mais
les balises, ce «plus loin» dans lequel nous ne pouvons pas aller.
Nous précisons clairement les limites, actuellement, du champ de la
négociation. Nous balisons le champ de la négociation. M. le
Président, y a-t-il meilleure bonne foi que ne pas laisser croire des
choses qui n'existent pas, et dire: Réellement, nous ne pouvons pas
aller plus loin, nous ne pouvons pas faire plus? C'est là, les limites,
à l'heure actuelle, que l'État, compte tenu de la situation
financière de l'État... C'est les limites où nous pouvons
aller.
M. le Président, je voudrais vous le rappeler. C'est un geste
réellement de bonne foi, à l'intérieur des
négociations, d'avoir le courage de baliser clairement les limites dans
lesquelles les finances publiques nous permettent d'aller. Ne laissons pas
croire aux gens, ne laissons pas imaginer à la population que nous
pouvons donner des choses que nous n'avons pas. Et c'est avec de la toute
honnêteté, à l'heure actuelle, que la loi 102 est
présentée pour baliser réellement l'espace dans lequel les
négociations peuvent avoir lieu.
Deuxième question, M. le Président, parce que nous sommes
dans une motion, à l'heure actuelle, pour suspendre les règles. Y
a-t-il urgence? Y a-t-il urgence? C'est la question qu'on a devant nous. M. le
Président, cette Chambre, statutairement, doit ajourner au plus tard le
23 juin. Pensons-nous réellement, compte tenu de l'Opposition, et je la
comprends... Et c'est le rôle de l'Opposition de jouer ce jeu.
Pensons-nous réellement que, sans suspension des règles, la loi
102 pourrait traverser l'étude article par article?
C'est la question que nous avons à nous poser. C'est la question
que nous avons à nous poser. Le leader adjoint et président du
Conseil du trésor, compte tenu de la manière dont la loi avait
évolué, en commission plénière, parce qu'elle avait
été débattue article par article, en commission
plénière, compte tenu de la vitesse et de la progression, compte
tenu aussi des travaux qui sont devant nous... Et nous ne nous cachons pas non
plus, nous avons aussi un énorme projet de loi, la loi 86, qui touche
l'affichage, qui devra aussi être adopté avant la fin de cette
session. Donc, compte tenu des travaux parlementaires que nous avons devant
nous, est-ce que, logiquement, nous pensons pouvoir atteindre la fin,
l'étude article par article de la loi 102? La réponse est
non.
Une voix: Non.
M. Gautrin: La réponse est non. Et, parce que la
réponse est non, M. le Président, à ce moment-là,
ça justifie la motion du président du Conseil du trésor et
leader adjoint du gouvernement de suspendre les règles pour être
en mesure de passer cette loi, qui est importante dans le sens où elle
va démontrer la bonne foi du gouvernement dans les négociations,
c'est-à-dire limiter et positionner clairement les balises entre
lesquelles le gouvernement peut négocier.
Il est clair qu'il nous faut faire en sorte que le taux de
dépenses des conventions collectives puisse être réduit de
1 %, si on veut satisfaire les engagements que nous avons pris, à
l'intérieur du budget, et c'est strictement de bonne foi qu'on propose
actuellement cette loi 102, pour bien baliser dans quel cadre, actuellement, le
gouvernement peut agir dans les négociations. Ne pas le faire serait
induire en erreur les gens aux tables de négociation, leur laisser
croire qu'on peut obtenir beaucoup plus qu'ils pourraient obtenir, leur laisser
négocier, à ce moment-là, des choses que nous ne pouvons
pas donner. Actuellement, la loi va préciser, M. le Président,
réellement le champ de négociation, et c'est, de la part du
gouvernement, un geste de bonne foi et un geste d'approche honnête aux
négociations, M. le Président.
C'est dans ce cadre-là, M. le Président, que je pense,
premièrement, qu'il est nécessaire de passer cette motion de
suspension des règles pour pouvoir passer, le plus rapidement possible
et, certainement avant l'ajournement d'été, la loi 102.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Verdun.
Alors, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Est-ce qu'en vertu de 213... Une voix: Bien
sûr.
M. Chevrette: ...le député me permettrait de lui
poser une question?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vous acceptez de
répondre à une question, M. le député...
M. Gautrin: Bien sûr, et avec plaisir.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Courte question, courte
réponse.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Est-ce que le
député de...
M. Gautrin: Verdun. Oui. M. Chevrette: Pardon? M.
Gautrin: Verdun.
M. Chevrette: M. le Président, est-ce que le
député de Verdun...
M. Garon: La bataille de Verdun.
M. Chevrette: Je m'excuse. Il peut s'asseoir. Je vais prendre le
temps de poser ma question.
Des voix: ...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! S'il vous plaît! Allez-y, allez-y.
M. Chevrette: Je voudrais lui demander, M. le Président,
si, selon lui, la bonne foi serait plus évidente s'il n'y avait pas
d'épée de Damoclès au-dessus de la tête?
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Verdun.
M. Gautrin: M. le Président, je répète,
à l'heure actuelle, que la bonne foi, de la part du gouvernement, dans
la négociation, c'est de dire exactement ce que nous pouvons donner, les
limites hors desquelles nous ne pouvons pas aller sur le plan
budgétaire. Et c'est exactement un geste de bonne foi de la part de ce
gouvernement de proposer la loi 102.
M. Garon: Selon 213, M. le Président, j'aimerais poser une
question également au député de Verdun.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que vous acceptez
de répondre à une autre question?
M. Gautrin: M. le Président, c'est avec le plus grand des
plaisirs et le plus vif des agréments.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci. Allez-y, M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, est-ce que le
député de Verdun ne pense pas qu'il serait
préférable de siéger pendant le mois de juillet et le mois
d'août plutôt que de faire un bâillon?
M. Gautrin: M. le Président, je pense que les
bâillons ne sont jamais souhaitables. Par contre, la manière dont
s'est faite l'étude, pendant la période en commission
plénière, nous amène à penser que, sans
bâillon, il y aurait difficulté de passer cette loi 102. Et je
regrette que nous soyons obligés de passer un tel bâillon.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Verdun.
Alors, je vais maintenant céder la parole à M. le
député de Labelle. Il reste à votre formation, M. le
député de Labelle, 31 minutes. Allez-y.
M. Jacques Léonard M. Léonard: Merci, M. le
Président. Je viens d'entendre le député de Verdun nous
faire part de ses élucubrations quant à la loi 102. Je pense
qu'il a plaidé la bonne foi, mais, s'il est de bonne foi, il a l'esprit
confus.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Léonard: Parce que, au fond, il plaide l'urgence quant
à la situation financière, mais nous avons bien l'impression
qu'il n'a pas compris ce dont il s'agissait ici, de quelle motion l'on
débattait. Parce que l'on débat d'une motion de suspension des
règles, et c'est là-dessus qu'on invoque l'urgence et pas du tout
sur la question de l'urgence des finances de l'État.
M. le Président, parlons-en de cette question d'urgence. Le
gouvernement, en la personne du ministre responsable de l'Administration
publique, président du Conseil du trésor, a déposé
ses crédits le 24 mars dernier en annonçant qu'il
déposerait un projet de loi ? je pense qu'il en a parlé
aussi la veille, le 23 mars ? et puis il s'est affairé à
l'écrire, si je comprends bien, mais il a déposé son
projet de loi le 13 mai. Nous n'en avons pas entendu parler en Chambre jusqu'au
9 juin, où nous avons, à ce moment-là, commencé
l'étude en deuxième lecture, l'étude du principe. Cette
étude de principe, ce discours de deuxième lecture a duré
2 jours: le 9 et le 10 juin. De nouveau, M. le Président, après,
le jeudi, nous avons commencé l'étude article par article, une
journée de temps, jeudi dernier, le 10 juin, et, depuis jeudi dernier,
il ne s'est rien passé. Vendredi, on n'a convoqué ni la
commission plénière de l'Assemblée nationale ni aucune
commission parlementaire. Ni vendredi, ni lundi, ni mardi, ni aujourd'hui,
jusqu'à cet après-midi où, là, on a
décidé non pas d'imposer un bâillon mais de suspendre les
règles de l'Assemblée nationale. (20 h 40)
M. le Président, plus que cela, je voudrais simplement rappeler
à l'attention de ceux qui m'écoutent que les conventions
collectives dont il s'agit ne sont pas encore expirées. Elles viennent
à échéance, pour la plupart, le 30 juin, et pour beaucoup
d'autres, plus tard, en particulier dans le monde municipal où il y a
toutes espèces d'échéances d'ici à 3 ans. Et l'on
plaide urgence! M. le Président, on plaide urgence!
Plus que ça, le premier ministre, hier, dans une rencontre avec
les représentants du front commun a dit qu'il donnait jusqu'au 15
septembre pour s'entendre dans les négociations, et qu'il n'appliquerait
pas la loi avant le 15 septembre. La notion d'urgence qui a été
évoquée pour amener cette motion de suspension des règles
ne tient pas. En réalité, le mot «urgence» est
interprété, ou il faut l'interpréter, comme étant
le désir du gouvernement de procéder maintenant. Le mot
«urgence» n'a plus aucun sens dans le règlement. Au fond, on
devrait le remplacer par: «à la demande du gouvernement, les
règles sont suspendues». Or, ce n'est pas ça que l'on fait.
Ce serait gênant parce que, au fond, on revient à l'esprit de nos
institutions. Il y a le
pouvoir exécutif, représenté par le gouvernement,
et il y a l'Assemblée nationale composée des
députés. L'Assemblée nationale est un pouvoir et le
pouvoir suprême dans une société démocratique,
au-dessus de l'exécutif qui, lui, applique les lois, exécute les
mandats de l'Assemblée nationale...
Une voix: C'est vrai.
M. Léonard: ...alors que l'Assemblée nationale
légifère par les députés élus
démocratiquement dans les 125 circonscriptions du Québec.
Or, qu'est-ce que fait le gouvernement par la motion qu'il propose? Il
suspend les règles et, en quelque sorte, dans une négociation qui
fait à peine commencer ? j'y reviendrai ? il utilise
l'Assemblée nationale. Il la soumet, en quelque sorte, il la domestique,
il l'asservit pour remplir des mandats d'exécutif, pour faire son
travail.
Je pense que, finalement, ce qu'il faut retenir, c'est que
l'Assemblée nationale se met aux caprices de l'exécutif. Il faut
dire que c'est aux caprices de l'exécutif. C'est inouï de voir que,
dans une situation où il n'y a pas urgence ? il n'y a pas urgence
? alors que, sur le plan des finances publiques, s'il y a urgence,
ça a déjà été démontré durant
la commission sur les finances publiques, au mois de février, il n'y a
rien de nouveau là-dedans. Mais cela peut simplement vouloir dire qu'il
n'a pas réussi à convaincre la population de l'urgence, et qu'il
procède de façon dictatoriale, à ce moment-ci. S'il n'a
pas réussi, donc, à convaincre la population, finalement, il se
retourne et demande à l'Assemblée nationale d'utiliser son
pouvoir de législation pour exécuter des mandats qu'il a par
l'Assemblée nationale.
En d'autres termes, c'est un déséquilibre fondamental dans
nos institutions politiques, et je pense qu'il ne faut pas continuer dans ce
sens. Je rappellerai que c'est une tendance fâcheuse que le gouvernement
a prise. L'an dernier, alors que par une motion de suspension des règles
de 2 heures, il a adopté 28 projets de loi d'un coup sec, il a fait la
même chose à Noël, et il le refait maintenant.
M. le Président, plus que cela. Il y a au règlement la
possibilité d'imposer un bâillon sur un projet de loi, où
là, il doit invoquer des motifs d'urgence et de sécurité
publique. Il doit prouver urgence et sécurité publique. Pourquoi
ne l'a-t-il pas fait? Il est incapable, comme gouvernement, à ce
moment-ci, de plaider l'urgence. Elle n'existe pas et il l'utilise dans la
motion de suspension des règles parce qu'il n'a pas à la prouver.
Mais dans une motion de bâillon, il devrait la prouver. Dans une motion
de bâillon, il pourrait aussi invoquer la sécurité
publique. La sécurité publique n'est pas menacée à
ce stade-ci. À ma connaissance, il n'y a pas de grève. S'il y a
eu quelques manifestations aujourd'hui, c'est justement à cause de
l'abus de pouvoir qu'il commet à ce moment-ci, et qui est
dénoncé par ceux qui sont visés par le projet de loi. Je
pense, M. le Président, que, dans ce contexte, le gouvernement ne
pouvant plaider ni la sécurité publique ni l'urgence, a
décidé de procéder par la suspension des règles,
chose qui se passe dans les républiques de bananes, faut-il le dire!
Nous en sommes rendus là, M. le Président. Nous en sommes rendus
là.
J'entendais, tout à l'heure le député de Verdun
dire qu'en commission plénière le débat avait duré
beaucoup. D'abord, c'était 1 journée, et il y a des remarques
préliminaires, il y a des motions dont on n'a pas abusé. Nous en
étions rendus à l'article 4 au bout d'une seule journée de
commission plénière. Et le gouvernement, s'il voulait limiter les
droits de parole, avait aussi le choix d'aller en commission parlementaire, ce
qu'il n'a pas fait; en commission parlementaire ordinaire, ce qu'il n'a pas
fait. En venant ici, en commission plénière, il donnait le droit
à tous ses députés de parler et à tous nos
députés de parler. C'est lui qui a choisi cette voie. Mais il
pouvait encore revenir en arrière le lendemain et nous amener en
commission parlementaire, ce qu'il n'a pas fait.
Je dois dire aussi que, ce que j'en pense, c'est que, finalement, le
président du Conseil du trésor, en mal de course à la
chefferie, pensait utiliser l'Assemblée nationale, en pleine
télévision, pour essayer d'éteindre les ardeurs. Oui. Mais
lorsque nous avons commencé l'étude article par article, on s'est
très bien aperçu ? puis on pourrait revoir les cassettes de
l'enregistrement de nos débats ? que le président du Conseil
du trésor n'avait pas réponse à toutes les questions de
l'Opposition, en particulier sur l'article 4 que nous avons
étudié, où, finalement, il est devenu clair qu'il n'avait
pas pensé à la réponse aux questions que nous lui posions.
Lorsque nous lui avons prouvé que la loi ne s'appliquait pas en
même temps pour tous mais qu'elle s'appliquait de façon
différente dans le temps et dans l'espace, ce qui amenait des
implications très différentes pour chacun des assujettis à
la loi, M. le Président, le président du Conseil du
trésor, à partir de là, n'est pas revenu ici. Il aurait eu
l'occasion, tout le long de la semaine, vendredi, lundi, mardi, de revenir ici
ou en commission parlementaire. Et il invoque une déclaration du
député d'Ungava ? qui, d'ailleurs, l'a faite dans un
contexte très précis ? il l'invoque et, là-dessus,
nous avons raison de douter de sa bonne foi, surtout de la façon dont il
l'a ramenée ici.
M. le Président, je voudrais dire une chose, en terminant. Le
président du Conseil du trésor agit en paresseux. Il n'a pas
livré sa marchandise lors du dépôt des crédits. Il
ne s'en est pris qu'aux employés de l'État, qu'à la
fonction publique, point, à la ligne, et il n'a pas recentré
l'action de l'État, rééquilibré,
réorganisé l'État. Loin de là. Et là il a
raté son mandat. Alors, en paresseux, il se dit que dans une
journée, dans une motion de suspension des règles, il va
régler son problème. C'est ça, être paresseux. C'est
de procéder par abus de pouvoir, en utilisant, en asservissant le
pouvoir législatif de l'Assemblée nationale pour se donner une
force de négociation par rapport à des syndiqués qui,
justement, voulaient négocier.
Parce que, faut-il le rappeler, à ce stade-ci, M. le
Président, la Fédération des infirmières et
infirmiers du Québec a accepté le principe d'un gel salarial de 2
ans. On n'est pas loin, et les négociations commencent. Le front commun
a accepté le principe d'un gel de 1 an et a accepté d'examiner
des façons de faire pour sauver des coûts. La FAS, la
Fédération dont la position est la plus dure, entre guillements,
à ce stade-ci, demande simplement l'indexation; elle ne demande pas un
partage de l'augmentation de la productivité au Québec; à
l'heure actuelle, elle ne demande que l'indexation. Et nous savons que ceux de
la FAS sont les syndiqués les moins bien payés, ceux qui ont 25
000 $ et moins à l'heure actuelle. Ce sont eux, à l'heure
actuelle, que l'on touche le plus durement. M. le Président, les
syndiqués, à l'heure actuelle, étaient prêts
à négocier, avaient commencé la négociation et ils
ont déclaré qu'ils voulaient négocier. À tel point
que le premier ministre leur a dit qu'il était d'accord pour
négocier avec eux encore jusqu'au 15 septembre. Et qu'est-ce que nous
faisons? Nous passons une motion de suspension des règles pour donner
tout pouvoir au président du Conseil du trésor. (20 h 50)
Je pense que ce que l'on remet en cause, ici, sur le fond de la
question, finalement, c'est le droit à la négociation, c'est le
Code du travail, en particulier, en ce qui concerne tous les employés
municipaux, c'est l'autonomie de gestion d'un bon nombre d'unités de
notre réseau des affaires sociales, de notre réseau de la
santé, de l'éducation et surtout, surtout, l'autonomie de gestion
des municipalités. M. le Président, il n'y a pas d'urgence, c'est
un faux-fuyant invoqué par le gouvernement. C'est un asservissement de
l'Assemblée nationale que l'on fait à l'heure actuelle pour les
caprices du gouvernement et la paresse du président du Conseil du
trésor.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Drummond, je vous cède la parole. En votre
qualité de député indépendant, vous avez droit
à une intervention de 10 minutes.
M. Jean-Guy St-Roch
M. St-Roch: Oui. Merci, M. le Président. M. le
Président, nous en sommes maintenant à la deuxième
étape de cette motion de suspension des règles. J'ai eu
l'occasion, sur la recevabilité, de vous exprimer mon point de vue sur
l'usurpation que l'exécutif fait aujourd'hui du législatif. Mais
un député doit prendre la première occasion pour corriger
ses propos ou ce qu'on a dit de lui.
M. le Président, le président du Conseil du trésor,
dans la seule réplique qu'il a osé faire à l'argumentation
que j'avais déposée, a dit, cet après-midi, que le
député de Drummond avait toujours fait avec empressement et avec
jouissance l'application et le vote sur le bâillon. Je lui demanderais de
regarder 1992, il va s'apercevoir que, lorsque le député de
Drummond a voté sur des mesures de suspension ou de bâillon,
c'était, à son sens, lorsqu'il y avait réellement urgence,
dont, entre autres, lorsqu'il y a eu, à un moment donné, une
grève dans le transport public.
Mais, M. le Président, nous en sommes, aujourd'hui, comme j'ai
mentionné aussi brièvement cet après-midi, à une
procédure, une terminaison qui nous amène à la loi 102.
Mais ça a débuté par une consultation publique, M. le
Président, et je vous rappelle qu'à ce moment-là, en toute
transparence, encore, on m'a refusé le droit de parole à la
commission, ce qui est un précédent, parce que dans nos
traditions parlementaires, règle générale, lorsqu'un
député demande à participer à une commission
parlementaire, qui était l'urgence d'assainir les finances publiques...
Je pense qu'il était normal que je représente mes citoyens. Mais
j'ai compris, un peu plus tard, M. le Président, le 21 avril 1993,
lorsqu'on m'a fait parvenir un document sous la signature du président
du Conseil du trésor, qui était une synthèse ? du
jamais vu ? une synthèse des travaux qui s'étaient
passés à la commission parlementaire.
En conclusion, M. le Président, on comprendra pourquoi on est ici
à suspendre les règles, ce soir. Parce que dans la conclusion,
voyez-vous, on donne, règle générale, les objectifs qu'on
voulait obtenir, puis on les met par ordre d'importance. Ça se veut dans
la logique des choses. Alors, le président du Conseil du trésor,
usurpant encore les pouvoirs de la commission parlementaire, nous disait ceci:
En lançant une consultation générale sur les finances
publiques, le gouvernement avait essentiellement pour objectif de sensibiliser
la population à la situation des finances publiques, de faire
connaître les orientations budgétaires qu'il privilégie et
de recueillir des commentaires à l'égard de ces orientations.
M. le Président, ça a découlé à un
projet de loi 102 qu'on a là. Mais lorsque je regarde la synthèse
qui a été produite dans ce document-là, des
recommandations, on nous dit, en exemple: La typologie et nombre de
recommandations, la catégorie de recommandations relatives au revenu et
à la fiscalité, 19 recommandations sur 151, diminuer le
déficit; 22, réduire ou ne pas augmenter le fardeau fiscal; 21,
réviser la fiscalité et la réglementation pour permettre
une plus forte croissance économique; 21, améliorer la perception
des revenus et éliminer l'évasion fiscale, travail au noir, taxe
sur le tabac, par exemple, etc. Alors, on est rendus, aujourd'hui, M. le
Président... Moi, lorsque je regarde la situation économique du
Québec, oui, c'est vrai qu'on est dans une situation qui est alarmante.
Oui, c'est vrai qu'on a un déficit. Oui, c'est vrai qu'il faut donner
des coups de barre.
Mais, M. le Président, j'aimerais vous soumettre avec
humilité, que... Ayant fait aussi dans ma vie privée, et ayant eu
la chance de participer à beaucoup de négociations de conventions
collectives, à voir utiliser le procédé que je vois ce
soir, ça aurait été le plus beau moyen de me conduire, en
Ferrari, à 300 km à l'heure, dans des sérieuses de
difficultés, pour ne pas dire une
grève, M. le Président. Les méthodes
employées me rappellent le jeune administrateur des années 1960,
M. le Président, ce que je remarquais, moi, de l'attitude. Le patron
arrivait, il déposait sur la table, et il disait: Voici le cadre des
négociations. Voici où je veux aller. Si vous acceptez, c'est
très bien. On va négocier les modalités, les
cosmétiques de la négociation, mais pas plus.
M. le Président, une vraie consultation se serait dû,
dès le départ, au mois de janvier, de dire: On va faire des
états généraux au Québec. On va s'asseoir avec nos
partenaires, qui sont le monde municipal, qui sont le monde de tous nos
employés de la fonction publique et parapublique, M. le
Président, et on va dresser un bilan économique du Québec.
On va dresser un bilan de nos difficultés. On va dresser un bilan des
situations et des problématiques, telles que nous aurons à les
vivre devant la mondialisation et devant les différents traités
de libre-échange et de l'ALENA.
Ça, c'est la première chose qu'on aurait dû faire,
M. le Président, une conscientisation mutuelle, chacun de nous, en tant
que citoyens et citoyennes, quelles que soient nos tâches dans la
société québécoise, et aller chercher ce consensus
social. Après ça, M. le Président, on aurait pu
dégager, ensemble, nous, les Québécois, dans un forum,
dans un sommet, dans une commission parlementaire élargie ? je ne
m'enfargerai pas dans les mots... aller chercher un grand consensus, et dire:
Voici, pour les 5 prochaines années, ce à quoi, nous, on se doit
de se limiter. Mais, M. le Président, pas simplement dans la fonction
publique! Ne pas demander seulement à nos 400 000 travailleuses et
travailleurs de tous les secteurs, de se serrer la ceinture et de dire: Bien,
on va laisser libre cours à la négociation dans le secteur
privé. Il aurait fallu que ce soit un consensus social important, majeur
au Québec, qui aurait regroupé autant le côté
privé que le côté public. On n'aurait pas retrouvé
ça, M. le Président.
Dans cette réflexion, M. le Président, je me serais
attendu qu'on voit notre rôle, ici, en tant que législateurs, de
voir le poids de nos législations. Comment est-ce que ceci accroît
la lourdeur de la bureaucratie! Comment est-ce que ceci accroît la
lourdeur du fardeau fiscal, et les financements qui se transféreront
à nos citoyens et nos citoyennes!
J'ai eu la chance, M. le Président, à moult reprises, de
vous donner le nombre de législations auquel on est rendus. Je n'ai vu
personne regarder, à l'heure actuelle, M. le Président, dans tout
ce dédale-là, les effets des formulaires. J'ai eu l'occasion de
dire qu'au ministère du Revenu, seulement, on est rendus à 4504
formulaires auxquels on a à faire face, nous les citoyens et les
citoyennes. On peut en présumer, de la lourdeur, M. le Président.
On n'a pas mis en pratique ce que prône, avec justesse, le ministre de
l'Industrie et du Commerce, la qualité totale. De regarder, dans une
gestion intégrée, toutes les problématiques, toutes les
facettes, pour être capables, en tant que citoyens, en tant que groupes,
en tant que composantes de la collectivité québécoise de
faire notre effort, M. le Président.
Alors, on se retrouve, ce soir, encore là. On peut dire, dans
notre jargon, si on veut être pointus, M. le Président, suspension
des règles! Mais, suspension des règles égale
bâillon. On est, encore ce soir, avec une usurpation du pouvoir
législatif par l'exécutif. C'est à ça qu'on est
rendus, M. le Président.
M. le Président, voulez-vous rappeler au ministre des
Transports... s'il a quelque chose à dire, qu'il demande la parole. Je
vais même lui laisser de mon temps de parole, M. le Président.
Article 32 pour Mme la députée de Mégantic-Compton,
M. le Président. M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant! Un instant!
M. le député de Drummond, il vous reste 4 minutes. Continuez
votre intervention.
M. St-Roch: M. le Président, dans un contexte moderne de
négociation, je me serais attendu, suite aux rencontres d'hier, à
un geste qui se serait voulu, M. le Président, d'ouverture. De dire
qu'on va traiter nos travailleuses et nos travailleurs de l'État en tant
que partenaires de la collectivité québécoise, je me
serais attendu, ce matin, moi, à une déclaration
ministérielle de la personne qui aurait été apte à
le faire, le président du Conseil du trésor ou le premier
ministre, M. le Président, qui aurait dit à cette Chambre, ici:
Voici, j'ai eu une rencontre avec nos partenaires du milieu syndical. Je me
suis engagé à donner un second regard à la
négociation, et j'annonce à cette assemblée que nous
allons suspendre l'étude du projet de loi 102 pour une période de
3 mois, tel que je me suis entendu avec nos partenaires. (21 heures)
Je me serais attendu, aussi, M. le Président, de cette
personne-là, qu'elle nous dise: Mais, n'oubliez pas une chose. En tant
que porte-parole du gouvernement, j'ai toujours un recours d'utiliser le
règlement de l'Assemblée nationale et de rappeler, de reconvoquer
l'Assemblée nationale. Si nous ne pouvons pas en arriver à un
consensus, à une négociation réglée en regard des
grands objectifs qu'on s'est donnés en tant que gouvernement, on
rappellera l'Assemblée nationale et, à ce moment-là, on
ira avec un projet de loi qui sera bien balisé.
Est-ce que ça aurait été un
précédent, M. le Président? On n'aurait pas
créé de précédent, M. le Président. Le 30
août, on m'a rappelé, moi, ici, dans cette Chambre pour regarder
encore, suite à une certaine négociation, un projet de loi
où on a suspendu des règles, où on a balisé une
intervention à ce moment-là. On est arrivés à la
fin et on a agi en tant que parlementaires libres, M. le Président,
voté pour ou voté contre, mais on a donné le point de vue
en tant que représentants de nos citoyens et nos citoyennes.
C'est à ça que je me serais attendu d'un gouvernement qui
est responsable. C'est à ça que je me serais attendu d'un
gouvernement, M. le Président, qui veut développer un consensus
social, au Québec, qui veut
développer l'harmonie et ne pas semer la zizanie comme on voit
partout. On est rendus, M. le Président, que ce soit dans les
régions éloignées et même dans les régions du
coeur du Québec, que, nous, les députés, on est
obligés de retenir nos gens, de dire: Non, il y a encore place à
la négociation. Et vous le verrez bientôt, M. le ministre
délégué aux Transports.
Des voix: Bien, voyons donc!
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, je demanderais
à ceux et celles qui sont au salon bleu de permettre à celui qui
parle, au moment où on se parle, le député de Drummond, de
terminer son intervention. M. le député de Drummond, je vous
invite à vous adresser à la présidence. Ça va
peut-être éviter le brouhaha auquel on fait face, là,
depuis 2, 3 minutes.
M. St-Roch: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Je vous demande de
conclure. Il vous reste 1 minute.
M. St-Roch: M. le Président, dans la bonne conduite de nos
travaux, j'aimerais rappeler l'article 32 du règlement, s'il vous
plaît.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, j'imagine que vous
faites référence au fait qu'il y a certains parlementaires qui ne
sont pas à leur banquette. C'est une règle, c'est une
règle. Alors, M. le député de Drummond, il vous reste 1
minute.
