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Étude des crédits du ministère de
l'Agriculture
(Dix heures vingt-cinq minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre,
messieurs!
À la suspension, hier soir, nous en étions au programme 6.
M. le député de Beauce-Sud avait la parole. Ce matin, on m'a
informé que le député de Beauce-Sud assistait à une
autre commission, je cède donc la parole au député de
Champlain.
M. Gagnon: Merci, M. le Président.
M. Garon: Vous allez m'excuser d'être arrivé en
retard, avec toutes ces heures, et tous ces papiers. Il faut garder le
fort.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
Régie des marchés agricoles
M. Gagnon: M. le Président, hier soir, lors de cette
séance, le député de Beauce-Sud a beaucoup parlé
des problèmes des plans conjoints, en dernier. Il a surtout parlé
du problème de FEDCO. Si vous me permettez de faire un court
préambule, en ce qui concerne FEDCO, je pense qu'il y a tellement
d'erreurs qui ont été lancées dans le public. D'abord,
FEDCO, c'est la marque de commerce de la mise en marché des oeufs, mais
c'est la Fédération des producteurs d'oeufs du Québec. Il
y a tellement d'erreurs qui ont été lancées que, à
un moment donné, il faudrait peut-être sortir les
véritables chiffres pour prouver que la Fédération des
producteurs d'oeufs, par l'entremise de l'agence de vente FEDCO, a fait
énormément pour les producteurs d'oeufs au Québec.
On a mentionné, par exemple, qu'au début de la
fédération, on comptait au-delà de 1200 producteurs au
Québec, et que, actuellement, on en compte 339 ou 335. Au moment
où on a implanté ce plan conjoint, tous les producteurs, peu
importe la quantité de poules qu'ils possédaient, avaient le
droit de vote et ils ont voté pour le plan conjoint. Aujourd'hui, on
remarque que, parmi les producteurs régis à l'intérieur du
plan conjoint des producteurs d'oeufs, on contrôle seulement les
producteurs de 250 poules et plus, ce qui veut dire que si on calculait encore
aujourd'hui tous ceux qui ont moins de 250 poules, on retrouverait encore un
nombre semblable de producteurs d'oeufs au Québec. Mais ceux qui sont
contrôlés par l'entremise de la Fédération ont 250
poules et plus. Dans d'autres provinces, cela part de 450 ou 500 poules, ici,
c'est 250.
Donc, le nombre de producteurs n'a pas nécessairement
diminué. Le rôle de la Fédération des producteurs
d'oeufs a toujours été d'essayer de favoriser une quantité
ou une densité de production qui pouvait spécialiser un
producteur dans le domaine.
On sait que les études qui ont été faites dans le
domaine des oeufs pour en arriver à une unité homme-travail,
c'est-à-dire l'équivalent de 40 heures par semaine, comme cela a
été fait par l'UPA, dans toutes les productions agricoles,
portant sur 10 000 poules. On peut dire que le travail fait consistait à
atteindre à peu près 10 000 poules pour une ferme avicole
spécialisée dans les oeufs. C'est d'abord faux de
prétendre que la fédération a éliminé les
producteurs d'oeufs. Les producteurs qui se sont éliminés,
à la suite de l'implantation de la Fédération des
producteurs d'oeufs et de l'agence de vente FEDCO sont ceux qui,
d'eux-mêmes, ont trouvé que ce n'était pas rentable de
produire avec 250 ou 500 poules. Ils ont décidé d'eux-mêmes
de vendre leur quota à des voisins qui se sont spécialisés
dans la production des oeufs.
Une autre chose, on a mis en doute les plans conjoints. Personnellement,
pour avoir travaillé un certain nombre d'années dans le secteur
agricole, du côté des compagnies, comme technicien vendeur, et
après avoir participé au syndicalisme agricole, je crois que la
formule actuelle est celle des plans conjoints. Si on veut sauver l'agriculture
de type familial au Québec, il va falloir absolument mettre les efforts
pour avoir des plans conjoints dans tous les domaines. Ce n'est pas tout
d'implanter des plans conjoints, mais il va falloir aussi qu'il y ait une
volonté politique de faire respecter les règlements à
l'intérieur des plans conjoints.
Si on regarde le problème de FEDCO, c'est le plan conjoint
peut-être le plus mal connu et c'est peut-être celui qui a fait le
plus pour l'agriculture au Québec. Simplement pour montrer
jusqu'à quel point on a réussi à sauver la situation des
oeufs au Québec, au moment où on a formé, par exemple,
l'agence de vente, je pense qu'on était environ à 40%
autosuffisant au Québec, dans le domaine des oeufs, alors
qu'aujourd'hui, on est autosuffisant à 55%. C'est faux aussi de
prétendre qu'on produit moins d'oeufs au Québec, depuis
l'implantation de FEDCO. On peut presque prouver le contraire. Si on n'avait
pas eu la Fédération des producteurs d'oeufs et l'agence de vente
FEDCO, on a des doutes sérieux à savoir s'il resterait un
producteur d'oeufs au Québec.
Compte tenu que nous avons le président de la Régie des
marchés agricoles, aujourd'hui, ici, je voudrais savoir quels sont
exactement les pouvoirs de la Régie des marchés agricoles.
M. Garon: Dans le sens des pouvoirs disciplinaires, je
présume, M. Gagnon, parce que vous connaissez les autres pouvoirs:
recevoir les chartes, présider aux référendums et tout ce
genre de choses. Au niveau disciplinaire, nous approuvons les
règlements, nous les faisons paraître dans la Gazette officielle
et jusqu'en 1972, on devait se fier exclusivement aux cours de justice pour
faire respecter le règlement.
Vous connaissez les lenteurs des cours. Les procédés de
justice dans tous les pays du monde sont très lents, ils donnent une
chance aux justi-
fiables de se défendre. Il y a, de plus, des procédures
d'appel et toutes sortes de procédures, de sorte qu'on n'arrivait pas
à classer notre homme dans un délai assez court. C'est ce qui a
permis ou convaincu l'ancien gouvernement d'amener des pouvoirs de saisie.
Avec les pouvoirs de saisie, c'est évidemment plus rapide, mais
encore là, il y a possibilité d'autres procédures, des
contre-saisies et quoi d'autres. Tant et aussi longtemps que les cours de
justice et les juges, qui ne sont pas très familiers avec le droit
administratif... Les urgences qu'il y aurait à voir que certaines
disciplines et certains plans soient appliqués sont trop lentes encore,
de sorte que des saisies ont été effectuées à
nombre de reprises. On a un peu de difficulté à les faire
maintenir par les cours, mais les tests, je pense, sont en cours ou vont
l'être incessamment. Il faudra, tout de même, que le type n'ait pas
trois ans pour retrouver le droit chemin, sinon ce sera peut-être une
menace pour la vie future des plans conjoints.
Les pouvoirs sont là et sont exercés
périodiquement, mais chaque fois, il y a des délais de
procédure et on attend des jugements. On a eu un jugement du juge
Deschênes qui nous a dit que le pouvoir était bon, qu'il
était reconnu. Il devrait être reconnu et ce serait
peut-être le seul moyen efficace de réellement implanter une
discipline dans une production, là où il y a un plan conjoint,
parce que le seul avantage d'un plan conjoint, c'est de passer des
règlements de discipline. Si vous êtes pour retourner au
volontariat, vous n'avez pas besoin de plans conjoints, messieurs. Vous avez
des coopératives ou des syndicats coopératifs qui peuvent jouer
exactement le même rôle.
M. Gagnon: On a dit hier qu'un plan conjoint devait être
voté à forte majorité, pour avoir une force et pour
pouvoir, en fait, s'implanter et se faire respecter.
Si je prends la fédération des producteurs d'oeufs, je
peux me tromper de quelques pourcentages, mais je pense que le plan conjoint a
été voté à 70% en montant, 74%, 76% et l'agence de
vente FEDCO à 90% ou aux environs. Est-ce exact?
M. Garon: Je pense qu'il n'y a pas eu de vote sur l'agence de
vente, c'est un règlement qui a été approuvé par la
régie...
M. Gagnon: Par l'assemblée générale.
M. Garon:... et mis en vigueur une fois publié dans la
Gazette officielle ultérieurement.
M. Gagnon: Mais qui a été affirmé par
l'assemblée générale, qui a passé à
l'assemblée générale.
M. Garon: Peut-être, mais à l'époque je ne me
souviens pas si votre groupement votait par délégation ou par
vote direct; je l'ignore, je ne me souviens pas du tout, mais le plan a
été très fortement voté lorsqu'il a
été créé.
M. Gagnon: Depuis au moins six ans, on entend parler de la guerre
FEDCO; est-ce que vous êtes capable, aujourd'hui, de nous dire exactement
comment il se fait qu'un certain groupe très minoritaire, qui n'a pas
voulu s'affilier à la décision de la majorité, a pu,
depuis six ans, continuer de marcher en marge de la fédération et
essayer continuellement de détruire le travail que faisait la
fédération avec l'OCCO? Est-ce tout simplement un manque de
pouvoir de votre part? N'aviez-vous pas le pouvoir de les amener à
l'ordre, ou est-ce qu'il y a eu un manque de volonté ferme de le faire,
d'une volonté politique de le faire?
M. Garon: Je pense, M. le député de Champlain, que
je vous ai donné les explications il y a à peine un moment.
Chaque fois qu'il y a une dissidence assez prononcée, évidemment,
la meilleure façon, c'est toujours la concertation; alors, il y a des
médiations, des conciliations qui sont très longues et qui,
malheureusement, dans ces cas-là, n'ont pas abouti. Elles ont abouti
à certains dossiers signés, mais dont la signature a
été oubliée assez tôt, de sorte que, chaque fois que
l'administration change, un nouvel effort de médiation et de
concertation est fait et c'est normal. Cela prend quelques mois avant que l'on
se rassure évidemment ou qu'on trouve une véritable mauvaise foi
et que là on décide d'y mettre le paquet. C'est un peu le
phénomène qui s'est produit à chaque trois ou quatre ans.
Il n'y a pas de blâme pour personne là-dedans, il y a encore des
espoirs de règlement, il y a encore des papiers qui se signent, il y en
a qui se rapportent et qui payent. Eventuellement, je présume que tout
se classera et retournera dans le bon ordre.
M. Gagnon: Dans combien de temps environ, d'après
vous?
M. Garon: Ce serait spéculer fortement que de mettre une
date dans un calendrier de ce genre.
M. le Président, quand même, on vient de parler de vote...
Je m'excuse, M. Garon, j'aimerais quand même enregistrer peut-être
correctement certains chiffres que j'avais donnés ou cités de
mémoire hier. Je les ai vérifiés par
téléphone ce matin. Vote 1971, 14 307 bulletins
expédiés; 8352 retournés, pour 58,5%; 4055 ou 56,27% de
ceux qui avaient voté ont voté favorablement. En 1973: 11 388
producteurs ont reçu des bulletins de vote; 7346 ont voté ou
65,5% ont retourné leur bulletin de vote. Il y a 4273, ou 61,7% qui ont
voté favorablement pour un plan conjoint dans le porc.
M. Gagnon: En terminant, M. le Président, je vous remercie
de m'avoir...
M. Garon: ...s'il y avait un nouveau vote, dans le cas de la
croissance actuelle...
M. Gagnon: Oui. Je vous remercie de m'avoir donné la
parole, et, personnellement, je crois que la formule des plans conjoints, c'est
la formule à adopter, mais il ne s'agit pas seulement d'implan-
ter des plans conjoints et de permettre qu'on puisse travailler à
l'intérieur de plans conjoints, mais il va falloir en même temps
qu'on fasse l'impossible pour faire respecter les règlements. Autrement,
ça ne donne rien d'installer des plans conjoints.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, en parlant de FEDCO
tantôt, j'avais rejoint un petit peu la pensée du ministre hier
soir lorsqu'on parlait à savoir s'il y avait possibilité
d'imposer des plans conjoints ou de changer la norme de pourcentage du vote.
Cela revient pas mal à dire que même si le pourcentage semble
majoritaire, c'est que, dans le cas de FEDCO, cela a été
voté... Est-ce que vous pouvez me dire à combien? Cela a
sûrement été voté à au-delà de 62,6%
ou 66,2%?
M. Garon: Je pense que c'est 87%, de mémoire.
M. Picotte: Vous voyez justement un bel exemple. Vous avez 87%
des producteurs qui décident d'adhérer, à un moment
donné, à un plan conjoint, et c'est le plan conjoint où il
se passe peut-être le plus de banditisme au Québec. Je suis bien
placé pour en parler, parce que...
M. Gagnon: Dans les plans conjoints?
M. Picotte: Non, c'est en ce qui concerne les saisies et tout
ça. Vous savez ce qui se passe, par exemple, dans mon comté
je peux bien le mentionner il y a un M. Labrecque, je pense, qui
est un dissident, et, à ce moment-là, vous savez tout ce qui peut
se passer lorsqu'on arrive au niveau de la régie. On fait effectuer une
saisie. J'ai vu des bouts de temps où il y avait même des
bâtons de baseball qui se sont promenés à certains endroits
et pourtant, on a voté le plan conjoint à 87%. Est-ce que vous
pourriez me dire, M. le Président, de quelle façon la
régie procède lorsqu'elle décide de faire exécuter
une saisie chez un producteur dissident. De quelle façon cela se
passe-t-il en général?
M. Garon: Le pouvoir de saisir a été
délégué à la Fédération des
producteurs d'oeufs. Ce sont les inspecteurs de la fédération
assistés de la Sûreté du Québec qui font les
saisies. Une nouvelle procédure a été
étudiée avec le nouveau ministre de la Justice.
Dorénavant, la procédure serait la suivante: La
fédération conserverait son pouvoir de saisie, mais comme elle
pourrait se faire justice elle-même, cela chatouille un peu
l'équité ou le sens de l'équité à certains
endroits. Elle donnerait leur programme de saisie...
Attention, vous parlez en mon nom.
Oui, c'est cela. C'est pourquoi je suis prudent, vous avez
remarqué, M. le ministre.
Tous les juristes disent que quelqu'un qui est juge et partie, c'est
plus que chatouilleux. C'est un peu délicat pour l'équité
juridique.
Le sens de l'équité est quand même un peu
affecté. Alors, la nouvelle procédure voudrait qu'ils fassent
approuver leur programme de saisie de la semaine par la régie. Donc, la
régie devrait rendre une décision sur le programme de saisie.
Elle irait faire sa saisie et le saisi aurait un privilège d'appel tel
que prévu dans la loi, dans les cinq jours. Et on croit que cela
pourrait satisfaire les exigences au moins minimales d'un système de
justice.
M. Picotte: Et si le saisi, par contre, lorsqu'il se sert de son
mécanisme d'appel, obtient gain de cause, à ce moment...
M. Garon: Vous savez que c'est appel sur appel. Ce n'est jamais
complètement définitif. Dès qu'il appelle à
nouveau, c'est comme si de rien n'était.
M. Picotte: Cela veut dire qu'en principe chaque fois qu'un gars
se fait saisir, il peut aller en appel, et cela peut faire des dizaines et des
centaines de...
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez? Notre système
judiciaire est ainsi fait que tant qu'il n'y a pas un jugement final en Cour
suprême, cela peut être contestable.
M. Picotte: Je me rappelle que j'ai déjà eu des
représentations de certaines personnes et, en plus... Je voudrais avoir
une réponse là-dessus, je voudrais poser une question, c'est
seulement par curiosité, il est évident que lorsqu'on saisit des
oeufs et qu'on les manipule sans précaution et je ne blâme
personne de le faire, de toute façon, ce n'est pas mon travail de le
faire comme les oeufs, cela peut être assez fragile, il semblerait
qu'à la fin de tout, il y en a quelques douzaines de cassés.
Est-ce qu'un gars, en principe, qui gagne en appel, pourrait revenir contre
FEDCO parce qu'il y a eu de la détérioration?
M. Garon: Évidemment, je ne peux certainement pas donner
une consultation en droit ici. Je croirais que ce n'est pas la place.
Mais il y a une chose qu'il faut dire, dans les oeufs, d'une
façon générale. Indépendamment de tout le charriage
qu'il peut y avoir là-dedans, les mêmes dissidents reviennent.
Le plan conjoint a apporté des avantages, au point de vue des
prix. Les oeufs n'ont pas connu, quand même, les fluctuations qu'ils ont
connues auparavant. Il y avait des fluctuations terribles; est-ce en raison du
plan conjoint, est-ce en raison de la conjoncture, en tout cas, le fait est
qu'il y a eu peu de variations dans les prix, ce qui était un des gros
problèmes dans le passé. Je pense que même ceux qui
profitent du plan conjoint, qui n'ont pas payé leur cotisation,
admettent que le plan conjoint a été bénéfique.
Leur point, je pense, de désagrément, porte sur l'agence de vente
plu-
tôt que sur le plan conjoint lui-même. C'est surtout
l'agence de vente unique qui les fatigue.
M. Gagnon: Ce qui arrive...
M. Picotte: Une dernière question, M. le Président,
avant de terminer. Est-ce que je pourrais savoir si la régie est au
courant s'il y a des dissidents parmi les producteurs d'oeufs? Est-ce que vous
pourriez me donner la proportion des gens qui collaborent avec FEDCO et de ceux
qui sont dissidents?
M. Garon: La seule réponse que je peux faire
là-dessus, c'est qu'il y a toutes sortes de temps dans une dissidence,
parce que tout le monde est dissident de quelque chose sur quelque point,
d'accord? Ceux qu'on pourrait considérer comme les dissidents les plus
ardus...
M. Picotte: Les plus acharnés.
M. Garon: ...les plus acharnés, il y en a environ 28, et
à cela s'ajoute une kyrielle d'autres qui, parce que le niveau de
coût d'administration est trop élevé, qui, parce que
l'agence de vente leur nuit un peu sur les bords...
M. Picotte: C'est quand même une quantité
négligeable.
M. Garon: ...à ce moment-là, un recrutement assez
actif aussi se fait. Alors, les gens signent sur les deux bords. Vous avez
déjà fait signer des pétitions ou vous êtes
déjà passé pour quelque chose une journée? Vous
avez la signature. Vous passez pour quelque chose le lendemain, vous avez
encore la signature. Alors, cela dépend du vendeur qui passe.
M. Picotte: À ce moment-là, M. le Président,
je dis que s'il y en a seulement...
M. Garon: On compte les recrues après et tout le monde a
les mêmes recrues.
M. Picotte: S'il y en a seulement 28 sur 350, M. le
Président, je pense que la régie devrait avoir assez de pouvoir
pour qu'à un moment donné on dise: La majorité est quand
même là et c'est comme cela que cela va fonctionner. Il faudrait
avoir des mécanismes pour le faire, autrement, cela ne se terminera
jamais. Le gars va aller en appel tant qu'il va vouloir. On va pouvoir charrier
tout le monde tant qu'on va vouloir et cela fait quand même un
très mauvais climat. Il me semble que, surtout quand le nombre est
restreint...
M. Garon: Peut-être pour satisfaire la curiosité
d'un certain nombre de gens qui seraient nettement intéressés, il
y a quand même les cas de gens de l'Ontario qui se rendent à la
Cour suprême le 21 juin. Autrement dit, ils en seront à la
dernière étape, alors que nous n'en serons qu'à
l'étape d'appel, ici, au Québec. Eux sont rendus à la Cour
suprême, ils seront entendus le 21 juin et on présume qu'il y aura
jugement à peu près au cours de l'automne. Alors, pour ceux que
cela intéresse, surveillez le jugement de la Cour suprême sur ces
problèmes fondamentaux des plans au cours de l'automne.
M. Picotte: Le résultat va sûrement influencer, soit
FEDCO, la régie ou les producteurs d'oeufs.
M. Garon: Oui, parce qu'on n'est pas rendu à cette
étape, on est rendu strictement à l'étape de l'appel.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, M. le ministre pourrait-il
nous faire connaître la répartition du budget de $1 116 000,
est-ce que c'est tout...
M. Garon: ... de la page.
M. Cordeau: Pardon?
M. Garon: À gauche, la page du programme 4.
M. Gagnon: M. le Président, sur le même sujet, pour
terminer sur FEDCO...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe, vous permettez une question supplémentaire sur
FEDCO?
M. Cordeau: Certainement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: À la suite de ce que vient de dire le
député de Maskinongé, je pense que c'est bon de dire,
quand il a parlé de banditisme à l'intérieur de la
fédération, ce plan conjoint...
M. Picotte: J'ai dit que quand il se produit une saisie,
ça occasionne toutes sortes de problèmes, non pas à
l'intérieur de la fédération... ce n'est pas ça que
je voulais dire.
M. Gagnon: C'est bon de faire la mise au point, parce que je peux
vous dire que j'ai personnellement participé, j'étais dans le
conseil d'administration... il y a une chose, c'est que la publicité n'a
pas été égale des deux côtés. Souvent, il y a
certaines personnes qui ont peut-être avantage et qui ont toutes sortes
de tours pour inventer des choses pour salir la réputation de la
fédération des producteurs d'oeufs, de FEDCO. Parce que je peux
vous dire que le banditisme... de notre côté, le travail a
été fait le plus proprement possible et on a même eu des
attaques, je pense que cela a déjà été dit
publiquement, sur la personne des administrateurs de la
fédération venant de certaines personnes. Cela n'a jamais
été sorti publiquement, on n'a pas fait de publicité
autour de ça.
Du côté de la fédération, quand on a à
faire des saisies ou quand on a fait des saisies, cela a été fait
proprement.
M. Picotte: Vous avez tout simplement mal compris ma...
M. Gagnon: Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, le député de
Champlain a fait état de la vigueur avec laquelle le plan conjoint des
oeufs avait été voté, il a donné des pourcentages.
Par contre, nous avons reçu, ce matin, avec précision les
résultats du référendum tenu chez les producteurs de porc.
Premier référendum, 4000 producteurs se sont prononcés,
sur 14 000 listés. Deuxième référendum, 4273, sur
11 388. Déjà, ces chiffres m'apparaissent
révélateurs. Lorsqu'on connaît l'expérience de FEDCO
où la très grande majorité des producteurs d'oeufs du
Québec s'étaient prononcés favorables au
référendum et qu'on découvre les difficultés qui
ont suivi, si la régie ou le lieutenant-gouverneur en conseil, puisque
c'est du monde qui se ressemble, qui sont très près les uns des
autres, avaient décidé d'autorité, de mettre sur pied un
plan conjoint dans la production du porc lorsque seulement 4000 producteurs sur
plus de 11 000 se disent intéressés à utiliser l'outil du
plan conjoint, on peut imaginer facilement les problèmes qui en seraient
découlés si tous ceux qui ne se sont pas prononcés au
référendum avaient décidé de travailler comme
dissidents dans la mise en marché du porc.
