(Neuf heures
quarante et une minutes)
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, bonjour à toutes, bonjour à tous. Prenez
place. Nous allons débuter nos travaux.
Affaires courantes
Déclarations de députés
Nous
sommes à la rubrique Déclarations des députés, et, sans plus tarder, je
reconnais M. le député de Saint-Jean.
Féliciter les nouveaux maires
de Saint-Blaise-sur-Richelieu
et de Saint-Jean-sur-Richelieu
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : M. le Président, les citoyens de
Saint-Jean-sur-Richelieu avaient l'embarras du choix, dimanche, au scrutin municipal. Quatre équipes complètes de
12 candidats chacune étaient en lice, ce qui explique des marges serrées
et des défaites crève-coeur, souvent par une
poignée de voix. Mais l'important, c'est qu'au total un peu plus de 40 %
des électeurs ont exercé leur droit de vote. C'est un peu mieux qu'il y
a quatre ans.
Avant de féliciter le
nouveau maire de la 11e ville au Québec, il me faut saluer et remercier
tous les candidats qui ont joué en finale au
jeu de la démocratie, même si plus que jamais, malheureusement, la politique en
général, et la politique municipale en particulier, mérite son statut de
sport extrême.
Donc,
le nouveau maire de Saint-Jean-sur-Richelieu est Éric Latour, à qui je souhaite
un très bon mandat. Et l'autre maire
du comté de Saint-Jean que je félicite, c'est Bruno Paquette, qui a été élu
avec toute son équipe au conseil municipal de la municipalité de
Saint-Blaise-sur-Richelieu.
À vous tous, merci de
servir vos concitoyens! Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. La parole revient maintenant à Mme la députée
de La Pinière.
Souligner la Semaine nationale
des personnes proches aidantes
Mme Linda Caron
Mme Caron :
Un million et demi de Québécois et surtout de Québécoises de tous âges
soutiennent un proche en situation d'incapacité. Sachez que 85 % des soins
aux personnes aînées sont assurés par des personnes proches aidantes. C'est un apport incommensurable. 46 %
des personnes proches aidantes consacrent cinq heures ou plus à leur rôle
par semaine. La même proportion occupe un emploi à temps plein, en plus d'aider
leurs proches et d'assumer des dépenses moyennes de 7 600 $ dans leur
rôle de proche aidant.
En cette Semaine
nationale des personnes proches aidantes, je leur dis merci et je souhaite que
tous saisissent les bienfaits de valoriser leur connaissance de la personne
aidée dans un contexte clinique. Et aussi un grand merci aux organismes
communautaires qui soutiennent les personnes proches aidantes.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de La Pinière. Au tour, maintenant, de M. le député de Dubuc.
Rendre hommage à Mme Suzie
Girard et à M. Daniel Gagnon
M. François Tremblay
M. Tremblay :
Merci, M. le Président. Avec le temps, je réalise toute la fragilité de la
vie. Aussi, j'apprécie ce viscéral privilège à multiplier les rencontres
enrichissantes dans l'écosystème politique. Je fais le choix, aujourd'hui, dans la maison du peuple, de souligner la
remarquable contribution d'un couple de passionnés de ma circonscription de
Dubuc, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
des visionnaires et des entrepreneurs d'une générosité colossale.
C'est dans la
municipalité rurale de Saint-David-de-Falardeau que Daniel Gagnon et Suzie
Girard ont donné naissance au refuge d'amour qu'un nombre incalculable de
visiteurs du monde entier appellent le Zoo de Falardeau, depuis 45 ans un milieu de vie animal
fascinant, plus de 200 espèces dans un cadre immersif guidé, une
pouponnière unique au Québec, passion et conservation.
Je tiens à saluer,
aux yeux de la patrie, leur inestimable contribution à l'économie touristique
régionale et à l'humanité. L'histoire en est témoin. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Dubuc. Et je cède maintenant la parole à M. le député de
Gouin.
Souligner le 30e anniversaire
de l'Atelier Majuscule
M. Gabriel Nadeau-Dubois
M. Nadeau-Dubois : Merci, M. le Président.
Je tiens à souligner aujourd'hui le travail d'Atelier Majuscule, qui
fêtera ses 30 ans au printemps prochain.
Il s'agit d'une
entreprise en imprimerie qui lutte quotidiennement contre la précarité et
l'exclusion sociale à travers son programme
d'insertion à l'emploi. Leurs formations rémunérées en reliure et en finition
permettent annuellement à 42 adultes vivant des difficultés à
rejoindre ou à demeurer sur le marché du travail, de le réintégrer. Parmi les participants, plus de 70 % des personnes
formées se trouvent un emploi ou retournent aux études. C'est une formation, un
véritable tremplin vers des meilleures conditions de vie, mais ça permet
également une reprise de confiance en soi.
Je
veux donc souligner aujourd'hui chaleureusement, les féliciter de tout mon
coeur, l'équipe d'Atelier Majuscule, pour
leur travail remarquable et leur apport à la société québécoise, à Montréal et
à ma circonscription depuis près de 30 ans. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Gouin. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée
de Lotbinière-Frontenac.
Souligner la Semaine nationale
des personnes proches aidantes
Mme Isabelle Lecours
Mme Lecours
(Lotbinière-Frontenac) : Merci, M. le Président. Je prends la parole
aujourd'hui dans le cadre de la Semaine nationale des personnes proches
aidantes.
À travers ma propre
expérience en tant que proche aidante, j'ai vu le travail extraordinaire que le
Regroupement des personnes aidantes de Lotbinière effectue pour nous soutenir.
Depuis 35 ans maintenant, l'organisme offre du soutien et... du soutien
individuel et de groupe ainsi que des références vers les services de répit
pour les proches aidants de notre communauté. Nous sommes très chanceux d'avoir
une telle ressource dans Lotbinière-Frontenac. Ma famille et moi avons également beaucoup apprécié les services offerts
par le CLSC et par la Coopérative de solidarité de services à domicile
de Lotbinière.
Je
remercie toutes les personnes qui travaillent à soutenir les proches aidants.
Vous faites toute la différence et vous êtes la lumière dans les moments
les plus difficiles. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Lotbinière-Frontenac. Et je reconnais maintenant M. le député
de Jacques-Cartier.
Souligner le 50e anniversaire
du Centre des femmes de l'Ouest-de-l'Île
M. Gregory Kelley
M. Kelley :
Imaginez notre société en 1975, M. le Président. Imaginez la place des
femmes et les défis à relever en vue de leur
permettre une vraie place au sein de nos institutions. C'est dans ce contexte
que le collège John-Abbott nous a donné ce qu'on appelle maintenant le
Centre des femmes de l'Ouest-de-l'Île.
Au fil des années,
des centaines de femmes ont franchi les portes du centre des femmes. Bénévoles,
clientes, membres, jeunes professionnelles,
proches aidantes, elles ont toutes reçu un accueil chaleureux, des services et
des conseils pratiques.
Happy
50th anniversary to the West Island Women's Centre. The West Island Women's
Centre is a dynamic and widely used non-profit community organization dedicated
to improving the quality of life of women. They provide educational, social, and recreational services for women living in the
West Island and the community at large. The center is open to all,
without regard to age, race or socioeconomic background.
Thank
you to all the staff and volunteers of the center for all your work.
Longue
vie au Centre des femmes de l'Ouest-de-l'Île!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Jacques-Cartier. Et je reconnais maintenant M. le député
de Vachon.
Rendre hommage à M. Tommy
Kulczyk
M. Ian Lafrenière
M. Lafrenière : Merci beaucoup,
M. le Président. Aujourd'hui, je profite de la présence de l'organisme le Club
des petits déjeuners à l'Assemblée nationale pour souligner l'engagement
exceptionnel de M. Tommy Kulczyk, qui est avec nous
aujourd'hui, M. le Président, un homme de coeur et de convictions au service de
la communauté depuis plus de 45 ans.
Tommy mentionne
souvent qu'il est... qu'il considère qu'exercer son travail est un immense
privilège pour lui. Aujourd'hui, M. le Président, c'est le Québec en entier qui
lui dit merci. En effet, ce sont plus de 80 000 jeunes, dont un peu plus de 11 000 autochtones, qui
peuvent avoir quelque chose dans le ventre pour commencer leur journée à l'école
à tous les jours. Chez nous, à Saint-Hubert, M. le Président, ce sont cinq
écoles et 1 400 jeunes qui en profitent.
Tommy, j'ai eu le
plaisir, l'honneur de te côtoyer pendant que tu étais à Jeunesse au Soleil et
moi au SPVM. Jour, soir, nuit, en tout
temps, tu répondais présent. Combien de crimes tu as pu prévenir? Combien de
victimes tu as soutenues? Combien de familles tu as pu aider?
Maintenant,
à toi d'aller auprès de tes proches pour une retraite plus que méritée. Mon
cher ami, je te souhaite une bonne retraite. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le député de Vachon. Merci, M. Kulczyk,
et bonne retraite à vous aussi.
Je reconnais
maintenant Mme la députée de Terrebonne.
Souligner le succès du Salon
Industriel de Terrebonne
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci, M. le Président.
Je tiens à souligner la présence, dans les tribunes, du Groupe Pageau, qui a organisé, les 22 et 23 octobre derniers, le
Salon Industriel de Terrebonne, une vitrine exceptionnelle sur le savoir-faire
de nos entrepreneurs. Près de 4 000 visiteurs,
plus de 1 000 exposants et 338 entreprises québécoises
représentées, un succès qui confirme l'importance de Terrebonne comme
vecteur économique et industriel.
Depuis 1984, les
salons industriels du Groupe Pageau, présentés aux quatre coins du Québec, rassemblent
nos acteurs économiques, favorisent le partage d'expertise et mettent en
lumière les réussites de nos entrepreneurs. C'est en 1980 que les activités du
groupe ont commencé, lorsque M. André Pageau a lancé le magazine L'Outilité,
devenu aujourd'hui le Magazine du circuit industriel, afin de mettre en
valeur les entreprises québécoises et leurs produits.
On
évoque souvent en cette Chambre le nationalisme économique. Eh bien, je crois
que c'est tout à fait à propos que
vous soyez ici aujourd'hui, parce que vous êtes de véritables ambassadeurs de
l'économie québécoise. Merci et félicitations!
• (9 h 50) •
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée de Terrebonne. La parole
revient maintenant à Mme la députée des Chutes-de-la-Chaudière.
Rendre hommage à M. Thomas
Tremblay
Mme Martine Biron
Mme Biron :
Bonjour, M. le Président. C'est avec fierté que je souligne aujourd'hui
l'accomplissement de Thomas Tremblay, ici
présent dans les tribunes, en tant que lauréat national de la relève en sport,
dans le cadre de la 33e édition du Prix du bénévolat en loisir et
en sport Dollard-Morin.
Président
et entraîneur du club de basketball en fauteuil roulant les Bulldogs de Québec,
il est derrière l'accroissement important
du nombre de joueurs, l'acquisition de plusieurs nouveaux équipements et
l'organisation de nombreux tournois d'envergure.
De
plus, il est membre du conseil d'administration de la Maison des jeunes de
Charny et de l'organisme Le Filon, en plus de s'impliquer auprès...
auprès d'Héma-Québec et du Centre interdisciplinaire de recherche en
réadaptation et intégration sociale.
M.
Tremblay, félicitations pour votre engagement exceptionnel dans le sport adapté
et plus largement au sein de votre et de notre communauté!
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Chutes-de-la-Chaudière. Bravo à vous, M Tremblay!
Je reconnais maintenant
Mme la députée de Brome-Missisquoi.
Souligner le 125e anniversaire
de la Chambre de
commerce et d'industrie Haute-Yamaska
Mme Isabelle Charest
Mme Charest :
Merci, M. le Président. Cette année marque un jalon important pour la
communauté d'affaires de notre région. La Chambre de commerce et d'industrie
Haute-Yamaska célèbre 125 ans d'engagement au service de nos entreprises
et de l'entrepreneuriat local.
Fondée le 25 avril 1900 sous
le nom de Granby Board of Trade, la chambre a su, au fil des décennies,
accompagner la transformation économique de tout un territoire. Son
histoire, c'est aussi celle de tout un écosystème économique fait de
résilience, d'innovation et de solidarité, qui rayonne bien au-delà d'une seule
ville.
Ce dynamisme
s'illustre d'ailleurs à travers d'autres organisations locales qui célèbrent
aussi un anniversaire important cette année :
les Championnats Banque Nationale de Granby, le Centre d'aide aux entreprises
Haute-Yamaska et région, l'Érablière Bernard, la Caisse Desjardins de
Granby et le journal La Voix de l'Est.
Je
salue la contribution de tous ceux et celles qui, depuis 1900, participent à la
vitalité entrepreneuriale de la région. Toutes mes félicitations à la dynamique équipe et au conseil
d'administration de la Chambre de commerce et d'industrie Haute-Yamaska.
Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
Mme la députée de Brome-Missisquoi. Et je cède maintenant la parole à M.
le député de Chapleau.
Souligner le 40e anniversaire
de la Société Alzheimer Outaouais
M. Mathieu Lévesque
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Aujourd'hui, j'aimerais souligner le
40e anniversaire de la Société Alzheimer
Outaouais, un organisme qui accompagne des milliers de familles dans Chapleau,
à Gatineau, en Outaouais.
Depuis
1985, la Société Alzheimer Outaouais se dévoue avec humanité pour alléger les
conséquences personnelles et sociales de la maladie d'Alzheimer et des
autres troubles neurocognitifs. Elle soutient sans relâche les personnes
atteintes et leurs proches aidants en plaçant l'être humain au coeur de son
action.
Ne m'oubliez pas. Voilà
les mots qui sont lancés par ceux et celles qui vivent avec ces maladies.
Malgré les pertes de mémoire, nous ne devons jamais perdre de vue la personne,
sa dignité, son histoire et ses droits. L'action de la Société Alzheimer
Outaouais contribue directement à briser l'isolement et à tisser des liens
humains essentiels.
Je tiens à saluer les
professionnels, les bénévoles, les chercheurs, les donateurs et toutes les
familles qui forment cette grande communauté de solidarité, une collectivité
qui s'entraide contre ce... contre ce fléau.
À
la Société Alzheimer Outaouais, à ses partenaires et à toutes les personnes
sensibles à cette cause, je dis merci et bon 40e anniversaire.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Chapleau. La parole revient maintenant à Mme la députée
d'Iberville.
Rendre hommage à M. Léon
Sansoucy
Mme Audrey Bogemans
Mme Bogemans : Merci. J'ai l'honneur de
recevoir ici aujourd'hui Léon Sansoucy, avec ses proches, un homme dont
son implication dans la communauté dépasse l'entendement.
Il
s'est ainsi retrouvé aux commandes de l'Expo agricole de Rougemont, puis,
ensuite, de celle de Saint-Hyacinthe, à titre de président. C'est un
agriculteur de Marieville qui est respecté de tous.
M. Sansoucy,
épaulé par sa conjointe et son fils, a ensuite laissé son empreinte au CLD de
Marieville à titre de président. Membre des Chevaliers de Colomb de sa
communauté depuis 1975, M. le Président, cet homme dévoué vient tout juste de céder sa place, après s'être
vu confier le titre de grand chevalier du conseil, il y a plus de 10 ans.
Cette année seulement, 114 000 $ et plus encore ont été
amassés entre autres grâce à la Grande Guignolée, qui permettait de préparer
une centaine de paniers de Noël et d'offrir des bons alimentaires tout au long
de l'année.
Vous comprenez, M. le
Président, que cet homme mérite de voir ses longues années de bénévolat
soulignées à l'Assemblée nationale. Vous pouvez être fier de vous, M. Sansoucy.
En tout cas, nous, nous le sommes.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, Mme la députée d'Iberville. Bravo à vous,
M. Sansoucy!
Alors, voilà qui
complète la rubrique Déclarations des députés.
Nous allons suspendre
les travaux quelques instants.
(Suspension de la séance à
9 h 55)
(Reprise à 10 h 06)
La
Présidente : Bonjour, tout le monde. Mesdames messieurs, nos
visiteurs, vous êtes nombreux aujourd'hui, sachez que le parlement du Québec,
c'est chez vous.
Messieurs dames les
députés, et tout le monde, nous allons nous recueillir quelques instants.
Je vous remercie
beaucoup. Veuillez vous asseoir.
Dépôt
de la lettre informant que la députée de Laporte, Mme Isabelle Poulet, n'est
plus membre du caucus du groupe parlementaire formant le gouvernement
Avant d'entreprendre nos travaux, je dépose une
lettre que m'a adressée M. François Jacques, whip en chef du gouvernement,
m'informant que Mme Isabelle Poulet, députée de Laporte, n'est plus membre
du caucus du groupe parlementaire formant le gouvernement depuis le
4 novembre 2025.
Nous poursuivons les affaires courantes.
Aujourd'hui, il n'y a pas de déclarations
ministérielles.
Présentation de projets de loi
À la rubrique Présentation de projets de loi, M.
le leader du gouvernement.
M. Jolin-Barrette : ...Mme
la Présidente. Je vous demanderais d'appeler l'article a du feuilleton, s'il
vous plaît.
Projet de loi n° 7
La
Présidente : Oui. À l'article a du feuilleton, Mme la ministre
responsable de l'Administration gouvernementale et de l'Efficacité de
l'État et présidente du Conseil du trésor présente le projet de loi n° 7, Loi visant à réduire la bureaucratie, à accroître
l'efficacité de l'État et à renforcer l'imputabilité des hauts fonctionnaires.
Mme la ministre.
Mme France-Élaine
Duranceau
Mme Duranceau : Merci, Mme la
Présidente.
Alors, ce projet de loi comporte différentes
mesures permettant une réorganisation de structures et d'activités de l'État, l'assouplissement de processus et la
mutualisation de ressources ainsi qu'un resserrement de l'imputabilité des hauts
fonctionnaires.
Ainsi, le projet de loi fusionne l'Institut
national d'excellence en santé et services sociaux et l'Institut national de santé publique du Québec en une seule société désignée l'Institut
québécois de santé et de services sociaux, sous réserve du transfert de
certaines fonctions à Santé Québec et au ministre de la Santé. Il prévoit que
le conseil d'administration d'Urgences-Santé est formé de membres du conseil
d'administration de Santé Québec et attribue à Héma-Québec les fonctions de
coordination de dons d'organes actuellement exercées par Transplant Québec.
Le projet de
loi abolit la Commission d'évaluation
de l'enseignement collégial. Il
intègre les activités de l'Office Québec-Monde pour la jeunesse au sein du ministère des Relations internationales
et de la Francophonie et revoit l'organisation interne de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse.
Le projet de
loi prévoit la continuation du Centre de la francophonie des Amériques en
personne morale sans but lucratif régie par la Loi sur les compagnies et
confie au ministre de la Langue française des fonctions en matière de
francophonie canadienne.
Le projet de loi abolit le Conseil de gestion de
l'assurance parentale et transfère à Retraite Québec la gestion et
l'administration du régime d'assurance parentale ainsi que l'administration du
Fonds d'assurance parentale.
Le projet de loi... Le projet de loi prévoit la
présentation par le ministre des Finances d'un cadre financier global visant la lutte contre les changements
climatiques à l'occasion du discours sur le budget. Il permet au gouvernement
de déterminer, sur les surplus du Fonds d'électrification et de changements
climatiques, les sommes virées au Fonds des générations et au Fonds des
réseaux de transport terrestre.
Le projet de loi abolit le Fonds des
technologies de l'information du ministère de l'Emploi et de la Sécurité
sociale ainsi que le Fonds pour l'excellence et la performance universitaires
et transfère leurs actifs et leurs passifs au fonds
consolidé du revenu. Il fusionne le Fonds d'aide à l'action communautaire
autonome et le Fonds québécois d'initiatives sociales en un seul fonds
désigné Fonds québécois d'initiatives sociales et d'action communautaire.
• (10 h 10) •
Le projet de loi abolit la Commission de la
fonction publique et transfère les fonctions de celle-ci au Tribunal
administratif du travail.
Le projet de loi confie à certains organismes la
responsabilité de fournir des services administratifs à un autre organisme, notamment à Santé Québec envers
Urgences-Santé et au Tribunal
administratif du Québec envers le
Tribunal administratif des marchés financiers.
Le projet de
loi réduit le nombre de vice-présidents de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec de même que le nombre de régisseurs requis
pour décider de certaines affaires portées devant elle.
Le projet de
loi confie au gouvernement la nomination des vice-présidents de la Société de l'assurance automobile du Québec
et la fixation de leur rémunération et de leurs autres conditions de travail.
Il prévoit que la gestion administrative du président-directeur général
d'Hydro-Québec, de la Commission de la construction du Québec et de certaines
autres sociétés d'État doit être discutée au moins une fois tous les quatre ans
devant la commission parlementaire compétente à l'Assemblée nationale.
Le projet de loi énonce que l'administrateur
d'État contribue à la réalisation de la mission et à la bonne administration de
l'État, en toute imputabilité, avec prudence, diligence, efficacité et équité.
Il instaure de plus un stage probatoire de
deux ans pour toute personne qui acquiert le classement d'administrateur
d'État. Il prévoit que le gouvernement peut, pendant ce stage probatoire, congédier
l'administrateur d'État qui n'était pas fonctionnaire permanent au moment de
sa nomination, sans autre formalité qu'un avis écrit préalable de
15 jours.
Le projet de loi
retire l'exigence de renouvellement des autorisations de contracter prévues par
la Loi sur les contrats des organismes publics. Il prévoit que les contrats du
Centre d'acquisitions gouvernementales et ceux relatifs aux acquisitions que
celui-ci réalise au bénéfice de certains regroupements d'organismes seront
désormais assujettis aux mêmes conditions que celles applicables aux
entreprises du gouvernement.
Le projet de loi
permet la fusion d'offices d'habitation et la constitution d'offices par le
gouvernement pour tout territoire qu'il
désigne. Il met fin à la gestion conjointe des contributions versées à la
Société d'habitation du Québec par les organismes bénéficiaires d'une
aide financière.
Enfin,
le projet de loi réduit la fréquence de certains rapports et retire
l'obligation de produire différents documents, notamment des rapports
dans le secteur financier. Il énonce le devoir de l'Autorité des marchés
financiers de rendre accessibles en ligne
certaines données et certaines analyses. Il contient diverses mesures
concernant notamment la stratégie de développement durable, le Forestier
en chef et l'équité salariale.
La
Présidente : Et est-ce que l'Assemblée... Oui, je reconnais Mme la...
Vous vous leviez, Mme la leader de l'opposition officielle. Je vous
écoute.
Mme Setlakwe :
Mme la Présidente, nous souhaitons la tenue de consultations particulières.
Mise
aux voix
La
Présidente : Est-ce que l'Assemblée accepte d'être saisie de ce projet
de loi?
Des voix :
Adopté.
La Présidente :
Adopté.
Dépôt
de documents
À la rubrique Dépôt
de documents, je dépose le nouveau diagramme de l'Assemblée en date
d'aujourd'hui.
Dépôt
de rapports de commissions
À la rubrique Dépôt
de rapports de commissions, M. le président de la Commission de l'aménagement
du territoire et député de Drummond—Bois-Francs.
Étude
détaillée du projet de loi n° 104
M. Schneeberger :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je dépose le rapport de la Commission de
l'aménagement du territoire qui, les 22, 23, 28, 29, 30 octobre et
4 novembre 2025, a procédé à l'étude détaillée du projet de loi n° 104, Loi modifiant diverses dispositions afin notamment
de donner suite à certaines demandes du milieu municipal. Et la commission a
adopté le texte de loi avec des amendements.
La
Présidente : Ce rapport est déposé.
Dépôt
de pétitions
À la rubrique Dépôt
de pétitions, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Augmenter
les investissements et les initiatives
en matière de lutte contre le racisme
Mme Maccarone : Je dépose l'extrait d'une
pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par 217 pétitionnaires.
Désignation : citoyens et citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant
que chaque personne mérite de vivre dans une société où elle est valorisée et
respectée, indépendamment de son origine, sa religion ou la couleur de
sa peau;
«Considérant
que les inégalités raciales et les discriminations systémiques demeurent des
réalités bien présentes au Québec;
«Considérant
que la lutte contre le racisme est un pilier essentiel d'une société équitable,
inclusive et démocratique;
«Considérant
que l'absence de budget clairement identifié et dédié à cette cause affaiblit
la portée des engagements gouvernementaux et rend difficile l'évaluation
de leur efficacité;
«Considérant
que des initiatives concrètes, telles que les campagnes de sensibilisation, les
programmes d'accès à l'emploi, la
formation [des] services publics et l'accompagnement des communautés racisées,
nécessitent des ressources stables et suffisantes;
«Et
l'intervention réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«D'augmenter
ces investissements de façon significative, notamment pour soutenir les
organismes communautaires oeuvrant auprès des personnes racisées;
«De
créer une structure permanente et dotée de moyens réels pour coordonner et
évaluer les actions de lutte contre le racisme à travers l'appareil
gouvernemental.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition. Merci.
La
Présidente : Et cet extrait de pétition est déposé. M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Améliorer
l'accès au regroupement familial
M. Cliche-Rivard : ...Mme la Présidente. Je
veux saluer les représentants et représentantes du collectif Québec
Réunifié qui sont parmi nous aujourd'hui.
Je
dépose l'extrait d'une pétition adressée à l'Assemblée nationale, signée par
5 863 pétitionnaires. Désignation : citoyens et
citoyennes du Québec.
«Les faits invoqués
sont les suivants :
«Considérant que le
gouvernement du Québec a annoncé avoir atteint son quota pour le regroupement familial 2024‑2026 au 26 juin
2025, suspendant ainsi la réception des nouvelles demandes d'engagement pour
les conjoints, partenaires conjugaux et enfants à charge de 18 ans
et plus jusqu'au 25 juin 2026;
«Considérant
que cette décision prive des milliers de familles québécoises du droit de vivre
ensemble et contredit les engagements
du gouvernement en matière de regroupement familial, notamment les droits
protégés par l'article 5 de la Charte des droits et libertés de la
personne;
«Considérant
que les personnes parrainées s'intègrent en français dans la majorité des cas,
et renforcent l'économie québécoise;
«Considérant que ces
demandes sont déposées par des citoyens et [des] résidents québécois qui
s'engagent à subvenir aux besoins de leurs proches sans recours à l'État;
«Considérant
que les délais excédant 40 mois, en date du 6 août 2025, affectent
gravement la santé mentale, la stabilité financière et la cohésion des
familles, incluant des enfants;
«Considérant que le
Québec a déjà traité hors quotas les demandes de Certificat de sélection du
Québec dans d'autres catégories d'immigration;
«Et l'intervention
réclamée se résume ainsi :
«Nous, signataires,
demandons au gouvernement du Québec :
«D'annuler
l'arrêté ministériel du 26 juin 2024, de permettre immédiatement la
réception des demandes d'engagement et de reprendre l'émission des CSQ
pour le regroupement familial;
«De
s'assurer d'un traitement en continu des demandes d'engagement de manière à ne
jamais excéder un délai de traitement supérieur à 12 mois afin de
minimiser les graves préjudices encourus par ces familles.»
Je certifie que cet
extrait est conforme à l'original de la pétition.
La Présidente :
Et cet extrait de pétition est déposé.
Il n'y a pas de
réponses orales aux pétitions ni d'interventions portant sur une violation de
droit ou de privilège.
Questions
et réponses orales
Nous
en sommes maintenant rendus à la période de questions et de réponses orales,
et, pour ce faire, je cède la parole, en question principale, à la
cheffe de l'opposition officielle.
Impact
de la Loi visant principalement à instaurer la responsabilité
collective quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux
et à assurer la continuité de la prestation de ces services
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. 27 directeurs médicaux de Santé Québec
ont décidé de briser leur devoir de réserve et d'écrire une lettre à la PDG de
Santé Québec afin de protéger les services aux patients. Ils sont très inquiets et ils constatent sur le
terrain que, depuis la loi spéciale imposée sous bâillon, il y a un climat
délétère qui s'est installé, beaucoup de détresse et aussi une
démobilisation, ainsi qu'un problème de rétention.
En
date d'aujourd'hui, 408 médecins du Québec ont appliqué en Ontario. Je ne
vous parle pas de la Colombie-Britannique ni du Nouveau-Brunswick, parce
que les chiffres continuent d'entrer.
Mme la Présidente,
ils écrivent la chose suivante : «Trop de contrôle engendre souvent
l'effet inverse de celui recherché : la
démotivation, la rigidité et la perte de sens.» Ça, ça aurait pu être écrit par
le whip du gouvernement à son premier ministre, parce qu'aujourd'hui,
dans le courrier du coeur du Journal de Montréal, ça prend quatre
journalistes pour recueillir toutes les doléances et les griefs des députés
caquistes.
Alors,
le premier ministre, aujourd'hui, est confronté. Soit qu'il recule, négocie
comme un premier ministre, ou il va devoir
faire un webinaire et donner à ses élus caquistes le petit catéchisme du bon
député, c'est-à-dire : Marche avec nous, vote avec nous et ne pose
pas trop de questions. En fait, faites un acte de foi.
Alors,
au nom de tous les patients québécois qui veulent avoir un médecin, avons-nous
enfin un premier ministre du Québec qui va mettre sur pause sa loi
spéciale?
• (10 h 20) •
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Bien, Mme la Présidente, je pense, d'abord,
c'est important de rappeler que le Parti libéral du Québec est d'accord pour changer le mode de
rémunération des médecins. Soyons clairs là-dessus. Gaétan Barrette a essayé
de le faire et son chef, le premier ministre Philippe Couillard, a reculé, ne
l'a pas appuyé.
Donc,
Mme la Présidente, tout le monde ici, dans cette Chambre, est d'accord pour
changer le mode de rémunération des médecins. C'est ce qu'on a fait dans
le projet de loi n° 2.
Maintenant, tous les
partis ici nous disent : On est d'accord de le faire, mais en autant que
les deux syndicats de médecins soient d'accord. Mme la Présidente, ça fait des
mois qu'on parle aux deux syndicats de médecins, les deux syndicats de médecins nous disent : Si vous voulez qu'on se
parle, engagez-vous d'abord à ne pas changer le mode de rémunération des
médecins.
Donc, que fait-on?
Deux choix : s'écraser, comme l'a fait Philippe Couillard, comme le fait
actuellement le Parti libéral, ou essayer de
tendre la main pour améliorer les modalités mais tout en gardant le changement
de mode de rémunération, qui aurait dû être fait depuis très longtemps,
ça fait 25 ans que ça aurait dû être fait.
La
Présidente : Première complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
Présentement, la seule chose qui a été écrasée, c'est notre réseau de
santé. En ce moment, les médecins quittent
le Québec. Et, pendant ce temps-là, les députés caquistes disent la chose
suivante : Ce n'est pas lui, mon premier ministre. Quand c'est
rendu que les élus caquistes doivent rappeler au premier ministre que le
ministre de la Santé n'est pas premier ministre, c'est que l'heure est grave.
Quand
les élus caquistes se confient au Journal
de Montréal en disant : On
s'approche d'une crise sociale, est-ce que le premier ministre...
réalise-t-il que, présentement, on fonce dans le mur?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault :
Oui, Mme la Présidente, au Québec, on a plus de médecins de famille per
capita qu'en Ontario, mais, au Québec, on a,
en pourcentage, plus de Québécois qui n'ont pas accès à un médecin de famille.
Pire, les Québécois qui ont un médecin de famille ou un groupe de
médecine familiale n'y ont pas accès le soir, la fin de semaine.
Donc,
est-ce que le Parti libéral du Québec
accepte ce statu quo? Est-ce que le Parti libéral du Québec trouve ça normal que 1,5 million de
Québécois n'aient pas de médecin de famille?
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Marwah
Rizqy
Mme Rizqy :
Mme la Présidente, présentement, l'heure est vraiment grave. Les élus
caquistes parlent de crise sociale. Est-ce
que le premier ministre accepte ça? Est-ce que le premier ministre accepte
qu'aujourd'hui, au lieu d'avoir plus
de médecins, on en perd? Parce que, lui, sa solution, c'est de les livrer à
Doug Ford. En ce moment, on en a 408 qui ont déjà rempli leurs
formulaires.
Et
on va mettre les choses très claires. Oui, le Parti libéral du Québec a dit
oui pour la rémunération, il faut la changer, mais même les fédérations
l'ont dit. Donc, la seule personne, aujourd'hui, qui ne comprend pas...
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Bon, on avance, Mme la
Présidente, je viens d'entendre la cheffe de l'opposition officielle
dire : On est d'accord avec le changement de mode de rémunération.
Des voix :
...
M. Legault :
Non, mais c'est ce qu'elle vient de dire, elle vient de dire. Mais elle aurait
dû ajouter à sa phrase : en autant que
ça ne fasse pas de chicanes. En autant qu'on accepte, dans le fond, que ça se
passe peut-être dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans,
que ça se passe seulement quand les deux fédérations seront d'accord.
Mme la
Présidente, les Québécois ont le droit d'avoir accès, entre autres, à un
médecin de famille, à un groupe de médecine familiale.
La Présidente : Troisième
complémentaire.
Mme Marwah Rizqy
Mme Rizqy : Mme la
Présidente, confession. Effectivement, je n'aime pas la chicane. Effectivement,
je préfère quand les Québécois ont des soins. Effectivement, je préfère quand
les médecins restent au Québec. Effectivement, je préfère avoir des
Québécois qui n'attendent pas d'avoir une chirurgie parce que le gouvernement
refuse d'ajouter des ressources pour ouvrir
les blocs opératoires. Effectivement, au Parti libéral du Québec, nous,
on préfère avoir nos salles d'opération
qui roulent à 100 %, au lieu d'un premier ministre qui s'écrase, qui
refuse de mettre les ressources nécessaires.
Des voix : ...
La Présidente : Attendez. Je vous
rappelle l'article 32. Pas de bravo, pas de commentaire. Le silence pour
les deux côtés.
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme
la Présidente, on vient d'avoir un aveu important de la cheffe de l'opposition
officielle. Dans quel camp elle se
situe? Est-ce qu'elle était dans le camp de Gaétan Barrette, qui voulait
changer le mode de rémunération, ou dans le camp de Philippe Couillard,
qui ne voulait pas de chicane avec ses amis médecins? Bien, elle vient de nous dire, là : Moi, je suis dans le camp de
Philippe Couillard, qui ne veut pas de chicane, qui défend le statu quo. C'est
son choix.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de LaFontaine.
Impact de la Loi visant principalement à instaurer la
responsabilité
collective quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux
et à assurer la continuité de la prestation de ces services
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Là,
il est grand temps que le premier ministre regarde dans son camp, parce qu'il y
en a beaucoup qui foutent le camp.
Une fois que j'ai dit ça, Mme la Présidente, on
savait que la CAQ, c'étaient les «kings» du gaspillage. Bien, ils se sont
surpassés. 547 000 $ pour vendre un projet de loi qui était destiné
au bâillon. 547 000 $ en pure perte, qui n'a servi à rien. Il est
entre autres là, le 14 milliards puis la décote du Québec.
Une fois qu'on a dit ça, le mauvais projet de
loi, ce matin on apprend dans MaBeauce.com... Et je veux aider le collègue
caquiste député de Beauce-Nord pour plaider sa réalité face à un ministre de la
Santé qui n'écoute pas, Mme la Présidente. Vous m'indiquerez quand il me
restera 20 secondes, Mme la Présidente. Chaque semaine, la Coopérative de
santé Robert-Cliche, chaque semaine, ont... font des chirurgies, plus de
550 chirurgies mineures. La clinique médicale de Saint-Joseph est en
danger, en lien avec le projet de loi n° 2, qui
entraînerait la fin du partenariat avec le CISSS.
Alors, Mme la Présidente, le ministre de la
Santé va répondre quoi à son collègue de Beauce-Nord pour rassurer sa
population face à son mauvais projet de loi?
La Présidente : Vous avez remarqué
que le chronomètre ne fonctionne pas. Regardez celui d'en haut. Et la réponse
du ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : ...j'attendais pour
voir... pour économiser les secondes, Mme la Présidente.
La Présidente : Ça fonctionne.
M. Dubé : C'est bon. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Premièrement,
je pense qu'il faut toujours revenir à la base, très important, pourquoi qu'on
a fait ce projet de loi. Et, à chaque fois que j'entends les questions
de ce type-là, ce matin, c'est de dire : Nous, on est là pour un
engagement ferme de notre gouvernement, c'est que les Québécois doivent avoir
un meilleur accès à leur réseau de la santé.
Avoir accès à un... un
meilleur accès au réseau de la santé, ça veut dire quoi, Mme la Présidente? Ça
veut dire que chaque Québécois, comme vient de le dire le premier ministre,
doit pouvoir avoir accès soit à un médecin de famille
ou à un professionnel de la santé et être affilié à un milieu de soins. Ça veut
dire quoi, affilié à un milieu de soins? Ça veut dire être capable d'avoir identifié soit un GMF, soit un CLSC,
un endroit où cette personne-là, lorsqu'elle en a besoin, est capable d'avoir accès aux bons
professionnels. C'est exactement ce que l'on fait en ce moment, Mme la
Présidente.
Alors, que ce
soit un cas de GMF en Beauce ou que ce soit un hôpital, on a besoin de refaire
notre système de santé. Et c'est ce que nous faisons en ce moment.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Aucune réponse
pour rassurer le collègue caquiste de Beauce-Nord et rassurer les médecins qui
travaillent à la clinique médicale de Saint-Joseph. Aucune réponse pas juste à
nos questions, aux questions de ses propres
collègues, parce que, vendredi matin, il y avait un caucus sur le sujet, il
n'était pas là, le ministre, puis sa porte-parole a dit qu'il n'avait pas besoin d'être là. Bien,
nous, on va se faire porte-parole des députés caquistes qui ne se font pas
entendre, dont un ex-ministre, député de Taillon, qui a quitté, la
députée de Laporte.
Là, le
collègue de Beauce-Nord s'est fait poser la question : Allez-vous
démissionner? Il a dit : Je ne suis pas encore rendu là. Il va
faire quoi, le ministre de la Santé, pour qu'il ne se rende pas là?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Alors, l'important...
Puis c'est très rare, là, que je ne suis pas d'accord avec le député de
LaFontaine, mais là, encore une fois, je
suis d'accord avec une chose, c'est important de bien informer la population,
les députés, les médecins. Qu'est-ce que vous pensez qu'on fait, ces
temps-ci, Mme la Présidente, là? On a organisé, entre autres, des webinaires.
Hier soir, nous avons eu...
Des voix : ...
M. Dubé : Non,
mais ils veulent être informés? Il y a un webinaire qui a été fait hier avec
les médecins spécialistes...
Des voix : ...
M. Dubé : Peut-être qu'ils
n'aiment pas la réponse, Mme la Présidente, mais je vous la donne à vous quand même, Mme la Présidente. Alors, hier soir, un
webinaire pour les spécialistes, pendant plus de deux heures... Je reviendrai, Mme
la Présidente.
La Présidente : Deuxième complémentaire.
Et, pour ce faire, je reconnais la députée de Vaudreuil.
Mme Marie-Claude Nichols
Mme Nichols : Les comtés de
Vaudreuil et Soulanges sont à à peine 35 minutes de l'hôpital de
Hawkesbury, en Ontario. Une clinique de
Hudson, dans Soulanges, a récemment perdu deux médecins de famille, qui ont
quitté pour travailler dans la province voisine. Imaginez-vous, ils
n'ont même pas besoin de déménager pour pratiquer dans une province qui les
respecte.
La clinique
de Hudson est à risque de fermer. Les médecins, préoccupés, ont sollicité la
députée de Soulanges, puis ils n'ont même pas reçu de réponse, même pas
un accusé de réception.
Que suggère le ministre à la députée de
Soulanges qui ne sait pas quoi répondre à son monde?
La Présidente : La...
Des voix : ...
La
Présidente : Attendez. Attendez, M. le ministre. Je vous
rappelle l'article 32. On garde le silence. Pas de bravo. La
réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Alors, je vais continuer sur la question de
l'explication du projet de loi.
J'ai dit hier
plusieurs fois que les fédérations avaient manqué à leur devoir, selon moi, de
bien expliquer le projet de loi au
cours des dernières semaines. C'est ce que nous faisons présentement. Et
d'ailleurs il y avait plusieurs personnes qui
étaient sur le webinaire hier. Et, à partir de demain matin, par respect pour
le webinaire que l'on fait ce soir aux médecins
de famille, les deux liens, Mme la Présidente, les deux liens avec le webinaire
qui a été fait hier soir et ce soir seront
disponibles pour toute la population du Québec, Mme la Présidente. Alors,
j'invite les gens de l'opposition à attendre à demain matin pour avoir
toute l'information nécessaire.
• (10 h 30) •
La Présidente : ...principale, je
reconnais maintenant le député Pontiac.
Impact de la Loi visant principalement à instaurer la
responsabilité collective
quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à
assurer la continuité de la prestation de ces services
M. André Fortin
M. Fortin : Hier, le ministre de la Santé, il était vraiment très fier
d'avoir trouvé un médecin à la retraite pour vanter son projet de loi. Bien,
voici la lettre d'un nouveau retraité, un radio-oncologue de l'Outaouais, le
Dr Mustapha Chelfi : «Au service de la population de l'Outaouais
depuis 1998, je n'ai plus la force de continuer à exercer mon métier dans les
conditions dégradées et dégradantes que les politiques de santé actuelles
imposent aux médecins, aux corps soignants et à la population. J'ai concilié,
ces dernières années, mes problèmes de santé avec mes obligations envers mes
patients, allant jusqu'à ignorer mes arrêts de travail, mais la situation et le
climat délétère que les dernières décisions politiques en santé installent dans
ma pratique ne m'incitent nullement à continuer à m'épuiser inutilement. Je
vous annonce donc la fin de ma pratique médicale le 31 décembre.» Là, on
perd un médecin de réputation internationale
dans une région extrêmement fragile, qui était prêt à continuer, qui voulait
continuer, mais que vous avez poussé à la retraite.
Alors, qu'est-ce que le ministre a à dire aux
patients du Dr Chelfi qui s'inquiètent aujourd'hui alors qu'ils se battent
contre un cancer?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Mme la Présidente, je
vais redire ce que j'ai dit plusieurs fois, je trouve très malheureux, en ce
moment, qu'il y ait des médecins que l'on respecte beaucoup, de grands
professionnels, Mme la Présidente, de grands professionnels
qui, en ce moment, prennent des décisions importantes pour eux, pour leurs
patients, pour leurs familles... de ne pas avoir toute l'information exacte,
Mme la Présidente, de ne pas avoir l'information exacte de ce que le
projet de loi a mis sur la table.
À titre d'exemple, hier, les questions qu'il y
avait de la part des médecins spécialistes, et ce soir ce sera sûrement la même
chose, on s'est engagés à donner toutes les réponses pour clarifier. D'ailleurs,
Mme la Présidente, on en a fait preuve hier, avec la présidente du Conseil du
trésor, qu'on est encore en train de s'ajuster, parce qu'on a la période après le projet de loi pour ajuster,
justement, certains aménagements pour pouvoir répondre aux demandes des
médecins.
Alors, Mme la
Présidente, j'invite tous les médecins du Québec à prendre un petit peu de
recul, comme je l'ai dit, attendre d'avoir toute l'information pour
prendre les bonnes décisions, une fois que nous aurons pu communiquer toute
l'information aux médecins. Merci beaucoup.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Les médecins ne comprennent pas, les patients ne comprennent
pas, le caucus ne comprend pas. Il y a juste lui qui comprend.
Mais voici ce qu'une patiente de l'Outaouais
atteinte de cancer comprend : «Je me sens abandonnée et trahie et je ne
suis pas la seule. De nombreux patients en Outaouais vivent la même inquiétude.
Le manque de médecins à Gatineau fragilise des centaines de personnes qui ont
besoin de soins urgents, constants et humains. Nous demandons simplement de
recevoir des soins équitables près de chez nous, dans la dignité et la
continuité.»
Ça, c'est le sentiment généralisé des patients
en Outaouais. Comprenez-vous ce que vous êtes en train de créer?
La Présidente : Et vous vous
adressez à la présidente. La réponse du ministre.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Oui, je trouve ça
plus facile quand il s'adresse à vous, Mme la Présidente.
Je veux juste être très clair, là. Je pense que
les Québécois, peut-être pas le Parti libéral, mais les Québécois, savent pourquoi on est en train de faire ce projet
de loi là, Mme la Présidente. Les Québécois savent qu'on veut améliorer
l'accès.
On
a donné un exemple, hier, et je le répète, un exemple d'une main tendue envers
les deux fédérations pour dire : Le principe, il est là pour rester, mais,
les moyens pour s'y rendre, on est flexibles parce qu'on veut écouter les
médecins.
Alors, Mme la
Présidente, je vais le répéter, les Québécois savent qu'on a besoin de faire
des changements importants au mode de rémunération des médecins pour ne
pas accepter le statu quo. C'est ce que nous faisons, Mme la Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. André
Fortin
M. Fortin : Bien, il n'y en aura pas, de statu quo. Le départ du Dr
Chelfi, ça va créer un bris de service. Ça, c'est des patientes atteintes de
cancers gynécologiques qui vont devoir aller à Laval, à Montréal ou ailleurs.
Puis, à matin, on apprend qu'il y a 10 médecins de famille de l'Outaouais
qui ont déjà quitté puis qu'on est à risque de ne plus être capables d'offrir des soins à domicile à Aylmer. Ça va prendre des
années, ça va prendre des années, rebâtir ce que le ministre de la
Santé, il est en train de détruire dans la région.
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Je vais le dire
poliment, Mme la Présidente, le député de Pontiac était dans le gouvernement de
Philippe Couillard, qui a abandonné devant les médecins, et aujourd'hui on paie
le prix pour cet abandon-là. Nous allons avoir...
Des voix : ...
M. Dubé : Non, mais, Mme la
Présidente, les gens ont abandonné.