M. St-Roch: Merci, M. le Président. Donc, en conclusion,
M. le Président, avec le peu de temps qu'il me reste, je voterai contre
cette motion de suspension des règles, et j'espère, malgré
les quolibets que j'ai entendus dans cette Assemblée ce soir... J'ai
toujours représenté mes électeurs et mes électrices
avec dignité, avec respect et donné ici, M. le Président,
ce que mes gens attendent réellement d'un député.
J'oserais ce soir lancer un défi au président du Conseil
du trésor, en conclusion, de nous déposer la consultation qui a
été faite dans chacun des ministères pour arriver au
consensus de 1 400 000 000 $, de nous dire qu'à partir du sous-ministre
on est allé jusqu'à la personne de ligne qui donne les services
lui demander son point de vue, lui demander de dire: Qu'est-ce que je peux
faire, moi, en tant que travailleuse et travailleur de l'État, pour
contribuer à assainir les finances publiques? Alors, si ça a
été fait, qu'on nous le dépose. Qu'on nous dépose
cette approche-là, parce que, avec les investigations que j'ai faites,
M. le Président, dans quelque secteur que ce soit, on s'est
aperçu que ça n'avait pas été consulté, que
les 1 400 000 000 $ sont les mêmes qu'on m'a présentés en
1991 venant du secrétariat du Conseil exécutif.
Et, sur ceci, M. le Président, c'est encore un deuil pour la
démocratie; j'oserais vous recommander de mettre les drapeaux en berne
pour qu'on puisse célébrer ça dignement.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député d'Abitibi-Ouest et leader adjoint de l'Opposition
officielle, je vous cède la parole. Je vous rappelle que votre groupe
parlementaire dispose encore de 17 minutes.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Il serait
peut-être bon de rappeler aux membres de cette Assemblée que la
motion qui est devant nous, c'est une motion de suspension des règles,
en vertu de 182 et 183, où manifestement ? on a eu à
l'indiquer et à le prouver ? il y a urgence uniquement dans
l'esprit du président du Conseil du trésor. Parce que, quand on a
la prétention qu'il y a urgence, encore faudrait-il que ça soit
constaté par d'autres intervenants pas mal moins partisans, pas mal
moins aveuglés par toutes sortes de considérations, et on en fera
la démonstration. On n'a pas besoin de moult exemples.
Le premier exemple, M. le Président, qu'on peut prendre: leur
premier ministre lui-même a dit publiquement que cette loi-là
entrerait en vigueur à la fin de septembre. Toute une urgence! Je n'ai
pas vu ça souvent, moi, une urgence... Le feu est dans la cabane, la
sécurité des gens est menacée, la situation est absolument
invraisemblable au niveau de la santé et des services sociaux, des
écoles, là, on pourrait, à certains égards,
prétendre l'urgence. Mais il n'y a absolument rien là. Les
ouvertures se multiplient de jour en jour, du côté des
organisations syndicales, pour s'asseoir à la table de
négociation, justement parce qu'ils comprennent la dure et froide
réalité à laquelle ce gouvernement de comptables nous a
amenés.
Il serait peut-être bon de regarder ce que d'autres ont
exprimé comme point de vue pour en être arrivé là.
Je donne juste un exemple, ici, dans un editorial de M. Bilodeau. Il disait:
«Bien sûr que le gouvernement du Québec a la
prétention d'assainir les finances publiques du Québec,
lesquelles sont affectées à la fois par un endettement trop
élevé ? personne ne met ça en cause ? une dure
récession...» Personne ne met ça en cause. La
récession dure et elle perdure parce qu'il n'y a pas de volonté
politique de corriger quoi que ce soit. Mais il ajoutait également:
«pour des motifs de gaspillage de fonds publics et, également, une
mauvaise administration et gestion des ressources humaines».
Ça ne vous tente pas, là, les répondeurs
automatiques, de regarder ce que le Vérificateur général a
dit, dans une section assez étoffée, sur votre
extraordinaire-ment belle gestion? Il y en a à pleines pages, des
considérations pour arriver à conclure qu'il y a de la mauvaise
gestion administrative. Si le ménage était fait convenablement et
complètement, là, on pourrait peut-être tenter de
comprendre un peu plus la réalité à laquelle le
président du Conseil du trésor essaie de nous amener en pensant
que le gouvernement a fait tous les
efforts. Ce n'est, au moins, pas le point de vue partagé par
d'autres.
Est-ce qu'il s'arrêtait là, M. Bilodeau? Non. Il
continuait: «Cela ne donne pas pour autant pleine
crédibilité à la démarche du président du
Conseil du trésor.» Ce serait peut-être important qu'on
comprenne ce qu'il disait. «Elle en aurait davantage, disait-il, de
crédibilité, s'il nous donnait la preuve que les budgets de
services à la population ont priorité sur ceux de la
bureaucratie, si, pour réaliser des gains de productivité, il
avait quelque chose d'autre de plus sérieux à proposer que
d'imposer 3 journées de congé sans solde à ses
employés, s'il prenait la peine de faire une distinction entre les
diverses catégories de salariés.» Ah bon! Il y en a
d'autres qui pensent que ce n'est pas très courageux, que ce n'est pas
très brillant, puis que ce n'est pas très imaginatif d'arriver:
Nous autres, on est des supergestionnaires parce qu'on tire la ligne à
la même place pour tout le monde sans aucune évaluation des
particularités ou des spécificités de chacun. «Bref,
si le président du Conseil du trésor démontrait à
tous que sa volonté politique est empreinte autant de cohérence
que de justice et que le gel salarial n'est pas simplement le moyen le plus
facile ou le moins courageux de parvenir à ses fins.» D'autres
collègues ont employé d'autres expressions avec raison. Ce n'est
pas courageux, ce n'est pas bien, bien vaillant, ce n'est pas très
imaginatif, et ça a été dit par d'autres.
Un de vos superadmirateurs, qui, constamment, écrit des
éditoriaux presque toujours en votre faveur, l'éditorialiste de
La Presse, Alain Dubuc, disait ceci, lorsque le président du Conseil du
trésor a déposé son budget de dépenses: «Des
choix comptables plutôt que des choix politiques.» Et il ajoutait
ceci: «On découvre que l'offensive du président du Conseil
du trésor est sans aucune imagination, sans aucune vision et, surtout,
sans aucun courage.» Votre admirateur no 1, ça commence à
faire! Ce n'est pas mince comme jugement.
Puis, ces gens-là, aujourd'hui, vont arriver en Chambre, parce
qu'ils se sont traîné les savates, parce qu'ils n'ont pas
assumé leurs responsabilités, parce qu'ils n'ont pas eu le
courage d'amener les travaux là où ils devraient être
amenés, puis, après une dizaine d'heures, le président du
Conseil du trésor, du haut de sa grande sagesse, dit: C'est assez, c'est
fini, les débats. Je n'ai plus de temps à perdre. C'est urgent.
Ça devient prioritaire. Et, moi, tantôt, je l'écoutais
très religieusement. Je suis un négociateur de bonne foi,
disait-il. Tellement de bonne foi qu'il fixe complètement le cadre de
négociation. Il dit d'avance: Je n'ai rien à négocier,
puis venez vous asseoir, on va se parler. Venez vous asseoir, puis on va
essayer de faire des arrangements, on va essayer de discuter de gains de
productivité. (21 h 10)
J'ai eu l'occasion de le dire sur le fond: Un président du
Conseil du trésor, aujourd'hui, ou quelque personne que ce soit qui
prétend qu'on peut objectivement faire des gains de productivité
en éducation, en 1993, elle vit sur une autre planète. Elle ne
sait pas ce que c'est et elle ne connaît pas ce que c'est qu'enseigner en
1993, avec les familles éclatées, la crise des valeurs, 40 % de
monoparentales, 40 % de chômage dans la plupart des régions du
québec. allez-y, dans une classe. allez voir ce que c'est qu'enseigner
en 1993. ce n'est pas parce que sa sainteté le président du
conseil du trésor dirait en chambre: moi, je suis d'une justice
extraordinaire parce que j'applique le même critère pour tout le
monde; vous allez me livrer 1 % de gain de productivité; que ça
s'applique ou pas, ça ne me regarde pas et je ne suis pas
intéressé à voir ça; tout ce que je veux: vous
allez me livrer 1 % de gain de productivité, qu'il va améliorer
ce que j'appelle le climat des relations de travail dans certains secteurs de
travail sans prendre la peine de regarder ce qui se passe. ce n'est pas bien,
bien courageux, et ça a été mentionné par
d'autres.
Le président du Conseil du trésor nous provoque
aujourd'hui, M. le Président, en suspendant toutes les règles du
parlementarisme, en disant: Dorénavant, il faut fermer toute discussion
là-dessus. Laissez-moi ça entre les mains, et je donne 3 mois aux
centrales syndicales pour en arriver à une conclusion. Si vraiment il
était sérieux et que ça l'intéressait, les gains de
productivité, il n'aurait pas été un présentateur
ou un défenseur de cette motion de suspension des règles, alors
que, comme je l'ai dit, il n'y a pas péril en la demeure. Il n'y a pas
de manifestation à ce point dangereuse qui mette la vie, la santé
et la sécurité des intervenants en cause. Et, au contraire, ces
gens-là, comme je l'ai dit tantôt, ont multiplié les appels
à une saine négociation, parce qu'ils sont conscients de la
réalité. Mais ils sont tannés, en même temps, en
étoile, d'être constamment les gens qui doivent faire à peu
près à eux seuls les frais de votre mauvaise gestion et de votre
mauvaise administration.
Mon collègue, le leader de l'Opposition, avait l'occasion de
l'exprimer tantôt: ça fait une dizaine d'années qu'on
demande des efforts à ces gens-là. Ça fait 10 ans que ces
gens-là font des efforts, des sacrifices. On ne peut pas, M. le
Président, d'une façon automatique, facile, sans courage, sans
aucune imagination, dire: II y a une règle qui s'applique quand nos
finances sont mal en point, c'est la règle universelle du gel des
salaires systématique, sans nuances. Surtout quand on a l'insouciance et
l'inconvenance d'y aller avec l'inclusion des employés municipaux, pour
la première fois, sans aucune discussion, en instaurant un régime
de droit nouveau, alors que ces gens-là ont fait combien de beaux
discours sur la responsabilisation des intervenants municipaux. Ça vient
vicier tout le mécanisme de confiance et de relations de travail.
Et il me semble que c'est faire accroire que, dorénavant,
l'État devient FÉtat-employeur pour tout le Québec. Qui
que ce soit au Québec, qui gagne sa croûte quelque part, devient
sous la responsabilité de l'État, dans la logique de ce
gouvernement-là. Les distinctions d'être un employé qui
relève de la municipalité de Rouyn-Noranda, de Val-d'Or ou de
Westmount, ça, on ne s'occupe pas de ça. On dit: Vous allez
passer par la
même filière, même s'il y a des municipalités
qui, étant justement responsables et conscientes des situations
budgétaires difficiles, ont demandé des efforts à
certains. D'autres n'en ont pas demandé. Ça appartient aux
contribuables de l'endroit de sanctionner ces gens-là qui n'ont pas eu
la responsabilité de s'acquitter de leurs responsabilités. Je ne
trouve pas ça très courageux, non plus, de la part des
municipalités de dire: Réglez notre problème; nous autres,
on a échappé le bébé. Ce n'est pas très
courageux. Ce n'est pas parce qu'ils le demandent qu'il faut leur dire oui.
Parce que les lendemains qu'on se prépare vont être beaucoup plus
difficiles, et les problèmes de relations de travail qu'on va
créer auront des lendemains coûteux, M. le Président. Et
c'est notre responsabilité de le faire valoir à ce moment-ci.
Y avait-il urgence? La réponse, c'est non. Y avait-il
nécessité d'une motion de suspension de l'ensemble des
règles qui nous régissent? Bien non, puisque, comme je l'ai
mentionné tantôt, les ouvertures sont là. Et laissons donc
la chance à une véritable négociation. Et la chance
à une véritable négociation, je ne crois pas, surtout
pas... J'entendais ce soir... J'espère que ce n'est pas vrai. On m'a
affirmé ? ils étaient plusieurs pour le faire ? que le
président du Conseil du trésor aurait même dit: Ce qu'on
vous a dit, moi et le premier ministre, quant à l'application en
septembre du projet de loi, c'est loin d'être sûr si vous
n'êtes pas gentils. Si vous n'êtes pas gentils et que vous
continuez à vous exprimer... Oui, aux nouvelles de 18 heures, à
Radio-Canada, on a dit: Si vous n'êtes pas fins, si vous n'êtes pas
gentils, ne vous surprenez pas, la loi va être en vigueur dès son
adoption. Donc, ça veut dire probablement demain matin, contrairement
à une parole donnée au niveau de l'ensemble de la nation
québécoise par le premier ministre du Québec et le
président du Conseil du trésor. Parce qu'il y aurait des gens,
supposément, qui ne seraient pas fins, qui ne seraient pas contents de
passer dans la moulinette sans aucun jugement. Puis ils nous l'ont fait savoir.
Alors, je pense que ces gens-là ont raison. écoutez, quand ils
ont fait savoir, entre autres, ce qu'on a dans les mains, là... on ne
demande pas la lune. dans la santé et services sociaux, si on en vient
aux faits, à un moment donné, 76 % des salariés de la
santé et services sociaux sont des femmes, 50 % des employés
travaillent à temps partiel, 81 % reçoivent une
rémunération annuelle moyenne de 25 000 $. puis je vais entendre
probablement la réplique du député de saguenay. je la
connais d'avance, je connais sa disquette, je connais son disque: vous autres,
en 1982... bien, c'est justement ce que je dis. depuis 1982 qu'on demande des
sacrifices à ces gens-là. ils les ont faits. en 1993, quelqu'un
qui a 25 000 $, pensez-vous que, avec le niveau de vie, avec vos multitudes de
taxes, de droits, puis d'accises, puis 2 500 000 000$ par
année.d'augmentation d'impôts de toutes sortes... 2 500 000 000$
par année d'augmentation d'impôts de toute nature! vous pensez
qu'avec 25 000 $ par année, ces gens-là nagent dans
l'allégresse? voyons donc! il me semble qu'un gouvernement qui aurait un
minimum de considération aurait regardé cette
réalité et aurait convenu qu'appliquer un gel des salaires
uniforme, sans nuances, comme si tout le monde était au même
niveau, c'était irresponsable, pas courageux et pas très
imaginatif. Il me semble que...
Puis, je reviens à leur demande. Leur demande, ce n'était
pas 8 % par année pour les 3 prochaines années, là;
c'était l'IPC. Maintenez notre pouvoir d'achat. On comprend que vous
êtes en difficulté, que vous êtes dans le trouble, que vous
vous êtes mis dans le trouble, que vous ne savez pas gérer,
balanceurs de colonnes! Puis, vous avez vécu 5, 6 ans de
prospérité en plus. Puis, là, on est pires qu'on
était au niveau du déficit. Toutes sortes d'acrobaties pour faire
accroire que le déficit est alentour de 4 500 000 000 $ ou 5000 000 000
$, alors que ça va être plus 6000 000 000 $ ou 7 000 000 000 $. on
le sait. le ministre des finances, pas une année depuis qu'il est
ministre des finances, ne s'est pas trompé de milliards de dollars entre
ses prévisions budgétaires versus la réalité
observée quelques mois plus tard. toujours un écart énorme
entre le beau discours, puis la réalité observable! pensez-vous
que ça va aller mieux, là, avec tous les cris d'alarme dans les
régions, avec à peu près personne qui travaille, avec ce
gouvernement-là qui ne s'occupe à peu près de rien, qui
laisse passer la parade, puis un premier ministre qui, depuis 3 ans, est absent
parce qu'il a confié ça à dieu le père qui est de
tous les dossiers, qui s'occupe à peu près de tout, puis qu'il
n'y a pas de décisions qui se prennent? un gouvernement sans
imagination, sans vision, sans aucun courage de regarder la
réalité pour dire: non, le ménage n'est pas fait dans
notre affaire, puis il y a du ménage à faire avant d'imposer un
gel de salaires sans nuances.
Parce que, comme je l'ai mentionné tantôt, les centrales
syndicales, puis même ceux qui ne sont pas dans les centrales syndicales
sont conscients de la difficulté, puis de la récession, puis ils
étaient prêts à discuter d'efforts importants pour convenir
de vos difficultés. Mais ils auraient aimé ça avoir
l'impression, à tout le moins, que le gouvernement avait la même
sensibilité à la réalité. Puis, la meilleure
façon de le démontrer, ce n'est sûrement pas avec une loi
qui nous bâillonne, avec une loi qui plaide l'urgence alors qu'à
sa face même il n'y a à peu près personne qui croit
à votre urgence, même votre premier ministre. Le premier ministre
n'y croit pas tellement quand il dit: Écoutez, oui, on va passer la loi,
mais il n'est pas question de mettre ça en vigueur pour donner une
chance à la négociation. Ça fait sérieux!
Alors que, vous le savez, vous, M. le Président, il y a un
article du règlement qui dit qu'à n'importe quel temps le premier
ministre aurait pu convoquer la Chambre si, après une réelle
chance aux négociations, il y avait une impasse. Et ça, dans vos
délais ? pas dans mon calendrier à moi, dans vos
délais ? ça vous mène fin août, début
septembre. Il ne doit pas y avoir de drame à ce que vous recommenciez
à travailler après 2
mois de vacances, jamais je ne croirai! On sent que vous ne voulez pas
travailler en juillet, c'est évident. Mais, au milieu d'août,
ça ne devrait pas vous déranger de recommencer. Puis, au
début de septembre, il ne devrait pas y avoir de drame à
travailler. Alors, qu'est-ce qui empêchait que le premier ministre
convoque la Chambre, puis dise: Bien, écoutez, là, on l'a
essayée, la négociation sans épée de
Damoclès, sans cadre de négociation restrictif, puis on n'arrive
pas à conclure, et on a une politique budgétaire de comptables
qui ne nous permet pas de changer quoi que ce soit, aucun iota de ce que nous
prétendons être la chose à faire? (21 h 20)
Bon! Vous êtes gouvernement. À la limite, on peut
comprendre ça que la chose à faire, selon vous, c'est un gel sans
nuances où on met tout le monde dans le même panier, sans aucune
distinction, que ça soit du temps partiel... Écoutez, quand c'est
rendu qu'à des employés, des jeunes étudiants, cet
été, là, une municipalité pourrait dire: Je ne peux
pas te donner une cent d'augmentation. Raison: la «brillantitude»
du président du Conseil du trésor. Gui, c'est vrai. Il a inclus
les commissions de loisirs sous la responsabilité des villes, dans
certaines municipalités, parce qu'il a dit: Ça s'applique aux
employés municipaux. Je connais un certain nombre de villes dont la
charte de leur commission de loisirs relève de la ville, puis les
employés sont payés par la commission des loisirs, mais
supervisée par la ville. Je lui ai posé la question: Est-ce que
ces employés-là vont être assujettis? La réponse,
c'est oui. Et là, il me semble que c'est faire preuve d'une
espèce d'irresponsabilité chronique. Et c'est là qu'on est
rendus, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Veuillez conclure,
monsieur...
M. Gendron: ... ? on n'a plus le droit de s'exprimer, oui,
vous voyez, alors, on va conclure ? dans une motion de bâillon, sous
prétexte qu'il y a urgence, parce que ces messieurs auraient
trouvé la solution immensément courageuse d'appliquer sans
nuances une politique de même nature, alors que ces gens-là,
depuis 10 ans, font des efforts et supportent, presque à eux seuls,
l'incurie de la gestion de ce gouvernement-là.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, cette
dernière intervention met fin à la période de temps
allouée à la formation de l'Opposition officielle.
M. le député de Saguenay, vous terminez la période
de temps mise à la disposition de votre propre formation. Vous avez
droit à 8 minutes.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci beaucoup, M. le Président. M. le
Président, d'entrée de jeu, peut-être que le
député d'Abitibi-Ouest trouvera que c'est un disque usé,
mais il y a certaines choses qu'il faut ramener à l'ordre dans la vie.
Nous avons écouté religieusement tous les discours qui se sont
faits, soit en plénière, soit ce soir, et je vous avoue que j'ai
été un peu surpris, M. le Président, parce que, pour la
mémoire, il faut revenir en arrière un peu. je suis surpris de
voir ces nouveaux anges défenseurs des syndicats, le visage
angélique, qui parlent de courage, d'audace, de compréhension,
eux-mêmes, m. le président, qui, à une certaine
époque, non pas ont suspendu les règles de la chambre, non pas
ont voté des lois iniques qui coupaient de 20 % non seulement les
salariés, mais ceux qui étaient en fonds de pension... et, pour
s'assurer que ces lois-là seraient appliquées, on avait suspendu
les 2 chartes: la charte québécoise des libertés et la
charte canadienne des libertés. ils ont fait ce que pierre elliott
trudeau n'a jamais voulu faire au québec.
Et, aujourd'hui, avec de beaux sourires, de gré au Québec,
ils viennent défendre leurs syndicats. Puis je vais en rappeler
quelques-uns à l'ordre, M. le Président. Le député
de Labelle qui, d'un visage angélique, avait voté à 2
mains, le député d'Abitibi-Ouest, la députée de
Maisonneuve, qui était en voyage, qui avait démissionné en
revenant, le député de Lévis, le député
d'Arthabaska qui, aujourd'hui...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, M. le
député de Saguenay!
M. Maltais: Oui, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Oui, Mme la
députée.
Mme Harel: M. le Président, je voudrais faire une question
de fait personnel. M. le Président, là, j'aimerais...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Non, non, non! Non, non!
Mme la députée de Hochelaga-Maison-neuve, vous pouvez être
en désaccord avec ce que le député de Saguenay peut dire,
mais il ne s'agit pas là, ni d'une question de règlement, ni
d'une question de fait personnel ou de privilège. Allez-y, M. le
député de Saguenay.
M. Gendron: M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le leader adjoint.
M. Gendron: Oui, ma collègue, j'ai entendu ce qu'elle a
invoqué. Elle voulait soulever une question de règlement pour
rectifier un propos erroné qui venait d'être exprimé. Un
fait erroné, le député peut le corriger dès qu'il
entend le fait qui ne correspond pas à la vérité des
faits.
Une voix: Après. Après.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Après Tinter-
vention.
M. Gendron: Une question de fait personnel, ça, c'est
prévu au règlement, et, ma collègue, c'est ce
fait-là qu'elle voulait corriger, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, j'ai
indiqué, et je me répète, que Mme la députée
de Hoche-laga-Maisonneuve peut être en désaccord et peut
même être en mesure de démontrer subséquemment que ce
qu'a dit le député de Saguenay n'est pas exact, mais il ne s'agit
pas là d'un fait qui lui permet d'intervenir comme elle veut le faire au
moment où on se parle. M. le député de Saguenay, continuez
votre intervention.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Je ne savais pas que
la vérité choquait à ce point-là. Le
député de Masson a voté contre, M. le Président. Il
était pour la loi 105, la loi 111, la suspension des chartes des
libertés, puis il ne s'offusque pas de ça. Je ne vois pas
pourquoi, aujourd'hui, tout à coup, vous êtes devenus des
défenseurs... Le député de Lac-Saint-Jean, il a eu honte,
il a voté pour. Il a payé son prix. Je ne vois pas pourquoi,
aujourd'hui, vous vous offusquez de vous faire rappeler la
vérité. La vérité, est-ce que ça choque
à ce point-là? Est-ce que la vérité, c'est
ça? Le député de Labelle fait accroire de dormir, puis il
a raison, M. le Président. Moi, j'aurais honte à sa place, si
j'avais posé un pareil geste. J'aurais honte. Je ne me serais jamais
levé en Chambre pour parler comme il a parlé sur la mesure de
suspension. Le député d'Abitibi-Ouest, il n'a pas de honte. M. le
Président, dans l'Évangile, on appelait ça des pharisiens,
ceux qui se «targuaient» dans les grands manteaux de la justice et
qui poignardaient l'autre. M. le Président, on ne peut pas
tolérer ça. Les mêmes personnes, les mêmes syndicats
qui sont défendus, aujourd'hui, par ces gens-là, ça a
été les premiers à les poignarder. Je les vois sourire,
parce que ça leur rappelle leur tendre enfance.
M. le Président, on a accusé le président du
Conseil du trésor, le gouvernement, de manquer de courage, d'être
usé. Ça peut arriver qu'un gouvernement soit usé,
temporairement.
Une voix: On le sait.
M. Maltais: M. le Président, ce qui est le pire, au
Québec, c'est que l'Opposition est usée à la corde,
usée à la corde. Ça, ce n'est pas acceptable, dans
l'Assemblée nationale. Regardez-moi ces jeunes hommes et ces jeunes
femmes, M. le Président, qui ont 10, 15 ans d'usure et qui, aujourd'hui,
viennent faire les vierges offensées, à l'Assemblée
nationale. M. le Président, moi, ce que je trouve aberrant,
là-dedans, c'est qu'il y a encore des gens qui les croient.
Ce midi, je passais devant le parlement, je voyais des gens qui se
baignaient dans une piscine, des gens qui affichaient CSN autour de la piscine.
Bien, moi, dans mon comté, M. le Président, ma serveuse de res-
taurant, celle qui travaille au restaurant du coin, celle qui livre l'essence,
elles n'avaient pas les moyens d'aller se baigner, aujourd'hui. Celle qui
travaille dans une ZEC, celle qui travaille dans un hôtel, elles
n'avaient pas le moyen d'aller se baigner, aujourd'hui. Elles devaient
travailler pour gagner leur croûte.
Et ces permanents syndicaux viennent faire une démonstration
endossée par l'Opposition, aussi, M. le Président, indigne que
celle qui a été faite cet après-midi, par les mêmes
gens qui les ont coupés de salaire, qui ont suspendu les chartes des
droits et libertés. M. le Président, en voilà 2 autres qui
ont voté pour la suspension des chartes des droits et libertés.
Et ces gens, aujourd'hui, viennent nous faire accroire qu'il y a 2 sortes de
Québécois: ceux qui ont une sécurité d'emploi, qui
ont un salaire raisonnable, et ceux qui doivent gagner leur croûte, qui
n'ont pas le moyen d'aller se baigner devant le parlement, aujourd'hui. M. le
Président, moi, c'est à eux que je pense, aujourd'hui, en
particulier. Tant et aussi longtemps que l'Assemblée nationale aura la
responsabilité des gens qui gagnent 10 000 $, 15 000 $ par année
et 18 000 $, on ne viendra pas nous faire pleurer ici.
M. le Président, j'ai écouté attentivement le
discours du député de Drummond, et tout ce que je pourrais dire,
c'est que, M. le Président, on ne peut pas répondre à une
chose qui n'est même pas une question.
M. le Président, en terminant, la loi 102 est une police
d'assurance. Le président du Conseil du trésor, le premier
ministre l'a dit. Une police d'assurance, on la prend avant que l'incendie ait
passé dans la maison, avant que l'automobile ait eu un accident, et
c'est ce qu'on fait avec la loi 102. Merci.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Saguenay.
Cette dernière intervention met fin au débat sur la motion
de suspension proposée par le leader adjoint du gouvernement. Alors, je
vais mettre maintenant aux voix cette motion.
M. Gendron: Vote nominal, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vote nominal. Qu'on
appelle les députés! (21 h 30 - 21 h 39)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): MM. les
députés, s'il vous plaît! Alors, Mmes et MM. les
députés, s'il vous plaît! S'il vous plaît!
Mise aux voix
Alors, je mets aux voix la motion du leader adjoint du gouvernement
proposant la suspension de certaines règles de procédure, le tout
en vertu des articles 182 et 183 de notre règlement.
Que ceux et celles qui sont en faveur de la motion du leader adjoint du
gouvernement veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire adjoint: M. Paradis (Brome-Missis-quoi), Mme
Bacon (Chomedey), M. Ryan (Argenteuil), M. Dutil (Beauce-Sud), M.
Côté (Rivière-du-Loup), M. Tremblay (Outremont), M. Savoie
(Abitibi-Est), Mme Robic (Bourassa), M. Middlemiss (Pontiac), M. Johnson
(Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte (Maskinon-gé), M. Ciaccia
(Mont-Royal), M. Houde (Berthier), M. Maciocia (Viger), M. Maltais (Saguenay),
M. Kehoe (Chapleau), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La Peltrie), M.
Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata), M. Doyon (Louis-Hébert), Mme
Bégin (Bellechasse), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M.
Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M. Williams (Nelligan), M. Richard
(Nicolet-Yamaska), M. Char-bonneau (Saint-Jean), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet),
M. Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost), M. LeSage (Hull), M.
Gobé (LaFontaine), Mme Hovington (Ma-tane), M. Lafrenière
(Gatineau), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau (Acadie), Mme Boucher
Bacon (Bourget), M. Parent (Sauvé), Mme Bélanger
(Mé-gantic-Compton), M. Camden (Lotbinière), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Loi-selle (Saint-Henri),
M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau).