Je comprends un peu l'attitude particulièrement positive du
député de Champlain à l'endroit des plans conjoints parce
qu'il a vécu un problème comme producteur d'oeufs. Mais il ne
faut pas se leurrer, les plans conjoints, ce n'est pas le huitième
sacrement qui s'ajoute. C'est un outil que les producteurs peuvent utiliser
comme la coopération est un outil. Cela ne dépasse pas ce
niveau.
Pour que l'outil fonctionne, il m'apparaît absolument requis et
fondamental de compter sur le plus grand nombre de producteurs touchés
dans une production pour opérer un plan conjoint. C'est la seule
façon d'être capable de le mener à bonne fin et de
répondre aux attaques des dissidents.
On a senti des dissidents qui ont fait également valoir leur
point de vue dans d'autres plans conjoints, entre autres, le plan de la mise en
marché du bois de pulpe au Québec. Une région du
Québec, entre autres, compte un certain groupe de gens qui mettent en
doute le pouvoir ou le droit de la Régie des marchés agricoles de
réglementer ou de régimenter la mise en marché d'un
produit qui, dans un assez bon pourcentage, n'appartient aucunement à
l'agriculture.
Je pense et je dis que ce sont tous ces forestiers du Québec, qui
n'ont jamais été agriculteurs, qui n'ont jamais
possédé une ferme d'agriculture et n'en posséderont
jamais, mais qui sont spécialistes en foresterie, qui ont toujours
vécu de l'exploitation de la forêt et qui en possèdent, ce
sont tous des forestiers qui mettent en doute le droit de la Régie des
marchés agricoles à venir réglementer la mise en
marché d'un produit qui, dans leur cas, n'a rien à voir avec
l'agriculture.
Nous avons une preuve que ce qui avait été proposé,
déjà, depuis quelques années, à savoir qu'on confie
à une régie des produits forestiers le contrôle de la mise
en marché des produits qui n'appartiennent pas à des
cultivateurs, nous avons une preuve que ces gens-là se seraient sentis
beaucoup plus à l'aise, beaucoup plus chez eux, s'ils avaient eu
à fonctionner à l'intérieur d'une organisation qui allait
dans le sens de leur profession et de leur activité professionnelle,
soit le domaine forestier.
Même s'il y a des dissidents dans la mise en marché du
bois, on ne peut nier que les plans conjoints dans le secteur du bois n'aient
servi les producteurs agricoles dans la mise en marché.
Je comprends que le ministre puisse avoir des doutes. Comme tous les
ministres qui vous ont précédé, vous voulez bien conserver
les secteurs et la chapelle, mais...
M. Garon: Quand vous parlez des professionnels du bois, il y en
a, mais dans l'association qui regroupe ce qu'on appelle les dissidents ou
d'autres groupes, il y a bien des restaurateurs qui ont un petit boisé,
des camionneurs qui ont un petit boisé, il y a bien des gars, qui ont
d'autres jobs et qui ont un petit boisé. Le boisé équivaut
à un revenu d'appoint, exactement comme le boisé de ferme, est un
revenu d'appoint pour le cultivateur.
M. Giasson: Je comprends, M. le ministre...
M. Garon: Je serais curieux de voir le nombre...
M. Giasson: Mais vous allez reconnaître qu'on a un certain
nombre de vrais forestiers.
M. Garon: ...de gars qui font cela à plein temps, qui sont
des gars qui vivent de... Je pense plutôt que ce sont des organisations
sui generis, des anciens "jobbers", vous savez ce qu'on appelait autrefois des
"jobbers", ce sont des gars qui sont des petits "jobbers" qui sont dans cette
association et qui ne sont pas à l'aise dans le plan conjoint du bois.
Je le conçois.
Mais je serais curieux de voir le nombre. On n'a pas de données
là-dessus. J'en ai rencontré et j'ai demandé aux gens qui
étaient là ce qu'ils faisaient; c'est ainsi que j'ai
découvert qu'un était restaurateur. C'était cela son
métier, restaurateur. Il avait un petit boisé où il allait
l'hiver, comme le cultivateur va dans le sien, l'hiver.
À ce moment-là, cela m'apparaît équivalent un
peu. C'est un hobby, ce n'est pas avec cela que le gars gagne sa vie. Par
ailleurs, il y en a qui travaillent sur leur propre lot. Il y en a d'autres qui
font travailler des employés sur des lots qu'ils achè-
tent. Ce n'est pas la même situation. Je les ai rencontrés
avec le ministre des Terres et Forêts et le ministre d'État au
développement économique et on a écouté leurs
représentations. La représentativité des différents
groupes, qu'est-ce que c'est exactement? Ce n'est pas si facile que cela
à déterminer, le nombre de personnes qui sont...
Quelque chose dont on m'avait parlé, je pense que le ministre des
Terres et Forêts l'a indiqué... un des gros problèmes qu'il
y avait à ce moment-là, c'était la mévente du bois.
Quand on en a parlé ensemble, on a convenu et il était d'accord
pour dire qu'en accentuant la vente du bois, en faisant des efforts
particuliers, cela aiderait sans doute. C'est ce qu'il a réussi,
d'ailleurs, parce que les ventes de bois ont augmenté
considérablement.
Par ailleurs, il y a des aspects qui concernent plus les Terres et
Forêts là-dedans, l'exploitation rationnelle des forêts,
pour ne pas dilapider ces forêts où il y a des coupes dans des
boisés privés. J'ai remarqué que le ministre des Terres et
Forêts était préoccupé qu'on fasse ces
opérations selon un plan rationnel pour que la forêt ait le temps
de se renouveler, pour ne pas la couper plus rapidement qu'elle ne puisse se
régénérer.
Tout cela fait partie d'un ensemble, au fond. Je n'ai pas
l'impression... On peut bien dire qu'il va y avoir deux associations ou trois
associations, mais est-ce que les individus vont être mieux servis par
cela ou s'ils n'iront pas se couper le cou avec les compagnies, entre eux
autres, plutôt que d'avoir un prix qui corresponde à un volume
normal? Je me demande s'ils ne sont pas mieux servis par le plan actuel.
M. Roy: Sur le même point, M. le Président, je ne
sais pas si mon collègue de Montmagny-L'Islet permet... Vous
permettez?
M. Giasson: Oui, allez-y, je reviendrai.
M. Roy: Sur le même point, j'aimerais qu'on regarde une
autre dimension de la situation des propriétaires de boisés
privés. On cherche actuellement à regarder de quel
côté est la vertu, si la vertu est du côté de la
Fédération des producteurs de bois, soit les agriculteurs qui
exploitent un boisé privé de ferme, ou encore si le
péché social, si on peut parler ainsi, de ceux qui exploitent la
forêt de façon démesurée, se trouve uniquement du
côté de l'Association des boisés privés. Je ne
voudrais pas... et j'ai hâte que le procès cesse.
M. Garon: Non, il n'y a pas de procès.
M. Roy: J'ai assisté, l'autre jour, à
l'assemblée générale annuelle de la
Fédération des producteurs de bois et je peux dire aux membres de
la commission que la réconciliation n'est pas pour demain, parce qu'on
se fait des procès. Pendant ce temps-là...
M. Garon: Quand j'ai dit...
M. Roy: Non, je m'excuse, M. le ministre, si vous permettez, il y
a une nuance que j'ai à apporter.
M. Garon: Je n'ai pas dit que j'attaquais ces gens-là, ce
n'est pas cela. On a parlé de coupe rationalisée. Quand chacun
coupe sur son lot, quel est l'effet d'ensemble dans la forêt sur un
territoire de 10 000 milles carrés? Je sais qu'on a parlé d'un
plan rationnel de coupe pour ne pas couper plus vite que la forêt ne se
régénère sans accuser individuellement une personne qui
coupe honnêtement sur son lot.
M. Roy: Parce qu'on a...
M. Garon: L'effet d'ensemble, c'est quoi? C'est cela qu'on veut
poursuivre.
M. Roy: L'effet d'ensemble, il faut dire qu'il y a eu
énormément de corrections qui ont été faites depuis
que la Loi du crédit forestier a été votée par
l'Assemblée nationale.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Ayant eu à m'occuper de dossiers, pour apporter un
peu d'éclairage de ce côté, lorsque l'agriculteur devait
vendre sa ferme à son voisin, dans le cadre d'un plan de regroupement de
fermes, l'agriculteur, le nouvel acheteur, ne pouvait pas acheter la partie
boisée de la ferme.
M. Garon: Oui.
M. Roy: À ce moment-là, il n'y avait qu'une
alternative, vendre le droit de coupe pour une période de trois ou
quatre ans à des personnes qui en faisaient la coupe.
Non, c'est parce que je tenais que le ministre comprenne et je voulais
que le leader du gouvernement puisse se faire comprendre également par
le ministre.
M. Burns: C'est très important que le leader se fasse
comprendre.
M. Garon: Vous ne vouliez pas qu'il se fasse seulement entendre
sans comprendre.
M. Roy: Lequel? Le leader du gouvernement ou moi?
Je veux dire qu'on exploite une situation passée pour en faire
porter l'odieux à des propriétaires de boisés qui n'ont
rien à voir avec l'agriculture. Que le propriétaire de restaurant
soit propriétaire d'un boisé, que le propriétaire d'un
garage, d'une station d'essence, de n'importe quel autre commerce ou
entreprise, soit propriétaire d'un boisé, il reste qu'un certain
nombre de ces propriétaires de boisés sont demeurés
propriétaires de leur terre, mais qu'ils ont dû quitter
l'agriculture pour se livrer à d'autres activités. Il y en a un
certain nombre là-dessus.
Je pense qu'il y a d'autres principes qui doivent être retenus,
c'est que le droit à l'association
doit exister et il existe, de fait, le droit à l'association. Ce
groupe d'individus ne se sentaient pas chez eux, n'ont peut-être pas
reçu, quoique j'aie des opinions personnelles, l'attention qu'ils
auraient dû recevoir lorsqu'ils ont rencontré les autres, soit la
Fédération des producteurs de bois, pour être en mesure
d'avoir leur place dans le syndicat des producteurs de bois.
Ils se sont trouvés mis de côté avec toutes les
difficultés auxquelles ces gens ont dû faire face. Ces gens,
jusqu'à maintenant, ne peuvent pas bénéficier d'un
privilège et d'un droit qui devraient leur être reconnus dans une
société comme celle dans laquelle nous vivons, le droit de
négocier collectivement la vente de leurs produits, puisqu'on a
donné l'exclusivité de la vente du produit à l'autre
association, c'est-à-dire la première association qui a
été fondée.
Tant et aussi longtemps que le gouvernement ne prendra pas un des deux
moyens suivants, le problème va demeurer, l'injustice va continuer. Ce
sont des pertes économiques pour ces familles. Ce sont des pertes
économiques sur le plan régional. Il faut prendre les moyens pour
forcer le plan conjoint, la Fédération des producteurs de bois,
à faire une place à ces gens et qu'ils aient également la
possibilité d'avoir des gens au conseil d'administration pour pouvoir
être en mesure d'avoir un juste partage, un partage équitable,
pour que des ports soient en mesure de livrer le bois, ou qu'on leur fasse une
place dans le système pour qu'ils puissent négocier la vente de
leurs produits, la vente de leur bois. Il n'y a pas trois solutions, il n'y en
a pas quatre, il n'y en a pas cinq, il y en a deux. Cette solution,
jusqu'à maintenant, ce moyen, est entre les mains du ministère de
l'Agriculture, par l'entremise de la Régie des marchés agricoles,
puisqu'on n'a pas encore de régie des produits forestiers. Il ne semble
pas, après en avoir discuté lors de l'étude des
crédits du ministère des Terres et Forêts, que la
régie des produits forestiers puisse exister avant plusieurs
années.
Alors, il reste deux organismes à ce moment. Il reste le
ministère de l'Agriculture du Québec, il reste la Régie
des marchés agricoles. Qu'on prenne les moyens et qu'on prenne
l'autorité voulue pour faire une place à ces gens d'une
façon ou d'une autre. Si les membres de la Fédération des
producteurs de bois, et je leur ai dit, et je vais le répéter
je n'ai jamais eu peur des mots ne prennent pas les moyens pour
leur faire une place, s'ils gardent cette exclusivité de façon
égoïste de façon à se servir avant, je dis qu'il y a
quand même des responsabilités qu'ils doivent prendre. S'ils
veulent agir de façon égoïste, tant pis. À ce moment,
ce sera l'obligation du gouvernement et du ministère de faire une place
à l'autre association de boisés privés, parce que je dis
que nos lois ne défendent pas à un épicier, à un
journalier, à un travailleur de la construction d'être
propriétaire d'un lot boisé, d'être propriétaire,
autrement dit, de demeurer propriétaire de la ferme sur laquelle il a
vécu pendant un certain nombre d'années.
En ce qui a trait aux commerçants de lots qui font la coupe
à blanc, c'est un autre sujet, c'est un autre problème. Il y a
d'autres moyens de régler le problème. Il y a d'autres
solutions.
M. Garon: II y a...
M. Roy: J'aimerais savoir ce matin du ministère de
l'Agriculture, puisque nous avons ici et le ministre de l'Agriculture et le
président de la Régie des marchés agricoles, ce qu'on
entend faire à court terme pour régler cette situation.
M. Garon: À court terme, vous avez mentionné une
des deux solutions. Est-ce que le producteur de bois, qui fait uniquement du
bois, devrait être reconnu comme producteur agricole? Cela
équivaut à la deuxième solution dont vous parliez. C'est
ce qu'on regarde actuellement. D'ailleurs, les gens de l'Union des producteurs
agricoles sont d'accord puisqu'ils m'en ont parlé eux-mêmes. Ce
qu'on regarde actuellement vous avez demandé qu'on le regarde au
ministère c'est quelles en sont les conséquences, parce
que le titre de producteur agricole donne une foule d'avantages à un
vrai cultivateur qui cultive le sol. De quelle façon cela peut-il se
faire? C'est une avenue qu'on explore actuellement. Il y a une chose aussi,
c'est qu'il faut bien être réaliste. Il y a à peu
près trois façons de couper du bois. Les acheteurs sont
là, qui achètent du bois. La demande des compagnies pour le bois
est telle... Cela peut être coupé par des chantiers où il y
a des gars qui sont engagés par les compagnies. Cela peut être
coupé par des cultivateurs sur leur terre. Cela peut être
coupé par des genres de "jobbers". Ce sont les trois formes. Il ne faut
pas se faire d'illusion. Si une compagnie au Québec achète 100
000 cordes, rien ne se perd, rien ne se crée. Il y a tant de bois qui va
être coupé à telle place, tant à telle place et tant
à telle place. Ce qu'on donne à un, il faut l'enlever à
l'autre. C'est aussi clair que cela.
Dans ce cas, créer trois ou quatre organismes qui vont chacun se
couper le cou face aux compagnies. Moi, je ne suis pas convaincu du tout que
l'individu est le plus faible dans sa négociation face aux entreprises,
qu'il va en retirer plus d'avantages. Je ne suis pas convaincu de ça.
J'ai même l'impression du contraire. Ce ne sont pas des gens riches. Ce
sont des gars qui, au fond, se couperaient le cou entre eux et les compagnies
en retireraient les avantages. Il me semble que, pour une répartition,
et on le disait tantôt, il faudrait mettre ces gens au sein d'un
syndicat, au sein d'un plan conjoint, sur un même pied. C'est l'avenue
qu'on explore actuellement. Les diviser en deux, trois groupes, je ne suis pas
convaincu... Cela ne créera pas de bois. Cela n'augmentera pas la
demande du bois et ça va mettre des gens dont le revenu n'est pas
très élevé dans l'arène pour se battre entre
eux.
M. Roy: J'aimerais dire ceci au ministre: Le ministre a peur
qu'ils se coupent le cou. Il n'a pas tout à fait tort. Ce que le
ministre oublie actuellement, c'est qu'ils ont déjà effectivement
le cou coupé. On devrait en tenir compte, parce qu'il n'y a pas
possibilité pour eux de passer. Or, je dis et je
maintiens que c'est une injustice qu'on fait subir à une
catégorie de la population, à certains groupes de
propriétaires qui ont également des droits comme citoyens et
comme propriétaires, comme les autres.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Bon! Pour quelle raison n'y a-t-il pas eu de
problème dans la région de Sainte-Anne? Pour quelle raison n'y
a-t-il pas eu tellement de problèmes dans la région de Rimouski?
Pour quelle raison n'y a-t-il pas eu tellement de problèmes dans la
région de Sherbrooke?
M. Garon: Parce que le bois était vendu.
M. Roy: Et je ne sache pas que les agriculteurs et les
producteurs de bois, comme dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, aient le cou plus
coupé que les autres. Mais, à ce jour, il y a un problème
qui est localisé dans une région donnée, et les
circonstances et le hasard veulent que ce soit justement ma région.
Autrement dit, je suis "poigné" avec le problème. On est
"poigné" avec le problème. À ce jour, personne ne veut se
mouiller. Chacun veut garder ses privilèges, parce que, comme vient de
dire le ministre, à partir du moment où on donne une
exclusivité à quelqu'un on pourrait prendre l'exemple de
FEDCO ces gens qui réussissent à obtenir ce
privilège qui est quand même un très grand privilège
s'en servent pour eux-mêmes.
Je pense bien que tant qu'il y aura de la nature humaine, on va se
retrouver dans cette situation, ce qui me fait dire qu'à partir de
là, le gouvernement a une responsabilité. La Régie des
marchés agricoles a une responsabilité, puisqu'elle doit voir
à l'ensemble, à l'équilibre. Si, à ce jour,
certains mécanismes pourraient être mis en application et
il y a peut-être différents mécanismes à
l'intérieur des deux solutions que j'ai mentionnées tout à
l'heure, différents mécanismes ça demeure une
question de mécanismes. Mais ce n'est pas sur les mécanismes que
j'en suis, c'est sur la question de principe. Ces gens-là ne peuvent pas
vendre leurs produits, c'est là la question.
M. Garon: Cela a été amélioré dans
les derniers mois.
M. Roy: Cela a été amélioré? Il
faudrait passer le long des routes pour constater les quantités de bois
qui ont été gaspillées et les quantités qui sont
encore menacées d'être gaspillées. Je ne pense pas qu'on
ait ces moyens, compte tenu qu'on commence à s'inquiéter des
réserves de matière ligneuse, puisqu'on veut faire de la coupe
sélective. On veut faire en sorte de ne pas exploiter abusivement la
forêt, qu'on fasse au moins en sorte que le bois coupé puisse se
rendre à l'usine.
M. Garon: Je comprends, mais on vit dans le domaine du bois des
années qui ne sont quand même pas les meilleures. Il y a des
usines de pâtes et papiers qui ferment. La demande mondiale de papier est
plus faible. Une des régions où il s'est le moins vendu de bois,
c'est la région dont vous parlez, la région d'ici, de
Québec. C'est pour ça que, quand j'en ai parlé avec le
ministre des Terres et Forêts, on est convenu que le premier
problème était d'essayer d'augmenter les ventes de bois. Il s'en
est occupé et avec un certain succès, parce que les ventes ont
augmenté considérablement. C'est vrai, ce que vous dites. Il y
avait du bois accumulé au bord des routes depuis une couple
d'années, mais cela ne vendra pas plus de bois. Dans l'ensemble, les
moulins de papier n'achèteront pas plus de bois.
M. Roy: Je suis d'accord avec le ministre que les moulins de
papier n'achèteront pas plus de bois. On touche à un autre
problème.
M. Garon: C'est un problème-clé.
M. Roy: Le problème existe, je suis d'accord avec le
ministre, mais c'est un autre problème. C'est qu'il demeure que les
moulins de pâtes et papiers, même s'ils n'achètent pas
toutes la quantité que les gens aimeraient pouvoir leur vendre, en
achètent cependant.
Il y a des gens qui ont le droit de négocier et il y a des gens
qui n'ont pas ce droit. Alors, peu importe les quantités de bois qui
sont achetées par les compagnies, le ministère de l'Agriculture
a-t-il l'intention ou la Régie des marchés agricoles a-t-elle
l'intention d'apporter une solution à ce problème pour
tâcher qu'on place ces producteurs, qu'on leur fasse une place à
l'intérieur du plan conjoint je n'ai rien contre cela
à l'intérieur de la fédération? Il faudra que le
Régie des marchés agricoles et que le ministère de
l'Agriculture interviennent, parce que les portes sont fermées, ou bien
qu'on leur donne le moyen de négocier et, d'ailleurs, je me permettrai
de faire une comparaison à ce moment-ci au ministre.
Il y a quand même trois grandes centrales syndicales, trois grands
syndicats provinciaux qui négocient dans le secteur de la construction,
la FTQ, la CSN et la CSD, et il n'y a pas de concurrence sur le plan des
négociations.
Je ne verrais pas, par le fait qu'on fasse une place à ces gens
pour pouvoir négocier leur bois, que cela puisse automatiquement
créer une concurrence au niveau de la mise en marché ou au niveau
de la vente. Ces gens ont le droit d'écouler ou de vendre une certaine
quantité de bois en tenant compte du nombre d'acres, de l'étendue
de terrain qui leur appartiennent, en ayant un régime proportionnel. Ce
sont des choses qui peuvent être établies. J'entre dans le domaine
technique, cependant.
Mais le problème, ce n'est pas le problème de la vente du
bois comme tel, de la masse, de la quantité de bois que les gens peuvent
acheter. Il faut que ces gens puissent avoir droit de négocier la vente
de leur produit, qu'ils aient un débouché pour leur produit,
qu'ils aient droit au moins d'en
avoir une partie, peu importe la quantité, mais que le principe
soit reconnu que ces gens aient un droit.
M. Garon: Le député de Beauce-Sud nous permettrait
peut-être de donner quelques précisions. Il est sûr que
certains membres de l'Association des boisés de ferme qui
détiennent exclusivement des boisés et non des fermes n'ont pas
accès à la loi de l'UPA de 1964, mais ça, ce sont pour des
fins de taxation. Ils ne peuvent pas devenir président de l'UPA ou aller
à la maison mère et s'occuper d'oeufs. D'accord.
M. Roy: Même pas être directeur.
M. Garon: Mais, au niveau local, je pense que ces gens peuvent
entrer dans le syndicat, se faire élire, il n'y a rien qui empêche
cela. C'est la masse du vote qui va contre eux. Il n'y a rien qui dit dans un
syndicat que le gars doit être membre de l'UPA. Il peut devenir membre
d'un syndicat sans être membre de l'UPA en haut ou de la grande
fédération. Cette possibilité a toujours été
là, au niveau local ou, là où il y a des offices, au
niveau de l'élection à un poste d'administrateur d'un office.
