(Neuf
heures quarante minutes)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Mmes, MM. les députés, veuillez prendre place.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
sommes à la rubrique Déclarations de députés, et je cède maintenant la parole à
M. le député de Saint-Jean.
Féliciter
Mme Milla Landry, récipiendaire de la
médaille d'argent de Forces Avenir
M. Louis Lemieux
M. Lemieux :
Mme la Présidente, Milla Landry a 13 ans. Elle vient d'apprendre
qu'elle va recevoir la médaille d'argent en tant que personnalité persévérante,
représentant les régions des Laurentides, Lanaudière, Laval, Montréal et la
Montérégie, du prestigieux concours Forces Avenir.
Il faut savoir que
Milla a été diagnostiquée, à l'âge de trois ans, d'un cancer au cerveau qui est
resté dormant, mais que, 10 ans plus
tard, le cancer s'est manifesté ailleurs dans son corps. Ça ne l'empêche pas
d'être particulièrement active à l'école secondaire
Docteur-Alexis-Bouthillier, où, en plus de siéger au Parlement étudiant et de
chanter dans la chorale, elle a organisé, entre autres, cette année, une
collecte de sang et une vente de popcorn qui a rapporté 2 000 $ pour
Leucan, pour les remercier de leur soutien. Oui, c'est touchant et c'est
inspirant, parce que Milla est tellement lucide, forte et déterminée. Et donc
elle vient de remporter une bourse d'études universitaires de
10 000 $ pour devenir travailleuse sociale.
Bravo, Milla, au nom
de tous tes concitoyens du comté de Saint-Jean! Et ne lâche surtout pas, on a
tellement besoin de toi.
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de La
Pinière.
Souligner
le 25e anniversaire de l'organisme FORMATIO
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, Mme la Présidente.
Alors, j'adresse mes plus sincères félicitations à l'organisme FORMATIO
à l'occasion de son 25e anniversaire.
Fondée en
l'an 2000 dans le comté de La Pinière sous le nom de Réseau Internet
de Brossard, FORMATIO est une entreprise
d'économie sociale vouée à la formation dans le domaine numérique. L'an dernier
seulement, des centaines de personnes
ont bénéficié de l'accompagnement de formateurs compétents et dévoués pour
s'initier à la bureautique et à l'informatique ou pour se perfectionner, le
tout dans des lieux variés, comme des résidences pour aînés, des bibliothèques,
ou en milieu de travail.
À
toute l'équipe de FORMATIO, je dis merci pour votre engagement et pour votre
apport précieux à la collectivité. Bon 25e anniversaire et longue
vie à vous!
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à
la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Rendre
hommage à Mme Diane Néron
Mme Kariane Bourassa
Mme Bourassa :
Merci, Mme la Présidente. Elle tire sa révérence après 25 ans à
soutenir des femmes et des enfants victimes de violence conjugale qui ont vécu
des moments difficiles. Je vous parle ce matin de Diane Néron.
J'ai
assisté, la semaine dernière, au 40e anniversaire de La Maison La Montée,
dans Charlevoix, et les hommages que lui ont rendus ses collègues en vue de son
départ m'ont vraiment émue. J'ai compris que Diane Néron a, pendant ces
années, été le phare de centaines de femmes et d'enfants, qui se sont sentis,
avec elle, entendus, vus, crus et soutenus. On m'a parlé d'une femme solide,
d'une femme rassurante, d'une leader qui était respectée dans son milieu, une
collègue rigoureuse et surtout bienveillante. C'est une alliée qui savait
écouter sans jugement, mais surtout une femme qui a contribué à réparer
beaucoup de vies, beaucoup de familles.
Alors, pour tout ce qu'elle a fait dans
Charlevoix, pour toutes les personnes qu'elle a aidées, merci beaucoup et bonne
retraite.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole au député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Rendre
hommage à Mme Daisy Peterson Sweeney
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
Merci, Mme la Présidente. Alors que Montréal s'apprête à souligner le
100e anniversaire de naissance d'Oscar
Peterson, je tiens à mettre en lumière aujourd'hui une grande dame moins
connue, mais qui a pourtant joué un rôle majeur dans la carrière du
pianiste célébré cette année, soit Daisy Peterson Sweeney.
En effet, la
Petite-Bourgogne vibre encore au son des échos de ses leçons de piano et de ses
chants gospels. Elle a non seulement
enseigné à plusieurs de nos grands musiciens contemporains, dont son jeune
frère Oscar Peterson et Oliver Jones, mais c'est plusieurs générations
de jeunes qui se sont initiés à la musique grâce à son incroyable talent. Son
importance pour le quartier a mené la ville de Montréal à nommer un parc et une
rue à son nom sur le long du canal Lachine.
Une murale lui a aussi été dédiée en 2018. C'est évidemment une des grandes
femmes de Montréal qui mérite encore davantage de place dans notre
histoire.
Je
nous invite donc tous et toutes ici, à l'Assemblée nationale, à souligner la
mémoire de Daisy Peterson Sweeney, qui aurait 150 ans... 105 ans,
pardon, cette année. Merci.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
la députée de Saint-François.
Souligner
les performances des équipes
sportives de l'Université Bishop's
Mme Geneviève Hébert
Mme Hébert : Mme la Présidente, 2024‑2025
a été une année de rêve pour les Gaiters de l'Université Bishop's.
À
sa quatrième année d'existence seulement, l'équipe de hockey féminine a gagné
le championnat universitaire canadien,
face à l'Université de Waterloo, en Ontario. Un résultat exceptionnel pour une
université de petite taille.
Avec
un effectif étudiant de 2 600, Bishop's a vaincu British Columbia, qui en
a 72 000, Toronto, qui en a 99 000, et Waterloo, qui a 38 000 étudiants. Chapeau à toute l'équipe
et à la capitaine Gabrielle Santerre, joueuse par excellence au pays à
sa première saison avec les Gaiters!
De son côté, l'équipe
de football a remporté le championnat des Maritimes, le Loney Bowl.
En golf masculin,
Bishop's a ravi le championnat provincial.
Les Gaiters ont aussi
conquis les titres masculin et féminin québécois au basketball.
Mme
la Présidente, Bishop's a réellement une tradition d'excellence sportive, et sa
communauté de supporteurs est très fervente, je peux en témoigner. Bravo à
toute l'équipe et au personnel d'entraînement! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Viau. La
parole est à vous.
Souligner
la tenue de la 23e édition des Prix du
livre politique de l'Assemblée nationale
M. Frantz Benjamin
M. Benjamin :
Mme la Présidente, aujourd'hui, l'Assemblée nationale reçoit avec fierté
les finalistes de la 23e édition des Prix du livre politique.
Je rappelle que ces
prix récompensent des auteurs et autrices ainsi que des universitaires de
deuxième et troisième cycle pour la qualité et la pertinence de leurs écrits
sur la politique québécoise. Des bourses seront décernées lors de la cérémonie
qui se déroulera à la Bibliothèque de l'Assemblée nationale.
Tout de suite après
la cérémonie de remise de prix, la parole à la relève. Les finalistes des prix
de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant seront invités à partager leur parcours
et à mettre en valeur les travaux universitaires dans le cadre d'un entretien
animé par M. Pierre-Luc Brisson, professeur adjoint au Département des
sciences historiques de l'Université Laval.
Je
tiens à féliciter chaleureusement les gagnants et gagnantes et à souligner leur
contribution à la vitalité démocratique québécoise. Je ne peux que
réaffirmer l'importance de préserver en nos murs cet espace de liberté
intellectuelle d'où jaillissent de grandes idées qui dynamisent la politique au
Québec. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
la députée de Saint-Hyacinthe.
Saluer
le travail du personnel de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : Merci, Mme la
Présidente. En cette fin de session parlementaire, je voudrais saluer
l'excellence du personnel de la Bibliothèque de l'Assemblée nationale.
Qu'il s'agisse du Service de la recherche, du Service
de l'information, du Service des collections ou de l'équipe des archives, ces
professionnels chevronnés nous accompagnent quotidiennement avec rigueur et
expertise. Notes de recherche, synthèses d'information et veille médiatique,
ils nous fournissent des outils de qualité exceptionnelle qui enrichissent
notre travail parlementaire.
La bibliothèque
n'est pas qu'un service interne, c'est un pilier de notre démocratie. Elle
soutient les parlementaires, notre personnel, mais aussi le grand
public, notamment les chercheurs et les institutions. Cette ressource précieuse
contribue directement à l'efficacité de notre travail et à la qualité de nos
débats.
À toute l'équipe de la bibliothèque, merci pour
votre dévouement, votre professionnalisme exemplaire. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Je cède
maintenant la parole au député de Jean-Talon.
Féliciter les récipiendaires
de la Médaille du député de Jean-Talon
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Vendredi
dernier, j'ai eu le privilège de remettre mes premières médailles du député de
l'Assemblée nationale à trois femmes
d'exception qui animent la circonscription de Jean-Talon, Mmes Carole Deslauriers,
ici présente, Suzanne Jacques et Cyndy-Lee McKenzie.
Carole Deslauriers est la fondatrice de l'école
de vitrail qui porte son nom, laquelle transmet avec passion un art ancien et
précieux, réel héritage culturel québécois, en rendant l'expression artistique
accessible à tous.
Suzanne Jacques est sortie de sa retraite l'an
dernier pour sauver, avec la valeureuse équipe permanente de l'organisme, le
Centre Bonne-Entente, dont elle est devenue la présidente du nouveau conseil
d'administration. Des services essentiels pour nos aînés et leurs proches ont
ainsi été préservés.
Cyndy-Lee McKenzie, par son engagement à titre
de directrice générale de Ressource Espace Familles depuis plusieurs années et
par sa grande capacité de mobilisation communautaire, est un pilier de la lutte
contre la pauvreté et l'isolement social dans la circonscription.
Ces femmes incarnent la force du milieu
communautaire. Elles bâtissent et rassemblent. Au nom de toute la population de
Jean-Talon, je leur dis bravo et merci.
• (9 h 50) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Et, au nom
de la présidence, tous nos remerciements aux dames qui sont ici
présentes pour leur contribution pour leur collectivité.
Maintenant, je cède la parole à la députée de
Prévost.
Souligner la Journée nationale
des aides à domicile
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Mme la
Présidente, aujourd'hui, je tiens à souligner la journée nationale des
préposées d'aide à domicile.
Chaque jour, plus de
9 000 travailleuses et travailleurs soutiennent les aînés du Québec,
leur permettant de rester chez eux dans des conditions respectueuses et
sécuritaires. Par leur présence, ils contribuent à briser l'isolement, à offrir
du soutien concret et à maintenir l'autonomie de plus de
100 000 personnes partout au Québec.
Leur travail, souvent discret, est pourtant
essentiel au quotidien de nombreuses familles. Ils offrent des services
d'entretien ménager léger, des services de préparation des repas, des services
de répit et de surveillance, des soins d'assistance à la personne et
différentes courses pour aider nos aînés.
Je remercie sincèrement les organismes d'économie
sociale en aide à domicile pour leur engagement, leur rigueur et leur
dévouement.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Je cède maintenant la parole au député de Beauce-Nord.
Rendre hommage au Régiment de
la Chaudière
M. Luc Provençal
M. Provençal : Merci,
Mme la Présidente. J'ai l'immense privilège de recevoir aujourd'hui des civils
et des militaires du Régiment de la
Chaudière venus du Québec et de différentes communautés européennes,
principalement de Normandie.
Fondé
en 1869, le Régiment de la Chaudière n'est pas simplement une unité militaire,
il incarne un symbole vivant de courage, de
fraternité et de sacrifice. En 1944, lors du débarquement de Normandie, il fut
le seul régiment canadien-français à fouler les plages, gravant ainsi
une empreinte indélébile dans le coeur des Normands.
À vous qui avez servi
ou servez encore au sein du régiment, ainsi qu'à vous, invités venus de si
loin, je vous adresse des remerciements
sincères pour votre sens du devoir, votre engagement à préserver la mémoire et
votre dévouement à transmettre un précieux héritage.
Vous
me permettrez enfin de rendre hommage au commandant et lieutenant-colonel Bruno
Gilbert, qui, par son dévouement et engagement, représente une source
d'inspiration.
À jamais nous gardons
vivant le souvenir de votre sacrifice et celui de vos camarades.
Merci, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Et, à tous vos invités et aux
gens qui sont ici, bienvenue à l'Assemblée
nationale et merci de votre engagement pour votre collectivité et pour nous
avoir apporté le mot «paix». Merci.
Maintenant, je cède
la parole au député de Chapleau.
Souligner
le 30e anniversaire du centre de formation
professionnelle Compétences Outaouais
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le
30e anniversaire du centre de formation professionnelle Compétences
Outaouais, situé dans Chapleau, à Gatineau, en Outaouais.
Depuis 1995,
Compétences Outaouais est bien plus qu'un lieu d'apprentissage, c'est un
tremplin vers le travail et vers la vie. En
formant des milliers de diplômés en secrétariat, en comptabilité, en coiffure,
en dessin de bâtiment, en infographie et bien d'autres métiers
essentiels, Compétences Outaouais est devenu un pilier incontournable du
développement socioéconomique de l'Outaouais.
Compétences Outaouais
n'a cessé d'innover. Son programme de formation alternance travail-études, sa formation à distance, sa formation rémunérée en
secrétariat et sa structure de concomitance permettent à des jeunes, parfois en
situation de décrochage, de rêver à nouveau, d'obtenir un diplôme et d'entrer
sur le marché du travail avec fierté.
Je
tiens à saluer toute l'équipe de Compétences Outaouais, ses enseignants, son
personnel, ses partenaires, les membres du conseil d'établissement et,
bien sûr, ses élèves. Vous êtes la preuve vivante que la formation
professionnelle est un puissant moteur d'égalité, de fierté et d'espoir.
Bon
30e anniversaire!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à la députée de Labelle.
Féliciter
les élèves de l'école du Méandre pour leur interprétation
de la chanson Plus je sais, mieux je suis d'Alfa Rococo
Mme Chantale Jeannotte
Mme Jeannotte :
Merci, Mme la Présidente. Dans le cadre des Journées de la culture, le
groupe Alfa Rococo a composé une chanson intitulée Plus je sais, mieux je
suis, une oeuvre émouvante qui illustre merveilleusement bien l'importance
de l'éducation chez nos enfants.
L'élève... Les élèves
de l'école du Méandre de Rivière-Rouge ont réalisé une interprétation
magnifique de cette chanson, qu'ils ont
partagée sur une vidéo accessible sur le compte Facebook de l'école. Leurs
images et leurs voix ont joint
d'autres extraits des écoles participantes du Québec et de la francophonie. Ces
extraits ont été intégrés à une vidéo réalisée par l'Orchestre
symphonique de Montréal et le groupe Alfa Rococo lors des Journées de la
culture.
Je tiens à féliciter
et à remercier la direction de l'école ainsi que les professeurs qui ont
accompagné les enfants dans cette activité scolaire.
Je
vous invite tous à consulter cette vidéo sur le site Facebook de l'école du
Méandre. Vous serez émerveillés par la beauté des images et surtout les
voix de tous les élèves participants. Bravo encore!
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la députée. Cela met fin à la rubrique Déclarations de députés.
Et je suspends les
travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 05)
La Présidente :
Bonjour, tout
le monde. Mesdames messieurs, bienvenue chez vous. Le parlement du Québec,
c'est chez vous.
Mmes, MM. les députés,
nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup, veuillez vous
asseoir.
Présence de la consule
générale de la République du Guatemala,
Mme Iris Julissa Hengstenberg Delgado de Gros
Alors, le
soleil fait son effet, aujourd'hui. Je vous demande de vous asseoir, pour vous
dire qu'aujourd'hui j'ai le plaisir de souligner, dans nos tribunes, la
présence de la consule générale de la République du Guatemala, Mme Iris
Julissa Hengstenberg Delgado de Gros, à l'occasion de sa visite de prise
de poste.
Alors, nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : Bonjour,
Mme la Présidente. Je vous demande d'appeler l'article a du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 108
La Présidente : Oui. À l'article a
du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des Communications présente le projet de loi n° 108, Loi modifiant la Loi sur la Société de
développement des entreprises culturelles afin de moderniser son offre
de services financiers et de reconnaître le domaine de la créativité numérique.
M. le ministre.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente.
Ce projet de
loi modifie la Loi sur la Société de développement des entreprises culturelles
afin de moderniser les activités de cette société et de reconnaître son
rôle dans le domaine de la créativité numérique.
Ainsi, le projet de loi énonce que les activités
de la Société de développement des entreprises culturelles incluent la prestation de services financiers et
l'accompagnement des entreprises culturelles selon leur stade de développement.
Il confère à la société le pouvoir de constituer des filiales et prévoit
diverses dispositions à cet égard.
Le projet
de loi confie à la société le devoir d'établir une politique d'investissement
et lui donne le pouvoir de déterminer certains tarifs pour ses services.
En ce qui a trait au domaine de la créativité
numérique, le projet de loi prévoit notamment l'ajout au conseil d'administration de la société d'un membre
possédant la compétence et l'expérience appropriées dans ce domaine. Il institue
de plus la Commission de la créativité numérique au sein de la société.
Le projet de loi apporte également diverses
modifications concernant notamment le fonctionnement du conseil
d'administration de la société. Il élargit les critères pour être membre du
conseil d'administration, d'une commission ou
d'un comité de la société afin que puissent y siéger les personnes possédant la
compétence et l'expérience appropriées dans le domaine culturel
concerné. Il supprime l'obligation de la société de nommer deux directeurs
généraux affectés à des domaines culturels spécifiques ainsi que les
dispositions concernant le plan d'activités de la société.
Enfin, le projet de loi remplace la désignation
du Conseil national de l'audiovisuel par celle de «Commission de
l'audiovisuel».
Merci.
La Présidente : Et je reconnais le
leader de l'opposition officielle. Je vous écoute, oui.
M. Derraji : Mme la Présidente,
nous souhaitons la tenue de consultations particulières en lien avec ce projet
de loi. Merci.
Mise aux voix
La Présidente : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté.
Dépôt de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
des Finances.
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme la
Présidente, permettez-moi de déposer le plan stratégique 2025‑2029 de l'Autorité
des marchés financiers.
La Présidente : Ce document est
déposé.
Il n'y a pas de dépôt de rapports de
commissions.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt de pétitions, Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Empêcher la fermeture de
l'Académie Centennial
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 7 121 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que l'Académie Centennial, fondée en 1969, est bien plus qu'une école, car elle
est un refuge et un tremplin pour des centaines de jeunes qui, grâce à
l'approche unique, réussissent là où d'autres ont échoué;
«Considérant que l'Académie accompagne des
élèves ayant des difficultés d'apprentissage, leur offrant une chance de
terminer leur secondaire 5 grâce à des méthodes innovantes;
«Considérant que l'Académie a ouvert un secteur
francophone pour répondre à la demande, qui représente aujourd'hui 50 % de l'école, et n'a jamais reçu d'agrément,
exerçant une pression insoutenable sur les finances de l'Académie;
«Considérant
que le financement nécessaire pour soutenir le secteur francophone n'a pas
encore été accordé, et que cette situation met en péril non seulement
l'existence de l'Académie, mais aussi l'avenir de nos jeunes et de nos
familles;
«Considérant
que si l'Académie devait fermer ses portes, ce sont 300 élèves et leur
famille qui seraient laissés pour compte, abandonnés à eux-mêmes;
«Considérant que l'Académie représente souvent
pour ces jeunes la dernière chance de réussir et de s'en sortir et qu'ils
verraient leurs rêves et leurs ambitions anéantis;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec d'empêcher la fermeture de cette école qui fait la différence auprès des enfants aux prises avec des
difficultés d'apprentissage et [d'autres] troubles liés à un TDAH, à l'autisme
ou à la dyslexie, pour s'assurer que la majorité des élèves ne se retrouvera
pas sans école pour poursuivre leur parcours scolaire régulier, et ce, en
raison de la complexité de leurs défis.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
• (10 h 10) •
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. À nouveau, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Construire une école
primaire dans le quartier Peter-McGill
Mme Maccarone : Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
224 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le quartier Peter-McGill, à
Ville-Marie, compte plus de 3 700 ménages familiaux, avec une
augmentation de 710 familles depuis 2016;
«Considérant qu'il n'y a aucune école primaire
dans le quartier;
«Considérant que l'accès à une école de quartier
est un droit fondamental et qu'un manque d'établissement scolaire dans un
secteur densément peuplé va à l'encontre des principes d'équité et
d'accessibilité;
«Considérant que la proximité d'une école
favorise l'appartenance, la motivation et la réussite des élèves, alors que
l'éloignement contribue au [décrochement] scolaire;
«Considérant que la distance des écoles
actuelles prolonge les journées des enfants, augmente leur fatigue et limite
leur accès aux activités parascolaires, nuisant à leur développement, et
accroît la charge des parents;
«Considérant que près de la moitié des enfants
de Peter-McGill sont vulnérables dans au moins un domaine de maturité scolaire
et qu'ils ne peuvent bénéficier de l'aide aux devoirs en raison de
l'éloignement;
«Considérant que l'absence d'une école dans
Peter-McGill surcharge les écoles avoisinantes, qui peinent déjà à répondre aux
besoins d'une population en croissance, nuisant ainsi à la qualité de
l'enseignement;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec de :
«Reconnaître l'urgence de la situation et
respecter son engagement envers les familles;
«Financer et accélérer la construction d'une
école primaire pour garantir un accès équitable à l'éducation.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition. Merci.
La Présidente : Et cet extrait de
pétition est déposé. Je reconnais maintenant M. le député de Jean-Lesage.
Prévenir le racisme dans
les milieux scolaires du Québec
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Alors, je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 420 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que plusieurs enfants québécois dits racisés ou issus de l'immigration vivent
des violences à caractère raciste dans les écoles du Québec;
«Considérant l'impact négatif de ces violences
sur le bien-être et la persévérance scolaire des enfants;
«Considérant
l'absence d'un plan ou d'une stratégie nationale de lutte contre le racisme
dans les milieux scolaires du Québec;
«Considérant que les plans déployés dans le
cadre du Plan de prévention de la violence et de l'intimidation dans les
écoles 2023‑2028 ne tiennent pas toujours compte des violences
discriminatoires racistes;
«Considérant que le bureau du Protecteur
national de l'élève a mentionné ne pas avoir les ressources pour documenter
adéquatement les violences à caractère raciste dans les écoles du Québec;
«Considérant
les articles 10 (droit à la pleine égalité) et 39 (droit à la protection
et à la sécurité pour tout enfant du Québec) de la Charte québécoise des
droits et libertés;
«Considérant que les milieux scolaires doivent
être actifs afin d'offrir un environnement sécuritaire pour tous les enfants;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«D'adopter un
plan national de lutte et de prévention du racisme dans les milieux
préscolaire, primaire et secondaire;
«De mettre en
place un comité consultatif sur le racisme en milieu scolaire incluant des expertes
et [des] experts de vécu;
«D'exiger à
toutes les écoles d'inclure explicitement les violences à caractère raciste
dans leur plan local de lutte et de prévention de la violence et de
l'intimidation.»
Je certifie que l'extrait est conforme à l'original
de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé. À nouveau, M. le député de Jean-Lesage.