M. Cameron (Jacques-Cartier). (21 h 40)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, que ceux et celles
qui sont contre cette motion veuillent bien se lever.
Le Secrétaire adjoint: M. Parizeau (L'Assomption), M.
Chevrette (Joliette), Mme Blackburn (Chicou-timi), M. Biais (Masson), Mme
Marois (Taillon), M. Garon (Lévis), Mme Harel (Hochelaga-Maisonneuve),
M. Jolivet (Laviolette), M. Baril (Arthabaska), Mme Ju-neau (Johnson), Mme
Caron (Terrebonne), M. Dufour (Jonquière), M. Lazure (La Prairie), M.
Gendron (Abi-tibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard
(Labelle), Mme Vermette (Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M.
Boulerice (Sainte-Marie?Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), M. Filion
(Montmorency), M. Bois-clair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M.
Trudel (Rouyn-Noranda?Témiscamingue), M. Beaulne (Bertrand), Mme
Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger
(Anjou).
M. St-Roch (Drummond).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Aucune.
Le Secrétaire: pour: 53 contre: 28 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, la motion est
adoptée. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Johnson: Oui, M. le Président, je propose que
l'Assemblée se constitue en commission plénière pour
poursuivre l'étude détaillée du projet de loi 102, Loi
concernant les conditions de travail dans le secteur public et le secteur
municipal.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, cette motion
est-elle adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté.
Alors, à partir de maintenant, l'Assemblée nationale se
transforme en commission plénière. (21 h 49 ? 22 heures)
Commission plénière
M. Lefebvre (président de la commission
plénière): Alors, mesdames et messieurs les
députés, je vous rappelle que nous sommes en commission
plénière pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 102, et je veux vous rappeler que, en
vertu de la motion de suspension des règles qu'on vient tout juste
d'adopter, la durée de l'étude détaillée du projet
de loi 102 en commission plénière est fixée à un
maximum de 1 heure après le début des travaux,
c'est-à-dire à partir de 22 heures, puisqu'il est 22 heures au
moment où on se parle. Et ces dispositions sont en vigueur malgré
l'article 245.
Alors, M. le président du Conseil du trésor, je vais vous
permettre d'intervenir pour ouvrir le débat de cette commission
plénière. Je vous cède la parole.
Étude détaillée Champ d'application (suite) M.
Johnson: L'article 4, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, avant que je ne mette
aux voix l'article 4, est-ce que, M. le député de Labelle, vous
voulez faire des commentaires, ou si j'appelle le vote
immédiatement?
M. Léonard: L'autre jour, lorsque nous avons... Il y a
presque une semaine maintenant, puisque nous n'avons pas siégé
encore, depuis une semaine, sur le projet de loi 102; même si on arrive
aujourd'hui avec l'urgence, le gouvernement ne s'était pas
préoccupé de siéger sur le projet de loi.
Donc, nous revenons à l'article 4, et j'ai posé une
question au ministre quant aux impacts d'une évolution du taux
d'inflation et du rapport qu'il y a avec la loi, l'article 4, où je lui
ai démontré que sa loi ne s'appliquait pas également pour
tous parce qu'elle ne s'appliquait pas en même temps. Et, compte tenu que
le taux de l'inflation variait, cela avait des impacts différents. Le
taux d'inflation varie dans le temps mais varie aussi
selon les régions du Québec, selon les villes, à
tel point que Statistique Canada calcule des taux d'inflation différents
selon les villes.
Alors, le président du Conseil du trésor, qui a paru
surpris par ma question, aurait-il aujourd'hui une réponse?
M. Johnson: Oui...
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, d'abord, M. le Président, j'étais
surpris, parce qu'on décrivait une situation qui est peut-être
plus théorique que pratique. Je comprends que Statistique Canada peut
publier, pour fins de renseignements, l'indice des prix à la
consommation pour chaque grande ville, ou une moyenne du Canada, mais je ne
crois pas que les conventions collectives fassent référence
à l'IPC de leur propre ville. Je serais extrêmement surpris que
ça soit l'IPC de Sherbrooke qui s'applique à Sherbrooke, l'IPC de
Drummondville à Drummondville, l'IPC de Saint-Hyacinthe à
Saint-Hyacinthe, etc. C'est l'IPC du Canada qu'on retrouve, d'une part, dans
les conventions collectives.
D'autre part, c'est une situation, là aussi, qui
présumerait de l'immobilisme et de l'immobilité de la
main-d'oeuvre. Les exemples qu'a donnés le député, sur une
période de gel à très bas taux d'inflation et une
période d'indexation pleine et entière, lorsque l'inflation monte
en flèche par opposition à la situation qu'on pourrait qualifier
d'inverse, où des gens seraient en convention collective, qu'ils
viendraient de négocier à 0 par les temps qui courent et seraient
gelés pour une autre période de 2 ans alors que l'inflation est
de 11 m'apparaît, je le dirais, là, plus théorique que
pratique parce que, surtout, ça ignore la mobilité de la
main-d'oeuvre.
Alors, on peut évoquer toutes sortes de scénarios,
évidemment, mais on ne peut pas prévoir l'imprévisible.
Vous me permettrez de le dire, là. Et c'est à ce titre-là
que le signal, enfin, uniforme que la loi donne, c'est celui d'un maintien des
conditions salariales pour 24 mois à l'expiration des conventions
collectives qui sont soit déjà expirées, soit qui
viendront à expiration parce qu'elles sont en cours lors de l'adoption
de la loi.
M. Léonard: M. le Président, le ministre a-t-il
demandé à son sous-ministre de travailler sur cette question et
de lui faire un portrait un peu plus précis? Parce que, quand il
évoque la mobilité de la main-d'oeuvre, je lui rappellerai qu'au
Québec le taux de chômage est de 13 % et que, ensuite, les taux
d'inflation varient de façon considérable dans le temps et
peuvent varier beaucoup dans les perspectives d'avenir qui nous confrontent.
Est-ce que son sous-ministre, qui juge du rendement des parlementaires,
lui-même s'est préoccupé de s'en occuper, de cette
question? Il sait à quoi je fais référence.
Le Président (M. Lefebvre): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: II n'en reste pas moins qu'on est à la case
départ avec le député de Labelle, avec sa question.
J'essaie encore de voir pourquoi il y a une implication pratique à ce
que le député nous dit. Je ne prétends pas que c'est
inimaginable, ce qu'il nous soumet. Je dis que, dans la réalité,
on ne risque pas de voir de tels comportements. Ou bien un groupe sera en
rattrapage s'il était désavantagé par la mécanique
de la loi, ou alors une municipalité, inversement, trouvera qu'elle
aurait intérêt à resserrer ses critères de
négociation, si quelqu'un, pour des raisons que je ne peux pas
comprendre, a pris une avance considérable pendant qu'ailleurs les gens
seraient gelés. alors, ça fige dans le temps. autrement dit, de
toute évidence, ce que le député fait, il fige sur une
période de 4 ans, un 2 ans gelé et un 2 ans pas gelé,
toutes sortes de scénarios qu'on peut bien imaginer à l'infini.
il y en a autant qu'il y a de monde ici, des scénarios de cette
nature-là. mais il faut reconnaître que la réalité
va se dérouler pour plus que 4 ans et que des gens, s'il y avait une
iniquité qui s'était glissée, pourraient être,
à un moment donné, en régime de rattrapage, parce qu'il
n'en reste pas moins qu'il y a une comparabilité qui s'établit
dans ce marché municipal. la preuve ?je le dis sans facéties
? c'est qu'à peu près tout le monde en moyenne est en haut
du marché de 25 %. bon.
Donc, ils surveillent tout le monde. Les gens se surveillent les uns les
autres pour retenir qui a un secrétaire trésorier, qui a un autre
type d'employé municipal dans sa région. Il faut que la
rémunération s'ajuste dans ce marché-là aussi, au
fil des ans. On ne pourra pas avoir des situations de 11 % et de 15 % de
différenciation en dedans de 24 mois pour les mêmes emplois dans
les mêmes régions. Toutes les régions sont dans la
même région. Tout le monde a un voisin. Alors, le risque de voir
se glisser de telles iniquités, je le répète,
m'apparaît théorique. Je ne dis pas qu'il est inimaginable,
là, je reconnais ça, mais ça m'apparaît
théorique.
M. Léonard: M. le Président, je vois...
Le Président (M. Lefebvre): M. le député de
Labelle.
M. Léonard: ...que le président du Conseil du
trésor n'a pas de réponse à ma question. L'autre jour,
nous avions très bien exposé l'impact de sa mesure, de sa loi,
qui fait qu'elle ne s'applique qu'en des périodes différentes.
Elle peut même s'appliquer jusqu'à presque 3 ans, parce que
souvent on a des conventions collectives de 3 ans. Et en particulier dans le
monde municipal, une convention collective qui vient d'être
signée, par exemple, maintenant, alors que la loi n'est pas
adoptée, s'appliquera seulement dans 3 ans, plus 2, donc, dans 5 ans, et
je pense que le président du Conseil du trésor ne peut absolument
pas nous dire quel sera le taux de l'inflation dans 5 ans et, donc, mon point
est réel, alors
qu'il pouvait procéder à rencontre de cela et faire
appliquer sa loi maintenant.
M. le Président, comme nous n'avons qu'une minute par article,
qu'une minute par article, que le président du Conseil du trésor
n'a pas de réponse, je pense que je vais juste simplement dire que
ça va être adopté sur division. On va voter contre.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Johnson: M. le Président, la théorie du
député de Labelle nous amènerait, pour contrer les
iniquités appréhendées, à rouvrir les conventions
collectives actuelles...
M. Léonard: ...pareil.
M. Johnson: ...ou bien... Absolument. Pas du tout.
M. Léonard: Vous pouvez les rouvrir pareil parce
qu'à la fin vous intervenez.
M. Johnson: mais non, on ne les ouvre pas du tout. c'est à
la fin qu'il se glisse une période de prolongation de 2 ans, aux
mêmes taux et échelles de salaire. bon. mais qu'est-ce qu'on fait
d'une convention qui est en vigueur pour un autre 18 mois à partir
d'aujourd'hui, là, qui est en vigueur, donc, à des taux, par
exemple, de 4 %, cette année, et de 6 %, l'an prochain? on fait quoi,
là, pendant que, dans d'autres municipalités, c'est 0 %, d'autres
étaient à moins 2 %, et que la loi suggère moins 1 %?
alors, on va faire quoi, d'ici 24 mois? on va ouvrir celles qui sont à 5
%, puis on va... ou, alors, on va prévoir que ça devrait
être 4 % pour celles dont on dit qu'elles devraient être 0 %
pendant 18 mois, et, ensuite, ce sera 0 %? là, vraiment, je ne suis pas.
c'est difficile à suivre parce que ça exige, si on veut vraiment
compenser toutes les iniquités appréhendées,
présumées, telles que les décrit le député,
en vertu de son propre raisonnement, ça entraîne la
réouverture de toutes les conventions collectives pour bien uniformiser
tout le monde, pour ne pas qu'il y ait d'iniquités. alors, on se rend
compte que ce n'est précisément pas ça qu'on a
intérêt à faire pour respecter... (22 h 10)
M. Léonard: Ce n'est pas du tout ça, M. le
Président, que je dis. Ce n'est pas du tout ça. C'est que, par
l'effet de sa loi, il crée des iniquités. Je ne parle pas de
celles qui existent, à l'heure actuelle. On le sait qu'en termes
d'équité salariale vous n'êtes pas allé très
loin. Mais ce n'est pas de ça dont il s'agit.
Ce dont il s'agit, c'est que, si la loi s'applique, maintenant, et
qu'elle s'appliquait à tout le monde en même temps, tout le monde
serait touché de façon égale quant aux effets de la loi,
alors que, lorsqu'elle s'appli- que à des dates différentes,
compte tenu que les taux d'inflation sont différents d'une année
à l'autre et même d'une région à l'autre, mais,
disons, d'une année à l'autre, c'est peut-être le point le
plus important, l'effet sera différent.
Alors, M. le Président, je vois que le président, s'il
comprend ce que je dis, essaie de mettre de la confusion, ou bien il ne
comprend pas, tout simplement, la question, et je ne pense pas qu'on puisse
perdre beaucoup de temps, parce qu'on a une minute par article.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: Évidemment, si on avait écouté
l'Opposition, ça aurait pris une journée par article. Alors,
là, c'est un excès contraire, me dira-t-on, mais, à partir
du moment...
M. Léonard: Depuis 5 jours, vous vous êtes
traîné les pieds. Vous vous traînez les pieds depuis jeudi
dernier.
M. Johnson: Mais, M. le Président, j'ai expliqué
les raisons pour lesquelles nous sommes ici...
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: ...dans le cadre de cette motion de suspension des
règles et de commission plénière qui durera 1 heure, tel
qu'on l'a voté, il y a quelques instants. J'ai dit, un peu plus
tôt, qu'il était urgent d'épargner au public de la
télévision et aux parlementaires les discours comme ceux auxquels
on a eu droit, la semaine dernière.
M. Léonard: Wo!
M. Johnson: Alors, il n'y avait pas d'urgence comme telle.
Sur l'article 4, oui, sur l'article 4, le député dit, et
c'est sa logique à lui, là, dans laquelle il veut nous
entraîner, qui est inacceptable...
Le député dit: La loi devrait, en même temps, tout
de suite s'appliquer à tout le monde également pour ne pas
créer les iniquités que son adoption, dans les circonstances
actuelles et de la façon que c'est libellé, créerait.
C'est justement ça qui est faux. C'est cet
énoncé-là qui est faux, de vouloir nécessairement
? c'est la contrepartie, on n'a pas le choix, on n'en sort pas ?
rouvrir et égaliser l'ensemble des conventions collectives alors
qu'elles n'ont pas les mêmes paramètres, alors qu'il y a encore
des municipalités qui paient selon leurs besoins, alors qu'il y en a qui
sont peut-être en rattrapage et vont le demeurer, alors que ce n'est
pas
la même périodicité; premièrement, les dates
d'expiration ne sont pas les mêmes. Le député voudrait
prendre cet univers éminemment diversifié et
l'homogénéiser. Il dit: À défaut de faire
ça, c'est de l'iniquité. Bien, ce n'est pas le cas, M. le
Président.
M. Léonard: Ce n'est pas ce que je dis, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): Je vais vous donner la
parole, M. le député. Avez-vous terminé?
M. Johnson: Bien, j'ai terminé...
Le Président (M. Bissonnet): Non, mais écoutez, si
vous n'avez pas terminé, je vous écoute, là, moi.
M. Johnson: Ce n'est pas le cas, M. le Président. Enfin,
évidemment, on ne terminera jamais si le député revient
avec le même argument.
Le Président (M. Bissonnet): Non, mais vous avez la
parole. Est-ce que vous avez terminé?
M. Johnson: Non, je comprends. Alors, on va lui laisser...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
nous sommes sur l'article 4, tel qu'amendé. La parole est à
vous.
M. Léonard: Je pensais revenir pour la dernière
fois tout à l'heure, mais c'est parce que, quand il l'explique, quand il
s'exprime comme il vient de le faire, il démontre ou bien qu'il n'a pas
compris ou il fait exprès pour «contusionner» la question
que je lui pose.
Je lui dis que la loi, si elle s'appliquait, par exemple, pour tout le
monde le 1er juillet 1993 jusqu'au 30 juin 1995, aurait exactement le
même effet pour tout le monde. Je ne demande pas de rouvrir les
conventions collectives. Ce n'est pas ça que je lui dis. J'ai dit: On
reporte simplement de 2 ans. Les 2 ans, on les prend maintenant en même
temps pour tout le monde plutôt que de les prendre à la fin de la
convention de chacun. Ou là, si on procède comme il le propose,
les effets sont différents. Je suis sûr... Peut-être que le
président du Conseil du trésor ne comprend pas la question ou ne
visualise pas, mais, mon argumentation, elle est mur à mur
complètement.
Alors, M. le Président, 1 minute... Ça fait
déjà quelques minutes... On n'aura pas le temps de lire tous les
articles, on a à peu près 1 minute par article pour aller
à la fin.
Le Président (M. Bissonnet): Sur le même article, M.
le ministre.
M. Johnson: M. le Président, c'est devenu un défi
intellectuel pour moi que de comprendre...
M. Léonard: Pour vous.
M. Johnson: ...ce que le député dit. Je n'ai
aucun... Alors, je ne prétends pas que lui ne comprend pas ce que je
dis, moi, j'essaie de comprendre ce qu'il dit. Je le cite et, ensuite, on
circulera un peu partout la transcription de nos débats pour voir que le
député dit: II faudrait, pour que ce soit juste, que la loi
s'applique également à tout le monde du 1er juillet 1993 au 30
juin 1995.
M. Léonard: En même temps.
M. Johnson: J'ai compris. En même temps. Or, les
conventions collectives de l'univers que veut recouvrir la loi et
présumément auxquelles réfère le
député n'ont pas comme date d'expiration de toutes les
conventions collectives de tout l'univers couvert le 30 juin,
c'est-à-dire dans 15 jours. La seule façon dont
l'énoncé du député peut être vrai, c'est si
toutes les conventions collectives de toutes les municipalités du
Québec se terminaient le 30 juin, dans 15 jours. Et c'est la seule
condition à laquelle il y aurait maintien des conditions salariales de
tout le monde pendant 2 ans.
Alors, évidemment, à partir du moment où certaines
conventions collectives peuvent venir à expiration en juillet, en
septembre, en décembre cette année, en mars 1994, il n'y a pas
d'autre façon, je dirais, d'édicter les conditions qui
s'appliquent légitimement et équitable-ment à tout le
monde de façon raisonnable que de dire: C'est à compter de
l'expiration de ces conventions-là que prendra effet un gel de 2 ans. Le
député nous dit: Non, non, il faut que ça s'applique
à partir du 1er juillet pour être juste. Donc, il veut, de toute
évidence, rouvrir les conventions collectives et en changer les dates
d'expiration ou en reporter la date d'expiration de 2 ans,
indépendamment du début de la convention collective qu'il vise
ainsi. Alors, là, il faudrait presque rétroactivement, je dirais,
déterminer, artificiellement, que la date de départ des
conventions collectives ainsi touchées devient la même pour tout
le monde et que les ajustements salariaux, à ce moment-là,
auraient dû être les mêmes pour tout le monde. On ne fait que
maintenir les situations relatives de cette façon-là. Le
député essaie, à mon sens, par un artifice
d'argumentation, de vouloir atteindre une équité impossible
à atteindre, sauf en rouvrant les conventions collectives, ce qui n'est
pas possible, ce qui est exclu.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques sur l'article 4 tel qu'amendé?
Est-ce que l'article 4, tel qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Ah! non. Moi, je vote contre. Mais on peut
voter nominalement?
Le Président (M. Bissonnet): II faudrait que vous soyez 5
députés. Vous êtes 4.
Une voix: Non, ce n'est pas les règles. M.
Léonard: On n'a pas le droit. Ah bon!
Le Président (M. Bissonnet): Non, non, je n'ai pas dit que
vous n'aviez pas le droit. Vous n'êtes pas 5 députés, donc
il ne peut pas y avoir de vote nominal.
Alors, l'article 4 tel qu'amendé est adopté sur division,
si je comprends bien.
M. Léonard: Oui, sur division.
Une voix: La suspension des règles inclut qu'il n'y a pas
de vote nominal.
Organismes publics Prolongation des conventions
collectives
Le Président (M. Bissonnet): Alors, nous en sommes
à l'article 5.
M. Johnson: ...amendement à l'article 5, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): À l'article 5,
voulez-vous déposer votre amendement, monsieur...
M. Johnson: Que je lis ainsi... (Consultation)
Le Président (M. Bissonnet): Nous avons une liasse
d'amendements. M. le ministre l'a déposée ici.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Léonard: Étant donné...
M. Johnson: L'article 5, M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): Un instant.
M. Johnson: Ah! Pardon.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député
de...
M. Léonard: Est-ce que je peux prendre une demi-minute
pour obtenir une copie des amendements pour tous les députés
présents en cette Chambre?
Le Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Johnson: Ceux qui en font la demande, oui.
Le Président (M. Bissonnet): Non, la présidence...
Si vous voulez remettre une copie des amende- ments aux députés
qui sont présents... Si une demande est faite, je crois que...
M. Léonard: Merci, M. le Président. M. Johnson:
Mais qui en font la demande. Le Président (M. Bissonnet):
Non, non. C'est... Une voix: Quelle
générosité!
M. Johnson: Un député ne peut pas dire: Non, merci,
moi, je n'en veux pas?
Le Président (M. Bissonnet): Non, écoutez. Une
voix: On est ici. On les veut.
Le Président (M. Bissonnet): II y a des amendements qui
sont déposés et, en tant que président, je pense que les
députés devraient avoir copie de ces amendements, ceux qui sont
ici.
M. Johnson: O.K.
Le Président (M. Bissonnet): On va faire faire des copies,
puis on va... Non, non, je ne suspendrai pas. On va faire des copies. Nous
sommes sur l'article 5. Il est évident que si vous me demandez que des
copies soient remises aux députés, je me dois d'exercer... Non,
je ne suspendrai pas. Je pense qu'il est normal que les députés
dans cette Chambre aient des copies des amendements. Ça, c'est
très bien.
M. Léonard: Bien, autrement, comment peut-on en
discuter?
Le Président (M. Bissonnet): Non, ça va.
Ça va.
M. Johnson: ...M. le Président.
M. Léonard: Mais, M. le Président, je vois... Moi,
je viens de recevoir la liasse, je suis le seul à l'avoir de mon
côté, mais je vois qu'il y a un amendement à l'article 4
que nous venons d'adopter.
M. Johnson: Oui, oui. C'est celui qu'on a adopté, oui.
Le Président (M. Bissonnet): II avait été
adopté, M. le député.
M. Léonard: II avait été adopté,
celui-là? M. Johnson: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Là, nous sommes sur
l'article 5...
M. Léonard: O.K.
Le Président (M. Bissonnet): Un instant. On va lire
l'amendement à l'article 5, mais on n'est pas encore aux autres
amendements et, durant ce temps, on va faire des copies pour remettre à
tout le monde, donc il n'y aura pas de problème. Un instant.
Alors, à l'article 5, il y a un amendement qui est proposé
par M. le président du Conseil du trésor: 1° remplacer, dans
la troisième ligne du premier alinéa, les mots «de la
présente loi» par les mots «du présent
article»; 2° supprimer le deuxième alinéa.
Nous sommes sur cet article présentement.
M. Trudel: Question de privilège.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, sur l'amendement
à l'article 5.
M. Trudel: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Rouyn-Noranda?Témiscamingue.
M. Trudel: Est-ce que je peux avoir le texte de l'amendement
à l'article 5...
Le Président (M. Bissonnet): Oui, on va vous le donner
tout de suite.
M. Trudel: ...pour pouvoir en discuter? (22 h 20)
Le Président (M. Bissonnet): Je vous le transmets, M. le
député.
M. Trudel: Merci, M. le Président. Merci.
M. Léonard: M. le Président, on n'a plus le texte
de l'amendement. Est-ce qu'on peut procéder?
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
on est en train de mettre tout le personnel au service des membres de cette
assemblée.
Alors, nous en sommes sur l'amendement à l'article 5.
M. Johnson: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, s'il vous plaît.
M. Johnson: Qui, comme peut le voir le député de
Labelle, qui consulte activement les amendements qu'on lui a remis, c'en est un
de concordance avec l'article 51 qui prévoit qu'il y aura mise en
vigueur, à la date ou aux dates que le gouvernement pourrait
décider selon théoriquement ou possiblement les articles. Donc,
c'est l'entrée en vigueur de l'article auquel on doit
référer dans Particle 5 plutôt que l'entrée en
vigueur de la loi, étant donné que certains articles de la loi
pourraient être mis en vigueur à une date autre que
l'entrée en vigueur de la présente loi.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, sur l'amendement
à l'article 5, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Bien, M. le Président, on reporte la
date d'expiration d'une convention collective. En réalité, on
intervient à l'intérieur de la convention collective parce que
ça, ça fait partie d'une convention collective, la date
d'expiration. Et donc, il joue à l'intérieur du contrat liant les
parties.
M. Johnson: C'est à l'extérieur, c'est à la
suite.
M. Léonard: Donc, toute l'argumentation qu'il m'a servie
tout à l'heure en ce qui concerne l'article 4 est fausse parce qu'ici
lui-même intervient dedans. Ça, c'est ma première remarque,
M. le Président.
M. Johnson: Pas du tout, pas du tout.
M. Léonard: La deuxième aussi. Il y a des
explications qui accompagnent l'article 5 où l'on dit ceci: Les
conventions collectives sont reportées de 2 ans, sauf celles qui avaient
été prolongées lors de l'entente intervenue en 1992 pour
une période de 2 ans, comme celle liant le gouvernement et la Centrale
de l'enseignement du Québec.
Alors, on voit qu'on est reporté au moins de 2 ans, et même
de plus. Mais surtout, le point que je voulais faire ressortir, c'est que le
président du Conseil du trésor, qui a participé à
la commission sur les finances publiques et qui s'est pété les
bretelles, tapé la bedaine en disant qu'il recentrait l'action de
l'État et qu'il réorganisait l'État, vient de dire qu'il
prolonge les conventions collectives.
Comment peut-il prétendre renégocier l'organisation de
l'État, l'organisation du travail alors qu'il prolonge les conventions
collectives en l'état, à l'heure actuelle, où elles sont?
Je pense que son raisonnement est faussé à la base. En
réalité, s'il impose, s'il doit imposer par la loi 102 le
prolongement des conventions collectives, il s'enlève tout moyen de
réorganiser le travail et de renégocier les conditions de travail
et les modalités du travail, l'organisation du travail avec les
syndiqués. Donc, pour un gel salarial, il vient de laisser tomber tout
le volet réorganisation du travail du gouvernement. C'est fondamental.
C'est un discours qui se fait des 2 côtés de la bouche en
même temps.
M. Johnson: Pas du tout. M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor. Est-ce que...
M. Johnson: Est-ce que... Oui, M. le Président, je vais
continuer dans ma réplique, oui.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, je vous cède la parole.
M. Johnson: On nage en plein surréalisme dans
l'argumentation du député de Labelle. On n'intervient pas dans
une convention collective en cours en en prolongeant la durée. C'est
vraiment facétieux d'aller dire qu'étant donné que la
durée est fixée quelque part dans un article de la convention
collective on se trouve à intervenir dans la convention collective en
prolongeant la durée. Voyons! On prolonge la durée, on ne modifie
pas la convention collective. Je pense qu'il y a une distinction absolument
essentielle qu'il faut avoir à l'esprit, puis c'est celle-là. Et,
évidemment, le député a oublié complètement
cette distinction. Alors, là, c'est son argument à rencontre du
mien qui n'est plus bon. Mais c'est des choses qui arrivent. C'est des choses
qui arrivent, il ne faut pas s'en faire, M. le député de Labelle,
c'est des choses qui arrivent. Ha, ha, ha!
Deuxièmement, quant à la négociation, là
aussi, il n'y a aucune espèce de contradiction. On prolonge les
conventions collectives; ça, c'est la loi 102. Mais, en parallèle
et constamment, nous disons à nos partenaires syndicaux qu'on devrait se
pencher sur les règles d'organisation du travail. Donc, en aucun temps,
la loi 102, son adoption ou sa mise en vigueur, n'exclut, entre des parties qui
consentent librement de le faire, de revoir les dispositions de la convention
collective. Il est évident qu'on ne pourra pas parler de règles
d'organisation du travail, on ne pourra pas parler de modifications aux
conditions de travail sans toucher au petit livre, sans toucher au petit livre,
la convention collective, c'est évident. Mais, pour des fins, que j'ai
déjà décrites, de sécurité financière
obligatoire dont le premier ministre et moi avons entretenu nos
vis-à-vis syndicaux hier, nous devons avoir cette loi, nous devons
l'adopter.
Il faudrait, là, techniquement, la sanctionner ces jours-ci, mais
les dispositions de mise en vigueur font en sorte que le gouvernement peut,
évidemment, mettre en vigueur la loi ou certains de ses articles
à une date ultérieure. Nous avons ? et j'en profite, c'est
probablement la première occasion que j'ai, vraiment, de le faire ?
indiqué hier que le gouvernement était disposé à
retarder au 15 septembre la mise en vigueur de cette loi, afin de nous garantir
une période de 90 jours pendant laquelle nous pourrions continuer
à négocier. Alors, l'un n'exclut pas l'autre, M. le
Président, ça ne l'a jamais exclu, depuis le début.
Alors...
Alors que je m'émerveille devant les talents de dialecticien du
député de Labelle, je déplore que ses talents servent au
sophisme et à la facétie.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnette): Oui, M. le
député de Labelle, je vous écoute attentivement.
