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Commission permanente de l'Agriculture et de la
Colonisation
Projet de loi no 64 Loi du syndicalisme
agricole
Séance du jeudi 26 août 1971
(Dix heures treize minutes)
M. FRASER (président de la commission permanente de l'Agriculture
et de la Colonisation): A l'ordre, messieurs! Nous sommes ici pour
étudier le bill 64, la Loi du syndicalisme agricole, et je vais demander
au ministre de parler le premier, s'il le veut.
M. TOUPIN: M. le Président, très rapidement, je voudrais
simplement souligner l'importance de cette commission qui va porter sur le
projet de loi no 64 et qui a pour effet de proposer une loi sur le syndicalisme
agricole. Evidemment, nous sommes conscients que ce projet de loi n'est pas
parfait en soi, qu'il n'est pas complet et c'est la raison pour laquelle nous
avons tenu à consulter les principaux intéressés en ce qui
a trait à ce projet de loi sur le syndicalisme agricole. Donc, c'est
avec intérêt que nous entendrons tous ceux qui ont des opinions
à émettre et que nous prendrons en considération tout ce
qui sera dit pour, s'il y a lieu, faire des amendements ou réviser
certains articles du projet de loi. J'espère que cette première
séance sera de nature à éclairer tout le monde et à
nous aider à mieux structurer nos projets de loi au gouvernement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet a quelques
mots?
Commentaires de l'Opposition officielle
M. VINCENT: M. le Président, un peu plus que quelques mots. Je
voudrais, d'abord, remercier le ministre et le gouvernement d'avoir permis
à la commission parlementaire de siéger, et ça à la
demande, je pense bien, de tous les députés de l'Assemblée
nationale, afin d'étudier cet important projet de loi avant qu'il soit
déféré de nouveau à l'Assemblée nationale
pour la deuxième lecture.
Je voudrais remercier et souhaiter également la bienvenue
à tous les corps intermédiaires qui sont ici
représentés. C'est avec beaucoup d'intérêt que nous
écouterons leurs propos. Nous pourrons également leur poser des
questions qui nous serviront certainement dans ce travail de commission.
Premièrement, M. le Président, je voudrais faire état des
commentaires de l'Opposition officielle en ce qui concerne le syndicalisme
agricole.
M. le Président, dans un monde où toutes les professions,
où tous les groupes d'intérêts et tous les secteurs de
l'activité économique sont fortement organisés, la classe
agricole ne pourra survivre et prospérer que si elle est elle-même
fortement organisée. Tel est l'argument de base que l'on invoquait
déjà il y a quelques dizaines d'années pour convaincre les
cultivateurs de se joindre à leur organisation professionnelle.
Valable dans ce temps-là, l'argument l'est doublement aujourd'hui
puisque l'écart est plus grand qu'il ne l'a jamais été
entre le niveau de vie du producteur agricole et celui des autres agents de
l'économie. Si les cultivateurs n'arrivent pas à se donner les
formes d'organisation les plus modernes et les plus efficaces, ils ne pourront
jamais participer, comme les autres classes sociales, aux avantages du
progrès technique et de la civilisation contemporaine.
Sans compter que dans le contexte actuel ils ne peuvent guère
s'appuyer sur autre chose que leur propre force collective pour obtenir une
plus juste répartition du revenu national, de quelle autre voix, de
quelle autre influence disposent-ils auprès de l'opinion publique?
Est-ce que les printcipaux organes de diffusion, comme les grands journaux, les
postes de radio et de télévision ne sont pas fatalement
concentrés dans les villes, dirigés par des citadins et
imprégnés d'une mentalité urbaine. Comment
s'étonner alors que les valeurs rurales soient constamment
ignorées quand elles ne sont pas présentées comme des
obstacles au progrès, des éléments folkloriques et
réactionnaires?
On parle beaucoup, dans la presse écrite et parlée, de
démocratie, de dialogue et de participation. Même le gouvernement
actuel en parle beaucoup. Mais que fait-on pour accroître la
participation des ruraux à la gestion des affaires publiques et
même de leurs propres affaires? On ne cesse, au contraire, de
réclamer la centralisation des lieux de décision dans tous les
domaines. On ne cesse de répéter qu'il y a trop de
municipalités rurales, trop de commissions scolaires rurales, trop de
comtés ruraux. Les idées mises à la mode par les grands
couturiers de l'opinion publique sont presque toujours hostiles au monde rural
qu'elles présentent comme l'ultime survivance d'un passé
révolu. J'estime que c'est là de la diffamation, peut-être
inconsciente mais souverainement injuste.
Enfin, c'est probablement dans le secteur agricole que se sont
produites, en ces dernières années, les transformations les plus
radicales, les plus rapides et les plus profondes. C'est probablement là
que la productivité, pour chaque unité de production ou de
main-d'oeuvre, a le plus augmenté. Alors que le nombre de nos fermes
diminue sans cesse, le volume de la production monte en flèche.
Dans quel autre secteur de l'économie s'est-on cru obligé
d'imposer des quotas pour freiner la hausse de la production? Mais ceux qui
accaparent les haut-parleurs sur la place publique ont bien d'autres soucis
dans le moment que celui de montrer les progrès de notre vie rurale.
La fondation de l'UCC, il y a près d'un demi-siècle,
était déjà un acheminement vers
des formes plus modernes de syndicalisme. C'était de
l'organisation professionnelle, faite avec les moyens du temps et au prix
d'efforts parfois héroïques, à cause de la dispersion des
cultivateurs et du souci d'indépendance qui a toujours
caractérisé, dans tous les pays, et pas seulement au
Québec, la mentalité des propriétaires terriens.
En 1971, cependant, il est clair que l'organisation professionnelle ne
suffit plus. Même dans les professions les mieux
rémunérées, comme la médecine, on a senti le besoin
de recourir à des formes plus agressives de syndicalisme. C'est ainsi
qu'on a vu surgir à côté du Collège des
médecins, des organismes nouveaux, comme la Fédération des
spécialistes et celle des omnipraticiens, qui ont pris solidement en
main les intérêts de leur profession. Que la même
évolution se manifeste au sein de la classe agricole, il n'y a pas lieu
de s'en étonner.
La Loi des marchés agricoles adoptée à la suite du
rapport de la commission Héon et plusieurs fois modifiée par la
suite, a été un grand pas dans la poursuite de cet objectif. Elle
a permis d'expérimenter et de mettre au point, en milieu rural, des
techniques nouvelles de négociation collective, de consultation par voie
de référendum et même de retenue à la source. Ce
n'était peut-être pas le remède-miracle que certains
attendaient, mais c'était un outil nouveau et particulièrement
puissant, dont les cultivateurs devaient apprendre à se servir, pour
améliorer leur situation économique.
Ce qu'on entend aujourd'hui par syndicalisme agricole, c'est encore plus
que cela. Il faut qu'une fois librement choisi par la majorité des
producteurs agricoles, c'est-à-dire par voie de
référendum, une association soit légalement reconnue et
certifiée, non plus seulement comme une interlocutrice valable, mais
comme l'unique interlocutrice dûment mandatée pour
représenter les intérêts de ses membres et des syndicats ou
fédérations qui lui sont affiliés.
Il faut de plus, que tous les producteurs qui profitent du travail de
cette association accréditée soient tenus d'y contribuer
financièrement, dans la mesure de leurs moyens, selon un principe
largement reconnu dans les autres secteurs économiques ou
professionnels.
Cela implique dans notre esprit une définition précise des
termes "cultivateurs", "agriculteurs," "producteurs", etc., définition
au sujet de laquelle le présent projet de loi est, à toutes fins
utiles, muet. Il est, en effet, extrêmement important que l'on distingue
les véritables agriculteurs, producteurs, cultivateurs, etc., de ceux
qui pourraient, bona fide, déclarer qu'ils exercent telle profession.
Enfin, on peut penser qu'en 1971 il n'est pas normal de faire du
porte-à-porte pour recueillir les contributions des membres. Il faudrait
donc, si tel est le voeu de cette majorité de véritables
agriculteurs, créer un mode généralisé et aussi
simple que possible de retenue à la source.
En d'autres termes, il faut que le secteur agricole,
précisément parce qu'il est l'un des plus faibles de
l'économie québécoise, dispose d'un syndicalisme pour le
moins aussi puissant et aussi efficace que ceux dont profitent les autres
éléments de notre société. Tel est l'objectif que
l'on peut atteindre par une loi ou un code du syndicalisme agricole.
Sauf erreur, M. le Président, l'Union Nationale a
été le premier parti politique à se prononcer pour le
principe d'une telle mesure. A ses grandes assises de mars 1965, elle a, en
effet, adopté unanimement la résolution suivante: " Que l'Union
Nationale réclame l'adoption d'une loi de base reconnaissant
véritablement le syndicalisme agricole, tenant compte de ses
particularités et favorisant le développement d'une force
syndicale véritable pour la classe agricole dans le Québec." La
commission de l'économie rurale du congrès, devant qui cette
résolution avait été d'abord soumise et discutée, y
attachait une telle importance qu'elle n'a pas voulu en soumettre d'autre
à l'Assemblée générale dans le domaine agricole
afin de ne pas disperser l'attention des délégués.
C'est en cette même année 1965 que l'UCC a
présenté au cabinet Lesage son premier projet relatif à
une loi des syndicats agricoles, projet consigné à l'annexe 1 de
son mémoire, pages 27 à 43 inclusivement. Cependant, sans
renoncer pour l'avenir à l'adoption d'une loi semblable, l'UCC
décidait, à son congrès annuel de 1966, de suspendre
temporairement ses démarches à ce sujet et de réclamer
plutôt divers amendements aux législations existantes afin de
mieux préparer le terrain à l'avènement du syndicalisme
agricole.
Voici le texte de cette résolution adoptée par l'UCC
à son congrès de 1966: "Considérant l'évolution
rapide du syndicalisme agricole à vocation générale et du
syndicalisme spécialisé; "Considérant la
nécessité d'assurer le fonctionnement efficace et le
développement du syndicalisme agricole d'une part et la mise en
marché ordonnée des produits de la ferme d'autre part.
"Considérant l'urgence d'adapter les législations existantes
à de tels besoins. "Le congrès général de l'UCC
recommande que la Confédération de l'UCC adopte toutes les
mesures voulues en vue de l'avancement du syndicalisme agricole dans le plus
bref délai possible et, à cette fin, qu'elle fasse le
nécessaire pour que tous les amendements qui s'imposent soient
apportés aux législations existantes dès la prochaine
session de l'Assemblée nationale du Québec, laissant en suspens
pour la période que l'UCC jugera à propos le projet de
législation spéciale de syndicalisme agricole".
Ayant été assermenté comme ministre de
l'Agriculture à la suite des élections de 1966, conscient des
engagements déjà pris par l'Union Nationale en ce qui concerne le
principe du syndicalisme agricole, je voulus obtenir des précisions
additionnelles sur les désirs de l'UCC.
Le 18 novembre 1966, j'adressais donc la lettre suivante à M.
Lionel Sorel, alors président de l'organisme. Je cite cette lettre du 18
novembre. "Objet: Loi du syndicalisme agricole. "M. le Président, "Etant
à établir notre programme d'action en relation avec un grand
nombre de vos demandes, tant du point de vue législatif que des actes
administratifs à poser, ou règlements et mesures à
changer, nous avons cru déceler parmi les résolutions de votre
dernier congrès quelques réticences à aller de l'avant en
ce qui a trait à votre projet initial concernant le syndicalisme
agricole. "Il me serait fort utile d'en connaître un peu plus à ce
sujet et je vous saurais gré de me confirmer ou de m'infirmer
l'interprétation que je fais de ladite résolution. Si cela vous
agrée, vous pourriez me renseigner quant aux nouvelles stratégies
ou à la nouvelle orientation que vous entendez mettre en oeuvre en
regard de ce projet particulier"
Le 5 janvier 1967, je recevais la réponse suivante de M.
Paul-Henri Lavoie, secrétaire général de l'UCC. "Re: Loi
du syndicalisme agricole. "M. le ministre, "Pour faire suite à la lettre
en date du 18 novembre 1966, sur le sujet précité, que vous
faisiez parvenir à M. Lionel Sorel, président
général de l'UCC, il est bien vrai que le dernier congrès
général de l'UCC a adopté une attitude quelque peu
différente de celle suivie au cours des derniers mois, relativement au
projet de législation de véritable reconnaissance du syndicalisme
agricole, ainsi qu'en fait foi la résolution en la matière
adoptée à cette occasion, dont vous trouverez le texte ci-joint.
"Afin de donner suite à cette décision du dernier congrès
général de l'UCC, le conseil général et le
comité exécutif de l'UCC ont convenu que le mémoire annuel
de 1966 de l'UCC destiné au gouvernement de la province de Québec
portera principalement sur les amendements qui doivent être
apportés dans le plus bref délai aux législations
existantes afin de permettre au syndicalisme agricole de continuer à
exercer son action et de se développer sans trop de difficulté.
"Comme ce mémoire sera soumis d'ici quelques semaines aux
autorités concernées, vous posséderez alors, M. le
ministre, toutes les informations nécessaires en vue de vous permettre
d'adopter les mesures qui pourront s'imposer en tenant compte que les
amendements nécessaires aux législations actuelles visent
à faire face à des situations d'urgence, alors que le projet de
législation spéciale du syndicalisme agricole demeure toujours au
programme de l'UCC, même si sa réalisation peut être
différée."
Comme question de fait, dans le mémoire subséquemment
soumis au gouvernement du Québec on trouvait le passage suivant: "L'UCC
a décidé de suspendre, du moins pour un certain temps, le projet
de loi qu'elle présentait l'an dernier au conseil des ministres. Cela ne
signifie pas qu'elle abandonne ses efforts en vue d'une meilleure
reconnaissance du droit d'association en milieu agricole. "Devant les
difficultés rencontrées par le projet de loi et devant
l'évolution du syndicalisme agricole, nous sommes à
réévaluer la situation et demandons plutôt que des
amendements soient apportés à la Loi des syndicats professionnels
et à la Loi des marchés agricoles."
M. le Président, cette prudence était sûrement bien
inspirée. Il est clair en effet que l'avènement d'un nouveau
concept de syndicalisme dans un monde agricole en pleine transformation nous
obligeait à repenser bien des éléments des
législations existantes. Ce n'est qu'à l'automne 1969 que l'UCC
soumettait de nouveau au cabinet un projet de loi touchant le syndicalisme
agricole.
Ce projet était intitulé "Loi constituant en corporation
l'Union des producteurs agricoles du Québec." Le gouvernement du temps
en approuva immédiatement le principe et chargea Me Marcel Trudeau d'en
examiner les modalités et les implications diverses en étroite
coopération avec les organismes intéressés.
Je sais que, dès le mois de novembre 1969, Me Trudeau a
communiqué avec un certain nombre d'organismes à qui il a
demandé leurs commentaires sur le projet de loi. Je sais qu'au
début de 1970 il a reçu des mémoires, par exemple une
lettre-mémoire de la Coopérative fédérée de
Québec sur le sujet et des mémoires d'autres organismes qui sont
ici ce matin. Il appartient au gouvernement actuel, au ministre actuel de dire
ce qui s'est passé par la suite depuis ces mémoires qui ont
été présentés à Me Marcel Trudeau qui avait
été nommé par le gouvernement précédent.
Pour ce qui est de l'Opposition officielle, elle a reçu au
début d'avril 1971 une délégation de l'UCC dirigée
par M. Albert Allain, l'actuel président général de cet
organisme. A la suite de l'entrevue, le cabinet de l'Opposition émettait
un communiqué dont je détache les paragraphes suivants et je
cite: "Les députés de l'Union nationale acceptent le principe du
syndicalisme agricole et se proposent de le manifester publiquement lorsque le
Parlement québécois sera saisi d'un projet de loi en ce sens.
"C'est l'assurance qu'a obtenue aujourd'hui une délégation de
l'Union catholique des cultivateurs qui avait sollicité, il y a quelque
temps, une rencontre avec le caucus des parlementaires de l'Opposition
officielle à l'Assemblée nationale. "Les députés de
l'Opposition officielle ont également fait part de leur intention de
proposer qu'un tel projet de loi, lorsqu'il sera soumis à
l'Assemblée nationale, soit référé à une
commission parlementaire afin d'obtenir que
tous les organismes impliqués puissent y présenter leurs
commentaires". Fin de la citation.
Si je rappelle tout cela, c'est pour montrer que, depuis ses assises de
mars 1965, l'Union Nationale a toujours maintenu, en matière de
syndicalisme agricole, une attitude constante et logique. Elle est pour le
principe d'une évolution déjà amorcée par la Loi
des marchés agricoles et ses divers amendements. Elle estime que la
profession agricole, plus encore que toute autre profession, a besoin d'un
syndicalisme fort, moderne et puissant. Elle tient cependant à ce que
les modalités et les implications de cette réforme soient
étudiées en étroite liaison avec les cultivateurs
eux-mêmes et les divers groupements que concerne ce projet de loi.
Etant admis le principe d'un véritable syndicalisme agricole,
quelle serait, dans le contexte de 1971, la meilleure façon de
l'appliquer? Tel est le problème que nous entreprenons d'étudier
ensemble devant la commission parlementaire de l'Agriculture.
