(Neuf
heures quarante minutes)
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Prenez
place, nous allons débuter nos travaux. Merci au public qui est présent parmi
nous aussi.
Affaires
courantes
Déclarations
de députés
Donc, nous sommes
rendus à la rubrique Déclarations des députés. Et, sans plus tarder, je
reconnais Mme la députée de Bellechasse.
Souligner
le 50e anniversaire des Excavations Lafontaine
Mme Stéphanie
Lachance
Mme Lachance :
Merci, M. le Président. Heureuse de souligner en cette Chambre le
50e anniversaire de l'entreprise Les Excavations Lafontaine.
Permettez-moi d'abord
de saluer, dans nos tribunes, Frankie, Mathieu et François, ainsi que leurs familles,
qui sont ici avec nous ce matin.
Leur entreprise a vu
le jour en 1975, lorsque Frank Lafontaine a lancé, à Saint-Malachie, un
commerce de location de machinerie lourde, intégrant ses trois fils, dont
Frankie. Après 50 ans, la compagnie fait partie des 300 plus
importantes au Québec.
Votre
histoire est la preuve que l'excellence et la pérennité vont de pair et
témoigne de l'attachement indéfectible que vous portez à Bellechasse. Alors,
à vous ainsi qu'à votre équipe, aux membres de vos familles, mes plus sincères
félicitations pour ces 50 années de réussite intemporelle. Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Bellechasse. Et
félicitations.
Je reconnais
maintenant Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Souligner
la Journée québécoise de sensibilisation au deuil périnatal
Mme Désirée
McGraw
Mme McGraw :
Merci, M. le Président. Comme vous le savez, le 15 octobre prochain
marquera la deuxième année de la Journée québécoise de sensibilisation au deuil
périnatal.
Chaque année, au
Québec, près de 23 000 familles vivent le décès d'un bébé pendant la
grossesse ou peu après la naissance. C'est
une réalité douloureuse, souvent invisible, qui laisse des traces profondes
dans la vie des parents, des familles et de tous ceux qui les entourent.
Son existence résulte
de l'adoption à l'unanimité du projet de loi que j'ai eu l'honneur de déposer
ici, à l'Assemblée nationale, l'an dernier, et, suite à cette initiative, une
table de concertation nationale sur le deuil périnatal a été créée pour passer
à l'action.
Je tiens à saluer
aujourd'hui la présence du Réseau des centres de ressources périnatales du
Québec ainsi que d'autres membres de la
table de concertation : Parents Orphelins, Les Perséides, Parents d'Anges,
le Centre de soutien lié à la perte reproductive.
À toutes les familles
touchées, je veux dire ceci : Votre deuil compte, vos enfants comptent, et
vos voix sont entendues ici, à l'Assemblée nationale. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, et merci à vous pour votre engagement.
La parole revient
maintenant à Mme la députée d'Iberville.
Saluer
le partenariat entre la Fondation OLO et Pommes Qualité Québec
Mme Audrey
Bogemans
Mme Bogemans :
Merci. Aujourd'hui, je désire souligner l'alliance de la Fondation OLO avec
Pommes Qualité Québec, dont l'annonce a eu lieu à Rougemont la semaine passée.
Je souscris à ce
nouveau partenariat en tant que mère, en tant que députée de la circonscription
d'Iberville, dont le territoire regorge de vergers, mais aussi en tant
qu'agricultrice. C'est une fierté de voir les pommes du Québec maintenant faire
leur place dans le suivi postnatal d'OLO en tant que cinquième aliment de leur
programme.
Nous accueillons aujourd'hui, dans les tribunes,
Mmes Boyer, Cormier, Strecko et Ouellet, de la Fondation OLO, ainsi que
MM. Turcotte et Nadeau, des Producteurs de pommes de l'Est-du-Québec.
La Fondation OLO offre la
chance aux familles vulnérables de mettre au monde des bébés en santé et
d'acquérir des saines habitudes alimentaires. Avec Pommes Qualité Québec, c'est
l'insertion d'un aliment de chez nous, dans les 1 000 premiers jours
de l'enfant, qui est local, accessible financièrement, sain et nutritif.
Donc, au nom
des citoyens du comté d'Iberville et de l'ensemble de ses pomiculteurs, merci à
vous pour votre travail.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée
d'Iberville. La parole revient maintenant à M. le député de Laurier-Dorion.
Souligner la Semaine
québécoise du traumatisme craniocérébral
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, je tiens à souligner la 22e édition de la
Semaine québécoise du traumatisme craniocérébral, qui se tiendra du 15
au 21 octobre 2025.
C'est l'occasion de sensibiliser la population
du Québec à la réalité trop souvent méconnue des milliers de Québécoises et
Québécois qui vivent avec les conséquences d'un tel traumatisme.
Cette année, le thème choisi est Impact,
un mot fort qui évoque d'abord le choc initial d'un accident, mais qui illustre
bien l'impact sur la vie de la personne atteinte et sur celle de ses proches.
Je tiens à saluer le Regroupement des
associations des personnes traumatisées craniocérébrales du Québec et ses 13 associations
régionales, qui travaillent chaque jour à améliorer les conditions de vie des
personnes touchées ainsi que celles de leurs familles.
Dans le cadre de cette semaine, plusieurs
activités de prévention et de sensibilisation se dérouleront à travers le
Québec. J'invite mes collègues ainsi que toutes les citoyennes et tous les
citoyens à prendre part à cette mobilisation et à découvrir la richesse humaine
de ces histoires, parce que chaque geste, chaque regard peut avoir un impact
réel. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci.
Merci, M. le député de Laurier-Dorion. Au tour, maintenant, de Mme la députée
de Fabre.
Souligner le Mois du
patrimoine libanais
Mme Alice Abou-Khalil
Mme Abou-Khalil : Merci, M. le
Président. «Ana fakhoura enni lebnenniyeh!» Je suis fière d'être libanaise.
Le Mois du patrimoine libanais est bien plus
qu'une commémoration : c'est un appel au coeur.
Le Liban, petit par sa taille mais immense par
son histoire, a offert au monde des trésors de culture, de savoir et de résilience. Nos poètes, nos artisans, nos
artistes et nos bâtisseurs ont façonné un héritage qui vit encore aujourd'hui
dans nos langues, nos mets, nos musiques, nos fêtes et nos valeurs de
solidarité.
Ce patrimoine est aussi celui de la diaspora qui
a porté avec courage et dignité les couleurs du Liban aux quatre coins du
monde.
Partout où ils s'établissent, les Libanais
s'intègrent avec respect dans les sociétés qui les accueillent.
Soyons les
gardiens de cette richesse afin que le Liban, malgré ses épreuves, continue de
briller comme une étoile dans le ciel du monde.
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Fabre. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Souligner la Semaine de
sensibilisation aux maladies mentales
Mme Elisabeth Prass
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Du 6 au 10 octobre, nous soulignons la Semaine de
sensibilisation aux maladies mentales, dont le thème, cette année, est Un
droit, pas un privilège. Cette semaine nous rappelle qu'une personne sur cinq vivra un problème de santé
mentale au cours de sa vie et qu'il a le droit d'avoir accès aux services dont
il a besoin. C'est également l'occasion de
nous rappeler que chacun d'entre nous a un rôle à jouer pour briser les tabous
et promouvoir l'accès équitable aux soins.
Le 10 octobre, nous soulignons également la
Journée mondiale de la santé mentale sous le thème Accès aux services — La
santé mentale dans les situations de catastrophes et d'urgences. Cette
journée nous invite à réfléchir à l'importance du soutien aux personnes vivant
avec un trouble mental, particulièrement en période de crise, ainsi qu'à leurs
proches.
À travers ces deux événements, j'invite mes
collègues et l'ensemble de la population à promouvoir la bienveillance, à
favoriser l'écoute et à soutenir les initiatives qui font de la santé mentale
un droit pour toutes et pour tous.
Dans
ma circonscription, je voudrais également remercier AMI-Québec pour le service
qu'ils offrent à ces personnes et ces familles. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de D'Arcy-McGee. La parole
revient à Mme la députée de Brome-Missisquoi.
Rendre
hommage à M. Rénald Cusson
Mme Isabelle
Charest
Mme Charest :
Merci, M. le Président. L'été dernier, Brome-Missisquoi a perdu une figure
marquante des arts au Québec, M. Rénald
Cusson, cofondateur du symposium d'arts visuels Bromont en art. Avec sa
conjointe, l'artiste peintre Marie-Claude Tétreault, il a créé, en 1999,
ce qui allait devenir l'un des plus grands rassemblements d'artistes en arts
visuels au Québec. D'une simple rencontre entre amis, l'événement s'est établi,
25 ans plus tard, comme un rendez-vous annuel incontournable qui attire
des dizaines de milliers de visiteurs et anime le vieux village de Bromont.
Entrepreneur
passionné, Rénald Cusson a travaillé sans relâche à rapprocher les artistes de
leur public et faire rayonner la vie
culturelle et économique de notre région. Son héritage est précieux : un
rendez-vous devenu incontournable pour les amateurs d'art et une passion
transmise à ses fils, Marc et Philippe, présents avec nous aujourd'hui.
Au
nom des citoyens et citoyennes de Brome-Missisquoi, je remercie M. Cusson
et sa vision pour... et sa vision et son engagement envers notre
communauté. Merci, M. le Président. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Brome-Missisquoi. Et
bravo à vous aussi.
Je reconnais
maintenant Mme la députée de Terrebonne.
Souligner
le 50e anniversaire de Patrimoine et Histoire Terrebonne
Mme Catherine
Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci beaucoup, M. le
Président. Je tiens à saluer la présence de quatre représentants, dans les
tribunes, de l'organisme Patrimoine et Histoire Terrebonne. Merci d'être là et
bienvenue à vous.
En
2023, la ville de Terrebonne a célébré ses 350 ans. Évidemment, vous vous
doutez qu'il y a de nombreuses archives à sauvegarder et aussi plusieurs
histoires à raconter sur le patrimoine de Terrebonne. Et c'est ce que vous
faites brillamment depuis maintenant 50 ans. Grâce à vous, on comprend
mieux le parcours de nos ancêtres, ce qui nourrit notre compréhension des défis
qu'ils ont surmontés, mais aussi et surtout notre fierté pour leurs
réalisations, qui ont contribué à façonner Terrebonne et le Québec tel que nous
le connaissons aujourd'hui.
Votre travail n'est
certainement pas étranger au fait que le site du Vieux-Terrebonne ait été
recommandé par le ministre de la Culture pour devenir le 14e site
patrimonial déclaré en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel.
C'est
donc un immense honneur et un plaisir pour moi de rendre hommage à Patrimoine
et Histoire Terrebonne ici, à l'Assemblée nationale. Félicitations!
Merci. Et à bientôt pour les prochaines histoires.
Merci, M. le
Président.
• (9 h 50) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Terrebonne. Et maintenant, la parole, je la cède à M.
le député de Côte-du-Sud.
Inviter
la population à participer à la 19e édition
de L'Halloween à La Pocatière
M. Mathieu
Rivest
M. Rivest : Merci, M. le Président. C'est
avec enthousiasme que je souligne la 19e édition à venir de L'Halloween
à La Pocatière, qui a pris naissance, entre autres, par le leadership de
Bernard Généreux et qui se poursuit avec le dynamisme de Vincent Bérubé.
Je
désire soutenir cette fête unique qui favorise l'animation culturelle et le
rayonnement de notre milieu. Je vous invite donc au Kamouraska pour vivre
l'expérience de l'orgue de Barbarie, rencontrer Les Forains du chaos, et du
Clair de lune au jardin floral jusqu'à la soirée d'horreur... et pourquoi ne
pas venir vous perdre dans le grand labyrinthe.
Je salue
l'imagination débordante du comité organisateur et des partenaires. Je vous dis
que La Pocatière aura d'ailleurs, M. le Président, un 32 octobre cette
année, une date unique au monde où l'esprit d'Halloween se prolonge pour notre
grand plaisir.
Faisons
de cette édition un succès mémorable pour notre communauté, qui réaffirme
combien La Pocatière peut briller et faire la vague à travers cette fête
foraine des plus envoûtantes. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Côte-du-Sud. Et je
reconnais maintenant Mme la députée de Laval-des-Rapides.
Souligner
le 50e anniversaire d'Axia services
Mme Céline Haytayan
Mme Haytayan : Merci, M. le
Président. Le 17 septembre dernier, l'entreprise Axia services a célébré
son 50e anniversaire.
Depuis un demi-siècle, Axia, dont l'un des sites
est à Laval-des-Rapides, offre des emplois de qualité à des personnes vivant
avec des limitations. Axia propose à ses clients des services en entretien
ménager, en sécurité et en sous-traitance d'emballage commercial, industriel.
Leur ligne de
production adaptée permet à 650 employés, dont 450 ayant des
limitations physiques ou cognitives, d'être impliqués dans un travail
valorisant ou, comme ils aiment si bien le dire, de faire partie d'une grande
famille.
Merci à la direction, aux employés, aux
partenaires. Et longue vie à Axia, qui sait si bien allier inclusion et
performance économique! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Laval-des-Rapides. Et je reconnais maintenant M. le député de
Chapleau.
Souligner le 25e anniversaire
d'Habitations de l'Outaouais métropolitain
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Merci,
M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le 25e anniversaire
d'un acteur du développement social et communautaire de notre région, les
Habitations de l'Outaouais métropolitain, aussi connu sous le nom de HOM.
Depuis un
quart de siècle, HOM agit comme un véritable bras immobilier innovant afin
d'offrir un toit abordable aux familles à revenus modestes et aux personnes
vulnérables. Depuis l'an dernier, HOM a livré deux importants projets,
totalisant 90 logements, a mis en chantier trois projets contenant
395 unités et a préparé le démarrage d'un quatrième chantier, pour un
grand total de 545 logements abordables et subventionnés en construction.
Aujourd'hui, son parc immobilier compte près de 1 000 logements abordables.
HOM, c'est
plus que du logement, c'est aussi un engagement concret envers la jeunesse. Cet
organisme soutient des initiatives d'hébergement transitoire pour les jeunes en
démarche d'autonomie, leur offrant un tremplin vers un avenir stable et prometteur.
Je veux ainsi saluer l'engagement de toute
l'équipe de HOM, notamment sa directrice, Mme Anne Robinson, ainsi que ses
nombreux partenaires.
Et bon 25e anniversaire!
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Chapleau. Et je reconnais maintenant Mme la députée de Saint-Hyacinthe.
Souligner la Semaine nationale
des journaux
Mme Chantal Soucy
Mme Soucy : M. le Président,
une démocratie forte, ça commence par des citoyens bien informés, et, pour ça, rien ne remplace nos journaux. Ils racontent notre
réalité, couvrent les enjeux concrets et donnent une voix à celles et ceux
qu'on n'entend pas toujours.
Mais, il faut se le dire, M. le Président,
l'information a toute sa valeur lorsqu'elle est libre, indépendante et qu'elle
ne sert aucun agenda politique. Ce sont ces médias libres et rigoureux qui
permettent aux citoyens de faire leurs propres idées. Dans un contexte où la
désinformation circule plus vite que jamais, renforcer la présence de médias
indépendants est crucial.
En cette
Semaine nationale des journaux, je veux saluer leur travail essentiel,
particulièrement ceux de la grande région
de Saint-Hyacinthe, et rappeler que soutenir nos journaux, c'est soutenir notre
démocratie. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de
Saint-Hyacinthe. Alors, voilà qui met fin à la rubrique Déclarations des
députés. Je remercie les collègues pour vos déclarations.
Et nous allons suspendre les travaux quelques
instants.
(Suspension de la séance à 9 h 55)
(Reprise à 10 h 06)
La Présidente : Bonjour,
tout le monde. Vous êtes nombreux. Bienvenue. Le parlement du Québec, c'est
chez vous.
Mmes, MM. les députés, nous allons nous
recueillir quelques instants.
Je vous remercie beaucoup.
Veuillez vous asseoir.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation
de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : ...Mme
la Présidente. Je vous demanderais, s'il vous plaît, d'appeler l'article a du
feuilleton.
Projet
de loi n° 190
La Présidente : À l'article a du
feuilleton, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve présente le projet de loi n° 190,
Loi sur la mise en place en milieu de travail de comités paritaires de
transition juste vers une économie écologiquement durable. M. le député.
M. Alexandre
Leduc
M. Leduc : Merci,
Mme la Présidente. J'aimerais d'abord saluer, dans les gradins, des
représentants des quatre centrales syndicales québécoises, la FTQ, la
CSN, la CSQ et la CSD. Il y en a qui trouvent ça drôle.
Des voix : ...
M. Leduc : Merci, Mme la
Présidente.
Ce projet de loi prévoit qu'un comité paritaire
de transition juste vers une économie écologiquement durable est mis en place
par l'employeur appartenant aux catégories fixées par le gouvernement et dont
le nombre de salariés est d'au moins 50. Au moins la moitié des membres du comité
sont issus des salariés.
Le projet de loi énonce que le comité a pour
mission de favoriser l'expression collective des salariés et de l'employeur sur
l'instauration de mesures dans le milieu de travail permettant de répondre aux
impératifs économiques, sociaux et
environnementaux de la transition juste. Le comité émet des recommandations
notamment sur la performance environnementale de l'employeur, sur la
promotion et la création d'emplois verts, sur le soutien à une requalification
équitable des emplois et sur le dialogue social et la justice climatique.
Le projet de
loi prévoit d'autres règles relatives aux attributions, à la composition, au
fonctionnement et à la prise de décision du comité en plus d'énoncer des
dispositions diverses et finales.
Merci beaucoup.
Mise
aux voix
La Présidente : Est-ce que
l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet de loi? Adopté? Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt de documents, M. le ministre
des Finances.
M. Girard
(Groulx) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de
déposer les comptes publics 2024‑2025, états financiers consolidés du
gouvernement du Québec, volume 1, et les comptes publics 2024‑2025, renseignements
financiers sur le fonds consolidé du revenu, fonds général et fonds
spécifiques, volume 2. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. M. le ministre de la Justice.
M. Jolin-Barrette : Oui, Mme la
Présidente, je dépose le plan stratégique 2025-2030 du Conseil de la... Conseil
de la justice administrative, le rapport annuel de gestion 2024-2025 du Tribunal
administratif du Québec et les prévisions budgétaires du Comité de la
rémunération des juges 2023-2027, la phase II. Merci.
La Présidente : Ces documents sont
déposés. Mme la ministre des Affaires municipales.
Mme Guilbault : Oui. Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport
annuel de gestion 2024-2025 du ministère des Affaires municipales et de
l'Habitation.
La Présidente : Ce
document est déposé. M. le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre les
changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
• (10 h 10) •
M. Drainville : Merci, Mme la
Présidente. Permettez-moi de déposer le rapport annuel de gestion 2024-2025
du ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements
climatiques, de la Faune et des Parcs, le rapport des
activités 2024-2025 du Comité consultatif pour l'environnement de la Baie James,
le décret du gouvernement du Québec n° 906-2025
concernant la Convention complémentaire n° 5 à la
Convention du Nord-Est québécois entre le gouvernement du Québec et la
Corporation foncière naskapie de Schefferville, le rapport
annuel 2024-2025 du Comité consultatif de l'environnement Kativik, ainsi
que le rapport annuel de gestion 2024-2025 du rapport d'audiences
publiques sur l'environnement. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre de la Culture
et des Communications.
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Je dépose, quant à moi, le rapport
annuel 2024-2025 du Conseil des arts et des lettres du Québec, qui est
accompagné de ses appendices, le rapport de gestion 2024-2025 du Musée
national des beaux-arts du Québec, le rapport annuel de gestion 2024-2025
de la Société de développement des entreprises culturelles, la SODEC, ainsi que
le rapport annuel 2024-2025 de la Société de télédiffusion du Québec, Télé-Québec.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. M. le ministre des Transports
et de la Mobilité durable.
M. Julien :
Oui, Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel de
gestion 2024-2025 du ministère des
Transports et de la Mobilité durable et le rapport annuel de gestion 2024-2025
de la Commission des transports
du Québec.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Mme la ministre de l'Emploi.
Mme Déry : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je
dépose aujourd'hui le rapport annuel de gestion 2024-2025 de la Commission
des partenaires du marché du travail
et le rapport d'activité 2024-2025 du Fonds de développement et de
reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre. Merci.
La
Présidente : Ces documents sont déposés. Mme la ministre du Tourisme.
Mme Dionne : Oui. Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi de
déposer le rapport annuel de gestion 2024-2025 du ministère du
Tourisme.
La Présidente :
Et ce document est déposé. Mme la ministre responsable de l'Habitation.
Mme Bélanger :
Mme la Présidente, permettez-moi de déposer le rapport annuel de
gestion 2024-2025 de la Société d'habitation du Québec.
La
Présidente : Ce document est déposé.
Pour ma part, je
dépose un rapport du Commissaire à la langue française intitulé Les étudiants
internationaux et le français : bâtir pour durer.
Dépôt de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission de l'aménagement
du territoire et député de Drummond—Bois-Francs.
Consultations
particulières sur le projet de loi n° 104
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose le rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire qui, les 1er, 2 et 7 octobre 2025, a tenu
des auditions publiques dans le cadre des consultations particulières sur le projet de loi n° 104, Loi modifiant diverses dispositions afin notamment
de donner suite à certaines demandes du milieu municipal.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mettre en place des mesures plus justes pour
l'accompagnement
des personnes sourdes-aveugles
Mme Prass : Merci, Mme la Présidente.
Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée
par 385 pétitionnaires. Désignation : citoyens et citoyennes du
Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que les personnes sourdes-aveugles ne reçoivent actuellement que quelques
heures d'accompagnement par semaine
(moins de 4 heures) en raison des compressions budgétaires du ministère de
la Santé et des Services sociaux;
«Considérant
que les accompagnateurs sont rémunérés à un tarif horaire de seulement 8 $
[de l'heure], un montant qui n'a pas été ajusté depuis 25 ans, entraînant
un exode massif de ces travailleurs et limitant ainsi l'accès à
l'accompagnement pour les personnes sourdes-aveugles;
«Considérant que,
dans d'autres provinces canadiennes, des mesures plus justes sont mises en
place :
«En Ontario, les personnes
sourdes-aveugles ont droit à 24 heures d'accompagnement par semaine et les
accompagnateurs reçoivent une rémunération de 25 $/heure, incluant les
frais de kilométrage;
«En Alberta, le tarif
horaire des accompagnateurs est également fixé à 25 $;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«De rehausser le
tarif horaire des accompagnateurs au lieu de 8 $ [de l'heure]
actuellement;
«D'augmenter le
nombre d'heures d'accompagnement à un maximum de 24 heures par semaine;
«D'assurer un
financement stable et annuel pour l'accompagnement des personnes
sourdes-aveugles, au lieu d'un renouvellement aux six mois;
«De
mettre en place un sous-comité des services sociaux dédié au soutien à domicile
des personnes sourdes-aveugles;
«De garantir la
sécurité, l'accès aux opportunités et l'inclusion sociale des personnes
sourdes-aveugles au sein de la société québécoise.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La
Présidente : Cet extrait de pétition est déposé. Et, à nouveau,
Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Financer
adéquatement le transport public afin de s'assurer
que le transport adapté demeure accessible
Mme Prass :
Merci, Mme la Présidente. Je dépose l'extrait d'une pétition adressée à
l'Assemblée nationale, signée par 252 pétitionnaires. Désignation :
citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que les
personnes vivant avec un handicap ont droit à un transport public équitable;
«Considérant que les
personnes vivant avec un handicap sont fréquemment exclues du transport public
conventionnel en raison de décisions qui le rendent inaccessible (par exemple,
l'absence d'ascenseurs pour accéder aux plateformes de métro ou l'incapacité
des chauffeurs d'autobus à utiliser les rampes appropriées);
«Considérant
que les personnes vivant avec un handicap sont souvent exclues du transport
public conventionnel en raison de la lente adaptation de ce dernier pour le
rendre accessible, en raison d'un financement insuffisant;
«Considérant que ce
transport est essentiel pour les personnes handicapées afin de se rendre au
travail, à l'école, à leurs rendez-vous médicaux et pour leurs loisirs;
«Considérant que le
financement du transport public, y compris du transport adapté, est
insuffisant;
«Considérant que le
transport adapté est en danger d'être privatisé, avec une part croissante
confiée à des sous-traitants privés, à l'extérieur de la Société de transport
de Montréal;
«Considérant que la
privatisation est justifiée par le manque de financement gouvernemental;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«De financer
adéquatement le transport public, tel que la STM, y compris et surtout le
transport adapté;
«De s'assurer que le
transport adapté demeure public, accessible et de qualité, géré par les
sociétés de transport;
«De publier et
partager les résultats du rapport sur le transport adapté, qui a été promis,
mais qui n'est pas encore livré.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales, et
je cède maintenant la parole, en question principale, à la
cheffe de l'opposition officielle.
Contrat
attribué à LGS
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Hier, avec Le Journal de Montréal,
nous avons révélé qu'il y avait une clause inédite dans le contrat SIFA qui
octroie à LGS-IBM une garantie absolue de paiement. Peu importe s'ils livrent
ou pas la marchandise, ils seront payés complètement, donc des centaines de
millions de dollars engloutis.
Questionné
à ce sujet, le premier ministre nous a révélé, il a fait un aveu, il n'a pas lu
le contrat qu'il a lui-même négocié et signé. Or, c'est un contrat
majeur. Et pourtant, une petite revue de presse.
Premier feu
rouge, octobre 2024, Gabriel Côté, Journal de Montréal :
dépassements de coûts, la facture pourrait s'élever à plus de 200 millions de dollars additionnels. Deuxième
feu rouge, Tommy Chouinard, de La Presse : des voyants rouges,
flambée des coûts. Troisième feu rouge, mai 2025, Nicolas Lachance :
un audit du gouvernement annonce un gouffre financier.
On continue. Quatrième feu rouge, le préféré du premier ministre, Thomas Gerbet :
Bras de fer autour d'un projet informatique dont le coût
explose.
La semaine passée, le
contrat est suspendu. Moi, ma question est très simple : Depuis hier, à défaut
d'avoir lu le contrat avant de le signer, à
défaut d'avoir lu le contrat malgré tous les feux rouges, depuis ma question
d'hier, a-t-il lu le contrat, oui ou non?
La
Présidente : La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
il y a actuellement 1 000 projets informatiques, quand... au
gouvernement. Il y en a à peu près 600, là, qui sont en planification, 400 qui
sont en réalisation. Ce que nous dit la cheffe de l'opposition, puis je l'ai bien écoutée, là, elle dit «le
contrat qu'il a lui-même négocié». La cheffe de l'opposition pense que le
premier ministre du Québec négocie les 1 000 projets
informatiques.
Mme la Présidente, il
y a des experts qui sont responsables, dans chaque ministère, de négocier ce
genre de contrat là. Il semble y avoir des problèmes dans ce contrat-là.
D'ailleurs, l'AMP, l'Autorité des marchés publics, est dans le dossier depuis le printemps. Donc, quand la cheffe de
l'opposition officielle nous dit : Il y a eu des lumières rouges, bien,
elle n'est pas toute seule à les avoir vues, là, l'AMP aussi les a vues, nous
aussi, on les a vues, les lumières rouges.
Donc,
Mme la Présidente, je pense que Santé
Québec a fait ce qu'ils avaient à
faire, c'est-à-dire mettre le contrat sur pause, examiner ce qui est
arrivé, qui a négocié, signé ces contrats-là. Puis, Mme la Présidente, je peux
vous assurer qu'il y aura des conséquences s'il y a effectivement une personne
qui a signé un contrat qui n'était pas responsable.
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, citation : «Ultimement, c'est moi, le patron.
Ultimement, c'est moi, le boss, c'est moi qui décide.» Qui a dit ça? Le premier
ministre.
Tous les contrats
passent où? Au Conseil du trésor. Qui préside le Conseil du trésor avec le ministère?
Il y a le Conseil exécutif, tous les ministres sont réunis. Le premier ministre
est présent ou pas?
Juste une question
pour le premier ministre : A-t-il vraiment besoin de l'Autorité des
marchés publics pour comprendre un contrat que son gouvernement a lui-même
signé?
• (10 h 20) •
Des voix :
...
La Présidente :
C'est trop bruyant du côté droit. Je voudrais entendre la réponse du premier
ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, on va mettre ça sur... Je ne dirai pas... Non, je vais
être prudent, puis je sais qu'il faut être parlementaire, mais ce que la cheffe
de l'opposition vient de dire est absolument, absolument faux. Tous les
contrats ne passent pas par le...
La Présidente :
Attendez. M. le premier ministre, vous savez que ce mot est un mot non
parlementaire, à ne pas utiliser. Alors, je vous invite, un, à le retirer et,
deux, utiliser la bonne formulation.
M. Legault :
Au lieu de dire que c'est faux, je vais dire que c'est inexact. Mais tous les
contrats, contrairement à ce que vient de dire la cheffe de l'opposition
officielle, ne passent pas au Conseil du trésor. Je ne pense pas que Jean Charest
ou Philippe Couillard lisaient tous les contrats informatiques. Je ne pense pas
qu'il y ait aucun premier ministre dans l'histoire du Québec qui faisait ce que
propose la cheffe de l'opposition officielle.
La Présidente :
Deuxième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la Présidente, je dépose l'audit signé par Le Bouyonnec.
C'est écrit noir sur blanc que ça, ce contrat-là, SIFA, a été approuvé
par le gouvernement. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Le Bouyonnec, je
pense qu'ils se connaissent. Là-dedans, Mme
la Présidente, il y a une page qui, évidemment, est caviardée. Tous les
indicateurs sont au rouge, dépassements de coûts, dépassements
d'échéanciers. Qu'est-ce qui se passe?
Document déposé
La Présidente : Et ce n'est
pas un tableau didactique. Par ailleurs, consentement pour le dépôt?
Consentement pour le dépôt? Consentement. La réponse...
Des
voix : ...
La Présidente :
S'il vous plaît! J'aimerais entendre la réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Bien, Mme la Présidente, c'est un peu gênant, ce
qu'on vient d'entendre de la cheffe de l'opposition
officielle. Tout le monde a remarqué ici qu'elle n'a pas répété que le
contrat avait été approuvé par le Conseil du trésor, parce que c'était
complètement inexact. Donc, n'importe quoi. Elle nous a habitués à ça avant
qu'elle soit cheffe de l'opposition officielle.
Mme la Présidente, elle
nous dit qu'il y a un contrat qui a été signé. Elle nous dit qu'il y a une
lumière rouge. Depuis le printemps qu'on le dit, qu'il y a une lumière rouge. L'AMP
regarde, examine le dossier. On fait le suivi...
La Présidente :
En terminant.
M. Legault :
...et, Mme la Présidente, on va continuer de le faire sur tous les contrats.
La Présidente :
Troisième complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy :
...qui a été préparé par Stéphane Le Bouyonnec pour le gouvernement. Dans le cas
de SIFA, c'est marqué : «États de santé des projets qualifiés ciblés,
autorisés par le Conseil du trésor ou par le Conseil des ministres, au
30 juin 2025.» Je m'excuse, ce n'est pas moi qui le dis, c'est Stéphane Le
Bouyonnec. Mais, dans tous les cas, là-dedans ils disent, pour la suite des
choses, prochaines étapes et échéancier, alors que tous les voyants sont au
rouge, c'est marqué noir sur blanc «sans objet».
Donc, tous les
voyants sont au rouge, et eux n'ont aucun plan. Comment ça?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Oui, bien, Mme la Présidente, la cheffe de l'opposition officielle mélange des
sous-ministres et des ministres. Elle est en train de mélanger les deux, là.
Les responsables pour signer les contrats, ce sont des fonctionnaires, ce sont des experts. Non, mais elle trouve ça drôle, Mme
la Présidente. La cheffe de l'opposition officielle pense que le premier
ministre du Québec négocie et signe les 1 000 contrats en
informatique. Voyons donc! Ça ne tient pas debout.
La Présidente :
En question principale, je reconnais le député de LaFontaine.
Contrat
attribué à LGS
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
20 mai 2025, pourquoi, d'abord, le 20 mai 2025, le ministre de la
Santé disait, et je le cite : «Le projet SIFARH, il ne faut pas en faire
un drame.» Fin de la citation. Il se basait sur quoi, le ministre omniscient,
pour dire qu'il ne faut pas en faire un drame?
Les
voyants sont au rouge depuis plusieurs mois, Mme la Présidente. Et hier on a
révélé la clause dont, semble-t-il, il ignorait l'existence, à savoir
que les paiements étaient garantis pour le fournisseur LGS. Ce matin, parce
qu'ils ne l'ont pas lu, on va les aider, on
va y aller clause par clause. La clause prédestinée, la clause 13, clause
chanceuse, fait en sorte, Mme la Présidente, que, pour résilier le
contrat sans motif, ce qu'analyse Santé Québec, prête à payer
150 millions, ça prend un préavis donné uniquement dans la sixième année
du contrat, préavis de 365 jours. Ça, c'est en 2030.
Pourquoi le ministre
de la Santé a signé ça?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, des fois, il
faut revenir, puis revenir, et répéter la même chose. J'ai demandé, hier,
au député de LaFontaine d'être prudent quand il dit notamment que j'ai signé le
contrat. C'est exactement la même réponse que le premier ministre vient de
dire.
Écoutez, je
veux être clair, on a transféré tous les dossiers santé... de santé numérique,
entre autres, à Santé Québec, tous les projets de transformation. Santé
Québec, à ce moment-là, a fait une analyse de plusieurs dossiers, comme vient
de dire le premier ministre, et, à la lumière de
leur analyse, ce dossier-là notamment a justifié de demander de faire une pause, ce que le conseil d'administration a été
très prudent, très transparent, puis dire : Dans l'intérêt de protéger les
fonds publics, on n'est pas à l'aise de continuer avec ce dossier-là.
Mme la Présidente,
laissons donc faire Santé Québec son travail, en complément avec l'analyse qui
est faite par l'AMP, Mme la Présidente. C'est ça, savoir gérer les fonds
publics.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Aïe! l'art de savoir
gérer les fonds publics. À matin, on se fait instruire sur l'art de savoir
gérer les fonds publics. Ce n'est
même pas matériel, 400 millions, quand le premier ministre,
hier, il disait qu'au total c'est 4,9 milliards. 10 % de
l'enveloppe totale, ce n'est même pas matériel.
Geneviève
Biron, là, elle ne peut pas réparer les pots cassés du ministre. Elle a
dit : L'organisation — Santé Québec — a
hérité d'un contrat, d'un projet mal planifié par le ministère de la Santé. C'est
qui qui est imputable? C'est le ministre de la Santé. Qu'il réponde. Pourquoi
il a signé ça?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, hier, il y a eu une réponse très intéressante de mon adjoint
parlementaire, de dire que, si le travail que nous avons fait avec Santé Québec
sur l'examen des contrats avait été fait dans le dossier de SAAQclic pendant...
avec les libéraux...
Des voix : ...
M. Dubé :
Mme la Présidente, peut-être qu'ils n'aiment pas cette réponse-là, mais
nous, on le fait, le travail rigoureux. Nous, on le fait. S'il y a un problème
dans un contrat spécifique, pour un ensemble de raisons, Mme la Présidente, on
fait le travail, ce que les libéraux n'ont pas fait et ce qui explique notamment
tous les problèmes qu'on a avec SAAQclic.
Alors, aujourd'hui, Mme la Présidente, s'il y a une personne qui n'a pas les
moyens de nous faire ces commentaires-là...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé :
...c'est le Parti libéral, aujourd'hui.
Des voix : ...
La
Présidente : On a écouté la question, on écoute les réponses.
Maintenant, deuxième complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
L'art de bien gérer. Ayoye!
Mme la Présidente,
près de 400 millions en pure perte. À date, les Québécoises et Québécois
ont mis 65 millions là-dedans, on n'a pas de système, c'est du gaspillage.
Une annulation, purement et simplement, ce serait 150 millions. On parle au total d'un 400 millions en pure
perte. On lui met sous le nez les clauses que son ministère a signées :
une garantie de paiement au fournisseur et un préavis qui ne peut pas être
donné avant 2030, Mme la Présidente.
Question
simple : D'ici à demain, va-t-il le lire, le contrat?
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Mme la Présidente, la beauté,
avec l'Assemblée nationale, c'est qu'on a un verbatim. Moi, je voudrais que le député de LaFontaine se souvienne de sa
question, aujourd'hui, et de ses sous-questions. Et, quand on me présentera
l'analyse qui a été faite de ce contrat-là, qui est imputable, qu'est-ce qu'on
va faire avec ça, j'aimerais ça lui remettre devant lui exactement la question
qu'il a posée aujourd'hui et la façon dont il la présente.
Je
veux juste être clair, je lui demande d'être prudent, parce que nous, on fait
une analyse. Le conseil de Santé Québec a été très prudent, très
transparent. Ce que les libéraux ne faisaient pas, nous, on va le faire, Mme la
Présidente. On est rigoureux dans la gestion des fonds publics.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant la
députée de La Pinière.
Financement
des ressources intermédiaires
Mme Linda
Caron
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Le milieu des ressources intermédiaires est en crise, au Québec.
Les listes d'attente explosent. 5 500 Québécois attendent une place
en RI en ce moment même, c'est une augmentation de 11 % en moins d'un an. Et, par-dessus le marché, près d'une RI
existante sur deux est à risque de fermer. Résultat : les hôpitaux débordent, le nombre de personnes
itinérantes augmente, les proches sont en détresse, les Québécois qui sont en attente
souffrent et sont en désarroi au quotidien.
La CAQ est
aux affaires depuis sept ans. Les ressources intermédiaires crient à l'aide
depuis deux ans. On n'a pas vu le début de l'ombre d'une solution. Ça
devient de l'insouciance.
Comment la CAQ peut-elle laisser la situation se
dégrader à ce point-là?
• (10 h 30) •
La Présidente : La réponse du ministre
responsable des services sociaux.
M. Lionel
Carmant
M. Carmant : Merci, Mme la
Présidente. Je remercie la députée de La Pinière pour sa question. Puis je
suis d'accord avec elle, les ressources intermédiaires sont des ressources
essentielles et qui ont fait leurs preuves. Maintenant,
on travaille avec les ressources intermédiaires depuis plusieurs années, et on
a travaillé sur les ressources... sur les enjeux non monétaires, Mme la
Présidente, depuis le début. Par exemple, on est en train de travailler sur le cadre de référence. On est en train de travailler
également sur la révision de l'instrument de classification pour alléger leur
bureaucratie puis améliorer leur accès aux soins, Mme la Présidente.
Maintenant, les négociations ont débuté, et je m'en tiendrai à ça pour le
moment, Mme la Présidente.
Quant à ce qui a trait aux gens qui sont en
recherche d'hébergement, on a parlé beaucoup de santé mentale, ces derniers
jours, mais on travaille à aider nos personnes qui ont des problèmes de santé
mentale. Ceux en situation d'itinérance, on a développé le programme PRISM et,
depuis moins d'un an, on a déjà logé plus de 150 personnes avec de
l'accompagnement en appartement, Mme la Présidente. Pour les personnes qui ont
des problèmes autres, on a développé également d'autres ressources, Mme la
Présidente. On y travaille.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Mme la Présidente,
ça fait sept ans qu'ils sont aux commandes. Ça fait au moins deux ans que les
RI crient au secours. Ça fait plus de six mois que l'entente est échue. Ils
vont les mettre où, ceux et celles qui ont perdu
ou qui vont perdre une place, ou qui sont en attente d'une place, à l'hôpital,
pour allonger les listes d'attente, les délais pour se faire soigner, dans des
campements en itinérance? Non, mais ce n'est pas un projet de société, ça. Il
est temps que quelqu'un se réveille, et vite.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Oui, Mme la
Présidente. Et, comme je vous dis, dans les dernières années, j'ai été
régulièrement en contact avec l'ARIHQ et les autres associations de ressources
intermédiaires, mais, encore une fois, on ne laisse personne à la rue, Mme la
Présidente. Nos personnes en situation d'itinérance, on a trouvé des moyens
pour les loger, quand elles ont un problème
de santé mentale, avec de l'accompagnement intensif dans les domiciles via un
programme qu'on a développé à Montréal puis qu'on est en train de
développer ailleurs au Québec. Pour les personnes avec des problèmes en santé mentale qui demeurent à
l'hôpital, avec la ministre de l'Habitation on a développé un programme pour
ceux qui sont... qui n'ont plus besoin de soins en hospitalier, pour leur
donner des programmes de supplément au loyer et les loger, avec le soutien des
équipes SIF, SIM, en communauté, Mme la Présidente. On trouve des solutions.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Les aînés et les
autres personnes vulnérables ne sont pas dans les quatre priorités du premier
ministre, mais la CAQ peut-elle quand même regarder son bilan en pleine face?
5 500 personnes attendent maintenant une
place en RI, 3 600 aînés attendent maintenant une place en CHSLD. Ça
fait plus de 9 000 Québécois qui n'ont pas le milieu
d'hébergement dont ils ont besoin. Et ça va doubler si les fermetures de RI se
concrétisent.
Que répond la CAQ à toutes ces personnes et à
leurs proches?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Lionel Carmant
M. Carmant : Bien, merci, Mme
la Présidente, mais, s'il y a un gouvernement qui en a fait beaucoup pour les
aînés, je pense que c'est notre gouvernement. Ça, je pourrais dire tout
simplement qu'on... de 2018‑2019 à 2025‑2026, on a augmenté les budgets de
4 milliards à 8 milliards. Ce serait la réponse simple. Mais
qu'est-ce qu'on a fait? Nous, on a créé des
nouveaux modèles d'hébergement. Je sais qu'ils n'aiment pas le modèle, mais les
maisons des aînés, c'est plus de 3 400 places, Mme la
Présidente. Les RPA qui sont... j'avoue que les petites sont peut-être en
difficulté, mais, même les RPA, on a ajouté
plus de 2 000 places, Mme la Présidente. Et, comme je dis depuis deux
réponses, on travaille avec les RI, on aime le modèle...
La Présidente : En terminant.
M. Carmant : ...on veut
faciliter leur accès, puis on va trouver une solution, Mme la Présidente.
La Présidente : En question
principale, je reconnais la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Aide alimentaire destinée aux étudiants
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Merci,
Mme la Présidente. Ce matin, je me lève pour poser une question, et ça me fait
mal de devoir la poser dans une société riche comme le Québec. Un
étudiant sur deux a faim, au Québec. Il y a un étudiant sur deux, au Québec,
qui va au cégep et à l'université le ventre vide. Puis, pendant ce temps-là,
pendant que nos jeunes ont faim, le
gouvernement, lui, jette l'argent, des millions de dollars, des centaines de
millions, par les fenêtres, que ce soit par les gaspillages caquistes,
que ce soit par l'argent qu'on donne à des grosses entreprises, et ça a été
fait aussi par le Parti libéral avant eux, sans condition. Puis, pendant ce
temps-là, les jeunes ont faim. Ça me fait mal de voir que des jeunes sont
obligés de sauter des repas. Même quand ils travaillent, ils étudient et ils
travaillent, ils restent très, très pauvres.
Les cégeps et les universités veulent les aider,
mais leurs coffres sont vides à cause des coupes de la CAQ. Je suis tannée de
voir le gouvernement jouer au casino avec l'argent public pendant que l'avenir
des jeunes, l'avenir des jeunes est menacé.
J'ai une
proposition à faire au premier ministre. J'aimerais ça qu'on travaille ensemble
pour les jeunes du Québec. Est-ce
qu'il accepterait rapidement, dès maintenant de débloquer de l'argent pour
mettre dans un fonds d'urgence pour aider les étudiants, pour que plus
aucun n'ait faim?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, d'abord, rappelons ce qu'on a fait. On a augmenté l'aide sociale de
plus de 50 %, on a augmenté les allocations familiales, on a augmenté les
budgets en éducation, en enseignement supérieur. On a le système des prêts et
bourses le plus généreux.
Mme la Présidente, est-ce que ce serait le fun
de pouvoir en faire plus? Bien sûr, bien sûr, on est tous d'accord. Mais là où je ne suis pas d'accord, c'est quand la
cheffe du deuxième groupe d'opposition mélange ça avec les incitatifs qu'on
donne aux entreprises pour créer des emplois payants au Québec, pour entrer des
revenus additionnels au ministère des
Finances. Plus on entre d'argent au ministère des Finances, dans les revenus,
plus on a d'argent pour améliorer nos programmes sociaux. Je ne
comprends pas que la cheffe du deuxième groupe d'opposition ne comprenne pas
ça.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Ce que le premier
ministre ne comprend pas, c'est que, les aides dont il me parle, il y en a
certaines pour lesquelles les jeunes ne sont même pas accessibles et d'autres
qui ne sont pas suffisantes. C'est lui qui ne comprend pas la réalité des
étudiants.
46 % des étudiants qui reçoivent l'aide
financière puis ce qui a été fait par la CAQ continuent à aller quand même dans
les banques alimentaires. Il a coupé beaucoup d'argent : 32 millions
dans les universités, 151 millions dans les cégeps, 250 millions dans
les bourses Perspective.
Est-ce qu'il peut débloquer un fonds d'urgence?
C'est ce que je lui demande.
La Présidente : La réponse...
Des voix : ...
La Présidente : Le gouvernement
décide qui répond. Le ministre responsable de la Jeunesse.
M. Samuel Poulin
M. Poulin : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Évidemment, je prends acte de la question,
aujourd'hui, qui est présentée par la cheffe du deuxième groupe
d'opposition. Vous dire que nous sommes en contact avec les associations étudiantes, à la fois ma collègue la ministre de
l'Enseignement supérieur et de mon côté. Nous allons, évidemment, établir
une feuille de route avec eux.
Maintenant, il n'en demeure pas moins qu'on a un
plan d'action jeunesse. Nous sommes des partenaires des Auberges du coeur, nous sommes des partenaires des maisons des jeunes,
nous sommes des partenaires, également, avec les organismes communautaires pour les gens qui ont des besoins
spécifiques, notamment au niveau de l'aide alimentaire. Mais nous
prenons acte de cette réalité-là. Nous en sommes conscients. Mais on va
continuer d'être au rendez-vous pour supporter nos organismes, supporter les
jeunes du Québec, évidemment, pour pouvoir les accompagner au rythme de leurs
besoins...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal : Mme
la Présidente, je suis vraiment indignée. Je ne comprends pas que le premier
ministre refuse de parler aux jeunes, de répondre à ma question.
Des voix : ...
La Présidente : Oui. Je pense
qu'ici, M. le leader du gouvernement, je vais vous entendre avec votre rappel
au règlement.
M. Jolin-Barrette : ...c'est
prévu dans notre règlement que le gouvernement peut désigner quiconque pour
répondre aux questions, même les adjoints parlementaires, Mme la Présidente.
Dans notre règlement, c'est prévu. Alors, si
la cheffe du deuxième groupe d'opposition ne veut pas respecter notre
règlement, ça lui appartient, mais c'est prévu, c'est le cadre dans lequel...
La
Présidente : Merci, M. le leader. Et j'aimerais maintenant
entendre le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Le
gouvernement détermine certainement qui répond. Ceci dit, on a pleinement le
droit de critiquer ce choix, c'est la liberté démocratique, de notre
côté, de le faire aussi.
La Présidente : Et vous avez raison
tous les deux. Cela dit, madame...
Des voix : ...
La Présidente : Vous avez raison
tous les deux. Le gouvernement décide qui répond, c'est son privilège, et c'est
un privilège, même, qui nous vient de la solidarité ministérielle. Mme la
députée, vous avez le droit de ne pas être satisfaite. Poursuivez, il vous
reste du temps.
Mme Ghazal : Un étudiant sur
deux a faim, au Québec. Je comprends que le premier ministre soit gêné, je le comprends, je l'aurais été, à sa place. Je lui
demande de se lever puis de parler aux jeunes qui ont faim aujourd'hui, qui souffrent
du coût de la vie.
Est-ce qu'il
accepte ma main tendue, très simple : débloquer rapidement un fonds
d'urgence pour assurer la sécurité alimentaire...
• (10 h 40) •
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la
Présidente, bien, moi aussi, je suis indigné que la cheffe du deuxième groupe
d'opposition soit indignée qu'on fasse répondre le ministre responsable de la Jeunesse.
Qu'a la cheffe du deuxième groupe d'opposition contre la jeunesse, hein?
Mme la Présidente, on a augmenté de façon
historique les fonds, entre autres, pour les petits déjeuners à l'école. On a
augmenté de façon historique l'aide financière aux études pour ceux qui sont au
cégep et à l'université.
Mme la Présidente, est-ce que ce serait une
bonne chose d'en faire plus? On est tous d'accord. Mais ce que n'est pas
capable de nous dire Québec solidaire...
La Présidente : En terminant.
M. Legault : ...c'est où ils
prendraient cet argent additionnel.
La Présidente : En
question principale...
Des voix : ...
La Présidente : On ne
s'interpelle pas, des deux côtés, je vous le rappelle.
En question principale, je reconnais maintenant
la députée de Verdun.
Investissements publics dans la production de matériel
militaire
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Merci, Mme la
Présidente. Pendant l'été, la CAQ a modifié les règles d'Investissement Québec
et de la Caisse de dépôt pour permettre le financement public de la production
d'armes, d'armes létales. Les Québécois n'ont jamais demandé de financer des
multinationales de l'armement. La CAQ choisit d'investir dans une industrie sur
laquelle nous n'avons aucun contrôle, puisque c'est Ottawa qui va décider de
l'usage... de l'usage de ces armes-là. Rien ne garantit que les armes létales
qui seront financées avec l'argent des Québécois ne seront pas utilisées pour attaquer des civils. Rien ne nous garantit
que ces armes ne finiront pas dans les mains des États génocidaires comme
Israël. Nous ne connaissons pas ni les balises ni les critères.