M. Léonard: Quand j'écoute... J'ai
écouté attentivement le président du Conseil du
trésor, tout à l'heure, venir nous dire sérieusement
? pour un avocat, c'est fort, il faut le faire ? que la date
d'expiration n'était pas partie d'un contrat. Voyons donc!
M. Johnson: ...vrai...
M. Léonard: La date...
Le Président (M. Bissonnet): Monsieur...
M. Léonard: ...d'expiration...
Le Président (M. Bissonnet):...vous n'avez pas la
parole.
M. Léonard: ...fait partie d'un contrat, n'importe lequel.
Prenez-le, c'est l'a b c du Code civil que la date de fin d'un contrat fait
partie du contrat lui-même.
Alors, M. le Président, c'est lui, c'est lui qui fait des
sophismes; c'est lui qui commet des sophismes, à l'heure actuelle, des
facéties, comme il le dit. Facéties. Alors, ça,
là... Il intervient à l'intérieur du contrat; les parties
n'ont pas choisi, n'ont pas négocié de prolonger le contrat, mais
il l'oblige, par le pouvoir législatif de l'Assemblée nationale.
Et là, on revient, finalement, au débat de fond qu'il y a ici,
qu'on lui a dit: II devrait négocier, commencer par négocier,
avant de s'amener devant l'Assemblée nationale, puis imposer les
conditions.
Alors, M. le Président, je reviens aussi sur le deuxième
point que j'ai soulevé: il prolonge les conventions collectives par
l'Assemblée nationale; il force l'application de la même
convention 2 ans de plus. Alors, comment peut-il, après, venir dire
qu'il veut réorganiser le travail, renégocier le travail, alors
qu'il impose le prolongement, la prolongation de la convention collective de 2
ans? D'abord, il vient de bloquer toute négociation possible: si l'autre
partie n'est pas d'accord, comment va-t-elle accepter de négocier
à l'intérieur, par la suite? Donc, on revient à la
nécessité de négocier. Et, lorsqu'il l'impose par la loi
102, il se prive de toute possibilité de réorganiser le travail;
c'est ça qu'on dit. Je veux dire, M. le Président, c'est
clair.
M. Johnson: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor, sur l'amendement à l'article 5, je vous
écoute.
M. Johnson: Oui. Je dirais au député de Labelle
qu'il se méfie de l'avocat qui lui a soufflé quelque conseil que
ce soit, comme ceux qu'il...
M. Léonard: Oui, il y en a un.
M. Johnson: Ah, il n'y en a pas, d'avocat, ici?
Bon. Alors...
M. Léonard: Oui, il y en a un, derrière nous.
M. Johnson: ...le député d'Anjou doit être
enchanté d'apprendre ça...
M. Léonard: Oui, oui.
M. Johnson: ...de votre bouche.
M. Léonard: Non, non, ça va.
M. Bélanger (Anjou): Je suis encore inscrit à
l'Ordre.
M. Johnson: Bon.
M. Léonard: Derrière... Mais il ne m'a rien
soufflé, je peux vous dire.
M. Johnson: II ne vous a rien soufflé? Bon. Heureusement,
c'est donc un gage de compétence du député d'Anjou...
M. Bélanger (Anjou): Je n'ai rien soufflé. (22 h
30)
M. Johnson: ...parce que celui qui vous l'a soufflé s'est
trompé: D'aucune façon la prolongation de la durée d'une
convention collective n'est-elle, que ça soit par les dispositions du
Code du travail qui prévoient que, tant qu'il n'y a pas de nouvelle
convention collective, celle qui est en vigueur et prend fin perdure, d'aucune
façon est-ce que la loi 102 n'intervient dans la convention collective
qu'elle prétend toucher, la ou les conventions collectives qu'elle
prétend toucher. C'est à la fin de la convention collective que
la durée est prolongée pour une durée de 2 ans. Alors,
c'est assez simple. C'est une règle fondamentale, là, qui
m'apparaît importante à rappeler, parce que le
député a voulu faire ses choux gras avec tout ça. Erreur!
Erreur! Mais, encore là, c'est un point de détail, parce que,
dans le fond, ce que le député a dit, c'est: Comment pouvez-vous
amener quelque chose comme ça et dire que vous négociez? Bien,
c'est ça que je fais depuis le 23 mars. C'est ça que je fais
depuis le 23 mars.
Je veux simplement rappeler que, depuis le 23 mars, nous sommes partis
d'une situation où nous avions mis de l'avant notre proposition, qu'on a
eu droit à des fins de non-recevoir successives et, tout d'un coup,
à des rencontres successives, et, finalement, on reconnaît que le
dernier geste est une reconnaissance qu'il n'y aurait pas d'augmentation de
salaires, de la part syndicale là, pas d'augmentation des taux et
échelles de salaires jusqu'au 30 juin 1994; c'est donc un gel d'un an,
les dernières propositions syndicales.
Deuxièmement, qu'il y aurait intérêt à
chercher à identifier 1 % d'économie. Alors, c'est un geste dont
on a reconnu l'importance, M. le Président, mais qui man- que un peu de
garantie et d'assurance, évidemment, au point de vue financier pour le
gouvernement. Et, enfin, on cherche, évidemment, l'engagement, ou
l'ouverture à tout le moins, là, que, pour la deuxième
année également, on doit parler de taux et échelles de
salaires qui sont maintenus, sauf, si on trouvait plus que 1 %
d'économie la première année, bien là, on pourrait
parler de distribution, évidemment, de ce surplus.
Ce qui est important dans tout ça, à savoir, ce qui est
incontournable, c'est que la position gouvernementale n'aurait aucune
espèce de crédibilité dans les circonstances
financières qu'on connaît, même sans loi, là, parce
que, le 23 mars, il n'y avait pas de loi, ça a été un
exposé qu'on a fait. De laisser croire aux syndicats qu'ils peuvent nous
présenter des demandes ? il y a seulement la
Fédération des affaires sociales qui a monté une immense
structure pour nous présenter des demandes, des demandes salariales, des
demandes normatives, enfin, un tas de choses ? c'est non. C'est non en
partant.
Alors, moi, je veux bien qu'on dise: Négociez. Je veux juste
qu'on sache que, si la proposition syndicale, si la demande syndicale, c'est
autre chose que le gel des taux et échelles de salaires pour 2 ans et
une diminution de 1 % cette année, et récurrent pour les
années suivantes, on va dire non. Alors, on pourrait donner l'illusion
aux gens qu'on libère, etc., et dont on paie les salaires, qu'ils
peuvent nous demander toutes sortes de choses, puis qu'on va s'asseoir et qu'on
va dire non, non, non, constamment, ou alors on va reconnaître la
réalité. On va reconnaître la réalité, on va
l'inscrire dans nos statuts, on va l'inscrire dans les équilibres
budgétaires, et là, on va dire: Bon, bien, la
réalité étant celle-là pour tout le monde,
négocions des véritables économies qu'on peut recycler au
bénéfice de l'amélioration et des conditions de travail,
et du service à nos concitoyens, et pouvant dégager des
économies additionnelles à des programmes pour lesquels un
gouvernement est élu; qu'il s'agisse du soutien aux familles, qu'il
s'agisse du développement régional, qu'il s'agisse de quoi que ce
soit. Le prochain montant de 100 000 000 $ qu'on trouve, une fois qu'on a
trouvé 1 %, qu'est-ce qu'on fait avec? Bien, on le partage, on le
partage selon une négociation à intervenir. On le partage, M. le
Président, et c'est ça le noeud et la matière de la
négociation depuis le début. Je ne ferai pas croire à qui
que ce soit que nous pouvons augmenter les taux et échelles de salaires
cette année.
Le Président (M. Bissonnet): Merci, M. le président
du Conseil du trésor.
Je rappelle aux membres de cette Assemblée que nous sommes
toujours à l'amendement à l'article S, et je vous cède la
parole, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Oui. M. le Président, je
remarque que, depuis que le temps est limité, le président du
Conseil du trésor, tout à coup, s'est mis à parler. Il
souffre de diarrhée verbale assez, évidemment... C'est
évident.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle, le président du Conseil du trésor, comme proposeur de ce
projet de loi, a droit à une période de 5 minutes après
chaque intervention.
M. Léonard: Oui. O.K. Bon. On ne passera pas très
vite, là...
Le Président (M. Bissonnet): À ce que je sache,
cette règle est encore en vigueur. Monsieur, vous avez la parole.
M. Léonard: ...parce que, nous venons de nous en rendre
compte, on vient de finir de les compter, il y a 34 amendements, M. le
Président, qui viennent de nous parvenir. Alors, les parlementaires
viennent d'avoir ça, il y a à peine même pas 5 minutes,
puis on doit finir l'étude de la loi à 23 heures, dans 25
minutes.
Alors, c'est ça, là, la suspension des règles, dans
une démocratie. Moi, j'appelle ça une république de
bananes.
M. Johnson: Ha,ha, ha!
M. Léonard: Un Parlement fantoche.
M. Johnson: Ah! franchement.
M. Léonard: Un Parlement fantoche. C'est ça qu'on
est en train de faire.
Qu'est-ce que cela veut dire que, dans l'amendement, vous utilisiez
«le présent article» plutôt que «la
présente loi»? Est-ce que chacun des articles va entrer en vigueur
à des dates différentes?
M. Johnson: Oui. Comme je l'indiquais tout à l'heure, M.
le Président, c'est un amendement de concordance avec celui qu'on a
distribué tout à l'heure, où l'article 51 prévoira
que: «Les dispositions de la présente loi entreront en vigueur
à la date ou aux dates fixées par le gouvernement, à
l'exception de l'article 42 qui entre en vigueur le (indiquer ici la date de la
sanction de la présente loi). Les dates d'entrée en vigueur des
dispositions des articles 17 à 22, 25 et 50 ne peuvent être
antérieures au 1er octobre 1993.»
M. Léonard: L'amendement, là, de l'article 5?
Le Président (M. Bissonnet): Nous en sommes à
l'amendement de l'article 5.
M. Léonard: II y a trop d'amendements, vous êtes
mêlé dans vos amendements?
M. Johnson: Non, pas du tout, absolument pas. M. le
Président, personne n'est mêlé, sauf le
député de Labelle. Je viens de dire que c'est un amendement en
concordance avec l'article 51 tel qu'amendé, ou éventuellement
amendé. C'est tout. Il n'y a rien de mêlé là-
dedans.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
remarques sur l'amendement à l'article 5?
M. Léonard: Un instant, on va aller voir l'article 51.
Amendé, amendé, il y a un amendement là aussi.
(Consultation)
M. Léonard: Remplacer l'article au complet. Ah bien!
Ça va bien.
M. Johnson: ...des explications, M. le Président?
Le Président (M. Bissonnet): Oui, M. le président
du Conseil du trésor, oui.
M. Johnson: L'article 51, tel qu'amendé, dont le
député prend connaissance, prévoit non pas une date
d'entrée en vigueur de la loi, mais de différents articles de la
loi. On ne peut donc pas référer, à l'article 5, à
la date d'entrée en vigueur de la présente loi, il n'y a pas de
telle chose comme telle, parce que ce sont des dates d'entrée en vigueur
des articles qui sont prévus dans 51.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, nous sommes à
l'article 5, mais il y a un amendement qui a été
déposé à l'article 51. Donc... M. le député
de Rouyn-Noranda?Témiscamingue.
M. Trudel: Quelle est la raison fondamentale pour laquelle on a
changé l'économie générale, de faire en sorte que
l'on va faire entrer en vigueur les articles...
M. Léonard: Différents articles à
différentes dates.
M. Trudel: ...différents articles à
différentes dates, par rapport au fait de faire entrer tout le projet de
loi en vigueur au même moment, puisque les mesures
d'équité, qui nous ont longuement expliquées, de faire en
sorte qu'on applique à tout ce monde-là les mêmes effets en
même temps?
Le Président (M. Bissonnet): Alors, M. le président
du Conseil du trésor.
M. Johnson: C'est depuis hier, alors que le premier ministre et
moi-même avons rencontré les instances syndicales, où nous
avons convenu qu'il y aurait une date de mise en vigueur éventuelle. On
a parlé du 15 septembre. Absolument, et on sait, par ailleurs, que
certains articles réfèrent à d'autres dates que le 15
septembre. Par exemple, l'entrée en vigueur de la capacité du
gouvernement de décréter des jours de congé sans solde est
fixée au 1er octobre, dans la loi. Ça, c'est un engagement,
ça aussi. Alors, déjà, on a 2 dates qui se
promènent, alors il n'y a pas de telle chose qu'une date
d'entrée en vigueur de la présente loi. Parce qu'il y a des
articles qui seront en vigueur le 15 septembre, là, disons, compte tenu
de l'engagement qu'on a formulé, et d'autres, c'est le 1er octobre.
M. Léonard: Alors, là, c'est...
M. Johnson: II y a d'ailleurs un amendement... Il y a l'article
42 aussi qui pourrait être en vigueur immédiatement.
M. Léonard: Oui, oui, ça va bien.
M. Johnson: À force de parler, à force de
négocier, il faut ajuster le projet de loi. On a
négocié.
M. Léonard: La loi s'applique à des dates
différentes, selon les différentes conventions collectives; en
plus, à l'intérieur de la loi, il y aura des dates
différentes, selon les articles.
M. Johnson: Oui, c'est ça.
Le Président (M. Bissonnet): Estce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement à l'article 5? M. le député
de Rouyn-Noranda_Témiscamingue.
M. Trudel: Le président du Conseil du trésor dit:
On ajuste les différents articles du projet de loi, suivant...
M. Léonard: Un gel ajusté.
M. Trudel: Un gel ajusté suivant l'évolution des
négociations. Elles ne sont pas terminées, les
négociations.
M. Johnson: ...
M. Trudel: Alors, pourquoi l'urgence de voter ce projet de loi
aujourd'hui ici, si vous n'en avez pas besoin?
M. Johnson: Oui, mais écoutez, si le député
a manqué nos débats de cet après-midi, on peut les
recommencer, mais j'ai expliqué, selon le point de vue gouvernemental,
pourquoi il était important d'adopter ce projet de loi, compte tenu des
équilibres financiers. Il y a quelque chose qui s'appelle la
réalité financière et, selon nous, on doit obtenir
l'assurance et la garantie que nous pouvons réaliser les objectifs
financiers que nous nous sommes fixés qui correspondent à la
capacité de payer de nos concitoyens. Et ça, ça ne change
pas de jour en jour ou d'heure en heure là. (22 h 40)
M. Léonard: Mais on ne demande pas au député
de Vaudreuil, président du Conseil du trésor, de recommencer son
argumentation. Il serait obligé de se confes- ser une fois de plus.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'amendement à l'article 5? Est-ce que l'amendement
à l'article...
M. Léonard: À une minute par article, on ne va pas
vite là.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
est-ce que l'amendement à l'article 5 est adopté?
M. Léonard: Avec 34 amendements en plus... Sur division,
sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Sur division. Est-ce
que...
M. Léonard: Sur l'amendement, oui, sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
remarques sur l'article 5 tel qu'amendé?
M. Léonard: On a combien de temps, là? Il reste
combien de temps par article? 20 minutes? Il en reste encore...
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
il reste exactement...
M. Léonard: ...45 articles?
Le Président (m. bissonnet): ...19 minutes et 15 secondes.
c'est très précis. est-ce qu'il y a d'autres remarques? est-ce
que l'article 5 tel qu'amendé est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
M. Léonard: Sur division sur le cinquième...
Le Président (M. Bissonnet): À l'article 6, il est
proposé un amendement.
M. le président du Conseil du trésor, si vous voulez faire
votre amendement.
M. Johnson: M. le Président, c'est le même genre
d'amendement que nous venons de considérer à l'article 5. Il
s'agit ici, je cite: De remplacer, dans la quatrième ligne du premier
alinéa, les mots «de la présente loi» par les mots
«du présent article».
Le Président (M. Bissonnet): Alors, je suis prêt
à entendre les députés sur l'amendement à l'article
6 et l'article 6 comme tel.
M. Léonard: M. le Président, je pense que je vais
vous demander de le lire, juste cet article-là.
Le Président (M. Bissonnet): Vous voulez que je lise
l'article 6?
M. Léonard: S'il vous plaît.
Le Président (M. Bissonnet): Je vais vous lire
ça.
À l'article 6: «Est également reportée de
deux ans la date d'expiration d'une convention collective ayant lié un
organisme public et une association de salariés, expirée avant le
(indiquer ici la date de l'entrée en vigueur de la présente loi)
et dont le renouvellement ou le remplacement n'a pas encore été
conclu à cette date. «S'il s'agit d'une convention collective
visée par la Loi sur le plafonnement provisoire de la
rémunération dans le secteur public ou la Loi concernant la
prolongation des conventions collectives et la rémunération dans
le secteur public dont la date d'expiration n'a pas été
reportée par entente conformément à l'une ou l'autre de
ces lois, le report de la date d'expiration ainsi que le plafonnement de la
rémunération prévus par l'une ou l'autre de ces lois ou
les deux, selon le cas, s'appliquent à cette convention à compter
de sa date d'expiration originaire et les dispositions de la présente
section s'appliquent à compter de la date d'expiration ainsi
reportée.»
Il est proposé un amendement par M. le président du
Conseil du trésor: De remplacer, dans la quatrième ligne du
premier alinéa, les mots «de la présente loi» par les
mots «du présent article».
Je vous écoute, M. le député.
M. Léonard: M. le Président, je vous remercie
d'avoir fait cette lecture. Mais vous comprenez que, lorsqu'on étudie un
projet de loi qui compte 51 articles, auxquels on vient d'ajouter 34
amendements, bien faire le travail, ce n'est pas aussi facile qu'on le dit. Et
quand le président du Conseil du trésor se plaint que parfois
l'Opposition prend un peu de temps, alors que lui-même il en ajoute, du
temps, de par ses expressions, vous comprendrez que ce n'est pas... Il faut y
mettre du temps.
Juste à la lecture, on voit très bien que c'est complexe.
Simplement cet article, il y a 2 paragraphes, 2 petits paragraphes dans cet
article. Et pourtant, on nous demande d'adopter les 51 articles moins les 4 que
nous avions étudiés auparavant, dans une heure, plus les 34
amendements. C'est ça qu'on nous demande de faire. Ce n'est pas du
travail sérieux. Non.
Et ça veut dire que l'Assemblée nationale n'a plus aucun
contrôle parlementaire sur les lois qu'elle vote. Donc, on nous demande
de voter les yeux fermés. Et tous les encensoirs mécaniques qu'il
peut y avoir en cette salle ici, dans cette Assemblée nationale, vont
applaudir des choses qu'ils n'ont même pas lues, qu'ils ne comprennent
pas. C'est impossible de lire. Et puis, on verra des députés
faire des grands discours sur l'im-putabilité, d'abord des
députés, puis ensuite des ministres, puis ensuite des hauts
fonctionnaires, alors qu'ils vont applaudir mécaniquement ce projet de
loi.
J'imagine que tout à l'heure, lorsque le président du
Conseil du trésor va se lever pour voter son projet de loi, il va
être applaudi par ces encensoirs mécaniques.
M. le Président, c'est une folie furieuse. C'est pour ça
que je vous ai fait lire cet article-là. Vous l'avez lu d'ailleurs
très dignement. Je vous félicite. Très dignement. Mais je
pense que, juste à la lecture, c'est difficile de se faire une
idée de ce que cela signifie. C'est là où on en est. C'est
pour ça qu'on vote contre, sur division. On ne sait pas sur quoi on
vote, finalement.
Alors, le président du Conseil du trésor peut-il donner
une explication sur son article 6?
Le Président (M. Bissonnet): M. le président du
Conseil du trésor.
M. Johnson: M. le Président, vous noterez, d'abord, que le
député de Labelle a annoncé qu'il voterait contre avant
qu'on ne lui explique ce sur quoi il votait. On trouvait ça assez
extraordinaire.
M. Léonard: Peut-être que vous nous amènerez
à voter pour. On verra.
Le Président (M. Bissonnet): La parole est au
président du Conseil du trésor que je reconnais. M. le
député, si vous voulez intervenir, je vous écoute.
M. Johnson: Merci, M. le Président.
M. Léonard: Faites ça vite, là!
Le Président (M. Bissonnet): II a 5 minutes.
M. Johnson: Ce qui est en cause ici, c'est l'arrimage ? si
je peux utiliser l'expression ? c'est-à-dire l'entrée en
vigueur et l'application de la prolongation de 2 ans aux mêmes taux et
échelles de salaires de cette loi à des conventions collectives
qui ont déjà été touchées par les lois de
1991 et 1992 qui prévoyaient? on s'en souvient dans un cas ?
le gel de 6 mois et, donc, la prolongation de la convention collective de la
même période et, éventuellement, le report également
de 9 mois du versement de certaines des augmentations de salaire.
Donc, on a eu 2 lois, autrement dit, depuis 2 ans, qui touchaient les
conventions collectives. J'ai décrit, cet après-midi, la
succession des événements depuis 1991. Ça, ça nous
assure que tous les effets prévus dans ces lois-là, le gel de 6
mois, la prolongation, etc., sont en vigueur et effectués avant que ne
s'applique la prolongation de 2 ans, parce que ce n'est pas dans l'ensemble,
dans notre univers du secteur public que toutes les conventions collectives ne
sont pas précisément, je
dirais, de même date d'expiration.
De mémoire, à la Société des alcools, dans
les universités ? les deux ex-universitaires qu'on a devant nous
pourraient en convenir ? les dates d'expiration ne sont pas
nécessairement le 31 décembre ou le 30 juin comme c'est
maintenant. Ça varie. Ça varie d'un établissement à
l'autre souvent, et il faut donc laisser ces lois auxquelles on
réfère dans l'article 6 le temps ? si je peux me permettre
l'expression ? de s'appliquer avant de prolonger de 2 ans les taux et
échelles et les conventions collectives, donc, qui étaient
visés par les lois précédentes et par celle-ci.
M. Léonard: M. le Président, si je comprends bien,
là, il s'agit d'une convention collective qu'on prolonge de 2 ans, mais
il s'agit de convention collective visée par la Loi sur le plafonnement
provisoire, donc, déjà d'un gel où la loi concernant la
prolongation des conventions collectives qui avaient été
gelées. Donc, on parle de surgeler. Nous sommes dans le monde du
surgelé. C'est ça qu'on fait depuis 4 ans. Je pense qu'on se rend
compte de ce que l'on fait, à l'heure actuelle.
M. Johnson: Oui, on a... Oh non...
M. Léonard: La loi de 1991 et la loi de 1992 qui a
impliqué des prolongations sont reportées, sont encore
reportées de 2 ans, 2 ans de plus. Alors, on gèle, on
surgèle. C'est ça qu'on fait.
M. Johnson: M. le Président, je vais tout de suite
corriger. Malheureusement, le député de Labelle s'exprime...
M. Léonard: M. le Président, avant, si vous...
M. Johnson: ...comme certains de nos interlocuteurs. Il oublie
les augmentations de salaires de 10 % qui ont été versées
depuis le 1er janvier 1991. Ce n'est pas un gel. C'est des prolongations qui
sont en cause et...
M. Léonard: ...
M. Johnson: absolument, 5 % plus 3 %, plus 1 %, plus 1 %. 5 % sur
échelles, 3 %...
M. Léonard: ...
M. Johnson: absolument. 30 % en juin 1992, 1 % en avril 1993 et 1
% de forfaits de juin 1991 à juin 1992. ça fait 10 %. mais ce
sont les dates d'expiration qui ont été reportées. elles
le sont à nouveau, et c'est la première fois maintenant que nous
prévoyons un gel des taux et échelles de salaires, à part
le gel de 6 mois et le report qui s'ensuivait en 1991.
Alors, il ne faut pas dire que tout le monde est gelé depuis 4
ans. C'est carrément faux. C'est carrément faux.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle, vous avez la parole.
M. Léonard: M. le Président, je viens d'entendre le
président du Conseil du trésor nous affirmer qu'il y avait eu 10
% d'augmentation. Je voudrais bien entendre le point de vue des
syndiqués là-dessus. Je comprends qu'il ait refusé de les
entendre lorsque nous avons fait des motions à cet effet pour dire qu'il
faudrait entendre l'autre partie syndicale. Alors, M. le Président, je
pense que, là-dessus, ça ne colle pas. Je comprends qu'il fasse
des discours pour la galerie, mais, à mon sens, les galeries sont vides,
étant donné qu'on a expédié des syndiqués
qui étaient dans les galeries cet après-midi. Alors... (22 h
50)
M. Johnson: Pourquoi? Il faudrait dire pourquoi?
M. Léonard: ...je comprends qu'elles sont vides
maintenant.
M. Johnson: II faudrait peut-être dire pourquoi, M. le
député. Il faudrait peut-être dire pourquoi.
M. Léonard: Oui.
Une voix: Parce qu'ils avaient des sentiments.
M. Johnson: Ces gens-là se sont comportés comme des
malotrus.
M. Léonard: Parce qu'ils ont ri... Des malotrus! Non,
là, vraiment...
Le Président (M. Bissonnet): Vous avez toujours la
parole...
M. Johnson: Voyons donc!
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle, si vous voulez vous en tenir à l'article 6.
M. Léonard: Ils ont ri aux sophismes que vous
débitiez en cette Assemblée. C'est ça. Ils n'ont pas pu
s'empêcher de rire.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît!
M. Léonard: Mais ceci étant dit, je ne veux pas
mettre en cause la décision de la présidence là-dessus,
absolument pas.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, si vous voulez
poursuivre votre intervention.
M. Léonard: M. le Président, on est en train de
surgeler des conventions collectives, de les prolonger. On prolonge un
plafonnement. C'est bien ça. C'est le titre même de la loi: Loi
sur le plafonnement provisoire.
Là, on rajoute 2 ans au plafonnement provisoire. Je vous dis que
ça fait des grosses augmentations, ça! Il n'y en a pas,
d'augmentation, c'est un gel. M. le Président, je pense qu'il y a des
sophismes dans les raisonnements du président du Conseil du
trésor qui sont évidents. Je comprends qu'il essaie de vendre sa
salade, mais il n'y a personne qui va le croire ici. Puis, quand il donne des
explications comme celles-là et que je l'ai entendu cet
après-midi raisonner, de façon résonante, sur l'urgence
qu'il y avait à adopter une motion de cessation, de suspension des
règles de cette Assemblée, là, vraiment, ce n'est pas
rassurant sur sa capacité de logique, et c'est ça le
problème qu'on a. C'est que maintenant, après avoir
déposé son projet de loi, l'avoir amendé par 34
amendements qu'il vient de nous déposer, en réalité, on
voit très bien que son projet de loi, il n'est pas si définitif
qu'il peut le dire. Qu'il peut le dire! Puis il ne se donnera même pas la
peine de l'étudier article par article. On n'aura pas le temps de le
faire. C'est un projet de loi complexe qui touche toutes les conventions
collectives des 400 000 ou 350 000 syndiqués de la fonction publique et
parapublique. Alors, on touche ça dans 1 phrase ou 2, ou 2 paragraphes,
puis le tour est joué. Je pense qu'il y aura des conséquences
à cela. Et ce n'est pas par une explication générale qu'il
va régler les problèmes que cela va poser. Loin de là.
Alors, M. le Président, on est à l'article 6. Il est 22 h
54. Il reste 6 minutes à peu près, 6, 7 minutes, pour 6
articles... 45 articles et 32 amendements encore à étudier.
(Consultation)
Le Président (M. Bissonnet): Dix minutes... M. le
président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Quelques minutes.
Le Président (M. Bissonnet): II reste 7 minutes,
monsieur...
M. Léonard: Bien, il a 5 minutes. Il peut parler 5
minutes. Il parle beaucoup ce soir, je trouve.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, M. le
député! La parole est au président du Conseil du
trésor. On vous écoute.
M. Johnson: M. le Président, je suis condamné
à parler beaucoup pour contrer les énormités qu'on a
entendues de l'autre côté.
Le député de Labelle a commencé en disant que
j'avais prétendu qu'il y avait eu 10 % d'augmentation depuis le 1er
janvier 1991 et il réclamait la présence de témoignages,
je présume, de l'autre partie, qui viendrait nous expliquer ce qui est
arrivé depuis le 1er janvier 1991. Je n'ai fait que lire les conventions
collectives. L'autre partie viendra la lire et conclura la même chose.
C'est de notoriété publique, sinon universelle, qu'il y a eu 5 %
d'augmentation le 1er janvier 1991. Tout le monde qui travaillait dans le
secteur public le 31 décembre et le 1er janvier a vu son salaire
rajusté à la hausse de 5 % le 1er janvier. Ça, là,
c'est un fait absolument indéniable. C'est indéniable.