Je ne voudrais pas, à cette étape-ci des
procédures, orienter de quelque façon l'opinion de ceux qui sont
venus nous aider dans cette grande entreprise. Nous sommes ici pour les
entendre, non pour les endoctriner. La plus élémentaire sagesse
nous commande de ne pas rendre jugement avant d'avoir entendu toute la preuve.
Pour ma part, je suis extrêmement intéressé à
connaître l'opinion des divers organismes concernés par le bill
64. Personne ne connaît mieux le problème que ceux qui le vivent
tous les jours.
Je n'ajouterai donc pour le moment que deux remarques d'ordre
général.
Premièrement, j'estime que les nouvelles structures dont nous
rêvons pour la classe agricole seront valables dans la mesure où
elles seront un facteur d'union et non de division.
L'un de nos premiers buts doit être, de toute évidence,
d'unir davantage les cultivateurs eux-mêmes. On sait que, de nos jours,
l'agriculture a tendance à se diversifier et à se
spécialiser toujours davantage. Pour empêcher que ne se
multiplient les cloisonnements au sein de la profession elle-même et pour
grouper, sans les confondre, des types d'exploitation ou de commercialisation
qui varient énormément suivant les productions ou les
régions, il faudra viser à la souplesse plus qu'à
l'uniformité. Par exemple, quelle place fera-t-on dans les nouvelles
structures à nos coopératives agricoles?
De plus, l'agriculture ne peut pas s'isoler des autres secteurs de
l'économie. Par exemple, si nous voulons inciter les consommateurs
à acheter davantage des produits du Québec, comment se passer de
la coopération des industries et des commerces qui forment le vaste
secteur de l'alimentation? Il faut veiller à ne pas allumer des guerres
stériles entre des groupes qui sont plutôt faits pour se
compléter et s'entendre.
Or, la compréhension mutuelle n'est pas seulement une affaire de
bonne volonté; c'est aussi une affaire de structures. Il y a des
structures qui, précisément parce qu'elles ignorent les
diversités naturelles et les autonomies légitimes, multiplient
fatalement les situations de conflits. Par contre, il y en a d'autres qui sont
génératrices de paix et d'union. Pour ces dernières, nous
avons, dans l'Opposition officielle, un très net parti pris.
Ma seconde remarque découle un peu de la première. Je
voudrais que les nouvelles structures soient au service de tous les
cultivateurs, et pas seulement d'une aristocratie de privilégiés.
On me comprendra mieux si l'on songe à ce qui se passe dans le domaine
ouvrier. Après des dizaines et des dizaines d'années
d'organisation syndicale, il y a encore plus de 50 p.c. de nos salariés
qui ne sont pas syndiqués et qui ne bénéficient que
très indirectement des avantages du syndicalisme. Je ne voudrais pas que
la même situation se présente dans le domaine agricole.
Aux économiquement faibles, aux malchanceux, aux marginaux du
monde ouvrier, le gouvernement offre tout de même une protection qui est
celle du salaire minimum. Personne ne trouve à y redire. Or, on a
actuellement tendance en certains milieux à dire au gouvernement qu'il
ne doit plus aider les marginaux du monde agricole, qu'il doit plutôt les
laisser tomber, les écarter de la route. Il faut tendre, bien sûr,
à ce que tous les cultivateurs puissent vivre par eux-mêmes dans
toute la mesure du possible. Mais si, en supprimant une foule de subventions
qui permettaient à un certain nombre d'entre eux de joindre les deux
bouts, on fabrique de nouvelles fournées de chômeurs et
d'assistés sociaux, est-ce que ce sera vraiment un progrès?
L'agriculture a toujours été, partout dans le monde
qu'on regarde les statistiques de chacun des pays du monde une
occupation fortement subventionnée par les pouvoirs publics. Est-ce que
les raisons qui ont amené cet état de choses ailleurs n'existent
pas aussi au Québec?
Enfin, tel quel, ce projet de loi porte sur l'organisation de la
profession agricole. Ce projet de loi répond-il aux voeux de la grande
majorité des véritables agriculteurs? D'autre part, une fois
dépassé ce stade de l'organisation proprement dite de la
profession, le gouvernement entend-il procéder à un
réaménagement des territoires agricoles ou plus explicitement
à ce qu'on appelle, dans d'autres pays, une réforme agraire?
Nous serons heureux d'entendre les véritables agriculteurs nous
dire si, au-delà des préoccupations actuelles, on leur a fait
voir quelles seraient les conséquences d'un acte législatif qui
consacre déjà dans les faits un contrôle de l'Etat sur
l'économie rurale.
Sur toutes ces questions, je serais heureux, M. le Président,
d'entendre les réactions des organismes que je remercie et qui ont bien
voulu répondre à l'invitation de notre commission. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
Autres commentaires
M. BELAND: M. le Président, après une gestation de
plusieurs années, nous avons vu naître, enfin, un bill qui
s'appelle le bill 64. Je serai très bref dans mes observations, mais par
contre je tiens à en donner quelques-unes.
Il est beau d'énoncer toute une kyrielle de principes, mais
à un moment donné il faut passer à l'action. Donc, je me
limiterai à quelques principes de base. L'intervention de l'Etat doit se
limiter à unir légalement au sein d'une association ce groupe
d'individus. L'Etat ne doit pas tout accaparer ou tout dominer. Le
véritable rôle de l'Etat est de surveiller, stimuler le bon
fonctionnement des activités décidées par les fermiers
eux-mêmes. L'ordre sur le terrain économique est une
économie au service des hommes à l'intérieur de sa
profession. La mission du droit public est de servir le droit privé et
non de l'absorber. L'Etat se doit de respecter les droits de l'ensemble des
agriculteurs. Il s'agit d'imposer le respect de la nature particulière
de chacune des professions. Jusqu'à ce jour, peu de possibilités
de défendre leurs droits au même titre que les autres associations
professionnelles ont été données aux agriculteurs.
Les cultivateurs ont parfois, d'une certaine façon,
jusqu'à maintenant, subventionné les compagnies
papetières, les grandes agences de mise en marché des produits
agricoles au prix de milles sacrifices et avec la bénédiction des
gouvernements passés. Il faut que cela cesse et cela presse. Mais nos
cultivateurs du Québec ne sont pas prêts à accepter
n'importe quoi et à n'importe quelles conditions. Les agriculteurs sont
continuellement relégués au dernier rang. Par chance, nous avons
affaire à une classe d'individus très patients, mais cette
patience a une limite, et depuis un certain temps, cette limite est
dépassée. Passons maintenant à l'action et écoutons
les dignes représentants de nos agriculteurs. C'est à la suite de
ces mémoires que nous pourrons, nous, du Ralliement crédi-tiste,
prendre une position éclairée devant le présent bill.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, la commission s'est
réunie ce matin pour étudier le bill 64, Loi du syndicalisme
agricole. Quelques remarques au début. D'abord, le but de la commission
est d'entendre, d'écouter les parties, les groupes concernés.
Nous allons écouter les représentants de l'UCC et de tous les
corps intermédiaires. Le but, surtout, est d'écouter avec
objectivité les gens qui vivent le problème, les cultivateurs
eux-mêmes, les représentants de l'UCC afin de rendre cette loi le
plus efficace possible.
C'est-à-dire, que la Loi du syndicalisme agricole, ne
règle rien en soi, dans la classe agricole, elle ne règlera pas
les problèmes, mais c'est un outil qui permettra aux cultivateurs de
revendiquer avec plus de force, d'avoir un syndicat le plus fort possible qui
sera représentatif et qui pourra collaborer avec le ministère de
l'Agriculture et de là élaborer des politiques, afin de
régler tout le problème, c'est-à-dire pas à 100
p.c. les problèmes ne sont jamais réglés à
100 p.c. mais autant que possible, d'aider la classe agricole qui est
une classe importante de la société québécoise, et
qui, à venir jusqu'à présent, n'a pas tellement
été choyée de la part des gouvernements.
C'est un outil de revendication, et il sera bon en soi pour autant que
la loi aura de l'efficacité; Nous avons étudié le projet
de loi assez sommairement, il y aura probablement des amendements qui seront
apportés lorsque nous en discuterons en comité plénier,
mais seulement la bonne façon de savoir quel est le moyen de rendre
cette loi la plus efficace, cette loi la plus parfaite possible, pour qu'elle
puisse aider la classe agricole, c'est d'écouter les gens qui sont
avisés, les gens qui sont concernés, comme je le disais
tantôt.
Alors, nous, de la commisssion parlementaire, allons écouter ces
gens-là, nous pouvons prendre leur avis, prendre des notes et surtout
essayer de rendre tout le mécanisme praticable pour les
adhérents, ceux qui vont adhérer au syndicat, pour la
cotisation... Enfin, il y a tout un mécanisme, un processus dans le
projet de loi, qui probablement pourrait être amélioré.
Ce sont les quelques observations que j'avais à faire. Quant
à moi, je suis prêt à passer à l'audition des gens
qui sont appelés ici.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, nous avons, aujourd'hui, deux organismes, la
Corporation des agronomes de la province de Québec, le président
général M. Paul Morin et M. Théodore Mongeon,
secrétaire général. Et aussi, l'Union catholique des
cultivateurs, représentée par M. Allain, je vois qu'il est ici,
M. Henri-Paul Proulx, secrétaire général et M. Roland
Blais, conseiller juridique. J'invite M. Morin à s'adresser à la
commission.
M. MORIN: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez un texte M. Morin?
M. MORIN: Je regrette beaucoup, la consultation avec nos membres a
été plus lente que nous avions prévu et nous n'avons pas
de texte disponible. Seulement, nous pourrions polycopier le texte que nous
avons pour vous le distribuer à la prochaine séance du 2
septembre.
Est-ce que ça vous convient?
M. DEMERS: Il sera au journal des Débats.
Corporation des agronomes
M. MORIN: Alors la Corporation des agronomes de la province a
été heureuse de se pencher sur le bill 64, et voici les
réflexions que nous avons à vous soumettre. Cette motion que nous
voulons faire au sujet du bill 64, M. le Président, se limitera à
quelques commentaires. Les idées que nous émettrons sont le fruit
d'un sondage auprès de nos directeurs qui représentent chacune
des régions de notre province.
Nos agronomes ont pour mission de travailler à
l'amélioration du sort de nos agriculteurs. Ils oeuvrent dans
différents secteurs de l'agriculture dont celui de la commercialisation
des produits agricoles. Devant la complexité grandissante de la mise en
marché des produits, nous réalisons que nos agronomes doivent
contribuer davantage à la solution des problèmes qu'on y
affronte.
Nous reconnaissons l'importance et les principes généraux
énoncés dans le bill 64 intitulé Loi du syndicalisme
agricole. Cette loi, une fois appliquée, ne peut qu'avoir des effets
bénéfiques sur notre agriculture. Nous attirons cependant
l'attention de la commission sur le fait que les coopératives agricoles
ont joué et continuent à jouer un rôle
prépondérant dans le domaine de la commercialisation des produits
agricoles. Il nous semble que la Loi du syndicalisme agricole devrait tenir
compte davantage de ces faits et laisser aux coopératives une plus
grande possibilité d'évoluer dans les cadres de cette loi.
Nous pourrions ainsi arriver beaucoup plus rapidement à des
solutions valables en mettant à contribution et les coopératives
et les syndicats. Tenant compte de l'éparpillement des producteurs
à travers la province producteurs s'adonnant à une
même production et de bien d'autres facteurs qu'il serait trop
long d'énumérer ici, cette loi est difficile d'application. Il
serait donc souhaitable qu'une campagne intense d'information soit
lancée aux fins de s'assurer que tous les producteurs pourront, en
connaissance de cause, prendre position quand il s'agira de se prévaloir
de cette loi.
Un dernier commentaire a trait spécifiquement à la
définition du terme "producteur agricole" qui nous semble trop
général. Un volume minimum de production devrait être
exigé pour rendre un producteur éligible à devenir membre
d'un syndicat. Une étude plus approfondie du texte de loi nous
inspirerait probablement d'autres remarques, mais nous devons nous limiter
à ces quelques mots pour aujourd'hui. Si une autre entrevue vous
apparaissait utile, nous serions prêts à faire travailler, plus en
profondeur, un comité sur cette question.
Ce sont là les commentaires de la Corporation des agronomes de la
province de Québec. Je vous remercie.
M. VINCENT: M. le Président, avant que M. Morin reprenne son
siège, à la toute fin de ses remarques il a souligné un
point très important, c'est-à-dire la définition du
producteur agricole. Je pense bien que cette définition, je l'ai
souligné tout à l'heure, pourra avoir une importance majeure dans
l'application du présent projet de loi.
Est-ce que M. Morin pourrait nous dire, au nom de la Corporation des
agronomes, quelle serait, selon eux, la définition la plus
réaliste, dans un projet de loi d'une aussi grande importance, du
producteur agricole, de l'agriculteur ou du cultivateur? On sait que dans
différents projets de loi on a cherché une définition. On
a établi une définition, à l'Office du crédit
agricole, qui est la suivante: Toute personne est considérée
comme agriculteur quand il est reconnu que c'est sa principale occupation et
qu'elle en retire la majeure partie de son revenu. Cela, c'est à
l'Office du crédit agricole.
On a dit, tout récemment, dans une loi du ministère des
Affaires municipales que toute personne qui en retire au moins 25 p.c. de son
revenu est considérée comme agriculteur pour fins
d'évaluation foncière. Dans une autre législation qu'on a
adoptée récemment, on parle, par exemple, d'un pomiculteur
cela va faire plaisir au président actuel de la commission on a
défini comme pomiculteur toute personne qui cultive des pommiers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il s'enivre au cidre, lui?
M. VINCENT: Alors, ça, c'est vaste: Toute personne qui cultive
des pommiers. A ce moment-là, le député de Sainte-Marie,
qui a trois pommiers en arrière de sa maison, a été...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Deux.
M. VINCENT: ...deux pommiers, a été
considéré comme pomiculteur. Il ne faudrait pas quand même
que le député de Sainte-Marie devienne membre de l'UCC, parce
qu'il a été considéré comme pomiculteur.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je regrette, M. le député, un
de mes pommiers est mort au printemps. H ne m'en reste que deux.
M. VINCENT: Je pense, pour revenir aux choses sérieuses, non pas
que ce n'était pas sérieux de parler du député de
Sainte-Marie, mais nous aimerions avoir...
M. DEMERS: Comme ça, vos pommiers ne peuvent pas vivre avec
vous.
M. VINCENT: Je pense bien que ceci devrait être un des rôles
de la Corporation des agronomes, de nous aider à trouver une
définition aussi fidèle que possible du mot ou du terme
"agriculteur" ou "producteur".
M. MORIN: Je conçois bien, M. le député, que c'est
la définition la plus difficile à donner, surtout dans
différents secteurs de l'agriculture. Seulement, il nous est apparu,
selon le texte du bill, que pour le mot "producteur" on donnait une
définition beaucoup trop vaste. Il est défini comme ceci: "Une
personne engagée dans la production d'un produit agricole sauf..." Il y
a quelques exceptions, en somme, ceux qui ne mettent pas sur le marché
de produits agricoles.
Pour nous, il nous semble qu'on englobe là toute une série
de personnes qui peuvent être tout simplement des résidents sur
des fermes, qui vendent peut-être le lait de deux vaches ou encore qui
élèvent deux porcs ou deux truies et qui vont se classer comme
producteurs agricoles. Elles n'ont pas la motivation, si vous voulez, du vrai
producteur professionnel, qui doit être celui qui doit être
considéré d'abord dans une loi comme celle-là.
Alors, j'accepterais facilement, nous pourrions consulter nos membres
là-dessus, mais j'accepterais facilement, s'il y a moyen de
l'établir, qu'on dise: Celui qui tire 25 p.c. de ses revenus de la
ferme, pour l'application de cette loi. Pour l'application d'autres formules
d'aide à l'agriculture, on est plus sévère, on applique
à peu près les termes que le crédit agricole donne au mot
"agriculteur" comme définition.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que M. Morin pourrait nous
dire, d'ici la prochaine réunion de la commission parlementaire, s'il
pourrait rencontrer les directeurs de la Corporation des agronomes? Vu qu'il a
mentionné que les agronomes avaient une vaste expérience dans le
monde agricole, et c'est vrai, vu qu'ils sont en contact régulier avec
les agriculteurs, et c'est vrai, est-ce qu'il pourrait nous présenter,
au nom de la Corporation des agronomes, une définition, la plus
réaliste possible, appuyée par la corporation, du terme
"agriculteur" ou "cultivateur"? Cela aiderait certainement le
législateur pour l'avenir.
A ce moment-là, on pourrait faire, comme je le mentionnais tout
à l'heure, un recensement de ce qui existe dans les lois actuelles et
arriver à un terme plus réaliste que celui qui est dans le bill.
Je pense bien que personne d'entre nous ne peut accepter qu'un tel projet de
loi soit voté en troisième lecture par l'Assemblée
nationale, avec une définition aussi vaste, aussi simpliste du mot
"producteur".
Alors c'est la demande que je fais, si les membres de la commission
l'acceptent, nous serions prêts à réentendre la corporation
à la prochaine réunion de la commission, avec un document donnant
le point de vue de la Corporation des agronomes.