L'argent public ne devrait certainement pas
servir à la production des armes létales. Je demande donc la tenue d'une
commission parlementaire pour tenir un débat public.
Est-ce que la
ministre de l'Économie va appuyer cette demande? Mais surtout où est-ce qu'elle trace la ligne rouge?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci,
Mme la Présidente. Bien, comme vous savez, le monde a changé, et a changé
rapidement depuis un an. Je sais que Québec solidaire préfère ne pas
voir les choses en face de ce côté-là, mais, de notre côté, on ajuste et on
adapte notre façon de développer les politiques et d'encadrer le développement
économique.
Le gouvernement canadien va rehausser dès cette
année à 2 % sa contribution au budget de l'OTAN. C'est majeur. Ça veut
dire 9 milliards de plus de dépenses, du côté du gouvernement canadien,
dans le domaine de la défense et de la sécurité. Or, il se trouve qu'au Québec
on a toute l'expertise requise pour aller chercher notre juste part de ces
investissements additionnels qui seront dépensés par le gouvernement canadien.
On a le domaine aérospatial. Et j'entendais la cheffe de la deuxième opposition
dire qu'on avait besoin d'investir davantage. Mais d'où viennent ces
investissements, quand le gouvernement investit? Bien, ils viennent notamment
d'emplois bien rémunérés, des secteurs d'expertise
dans des créneaux d'avenir. En aérospatiale, on a 43 000 travailleurs,
et on pourra en avoir davantage si on parvient à bien se positionner
dans le domaine de la défense et de la sécurité.
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : Alors, j'y
reviendrai pour la suite.
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Mme la
Présidente, je nous parle d'armes létales, missiles, obus, bombes, des armes qui, oui, sont déjà produites au Québec. Les
entreprises, là, pour la plupart, ce sont des multinationales qui se portent
très bien. Elles signent déjà puis
sont déjà capables de signer des contrats avec le fédéral. Pourquoi, donc, leur
donner l'argent public? Mais surtout où est-ce qu'on trace la ligne
rouge? Nous avons besoin de limites claires.
Est-ce que la ministre souhaite que des armes
létales financées avec notre argent...
La Présidente : La réponse du
ministre des Affaires internationales et de la Francophonie.
M. Christopher Skeete
M. Skeete : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je dois avouer que je suis surpris. Je suis surpris que la
collègue de l'opposition ne réalise pas à quel point le monde a changé et à
quel point on a l'obligation morale de faire notre
part pour protéger nos valeurs. D'autant plus, Mme la Présidente, je suis
profondément surpris d'entendre un parti qui se dit souverainiste ne pas penser
que ce serait intéressant, pouvoir protéger l'intégrité territoriale de notre
juridiction.
Alors, la chose que je dirais à la collègue,
c'est, un, le monde a changé; deux, on a une responsabilité morale d'aider nos
partenaires et nos voisins à se protéger, à faire valoir nos valeurs...
La Présidente : En terminant.
M. Skeete : ...puis
en plus tous les pays du monde sont à l'oeuvre, actuellement, pour essayer de
voir comment ils peuvent davantage...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Alejandra Zaga Mendez
Mme Zaga Mendez : Avec tout ce
qui se passe, les Québécois méritent de savoir comment leur argent va être dépensé. La CAQ a déjà trop, trop joué au casino
avec l'argent des Québécois. 1,1 milliard de pertes en aide aux grandes
entreprises, des prêts qui vont
majoritairement à des entreprises étrangères. Là, la ministre nous promet que
cette fois-ci, c'est la bonne, mais
on n'a aucune garantie. Nos millions risquent cette fois de s'envoler aux
multinationales qui fabriquent, et je réitère... d'armes létales, obus,
missiles et bombes.
Est-ce que la ministre est moralement à l'aise
avec...
La Présidente : La réponse de la
ministre.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Oui, Mme la
Présidente. Alors, j'aimerais rappeler qu'Investissement Québec a sondé les entreprises
pour savoir qui... quelles étaient celles qui sont intéressées à se positionner
en défense et en sécurité. Alors, 70 %
d'entre elles sont des PME. Donc, c'est pour dire qu'il n'y a pas que des
grands joueurs comme semble l'indiquer la collègue.
Par ailleurs, il y a un cadre très clair, des
balises très claires qui sont établies, à savoir que ce qui sera développé dans
le cadre de la défense et de la sécurité devra ne pas concerner des armes non
conventionnelles et devra servir soit pour
le Canada soit pour des pays alliés du Canada, tel que défini par le fédéral.
C'est les balises dans lesquelles on s'engage, celles qu'a adoptées Investissement Québec, et on va s'assurer d'aller
chercher notre juste part de ces sommes considérables...
La Présidente : En terminant.
Mme Fréchette : ...qui vont
être dépensées au cours des prochaines années, et auxquelles tous les pays de
l'Occident sont en train de...
Orientations gouvernementales en matière d'immigration
M. Guillaume Cliche-Rivard
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, mes sources sont très claires, le ministre de l'Immigration, alors
qu'il reste des dizaines de groupes et d'experts à entendre en consultations,
eh bien, il a déjà tranché, les jeux sont faits, ce sera 25 000 résidents permanents. C'est inutile, selon la CAQ,
d'entendre les entreprises, les universités, les syndicats, les
Québécois qui attendent désespérément après la réunification familiale, pas
besoin, bien non, le scénario, ils l'ont déjà choisi, la décision est déjà
prise, la mise en pages du plan est même terminée.
Il y avait
trois scénarios : 25 000, 35 000, 45 000. Le 35 000,
ils l'ont rapidement écarté, c'était le chiffre du PQ. La surenchère
identitaire CAQ-PQ aura fait le reste du travail. Il fallait avoir l'air d'être
les plus sévères. Restait juste le 25 000.
Mme la Présidente, qu'est-ce que le ministre
répond, là, aux centaines de personnes qui participent encore à la
planification pluriannuelle, alors que les jeux sont déjà faits?
La Présidente : La réponse du
ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, Mme la Présidente. C'est dommage de
voir que mon collègue ne croit pas à l'exercice démocratique auquel il
participe pourtant. Écoutez, oui, on a déposé un cahier de consultation avec
des orientations qui sont claires. Oui, notre orientation, c'est de réduire,
réduire, absolument, après une très grande montée notamment de résidents
temporaires imposée par Ottawa, les seuils d'immigration. On a mis au jeu trois
seuils : 25 000, 35 000, 45 000 immigrants
permanents. On a aussi considéré pour la première fois l'immigration temporaire,
moins de 200 000 relèvent du gouvernement du Québec, nos
travailleurs étrangers temporaires, qu'on doit préserver en région, et les
étudiants étrangers, pour lesquels on a adopté une loi, la loi n° 74, il y
a un peu plus d'un an. Mais mon collègue veut faire semblant que les
400 000 résidents temporaires qui relèvent d'Ottawa, les demandeurs
d'asile, les titulaires du permis du
Programme de mobilité internationale, PMI, ils n'existent pas, ces gens-là, il
ne faudrait pas les considérer.
La Présidente : En terminant.
M. Roberge :
Je m'excuse, mais, quand on parle d'immigration, on parle de démographie, on
parle de services aux Québécois...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, ça pourrait difficilement être plus limpide. Le ministre n'a pas du
tout nié l'information à l'effet que le
plan, il est déjà pris, le scénario, il est déjà choisi. Il fait un grand
détour dans sa réponse pour éviter de répondre précisément à la
question. Les jeux sont faits, la décision est prise. Ce n'est pas moi qui ne crois pas au processus démocratique, c'est lui qui
tranche son plan alors qu'il y a des dizaines et des dizaines de groupes
qui vont être entendus.
Qu'est-ce qu'il répond à ces gens-là? A-t-il,
oui ou non, pris son plan?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Mme la
Présidente, la réponse, c'est non, la
décision finale n'est pas prise. On a soumis trois scénarios et nous
consultons pour savoir qu'est-ce qui devrait être la décision finale.
Oui, on a une
orientation très claire pour réduire le nombre d'immigrants, bien sûr. Écoutez,
mon collègue veut faire semblant que
ça n'existe pas, ces chiffres-là, la flambée des résidents non permanents, la
flambée des temporaires, qui sont surtout à Montréal et à Laval, tiens,
peut-être dans des comtés solidaires, que sais-je. Mais, écoutez, Mme la
Présidente, les services du Québec ne sont pas
infinis. La capacité de payer des Québécois n'est pas infinie. Le nombre de
places en services de garde ne sont pas infinies.
La Présidente : En terminant.
M. Roberge : Le nombre de
classes ne sont pas infinies. On manque d'enseignants...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : On voit, Mme
la Présidente, à quel point, là, on s'assure de dévier le débat, dévier le
sujet. C'est très, très clair, c'est clair
que le ministre va déposer son plan dans les prochaines semaines puis c'est
clair qu'on va voir qui disait vrai. Retenez cet échange, Mme la
Présidente. Il nie avoir déjà fixé la cible à 25 000? Retenez bien sa réponse. On a parlé de verbatim, du côté du ministre
de la Santé, tout à l'heure. On va regarder le verbatim. Sa réponse, là, elle
ne résistera pas au passage du temps. Vous allez tous en être témoins.
• (10 h 50) •
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Mme la Présidente,
mon collègue veut faire un débat sur la décision a-t-elle été prise ou pas.
Nous sommes en consultations. Je l'invite à arrêter de faire preuve de cynisme
et à arrêter de faire croire aux gens qui viennent
ici qu'il n'y croit pas. D'ailleurs, il a essayé de mettre des mots dans la bouche
des gens, hier, dans ses questions, très, très souvent, il disait : Est-ce
que vous pensez que les dés sont pipés? Et les gens ont dit non. Les...
Des voix : ...
La Présidente : Un instant, je vous
prie. M. le député, je vous reconnais en tant que leader. Quel est votre rappel
au règlement?
M. Cliche-Rivard : J'ai
laissé passer une fois, deux fois, là, mais la troisième, c'est clairement
prêter des intentions. Je lui demande de faire très attention.
La Présidente : M. le leader du
gouvernement, rapidement.
M. Jolin-Barrette : Mme la
Présidente, vous connaissez notre règlement. Prêter des intentions, ce n'est
pas...
Des voix : ...
La Présidente : Là, attendez. Wo!
Une
voix : ...
La Présidente :
Article 32, monsieur, je suis debout. Et là c'est moi qui l'a.
Alors, on demeure
respectueux. Vous ne vous interpelez pas des deux côtés de la Chambre. C'est
une critique, c'est une façon de voir les choses. Des deux côtés, vous vous
êtes, comment dirais-je... vous aviez une opinion sur le travail de votre
collègue. Maintenant, j'inviterais à poursuivre. C'était bien parti, et
j'aimerais qu'on poursuive. Merci, M. le leader du gouvernement, restez assis.
Poursuivez.
M. Roberge :
Mme la Présidente, suite à ses questions, hier, en disant : Est-ce que
vous pensez que tout est réglé d'avance?,
les intervenants ont dit : Non, je ne serais pas venu ici si je croyais
que tout était réglé. Non, j'ai confiance en l'écoute. Non, je veux être
entendu.
Alors, je suis
désolé, mais il est seul à essayer d'alimenter ce cynisme-là.
La Présidente :
En terminant.
M. Roberge :
Les consultations se font, et se font bien. J'espère qu'il va y participer...
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Jean-Talon.
Projets de transformation
numérique de l'État
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Donc, on a appris, dans
les derniers jours, que le projet de Système d'information des finances, de l'approvisionnement
et des ressources humaines a été suspendu de façon indéfinie. On a aussi appris
que le Dossier santé numérique a été reporté par Santé Québec.
Et là, hier, en
quelque sorte, le premier ministre nous a ressorti l'argument de la moyenne au
bâton. Il y a plein de contrats informatiques, puis en général ça va bien, il y
en a quelques-uns qui vont moins bien. La moyenne au bâton, c'est une statistique qui cache l'ampleur du
problème, et, l'ampleur du problème, on l'a ici avec une demande d'accès à
l'information qu'on a obtenue, qui démontre
qu'actuellement, sur l'ensemble des contrats en ressources informationnelles, il y en a 77 qui sont en dépassements de coûts
depuis décembre 2020, pour un total de 518 millions de dollars, plus d'un
demi-milliard.
Est-ce
qu'il y a quelqu'un au gouvernement qui est prêt à se lever
et répéter encore une fois que ça va bien et que la moyenne au bâton est
bonne?
La
Présidente : La réponse du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Bien, écoutez, Mme la Présidente,
je pense que de faire un raccourci entre la moyenne au bâton puis les dossiers
informatiques, que fait le député en ce moment, c'est tout un raccourci, tout
un raccourci, Mme la Présidente.
On a très bien
expliqué, très bien expliqué... Puis je veux faire attention comment je vais le
dire, Mme la Présidente, mais on cite ici,
dans cette question, le DSN. Le DSN, j'ai expliqué clairement hier qu'il a été
mis sur pause, retardé en raison des moyens de pression des médecins. Ça
n'a rien à voir avec une mauvaise gestion. Au contraire, Mme la Présidente, le
conseil d'administration de Santé Québec a été très transparent. On a les
budgets, mais en ce moment on n'est pas
capables de livrer dans les bons délais, si on n'a pas la formation nécessaire
pour nos employés, ce qui a été un des problèmes de SAAQclic. Alors, que
j'entends aujourd'hui qu'il n'y a pas une bonne gestion des projets
informatiques... Le DSN, c'est un des projets les plus importants pour la
transformation numérique de la Santé, et je n'accepterai pas que Santé Québec
soit mis à mal dans ça...
La Présidente :
En terminant.
M. Dubé :
...alors que le conseil a été très transparent et très rigoureux. Merci.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis :
Raccourci? Le ministre nous parle de bonne gestion des contrats
informatiques comme hier. 77 contrats
avec 518 millions de dépassements, ça, c'est de la bonne gestion des
contrats informatiques, c'est ça qu'on est en train de dire aux
Québécois?
Est-ce
qu'on nie ces chiffres-là? J'en ai cinq pages, de contrats, incluant les
contrats de Santé Québec. 518 millions, plus d'un demi-milliard en
dépassements.
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : ...Mme la Présidente.
Si on arrive puis on veut faire l'addition que semble vouloir faire le
député... Je vais prendre le deuxième projet. J'ai expliqué, encore une fois,
hier, je l'explique aujourd'hui, qu'est-ce qu'il en est avec SIFA. Lors du
transfert des dossiers qui a été fait par le ministère, de nombreux dossiers,
il y en a plusieurs qui ont été transférés à Santé Québec, une des raisons pour
lesquelles on les a transférés, parce qu'on a mis en place une équipe
d'expertise très, très bonne, très qualifiée, ces gens-là nous disent :
Dans le cas de SIFA, on n'est pas à l'aise avec la présentation qu'on a en ce
moment. Et, avant de demander des fonds supplémentaires, comme ça a été fait
par les précédents gouvernements, nous, on va être transparents, on va dire au
Conseil des ministres : Laissez-nous faire l'analyse, puis on va...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Pascal Paradis
M. Paradis : Cinq pages de
contrats informatiques qui vont mal, plus d'un demi-milliard en dépassements de
coûts, et le problème, c'est qu'on ne sait même pas qui s'en occupe, parce que
le gouvernement a créé un ministère, et le... Le ministre, lui-même, il y a
quelques jours, dit : J'aimerais avoir les pouvoirs d'agir, mais je ne
l'ai pas parce qu'il y a des chicanes au
Conseil des ministres, parce que les ministres veulent s'en occuper eux-mêmes.
C'est intéressant que ce soit le ministre de la Santé qui réponde à mes
questions et non pas le ministre ou quelqu'un qui est responsable du
cybernumérique.
Alors, y a-t-il un pilote dans l'avion? Parce
que c'est ça aussi, les problèmes...
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bon. Alors, je veux
juste être clair, là, pour que les gens comprennent bien les insinuations
qu'essaie de faire le député ici, là. Soyons très clairs. La responsabilité des
dossiers informatiques relève du ministre de la Santé, relève du ministère des
Transports, relève des différents ministres. Le rôle du MCN est très clair, et
moi, je l'accepte 100 %, c'est d'être
capable d'être le conseiller, avec ses experts, pour nous aider à suivre ces
projets-là. C'est exactement ça, la
philosophie. Le ministre du ministère en question est responsable de
l'exécution, souvent il peut le déléguer à un organisme comme Santé
Québec...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...mais, comprenons
bien, le MCN a son rôle et les...
La Présidente : En question principale,
je reconnais maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine.
Dépassements de coûts dans le projet de Dossier santé
numérique
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci, Mme la
Présidente. C'est intéressant d'entendre le ministre de la Santé avouer qu'il
ne veut absolument pas que le ministre de la Cybersécurité et du Numérique ait
du pouvoir sur les projets informatiques, il ne veut pas qu'il se mêle de ses
affaires. Pourtant, c'est lui qui voulait séparer les orientations puis les
opérations en matière de santé. Ça ne vaut pas, visiblement, pour
l'informatique. Avec pour résultat que ce n'est pas le ministre qui a suspendu
le projet SIFA, c'est sa créature, Santé Québec, sans même qu'il ne le sache,
parce que le matin il nous disait : Tout va bien dans le meilleur des
mondes, Madame la Marquise, dans ces deux projets-là.
On sait que
le ministère de la Cybersécurité et du Numérique demandait la suspension de
SIFA depuis des mois. Ça n'a pas empêché le ministre d'aller chercher
94 millions de dollars de plus à engloutir dans ce projet-là avant
qu'il soit suspendu et, vraisemblablement, aboli, avec 150 millions de
dollars à donner à LGS.
Pour le Dossier santé numérique, on est rendus à combien dans l'évaluation des
coûts de ce projet-là? 3 milliards?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Ouf! Ouf! Il y a
tellement de questions et de sous-questions, dans cette question-là, je ne sais
pas par où commencer. Mais je vais dire une chose, Mme la Présidente... Mme la
Présidente, je vais dire une chose, j'ai répondu très clairement à cette
question-là hier, quand j'ai dit : Faites-moi pas dire des choses que je
n'ai pas dites la semaine dernière. J'ai été
très clair. On avait donné un échéancier à la fédération des médecins qu'en
date du 29 septembre on devait
avoir une décision, s'ils retiraient ou non leurs moyens de pression, qu'à
partir de cette date-là, si les moyens de pression,
de ne plus participer au DSN... Santé Québec n'aurait pas le choix de retarder
le projet en raison des risques que ça causait. C'est ça qui a été discuté la
semaine dernière, c'est ça que je répète aujourd'hui en Chambre. J'ai été très
transparent qu'il y aurait des actions à prendre. Santé Québec les a prises, et
je les félicite pour leur transparence et dans la rigueur des dossiers qu'ils
font en ce moment. C'est ça, ma réponse, Mme la Présidente.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau :
Des félicitations pour la transparence, moi, je n'en ai pas à offrir au
ministre ce matin, Mme la Présidente.
Je lui demande une
question toute simple. J'ai fait un préambule, oui. La question est
simple : Le Dossier santé numérique, combien d'argent les Québécoises et
les Québécois auront-ils à casquer pour ce programme-là au cours des cinq, des 10 ou des 15 prochaines années?
À combien est rendue la projection de dépenses et d'investissements dans
ce projet-là?
• (11 heures) •
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé :
Et ça, c'est une très, très bonne question. Puis d'ailleurs, sur les
réseaux sociaux, cette semaine, Mario Dumont a publié une entrevue excellente
avec Mme Biron, il lui a posé exactement cette question-là, Mario Dumont
lui a dit : Qu'est-ce que vous allez faire avec DSN, une fois que vous
avez réglé le problème avec les médecins? Elle a dit : C'est très clair,
on a deux projets vitrines, ces deux projets-là, projets vitrines, quand ils
vont être réglés, on prendra une décision, de voir. Contrairement à SAAQclic,
de faire un bing-bang, on fait une approche par projets vitrines. C'est exactement
ce que Mme Biron a répondu. Et j'invite le député à écouter cette
entrevue-là...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé :
...que Mme Biron a donnée à Mario Dumont cette semaine.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
M. Joël
Arseneau
M. Arseneau :
Mme la Présidente, je ne sais pas si vous avez entendu un chiffre, un
montant. Nous, on n'a rien entendu. On va aller écouter l'entrevue de
Mme Biron. Pourtant, ce sont les dépenses qui sont autorisées par le
ministère qui vont permettre, j'imagine, de réaliser peut-être un jour le Dossier
santé numérique sur la base d'une évaluation qui était faite le 21 mai
dernier, dans un document que j'ai en ma possession, de
3 milliards de dollars.
Combien...
La
Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé :
C'est intéressant que la question change au fur et à mesure qu'on donne les
réponses, parce que, Mme la Présidente, Mme
la Présidente, dans l'entrevue que Mme Biron a donnée à Mario Dumont, elle
a été très claire. Il est tout à fait normal qu'après un projet vitrine,
c'est-à-dire un projet où on s'assure que ce qu'on met en place n'est pas
théorique, que ça fonctionne bien, surtout un projet où on veut donner un outil
aux Québécois, d'avoir l'information au bout de leurs doigts... il est tout à
fait normal d'attendre la fin du projet vitrine pour être capable d'évaluer le
coût pour une implantation complète. C'est exactement ce qu'il faut faire, avec
les meilleures pratiques, en informatique...
La
Présidente : En terminant.
M. Dubé :
...et c'est ce que fait Santé Québec, et je suis très
content de les avoir responsables de ce dossier-là. Merci beaucoup.
La
Présidente : En question principale, je reconnais maintenant le député
de Nelligan.
Appel
d'offres dans le cadre du projet Hilo d'Hydro-Québec
M. Monsef
Derraji
M. Derraji : Mme la Présidente,
aujourd'hui, sur Le Journal de Montréal, Nicolas Lachance nous informe
qu'Hydro-Québec impose un monopole payant qui dérange. Mme la Présidente,
mars... février dernier, nous avons posé une question
dans le cahier des crédits à la ministre de l'Énergie pour qu'elle nous parle
de ce contrat et qu'elle nous parle des
informations concernant ce projet Hilo. À la grande surprise, aujourd'hui, Mme
la Présidente, on découvre qu'il n'y
a pas eu d'appel d'offres et que c'est un contrat donné à une seule entreprise.
On parle d'un projet plus ou moins de 5 milliards sur 10 ans.
La question que j'ai le goût de poser
aujourd'hui à Mme la ministre, ça vient de la présidente de la Corporation des
maîtres électriciens du Québec.
Une société d'État qui se crée un monopole avec
l'argent public, est-ce que la ministre cautionne aujourd'hui cette pratique,
d'une société d'État où on donne le monopole à une seule entreprise?
La Présidente : La réponse de la
ministre de l'Économie, de l'Innovation et de l'Énergie.
Mme Christine Fréchette
Mme Fréchette : Merci, Mme la
Présidente. Alors, il n'y a aucun monopole en ce qui a trait à ce programme en
lien avec les thermostats. Il faut voir que les règles ont changé récemment et
que ça peut maintenant devenir très intéressant
pour une plus grande partie de la population des abonnés d'Hydro-Québec de se doter de thermostats parce que l'installation se fait
gratuitement, et, par conséquent, il y a beaucoup plus de demandes.
Alors, auparavant, la demande était très faible.
On y est allé d'un contrat de gré à gré parce que le volume n'était pas
important. Maintenant que le volume est important parce que les règles ont
changé, eh bien, il y aura un appel d'offres qui va être fait par Hydro-Québec.
Il y a déjà des premières mesures, démarches qui ont été entamées, il y a des analyses qui sont en cours. Et
maintenant il y aura un appel d'offres en bonne et due forme d'ici la fin de
l'année pour faire en sorte que toute entreprise qui souhaite y
participer pourra le faire.
La Présidente : Voilà. Cela met fin
à la période de questions et de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la rubrique Motions sans préavis,
et, pour ce faire, je cède la parole au troisième vice-président. Merci
beaucoup pour votre attention.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour,
collègues. En fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des
motions sans préavis, je reconnais un membre du troisième groupe d'opposition.
Mme la députée de Terrebonne.
Mme Gentilcore : Merci,
M. le Président. Je sollicite le consentement des membres de cette Assemblée
afin de présenter, conjointement avec le député de Jean-Lesage et la
députée de Rimouski, la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale reconnaisse
l'importance de rendre hommage aux Québécoises et Québécois qui ont laissé un
legs incontestable à la nation québécoise notamment dans les domaines culturel,
sportif, intellectuel, politique ou diplomatique, au moment de leur décès;
«Qu'elle reconnaisse qu'à des fins de
transparence et d'équité, les éléments pris en compte pour déterminer quelles personnalités auront droit à des
funérailles d'État, des funérailles nationales ou un hommage national doivent
être connus et clairement énoncés;
«Que l'Assemblée nationale demande au
gouvernement de mettre en place un processus neutre et objectif afin d'établir
les critères qui encadreront la sélection des personnes qui seront honorées par
l'État au moment de leur décès;
«Qu'elle
réitère l'importance que ce processus respecte le deuil des familles et des
proches des personnes décédées.»
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Et la
prochaine motion revient à un membre du groupe formant le gouvernement, et je
reconnais M. le député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, M. le Président. Donc, je sollicite le consentement de cette
Assemblée afin de présenter la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale reconnaisse qu'un projet de constitution du Québec
"a le potentiel de donner au Québec des règles du jeu collectives
fort utiles";
«Qu'elle reconnaisse qu'il "permettrait de
discuter de certaines de nos valeurs communes telles que celle de la
démocratie, et de se distinguer en innovant sur le plan de nos institutions et
de nos pratiques";
«Qu'elle
reconnaisse également "qu'une Constitution du Québec serait un point de
départ intéressant susceptible de
mener à une dépolarisation de notre société, en mettant en valeur les croyances
et les objectifs que nous partageons tous";
«Que l'Assemblée nationale exprime son accord
avec la réflexion à l'effet qu'un projet de constitution québécoise ne doit pas
être un exercice de promotion de la souveraineté du Québec, telle qu'exprimée
dans l'ouvrage Des jeunes et l'avenir du Québec : Les rêveries d'un
promeneur solitaire.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Y a-t-il consentement pour débattre de cette motion? M. le député des Îles-de-la-Madeleine.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il
n'y a pas de consentement. Merci.
Pour la
prochaine motion, qui revient à l'opposition officielle, je reconnais M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec la députée de Verdun et le député
d'Abitibi-Est :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que la
lecture entière et assidue par les décideurs des documents gouvernementaux tels
que les avis, notes, analyses et contrats constitue un rempart élémentaire
contre le gaspillage [des] fonds publics.»
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion? Il n'y a pas de
consentement.
La prochaine motion revient au deuxième groupe
d'opposition, et je reconnais Mme la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Demander au
gouvernement d'évaluer la pertinence de mettre
sur pied un fonds d'urgence pour contrer l'insécurité
alimentaire chez les étudiants
Mme Ghazal : Merci, M. le
Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la
motion suivante conjointement avec la députée de Westmount—Saint-Louis
et la députée de Terrebonne :
«Que
l'Assemblée nationale du Québec prenne acte de la montée alarmante de
l'insécurité alimentaire chez les étudiantes et étudiants des cégeps et des
universités du Québec, dont près de la moitié peinent à se nourrir
convenablement;
«Qu'elle souligne que l'insécurité alimentaire
compromet la réussite scolaire, la santé mentale et la dignité des étudiantes
et étudiants;
«Qu'enfin elle demande au gouvernement du Québec
d'évaluer la pertinence de mettre sur pied un fonds d'urgence afin de garantir
que personne ne soit contraint de sauter des repas pour poursuivre ses
études.» Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Y
a-t-il consentement pour débattre de cette motion?
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Consentement, sans débat. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
Une voix : ...
Mise aux voix
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Un vote électronique a été demandé. La période de vote est ouverte.
La période de vote est terminée. M. le
secrétaire général.
Le
Secrétaire : Pour : 100
Contre :
0
Abstentions :
1
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Cette motion est donc
adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard : Merci, M. le
Président. Je demanderais à ce qu'une copie de cette motion soit envoyée, s'il
vous plaît, à l'Union étudiante du Québec et à la fédération étudiante du
Québec, s'il vous plaît.
• (11 h 10) •
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Ce
sera fait. Je reconnais Mme la députée de Rimouski.
Mme Blanchette Vézina : M. le
Président, je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la
motion suivante conjointement avec le député d'Abitibi-Est :
«Que l'Assemblée nationale du Québec réaffirme
l'importance d'une fonction publique bien ancrée dans toutes les régions du
Québec;
«Qu'elle
constate que les compressions récentes dans la fonction publique touchent
durement plusieurs régions, notamment l'Est-du-Québec et l'Abitibi-Témiscamingue,
fragilisant la prestation de services aux citoyens et entraînant une érosion de
l'expertise locale;
«Qu'elle souligne que ces décisions vont à
l'encontre des engagements gouvernementaux en matière de décentralisation et de
présence accrue de l'État sur le territoire;
«Qu'elle réaffirme que la présence de l'État
dans les régions est essentielle à leur vitalité économique et sociale, et
qu'elle constitue un gage de politiques publiques adaptées qui évitent les
approches mur à mur;
«Et
qu'enfin, elle demande au gouvernement de suspendre toute nouvelle suppression
de poste dans la fonction publique dans les régions du Québec et de présenter,
dans les plus brefs délais, un plan de maintien et de renforcement des services
publics en région, incluant des mesures concrètes de décentralisation de
l'action gouvernementale.»
Merci, M. le
Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Monsieur... Attendez. M. le leader du deuxième
groupe d'opposition, oui.
M. Cliche-Rivard : Oui. Juste une note rapide, M. le Président. La
députée de Verdun était conjointe à cette motion.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Parfait. Y
a-t-il, donc, consentement pour
débattre de cette motion? Il n'y a pas de consentement.
Avis
touchant les travaux des commissions
Alors,
nous passons à la rubrique des avis des travaux touchant les commissions. M. le
leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) :
Oui, merci, M. le Président.
Et
donc j'avise cette Assemblée que la Commission
des relations avec les citoyens va
poursuivre les consultations générales et les auditions publiques sur le cahier
de consultation intitulé La planification de l'immigration au
Québec pour la période 2026‑2029, aujourd'hui, après les avis
touchant les travaux des commissions jusqu'à 12 h 50 et de
15 heures à 18 h 15, à la salle Louis-Joseph-Papineau;
La Commission de
l'économie et du travail va poursuivre l'étude détaillée du projet loi n° 101,
la Loi visant l'amélioration de certaines
lois du travail, aujourd'hui, après
les affaires courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à
18 h 30, à la salle Louis-Hippolyte-La Fontaine...
Des voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Collègues, les
règles n'ont pas changé. S'il vous plaît, je demanderais à celles et ceux qui
doivent quitter l'enceinte du salon rouge de le faire pour nous avec discrétion,
les travaux sont en cours. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Merci, M. le Président.
Et donc la Commission
des finances publiques va poursuivre les consultations particulières et les
auditions publiques du projet de loi n° 112, la Loi favorisant le commerce
des produits et la mobilité de la main-d'oeuvre en provenance des autres
provinces et des territoires du Canada, aujourd'hui, après les avis touchant
les travaux des commissions jusqu'à midi et de 15 heures à
16 h 35, à la salle Marie-Claire-Kirkland.
La Commission de la
culture et de l'éducation va poursuivre l'étude détaillée du projet de loi
n° 94, la Loi visant notamment à renforcer la laïcité dans le réseau de
l'éducation et modifiant diverses dispositions législatives, aujourd'hui, de
15 heures à 18 h 30, à la salle Pauline-Marois.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Pour ma part, je vous
avise que la Commission de la culture et de l'éducation se réunira en séance de
travail le jeudi 9 octobre 2025, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine, de 8 heures à 8 h 30, afin de
statuer sur la possibilité que la commission se saisisse des pétitions portant
sur l'opposition à la vente de l'édifice patrimonial et à la relocalisation définitive de l'école publique FACE à Montréal et,
de 8 h 30 à 9 heures, afin de statuer sur la possibilité que la
commission se saisisse de la pétition portant sur la construction d'une
école primaire dans le secteur du Triangle à Montréal.
De
plus, je vous avise que la Commission
des finances publiques se réunira en
séance de travail le jeudi 9 octobre 2025, de 8 heures à
8 h 30, à la salle Louis-Hippolyte... Louis-Joseph-Papineau, afin
d'organiser les travaux de la commission et de statuer sur la possibilité que
la commission se saisisse des pétitions concernant la mise en place d'un
moratoire sur les fermetures de succursales de la SAQ jusqu'à l'adoption d'une
politique de responsabilité territoriale.
Enfin, je vous avise
que la Commission des institutions se réunira en séance de travail le
jeudi 9 octobre 2025, de 8 h 30 à 9 heures, à la salle
RC‑189, afin d'organiser les travaux de la commission et de statuer sur la
possibilité que la commission se saisisse de la pétition concernant l'adoption
d'une charte des droits des enfants.
Affaires
du jour
Affaires
prioritaires
Reprise
du débat sur la motion du premier ministre proposant que
l'Assemblée approuve la politique générale du gouvernement
et sur les motions formulant un grief
La période des
affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer aux affaires
du jour.
Aux affaires prioritaires, à l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée reprend le débat ajourné le 7 octobre 2025 sur le discours d'ouverture et sur la motion de M. le
premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la politique générale
du gouvernement afin que... les motions de grief
présentées par Mme la cheffe de l'opposition officielle, Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Mille-Îles, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
M. le député de Nelligan, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, Mme la députée de Chomedey, M. le député de Taschereau,
Mme la députée de D'Arcy-McGee, M. le
député de Marquette,
Mme la députée de Terrebonne et M. le député de Pontiac.
Avant de donner la
parole au prochain intervenant, je vous informe que
13 h 37 min 38 s ont été utilisées dans le cadre de ce
débat. La répartition du temps de parole restant est la suivante :
5 h 27 min 15 s au groupe parlementaire formant le
gouvernement, 2 h 12 min 52 s au groupe parlementaire
formant l'opposition officielle, 1 h 56 min 44 s au deuxième groupe d'opposition,
45 min 31 s au troisième groupe d'opposition et 60 minutes
au représentant du gouvernement pour sa réplique.
Je
suis maintenant prêt à céder la parole à un prochain intervenant. Je reconnais
Mme la députée de Châteauguay.
Mme Marie-Belle
Gendron (suite)
Mme Gendron : Merci beaucoup, M. le
Président. Donc, je vais poursuivre mon allocution que j'avais débutée
hier. Donc, je reprends là où j'ai laissé.
Donc,
oui, nous devons ajouter de l'efficacité, revoir les procédures et réduire la paperasse,
c'est certain. Que ce soit en construction, en environnement ou au niveau des
services, on doit faire mieux, et, comme le premier ministre a été clair, on doit faire un traitement choc pour
simplifier, optimiser, responsabiliser afin de mieux servir les Québécois et
les Québécoises. Je veux que ce traitement choc se traduise aussi chez nous,
dans la circonscription de Châteauguay, par des parcours plus faciles,
des délais réduits et des allégements de démarches trop souvent longues, tout
ça pour favoriser la vitalité de nos comtés,
pour être plus agiles et pour encourager l'innovation, pour être plus efficaces
et pour que les projets se fassent. Comme je le répète souvent, je
souhaite plus de confiance et plus de marge de manoeuvre.
Nous avons, dans la
circonscription de Châteauguay, des élus municipaux compétents, et j'aimerais
prendre deux petites minutes pour souligner, en fait, M. Payant, qui a été
élu par acclamation dans la ville de Saint-Isidore, et également une partie de
ses conseillers municipaux. Ensuite, j'aimerais féliciter Mme Lise
Michaud, également élue par acclamation, ainsi que l'entièreté de ses
conseillers. Et, finalement, j'aimerais féliciter M. Éric Allard, maire de
Châteauguay, pour avoir été élu encore une fois par acclamation, ainsi que
l'entièreté de ses conseillers. Donc, c'est un réel plaisir pour moi de pouvoir
continuer à travailler en collaboration avec vous tous.
Donc,
comme je le disais, les élus sont compétents, les organismes également, des
entrepreneurs, des gestionnaires qui ont à coeur les concitoyens et qui sont
des acteurs essentiels, qui connaissent la réalité du terrain mieux que
quiconque. Donnons-leur la marge de
manoeuvre, décentralisons davantage les décisions à faible risque et diminuons
leur surplus de paperasse. Leur temps doit être mieux utilisé et doit
être orienté vers la mission de chacun.
Notre
langue, notre culture, notre histoire, ce sont nos fondations et ce sont notre
horizon également. À Châteauguay, nous avons la chance de vivre dans une
communauté diversifiée, inclusive et attachée à nos valeurs québécoises. Nos
bibliothèques regorgent d'auteurs d'ici comme Marilou Addison et Chuck
Halliday, qui résident dans mon comté, mais également nous avons d'incroyables
acteurs, dont la talentueuse Catherine Bérubé, et également des travailleurs de l'industrie cinématographique, dont le
réalisateur et producteur Gabriel Allard, qui sont également issus de mon comté,
sans oublier les musiciens, les danseurs,
les troupes de théâtre et autres. Tous ces artistes racontent, à leur façon,
notre coin de pays avec énormément de talent.
Nous devrons faire
davantage pour exposer et intéresser nos jeunes et les nouveaux arrivants à la
culture québécoise, à la lecture, aux sorties culturelles, à la découverte de nos
grandes chansons, de nos films et aussi de nos références communes qui ont
marqué et continuent d'émouvoir notre Québec. Nos réflexions et nos actions
visent à rassembler autour de valeurs partagées et d'un avenir commun pour
tous.
En conclusion, M. le
Président, ce que je retiens du discours de notre premier ministre, ce n'est
pas seulement le constat de la détermination qui nous anime, mais c'est aussi
la volonté de l'atteinte des objectifs. Nous avons une chance unique de bâtir
un Québec plus fort, un Québec plus sécuritaire, plus efficace, et ça commence
aussi par l'apport de chacun de nous. Nous sommes prêts, prêts à accueillir les
investissements pour des projets porteurs. Nous sommes prêts à repenser nos
façons de voir pour simplifier la vie des familles, des entrepreneurs et des
municipalités. Nous sommes prêts à défendre nos valeurs, notre culture et notre
langue, prêts à bâtir un avenir durable, et équilibré, et sécuritaire. Pour
réussir, bien, restons unis, unis derrière cette vision claire, unis dans la
fierté d'être Québécois. Merci, M. le Président.
• (11 h 20) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Châteauguay. Et, toujours
dans la rubrique des affaires prioritaires, je reconnais M. le député de
l'Acadie.
M. André
Albert Morin
M. Morin :
Merci, M. le Président. Je suis... en fait, je trouvais ça important de
prendre la parole aujourd'hui devant cette Assemblée parce que, dans le
discours d'ouverture du premier ministre, ce dernier nous a parlé de la loi et de l'ordre. D'ailleurs, c'est un thème qui est
cher au gouvernement de la CAQ puisqu'ils ont même eu un congrès avec ce
thème-là, et on en a parlé beaucoup. C'est important, la loi et l'ordre. Ce
n'est pas moi qui va vous dire que ce n'est pas
essentiel dans notre société. Est-ce qu'il y a un sentiment parfois
d'insécurité dans la population? Et je ne veux pas être alarmiste ce
matin, mais, oui, ça existe. Donc, c'est un thème qui est important.
Cependant, comment
voulez-vous faire régner la loi et l'ordre sans les procureurs de l'État, ceux
qu'on appelait précédemment les procureurs de la couronne, à l'époque, des
substituts du Procureur général?
Donc, je suis, donc, sorti pour dénoncer cette
situation-là, suite à plusieurs articles qui ont été publiés, puis pour
rappeler au gouvernement que la loi et l'ordre, ça fonctionne si le système
judiciaire fonctionne, s'il est capable de remplir son mandat. Il y a les
procureurs, mais il y a aussi tous les intervenants dans le système. Et
présentement, M. le Président, avec regret,
pour les procureurs de l'État, pour les poursuivants en matière criminelle, ça
ne fonctionne pas. Ça ne fonctionne pas. C'est le président de leur
syndicat, M. Michaud, Me Michaud, qui en parle.
Et, vous savez, c'est important d'attirer
l'attention de la population sur l'État, le sort, le travail des procureurs de
l'État. Pourquoi? Bien, parce que les policiers auront beau faire toutes les
enquêtes, les policiers auront beau arrêter toutes les personnes à la fin de
leur enquête, lorsqu'ils ont des motifs raisonnables et probables de croire que
quelqu'un a commis une infraction, un crime, mais, s'il n'y a personne après
dans le système judiciaire, s'il n'y a pas de procureur par la suite pour autoriser
le dossier puis intenter la poursuite, organiser la preuve, la présenter devant
le tribunal, bien, ça ne va servir absolument à rien. C'est en vain. J'écoutais
le nouveau ministre de la Sécurité publique, qui pense à différentes escouades,
différentes options, qui veut lutter contre le crime, j'en suis. C'est
effectivement important. Mais, si, dans
l'équation, le gouvernement ne porte pas attention au nombre de procureurs qui
vont être capables de faire le travail, ça ne va servir à rien.
Puis, ça, M. le Président, je peux vous en
parler parce que, pendant plus de 30 ans, dans ma carrière d'avocat, j'ai
été procureur de l'État au gouvernement du Québec d'abord. À l'époque, c'était
avant le DPCP, on nous appelait les
substituts du Procureur général puis, par la suite, au fédéral, comme
poursuivants de l'État. Le procureur de la couronne, c'est un travail
qui est difficile, je peux vous en parler. Les procureurs de l'État ne sont pas
les procureurs de la police. Ils sont là
pour évaluer la preuve, pour déterminer si une poursuite doit être intentée,
puis, après ça, bien, ils ont à travailler avec la police pour présenter
cette preuve-là au tribunal. C'est un volet fondamental de leur travail.
Mais, quand on parle des crimes au Code criminel,
ce qui est le mandat, entre autres, de poursuites des procureurs de l'État au
Québec, bien, il y a aussi des victimes, et, ces victimes, il faut prendre le
temps de s'en occuper, il faut prendre le temps de les rencontrer. Et là ce
qu'on nous dit, c'est que les procureurs de l'État sont débordés et qu'ils n'y
arrivent plus. On nous rappelle dans les différents articles qu'il en
manquerait plusieurs, des dizaines, que des procureurs partent, que ce soit en
congé ou autre, et qu'ils ne sont pas remplacés, augmentant la charge des
autres procureurs qui restent et qui peinent à faire leur travail. Et ça, c'est
important de le dire. Les procureurs ont une charge énorme, et évidemment les policiers vont continuer à faire leur
travail, vont leur soumettre des dossiers, parce qu'au Québec c'est le
procureur qui va d'abord déterminer si le policier pourra présenter une
dénonciation à un juge de paix. Mais, moi,
ce qu'on me dit, c'est que, sur leurs bureaux, bien, les piles de dossiers
augmentent, qui doivent être autorisés. Ils sont obligés de faire du
triage, d'aller dans des dossiers les plus importants, pour des crimes les plus
sévères, parce qu'ils n'y arrivent plus.
Et, d'ailleurs, dans les différents articles de
journaux qui ont été publiés... Et je fais référence... je cite un article de
MM. Bergeron et Joncas, de La Presse, qui s'intitulait Un risque
réel de voir des crimes rester impunis. Bien, ce qu'on nous raconte, dans cet article-là, c'est que le ministère, le
ministère de la Justice, le DPCP, ils ont besoin de ressources additionnelles. À Justice, c'est pour assurer le
bon déroulement de l'appareil judiciaire. Donc, le sous-ministre demande
de l'aide additionnelle parce que, selon lui, et je cite l'article, «le manque
d'effectifs a déjà forcé l'annulation d'audiences, et il y a, donc, un risque
réel de voir des crimes rester impunis, non par faute de preuves, mais par
faute de ressources».
Alors, imaginez-vous, M. le Président, vous êtes
une victime, vous avez été agressé, vous êtes victime d'une agression sexuelle,
des crimes excessivement importants, puis là le procureur est obligé de vous
expliquer que c'est excessivement compliqué, qu'il manque de ressources, qu'il
n'a pas de temps, qu'il est obligé de courir. Et certains crimes, certains
dossiers ne seront pas autorisés, des dossiers excessivement complexes. Quand
on parle de faire la lutte au crime
organisé, ce sont des enquêtes qui peuvent durer des mois, voire des années,
avec une accumulation immense d'éléments de preuve. Et, ça aussi, je
peux vous en parler, M. le Président, parce que j'ai fait ça pendant des années
dans ma carrière. Ce n'est pas simple.
Ce qu'on nous dit, c'est qu'il y a 41 % des
employés qui ont moins de deux ans d'expérience à la Justice. Puis au DPCP il y
a énormément de jeunes procureurs, des gens qui sont vaillants, qui vont se
défoncer pour leur travail, mais, à un
moment donné, l'expérience risque de manquer. Donc, il faut être capable de
palier, mais ils n'ont pas de monde, ils n'ont pas de ressource.
D'ailleurs, d'ailleurs, quand on regarde le rapport annuel de gestion du Directeur
des poursuites criminelles et pénales, M. le Président, qui vient d'être déposé,
ça a été déposé la semaine dernière, on voit bien qu'au niveau des départs,
départs à la retraite, par exemple, il n'y en a pas beaucoup, mais, quand on
regarde les démissions, bien là, ils ont un taux plus élevé que le reste de la
fonction publique québécoise. Pourquoi? Bien, parce qu'évidemment ils n'y
arrivent pas, et le nombre de dossiers augmente, donc chaque procureur a de
plus en plus de dossiers à gérer, et c'est effectivement inquiétant.
Le président
du Syndicat de la fonction publique
du Québec, M. Daigle,
disait : «Ça met énormément de pression sur nos membres, alors que
les causes abandonnées pour des délais déraisonnables se multiplient.»
«"On va
échapper des dossiers", estime M. Bouvrette, Syndicat des
professionnelles et professionnels du gouvernement
du Québec. "Ça crée une surcharge de travail."» Puis les gens sont
tellement au bout que, là, évidemment, quand
on pose des questions, quand on visite, quand on se promène sur le terrain,
bien là, il y a des gens qui nous parlent, puis ils n'en peuvent plus,
ils n'en peuvent plus, ils ne sont plus capables.
• (11 h 30) •
On nous dit
qu'il y a des dates d'audiences qui sont reportées parce que, parfois, il
manque de procureurs, puis là, bien, le procureur qui veut remplacer n'a
pas eu le temps de tout préparer. Excessivement difficile. On nous dit qu'il y a des délinquants qui vont écoper de sentences moins
importantes parce qu'à un moment donné les gens n'ont pas de temps. Puis, moi, ce qu'on me raconte, c'est
que, là, le procureur est confronté : ou bien il n'autorise pas, ou il ne
poursuit pas, ou il ne procède pas, on risque d'arriver avec un
acquittement, ou bien, s'il y a une négociation de plaidoyer, puis c'est dans
la fourchette, bien, le juge va l'accepter, et donc on va y aller pour ça. Au
moins, il y aura une condamnation. Dans un cas comme ça, la victime n'aura pas
tout perdu.
Bien, ça, ce n'est pas normal, M. le Président.
Ce n'est pas normal que notre système soit rendu là. J'écoutais, il y a quelque
temps, le ministre de la Justice qui s'insurgeait contre les peines Netflix.
C'est ce qu'il disait. Bien, moi, je peux vous dire que, si ça continue comme ça,
c'est un abonnement à vie à Netflix qu'il va avoir parce que ça ne va pas
changer. Ça ne va pas changer.
Et d'ailleurs on nous rappelle, n'est-ce pas,
notamment par la voix du président de l'Association des procureurs, que, selon
une enquête, en 2023, il y a 73 % des procureurs qui vivaient dans la
détresse psychologique. Ça, c'est dans l'article de La Presse,
73 %, on parle de détresse psychologique, 36 % ont des symptômes
dépressifs et, écoutez cela, M. le Président, 19 % ont des idées
suicidaires. Ce n'est pas moi qui l'invente, 19 % ont des idées... Ils
n'arrivent plus. Ils ne sont plus capables. 62 % vivent de l'épuisement
professionnel ou sont à risque d'en vivre.
Ce n'est pas normal, là. Vous voulez faire un
travail, vous êtes passionné, vous voulez faire une différence pour la société
puis vous vous ramassez avec des situations où 62 % vivent de l'épuisement
professionnel. Le président du syndicat des procureurs demande la
question : Quelles infractions on va devoir prioriser, quels crimes on ne
va plus poursuive, quels dossiers vont être retirés?
Bien, M. le Président, c'est ça, l'état de la
situation aujourd'hui : 36 % ont des symptômes dépressifs, 73 %
des procureurs vivent de la détresse psychologique. Ils sont débordés. Puis le
premier ministre, lui, dans son discours d'ouverture, nous dit : Moi, là,
la loi et l'ordre, on va s'en occuper. Bravo, on n'est pas contre l'idée, mais
comme on dit, des fois, il faudrait que les bottines suivent les babines, parce
que, s'il n'y a rien qui change, M. le Président, ça ne va juste pas marcher.