M. Léonard: L'inflation était de 6,7 %.
M. Johnson: le 1er juillet, il y a eu un forfait de 1 % qui a
commencé à être versé jusqu'au 30 juin 1992. c'est
un fait indéniable. absolument indéniable! le 1er juillet 1992,
il y a eu une augmentation de 3 %. c'est un fait indéniable. personne ne
peut venir ici et dire: le 1er juillet, je n'ai pas eu mes 3 %. sauf s'il ne
travaillait pas dans le secteur public, c'est évident. finalement, le
1er avril dernier... je ne sais pas si ça taxe la mémoire du
député de labelle à ce point-là. il y a eu une
augmentation de 1 % le 1er avril, c'est indéniable; 5 plus 3, plus 1,
plus 1, ça fait 10. alors, que l'autre partie vienne dire le contraire,
moi, je veux bien. mais je veux qu'on me montre les dispositions des
conventions collectives dûment signées, incidemment, qui
prévoient le 5, le 3, le 1 et le 1, et qu'on me dise qu'ils n'ont pas eu
ça. si quelqu'un ne l'a pas eu, je l'incite immédiatement
à communiquer avec moi, on fera l'enquête appropriée et on
lui enverra le chèque rétroactif, s'il ne l'a pas eu, s'il y a
droit. mais, en attendant, les paramètres ont été
ajustés à la hausse de 9 % sur échelle plus 1 %
forfaitaire depuis 2 ans et 4 mois. alors, m. le président, moi, je veux
bien que le discours du député de labelle vienne dire que ce
n'est pas vrai, malheureusement, il y a 350 000 personnes, y compris lui, sur
son chèque de paie à lui, comme député, qui a
bénéficié d'une même augmentation, exactement.
exactement la même augmentation depuis tout ce temps-là.
Alors, ce n'est pas une question de fiction, ce n'est pas des romans
qu'on est en train de lire, ce n'est pas de la science-fiction dont on est en
train de s'entretenir, ce sont des conventions collectives qui sont en vigueur,
qui ont été signées, donc, adoptées par les parties
syndicales et leurs instances, qui prévoient, depuis quelques
années, des augmentations de salaire quelque peu au-delà de
l'indice des prix à la consommation, incidemment.
M. Léonard: Pas l'indice des prix à la
consommation, voyons!
M. Johnson: pas énormément, on parle de 0,1 %. mais
c'est essentiellement le maintien des conditions salariales par rapport
à l'inflation qui a été la politique gouvernementale
depuis 1985. à partir de ce moment-là, m. le président
? bonsoir, m. le président de l'assemblée ? il est
évident que si on peut parler de gel des conditions des taux et
échelles, c'est à compter du 1er juillet prochain, en
général, pour les conventions collectives du secteur public qu'on
peut parler d'un gel salarial. on ne pouvait pas en parler depuis 1982;
ça fait 11 ans.
M. Léonard: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
interventions sur l'amendement à l'article 6?
M. Léonard: ...ça va être sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'amendement
à l'article 6 est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
Est-ce que l'article 6, tel qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Sur division, évidemment.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
Alors, il est proposé...
M. Léonard: M. le Président? Le Président (M.
Bissonnet): Oui? M. Léonard: II y a l'article 6.1.
Le Président (M. Bissonnet): Oui, mais, là, je vais
laisser la parole à M. le président du Conseil du trésor.
Vous avez un amendement que vous avez déposé pour ajouter
à l'article 6?
M. Léonard: Oui, M. le Président. Est-ce que vous
pourriez le lire, s'il vous plaît?
M. Johnson: Après l'article 6, M. le Président?
M. Léonard: Oui.
M. Johnson: Insérer, après l'article 6, les
articles suivants: «6.1... Si vous insistez, M. le
Président...
M. Léonard: Je demanderais au président... M.
Johnson: «Malgré les articles 5 et 6...
M. Léonard: M. le Président, je vous demanderais,
vous, de le lire. La lecture serait plus agréable à entendre.
M. Filion: Vous avez une voix agréable, vous!
Le Président (M. Bissonnet): Si vous voulez. Alors, M. le
président du Conseil du trésor, vous proposez un amendement
après l'article 6. L'amendement a été
déposé, et les membres de l'Assemblée en ont reçu
copie.
Il est proposé, par le président du Conseil du
trésor, d'insérer, après l'article 6, les articles
suivants: «6.1 Malgré les articles 5 et 6, une convention
collective, qui prévoit un plafonnement des taux et échelles de
salaires ainsi que des primes des salariés à compter de 1992 ou
de 1993, est reportée à une date distante de deux ans de celle du
début de la période de plafonnement qu'elle prévoit;
«6.2 Dans le cas d'une première convention collective
agréée après l'entrée en vigueur du présent
article entre un organisme public et une association de salariés, les
taux et échelles de salaires, ainsi que les primes applicables aux
salariés visés le jour précédant la date de la
prise d'effet de la première convention collective, sont maintenus pour
une période de deux ans à compter de la date de cette prise
d'effet.>
S'il vous plaît, je vous demanderais l'ordre. J'ai de la
difficulté. «Le premier alinéa ne s'applique pas à
un groupe de salariés dont les taux, échelles et primes ont fait
l'objet, pour une période d'au moins deux ans avant la prise d'effet de
la première convention collective, du plafonnement prévu par
l'article 23 ou l'article 24. Si ce plafonnement s'est appliqué aux
groupes de salariés pour une période de moins de deux ans, les
taux, échelles et primes applicables le jour précédant la
prise d'effet de la première convention collective sont maintenus
à compter de la date de cette prise d'effet, jusqu'à une date
distante de deux ans de celle du début de la période de
plafonnement; «6.3 La période de plafonnement visée par
l'article 6.1 ou le deuxième alinéa de l'article 6.2 est
calculée à l'exclusion de la période de prorogation de six
mois prévue par l'article 5 de la Loi sur le plafonnement provisoire de
la rémunération dans le secteur public.»
M. le député? (23 heures)
M. Léonard: Oui, M. le Président. Je sais que nous
pourrions débattre de l'article 6.1, 6.2, 6.3, mais on me signale qu'il
y a eu aussi un amendement déposé, qui porte le numéro
47.2, et qui dit ceci: «Les articles 5 à 6.1 et 7 ne s'appliquent
pas à la Commission scolaire crie ni à la Commission scolaire
Kativik constituées respectivement en application des articles 570 et
602 de la Loi sur l'instruction publique pour les autochtones cris, inuit et
naskapis. Pour la négociation du salaire et des avantages sociaux
suivant l'article 668 de cette loi, les article 6.2 et 6.3 s'appliquent
à ces commissions scolaires et aux associations de salariés
concernées comme s'il s'agissait d'une première convention
collective.
Est-ce que je dois comprendre, à la lecture de cet amendement,
que, finalement, ces commissions scolaires ne seront pas sujettes ou
assujetties à la loi?
Le Président (M. Bissonnet): Très rapidement, parce
que les délais...
M. Johnson: Oui, M. le Président.
Précisément,
c'est conformément aux engagements pris dans le cadre des
négociations et de l'entente de la Baie James que cette disposition doit
être amenée.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, sur ce...
M. Léonard: Mais, la réponse c'est qu'ils ne sont
pas appliqués? Ça ne s'applique pas, donc?
Mise aux voix des articles et des amendements en
bloc
Le Président (M. Bissonnet): Et sur ce, M. le
député de Labelle, conformément à la motion qui a
été adoptée pour suspendre certaines règles de
procédure, je me dois, à ce moment-ci, compte tenu que la
commission plénière a déjà terminé son
heure, de mettre aux voix immédiatement, sans débat et sans appel
nominal, les articles et les amendements dont la commission n'aurait pas
disposé, y compris les amendements que le ministre qui présente
le projet de loi n'aurait pas pu proposer en cours d'étude.
S'il vous plaît! Je m'excuse. Est-ce que l'amendement à
l'article 6, ajoutant les articles 6.1, 6.2, 6.3, est adopté?
Des voix: Adopté.
M. Léonard: Je vote contre.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
Il est proposé, à l'article 7, la modification suivante:
Remplacer cet article par le suivant: «7. Est reportée d'une
année la date d'expiration d'une convention collective visée par
l'une ou l'autre des ententes suivantes: «1° l'entente sur la
prolongation jusqu'au 30 juin 1994 des conventions collectives se terminant le
30 juin 1992, intervenue le 29 juin 1992 entre le gouvernement du Québec
et la Centrale de l'enseignement du Québec; «2° l'accord
conclu le 3 juillet 1992 entre le Comité patronal de négociation
pour les commissions scolaires pour protestants, les commissions scolaires
confessionnelles protestantes et les commissions scolaires dissidentes pour
protestants (CPNCP) et l'Association provinciale des enseignants protestants du
Québec (APEPQ), ayant pour objet la prolongation jusqu'au 30 juin 1994
d'une entente entre les parties se terminant le 30 juin 1992;
«3e l'accord conclu le 7 août 1992 entre le
Comité patronal de négociation pour les commissions scolaires
pour catholiques, les commissions scolaires confessionnelles catholiques et les
commissions scolaires dissidentes pour catholiques (CPNCC) et la Provincial
Association of Catholic Teachers (PACT), ayant pour objet la prolongation
jusqu'au 30 juin 1994 d'une entente entre les parties se terminant le 30 juin
1992.»
Est-ce que cet amendement à l'article 7 est adopté?
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 7 est adopté? Adopté sur division.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Parce que l'article 7
remplaçait le paragraphe. Est-ce que l'article 8 est adopté?
Adopté sur division?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 9 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): L'article 10. Il est
proposé à l'article 10 de remplacer les deux premiers
alinéas par les suivants: «S'il estime qu'une convention
collective liant un organisme public visé par le paragraphe 1°,
2° ou 3° de l'article 1 comporte une stipulation ayant pour effet de
rendre applicable à des salariés, pour une période d'au
moins 2 ans à compter de l'année 1992, 1993, 1994 ou 1995, un
plafonnement comparable à celui résultant de l'application de
l'article 8 ou de l'article 9, selon le cas, le gouvernement peut, par
décret, en donner acte aux parties. Alors, les articles 5 à 9 ne
s'appliquent pas ou cessent de s'appliquer aux salariés visés par
cette convention collective. «Si une convention collective liant un autre
organisme public comporte une stipulation ayant l'effet prévu par le
premier alinéa, les articles 5 à 9 ne s'appliquent pas ou cessent
de s'appliquer aux salariés visés par cette convention lorsque
les parties le prévoient.»
Est-ce que l'amendement à l'article 10 est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 10, tel qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: On vote contre systématiquement.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 11 est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 12 est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
À l'article 13, il est proposé, premièrement, de
retrancher à la deuxième ligne, après le mot
«reportée», les mots «par entente»;
deuxièmement, remplacer dans la septième ligne les mots «de
l'entente» par les mots «d'entrée en vigueur de la
présente loi». Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 13, tel qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Article 14. Il est proposé en amendement d'ajouter, à la fin,
l'alinéa suivant: «Dans le cas où l'article 53 du Code du
travail s'applique à la négociation d'une convention collective
qui renouvelle ou remplace une convention collective dont la date d'expiration
est reportée, le commencement de la phase de négociation est
déterminé selon la nouvelle date d'expiration de cette convention
collective.»
Est-ce que l'amendement à l'article 14 est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article...
M. Gendron: M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Oui.
M. Gendron: Bien, vous l'avez fini, 14?
Le Président (M. Bissonnet): II n'y a pas de débat,
là.
M. Léonard: Non, il n'y a pas de débat, là.
L'article 14...
M. Gendron: Question de privilège...
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'amendement
à l'article 14 est adopté?
M. Léonard: Sur division.
M. Gendron: 14, sur division.
M. Léonard: L'article 14 sur division, oui.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article 14, tel
qu'amendé, est adopté sur division? Ça va?
M. Gendron: Là, je voudrais vous poser une question de
privilège.
Le Président (M. Bissonnet): Question de
privilège.
M. Gendron: Oui. Est-ce que vous ne trouvez pas, à moins
de vouloir absolument tourner au plus profond ridicule la Chambre... Comment
vous voulez que... Ces amendements-là, ils n'ont pas été
évalués, ils n'ont pas été analysés. Alors,
pourquoi vous nous lisez ça, puis vous nous demandez si on est d'accord
pour adopter ces amendements-là? On ne les a pas vus, puis on ne les a
pas discutés d'aucune façon, à aucun endroit, puis on n'a
pas le droit d'en parler.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
je m'excuse...
M. Gendron: Oui. Oui, oui, je veux juste...
Le Président (M. Bissonnet): Je suis l'ordre de la
Chambre. Les amendements ont été distribués aux
députés, ici...
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): ...et je suis les
articles...
M. Gendron: Je sais tout ça.
Le Président (M. Bissonnet): ...219 et plus, qui n'ont pas
été suspendus.
M. Gendron: Oui.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, si vous me dispensez
de lire les amendements, je ne les lirai pas.
M. Gendron: Mais, M. le Président, moi, c'est ça
que je veux vous dire. Parce que, moi, je ne veux pas participer à une
mascarade jusqu'à ce point-là. Qu'est-ce que vous voulez?
Ça donne... Quand bien même vous les liriez, les amendements, on
ne peut même pas les discuter, en parler; c'est sans débat, sans
aucune discussion.
Le Président (M. Bissonnet): S'il vous plaît, M. le
député, vous savez très bien. Je m'excuse... Je vous
demanderais...
M. Gendron: Question générale, c'est la farce.
C'est ça, la question de privilège.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député,
j'ai
un ordre de la Chambre, ici, qui a été adopté, et
je mets aux voix... Après la commission plénière, je mets
aux voix, sans débat, tous les articles qui n'ont pas été
adoptés et tous les amendements. Donc, j'ai une liasse d'amendements qui
ont été distribués aux membres de cette Assemblée,
et je poursuis la procédure. J'en suis rendu à l'article
15...
M. Gendron: Oui, mais, M. le Président, je vous demande si
vous pouvez les mettre aux voix globalement, puisqu'on ne peut pas parler, puis
on ne peut dire aucun mot.
Le Président (M. Bissonnet): Ça va.
M. Gendron: Moi, je vous demande de... Mettez tout ça
ensemble, c'est ça que vous voulez faire, là, puis mettez fin
à cette farce-là. Puis, si vous êtes d'accord, nous autres,
on est d'accord pour dire: Sur division, puis, finies, les folies! C'est
ça que je vous demande.
Le Président (M. Bissonnet): II y a consentement, si je
comprends bien?
M. Gendron: Bien, moi... Il y a consentement, certain. Nous, on
vous demande... Tout le reste, là...
Le Président (M. Bissonnet): Ça va. Il y a
consentement, alors...
M. Gendron: Adopté sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Alors... Je vais quand
même... Je ne lirai pas les amendements. Si on me demande de les lire, je
les lirai. Mais, je vais adopter les articles, article par article.
M. Gendron: Oui, oui. Puis, on ne dira plus un mot,
là.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que l'article... Il y
a un amendement qui a été déposé à l'article
15. Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 15, tel qu'amendé, est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 16 est adopté.
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Il y a un amendement qui a été déposé à
l'article 17. Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que l'article 17 tel qu'amendé est adopté sur
division?
M. Gendron: Sur division jusqu'à la fin. Pas besoin de le
demander, quant à nous.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, un instant. Alors, je
vais... Les amendements proposés aux articles 20, 21, 23, 24, 26, 28,
33, 34, 35, 36, 37, 38, 40, 41, 42, 44, 44.1, 45, 46, 47, 47.1, 47.2, 48, 49,
51. Est-ce que ces amendements sont adoptés? (23 h 10)
M. Gendron: Vous avez oublié 0-72.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
M. Léonard: Sauf une chose, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Un instant. Est-ce que les
articles 18 et suivants, et selon les amendements proposés, sont
adoptés?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
M. Léonard: C'est que l'amendement 42 avait
été lui-même sous-amendé. Vous ne l'avez pas
mentionné.
Le Président (M. Bissonnet): M. le député de
Labelle, je lisais les amendements. Vous m'avez demandé de ne pas lire
les amendements. Donc, je les ai faits en bloc et ils sont adoptés sur
division. Ceci met fin au terme de la commission plénière et je
vais suspendre... Est-ce que le projet de loi 102, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur division.
Est-ce que le titre du projet de loi est adopté?
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
M. Johnson: On est en train...
Le Président (M. Bissonnet): Nous sommes comme en
commission plénière, M. le président du Conseil du
trésor.
M. Johnson: D'accord. Parfait.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin au terme
de cette commission plénière et nous allons suspendre pour...
M. Johnson: II faut une motion de renumérotation.
Le Président (M. Bissonnet): Est-ce que la motion de... Un
instant, là. Est-ce que la motion de «rémunotation»
des articles est adoptée?
Des voix: Ha, ha, ha! M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): Vous savez, moi, je suis
habitué. À Saint-Léonard, des fois, on parle italien,
français. On a de la difficulté. Est-ce que la motion de...
Des voix: Ha ha, ha!
M. Léonard: En parlant...
Une voix: Renumérotation.
Le Président (M. Bissonnet):
«Rémunérotation».
M. Léonard: Renumérotation.
M. Gendron: Avant, M. le Président, on voudrait savoir si
le leader du gouvernement va nous garantir la version anglaise avant la
renumérotation.
Une voix: En même temps.
M. Gendron: Est-ce qu'elle va suivre?
Une voix: Anglais.
Une voix: Elle est où, là?
Une voix: Elle est où?
M. Gendron: On ne l'a pas. On n'a pas de copie de la version
anglaise. On ne peut pas adopter ça.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, est-ce que la motion
de...
M. Gendron: Un Parlement bilingue, ça prend la version
anglaise.
Le Président (M. Bissonnet): Pour renuméroter, le
projet de loi est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bissonnet): Adopté. Donc, ceci met
fin au terme...
M. Léonard: Sur division.
Le Président (M. Bissonnet): ...sur division, à
part ça. Sur division.
M. Léonard: Sur division tout partout.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, ceci met fin à
la commission plénière et je vais suspendre les travaux de cette
commission pour permettre aux membres, au personnel qui accompagne la
deputation de pouvoir bien se retirer et pour que l'Assemblée poursuive
les débats sur ce projet de loi.
(Suspension de la séance à 23 h 13)
(Reprise à 23 h 19)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le président
de la commission plénière.
Adoption du rapport
M. Richard (président de la commission
plénière): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
rapport que la commission plénière a étudié en
détail le projet de loi 102, Loi concernant les conditions de travail
dans le secteur public et le secteur municipal. Le projet de loi a
été adopté avec amendements, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que ce rapport
est adopté?
Des voix: Adopté. Des voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté sur
division.
Adoption
Alors, nous poursuivons le débat. Nous sommes à
l'étape de l'adoption, maintenant que le projet de loi a eu sa
renumérotation. Alors, nous en sommes à l'adoption, et j'informe
les membres de cette Assemblée que ce débat est d'un maximum de
60 minutes: 25 minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement; 25
minutes au groupe parlementaire formant l'Opposition officielle; 5 minutes au
groupe des députés indépendants et une réplique
d'une durée maximale de 5 minutes au ministre qui présente le
projet de loi. Alors, M. le président du Conseil du trésor. (23 h
20)
M. Johnson: Oui, M. le Président. Nous arrivons
à la fin d'un processus qui a été à la fois
laborieux et expéditif...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je demanderais à
vos collègues de porter attention. M. le député, si vous
voulez poursuivre.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, M. le Président. Ce processus, comme je
le disais, a connu des moments laborieux et d'autres qu'on pourrait qualifier
d'expéditifs. Les derniers moments, expéditifs ceux-là,
suite à la suspension de nos règles habituelles de discussion en
commission pour l'étude détaillée, viennent du fait que la
première partie des débats a été passablement
laborieuse. On pouvait se plaindre tout à l'heure qu'il n'y avait qu'une
minute par article ou par amendement à consacrer en commission
plénière. Il faut se souvenir que l'article 4 a
nécessité 9 heures de débat, M. le Président, ce
qui est sans doute un record de tous les temps, soit de la faconde des
députés, soit du caractère passablement
entêté des lecteurs de ces articles, car, si on doit, pendant 9
heures, expliquer une disposition passablement simple, vous me permettrez
d'avoir conclu, la semaine dernière, que 51 articles, y compris certains
amendements dont la plupart sont de concordance et qui n'appellent pas vraiment
des débats de fond, donc, que l'étude de ces articles et
amendements aurait pu nous occuper pour la meilleure partie de
l'été qui s'amorce. Et comme gouvernement, nous avons choisi, de
façon délibérée, de manifester par un signal
très clair que l'état des finances publiques est tel qu'il serait
injuste, il serait, à la limite, inapproprié et très
certainement ridicule, dans le pire des cas, de prétendre que nos
employés peuvent préparer des demandes salariales par les temps
qui courent. Ça, je l'ai déjà dit. Et, de fait, à
part la Fédération des affaires sociales, CSN, nous en sommes
rendus à un point où aucun de nos partenaires syndicaux n'a
préparé de demande salariale comme telle, à tout le moins
pour la première année d'une nouvelle convention qui
débuterait le 1er juillet prochain.
Il y a donc eu un progrès réel dans la connaissance et la
reconnaissance des états financiers du gouvernement de la part
syndicale. Malheureusement, nous n'en sommes pas encore rendus au degré
d'assurance que doit requérir un gouvernement, alors qu'il s'astreint
à respecter la capacité de payer de ses concitoyens. Nous avons,
cependant, il y a quelques heures, le premier ministre et moi, indiqué
à nos partenaires syndicaux que cette loi, que nous comptons adopter ce
soir, qui pourrait être sanctionnée, enfin signée par le
lieutenant-gouverneur dans les heures qui viennent, ne serait néanmoins,
comme les amendements que nous y avons apportés le prévoient,
mise en vigueur que le 15 septembre prochain, c'est-à-dire dans 3
mois.
J'ai amené sur la place publique certains ajustements à la
proposition gouvernementale, dont un ajustement important à mon sens,
celui de réaffirmer ? et, cette fois-là, de façon
très solennelle comme gouvernement, comme membre du gouvernement ?
que nous devrions nous consacrer davantage, pour les 90 prochains jours,
à une négociation autour des enjeux, enjeux difficiles à
accepter, j'en conviens avec nos partenaires syndicaux, compte tenu du contexte
financier. Mais, encore une fois, je ne veux pas m'étendre sur le sujet
plus qu'il ne faut, M. le Président, sinon pour réitérer
qu'il m'apparaîtrait incongru ? c'est le mot que je cherchais tout
à l'heure ? de laisser croire, après publication des
états financiers du gouvernement, des crédits de dépenses,
du discours sur le budget, du document «Vivre selon nos moyens», de
l'opinion de l'agence Moody's, qui détermine la cote du Québec
sur les marchés financiers, après tous ces documents, on ne peut
plus officiels les uns que les autres, de laisser penser à nos
employés que nous pourrions accepter de discuter sérieusement de
demandes salariales pour les 2 prochaines années, à part le fait
que nous pourrions dégager des économies dans les conventions
collectives, les règles d'organisation du travail et les conditions de
travail. Justement, je le répète, ce serait incongru. Et
l'incongruité devient de l'irresponsabilité si on laisse croire
aux gens qu'on va négocier; la bonne foi consiste à dire
exactement ce qu'il en est dès le départ.
À partir de ce moment-là, on peut se comprendre et donc
négocier les vraies choses qui sont négociables dans les faits et
la réalité. Les salaires, l'économie que nous cherchons ne
peuvent pas être négociables, c'est la réalité. La
réalité ne peut pas être négociable, pas plus que
l'agencement du système solaire. On en est à ces
évidences-là, il m'apparaît. Il aurait été
irresponsable, à la limite, je le répète, que le
gouvernement laisse croire que nous pouvions traiter d'augmentations de
salaires.
Donc, la position gouvernementale est claire, elle apparaît dans
le projet de loi 102. Il sera adopté, sa mise en vigueur est
reportée au 15 septembre prochain. J'ose croire que ça donnera
lieu à un climat de négociation serein, calme, à
défaut de quoi ? je le disais aujourd'hui, on me le demandait
? je pourrais reconsidérer de suggérer au gouvernement que
la mise en vigueur pourrait être une date plus hâtive que le 15
septembre prochain. On ne peut pas exclure que les circonstances nous feront
reconsidérer, mais je ne le souhaite pas. Je l'indique encore une fois.
Je souhaite des négociations. Je souhaite que nous puissions nous
entendre.
M. le Président, en terminant, et conformément à
l'ordre de la Chambre qui est devant vous et que vous appliquez, j'amène
maintenant un amendement, encore une fois, de concordance. C'est une coquille:
les mots «de la présente loi» qui apparaissaient à de
nombreux endroits étaient remplacés ? vous l'avez vu tout
à l'heure ? par les mots «du présent article»,
sauf à un endroit. L'article 13, tel qu'amendé, devrait
être amendé comme suit: en remplaçant, dans la
septième ligne, les mots «de la présente loi» par les
mots «du présent article». Alors, si je peux remettre au
page les copies nécessaires pour les membres de l'Opposition et
vous-même, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): En vertu de la motion de
suspension des règles, en ce qui a trait à l'article 257, une
période maximale de 15 minutes est répartie de la façon
suivante sur l'amendement qui est proposé en vertu de l'article 257: 5
minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement; 5 minutes au groupe
parlementaire formant l'Opposition officielle; 3 minutes au groupe des
députés indépendants, et une réplique d'une
durée maximale de 2 minutes au ministre qui présente le projet de
loi, au terme de laquelle les amendements seront mis aux voix
immédiatement, sans débat et sans appel nominal.
Donc, nous en sommes à un amendement, en vertu de l'article 257,
pour modifier l'article 13: Remplacer, dans la septième ligne, les mots
«de la présente loi» par les mots «du présent
article». M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je n'ai pas
d'intervention à faire valoir.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Je vais suspendre les
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 23 h 29)
(Reprise à 23 h 41)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si vous voulez prendre
place. M. le leader adjoint de l'Opposition officielle, vous avez une
question.
M. Gendron: M. le Président, je voudrais, à ce
moment-ci, vous demander qu'est-ce qui est arrivé? Qu'est-ce qui fait
qu'à un moment donné, dans une motion, un ordre de la Chambre
avec des temps impartis, avec une motion de suspension des règles
où tout est prévu, qu'à un moment donné le
président décide de suspendre la séance?
Alors, j'aimerais que vous me donniez l'explication, d'abord, pourquoi
avez-vous suspendu l'Assemblée nationale conformément à
l'ordre de la Chambre? C'est quoi, les motifs qui ont fait que vous avez
décidé de suspendre? Première question.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Bon, alors, voici, M. le
leader adjoint de l'Opposition officielle. M. le président du Conseil du
trésor a proposé un amendement en vertu de l'article 257. J'ai
relu avec une très grande attention la motion de suspension de certaines
règles de procédure et, en vertu de l'article 257, le temps qui
est révolu de 15 minutes, c'est une période de temps qui doit se
faire en commission plénière.
Alors, il est évident que l'article 257 s'applique toujours comme
dans un projet de loi ordinaire où le ministre qui présente un
projet de loi peut faire un amendement et l'Assemblée, à ce
moment-là, doit se transformer en commission plénière, sur
motion du ministre qui propose l'amendement, et il y a de brèves
interventions qui peuvent s'appliquer en vertu de l'article 257,
conformément au règlement, et lorsque on nous serons en
commission plénière, à ce moment-là, il y aura 15
minutes de temps qui seront réparties de la façon suivante par
l'ordre de l'Assemblée, soit 5 minutes au groupe parlementaire formant
le gouvernement; 5 minutes au groupe parlementaire formant l'Opposition
officielle; 3 minutes aux députés formant les indépendants
et 2 minutes de réplique.
Alors, c'est pour ça que j'ai suspendu, M. le leader, pour
m'assurer que je suivais bien, très bien ? et qu'il n'y ait pas de
confusion ? la motion de suspension des règles que vous avez
adoptée à une période antérieure au moment
où je vous parle.
Alors, oui, M. le leader adjoint de l'Opposition officielle.
M. Gendron: Bien, également, vous conviendrez qu'avec la
motion de suspension des règles qui a été
présentée par le leader du gouvernement, l'article 257 n'est pas
suspendu et, en conséquence, la motion qui, à un moment
donné, va être présentée par le leader du
gouvernement n'est pas encore faite. Le leader adjoint du gouvernement n'a pas
encore présenté cette motion. Est-ce que je comprends bien?
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Vous comprenez bien. Le
leader adjoint du gouvernement n'a pas encore présenté la motion
d'aller en commission plénière, et je vais lui céder la
parole à ce moment-ci.
M. Gendron: O.K., je regarde bien.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M. Johnson: M. le Président, lorsque j'ai amené
l'amendement à l'article 13, j'ai indiqué que c'était en
vertu des dispositions qu'on retrouvait dans la motion de suspension des
règles, laquelle réfère, évidemment, à
257.