Assurer la conservation du
boisé des Compagnons-de-Cartier
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 1 001 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant
que le Centre de services scolaire des Découvreurs a signifié son intention
d'agrandir le Collège des Compagnons en construisant des classes
modulaires à l'intérieur du boisé des Compagnons;
«Considérant
que le boisé des Compagnons est un boisé de 16,7 hectares inscrit au
Registre des milieux naturels d'intérêt de la Ville de Québec;
«Considérant que ce boisé constitue un des
vestiges de la forêt ancienne de la Pointe-de-Ste-Foy;
«Considérant qu'à proximité de la zone désignée
pour la construction des classes modulaires se trouve un milieu humide identifié
dans le Plan régional des milieux humides et hydriques de la Ville de Québec
comme un milieu humide d'intérêt;
«Considérant
qu'en 2022, le Centre de services scolaire des Découvreurs s'est vu confier le
boisé par le gouvernement pour en assurer la protection;
«Considérant que ce boisé constitue une
infrastructure de loisirs très fréquentée par les citoyens du voisinage comprenant un sentier aménagé, long de
1,5 km, qui permet l'observation de la nature et la pratique d'activités
sportives;
«Et l'intervention réclamée se résume
ainsi :
«Nous, signataires, demandons au gouvernement du
Québec :
«De faire les démarches nécessaires afin que le
Centre de services scolaire des Découvreurs choisisse un meilleur scénario
d'agrandissement en accord avec les meilleures pratiques environnementales,
celles qui ne détruisent pas la nature dont nos enfants auront besoin;
«De confier
la protection et la conservation du boisé des Compagnons, en particulier la
partie qui a été rétrocédée en 2022, à un organisme dont c'est la
mission.»
Je certifie que cet extrait est conforme à
l'original de la pétition.
La Présidente : Cet extrait de
pétition est déposé.
Et j'ai reçu une demande de M. le député de Jean-Lesage
pour la présentation d'une pétition non conforme. Est-ce qu'il y a consentement
pour la présentation de cette pétition? Consentement. M. le député.
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée
nationale, signée par 581 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués sont les suivants :
«Considérant que le Centre de services scolaire
des Découvreurs a signifié son intention d'agrandir le Collège des Compagnons
en construisant des classes modulaires à l'intérieur du boisé des Compagnons;
«Considérant que le boisé des Compagnons est un
boisé de 16,7 hectares inscrit au Registre des milieux naturels d'intérêt
de la Ville de Québec;
«Considérant que ce boisé constitue un des
vestiges de la forêt ancienne de la Pointe-de-Ste-Foy;
«Considérant
qu'à proximité de la zone désignée pour la construction des classes modulaires
se trouve un milieu humide identifié dans le Plan régional des milieux humides
et hydriques de la Ville de Québec comme un milieu humide d'intérêt;
«Considérant qu'en 2022, le centre de services
scolaire des Découvreurs s'est vu confier le boisé par le gouvernement pour en
assurer la protection;
«Considérant
que ce boisé constitue une infrastructure de loisirs très fréquentée par les
citoyens du voisinage comprenant un sentier
aménagé, long de 1,5 km, qui permet l'observation de la nature et la
pratique d'activités sportives;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«De
faire les démarches nécessaires afin que le Centre de services scolaire des
Découvreurs choisisse un meilleur scénario d'agrandissement en accord avec les
meilleures pratiques environnementales, celles qui ne détruisent pas la
nature et dont nos enfants auront besoin;
«De
confier la protection et la conservation du boisé des Compagnons, en
particulier la partie qui a été rétrocédée en 2022, à un organisme dont
c'est la mission.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Je vous avise
qu'après la période des questions et réponses orales sera tenu le vote reporté
sur l'adoption du projet de loi n° 84.
Questions
et réponses orales
Et nous en sommes
maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et, pour ce
faire, je cède la parole, en question principale, au chef de l'opposition officielle.
Impact
des négociations commerciales avec les
États-Unis dans le secteur de l'aluminium
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, à tous
les jours on assiste à la fin d'un régime caquiste, une fin lente et triste,
Mme la Présidente, et ce sont les Québécoises et Québécois qui font les frais
d'un parti, d'un gouvernement qui n'aura jamais été le gouvernement de
l'économie, et le premier ministre qui aura été le premier ministre de la
décote de crédit du Québec.
Parlons du secteur de
l'aluminium au Québec. C'est trois producteurs, huit usines,
38 000 emplois directs et indirects.
Le premier ministre, coup de théâtre, en février dernier, à Washington, a dit,
et je le cite : «On est prêts à beaucoup de compromis, peut-être, dans la sécurité à long terme sur l'aluminium.»
La semaine dernière, il en rajoute avec Stéphan Bureau, prêt à négocier
directement avec Donald Trump, je le cite : «Moi, je serais prêt à faire
un deal pour 25, 50 ans à un bon prix.» Fin de la citation. Quelle
mauvaise idée!
L'industrie de
l'aluminium, déjà, est fortement intégrée au marché américain. Les États-Unis
ne produisent que 18 % de ce qu'ils consomment, et le Québec leur fournit
60 % de leurs besoins. En plus, construire une aluminerie, ça prend des
années. Les Américains ont besoin de l'aluminium du Québec. Pourquoi, alors,
faire des concessions?
Le premier ministre
démontre une incompréhension et commet trois fautes économiques : s'il ne
possède pas les alumineries, il ne peut pas fixer un prix hors marché et ne
peut pas sortir du front commun canadien.
Qu'est-ce que le
premier ministre ne comprend pas dans son rôle?
• (10 h 20) •
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
bien, je suis content d'avoir l'opportunité d'expliquer, effectivement, la
situation des alumineries puis de nos relations avec les États-Unis.
Le Québec fournit
actuellement 60 % de tout l'aluminium primaire qui est consommé aux États-Unis,
entre autres à des grandes entreprises comme
Ford et GM, qui sont, disons, inquiets, pour le moins qu'on puisse dire, des
propos de Donald Trump, parce que Donald Trump a dit : Je n'ai pas besoin
du Canada, je n'ai pas besoin des produits, entre autres, du Québec. Or,
Mme la Présidente, actuellement, les États-Unis produisent seulement 15 %
de l'aluminium qui est consommé, l'aluminium
primaire qui est consommé aux États-Unis. Et, quand on parle à des firmes comme Rio Tinto
ou Alcoa, ils nous disent : Construire une aluminerie, ça prend quatre à
cinq ans, et surtout, surtout, ça prend de l'énergie qu'on n'a pas,
aux États-Unis.
Donc, j'ai encore
parlé avec la direction de Rio Tinto dernièrement, ils m'ont dit : Il
n'est pas question de construire des
alumineries aux États-Unis, il n'y a pas d'énergie, et, bien, nous, on est
bien installés, au Québec, puis on est contents d'être au Québec.
Donc, Mme la
Présidente, ce que je soupçonne, c'est que Donald Trump, plutôt que de dire...
La
Présidente : En terminant.
M. Legault :
Bien, je vais continuer...
La Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme la Présidente, on me dit, en arrière : Il ne sait plus
quoi dire. Il ne sait tellement plus quoi dire que je ne sais plus quoi dire,
Mme la Présidente. Il vient nous brosser le tableau du fait que... il
vient nous brosser le tableau du fait que les Américains ont nécessairement
besoin de notre aluminium. Pourquoi donc... Pour citer Molière : Que
diable allait-il faire dans cette galère? Pourquoi donc se positionner comme
quelqu'un qui irait faire un deal avec Donald Trump pour faire des compromis sur l'aluminium pendant 25, 50 ans,
alors qu'il ne les possède pas puis qu'il serait hors marché? Ça ne tient pas
la route.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
j'allais continuer. Alors que Donald Trump dit : Je n'ai pas besoin du
Québec et du Canada, je dirais que la réalité, c'est qu'il a absolument besoin
de l'aluminium du Québec, absolument besoin de l'aluminium du Québec. Et, plutôt que de lancer la possibilité que le
Canada devienne le 51e État des États-Unis, bien, oui, on pourrait
discuter, négocier pour s'engager à fournir d'aluminium pour 25 ans, pour
50 ans, avec un bon profit pour le Québec.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Question très précise là, b. a.-ba économique, là : Comment
pourrait-il engager des entreprises, les alumineries, qu'il ne possède pas?
Première question. Deuxième question : Comment pourrait-il fixer le prix
sur 25, 50 ans, alors que c'est transigé sur un marché public à Londres?
Questions simples.
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, si, demain matin, on dit
à des firmes comme Rio Tinto, ou Alcoa, ou Alouette, qui est un
consortium : Seriez-vous prêts à négocier à long terme une entente pour
que les États-Unis vous garantissent d'être
clients pour les 50 prochaines années?, je suis convaincu qu'il y a une
ouverture, convaincu qu'ils seraient intéressés à ça. Mais évidemment il
faudrait que ça se fasse avec un profit. Je pense, ça pourrait venir rassurer
Donald Trump, parce qu'il a besoin de cet aluminium, entre autres, pour
fabriquer des autos aux États-Unis. Donc, Mme la Présidente, je pense qu'il
faut être ouverts à ce genre de discussions avec les États-Unis.
La
Présidente : Troisième complémentaire.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Mme la Présidente, le premier ministre, en matière économique, encore une
fois, ce matin, navigue à vue. Quand il dit que, les alumineries, il serait
convaincu qu'elles seraient d'accord avec ça, il ne leur a pas demandé. Il ne
leur a pas demandé : Aimeriez-vous 25 ans? 50 ans? Aimeriez-vous
le marché public moins 5 %? Puis, avec votre profit... Il voudrait
négocier le profit que les alumineries feraient et les engager?
Que diable irait-il
faire dans cette galère?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bon, écoutez, bon, je ne ferai pas de guerre à savoir qui connaît le mieux
l'économie, entre le chef de l'opposition officielle et moi, mais ce que je
peux vous dire, Mme la Présidente, c'est que les alumineries, que ce soit Rio
Tinto ou Alcoa, si, demain matin, elles ont sur la table une possibilité
d'avoir un client important pour les 50 prochaines années, bien, oui,
elles vont être intéressées à discuter, elles vont vouloir s'assurer de faire
un profit. Ça fonctionne comme ça, en économie.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de Mont-Royal—Outremont.
Compressions
budgétaires dans les cégeps
Mme Michelle
Setlakwe
Mme Setlakwe :
Mme la Présidente, encore un dur coup pour nos cégeps, une coupe de
151 millions qui force les établissements à couper, à sabrer dans les
services aux étudiants. On ne couvre même pas la hausse de salaire des
enseignants. C'est du jamais-vu.
Aujourd'hui,
la réalité, c'est un réseau qui est sous pression, avec une hausse marquée de
la population étudiante, et une
population étudiante postpandémie qui a besoin d'accompagnement. Et
malheureusement ce réseau est complètement affaibli par ce gouvernement.
Plusieurs établissements s'apprêtent à déposer
des budgets déficitaires dans les prochaines semaines. Ces coupures entraînent des manques à gagner
significatifs qui mettent en péril les services essentiels à la réussite et à
l'accessibilité à l'enseignement
supérieur, une valeur fondamentale, au Québec, depuis des décennies. Aucun
gouvernement ne devrait remettre ça en cause.
Est-ce que la
ministre réalise que c'est son gouvernement qui est devenu le principal facteur
d'instabilité du réseau collégial québécois?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Enseignement supérieur.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Bien, oui, on en parle depuis quelques jours déjà,
on a eu l'occasion de parler de
certaines choses, aussi, à l'étude des crédits. Honnêtement, je ne suis pas
gênée du bilan en enseignement supérieur de notre gouvernement depuis
les dernières années.
Alors, je n'ai jamais dit que c'était facile, le
manque à gagner de 150 millions, je n'ai jamais dit au réseau collégial,
Mme la Présidente, que c'était facile, puis on travaille en étroite
collaboration avec tous les cégeps, que ce soient les 48 cégeps publics ou
que ce soient les cégeps privés, donc les collèges privés, mais il y avait un
rattrapage énorme à faire, et on l'a fait,
au cours des dernières années, ce rattrapage-là. Alors, ce manque à gagner, il
est des années après avoir investi
des milliards de dollars dans le financement des collèges. Quand on est arrivés,
je le rappelle, Mme la Présidente, on est arrivés, il y avait un réseau
en décrépitude, tant au niveau des infrastructures que des budgets de
fonctionnement.
Alors, Mme la
Présidente, on continue de collaborer, on continue de s'asseoir avec eux, on
les accompagne. Il y a des règles
budgétaires qui sont actuellement en développement. On fait des ajustements,
des modifications pour atténuer l'impact de tout ça. Mais il faut que
tout le monde contribue à cet effort budgétaire là. Je vous le rappelle, on a
augmenté de
1 milliard de dollars le financement, au cours des... au cours
de la dernière année, des dernières années, depuis 2018, dans le
financement du réseau...
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Quel discours
déconnecté des réalités du terrain! En Outaouais, le seul cégep francophone public de la région prévoit un déficit de
plusieurs millions pour les prochaines années. Résultat, des admissions
pourraient être plafonnées, des services, suspendus, des choix qualifiés
d'irréversibles et irrévocables par la direction. C'est grave pour la région.
Est-ce que la ministre trouve ça acceptable? Et,
les députés caquistes de la région de l'Outaouais, est-ce qu'ils trouvent ça
acceptable, cette situation, qui est causée par les actions de la ministre?
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je ne commenterai... je ne commente pas,
généralement, les cas précis, mais je vais le commenter, celui-là, parce
que le bilan est extrêmement bon, en Outaouais. Je sais qu'il y a des enjeux, puis j'en discute tout le temps
avec mes collègues qui sont, justement, dans cette région-ci, mais je peux
vous dire que, les investissements, en
région, et particulièrement la région de l'Outaouais, au cours des dernières
années, on y a investi. Pour le cégep de l'Outaouais, là, il y a un projet
d'agrandissement qui est là. Il y a des résidences, aussi, pour l'UQO, il y a des projets de résidences étudiantes
pour qu'on soit capables d'avoir une meilleure rétention. On a déployé
plusieurs programmes, tant au niveau collégial, pour le cégep de l'Outaouais,
qu'au niveau universitaire, pour l'UQO.
Alors, je
m'occupe de la région de l'Outaouais. C'est nous qui avons même émis ce statut
particulier de la région de l'Outaouais. On s'en occupe et on va
continuer de collaborer avec les réseaux.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Mme la
Présidente, si la ministre pense que le cas de l'Outaouais est un cas isolé...
Il y a plein d'autres exemples. Sur le
terrain, la situation est difficile ailleurs aussi. À Drummondville, le
directeur général du cégep, la mairesse, les enseignants et les acteurs
économiques se sont levés d'une seule voix. Quand tout un milieu s'unit
pour dénoncer des compressions, est-ce que la ministre peut encore prétendre
que tout va bien? Est-ce qu'elle est fière de son bilan? Franchement, c'est
honteux, Mme la Présidente.
La
Présidente : Attention aux...
Des voix : ...
La
Présidente : Alors, je vais vous reconnaître, M. le leader du
gouvernement. J'allais réagir. Allez-y.
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme la Présidente,
c'est au lexique, hein? Alors, on demanderait à la députée de Mont-Royal...
La Présidente :
Alors, je suis debout. Vous avez
retiré? Merci. Parfait. Demeurons respectueux. La réponse de la
ministre.
Mme Pascale
Déry
Mme Déry :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Si elle parle du cégep de Drummond,
bien, il y a un projet d'agrandissement qui
vaut plus de 1 million de dollars du côté de Drummond. Mais je
ne ferai pas l'inventaire des 48 cégeps.
Mais ce qui est
gênant, c'est ça, Mme la Présidente. Ça, c'est gênant pour le Parti libéral,
parce que, quand vous regardez la croissance
des investissements puis des budgets de fonctionnement... Puis ça, c'est juste
le tableau des budgets de
fonctionnement, là, ce n'est même pas le tableau des infras, là. Ça, c'est le
tableau des budgets de fonctionnement. Alors,
vous le voyez, un 10 % de croissance sous le règne libéral, puis on est
montés à 50 % de plus d'investissement dans les budgets de fonctionnement.
Alors, ce qui est gênant, c'est probablement de l'autre côté de la Chambre, en
ce moment, où les investissements ont été défaillants pendant tant
d'années.
Ceci dit, encore une
fois, Mme la Présidente, je vais continuer de faire ma job et de faire le
travail de manière rigoureuse, avec la collaboration du réseau, Mme la
Présidente.
• (10 h 30) •
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de D'Arcy-McGee.
Mesures de soutien aux parents d'enfants lourdement
handicapés
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente.
Je me lève encore dans cette Chambre pour défendre les enfants vivant en
situation de handicap et leurs familles contre les coupures budgétaires de
Santé Québec et de ce gouvernement.
Après les heures
coupées dans le programme chèque emploi-service pour les enfants en situation
de handicap, c'est maintenant les familles des enfants lourdement handicapés
qui se voient privées de ce programme et ne reçoivent aucune heure de service en raison de coupes budgétaires de leurs CISSS
et leurs CIUSSS. Il y a des parents qui travaillent au salaire minimum
qui doivent consacrer 25 000 $ par année pour payer le soutien à
domicile pour leurs enfants que ce gouvernement ne fournit pas.
Mme
la Présidente, comment est-ce que ce gouvernement reste-t-il les bras croisés
devant la détresse de ces parents d'enfants lourdement handicapés qui doivent,
eux, compenser les services essentiels que ce gouvernement a coupés
par Santé Québec?
La Présidente :
La réponse du ministre responsable des Services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Oui. Bonjour, Mme la
Présidente. Je suis très heureux de me lever pour parler des enfants lourdement
handicapés puis de l'importance qu'on leur donne dans notre gouvernement. Je
pense que le principe de polyhandicap, c'est notre gouvernement qui
l'avons défini.
J'étais, la semaine
dernière, à une annonce d'Habitat Philou, un habitat pour 12 jeunes en
chaise roulante, lourdement handicapés, avec
la députée de Mont-Royal—Outremont, avec le député, également, de la région, et on a
réussi, Mme la Présidente, à bâtir cet habitat-là à l'intérieur d'une
année pour prendre soin de ces jeunes polyhandicapés.
Ce qui était la
réalité, auparavant, c'était que les enfants lourdement handicapés avaient les
mêmes services que les enfants handicapés en
général, soit un ratio d'un sur quatre, un pour deux, au grand maximum. Ici, on
a un ratio parfois de deux pour un, pour s'assurer que ces enfants
soient bien pris en charge, Mme la Présidente.
Donc,
nous, on a développé des services pour les enfants avec toutes sortes de
sévérités de handicap, puis on va continuer à le faire. Et les enfants
lourdement handicapés sont effectivement prioritaires, comme je vous dis, avec
le logement, mais également avec les services, dans toutes les régions du
Québec. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente.
Le ministre n'a pas du tout répondu à ma question. Centre Philou, c'est parfait, on parle de 12 enfants en situation
de polyhandicap. Moi, je vous parle d'enfants en situation... lourdement
handicapés qui ne reçoivent aucune heure dans le
cadre du programme chèque emploi-service. Donc, ce qu'on demande, c'est que
tous les enfants lourdement handicapés au Québec reçoivent les services dont
ils ont besoin.
Vraiment,
je trouve ça gênant de votre part. Le gaspillage des finances publiques fait en
sorte que les familles n'ont pas les services essentiels auxquels ils
ont besoin.
La Présidente :
Et, je vous rappelle, vous vous
adressez à la présidente, Mme la députée. La réponse de la ministre
responsable des Aînés.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : Oui. En fait, Mme la
Présidente, la députée fait référence ici notamment au chèque emploi-service,
qui est une modalité qui est fort appréciée
des parents ayant des enfants lourdement handicapés, au même titre que les
aînés, qui peuvent recevoir aussi le chèque emploi-service. Mais, vous
savez, le chèque emploi-service, c'est un programme qui nous permet d'évaluer
les besoins, dans ce cas-ci des enfants lourdement handicapés, et d'attribuer,
donc, un financement, et les parents ont
donc accès à ce financement pour s'offrir les services eux-mêmes en fonction
des besoins de leurs enfants. Alors,
c'est très important. Et, le chèque emploi-service, Mme la Présidente, on est
en augmentation de son utilisation...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Elisabeth
Prass
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente.
La ministre nous dit que les familles qui reçoivent le chèque emploi-service
l'apprécient fortement. Ceux qui ne le reçoivent pas ne l'apprécient pas du
tout, parce qu'ils n'ont pas accès à des services auxquels ils devraient avoir.
Les parents sont mis devant un choix soit de travailler pour payer pour les
services que le gouvernement ne fournit pas
à leurs enfants ou de quitter leurs emplois et perdre leurs revenus pour
s'occuper de leurs enfants à temps plein. C'est ça, le choix que le
gouvernement impose à ces parents-là.
Quel est le choix que
vous leur donnez? Quelle est votre responsabilité dans ce dossier?
La
Présidente : Et je vous rappelle que vous vous adressez à moi pour
poser votre question. Mme la ministre, la réponse.
Mme Sonia
Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la Présidente.
Écoutez, on travaille sur différentes façons d'améliorer les services de soutien à domicile, au Québec. Je suis
très contente d'avoir cette question de la députée, parce que le chèque emploi-service, j'ai eu l'occasion de le
mentionner à plusieurs reprises, c'est important. Nous continuons de le
développer.
Puis je voudrais vous
présenter, Mme la Présidente, l'évolution des heures du chèque emploi-service
depuis 2019‑2020. Et puis, malheureusement, là, je n'ai pas le
tableau avant 2019‑2020, mais, Mme la Présidente, la prochaine fois que
j'aurai cette question, j'aurai un tableau pour montrer comment il n'y a pas eu
d'investissement avant 2019-2020.
Ça fait qu'aux
parents, aujourd'hui, des enfants je leur dis...
La Présidente :
En question... Vous avez terminé,
Mme la ministre. En question principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Instauration
d'un programme d'accès
gratuit à la contraception
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Aujourd'hui, c'est la Journée internationale
d'action pour la santé des femmes. Pendant
des siècles, la santé des femmes a été taboue, mal connue. Les recherches
scientifiques et médicales ont tardé à s'intéresser aux femmes. Leurs
douleurs, leurs souffrances ont souvent été normalisées, voire banalisées.
Heureusement, on en parle plus, aujourd'hui, mais il reste encore du chemin à
faire.
Je vais profiter de
cette journée pour revenir sur la contraception gratuite. Je veux que le
dialogue qu'on a commencé ensemble de manière transpartisane continue, surtout
dans un contexte du recul des droits des femmes aux États-Unis, avec la montée des discours masculinistes au Québec,
notamment dans nos écoles. D'ailleurs, samedi prochain, juste ici,
devant l'Assemblée nationale, il va y avoir une marche antichoix, imaginez.
C'est très, très inquiétant.
L'Assemblée nationale
doit être un rempart contre le mouvement antifemmes. On a besoin d'avancées
pour les femmes, on a besoin de bonnes
nouvelles. La contraception gratuite serait une avancée importante pour les
femmes, pour la société, et en plus
ça permettrait de faire des économies pour l'État du Québec. J'offre donc mon
entière collaboration au premier ministre et au gouvernement de la CAQ
pour qu'on aille plus loin dans la discussion.
Est-ce que le premier ministre serait ouvert à ce
qu'on organise une rencontre transpartisane avec les trois représentants
des partis d'opposition et la ministre de la Condition féminine pour continuer
la discussion pour la contraception gratuite pour le bien des femmes?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je l'ai déjà dit, je suis très conscient que la contraception, c'est un fardeau
qui incombe aux femmes. Et il y a effectivement un enjeu de coût pour certaines
femmes. C'est important de rappeler qu'au
Québec, je suis très fier de ça... qu'il y a beaucoup de femmes qui ont accès à
la contraception gratuite, sans aucune franchise, entre autres toutes
les femmes qui ont 18 ans et moins, toutes les étudiantes de moins de
25 ans, toutes les femmes qui sont sur l'aide sociale. Donc, il reste
maintenant à couvrir les femmes adultes qui ont un revenu plus élevé.
La
cheffe de Québec solidaire nous disait que, la semaine dernière, elle
évaluait le coût, pour couvrir tout le monde, à 55 millions. On a
fait faire l'exercice aux Finances. Les Finances arrivent à 97 millions,
donc le double.
Maintenant, la cheffe
de Québec solidaire nous dit : Selon une étude d'un organisme en Colombie-Britannique,
pas le gouvernement, là, «sexual» quelque
chose... On a essayé d'aller sur le site puis on n'est pas capables d'y avoir
accès, mais elle dit que ça amènerait des économies de 80 millions.