Ça ne va juste pas marcher, puis, au Québec, bien, les peines Netflix, on n'en
veut pas, de la justice à rabais, on n'en veut pas. Puis là je vous ai parlé de
deux secteurs. Il y a les procureurs qui sont là, mais il y a aussi évidemment les employés du ministère de la
Justice. Quand je faisais référence à des déclarations du sous-ministre,
bien là, ce n'est pas juste les procureurs,
c'est tout le monde, et tout le monde, tout le monde, paie pour ça, et ce n'est
pas normal.
On apprenait aussi que, dans le rapport de
gestion du DPCP, évolution des pratiques de l'institution, encourager la
croissance et le développement professionnel et organisationnel, pourcentage
des points de service où le système APPUI
est accessible, c'est des systèmes informatiques, la cible, c'était 100 %
en 2023‑2024, les résultats, c'est 7,8 %. Et on apprend que certains programmes informatiques,
notamment le déploiement des solutions d'affaires, volet criminel, est suspendu
en juin. Ça a été suspendu en 2023. On ne sait pas quand ça va repartir.
Alors, même les outils technologiques qui
pourraient aider les procureurs, là, bien, ça ne marche pas. Puis le
déploiement informatique, là, ça ne vient pas de commencer, là, parce que, dans
mon ancien emploi, là, quand j'allais à la
table, parfois, on m'invitait à la Table Justice, on en parlait déjà du projet.
C'était supposé être une panacée. Bien là, ça n'avance pas. Ça fait que la
panacée, là, elle est arrêtée. Et, quand on parle du programme GESTE, bien, ça,
c'était la transformation numérique de tous les dossiers. Alors, le
policier devait avoir un volet numérique, faire son dossier, envoyer ça au
procureur, au greffe. Ça devait fonctionner superbien. Bien là, on voit que les
cibles ne sont pas atteintes.
Donc, non
seulement les gens sont débordés, non seulement les gens vivent de la détresse,
non seulement les gens vivent de l'épuisement, mais les outils
informatiques qui pourraient les aider ne sont même pas là. La loi et l'ordre,
M. le Président, la loi et l'ordre, bien, ça ne va pas arriver, je vous le dis.
Motion formulant un grief
Et c'est la raison pour laquelle je vous
soumets :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour
son manque de financement dans le domaine de la justice au Québec qui
entraîne des coupures chez les procureurs et au ministère de la Justice.»
Je vous remercie, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de l'Acadie. Votre motion de grief est déposée sous réserve de sa
recevabilité.
Nous poursuivons les travaux. Je reconnais Mme
la ministre de l'Emploi et députée de Repentigny.
Mme Pascale Déry
Mme Déry : Merci beaucoup, M.
le Président. Alors, bien, je salue tous mes collègues dans cette Chambre. Très heureuse de me lever aujourd'hui pour vous
parler du discours inaugural de notre premier ministre, de ses quatre champs
d'action. C'est toujours un privilège, M. le
Président, de revenir ici et de siéger. Puis on a vraiment cette
responsabilité-là, de représenter non seulement, pour ma part, les
citoyens de Repentigny, mais évidemment les Québécois et les Québécoises de par
mes fonctions de ministre. Alors, c'est toujours un honneur de prendre la
parole puis de pouvoir m'exprimer sur, entre autres, le discours.
J'aimerais,
d'entrée de jeu, M. le Président, remercier le premier ministre, qui a
renouvelé... qui m'a renouvelé sa confiance. C'est un honneur, encore
une fois, pour moi, d'occuper ces nouvelles fonctions. Il me confie un
portefeuille qui est à vocation économique cette fois-ci. Et puis, dans le
contexte actuel, M. le Président, dans le contexte où tout a
changé, mon collègue le disait tout à l'heure durant la période de questions,
il y a de grandes transformations, et surtout dans le monde que nous vivons
actuellement, et particulièrement dans l'emploi. En emploi, il y a de grandes transformations, et le ministère de l'Emploi, je
crois humblement, joue un rôle important dans ces grandes transformations
en ce qui a trait notamment à la main-d'oeuvre, la main-d'oeuvre qualifiée, le
rehaussement de compétences, la requalification, mais évidemment aussi à tout
ce qui est intégration sur le marché du travail.
Si vous me permettez,
M. le Président, je veux juste faire un petit saut de puce à l'Enseignement
supérieur, parce que j'étais à l'Enseignement supérieur au cours des trois
dernières années, avant de vous parler de ces nouvelles fonctions que j'occupe à l'Emploi, parce que j'y vois quand même une
certaine continuité. Il y a quand même une certaine logique à être en
Enseignement supérieur puis à transférer un peu les fonctions du côté de
l'Emploi et une continuité parce que j'ai
contribué, au cours des dernières années, à m'assurer de former la
main-d'oeuvre de demain, donc la relève de demain, dans nos établissements
collégiaux et dans nos établissements universitaires, de déployer plusieurs
formations partout à travers le Québec, pas juste dans les grandes
villes, mais partout à travers nos régions, de déployer des formations qui sont en adéquation avec le milieu
économique, avec le milieu de l'emploi, donc en adéquation, vraiment, avec le milieu du travail. Et donc, là, j'ai la
responsabilité d'intégrer tous ces jeunes-là qu'on a formés, tous ces gens-là
qu'on a formés au cours des dernières années, bien, de m'assurer que ces
jeunes-là accèdent à l'emploi. Donc, pour moi, c'est... il y a vraiment
quelques vases communicants. Il y a une certaine continuité dans ces deux
fonctions-là.
Il y a de très bonnes
choses qui ont été faites, au cours des dernières années, en enseignement
supérieur. Je vous parlais du déploiement de programmes. C'est extrêmement
important. Puis d'ailleurs j'ai eu quand même des relations très étroites avec ma prédécesseure à l'Emploi parce qu'on a
déployé des programmes conjoints pour s'assurer de vraiment répondre à
la pénurie de main-d'oeuvre, pénurie qui est, je vous le rappelle... qui était,
jusqu'à tout récemment, une pénurie beaucoup plus généralisée dans beaucoup de
secteurs. Donc, on a eu à faire un travail colossal de déployer vraiment des programmes très précis, très ciblés dans
plusieurs régions pour répondre de manière très juste aux besoins de main-d'oeuvre. Donc, ça a été un réseau
qui a été extrêmement agile pour déployer ces formations-là. On a su adapter,
ajuster en cours de route des formations pour s'arrimer de plus en plus avec le
marché... les besoins du marché du travail puis particulièrement en région.
Je vous le rappelle,
c'est un rattrapage très important qu'on a dû faire au cours des dernières
années, dans plusieurs programmes, à travers les régions, qui n'étaient pas
déployés, puis ça donne des résultats. Au cours de l'automne, on a des inscriptions qui sont en hausse dans tous nos
établissements d'enseignement supérieur. Il y a eu des inscriptions très
importantes, une forte hausse du nombre de Québécois qui accèdent à
l'enseignement supérieur, donc c'est une très bonne nouvelle. Ce sont tous des
gens qui vont éventuellement se retrouver sur le marché de l'emploi, et c'est la raison pour laquelle je voulais faire
un petit peu cet aparté pour vous dire à quel point c'est important, les
efforts qu'on a faits, au cours des dernières années, qui portent fruit.
On a une grande
portion de ces jeunes-là qui vont se retrouver sur le marché de l'emploi. Puis
actuellement, bien, il y a des jeunes qui vont intégrer le marché du travail
dans des secteurs névralgiques pour l'économie du Québec, parce qu'encore une
fois l'économie du Québec a beaucoup changé, va continuer de changer. Comme l'a
dit souvent notre premier ministre, on doit
repenser l'économie du Québec, repenser nos façons de faire, de continuer, justement,
de s'adapter parce que ça change beaucoup.
• (11 h 40) •
Il y a quatre champs
d'action. Je vais vous les réitérer, ces quatre champs d'action là. On a parlé
d'économie, on a parlé, évidemment, du portefeuille des Québécois, l'efficacité
de l'État, la sécurité, l'identité.
Alors,
bien sûr, avec mes nouvelles fonctions à l'Emploi, c'est l'économie qui
m'interpelle plus particulièrement. Je parlais justement de
main-d'oeuvre, M. le Président, un petit peu plus tôt, puis on est encore dans
un contexte de rareté de main-d'oeuvre. Je
parlais de main-d'oeuvre... de pénurie de main-d'oeuvre généralisée au cours
des dernières années, c'était le cas, maintenant on est capables de
parler de rareté de main-d'oeuvre. Donc, il y a encore certaines pénuries, mais cette pénurie-là est beaucoup plus ciblée,
dans des secteurs beaucoup plus ciblés, dans des secteurs qui sont touchés
aussi par cette guerre tarifaire, là, qui est venue un peu chambouler,
accentuer, je vous dirais, l'incertitude économique qu'on connaît actuellement.
Donc, on a ce devoir de diversifier notre économie.
Notre premier
ministre l'a dit souvent, il y a eu plusieurs missions à l'extérieur. Au cours
des derniers jours, vous avez pu voir aussi
qu'il y avait une conférence avec les premiers ministres, des gens des
territoires, et des Grands Lacs, et du Saint-Laurent. Et là-dedans, on a
été capable d'avoir des rencontres très fructueuses de... on va déployer,
encore une fois, des partenariats. On a mis l'accent, encore une fois, sur
l'économie et l'importance de créer ces partenariats puis l'importance de diminuer cette dépendance que nous avons,
justement, par rapport aux États-Unis, donc miser sur des domaines, M. le Président, avec lesquels on
excelle afin de réduire cette dépendance qu'on a actuellement aux États-Unis.
Donc, il y a
plusieurs domaines où on excelle au Québec. On est vraiment très, très bien
positionnés pour être capable de dépendre de moins en moins, de diversifier les
marchés puis, justement, de partager cette expertise-là puis les domaines dans
lesquels on excelle avec des partenaires américains, des États avec lesquels on
est très, très proches depuis très longtemps, mais aussi avec des partenaires
européens. C'est ce qui est important.
Donc,
en aérospatiale, je ne vous apprends rien quand on se dit ici qu'au Québec on a
une industrie en aérospatiale qui est très, très... qui est réputée, qui
a une notoriété, qu'on n'a plus besoin de faire la preuve de cette notoriété-là
dans cette industrie-là. On a le maritime aussi, on a... avec la construction
navale. Quand je parle de maritime, on pense à la construction navale, on pense
au Chantier Davie. Les minéraux critiques, on en a abondamment parlé au cours
des derniers mois, les terres rares, le graphite, le lithium, le nickel, le
cuivre. Donc, tout ça, il faut continuer, justement, à développer ces
créneaux-là.
Et il y a un nouveau créneau, dont on parle
depuis que le fédéral, évidemment, a ouvert cette porte-là, nouveau créneau qui
renaît, en quelque sorte, et qui crée une très, très belle opportunité, M. le
Président, pour nos entreprises québécoises, et là je
parle du secteur de la défense. Donc, on sait que le gouvernement fédéral en
fait une priorité. On souhaite que nos
entreprises puissent justement bénéficier des investissements annoncés. Puis
d'ailleurs ma collègue le disait
tantôt, ma collègue à l'Économie disait qu'il y avait beaucoup de PME qui
seraient intéressées à participer, justement, à cette belle opportunité
là.
Moi-même, j'ai
demandé à la CPMT, à la Commission des partenaires du marché du travail, de
nous créer un petit comité où on rassemble
un peu tout ce nouveau créneau là, donc des gens en cybersécurité, des gens en
maritime, en intelligence artificielle, donc, pour être capable de voir
un peu... de créer un petit écosystème au sein de la CPMT qui va pouvoir aussi
aborder ces questions-là puis s'assurer qu'on puisse en bénéficier du côté de
nos entreprises et de nos travailleurs.
Puis il faut aussi
miser, bien sûr, sur nos grands projets d'infrastructure. On a un énorme projet,
colossal, avec Hydro-Québec, ceux de la Davie que je mentionnais au cours des
dernières minutes également. Puis, je le disais tout à l'heure, M. le
Président, tout au long du week-end, le week-end dernier, le premier ministre,
qui a été l'hôte de la Conférence des
gouverneurs et des premiers ministres des Grands Lacs, du Saint-Laurent. Et
puis c'est ces occasions-là qui nous
permettent, justement, de réitérer l'importance, le rôle stratégique que le
Québec peut jouer en Amérique du Nord, en Europe, dans tous ces secteurs-là qui
sont maintenant des secteurs clés.
Et donc, pour relever
tous ces défis-là, bien, on a besoin de cette main-d'oeuvre-là. On a besoin,
nous, de continuer d'adapter les mesures qu'on met de l'avant. Ça prend de la
main-d'oeuvre qualifiée. On sait qu'il y a encore des défis. On sait qu'il y a
encore des enjeux de main-d'oeuvre dans certains secteurs ciblés parce que,
bien, justement, dans le secteur... dans des secteurs un peu plus ciblés, on a
des enjeux où on manque de main-d'oeuvre qualifiée. Donc, il va falloir qu'on continue.
Ma prédécesseure a
mis des mesures de l'avant au cours des dernières années. J'ai moi-même
conjointement travaillé avec elle sur des mesures quand j'étais à
l'Enseignement supérieur. Là, je pense qu'il va falloir continuer de s'assurer
de former une main-d'oeuvre qualifiée, de s'assurer du rehaussement des
compétences, de s'assurer encore une fois d'accompagner nos entreprises pour
faire augmenter la productivité. Il y a des programmes qui existent déjà, non
seulement à l'Emploi, puis des mesures, mais il y a aussi, du côté du MEIE, de
mes collègues à l'Économie, des programmes
qui sont déjà en place, des appels à projets qui vont nous permettre de
travailler, non seulement en intelligence artificielle, mais aussi,
surtout, sur d'autres secteurs actuellement qui posent ces défis-là.
Alors, comme je le
disais, c'est vrai que le paysage a changé drastiquement. Il y a quelques
années à peine, quand on est arrivés en 2022, puis,
pour ma part, c'était la première fois que j'arrivais ici, on
parlait de pénurie généralisée. Puis, je le mentionnais, aujourd'hui,
cette pénurie-là, elle est plus segmentée, donc elle est plus ciblée. Mais il y
a un enjeu qui a apparu récemment, au cours de l'été, et là je parle du taux de
chômage chez les jeunes. C'est un phénomène qu'on ne voyait pas il y a quelques
années. On avait vraiment le plein-emploi parce qu'on avait une pénurie
généralisée. Maintenant, on revient petit à
petit à une certaine normalité, et c'est la raison pour laquelle je parlais de
rareté de main-d'oeuvre.
Ceci dit, le taux de
chômage chez les jeunes, c'est quand même un phénomène préoccupant, M. le
Président, un phénomène préoccupant, même si on s'en tire mieux que les autres
provinces. Quand on compare le taux de chômage
chez nous ou quand on compare le taux de chômage chez les jeunes, ailleurs en
Europe, la situation est beaucoup plus difficile. Mais, ceci dit, ça
demeure quand même préoccupant.
On en a parlé avec la
CPMT. J'en ai parlé avec certains acteurs aussi et partenaires qui ont vu, au
cours de l'été, des jeunes qui avaient beaucoup plus de difficulté à se trouver
des emplois. On parle de jeunes entre 15 et 24 ans. Essentiellement, les
facteurs qui expliquent un peu ce taux de chômage un petit peu plus élevé que
la normale, bien, c'est l'incertitude économique qu'on connaît, surtout avec
les jeunes diplômés, la concurrence pour les postes d'entrée. Évidemment, il ne
faut pas nier que l'immigration aussi cause un peu cet effet-là. Ça veut dire
qu'on se partage un peu la tarte. On a une immigration, des immigrants qui
cherchent évidemment à faire leur entrée sur le marché de l'emploi. On a nos
jeunes également qui tentent de faire leur entrée sur le marché de l'emploi.
Donc, dans un contexte, en fait, où on embauche moins puis on a un certain ralentissement,
donc on peut comprendre que la tarte se partage avec plus de monde.
Et
donc le taux de chômage chez les jeunes est en augmentation, puis c'est
là-dessus que j'aimerais pouvoir agir, pouvoir essayer de trouver des
mesures, en concertation, en collaboration avec les partenaires, pour être
capable de voir de quelle manière on peut s'attaquer ou contribuer à faire
diminuer ce taux de chômage puis à essayer de faire rentrer nos jeunes sur le
marché de l'emploi.
Il y a aussi
l'intelligence artificielle, M. le Président, l'intelligence artificielle
qui... je l'ai toujours dit, on a mis des actions en place du côté de
l'enseignement supérieur, mais ça, c'est un enjeu et c'est un phénomène où, je
l'ai toujours dit, il y a des avantages, il y a des inconvénients à
l'intelligence artificielle. En ce moment, il y a des postes d'entrée qui
étaient réservés ou du moins qui étaient octroyés à des jeunes qui faisaient
leur entrée sur le marché du travail. Là, maintenant, il y a certains postes
d'entrée qui sont générés par l'intelligence artificielle. Donc, c'est clair qu'il va y avoir un impact. Il y en a déjà un, un
petit peu plus faible chez nous qu'ailleurs, mais encore là, il faut s'y
attarder. Puis il faut penser à rentrer... à prendre ça en considération
comme enjeu, actuellement, l'intelligence artificielle.
Mais il reste encore
beaucoup d'opportunités. Justement, avec tout ce que je vous ai mentionné tout
à l'heure, il y a des opportunités, très belles opportunités pour nos jeunes,
spécifiquement aussi pour les jeunes diplômés. Donc, on ne peut pas se
permettre d'échapper ces jeunes-là, et, comme je vous l'ai dit tantôt, je
travaille actuellement sur des mesures, sur comment est-ce qu'on peut adapter
notre approche, comment est-ce qu'on peut mieux cibler les mesures qu'on a déjà
pour faire face à cette nouvelle réalité. Donc, je vais continuer de travailler
avec le milieu, avec la CPMT, les différents
organismes aussi en employabilité, les CJE également. Donc, on est en train de
regarder un petit peu tout ça.
Je me penche aussi vraiment sur le déficit de
productivité, comme mes collègues d'ailleurs. Je ne suis pas toute seule. On a
plusieurs mesures. Mais je veux voir si, à Emploi, on est capables de cibler
mieux certaines mesures pour aider nos entreprises à être
plus productives. D'ailleurs, il y a un forum très, très important au cours...
à la fin du mois d'octobre. Il y a un forum de la Commission des partenaires du
marché du travail qui est organisé et ça va porter pour la première fois sur la
productivité. Donc, le thème de la productivité sera central dans ce prochain
forum. On va continuer d'avoir nos mesures sur le rehaussement des compétences,
sur la requalification puis justement continuer de soutenir les secteurs qui
souffrent toujours d'une pénurie de main-d'oeuvre.
Le secteur de la construction en est un
important. On a des mesures à court terme, avec des formations courtes. On a
mis des formations plus longues. Il y a eu beaucoup de choses qui ont été
faites dans le domaine de la construction, au cours des dernières années, mais
on agit sur plusieurs fronts, justement, comme on le fait depuis des années
déjà.
• (11 h 50) •
Puis il y a un 250 millions, on en a parlé,
pour augmenter les cohortes, encore une fois, de certains métiers, certains
DEP. On en a besoin pour répondre à la main-d'oeuvre qu'Hydro-Québec aura
besoin au cours des prochaines années. On a
besoin de monteurs de ligne, on a besoin d'électriciens, de
charpentiers-menuisiers, de grutiers, de mécaniciens de machinerie lourde.
Donc, il y a des programmes, actuellement, qui se font, qui ont un taux de
succès important. Moi, juste dans ma région,
dans Repentigny, on avait un DEP qui a très, très, très bien marché, pour être
capable de former des grutiers. Donc, il y a des programmes COUD aussi,
on a toutes sortes de programmes qu'on est capables... avec lesquels on est
capables d'aller former et augmenter les cohortes pour s'assurer d'avoir des
gens diplômés puis d'avoir des gens... des jeunes qui sont capables d'accéder
au marché du travail puis aider nos entreprises à être beaucoup plus
productives.
Il y a des secteurs vulnérables, donc, c'est
là-dessus qu'on travaille, comme je le mentionnais tout à l'heure, des secteurs
manufacturiers, l'importance de requalifier des travailleurs qui sont déjà
impactés par les perturbations qu'on connaît. On a le programme FORCE, à
Emploi, qui a été annoncé par ma prédécesseure, pour déployer des formations
dans certains secteurs touchés aussi.
Ceci dit, les services publics, ça reste encore
une priorité. Il faut encore comprendre que, dans les services publics, il y a encore une certaine pénurie. On a
agi sur ce front-là au cours des dernières années, avec plusieurs mesures,
ce qui nous a permis d'augmenter les cohortes, que ce soit en sciences
infirmières, que ce soit en enseignement, donc en éducation. On a été capables
d'avoir, cet automne, des cohortes qui sont beaucoup plus importantes que les
cohortes auxquelles on a été confrontés au cours des dernières années.
Je vais passer au thème de l'efficacité,
rapidement, M. le Président, pour vous dire que je suis complètement investie pour être capable de donner un coup de
main, comme tous les ministères, d'ailleurs, et comme tous les ministres.
Je pense que tout le monde doit contribuer à cet effort de réduire la
bureaucratie, d'alléger, évidemment, l'État sans affecter les services. Et je
suis investie dans cette mission-là parce que je pense que c'est important. Ma
collègue peut compter sur nous, à l'Emploi, pour être capable de contribuer à
cette démarche qui est très, très ambitieuse.
Sur la
sécurité, M. le Président, troisième thème de notre premier ministre, bien, je
le dis et je le répète, le Québec, c'est quand même l'un des endroits
les plus sécuritaires au monde, mais, il faut quand même se rendre à
l'évidence, il y a des enjeux. Il y a des choses qui ont changé puis il y a un
sentiment aussi d'insécurité qui a augmenté, donc il faut s'attaquer à ce
sentiment d'insécurité là. Et d'ailleurs mon collègue ministre de la Sécurité publique
est déjà au travail pour rendre nos rues
plus sécuritaires, pour lutter contre le crime organisé, les gangs de rue, les
fraudeurs. Bref, il s'y attaque depuis qu'il a été nommé.
Et puis je vais terminer sur l'identité. On en a
fait, du chemin, au cours des dernières années, notamment avec la loi n° 96, M. le Président, qui vient renforcer la langue
française. J'ai déployé cette loi au sein des établissements d'enseignement
supérieur, au sein des établissements collégiaux, plus particulièrement au sein
du réseau collégial anglophone, au cours des dernières années. On est le
premier gouvernement, M. le Président, à s'assurer que nos établissements
universitaires anglophones contribuent à franciser les étudiants hors Québec.
On l'a dit, ils ont un rôle à jouer et ils
acceptent de jouer ce rôle-là, ils acceptent cette responsabilité-là que nous
avons de protéger et de défendre notre langue.
On a été le premier gouvernement aussi à
adopter, pour la première fois, une loi sur la laïcité de l'État et on va continuer
en ce sens avec le dépôt, prochainement, d'un deuxième projet de loi qui va un
petit peu plus loin, qui prévoit élargir, évidemment, les principes de laïcité.
Puis on a été aussi le premier gouvernement, M. le Président, puis on va être
le premier gouvernement, et on l'a vu au cours des derniers jours, avec mon
collègue, à déposer une constitution du
Québec qui va protéger notre identité, notre langue, nos valeurs. Ce sera,
comme le dit si bien mon collègue à la Justice, le miroir et le bouclier
de la nation québécoise.
Alors, M. le Président, juste, en terminant,
vous dire qu'on se tient debout, on continue de défendre ce qui nous tient le
plus à coeur. Moi, je vais toujours défendre, M. le Président, le Québec que
j'aime tant. Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la ministre de l'Emploi. Nous
poursuivons maintenant avec... Je reconnais M. le député de Rosemont.
M. Vincent Marissal
M. Marissal : Merci,
M. le Président. Content de vous
revoir, je n'avais pas eu le plaisir de travailler avec vous encore en
ce début de session. Bonjour aux collègues.
J'ai l'impression que ça fait déjà un mois que
le discours d'ouverture a été fait tellement les choses vont vite ici, mais c'est important de prendre un petit pas
de recul pour analyser ce qui a été dit, critiquer aussi, oui, ça fait partie
de mes attributions ici, peut-être faire quelques suggestions, mais
faire un état des lieux.
On dit souvent qu'un
discours d'ouverture, discours inaugural, dans d'autres législatures de type
britannique comme la nôtre... le discours d'ouverture, c'est comme un...
pardonnez l'anglicisme, là, je vais me le faire reprocher, j'imagine, mais un
«reset». Je vais essayer un autre mot, un «reboot», hein, on est toujours en
anglais en informatique, malheureusement. Alors, on repart la machine en
quelque sorte, c'est comme un «reset». Est-ce que ça a fonctionné dans le cas
du premier ministre la semaine dernière? Je laisserai le temps filer.
Cela dit, je dois dire que ce discours
d'ouverture m'a surpris à bien des égards, d'abord par l'empressement manifesté
par le premier ministre à régler, en un an, avec une feuille de route infinie,
de régler en un an ce qu'il n'a pas été capable de régler en sept ans. Puis ce
n'est pas toujours de sa faute, j'en conviens. Il y a eu une pandémie, ça, on
ne fera pas à semblant que ça n'a pas existé, là, mais quand même un certain
nombre de choses sur lesquelles la CAQ aurait pu, et aurait dû, et voulait
travailler, et ça n'a pas été fait.
Je m'étonne quand même d'entendre le
gouvernement et le premier ministre, la semaine dernière, nous dire qu'en un
an, tout d'un coup, on va faire ce qu'il n'a pas été possible de faire en sept
ans. Puis je vous dirais que, même, dans le cas du premier ministre, depuis
plus de 25 ans qu'il est ici, qu'il parle souvent des mêmes choses, mais,
pour l'avancement, pour les réussites... en tout cas, c'est à géométrie
variable, en ce qui me concerne.
Évidemment, l'expression consacrée... quand j'ai
entendu le premier ministre la semaine dernière, la première expression qui
m'est venue, c'est un peu un cliché, c'est : trop peu, trop tard.
Probablement, ça a été dit aussi ailleurs, je n'ai pas tout lu ce qui s'est dit
sur la question, mais... Et, en fait, ce n'est peut-être pas «trop peu, trop
tard», c'est juste «trop». C'est trop tard, c'est trop gros pour être vrai puis
c'est trop tard pour être faisable. Et ça, c'est uniquement de la faute du
gouvernement, qui n'a pas mis en place ses propres réformes. Au contraire, à
bien des égards, il a fait le contraire de ce qu'il avait dit, en particulier
lorsque le premier ministre nous dit qu'il veut faire le ménage dans la
bureaucratie.
Ça fait quelques années, là, que je traîne mes
guêtres dans les parlements, ici et ailleurs. J'ai entendu ça souvent, là,
mater la bureaucratie, maîtriser la bureaucratie, diminuer la bureaucratie. En
fait, les chiffres sont les chiffres, là, puis ce n'est pas moi qui les
invente, là, le gouvernement fait le contraire, il y a plus de fonctionnaires
qu'il y en avait il y a sept ans, quand ils sont arrivés. Et je ne dis pas
qu'ils sont tous inutiles, contrairement à ce que j'entends parfois dans la
sphère publique, là. La plupart sont utiles, sont compétents et ils font un
excellent travail, mais le fait est que ce
gouvernement nous dit depuis sept ans qu'il faut diminuer la démocratie, là, ce
que les Anglais appellent le «red tape», là, qui empêche les gens d'avancer. Et il y en a, ça existe, oui, oui, ça
existe. J'y arrive, là, d'ailleurs. Ça existe. Ça fait plus de sept ans
qu'ils sont au pouvoir, et là, alors qu'il ne reste qu'un an, qu'il reste pas
mal moins de sable dans le sablier puis
qu'on voit ça défiler comme ça... La beauté des élections à date fixe, c'est
qu'on sait quand ça s'en vient, là. Dans un an, on ne sera pas ici, on
va être en campagne électorale. Ça, c'est assez clair. «On» exclut la personne
qui parle ou pas, je ne le sais pas, mais il y aura une campagne électorale au
Québec, ça, c'est à peu près certain, à moins que d'aventure le gouvernement
déclenche avant, mais je ne le lui conseillerais pas, si je travaillais pour
eux.
Alors, tout d'un coup, le premier ministre nous
revient avec ça. Puis je ne pouvais pas m'empêcher, de mon siège ici, de me rappeler ce premier ministre qui
était alors un citoyen privé qui se joignait à la politique en 1998, à
l'impulsion, à la demande de Lucien Bouchard. Celui qui occupe
aujourd'hui le poste de premier ministre s'est donc joint à l'équipe de Lucien
Bouchard, qui fait sa première campagne en 1998.
• (12 heures) •
Je l'ai déjà raconté ici, mais je le raconte de
nouveau, ce n'est pas inutile pour les gens qui n'ont pas entendu. La première longue entrevue qui a été faite avec
M. le premier ministre, qui ne l'était pas encore à l'époque, sur le terrain,
c'est moi qui l'a faite. Et j'avais constaté, déjà à l'époque, parce qu'on
l'avait présenté comme une vedette du milieu économique,
tout... ce qui était très vrai, d'ailleurs, pour le PQ, à l'époque... et
j'avais constaté très rapidement l'impatience de cet homme-là envers la
bureaucratie. Puis ça arrive souvent dans le milieu des affaires. Ça arrive
souvent dans le milieu des affaires. J'en ai
vu ici, à Ottawa et ailleurs, des gens qui viennent du milieu des affaires, ils
ont bien de la misère avec la machine de l'État. Ça ne va jamais assez
vite. C'est plein de monde qui pose des questions, c'est plein de
contre-expertises puis, en plus, c'est gossant parce qu'il faut répondre au
public puis répondre aux journalistes.
La plupart des gens d'affaires que j'ai connus
en politique ne sont pas très, très habiles. On avait un collègue qui était assis ici, en face de moi, pendant assez
longtemps, qui a été ministre omnipotent du gouvernement, Pierre Fitzgibbon pour ne pas le nommer,
qui avait de la misère et qui l'admettait lui-même qu'il avait de la misère
avec ça. Mais c'est parce que c'est comme ça
que ça fonctionne. On ne gère pas le gouvernement comme on gère une entreprise.
Ce n'est pas un conseil d'administration, un gouvernement. Ça gère pour
tout le monde. Ça gouverne pour tout le monde.
Alors, je l'avais vu, M. le premier ministre,
j'ai failli dire son nom, M. le premier ministre à l'époque, en 1998, sur le terrain : déjà cette impatience de
faire quelque chose, s'impatienter devant des décisions de fonctionnaires qui
ne voulaient pas développer un programme de subvention assez rapidement
pour lancer une subvention à une entreprise dans sa circonscription. Bon, je
pense qu'après plus de 25 ans ici, il a très bien compris comment ça
fonctionne, mais il n'a pas tout le temps tort quand il dit qu'il y a trop de
bureaucratie dans la machine. C'est vrai. Ce n'est pas nécessairement du côté
des subventions, parce que ça, j'ai l'impression que le chéquier est assez
slaque du côté du gouvernement, là. Si on regarde les histoires Northvolt, et
Airbus, et autres, là, ce n'est pas là que ça bloque, hein? Ce n'est pas là que
ça bloque. Je connais des secteurs où ça bloque pas mal plus avant d'avoir des
chèques puis que la bureaucratie est pas mal plus tatillonne, comme par hasard,
notamment dans le communautaire.
Ça ne m'a pas l'air de bloquer beaucoup, en tout
cas, ça ne m'a pas eu l'air d'avoir bloqué beaucoup pour Northvolt,
là. Au contraire, ça s'est fait assez vite et peut-être trop vite, même. Ça n'a
pas l'air d'être le cas pour donner des contrats en transformation
numérique, même quand ils sont tout croches, puis qu'on vit avec après, puis
qu'on va payer pendant des années.
Mais j'accepte la...
j'accepte la thèse du premier ministre qu'il y a trop de bureaucratie, qu'elle
est souvent trop tatillonne, oui. Le symbole
ultime de ça au Québec, là, ce sont les fax. Ça tombe bien, parce que le
premier ministre en parlait hier. Le premier ministre disait : Les
libéraux, ils achetaient des fax par pleins camions. Puis on a augmenté le
nombre de fax. Puis, avec les libéraux, on était à l'ère jurassique de
l'informatique. Puis Québec solidaire propose encore plus de fax. Ils sont
encore pires! Mais qui est au gouvernement depuis sept ans? En tout cas, ce
n'est pas moi. Ce n'est pas moi puis les libéraux non plus parce qu'ils sont
dans l'opposition. Le nombre de fax sous ce gouvernement a augmenté. Puis
savez-vous quoi? Il y a des endroits dans l'État, des services publics dans
cette machine de l'État, où on ne peut pas fonctionner sans fax. Enlevez les
fax dans le réseau de la santé, le réseau de la santé s'écroule. Déjà que ça
tient avec de la broche, là, enlevez les fax, il n'y a plus rien qui marche.
Donc, le premier ministre, après sept ans au
pouvoir, qui vient nous faire des leçons sur l'utilisation des fax, nous
sommes, avec les fax, en Faxidistan. C'est la république du fax. Et, je le
répète, enlevez les fax dans le réseau de la santé, et il n'y a plus rien qui
marche. Il n'y a plus une consultation qui circule, il n'y a plus une référence
qui fonctionne. Je l'ai encore expérimenté il y a trois jours. Les références
pour les bobos mineurs de santé, ça passe d'un hôpital à l'autre... parce que
les seuls appareils qui se parlent dans notre réseau supermoderne, ce sont les
fax.
Alors, je
pense qu'on n'a pas de leçons à recevoir d'un premier ministre qui s'était
donné pour mission première, il y a plus de 25 ans, de réduire la bureaucratie
puis qu'on en est encore pris aujourd'hui avec des fax. Pire que ça,
quand ils essaient de faire des transformations numériques, ça vire au fiasco.
Fiasco, SAAQclic, c'est devenu synonyme.
Puis voulez-vous que je vous parle de SAAQclic? Voulez-vous
que je vous parle de SAAQ? Je vais vous donner un conseil, chers
collègues : Ne perdez pas votre permis de conduire à l'étranger. Ne perdez
pas, ne vous faites pas voler votre portefeuille à l'étranger. Moi, ça m'est
arrivé cet été. J'avais mon portefeuille. J'avais évidemment de l'argent
là-dedans. J'avais des photos de famille, j'avais tous mes papiers. J'avais mon
permis de conduire. Puis ça la foutait mal
parce que je devais honorer une réservation d'automobile. Pas de permis de
conduire, pas d'automobile, hein, ça va de soi. Mais j'avais quand même
10 jours devant moi. Donc, j'ai dit : Ce n'est pas grave, je vais
communiquer avec la SAAQ. Grand naïf que je suis! Grand naïf que je suis!
Communiquer avec la SAAQ, je pense que j'ai plus de chance avec l'au-delà.
Alors, je suis allé sur le site de la SAAQ pour
me rendre compte que, dans le pays où je me trouvais, bien, le site n'est pas accessible. Je ne pouvais pas. Tu
sais, d'un coup qu'un Québécois perdrait son permis de conduire à l'étranger
puis qu'il voudrait en récupérer un autre, c'est-tu bête, le système ne
fonctionne pas à l'étranger. Pourquoi? Je n'ai jamais eu de réponse à ça, mais
ça ne fonctionnait pas. Et je n'étais pas en banlieue de Kaboul. J'étais en
Europe.
Donc, j'appelle, j'appelle, j'appelle la SAAQ.
Je suis un gars patient. J'attends, j'attends, j'attends. Je finis par parler à
quelqu'un. Savez-vous ce qu'on me dit? Allez sur le site. J'ai dit : Oui,
merci, merci beaucoup, j'ai essayé, ça ne fonctionne pas. Je suis allé sur le site,
le site est indisponible dans la région du monde où je me trouve. Je suis dans le trouble, j'ai une réservation, je vais la
perdre. J'ai besoin d'un char, je voyage en famille. On me met en attente une
fois, deux fois, trois fois. Ça dure un temps infini. Et finalement,
eurêka, on trouve la solution : Monsieur, on est très sensibles à ce que vous vivez, écrivez-nous une
lettre et envoyez-la à nous par fax. Bien oui, c'est que c'est connu, quand
vous voyagez à l'étranger, vous avez tous un fax quelque part dans vos valises,
tu sais, c'est... c'est tellement pratique, un fax, c'est extraordinaire. Bon,
j'étais à Venise, je pense, j'aurais plus de chance avec les pigeons voyageurs
qu'avec un fax. Mais je répète à la dame : Je n'ai pas de fax et qu'on est
en 2025, qu'on a investi beaucoup, beaucoup, beaucoup d'argent dans la SAAQ
pour SAAQclic. Est-ce qu'on ne pourrait pas fonctionner par courriel? Vous
allez pouvoir m'identifier, vous avez tous mes renseignements. Bien non.
Impossible. Impossible. Littéralement impossible. Résultat des courses :
je n'ai jamais eu de nouveau permis de conduire.
Alors, quand on nous dit qu'on veut moderniser
la bureaucratie, bien, je suis bien d'accord. Mais qu'on soit encore là en 2025
puis que ce gouvernement est là depuis sept ans, bien, j'aurais tendance à dire
que la job n'a pas été faite. Alors,
pourquoi est-ce que je croirais là que ça va se faire? Pourquoi est-ce que la
population, en pleine commission Gallant, avec un nouveau fiasco qui
nous pend au nez en santé numérique, pourquoi est-ce que la population croirait
maintenant ce gouvernement, qui dit :
On va le faire, le ménage dans la bureaucratie? Ça aurait dû être fait depuis
très, très, très longtemps. Ça aurait dû être fait depuis très
longtemps.
Parlant de bureaucratie, il y a une
contradiction flagrante dans l'action du gouvernement... entre l'action du
gouvernement et le discours du gouvernement. Si on veut réduire la
bureaucratie, mais pourquoi diable avoir créé Santé Québec, qui est une des
patentes les plus bureaucratiques du Québec, qui est une nouvelle couche, une
nouvelle superstructure de bureaucratie au Québec, qui se superpose à une autre
superstructure de bureaucratie que sont les CIUSSS et les CISSS? Ça fait juste
ajouter un intermédiaire de plus.
Puis parlez à vos gestionnaires, chers
collègues, parlez à vos gestionnaires de réseau, ils vont vous le dire, ils
passent un temps infini à répondre aux questions de Santé Québec. Santé Québec,
c'est un chien dans un jeu de quilles, c'est l'éléphant dans le magasin de
porcelaine. Ils sont débarqués là, là, avec leur système de gestion. Ils ne
connaissent pas le réseau. C'est des «top
guns», ça fait que c'est sûr qu'ils allaient tout régler. Il n'y a rien qui est
réglé. Ça fait juste une couche de bureaucratie de plus.
Tellement, M. le Président, rappelez-vous que
quand ils se sont fondés, quand ils se sont... quand ils ont lancé leurs
opérations, ils se sont mis à engager du monde, là, à pleine porte, à pleine
porte, tellement que le ministre de la Santé
a été obligé de sonner l'alarme puis dire : Wo, les moteurs! Ce n'est pas
ça. Ce n'est pas ça. Arrêtez d'engager du monde. Vous engagez trop de
monde.
Bien, je suis bien d'accord qu'il y a trop de
bureaucratie, là, dans la machine de l'État. Mais ce n'était pas nécessaire d'en créer encore plus. Puis pour quoi?
Pour quoi? Pour quoi, en deux mots, pour quel résultat? Bien, les résultats,
on les attend. On attend toujours plus
longtemps pour voir un médecin spécialiste, les retards dans les salles d'op au
public sont de plus en plus longs, on n'a toujours
pas un médecin de famille par personne, ça n'arrivera jamais. Le diable est aux vaches dans le réseau. Le moral est au plus
bas dans le réseau. Moi, j'ai envie de dire : Il est... il n'est pas trop
tard pour reculer sur Santé Québec,
il n'est pas trop tard. C'était une mauvaise idée. Puis évidemment c'est en
train de mal tourner.
• (12 h 10) •
Parlant de
santé, parce que c'est quand même ma majeure, ici, comme député dans
l'opposition, le ministre... le premier ministre nous l'a redit dans son
discours d'ouverture qu'il veut en arriver à une entente avec les médecins sur
leur rémunération. Bon, le sous-texte depuis 25 ans avec le premier
ministre, c'est qu'il veut mater les médecins, il veut en finir avec les médecins. Bonne chance! Bonne chance! Les
médecins sont constitués en syndicats hyperpuissants, hyperorganisés,
qui ont beaucoup d'argent et qui ont des moyens de pression... ma foi, que je
n'approuve pas, mais qui ont un pouvoir de nuisance inouï.
Alors, quand le premier ministre se promène
partout, comme il le fait depuis trois ans, en disant que c'est des paresseux, qu'il veut les mater, qu'ils ne
travaillent pas assez, sans aucune considération pour la conjoncture, notamment
que le milieu a changé, que les médecins sont plus âgés... Savez-vous
qu'il y a 22 % des médecins au Québec, chez les omnipraticiens, qui ont
60 ans et plus? Ça se peut qu'à 63 ans, quand ça fait 40 ans
qu'on travaille, on travaille un petit peu moins. Ça se peut que le milieu se
soit féminisé puis que les femmes partent en congé de maternité s'occuper de
leurs enfants, et elles ont parfaitement le droit, ça se peut qu'elles n'aient
pas le goût de travailler 80 heures-semaine. Ça ne veut pas dire qu'elles
ne travaillent pas, ça ne veut pas dire que c'est des paresseuses, ça ne veut
pas dire que les médecins n'en font pas assez. Ça se peut-tu, parlant de
bureaucratie, que les médecins passent un temps fou à remplir de la paperasse? Bien oui, ça se peut, c'est même
la triste réalité, notamment à démêler les fax en fin de journée. Avez-vous
déjà vu ça, dans une clinique de médecin, le fax en fin de journée? C'est... Ce
serait drôle si ce n'était pas triste, là, mais c'est ça, la réalité.
Quand on a commencé à étudier le projet de loi
n° 106 avec le ministre de la Santé, il est tombé des nues en apprenant
qu'il y a des médecins qui font de l'enseignement et que cet enseignement n'est
pas comptabilisé dans leur travail par la RAMQ. Bien sûr que ce n'est pas
comptabilisé par la RAMQ, ils ne facturent pas à la RAMQ pour enseigner, mais
ça existe, ça existe.
Alors, évidemment, quand le premier ministre, du
haut de la chaise qu'il occupe, qui est une institution, dit à un groupe :
Vous êtes des paresseux, vous n'en faites pas assez, ça fait 23 ans...
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Allez-y, M. le leader adjoint du gouvernement, je vous écoute.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Oui,
je vous reconnais. Allez-y.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Oui, bien sûr.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci, M. le Président. Effectivement, j'en
ai laissé passer plusieurs, là, de la part du député, là, mais, honnêtement, ça
fait plusieurs interventions qu'il fait et qu'il prête des intentions au
premier ministre...
Des voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Écoutez, écoutez...
Parfait. Je suis... Je suis édifié, M. le leader adjoint du
gouvernement. M. le député de Rosemont, je vais vous demander de poursuivre
votre intervention. Allez-y.
M. Marissal : Merci.
Merci. Les médecins, là, c'est comme ça qu'ils l'ont pris, ils l'ont pris comme
une insulte, et là ils se rebiffent, sans grande surprise. Alors, c'est
une bien bizarre de façon de négocier avec des gens qui ont un gros, gros, gros
pouvoir de nuisance. Moi, je préférerais qu'on s'entende.
D'ailleurs, le premier ministre, chef de la CAQ,
dans son programme et dans ses déclarations, dans sa première campagne, qui
allait le mener vers le pouvoir en 1998... en 2018, pardon, c'est ce
qu'il disait, c'est ce qu'il disait : Nous allons nous entendre avec les
médecins pour le bénéfice des patients. Ce n'est pas ça qu'il fait, ce n'est
pas ça qu'il fait, tellement que le ministre de la Santé est constamment obligé
d'apaiser le discours en disant : On va changer de ton. On ne devrait pas avoir à faire ça, là, il me semble qu'on est
des gens civilisés, on est capables de se parler. Après ça, ça se règle
aux tables de négo, la table de négo, avec médiateur et arbitrage s'il le faut.
Bien oui, c'est comme ça qu'on devrait faire. Mais les médecins, ça fait des
beaux boucs émissaires parce que ce sont des gens qui gagnent beaucoup, beaucoup d'argent dans la société puis
ils ont l'air de gens qui tirent la couverte de leur bord. Alors, c'est facile,
en politique... Bien, on a toujours besoin, hein, d'adversaires en politique,
c'est connu. C'est une vieille... C'est le plus vieux truc dans le livre, on a
toujours besoin d'un adversaire en politique.
Alors, moi, j'ai l'impression que le premier
ministre a choisi ses adversaires, que sont les médecins. Mais ça ne fait rien
pour le public, ça ne fait rien pour la population, ça. Ça ne donne pas un
rendez-vous de plus. Au contraire, je pense que ça en donne moins. Je pense que
ça en donne moins parce que les médecins sont démobilisés. Il est où, l'employeur de choix? Il est où, l'employeur de choix, là,
dont le ministre de la Santé rêvait, là? Certainement pas dans les négos avec
les médecins en ce moment.
Puis les médecins n'ont pas tort sur toute la
ligne, là, quand ils disent au gouvernement : On veut bien en faire plus,
mais donnez-nous les moyens de travailler, quand ils ne sont pas capables d'opérer
puis qu'il y a une de leurs adjointes qui ne fait qu'appeler des patients pour
repousser des opérations parce que la salle d'op n'est pas disponible. On est en
train de construire six nouvelles salles d'opération dans ma
circonscription, à l'Hôpital Santa Cabrini, qui est un hôpital communautaire
qui sert beaucoup, mais pas que la communauté italienne de ce coin-là de
Montréal. On est en train de construire des
salles d'op flambant neuves. Je suis supercontent. Je suis allé à la première
pelletée de terre. J'étais heureux et je l'ai dit au ministre, bravo,
parce que cet hôpital avait besoin d'être rénové. J'ai visité les anciennes salles d'op de Santa Cabrini puis j'avais
l'impression d'être dans un vieux film de Stanley Kubrick. Ça faisait un peu
peur.
Alors, tant mieux, tant mieux, mais, à ce jour,
on n'est pas capables d'afficher les postes pour faire rouler ces salles d'op parce qu'on n'a pas les budgets puis
on n'a pas le monde. Est-ce qu'on est vraiment en train de construire des
nouvelles salles d'opération qui vont être vides, qui ne vont servir à rien
parce qu'on n'a pas de monde, notamment parce
que notre staff, notre effectif, est parti vers le privé, dans les cliniques
privées? C'est absurde. C'est absurde. Alors, ça non plus, ça ne s'est
pas réglé. Ça non plus, ça ne se règle pas.
Puis le gouvernement est arrivé avec le projet
de loi n° 106, qui était mort au feuilleton, qui est comme le phénix qui
renaît de ses cendres, récemment. Vous aurez remarqué que le projet de loi
n° 106, il n'est pas revenu en commission.
On n'a pas recommencé le projet de loi n° 106. Pourtant, c'était une pièce
maîtresse pour le gouvernement. C'était une pièce maîtresse tellement que le
premier ministre menaçait déjà de l'adopter par bâillon avant même qu'on
resiège ici puisque la session avait été prorogée par le même premier ministre.
Ah! c'était tellement urgent, c'était tellement important qu'on menaçait déjà
de le passer par bâillon en tout début de session pour changer la façon dont on
rémunère les médecins.
Curieusement, ce n'était pas exactement le même
discours que tenait le ministre de la Santé et ce n'est pas du tout le même
discours que tient le ministre de la Santé puisque 106 est toujours sur le rond
arrière, puis on ne l'a toujours pas rappelé. Le projet de loi n° 106,
c'est un outil de négociation qui s'est immiscé dans la ronde actuelle avec les
médecins, les fédérations... les deux fédérations de médecins. Encore là, ça ne
me paraît pas idéal comme façon de
fonctionner, là, d'ajouter, dans une ronde de négociation qui est déjà...
toujours très compliquée, l'épée de Damoclès d'une loi qui pourrait
devenir loi spéciale par bâillon. Il me semble que ce n'est pas l'idéal comme
façon de négocier. Il me semble que ça se peut que les médecins se braquent
parce que, d'habitude, ce n'est pas comme ça que ça fonctionne. Ça négocie, ça
négocie sur table, après ça, ça se règle par médiation.
Moi, j'irais même jusqu'à l'arbitrage, s'il le
faut, là, ça va, là, ça va, puis moi, je le changerais pour vrai, le mode de
rémunération des médecins, là. Moi, je suis un grand, grand partisan du
salariat chez les médecins, là. C'est ça qu'on aurait dû faire, mais là on fait
l'affaire à moitié, aux trois quarts. On dit : Ça va être 25 % de
votre temps qui va être pour la prise en charge des patients. Ah! non,
finalement, ce ne sera pas 25 %, ça va être 15 %. Ça sent un peu
l'improvisation. Ça sent un peu l'improvisation, cette affaire-là.
Puis, sur le terrain, qu'est-ce qu'on constate?