Alors, ce qui était implicite devient explicite en faisant
motion, M. le Président, que nous nous constituions en commission
plénière afin de considérer cet amendement.
M. Gendron: M. le Président, on aura l'occasion... Il ne
l'a pas fait encore.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Oui, monsieur... Je
m'excuse, là. Je n'ai pas compris ce que vous avez dit. Je m'en excuse.
Si vous voulez reprendre. Je m'en excuse. J'étais en discussion,
là.
M. Johnson: Oui, M. le Président, en discussion avec
quelqu'un d'important, d'ailleurs, à ce que j'ai
remarqué.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Non, non.
Motion proposant que l'Assemblée se transforme
en commission plénière
M. Johnson: Alors, je fais donc motion, M. le Président,
que cette Assemblée se constitue en commission plénière
afin de considérer l'article 13 et son amendement, donc, que
j'apporte.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, sur cette motion
pour que l'Assemblée se constitue en commission plénière,
M. le leader adjoint de l'Opposition officielle.
M. Gendron: Je ne veux pas en débattre. Les brèves
explications vont être très brèves, parce qu'on aura
l'occasion de dire tantôt que, quand on légifère d'une
façon aussi ridicule, ça donne lieu à ce qu'on est en
train de vivre. On le dira tantôt. Mais, puisque, à l'article 257,
les prescriptions du règlement n'ont pas été suspendues au
moins pour les 2 paragraphes, à ce moment-ci, on peut demander que cette
motion soit mise aux voix. Et c'est ce que nous allons faire en demandant un
vote enregistré.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Si je comprends bien, le
vote nominal est demandé sur la motion...
M. Gendron: Oui, sur la mise aux voix de la folie.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): ...de se transformer en
commission plénière et, conformément à l'ordre de
la Chambre, qu'on appelle les députés! (23 h 46 - 23 h 53)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Mes chers
collègues, si vous voulez prendre place. S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Si vous voulez prendre place, messieurs!
Mise aux voix
Je mets aux voix la motion de M. le leader adjoint du gouvernement et
président du Conseil du trésor proposant que cette
Assemblée se constitue en commission plénière...
M. le député de Lévis, si vous voulez
m'écouter, M. le député de Lévis. M. le
député de Lévis, s'il vous plaît! Je voudrais que
vous m'écoutiez.
Que cette Assemblée se constitue en commission
plénière afin de procéder à l'étude d'un
amendement du président du Conseil du trésor à l'article
13 amendé du projet de loi 102.
Que ceux et celles qui sont pour cet amendement veuillent bien se
lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Paradis (Brome-Missis-quoi), M.
Ryan (Argenteuil), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros
(Laurier), M. Tremblay (Outremont), M. Savoie (Abitibi-Est), M. Middlemiss
(Pontiac), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinongé), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Houde (Berthier), M. Maciocia
(Viger), M. Maltais (Sague-nay), Mme Trépanier (Dorion), M. Cannon (La
Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Doyon (Louis-Hébert)...
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le secrétaire,
un instant!
Je demanderais un peu d'ordre, s'il vous plaît! M. le
député, si vous voulez prendre votre place, M. le
député de... Vous savez que vous ne pouvez pas... Il faut que
vous restiez à votre place. Je vous remercie de votre collaboration.
Vous pouvez poursuivre le vote. Je vous demanderais votre collaboration, s'il
vous plaît!
M. le secrétaire, vous pouvez poursuivre.
Le Secrétaire adjoint: Mme Bégin (Bellechasse), Mme
Pelchat (Vachon), M. Marcil (Salaberry-Soulan-ges), M. Lemire (Saint-Maurice),
M. Leclerc (Tasche-reau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Richard (Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean),
M. Gauvin (Montmagny-L'Islet), M. Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost),
M. Gobé (LaFontaine), Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M.
Lafrenière (Gatineau), M. Bergeron (Deux-Montagnes), M. Bordeleau
(Acadie), M. Parent (Sauvé), M. Camden (Lotbinière), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri),
M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance (Iberville), M. Mac-Millan (Papineau).
M. Cameron (Jacques-Cartier).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever!
Le Secrétaire adjoint: M. Chevrette (Joliette), Mme
Blackburn (Chicoutimi), M. Biais (Masson), Mme Marois (Taillon), M. Garon
(Lévis), Mme Harel (Ho-chelaga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette),
Mme Ju-neau (Johnson), Mme Caron (Terrebonne), M. Dufour (Jonquière), M.
Gendron (Abitibi-Ouest), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard
(Labelle)...
Des voix: Bravo! Bravo!
Le Secrétaire adjoint: ...Mme Vermette (Marie-Victorin),
M. Paré (Shefford), M. Boulerice (Sainte-Marie?Saint-Jacques), M.
Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency), M. Boisclair (Gouin), M. Bourdon
(Pointe-aux-Trembles), M. Trudel (Rouyn-Noran-da?Témiscamingue), M.
Beaulne (Bertrand), Mme Car-rier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière),
M. Bélan-
ger (Anjou).
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce qu'il y a des
abstentions? Aucune abstention. le secrétaire: pour: 48 contre: 24
abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Cette motion est
adoptée, et nous allons suspendre les travaux de cette Assemblée
pour que la commission plénière entreprenne ses travaux.
(Suspension de la séance à 23 h 58)
(Reprise à 0 h 1)
Commission plénière
M. Bissonnet (président de la commission
plénière): Si vous voulez prendre place.
Étude de l'amendement proposé par le
ministre
La commission plénière entreprend ses travaux, suite au
mandat de l'Assemblée, pour étudier la motion d'amendement de M.
le président du Conseil du trésor et leader adjoint du
gouvernement, à l'article 13: 13. Remplacer, dans la septième
ligne, les mots «de la présente loi» par les mots «du
présent article».
J'informe immédiatement les membres de cette assemblée que
la période de temps pour cette commission plénière a
été adoptée conformément à la motion de
suspension des règles de procédure. Il y a une période
maximale de 15 minutes qui est répartie de la façon suivante: 5
minutes au groupe parlementaire formant le gouvernement, 5 minutes au groupe
parlementaire formant l'Opposition officielle, 3 minutes au groupe des
députés indépendants, et une réplique d'une
durée maximale de 2 minutes au ministre qui présente le projet de
loi.
Alors, je suis prêt à écouter le premier
intervenant.
M. le président du Conseil du trésor.
M. Johnson: Oui, M. le Président. C'est un amendement de
concordance, M. le Président.
Le Président (M. Bissonnet): Alors, pour l'Opposition
officielle, M. le député de Labelle.
M. Léonard: Je voudrais intervenir d'abord, M. le
Président, pour souligner un point. On nous a déposé 34
amendements au projet de loi, tout à l'heure, mais il y en avait 35.
Alors, une demi-heure après, on revient. Nous étions en
troisième lecture, le ministre avait commencé son discours de
clôture de troisième lecture et puis, tout à coup, il s'est
aperçu qu'il avait oublié un amendement. Donc, nous devons
retourner. Nous avons dû revenir en commission
plénière.
M. le Président, vous voyez très bien ce qui arrive quand
nous légiférons sur le bras, comme nous le faisons ce soir,
à l'intérieur d'une période d'une heure. Qu'est-ce qui
nous garantit, maintenant, que la loi est correcte, est parfaite? Est-ce qu'il
va falloir que le président du Conseil du trésor aille chercher,
pour l'aider, son collègue, ministre de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie qui prêche la qualité totale, l'apôtre de la
qualité totale, pour l'aider à rédiger un projet de loi
complet, parfait? Mais encore là, peut-on être sûr que ce
sera parfait, M. le Président?
Voyez-vous, 15 minutes après avoir fini le projet de loi, alors
qu'on était en discours de troisième lecture, on doit revenir en
commission parlementaire. C'est ça qui arrive, quand on
légifère à la toute dernière minute, quand on
presse le pas, quand on refuse d'aller en commission parlementaire
étudier normalement un projet de loi.
Là, M. le Président, les conventions collectives que nous
affectons dans ce projet de loi touchent toutes les conventions collectives. Le
ministre, l'autre soir, nous a dit que ça touchait toutes les
conventions collectives de 350 000 personnes, plus toutes les conventions
collectives, potentiellement, de toutes les municipalités du
Québec. Voilà où nous en sommes. Et de tous les corps qui
relèvent des municipalités du Québec: en dessus, en
dessous, à côté, intermunicipalités, tout ce qu'on
veut, toute entente intermunicipale.
C'est ça qu'on affecte, à l'heure actuelle, et puis
là on vient de découvrir qu'il y avait un amendement à
apporter dans le projet de loi, qu'on avait oublié. Je ne sais pas qui
l'a oublié. Peut-être le sous-ministre qui l'accompagnait, tout
à l'heure, qui trouvait que les parlementaires n'étaient pas
efficaces; peut-être que c'est lui qui a oublié de l'inclure dans
la liasse des 34, puis d'ajouter ce trente-cinquième. Alors, avant de
donner des conseils, peut-être que lui aussi serait mieux de s'adonner
à la qualité totale: bien faire partout, à tout coup,
n'importe où...
Une voix: Du premier coup.
M. Léonard: ...du premier coup. C'est ça!
Je propose au ministre, président du Conseil du trésor, de
faire une session intensive de qualité totale avec son collègue,
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Peut-être que
là, ils pourraient s'entendre aussi sur les méandres à
suivre en ce qui concerne la course à la chefferie du Parti
libéral bientôt. Et puis là ils s'entendront, puis ils
pourront aussi se faire accompagner tous les 2 du président du Conseil
du patronat du Québec. Ça pourrait peut-être aider à
rétablir les ponts.
Une voix: Ha,ha, ha!
M. Léonard: Et je pense que... Ha, ha, ha!
M. le Président, je pense qu'on doit conclure là, parce
que nous en sommes rendus au ridicule de tout ce que nous faisons, alors que
nous sommes en train de parodier le processus parlementaire.
Voilà ce que j'avais à dire sur cet amendement
oublié qui va toucher 350 000 syndiqués de la fonction publique
et parapublique, plus tous les employés des municipalités du
Québec.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle.
Pas d'intervention, M. le député de Jacques-Cartier.
M. le ministre, vous avez droit à une réplique de 2
minutes.
M. Johnson: Oui, M. le Président. Je réitère
qu'il s'agissait là d'un amendement de concordance. Je veux bien qu'on
fasse un plat terrible avec ça et qu'on sombre dans la parodie du
côté de l'Opposition, c'était un amendement de concordance,
tout simplement, M. le Président.
Le Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre,
président du Conseil du trésor.
Est-ce que l'amendement à l'article 13 qui se lit comme suit:
Remplacer, dans la septième ligne, les mots «de la présente
loi» par les mots «du présent article», est
adopté?
Des voix: Vote nominal.
Le Président (M. Lefebvre): Alors, il n'y a pas de vote
nominal. C'est prévu dans la motion.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Lefebvre): Alors, adopté sur
division.
Et ceci, évidemment, met fin à la commission
plénière. Je suspends ladite commission plénière
pour quelques instants, de sorte qu'on puisse faire rapport à
l'Assemblée.
(Suspension de la séance à 0 h 7)
(Reprise à 0 h 10)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le président de
la commission plénière.
Adoption du rapport
M. Lemire (président de la commission plénière):
M. le Président, je fais rapport que la commission
plénière a procédé à l'étude de
l'amendement à l'article 13 et l'a adopté sur division.
Le Vice-Président (M- Lefebvre): Est-ce que ce rapport est
adopté?
Une voix: Sur division.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté sur
division.
Reprise du débat sur l'adoption
Nous revenons au débat sur la motion proposant l'adoption du
projet de loi 102.
Je vous rappelle qu'en vertu des règles contenues dans la motion
de suspension des règles chaque groupe parlementaire a droit à
une intervention globale de 25 minutes. M. le président du Conseil du
trésor est intervenu, à date, pour 7 minutes. Je reconnais donc
maintenant M. le député de Labelle.
M. Jacques Léonard
M. Léonard: M. le Président, le président du
Conseil du trésor a commencé son intervention de clôture
tout à l'heure en disant qu'au terme de ce processus il
présentait ce projet de loi dont il était fier. Mais je pense, M.
le Président, qu'avec un tel processus on en oublie les objectifs qu'il
poursuivait, tant ce processus heurte le sens commun, le sens
démocratique, après ce que nous avons connu aujourd'hui.
M. le Président, ce soir, en commençant une étude
article par article... en terminant, plutôt, au cours d'une heure, une
étude article par article des 47 articles qui restaient, nous avons eu
droit au dépôt d'une liasse d'amendements, de 34 amendements, les
uns considérables, qui étaient, finalement, une
réécriture du projet de loi, puis nous avons dû les
adopter, pour la plupart, presque la totalité, sans les avoir lus, sans
les avoir étudiés, sans avoir pu poser des questions, parce que,
paraît-il, il y avait urgence. Or, tout l'après-midi et une partie
de cette soirée, nous avons bien démontré que l'urgence
n'existait que dans l'esprit fumeux du président du Conseil du
trésor et rien d'autre. Il n'y avait rien d'autre. Mais, surtout, nous
avons eu droit à ce que cela signifie que de légiférer
à la dernière minute comme il l'a fait.
Alors qu'il terminait son intervention de clôture, le
président du Conseil du trésor a annoncé un
trente-cinquième amendement qui avait été oublié;
un trente-cinquième! Il a fallu que le président suspende la
troisième lecture ici, à la Chambre, et qu'on retourne en
commission plénière étudier ce nouvel amendement à
l'article 13. Et là, maintenant, nous revenons en troisième
lecture.
Tout ce que cela souligne, c'est l'improvisation du processus
législatif du gouvernement en ce qui concerne la loi 102:
l'arrivée à la dernière minute avec 34 amendements, 35
amendements, alors que jeudi dernier,
quand nous avions commencé l'étude article par article, il
n'en était pas question, on n'en avait qu'un seul qui nous avait
été déposé, alors on arrive à
l'intérieur d'une heure pour étudier tout cela. On pourrait
rigoler, M. le Président, mais c'est triste d'en arriver à une
telle parodie de la démocratie, à une telle improvisation du
processus parlementaire, et ça, à cause du président du
Conseil du trésor qui vient ici plaider l'urgence. Il n'y en avait pas,
d'urgence, en plus.
M. le Président, pour revenir au projet de loi, puisque nous
sommes en troisième lecture, je souligne à nouveau qu'il
intervient après 2 projets de loi de même nature, l'un en 1991,
qui a été déposé le 15 mai 1991, et un autre qui a
été déposé le 14 mai 1992, l'un qui portait sur le
plafonnement provisoire de la rémunération, qu'on a
prolongé, qu'on est en train de prolonger par la loi 102, de 2 ans.
C'est un plafonnement provisoire prolongé de 2 ans, gelé pour 2
ans. Nous avons dit, finalement, qu'il s'agissait d'un surgelage ou d'un surgel
de la rémunération dans le secteur public. Effectivement, le
président du Conseil du trésor fait intervenir des objectifs
financiers, d'équilibre financier du gouvernement, mais le processus
lui-même discrédite en quelque sorte les affirmations du
gouvernement. Et c'est là où c'est dommageable pour le public,
pour les citoyens qui ne peuvent trouver, finalement, que du cynisme à
la suite d'une telle démarche et se poser des questions sur la valeur
des déclarations du gouvernement quand il plaide l'urgence et la
gravité de la situation financière.
Nous en sommes convaincus, que la situation financière est grave,
qu'elle exige des correctifs urgents. Oui, nous en sommes convaincus. Mais
quand on procède de cette façon, on ne met pas les chances de son
côté. C'est ça qui se passe. Et le président du
Conseil du trésor est en train, finalement, de polluer le climat des
relations syndicales, des relations du travail à l'intérieur du
gouvernement et il se met dans une position où il ne pourra pas refaire
l'organisation gouvernementale, refaire, reprendre l'organisation du travail.
C'est ça qui est triste et très dangereux pour l'avenir.
Alors, aujourd'hui, dans son projet de loi, il propose de geler la
rémunération des travailleurs, de réaliser une
économie de 1 % qu'il a qualifiée pompeusement de gain de
productivité. Et il faut dire «pompeusement» parce qu'au
fond on sait très bien que ce n'est pas cela qui va arriver, c'est
simplement qu'on va retirer 3 jours de paie ou qu'on va donner un congé
de 3 jours sans salaire. Et puis, on prolonge les conventions collectives de 2
ans, mais surtout, surtout, M. le Président, on intervient dans un
domaine où le gouvernement n'avait jamais mis les pieds, la gestion des
ressources humaines à l'intérieur des municipalités. Et
là, maintenant, par le fait qu'on applique le projet de loi au secteur
des relations du travail à l'intérieur des municipalités,
on vient, comme gouvernement, de s'ingérer dans la gestion des
municipalités. On vient de créer un très dangereux
précédent pour l'avenir parce que l'économie des
municipalités, l'économie administrative, financière, et
puis la gestion des ressources humaines des municipalités s'en
trouveront affectées pour l'avenir. Et Dieu sait si, à partir de
ce précédent, on n'ira pas beaucoup plus loin plus tard. C'est
ça. Parce qu'un coup qu'on aura mis le pied dans l'engrenage, on va
aller plus loin. On sera tenté, dès qu'on aura un
problème.
M. le Président, on vient de battre en brèche un principe
fondamental de l'administration municipale, de l'autonomie municipale. On vient
de déresponsabiliser des élus municipaux, mais, en même
temps, on a aussi touché tous les autres corps constitués dans la
société comme le réseau de la santé, le
réseau de l'éducation, les universités, etc. On bouleverse
les relations du travail; tout ça à partir d'un Conseil du
trésor, d'un président du Conseil du trésor qui a
été pris à partie, lui-même, par le
Vérificateur général, le Vérificateur
général du Québec, qui a démontré, dans son
rapport, que l'une des failles majeures de l'administration gouvernementale
consistait, justement, dans la mauvaise gestion des ressources humaines au
gouvernement. Alors, ce président du Conseil du trésor, qui est
en mal de course à la chefferie libérale... en mal de course
à la chefferie libérale ? Ah, il est là; ah bon, il
est là. Il faudrait vous asseoir à votre place, là, avant
d'intervenir. M. le Président, il faudrait le faire asseoir à sa
place, article 32, pour le président du Conseil du trésor ?
alors, en mal de course à la chefferie, M. le Président...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, un instant,
monsieur.
M. Léonard: ... a été...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, un instant.
M. le député de Berthier.
M. Houde: II faudrait demander la pertinence, s'il vous
plaît, au député de Labelle.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Continuez, continuez
votre intervention. (0 h 20)
M. Léonard: M. le Président, M. le
Président, oui, je pense qu'il a un esprit brumeux. Il vient de
démontrer qu'il n'a pas suivi mon raisonnement. Le président du
Conseil du trésor, pour le bénéfice du
député de Berthier, a été pris à partie par
le Vérificateur général du Québec dans son dernier
rapport, déposé au mois de décembre ? au cas
où vous ne l'auriez jamais lu, là ? a été pris
à partie par le Vérificateur, qui a fait rapport sur la
moitié, une bonne partie, la moitié de la gestion des ressources
humaines, et il fera rapport l'an prochain sur l'autre moitié de la
gestion des ressources humaines. Et puis, il y avait une planification, une
reddition de comptes inexistante sur les ressources humaines, M. le
député de Berthier, M. le Président. Il faudrait qu'il
enregistre ça, qu'il suive le raisonnement.
Alors, le président du Conseil du trésor est
particulièrement mal placé pour s'ingérer dans la gestion
des
ressources humaines, à l'intérieur des réseaux de
l'éducation, de la santé, des municipalités,
particulièrement mal placé; particulièrement mal
placé, aussi, pour intervenir, par des lois comme celle-là, dans
la gestion des ressources humaines, des employés de l'État, de la
fonction publique en particulier.
Et puis, M. le Président, je pense que le pire, dans tout cela,
c'est qu'on en est rendu, finalement, à un climat de relations de
travail qui sera pourri, à partir de maintenant, parce qu'on aura
imposé, imposé, une loi matraque comme celle-là,
même pas par un bâillon ? parce que, encore là, il y a
des règles qui s'appliquent à un bâillon ? mais par la
suspension des règles de l'Assemblée nationale. Nous en sommes
venus à une république de bananes, à un Parlement
fantoche. C'est épouvantable, et l'habitude qu'on a prise de suspendre
les règles, l'an passé, au mois de juin, en votant d'un seul coup
28 lois; la même chose, à Noël, un autre 4 lois importantes,
d'un seul coup, avec un débat de 2 heures; et maintenant, voilà
qu'on intervient encore, en gelant les salariés de la fonction publique,
parapublique et toutes les municipalités, encore par un débat de
2 heures: M. le Président, nous en sommes rendus à un État
fantoche.
Je pense que, lorsqu'on analyse l'histoire des démocraties dans
le monde occidental, on voit très bien que c'est comme ça, c'est
comme ça que les démocraties s'écroulent.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Labelle.
M. le député d'Abitibi-Ouest, leader adjoint de
l'Opposition officielle, je vous cède la parole.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président, assez rapidement,
puisque nous en sommes à la dernière étape d'une parodie
en 3 actes.
Le premier acte, lors du dépôt du cadre, à la fin de
mai, où on a prétendu que c'était important de ?
j'écoutais le président du Conseil du trésor ? donner
les balises, en disant que la logique commandait de dire à ce
monde-là qu'il n'y avait rien sur la table, qu'il n'y avait rien
à négocier, tous les efforts avaient été faits,
même s'il y en a plusieurs qui ont un autre point de vue, je l'ai
déjà cité: un gel salarial qui ne règle rien. Ce
n'est pas l'opinion de celui qui vous parle... même, mais c'est pour
donner le point de vue de quelqu'un de l'extérieur, un peu plus
objectif.
J'avais l'occasion, lors du premier acte de cette parodie, d'indiquer
qu'il y en a d'autres qui ont le même point de vue. Même si le
président du Conseil du trésor prétend que c'est la
solution, M. Bilodeau, dans un editorial, disait: Ça ne donne pas pour
autant pleine crédibilité à la démarche globale du
président du Conseil du trésor. Elle en aurait davantage si elle
nous donnait la preuve que les budgets de services à la population ont
priorité sur ceux de la bureaucratie. Si, pour réaliser des gains
de productivité, il y avait quelque chose d'autre que sa trouvaille de 3
jours; s'il prenait la peine de faire une distinction entre les diverses
catégories de salariés. Évidemment, dans la parodie
à laquelle on assiste, il n'est pas question de rien de ça.
Deuxième acte: commission parlementaire. Le président du
Conseil du trésor décide, comme étant le roi de la
sagesse, qu'une commission parlementaire, passé 14 h, ça n'a plus
aucun résultat possible. Ça ne donne rien de permettre aux
parlementaires de s'exprimer. 14 h, selon lui, serait un record sans
précédent pour adopter 4 articles, alors qu'on sait que ces
gens-là nous ont fait passer deux mois et demi, lors de la
première année où on a légiféré, en
pleine session d'été, au mois de juillet et août, pour
l'adoption de la loi 101. Il n'y a pas de record là, après 14 h.
C'est juste le temps normal pour faire les remarques préliminaires, dans
une loi aussi majeure comme ça.
Troisième acte: c'est cet après-midi, où, encore
là, on a presque atteint la limite de la loufoquerie en
prétendant l'état d'urgence, alors qu'ils n'ont même pas eu
le courage d'appeler les parlementaires pendant 4 jours de session intensive,
puisque la dernière fois qu'on a eu l'occasion de parler de ce projet de
loi là, c'est jeudi dernier. Nous sommes en session intensive. Vendredi,
pas d'appel du projet de loi; lundi, pas d'appel du projet de loi; mardi, pas
d'appel du projet de loi, mais, c'est urgent, comme ce n'est pas possible!
C'était tellement urgent que, tantôt, en commission
plénière, il y avait autant d'amendements proposés qu'il y
avait d'articles.
Et, comme si ce n'était pas assez, comme si ce n'était pas
suffisant, M. le Président, on est obligés de revenir en
commission plénière parce qu'il y avait une coquille, puis
probablement qu'on apprendra qu'il y avait bien des coquilles. Nous, on pense
que la coquille, c'est l'ensemble de ce gouvernement-là. Ça,
c'est la coquille. Ce n'est pas le projet de loi. Et, dans ce sens-là,
le troisième acte n'est pas plus drôle que les autres. Et
ça prouve jusqu'à quel point, quand un gouvernement en est rendu
que, dès qu'il y a quelque chose qui ne fait pas son affaire, ce n'est
pas compliqué, il rentre en Chambre, puis il invoque l'urgence, puis il
suspend les règles, puis on procède...
La nouvelle démocratie, pensant que ça, ça va
privilégier une entente, ça va faciliter un climat de
négociation convenable. Imaginez! Le climat de négociation va
être bon, va être très avantageux. Une épée de
Damoclès sur la tête, en disant: II n'y a rien à
négocier, mais venez vous asseoir à la table, on est ouvert.
Parce que là, il aura sa loi dans 8, 10 minutes. Le projet de loi sera
adopté, puis là, ça va être un climat propice aux
négociations.
Et surtout, moi, comme porte-parole en matière d'affaires
municipales, je ne peux pas, non plus, laisser passer sous silence le droit
nouveau qu'on instaure. Pour la première fois, un gouvernement s'immisce
dans le monde municipal et prétend qu'il est devenu l'employeur des
employés municipaux, indépendamment des
responsabilités, indépendamment du discours, même si
ces gens-là se promènent partout pour dire: Nous, on a confiance
au monde municipal et on veut que les gens des municipalités se
responsabilisent; dorénavant, on introduit une nouvelle dimension dans
les relations de travail au Québec, on ne regarde pas les
conséquences que ça peut créer pour l'avenir. Parce que,
comme mon collègue le disait tantôt, j'ai l'impression que c'est
un précédent dangereux qui peut coûter cher dans l'avenir
des relations de travail. Ça, ils s'en foutent parce que nos balanceurs
de colonnes veulent absolument s'assurer de récupérer 170 000 000
$ alors qu'il y a 500 000 000 $ au noir ? ça, ça ne les
intéresse pas ? il y a 500 000 000 $ en contrebande de cigarettes
? mais ça, il n'est pas question de toucher à ça
? et il y a des milliards d'échappatoires fiscales. Ça, ils
ne regardent pas ça, ça ne les intéresse pas, il n'y a pas
de mesures pour essayer de contrer ça.
C'est pour ça, M. le Président, qu'en ce qui me concerne,
moi, je mets fin à cette parodie en dénonçant toute cette
situation absolument insultante.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): M. le
député de Masson, je vous cède la parole.
M. Yves Blais
M. Blais: M. le Président, je suis content que le ministre
des Affaires municipales soit ici ce soir, parce qu'on a parlé de
coquilles à la commission plénière. Mais je voudrais
souligner au ministre des Affaires municipales que cette loi, vu qu'il est
là pour protéger les municipalités, a dans son sein, par
son verbatim même, un vide juridique possible qui a des
conséquences excessivement graves sur l'administration municipale. Et le
voici. J'en ai parlé, à l'entracte, au président du
Conseil du trésor et il m'a dit que c'était vrai, à part
ça.
Il arrive ceci. Le voeu du président du Conseil du trésor
est de signer les conventions avec tout le public et le parapublic avant le 15
septembre. S'il signait avec tout le public et le parapublic avant le 15
septembre, la loi devient caduque. Si la loi devient caduque et si, entre
aujourd'hui et le 15 septembre, des municipalités prennent
l'autorité que vous leur donnez de signer des conventions en gelant
pendant 2 ans les employés municipaux, eh bien, à ce
moment-là, leur acte qu'ils ont fait devient illégal,
illégitime, si la loi devient caduque. Alors, les municipalités
seraient... Si c'est signé, si c'est votre voeu, à moins que le
voeu du gouvernement, ce soit qu'il ne veut pas signer ces conventions
collectives avec les employés de l'État et l'employé
paragouverne-mental. À ce moment-là, qu'est-ce que les villes qui
auraient signé un gel de 2 ans avec leurs employés... Il y en a
200 000, au Québec; il y a 1568 municipalités, il y a les
policiers, il y a les pompiers, les employés municipaux, les CIT, etc.
Alors, si des villes se prévalent de cette loi et signent des
conventions avant le 15 septembre et que le ministre signait avec tous les
employés du gouvernement et du parapublic, la loi devenant caduque,
qu'est-ce que vous allez faire avec les municipalités qui ont
déjà signé?