La Présidente : Attendez, M. le
ministre. L'article 32, c'est bon pour tout le monde. On a écouté la
question avec attention...
Une voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît, M. le député! Et j'aimerais entendre la réponse, maintenant. C'est une
question de respect. Le silence. Réponse du ministre.
M. Dubé : Mme la Présidente, il
y a plusieurs députés d'en face qui étaient là, dans le gouvernement Couillard,
qui ont abandonné, qui ont abandonné devant les médecins la dernière fois. On
en paie encore le prix.
Nous avons le courage de faire les changements
qui sont nécessaires, Mme la Présidente. Il n'y a rien de facile dans ce qu'on fait, mais, quand on demande aux
Québécois qu'est-ce qu'on doit faire, ils nous disent : Lâchez pas. C'est
un moment charnière, ça fait des années que
ces changements-là devraient être faits, et nous allons les faire parce que la population
nous demande de le faire.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant le député de Marguerite-Bourgeoys.
Gestion des finances publiques
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, hier, le ministre des Finances
préparait l'opinion publique à une seconde décote du Québec par les agences de
notation. Mais le ministre nous a amené une nouvelle excuse : c'est la
faute du fédéral.
J'ai une question toute simple pour le ministre
des Finances. Celui qui, au terme de ses deux mandats, a ajouté
100 milliards sur la carte de crédit de nos enfants, celui qui, au terme
de ses deux mandats, aura écrit sept budgets déficitaires
de suite, celui qui aura autorisé des milliards de gaspillage, celui qui aura
été décoté, une première en 30 ans, puis que maintenant il est en
train de nous préparer à une deuxième décote en blâmant tout le monde sauf lui,
Mme la Présidente, est-ce que le
ministre des Finances va savoir et peut nous dire quand il va être décoté à
nouveau?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Oui, Mme
la Présidente. Je suis vraiment content de me lever, parce que j'avais eu une
question la première journée de la nouvelle session.
Alors,
quelques rappels. Lorsque le Parti libéral a quitté le pouvoir, la dette nette
par rapport au PIB était de 43 %. Elle est aujourd'hui de 40 %.
Alors, voilà les faits.
Oui,
il y a eu une augmentation de la dette. Quelle est la part des infrastructures
dans cette augmentation de la dette, Mme
la Présidente? 66 %, les deux tiers. Alors, à moins que le Parti libéral
soit contre les investissements en infrastructures... Laissez-moi vous
dire que les investissements sont nécessaires, la demande est extrêmement
importante.
Le déficit.
Le déficit 2023‑2024, 1 %
du PIB. 2024‑2025,
1 % du PIB. Cette année, 1,8 %.
On le reconnaît, c'est trop, on y travaille. L'année prochaine,
1 %, ça descend.
Bref, on prend nos responsabilités. Il y a un
examen des dépenses fiscales qui a été fait. Il y a un examen des dépenses budgétaires qui est en cours. Nous sommes
la seule province avec un plan de retour à l'équilibre budgétaire, la seule
province avec un Fonds des générations, et on s'occupe des finances.
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la
Présidente, c'est la faute du fédéral, selon le ministre. 6,7 milliards de
chèques électoralistes, c'est le fédéral, ça?
500 millions de dépassements de coûts dans SAAQclic, c'est le fédéral, ça?
12 000 fonctionnaires de plus dans la fonction publique du
Québec, ça, c'est la faute d'Ottawa, ça, Mme la Présidente.
Je sais que
le ministre des Finances, l'homme de la subvention aux Kings de Los Angeles,
reconnaît que c'est la gestion de son propre gouvernement qui a mené à
la décote du Québec. Mme la Présidente, peut-il...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Et le côté... la partie gouvernementale, vous êtes trop bruyants,
beaucoup trop bruyants. J'aimerais entendre la réponse du ministre.
M. Eric
Girard
M. Girard (Groulx) : Mais
est-ce qu'il y avait une question, Mme la Présidente? C'est parce que je n'ai
pas entendu de question. Mais je vais être clair, là, nous investissons
19 milliards par année en infrastructures. Nous avons fait le choix, face à la grande incertitude amenée
par la nouvelle administration américaine, d'augmenter les dépenses en infrastructures parce que ce sont des dépenses à
long terme qui vont aider les Québécois à long terme. On a fait ce choix-là.
Le
gouvernement fédéral avait un programme d'infrastructure pour aider l'ensemble
des provinces et territoires. Il est
expiré depuis 2023. On ne va pas s'excuser de demander qu'il y ait un nouveau
programme. On ne va pas se coucher devant le gouvernement fédéral comme
le suggère le PLQ.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Frédéric
Beauchemin
M. Beauchemin : Mme la Présidente, là, le Québec a été décoté. À
écouter le ministre des Finances, ce n'est pas la faute de la CAQ, ce
n'est pas la faute des déficits records, ce n'est pas la faute du gaspillage
puis des échecs caquistes, c'est la faute du fédéral. Bien, c'est drôle, Mme la
Présidente, l'Ontario, elle non plus, n'a pas de programme fédéral
d'infrastructure, puis elle n'a pas été décotée, elle, Mme la Présidente.
Voyons donc! C'est du n'importe quoi, avec la
CAQ. Dehors!
• (10 h 40) •
La Présidente : La réponse...
La réponse du ministre des Finances.
M. Eric
Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, bien, Mme la
Présidente, je suis vraiment content d'avoir la question, parce que les gens pourront juger de la qualité de
l'intervention et de la réponse. Alors, Moody's cote le Québec AA moins, l'Ontario A plus, et
S&P c'est l'inverse. Il y a un équilibre. C'est pour ça que les marchés
considèrent que l'Ontario et le Québec, ce sont des équivalents. Il y aura une mise à jour de l'Ontario cette semaine.
Vous allez voir que la situation n'est pas facile en Ontario non plus, ils
ont des défis. Nous aussi, et on s'en occupe.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la cheffe du deuxième groupe d'opposition.
Défense des intérêts du Québec
auprès du gouvernement fédéral
Mme Ruba
Ghazal
Mme Ghazal : Merci, Mme la Présidente. Le dernier budget du
fédéral, c'est un véritable désaveu pour le Québec. Le ministre des Finances
est allé supplier le fédéral d'investir dans nos écoles, nos hôpitaux, le
transport en commun pour éviter la
décote du Québec. Et que répond Mark Carney? Une claque au visage, à peine la
moitié des besoins du Québec en matière d'infrastructures.
Pendant que Mark Carney bloque notre
argent, l'argent des Québécois, le premier ministre, lui, n'ose même pas
élever la voix pour défendre le Québec. Honnêtement, Mme la Présidente, je
m'ennuie quasiment de l'époque où le premier
ministre se chicanait constamment face à Justin Trudeau. Ça ne donnait
absolument rien, mais au moins on avait l'impression qu'il défendait les
Québécois.
Un
exemple : les villes du Québec attendent désespérément
8,5 milliards de dollars prévus pour des projets urgents en
itinérance, en logement, mais rien dans le budget. Un autre exemple : le
gouvernement fédéral a investi deux fois plus
d'argent dans les pétrolières plutôt que lutter contre la crise climatique. Si
le fédéral a décidé d'abandonner le climat et le logement pour investir dans des entreprises pétrolières et
militaires, ça, ce n'est certainement pas dans l'intérêt du Québec.
Pendant combien de
temps le premier ministre du Québec va continuer à être à la remorque du
fédéral, qui, clairement, se moque des Québécois?
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bon, on voit tout un changement. L'ancien chef de Québec solidaire nous
disait : Ça ne m'intéresse pas, les discussions avec Ottawa, ça ne
m'intéresse pas, ces chicanes-là. Bon, là, on a une nouvelle cheffe qui
dit : Ça m'intéresse, puis on aimait mieux quand vous vous chicaniez avec
Justin Trudeau. C'est ce qu'elle vient de dire, là, d'ailleurs.
Mme la Présidente, le
ministre des Finances vient de le dire, on aurait souhaité que le gouvernement
fédéral investisse davantage en infrastructures. Il a fait un autre choix, puis
je sais que la cheffe de Québec solidaire n'est pas d'accord avec ça, il a
décidé d'investir massivement dans le secteur de la défense. Donc, je pense,
notre responsabilité, actuellement, c'est de
s'assurer que des entreprises, au Québec, comme Bombardier ou comme le chantier
naval de Davie obtiennent sa part des investissements en défense.
Dans le contexte
actuel, ce serait irresponsable de ne pas investir en défense. Je peux
comprendre qu'on n'aime pas la guerre, mais, en même temps, il faut être
capable, éventuellement, de se protéger puis d'avoir une certaine autonomie par
rapport aux États-Unis. Donc, ça va prendre des avions de combat, des drones,
ça va prendre des navires, des brise-glace, des sous-marins, toutes des choses
qu'on est capables de fabriquer au Québec. Puis ça va être bienvenu, parce
qu'on a, comme tout le monde au Canada, perdu des emplois depuis le début de
l'année, il faut les remplacer. Et donc on va s'assurer de bien travailler dans
le secteur de la défense...
La Présidente :
Première complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
Je n'en reviens pas, Mme la Présidente. Je n'en reviens pas. Je ne pensais
pas que la CAQ aussi est devenue la succursale du Parti libéral du Canada. J'ai
entendu, ce matin, Pablo Rodriguez dire que c'est très bon, le budget du fédéral, pour les Québécois. C'est ça
qu'il a dit. Là, je comprends qu'ils s'échangent des députés. Il y a des
députés de la CAQ qui rêvent d'être dans le...
dans le caucus du Parti libéral, puis là le premier ministre dit exactement la même
chose que Pablo Rodriguez.
Nous
n'avons pas ici, au Québec, les mêmes priorités que le Canada. Les villes l'ont
dit, on a besoin d'argent pour...
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault :
Bien, Mme la Présidente, en tout respect, je ne pense pas que la cheffe de Québec
solidaire peut parler au nom des Québécois quand on parle de la défense, quand
on parle de la défense. Je suis convaincu que les dizaines de milliers d'emplois qu'on peut créer au Québec dans le
secteur de la défense, ils sont bienvenus. Je comprends que Québec
solidaire est contre. C'est son choix. Nous, on pense qu'on a besoin de ces
emplois-là.
La
Présidente : Deuxième complémentaire.
Mme Ruba Ghazal
Mme Ghazal :
C'est fou. On cherche... Le premier ministre, qui se disait nationaliste, on
savait qu'il était fédéraliste, il vient de
nous le prouver. Il n'y a aucune critique à faire sur le budget du fédéral?
Aucune critique? C'est un bon budget,
ça, pour les Québécois? Est-ce qu'il écoute la population? Les gens crèvent de
faim, on n'a pas de logement, on n'a
pas d'argent pour nos écoles. On dirait que même le ministre des Finances est
beaucoup plus... est rendu beaucoup plus nationaliste que le premier
ministre.
J'aimerais entendre
une critique. Qu'est-ce... Est-ce qu'il trouve que le budget de Mark Carney est
parfait...
La Présidente :
La réponse du premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Oui. Mme la Présidente,
je suis effectivement très fier d'avoir un ministre des Finances nationaliste,
qui défend le Québec. Par contre,
si j'étais à la place de la cheffe de Québec solidaire, je... voyons, je
m'inquiéterais, je m'inquiéterais de son futur collègue du camp du Oui,
là, parce que ce matin, imaginez-vous, le chef du Parti québécois a dit : Le fédéral dépense trop d'argent.
C'est ce qu'il a dit, je vous le dis, là, allez voir les rubans, là, je n'en
revenais pas. Alors qu'on a de l'incertitude économique, bien, lui, au
lieu de dire au fédéral : Investissez, il dit : Investissez moins.
La
Présidente : En question principale...
Des voix : ...
La
Présidente : En question principale, je reconnais le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Demandes
du Québec relativement au budget fédéral
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la Présidente, encore
une fois, le gouvernement fédéral abandonne le Québec dans son budget, on vient d'en parler. Rien pour le
logement, rien pour l'itinérance, alors qu'on sait que c'est au coeur des
priorités des Québécois et des Québécoises.
Est-ce
que je suis surpris? Pas vraiment, Mme la Présidente. Avec Ottawa, moi, je n'ai
plus d'attentes. Mais il faut réaliser une affaire, c'est que le premier
ministre, lui non plus, il n'en avait pas, d'attentes, parce qu'il n'a rien
demandé.
C'est
sûr, Mme la Présidente, que, quand on ne demande rien, on n'obtient rien. Puis
c'est ça qui s'est passé, de la part du premier ministre. Il n'a pas demandé
des sommes en itinérance, il n'a pas demandé des sommes en logement, et c'est
ça qui arrive.
J'ai une question
claire, aujourd'hui, pour les deux nouvelles ministres de l'Habitation et des
Services sociaux. Sont-elles prêtes à divulguer précisément ce qu'elles ont
demandé, ce qu'elles ont exigé pour le Québec à Ottawa sur ces deux dossiers? Est-ce qu'on peut avoir les
lettres? Est-ce qu'on peut avoir les documents? Qu'est-ce que le Québec a
exigé au fédéral sur l'itinérance et sur le logement? J'attends une réponse
claire.
La
Présidente : La réponse du ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui, Mme la Présidente. Alors, les demandes de l'ensemble
des provinces et territoires étaient pour
100 milliards d'infrastructures sur 10 ans. Et, bien sûr, là-dedans
il y a du logement. Et la deuxième demande, c'était de maintenir le
plancher, qui est à 5 %, pour la croissance des transferts en santé, parce
que ça chute à 3 % en 2027‑2028, et on souhaite que ce rehaussement-là soit fait
au prochain budget. Puis la troisième demande, c'était de mettre
l'emphase sur les investissements privés et publics, parce qu'il y a un déficit
d'investissement au Canada. Il faut créer la richesse avant de la distribuer.
Alors,
la première demande a été répondue de façon partielle. Par contre, c'est la
première fois que le gouvernement fédéral,
la première fois que le gouvernement fédéral va nous aider pour des
infrastructures en santé. Alors, c'est apprécié. C'était une demande du
Québec. Et puis, comme les infrastructures, c'est sur 10 ans, bien, vous
avez maintenant notre demande pour le budget de l'an prochain. On va continuer
à mettre de la pression, mais on a fait un gain au niveau des infrastructures en santé. Et puis on va continuer
de faire valoir ce qu'on a besoin, parce que nous, on investit 19 milliards
par année en infrastructures.
La
Présidente : Première complémentaire.
M. Guillaume Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard :
La question est claire, Mme la Présidente, la question concerne la crise de
l'itinérance. Du logement, très bien. Vous
nous direz combien en logement social, combien en HLM, combien va aller à la
SHQ. Très hâte d'avoir la réponse.
Combien avait été
demandé — allons
à la réponse — dans
l'itinérance? Je n'ai rien entendu de la part du ministre des Finances. Aucune
demande? Il n'y avait aucune demande du gouvernement du Québec qui dépassait
les 100 milliards en infrastructures?
Aucune? Il n'y avait pas d'argent demandé par le Québec, exigé par le Québec,
en itinérance? C'est-tu sérieux? C'est ça, la réponse?
• (10 h 50) •
La
Présidente : La réponse de la ministre responsable de l'Habitation.
Mme Caroline Proulx
Mme Proulx : Merci,
Mme la Présidente. Lorsqu'on arrive dans des nouvelles responsabilités comme
ministre, évidemment, on prend le temps de prendre connaissance des dossiers.
Je suis encore en processus d'apprentissage.
Remarquez que mes
prédécesseurs étaient là pour améliorer tous les enjeux qui sont liés à
l'habitation. La députée — aide-moi
donc — ...
Une voix : ...
Mme Proulx : ...de Prévost et
la présidente du Conseil du trésor ont fait... — retour progressif,
hein, Mme la Présidente — ont
fait des efforts considérables, là, pour améliorer le logement.
Maintenant, on va analyser sérieusement ce qui a
été déposé de la part du fédéral. Et, toute somme qui sera versée au Québec, eh bien, le Québec va décider de
la façon et où il dépensera ces sommes-là pour continuer de contrer, donc, une
crise qui est sérieuse, qui est celle du logement, au Québec, Mme la
Présidente.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Mme la
Présidente, ma question, ce n'est pas l'analyse de ce qui a été déposé. Ma
question concerne les demandes, les demandes du Québec, les exigences du Québec
sur l'itinérance. Vers un chez-soi, un programme qui fonctionne, qui doit être
bonifié. Il faut beaucoup plus d'argent, des centaines de millions d'argent de plus pour qu'on arrête l'explosion des campements,
en itinérance, pour que des gens aient des refuges. L'hiver s'en vient.
Ça prend du logement, ça prend de l'argent, en itinérance.
Y avait-il moindrement une seule demande, une
seule demande en itinérance de ce côté-là?
La Présidente : La réponse du
ministre des Finances.
M. Eric Girard
M. Girard
(Groulx) : Oui. Bien, Mme la Présidente, dans les demandes en
infrastructures, il y avait, bien sûr, une composante logement, et puis ce qui a été annoncé hier, c'est un effort
de 25 milliards sur 10 ans. Est-ce que c'est suffisant? Non. Il
faudra continuer de mettre des investissements. Mais, soyons clairs, au niveau
du logement il se passe des choses intéressantes, au Québec, là. Les
mises en chantier étaient en hausse de 25 % en 2024, et puis cette année,
c'est 26 %. Vous voulez une comparaison
avec l'Ontario, peut-être, Mme la Présidente? L'an dernier, en Ontario, c'était
en baisse de 16 %, puis, cette année, en baisse de 17 %.
Alors, au
Québec, on est en marche. Il y a des investissements publics et privés en
logement, pour accroître l'offre de logement, puis ça va aider
l'itinérance.
La Présidente : En question
principale...
Des voix : ...
La Présidente : S'il vous
plaît! Le silence. Une seule personne a le droit de parole ici, c'est le chef
du troisième groupe d'opposition pour sa question principale.
Défense des intérêts du Québec
auprès du gouvernement fédéral
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Mme la
Présidente, il faut prendre la mesure de ce qui se passe au fédéral. On disait de Justin Trudeau qu'il était le premier
ministre du Canada le plus dépensier de toute l'histoire, il a réussi à doubler
la dette totale du fédéral durant son mandat à coups de déficits de
40 milliards par année. Hier, Mark Carney a réussi l'impensable, être plus dépensier que Justin Trudeau, en doublant le
déficit fédéral. En seulement six mois, on est rendus à
78 milliards.
Concrètement, ça veut dire que le Québec
s'endette à chaque année, en raison du fédéral, de 16 milliards. C'est l'équivalent d'un scandale SAAQclic
à tous les mois. Ça signifie également qu'on paie 11 milliards par année
ici, au Québec, juste sur les
intérêts de la dette. Et ça, c'est plus que ce qu'on reçoit au net en
péréquation. Tout ça par un gouvernement qui ne s'occupe ni de santé ni d'éducation, qui essentiellement dédouble ce
qu'on fait déjà, un gouvernement fédéral qui, le plus souvent, fait
quelque chose qu'on ferait mieux.
Le premier
ministre du Québec disait lui-même : C'est comme si on avait un ménage où
quelqu'un paie le loyer et la nourriture et l'autre paie juste
l'électricité, puis ils ont chacun la moitié des revenus. Dans ce cas-ci, celui
qui paie juste l'électricité endette plus le ménage que celui qui a les
responsabilités.
Pablo Rodriguez a refusé de dire, ce matin, que
c'était un mauvais budget pour le Québec, sans doute parce qu'il ne veut pas
mettre ses anciens collègues dans l'embarras.
Est-ce que le premier ministre du Québec, lui,
peut reconnaître que c'est un mauvais budget?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
c'est inquiétant, ce qu'on entend du chef du PQ, depuis un certain temps, sur
l'économie.
D'abord, il y a un principe de base, en économie.
Quand il y a un ralentissement économique, on demande aux gouvernements, au
pluriel, d'investir plus, d'aider à combler les impacts négatifs de
l'incertitude économique. Actuellement, à cause de Donald Trump,
pas seulement de ses tarifs, mais de ce qui risque de venir dans les prochains mois, il y a beaucoup d'incertitude
économique. Les entreprises privées sont sur pause, il n'y a pas
d'investissement des entreprises. Je ne parle pas seulement du Québec,
je parle du Canada.
Donc,
qu'est-ce qu'a fait le gouvernement fédéral, hier? Ils ont décidé d'investir
massivement en défense. La beauté, c'est qu'on a, au Québec, des
entreprises qui sont prêtes à investir en défense, des entreprises comme
Bombardier, des entreprises comme le chantier naval Davie.
Or, ce qu'on voit, c'est... le chef du PQ ne
veut tellement pas que ça marche, le Canada, qu'il dit : Le fédéral met
trop d'argent. Il va falloir d'abord qu'il se concerte avec sa cocheffe du Oui,
parce qu'elle vient de dire exactement le contraire.
Mme la
Présidente, pire, le chef du PQ dit : Il n'y a pas assez d'incertitude
économique, actuellement, je vais en ajouter. Je vais promettre, dans les
quatre prochaines années, un référendum sur la souveraineté. Mme la
Présidente...
La Présidente : Première
complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre Plamondon : Ce qui
est inquiétant, Mme la Présidente, c'est un premier ministre du Québec qui a
passé sa carrière à dénoncer les déficits hors de contrôle et à vendre aux
Québécois un gouvernement de comptables responsable sur le plan financier nous
dire essentiellement que le pire déficit de l'histoire du Québec que la CAQ
vient de faire, c'est bien beau, et le pire
déficit de l'histoire du Canada que Mark Carney est en train de faire, ça
aussi, c'est bien beau.
Qu'est-ce qui se passe avec le premier ministre
du Québec? Et peut-il reconnaître qu'on est dans un endettement toujours plus
grand et hors de contrôle?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Mme la Présidente,
d'abord, quand on parle des dépenses des gouvernements, il y a deux sortes de dépenses, les dépenses de fonctionnement — ce
que nous annonce le gouvernement fédéral, c'est qu'ils veulent réduire
les dépenses de fonctionnement — puis il y a les dépenses
d'infrastructures. Comme le disait le ministre des Finances, au Québec on a investi, cette année,
19 milliards, 19 milliards. Le fédéral a choisi d'investir en
défense. Il faut aller chercher notre part.
Mme la
Présidente, c'est inquiétant, je vais arrêter là, mais c'est inquiétant, ce que
le chef du Québec... le chef du PQ, qui veut devenir le chef du Québect...
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
M. Paul
St-Pierre Plamondon
M. St-Pierre
Plamondon : Mme la Présidente, le pire déficit de l'histoire
du Québec combiné à la part du Québec dans
le pire déficit de l'histoire du Canada, ça donne environ 30 milliards de
déficit par année, qui nous incombe. Le premier ministre a fait carrière sur la gestion responsable de la dette, au
point de s'en prendre à une mascotte qui s'appelait Joe Dette, en 2014, en lui
disant, à Joe Dette : Tu n'as pas le courage de réduire la dette. À ce
moment-là, les déficits étaient trois fois moindres que ceux qui sont
devant nous.
Est-ce que le premier ministre du Québec peut
reprendre ses esprits et s'en prendre au Joe Dette du Canada?
La Présidente : La réponse du
premier ministre.
M. François
Legault
M. Legault : Oui. Quand je
parlais à Joe Dette, je me souviens que le chef actuel du PQ, il était libéral,
il était fédéraliste, il n'avait pas encore vu la lumière sur la souveraineté
du Québec.
Mme la Présidente, il y a de l'incertitude
économique, actuellement. On demande aux deux gouvernements d'investir plus. Il faut aider les entreprises à
remplacer les emplois qu'on perd à cause de Donald Trump. Je n'ai sûrement pas
de leçons à recevoir, en économie, du chef, actuellement, du PQ.
La Présidente : En question
principale, je reconnais maintenant la députée de Rimouski.
Impact de la Loi visant
principalement à instaurer la responsabilité collective
quant à l'amélioration de l'accès aux services médicaux et à
assurer la continuité de la prestation de ces services
Mme Maïté
Blanchette Vézina
Mme Blanchette
Vézina : Mme la Présidente, le ministre de la Santé cite
souvent le Bas-Saint-Laurent comme un exemple d'innovation en santé, notamment
pour la prise en charge interdisciplinaire des patients, mais, sur le terrain, ces
médecins de famille qui sont si collaborateurs sont démobilisés,
dépassés, et le moral est au plus bas. C'est pire qu'à l'époque de la loi n° 20 du Dr Barrette, selon eux.
Cette
semaine, en tentant d'expliquer la loi, le ministre affirmait, à Radio-Canada,
qu'un projet de prise en charge collective est déjà en place à
Rivière-du-Loup et en Gaspésie, mais cette information est inexacte, les
médecins ont eux-mêmes dû le corriger publiquement. Pendant que le ministre
tente d'expliquer sa loi, concrètement, les médecins du Bas-Saint-Laurent,
bien, ils quittent vers le Nouveau-Brunswick, qui est plus proche de Québec,
d'ailleurs, que de Rimouski... plus proche de Rimouski que de Québec,
d'ailleurs.
Mme la Présidente, est-ce que le ministre peut
écouter les médecins de la région, qu'il cite régulièrement en exemple, et
mettre sur pause la loi pour tester le projet de prise en charge collective
dont il parlait, justement?
La Présidente : La réponse du
ministre de la Santé.
M. Christian
Dubé
M. Dubé : Bien
oui, Mme la Présidente, certainement. Puis c'est, en fait, un groupe de
médecins que je respecte beaucoup,
parce qu'il faut se rappeler que c'est les gens qui ont fait la suggestion, il
y a de ça quelques années, de mettre en place la première version du GAP, du
fameux guichet d'accès. Et je pense qu'on les a souvent félicités pour tout le travail
qu'ils ont fait. Et, encore une fois, on va
pouvoir utiliser leurs bons services quand on aura fini de régler toute la
question de cette nouvelle entente-cadre, là, qui est en discussion en
ce moment.
Alors, Mme la Présidente, je salue la...
j'apprécie la question de la députée, mais je voudrais rassurer, entre autres, les médecins qui avaient participé à la
première mouture du GAP que nous allons continuer de les écouter. Nous allons
publier une première politique de première ligne, dans les prochaines semaines,
ces gens-là ont été consultés, et cette politique-là va tenir compte de,
justement, plusieurs de leurs recommandations, Mme la Présidente. Merci
beaucoup.
• (11 heures) •
La Présidente : Première
complémentaire.
Mme Maïté
Blanchette Vézina
Mme Blanchette
Vézina : Mme la Présidente, je suis contente que le
ministre parle du Guichet d'accès à la première ligne, le GAP, qui est
effectivement né au Bas-Saint-Laurent par des gens mobilisés et qui le sont
malheureusement de moins en moins, mobilisés. La loi n° 2,
d'ailleurs, intègre un système d'affiliation qu'ils disent rigide, qui risque
de détruire la souplesse et l'efficacité du GAP. Et ça, ce n'est pas moi qui le
dis, c'est les médecins sur le terrain.
Le ministre peut-il garantir que le GAP va être
maintenu et adapté, plutôt qu'affaibli par sa réforme?
La Présidente : La réponse du
ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Bien,
Mme la Présidente, c'est exactement le genre de discussion qu'il va y avoir au
webinaire, ce soir, parce que, par exemple...
Des voix : ...
M.
Dubé : Non, mais, Mme la
Présidente, c'est exactement à ça que
ça sert, d'avoir ces périodes de consultation là sur... et de répondre aux
questions, parce qu'il y en a beaucoup, de questions, qui nous viennent des
médecins, et je donne l'exemple comment on va faire pour faire la
transition entre le GAP, qui était un début de prise en charge collective, parce que, dans les... dans les GMF, le GAP
servait justement à plusieurs médecins ou d'autres professionnels de la santé
de prendre en charge. Il va y avoir une
transition avec le GAP, et c'est exactement pour respecter tout le bon travail
qui a été fait par ces médecins-là. On fait la continuité. Ça pourra
être discuté et posé comme question ce soir.
La Présidente : Deuxième
complémentaire.
Mme Maïté Blanchette
Vézina
Mme Blanchette
Vézina : Mais, pendant que vous tentez... pardon, pendant
que le ministre tente d'expliquer sa loi, bien, il y a un sondage qui a
été mené, au Bas-Saint-Laurent, auprès des médecins, c'est 15 médecins qui
sont partis ou en processus de départ à la retraite, en
raison de la loi n° 2, c'est des retraites
anticipées, des gens qui prennent plus de 1 500 patients, pour une
région dont la population est vieillissante, Mme la Présidente.
Est-ce que le ministre entend... Qu'est-ce que
le ministre entend faire pour cesser cet exode mais aussi pour pallier à ces
départs et offrir les services à la population?
La Présidente : La réponse du ministre.
M. Christian Dubé
M. Dubé : Mme
la Présidente, je donne juste un exemple, là, de l'écoute qu'on a eue dans les dernières
semaines. Par exemple, par exemple, les médecins nous disaient : On
comprend le principe que vous voulez avoir, le principe de prise en charge collective, mais est-ce que vous
pourriez faire une exception pour les médecins qui sont plus âgés ou qui sont proches de la retraite? On avait... On
n'avait pas cette exception-là lorsqu'on a fait le projet de loi n° 106.
Durant l'été, on a écouté. On a parlé de 65 ans, ce qui semblait
faire un consensus. On a eu d'autres questions, on a baissé l'âge d'exemption à 63 ans. Mme la Présidente, c'est
pour ça qu'on va continuer d'écouter, c'est pour ça qu'on fait les webs, pour rencontrer
les gens, pour bien expliquer...
La Présidente : En terminant.
M. Dubé : ...les objectifs de
la loi, Mme la Présidente. Merci beaucoup.
La Présidente : Et, en question
principale, je reconnais la députée de La Pinière.
Accès aux soins à domicile
Mme Linda Caron
Mme Caron : Merci, Mme la
Présidente. Avec la CAQ, on attend encore une politique nationale de soutien à domicile. Avec la CAQ, les Québécois attendent
près de cinq mois avant de recevoir un premier service à domicile. Et, avec la CAQ, le nombre d'heures de soutien à
domicile a baissé de 14 % pour la dernière année. C'est plus de
400 000 heures qu'on a perdues. Sur le terrain, des Québécois
en perte d'autonomie pâtissent à la maison en attendant de l'aide pour des services, comme cuisiner ou faire leur ménage.
Ce sont aussi des aînés qui ne reçoivent pas d'aide pour enfiler leurs
bas de contention, prendre leurs médicaments, se lever le matin ou se coucher
le soir. Ça veut dire qu'après sept ans la CAQ a prouvé son incapacité à
répondre aux besoins de base des Québécois.
Comment la
ministre tolère-t-elle cette situation après avoir annoncé, en 2022, que le
soutien à domicile, ça allait être sa grande priorité?
La Présidente : La réponse de
la ministre responsable des Aînés et des Proches aidants.
Mme Sonia Bélanger
Mme Bélanger : Oui, Mme la
Présidente, très contente d'avoir cette question de ma collègue députée de La Pinière, ça faisait longtemps que je n'en avais pas eu. Alors, très heureuse
d'avoir une question qui porte sur le soutien à domicile, Mme la Présidente,
parce que le soutien à domicile, on le sait, c'est la base de notre système de
santé, autant que la première ligne.
Le soutien à
domicile, avec notre gouvernement, on a desservi, dans les dernières années,
plus de 400 000 personnes à
domicile par les équipes CLSC, Mme la Présidente. On a investi comme jamais
dans les entreprises d'économie sociale en soutien à domicile, et ces
entreprises, qui interviennent au quotidien dans la vie des personnes pour
faire de menus travaux domestiques, pour aider les personnes dans les activités
quotidiennes, ont desservi 100 000 personnes au cours de la dernière
année.
Mme la Présidente, ce sont des changements
majeurs en soutien à domicile. C'est un virage qu'on a à faire, bien sûr, parce que nous devons modifier les
pratiques professionnelles, puis on est en train de le faire, Mme la Présidente.
Et j'aurai l'occasion éventuellement...
La Présidente : En terminant.
Mme Bélanger : ...de revenir
avec des actions concrètes pour les prochains mois, Mme la Présidente.
La Présidente : ...de questions et
de réponses orales.
Motions sans préavis
Comme il n'y
a pas de votes reportés, nous allons passer à la motion... à la rubrique,
pardon, Motions sans préavis, et,
pour ce faire, je cède la place au troisième vice-président de l'Assemblée
nationale. Merci beaucoup pour votre attention.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Alors, bonjour, collègues. Nous
sommes à la rubrique des motions sans préavis.
En fonction de nos règles et de l'ordre de présentation des motions sans
préavis, je reconnais un membre du groupe formant le gouvernement. Mme
la députée de Bellechasse.
Mme Lachance : Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée afin de présenter la motion suivante
conjointement avec le député de Saint-Jérôme :
«Que
l'Assemblée nationale réaffirme que chaque dollar public doit être investi de
façon efficiente afin de mieux servir les citoyens;
«Qu'elle
reconnaisse que la lourdeur administrative peut freiner la mise en oeuvre de
projets et réduire la qualité des services offerts à la population;
«Qu'enfin, elle
appuie la volonté du gouvernement de simplifier les processus, d'alléger les
normes et de bâtir un État plus agile, performant et centré sur les résultats.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement.
La
prochaine motion revient au groupe formant l'opposition officielle. Je
reconnais M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin :
Merci, M. le Président. Je sollicite le consentement de cette Assemblée
afin de présenter la motion suivante conjointement avec le député
d'Abitibi-Est :
«Que
l'Assemblée nationale prenne acte des investissements additionnels de
30 milliards de dollars sur cinq ans prévus au budget fédéral 2025
en matière de défense;
«Qu'elle
rappelle que le Québec, grâce à sa base industrielle, notamment dans les
secteurs maritimes et aéronautiques, représente un partenaire de choix
pour la réalisation de ces investissements structurants;
«Qu'enfin,
elle demande au gouvernement fédéral de s'assurer que ces investissements
soutiennent la croissance de nos entreprises, au bénéfice de nos
travailleurs du Québec.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement.
Et la prochaine
motion revient au deuxième groupe d'opposition. Je reconnais M. le député de Laurier-Dorion.
Souligner
la Semaine de la prévention de la criminalité
M. Fontecilla : Merci, M. le Président.
Je sollicite le consentement de cette Assemblée pour présenter la motion
suivante conjointement avec le ministre de la Sécurité publique, la députée de Westmount—Saint-Louis,
le député des Îles-de-la-Madeleine, le député de Saint-Jérôme, la députée de
Rimouski et le député d'Abitibi-Est :
«Que
l'Assemblée nationale souligne la Semaine de la prévention de la criminalité,
qui se tient du 2 au 8 novembre 2025;
«Qu'elle
rende hommage au travail essentiel des organismes communautaires, des
intervenantes et intervenants de
première ligne, des partenaires institutionnels et des corps policiers qui
oeuvrent à renforcer le tissu social et à prévenir la violence;
«Qu'elle
rappelle que la prévention passe d'abord par l'écoute de la réalité des jeunes
vulnérables et l'accompagnement dans leurs parcours de vie;
«Qu'elle réaffirme
que la lutte contre la délinquance juvénile doit s'appuyer sur la lutte à
l'exclusion sociale et non sur les préjugés, les amalgames ou la stigmatisation
des jeunes de certaines communautés;
«Qu'enfin, elle
demande au gouvernement du Québec d'appuyer le travail des organismes
communautaires et de soutenir les initiatives de prévention afin de lutter
efficacement contre la délinquance juvénile.» Merci.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Il y a consentement, sans débat. M. le leader du
deuxième groupe d'opposition.
M. Cliche-Rivard :
On va vous demander un vote électronique, s'il vous plaît.
Mise
aux voix
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Un vote électronique a été demandé. La période de
vote est ouverte.
La période de vote est terminée. Mme la
secrétaire générale.
La Secrétaire : Pour : 98
Contre :
0
Abstentions :
0
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Cette
motion est donc adoptée. M. le leader du deuxième groupe d'opposition.
• (11 h 10) •
M. Cliche-Rivard : M. le Président, est-ce
qu'une copie de cette motion peut être envoyée aux groupes suivants :
l'Association des travailleuses et des
travailleurs de rue du Québec, Coalition interjeunes, Réseau Intersection,
Regroupement des organismes
communautaires autonomes jeunesse du Québec et l'Association des directeurs de
police du Québec, s'il vous plaît?
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Ce sera fait, M. le leader.
La prochaine motion
revient au troisième groupe d'opposition, et je reconnais M. le député
d'Arthabaska.
M. Boissonneault : Merci, M. le Président. Je sollicite le
consentement des membres de cette Assemblée afin de présenter,
conjointement avec le député de Saint-Jérôme, la motion suivante :
«Que l'Assemblée
nationale prenne acte que le récent budget du gouvernement du Canada prévoit un
déficit de 78 milliards de dollars, qui s'ajoute aux déficits cumulés de
650 milliards de dollars depuis 2015, sans plan de retour à l'équilibre
budgétaire dans un avenir rapproché;
«Qu'elle
souligne que la dette de l'État canadien a plus que doublé en 10 ans,
passant de 612 milliards de dollars en 2015 à près de
1 347 milliards de dollars en 2025;
«Qu'elle affirme que
cet endettement aura un impact négatif sur les finances des contribuables
québécois et met en péril notre santé financière collective.»
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Y a-t-il consentement pour débattre de cette
motion?
Une voix :
...
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Il n'y a pas de consentement.
Avis
touchant les travaux des commissions
Nous sommes
maintenant rendus à la rubrique des avis des travaux... touchant les travaux
des commissions. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président.
Donc, j'avise cette
Assemblée que la Commission des finances publiques va entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi n° 4, la Loi concernant la mise
en oeuvre de certaines dispositions du discours sur le budget du 25 mars
2025 et modifiant d'autres dispositions, aujourd'hui, après les affaires
courantes jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la
salle Louis-Hippolyte-La Fontaine;
La
Commission de la santé et des services sociaux va poursuivre l'étude détaillée
du projet de loi n° 103, la Loi
visant principalement à réglementer les
sites de consommation supervisée afin de favoriser une cohabitation harmonieuse
avec la communauté, aujourd'hui, après les affaires courantes
jusqu'à 13 heures et de 15 heures à 18 h 30, à la salle Pauline-Marois;
La
Commission des institutions va entendre les intéressés et procéder à l'étude
détaillée du projet de loi d'intérêt privé n° 220,
la Loi concernant Joseph Paul-Émile
Daniel Michel Marcil, le
mercredi 12 novembre 2025, après les avis touchant les travaux
des commissions jusqu'à 13 heures, à la salle
Louis-Hippolyte-La Fontaine.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Merci, M. le leader adjoint du gouvernement.
Affaires
du jour
La
période des affaires courantes étant terminée, nous allons maintenant passer
aux affaires du jour. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque (Chapleau) : Merci
beaucoup, M. le Président. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît.
Débats
sur les rapports de commissions
Prise en considération du
rapport de la commission qui a procédé à la consultation
générale sur le cahier de consultation intitulé La planification de
l'immigration au Québec pour la période 2026-2029
Le Vice-Président (M. Benjamin) : À
l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée prend en considération le rapport
de la Commission des relations avec les citoyens qui, les 1er, 2, 7, 8, 9, 21,
22, 23, 28, 29 et 30 octobre 2025, a procédé à des
auditions publiques dans le cadre de la consultation générale sur le cahier de
consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec pour la
période 2026-2029. Ce rapport, qui a été déposé le 4 novembre
2025, contient des observations et 15 recommandations.
Je vous rappelle que, conformément aux
dispositions de l'article 95 du règlement, la prise en considération du
rapport donne lieu à un débat restreint d'au plus deux heures et qu'aucun
amendement n'est recevable. Je vous rappelle également qu'en vertu du deuxième
alinéa de l'article 95 ce débat n'entraîne aucune décision de l'Assemblée.
Je vous informe que la répartition du temps de
parole pour ce débat restreint s'effectuera comme suit : 55 min 30 s allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 31 min 35 s allouées au
groupe parlementaire formant l'opposition officielle,
18 min 57 s allouées au deuxième groupe d'opposition,
9 min 28 s allouées au troisième groupe d'opposition, 1 min 30 s allouées aux députés
indépendants. Dans le cadre de ce débat, le temps non utilisé par les députés
indépendants ou par l'un des groupes
parlementaires sera redistribué entre les groupes parlementaires selon les
proportions établies précédemment.
Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite
de temps. Enfin, je rappelle aux députés indépendants que, s'ils
souhaitent intervenir au cours du débat, ils ont 10 minutes à partir de
maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à M. le ministre de
l'Immigration.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci bien, M. le
Président. Donc, on a tenu, il y a quelques semaines, et pendant quelques semaines, une importante consultation visant la
planification pluriannuelle. Je pense que c'est nécessaire, après des années,
je vous dirais, tumultueuses, la pandémie, les années qui ont succédé, où il y
avait un recadrage... c'est nécessaire de se
donner de la prévisibilité sur quatre ans. Pratiquement l'ensemble des groupes
qui sont venus nous voir nous ont réclamé de la stabilité, de la
prévisibilité.
Autre retour que je veux faire sur la
consultation, c'est un salut, tout simplement, aux collègues des oppositions et aux collègues qui ont participé avec nous, de
la banquette ministérielle, sur, je vous dirais, le ton et le caractère
constructif des interventions. Souvent, on reproche aux gens qui font de la
politique, qui représentent les citoyens, d'être acrimonieux, d'être
clivants. Moi, je veux souligner le climat de travail qui était constructif,
qu'on a eu, les collègues de toutes les formations
politiques qui étaient représentées
autour de la table de cette commission. Je suis certain que ça a été apprécié de la part
des intervenants qui sont venus ici, dans leur Assemblée nationale, pour faire
connaître leurs perspectives, leurs inquiétudes et leurs souhaits. C'est
important de le faire, je pense.
On est à un moment particulier où on vient de
vivre une augmentation des chiffres, une augmentation de la démographie, une
augmentation du nombre de personnes sur le territoire québécois, peu importe
leur statut. C'est une augmentation
fulgurante qui peut se comparer à ce qu'on a vécu à l'époque du baby-boom.
Mais, à l'époque du baby-boom, il y a eu plusieurs naissances très, très
rapidement, mais, avant que ces gens-là n'arrivent à l'école, il y avait un
délai, évidemment, entre la naissance et
l'arrivée à l'école, il y avait du temps pour voir venir, pour les écoles
primaires, au moins cinq ans, six ans. Avant qu'ils arrivent à
l'école secondaire, il y avait au moins 10 ans, 12 ans, donc le
réseau pouvait s'adapter en voyant arriver
cette cohorte de jeunes. Même chose pour l'arrivée sur le marché du travail,
même chose pour le besoin de loger
tout ce monde-là, la construction de maisons, la construction de logements. Le
baby-boom, c'est une arrivée massive de personnes, mais sur une période
de temps qui est assez longue.
Ce qu'on a
vécu dans les dernières années, c'est inédit. Quelques chiffres,
particulièrement concernant l'immigration temporaire, il faut dire que
plus des deux tiers de l'immigration temporaire, des RNP, des résidents non
permanents, relèvent d'Ottawa. En 2019, il y
avait environ 53 000 personnes qui relèvent du programme Mobilité
internationale, 100 % contrôlé par Ottawa,
53 000 personnes en 2019 sur le territoire québécois. En 2024,
186 000 personnes de ce même programme
fédéral sur lequel on n'a pas prise, plus de 150 000 personnes de
plus sur le territoire québécois entre 2019 et 2021.
Pour les
demandeurs d'asile, encore un programme qui relève d'Ottawa, 83 000 en
2019, 179 000 en 2023‑2024, une
augmentation immense. Ce qui veut dire que, pour les deux programmes qui
relèvent exclusivement d'Ottawa, en 2019, on est passés de
136 000 personnes sur le territoire québécois à
365 000 personnes en très, très peu de temps.
Évidemment, ça pose des enjeux très importants,
très importants. Ça crée une pression importante sur les services publics. Ça
cause des enjeux, je vous dirais, sur le marché de l'emploi. Ces personnes-là
veulent travailler, pour la plupart, et ça amène des enjeux où il y a des
secteurs en forte pénurie de main-d'oeuvre, il faut le reconnaître,
particulièrement des régions où il y a des pénuries de main-d'oeuvre pour des
emplois spécialisés. Mais ces 365 000 personnes
sur le territoire, sélectionnées ou même pas sélectionnées par Ottawa, qui
arrivent ici, ne sont pas en adéquation avec nos besoins de
main-d'oeuvre, avec les pénuries d'emploi, avec nos besoins régionaux
d'occupation du territoire. Parce que les gens du Programme mobilité
internationale, les gens qui sont demandeurs d'asile sont très, très souvent
concentrés dans la région de Montréal et Laval.
Voilà pourquoi dans notre planification pluriannuelle,
dans ce que nous contrôlons, bien, il faut être agiles, il faut être habiles,
il ne faut pas voir le Québec comme un tout. Bien sûr, on a des cibles
nationales, mais, dans la manière d'appliquer
les choses, M. le Président, nous sommes déterminés, au gouvernement, à tenir
compte des besoins spécifiques dans
les régions, à tenir compte des pénuries de main-d'oeuvre spécialisée, à tenir
compte des besoins des employeurs et des entreprises qui veulent conserver des travailleurs étrangers temporaires
qu'ils ont formés, qui sont productifs, qui ont appris la langue
française.
• (11 h 20) •
On veut tenir compte aussi des besoins, je vous
dirais, de nos établissements, particulièrement en enseignement supérieur, mais
pas seulement, je pense aussi à la formation professionnelle, des besoins de
garder des groupes ouverts avec des étudiants étrangers qui, bien souvent, permettent de garder des
groupes ouverts pour former des gens qui répondent à des besoins de
main-d'oeuvre, pour former des gens aussi qui, ensuite, vont s'établir dans nos
régions.