M. MORIN: Si c'est le désir de la commission, M. le
Président, nous sommes prêts à nous mettre à la
tâche, pour essayer de trouver une formule.
DES VOIX: Très bien.
M. VAILLANCOURT: M. le Président, est-ce que le
député de Nicolet pourrait nous dire quelle est sa
définition pour un agriculteur?
M. VINCENT: Bien, M. le Président, j'ai eu l'occasion, à
différentes reprises, en Chambre récemment, de mentionner qu'il y
avait des définitions; d'ailleurs je l'ai fait valoir quand il s'est agi
des pomiculteurs, pour l'évaluation municipale. A ce moment-là,
j'ai félicité le ministre des Affaires municipales d'avoir
trouvé une définition beaucoup plus logique que les
définitions qu'on utilise normalement. Quand il a dit que tout
agriculteur, pour être exempt de l'impôt foncier, devait au moins
avoir 25 p.c. de son revenu provenant de l'agriculture.
A ce moment-là, je me suis demandé, même si
c'était un pas en avant, si c'était suffisant, parce qu'à
l'Office du crédit agricole on dit qu'un agriculteur ou un producteur
doit être une personne dont la principale occupation est l'agriculture et
qui en retire la majeure partie de son revenu, c'est-à-dire 50 p.c. et
plus.
Aujourd'hui, nous sommes justement à poser la question à
ceux qui peuvent nous renseigner, à ceux qui travaillent continuellement
avec les agriculteurs. Je pense bien que ça aiderait tous les membres de
la commission à se faire une idée sur la définition
contenue dans ce projet de loi d'avoir un tel document, une telle étude
de la Corporation des agronomes.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que M. Morin peut nous dire
quelles sont, d'après l'énoncé qu'il vient de formuler
dans son mémoire, les principales difficultés qui
découleront de l'application du bill 64? Si j'ai bien compris, M. Morin
aurait dit que le bill tel que conçu était d'application
très difficile.
M. MORIN: Bien, les difficultés que nous voyons, c'est de
regrouper, si vous voulez, les producteurs qui sont éparpillés
sur un très grand territoire. Il s'agit de syndicaliser une série
de producteurs et il faut aller les chercher dans toute la province. Alors,
j'ai l'impression que cette loi, à mesure qu'elle sera connue et rendue
plus facile d'application, va contribuer énormément à un
certain zonage des productions agricoles parce que les producteurs vont
chercher à rassembler les productions dans un secteur donné, pour
autant que la mentalité sera prête à accepter ces
directives.
C'est pour cela que nous parlons d'une campagne d'information qui
préparerait nos producteurs agricoles à accepter cette
loi-là et, surtout, à en connaître les implications pour
s'en prévaloir à juste titre.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce qu'il y a en a d'autres?
M. BELAND: M. le Président, j'aurais également une
question à poser à M. Morin. Comme corporation des agronomes,
est-ce que, à un
moment donné, vous avez présenté ou
suggéré un projet de loi à un gouvernement
antérieur? Savez-vous s'il y a eu quelque chose de préparé
spécifiquement pour venir à donner naissance à un
bill?
M. MORIN: C'est la première représentation que nous
faisons à un gouvernement. La seule chose que nous avons faite dans le
passé a été de préparer un mémoire assez
volumineux pour la commission royale d'enquête sur l'agriculture. On
avait incorporé dans ce mémoire quelques données sur la
formule de mise en marché des produits agricoles. Nous avions
situé le problème et nous avions pris position sur cette
question.
M. BELAND: Merci.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je pense que nous
sommes à l'un des articles les plus importants du projet de loi,
à savoir la définition dans la loi du mot "producteur". Quels
seront les producteurs qui seront touchés par la loi et ceux qui ne le
seront pas? Ce problème se vit dans le monde syndical dans toutes les
sphères, dans les syndicats industriels, que ce soit à
l'Hydro-Québec ou dans d'autres compagnies. C'est toujours un
problème, quand un groupe d'employés est certifié, de
définir quels sont ceux qui font partie de l'unité de
négociation, par exemple je parle d'un syndicat autre que celui
du projet de loi et quels sont ceux qui ne sont pas inclus dans
l'unité de négociation. Souvent, nous sommes obligés de
nous asseoir à une table durant des jours pour savoir si untel est
inclus ou est exclu.
Alors, le même problème probablement va se poser dans ce
cas-ci. J'ai une question à poser au ministre, tout simplement une
question d'information. Quand on dit ici, à la définition du mot
"producteur": "une personne engagée dans la production d'un produit
agricole sauf" et, là, vous avez les exceptions à
mon sens, cela voudrait dire qu'une personne qui cultiverait un produit pour
une valeur de $200 par année, par exemple, serait obligée
d'adhérer au syndicat et deviendrait un producteur au sens de la loi,
c'est-à-dire tel que c'est défini ici.
Est-ce que c'est votre interprétation, M. le ministre? Un type
qui produirait pour $200 de produits qu'il serait obligé de vendre sur
les marchés deviendrait un producteur au sens de la loi et il aurait le
droit d'adhérer au syndicat dont parle cette loi-là? Trouvez-vous
qu'il y a un déséquilibre, c'est-à-dire qu'il peut y avoir
des cultivateurs qui produisent pour $2,000 ou $3,000 de produits X, et l'autre
qui va produire pour $200 est inclus dans la loi également? Même
moi, si je vends les pommes de mes trois pommiers, je peux faire partie...
M. VINCENT: M. le Président, c'est deux, il y en a un de mort au
printemps.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai oublié de vous dire que j'en ai
planté un autre.
DES VOIX: Ah! Ah! Ah!
M. VINCENT: Il n'a pas produit cette année.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour revenir aux choses sérieuses, je
voudrais tout de même avoir l'avis du ministre sur la façon dont
il interprète la définition du mot "producteur". Pour moi c'est
très ambigu.
M. TOUPIN: Cela parait peut-être ambigu au premier abord, mais
dans notre esprit c'est assez clair. Un producteur est celui qui met en
marché un produit; c'est la définition qu'on donne au mot
"producteur". D'ailleurs, c'est la définition que vous retrouvez dans la
Loi de la mise en marché et c'est cette définition-là
précisément qui nous permet d'atteindre tous les producteurs
agricoles. La confusion règne peut-être quant à la
définition d'un agriculteur par rapport à un producteur. Il peut
y avoir là confusion, mais il reste que tous ceux qui mettent en
marché un produit donné sont des producteurs agricoles,
même s'ils en mettent seulement pour $200 ou $300. Ce sont des
producteurs agricoles. Ce ne sont peut-être pas des fermiers à
temps plein, ce ne sont peut-être pas des agriculteurs à temps
plein qui tirent de là la totalité de leur revenu, mais ce sont
des individus qui mettent en marché un produit et qui se trouvent, par
conséquent, dans l'agriculture.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait de lui
demander une précision à ce sujet-là? Lorsque le ministre
dit que tout producteur est celui qui met en marché un produit, il
comprendra avec moi qu'il n'a rien inventé. Alors, il reste à
savoir, dans le cas spécifique du syndicalisme agricole, quelle est
exactement la définition que l'on devra donner au terme producteur pour
que ce producteur, c'est-à-dire celui qui met en marché un
produit agricole, en mette suffisamment en marché pour être
considéré comme un producteur agricole pouvant être
accrédité en vertu du projet de loi que nous avons devant nous.
Le terme général de producteur, tel qu'on le retrouve dans le
texte de loi, est évidemment très vaste et s'applique à
tout genre de production agricole, commerciale, industrielle, etc. Au moment
où nous étudions cette loi, il est extrêmement important
je ne demande pas au ministre de nous répondre tout de suite
qu'on spécifie en somme quantitativement ce qu'est un producteur
dans le cas spécifique de l'agriculture en fonction de ces gens qui
pourront être accrédités par la loi du syndicalisme
agricole.
M. DEMERS: Si je peux compléter à l'aide
du dictionnaire, on définit le producteur comme celui ou celle
qui crée par son travail des produits agricoles ou industriels. On ne
parle pas du tout de la mise en marché.
M. TOUPIN: On ne parle pas non plus de la quantité, on ne parle
pas non plus du nombre de produits, etc.
M. DEMERS: C'est assez compliqué aujourd'hui. S'ils
étaient des dieux, ceux qui savent définir...
UNE VOIX: Cela peut être important pour d'autres.
M. TOUPIN: C'est justement pour cela que je trouve vos questions
bizarres.
M. VINCENT: M. le Président, ce sont les réponses du
ministre qui sont bizarres. Je pourrais bien retourner ceci au ministre que,
pour obtenir une carte de charpentier-menuisier, on pourrait bien dire: Toute
personne qui sait tenir un marteau, clouer un clou et scier une planche.
Même si je sais tenir un marteau, clouer un clou et scier une planche,
même faire un peu de travail de charpenterie, cela ne signifie pas que je
sois charpentier-menuisier.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, on s'éloigne un peu du sujet.
M. TOUPIN: Les comparaisons nous paraissent boiteuses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me le
permettez, j'avais commencé à poser une question au ministre. Je
ne lui demande pas ce matin de nous donner une définition précise
du mot "producteur". J'insiste simplement sur l'importance qu'il y a de
définir de façon précise le mot "producteur" en fonction
de la quantité de production parce qu'à ce moment-là
n'importe qui, comme on le disait tout à l'heure en faisant des blagues,
a un pommier ou deux pommiers pourrait être un producteur au sens de la
loi.
Mais la question que j'aimerais poser au ministre à la suite des
observations qu'a faites M. Morin est la suivante M. Morin a
souligné les difficultés que pourra poser l'application de cette
loi en regard des organismes coopératifs: Quel est l'avis du ministre
à ce sujet-là? A-t-il conçu un mécanisme de
conciliation entre les exigences des organismes coopératifs et la
présente loi?
M. TOUPIN: Je pense qu'il ne faut pas non plus mêler les cartes.
Un producteur, par rapport à une institution ou à une
organisation de producteurs, ce n'est pas tout à fait pareil. Les
agriculteurs ont à leur disposition une loi ou des lois qui leur
permettent de se former en coopératives pour transformer leurs produits
et les mettre en marché, les entreposer, etc. Dans l'activité
commerciale du produit, il y a ce qu'on appelle l'activité primaire et
l'activité secondaire. On parle du primaire et là, on entre dans
le secondaire, dans la transformation. Il y a une loi qui existe
là-dessus.
A côté de ça, les agriculteurs peuvent bien se
donner une organisation professionnelle, une organisation de profession. C'est
ce que vise le projet de loi: une organisation de profession. Donc, il n'est
pas nécessaire que nous retrouvions dans ce projet de loi la
coopération comme telle. C'est le même agriculteur au fond qui se
retrouve, et dans son association professionnelle, et dans son association
coopérative.
L'une a une fin précise qui est de regrouper les professionnels
et l'autre a une autre fin qui est de prendre les agriculteurs, de leur
demander de participer économiquement à la mise en place d'une
institution et, par l'intermédiaire de cette institution, de transformer
le produit. Donc, il devient extrêmement difficile, voire même
impossible de retrouver partout, et la coopération, et le syndicalisme
agricole et les plans conjoints dans un même projet de loi.
La Loi de mise en marché a également, elle aussi, une
fonction bien précise. Elle donne aux agriculteurs l'occasion de mettre
en place des plans conjoints, des organismes de mise en marché dans le
but de négocier leurs produits, de mettre en marché sous mille et
une forme leurs produits. Et la Loi de mise en marché n'a rien à
voir, ou a peu près, dans ce projet de loi-ci, sauf qu'on peut se servir
de cette loi comme d'un mécanisme de collection d'une cotisation
c'est ce qui est prévu dans cette loi sauf également qu'on
peut se servir du même organisme qui administre la Loi de mise en
marché pour administrer cette Loi du syndicalisme agricole.
Or, il ne faut pas mêler ces lois. Ce sont au fond des lois qui
sont différentes, qui sont à la disposition des agriculteurs, qui
poursuivent des fins un peu particulières chacune dans son champ
d'action, mais qui au fond poursuivent une fin ultime qui est le
mieux-être des agriculteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie le
ministre des explications qu'il nous donne et que nous avions conçues
nous-même, mais c'est parce que M. Morin et je reviens maintenant
à M. Morin pour l'interroger a évoqué les
difficultés que causerait l'application de la loi dans ce domaine de
l'organisation coopérative que j'ai posé cette question au
ministre. M. Morin, mon collègue, le député de
Saint-Maurice, vous a déjà posé la question mais j'y
reviens. Quelles sont ces difficultés que vous voyez? Est-ce que vous
pensez que les gens qui sont groupés dans des organismes dits
coopératifs auraient des réticences, selon vous, à
accepter d'entrer dans ce programme de syndicalisme, dans cette organisation de
syndicalisme agricole?
M. MORIN: D'après la consultation que nous avons faite
auprès de certaines adeptes des coopératives, il leur semble que
la voie pour continuer à exploiter leurs organismes commerciaux ou de
transformation n'est pas assez tracée dans ce bill du syndicalisme
agricole. Ils ne voient pas comment ils vont pas à travers s'il y a d'un
côté des syndicats qui travaillent suivant leurs directives et qui
peuvent, à un moment donné, annihiler les efforts que font les
coopératives pour améliorer la mise en marché des produits
agricoles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. Morin, est-ce que cela voudrait
dire, à la suite des consultations que vous avez poursuivies, que les
cultivateurs réunis dans des organismes coopératifs
considèrent qu'ils sont suffisamment outillés, du fait de
l'existence des coopératives auxquelles ils appartiennent, et qu'ils
n'auraient, de ce fait, pas besoin d'un autre organisme pour poursuivre leur
activité?
M. MORIN: Je n'irais pas jusque là. D'ailleurs, nous avons admis
que le bill était nécessaire et bien fondé et que les
principes énoncés étaient valables. Tout simplement, nous
voulons que les coopératives puissent avoir une certaine liberté
d'action à travers les applications de ce bill. Je ne connais pas toutes
les coopératives qui existent en matière de transformation ou de
mise en marché des produits agricoles, mais je pense qu'un très
grand nombre sont en bonne voie de fonctionnement et sont en mesure de
continuer à travailler pour l'amélioration de la
commercialisation des produits. C'est surtout ce que nous visons dans ce
bill.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Morin, une dernière question. En ce
qui concerne le problème du référendum, est-ce que vous
avez eu l'occasion de consulter les cultivateurs au sujet de cet article 11 de
la loi sur les référendums?
M. MORIN: Sur la question des référendums, nous n'avons
pas eu de consultation avec des producteurs ou des cultivateurs. Seulement,
nous avons eu certains commentaires de nos sections, c'est-à-dire des
directeurs de nos sections locales. Ils ont trouvé que cette question de
référendum n'était pas assez claire et que la clause de 60
p.c. des votants avec une majorité absolue de 50 p.c. de ces 60 p.c.
n'était pas assez précise pour qu'on puisse s'orienter d'une
façon absolument positivé dans l'application de cette loi.
Quelques-uns ont même suggéré un pourcentage plus
élevé de votation obligatoire. Mais, je pense que ce n'est pas
facile d'application.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. Morin.
M. MORIN: Moi, je laisserais 60 p.c. pour le vote obligatoire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. Morin, vous disiez tantôt que vous
aimeriez que les coopératives jouent un plus grand rôle à
l'intérieur de ce projet de loi. Pourriez-vous expliciter davantage et
nous dire par quel mécanisme, de quelle façon vous verriez les
coopératives jouer un plus grand rôle que celui qu'elles jouent
actuellement?
M. MORIN: C'est qu'il peut y avoir une espèce de comité,
une espèce de haut palier de direction de la commercialisation où
seraient représentés par des officiers supérieurs les
syndicats ou la confédération des syndicats en même temps
que, par nos officiers, les organismes coopératifs. Les deux pourraient,
en même temps, tracer la voie et essayer de ne pas annihiler, si vous
voulez, les immenses capitaux qui sont actuellement investis dans les
coopératives et qui doivent, tout de même, garder leur
rentabilité dans la mesure du possible.
Je pense que c'est une question d'approche de l'étude des
problèmes et de bonne volonté de la part de tout le monde pour
arriver à travailler dans le même sens.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci bien.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice?
M. DEMERS: Je n'ai pas de question, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. Morin, on a parlé tout à l'heure de la
définition du mot: "producteur". Je n'y reviens pas. Vous allez nous
préparer quelque chose pour la prochaine réunion?
M. MORIN: Je n'ai pas eu d'ordre de la commission de préparer
ça.
M. VINCENT: Je pense bien que c'est unanime de la part des membres de la
commission que vous nous prépariez quelque chose à ce
sujet-là.
M. MORIN: Nous sommes prêts à faire une tentative.
M. VINCENT: Oui, à titre de suggestion, soumettre à la
commission... Donc, partant de la définition, si on peut trouver une
bonne définition du terme "cultivateur" ou "producteur", par la suite,
en vertu du bill 64, il faudra fabriquer des listes de producteurs, ou de
cultivateurs, et cela, dans tous les territoires, toutes les régions de
la province. D'après votre expérience, M. Morin, et
l'expérience de vos membres également, qui sont en contact direct
avec les agriculteurs, est-ce que cette fabrication
de listes peut se faire facilement? C'est ma question première.