J'ai demandé cette question, à la pause, au
président du Conseil du trésor. Il m'a dit: II faudrait revenir
en Chambre, en octobre, et regarder de quelle façon on pourrait amender
le Code du travail, etc. Ça veut donc dire que, loin des coquilles, on a
un vide juridique ici dont les conséquences sont énormes. Et on
s'en fout. On passe ça dans 1 heure sans lire la loi, et je ne voudrais
pas être de l'autre côté, qu'on nous dise qu'on a
abusé. Si on avait étudié de façon très
honnête ce projet de loi, eh bien, le ministre des Affaires municipales
aurait eu le temps, d'abord, de regarder les vides juridiques dont je viens de
parler, surtout celui-là. On aurait pu faire une correction. À
cause de cela, M. le Président, je trouve ça énorme qu'on
impose un temps aussi court pour une chose aussi conséquente, et je suis
persuadé que le ministre des Affaires municipales en tiendra compte.
Je vous remercie beaucoup, M. le Président. (0 h 30)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
député de Masson. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le
ministre des Affaires municipales, je vous cède la parole.
M. Claude Ryan
M. Ryan: Oui, juste quelques mots, M. le Président, vu que
le député de Masson m'a interpellé cordialement. À
propos des municipalités, elles sont incluses dans le projet de loi 102
parce qu'elles l'ont demandé avec insistance. Je pense que nous le
savons tous, dès l'année dernière, lorsque des
premières mesures de restrictions en matière de
rémunération furent instituées par le gouvernement,
l'Union des municipalités du Québec avait demandé avec
beaucoup d'insistance d'être incluse dans le train de mesures
gouvernementales et, malheureusement, ce ne fut pas possible de le faire parce
que, déjà, des engagements avaient été pris en
relation avec ces négociations et il fallut que le monde municipal fut
laissé à sa seule responsabilité. dans un contexte
où certaines dispositions législatives concernant les
négociations dans le secteur municipal créaient des
difficultés sérieuses pour celui-ci ? en particulier, le
régime de négociation que nous avions pour les policiers et les
pompiers se traduisait, très souvent, par des arbitrages dont les
résultats étaient parfois fort coûteux ? il s'est
créé entre les municipalités et les secteurs public et
parapublic québécois un écart considérable qui est
d'au moins 25 % en matière de rémunération. les
municipalités nous disaient: aussi longtemps que les choses demeurent ce
qu'elles sont, nous ne pouvons pas résister, parce que, lorsqu'un
arbitrage vient donner une augmentation de salaire, disons, de 6 % ou 7 % aux
policiers, que pensez-vous que les cols bleus et les cols blancs de la
municipalité feront? que pensez-vous que les cadres feront? ils pourront
bien consentir un sacrifice une année ou l'autre,
mais il y a un effet d'entraînement considérable. Et
lorsqu'une...
Une voix: Le vide juridique.
M. Ryan: J'y viens au vide juridique, j'y viens. Et lorsqu'une
municipalité se voit imposer une augmentation considérable, le
phénomène d'entraînement se produit immédiatement
dans les autres. On a assisté au Québec, depuis une quinzaine
d'années, à une véritable spirale d'augmentations de ce
côté-là, et les municipalités suppliaient
littéralement le gouvernement de les inclure cette année dans le
projet de loi.
Le député s'inquiète, il dit: Si le projet de loi
conduit à des négociations qui rendent plus ou moins caduques, en
septembre prochain, les dispositions législatives, qu'arrivera-t-il des
municipalités? C'est un point pertinent que soulève le
député de Masson. Je veux l'informer que nous en avons
discuté, le président du Conseil du trésor et
moi-même, et que nous apporterons une solution à ce
problème, une solution convenable. Nous n'avons pas terminé
l'étude du projet de loi. Je pense qu'il est important d'examiner ce
sujet, parce qu'à supposer que tout se réglerait par voie de
négociation avec les centrales syndicales ? ce que nous souhaitons
vivement ? d'ici le 15 septembre, c'est évident que la question se
pose: Qu'est-ce qui arrive pour les municipalités? Le
député de Masson a raison. Mais je veux l'assurer, encore une
fois, que nous avons examiné le dossier, que nous sommes parfaitement
conscients de cette situation et qu'une solution raisonnable, une solution
acceptable autant au gouvernement qu'au monde municipal et à
l'Assemblée nationale sera instituée.
Voilà pour ce qui en est de l'intervention du
député de Masson. Le président du Conseil du trésor
s'en chargera, et ce sujet a fait l'objet d'échanges entre nous au cours
de la soirée, et il a fait également l'objet d'échanges
avec des représentants autorisés du monde municipal. J'ajoute,
finalement, que l'autonomie municipale est conservée dans le projet de
loi, parce que chaque municipalité qui le veut peut décider de se
retirer librement des mesures que prévoit le projet de loi. On ne peut
pas demander une mesure plus respectueuse de l'autorité municipale que
celle-là. N'importe quelle municipalité du Québec peut
décider, à la majorité de son conseil municipal, qu'elle
se retire de ce programme et qu'il ne l'affectera, par conséquent, en
aucune manière.
Alors, voilà une formule originale, formule complètement
inédite, complètement nouvelle, que nous avons mise au point
grâce aux rapports de respect mutuel et de collaboration qui existent
entre le gouvernement et le monde municipal. Et vouloir utiliser le monde
municipal pour tenter de discréditer le projet de loi 102, je pense que
c'est viser une fort mauvaise cible en l'occurrence.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre des
Affaires municipales. S'il n'y a pas d'autres interventions, je vais permettre
à M. le ministre, président du Conseil du trésor, de
procéder à sa réplique. Vous pouvez répliquer pour
5 minutes.
M. Daniel Johnson (réplique)
M. Johnson: Oui, je vous remercie, M. le Président.
À la fin de ce processus, je rappelle la volonté du gouvernement
d'en arriver à des conventions collectives négociées. Je
redis que la réalité s'impose par ailleurs à notre esprit,
qu'il y a, dans l'économie du Québec et l'économie
nord-américaine, des éléments qui ont emporté une
crise véritable des finances publiques en raison des systèmes de
programmes que nous avons retenus depuis une génération et des
modes de perception de revenus que nous avons également
arrêtés depuis au moins tout aussi longtemps, et que la
conjugaison de ces programmes et des modes de fonctionnement de la
fiscalité, dans une conjoncture économique comme celle que nous
connaissons, nous amène à assurer la santé
financière du gouvernement du Québec par un projet de loi comme
celui-là.
Je réitère que nous n'avons pas l'intention, dans les
circonstances et dans le contexte actuel, de mettre ces dispositions en vigueur
avant le 15 septembre afin que, d'ici là ? 90 jours ? nous
puissions en arriver à négocier, donc à pouvoir nous
entendre avec nos employés à l'intérieur d'un cadre
financier extrêmement contraignant, je le redis et je le reconnais.
Quant aux municipalités, elle bénéficieront,
dès l'adoption et la sanction de la loi ces heures prochaines, si
l'Assemblée le souhaite ainsi, elle bénéficieront, dis-je,
de la disposition qui leur permet de se soustraire à l'application de la
loi. Certaines d'entre elles nous ont souligné qu'elles ne voulaient pas
attendre un tel délai avant que de se soustraire à la loi. C'est
ce que l'amendement à l'article 42, que nous avons amené tout
à l'heure, prévoit.
Par ailleurs, et le ministre des Affaires municipales a parfaitement
répondu au député de Masson, nous avons également
à l'esprit la situation où nous pourrions nous entendre avec
l'ensemble de nos employés, laissant ainsi les seules
municipalités qui ne se seraient pas soustraites à la loi, je
dirais, peut-être en ayant à la main ce pouvoir que nous leur
octroyons.
Évidemment, dans le contexte où nous nous entendons avec
nos employés, on pourrait considérer ne pas mettre en vigueur la
loi, auquel cas, qu'est-ce qui arrive? Il arrive, M. le Président, la
même chose qui arrive à partir de tout de suite: tout le monde a
le droit d'essayer de négocier et nous verrons en temps utile, si la
situation se présentait, comme l'a indiqué mon collègue,
comment nous pourrions reconnaître la situation particulière dans
laquelle nous serons ou serions avec une convention négociée avec
quelconque de nos employés, certains d'entre eux, la majorité,
tous parmi eux. Je l'ignore, on verra. Je souhaite évidemment que ce
soit avec tous nos employés. Alors qu'il y aurait des situations
inégales dans les différentes municipalités, nous
aurons à les traiter d'une façon qui respectera les
désirs des municipalités et le gros bon sens, dans la mesure
où, si nous nous entendons avec 350 000 ou 400 000 personnes, je ne peux
pas croire que l'ensemble du milieu du travail, des organismes municipaux, des
organismes et sociétés d'État du gouvernement du
Québec ne prendraient pas acte de cette reconnaissance que
représente, dans les circonstances actuelles, une convention collective
négociée selon les paramètres gouvernementaux.
En conséquence, M. le Président, je soumets une
dernière fois à cette Assemblée la proposition que nous
adoptions ce projet de loi.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le
président du Conseil du trésor. Cette dernière
intervention met fin au débat sur la motion proposant l'adoption du
projet de loi 102 que je vais maintenant mettre aux voix.
Une voix: Vote nominal! Une voix: Adopté. Une
voix: Vote nominal.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Vote nominal. Qu'on
appelle les députés! (0 h 40 ? 0 h 46)
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Mmes et MM. les
députés, s'il vous plaît!
Mise aux voix
Alors, je mets aux voix la motion proposant l'adoption du projet de loi
102, Loi concernant les conditions de travail dans le secteur public et le
secteur municipal. Que ceux et celles qui sont en faveur de cette motion
veuillent bien se lever, s'il vous plaît.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi), M. Ryan
(Argenteuil), M. Côté (Rivière-du-Loup), M. Sirros
(Laurier), M. Tremblay (Outremont), M. Savoie (Abitibi-Est), M. Middlemiss
(Pontiac), M. Johnson (Vaudreuil), M. Cusano (Viau), M. Picotte
(Maskinon-gé), M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Houde (Berthier), M. Maciocia
(Viger), M. Maltais (Saguenay), Mme Trépa-nier (Dorion), M. Cannon (La
Peltrie), M. Philibert (Trois-Rivières), M. Beaudin (Gaspé), Mme
Dionne (Kamouraska-Témiscouata), M. Doyon (Louis-Hébert), Mme
Bégin (Bellechasse), Mme Pelchat (Vachon), M. Marcil
(Salaberry-Soulanges), M. Lemire (Saint-Maurice), M. Leclerc (Taschereau), M.
Thérien (Rousseau), M. Tremblay (Rimouski), M. Benoit (Orford), M.
Williams (Nelligan), M. Messier (Saint-Hyacinthe), M. Richard
(Nicolet-Yamaska), M. Charbonneau (Saint-Jean), M. Gauvin (Montmagny-L'Islet),
M. Gautrin (Verdun), M. Forget (Prévost), M. Gobé (LaFontaine),
Mme Hovington (Matane), M. Joly (Fabre), M. Lafre-nière (Gatineau), M.
Bergeron (Deux-Montagnes), M.
Bordeleau (Acadie), Mme Boucher Bacon (Bourget), M. Parent
(Sauvé), M. Camden (Lotbinière), Mme Cardinal
(Châteauguay), M. Després (Limoilou), Mme Loiselle (Saint-Henri),
M. Khelfa (Richelieu), M. Lafrance (Iberville), M. MacMillan (Papineau), M.
Cameron (Jacques-Cartier).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Que ceux et celles qui
sont contre cette motion veuillent bien se lever, s'il vous plaît. (0 h
50)
Le Secrétaire: M. Chevrette (Joliette), Mme Blackburn
(Chicoutimi), M. Biais (Masson), Mme Ma-rois (Taillon), M. Garon
(Lévis), Mme Harel (Hochela-ga-Maisonneuve), M. Jolivet (Laviolette),
Mme Juneau (Johnson), Mme Caron (Terrebonne), M. Gendron (Abi-tibi-Ouest), M.
Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Léonard (Labelle), Mme Vermette
(Marie-Victorin), M. Paré (Shefford), M. Boulerice
(Sainte-Marie?Saint-Jacques), M. Morin (Dubuc), M. Filion (Montmorency),
M. Bois-clair (Gouin), M. Bourdon (Pointe-aux-Trembles), M. Trudel
(Rouyn-Noranda?Témiscamingue), M. Beaulne (Bertrand), Mme
Carrier-Perreault (Les Chutes-de-la-Chaudière), M. Bélanger
(Anjou).
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Il y a des abstentions?
Pas d'abstention. le secrétaire: pour: 51 contre: 23 abstentions: 0
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Alors, le projet de loi
102 est adopté.
Nous sommes toujours à l'étape des affaires du jour. M. le
leader du gouvernement, je vous écoute.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous prierais d'appeler
l'article 14 du feuilleton.
Projet de loi 72
Prise en considération du rapport de la
commission qui en a fait l'étude détaillée
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Nous continuons les
travaux de l'Assemblée. À l'article 14 du feuilleton,
l'Assemblée prend en considération le rapport de la commission de
l'éducation sur le projet de loi 72, Loi modifiant le Code des
professions et la Loi sur les infirmières et les infirmiers. M. le
ministre responsable du Code des professions, je vous cède la
parole.
M. Raymond Savoie
M. Savoie: Très rapidement, M. le Président. Je
veux tout simplement souligner que le projet de loi en question a
été, comme vous le savez, déposé le 18
décembre 1992. Le principe a été adopté le 11 juin.
La
commission de l'éducation en a fait l'étude
détaillée le 14 juin 1993 et en a adopté les 9 articles
sans amendement, M. le Président. Enfin, le rapport de la commission a
été déposé ici, à cette
assemblée...
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Un instant, un instant,
M. le ministre, je ne vous entends pas. Les députés à ma
droite, en arrière, là... M. le député de Rimouski,
vous distrayez vos confrères. M. le ministre, continuez votre
intervention, s'il vous plaît.
M. Savoie: Le rapport de la commission, M. le Président, a
été déposé le 15 juin. Alors, je ne crois pas qu'il
soit nécessaire de rappeler le but du projet de loi 72, le fait qu'il
s'agisse, évidemment, de tout simplement ramasser 9 ou 10 modifications
concernant le Code des professions du Québec et de faire une
introduction sous un projet de loi afin de sauver le temps et le travail de
l'Assemblée nationale, de même que les instances gouvernementales
chargées de surveiller la rédaction et l'interprétation de
nos lois.
M. le Président, je demande donc, en conséquence, de bien
vouloir adopter le rapport de la commission de l'éducation sur
l'étude du projet de loi 72.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, M. le ministre.
Mme la députée de Terrebonne, je vous cède la parole.
Mme Jocelyne Caron
Mme Caron: Merci, M. le Président. Alors,
évidemment, nous avons étudié ce projet de loi de 9
articles, que le ministre considérait comme un projet mineur,
relativement léger, pour citer ses paroles. Mais il y avait certains
principes majeurs, et, contrairement aux souhaits du ministre, nous n'avons pu
étudier ce projet de loi en 1 heure seulement. Le ministre croyait que
nous pourrions étudier ce projet de loi en 1 heure. Nous avons donc pris
le temps d'étudier le projet article par article et nous avons
enregistré une dissidence sur un principe fondamental, qui était
celui qui donnait un pouvoir d'enquête, à l'article 6.
Alors, M. le Président, comme nous avions décidé
que la prise en considération du rapport devait se faire sans
débat, nous ferons le débat au moment de l'adoption. Je vous
remercie.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Merci, Mme la
députée. Est-ce que le rapport de la commission de
l'éducation sur le projet de loi 72, Loi modifiant le Code des
professions et la Loi sur les infirmières et les infirmiers, est
adopté? Adopté. M. le ministre des Communications.
M. Cannon: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 15, s'il vous plaît.
Projet de loi 75 Adoption
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 15 de
notre feuilleton, M. le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du
projet de loi 75, Loi modifiant diverses dispositions législatives
concernant l'abolition de la Société d'aménagement de
l'Outaouais. M. le ministre des Affaires municipales, pas d'intervention? M. le
député d'Abitibi-Ouest, pas d'intervention?
M. Gendron: Pas d'intervention.
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Est-ce que le projet de
loi 75, Loi modifiant diverses dispositions législatives concernant
l'abolition de la Société d'aménagement de l'Outaouais est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Lefebvre): Adopté. M. le
ministre des Communications.
M. Cannon: M. le Président, je vous prierais d'appeler
l'article 1.
Projet de loi 92 Adoption du principe
Le Vice-Président (M. Lefebvre): À l'article 1 de
notre feuilleton, M. le ministre des Affaires municipales propose l'adoption du
principe du projet de loi 92, Loi modifiant la Loi sur la fiscalité
municipale et d'autres dispositions législatives. M. le ministre.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, ce projet de loi vise à
apporter une solution à un problème très aigu qui a surgi
en matière de taxation des entreprises ferroviaires pour fins
municipales. Notre régime fiscal municipal contient de nombreuses
dispositions concernant les voies ferrées. D'abord, l'assiette d'une
voie ferrée n'est pas assujettie, actuellement, à la surtaxe
qu'une municipalité locale peut imposer sur les terrains vagues.
Ensuite, la voie ferrée elle-même n'est pas inscrite au rôle
d'évaluation foncière. Seule son assiette est inscrite au
rôle. Enfin, la valeur de l'assiette de la voie ferrée est
établie, pour les fins de son inscription au rôle
d'évaluation foncière selon une règle particulière
qui fait appel à la valeur moyenne au mètre carré des
autres terrains du territoire municipal local. On comprend ça, parce que
l'assiette d'une voie ferrée, c'est une bande de terrain qui
s'étend en longueur; elle n'a pas de valeur marchande comme telle.
Alors, pour l'évaluer aux fins de
taxation municipale, on prend la moyenne de l'évaluation par
mètre carré pour l'ensemble du territoire de la
municipalité et on l'applique à la superficie que
représente l'assiette de la voie ferrée.
Alors, il y a différents problèmes qui se sont
posés, depuis des années, auxquels des solutions n'avaient
malheureusement pas été apportées. Le premier
problème consiste dans la détermination des voies ferrées
visées par les divers éléments du régime fiscal. Le
sens normal des mots «voie ferrée» désigne tout
ensemble formé de rails et de traverses installé sur du balastre
et doté d'un accotement. S'il est assez clair que ce concept convient
aux structures ferroviaires que l'on retrouve le long des routes ou dans les
champs, on peut se demander s'il s'applique aussi lorsque les rails et les
traverses se trouvent dans une cour de triage ou dans une gare. De grosses
différences ont surgi quant à l'interprétation qu'il
convient de donner aux rails qui sont situés dans des cours de triage ou
dans des gares.
Au-delà du sens normal des mots, la disposition
législative créant la règle spéciale quant à
la valeur à inscrire au rôle de l'assiette d'une voie
ferrée précise que celle-ci comprend les fossés et les
remblais aménagés de chaque côté de la voie.
Certains en ont déduit que les mots «voie ferrée» ne
pouvaient jamais, en droit municipal, viser les rails et les traverses
situés dans une cour de triage ou une gare. D'autres, au contraire, ont
vu dans cette précision, l'indice d'une volonté différente
du législateur. Là où cette précision n'existe pas,
c'est-à-dire dans les dispositions relatives à la non-inscription
au rôle de la voie ferrée elle-même et au
non-assujettissement de son assiette à la surtaxe sur les terrains
vagues, les mots «voie ferrée» doivent aussi viser les rails
et les traverses situés dans une cour ou une gare.
Un problème se pose à propos des passages à niveau
aussi. On se demande s'ils doivent être taxés à titre de
voies ferrées ou à titre d'assiettes situées le long d'une
voie publique. Évidemment, la valeur du terrain est bien
différente, à ce moment-là. (1 heure)
Un problème a sugi récemment, en conséquence de la
Loi 145. La loi 145 autorise une surtaxe sur les immeubles non
résidentiels; la surtaxe peut se substituer à l'ancienne taxe sur
la valeur locative. Or, les voies ferrées, jusqu'à l'adoption de
la loi 145, n'avaient pas été assujetties à la taxe
d'affaires. Là, plusieurs municipalités où se trouvent des
voies ferrées, et en particulier les cours de triage, ont voulu profiter
de la loi 145 pour imposer, aux voies ferrées qui sont situées
dans les cours de triage, une surtaxe sur les immeubles non
résidentiels. Évidemment, ça a entraîné une
augmentation considérable du compte de taxes des entreprises
ferroviaires. Celles-ci ont protesté avec vigueur et ont fait savoir par
toutes sortes de moyens qu'elles ne pouvaient pas accepter la situation qui
leur était ainsi causée.
Je voudrais donner lecture, à ce sujet, d'une lettre qui
était adressée, en avril dernier, par le vice-président
exécutif et chef de la direction financière de Canadien
National, M. Yvon Masse. Cette lettre était adressée au
ministre des Finances, le député de Bonaventure. Je pense que
c'est intéressant pour comprendre le problème auquel nous
cherchons une solution ce soir. Elle se lit comme suit: «Je voudrais
attirer votre attention sur l'importance du fardeau fiscal qui incombe au
Canadien National, alors que cette entreprise traverse l'une des pires crises
de son histoire. Dans une telle perspective, il est certainement
approprié d'évoquer les conséquences adverses que toute
augmentation de ce même fardeau fiscal ne manquerait pas
d'entraîner. 11 m'apparaît même essentiel que tous ceux qui
sont en mesure d'intervenir en soient informés. «Le CN exerce
aujourd'hui son activité dans un environnement hautement concurrentiel.
Depuis 1987, la Loi sur les transports nationaux a modifié les
règles du jeu, en créant un environnement
déréglementé, avec la volonté expresse de favoriser
les expéditeurs de marchandises. Cette loi ne donne pas au Canadien
National le moyen de disposer de toute la latitude nécessaire pour
rationaliser son exploitation à un moment où la situation
financière de l'entreprise est très alarmante. Ainsi, dans les
trois dernières années ? cette lettre date d'avril 1993,
là, ce n'est pas du passé préhistorique ? le Canadien
National a accusé des pertes qui représentent quelque 250 000 000
$. «Pour redresser sa situation, le CN a décidé de
réduire le poste le plus important de ses dépenses en
procédant à des compressions de personnel, mais ces compressions
ne suffiront pas, à elles seules, à régler tout le
problème financier du CN. Avec le libre-échange, et dans la
perspective de l'alliance de libre-échange nord-américain avec le
Mexique, l'environnement concurrentiel dans lequel évolue le CN
revêtira un caractère de plus en plus international. «Or
? et j'attire votre attention sur ce point ? le CN paie chaque
année aux gouvernements fédéral et provinciaux et aux
municipalités environ 260 000 000 $ en taxes et impôts. On estime
que le CN et CP Rail versent ensemble 225 000 000 $ de plus en taxes et
impôts que s'ils exerçaient la même activité aux
États-Unis, et ceci repose sur une étude du Vancouver Round Table
de décembre 1991. «Au Québec, note M. Masse, la taxe sur le
carburant à locomotive est plus élevée qu'aux
États-Unis. Mais, c'est cependant au niveau de la taxe foncière
que l'écart est le plus grand.» Et avec l'application de la
surtaxe sur les immeubles non résidentiels, il est évident que
l'écart allait s'accroître considérablement. «S'il
est vrai que dans le jeu économique québécois le CN est un
partenaire important, il est indispensable de tout mettre en oeuvre pour qu'il
le demeure. À l'heure actuelle, le CN emploie quelque 8600 personnes au
Québec, dont 7200 à Montréal. Il y aura un
fléchissement de ces chiffres à la suite des compressions
annoncées par les autorités du CN, mais il n'empêche que le
CN demeure au Québec, comme d'ailleurs dans l'ensemble du Canada, un
employeur de premier plan. «À ce sujet, les taxes foncières
et les surtaxes
applicables aux propriétés à caractère non
résidentiel donnent lieu à des problèmes qui font l'objet
de négociations avec le ministère des Affaires municipales ?
c'est toujours M. Masse qui parle ? mais, finalement, c'est l'ensemble des
charges fiscales pesant sur le CN qui doit être pris en
considération.»
Alors, la lettre se termine ainsi: «Pour les motifs ci-dessus
énoncés, nous espérons, M. le ministre des Finances, que
votre prochain budget ne comportera aucune hausse de taxes pour le secteur
ferroviaire. En outre, nous vous demandons d'apporter votre appui, si besoin en
est, au ministre des Affaires municipales, lors des négociations
touchant les taxes foncières. La réussite de ces
négociations sera une première étape en vue d'obtenir une
fiscalité concurrentielle pour le réseau ferroviaire au
Québec.»
Saisi de ces faits, M. le Président, je me suis empressé
de communiquer avec les municipalités concernées. Il y en a une
dizaine sur l'île de Montréal, il y en a ailleurs au
Québec, mais le problème se pose de manière
particulièrement aiguë sur l'île de Montréal. Et
grâce aux services de la Communauté urbaine de Montréal et
des municipalités concernées, des négociations se sont
engagées avec le CN et le CP. Au terme de ces négociations, une
entente a été conclue, en vertu de laquelle le fardeau incombant
aux entreprises ferroviaires connaîtra un allégement substantiel
par rapport à ce qui eut découlé de l'application
littérale de la mesure de surtaxe sur les immeubles non
résidentiels. Mais ces ententes, pour être durables, pour
n'être pas sujettes aux fluctuations de la volonté des conseils
municipaux concernés, doivent être confirmées dans une
législation émanant de l'Assemblée nationale. C'est le but
du projet de loi 92 que nous abordons maintenant: apporter des solutions
fondées sur des négociations qui ont eu lieu entre des
entreprises ferroviaires et les municipalités. Pour nous, du
gouvernement du Québec, cet arrangement n'entraîne aucune
diminution de revenus, aucune conséquence financière. Il s'agit
d'un arrangement auquel ont consenti les municipalités
concernées, les municipalités de l'île de Montréal
surtout, et cet arrangement aurait les effets suivants. Tout d'abord,
préciser que le non-assujettissement de l'assiette d'une voie
ferrée à la surtaxe sur les terrains vagues s'applique aussi dans
le cas où la voie ferrée est située dans une cour ou un
bâtiment; deuxièmement, préciser que la non-inscription
d'une voie ferrée au rôle d'évaluation foncière
s'applique aussi dans le cas où la voie ferrée est située
dans une cour ou un bâtiment.
Ce qui est arrivé à Montréal en particulier, c'est
que, depuis quelques années, on avait commencé à inscrire
des voies ferrées au rôle d'évaluation. Évidemment,
il en découlait des charges fiscales importantes. Puis des litiges ont
surgi. Cette situation dure depuis une dizaine d'années. Des litiges ont
surgi. Le nombre de plaintes dont est saisi le Bureau de révision de
l'évaluation foncière s'élève actuellement, de 1974
à 1992, à 6500 plaintes, pour une valeur totale de 3 500 000000$
à 4000000000$. C'est seulement pour les municipalités de la CUM,
ça. Alors, toutes ces plaintes n'ont pas été l'objet de
décisions, encore. La situation traînait. Et des implications
proprement fiscales étaient, évidemment, de plusieurs millions de
dollars. On estime que pour la seule année 1993, en l'absence d'un
règlement comme celui que définit le projet de loi 92, les
charges fiscales additionnelles que devront porter les entreprises ferroviaires
seraient de l'ordre de 13 000 000$ à 14 000 000 $ ?seulement pour
cette année-là.
Alors là, il y a un intérêt mutuel qui se pose pour
les deux. On peut bien dire: Qui paie? C'est le CN, puis c'est le CP. Ils ont
de l'argent en masse. Mais, si, à force de porter des charges trop
lourdes, ces entreprises décident de réduire leurs
activités dans la région de Montréal et au Québec,
si elles décident de réduire leurs centres de décision, de
couper les activités au minimum, nous ne serons pas plus avancés.
Nous aurons encore moins de revenus de taxes que si nous allions convenir avec
elles, avec l'accord des municipalités, d'ailleurs, d'un régime
plus convenable. Alors, voilà, M. le Président, les 2 premiers
points.
Le troisième objet du projet de loi est de préciser que la
règle particulière relative à l'établissement de la
valeur devant être inscrite au rôle d'évaluation
foncière de l'assiette d'une voie ferrée, qui fait appel à
la valeur moyenne, au mètre carré, des autres terrains du
territoire municipal dont j'ai parlé tantôt, ne s'appliquera pas
dans le cas où la voie ferrée est située dans une cour ou
un bâtiment. Le projet de loi précise également que
lorsqu'un terrain est susceptible d'être assujetti quant à son
inscription au rôle d'évaluation foncière, à la fois
au régime ? ça, c'est le cas des passages à niveau,
là ? à la fois à son titre de voie ferrée et
de voie publique, à ce moment-là, il sera assujetti à
l'assiette de la voie publique seulement et non pas aux deux. (1 h 10) une
autre chose. quand il s'agit d'une cour de triage, là,
l'évaluation va se faire pour l'ensemble. les propriétés
qui peuvent être là-dessus, le bien-fonds de terrain et,
également, la voie ferrée, c'est tout compté dans un seul
ensemble. mais ça sera évalué, par conséquent, de
manière régulière. mais, cependant, pour la taxation,
ça sera seulement 40 % du taux normal de taxation, et c'est là
qu'est la clé de la mesure. dans le cas de ces installations ? ce
sont des cours de triage et des gares ? le taux de taxation sera
ramené à 40 % au lieu de 100 % du taux qui a été
décrété par la municipalité locale. avec ces
modifications, je pense que nous contribuerons à procurer un
régime fiscal beaucoup plus intéressant pour les
municipalités.