Je l'ai dit, des retards, des bris de service, des bris de service puis
l'inaccessibilité des soins de santé de plus en plus grande. En voulez-vous,
des bris de service? Ici, à Québec, après la fermeture de la clinique 388,
qui est un service unique en santé mentale, les services de l'hôpital de jour
de Faubourg Saint-Jean, du CIUSSS de la Capitale-Nationale, ont été abolis.
• (12 h 20) •
À Sainte-Justine, à Montréal, abolition du seul
poste de psychoéducatrice au Centre intégré pour les troubles de conduite
alimentaire. Je relis... je le redis : abolition du seul poste de
psychoéducatrice au Centre intégré pour les troubles de la conduite
alimentaire. Il y a beaucoup de parents ici. Il y a beaucoup de parents parmi
mes collègues, là. S'ils ont eu le malheur
de vivre ce que c'est qu'un adolescent ou une adolescente qui a des troubles
alimentaires, ils ne peuvent pas accepter ça. Ça, c'est inacceptable. Ça
met en péril des années et des années de travail à Sainte-Justine dans un
domaine hypersensible, méconnu, orphelin de la médecine traditionnelle. Le Dr
Wilkins, à Sainte-Justine, avec ses
collègues, il a sauvé combien de vies? Puis là, pour faire des économies de
bouts de chandelle, on abolit le seul poste de psychoéducatrice. Je ne
peux pas croire.
On continue. L'Hôpital Notre-Dame a fermé ses
portes. L'unité de... familiale flambant neuve, construite au coût de
25 millions, n'a jamais ouvert. C'est fermé. Réduction de l'urgence à
Fortierville à compter du 30 juin dernier. Au CIUSSS de
l'Est-de-l'Île-de-Montréal, l'employeur a coupé la notion de véhicule requis à
plus de 300 personnes, professionnels et techniciens de catégorie 4.
Pour desservir la clientèle de l'est de l'île de Montréal, ces personnes
devront dorénavant se déplacer en transport en commun. Ça va bien, avec la
grève, ça. Le territoire de l'Est est vaste et moins desservi, ce qui
accentuera le temps de déplacement. Rendus là, peut-être qu'on pourrait leur
payer une passe de Bixi. Vous êtes un député de l'est de Montréal... nord-est
de Montréal. C'est vaste, c'est vaste, le territoire à couvrir. Les gens qui faisaient huit, neuf,
10 patients par jour avant, avec leur auto, combien ils en font
maintenant, vu qu'ils se transportent je ne sais pas comment? Je ne sais
pas comment ils font. Bien, en tout cas, ils en font moins.
Puis ça, dans nos bureaux de circonscription,
là, tous les jours on reçoit des gens qui se font couper des services de soins à domicile ou de soutien à domicile.
C'est notre quotidien, c'est notre pain puis notre beurre, en ce moment dans
les circonscriptions, des gens qui se font dire : Bof! tu es capable de
marcher, là, tu peux aller au CLSC. Quelqu'un qui
a une stomie, quelqu'un dont le système immunitaire est complètement affaibli,
quelqu'un qui a de la difficulté à marcher, surtout l'hiver, sur les trottoirs de Montréal, avec une marchette — bonne
chance — qui
habitent à deux kilomètres et demi du CLSC, puis qui se font dire : On ne
t'enverra plus personne, tu es capable de marcher au CLSC, bien oui, bien oui,
c'est le genre de coupures, de compressions avec lesquelles on vit
constamment.
Rapidement, il a été dit
aussi, dans le discours d'ouverture, qu'on veut accélérer les projets
d'infrastructures. Celle-là aussi, je l'ai déjà entendue, puis je l'ai entendue
ici, là, d'ailleurs, en 2000, avec le défunt projet de loi n° 61, réincarné en projet de loi n° 66, qui avait
fini par passer. Quand vous regardez, aujourd'hui, sur les tableaux de bord du
gouvernement, les propres tableaux de bord du gouvernement, vous constaterez
qu'il ne s'est pas passé grand-chose, malgré l'accélération. Et là on nous dit
qu'on va accélérer, là. Bien, moi, comme député de Rosemont, là, à voir la saga
que ça a pris pour construire un parking, là, j'ai des petits doutes sur la
capacité de ce gouvernement de livrer des projets d'infrastructures, puis,
quand on parle d'accélération, mon petit doigt me dit que c'est plus un slogan
politique qu'autre chose.
Puis, en
passant, là, l'accélération, là, ça revient à chaque crise, à chaque crise
politique ou de santé publique, peu importe.
C'est arrivé avec la COVID, puis il fallait absolument tout accélérer. C'est
en train d'arriver, maintenant, à cause de Trump, on est... on veut tout accélérer. Tout accélérer, ça veut
dire, notamment, moins d'évaluations environnementales, plus rapides. Mark
Carney fait la même chose, hein, fait la même chose à Ottawa, là, en passant
sur le corps des autochtones, en passant.
Ça fait que, pour l'accélération des dossiers puis des programmes
d'infrastructure, vous me permettrez d'avoir un doute, M. le Président.
Un mot plus général, pour terminer, avant ma
motion de grief. Des attachés de presse de mon aile parlementaire me disent souvent que je fais plus d'analyse
politique que de discours politiques. Ça se peut, ça se peut, c'est une vieille
déformation professionnelle, puis l'analyse politique, c'est un plaisir dont je
ne me passerai pas. Et je veux juste dire ici que ce discours d'ouverture de la
part du premier ministre me semble assez typique de tout ce que j'ai observé, depuis plus de 30 ans en politique, d'un
gouvernement en fin de régime, d'un gouvernement en fin de course, qui essaie
de se bricoler un héritage, qui essaie d'accélérer des choses qu'il n'a pas été
capable de faire, depuis sept ans dans le cas
de la CAQ. Tous les signaux sont là : l'éparpillement, des mots-clés qui
font très fort dans l'opinion publique puis dans les manchettes, comme «les
assauts contre la société québécoise», «la loi et l'ordre», «j'instruis ma
ministre de couper dans la fonction publique». Oui, ça résonne puis
ça... tu fais des belles manchettes, ça fait des belles manchettes. Mais, je le répète, puis on boucle la boucle, il
reste un an, il reste un an, puis, en tout cas, sur la réduction de la taille
de l'État et sur la bureaucratie, ça n'a pas été fait.
Alors, il me semble voir là un film que j'ai vu
à maintes, et maintes, et maintes reprises d'un gouvernement en fin de course. Et, pour moi, le signe le plus
tangible de ça, c'est de constater que ce premier ministre, et je l'ai dit, que
je connais depuis plus de 25 ans, que j'ai suivi d'abord et que je suis
encore ici dans un autre rôle... que ce premier ministre n'ait pas
réitéré sa priorité absolue, son sens politique, son sens dans sa vie
politique, qui est l'éducation, pour moi, c'est
un signe. Pour moi, c'est un signe d'éparpillement, de déliquescence de ce
qu'était la colonne vertébrale de ce gouvernement.
Motion formulant un grief
Sur ces bons mots, je vous présente une motion
de grief :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le
gouvernement de la CAQ de creuser les inégalités dans l'accessibilité et la
qualité des soins par la marchandisation et par la privatisation de notre
système de santé et des services sociaux.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Rosemont. Votre motion de grief est déposée sous réserve de sa
recevabilité.
Et je reconnais maintenant M. le ministre des
Ressources naturelles.
M. Jean-François Simard
M. Simard : Je vous remercie
beaucoup, M. le Président. Je suis très heureux de joindre ma voix à ce débat
portant sur le discours d'ouverture. J'ai déjà participé à ce type, comment
dire, de débat par le passé à titre de député et,
maintenant, je le fais à titre de ministre responsable des Ressources
naturelles et des Forêts ainsi que de ministre responsable de la Capitale-Nationale. Mais vous me permettrez
tout d'abord, M. le Président, de dire à mes concitoyens de Montmorency que ma priorité et mon premier mandat, c'est
d'être leur député de Montmorency. Et j'entends, comme je l'ai été au cours des
sept dernières années, rester présent au sein de ma communauté, à l'écoute de
leurs besoins.
Si j'avais à vous résumer comment je me sens
après un mois de mandat à titre de ministre responsable des Ressources... des Ressources naturelles, dis-je,
et des Forêts, c'est que ce ministère est sans doute celui qui rejoint... ou un
de ceux qui rejoint le plus l'ADN des Québécois. Pourquoi? Parce qu'il parle de
notre territoire. Et j'ai en tête cette fameuse strophe du grand chanteur
Claude Gauthier, dans ma jeunesse, qui résonne donc encore dans mon
esprit :
«Je suis de lacs et de rivières
Je suis de roches et de poussières.»
Lorsqu'on
parle des ressources naturelles et de la forêt, on parle de nous-mêmes, en
définitive. Il n'y a rien de plus identitaire que ce ministère, d'une
certaine manière.
Et, parlant de territoire, on ne peut pas ne pas
parler de forêt. Pourquoi? Parce que la forêt, qu'elle soit privée ou publique, elle couvre plus de la moitié de
notre territoire. Ce n'est pas banal. Et, dans cette forêt, donc, on a une
immense forêt publique qui fait plus
de 830 000 kilomètres carrés. Alors, ça paraît un chiffre qui peut
paraître un peu, comment dire, ésotérique quand on le regarde comme ça,
mais, lorsqu'on fait la comparaison, on a, comme patrimoine collectif, entre les mains, à travers notre territoire forestier, un
continent. C'est le bas de laine des Québécois et des Québécoises. Regardez,
là, moi, j'invite les gens qui nous écoutent à regarder sur Wikipédia la liste
de la superficie des pays qui siègent à
l'ONU. Et puis, à partir du... de mémoire, là, du 34e pays parmi les
quelque 200 qui siègent à l'ONU, tous les pays qui sont là, à partir du 34e, pourraient entrer, pas tous en même
temps mais un après l'autre, pourraient entrer dans la forêt publique
québécoise. C'est dire que nous sommes les héritiers d'un territoire immense
dont nous avons la responsabilité de prendre soin.
• (12 h 30) •
Et qui dit forêt publique puis immensité de
territoire dit forcément... appelle forcément une dimension de multifonctionnalité. Et j'attire votre attention,
M. le Président, et celle... et ceux... de ceux qui nous écoutent. Nous avons
bâti, au Québec, une espèce de modèle
québécois dans l'usage de nos forêts publiques. Ce n'est pas parfait, il y a
encore des écueils, il y a encore des irritants, on peut aller plus
loin, puis c'est ce qui nous habite.
D'ailleurs, dans la réforme du régime forestier,
mais force nous est de reconnaître qu'on a été capable jusqu'à présent, avec
toutes les difficultés dont je viens de parler, d'harmoniser une cohabitation.
D'abord, la forêt, il faut le rappeler, c'est un
milieu, c'est un écosystème, point barre, un écosystème qui est, en quelque
sorte, un des plus grands et des plus beaux poumons de l'humanité, qui stocke
des milliards de tonnes en carbone, en CO2. C'est aussi un lieu,
comment dire, de villégiature, c'est un lieu qu'on fréquente pour la randonnée,
qu'on fréquente pour la chasse, qu'on
fréquente pour la pêche, qu'on fréquente pour l'ornithologie, qu'on fréquente
pour tant d'activités sociales. C'est aussi un lieu, M. le Président,
qui est intrinsèquement relié à la vie sociale et économique du Québec parce que c'est un lieu où l'industrie
forestière génère à elle seule, directement et indirectement,
57 000 emplois. Il y a 900 villes et villages du Québec qui
comptent dans leurs rangs une présence directe ou indirecte de l'activité
forestière. Et il y a 150 villages, un peu plus de 150 villages au
Québec qui sont des villages dits mono-industriels, qui dépendent
essentiellement de l'industrie forestière. Le Québec ne serait pas ce qu'il est
sans l'industrie forestière. Donc, il y a une cohabitation qui se fait, dans
une recherche de développement durable, entre des impératifs écologiques, des
impératifs économiques et des impératifs sociaux. Et je pense que nous pouvons
être fiers de ce qu'on a fait et de ce qu'on va continuer à faire en matière de
forêt.
M. le Président, je ne peux pas poursuivre mon
discours sans m'arrêter sur une difficulté majeure que va rencontrer, que
rencontre déjà l'industrie forestière. Déjà, cette industrie, depuis les
25 dernières années, a souffert de l'effondrement du marché des pâtes et
papiers. Pourquoi? Parce que traditionnellement... Moi, mes parents lisaient,
mon père lisait son journal. Bien, le journal, il était, vous savez, imprimé
sur du papier journal. Ça ne se fait plus. Maintenant, nos quotidiens sont dans
une facture numérique. Malgré cet obstacle, l'industrie forestière a réussi à
tenir le coup, par son dynamisme, sa
productivité. L'industrie forestière est un des secteurs qui exporte le plus
aux États-Unis. Vous me voyez venir avec mes gros sabots, M. le
Président. Actuellement, il pèse une menace historique sur cette économie, et cette menace, elle n'est pas
attribuable à la pénurie de main-d'oeuvre directement. Non. Un peu, mais pas
directement, pas essentiellement. Ce n'est pas directement dû à un manque de
productivité. Ce n'est pas directement dû à un problème de concurrence
étrangère. La menace que rencontre l'industrie forestière, actuellement, elle
porte un nom : Donald Trump. Les menaces tarifaires que fait peser Donald
Trump sur notre industrie la menacent.
Et, si je vous dis ça, c'est parce qu'il faut
bien réaliser qu'il y a, au Québec, une toute petite minorité, j'insiste, c'est une toute petite minorité, de Québécois qui
le trouvent bien sympathique, Donald Trump — moi, je ne suis pas de ceux-là, mais il y en a qui le trouvent attachant — et
qui se plaisent à s'identifier à un mouvement qu'on appelle le MAGA, le
«Make America great again». Puis savez-vous quoi, M. le Président? Ces
partisans du MAGA, dans quel parti politique sont-ils, actuellement, au Québec?
Parce que c'est eux qui s'en vantent, qui me le disent lorsqu'on les croise,
lorsqu'ils nous appellent. Ils ne sont pas au Parti libéral, ils ne sont pas au
Parti québécois, ils ne sont pas à Québec solidaire, ils ne sont certainement
pas à la Coalition avenir Québec. Ils se retrouvent au Parti conservateur du
Québec dirigé par Éric Duhaime. Et
aujourd'hui ce chef a un rendez-vous de leadership. Puis, de deux choses l'une,
ou bien il dit à sa frange MAGA, dans son parti, qu'ils n'ont pas leur
place dans son parti parce qu'il veut être résolument pro-Québec ou bien il tolère et accepte, voire même encourage
la présence de membres MAGA dans son groupe. Et, ce faisant, on saura
vraiment où est-ce qu'il niche, on saura que les conservateurs du Québec sont
contre l'industrie forestière parce qu'ils tolèrent et encouragent les menaces
tarifaires de Donald Trump sur notre industrie.
Les 150 villages mono-industriels du Québec
vont s'en souvenir, M. le Président. Il a deux choix devant lui : ou bien il tolère les MAGA ou bien il ne les
tolère pas. Mais il y a un test de leadership qui s'annonce pour Éric Duhaime.
On attend de voir s'il sera au rendez-vous.
Ceci étant
dit, de notre côté, M. le Président, on ne s'est pas croisé les bras et on a
été très, très proactifs. Au cours des deux dernières années, on a
investi plus de 1,2 milliard dans l'industrie forestière à tous les
niveaux de la chaîne de production. Que ce
soit au niveau de la semence, que ce soit au niveau des plants, que ce soit au
niveau de la préparation des terres, que ce soit au niveau de la
plantation, que ce soit au niveau de la valorisation de la biomasse, que ce
soit au niveau de la coupe, que ce soit au
niveau du transport, on est là et on sera là pour accompagner l'industrie dans
la tempête qu'elle va traverser. Je suis, à cet égard, en étroite
collaboration avec ma collègue la ministre de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Énergie.
Vous me permettrez, parce que le temps file, d'avoir
quelques mots quand même sur le secteur minier parce que, s'il est un secteur de l'activité économique québécoise qui
apporte... contribue, j'oserais dire, à la richesse collective, c'est
bien celui-là. Vous devez savoir qu'à lui seul le régime forestier totalise
plus de 30 000 travailleurs directs et indirects. Et, au cours de mes
recherches, j'apprenais, M. le Président, que le secteur minier a ceci de
particulier qu'il est un des secteurs de
l'économie qui génère le plus d'emplois indirects : 1,35 emploi
indirect par emploi direct, c'est pour dire à quel point ce secteur est
névralgique pour nous. C'est un secteur qui totalise environ 9 milliards
en ajout au produit intérieur brut québécois
annuellement. Et puis c'est un secteur qui, par ses redevances, contribue à
notre richesse collective. Vous savez que,
évidemment, les redevances... le niveau des redevances fluctue d'année en année
selon la valeur au marché des
minéraux dont on parle, mais, grosso modo, l'an passé, c'était près de
500 millions de dollars qui ont été reversés au trésor québécois
via les redevances du secteur minier.
Ce secteur est, plus
que jamais, névralgique, plus que jamais. Nous sommes dans un contexte
international qui, depuis les dernières années, a beaucoup évolué, s'est beaucoup
transformé, et l'enjeu de la sécurité nationale devient de plus en plus
prioritaire. Et on ne peut pas penser les enjeux de sécurité nationale sans
oublier le rôle important que jouent à cet
égard les minéraux stratégiques et critiques. Et il n'y a pas beaucoup
d'endroits autant qu'au Québec, de par le monde, où on a une présence
aussi diversifiée de ces matériaux. Je vous rappelle, M. le Président, que la
seule mine en opération en Amérique du Nord, de graphite, qui est un conducteur extraordinaire, c'est chez nous, au
Québec. Et je vous rappelle que nous avons une des mines de lithium les
plus importantes du monde.
Je ne vais pas
continuer toute la liste. Nous avons 21 mines en opération au Québec et
nous entendons, dans les semaines qui viennent, vous présenter un plan encore
plus structuré en matière économique pour valoriser l'apport des minéraux
stratégiques et critiques, toujours dans une logique d'application du modèle
québécois. Parce que nous aussi, on ne propose pas un développement des minéraux
et de l'industrie minière débridé, nous sommes les partisans d'un développement harmonieux, d'un développement
responsable qui prend en compte les Premières
Nations, qui prend en compte la société civile, qui prend en compte
des dimensions d'acceptabilité sociale, qui prend en compte la nécessaire protection
de l'environnement. Nous avons, je crois, élaboré, au cours des dernières
années et tout dernièrement, grâce à l'action de la Coalition avenir Québec et
de la dernière Loi sur les mines... nous avons développé un processus qui renforce cette logique de développement durable
dans la mise en oeuvre de... de l'exploitation de nos ressources minières.
• (12 h 40) •
Je vois que le temps
file, j'aurais tant à vous dire, mais je ne voudrais pas terminer mon
intervention sans vous parler, bien sûr,
d'une des responsabilités qui me tient beaucoup à coeur, celle d'être désormais
responsable, à titre de ministre, de la région de la Capitale-Nationale,
une région qui m'a vu naître, dans laquelle j'ai grandi, certains diront que
j'ai arrêté de grandir rapidement, c'est un autre débat, mais j'ai cette
région, particulièrement la ville de Québec, de tatouée sur le coeur, et je suis
de ceux, et n'en déplaise à certains prophètes de malheur... n'en déplaise à
certains prophètes de malheur, je suis de ceux qui ont l'intime conviction que
la ville de Québec et sa région tout entière a le vent dans les voiles. C'est
une région dynamique. C'est une région innovante. C'est une région ambitieuse.
M. le Président, à travers le monde, puis il y a bien des enquêtes qui le
démontrent, l'une des destinations touristiques les plus prisées, c'est où? C'est où nous sommes, ici, à Québec. Et... Ça me
permet de prendre un petit verre d'eau. Et tout ça au bénéfice, au profit
de notre industrie touristique, plus particulièrement au profit de notre
industrie hôtelière.
Nous avons, à Québec,
une expertise reconnue mondialement dans tant de secteurs. Grâce à la présence
de mon alma mater, l'Université Laval, nous sommes un pôle scientifique
international. Aussi, en cela, grâce à la présence du réseau de l'Université du
Québec, de la TÉLUQ, de l'ENAP, de l'INRS, j'inclus même le campus de Lévis de l'UQAR, nous rayonnons sur le plan scientifique,
comme nous rayonnons sur le plan touristique, comme nous rayonnons
également sur le plan culturel. Les Robert Lepage et Sylvain Bédard de ce
monde, c'est extraordinaire, la vitrine que ces personnes nous offrent sur la
scène internationale.
Et pas plus tard
qu'hier, M. le Président, j'étais avec mon ami, le ministre de la Culture, nous
allions voir... Date symbolique, le
7 octobre, le grand Riopelle aurait eu 102 ans. Nous allions voir
l'avancement des travaux pour le musée Riopelle, qui est un
agrandissement du musée des beaux-arts. C'est un secret bien gardé. Il faut
rappeler que, grâce à cet agrandissement, le
musée des beaux-arts devient, au mètre carré, l'un des plus importants musées
en Amérique du Nord. Et, avec le Musée de la civilisation... Merci, collègues. Avec le Musée de la
civilisation, avec le nouveau Musée national
de l'histoire du Québec que nous allons faire dans les murs du Vieux-Québec, Québec va devenir l'une des plus importantes, sinon la plus importante, destination muséale d'Amérique du
Nord, et j'en suis très fier. Ça, c'est grâce à la Coalition avenir
Québec.
Sur
le plan économique, nous avons soutenu et nous allons continuer de soutenir la
Zone économique métropolitaine, qui unit Lévis à Québec. J'insiste sur
ce point. Moi, là, j'estime que Québec, c'est une ville qui est grande, qui est
prospère, qui est à côté d'une autre ville
qui est grande et qui est prospère, qui est Lévis. On est séparés par un
fleuve, mais nous savons aujourd'hui que nous ne formons plus qu'une
seule et même économie qui va venir être structurée et soutenue davantage par le troisième lien, parce que nous allons de
l'avant avec le troisième lien, et nous allons le réaliser, M. le
Président.
Encore
sur le plan économique, pour vous montrer à quel point ma ville, elle est
innovante, à quel point ma ville, elle est ambitieuse, à quel point ma
ville a les yeux tournés vers l'avenir, j'étais, il y a deux jours, au Musée de
la civilisation pour assister à une présentation qui a été élaborée par quatre
incubateurs d'entreprises bien connues de la région
de Québec : Quantino, 2 Degrés, Le Camp, puis nos amis de
l'université, Entrepreneuriat ULaval. Ils se sont réunis ensemble. Ça, c'est un symbole, que des
incubateurs d'entreprises s'unissent. Ils ne sont plus compétiteurs. Ils sont
partenaires d'une même cause, soutenir, permettez-moi l'anglicisme, une fois
n'est pas coutume... soutenir le développement de start-up à Québec.
Et c'était beau de
voir 16 jeunes, un après l'autre, un peu comme aux Dragons, là, se
présenter devant des investisseurs, une
cinquantaine d'investisseurs. Ils présentaient leurs projets pour être soutenus
financièrement, développer des entreprises ici, chez nous, à Québec.
Puis moi, je commence à être d'un âge pas mal avancé, vous le voyez avec mes cheveux blancs, mais vous m'auriez dit, quand
j'avais 15 ans, qu'un jour il y a un autobus qui serait nolisé de Montréal,
rempli d'investisseurs qui partent de
Montréal, pour venir à Québec, pour investir chez nous, dans ma capitale
nationale, je ne vous aurais pas cru. Bien, c'est ce qui se passe en ce
moment à Québec, M. le Président, et ça, c'est grâce au leadership économique
du premier ministre du Québec et de la Coalition avenir Québec.
Je voulais vous dire, en
terminant, parce que c'est vraiment la dernière fois que je vous dis «en
terminant» parce que je vois mon leader qui me fait des grands signes, je dois
laisser du temps à mes collègues, ce leadership-là, ce n'est pas le leadership
d'une seule personne, c'est toute une équipe. Et je voulais lever ma main...
Lever? Je lève ma main, oui, mais surtout lever mon chapeau à mes collègues de
la région de Québec, les députés de la Coalition avenir Québec qui, chacun à leur façon, transforment le visage de la
région de Québec. Je pense ici à mon collègue, à mon collègue de Chauveau, qui,
grâce à son leadership, change le dynamisme du milieu et qui se traduit donc
par deux nouvelles écoles, un CHSLD à Wendake, deux nouveaux CPE dans le
quartier Saint-Émile, trois terrains de soccer synthétiques, tout ça pour la
fierté de nos jeunes. Il en va de même pour mon collègue de Charlesbourg, le
nouveau ministre des Transports, qui voit
grand pour les jeunes parce qu'on a construit l'école secondaire le Phare.
C'est un projet de 174 millions de
dollars. C'est la première école secondaire construite dans l'ancienne
commission scolaire des Premières-Seigneuries en 50 ans.
Une voix : ...
M. Simard : Le centre de
services scolaire. Merci, très cher collègue.
À cela
s'ajoute, bien sûr, l'école primaire l'Ancrage, un investissement de
41 millions de dollars. Dans Portneuf, mon collègue multiplie les projets porteurs avec un parc sportif de 8 millions
de dollars à Saint-Raymond, la construction d'un préau à Saint-Basile, sans oublier l'inauguration récente d'une
nouvelle caserne et la rénovation de l'hôtel de ville. Dans Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
ma collègue travaille sur... conjointement, bien sûr, avec moi. On a... On est
en train de construire, puis vous le voyez, comment ça va vite, le pont de
l'île d'Orléans. Vous avez vu les esquisses du pont de l'île d'Orléans? Ce nouveau pont sera l'un des plus beaux ponts
d'Amérique du Nord. Il fera partie de la signature touristique et
architecturale de la grande région de Québec. Tout ça grâce à ma collègue la
députée de Charlevoix. Un mot également pour ma collègue de Louis-Hébert qui...
grâce à laquelle nous avons réussi à construire le site historique
Cartier-Roberval. Et je voulais lever, bien sûr, mon chapeau à ma collègue
parce que, grâce à elle, nous avons réalisé dans les budgets et dans les temps
la phase III de Samuel-De Champlain. C'est une des plus belles
réalisations de la Coalition avenir Québec. Et je voyais tout récemment les
chiffres que me proposait... présentait la Commission de la capitale nationale.
C'est un succès de fréquentation phénoménal qui s'accroît d'année en année et
qui répondait, bien sûr, à la volonté des gens de redonner le fleuve à la
population.
Un petit mot.
Dans Montmorency, nous avons racheté les terres des Soeurs de la Charité.
C'était un dossier qui traînait dans les cartons depuis 30 ans. Ce
sera le plus beau projet, à terme, de ferme urbaine en Amérique du Nord. On refait de fond en comble le site de la chute
Montmorency, qui est le principal attrait touristique au Québec, après le Vieux-Québec.
Donc,
chacun à notre manière, chacun dans nos coins de pays, je vous parle, bien sûr,
des gens de la Capitale-Nationale, mais je pourrais vous parler de tous
les collègues de la Coalition avenir Québec, chacun d'entre nous a à coeur puis
veut changer son milieu, puis on ne
s'arrêtera pas, on ne s'arrêtera pas, M. le Président, en si bon chemin. Je
vous remercie de votre attention.
• (12 h 50) •
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre des Ressources naturelles et des Forêts. Et je
reconnais maintenant Mme la députée de Mont-Royal—Outremont.
Mme Michelle Setlakwe
Mme Setlakwe : Merci, M. le
Président. Et je me lève aujourd'hui à mon tour pour réagir, pour offrir une
réplique à ce budget d'ouverture qu'a prononcé le premier ministre la semaine
dernière, un discours, dois-je le dire, de
fin de parcours qui sonne creux et, je dirais même, qui sonne comme un aveu
d'échec, M. le Président. Car, il faut le rappeler, ça fait sept ans que le gouvernement de la CAQ est au pouvoir.
Après sept années au pouvoir, ce gouvernement agit comme s'il était
encore à ses débuts, comme s'il découvrait soudainement les enjeux et les
problèmes auxquels font face les Québécois.
Le premier ministre tente même, je dirais, de repartir à neuf, de repartir sur
des nouvelles bases. Il se présente comme porteur de renouveau, mais il lui
reste un an pour livrer des résultats, alors que ça fait sept ans qu'il est au
pouvoir. Il promet aujourd'hui de faire, en un an, ce qu'il n'a pas fait en
sept ans. Et ce qu'il nous a livré la semaine dernière, c'est trop peu,
trop tard. C'est comme s'il s'engageait, aujourd'hui, à faire, dans la
prochaine année, donc la huitième et,
présumément, dernière année de son mandat, ce qu'il s'était engagé à faire il y
a sept ans. Et, en ce sens-là, je dirais que c'est un aveu d'échec. Et
toute cette opération, là, de remaniement ministériel, prorogation de la
session, discours d'ouverture, pour moi, c'est un signe, c'est un aveu d'échec.
Si le premier ministre était fier de son bilan, fier de ses réalisations, nous ne serions pas, aujourd'hui, à discuter d'un
discours d'ouverture. Je pense que le premier ministre tente de nous faire oublier les sept dernières
années et à quel point elles ont été empreintes d'échecs, de fiascos, de
déceptions, de promesses brisées, M. le Président.
Quand on dit que c'est trop peu, trop tard et
qu'il reste une année, là, pour livrer des résultats, bien, écoutez, sur le terrain, les Québécois, eux, n'ont vraiment
plus le luxe d'attendre. Permettez-moi même de citer le premier ministre.
Il dit : «Les Québécois veulent que ça
change, et on va livrer.» Mais ça fait sept ans qu'il est au pouvoir, encore
une fois, et il dit lui-même qu'il entend les Québécois dire qu'ils
souhaitent qu'il y ait du changement, comme s'il parlait de l'état des choses
du Québec, comme s'il en parlait à la troisième personne. Or, c'est lui qui est
aux commandes, c'est lui qui est au pouvoir,
c'est lui qui dirige le gouvernement du Québec depuis sept ans. Il était où,
depuis sept ans, M. le Président?
Le premier ministre a
souvent dit aussi : Jugez-nous sur les résultats. Bien, les résultats, M.
le Président, c'est six budgets déficitaires de suite, des déficits records et
même une décote. Et ça, en soi, c'est une... c'est loin d'être source de fierté. Une décote, ça veut dire que ça
nous coûte plus cher pour nous financer, coûte plus cher pour emprunter,
on ajoute au service de la dette. Ce n'était vraiment pas un jour de gloire
pour le Québec quand on a appris qu'on était décotés, et c'est arrivé sous le
gouvernement de la CAQ.
Si seulement, M. le Président, les services
étaient au rendez-vous, bon, il y a des déficits, mais ça donne quelque chose sur le terrain, concrètement, dans le
quotidien des Québécois. Mais, non, les services ne sont pas au rendez-vous.
Je dirais que les services se sont... les
services publics se sont détériorés sur tous les fronts, depuis que la CAQ est
au pouvoir. Les Québécois paient, mais ils n'ont pas les services
auxquels ils ont droit.
M. le Président, en résumé, là, la CAQ n'est
plus crédible. Ils ont eu leur chance, ils ne sont plus crédibles. Et ce n'est
pas quelques changements de sièges, quelques changements au niveau du Conseil
des ministres qui va changer quoi que ce
soit à ce constat. Ce sont essentiellement les mêmes personnes, au Conseil des
ministres, c'est le même groupe, et le bilan des sept dernières années,
c'est leur échec collectif à eux.
Revenons,
justement, sur ces sept dernières années, là, permettez-moi de faire un bilan
sommaire. On a eu droit à des échecs répétés, des promesses brisées. En santé,
des listes d'attente plus longues, manque de personnel, conditions de travail dégradées. Combien de Québécois,
partout dans nos comtés, là, je suis certaine que ça arrive à tous les députés ici...
combien de nos commettant, nos concitoyens nous parlent du fait qu'ils ont de
la difficulté à voir un médecin? La première ligne n'a jamais été aussi
difficile, catastrophique, je dirais. Le contrat social, il est brisé.
Moi, j'ai une mère de 84 ans qui a un
médecin de famille qui n'a pas le temps de la voir à chaque année.
Heureusement, Dieu merci, elle est en bonne santé. Mais comment se fait-il
qu'une dame de 84 ans ne puisse pas voir son
médecin de famille tous les ans de façon soutenue et régulière? C'est toujours
une histoire. Je n'ai rien contre les soins qu'elle reçoit, une fois qu'elle
est devant un médecin ou un membre de son GMF. Mais on en est rendu à prioriser
là où on ne devrait pas faire des
tris. Je pense qu'au Québec, sous la CAQ, au niveau de la santé, c'est :
pas de médecin de famille, des délais, des... un délai d'attente pour des gens
qui ont des... qui souffrent de cancers, des chirurgies, les listes d'attente
qui s'allongent. Franchement, le bilan, il est déplorable.
En éducation, les infrastructures scolaires
vétustes, des écoles surpeuplées, une rentrée scolaire chaotique encore le mois dernier. Dans ma circonscription, je
vais y revenir, on attend, depuis des années, une nouvelle école
dans le secteur le Triangle. Le projet, il était inscrit, le budget, il
était là, les plans sont faits, tout est prêt, le terrain est prêt,
décontaminé, et le projet, M. le Président, il est mis sur pause. J'y
reviendrai.
Au niveau du logement, on vit une crise sans
précédent. Le taux d'inoccupation est historiquement bas. Les loyers explosent.
Est-ce qu'on a entendu le premier ministre, la semaine dernière, nous parler de
la crise du logement? Non, M. le Président.
Au niveau de
l'économie, je pourrais parler longuement d'économie pour dire à quel point ce
gouvernement s'était présenté comme le parti de l'économie, le parti des
régions. Franchement, quelle déception. Une série de mauvaises décisions, de mauvais investissements. Dois-je
rappeler la déconfiture Northvolt? Quel gaspillage des fonds publics, durement
gagnés par les Québécois. Quelle lacune au
niveau de la vérification diligente. Je suis désolée, M. le Président, la
moyenne au bâton du premier ministre, elle n'est pas bonne. Ce n'est pas
un risque calculé, c'est un échec, M. le Président.
Parlons des régions. Mon collègue le député de
Pontiac se lève souvent pour rappeler les réalités de sa région. Le
gouvernement de la CAQ a montré maintes et maintes fois qu'il n'est pas à
l'écoute, que ses mesures mur à mur ne
servent pas les Québécois. Pensons juste au... tout récemment, là, au
revirement dans le dossier de la réforme du régime forestier. D'ailleurs, la
ministre qui en était responsable n'est plus au Conseil des ministres et,
franchement, elle a mis en lumière à quel point ce dossier-là a été un
échec complet. Ils ont complètement raté, M. le Président, cette réforme
importante d'un secteur de notre économie qui est très, très important, qui
fait vivre de nombreuses familles dans de nombreuses villes et villages partout
au Québec.
Qu'est-ce qu'il va arriver, là, étant donné cet
échec et ce recul du gouvernement au niveau de sa réforme, le projet de loi
n° 97? Bien, écoutez, ça va être des... encore plus d'emplois, encore plus
d'insécurité, plus de fermetures des scieries, et autres. Ce sont les Québécois
qui attendent cette réforme, et le gouvernement de la CAQ n'a pas été en mesure
de la mener à bien. Est-ce que, dans la prochaine année, ils vont y arriver?
Permettez-moi d'en douter. Il ne leur reste pas assez de temps, M. le
Président, pour livrer des résultats, pour livrer des résultats pour les
régions, pour livrer des résultats en santé, en éducation, au niveau de la
crise du logement.
Mentionnons certains des grands absents du
discours d'ouverture, les aînés, M. le Président. Est-ce qu'on a entendu parler
des aînés? Presque absents du discours, alors qu'ils s'appauvrissent de mois en
mois. Ils sont de plus en plus nombreux à voir leurs revenus stagner pendant
que le coût de la vie explose. Ce sont des propos que j'entends souvent lorsque
je suis sur le terrain, et je suis certaine que c'est la même chose pour
l'ensemble des députés ici. Ces femmes et ces hommes qui ont bâti le Québec...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Mme
la députée de Mont-Royal—Outremont,
souhaitez-vous poursuivre à la reprise des travaux?
Mme Setlakwe : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, compte tenu de
l'heure, les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 01)
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bonjour,
chers collègues. Vous pouvez prendre place.
Aux affaires prioritaires de l'article 1 du
feuilleton, l'Assemblée poursuit le débat sur le discours d'ouverture et sur la
motion de M. le premier ministre proposant que l'Assemblée approuve la
politique générale du gouvernement ainsi que sur les motions de grief
présentées par Mme la cheffe de l'opposition officielle, Mme la cheffe du
deuxième groupe d'opposition, Mme la députée des Mille-Îles, M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
Mme la députée de Bourassa-Sauvé, Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
M. le député de Nelligan, M. le député de Marguerite-Bourgeoys, Mme la députée
de Notre-Dame-de-Grâce, Mme la députée de Chomedey, M. le député de Taschereau, Mme la députée de D'Arcy-McGee, M. le
député de Marquette, Mme la députée de Terrebonne, M. le député de
Pontiac, M. le député de l'Acadie et M. le député de Rosemont.
Avant de
donner la parole au prochain intervenant, je vous informe que
15 h 19 min 55 s sont... ont été utilisées dans
le cadre de ce débat. La répartition du temps de parole restant est la
suivante : 4 h 42 min 5 s au groupe parlementaire
formant le gouvernement, 1 h 47 min 12 s au groupe
parlementaire formant l'opposition officielle, 1 h 25 min 17 s
au deuxième groupe d'opposition,
45 min 31 s au troisième groupe d'opposition et 60 minutes
au représentant du gouvernement pour sa réplique.
Je suis
maintenant prête à céder la parole à un prochain intervenant. Et on me
mentionne que Mme la députée de Mont-Royal—Outremont n'avait pas terminé son intervention, donc je lui cède
la parole.
Mme Setlakwe : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je mentionnais, plus tôt, que parmi les grands absents du
discours d'ouverture il y a les aînés, ces femmes et ces hommes qui ont bâti le
Québec et qui méritent beaucoup mieux que des demi-mesures. Également, on a peu
entendu parler des étudiants, de la jeunesse en général, ils ont été oubliés,
alors qu'ils vivent, dans une proportion grandissante et alarmante, une
précarité financière. Plusieurs ont recours, malheureusement, à des banques
alimentaires et ils vivent de l'anxiété face à l'avenir, Mme la Présidente, j'y
reviendrai avec des données plus précises dans ma circonscription. Donc, quand
on laisse de côté les jeunes et les aînés, c'est l'avenir et la mémoire du
Québec qu'on abandonne.
Après les gaspillages, les déficits successifs,
bien là, le gouvernement de la CAQ n'a pas le choix que d'imposer des coupures,
des compressions budgétaires, et, tout ça, bien, il y a un impact sur la
population. Le retour à l'équilibre budgétaire se fait malheureusement sur le
dos des citoyens. Il y a des coupes en éducation, malgré les revirements cet été, avec, bon, des coupures, ensuite des
réinvestissements mais avec des conditions. Tout ça a causé une rentrée chaotique
dans nos écoles, et ce sont les enfants qui en font les frais et surtout, mais
malheureusement, ceux qui ont des besoins particuliers, Mme la Présidente. Ici,
on coupe dans notre avenir collectif. Le gel du recrutement dans la fonction
publique et dans les universités, bien, il y a un impact direct sur les
services également.
Permettez-moi de mettre de l'avant quelques cas
concrets dans la circonscription de Mont-Royal—Outremont. L'inflation et la
crise du logement font mal également dans ma circonscription. L'inflation
frappe de plein fouet partout, incluant dans Mont-Royal—Outremont, qui n'y échappe pas. Également, la crise du logement
fait très mal dans ma circonscription aussi. Rappelons que le taux
d'inoccupation est de 1,9 % pour l'agglomération de Montréal. Ça signifie
donc que les loyers sont en forte hausse, qu'il y a des familles qui peinent à
se loger et il y a une pression constante sur
le tissu social. Je pense notamment au secteur Côte-des-Neiges, dans la
circonscription de Mont-Royal—Outremont, qui
est le deuxième quartier de Montréal comptant le plus grand nombre de personnes
à faibles revenus.
Donc, la crise du logement, elle fait très mal
autour de chez moi, et je trouve extrêmement pénible de voir à quel point il y a des familles qui font
des choix déchirants, ils ont tout simplement... ils sont tout simplement
incapables de rencontrer toutes leurs
obligations financières et de rencontrer tous les besoins de leur famille, que
ce soit le logement, le transport, habiller les petits. Évidemment,
faire l'épicerie, ça coûte cher pour tout le monde.
Je suis vraiment déçue et étonnée que le premier
ministre n'ait pas parlé de ça en... vraiment de façon prépondérante dans son discours d'ouverture, je trouve ça malheureux,
parce que, si on demande aux Québécois qu'est-ce qui les préoccupe le plus,
c'est des enjeux dans le quotidien, là, faire face à la hausse du coût de la
vie. Franchement, c'est vraiment être déconnecté de la réalité que de ne
pas en parler dans un discours d'ouverture.
Dans Côte-des-Neiges, je le mentionnais tout à
l'heure, on attend impatiemment la construction d'une nouvelle école primaire
dans le secteur Le Triangle. C'est un secteur qui a vu, donc, une
densification. Ça s'est fait de façon intelligente. Ça fait plusieurs années
qu'on voit des nouveaux ménages, des centaines de nouveaux ménages s'établir. Et puis l'école, elle avait été prévue, le
terrain, il est là, il est prêt à recevoir l'école, les plans sont prêts, le
montant se trouvait dans le PQI, mais malheureusement on a appris plus
tôt cette année que, suite à des reports, bien là, finalement, le projet, il est mis sur la glace, et ça, c'est
extrêmement malheureux parce que ce sont les enfants et les familles du secteur
Le Triangle qui en souffrent. Ces
familles doivent composer avec des écoles surpeuplées. Donc, les élèves sont...
ils doivent aller à l'école des
Nations, qui est déjà à pleine capacité. C'est un surpeuplement qui nuit à la
réussite des écoles et transforme le
quotidien parental en véritable casse-tête logistique, Mme la Présidente. Ce
n'est pas aux enfants du secteur Le Triangle de faire les frais de la
mauvaise gestion des finances publiques par la CAQ.
Je demande que ce projet-là soit remis en haut
de la liste, qu'il soit remis sur la liste des projets en marche. Ça fait assez
longtemps que les familles et les enfants du secteur Le Triangle, à Montréal,
attendent cette école primaire de quartier. Il me semble qu'au Québec, d'offrir
la possibilité aux familles d'envoyer leurs enfants à une école primaire de quartier à proximité de la maison, ça ne
devrait pas être quelque chose d'inaccessible. C'est fondamental dans nos
valeurs de société, là, qu'on ait... qu'on valorise l'école publique de
quartier à proximité des foyers. Qu'on envoie des enfants dans une école
de référence trop loin, où les déplacements se font de façon souvent non
sécuritaire, ça inquiète les parents, ça prend beaucoup
de temps dans leur quotidien. Je demande au gouvernement de remettre ce
projet-là sur les rails. Et d'ailleurs j'ai une pétition qui fera l'objet d'une
discussion dans les prochains jours. Je m'attends à ce que ce projet-là voie le
jour à très court terme, Mme la Présidente.
Bon, également, les compressions budgétaires du
gouvernement ont aussi aggravé les difficultés des réseaux universitaire et
collégial, dont les infrastructures sont malheureusement déjà déficientes. Il y
a eu des coupures, gels de recrutement du
personnel administratif, restrictions au niveau des budgets de fonctionnement.
Toutes ces décisions affectent directement les services aux étudiants et
la capacité des établissements à remplir leur mission.
J'ai parlé de la précarité des étudiants un peu
plus tôt. Bien, dans Mont-Royal—Outremont, la précarité étudiante, elle atteint un sommet. À l'Université
de Montréal, près de 500 étudiants dépendent maintenant de l'aide
alimentaire offerte par l'organisme local MultiCaf. Cette année, c'est 89 jeunes
par jour qui ont recours à la banque alimentaire
du campus, c'est une augmentation de 44 % par rapport à 2022‑2023.
Ce n'est plus un simple signal d'alarme, c'est vraiment un cri, un cri d'une
génération que le gouvernement laisse tomber, malheureusement, Mme la Présidente.
Ce ne sont pas de simples chiffres budgétaires, ce sont des enfants, des
familles et des étudiants qui en paient le prix.
• (15 h 10) •
Permettez-moi de souligner certaines
incohérences du gouvernement, rapidement, en terminant. Donc, on parle
d'immigration puis de pénurie de main-d'oeuvre, mais il y a des travailleurs
compétents qui sont forcés de quitter le Québec
faute de permis renouvelés. Je trouve ça non seulement inhumain, mais c'est
économiquement irresponsable. On peut
parler longuement, là, des gaspillages au niveau des projets numériques, SAAQclic,
là c'est les projets en santé, là, qui n'aboutissent pas, donc, qui sont
suspendus, on parle de retards puis de gaspillage, encore une fois, de coûts
qui explosent. C'est extrêmement inquiétant, quand on est déjà en situation
déficitaire, de voir ces gaspillages-là puis de voir des choix extrêmement
déchirants que le gouvernement doit prendre, mais ça, c'est une conséquence de
leur mauvaise gestion, Mme la Présidente.
Donc, en conclusion, ce discours d'ouverture
aurait pu être celui de renouveau, d'ambition, d'espoir, mais ce qu'on a
entendu, c'est un gouvernement essoufflé, à court d'idées et déconnecté des
priorités des Québécois. Les Québécois n'ont tout simplement plus le luxe
d'attendre. Après sept ans d'échecs et de promesses brisées, ils méritent un
vrai gouvernement, responsable, à l'écoute, tourné vers l'avenir. Après sept
ans de la CAQ, si ça fonctionnait, là, on le
saurait. Donc, en résumé, c'est malheureusement des gaspillages, des déficits,
une décote et des services en déroute. Les Québécois ne peuvent plus se
payer la CAQ, elle nous coûte trop cher.
Motion formulant un grief
En terminant, j'aimerais déposer une motion de
grief, Mme la Présidente, qui se lit comme suit :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour
l'accumulation des dépassements de coûts et de retards dans les projets
de transformation numérique de l'État.»
Merci, Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Votre motion est déposée
sous réserve de recevabilité.
Maintenant, je cède la parole à la députée...
bien, à la ministre et députée de Sanguinet. La parole est à vous.
Mme Christine
Fréchette
Mme Fréchette : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Donc, comme on le sait, le premier ministre a
annoncé ses couleurs, et l'économie y est au centre. Alors, comme ministre de l'Économie, de l'Innovation et
de l'Énergie, je peux vous dire que ça me fait plaisir à entendre, même si,
en même temps, ça ne me surprend pas, considérant le parcours du premier
ministre.
Alors, je veux d'abord commencer en disant qu'on
a les pieds bien sur terre, qu'on est bien pragmatiques, à la CAQ. On a investi
dans des entreprises qui sont porteuses pour le Québec. Certes, on a eu
quelques projets qui n'ont pas eu le succès
escompté, mais on a surtout eu des réussites dont les oppositions ont de la
difficulté à parler. Ce n'est jamais, disons, dans leurs réflexes de
parler des bonnes nouvelles, mais par chance nous avons des tribunes, comme
celle d'aujourd'hui, qui nous permettent de
les mettre de l'avant. Alors, j'ai des listes de plusieurs pages de succès, des
succès d'ici, et je me permets de vous en donner quelques-uns des
exemples.
On a investi, par exemple, pour supporter la
consolidation du siège social de Premier Tech à Rivière-du-Loup, une entreprise
qui a fêté son 100e anniversaire récemment, donc, qui est très bien
établie, une excellente notoriété et rayonnement
à l'échelle internationale. On a investi également pour Cascades, en Estrie,
pour qu'elle puisse moderniser ses installations et augmenter sa
productivité, et Dieu sait que c'est un objectif important pour le Québec. On a
investi également dans la Davie, à Lévis,
pour qu'elle puisse faire des acquisitions stratégiques, des acquisitions qui,
aujourd'hui, nous permettent d'être positionnés de manière avantageuse
dans le contexte du rehaussement de l'intérêt et des dépenses pour le secteur de la défense. Et on a investi également dans
Minerai de fer Québec, sur la Côte-Nord, pour les aider à doubler leur
production.
Et, vous
savez, le plus beau dans tout ça, eh bien, c'est que ce sont toutes des
entreprises établies dans les régions, les régions du Québec. Alors, les
oppositions peuvent ranger leurs épouvantails, notre gouvernement est bel et
bien celui qui encourage le plus le
développement de notre économie en région. Et, dans nos régions, on retrouve
nos moteurs économiques, à savoir nos
petites et moyennes entreprises, le tissu industriel le plus important du
Québec. Alors, Mme la Présidente, je peux vous
dire qu'elles sont bien au coeur de nos priorités, tout comme de celles du
premier ministre. À preuve, d'octobre 2018 à
mars 2025, ce sont 25 000 interventions qui ont été faites, dont plus
de 94 % auprès de PME, par le gouvernement. C'est considérable.
C'est un rehaussement très important par rapport à ce qui prévalait avec le gouvernement antérieur, et ça, ça représente
25,3 milliards de dollars d'Investissement Québec qui ont été
injectés dans l'économie, avec des retombées de
93,3 milliards de dollars. Ça, ce sont les investissements totaux qui
ont été soutenus.