Je lui ai demandé de nous donner ses calculs, comment elle arrive à 80 millions, je n'ai toujours rien reçu de Québec solidaire. Donc, peut-être, en prévision d'une rencontre, on pourrait
commencer par avoir les calculs de Québec solidaire.
• (10 h 40) •
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal :
Merci, Mme la Présidente. Bien, j'ai ici une étude pour la Colombie-Britannique,
parce qu'eux c'est gratuit, puis c'est
démontré, là, c'est avéré, il y a des économies substantielles. C'est sûr que,
dans une période de questions, dans des échanges d'une minute, 1 min 30 s,
on n'a pas le temps. Ça fait que prenons le temps d'en discuter.
Puis aussi, oui,
c'est gratuit pour certaines femmes, mais pas toutes les sortes de
contraception. Il y a beaucoup de choses, de
détails dont on pourrait discuter. On pourrait bénéficier d'un moment. Donc, je
répète ma question : Est-ce qu'il accepte qu'on ait eu une
rencontre transpartisane...
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui. Bien, Mme la Présidente, la cheffe de Québec solidaire nous a dit ici,
devant tout le monde, à quelques reprises, qu'elle, elle évalue le coût à
80 millions, mais elle refuse de nous donner le détail de ses calculs. Tout ce qu'elle a, c'est une étude qui a été faite
par un groupe d'intérêts qui défend la contraception en Colombie-Britannique. C'est impossible d'avoir
accès aux détails du calcul de ce groupe-là. Donc, j'aimerais qu'elle nous
donne son calcul où elle parle d'économies de 80 millions.
Maintenant,
Mme la Présidente, c'est important aussi que les assureurs privés qui paient
continuent de payer, là. Québec
solidaire...
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Bien, continuons la
discussion dans une rencontre. J'aurais beaucoup de choses à dire, je ne peux pas prendre les 30 secondes qu'il me reste
pour toutes les dire. J'accepte absolument de les donner. Je pense, même, il y
a eu un courriel qui a été transmis au bureau du premier ministre.
Je vais répéter ma
question. Est-ce que le gouvernement de la CAQ, que ce soit le premier
ministre, même la ministre de la Condition
féminine, accepte d'organiser une rencontre avec les représentants du Parti
libéral, du Parti québécois, de Québec solidaire et le gouvernement de
la CAQ? Est-ce qu'ils acceptent qu'on ait cette rencontre-là, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, je le répète, selon Québec solidaire... Ils nous
disent que le coût, c'est 55 millions. On a fait réviser ça par les
Finances, c'est 97 millions. Donc, ils se sont juste trompés du simple au
double.
Maintenant,
pour ce qui est des économies, elle nous dit que c'est 80 millions, mais
elle refuse de nous donner ses calculs. Donc, est-ce qu'on pourrait
commencer à avoir une collaboration en ayant les calculs de Québec solidaire?
La Présidente :
En question principale, je reconnais maintenant le député de Maurice-Richard.
Enquête sur le déploiement de la plateforme SAAQclic
M. Haroun
Bouazzi
M. Bouazzi : Mme la Présidente,
sur la commission SAAQclic, on commence à en avoir beaucoup, des informations,
et plus qu'on en avait, évidemment, il y a un mois, et maintenant on sait qu'il
y a des taux horaires qui sont passés, par exemple, de 80 $ à 350 $.
Ça, Mme la Présidente, c'est 700 000 $ par an pour une personne, pas
pour 100 heures ou 200 heures, pour 12 000 heures. Ils sont
arrivés en 2020 et ils ont dit : Oups! on s'est trompés de
800 000 heures. 800 000 heures, ça, c'est
100 personnes à temps plein pendant quatre ans.
Ils nous ont dit : Attention, on va faire
100 milliards d'économies. Vous savez de combien ils se sont trompés?
1 milliard d'économies, pardon. Ils se sont trompés... — ils
trouvent ça drôle — ils
se sont trompés de 1 milliard. Sur 1 milliard, c'est zéro d'économies.
Le problème est systémique. Ils étaient où, les
ministres du Transport, il était où, le ministre du Numérique, pendant sept
ans, sept ans où l'argent public a été dilapidé?
La Présidente : La réponse de la
ministre des Transports et de la Mobilité durable.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien, la question
du collègue remet en évidence l'importance
et la pertinence de la commission d'enquête qui est en train de se dérouler
actuellement, commission d'enquête que
nous avons mise sur pied, pour laquelle nous avons adopté un décret, nous, le
gouvernement du Québec, à la suggestion, notamment, des partis
d'opposition, mais volonté que nous partageons, au gouvernement, d'avoir un
examen exhaustif, rigoureux, compétent et
intègre de l'ensemble de la genèse qui a conduit au déploiement de SAAQclic,
au début de l'année 2023, qui
part, rappelons-le, Mme la Présidente, du dernier gouvernement du Parti québécois,
qui avait jugé bon, à l'époque... D'ailleurs,
le précédent ministre des Transports, Sylvain Gaudreault, du Parti québécois,
est venu témoigner à la commission et a admis avoir, à l'époque, donné
une exemption de reddition de comptes partielle à la SAAQ, prétendument pour
gérer son déficit, à l'époque. Donc... Et alors, donc, les choses ont évolué.
Le Parti libéral, en 2017, a signé le fameux contrat avec l'alliance, qui a
donné lieu à la suite qu'on connaît. Mais l'important, Mme la Présidente, c'est qu'on a une personne compétente en la
personne de M. Gallant qui va faire l'examen entier et qui déposera son
rapport dans les prochains mois.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : On
ne sait toujours pas où ils étaient, Mme la Présidente. Je rappelle, ils ont
réévalué, de plus, là, de 800 000 heures,
800 000 heures. Il y avait des appels d'offres qui étaient faits sur
mesure, ils ont reçu une enveloppe, une...
pas une fois ou deux fois, là, à plusieurs reprises, là. On embauche des petits
amis. Enfin, je veux dire, c'est le bar ouvert pendant sept ans, sept
ans.
Qu'ils aillent à la commission avant qu'on
finisse de siéger, comme ça on va avoir des réponses, pas fin juin.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Justice.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Bien, Mme
la Présidente, fidèle à son habitude, le député de Maurice-Richard veut jeter
la pierre à tout le monde, veut gérer tout puis arranger ça comme il veut. Dans
le fond, le député de Maurice-Richard veut
se substituer au commissaire, il dit : Allez témoigner avant que ça
finisse, avant qu'on finisse de siéger, parce que je veux réussir à
faire des points politiques là-dessus, alors que notre gouvernement a déclenché
la commission d'enquête. Ils ont même
attaqué, sa propre formation politique, le juge Gallant. Mais là ça fait leur
affaire, finalement, la commission d'enquête, parce qu'il y a du bon
stock pour eux autres, puis ça lui permet de poser une question, Mme la
Présidente.
Alors, laissez donc la commission faire ses
travaux à l'abri de toute ingérence politique, notamment la vôtre. Respectez
donc les institutions, respectez donc vos collègues, respectez donc...
La
Présidente : Et, M. le
leader du gouvernement, je vous rappelle que vous vous adressez à la
présidente, c'est bon aussi pour vous, et vous le savez. On retrouve le
silence. Complémentaire.
M. Haroun Bouazzi
M. Bouazzi : Ça fait que, quand
on est rendus à poser des questions à ces gens qui ont dilapidé de l'argent public, c'est des points politiques? Le juge
Gallant, là, il soupait avec la ministre. Il a décidé de les écouter à la fin
juin, alors qu'on ne siège plus. Qu'il les questionne avant, les ministres,
pour qu'on puisse les questionner ici et qu'on entende ce qu'ils ont à
dire.
Pourquoi,
pendant sept ans, pendant sept ans, on a dilapidé plus de 500 millions,
500 millions de dollars, que tout l'argent qui allait à des
consultants, des boîtes privées... Qu'ils aillent témoigner avant qu'on arrête
de siéger.
La Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La
Présidente : On
retrouve le silence. La réponse... M. le leader du gouvernement, je vous
entends, la parole n'est pas à vous. La réponse de la ministre de la
Mobilité durable et du Transport.
Mme Geneviève Guilbault
Mme Guilbault : Oui, bien, Mme la Présidente, est-ce que j'ai bien entendu
que le député de Maurice-Richard vient de
critiquer l'ordre... le choix, et l'ordre, et la date de témoignage décidés par
le commissaire Gallant parce que ça ne fait pas l'affaire de l'agenda du
député de Maurice-Richard de ne pas pouvoir poser une question sur ce qu'il
veut au moment où il veut?
Mme la Présidente, s'il veut être commissaire,
il peut s'inscrire, puis faire son droit, puis être membre du Barreau, puis déposer son C.V., éventuellement,
pour être commissaire d'une commission d'enquête. Pour le moment, c'est M. Gallant
qui est commissaire d'enquête de la SAAQ, alors, si ça ne le dérange pas, on va
le laisser faire son travail. Si Québec solidaire veut continuer de s'attaquer
à l'intégrité ou à la compétence du juge Gallant, libre à eux. En ce qui nous concerne, on va le laisser faire son travail,
on va prendre connaissance, évidemment, avec grand intérêt, de son rapport,
dans les prochains mois, et on continue de collaborer, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Lesage.
Financement de l'aide
alimentaire dans les écoles
M. Sol Zanetti
M. Zanetti : Merci,
Mme la Présidente. Le Québec est une société riche, on est la 22e économie
de l'OCDE, 22e parmi les plus riches au monde, on se tue à apprendre aux
enfants à partager, mais est-ce que nous, on donne vraiment l'exemple? Quand, dans une société riche comme la nôtre, un
enfant sur cinq, à l'école, a faim, c'est parce que, collectivement, on
n'a pas appris à partager comme il faut. Ici, on est des adultes, on est des
législateurs, on ne peut pas abdiquer notre responsabilité envers ces
enfants-là qui ont faim en disant : C'est la faute à leurs parents, ils
avaient juste à mieux s'organiser.
67 % des
Québécoises et des Québécois sont d'accord, c'est le temps de nourrir les
enfants à l'école. Est-ce que le ministre de l'Éducation peut enfin ouvrir la
porte à un programme universel d'alimentation scolaire au Québec, s'il
vous plaît?
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Bien,
très content d'obtenir cette question, Mme la Présidente. D'abord, le député ne
le mentionne pas dans sa question,
mais il devrait reconnaître que les sommes qui ont été investies pour nourrir
les enfants à l'école ont été beaucoup augmentées, au cours des dernières
années, depuis, en fait, l'arrivée au pouvoir de la Coalition avenir Québec.
Et, oui, c'est un défi. Bien entendu, on
souhaite que nos enfants, lorsqu'ils arrivent à l'école, n'aient pas faim. Et
c'est pour ça qu'on a mis en place ce programme, on l'a bonifié, on l'a financé
davantage d'année en année. On donne également des sommes supplémentaires pour
des organismes comme le Club des petits déjeuners ou la cantine.
Et puis là, M. le... Mme la Présidente,
dis-je, vous aurez remarqué qu'on a réussi à négocier une entente avec le gouvernement fédéral pour bonifier les sommes,
justement, qui seront affectées au programme alimentaire, des sommes, donc, qui ont été obtenues sans condition, donc
dans le respect des compétences du Québec, et ce sont des sommes qui
seront investies dans les écoles, la discussion est en train de se faire,
actuellement, sur le partage des sommes, mais, évidemment, cet argent va servir
à nourrir encore plus d'enfants.
La Présidente : Première
complémentaire. Et, pour ce faire, je reconnais le député de Taschereau.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Merci, Mme la
Présidente. L'observatoire sur les inégalités disait que c'est 20 % de la population qui souffre de précarité alimentaire.
Les enfants arrivent à l'école, aujourd'hui, avec le ventre vide. Oui, il y a de
l'argent qu'il a été cherché au fédéral, par le ministre de l'Éducation,
65 millions. C'étaient 200 millions qu'on aurait dû et pu avoir. Alors, en plus d'être un très
mauvais négociateur, ce gouvernement-là laisse les enfants aller à l'école le ventre
vide.
Alors,
je me retourne vers la ministre de la Solidarité sociale. Est-ce qu'elle ne
peut pas travailler un peu auprès de son collègue pour faire un meilleur
travail?
La Présidente : La réponse de la
ministre responsable de la Solidarité sociale.
Mme Chantal Rouleau
Mme Rouleau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. La question de la sécurité alimentaire est au coeur de nos
interventions et de nos préoccupations, parce qu'on ne veut évidemment pas que
les Québécois, Québécoises manquent de nourriture, surtout pas les enfants,
surtout pas les aînés, surtout pas les familles. C'est pour ça, Mme la Présidente, qu'on investit
141 millions de dollars dans le plan de lutte à la pauvreté en
sécurité alimentaire, non seulement en
termes d'acheter de la nourriture pour Banques alimentaires Québec, permettre à
Banques alimentaires Québec d'acheter de la nourriture, mais aussi, Mme la
Présidente, mettre en place des moyens structurants pour s'assurer d'une
sécurité alimentaire pour tous et ne laisser personne derrière.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Etienne Grandmont
M. Grandmont : Oui.
Mme la Présidente, moi, je trouve qu'il y a des exemples inspirants ailleurs
dans le monde. En Finlande, le ministère de l'Éducation investit 6 %
de son budget de ministère dans l'aide alimentaire, dans la sécurité
alimentaire. Au Québec, là, on est à 0,35 %, c'est 17 fois moins,
17 fois moins.
Il y a 20 % de gens qui souffrent
d'insécurité alimentaire. Est-ce que l'objectif de la CAQ, c'est de rattraper
l'Ontario à 24 %? Est-ce que c'est 25 %? C'est 30 %? Quel genre
de crise sociale on est en train de se magasiner?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Éducation.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Alors, Mme la
Présidente, en 2024-2025, on a investi 65 millions, comme gouvernement,
pour l'aide alimentaire, et on vient d'aller
chercher, dans cette négociation-là avec le fédéral, un autre 65 millions,
donc, sur trois ans. Alors, c'est quand même le double, hein, il faut le
souligner, Mme la Présidente. Puis on va s'assurer que ça bénéficie aux
enfants.
Maintenant, cette question-là, Mme la
Présidente, nous donne l'occasion de rappeler que Québec solidaire refuse
toujours de reconnaître l'impact de l'immigration sur le système d'éducation et
sur notre capacité de nourrir les enfants.
Je rappelle qu'en six ans on a augmenté de 100 000 le nombre d'élèves
qu'on doit scolariser, Mme la Présidente. Et l'essentiel de ces élèves,
ils sont venus d'ailleurs. Et on s'en occupe très, très bien et on les nourrit
au meilleur...
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Jean-Talon.
Adoption en séances
extraordinaires du projet de loi assurant la
gouvernance responsable des ressources énergétiques
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Est-ce que le
gouvernement de la CAQ va privatiser la vente d'électricité au Québec par
bâillon? C'est ça, la question.
Ce qu'on
entend, ce qu'on comprend de ce qui se passe en commission parlementaire, c'est
que, oui, la ministre de l'Énergie s'apprête à privatiser par bâillon le
secteur de l'énergie, le joyau des Québécois, notre richesse collective.
Hier, elle a refusé de s'engager à ne pas procéder
par bâillon. Or, le projet de loi n° 69, qui réforme entièrement le
secteur de l'énergie, va avoir des conséquences néfastes pour les Québécois. Le
calcul des experts d'Hydro-Québec, c'est que
ça va nous coûter 3 milliards de dollars d'ici 2030, ce qu'on est en
train de faire, ce que le gouvernement est en train de faire.
Je lui offre, à la ministre, une occasion d'être
transparente. Est-ce qu'elle entend imposer son projet de loi n° 69
réformant le secteur de l'énergie par bâillon, oui ou non?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Alors, soyons très, très clairs, il n'est aucunement question de privatiser Hydro-Québec. Aucunement.
Alors, ce n'est même pas une question qui est à aborder, parce que ça ne figure
pas dans le projet de loi n° 69, cette idée qu'avance le Parti québécois.
Régulièrement, d'ailleurs. C'est à se demander pourquoi, parce qu'il n'en est
aucunement question.
Il y a un élément qui existe, en
termes de vente d'électricité à travers un autre réseau que celui d'Hydro-Québec, et c'est un élément qui a été mis en place par le Parti québécois, quand ils étaient au pouvoir, en 2000, avec le ministre Brassard. Et donc c'est l'élément qui existe et
pour lequel on fait une légère modification, mais rien de majeur et rien pour
affecter le monopole d'Hydro-Québec en matière de distribution.
Mme la Présidente, on
travaille à bon rythme dans le cadre de la commission parlementaire. J'aimerais
saluer le fait qu'on a passé une centaine d'heures en commission parlementaire
autour du projet de loi n° 69 et qu'on continue à travailler. Et j'espère
avoir la collaboration des partis d'opposition en ce sens. Merci.
La
Présidente : Première...
Des voix :
...
La Présidente :
S'il vous plaît! On garde le silence. Première complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis : C'est intéressant comme
on n'a jamais de réponse sur le véritable point. Ce n'est pas la privatisation d'Hydro-Québec,
c'est la privatisation de la vente d'électricité. La ministre elle-même, en
commission parlementaire, a confirmé : En date d'aujourd'hui, aucune
compagnie privée ne peut vendre de l'électricité à une autre compagnie privée, aujourd'hui, ce n'est pas possible. Le
gouvernement va tout changer ça, va privatiser la vente d'électricité, va permettre
de vendre les petites centrales, a déjà permis de vendre le centre de recherche
de Varennes aux intérêts privés.
La question
demeure : Le gouvernement va-t-il privatiser par bâillon, oui ou non?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette :
Alors, à nouveau, il n'est aucunement question de privatiser Hydro-Québec.
En fait, au contraire, on veut augmenter la
place d'Hydro-Québec dans l'économie québécoise, parce qu'on veut doubler la
production d'électricité. Ça, c'est quelque chose qui va enrichir tous
les Québécois. C'est des investissements importants qui s'en viennent, et ils sont nécessaires, ces
investissements-là, parce qu'on produit de l'énergie verte. On a besoin
d'énergie verte, d'énergie renouvelable à l'échelle de la planète, et
c'est ce qu'on produit, au Québec, alors profitons-en pour nous positionner. En
plus, on va créer des emplois bien rémunérés dans des créneaux d'avenir. Un
deux pour un.
Alors, vraiment, il y
a une stratégie à la fois de transition énergétique, de décarbonation et de
développement économique qui est derrière notre projet, nos ambitions, et c'est
ce qu'on va faire.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis :
C'est écrit noir sur blanc dans le projet de loi de la ministre, des
compagnies privées vont avoir désormais la possibilité de vendre à d'autres
compagnies privées. C'est une privatisation du secteur de l'énergie, point barre. Et la ministre n'a pas la franchise de nous
le dire, aujourd'hui, de le dire aux Québécois, et elle ne répond pas à la question.
La
Présidente : Oui, M. le leader du gouvernement, je vais vous
reconnaître.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la Présidente, notre
règlement fait état qu'on doit prendre la parole d'un collègue, ici, en cette Chambre. Alors, le
collègue de Jean-Talon viole sciemment le règlement lorsqu'il tient ce genre de
propos. Je vous demanderais de le rappeler à l'ordre.
La
Présidente : Alors, je vais vous dire, un, de faire attention, et, de
deux, vous rappeler notre article à l'effet... article 35.6°, qu'on ne
peut refuser d'accepter la parole d'un collègue.
Alors, poursuivez. Demeurez
vigilant. Il vous reste quelques secondes.
M. Paradis :
Le projet de loi parle par lui-même, il y a une privatisation du secteur de
l'énergie.
Je
repose ma question : Est-ce qu'elle va faire ça, est-ce qu'elle va revoir
le pacte fondamental au Québec par bâillon, oui ou non?
La
Présidente : La réponse de la ministre.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Oui,
merci, Mme la Présidente. Bien, déjà, on abordait la question, hier. Alors, je
rappelais que c'est depuis 2000, depuis que le ministre Brassard a fait
une modification, qu'il est permis de vendre à un autre consommateur, mais à un consommateur, à un
compteur électrique, de l'électricité qui a été produite à partir de la biomasse.
Et dorénavant on va élargir à d'autres
formes de ressources énergétiques renouvelables, parce qu'on est dans un contexte
de transition énergétique et que le nombre de ressources énergétiques a évolué
et leur accessibilité également.
Et,
quand on parle du privé, eh bien, il faut voir que ça inclut le plus souvent
des partenariats avec des Premières Nations, avec, également, des municipalités, avec des
MRC. Si on prend l'Alliance de l'énergie de l'Est, c'en est un, exemple,
qui fait évoluer toute la région.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
des Îles-de-la-Madeleine.
Encadrement
de l'industrie du camionnage en vrac
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, le 14 mai dernier, devant l'Assemblée nationale, il
y a 2 500 camionneurs qui ont manifesté pour s'opposer au mode actuel
de gestion d'octroi de contrats d'infrastructure par le gouvernement. L'Association nationale des camionneurs artisans
en a assez de voir le gouvernement contourner sa propre réglementation
sur le camionnage en vrac. Selon l'ANCAI, le gouvernement donne des contrats
par millions de dollars à tout vent, en ouvrant la porte à la collusion, à la
corruption, à la fausse facturation et au non-respect des normes
environnementales. C'est sans compter qu'on prive de revenus plus de
5 000 petites entreprises de camionnage en vrac qui, elles,
respectent les meilleures pratiques d'intégrité et de sécurité publique.
Mme la Présidente, pourquoi est-ce qu'on pénalise
ceux et celles qui respectent les règles du jeu de la Commission des transports du Québec?
Pourquoi le gouvernement réglemente-t-il le courtage en vrac pour les marchés
publics sans l'appliquer, ces clauses,
à l'ensemble des ministères et des organismes du gouvernement?
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Infrastructures.
M. Jonatan
Julien
M. Julien :
Depuis février 2024, on a modifié, effectivement, pour la Société québécoise
des infrastructures, l'accès au courtage pour
les camionneurs, parce que, Mme la Présidente, c'est contraire aux règles
commerciales internationales qu'on a signées avec différentes nations.
La seule exception qui est prévue, actuellement, c'est 50 % du transport
pour des travaux de voirie pour le ministère des Transports. Alors, c'est ce
qui est prévu.
Alors, ce que me dit
mon collègue, c'est qu'il faudrait ne pas respecter les règles et de faire
autrement. Nous, on ne loge pas là. Nous, on a regardé juridiquement l'état de
situation puis on compte le faire respecter, comme gouvernement responsable.
Alors, c'est ce qu'on applique et c'est ce qu'on fait.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Mme la Présidente, cette
réponse-là me surprend et me déçoit beaucoup. C'est 15 % à 18 % des
dépenses en infrastructures qui
portent sur le camionnage, on parle de 600 millions de dollars de
retombées économiques régionales,
lorsqu'on fait affaire avec des camionneurs en vrac, mais il y a encore des
centaines de millions de dollars qui échappent à cette réglementation-là. On veut justifier ça par des
règles environnementales, bien... ou plutôt internationales, selon
l'interprétation du gouvernement. Moi, j'invite le gouvernement à
refaire l'exercice, parce que ce que les camionneurs nous disent...
• (11 heures) •
La
Présidente : La réponse du ministre responsable des Infrastructures.
M. Jonatan
Julien
M. Julien :
Merci, Mme la Présidente. Écoutez, mon collègue dit : Ce que les
camionneurs nous disent, bien, moi, je lui
dis autre chose. C'est démontré que cet état de situation, dans les
circonstances, n'augmente pas la concurrence, il la diminue. Ce qu'on
observe, c'est que cette pratique-là fait en sorte qu'on diminue la concurrence
et que c'est plus dispendieux pour certains travaux.
Maintenant, mon
collègue me dit : Outrepassez les règles. Bien non, on ne va pas
outrepasser les règles, c'est notre rôle de respecter ces ententes-là.