Et j'ai ici une lettre d'une personne qui a agi comme porte-parole des
entreprises ferroviaires dans les discussions qu'elles ont eues avec les
municipalités concernées et le ministère des Affaires
municipales. Nous avons été associés étroitement
à ces échanges; nous en avons facilité l'aboutissement.
Nous sommes très heureux d'apporter une contribution encore plus
concrète par le dépôt de ce projet de loi. Alors, je
donne des extraits, ici, d'une lettre qu'adressait, le 31 mai dernier,
au directeur du service de l'évaluation de la Communauté urbaine
de Montréal, M. Jean Bélanger, le directeur du groupe-conseil
Fallu, Gingras et associés, M. Pierre-H. Fallu: «À la suite
de notre rencontre, mes clients ? c'est-à-dire les entreprises
ferroviaires ? ont exprimé leur grande satisfaction à
l'effet que, pour la CUM également, le projet de loi 92, dans son
ensemble, est conforme aux discussions que nous avons entreprises il y a plus
d'un an. Nous avons également convenu que, dans les prochains jours, nos
actions communes devront porter sur l'obtention d'une garantie de la part du
législateur que le projet de loi 92 sera adopté avant le 23 juin
1993. Devant le peu d'informations que nous avons quant aux problèmes
relatifs aux compagnies ferroviaires à vocation unique qui desservent
principalement l'industrie métallurgique, nous nous en tiendrons, pour
le moment, à la piste de solution énoncée par votre
aviseur légal.»
Je souligne ici qu'on a soulevé le problème des chemins de
fer privés, comme celui d'Iron Ore, à Port-Cartier. Alors, je
déposerai, plus tard dans l'étude du projet de loi, un amendement
qui fera en sorte que la loi ne s'appliquera qu'au CN et au CP et ne s'occupera
pas des problèmes relatifs aux chemins de fer privés parce qu'ils
sont trop complexes. Ils nécessiteront des négociations
particulières et des solutions différentes.
Je continue à lire des extraits de la lettre de M. Fallu:
«En ce qui a trait au libellé du projet de loi 92, mes clients
considèrent que le législateur a fidèlement
reflété l'esprit et la lettre des ententes intervenues avec le
monde municipal. Par ailleurs, compte tenu de nos dernières discussions
et dans le but de favoriser un débat harmonieux en commission
parlementaire, mes clients continuent de manifester l'esprit d'ouverture qui a
présidé à nos discussions sur ce dossier et m'autorisent
à vous faire part de l'offre finale suivante: Canadien National et CP
Rail s'engageront à ne pas réclamer des municipalités non
directement concernées par les causes du rail et des cours de chemin de
fer le remboursement de la surtaxe déjà facturée sur les
entreprises de la voie ferrée pour les années 1992 et
1993.» Alors, ça, c'est une disposition extrêmement
intéressante. Ça veut dire que ça met fin à tout le
contentieux des causes qui avaient été portées devant le
BREF. C'est un règlement qui intervient sans que n'en découle
aucune charge financière pour les municipalités
concernées. «Deuxièmement, Canadien National et CP Rail
s'engageront à payer, pour l'année 1993, les taxes
foncières imposées sur les voies ferrées dans les cours de
chemin de fer ainsi que 40 % de la surtaxe sur les immeubles non
résidentiels sur ces mêmes voies ferrées, et cela pour
l'année 1993.» Ici, j'apporte une précision. Le projet de
loi sera adopté ? je le souhaite bien ? d'ici la fin de la
présente session. S'il est adopté, il ne pourra guère
entrer en vigueur avant le début de juillet, et, à ce
moment-là, nous présenterons un amendement en vertu duquel les
taxes foncières devant découler du projet de loi ne seront
payables qu'à comp- ter du 1er juillet. Il y a une proposition de
compromis qui est intervenue entre les municipalités concernées
et les entreprises ferroviaires: ça sera payable seulement à
compter du 1er juillet et, par conséquent, pour la première
partie de l'année, la taxe sera payable à 100 %, non pas à
40 %. Un compromis très avantageux pour les municipalités. En
même temps, les compagnies ferroviaires sont tellement
intéressées à obtenir cette solution confirmée par
voie législative qu'elles seront très heureuses également
du compromis.
Oui, j'ai bien dit tantôt, je ne voudrais pas qu'il y ait de
mélange. Je pense que c'est clair. C'est 40 % du taux de la surtaxe sur
les immeubles non résidentiels. Si j'ai dit des choses
différentes, je vous aurais induits en erreur. C'est évident que
la taxe foncière de base est payée à sa pleine valeur.
Mais il s'agit de la surtaxe qui découle de la loi 145, et qui est venue
remplacer, dans le cas d'un grand nombre de municipalités, l'ancienne
taxe d'affaires, laquelle, comme je l'ai dit, n'était pas imposée
sur des voies ferrées. On a commencé à imposer la surtaxe.
C'est là que le problème s'est amplifié
considérablement. Et si le problème remontait à plusieurs
années en arrière, à Montréal, c'est parce qu'on
avait commencé à modifier la valeur qu'on inscrivait au
rôle pour ces propriétés, et les compagnies de chemins de
fer ne l'avaient jamais accepté. Ça a donné lieu à
ces causes inscrites devant le BREF.
M. le Président, voilà l'essentiel de ce projet de loi 92,
qui est un projet hautement technique. Je pense qu'il permet à
l'Assemblée nationale d'apporter au problème de la taxation des
entreprises ferroviaires, surtout en milieu urbain, une solution raisonnable,
une solution réaliste, une solution qui devrait aider ces entreprises
à poursuivre, dans un climat de confiance et de collaboration, leur
activité économique très importante au Québec, et
plus particulièrement dans la région de Montréal.
Merci.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Affaires municipales de votre intervention. Un simple rappel aux membres de
cette Assemblée que nous en sommes à l'adoption du principe du
projet de loi 92, Loi modifiant la Loi sur la fiscalité municipale et
d'autres dispositions législatives.
Je cède la parole à M. le leader adjoint de l'Opposition
officielle et député d'Abitibi-Ouest.
M. François Gendron
M. Gendron: Oui, M. le Président. Même si je trouve
qu'il est un peu tard pour prendre le train, l'Opposition officielle va
concourir à l'adoption du principe de ce projet de loi, parce que nous
avons à peu près la même perception des choses: il s'agit
là d'un projet de loi qui est devenu nécessaire pour
régulariser une situation qui avait assez duré.
On sait que, depuis plusieurs années, la fiscalité
municipale applicable aux voies ferrées fut l'objet de plusieurs
contestations de la part des entreprises de
chemin de fer, que ce soit Canadien National ou CP Rail. Sans porter de
jugement sur le fond des choses, il y a quand même une explication qui a
été donnée par le ministre responsable des Affaires
municipales, c'est qu'il est exact que la fiscalité municipale a subi de
multiples changements au fil des ans, et la législation a donné
lieu également à toutes sortes de jugements contradictoires
depuis 20 ans, ce qui rendait passablement difficile l'application de la Loi
sur la fiscalité municipale, plus spécifiquement en ce qui a
trait aux voies ferrées, parce que ? ça a été
également mentionné par le ministre également, mais je
pense qu'il y a lieu de le rappeler ? ce n'est pas des choses mineures qui
sont en cause, là. Quand on est rendu à contester des sommes
aussi significatives que 3 500 000 000 $ et un nombre de plaintes aussi
important que 6500, c'est parce que ça se multipliait pour l'ensemble
des villes à l'intérieur du territoire de la Communauté
urbaine, et c'est évident que ça devenait peut-être assez
avantageux pour les avocats et les avocates du Québec. Mais ce n'est
quand même pas une mesure des plus productrices, si on convient que,
normalement, lorsqu'un gouvernement décide de légiférer
dans le domaine de la fiscalité, c'est pour que, essentiellement, les
lois fiscales soient compréhensibles, et que les concernés en
aient une application commune, qui, règle générale, ne
multiplie pas à satiété les contestations. (1 h 20)
Ce n'était pas le cas, et je pense que c'est heureux aujourd'hui
que le projet de loi 92 vienne régulariser une situation qui avait assez
duré dans le temps. Afin d'en venir à un règlement final
et total des litiges concernant la fiscalité applicable aux voies
ferrées, la Communauté urbaine, les entreprises ferroviaires
concernées ont mis un comité sur pied afin d'élaborer un
compromis. Parce que je pense que, dans des débats ou dans des questions
comme ça, il y a lieu, pour l'une ou l'autre des parties, de faire un
certain nombre de compromis. Ça a été fait, et on arrive
à cette conclusion-là.
Je ne crois pas qu'il m'appartienne de reprendre les
éléments du projet de loi. Je pense que le ministre a bien
précisé les éléments sur lesquels porte le projet
de loi. Je voulais juste, peut-être, en rappeler 2 qui, à ma
connaissance, n'ont peut-être pas été assez
évoqués. On se rappelle que la valeur foncière des voies
ferrées sera établie en fonction de la valeur moyenne, au
mètre carré, des autres terrains de la municipalité, sauf
pour les voies ferrées situées dans une cour ou une gare, ce qui
devrait, encore là, éliminer les applications divergentes.
Il y a également, dans le projet de loi, des dispositions qui ont
tenu compte de la jurisprudence afin que les voies ferrées
situées ailleurs que dans une cour ou une gare ne constituent pas un
lieu d'affaires ? donc, elles ne seront pas soumises à une taxe
d'affaires. Le ministre, d'entrée de jeu, disait que c'était un
projet de loi qui était intéressant parce qu'il ne nous
coûte rien. Je comprends! S'il avait fallu qu'il coûte quelques
cents au gouvernement, je ne suis pas sûr que, même s'il est 1 h 20
du matin, on aurait à l'apprécier, sachant combien la situation
budgétaire de ce gouvernement-là est rendue difficile, dans
certains cas, par de la mauvaise gestion; dans d'autres cas, par du gaspillage;
dans d'autres cas, en se mettant un bandeau sur les yeux concernant les
échappatoires fiscaux, que ce soit au niveau de la fraude, de la
contrebande ou autre chose. Alors, je comprends, le ministre a dit: C'est un
bon projet de loi, ça ne nous coûte pas un cent. Bien heureux,
bien content!
J'aimais aussi sa compréhension très large eu égard
aux charges financières des compagnies ferroviaires. Alors, je le cite
au texte, il disait: «Ça serait dangereux de laisser des charges
financières trop lourdes aux compagnies ferroviaires. Il y aurait un
danger pour nous parce que quand les compagnies ferroviaires ou d'autres se
voient appliquer des charges financières tellement
élevées, la conséquence, ce n'est pas compliqué,
c'est sûr que ça va se traduire par une réduction
d'effectifs, dans certains cas, et par une coupure de services, dans
d'autres.» J'aimerais ça qu'il ait la même
compréhension pour bien des contribuables québécois.
J'aimerais ça qu'il parle à son ministre des Finances, à
certaines sociétés ou compagnies qui, actuellement, sont en
presque faillite technique, dû, justement, au même raisonnement du
ministre, c'est-à-dire des charges financières trop lourdes. Il y
a un certain nombre d'entreprises au Québec qui, ayant des charges
financières trop lourdes, baissent les bras. On ne peut pas les
blâmer, quand ce gouvernement-là a surtaxé et imposé
toutes sortes d'impositions, ce qui fait que le niveau de taxation au
Québec a augmenté d'à peu près 8 000 000 000 $
depuis que ce gouvernement-là est au pouvoir. Alors, j'aimerais
ça que le ministre ait la même logique, la même
continuité de pensée concernant sa bonne logique de charges
financières trop lourdes. Ça peut avoir des conséquences
graves sur l'économie; c'est ce que nous vivons, malheureusement.
Si on revient au fond du projet de loi, le ministre dit: Ça ne
nous coûte pas un cent, donc, on est d'accord. Ce n'est quand même
pas tout à fait le point de vue de l'UMQ. C'est important de rappeler,
il n'a pas dit un mot de l'Union des municipalités du Québec, qui
a indiqué au gouvernement que, en ce qui les concerne, le nouveau
régime fiscal applicable aux chemins de fer, selon l'UMQ, aura comme
conséquence d'entraîner des pertes de revenus pour les
municipalités. L'Union des municipalités du Québec, un
certain temps, a exigé que le gouvernement compense les
municipalités pour ces pertes de revenus puisque ? je ne veux pas
parler des deux côtés de la bouche, là ? ou bien c'est
vrai que les compagnies de chemins de fer auront des charges financières
moins lourdes ? et je suis d'accord avec ça ? et si c'est
vrai, il y a quelqu'un qui va devoir le payer en quelque part... Et il y a un
certain nombre de municipalités qui n'auront pas la capacité
qu'elles avaient d'aller chercher un certain nombre de fiscalités qui se
trouvent à être réduites par l'accord auquel les parties en
sont
arrivées. Et on aura l'occasion d'apprécier ça,
j'espère, en commission parlementaire, article par article.
L'UMQ avait également souligné qu'elle s'opposait à
l'exemption, pour les voies ferrées situées ailleurs que dans une
cour ou une gare, de la surtaxe sur les immeubles non résidentiels. Aux
yeux de l'Union des municipalités du Québec, cette exemption
constitue un grave accroc au principe de la loi 145 qui a introduit la surtaxe
afin de permettre aux municipalités de se procurer de nouveaux revenus,
afin de compenser pour les pertes importantes découlant de «la
réforme Ryan» ? et, là, je cite comment on l'appelait,
entre guillemets, bien sûr, M. le Président.
C'est exact que la réforme du ministre des Affaires municipales a
eu comme conséquence de se traduire par des pertes importantes au niveau
de la fiscalité directe pour les municipalités. Et, selon l'Union
des municipalités du Québec, cette exemption que je viens
d'évoquer n'a pour seul objectif que d'alléger ? et c'a
été repris par le ministre des Affaires municipales ? le
fardeau fiscal des entreprises de chemins de fer. Et ça, je l'ai dit
tantôt, moi, je n'ai pas de trouble avec ça, puis c'est un
objectif louable du gouvernement de vouloir alléger les charges
financières des compagnies de chemins de fer parce que ça
devient, à un moment donné, odieux. Sauf que l'Union des
municipalités du Québec convienne que ce n'est pas sa
responsabilité d'assumer cette logique que le gouvernement peut
épouser et que j'épouse moi-même, comme porte-parole de
l'Opposition officielle, il y aura lieu d'apprécier si c'est exact qu'il
y a une perte fiscale pour les municipalités. 11 y aura lieu de
l'apprécier au mérite puis de convenir de dispositions.
L'UMQ considère également que les articles 10 et 12du
projet de loi qui ont pour effet de situer le taux de la taxe d'affaires, ou de
la surtaxe foncière sur les voies ferrées localisées dans
une cour, à 40 % du taux réel, engendreront des impacts
financiers négatifs pour certaines municipalités. ça
aussi, ça sera à apprécier. en effet, ces dispositions
pénalisent les municipalités qui comptent sur leur territoire des
entreprises régionales de chemins de fer qui, la plupart du temps,
opèrent pour les fins propres des compagnies qui les possèdent,
que ce soit alcan, que ce soit ioc, québec cartier, que ce soit north
land je ne sais pas quoi, à rouyn-noranda, et ainsi de suite.
Les municipalités telles que Sept-îles, Fermont,
Port-Cartier, Rouyn-Noranda, Jonquière, Aima, Matane et bien d'autres se
trouvent donc à être perdantes parce qu'on applique à
l'ensemble du territoire québécois une entente entre la
Communauté urbaine et les deux grandes compagnies ferroviaires du
Québec. Et ça, il me semble que c'était une
réalité du projet de loi. Puis, d'ailleurs, lorsque j'ai eu
l'occasion, moi, comme porte-parole, comme c'est normal de le faire, de
rencontrer les parties concernées, c'est-à-dire les
représentants de la Communauté urbaine ? M. Hamelin, le
président ? et les gens représentants les compagnies
ferroviaires, nous avions, dans cette rencontre avec M. Pari- zeau et
moi-même, évoqué cette difficulté d'appliquer
à l'ensemble du Québec une problématique plus
spécifique et particulière au territoire de la Communauté
urbaine. Parce que, essentiellement, c'est tellement vrai ce que je souligne
que la prétention de l'UMQ, c'était que le gouvernement aurait
dû faire le choix de modifier la Loi sur la Communauté urbaine
plutôt que modifier la Loi sur la fiscalité municipale.
Et, là-dessus, j'en profite pour faire une mise au point au
niveau de l'UMQ. En ce qui nous concerne, même si dans une lettre que
j'ai reçue du président de l'UMQ ? et j'y reviendrai
tantôt ? lorsqu'il prétend que nous aussi, selon les
renseignements qui lui sont accessibles ? je ne sais pas où il a
pris ses renseignements ? l'Opposition était d'accord avec cette
préférence, je rappelle qu'il n'appartient pas aux membres de
l'Opposition de choisir les cadres législatifs. Et le cadre
législatif qui a été choisi par le gouvernement, ça
n'a pas été de modifier la Loi sur la Communauté urbaine,
c'a été de modifier la Loi sur la fiscalité. Puis, c'est
son droit le plus strict, puis ça appartient au gouvernement, ça
n'appartient pas à l'Opposition officielle de déterminer quel
sera le cadre législatif. (1 h 30)
Mais ça, c'est pour illustrer, M. le Président, que c'est
évident que, essentiellement, le litige, les plaintes et le conflit
originaient entre les compagnies ferroviaires et les principales
municipalités qui sont sur le territoire de la Communauté
urbaine. Et en faisant des dispositions à l'ensemble de la Loi sur la
fiscalité, on touche des municipalités qui ont un réseau
ferroviaire qui n'est pas du CN et qui n'est pas du CP, qui est un
réseau ferroviaire un peu à caractère privé. Mais,
pour une municipalité, il y avait là une source de fonds. Il y
avait là une capacité d'aller chercher ce qu'on appelle une
certaine assiette fiscale et il me semble que c'était pertinent, que
l'UMQ fasse valoir ce point de vue là.
Cependant, je reconnais qu'après en avoir été
saisis, nous, on a fait des représentations auprès du cabinet du
ministre des Affaires municipales et les 2 amendements que nous avons
reçus aujourd'hui, je pense, vont dans le sens de permettre, même
si le problème était davantage au niveau de la Communauté
urbaine, de tenir compte de cette représentation qui a été
faite par l'UMQ concernant les municipalités qui n'étaient pas
dans le territoire de la Communauté urbaine. On aura, encore là,
à apprécier ça article par article, mais il nous
apparaît que les amendements proposés devraient convenir.
Je ne peux pas faire un long plaidoyer sur le fond même. J'ai
indiqué tantôt que le projet de loi 92 était un projet de
loi à caractère technique qui s'adresse, d'abord et avant tout,
aux évaluateurs puis aux tribunaux qui auront à
interpréter ces dispositions. Tantôt, il confirme certaines
règles d'évaluation foncière des voies ferrées
déjà utilisées, tantôt il clarifie des zones
plutôt obscures ou grises qui existaient présentement dans la Loi
sur la fiscalité municipale. Après 15 ans de chicane puis de
tiraillements entre la Communauté urbaine puis les
entreprises ferroviaires, il est intéressant de constater que les
2 parties ont délaissé les tribunaux pour négocier une
entente. Et, dans le projet de loi 92, l'on retrouve le résultat de
cette entente. On ne peut faire autrement que de se réjouir et de
concourir.
Comme je l'ai indiqué aux parties et que je l'indique
présentement en cette Chambre, nous sommes d'accord avec le principe du
projet de loi. On avait une préoccupation pour les municipalités
à l'extérieur de la zone de la Communauté urbaine, les 2
amendements vont dans le sens des revendications qui nous avaient
été faites, et puisque le gouvernement, par ces
amendements-là, s'est montré attentif à leurs
représentations, il nous apparaît, à ce moment-ci, qu'il
n'y a plus d'obstacle majeur pour convenir de l'approbation de ce projet de loi
là. Je tenais cependant, M. le Président, à ce que ces
choses-là soient confirmées par écrit par le
président de FUMQ. Donc, dès aujourd'hui, j'ai ? bien, plus
aujourd'hui parce que, là, on est rendu à jeudi, mais mercredi,
donc hier ? communiqué avec le président de FUMQ pour qu'il
m'indique par écrit si, dans l'état actuel du projet de loi, il
donnait son accord à la passation du projet de loi puisqu'il nous avait
fait parvenir, comme au gouvernement, sans doute, un mémoire que le
ministre des Affaires municipales n'a pas évoqué, mais dans le
mémoire qu'il nous a présenté, je pense qu'il avait raison
de prétendre que l'Union constate également que ce projet de loi
ne fait aucune distinction entre la situation vécue sur le territoire de
la Communauté urbaine qui concerne les transporteurs ferroviaires
nationaux que sont les compagnies CN, CP, et la situation vécue
ailleurs. Il y avait d'autres remarques que, rendu à 1 heure 30 du
matin, je ne reprendrai pas, mais il m'apparaissait important d'avoir une
confirmation de l'Union des municipalités du Québec pour
distinguer entre la position qui semblait ne pas tellement être
favorable, compte tenu qu'il y avait trop de pertes fiscales les concernant, et
l'évolution du projet de loi par rapport aux amendements qui ont
été apportés.
Très rapidement, M. le Président, je vous cite uniquement
2 paragraphes: «Enfin, compte tenu de l'ampleur des enjeux
budgétaires qui sous-tendent les règlements intervenus sur le
territoire de la Communauté urbaine, l'Union des municipalités du
Québec ne souhaite pas que ces objections à ce projet de loi
mettent en péril son adoption avant l'ajournement de la présente
session parlementaire.»
Et c'est signé: M. Ulric Blackburn, maire de Chicoutimi et
président de l'Union des municipalités du Québec.
Donc, ça ne fait aucun doute qu'en ce qui nous concerne nous
allons collaborer pour que, rapidement, ce projet de loi puisse être
adopté dans toutes ses phases afin que les nombreux échanges
mettent fin à cette situation difficile pour les compagnies de chemins
de fer, difficile pour les municipalités, ayant des conséquences
assez importantes au niveau de la fiscalité du Québec. Je pense
que si les parties en sont arrivées à un règlement et
qu'il est légitime de l'encadrer dans une législation pour
éviter une interprétation arbitraire des conseils municipaux qui
se succèdent, compte tenu de la démocratie qu'on connaît au
Québec, je pense que c'était normal que le gouvernement donne
suite à cette entente par un projet de loi, afin de mettre fin à
ces difficultés d'interprétation qui ont fait que ça a
été, pendant un certain temps, assez coûteux pour les
différentes parties concernées.
Alors, M. le Président, nous sommes favorables à
l'adoption du principe du projet de loi.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Alors, merci, M. le
député d'Abitibi-Ouest.
Je cède la parole à M. le ministre des Affaires
municipales pour son droit de réplique. M. le ministre.
M. Claude Ryan (réplique)
M. Ryan: M. le Président, je serai très bref. Je
voudrais tout d'abord remercier le député d'Abitibi-Ouest de la
collaboration qu'il accorde au gouvernement en vue de l'adoption du projet de
loi. Le député d'Abitibi-Ouest, je pense que je peux le dire, m'a
abordé spontanément, au cours de la journée d'hier, pour
m'offrir sa collaboration. J'en étais très heureux, parce que
nous avons déposé le projet de loi il y a quand même
déjà un certain temps, il y a maintenant plus d'un mois, et le
calendrier chargé de nos travaux n'avait pas permis de l'aborder avant
ce jour. Je craignais fortement qu'en l'absence de collaboration de
l'Opposition, qui aurait pu être justifiée par différentes
circonstances que nous connaissons, ce projet de loi ne puisse être
adopté à cette session-ci. Mais, étant donné
l'excellente collaboration du député d'Abitibi-Ouest, dont j'ai
déjà bénéficié, d'ailleurs, lorsqu'il
était critique de l'Éducation et que j'étais
moi-même ministre de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur, je pense que nous pouvons accomplir un geste constructif,
empreint d'esprit civique.
Je suis très heureux de le voir posé en la présence
de représentants des entreprises ferroviaires, qui sont dans les
galeries en haut, qui ont suivi nos travaux au cours de la journée,
d'après ce que je comprends, que je veux féliciter de leur
présence parmi nous, et à qui je suis très heureux que
notre Chambre offre, à l'occasion de ce projet de loi, l'exemple d'une
attitude d'harmonie et de collaboration dont on n'a peu souvent d'échos
à l'extérieur et qui se produit plus souvent à
l'intérieur qu'on ne serait enclin à le penser en lisant
seulement les journaux, qui voient surtout les aspects négatifs de nos
travaux et qui soulignent, surtout, les aspects plus spectaculaires. Ceci n'a
rien de spectaculaire, c'est peut-être une des choses les plus
importantes que nous aurons accomplies au cours des 2 ou 3 dernières
semaines. Et, que nous ayons pu accomplir ces choses au profit d'une entreprise
d'un secteur d'activité absolument fondamental pour la vie
économique du Québec et en particulier de la région
métropolitaine, je pense qu'il y a lieu de
s'en réjouir.
N'oublions pas, M. le Président, que la vocation
économique de Montréal a toujours gravité autour de son
rôle de pivot en matière de transport, transport maritime,
transport aérien, transport routier, transport ferroviaire. Et l'avenir
de la métropole, tous ceux qui se penchent sur les perspectives d'avenir
de la métropole conviennent que nous devons viser à
développer et à renforcer sa vocation dans le secteur du
transport. Je pense que nous posons, avec ce projet de loi, un geste qui va
dans ce sens-là. Ce n'est pas le plus décisif de tous, mais c'est
un geste, j'en suis convaincu, qui incitera les entreprises ferroviaires
à considérer avec plus d'intérêt encore leur
implantation dans la métropole et ailleurs au Québec.
Et, à propos des autres municipalités concernées,
je pense qu'il ne faut pas exagérer le problème. Nous
réglons le problème des municipalités où il y a des
chemins de fer privés, comme celui de Port-Cartier et de
Sept-îles, ça, ça va, mais les autres cas où ce sont
le CN ou le CP, ces municipalités jouiront du même traitement qui
est garanti dans l'entente dont nous confirmons les termes par le projet de loi
actuel. Je pense que c'est un régime qui est fort convenable, et ces
municipalités doivent se réjouir de compter sur leur territoire
des installation du CN et du CP.
Je me rappelle, quand nous discutions, il y a 2 ans, du projet de loi
145, 4 municipalités sont venues protester à cause de la
diminution qui était intervenue dans le montant des «en
lieu» de taxes pour les écoles. À les entendre faire leurs
représentations, à l'époque, c'était comme si la
présence d'écoles, sur leur territoire, leur coûtait 3 fois
plus cher que ça ne leur rapportait. Et je leur disais toujours: Comme
ministre de l'Éducation, quand j'étais ministre de
l'Éducation et que je recevais des délégations qui
venaient plaider pour la construction d'une école, je ne parlais pas des
charges fiscales et des «en lieu» de taxes, je parlais de tous les
avantages que procurait, à une municipalité, l'implantation d'une
école sur son territoire.
Il en va de même du sujet que nous discutons ce soir, M. le
Président, et j'offre à l'Opposition toute la collaboration du
gouvernement pour que nous puissions poursuivre, en commission, l'examen
détaillé du projet de loi dans le même esprit de
collaboration, de courtoisie et de compréhension à l'endroit des
besoins très réels de l'industrie ferroviaire qui a
caractérisé nos échanges jusqu'à ce moment.
Merci. (1 h 40)
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Merci, M. le ministre
des Affaires municipales.
Mise aux voix
Le principe du projet de loi 92, Loi modifiant la Loi sur la
fiscalité municipale et d'autres dispositions législatives,
est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté. M. le
leader adjoint... M. le ministre des Communications.
Renvoi à la commission de l'aménagement
et des équipements
M. Cannon: M. le Président, je fais motion pour que ledit
projet de loi soit déféré à la commission de
l'aménagement et des équipements pour étude
détaillée.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): M. le ministre des
Communications.
M. Cannon: M. le Président, je fais motion pour
l'ajournement des travaux au jeudi 17 juin 1993, à 10 heures.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Est-ce que cette motion
d'ajournement des travaux est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Vice-Président (M. Bissonnet): Adopté.
Donc, les travaux de cette Assemblée reprendront ce matin, le
jeudi 17 juin, à 10 heures. Bonne nuit à tous.
(Fin de la séance à 1 h 41)