Donc, chaque dollar qui a été investi par notre
gouvernement a rapporté presque quatre fois le montant investi en termes de retombées globales. On soutient
42 % plus d'entreprises que le parti de l'opposition officielle lorsqu'ils
étaient au gouvernement, et ça donne des résultats concrets qui ont un
impact direct sur le portefeuille des Québécois. Le PIB réel par habitant,
depuis 2018, est en chute dans le reste du Canada, on y observe une chute, un
déclin de 2 % dans le reste du Canada. Mais au Québec, grâce à notre
approche, grâce à nos investissements, à notre vision, on a réussi non seulement à maintenir ce PIB réel par habitant,
mais en fait on l'a augmenté, on l'a augmenté de 3,1 %. Donc, c'est un... une
distance considérable et c'est ce qui nous permet de rattraper, d'ailleurs, le
retard que l'on avait sur l'Ontario et qui s'amenuise d'année en année grâce à
nos interventions. C'est la première fois, en fait, que le Québec occupe le premier rang au Canada en termes de taux de
croissance du PIB par habitant. Et ce n'est pas parce que les autres n'avaient
pas essayé. On peut remonter jusqu'au gouvernement de Jean Lesage pour comparer
les résultats des gouvernements antérieurs,
et c'est seul le gouvernement de la CAQ qui est parvenu à occuper le premier
rang au sein du Canada en termes de croissance du PIB par habitant.
Maintenant,
regardons du côté du revenu disponible réel par habitant depuis 2018. Alors,
dans le reste du Canada, on parle
d'une augmentation de 5,6 %. C'est quand même honnête, ce n'est pas mal,
mais au Québec on a réussi à faire deux
fois mieux, on a une augmentation du PIB réel par habitant de 11,1 %,
c'est majeur. Alors, c'est vraiment remarquable, ce que notre gouvernement a réussi à faire, dans les dernières années,
non seulement pour maintenir notre économie, mais également pour la
rendre encore plus solide, et on va continuer à le faire.
Maintenant, c'est important de souligner que
nous sommes dans un contexte économique pour le moins singulier, où le monde entier semble dépendre de l'humeur du président
des États-Unis pour la suite des choses. Ça a des impacts
importants, bien sûr, sur plusieurs, plusieurs de nos secteurs économiques. Et
nous, on a agi très rapidement en mettant en place des programmes d'aide aux
entreprises. En fait, on a été les plus rapides au Canada, et ce n'est pas moi qui le dis, c'est l'ancien premier ministre
Jean Charest qui me confiait, en fait, et qui confiait, à l'occasion d'un
événement auquel j'ai participé en sa présence, que c'était le Québec
qui s'était le plus rapidement positionné pour aider les entreprises dans le
contexte de la guerre tarifaire. Alors, ces programmes que l'on a mis en place
découlent de consultations, et on s'est
assurés de répondre aux besoins des entreprises, et je les ai personnellement
consultées à plusieurs occasions
depuis l'automne de l'an dernier pour être en phase avec leurs besoins, et être
à l'écoute, également, de leurs réalités, et suivre attentivement
l'évolution de leur situation.
Maintenant, nous, comme gouvernement, on y voit
aussi une manière de renforcer notre économie. On veut créer des emplois dans des filières d'avenir, on veut que nos
entreprises investissent pour leur productivité et on veut aussi diversifier nos marchés, et c'est exactement ce
que permettent les programmes que l'on a mis sur pied. Ils permettent de
rejoindre l'ensemble de ces objectifs que je viens de vous nommer.
Alors, Mme la Présidente, je veux revenir sur le
contexte économique des dernières années, un contexte, on le sait, qui est sans précédent. D'une part, on parle
d'une pandémie mondiale, où notre économie a été mise sur pause pendant
quelques années, et maintenant des tarifs douaniers insensés, injustifiés.
Aucun des partis devant nous n'a fait face à ce
type d'enjeux. On est le gouvernement qui a l'expertise et qui a l'expérience
pour traverser les tempêtes. On doit faire des choix judicieux pour
protéger notre économie, pour protéger nos travailleurs et nos entreprises, et
parmi ces choix, il faut qu'on continue à investir dans des filières d'avenir
comme la filière batterie. Comme je le disais, on a encore les deux pieds sur
terre, bien pragmatiques. On sait que certains projets de la filière n'ont pas
eu le succès escompté, et c'est pourquoi, d'ailleurs, nous avons cessé le
financement à certaines entreprises et que nous avons tiré des leçons,
également, de ces situations.
Maintenant, si on regarde le portrait réel, eh
bien, je vous dirais qu'il y a plusieurs indicateurs qui sont au vert. Alors,
certes, la croissance n'est pas aussi rapide que prévu parce qu'il y a un
contexte international de ralentissement de ce qui relève de l'électrification
des transports, par exemple, mais la croissance demeure. On ne peut plus
imaginer notre monde sans voitures
électriques, ce serait une hérésie. C'est une tendance qui est là pour rester,
et on est positionnés dans ce secteur-là de manière avantageuse.
• (15 h 20) •
La filière batterie, elle, elle va bien et elle
est en vie. Et, pour ceux qui ne me croient pas, je les invite à aller visiter
le parc industriel et portuaire de Bécancour. Je les invite à aller faire une
visite des entreprises qui ont choisi le Québec
et qui ont choisi Bécancour pour se déployer et faire croître leurs activités.
C'est une invitation, Mme la Présidente, que j'ai lancée plusieurs fois
en Chambre lors de la dernière session parlementaire, je ne sais pas si les
collègues ont saisi la balle au bond, mais
je réitère à nouveau cette invitation à aller visiter le parc industriel de Bécancour. Il y a tellement de curieux, en fait, qui
s'intéressent à ce qui est en train de s'y dérouler, s'y développer que la
ville de Bécancour a développé un circuit de trolleybus pour répondre à la
demande croissante de gens qui voulaient faire du tourisme industriel, qui
voulaient voir qu'est-ce qui se passe à Bécancour parce que c'est en pleine
transformation. Alors, vous avez régulièrement, comme ça, des bus qui font le
tour du parc industriel. Et j'ai d'ailleurs mes parents qui me disaient, il y a quelques jours, vouloir aller faire cette
visite avec le trolleybus, et ils m'ont dit qu'ils se sont fait répondre que
c'était complet. Il n'y avait plus de place tellement ça répond à un besoin. Ça
va revenir, j'imagine, l'an prochain parce que, manifestement, ça a été un succès. Mais c'est pour vous dire que ça
bouge, ça bouge de manière considérable. On sait ce que le gouvernement
antérieur avait fait dans ce parc industriel. En quatre ans, il n'était parvenu
à attirer qu'une seule entreprise,
une entreprise de cannabis. Alors, pour ce qui est d'avoir des entreprises
porteuses, ce n'est pas nécessairement là qu'on poserait notre regard.
De notre côté, on a
visé la filière batterie, l'électrification des transports, et ça donne un
succès inégalé, et qui prend forme, et qui prend vie dans ce parc industriel de
Bécancour. Mais ça, c'est juste la moitié de l'histoire, parce qu'il y a une autre
moitié des projets d'entreprise de la filière batterie qui se déroulent
ailleurs qu'à Bécancour. C'est juste qu'à Bécancour, là, on a une concentration
d'acteurs qui, franchement, mérite d'être vue et découverte. Mais ça se passe
également dans d'autres régions du Québec. En fait, il y a la moitié des
régions du Québec qui ont un projet en lien avec la filière batterie.
Une autre filière
d'avenir dans laquelle il faut investir, eh bien, c'est celle de la défense. Je
vois déjà le deuxième groupe d'opposition tirer la sonnette d'alarme quand on
parle de défense et de sécurité en laissant entendre qu'on va investir, là,
dans des armes de destruction massive, sans loi. Donc, je les inviterais tout
simplement à se pencher de manière un peu plus sérieuse sur le dossier, puisque
ce n'est pas du tout ce que notre gouvernement entend faire et est en train de
faire non plus. Tout d'abord, on a mis des balises très, très claires. Il n'y
aura aucun financement pour des projets
concernant des armes controversées, et les produits financés ou les services
financés devront être vendus exclusivement soit au gouvernement canadien
ou à des pays alliés du Canada, tel que défini par le fédéral.
Maintenant, la
défense, c'est déjà un secteur bien actif au Québec, on n'en était pas
nécessairement conscients. Je pense que ça
faisait partie de la discussion collective. Mais, dans les dernières années,
c'est près de la moitié des contrats du gouvernement fédéral qui ont été
attribués à des entreprises québécoises. Quand même pas mal pour une... un État
qui n'avait pas eu de stratégie claire et
nette en lien avec la défense et la sécurité. Donc, on est des leaders dans
plusieurs des secteurs qui sont liés à la sécurité. Je pense, par
exemple, au secteur aérospatial, qui, grâce à notre zone d'innovation et notre
grappe, est vraiment très bien positionnés, on a une expertise unique. Et avec
la défense, on vient ajouter une nouvelle dimension à des activités qui étaient
déjà en développement, en action sur le territoire.
On a également le
secteur naval qui est un secteur de première importance quand il s'agit de
développer une stratégie de défense. On a
l'intelligence artificielle qui peut être mise à contribution, bien entendu,
parce que c'est l'avenir qui est déjà en train de s'implanter dans un
grand nombre de secteurs économiques. On a tout ce qui relève de la
cybersécurité qui pourrait être mis à contribution, on a une grande expertise
de ce côté-là. On a l'optique photonique, on a le quantique, et j'en passe.
Vraiment, on a plusieurs expertises reconnues à l'international, hein? Ce n'est
pas juste qu'on se donne des tapes dans le
dos entre nous, c'est reconnu à l'international, on est attractifs pour les
entreprises étrangères dans de nombreux secteurs qui doivent être mis à
contribution dans le contexte des dépenses rehaussées dans le domaine de la
défense et de la sécurité.
Donc, dans les
prochaines années, le fédéral, mais également l'Europe, hein, vont investir
massivement dans le secteur de la défense. On parle de centaines de milliards
de dollars à courte échéance, on serait fous de laisser passer le train sans
monter dedans. On doit aller chercher notre juste part des contrats, ne
serait-ce qu'au fédéral, si on ne va pas chercher notre juste part des
9 milliards additionnels qui vont être dépensés par le gouvernement
canadien au cours des prochains mois, où iront ces investissements? Bien, il y
a fort à parier qu'ils risquent de s'en aller aux États-Unis. Est-ce que c'est
ça qu'on souhaite? Est-ce que c'est ça que la deuxième opposition souhaite
également, que le fédéral dépense dans le
marché américain pour s'approvisionner en produits, en services dans le secteur
de la défense, de la sécurité alors que nous-mêmes, on a cette expertise
ici et qu'on peut développer des emplois bien rémunérés qui vont nous tirer de
l'avant, qui vont générer des revenus pour le gouvernement, qui vont financer
des programmes gouvernementaux? C'est ça, la question. La question de fond,
elle est là.
Alors,
est-ce que... C'est un choix que je laisse à la deuxième opposition, mais, de
notre côté, notre choix est fait. On
pense que cette expertise que l'on a doit être consolidée, fortifiée, mise de
l'avant et qu'on doit aller chercher notre juste part des contrats du fédéral.
Et puis, s'il y a moyen de se positionner — puis on
fait des démarches en ce sens-là — auprès de l'Union européenne,
qui nous voit comme un partenaire stratégique, partenaire fiable, qui partage leur définition des valeurs démocratiques, alors
je pense qu'on a tout à gagner à aller de l'avant avec ça, et ça répond bien.
Investissement Québec a fait des sondages
auprès des entreprises pour voir lesquelles étaient intéressées à se
positionner dans le secteur de la défense et de la sécurité, et il y en
a presque trois fois plus, si on compare l'année passée avec cette année. Donc, vraiment, il y a un intérêt
grandissant. Plusieurs se considèrent aptes à aller se positionner. Ce n'est
pas une sinécure, au sens où il faut avoir souvent traversé un certain
nombre de processus, de certifications à obtenir avant de pouvoir être reconnu
comme un acteur du secteur de la défense, mais, une fois qu'on y est, ça
rapporte des contrats pour des années et des
années à venir, et en fait certains me disent des décennies à venir. Donc,
c'est vraiment un carnet de commandes
considérable qui peut être développé lorsque nos entreprises s'inscrivent et se
positionnent dans ce secteur-là.
En investissant dans
des projets porteurs qui respectent nos valeurs, bien sûr, et nos balises, on
veut que les retombées profitent aux Québécois. Quand notre économie va bien,
bien, c'est l'ensemble de notre système qui en bénéficie parce qu'on est en meilleure posture pour réinvestir dans nos
services publics comme en santé, comme en éducation.
Alors, Mme la
Présidente, j'aimerais conclure avec un sujet dont on a beaucoup parlé lors de
la dernière session, l'énergie. Alors,
Hydro-Québec, ça fait partie de l'ADN des Québécois, on le sait. Hydro-Québec,
ça nous appartient, c'est notre fierté nationale, c'est un des fleurons
du Québec, et avec raison. Les entreprises, lorsqu'elles font le choix du Québec, elles le font pour plusieurs raisons,
et l'une d'entre elles, c'est très clairement, très certainement notre énergie
verte à coût très compétitif. Une facture de 100 $ au Québec en coûterait
le double à Houston ou à Portland et en coûterait le quadruple à San
Francisco et à New York.
Maintenant, il faut trouver un juste milieu.
Alors que les oppositions officielles... que l'opposition officielle a fait le
choix de désavantager les Québécois en haussant leurs tarifs d'électricité,
nous, on a décidé de trouver un juste équilibre. De notre côté, on a fait le
choix de plafonner, plafonner la hausse des tarifs d'électricité à 3 %
pour les clients résidentiels, pour les Québécois, tout en conservant les prix
parmi les plus compétitifs en Amérique du Nord.
Dans
les prochaines années, Hydro-Québec mettra en place le plus grand chantier
énergétique qu'ait connu le Québec, et ça va
carrément doubler sa production énergétique. On va, avec ça, créer un double
boom économique, dans un premier temps, parce qu'on va investir dans les
régions pour développer le réseau d'Hydro-Québec, et on va créer des emplois
bien rémunérés, et octroyer des contrats majeurs à un nombre grand, important
d'entreprises du Québec et un deuxième boom
économique aussi, parce qu'avec l'énergie qu'on va produire et qu'on aura
diversifiée, d'ailleurs, qui proviendra de sources plus larges, plus
diversifiées, on va être en mesure d'attirer des entreprises ici et supporter la
croissance d'entreprises déjà établies au Québec.
Alors, vous voyez,
Mme la Présidente, on ne manque pas de vision ni d'ambition. Nous, on a un plan
clair qui nous permettra de générer des retombées économiques majeures.
Alors, en terminant,
j'ai confiance en notre premier ministre, particulièrement en économie. Aucun
chef des partis de l'opposition n'a la même expérience que lui. Dans un
contexte économique aussi particulier que celui dans lequel nous vivons, il faut miser sur une équipe solide, une équipe
aguerrie qui sait où elle s'en va et qui sait ce qu'elle fait.
Mme la Présidente, le
discours du premier ministre reflète bien les priorités des Québécois et montre
ce sur quoi nous allons nous affairer dans la prochaine année. Alors, de mon
côté, je vais continuer à travailler pour solidifier notre économie, remettre
de l'argent dans le portefeuille des Québécois, tout ça conjointement avec mes
deux collègues ministres délégués à l'économie, le député de Beauce-Sud et le
député de Lac-Saint-Jean, sans oublier nos adjoints parlementaires, les députés
de Laval-des-Rapides, de Labelle, de Saint-François et de Rousseau. Et je les
en remercie, d'ailleurs, pour leur contribution et le fait de m'épauler. Merci
beaucoup à vous, Mme la Présidente.
• (15 h 30) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Je cède maintenant
la parole à M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve. La parole est à vous.
M. Alexandre
Leduc
M. Leduc :
Merci, Mme la Présidente. Très apprécié.
Motion
formulant un grief
Lors de mon tout
premier discours de réplique au discours du premier ministre, j'avais oublié de
lire ma motion de grief à la fin d'une belle
envolée et, depuis ce temps-là, je commence toujours par lire ma motion de
grief, comme ça je suis certain ne pas l'oublier. Elle va comme
suit :
«Que
l'Assemblée nationale condamne le désengagement manifeste de la CAQ en ce qui
concerne l'environnement, illustré par la suppression de postes-clés, la
réduction des inspections environnementales et l'affaiblissement des mécanismes
d'évaluation des projets industriels et ce, en pleine crise climatique.»
Voilà, c'est fait, je
ne répéterai pas ma même erreur.
J'ai divisé mon
intervention en différents grands thèmes, Mme la Présidente. Je vais commencer
par celui de l'environnement, évidemment,
des thèmes reliés à mes fonctions, mais aussi à des choses qui se passent dans
mon quartier d'Hochelaga-Maisonneuve.
Mais commençons donc par mes fonctions. Je suis porte-parole du dossier de
l'environnement pour ma formation politique.
On
a vu, il y a quelques jours, quelques semaines, maintenant, une annonce, là,
dans le cadre de l'austérité budgétaire qui est préparée par le
gouvernement, des annonces de coupures de postes, donc on veut aller couper
134 postes en environnement, du côté du
gouvernement, dans le ministère de l'Environnement, donc des fonctionnaires qui
font toutes sortes de tâches. On n'a pas encore le fin détail de quelles
tâches essentielles seront coupées. Cela étant dit, ça envoie quand même un drôle de signal, parce qu'au même
moment où est-ce que le premier ministre nous dit dans son discours :
Oui, oui, oui, les services aux citoyens
seront rendus sans problème, en coupant quand même des centaines de
fonctionnaires à gauche et à droite, bien, d'une part, on se demande à
quel point c'est logique, hein? Ces gens-là, ils faisaient quoi? Ils ne
faisaient absolument rien de leur journée? On peut en douter. Et ensuite quel
message on envoie sur la priorisation de l'environnement?
On se rappellera, il
n'y a pas si longtemps, l'élection de 2018, où M. le premier ministre lui-même
le disait, il reconnaissait que l'environnement n'avait pas été à la hauteur
dans sa plateforme et qu'il fallait qu'il fasse un souci particulier sur ce dossier-là. On pourra en juger,
de ce qui a été fait ou pas au niveau de l'environnement, du gouvernement, là,
dans les dernières années, mais force est de constater qu'il n'y avait pas
beaucoup d'évocation de ce thème-là dans son discours inaugural de la semaine
dernière.
Or,
l'environnement, malgré ce qu'on en dit, malgré ce qu'on en pense, malgré ce
qui se passe derrière la frontière, au sud, ça reste important. On est en train de perdre la bataille contre le
1,5 % de réchauffement climatique que les experts de la conférence de Paris, il y a à
peu près 10 ans, nous avaient dit de ne pas dépasser, hein? Si on restait
dans la fourchette du 1,5 degré de réchauffement, on devrait être
capables de gérer, grosso modo, la chose. Mais on est en train de perdre cette bataille-là, on va le dépasser, on va le
défoncer, probablement bien au-delà, d'ailleurs, du 1,5. Les
conséquences sont incalculables, en fait, incalculables sur les
assurances, incalculables sur les frais qu'on va devoir payer, incalculables sur les cartes de zones inondables, je veux dire,
incalculables sur tellement d'aspects, sur le réseau de la santé, par exemple, que
ça... que ça en donne de l'anxiété, hein? On parle parfois du phénomène de
l'écoanxiété chez des jeunes. Moi, je comprends. Je ne suis plus superjeune
moi-même, Mme la Présidente, mais j'ai une fille de huit ans, et elle n'est pas
encore tout à fait consciente, là, de ce
thème-là, tu sais, elle commence à comprendre c'est quoi, l'environnement,
etc., mais il lui reste quand même des aspects à aller... à aller
chercher à ce niveau-là. Mais je le vois venir qu'un peu plus vieille elle aura
peut-être ce souci-là.
Parlant de jeunes, moi, je
voudrais saluer les jeunes de l'école Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, qui est
une école dans mon quartier, sur la rue Pie-IX, une belle école primaire, qui
ont eu la gentillesse de me préparer une chaise des générations. Elle est...
J'en ai deux, en fait, Mme la Présidente. J'en ai une qu'ils m'ont fabriquée
pour mon bureau dans Hochelaga-Maisonneuve, qui trône dans l'entrée du bureau,
et une un peu plus petite que j'ai eu la chance d'amener ici, elle est dans mon
bureau ici, à l'Assemblée nationale. Qu'est-ce qu'une chaise des générations?
C'est un projet qui a été fait avec le
groupe Mères au front, qui vise à sensibiliser les élus, tous paliers
confondus, hein, il y en a pour les élus municipaux, pour les élus
provinciaux, les élus fédéraux, qui vise à les sensibiliser au fait que nous
prenons des décisions qui auront des impacts, en particulier sur
l'environnement, pour des générations qui ne sont pas encore à la table de la
décision, qui ne sont pas alentour de la table pour discuter et prendre des
décisions avec nous.
Et, quand je
pense aux jeunes de trois, quatre, cinquième, sixième année de l'école
Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle qui m'ont fabriqué ces chaises-là, c'est
vrai qu'ils ne sont pas ici avec nous aujourd'hui, leur génération n'est pas représentée non plus, force est de... évidemment,
ils sont mineurs, mais les décisions qu'on prend ou qu'on ne prend pas auront
un impact sur leur planète à eux et à elles aussi, et je veux donc les saluer
et les remercier de m'avoir préparé cette chaise-là, elle me donne de la
confiance et de l'énergie à tous les jours.
Sur le dossier de l'environnement, je suis aussi
porte-parole du dossier du travail et j'ai voulu jumeler un peu ces deux
dossiers-là, Mme la Présidente. Ce matin même, ça adonne bien, j'ai déposé un
projet de loi sur la création d'un comité de
transition. Qu'est-ce que c'est, un comité de transition? C'est que dans chaque
usine, dans chaque milieu de travail,
dans chaque service public, dans chaque établissement, il pourrait se créer,
donc, un comité paritaire, employeur et travailleurs, pour voir quelles
seraient les choses qui pourraient être mises en place pour améliorer le bilan
en matière de GES émis par l'entreprise ou
le service public en question. Les travailleurs et travailleuses sont un peu
tannés, en fait, de voir que ces discussions-là sur la bataille climatique se
passent vraiment à des hauts niveaux, des grandes conférences, des
décisions de ministres, des sommets canadiens, etc., mais eux, ils ne sont pas
consultés. Pourtant, ils ont des choses à dire, ils connaissent les procédés
industriels dans lesquels ils évoluent, ils ont des suggestions sur telle ou
telle chose à améliorer pour que le bilan carbone soit plus intéressant dans
leur milieu de travail, mais ils n'ont aucun endroit, aucun forum pour qu'on
les entende.
Et on a de l'expertise de paritarisme au Québec,
notamment sur le dossier de la santé et sécurité au travail, sur le dossier
notamment aussi de l'équité salariale; il y a des comités qui sont créés. Bien,
voilà, je me suis inspiré de ça pour faire une proposition législative au
gouvernement, une proposition de réforme positive dans le milieu du travail
pour pouvoir mettre à contribution les travailleurs et travailleuses sur le
dossier du changement climatique. Ils ont des choses à dire, il faut les
entendre.
Sur le dossier du travail, ce qui va m'animer
beaucoup, bien sûr, c'est le suivi du projet de loi qu'on a terminé la session
dernière sur le droit de grève. Je pense que c'est dangereux, ce qui est en
train d'arriver. On avait plaidé qu'il y aurait un phénomène qui se créerait, à
savoir qu'une fois qu'un employeur sait qu'une grève est potentiellement
impopulaire puis que le gouvernement va vouloir intervenir, bien, il n'a rien
qu'à s'asseoir sur ses mains, puis ne pas vraiment négocier, puis espérer que
le tout prenne du temps et soit désagréable le plus possible pour que ce soit
quelque chose... quelqu'un de l'externe,
donc le gouvernement ou le TAT, le Tribunal
administratif du travail qui vienne
régler son problème, puisqu'il est visiblement incapable de le régler
lui-même.
Et c'est
quelque chose qu'on est en train de vivre dans la grève de la Société de transport de Montréal, qui a des effets négatifs sur plein d'aspects,
hein, bien sûr, mais que les échos qu'on a, c'est que ça négocie mal du côté du
patron, du côté de la STM, et que ça
fait en sorte qu'il n'y a pas d'échappatoire. On attend que le gouvernement,
éventuellement, puisse intervenir. La loi entre en vigueur, là, je pense que
c'est au mois de novembre. Alors, malheureusement, il y a déjà des
effets négatifs de la loi qui a été adoptée il y a quelques mois déjà.
Autre loi que
nous sommes en train même de discuter, je suis monté de la salle à l'instant
pour faire mon discours, c'est la loi sur... le projet de loi
n° 101 sur les diverses dispositions en droit du travail. Le gros
problème, c'est l'aspect santé et sécurité
du travail. On avait promis une réforme il y a presque quatre ans maintenant,
en 2021, qui devait amener la santé et l'éducation à un niveau
acceptable de prévention, des mécanismes de prévention de santé et sécurité.
C'est fondamental. C'est de la prévention.
Et le ministre n'a pas livré la marchandise. Au contraire, il est en train de
faire une loi qui baisse les mécanismes. C'est une promesse rompue. Ça
fait mal. C'est douloureux. Les groupes sont en colère. C'est des... c'est des salariés qui sont principalement des femmes,
hein, bien sûr, en santé et en éducation, et ils sont très fâchés de la
situation. Mais on est là pour veiller au grain.
Et aussi j'ai dévoilé, il y a quelques semaines
maintenant, un projet de loi qui n'est pas encore déposé par le gouvernement
sur les cotisations syndicales. Le gouvernement a décidé de trouver un nouvel
épouvantail, peut-être pour aller grappiller
quelques points de pourcentage au Parti
conservateur du Québec, décidé
d'aller taper sur les syndicats, aller
voir sur les cotisations s'il n'y avait pas de... un jeu à aller faire là. Mais
ce sera un jeu à somme nulle, Mme la Présidente, parce que, quand on
tape sur les syndicats, on tape sur la classe moyenne.
La classe
moyenne québécoise, elle est... elle est encore... elle n'est plus ce qu'elle a
déjà été, mais, si elle résiste encore,
c'est parce qu'il y a du monde qui défendent les conditions de travail, qui
défendent des augmentations de salaire, qui vont les chercher, des assurances
collectives, des choses comme ça, des conditions de vie, des conditions
d'existence. C'est... ça ne tombe pas du ciel, ça, tout seul, Mme la
Présidente. Il faut que des gens s'y consacrent. Et il faut des organisations
en santé. Les syndicats, c'est la meilleure chose qu'on a trouvée à ce jour
pour le faire. Et, si on les fragilise
financièrement, ça ne servira pas la classe moyenne québécoise. Alors, vous pouvez
être certain que c'est un dossier que je vais suivre avec beaucoup
d'intention... d'attention, pardon.
Je parle
peut-être plus, donc, de ma circonscription maintenant, d'Hochelaga-Maisonneuve, que j'aime d'amour. Dans
Hochelaga-Maisonneuve, on a des problèmes majeurs de rénovictions. Donc, malgré
les projets de loi qui ont été adoptés ici, malgré les belles paroles de la ministre du Logement,
c'est encore quelque chose qui existe, les rénovictions. À toutes les semaines, on a des appels, au bureau,
de personnes qui vivent une rénovictions, qui pensent vivre une rénovictions.
Les ressources sont très rares. Oui, il y a
des organismes communautaires, mais ils sont mal financés. Il n'y a pas beaucoup
de monde qui sont là au jour le jour pour pouvoir répondre aux urgences.
D'habitude, dans l'ancien temps, si vous me
permettez l'expression, il pouvait y avoir quelques appels par semaine, là, pour des dossiers de logement dans
Hochelaga-Maisonneuve. Mais j'ai assisté à une réunion l'autre jour, puis
on m'expliquait qu'il y en avait 15 par jour, 15 nouvelles personnes par
jour qui appelaient dans les organismes communautaires
en logement juste dans Hochelaga-Maisonneuve, imaginez-vous donc,
15 nouvelles personnes par jour. Ça fait qu'évidemment que c'est un
flux d'appels qui est à peu près ingérable, là, pour les quelques personnes qui
gèrent ces dossiers-là, parce que, bien, il faut ouvrir un dossier, il faut...
il faut faire des suivis, il faut informer ces personnes-là.
Nous, on essaie de contribuer. Au bureau de
circonscription, on installe des affiches pour informer les citoyens de leurs
droits, leur dire de ne pas signer des documents de quittance, là, que des
«goons» de patrons... pas de patrons, pardon,
de propriétaires essaient de faire signer sous pression quand ils veulent
procéder à des rénovictions. Mais on ne peut pas rattraper tout le
monde, bien sûr, c'est gros, Hochelaga-Maisonneuve, près d'une cinquantaine de
mille de personnes qui y habitent. Bien, c'est difficile.
• (15 h 40) •
Alors, là-dessus, le gouvernement ne livre pas
la marchandise sur le logement. Et ça génère des problèmes de toutes sortes de
natures. Puis un de ces problèmes-là, c'est le problème de l'itinérance.
Dans Hochelaga-Maisonneuve, moi, j'y habite
depuis, mon Dieu, 2007, il y en avait, quelques personnes en situation d'itinérance qu'on observait à gauche, à
droite, mais, postpandémie, ça a augmenté de manière dramatique et ça
n'a pas ralenti depuis. C'est exponentiel, à tous les jours, on en voit
davantage, à tous les jours, on en voit maintenant dans à peu près tous les parcs publics d'Hochelaga-Maisonneuve. Au
début, c'était juste sur Notre-Dame, au sud, dans la bande verte, qu'on
appelle. Maintenant, c'est partout, à côté de la piscine publique, à côté de la
bibliothèque, dans le petit parc avec le... à côté des jeux d'eau, il y a des
tentes, il y a des habitations, comme ça, temporaires partout dans Hochelaga-Maisonneuve.
Ça génère son lot de complexité de cohabitation.
Les gens d'Hochelaga-Maisonneuve sont très généreux, sont très résilients.
Personne ne souhaite des campements massifs parce qu'on a tous et toutes
compris qu'une personne qui se fait... qui se fait sortir de dehors, elle reste
dehors puis, cependant, qu'elle va juste revenir dans quelques jours quasiment
à la même place ou 10 mètres à côté avec la même tente ou une autre tente.
Comprenez que ce n'est pas une solution, ça, de juste faire décamper du monde.
S'il y a des cas de violence, bien sûr, il faut intervenir. S'il y a des gens
qui sont en train de distribuer des drogues dures, puis que c'est un enjeu de
santé publique, il faut intervenir, la police le fait et doit le faire, mais ça
ne peut pas être une solution de dire : Bien, vous décampez tous, puis
notre problème va se régler magiquement. Ça ne marche pas. Ça ne marche pas. On
l'a... Ça a été essayé. On a tous constaté l'échec de ça.
Il faut des interventions plus massives. Il faut
des budgets plus forts du gouvernement sur le dossier de l'itinérance. Il y a
des groupes qui sont sur le terrain. Ils pourraient bénéficier de renforts en
matière de soutien. Il faut l'ouverture de refuges dans d'autres endroits aussi
de Montréal. Dans Hochelaga-Maisonneuve, il y a trois refuges dans notre quartier.
Il y a des quartiers de Montréal qu'il n'y en a aucun. Ce n'est pas tous les
gens qui viennent camper dans Hochelaga avec une tente parce qu'ils sont... ils
subissent une éviction ou d'autres raisons. Ils ne viennent pas tous d'Hochelaga,
bien sûr. On accueille tout le monde, mais ce serait bien qu'il y ait d'autres
quartiers aussi qui lèvent la main pour accueillir des refuges. Alors,
là-dessus, moi, j'aurais des conversations peut-être à avoir avec des pouvoirs
municipaux de différents arrondissements limitrophes, notamment, à Hochelaga-Maisonneuve.
Toujours dans Hochelaga-Maisonneuve, on a un gros enjeu sur les locaux vides, notamment sur la rue Sainte-Catherine.
La rue Sainte-Catherine, elle a subi des évictions massives, là, dans les
années 70, quand ils voulaient construire l'autoroute Notre-Dame, qui,
heureusement, n'a jamais eu lieu. Ils ont quand même évincé des centaines de
familles puis ils ont détruit, donc, des centaines d'habitations, ce qui fait
qu'économiquement la rue Sainte-Catherine, elle a perdu des centaines et des
centaines de consommateurs et elle ne s'est jamais relevée de ça complètement.
Oui, il y a des initiatives, oui il y a des
commerces, il y a des restos, il y a une épicerie. Il se passe des
choses sur Sainte-Catherine, bien sûr, mais elle n'a jamais retrouvé son
lustre d'antan.
Et, en ce
moment, de la façon dont c'est fait, un propriétaire d'une... il y a même
l'inverse qui arrive. Il y a des rares petits commerces, mais il y en avait un en particulier, une épicerie
bien sympathique, superdynamique, mais le propriétaire a trouvé que, là, il y
aurait lieu d'augmenter son loyer, il a exagéré. Il savait très bien que les
loyers commerciaux ne sont pas soumis à des examinations au tribunal du
logement, hein, c'est : Le nouveau loyer, le voici, et, si vous n'êtes pas
content, vous vous en allez. Bien, il y a des propriétaires de baux commerciaux
qui exagèrent leurs augmentations. Les PME
sont prises à la gorge et ne peuvent pas gérer ces augmentations de loyer là.
Ils doivent fermer boutique ou quitter. Le propriétaire se retrouve avec
un local vide. Qu'est-ce qu'il fait? Bien, il met ça dans ses pertes.
Alors, d'un point de vue fiscal, ce n'est pas un
gros problème, même que ça peut être parfois avantageux si tu en as plusieurs, en
fait. Alors, ça crée des espèces de petits empires de propriétaires de locaux
vides qui nuisent objectivement à la santé économique de la rue
Sainte-Catherine mais qui, d'un point de vue fiscal, d'un point de vue économique, eux autres, ils n'ont pas de problème.
C'est un enjeu. Il faut une intervention gouvernementale à ce niveau-là.
Mon collègue Guillaume Cliche-Rivard, il y a une
semaine ou deux, a proposé la mise en place de taxes d'inoccupation pour que ça cesse d'être rentable d'avoir des locaux commerciaux
vides. Si on mettait une taxe d'inoccupation à un certain montant
dynamique, bien, ça ferait en sorte que le propriétaire, il n'aurait plus
avantage à le garder fermé puis à mettre des loyers de fous. Il aurait avantage à baisser un peu
son loyer, son bail commercial, puis plutôt à faire que ça occupe... Puis
des projets, dans Hochelaga-Maisonneuve, des volontés de trouver des locaux, il
y en a gros de même, Mme la Présidente. À toutes les semaines, à notre réunion
d'équipe de bureau, on examine qui est à la recherche de locaux dans le quartier : gros de même. Il y
a des entreprises qui en cherchent. Il
y a des services publics qui en
cherchent. Il y a des groupes communautaires qui en cherchent, qui
seraient bien contents d'avoir un petit local pas trop gros sur
Sainte-Catherine, mais ils demandent des prix de fous. Ce n'est pas possible.
Bien, avec une taxe d'inoccupation, on viendrait
casser un peu ce système-là et infléchir la tendance du marché, qui,
visiblement, ne sert pas l'intérêt public mais qui sert plutôt la poche
de quelques propriétaires.
Toujours sur le logement, on attend un signal de
la part du ministère, notamment, des Aînés ou du ministère du Logement aussi
pour voir s'il n'y a pas une alternative à trouver à la fermeture sauvage du
Manoir Louisiane sur la rue Sherbrooke.
C'était une RPA, une résidence privée pour aînés, qui a fermé de manière
sauvage. Heureusement, elle est sous-zonée maison de chambres, donc locatif
maison de chambres, donc ce n'est pas... ça ne peut pas être transformé en
condos, n'en déplaise au nouveau propriétaire. Mais on attend toujours un
signal de la part du ministère des Aînés pour
dire : Oui, oui, on va vous aider à monter un projet alternatif.
Là-dessus, on travaille très fort, mais il va falloir que la main tendue
soit prise, de la partie du gouvernement.
On parle d'itinérance, on parle de logement, on
parle aussi de la faim, hein, on parlait de la faim dans les écoles aujourd'hui, à la période des questions. La faim
est un enjeu important dans Hochelaga-Maisonneuve, c'est relié à la pauvreté, bien sûr. Ça
dépasse maintenant la question du travail. Il y a beaucoup de gens qui
travaillent à temps plein puis qui ont faim quand même, qui n'arrivent pas. Il
y a des banques alimentaires, de plus en plus d'organismes offrent de l'aide
alimentaire. C'est un record, d'ailleurs. Le PEC, Interaction Famille, le
carrefour familial, Répit Providence, Entre
Mamans et Papas et plein d'autres ont développé une offre d'aide alimentaire
dans leurs services, qui n'est pas leur mission à la base, mais ils ont bien
constaté que les usagers de leurs centres communautaires avaient faim, leurs
familles avaient faim. Ils ont donc développé, à la mitaine, des services
d'aide alimentaire. Ça en dit long, ça, Mme la Présidente.
La semaine dernière, il y avait la
soirée-bénéfice du Chic Resto Pop, une institution fondamentale d'Hochelaga et de l'est de Montréal. Ils fracassent des
records, hein, de nombre de repas qui sont donnés, livrés parfois aussi, avec
des... chez des aînés depuis un an,
mais aussi des gens qui viennent consommer des repas pas très chers, abordables
et complets, donc, au Chic Resto Pop. Ils n'en ont jamais servi autant.
Pendant la pandémie, ils avaient arrêté d'ouvrir le soir. Là, ils ont rouvert le soir depuis à peu près deux
ans. C'est plein, là, c'est plein. Les gens viennent, ils ont besoin de manger.
Au Chic, on peut s'en sortir avec 4 $,
5 $ pour une offre très, très complète d'un repas. Moi, des fois, j'achète
des cartes repas qu'on peut donner à
des personnes qui en ont besoin, qui passent au bureau ou qu'on rencontre dans
la rue. La faim commence à être très sérieusement un enjeu, Mme la
Présidente, dans Hochelaga-Maisonneuve.
On a aussi,
donc, Le Pirate Vert, qui est un organisme que j'aime beaucoup. C'est Raïs
Zaidi, un citoyen du quartier, qui s'est mis à... bénévolement à
ramasser des excédents dans des commerces, etc., puis à les redistribuer
gratuitement. Si vous verriez, Mme la
Présidente, les files, les files d'attente quand c'est la journée de la
distribution du Pirate vert, là, ça...
c'est impressionnant, pas dans le bon sens du terme, le nombre de personnes qui
viennent chercher un panier d'épicerie gratuit parce qu'ils ont faim. La
file est impressionnante. Ce n'est pas reconnu formellement, tu sais, par aucun
palier politique officiellement. C'est quand même ironique, par contre, parce
que, quand les gens ont besoin... ont faim puis appellent au 3-1-1 à Montréal,
bien, on les réfère là. Il y a du monde qui viennent de Longueuil, de Laval, même
de la Rive-Nord, des fois, pour venir chercher un panier des Pirates Verts. On
est très fiers de les avoir dans Hochelaga-Maisonneuve. Mon bureau, on les a
beaucoup aidés à se relocaliser. Au début, ils donnaient ça dans la rue, mais
il y a eu des enjeux de cohabitation qui ont
été soulevés. Ils ont été hébergés dans l'usine Lallemand, vous savez, ceux qui
font de la levure, là, qu'on peut acheter à l'épicerie, qui sont dans le
quartier. Ils ont très gentiment accepté de les héberger pendant quelques années.
Mais là il y avait un problème avec le local où ils étaient, ils ont dû encore
déménager, ils sont sur la rue Sainte-Catherine, donc un des beaux projets de
la rue Sainte-Catherine en ce moment, et on les a aidés à se relocaliser dans
ce local-là. Ça tombait bien, c'était un ancien dépanneur, donc il y avait déjà
beaucoup de frigos d'installés, des grands,
grands frigos. Alors, ça faisait l'affaire de nos amis du Pirate Vert. Et là
c'est ouvert, c'est fonctionnel, c'est
toujours aussi utile et populaire dans le quartier. On les salue et on les
remercie, d'ailleurs, pour leur important travail pour Hochelaga-Maisonneuve.
Il y a des... Il y a des belles histoires. Je
vous parlais tantôt de recherche de locaux. Un des organismes, aussi, qui fait
de l'excellent travail, c'est le Cercle des fermières. Vous me direz : Il
n'y a pas beaucoup de place pour des fermières dans Hochelaga-Maisonneuve,
c'est très urbain. Soit, mais des cercles de fermières, ça ne fait pas juste de
l'agriculture, forcément, ça fait plein de choses. Et le Cercle des fermières d'Hochelaga-Maisonneuve
est le plus récent chapitre des cercles de fermières au Québec, du moins, la
dernière fois que je leur ai parlé, c'est ça qu'ils m'ont dit. Ils ont ouvert
il y a à peu près quatre ou cinq ans, ils étaient une dizaine, une quinzaine.
La dernière fois que je suis allé les voir, l'année passée, ils étaient rendus 60,
ils avaient quand même grandi très vite. Et là je les ai croisés en fin de
semaine dans un bazar, puis ils m'ont dit qu'ils étaient rendus 100 personnes
inscrites, 100 femmes, principalement des femmes, inscrites au cercle des
fermières, qui font toutes sortes de choses, du tricot, du métier à tisser,
etc. C'est quand même beaucoup de personnes aînées qui sont là, donc qui se
réseautent, qui ont un impact positif dans le quartier aussi. À chaque année, à
la Nuit des sans-abri, ils nous tricotent des bas pour les personnes en
situation d'itinérance. On les salue. Et,
bref, ils sont rendus 100, donc un beau succès, mais là ils commencent à être
un peu serrés dans leur local, alors ils nous ont demandé notre aide
pour les aider à se relocaliser. Si on est chanceux puis qu'on réussit à
convaincre le gouvernement de procéder avec la taxe d'inoccupation pour les
locaux vides, peut-être qu'on réussira, donc, à faire baisser le prix sur
Sainte-Catherine puis qu'on sera capables de leur trouver de l'espace.
• (15 h 50) •
On a toujours le dossier du Pavillon
d'éducation communautaire aussi qui nous anime beaucoup, vous savez, ce centre d'éducation populaire — les
CEP, il y en a six à Montréal, Hochelaga en a un — qui offre toutes sortes de services
d'éducation populaire aux gens du quartier. Bien, il a été délocalisé de force,
hein, il y a bientôt deux ans, par le centre de
services scolaire de Montréal
parce que la bâtisse était soi-disant vétuste en partie.
Mais là on cherche des projets pour les ramener, là, peut-être qu'on
peut rénover la bâtisse, les ramener dans cette bâtisse-là sur Pie-IX, mais ce
n'est pas facile parce que, bien, de
l'argent, il n'y en a pas beaucoup, Mme la Présidente, en logement au niveau du
gouvernement. Mais la porte reste ouverte pour l'instant. J'en ai parlé,
évidemment, là, à la nouvelle ministre de l'Éducation et j'espère pouvoir faire
un suivi avec elle rapidement sur ce dossier-là.
Je bascule sur le
dossier du transport collectif, Mme la Présidente, parce qu'on a appris quelque
chose de très décevant il n'y a pas très
longtemps. Quand la CAQ a été élue, en 2018, la première fois, il y avait tout
un focus, toute une priorisation qui
était faite sur l'est de Montréal, puis c'était bienvenu parce que ça faisait
longtemps qu'on ne s'était pas occupé de l'est de Montréal,
malheureusement, tous gouvernements confondus.
Alors, moi, j'étais
enthousiaste par rapport à cette perspective-là. J'ai voulu collaborer. Et,
assez vite, tout le monde s'est dit :
Bien là, ce qui manque à l'est, c'est un projet de transport structurant.
L'Ouest-de-l'Île avait eu son REM, et là des gens disaient : Il
faut qu'on fasse quelque chose pour l'est de Montréal. On n'était pas tous
d'accord sur quoi faire exactement. Le
gouvernement a mis au jeu un REM de l'Est avec la Caisse de dépôt et placement. C'était mal ficelé. Je vous épargne les détails. Vous étiez là, ici,
en cette Chambre, quand il y a eu des longs débats sur le sujet. Ça a été
retiré. Là, maintenant, c'est d'autres personnes qui s'occupent donc de
l'avenir.
Mais, très
rapidement, on a trouvé un consensus : il faut un tramway dans l'est de
Montréal. Mais récemment on a appris que la
CAQ réfléchissait à d'autres scénarios, des scénarios de revenir avec un SRB
peut-être en remplacement du tramway. Tout ça a été fait un peu comme en
parallèle du troisième lien à Québec. Le premier ministre le disait ouvertement : Québec a son troisième lien,
Montréal aura, à l'époque, c'était son REM de l'Est, après ça son
tramway. Puis on dirait qu'à chaque fois que la CAQ trébuche avec le
troisième lien à Québec, à chaque fois que le projet a du plomb dans l'aile, on
dirait que ça ralentit le projet aussi pour l'est de Montréal. C'est comme si
la quantité de plomb était transférable dans
les deux projets, il y avait un vase communicant entre les deux projets, ça
fait que, s'il y en a un qui plantait, l'autre plantait automatiquement.
Alors là, de se dire
qu'en fin de mandat, la dernière année, on commence à évoquer d'autres
scénarios que celui du tramway, alors que
c'est lui qui fait consensus, c'est quand même assez hallucinant et décevant.
Alors, on se sera ramassé... parce que, vraisemblablement, le tramway ne
sera pas fait avant la fin de l'année, mais on se sera ramassé avec huit années perdues, huit années perdues pour
l'est de Montréal en matière de transport parce qu'à la CAQ on n'a pas su bien travailler, monter un bon projet, le
faire en concertation avec les acteurs du milieu puis qu'on est toujours en
train de jongler avec des scénarios, alors
que le temps est à l'action et que le consensus dans l'est de Montréal, c'est
un tramway et qu'il se fasse rapidement.
Parlons
de... des écoles, parlons du dossier scolaire. Vous savez, dans Hochelaga-Maisonneuve, on a plusieurs écoles, des écoles
primaires, des écoles secondaires. Il y en a plusieurs qui ont été fermées dans
les dernières années, qui ont été reconstruites, toutes sauf une, l'école
Hochelaga, qui est sur la rue Adam. Alentour de 2011 ou 2012, si ma
mémoire est bonne, les trois écoles de la
rue Adam, les trois écoles primaires avaient fermé coup sur coup, on appelait
ça, d'ailleurs, le désert scolaire de la rue Adam, au sud du quartier,
et les enfants étaient délocalisés dans une école secondaire assez loin du quartier, dans un quartier voisin. Ce
n'était pas une période facile. Il y en a qui ont connu un cycle complet de leur
école primaire pas dans leur école primaire.
Heureusement,
Saint-Nom-de-Jésus et Baril ont été reconstruites relativement rapidement. J'ai
eu la chance de procéder à l'inauguration de l'école Baril au début du
précédent mandat. L'école Hochelaga, elle, par contre, elle est fermée depuis ce temps-là. La bonne nouvelle de la
mauvaise nouvelle, c'est qu'elle, contrairement à Baril, semble-t-il, est
relativement encore dans un état correct, elle ne nécessitera pas d'être
démolie, elle nécessitera des rénovations majeures, mais pas de démolition.
Mais elle est toujours, en quelque part, dans les annales des dossiers du
ministère de l'Éducation, du centre de services scolaire de Montréal. On
se lance la balle d'un bord et de l'autre. Pourquoi ça fait 10 ans que
l'école est fermée puis qu'on n'a même pas de date de chantier de
reconstruction? Qu'est-ce qui se passe? On nous dit : Oui, mais là vous
avez eu d'autres écoles qui ont été reconstruites. Bien, j'espère que les
autres écoles ont été reconstruites. Une école de quartier, c'est supposé
d'être accessible facilement à pied, d'être proche. Là, les gens qui sont proches de l'école Hochelaga, bien,
ils ne vont pas à leur école, ils vont beaucoup plus loin. Puis l'autre, l'école
la plus proche, c'est l'école Baril, bien, elle est déjà en surcapacité. Ça a
pris trois secondes après qu'elle soit réouverte, Mme la Présidente, que
l'école Baril était en surcapacité.
Alors,
qu'est-ce qu'on attend au niveau du gouvernement pour
reconstruire l'école Hochelaga? On a commencé une campagne locale, quelques affiches avec un code QR pour que les gens
puissent envoyer un courriel, signer une pétition adressée au
gouvernement pour dire : Là, ça suffit, on a assez attendu, on veut notre
école Hochelaga reconstruite et rouverte dans les meilleurs délais. Alors, vous
pouvez compter sur moi pour faire le suivi sur ce dossier-là dans Hochelaga-Maisonneuve
et sur tous les autres qui concernent nos petits. Parce que, dans le cadre de
la rentrée scolaire, j'ai fait une petite tournée, je me levais de bonne heure
le matin pour aller saluer les parents qui venaient porter les élèves à
l'école. J'ai réussi à faire à peu près toutes les écoles du quartier, je n'en
ai pas échappé beaucoup, et les gens étaient quand même inquiets, en général,
des coupures, hein, qu'on a connu dans les services scolaires, inquiets que leur enfant n'aurait pas accès à tous les services
de pédagogues, orthopédagogues, orthophonistes, etc., auxquels ils ont
droit, ils ont besoin. Donc, il y a quand même un climat d'incertitude, là,
alentour des écoles. Et c'est certain que moi, je veux en faire l'écho ici, des
gens d'Hochelaga-Maisonneuve qui sont inquiets pour la suite du réseau scolaire
public.