Que cela soit le ministère, la régie ou un organisme
public, on ne peut quand même pas se substituer à
l'électorat au niveau local. Les assemblées sont
paquetées? Possiblement. Mais qu'est-ce que vous voulez? Si c'est permis
à un, c'est permis à l'autre. Quant aux efforts qui, semble-t-il,
n'auraient pas été tentés de leur donner voix au chapitre,
je dois dire qu'au cours des derniers trois ans, les efforts ont
été fameusement multipliés au niveau de la participation
au comité de distribution des passes, mais, à un certain moment,
des gars sont optimistes. On joue pour le tout au lieu de seulement jouer une
partie qui soit raisonnable peut-être. En jouant le tout pour le tout,
l'autre retire sa proposition. Or, ce phénomène s'est produit
à la table de négociation à certaines reprises, dont
à une reprise, entre autres, sous la présidence du sous-ministre
adjoint des Terres et Forêts. Vous avez un rapport qui a
été déposé, je pense, auprès des deux
ministres à l'époque, parce que le comité avait
été désigné par les deux ministres, avec
l'acceptation conjointe des parties qui étaient là,
c'est-à-dire les gens de l'association et les gens des
fédérations et du Syndicat de Québec-Sud.
Cela n'a pas abouti parce qu'à un certain moment, si vous entrez
dans une négociation et que vous dites: C'est tout ou rien, et que
l'autre dit: C'est tout ou rien, qu'il y a une offre de compromis qui est faite
et qui n'est pas acceptée, l'autre retire alors sa proposition. Si tu ne
veux pas mordre à l'appât plus que cela, on retourne chacun chez
soi avec son petit bonheur.
Le problème fondamental, peu importe les structures, régie
de produits forestiers, régie de marchés agricoles, reste celui
du partage de la demande pour une période donnée. À qui
doit-on distribuer cette demande?
Vous savez quels sont les approvisionneurs? Vous avez les terrains de la
couronne, vous avez quand même le bois de sciage qui doit aussi avoir sa
place dans l'approvisionnement des moulins, et vous avez le producteur fermier
qui a son boisé de ferme. Vous avez le détenteur de boisé
qui n'a peut-être pas la machinerie pour aller le faire et qui le donne
à forfait, et vous avez aussi le plus gros opérateur, tel que M.
le ministre le mentionnait. C'est là le problème fondamental, et
je pense qu'autant les autres gouvernements que le gouvernement présent
en sont fort soucieux, mais il y a certainement quelques mécanismes a
trouver. Les mécanismes ne sont peut-être pas trouvés. Mais
quant à avoir voix au chapitre, je pense qu'il y a des
possibilités. Elles vaudraient encore d'être tentées.
M. Roy: J'apprécie bien les propos du président de
la Régie des marchés agricoles quand il dit que cela
mériterait d'être tenté, mais j'aimerais demander, pour
aller un peu plus loin à ce moment-ci, pour apporter peut-être un
peu plus de lumière surtout un peu plus d'espoir de ce
côté-là, si on entend réexaminer à court
délai cette situation à nouveau, de façon qu'on puisse en
venir à trouver une solution acceptable. Le président de la
Régie des marchés agricoles a parlé tout à l'heure
d'une association et a dit que les gens ont droit d'entrer dans une
association. Je suis d'accord. Pourquoi ne sont-ils pas entrés? Je n'ai
pas fait d'enquête socio-économique, une enquête
auprès de chacun des membres pour savoir les raisons pour lesquelles ils
ne sont pas entrés, mais je pense que le ministre et le président
de la Régie des marchés agricoles sont assez au courant du
problème pour savoir qu'ils sont à couteaux tirés. Ils
sont loin de s'unir actuellement, mais ils ont effectivement deux mouvements,
deux groupements représentatifs. Je pense qu'à partir de
là, compte tenu que le droit d'association existe chez nous et que tout
producteur a le droit de s'associer à d'autres pour négocier la
vente collective de son produit avec d'autres personnes, c'est un droit qui
existe, et, à partir du moment où on va donner
l'exclusivité à une association, je dis qu'on n'a pas le droit de
laisser la situation comme telle, il faut prendre les moyens pour tâcher
de la régler et que les gens y aient leur place. D'ailleurs, des
producteurs dissidents, il n'y en a pas seulement dans le bois. Il y en a dans
tous les secteurs. On a parlé de FEDCO tantôt.
M. Garon: Dans le bois, c'est particulier. Dans d'autres
domaines, quand vous avez un tas de clients, dans le bois, je trouve cela
regrettable quand je vois les groupes de petits producteurs
canadiens-français qui vont faire ce qu'ils font depuis 200 ans, se
battre ensemble pour que les grosses compagnies les aident. Je trouve cela
bête. Qu'ils s'appellent qui ils voudront, je trouve cela bête. En
face d'eux, ce sont des géants et je vois les menés qui s'en vont
en face et qui se mettent dans la gueule du loup. Je trouve cela insignifiant,
au lieu de s'unir pour dire: On va obtenir le meilleur prix pour notre bois.
C'est une ressource naturelle, qu'on vend à des entreprises qui
exportent sur le marché international. Au lieu d'essayer
d'avoir le meilleur prix, ils vont aller s'entretuer entre eux face aux
entreprises. Je ne comprends pas, franchement.
M. Roy: D'ailleurs, je pense bien que le ministre soulève
un point qui est vrai, mais il n'y a pas de loi pour forcer le mariage.
M. Garon: Non, il n'y a pas de loi pour forcer le mariage. Je
sais bien.
M. Giasson: On peut s'accoter tout de même. Si on ne peut
pas se marier, on peut s'accoter et se comprendre. Le mariage n'est pas la
règle absolue.
M. Garon: Cela ne fait pas des enfants forts.
M. Giasson: C'est la première cause du divorce.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est disposé
à adopter le programme 6?
M. Garon: L'avortement non plus!
Le Président (M. Boucher): Adopté? Le programme 6
est adopté. On me dit que M. Bissonnette est ici jusqu'à 13
heures. Il s'en vient et serait disponible pour le programme 7. Est-ce que les
membres de la commission sont d'accord pour passer au programme 7? On a
déjà sauté le programme 5. Alors, le programme 7. M. le
ministre.
Stabilisation des revenus
M. Garon: La stabilisation des revenus.
M. Giasson: M. Bissonnette n'est pas ici. Adopté.
M. Garon: Non, mais il s'en vient. On peut faire comme l'orateur
qui avait quitté une assemblée, parler en attendant
l'orateur.
M. Giasson: Heureusement qu'il arrive, parce qu'on l'aurait
adopté bien vite.
M. Dubois: J'aurais une question à poser au ministre sur
cela, même si M. Bissonnette n'y est pas...
M. Garon: C'est un peu la même chose que vous voyez
à côté. Ce sont des salaires de fonctionnement que vous
voyez S côté et vous remarquerez que vous avez ensuite les
dépenses de transfert, qui sont des sommes qui vont être
versées. Je vous avais dit antérieurement que les sommes avaient
diminué dans les prévisions budgétaires, mais, en
réalité, ce n'est pas une baisse, puisqu'en 1976/77, il y a eu $1
million dépensé, environ, car il y a eu seulement un plan, celui
du veau-vache, qui a été adopté. Cette année, quand
on met $8,5 millions, c'est-à-dire en 1976/77, il y a à peu
près $1 million dépensé; on prévoit en 1977/78,
$2,5 millions. Il n'y a pas de baisse, c'est plutôt une augmentation de
$7,5 millions, puisqu'on prévoit établir deux nouveaux plans au
cours de l'année, pour les producteurs de pommes de terre et des
porcelets.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, le programme de stabilisation
des revenus agricoles va connaître deux nouveaux enfantements au cours de
l'année, soit la venue d'un programme pour les éleveurs de
porcelets, qu'on appelle les éleveurs de porcs naissants, et un autre
programme pour les producteurs de pommes de terre. Quelles sont les
prévisions de coûts ou quels sont les montants mis en
réserve au ministère de l'Agriculture pour faire face à
des besoins de crédits particuliers en vue de stabiliser les prix aux
producteurs de ces deux productions?
M. Garon: Voyez-vous, ces 7,7%, comme des paiements de transfert,
c'est réparti de la façon suivante: pour la stabilisation du
revenu des producteurs de bovins de boucherie ou laitiers, ça fait $3
775 000.
M. Giasson: $3,7 millions?
M. Garon: $3 775 000. Ensuite, dans les prévisions pour
les producteurs de pommes de terre et les producteurs de porcelets, les deux
ensemble, il est prévu $3 925 000.
M. Giasson: $3 925 000, est-ce que vous avez
disséqué les deux productions?
M. Garon: Je n'ai pas les chiffres. C'est ce qui est prévu
au budget.
M. Giasson: L'an dernier, le programme de soutien de revenu ou de
stabilisation du prix du boeuf de boucherie a nécessité quel
montant de crédits?
M. Garon: Un peu moins de $1 million, $900 000. Au niveau
budgétaire, ça a été $990 000, près de $1
million, $990 000, $992 000, mais il y a aussi une avance qui a
été faite par le ministre des Finances de $2,7 millions au taux
courant du marché, 9 1/4% pour le même programme des bovins de
boucherie et des bovins laitiers.
Avant le 30 janvier?
M. Giasson: À l'intérieur du plan de stabilisation
des revenus?
M. Garon: Oui, à l'intérieur du plan de
stabilisation des revenus, la loi prévoit à l'article 7 que la
contribution du producteur et la contribution du gouvernement est de 1 par
rapport à 2.
M. Giasson: C'est ça.
M. Garon: Si le fonds n'est pas suffisant pour répondre
aux besoins, à la perte qui peut être subie par l'agriculteur qui
a mis en marché son bovin de boucherie ou son bovin laitier, il est
prévu à cette même Loi de l'assurance-stabilisation une
possibilité pour le gouvernement de prêter à
l'assurance-stabilisation, moyennant un remboursement, selon des
modalités qui sont prévues par le ministre des Finances.
Cela s'est fait...
Cela n'entre pas dans le budget à l'avance...
C'est une avance qui a été faite en février 1977,
mais ça fait tout de même une somme additionnelle de $2,7
millions, que le gouvernement a mise dans l'assurance-stabilisation pour les
bovins, en plus du million qu'il avait mis au niveau de la cotisation ou de la
contribution.
Le problème de l'assurance-stabilisation, j'ai été
surpris de ça quand j'ai eu à signer un papier là-dessus,
c'est que l'assurance-stabilisation, quand elle démarre, ne
prévoit pas de fonds, il n'y a pas de fonds d'assurance, comme une
compagnie d'assurance qui débute doit avoir un certain fonds
constitué, qu'on appelle le fonds actuariel, je pense, tandis que
là, quand commence le plan de l'assurance-stabilisation, le producteur
paie $1, le gouvernement paie $2, mais c'est ça qui constitue le
fonds.
Si, comme dans le cas du boeuf, cela commence alors que le prix est plus
bas que la stabilisation du revenu, que le prix déterminé par la
stabilisation, il faut payer au fonds, il manque de fonds immédiatement.
L'avance vient de là, au fonds, et elle va être compensée
par les rentrées de primes des années qui viennent.
M. Giasson: Mais, selon la réglementation à
l'intérieur du plan de stabilisation, de quelle façon
prévoit-on dans le futur la rentrée des primes? Est-ce que la
prime n'est pas payée effectivement aux producteurs, dans la plupart des
cas, lorsque les prix moyens du produit se sont situés à un
niveau inférieur à celui prévu dans la stabilisation?
Est-ce que l'entrée de fonds ne se fait pas au moment où on paie
la compensation de la stabilisation au producteur? À quel moment
perçoit-on du producteur sa quote-part du tiers du coût
d'opération?
M. Garon: Au moment où le producteur s'inscrit à un
régime, avant que le régime soit mis en application, on essaie de
prévoir quelles vont être les compensations futures qui seraient
payées en vertu de ce régime. Et, au moment où le
producteur s'intègre dans un régime, on va lui dire: Pour chacune
de tes têtes, dans le cas du bovin de boucherie, par exemple, on
prévoit, dans la somme nécessaire au remboursement, selon le
marché qui est prévu au moment de l'intégration d'un plan,
que tu seras obligé de mettre une prime. Dans le cas du bovin de
boucherie, par exemple, l'année dernière, la prime était
de $33, par tête de bovin. Donc, tu mets $11 et le gouvernement met
$22.
Mais, comme le marché, l'automne dernier, a été un
marché très défavorable pour le bovin de boucherie, il est
arrivé que le fonds a été insuffisant pour couvrir les
compensations à verser à l'agriculteur.
Le ministre des Finances a alors avancé à la CARASRA, la
somme nécessaire pour couvrir les pertes que l'agriculteur avait subies,
lorsqu'il a mis en marché son bovin. Pour celui qui a gardé son
bovin en hivernement, le gouvernement, le ministère de l'Agriculture
avait prévu des primes en hivernement des bovins, pour permettre
à l'agriculteur qui trouvait que le marché était
défavorable de garder son boeuf, plutôt que de le mettre en
marché.
Pour celui qui désirait le mettre en marché, il y avait
compensation, selon la perte qu'il subissait. Cette compensation était
prévue, premièrement, dans le fonds qui était
créé à cette fin, et, deuxièmement, par une
possibilité d'emprunt au ministère des Finances.
M. Giasson: Mais ne craignez-vous pas qu'au cours des deux ou
trois prochaines années, compte tenu de la situation du boeuf, je pense
au marché mondial, que les possibilités de reprise dans les prix
soient assez douteuses? Je parle de véritable reprise.
M. Garon: Dans le boeuf?
M. Giasson: Oui, dans le boeuf.
M. Garon: Tout le monde s'attend à une augmentation
à partir de l'automne, il y a une stabilisation du prix actuellement,
mais on prévoit une augmentation à l'automne, je pense. N'est-ce
pas?
M. Giasson: S'il faut en croire les statistiques sur les
réserves de stocks de boeuf à l'échelle mondiale, en
termes métriques, il ne semble pas qu'on ait une reprise assez
importante dès l'automne.
M. Garon: Peut-être pas une grosse reprise, mais le
début de la reprise se ferait à l'automne.
M. Giasson: Si je comprends bien, les prévisions...
M. Garon: Le début de la reprise va se faire à
l'automne.
M. Giasson: Les prévisions du programme de stabilisation
sur ce que devaient être les sommes à mettre en
disponibilité, compte tenu de ce que pourrait être le prix
à l'automne, ont été totalement déjouées.
Rien ne nous indique que, si on y a des mêmes prévisions,
l'automne 1977 et même 1978, on ne sera pas encore déjoué.
Cela suppose donc que le ministère des Finances devra toujours
prêter des sommes, année après année, au
début de ce plan, dans le bovin de boucherie, pour garnir la caisse qui
va servir a payer les compensations, les indemnités.
M. Garon: Au niveau du plan actuel, du programme actuel de cinq
ans, c'est sûr qu'on a commencé le programme à un moment
où la conjoncture était très défavorable. C'est
tout à fait normal qu'on ne balance pas les premières
années.
Je pense que c'est sûr que les prévisions de prix
étaient plus élevées que ce qui est arrivé. Ce qui
veut dire que la prime, l'année prochaine, sera un peu plus forte que
celle de l'an passé, pour tenter d'équilibrer le fonds, sur une
moyenne de cinq ans.
À moyen terme, il y a des prévisions. Mais, d'ici quatre
ou cinq ans, il est prévu que les prix du boeuf vont augmenter et
qu'à ce moment-là, le fonds va se porter mieux, la prime va
devenir moins forte, mais cela reste toujours des prévisions.
Évidemment, les cycles sont assez connus. Vers 1984 ou 1985, il y a des
études qui sont faites actuellement, où cela se rejoint presque,
au point de vue des prix et des coûts de production.
M. Giasson: Mais, suite aux avances consenties par le ministre
des Finances, à cause du fait qu'on a été
déjoué dans les prévisions et les calculs, est-ce qu'un
jour le programme de stabilisation devra remettre au fonds consolidé de
la province les montants d'argent qui ont été avancés?
M. Garon: II doit les remettre. Ce n'est pas une subvention,
c'est une avance.
M. Giasson: Donc, pour les remettre sans être obligé
d'augmenter considérablement les cotisations aux producteurs, il faudra
que la conjoncture, en matière de prix, soit bonne, au moins quelques
années. Sinon, si cela ne devient pas une situation stable, ce sera le
producteur, en définitive qui, par le biais des primes ou des
coûts de participation qu'on va lui imposer, devra payer les sommes
nécessaires au remboursement vers le fonds consolidé du
Québec.
M. Garon: Un par rapport à deux, le ministère, le
gouvernement payant toujours deux parts pour une part du producteur.
C'est quand même un programme qu'il faut regarder sur un assez
long terme.
M. Giasson: M. le Président, lorsque le ministre a
déterminé des sommes prévisibles, pour être
réservées pour la stabilisation des prix chez des éleveurs
de porcelets et chez les producteurs de pommes de terre, à quel prix
moyen a-t-on situé la vente de la pomme de terre à l'automne
1977?
M. Garon: On ne peut pas répondre à cela
actuellement, parce que c'est en discussion entre les comités, ils sont
en pourparlers actuellement.
M. Giasson: Vous n'avez pas de données, cela a
été mis à tout hasard, un montant de $3 millions?
M. Garon: Non, pas à tout hasard.
Il y a eu des estimations de prix, de coûts qui ont
été faites; évidemment, cela reste des estimations.
Malheureusement, je n'ai pas la documentation nécessaire pour
répondre plus précisément. Le président de la
régie pourrait le faire mieux que moi actuellement, parce que,
sûrement, c'est...
Les prix d'automne, c'est cela qui est en discussion actuellement entre
les comités.
Les prix, c'est bien difficile à fixer, les coûts...
M. Giasson: Je comprends, M. le Président, mais quand on a
mis en disponibilité $3 925 000 pour faire face aux obligations
éventuelles d'équilibre de prix à être payés
à des producteurs ou de stabilisation de prix, on a dû compter,
j'imagine...
M. Garon: C'est basé sur des moyennes.
M. Giasson: Oui, mais quelle est la moyenne des prix qu'on a
escomptée pour l'automne?
M. Garon: C'est que je ne le sais pas par coeur.
Je ne le sais pas par coeur, mais pour les patates ce ne sont pas des
cycles, ce ne sont pas des cycles comme pour le boeuf. Un boeuf prend trois
ans. Cela prend tant de temps pour le cochon, tant de temps pour le poulet. Les
cycles ne sont pas pareils, mais pour les patates, ce ne sont pas des cycles,
ce sont des variations.
M. Giasson: C'est court.
M. Garon: Si la sécheresse continue, les prix peuvent
être très bons.
Ce n'est pas prévisible de la même façon. Nous avons
dû nous baser sur une moyenne de tant d'années et dire: Cela fait
à peu près tant.
L'année passée, il y a eu une sécheresse en Europe.
Les gens des Maritimes ont exporté énormément en Europe.
Cela a eu un effet sur le marché. Cela peut avoir un effet sur le
marché. Cette année, si la sécheresse est ici, c'est
encore autre chose. Je veux dire que ce n'est jamais rien de fixe.
Les gens avaient des prix fantastiques en Europe. C'était $30 la
poche.
M. Giasson: M. le Président, puisque nous en sommes aux
questions...
M. Cordeau: J'aurais une question additionnelle peut-être
sur la même chose, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Quelle a été la prime d'"hiber-nement"
versée aux producteurs l'an passé, concernant les animaux de
boucherie, pour ceux qui ont gardé leurs animaux à l'automne?
M. Garon: La prime d"'hibernement", vous tombez dans un autre
programme. On va en parler après, au programme 5.
M. Cordeau: Ah! c'est au programme 5.
M. Garon: La prime d'"hibernement" ici...
Je m'excuse, il y a un autre phénomène qu'on ne peut pas
prévoir non plus d'avance trop trop. C'est vraiment une estimation.
Étant donné que ce programme est volontaire, on ne sait pas
exactement quel sera le nombre de producteurs qui entreront dans le programme.
En fait, ce sont des estimations.
C'est le programme 3.
M. Giasson: ... pas loin.
M. Garon: C'est mieux l'année suivante. Je faisais erreur,
ce n'est pas le programme 5, c'est le programme 3, la prime d"'hibernement". On
aurait pu vous donner cela antérieurement, mais on va vous donner le
montant.
M. Cordeau: Parce que vous avez dit que... M. Garon: On va
vous le donner, oui.
M. Cordeau: ... celui qui vendait son boeuf avait eu une prime de
$33, c'est-à-dire...
M. Giasson: Non, c'est le coût d'achat. M. Cordeau:
Le coût.
M. Garon: Non, c'est la prime. Cela fait partie de
l'assurance-stabilisation et c'est $33.
M. Cordeau: Oui.
M. Garon: Là-dessus, le producteur paie $11 et le
gouvernement $22, parce que la loi détermine que les deux tiers sont
payés par le gouvernement.
M. Cordeau: Oui, d'accord.
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, M. le
député de Berthier.
M. Mercier: Dans le domaine des producteurs de lait industriel,
où en sont les études quant à la possibilité
d'établissement d'un plan de stabilisation?
M. Garon: II y a des problèmes politiques
là-dedans. Le premier ministre a répondu en Chambre:
L'industriel, il faut voir cela avec intelligence politique. Le
fédéral cherche les moyens de sortir de l'industriel depuis
plusieurs années. Si on arrive avec un programme de stabilisation des
revenus dans l'industriel, bonne mère, le fédéral nous
tire le tapis en-dessous des pieds, comme disait le premier ministre en
Chambre. Alors, il faut quand même laisser payer Ottawa un peu, d'autant
plus que pour le boeuf, le fédéral a attendu que la province
fasse un programme généreux et il en a profité pour
annoncer son programme qui ne vaut rien. Cela était encore pire, le 15
décembre, à la première conférence
fédérale-provinciale à laquelle j'ai assisté, je
pensais ne pas comprendre, tellement cela n'avait pas de bon sens. J'ai
dit:
C'est peut-être parce que je suis nouveau dans ces fonctions, mais
je ne comprends pas, je ne vois pas où vous faites de l'harmonisation,
vous harmonisez un programme fédéral-provincial. Il l'harmonisait
de la façon suivante: Les provinces étaient plus
généreuses qu'Ottawa, le fédéral ne payait pas une
cenne. Comme on était plus généreux, on n'avait pas une
cenne. C'était cela l'harmonisation. J'ai demandé où c'en
était. Le gars qui était à côté du ministre
de l'Agriculture d'Ottawa je ne me rappelle pas son nom, ce devait
être un haut fonctionnaire a dit qu'il n'y en avait pas avec
Québec. Après cela, le fédéral a payé un
certain pourcentage, 50%... 50% de différence.
La différence entre le prix payé par le marché et
le prix que le fédéral fixe, lui. Disons, par exemple, que le
prix du marché est de $0,40 et le fédéral fixe le prix
à $0,50, il donnait la moitié strictement, c'est-à-dire
50% de la différence... $0,05, mais c'était pour ceux qui
participaient à un régime provincial déjà.
Alors...