Et, deuxièmement, combien de temps, d'après votre
expérience, et l'expérience de vos collègues, faudra-t-il,
pour qu'une liste complète soit préparée, remise à
qui de droit, pour, par la suite, procéder au référendum,
tel que stipulé dans la législation?
M. MORIN: Je ne vous dis pas que c'est facile de faire des listes de
producteurs. J'y ai déjà participé et je sais ce que cela
veut dire. Il y a tellement d'évolution dans cette question de
productions agricoles.
Un agriculteur est aujourd'hui dans le domaine de la production et il
peut en sortir six mois après. Il faut donc tenir ces listes à
jour, continuellement, pour ne pas commettre d'injustice. Je dirais que c'est
un projet de très grande envergure qui peut nécessiter au moins
un an de travail, pour faire quelque chose de valable.
Maintenant, dans certains territoires, je sais qu'il y a des fiches
d'information qui ont été faites pour chacun des cultivateurs.
Ces fiches d'information nécessairement sont d'un caractère
confidentiel, mais je pense qu'il y aura possibilité à un moment
donné d'extraire simplement le nom du producteur, son adresse et la
production principale qu'il produit. Alors peut-être qu'avec ces
fiches-là, là où elles sont disponibles, nous pourrions
hâter un peu la compilation de listes de producteurs.
M. VINCENT: M. le Président, M. Morin mentionne qu'il peut
prendre un an avant de dresser la liste la plus complète possible...
M. MORIN: Moi, je ne la ferai pas. Je vous donne un aperçu.
M. VINCENT: Non, mais je pense que c'est important, parce qu'en
définitive, si le projet de loi est voté à
l'Assemblée nationale en troisième lecture, au mois de novembre
ou décembre, qu'il y ait une période d'un an avant que la liste
soit complète, qu'il y ait une période pour permettre d'ajouter
ou de retrancher de la liste, ça veut dire que le
référendum ou la demande d'accréditation ne peut pas se
compléter avant l'année 1973, au cours de l'été
1973. C'est important de donner un outil, mais il faut quand même que ce
soit important de savoir à quel moment cet outil sera disponible pour
l'association qui veut se faire accréditer ou pour les cultivateurs qui
veulent se faire représenter.
Donc, là-dessus, je reviendrai avec d'autres organismes.
M. Morin, vous êtes d'accord qu'il y ait une seule association
d'accréditée tel que le veut la loi.
M. MORIN: A condition qu'il y ait une espèce de conseil
général des deux organismes qui puissent se consulter
continuellement.
M. VINCENT: Maintenant, est-ce que votre corporation a regardé le
problème des cotisations syndicales? Dans la législation
actuelle, on parle de deux référendums ou d'un bulletin de vote
à deux volets. On demande à l'agriculteur de se prononcer sur le
même bulletin de vote pour l'accréditation d'une association. Sur
le même bulletin de vote on lui demande de se prononcer sur la cotisation
syndicale prélevée à la source.
Donc, un référendum, un bulletin de vote à deux
volets, c'est un des premiers objectifs de la loi. Par la suite, si
l'association qui aura été accréditée par
référendum, à qui on aura consenti encore par le
même référendum sur le même bulletin de vote une
cotisation syndicale prélevée à la source, est-ce que la
troisième formule, qui dit dans la loi que, lorsque l'association
accréditée voudra augmenter sa contribution ou sa cotisation de
$2 ou de $5 par année, doit être soumise de nouveau à un
référendum?
Est-ce qu'à ce moment-là on a eu le temps de regarder ces
implications, de regarder ce rouage qui peut à un moment donné
devenir très pénible? Parce que si le gouvernement actuel
retournait en élection à chaque fois qu'il augmente les taxes, il
y en aurait eu des élections.
M. MORIN: C'est là qu'est venue notre suggestion de lancer une
campagne intense d'information, pour que les gens sachent à quoi ils
s'engagent et connaissent le rouage de toute cette organisation. Et je pense
que la question du bulletin, avec deux questions à répondre, peut
créer passablement de confusion et la compilation deviendra très
difficile à faire.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, j'ai terminé en
ce qui concerne M. Morin. Je voudrais poser cette question-ci au ministre. On
sait que Me Marcel Trudeau a été nommé pour faire un
travail en novembre 1969. Il a écrit, je pense que c'est à la fin
de novembre, à tous les organismes intéressés à la
Loi du syndicalisme agricole. Il a reçu des réponses, il a
reçu des mémoires, il a rencontré les associations, du
moins jusqu'au 12 mars 1970. Par la suite bien...
M. TOUPIN: Il y a eu un premier mandat qui fut confié...
M. VINCENT: Non, spécifiquement pour la Loi du syndicalisme
agricole. M. Trudeau a été nommé en novembre 1969. Il a
communiqué avec les organismes concerné à la fin de
novembre ou début de décembre 1969; il a reçu des
mémoires. Il a rencontré les organismes concernés. Est-ce
que le ministre pourrait nous faire l'historique du travail qui s'est
déroulé depuis ce moment-là? Quelles ont été
les associations qui ont présenté des mémoires, quels ont
été les groupements qui furent entendus par la personne
nommée pour faire ce travail?
Je crois bien, en définitive, que le bill 64 est le
résultat de ce travail, mais quelles ont été les grandes
lignes de ce travail qui a été fait depuis le mois de novembre
1969 jusqu'à ce jour? Je pense qu'il serait important de savoir quels
ont été les organismes consultés, les mémoires qui
ont été présentés. Le ministre doit certainement
avoir un rapport là-dessus.
M. TOUPIN: Je savais que Me Trudeau avait reçu, bien sûr,
des mémoires et qu'il avait consulté des organismes. Il y en a
une dizaine qui ont soumis des mémoires. Seule l'UCC a soumis des
idées verbalement. Evidemment, je ne peux pas dire le nom de chaque
association, quoique je pourrais, sans doute, les dénombrer les unes
après les autres parce que nous avons ces mémoires au
ministère. C'est à la suite de ces mémoires et à
partir sans doute aussi de ces mémoires que le projet de loi a
commencé à prendre forme pour en arriver à être ce
qu'il est aujourd'hui et, par la suite, à être soumis à
l'Assemblée nationale en première lecture.
M. VINCENT: M. le Président, je pense que, si nous pouvions nous
adresser à chacun de ces organismes, nous pourrions avoir les
mémoires. Mais y aurait-il possibilité, à la prochaine
séance de la commission, que le ministre nous apporte la liste des
organismes qui ont sonmis des mémoires à Me Marcel Trudeau,
chargé par l'Etat du Québec, d'étudier le projet de
l'union des producteurs agricoles du Québec à ce
moment-là, et la copie des mémoires?
M. TOUPIN: Oui, je ne pense pas qu'il y ait d'inconvénient
à ce que ces mémoires soient connus, de même que le nom des
organismes et les textes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est donc acquis que nous aurons les textes
de ces mémoires à la prochaine séance?
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci.
M. TOUPIN: Tout ce que nous possédons, nous l'apporterons.
M. VINCENT: Si j'ai bien compris le ministre, l'UCC n'a pas soumis de
mémoire.
M. TOUPIN: Oui, j'ai dit que l'UCC avait soumis un mémoire et
qu'en plus elle avait fait des représentations verbales.
M. VINCENT: A quelle date l'UCC a-t-elle soumis son mémoire?
M. TOUPIN: C'était plus qu'un mémoire; c'était une
esquisse de projet de loi.
M. VINCENT: Oui, d'accord, au mois d'octobre; mais à la suite de
l'esquisse du projet de loi soumise au conseil des ministres au mois d'octobre
1969 ou au début de novembre 1969, est-ce qu'il y a eu un mémoire
écrit déposé par l'UCC?
M. TOUPIN: Non, seulement celui-là, cette esquisse de projet de
loi.
M. VINCENT: Est-ce que nous pourrions avoir également, en plus
des mémoires, les dates des rencontres avec les principaux
organismes?
M. TOUPIN: Oui, nous vous donnerons la liste et les dates des rencontres
et nous apporterons également le mémoire de chacun des organismes
présentés.
M. VINCENT: Voici, M. le Président, pourquoi je soulève ce
point. J'ai ici, par exemple, la lettre-mémoire de la Coopérative
fédérée de Québec concernant le syndicalisme
agricole obligatoire. M. Pigeon, qui signe la lettre-mémoire,
répond à une invitation de Me Marcel Trudeau qu'il a reçue
par lettre le 24 novembre 1969, et il soumet cette lettre-mémoire le 15
janvier 1970. Probablement que, pour les autres, c'est la même chose.
Il y a eu également une rencontre avec la Coopérative
fédérée ou avec des représentants de la
coopérative pour des explications. En définitive, ce sont tous
ces détails que nous aimerions connaître. Quand on parle
d'information M. Morin en a parlé tout à l'heure il
faut être de bon compte. J'ai revu le mémoire de la
Coopérative fédérée après que le bill 64 eut
été présenté en première lecture.
J'ai revu le mémoire de la Coopérative
fédérée qui a paru dans le journal La terre de chez nous
et qui parlait encore de l'Union des producteurs agricoles. Il y a quand
même une évolution. Il y a quand même quelque chose qui a
existé entre la présentation de l'esquisse du projet de loi de
l'Union des producteurs agricoles, au mois d'octobre ou novembre 1969, et
aujourd'hui, le 26 août 1971.
Donc, il y a eu une évolution et, si on veut renseigner d'une
façon juste et équitable toute la population, il faudrait quand
même donner cette évolution et non pas se reporter continuellement
aux premières esquisses de projet de loi de l'Union des producteurs
agricoles qui ont été présentées au mois d'octobre
1969. Ce n'est plus la même chose du tout. Il ne faut pas non plus se
reporter au projet de loi qui avait été présenté
par le gouvernement Lesage, en 1965. Ce n'est plus la même chose du
tout.
Alors, si on veut informer, comme le disait M. Morin, tous les
agriculteurs, tous les corps intéressés, il faut faire cette
évolution, il faut la mettre sur papier et, à ce
moment-là, peut-être qu'on pourra cerner certains problèmes
d'information qui se répandent présentement à travers la
province, alors que les gens considèrent encore que c'est la
première esquisse de projet de loi de l'Union des producteurs
agricoles.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, nous allons entendre les
représentants de l'UCC. J'invite...
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une dernière question
à poser à M. Morin. Compte tenu de votre expérience
agronomique et également avec les agriculteurs, est-ce que vous auriez
préféré un projet de loi qui aurait reconnu chaque section
spécialisée de l'agriculture ou si c'est préférable
d'avoir, toujours selon vous, un projet de loi qui reconnaît la
profession dans son ensemble?
M. MORIN: Je pense qu'un projet de loi qui aurait reconnu chaque secteur
de l'agriculture aurait été extrêmement complexe à
bâtir et à appliquer. J'aime mieux un projet de loi de nature
générale et qui, tout de même, tient compte de certaines
contingences dans son application. Il doit y avoir moyen de modifier ou
d'améliorer ce projet de loi pour que chacun y trouve sa route et puisse
travailler dans le même sens pour le bien-être de
l'agriculture.
M. BELAND: Donc, si je tiens compte de vos observations, vous
préférez que ce soit ainsi, quitte à y revenir dans X
mois, pour corriger des petites anomalies vis-à-vis de chaque section
spécialisée, étant donné que d'une section
spécialisée à l'autre il peut y avoir parfois une
très grande différence.
M. MORIN: C'est mon impression. M. BELAND: D'accord. Merci.
M. LE PRESIDENT: J'invite maintenant M. Allain, le président de
l'UCC, à venir faire ses représentations aux membres de la
commission.
Union catholique des cultivateurs
M. ALLAIN: M. le Président, nous avons un texte. Je ne sais pas
s'il vous a été remis. Oui.
M. le Président, messieurs les membres de la commission, nous
voulons tout d'abord vous remercier de l'occasion que vous nous fournissez de
donner nos points de vue sur la Loi du syndicalisme agricole récemment
adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale.
L'Union catholique des cultivateurs est en effet particulièrement
intéressée et impliquée par ce projet de loi. Aussi,
osons-nous espérer que vous accorderez votre meilleure attention
à nos représentations.
Comme vous le savez certainement, l'UCC regroupe actuellement la grande
majorité, presque la totalité des syndicats et
fédérations de syndicats de producteurs agricoles du
Québec. Elle est composée d'une part de seize
fédérations régionales de syndicats d'exploitants
agricoles qui recouvrent tout le territoire agricole du Québec. Elle
comprend d'autre part huit fédérations spécialisées
de producteurs agricoles qui ont pour fonction ou objectif d'administrer des
plans conjoints de mise en marché. Ces fédérations
couvrent elles-mêmes tout le territoire de la province pour la production
qui les concerne.
Ce sont la Fédération des producteurs de lait industriel,
la Fédération des producteurs de lait de consommation, la
Fédération des producteurs d'oeufs de consommation, la
Fédération des producteurs de chair de volailles, la
Fédération des producteurs de bois, la Fédération
des producteurs de porcs, la Fédération des producteurs de sucre
et sirop d'érable et la Fédération des producteurs de
pommes de terre. L'UCC affilie en outre une fédération de
travailleurs forestiers.
L'UCC, permettez-nous aussi de le signaler, existe au Québec
depuis une cinquantaine d'années. Elle a graduellement défini les
structures syndicales que les cultivateurs ont voulu se donner jusqu'au
modèle que nous venons tout juste de décrire très
sommairement. Elle a toujours regroupé une très forte proportion
des cultivateurs du Québec et le nombre de ses adhérents, par la
seule voie des syndicats généraux, a varié au cours des
années récentes entre 55,000 et 38,000 cultivateurs. Elle est,
pour le moment, la seule organisation susceptible d'obtenir
l'accréditation prévue dans le projet de loi qui est devant vous.
A cause de cette expérience unique que l'UCC a du syndicalisme agricole,
nous sommes également à votre disposition pour fournir toute
information qui pourrait être utile sur les applications possibles de la
loi.
Ceci dit, nous voulons maintenant vous formuler nos points de vue, le
plus brièvement possible, d'abord sur les éléments
essentiels ou les principes généraux de la loi, ensuite sur
quelques conditions qu'elle impose, dans sa forme actuelle pour s'en
prévaloir.
Les principes généraux de la loi. La Loi du syndicalisme
agricole, telle que proposée par le ministre de l'Agriculture et
adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale,
prévoit essentiellement l'accréditation d'une association
agricole provinciale de caractère syndical incorporée en
vertu de la Loi des syndicats professionnels comme représentant
ou porte-parole officiel des cultivateurs du Québec. Elle prévoit
en outre la possibilité pour l'association accréditée de
prélever à la source des cotisations auprès des
producteurs et des contributions auprès des fédérations
pour assurer son financement.
Or, cela répond bien aux attentes et aux véritables
besoins du milieu agricole. Bien sûr, le syndicalisme agricole existe
depuis longtemps, et il est reconnu dans les faits. Il était cependant
nécessaire, pour assurer son fonctionnement adéquat, qu'il ait
une voie d'accréditation officielle et qu'il puisse disposer d'un mode
de financement plus moderne. La loi proposée y pourvoit, du moins dans
ces objectifs.
La Loi du syndicalisme agricole est une loi
de portée générale. Elle n'impose aux cultivateurs
aucune organisation en particulier. Elle leur permet de faire accréditer
l'association qui leur convient, pourvu bien sûr qu'elle soit de
caractère syndical ou regroupe des fédérations de
syndicats de producteurs agricoles. En cela, elle respecte le droit normal des
cultivateurs de se donner des structures syndicales de leur choix et d'y
adhérer. Ce caractère de la loi doit évidemment être
sauvegardé.
Dans sa forme actuelle, l'application de la Loi du syndicalisme agricole
est placée sous la surveillance et le contrôle, quant à
certains aspects, de la Régie des marchés agricoles. Cela
apparaît évidemment assez curieux à première vue. Il
faut cependant comprendre que les structures syndicales que les cultivateurs du
Québec ont voulu se donner depuis 15 ans incluent des syndicats et
fédérations de syndicats qui ont pour fonction d'administrer des
plans conjoints de producteurs pour la mise en marché des produits
agricoles, lesquels plans conjoints existent sous l'empire de la Loi des
marchés agricoles qui est elle-même administrée par la
Régie des marchés agricoles. Force nous est bien d'admettre le
bien-fondé du rôle général qui est accordé
à la Régie des marchés agricoles par la loi.
N'empêche cependant que les responsabilités qui lui sont
confiées sont sur certains points trop larges, ce sur quoi nous
reviendrons.
Quelques conditions d'application de la loi. Si l'UCC est
entièrement d'accord sur les principes généraux de la loi
soumise à votre étude, messieurs les membres de la commission,
elle n'accepte cependant pas toutes les conditions qui y sont posées
pour son application concrète. Nous voulons soulever à ce sujet
deux questions: celle des référendums et celle de la tenue
d'assemblées générales de l'association
accréditée à la demande d'une minorité de
producteurs.