Je veux prendre
quelques minutes pour remercier différentes personnes. Moi, je suis député d'Hochelaga-Maisonneuve
depuis 2018 et j'ai la chance d'avoir un quartier extrêmement vivant,
extrêmement vigoureux, avec des organismes communautaires
extrêmement compétents, avec des grands coeurs. Ces temps-ci, on a plein de
directrices d'organismes qui prennent leur
retraite, qui ont souvent fait des 20, 25 ans de service dans le même
organisme, qui ont été des piliers
pour leur organisme et forcément pour leur quartier en même temps. On fête...
On va... On souligne... Je soulignais, mardi
en déclaration de député, les 30 ans d'un organisme, Répit Providence,
mais il y a d'autres 30 ans qui s'en viennent, La Gang à Rambrou,
30 ans. J'ai salué, l'année passée aussi, des 30 ans d'organismes.
C'est intéressant, d'un point de vue
historique, hein? Ça souligne le fait qu'il y a eu quand même des vagues de
désindustrialisation dans les années 80-90 puis que c'est là que le
quartier s'est pris en main, notamment en fondant ces différents organismes
communautaires là. Et là on souligne des 30 ans.
Je vous le dis parce
qu'il y a quelques mois aussi on a connu la fermeture d'un organisme parce
qu'il y a eu des coupures du gouvernement
dans le dossier de l'emploi. C'était le carrefour. Le carrefour en emploi
d'Hochelaga-Maisonneuve a dû malheureusement fermer ses portes. Le
Boulot vers, on a réussi à le sauver. Carrefour relance, malheureusement, là,
on l'a échappé. Mais carrefour Boulot vers, on a réussi à le sauver, mais pas à
cause du gouvernement, à cause des
fondations privées, parce qu'on a réussi à le mettre dans l'espace public. Ça a
été bien couvert par les médias. Ça a attiré l'attention de fondations
privées qui ont décidé d'adhérer à la mission du Boulot vers et de le financer,
ce qui leur permet de compenser les pertes du gouvernement.
Je vous le dis
pourquoi? Parce qu'on a l'impression, parfois, qu'Hochelaga-Maisonneuve
s'embourgeoise. Bien sûr qu'il y a des
condos qui se construisent dans Hochelaga-Maisonneuve. Bien sûr qu'il y a des
nouvelles personnes avec plus de
moyens qui s'installent dans Hochelaga-Maisonneuve. Ce n'est pas pour rien que
les prix augmentent, hein, comme dans d'autres quartiers. Mais il ne
faut pas faire l'erreur de penser que parce qu'il y a des nouveaux résidents qui arrivent, qui ont plus de moyens, que les
anciens résidents, dont une bonne partie avait des moyens limités, ont disparu.
Ce n'est pas comme ça que ça marche. C'est
des... On additionne. Quand il y a des nouvelles constructions, on additionne
des personnes, mais on ne fait pas disparaître les gens qui ont des besoins
socioéconomiques.
Et c'est pour ça que
c'est fondamental qu'on garde notre tissu économique, notre tissu
communautaire, dans Hochelaga-Maisonneuve, fort et vigoureux, avec un
financement adéquat, un financement à la mission des organismes. Et je veux les saluer. Je veux les remercie pour
tout le travail qu'ils font au quotidien dans Hochelaga-Maisonneuve. Ils
font la différence, ils changent la donne positivement
et ils sont des partenaires essentiels à mon travail de député d'Hochelaga.
Je veux saluer mon
équipe d'Hochelaga-Maisonneuve, l'équipe du bureau, qui font un travail
extraordinaire, sans qui je ferais à peine le quart du travail que je réussis à
faire dans Hochelaga-Maisonneuve. Je vous aime beaucoup. Vous êtes excellents.
Vous êtes formidables.
Je veux saluer
l'équipe aussi qui m'accompagne ici, à l'Assemblée nationale, des collègues
d'une haute qualité, des professionnels
impressionnants, qui m'impressionnent à tous les jours. Des fois, des gens à
peine de 25 ans, Mme la Présidente, mais qui nous livrent des
performances impressionnantes. Alors, moi, je les salue et je les remercie.
C'est vraiment un plaisir de travailler avec vous.
Salutations à mon
équipe aussi de bénévoles, des bénévoles de... solidaires dans Hochelaga-Maisonneuve.
On est déjà à pied d'oeuvre. On pense déjà à
2026. Je veux les remercier de tenir le fort. Je veux les remercier d'être
présents depuis le début et de continuer de l'être.
Et finalement un
grand merci aux citoyens et citoyennes d'Hochelaga-Maisonneuve. Je vous croise
dans la rue et je vous croise dans des
événements. Et, pas plus tard que la fin de semaine dernière, il y avait un
beau projet qui m'a fait très chaud au coeur, c'était celui de la forêt
urbaine. Je vais terminer là-dessus, Mme la Présidente. C'est des citoyens et citoyennes d'une ruelle verte vraiment
au sud de Sainte-Catherine, donc entre Sainte-Catherine puis la bande
verte dont je vous parlais tantôt, dans Notre-Dame. Ils ont une belle ruelle
dynamique avec plein de gens qui vivent dans
la ruelle. Ils l'ont adaptée. Ils font même un tournoi de pétanque. Ils
appellent ça l'international de pétanque de la ruelle Rinfret. Évidemment, «international», c'est un petit peu pompeux,
mais tout ça pour vous dire que c'est très dynamique.
Et là ils se
disent : Nous, on trouve que la bande verte, c'est juste du gros gazon.
C'est un peu plate, tu sais. Puis le bruit
de l'autoroute... bien, de l'autoroute... de la route Notre-Dame, la rue
Notre-Dame, il va directement dans notre ruelle. Pourquoi on ne pourrait
pas planter des arbres puis, donc, créer une petite forêt, une microforêt?
C'est tout un thème, vous irez le lire si ça
vous intéresse, dans l'urbanisme, là. Les urbanistes, là, ils ont développé ce
terme de «microforêt». Alors, on a trouvé ça intéressant.
• (16 heures) •
Des partenariats ont
été faits avec l'arrondissement, avec des organismes du quartier, avec le
ministère des Transports, que je veux saluer, parce que j'étais convaincu
qu'ils nous diraient non, parce que ça appartient, bien sûr, au ministère des
Transports, la bande verte de la rue Notre-Dame, mais ils ont dit oui. Et alors
on a, avec mon bureau, participé aussi à organiser. On a payé le lunch aux
citoyens et citoyennes qui sont venus bénévolement participer à la plantation
d'une microforêt. Ça fait qu'il y avait 400 arbres, de mémoire. Ça a duré
toute la journée, un beau samedi ensoleillé. Les citoyens du quartier, de la
ruelle, mais d'autres ruelles aussi, sont venus prêter main forte et ils sont venus planter... Il y avait 400 arbres, quand
même, imaginez-vous donc, sur la bande verte de la rue Notre-Dame. Est-ce qu'ils
vont tous survivre, les arbres? Peut-être que non, mais c'est connu et c'est
conceptualisé dans les microforêts... mais
une bonne majorité va survivre parce qu'il y avoir de l'entretien.
Éventuellement, ça va grossir et ça va devenir, donc, un écran aussi
contre la poussière, contre le bruit de la rue Notre-Dame.
Donc, c'était un beau
projet. C'était stimulant. Ça nous a donné des idées d'en faire d'autres pour
la suite. Je veux saluer tout le monde qui ont été impliqués là-dedans. C'était
vraiment merveilleux. Et moi, ça me donne confiance que, dans Hochelaga-Maisonneuve,
on a un quartier résilient de gens qui sont volontaires pour changer les choses
positivement, qui veulent qu'on trouve des
solutions, qui veulent qu'on ait un député qui soit à l'Assemblée nationale qui
soit positif, qui cherche des solutions, lui
aussi, et c'est la ligne directrice que je me suis donnée depuis 2018 et que je
vais continuer à me donner. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup, M. le député. Votre motion est déposée
sous réserve de sa recevabilité.
Je cède maintenant la parole au ministre et
député de Papineau. La parole est à vous.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je suis très heureux d'avoir cette possibilité aujourd'hui
de m'adresser à vous, de prendre la parole au salon rouge devant les collègues
et membres de l'opposition. Donc, je salue tout le monde... privilège, donc, de
pouvoir me présenter ici, dans l'enceinte de l'Assemblée nationale, pour vous
parler de ce que je compte accomplir au cours de cette nouvelle session
parlementaire et d'ici la fin du mandat parce que déjà, dans un an, ce sera la
fin de cette législature.
Le premier ministre a été très clair dans son
discours inaugural, le 30 septembre dernier, l'identité demeure au coeur
des priorités de notre gouvernement. C'est la raison pour laquelle on entend
mettre encore plus de l'avant la valorisation de notre culture dans nos
actions, une culture francophone qui est menacée, il faut quand même ne pas se
le cacher.
Les jeunes ont de moins en moins de repères
culturels québécois qu'il y a 15, 20 ou 25 ans. Les émissions qu'ils
regardent, la musique qu'ils écoutent viennent souvent d'ailleurs, et cet
ailleurs, c'est souvent en anglais. Encore plus, les repères culturels communs
se font de plus en plus rares dans notre société, des repères communs dont on a
pourtant cruellement besoin. On regarde moins la télé en famille. On écoute
moins de musique entre amis. On est souvent
très seul, seul devant nos écrans, seul devant notre téléphone pour regarder et
écouter ce qu'on a envie de regarder et d'écouter individuellement, et
les choix qu'on fait sont souvent limités par ce qui nous est offert par des
plateformes étrangères et imposées par leurs algorithmes.
Je n'apprendrai rien à personne, ce à quoi les
plateformes numériques donnent accès en premier, c'est rarement du contenu
culturel francophone ou, plus spécifiquement, du contenu culturel québécois, et
ça, cette absence-là de primauté du contenu québécois sur les plateformes
numériques qui sont accessibles ici, chez nous, sur notre territoire, c'est une
grande inquiétude que j'ai, Mme la Présidente, depuis mon entrée en fonction en
2022 comme ministre de la Culture et des Communications.
Le premier ministre, à ce moment-là, m'avait,
dès le départ, confié le mandat d'évaluer tous les moyens à notre disposition
pour s'assurer que notre culture prenne la place qu'elle mérite dans
l'environnement numérique, spécifiquement pour rejoindre les plus jeunes, de là
le mandat que j'ai confié au Comité-conseil sur la découvrabilité des contenus culturels, qui a travaillé longuement
et qui, dans ses nombreuses recommandations, dans son rapport déposé en janvier 2024, a proposé l'adoption d'une loi
concrètement pour affirmer la souveraineté culturelle du Québec et assurer
la découvrabilité des contenus culturels
d'expression originale de langue française, donc, Mme la Présidente, des
contenus originaux qui ont été produits en français.
J'ai aussi mis en place le Groupe de travail sur
l'avenir de l'audiovisuel au Québec pour qu'il me propose des actions concrètes pour assurer la pérennité et le
rayonnement du secteur. Son rapport m'a été remis il y a quelques semaines.
Il s'intitule Souffler les braises. Il a été déposé, donc, en septembre
dernier. Il est tout aussi pertinent et éloquent que le premier dont je vous parle. Il met de l'avant des éléments concrets,
20 recommandations, 76 mesures, pour renforcer la création, la diffusion et la découvrabilité des
contenus québécois, tout en assurant la pérennité économique et culturelle de
ce secteur.
Donc, en ce moment même, à l'heure où on se
parle, mes équipes et moi travaillons sur un plan de mise en oeuvre clair qui
sera dévoilé au cours des prochains mois, sur lesquels, évidemment... sur
lequel, évidemment, nous travaillerons. La production jeunesse et la
découvrabilité, je ne vous ferai pas languir, seront au coeur, évidemment, de tout ça parce que c'est au coeur des
préoccupations qui nous ont menés à demander ce rapport, un rapport qui propose,
par ailleurs, un nouveau modèle de financement pour l'adapter aux pratiques
d'aujourd'hui, parce que le financement, le modèle de financement actuel, ne
tient plus la route. Pour vous donner une idée, il est hérité d'une époque où
Internet n'existait même pas, une époque,
donc, où on était bien loin de se douter que les contenus seraient davantage
visionnés sur des plateformes numériques plutôt que par le câble.
Mes équipes et moi, on a aussi travaillé
extrêmement fort, au cours des dernières années, pour l'avenir de la culture québécoise et on est bien déterminé à
terminer ce travail qui a été accompli jusqu'à maintenant. D'ailleurs, je
voudrais les remercier chaleureusement, les remercier pour leur
engagement d'avoir mis leur expertise au service de projets du gouvernement
pour l'avenir de la culture québécoise. J'y reviendrai d'ailleurs un peu plus
tard.
Dans les
semaines et dans les mois qui s'en viennent, donc, j'ai l'intention, dans un
premier temps, de consacrer mon énergie à faire cheminer notre projet de
loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels francophones
dans l'environnement numérique. Ce
projet de loi, le projet de loi n° 109, que j'ai
déposé en mai, constitue, à mon avis, mais pas seulement, aussi de l'avis de
plusieurs experts, un levier majeur pour la
protection et le rayonnement de notre culture. Il se veut le fruit d'une vision
claire qui est appuyée largement par le
milieu culturel, mais aussi, je le disais tantôt, par des experts, par des
constitutionnalistes. J'en suis donc très fier parce que ça a été une
belle collaboration et je suis certain qu'on continuera en ce sens.
Et je fais la parenthèse suivante : Dans un
monde où tout est de plus en plus numérique, dans un monde où la culture se consomme de plus en plus sur les
plateformes numériques, Ottawa, le gouvernement fédéral, a la prétention de
vouloir encadrer ce domaine en en faisant sa compétence exclusive, évidemment
ce avec quoi nous sommes en profond désaccord.
La culture québécoise, c'est toujours au Québec qu'elle se vit. La culture
québécoise, ce sera toujours à Québec qu'on en déterminera l'avenir. Et
on l'a vu, plus le numérique avance, plus notre culture recule, donc de là tout
le défi.
Je
vous donne quelques statistiques, peut-être, pour vous aider à vous y
retrouver. 92 % des jeunes, 92 %, donc plus que neuf sur 10 de ces jeunes ont de la difficulté
à repérer les contenus culturels québécois francophones qui sont disponibles
sur les plateformes en ligne. Il y a près du trois quarts des personnes,
73 %, qui vivent au sein d'un ménage qui est abonné à une plateforme qui n'est pas québécoise, une plateforme de
diffusion numérique de contenus, et 28 % seulement à une plateforme
québécoise. Sur les 10 000 chansons les plus écoutées au Québec en
2024, seulement 4,6 % étaient des titres francophones de chez nous. Donc,
je pourrais continuer longtemps à décliner des chiffres alarmants comme
ceux-là, ce serait peut-être un peu déprimant, mais ça illustre à quel point le
défi, il est grand. Mais encore là, il y a énormément de solutions et de
travail qui doit être abattu pour mettre en oeuvre ces solutions-là, et ça
justifie l'adoption urgente de mesures pour
ralentir la tendance. Mais ce qui me rassure, c'est qu'on est une majorité,
heureusement, à être convaincue de l'importance d'agir sur la
découvrabilité.
Et cette découvrabilité, un mot qui est
relativement nouveau, d'ailleurs, qui n'a pas encore fait son apparition dans
le dictionnaire, c'est vraiment une clé importante. Il faut avoir cette
possibilité d'avoir accès et de découvrir notre culture, nos films, nos séries, nos chansons en français sans avoir à
les chercher spécifiquement. Donc, ce qu'on cherche à recréer, Mme la
Présidente, c'est un peu ce que vous viviez comme expérience, j'en suis
certain, quand vous alliez chez Archambault, quand vous alliez chez HMV. Quand
vous alliez chez le disquaire le plus près de chez vous pour acheter un disque compact ou peut-être une
cassette à l'époque, que sais-je, vous entriez chez votre disquaire et il y
avait une mise en marché, quand même, des produits québécois souvent.
Évidemment, vous pouviez acheter ce que vous souhaitiez
acheter puis écouter ce que vous vouliez écouter, mais il y avait quand même
cette découvrabilité dont je parle, qui était présente, c'est-à-dire que
les produits québécois étaient mis en évidence et ça fonctionnait, Mme la
Présidente. À l'époque, un album sur deux, une vente sur deux était en faveur
d'un produit de chez nous, donc de la musique de chez nous.
Maintenant... je vous ai donné les statistiques
tantôt sur les 10 000 chansons les plus écoutées pour une année donnée, prenons 2024, on était 4,6 %. Donc,
je fais le pari que la future loi, si elle est adoptée, c'est mon souhait
évidemment, elle pourra faire changer
les statistiques pour le mieux, en obligeant les plateformes, par exemple, à
favoriser cette découvrabilité, à recréer un peu ce qu'on connaissait à
l'époque chez nos disquaires. C'est sûr qu'on pourra continuer de choisir le contenu qu'on veut, l'idée, ce n'est
pas de forcer les Québécois à écouter un contenu francophone, on ne l'a jamais
fait, on ne le fera jamais, mais en vue de permettre aux Québécois et
Québécoises d'être mis en contact avec une
réelle diversité de contenus culturels, bien, ça prend du contenu francophone. D'abord,
il faut qu'il soit là, ça prend du contenu québécois, donc,
accessible et visible à partir de nos écrans.
• (
16 h
10) •
Pour nous permettre d'atteindre nos objectifs,
donc, le projet de loi n° 109, il a deux volets. Pardon. D'une part, il
prévoit intégrer un droit à la découvrabilité et à l'accès à des contenus
culturels francophones dans la charte québécoise des droits et libertés. Donc,
ce n'est pas un geste anodin, ce n'est pas un geste qu'on pose comme ça sur le coin d'une table. C'est vraiment un geste qui est
réfléchi puis qui démontre l'importance qu'on accorde à ce concept-là de
découvrabilité puis d'accès à des contenus culturels dans notre langue. D'autre
part, il vise à créer la loi québécoise sur la découvrabilité qui va justement
nous permettre, je vous en parlais précédemment, de favoriser un meilleur accès
à des contenus culturels francophones en ligne pour la population québécoise.
Le projet de loi prévoit aussi la possibilité de
mettre en place des obligations de visibilité, de promotion, de disponibilité
des contenus culturels francophones pour les services de visionnement en ligne,
de contenus audiovisuels et les services
d'écoute de musique, de balados et de livres audio. Ça, c'est particulièrement
intéressant, parce qu'il y a d'autres juridictions dans le monde qui ont
posé des gestes en faveur de l'audiovisuel, principalement le cinéma et la télé, mais il y a très peu de juridictions... En
fait, on pourrait être la première au monde, le Canada aussi, à légiférer.
Mais, avec le projet de loi qui est sur la table, tout dépendra de la rapidité
avec laquelle on l'adoptera et qu'on publiera les règlements. Bien, on sera du moins un des premiers
États dans le monde à légiférer en ce qui concerne la musique, et on a
vu ici que les chiffres sont particulièrement alarmants.
Les fabricants de téléviseurs connectés seraient
aussi concernés par cette loi. On en a parlé quand même abondamment il y a
plusieurs mois, mais ce qu'on souhaite, c'est qu'ils rendent nos diffuseurs
nationaux accessibles et visibles sur les
téléviseurs connectés, par exemple. Que ce soit Télé-Québec, Radio-Canada ou
encore TV5, on souhaite aussi que nos
diffuseurs privés soient mis de l'avant. Évidemment, il y a des nuances, il y a
des détails. On aura l'occasion d'en reparler lors de l'étude détaillée
du projet de loi, dans les consultations particulières aussi, mais ce qu'on
veut, c'est vraiment une loi avec des dents, c'est-à-dire, sans entrer dans les
détails, une loi qui prévoit des obligations mais aussi des sanctions, tout en étant flexible. Je pense que c'est possible,
avoir ces obligations, avoir des sanctions, mais faire preuve en même temps
de flexibilité, parce que ce qu'on souhaite, c'est que ça fonctionne.
Donc, voilà en gros ce que vise le projet de loi
n° 109 sur la souveraineté culturelle du Québec, un projet qui va avoir une incidence concrète et positive, je
l'espère, j'en suis convaincu, en fait, sur la consommation de nos contenus
culturels par les Québécois et sur l'intérêt
des jeunes, je le répète, pour notre musique, nos chansons, nos séries et notre
télé.
Autre dossier aussi qui va particulièrement
m'occuper dans les prochains mois, c'est le cheminement du projet de loi sur la
SODEC, la Société de développement des entreprises culturelles, qui d'ailleurs
fêtait son 30e anniversaire il y a
quelques jours. Donc, cette année, c'est le 30e de la SODEC, qui appuie
nos entreprises culturelles depuis maintenant trois décennies, un
formidable outil dont on s'est doté à l'époque. C'était sous, notamment, le
règne de Liza Frulla, à l'époque, au ministère de la Culture. Joyeux
anniversaire, effectivement.
Le projet de
loi n° 108, donc, que j'ai déposé à l'Assemblée nationale, c'était en mai,
ça viendrait modifier, donc, la Loi sur la SODEC en vue de moderniser ses
activités et de reconnaître aussi son rôle dans un nouveau domaine d'affaires.
Vous savez, on a les domaines d'affaires qui sont historiques, traditionnels,
la télé, le cinéma, le livre, par exemple, les métiers
d'art aussi. Il y a peu de gens qui le savent, mais la SODEC s'occupe des
métiers d'art. Mais le projet de loi vise à reconnaître le rôle, donc, d'un
nouveau domaine que je souhaite prioriser et mettre de l'avant, c'est-à-dire la
créativité numérique. C'est un geste qui est
directement en lien avec les recommandations du gouvernement, d'ailleurs, que
j'ai abordées un peu plus tôt, même si on avait déjà commencé le travail de ce
côté bien avant le début du rapport.
Au fil des trois dernières décennies, donc, la
SODEC s'est bâti une grande crédibilité, ça, c'est acquis, une crédibilité ici, au Québec, mais également sur la
scène internationale. Parce que la SODEC, oui, elle appuie nos créateurs,
nos créatrices, nos entreprises d'ici, mais elle est très active sur la scène
internationale, notamment, pour les soutenir dans leurs exportations. Elle est
présente sur les grands marchés, et ça fait vraiment toute la différence.
D'ailleurs, son slogan, c'est Briller ici
comme ailleurs. C'est quand même... C'est poétique mais, en même temps, ça
exprime bien que son travail se déroule à la fois ici mais sur la scène
internationale. Et, tout ça, ce sont des acquis qui sont précieux, mais
on doit continuer de bonifier son action et sa portée, surtout dans le contexte
numérique actuel.
Donc, c'est entre autres pour ça que je tenais à
ce que la créativité numérique soit reconnue comme un domaine d'activité à part
entière à la SODEC. Puis, vous savez, quand j'ai commencé à travailler
là-dessus, il y a certaines personnes qui me
disaient : Bien, M. le ministre, le numérique est dans tout. Parfois, on a
ce réflexe de dire : Le numérique est dans tout, donc pourquoi
l'isoler? Mais quand on parle de créativité numérique, on parle vraiment d'un
domaine à part entière, qui a ses propres
particularités. Si je vous parle de ce que fait Moment Factory, par exemple,
l'alliance entre la technologie et la culture, si je vous parle... on
est à Québec, si je vous parle de ce qui s'est fait près de chez nous, Onhwa'
Lumina, par exemple, sentier interactif où on nous présentait des expositions,
si je vous parle de Montréal en Histoires, où on nous a présenté pendant des
années, au centre-ville de Montréal, dans le Vieux-Montréal, des tableaux
absolument extraordinaires projetés sur les murs, c'est ça, la créativité
numérique, Mme la Présidente.
Donc, on a une expertise qui est incroyable au
Québec. En fait, le Québec est un des plus grands joueurs, un des joueurs avec le plus d'expertise dans le monde
en créativité numérique, et le potentiel de croissance de nos entreprises
en créativité numérique, il est absolument incroyable, et c'est une priorité,
pour moi, de mettre tous les outils à la disposition du secteur.
Donc, comme pour le projet de loi n° 109,
le projet de loi n° 108, ça constitue un levier de rayonnement et de
pérennité de notre culture et... bien, c'est important de faire converger nos
actions pour réussir à renforcer le rôle de la culture en tant que moteur d'identité collective pour le Québec puis de
donner aussi un appui à nos entreprises qui oeuvrent... On parle
évidemment, avec raison, souvent de nos artistes, parce qu'évidemment les
artistes ce sont eux qui font battre la culture... battre le coeur de la
culture au Québec. On ne doit pas non plus oublier nos entreprises culturelles,
qui sont importantes pour l'économie du Québec, mais qui aussi ont besoin,
donc, qu'on les soutienne.
Je sais que j'ai plusieurs alliés qui m'appuient
dans cette ambition-là, le premier ministre en premier lieu, mes collègues aussi, mais également le milieu culturel
et la population en général, c'est-à-dire dans cette idée que la culture doit
être au coeur de notre identité et qu'on doit la soutenir.
Deux projets de loi, donc, qui sont des pierres
cruciales de l'édifice qu'on est en train d'ériger pour s'assurer qu'une place
plus représentative soit accordée à notre culture dans l'univers numérique sur
le territoire du Québec, de même que pour bonifier les outils de financement et
donner une impulsion durable aux efforts de ceux et celles qui créent, qui
produisent et qui diffusent les contenus d'ici.
J'aurais pu vous parler... je vous ai parlé de
créativité numérique quand je vous ai parlé du projet de loi sur la SODEC, qu'on va étudier cet automne. J'aurais pu
vous parler de tout ce qu'on fait pour la banque d'affaires. Donc, on fait
passer le capital qui est disponible actuellement à la banque d'affaires, qui
est de 20 millions de dollars, on le fait passer à 200 millions de dollars,
Mme la Présidente. Ça va faire une différence incroyable pour nos entreprises culturelles
qui ont besoin d'avoir accès à des capitaux, qui veulent consolider, parfois,
leurs activités, qui veulent faire des acquisitions, donc prendre de
l'expansion pour conquérir de nouveaux marchés. Il y a évidemment Investissement
Québec qui s'occupe des plus grandes entreprises, mais il y avait quand même
toute une portion du marché, c'est-à-dire pour les prêts, par exemple, entre 500 000 $, 3, 4 millions de dollars, qui était
laissée de côté. Il y avait, en quelque sorte, un désert de services pour
les entreprises culturelles qui avaient besoin de services financiers dans
cette fourchette-là, et ce que nous sommes
en train de faire avec la SODEC va leur permettre d'avoir accès à ce
financement dont ils ont besoin pour leurs activités.
Ces gestes-là, qui seront, je l'espère,
prochainement concrétisés, ça s'ajoute aux liens aussi qu'on a tissés et qu'on continue de consolider avec les autres États
de la Francophonie, Mme la Présidente. La Francophonie, c'est une alliée,
les pays, les États membres de la Francophonie sont des alliés, et, depuis que
je suis entré en fonction, je m'assure de travailler
étroitement avec ces pays, avec ces alliés, ces États pour bâtir des liens,
parce qu'on a souvent des objectifs qui sont très, très similaires.
Au premier chef, on partage la même langue,
c'est clair, mais souvent, culturellement, on vit les mêmes défis sur nos territoires, donc, que ce soit à l'Organisation
internationale de la Francophonie,
que ce soit à l'UNESCO, d'ailleurs, où j'ai mené quatre ou cinq
missions, si ma mémoire est bonne, jusqu'à maintenant. Partout, je plaide en
faveur d'une plus grande diversité des
expressions culturelles. Donc, évidemment, quand je plaide pour ça, je plaide
pour que notre culture fasse partie de cette diversité culturelle à
l'échelle planétaire, et, pour ça, évidemment, il faut la protéger.
• (16 h 20) •
Ça s'ajoute à nos actions ici, sur le territoire
québécois, comme la création, en avril 2024, du Musée national de l'histoire du Québec, qui prévoit accueillir ses
premiers visiteurs dès juin prochain. Ça, c'est un extraordinaire projet, Mme
la Présidente, dont je suis éminemment fier. Si vous saviez à quel point je
trouve que c'est inspirant de pouvoir, comme
ministre de la Culture — le
premier ministre en a parlé, c'est une priorité pour lui aussi — donner
aux Québécois leur musée d'histoire nationale après tous les combats
qu'on a eus. Je pense que c'était nécessaire de les avoir. Je suis aussi très heureux que ce projet de loi là ait été adopté à
l'unanimité. Je pense que ça donne beaucoup de légitimité. Évidemment, pour moi, il n'y avait aucun doute,
mais il y avait quand même des gens qui étaient sceptiques. Peut-être
que ça va surprendre, moi, ça m'a
beaucoup surpris, mais il y a des gens qui étaient sceptiques sur la nécessité
que le Québec se dote d'un musée sur son histoire nationale. Mais, à la
fin, on a entendu tout le monde, le projet de loi a été adopté à l'unanimité,
et ça, je suis fier de ça, tous les collègues ensemble, ici, peu importe la
couleur politique, ont collaboré. Donc, je veux quand même le souligner.
On a fait adopter
aussi la loi qui a fait officiellement du hockey sur glace notre sport
national, en février dernier. Ça n'a pas été le plus long projet de loi à étudier,
ça, Mme la Présidente, mais c'était intéressant, c'était symbolique, puis je
pense que c'est un geste qui s'inscrit dans la lignée de ce qu'on fait.
Finalement, on a
aussi agi concrètement pour soutenir le milieu des arts, rappelez-vous, en mars
dernier, au budget, en bonifiant le budget, donc, du Conseil des arts et des
lettres du Québec à 200 millions de dollars. C'était une
revendication qui était portée par le milieu depuis très longtemps. Puis il y a
vraiment eu un travail d'équipe, Mme la Présidente, qui s'est fait avec les
gens du milieu culturel. On s'est assis, on s'est assuré de se comprendre, de
parler la même langue, c'est-à-dire, au-delà du français, la langue des
chiffres, elle est parfois un petit peu plus compliquée. On devait avoir ces discussions-là
et, à la fin, on a été très heureux d'annoncer ce financement historique qui va
permettre de mieux soutenir nos organismes culturels, nos artistes, en premier
lieu, qui sont confrontés en ce moment à de grandes transformations.
Donc, c'est pourquoi,
pour aller plus loin dans notre accompagnement du secteur, j'ai aussi mandaté,
en avril dernier, différentes tables de
travail qui vont rendre leurs recommandations. C'est en train de se faire.
D'ailleurs, aujourd'hui, il y avait une rencontre importante à Montréal
à ce sujet là, sur différents sujets, mais notamment les arts de la scène,
principalement, et les festivals. Elles vont nous permettre d'établir, ces
tables de travail, nos prochaines actions prioritaires avec le secteur, donc,
des arts de la scène, des festivals, des arts actuels aussi, Mme la Présidente.
Donc, on va y travailler dans les prochains mois.
Mme la Présidente,
j'ai envie de vous dire que je suis vraiment fier d'être ministre de la Culture
et des Communications au Québec. Je trouve
que c'est une fonction qui a beaucoup de sens pour une nation comme le Québec.
Je suis aussi très fier de pouvoir compter sur un premier ministre qui y croit,
qui y croit profondément et qui est un allié lorsqu'on a des combats à
mener, lorsqu'on a des décisions difficiles à prendre. Je suis très fier aussi
de pouvoir compter sur une équipe qui est passionnée. Vous savez, il y a mon
équipe du cabinet, évidemment, mais... qui fait un travail extraordinaire, je
veux le souligner. Il y a aussi nos collègues du ministère de la Culture et des
Communications du Québec. Ce sont des professionnels qui sont dévoués, qui ont
la culture tatouée sur le coeur. Et il y a quelque chose de particulier, au
ministère de la Culture et des Communications, les gens qui arrivent y restent,
souhaitent contribuer. Et, quand je vous
disais qu'au Québec obtenir ces fonctions-là, occuper ces fonctions-là, ça a un
sens particulier selon moi, bien, je pense que les professionnels du
ministère sentent cette même mission là, et je trouve que c'est
particulièrement inspirant.
Donc, je termine
là-dessus, Mme la Présidente, je viens de faire ces remerciements, je termine
donc en disant que c'est très précieux pour
un ministre de pouvoir compter à la fois sur une équipe solide et passionnée
ainsi que sur un premier ministre convaincu de la mission essentielle de
la culture. Donc, soyez assurés que, dans les prochains mois, on continuera le travail. À ceux qui pensent qu'en
année électorale on cesse le travail dans les ministères, je vous rassure,
on va mettre les bouchées doubles. Il nous reste énormément de travail à faire,
on va faire ce travail-là ensemble parce qu'on y croit, parce qu'on est
motivés, parce que c'est important de le faire, Mme la Présidente. Merci.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de
Matane-Matapédia.
M. Pascal Bérubé
M. Bérubé : Merci, Mme la Présidente.
Ça fait plus de 18 ans que je siège en cette Chambre. J'ai eu le privilège
à six reprises d'être choisi par ma la population, et, à chaque fois qu'il y a
un discours d'ouverture, que ce soit comme gouvernement ou comme opposition,
c'est toujours un moment solennel, d'intervenir sur les intentions du gouvernement.
Habituellement, à peu
près tout le temps, ça suit une élection générale. Pas cette fois-ci. Ça suit
une élection partielle. Alors, pourquoi on
se retrouve ici, aujourd'hui, au début du mois d'octobre? D'abord, parce que le
gouvernement a décidé de faire patienter la démocratie pendant deux
semaines. On devait entrer le 16 septembre dernier, on est entrés le 30 septembre dernier. Pourquoi? Le premier ministre avait besoin de temps pour remanier son Conseil des ministres et
s'assurer que ses nouveaux ministres puissent s'acclimater à leurs nouvelles
fonctions.
Pourtant, on avait
beaucoup de temps cet été. Ça me rappelle un peu la fable de La Cigale et la
Fourmi. Récapitulatif des épisodes précédents : en juin dernier, le
premier ministre se dit insatisfait des résultats de son gouvernement, à tout
le moins, dans l'opinion publique. Il annonce qu'il y aura un remaniement,
chose assez inusitée, un remaniement
ministériel qui surviendra plus tard. Donc, on peut s'imaginer qu'il y a des
réflexions qui se font là-dessus mais qu'il y a beaucoup de temps durant l'été
pour rencontrer les ministres, pour jauger son équipe et prendre des décisions.
Ce n'est pas ce qui va arriver. Il y aura une élection partielle, choisie en
plein été. C'est le choix du premier ministre. Selon nos règles, le
premier ministre décide de la date d'une élection partielle. Alors, il décide
de faire ça le 11 août. Toutes les personnes dans cette Chambre qui ont
fait du porte-à-porte à Victoriaville ou ailleurs le savent, ce n'étaient pas
les conditions idéales pour la tenue d'une élection partielle. C'est toutefois
le choix du premier ministre.
Et, suite à cette élection partielle, il a pris
acte du résultat. En 2022, l'ex-député d'Arthabaska a obtenu un des meilleurs
résultats au Québec pour sa formation politique. Il a obtenu 53 % des
voix. En 2025, le candidat de la Coalition avenir Québec,
le gouvernement du Québec, a obtenu 7 % des voix. Et là, comme ce fut le
cas dans d'autres élections partielles, ça provoque des réactions, et le
gouvernement décide de prendre son temps et d'annoncer un remaniement
ministériel qui nous fait perdre quand même deux semaines précieuses de
reddition de comptes, où on pose des questions au gouvernement, où on participe
à des commissions parlementaires. Et, finalement, on se demande pourquoi.
Donc, ce temps-là, il est précieux. Il
n'appartient pas au premier ministre, il appartient à la démocratie québécoise.
Et soyez assuré que les fiers députés du Parti québécois se seraient présentés
pour faire ce qu'ils font quotidiennement ici, tout comme les autres
collègues : poser des questions au gouvernement qui gère l'argent durement
gagné par les Québécois et les Québécoises, qui prend des décisions qui ont un
impact sur leurs libertés, sur leur vie quotidienne et sur leur avenir.
Alors, c'est dans ce contexte-là que
j'interviens aujourd'hui, comme si c'était un nouveau gouvernement. Pourtant,
quand je regarde de l'autre côté, je reconnais le premier ministre puis je suis
pas mal sûr que c'est le même, et le ministre des Finances aussi, puis le
ministre de la Santé aussi. Pas mal sûr que c'est les mêmes. Alors, qu'est-ce qui a changé? Bien, il y a des nouveaux collègues
qui sont ministres, qui ont accédé à cette table importante des décisions.
D'autres n'y sont plus.
Qu'est-ce que ça change au plan des priorités?
Bien, c'est là que c'est intéressant de suivre. On est dans la dernière année, littéralement, de ce mandat.
L'élection générale aura lieu le 5 octobre 2026. Donc, le décompte est
amorcé. Qu'est-ce que le gouvernement
veut faire? Dans bien des cas, des choses qu'il n'a pas faites dans les sept
dernières années. Il veut obtenir des résultats qu'il n'a jamais eus, en
faisant probablement des choses qu'il n'a jamais faites. Alors, on observe les
priorités. D'abord, la question de l'identité. Alors là, le gouvernement joue
son va-tout sur une constitution québécoise qui, elle, a fait l'objet de
beaucoup de travail pendant l'été. Le premier ministre n'était pas prêt à un
nouveau remaniement, mais il était prêt à une constitution. Puis là on apprend
que le gouvernement, avec une loi, va proposer une loi fondamentale à
l'intérieur du Canada, donc, aménager la pièce qu'on a à l'intérieur de la
maison canadienne en lui donnant de nouveaux attributs puis en espérant que ça va
changer la dynamique à l'intérieur du pays.
Notre formation politique, en tout respect, a
tiré des conclusions politiques définitives sur le Canada : il ne changera
pas. On peut décider d'accepter cette situation, mais ça vient avec un certain
nombre de renoncements sur notre capacité
collective de décider pour nous-mêmes, sur la gestion de nos ressources, sur
les lois qui sont parfois votées par nous, mais qui peuvent être
invalidées par un autre gouvernement. Je pense à la laïcité, ça peut être la langue,
ça peut être bien d'autres questions.
• (16 h 30) •
Donc, le gouvernement accepte le destin
canadien. Pas si différent du Parti libéral, je veux dire, ils sont à l'intérieur, Canadiens. Ils utilisent d'ailleurs le
même langage pour s'opposer à un projet universel, qui est celui de l'émancipation
des peuples, de l'autodétermination des peuples. Alors, j'imagine qu'à la
prochaine élection, parce que tous ceux qui
siègent au Conseil des ministres se sont engagés à se représenter, ils nous
diront pourquoi c'est important de rester dans le Canada. Ils nous
diront qu'il vaut mieux accepter ce sort, que ça ne peut pas être mieux. Moi,
je suis du côté des optimistes. Si l'objectif était seulement de prendre le
pouvoir et de le garder, avouez, Mme la Présidente, qu'il serait bien moins difficile de ne pas aborder une
question fondamentale qui est celle de créer un État. C'est une exigence
supplémentaire que je porte avec optimisme et profonde conviction depuis
30 ans, et comme parlementaire depuis plus de 18 ans, et, si d'aventure ma population le souhaite, pour un
autre mandat à partir de 2026. Alors, ça, c'est pour l'identité.
En matière de laïcité, le gouvernement veut
poursuivre ses efforts avec une réflexion qui porte sur différents enjeux, notamment il a annoncé la lutte aux
islamistes radicaux, j'ai entendu ça, la prière de rue. Bon, il se trouve qu'un
triste événement est arrivé à peu près au
même moment, qui est le décès du plus grand sociologue québécois,
Guy Rocher, à l'âge de 101 ans. Ça ne s'invente pas, un des
pères de la loi 101, décédé à 101 ans. Il se trouve que je le connais
bien, moi, M. Rocher, j'ai eu
l'occasion de discuter avec lui souvent. Deux de ses plus grandes convictions
pourraient inspirer le gouvernement, mais je conserve des espoirs
modérés, surtout pour le premier élément. Guy Rocher, qui a fait l'objet, à juste raison, de nombreux compliments de la part
du gouvernement, et ils ont bien fait, a considéré, toute sa vie active,
que le Québec devait devenir indépendant.
Jusqu'à la fin, c'était son souhait. Il considère aussi, de façon contemporaine,
qu'en matière de laïcité il faut aller plus loin puis être cohérent. Il
considère aussi, en matière linguistique, qu'il y a un élément fondamental qui
pourrait permettre de compléter la loi 101 et la Révolution tranquille,
qui est celui de faire en sorte que le cégep
soit en français, particulièrement pour... je vais les appeler les enfants de
la loi 101, les enfants issus de
l'immigration. Le gouvernement pourrait aller de l'avant là-dessus, puis on le
supporterait, il a décidé de ne pas le faire.
Alors, moi, je demande de la cohérence, je
demande du courage aussi pour l'identité, pour la langue, pour la défense des
intérêts du Québec. On est des spectateurs, présentement, on se dit : Bien
là, le premier ministre canadien, il va
aller nous défendre à Washington. Je pense que les nations, elles sont fortes
de leurs convictions. Pas besoin d'être un grand pays, on a besoin d'être un pays ouvert sur le monde. Et toutes
les nations qui sont devenues indépendantes depuis 40 ans, beaucoup
des petites nations de la taille du Québec, se débrouillent plutôt bien.
On parle beaucoup de sécurité également.
Pourtant, deux ministres ont précédé le ministre actuel. Ils ont indiqué avoir
tous de bonnes intentions pour lutter contre des phénomènes où, souvent, on
faisait des propositions puis on nous disait que ce n'était pas nécessaire, la
lutte aux gangs de rue, par exemple. Plus récemment, la question du contrôle
routier, des camionneurs peu expérimentés, qui n'ont pas les qualifications,
qui mettent en péril leur vie et celle
d'innocents qui roulent sur les routes, parce qu'ils ne sont pas assujettis aux
mêmes règles, ça aussi, c'est un enjeu sécuritaire. C'est le ministre
des Transports qui en est responsable.
Et puis, pour
le reste, j'ai bien noté que l'éducation, qui a toujours été la priorité du
premier ministre... quand je vous dis qu'il y a une séquence, là, je les
écoute, les discours inauguraux, là, quand il y a eu l'assermentation du Conseil des ministres, ce n'était pas là. Donc, bon, ce n'est plus une... Ça ne peut pas...
Tout ne peut pas être une priorité. On choisit ce qu'on veut bien avancer. Alors, les quatre valeurs ou objectifs
fondamentaux du premier ministre, c'est la carte... un peu la carte
routière pour le dernier mandat.
Moi, je suis de ceux qui préfèrent applaudir les
résultats que les intentions. C'est souvent comme ça avec le gouvernement, tout est historique, s'autoqualifier
d'historique... Il me semble qu'il vaut mieux... indépendant qui dit : Oui,
c'est historique. Donc, on va applaudir les résultats puis on souhaite que le
Québec aille bien. Si on obtient des résultats, tant mieux. Il reste un an.
Nous, on aimerait mieux qu'il soit prudent en matière de finances publiques,
puis en matière d'investissements publics, puis qu'il soit sensible à des
situations qui nous arrachent le coeur dans... dans les réseaux de l'éducation
et de la santé.
J'arrive à l'éducation. Ça fait partie des
choses qui se sont passées depuis la fin de notre dernière session
parlementaire. À la fin des classes et à la fin de la session parlementaire
arrive une consigne que personne n'a vu venir. L'ancien ministre de l'Éducation
réclame aux centres de services scolaires des compressions de plus de 500 millions
de dollars, un demi-milliard de dollars, alors que les budgets sont prêts,
alors qu'il y a des planifications qui sont faites, alors que les cadres s'apprêtent à s'en aller, à juste raison, en congé,
avant la nouvelle année scolaire. Alors là, il n'y a plus personne qui ne
comprend rien. Donc, il y a ça, cet argent-là de disponible dans les écoles du
Québec présentement, arrangez-vous. Pourtant, j'entends le ministre dire qu'il
n'y a pas de gras, qu'il n'y a pas de... il n'y a pas de... ça va être difficile,
mais on va pouvoir maintenir les services. Alors, s'enjoint, tout de suite
après, une grande mobilisation du personnel
scolaire, des directeurs d'école, qu'on n'entend pas souvent sur ces enjeux-là,
des parents, des grands-parents, des gens qui sont intéressés par
l'éducation. Et nous, on se joint à ça.
Et j'accepte de parrainer une pétition qui
demande au gouvernement de ne pas couper en éducation, tout simplement, et cette pétition, que j'ai déposée
mardi, est la deuxième la plus signée de l'histoire de l'Assemblée nationale
depuis qu'il y a des pétitions électroniques. Qu'est-ce qui s'est passé? Ça a
touché les jeunes, parce qu'on parlait des plans d'intervention pour les
enfants en difficulté, on parlait de ressources professionnelles pour aider les
enfants. Uniquement dans mon centre de
services scolaire, on parlait de 40 ressources qu'on devait enlever.
Imaginez, là, ce n'est pas une grosse commission scolaire, un centre de
services scolaire. Ça a touché les gens, et le ministre a été obligé de faire
marche arrière durant l'été. Il voyait ça monter, là, la pétition, là.
On se retrouve en octobre. Est-ce qu'il y a plus
de ressources qu'il y en avait en juin? Je ne crois pas. Est-ce qu'il y en a
moins? Je crois que oui, on est en train de faire le recensement de ça. En tout
cas, manifestement, le premier ministre était insatisfait parce qu'il a changé
la direction du ministère de l'Éducation. Et, quand je jase avec des gens qui étaient en contact, au quotidien, sur ces
enjeux-là, ils me disent : Bien, ça envoie un message. Alors, de quoi
était-il insatisfait, le premier ministre? C'est un ministère important.
Pourquoi le ministre de la Santé, il reste à la Santé? Puis pourquoi le
ministre des Finances, il reste aux Finances? Pas mal... je connais assez bien
le député de Lévis pour savoir que je pense qu'il aurait aimé continuer.
En matière d'éducation, je prends la parole du
premier ministre. Je le connais depuis des années, j'ai travaillé étroitement
avec lui, avec les centres de services scolaires, les commissions scolaires, à
l'époque. Je sais comment il est préoccupé par ce qui se passe dans les écoles.
Mais là de ne pas l'entendre dire, au remaniement ministériel, que l'éducation était toujours la priorité, ce n'est
pas un oubli. Je veux dire, ça se prépare de façon concrète, là, ces
discours-là. Mais, comme j'aime mieux applaudir les résultats que les
intentions, je vais observer avec attention les priorités de la nouvelle
ministre, qui est là depuis peu, qui est une femme pour qui j'ai beaucoup d'admiration,
bien au-delà du fait qu'elle est Matanaise
de naissance et que son père est le collègue de classe de mon père, le bureau
juste à côté, ça ne s'invente pas, je vais voir comment vont s'articuler les priorités en matière
d'éducation. Il devrait y en avoir juste une, en fait, la réussite
scolaire. Tout le reste, c'est les moyens pour s'assurer que les enfants, les
élèves réussissent. C'est comme ça que ça devrait se passer.
Évidemment, il y a le développement régional
aussi, et là est arrivée une autre affaire que je n'avais pas prévue. Écoutez, ma voisine de circonscription, la députée
de Rimouski, quitte le caucus du gouvernement, ça, c'est déjà spectaculaire
en soi, mais devient une lanceuse d'alerte. Et elle nous révèle, point après
point, que, toutes les sorties que j'ai faites depuis 2018, mais particulièrement 2022, j'avais raison, sur
l'autoroute 20 dans notre région, sur le domaine de la santé, de
l'éducation et du développement régional, elle me donne raison. Tout ce
temps-là, elle était d'accord avec moi, mais
là elle a sa parole libérée puis elle nous confirme que, finalement, elle n'a
plus d'attente à l'égard de la CAQ. Remarquez que ça semble réciproque aussi. Mais ce qu'elle nous
dit est intéressant, et ce n'est pas moi qui vais lui dire d'arrêter de nous raconter
ce qu'elle a vu. Elle fait oeuvre utile. Elle nous dit qu'il y a un coup à
donner en matière de développement régional.
Ce n'est pas la seule, le député d'Abitibi-Est dit à peu près essentiellement
la même chose, puis plusieurs des députés de l'autre côté qui sont
toujours là nous disent à peu près la même chose.
En conclusion — oui, je vous ai entendu, cher collègue — en
conclusion, il reste peu de temps au gouvernement pour réaliser ses ambitions, puis, au plan législatif,
on n'est pas fixés, on n'a pas tous les éléments encore. Ne serait-ce que
pour la constitution, il me semble que le gouvernement ne peut pas aller de
l'avant avec si peu de temps, avec une si
vaste entreprise, sans faire les choses correctement. Nous, on pense que c'est
inutile, la constitution, c'est pour un pays. Alors, on a bien hâte de
travailler avec les priorités du gouvernement, mais beaucoup avec nos
propositions qu'on fera tout au long de la session. Il y aura un rendez-vous
normal avec l'histoire l'an prochain. Soyez assurée, Mme la Présidente, qu'on
sera prêts à ce que les indépendantistes reviennent au pouvoir à Québec pour
réaliser leurs grands projets. Merci.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la ministre et députée
de Duplessis.
Mme Kateri
Champagne Jourdain
Mme Champagne Jourdain : «Kuei!»