M. Giasson: Lorsque j'ai examiné le programme
fédéral, j'ai vu qu'une province qui n'avait pas son propre
régime de stabilisation touchait le maximum du plan
fédéral qui est très minime par rapport à celui
qu'on retrouve dans les trois provinces qui ont organisé un plan de
stabilisation. La province qui avait son propre plan, au lieu de toucher 100%
comme celle qui n'en avait pas... le producteur allait chercher une
contribution de 50%.
M. Garon: Cela fait 50%. C'est-à-dire que si elle n'en a
pas, elle va chercher 100%...
M. Giasson: ...provincial.
M. Garon: ...par rapport au prix du marché et le prix
fixé par Ottawa.
M. Giasson: Le producteur va chercher 100% du programme
fédéral, c'est cela?
M. Garon: Si le prix fixé par Ottawa pour la stabilisation
des prix est plus haut que le prix du marché, si la province n'a pas de
plan, le fédéral paie 100%. Si elle a un plan qui est moins
généreux que celui d'Ottawa, le fédéral compense
avec le prix qu'il a fixé pour la stabilisation. Il paie la
différence.
M. Giasson: Les plans provinciaux qui existent dans les trois
provinces sont plus généreux que ceux du
fédéral.
M. Garon: Oui. Si c'est plus généreux, le
fédéral donne 50%. Pourquoi? Au fond, ce qui aurait
été normal, cela aurait été de verser l'argent
jusqu'au prix que, lui, a fixé, et qu'on avait conclu en donnant un plan
plus généreux. On dirait que le fédéral est jaloux.
Il y a des gars qui sont malades quelque part. Quand un programme d'une
province est plus généreux, il dit: Moi, je
débarque, comme si les gens ne payaient pas de taxe. C'est un peu un vol
qualifié, un peu comme dans la police provinciale et la Gendarmerie
royale. On paie des taxes, on n'a pas les services et on n'a pas d'argent.
J'appelle cela du vol qualifié. Si un individu faisait cela, vous
diriez: C'est un voleur. C'est le fédéral qui le fait.
M. Giasson: Comment cela, le ministre prétend que le
fédéral est voleur en ce qui a trait au plan de
stabilisation?
M. Garon: II fait un plan de $70 millions. Le maximum de ce qu'on
peut retirer dans ce plan, c'est $3 millions. On a payé à peu
près $18 millions ou $19 millions en impôts qui vont servir
à alimenter ce fonds de $70 millions. On vient de se faire voler au
minimum $15 millions.
M. Brassard: Le fédéralisme rentable.
M. Garon: C'est cela.
Si le plan dans une province est de $0,60 et que la moyenne des cinq
dernières années plus l'indexation des coûts de production
donnent $0,40, et quelle fédéral paie $0,50, si la province paie
$0,60, finalement, le fédéral va donner 50% de la
différence entre les $0,40 et $0,50, s'il y a un régime, ce qui
fait $0,05. La différence entre les $0,45 et les $0,60 on donne
cela comme exemple, les $0,60 c'est la province qui le paie en ce
moment.
M. Giasson: Lorsque le ministre formule un jugement à
l'endroit du comportement fédéral dans le paiement de la
stabilisation du prix du boeuf, il doit reconnaître, cependant, que dans
une autre production donnée, la quote-part du fédéral,
cela favorise le Québec.
Je pense à la stabilisation fédérale en
matière de prix de lait industriel. Si on tient compte du fait que le
Québec est le plus grand producteur de lait industriel au Canada et que
l'argent sert à stabiliser le prix du lait, là, c'est le
Québec qui est gagnant. On est peut-être perdant dans la
production du boeuf, mais on se...
M. Garon: Oui, mais dans... Non...
M. Giasson: ... rattrape largement dans le programme de
stabilisation du lait industriel au Québec.
M. Garon: Oui, on fait l'addition et on tombe dans le blé,
on va retomber en bas dans la cave. Cela veut dire que ça
dépend... Moi, je dis: Quand il fait des règles, qu'il les fasse
égales pour tout le monde. Dans le boeuf, il a mis des conditions pour
organiser le Québec. Il ne veut pas qu'une province soit plus
généreuse que lui. Il a trouvé le moyen de mettre dans sa
réglementation un moyen pour accrocher le Québec, pour
pénaliser les provinces qui étaient plus généreuses
envers leurs producteurs. C'est ça. Le fédéral ne veut pas
que les plans de stabilisation... En fait, il aimerait autant que les provinces
n'aient pas de plans de stabilisation, d'après ce que j'ai pu voir, ou
si elles en ont, qu'ils ne soient pas plus généreux que le sien.
À part de ça, le fédéral, c'est exact, c'est la
stabilisation des prix seulement, tandis qu'au provincial, c'est la
stabilisation des revenus. C'est un programme pas mal plus
généreux que celui du fédéral. Comme il a choisi de
faire la stabilisation des prix, au fond, qu'est-ce qu'il essaie de faire? Il
ne voudrait pas que les provinces fassent la stabilisation des revenus, car, il
ne veut pas entrer là-dedans, la stabilisation des revenus. Alors, il
essaie de pénaliser les provinces qui ont adopté la stabilisation
de leur revenu. C'est ça, au fond, puis...
M. Giasson: Le même phénomène joue, M. le
ministre...
M. Garon: ... il dit: Vous vivez d'autant plus à l'aise
que c'est vous autres qui avez commencé la stabilisation des
revenus.
M. Giasson: ... cette année, avec le programme de
stabilisation des prix du lait industriel. Lorsque, dans son nouveau programme,
le fédéral demande que les producteurs de lait nature paient
$0.25 les 100 livres pour garnir la caisse des frais à l'exportation, il
demande à des producteurs de lait nature de l'Ontario c'est de
loin, en Ontario, le volume du lait qui est en lait nature de contribuer
$0.25 les 100 livres comme producteurs de lait nature, pour garnir la caisse
des frais à l'exportation des produits dérivés du lait
industriel. Cela ne joue pas uniquement dans un sens, M. le ministre. Il faut
voir toute la dimension des programmes fédéraux.
M. Garon: II faut voir la dimension, mais moi, je ne suis pas
né d'hier. J'ai vu les télégrammes qu'envoient les
ministres un par derrière l'autre. C'est de juridiction provinciale et
qu'est-ce qu'ils vont dire? Ils vont dire: Écoute! Tes bébelles
et dans ta cour! Si tu veux verser de l'argent, correct, mais tu ne viendras
pas en percevoir dans nos juridictions.
M. Giasson: Comme ça, le ministre croit que le dernier
programme de lait industriel du fédéral, en vertu duquel il doit
percevoir $0.25 les 100 livres des producteurs de lait nature au Canada, pour
garnir la caisse des frais à l'exportation, ça ne fonctionnera
pas?
M. Garon: Non, ce n'est pas ça. Il y a différentes
hypothèses. Le fédéral voudrait qu'on fasse sa "job". Moi,
je ne me promènerai pas en arrière du ministre de l'Agriculture
d'Ottawa pour ramasser en arrière ce qu'il laisse tomber en marchant. Je
ne ferai pas ça. Qu'il fasse ses politiques...
M. Giasson: Qu'est-ce que ça veut dire, ça? Je ne
saisis pas.
M. Garon: Cela veut dire qu'il établit un programme et
voudrait qu'on perçoive l'argent pour lui. C'est ça qu'il
voudrait, qu'on perçoive l'argent pour lui.
M. Giasson: Dans le programme de stabilisation du lait
industriel?
M. Garon: Oui...
M. Giasson: Oui, mais, précisez. Quand vous dites...
M. Garon: ... mon collègue...
M. Giasson: ... que le fédéral veut que les
ministres provinciaux perçoivent de l'argent, c'est quoi, ça?
M. Garon: Au provincial, sur le lait nature, les $0.25.
M. Giasson: Pour le lait industriel, dans le nouvelle
programmation?
M. Garon: Non, sur les $0.25 perçus sur le lait nature, et
comme il n'a pas juridiction là-dessus, que c'est de juridiction
provinciale, le fédéral voudrait qu'on perçoive ces $0.25
pour lui.
M. Giasson: II ne demande pas cela seulement au Québec. Il
demande cela à toutes les provinces où il se produit, de
façon importante, du lait nature et, dans ce contexte, c'est l'Ontario
qui va payer le plus et de loin.
M. Garon: À la condition qu'elle accepte.
M. Vaillancourt (Orford): Les provinces n'ont pas encore
accepté?
M. Garon: II y en a qui ont refusé. Elles ne sont pas
pressées!
M. Cordeau: Mais le gouvernement fédéral n'est pas
le seul à vouloir...
M. Giasson: Ce n'est pas ce que j'ai entendu dire à
certains producteurs. Ce n'est pas le témoignage que j'ai de certains
producteurs de lait nature.
M. Garon: À quel sujet?
M. Giasson: Concernant la perception des $0.25. Ils disent qu'ils
seront assujettis, au cours de la présente année, comme
producteurs de lait nature à payer $0.25 qui seront consacrés
à assumer les coûts d'exportation des produits
dérivés du lait industriel.
M. Garon: Non. Ce que le fédéral souhaite, c'est
que cela se fasse ainsi, c'est-à-dire que tout le programme
établi quand il a annoncé sa politique au début d'avril
tient compte des $0.25 qu'il va aller chercher sur la production de lait
nature. Il tient compte de cela. Il ne peut pas les percevoir lui-même,
parce que c'est de juridiction provinciale. Il voudrait que les ministres
provinciaux, individuellement, disent: On va faire la job. C'est ce qu'il
souhaite, mais tout son plan tient compte de ces $0.25. Il y a bien des chances
qu'il n'ait pas le choix et je pense que l'autre possibilité a
été mentionnée dans les discussions. Mais il n'aime pas
ça parce que, politiquement, cela serait bien mieux que ce soient les
provinces qui fassent la job pour lui. Quelle est donc l'autre
possibilité? Il aime autant essayer une autre manière, c'est
possible, mais c'est de réduire de $0.25 les subventions qu'il verse
pour le lait nature. C'est son autre hypothèse.
M. Giasson: Dans un autre secteur...
M. Garon: Tenant compte des $0.25, il réduirait la
subvention aux producteurs de lait nature qui font du lait industriel. Mais il
aime autant ne pas le faire. Il aimerait autant que les provinces
perçoivent l'argent pour lui.
Le Président (M. Boucher): Sur la même question, le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Garon: À ce moment, les $0.25 perçus sur le lait
nature, c'est-à-dire calculés sur le lait nature,
réduiraient d'autant la subvention de $2.66 versée sur le lait
industriel produit par les producteurs de lait nature. C'est à peu
près la situation.
M. Cordeau: Le ministre pourrait peut-être demander une
ristourne sur la perception comme vous voulez le faire avec les
municipalités concernant le droit des municipalités. Les
municipalités vont avoir le droit de taxer les licences à 30%.
Par contre, le provincial va se réserver 5% de perception. C'est une
taxe indirecte. C'est la municipalité qui va taxer le citoyen et le
gouvernement va garder une ristourne de 5%. Si le gouvernement
fédéral vous demande la même chose, vous pouvez
peut-être lui demander de vous garder une ristourne.
M. Garon: C'est une question de juridiction. Le lait de
consommation a toujours été un lait de juridiction provinciale.
Alors, il ne faut pas commencer à abandonner nos juridictions dans des
domaines comme le lait. Ce serait épouvantable. Ce serait du
fédéralisme centralisateur. Cela a toujours été
comme cela.
Le Président (M. Boucher): Sur la même question, M.
le député de Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais demander à M. le ministre s'il est
réel que 25 000 producteurs de lait du Québec reçoivent en
moyenne $6000 chacun de subside fédéral, ce qui formerait un
subside d'environ $150 millions en provenance du fédéral qui est
versé aux producteurs de lait du Québec?
M. Garon: Vous mettez cela sur une base de $6000 chacun? Ce n'est
pas comme cela. Vous avez lu cela dans la Terre de chez nous, les
subventions.
M. Dubois: On parle de la moyenne.
M. Cordeau: II paraît que c'est un journal qu'on peut
croire.
M. Garon: C'est environ $125 millions. Si on divise par environ
20 000 producteurs, cela donne à peu près cela.
M. Giasson: $125 millions payés aux producteurs de lait
industriel du Québec par le programme fédéral de soutien
des prix.
M. Cordeau: Probablement que les autres provinces doivent payer
une bonne partie de cela pour nous. C'est une ristourne qu'on reçoit des
autres provinces.
M. Garon: Non, il ne faut pas voir cela comme cela. Faites le
bilan. Je fais le bilan de l'agriculture au Canada et vous allez voir que c'est
nous qui subventionnons le reste du Canada sur un joli temps. Une poche de
patates de l'île d'Orléans à Montréal coûte
plus cher de transport que de Moncton à Montréal à cause
des subsides de 40% sur le transport du fédéral pour les produits
agricoles des Maritimes. Regardez les subsides qu'Ottawa donne pour le
blé de l'Ouest, les subventions qu'il donne au transport quand il paie
les gars de l'Ouest pour produire. Additionnez tout cela, additionnez en plus
les politiques qui ne coûtent rien. L'an passé, quand il s'est agi
de contrôler le boeuf, il l'a contrôlé. M. Whelan ne veut
plus contrôler les importations de poulet actuellement. Il m'a
écrit il y a quinze jours. Additionnez tout cela. Dans le lait, c'est
pour camoufler le reste.
M. Cordeau: Une question. Est-ce que M. le ministre fait des
représentations pour que le gouvernement fédéral
améliore ses différentes politiques?
M. Garon: Dans le boeuf, je l'ai fait.
M. Cordeau: Dans tout. Dans toutes ces choses-là, est-ce
qu'actuellement vous faites des pressions pour que le gouvernement
fédéral améliore ses politiques?
M. Garon: Ce n'est pas comme cela que cela marche. Le
fédéral donna dans des types de production dans lesquels on n'est
pas. Par exemple, il donne dans l'Ouest pour le blé.
M. Cordeau: On reconnaît, M. le ministre, qu'il y a des
lacunes, mais est-ce qu'actuellement notre gouvernement du Québec fait
des représentations auprès du fédéral...
M. Garon: Les subsides que le fédéral a
versés de 1970 à 1974 moi, j'ai le nombre d'an-
nées dans le lait, c'est $62,5 millions. C'est la moyenne. On ne
peut pas se baser sur une année, deux années. On fait une
moyenne. Le montant a été plus fort en 1975/76.
M. Cordeau: Mais, M. le Président, M. le ministre n'a pas
répondu à la question que je lui ai posée.
M. Garon: Quoi?
M. Cordeau: La dernière que j'ai posée. Est-ce que
vous faites des représentations actuellement auprès des
différents organismes et auprès du gouvernement
fédéral afin d'apporter des correctifs aux lacunes que vous avez
mentionnées tantôt, afin que les patates ne nous coûtent pas
plus cher ici de transport et des choses comme cela?
M. Garon: La subvention des transports dans les Maritimes, c'est
une loi fédérale.
M. Cordeau: Je voudrais savoir si vous faites des
représentations actuellement pour souligner au gouvernement ces
injustices dont les Québécois sont victimes?
M. Garon: Officiellement, non. J'en ai parlé avec lui
quand on s'est rencontré. J'ai parlé de différentes
choses.
M. Cordeau: Si on passait une résolution ici à
cette commission, vous autorisant à faire des subventions...
Probablement que ce serait à l'unanimité. Parce que vous
savez...
M. Garon: Parfait! Avoir un vote à l'unanimité pour
que le fédéral abolisse les subventions en vertu du Maritime
Freight Act, parfait, je l'expédie rapidement, les partis du
Québec sont unanimes, ils veulent abolir les subsides du
fédéral en vertu du Maritime Freight Act pour le transport des
produits venant des Maritimes au Québec, parfait, je vais le faire tout
de suite. Cela va me faire plaisir à part ça.
M. Giasson: M. le Président, puisque le ministre fait
allusion aux subsides du transport des Maritimes vers le centre du pays, vers
le Québec, que le transport est subventionné à 40%, quand
c'est un produit des Maritimes, est-ce qu'il peut nous donner le pourcentage
des frais de transport assumés par le programme fédéral
lorsqu'il prend des patates à l'île d'Orléans pour les
rendre à Montréal?
M. Garon: II n'y a pas d'argent là-dedans, ça
arrête à Lévis. Pas un cent.
M. Garon: Le Maritime Freight Act arrête à
Lévis-Jackman.
C'est en fonction de la distance. Plus la distance est grande, plus le
subside est fort. Vous savez comment ça marche dans le transport, vous
avez un voyage pour aller et un voyage pour revenir, de sorte qu'à un
moment donné, le camion-
neur est plus intéressé à aller chercher quelque
chose aux Maritimes qu'à aller le chercher dans la province de
Québec.
M. Cordeau: Si Québec expédie des patates à
l'extérieur de la province de Québec, est-ce que c'est
subventionné?
M. Garon: Pas que je sache. Le Maritime Freight Act est
strictement pour les Maritimes.
M. Cordeau: C'est strictement pour les Maritimes.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Pas strictement pour les Maritimes, le camionneur de
bois qui prend du bois dans ma région et qui rentre à
Québec va chercher 20% du prix de transport.
M. Garon: Ceux qui sont allés... le pourcentage n'est pas
le même. Cela ne représente rien.
M. Giasson: Cela serait possible s'il y avait une production de
patates faite au Québec, dans la région de Lévis, en
descendant de la Gaspésie, pour ce qui est à expédier dans
une autre région, ces producteurs seraient admissibles à la prime
de transports du fédéral.
M. Garon: Oui, mais même à ça, ça ne
donne rien. À ce moment-là, c'est basé sur les distances;
le camionneur, surtout quand il a un voyage aller-retour, un voyage qui descend
et un voyage qui remonte, est bien plus intéressé à aller
aux Maritimes, il fait subventionner son transport.
M. Vaillancourt (Orford): Si on expédie, par
exemple...
M. Giasson: La politique des transports dans le camionnage du
bois de pâte chez nous est très intéressante pour les
camionneurs. C'est 20% du coût de transport évalué pour
prendre une charge de bois à Saint-Pamphile-de-L'lslet ou à
Saint-Paul-de-Montmagny et l'amener ici aux usines de Québec; c'est 20%
du coût de transport évalué à la corde.
M. Vaillancourt (Orford): C'est payé par le
fédéral.
M. Giasson: C'est le fédéral qui paie.
M. Garon: C'est parce qu'il n'y a pas de concurrence.
L'Île-du-Prince-Édouard ne vend pas beaucoup de bois. Ce n'est pas
la même chose. Ceux qui ont été le plus affectés, ce
sont les producteurs de patates. Regardez, pour le plaisir, les cartes de la
production agricole du Québec, de dix ans en dix ans, 1940, 1950, 1960,
1970 et aujourd'hui. Ce sont des politiques où on a investi à
coups de millions dans McCain, par exemple, ce qu'il y a, pour la production de
patates au Québec a baissé; on était à 85% il y a
une dizaine d'années; aujourd'hui, c'est à peu près
à 49%.
C'est le résultat net des politiques fédérales.
Regardez la carte de déplacement, à part cela. Quand vous avez
une carte avec des points noirs, avec les plus gros au point de vue de la
patate, vous voyez que dans l'Est, c'est fini. Je ne dis pas qu'ils ne
produisent pas de patates, mais les points noirs, les taches noires qu'il y
avait là, indiquant des régions de producteurs de pommes de
terre, sont déplacés complètement...
M. Giasson: ... un petit peu dans l'Est, M. le ministre.
M. Garon: Au point de vue de l'intensité de production,
cela n'apparaît plus sur les cartes.
M. Giasson: On en a encore.
M. Garon: II n'y a plus grand-chose.
M. Giasson: Mais les producteurs sont restés avec les
volumes qu'ils avaient autrefois.
Je voudrais savoir du ministre à quel programme sont venues les
sommes d'argent qui ont servi l'an dernier à compenser les changements
apportés à la politique fédérale, en matière
de lait industriel. À un moment donné, le gouvernement avait
décidé de compenser une partie des pertes aux producteurs. En
vertu de quel programme du ministère cela a-t-il été
versé?
M. Garon: La commercialisation. M. Giasson: La
commercialisation?
M. Garon: Oui, le budget a été mis au programme
5.
M. Giasson: Jusqu'à maintenant, quel a été
le coût à la province de Québec? Il fallait attendre la fin
de l'année financière de la Commission canadienne du lait.
M. Garon: On a le programme 5. On va finir celui-là, si
vous voulez, pour ne pas en faire deux en même temps.
M. Giasson: On reviendra au programme 5.
M. Garon: Attendons au programme 5, autrement, cela n'en finira
plus. La stabilisation.
M. Giasson: La stabilisation. Est-ce que le ministre a
révisé sa décision de revoir la possibilité de
mettre sur pied un programme, un plan de stabilisation, pour les producteurs de
chair de volaille en 1977, qui, depuis le début de l'année, n'ont
pas connu une situation des plus roses? Nous n'avons pas l'indice d'un
rétablissement des prix d'ici la fin de l'année, si l'on tient
compte du coût des céréales, si on tient compte surtout du
coût de la pro-
téine, parce que dans la production de chair de volaille, il
s'agit d'une moulée qui nécessite un fort pourcentage de
protéines?
M. Garon: II y a d'abord eu une demande, l'an passé, de la
part des producteurs de chair de volaille. Mais suite aux discussions qui ont
eu lieu entre les producteurs des autres provinces et la possibilité
d'avoir une agence nationale dans la chair de volaille, ils ont laissé
leur projet de côté parce que l'agence nationale réglait le
problème de revenus. Ils ont abandonné leur demande de plan de
stabilisation des revenus. Là, ils reviennent à la charge depuis
à peu près un mois.
M. Giasson: Est-ce que le ministre a pu percevoir, chez son
collègue d'Ottawa, M. Whelan, la capacité de ces derniers de
décider d'instaurer au Canada un plan national en matière de
volaille?
M. Garon: J'ai reçu une lettre bien longue. Quand les
décisions sont prises, habituellement, les lettres sont courtes. Ma
lettre est bien longue, elle a trois pages. Le dernier paragraphe est assez
indicatif, il parle de ne pas contrôler les importations de poulet, qu'il
n'y a pas encore d'agence nationale, dans la lettre, mais tout le monde sait
que cela prend une agence nationale. Habituellement, la très grande
majorité des provinces sont d'accord, mais son dernier paragraphe est
indicatif; M. Whelan laisse entendre qu'il craint les représailles. Ce
sont les États-Unis, je suppose, parce que c'est de là qu'on
importe le plus notre poulet. Il craint des représailles, c'est ce qu'il
laisse entendre dans sa lettre.
M. Giasson: Quelles représailles peut-il craindre?
C'est-à-dire que s'il bloque l'entrée, à la
frontière, du poulet américain, que les Américains se
reprendraient dans une autre production, quelle est la crainte?