Je parlais avec les députés... les députés de la
Côte-Nord, entre autres, qui nous disaient : Écoutez, mon cégep à
Baie-Comeau, à Sept-Îles, attire des personnes qui, ensuite, une fois
diplômées, resteront chez nous, s'établiront, freineront
l'exode. Puis en plus ce n'est pas du monde pour du monde, ce sont des
personnes diplômées d'institutions du Québec,
pas d'enjeu de reconnaissance des diplômes, et qui viennent combler un besoin
ici, chez nous, dans nos régions.
Donc,
voyez-vous, M. le Président, la situation est nuancée. Il ne faut pas
simplement dire : Nous sommes ouverts, accueillons 50 000,
60 000, 100 000 personnes, on a des besoins de main-d'oeuvre,
plus il en rentre, mieux c'est. Il ne faut
pas dire non plus : On a des enjeux démographiques, il faut réduire, on
coupe, on ferme les robinets, tant pis pour nos écoles, tant pis pour
nos universités, tant pis pour nos régions. Les deux réponses sont mauvaises.
On a besoin de cibles nationales, mais on a
besoin d'agilité gouvernementale pour répondre aux besoins des entreprises
régionales, pour réussir à épauler, à
appuyer nos établissements, notamment nos centres de formation professionnelle,
mais nos cégeps, nos universités. On
a besoin de la capacité de recherche de ces étudiants étrangers qui viennent
faire une bonne partie de notre recherche de pointe, notamment en
maîtrise et en doctorat, mais pas seulement. Donc, nous souhaitons arriver avec
une planification pluriannuelle qui donnera
de la prévisibilité et qui couvrira pour la première fois les secteurs de
l'immigration permanente et de l'immigration temporaire.
Voyez-vous, depuis tout à l'heure, j'ai parlé de
ce qui relève d'Ottawa, j'ai parlé de ce qui relève du Québec. Je vous ai parlé
de nos travailleurs étrangers temporaires, qui sont beaucoup en région, je vous
ai parlé de nos étudiants étrangers, qui
relèvent du Québec. Puis je vais parler, évidemment, d'immigration
permanente, les nouveaux Québécois, les
nouvelles Québécoises, les gens qui arrivent ici pour de bon, mais on ne peut
pas faire comme si les 365 000 personnes dont j'ai parlé tout
à l'heure, résidents non permanents relevant d'Ottawa, n'étaient pas là. On
doit les considérer parce qu'on a des enjeux
de services publics et on a des enjeux de formation. On a des enjeux du nombre
de classes dans nos écoles, on construit des modulaires sur la cour
d'école, on diminue la taille de la cour d'école puis après on n'a même pas le prof pour enseigner dans cette classe-là.
On doit tenir compte de tout ça. On doit tenir compte de l'augmentation du
taux de chômage chez les jeunes. On doit tenir compte de la capacité des jeunes
à trouver un logement, à trouver un logement qui soit abordable et à s'acheter
ensuite cette première propriété. L'accès à la propriété, c'est important.
Ces
préoccupations-là que nous avons dans la planification pluriannuelle, avec
cette vision 360 qu'on a pour la première fois au gouvernement du Québec, ce n'est pas la perspective du
ministre de l'Immigration ou juste du gouvernement. Je vais vous donner des perspectives, des
affirmations, des citations de plusieurs personnes qui ont pris acte de ça et
qui reconnaissent cet état de fait, cette complexité de l'enjeu.
Je veux citer
M. Charles Milliard, qui, il n'y a pas si longtemps, était encore
président de la Fédération des
chambres de commerce du Québec et qui
aspirait à devenir chef du Parti libéral du Québec, M. Charles Milliard
qui disait : «Nous, on n'est pas
sortis sur les seuils d'immigration. Ce qui nous préoccupe, c'est la capacité
d'accueil. Toutes les entreprises aimeraient avoir accès à davantage de
monde, mais il n'y a pas de logements disponibles.» Ça, c'était la position de
la Fédération des chambres de commerce il y a quelques mois à peine.
Par rapport au logement, l'actuel chef du Parti
libéral du Québec, en août 2025, ça ne fait pas longtemps, là, en août 2025, disait au micro de Patrick
Lagacé : «À certains endroits, oui, l'immigration vient créer ce problème
en termes d'accès au logement.» Un éclair de lucidité. Je vais le citer,
il a aussi dit : «Il faut baisser le nombre d'immigrants», en novembre
2024, alors qu'il faisait la course à la chefferie. Donc, est-ce que...
Une voix : ...
M. Roberge : Excusez-moi, M. le
Président...
Le Vice-Président (M. Benjamin) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît!
Une voix : ...
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : S'il vous plaît! Merci, M. le député de Jacques-Cartier, merci. Merci.
Je vais... Merci, M. le député de Jacques-Cartier. Donc, il n'y a qu'une
seule personne qui prend la parole, et c'est M. le ministre. Vous aurez du
temps pour répliquer aux propos de M. le ministre, mais, pour l'instant, M. le
ministre, allez-y.
M. Roberge : Merci, M. le
Président. C'est parce que je n'ai fait que citer, je n'ai pas dit que
c'étaient des propos qui étaient inappropriés ou autrement, je n'ai fait que
citer quelqu'un qui dirige en ce moment une formation politique et qui aspire à
être premier ministre. Et essentiellement ce que je dis, c'est que je partage
les préoccupations de l'actuel chef du Parti
libéral du Québec. Enfin, celles qu'il a exprimées à ce moment-là. Que
dira-t-il aujourd'hui? Je ne sais pas.
Quand on parle du taux de chômage chez les jeunes,
qui est alarmant, et qu'on doit considérer en faisant attention de ne pas faire
une relation de cause à effet, en disant : C'est la faute des immigrants
si le taux de chômage monte... Ce n'est pas
ce que je dis. Il faut simplement penser que, lorsque le taux de chômage monte,
donc qu'il y a plus de gens qui
cherchent un emploi et moins d'emplois... il faut se demander : Est-ce que
la nécessité, c'est de faire venir beaucoup plus de travailleurs, et ainsi augmenter le taux de chômage,
particulièrement chez les jeunes? Je pense, la réponse, c'est non.
Rapport de la
CIBC, pas un groupe d'extrême droite, pas un groupe d'extrême gauche, c'est une
banque, la CIBC : «Le taux de
chômage chez les jeunes atteint des niveaux de récession.» Nous n'étions pas en
récession, et la CIBC disait : C'est comme si les
jeunes vivaient, eux, une récession. Je vous parlais tout à l'heure d'équité
entre les générations. Il faut l'avoir en tête, c'est notre
responsabilité.
Grand titre
de Radio-Canada Info, Québec en 2050 : sera-t-il encore possible
d'acheter une première maison?, on pense
à nos jeunes. Il faut que nos jeunes puissent accéder à un marché de l'emploi,
puissent accéder à un logement abordable, suffisamment abordable pour mettre de l'argent de côté pour ensuite s'acheter
quelque chose, mais est-ce que c'est juste une affaire de Montréal, Laval? Bien, M. Marc-Urbain Proulx,
professeur d'économie régionale à l'UQAC... qui signait une lettre ouverte qui disait : «La crise du
logement sévit aussi en région.» Il faut tenir ça en compte quand on définit ce
qu'on veut faire en matière de planification de l'immigration.
Donc, M. le
Président, je poursuis maintenant avec des citations des études de Desjardins,
donc, Desjardins, qui a écrit, le 4 septembre 2025 : «À mesure que la
pandémie s'est éloignée dans le rétroviseur et que l'activité économique
est revenue à la normale, ce déluge de
travailleurs disponibles a largement dépassé la demande, poussant ainsi à la
hausse le taux de chômage chez les jeunes.» C'est Desjardins qui le dit.
Donc, quand on planifie ensuite l'immigration,
comme parlementaires, peu importe notre formation politique, comme
gouvernement, on a la responsabilité de tenir compte de ça sans faire une
corrélation directe et en ayant toujours en
tête le fait que la situation n'est pas la même à Montréal, à Gatineau, en
Beauce, au Saguenay, à Sept-Îles et à Val-d'Or. Donc, il faut avoir des cibles qui sont
nationales, une planification qui est sur quatre ans, mais une agilité, ensuite,
pour tenir compte des réalités régionales.
Je pourrais continuer comme ça. La CIBC a parlé,
la banque... la Banque Scotia a parlé dans le même sens, l'Institut C.D. Howe a parlé dans le même sens, il
y a une réalité économique que des économistes d'institutions réputées ont
fait entendre aux parlementaires soit parce qu'ils sont venus en commission
soit parce qu'ils se sont exprimés. D'autres personnes qui ont des intérêts
sont venues nous dire autre chose, et on doit en tenir compte car c'est une
perspective régionale, et on va le faire, M. le Président.
Un autre interlocuteur important qui est venu
nous parler, c'est le Commissaire à la langue française, parce que, oui, on peut parler de logement, on peut
parler de services publics, on peut parler de capacité du Québec à répondre aux
besoins des élèves, on peut parler de
nos étudiants étrangers qui sont bien souvent nécessaires dans beaucoup
d'institutions, mais il faut penser
aussi à qui on est, et qui on est, bien, c'est notre culture, c'est notre
manière de vivre. Ça passe par la langue française, pas seulement, mais
ça passe par la langue française.
• (11 h 30) •
Le Commissaire à la langue française, qui nous a
dit, je le cite : «Trois milieux sont particulièrement favorables à
l'adoption du français, les régions en dehors de Montréal et Gatineau :
les établissements francophones — il parle ici de l'éducation, enseignement
supérieur — et
les secteurs économiques où le français domine. Seuls les résidents non
permanents qui ont vécu dans ces milieux devraient être sélectionnés par le
PSTQ, le Programme de sélection des travailleurs
qualifiés.» C'est l'avis du Commissaire à la langue française. Il a aussi
dit : «Une connaissance minimale de français devrait être exigée à l'embauche, par exemple, puis une
connaissance plus élevée au moment du renouvellement.» Il parlait ici
des travailleurs étrangers temporaires. Nous n'avons pas donné suite à cette recommandation-là
de manière très précise, à l'embauche, mais, par contre, nous sommes le
gouvernement qui exigeons, pour la première fois, une connaissance du français pour renouveler ce permis après trois ans, parce
que, quand on veut rester une quatrième année, une cinquième année, une sixième année, évidemment... On vit en français
sur le territoire québécois, on peut avoir un statut temporaire, mais
reste que c'est la moindre des choses, c'est une question de respect, aussi,
pour la société d'accueil. Et on doit aussi s'engager à ne pas angliciser le
milieu de travail. Dans ce sens-là, on va dans le sens de ce que dit le Commissaire
à la langue française.
Une autre citation du Commissaire à la langue
française : «La situation du français au sein du Programme de mobilité
internationale — ça,
c'est le programme fédéral — est
très préoccupante, principalement en raison de la part importante des
titulaires de permis de travail postdiplôme ayant étudié en anglais, ou de
conjoints d'étudiants, ou de conjoints de travailleurs.» Donc, encore une fois,
il nous dit, essentiellement : Tenez compte des régions où les gens
s'établissent, exigez du français pour les travailleurs qui restent ici de
manière durable et faites attention au Programme de mobilité internationale du gouvernement fédéral parce qu'il n'y a pas
d'exigence de français dans ce programme. Ce sont les trois points
soulevés par notre Commissaire à la langue française, et je pense qu'il est
sage de l'écouter et d'en tenir compte.
Pierre
Fortin, qui est venu nous voir, je vais le citer, Pierre, qui...
M. Fortin, qui dit qu'il faut déconstruire l'idée reçue selon
laquelle l'immigration réduit la rareté de travailleurs. Je le cite :
«L'expansion migratoire a, au contraire, simplement
redistribué la pénurie de main-d'oeuvre — redistribué
la pénurie de main-d'oeuvre — entre
les secteurs de l'économie ou l'a même aggravée plutôt qu'atténuée.» Pierre
Fortin qui nous a dit : Attention. Et il faut... et il qualifie la promesse
de contrer le vieillissement de la population par ce qu'il appelle un Ponzi
démographique, Pierre Fortin qui nous
dit : «L'effet de rajeunissement de la population lié à l'immigration est,
en réalité, tout petit à court terme et pratiquement nul à long terme.
Afin de contrer cet effet boomerang, il faudrait accélérer à nouveau
l'admission d'immigrants de 15 à 64 ans par-dessus les vagues antérieures.
Le pays serait plongé dans un système de Ponzi démographique», nous dit Pierre Fortin. «Le "gros bon sens" — écrit-il entre guillemets — est
donc encore ici dans l'erreur. L'immigration croissante n'est pas une
solution au problème du vieillissement de la population.»
Donc, en réalité, continuons d'accueillir des
gens dans le secteur économique, continuons de faire la réunification
familiale, continuons d'accueillir des réfugiés parce que c'est notre part,
mais ne partons pas dans ce que lui appelle
une boursouflure, contrôlons notre immigration, sélectionnons les talents,
surtout parmi les diplômés de nos institutions,
les étudiants étrangers, et sélectionnons les talents en permettant à des
travailleurs étrangers temporaires, surtout en région, de devenir maintenant nos nouveaux immigrants permanents. On
réussira, à ce moment-là, de préserver notre économie régionale, on réussira l'intégration à la
langue française, on réussira l'intégration à la culture québécoise et on réussira,
comme jamais, la régionalisation.
Le Pr
Jean-François Daoust est venu nous parler de ce concept d'acceptabilité
sociale. Il dit : Il y a la capacité d'accueil, mais, quand vous
comptez la capacité d'accueil, tenez compte aussi de l'acceptabilité sociale,
c'est-à-dire le désir des Québécois de voir réduire le nombre général
d'immigrants parce qu'ils voient que cette hausse soudaine et démesurée des
dernières années a des enjeux, notamment sur les services publics.
Donc, M. le Président, je réitère que nous
allons porter une attention spéciale, bien sûr, à nos étudiants étrangers
diplômés de nos institutions, on va porter une attention spéciale à nos
établissements d'enseignement, particulièrement en région mais pas seulement,
on va porter une attention spéciale aux travailleurs étrangers temporaires en
région, parce qu'Ottawa, malheureusement, en
ce moment, tire dans la chaloupe en retirant des travailleurs étrangers
temporaires que nous souhaitons garder à l'extérieur de Montréal et à
Laval. Et je pense qu'avec l'ensemble des interventions et l'ensemble des experts que j'ai cités on va être
capables d'arriver avec quelque chose d'équilibré pour continuer d'accueillir
des immigrants dans le respect de notre capacité d'accueil. Merci.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) : Merci, M. le ministre. Nous poursuivons le débat sur le rapport. Je
reconnais M. le député de l'Acadie.
M. André Albert Morin
M. Morin : Bonjour. Merci, M. le
Président. Heureux de prendre la parole ce matin, dans cette Assemblée, en lien
avec le rapport de la Commission des relations avec les citoyens, qui a tenu plusieurs,
plusieurs journées, soirées d'audition en
lien, bien sûr, avec la consultation
générale et les auditions publiques
sur le cahier de consultation La planification de
l'immigration au Québec 2026-2029. En fait, il était grand temps que
l'on s'arrête, que l'on s'assoie et que l'on écoute
ce que les gens avaient à nous dire en immigration parce que, et je l'ai
dénoncé à plusieurs reprises, M. le Président, il est grand temps que le gouvernement de la CAQ cesse d'improviser en
immigration. Et je vais vous donner des exemples concrets.
S'il y a deux
mots, M. le Président, à retenir de l'exercice qui a été fait par l'ensemble
des parlementaires dans le cadre des
travaux de la commission, c'est la prévisibilité et la stabilité. Et ça, c'est
fondamental. Donc, tout sauf l'improvisation en matière d'immigration.
Et, quand je
vous disais que la commission s'est réunie pendant de nombreuses journées, en
fait, nous avons entendu 88 groupes,
il y en a plus qui ont déposé des rapports, mais 88 groupes sont venus
nous parler, et la commission a siégé pendant tout le mois d'octobre.
Je tiens à souligner, M. le Président, il y
avait une innovation cette année : on a tenu compte des travailleurs temporaires. C'était nouveau, le gouvernement de
la CAQ ne l'avait pas fait. Et, si on l'a fait, c'est grâce à une
recommandation, une suggestion de
l'aile libérale, de l'opposition officielle. Parce que, lors de la dernière...
le dernier exercice de consultation, mon
collègue le député de Nelligan avait demandé à ce que le gouvernement puisse
tenir compte, évidemment, des temporaires, et c'était essentiel parce
que, quand on regarde l'ensemble de l'immigration au Québec, il y a, bien sûr,
des gens qui vont devenir des résidents permanents, des citoyens canadiens,
mais il y a aussi un très grand nombre de temporaires, et ça, il faut
absolument en tenir compte. Alors, merci au collègue de Nelligan, merci au
gouvernement d'avoir retenu cette recommandation qui a été faite lors de la
dernière... du dernier exercice de consultation.
Eh oui, eh oui, il faut arrêter d'improviser, il
faut de la prévisibilité, il faut de la stabilité. Le gouvernement de la CAQ
parle souvent du gouvernement fédéral, et c'est vrai qu'en immigration le
gouvernement fédéral a un rôle important à
jouer, on ne le minimise pas. Sauf qu'il faut être capable aussi de regarder le
rôle que doit jouer le gouvernement du Québec dans ce secteur important
de la société québécoise. Et je vous en donne quelques exemples.
• (11 h 40) •
Le Québec est dans une situation unique puisque
nous avons une entente en matière d'immigration avec le gouvernement fédéral, et donc il y a un partage des responsabilités dans
ce domaine important. Le gouvernement du Québec émet ce qu'on appelle des CAQ, c'est-à-dire un certificat d'acceptation
du Québec. Ça, c'est émis par le gouvernement du Québec pour que des gens viennent éventuellement sur le territoire. Le
certificat d'acceptation du Québec vise l'immigration des temporaires. Donc,
quelqu'un qui voudrait venir étudier, quelqu'un qui voudrait venir travailler
d'une façon temporaire va donc obtenir... va devoir obtenir un certificat
d'acceptation du Québec. Est-ce que le fédéral a aussi un rôle à jouer avec le plan de mobilité internationale, le PMI?
Oui, effectivement. Est-ce que le fédéral émet des permis? Oui. Mais ce qu'il
faut rappeler à cette Assemblée, c'est que le gouvernement du Québec a un rôle
important à jouer, et donc, pour les temporaires, effectivement, la personne
devra obtenir un CAQ.
Mais ce n'est pas tout. La responsabilité, la
compétence du gouvernement du Québec ne se limite pas au CAQ. Il y a aussi le CSQ, c'est-à-dire le certificat de
sélection du Québec, pour tous ceux qui veulent immigrer au Québec
et qui, éventuellement, prendront la voie vers la résidence permanente
ou vers la citoyenneté.
Alors là, c'est la responsabilité du
gouvernement du Québec de décerner un tel permis, mais, à un moment donné dans l'équation, et je vous en reparlerai
dans quelques minutes, M. le Président, l'exercice devient faussé parce que le
gouvernement de la CAQ a émis des milliers et des milliers de certificats. Et,
quand on regarde les tableaux statistiques qui sont soumis dans le cahier de consultation, on voit, entre autres,
qu'au niveau de l'émission des permis fédéraux dans le PMI, il y a eu une
augmentation. Ça s'explique en partie parce que... compte tenu du nombre de CSQ
qui sont émis, mais du délai pour que
ces gens-là deviennent éventuellement des citoyens canadiens, bien,
entre-temps, s'ils ont besoin d'un
permis de travail, ils vont devoir demander un permis de travail selon le PMI.
Donc, évidemment, plus vous attendez, plus vous
demandez de permis de travail, plus c'est long, plus ça augmente le nombre.
Donc, ce n'est pas uniquement cet élément-là
qui fait augmenter le nombre de PMI, mais il y a quand même une certaine
corrélation à faire, et c'est important de le dire, c'est important de
le souligner.
Donc, beaucoup de certificats émis par le
gouvernement du Québec, CAQ et CSQ, et c'est pour ça qu'il faut revenir aux
deux mots-clés que je soulignais au départ, c'est-à-dire la «prévisibilité» et
la «stabilité». On ne peut pas continuellement changer les règles du jeu en
immigration. Et je vais vous donner des exemples concrets. Pendant toutes les heures où on a siégé, il y a un très
grand nombre d'organismes, de gens qui sont venus nous parler d'immigration.
Et je vous dirais que c'était très
important, ce qu'ils avaient à nous dire, parce que c'était excessivement
varié, et ça a donc permis aux
membres de la commission de vraiment prendre toute la mesure de l'importance de
l'immigration, mais aussi de sa complexité. Et évidemment il y a plein
de groupes, de personnes, d'associations qui ont déposé des mémoires, mais qui ne sont pas nécessairement venus les
expliquer. Mais c'était important parce que, vous l'aurez noté, M. le
Président, et ça, il y a eu différents articles dans différents journaux
dans les derniers mois, l'immigration, dans la sphère publique, est souvent un
sujet de polémique, et c'est très malheureux. Les immigrants ne sont pas
responsables de tous les enjeux que nous
avons au Québec, et ça, on a entendu des politiciens le dire, mais ce n'est pas
exact, il faut le rappeler. Est-ce que
ça veut dire, par ailleurs, qu'on ne doit pas planifier l'immigration?
Évidemment pas. C'est sûr qu'il faut la planifier, ce n'est pas ce que
je dis, mais les immigrants qui sont ici ne sont pas responsables de tous les
problèmes sociaux qu'on a. Il faut faire très attention aux amalgames parfois
rapides que certains peuvent faire, parce que ça a un impact et ça a un impact
sur des gens, sur du vrai monde. Et ça aussi, on nous l'a rappelé.
Alors, moi, ce que je souligne, c'est que, quand
on parle d'immigration, il ne faut jamais oublier que, derrière les chiffres,
il y a des personnes, il y a des personnes qui aspirent à un monde meilleur, il
y a des personnes qui sont arrivées ici, au Québec, parce que, oui, le Québec
est une terre d'accueil. Et ils sont arrivés dans différentes catégories. Il y en a qui ont voulu venir étudier. Il y en a
qui sont des travailleurs temporaires. Il y en a qui ont tout quitté dans leurs
pays parce qu'ils voulaient vivre une vie nouvelle ici. Il y a toute la
question du regroupement familial, je vais vous en reparler, également. Et il y a, évidemment, les demandeurs d'asile,
qui, eux, sont partis, et ils ont quitté un pays, une région du monde à cause de conflits, à cause de
guerres, à cause de famines, à cause de tortures. Or, quand on les accueille
ici, parce que le Canada a signé des ententes internationales, le Québec adhère
à ça, bien, il faut aussi se rappeler que ces gens-là ont vécu, dans
leurs pays, des situations très dramatiques. Et ça, il ne faut pas l'oublier.
Il faut, bien sûr, que les mécanismes
judiciaires qui sont là pour évaluer leurs demandes le fassent avec célérité, parce qu'évidemment on ne peut pas attendre des
années et des années. Et ça, je dois dire que, de ce côté-là, le gouvernement
fédéral pourrait améliorer l'efficacité et
la cadence, clairement. Mais, en attendant, il faut être capables de s'occuper
de ces gens-là, et je tenais à le souligner.
Les
travailleurs étrangers qui sont ici contribuent à l'essor économique du Québec,
à nos entreprises, et ça, l'ensemble du secteur manufacturier, des
entreprises sont venues nous le rappeler. C'est la même chose pour les
étudiants étrangers qui viennent ici.
Moi, j'ai siégé avec ma collègue la députée de Mont-Royal—Outremont dans le projet
de loi n° 74, où le gouvernement de la
CAQ voulait accroître sa capacité de mieux contrôler l'apport d'étudiants
étrangers, et l'ensemble des universités
et des cégeps nous ont dit : S'il vous plaît, s'il vous plaît... cégeps
publics, universités, des maisons d'enseignement qui sont
subventionnées, qui nous ont dit : Ne touchez pas à ça, s'il vous plaît,
ça va avoir un impact sur nos maisons d'enseignement et ça va avoir un impact
particulièrement sur l'enseignement supérieur.
Or, pendant
la période de consultation, on a eu le privilège d'entendre la Fédération des
cégeps, le Regroupement des cégeps en
région, des universités, Laval, Montréal, McGill, Bishop's, Concordia,
et le réseau de l'Université du
Québec, dont le recteur du réseau,
mais en plus l'UQAR, l'UQO, l'UQTR, l'UQAM et l'ETS, ETS qui est un
établissement excessivement connu, notamment en génie, même chose avec
la Polytechnique, et ils nous ont dit unanimement, tous, la même chose :
Avec les décrets que le gouvernement de la CAQ a pris, on n'a plus de stabilité
ni de prévisibilité dans le réseau, et il y a eu une baisse de la clientèle
internationale, et ça, je l'ai fait remarquer en posant des questions aux
différents groupes, en contradiction avec les politiques gouvernementales
actuelles de ce gouvernement. Pendant les audiences, on est allés vérifier sur
les sites MIFI, ministère des Relations extérieures du Québec... le MRI,
Relations internationales, et ils ont encore
des plans, des stratégies d'aller recruter à l'étranger. Alors, il faut une
certaine cohérence, M. le Président.
• (11 h 50) •
Et donc ce que ça fait, c'est qu'il y a un
risque pour la capacité de la recherche, on a eu un impact sur la réputation du
Québec à l'étranger. Et ce que plusieurs dirigeants d'université nous ont dit,
quand ils rencontrent leurs homologues d'autres pays : Mais qu'est-ce qui
se passe au Québec? Qu'est-ce que vous faites? Qu'est-ce qui arrive? Et il y a plusieurs universités qui nous ont dit
qu'ils veulent attirer, surtout pour les études de deuxième et troisième cycle,
des doctorants, avec des professeurs de haut niveau, pour faire avancer la
recherche, et c'est de plus en plus difficile. Ce n'est pas rien. On a besoin
de la science, on a besoin de l'innovation. Ça, c'est fondamental.
Donc, quand on parle de planification, moi, je
veux bien, et j'espère que le gouvernement est à l'écoute, parce qu'entre autres ce qu'on nous a dit, tous ces
dirigeants d'université, de cégep : S'il vous plaît, s'il vous plaît, pour
les études ou les étudiants de
deuxième et de troisième cycle, sortez-les des seuils, on en a de besoin. Et
ça, c'était unanime, il y a un consensus. Donc, excessivement important
de bien planifier, c'est fondamental.
Mais il y a pire que ça. Quand je vous parlais
de l'improvisation du gouvernement de la CAQ en immigration, et là on espère
que le gouvernement a entendu les groupes qui sont venus, parce que, là, éventuellement,
ils vont devoir prendre position, ils vont
déposer ce qu'ils vont faire avec la gestion de l'immigration suite au rapport,
mais je vous donne un exemple de l'improvisation, la suspension du PEQ,
le Programme de l'expérience québécoise, suspendu par décret du jour au lendemain. Et là on a posé des
questions à plusieurs groupes et on leur demandait : Mais qu'est-ce que ça
a fait? Eh bien, ce sont des vies, ce sont des projets qui ont été
détruits en l'espace d'une journée.
Et là-dessus je peux vous parler, M. le
Président, pas uniquement des groupes qu'on a eus en consultations, mais de courriels, de nombreux courriels que j'ai
reçus à mon bureau de circonscription, où des gens m'ont dit : Écoutez,
on est découragés, on ne sait plus quoi
faire. Combien de couples français, tunisiens, marocains, qui parlent tous très
bien français, m'ont écrit en me disant : Nous, là, dans notre pays...
prenons les Français : on a tout vendu en France, on est arrivés ici, il y
avait des règles, les règles, c'était clair, on est ici depuis plus d'un an, on
travaille, on contribue, on paie des impôts.
Là, le gouvernement change les règles dans le milieu de la partie, et on ne
sait plus quoi faire, mais il y a une chose
qui est sûre, c'est qu'on ne peut pas retourner, on n'a plus rien dans notre
pays. Nous, on espérait devenir Canadiens,
vivre ici, au Québec, vivre dans cette terre d'accueil. Il y en a qui
travaillaient dans le domaine juridique. Il
y a des soudeurs aussi qui m'ont écrit, puis les entreprises nous disaient
qu'au Québec on en manque, des soudeurs, pour fabriquer différents
objets. Alors, ces gens-là ne savent plus quoi faire.
Donc, quand on dit qu'il faut planifier mais
qu'il faut tenir compte de ces gens-là... Et la majorité, grande majorité des
groupes nous ont dit : Ne changez pas les règles comme ça, mais, au moins,
continuez et assurez-vous de continuer à traiter les dossiers qui sont dans le
programme. Sauf qu'imaginez-vous... parce que, ça aussi, j'ai eu des témoignages à cet effet-là, imaginez-vous les gens
qui, la veille, avaient terminé leur dossier, qui étaient prêts à le déposer
et que, par décret, le gouvernement a tout
arrêté, bien, pour eux autres, c'est fini. Plusieurs ont demandé que le PEQ ne
soit plus suspendu. On va voir ce que ça va donner. Le gouvernement a un autre
programme, dont je vous parlerai, qui s'appelle le PSTQ, mais c'est
autre chose, et il y a effectivement des enjeux avec ce programme-là.
Tout ça pour vous dire que, quand on parle de la
réputation du Québec à l'étranger, qui est entachée, bien, ces décisions font
en sorte qu'à mon avis le contrat moral qu'on avait avec ces gens-là est
maintenant brisé, et ce qui est important, c'est qu'il faut être capables de donner
l'heure juste quand on veut recruter des gens, pour qu'ils sachent exactement ce à quoi ils peuvent s'attendre quand
ils vont arriver ici. Imaginez, à l'inverse, vous, vous partez pour vous
établir dans un pays étranger, le
gouvernement n'arrête pas de changer les règles, vous allez dire :
Écoutez, ce n'est pas sérieux, qu'est-ce qui arrive? Alors, on n'ira
plus.
Et je vous
dirai qu'on a eu un intervenant, le Pr Rousseau, de l'Université de Sherbrooke, qui est venu nous parler et qui nous disait, entre autres : On devrait
privilégier ceux qui parlent français, on a des liens privilégiés avec la
France, on devrait s'assurer au moins
de ne pas toucher à ces relations privilégiées. Et moi de lui répondre :
Bien, malheureusement, M. le
Président, avec les témoignages que j'ai eus à mon bureau, bien non, la France
n'est pas plus privilégiée que n'importe quel autre pays même s'ils
parlent français. Puis, oui, la réputation du Québec en France est entachée à
cause de l'improvisation du gouvernement, c'est une réalité, triste réalité.
Le Québec a
dit à plusieurs reprises : On en a trop, d'immigrants, Ottawa, baissez les
seuils, faites quelque chose, aidez-nous.
À un moment donné, pour les travailleurs étrangers temporaires, bien, Ottawa a
agi, ils ont baissé, puis, après ça, bien, le gouvernement du Québec a
dit : Oui, mais là vous n'avez pas coupé aux bonnes places. Oui, mais là
ça devient compliqué à suivre, d'où
l'importance de se parler entre Québec et Ottawa, parce que, quand on ne se
parle pas, bien, à un moment donné, c'est du vrai monde qui en subissent
l'impact, M. le Président.
Dans le domaine économique, on a eu
l'association de restauration du Québec, l'association de l'hôtellerie du Québec, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, le Conseil
du patronat du Québec, Drummond
économique, Manufacturiers et
Exportateurs du Québec, Chambre de
commerce du Montréal métropolitain,
chambre de commerce du Grand Lévis. Et ils nous ont tous dit la même
chose, je reviens à mes fameux mots-clés, là, «prévisibilité» et «stabilité». Il y a un manque de prévisibilité, et ça nuit à
nos entreprises, ça nuit à l'économie du Québec. On a des employeurs qui
sont venus nous dire : Nous, là, on
aurait des projets d'investissement, on ne les fera pas parce qu'on ne sait pas
si on va perdre nos travailleurs.
Il y a un risque pour les services de proximité
en région. Concessionnaires automobiles du Québec qui sont venus nous dire : C'est parce que... dans nos
garages dans le Nord-du-Québec, en Abitibi, à la Baie-James, ailleurs, bien, c'est parce
qu'on répare les camions de pompiers,
on répare les ambulances, on répare les autos de police. Si on n'a plus de travailleurs étrangers puis qu'on n'est plus
capables de suffire à la demande, il va y avoir un impact pour la population.
Risque de délocalisation de la production, il y
a des entreprises qui nous l'ont dit, chaînes d'approvisionnement perturbées.
Et pourtant ces entreprises-là nous ont dit qu'ils participaient activement à
la francisation des travailleurs, ce qui est
fondamental, le français, c'est notre langue commune au Québec, et qu'ils
contribuent à l'intégration des travailleurs temporaires étrangers, mais
encore là il faut arrêter de changer les règles à tout bout de champ pour
minimiser l'impact sur les travailleurs.
Et pourtant,
et pourtant, quand on parle de travailleurs temporaires étrangers, on en a dans
les quatre coins du Québec. Et on a
écouté des entreprises de plusieurs régions, Abitibi, Côte-Nord,
Bas-Saint-Laurent, Saguenay—Lac-Saint-Jean, Chaudière-Appalaches, Baie-James, Québec, Montérégie, Îles-de-la-Madeleine
et évidemment Montréal et Québec. Ces entreprises-là, M. le Président, veulent
garder leurs travailleurs.
Ces
travailleurs-là temporaires, M. le Président, ils sont sur le territoire, là.
J'écoutais avec attention M. le ministre nous parler de la crise du
logement. Effectivement, il y a une pénurie de logements au Québec, on le
reconnaît, mais tout le monde est venu nous dire : Oui, mais faites
attention, là, n'allez pas mettre ça uniquement sur les épaules des travailleurs
étrangers temporaires, là, un instant, là, un instant. Et d'ailleurs plusieurs,
plusieurs experts nous l'ont dit, est-ce que
ça... est-ce que le nombre fait... a une pression sur nos services publics?
Oui, on le reconnaît. Et on n'a jamais dit :
Écoutez, ouvrez toutes les vannes, tout le monde peut venir ici. Ce n'est pas
ça qu'on dit, mais ce qu'on dit, c'est qu'il faut planifier, puis il
faut planifier en ayant des règles qui ne changent pas continuellement.
• (12 heures) •
Quand je vous parlais des
certificats de sélection Québec, M. le Président, présentement, là, il y a
142 000 personnes en attente de leur résidence permanente au Québec,
142 000. Ils ont eu leur CSQ. Alors, s'il y a des travailleurs temporaires
là-dedans, bien, écoutez, le gouvernement du Québec a les moyens pour,
effectivement, les amener sur la voie de la
permanence. Et, après ça, c'est à la personne, bien sûr, de faire une demande
au fédéral, mais ils ont quand même eu un document du Québec qui leur
dit : Vous pouvez rester ici, là. Ce n'est pas un CAQ, là, c'est un
CSQ. Donc, oui, le Québec en a, des leviers pour régler le sort des
temporaires, ce n'est pas uniquement Ottawa.
Évidemment, ça ne peut pas se faire d'un coup,
on parle de 142 000 personnes. Et évidemment il va falloir travailler avec les régions. Et ça, toutes les
régions nous l'ont dit, les villes veulent contribuer, les régions veulent
contribuer. Et c'est fondamental, et nous, au Parti libéral du Québec,
on croit fermement que, si on veut planifier efficacement l'immigration, il va
falloir le faire avec les régions. Il va falloir faire avec des sommets
régionaux, il va falloir écouter nos régions, il va falloir décentraliser puis,
après ça, arriver avec des chiffres, mais qui vont reposer sur quelque chose. Et ça, c'est fondamental. On n'a pas besoin de
mur-à-mur, ce qu'il nous faut, c'est du sur-mesure. Et après ça on pourra
arriver avec des chiffres qu'on va être capables d'expliquer. Parce
qu'évidemment on parle beaucoup de capacité d'accueil.
La capacité d'accueil... Dans le cahier de
consultations du gouvernement, à la page 41, on dit, pour la capacité
d'accueil, que ça doit être interprété avec prudence. Il n'existe pas de
méthode scientifique pour la déterminer. Alors, attention, quand on parle de capacité d'accueil, attention. D'ailleurs,
plusieurs articles disaient que le Québec ignore sa capacité d'accueil, et on disait également que le
ministre a voulu embaucher des experts pour l'aider, et il n'y a personne
qui s'est pointé. Un appel à projets lancé en 2023 n'a intéressé aucun
chercheur. Donc, quand les gens parlent : Ah! la capacité d'accueil, la
capacité d'accueil, bien, faisons attention et essayons de trouver au moins des
moyens pour être capables de bien déterminer
les gens qui peuvent arriver ici pour que ce soit utile pour notre économie,
pour nos universités. Et ça, il faut le faire avec les régions. C'est
essentiel, essentiel.
Tout le monde a loué le PEQ, j'en ai parlé. Le
gouvernement, présentement, a un programme qui s'appelle le PSTQ, le Programme de sélection des travailleurs
qualifiés. Ce que je demande au gouvernement, si jamais le PEQ n'est pas
réouvert, c'est qu'au moins ce programme-là soit adapté pour répondre aux
besoins des entreprises et des régions. Parce
que, présentement, ce qu'on nous a dit, c'était sur invitation, il y a des
catégories précises, et c'est un mécanisme qui est lourd, beaucoup plus
lourd que ce qu'on avait avec le PEQ, et ça n'aide pas. Mais là il y a une
façon de régler le sort des temporaires. Il y a une façon, concrètement,
d'aider nos entreprises. Encore faut-il que le gouvernement, évidemment,
veuille le faire, et, pour ça, il faut planifier.
On a parlé aussi beaucoup du regroupement
familial. D'ailleurs, il y a eu une pétition aujourd'hui déposée sur le sujet. C'est un dossier que je porte depuis
plus d'un an. Ce n'est pas normal, M. le Président, que, pour le regroupement
familial, là, les délais au Québec soient excessivement plus longs qu'ailleurs
au Canada, 39 mois, 13 dans le reste du Canada.
Il n'y a pas de raison... il n'y a pas de raison que ce soit aussi long, mais
le gouvernement du Québec s'entête à fixer des seuils. Pire que ça, M. le Président, dans le cahier de
consultations, il y a trois scénarios, A, B ou C. Évidemment, on ne sait pas lequel le ministre va retenir, mais il
y a une chose qui est sûre : si c'est le A, on va couper le nombre de
dossiers à être admis de moitié. Donc là, les délais, ce ne sera plus
39 mois, ça va passer à 78 mois.
Est-ce que c'est normal qu'on attende tout ce
temps-là pour réunir une famille? Les gens, là, sont... Il y a un conjoint qui
est ici, là, il a un logement, il a un travail. C'est de ça dont on parle, et
c'est incompréhensible, à moins d'avoir un
entêtement idéologique ou dogmatique, mais il n'y a pas d'autres raisons. Ça ne
s'explique pas. Alors, ça devrait être sorti des seuils, et vite, parce qu'on
ne parle pas de centaines de milliers de personnes, M. le Président. C'est
inhumain de laisser ces gens-là comme ça.
On a trois scénarios proposés par le
gouvernement dans son cahier. Le premier, A, 25 000 permanents qui
pourraient être accueillis. Rappelez-vous, hein, 142 000 personnes
qui ont un CSQ, donc qui sont en voie de devenir permanents. Tout le monde nous a dit que ce serait un désastre, si le
gouvernement allait dans cette voie-là pour l'économie du Québec, idem
pour le regroupement familial.
Le scénario B, c'est
35 000 permanents. C'est aussi le chiffre du Parti québécois. Les
gens nous ont dit que ce serait désastreux pour notre économie. Il faut le
dire, nous, au Parti libéral, on croit à l'économie.
Finalement, le dernier scénario, c'est
45 000. Évidemment, c'est un peu moins pire, mais c'est loin d'être idéal.
Alors, c'est pour ça qu'on vous dit... et
j'écoutais le ministre, mais il y a d'autres qui nous ont suggéré plus,
70 000, 60 000, puis c'est pour ça que moi, ce que je vous dis, ce
qu'il faut, c'est qu'il faut une planification avec les régions. Il faut être capable d'aller s'asseoir avec les gens, de les
écouter. Il faut écouter nos entreprises, et c'est comme ça qu'on va pouvoir arriver avec une véritable
capacité qui va faire en sorte qu'on va avoir un chiffre, et ça, c'est
fondamental. Donc, il faut être capable de travailler régionalement.
Imaginez
si le gouvernement retient le scénario A, tel qu'il est décrit dans le cahier
de planification : 25 000 permanents, 142 000 en attente,
5 800 pour le regroupement familial. On est à 10 600, puis ça prend
déjà 39 mois. Qu'est-ce qu'ils vont
faire, ces gens-là? Il y a déjà des gens qui nous ont dit : Écoutez, on
s'en va ailleurs, ça n'a pas de bon sens. Imaginez quelqu'un, une
famille... il y en a qui vivent à Gatineau, il y en a qui vivent à Ottawa.
S'ils rencontrent des conjoints à
l'étranger, bien, la personne à Ottawa va attendre 13 mois, puis, à Gatineau,
ça va être 39. Et je vous dirais, M. le Président, pour les gens qui
sont ici, là, je ne pense pas que ce soit à l'État, sérieusement, là, d'aller
déterminer quand, et comment, puis où on
doit tomber en amour avec quelqu'un. Ça, ça relève de la sphère de la vie
privée. Donc, 5 800, je m'excuse, mais ça n'a pas de bon sens,
c'est inhumain.
Avec le
scénario B, pour le regroupement familial, on passe à 8 100. Ça aussi, ça
va allonger les délais. Et finalement, avec
le scénario C, on parle de 10 400, ce qui est à peu près le seuil actuel.
Il y a présentement une trentaine de mille de gens qui sont en attente, pas 200 000, pas 300 000, pas
1 million, 30 000, 30 000 de familles qui sont désunies, et ça
n'a pas de bon sens, je le redis. Je le redis.
Imaginez ce que ça va faire, si le
scénario A est retenu, 25 000, pour les gens qui ont un CSQ. Ça ne finira
plus. Et ça a un impact sur nos entreprises. C'est la raison pour
laquelle, à la fin, à la fin, quand on a terminé notre session de travail et
qu'on a fait des recommandations, nous, au Parti libéral du Québec, ce qu'on a
suggéré au gouvernement, c'est de mettre en
place des structures régionales, des sommets régionaux dans l'ensemble des
régions du Québec, notamment les municipalités, les MRC, les établissements
d'enseignement supérieur, les chambres de commerce et les autres acteurs locaux, afin d'identifier des besoins
économiques territoriaux, être capables de planifier une offre d'intégration et
de francisation adaptée aux réalités
régionales et favoriser une régionalisation efficace de l'immigration au profit
du Québec, de ses régions et de son économie. Je le répète, il faut, en
immigration, du sur-mesure, surtout pas du mur-à-mur. C'est fondamental.
• (12 h 10) •
On recommande
également que le gouvernement du Québec puisse entrer dans un dialogue constant
avec le gouvernement fédéral pour les
travailleurs étrangers temporaires, pour les demandeurs d'asile. Ça nous
apparaît essentiel, essentiel. Le
gouvernement du Québec pourrait aussi songer à rapatrier au complet tout le
volet des temporaires. Si on veut parler véritablement de planification
en immigration, bien, parlons au complet, des permanents et des temporaires. Ça
m'apparaît tout à fait essentiel.
Et il faut une
stratégie claire, bonifiée, avec les régions, pour être capable de bien
s'occuper de l'ensemble de toutes les
catégories d'immigrants. Et, à ce niveau-là, plusieurs nous l'ont dit,
plusieurs villes nous l'ont dit, et entreprises, ils veulent participer davantage à l'intégration, ils veulent offrir
davantage de cours de francisation, ce qui est fondamental. Et
évidemment, le gouvernement doit tenir compte de la démographie afin d'assurer
la croissance et l'occupation du territoire.
Finalement, que le gouvernement travaille avec des chercheurs en milieu
universitaire pour qu'on soit capables, une fois pour toutes, d'essayer
de trouver des indicateurs qui pourraient faire en sorte que, quand on parle de
capacité d'accueil, on s'entende sur ce dont on parle, plutôt que d'avancer des
chiffres à gauche et à droite.
Et, une fois que tout
ça va être fait, là, on pourra parler de seuils, parce qu'à chaque fois qu'on
en parle, même aujourd'hui, même cette année, le gouvernement de la CAQ veut en
accueillir 50, on est... 50 000, on est déjà rendus à plus que ça. Donc, moi, je veux qu'on soit
capables de déterminer des seuils avec les régions, mais pour faire en sorte
qu'on y arrive et qu'on soit capables de bien le planifier, parce que, et je
vous le soulignais au départ, quand on parle d'immigration, on parle de
véritables personnes.
Et il faut arrêter,
une fois pour toutes, et en particulier pour le regroupement familial, il faut
arrêter de désunir ces familles-là. Il faut être capables... S'il y a un
dossier sur lequel il faut agir rapidement, c'est celui-là. Puis je peux vous le dire, M. le Président, il n'y aura pas
d'impact sur la crise du logement, parce qu'il y a des gens ici qui les
attendent, puis qui ont une maison, puis un logement, puis un
appartement, puis ils travaillent. Puis la grande majorité parle français. Donc, est-ce qu'on peut les sortir des
seuils le plus vite possible pour faire en sorte qu'on puisse unir des familles
et non pas les désunir? Ça m'apparaît tout à fait essentiel.
Alors, voilà les
recommandations qu'on a faites. On en avait 10, sept ont été retenues. Et
dernière chose, dans le rapport, cette année, il y a une annexe supplémentaire,
dans le rapport de la commission, parce qu'on a voulu inclure toutes les
recommandations de tous les partis qui ont participé, celles qui ont été
acceptées et celles qui ont été rejetées, par transparence, et le gouvernement
était d'accord avec ça. La transparence, c'est fondamental, donc les gens
pourront lire ce qui a été présenté par l'ensemble des parlementaires.