Cependant, je réitère
qu'il y a un article spécifique pour le ministère des Transports qui prévoit le
courtage des transporteurs pour 50 % des activités, et c'est ce qu'on
fait.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau : Mme
la Présidente, pendant 15 ans, les 15 dernières années, là, la SQI a
appliqué cette règle-là. En janvier 2024, sans aucune consultation,
de façon unilatérale, on a enlevé cette clause-là.
Est-ce que le ministre
peut m'expliquer pourquoi cette décision a été prise, alors qu'on avait
respecté la clause du camionnage en vrac et du courtage pendant les
15 dernières années, puis qu'actuellement c'est des centaines de millions
de dollars de retombées économiques qui échappent aux camionneurs et aux
régions du Québec?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jonatan Julien
M. Julien : Encore là, Mme la
Présidente, je ne suis pas d'accord avec mon collègue. Ça n'échappe pas au camionnage, c'est-à-dire que les contrats sont donnés
pour des camionneurs, et ça augmente la concurrence, et ça réduit les
prix.
Une fois que
j'ai dit ça, quand l'Autorité des
marchés publics travaille avec nous
et nous avise que ces pratiques-là sont irrégulières, bien, nous autres,
on agit. Puis on regarde ce que les règles nous demandent, puis on dit :
C'est vrai, puis on modifie. Donc, en
février 2024, on a modifié pour respecter les règles. J'espère que mon
collègue ne nous demande pas de ne pas respecter les règles.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le chef de l'opposition officielle.
Gestion du projet SAAQclic
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Mme
la Présidente, on va parler aujourd'hui d'un fiasco qui a toujours cours,
aujourd'hui, au Québec, le fiasco
caquiste SAAQclic. SAAQclic, Mme la Présidente, on le voit, la
commission d'enquête regarde le passé, mais aujourd'hui, demain, la
semaine prochaine, dans un an, qu'est-ce qui se passe avec SAAQclic, un système
qui n'est toujours pas efficace, un système qui fera face encore à des délais,
un système qui va nous coûter, en gaspillage, encore plus de millions de dollars? La VG avait dit : Pour 2027, la
facture finale, de ce que je peux voir, basé sur des données de 2024,
c'est 1,1 milliard. Ça va coûter plus cher que ça.
Alors,
aujourd'hui, la ministre est responsable de la Société de l'assurance automobile du Québec. Elle est responsable de SAAQclic
aujourd'hui. On ne sent pas du tout une prise en charge de ce fiasco-là, qui
continue de grossir.
Pire, hier, parce que la SAAQ, elle aussi... il
n'y a pas juste le gouvernement qui court après l'argent, ça a coûté tellement
cher à la SAAQ qu'ils courent après l'argent, ils avaient imaginé sortir puis
aller piger dans le fonds d'indemnité des
victimes. La ministre a dit : Ah! pour des programmes, peut-être qu'on
pourrait le faire. Puis là, ce matin, elle semble mettre la pâte à dents
dans le tube.
Pour nous,
Mme la Présidente, il est temps que le premier ministre s'occupe du dossier,
mette sous tutelle la SAAQ, sous sa responsabilité.
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, d'abord rappelons deux, trois choses. Qui a donné... Qui a signé le
contrat pour SAAQclic? Le gouvernement libéral. O.K.? Ce qu'on a fait, c'est
qu'on a mis en place une commission d'enquête publique. On n'a pas attendu
comme les libéraux avec la commission Charbonneau, on l'a fait rapidement.
Il n'est pas question d'utiliser le fonds
d'indemnisation, la ministre a été très claire. On sait que c'est peut-être le
rôle de l'opposition de brasser, puis on ne dira pas quoi.
Maintenant, on a nommé Dominique Savoie comme
présidente du conseil d'administration de la SAAQ. Dominique Savoie, là, elle a géré beaucoup de ministères dans les
gouvernements libéraux. Est-ce que le chef de l'opposition officielle
est en train de dire : Moi, je n'ai pas confiance en Dominique Savoie?
Qu'il le dise clairement. Qu'il le dise clairement.
La Présidente : Alors, voilà. Cela
met fin à cette période de questions et de réponses orales.
Je vous invite à demeurer en place pour la tenue
des votes reportés. Et, pour ce faire, je cède la place à la deuxième
vice-présidente de l'Assemblée nationale. Merci, tout le monde, pour votre
attention. Bonne fin de journée.
Votes reportés
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Comme nous venons de le
mentionner, nous sommes à la rubrique des votes reportés.
Adoption du projet de loi n° 84
Nous allons maintenant procéder au vote reporté
sur la motion de M. le ministre de la Langue française proposant que le projet
de loi n° 84, Loi sur l'intégration de la nation québécoise, soit adopté.
Le vote est maintenant
ouvert.
La période de vote est terminée. Mme la
secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour : 86
Contre :
27
Abstentions :
0
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
La motion est adoptée. La motion
étant adoptée, le projet de loi n° 84, Loi sur
l'intégration de la nation québécoise,
est adopté.
Motions sans préavis
Nous sommes
maintenant à la rubrique Motions sans préavis. En fonction de nos règles et de
l'ordre de présentation des motions sans préavis, je reconnais maintenant un
membre du groupe formant le gouvernement, et je cède la parole au
ministre de la Langue française.
Affirmer que le modèle
québécois d'intégration nationale est
distinct du multiculturalisme canadien
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter
la motion suivante conjointement avec le député de Matane-Matapédia :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que la
nation québécoise étant une société d'accueil distincte, elle possède son
propre modèle, l'intégration nationale;
«Qu'elle énonce que le modèle québécois
d'intégration favorise la cohésion sociale et s'oppose à l'isolement et au
communautarisme;
«Qu'elle affirme que le modèle de l'intégration
nationale est distinct du multiculturalisme canadien.»
• (11 h 10) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Mise aux voix
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote est appelé. Donc, la période de vote est maintenant ouverte.
Merci. La période de vote étant terminée, Mme la
secrétaire générale, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour : 112
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Cette
motion est adoptée à l'unanimité.
Je suis prête, maintenant, à reconnaître un
membre du groupe formant l'opposition officielle et je cède la parole à M. le
leader de l'opposition.
Exiger du gouvernement qu'il
transmette à la Société de l'assurance
automobile du Québec une directive lui rappelant que le
Fonds d'assurance automobile du Québec n'a
pas pour objet d'éponger des déficits
M. Derraji : On va voir s'ils
vont applaudir.
Mme la Présidente, Mme la Présidente, je
sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député de
Maurice-Richard, le député des Îles-de-la-Madeleine et la députée de
Vaudreuil :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que le Fonds
d'assurance automobile du Québec n'a pas pour objet de permettre à la Société de l'assurance automobile du Québec d'éponger des
déficits découlant de la mauvaise gestion des projets informatiques;
«Qu'elle exige du gouvernement caquiste qu'il
transmette à la Société de l'assurance automobile du Québec une directive sans
équivoque en ce sens.»
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Est-ce qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? M. le leader.
M. Derraji : ...électronique,
Mme la Présidente.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Le vote est appelé. Donc, la période de vote est
maintenant ouverte.
La période de vote
étant terminée, Mme la secrétaire, pour le résultat du vote, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour : 111
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. Cette motion est adoptée à l'unanimité. M. le
leader de l'opposition officielle.
M. Derraji :
...cette motion, j'aimerais qu'une copie de cette motion soit envoyée à la
direction de la Société de l'assurance automobile. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Ce sera fait, M. le leader de l'opposition
officielle.
Je reconnais
maintenant, pour sa motion, un membre du deuxième groupe d'opposition. Mme la
cheffe, la parole est à vous.
Souligner
la Journée internationale d'action pour la santé des femmes
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion suivante
conjointement avec la ministre de la Condition féminine, la ministre de
Robert... la députée de Robert-Baldwin, la députée de Terrebonne, la
députée de Vaudreuil et le député de Saint-Jérôme :
«Que
l'Assemblée nationale souligne aujourd'hui la Journée internationale d'action
pour la santé des femmes, qui rappelle
l'importance fondamentale de garantir à toutes les femmes un accès équitable,
sécuritaire et de qualité aux soins de santé;
«Qu'elle rappelle que
la santé reproductive, y compris le droit à l'avortement, à la contraception et
aux services en santé sexuelle, constitue un pilier essentiel de la santé des
femmes, et que ces droits doivent être fermement protégés dans un contexte où
des mouvements anti-choix cherchent à les fragiliser;
«Qu'enfin elle
encourage le gouvernement à favoriser une approche transpartisane pour
améliorer la santé des femmes au Québec.»
Merci beaucoup.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Est-ce
qu'il y a consentement pour débattre de cette motion? Consentement, sans
débat?
Une voix :
...
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Un vote a été demandé. Merci.
Le vote est
maintenant terminé. Le résultat du vote pour... Mme la secrétaire, s'il vous
plaît.
La
Secrétaire : Pour : 110
Contre :
0
Abstentions :
0
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : La motion est adoptée à l'unanimité.
Je reconnais
maintenant un membre... Oui, M. le leader.
M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup, Mme la
Présidente. Est-ce qu'une copie de cette motion peut être envoyée à la
Fédération du Québec pour le planning des naissances et la Fédération des femmes du Québec, s'il vous plaît?
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Ce sera fait.
Je reconnais maintenant
un membre du troisième groupe d'opposition. M. le député de Matane-Matapédia,
pour votre motion, s'il vous plaît.
M. Bérubé :
Merci, Mme la Présidente. Je sollicite le consentement des membres de cette
Assemblée afin de présenter, conjointement avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve,
la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte de la résolution adoptée le 21 mai dernier par le
Conseil de la MRC d'Arthabaska, demandant au
gouvernement du Québec le déclenchement rapide d'une élection partielle dans
Arthabaska;
«Qu'elle rappelle le
droit des électeurs et citoyens de la circonscription d'Arthabaska d'être
dûment représentés en cette Chambre par un député — ou une députée;
«Qu'elle demande au gouvernement du Québec de
déclencher une élection partielle dans les plus brefs délais pour répondre à
l'appel des élus et citoyens de la circonscription d'Arthabaska.»
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Est-ce qu'il y a
consentement pour débattre de cette motion?
M. Lévesque (Chapleau) :
...Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Pas de consentement.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous poursuivons
maintenant à la rubrique Avis touchant les commissions. Je vous demanderais de
sortir en silence, s'il vous plaît. Donc, M. le leader adjoint du gouvernement,
pour la suite de...
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, Mme la Présidente. Et donc j'avise cette Assemblée
que la Commission de l'agriculture, des pêcheries, de l'énergie et des ressources
naturelles va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 69, la
Loi assurant la gouvernance responsable des ressources énergétiques et
modifiant diverses dispositions législatives, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures, à compter de cinq minutes suivant la fin de
la séance de travail de la Commission de l'Assemblée nationale jusqu'à
18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La Commission des
relations avec les citoyens poursuivra l'étude détaillée du projet de loi
n° 95, la Loi favorisant l'équité dans l'accès aux services de garde
éducatifs à l'enfance subventionnés dispensés par les titulaires de permis, aujourd'hui,
de 15 heures à 18 heures et de 19 h 30 à 22 h 30,
à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission des
finances publiques va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 92,
la Loi modifiant diverses dispositions principalement dans le secteur financier,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de
15 heures à 18 heures, à la salle Marie-Claire-Kirkland;
La Commission de la
santé et des services sociaux va poursuivre les consultations particulières et
les auditions publiques sur le projet de loi
n° 106, la Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective et l'imputabilité
des médecins quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux,
aujourd'hui, après les affaires courantes jusqu'à 12 h 50, de
15 heures à 18 h 15 et de 19 h 30 à 21 h 55,
à la salle Pauline-Marois;
La Commission de
l'aménagement du territoire va entendre les intéressés et va procéder à l'étude
détaillée des projets de loi d'intérêt privé
suivants, et ce, dans l'ordre ci-après indiqué : d'abord, le projet de loi
d'intérêt privé n° 215, la Loi concernant la Municipalité de
Saint-Sylvère, par la suite le projet de loi d'intérêt privé n° 216, la Loi
concernant la Ville de Longueuil, et enfin le projet de loi d'intérêt privé
n° 219, la loi visant la dissolution de... pardon, de l'Agence de développement
de Ferme-Neuve, aujourd'hui, de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle
Marie-Claire-Kirkland;
La Commission des
institutions va entreprendre les études détaillées des projets de loi suivants,
et ce, dans l'ordre ci-après indiqué :
d'abord, le projet de loi n° 795, la Loi remplaçant le nom de la circonscription électorale de Laporte
par celui de «Pierre-Laporte», par la suite le projet de loi n° 797, la Loi remplaçant le nom de la circonscription
électorale de Rivière-du-Loup—Témiscouata par celui de «Rivière-du-Loup—Témiscouata—Les
Basques», ensuite le projet de loi n° 890, la Loi remplaçant le nom de la
circonscription électorale de Vimont par celui de «Vimont-Auteuil», puis le projet de loi n° 996, la Loi remplaçant le nom de la circonscription
électorale d'Arthabaska par celui d'«Arthabaska-L'Érable», et enfin le projet de loi n° 395, la
Loi remplaçant le nom de la circonscription électorale de
Matane-Matapédia par Matane-Matapédia-Mitis, aujourd'hui, après les
affaires courantes jusqu'à 13 heures, à la salle Louis-Joseph-Papineau, et
de 19 h 30 à 22 h 30, à la salle du Conseil législatif.
• (11 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le leader. Est-ce qu'il y a consentement
pour déroger à l'article 143.1 du règlement concernant l'horaire des
travaux des commissions? Consentement. Merci.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de l'Assemblée nationale se réunira en séance de
travail aujourd'hui, de 15 h 30 à 16 h 15, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de poursuivre l'organisation des travaux
de la commission dans le cadre de l'enquête
découlant de la motion présentée par le leader parlementaire de l'opposition
officielle et du député de...
et député de Nelligan en vertu des articles 315 à 321 du règlement portant
sur l'omission du dépôt dans les délais prescrits du rapport annuel de
gestion 2023 de la Société de l'assurance automobile du Québec.
Je vous avise
également que la Commission de la culture et de l'éducation se réunira en
séance de travail le jeudi 29 mai 2025,
de 8 heures à 8 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse de la pétition concernant le rétablissement du financement de
l'école D à Sherbrooke.
Nous en sommes
maintenant aux avis touchant les travaux des commissions.
Enfin, je vous avise
que la Commission des institutions se réunira en séance de travail le jeudi
29 mai 2025, de 9 h 30... de
8 h 30, pardon, à 9 heures, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine, afin de statuer sur la possibilité que la commission se
saisisse de la pétition concernant la mise en place d'un mécanisme
supplémentaire permettant de prolonger les différentes prestations prévues par
l'IVAC.
Renseignements
sur les travaux de l'Assemblée
Avis
de sanction de projets de loi
À la rubrique Renseignements sur les travaux de
l'Assemblée, je vous informe qu'aujourd'hui, à 11 h 45, au bureau de
Son Honneur la lieutenante-gouverneure, il y aura sanction des projets de loi
suivants : le projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière
d'environnement, et le projet de loi
n° 84, Loi sur l'intégration de la nation québécoise.
Affaires du jour
La période
des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux
affaires du jour. Mme la ministre, s'il vous plaît.
Mme Champagne Jourdain : Mme la
Présidente, je vous demande d'appeler l'article 2 au feuilleton.
Projet de loi n° 100
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
À l'article 2 au feuilleton, Mme la ministre responsable de
l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor propose
l'adoption du principe du projet de loi n° 100, Loi sur la
négociation et la détermination des conditions de travail requérant une
coordination nationale notamment dans les secteurs public et parapublic.
Y a-t-il des interventions? Mme la ministre, la
parole est à vous.
Mme Sonia LeBel
Mme LeBel : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Très heureuse de prendre la parole à l'occasion de l'adoption de
principe d'un projet de loi qui, quant à moi, est très important, très
important pour la suite des choses, pour le Québec. Ce qu'on vient faire avec
ce projet de loi là, Mme la Présidente, c'est de moderniser l'encadrement et le terrain sur lequel les négociations publiques
et parapubliques se déroulaient, au Québec, depuis plus de 40 ans. On appelait
ça la loi 37. On appelle encore ça la loi 37.
L'exercice qu'on vient de faire, l'exercice des
consultations, est un exercice qui est fort important. D'ailleurs, je veux
remercier tous les groupes qui ont participé à ces consultations-là, Mme la
Présidente, que ce soit par le biais d'un témoignage en présence ou par le
biais du dépôt d'un mémoire. Toujours pertinent, toujours intéressant et toujours
important d'avoir le point de vue de tous
ces gens-là, de tous ces différents groupes là, différents points de vue, pour
être capables de bien comprendre l'endroit où on s'en va et de voir si
on peut faire des améliorations.
C'est un processus d'amélioration continue. J'y
crois beaucoup, aux débats en commission parlementaire. Et c'est un processus
qui nous permet, au final, d'atteindre un objectif que l'on partage, mais d'en
améliorer la meilleure façon de s'y rendre. Donc, je veux aussi saluer la participation
de mes collègues de l'opposition. C'est toujours... c'est toujours constructif
quand on est capables de travailler dans le but d'un même objectif, mais l'idée
de la... qu'un projet de loi est perfectible, pour moi, c'est une idée qu'on
doit toujours garder en tête.
Beaucoup de choses ont été dites. Il y a
beaucoup de sujets qui est couvert par le projet de loi. Mais le corps
principal et le constat principal qui ressort de tout ça, le constat qui est le
plus clair, Mme la Présidente, c'est la nécessité de moderniser le processus de
négociation, et ça fait l'unanimité tant du côté patronal que du côté syndical.
Vous savez, à titre de présidente du Conseil du
trésor, j'ai eu, je dirais, l'opportunité de mener deux rondes de négociations
du secteur public. La ronde présente s'achève. On a maintenant réglé avec plus
de 99 % des gens du secteur public et parapublic, des organismes, ou des
ministères, ou des groupes du secteur public et parapublic qui sont sous
l'égide des négociations du Conseil du trésor, le grand... le grand chantier
qui couvre plus de 800 000 personnes, Mme la Présidente. Et j'ai pu
constater, au fil de deux rondes de négociations, mais je... plusieurs ont
partagé... de mes prédécesseurs ont partagé les mêmes constats... Il y a eu des
rapports qui ont été faits, des commentaires à cet effet-là, sur les 40, 50 dernières années, à l'effet
qu'il faut faire évoluer notre régime de négociation, qui était très cadré,
très scripté, dans le projet de loi 37. Et j'imagine qu'il y avait
une nécessité de le faire à la fin des années 70, début 80, quand ce projet... cette loi-là a été adoptée, d'avoir un
encadrement extrêmement strict, je dirais même rigide, pour être capables de
mener les négociations et garder un pouvoir de... j'allais dire un contrepoids
dans ces négos.
Donc, à l'heure actuelle, on est souvent
obligés, Mme la Présidente, de négocier différents éléments d'une convention
collective à plusieurs niveaux. On a parlé du niveau national, qui comprend une
table centrale, une table sectorielle, et on a un niveau où il y a plusieurs
sujets, 26 en santé, 28 en éducation, des sujets qui sont pertinents dans des conventions collectives, qui sont souvent
cruciaux pour le bien-être de... pour l'organisation du travail,
tant pour l'employé que pour le gouvernement, qui se retrouvent
maintenant éclatés dans les... dans les négociations locales, donc, dans différents établissements, dans différentes
commissions scolaires, dans différents CIUSSS, alors que ce sont des sujets qui
sont pertinents de ramener à un niveau... un
même niveau, à une même table de négociation, parce que tous ces aspects-là
sont essentiels, Mme la Présidente. Qu'on
parle du salaire, qu'on parle des assurances, qu'on parle des retraites, qui
sont traditionnellement à la table centrale, ou des horaires de travail,
ou des séances d'affectation dans le domaine de l'éducation, qui ont fait l'objet des dernières négociations, ce sont
des conditions de travail qui doivent être vues dans une... avec une vue d'ensemble, une globalité de
négociation, et qu'on soit capables d'agir sur tous ces leviers-là au même
niveau.
Ce sont... Et je tiens à réitérer que ce sont
des sujets qui seront négociés. C'est le palier et l'endroit où on devra les négocier, le fait qu'on pourra les négocier
dans une vue globale qui va changer la donne. Donc, principalement, c'est
de ramener tous ces sujets-là à un même niveau, donc, et on peut, à ce
moment-là, placer les besoins des Québécois, tant dans
l'organisation du travail, pour rendre de meilleurs services, que le bien-être
des employés qui rendent ces services-là pour l'ensemble des Québécois.
Donc, vous savez,
négocier dans le secteur public, c'est complexe. Ça va demeurer complexe, ce
qu'on... parce que, je le disais tantôt, on parle des conditions de travail de
plus de 800 000 personnes dans différents emplois, réparties dans
deux grands réseaux, 57 organismes avec des réalités différentes, des
façons d'aborder les conditions de travail différentes. Donc, ça va demeurer
complexe, Mme la Présidente. Ce qu'on fait, par contre, avec le projet de loi
n° 100, et ce qui est l'objectif
premier derrière tout ça, c'est d'ajouter de la flexibilité, d'être capable
d'avoir un cadre de négociation qui va évoluer avec les besoins de la société,
avec les priorités du gouvernement, qui peuvent changer au fil des
rondes de négociations, et d'éviter d'avoir
un cadre extrêmement rigide, scripté, où chaque mouvement est conditionné par
la loi. Ce qu'on va laisser, ce qu'on veut laisser, c'est la libre organisation
des travaux de négociation, tant par la partie patronale qu'avec la
partie syndicale. Et, avec ça, on est convaincus qu'on va pouvoir ajouter de la
souplesse et une meilleure adaptabilité. Donc, j'invite tout le monde à voter
pour le principe, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
Mme la ministre. Je cède maintenant la parole au député de l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci, Mme la Présidente. Alors,
je suis heureux de prendre la parole ce matin à l'étape de l'adoption du
principe du projet de loi n° 100, Loi sur la négociation et la
détermination des conditions de travail requérant une coordination nationale notamment dans les secteurs public et parapublic. Donc, c'est un projet de loi qui, selon les
dires de Mme la ministre, va moderniser le régime des négociations dans
les secteurs public et parapublic.
• (11 h 30) •
Permettez-moi
d'entrée de jeu, Mme la Présidente, de remercier ma collègue la députée de La Pinière, qui siège avec moi dans le cadre du travail de ce projet de loi. Ma
collègue a toujours des interventions qui sont excessivement pertinentes. C'est très, très aidant. Et
évidemment, pour l'opposition officielle, ça va nous permettre, bien sûr, de
bonifier ce projet de loi, projet de loi, je vous le dirai, qui a quand
même été bien accueilli dans le cadre des consultations particulières.
Et
permettez-moi également de saluer et de remercier tous les groupes qui sont
venus dans le cadre des consultations particulières, parce que ces
groupes-là, évidemment, ont un intérêt, bien sûr, pour le projet de loi, ça les
touche, mais souvent c'est en sus de leur
travail, de leurs activités qu'ils prennent le temps et qu'ils prennent le
temps de déposer des mémoires, d'écrire, de venir nous rencontrer, de
dialoguer avec nous, les parlementaires. Et ça permet, bien sûr, de nous
éclairer, et souvent de bonifier un projet de loi, puis de le rendre aussi plus
actuel, s'assurer que sa mise en oeuvre, éventuellement, sera mieux adaptée aux
réalités des différentes régions.
Et, comme je vous le
disais, en fait, la très, très grande majorité des groupes ont salué le projet.