M. Garon: II ne me dit pas plus que cela. J'ai eu l'impression
qu'à ce moment-là, le poulet dans le domaine agricole jouait un
peu le rôle du textile.
M. Giasson: Mais il le joue depuis tout récemment, parce
que le volume des importations de poulet américain, si on remonte avant
1976, était beaucoup moins fort que cette année.
M. Garon: Oui, mais ce qui est dommage et terrible dans tout
cela, je trouve que ce n'est pas être responsable de faire cela, parce
qu'en vertu des accords du GATT, les taux d'importation sont fixés sur
la moyenne des cinq dernières années. Actuellement, l'importation
en 1976 a été considérable. Il semble qu'elle va
s'accroître en 1977. Plus il attaque, plus il permet que le taux des
quotas d'importation soit fixé, soit élevé.
M. Giasson: J'aimerais savoir du ministre si présentement
il est informé de la position des ministres de l'Agriculture des autres
provinces où il se fait une production de chair de volaille impor-
tante. Ces gens sont-ils favorables à l'adoption, le plus rapidement
possible, d'un plan national de mise en marché?
M. Garon: II y a seulement l'Alberta vraiment qui a
été résistante jusqu'à maintenant, dissidente, mais
même s'il y a une province dissidente, je crois qu'il est permis au
ministre fédéral de l'Agriculture de passer un plan, même
si une province est dissidente.
Encore là, il y a une dissidence, mais...
L'Alberta est, d'une façon générale, contre ces
plans.
Le Président (M. Boucher): Alors, messieurs, nous sommes
à l'heure de la suspension des travaux.
M. Garon: C'est à midi ou à 13 heures qu'on suspend
nos travaux?
Le Président (M. Boucher): À midi. Étant
donné que M. Bissonnette est censé retourner à
Montréal, est-ce qu'on pourrait adopter le programme 7?
M. Giasson: Avant de l'adopter, j'aurais quelques questions. Le
ministre...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
d'accord pour prolonger la séance de vingt minutes?
M. Giasson: Même pas vingt minutes. Le Président
(M. Boucher): Dix minutes?
M. Giasson: D'accord, ce ne sera pas long. Puisque le ministre
nous a indiqué que, par la teneur de la lettre qu'il a reçue de
M. Whelan, qui était très longue, il perçoit cela comme
une volonté non arrêtée de procéder, et devant cette
attitude ou cette perception qu'il a du comportement éventuel du
ministre fédéral de l'Agriculture, est-ce qu'il a l'intention de
recevoir favorablement la demande d'un plan de stabilisation des prix de la
chair de volaille qui a été déposé, il y a environ
un mois?
M. Garon: J'ai l'intention de continuer mes revendications
auprès de M. Whelan, peut-être d'une façon plus
rigoureuse.
M. Giasson: Oui, mais si les indications sont que M. Whelan ne
procéderait pas à cause du comportement possible des
Américains ou pour d'autres motifs, il m'apparaît que cela devient
urgent d'examiner la demande des producteurs de chair de volaille pour un plan
de stabilisation québécois.
M. Garon: Qui va régler le problème? J'ai
écrit à M. Whelan à la fin de mars, j'ai écrit
aussi à tous les députés et ministres du Québec
à Ottawa, plus de 64. Il y a des discussions actuellement avec la
Fédération des producteurs de volaille à ce sujet,
sur les conditions à établir pour assurer la stabilisation dans
les volailles. On m'informe que cela représente des difficultés
aussi, parce qu'il y a beaucoup de production là-dedans qui est faite
par des entreprises.
Il y a beaucoup de production intégrée où les
producteurs ont choisi volontairement de stabiliser le revenu par
intégration. Il s'agit à ce moment de s'entendre sur une
définition de ce qu'est un producteur de chair de volaille.
M. Giasson: Je présume que la définition, c'est
celui qui possède des quotas de production.
M. Garon: Oui, mais le gars qui est intégré...
M. Giasson: Celui qui n'a pas de quota de production dans le
système...
M. Garon: Le gars qui est intégré, qui n'a aucun
risque et qui a simplement le revenu, par exemple, de la vente du poulet
à un prix fixe...
La stabilisation des produits, c'est aussi pour combattre les
fluctuations...
Si on remarque bien, même si on stabilisait les revenus, si les
poulets ne se vendent pas, qu'est-ce qu'on fait avec ces poulets? Le
problème de base, c'est vraiment le contrôle des importations.
C'est là-dessus qu'il faut frapper. De pair, on peut travailler à
autre chose, sur la stabilisation des revenus...
M. Giasson: On a déjà vécu des
expériences dans le poulet, M. le ministre. Je ne sais pas si vous
êtes au courant, mais, il n'y a pas tellement longtemps, les producteurs
ont dû accepter volontairement de réduire leur quota, leur
production en vertu du quota, jusqu'à 65% à un moment
donné. On avait des poulaillers a moitié remplis et des
espaces...
M. Garon: Oui, mais c'est justement. Vous venez de dire
exactement ce que je crains d'Ottawa. Pourquoi le fédéral
attend-il? Est-ce pour ça? Vous venez de dire exactement ce que je
crains de la politique machiavélique d'Ottawa.
M. Giasson: Vous croyez qu'Ottawa,
délibérément...
M. Garon: Ottawa attend...
M. Giasson: ... voudrait voir les producteurs de volailles...
M. Garon:... de fixer nos quotas plus bas...
M. Giasson: ... du Québec réduire la production en
fonction des quotas qu'ils détiennent.
M. Garon: Oui.
M. Giasson: Vous affirmez ça?
M. Garon: C'est ce que je crains, qu'Ottawa attende, parce que la
capacité de production du Québec est plus forte que sa
consommation dans le poulet. On a une capacité égale à
celle de l'Ontario avec moins de population. Il est évident, dans nos
discussions, qu'on parlait encore de la capacité de production à
l'établissement de l'agence sur un plan national, et je crains
qu'actuellement, on laisse entrer des importations américaines pour
réduire la capacité de production du Québec, de sorte que
si, plus tard, on établit une agence nationale, les quotas du
Québec seront plus bas. Je ne vois pas autrement, je ne vois pas, parce
que tout le monde est d'accord pour faire un plan, sauf l'accord de principe de
l'Alberta. Je ne comprends pas...
M. Cordeau: Est-ce que vous pouvez poser la question à M.
Whelan, dans le sens que vous le dites? Si c'est son intention?
M. Garon: II y a deux possibilités. Il y a ça, ou
bien il a peur du bill C-42 et de M. Abbott.
M. Giasson:... consommateurs? M. Garon: II peut y avoir
ça aussi.
M. Giasson: La loi antimonopole pour les consommateurs?
M. Garon: Je suis persuadé que le consommateur accepterait
de payer son poulet quelques cents de plus la livre pour avoir du poulet
produit au pays, plutôt que du poulet américain. Il en est
entré 60 millions de livres. C'est du poulet...
M. Giasson: Ce n'est pas l'avis de Mme Plumptree.
M. Garon: Oh! Mme Plumptree, que voulez-vous? Il faut qu'elle
justifie son salaire. Il est assez élevé pour une
représentante des consommatrices. Je vais vous dire: Si le consommateur
québécois...
M. Cordeau: On va lui envoyer une copie des Débats!
M. Garon:... ou même canadien n'est pas prêt à
payer le poulet $0.05 de plus la livre pour que le producteur
québécois vive... Pourtant, tout le monde négocie des
conditions. Les syndicats négocient des salaires pour les
employés. Tout le monde négocie pour avoir les meilleurs
avantages. Si le consommateur n'est pas prêt à payer $0.05 de plus
pour que le cultivateur ou le producteur canadien ou québécois
vive, il y a quelque chose qui ne marche pas. La nourriture ne peut pas
être subventionnée par l'agriculteur seul. Cela ne peut pas
être lui qui va faire... D'autant plus que les prix... On voit, dans les
dernières années... L'an dernier, par exemple, ce n'est pas le
producteur qui a contribué à l'inflation.
M. Giasson: II faut être réaliste. Vous
émettez des voeux. Il reste une chose. Au pays, il y a une grande
association de consommateurs. On
connaît leur comportement dans le passé à l'endroit
du plan national de mise en marché. Vous vous souvenez sans doute de la
guerre qu'ils ont faite à l'OCCO qui est l'agence nationale de la mise
en marché des oeufs.
M. Garon: Je veux aller les rencontrer lors de leur prochain
congrès et je vais leur dire...:
M. Giasson: Vous allez leur dire, mais cela ne changera pas leur
position et leur philosophie.
M. Garon: ... Vous, mesdames, femmes d'avocats, vous demanderez
à vos maris de ne pas travailler. Abolissez le tarif des avocats. Vous
abolirez les femmes des agents d'immeubles... Vous abolirez les tarifs des
agents d'immeubles, parce que les commissions sont de 6% sur les maisons; et
parfois deux visites, 6% c'est bien payé. Cela pourrait être la
concurrence. Alors, entre eux, ils peuvent bien... Toutes les professions qui
ont des tarifs, on pourrait abolir cela d'abord. Ce sont eux qui sont le moins
dans le besoin. On parlera des cultivateurs après, pour les plans
conjoints et quand les ouvriers négocient leur salaire, ils
négocient...
Aujourd'hui, si tu fais venir un plombier chez vous, tu te demandes si
tu ne fais pas venir un médecin au prix d'il y a deux ou trois ans...
parce que les prix ont pas mal augmenté. Alors, le cultivateur n'aurait
pas le droit de vendre ses produits?
M. Giasson: Nous sommes tous d'accord là-dessus, mais cela
ne change rien à l'attitude de l'Association des consommateurs, tant sur
le plan national que provincial et vous le savez aussi bien que moi. Il
faudrait toujours tenter de vendre comme cela s'est fait depuis des
années, la nécessité d'avoir une agriculture qui puisse
survivre. Cela ne finira jamais. On sera toujours obligé de
défendre cela, que cela soit dans quinze ans ou dans vingt ans, quels
que soient les mécanismes qu'on aura mis en place, parce qu'il y a
tellement peu de gens qui comprennent la dimension réelle de la vie de
l'agriculteur et des coûts de production auxquels il doit faire face et
les investissements que cela nécessite. C'est une bataille qui ne sera
jamais terminée.
M. Garon: Je suis d'accord, mais ils comprennent plus depuis un
bout de temps, parce qu'il y a eu une mode ces années-ci de se faire un
petit jardin. Les gens se font un petit jardin et ils s'aperçoivent
l'ouvrage que c'est d'avoir un petit jardin de 20 sur 20, ou de 20 sur 10,
sarcler là-dedans, le surveiller et s'inquiéter de savoir si
ça va pousser, s'il ne fait pas trop chaud et arroser le jour, pas le
lundi soir... Il faut presque que tu t'occupes d'un jardin comme tu
élèves un enfant. Or les gens se rendent compte de cela et ils
comprennent mieux aujourd'hui beaucoup de personnes que le
cultivateur, c'est peut-être plus dur l'ouvrage qu'il a à faire.
C'est une question d'éducation.
Je suis d'accord avec vous. Il faudra toujours se battre pour cela parce
qu'on dirait que le monde l'aime pauvre le cultivateur, parce qu'il a l'air
plus folklorique. Il fait mieux pour les touristes.
M. Giasson: Pardon?
M. Garon: On dirait qu'il y a des gens qui l'aiment mieux pauvre,
le cultivateur. Il a l'air plus folklorique. Il fait mieux pour les touristes,
tandis qu'un cultivateur prospère qui est bien organisé, cela
fait plus nostalgique par rapport, ou au moins autant qu'avant.
M. Giasson: Ce serait la raison profonde? M. Garon: On le
dirait.
M. Giasson: M. le Président, personnellement, je serais
prêt à adopter le programme touchant la stabilisation des revenus
agricoles.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le programme 7 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Nous ajournons nos travaux sine
die, en attendant un ordre de la Chambre. Il restera les programmes 5 et 8.
M. Garon: Les programmes 5 et 8, cela va bien.
(Suspension de la séance à 12 h 11)
Reprise de la séance à 16 h 41
Le Président (M. Boucher): À l'ordre,
messieurs!
À l'ajournement de nos travaux, ce matin, nous avions
adopté le programme 7 pour revenir au programme 5. J'appelle donc le
programme 5, élément 1.
M. Garon: Programmes 5 et 8.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Garon: Attendez un peu...
M. Roy: M. le Président, j'aurais une question à
vous poser auparavant. C'est une question qui ne regarde pas le fond du sujet,
c'est une question de procédure. Dans le programme 5, est-ce qu'il y a
eu des éléments qui ont été adoptés?
Le Président (M. Boucher): Non. M. Roy: II n'y en a
aucun?
Le Président (M. Boucher): Aucun. On a sauté le
programme 5 pour aller au programme 6 parce que le personnel du ministre
était présent.
M. Roy: Je vous remercie, M. le Président, c'est ce que je
voulais savoir.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
Commercialisation agricole
M. Garon: Cela marche, sauf que pour expliquer le programme 5, si
on regarde les chiffres, à l'élément 3, rationalisation...
à moins qu'on procède élément par
élément?
M. Giasson: Oui, si vous voulez, M. le ministre.
M. Garon: D'accord, on va voir l'élément 1 d'abord,
Développement des entreprises de transformation des produits
agricoles.
M. Giasson: Aviez-vous quelques commentaires touchant cet
élément? On constate une augmentation de $2 millions et
même davantage dans les prévisions budgétaires par rapport
aux prévisions de l'an dernier qui ont été
dépassées, il faut le reconnaître.
M. Garon: Au cours de l'année dernière... à
l'élément 1, il n'y a pas eu de questions encore, on est aussi
bien d'attendre les questions.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: J'aurais aimé que le ministre nous donne une
indication, un envol très rapide sur l'utilisation des
crédits.
M. Garon: Disons que la plus grande partie de cet
élément va à la rationalisation du secteur des viandes,
consolidation, modernisation des conserveries de légumes, normalisation
du prix du lait industriel, aide au transport du lait et de la crème
destinés aux fabriques régionales, aide au transport du lait et
de la crème en faveur des producteurs qui expédient à des
usines non régionales, aide à la fusion de fabriques de produits
laitiers, subvention de fusion des usines de pasteurisation et des fabriques de
crème glacée. Ceci entre dans la partie du budget qui s'appelle
l'aide financière à la consolidation. Deuxièmement, vous
avez l'aide financière à l'implantation et troisièmement,
l'aide technique.
M. Giasson: M. le Président, dans le secteur de
rationalisation des viandes...
M. Garon: Dans l'implantation, encore là, le gros point
majeur, ce sont les viandes. Les viandes totalisent plus de $4 millions dans ce
budget.
M. Giasson: Dans le secteur des viandes, M. le Président,
pour passer assez rapidement, quels sont les crédits qui vont être
affectés au projet de fermeture de petits abattoirs et quels sont les
crédits pour aider la réorganisation des abattoirs qui vont
demeurer au Québec?
M. Garon: Au sujet des indemnités pour la fermeture, ce
qui est prévu est d'environ $1 730 000.
M. Giasson: $1 730 000 pour la fermeture des petits
abattoirs?
M. Garon: Oui. Pour les modernisations, il est prévu
environ $2,4 millions.
M. Giasson: Combien le ministre prévoit-il qu'il y aura de
fermetures de petits abattoirs qui vont utiliser, qui vont émarger au $1
730 000 qui est prévu à ces fins?
M. Garon: On ne peut pas le dire facilement, parce que cela
dépend des choix que vont effectuer les gens dans les secteurs
concernés.
M. Giasson: Mais le ministre n'a pas un ordre de grandeur,
même s'il n'était pas précis?
M. Garon: Non, il y a eu des modifications que je vais annoncer
prochainement, des amendements à la loi qui vont permettre la
modernisation sur une période plus longue. Je ne peux en parler ici, je
vais plutôt attendre d'en parler en Chambre, lors du dépôt
des amendements.
M. Giasson: Je comprends, M. le Président, que le ministre
puisse avoir certaines réserves, mais il nous avait indiqué, lors
de questions qui avaient été posées par des
collègues que le problème de la question des petits abattoirs qui
a fait couler beaucoup d'encre, qui a créé beaucoup
d'inquiétudes dans certains comtés ruraux du
Québec, tout cela devrait être achevé pour le début
de 1978. C'est l'indication que le ministre nous avait donné...
C'est-à-dire qu'il avait reporté des dates qui avaient
déjà été arrêtées auparavant au 1er
janvier 1978.
Tout à l'heure, je crois que le ministre a donné le
montant prévu pour la modernisation. Est-ce qu'il pourrait me
répéter ce montant? Je ne l'ai pas inscrit au moment de...
M. Garon: $2,5 millions. $2,4 millions. $2,473 000
prévus.
M. Giasson: Est-ce que, là encore, le ministre peut
rn'indiquer quel est le nombre approximatif d'abattoirs qui vont se
prévaloir des dispositions prévues au budget en vue de moderniser
leurs installations?
M. Garon: Je ne voudrais pas donner de nombre
immédiatement, non plus, parce qu'on va déposer les programmes
qui vont aller avec la législation dans quelques jours. On est en train
actuellement de revoir justement les montants qui sont affectés à
la modernisation. Je ne voudrais pas, à ce moment-ci, donner des
indications qui pourraient induire en erreur.
M. Giasson: M. le Président, je serais prêt à
laisser la parole à d'autres intervenants, s'il y en a, sur
l'élément 1.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Roy: Sur le même sujet...
Le Président (M. Boucher): Sur le même sujet, M. le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: C'est une question additionnelle sur le même sujet.
Est-ce que le ministre serait prêt à ce moment-ci je ne
veux pas brimer le droit de parole des autres, c'est seulement une question
additionnelle à nous fournir la liste de ceux qui se sont
prévalus d'une indemnisation de fermeture des petits abattoirs et les
montants qui y ont été affectés. Je ne veux pas avoir des
listes pour l'avenir, mais sur ce qui a été fait jusqu'ici, en
date du 31 mai peut-être ou de la date la plus récente
possible.
M. Garon: Non, il n'y a pas d'objection.
M. Roy: Est-ce qu'on peut avoir la liste aussi de ceux qui ont
indiqué leur intention de continuer, parce qu'il y a quand même
des formules qui ont été remplies, des lettres qui ont
été...
M. Garon: Là-dedans, je voudrais être plus prudent,
parce qu'on va déposer les amendements à la loi et le
règlement. J'ai dit que je voulais donner les deux ensemble. À ce
moment-là, je voudrais être plus prudent quand même, pour ne
pas... Les gens peuvent modifier leur opinion, devant un nouveau
règlement et des amendements à la loi.
M. Roy: Ah bon! Mais pour la liste de ceux qui se sont
prévalus... qui ont effectivement fermé leurs portes
jusqu'ici...
M. Garon: Cela est fini, si vous voulez.
M. Roy: ... est-ce qu'on pourrait nous donner la liste
aussi...
M. Garon: Par comté?
M. Roy:... de ceux qui ont bénéficié des
subventions du ministère de l'Agriculture pour des agrandissements, en
date du 31 mai, ce qui a été fait jusqu'à maintenant
là-dessus? Je veux dire au cours de la dernière année
financière.
M. Garon: En 1976/77?
M. Roy: 1976/77, en y ajoutant, cependant, les deux mois, le mois
d'avril et le mois de mai de l'année 1977/78.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Les notes sont prises, je vois que les collaborateurs du
ministre ont pris bonne note de cela.
M. Garon: C'est noté, oui.
M. Roy: J'aurai d'autres questions sur les petits abattoirs, mais
je vais laisser la parole à mes collègues.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, seulement une demande de
renseignement au ministre. C'est concernant le nombre d'employés en
général; en 1976/77, 547, et pour cette année, 510. Dans
le nombre d'employés à votre ministère, si on voit la page
d'explication, il y a une diminution. C'est surtout pour les employés
à temps partiel. Est-ce qu'on pourrait connaître dans quel domaine
vous avez jugé bon de retrancher des emplois à temps partiel
à votre ministère? Les employés à temps partiel, de
64 à 21.
M. Garon: II y a eu une directive de la Fonction publique
demandant de diminuer le nombre des gens à temps partiel et de les
remplacer par des employés permanents. Apparemment, cela expliquerait
une partie de ces diminutions.
M. Cordeau: C'est parce que, dans les permanents, vous avez
seulement une augmentation de six.
M. Garon: Oui. C'est vrai que ce n'est que 6, par rapport
à une diminution de 43. Ce serait dans
un autre cahier, et le directeur du service financier n'est pas ici
actuellement.
M. Cordeau: Je peux peut-être recevoir la réponse
plus tard. Il n'y a pas de problème. Prenez-le en note et vous...
Merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député
Huntingdon.
M. Dubois: J'aimerais savoir du ministre... Tout à
l'heure, vous avez mentionné, à l'intérieur du budget de
l'élément 1, un certain montant qui irait à la
conservation des légumes, je crois. Pouvez-vous me donner ce montant,
s'il vous plaît?
M. Garon: $310 000.
M. Dubois: Pouvez-vous m'expliquer les fins exactes de ce
montant?
M. Garon: Nous sommes présentement à terminer un
programme pour la consolidation et pour la modernisation des conserveries de
fruits et de légumes au Québec. C'est un programme un peu
similaire à celui qu'on a implanté dans le secteur des viandes.
C'est pour aider le secteur de la conserve.
M. Dubois: Le budget est dépensé au niveau de
subventions, j'imagine?
M. Garon: Enfin, c'est parce que ce n'est pas complètement
terminé encore. Maintenant, ordinairement, vous allez dire que ce n'est
peut-être pas un gros montant, en général, surtout quand
c'est sous forme de subvention, nous déboursons l'argent strictement
quand les gens apportent les pièces justificatives. Alors, des fois,
ça peut prendre un an avant que les gens... Par exemple, si c'est une
aide au niveau de l'équipement, admettons que ce soit
l'équipement ou autre chose, les gens, avant qu'ils posent un geste ou
prennent une décision, ça prend quand même assez de temps.
Alors, là, on a mis un budget de démarrage.
M. Dubois: Est-ce qu'il y a une partie de ce budget qui
s'applique, disons, aux entrepôts de préparation de produits, de
mise en marché?
M. Garon: Non; ça, c'est strictement pour la
transformation, M. le député.
M. Dubois: À présent, M. le ministre, vous savez
que j'ai mentionné souvent le besoin au Québec d'une usine de
déshydratation et de congélation. Je pense qu'à ce jour,
il n'y a jamais eu de budget de versé pour ce secteur. J'aimerais savoir
de vous si c'est votre intention, à l'avenir, de voir au
développement de ce secteur qui, présentement, pénalise
pas mal les agriculteurs du Québec. Je pense qu'il serait bon de vous
faire remarquer...