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Lors de son discours inaugural, le premier ministre a présenté une vision claire et
forte pour le Québec. L'objectif : protéger et faciliter la vie des
Québécois.
En ce qui
concerne les familles du Québec, ça va se traduire par diverses actions
concrètes afin de mieux répondre à leurs besoins. Ça me fait donc... il
me fait donc plaisir aujourd'hui de pouvoir prendre la parole pour parler de ce
qui s'en vient au ministère de la Famille dans la prochaine année.
À titre de ministre de la Famille, je me réjouis
évidemment de poursuivre l'immense travail amorcé dans le cadre du Grand chantier pour les familles de mes
deux prédécesseurs. Notre volonté : bonifier l'offre de services de garde
éducatifs à l'enfance subventionnés afin de donner accès à des places de
qualité et abordables au plus grand nombre de familles, et ce, partout
au Québec.
En 2021, on
s'est fixé l'objectif ambitieux de créer 37 000 nouvelles places
subventionnées. Et, près de quatre ans plus tard, je suis fière
d'affirmer que plus de 30 500 places subventionnées supplémentaires
sont offertes aux familles. La dernière fois
qu'un gouvernement est parvenu à créer le même nombre de places, ça aura pris
trois mandats, trois mandats, Mme la Présidente.
À ça, il faut ajouter près de
10 000 places converties. Ce sont près de 10 000 places qui
étaient jusqu'à tout récemment non subventionnées, qui sont désormais
disponibles au coût de 9,35 $ par jour. Chaque nouvelle conversion donne
de l'air à nos familles et chaque nouvelle place créée, bien, ça permet à des
parents de retourner sur le marché du travail et de contribuer à la société
québécoise. Nos actions ont un réel impact positif sur le portefeuille des
parents, et ça, j'en suis plus que convaincue.
C'est dire que le réseau de la petite enfance
compte près de 40 000 places subventionnées depuis plus... bien, en
fait, 40 000 places subventionnées de plus depuis quatre ans. Et ça,
ça représente 40 000 familles qui ont désormais accès à une place offerte à 9,35 $ par jour.
Il s'agit d'une avancée majeure dont on peut être extrêmement fiers, Mme la Présidente.
Ces places permettent non seulement de répondre aux besoins éducatifs des
enfants, en plus d'offrir un service
essentiel aux parents. On ne le dira jamais assez, la période de la petite
enfance, c'est crucial dans le
développement de nos tout-petits, et, en investissant en petite enfance,
eh bien, on mise sur notre relève, sur notre futur.
En parlant d'investissement, je me permets de
revenir sur le budget 2025-2026, déposé par mon collègue le ministre des Finances en avril dernier, qui
prévoyait une somme de 171 millions de dollars afin de soutenir
l'accessibilité aux services permettant de répondre aux besoins des
familles, encore une fois. Avec ces sommes, il est prévu de poursuivre les
conversions de places non subventionnées en places subventionnées. Un appel à
projets vient, d'ailleurs, tout juste de se
terminer dans plusieurs régions du Québec et vise à convertir
1 000 places supplémentaires. Ça va porter le nombre à près de
11 000 places converties. Ça ne s'est jamais vu depuis la création du
réseau de la petite enfance, Mme la
Présidente, jamais. Ces places converties vont s'ajouter évidemment à un réseau
de garde à contribution réduite qui compte actuellement
250 000 places subventionnées au Québec.
Notre réseau, il sert de modèle et a,
d'ailleurs, inspiré la mise en place d'un système équivalent au Canada. Une partie de la clé de notre succès réside dans
les efforts soutenus de notre gouvernement pour développer de nouvelles
places dans le but d'atteindre un point d'équilibre entre l'offre et la
demande. En 2027, la majorité des régions du Québec
vont, d'ailleurs, atteindre cet équilibre-là. Le nombre de places disponibles
va permettre de répondre aux besoins des familles. C'est notre but. Et,
à ce chapitre, en fait, rappelons qu'à l'heure actuelle c'est près de
14 000 places subventionnées qui
sont actuellement en réalisation. Chaque mois, de nouveaux projets sortent de
terre. Chaque mois, des chantiers
prennent forme. Ça signifie qu'à terme on va avoir largement dépassé l'objectif
de création de 37 000 nouvelles places subventionnées. À ce
chapitre, le premier ministre a clairement mentionné son intention de rendre
les services offerts à la population encore
plus efficaces. On va, donc, continuer la cadence et compléter le Grand
chantier des familles grâce aux 14 000 places qui sont encore
en réalisation.
Le mandat qui m'a été confié est de travailler
pour toutes les familles du Québec, de me lever chaque matin avec la détermination de moderniser le réseau de
services de garde éducatifs à l'enfance afin de répondre aux besoins des
familles québécoises, de poser des gestes et
de prendre des décisions pour faciliter l'accès aux places subventionnées pour
les familles. Notre engagement demeure le même : compléter le réseau de
services de garde.
Un autre dossier qui va occuper une partie de
notre automne, en fait, et on est déjà dedans, c'est le déploiement du portail
d'inscription aux services de garde. Et je me permets au passage, Mme la
Présidente, de souligner le travail, la rigueur, l'assiduité dont a fait preuve
ma collègue la députée de Verchères dans l'élaboration de cette nouvelle
solution là. Ce projet-là, il s'inscrit aussi dans le Grand chantier pour les
familles. C'est un nouvel outil technologique qui vise à faciliter la vie des
parents qui sont à la recherche d'une place en CPE ou en garderie subventionnée
pour accueillir leurs enfants. L'équité, la transparence, ce sont deux valeurs
qui ont guidé nos travaux, nos actions dans le développement de cette nouvelle
plateforme là. Autrement dit, on veut s'assurer, dorénavant, que les règles
soient les mêmes pour tous quand il est question d'attribuer des places en CPE
et en garderies subventionnées.
Vous savez, Mme la Présidente, il y avait plus
de 2 000... il y avait plus de 2 000, quand je le dis, là, je trouve
ça immense, 2 000 critères d'admission pour les parents dans les CPE
à travers le Québec. C'est impossible pour les parents de s'y retrouver. Là, on
vient uniformiser le tout, un seul critère, un seul programme pour admettre les
parents, on vient nationaliser la politique d'admission. Et ça, c'est vraiment
important qu'on puisse le faire pour les familles, justement pour faire en
sorte qu'il y ait enfin une équité.
Pour y arriver, on va mettre en place une
véritable liste d'attente, qui va être gérée par le ministère, plutôt que les
services de garde, parce que c'était le cas avant, aucun passe-droit ne va être
permis à partir de maintenant. On veut également
mieux tenir compte des besoins des parents, et, pour ce faire, c'est maintenant
la date de fréquentation souhaitée qui va être considérée pour l'octroi des places.
Alors, c'est fini, la course à l'inscription dès qu'on apprend qu'on attend un
enfant, dès qu'on sait qu'on va accueillir un enfant, si on est en situation
d'adoption, on va enfin permettre aux parents de souffler un peu. Un autre changement important réside dans le fait
que les parents vont devoir attendre la naissance de leur enfant avant
de s'inscrire au portail.
Alors, tout ça, on le fait pour faciliter la vie
des parents, Mme la Présidente, et on peut être fier du chemin parcouru au
cours des dernières années. Et moi, je suis très enthousiaste à l'idée de
poursuivre nos actions, justement pour faciliter la vie des familles
québécoises.
Vous allez me permettre, Mme la Présidente, de
prendre les prochaines minutes pour parler de mon rôle de ministre régionale. En tant que représentante de
la belle région de la Côte-Nord, je ne peux pas m'empêcher de me réjouir des
plans que notre gouvernement met de l'avant en matière de développement
économique. Dans les prochaines années, nos régions vont jouer un rôle
central dans la concrétisation de la vision économique qui a été présentée par
le premier ministre la semaine passée. Hydro-Québec, avec son plan d'investissement chiffré à 200 milliards de
dollars, va contribuer à l'essor économique des régions. Des investissements
d'une telle ampleur auront nécessairement un impact sur la création d'emplois, sur la richesse et sur l'attractivité
de nos villes et de nos villages, et j'insiste sur ce point-là, Mme la
Présidente, c'est le but de notre action. Alors, je suis très heureuse,
là, de toutes ces annonces-là.
• (16 h 50) •
Notre
intention, évidemment, c'est d'accélérer le déploiement de projets économiques,
énergétiques, stratégiques pour le Québec. Et c'est les entreprises d'ici et
d'ailleurs qui vont certainement se réjouir de cette volonté de notre gouvernement.
Le Québec, et c'est particulièrement vrai dans nos régions, dispose des
ressources, des compétences, du savoir-faire et du savoir-être pour arriver à
de grandes choses, et, à titre de ministre régionale, je peux vous dire que
cette vision-là, elle m'inspire.
Vous savez, on a accompli de grandes choses. On
est venus, entre autres, stabiliser la situation de la région de Sept-Îles en
venant pérenniser l'entente pour l'approvisionnement en électricité. On est
venus aussi s'assurer que notre région puisse poursuivre son développement en
octroyant des mégawatts à des projets qui étaient importants, et surtout nécessaires, pour notre région. On a posé de
multiples gestes pour s'assurer de rehausser la qualité des soins. Et on
arrive... on voit les résultats. On commence à sentir les résultats. On a
retourné un bateau. Les effets se font sentir maintenant, et, ça, on le
sent sur le terrain.
Alors, je suis très, très heureuse de pouvoir
compter sur un gouvernement qui a à coeur nos régions, qui a à coeur le
développement de nos régions, et ça va se poursuivre. Je suis fière, Mme la
Présidente, que notre... de ce que propose
notre premier ministre aux Québécois, aux Québécoises, une vision qui est
claire, qui est forte, qui met de l'avant aussi les bonnes priorités
pour un Québec plus prospère, plus sécuritaire et dont on peut être fiers. Je
vous remercie beaucoup.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de
La Pinière.
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Alors, tout à l'heure, le ministre de la Culture déplorait le fait
que les jeunes Québécois se tournent souvent
vers la culture américaine. Vous me permettrez de dire qu'on est bien mal en
point quand le premier ministre tente de redorer son image et de faire oublier
les ratés de ces sept dernières années en se prenant pour un personnage
de film américain fictif. Les enjeux...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Un instant. M. le leader adjoint, quel est votre règlement... votre
article?
M. Lévesque
(Chapleau) : Bien, en fait, Mme la Présidente, ici on s'appelle
par nos titres puis on se doit respect, en cette Chambre, envers les
collègues.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée, veuillez faire attention pour vos propos. Poursuivez.
Mme Caron : Absolument, Mme la
Présidente. Alors, j'ai bien parlé du premier ministre, qui est son titre, et
qu'il se comparait à un personnage de film américain. Alors, les défis, les
enjeux des Québécois ne sont pas fictifs, les enjeux des Québécois sont
vraiment réels et importants, et, pour connaître ces défis, pour en connaître
l'ampleur, bien, il suffit d'écouter ce que les voisins, nos voisins et nos
voisines, nous disent durant les activités de comté, durant du porte-à-porte,
durant les rencontres fortuites dans le comté.
Il nous suffit d'écouter les professionnels de
la santé qui croulent sous la paperasse, qui ne peuvent pas servir les patients qu'ils voudraient bien servir, par
exemple une médecin dans un GMF, en périnatalité, qui me dit : Je ne peux
pas suivre les bébés naissants de mes patientes parce que je n'ai pas le droit
de choisir mes patientes. Les règles sont rendues complexes à ce point-là. On a
juste à penser aux enseignants qui manquent de ressources ou encore à tous les
partenaires, intervenants, parties prenantes auxquels on parle dans nos divers
dossiers.
Il suffit juste d'écouter deux ou trois jeunes,
dans la mi-vingtaine jusqu'à la trentaine, qui jasent entre eux et qui disent qu'ils ne voient pas le jour où ils
vont être capables de fonder une famille, ou d'avoir accès à la propriété, ou même
de se payer un loyer et de partir de chez leurs parents. Il suffit de penser au
nombre croissant de personnes qui deviennent itinérantes,
des personnes obligées de fréquenter des banques alimentaires. On n'a pas
besoin de grands indicateurs économiques pour savoir que ça, c'est des enjeux
importants au quotidien. Des Québécois en santé et en emploi qui deviennent
itinérants, qui ne mangent pas à leur faim, qui ne peuvent pas se loger, ce
n'est pas normal.
Des enfants québécois
qui n'ont pas d'enseignant dans leur classe, ce n'est pas normal. Des écoles,
et je ne l'invente pas, qui aménagent des placards pour pouvoir donner des
services d'aide linguistique, de soutien linguistique à des élèves, je le vois
dans une école de mon comté.
Un projet
d'agrandissement d'une école secondaire, l'école secondaire Antoine-Brossard,
pour ne pas la nommer, dans mon comté, un
projet qui attend depuis des années, qui devait avoir lieu avec la pandémie. On
comprend que, pendant la pandémie, tout a été arrêté. On comprend que
les coûts ont augmenté à cause de la pandémie. Le projet devient d'une autre
envergure, il faut recommencer tout le processus. L'an dernier, très bonne
nouvelle, très heureuse d'apprendre, de la part du ministre de l'Éducation
d'alors, que le centre de services scolaire peut aller de l'avant avec le
dossier d'affaires. C'est la dernière étape avant d'aller à la réalisation.
Alors, je suis très contente parce que je sais à quel point les enseignants, la
direction, les élèves de l'école attendent cet agrandissement. C'est une école
qui est surpeuplée, c'est une école où il y a des tensions, il n'y a pas
suffisamment d'espace, d'espaces communs, il y a des classes qui sont en
modulaire. Alors, c'était une très bonne nouvelle, sauf que le centre de
services scolaire n'a pas pu avancer à cause des cibles d'investissement
plafonnées qui ont été décrétées par le gouvernement.
La croissance de la
population est telle, dans le comté de La Pinière et dans les comtés
environnants, qu'il va nous falloir une autre école secondaire, donc pas
seulement agrandir l'école secondaire Antoine-Brossard, mais il faudra en
construire une autre, parce qu'il y a des enfants, là, dans les écoles
primaires et dans les écoles primaires en agrandissement ou nouvelles. Bien,
quand ils vont avoir fini leur sixième année, il va falloir qu'on puisse les
scolariser, continuer de les scolariser aussi. Alors, qu'est-ce qu'on va faire
si on ne peut pas construire d'autres écoles secondaires, si on ne peut même
pas en agrandir une qui a tellement besoin d'agrandissement?
On a des Québécois
aussi qui sont malades, mais qui ne peuvent pas se faire soigner. Ce n'est pas
normal, ça non plus. Des Québécois qui ont travaillé toute leur vie, qui ne
peuvent plus se loger, faute d'argent ou de revenus suffisants, ce n'est pas
normal. Des milliers de Québécois vieillissants en perte d'autonomie et qui
n'ont pas de place en milieu d'hébergement, ce n'est pas normal. Des Québécois
en perte d'autonomie qui restent dans leur domicile, mais sans soutien à
domicile, ce n'est pas normal, ça non plus. Il y a près de
18 000 personnes qui attendent un premier service de soutien à
domicile. Et, si on compte ceux qui n'ont pas encore été évalués, c'est près
de... c'est plus de 50 000 personnes qui attendent du soutien à
domicile.
Des personnes qui
sont obligées de laisser leur travail pour se consacrer à leurs proches qui ont
besoin d'aide, se consacrer à leurs proches à temps plein, ces personnes-là
s'épuisent et s'appauvrissent en même temps, ce n'est pas normal non plus. On
est en train de créer une génération de proches aidants qui arrêtent de
travailler pour prendre soin d'un proche,
sans revenu, avec un crédit d'impôt qui peut aller jusqu'à 2 500 $,
qui est très difficile à obtenir parce que les critères sont très stricts. Il faut vivre avec la personne,
cohabiter pendant au moins 182 jours par année, pour avoir ce crédit
d'impôt. Alors, si vous êtes une personne dans la cinquantaine, disons, dont
les deux parents ont besoin de vous parce
qu'ils n'ont pas de soutien à domicile ou ils n'en ont pas suffisamment pour
leurs besoins puis ils n'ont pas de place non plus en hébergement, bien,
vous êtes obligé d'arrêter de travailler pour en prendre soin.
• (17 heures) •
Ce n'est pas bon pour
l'économie du Québec, ce n'est pas bon pour votre économie personnelle et puis
ce n'est pas bon pour votre carrière. Et, par le temps où vous pourrez
retourner sur le marché du travail, bien, vous serez le bec à l'eau, vous serez épuisé. Vous aurez besoin de
services en santé mentale et puis vous aurez peut-être besoin d'aide financière
du gouvernement. Ce n'est pas un bon investissement pour le gouvernement, ce
n'est pas bon pour l'économie, ce n'est pas bon pour la productivité du Québec
d'être dans une situation comme ça et puis ce n'est pas non plus la société
québécoise que les artisans et les artisanes de la Révolution tranquille
avaient envisagée. Le filet social, qui n'était pas parfait, mais le filet
social que nous avions réussi à bâtir au fil des ans au Québec et dont nous
étions si fiers, bien, aujourd'hui, il comporte des mailles qui sont défaites,
des trous qui laissent échapper les personnes que je viens d'énumérer.
Je n'ai pas compris,
M. le Président, que ces défis ne figurent pas parmi les priorités du premier
ministre. Je ne sais pas, peut-être
devrait-il se rendre sur le terrain un petit peu plus souvent pour pouvoir
constater de visu par lui-même et être en mesure de faire les bons
constats au lieu de se prendre pour un boxeur fictif. Le Québec fait face à des
défis collectifs importants, M. le Président, mais, une fois qu'on fait ce
constat, on ne peut pas se contenter, comme le premier ministre, de dire :
Bien, c'est comme ça ailleurs. Le concept de «quand on se compare, on se
console», ce n'est pas un programme de
gouvernement, ce n'est même pas une politique publique digne de ce nom. C'est
comme tout simplement baisser les bras puis dire : Bien, on s'avoue
vaincus, on n'est pas capables.
Pourtant, le Québec en
a fait, de grandes corvées au fil de son histoire. Aujourd'hui, ce n'est pas le
temps d'abandonner la partie, c'est le temps de se relever les manches
collectivement, et au premier chef le gouvernement. Le gouvernement devrait travailler d'arrache-pied pour relever tous ces
défis en faisant des choix sensés, raisonnables et judicieux, en évitant de
dénigrer des groupes de la société, comme les médecins à cause de l'incapacité
du gouvernement à redresser le réseau de la santé, comme les syndicats à
cause de l'incapacité du gouvernement à gérer correctement les finances
publiques.
Rappelez-vous-en, M.
le Président, en campagne électorale, en 2018, le chef de la CAQ — je le
nomme ainsi puisqu'il n'était pas encore premier ministre — il
promettait un gouvernement de comptables, sous-entendu des professionnels, des personnes capables de bien
gérer les finances de l'État et de faire un développement économique pour
assurer la prospérité du Québec. En tout cas, moi, c'est ce que je comprenais,
mais quelle déception, M. le Président. La CAQ a commencé son premier mandat en
2018 avec des surplus laissés par le gouvernement de Philippe Couillard. L'économie du Québec, à cette époque-là, faisait l'envie de
toutes les provinces canadiennes, y compris de l'Ontario. Bien, au lieu d'utiliser cette bonne posture
financière comme un tremplin économique et budgétaire, la CAQ s'est lancée
dans les grandes dépenses, dans les contrats avec des clauses douteuses dans
une start-up suédoise qui a floppé. Bref, la
CAQ a renoué avec les déficits budgétaires en un temps record, a fait cette
année un déficit record, en plus de mener le Québec à la décote. Ce
n'est pas rien, là. La décote, ça ne s'était pas vu depuis 30 ans au
Québec, et c'est la CAQ qui l'a réalisée.
Le
premier ministre a cité l'arrivée du nouveau président des États-Unis pour dire
comment le contexte a changé. Effectivement, le contexte a changé, on
est bien conscients de cela, mais qu'est-ce qu'il a fait, le premier ministre,
à la première occasion? Aller mettre tout sur la table, il était déjà prêt à
faire des concessions avant même une première négociation. C'est ça, bien gérer
le Québec? C'est ça, assurer la prospérité du Québec? Je ne pense pas.
Le bilan des cinq
années caquiste en matière de finances, M. le Président, ça me fait penser à un
autre film américain qui s'appelait Other People's Money. La CAQ n'a pas
agi comme un bon gestionnaire avec l'argent des contribuables, et surtout pas
comme un bon père ou une bonne mère de famille. En 2018, de l'argent, il y en
avait plein les coffres. Ça allait bien, on distribuait, on investissait sans
être trop regardants, plus c'était gros, mieux ça faisait l'affaire — autre
référence cinématographique, j'ai une petite pensée pour Elvis Gratton,
ici — mais
tout a fait patate, pour emprunter
l'expression de mon collègue député de LaFontaine. Et après des investissements sans garantie pour
le Québec, on apprend qu'un contrat
informatique a été signé avec une garantie de paiement à 100 %, coûte que
coûte, pour le fournisseur, tout ça avec l'argent des contribuables.
Comme dirait Shakespeare, «easy come, easy go».
Résultat :
il ne reste plus d'argent pour relever les défis énormes auxquels sont
confrontés les Québécois, des défis personnels insurmontables qui
deviennent des défis collectifs de grande ampleur, défis collectifs que des
organismes communautaires tentent de soulager avec des moyens limités et très,
très paramétrés, défis collectifs qui se traduisent souvent individuellement par un stress intense, par de la détresse, de
la pauvreté et de l'épuisement. Parlez-en à ceux et celles qui ont perdu leur logement et qui errent
dans l'espace public et couchent dans une tente ou dans un parc. Parlez-en aux
proches aidants qui s'épuisent à la tâche et qui s'appauvrissent parce qu'il
n'y a pas assez de soutien à domicile ni de places d'hébergement.
Comme porte-parole de
l'opposition officielle pour les aînés, les proches aidants, en matière de
soutien à domicile et de protection des
consommateurs, je n'ai pas été impressionnée par le discours ou plutôt par les
priorités du premier ministre. Je dirais même que je suis restée sur ma
faim. Comme l'ensemble des Québécois et des Québécoises, je constate que le
gouvernement est archiusé et fatigué, à un point tel qu'il a eu besoin de
proroger le Parlement pendant deux semaines avant d'entamer sa huitième et
dernière année de pouvoir, sept années et bientôt huit durant lesquelles de grands acquis de la Révolution tranquille ont
fondu comme neige au soleil, comme avoir une enseignante dans chaque classe, comme avoir accès à une chirurgie dans un
délai raisonnable, comme pouvoir renouveler un permis de conduire ou un
permis de moto sans que ce soit la croix et la bannière, comme avoir un toit
au-dessus de la tête, comme ne pas craindre de tomber en itinérance, que vous
viviez seul, en couple ou en famille — rappelez-vous, d'ailleurs,
que le premier ministre a refusé de reconnaître pendant trois ans qu'il y avait
une crise du logement — ou
bien comme avoir une place en CHSLD, en ressource intermédiaire ou de type
familial dans un délai raisonnable et pouvoir gagner sa vie comme propriétaire
d'une telle ressource. C'est fini, ce temps-là. Tant que la CAQ sera aux
commandes et que le premier ministre se prendra pour un personnage de film de
boxe, les problèmes vont s'aggraver.
Le bilan caquiste,
c'est ça : déficit de construction de ressources intermédiaires,
5 500 places qui n'ont pas vu le jour et 5 500 personnes en
attente, déficit de places en CHSLD, 3 600 personnes sur la liste
d'attente avec des délais déraisonnables, parce que la CAQ a décidé de
construire de vastes maisons des aînés à un coût astronomique au lieu de construire ou de rénover plus de places, mais
avec des spécifications raisonnables à un coût raisonnable. Et n'oublions
pas, évidemment, les centaines de fermetures de résidences privées pour aînés
qui ont eu lieu dans les dernières années.
Devant
l'impossibilité d'héberger toutes les personnes en perte d'autonomie, M. le
Président, on nous a annoncé, dès 2022, dès
après l'élection, une grande priorité de la ministre responsable des Aînés
d'alors, un virage vers le soutien à
domicile. Ça fait trois ans, et on l'attend encore, ce virage. On attend encore
la politique nationale de soutien à domicile. On attend encore un plan
d'action en soutien à domicile. Ce sont près de 18 000 personnes qui
attendent un premier service en soutien à
domicile. Et, si on comptait, comme je le disais tout à l'heure, ceux et celles
qui n'ont pas eu l'évaluation, c'est 50 000 personnes qui
attendent un soin à domicile. Les organismes communautaires qui donnent de
l'aide aux proches aidants, qui donnent du répit ou qui font de
l'accompagnement ne fournissent pas. Les CISSS et les CIUSSS leur réfèrent des
dizaines et dizaines de cas. Hélas, M. le Président, le premier ministre
priorise la question identitaire, qui a le don de polariser et diviser, sa
spécialité. Mais la personne qui a faim et qui dort dehors ou celle qui a mal
et qui n'est pas soignée, elle ne s'interroge pas sur l'identité québécoise, je
peux vous le garantir, elle veut juste pouvoir répondre à ses besoins de base.
Mais ça, ça ne semble pas être sur l'écran radar du premier ministre caquiste.
• (17 h 10) •
Au récent congrès de
la CAQ, le premier ministre souriait au son de la chanson Eye of the Tiger.
Vous me permettrez, M. le Président, de me faire l'écho de ce que je vois sur
le terrain et de proposer au premier ministre une chanson beaucoup plus
représentative de son bilan : Final Countdown.
Motion
formulant un grief
En conclusion, M. le
Président, je formule la motion de grief suivante :
«Que l'Assemblée nationale blâme sévèrement le
gouvernement pour l'absence d'engagement envers les soins à domicile et les
proches aidants dans le discours d'ouverture.»
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de La Pinière. Votre
motion de grief est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Nous poursuivons le
débat avec la... je reconnais Mme la députée de Huntingdon.
Mme Carole
Mallette
Mme Mallette :
M. le Président, le discours inaugural livré par le premier ministre du
Québec mérite tout le soutien de cette
Chambre pour plusieurs raisons. D'abord, le discours rappelle à bon droit les
nombreuses actions posées par le gouvernement pour venir en aide aux
Québécois : mentionnons, entre autres, les baisses d'impôt, l'envoi d'un
montant de 2 000 $ aux personnes
éligibles de 70 ans et plus, les deux heures gratuites de stationnement
lorsqu'on visite un proche à l'hôpital, les lunettes payées pour les enfants,
la taxe scolaire uniformisée partout, entraînant une baisse de taxes
dans plusieurs régions, la baisse des frais
de garde, une aide majeure aux jeunes familles et le plafonnement de
l'augmentation des tarifs de toutes sortes à 3 %, quel que soit le
taux d'inflation.
Le chemin tracé ces
dernières années de redonner aux Québécois se poursuivra, et le premier
ministre a donné le mandat à notre estimé ministre des Finances d'identifier
les meilleures opportunités de retourner une fois de plus de l'argent dans les
poches des contribuables, qui ont été durement touchés par l'inflation et
l'augmentation des coûts, particulièrement, des denrées alimentaires.
Mentionnons
également, dans les bonnes nouvelles, que le gouvernement a fait preuve de
discipline dans sa gestion des finances
publiques. Selon les données de juin du ministère des Finances, le déficit,
pour 2024‑2025, a fondu de 3 milliards du fait que
nous avons dépensé 2 milliards de moins que prévu. Notre gouvernement a su
poser les bons gestes pour stimuler
l'économie, amenant 907 millions de revenus de plus que prévu. Il est
indéniable que nous sommes le réel parti de l'économie avec de tels résultats.
Cette expérience et la compétence de notre gouvernement seront
primordiales pour les prochaines années, où l'incertitude économique reste
d'être encore bien présente. Albert Einstein disait que la folie consiste à
répéter les mêmes actions en espérant avoir un résultat différent. C'est
pourquoi notre gouvernement souhaite briser
sa camisole de bureaucratie afin d'obtenir un résultat différent, soit une
livraison de services plus efficients.
Mon action de députée
m'amène à travailler en étroite collaboration avec les municipalités, les MRC,
les agriculteurs et l'UPA, les associations économiques et les organismes
socioculturels et communautaires. J'entends la plainte unanime de tous les
milieux, la complexité des démarches administratives pour appliquer un
quelconque programme et la lenteur d'analyse, c'est considéré comme un frein
pour eux. Ce n'est pas en embauchant plus de monde qu'on va régler ça. Notre
gouvernement pense plutôt qu'il faut questionner la pertinence de l'ensemble
des démarches et des décisions tout en
s'assurant du maintien des critères de qualité de la décision. Nous croyons que
c'est sur ce terrain... sur le terrain que nous trouvons la solution.
La présidente du
Conseil du trésor nous annoncera, à très court terme, des cibles précises de
réduction de cette bureaucratie, au grand bonheur de l'ensemble des
contribuables, et nous constaterons que nous pouvons assurer un meilleur
service plus rapidement, à moindre coût, tout en maintenant la qualité. À
preuve... à la preuve de la validité de cet engagement, j'ai même moi-même
conduit, dans ma circonscription, plusieurs consultations avec garantie de
confidentialité sur les améliorations de toute nature à apporter dans leurs
sphères respectives d'activité, notamment dans les affaires municipales, en
agriculture et en santé. Je me suis permis de compiler les résultats, de
transmettre les enjeux et les recommandations issus de ces consultations aux
ministres concernés. Comme je l'ai dit précédemment, avec une écoute active
vient la solution.
En appuyant ce
discours inaugural, nous donnons une chance à tous nos organismes et citoyens
de se libérer de cette camisole de force
qu'est la bureaucratie. Les serviteurs de l'État seront les premiers satisfaits
de l'élimination de ce carcan. Souvent, lorsque vous discutez avec les
serviteurs de l'État, ils vous diront eux-mêmes comment leur propre travail
peut être amélioré, et c'est habituellement la méthode de travail qui doit être
changée et non un ajout d'argent. Ce discours
inaugural nous donne le défi d'améliorer tous ensemble l'efficacité de l'État.
Relevons ce défi et le Québec sera encore plus prospère.
Je suis certaine que
nous pourrons vraiment placer l'État au service de nos régions, parce qu'en
revoyant notre méthode de dispensation de services, nous constaterons que
nombre d'entre eux peuvent être administrés ou prodigués par des gouvernements de proximité comme les
municipalités, les MRC et les centres de services scolaires. Sauvons temps, argent
et ressources humaines, il faut rapprocher la prise de décision de l'action.
Nous devons tous
soutenir ce discours inaugural parce qu'il trace un programme d'action qui nous
permettra de vivre de manière encore plus
sécuritaire. Assurer la sécurité des citoyens est une responsabilité
fondamentale de l'État. On constate une augmentation importante du sentiment
d'insécurité de notre population. De nouvelles manifestations de criminalité
ont vu le jour ces dernières années, comme les gangs de rue et les règlements
de comptes entre gangs, même en plein jour, mettant d'honnêtes citoyens en
danger. Le discours annonce que des mesures seront prises rapidement pour
lutter contre cette criminalité et d'assurer la sécurité de nos concitoyens. Il
y aura également un amendement à la loi P-38 pour s'assurer que des personnes
malades visées par cette loi soient prises en charge. Aussi, des mesures seront prises pour assurer un meilleur
contrôle de prédateurs sexuels, souvent à l'origine d'horribles drames
humains et familiaux.
Il y a aussi des
actions à prendre pour la sécurité de nos routes, et nous le ferons. Partageant
une vaste frontière avec les États-Unis, le
chemin Roxham se trouvant dans ma circonscription, je suis bien placée pour
témoigner des résultats probants que notre gouvernant a obtenus,
notamment, avec le projet CENTAURE pour sécuriser notre nation.
Et,
pour moi, députée d'une circonscription essentiellement rurale, lorsqu'on parle
de sécurité, je pense toujours à la sécurité alimentaire, essentielle à notre
survie comme nation et à notre épanouissement collectif. Nous avons fait beaucoup pour augmenter notre
autosuffisance agroalimentaire. Il en reste encore à faire. Les producteurs
agricoles sont partie prenante, et notre gouvernement sera là pour les
seconder dans leurs actions, ils peuvent compter sur moi.
Ce discours inaugural
doit être appuyé parce qu'il nous rappelle tous les investissements
énergétiques que le Québec est en mesure de
faire et l'augmentation phénoménale de cet investissement par la conclusion de
l'entente de principe avec
Terre-Neuve sur l'augmentation de la production de Churchill Falls et la
construction de la centrale de Gull Island. Même si l'entente finale n'est pas encore signée, rappelons que c'est la
première fois depuis la construction de Churchill Falls qu'une solution possible et réaliste est sur
la table pour répondre aux récriminations historiques des Terre-Neuviens.
Il en va de notre sécurité énergétique et économique, mais aussi de la
protection de notre environnement. Investir dans l'énergie verte est un pas significatif pour lutter contre les GES pour
le Québec, mais aussi pour toute l'Amérique du Nord.
Le temps me manque
pour parler de toutes les raisons qui devraient nous inciter à soutenir ce
discours inaugural. Je mentionne rapidement la distinction très nette qu'a fait
le premier ministre entre le fait que les immigrants ont été, sont et seront toujours les bienvenus dans le Québec moderne et
le fait que le système d'immigration imposé aux provinces par le fédéral
est invivable et que le Québec n'a tout simplement pas la capacité d'accueil
pour accueillir décemment tous ces arrivants. Cela doit changer.
Le discours annonce
également la modernisation de notre syndicalisme. J'ai l'honneur d'être
l'adjointe parlementaire du ministre du Travail. Ce que le ministre du Travail
a comme objectif premier, c'est de remettre le travailleur au centre de la loi qui encadre les syndicats. Les plus
grands bénéficiaires de cette modernisation, ce sont les travailleurs.
Également,
la lutte à l'islamisme radical, avec un agenda politique qui, malheureusement,
va toujours à l'encontre des valeurs qui nous gouvernent,
particulièrement au niveau de l'égalité des sexes.
• (17 h 20) •
Enfin,
et c'est un acquis national, le discours d'ouverture nous annonce que nous
donnerons une constitution du Québec pour gouverner notre vie
collective. Elle sera le miroir et le bouclier de la nation québécoise.
Pour toutes ces
raisons, M. le Président, et pour beaucoup d'autres, nous devons appuyer ce
discours inaugural essentiel à notre bien-être collectif. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Huntingdon. Le débat se poursuit, et je reconnais M.
le député de Jean-Talon.
M. Pascal
Paradis
M. Paradis :
Merci, M. le Président. D'abord, remettons-nous en contexte de ce discours
d'ouverture du premier ministre à la suite d'une prorogation de la session
parlementaire. Il ne faut pas oublier, quand même, que le résultat pour les
Québécoises et les Québécois, ça a été de mettre le Québec sur pause dans
beaucoup de dossiers essentiels pour le
bien-être des Québécois pendant deux mois, parce qu'il a été annoncé deux mois
à l'avance : Il va y avoir un remaniement ministériel, une
prorogation de la session. Résultat des courses? Bien, pour des députés comme
moi, qui avons des dossiers qui doivent avancer, qui demandent de la
collaboration, parce qu'il y a beaucoup de matières dans lesquelles il y a des
collaborations entre les députés, entre les ministres, bien, nous aussi, on a
été mis sur pause pendant ce temps-là, il y a beaucoup de dossiers qui ne
pouvaient pas avancer.
C'est le cas pour
moi, par exemple, dans le dossier de la tête des ponts. Ce n'est pas loin
d'ici, M. le Président. À la sortie du pont Pierre-Laporte puis du pont de
Québec, il y a des travaux très, très, très importants, actuellement, qui ont des conséquences extraordinaires, dans le
sens de hors de l'ordinaire, pour les commerçants du secteur. Bien, les ministres avaient, en quelque sorte, les mains
liées parce qu'on était en attente de savoir qui allait avoir les dossiers après
le remaniement ministériel.
Donc, c'est le
premier ministre qui a fait ce choix-là, de mettre le Québec sur pause, et ça,
il faut quand même... il faut quand même le
mentionner, parce qu'ensuite quel est le résultat, aussi, qu'est-ce qu'on nous
annonce? En fait, on nous annonce à peu près la même chose qu'en 2018.
Regardez le discours d'ouverture, les promesses de la campagne électorale de la
CAQ en 2018, comparez-les à ce qui nous a été dit la semaine dernière, c'est à
peu près la même chose, les mêmes objectifs,
les mêmes mots, les mêmes engagements, et on a un gouvernement qui, en gros,
nous dit : Je n'ai pas tenu mes promesses pendant sept ans, je te
dis que je vais faire à peu près la même chose parce que je te repromets la même chose qu'il y a sept ans, mais cette fois-ci,
crois-moi, j'ai changé, tout va changer dans les quelques mois qu'il me
reste. Mais ce n'est pas comme ça que ça fonctionne.
Et parmi les éléments
du discours, en fait, qui ont particulièrement attiré mon attention, c'est les
éléments qui ne s'y trouvent pas. Parce que le gouvernement semble avoir voulu
appuyer sur des boutons qu'il considère comme des
bons boutons en vue de la prochaine élection générale qui arrive en 2026,
qu'est-ce qui pourrait plaire dans le discours plutôt que de s'attarder
à ce qui est important pour améliorer la vie des Québécois, dans l'intérêt
public, qu'est-ce qu'on peut faire de mieux avec l'année qui nous reste.
Et moi, j'aurais aimé
entendre parler des dossiers dont viennent me parler les citoyens de
Jean-Talon, et c'est des dossiers dont
beaucoup de députés, ici, entendent parler aussi dans leurs bureaux de
circonscription. Moi, c'est drôle, les gens continuent à me parler du
coût de la vie, que ça coûte cher, que, quand ils arrivent à l'épicerie, ils
doivent faire des choix, que le logement coûte cher, qu'ils n'arrivent plus à
joindre les deux bouts.
Et je
rencontrais récemment une organisation extraordinaire de Jean-Talon, Moisson
Québec. Moisson Québec, c'est une
banque alimentaire, mais c'est celle qui fournit à peu près toutes les
organisations dans la grande région de la Capitale-Nationale,
et actuellement ils battent des records. Chaque mois, 334 000 demandes
d'aide alimentaire au bénéfice de
82 000 personnes dans la grande région de Québec, 5,7 millions
de tonnes de denrées. C'est le genre de record dont Moisson Québec
n'aurait pas le goût de se vanter, mais c'est ça, la situation, les gens ont
faim, les gens n'arrivent plus à faire
l'épicerie et se tournent vers les banques alimentaires. Je n'ai rien entendu
de cette question essentielle de la... du fait que les gens ont de la
difficulté à se nourrir.
Lié à ça... c'est une crise multiple, c'est lié
aussi à la crise du logement, à la crise de l'itinérance. J'étais aussi,
dernièrement, à l'anniversaire d'une autre organisation de Jean-Talon, le
comité de logement d'aide de l'ouest de Québec, le CLAQO, qui rappelle
qu'actuellement il y a des listes d'attente d'à peu près trois ans pour avoir
un logement dans Jean-Talon, que le loyer
moyen des logements dans la circonscription
a augmenté de 11 %. C'est la
même chose dans la région de Québec. Un trois et demi dans Sainte-Foy
coûte maintenant 1 000 $. Il y a des studios qui sont à près de 900 $ dans Sainte-Foy—Sillery, et ça, c'est plus cher que le montant de
la prestation de base de l'aide sociale. Il y a des logements vacants, pendant ce temps-là, qui sont
en moyenne 580 $ de plus... qui coûtent 580 $ de plus que les logements
occupés. Le nombre d'interventions de l'organisation pour des gens qui sont en
difficulté, qui n'arrivent pas à se loger est passé de 321 locataires
aidés en 2022 à 1 033 en 2024. Je n'ai pas entendu beaucoup parler de ça.
L'itinérance. L'itinérance, depuis longtemps,
est à Sainte-Foy, est à Sillery, mais ça... c'est en train de s'étendre. Donc, les gens suivent la... en fait,
fuient la situation d'insécurité dans le centre-ville de Québec, où, là ou ici,
il y a beaucoup de phénomènes d'itinérance,
pour se déplacer vers la zone de Sainte-Foy—Sillery, et ça, c'est lié, donc, avec... à
la crise, bien sûr, du logement, à la crise du coût de la vie, au manque de
prise en charge des problèmes de santé mentale.
L'année dernière, j'ai mené le combat pour qu'on
laisse ouverte une formidable clinique en santé mentale, une clinique
communautaire qui avait fait ses preuves depuis des décennies. On l'a fermée.
Ça n'a pas été remplacé, ce service-là. Récemment, on entendait parler d'une
autre clinique de santé mentale qui a été fermée à Québec pendant que les
besoins augmentent. Donc, sécurité publique, coût de la vie, crise du logement,
itinérance, c'est lié, je n'en ai pas entendu parler.
La santé, la santé qui devait être une priorité,
comme l'éducation, je n'en ai pas entendu parler. Et pourtant, moi, on m'écrit,
on vient me voir à tous les jours dans le bureau de circonscription pour me
dire : M. le député, je n'ai plus accès à un médecin de famille, mon
médecin de famille a pris sa retraite, ou : Je viens d'arriver, je
n'arrive pas à me faire assigner un médecin de famille. C'est le cas de plein
de gens. En fait, c'est mon cas, M. le Président, c'est le cas de plusieurs
membres de ma famille, pas de médecin de famille. Les listes d'attente sont
toujours aussi longues pour avoir accès à des services spécialisés, des
opérations. Des gens qui sont atteints de cancer, des gens qui ont des graves
problèmes de santé, les listes d'attente n'ont pas changé. Je n'ai pas entendu
parler de ça dans le discours.
Les gens me parlent... On parle beaucoup, là, de
clic... de SAAQclic puis du dossier numérique de Santé Québec. Les gens viennent me
le dire : On a de la misère à s'y retrouver dans les sites Internet de Santé Québec puis du gouvernement. Donc,
il y a plusieurs problèmes d'accès à la santé. Et donc, les questions sociales,
on n'en a pratiquement pas entendu parler dans le discours du premier
ministre, et c'est très grave parce que... notamment pour la région de Québec, je viens de vous parler de problèmes
sérieux, et de quoi entendons-nous surtout parler? Ce gouvernement continue
avec sa fumisterie électoraliste qu'est le troisième lien de Québec. Il y a
près de 300 millions de dollars, actuellement, qui sont consacrés à
préparer un projet qui n'aura jamais lieu, à creuser des trous dans Jean-Talon.
Les citoyens viennent me voir : Ils
sont en train de creuser des trous pour un projet de loi qui aura... pour un
projet qui ne sortira jamais de terre. Donc, il y a un problème de
manque de priorité, alors que les questions sociales sont très importantes.
Un gouvernement du Parti québécois qui a
toujours démontré que son action politique est d'abord et avant tout dans l'intérêt public, dans l'intérêt des
citoyens, améliorer la vie des Québécoises et des Québécois à chaque jour, ça,
ça va demeurer dans nos priorités, et c'est ça, la vision qu'on propose
au Québec.
Sur les dossiers nationaux, je le disais tout à
l'heure, donc beaucoup du même discours que 2018, et là le gouvernement qui veut dire : J'ai changé.
Mais plusieurs dossiers nationaux, c'est le même problème de vision, c'est le
même problème de... plutôt être tournés sur
ce qu'on doit dire pour préparer 2026 plutôt que ce qu'on doit dire dans
l'intérêt public.
En matière d'énergie, on n'en a pas beaucoup
entendu parler. Oui, on a entendu parler de Churchill Falls, mais on demeure dans l'après-bâillon sur le projet de
loi n° 69, qui réforme le secteur de l'énergie et dont à peu près tous les
experts, à la fin, toutes les parties prenantes ont dit : On ne
veut pas de ce bâillon-là. Le gouvernement est en train de jouer à l'apprenti
sorcier dans plusieurs questions complexes. Et pourtant on a procédé avec un
bâillon en nous disant, M. le Président,
souvenez-vous : C'est parce qu'il y a des projets qui attendent, là, avec
le projet de loi n° 69, il va y avoir des projets qui vont sortir
de terre pendant l'été. On ne les a pas vus, ces projets-là. On ne les a pas
vus.
• (17 h 30) •
En matière économique, en gros, le gouvernement
nous dit : Continuons, ça va bien. On vient d'apprendre, aujourd'hui ou
hier, qu'encore une fois on a été obligés de rayer 400 millions des livres
du gouvernement dans le projet Airbus, des investissements... On prend
l'argent, là, puis on investit. Et là on nous dit : On va continuer à
faire la même chose. On parle de milliards
de dollars qui ont été perdus dans les Northvolt, Flying Whales, Taiga, etc.,
tant de projets, puis on nous dit : On va continuer à faire la même
chose. On va continuer à utiliser notre pif pour choisir les gagnants puis les perdants, puis c'est nous qui allons
distribuer les centaines de millions puis les milliards de dollars au gré de ce
qu'on pense qui va pouvoir marcher, souvent sans vérification diligente,
en signant des contrats qui ne protègent pas assez le Québec.
Ce n'est pas ça qu'il faut continuer à faire.
Nous, on l'a annoncé, on veut mettre fin ouvert... on veut mettre fin au bar
ouvert des subventions à même l'argent des Québécois aux grandes
multinationales étrangères. Si on prend ces milliards de dollars là et qu'on transforme ça
en mesures d'allègement fiscal et d'allègement administratif, notamment, pour
nos PME, c'est comme ça qu'on va irriguer de nouveau les veines de l'économie
québécoise, qui sont formées des PME,
M. le Président, pas des grandes multinationales étrangères. C'est ça, la
vision qu'on propose. C'est ça qu'un gouvernement du Parti québécois
ferait.
Bonne gestion de l'État, ça aussi, c'est quelque
chose qu'on nous annonçait au début du premier mandat du gouvernement de la CAQ. On va faire le ménage. On
va diminuer la bureaucratie. On va diminuer le nombre de fonctionnaires.
Et pourtant il y a eu des embauches. C'est par milliers qu'on a ajouté des
fonctionnaires, mais surtout dans des postes de bureaucratie, pas des services
directs à la population, 57 % dans des postes qui ne sont pas dans les
services directs à la population. On a aussi embauché de plus en plus de hauts
salariés. Et donc, après avoir... ce bilan-là, on nous dit : Maintenant,
on va faire le ménage.
Bien, nous, on a proposé une vision très claire.
Donc, un gouvernement du Parti québécois, lui, va se recentrer sur les missions fondamentales de l'État, va
réduire les contrôles administratifs et la bureaucratie, va décentraliser aussi
les fonctions gouvernementales, notamment vers les régions. Il va mettre fin,
bien sûr, au gaspillage de fonds publics. Et ça, c'est vraiment important,
j'arrive d'une tournée que j'ai effectuée partout au Québec, j'ai été rencontré
les organisations... les PME, les organisations patronales, les représentants
des travailleurs, et tout le monde dit la même chose. Dans les sept dernières années, il y a eu une croissance des
contrôles administratifs. Ça coûte cher, ça prend du temps. Nous, on va
travailler là-dessus pour libérer le potentiel de toutes les organisations du
Québec.
En matière de travail, c'est intéressant, parce
que là aussi on nous annonce de grands gestes, de grandes actions, mais on a
l'air de vouloir polariser, on a l'air de vouloir miser sur les clivages plutôt
que de miser sur ce qui fait la force du Québec en matière de relations de
travail. Il y a un modèle québécois qui fait qu'on se parle avant de proposer
des solutions, qu'on essaie de travailler
ensemble dans l'intérêt public en protégeant ce modèle où il y a du dialogue,
et ça fait une grande partie du succès économique, social, de la stabilité
qu'on a au Québec, et j'espère que le gouvernement... En fait, j'invite
le gouvernement à travailler sur ces forces plutôt que d'essayer d'en faire un
levier de clivage. Ce n'est pas à des fins
électoralistes qu'on va travailler ces questions-là, mais dans l'intérêt du
Québec, et c'est ça, encore une fois, la vision ou la proposition d'un
gouvernement, d'un éventuel gouvernement du Parti québécois, si les Québécoises
et les Québécois nous donnent leur confiance aux prochaines élections.
Je voudrais terminer en parlant de la loi et
l'ordre parce que ça aussi, là, ça a été un motif important du discours du premier ministre : Nous, on va ramener la
loi et l'ordre. Pourtant, c'est le même gouvernement qui a refusé à répétition
notre offre, la main tendue de notre formation politique, mais des trois
oppositions, pour qu'on ait une commission parlementaire spéciale sur tous les
phénomènes qui sont en grande croissance au Québec actuellement : le
recrutement de nos jeunes par les gangs
armés, les nouveaux phénomènes criminels armés, ces groupes de jeunes,
maintenant, un peu partout au Québec, parce que ce n'est plus seulement
à Montréal, ce n'est plus seulement à Québec, c'est partout au Québec. La
réponse, ça a été non.
Il y a des experts qui ont des solutions à nous
proposer pour qu'on agisse rapidement. On a demandé des forces policières additionnelles, on s'est fait dire non.
On a demandé plus de dialogue avec les services de police des villes, avec
les municipalités, ce n'est pas ça qui se passe, de préserver les ressources en
matière de prévention, de dialogue social. On a démantelé des groupes
d'intervention spéciaux, notamment à Montréal, et surtout on vient de diminuer
les ressources qu'on accorde aux procureurs de l'État, ceux-là mêmes qui sont
chargés, une fois que les policiers ont fait leur travail, de mener des
poursuites. 50 procureurs de moins, c'est 20 000 dossiers à répartir.