En
terminant, je vous dirais que l'immigration, c'est du vrai monde, et c'est trop
important pour essayer uniquement d'amener
des chiffres à gauche et à droite. Et s'il y a une chose qu'il faut faire,
c'est de respecter ces gens-là, être à l'écoute des régions, être à l'écoute de
nos entreprises et faire en sorte que, comme ça, autant pour les temporaires
que pour les permanents, on puisse véritablement arriver à une
planification de l'immigration qui va tenir compte de tout le monde. Merci, M.
le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de l'Acadie. Et je reconnais maintenant M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Guillaume
Cliche-Rivard
M. Cliche-Rivard : Merci beaucoup, M. le
Président. Content d'être avec vous aujourd'hui pour parler du rapport de la Commission
des relations avec les citoyens sur
la planification pluriannuelle de l'immigration, planification qui a commencé un peu plus tard que prévu, M. le
Président, parce que, vous vous en souvenez, là, la Chambre a été prorogée.
On a quand même
entendu un nombre considérable de groupes, mais ce n'est pas tout le monde qui
a pu être entendu, et je veux les souligner,
souligner l'ensemble des citoyens et citoyennes, des groupes qui... des
municipalités un petit peu partout à travers le Québec, des universités
qui sont venues, des cégeps aussi, là, qui sont venus nous parler en commission ou bien qui sont... qui nous ont
témoigné en visioconférence. Puis je veux souligner aussi ceux qui n'ont pas eu
cette chance-là, ceux qui n'ont pas été invités. Mais ça démontre clairement un
intérêt grandiose, grandissime pour
les débats d'immigration, maintenant, au Québec, parce que ça intéresse
vraiment beaucoup de monde. Ça les intéresse dans plusieurs champs, et
on va en parler, là, aujourd'hui.
J'avais
dit précisément, M. le Président, que j'attarderais et je fixerais ma priorité
de la planification sur les délais en matière de regroupement familial, le
collègue de l'Acadie en parlait il n'y a pas si longtemps, et c'est quelque
chose qui est fondamental. Aujourd'hui, là, je déposais une pétition de
presque 6 000 signatures pour accélérer le regroupement familial, qui
est actuellement hyperparalysé, et j'aurai le temps d'y revenir.
Le
regroupement familial, c'est quelque chose qui est simple. C'est réunir des
époux, des épouses, des conjoints et des conjointes, conjoints de fait,
mariés, qu'importe le statut marital, qui sont binationaux, donc qui sont...
un, une est au Québec,
l'autre est à l'étranger, et ça touche aussi les enfants, donc pouvoir
parrainer nos enfants qui sont peut-être nés à l'étranger et qui n'ont pas la citoyenneté canadienne. Donc,
véritablement, ce sont des gens qui ont un lien direct avec le Québec.
Et aujourd'hui, malheureusement, depuis
maintenant plus de deux ans, les délais ont dramatiquement explosé en matière de regroupement familial, au point tel
où un collectif s'est fondé, le collectif Québec Réunifié, qui porte la cause
des citoyens et citoyennes qui sont aux prises avec des délais absolument
catastrophiques en regroupement familial.
À l'heure où on se parle, il y a
42 000 personnes avec des certificats de sélection du Québec, donc,
qui ont... ou en voie de l'obtenir, qui sont
dans les arriérés pour obtenir leur visa ou pour obtenir la résidence
permanente vers le Québec,
42 000. Et le gouvernement nous a mis de l'avant des chiffres, des
scénarios. Dans le scénario le plus optimiste, pour le regroupement familial,
on parle de 10 400 places. On
va faire une règle de mathématique ici, M. le Président, là, 42 000
divisé par 10 000, ça fait à peu près quatre ans, quatre ans de délai de
traitement pour réunir des conjoints, des conjointes, des époux, des épouses,
des enfants. Quatre ans, c'est beaucoup trop long, alors qu'on avait des
moyennes historiques qui tournaient plutôt autour d'un an, un an et quelques
mois. On a quadruplé, le gouvernement a quadruplé les délais en regroupement
familial. Et ça, c'est le meilleur scénario, c'est le scénario C, avec
45 000. Si jamais le gouvernement devait
adopter, puis on a eu des indications en ce sens, M. le Président, le scénario
A, à 25 000, là, on parle d'un
délai de traitement qui pourrait monter jusqu'à huit ans, huit ans de délai de
traitement pour réunir des conjoints, des conjointes.
Ça, spécifiquement,
là, l'histoire n'est pas compliquée, c'est une femme qui, par exemple, rend...
fait un voyage, ou, en tout cas, fait
des affaires, ou étudie à l'étranger, en Europe, par exemple, une Québécoise
qui tombe en amour avec un Allemand, ils se marient puis ils décident qu'ils
vont fonder leur famille ici, au Québec. Bien, ça ne sera pas avant huit
ans, M. le Président, parce que les délais font en sorte que la résidence
permanente ne pourra pas être obtenue à ce moment-là, huit ans. Évidemment,
vous me direz, oui : Elle peut déménager, tout ça, mais, quand le choix de
vivre, c'est le choix de vivre ici pour une Québécoise puis pour sa famille,
avec ses proches, il ne devrait pas y avoir de frein à cette relation-là puis
ils ne devraient pas devoir mettre sur pause leurs rêves, leur vie, leurs
projets familiaux pendant huit ans. Entendez-moi bien, quatre ans aussi est
totalement inacceptable. Tous les plans mis de l'avant, en termes de
réunification familiale puis un délai, malheureusement, dans les propositions
sont inacceptables.
On a aussi plusieurs cas en circonscriptions,
notamment de pères, par exemple, qui se retrouvent, je vais donner un exemple,
au Venezuela, ou en Colombie, ou au Brésil, qui sont en relation maritale
avec... disons, un père avec une femme
québécoise, ici, et ils ont eu un enfant, madame est tombée enceinte, et, bien,
elle est ici, enceinte, puis elle voudrait que son mari puisse venir
l'assister, l'épauler dans les mois de la grossesse, avec l'accouchement. Ça,
M. le Président, c'est impossible.
Monsieur ne pourra pas venir, monsieur va devoir attendre quatre ans, peut-être
huit ans, avant d'être réuni avec sa conjointe puis avec son enfant.
Ça, c'est un enfant qui ne va pas... ou c'est
une mère qui ne va pas bénéficier de l'appui de son conjoint dans ces moments
difficiles. C'est un enfant qui... ou un père qui ne pourra pas partager les
souvenirs des premiers pas, des premiers mots, parce que les freins au
regroupement familial font en sorte que, bien, il va devoir rester à la maison puis attendre les huit à 10 ans de sentence,
parce qu'on est rendu à une sentence, là, les huit à 10 ans de délai avant
qu'ils puissent être réunis ici, au Québec. Je veux dire, ça ne donne
absolument rien. Je veux dire, cet enfant-là, c'est des souvenirs, c'est des liens avec son père, c'est des liens avec la
famille qu'on laisse complètement déchirés. C'est complètement
inacceptable comme façon de fonctionner, M. le Président.
Puis la famille, c'est au coeur de l'identité
québécoise, au coeur des valeurs du Québec. La réunification des familles, là,
devrait toujours être dans nos priorités. Et là, de faire en sorte que,
volontairement, sciemment, on sépare pour
cinq, six, sept, huit ans des familles, il y a quelque chose qui ne fonctionne
pas du côté gouvernemental, M. le Président, et j'espère... je ne sais
pas comment le ministre va se sortir de ça, mais j'espère qu'il y aura des
bonnes nouvelles, j'espère qu'il y aura de l'oxygène, j'espère qu'il y aura une
solution, parce que, là, on s'en va vraiment vers de la grave détresse psychologique, de la grave anxiété, des
rêves mis sur pause, des familles mises sur pause puis des gens qui sont de
plus en plus nombreux à nous dire que ça n'a juste pas de bon sens d'attendre
quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans, huit
ans, pire, parce que, là, le programme est fermé actuellement, avant d'être
capables de... d'être réunis avec leurs conjoints, avec leurs
conjointes, envers leurs enfants.
• (12 h 20) •
Les chiffres, c'est vrai, sont importants dans
l'immigration, M. le Président, mais les vies sont davantage importantes que
les chiffres. Et, à chaque fois qu'on prend une décision en matière
d'immigration, il faut qu'on prenne impact des conséquences sur la vie de
chacun. Et là c'est ce qui manque cruellement dans les scénarios qui sont proposés et offerts. Il manque de réalisme, il
manque d'humanisme, il manque d'émotion, il manque de sensibilité au parcours
réel de ces gens-là qui vont se retrouver séparés pendant des années.
J'ai dit au
ministre de l'Immigration, en consultations, que je l'applaudirais haut et
fort, s'il donnait de l'oxygène puis
de l'espace puis qu'il faisait un beau geste pour la réunification familiale.
Demain, on va le savoir. C'est demain que le plan sera déposé, et demain
je... j'espère être capable d'avoir des bons mots pour le gouvernement en
matière d'immigration — c'est
rare que j'en ai, là — à
l'effet qu'il y aura au moins de l'oxygène qui sera donné aux familles,
parce que, huit ans, là, même
quatre ans, c'est absolument abominable de penser séparer des familles pendant
quatre ans.
J'ai beaucoup parlé de réunification familiale,
mais la situation est encore pire, M. le Président, sur la situation des
réfugiés reconnus. Ça, ce sont des gens qui ont obtenu l'asile par un tribunal
indépendant spécialisé qui a jugé que leur vie était en danger à l'étranger.
Avec les scénarios proposés, on parle d'une dizaine d'années de délai de
traitement, M. le Président, 10 ans ici dans un statut d'instabilité. Oui,
vous êtes réfugié au sens de la convention, oui, vous allez pouvoir rester,
mais vous n'accéderez pas à la résidence permanente tout de suite. Vous n'aurez
pas les avantages et bénéfices de l'intégration à la
société, encore moins le droit de vote puis la citoyenneté, qui viendront
après, puis vous n'aurez certainement pas le droit non plus à la réunification
familiale parce qu'il faut être réfugié reconnu et résident permanent pour que
la famille puisse venir en même temps. Donc, pour eux, les délais dont je
parlais tantôt, pour la réunification, eux autres, on parle de... on parle
d'encore plus longtemps, on parle d'une dizaine d'années.
Puis je vous laisse sur la catégorie
humanitaire. Sur les délais, M. le Président, on a entendu la TCRI en
commission, qui nous a dit qu'avec les scénarios proposés on pourrait avoir des
délais de traitement, dans la catégorie humanitaire, qui pourraient monter
jusqu'à 50 ans. Vous m'avez bien compris, là, je vous vois sous le choc,
M. le Président, 50 ans de délai de traitement dans la catégorie
humanitaire, un demi-siècle. Ça fait rire, là, de l'autre côté. Moi, ça ne me
fait pas rire. 50 ans de délai de traitement avant la résidence
permanente, ça, c'est le calcul mathématique des
cibles, là, ce n'est pas quelque chose qui a été inventé, c'est... Avec les
chiffres qui sont en arriérés puis avec le plan du gouvernement, on va
attendre 50 ans avant d'accorder la résidence permanente.
Alors, le gouvernement doit des réponses. Les
délais ne fonctionnent pas, le plan ne fonctionne pas. Le collègue le disait, il y a 144 000 personnes...
142 000 personnes qui ont été sélectionnées, et, si on met ça en
application avec le plan
d'immigration du ministre, ça fait en sorte qu'il y a des milliers de personnes
qui vont attendre jusqu'à 10 ans, 12 ans, 15 ans, jusqu'à
50 ans, dans l'humanitaire. Le gouvernement doit vraiment réviser ses
chiffres, doit vraiment réviser ses plans, parce que l'ensemble des groupes
sont venus leur dire que ça ne fonctionnait pas du tout. Merci.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
J'en profite pour vous informer qu'un débat de
fin de séance se tiendra demain, le jeudi 6 novembre 2025, à 13 heures, sur une question adressée par Mme
la députée de La Pinière à Mme la ministre responsable des Aînés et des Proches
aidants concernant la réduction des heures de soutien à domicile.
Nous poursuivons le débat, et je reconnais M. le
député de Saint-Jean.
M. Louis Lemieux
M. Lemieux : Merci,
M. le Président. J'interviens dans le cadre de ce débat restreint du rapport de
la Commission des relations avec les
citoyens sur la consultation pluriannuelle de l'immigration même si je ne suis
pas membre permanent de cette commission, la CRC, parce que j'ai eu l'occasion
d'y siéger quelques fois depuis le dernier mois, et la conversation avec les
groupes que j'ai entendus m'a fait réfléchir, et donc j'étais curieux de lire
le rapport de la commission, déposé hier, qui m'a inspiré.
Alors, je vous ai demandé la parole pour vous
dire ce que j'en pense en attendant les recommandations que fera le gouvernement sur les seuils en immigration
pour les prochaines années. Je vous le dis tout de suite, M. le Président,
dans le but avoué de ne pas abuser, pour ne pas dire de vous inonder de
chiffres, je vais essayer de ne pas oublier le contexte et le terrain, mon
terrain, dans le contexte, justement, du débat de société plus large qu'on a,
au Québec, sur l'immigration, qui se résume
trop souvent par une montagne de chiffres. Un collègue l'a dit avant moi, et
c'est vrai, on parle, d'abord et avant tout, de personnes, d'humains.
C'est très
important, pour moi, l'immigration parce que, politiquement, je suis un fier
autonomiste. Vous allez voir, il y a
des considérations de négociation avec Ottawa là-dedans, mais, d'abord et avant
tout, je suis un fier nationaliste et, je l'avoue, je suis inquiet pour
notre langue, notre culture, nos valeurs. C'est pourquoi je suis un fervent
tenant de la Loi sur l'intégration à la nation québécoise, que nous avons
adoptée le printemps dernier, et, pour moi, c'est la clé de voûte de la
réussite en immigration. Il en a été souvent question pendant les
consultations, naturellement, parce que, oui,
l'immigration est importante et nécessaire, mais tellement compliquée lorsqu'on
veut en parler dans le débat public, parce qu'on partage, le Québec, les
pouvoirs et les responsabilités en la matière avec Ottawa, d'une part, et parce
que l'immigration, c'est pluriel ou multifactoriel, si vous voulez, dans
le sens où ce ne sont pas juste les règles qui sont différentes, qu'il s'agisse
d'immigration permanente ou de demandeurs d'asile, en passant par les
travailleurs étrangers temporaires, les étudiants étrangers, la réunification
familiale. Bref, il y a aussi les raisons pour immigrer chez nous, qui sont aussi, évidemment, différentes d'un
programme à l'autre, mais les besoins et les moyens chez nous le sont aussi,
différents, sans oublier la réalité qui va
avec le processus, qui sont aussi différents et pas toujours des vases
communicants. C'est compliqué, là, je n'ouvrirai pas la parenthèse trop
longtemps, mais, si on est dans une filière, dans le processus d'immigration, puis qu'il n'y a pas de place en
avant de nous mais qu'il y en aurait dans une autre, bien, c'est un peu comme
un jeu d'échelles et de serpents, il faut redescendre pour remonter. Fin de la
parenthèse.
Bref, on peut bien vouloir choisir des
travailleurs qualifiés minutieusement et parcimonieusement, comme on le fait
avec le PSTQ, le nouveau programme de sélection des travailleurs qualifiés, le
contrôle, M. le Président, devient théorique quand on considère, en pratique,
que les demandeurs d'asile qui arrivent en même temps que ces travailleurs
sélectionnés qualifiés sur le territoire sont tellement plus nombreux et que
non seulement on ne les a pas choisis, les demandeurs
d'asile, mais, en plus, ils arrivent plus nombreux chez nous qu'ailleurs au
pays. Je vous épargne les chiffres, c'est
promis... parce que je vous l'ai promis, mais parlons donc du contexte, pas
seulement parce que le contexte fait foi de tout, mais parce que c'est tellement complexe qu'on s'y perd facilement
dans les détails et qu'on a tendance à l'oublier, le contexte.
La vérité,
c'est qu'on a besoin d'immigration et qu'on en veut, et pas seulement par
grandeur d'âme, mais parce que notre démographie et notre économie en ont
cruellement besoin, un besoin criant et même vital pour nos économies
régionales. Et c'est là où je veux en venir, parce que ce n'est pas une
question du pourquoi, la vraie question à laquelle le gouvernement doit
répondre, c'est de savoir combien. Et moi, j'ajoute que la grande question
qu'il faut se poser, c'est comment. Et la réponse est déjà écrite dans la
Loi sur l'intégration à la nation québécoise dont je vous parlais, et les détails s'en viennent, puisque le ministre travaille à
la publication très prochaine de la politique qui va concrétiser les principes
de la loi sur l'intégration pour qu'elle soit réussie, cette immigration.
C'est pour ça que je parlais du comment, parce
que le but, c'est de réussir l'immigration, et ça, ça veut dire réussir l'intégration des nouveaux arrivants à la
nation québécoise. Et c'est avec cette considération à l'esprit que j'ai lu et
relu les 15 recommandations du rapport de la commission déposé hier, que
je veux, si vous m'en donnez la permission, passer en revue avec vous, et, bien
sûr, les commenter.
Donc, à la
page 13 du rapport : «Au terme de ses travaux, la commission formule
les recommandations suivantes :
«1. Que le
gouvernement du Québec poursuive le dialogue en collaboration avec les
structures régionales, notamment les municipalités, les MRC, les
établissements d'enseignement supérieur, les chambres de commerce et autres
acteurs locaux, afin d'identifier les besoins économiques et territoriaux, de
concevoir une offre d'intégration et de francisation adaptée aux réalités régionales et ainsi favoriser une régionalisation
plus efficace de l'immigration au profit du Québec et de l'ensemble de
ses régions.»
• (12 h 30) •
On part fort,
comme on dit en sport. Le mot clé, c'est la régionalisation. Tout le monde le
dit, tout le monde semble le savoir,
les nouveaux arrivants s'intègrent plus naturellement et plus rapidement en
région, pour toutes les raisons qu'on sait et qu'on imagine. Tout le
monde le dit, mais c'est plus facile à dire qu'à faire, pour toutes sortes de
bonnes et de mauvaises raisons, à commencer par les signaux qui sont envoyés, à
Ottawa, à ceux qui veulent venir au Canada, en ne parlant pas toujours du Québec comme un État où la langue n'est pas
bilingue mais française, avec sa culture et ses valeurs distinctes, pour
reprendre une expression politique consacrée.
Et donc on arrive à la deuxième
recommandation :
«2. Que le gouvernement du Québec reprenne le
contrôle de l'immigration économique en partenariat avec les régions.»
C'est comme si j'entendais : Ding, ding, ding!,
à chaque fois qu'il y a le mot «région» ou «régionalisation». Ceci
expliquant cela, il confirme le potentiel et la richesse de la régionalisation
de l'immigration.
Numéro 3 :
«Que le gouvernement du Québec négocie sérieusement avec le gouvernement
fédéral afin d'obtenir une clause de
droit acquis — clause
grand-père — pour
les travailleurs étrangers temporaires actuellement au Québec.»
Ça, c'est la solution pour la situation qui
devient intenable, chez nous, dans le Haut-Richelieu, et un peu partout dans les régions du Québec, parce que le nombre de
travailleurs étrangers temporaires a littéralement explosé ces dernières années, là encore, pour tout plein de
bonnes et de mauvaises raisons. Une des bonnes, c'est que notre économie
québécoise a bien performé et qu'il y avait une rareté de main-d'oeuvre. Une des
mauvaises raisons, c'est que, lorsque nous avons proposé à Ottawa des façons de
contrôler ce qui était devenu trop en certains endroits — entendre
Montréal et Laval — on
ne s'est pas compris, avec le résultat que, chaque semaine, des travailleurs
étrangers temporaires, essentiels pour nos économies régionales, se voient
refuser le renouvellement de leur permis de travail. Ça fait déjà un petit bout
de temps que c'est commencé et ça s'accélère. Ils doivent rentrer chez eux.
C'est cruel pour eux. D'autant plus que, nous, on leur dit : On voudrait
que vous restiez. Les employeurs nous disent... ils disent : J'en ai
besoin. Mais Ottawa dit : Non. Rentrez chez vous. Les règles ont changé.
C'est comme ça que ça se passe.
J'ai moi-même écrit, la semaine dernière, à la
ministre canadienne de l'Immigration et au ministre responsable du Québec dans
le gouvernement Carney pour me plaindre et demander qu'on cesse de tourner en
rond. Après y avoir pensé deux ou trois
minutes pour être poli, c'est la seule façon que j'avais de décrire la
situation telle que je la comprends depuis la dernière année, on tourne
en rond, évidemment, autre parenthèse, parce que, dans son budget d'hier, on
peut comprendre que le gouvernement fédéral a un plan, un chiffre, en tout cas.
On verra comment ça se décline et ce que ça veut dire pour le Québec.
Ce qui nous amène à la recommandation n° 4 : «Que le gouvernement du Québec négocie
sérieusement avec le gouvernement fédéral afin d'obtenir la pleine gestion du
Programme des travailleurs étrangers temporaires — le PTET — et
du Programme de mobilité internationale — le PMI.» Là, je sais,
il n'y a pas de chiffres, mais beaucoup d'acronymes dans mon affaire, mais ça
vient avec. Donc, comme je le disais, on verra ce qu'Ottawa prévoit en nous
expliquant les chiffres évoqués dans le budget, mais, oui, ça prend de la collaboration.
Et tant mieux si Ottawa confirme qu'il faut et qu'il va en réduire le nombre
parce qu'il y en a trop, ça, c'est clair, mais ce qu'on ne sait pas encore,
c'est comment Ottawa, avec les chiffres
qu'il nous a évoqués hier, va réussir à nous aider à faire ce qu'on lui
demande. Surtout que c'était assez clair, ce qu'on demandait, une clause
grand-père pour tous les travailleurs étrangers temporaires déjà sur le territoire, partout au Québec, sauf dans le
Grand Montréal. En tout cas. Lesquels? Parce que les régions du Québec
ont besoin de conserver ces travailleurs étrangers temporaires qui sont déjà
ailleurs qu'à Montréal et Laval. Et il y en a
tellement à Montréal et Laval que le taux de chômage, pour reprendre cet
argument universel, ne justifie pas de nouveaux travailleurs étrangers
temporaires. En tout cas, pas à vue d'oeil. À suivre, donc, dans la foulée du
budget canadien d'hier. On va
continuer de regarder en particulier pour les travailleurs étrangers
temporaires, mais il y a aussi le ton de la conversation entre Québec,
et Ottawa, et nos ministres respectifs pour voir si on peut aller jusqu'où on
voudrait aller pour conserver ce droit de grand-père pour les travailleurs
étrangers temporaires.
Donc, j'en suis rendu à la recommandation n° 5 : «Que le gouvernement du Québec se dote d'une
stratégie claire et bonifiée avec les
régions pour faire face aux besoins découlant de l'accueil de toutes les
catégories d'immigrants, compte tenu des importants besoins en
main-d'oeuvre.» Pas besoin de vous dire que c'est de la musique à mes oreilles,
la régionalisation, encore une fois, tout comme la prochaine recommandation qui
l'exprime aussi très bien, 6 : «Que le
gouvernement du Québec tienne compte de la démographie afin d'assurer la
croissance et l'occupation du territoire.» Là, on commence à jaser, M.
le Président. Mais, ça aussi, c'est plus facile à dire qu'à faire. Mais il faut
le faire. Et la clé, c'est encore la régionalisation, qui devra devenir une
exigence si on veut une immigration réussie pour les immigrants et pour le Québec,
considérant ce qu'on répète depuis deux ans maintenant, la fameuse capacité
d'accueil qui est atteinte selon nous, pas partout, mais dans le Grand
Montréal, oui.
«7. Que le
gouvernement du Québec travaille avec les chercheurs en milieu universitaire
afin de définir la capacité d'accueil du
Québec basée sur des indicateurs clairs et transparents.» Bien oui. Parce que,
pour certains, c'est flou, semble-t-il,
et pas ou difficilement mesurable, le concept de la capacité d'accueil. Mais on
n'a tout de même pas inventé l'idée que les centaines de milliers de
nouveaux arrivants depuis quelques années à peine ont pesé lourd, très lourd
dans la capacité de l'État à livrer les services de base à tout le monde. Juste
en santé et en éducation, il me semble que c'est
facile à comprendre. Ça tombe sous le sens que c'est à Montréal que ça coince,
alors qu'aux quatre coins du Québec il n'y a pas seulement de la place,
mais il y a des emplois qui attendent. D'ailleurs, vous allez voir la suite, ça
ne finit pas de bien aller. Ça, c'est
l'expression que notre leader parlementaire avait utilisée pendant une question
à une réponse... pendant... dans une
réponse, pendant une période des questions, et elle me trotte dans la tête...
au moment où je travaillais ces quelques mots pour vous.
Donc, numéro 8 :
«Que le gouvernement du Québec intègre la régionalisation et la
reconnaissance des besoins différenciés des territoires et la planification de
l'immigration de façon à soutenir le développement économique, culturel et
social des communautés ainsi que l'intégration durable des personnes
immigrantes.» Moi, je le veux. Oui, je le répète haut et fort, il faut trouver
le moyen d'orienter les nouveaux venus ailleurs que dans le Grand Montréal pour
que l'immigration soit réussie et l'intégration facilitée. Tout le monde
comprend que c'est à Montréal que notre langue en arrache le plus, et la
langue, c'est l'expression de notre culture, et il ne fait pas de doute pour
personne, et sans citer ses chiffres, comme promis, que la lecture des derniers
rapports du Commissaire à la langue française sont plus qu'éloquents mais
convaincants pour la situation difficile, pour ne pas dire précaire, du
français à Montréal.
À ce sujet,
d'ailleurs, ça ne finit plus de bien aller, écoutez bien, numéro 9 :
«Que le gouvernement du Québec s'assure, dans le cadre de sa planification de
l'immigration, de garantir l'accessibilité et la qualité de ses services de
francisation pour la population déjà présente sur le territoire ainsi que pour
les personnes qui s'y établiront, afin de favoriser
une intégration en français durable et réussie.» C'est fondamental pour la
métropole, la deuxième ville française au monde, où on peine à franciser
les nouveaux arrivants, tellement ils sont nombreux, et ce n'est pas faute
d'essayer. Après seulement trois ans
d'existence, le guichet unique, Francisation
Québec, a mis les bouchées doubles,
de sorte qu'on n'a jamais fait autant de francisation au Québec, et on
va continuer. Mais à l'impossible, nul n'est tenu.
Et, tant qu'à y être,
continuons, justement. 10 : «Que le gouvernement du Québec aille chercher
l'ensemble des pouvoirs en matière
d'immigration auprès du gouvernement fédéral, en utilisant tous les moyens
juridiques, fiscaux et politiques à sa disposition.» Il ne faut pas
baisser les bras et dire qu'on n'y arrivera pas. C'est possible. On l'a fait
avec la Charte de la langue française
modernisée, la Loi sur la laïcité et on va le faire avec la première
Constitution du Québec. Et tout ça vient donner du poids, à mon avis,
pour aller chercher encore plus, voire tous les pouvoirs en immigration.
D'ailleurs,
on a un nouveau programme, dont je parlais plus tôt, le Programme de sélection
des travailleurs qualifiés. Et,
justement, 11 : «Que le gouvernement du Québec augmente ses invitations
dans le PSTQ afin de permettre la rétention de la main-d'oeuvre,
notamment en région — ding,
ding, ding! — et
répondre aux besoins économiques du Québec.» Et
ça, c'est une autre vérité de La Palice quand on parle de ce qui fonctionne
bien en immigration. Ce sont des étudiants étrangers. Surtout quand ils
veulent rester chez nous après leurs études, et qu'ils parlent déjà français,
qu'ils sont bien intégrés dans leur
communauté d'études et, donc, d'accueil, et qu'ils ont déjà un logement, et
qu'ils arrivent sur le marché du travail, et parfois même qu'ils ont
déjà fondé une famille.
Donc,
12 : «Que le gouvernement du Québec continue ses efforts pour offrir la
stabilité au réseau postsecondaire qui favorise la régionalisation de
l'immigration.» Oui, la régionalisation passe par le réseau postsecondaire,
avec un réseau de cégeps partout au Québec
et des universités régionales fortes et bien ancrées dans leur milieu.
L'immigration, c'est aussi un devoir, M. le Président.
Alors,
13 : «Que le gouvernement du Québec continue d'honorer ses engagements
humanitaires.» Bien sûr, ça tombe sous
le sens, ça va couler et continuer de couler de source. Mais pour en revenir au
français, en ce qui me concerne, qui est menacé, particulièrement à
Montréal, comme je le disais, beaucoup à cause de l'arrivée de demandeurs
d'asile et d'immigrants, en parlant d'engagement humanitaire, parce qu'ils sont
trop nombreux, je le répète, pour même imaginer pouvoir tous les franciser rapidement, on n'y arriverait pas. La
dernière fois que le Commissaire à la
langue française l'a évalué, il parlait de
7 milliards de dollars pour franciser tous ceux qui étaient
disponibles à la francisation, mais ce n'était pas tout le monde.
• (12 h 40) •
«14.
Que le gouvernement du Québec poursuive ses efforts afin d'offrir une offre de
francisation via Francisation Québec, ainsi que des conditions nécessaires pour
permettre aux nouveaux arrivants de s'intégrer à la nation québécoise.» Parce que c'est ça, l'intégration, qui nous
permettra de réussir l'immigration, et l'intégration, ça commence par la
langue, pour que la culture et les valeurs puissent suivre.
Donc,
15 : «Que le gouvernement du Québec mette l'accent sur l'importance du
français comme critère essentiel dans la sélection des candidats à la
résidence permanente.» Au risque de me répéter, quand j'ai lu le rapport, je me
le répétais : ça ne finit plus de bien aller.
Voilà
donc les 15 recommandations, qu'est-ce que j'en pense, du rapport de la Commission des relations avec les citoyens.
Au terme de ses consultations générales, 88 groupes, disait le collègue,
ont été consultés au cours du dernier mois sur la planification de
l'immigration au Québec pour la période 2025‑2029.
Il ne manque plus que
les chiffres que le ministre déposera bientôt, mais, en ce qui me concerne,
l'important, c'est ce que je viens de vous dire, les recommandations basées sur
une immigration réussie, parce qu'en plus régionale, pour faciliter
l'intégration qui facilitera l'enracinement des nouveaux arrivants pour un
meilleur vivre-ensemble. Il me semble que c'est ce dont le Québec a besoin.
Et
je salue la clairvoyance et le pragmatisme du ministre, dans les circonstances,
et j'ai confiance que les chiffres de la planification pluriannuelle
qu'il annoncera prochainement seront les bons dans la mesure où ils refléteront
les recommandations du rapport de la commission qu'on débat aujourd'hui.
J'aimerais bien que ce débat de société sur le
sujet soit aussi réaliste, pragmatique et pas juste clairvoyant mais bienveillant. Parler de la capacité d'accueil,
c'est juste être lucide et conséquent, ce n'est pas gênant. On n'a plus les
moyens en ressources, pas plus qu'en argent, pour ne pas se poser ces questions
et ne pas trouver des solutions gagnant-gagnant pour les nouveaux
arrivants et pour le Québec, comme une meilleure intégration et surtout une
régionalisation de l'immigration, dirigée, ou organisée, ou contingentée, que
sais-je, pour le bien de tous, à commencer par les immigrants et tous les
Québécois. Merci, M. le Président.
Le Vice-Président (M. Benjamin) : Merci,
M. le député de Saint-Jean. Et je reconnais, toujours dans le cadre de ce
débat, M. le député de Laurier-Dorion.
M. Andrés Fontecilla
M. Fontecilla : Merci,
M. le Président. Donc, nous sommes ici pour fermer, fermer le chapitre, en
quelque sorte, de la consultation générale et auditions publiques sur le
cahier de consultation intitulé La planification de l'immigration au Québec
pour la période 2026‑2029. Et je recommande, toutes les... tous
les gens qui nous écoutent, d'aller lire le rapport
de la commission qui a entendu tout plein de personnes et de groupes de la
société civile qui sont venus s'exprimer sur le sujet.
Il faut dire
que le thème de l'immigration suscite un très grand intérêt et aussi, et aussi
un débat, voire des... des polémiques, concernant tout particulièrement
le volume... le volume d'immigration que le gouvernement du Québec considère pertinent pour... d'accepter pour la
société québécoise. En témoigne la... le nombre presque record de personnes
et groupes qui se sont manifestés. La Commission des relations avec les citoyens, qui a effectué cette consultation, a reçu
140 mémoires et 26 commentaires.
Et 976 personnes ont répondu à un questionnaire en ligne sur les volumes
d'immigration.
Donc, d'emblée, le gouvernement nous a mis...
nous a soumis trois scénarios de volume d'immigration, mais qui concernent
presque exclusivement le volume de résidents permanents que le Québec va accepter
chaque année, d'ici les prochaines années. Cela n'inclut pas, évidemment, tout
le grand volume de l'immigration temporaire, qu'on appelle, donc les
travailleurs et travailleuses étrangers temporaires qui dépassent largement le
nombre de résidents permanents que le Québec
va accepter. Mais une grande nouveauté de cette consultation-là, c'est que,
pour la première fois, le
gouvernement du Québec, avec justesse, je dois l'admettre, a décidé d'intégrer
les... intégrer la planification concernant et les personnes qui sont appelées
à devenir résidents permanents au Québec, là, issues de l'immigration, bien évidemment,
ainsi que les travailleurs temporaires et également les étudiants et étudiantes
internationaux, ce qui fait un très grand... un très grand volume, là.
On sait que
depuis quelques années, surtout de la part du gouvernement fédéral, il y a eu
un... une dynamique d'entrée de personnes issues de l'immigration qui a
en quelque sorte contourné et rendu obsolètes les anciens mécanismes d'immigration où, fondamentalement, il s'agissait
de... qu'une personne à l'étranger dépose une demande, le gouvernement du Québec l'étudiait, et du Canada, et ensuite,
suite à la... à la suite de l'acceptation, la personne arrivait. On a contourné
ces mécanismes-là en faisant... en acceptant tout, des milliers, voire des
centaines de milliers de personnes qui viennent travailler avec des contrats de
travail, là, des fois ouverts, des fois fermés, je vais y revenir, mais cela a
fait en sorte de créer un déséquilibre entre le volume de personnes avec un
statut qu'on appelle souvent précaire, des travailleurs temporaires et des étudiants étrangers, et les personnes qui sont
appelées à devenir des immigrants permanents, là, donc. Et, si ce grand nombre de personnes sont arrivées
très rapidement, dans un laps de... dans une période de temps très, très
courte, quelques années, au Québec et dans l'ensemble du Canada, il faut le
dire, c'est parce que l'économie canadienne et québécoise en a besoin,
là. Il s'agit juste seulement d'aller entendre les différents regroupements,
ainsi que chefs de... chefs d'entreprise,
très souvent des petites et moyennes entreprises, qui disaient qu'aujourd'hui,
pour survivre, pour continuer les opérations, on a besoin de la
main-d'oeuvre, et de la main-d'oeuvre spécialisée, et de la main-d'oeuvre
moins... moins qualifiée. L'économie en a besoin, d'où la nécessité d'aller
chercher des immigrants à l'étranger.
Ici, grosso modo, M. le Président, il y a un
débat fondamental sur les bienfaits ou les aspects négatifs que pourrait amener cette immigration. D'une part, on
retrouve le gouvernement du Québec, et également du Parti québécois, qui dit que l'arrivée de cette grande manne de
travailleurs et travailleuses étrangers, d'étudiants, étudiantes internationaux
dépasse largement la capacité d'accueil, versus un autre secteur, où je me
trouve aussi, un secteur politique, ainsi qu'économique
et aussi intellectuel, académique, qui considère que l'immigration, si elle est
arrivée, c'est parce qu'on en a besoin, et on doit trouver le moyen de
l'intégrer correctement.
Donc, d'un
côté, pour que... pour rendre la chose très, très simple, et je l'ai entendu de
la... de la bouche du ministre de l'Immigration du gouvernement du
Québec, là, d'un côté, on a, donc, une immigration qui dépasse la capacité
d'intégration du Québec, là, et qui constitue, en somme... il l'a dit lui-même
dans sa bouche, c'est un système de Ponzi, une
pyramide de Ponzi, qui est une... qui vient du monde... c'est un système de
fraude, finalement, là, mais c'est la mécanique qui nous intéresse ici.
C'est-à-dire, on amène des immigrants pour remplir les besoins, mais ces
immigrants-là génèrent eux-mêmes des
besoins, et c'est une roue, un cercle vicieux qui tourne sans fin. On amène des
immigrants, on fait accroître les
besoins d'offrir des services, et ça ne finit plus, et ça nous... et ça nous
submerge, ça nous... ça met en péril l'économie québécoise.
En face, on a une
autre interprétation qui dit que la société québécoise, l'économie québécoise a
besoin de population pour... une population pour faire de la croissance
économique. Et, lorsqu'on parle de capacité d'accueil, le gouvernement
n'a jamais été... et aucun intervenant n'a jamais été en mesure de définir
correctement qu'est-ce que c'est, un dépassement de la capacité d'accueil, là.
D'ailleurs, même les gens qui... ou les regroupements, tels que les professeurs, les... notre... l'économiste très
réputé Pierre Fortin, qui est... qui considère qu'il faut baisser le seuil
d'immigration, et considère que la
notion de capacité d'accueil est largement non définie, et qu'il faut... il
faut définir davantage, et que, pour
lui, il s'agit non pas d'une... d'un problème de dépassement de capacité
d'accueil, mais plutôt qu'il faut voir la chose comme une volonté
d'accueil. Donc, si on accueille des gens, normalement, on devrait penser à
comment mieux les accueillir. C'est comme
dans n'importe quelle maison, vous recevez de la visite, M. le Président, bien,
vous préparez une chambre d'amis,
vous faites le ménage, vous installez un lit, etc., vous accueillez la
personne. Il y a une volonté d'accueil, là, et non pas une notion de
dépassement de la capacité d'accueil.
• (12 h 50) •
D'ailleurs, le... il
y a eu un mémoire très éclairant de rien de moins que la ville de Québec, qui
est venue nous démontrer, a plus b, que
l'économie, en tout cas, l'économie de la ville de Québec, dans ce cas précis,
avait besoin de l'apport migratoire
pour croître du point de vue économique. Il faut savoir, M. le Président,
que, malheureusement, la population québécoise ne s'agrandit plus, notre
taux de natalité étant plutôt... étant plutôt faible. Et, s'il n'y a pas
d'immigration, la population québécoise va
décroître tout... lentement, et ça va nous amener des problèmes, entre autres
parce que c'est accompagné inévitablement d'un processus de
vieillissement de la population. Donc, ce que la ville de Québec est venue nous dire, là, très clairement, contredire
frontalement l'hypothèse du dépassement de la capacité d'accueil, là, ils
nous disent que l'augmentation de la
productivité, on ajoute de la croissance... on ajoute de l'immigration, égale
croissance économique. Ce n'est pas
vrai qu'en diminuant l'immigration on va faire décroître l'économie, au
contraire, on va la faire accroître.
Évidemment,
pendant... momentanément, on peut créer différents types de besoins, en
logements, en classes dans le système
d'éducation, dans le système... davantage de services en santé, etc., mais
c'est un ajustement momentané, et, à terme,
le système économique québécois va être en mesure d'absorber cette capacité...
cette croissance de la population, induite avant tout, à 99 %, par
l'immigration.
C'est un peu
difficile, M. le Président, de concevoir l'avenir du Québec, là, comme une
société qui se rapetisse, qui devient plus
petite du point de vue démographique. Normalement, une population doit croître,
doit s'agrandir, et c'est ça qui
assure la croissance économique, là, surtout lorsque ce rapetissement de la...
démographique de la société québécoise s'accompagne, comme dans tous les
autres pays qui vivent la même situation, là, s'accompagne d'un vieillissement
accéléré de la population. Donc, il faut, de façon impérative, que la société
québécoise, au lieu... et les forces politiques qui... et les gouvernements, en particulier, qui ont la responsabilité
d'adopter des politiques de cet ordre-là, de changer la notion
de dépassement de capacité d'accueil par la notion de... la notion de volonté
d'accueil.
C'est pour ça
d'ailleurs que nous avons... nous avons recommandé... malheureusement, le
gouvernement n'a pas voulu de notre
recommandation, que, par exemple, le gouvernement mette en oeuvre des mesures
pour renforcer et adapter les infrastructures, les services et les programmes
d'accueil et pour soutenir la volonté d'accueil des communautés afin de
permettre une immigration durable et inclusive et une intégration optimale des
nouveaux arrivants. C'est de ça dont il faut parler, M. le Président, de
volonté d'intégration, au lieu de dépassement de capacité d'accueil.
Je
voudrais, en terminant, rapidement, M. le Président, me référer très rapidement
à deux problématiques qui me paraissent essentielles. Tout d'abord, il
faut en finir avec la notion de permis fermé de travail, qui attache la
personne immigrante, le travailleur ou
travailleuse temporaire, à un seul employé, ce qui génère toutes sortes d'abus.
Et même les Nations Unies ont... considèrent le permis fermé comme une
forme contemporaine d'esclavage. Il faut terminer avec cette notion-là de permis
fermé de travail, qui n'est pas digne du Canada.
Ensuite, M. le
Président, il faut impérativement accélérer les procédures de regroupement
familial, et il est inconcevable de faire
attendre aussi longtemps des familles entières des années avant de permettre
qu'elles puissent se réunir. C'est une mauvaise politique d'immigration.
Il faudrait même considérer le regroupement familial, comme plusieurs
intervenants l'ont fait lors des consultations, le considérer hors quota.
Donc, M. le
Président, voilà ce que nous avons à dire. Je pense qu'il faut un changement de
paradigme dans la façon de considérer l'immigration au Québec, comme quelque
chose de bénéfique et non comme une menace. Merci, M. le Président.
Le
Vice-Président (M. Benjamin) :
Merci, M. le député de
Laurier-Dorion. M. le leader adjoint du gouvernement.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. À ce stade-ci, je vous demanderais de bien vouloir
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures, M. le Président.
Le Vice-Président
(M. Benjamin) : Alors, est-ce qu'il y a consentement? Consentement.
Alors, nous allons
donc suspendre les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à
12 h 56)
(Reprise à 15 heures)
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Bonjour, chers collègues. Vous pouvez prendre place.
Affaires inscrites par les députés de l'opposition
Motion proposant que
l'Assemblée demande au gouvernement de maintenir
les efforts pour respecter ses engagements environnementaux
Nous sommes maintenant aux affaires du jour,
affaires inscrites par le député de l'opposition. À l'article 58 du
feuilleton, aux affaires inscrites par les députés de l'opposition, M. le
député d'Hochelaga-Maisonneuve présente la motion suivante :
«Que l'Assemblée nationale rappelle que,
conformément à la Loi sur la qualité de l'environnement et à ses engagements
internationaux, le Québec s'est fixé comme objectif de réduire d'ici 2030 de
37,5 % ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990;
«Qu'elle réaffirme que le respect de ces cibles
est essentiel pour répondre à l'urgence climatique et maintenir la crédibilité
du Québec sur la scène internationale;
«Qu'enfin elle demande au gouvernement de
s'engager à ne pas affaiblir les cibles actuelles de réduction des GES et à
maintenir les efforts pour respecter les engagements du Québec.»
Je vous informe que la répartition du temps de
parole pour le débat restreint sur la motion inscrite par rapport... par,
pardon, M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve s'effectuera comme suit :
10 minutes sont réservées à l'auteur de la
motion pour sa réplique, 47 min 45 s sont allouées au groupe
parlementaire formant le gouvernement, 23 min 55 s sont allouées au groupe parlementaire formant
l'opposition officielle, 26 min 39 s sont allouées au deuxième
groupe d'opposition, 7 min 11 s
sont allouées au troisième groupe d'opposition, et 1 min 30 s
sont allouées à chacun des députés indépendants. Dans le cadre de ce
débat, le temps non utilisé par les députés indépendants ou par l'un des
groupes parlementaires sera redistribué
entre les groupes parlementaires selon les proportions établies précédemment.
Mis à part ces consignes, les interventions ne seront soumises à aucune limite de temps. Enfin, je rappelle aux
députés indépendants que, s'ils souhaitent intervenir au cours du débat,
ils ont 10 minutes à partir de maintenant pour en aviser la présidence.
Je cède maintenant la parole à M. le député
d'Hochelaga-Maisonneuve. La parole est à vous, M. le député.
M. Alexandre Leduc
M. Leduc : Merci,
Mme la Présidente. Avant de commencer, j'aimerais saluer les élèves de l'école
Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle, dans ma circonscription, sur la rue
Pie-IX, qui m'ont fabriqué, il y a quelques semaines, une chaise des générations, qui est un bel... un bel
objet. Je vous le montre quelques instants, Mme la Présidente, je le redépose
après. C'est donc une création faite à partir du groupe les Mères au front, qui
vise à sensibiliser les jeunes par rapport au fait qu'ils peuvent...
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
...je dois... Parce que ce n'est
pas un tableau didactique, après discussion avec la table, je dois
demander le consentement. Est-ce qu'il y a consentement pour que M. le député
puisse présenter la chaise que les élèves ont faite pour... pour aujourd'hui?
Une voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Il n'y a
pas de consentement. Alors, M. le député, vous devez... Merci.
M. Leduc : C'est particulier,
Mme la Présidente. Des élèves qui ont fait un travail pour nous sensibiliser
sur l'environnement, et mon distingué
collègue qui me refuse de la présenter. C'est particulièrement illustratif de
la situation.