M. Garon: Sur l'explication tantôt des hommes-année,
il passe de 64 à 21. Pour l'année 1976/77, on m'informe qu'il
s'agit de la production des agro-centres dans l'Abitibi, il y avait des
montants de $350 000 pour trois agro-centres dans l'Abitibi. Il y avait des
hommes-année occasionnels qui étaient attachés à la
construction de ces agro-centres. Maintenant, comme c'est un budget de l'OPDQ,
c'est un budget qui est transféré en cours d'exercice. Ce n'est
pas un budget qui apparaît dans le budget du ministère de
l'Agriculture, comme tel, mais au niveau du comparatif de l'année
dernière; ces hommes-année ayant été obtenus pour
la construction des agro-centres, ils apparaissent dans le comparatif de l'an
dernier.
Pour cette année, la somme prévue pour la continuation de
la construction des agro-centres est de l'ordre d'environ $500 000 et les
hommes-année nécessaires pour la continuation de la construction
des agro-centres seront transférés au ministère de
l'Agriculture en même temps que la somme de près de $500 000 sera
transférée au ministère.
Quant au comparatif, là-dessus, cela peut paraître une
diminution au niveau de l'impression du livre des crédits, mais qui
n'est pas une diminution si on considère que les agro-centres, au moment
où ils vont se terminer, on va obtenir les hommes-année
additionnels pour le faire.
M. Dubois: Je crois que vous êtes au courant que,
présentement, parce que nous n'avons pas d'usine de transformation,
congélation, déshydratation, les maraîchers se voient
pousser à mettre sur le marché des légumes frais, souvent
des produits de deuxième et de troisième qualité.
M. Garon: Quand vous parlez de déshydratation et de
congélation, de quels types de légumes s'agit-il?
M. Dubois: Oignons, carottes. Cela peut s'appliquer aussi
à la rhubarbe. Cela peut s'appliquer à quelques autres
légumes, peut-être, mais quand même, je pense que les deux
légumes principaux seraient les carottes et les oignons.
M. Garon: Vous en avez déjà parlé
dernièrement.
M. Dubois: Alors, présentement, si vous prenez les
compagnies comme Lipton Soup, ils achètent des oignons
déshydratés de la Russie. Nos producteurs locaux ici, souvent,
sont contraints de vendre cette deuxième et cette troisième
qualité qui ne devraient pas être envoyées au marché
frais. La même chose se produit dans les carottes.
Je pense qu'on améliorerait de beaucoup notre mise en
marché ou la qualité de nos produits offerts si on avait l'usine.
Ce problème a été soulevé depuis quelques
années. J'aimerais savoir si le ministre a réellement l'intention
d'y voir, cela serait très bénéfique pour
l'économie des maraîchers et pour l'auto-suffisance du
Québec.
M. Garon: On est allé plus dans les conserveries pour une
raison, c'est qu'il y avait déjà des entreprises dans ce secteur,
tandis que dans le domaine de la déshydratation, au Québec, on
n'en a à peu près pas et dans le domaine de la
congélation, c'est très rare.
M. Dubois: Une petite et c'est tout. Une petite usine de
congélation, mais qui ne répond pas aux besoins du tout.
M. Garon: Dans mes conversations avec des industriels au cours
des derniers mois, par exemple, j'ai parlé au sommet économique
on en avait parlé antérieurement de faire des
états généraux de l'agroalimentaire pour réunir les
différents types de producteurs, de distributeurs et de transformateurs
de produits alimentaires. Dans mes conversations avec des gens du secteur de la
distribution, j'ai remarqué qu'il y avait de l'intérêt pour
qu'on fasse des entreprises de congélation au Québec et je pense
que c'est un des secteurs où il faudrait qu'il y ait un genre de
consultation entre les différents aspects de la mise en marché,
les producteurs, les transformateurs et les distributeurs, pour qu'on puisse
partir sur le bon pied dans ce secteur.
Jusqu'à maintenant, l'expérience que j'ai eue, je sais
qu'il y a une entreprise dans laquelle le ministère a déjà
investi... Cela n'a pas été un succès et je pense que cela
devrait être davantage intégré au monde existant du
Québec, de la distribution principalement. On n'a pas fait de programme
cette année. Je vous disais pourquoi, au fond, c'est parce qu'il fallait
déterminer cela au début de mars, au plus tard. On n'avait pas le
temps de faire tous les programmes. Je pense que c'est un des secteurs de
l'avenir, d'après ce qu'on mentionne des prévisions pour l'avenir
et c'est un secteur dans lequel il va falloir développer quelque
chose.
M. Dubois: La déshydratation ne semble pas vous
intéresser plus qu'il ne faut. Je ne sais pas...
M. Garon: Non, ce n'est pas cela l'affaire. Ce n'est pas que cela
ne m'intéresse pas, c'est que vous ne pouvez pas faire tout cela dans le
temps de le dire.
C'est le but, justement, quand on appelle les états
généraux agro-alimentaires, c'est justement d'identifier, avec
les distributeurs, les transformateurs et les producteurs agricoles, quels sont
les secteurs où, avant de compter sur nos voisins, on peut compter sur
nous-mêmes; quels sont les secteurs où les distributeurs
achètent énormément de l'étranger, font venir des
produits de l'étranger? Si, par exemple, en rencontrant ces gens, on
s'aperçoit qu'au Québec, on achète pour tant de millions
de produits de déshydratation ou tant de millions de produits de
congélation, on va aller à la place où il y a le plus de
marché et dont on est le plus près. Au point de vue de la
déshydratation, je pense qu'un des secteurs et cela a
été soulevé par le premier ministre lui-même, au
sommet économique ce sont les soupes; on di- sait qu'au
Québec, il se vendait pour $280 millions de soupes sous
différentes formes, en boîtes, en sachets.
Mais il n'entre apparemment à peu près aucun produit
agro-alimentaire là-dedans.
M. Dubois: La raison principale, c'est qu'on n'a pas de
déshydratés, puisque tous les producteurs de soupe emploient des
déshydratés aujourd'hui.
M. Garon: C'est ça.
M. Dubois: En grosse partie en tout cas.
M. Garon: C'est pour ça qu'il faut faire la jonction entre
les différents éléments.
M. Dubois: On accuse un retard réel dans ce domaine.
M. Garon: Oui, mais là...
M. Cordeau: Dans le même ordre d'idées, M. le
ministre, est-ce que vous avez l'intention de convoquer cette réunion
dans des délais raisonnables?
M. Garon: Au sommet économique, il a été
mentionné qu'un des secteurs de développement
privilégié du gouvernement va être le secteur
agro-alimentaire; cela a été mentionné. Cela veut dire que
ce serait un secteur de développement privilégié et dans
lequel on va consentir éventuellement beaucoup d'argent et aussi...
M. Cordeau: D'ici un an, ce sommet serait convoqué?
M. Garon: J'avais mis comme date limite le printemps prochain,
disons le mois de mai prochain.
M. Cordeau: Oui.
M. Garon: Pour ne pas brusquer les gens, pour qu'ils soient
préparés. On pourrait le faire dans deux mois, mais les gars vont
arriver sans données; tandis que, si on permet aux gens des domaines de
la distribution, de la transformation et de la production de former un
comité avec le ministère de l'Agriculture, d'élaborer les
thèmes de discussion et aussi d'entreprendre les thèmes de
discussion, de préparer les données statistiques et
financières qui vont avec ça...
Prenons par exemple le cas de la déshydratation; on peut en
parler sérieusement si on a des chiffres. Quelqu'un peut arriver et
dire: Dans mon usine, ça représente $50 millions; un autre peut
dire: Cela représente tant d'argent. Autrement, si on arrive et si on
parle comme ça... Quand vous parlez de déshydratation, à
l'heure actuelle, je n'ai pas de chiffres à l'esprit; je ne sais pas si
vous en avez, M. le député de Huntingdon.
M. Cordeau: Comme ça, on peut s'attendre à un
sommet sur l'agriculture le printemps prochain?
M. Garon: Agroalimentaire.
M. Cordeau: Agroalimentaire, parfait.
M. Garon: De la graine jusqu'à la bouche du consommateur.
Tout ce que cela englobe.
M. Roy: Je n'ose pas faire répéter ce que j'ai cru
comprendre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Pour revenir au secteur
des viandes...
M. Garon: La graine mise en terre qui va germer, donner un
produit qui peut être transformé, distribué, jusqu'à
ce qu'il soit mangé.
M. Vaillancourt (Orford): Vous parlez de la graine de
semence.
M. Garon: Avez-vous pensé à d'autre chose?
M.Roy: J'aimerais revenir...
M. Garon: C'est la fièvre du printemps ou le démon
du midi?
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, M. le
ministre!
M. Roy: J'aurais deux courtes questions à poser au
ministre concernant le secteur des petits abattoirs qu'on a mentionné
tantôt, avant de revenir à d'autres questions
générales. J'aimerais savoir si, à la suite de ce qui a
été dit à l'Assemblée nationale, à la suite
des représentations qui ont été faites, le
ministère de l'Agriculture a pris des mesures pour qu'on mette un terme
aux procédures judiciaires intentées contre les
propriétaires de petits abattoirs.
Je veux dire, entre parenthèses, que j'ai remis au ministre une
copie d'un procès-verbal qui a démontré l'absurdité
de la situation. Effectivement, ces gens-là sont continuellement
traînés devant les tribunaux et tant et aussi longtemps que les
nouveaux règlements ne seront pas connus...
Je voudrais savoir si, au niveau du ministère, une
décision a été prise à ce sujet.
M. Garon: Les instructions étaient d'inspecter la viande
plutôt que les clous dans le plafond.
M. Roy: Je dois dire au ministre que, d'après les
procès-verbaux que j'ai lus, aucune inspection de viande n'aurait
été faite. Je vais rappeler au ministre certains passages de ce
procès-verbal, à savoir qu'on aurait trouvé des gouttes de
sang sur les couteaux, du poil de porc sur les poulies en haut, des fissures
dans le plancher, etc. Pour ces raisons, on traîne des personnes devant
les tribunaux, comme si c'étaient de vulgaires criminels, alors qu'on ne
semble pas s'être préoccupés de la viande
elle-même.
Je voudrais savoir du ministre, de façon bien précise, si
de nouvelles instructions ont été données, si c'est le
statu quo, ou si "le bordel continue", pour employer un terme qui a
été cher à l'honorable leader du gouvernement, lorsqu'il
était dans l'Opposition.
M. Garon: Si "le bordel continue"? Je ne suis pas dedans.
M. Roy: Mais vous êtes le gérant.
M. Giasson: Vous êtes le gérant du bordel. S'il y a
bordel, vous en êtes le gérant.
M. Garon: Ce n'est pas moi qui ai engagé les
employés.
M. Roy: II ne faut quand même pas que le ministre se
défile.
M. Garon: Non, ce que je veux dire...
M. Roy: Le ministre est responsable et la loi lui donne des
pouvoirs.
M. Garon: Je vous répète ce que je vous dis dans
ces termes, qu'on soit tolérant, qu'on inspecte la viande, d'ici
à ce que le nouveau règlement et la loi soient
déposés à l'Assemblée, pour que les gens sachent
où ils s'en vont avec tout cela.
Par ailleurs, le problème, c'est qu'il y a différentes
conceptions. Je rencontre des vétérinaires, des gens qui sont
dans ce domaine et c'est ce qu'on m'a dit qui serait fait, qu'on inspecterait
la viande, mais...
Une voix: Est-ce que le ministre pourrait parler plus fort?
M. Garon: Je ne suis pas capable de parler plus fort, j'ai une
extinction de voix.
M. Giasson: Nous avons un ministre épuisé.
M. Garon: Pardon?
M. Giasson: Nous avons un ministre épuisé.
M. Garon: Non, le ministre n'est pas épuisé, c'est
que la voix faiblit.
C'est bien difficile. Quand on parle d'une scie, par exemple, dans les
discussions que j'ai avec mes fonctionnaires... Il est évident, quand on
vient de scier un morceau de viande, qu'il doit y avoir du sang sur la
scie.
M. Roy: C'est évident, c'est normal. S'il y avait autre
chose, on pourrait être inquiet.
M. Garon: Par ailleurs, on me dit que c'est du sang
séché.
M. Roy: Mais cela sèche.
M. Garon: II est là de la veille, parce que les
instruments de travail n'ont pas été nettoyés. Je
comprends, vous faites comme moi, on regarde cela, mais on ne le sait pas, on
n'est pas sur les lieux. On me dit que cela peut être un foyer de
contamination. En fait, les gens devraient laver leurs outils tous les jours,
avant de faire le dépeçage de la viande. Un des gros
problèmes également, c'est que de tous les petits abattoirs qu'il
y a au Québec, plus de 300 n'ont pas d'eau chaude et 100 environ n'ont
pas d'eau du tout, n'ont pas d'eau froide non plus. Cela fait que le nettoyage
n'est pas facile à faire.
M. Roy: Non, le cas que j'ai soumis au ministre... Je regrette,
vous n'aimeriez pas qu'on s'aventure sur ce terrain-là, parce que ce
serait un peu long.
M. Garon: Non, je ne suis pas capable sur un cas individuel... Je
vous donne, de toute façon, l'ensemble.
M. Roy: Le cas que j'ai soumis au ministre, les inspecteurs le
savent, c'est un cas où justement il y a des installations, de l'eau
froide, quelque chose pour réchauffer l'eau, un chauffe-eau
électrique. C'est une entreprise qui est très propre et c'est
reconnu. J'ai regardé si c'était une ancienne étable qui
avait été transformée en abattoir de fortune. Si
c'était le cas, je ne me serais même pas donné la peine
d'écrire au ministre. J'aurais dit aux gens là-dessus que je ne
suis pas le défenseur de ce genre de chose; mais il s'agit d'un
établissement extrêmement propre j'ai eu l'occasion de le
visiter qui est très bien tenu par des gens extrêmement
soucieux, quelque chose de très bien.
En somme, si on va dans n'importe quelle cuisine de n'importe quelle
maison privée et qu'on va faire l'inspection à la loupe, il n'y a
pas une maison privée où on ne retrouvera pas des taches autour
de l'évier dans la cuisine, près des armoires. C'est un peu ce
genre d'inspection qui se fait jusqu'ici et c'est contre cette forme
d'inspection et non l'autre que je me suis toujours élevé
à l'Assemblée nationale, comme aujourd'hui je demande encore au
ministre s'il a l'intention et s'il y a des mesures, parce qu'il faut qu'on les
avertisse ces inspecteurs, ils ont quand même des comptes à rendre
à quelqu'un...
M. Garon: Oui.
M. Roy: Si on veut faire en sorte, à un moment
donné, d'écouter les gens, les propriétaires de petites
entreprises dont tout le monde reconnaît la propreté et qu'on fait
exprès pour leur faire des procès-verbaux et les envoyer
comparaître devant les tribunaux, c'est là que je ne fonctionne
plus.
M. Garon: Ce n'est pas cela que j'ai demandé, les
directives ne sont pas à cet effet. Quand on me dit que les directives
données ne sont pas suivies par les inspecteurs, va-t-il falloir engager
une équipe d'inspecteurs pour inspecter les inspecteurs?
M. Roy: Cela existe dans d'autres ministères. M. Garon:
Pardon?
M. Roy: S'ils ne sont pas bons et s'ils n'écoutent
pas...
Une voix: La porte.
M. Roy: ... j'ai une solution assez pratique
là-dessus.
M. Garon: Laquelle?
M. Roy: Laquelle?
M. Giasson: La remise sur les tablettes.
M. Roy: Ils peuvent être transférés.
M. Giasson: Mutés.
M. Roy: II y a des limites quand même. Ces gens sont
payés avec les taxes des contribuables. On fait des voyages aux frais
des contribuables du Québec. Ces gens ont la responsabilité, sous
la direction du ministre et de ses hauts fonctionnaires, d'appliquer des lois
qui sont votées par les membres de l'Assemblée nationale, mais
les membres de l'Assemblée nationale n'ont jamais demandé cette
chose; ils se sont toujours élevés contre elle. Les ministres de
l'Agriculture, incluant le ministre actuel, se sont toujours
élevés contre ce genre d'abus qui se fait de la part d'un certain
nombre de personnes et, actuellement, si ces gens ne veulent pas se faire
mettre au pas... Il y a quand même des limites, le gouvernement a des
comptes à rendre à la population, les élus du peuple ont
des comptes à rendre à la population et je commence à
avoir hâte que ces gens aient également des comptes à
rendre. Ce n'est pas cela que les députés demandent, ce n'est pas
cela que la population demande, ce n'est pas cela que le ministre demande et
ces gens continuent. Est-ce qu'ils ont les pouvoirs que Napoléon
Bonaparte avait alors qu'il était empereur du monde?
Je trouve qu'il y a des limites et qu'il y a un abus de pouvoir
manifeste à ce moment-là. Ces gens devraient être mis au
pas. Je ne demande pas qu'on les renvoie demain matin et qu'ils se retrouvent
sans travail, mais il devrait y avoir une conférence, peut-être
pas au sommet, mais au moins dans le sous-sol, une conférence
sérieuse au cours de laquelle ils devraient justement rendre compte de
leurs actes et de leurs obligations. Il ne faut pas oublier que ces gens
reçoivent des salaires, on leur rembourse leurs dépenses et cela
coûte quelque chose aux contribuables.
Au lieu de vouloir faire quelque chose de raisonné avec quelqu'un
qui veut se servir de sa tête plutôt que de ses pieds, ils abusent
de leurs pouvoirs. C'est contre ce système-là... Je m'excuse si
je suis dur là-dessus, mais je pense que si les gens, les cultivateurs
du Québec, les propriétaires de petits abattoirs, de ces petites
entreprises étaient ici, ils seraient peut-être encore plus durs
que je peux l'être. Je ne parle pas de l'ancienne étable
transformée et des choses de fortune, je parle d'établissements
pour lesquels on a fait des investissements sérieux et de gens qui ont
fonctionné de façon sérieuse et de gens qui sont
sérieux dans l'entreprise. Ce genre d'inquisition qui était digne
au temps de Robin des bois je pense qu'il commence à être temps
que cela cesse. Je veux savoir qui a l'autorité, en définitive,
et qui a le pouvoir de faire appliquer les ordres et les instructions qui
peuvent être donnés. Je veux savoir cela.
M. Garon: J'ai donné des directives, comme je vous dis.
Quand il y a un procès-verbal et qu'ensuite il y a une poursuite,
évidemment, il va y avoir une preuve devant le tribunal et si on a
exagéré, la personne va être libérée.
Je n'ai pas demandé qu'on harasse la population et qu'on
persécute la population; au contraire. C'est pour cela que j'ai
demandé qu'on procède le plus rapidement possible. Normalement,
le dépôt des amendements et du règlement, c'est d'une
journée à l'autre. On va savoir où on s'en va avec cela.
Maintenant, j'aime autant attendre, pour me prononcer, d'annoncer le projet de
loi. Quelle va être la situation qui va prévaloir à ce
moment? Je suis bien content que vous me soumettiez des cas. J'aimerais que
tous les députés qui ont des cas comme ceux de M. Roy,
député de Beauce-Sud, qui ont exagéré... Je pense
bien qu'il faudra faire inspecter les inspecteurs pour voir ce qui se fait.
J'ai eu un certain nombre de cas qui sont compilés. À ce moment
donné, il faudra peut-être vérifier cela, voir quel a
été le comportement des employés.
M. Roy: D'accord. Alors, une autre question, cela fait suite...
C'est tout simplement une observation...
M. Garon: Je pense qu'à ce moment-ci le rôle de
l'inspecteur dans une phase comme celle-ci... Je dis: La viande, c'est de la
viande avariée. Vous devez être sévère au
"coton".
M. Roy: Je suis d'accord. Et tout le monde est d'accord.
M. Garon: Maintenant, il y a une phase d'éducation. On
s'en va vers des changements. L'inspecteur, dans mon esprit, et c'est ce que
j'ai dit, devrait renseigner la population et lui dire: Les changements
devraient être de telle nature. D'après ce qu'ont dit les
vétérinaires, les foyers de contamination ou d'infection se
logent à tel et tel endroit; qu'on renseigne la population à ce
moment, avant que n'arrivent les amendements à la loi et les nouveaux
règlements. Il y a eu beaucoup de critiques, je ne le nie pas, dans
différentes régions. Par ailleurs, je pense qu'il y en a moins
qu'il y en avait, mais il y en a encore beaucoup. Je pense aussi qu'on doit
expliquer aux gens dans le domaine de l'abattage et aussi aux inspecteurs et
aux autres personnes que les règles d'hygiène et de
salubrité dans le monde occidental se raffermissent, deviennent plus
sévères, etc., à tort ou à raison, remarquez bien,
parce que je sais bien qu'on a été élevé... J'ai
été élevé à la campagne. Le boulanger
passait et sortait le pain de la voiture; il passait en automobile et il y
avait un peu de poussière. On rentrait le pain dans la maison et
personne ne mourait. Aujourd'hui, il faut qu'il soit enveloppé,
inspecté, et le diable à quatre...
M. Roy: Le pain, c'était peut-être...
M. Garon: ... et il me semble qu'il n'est pas aussi bon.
M. Roy: Le pain, c'était un demi-mal, mais il faut dire
que le gars avec sa boîte à viande pesait le steak haché
dans la poussière. Je voudrais...
M. Garon: Oui. Écoutez, on a vécu comme cela et il
ne semble pas y avoir eu d'épidémie.
M. Roy: Cela n'a pas empêché le ministre
d'être un homme en forme.
M. Garon: Hein?
M. Roy: Cela n'a pas empêché le ministre
d'être un homme en forme.
M. Garon: Non. On dit même que les différents
produits, aujourd'hui, sont tellement aseptisés qu'aussitôt
qu'arrive un microbe le monde devient quasiment malade. Les gens ne sont plus
capables de combattre les microbes. Aujourd'hui...
Une voix: ... il y a les antibiotiques.
M. Garon: ... il y a tellement eu de normes dans tout qu'on est
à la veille de se faire dire comment il va falloir marcher. Il va y
avoir des normes là-dessus. Il y a des normes partout. Je pense qu'il y
a un abus de normes dans tous les domaines. Je me demande, parfois, je ne parle
pas des abattoirs en particulier, c'est de façon générale,
si les professionnels n'ont pas tendance à faire des normes pour
justifier leur emploi, pour se créer de l'emploi nouveau. Je me pose la
question parce que je trouve qu'il y en a trop. Ce sont des cahiers de normes.
Cela prend des gens pour se démêler là-dedans. Il ne me
paraît pas qu'on a besoin d'autant de normes que cela.
M. Dubois: Ce sont les avocats qui font cela. M. Garon:
Oui. C'est justement un domaine...
M. Roy: Je ne sais pas quels ont été les
économistes qui leur ont donné des cours à
l'université, mais, en tout cas...
M. Cordeau: Est-ce que les économistes pouvaient faire un
ménage dans tout cela?
M. Garon: C'est le bon sens, au fond. Je pense que tout le monde
se rejoint autour du bon sens. On vit dans un système actuellement qui
fonctionne et vous êtes poussés dans le dos par un système.