Et les procureurs nous ont dit : Attention! Le bâtonnier du Québec nous a
dit : Attention! Le risque, c'est qu'on va être obligés de régler plus de dossiers. C'est qu'il va y avoir moins de
peines. C'est qu'on va être capables... on va être... on ne sera pas... on n'aura
pas la même capacité de mener des accusations à terme pour faire en sorte qu'il
y ait des conséquences pour des crimes graves.
Et ça, on ne peut pas accepter ça. On ne peut pas faire en sorte que la justice
demeure le parent pauvre des fonctions de l'État. Et c'est exactement ce
que le gouvernement nous propose.
Motion formulant un grief
Alors, en conséquence, M. le Président, je
présente la motion suivante :
«Que
l'Assemblée nationale blâme le gouvernement de la CAQ pour l'incohérence entre
son discours [de la] "loi et l'ordre" et le sous-financement
du système de justice criminel et pénal.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le député de
Jean-Talon. Votre motion de grief, elle est déposée sous réserve de sa
recevabilité.
Nous poursuivons maintenant avec Mme la députée
de Vimont.
Mme Valérie Schmaltz
Mme Schmaltz : Vimont, c'est
ça. Merci, M. le Président. En mai dernier, j'ai pris la parole en cette
Chambre pour dénoncer les dérives militantes de certains syndicats.
Aujourd'hui, je réitère avec un message simple : Nous devons moderniser notre régime syndical pour le
recentrer sur sa mission première, qui est de représenter les intérêts des
travailleurs.
Depuis ce discours, M. le Président, une vague
d'appuis a déferlé à mon bureau de circonscription de Vimont. Des employés syndiqués de la santé, de
l'éducation, de l'administration publique et de la construction m'ont tous
communiqué la
même chose : ils ne se sentent plus représentés par leurs syndicats,
surtout quand ils voient leurs cotisations servir à des combats partisans idéologiques sans mandat
clair ou, pire encore, quand l'argent sert à payer des copieux repas arrosés
de leurs représentants syndicaux. M. le Président, leurs témoignages me
confirment que la réforme que nous préparons répond à un besoin réel.
J'aimerais
d'abord m'adresser à ces travailleuses et ces travailleurs qui m'ont écrit,
appelée et même rencontrée. Je comprends que vous n'êtes pas contre votre
syndicat, vous n'êtes pas contre la négociation collective, vous demandez
juste de la transparence, que chaque dollar
serve d'abord vos conditions de travail et la qualité de vos services, que
l'action partisane, lorsqu'elle existe, ne soit pas financée à même vos
poches.
M. le
Président, le premier ministre a tracé une ligne nette : transparence des
cotisations, recentrage sur la mission syndicale et reddition de
comptes. Notre intention n'est pas de diminuer les droits des salariés, elle
est de renforcer la confiance. Un syndicalisme solide n'a rien à craindre d'une
reddition de comptes claire et honnête.
Selon le Pr
Guillaume Rousseau, une réforme doit mettre fin aux dérives du deuxième front
syndical, c'est-à-dire encadrer l'utilisation de cotisations pour des
activités politiques qui ne relèvent pas directement des relations de travail.
Je le cite : «À la gauche traditionnelle, qui défend les travailleurs et
les services publics, s'est substituée une nouvelle gauche qui défend plutôt de
prétendues minorités. Alors qu'ils auraient pu défendre cette gauche traditionnelle,
des syndicats se sont convertis à la nouvelle au point d'en venir à promouvoir
des idées contraires à celles de la majorité de leurs travailleurs et parfois
même à leurs intérêts.»
Je leur dis, avec respect pour tous : Le
droit d'association est légitime. La négociation collective demeure un pilier de notre modèle social, mais ce pilier
repose sur la confiance, et la confiance exige la transparence. Quand un membre
veut savoir où va chaque dollar, il ne devrait pas avoir à déchiffrer un
rapport illisible. Quand une organisation souhaite intervenir dans le champ
politique, elle devrait demander clairement l'accord de ses membres et accepter
que certains répondent non.
• (17 h 40) •
M. le Président, j'entends les critiques qui
parlent de museler le contre-pouvoir. Je ne les partage pas. Un contre-pouvoir
légitime se renforce quand il a un mandat clair. Il devient même plus crédible
quand il peut dire : Nos membres ont voté pour financer une telle action.
Rien n'empêche les centrales d'argumenter dans l'espace public, mais elles le feront avec l'appui explicite de leurs
membres pour l'aspect partisan. C'est ça, une saine discipline démocratique.
On nous a dit aussi que ce débat détourne
l'attention des vraies priorités. M. le Président, c'est plutôt l'inverse.
Quand des ressources financières et humaines glissent vers des batailles
partisanes au lieu d'améliorer les horaires, la formation, la santé-sécurité,
on s'éloigne des priorités. Recentrer le débat, c'est remettre le projecteur
sur les conditions de travail et la qualité des services. C'est précisément ce
que demandent les membres qui sont venus me voir.
M. le Président, souvenons-nous collectivement
que la FAE n'a pas consulté ses membres lorsqu'elle a décidé de contester la
loi n° 21 à coup de millions de dollars, une loi dûment votée, hein, par
l'Assemblée nationale du Québec. C'est ça, la démocratie, M. le Président.
En 2025, les syndicats, savez-vous quoi? Ils
vont aller chercher 1,5 milliard en cotisations. C'est beaucoup d'argent, ça, beaucoup. Mais, quand je vois des
hauts dirigeants de grandes centrales syndicales faire des discours dans des
manifestations propalestiniennes, je me dis que les travailleurs sont en droit
de savoir comment leur argent est dépensé.
M. le
Président, le milieu de travail a considérablement évolué au cours des
dernières années, et il est grandement temps de le repenser. C'est
justement dans cet esprit que le ministre du Travail déposera prochainement un
nouveau projet de loi pour moderniser le régime syndical au Québec.
M. le Président, je m'adresse de nouveau aux
travailleurs syndiqués : Votre voix compte, elle compte quand vous votez une convention, elle compte lorsque
vous votez une grève, elle doit compter autant lorsqu'il s'agit de financer une
action partisane, elle compte quand vous demandez des comptes à ceux qui vous
représentent. C'est ainsi que le syndicalisme québécois restera fort,
démocratique et respectueux.
M. le
Président, cette réforme syndicale, elle est nécessaire pour nos travailleurs,
pour nos familles et pour tous les services publics à la hauteur. Merci,
M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée, de
Vimont. La parole revient maintenant à Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Filomena Rotiroti
Mme Rotiroti : Merci, M. le
Président. Alors, d'habitude, c'est toujours un grand plaisir de prendre la
parole dans cette Chambre, mais aujourd'hui, si on est ici, c'est parce que le
premier ministre a décidé qu'il avait besoin de deux semaines de plus pour se
préparer pour la rentrée parlementaire. On a eu droit à un discours, la semaine
passée, de fin de régime de la part du
premier ministre. Sept ans de promesses recyclées. Le PM sert aux Québécois du
réchauffé qui ne répond pas aux besoins actuels. Sept ans de promesses
recyclées. Sept ans de mauvaise gestion des finances publiques. Puis le
gouvernement, M. le Président, coûte extrêmement cher aux Québécois. Il n'y a
plus personne au Québec qui croit dans ce
gouvernement. Il y a un bris de confiance généralisé. 70 % des Québécois
disent que le lien de confiance est brisé. Les Québécois sont
insatisfaits. Même les militants caquistes doutent. Et les députés qui quittent
le navire, les députés qui quittent le disent,
il y a un manque de vision de la part de ce gouvernement, et il a complètement
abandonné les régions du Québec.
Juste une mise en contexte. On a eu, depuis juin
dernier, je dirais, presque à la fin de la session, en juin dernier, le premier ministre qui disait : Je vais
remanier mon conseil de ministres, vous allez voir, là, ça va être un gros
remaniement. Il faut que ça change. J'ai écouté,
j'ai entendu les Québécois nous dire qu'on n'est pas bons. Il a fait pirouetter
son caucus pendant tout l'été. Il les a fait attendre pour faire un
remaniement, entre guillemets, M. le Président, parce que, dans le fond, les acteurs... les députés, les
ministres majeurs, là, avec des gros dossiers, ont tous à peu près restés en
place. Il y a quelques nouvelles
recrues qui montent au Conseil des
ministres dans des dossiers... dans
quelques dossiers, mais les gros acteurs, les acteurs principaux,
demeurent les mêmes.
Tout ça, M. le Président, il en a parlé au mois
de juin pour faire son remaniement une semaine avant la rentrée parlementaire. Pourquoi? Pour dire qu'il a besoin
de deux semaines de plus, deux semaines de plus pour que les ministres apprennent leurs dossiers. Mais il avait tout
l'été de le faire, ce remaniement-là, il a décidé expressément pour tarder la
rentrée parlementaire.
Et là, M. le Président, il nous a dit :
Attachez, attachez votre tuque, j'arrive avec des gros changements, nous parler
de quatre principes, quatre principes. M. le Président, là, sécurité, économie,
c'est des principes qui auraient dû les
guider pendant les sept ans, déjà, qu'il gouverne. Bien non, il vient
d'allumer, M. le Président. Et aujourd'hui il n'y a personne, personne qui croit que ce
gouvernement-là va faire en neuf mois qu'est-ce qu'il n'a pas été capable de
faire pendant les sept dernières années.
J'ai le
privilège, M. le Président, d'être députée, évidemment, de Jeanne-Mance—Viger,
mais aussi porte-parole des dossiers du développement économique
régional, de l'infrastructure et de la métropole. Alors, vous allez me permettre, M. le Président, de vraiment faire un
survol sur ces dossiers-là et l'impact que... négatif, je vous dirais, par
l'inaction de ce gouvernement-là dans chacun de mes dossiers, et il y a
des répercussions réelles sur le terrain.
Alors, on a
un nouveau ministre, M. le Président, et je prends l'occasion de le féliciter,
on a... pour sa nomination, le ministre délégué à l'Économie et aux PME. C'est
le député de Beauce-Sud qui a déclaré, pas plus tard, je pense, le
lendemain de sa nomination, si ce n'est pas
la même journée, qui s'est fait pogné en point de... en point de... devant les journalistes,
en point de presse, qui dit : Le gouvernement doit s'enlever du chemin des
entreprises.
Bien, savez-vous quoi, M. le Président? Je suis
entièrement d'accord avec lui, entièrement d'accord avec lui. C'est exactement
qu'est-ce que nos PME, nos entreprises nous disent : Laissez-nous gérer
nos affaires. Arrêtez de vous immiscer dans notre gestion. Vous ne nous écoutez
pas. Vous êtes là, un gouvernement est là, pour nous écouter et nous épauler, pas de freiner notre
productivité, pas de s'assurer... de nous donner les moyens de nos ambitions.
C'est ça, le rôle d'un gouvernement. Malheureusement, ce n'est pas
qu'est-ce qu'ils ont avec ce gouvernement en face.
Le nouveau
ministre prétend que lui aussi, il va faire la tournée du Québec, il va écouter
les PME. Beauce-Sud, on le sait, c'est... il y a beaucoup de PME,
dans la Beauce, qui ont des spécificités particulières aussi, parce que chaque région
ressource a ses particularités, mais on a un gouvernement devant nous qui fait
du mur-à-mur, M. le Président. Cette spécificité-là de chaque région n'est pas
prise en considération. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est leurs propres députés du gouvernement qui disent qu'ils ont...
les régions n'ont pas une oreille d'écoute. Il y en a deux, présentement, qui
sont... qui ont décidé, pour défendre leur région, parce qu'ils ont défendu
leur région, ils sont assis dans les banquettes des indépendantistes
aujourd'hui. Ça, ce n'est pas un gouvernement qui est à l'écoute, M. le
Président. Au contraire, il aurait dû profiter de l'expertise qu'ils ont autour
de leur caucus, des gens qui représentent les différentes régions du Québec, et de les écouter quand ces députés-là
ramènent les préoccupations de leurs citoyens autour de la table de leur caucus.
Il faut croire que ce n'est pas le cas. Il faut croire qu'il n'y a aucun
intérêt pour les régions du Québec.
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
M. le leader adjoint du gouvernement. Allez-y, je vous écoute.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
bien, effectivement, on prête des intentions, actuellement, là, puis il faut
rester prudents dans nos propos.
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Je vais...
• (17 h 50) •
Une voix : ...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
Alors, je vais demander à Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger de poursuivre son intervention. Évidemment, les
interventions sont faites de manière respectueuse et polie. Et je demanderais
à Mme la députée de poursuivre son intervention.
Mme Rotiroti : Merci, M. le
Président. Dans le fond, je relate qu'est-ce que non seulement les Québécois en
pensent, les PME, les dirigeants des PME,
ils nous le disent, et le disent haut et fort, mais aussi leurs propres députés
qui le disent. Alors, ça ne vient pas de moi, M. le Président.
Alors,
permettez-moi de vous faire un bref survol des ratés économiques du
gouvernement, de ce gouvernement. Le
fardeau réglementaire et administratif, au Québec, coûte
10,9 milliards de dollars pour l'année 2024. Au lieu de diminuer
le fardeau fiscal que tout le monde, tout le monde dit qu'on doit le faire,
avec la CAQ, ça a explosé. Quand le ministre se pète les bretelles pour dire qu'il a allégé le fardeau réglementaire,
c'est 200 millions, seulement, sur 2 milliards. Les entreprises
en région ont été privées de blocs d'énergie parce que la CAQ a mis tout son
capital politique et économique sur des grandes entreprises comme Northvolt.
Dieu sait, là, ce n'est pas parce qu'on n'a pas posé des questions en Chambre
puis qu'on n'a pas demandé à la ministre de l'Économie de libérer des blocs
d'énergie pour nos PME qui en avaient besoin,
qui disaient que leur productivité en dépendait. Mais savez-vous quoi, M. le
Président? C'est une fin de non-recevoir. Là,
aujourd'hui, que Northvolt a fait faillite, que ça ne marche plus, là, ils sont
peut-être ouverts à la possibilité de... Imaginez,
ils ne sont même pas encore sûrs d'être capables de donner ces blocs d'énergie
là à des PME québécoises qui, je vous répète... qui en ont besoin pour
leur productivité.
Les PME, dans toutes
les régions du Québec, attendent toujours leur part parce qu'ils passent
toujours en deuxième avec la CAQ. D'ici
2030, on anticipe plus de 50 000 transferts d'entreprises. Pourtant,
60 % des PME n'ont pas de plan de relève, et le gouvernement ne
s'en occupe pas. Nos PME, partout à travers le Québec, M. le Président, nous demandent... Certains, là, ils ont bâti des
entreprises qui sont viables, ils sont productifs, ils ont leurs employés, ils
ont des partenaires et ils disent...
La majorité, c'est des baby-boomers,
on va se le dire, M. le Président, et là ils se retrouvent dans une situation où est-ce que l'entreprise doit passer
dans les mains d'un repreneur, un repreneur. Mais ils ont besoin d'aide,
ils ont besoin des incitatifs par rapport...
du gouvernement pour être capables d'attirer ces jeunes. Parce que c'est bien
beau faire des start-up puis partir à zéro, mais ça, là, c'est des
entreprises qui ont déjà fait leurs preuves. La majorité sont installées dans
des régions, ça attire, ils ont une certaine attractivité, ils sont déjà
productifs, le marché est déjà ouvert à eux,
alors ils ont besoin d'aide, ils ont besoin d'avoir des incitatifs pour que ces
jeunes-là qui sortent de l'université, qui ont fait leurs cours en
économie et qui cherchent de partir une entreprise, bien, qu'ils gardent le
volet de repreneuriat et de voir qu'il y a
des bénéfices à reprendre une entreprise qui est déjà très, très vivante dans une région.
Ça amène non seulement la personne à reprendre l'entreprise, ça amène
une stabilité, les travailleurs demeurent en région, et, la majorité du temps, c'est des jobs qui sont assez
bien payées. Alors, voyez-vous, M. le Président, la CAQ ne s'en occupe pas.
Puis, je répète, c'est 60 % des PME qui cherchent, d'ici 2030, cette
relève. 60 %, c'est quand même plus que moitié.
La productivité
québécoise accuse des retards importants, face à l'Ontario, dans les industries
clés comme le secteur manufacturier. Je sais
que le premier ministre aime beaucoup ça se comparer à l'Ontario. Bien,
écoutez, on est loin, on est loin de la réalité de l'Ontario, on est
très en retard. Et, bien sûr, la fiscalité québécoise demeure parmi les plus désavantageuses au pays, au pays, M. le Président.
Alors, vous comprenez, M. le Président, que la CAQ est loin d'être le
parti de l'économie. Ils ne l'ont jamais été et ils ne le seront jamais.
Dans nos régions, les
PME sont au coeur de nos villes et nos communautés. Pourtant, elles ne figurent
manifestement pas dans les priorités de ce
gouvernement. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les élus caquistes qui le
disent. On a la députée de Rimouski, le député d'Abitibi-Est qui
ont été extrêmement éloquents lors de leurs interventions à leur réplique de... le discours inaugural. Ils
ont très bien illustré à quel point que la CAQ n'est pas le parti des régions
et encore moins... qu'ils n'ont aucune écoute, aucune, aucune écoute.
Le gouvernement
coupe, suspend et sabre dans des programmes d'aide aux entreprises, souvent
sans préavis, créant un climat d'incertitude que nos entrepreneurs n'avaient
jamais connu auparavant... n'a jamais connu auparavant, M. le Président. Ce n'est pas très compliqué. Les PME demandent de la
prévisibilité pour mieux s'organiser. C'est épouvantable, M. le
Président, à quel point qu'ils nous disent : Ils ont zéro considération
pour nous.
Le gouvernement a
zéro considération pour nous. Il coupe dans des programmes. Il jumelle des
programmes. Il y a des projets dans le
pipeline, comme on dit. Ils l'apprennent soit par un communiqué, ou par la Gazette officielle, ou, savez-vous quoi, peut-être, peut-être,
quelques-uns ont la considération de se faire appeler pour dire :
Savez-vous quoi? Le projet que tu as soumis, malgré que c'est dans le pipeline,
on vient de changer les règles du jeu, vous sautez, recommencez. Si on décide de ramener ou de changer... de ramener un
autre programme, si... Je vous fais remarquer, là, c'est des projets qui
étaient dans le pipeline, M. le Président. Ça, c'est la considération qu'ils
ont.
Bien là, attachez
votre tuque. Là, j'en ai une bonne pour vous, M. le Président. Le nouveau
ministre, que je respecte énormément et que
je pensais qu'en tant que jeune dans un milieu entrepreneurial, comme il a dit
dans son discours inaugural, qu'il était pour nous proposer quelque
chose d'innovateur, qu'il était vraiment à l'écoute de nos PME, bien non, savez-vous qu'est-ce qu'il nous annonce? Il
nous annonce un cinquième projet de loi sur l'allègement réglementaire,
pas un, pas deux, pas trois, pas quatre, un cinquième.
Qu'est-ce que ça veut
dire? Ça veut dire qu'il va dans la lignée de son prédécesseur. On a fait
quatre projets de loi sur l'allègement
réglementaire, ça n'a presque rien changé pour nos PME, et là, au lieu... parce
que, là, le but de ce discours inaugural là, M. le Président, c'est de
changer de cap, de ramener des nouvelles idées, d'être innovateur, de donner
l'illusion qu'on s'occupe de l'économie, et qu'on s'occupe de notre monde, et
qu'on s'occupe des PME. Bien, il va dans la
même lignée que son prédécesseur. Il n'a rien changé. Dans le fond, là, c'est
juste le visage du ministre qui est changé. C'est le même plan de match,
c'est le même.
Alors, quand on dit
qu'il y a un bris de confiance, quand on dit que les gens ne croient plus...
que les Québécois ne croient plus dans ce gouvernement-là, bien, c'est pour ces
raisons-là. Alors, on ne peut pas prétendre aujourd'hui, M. le Président, là, qu'on arrive avec une
nouvelle politique, une nouvelle façon de faire, car la seule chose qu'ils font
là, c'est qu'ils prennent les documents qui existaient, de leurs
prédécesseurs, puis ils vont l'appliquer. Alors, écoutez, pensez-vous vraiment
que les Québécois ne voient pas ça? Sincèrement, là, c'est assez, là.
Alors, je répète, ils
peuvent bien dire que c'est le parti de l'économie, ils ne l'ont jamais été et
ils ne le seront jamais. Le seul parti, le seul parti, qui est digne de dire que
c'est le parti de l'économie, c'est de ce côté de la Chambre, c'est le Parti libéral du Québec. Ça fait partie
de notre ADN, M. le Président. Ça fait partie de notre ADN. Nous, on s'occupe
de notre monde.
Je peux vous
parler... Je vois que le temps file et, M. le Président, j'ai une motion de
grief que je voudrais déposer, mais, d'entrée de jeu, là, je peux... pour vous
parler de la métropole, où est-ce que la ministre avoue carrément, carrément,
qu'elle, sa priorité, c'est de la concertation, s'assurer que les ministères ne
travaillent pas en silo. Aïe! toute une découverte, après sept ans de
gouvernance, M. le Président!
• (18 heures) •
Infrastructures. Je vais y aller très rapide.
Infrastructures, le ministre, le ministre s'est levé, il a crié sur toutes les tribunes haut et fort qu'il avait besoin du
projet de loi n° 66. Qu'est-ce que c'est, le projet de loi n° 66?
C'est un projet de
loi qui permettait d'introduire une nouvelle mode... un mode collaboratif pour
s'assurer, pour s'assurer que les projets allaient plus vite, se
réalisaient plus vite, non seulement plus vite, ça... coûter 25 % moins
cher aux Québécois. 181 projets étaient soumis dans le projet de loi n° 66, M. le Président. Savez-vous combien qui ont été
réalisés dans cette méthode-là? Il nous a fait croire, le ministre, là, que
c'était pour nos hôpitaux, c'était pour le domaine de la santé, c'était dans le domaine du transport. Savez-vous
combien de projets, sur 181, ont été réalisés dans ce mode collaboratif là,
M. le Président? 23 %. 23 %.
Savez-vous combien de projets ça représente, ça, M. le Président? À peine 30.
Avoir entendu le ministre se péter les bretelles et de dire que ce
projet de loi là aura changé... ça aura changé la donne, parce que presque tous
ces projets-là, 181 projets, M. le Président, santé, éducation,
transport... Moi, je n'ai pas vu le projet de Maisonneuve-Rosemont accélérer
avec le PL n° 66. Je ne l'ai pas vu. Moi, qu'est-ce
que j'ai vu, là, c'est des plafonds qui tombaient, c'était de l'eau, c'étaient
des souris dans les soins intensifs. Moi, c'est ça que j'ai vu. Et, quand j'ai posé des questions au ministre, lors des études de
crédits, par rapport à... Le PQI, savez-vous c'est quoi? C'est le programme
québécois d'infrastructures. C'est où est-ce qu'on met les dossiers, hein, où
est-ce qu'on est, les dossiers budgétés en trois
phases. L'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont était dans le
PQI quand nous avons laissé le pouvoir, était non seulement dans le PQI, était
budgété pour la première phase. La seule chose que la CAQ a réussi de faire, M.
le Président, c'est de tarder le projet de sept ans. Si on avait
continué le travail du Parti libéral du Québec, aujourd'hui, au lieu d'avoir un
stationnement, on aurait eu peut-être,
peut-être, peut-être presque fini un hôpital dans l'est de Montréal qu'il y a
grandement, grandement besoin.
Motion formulant un grief
Je vais
m'arrêter ici, M. le Président, parce que le temps file, et je veux laisser le
temps à mes collègues de parler, mais,
comme je vous ai dit d'entrée de jeu, j'ai une motion... je vais profiter de
l'occasion de déposer une motion de grief :
«Que
l'Assemblée nationale blâme sévèrement le gouvernement caquiste pour sa gestion
défaillante et incohérente des projets d'infrastructures, alors que,
malgré les annonces d'investissements dits "historiques", la réalité
sur le terrain et pour la population est tout autre.»
Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Votre motion de grief, elle est déposée sous réserve de sa recevabilité.
Nous poursuivons. Je reconnais maintenant M. le
député de Jonquière.
M. Yannick Gagnon
M. Gagnon : Merci, M. le
député... Merci, M. le Président, pas M. le député. Vous avez un titre qui...
Je vous souhaite une bonne rentrée parlementaire. Je le dirai tout à l'heure
aux collègues également. Je n'ai pas eu la chance de vous rencontrer.
M. le Président, je débute mon allocution en
lien avec ce qu'on a vécu, le discours de notre premier ministre la semaine
dernière, sur quelque chose qu'on a vécu ici. Puis, des fois, le rythme est
rapide. Mais, le 6 juin 2024, ici, l'ensemble des collègues de l'Assemblée
nationale ici, on est allés de l'avant vers une motion pour mettre en place
quelque chose dans lequel j'ai eu la chance d'être aux premières loges, de
mettre en place une commission spéciale, une commission spéciale audacieuse. Et
on l'a fait pour nos enfants. Et cette commission-là, bien entendu, c'est la
commission spéciale sur l'impact des écrans et des réseaux sociaux sur la santé
et le développement de nos jeunes.
Encore il y a deux semaines, le travail qu'on a
fait tous ensemble, les 125 députés, l'audace qu'on a faite pour aller prendre soin de nos jeunes... Encore la
semaine dernière, il y avait une délégation de sénateurs provenant de l'Europe,
où est-ce qu'on a été interpelés, quelques collègues, pour venir s'adresser, et
les questions... le courage que notre Assemblée
a eu, le courage que nos collègues ont eu était... encore une fois, piquait la
curiosité des gens qui étaient dans notre Québec pour quelques jours.
Alors, j'ai eu la chance d'assister à ce beau moment.
Et, quand on dit une commission spéciale, M. le
Président, avec un rythme spécial qu'on s'était donné, je pense que je me dois
d'en profiter pour dire merci. Et, comme la commission était transpartisane, je
me dois de dire un merci et un bravo à
l'ensemble des équipes, peu importe la famille politique, les collègues
députés. On est allés en profondeur. On est allés à des horaires
atypiques, le matin, en soirée. On se branchait en semaine en circonscription.
Également, les équipes des familles politiques qui nous accompagnaient. C'était
rigoureux. La recherche était présente. Une certaine... camaraderie, pardon,
qui s'installait avec les heures, des fois, qui terminaient en soirée.
J'ai eu la chance, moi, plus personnellement, de
voir aussi l'ensemble des équipes de l'Assemblée nationale qui nous ont accompagnés dans les délais, dans la
rédaction. Et également, bien entendu, on a accepté, et quel plaisir, les groupes
qui sont venus déposer les mémoires. C'est près de 70 groupes qu'on a
entendus.
Et, quand je dis : Félicitations à tout le
monde, c'est qu'à un moment donné on se questionnait, puis je me rappelle de mon collègue du Parti libéral qui...
on se questionnait un peu pour savoir où est-ce qu'on va réussir à faire atterrir
cela, d'un côté il y avait le volet
scientifique, de l'autre côté il y avait le volet de l'éducation, qui parfois
avaient des divergences. Mais il y
avait quand même la rapidité, la rapidité d'agir, M. le Président. Et
savez-vous quoi, M. le Président? Ça a été de manière transpartisane.
Mais il y a
une chose que je retiens de cette commission-là. C'est la rigueur. Et pourquoi
la rigueur, M. le Président? Parce que les délais que nous avaient donnés les
collègues avec la motion de l'Assemblée nationale, les délais étaient très,
très serrés. C'était une discussion à chacune des séances.
Mais, M. le Président,
vous l'avez vu, nous avons réussi à déposer, le 30 mai 2025, à l'Assemblée
nationale, l'ensemble de nos recommandations au gouvernement. Et, le
30 mai 2025, M. le Président, j'attire à votre attention que c'est un mois, un mois avant la fin des
classes. Et, malgré le court délai, c'est-à-dire malgré la fin des classes, une
de nos recommandations, les élus sur
cette commission, n'était rien de moins, M. le Président, que d'interdire les
cellulaires à l'école pour la rentrée
scolaire 2025. Et nous l'avons fait. Nous l'avons fait, M. le Président.
Aujourd'hui, 1er octobre, grâce au travail qui a été effectué, grâce à la
mobilisation, il n'y a plus d'écran dans nos écoles, du moins pour
différentes particularités ou des fins pédagogiques. Mais on peut dire que tous
ensemble, le 30 mai, on a déposé des orientations. On a pris une action qui était majeure, c'est-à-dire pour la rentrée
scolaire 2025. On s'est mobilisés, on a eu de la rigueur, et nous
l'avons fait. Nous l'avons fait.
Et un mot :
agilité. La commission spéciale a été agile. Soumettre le rapport, écrire le
rapport, ça a été fait de manière extrêmement agile. Et l'implantation
des mesures, l'implantation des mesures, qui, je dois le dire, appartient, oui,
à la rigueur de l'Assemblée nationale, mais j'ai une pensée également pour
toutes les directions d'école qui reçoivent cette consigne-là, le comité de
parents, les conseils d'établissement... Le 30 juin, on accepte une
recommandation. Le 1er juin, à moins de
23 jours de la fin des classes, on dit : Pour la rentrée scolaire,
pour le bien de nos enfants, plus d'écran, plus de cellulaire dans nos
écoles. Et c'est tous ensemble qu'on a été capables. On a été capables de faire
quoi, M. le Président? On a été capables de passer par-dessus la bureaucratie
parce que nous avons décidé, tous ensemble, d'aller rapidement et de manière
agile.
• (18 h 10) •
C'est un peu ça que disait notre premier
ministre quand il disait : Prendre soin de son monde, c'est-à-dire qu'en ce moment on reconnaît qu'il y a une lourdeur de
la paperasse, qu'il peut y avoir une certaine lourdeur de la reddition de
comptes. Mon premier ministre disait que ça pouvait ressembler à une camisole,
je vais employer le mot, que ça étouffe. Ça peut étouffer à différents
endroits et ça peut décourager aussi. Ça peut décourager notre monde. Puis,
quand je dis décourager notre monde, ça
amène une lenteur, une lourdeur sur le citoyen. Ça amène une lourdeur sur
l'entreprise. Ça amène une lourdeur aussi sur les organismes. Et c'est...
c'est de là que part la réflexion.
Puis, quand je dis que ça peut décourager aussi,
ça décourage le citoyen, l'entreprise puis l'organisme, mais ça peut décourager aussi les employés de l'État.
Ces gens-là, qui ont mon respect, qui se lèvent chaque jour, chaque jour pour
la société québécoise, ne se lèvent pas chaque jour pour ralentir, ou pour
mettre des formulaires, ou pour alourdir, pour
décourager le citoyen. Non. Quand je dis décourager, quand je dis se mobiliser,
c'est tout le monde ensemble, puis j'embarque dans tout ça, les fonctionnaires
de l'État, qui, eux aussi, se lèvent chaque jour pour être dévoués puis rendre
un service extraordinaire à nos Québécois.
Alors, quand on dit qu'on veut être efficaces,
qu'on veut être agiles, et la commission des écrans en a fait la démonstration, bien, je me sers de l'exemple que
j'ai vécu avec la commission des écrans, où est-ce que c'était transpartisan,
où est-ce qu'on y est arrivés. Et, quand j'entends M. le premier ministre qui
dit : Écoutez, écoutez, on comparait ça à une camisole de force, ça
nous tient, ça nous retient, il faut regarder des endroits précis où est-ce
qu'on peut être plus agiles et plus rapides, M. le Président, il a 100 %
mon appui. C'est exactement ce que la commission des écrans, de manière
transpartisane, a été capable de faire, c'est-à-dire de livrer quelque chose
avec rigueur. Et tout le milieu s'est mobilisé. Donnons-nous les moyens d'être
agiles et servons-nous de ce que nous avons fait ici, parce qu'au moment qu'on
se parle les jeunes Québécois dans les écoles n'utilisent plus leurs
cellulaires et sont obligés de communiquer entre eux, d'échanger, de
socialiser. La commission des écrans, on l'a faite pour nos jeunes.
Et, quand le premier ministre du Québec,
également, parlait de nos jeunes, ça faisait mal d'entendre notre premier
ministre mentionner ces phrases, mais il avait raison de le dire, M. le premier
ministre, quand il disait que nos jeunes sont de moins en moins exposés à la
culture québécoise. C'est dur à entendre. C'est une responsabilité qu'on a tous. C'est une responsabilité, parce que, nos
jeunes, l'information, elle rentre de partout. Elle rentre de partout. Les contenus
arrivent de partout. Je pense que, collectivement, on doit, chacun, prendre la
responsabilité de tenter de créer l'éveil, de
détourner les yeux de nos jeunes vers le contenu québécois. Ah! ça, c'est un
artiste de chez nous. Ah! ça, c'est de la musique de chez nous. Ça,
c'est un spectacle de chez nous. Et c'est un défi collectif.
Les jeunes, quand on les met dans le coup, quand
on les implique, ils peuvent nous mobiliser, ils peuvent nous donner des idées.
Et il n'y a pas un parlementaire ici qui n'est pas prêt à écouter une belle
jeunesse. J'en suis convaincu. Puis ça fonctionne. Vous savez, M. le Président,
c'est les jeunes, c'est les jeunes qu'on a décidé d'écouter qui vont faire qu'au mois de juin prochain on va vivre
quelque chose d'extraordinaire. C'est des jeunes qui se sont adressés à ma
famille politique, des jeunes qui avaient le désir de conserver cette culture.
Et, quand je dis que c'était dur d'entendre le
premier ministre dire que, la culture québécoise, il faut en prendre soin parce
qu'elle est fragilisée, bien, en même temps, il y a quelque chose d'extraordinaire qu'on va vivre au mois de juin,
c'est-à-dire des jeunes qui se sont mobilisés, qui ont dit au
gouvernement : On veut quelque chose de puissant sur notre culture
québécoise. Il faut se le dire, à la fin des classes 2026, pendant une
année, il n'y aura pas eu de cellulaire. Bravo, nos jeunes!
Et, grâce à nos jeunes aussi, en juin 2026,
l'idée qui provient des jeunes, c'est qu'on va couper le ruban du Musée
national de l'histoire du Québec.
Quelque chose de triste aussi de la
43e législature, que j'ai entendu du premier ministre, mais à la fois un
premier ministre lucide et en action, c'est trois mesures, trois mesures, quand
même, qui... qui chicotent. Le premier ministre
a eu le courage de dire qu'une... qu'on devrait mettre des mesures pour prendre
soin des femmes et des enfants contre les prédateurs sexuels. Seconde
mesure que dit le premier ministre, c'est qu'on devra mettre des mesures, comme
je le mentionnais, pour prendre soin des aînés, prendre soin des aînés contre
les fraudeurs. Et une seconde mesure aussi qu'on devra se pencher, c'est une
mesure pour protéger nos jeunes contre le crime organisé. J'entendais mon
collègue ministre sur les ondes de Radio-Canada dimanche soir. On utilise nos
jeunes pour faire la sale besogne. Alors, quoique c'est dur à entendre, j'ai la fierté, j'ai la fierté
que, dans le discours du premier ministre, on a mentionné la transparence de cette
situation-là. Et on va y faire face, M. le Président.
Le courage. Bien
entendu, il y a eu le remaniement ministériel dans lequel le premier ministre a
fait confiance à mon collègue de la Sécurité publique, qui répète sans cesse...
Lui, on sent également qu'il a le courage mais aussi la reconnaissance de travailler avec le milieu, la reconnaissance de
dire : On peut y aller avec nos policiers, oui, mais y aller aussi avec le milieu, y aller avec les organismes.
Et ça, je trouve ça extrêmement valorisant que notre milieu communautaire
entende le discours du ministre de la Sécurité publique, qu'il entende que,
oui, il est ministre de la Sécurité publique, mais il n'y arrivera pas seul. On
a besoin des organismes.
La
semaine prochaine, on sera tous en circonscription. Bien, j'invite tout le
monde à aller voir nos jeunes. Ce sera la Semaine des maisons de jeunes,
qu'on a tous dans notre circonscription. On a tous, dans notre circonscription,
des maisons de jeunes. Et ça, ça me rend
particulièrement fier, quand on parle des organismes, parce que moi, dans une
autre vie, j'ai eu la chance, entre
autres, de prendre soin du service de travail de rue. Alors, de voir des
intervenants qui, quand tout le monde rentre chez eux le soir, le
vendredi vers 7 heures... qui eux partent dans la rue, qui vont dans les
maisons remettre des seringues stériles pour
des utilisateurs de drogue injectable, qui vont faire une intervention dans la
réduction des méfaits de manière
inconditionnelle... Que tu sois un jeune dans une famille aisée, que tu sois
dans une famille appauvrie, que tu sois dans un milieu... la rue, le
travailleur de rue est là. Et je sais que le ministre, entre autres, le service
de travail de rue, a une grande reconnaissance. Et je trouve ça intéressant de
le dire ici, qu'on va travailler avec le milieu communautaire.
Et je trouvais ça
intéressant aussi d'avoir le courage, comme disait le premier ministre... M. le
Président, dimanche, quand j'écoutais le
ministre de la Sécurité publique parler, je n'avais pas vu l'angle, à quel
point ça peut être frustrant, frustrant pour un policier, pour un procureur,
pour un enquêteur de réussir, de réussir à faire enfermer quelqu'un qui a commis des crimes odieux, mais des primes
bonbons. Ces gens-là repartent dans la communauté puis parfois n'ont pas
nécessairement appris. Et ça, encore une fois, il faut avoir le courage de
l'adresser. Il faut avoir le courage d'être dans l'action. Et c'est ce que
j'entends du discours de M. Legault et c'est ce que j'entends du ministre
de la Sécurité publique. Et ça me rend fier.
Ça me rend fier. Puis ça montre, encore une fois, que, peu importe ce que je
peux entendre, la Coalition avenir Québec, elle veut protéger son monde
puis elle est proche de son monde.
Une économie forte.
Pas besoin d'en parler pendant des minutes. L'instabilité avec les États-Unis
met de la pression sur l'emploi. Et on peut-tu être fiers? On peut-tu être
fiers que cette instabilité-là fait quand même qu'on a un plan B, un plan de fierté, qui est la fierté
québécoise? C'est Hydro-Québec, Hydro-Québec, avec 200 milliards de
projets. C'est le plus grand chantier économique du Québec. Alors, on a
la vision, quand même, puis la prévention de dire : Advenant, advenant que ce soit catastrophique,
bien, on a quand même, on a quand même tous les leviers, du moins, pour
relocaliser, faire travailler nos Québécois, Québécoises, advenant. Alors, ça,
ça, ça me rend fier aussi.
• (18 h 20) •
Puis tantôt
j'entendais ma collègue, pour qui j'ai beaucoup de respect, la collègue de Jeanne-Mance—Viger qui
disait que la CAQ, au niveau économique, on était moins à l'écoute. Bien, je
l'invite, encore une fois... Dans le remaniement ministériel qu'on a eu en
septembre, ma famille politique a pensé à créer deux postes de ministre
délégué, un qui a le mandat d'aller à
travers le Québec pour rencontrer les PME, pour ramener à nous, les collègues
de la Coalition avenir Québec,
puis ramener à l'ensemble des élus comment ça se vit dans nos PME, les écouter,
les entendre, les bons coups. Effectivement,
est-ce que la lourdeur, peut-être, de certains documents administratifs qu'on
veut vérifier et également les programmes... Et j'ai un autre collègue
aussi, dans ce remaniement-là, qui est dédié au développement économique régional. Mon collègue, son mandat, c'est de parcourir
les régions, comme mon autre collègue pour les PME, mais d'aller voir
qu'est-ce qui se passe au niveau économique régional et de le ramener ici, de
marteler le message, qu'on sache ce qui se passe sur le terrain, à la grandeur
de notre province. Et c'est deux ministres qui sont dédiés totalement pour
aller à la grandeur du Québec.
Alors, quand
j'entends des choses comme : On n'est pas à l'écoute, on n'est pas dans
nos régions, bien, ce n'est pas vrai. J'ai
deux collègues, et le mandat est clair, aller voir ce qui se passe, aller voir
ce qui aiderait nos entreprises. Et ça, c'est majeur, M. le Président,
parce qu'une entreprise en santé, bien oui, c'est une entreprise qui crée de
l'emploi, des entreprises qui créent des
bons salaires. Mais une entreprise en santé, et j'ai eu la chance d'en
bénéficier dans mon autre vie professionnelle, une entreprise en santé,
c'est aussi une entreprise qui s'implique dans sa communauté. Qui dit
s'impliquer dans sa communauté, ça veut dire aussi être un levier pour un
projet. Oui, oui, l'État doit être là pour aider, mais, quand l'entreprise aussi est partenaire d'un projet, ça vient
donner vraiment un bon coup de main. Alors, une entreprise en santé,
avec les collègues, peut contribuer à son milieu. Moi, j'y crois. Alors, quand
j'entends des choses comme tout à l'heure, dire qu'on n'est pas là, ce n'est
pas vrai. On a deux ministres, dans la famille, qui sont particulièrement
dédiés à aller voir ce qui se passe.
En terminant, M. le
Président, je ne sais pas si ça a été dit, mais, à la fin, le premier ministre
a lâché un peu sa feuille et a regardé
particulièrement les Québécois et Québécoises dans les yeux, par l'entremise de
l'écran, puis il disait : Il ne
faut pas se laisser décourager par les mauvaises nouvelles. Ça a duré peut-être
trois, quatre secondes, mais... mais je trouve qu'il faut accrocher sur
cette phrase-là.
Puis je veux
souhaiter bonne rentrée parlementaire à l'ensemble des collègues. Je n'ai pas
eu la chance de le faire. Mais je veux faire
du pouce sur ce que disait le premier ministre. Je pense qu'on se lève tous
chaque jour, travailler de notre circonscription, puis il y a du beau.
On fait du beau, puis il y a du beau qui se fait dans notre circonscription. Oui, on échange sur les débats, mais je pense
qu'on devrait tous porter un petit peu le message, peut-être un petit peu
plus... soleil dans nos circonscriptions. On peut parler de l'adversaire
politique, mais on peut dire aussi ce qui se fait de bien puis ce qui se fait
de beau puis le rapporter dans notre circonscription. C'est mon souhait pour le
début de la session parlementaire.
M.
le Président, on appelle ça faire du rouge. On entend toutes sortes de choses,
quand on fait du rouge puis on est au salon rouge. Mais il y a une chose que je
vais terminer en disant : On peut dire ce qu'on veut sur la Coalition
avenir Québec, mais on est là. On commence la session en force. Et une
phrase : On est là pour protéger notre monde.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Jonquière. Et la parole revient maintenant à M. le député
de LaFontaine.
M. Marc
Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, M. le Président. Et je vous annonce d'entrée de jeu que je
poursuivrai mon intervention demain. Alors,
nous allons cesser nos travaux à 18 h 30, vous me ferez signe et vous
me poserez la fameuse question, et je poursuivrai demain avec un auditoire qui
sera d'autant plus à l'écoute que ne l'aurait été peut-être en ce moment
présent, ce soir.
On vient d'entendre le collègue de la Coalition avenir Québec, de Jonquière, dire que la Coalition avenir Québec commence la session en force. Une chance, M. le
Président. Ils ont perdu deux collègues de leur caucus, qui ont décidé de
sacrer leur camp parce que la CAQ a abandonné l'économie, la CAQ a
abandonné les régions. Il n'y a pas si longtemps, ils applaudissaient leur
collègue députée de Rimouski, qui était ministre, qui avait déposé la vision du
grand vizir, le premier ministre, en matière de forêt et qui débattait ça bec
et ongles. Tout le monde disait : Ça n'a ni queue ni tête, mais elle, elle est allée au bat, si vous me
permettez l'expression. C'était la vision du premier ministre en forêt,
finalement, pour se rendre compte et
annoncer qu'ils vont reculer, ils vont jeter ça aux poubelles. Et puis là ils
se félicitaient : Victoire! On voyait les caquistes en congrès avec
leur nouveau ministre : Victoire! on a mis notre projet de loi aux
poubelles.
Ça
fait deux ans que, dans nos régions, on attend une réforme du régime forestier.
On a perdu deux ans avec la CAQ.
Ajoutez ça aux sept années qui viennent d'être révolues et terminées. C'est ça,
la CAQ, du temps perdu. Qu'est-ce qui est arrivé? Résultat des courses,
la collègue de Rimouski, qui n'a plus été nommée ministre, elle est partie. Elle
a claqué la porte, après être debout au sein
même du caucus de la CAQ pour dire les quatre vérités au premier ministre, puis
elle a quitté à grand fracas. Elle a claqué la porte. Une chance que le
collègue de Jonquière essaie de nous convaincre aujourd'hui que la CAQ ouvre la
session parlementaire en force.
Qu'en est-il,
maintenant, du député d'Abitibi-Est, qui a dit : On ne s'occupe pas des
régions, on a abandonné les régions, c'est épouvantable qu'on n'ait pas de
ministre de la région, en Abitibi-Témiscamingue, on leur a envoyé, sur trois comtés, trois députés caquistes, puis le
premier ministre, il n'est même pas capable d'en nommer un des trois sur le
terrain ministre? Bien, lui, il s'est fait foutre à la porte par le premier
ministre. Il a dit : Je te chasse du caucus parce que tu as voulu
défendre ta région.
Alors, une chance. On
n'a pas de réforme du régime forestier. On a une collègue qui a été... qui a
quitté à grand fracas parce qu'ils ne
s'occupaient pas des régions, la CAQ, puis on a un collègue d'Abitibi-Est qui,
lui, s'est fait mettre à la porte parce qu'il a dit qu'ils ne
s'occupaient pas des régions. Une chance, comme dit le collègue de Jonquière,
que ça va bien puis qu'ils commencent la session en force. Ça aurait été quoi
s'ils ne l'avaient pas commencée en force? Ils en auraient perdu 12 puis 20.
Voyons donc!
M. le Président, nous
sommes devant une fin de régime lamentable. La Coalition avenir Québec a rompu promesse, après promesse, après promesse et essaie
maintenant, en sept mois, de sauver sept ans de perdition, de promesses
rompues, d'abandon des Québécoises et des Québécois. Le collègue de Jonquière
disait : On va faire du ménage dans l'État.
Où était-il dans les sept dernières années lorsqu'ils ont engagé
12 000 personnes à Québec, là, ici, à Québec? Ils ne sont pas
en région, là. Ils sont à Québec. 12 000 fonctionnaires de plus.
Au Parti libéral du
Québec, on ne condamne pas ces femmes et ces hommes qui ont été engagés, qui se
lèvent le matin, qui veulent nourrir leurs
familles puis qui vont au travail en toute bonne foi. Mais le premier ministre,
plutôt que de les aiguiller vers des PME qui sont en pénurie de
main-d'oeuvre, aura été le principal créateur d'emplois dans la fonction
publique. 12 000 fonctionnaires de plus en sept ans. Et là on
viendrait nous dire que, ah! on va faire le ménage. Ils ont eux-mêmes, M. le Président, créé le problème.
12 000 fonctionnaires de plus. C'est 1 milliard, au bas mot, de
charges salariales et de frais pour
pouvoir entretenir 12 000 fonctionnaires de plus à Québec. On ne
parle pas d'infirmières puis de professeurs d'école, là. On parle des
fonctionnaires qui brassent du papier à Québec puis qui font en sorte d'ajouter
à la paperasse, paperasse qui a été ajoutée projet de loi après projet de loi.
Le projet de loi
n° 96 pour faire avancer le français, ça fait tout, sauf faire avancer le
français. Ça fait couper des arbres. Ça fait brasser du papier. Ça vient
alourdir nos PME, qui disent : Oui, on veut participer à l'effort
collectif de l'épanouissement du français,
oui, on veut avoir des logiciels en français, aidez-nous donc à en acquérir,
donnez donc des programmes pour qu'on puisse former nos employés sur les
heures de travail pour qu'ils puissent apprendre le français. La force économique du Québec sera toujours la principale
garante de l'épanouissement du français, de notre culture. Ça, c'est
Robert Bourassa, c'est le Parti libéral du Québec il y a plus de 150 ans.
Face à cela, M. le Président, on essaie, à minuit moins cinq, on essaie de
remaquiller l'ensemble de ce fiasco-là.
Demain, je vous
annonce, M. le Président, que je parlerai des gaspillages, de la perte de
contrôle des finances publiques, de la décote du Québec, de déficit record,
d'un premier ministre qui est notre «king» des déficits. Je vous parlerai, M.
le Président, d'une économie qui a été mise à mal, où ça n'a pas été le Québec
d'abord, mais ça a été les étrangers
d'abord, nos blocs énergétiques qui nous sont passés en dessous du nez de nos
PME. Et je vous parlerai des services, des Québécoises et des Québécois,
des centaines de milliers... Il y a près de 1 million de Québécoises et
Québécois qui sont en attente d'un rendez-vous pour un médecin spécialiste et
qui sont sur des listes d'attente. Il y a 500 personnes, aujourd'hui même, au moment où je vous parle, qui
sont en attente d'une intervention chirurgicale en oncologie. Ils ont le
cancer. On parlera de cela demain, M. le Président. C'est un rendez-vous.
Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Je comprends, M. le
député de LaFontaine, que vous allez poursuivre votre
intervention demain.
Une voix : ...
Ajournement
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Compte tenu de l'heure,
nous allons ajourner les travaux à demain, jeudi, le 9 octobre,
9 h 40.
(Fin de la séance à 18 h 30)