Ça ne veut pas dire, cependant, que tout est
parfait et qu'il n'y a pas, nécessairement, certaines améliorations qui
pourront être apportées. Et là-dessus, bien, évidemment, moi, je tends
la main à Mme la ministre. On aura la chance d'en discuter dans le cadre de l'étude détaillée qui va débuter bientôt. Mais
ce qui est fascinant, c'est que la majorité des groupes ont salué le projet de
loi. Et ça, Mme la ministre le soulignait. Plusieurs ont dit qu'effectivement il était temps
qu'il y ait une réorganisation, une modernisation de la façon de
déterminer et de négocier les conditions de travail. Sauf que plusieurs groupes
sont venus nous dire également qu'ils
craignaient une centralisation de l'autorité des pouvoirs au niveau de la
négociation. Et ça, je dois le dire d'emblée, on a eu évidemment des
échanges intéressants, Mme la ministre semblait ne pas toujours être de cet avis, mais c'est quand même fascinant de
voir que, là, il y a vraiment deux positions, il y a deux façons de voir le projet de loi et, bien sûr, de faire en sorte que,
pour certains, il s'agit plus d'une centralisation, pour d'autres, c'est moins
le cas.
Je vous souligne
également que, personnellement, j'ai constaté que, tout dépendant si on parlait
à des centrales syndicales ou à des
organisations qui travaillent dans le domaine de la santé ou dans le domaine de
l'éducation... dans le domaine de la santé, les gens semblaient, c'est
ma perception, semblaient un peu être moins, finalement... poser moins de
questions sur les objectifs du projet de loi que dans le domaine de
l'éducation. Et, dans le domaine de la santé, ma compréhension, c'est qu'évidemment
il y a un employeur très important au Québec qui s'appelle Santé Québec. Donc,
déjà au niveau de l'employeur, il y a un organisme central.
Par ailleurs, dans le
domaine de l'éducation, ce n'est pas exactement la même chose qui se passe. Et
là, comme vous le savez, il y a des centres
de services scolaires. Ma compréhension, c'est que les centres de services
scolaires sont les employeurs, ce
n'est pas le Conseil du trésor, en ce qui a trait aux travailleurs qui,
évidemment, sont à l'oeuvre dans ces centres-là. Donc là, il y a une
différence de perspective, disons-le comme ça, et, dans le cadre de l'étude
détaillée, nous aurons la possibilité,
évidemment, d'en discuter puis d'en apprendre davantage. Mais il y a quelques
éléments quand même qui sont ressortis.
Dans
le domaine de l'éducation, les centres de services scolaires se disaient qu'il
est important, bien sûr, de continuer à respecter l'employeur, de
s'assurer que l'employeur va toujours être présent dans le cadre des
négociations, parce qu'éventuellement lorsque les conventions collectives
seront signées ce sont les employeurs qui auront à les appliquer sur le terrain. Et on nous rappelait, on nous
rappelait à juste titre, que les conditions de travail, la réalité, elle est
très différente si on est, par
exemple, dans un centre de services scolaire dans une grande région urbaine ou
métropolitaine ou si on est dans une région, évidemment, qui est plus
dans... finalement, en dehors d'une grande région métropolitaine. On pense, entre autres, à différentes régions du Québec. Et
donc là, il faudra s'assurer, bien sûr, que tous ces centres-là auront bien sûr
leur mot à dire.
On a aussi
écouté les commissions scolaires anglophones, parce que les anglophones ont
toujours leurs commissions scolaires avec des élus, contrairement aux
centres de services scolaires, et eux aussi nous ont fait part de certaines de leurs craintes de perdre une autonomie. Ils nous ont
évidemment rappelé que, dans les faits, la gestion de leurs commissions
scolaires est également protégée par des dispositions constitutionnelles. Et la
Cour suprême a aussi statué là-dessus. Donc
là, on verra avec Mme la ministre. On aura bien sûr des questions à lui poser,
quand on arrivera à traiter de ces questions-là, pour s'assurer, bien sûr,
que le cadre juridique dans lequel ils opèrent sera évidemment maintenu et
respecté.
Je vous dirais que, autre élément, quand on
regarde le projet de loi, et, Mme la Présidente, permettez-moi d'attirer votre
attention notamment sur l'article 45, l'article 45 constitue des
comités patronaux de négociation. Et ma compréhension, c'est que, dans la loi
actuelle, il y a un comité patronal qui s'occupe particulièrement des cégeps et
des conventions collectives qui sont signées dans ces établissements d'enseignement
supérieur. On ne les retrouve plus à
l'article 45. Bien sûr, et c'est ce que Mme la ministre nous expliquait,
dans la majorité des cas, le ministre garde toujours un pouvoir, une autorité de nommer différents
représentants. Sauf qu'il n'en demeure pas moins que, là, il y a une distinction. Et la Fédération des cégeps,
là-dessus, a été quand même très claire. On nous a souligné que, pour eux, il y
avait là une crainte de perdre, évidemment, toute l'importance, toute la saveur
régionale, si vous me permettez cette expression.
On nous a dit
également, au niveau des cégeps, que les comités de négociation patronaux
fonctionnaient très bien, et que c'était très efficace, et qu'il ne
semblait pas y avoir de problème. Donc, c'est toujours un peu étonnant quand on
est député dans l'opposition et qu'on entend un groupe qui nous dit :
Écoutez, ça va quand même bien, on n'a pas de
problème, et de voir que, là, le gouvernement pourrait y opérer un changement.
On essaiera de voir, lors de l'étude détaillée, quels sont les gains,
évidemment, que le gouvernement peut faire de cette question-là, parce qu'il y
a une chose qui est sûre, les cégeps, c'est une institution, au Québec, qui est
excessivement importante. Et c'est une institution qui est unique au Québec, il
n'y en a pas ailleurs au Canada, il n'y en a probablement pas ailleurs dans le
monde non plus. Alors, c'est quelque chose qui est propre, qui nous définit et
qui fonctionne bien. Et ce sont des lieux d'enseignement supérieur qui sont
importants pour le Québec. Donc, s'il y a une modification qui est opérée à
cette étape-là, on pourra se demander,
évidemment, qu'est-ce qui en retourne. Est-ce qu'on n'est pas en train de
complexifier davantage? Est-ce qu'on
n'est pas en train de mettre en place un nouveau modèle qui pourrait faire en
sorte que, dans certains cas, ça pourrait même être plus difficile et moins efficace? Vous comprendrez que, pour
l'opposition officielle, on veut, bien sûr, de l'efficacité. Et donc ça,
c'est des éléments qu'on aura à discuter avec Mme la ministre.
• (11 h 40) •
Un autre élément que je me permets de souligner,
c'est l'article 23 du projet de loi. Et ça, je dois vous dire que, pour les organisations syndicales, peut-être pas
toutes, mais la très grande majorité ont même demandé à ce que cet article-là
soit retiré. Et je vous explique de quoi il en retourne. L'article 23 du
projet de loi dit : «Dans le cadre des négociations, une partie négociante peut rendre publique une
reproduction des propositions écrites qu'elle a transmises à l'autre partie
concernée si un délai d'au moins cinq jours s'est écoulé depuis leur réception
par celle-ci.»
Au fond, ce
que ça vient faire, c'est que, lorsqu'il y a un dépôt d'offre aux tables de
négociation, éventuellement, une des
parties pourrait rendre publiques ces offres. Et le gouvernement invoque la
transparence. Évidemment, on n'est pas contre la transparence, on ne peut pas
être contre la transparence, mais, du côté des syndicats, on nous dit
beaucoup : Oui, mais, écoutez,
quand on négocie, nous, on ne veut pas négocier sur la place publique, ça peut
nuire. Et le gouvernement a évidemment beaucoup plus de moyens à ce
niveau-là que différents syndicats. Alors, les organisations syndicales ne
voient pas ça d'un très bon oeil. Et donc c'est quelque chose qu'on va regarder
d'une façon particulière, bien sûr, lorsqu'on va se lancer dans l'étude
détaillée.
Autre élément qui a attiré également notre
attention, je fais référence à l'article 12 du projet de loi, qui permet au Conseil du trésor ou à la présidente du Conseil
du trésor de coordonner toutes les procédures concernant la présente loi ou les
relations de travail chez un employeur lié par des conditions de travail
requérant une coordination nationale. Ça, ce n'est pas très clair. On
aura la chance d'en parler davantage, mais est-ce que tout va devenir une
coordination nationale? Ça va s'appliquer à
qui? Est-ce que le Conseil du trésor va pouvoir s'immiscer dans le cadre de
litiges ou de règlements de griefs? Bref, on reconnaît que le Conseil du trésor
a un rôle à jouer, mais là aussi ça a soulevé plusieurs inquiétudes, parce que
ma compréhension, notamment pour les centres de services scolaires ou même pour
les cégeps, bien, quand il y a une convention qui est signée puis qu'il y a des
syndiqués qui ne sont pas d'accord avec certaines décisions prises par l'employeur, si c'est couvert par la convention
collective, ils peuvent déposer des griefs, puis c'est l'employeur, évidemment,
qui va entendre le grief.
Donc, quelques éléments qui va mériter des
précisions, qui va mériter une bonne discussion que nous aurons éventuellement
avec Mme la ministre et le gouvernement là-dessus. Mais, je vous dirais, ce
qu'on a entendu de la part de l'ensemble des groupes, il n'y avait pas de levée
de boucliers. Il n'y a personne qui est venu nous dire : Non, non, s'il
vous plaît, surtout ne touchez pas à ça. Au contraire, c'était plutôt
l'inverse. Donc, pour cette raison, nous allons voter en faveur du principe du
projet de loi n° 100. Et je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la députée de La Pinière,
la parole est à vous.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Alors, merci, Mme
la Présidente. Ça me fait plaisir d'intervenir sur l'adoption du principe du projet de loi n° 100, Loi sur la négociation et la détermination des
conditions de travail requérant une coordination nationale notamment
dans les secteurs public et parapublic.
Alors,
d'entrée de jeu, je vais faire les remerciements d'usage, donc, aux collègues
qui ont participé aux consultations et à l'ensemble des groupes qui sont venus
présenter leurs mémoires et répondre à nos questions. On sait qu'ils travaillent
toujours... comme disait mon collègue député d'Acadie, c'est en plus de leur
travail habituel, mais c'est une fonction
qui est importante pour ces groupes-là, mais aussi pour la démocratie. Et on
sait qu'ils doivent le faire, la plupart du temps, dans des délais très
serrés. Alors, un grand merci à vous et puis évidemment à toute l'équipe de techniciens et du personnel qui nous soutient dans
ces travaux. C'est essentiel pour qu'on puisse bien faire notre travail.
Effectivement, comme
le disent Mme la ministre et mon collègue d'Acadie, les groupes qui sont venus
en commission parlementaire ont été généralement favorables à ce projet de loi
qui vient moderniser les façons de faire qui existaient depuis une quarantaine
d'années. Alors, ce point-là est salué.
L'abrogation de la
fusion forcée des unités de négociation syndicales est accueillie comme un
soulagement par les groupes, et de même que la possibilité de faire une... de
signer une entente, une convention collective pour un délai supérieur à trois ans. C'était possible de le
faire, mais il fallait avoir un projet de loi pour pouvoir le faire. Là,
maintenant, ce sera, d'emblée,
possible de le faire plus longtemps. Donc, on comprend que c'est bien accueilli
à la fois par les parties patronales et syndicales. Donc, ce sont des
éléments, parmi d'autres, qui ont été salués.
J'ai souri un peu
quand certains groupes ont même espéré que le projet de loi n° 100 et la
façon de faire de la présidente du Conseil
du trésor inspirent son collègue pour le projet de loi n° 89. Mais, cela
dit, je m'exprime sur le projet de loi n° 100.
Certaines réserves
ont été formulées, comme il en a déjà été question, notamment aussi sur de la
terminologie qui a été utilisée. Et ça, je
pense que la ministre a montré d'emblée une ouverture à peut-être modifier ces
terminologies pour ne pas mélanger avec ce qui existe déjà dans un autre
contexte.
Une perception, oui,
de centralisation des négociations, c'est, je dirais, la crainte, peut-être,
qui a été la... qui est revenue le plus
souvent dans ce que nous ont exprimé les groupes. Alors, il y aura peut-être...
c'est certain qu'on aura des questions et qu'il y aura possibilité de clarifier
le tout, peut-être de modifier aussi, d'amender des libellés pour s'assurer
que le tout est bien compris des deux côtés.
La publication, à
l'article 23, des offres dans un délai de cinq jours a vraiment été aussi
un point qui n'était pas apprécié des groupes qui sont venus en commission
parlementaire. L'un des groupes nous a dit : On pourrait peut-être
modifier le projet de cinq jours à 30 jours pour rendre ça plus
acceptable, mais, au final, la grande majorité des groupes ont dit : Non,
la négociation, ça ne se fait pas sur la place publique et ça devrait rester
connu par les négociateurs des deux côtés et puis, évidemment, bon, par les
membres qui auront à se prononcer. Mais ça ne devrait pas... on ne devrait jamais... règle de base, on ne devrait jamais
aller négocier sur la place publique. Alors, je pense que c'est un message qui
a été assez fort, qui a été entendu en commission parlementaire.
Oui, on a noté des
différences dans l'appui... pas dans l'appui au projet de loi, mais dans la
réception du projet de loi, selon que les groupes représentaient du personnel
du secteur de l'éducation ou bien du secteur de la santé, aussi, aussi, des différences entre les centres de
services scolaires et les commissions scolaires anglophones. Alors, je pense
que ça va être important de se pencher sur ces préoccupations-là, aussi
celles de la Fédération des cégeps, qui sont venus nous dire, comme le disait
mon collègue de l'Acadie, que ça fonctionne bien. Alors, quand ça fonctionne
bien, puis on voit... on est capable de voir
les résultats aussi, il n'y a pas eu de gros mouvement de grève ou de
contestation dans les cégeps, alors,
si ça fonctionne bien, je pense qu'il y a sûrement moyen d'arrimer avec la
modernisation, mais tout en s'assurant que les différentes... les différents membres de la Fédération des cégeps
peut continuer de fonctionner comme c'est... comme elle fonctionne
maintenant.
La question de
négocier les matières, d'où on négocie les matières locales et les matières
nationales aussi, c'est à clarifier, parce
que, comme je l'ai dit tout à l'heure, il y a une perception de centralisation.
On nous assure que non, ce n'est pas
l'idée, qu'on veut aller dans... plutôt dans une façon de faire qui serait plus
efficace. Et ça, on en est, pour l'efficacité, mais, puisqu'il y a des perceptions pas seulement de la part de
l'opposition officielle, mais de la part des groupes qui sont venus en
commission parlementaire, je pense que ça vaudra la peine d'étudier les
articles qui en traitent de manière rigoureuse, et de bien répondre aux
questions, et de clarifier, s'il le faut, demander les articles pour que ce soit
clair et qu'effectivement on ne voit pas que des matières qui doivent vraiment
être discutées à l'échelle locale ne soient pas nécessairement remontées au national. Parce que la connaissance du
milieu pour les matières locales, c'est important, les différences qui
existent dans les différentes composantes des milieux, par exemple, pour les
cégeps qui n'ont pas la même réalité, parce que chaque cégep est différent,
chacun offre des programmes différents. Les endroits où sont situés les cégeps entrent aussi en ligne de compte, que
ce soit un cégep en milieu urbain, que ce soit un cégep dans un milieu plus
éloigné. Alors, ce sont des particularités que les gens qui négocient
actuellement connaissent bien pour négocier les matières locales, sont capables, ils sont capables de s'entendre. Alors,
c'est important de leur laisser cette possibilité-là puisque ça
fonctionne bien.
Alors, sur ça... Ah
oui! Il y a la FIPEQ aussi qui craint de perdre son régime de négociation qui
vient du Code du travail. Alors, ce sera à
regarder aussi, parce que les préoccupations qui sont présentées par un groupe
ou l'autre sont tout aussi
importantes. Alors, nous allons travailler en ce sens, Mme la Présidente, pour
tenter de répondre... d'obtenir des réponses aux questions que ces
groupes nous ont apportées et puis de bonifier le projet de loi.
Alors, nous allons
voter, comme l'a dit mon collègue, en faveur du principe du projet de loi.
Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Y a-t-il d'autres
interventions?
Mise aux voix
Le principe du projet
de loi n° 100, Loi sur la négociation et la détermination des conditions
de travail requérant une coordination nationale notamment dans les secteurs
public et parapublic, est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. Mme la ministre.
Renvoi
à la Commission des finances publiques
Mme Champagne
Jourdain : Mme la Présidente, conformément à l'article 243 de
notre règlement, je fais motion afin que le projet de loi n° 100, Loi sur
la négociation et la détermination des conditions de travail requérant une
coordination nationale notamment dans les secteurs public et parapublic, soit
déféré à la Commission des finances publiques pour son étude détaillée et que
la ministre responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du
Conseil du trésor soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise
aux voix
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix :
Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Adopté. Mme la ministre.
• (11 h 50) •
Mme Champagne
Jourdain : Mme la Présidente, je vous demande d'appeler
l'article 15 du feuilleton.
Projet
de loi n° 98
Prise
en considération du rapport de la commission
qui en a fait l'étude détaillée
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : À l'article 15 du feuilleton, l'Assemblée prend
en considération le rapport de la Commission des institutions sur le projet de
loi n° 98, Loi modifiant la Loi électorale principalement afin de
préserver l'intégrité du processus électoral.
Y a-t-il des
interventions? Mme la députée de...
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : ...d'Iberville. Merci. Mme la députée, la parole est
à vous.
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Permettez-moi de commenter brièvement, à
mon tour, la qualité de l'exercice
démocratique qui entoure tous les échanges constructifs qu'on a eus autour du
projet de loi n° 98 visant à modifier la Loi électorale. Comme
plusieurs membres de la commission l'ont mentionné avec justesse, le travail
mené en collégialité nous a permis
d'apporter de nombreuses améliorations à cette loi qui sera en vigueur pour nos
prochains rendez-vous électoraux,
soit dès 2026. Je tiens, moi aussi, à féliciter personnellement M. le ministre,
de même que tous les représentants de
l'opposition pour leur implication. Ce fut un travail exceptionnel, voire même
un exemple à suivre en termes de travail transpartisan pour les autres
commissions.
La
démocratie, on ne le répétera jamais suffisamment, c'est précieux et c'est
fragile. On peut le voir au travers les autres pays du monde, à quel
point tout peut basculer rapidement et pour longtemps.
En
ce sens, je me réjouis pour les électeurs du comté d'Iberville, tout comme pour
l'entièreté du Québec, que les mesures
aient été adoptées pour contrer la désinformation en contexte électoral, un
véritable fléau. Il faut prendre de plus en plus au sérieux la
désinformation, mais aussi l'ingérence étrangère.
Au cours de nos
travaux, des mesures ont été adoptées pour mieux protéger les renseignements
personnels des électeurs, tout en maintenant
un très haut niveau de transparence. Il en va de même pour l'encadrement des
dépenses des partis et l'allègement du processus électoral, autant de
bonification qui profitera à tout le monde.
Bref,
je me réjouis d'avoir pu contribuer, en tant qu'adjointe au ministre, à ce
processus démocratique extrêmement important en ces temps où nous devons
redoubler de prudence et d'ardeur pour conserver cette liberté d'action et la
confiance de nos électeurs.
Merci,
donc, pour votre contribution à cette commission, dont on a quand même très peu
entendu parler dans les médias, mais qui est essentielle et vitale pour le
Québec d'aujourd'hui mais aussi de demain. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, Mme la députée. Y a-t-il
d'autres interventions? Mme la ministre.
Mme Champagne Jourdain : Mme la
Présidente, je vous demande d'ajourner les travaux jusqu'à 15 heures.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
En conséquence, nous ajournons
nos travaux au jeudi 28 mai 2025... Non, pas du tout. Je n'ai pas le
bon...
Compte tenu de l'heure, les travaux sont
suspendus jusqu'à 15 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 55)
(Reprise à 15 h 03)
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Vous pouvez vous asseoir. Donc,
nous allons poursuivre nos travaux. M. le leader du gouvernement,
pouvez-vous nous indiquer la suite de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 15 du feuilleton, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Oui.
À l'article 15 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné plus tôt aujourd'hui sur la prise en considération
du rapport de la Commission des
institutions sur le projet de loi
n° 98, loi modifiant la Loi électorale principalement à des fins
de... afin de préserver l'intégrité du processus électoral.
Y a-t-il des interventions? M. le député.
M. Monsef Derraji
M. Derraji : Merci, Mme la
Présidente. C'est avec un immense plaisir que je prends parole, aujourd'hui,
pour parler de... (panne de son) ...la
révision de la Loi électorale. Je l'ai mentionné aux collègues lors de l'étude
détaillée. Je tiens, premièrement, à prendre acte de la façon avec laquelle ce
projet de loi a été amené. Depuis le début, dans le cadre de nos travaux
au Parlement, on s'est donné comme consigne, surtout quand ça touche la Loi
électorale, de le faire d'une manière consensuelle, d'avoir des discussions en
amont. C'est chose qui a été faite. Et je tiens à remercier les équipes du Directeur
général des élections du Québec, qui ont travaillé avec l'ensemble des partis,
avec des comités techniques, des rencontres
après rencontres, des rapports après rapports. Et ils se sont entendus sur une
liste de propositions, et la liste de propositions a fait son chemin au
bureau du ministre responsable de la Loi électorale et des Institutions
démocratiques. Il y avait une rédaction d'un ensemble de commentaires, des
commentaires qui ont été partagés avec l'ensemble
de nos caucus, et j'ai senti, Mme la Présidente, et je tiens à le dire, de
l'écoute. Et ça donne... ça donne le goût à travailler d'autres projets
de loi de cette façon. Pourquoi? Parce que la majorité des projets de loi, que
ce soit d'un point de vue de l'opposition
officielle ou du gouvernement, c'est pour mieux faire et pour ramener de la
plus-value à nos concitoyens. Et, dans ce cadre de ce projet de loi, le
projet de loi n° 98, Loi modifiant la Loi électorale principalement afin
de préserver l'intégrité du processus électoral, je pense que la démarche est
plus bénéfique pour l'ensemble des Québécoises et des Québécois.
Donc, avant de commencer de parler un peu des
détails et les points qui nous ont un peu marqués, je voulais quand même remercier le ministre, son équipe,
surtout les conseillers politiques qui ont travaillé dans la rédaction et aussi
répondre à nos questions. Vous le savez, que j'avais des questions. Je
les ai formulées à M. le ministre, et ses équipes nous ont répondu, le Directeur
général des élections, je l'ai
mentionné. Mais il y avait quand même un travail de trois ans, ce qui nous ramène aujourd'hui à une étape
importante dans le projet de loi, à savoir la prise en considération du rapport
de la commission qui a étudié en détail ce projet de loi.
Donc, ça, c'est sur le processus. Juste, soyons
clairs, c'est quelque chose que je salue, et je l'ai mentionné lors de l'étude détaillée. Et j'espère que, pour
l'ensemble des parlementaires, c'est quelque chose qu'on va prendre en
considération dans le cadre d'une
possible réforme parlementaire, où on va inclure ce genre de forum où les
députés, peu importe la formation politique, puissent prendre le temps
nécessaire d'échanger en amont, d'aller vers leurs caucus, leur poser les
questions, revenir avec des rencontres statutaires avec le ministre pour qu'on
puisse, à la fin, avoir un projet de loi qui répond à l'ensemble des formations
politiques, mais aussi gagner en termes de temps et d'efficacité. Je pense que,
Mme la Présidente, l'ensemble des collègues
qui viennent au parlement, leur temps, il est précieux. Nous avons une charge
de travail extrêmement importante avec nos comtés et ici, au parlement.
Et je pense... Je salue la façon avec laquelle le ministre a mené ces travaux
avec nous.
Maintenant, en ce qui concerne le projet de loi,
il y avait quelques éléments que nous avons notés, notamment la difficulté du Directeur général des élections du Québec de remplir les postes lors d'une élection. Et ça a été un point qui nous
préoccupait, parce qu'on voulait absolument que le Directeur général des
élections du Québec puisse faire son travail
correctement et ait accès à une main-d'oeuvre qualifiée, surtout, au bon
moment. Et nous saluons l'ouverture de l'ensemble des formations politiques et le ministre
d'avoir accepté notre amendement, de permettre toujours à l'ensemble des
partis politiques d'envoyer leurs listes en vue d'une élection générale.