D'abord, les référendums. Dans sa forme actuelle, la loi
prévoit la tenue de trois types de référendums pour son
application: un premier pour vérifier la représentativité
avant que la Régie des marchés agricoles n'accorde
l'accréditation à une association qui en fait la demande; un
second avant d'accorder à une association accréditée le
pouvoir de prélever des cotisations et contributions à la source;
et un dernier référendum pour modifier les maximums (en pratique
les montants) de cotisations et de contributions.
Cela, vous vous en doutez bien, nous apparaît beaucoup trop
onéreux, trop coûteux et est susceptible d'alourdir le
fonctionnement du syndicalisme agricole au point de le compromettre et ne
respecte pas la responsabilité de la classe agricole du
Québec.
Nous croyons en effet que la classe agricole du Québec est assez
responsable pour se prévaloir d'une telle loi syndicale sans avoir
à se référer sur autant de points à des
vérifications par voie de référendum populaire, mais en
utilisant les mécanismes démocratiques normaux relatifs à
l'adhésion des individus à une association et à la
délégation de responsabilités et de pouvoirs des membres
à leurs dirigeants aux différents niveaux. D'ailleurs, des
exigences aussi lourdes ne sont posées à aucune autre
organisation syndicale de notre société. C'est pourquoi nous
croyons tout à fait inopportun qu'un référendum doive
être tenu pour accorder l'accréditation.
La Régie des marchés agricoles pourrait être
chargée de donner cette accrédication après examen des
règlements d'une association qui en fait la demande et
appréciation de son caractère représentatif d'après
le nombre de ses adhérents. De même nous n'acceptons pas que
l'augmentation des cotisations et contributions ne soit pas la
responsabilité des délégués et des membres aux
assemblées générales de l'association
accréditée. C'est là le seul mécanisme susceptible
d'assurer en cette matière des décisions suffisamment rapides et
éclairées et le seul mécanisme qui garantisse en
même temps le sérieux des délégations de
responsabilités des membres d'une association envers leurs
dirigeants.
Quant au référendum aux fins de vérifier si les
producteurs agricoles veulent accorder à leur association le pouvoir de
prélever des cotisations et contributions à la source soit
l'application des section VIIl et IX de la loi nous l'acceptons
étant donné qu'il s'agit d'un pouvoir qui ne va pas de soi avec
l'adhésion à une association. Au sujet des
référendums, si nous n'acceptons que celui qui concerne le
pouvoir de prélever des cotisations et des contributions, nous acceptons
encore moins que deux référendums soient tenus dans un même
bulletin de vote tel que cela est prévu à l'article 13 du projet
de loi. Une telle procédure a déjà été
expérimentée et elle a produit des résultats
contradictoires entre eux. Un référendum populaire, pour qu'il
soit significatif, doit être formulé le plus simplement possible
et fourni l'occasion aux individus qui y prennent part de faire des choix
clairs. Autrement divers biais s'y introduisent et peuvent influencer
sensiblement le résultat.
Au sujet du référendum sur le pouvoir de prélever
des cotisations et des contributions application des section VIIl et
IX la loi exige, pour que ce référendum soit concluant, que
60 p.c. au moins des producteurs qui ont droit de vote se prononcent
effectivement et que 60 p.c. de ces derniers se prononcent favorablement
à l'exercice de ce pouvoir. Nous ne voyons aucunement pourquoi l'on
exige que plus de 50 p.c. des producteurs exercent leur droit de vote et que
plus de la majorité votent favorablement pour que le
référendum soit concluant. De même, la loi exige un
délai de deux ans avant qu'une association accréditée qui
n'a pas été investie du pouvoir de prélever des
cotisations et des contributions à la source lors d'un
référendum puisse demander un nou-
veau référendum. Nous ne voyons pas pourquoi on impose ce
délai et pourquoi on ne laisse pas cette question au jugement de
l'association.
Pour pallier ces diverses anomalies, nous proposons que les articles 7
et 8, les articles de la section IV et l'article 35 soient modifiés dans
le sens suivant :
D'abord, l'accréditation d'une association devrait être
accordée par la Régie des marchés agricoles après
vérification de ses règlements et appréciation de son
caractère représentatif de tous les producteurs agricoles du
Québec.
Dans le cas où les éléments fournis à la
régie pour fonder son jugement sur la représentativité de
l'association qui demande l'accréditation ne lui paraîtraient pas
suffisants, celle-ci pourrait être accordée sous condition que
l'association obtienne le nombre de votes requis lors du
référendum portant sur le pouvoir de prélever des
cotisations et contributions, (l'application des sections VIIl et IX de la
loi). Il est, en effet, bien évident que les producteurs qui acceptent
de donner à une association le pouvoir de prélever des
cotisations et contributions à la source acceptent a fortiori
d'être représentés par cette association.
Le pouvoir d'appliquer les sections VIIl et IX de la loi devrait
être accordé à une association accréditée
à la suite d'un référendum où au moins 50 p.c. des
producteurs se seraient prononcés et où la majorité
absolue de tous ceux qui auraient exercé leur droit de vote se serait
montrée favorable à l'application des pouvoirs prévus dans
ces sections.
L'article 16 de la loi, prévoyant un délai de deux ans
pour la reprise d'un référendum sur l'application des sections
VIIl et IX, devrait être, selon nous, supprimé.
Enfin, si nous acceptons que la loi prévoie des maximums de
cotisation et de contribution pour la période de départ,
l'augmentation des montants de cotisation et de contribution au-delà de
ces maximums devrait être décidée par un vote favorable des
deux tiers des délégués présents à une
assemblée générale de l'association
accréditée. Dans le cas de la cotisation, le règlement de
l'association des producteurs pourrait être ratifié par la
Régie des marchés agricoles. Dans le cas de la contribution des
fédérations, elle pourrait faire l'objet d'un règlement de
la régie elle-même.
La tenue des assemblées générales. Un seul autre
point sur lequel nous voulons proposer ici une modification à la loi
concerne le droit qu'elle accorde à l'article 6, paragraphe d) "à
5 p.c. des producteurs membres de syndicats ou de syndicats
spécialisés affiliés à des
fédérations ou des fédérations
spécialisées qui adhèrent à l'association d'obtenir
la tenue d'une assemblée générale spéciale de
l'association." Nous respectons le droit d'une minorité suffisamment
importante de faire valoir ses points de vue jusqu'au niveau de
l'assemblée générale de l'association. Nous croyons que le
chiffre de 5 p.c. des membres est trop bas et qu'il pourrait permettre à
un groupe dissident relativement petit d'entraver la bonne marche de
l'association par des recours constants à l'assemblée
générale. Aussi, demandons-nous que ce chiffre soit porté
à 10 p.c. De même, nous souhaitons que cet article soit
formulé de manière qu'il soit évident qu'il s'agit bien de
10 p.c. de tous les membres adhérents à l'association par
l'intermédiaire soit des fédérations ou des
fédérations spécialisées et non pas uniquement 10
p.c. des membres d'une fédération ou fédération
spécialisée.
Voilà, M. le Président et MM. les membres, les
commentaires et suggestions que nous voulions vous faire en regard de la Loi du
syndicalisme agricole. Nous nous en sommes tenus à faire des
commentaires généraux et à indiquer le sens des
amendements que nous voulons voir apporter à la loi. Nous sommes
à votre disposition, nos conseillers juridiques en particulier, si vous
vouliez obtenir une formulation plus technique de nos propositions. Nous
espérons, de toute façon, que vous les accueillerez
favorablement. Merci, M. le Président, merci, MM. les membres.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Allain. Est-ce qu'il y a des questions? Le
député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, une première question que
j'aurais à poser au président général de l'UCC, M.
Allain, est la suivante, un peu la même que j'ai posée à M.
Morin, président de la Corporation des agronomes: Premièrement,
est-ce qu'il accepte la définition telle qu'écrite dans le bill
64 du mot "producteur" et quelle serait, selon lui, la meilleure
définition pour toucher le producteur ou le cultivateur du
Québec?
M. ALLAIN : La réponse, M. le Président, est oui, nous
l'acceptons telle quelle, non pas que nous soyons prêts à
défendre qu'elle est la réponse absolue à toutes les
questions qu'on se pose autour de la définition de producteur, mais
l'expérience nous a démontré, par la Loi des
marchés agricoles, qu'il fallait vivre avec la formulation la plus
simple possible et la plus fonctionnelle possible.
De là à prétendre qu'elle peut satisfaire à
toutes les questions qui se posent, nous n'avons pas cette
prétention-là. Mais, dans les circonstances, nous n'en voyons pas
de meilleure. Nous admettons très bien que ce point-là, en
particulier, pourrait être l'objet de nombreuses discussions. Mais, quand
on cherche peut-être à le préciser plus en termes de volume
de production ou autre chose, là, on commence, ou on pose l'obligation
de créer une ligne de démarcation entre tel producteur et tel
autre. Alors, au point de vue de l'application d'une loi, je pense que
ça deviendrait pratiquement intenable, quand il y a surtout, comme ici,
le cas de la cotisation à la source.
M. VINCENT: M. le Président, M. Allain est président d'un
organisme réellement important et il ne croit pas qu'il soit possible de
définir mieux que dans la législation actuelle le mot
"producteur". Le président général de l'UCC admettra quand
même que tous les autres organismes ou représentants des groupes
ou des professions ont quand même été en mesure de
définir ce qu'étaient un menuisier-charpentier, un dentiste, un
avocat ou un chauffeur de camion. Et quand on arrive au terme "agriculteur" ou
"producteur", on demeure toujours dans le vague. Et ceci amène une
question sérieuse.
J'ai rencontré, hier, un industriel qui a quand même
à son emploi 250 personnes; il est membre de l'UCC et il est
considéré comme producteur parce qu'il a une petite ferme qu'il
cultive. Il vend un peu de grain, il a des animaux de boucherie, mais il est
considéré comme producteur. Il a droit au chapitre autant que
l'autre qui en fait sa principale occupation. Il a également droit, dans
certains cas, à des subventions gouvernementales, telles les subventions
gouvernementales fédérales de $1.25 les cent livres pour le lait.
A ce moment-là il est considéré comme un producteur, comme
un agriculteur, comme un producteur laitier. Mais il reste quand même que
c'est un industriel qui emploi 250 personnes dans une usine de meubles.
M. ALLAIN: Ecoutez, je ne dis pas que c'est forcément, absolument
la meilleure, mais je serais porté à croire que c'est la plus
utile dans les circonstances à moins que quelqu'un en trouve une autre.
Le problème que vous soulevez, on ne nie pas qu'il existe. Mais que
voulez-vous, jusqu'à maintenant, on a dû vivre avec lui.
M. VINCENT: Que penserait l'UCC d'une définition telle que celle
qui a été apportée par le ministre des Affaires
municipales dans sa législation sur l'évaluation foncière?
On dit, dans cette définition: Cultivateur ou producteur est la personne
physique qui retire au moins 25 p.c. de son revenu global de l'agriculture.
Qu'est-ce qu'il pense de cette définition? Qu'est-ce qu'il pense de la
définition, deuxièmement, de l'Office du crédit agricole:
Un cultivateur ou un producteur est celui dont la principale occupation est
l'agriculture et qui en tire la majeure partie de son revenu? Est-ce que l'une
ou l'autre de ces deux définitions ne serait pas plus
réaliste?
M. ALLAIN: A priori, M. le Président, je n'en suis pas
persuadé. Cela soulève en particulier un problème que vous
avez vous-même mentionné à savoir celui des marginaux.
Supposons qu'il y ait une définition qui établisse que seront
rejoints par cette loi-ci seulement ceux qui retirent 25 p.c. ou 50 p.c. de
leurs revenus de la vente des produits agricoles. A ce mo- ment-là, vous
allez sectionner une réalité, un monde agricole où vous
avez une série d'individus, certains vendant très peu, d'autres
vendant beaucoup. Vous allez automatiquement les sectionner. Et, une certaine
partie d'entre eux ne seront pas rejoints par cette loi-ci et ce seront
forcément les marginaux, le problème que vous-même avez
soulevé.
La meilleure façon, si on veut que le sort des marginaux soit
considéré dans la discussion des politiques agricoles, c'est
qu'ils appartiennent à la loi, qu'ils soient protégés par
la loi. Pourrait se poser le problème, à savoir s'il y aurait une
injustice à leur endroit; eh bien, ici, il s'agit' d'une cotisation de
$15 et, pour ce montant-là, l'association sera tenue de respecter autant
le sort de ceux-là que le sort des plus gros. Je pense que là on
peut y trouver un avantage en réponse à un problème que
vous avez vous-même posé.
Est-ce qu'il peut y avoir, par contre, à l'autre extrême,
des gens qui sont, selon la loi, des producteurs agricoles mais qui
effectivement ont d'autres activités?
Bien là, je pense que la loi y pourvoit par une disposition, pour
qu'il y ait possibilité d'exemption. Je ne sais pas si c'est l'article
46 ou l'article 50. Cela permettrait sans doute de disposer de certains cas
où des gens ne voudraient pas, pour des raisons que la loi explique ici,
être sous la juridiction de la présente loi. Mais, encore une
fois, on pense qu'il faut être pratique dans les circonstances et
qu'à vouloir préciser énormément on se
compliquerait l'existence.
M. VINCENT: M. le Président, nous reviendrons sur cette question.
J'avais également d'autres questions à poser à M. Allain.
Il mentionne la Régie des marchés agricoles; il dit par exemple
à la page 3, paragraphe 7: "Cela apparaît évidemment assez
curieux à première vue". Il continue: "N'empêche cependant
que les responsabilités qui lui sont confiées sont sur certains
points trop larges, ce sur quoi nous reviendrons".
Quelles sont ces responsabilités? Il soulignait, à ce
moment-là, seulement les responsabilités confiées à
la régie pour pouvoir accréditer une association, par voie de
référendum.
M. ALLAIN: Ce n'est pas forcément celles-là, disons d'une
façon globale...
M. VINCENT: J'aimerais qu'on explique plus cette réticence
à voir la Régie des marchés agricoles faire un travail
assez complet en ce qui concerne la Loi du syndicalisme agricole.
M. ALLAIN: D'accord. M. le Président, nous admettons que le
législateur va pourvoir à une disposition à savoir que
quelqu'un et sous sa surveillance, au nom du gouvernement, va exercer la
surveillance de la loi. Cela, d'une façon générale, nous
l'admettons. La Loi des
syndicats professionnels, c'était le Secrétaire de la
province je ne sais pas si son titre est changé maintenant
ici ce serait la régie. Maintenant, on fait une première
distinction. En ce qui concerne la surveillance par la régie des actions
qui vont intervenir entre l'association accréditée et les
fédérations spécialisées, nous reconnaissons
qu'à ce poste-là la régie exerce une surveillance, parce
que les fédérations spécialisées administrent des
plans conjoints et, de ce fait, émanent dans une certaine mesure de la
Loi des marchés agricoles.
Alors, qu'à ce chapitre-là, à ce poste-là,
la régie ait des droits de surveillance plus poussée, nous
convenons que c'est normal, que c'est défendable. Cependant, pour
prendre un exemple, quand il s'agit de l'augmentation de la cotisation
où quand il s'agit tout simplement de l'autre section de la loi, le
syndicalisme général, où il est question de la cotisation
individuelle, nous ne trouvons aucun précédent dans l'histoire du
syndicalisme où on subordonne l'exercice, par exemple, du droit de se
cotiser à une régie. Alors, nous estimons, en particulier dans ce
cas-là, que comme dans tous les autres syndicats le syndicalisme
agricole pourrait, par le truchement de ses assemblées
générales et en particulier de l'assemblée
générale dite congrès général, disposer de
cette question de cotisation, comme il faisait par le passé, sauf que
ça pourrait être soumis pour ratification. Alors là on
limite effectivement les pouvoirs de la régie, parce que selon la loi
elle devrait faire tenir un référendum.
Nous croyons que ce n'est pas fondé et nous ne voyons aucun
précédent qui autoriserait dans une certaine mesure à nous
imposer une telle discipline, une telle rigueur. Alors c'est un peu comme
ça qu'on se situe par rapport aux pouvoirs de la régie.
M.VINCENT: M. le Président, avant de poser des questions sur les
ou le référendum, est-ce que le président
général de l'UCC pourrait nous dire d'après lui, avec ses
conseillers, combien de temps devrait s'écouler entre le vote en
troisième lecture de cette loi et la fabrication des listes de
producteurs, dans tout le territoire de la province pour pouvoir
procéder à un référendum?
M. Morin nous a mentionné que cela pouvait prendre un an,
d'autres nous ont dit que ce ne serait peut-être même pas
suffisant. M. Allain pourrait-il nous dire combien il faut de temps pour
fabriquer cette liste de producteurs?
M. ALLAIN: Il est clair, M. le Président, que fabriquer une liste
à la satisfaction de tout le monde...
M. VINCENT: Avec tous les délais...
M. ALLAIN: ...c'est un défi en soi. La loi ne nous attribue pas
cette fonction-là, elle l'attribue à la régie. Les seules
expériences dont on dispose, ce sont celles des plans conjoints. A ce
moment-là, on pourrait peut-être référer au temps
qu'il a fallu mettre pour faire la liste des producteurs de lait industriel,
celle des producteurs de lait nature, celle des autres producteurs.