Je regarde l'environnement. Par exemple, je rencontrais encore hier un groupe
de cultivateurs qui demandaient de modifier les normes de l'environnement. Les
normes d'environnement sont quasiment une persécution pour le
cultivateur. Il y a des gens de la ville qui viennent rester voisins et,
après cela ils n'aiment pas le cultivateur, ils voudraient qu'il mette
une bâtisse pour cacher son fumier. Il y a des senteurs. J'ai
l'impression qu'à ce moment il y a des gens qui auraient dû rester
en ville. Ils avaient le nez trop délicat pour venir à la
campagne.
M. Roy: J'aime bien l'exemple que le ministre nous donne, parce
que parmi ces gens-là il y en a qui ne se lavent même pas.
M. Garon: Oui. M. Roy: C'est vrai.
M. Garon: Mais je pense qu'il y a beaucoup d'affaires comme
ça, de normes, dans beaucoup de domaines, qui exagèrent. Moi, je
pense que dans le domaine des viandes, ce qu'il faut protéger, c'est la
santé du public, mais d'une façon normale.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre... M. Garon:
Oui.
Le Président (M. Boucher): ...vous êtes en train de
dépasser votre temps sur la réponse du député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Bon! J'aimerais revenir sur une autre question. Je veux
attirer l'attention du ministre, suite à une déclaration qu'il a
faite ici en commission parlementaire, sur un simple fait, pour le mettre au
courant.
M. Garon: Oui.
M. Roy: Actuellement, il y a des gens qui ont demandé
à la fonction publique de subir les examens de qualification pour
être acceptés comme inspecteurs des viandes. Il y a une personne
qui s'est adressée à mon bureau pour avoir des informations pour
savoir à qui s'adresser. Cette personne, qui a travaillé dans le
domaine des viandes pendant, je dirais même, 25 ans est
spécialiste dans le domaine des viandes, même jusqu'à
voyageur, vendeur en gros dans le domaine. Elle s'est adressée à
la Commission de la fonction publique et on lui a refusé
systématiquement, catégoriquement le droit à l'examen,
sous prétexte que sa scolarité de base ne satisfaisait pas aux
exigences.
Alors, c'est tout récent. Le cas m'a été soumis
lundi. Je vais donner le nom au ministre, dans une lettre, pour que le ministre
puisse vérifier. Ce qui démontre la nécessité, pour
le ministère de l'Agriculture, quant au niveau de l'inspection des
travaux mécanisés... mais au niveau de l'inspection, qui concerne
le secteur agro-alimentaire, qu'on tienne compte de l'expérience et de
l'équivalence que ces personnes peuvent posséder. Ce qui cause,
j'en suis convaincu, de très lourds embarras au ministère de
l'Agriculture et aux différents services du ministère de
l'Agriculture. Alors, j'attire l'attention du ministre sur le fait que je ne
mets pas le ministère de l'Agriculture en cause, mais les services de la
fonction publique responsables qui ont refusé
systématiquement.
M. Garon: Ce sont les règles actuelles de la fonction
publique qu'on est obligé de respecter.
M. Roy: Oui, mais il devrait y avoir des...
M. Garon: Suite à une séance récente de la
commission parlementaire j'ai déjà écrit à la
Commission de la fonction publique, pour suggérer justement que des gens
nés avant la guerre ou des gens d'un certain âge puissent
compenser le manque de scolarité par les années
d'expérience. La décision n'est pas à l'Agriculture. Elle
est là, à la fonction publique. Je suis complètement de
votre avis là-dessus, et j'aimerais aussi essayer de la convaincre de
changer ses normes...
M. Roy: Je pense qu'on...
M. Garon: Ce sont encore des normes de protection.
M. Roy: ...devrait quand même, au niveau de la fonction
publique, ne pas exercer une tutelle sur les autres ministères, mais on
devrait tenir compte des normes qui pourraient être
élaborées par le ministère concerné, par les
services concernés qui, eux, ont la compétence nécessaire
pour déterminer les qualifications de personnes qui auront à
assumer telle ou telle fonction.
Si le ministre veut en prendre note. D'ailleurs, de toute façon,
la suggestion que je fais va être consignée au journal des
Débats. Mais je pense que ça m'apparaîtrait tout à
fait normal.
M. Garon: J'ai écrit...
M. Roy: M. le Président, mon autre question s'adresse
à vous, à ce moment-ci. Je ne sais pas si mes collègues
ont l'intention de faire en sorte qu'on siège de nouveau à une
autre séance. En ce qui me concerne je veux en informer les
autres membres de la commission j'aurais tout simplement trois questions
à poser. Je n'aurai pas de questions additionnelles...
Le Président (M. Boucher): Sur l'élément 1?
M.Roy: ...sur ce qui reste.
Le Président (M. Boucher): Sur ce qui reste.
M. Roy: Sur tout ce qui reste du ministère de
l'Agriculture...
M. Giasson: Élément 1 adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Les députés
d'Iberville, de Verchères, de Champlain et de Saint-François ont
demandé la parole sur l'élément 1.
M. Giasson: On va continuer.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Saint-François... M. le député d'Iberville, non?
Huntingdon?
Une voix: Oui, après.
M. Beauséjour: Au sujet du dossier de la
coopérative Montérégienne, j'aimerais savoir où en
est rendu le dossier. En particulier, lundi, je rencontrais un pomiculteur du
comité ad hoc, un ancien employé de la coopérative en
faillite, qui m'indiquait que, suite aux représentations qu'ils ont
faites au ministère, les pomiculteurs attendaient encore une
réponse ou, du moins, un accusé de réception.
M. Garon: ...la coopérative Montérégienne
elle-même?
M. Beauséjour: Le comité ad hoc de pomiculteurs
qui...
M. Garon: Ils ont fait faillite. On ne peut pas revendre une
coopérative à des gens qui ont fait faillite.
M. Beauséjour: Non, mais la seule chose, c'est qu'ils
attendaient quand même un accusé de réception...
M. Garon: Oui...
M. Beauséjour: Mais le dossier lui-même, où
en est-il rendu?
M. Garon: Écoutez! On ne tombera pas dans le folklore. Ils
ont fait faillite, on ne peut pas revendre la faillite à des gens qui
ont fait faillite.
M. Beauséjour: Non, ce n'est pas ce que je veux dire.
M. Garon: Autrement, on se retrouve dans les affaires
frauduleuses.
M. Beauséjour: C'est simplement qu'ils puissent au moins
avoir un accusé de réception. Quant au dossier lui-même,
où en est-il rendu?
M. Garon: Comment?
M. Beauséjour: La coopérative
Montérégienne.
M. Garon: J'ai donné instruction aux fonctionnaires qu'on
se fasse déclarer propriétaire des biens pour qu'on puisse les
vendre.
M. Beauséjour: Est-ce exact que la marque de commerce
aurait été vendue à Lassonde?
M. Garon: À ce moment-ci, j'ai une lettre sur mon bureau
que je n'ai pas lue et qui vient d'arriver, mais je ne peux pas vous le dire,
d'autant plus que la marque de commerce n'entre pas dans les biens sur lesquels
le ministère a des droits.
M. Beauséjour: Actuellement, vous n'avez pas de
réponse.
M. Garon: J'ai demandé qu'on prenne des procédures,
pour qu'on se fasse déclarer propriétaire et qu'on
récupère l'argent qu'on a investi là-dedans.
M. Beauséjour: Pour la marque, vous n'êtes pas au
courant?
M. Garon: À ce moment-ci, non. Cela ne veut pas dire que
je n'ai pas eu... J'ai du courrier sur mon bureau. Je sais que j'ai une lettre
sur mon bureau à ce sujet, mais ce n'est pas là-dessus; en ce qui
concerne la Montérégienne, je ne sais pas si c'est sur
ça.
M. Beauséjour: Merci.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Aura-t-on l'occasion, avant la fin de la
séance, de poser quelques questions concernant la raffinerie de sucre ou
si...?
Le Président (M. Boucher): Quand le programme 8 sera
adopté.
M. Garon: À la fin.
M. Charbonneau: À la fin. Bon! D'accord.
Le Président (M. Boucher): Programme 5,
élément 1. Adopté?
M. Dubois: Une courte question, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Huntingdon.
M. Dubois: Une courte question au ministre. Vous avez
mentionné tout à l'heure une date, vers le mois de mai 1978, pour
un sommet sur l'agroalimentaire. Seriez-vous prêt à accepter
d'avancer cette date à l'automne, si possible, parce qu'on perd un an
encore?
M. Garon: Non. On ne perd pas un an.
M. Dubois: Le sommet aura lieu après l'adoption des
budgets de l'an prochain ou de la présentation des budgets.
M. Garon: Oui, mais il faut se préparer pour une telle
chose. Je veux former un comité qui va regrouper les producteurs, les
agents de transformation, les distributeurs. Ils vont commencer à
préparer ce sommet et, en cours de préparation, on commencera
à travailler ensemble. Je pense que les habitudes ne sont pas prises. Il
n'y a pas de tradition. Précipiter cela va amener un échec. Les
gens ne sont pas prêts, et j'aime autant prendre plus de temps. Je ne dis
pas qu'il n'aura pas lieu à l'automne, mais on n'aura pas de date de
fixée avant que les gens concernés soient réunis en
comité pour en discuter.
M. Dubois: Et il ne serait pas temps, présentement, de
créer ce comité?
M. Garon: Oui, je comprends, mais on a été pris au
sommet. Le gouvernement avait décidé qu'une voie de
développement serait l'agroalimentaire... On est en commission
parlementaire.
M. Dubois: Je suis d'accord, mais... M. Garon:
Après, on va faire cela.
M. Dubois: ... une semaine, deux semaines, trois semaines,
remarquez bien, mais je pense que cela ne prend pas un an à créer
un comité et...
M. Garon: Bien... Cela ne prend pas un an pour créer un
comité, mais cela prend un certain temps si on veut qu'il soit bien
pensé et que les bonnes personnes en fassent partie. Remarquez bien que
si on se trompe pour la formation du comité, pour former un
comité qui ait du bon sens, et pour que les gens travaillent ensemble
pour qu'on réussisse toute l'affaire... Ces choses ont presque toujours
avorté dans le passé.
Le Président (M. Boucher): Élément 1.
Adopté? Élément 2. Adopté? Élément 3.
Le député de Huntingdon.
M. Dubois: Je me demande si c'est à cet
élément que je pourrais discuter de subvention sur boîte de
camions réfrigérés pour les propriétaires de
"vacuum", "hydra-cool"?
M. Garon: Apparemment, oui.
M. Dubois: D'accord. J'aimerais savoir quel budget est
alloué pour les boîtes de camions réfrigérés,
et je pense que cela s'applique à une classe assez
privilégiée puisqu'on m'a dit qu'il y a seulement les
propriétaires de "vacuum" et "d'hydra-cool" et de "jacketed storage" qui
ont ces droits.
M. Garon: C'est $82 000.
M. Dubois: Sont-ils dépensés présentement?
M. Garon: Non.
M. Dubois: Je m'excuse, pas dépensés, mais
appliqués à des demandes?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Totalement?
M. Garon: Oui, il y a plusieurs demandes en marche
présentement, mais cela fait partie de...
M. Dubois: Vous avez assez de demandes pour couvrir le budget de
cette année?
M. Garon: Ce sont toujours des estimations, mais il y a des
demandes qui entrent présentement.
M. Dubois: En plus, pour quelle raison, M. le ministre, est-ce
que cela s'applique strictement à cette catégorie qui groupe
à peu près 20 personnes, 25 personnes?
M. Garon: C'est parce que, quand on regarde le programme, c'est
une aide. D'ailleurs, vous en avez fait la remarque tantôt, c'est une
aide à la mise en marché des fruits et légumes.
M. Dubois: D'accord.
M. Garon: Alors, cela fait partie d'une chaîne. On appelle
cela la chaîne de froid. Cela part du prérefroidissement et on a
continué la chaîne. L'ensemble du programme va jusqu'à $600
000, mais cela touche le "hydra-cooling" cela touche le "vacuum-cooling" et
cela touche le programme sanitaire d'élimination; cela touche l'aide
à l'implantation de postes de conditionnement et de calibrage, et on a
voulu finir le programme, finir la chaîne de froid, de façon
à s'assurer que le produit sera bien conservé, dès le
moment où il sort de la terre jusqu'au consommateur. Cela a toujours
été notre problème auparavant. On a amélioré
énormément la durée de vie ou la durée de
"tablette" de nos produits en faisant cela.
M. Dubois: Oui, je suis d'accord sur le principe...
M. Garon: C'est ce qui nous permet présentement, monsieur,
de prendre les tablettes dans les grandes chaînes. On a même
exporté de la laitue en Floride l'été dernier.
M. Dubois: J'aimerais que le budget soit plus gros pour
s'appliquer aussi à ceux qui ont des entrepôts frigorifiques, pas
strictement des "vacuum ' et des "hydra-cool" mais aussi des "jacketed
storages", ce qui touche les légumes en tout cas.
M. Garon: Cette année, on a également un autre
programme d'entreposage en région pour
augmenter l'autosuffisance. Un autre programme a été
ajouté à cela.
M. Dubois: Pour les boîtes de camions aussi?
M. Garon: Non, pas pour les boîtes de camions, pour
l'entreposage. Pour les boîtes de camions, on en a $82 000 et on pensait
que c'était suffisant. Si c'est plus, on verra. Il y a toujours
possibilité de faire certains réaménagements. Quand un
programme fonctionne bien...
M. Dubois: Parce qu'il y a plusieurs maraîchers qui ont des
entrepôts frigorifiques et ils aimeraient bénéficier d'une
subvention pour une boîte de camion réfrigéré. Je
pense que le budget devrait être plus gros dans ce sens, parce qu'on
pourrait aussi améliorer la qualité des producteurs qui n'ont pas
nécessairement un vacuum et qui n'ont pas nécessairement un
"hydra-cool" ou un "jacketed storage". Présentement, on touche dans ce
domaine à peu près 20 à 25 personnes ou organisations au
Québec.
M. Garon: Qu'ils fassent leur demande, on peut faire des...
Qu'ils fassent leur demande.
M. Dubois: Je suis réellement pour le programme,
j'aimerais que le budget soit encore plus gros.
M. Garon: Cela reste une prévision budgétaire.
M. Dubois: D'accord.
M. Garon: Quand on a fait démarrer ce programme cette
année, on a fait une prévision peut-être d'après
vous un peu conservatrice, mais, quand même, si cela s'annonçait
dépassé, nos prévisions budgétaires en tiendront
compte et on fera les réaménagements voulus. Il y a toujours
moyen d'en faire.
M. Dubois: Est-ce que vous avez un budget pour d'autres personnes
qui voudraient se bâtir des "jacketed storages" ou "des hydra-cool"
ou...
M. Garon: Comment dites-vous cela en français?
M. Dubois: Je ne sais pas, cela ne se dit pas en
français.
M. Garon: Des entrepôts à doubles parois.
M. Dubois: C'est comme cela? C'est parce que tous les
propriétaires l'indiquent en anglais.
M. Garon: À Huntingdon.
M. Dubois: Non, dans tout le Québec.
M. Garon: Dans la Beauce, appelez-vous cela de même?
M. Giasson: Dans la Beauce, on parle de petits abattoirs. On
comprend bien cela dans le langage du Québec.
M. Roy: Je m'excuse. Je ne veux pas en faire une question de
privilège, mais je ne peux pas dire que la seule préoccupation
des agriculteurs et de la population de la Beauce, ce soient les petits
abattoirs. Il y en a d'autres. Si on en parle dans la Beauce, c'est parce que
c'est un problème qui concerne la Beauce et les Beaucerons se sont
levés.
M. Garon: La grosse activité, c'est au printemps, le sirop
d'érable et la rivière Chaudière.
M. Roy: C'est-à-dire que l'activité de la
rivière est diminuée.
M. Dubois: M. le ministre, je veux savoir si vous avez cette
année des demandes pour la construction de ces services.
M. Garon: On a prévu des budgets pour le
prérefroidissement à l'eau. Il y a des budgets prévus,
parce qu'on pensait qu'il y aurait des demandes.
M. Dubois: Mais il n'y a pas de demande jusqu'à
maintenant.
M. Garon: Je n'ai pas tout le détail. On est quand
même au début.
M. Dubois: À votre connaissance, il n'y en aurait pas.
M. Garon: Si vous voulez avoir des informations additionnelles
sur tout le programme, je vais vous dire où vous adresser et vous
viendrez chez nous. On va tout vous donner.
M. Dubois: D'accord.
M. Garon: De A à Z, ce qu'on a fait, à part cela,
jusqu'à maintenant, depuis quatre ou cinq ans dans le domaine, et
l'implantation de la chaîne de froid est une continuation de notre
programme. Il y a des endroits où on a diminué parce qu'il y a
déjà eu beaucoup d'investissements. Les investissements diminuent
tout simplement.
Si vous remarquez à l'élément 3, vous avez un
renseignement qui peut vous intéresser. Ça semble diminuer, mais
en fait, à cause de circonstances exceptionnelles, en 1976/77,
c'était $11 280 000, et en 1977/78, c'est $1 931 000.
M. Giasson: Le lait industriel?
M. Garon: Oui, c'est ça. C'est que durant l'année
1976/77, il y a eu $10 millions pour le lait industriel, ce qui veut dire qu'il
restait, pour la rationalisation de la mise en marché agricole, $1,2
million, alors que dans les $9 931 500 pour 1977/78, il y a $6 millions ou $7
millions on ne le sait pas encore, on est en train de terminer les
cal-
culs le reste, c'est pour la rationalisation de la mise en
marché agricole. Alors, c'est une diminution relative au fond.
M. Roy: Maintenant, puisqu'on parle de cette affaire de
lait...
M. Giasson: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud, M. le député de Montmagny-L'Islet avait
demandé la parole.
M. Giasson: Effectivement, lors de l'étude d'un autre
programme, j'avais soulevé la question des coûts pour la province
de Québec du programme de compensation que l'ancien gouvernement avait
décidé d'implanter en septembre dernier pour compenser les
décisions fédérales vis-à-vis de la
réduction des quotas. J'aimerais savoir, puisque l'année
financière de la Fédération canadienne des producteurs de
lait et de la Commission canadienne du lait, s'est terminée avec la fin
du mois de mars, quels sont les coûts définitifs que le
Québec devra assumer à l'intérieur du programme mis en
place l'automne dernier.
M. Garon: C'est ce qui est en discussion actuellement.
M. Giasson: Oui, mais vous devez avoir certaines indications tout
de même? Voilà deux mois que l'année des laitiers
industriels est terminée pour autant que la commission
fédérale est concernée.
M. Garon: C'est comme je vous le dis, c'est ce qui est en
discussion actuellement entre la fédération et les gens du
ministère. C'est entre $6,5 millions ou $7 millions, autour de
ça.
M. Roy: Sur cette question, est-ce qu'on est en mesure de
demander...
M. Garon: C'est entre $0,35 et $0,40.
M. Roy: Est-ce qu'on est en mesure de nous dire, aujourd'hui, en
commission parlementaire, à quelle date, effectivement, ça va
être terminé et vers quelle date les producteurs peuvent escompter
recevoir leur chèque?
M. Garon: D'ici quelques jours, ça ne sera pas long.
M. Roy: D'ici quelques jours, j'aimerais avoir un peu plus de
précisions, parce que les quelques jours du ministre, parfois...
M. Garon: Non, non...
M. Giasson: C'est quelques mois.
M. Garon: Non, ce n'est pas quelques mois. Tout est à peu
près prêt actuellement.
M. Cordeau: Comment pourront-ils recevoir leur chèque, si
la discussion n'est pas encore finie entre les deux
fédérations?
M. Garon: Dans l'ensemble, vous avez un paquet de données,
il reste une couple de points à discuter, mais aussitôt
après ça, c'est entré sur ordinateur et ça sort
immédiatement. Ce n'est pas long.
M. Giasson: Est-ce que les producteurs de lait industriel peuvent
compter recevoir les dernières compensations en juillet prochain?
M. Garon: Avant ça.
M. Roy: Au mois de mars, au mois de juin?
M. Garon: Ah oui! on parlait tantôt du 15 juin.
M. Roy: On peut nous affirmer que les chèques vont
être émis au cours du mois de juin.
M. Vaillancourt (Orford): Combien restait-il à
répartir, c'était $6 millions ou $7 millions sur les $22
millions?
M. Garon: Autour de ça, $6 millions ou $7 millions...
M. Giasson: Au cours de l'an dernier, on a fait beaucoup
état...
M. Garon: Pas sur les $22 millions, c'est-à-dire que, sur
les $22 millions, il y a eu à peu près $10 millions qui avaient
été...
M. Vaillancourt (Orford): C'est-à-dire que le montant
initial était de $22 millions...
M. Garon: Oui.
M. Vaillancourt (Orford): ... et ensuite, cela a baissé
à $9 millions, qui ont été répartis selon les
productions, et il reste $6 millions ou $7 millions du reste des $9
millions?
M. Garon: Le programme était de $22 millions,
excepté qu'il y avait différents éléments
là-dedans... en 1976/77, il y a eu presque $10 millions payés,
$9,9 millions. Ensuite, il y avait le solde résiduel, c'est ça
qui va être distribué au mois de juin, on s'attend que ça
coûte $6 millions ou $7 millions. Maintenant, il y avait $6 millions pour
les pénalités, mais comme les pénalités n'ont pas
été payées...
M. Giasson: Elles ont été remboursées...
M. Garon: ... elles ont été remboursées,
alors on ne paiera pas ces $6 millions.
M. Roy: En somme, si j'ai bien compris, le programme de $22
millions se trouve réduit de $6 millions du fait que les
pénalités ont été remboursées?
M. Garon: $5 millions ou $6 millions, c'est-à-dire que le
programme disait: C'est une prévision budgétaire et on va marcher
de telle et telle façon. Là-dedans, il y avait un
élément qui disait: Remboursement des pénalités
pour maintenir la marge, la production, pour maintenir les quotas du
Québec. Alors, il y avait, à ce moment-là, des risques de
pénalité et pour compenser les pertes du producteur, on a dit: On
va vous compenser, mais comme les pénalités sont
remboursées par la Commission canadienne du lait le
fédéral, à ce moment-là les
pénalités que les cultivateurs et les agriculteurs ont
payées leur ont été remboursées, ils ne sont pas
pénalisés.
Ces $6 millions ne seront pas distribués, parce qu'il n'y a rien
à compenser.
M. Roy: Mais j'aimerais attirer l'attention du ministre sur le
fait que les cultivateurs ne se sont pas vus tous rembourser leur
pénalité.
M. Garon: C'est dans la marge.
M. Roy: Mais est-ce que les cultivateurs qui n'ont pas
reçu de remboursement à leur pénalité vont pouvoir
bénéficier d'une partie de ces $6 millions?