L'autre point
extrêmement important, c'est tout ce qui touche la
mésinformation ou la désinformation. Retenez-le, chers collègues, dorénavant,
les personnes qui vont mentir sur leurs C.V., qui vont dire qu'ils ont fait
telles études ou telle formation
professionnelle, ou ils sont membres d'un tel ordre, or qu'ils ne le sont pas,
bien, ça risque d'avoir des conséquences, des amendes et même, carrément, perdre leurs comtés. Donc, quand on
dit : On est à l'ère de la désinformation, je pense que nous sommes
rendus là. Tu veux représenter la population? Il n'y a pas moyen de mentir sur
ton expérience professionnelle. Il n'y a pas moyen de mentir sur son expérience
au niveau des études.
L'autre point important, c'est tout ce qui est
dépenses préélectorales. Et ça, ça a été un point que j'ai salué le ministre, parce qu'il l'a ramené. C'est
maintenant... Tout ce qui est dépenses préélectorales, c'est à partir du
1er janvier 2026. La population a le droit de le savoir. Si un
groupe quelconque, dans une société démocratique, prétend mener une campagne en
charge contre un parti politique, bien, qu'il le déclare, qu'il demande un avis
d'intention au Directeur général des élections pour que la population puisse
savoir. Ce parti qui... ce groupe, pas parti, ce groupe qui utilise une campagne publicitaire contre un parti ou contre le
gouvernement, bien, qu'il demande l'avis d'intention. L'avis d'intention doit
être publié. Par la suite, il va y avoir un dépôt de rapport. On ne les
interdit pas, mais, au moins, que ce soit transparent, fait d'une
manière publique et d'une manière transparente.
Alors, Mme la Présidente, je pense que j'ai tout
dit par rapport à ce projet de loi. Il y avait pas mal de détails techniques
concernant les heures d'ouverture. Je pense que ce qui nous motive en tant
qu'élus et porte-parole de la Loi électorale
et des institutions démocratiques, c'est qu'on puisse avoir la meilleure Loi
électorale, sans ingérence politique, et que notre institution
indépendante, à savoir le Directeur général des élections du Québec, puisse
faire son travail correctement, et qu'on lui donne les moyens nécessaires pour qu'il
puisse remplir sa mission.
• (15 h 10) •
Alors, Mme la Présidente, je vais terminer sur
ces mots, remercier l'ensemble des collègues, qui ont travaillé très fort, ma
collègue à la recherche, qui m'a beaucoup aidé dans ce processus. C'est un long
processus qui a commencé avec nos partis respectifs, avec des comités
techniques, un travail en amont, des rencontres mensuelles. Les gens qui ont vu que le projet de loi a duré quelques jours,
c'est parce qu'il y avait un travail en amont qui a duré plus que trois ans,
ce qui nous ramène aujourd'hui à un projet
de loi consensuel. Et je vais terminer sur ces mots : Quelle magnifique
façon de travailler en équipe pour le bénéfice de nos concitoyennes et
concitoyens! Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député de Nelligan. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur ce projet de loi?
Mise aux voix du rapport
Comme il n'y
a pas d'autre intervention, le rapport de la Commission des institutions
portant sur le projet de loi n° 98, Loi modifiant la Loi électorale
principalement afin de préserver l'intégrité du processus électoral, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Adopté. Merci. M. le leader du
gouvernement, pour la suite de nos travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous
demanderais de bien vouloir appeler l'article 17 du feuilleton,
s'il vous plaît.
Projet de loi n° 89
Adoption
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
À l'article 17 du
feuilleton, M. le ministre du Travail propose l'adoption du projet de
loi n° 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de la population
en cas de grève ou de lock-out.
Eest-ce qu'il y a des interventions? M. le
ministre du Travail, je vous cède immédiatement la parole.
M. Jean Boulet
M. Boulet : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Je suis vraiment heureux. On parvient aujourd'hui à
la toute dernière étape du cheminement
du projet de loi n° 89, projet de loi visant à considérer davantage les
besoins de la population en cas de
grève ou de lock-out, c'est-à-dire son adoption finale. Ça a généré, comme vous
l'avez constaté, beaucoup d'attention, de réactions. Et ce qui nous a
constamment guidés dans l'élaboration, dans la conduite de ce projet de loi là,
c'est d'assurer le bien-être de la population quand il y a un conflit de
travail.
On le sait, on a battu des records. On est des
champions, au Québec, en termes de nombre de conflits de travail. Il faut s'intéresser aux besoins parfois
fondamentaux de la population, et on croit que ça passe par un meilleur
équilibre entre l'exercice du droit de grève et la protection de la
population.
Évidemment,
c'est une minorité de conflits de travail qui génèrent soit une grève ou un
lock-out. La plupart des négociations,
soit de première convention ou de renouvellement de convention collective de
travail, se font dans l'harmonie, en respectant un
processus raisonné de recherche de solution. Et évidemment, à notre ministère,
on des services d'amélioration du climat de
relations de travail, de conciliation-médiation, pour s'assurer qu'avec des
experts, des personnes qui sont
aguerries en relations de travail les parties puissent éviter les répercussions
parfois vraiment malheureuses et les préjudices à la population.
Donc,
on propose, essentiellement, deux outils pour les personnes, encore une fois,
qui peuvent être vulnérabilisées, marginalisées ou en situation
d'impuissance. Ça peut être des enfants à besoins particuliers qui sont
atteints du trouble du spectre de l'autisme
ou en situation de handicap, des personnes à faibles revenus, des familles, des
parents, des enfants, des citoyens, citoyennes qui perdent accès à des
services en raison d'un conflit de travail.
Donc, le premier
mécanisme, ce qu'on appelle assurer le maintien d'un niveau de service minimal,
il permet, bien sûr, au gouvernement
d'adopter un décret. C'est un processus qu'on veut totalement apolitique. À
partir de l'adoption du décret, suite
au déclenchement, par exemple, d'une grève, une des deux parties peut demander
au Tribunal administratif du travail,
qui est complètement indépendant et impartial, de déterminer si les parties
sont assujetties au projet de loi, c'est-à-dire : Est-ce qu'il y a un impact suffisant à la sécurité
sociale, économique ou environnementale de la population? Et on réfère à une disproportion par rapport aux inconvénients
qui peuvent et qui sont normaux suite... et normalement attendus par la
population suite au déclenchement du conflit. À partir du moment où le tribunal
rend une décision d'assujettissement, les parties doivent négocier les
tenants et aboutissants des services minimaux à maintenir, et le tribunal a à
déterminer si ces services-là sont suffisants, à défaut d'entente de déterminer
le niveau de service à maintenir.
Je le répète, on l'a
vécu dans de multiples dossiers. Ça a été le transport scolaire, le transport
en commun, les familles endeuillées, dans la transformation alimentaire, dans
l'éducation. Je me souviens tout le temps du témoignage du Dr Égide Royer,
qui est une sommité, qui faisait un lien entre la grève et la régression
d'enfants à besoins particuliers au bout de deux semaines, de trois semaines,
donc, régression dans leurs apprentissages et dans leur développement comportemental. Imaginez l'impact quant au rattrapage
psychologique et l'impact aussi pour les parents.
Les
familles endeuillées, on en a parlé souvent, mais, quand même, c'est une
situation qui démontrait l'impuissance étatique devant des familles qui
n'étaient pas capables de gérer leurs deuils, qui voyaient les dépouilles
s'accumuler dans des frigidaires, incapables
d'aller se recueillir, incapables d'aller au cimetière parce qu'il y avait des enjeux
de sécurité. Il y avait eu une tempête de verglas, et le cimetière
n'était pas entretenu.
Mais
c'est toutes ces répercussions-là qui, parfois, prennent la population en
otage, et nous voulons nous donner ce premier outil là, qui m'apparaît
un incontournable dans une société comme la nôtre.
Le
deuxième outil, c'est... Évidemment, quand il y a un préjudice grave ou
irréparable à la population, le ministre pourra déférer le dossier à un arbitre
de différends, qui est aussi une personne indépendante ou impartiale nommée
par le ministre mais issue d'une liste du Comité consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre, où siègent les centrales syndicales
et les associations patronales, qui déterminera comment on doit résoudre le
différend et évidemment conclure par ce qui doit être intégré dans la
convention collective de travail. Mais, avant de faire cette déférence-là,
l'arbitre... à l'arbitre de différends, le
ministre devra s'être assuré qu'il y a eu un processus de
conciliation-médiation. Les parties sont dans une impasse, le
conciliateur confirme que le processus est infructueux.
Donc, évidemment, il
y a eu quelques amendements, mais, dans son essence, le libellé du projet de
loi a été maintenu. Il y a eu, évidemment, tout au long de ce processus, une
réflexion, je le répète, sur l'équilibre entre l'exercice du droit de grève et
les dommages causés par les conflits de travail sur la population. Il faut se
souvenir qu'il y a eu des arrêts de travail
dans les dernières années, et ça s'accentue. Quand je parle du nombre de
conflits de travail au Québec, on ne
peut plus tolérer. Il faut donner de meilleurs outils. Les 95 % des
dossiers se règlent sans conflit, mais, si 759 conflits de travail
sont déclarés en 2024, il faut véritablement s'y attarder. Puis la population
ne devrait pas avoir à faire les frais d'un conflit qui s'éternise de manière
indue.
Je le répète,
présentement, les outils à notre disposition pour intervenir dans ces cas
malheureux et parfois préjudiciables sont très malheureux. Ce qui est au coeur
de la mission d'un État, d'un gouvernement, c'est de veiller à la sécurité et à
la protection de ses citoyens. C'est dans cette perspective-là que les outils
supplémentaires qui seront intégrés au Code
du travail vont nous permettre d'intervenir de manière ciblée, de manière
exceptionnelle. C'est des outils qui
devront être utilisés de manière parcimonieuse. C'est souvent des solutions de
dernier recours, et je vais m'assurer... et je l'ai répété constamment
lors de l'étude détaillée.
En
terminant, Mme la Présidente, je remercie tous les collègues, l'ensemble des
personnes qui ont participé aux travaux
au cours des dernières semaines, le président de la commission de l'énergie...
de l'économie et du travail, notre collègue de Maskinongé, mes collègues de l'équipe gouvernementale, la députée de Huntingdon, la députée d'Anjou—Louis-Riel,
la députée de Hull, le député de Portneuf, le député de Nicolet-Bécancour,
le député d'Abitibi-Est. C'est toutes des personnes avec qui j'ai eu des
échanges, qui m'ont partagé des idées, fait des suggestions. C'est une équipe
incroyable qui a permis que nous aboutissions à ce résultat. Les collègues de
l'opposition officielle, la députée de Bourassa-Sauvé, la députée de D'Arcy-McGee,
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, le député de Jean-Talon, leurs échanges,
leur collaboration en étude détaillée nous ont permis de traverser rapidement
les 11 articles tout en se donnant l'opportunité d'expliquer en détail les tenants et aboutissants des nouveaux
mécanismes que nous adoptons aujourd'hui. Permettez-moi aussi de remercier mon équipe du ministère,
particulièrement ma sous-ministre, Isabelle Merizzi, mon directeur de
cabinet, mon équipe de cabinet.
Je suis convaincu que
ce projet de loi là, Mme la Présidente, aura des retombées positives dans ces
cas qui peuvent poser des difficultés
considérables pour nos concitoyens, concitoyennes, levier de dernier recours
pour protéger les personnes souvent impuissantes qui subissent les affres d'un
conflit de travail sans être directement concernées.
C'est
pourquoi, Mme la Présidente, je recommande à cette Assemblée de procéder à
l'adoption du projet de loi visant à
considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou de
lock-out. Merci beaucoup, Mme la Présidente.
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le ministre. Maintenant, je suis prête à reconnaître une autre
intervenante. Mme la députée de D'Arcy-McGee, à vous la parole.
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci,
Mme la Présidente. Donc, je prends la parole aujourd'hui pour l'adoption du
projet de loi n° 89, Loi
visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève ou
de lock-out, qui vise à mieux
équilibrer les droits des
travailleurs et des travailleuses avec les besoins fondamentaux des populations
vulnérables lors de conflits de travail.
Je tiens à remercier ma collègue de Bourassa-Sauvé,
qui m'a fait confiance en prenant la relève pour elle dans ce dossier-là, ainsi que le ministre, tous les collègues
de la partie gouvernementale ainsi que ceux des autres oppositions, tous ceux qui ont participé aux consultations, qui
ont déposé des mémoires, et les membres de la commission. Je pense que c'était un projet de loi qui a suscité beaucoup
d'émotions de part et d'autre, mais qu'on ait pu avoir des discussions quand
même et des échanges de qualité, justement, pour arriver à ce point-là.
Donc, le droit de grève est fondamental dans une
société démocratique. Il est un outil légitime de mobilisation, de revendication
et d'équilibre dans les rapports de travail. Mais nous reconnaissons également
que ce droit doit parfois être balisé,
surtout lorsqu'il peut avoir un impact disproportionné sur les besoins... sur
la réalité des besoins de personnes en situation de vulnérabilité. Le
projet de loi n° 89 propose donc une réflexion sur la manière dont nous
pouvons mieux considérer les besoins des populations vulnérables dans ces
situations de conflit de travail. Il ne remet pas en question le droit de grève ni le droit de lock-out mais
cherche plutôt à établir des balises claires pour que ces droits s'exercent dans
le respect des citoyens, qui, bien souvent, subissent les contrecoups des
tensions sans en être directement impliqués.
Il ne fait aucun doute que le droit de grève et
le droit de lock-out sont des piliers du droit du travail au Québec. Ils
permettent aux parties patronales et syndicales de négocier en bonne foi et
d'exercer une pression légitime pour parvenir
à une entente équilibrée. Toutefois, il nous incombe, comme législateurs,
d'assurer que ces conflits ne viennent pas compromettre indûment les
populations les plus vulnérables, notamment en ce qui concerne l'accès aux
services essentiels et au bon fonctionnement de notre société. Le projet de loi
n° 89 propose donc une réflexion sur la manière dont nous pouvons
mieux considérer les besoins des populations vulnérables dans ces situations.
Ce projet de loi soulève des questions
fondamentales sur l'équilibre entre deux principes qui nous tiennent à coeur : d'une part, le respect des droits des
travailleurs, qui ont le droit de revendiquer de meilleures conditions de
travail et de négocier dans un rapport de force équilibré, et, d'autre
part, la nécessité de protéger les services essentiels et de minimiser les
impacts sur les populations les plus vulnérables lors de conflits de travail.
Il faut le reconnaître d'emblée, ce projet
de loi soulève des questions fondamentales. Et nous avons pu, justement, avec
l'apport de ceux qui ont paru lors des
consultations et qui ont déposé des mémoires, vraiment comprendre la réalité
des différents intervenants pour alimenter, justement, nos discussions.
Donc, entre autres, le projet de loi confère au
gouvernement le pouvoir de désigner par décret une association accréditée ou un employeur à l'égard desquels le Tribunal administratif du travail peut déterminer si des services assurant
le bien-être de la population doivent être maintenus en cas de grève ou de
lock-out.
Par contre, il y a plusieurs termes qui sont
utilisés dans ce projet de loi qui sont ouverts à interprétation. On sait que c'est le Tribunal administratif du
travail qui aura à trancher sur la reconnaissance des services qui tombent sous
ces définitions, mais, quand on parle «services assurant le bien-être de la
population», c'est... l'interprétation peut différer selon la situation, selon
la population qui est... qui est visée ou qui peut être privée de certains
services dans ces cas-là. Nous avons
également les termes «pour éviter que ne soit affectée de manière
disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale de la
population, notamment celle des personnes en situation de vulnérabilité», encore
une fois, des termes qui sont ouverts à interprétation.
On aurait voulu... Et je comprends qu'on ne veut
pas que le gouvernement s'insurge trop et balise trop c'est quoi, la définition de ces termes-là, mais, en
même temps, c'est assez large et ouvert pour que ce soit interprété de façon
différente, et dépendamment de la situation,
et dépendant de la personne qu'il va être demandé de faire cette
interprétation-là. Ces critères, pour
l'heure, sont largement laissés à l'appréciation du tribunal. Et ce que je veux
exprimer, une première inquiétude,
c'est, dans un État de droit, plus les critères sont flous, plus l'indépendance
des arbitres risque d'être mise sous pression politique, médiatique ou
institutionnelle.
J'ai parlé
auparavant... Le ministre l'a évoqué, un des éléments qui a suscité l'écriture
de ce projet de loi et le dépôt de ce
projet de loi, c'est les enfants avec des besoins particuliers qui ont été
privés de services éducatifs et thérapeutiques à l'école lors de la
grève prolongée qu'on a vécue en 2023. Le Dr Royer, très bien connu, qui a
été consulté, justement, par le gouvernement lors de la pandémie sur toute la
question de l'éducation et l'ouverture des écoles spécialisées pour les jeunes
avec des besoins particuliers, est venu nous... lors des consultations,
partager avec nous les conséquences potentielles sur ces jeunes-là. Et je le
sais de façon personnelle parce que je suis moi-même d'un garçon... la maman d'un garçon avec un trouble du spectre de
l'autisme. Et, lui, son école n'a pas été affectée lors de la grève, mais j'ai
vu les conséquences sur le manque de routine et le manque d'encadrement
éducatif qu'il a vécus lors de la pandémie. Et c'est mon enfant, mais il y a des milliers, des dizaines de milliers
d'enfants et de familles à travers le Québec qui ont vécu la même
expérience.
Et ce que le Dr Royer nous a... a partagé
avec nous, c'est qu'il peut y avoir des effets à long terme sur ces jeunes-là, qui peuvent perdre des atouts. Ça ne
prend pas longtemps. On penserait, peut-être, une semaine, deux semaines,
trois, quatre semaines, ça ne ferait pas en
sorte qu'un enfant va perdre des atouts qui ont pris des mois et, des fois, des
années pour qu'il puisse les réaliser, mais en fait c'est tout à fait le
cas. Les enfants avec des besoins particuliers, surtout avec un trouble du spectre de l'autisme, vivent dans
une réalité où la routine est essentielle pour eux pour que, justement, ils
continuent à développer les atouts dont ils ont acquis. Ça prend juste quelques
jours, des fois, quelques semaines pour que
ces jeunes-là perdent les atouts qui ont pris, comme j'ai dit, des fois, des
mois, des années pour qu'ils les apprennent.
Et c'est une situation qui est d'autant plus
difficile sur des parents parce que, quand il y a une grève, quand une école est fermée puis qu'on a un jeune avec
des besoins particuliers, on ne peut pas nécessairement faire appel à une... à quelqu'un
pour garder notre enfant facilement. Souvent, les parents doivent s'absenter du
travail, doivent quitter le travail quand c'est des... pour des périodes
prolongées, ce qui fait en sorte que... Bien, premièrement, les parents n'ont pas les connaissances pour pouvoir bien éduquer
leurs enfants avec des besoins particuliers comme c'est fait à l'école, avec une équipe de soutien d'éducateurs spécialisés,
d'orthophonistes, ergothérapeutes et autres. Donc, le travail que le parent
peut faire auprès de son enfant... C'est sûr qu'il va leur donner son tout, on
va être des proches aidants à temps plein, mais
on n'a pas nécessairement les capacités de pouvoir partager ces connaissances
et s'assurer que nos enfants puissent acquérir de nouveaux acquis,
justement, donc, la raison pour laquelle il est essentiel que ces enfants
puissent avoir une continuité dans leurs parcours scolaires.
Et, justement, je ne me priverai jamais de la
chance de parler des bris de service dans le réseau scolaire, parce que, comme le ministre du Travail l'a avoué
également, il ne devrait pas y avoir de bris de service dans le réseau
scolaire, et nous sommes rendus à plus de 4 500 bris scolaires
en 2025, une augmentation de 1 000 élèves, comparé à l'année passée. Et ce que ça fait, c'est qu'encore une
fois les jeunes sont... doivent rester à la maison. Les parents sont demandés
non seulement d'être leurs proches
aidants à la maison, mais aussi de remplir ce rôle d'éducateur, éducatrice, ce
qui n'est pas évident et n'est pas la possibilité pour tous les parents.
• (15 h 30) •
Donc, si le gouvernement veut prendre au sérieux
la question des jeunes avec des besoins particuliers qui sont privés d'être à
l'école, comme, entre autres, le but de ce projet de loi, bien, il faut qu'il
s'en occupe également de façon quotidienne auprès du ministère de l'Éducation,
qui doit faire en sorte d'avoir plus de ressources pour ces jeunes dans les
écoles, pour que, justement, il n'y ait pas de bris de service, et, quand il y
a un bris de service, bien, que les services éducatifs soient offerts à ces
jeunes et à leurs familles à la maison.
4 500 bris de service, c'est plus de
4 500 vies qui sont perturbées par cette réalité-là. C'est des jeunes
pour lesquels la persévérance scolaire ne s'applique pas de la même façon.
C'est des parents qui doivent s'organiser, surtout des parents monoparentaux, avec la réalité de devoir conjuguer leurs
responsabilités financières, d'être à l'emploi, et la responsabilité qu'ils ont envers leurs enfants.
Donc, on demande au gouvernement de prendre aussi sérieusement les bris
de service qui peuvent être évités dans le réseau scolaire, qu'il prenne cet
enjeu-là en lien avec ce projet de loi.
Donc, ce
projet de loi repose sur un dialogue renforcé entre les parties concernées. Il
ne s'agit pas d'imposer des restrictions
unilatérales mais bien de mettre en place un cadre qui oblige à prendre en
compte les besoins de la population dès le début des négociations et tout au
long du conflit de travail. Nous espérons que cette loi sera appliquée rarement
et ne deviendra pas un réflexe face aux grèves, qui ont leur place dans
notre société.
Donc, ma
formation politique votera en faveur de l'adoption de ce projet de loi, mais
nous veillerons à ce que cette législation ne soit pas appliquée de
façon habituelle. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, Mme la députée. Maintenant, je suis prête à reconnaître M. le
député de Saint-Jérôme pour votre intervention. Alors, à vous la parole.
M. Youri Chassin
M. Chassin : Merci, Mme la Présidente. C'est un projet de loi qui parle
des relations de travail, c'est un projet de
loi qui parle des relations de travail telles qu'elles le sont aujourd'hui, et
malheureusement c'est un projet de loi qui ne les modernise pas. C'est
un état des lieux qui considère qu'on doit baliser l'exercice de la grève, du
lock-out, avec des balises... et on vient
d'en faire mention, avec des balises qui, parfois, sont floues, Mme la
Présidente, et laissent place à l'interprétation.
Par contre,
c'est un projet de loi qui soulève des importants constats, en fait, une vraie
discussion sur les conséquences des moyens de pression. Il s'agit de moyens de
pression, Mme la Présidente. Donc, la pression, évidemment, c'est quelque chose
qui est ressenti, hein? On comprend que, dans un conflit de travail, on exerce
une pression. Parfois, c'est effectivement les clients, entre
guillemets, la population, les citoyens qui s'en ressentent. Est-ce qu'il peut
y avoir des conséquences disproportionnées? Est-ce qu'il peut y avoir des
éléments malheureux, dans le fond, dans un cas de conflit de travail? Moi, je pense que oui. Je pense que c'est une
discussion qui mérite d'être tenue. Je ne suis pas certain que les mécanismes
qui sont prévus au projet de loi n° 89 vont véritablement être les bons,
mais, à tout le moins, la discussion qui est soulevée,
elle vaut la peine d'être tenue, notamment en mémoire de Michel Jutras, un
débardeur qui s'est enlevé la vie après une longue, longue campagne de
harcèlement et d'intimidation de son propre syndicat et qui a dû comparaître
devant un comité de discipline du Syndicat canadien de la fonction publique pour, et c'est ce que j'en comprends, avoir posé
un geste antisyndical en contactant les sénateurs canadiens pour leur demander
d'adopter effectivement une loi spéciale pour mettre fin au conflit. Il
se posait des questions sur la transparence financière de son syndicat. Il
n'obtenait pas de réponse. Et je tiens à
saluer sa veuve, qui a soulevé, dans le fond, l'enjeu et qui en a parlé
ouvertement parce qu'elle trouvait important d'expliquer ce dont il
s'agissait.