Qu'à cela ne tienne, je veux quand même
m'adresser à eux et à elles, Mme la Présidente, à défaut de présenter leur beau
travail. Ils ont travaillé sur trois chaises, une qui est dans mon bureau de
circonscription, une qu'ils ont gardée dans leur école et une qu'ils m'ont
demandé d'amener ici, à l'Assemblée nationale. Pourquoi, Mme la Présidente? Pour nous rappeler, à nous, les élus, que les
décisions que nous prenons ici, dans cette Chambre, auront un impact pour tout
le monde, mais en particulier pour la jeunesse
qui va avoir à grandir avec la planète et l'environnement qu'on va leur léguer.
Alors, je les salue. Malheureusement, je ne peux
pas montrer plus que je ne l'ai déjà fait la chaise. Elle est très belle. La conception artistique, c'était de
montrer les différentes strates de la planète, donc il y avait la roche, les
minéraux en bas, ensuite il y avait la terre, puis ensuite il y avait,
évidemment, l'eau et la surface, avec des animaux, des arbres, quelques messages, qui s'appellent «l'arbre de demain»,
«chaque geste compte», «nous sommes votre futur». Ils avaient été très patients
en préparant cette belle chaise là sur plusieurs midis. C'était un travail,
aussi, bénévole. Je salue les deux professeurs qui ont travaillé
bénévolement pour fabriquer ces belles chaises là. Je les remercie, et ça me
fait chaud au coeur. Elle est toujours dans
mon bureau, ici, à l'Assemblée. Donc, à chaque fois que je rentre le matin au
travail, je la vois. Évidemment, quand je rentre au travail aussi à Hochelaga-Maisonneuve,
on l'a mise bien en évidence au bureau. Alors, salutations aux élèves de Saint
Jean-Baptiste-de-la-Salle, que j'aime beaucoup.
Je présente aujourd'hui une motion, Mme la
Présidente, pour rappeler l'engagement du Québec à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 37,5 %,
d'ici 2030, par rapport à 1990. C'est un objectif qui n'est pas juste un simple
chiffre dans un document administratif. C'est un engagement moral, un
engagement scientifique puis un engagement, je
dirais, aussi collectif envers nos enfants, envers les générations futures,
parce que c'est une planète que nous partageons et que nous allons leur léguer. Parce que, soyons
clairs, la crise climatique, elle n'attend pas. Les événements météorologiques
extrêmes, les feux de forêt qui ont ravagé nos régions, les inondations qui
menacent les municipalités dans toutes les régions du Québec, les sécheresses qui affectent les
agriculteurs, tout ça, bien, ce n'est pas des prédictions pour un futur lointain,
en 2100, c'est quelque chose qui se passe maintenant, c'est notre réalité ici,
au Québec, en 2025. Chaque tonne qu'on émet,
de GES, aggrave cette réalité. Nous ne sommes pas seuls, au Québec, à nous
battre contre ça, bien sûr, mais nous avons notre contribution à faire,
une contribution que nous avons enchâssée dans une loi et que nous devons
continuer à garder le plus haut possible au niveau des priorités. On parle donc
de respecter des cibles, mais ça veut dire quoi? Ça veut dire respecter la
science, respecter les gens, respecter les citoyens qui veulent que leur gouvernement
prenne la crise climatique au sérieux, pas
parmi... pas comme un dossier parmi d'autres, mais comme la priorité du siècle.
Je... J'aimerais rappeler au ministre de l'Environnement le fait qu'il y a un
sondage Léger récent qui montre que 80 % des Québécois exigent le
respect des engagements climatiques et souhaitent que le gouvernement donne les
moyens nécessaires à leur réalisation. Parce que reculer, c'est envoyer un
message inquiétant, inquiétant pour la jeunesse, inquiétant pour toutes les personnes qui se préoccupent de
l'environnement. C'est un message de démission par rapport à ce qui doit
être fait au Québec et sur la planète.
Si le gouvernement veut modifier les objectifs
de réduction de gaz à effet de serre, il devra le faire par projet de loi, parce qu'il est enchâssé, cet objectif-là
de 37,5 %, dans la Loi
sur la qualité de l'environnement qui
avait été mise à jour par le précédent gouvernement libéral de
M. Philippe Couillard.
Puis, en
parlant de projet de loi, on est en train d'étudier le projet de loi n° 7, qui a été déposé ce matin, Mme la Présidente. Et là on a des questions intéressantes qui surgissent de ça,
que je poserai éventuellement au ministre. Est-ce qu'il est au courant, j'assume que oui, j'espère
que oui, que le projet de loi n° 7 modifie l'article 46.18 de la Loi
sur la qualité de l'environnement, justement la loi à laquelle je viens
juste de faire référence? Parce que je la lis telle qu'elle est présentement... L'article 145 du projet de
loi n° 7 vient d'être déposé, vient modifier
l'article 46.18 de la Loi sur la qualité de l'environnement et
vient complètement enlever l'alinéa 2°, qui dit que...
«2° un bilan
exhaustif et, lorsque applicable, quantitatif des mesures mises en oeuvre
relativement à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et à
la lutte aux changements climatiques.» Ça, ça veut dire qu'on retire
l'alinéa 2°, parce qu'on vient d'ouvrir la Loi sur la qualité de
l'environnement à travers le projet de loi qu'on a déposé ce matin même,
Mme la Présidente, ça veut dire qu'on ne sera plus obligés de déposer en cette
Chambre les résultats des analyses sur l'évolution
des GES. On sous-entend, ou on comprend, ou on déduit que le ministre y aura
encore accès, c'est son ministère qui les... qui les recueille, mais
qu'il ne sera plus obligé de les déposer ici.
Alors, je
répète : «Un bilan exhaustif et, lorsque applicable, quantitatif des
mesures mises en oeuvre relativement à la réduction des émissions de gaz
à effet de serre et à la lutte aux changements climatiques.» Ça précise «le
ministre publie annuellement». Plus besoin de publier ça? C'est étonnant. C'est
la volonté du gouvernement de cesser de publier ces données-là? Comment on va faire pour faire le suivi de l'évolution
de notre... de notre bataille sur l'objectif de réduction des gaz à effet de serre si on ne publie pas
annuellement ces données-là? Quelque chose d'assez étonnant de retrouver ça dans
un projet de loi, d'ailleurs, qui vise à fusionner des organismes puis à faire
de la gestion de l'État soi-disant de l'efficacité.
Mais arrêter de publier l'évolution des GES, c'est de l'efficacité, ça, Mme la
Présidente? Donc, c'est très étonnant.
C'est la
première tribune qu'on a aujourd'hui pour poser des questions là-dessus, il y
en aura certainement d'autres, mais je ne pouvais pas passer à côté de
l'occasion de placer cet élément-là qui nous a troublés lors de la lecture,
qu'on a rajouté dans mon discours séance tenante, comme vous vous en doutez,
Mme la Présidente, parce que ça a été déposé il y a à peine quelques heures.
Mais il y aura certainement des précisions qui devront être faites du côté du
ministre de l'Environnement, lorsqu'il
prendra la parole, ou de quelconque autre député de la partie gouvernementale.
Comment ça se fait que vous voulez arrêter de publier annuellement le
bilan exhaustif des mesures mises en oeuvre pour la réduction des gaz... des
émissions de gaz à effet de serre? Très troublant.
• (15 h 10) •
De manière plus générale, Mme la Présidente, la
raison pour laquelle on a choisi d'aller de l'avant avec cette motion-là
aujourd'hui, c'est qu'on est... on est inquiets du contexte général de ce
gouvernement. Pourquoi? On se rappelle, moi,
je suis... je suis arrivé ici en 2018, alors que le gouvernement de la CAQ
n'avait absolument rien en dossier d'environnement. Dans la plateforme,
il n'y avait rien, dans la... dans le dossier économique qui était déposé,
aucune référence à l'environnement. Le
premier ministre avait eu l'humilité, lors de son discours, là,
d'assermentation, de dire qu'il avait
entendu les Québécois qui voulaient qu'il en parle davantage. Cela étant dit,
on en aurait long à dire sur le bilan de l'environnement des précédentes
années.
Mais, à la rentrée parlementaire de septembre,
alors que le premier ministre a dit : Il faut qu'on rebrasse les affaires,
il voulait redonner un nouveau sens à sa... à son gouvernement dans l'année
préélectorale, bien, le signal a été très mauvais, là, sur le dossier de l'environnement.
On s'est mis à dire que, parce que, là, Trump était élu, bien, ça ne servait
plus à rien. Dans le discours inaugural, on dit : Ah! bien, nous, on
est... on est quand même très bons, au gouvernement, donc, par rapport à
d'autres, on peut ralentir un peu, il faut peut-être gérer les normes
différemment maintenant que les États-Unis peuvent les baisser pour rester
compétitifs.
Quel drôle de message de démobilisation qu'on
envoie à la jeunesse puis qu'on envoie à toutes les personnes qui se préoccupent du sort de la planète, de
dire : Parce que ça va peut-être moins bien ailleurs, nous, on va ralentir
les efforts, alors que, justement,
c'est un effort collectif et global qu'il faut faire pour gagner cette
bataille-là sur les GES. Moi, je suis très... très inquiet.
J'ai plein de citations, là, tu sais, sur la
question des véhicules électriques, sur la question des cibles
environnementales. Le ministre, là, de l'Environnement a dit : J'ai été
élevé sur une terre, il parle de sa cabane à sucre, il veut protéger l'environnement. Tout ça, c'est très beau, c'est très
bien, mais que va-t-il nous livrer? On laisse entendre qu'il y aurait des réductions de règlements, des
réductions réglementaires, des simplifications réglementaires. C'est rarement
fait à l'avantage du dossier de l'environnement, ça, Mme la Présidente.
Puis
là la première mesure législative qu'on apprend ce matin, justement, c'est
qu'il n'est plus obligé de publier annuellement
le bilan exhaustif. C'est extrêmement inquiétant. Puis on ira au fond de ce
dossier-là, j'espère, aujourd'hui, si possible, sinon à une autre... à une
autre occasion.
Sur
les GES, depuis plusieurs années, Mme la Présidente, le gouvernement du Québec,
comme je le disais tantôt, il nous a présentés sur la scène
internationale comme le champion du climat. Il va à travers le monde, il va
dans des COP, il promet des choses.
D'ailleurs, je salue... dans la tribune, aujourd'hui, on a des représentantes
de la coalition Sortons le gaz!, qui
nous ont rappelé, justement récemment, que, lors de la précédente COP, de l'an
dernier, presque jour pour jour, l'ancien ministre de l'Environnement et
la ministre de l'Énergie avaient promis que les nouveaux bâtiments ne seraient plus possibles d'être construits avec, donc, le
gaz, dans l'objectif de réduire le gaz. Il y avait d'autres mesures aussi, là,
mais c'était une des plus importantes. Et,
depuis ce temps-là, ça fait donc un an de cette promesse-là, mais... même dans
les communiqués du gouvernement, c'étaient
très précis, là, les différents règlements qu'on allait vouloir modifier, mais c'est
silence radio depuis ce temps-là. J'ai pisté mon collègue, donc, le ministre de
l'Environnement, pour savoir : Qu'en
est-il un an plus tard? Est-ce que les règlements ont commencé à être révisés?
Qui s'en occupe? Est-ce même le ministère de l'Environnement, ou de
l'Énergie? J'attends toujours un retour, Mme la Présidente, sur le fond, mais
ça ne semble pas avoir progressé beaucoup.
Donc, encore une fois, c'est très bien d'aller faire le tour du monde, de dire
qu'on est très beau au Québec, mais,
si ça n'amène pas des résultats concrets, si ça n'amène pas des avancées
concrètes, bien, on n'est pas très avancés.
La question de la
réduction des gaz à effet de serre va se jouer sur plusieurs niveaux. Il y a la
question de la transition énergétique. Le Québec a un atout formidable, c'est
son hydroélectricité. Mais c'est un avantage qui ne suffit plus. Ce n'est plus suffisant de faire juste ça.
On doit accélérer la décarbonation des bâtiments, soutenir l'efficacité
énergétique, planifier la croissance d'Hydro-Québec, mais pas pour exporter à tout prix, mais pour décarboner notre
économie. Puis ce qu'on voit actuellement, c'est des mégaprojets
industriels à forte consommation énergétique qui sont souvent pilotés par des
multinationales puis qui viennent réclamer l'électricité à prix réduit du
Québec, parfois même sans garantie de retombées
locales. On n'a qu'à voir, par exemple, l'exemple parfois de Glencore, de TES
Canada ou la défunte Northvolt.
Ce n'est pas comme ça qu'on va arriver à la
cohérence climatique, Mme la Présidente, mais c'est plutôt avec une
planification responsable d'un avenir sobre en carbone. Et, pour ça, il faut
continuer d'avoir des cibles ambitieuses et il
faut se donner les moyens d'atteindre nos cibles. Il faut arrêter de voir les
luttes aux changements climatiques comme un coût et commencer à les voir comme
des investissements plus rentables et plus, surtout, morales pour les futures
générations.
Je ne peux pas
m'empêcher d'évoquer, avec le temps, Mme la Présidente, qui nous est alloué
aujourd'hui, le dossier Marinvest. On a eu
des dossiers de pipelines, d'oléoducs dans les dernières années, dans les
dernières décennies, même, ici, au
Québec, qui n'ont heureusement pas été concluants, qui ont été abandonnés, mais
là on a le retour en douce d'un
nouveau projet, qui s'appelle Marinvest, qui est devenu public au début de
l'été dernier. Mais c'est un projet auquel il faut s'opposer également, Mme la
Présidente, parce qu'on ne réussira pas à atteindre nos cibles si on commence à
autoriser des projets de ce genre-là. Et, justement, l'entreprise Marinvest
Energy projette de construire sur la Côte-Nord une usine de liquéfaction et un terminal maritime pour
exporter du gaz naturel provenant de l'Alberta. C'est un projet qui
comprendrait un gazoduc de plusieurs centaines de kilomètres à travers des
milieux naturels québécois afin de relier l'usine au réseau canadien de
TC Energy, comme le prévoyait également le défunt projet GNL Québec.
Il y a une étude de
Nature Québec, publiée en juin 2025, qui estime que la construction d'un
gazoduc et d'une usine de liquéfaction, donc les deux volets du projet, un peu
dans le style du défunt projet GNL Québec, ça coûterait environ 30,6 milliards de dollars puis que la viabilité, ça
dépendrait très probablement d'un financement public. Ça fait que non seulement ça coûte beaucoup d'argent, de
l'argent qu'on n'investit pas dans la transition, mais qu'en plus on nous
demande d'investir notre argent collectif dans ces mauvais projets là. Puis aujourd'hui
il faut savoir qu'il y a 90 % des nouveaux projets d'énergie renouvelable,
dans le monde, qui sont moins coûteux que leurs équivalents fossiles. Alors, on se demande pourquoi ce n'est pas des projets de
ce genre-là qu'on nous soumet plutôt que des mauvais projets comme
Marinvest.
Autre information
intéressante, selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables, le
solaire est à environ, maintenant, 41 %
moins cher que la source fossile la plus économique, et l'éolien terrestre,
lui, coûte 53 % moins cher que les énergies fossiles. Donc, il y en
a, des alternatives, Mme la Présidente.
La transition
énergétique, ce n'est plus seulement une nécessité climatique, c'est aussi un
choix économique rationnel qui rehausse notre sécurité nationale. On parle de
transition. Je ne peux pas m'empêcher de faire référence à un projet de loi que j'ai déposé il y a quelques
semaines, Mme la Présidente, sur la transition économique et énergétique pour
mettre les travailleurs et les travailleuses au centre de cette transition-là.
Parce que, trop souvent, quand on parle de transition, c'est des grands
chiffres, c'est la «big business», si vous me permettez l'expression, des
décisions prises dans des grands lieux, dans
des grands sommets. Mais les travailleurs et travailleuses qui sont sur le
plancher des vaches, dans les usines, dans les bureaux, dans les
commerces, souvent, ils ont évidemment une connaissance fine de leur terrain, de leur environnement, et ils ont des
suggestions, ils ont des visions à mettre de l'avant, et ils devraient pouvoir
trouver un forum avec leurs employeurs pour en partager, donc, leur
vision et leurs connaissances, et ce n'est malheureusement pas le cas. Quand on a fait une tournée postélectorale,
en 2022, j'avais eu l'occasion de rencontrer plusieurs syndicats de
métallos, des métallurgistes, donc, notamment en Montérégie, qui essayaient
tant bien que mal de négocier dans leur convention collective des clauses pour
des comités de transition locaux avec leur employeur, puis c'était toujours
systématiquement refusé. Alors, je me suis dit : Tiens, si on faisait un
projet de loi, on pourrait peut-être aider cette conversation-là,
employeur-employés, sur l'amélioration des conditions de vie et des conditions,
donc, de production de GES à travers les différents milieux de travail.
Je passe rapidement sur la question de la COP,
la COP30, où le ministre a annoncé qu'il serait aux abonnés absents. C'est bien regrettable, ça, Mme la
Présidente, parce que ce n'est pas un bon signal, encore une fois, qu'on envoie
à la population, qu'on envoie à la jeunesse. Encore une
fois, c'est une contradiction parce qu'on n'arrête pas de dire, du côté du
gouvernement, que la CAQ est un grand leader sur le dossier de l'environnement,
qu'il aura beaucoup d'occasions de rayonner sur la scène internationale, mais
comment rayonnons-nous si nous ne sommes même pas présents dans ces forums internationaux? Et là on a annoncé récemment,
au niveau du gouvernement, qu'on serait absent de la COP30. Mais il faut que la réputation du Québec, ça ne tienne pas
juste à des discours, il faut que ça tienne à des actions.
Alors là, si on ne se pointe pas à la COP30,
qu'on réduit, qu'on... qu'on annule l'obligation de rendre publiques les
données sur les GES comme dans le projet de loi n° 7 de ce matin, qu'on va
éventuellement, peut-être, réduire nos ambitions
en termes de cibles de réduction de GES, c'est comme si nous renoncions
nous-mêmes à jouer ce rôle positif là auprès
de l'espace public puis auprès de la scène internationale, où est-ce qu'on a
des partenaires. Les scènes internationales, ce n'est pas partout des
Trump, là, qui sont en train de reculer. Il y a des pays qui avancent, il y a
des pays qui veulent aller plus vite. En Europe, il y a une transition rapide
qui s'est faite sur le dossier de l'énergie. Évidemment, la guerre en Ukraine
avec la Russie les a un peu forcés à se départir rapidement du gaz russe, et ça
les a envoyés dans les énergies renouvelables beaucoup plus rapidement. Et
c'est intéressant de voir qu'il y a des avancées rapides sur ce dossier-là.
Je conclus, Mme la Présidente, pour laisser,
évidemment, du temps à mon collègue qui va intervenir un peu plus tard, mais je
veux juste vous dire que la motion qu'on dépose aujourd'hui nous rappelle la
chose suivante, c'est que c'est la crédibilité du Québec qui est en jeu, puis
que cette crédibilité-là, elle ne se mesure pas juste en chiffres, elle se
mesure en actes, en décisions courageuses, en politiques cohérentes.
La question que je pose, dans le fond, à mes
collègues, ici, de la partie gouvernementale, c'est : À quoi bon se doter d'un plan d'action environnemental si c'est
pour le changer au gré du vent puis des convictions politiques de nos voisins?
Le gouvernement peut bien reculer sur des cibles de réduction de GES qu'il
s'est données lui-même, mais la crise climatique, elle, ne reculera pas, elle
va continuer. «La science exige que nous agissions — Mme la Présidente. La
loi l'impose. L'économie l'exige. Les
citoyens le réclament.» Qui a dit ça? C'est le secrétaire général des Nations unies dans son discours d'ouverture. Il y a plus de 100 pays et États
qui ont annoncé des nouveaux objectifs à la hausse avant la COP30. Toute baisse du Québec qui serait annoncée,
soit dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines, minerait
la crédibilité et la position de leader autoproclamé du gouvernement du Québec.
Je termine là-dessus,
Mme la Présidente, je dis au gouvernement : Vous avez entre
vos mains la possibilité d'écrire une page d'histoire, celle d'un Québec qui
choisit de regarder la réalité en face, qui refuse le cynisme et qui s'engage
résolument dans la transition énergétique. Merci beaucoup.
• (15 h 20) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Oui. Je
cède maintenant la parole à M. le député de Rousseau.
M. Louis-Charles Thouin
M. Thouin : Merci, Mme la Présidente. Bonjour. Bonjour à
tous, collègues. Vous me permettrez, d'entrée de jeu, de saluer les
élèves, vous me direz, de Saint-Jean-Baptiste de Laval, est-ce que c'est...
Une voix : ...
M. Thouin : De la Salle. Alors,
bien, salut, les élèves. Désolé, effectivement, si le... la pièce n'a pas pu
être présentée ici à cause des règles de l'Assemblée nationale. Mais je serai
heureux... si tu veux me la présenter après, ça me fera... si le collègue veut
me la présenter après, ça me fera plaisir de la regarder. Je trouve ça vraiment
intéressant. Et, que les jeunes s'en
préoccupent, que l'équipe-école prenne le temps de travailler avec eux des
projets comme ça, bien, je trouve ça vraiment intéressant. L'avenir, c'est pour
eux, ça fait qu'on travaille ça tout
le monde ensemble, c'est ce qu'il
faut faire, c'est la solution.
C'est avec fierté, évidemment, que je prends la
parole aujourd'hui pour réaffirmer la position du Québec comme chef de file de l'action climatique et de la
transition énergétique. Vous savez, dans un monde où les défis environnementaux se multiplient, le Québec ne se
contente pas de suivre le mouvement, il trace la voie avec rigueur et transparence.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon le
rapport... le rapport Comparaison des cadres de gouvernance de l'action climatique du Québec, en Amérique du Nord
et en Europe, publié par Dunsky
en 2023, le Québec se classe parmi les gouvernements les plus
performants de l'hémisphère occidental, avec une note de 77 %, bien
au-dessus de la moyenne nord-américaine. Ce
n'est pas un hasard, Mme la Présidente, c'est le fruit d'une politique
climatique robuste, bâtie sur
des fondations claires. Il y a des cibles légales inscrites dans la loi, une
planification rigoureuse et chiffrée, une reddition
de comptes transparente et une modélisation scientifique indépendante qui
permet d'évaluer les écarts entre les mesures adoptées et les objectifs
à atteindre.
Autrement
dit, le Québec a choisi la rigueur plutôt que les slogans, la transparence
plutôt que les mirages, en cette... et cette rigueur, pardon, elle se
manifeste autant dans nos politiques publiques que dans notre propre
fonctionnement au niveau de l'État. Être un leader, ce n'est pas seulement
adopter des lois ambitieuses, c'est aussi incarner la transition écologique
dans la gestion quotidienne de l'appareil gouvernemental. C'est ce que notre
gouvernement fait avec l'exemplarité de
l'État, une politique transversale qui traduit... qui se traduit... qui traduit
en gestes concrets l'engagement climatique de la fonction publique
québécoise.
Nos
bâtiments représentent 75 % des émissions de gaz à effet de serre de
l'État. Pour y remédier, bien, le gouvernement
s'est engagé à réduire de 60 % les émissions de son parc immobilier, d'ici
2030, par rapport à la cible de 1990... la référence de 1990, et les résultats
sont déjà là. Selon le bilan 2022‑2023, les émissions ont baissé de 23,5 % par rapport
à 1990. Plus de 243 projets d'efficacité énergétique ont été financés
depuis 2022 grâce à 100 millions de dollars inscrits au Plan
québécois des infrastructures, représentant un potentiel de réduction de 77 kilotonnes
équivalentes de CO2. Et le PQI 2025‑2035 ajoute un autre 108 millions
supplémentaire pour amplifier cet effort. Mais, derrière ces chiffres, il y a une stratégie claire : intégrité...
intégrer, pardon, la sobriété énergétique et l'usage prioritaire des énergies
renouvelables dans la culture organisationnelle, promouvoir les
matériaux à faible empreinte carbone, comme le bois québécois, dans la construction publique et renforcer la
résilience de nos infrastructures face aux aléas climatiques. Une première
initiative pilote, lancée en mars 2025 avec la Société québécoise des
infrastructures, ajuste déjà les consignes de chauffage et de climatisation dans trois bâtiments de Québec, tout
en respectant les normes de confort. Ça, c'est de la sobriété intelligente,
une transition qui allie efficacité, pragmatisme et confort.
Mais, Mme la
Présidente, notre exemplarité ne se limite pas aux bâtiments ou aux flottes de
véhicules. Elle s'étend à l'ensemble de
notre stratégie énergétique, où le Québec se positionne comme une puissance des
énergies propres. Grâce à l'hydroélectricité, qui fournit déjà plus de
99 % de notre électricité à partir de sources renouvelables, nous partons avec une longueur d'avance, mais notre
gouvernement ne s'en contente pas. Nous préparons très activement la diversification du bouquet énergétique québécois
avec trois leviers majeurs : l'éolien, la biométhanisation et l'innovation
énergétique.
L'énergie
éolienne est en pleine expansion. D'ici 2035, le Québec ajoutera plus de
10 000 mégawatts de capacité éolienne
grâce à de nouveaux partenariats entre Hydro-Québec, les municipalités et les
communautés autochtones. Ces projets ne sont pas seulement des
infrastructures. Ce sont des leviers de développement régional. Ça crée des
emplois durables et ça favorise une appropriation locale de ces projets de
transition énergétique.
La
biométhanisation, elle, elle illustre la complémentarité entre l'économie
circulaire et la transition énergétique. En valorisant nos matières résiduelles organiques, elle transforme un
problème, les déchets, en solution, une énergie locale renouvelable et
décarbonée, utile pour chauffer nos bâtiments et alimenter nos véhicules
lourds. Le gouvernement soutient activement la mise en oeuvre de projets
municipaux et interrégionaux de biométhanisation qui participent à la réduction
des émissions tout en améliorant l'autonomie énergétique du territoire.
Enfin,
l'ensemble de ces efforts s'inscrit dans une vision plus large, celle d'un
Québec sobre, innovant et résilient, où les énergies renouvelables
deviennent le moteur de la prospérité de demain. Nous misons sur la géothermie,
la récupération de chaleur, l'hydrogène vert et les réseaux énergétiques
intelligents pour compléter notre réseau... notre leadership hydroélectrique.
Notre gouvernement agit donc avec cohérence. Nous réduisons la consommation là
où c'est possible, nous électrifions là où c'est pertinent et nous innovons là
où la science nous ouvre la voie. C'est ça, l'exemplarité. On conjugue
ambition, innovation et ancrage territorial.
Le deuxième piler de
notre exemplarité, c'est le transport. Ce secteur, c'est 25 % des
émissions de GES de l'État. Notre objectif : électrifier 100 % des
voitures, fourgonnettes et VUS gouvernementaux, d'ici 2030, et 25 % des
camionnettes. Au 31 mars 2024, déjà 25,1 % de la flotte légère du
gouvernement était composé de véhicules électriques à pile ou hybrides
rechargeables, et 2,7 % des camionnettes étaient électriques.
Ces
progrès s'appuient sur une transformation structurelle, l'intégration de
l'ensemble des véhicules gouvernementaux au Centre de gestion des équipements
roulants, le CGER, du ministère des Transports et de la Mobilité durable. La
politique gouvernementale
d'acquisition prévoit désormais que tout nouveau véhicule doit être électrique
ou hybride, sauf exception autorisée.
Et pour soutenir cette transition, le gouvernement accélère l'installation de
bornes de recharge dans ses propres édifices.
Voilà de
l'exemplarité en action. L'État montre la voie en électrifiant sa propre flotte
plutôt qu'en imposant au citoyen des
changements qu'il ne ferait pas lui-même. Depuis 2022, l'exemplarité de l'État
figure au Plan québécois des
infrastructures, qui... ce qui garantit un financement prévisible et
pluriannuel.
En parallèle, une
stratégie d'accompagnement personnalisé est déployée en partenariat avec
Hydro-Québec, Énergir et Gazifère afin d'aider les organismes publics à réaliser
leurs projets d'efficacité énergétique. C'est un modèle de gouvernance
intégrée : planification, financement, accompagnement, suivi. Cette
cohérence est renforcée par la nouvelle Loi sur la performance environnementale
des bâtiments, sanctionnée le 27 mars 2024. Cette loi confère au ministre de l'Environnement le pouvoir de mettre
en oeuvre un système de déclaration, de cotation et de performance des
bâtiments qui s'appliquera aussi au secteur institutionnel. À partir de 2026,
chaque bâtiment public devra déclarer ses données
énergétiques et démontrer ses progrès en matière de performance. C'est une
première au Canada. C'est exactement ce
qui signifie... ce que ça signifie quand on dit qu'on veut être
exemplaires : rendre des comptes à la population sur ses propres
émissions, comme on le fait déjà avec les entreprises.
Mais, ce qui
distingue le Québec, c'est sa volonté d'ancrer son action climatique dans la
science et dans la... et la reddition de comptes. Le rapport Dunsky le
souligne, peu de gouvernements dans le monde évaluent aussi précisément l'écart
entre leurs mesures actuelles et leurs cibles à long terme. En 2023, le Québec
reconnaissait un écart d'environ 40 %
entre les mesures en place et la cible de 2030, mais, plutôt que de le cacher,
il l'a rendu public, parce que la transparence crée la crédibilité, et c'est
précisément cette honnêteté, ce refus de maquiller la réalité qui fait du
Québec un partenaire crédible dans les forums internationaux.
• (15 h 30) •
Face à
l'intensification des événements climatiques extrêmes, l'État québécois agit
aussi pour renforcer la résilience de ses infrastructures. En décembre 2023,
pour la première fois, cinq ministères et sociétés d'État ont reçu un mandat
d'adaptation : évaluer les risques climatiques et les coûts de l'inaction
dans leurs réseaux et bâtiments stratégiques.
Les premiers rapports sont attendus au printemps 2026. Cet exercice va
bien au-delà d'un simple diagnostic, il permettra de prioriser les
investissements dans les secteurs critiques, santé, transports, éducation,
sécurité publique, et la gestion du territoire. C'est une approche
proactive : on ne réagit pas aux catastrophes, on les anticipe.
Les
chiffres sont éloquents. Selon Ouranos, les coûts des événements climatiques
extrêmes ont été multipliés par cinq entre
les périodes de 1983 à 2007 et celle de 2008 à 2018, et la tendance s'accélère.
Face à cela, notre gouvernement agit
avec lucidité. L'adaptation est désormais un pilier central de notre
exemplarité. Être un leader, ça ne signifie pas d'être parfait, ça
signifie d'être lucide et pragmatique.
Il
y a plusieurs défis qui subsistent. D'abord, les données énergétiques. L'accès
rapide à des données récentes, ça demeure
difficile. On travaille à harmoniser la collecte et la transmission des
informations énergétiques institutionnelles. Le financement, aussi. Les ministères et organismes ne sont pas
admissibles au programme... au programme Roulez vert, ce qui les oblige
à absorber le surcoût des véhicules électriques. Nous étudions actuellement des
pistes pour combler cette iniquité. La
coordination. Il faut mieux intégrer les mesures d'efficacité énergétique aux
travaux de maintien d'actif. Chaque projet de rénovation devrait être
une occasion de verdir nos installations. Les infrastructures de recharge, leur
planification demeure complexe, mais des travaux sont en cours avec la SQI pour
ajuster les lignes directrices et faciliter
le déploiement. Reconnaître ces défis, c'est d'agir en leader car le
leadership, ce n'est pas l'absence de difficultés, c'est la capacité de
les affronter avec détermination. Notre feuille de route est claire.
D'abord, déployer les
actions du R3-160, dont soutenir la... donc, soutenir, pardon, la transition
énergétique dans les grands bâtiments et soutenir la transition énergétique
dans les bâtiments de l'État du plan de mise en oeuvre pour 2025‑2030, c'est
renforcer l'accompagnement des ministères et organismes en partenariat avec les
distributeurs d'énergie, c'est faciliter le démarrage de projets d'efficacité
énergétique grâce au microprogramme d'aide financière... constitution d'une
base de référence, c'est de maintenir le financement du PQI 2026‑2036 en
identifiant les projets prioritaires, c'est mettre en oeuvre le système de
déclaration et de cotation des bâtiments d'ici 2026, c'est poursuivre
l'évaluation des risques climatiques pour renforcer la résilience de nos
infrastructures essentielles.
Bien, ce plan
d'action place le Québec au premier rang des juridictions nord-américaines les
plus avancées dans la décarbonation du
secteur public. L'exemplarité de l'État n'a de sens que si elle entraîne toute
la société. Nous voulons que chaque citoyenne et citoyen se reconnaisse
dans cette démarche, non pas comme contrainte, mais comme projet collectif, porteur d'espoir. C'est pourquoi nous
mettons de l'avant des mesures d'éducation, de sensibilisation, la valorisation
des innovations locales, la collaboration avec les entreprises, les
municipalités et les communautés autochtones, la promotion d'une transition
juste où personne n'est laissé pour compte, parce que la lutte contre les
changements climatiques ne doit pas creuser des inégalités. Elle doit être un
levier de solidarité et de prospérité partagée.
Dans
un monde en quête de modèles crédibles, le Québec incarne un équilibre
unique : ambition, rigueur, cohérence. Grâce à notre approche intégrée,
nous sommes aujourd'hui une référence mondiale en matière de gouvernance
climatique. Lors des forums internationaux,
notre crédibilité repose sur un fait simple. Nous appliquons à nous-mêmes les
exigences que nous demandons aux autres. La cohérence renforce la
confiance de nos partenaires, attire les investisseurs, les investissements et positionne le Québec comme un
territoire d'innovation verte. Mme la Présidente, dans cette transition,
chaque geste compte, chaque politique
compte, chaque ministère a un rôle à jouer et chaque Québécois...
chaque Québécoise, pardon, et chaque Québécois peut être fier de ce que
nous accomplissons.
Quand nous réduisons
nos émissions dans les édifices publics, quand nous électrifions nos véhicules,
quand nous planifions des bâtiments durables, quand nous faisons bien plus...
nous faisons bien plus, en fait, que réduire notre empreinte, nous montrons le
chemin. Nous prouvons qu'un État peut être à la fois efficace, responsable et visionnaire. Nous prouvons que la transition
écologique peut être un moteur d'innovation, et de développement régional, et
de fierté nationale. Mme la Présidente, le Québec, ce n'est pas seulement un
leader climatique, c'est un modèle de gouvernance durable, puis ça, on doit en
être fiers, mais le leadership, ce n'est jamais acquis. Ça se mérite jour après
jour dans la rigueur de nos décisions, la cohérence de nos actions et la
persévérance dans nos engagements.
En continuant
d'allier la science, la transparence et l'exemplarité, bien, on va assurer à
nos enfants un avenir plus vert, plus
résilient, plus prospère, éventuellement plus fier, et surtout nous démontrons
qu'il est possible de concilier développement
économique et intégrité environnementale. Le Québec est prêt à relever ce défi,
et, sous notre gouvernement, il continuera de le faire non pas en suivant
le courant, mais en ouvrant la voie. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député. Je cède maintenant la parole à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
La parole est à vous, madame.
Mme Désirée McGraw
Mme McGraw :
Merci, Mme la Présidente. Alors, je suis très contente de prendre la parole
aujourd'hui sur cette motion au nom de ma
formation, le Parti libéral du Québec, en tant que porte-parole pour la lutte
contre les changements climatiques, mais aussi en tant que porte-parole
en matière de relations internationales.
C'est dommage que le
gouvernement a interdit la chaise des générations qui a été présentée par la
députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Moi aussi, j'ai une chaise des générations,
qui se retrouve... qui a été présentée par des enfants de mon quartier, de
l'école Notre-Dame-de-Grâce, une classe maternelle, et la chaise est maintenant
fièrement exposée dans mon bureau de comté. Et, un jour, on espère qu'il va y
avoir une chaise des générations ici, à l'Assemblée nationale, pour nous
rappeler notre devoir d'élus de toujours agir dans l'intérêt public et surtout
dans l'intérêt des prochaines générations.
Ce n'est pas
surprenant que ce soit une initiative de Mères au front, dont je suis membre
fière depuis plusieurs années. D'ailleurs,
c'est en tant que mère de famille que je me suis lancée en politique, Mme la
Présidente, active, pour une seule raison, c'est assurer le succès des
prochaines générations. Ceci implique une société juste, une économie prospère
et surtout un environnement sain. Est-ce que le gouvernement de la CAQ est à la
hauteur de ce triple défi? La réponse est un non retentissant. Quel message
envoie-t-on aux jeunes, aux prochaines générations, lorsqu'on répond absent?
Il
y a des absences qui parlent parle plus fort que les discours, Mme la
Présidente. Alors que le monde se réunit au Brésil pour le 30e anniversaire
où la... pardon, Conférence des Nations unies sur les changements climatiques,
la COP30, le Québec, lui, a choisi de rester à la maison. Pas de délégation
officielle, pas de ministre, pas de voix québécoise à la table. C'est du
jamais-vu, Mme la Présidente, depuis le début des COP, et je les suis moi-même
depuis que je suis... que j'étais ado, en
1992, au Sommet de la Terre, à Rio, où j'étais jeune ambassadrice mondiale, où
on a lancé la convention sur les
changements climatiques. C'est du jamais-vu que le Québec ne soit pas présent,
parce que le Québec a toujours joué un rôle de premier plan, Mme la Présidente,
dans ces négociations, pas juste au sein de la délégation canadienne, mais à
son propre compte.
Alors, le ministre
responsable de la Lutte contre les changements climatiques nous dit qu'il
est... qu'il a trop à faire, qu'il a
d'autres priorités. Mais pour reprendre les mots de son prédécesseur, le député
de Deux-Montagnes, je cite : «On ne peut pas se permettre de faire
de la politique de la chaise vide.» Et pourtant, c'est exactement ce que ce gouvernement fait aujourd'hui, Mme la Présidente.
Le Québec, jadis leader reconnu dans la lutte contre les changements
climatiques comme chef de file mondial en énergie propre est absent à l'un des
rendez-vous les plus cruciaux non seulement...
Une voix :
...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Un instant, Mme la députée. M. le leader, quel
est l'appel au règlement?
M. Lévesque (Chapleau) : ...laissé passer la première fois, mais c'est un
mot au lexique. «Absent» n'est pas permis, il est au lexique.
Des voix : ...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : S'il vous plaît! S'il vous plaît! Moi, je n'y vois
pas d'enjeu, M. le... je n'y vois pas d'enjeu, je n'y vois pas...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le leader adjoint...
Des voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : S'il vous plaît! Je m'excuse, c'est moi qui parle. Ne
vous interpelez pas à travers la Chambre, s'il vous plaît. Merci.
Ce n'est pas dans ce
contexte que c'est parce que c'est dans le lexique que je dois intervenir. Ce
n'est pas dans le contexte, là, dans lequel vous faites appel au règlement. Je
n'y vois pas d'enjeu. Alors, je vous demanderais de faire attention sur le
contexte qui est dit, les mots dans le contexte qu'ils sont dits.
Alors, Mme la
députée, la parole est à vous.
• (15 h 40) •
Mme McGraw : Merci, Mme la Présidente.
Effectivement, le Québec sera absent à la COP30. C'est une décision qui a été
prise par ce gouvernement, qui doit s'assumer. Le ministre sera absent, à moins
qu'il y ait un changement d'avis. Il a annoncé qu'il ne sera pas
présent.
Le Québec, pourtant,
c'est le seul État fédéré qui a été nommé pour présider et coprésider le BOGA,
le Beyond Oil & Gas Coalition, et c'est toute une fierté. Et ça, c'est basé
sur des décisions structurantes entreprises par des gouvernements antérieurs,
libérals : marché carbone, hydroélectricité, entre autres. Et là, tout
d'un coup, on n'est plus présents, et je trouve ça très dommage, Mme la
Présidente. Ça ne représente pas du tout la volonté des Québécois et
Québécoises ni tout le travail qui a été fait en amont, pendant des décennies,
par des gouvernements du Québec.
Alors, pendant que
d'autres pays vont négocier les prochaines ententes pour freiner les pires
conséquences de la crise climatique et aussi s'adapter à la réalité climatique,
le gouvernement de Legault se met volontairement sur la touche. C'est un...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Oui, M. le leader, je sais pourquoi vous vous levez.
Mme la députée, veuillez faire attention,
vous avez nommé le ministre... le premier
ministre par son nom de famille.
Alors, il faut le nommer par son titre, s'il vous plaît. Je vous demande
prudence pour la prochaine fois. Donc, poursuivez, s'il vous plaît.
Mme McGraw :
Désolée, Mme la Présidente. Alors, pendant que d'autres pays vont négocier
les prochaines ententes, le Québec se met
volontairement sur la touche. C'est un recul. C'est un renoncement. C'est une
faute non seulement politique, mais
aussi morale, parce que, pendant que le ministre se justifie, les feux de forêt
se multiplient, les sécheresses s'allongent, les rivières débordent, les
coûts explosent, et les Québécois, eux, subissent les conséquences.
Les faits sont
clairs, Mme la Présidente, le secrétaire général de l'ONU l'a confirmé,
l'objectif de limiter le réchauffement de...
à 1,5 °C sera dépassé. Ce n'est pas une hypothèse, c'est
une réalité. Et chaque dixième de degré compte, chaque dixième aggrave
les tempêtes, les incendies, les sécheresses, les inondations.
Au Canada, les feux de
forêt représentent l'équivalent d'un... du territoire du Nouveau-Brunswick qui
a brûlé. En Estrie, les puits s'assèchent. Dans nos villes, la chaleur étouffe,
et tous nos progrès contre la pollution de l'air sont littéralement balayés par
les feux de forêt.
Tout cela n'a rien d'abstrait. Ce n'est pas de
la théorie, c'est la vie quotidienne de milliers de Québécoises et de
Québécois. Mais, au lieu d'affronter cette réalité, le gouvernement la
contourne. Il revoit à la baisse nos cibles. Il joue au yoyo avec le financement des outils de suivi, comme le Baromètre
de l'action climatique, qui mesure l'appui citoyen pour l'action
climatique. Il nous explique que le contexte économique a changé sans
comprendre que la transition énergétique et la transition climatique, c'est des
opportunités économiques, Mme la Présidente.
Le contexte, oui, il a changé. Il y a la guerre
commerciale avec les États-Unis, mais aussi le contexte climatique change, la crise climatique s'aggrave, et le
gouvernement recule. Le ministre nous parle désormais presque exclusivement
d'adaptation. Oui, il faut s'adapter, c'est clair, mais, en d'autres termes, on
dit qu'il faudrait s'habituer à vivre avec les conséquences sans même essayer
de les prévenir. Mais c'est un faux choix, Mme la Présidente. Nous devons à la
fois prévenir et nous adapter. Ce n'est pas ni l'un ni l'autre, ce sont les
deux, et avec ambition. On ne construit pas une digue pendant l'inondation. Et pourtant, c'est exactement ainsi que ce
gouvernement agit, après les dégâts, à grands frais, sans vision à long
terme.
Mme la Présidente, investir dans la prévention,
c'est du gros bon sens économique. Selon la Banque mondiale, pour chaque dollar qu'on investit en prévention,
c'est-à-dire de réduire les GES, on épargne 10 $ en réaction, c'est-à-dire
en s'adaptant aux impacts des changements
climatiques. Alors, chaque dollar investi, ça nous rapporte plus que les sommes
dépensées après coup.
Prévenir, c'est aussi sauver des vies, c'est
protéger des communautés. C'est éviter des milliards en pertes économiques,
mais ce gouvernement préfère réagir plutôt que d'agir. Il coupe dans la lutte
aux GES pour financer des mesures d'adaptation mal ciblées. Il délaisse la
planification pour gérer l'urgence. C'est une erreur stratégique majeure.
Et, pendant que ce gouvernement tarde à agir,
les impacts concrets des changements climatiques frappent déjà le Québec de
plein fouet. En 2023, le Québec a connu une saison record avec... pardon,
713 incendies ayant brûlé 4,3 millions
d'hectares de forêt, dont 1,1 million en zone intensive et
3,2 millions en zone nordique, forçant l'évacuation de plus de
26 000 personnes. La facture économique totale de ces désastres est
estimée à près de 8 milliards de dollars, 935 millions pour les citoyens, 1,1 milliard pour les
gouvernements et 3,7 milliards pour les entreprises. Ce n'est pas rien,
Mme la Présidente.
Plus récemment, en août dernier, la SOPFEU a
recensé 121 incendies ayant ravagé 59,2 hectares de forêt, plus du double
de la moyenne habituelle. Cet automne encore, la situation demeure critique.
Plus de 75 incendies ont été signalés au mois d'octobre, soit
cinq fois plus qu'à l'habitude. Encore cet été, les vagues de chaleur
extrême ont mis à rude épreuve nos aînés et
nos travailleurs, multipliant les hospitalisations liées aux coups de chaleur,
parce que, Mme la Présidente, il y a
des impacts sur la santé humaine, surtout chez nos plus... les membres les plus
vulnérables de notre société, les jeunes, les aînés.
Dans plusieurs régions agricoles, la sécheresse
a entraîné une baisse marquée de rendement, fragilisant la sécurité alimentaire
et les revenus de nos producteurs. Parallèlement, des pluies torrentielles,
survenues au printemps et à l'été, ont provoqué des inondations historiques,
endommageant des maisons, des routes et des réseaux municipaux. En Estrie, des municipalités doivent désormais
rationner l'eau potable en plein été. C'est vraiment du jamais-vu, Mme la Présidente. Et, pas plus tard que cet automne, le
niveau exceptionnellement bas du fleuve Saint-Laurent a ralenti le commerce
maritime, obligeant les navires à réduire leur cargaison et leur vitesse,
entraînant des pertes économiques majeures pour le port de Montréal et
l'ensemble de la chaîne logistique québécoise.