M. Garon: Toutes les pénalités vont être
remboursées. Elles ont été annulées.
M. Giasson: Elles ont été annulées, parce
que la production totale pour l'année est restée à
l'intérieur des indicatifs qui avaient été
donnés...
M. Garon: À l'intérieur du cadre.
M. Giasson: Comme ce n'était pas affecté aux
prêts individuels et pris globalement, le fédéral a
dû rembourser toutes les pénalités qu'il avait
perçues en cours d'année.
M. Roy: C'est cela. Mais moi, j'aimerais être bien clair et
bien précis là-dessus. Il y a peut-être eu des erreurs et
je suis bien prêt à l'admettre, mais jusqu'à maintenant, il
y a des cas qui m'ont été soumis et il y a des agriculteurs qui
n'ont pas encore reçu tout leur remboursement.
M. Garon: Ils ne l'ont pas encore reçu, mais ils vont le
recevoir normalement.
M. Roy: Du fédéral?
M. Garon: Oui.
M. Roy: Ils vont le recevoir?
M. Garon: On l'a annoncé au début d'avril. Est-ce
qu'ils ont fait tous les versements actuellement? Je ne suis pas au courant. On
peut le vérifier.
M. Roy: II serait bon que ce soit vérifié, parce
qu'il y a des agriculteurs qui ont été lourdement
pénalisés là-dessus.
M. Garon: Ils pourraient vérifier auprès de leur
fédération.
M. Roy: Mais le provincial garde toujours ce montant de $6
millions, au cas où cela s'avérerait nécessaire?
M. Garon: S'il y avait des pénalités qui
n'étaient pas remboursées, mais ce n'est pas le cas; le
fédéral est censé rembourser.
M. Roy: Oui. Mais s'il y avait des cas qui pourraient être
discutés, la fédération pourra en prendre...
M. Garon: Même si cela coûte plus cher que $6
millions, pour le surplus, on va le prendre sur le montant des
pénalités.
M. Roy: D'accord.
M. Garon: On dit $6 millions à $7 millions, on le prend
sur les $6 millions des pénalités.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-François.
M. Rancourt: M. le Président, dans quel secteur de
l'agroalimentaire travaille-t-on au développement des marchés
intérieurs et extérieurs actuellement?
M. Garon: Pourriez-vous répéter votre question?
M. Rancourt: Dans quel secteur de l'agroalimentaire
travaille-t-on actuellement, à l'intérieur du budget
alloué, au développement des marchés intérieurs et
extérieurs?
M. Garon: Dans le troisième élément du
programme 5, qui s'appelle: Diffusion des données, développement
des marchés intérieurs et extérieurs, étude du
potentiel, aide aux producteurs afin de rendre leurs produits plus
adéquats, recherche des marchés intérieurs et
extérieurs, promotion de divers produits agro-alimentaires
québécois.
Si vous tenez compte des montants que je viens d'indiquer, vous avez un
budget qui, à toutes fins pratiques, est triplé, en 1977/78, par
rapport à 1976/77.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: C'est une observation. Le fédéral n'est
pas si méchant que cela. À un moment donné, il a
réalisé qu'il avait été fautif et il rembourse. Ce
n'est pas pire. Pour le lait.
M. Garon: C'est-à-dire que, premièrement, c'est
parce qu'il y a des élections; deuxièmement, parce que les
électeurs n'ont pas produit plus que tant et, troisièmement, ils
ont été obligés de vendre 52 000 vaches dans la province.
Notre trou-
peau est passé, au cours de l'année, de 962 000 à
910 000.
M. Cordeau: Pour la distribution de quotas de lait, à un
moment donné, il faudrait faire une petite analyse. Qui donnait les
quotas de lait? Je pense que l'UPA a été pas mal large dans la
distribution des quotas.
M. Garon: C'est parce que le fédéral, en 1975, les
encourageait à être larges.
M. Cordeau: Peut-être. Mais dans cela, les coupables, il y
en a peut-être plusieurs qui ont mis la main dans le sac, vous savez. Ce
n'est pas que le fédéral qui a été coupable dans
tout cela.
M. Gagnon: Un instant! M. Cordeau: Oui.
M. Garon: II y a que le fédéral qui a coupé
cela d'une façon sauvage. Le cultivateur ne peut pas oublier cela,
à moins de recevoir des coups de pied dans le derrière et de se
retourner vers le gars et de dire: Merci, j'aimerais en avoir d'autres. Cela a
été une façon sauvage de couper cela, en avril. Il aurait
pu couper graduellement...
M. Cordeau: C'est la nouvelle méthode. M. Garon:
... pour équilibrer le marché.
M. Cordeau: Mais si on a eu tant de lettres dans le
Québec...
M. Garon: 20%, c'est considérable.
M. Cordeau: ... à un moment donné, il y a eu des
coupables aussi au Québec.
M. Garon: Le fédéral, en 1975, a encouragé
la production...
Une voix: C'est cela.
M. Garon:... il stimulait la production, en 1975.
M. Cordeau: Je pense que tous les méchants ne sont pas
toujours du même côté.
M. Garon: Pardon!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, j'aurais une observation
aussi. C'est vrai que le fédéral a stimulé la production
et, en plus de cela, c'est que la même année on a demandé
une augmentation d'environ 5%, si je me rappelle bien. Cette
année-là a été extraordinaire, qui ne s'est presque
jamais vue au Québec au point de vue des récoltes, ce qui a fait
que la vache la moins bonne a donné des records de lait, ce qui a fait
aussi l'augmentation.
M. Garon: En 1975, c'était une année chaude comme
cette année.
M. Cordeau: On ne peut pas pénaliser un gouvernement parce
que les vaches donnent du lait.
M. Gagnon: Absolument pas, mais on aurait pu tenir compte, dans
la coupure, qu'il y avait une augmentation de 10% attribuable à une
année exceptionnelle. La coupure a été
sévère, comme a dit le ministre, c'est réel.
On a parlé tantôt des pénalités qui ont
été remboursées, c'est pour les gens qui n'ont pas
baissé leur production. Ce qui est dommage, je trouve, dans cette
politique, c'est que les gens qui se sont pliés à la demande de
baisser leur production et qui ont vendu des animaux perdent
véritablement de l'argent et ne sont pas remboursés.
M. Roy: Je pense que le député...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je pense que le
député soulève un point extrêmement important. Il y
a des cultivateurs...
Une voix: C'est cela.
M. Roy: ... qui ont dû vendre leur ferme, leurs troupeaux
et qui n'ont pu bénéficier d'aucune forme d'aide ou pratiquement
pas.
M. Garon: Oui, mais...
M. Roy: Ces gens ne peuvent plus se reprendre.
M. Garon: Même à la fin de l'année, ils
remettaient des chèques. J'ai vu des pères de famille qui
n'avaient pas grand-chose à faire, mais, en janvier, ils montraient des
chèques annulés et où on indiquait tant pour les
pénalités. Le gars ne le sait pas. Janvier, février, mars,
ils ont vécu dans l'inquiétude et tout cela. J'ai dit que
c'était un comportement fasciste...
M. Gagnon: C'est cela.
M. Garon: ... un peu comme Hitler a fait dans des pays
occupés.
M. Roy: Là-dessus, si on me permet une observation, M. le
Président, je me rappelle trop les débats que nous avons eus
à l'Assemblée nationale. Pour l'information de nos nouveaux
collègues ici, j'aimerais bien qu'on examine un aspect de la politique
laitière du gouvernement fédéral, une des causes des
événements que nous avons vécus au Québec l'an
dernier. Il ne faut pas oublier que l'année qui a
précédé, le gouvernement fédéral, suite aux
pressions des agriculteurs eux-mêmes, a dû mettre un terme aux
importations de la Nouvelle-Zélande, de l'Australie et d'au-
tres pays. L'an dernier, après que les quotas eurent
été coupés pour le Québec, il y a des usines qui
avaient encore l'obligation de transformer une partie du beurre qui avait
été mis en entrepôt et qui provenait de pays
étrangers. C'est pendant le temps que nous avons écoulé ce
surplus, ces réserves, que le gouvernement fédéral a
imposé des mesures que je qualifie de banditisme et, là-dessus,
j'endosse totalement les propos du ministre de l'Agriculture. C'est du
banditisme de la pire espèce qui a été exercé
contre les agriculteurs de la province de Québec l'an dernier par le
gouvernement fédéral et je regrette de différer d'opinion
avec mon collègue et homonyme de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Non, je suis positif...
M. Roy: Ce que le fédéral a fait l'an
dernier...
M. Cordeau: Un instant!
M. Roy:... je n'y vois aucune excuse.
M. Cordeau: M. le Président, je crois que le
député de Beauce-Sud me prête des intentions que je n'ai
jamais eues, soit qu'il ait mal compris mes paroles ou qu'il me prête des
intentions que je n'ai pas.
M. Charbonneau: Vous avez dit que le fédéral
était moins "pire" qu'on pensait.
Une voix: À un moment donné, il ne faut pas
toujours garrocher des roches.
M. Dubois: II a été extrêmement grave et il a
essayé de se reprendre un peu, et il n'a pas réussi.
M. Charbonneau: II a compris après le 15 novembre.
M. Dubois: De toute façon...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que
l'élément 3 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Élément 4, adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Programme 8?
Gestion interne et soutien
M. Roy: Au programme 8, j'aurais deux questions tout simplement
à poser. À l'élément 1, je pense que cela peut se
poser au niveau de la direction. J'aimerais savoir du ministre si les fameuses
ententes entre Québec et Ottawa qui comportent une somme de $35
millions, dans un programme d'utilisation au cours des cinq prochaines
années, y compris l'année financière qui vient de se
terminer, 1976/77, ont été signées.
M. Garon: Pas encore.
M. Roy: Quand vont-elles être signées?
M. Garon: Je ne peux pas vous donner de date. Je vais vous dire
bien franchement que le haut fonctionnaire qui travaillait à cela n'a
pas pensé qu'il y aurait de question, parce que j'en avais
déjà parlé antérieurement. Il travaille à un
autre dossier avec Ottawa cet après-midi, alors je lui ai dit: Ce n'est
peut-être pas nécessaire que vous veniez. Pour autant que
j'étais concerné, cela devait être signé d'une
journée à l'autre, puisque j'avais signé la partie. Je
sais qu'on est en négociation avec Ottawa pour achever cela. Cela
devrait être signé incessamment.
M. Roy: Est-ce que Québec a signé la partie qui
devait être signée par le Québec? Est-ce que Québec
a signé les ententes?
M. Garon: ...pas encore... On devait signer un projet, à
un moment donné, et quand ce fut le moment de signer, Ottawa a
recommencé les discussions. Alors, c'est cela qui retarde
actuellement.
M. Roy: Est-ce que les discussions sont au point mort à
l'heure actuelle?
M. Garon: Non.
M. Roy: Maintenant, les discussions évoluent à quel
rythme? Parce que j'aimerais faire une extrapolation pour savoir quand cela va
aboutir.
M. Garon: On s'attendait que ce soit signé... Je
m'attendais à annoncer des choses pour le mois de juillet,
commençant en juillet, mais cela prend plus de temps que je ne le
pensais.
M. Roy: Maintenant, sur quel point les discussions
achoppent-elles à l'heure actuelle? Quelles sont les causes, les raisons
pour lesquelles ce n'est pas encore signé?
M. Garon: Le fédéral aime bien, dans ses
programmes, que cela paraisse que l'argent vient d'Ottawa. C'est la
visibilité des montants.
M. Roy: Qu'est-ce que cela veut dire, M. le ministre?
M. Garon: Cela veut dire que si on avait des pancartes qui
marquaient "argent donné par Ottawa", cela serait vite signé.
M. Gagnon: ...
M. Roy: Comme cela, les discussions ont lieu au niveau de
l'annonce du programme?
M. Garon: Non, ce n'est pas cela. Par exemple, certains montants
vont dans le drainage. On a un programme de drainage. S'il y a un peu d'argent
excédentaire ou quelque chose qui va là-dedans, pour donner un
exemple, cela n'aura pas bien l'air de venir d'Ottawa, vis-à-vis d'un
programme provincial. Ottawa, quand cela ne paraît pas évident que
cela vient de lui, il n'aime pas cela.
M. Roy: Oui; mais là, j'aimerais quand même...
M. Garon: C'est la propagande qui est attachée à
l'argent.
M. Roy: ... que quant au niveau de gouvernement, je ne porte pas
d'accusation à ce moment-ci... Mais, il ne faudrait quand même pas
que nos instances supérieures, à quelque niveau que ce soit, se
conduisent comme des enfants qui se querellent pour avoir le prix de
l'inspecteur.
M. Garon: Des chicanes de drapeaux, c'est bien plus long que
n'importe quoi d'autre.
M. Roy: Là, c'est une chicane de drapeaux. Alors,
Lévis les a déjà fait brûler, les drapeaux, lui,
parce qu'il avait des problèmes.
M. Garon: On n'a pas fait de problème.
M. Roy: Non, mais quand même. Les agriculteurs attendent.
S'il y a des implications sur l'année financière qui est
terminée, 1976/77...
M. Garon: Non. M.Roy: Non?
M. Garon: Non, les cultivateurs ne sont pas
pénalisés au cours de cette année...
M. Roy: Non, mais il y a des implications quand même sur
l'année financière 1976/77. Je comprends que les ententes peuvent
être rétroactives, mais, en attendant...
M. Garon: On ne perd rien là-dedans.
M. Roy: Tant et aussi longtemps que ce n'est pas
signé...
M. Garon: Oui.
M. Roy:... tout le monde est obligé d'attendre.
M. Garon: Oui.
M. Roy: J'aimerais demander ceci au ministre, je ne veux pas
prolonger la discussion là-dessus: Est-ce que le ministre accepterait
d'examiner ce dossier de façon particulière, puisqu'il nous a dit
que le responsable de ce dossier n'était pas ici aujourd'hui, de
l'examiner, de faire le point de la situation et pour être en mesure de
nous répondre à l'Assemblée nationale?
M. Garon: J'ai déjà répondu, en fait...
M. Roy: Oui, vous avez dit: Dans quelques jours. Mais c'est un
peu comme le type qui dit qu'il va faire quelque chose la semaine prochaine.
Cela prend du temps à arriver.
M. Garon: Oui, mais quand vous vous en allez avec un document
à signer et vous pensez que l'autre va le signer et qu'à un
moment donné, il recommence les discussions...
M. Roy: Je ne demande pas au ministre de nous annoncer que le
document va être signé. Tant mieux s'il est signé.
J'aimerais quand même que le ministre, à l'Assemblée
nationale, puisse être en mesure de nous dire ce qui en est au juste, ce
qui achoppe et qui empêche la signature.
M. Garon: C'est difficile à expliquer, mais c'est... Le
fédéral aimerait bien... Si on le remerciait chaque fois qu'on
fait un chèque et qu'on marquait que le fédéral a
contribué à ça, voyez-vous, le problème serait vite
réglé. C'est un peu comme les allocations familiales. Le
fédéral ne veut pas les abandonner, parce que...
M. Roy: Ah! Cela lui prend un télégramme de
félicitations, autrement dit.
M. Garon: Pas un télégramme, mais ces gens veulent
que la population... Ils veulent que le message à la population ait
l'air... que ça paraisse que c'est de l'argent qui vient d'Ottawa.
M. Roy: Est-ce qu'ils ont mis dans la convention une condition
selon laquelle ils vous demandent de livrer le message vous-même?
M. Garon: Non, mais dans les discussions... Pardon?
M. Cordeau: M. le Président, si le ministre est
gêné de dire qu'il reçoit ça du
fédéral, qu'il nous en fasse part et nous, on va le dire, que
ça vient du fédéral. Ce n'est pas plus gênant que
ça.
M. Charbonneau: Vous n'avez pas compris? C'est que le
fédéral nous envoie ses pancartes...
Une voix: Oui, oui.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple concret, particulier,
concret, clair. Actuellement, dans le drainage souterrain par exemple,
Québec subventionne le drainage en donnant $0.20. Supposons qu'à
cause de l'entente avec Ottawa on ajouterait $0.02. Le fédéral
aimerait bien que cela paraisse, que c'est quasiment lui qui fait le drainage.
Il y aurait $0.02, et cela aurait l'air de $0.22. Il aimerait bien cela.
M. Vaillancourt (Orford): Avez-vous objection à ce que le
nom du fédéral paraisse, étant donné qu'il souscrit
un certain montant? Je pense que c'est normal que, lorsque c'est un plan
conjoint
fédéral-provincial, le nom du fédéral
paraisse dans l'entente.
M. Garon: Bien, plan conjoint. Ne nous excitons pas trop
trop.
M. Beauséjour: Si c'est $0.02, il n'y a pas assez de
peinture pour marquer le nom.
M. Cordeau: Mettez le nom du fédéral moins gros que
celui de la province. Aucune objection.
M. Garon: On ne parle pas de mettre le nom. À un certain
moment, il y a une entente et, à cause de l'entente, on va donner tant
de plus...
M. Roy: Je veux bien comprendre le ministre, mais allez donc
expliquer cela aux producteurs agricoles. Le type qui va prendre le risque
d'aller expliquer cela aux producteurs agricoles va faire rire de lui et il va
passer pour pas sérieux.
M. Garon: Pas tant que cela. Regardez les gouvernements qui
mettent des grosses pancartes, à un certain moment, qui disent: Votre
argent est à l'ouvrage. Cela coûte à peu près $1000
ou $1500 du panneau. Ils seraient bien mieux de laisser le panneau et de
dépenser les $1500 ailleurs. Mais ils veulent montrer qu'ils font
quelque chose. C'est cela.
M. Roy: Oui, mais allez voir ce que la population pense de cette
pancarte. Elle pense exactement ce que le ministre en pense.
M. Garon: J'en pense la même chose.
M. Roy: Bon. Alors, c'est pour cela que je vous dis que
l'argument que vous nous donnez aujourd'hui je comprends le ministre et
la situation dans laquelle il est il reste que ce n'est pas un argument
qu'on peut véhiculer à l'heure actuelle. On va passer pour des
gars qui ne sont pas sérieux.
M. Garon: Les fonctionnaires négocient actuellement? Ils
se rendent compte...
M. Roy: Mais je demande tout simplement ceci au ministre.
Faites-nous donc le point, que le ministre mette les cartes sur table et nous
dise exactement ce qu'il en est, noir si c'est noir, blanc si c'est blanc, rose
si c'est rose. Qu'il nous dise exactement ce qui en est devant
l'Assemblée nationale. Je pense qu'à partir de ce moment, tout le
monde va savoir à quoi s'en tenir. Le fédéral prendra
aussi ses responsabilités.
M. Garon: C'est non seulement ça. Ce n'est pas un don
qu'il fait. C'est parce qu'il leur enlève le subside sur le transport du
grain de l'Ouest et compense pendant cinq ans. Après cela, il ne
compense plus. C'est cela, au fond, et il aimerait que cette affaire paraisse.
C'est le Père Noël qui vient de passer dans la province.
M. Roy: II n'y a rien qui empêche de renouveler les
ententes dans cinq ans et de discuter d'un autre programme. Les programmes
intergouvernementaux n'ont jamais été des programmes permanents,
des programmes éternels. Les circonstances, les conditions, les besoins
changent. Je trouve que les raisons...
De toute façon, quand on me demande des explications, pourquoi
les ententes ne sont pas signées, je n'oserais pas répéter
ce que le ministre nous a donné comme explications aujourd'hui,
malgré que je comprenne le ministre.
M. Cordeau: M. le Président, étant donné que
nous sommes encore dans le système fédéraliste, il faut
quasiment agir, je pense... On n'est pas encore indépendant...
On n'est pas souverain, autonome ni séparatiste. Quatre
expressions pour faire plaisir à tout le monde, mais en attendant, je
pense qu'il faut marcher à l'intérieur du système et si le
fédéral en donne, eh bien, qu'on aille le chercher, notre argent,
puisqu'on a le droit d'aller le chercher.
M. Garon: C'est ce qu'on fait.
M. Cordeau: II ne faudrait pas s'arrêter sur des virgules
et des points-virgules pour priver nos Québécois d'argent, qu'il
vienne de droite ou de gauche. C'est de l'argent quand même dont la
province a besoin. Qu'on signe les ententes et qu'on aille le chercher.
M. Garon: Je suis d'accord sur cela.
M. Beauséjour: ... c'est notre argent qui s'en va
là-bas et qui...
M. Cordeau: Cela ne fait rien. On vit dans le système
actuel, vivons. On vit dans le système actuel, agissons à
l'intérieur de ce système.
M. Roy: Les gars du fédéral nous répondent
qu'ils ont à souffrir l'odieux, d'avoir taxé la population.
M. Garon: Vous savez, M. Duplessis, pendant 20 ans, a fait la
démonstration que de négocier avec Ottawa, ce n'était pas
si facile que cela. C'est pour cela qu'aujourd'hui...
M. Cordeau: Non, il a obtenu des choses, mais il négociait
toujours. C'est entendu que si vous ne négociez pas, vous êtes
certain de ne pas en avoir, en partant.
Le Président (M. Boucher): Messieurs, nous sommes à
l'heure de l'ajournement. Il va y avoir un vote en Chambre à 18 h 5.
Alors, disons que...
M. Roy: M. le Président, si vous me le permettez, je ne
veux pas parler au nom de mes collègues, mais j'ai une petite question
à poser et j'aurai fini, en ce qui me concerne. J'ai dit que j'en avais
deux, parce que cela a été long. C'est la réponse qui a
été longue, ce n'est pas la question.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que les membres sont
d'accord pour adopter le programme 8 avant 18 h 5?
M. Roy: Je suis d'accord. Je ne veux pas brimer...
M. Cordeau: J'ai une question à poser.
Une voix: On a trois questions à poser de l'autre
bord.
M. Roy: On est aussi bien d'ajourner nos travaux.
M. Picotte: M. le Président, on ne peut avoir le
consentement unanime pour continuer, étant donné que nous avons
une réunion à 18 h 15 et qu'on doit voter à 18 h 5 pour le
mieux-être de tous les agriculteurs du Québec. Cela permettra
à ceux de nos collègues qui le veulent de revenir sur la
betterave à sucre, jouissant en plus du grand coeur du leader
parlementaire de nous accorder une autre séance. Alors, je propose, M.
le Président, l'ajournement sine die.
M. Cordeau: Hier, j'ai demandé à M. le ministre
s'il y avait possibilité de nous donner une copie de l'entente entre le
ministère de l'Agriculture et le ministère des Transports,
concernant les cours d'eau. Vous savez, pour les fermes. Il y a eu une
entente... Le protocole d'entente entre l'Agriculture et les cours d'eau... le
ministère des Transports, je crois.
Le Président (M. Boucher): Nous ajournons sine die.
M. Cordeau: Sur les fossés, s'il y avait
possibilité...
(Fin de la séance à 18 h 1)