On pourrait peut-être référer aussi au degré
de satisfaction des parties, suite à la construction de ces
listes-là, et se faire une idée sur le temps requis. Il est clair
que c'est un défi, on le reconnaît. Nous, cela ne fera
certainement pas notre affaire que cela s'étende sur un an. Nous serions
extrêmement malheureux s'il fallait que la régie prenne un an pour
faire les listes. Nous serions extrêmement malheureux.
Nous croyons qu'il faudrait nécessairement que le travail soit
accéléré, qu'ils disposent des effectifs
nécessaires, ce qui ne devrait pas empêcher les
vérifications nécessaires, aussi.
M. VINCENT: Est-ce que je pourrais faire une parenthèse et
demander au ministre, qui a présenté le projet de loi, combien de
temps il croit qu'il faille pour fabriquer une telle liste?
M. TOUPIN: Vous y tenez énormément?
M. VINCENT: Tout cela est préliminaire... Pardon?
M. TOUPIN: Vous tenez énormément à ce que l'on
définisse le temps en termes de jours et de mois?
M. VINCENT: Bien, tout cela est préliminaire à la tenue
d'un référendum et rien ne sert d'adopter une belle loi...
M. TOUPIN: Je ne pense pas...
M. VINCENT: ...si, par la suite, il faut attendre un an, un an et demi
ou deux ans avant que la liste soit prête.
M. TOUPIN: ...qu'il faille attacher autant d'importance à cet
aspect de la question. Evidemment, dresser des listes, ce n'est pas toujours
facile, et c'est peut-être plus difficile dans le secteur agricole que
dans les autres secteurs.
Tout ce que je puis dire, c'est que telle que je connais la Régie
des marchés agricoles du Québec, elle prendra le temps qu'il
faudra pour dresser des listes qui soient le plus conformes possible à
la réalité.
M. VINCENT: Je n'ai pas terminé, M. le Président.
M. DEMERS: Cela ne donne pas le délai.
M. VINCENT: Cela ne donne certainement pas le délai. Je pense
bien que l'UCC, la coopérative et les autres organismes qui sont ici,
si, par la suite de l'adoption de la législation, on
leur apporte ce problème de fabrication de listes et qu'il faille
attendre un an, un an et demi ou deux ans et qu'on leur dise: La
législation, vous l'avez, mais il faut fabriquer les listes, à ce
moment-là, cela enlève tout ce qui est dans la
législation, parce que, avant de procéder à un
référendum, c'est la fabrication des listes.
M. TOUPIN: Le député de Nicolet comprendra bien qu'entre
deux ans et une période normale, il y a quand même de la place
pour des gens sérieux qui s'attellent à la tâche et qui
tentent de bâtir une liste qui soit le plus conforme possible à la
réalité. Je pense qu'il y a une différence entre
l'excès de deux ans et la possibilité d'un mois.
M. DEMERS: Vous n'auriez pas le moyen, dans les bureaux régionaux
des agronomes, de faire l'inventaire? Il me semble qu'ils les ont sur place.
Cela ne devrait pas être aussi compliqué que cela.
M. TOUPIN: Déjà le député de Saint-Maurice
nous met sur la voie possible d'un instrument technique.
M. DEMERS: Il me semble que, dans les bureaux régionaux de chaque
district, il y aurait moyen, il doit y avoir un inventaire à jour des
possibilités agricoles de la région, et cela devrait pouvoir se
sortir dans un délai assez raisonnable, il me semble. Je ne vois pas de
problème à confectionner une liste.
M. TOUPIN: Moi non plus.
M. DEMERS: Prenez les cultivateurs de la région de la Mauricie.
Si l'on n'a pas les effectifs au bureau de Saint-Louis-de-France, qu'on le
ferme, cela ne sert à rien d'en avoir un. Cela devrait être comme
cela un peu partout dans la province.
M. TOUPIN: Je suis entièrement d'accord avec le
député de Saint-Maurice là-dessus. Je pense que nous avons
le même point de vue.
M. DEMERS: Il y aurait un sujet que je voudrais...
M. VINCENT: Pour ce qui concerne les listes, d'accord, il n'y a pas de
problème pour autant que le travail est commencé. Est-ce que le
ministre peut nous dire si le travail est commencé? Je voudrais
simplement souligner ceci au président de l'UCC...
M. VAILLANCOURT: La loi n'est pas passée.
M. VINCENT: Non, la loi n'est pas passée, mais est-ce que le
travail préliminaire est commencé? N'oubliez pas qu'on a
adopté une loi pour légaliser la vente du cidre au mois de
décembre l'an dernier; il y aura un an bientôt et il n'y a pas
encore de permis d'émis.
UNE VOIX: Personne n'en veut.
M. VINCENT: Je ne sais pas quand les permis seront émis. On se
promène à travers la province en disant qu'on a la plus belle loi
sur le cidre, sur la vente et la fabrication. On n'a pas encore de permis
d'émis. Cela c'est un problème. On peut bien avoir une loi du
syndicalisme agricole dans les statuts, il n'y a pas de liste, pas de
référendum, pas d'accréditation. L'UCC et les autres
organismes peuvent se promener pendant des années et des années,
on va leur chanter qu'il y a une belle loi, mais il n'y aura pas de
référendum, il n'y aura pas de vote. On aide continuellement le
député de Rouville et son cidre...
M. OSTIGUY: C'est un peu en dehors du sujet...
M. VINCENT: Egalement... M. DEMERS: C'est enivrant...
M. VINCENT: C'est enivrant, peut-être en dehors du sujet, mais
c'est un exemple de la difficulté qu'il y a quelquefois à adopter
une loi et, par la suite, à l'appliquer.
C'est pour ça que je mentionnais qu'il faut quand même
avoir un mécanisme souple qui va permettre, en donnant la loi
d'espérer que dans les six mois suivants une suite logique lui soit
donnée et non pas faire comme pour le cidre, attendre un an, deux ans
pour émettre un permis. Il n'y a pas encore un seul permis.
M. OSTIGUY: Vous avez fait attendre les cultivateurs 30 ans.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: M. le Président, une autre question au
président général de l'UCC. Au paragraphe 11, page 6 de
son mémoire, je crois que le président général de
l'UCC souligne quelque chose de très important, et comme le
président général de l'UCC a la parole facile, je vais lui
donner l'occasion d'expliciter davantage ce qu'il mentionne là, soit le
fameux bulletin de vote à deux volets. Je pense bien que le
président général de l'UCC souligne un problème
encore très important de la loi actuelle. Deuxièmement, dans le
même paragraphe 11...
M. DEMERS: Quelle page?
M. VINCENT: Page 6. Au sujet des référendums, concernant
le prélevé des cotisations, on demande deux votes sur le
même bulletin et, en plus de cela, il souligne qu'il faut que le choix se
fasse d'une façon claire et précise sur la
question posée. Il y a des expériences dans d'autres
endroits qui ont permis justement de mêler les questions. Je pense bien
que le président général de l'UCC devrait expliquer
davantage ce paragraphe il pourra nous éclairer et apporter d'autres
arguments également. Je sais qu'il en a dans son sac des arguments.
M. ALLAIN: M. le Président, voici le raisonnement que nous avons
fait en regard de l'article 13 de la loi qui prévoit effectivement les
moyens d'obtenir l'accréditation, d'une part, et le droit de cotiser
à la source.
La façon dont est rédigé l'article nous laisse
perplexe en ce sens qu'on s'attend à être mis en présence
d'un vote avec un bulletin, deux questions. Au départ, cela nous pose un
problème.
Pour ce qui est de l'accréditation, nous sommes d'opinion qu'il
est possible d'en disposer de façon beaucoup plus simple. La
régie pourrait, à la demande de l'association qui vise
l'accréditation, faire l'examen de sa représentativité de
la façon qu'elle l'entendra. Si la régie vient à la
conclusion que, devant la preuve qui lui est faite, l'organisation qui demande
l'accréditation est effectivement représentative des
cultivateurs, des producteurs, à ce moment-là, elle pourrait
décerner l'accréditation.
Le premier problème serait réglé. Je vais signaler
tout de suite qu'au sujet de l'accréditation, il y a un autre
raisonnement qui est tenu chez les producteurs, chez les membres. C'est le
suivant: c'est qu'au fond, quand on lit la loi, l'accréditation en tant
que telle ne change pas beaucoup le statut que l'UCC a déjà.
C'est que déjà on lui permet de présenter des
mémoires, on l'écoute, elle fait des représentations. Elle
a une reconnaissance, si vous voulez, de facto.
A cause de ça surtout, mais acceptant que l'économie de la
loi veut qu'il y en ait une, on dit: Au moins, simplifiez la formule et
soumettez-nous au test de la représentativité en faisant des
vérifications d'usage.
Cependant, il peut arriver que l'organisation qui fait la demande ne
démontre pas à la satisfaction de la régie sa
représentativité. Si tel était le cas, on dit: Bien,
à ce moment-là, référez le tout à un
référendum qui est expliqué ici, à b) de l'article
13, et qui donne le pouvoir de cotiser à la source. Soumettez
l'organisation à ce référendum-là, et, si
l'organisation obtient la majorité requise, automatiquement, cela
tiendra lieu d'accréditation.
Donc, deux possibilités d'être accrédité: une
première en faisant la preuve devant la régie à sa
satisfaction. Si ça ne fonctionne pas, eh bien, que la régie
réfère le tout à un référendum. De cette
façon, on aurait disposé d'un article qui, actuellement, nous
place, nous, dans une situation très ambiguë.
M. VINCNET: M. le Président, également je voudrais que M.
Allain d'ailleurs, je connais assez son opinion là-dessus
explique un peu plus la question du maximum de cotisation, le fait qu'on
revienne en référendum pour le . maximum des cotisations. Je
pense que c'est un autre secteur très important dans la loi que, si un
référendum était favorable à une contribution
à la source, on accepte le montant de $15. Mais si l'assemblée
générale, par le choix de ses délégués
vous proposez les deux tiers de ses délégués
vote une augmentation de $2 de cotisation annuelle, à ce moment, la loi
vous obligerait, si elle était votée comme telle, à
retourner en référendum devant tous les producteurs de la
province pour faire accepter les $2 additionnels. Je pense que c'est un point
très important dans la loi actuelle. J'aimerais que le président
général de l'UCC s'explique davantage avant que nous nous
prononcions sur cet article de la loi.
M. ALLAIN: M. le Président, les principes mis à part
je les ai soulevés tout à l'heure
considérant que c'était un droit excessif qu'on accordait
à la régie de contenir comme elle l'entendrait ce pouvoir de
cotiser, il y a certainement dans cette disposition un élément
qui nous conduirait vers une bureaucratie excessive. S'il fallait, chaque fois
qu'on veut modifier le montant de la cotisation, bâtir une liste de
producteurs, tenir un référendum, on pense que ce serait excessif
comme volume de travail. C'est une raison bien pratique. Cela nous exposerait
à beaucoup de perte de temps.
L'expérience de l'augmentation d'une cotisation, nous l'avons
acquise à travers les années et ça reste dans le
syndicalisme une opération très fragile. Assez récemment,
il y a une couple d'années, je pense, nous sommes passés de $10
à $15. Avant d'en disposer, cette question a été
débattue dans toutes les régions pendant une année dans
des journées d'études et des rencontres et, finalement, dans les
congrès régionaux. La même question est revenue au
congrès général et, de mémoire, cela a pris une
demi-journée pour en disposer au vote.
La question de la cotisation reste quelque chose d'important, mais nous
estimons que les délégués aux différents paliers
sont en mesure d'en disposer et ils ont les assemblées
générales et les règles des assemblées
générales pour le faire. L'expérience prouve qu'ils ont
été capables d'en disposer et jamais à la
légère. Alors, pour cette raison, nous estimons qu'il est
pensable qu'on continue de procéder de cette façon-là.
Par mesure de précaution, nous proposons même les deux
tiers pour rassurer le législateur et nous acceptons aussi qu'une
décision du congrès général ou de
l'assemblée générale soit référée
à la régie pour fins de ratification. Tout cela, naturellement,
pour éviter un référendum à chaque fois.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans le même ordre d'idées,
est-ce que je pourrais poser une question?
M. LE PRESIDENT: Le député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Dans tous les syndicats, naturellement, il y
a une cotisation et la cotisation est toujours décidée par les
membres en assemblée générale. Je suis entièrement
d'accord sur les arguments du président de l'UCC. Je ne verrais pas
pourquoi on ferait une exception pour le syndicalisme agricole. Je suis
d'accord aussi quand on dit que cela serait très onéreux et qu'on
s'embarquerait dans un processus de référendums qui arriveraient
fréquemment pour décider si on diminue la cotisation ou si on
l'augmente. Il est rare qu'on la diminue dans les syndicats, mais il reste une
chose. Dans tous les syndicats où j'ai milité, il n'est pas
obligatoire que les deux tiers des membres assistent à
l'assemblée pour décider d'une cotisation, mais il est
obligatoire que les deux tiers des membres qui sont présents votent pour
une cotisation pour autant que les membres sont convoqués soit par
écrit ou par des convocations, en somme, qui sont légales.
Il y a un certain quorum à observer, cela est aussi
décidé par un syndicat. Cela prend 10 p.c, 15 p.c. ou 20 p.c. des
membres. Il faut que les deux tiers soient d'accord, mais on n'exige même
pas la présence des deux tiers des membres. Cela fait au-delà de
vingt ans que je milite dans le syndicalisme et je n'ai jamais vu un syndicat
faire un référendum pour augmenter la cotisation. Cela s'est
toujours fait en assemblée. Je suis entièrement d'accord avec
l'UCC quand elle demande que le problème de la cotisation soit
décidé en assemblée générale, mais je serais
d'accord que ce soit toujours accepté à la condition qu'il y ait
les deux tiers des membres présents qui soient pour si c'est pour
demander une augmentation. Je ne verrais pas pourquoi il y aurait une exception
pour vous quand on ne le fait pas ailleurs. Cela créerait des
problèmes. Je suis d'accord sur ce que vous dites là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. VINCENT: J'aurais également une question à poser
à M. Allain.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je peux continuer à poser
mes questions ou si... Je disais que c'était dans les cotisations...
M. DEMERS: Qui va poser les questions?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur les cotisations, j'aurais seulement une
autre remarque. Dans le premier mémoire que vous aviez
présenté aux députés je l'ai reçu,
mais je ne me souviens pas de la date, c'est daté du 26 août
1971... ce n'est pas celui-là, c'est l'autre, mais en tout cas on
disait: "Enfin, l'UCC, en dehors du mode de perception de la cotisation
syndicale, reconnaît qu'il peut y avoir deux genres de cotisation
syndicale: une cotisation annuelle fixe ou une cotisation à
l'unité de produit variable selon le volume de la production".
Est-ce que vous avez rejeté complètement cette
possibilité d'une cotisation variable suivant le volume de production ou
si...?
M. ALLAIN: Oui, la question est importante. En fait, on ne l'a pas
retenue. Est-ce que nous le regretterons plus tard? Je ne le sais pas. En tout
cas, le raisonnement est le suivant: Du point de vue des apports d'argent, il y
a deux sources. Il y a celle venant des membres individuels,
spécifiée dans la loi, de $15. Elle est fixe, elle resterait
telle quelle.
Il y a une autre source d'apports d'argent, qui est celle des
fédérations spécialisées. Celle-là,
effectivement, va être variable parce que, selon le volume de production
d'une fédération, il y a plus ou moins de prélevé.
Donc, réflexion faite, cette deuxième source d'apports a pour
effet d'équilibrer en quelque sorte la participation financière
des individus, des producteurs à l'organisation, compte tenu que,
d'abord il y en a une qui est fixe pour tout le monde, pas de
différence, mais que l'autre est forcément variable parce qu'ils
payent en fonction du volume de production.
On pense que ça fait quand même un équilibre entre
le petit producteur et le plus gros quant à sa participation
financière à la vie de l'organisation. Réflexion faite, on
a dit: On va vivre avec ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aurais d'autres questions, mais c'est dans
un autre ordre d'idées. Alors, si vous voulez y aller...
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que M. Allain pourrait me dire
à qui sera chargé la cotisation dans les cas d'intégration
verticale où il y a une participation de compagnies et où le
cultivateur ou le producteur, tel que défini ici, si on prend au pied de
la lettre la définition du producteur? En fait, la compagnie est souvent
propriétaire et des animaux et des aliments qui nourrissent ces animaux.
Est-ce qu'on enverra la cotisation, la demande de la retenue syndicale à
la compagnie ou à l'individu qui est payé au prorata des
productions qu'il fait?
M. ALLAIN: Je ne suis pas persuadé que je répondrai
à votre satisfaction mais il reste que...
M. DEMERS: Je voudrais avoir votre opinion. Vous avez peut-être un
problème?
M. ALLAIN: Oui, et il est assez compliqué mais nous pensons que
le producteur qui travaille à contrat au fond, qui a un contrat
avec un intégrateur, au sens de la loi, est couvert, parce qu'il
loue des moyens de production: terrains, bâtiments et autre
matériel. Il est couvert, il est également dans la Loi des
marchés agricoles. Le problème qui peut surgir est celui de
l'intégrateur, qui est à la fois un producteur, un transformateur
et possiblement une personne qui est dans le commerce. Si on comprend bien la
loi, dans la mesure où on la comprend bien, on croit qu'il y a une
disposition qui permettrait à cette personne-là, au cas où
elle ne voudrait pas être cotisée, d'en appeler à la
régie et la régie pourrait statuer sur son cas et tout simplement
l'exempter.