Ces événements, Mme la Présidente, ne sont plus
des anomalies. Ils sont devenus la norme d'un climat qui déraille. Le Québec
perd, chaque année, des centaines de millions de dollars en infrastructures
endommagées, en terres agricoles dégradées et en forêt détruite, et, derrière
ces chiffres, il y a des... ces chiffres, il y a des visages. Ce sont des familles qui ont tout perdu, des agriculteurs qui
voient leur sol se fissurer, des pompiers épuisés sur le terrain, des jeunes
angoissés face à un avenir incertain.
Voilà la réalité que ce gouvernement refuse de
regarder en face. Voilà pourquoi nous ne pouvons pas seulement se concentrer
sur l'adaptation. Mme la Présidente, pas plus tard que 2022, le premier
ministre promettait de décarboner le Québec
et d'accélérer la transition énergétique. Aujourd'hui, il dit : parce
qu'on émet moins que les autres, on peut se reposer, on peut se baisser les bras. Reposer pendant que nos forêts
brûlent et que nos rivières s'assèchent, c'est vraiment irresponsable.
Le nouveau
ministre responsable de la Lutte contre les changements climatiques, qui,
d'ailleurs, si on comprend bien, ne voulait pas ce ministère, commence son
mandat en remettant en question les cibles climatiques établies, des cibles qui sont, selon les experts, déjà insuffisantes
pour atteindre la carboneutralité du Québec d'ici 2050. Pourtant, Mme la
Présidente, ce sont des engagements qu'on a pris à l'international. Il
faut les réaliser, il faut prendre les moyens nécessaires.
• (15 h 50) •
Même la
Commissaire du développement durable nous a dit, en 2022, que le Québec navigue
à l'aveugle sur les changements climatiques parce qu'on n'a pas encore
identifié les mesures pour atteindre des cibles qui sont eux-mêmes, selon la commissaire, insuffisantes, et, au lieu
d'identifier et de prévoir des mesures supplémentaires qui sont nécessaires
pour atteindre l'objectif de 2050, on supprime des mesures existantes. En tant
que grand responsable de la lutte aux changements climatiques au Québec,
comment peut-il supprimer des mesures au lieu d'en ajouter? Il abaisse les
ambitions sur la vente des voitures électriques d'ici 2035, en plus de la fin
des subventions gouvernementales à l'achat de la voiture... de voitures
électriques. C'est vraiment une politique du... On va le citer, le
ministre : «Lâchez-moi avec les GES.»
Il
est clair que cette... derrière cette volonté, il y a une stratégie, celle du
court terme, du calcul politique, de la complaisance envers soi-même. Cette
marche à reculons du gouvernement est bien triste, Mme la Présidente, d'autant plus que, grâce au Parti libéral du Québec, notre
province a toujours... a su être à l'avant-garde en matière de changements
climatiques. C'est sous des gouvernements libéraux que nous avons posé des
gestes audacieux, pris des décisions structurantes,
notamment miser sur l'hydroélectricité, créer le marché du carbone, mise en
place d'un programme d'efficacité énergétique, et fait du Québec un
pionnier nord-américain de la lutte climatique et la transition énergétique. La
question se pose, Mme la Présidente :
Quelle est la valeur ajoutée de la CAQ en matière de changements climatiques?
Est-ce que c'est Northvolt?
Nous
avons démontré que l'action climatique et prospérité économique vont de pair.
Nous avons montré qu'investir dans
l'énergie propre c'est investir dans notre avenir collectif. Aujourd'hui
encore, nous disons : Chaque mesure de transition énergétique est une opportunité économique pour nos
régions, pour nos entreprises, pour nos travailleurs, pour nos communautés.
La
transformation climatique, ce n'est pas une dépense, c'est une stratégie de
compétitivité. Mais, pour ça, il faut une direction claire, crédible et
cohérente. Or, ce gouvernement change de cap au gré du vent. Une semaine, on
promet d'électrifier; la suivante, on
recule; la suivante encore, on annonce un plan d'adaptation sans cible
mesurable. Ce n'est pas une politique climatique, c'est une politique de
confusion.
Et, pendant ce temps,
les coûts augmentent, Mme la Présidente, les coûts humains, les coûts
économiques, les coûts psychologiques aussi.
Les sinistres liés aux inondations et aux incendies coûtent déjà des milliards
de dollars à nos finances publiques. Mais, au-delà des chiffres, il y a de
l'écoanxiété et ce sentiment d'impuissance ressenti par toute une
génération. C'est surtout chez les jeunes qu'on ressent l'écoanxiété, des
jeunes qui nous regardent et qui se demandent : Est-ce que vous allez
enfin agir?
Mme la Présidente,
nous ne pouvons pas leur demander d'avoir foi en l'avenir, si nous-mêmes
n'avons pas le courage d'y investir. Agir
maintenant, c'est protéger leur avenir et c'est aussi protéger notre économie,
parce qu'en 2025, ne pas agir, c'est
risquer de perdre des investissements, des emplois, des occasions d'innovation.
Alors, pendant que d'autres pays
développent des technologies vertes, nous débattons encore pour savoir si on
doit se rendre à la COP. C'est vraiment une aberration.
Alors, Mme la
Présidente, je conclus qu'il faut agir. C'est notre responsabilité. Le Québec ne
peut pas se contenter d'être spectateur, il
doit agir, il doit être un acteur principal, parce que l'inaction du Québec,
c'est une perte pour la planète, l'inaction de ce gouvernement, c'est
une trahison envers les générations futures.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci. M. le leader adjoint, vous avez un appel au
règlement?
M. Lévesque
(Chapleau) : ...prêter des intentions, puis c'est un mot lexique, en
terminant.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Son intervention est terminée. Mais là j'avise tout
le monde de cette Assemblée, s'il vous
plaît, d'être... de prudence dans vos propos, qui sont parfois limites. Alors,
je vous demande prudence, tout le monde, s'il vous plaît.
Maintenant, je cède
la parole à M. le ministre. La parole est à vous.
M. Bernard Drainville
M. Drainville : Oui. Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Très heureux de prendre la parole dans le cadre de ce débat.
D'abord,
je vais rectifier quelques déclarations que nous venons d'entendre. La députée
de Notre-Dame-de-Grâce, qui affirme que le Québec n'aura pas de
délégation officielle à la COP, bien, c'est inexact. Je l'ai déjà... j'ai déjà
dit, d'ailleurs, que le Québec serait
présent. Je ne sais pas qui a fait sa recherche, mais je pense que c'est
important de vérifier les faits avant de faire des déclarations comme
ça, à l'emporte-pièce. Alors, j'ai dit que je n'y serais pas, mais que le Québec serait représenté. Et le Québec aura
effectivement une délégation officielle composée notamment de Jean Lemire
et composée aussi d'un sous-ministre associé du ministère de l'Environnement.
Donc, je demanderais à la députée de Notre-Dame-de-Grâce,
si on est pour avoir des débats sur cette question comme sur d'autres
questions, de s'assurer qu'à tout le moins elle s'appuie sur des faits
pour faire des déclarations comme ça, péremptoires.
Bon, elle a utilisé
des mots... Franchement, on est beaucoup dans la rhétorique, Mme la Présidente.
Elle parle d'un plan d'adaptation
climatique. Je ne sais pas où elle l'a pris. Moi, je n'ai pas annoncé de plan
d'adaptation climatique. Alors, je ne
dis pas qu'il n'y en aura pas, mais d'affirmer qu'il y en a un, encore une
fois, c'est contraire aux faits. Alors, encore une fois, je l'invite à
un minimum de rigueur, Mme la Présidente, parce que moi, qu'on ait des
désaccords sur le fond des choses... c'est
évident qu'on en aura, puis moi, je... comment dire, je vais accueillir les
occasions de débattre puis de discuter de ces enjeux-là avec beaucoup
d'ouverture, parce que je trouve ça normal qu'on ait différentes familles
politiques en ce Parlement et qu'on ait différentes approches, différentes
positions sur la question de l'environnement. Mais
il faut, à tout le moins, être un petit peu sérieux dans notre préparation,
s'assurer d'être rigoureux quand on arrive avec des propositions, parce qu'après tout on parle au nom de notre parti
politique. Alors, si on veut que notre parti politique soit pris au
sérieux, il faut s'assurer que les affirmations qui sont faites soient...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : M. le ministre, un instant, s'il vous plaît. Un
instant, s'il vous plaît. Mme la leader, appel au règlement? Quel est votre
appel au règlement?
Mme Setlakwe :
...ce sont des propos blessants, de dire que notre formation politique, par
le biais de notre collègue de Notre-Dame-de-Grâce, met de l'avant, cet
après-midi, des propositions non rigoureuses, qui ne tiennent pas la route.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
J'ai...
Des voix : ...
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
S'il vous plaît! S'il vous plaît! J'ai entendu la leader de l'opposition
officielle, j'aimerais entendre le leader du groupe du gouvernement. Allez-y, M.
le leader.
M. Lévesque (Chapleau) : Ce
n'est pas un appel au règlement, Mme la Présidente. Parfois, la vérité choque.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Bon,
merci. Merci beaucoup. Donc, à mon tour de vous signaler que vous devez garder
le respect de tout le monde, vous devez avoir un respect pour tout le monde. Et
ça, ce message-là est pour tout le monde
ici. Je vous invite à la prudence, tout le monde. Je l'ai déjà fait avant que
le ministre intervienne, je le refais maintenant, et ce message est pour
tous.
Donc, M. le ministre, veuillez poursuivre, s'il
vous plaît.
M. Drainville : Oui,
bien, j'espère que le mot «rigoureux», Mme la Présidente, est toujours permis
en cette Chambre. À ma connaissance, il l'est. Alors, je persiste et
signe.
Maintenant,
mettons de côté les affirmations qui ont été faites dans la dernière intervention
et restons sur le fond des choses.
D'abord, Mme la Présidente, je lis la
motion : «Que l'Assemblée nationale rappelle — etc. — que
le Québec s'est fixé [pour] objectif de réduire d'ici 2030 de 37,5 % ses
émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.» Ça, c'est factuel, puis, à ma connaissance, il n'y a
personne dans ce gouvernement qui a annoncé quelque modification, révision
de cette cible. À ma connaissance, ce n'est
pas arrivé, puis je pense que, si ça avait été le cas, je l'aurais su. Alors,
c'est le premier paragraphe.
«Qu'elle réaffirme le respect de ces cibles...»
En fait : «Qu'elle réaffirme — dis-je bien — que
le respect de ces cibles — oui — est
essentiel pour répondre à l'urgence climatique et maintenir la crédibilité du
Québec sur la scène internationale.» Bien, c'est évident, Mme la
Présidente, qu'il faut garder une cible, et puis, oui, cette cible-là, elle est
importante pour assurer la crédibilité du Québec.
• (16 heures) •
Maintenant, je rappelle que nous allons avoir,
dans les prochaines semaines, une consultation parlementaire, que la loi nous oblige à tenir, et ce sera
justement pour entendre les avis, les analyses, les opinions des experts et des
groupes citoyens qui vont venir dire au Parlement, donc à nous les
députés : Voici ce que devrait être la cible pour la suite des choses.
Alors, on ne va pas annoncer, Mme la Présidente, ce que sera la cible. La
cible, pour le moment, c'est bien 37,5 % d'ici 2030, et, pour le moment, à
tout le moins, il n'y a personne qui l'a changée, qui l'a modifiée. Et là les consultations vont servir, justement, à réfléchir
sur cette question, parce que, oui, j'ai bel et bien annoncé, à la suite de ma
nomination comme ministre de
l'Environnement, que nous allions réfléchir aux cibles, bien entendu, puis je
vais expliquer dans un instant pourquoi c'est nécessaire de réfléchir à
ces cibles.
Bon, qu'elle
«demande au gouvernement de s'engager à ne pas affaiblir les cibles actuelles»,
etc. J'ai le goût de répondre, Mme la Présidente, on va d'abord tenir la
consultation et, par la suite, on prendra notre décision, la meilleure décision possible dans l'intérêt collectif des
Québécois. Bien, voilà, je trouve que c'est une motion qui est une très bonne base
de discussion et donc je remercie le député d'Hochelaga-Maisonneuve de l'avoir
déposée.
Maintenant,
Mme la Présidente, encore une fois, je tiens à le réitérer, nous, on ne recule
pas, là. On n'est pas dans un état d'esprit de recul sur la question du climat.
Par contre, on est dans un état... d'esprit, dis-je bien, où il faut prendre en
compte, dans la détermination des cibles, il faut prendre en compte le contexte
géostratégique, qui a beaucoup changé, Mme la Présidente. C'est quand
même... je pense qu'il faut se le rappeler, je pense que c'est important de
rappeler que le nouveau président américain a éliminé l'essentiel de la
politique climatique des États-Unis. Il a abandonné la filière batterie. Il a
abandonné une très grande partie des mesures visant à favoriser la transition
énergétique. Il a mis la hache dans les crédits d'impôt et autres aides
financières pour les énergies renouvelables. Tout ce qui est de la transition énergétique, tout ce qui doit encourager
l'émergence des technologies vertes, Trump a fait sauter ça, là. Je vous
rappelle que Trump souhaiterait que le dioxyde de carbone ne soit plus
considéré comme un polluant atmosphérique. C'est ça, la politique du président
américain actuellement.
Et qu'est-ce
qui s'est passé depuis que Trump est arrivé, Mme la Présidente? Bien, il faut
le noter, le gouvernement fédéral, le gouvernement canadien, a fait
sauter sa taxe sur le carbone pour les personnes, pour les consommateurs. En fait, le seul État, Mme la Présidente, la seule...
la seule province au Canada qui a encore une taxe sur le carbone, c'est le Québec.
Alors, si nous, comme gouvernement, ne souhaitions pas maintenir une politique
de lutte aux changements climatiques, je ne pense pas que nous aurions décidé
de maintenir la taxe sur le carbone.
Et pourquoi
avons-nous décidé, donc, de maintenir notre participation au marché du carbone,
Mme la Présidente? Bien, c'est parce
que la taxe sur le carbone, elle sert à financer toutes sortes de mesures de transition
énergétique qui sont évidemment
bonnes pour le climat, mais qui sont bonnes également pour l'émergence de
filières vertes qui sont importantes pour que le Québec demeure un
leader en matière de transition énergétique. Et c'est important, Mme la Présidente,
cette décision-là que nous avons prise, comme
gouvernement, parce que, justement, il y a... il y a des voix qui s'élèvent
pour dire qu'on devrait tout laisser tomber et qu'on devrait jeter le bébé avec
l'eau du bain.
Alors, le choix que
nous avons fait, c'est un choix pragmatique. Nous avons dit : On va garder
la taxe sur le carbone, mais, attention, on va s'assurer que les Québécois, que
les citoyens qui la paient en voient davantage les bénéfices concrets. Et c'est
pour ça que le premier ministre a dit : Il y a une partie des sous qui se
retrouvent au fonds... au FECC, au Fonds vert, si vous... si vous préférez la
vieille appellation, donc une partie de cet argent qui est récolté à même la
bourse sur le carbone, la bourse du carbone, bien, une partie de ces fonds-là
va être retournée aux citoyens sous forme de mesures visant à aider les
citoyens.
Puis
ça, c'est important, Mme la Présidente, pour deux raisons. D'abord, parce que
nos Québécois, présentement, vivent des moments difficiles au niveau du
pouvoir d'achat, l'économie ressent les contrecoups des tarifs, et tout le reste, donc on sent le besoin d'aider nos
concitoyens, d'aider notre population par des mesures concrètes. Et puis ça nous
permet aussi, Mme la Présidente, de montrer en quoi les Québécois bénéficient
concrètement de cette taxe, pas juste parce que c'est bon pour le portefeuille,
mais aussi parce que c'est bon pour l'adhésion populaire, Mme la Présidente. Si on veut que les Québécois, que le consensus
québécois pour continuer à lutter contre les changements climatiques reste
fort, bien, il faut continuer à faire de la pédagogie, il faut continuer à dire
que, oui, la planète se réchauffe, il faut continuer à s'en occuper pour
les enfants, pour les petits-enfants qui nous... qui nous suivront, mais il
faut aussi montrer que cet effort climatique
n'est pas qu'une punition, qu'il y a des avantages tangibles, des bénéfices
tangibles liés à cette lutte contre le changement climatique. Alors, cette
annonce du premier ministre, qui trouvera éventuellement son expression dans
des mesures concrètes, tangibles,
c'est une annonce quand même importante, là, qui a été faite et sur laquelle nous travaillons présentement.
Bon, alors, on reste
des leaders. Je ne comprends pas trop, là, les grands mots, les gros mots, là,
«trahison», «complaisance». Mon Dieu! Je n'ai pas... Enfin, on ne vit pas... on
ne vit pas sur la même planète.
Alors,
Mme la Présidente, donc, on continue à travailler, mais on s'adapte au
contexte, parce que, oui, Mme la Présidente, ce que... ce qui se passe
présentement fait mal à notre économie, et le mandat que le premier ministre
m'a donné, il m'a dit : Écoute, il faut
trouver l'équilibre entre la protection de l'environnement et la protection de
l'économie. Il faut mener ces deux batailles ensemble.
Je vais le dire
autrement, Mme la Présidente, là, puis ça va peut-être faire sursauter, là,
mais j'ai la conviction profonde que les Québécois ne sont pas prêts à perdre
leur emploi pour justifier une politique climatique. Il faut rassurer les
Québécois et il faut trouver, dans notre politique climatique, un équilibre
responsable qui allie, justement, la protection des emplois et la protection de
l'environnement. C'est ça, mon mandat, moi, Mme la Présidente. C'est ça, mon mandat. J'ai appelé ça, dans une entrevue ou
deux, du pragmatisme vert. Le pragmatisme vert, c'est ça, moi, qui va me
guider.
Alors, c'est une
politique environnementaliste, climatique, mais qui ne perd jamais de vue qu'on
est dans un nouveau contexte. Et ceux et celles qui, dans l'opposition,
l'oublieront se le feront rappeler allègrement pas juste par nous, mais par les citoyens québécois. Oui, les
citoyens québécois, j'en ai la conviction, veulent continuer à lutter contre le
réchauffement climatique, oui, les citoyens québécois ont à coeur l'avenir de
la planète, mais les citoyens québécois veulent aussi entendre une voix responsable
qui leur dit : On comprend la situation économique dans laquelle on se
trouve présentement, et, oui, il faut apporter des ajustements.
Et là j'en donne pour
exemple la mesure que nous avons annoncée par rapport à l'électrification des
transports. Alors, ça, ça a été la première
vraie décision que j'ai prise comme nouveau ministre de l'Environnement. Alors,
qu'est-ce qu'on a décidé? Si on se résume, Mme la Présidente, qu'est-ce
qu'on a décidé, là, par rapport à la norme VZE, donc, véhicules zéro émission? On a décidé de faire sauter l'obligation
d'acheter une voiture électrique en 2035. Dit autrement, on a fait
sauter l'interdiction d'acheter une voiture à essence en 2035. Puis je l'ai
dit, ça aussi, dans quelques entrevues, je pense qu'à un moment donné, Mme la
Présidente, il y a une limite à faire avaler à nos citoyens ou à certains de
nos citoyens un changement dont ils ne
veulent pas. À un moment donné, essayer de rentrer dans la gorge des citoyens
quelque chose qu'ils n'aiment pas puis dont ils ne veulent pas, c'est
contre-productif.
• (16 h 10) •
Alors, on en a, de
nos concitoyens, on ne va quand même pas le nier, qui trouvent que... qui
trouvaient que cette interdiction allait
trop loin. On en a pris note et on s'est ajustés, mais, parallèlement à ça, Mme
la Présidente, quand je parle d'une
approche équilibrée et responsable, qu'est-ce qu'on a dit? On a maintenu une
cible d'électrification des transports, pour 2035, qui reste extrêmement ambitieuse. Au lieu d'être sur une
cible de 100 %, on a décidé d'y aller avec une cible de 90 %,
90 % qui inclut, il est vrai, les véhicules hybrides branchables.
Alors,
oui, c'est un ajustement, oui, c'est un assouplissement, oui, c'est une
adaptation, mais ne venez pas me dire que
ce n'est pas une cible ambitieuse. 2035, Mme la Présidente, 90 % de tous
les véhicules qui seront soit électriques soit hybrides branchables, ça fait du Québec... ça continue de faire du
Québec un leader sur cette question de l'électrification des transports.
D'ailleurs, c'est très intéressant, ça a été abondamment documenté, noté,
souligné. C'est très intéressant. Les
groupes qui s'intéressent à ça, ils ont vu ce qu'on a déposé, et il y en a
beaucoup qui s'en sont trouvés pour dire : Quel juste milieu
intéressant qui devrait nous inspirer, nous aussi, ailleurs au Canada, par
exemple!
Alors,
est-ce que c'est parfait, Mme la Présidente? Bien non, ce n'est pas parfait,
mais c'est une position modérée, équilibrée, qui ne renonce en rien à
l'essentiel mais, qui s'adapte aux conditions nouvelles dans lesquelles nous
vivons. J'aime pas mal mieux ça, Mme la
Présidente, qu'une politique qui se veut, comment dire, parfaite, vous savez,
là, idéaliste, mais là, là, tu sais, les... dans le jardin des licornes.
On propose, là, des choses, là, vous savez, Mme la Présidente, c'est
magnifique, c'est tellement fleur bleue, c'est fantastique, mais c'est
totalement déconnecté de la réalité.
Et là j'ai très hâte, Mme la
Présidente, d'entendre les libéraux nous dire quelle sera la cible de
diminution de GES qu'ils vont
proposer, là, dans le cadre de la discussion que nous allons avoir autour de la
consultation parlementaire. Très, très hâte de les entendre, parce
qu'eux autres, et QS, et le PQ, c'était la surenchère sur la cible, sur la
réduction de GES pour 2030. J'ai hâte de
voir s'ils vont prendre en compte le nouveau monde dans lequel nous nous
trouvons présentement, celui où celle
qui reste encore la première puissance industrielle au monde a fait
essentiellement sauter tous les verrous de sa politique climatique, le
monde dans lequel le gouvernement du Canada a emboîté le pas et un monde dans
lequel le Québec reste un leader en matière de lutte aux changements
climatiques.
J'ai très, très hâte
de les entendre là-dessus et j'ai très, très hâte qu'ils nous disent comment
ils vont l'atteindre, leur cible. Parce qu'il ne s'agit pas juste de se donner
une cible pour bien paraître, il faut se donner une cible qui est atteignable
et, encore une fois, qui prend en compte l'intérêt des Québécois, pas l'intérêt
d'un discours, pas l'intérêt d'une
idéologie, pas l'intérêt des groupes de pression, l'intérêt du citoyen dans
toute sa composante, l'intérêt du citoyen qui veut qu'on continue à lutter
contre les GES mais qui veut aussi préserver l'emploi de la famille, les
emplois de la famille. Alors, pragmatisme vert, Mme la Présidente,
équilibre et responsable.
Et
là je fais une petite parenthèse, Mme la Présidente. Vous avez vu l'annonce
qu'on a faite sur le mont Orford. Qu'est-ce que c'est, l'annonce qu'on a faite sur le mont Orford, Mme la
Présidente? Ça, je pense que c'est légal, ça, hein? C'est-tu légal, ça? C'est-tu correct, ça? Ce n'est pas correct,
ça? Bien, ce n'est pas didactique, ça? Ce n'est pas didactique, bon. Alors, imaginez un parc du mont Orford, 60 kilomètres
carrés, et on a ajouté à ce parc près de 50 kilomètres carrés, on l'a
annoncé il y a deux semaines, Mme la Présidente, un des plus grands parcs
nationaux au Québec. Ça fait 20 ans que ça avait été promis.
Savez-vous
par qui ça avait été promis, l'agrandissement du parc du Mont-Orford, Mme la
Présidente? Par nos amis d'en face, le Parti libéral. Savez-vous à quel
moment ils l'ont promis? Ils l'ont promis quand ils se sont proposé de
privatiser une partie du parc. Moi, j'animais La part des choses dans le
temps. Moi, j'ai fait des entrevues avec feu Claude Béchard et puis avec
d'autres acteurs du débat. C'était un débat enflammé, Mme la Présidente, le
débat autour du mont Orford. Les Québécois se sont levés. Il y a eu une grande
manifestation à l'occasion du Jour de la Terre à Montréal, plus de
10 000 personnes, des leaders d'opinion, comme Clémence DesRochers,
qui se sont levés pour dire : Il n'en est pas question, SOS Parc Orford,
il n'en est pas question, vous ne viendrez pas privatiser le parc national du
Mont-Orford. Un ancien député libéral, Robert Benoit, ancien président du Parti
libéral, a été un des grands leaders de cette campagne contre la privatisation
du parc national du Mont-Orford, sa conjointe
Gisèle aussi, un moteur, un carburant de cet effort, de cette campagne de
mobilisation citoyenne. Ils étaient tous là, d'ailleurs, à l'annonce quand je
l'ai... quand je l'ai faite avec ma collègue la ministre responsable du Sport
et du Plein air, avec le député d'Orford puis le député de Richmond également.
Grande
fierté, Mme la Présidente, parce qu'ils ont vu dans cette annonce le
couronnement de 20 ans de mobilisation. Vous rendez-vous compte? On a acheté, Mme la Présidente, l'État
québécois a acheté pour près de 40 millions de dollars de
terrains pour agrandir le parc. Puis on a annoncé, cette journée-là,
20 millions de plus pour l'aménager, pour ajouter des sentiers de
randonnée pédestre, des kilomètres de pistes cyclables, des parois d'escalade,
des stationnements pour permettre aux citoyens de s'y rendre. C'est une des
plus belles annonces, Mme la Présidente, qui a été faite au Québec ces
dernières années en matière environnementale.
Puis on vient, par
ce... par cette annonce-là, corriger l'erreur des libéraux puis mettre le
dernier coup dans... le dernier clou,
dirais-je, dans le cercueil de ceux et celles qui pensent encore ou qui
rêveraient encore de privatiser le parc national du Mont-Orford. Ça fait que je peux vous dire une affaire, Mme
la Présidente, les leçons de pureté environnementale de la part des
libéraux, si j'étais à leur place, je me garderais une petite gêne. Je dis ça
de même.
Alors,
pourquoi je parle de ça? Vous allez dire, madame... M. Drainville... bien,
pas «M. Drainville», M. le député, on parle de climat, vous parlez d'accès à la nature, mais qu'est-ce que
c'est? Vous n'êtes pas cohérent. Mme la Présidente, moi, je pense que toutes les mesures qui font
aimer la nature donnent le goût aux citoyens de la préserver, puis d'en assurer
la pérennité, et, oui, de participer à la
lutte contre les GES. Il y a un lien, pour moi, Mme la Présidente, dans le fait
de faire aimer la nature, dans le fait de lui donner accès, dans le fait
d'annoncer des nouveaux parcs nationaux puis, après ça, dans le même
mouvement, dire aux Québécois : Cette nature si belle, elle pourrait être
mise à risque par le réchauffement de la
planète. Il y a un lien cohérent, Mme la Présidente. On fait aimer le Québec,
on fait aimer le territoire, on fait aimer notre nature, on fait aimer
notre eau, nos lacs, notre fleuve, l'air que nous respirons, notre faune, notre
flore. Si on les fait aimer, on va donner le goût aux Québécois de continuer à
lutter pour qu'on fasse notre part pour laisser à nos enfants une planète qui est vivable. C'est ça, la cohérence, Mme la
Présidente. Ça fait qu'on va la faire, la consultation, puis après on
répondra à la question qui est posée par la motion.
Mais
je veux juste dire, Mme la Présidente, n'oubliez jamais une chose : le
Québec est l'État, en Amérique du
Nord, où il se produit le moins de GES par habitant. Ce sont les Québécois qui
sont sur la première marche du podium. Puis ça, là-dessus, je
rejoindrais... si elle en faisait l'affirmation, je rejoindrais la députée de Notre-Dame-de-Grâce
ou d'autres députés de l'opposition qui
auraient raison de dire : Cette première place, le fait que nous soyons
les champions de la lutte contre les
GES en Amérique du Nord, c'est le fruit de nos décisions collectives qui
se sont étalées sur plusieurs générations. C'est le fait, d'abord, d'avoir
hérité d'une nature exceptionnelle, qui nous a permis de construire des
barrages puis de produire de
l'énergie verte, de l'énergie propre. C'est le fait d'avoir créé Hydro-Québec, puis c'est le fait de l'avoir consolidée, puis de l'avoir renforcée,
puis de...
• (16 h 20) •
Une voix :
...
M. Drainville : Voilà. On
l'a... On l'a nationalisée. Et puis, sous M. Godbout, hein, on a créé
le... comment dire, la... l'organisation
initiale, la société initiale, c'est Godbout qui l'a créée. René Lévesque est
arrivé par la suite dans le gouvernement de Jean Lesage, et là on a
nationalisé les entreprises privées.
Et,
dans cette foulée, il y a eu des décisions extraordinairement éclairées de nos
premiers ministres d'aller construire des
barrages sur la Côte-Nord. Duplessis a fait sa part, Lesage, Daniel
Johnson, tous les... la série de barrages, là, Outardes jusqu'à la
Manic, ça, c'est un choix collectif, c'est un choix gouvernemental de nos...
des gouvernements qui nous ont précédés. Puis, par la suite, il y a eu, bien
entendu, la grande décision historique de Robert Bourassa de construire la Baie James. Puis il y a eu d'autres décisions qui
allaient dans le même sens. Alors, on a récolté ça, nous, comme Québécois.
C'est ça, notre... notre héritage. Et c'est
comme ça qu'on s'est retrouvé à être les numéros un au monde pour lutter contre
les GES. Puis, Mme la Présidente, c'est sûr qu'on est très en avance des
autres. C'est plus facile de perdre du poids quand tu pèses 200 livres que
quand tu en pèses 100. Bien, nous autres, on en pèse 100, comprenez-vous?
Ça fait que c'est ce qu'on nous demande de
continuer. Oui, on veut continuer, mais il faut toujours garder à l'esprit
qu'il y a des conséquences. Et la raison, Mme la Présidente, et je vais terminer
là-dessus, la raison pour laquelle il faut demeurer optimiste malgré tout,
c'est qu'on continue, nous autres, d'avancer, comme gouvernement. Le plan
d'investissement d'Hydro-Québec, 200 milliards sur... d'ici 2035, c'est
pour produire de l'énergie verte. C'est une politique climatique. C'est une
politique économique, c'est une politique industrielle, mais c'est aussi une
politique climatique. Donc, on ne regarde
pas en arrière, nous autres, Mme la Présidente, on continue de regarder en
avant. On est fiers de notre bilan, et puis on va continuer à construire
un Québec dont on sera fiers et qui va permettre aux générations futures de continuer à vivre dans un des plus
beaux endroits au monde, Mme la Présidente. C'est ça, le Québec, c'est ça, le Québec, puis on va continuer à le construire
avec une politique environnementale et climatique équilibrée et responsable. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci, tout le monde.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci beaucoup, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député
des Îles, en vous rappelant que vous disposez de... que votre formation
politique dispose de 7 min 5 s.
M. Joël Arseneau
M. Arseneau : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Je vous avoue que je suis soufflé par ce que je viens d'entendre de la part du ministre de
l'Environnement, qui nous dit : Restez optimistes, qui nous dit : On
continue d'avancer. Mais l'essentiel de son discours nous parle de recul
et d'adaptation, non pas aux changements climatiques, d'adaptation aux politiques qui nous viennent de notre voisin
du Sud, de Donald Trump. Essentiellement, là, si on décortique le discours
qu'on vient d'entendre, Mme la Présidente, il faudrait abaisser nos standards à
ceux que nous propose le gouvernement américain, le premier ministre Donald
Trump.
Écoutez, on voulait pouvoir débattre de la
question environnementale, et c'est depuis plusieurs semaines qu'on souhaite qu'il y ait des consultations. Il faut
qu'elles viennent, et plus tôt que tard, parce qu'il y a des choses qui ont été
dites qui sont absolument à l'inverse
de la direction qu'on doit prendre, Mme la Présidente, mais exactement le contraire
de ce que le gouvernement, ce même gouvernement, disait pas plus tard
qu'en juin dernier.
Lors du dépôt
du plan de mise en oeuvre du plan environnemental du gouvernement, en juin
dernier, le 19 juin dernier, le ministre de l'Environnement, le
prédécesseur du ministre actuel, dit la chose suivante :
«Dans une conjoncture marquée par l'incertitude
économique et le récent retrait des efforts climatiques de l'administration
fédérale aux États-Unis, le Québec fait le choix de maintenir le cap, tout en
s'adaptant au contexte dans lequel il évolue.» Et là il nous dit : 2024,
ça a été l'année la plus chaude, sur la planète, de l'histoire :
inondations, feux de forêt, érosion des
berges, risques pour la santé des gens à travers l'ensemble de la planète. Et
évidemment dans nos villes, ici, au
Québec, on a des enjeux de santé, de qualité de l'air. Tous les phénomènes
climatiques sont présents chez nous. Tous
les drapeaux rouges sont levés. Et le ministre, le prédécesseur de celui qu'on
vient d'entendre, nous dit : Maintenons le cap, maintenons nos
ambitions climatiques. Il dit même qu'il faut accélérer cette transition.
Changement de
ministre. Prorogation. Nouveau discours d'ouverture. On déchire, Mme la
Présidente, l'ensemble de ce qu'on a fait ces dernières années pour revoir, et
on ne sait pas trop comment, les objectifs, les ambitions du Québec, qui se traduisent non pas seulement, là, dans le
Plan pour une économie verte du gouvernement actuel, mais qui émanent des
accords internationaux auxquels le Québec a souscrit depuis plus d'une dizaine
d'années parce qu'on a la juridiction de l'environnement québécoise et
on doit prendre notre place et assumer nos responsabilités face aux autres
nations de la planète.
Et là un gouvernement libéral a... s'est inscrit
dans le mouvement et nous a proposé, et on a adopté, une loi qui fixe les
objectifs, justement, de réduction de gaz à effet de serre, il y a de ça une
dizaine d'années, à 37,5 % de réduction par
rapport à 1990. Ce sont les cibles qui ont été adoptées il y a 10 ans, qui
ont été maintenues par un gouvernement du Parti québécois, auxquelles on a ajouté un certain nombre d'éléments,
comme, par exemple, l'électrification des transports et de la société
québécoise.
La Coalition avenir Québec, Mme la Présidente,
n'avait pas un plan environnemental révolutionnaire, mais, minimalement, elle
s'est inscrite dans la foulée des gouvernements précédents. Elle ne voulait
pas, justement, engager le Québec dans un recul, jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à
ce qu'on entende un certain nombre d'éléments dans le discours du ministre, et
j'en suis encore renversé, Mme la Présidente. Le ministre dit qu'ailleurs le
gouvernement fédéral a aboli la taxe carbone et qu'au Québec on a décidé de
retenir la taxe carbone. Il n'y a pas, Mme la Présidente, de taxe carbone au
Québec. Le ministre semble l'ignorer. Quand même! Est-ce que les cahiers de
breffage ont été remis au ministre? Il n'y a pas de taxe carbone. Il y a, au
Québec, un marché du carbone. On est lié avec la Californie dans un système de
plafonnement et d'émission des gaz à effet de serre, du carbone.
Et donc c'est ça, le modèle québécois, et c'est
ce qui nous permet justement d'investir, parce que ça génère des revenus, investir dans la transition
énergétique, investir dans l'innovation, investir dans le développement économique
qui a des retombées
écologiques et environnementales. Et là le gouvernement, pas plus tard que ce
matin, nous dit : Bien oui, il y a ça, on va le maintenir, mais on va
peut-être... bien, ça, c'est... il y a déjà quelques jours, là, on va l'axer
davantage vers l'adaptation aux
changements climatiques puis on va laisser tomber, là, la question de la
production des gaz à effet de serre, ce n'est pas si important.
C'est comme si on
disait, là, en santé, on va tout investir dans le curatif, dans les hôpitaux.
Malheureusement, c'est déjà pas mal le cas, mais on oublie la prévention. On va
juste, là, mener notre meilleure vie, faire tous les abus possibles, mais il y
aura des... un système de santé pour nous soigner. Là, on dit : Peu
importe la production de gaz à effet de
serre, nous, ce qu'on va faire, c'est s'adapter parce qu'au Québec on est bon,
parce qu'on a l'énergie hydroélectrique. Mme la Présidente, c'est
complètement irresponsable d'avoir une approche comme celle-là.
Et, ce matin, on
vient de nous dire que le fonds... d'électrification pour les changements
climatiques, de lutte aux changements climatiques, bien, qu'on pourrait
l'utiliser pour les routes au Québec. Écoutez, on croit rêver. Et malheureusement c'est un cauchemar que les
générations à venir et que nous-mêmes, on risque de voir si le gouvernement
maintient les orientations qui nous ont été brièvement exposées par le ministre
il y a quelques... il y a quelques minutes. C'est
extrêmement inquiétant, Mme la Présidente, et je ne vois pas comment on peut
faire un lien entre l'idée de convaincre les Québécoises et Québécois
d'adhérer à un plan comme celui-là en disant : Bien, il faut qu'ils en
voient les retombées concrètes. Les
retombées concrètes, elles sont évidentes autour de nous. Je viens de nommer
les phénomènes climatiques qui nous touchent. Il y a des sondages qui
indiquent encore que c'est une priorité, évidemment, des Québécoises et des Québécois. Et le gouvernement est prêt à tout
abandonner, Mme la Présidente. Je suis soufflé. C'est tout le temps que j'ai.
Merci.
• (16 h 30) •
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député de Jean-Lesage. La parole est à vous.
M. Sol Zanetti
M. Zanetti :
Merci, Mme la Présidente. Moi, il y a une affaire que je ne comprends pas, et
je ne comprends pas sur quelle planète vit le ministre de l'Environnement, le
premier ministre et toutes celles et ceux qui les soutiennent. Dans la question des... de la lutte aux
changements climatiques récemment, ils nous disaient : Les cibles de
réduction des gaz à effet de serre au Québec seront révisées bientôt et elles
seront probablement révisées à la baisse. Comment peut-on affirmer une chose
pareille? Comment peut-on à ce point abandonner la lutte aux changements climatiques
en 2025?
Et puis là on nous
dit : Ah! mais, écoutez, la situation géostratégique a changé, Donald
Trump a laissé tomber la serviette, pire que ça, et donc, là, on ne peut pas
ramer tout seul dans le bateau. Bien, au moment où les autres capitulent, c'est
le moment où on doit assumer un leadership encore plus fort. On est une place,
au Québec, où on pourrait être ces leaders de la transition écologique, qui
font une transition écologique, qui montrent que c'est possible. On a les
ressources pour le faire. On a les cerveaux pour le faire. On a des
institutions. On a un territoire formidable. On pourrait y arriver, puis ça
aiderait tout le monde qu'on y arrive. Bien sûr, on n'est pas 1 milliard
de personnes, mais l'impact qu'on pourrait avoir, comme modèle, pour d'autres
qui diraient : Regardez, au Québec, on fait ça, ça marche, donc on pourrait le faire chez nous aussi, tout
comme nous, on le fait en s'inspirant de bonnes politiques publiques qu'on
voit ailleurs, on pourrait faire ça, et plus les autres capitulent, plus il
faut qu'on fasse ça.
C'est
complètement fou aujourd'hui de dire : Les cibles du Québec, qui sont déjà
insuffisantes, ils vont peut-être les baisser encore plus en disant :
Écoutez, on est les meilleurs en Amérique du Nord. Bien oui, mais, en Amérique
du Nord, ce n'est pas les meilleurs
au monde. On s'entend, c'est facile, avec, à peu près, presque 200 pays
dans le monde, de se comparer à des dizaines de pays moins performants,
qui font plus de GES, c'est facile de faire ça, mais là on n'est pas tenus à la
facilité. En 2025, on est tenus au difficile. Il faut faire ce qui est
difficile, et ce qui est beau, et ce qui est juste.
Et là, quand le ministre de l'Environnement, je l'entends dire : Écoutez,
il faut penser aux intérêts des Québécoises et des Québécois, opposer l'intérêt des Québécoises et des Québécois à
la lutte aux changements climatiques, comme si lutter contre les GES, ça
allait être mauvais pour leurs intérêts, c'est vivre sur une autre planète.
Je
vais vous faire une petite liste non exhaustive de ce qui va arriver si on ne
s'occupe pas du climat, Mme la Présidente, et puis ça, c'est toutes des
informations des scientifiques de l'ONU puis de sources qui sont... qui font
des consensus dans la communauté scientifique. Parmi les phénomènes
météorologiques extrêmes, les fortes chaleurs sont à l'origine de plus de... de la plus grande mortalité, environ
489 000 décès liés à la chaleur, par an, entre 2000 et 2019. Ça, je
ne parle même pas de ce qui s'en vient si on ne réduit pas le réchauffement
planétaire en bas de 1,5 °C pour 2050. C'est une catastrophe. Les
niveaux des mers vont augmenter. Au cours des deux dernières décennies, je vous
parle de ce qui s'est passé, là, les
55 économies les plus vulnérables face aux changements climatiques ont
déjà subi, à elles seules, des dommages climatiques dépassés...
dépassant les 500 milliards de dollars. En 2022, les catastrophes ont
provoqué un nombre record de 32,6 millions de déplacements internes,
32 millions de déplacements internes, de migrations, dont 98 % ont été causés par des risques
météorologiques tels que les inondations, les tempêtes, les feux de forêt et
les sécheresses.
Je vous parle du passé.
Imaginez l'avenir si le Québec ne fait pas sa part et ne montre pas la voie.
S'il y en a qui s'inquiètent du nombre de
demandeurs d'asile, qui s'inquiètent du nombre de réfugiés, en ce moment, dans
le monde, puis qui trouvent que le Québec en accueille trop, bien,
regardez ce qui s'en vient si on n'agit pas sur les changements climatiques.
C'est terrible de penser aux drames que vont vivre ces gens-là, qui vivent dans
des villes qu'ils ne pourront plus habiter à cause qu'on ne s'est pas occupés
de la planète, et puis que, là, tout à coup, sur quelques décennies et sur quelques années, des millions de personnes devront
quitter leur logis, tout abandonner, tout perdre. Ce n'est pas les compagnies d'assurances qui vont les sauver, Mme la
Présidente, c'est les... c'est les impôts des contribuables, largement assumés
par la classe moyenne et les classes populaires parce qu'on n'ose pas
taxer les milliardaires. Il y a des drames. C'est une injustice intergénérationnelle qui est en train de
se faire quand on ose envisager baisser le pourcentage de la cible de nos
réductions de gaz à effet de serre. C'est
complètement inacceptable. C'est quelque chose qui est une... oui, c'est une
trahison. Je voyais le ministre, tout à l'heure, rire du mot «trahison».
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) :
M. le leader adjoint, quel est votre rappel au
règlement?
M. Lévesque
(Chapleau) : Il s'agit d'un mot au lexique. Je demanderais au collègue
de le retirer.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député, effectivement, vous n'avez pas terminé votre allocution, donc
je dois vous demander de retirer le mot avant de continuer votre... Est-ce que
vous retirez le mot?
Une voix :
...
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Parfait.
M. Zanetti : Une liste des catastrophes climatiques qui nous
guettent si la planète échoue à limiter le réchauffement de 1,5 °C,
j'aimerais ça que tout le monde écoute ça parce que ça devrait être une
priorité de tous les gouvernements de la terre en ce moment : montée
irréversible des mers, des centaines de millions de personnes déplacées,
mégapoles côtières partiellement englouties, Jakarta, Miami, Shanghai, etc.,
canicules extrêmes, des régions entières inhabitables plusieurs mois par an
avec des vagues de chaleur dépassant 50 °C, effondrement agricole,
rendements en chute libre, famines accrues,
hausse vertigineuse des prix alimentaires. On se soucie de l'intérêt des
Québécois? On se soucie du coût de la
vie? Soucions-nous des changements climatiques. Catastrophes naturelles en
série, tempêtes, feux de forêt, inondations d'une intensité et d'une fréquence inédites, propagation de maladies
tropicales, expansion du paludisme, de la dengue et d'autres virus vers
des zones tempérées, fonte totale de la cryosphère, disparition de la banquise
arctique estivale, effondrement des glaciers
himalayens et andins, crises sociales et migratoires massives, tensions
géopolitiques, instabilité politique, multiplication des zones de
conflit.
C'est ça qui arrive
si l'humanité n'atteint pas les objectifs de réduction de gaz à effet de serre.
Comment le Québec peut-il reculer là-dessus ou même penser à le faire? Comment
un premier ministre qui se soucie de la jeunesse peut-il en arriver à ces
conclusions-là? C'est complètement inadmissible.
Aujourd'hui,
on a ici la chaise des générations dans le salon rouge. C'est les générations
futures. Cette chaise-là, elle est là pour nous faire penser à ceux et
celles qui ne sont pas encore là et qui vont vivre les conséquences. Il y a...
Je dois faire des choix dans ce que je voulais aborder à cause du temps.
C'est... Je trouve ça difficile, Mme la Présidente.
Aujourd'hui...
hier, plutôt, on apprenait, avec le budget de l'État canadien, à qui on confie
presque 100 milliards de l'argent des Québécois pour faire des choses qui
sont souvent contre notre intérêt, on apprenait qu'ils veulent ouvrir à
Québec un terminal de conteneurs sans aucune étude de besoins, sans que
personne n'ait dit quelque part : Nous avons un problème économique parce que nous n'avons pas de terminal de
conteneurs. Sans que cette étude-là existe, on dit tout de suite :
Ah! on va mettre un terminal de conteneurs.
Dans
l'abstrait, là, ça a l'air bien, un terminal de conteneurs, mais dans une ville
et un... et des quartiers et un port où l'air est saturé de pollution et dans
un... dans une hypothèse de terminal de conteneurs qui rajouterait des
centaines de camions lourds par jour dans une zone qui est déjà polluée
par une papetière, par un incinérateur municipal et par du transbordement de
vrac, qui ne cessera pas avec des terminaux de conteneurs, on est en train de
mettre en péril la santé de la situation, sans aucune motivation économique qui
a pu être documentée.