Le ministre
du Travail a suggéré, dans le fond, là, qu'il fallait effectivement mettre des
balises à certains conflits, certains
moyens de pression. Je peux comprendre. Il me semble qu'il y a des questions
plus fondamentales sur : Est-ce que les relations de travail
doivent être modernisées? Est-ce qu'elles doivent finalement refléter ce que
nous sommes comme société en 2025? Je pense aussi donc de
considérer qu'on a toujours, dans les relations de travail, cette espèce de rapport de force, qui est probablement, pour
moi, une conception d'un autre âge, alors qu'on collabore entre employés,
employeurs et tout le monde pour pouvoir non seulement travailler, non seulement...
non seulement vivre de son travail, mais aussi produire quelque chose pour la
société. Moi, je pense qu'il y a peut-être à revoir le cadre conceptuel, Mme la
Présidente, permettez-moi cette expression.
Mais il y a plusieurs éléments qui doivent être
rajoutés dans le contexte du projet de loi. Je me suis trouvé dans l'incroyable
position d'être finalement du côté des syndicats dans ce cas-ci, parce que
l'imprécision des mots me semble
particulièrement prêter fin à la critique, mais cette réflexion-là de fond,
tant sur les relations de travail en général que sur les conséquences, par
exemple, des jeunes les plus... par exemple, qui ont des difficultés d'apprentissage,
donc les plus vulnérables à ce qu'un conflit
de travail finisse par affecter leur capacité d'apprendre, effectivement, ça
soulève des bonnes questions.
Je trouve particulier l'exemple d'un conflit de
travail dans un cimetière, Mme la Présidente. Vous permettez? (Interruption) Si
c'est important, et on comprend tous, là, dans un processus de deuil, de
pouvoir se recueillir, d'aller saluer notre
être cher qui est disparu, de ne pas se l'imaginer non plus, par exemple, à la
morgue en train d'attendre que le conflit se règle, et on comprend tous
à quel point ça peut être troublant, anxiogène, à quel point ça peut être
difficile pour faire son deuil, mais il s'agit quand même, à ce moment-ci, dans
un conflit de travail, il s'agit quand même de quelque chose qui correspond
moins à un besoin essentiel. Ce n'est pas de la survie, ce n'est pas un service
essentiel, et pour une certaine raison, Mme
la Présidente. Et, si, dans cet exemple-là, on peut voir à quel point le
ministre pense large dans son projet de loi, moi, je trouve que c'est
troublant. Parce que les syndiqués qui font, par exemple, la grève, bien, il y
en a beaucoup qui sont convaincus de la valeur du point qu'ils font. Les
employeurs qui font des lock-out aussi veulent passer un message. Ils en sont
convaincus, c'est nécessaire ou, à tout le moins, ils en sont rendus là. Est-ce
qu'on doit, comme gouvernement, se dire : Ah! bien, on vient dire : Bien, attendez, là, il y
a quelque chose, là, qui se passe, on n'aime pas trop ça. Si c'est aussi
flou, j'ai un peu peur que ça devienne le reflet de ce qu'est, pour d'autres
aspects de la vie collective, le critère d'acceptabilité sociale dont on entend
souvent parler, mais dont on ne comprend jamais vraiment les contours. Et cette espèce de paravent derrière lequel le
gouvernement peut se cacher pour dire : Bien, je... écoutez, moi,
je vais intervenir ou je n'interviendrai pas, soulève une question
d'imputabilité à la fin. Est-ce que c'est le pouvoir du ministre ou du Conseil
des ministres, et par décret, hein, d'ailleurs, par décret, pour certaines
interventions, de venir s'ingérer dans des conflits? Si on lui donne ce
pouvoir, est-ce qu'on lui donne automatiquement cette responsabilité, Mme la
Présidente? Ça aussi, c'est une question.
Moi, je trouve que c'est un projet de loi qui, s'il
a le mérite de soulever des vrais enjeux, malheureusement ne remet pas en
question les relations de travail telles qu'elles sont conçues dans l'ensemble
du Code du travail, alors qu'il y a lieu de
moderniser ces relations de travail. Par contre, ça soulève de très bonnes
questions sur les effets des conflits, sur les relations avec la
société. Mais, si on veut donner des balises, qu'elles soient claires, qu'elles
soient transparentes. Il me semble que c'est
le moindre des devoirs qu'on avait à remplir. Malheureusement, dans le cadre de
ce projet de loi là, et le ministre l'a dit, il y a eu quelques
amendements, mais le fond de la chose, le projet de loi demeure similaire, ça
veut dire qu'il n'a pas beaucoup évolué dans sa pensée. Je trouve ça dommage.
Je me rends compte qu'évidemment on a une vision
peut-être un peu différente des priorités. J'espère que, dans le projet de loi
suivant, hein, parce que le projet de loi n° 101, si je ne m'abuse, qui
transforme certaines lois du travail... on pourra peut-être poursuivre cette
réflexion. Donc, je ne perds pas espoir, Mme la Présidente, de moderniser les
relations de travail, de les faire arriver au XXIe siècle et, assurément,
de reparler de transparence financière des syndicats.
Je vous remercie, Mme la Présidente. Mais ça explique, je pense, pourquoi je
voterai contre le projet de loi n° 89. Merci.
• (15 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci,
M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec M. le député de
Hochelaga-Maisonneuve.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. La politique est pleine de surprises, et je n'aurais jamais cru
être du même côté de la clôture que mon
collègue le député de Saint-Jérôme, et voter contre le projet de loi du
gouvernement. Là, je sais que ça va
faire plaisir au ministre, il va dire que c'est équilibré, mais quelle mauvaise
lecture du ministre de penser ça.
Blague à
part, Mme la Présidente, c'est un projet de loi qui m'interpelle. On aura
l'occasion, le député de Saint-Jérôme, certainement, et moi, de discuter
de tout le reste de ses propositions, notamment dans le cadre du projet de loi n° 101,
que nous étudierons dès demain, en fait,
mais, dans le projet de loi qui nous intéresse aujourd'hui, celui du projet de
loi n° 89, qui vise à limiter le droit de grève au
Québec, on ne peut qu'être en désaccord, Mme la Présidente.
Hier, lors de la
prise en considération du débat, j'ai expliqué, en long et en large, mes
arguments. Je vais les résumer, aujourd'hui,
peut-être un peu plus succinctement. En gros, ce que le ministre veut faire
avec ces deux mécanismes, là, c'est,
d'une part, limiter le droit de grève. Objectivement, c'est ça que ça fait, là.
Vous avez un droit de grève qui est exercé, pour toutes sortes de
raisons, bonnes ou mauvaises. Tout le monde peut avoir son opinion, si telle ou
telle grève est pertinente, appropriée,
est-ce qu'elle cause des désagréments, est-ce qu'elle cause des ruptures de
services, tout ça est apte au débat,
est ouvert au débat, et j'en suis, mais le ministre, lui, décide de venir
s'insérer là-dedans et d'amener avec lui le Tribunal administratif du
travail au grand complet, le TAT. Alors, le ministre du Travail, il dit :
Voilà une grève qui a des impacts et, plutôt
que de me baser sur la loi des services essentiels, qui existe déjà, qui
fonctionne bien... Hier, je faisais référence au fait qu'en quelque...
en quelque deux ans, finalement, on a eu deux exemples intéressants. L'année passée, il y a eu la grève du RTC, Réseau de transport de la
Capitale, où ils ont voulu être assujettis, là, la direction du RTC a demandé à
être assujettie à la loi sur les services essentiels, et ils ont demandé... ils
ont essayé de faire la démonstration qu'il y
avait un danger, pour la sécurité physique des personnes, d'arrêter les
services de transport pendant quelques jours. Rappelez-vous que c'était
juste avant le Festival d'été de Québec, au mois d'août, si ma mémoire est
bonne... au mois de juillet, plutôt, en tout cas, durant l'été, et ça a été
rejeté. Le tribunal n'a pas adhéré aux arguments présentés par la direction du
RTC, en disant qu'il n'y avait pas péril en la demeure, que le chaos que l'on
craignait, du côté de la direction, ne s'est
pas avéré. Bon, bien, il y a quelques jours à peine, on a eu un autre exemple,
toujours dans le transport collectif, c'était à la STM, où là, ils
ont... la direction de la STM, dans un projet de grève qui était en cours, a
plaidé que ça allait causer des dangers pour la sécurité des personnes. Et puis
là, ça a été accepté. Le TAT a décidé d'imposer la non-grève, en fait, là, le
plan de grève original, qui était prévu par le syndicat, a été refusé par le
TAT. Ils ont été battus. Donc, deux dossiers
de transport collectif, deux plaidoyers distincts, j'imagine, et deux décisions
distinctes du TAT. Et c'est normal, c'est très bien comme ça. C'est fait
sous la loi des services essentiels. Ça laisse la latitude au Tribunal administratif du travail de pouvoir faire son travail, mais le ministre,
lui, il dit non. Il dit : On va faire une voie de contournement,
parce que les critères pour être assujettis aux lois des services essentiels,
selon le ministre, sont trop complexes, sont trop élevés. La barre est trop
haute. La sécurité physique des personnes, c'est un critère trop élevé.
Sans
grande surprise, l'entièreté des groupes patronaux qui sont venus en commission
ont dit : Oui, oui, c'est vrai, il
faut baisser les critères, il faut que ce soit plus facile d'imposer une
restriction de la grève. Qu'est-ce que ça veut dire, une restriction de la grève, Mme la Présidente?
C'est que, si on considère que vous êtes assujettis soit aux services
essentiels ou au nouveau truc du
ministre, là, le bien-être de la population, bien, vous devez limiter votre
grève avec un pourcentage à déterminer d'heures de travail, de
prestation de travail. Est-ce que ce sera 20 %, 30 %, 40 %,
50 %, 60 %? J'ai même demandé, à un moment donné, au ministre, en
pleine étude détaillée : Est-ce qu'avec 99 % de services rendus, à
travers une décision, on... Est-ce qu'il y a
encore une grève si seulement 1 % de la force de travail fait grève? S'il
y a seulement 1 % des heures de
travail qui est en grève, est-ce que c'est encore une grève? Le ministre a dit
oui. Alors, ça tombe... C'est étonnant, n'est-ce pas? S'il y a juste
1 % du monde qui peut faire la grève, il n'y en a plus, de grève, là, Mme
la Présidente. Puis, plus de grève, plus de
rapport de force. Plus de rapport de force, bien, à quoi ça sert de se
syndiquer? À quoi ça sert de défendre ses droits si on a un État, à
travers un ministre puis ses tribunaux, qui décide de vous imposer la
limitation de votre expression démocratique? Bien, ça pose des sérieux
problèmes, puis ça pose des sérieux problèmes de distribution de la richesse aussi, Mme la Présidente. Il n'y a pas
50 façons de redistribuer la richesse au Québec puis dans le monde, en
fait. Grosso modo, il y en a deux, il
y a des politiques publiques qu'un État peut mettre en place et il y a des
syndicats qui peuvent aller négocier des augmentations de salaire puis des
conditions de travail. C'est deux choses, grosso modo, là, qui peuvent aller en parallèle, mais qui contribuent à
distribuer la richesse au Québec. Puis, au Québec, on a des taux de
syndicalisation qui approchent 40 %, il y a des variations, là,
d'une année à l'autre, entre 35 % et 40 %. Bien, ce n'est pas pour
rien qu'on est une des sociétés les moins
inégalitaires en Amérique du Nord. Il y a encore beaucoup de travail à faire.
C'est pour ça qu'un parti comme Québec solidaire existe. Ça fait qu'on
considère qu'on a encore beaucoup de travail à faire pour lutter contre les inégalités au Québec, mais force est de
constater que la... l'outil syndical s'est révélé extrêmement efficace dans
l'histoire du Québec pour faire cette
redistribution de la richesse. Et c'est beaucoup à travers cette grève ou cette
perspective de grève que se fait la redistribution de la richesse.
On le disait tantôt,
hein, il y a... plus de 95 %, 97 %, je pense, des négociations de
conventions collectives se font sans la grève. Bien, c'est très bien comme ça.
Je ne suis pas en train de dire que je souhaite qu'on retombe à des taux plus bas, puis que ce soit juste 60 %,
puis que tout le reste soit de la grève. Je n'ai pas... j'ai été conseiller
syndical, moi, plusieurs années. Ce
n'était pas le fun, organiser une grève. Ce n'est pas agréable. Ça prend du
temps, ça prend de l'énergie, ça prend des ressources, le moral est
difficile à maintenir. Allez faire une ligne de piquetage, là, à la pluie
battante et froide du mois de mars, comme le dit la toune des Cowboys fringants,
là, bien, ce n'est pas agréable pour personne. Mais ils le font pour quoi?
Parce que c'est la dernière chose qui leur reste. C'est un geste de dignité, en
quelque sorte, parce que les gens qui font
la grève pensent qu'ils méritent ça, qu'ils méritent de meilleures conditions
de travail et que leur patron ne leur donne pas pour des mauvaises
raisons.
Ça
fait que le ministre, en disant : Non, non, votre grève, elle dérange un
peu trop, il les désigne, il fait geste politique. Donc, il présente le dossier à son Conseil des
ministres. Comme tantôt, là, de 13 à 15 heures, il y avait le Conseil des
ministres. Le ministre dépose un dossier. Il dit : Bien là, je
pense que cette grève-là nuit à la population et puis que le décret, il est prêt, puis il le présente, puis le Conseil des
ministres l'adopte. Il va dire : Nous désignons tel conflit de travail.
Parfait. Bien, ça, c'est un geste
politique, Mme la Présidente. Ça veut dire qu'il peut subir des pressions
des chambres de commerce, des entreprises, des lignes ouvertes, des
courriels à son bureau, des appels à son bureau. Il peut subir une forme de lobbyisme, il l'a reconnu lui-même en commission,
que les gens qui allaient faire des démarches et des organisations en particulier qui allaient faire des démarches pour
qu'il adopte une désignation d'un organisme puis les... pour éventuellement les
désigner à son mécanisme devraient le faire dans le cadre de la loi sur le
lobbyisme. Bien, ce n'est pas rien, ça. Comme si on n'avait pas déjà assez de gens qui essaient de nous influencer
pour prendre des décisions ici, à l'Assemblée nationale, là le ministre
en rajoute une couche, formelle, encadrée dans la loi, précisée dans la
loi : Voici, vous pouvez nous influencer
pour que le Conseil des ministres, à travers le ministre du Travail, désigne
tel conflit de travail pour limiter sa portée. Bon, je trouve qu'on se magasine
du trouble pour pas grand-chose dans son mécanisme, mais ça, ça lui appartient.
Bien, c'est-à-dire, «ça lui appartient», ça appartiendra malheureusement aussi
à celui ou celle qui va lui succéder puis au nouveau gouvernement qui va lui
succéder.
Nous, à
Québec solidaire, ça va être très, très clair que, cette loi-là, on va s'en
débarrasser aussitôt qu'on va arriver au pouvoir. J'espère que les
autres partis d'opposition prendront le même engagement, et peut-être qu'une
nouvelle mouture de la CAQ, un jour, constatera que ce n'était pas une bonne
idée de faire ça et reviendra en arrière.
• (15 h 50) •
Cela étant dit, son mécanisme
ne s'arrête pas là. Une fois qu'il les désigne, il faut qu'une des deux parties
demande à être assujettie à son mécanisme.
Donc, on a... j'ai bien ri à ce moment-là parce que le ministre dit :
Bien, l'une ou l'autre des parties,
le syndicat ou l'employeur peut demander d'être assujetti au mécanisme.
Franchement! Vous connaissez un
syndicat, vous, qui prépare une grève pour avoir un rapport de force puis
négocier de meilleures conditions de travail, qui va, de son propre gré, aller demander au tribunal de dire :
Oui, oui, s'il vous plaît, limitez mon droit de grève? Voyons, c'est n'importe quoi. N'importe quoi! Alors, de
plaider que c'est équilibré puis que les deux parties peuvent s'en servir, ce
n'est pas... comment je dirais ça poliment,
ce n'est pas miser sur notre intelligence collective et surtout pas la nôtre
comme praticiens du droit du travail pendant plusieurs années.
Une fois que c'est fait, le tribunal entend les
parties puis décide s'il applique ou pas une limitation au droit de grève et si ça vaut la peine, donc, d'aller jouer
là-dedans. Moi, je pense que c'est dangereux, ce précédent-là, parce que ce qui
avait fait en sorte qu'on avait modifié la loi sur les services essentiels en
2019, c'est parce qu'il y avait un dossier qui avait été perdu. C'était au TAT, si je me rappelle bien, justement,
le jugement Flageole, qui disait que la limitation du droit de grève qui était prévue dans les services
essentiels avec des chiffres particuliers, etc., n'était pas constitutionnelle,
ne respectait pas le droit
d'association, duquel découle le droit de grève, qui est protégé par la Charte
québécoise des droits et libertés. On retrouve le même, bien sûr, dans
la Charte canadienne, et ça a donc une portée quasi constitutionnelle, comme on le dit en droit. Tout ça pour vous dire
que son nouveau mécanisme, à mon avis, ne passera pas le test des tribunaux.
C'est encore
pire pour son deuxième mécanisme. Le deuxième mécanisme, c'est quoi? Une grève
a lieu, au-delà de sa limitation ou
pas, là, et là le ministre décide : Bon, bien là, ça suffit, la médiation
n'a pas fonctionné pour x ou y raison, et puis voilà, je — le
ministre — décrète
la fin de la grève. C'est terminé, le conflit de travail. Je décrète la fin de
la grève et j'envoie l'issue de ce conflit
de travail là, l'issue de cette négociation-là, qui a été prise dans une espèce
de prise de judo duquel personne n'est capable de se déprendre, bien, je
l'envoie à un arbitre, qui va faire un arbitrage exécutoire, qui va
dire : Voici ce que seront vos conditions de travail. La procédure,
souvent, évidemment, c'est qu'on entend un peu les deux parties, puis après ça
on procède.
Deux choses à dire là-dessus, Mme la Présidente.
D'abord, quel geste, je le dis en toute humilité, quel geste autoritaire, je trouve, de la part d'un
gouvernement et d'un ministre de dire : Je déclare que votre conflit de
travail, ça suffit. Avant, on faisait ça à travers une loi spéciale, ce
n'était pas apprécié, ça se faisait souvent démolir dans... auprès des
tribunaux a posteriori comme étant antidémocratique, contraire, donc, à la
charte québécoise des droits et libertés, mais ça se faisait ici, dans le salon
bleu, dans le salon rouge, puis il y avait un débat, puis là les partis
d'opposition pouvaient critiquer, évoquer des arguments d'un bord ou de
l'autre. Là, ce n'est pas là que ça va se passer, Mme la Présidente, ça va être dans le bureau du ministre, un bon
matin, il se fait un beau petit café, jase avec ses attachés : Ça y est,
on passe aujourd'hui, fin de la grève, j'envoie un courriel aux parties
concernées, peut-être un petit coup de téléphone pour être sympathique, puis
c'est fini. La grève est terminée. C'est envoyé à l'arbitrage automatique
exécutoire. Ah bon? Cette fois-là, il n'y a
pas de décret au Conseil des ministres, pas de loi spéciale, pas de débat, il
n'y a rien du tout. Un bon matin, le
ministre se lève, et c'est la fin. Il a décidé, lui, tout seul, que c'était la
fin de la grève. Bien, ça, c'est trop, Mme la Présidente, ça va trop
loin. Ça va tellement trop loin qu'il y a une association du groupe patronal
qui a brisé le consensus patronal. C'est l'Ordre des conseillers de ressources
humaines agréés, qui a dit... Ils étaient d'accord, eux autres, avec le premier
mécanisme, mais le deuxième, ils étaient...
non, non, ça, ça va trop loin, vous devez le retirer. Surprenant, ça. C'est rare
que ça arrive dans des... dans des projets
de loi aussi diamétralement opposés. Vous aviez un bloc... Tous les experts qui
sont venus, en droit du travail, tous les syndicats étaient comme : c'est
un recul majeur, le pire des dernières 20 années, il faut faire...
il faut retirer ça, il faut trouver autre chose. D'ailleurs, ils ont mis des
alternatives au jeu et ils ont dit : On peut peut-être réviser la Loi sur
les services essentiels, donnez-nous le temps. Parce qu'évidemment, le ministre
n'a pas procédé comme il le fait d'habitude
sur les autres p.l., hein? Il n'a pas consulté personne, là, il n'y a pas eu
des comités, puis des réflexions, avec des textes qui se sont échangés.
Ça a été une belle surprise qu'on a appris dans le temps des fêtes, une petite entrevue locale, là, au journal
de Trois-Rivières, de Radio-Can, si je ne me trompe pas, revue de l'année, puis :
Ah! oui, en passant, je vais probablement faire un truc, là, pour m'inspirer un
peu du fédéral puis limiter le droit de grève. Quoi? Quoi? Quoi? Moi, j'avais
vu ça passer dans ma revue de presse, j'avais tout de suite appelé le
ministre : Ce n'est pas sérieux, ça,
là? Bien oui, ça l'était, finalement, malheureusement. C'est pour ça que ça a
brassé autant, hein, avec le milieu du travail, le milieu syndical, parce que,
bien sûr, c'est un recul sans précédent, mais aussi la méthode de travail. Le ministre n'arrête pas de dire qu'il
veut du raisonnement, de la négo raisonnée, qu'il veut de la concertation, mais
ce n'est pas comme ça que ça marche, la concertation.
Pour être parfaitement honnête, Mme la
Présidente, ça avait tout à fait l'air d'une mission commandée par le bureau du
premier ministre pour réagir à la montée dans les sondages du Parti
conservateur du Québec, parce que ce n'est
pas l'attitude qu'on voyait de la part de la CAQ depuis son arrivée au pouvoir.
Pas les plus progressistes, bien sûr, pas les plus protravailleurs, mais
ça, je veux dire, il n'y a personne qui s'étonnait de ça. On a toutes nos
affiliations politiques, nos... Mais ce
virage-là, où est-ce qu'on souhaite et on insiste pour avoir l'image de casser
du syndicat... Chose particulière, aujourd'hui, Mme la Présidente, nous, on
avait prévu mobiliser des collègues ici pour demander de reporter le
vote demain. Vous connaissez la procédure...
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
...intervention. Je pense, M. le
ministre, vous avez une intervention à faire, un appel au règlement ou
une intervention?
M. Boulet : Oui,
un appel au règlement. Simplement vous informer, il faudrait faire attention de
ne pas prêter des intentions, là. Ce qui est à l'origine du projet de loi
s'appuie sur des faits qui ont été démontrés. Donc, prêter des intentions
au gouvernement, ça ne m'apparaît pas acceptable. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, merci. Donc, faites
attention. Vous le savez, on ne prête pas des intentions, on fait
attention aux mots qu'on choisit. Mais, sur ce, je vous invite à continuer
de... votre intervention.
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je disais, justement, que, normalement, nous, on mobiliserait
les cinq députés nécessaires pour demander
un report du vote, parce qu'on s'est battus là-dessus puis on veut... on veut
aller jusqu'au bout, faire voter l'ensemble des députés. Bien, surprise,
aujourd'hui on a appris, tantôt, quand on va finir les interventions, c'est le
gouvernement qui va demander lui-même le report du vote demain, parce qu'il
veut être certain que tout le monde sache qu'ils vont pour cette affaire-là,
qu'ils sont pour la limitation du droit de grève au Québec. Fascinant. En même temps, quand j'ai appris ça, tantôt,
j'ai dit : Bien, c'est logique, ils veulent comme démontrer, là, que
les syndicats, il y a trop de grèves, les
travailleurs, ils sont trop gourmands, etc., puis là il faut que tout le monde
le voie, alors on le reporte demain.