A nos yeux, ça nous apparaît une soupape de
sécurité moyenne ou raisonnable dans les circonstances.
M. DEMERS: Vous exempteriez l'intégrateur?
M. ALLAIN: Pas nous.
M. DEMERS: Non, mais la loi.
M. ALLAIN: La loi, on pense...
M. DEMERS: On vous demande votre opinion.
M. ALLAIN: Oui, nous sommes bien d'avis que si une personne est
engagée et dans la production et dans la transformation et dans la mise
en marché du produit, et que, dans son opinion, elle ne doit pas
être cotisée, eh bien, qu'elle en soit exemptée à
titre individuel; c'est raisonnable qu'elle le soit. Exemple, quelqu'un qui
fait, je ne sais pas, moi, disons 150,000 livres de volaille, qui a des
abattoirs, qui fait de la mise en marché, c'est clair que s'il le
demande, à ce moment-là, je ne crois pas que nous y ferons
objection.
M. DEMERS: Au sujet des référendums, M. Allain. Lorsqu'une
association reçoit une accréditation, est-ce que vous êtes
d'avis, vous ou les conseillers du ministère ou tous ceux qui ont
élaboré la loi, qu'automatiquement cela donne droit au
privilège de prélever une cotisation?
M. ALLAIN: Je ne saisis pas bien la question, M. le
Président;
M. DEMERS: Lorsque, par exemple, un syndicat reçoit une
accréditation, est-ce qu'automatiquement il a le pouvoir de percevoir
une cotisation, légalement, au point de vue syndical?
M. ALLAIN: Dites-vous dans notre opinion à nous?
M. DEMERS: Je demande si les fonctionnaires du ministère ici, les
conseillers juridiques et vous, êtes d'avis que le syndicat a le pouvoir
automatiquement de percevoir une Cotisation parce qu'il a reçu une
accréditation?
M. ALLAIN: Non. Nous ne soutenons pas cette thèse-là.
M. DEMERS : Je demande ça aux conseillers juridiques.
M. TOUPIN: C'est que l'accréditation, comme telle, ...
M. DEMERS: Ne donne pas le pouvoir de la cotisation.
M. TOUPIN: ... ne donne pas le droit de prélever obligatoirement
une cotisation.
M. DEMERS: D'après la loi du code du travail.
M. TOUPIN: C'est ça!
M. DEMERS: Même dans la Loi des marchés agricoles.
M. TOUPIN: Pour être bien clair, l'accréditation seule,
telle qu'elle est définie dans le projet de loi actuel, ne donne pas le
droit de percevoir, ou l'obligation pour un producteur de payer une
cotisation.
M. DEMERS: Pourquoi ne l'intégreriez-vous pas pour faire
disparaître un référendum?
M. TOUPIN: Elle ne donne pas ce droit pour le moment.
M. DEMERS: Pourquoi ne compléteriez-vous pas la loi en ce sens
que l'accréditation donnerait automatiquement le droit de faire une
perception? Cela enlèverait sur le bulletin une autre question. Cela
prend un référendum double, et c'est là que
l'embêtement est allé, tantôt. C'est une suggestion que je
fais.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose
sur la...
M. DEMERS: Allez donc! Vous avez connu ça!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... l'opinion du ministre. Dès
que...
M. DEMERS: Parlez plus fort il va vous comprendre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aimerais qu'il m'écoute.
M. DEMERS: Ah! il va vous entendre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voici, je ne suis pas tout à fait
d'accord. Peut-être que j'ai
mal compris vos explications. Quand un syndicat est
accrédité, c'est parce qu'il a la majorité des membres,
soit 50 p.c. et plus, et l'accréditation donne automatiquement le droit
au syndicat de prélever des cotisations. Cela n'oblige pas tous les
membres. Il y a des formules, la formule Rand etc., les ateliers
fermés.
M. DEMERS: Cela, c'est dans le code du travail.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. DEMERS: Mais ici, il y a une distinction.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je parle du monde syndical. Je ne parle pas
du projet de loi parce que le projet de loi, tel qu'il est fait actuellement,
ne crée pas l'obligation de payer des cotisations. Mais je parle des
syndicats, le code du travail...
M. DEMERS: La formule Rand.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, selon la formule Rand, tout le monde
est obligé de payer, même s'il n'adhère pas au syndicat.
Mais dès que vous êtes accrédité, c'est parce que
vous avez la majorité des membres de la manufacture X qui ont
signé des cartes, et automatiquement ça donne le droit au
syndicat de prélever des cotisations à la source. Votre
confrère de droite a de l'expérience là-dedans et je pense
qu'il va dire encore la même chose que moi.
M. DEMERS: On n'aurait qu'à l'ajouter à la loi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si on peut amender la loi dans ce
sens...
M. DEMERS: C'est une suggestion que je fais, je me demande si elle est
applicable. Je ne suis pas un spécialiste dans cette affaire.
M. TOUPIN: Il n'est même pas nécessaire, d'ailleurs, qu'un
syndicat soit accrédité pour prélever une cotisation. La
Loi des syndicats professionnels lui donne ce droit d'exiger une
cotisation.
M. DEMERS: Je comprends.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Un autre nécanisme.
M. TOUPIN: L'accrédition vient simplement confirmer une sorte de
caractère représentatif d'une association. En vertu de ce
caractère représentatif, elle peut cotiser, comme elle pouvait le
faire avant qu'elle soit accréditée. Reste, après, ce
qu'on appelle communément la formule Rand, c'est-à-dire
l'obligation pour tout producteur de payer. Cela, c'est une troisième
étape qui est prévue dans le projet de loi, bien sûr, mais
qui n'est pas nécessairement inhérente à la notion
d'accréditation.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il y a aussi la formule de l'atelier
fermé; il faut que l'employé fasse partie du syndicat pour
travailler. Alors, si on faisait ça ici, celui qui ne voudrait pas payer
serait obligé de vendre sa terre, puis d'aller travailler ailleurs.
M. DEMERS: Cela serait assez fort. Vous devriez essayer de proposer
ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne le propose pas; ça n'aurait pas
de sens dans la loi actuelle.
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une question
également à poser à M. Allain. Etant donné
qu'à mon sens je pense que vous devez avoir à peu
près la même opinion que moi toutes les méthodes de
mise en marché, retenues de cotisations de différentes
façons doivent faire suite à un pouvoir de décision venant
des membres, est-ce que le présent projet de loi n'accorderait pas un
peu trop de pouvoirs de décision à la régie?
M. ALLAIN: Oui, c'est ce que j'ai tenté d'exposer tout à
l'heure pour ce qui est de la volonté des membres de se cotiser.
L'expérience du syndicalisme tout court nous démontre qu'on a
laissé cette chose-là au jugement des personnes
concernées. Elles ont, pour en disposer, les moyens habituels, celui de
l'assemblée générale de leur organisation, et elles
disposent finalement de cette question-là au vote, de la majorité
ou, disons, des deux tiers.
Alors, cette chose-là étant normale, étant reconnue
des gens, on ne voit pas pourquoi on insérerait dans cette loi un
précédent. On n'en voit pas la nécessité et on se
demande même quelle implication cela aurait sur le syndicalisme tout
court. Pour cette raison-là, on dit: Laissons cette
responsabilité-là aux membres et puisque, auparavant, dans de
tels cas, on soumettait la chose au Secrétaire de la province pour fins
de ratification, à l'avenir, puisque c'est la régie qui a cette
responsabilité, nous soumettrons cette décision-là pour
ratification à la régie. Autrement dit, on demande le statu quo
dans cette question de cotisation concernant les membres.
M. BELAND: On peut prendre également tout l'ensemble sous un
autre angle. Est-ce que vous prétendez, présentement, avec ce
bill, qu'il reste suffisamment de choses à être
décidées par les agriculteurs pour qu'il vaille la peine,
réellement, de l'étudier?
M. ALLAIN: A partir des pouvoirs que la loi accorde?
M. BELAND: Je vais reformuler ma ques-
tion. D'après votre étude du bill, est-ce qu'il reste
suffisamment de pouvoirs de décision aux agriculteurs pour qu'il vaille
la peine d'accepter le bill ou tel ou tel article dans le bill?
M. ALLAIN : Nous pensons que oui. Même si, au chapitre des
pouvoirs, il n'y a pas de choses extraordinaires, au fond, et que
déjà on remplit certaines fonctions, je pense que les deux
différences sont qu'ici, par un texte de loi, le législateur dit:
J'autorise une association accréditée, une seule, à parler
pour et au nom des agriculteurs, pour autant qu'elle soit majoritaire et
qu'elle ait rempli un certain nombre de conditions. Cela est nouveau.
L'autre: Je lui permets aussi de prélever une cotisation à
la source, pour autant qu'un certain nombre de conditions sont remplies. Je
pense que c'est nouveau. Il y a beaucoup d'autres tâches qui sont
possibles par cette loi-ci et qui étaient possibles par la Loi des
syndicats professionnels. Autrement dit, des représentations on en a
toujours fait; voir à l'organisation du milieu agricole, on l'a toujours
fait. Voir à fournir l'information, on l'a toujours fait dans une
certaine mesure. Assurer la coordination entre les fédérations
spécialisées, on le fait déjà, le texte le
confirme.
La réponse est oui. Le texte de loi est un cadre
général qui précise des fonctions qu'on remplissait
déjà, qui les confirme et qui ajoute certaines précisions,
notamment au chapitre de la représentativité et au chapitre du
droit de cotiser à la source.
M. BELAND: Sous un autre angle, je vais vous poser une autre question:
Etant donné que cela a donné suite à une espèce de
petite mésentente, depuis combien d'années la
Confédération de l'UCC a-t-elle demandé une loi pour
reconnaître la profession?
M. ALLAIN: Ma mémoire peut faire défaut, c'est en 1965.
L'historique a été fait ce matin par l'un de vos collègues
et je pense qu'il est exact. Il est clair qu'il y a eu beaucoup de
tâtonnements et de recherches. Au premier abord, ce qu'on a
défendu ne semblait pas être admissible. On a cru bon de continuer
nos recherches pour trouver une formule. En cours de route, la province de
l'Ontario a, elle aussi, fait un essai et cela nous a quelque peu aidés
pour préciser ce que pourrait être une loi pour le
Québec.
Néanmoins, la demande que nous avons faite n'est pas celle que
l'on retrouve ici. La demande que nous avons finalement formulée
était celle de reconnaître, en corporation, une organisation
agricole. Or, cette proposition-ci est différente. On nous a
exposé que ce cadre permettait plus de libertés, respectait mieux
la dimension syndicale, etc. Nous l'avons accepté. Là-dessus,
nous n'avons pas été chatouilleux et nous avons cru que cela
pouvait correspondre, en acceptant les quelques amendements que nous vous
suggérons, aux besoins du milieu agricole actuel.
M. BELAND: Une dernière question: Est-ce que d'après vous,
compte tenu de votre assez vaste expérience du domaine agricole, il est
plus important de reconnaître le syndicat des agriculteurs ou la
profession des agriculteurs?
M. ALLAIN: Franchement, en soi, je n'ai pas de commentaire à
faire. Ecoutez, pour simplifier les choses, on dit: Partons de
réalités, partons de ce qui existe. Au bout de 47 ans d'histoire
et d'expériences, les cultivateurs du Québec ont fabriqué
de leurs mains et de leur intelligence un modèle donné. Ce qu'il
s'agit de faire, c'est de le compléter. Là, on tient beaucoup
plus compte de l'expérience des aînés, de leur apport et
des structures qui se sont modelées avec le temps, avec les
difficultés, avec les frictions, etc. Alors, on est rendu à un
point donné et notre tendance est de demander aux législateurs:
Confirmez donc ce qui existe, ce qui a été fait avec les mains,
l'intelligence des hommes, et ajoutez-y des points essentiels pour que cela
fonctionne mieux. On essaie de simplifier la chose, parce que, si vous nous
posez le problème de profession, il est fort probable qu'on va retomber
dans une discussion qui sera très théorique, je le crains du
moins. A moins que je ne saisisse pas bien le point.
M. BELAND: C'est tout simplement ceci: dans d'autres domaines, il existe
la reconnaissance de la profession et, dans d'autres domaines également,
il existe la reconnaissance du syndicat X, etc. Il y a donc quand même
une nuance très forte entre les deux. C'était pour avoir tout
simplement votre idée au sujet des deux allées et pour savoir
dans laquelle il était préférable de s'aventurer pour les
agriculteurs. C'était tout simplement dans ce sens-là.
M. ALLAIN: On pense bien que l'avenir aussi, avec un moyen comme
celui-là, qui peut être modifié, amélioré, va
façonner, aider à façonner, avec d'autres influences,
remarquez bien, un type de professionnel. Mais je pense qu'on est mieux de
laisser faire la vie de tous les jours, les épreuves de tous les jours
et, au bout de la route, probablement, il y aura un professionnel
peut-être plus caractérisé qu'il ne l'est à l'heure
actuelle. Mais on aime autant travailler avec des réalités et
voir à les façonner en cours de route que de dire: Le
professionnel de l'agriculture, c'est quelque chose de très
théorique, il rentre dans telle définition et, en dehors de cela,
il n'y a pas de salut. On pense que ce serait une voie qui serait pleine
d'embûches et de difficultés.
M. BELAND: Alors, c'est tout pour mes observations, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, j'aimerais poser une question au
président général de l'UCC. En vertu des plans conjoints,
quel est le barème ou le pourcentage de votes requis pour qu'un plan
conjoint soit voté, accepté?
M. ALLAIN: 50 p.c. des producteurs sur la liste...
M. VINCENT: ... des producteurs...
M. ALLAIN: ... et les 2/3 favorables. Est-ce que c'est ça?
M. VINCENT: Oui, c'est ça. Le président
général de l'UCC, dans son mémoire, page 7, article 13,
paragraphe b), fait une suggestion pour changer les pourcentages qui sont
indiqués dans le bill. Est-ce que le président
général de l'UCC peut nous dire pourquoi il ne s'est pas
basé je pose simplement la question sur les mêmes
pourcentages qu'on demande pour le vote d'un plan conjoint?
M. ALLAIN: Quelques arguments, d'abord pour ce qui est du nombre des
producteurs inscrits sur la liste. Premier point d'appui: ce qui prévaut
dans le cas des plans conjoints. Dans le cas des plans conjoints, on demande
que 50 p.c. se prononcent. Pourquoi une différence? C'est une
première question.
Une deuxième: Dans le cas de l'Ontario, quand le gouvernement de
l'Ontario a offert à ses producteurs agricoles une loi d'organisation
générale de l'agriculture, il n'y avait pas de pourcentage
requis. Mais ça, c'est en Ontario, c 'est dans une province,
tenons-nous-en, si vous voulez, à ce qui existe dans le cas des plans
conjoints, 50 p.c. seulement sont requis et ça, c'est la pratique ici au
Québec.
Maintenant, quant à savoir si le nombre de ceux qui se prononcent
favorablement doit être de 66, de 60 ou de 50 p.c. plus 1, ici nous nous
basons sur les exigences habituelles faites au syndicalisme. Si nous allons
dans une usine ou dans un chantier, les exigences posées à
l'association qui voudrait être accréditée, c'est de
recruter au moins 50 p.c. plus 1 des travailleurs et d'en faire la preuve.
Alors, on se sert de cet autre raisonnement pour justifier le
deuxième pourcentage. Relativement au premier, je pense qu'il faut dire
aussi, on l'a relaté d'ailleurs au début, que faire une liste
reste quand même un défi en soi et que la régie, à
moins de mettre beaucoup de temps, probablement retiendra des noms qui ne sont
pas forcément ceux des producteurs en permanence et on s'attend à
être mis en présence d'une liste très volumineuse. Cela, on
n'en serait pas prévenu et on se dit: Obliger un très fort
pourcentage de votes dans une liste qui vaudra peut-être ce qu'elle
vaudra, eh bien, pourquoi? D'autant plus qu'il y a des risques plus grands,
là, d'exiger 60 p.c. au lieu de 50 p.c. C'est un argument en rapport
avec le premier pourcentage, celui du nombre de votes à exiger par
rapport à la liste.
M. VINCENT: M. le Président, je suis content d'entendre le
président général de l'UCC qui nous a même
donné, avant même que la liste ne soit fabriquée, certains
doutes sur la validité ou sur la confection parfaite de la liste. Le
ministre tout à l'heure nous disait que ce n'était pas un
problème fabriquer une liste. D'après moi, c'est un
problème.
M. ALLAIN: Bien, selon la façon dont on la fabrique, ce n'est pas
un problème, je ne sais pas.
M. VINCENT: Il faut qu'elle soit bien faite.
M. ALLAIN: Ecoutez, il y a des recours possibles au plan conjoint pour
certaines productions, mais il y a effectivement des productions qui, je pense,
poseront des problèmes d'identification.