C'est
très grave, ce qui se passe. Et j'ai... je suis... je suis très préoccupé par
ça. J'aimerais ça que le ministre de l'Environnement
s'en mêle également. Le gouvernement est en train de dire : On va faire
une promenade Samuel-De Champlain... Une minute? Je n'avais pas plutôt
11?
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) :
...
M. Zanetti :
Neuf? Ah! Je sens votre tristesse. Bon, bien, écoutez, Mme la
Présidente, on aura l'occasion de reparler
de ça, mais ce qui est certain, c'est qu'on doit cesser d'opposer l'économie à
l'environnement puis l'intérêt des Québécoises et des Québécois.
L'intérêt des Québécoises et des Québécois, c'est d'avoir une économie qui est
durable, qui est en équilibre avec l'environnement. Sinon, là, bien, il n'y a
rien d'autre qui va compter. Si on compromet notre capacité de se nourrir et
d'avoir de l'eau... J'avais préparé une liste des villages qui ont manqué d'eau
au Québec cette année, là, imaginez, en
2025, des puits à sec, des municipalités qui doivent acheter de l'eau. C'est là
qu'on est rendu. Puis qu'est-ce qu'on fait? On s'enfonce.
• (16 h 40) •
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole à
Mme la députée de Mille-Îles. La parole est à vous. Il vous reste, pour votre
formation politique, 5 min 15 s.
Mme Virginie Dufour
Mme Dufour : Excellent.
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Alors, écoutez, on peut ne pas s'entendre
sur les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, mais
la réalité est que nous vivons déjà les impacts des changements climatiques. Donc, peu importent les
cibles, si... c'est-à-dire, peu importent les cibles, si on ne s'entend pas,
même si on souhaite ne pas agir, bien, on vit déjà ces conséquences-là.
Et c'est de
ce... ce de quoi je veux vous parler aujourd'hui, Mme la Présidente, et je vais
vous parler... je vais arriver en 2017, je vais vous remémorer 2017. Vous êtes
députée de Mirabel, hein, si je ne me trompe pas, donc, vous l'avez vécu,
vous avez vu, en 2017, des rivières déborder. En fait, ce sont... ce sont les
premières inondations majeures de... Il y a eu Richelieu, là, en 2012, il y a
eu Richelieu, mais là, en 2017, ça a touché presque tout le sud du Québec,
c'était majeur. En fait, ce sont
261 municipalités qui ont été touchées, c'est majeur, ça a été quand même
exceptionnel. Et on disait que c'était des crues historiques qu'on
n'avait jamais vues. Il y a eu 5 371 maisons inondées, puis ça, c'est
ce qui a été déclaré, parce qu'il y en a
d'autres qui n'ont pas été déclarées, ça fait augmenter le bilan, mais
4 000, plus de 4 000 personnes évacuées, et c'est
considéré comme le troisième événement... à l'époque, c'était considéré comme
le troisième événement météorologique le plus marquant au Canada. Moi, je me
souviens, j'étais, à ce moment-là, responsable
des dossiers environnementaux à la ville de Laval, comme conseillère
municipale, et je peux vous dire que j'avais des bottes presque jusqu'aux
cuisses pour pouvoir naviguer dans certaines rues, et je dis bien «naviguer»,
parce que c'était... c'était
absolument dément. Et d'ailleurs j'étais avec l'ancien premier ministre du
Québec, Philippe Couillard, à
l'époque, pour faire la visite, et il y avait des endroits qu'on ne pouvait pas
aller, tellement l'eau était... était élevée dans les rues, on parle des rues. C'était à
Laval-Ouest, il y a des ponts qui étaient... on ne pouvait pas traverser. Je
vous l'ai dit, c'était historique.
On ne pensait pas revivre ça de si... de si
près, mais deux ans plus tard, à peine deux ans plus tard, 2019, bien, c'est
encore pire, Mme la Présidente, c'est encore pire, les crues ont été encore
plus élevées, il y a eu plus de villes touchées, 310 municipalités,
9 070 maisons inondées, presque le double. Mais, dans les faits, le
bilan aurait été bien pire, bien pire, parce
que ce qui s'est passé en 2019, c'est que les municipalités ont appris de 2017
et elles ont mis en place des mesures pour protéger leurs citoyens,
lorsqu'ils pouvaient le faire. Il y a eu des digues qui ont été érigées, parce qu'on pouvait prévoir où allait aller l'eau. Ce qui
a nui, disons, puis ce qui a fait en sorte que le bilan a été plus élevé, bien,
c'est la digue de
Sainte-Marthe-sur-le-Lac qui s'est effondrée. Autrement, le bilan aurait été
moindre, en 2019. Il y a eu des glissements de terrain, mais vraiment,
là, on a eu de l'eau comme on n'en a jamais eu, en 2019, et je pense que ça, ça
a été vraiment un événement marquant qui a fait en sorte qu'on a compris qu'il
fallait absolument s'adapter aux changements climatiques, prévoir pour le
futur.
Et ce qui est ironique, c'est que cette année,
2025, bien, ces mêmes municipalités qui avaient été touchées en 2017 et 2019 ont vécu leur pire sécheresse. Donc,
complètement l'inverse, hein, on n'a pas eu beaucoup d'eau durant l'été,
pas beaucoup de pluies, mais quand on était rendus
au mois d'octobre, les rivières... Moi, je suis députée des Mille-Îles,
j'ai, des deux côtés, la rivière des
Prairies, la rivière des Mille-Îles, je n'ai jamais vu le niveau d'eau aussi
bas. Des citoyens qui sont, disons, d'un âge plus avancé que le mien,
qui ont dépassé les 90 ans, m'ont dit qu'ils n'ont jamais vu ça de leur
vivant non plus, des niveaux d'eau. On a retrouvé... d'ailleurs, on peut voir
dans la rivière des choses qui ont été, à l'époque, lancées il y a très
longtemps, parce qu'à l'époque on se débarrassait des déchets, on les envoyait
dans la rivière, mais là ils apparaissent,
on les voit, et ça, c'est une... c'est une réalité. Les puits artésiens, le
collègue Jean-Lesage en parlait, justement — merci, Mme la
Présidente — les
rivières, comme je disais, qui étaient à sec, mais les puits artésiens, les
nappes phréatiques n'ont jamais été aussi basses. Les agriculteurs qui
doivent... qui ont dû transporter l'eau pour leurs animaux, des... Hydro-Québec
qui a eu des réserves d'eau... des creux historiques. Et ça, ce que ça a comme conséquence, Mme la Présidente, c'est que
c'est aussi des revenus en baisse pour le Québec, parce qu'Hydro-Québec
a moins d'hydroélectricité qu'elle peut vendre.
Donc, en somme, Mme la Présidente, les
changements climatiques sont déjà à nos portes. On peut jouer à l'autruche,
mais, dans les faits, si on les ignore, on va juste empirer la situation.
Donc, je vais répéter ce que ma collègue de Notre-Dame-de-Grâce
a dit, il faut que le Québec reste leader dans la lutte aux changements
climatiques. Et investir, c'est important, en adaptation, parce qu'autrement la
facture ne va qu'augmenter et coûter beaucoup plus cher aux Québécois.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole à Mme la députée
d'Argenteuil. Pour votre formation, il reste... il reste
2 min 46 s. La parole est à vous.
Mme Agnès Grondin
Mme Grondin : Merci, Mme la
Présidente. En fait, j'aurais voulu vous parler d'adaptation, de changement... aux changements climatiques, moi aussi, mais en
écoutant mes collègues de l'opposition, je trouve ça triste, Mme la Présidente,
les collègues de l'opposition, la majorité, ne semblent pas comprendre
qu'est-ce que c'est, la lutte aux changements climatiques. Il y a deux grandes
orientations : la réduction des émissions de gaz à effet de serre et
l'adaptation aux changements climatiques. La majorité de mes collègues
mélangent des termes : environnement, transition écologique, transition
énergétique, aléas climatiques, s'occuper de la planète. J'ai l'impression
qu'ils ne comprennent pas.
Le ministre a été très clair, il y a des
consultations publiques qui vont se faire pour discuter des cibles climatiques.
Sont-elles toujours réalistes? Peut-on aller plus loin? Ces discussions-là, on
va les faire. En attendant, on doit
travailler sur l'adaptation aux changements climatiques. Et c'est là que je
suis d'accord avec la députée des Mille-Îles, il faut absolument investir. Le député
d'Hochelaga-Maisonneuve nous parlait d'investissements et non de coûts. C'est exactement ce qu'on fait, Mme la Présidente. Je
peux vous parler de nombreux programmes, que ce soit pour les inondations, les feux de forêt, la biodiversité. On vient
d'annoncer 10 millions de dollars pour lutter contre les espèces
exotiques envahissantes dans les
17 régions du Québec. On vient d'annoncer, dans le Programme d'agriculture
durable, un soutien financier exceptionnel, une
hausse de 80 % pour aider nos producteurs et nos productrices agricoles
pour s'adapter aux changements climatiques. Pour la gestion intégrée de l'eau,
on n'annonce pas juste sur les inondations, on a une orientation principale qui
s'occupe d'évaluer les risques liés à l'eau.
Le travail, on le
fait, en termes d'adaptation aux changements climatiques. Moi, j'ai juste envie
de dire à mes collègues : Allez lire ce qui se passe parce que c'est
dans... c'est transversal, l'adaptation aux changements climatiques. Ça fait
que c'est ça, l'objectif. Donc, allez voir les mesures. Il y a beaucoup d'argents
qui sont investis, et on interpelle nos grandes expertises aux niveaux local et
régional. Donc, moi, je veux saluer le travail qui est en train de se faire. Et
arrêtons de dire qu'il n'y a rien qui se fait, s'il vous plaît, Mme la
Présidente.
La Vice-Présidente
(Mme D'Amours) : Merci, Mme la députée.
Donc, il n'y a pas eu
d'amendement présenté. Je suis prête, maintenant, à entendre le député d'Hochelaga-Maisonneuve
pour sa réplique. Et vous avez 10 minutes, M. le député. La parole est à vous.
M. Alexandre Leduc
(réplique)
M. Leduc :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, un chiffre que je n'ai pas eu
le temps de placer tantôt, qui est
important, sur les plus récentes données du ministère de l'Environnement :
les émissions de GES du Québec n'ont diminué que d'environ 7 % par rapport
à 1990. Parce que ce qui est inquiétant de ce chiffre, Mme la Présidente,
c'est qu'on devrait être au double, en ce
moment, pour atteindre nos émissions cibles, comme nous l'avons déjà... adopté,
pardon, dans le passé.
Je suis assez déçu de
la réplique du gouvernement, Mme la Présidente, pour plusieurs raisons. Tout
d'abord, j'ai posé des questions très pointues sur Marinvest. Pas un mot du
ministre sur ce projet-là. Pourtant, je sais de source sûre qu'il y a eu des rencontres avec le ministère, avec le
gouvernement. Semble-t-il qu'il y a même eu des rencontres avec les deux autres partis d'opposition. Je ne sais
pas pourquoi, à Québec solidaire, on n'a pas reçu de demande de rencontre
de Marinvest. S'ils veulent me parler, on
leur parlera, j'imagine, mais c'est inquiétant, ce projet-là, c'est majeur, ce
projet-là. On ne réussira pas à atteindre nos cibles si on commence à
dire : Oui, allons-y avec les pipelines, sans problème. Et le
ministre n'a fait absolument aucune allusion à cette question-là, alors que
j'avais évoqué des questions assez pointues.
Pas un mot non plus
sur le projet de loi n° 7. J'ai évoqué très clairement la question d'une
petite découverte, une petite surprise qu'on
a eue tantôt, pendant l'heure du dîner, pendant qu'on lisait les détails du
projet de loi, où est-ce que,
de manière assez étonnante, on abolit l'obligation de rendre publique, de
publier, de la part du ministre, le plan de mise en oeuvre, le bilan de mise en
oeuvre des mesures de réduction de GES. Je n'ai pas eu... absolument aucune
indication de la part du ministre pourquoi c'était ça qui était dans le projet
de loi n° 7. C'est quoi, l'objectif d'arrêter de publier ce bilan-là?
C'est utile pour tout le monde, les citoyens, les groupes, les députés
d'opposition, d'avoir accès à ces
informations-là pour être capables de faire notre travail, pour être capables
de voir si on atteint nos cibles, si on avance collectivement. C'est
quoi, l'intérêt d'abolir ça? J'avoue que je ne la comprends pas.
• (16 h 50) •
Autre surprise, autre
surprise qu'on a découverte tantôt, dans le projet de loi n° 7, le
gouvernement se donne le droit d'aller piger
dans les surplus, dans le Fonds vert pour financer d'autres choses, hein? On l'a évoqué
tantôt, je ne me rappelle plus quel collègue, le Fonds vert, qui vise à
financer, d'habitude, le Plan pour une économie verte, qui vise à
financer des mesures pour la réduction de GES, le gouvernement peut prendre, à
partir de maintenant... bien, on va voir si le projet de loi n° 7 est
adopté, mais se donne le droit d'aller piger là-dedans pour aller financer le Fonds
des générations pour aller payer la dette. C'est quand même assez hallucinant,
Mme la Présidente. On est en train de nous dire
le plus sérieusement du monde... Probablement qu'on va voter contre notre motion, ce qui laisse
entendre qu'on va réduire les cibles dans la fin de l'exercice qui est à
venir. Puis, en même temps, on nous dit : Oui, puis l'argent qu'on
accumulait pour essayer de financer des initiatives de réduction de GES, bien,
on va financer la dette avec ça. Quoi? Ça ne fonctionne pas, ça! Ce n'est pas
réaliste. Le ministre parle de pragmatisme vert. Ce n'est pas du pragmatisme
vert pantoute, c'est de la renonciation, ça.
Puis c'est même
précisé qu'on va pouvoir s'en servir aussi, pas juste pour payer la dette, pour
financer des routes. On va financer des
routes, Mme la Présidente, avec l'argent du Fonds vert. C'est complètement
hallucinant. C'est reculer, ça, Mme
la Présidente. Ce n'est pas aller en avant, comme le ministre le disait tantôt.
Alors, il y aura des belles batailles à
mener sur le projet de loi n° 7, puis vous pouvez compter sur nous pour les
mener avec beaucoup d'entrain et beaucoup d'enthousiasme.
Le ministre a fait
des drôles de discours aussi. Il a fait référence au fait que nous, on était
dans la surenchère. Il a accusé les
différents partis d'opposition de faire de la surenchère sur les cibles de
réduction. Bien, coudon, Mme la Présidente, j'aimerai toujours plus être
dans la surenchère des cibles de réduction que dans la surenchère identitaire, comme on le connaît ici avec le Parti québécois puis la CAQ. Si... À choisir une surenchère, j'aime mieux choisir la
surenchère d'une meilleure cible de réduction des gaz à effet de serre.
C'est pas mal plus profitable à la société québécoise.
Parlons-en, donc, de
la société québécoise. Là, M. le ministre disait que lui avait l'intérêt du
citoyen en tête. Je vous rappelle que le ministre n'est pas le seul dépositaire
de l'intérêt des citoyens du Québec, Mme la Présidente. On a tous, ici, l'intérêt des citoyens du Québec, on propose différentes
affaires, mais il n'a pas le privilège de monopole de l'intérêt du citoyen du Québec. Quand on défend
des meilleures cibles, là, de réduction de GES, on n'est pas en train de souhaiter
la fermeture d'usines ou d'emplois dans des régions, Mme la Présidente, on est
en train de souhaiter des investissements pour des nouveaux emplois verts.
Moi, je reste marqué,
il y a plusieurs années... vous savez que j'étais dans le milieu syndical
auparavant, et mon ancien président était venu en cette... en cette bâtisse
pour parler de réduction de gaz à effet de serre, justement. Il avait dit : Il n'y a pas d'emploi sur une
planète morte. Puis là il venait briser un peu le vieux tabou que les syndicats
puis les travailleurs, ils voulaient juste garder leur job puis ils s'en
foutaient, des GES. Bien, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai. On en parle, des GES. On en parle, du
climat. Quand je vous dis que j'ai eu l'idée de faire un plan, un projet de loi
pour la création des comités de transition à partir d'une discussion que
j'ai eue avec des métallurgistes dans l'industrie lourde qui veulent contribuer
davantage puis qui cherchent des moyens pour le faire parce qu'ils voient que
ni leur gouvernement ni leurs patrons ne
sont capables de gagner cette bataille-là en ce moment, ils cherchent d'autres
solutions, d'autres leviers, bien, c'est les travailleurs et les
travailleuses qui sont au centre de cette discussion-là puis qui m'ont donné cette idée-là, que j'ai soumise aux
collègues il y a deux semaines. Donc, qu'on ne vienne pas me dire qu'on n'a pas
l'intérêt des travailleurs, travailleuses du Québec et que ce n'est
soi-disant pas compatible, l'économie et la radicalité... pas la... pardon,
mais une plus rapide transition énergétique et économique au Québec.
On nous a dit qu'on
était dans le pays des licornes. Le pays des licornes, c'est de continuer de
faire la même chose qu'on fait puis en espérant que ça donne des résultats
différents. Le pays des licornes, ce n'est pas se pointer à la COP, puis penser
que le message va être le même que d'habitude, puis que le Québec reste un
leader. Ça, c'est le pays des licornes, Mme
la Présidente. Le pays des licornes, ce n'est pas d'aller à COP puis d'annoncer
qu'on va piger dans le Fonds vert
pour payer la dette puis faire des autoroutes. Ça, c'est le pays des licornes,
Mme la Présidente. Qu'on n'accuse pas Québec solidaire d'être sur le
pays des licornes.
Le
ministre s'est vanté d'avoir fait une belle réalisation puis une belle annonce
sur le dossier d'Orford, le parc d'Orford. Bravo! C'est très bien. Un nouveau parc avec une belle annonce, c'est
très bien, avec plein de belles personnes qui étaient présentes. Moi,
j'étais heureux d'entendre ça. Par contre, si on veut faire des bilans, Mme la
Présidente, il faut qu'on fasse des bilans complets. Ce même ministre et
l'ensemble de ses collègues, il y a quelques mois, ici présents, aux petites heures du matin, ont voté un bâillon pour
saccager un milieu humide à Blainville dans le dossier de Stablex. Alors, on
peut bien dire qu'on est en train de faire un beau parc à Orford, bravo, on
peut vous donner une belle petite tape dans le dos, si vous voulez, mais si, en même temps, de l'autre côté, on
détruit un milieu humide, puis on saccage une entreprise, puis on ne
respecte pas la démocratie municipale, ce faisant, on n'est pas plus avancés,
Mme la Présidente.
Ça
a l'air de réagir, de l'autre bord. Je ne sais pas s'ils sont fiers de ce
dossier-là. Je les invite à revisiter ce dossier, parce que ce n'était
pas, en effet, joli.
Je ne les ai pas
entendus non plus parler du dossier de Northvolt. On a aussi saccagé un milieu
humide dans ce dossier-là. On a gaspillé des millions et des millions d'argent
public dans ce dossier-là. Donc, on nous parle de transition, on nous parle qu'il ne faut pas être trop négatif, mais il y
a des choses qui se passent au Québec, Mme la Présidente, qui ne sont
pas jolies, jolies en dossier d'environnement.
Puis l'absence du
ministre à la COP... oui, il y aura une délégation, on l'avait compris, là,
mais l'absence du ministre à la COP,
concomitante avec l'absence d'annonce, parce
que, d'habitude, quand le ministre
arrivait la COP, là... Puis vous
connaissez le domaine des conférences internationales, Mme la Présidente, c'est
ça, le principe, c'est comme les sommets. Le but d'organiser ça, c'est
que tout le monde se botte un peu le derrière puis ils mettent des... des
nouvelles initiatives au jeu. C'est ça, le concept même d'une COP. Des fois, on
a des sommets plus régionaux, mais c'est la même
affaire. Le monde... Les décideurs se pointent dans ces affaires-là avec des
annonces. Là, c'est un peu la surenchère, pour reprendre le terme de mon
ministre, la surenchère des belles annonces. Ça fait que d'habitude le
gouvernement du Québec se pointe à la COP et
arrive avec des belles annonces en matière d'environnement. Je le disais tantôt
dans mon discours d'ouverture, l'an dernier, c'était sur le gaz. On
voulait réduire l'utilisation du gaz au Québec, interdire la construction de
nouveaux bâtiments au gaz dans cet objectif-là, dans l'objectif d'atteindre nos
cibles de GES, de réduction de GES. Là, on
ne se pointe pas à la COP. Visiblement, on n'a pas d'annonce. Qui vivra verra
la semaine prochaine, peut-être qu'il aura des belles surprises, mais il
n'y en a pas cette semaine visiblement. Mais non seulement on n'a pas des
belles annonces, on a des reculs d'objectifs dans un projet de loi qui est
supposé de parler d'efficacité de l'État puis
de fusions d'organismes, on abolit l'obligation de publier le rapport et le
bilan de la mise en oeuvre de la réduction de gaz à effet de serre puis on
est en train de dire qu'on va utiliser le Fonds vert pour payer la dette
puis faire des autoroutes. C'est regrettable, Mme la Présidente. Ce
n'est pas comme ça qu'on doit avancer au Québec.
Le ministre veut que
je sois en mode propositionnel, on va le faire dans les quelques minutes qu'il
me reste. Nous, on pense qu'il faut être
propositionnel, en effet, puis mettre des affaires au jeu. On a parlé de
pipeline tantôt. Il faut arrêter les pipelines au Québec. Il faut
adopter une loi climat contraignante. Plusieurs pays l'ont fait pour forcer le
gouvernement à rendre des comptes sur les cibles. Il faut une planification
écologique de l'économie. Ça veut dire soutenir des secteurs d'avenir, encore
plus d'électrifier, plus de matériaux verts, plus d'économie circulaire. Ce
n'est pas quelque chose qui est beaucoup
travaillé, ça, par le gouvernement, Mme la Présidente, l'économie circulaire.
Il faut la fin des subventions et avantages fiscaux pour les grands émetteurs.
Chaque dollar public doit servir la transition puis pas la prolongation
des modèles fossiles. J'ai posé... J'ai parlé de mon projet de loi sur les
comités de transition dans les entreprises.
Plein de suggestions qui pourraient contribuer à, oui, aller un peu plus vite,
parce que c'est à ça qu'aspirent les Québécois et les Québécoises et c'est
notre devoir moral de le faire et de le réussir dans les prochaines années. Merci,
Mme la Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Donc, je vais maintenant mettre aux voix la motion
de M. le député d'Hochelaga-Maisonneuve, qui se lit comme suit :
«Que l'Assemblée
nationale rappelle que, conformément à la Loi sur la qualité de l'environnement
et à ses engagements internationaux, le Québec s'est fixé comme objectif de
réduire d'ici 2030 de 37,5 % ses émissions de gaz à effet de serre par
rapport à 1990;
«Qu'elle réaffirme que le respect de ces cibles
est essentiel pour répondre à l'urgence — pardon — climatique
et maintenir la crédibilité du Québec sur la scène internationale;
«Qu'enfin elle demande au
gouvernement de s'engager à ne pas affaiblir les cibles actuelles de réduction
des GES et à maintenir les efforts pour respecter les engagements du Québec.»
Est-ce que cette motion est adoptée? Oui, M.
le... Allez-y.
M. Leduc : Un vote électronique,
s'il vous plaît.
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Un vote électronique a été demandé. M. le leader adjoint.
M. Lévesque (Chapleau) : Je
vous demanderais de bien vouloir reporter ce vote à demain, Mme la Présidente,
s'il vous plaît.
Vote reporté
La
Vice-Présidente (Mme D'Amours) : Parfait. Ce vote sera reporté à demain, à la période de... après les
affaires... après la période de questions.
M. le leader adjoint, s'il vous plaît, pour la
suite de nos travaux.
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Je vous
demande d'appeler l'article 1 du feuilleton, s'il vous plaît. Et je crois
que la députée de Vimont a une intervention.
• (17 heures) •
La Vice-Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Avant de continuer, je... je vais céder la place à la première
vice-présidente de l'Assemblée nationale.
Débats sur les rapports de commissions
Reprise du débat sur la prise en considération du rapport
de la commission qui
a procédé à la consultation générale sur le cahier de consultation intitulé
La planification de l'immigration au Québec pour la période 2026‑2029
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Bonjour. Donc, à l'article 1 du feuilleton, l'Assemblée reprend le débat
ajourné plus tôt aujourd'hui sur le rapport de la Commission des relations avec
les citoyens, qui a procédé à des auditions publiques dans le cadre de la
consultation générale sur le cahier de consultation intitulé Planification
de l'immigration au Québec pour la période 2026 à 2029.
Donc, Mme la députée de Vimont, je crois que
c'est vous qui prenez la parole. Je vous laisse aller.
Mme Valérie Schmaltz
Mme Schmaltz : Merci, Mme la
Présidente. Alors, permettez-moi d'abord de... (panne de son) ...travail de la Commission des relations avec les citoyens, qui a entendu énormément de groupes et reçu un
grand nombre de mémoires. C'est un exercice important, encadré par la
Loi de l'immigration au Québec, qui prévoit qu'on planifie périodiquement, de manière transparente, la composition et le
volume de l'immigration. Les consultations ont permis d'entendre une diversité
de points de vue, et le rapport qui nous est remis condense ces échanges et
éclaire nos futures décisions.
J'en profite
pour remercier les personnes qui se sont déplacées, les organisations qui se
sont préparées et les équipes qui ont mené les consultations avec sérieux. Au
total, 88 personnes et organismes entendus, 140 mémoires déposés et
près d'un millier de réponses au questionnaire en ligne.
Mme la
Présidente, j'aimerais d'abord situer le contexte de l'immigration. Le Québec a
connu, ces dernières années, une
croissance démographique très rapide. Cette croissance n'est pas uniquement
liée à l'immigration permanente, elle est principalement tirée vers le
haut par l'immigration temporaire.
Au 1er janvier 2025, Statistique Canada
estimait à environ 565 000 le nombre de résidents non permanents présents
au Québec. Cette croissance démographique se fait ressentir un peu partout au
Québec, dans le logement, dans les classes,
dans la capacité de franciser, dans l'accès aux services de santé et de garde.
On peut débattre de tout, mais pas de ce fait. La hausse du nombre de personnes
présentes temporairement exerce une pression importante sur nos services
publics.
Si on regarde
l'évolution récente, un autre indicateur est assez révélateur. Quand la
démographie accélère plus vite que notre capacité à loger, à franciser
et à intégrer, on doit ralentir le rythme. C'est dans ce contexte que s'inscrit
la planification 2026-2029. Pour la
première fois, Mme la Présidente, cette planification inclut formellement
l'immigration temporaire. C'est un virage important et nécessaire. On ne peut
plus planifier sérieusement l'un sans regarder l'autre.
Dans le
cahier de consultation sur la planification de l'immigration,
l'orientation 1 vise à réduire progressivement le nombre de
personnes non permanentes, avec une cible de moins 13 %, sur deux volets
qui relèvent de Québec, soit le Programme des étudiants étrangers et le
Programme des travailleurs étrangers temporaires. En parallèle, on appelle Ottawa à mieux encadrer le PMI et à mieux répartir
les demandes d'asile entre les provinces. C'est une approche cohérente.
On agit où on a des leviers, on demande au fédéral d'agir sur les siens.
Sur
l'immigration permanente, la planification met en discussion trois
scénarios : 25 000, 35 000 ou 45 000 admissions
par année, pour 2026-2029. Ce sont tous des scénarios prudents en comparaison
de ce qu'on a connu.
Les trois respectent la logique qui nous guide : mieux calibrer le volume
aux capacités réelles d'accueil et d'intégration, sans renier, naturellement, nos engagements
humanitaires et en maintenant une forte proportion d'immigration économique. On
parle d'un choix de société sobre. Accueillir, oui, mais à un rythme soutenable
pour nos services publics.
Mme la Présidente, je
ne veux pas faire ici le tri des témoignages pour dire qui a tort ou encore qui
a raison. Le rapport de la commission
présente une synthèse honnête des thèmes qui sont revenus. On entend des
inquiétudes sur le logement, sur les
délais, sur la francisation mais aussi des appels à la prévisibilité pour les
entreprises et les établissements d'enseignement. Tout ça existe en même
temps, et c'est précisément pour ça qu'on planifie.
Je le dis
simplement : Les Québécois souhaitent qu'on garde le contrôle sur le
rythme de l'immigration. Les Québécois sont accueillants, oui, mais s'inquiètent
de la pression qu'exerce l'immigration sur notre réseau. Dois-je également rappeler qu'on est en pleine crise du
logement? Également, les Québécois veulent, à juste titre, que le français
demeure la langue commune et que l'intégration se fasse en français, s'il vous
plaît.
Dans ce sens, il y a
deux leviers concrets qui comptent. D'abord, le PSTQ, notre nouveau Programme
de sélection des travailleurs qualifiés, qui
a lancé ses premières invitations à l'été 2025. C'est l'outil qui nous
permet d'arrimer nos besoins économiques, y compris en région, avec
notre exigence linguistique. Le PSTQ est un programme qui valorise l'expérience
pertinente, l'établissement durable en dehors des grands centres et la
connaissance du français.
Le deuxième levier,
c'est la francisation. Francisation Québec vient d'atteindre un nombre record
de personnes accompagnées en 2024‑2025,
91 165 personnes. Plus de la moitié sont des travailleurs
temporaires. Ça dit deux choses : un, l'offre est diversifiée, avec du
temps plein, du temps partiel et de la francisation en ligne, et, de deux, la
demande est massive, et on doit
continuer de s'adapter aux différents parcours. Mme la Présidente, quand on
exige un niveau de français minimal pour
le renouvellement de certains statuts, par exemple niveau 4 à l'oral, après
trois ans, pour le PTET, on ne le fait pas pour exclure, on le fait pour
que l'intégration se fasse réellement en français.
Je
veux revenir, Mme la Présidente, sur la notion de capacité d'accueil. Ce n'est
pas un mot creux. La majorité des groupes entendus reconnaissent que nos
services publics sont sous pression. On a vu des tensions en logement, en
éducation, en francisation. Certains parlent même de la volonté d'accueil comme
d'un facteur à part entière. Quand la population a le sentiment que le rythme
dépasse ce qu'on peut absorber, l'acceptabilité s'érode et tout le monde y
perd, la société d'accueil et les nouveaux
arrivants. C'est justement ce qu'on veut éviter. En gérant mieux le volume
global, on assure une meilleure intégration et que le Québec demeure une
société accueillante.
Mme
la Présidente, je... pardon, je veux être claire sur notre orientation
générale. Oui, on assume une réduction du volume global. Pourquoi? Je
pense, je vais prendre une petite gorgée d'eau. Donc, pourquoi? Parce que notre
responsabilité, c'est de faire en sorte que chaque personne qui
s'installe chez nous puisse trouver un logement abordable, accéder à des
services, apprendre le français rapidement et travailler à la hauteur de ses
compétences. Ça demande du temps, de l'accompagnement et des capacités très
concrètes, des classes, des professeurs, des logements et de l'argent. Les
seuils d'immigration doivent refléter, année après année, ce que le Québec peut
accueillir et intégrer.
Concrètement, les
recommandations que nous portons sont simples et cohérentes. On poursuit les
invitations dans le PSTQ pour la rétention de la main-d'oeuvre, notamment en
région. On stabilise le réseau postsecondaire en lui donnant de la prévisibilité, mais dans un cadre où le volume global est
maîtrisé. On continue d'honorer nos engagements humanitaires et familiaux dans le respect de notre capacité d'accueil.
On renforce l'offre de francisation et les conditions qui permettent une intégration réelle, pas
seulement statistique, et on maintient le français comme critère essentiel de
sélection.
• (17 h 10) •
Je veux aussi redire
un mot sur la langue. Année après année, la connaissance et l'usage du français
au travail demeurent le coeur de l'intégration. La direction est claire. Plus
l'apprentissage est précoce, plus l'usage du français s'installe, en particulier dans les régions. C'est exactement pour ça
qu'on investit dans la francisation dès l'arrivée, qu'on multiplie les formats et qu'on demande, dans certains
cas, une progression minimale, documentée. Ce n'est pas une punition, c'est un
projet d'intégration sérieux. Sur le marché du travail, on entend que certains
secteurs vivent des pénuries. On entend aussi que l'immigration, à elle
seule, ne corrige pas des enjeux structurels comme la productivité,
l'automatisation ou l'attraction des jeunes. L'immigration est une partie de la
solution, mais elle ne doit pas être la seule. Notre sélection économique doit
s'arrimer aux secteurs stratégiques, et ce, dans un cadre linguistique clair et
avec un souci de rétention.
Mme
la Présidente, je veux revenir sur le logement parce que c'est souvent
l'éléphant dans la pièce. Ce n'est pas une catégorie de statut qui prend des
logements, c'est le volume global qui grimpe plus vite que l'offre. La planification
qu'on discute aujourd'hui, en modulant
l'immigration temporaire et en fixant des scénarios prudents pour la permanente,
s'attaque justement à ce déséquilibre de rythme. On ne promet pas de tout
régler demain matin. On dit plutôt : Faisons en sorte que le nombre de personnes qui arrivent corresponde à ce qu'on
peut loger décemment, en préservant l'accès pour les familles d'ici,
pour les nouveaux travailleurs et pour les étudiants qui s'installent. C'est du
beau gros sens, Mme la Présidente, du beau... voyons, du bon... du gros bon
sens, Mme la Présidente.
Je veux vous dire également
un mot sur la prévisibilité. Les établissements d'enseignement nous ont parlé
de planification des cohortes, et les entreprises, de stabilité de la
main-d'oeuvre. La meilleure manière d'offrir cette prévisibilité, c'est justement d'énoncer clairement le cadre, de fixer
un volume maîtrisé et de s'y tenir. C'est ce que propose la
planification : des orientations claires, des cibles réalistes et un souci
constant de la langue et de l'intégration.
Maintenant, on se
rappelle que le plus grand obstacle à cette prévisibilité, c'est le manque de
contrôle sur les leviers du fédéral, en particulier les demandeurs d'asile. Mme
la Présidente, on doit être en mesure de s'assurer que la société d'accueil puisse intégrer les nouveaux
arrivants afin de permettre leur pleine participation. Il est important que les
gens vivent les uns avec les autres et non les uns à côté des autres.
D'ailleurs, c'est dans cet esprit que la Loi sur l'intégration à la nation québécoise
a été rédigée et adoptée à l'Assemblée nationale.
Mme la
Présidente, je sais que, dans le débat public, on résume parfois tout ça à une
phrase : réduire l'immigration. Je sais aussi que l'opposition aime nous
démoniser sur ce sujet, mais il est important d'être capable d'en parler
dans le respect. Il ne s'agit pas simplement de réduire,
mais de calibrer l'immigration. «Calibrer», ça veut dire : Tenir compte de la démographie réelle, du logement disponible,
des capacités de francisation, des besoins économiques et des services publics. «Calibrer», ça veut dire accueillir pour
vrai, accueillir des personnes qu'on a la capacité d'accompagner dignement
dans des milieux où elles pourront s'établir, travailler à la hauteur de leurs
compétences et vivre en français.
Concrètement, voici la logique que je défends aujourd'hui.
Point 1 :
intégrer l'immigration temporaire à la planification et la diminuer là où
Québec a des leviers pour réduire la pression immédiate.
Deux, fixer des scénarios prudents pour la
permanence, 25 000, 35 000, 45 000, afin que le volume total
soit soutenable.
Trois, sélectionner
en misant sur le français et la régionalisation via le PSTQ pour que les
personnes s'établissent là où les besoins sont réels et où le français
vit naturellement.
Quatre, renforcer
la francisation. Et on le fait, la preuve, c'est les 91 165 personnes
accompagnées en francisation pour 2024‑2025.
Cinq, honorer
nos engagements humanitaires et familiaux avec des délais raisonnables, sans
dépasser la capacité d'accueil.
Je conclus simplement : Le Québec est une
société ouverte mais minoritaire en Amérique. Mme la Présidente, les Québécois
s'attendent à ce qu'on planifie l'immigration avec lucidité, qu'on accueille
avec humanité, qu'on intègre en français et qu'on le fasse dans le respect de
notre réelle capacité d'accueil. Merci, Mme la Présidente.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? Comme
il n'y a pas d'autre intervention, cela met fin au débat sur le rapport de la Commission
des relations avec les citoyens. M. le leader adjoint du gouvernement,
pouvez-vous nous indiquer la suite de nos travaux?
M. Lévesque (Chapleau) : Oui,
merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vous demanderais de bien vouloir appeler
l'article 5 du feuilleton, s'il vous plaît.
Projet de loi n° 109
Adoption du principe
La Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Donc, à l'article 5 du feuilleton, M. le ministre de la Culture et des
Communications propose l'adoption du principe du projet de loi n° 109, Loi
affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la
découvrabilité des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique.
Je cède la parole à M. le député de Côte-du-Sud.
M. Mathieu Rivest
M. Rivest : Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, le mot «découvrabilité», que vous entendrez souvent
au cours des prochaines minutes, est un mot que l'on doit pratiquer, Mme la
Présidente. Nous sommes aujourd'hui rendus à l'étape de l'adoption du projet de
loi n° 109, Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant
la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels francophones dans
l'environnement numérique.
Plusieurs
personnes ont contribué, de près ou de loin, à l'élaboration de ce projet de loi.
Permettez-moi, Mme la Présidente, de les remercier. Merci notamment au
personnel du ministère de la Culture et des Communications ainsi qu'à toutes
les équipes du... des ministères concernés, dont celui de la Justice, de même
qu'aux différents organismes sous leur responsabilité. Un grand merci également
à toutes les personnes et les organisations qui ont participé à la consultation
aux fins d'élaboration d'un cadre législatif en 2024 et aux consultations
particulières qui se sont déroulées la semaine dernière. Votre contribution a
été grandement appréciée.
Mme la Présidente, on a aujourd'hui entre les
mains un projet de loi exhaustif, un projet de loi costaud et très ambitieux, un projet de loi nécessaire pour que
notre culture puisse prendre la place qui lui revient dans l'univers numérique,
un projet de loi nécessaire si nous désirons que notre culture profite
de la révolution numérique... et non de la subir.
Je félicite aussi mon collègue le ministre de la
Culture et des Communications pour son travail sur cette pièce législative qui
est appelée un jour à jouer un rôle déterminant pour la vitalité de la culture
québécoise et le français au Québec. Le projet de loi n° 109, dont je
propose d'adopter le principe aujourd'hui, s'inscrit parfaitement à la suite
des interventions du Québec, au cours des dernières années, en faveur de la
découvrabilité de ses contenus culturels et scientifiques et aussi à la suite
du plan d'action sur la langue française mis en place au printemps 2024.
Il est aussi en cohérence avec la stratégie internationale du Québec en matière
de découvrabilité, notamment au sein de l'UNESCO et de l'Organisation
internationale de la Francophonie.
Il tient compte des recommandations issues des
rapports, entre autres, du comité-conseil sur la découvrabilité des contenus
culturels et de la Commissaire à la langue française. Le constat de ces
rapports est unanime : l'affirmation de la souveraineté culturelle du
Québec est essentielle à la survie de la culture québécoise, et, actuellement,
le plus urgent en matière de souveraineté culturelle, c'est le travail en
matière de découvrabilité en ligne des contenus culturels francophones. Ça
représente un enjeu crucial.
Trois principaux facteurs liés à la
découvrabilité contribuent à aggraver la situation de l'écosystème culturel québécois : un, la modification importante
des habitudes de consommation de la culture, deux, le rôle joué par les grandes
plateformes et les
appareils connectés qui interviennent directement avec la promotion et la mise
en avant de l'offre, trois, le recul de la langue française dans les
pratiques culturelles.
Les statistiques, Mme
la Présidente, sont alarmantes. En voici quelques-unes : 92 % des
jeunes ont de la difficulté à repérer les biens culturels québécois
francophones, ceux qui sont disponibles sur les plateformes en ligne; près des
trois quarts des personnes vivent au sein de ménages abonnés à une plateforme
non québécoise de diffusion numérique, et 28 %, à une plateforme
québécoise; sur les 10 000 chansons, Mme la Présidente, écoutez bien,
les plus écoutées au Québec en 2024,
seulement 4,6 % étaient des titres francophones de chez nous. Pour moi, il
y a un lien évident à faire entre l'affaiblissement de l'utilisation du
français au Québec et les changements des pratiques numériques ainsi que des
habitudes de consommation dans la population québécoise.
• (17 h 20) •
J'irais même plus
loin. Il est absolument essentiel, en disant que j'allais plus loin... À cause
de la prédominance des géants du numérique et de la domination des contenus
culturels anglophones dans l'environnement numérique, on est exposés à des
risques amplifiés de rendre plus homogène l'offre culturelle. Je ne pense pas
que c'est ce qu'on veut, Mme la Présidente, pour notre nation.
Dans ce contexte, il
est absolument essentiel que le Québec se dote d'un cadre législatif pour
assurer la pérennité de la culture, de notre culture québécoise et de la langue
française à l'intérieur de nos frontières. Ça fait plusieurs années déjà que le
gouvernement réfléchit aux possibilités et aux moyens qui visent à ce que les
contenus culturels francophones soient davantage mis de l'avant dans
l'environnement numérique. Dans les dernières années, on a consulté plusieurs
personnes expertes, mandaté différents comités et regardé ce qui se fait
ailleurs dans le monde. On est venus à la
conclusion que l'action législative constitue un levier incontournable pour la
consommation des contenus culturels francophones, de même que sur la promotion
en ligne de nos créateurs, créatrices et de notre identité culturelle.
Le projet de loi n° 109
propose donc deux voies d'action pour favoriser la découvrabilité de nos
contenus et l'accès à des contenus culturels
d'expression originale de langue française dans l'environnement numérique. Le
premier consisterait à intégrer le droit à la découvrabilité et à
l'accès des contenus dans la Charte des droits et libertés de la personne.
Ce nouveau droit servirait à favoriser la présence, la visibilité et la... la
recommandation, dis-je, des contenus culturels d'expression originale de langue française dans notre environnement
numérique et commanderait le respect d'obligations, de la part des
exploitants des entreprises concernées, qui découleraient de l'application de
la Loi sur la découvrabilité.
La deuxième voie
d'action envisagée dans le projet de loi serait d'édicter la Loi sur la
découvrabilité des contenus culturels
francophones dans l'environnement numérique. L'adoption de cette nouvelle loi
permettrait d'assujettir les
plateformes numériques offrant des services de visionnement en ligne de
contenus audiovisuels, les services d'écoute de musique, de balados, de livres audios, les fabricants de téléviseurs
intelligents et les appareils connectés, avec l'objectif, Mme la
Présidente, d'augmenter la présence et la visibilité des contenus culturels
francophones.
Pour augmenter cette
présence et cette visibilité, le projet de loi n° 109 prévoit, entre autres,
la possibilité pour le gouvernement d'avoir des exigences en matière de
quantité, de visibilité et de promotion de contenus culturels d'expression
originale de langue française offerts par les plateformes numériques. Les
fabricants concernés par ce projet de loi
seraient aussi soumis à des conditions et des modalités qui les obligeraient à
mettre, entre autres, de l'avant et à offrir
l'accès aux plateformes de visionnement de Télé-Québec, de Radio-Canada et de TV5 Québec Canada, notamment. Dans un objectif de promotion
de la langue française, le gouvernement pourrait également obliger les
plateformes numériques et les fabricants à
présenter une interface en français par défaut, selon des conditions à
déterminer par règlement.
Voilà pour les
grandes lignes du projet n° 109. Il comporte évidemment plusieurs
aspects légaux et juridiques, et l'étude article par article sera l'occasion
d'analyser le texte dans les moindres détails. Sachez seulement qu'on vise,
avec ce projet de loi cadre... ce projet de loi, un cadre législatif capable de
s'adapter à l'évolution de l'environnement numérique,
et ce, pour atteindre nos objectifs, on pense qu'il est incontournable
d'adopter une approche proportionnée, flexible et progressive.
Mme la Présidente,
avec le projet de loi n° 109, le gouvernement souhaite réaffirmer la
souveraineté culturelle du Québec et protéger durablement la spécificité
linguistique et culturelle du Québec dans l'espace numérique. Je suis convaincu
que la mise en place de cette loi pourrait favoriser le choix du français dans
les habitudes de consommation de contenus culturels en ligne, notamment chez
nos jeunes. En plus, elle pourrait permettre au Québec de demeurer un leader en
matière de découvrabilité et de contribuer au mouvement international pour
garantir le respect des spécificités culturelles et de la diversité
linguistique des nations. Un engagement fort des personnes et des sociétés
offrant des contenus culturels dans l'espace numérique des Québécoises et des
Québécois.
Mme la Présidente,
j'invite donc l'Assemblée nationale à adopter le principe du projet de loi
n° 109, Loi affirmant la souveraineté
culturelle du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus
culturels francophones dans l'environnement numérique. Merci, Mme la
Présidente.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) : Merci, M. le député. Maintenant, nous poursuivons avec Mme la députée
de Bourassa-Sauvé.
Mme Madwa-Nika Cadet
Mme Cadet :
Merci, Mme la Présidente. À mon tour de prendre la parole à l'étape de
l'adoption du principe du projet de loi n° 109, Loi affirmant la
souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité des
contenus culturels francophones dans l'environnement numérique.
D'emblée, Mme la Présidente, je vous l'affirme,
donc, nous, au Parti libéral du Québec, nous sommes en faveur du principe du
projet de loi n° 109. En fait, nous pensons qu'il est essentiel que nous
puissions, comme l'ensemble, donc, des parlementaires, avoir un consensus fort pour protéger, mais
surtout valoriser, et mettre de l'avant notre culture, notre culture
québécoise, notre culture francophone en particulier.