Alors, moi, ça me confirme qu'il y a un virage
du côté du gouvernement, ça me confirme qu'il y a un mouvement de panique par
rapport à la montée du Parti conservateur du Québec, et je trouve ça
inquiétant, parce qu'il nous reste encore une année ici à travailler ensemble.
Il y a un projet de loi qu'on va commencer demain. Il y a des choses
intéressantes, des choses beaucoup moins intéressantes dans ce projet de loi
là, mais aurons-nous d'autres projets de loi
n° 89 d'ici la fin de la législature? J'espère que non, parce que ce
n'était pas un exercice réussi, ni sur le fond ni sur la forme, Mme la
Présidente.
Il n'y en a pas, d'équilibre, dans ce projet de
loi là. Quand 100 % des organisations de travailleurs vous disent que c'est le pire recul en droit du travail des
20 dernières années, quand 100 % des organisations patronales vous
disent : Bravo, quelle bonne idée, limiter le droit de grève, bien,
ce n'est pas l'équilibre.
Puis
savez-vous ce qui était drôle, Mme la Présidente, dans les audiences? Elles ont
toutes fait ça, les organisations patronales, toute la gang, sans
exception. Elles sont toutes venues dire : Non, non, mais la grève, c'est
correct, c'est un droit, puis tout, puis c'est correct, mais, vous savez, dans
notre secteur, ce n'est pas possible, c'est trop compliqué. De fait, quand vous preniez chacune des
organisations qui venaient toutes nous dire ça, la grève, ailleurs, c'est
correct, mais, chez nous, c'est trop
compliqué, bien, quand vous faisiez l'addition de tous ces arguments-là,
finalement, la grève n'était correcte nulle part. La grève n'était
correcte jamais : dans le secteur public, ce n'était pas correct, dans le
secteur privé de la construction, ce n'était
pas correct, dans le secteur privé manufacturier, ce n'était pas correct, dans
les petites entreprises, ce n'était pas correct. Il y avait une forme
de... Il y avait une forme rigolote à cet exercice-là. Je ne sais pas si ces
organisations-là s'écoutaient entre elles. Mais, nous, on était assis puis on
les voyait toutes passer dans la même journée ou
dans les deux journées consécutives, puis ça faisait un drôle de
portrait : Oui, oui, on reconnaît le droit de grève pour les autres, là, industries, mais, dans la nôtre,
ce n'est pas possible, il ne faut pas... il ne faut pas avoir des grèves chez
nous.
Le droit de
grève, on le reconnaît ou on ne le reconnaît pas. De ce côté-ci de la Chambre,
on le reconnaît. Il y a la Loi des
services essentiels pour les endroits et les moments où est-ce que ce n'est pas
possible, parce que ça existe. Puis on l'a
connu il n'y a pas plus tard que la semaine passée avec la décision du TAT à la
STM. Ce côté-ci de la Chambre, on a décidé de contourner la Loi des
services essentiels, d'inventer une voie de contournement avec des nouveaux
critères, aïe! puis des critères,
parlons-en, Mme la Présidente, le bien-être... la sécurité... — c'était quoi, déjà? — la sécurité sociale, la sécurité économique
et la sécurité environnementale. On a essayé de les décortiquer, parce que
c'est des concepts assez flous. Puis, moi, les échos que j'ai eus, c'est que
les gens au Tribunal du travail ne sont pas particulièrement contents de
l'intervention du ministre. Ils trouvent ça un peu spécial de faire se pitcher
ça dans leur cour, là : Allez-y! Gérez
ça, vous autres, les grèves. Ah? Puis, surtout, gérez ça avec des critères, là,
presque... presque à la bonne franquette, dans le fond, on vous... on vous lâche là, lousse, là, allez-y, trois
critères, là, sécurité sociale, économique et environnementale,
amusez-vous avec ça, dépêtrez-vous avec ça, bonne chance!
• (16 heures) •
«Sécurité
sociale», j'ai essayé de demander au ministre qu'est-ce que ça veut dire. Il
m'a donné des éléments : les écoles,
les enfants, situations particulières dans les écoles. O.K. Ça me semblait
quand même assez flou, mais, au moins, il y avait trois, quatre
affaires, tu sais.
«Sécurité
économique», pouvez-vous me nommer un conflit de travail... Puis j'ai essayé de
faire nommer au ministre. Puis je suis allé sur le site du Tribunal du
travail... du ministre du Travail... du ministère, pardon, du Travail. Il y a toujours en permanence la liste des conflits en
cours au Québec. Je les ai nommés un par un. J'ai dit : Lequel de ceux-ci
ne constitue pas un enjeu économique?
Lequel de tous ces... de tous ces conflits de travail ne pourrait pas être
plaidé comme étant un danger à la
sécurité économique? Le ministre n'a pas répondu. Évidemment, c'est le... c'est
le critère le plus total, le plus
global, le plus englobant, le plus universel. Par définition, un conflit de travail...
des travailleurs et des travailleuses sont dans un univers économique.
Ils échangent une prestation de travail contre un salaire, ils génèrent des
profits à leur employeur, c'est de la matière économique. Alors, qu'une grève,
peu importe le secteur, ait un impact économique et atteigne d'une manière ou d'une autre une quelconque forme de
sécurité économique, c'est la force des choses. C'est l'évidence même,
Mme la Présidente.
Puis le
troisième, «la sécurité environnementale», on n'en parle même pas. Si la CAQ
s'intéressait à l'environnement, ça
se saurait, hein? On a eu droit à Stablex, un bâillon, ici, il y a quelques
semaines à peine. On connaît l'épisode à Rouyn avec Glencore, probablement un autre épisode avec Sanimax à Montréal qui
s'en vient aussi. Donc, moi, là, de me faire plaider la sécurité
environnementale comme étant un critère qui intéresse le gouvernement, je le
prends avec un petit grain de sel.
Deux derniers
éléments, Mme la Présidente. D'abord, la bataille judiciaire. Le gouvernement
le sait que son projet de loi est risqué, on
va le dire de même, est très risqué d'un point de vue judiciaire, mais ça ne le
dérange pas. Pourquoi? Parce que le temps que ça monte jusqu'à la Cour
suprême, il y a des... il y a des... Il faut... Il faut aller contester à la Cour du Québec, après ça,
à la Cour d'appel, après ça, la Cour suprême, bien, ça va bien prendre pas loin
de cinq, 10 ans, minimum. Il ne sera plus là, le ministre du
Travail, dans sa fonction de ministre du Travail — dans la fonction de député, on ne le sait bien pas, on va peut-être se
représenter, lui puis moi, aux élections ad vitam aeternam. Dans 10 ans, il
sera peut-être assis là aussi. On verra où est-ce que je serai, moi. Mais, en
adoptant cette loi-là, il le sait, le ministre, qu'il a quasiment 10 ans devant lui pour pouvoir l'appliquer sans
problème. Ça prend du temps, contester ça. Mais c'est encore une fois
une procédure de contestation qu'il sait qu'il va générer.
J'ai pris un pari
avec lui. J'aimerais ça prendre un pari avec lui. Il est-tu prêt à s'engager,
s'il perd dans 10 ans, il va-tu m'appeler pour me dire : Alexandre,
tu avais raison, je m'excuse? Là, je le regarde, il est-tu prêt à faire ça? Je lui laisse un petit temps de réflexion, puis on se
reparle demain à l'étude du projet de loi n° 101, voir s'il accepte
mon pari.
Dernier élément, Mme
la Présidente. Le ministre a été habitué, dans les précédents projets de loi
avec lesquels on a travaillé, lui et moi, à
mettre toujours des délais d'application un peu tarabiscotés, là, telle mesure
est appliquée plus tard, telle autre
mesure est appliquée plus tard. Dans la mouture originale du projet de loi,
c'était appliqué le jour un de la sanction de la loi, qu'on va
vraisemblablement l'adopter demain. Petit rendez-vous l'autre bord de la rue,
lieutenant-gouverneur, signature, sanction,
la loi est en effet. Puis, à l'origine, l'hypothèse que nous avions de ce
côté-ci, c'est que c'était un instrument pour forcer la main dans la
négociation qui était difficile avec le secteur éducatif, les CPE, les services de garde. Alors, j'ai plaidé ici, j'ai
posé des questions pour dire : Bien, est-ce que c'est un outil préventif
pour forcer la main de la négo dans le secteur des CPE? Et le
gouvernement disait : Non, non, non, ça n'a pas rapport, ça n'a aucun
rapport. Tout un chacun était libre de choisir s'il le croyait ou pas.
Sauf qu'assez tôt
dans l'étude détaillée, cet argument a fini par percer, puis j'ai utilisé un
argument que le ministre... j'ai utilisé la
médecine du ministre contre lui-même, et ça a été efficace. Lors du projet de
loi sur la construction, il y a à peu près un an, j'avais poussé depuis
des années pour que la rétroactivité salariale puisse être négociée dans l'industrie de la construction, ce qui était une
impossibilité technique dans la loi. C'était absurde. Les seuls travailleurs au
Québec qui n'avaient pas accès à la rétro salariale, c'était la construction.
Ça n'avait aucun sens. Il fallait que ce soit changé. Ça a été dur, mais
on a fini par convaincre le ministre en fin de parcours, mais il avait rajouté
une clause, justement, dans les dispositions
transitoires d'application de la loi, que cette disposition-là, ça ne pouvait
pas être la négo en cours, même si elle venait juste de commencer, la
négo. Ça aurait très bien pu être dans la négo en cours, mais le ministre a
décidé de, peut-être, ménager ses relations
avec les groupes patronaux en construction en disant : O.K., bien,
là, je leur donne, aux syndicats, là,
la négo... de la rétro salariale, mais ce ne sera pas pour la négo actuelle.
Mais il avait plaidé en étude détaillée que l'on ne peut pas changer le cadre de négociations une fois que c'est
commencé. Comme je vous disais, ce n'était pas vraiment commencé, mais
c'était l'argument que le ministre a utilisé.
Bien, coudon, je l'ai
utilisé, son argument. J'ai dit : Là, la négo des CPE, non seulement est
bien commencée, mais c'est la grève, puis on
est rendu à ça de la grève générale illimitée. Si ce n'était pas bon de changer
le cadre de négo pour la construction, on peut-tu s'entendre que ce ne serait
pas une bonne idée non plus de le changer en plein milieu de la négo
pour les CPE? Oups! Je pense que ça a fait réfléchir le ministre. Là-dessus, je
vais le saluer, il a été cohérent. Puis il
nous est revenu, puis il a dit : Vous avez raison, M. le député, on va
modifier ça dans les dispositions transitoires, et ça ne s'appliquera pas pour la négo en cours des
CPE. Merveilleux. Dans les circonstances, on était contents pour ce volet-là.
Sauf qu'entretemps il
s'est passé quoi? Deux semaines d'études de crédits, une semaine de circo, puis
là on est revenus, puis, pendant cette période-là, il y a eu une entente de
principe. Bonne nouvelle. Je pense que c'est en train d'être présenté, là, dans
les innombrables... je pense, 400 accréditations de tous les CPE affiliés
à la CSN en ce moment. Je n'ai pas d'écho si ça a été adopté ou pas, on verra
bien en temps et lieu, mais toujours est-il que l'entente de principe... le
couvercle sur la marmite de la grève générale est mis pour l'instant.
Alors, moi, je
reviens à la charge. Je dis : Bien là, la clause qui était prévue pour nos
amis du secteur des CPE, logiquement, c'est le même argument qui s'applique
pour l'ensemble des négos. Il y a, au moment où on se parle, des dizaines et des dizaines d'accréditations au
Québec qui négocient leur convention collective. Peu importe la taille, hein?
Ça peut être un tout petit syndicat de
50 membres comme ça peut être un syndicat de plusieurs centaines, voire de
milliers de membres. Bien, eux aussi, ils aussi ont droit d'avoir un
cadre de négociation qui est stable. Bien, on a reposé cette question-là, on a
reposé cette question-là, puis le ministre a fini par me donner raison. On a
déposé un amendement en toute fin de
parcours, à l'étude détaillée la semaine dernière, pour modifier le délai
d'application, puis on a obtenu six mois, six mois de délai d'application.
Donc, pour les
personnes qui sont en train de négocier, elles auront six mois avant que cette
loi-là puisse être appliquée. Donc, six mois
pour pouvoir évoluer sans avoir la crainte que le ministre soit décrète la fin
de leur grève ou leur conflit de travail et l'envoie à l'arbitrage
automatique exécutoire ou soit qu'il fasse intervenir le TAT pour limiter leur droit de grève. Bien sûr, la loi des services
essentiels s'applique encore, comme c'est normal, comme c'est souhaitable, même,
mais les deux nouveaux mécanismes, à mon
avis, liberticides, que le ministre a préparés dans son projet loi ne seront
pas utilisables avant six mois. Ça nous amène jusqu'à octobre. Donc,
message aux gens qui négocient dans les différents milieux de travail du Québec : Ce délai-là, on est allé vous le
chercher, on est allé se battre pour vous le mettre sur la table. C'est un gain
sur lequel je suis particulièrement fier d'avoir travaillé. Ça n'efface pas le
projet de loi, bien sûr, mais ça donne un
petit délai, au moins, pour les gens qui étaient en train de négocier, qui
n'auront pas cette épée de Damoclès sur leur tête.
Et moi aussi, en
terminant, je veux remercier tous les gens qui ont été impliqués dans ce projet
de loi là, toutes les organisations, les experts, les groupes de travailleurs,
les groupes communautaires et mon collègue de toujours, Guillaume Boivin, avec qui je travaille, qui est du service de recherche
de l'Assemblée, les gens des coms, les gens des travaux qui sont
toujours d'une aide précieuse pour qu'on soit efficace le plus possible en
commission parlementaire. Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Merci, M. le député. Maintenant,
je suis prête à reconnaître un autre intervenant. M. le député de
Jean-Talon, à vous la parole.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Très
bien. Nous voilà donc au moment de l'adoption finale, c'est le débat sur
l'adoption finale du projet de loi n° 89, Loi visant à considérer davantage les besoins de
la population en cas de grève ou de lock-out. C'est un beau titre. C'est de la bonne communication. Mais le vrai
titre de ce projet de loi, ça devrait être loi visant à limiter le droit de
grève et à donner plus de pouvoirs discrétionnaires au ministre, parce que
c'est ça que ça fait, ce projet de loi.
J'aimerais
aujourd'hui faire une allocution différente de celle que j'ai prononcée lors de
l'adoption du principe, donc lors de l'envoi du projet de loi en étude
détaillée. J'aimerais ça. Mais non.
J'aimerais ça faire une allocution différente de
celle que j'ai prononcée vendredi dernier, lorsqu'il y avait une interpellation
ici du ministre du Travail sur l'importance du droit de grève dans l'histoire
du Québec. Et alors qu'on était là pour dire
que c'est un outil qui a fait progresser notre société, ce qu'on a entendu,
surtout de la part du gouvernement, c'est des critiques de ce droit
fondamental.
• (16 h 10) •
J'aimerais vous faire une allocution différente
de celle qui était ce qu'on a fait plus ou moins lors de différentes études, lors de différentes sessions de l'étude
détaillée. Mais non, je ne peux pas, parce que la première... le premier
constat, c'est que le ministre, le gouvernement s'est dit ouvert au
dialogue, mais que le projet de loi n'a pas bougé d'un iota. Il y a eu une modification sur le délai de mise en
application du projet de loi, mais, sinon, il n'y a eu aucun changement. Rien. Il est dans le même état qu'il était lorsqu'il a
été présenté. Alors, je n'appelle pas ça le dialogue, parce que beaucoup de
critiques ont été présentées sur ce projet de loi là, beaucoup de propositions
ont été faites, aucune n'a été retenue.
Le deuxième élément qui est important, c'est que
tout le monde était d'accord, le ministre lui-même, sur le fait que l'équilibre
entre les employeurs et les employés, lorsque vient le temps de négocier les
conditions de travail, il est fragile, il est délicat. Et alors qu'on aurait dû
avoir un travail d'orfèvre... C'est un peu comme l'horloger de l'Assemblée nationale, c'est délicat, on ouvre avec
délicatesse, on regarde, il y a plusieurs engrenages, ça dépend de plein de
petites choses qui font ensemble le tout, ces merveilles qu'on a ici,
qui nous donnent l'heure. Quand on veut modifier quelque chose, on y va avec la précision, là, puis là on est à la
loupe puis avec des petites pinces. C'est ça dont on avait besoin si on voulait
réfléchir au droit de grève puis aux conditions dans lesquelles on peut mettre
fin à une grève légitime au Québec. C'était
ça dont on avait besoin. Et je dirais, en parlant du ministre, avec qui on a eu
beaucoup de projets de loi qui touchent le secteur de la construction,
bien là, au contraire, on est arrivé avec nos grosses bottes de la... le
gouvernement est arrivé avec ses grosses
bottes de la construction, sa grosse massue, ses gros outils pour du travail de
gros. On ouvre les murs, on y va avec
un gros travail de démolition. Ce n'est pas ça dont on avait besoin et ce n'est
pas ça qu'on a eu dans ce projet de loi, malheureusement.
Donc, il en
résulte quoi? Il en résulte un projet de loi qui n'est toujours pas adopté
actuellement, mais sur lequel on a eu
des avis qui sont demeurés les mêmes tout au long du projet de loi. C'est très
important de le mentionner, parce que le ministre se targue d'avoir agi
raisonnablement puis d'avoir posé le curseur dans un milieu raisonnable. C'est
vrai que toutes les organisations qui représentent des employeurs sont
venues nous dire qu'elles étaient d'accord à divers degrés avec le projet de loi. Tous les syndicats, tous les
représentants des travailleurs sont venus nous dire qu'ils s'y opposent très,
très, très fermement. Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que tous les
experts, sans exception, tous les experts en droit du travail, tous les experts en relation de travail, en
gestion des ressources humaines, ils sont tous venus exprimer des préoccupations très fortes ou sont venus
nous dire qu'on ne devrait pas adopter le projet de loi n° 89. Donc,
quand les experts indépendants sont tous du
même avis, généralement, c'est un indicateur qu'on a un gros travail à faire
sur un projet de loi ou encore qu'il faut le retirer. Et ce n'est ni
l'un ni l'autre qui s'est passé dans le présent cas.
On se retrouve donc avec un projet de loi qui,
d'abord, est une porte ouverte, c'est déjà annoncé, à des années et des années de contestations judiciaires devant
les tribunaux. Tout ça va être contesté et tous les experts en droit du travail
et en droit constitutionnel sont venus nous dire qu'il y a des fortes chances
que ce soit déclaré inconstitutionnel, cette réforme-là. Donc, d'abord, on va
créer plus de distorsion, plus de conflictivité, notamment devant les
tribunaux, alors qu'on dit que le projet de
loi vise à apaiser, à contribuer, à apaiser quand il y a des négociations de
conditions de travail, et c'est tout
l'inverse qu'il va se passer. On antagonisé, on a créé plus de clivage, on
polarise avec ce projet de loi, parce qu'il contient deux mécanismes. Il
n'est pas si long que ça, ce projet de loi là, mais c'est profond, ce qu'il
fait. Dans deux mécanismes, il remplace des dispositions claires des lois du
Québec, une évolution jurisprudentielle de plusieurs décennies qui viennent
tracer les contours de ce que sont les services essentiels.
Quand il y a une grève, on dit : Il y a des
services essentiels qui doivent être maintenus. Il y a tout un droit qui s'est développé autour de ça. Et là on est venu
contourner tout ce droit-là, on est venu dire : Non, là, on va inventer une
patente. Donc, la patente, hein, c'est les
services à maintenir pour assurer le bien-être de la population, c'est-à-dire
les services minimalement requis pour éviter que ne soit affectée de
manière disproportionnée la sécurité sociale, économique ou environnementale de
la population. À peu près tous les mots dans cet article-là, personne n'a
d'idée aujourd'hui ce que ça veut dire puis
ce que ça va donner dans les relations de travail au Québec. C'est ça que je
dis quand on est arrivé, là, avec, hein, la grosse massue, là, puis
qu'on a tout détruit, puis là on dit : On crée quelque chose de nouveau.
Ce qu'il y a
d'inquiétant dans le quelque chose de nouveau, comme dans le deuxième mécanisme
dont je vais parler tout à l'heure, tout ça, ça commence par un pouvoir
discrétionnaire du gouvernement. C'est le gouvernement qui va commencer
tout ça à son gré, à sa discrétion. Il y a tout un mécanisme qui est prévu,
mais il commence par une décision du gouvernement, qui va dire : Dans ce
conflit-là, pour cet employeur-là, pour ce groupe de travailleurs là, je
décide, moi, gouvernement, qu'il y a matière à se
demander s'il ne devrait pas y avoir des services à maintenir pour assurer le bien-être de la population. Donc, c'est le
gouvernement qui se réserve le droit de lever une épée de Damoclès sur la tête
des travailleurs, des employeurs, mais plus souvent qu'autrement les
travailleurs, pour leur dire : Attention! Je vous ai à l'oeil pour ce
conflit, et c'est moi qui décide ça, c'est moi qui enclenche tout le processus.
Remplacement d'une jurisprudence, d'un droit clair par un pouvoir
discrétionnaire, gouvernance par décret.
Même chose pour le deuxième mécanisme. Donc, le
deuxième mécanisme, il est encore pire, il est encore plus grave parce que
c'est celui par lequel le ministre se donne le pouvoir spécial — il
est nommé comme ça — le
pouvoir spécial de mettre fin immédiatement à toute grève au Québec s'il estime
que c'est nécessaire. Donc, s'il pense, lui, qu'une
grève, là, menace de causer, là, des problèmes trop importants, il décide, s'il
l'estime, qu'il met fin à la grève puis il envoie tout le monde en arbitrage forcé. Bien, ça aussi, là, il y a
un droit constitutionnel, il y a du droit... la Constitution parle de ça. Les lois du Québec parlent de ça. Le
droit de grève, il est encadré, le moment où on peut déclencher une grève, le
contexte dans lequel on peut la déclencher, qui peut la déclencher, avec quelle
accréditation syndicale, dans quel délai. C'est superencadré. C'est ce
qui fait, d'ailleurs, que 95 % des négociations de conditions de travail
au Québec se règlent sans grève, sans
lock-out, 95 %, et que, quand il y a une grève, en moyenne, c'est moins de
quatre jours que ça dure et ça se règle.
Et là, même compte tenu de ce contexte-là, on
arrive avec les gros sabots du ministre, parce que, là, c'est un pouvoir
discrétionnaire du ministre. Encore une fois, on remplace un cadre établi des
normes objectives qui existent depuis
longtemps, avec lesquelles, depuis des décennies, le gouvernement, les
employeurs et les travailleurs composent, et là, soudainement, on
remplace tout ça par un pouvoir discrétionnaire du ministre de décider à la
place de tout le monde. Pour nous, ça, ce n'est pas acceptable. Ça demeure
inacceptable. On l'avait dit au départ, qu'on laissait la place au dialogue,
qu'on espérait que le ministre aurait entendu les experts, qui sont venus tous
dire la même chose, toutes les mêmes préoccupations, qu'il y aurait au moins
des changements importants, mais il n'y en a eu aucun, aucun changement, ce qui
fait que notre décision demeure la même, nous allons voter contre le projet de
loi n° 89. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Je
vous remercie, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Comme
il n'y a pas d'autre intervention, le projet de loi n° 89,
Loi visant à considérer davantage les besoins de la population en cas de grève
ou de lock-out, est-il adopté?
Une voix : ...
Vote reporté
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, le vote électronique, à la demande du gouvernement, sera reporté à
demain.
Est-ce que vous voulez nous indiquer la suite
des travaux, M. le leader du gouvernement?
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : ...de
nos travaux vont se passer dans nos bureaux, Mme la Présidente. Je demande donc
d'ajourner nos travaux à demain, 9 h 40, s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci.
Donc, compte tenu... Bien, est-ce que cette motion est adoptée? Motion adoptée.
En conséquence, nous ajournons nos travaux à
demain, jeudi le 29 mai 2025, à 9 h 40.
(Fin de la séance à 16
h
19)