M. VINCENT: Maintenant, M. le Président, une liste parfaite, la
définition la plus parfaite possible du mot "producteur", les
délais normaux les plus courts, tout ça prévu, combien
peut-il en coûter à l'organisation professionnelle de l'UCC, pour
organiser un tel référendum et pour faire la publicité
autour d'un tel référendum, sans compter l'argent que le
ministère ou le gouvernement devra dépenser pour l'organisation
d'un référendum?
M. ALLAIN: M. le Président, je n'ai pas d'idée
arrêtée sur le sujet. D'abord, l'organisation n'est pas riche. A
cause de cela, elle ne pourra pas dépenser beaucoup d'argent. Ce qui
arrive dans de telles circonstances, c'est qu'au lieu de faire autre chose on
fait cela. Alors, au lieu de discuter d'aménagement, de discuter de
consolidation des fermes, de tenir des réunions d'information sur
d'autres sujets, on devra faire cela. Ce qui arrive dans la vie d'une
organisation quand un problème comme celui-là se pose, c'est
qu'elle doit arrêter un travail régulier pour faire un travail
particulier. Je pense que c'est un peu comme cela que le problème va se
poser chez nous. Selon, naturellement, les conditions plus ou moins difficiles
qui nous seront posées, cela prendra plus ou moins de temps, plus ou
moins d'efforts et, pendant qu'on fera cela, on ne s'occupera pas directement
des problèmes agricoles. Je pense que c'est un peu comme cela que je
perçois la situation à compter du moment où on nous mettra
en face d'un référendum.
M. VINCENT: M. le Président, dans l'opinion de l'UCC, par la voix
de son président, si la loi était votée en
troisième lecture en novembre
ou en décembre, quelle serait la limite idéale pour que le
référendum soit tenu?
M. ALLAIN: M. le Président, je pense qu'à la fin de
l'année 1971 ou début de l'année 1972 l'organisation
serait certainement prête à se consulter elle-même.
M. VINCENT: Fin de l'année 1971! Il faut, quand même
être réaliste. Nous retournons en session le 26 octobre. Je pense
qu'il y a également d'autres ministres qui ont quelques lois à
présenter. Cela veut dire que la Loi du syndicalisme agricole pourrait
être votée en deuxième lecture au mois de novembre ou de
décembre et être sanctionnée à la fin de
décembre. A ce moment-là, c'est la fin de l'année 1971.
Quel serait, d'après vous, le délai réaliste pour que le
référendum soit tenu, les listes fabriquées et la loi en
vigueur?
M. ALLAIN: M. le Président, je réponds à partir de
notre perception à nous de ce qui serait raisonnable. J'exprime
simplement que le législateur et ensuite la régie, quant à
nous, répondraient favorablement à notre attente en disposant de
cette question à la fin de 1971 ou au début de 1972. Vous savez
qu'attendre, pour nous, c'est une habitude qu'on a de la difficulté
à adopter. Attendre et attendre!
M. VINCENT: C'est probablement la raison pour laquelle j'en arrive
à la page 8 de votre mémoire au sous-paragraphe c, où vous
vous opposez à l'article 16 de la loi qui prévoit un délai
de deux ans pour la reprise d'un référendum. Vous mentionnez
vous-même qu'il est très difficile de faire une liste, une
révision de liste et que cela coûte assez cher. A ce
moment-là, vous êtes dans l'obligation de faire seulement cela et
de laisser de côté l'aménagement rural,
l'aménagement agricole, d'autres travaux.
Advenant que le vote ne soit pas favorable, si la loi ne prévoit
pas un délai de deux ans je pose tout simplement la question, je
ne me prononce pas sur cette question de deux ans comment peut-on
imaginer qu'à tous les six mois ou à chaque année il y ait
des référendums et que l'UCC concentre tous ses efforts sur ces
questions de référendums, dépense de l'argent? Le
gouvernement également?
A ce moment-là, on ne ferait pas d'autres travaux qui sont
attendus par les cultivateurs. Est-ce que cette objection à l'article 16
dans votre mémoire est un sine qua non? Est-ce que c'est
réellement très sérieux? Je sais que c'est sérieux
mais est-ce que c'est plus que sérieux?
M. ALLAIN: M. le Président, on y attache une certaine importance
parce que c'est quand même un corset. Si notre information est juste, on
n'a pas cru bon de prendre de telles mesures vis-à-vis des autres
organisations qui se servent du syndicalisme. En disant deux ans, il se peut
très bien qu'avant la période de deux ans ce soit pratique, ce
soit raisonnable de faire un nouveau référendum.
Je fais une hypothèse, c'est qu'il y a un échec, pour une
raison ou pour une autre qui ne me vient pas à l'idée dans le
moment, et...
M. VINCENT: On a eu un échec pour la mise en marché du
porc.
M. ALLAIN: C'est un cas, et peut-être la liste était-elle
discutable, dans mon hypothèse à moi. Ou bien, est-ce que
certaines précautions n'ont pas été prises, que quelque
chose de technique a fait défaut et que, sur le fond, le
référendum aurait dû être gagné? Il se peut
qu'avec des mesures additionnelles minimes on reprenne la question dans les six
mois et qu'on en dispose au lieu d'attendre deux ans.
Ensuite, dire deux ans ou dire un an, certains de nos membres nous ont
dit: C'est nous obliger vis-à-vis de l'adversaire quoique ce
soient des arguments secondaires, je pense à dire quand on
reviendra.
M. VINCENT: Donc, M. le Président, en définitive l'UCC
tiendrait à ce que cet article 16 soit biffé de la loi.
M. ALLAIN: Oui, on n'en voit pas l'utilité et on ne pense pas non
plus qu'une organisation qui se veut responsable fera exprès de
créer une diversion vis-à-vis de la régie pour avoir
référendum sur référemdum parce qu'il lui en
coûterait si elle n'est pas sérieuse avec elle-même. On ne
pense pas qu'il y ait de préjudices possibles vis-à-vis de la
régie. Une telle entreprise, avant de l'envisager, il faut bien y
penser. On ne pense pas qu'à partir de nous ou de tout autre groupe dans
le futur il y ait un recours exagéré au référendum.
On ne va pas au référendum pour rien ou s'il n'y a pas de chances
raisonnables de succès.
Par contre, il se peut, pour des raisons techniques, à
première vue, secondaires, qu'un référendum soit
manqué. Alors, pourquoi ne pas faciliter une reprise si on peut faire
échec à certains obstacles dans un temps plutôt court?
M. VINCENT: M. le Président, je voudrais terminer en mentionnant
le paragraphe d) de l'article 13 de votre mémoire qui est très
sérieux et dont, à mon sens, la commission parlementaire devra
tenir compte très sérieusement avant de voter la loi. Egalement,
je crois que le paragraphe 14 est très à point. A ce moment-ci,
je n'ai pas l'intention d'en dire plus mais, si le président
général de l'UCC a d'autres commentaires à faire sur ces
deux paragraphes... Je pense qu'ils sont très bien formulés et
qu'il faudra nécessairement que le législateur accepte d'en
analyser les implications qui sont justes.
M. ALLAIN: M. le Président, autant nous sommes d'accord avec le
principe qui émane de cette loi, autant nous serions
extrêmement
malheureux, comme organisation, s'il n'y avait pas des amendements qui,
au fond, je pense, ne modifient pas le fond de la loi, mais qui la rendent
pratique, qui la rendent fonctionnelle qui ne nous plongent pas dans des
difficultés majeures soit pour l'obtention, soit pour l'utilisation de
la loi. Il ne nous vient pas à l'idée que le législateur
veuille nous donner une loi qu'il serait difficile à administrer. On lui
prête l'autre intention, celle de nous donner une loi fonctionnelle et
pratique. Les amendements que nous proposons sont dans ce sens.
M. VINCENT: M. le Président, je termime immédiatement en
remerciant le président général de l'UCC. Comme d'autres
mémoires nous seront présentés soit par la
Coopérative fédérée ou par d'autres organismes, je
pense bien que la direction de l'UCC va se tenir à la disposition de la
commission au cas où nous aurions à revenir sur des questions
particulières.
M. ALLAIN: Oui, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A l'article 14, M. Allain, seriez-vous
d'accord que le pourcentage exigé, qui est de 60 p.c. soit
réduit?
M. ALLAIN: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous êtes d'accord pour qu'il soit
réduit à 50 p.c. plus 1, c'est-à-dire à la
majorité simple? A l'article 14.
M. ALLAIN: L'article 14 de la loi ou du mémoire?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): De la loi. M. ALLAIN: De la loi. La
réponse est oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense que ce serait normal. Quand vous
examinez la loi dans son ensemble et tout le processus de
référendum, si c'est appliqué, je pense que vous allez
être obligés de tripler vos cotisations pour que les membres
puissent absorber toutes les dépenses que cela va occasionner.
M. ALLAIN: C'est clair.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): A ce moment-là, ils ne seront
peut-être pas intéressés à adhérer au
syndicat. Pour ma part, j'aurai une foule d'amendements à proposer quand
cela va arriver en comité plénier à l'Assemblée
nationale.
Maintenant, juste quelques questions, ce sont surtout des statistiques.
Peut-être que vous ne pourrez pas me donner une réponse
précise, mais, actuellement, combien y a-t-il de membres dans l'UCC?
M. ALLAIN: Le dernier recrutement rapportait environ 39,000 membres. Je
ne peux pas le dire exactement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On sait qu'en vertu de la loi presque tous
les travailleurs forestiers ont été exclus.
M. ALLAIN: Oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'après vous, quel est, à peu
près, le nombre de membres qui vont être exclus de la loi parce
qu'actuellement les travailleurs forestiers sont inclus dans ce chiffre de
39,000, n'est-ce pas?
M. ALLAIN: Je pense que, théoriquement, c'est 5,000 ou 6,000
membres, sauf qu'il faut mettre des nuances ici aussi. Je m'excuse, mais il
arrive ceci dans certaines régions, Rimouski, en particulier, a un
apport à l'UCC par le truchement de membres forestiers.
Or, ces mêmes personnes sont propriétaires de lots
boisés. Alors, au point de vue comptable, en supposant qu'on en fasse la
déduction, parce qu'ils seront travailleurs forestiers, il n'est pas
impossible qu'ils réapparaissent quand même sur les listes, parce
qu'ils sont aussi propriétaires de boisés de ferme. Alors, cela
c'est très relatif, les chiffres relatifs aux travailleurs forestiers,
sauf que certains d'entre eux sont devenus des professionnels de la forêt
et sont typiquement des ouvriers forestiers.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci. Maintenant, à combien
évaluez-vous le nombre de producteurs qui seraient habilités
à voter selon la définition du mot "producteur" qu'on donne dans
la loi ici? Avez-vous fait des recherches là-dessus, quel en est le
nombre approximatif?
M. ALLAIN: Les statistiques les dernières que j'ai vues
rapportaient 72,000. C'était selon le recensement
fédéral. Maintenant, il est fort probable que ce ne soit plus
valable et que ça diminue au rythme de 3,000 à 4,000 par
année. Alors, il faudrait savoir de quand date le chiffre de 72,000, il
remonte à quelques années.
M. VINCENT: Oui, mais, M. le Président, quant à ses 72,000
du recensement fédéral, à ce moment-là, on
employait la définition de toute personne qui vend plus de $50 de
produits agricoles dans un an?
M. ALLAIN: C'est ça.
M. VINCENT: Alors, le député de Sainte-Marie est inclus
là-dedans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, je vends pour $2.75 à peu
près de pommes par année.
M. DEMERS: Vous êtes un bon producteur.
M. ALLAIN: Je pourrais peut-être vous donner une autre
référence; les producteurs qui sont régis par les plans
conjoints. A l'heure actuelle, on estime que le lait industriel a 35,000
producteurs, le lait nature, 5,700. Ce
sont là des productions majeures. Quand vous prenez trois autres
productions qui sont très importantes, le porc, la volaille et les
oeufs, vous avez là un certain nombre de producteurs qui ne font que ces
productions spécialisées, ils sont très peu nombreux et
vous en trouverez beaucoup qui sont aussi à la fois producteurs
laitiers.
Alors, passé le cap de 50,000, je pense que le nombre de
cultivateurs de bonne foi, disons de l'agriculture, est certainement
très faible.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, une dernière question. On
sait que l'UCC avait dernièrement, c'est-à-dire au printemps je
crois, commencé des négociations avec la Quebec Farmers
Association vous excuserez ma prononciation anglaise mais
où en sont rendues les négociations avec cet organisme? Est-ce
que ç'a abouti à quelque chose?
M. ALLAIN: Pas actuellement. Cela fait plusieurs années qu'il y a
eu des rencontres avec les parties et depuis plusieurs années, les uns
et les autres ont cherché des moyens de travailleur ensemble dans une
même organisation. Actuellement ils se voient, mais ils ne sont pas dans
une même organisation.
Avant la présentation de la loi, je pense, il y a eu une
rencontre à la demande des fermiers de langue anglaise et nous avons
examiné diverses possibilités de travailler ensemble. A l'issue
des discussions, nous leur avons offert de formuler eux-mêmes divers
choix possibles. Ils nous ont remis un document; le document en question, nous
l'avons examiné au dernier conseil général de l'UCC. Ils
seraient portés à choisir la formule de l'intégration,
mais ils réclameraient en contre partie certains privilèges quant
à la représentation. Une première analyse nous porte
à conclure sommairement pas définitivement que
l'intégration est certainement une voie possible. Mais des
privilèges quant à la représentation, notre organisation
n'a jamais été habituée à de telles choses.
Néanmoins, les cultivateurs de langue anglaise ont
accédé à des postes de direction déjà, soit
un précédent dans le cas du porc, il y a aussi des
précédents dans le cas des fédérations
régionales. Nous sommes portés à croire que s'il y avait
intégration, les cultivateurs de langue anglaise pourraient
accéder aux postes de direction.
Il y a possiblement une autre voie pour un fonctionnement qui soit
pratique, c'est que le groupe constitue une organisation plus autonome. Cela
aurait probablement certains avantages et peut-être aussi certains
inconvénients. En tout cas, à l'heure actuelle on cherche quel
serait le meilleur moyen d'assurer aux cultivateurs de langue anglaise la
représentation et surtout c'est important les
services.
Nous devons les rencontrer demain à nouveau au collège
Macdonald et continuer les discussions relativement à cette
question-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Maintenant, une autre question très
courte. Actuellement, je crois que les membres de l'UCC paient $15 par
année.
M. ALLAIN: Actuellement, c'est $15.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Advenant l'application de la Loi du
syndicalisme agricole, avez-vous envisagé la possibilité de
diminuer cette cotisation?
M. ALLAIN: Je ne crois pas.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Vous n'êtes pas obligé d'ouvrir
votre jeu.
M. ALLAIN: Je vais vous répondre, vous me posez la question. La
cotisation de $15 a été décidée par suite de
consultations dans le champ et suite à un vote à
l'assemblée où il y avait trois chiffres de mis de l'avant: $12,
$15 et $20.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est l'assemblée...
M. ALLAIN: Oui, la majorité des voix a décidé les
$15 et cela remonte à deux ans.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'est tout pour les questions, messieurs?
M. VINCENT: C'est tout pour M. Allain; est-ce que l'on pourrait poser
des questions au ministre?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. VINCENT: Quelles sont les associations ou groupements qui doivent
présenter des mémoires au cours de la prochaine
réunion?
Mémoires à venir
M. TOUPIN: La Compagnie du marché central métropolitain,
le Conseil de l'alimentation du Québec, la Coopérative
fédérée du Québec, l'Association professionnelle
des meuniers du Québec et l'Association des jardiniers
maraî-chers.
M. VINCENT: On n'a pas de mémoire du Quebec Farmers Association?
On en a justement parlé, il y aura une rencontre éventuelle
demain avec l'UCC. Il n'y en a pas, ils n'ont pas donné d'avis...
M. DEMERS: Cela viendra peut-être après. M. VINCENT: Il y
en aura peut-être après.
M. CROISETIERE: Peut-être après la rencontre.
M. LE PRESIDENT: Nous vous remercions beaucoup, M. Allain, pour votre
gentillesse répondant à toutes nos questions.
M. BELAND: M. le Président, jusqu'à quelle date limite
allez-vous accepter, par exemple, que quelqu'un ou qu'une association
quelconque vienne présenter un mémoire?
M. LE PRESIDENT: Bien, si la demande est adressée au ministre,
sans doute que ce sera ajouté à la liste et nous les
entendrons.
M. BELAND: Mais au sujet de la date limite, la semaine prochaine
ou...
M. TOUPIN: Bien, nous avons une autre séance qui est
prévue pour le 2 septembre, jeudi prochain, à dix heures. A la
suite de cette deuxième réunion de la commission, si nous jugeons
à propos de réunir la commission une troisième fois, nous
verrons à ce moment-là.
M. BELAND: D'accord.
M. VINCENT: La commission est maître de son destin.
M. DEMERS: Maîtresse! M. VINCENT: Maîtresse. M. TOUPIN:
C'est ça.
M. VINCENT: Il n'y a pas de date limite. Toute personne, tout organisme
qui veut soumettre un mémoire est le bienvenu.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux à jeudi
prochain.
M. DEMERS: A quelle heure, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: A dix heures, le matin.
(Fin de la séance: 12 h 58)