Nous l'avons entendu
lors des commissions, lors des consultations particulières, mais surtout, si on
s'intéresse, Mme la Présidente, donc, au monde culturel, ça fait quand même,
donc, plusieurs années qu'on entend ce que je nomme un cri du coeur de la part
de nos artisans, de tous ceux qui font partie de l'écosystème de création
culturelle au Québec, que l'on parle des
secteurs audiovisuels ou du secteur musical. Et ces artisans, donc, ces
producteurs, ces réalisateurs, ces acteurs, ces artistes, mais également,
donc, ces diffuseurs nous disent tout... nous disent tous d'emblée le même
message, donc, parlent à l'unisson, Mme la Présidente, et ils demandent, donc,
aux parlementaires, ils implorent aux parlementaires de faire en sorte, donc,
de mettre en oeuvre des... une infrastructure législative et réglementaire
forte pour pérenniser nos espaces de diffusion culturelle.
Mme
la Présidente, vous n'êtes pas sans savoir que bien des jeunes des
générations Y et Z, donc — j'ai
l'opportunité moi-même de faire partie
de cette génération Y — consomment
de la culture québécoise mais la consomment différemment. Au cours des
dernières années, au cours des cinq à 10 dernières années même, on a
entendu dans l'espace public, on a entendu
dans le débat public ces différentes craintes, hein, qui ont été... qui ont
émergé, donc, à l'égard, donc, des espaces de diffusion de la culture québécoise auprès des jeunes générations, se
disant : Bien, il faut qu'on soit en mesure de retenir nos jeunes.
D'emblée, je l'ai dit
sur la place publique, le modèle qui préexistait par le passé, celui que j'ai
connu dans mon enfance, Mme la Présidente,
celui que vous avez vraisemblablement connu aussi pendant une bonne partie de
votre vie, donc cette consommation
culturelle, donc, qu'on... parfois qu'on appelle du covisionnement, donc, en
famille, avec un seul téléviseur, où tout le monde a les mêmes référents
culturels, bien, on le sait, c'est un modèle qui est fragmenté, c'est un
modèle, donc, qui n'a plus cours, donc, de façon majoritaire. Mais, malgré la
fragmentation des espaces de diffusion, nos jeunes sont interpelés par la
culture. On le voit, donc, par le biais des influenceurs, les créateurs de
contenus locaux, québécois, donc, qu'ils peuvent suivre, mais nous avons de la
difficulté, donc, à les... je n'aime pas le
terme «retenir», Mme la Présidente, là, mais, disons, je réitérerai que le
modèle actuel, celui que nous connaissons n'est pas celui que préfèrent
ces jeunes générations.
Dans
ce cadre-là, qu'est-ce qu'on peut faire, Mme la Présidente? On a deux choix,
hein? On peut tout simplement se morfondre et se dire : Bien,
voilà, on a perdu nos jeunes, ou on peut... on peut agir. Et le milieu
culturel, je le disais, donc, a exercé,
donc, de la pression, donc, s'est dit : Non, nous, on veut que nos acteurs
politiques se mobilisent et fassent en
sorte que nos... que, malgré la fragmentation des espaces de diffusion
culturelle dans les secteurs audiovisuels et dans les secteurs... dans
le secteur de la musique, bien, qu'on puisse s'assurer que nos modèles
d'affaires puissent demeurer pérennes et que
notre culture soit transmise, qu'elle soit transmise aux jeunes, qu'elle soit
transmise aux nouveaux arrivants, mais qu'on s'assure de faire en sorte
qu'ils la voient.
Où sont-ils? Bien, je
l'ai mentionné, j'ai fait... alerte aux divulgâcheurs, Mme la Présidente, donc,
je vous l'ai dit, donc, nos jeunes sont
notamment sur les réseaux sociaux, mais ils sont aussi, ils consomment aussi,
donc, bien, des biens culturels, qu'ils soient d'ici ou de
l'international, sur différentes plateformes numériques.
• (17 h 30) •
C'est dans ce
cadre-là qu'au Parti libéral du Québec nous avons, au cours de la dernière
législature, mis de l'avant, donc,
également, donc, mis de l'avant, donc, le concept de découvrabilité. On se
rappellera, donc, on peut la nommer, puisqu'il ne s'agit plus d'une élue, donc,
Hélène David, qui était notre porte-parole à l'époque en langue française et aussi, donc, en culture, qui a été
ministre de la Culture, nous enjoignait, donc, dans nos propositions libérales
en matière de préservation et de promotion du français, nous disait :
Bien, il faut de la découvrabilité des contenus culturels francophones, des
contenus culturels québécois sur ces différentes plateformes.
Moi-même, quand j'ai
rencontré, en début de mandat, le ministre de la Langue française, qui nous
demandait nos propositions, à titre de porte-parole de l'opposition en matière
de langue française, bien, l'une de ces propositions remises de l'avant, donc, dans la continuité de ma prédécesseure, bien,
je lui mentionnais la question de la découvrabilité des contenus.
Donc, vous voyez,
donc, il y a un consensus de longue haleine pour nous assurer que nos contenus,
donc, soient, selon le nouveau terme, «découvrables» sur ces plateformes, parce
que je crois sincèrement, Mme la Présidente, que
c'est important d'aller chercher les jeunes, les consommateurs là où est-ce
qu'ils sont, sur les plateformes de diffusion qui les rejoignent, afin
de s'assurer que notre culture commune, bien, soit transmise.
On le sait et on l'a
souvent entendu lors des consultations, bien, la culture, c'est un liant
social, c'est... c'est l'image, c'est le
reflet que nous transmet le petit comme le grand écran, c'est ce qui fait en
sorte que tout le monde, donc, vibre
et se sent garant de la continuité et du rayonnement de notre culture. Et, à
notre sens, au Parti libéral du Québec, bien, ce sont toujours des
principes que nous chérissons et que nous continuerons de chérir.
C'est dans cet
esprit, Mme la Présidente, que, dans le cadre des consultations, nous avons
entendu 14 groupes, il y a 20 mémoires également qui ont été
présentés, et, en ce sens, l'adoption du principe en Chambre, donc, c'est
l'occasion de pouvoir remercier tous ces groupes qui se sont déplacés ou qui
ont pris le temps de nous partager leurs commentaires à l'égard du projet de
loi qui a été présenté, le projet de loi n° 109, et, à cet égard, Mme la
Présidente, bien, vous... nous avons constaté que l'ensemble de ces groupes
étaient en faveur du principe du projet de loi.
Nous l'avons
mentionné, le projet de loi, donc, découle d'un rapport, le rapport du
comité-conseil sur la découvrabilité des
contenus culturels francophones, qui énonçait une... qui mettait la table,
donc, a plusieurs recommandations, et l'on constate que le projet de loi
déposé par le ministre de la Culture au printemps, donc, reprend
essentiellement les bases, les jalons mis de
l'avant dans le rapport du comité-conseil, qui, essentiellement, donc, fait
quoi, donc, s'assure que ce soient les contenus francophones qui soient
découvrables et qui enjoignait, donc, le ministre à s'assurer qu'il puisse,
donc, mettre de l'avant, donc, une pièce législative qui mette en oeuvre, donc,
ce concept de découvrabilité.
Et, dans le cadre du
projet de loi, bien, on le voit, donc, qu'il, essentiellement, donc, donne
l'opportunité au gouvernement, donc, de
pouvoir négocier, donc, avec une plateforme numérique qui s'enregistrerait,
donc, une... qui aurait l'obligation de s'enregistrer si elle est
assujettie au projet de loi, et, en ce sens, donc, aurait donc certaines
obligations de mise en avant... mises de l'avant de certains contenus
francophones, et, le cas échéant, donc, s'il y a impossibilité, donc, de pouvoir s'enregistrer ou de répondre à
ses obligations, il y aurait des mesures de substitution, qu'on appelle. Donc,
il y aurait une entente qui pourrait être
négociée entre le gouvernement, le ministre de la Culture et ladite plateforme afin de s'assurer qu'elle puisse contribuer à notre...
à notre paysage culturel, au financement de notre paysage culturel francophone
afin de pérenniser toute la chaîne de valeur, de la production jusqu'à la
diffusion des contenus.
Le projet de
loi, également, enjoint aussi, donc, les fabricants de faire en sorte que les
interfaces de diffusion de certains contenus, majoritairement audiovisuels,
puissent aussi mettre de l'avant, donc, nos diffuseurs locaux. Disons,
Mme la Présidente, vous êtes aussi, donc, une femme moderne, donc j'imagine que
vous êtes aussi à l'aise avec ces nouveaux moyens de diffusion où on arrive,
donc, devant notre téléviseur et, plutôt que de zapper de chaîne en chaîne,
comme on a l'habitude de le faire, selon la télévision dite conventionnelle,
bien, à ce moment-là, on voit différentes interfaces,
et, en ce moment, ce sont plutôt, donc, des plateformes américaines qui se
retrouvent sur lesdites interfaces. Donc, le projet de loi, donc,
ajouterait aussi cette obligation-là auprès des fabricants.
Donc, je vous
donne donc les grandes lignes, ici, du projet de loi. Donc, vous aurez compris
que nous y souscrivons, mais je vais prendre le temps, Mme la
Présidente, de nommer rapidement, donc, certains des points qui ont été mis de
l'avant par les groupes qui se sont présentés en commission particulière... en
commission parlementaire, et le premier point est concernant les réseaux
sociaux.
Ce n'est pas pour rien, tantôt, Mme la
Présidente, que je vous parlais des nouveaux moyens de diffusion et de la présence de bien des jeunes et des moins
jeunes, sur différentes plateformes, qui consomment aussi du contenu qu'on
va appeler conventionnel ou du contenu professionnel, plutôt, parce qu'ici,
bien évidemment, l'objectif, donc, n'est pas
de réglementer les publications individualisées des différents usagers, comme
on peut le voir... comme lorsque l'on se... lorsque l'on navigue sur ces
différentes plateformes, mais bien d'encadrer des publications
professionnelles. L'ensemble des groupes, et
j'y souscris également, l'ensemble... j'allais dire la grande majorité, mais,
en fait, oui, l'ensemble des groupes qui font partie de notre écosystème
culturel nous l'ont confirmé, bien, pour eux, bien, les plateformes de médias sociaux, bien, sont aussi des plateformes
numériques qui diffusent du contenu professionnel. Donc, ils diffusent du
contenu qui fait concurrence à ce que l'on pourrait retrouver, donc, sur
d'autres types de plateformes numériques.
Je vous donne donc un exemple parce qu'il est
ressorti. Donc, YouTube est reconnu comme une plateforme, disons, de réseau
social, mais, selon les termes du projet de loi, serait exempté, donc, de
l'application de ce... de son assujettissement, donc, à un enregistrement
auprès du ministère de la Culture parce qu'il permet aussi à des usagers individuels de téléverser du contenu qui,
lui-même, ne serait pas, a priori, assujetti au projet de loi. Tout le monde a
bien compris qu'il s'agissait d'un non-sens parce que le même type de contenu
musical qui se retrouve sur YouTube se retrouve aussi sur une plateforme qui n'est pas... qui n'est pas reconnue comme
un réseau social, comme Spotify, où là, bien, bien évidemment, il semble
d'emblée reconnu qu'une telle plateforme devrait potentiellement, donc,
s'enregistrer auprès du ministre de la Culture, parce qu'on sait bien que la
grande... une bonne portion des écoutes se font sur cette plateforme, mais que
seulement 8 % du contenu qui est écouté ici, au Québec, est un contenu qui
se fait... est un contenu, donc, de langue française. Donc, avec ces chiffres-là,
on voit bien qu'il s'agit d'une plateforme où l'on devrait retrouver, donc, plus de contenu francophone ou,
du moins, que ce contenu devrait être mis de l'avant ou plus découvrable.
Vous
comprenez, donc, l'iniquité que ça pose. Donc, bien évidemment, j'enjoins donc
le gouvernement, j'enjoins le ministre de la Culture à veiller à trouver
une solution afin d'exclure cette exclusion, donc de ne plus aller de l'avant avec l'exclusion que l'on retrouve dans la mouture
actuelle du projet de loi, comme tous les groupes sont venus nous le mentionner,
Mme la Présidente.
D'ailleurs, Pre Guèvremont, qui était l'une des
autrices du rapport du comité-conseil, a elle-même levé le drapeau rouge en
disant : Il pourrait y avoir des enjeux au niveau de nos obligations
commerciales internationales si les plateformes numériques étaient discriminées
selon leur type dans le cadre du projet de loi. Donc, ça mettrait le Québec
dans une posture affaiblie, et il serait beaucoup plus sujet à des mesures de
représailles. Donc, vous aurez compris l'importance de répondre à cette... à ce
commentaire qui a été mis de l'avant par les groupes.
Second commentaire que l'on a souvent entendu,
depuis le début je vous le dis : contenu francophone. Donc, c'est ce qui
était dans le rapport du comité-conseil. Plusieurs groupes sont venus nous dire
que ça pose un défi, ça pose un défi parce qu'évidemment, donc, on ne parle pas
de contenu québécois, mais de contenu qui concerne l'ensemble de la
francophonie. Et je suis persuadée que ma collègue de Robert-Baldwin aura
l'occasion d'entrer un peu plus en détail dans... sur cet aspect-là, Mme la
Présidente, donc je vous fais l'économie du débat. Mais je tiens à préciser que
c'est un élément qui a fait sourciller
plusieurs des acteurs de notre écosystème culturel,qui se disent : Bien,
l'objectif, c'est que, de un, nos
jeunes consomment nos contenus, que le public, de façon générale, consomme nos
contenus, mais que, bien évidemment, bien... qu'on soit capable de les
financer et de s'assurer qu'ils passent à travers l'ensemble de la chaîne de valeur. Donc, si on se... si ces contenus-là
font concurrence à d'autres types de contenus francophones, cela peut poser
un certain enjeu.
Donc, vous
comprendrez que j'appelle le ministre à poursuivre sa réflexion, une réflexion
qui a été entamée, là, on l'a entendu en commission parlementaire. On comprend
bien qu'ici aussi l'objectif était de répondre à nos obligations
commerciales internationales. J'en suis, je pense que c'est une réflexion
sérieuse. Mais, avant que nous adoptions le projet de loi, il faudrait donc
nous assurer que nous n'ayons pas tout simplement une charte d'intention
politique, mais que nous ayons la capacité
de mettre en oeuvre cette intention partagée de faire front commun pour mettre
de l'avant notre propre culture sur ces plateformes.
Dernier élément, Mme la
Présidente, je vous parlais des mesures de substitution, il s'agit aussi un des
éléments qui a été mis de l'avant par les groupes qui nous disaient :
Bien, écoutez, nous, on veut être consultés au préalable. Le projet de loi,
dans sa mouture actuelle, prévoit déjà qu'une entente de substitution, donc,
puisse être rendue publique par la suite,
mais les producteurs, les réalisateurs, les différents artisans sont venus nous
dire : Bien, écoutez, nous, nous sommes
les experts, nous travaillons avec ces outils à l'année longue, donc nous
comprenons ce que devrait comprendre une
telle entente. Donc, si vous êtes à négocier une entente avec une plateforme
numérique internationale, bien, nous ne voulons pas que ça se fasse
derrière des portes closes, nous souhaitons être sollicités au préalable. Vous
aurez compris, Mme la Présidente, que je me fais la championne de cet
argumentaire et que j'invite également le ministre de la Culture à entendre les
groupes, qui nous demandent de la transparence et qui nous demandent un
exercice de cocréation, de coconstruction
afin de s'assurer que le produit fini, donc, d'une mesure de substitution soit
bel et bien au bénéfice de notre culture.
• (17 h 40) •
Je ne
pourrais passer sous silence un dernier point, Mme la Présidente, l'exclusion
des plateformes numériques qui mettent de l'avant principalement du
contenu autochtone. À notre sens, il s'agit d'une... d'un élément, donc,
important qui doit demeurer dans la mouture finale du projet de loi.
Donc, un grand merci à tous les groupes qui sont
venus témoigner en commission particulière, en commission parlementaire. Et
nous avons bien hâte de poursuivre en étude détaillée, Mme la Présidente. Merci
beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Merci, Mme la députée. Donc, nous poursuivons sur l'adoption
du principe du projet de loi n° 109 avec Mme la députée de
Terrebonne.
Mme Catherine Gentilcore
Mme Gentilcore : Merci, Mme la
Présidente. Écoutez, depuis la Révolution tranquille, le Québec a adopté des
politiques culturelles extrêmement ambitieuses, structurantes aussi, qui nous
ont permis de révéler de nombreux artistes québécois non seulement ici, au sein
du Québec, mais également de les voir rayonner à l'étranger. Donc, ça a fait en
sorte que nos créateurs soient représentés à la radio, à la télé, dans
l'industrie du disque, du livre, du spectacle.
Mais évidemment, Mme la Présidente, depuis cette
époque-là, l'environnement médiatique a énormément changé, et nos politiques publiques se doivent de s'adapter à ce nouveau
contexte là. Et on a pris du retard, Mme la Présidente. La révolution numérique a déjà bien eu lieu. Elle
s'accélère d'ailleurs de jour en jour, je vous dirais, et on est restés avec
des instruments, des outils qui datent du XXe siècle.
Donc, le Québec, en ce moment, a une chance
unique. Il n'y a aucun autre pays, aucune autre juridiction de taille comparable à la nôtre qui peut compter sur
un réseau culturel aussi fort, aussi innovant. Et on doit protéger notre
culture et surtout protéger notre capacité à innover dans le domaine
culturel, Mme la Présidente.
Un des facteurs déterminants de la cohésion
sociale et de l'identité, ce sont ces rendez-vous culturels là qu'on a créés au fil des décennies. Et ça, ça a commencé
dès l'époque des radio-romans. Hein, avant la venue de la télévision, on avait
des radio-romans, on nous racontait des histoires, il y avait des pièces de
théâtre qui étaient dites à la radio. Les gens
se réunissaient autour du radio pour écouter ces histoires-là. Les soirées du
hockey font même partie de notre culture élargie. Il y avait des
rendez-vous autour de la radio dès cette époque-là pour se rassembler autour de
ça. Ça a évolué au fil du temps, et on a eu Les
Beaux Dimanches, les gens se réunissaient autour des Beaux Dimanches.
Moi, quand j'étais jeune, c'était La
petite vie. Le lundi, quand on arrivait à l'école, on parlait de La
petite vie, on se relatait le dernier épisode qui avait eu lieu.
Puis, bon, ça
a évolué, puis les jeunes, aujourd'hui, bien, ils regardent Cocottee jouer en
ligne sur Twitch, entre autres. C'est
comme ça qu'ils se rassemblent, les jeunes. Puis maintenant il y a
même un clavardage en direct, donc ils peuvent échanger entre eux, ils
ont leurs casques d'écoute, ils peuvent parler entre eux. Donc, ça a énormément
évolué, Mme la Présidente.
Donc, on doit absolument préserver ces lieux-là
de rendez-vous. Puis ça, c'est sans compter les rendez-vous en personne, parce
qu'encore aujourd'hui, moi, je me souviens, les spectacles de la
Saint-Jean-Baptiste quand j'étais jeune,
c'était un rendez-vous que je ne voulais pas manquer. C'était un moment où le
temps s'arrêtait, où on se réunissait autour de notre culture, quels que
soient nos référents culturels, et où on pouvait vraiment se rassembler autour
de cette culture-là. Et le temps s'arrêtait, se suspendait. Il faut qu'on
permette aux jeunes de vivre ces moments-là également, Mme la Présidente.
Dans les dernières années, on a deux rapports
assez costauds qui nous ont été soumis. Le premier, sur la découvrabilité
culturelle, de Mme Louise Beaudoin et de M. Clément Duhaime, et le
deuxième, plus récent, celui de Monique Simard et de Philippe Lamarre sur
l'avenir de l'audiovisuel. J'aimerais d'ailleurs saluer à... tous ceux qui ont
collaboré à la rédaction et à la production de ces rapports-là, ceux qui ont
été consultés aussi pour en arriver à ces rapports-là,
qui, à mon avis, sont extrêmement solides puis sont des bases sur lesquelles on
va vraiment pouvoir construire pour l'avenir de notre culture et
l'avenir de nos jeunes en français et autour de la culture québécoise.
J'aimerais saluer aussi tous ceux qui ont participé aux consultations du projet
de loi n° 109. C'était extrêmement riche comme échanges. On a pris des notes, évidemment, puis j'ai bien
hâte d'aller en consultation article par article pour répondre à ce que ces
gens-là nous ont amené sur la table.
Donc, ces
rapports-là, en fait, ont tracé la route pour des changements de fond qu'on
doit apporter à nos politiques culturelles. Le programme des prochaines années
est donc assez clairement tracé dans mon esprit. On doit d'abord trouver
une voie de passage avec les grandes plateformes internationales, les Netflix,
Spotify, Amazon Prime et les autres. On doit accompagner
les plateformes d'ici aussi, comme Illico, comme Crave, pour qu'elles entrent
plus facilement dans les habitudes
culturelles des Québécoises, des Québécois. Et on doit remanier les outils qui
sont déjà à notre disposition, comme par exemple la SODEC, je sais qu'on
va s'y pencher dans un autre projet de loi, et Télé-Québec. Je crois énormément en l'investissement qu'on peut faire
dans Télé-Québec. Je pense que Télé-Québec peut devenir un
média, même, d'information qui va devenir central à ce que les Québécois et
Québécoises vont pouvoir consulter, tant au niveau culturel qu'au niveau
des actualités dans les prochaines années.
Donc, évidemment, le projet de loi n° 109
va nous permettre d'avancer sur certains de ces aspects-là. Et on a toujours
été clairs au Parti québécois, on va collaborer avec le ministre de la Culture
et avec le gouvernement pour atteindre ces
objectifs-là plus tôt que tard, parce qu'il y a vraiment une crise majeure, il
y a des enjeux qui sont pressants, et il faut agir le plus rapidement
possible, il n'y a pas une minute à perdre là-dessus.
Donc, je disais, miser sur les outils qui sont
déjà à notre disposition, c'est aussi mobiliser, à mon sens, le secteur de
l'éducation, parce que, quand on parle de culture, je ne sais pas pourquoi,
mais on parle souvent de consommation culturelle, puis je pense que c'est à
défaut d'avoir une meilleure... un meilleur terme, une meilleure expression,
parce que la culture, c'est tout sauf une
question de consommation. C'est une affaire d'identité et de transmission,
hein? On a cette sensibilité-là de
vouloir transmettre notre culture, s'assurer que les générations futures
puissent la recevoir et puissent, elles aussi, la former à leur image et
la transmettre à leur tour aux autres générations.
Donc, la
culture, c'est tout ce qui nous lie comme nation distincte. Et, à ce titre-là,
le partage de cet héritage-là est vraiment au centre de mes
préoccupations. Nos créateurs, nos cinéastes, nos auteurs, nos dramaturges, nos
auteurs-compositeurs-interprètes et tous les autres artisans de notre culture
doivent avoir une plus grande place, une place mieux assurée dans nos
institutions d'enseignement. Et, pour favoriser la relève, on doit rehausser
nos programmes d'enseignement des arts et de la culture.
Quand j'étais jeune au primaire, au secondaire,
j'ai eu la chance d'avoir des cours de musique, des cours d'arts plastiques.
C'était acquis. Et depuis ce temps-là, depuis cette époque-là, dans ces mêmes
écoles-là, on n'enseigne plus la musique, on n'enseigne plus les arts
plastiques. On a retiré ces cours-là de notre cursus. Et je trouve ça
extrêmement dommage, extrêmement triste, parce que, si on veut avoir une relève
qui peut apprécier, profiter de la culture, et qui s'y intéresse, et qui s'y
penche, ils ont besoin, eux aussi, de toucher à la création et de comprendre ce
qu'il y a derrière la pratique de ces disciplines-là, Mme la Présidente.
On doit aussi garantir l'accès aux oeuvres de
notre patrimoine commun, notre patrimoine qui est présentement dispersé. Il y a
une quantité d'archives qui appartiennent à Radio-Canada auxquelles on n'a pas
accès. Il y a des droits d'oeuvres québécoises qui sont passés entre les mains
de groupes étrangers aussi, notamment des films qu'on ne peut tout simplement
plus voir. Donc, on doit remédier à ça, on doit se redonner collectivement une
emprise sur notre patrimoine et le mobiliser dans le système d'éducation pour
passer ça aux générations, aux nouvelles générations.
On vit une époque qui est assez paradoxale parce
que jamais les artistes du Québec n'ont été aussi bien représentés dans le
monde, notamment grâce aux grandes plateformes de par le monde, justement.
Donc, les histoires de succès ici, partout
dans le monde, dans les festivals internationaux, se multiplient. Quand on
pense au cinéma, on pense à Xavier Dolan, on pense à
Monia Chokri, on pense à Ariane Louis-Seize, Denis Villeneuve.
Quand on
pense à nos auteurs-compositeurs-interprètes, on pense à Charlotte Cardin, qui
a un succès planétaire, Patrick Watson, dont certaines des chansons sont
vraiment au top du palmarès des plus grandes plateformes d'écoute en ligne,
Alexandra Stréliski, toute la jeunesse aussi, Lou-Adriane Cassidy, Ariane...
Ariane Roy, Thierry Larose.
On a des auteurs qui ont du succès à
l'international : Éric Chacour, Kev Lambert, Dominique Fortier.
On a des
séries télé qui connaissent d'immenses... d'immenses succès, Empathie,
qui est une collaboration avec la France. On a un humoriste extrêmement
connu en France qui... qui est l'acteur principal de cette série-là avec Florence Longpré. Ça permet à nos... à nos acteurs
d'ici, nos créateurs d'ici, nos artisans de rayonner de l'autre côté de
l'océan, C'est formidable, C'est comme ça que je t'aime, les Plan B.
Bref, on fait de la foutue bonne télé ici, au Québec.
Donc, j'en ai juste nommé quelques-uns,
évidemment, ce serait trop long de nommer toutes mes séries préférées, mais
l'art et la culture québécois sont bien vivants, sont même vibrants, je dirais,
et présents partout dans le monde. Donc,
c'est la moindre des choses qu'ils soient accessibles ici d'abord et avant
tout. On est généreux de notre culture, de notre patrimoine partout dans
le monde, mais soyons-le ici également au Québec.
On a également la chance, avec ce projet de loi
là, de corriger une injustice historique de la politique culturelle du Québec.
Les 11 nations autochtones du Québec et leurs langues doivent faire partie
de notre action future. Les collaborations entre créateurs québécois et
autochtones doivent, elles aussi, avoir un accès privilégié aux nouvelles
normes qu'on va instaurer en matière de découvrabilité.
Et on doit garder en tête, je pense, pendant
l'étude du projet de loi, les succès des chanteurs comme Elisapie, comme Samian, des films comme Nouveau-Québec,
de Jean-Luc Kanapé, d'auteurs comme Joséphine Bacon, évidemment, ou
Marie-Andrée Gill, pour ne nommer que ceux-là. La découvrabilité culturelle au
Québec doit faire une place de choix aux artistes, aux producteurs et aux
diffuseurs qui sont issus des Premières Nations.
Mais, bon,
évidemment, et j'ai été vocale là-dessus dans les dernières semaines, on a beau
parler de souveraineté culturelle, la meilleure façon d'apparaître
partout dans le monde sous l'étiquette de Québécois et non de Canadien, c'est la souveraineté tout court, donc
l'indépendance du Québec. On répète souvent ici, à l'Assemblée nationale, les
termes «culture distincte», mais, soyons honnêtes, on se bat constamment
contre notre statut à l'intérieur du Canada.
• (17 h 50) •
La vraie fierté, c'est de se présenter, de se
représenter soi-même, c'est de dire clairement : Nous sommes Québécois, vous regardez une série québécoise,
vous écoutez une chanson québécoise, et ça, ce ne sera jamais acquis tant que
le Québec va demeurer dans le Canada.
Si on veut vraiment que le
Québec s'affiche pleinement à l'international, ce n'est pas des lois et des
règlements du Québec qu'il faut adopter, mais c'est l'indépendance qu'il faut
faire.
Si on veut que toutes les plateformes mettent
clairement en vitrine le contenu québécois et éviter que nos productions soient
noyées sous l'appellation de «contenu canadien», il faut qu'elles prennent acte
que le Québec est une juridiction souveraine comme les autres pays.
Donc, le Québec a aussi tout intérêt à se
présenter lui-même, à voter directement, selon ses propres intérêts, dans les
grandes organisations internationales. Hein, le ministre de la Culture, je suis
certaine qu'il aurait préféré avoir sa place en face de Steven Guilbeault, le
ministre du Patrimoine du Canada, plutôt que derrière lui, à la convention de l'UNESCO en juin dernier. Il avait une chance
unique, là, de mobiliser le réseau diplomatique du Québec pour participer
avec la France, avec la Suisse, entre
autres, pour mobiliser les autres pays à amender la convention de 2005 pour se
donner les coudées franches en matière de découvrabilité. Le Québec
devrait avoir une voix pour s'exprimer avec les 194 États membres de l'UNESCO à Paris, mais, au lieu de ça,
Mme la Présidente, on est une province parmi 10 autres et on envoie des
mémos à Ottawa en espérant qu'ils votent en notre sens. Donc, à mon sens, ça
n'a pas de bon sens, ça.
Malgré tout, il y a urgence d'agir. Les enjeux
sont nombreux quant à notre... quant à la découvrabilité de nos contenus
culturels sur les plateformes. Il y a urgence d'agir aussi pour assurer la
survie de notre langue et de notre culture
également. Donc, c'est pour ça qu'on va voter en faveur du principe du projet
de loi, et j'ai bien hâte d'analyser ce projet de loi là plus en détail
avec mes collègues.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Je vous remercie, Mme la députée.
Maintenant, nous poursuivons. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
Mme la députée de Robert-Baldwin, à vous la parole.
Mme Brigitte B. Garceau
Mme Garceau : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Donc, notre formation politique, le Parti libéral
du Québec, tel que mentionné par ma collègue la députée de Bourassa-Sauvé,
est favorable à l'adoption du principe du projet de loi n° 109, la Loi
affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la
découvrabilité des contenus culturels francophones dans l'environnement
numérique, un projet de loi, nous savons tous, qui était très attendu du milieu
culturel québécois, considérant les difficultés financières croissantes des
artistes et des travailleurs culturels, mais
également le mandat que le ministre avait confié au comité-conseil, compte tenu
aussi de l'adoption, et il ne faut pas l'oublier, l'adoption par le
gouvernement fédéral de la Loi sur la diffusion continue en ligne le
27 avril 2023.
Et donc cette loi fédérale, la loi... la
loi C-11, vise à soumettre les principales plateformes de diffusion
continue, qu'elles soient canadiennes et/ou
étrangères, à des obligations concernant la création, la production et la
promotion de la musique, des séries et des films canadiens. Considérant
l'objectif ou les objectifs visés par la loi fédérale et son impact, qui dépend
largement de la mise en oeuvre de règlements, le ministre a annoncé, au
printemps 2023, la création d'un groupe d'experts, un comité-conseil,
composé de quatre membres, soit Mme Louise Beaudoin, Clément Duhaime, Véronique Guèvremont et Patrick Taillon. Ce
comité-conseil avait pour mandat de répondre à trois questions et trois
questions très importantes : Comment protéger ici, au Québec,
l'accès à la culture québécoise à l'ère numérique... du numérique? Comment
améliorer le positionnement du contenu culturel québécois francophone sur les
plateformes numériques? Et comment défendre la spécificité linguistique
québécoise?
Cette analyse était importante considérant l'omniprésence
des grandes plateformes internationales au Québec et les données alarmantes des
habitudes de consommation de contenu culturel québécois par les Québécoises et
les Québécois, mais particulièrement par nos
jeunes. On avait noté que l'un des principaux effets de la numérisation de la
culture est de détourner le public québécois de sa propre culture. À titre
d'exemple, Mme la Présidente, l'Institut
de la statistique du Québec a démontré qu'en 2022 les interprètes
québécois comptaient pour 8 % des écoutes faites par les Québécois sur les services de musique continue. C'est dans ce
contexte que le ministre a annoncé la création du groupe d'experts pour favoriser
un meilleur rayonnement de la culture québécoise et de la langue française sur
les plateformes numériques.
Donc, quelque huit mois suivant la confirmation
du mandat par le ministre au comité-conseil, le comité a déposé son rapport, au
mois de janvier 2024, sur la découvrabilité des contenus culturels, intitulé La
souveraineté culturelle du Québec à l'ère du numérique, un rapport étoffé,
Mme la Présidente, qui compose 32 recommandations. Et, je crois, c'est
important de le mentionner à ce stade-ci, parce que je crois qu'on va y référer
lors de l'étude du projet de loi, l'étude détaillée, parce que
les recommandations qui, vraiment, ont été reprises dans ce projet de loi s'inscrivent dans une vision
globale qui... visant à protéger et à promouvoir les contenus culturels
d'expression originale de langue française. Inspiré par la démarche du
Québec dans la protection et de la promotion de la diversité des expressions
culturelles, les recommandations du conseil
reposent sur l'effet combiné d'une stratégie de coopération menée à la fois à
l'international et au sein de la fédération canadienne, de même que sur
des actions législatives, réglementaires, administratives et budgétaires
conduites au Québec. Ces recommandations se veulent complémentaires et doivent
donc être poursuivies comme un tout. Également, Mme la Présidente, en ce qui a
trait au niveau international, cette approche s'appuie sur des alliances de longue date, en particulier avec
la France et d'autres pays francophones, à la fois par le biais de relations
bilatérales et dans les forums multilatéraux que sont l'Organisation
internationale de la Francophonie et, évidemment, l'UNESCO. Le comité, d'ailleurs, mentionne qu'une
entente bilatérale s'impose et doit être négociée entre le Québec et le gouvernement
fédéral.
Le projet de loi n° 109 reprend
essentiellement, quand j'ai... comme j'ai mentionné, les grandes lignes des recommandations du rapport de ce comité-conseil et
transforme des pistes d'action spécifiques au Québec, en matière de culture,
en dispositions législatives. Le projet de loi contient 89 articles. Les
principaux objectifs sont les suivants.
Évidemment,
le premier est fondamental, que le projet de loi modifie, d'abord et avant
tout, la Charte des droits et libertés de la
personne afin d'y enchâsser le droit
à la découvrabilité des contenus culturels d'expression originale de langue
française et à l'accès à de tels contenus. Le projet de loi, également,
évidemment, va prévoir une loi-cadre afin de
pouvoir détailler toutes les mesures nécessaires afin d'évidemment
respecter ce droit. La loi favorise la découvabilité des contenus
culturels d'expression originale de la langue française et l'accès à de tels
contenus dans l'environnement numérique.
La loi prévoit
également l'obligation, pour les plateformes numériques qui répondent aux critères
déterminés par règlement du gouvernement, de s'enregistrer auprès du ministre
de la Culture et des Communications. La loi crée également au sein du ministère
de la Culture et des Communications le Bureau de la découvrabilité des contenus
culturels et charge le ministre de faire
rapport au gouvernement de l'évolution et de la présence de la découvrabilité
et la consommation des contenus culturels d'expression originale de
langue française dans l'environnement numérique.
De plus, la loi
confère au gouvernement le pouvoir de prendre des règlements afin, notamment,
d'établir la quantité ou la proportion de
contenu culturel d'expression originale de langue française et de contenu
disponible dans une version française qui doit être offerte par les
plateformes numériques. La loi prévoit aussi le pouvoir du gouvernement
d'autoriser le ministre à conclure une entente avec une plateforme numérique
pour prévoir des mesures de substitution aux obligations de la loi et des
règlements.
• (18 heures) •
Enfin, la loi
comporte des pouvoirs d'inspection et d'enquête au ministre et le pouvoir
d'ordonner à une plateforme numérique ou un
fabricant de prendre les mesures qu'il indique lorsqu'il estime que cette
plateforme numérique ou ce fabricant fait défaut d'exécuter les
obligations que lui imposent la loi, ses règlements ou une entente. On prévoit également, Mme la Présidente, et ça, c'est
important de le mentionner, un régime de sanctions administratives pécuniaires et
des dispositions pénales visant à assurer le respect de cette loi et des
règlements.
Plusieurs groupes,
Mme la Présidente, ont été invités, tel que mentionné par ma collègue, aux
consultations particulières sur ce projet de loi, et la commission a reçu
20 mémoires, et 14 groupes ont été entendus lors des auditions publiques. Je tiens à les remercier pour leur
participation et pour la rédaction des mémoires très détaillés, étoffés sur
plusieurs enjeux qui découlent de ce projet de loi, ainsi que pour leurs
réflexions et leurs recommandations.
Malheureusement,
les... on appelle, les géants du numérique, tels que les Netflix, Google et
Spotify, et d'autres concernés par ce projet
de loi n'ont pas participé aux auditions publiques. Cependant, malgré leur
absence, certains ont transmis des
mémoires à la commission, des mémoires qui soulèvent à la fois leur accord avec
l'objectif visé du projet de loi en ce qui a trait à la découvrabilité des
contenus francophones et à l'accès, tout en soulevant de grandes préoccupations
concernant les pouvoirs du ministre à contraindre les plateformes numériques à
des exigences, entre autres, d'information et de quotas, lesquelles ne
sont pas définies et seront établies ultérieurement par règlement.
Ainsi, Mme la
Présidente, malgré le consensus porté par l'ensemble du milieu culturel, soit
par l'entremise des mémoires et des
différentes organisations ou lors des auditions publiques, concernant
l'objectif visé par le gouvernement d'inscrire dans la charte québécoise
le droit à la découvrabilité et à l'accès à des contenus culturels francophones
dans l'environnement numérique et la nécessité de prévoir, dans une loi-cadre,
les mesures législatives nécessaires afin de promouvoir
la culture francophone et faciliter son accès via les plateformes numériques,
certains groupes, incluant les géants du numérique, ont soulevé plusieurs
préoccupations liées à la mise en oeuvre de la loi et son impact sur les plateformes
numériques.
Et il y a trois de
ces préoccupations, Mme la Présidente, dont je souhaite soulever, puisqu'il
sera nécessaire, lors de l'étude détaillée de ce projet de loi, pour le
ministre, de définir et de préciser de façon claire et sans équivoque ses intentions. Ma collègue de... la députée de Bourassa-Sauvé a mentionné la question des médias sociaux, et, à l'article 3
du projet de loi, Mme la Présidente, nous voyons qu'il y a quand même une
certaine ambiguïté dans la rédaction de cet article,
qui se lit comme suit : «Ne sont pas visés par la présente loi un média
social et une plateforme numérique dont l'objet principal est d'offrir du contenu autochtone.» Et l'Association
québécoise de la production médiatique, l'AQPM, précise de façon, j'ai trouvé,
succincte la position de certains groupes concernant l'ambiguïté qui découle de
la rédaction de cette disposition
quant à l'inclusion ou non des médias sociaux dans le champ d'application du
projet de loi. Malgré cette ambiguïté, compte tenu de l'importance des médias
sociaux, particulièrement chez les jeunes, certains groupes proposent que la loi s'applique aux médias sociaux dans le
cadre de leurs activités lorsqu'elles sont similaires à celles offertes par
les plateformes en ligne.
L'Union des artistes,
d'ailleurs, partage cette position, et j'aimerais juste ajouter ce qui suit,
qui est un extrait, Mme la Présidente, du mémoire
de l'Union des artistes concernant toute la question de l'inclusion des
médias sociaux dans ce projet de loi.
«Le projet de loi prévoit la possibilité d'exclusions et d'exceptions par voie
réglementaire. Toutefois, il serait judicieux de contraindre dès
maintenant les médias sociaux qui agissent comme diffuseurs de contenus
culturels. Cela implique de définir ce
qu'est du contenu culturel, encadrer les algorithmes de recommandation, imposer
des obligations de découvrabilité, prévoir des mécanismes de suivi et de
reddition de comptes. En somme, ne pas inclure les médias sociaux dès aujourd'hui, c'est prendre le risque de
laisser hors champ une part croissante de la consommation culturelle numérique.
Pour que la loi ait du mordant et demeure pertinente, elle doit anticiper cette
évolution et intégrer ces plateformes dans son périmètre d'application.»
Deuxième élément, Mme
la Présidente, qui a été soulevé par quelques groupes, c'est en ce qui a
trait... ma collègue l'a mentionné, qu'on mise... la loi mise sur la
découvrabilité et l'accès aux contenus culturels d'expression originale de la
langue française et n'accorde aucun statut particulier ou prioritaire en ce qui
concerne la découvrabilité de la culture québécoise.
La mémoire de
L'Association des réalisateurs et réalisatrices du Québec porte une attention
particulière à cette absence de distinction entre la culture d'expression
française du Québec et celle issue du reste de la francophonie, qui pourrait, ultimement, affaiblir les effets recherchés par la
loi. Et, Mme la Présidente, je vais juste citer un extrait, parce que je l'ai trouvé quand même assez important, et,
ça aussi, ça fait partie des réflexions et des discussions qui auront lieu
lors de l'étude détaillée. À la page 3 de leur mémoire, «l'ARRQ déplore
que le projet de loi ne fasse aucune distinction claire entre la culture d'expression française du Québec et celle issue du
reste de la francophonie. Si la seule solidarité avec la francophonie mondiale est précieuse et
nécessaire afin de faire face, notamment, aux plateformes étrangères, provenant
majoritairement des États-Unis, il importe de rappeler que la mission du
gouvernement du Québec est de protéger la culture d'expression française
proprement québécoise, issue du territoire, de son histoire et de ses réalités
sociales et économiques. Or, dans le
contexte numérique actuel, les créateurs québécois doivent déjà rivaliser non
seulement avec les géants
anglophones, mais aussi avec des productions francophones internationales
disposant de moyens considérablement supérieurs. Sans une reconnaissance
explicite de la spécificité du français québécois et du contenu culturel
québécois, il existe un risque que la
découvrabilité favorise des oeuvres francophones venues d'ailleurs au détriment
de notre production nationale.»
Et ainsi, Mme la Présidente, l'association propose
une nouvelle définition, et j'ose croire qu'elle va être discutée lors
de l'étude détaillée de ce projet de loi.
• (18 h 10) •
Dernier élément, Mme
la Présidente, que je souhaite souligner, et lequel est également lié à la
contraignabilité des dispositions du projet
de loi n° 109 à l'égard des géants des plateformes numériques, il y a
évidemment l'épineux enjeu entre le
fédéral et le Québec en ce qui a trait à la réglementation des plateformes
numériques à l'égard du contenu culturel à la lumière de leurs champs de
compétences respectifs. Tel que mentionné par certains groupes, afin d'éviter
des chevauchements et des conflits de règlement entre le fédéral et le Québec,
il devra y avoir une coopération active entre les
deux paliers de gouvernements et les instances de régulation fédérale, comme le
CRTC. Tel que mentionné par l'ARRQ dans
son mémoire, cette collaboration est indispensable pour garantir une approche
cohérente et efficace face à des entreprises mondiales.
De
plus, et finalement, Mme la Présidente, le projet de loi prévoit des
contraintes et des exigences que les plateformes numériques étrangères devront respecter, tel que l'enregistrement, la
transmission de documents, des quotas de contenus non définis, des
critères permettant de déterminer ce qui constitue du contenu culturel
d'expression originale de langue française, sans aucune autre précision. Le
ministre aura le pouvoir de rendre des ordonnances contre les plateformes
numériques qui ne respectent pas les obligations légales. Il y aura même des
sanctions administratives pécuniaires et des
amendes de nature pénale allant jusqu'à 300 000 $. Donc, comment
allons-nous nous assurer, Mme la Présidente, que nous allons pouvoir exécuter ces dispositions légales aux plateformes
numériques étrangères? Ça, je crois, nous devons... nous allons avoir
des discussions à ce sujet lors de l'étude détaillée.
Donc, en conclusion,
Mme la Présidente, le projet de loi n° 109 marque une étape décisive pour
la souveraineté culturelle du Québec et pour préserver et promouvoir sa culture
et la langue française dans l'environnement numérique. Cependant, tel que mentionné par l'Union des artistes et d'autres, le
projet de loi ne suffira pas à lui seul. Il doit s'accompagner d'actions
concrètes et d'une mobilisation collective et collaborative avec le fédéral et
l'international. L'étude détaillée du projet de loi permettra au ministre de
répondre à ces préoccupations et à préciser ses intentions. Merci beaucoup.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Je vous remercie, Mme la députée. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
Mise
aux voix
Comme
il n'y a pas d'autre intervention, le principe du projet de loi n° 109, Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec et édictant la Loi sur la découvrabilité
des contenus culturels francophones dans l'environnement numérique,
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Adopté. M. le leader adjoint du gouvernement.
Renvoi à la Commission de la
culture et de l'éducation
M. Lévesque
(Chapleau) : Oui. Merci, Mme la Présidente. Et donc, conformément à
l'article 243 de notre règlement, je
fais motion afin que le projet de loi n° 109, la Loi affirmant la souveraineté culturelle du Québec
et édictant la Loi sur la découvrabilité des contenus culturels
francophones dans l'environnement numérique, soit déféré à la Commission de la culture et de l'éducation pour
son étude détaillée et que le ministre de la Culture et des Communications
soit membre de ladite commission pour la durée du mandat.
Mise aux voix
La Vice-Présidente
(Mme Soucy) : Cette motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
Adopté. M. le leader adjoint du
gouvernement, pouvez-vous nous indiquer la suite de nos travaux?
Ajournement
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci, Mme la Présidente. Nous avons très, très bien travaillé. Je vous
demanderais de bien vouloir ajourner nos travaux à demain, 9 h 40,
s'il vous plaît.
La
Vice-Présidente (Mme Soucy) :
En conséquence, nous ajournons
nos travaux à demain, jeudi le... ah! bien... oui, tout est fait,
monsieur... 6 novembre, jeudi le 6 novembre 2025, à 9 h 40.
Oui, c'est fait...
Une voix : ...
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Cette
motion est-elle adoptée?
Des voix : Adopté.
La Vice-Présidente (Mme Soucy) : Vous
avez tous répondu oui. Merci.
(Fin de la séance à 18 h 14)