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(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Fallu): Mesdames, messieurs,
débutent ce matin nos travaux d'étude des crédits de la
commission parlementaire de l'aménagement et des équipements
relativement aux crédits du ministre des travaux publics.
Travaux publics et Approvisionnement
Les membres de cette commission sont: M. Assad (Papineau), Mme Bacon
(Chomedey), M. Beauséjour (Iberville), M. Fallu (Groulx), Mme Juneau
(Johnson), M. O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Rochefort (Gouin), M. Saintonge
(Laprairie), M. Tremblay (Chambly), M. Vaillancourt (Orford) et M. Rocheleau
(Hull).
Nous constatons donc la présence du quorum et pouvons ainsi
entamer nos travaux.
Exposés préliminaires M. Élie
Fallu
Ce matin, c'est une première et une dernière à la
fois: une première, puisque notre commission siège pour la
première fois, selon les nouvelles dispositions de notre
règlement; et c'est une dernière, puisque nous entendons pour la
dernière fois, ici, en cette Assemblée, les crédits d'un
ministère qui, bientôt, cessera d'exister car, dorénavant,
ce ministère deviendra une société.
Permettez-moi, très rapidement, en termes de
président-animateur, de rappeler un certain nombre de faits et des
dispositions pour l'étude des crédits. La première chose
que j'aimerais rappeler, c'est dans quel sens nous faisons cette étude
de crédits, puisqu'il y a un contexte qui est ancien et nouveau à
la fois puisque nous chevauchons, depuis que l'Assemblée nationale a
adopté le 21 décembre 1983 - donc, il y a à peine quelques
mois - le projet de loi 18 créant la Société
immobilière du Québec. C'est ainsi que le mandat a
été confié à cette nouvelle société
de loger les ministères et les organismes désignés par le
gouvernement et à leur fournir des services de construction,
d'aménagement, d'exploitation et de gestion immobilières. Dans ce
sens, cette société pourra acquérir, louer, vendre et
aliéner tout immeuble relatif à ce mandat. Par ailleurs, elle
pourra également se voir confier des mandats spéciaux et il lui
sera possible d'élargir sa clientèle sous certaines conditions.
Le mandat confié par l'Assemblée nationale à cette
société lui permet également de se substituer au
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement de même
qu'à la Société de développement immobilier du
Québec, dont le mandat, contenu dans une loi particulière,
était de voir à la construction, à l'aménagement,
à l'exploitation de Place Desjardins. Cette société est
donc incluse dans la nouvelle Société immobilière du
Québec.
 cet égard, elle en assumera les pouvoirs et obligations
et en acquerra les droits. De plus, l'adoption du projet de loi 18 donne lieu,
outre ce qu'on vient de mentionner, à une certaine réorganisation
administrative de ce qui était l'ancien ministère du Revenu.
C'est le cas particulièrement du service de sécurité des
palais de justice, qui a été transféré au
ministère de la Justice et, sans doute, en sera-t-il question
aujourd'hui, et des services courrier-messagerie, de dépôts de
documents semi-actifs qui relèvent maintenant effectivement du
ministère des Communications et celui des Affaires culturelles.
À noter également que le service des machines de bureau
est transféré au ministère des Communications. Enfin, le
Service général des achats du gouvernement, qui fait l'objet
d'une loi particulière, passe pour sa part sous la responsabilité
du ministre délégué à l'Administration. Ce sont
là les principaux changements qui peuvent nous intéresser,
notamment à notre commission aujourd'hui, au moment où nous
étudions, pour la dernière fois, l'ancienne structure du
ministère, au moment, où bientôt sans doute, le ministre
nous dira que c'est en cours d'été ou au début de
l'automne que la société prendra sa pleine juridiction sur
l'ensemble de ses services.
Quant à l'étude des crédits du ministère, ce
qui est toujours le ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, permettez-moi de signaler que nous avons entre les mains,
sans que nous le déclarions document déposé, mais document
de travail, le cahier que le ministre a bien voulu remettre aux membres de la
commission aux fins de l'étude des
crédits, qui est un dossier de base, et également un
certain nombre de réponses aux demandes de renseignements de
l'Opposition, on les trouve en annexe dans notre document. Également, le
ministre nous a fait parvenir à chacune et chacun le rapport annuel de
1982-1983, donc le dernier disponible du ministère des Travaux publics
et de l'Approvisionnement.
Nous pouvons donc dire, si vous voulez, selon nos nouvelles
règles, et j'aimerais les rappeler très brièvement, que
l'essentiel, c'est une motion qui devra être présentée
à la toute fin pour l'adoption de l'ensemble des crédits du
ministère. Entre-temps, vous aurez appris, chers collègues, qu'il
est prévu, d'après nos règlements, que le ministre fasse
un exposé de vingt minutes. Le ministre, qui est notre invité ce
matin, n'est pas membre de la commission. À la suite du ministre, le
porte-parole de l'Opposition, M. le député de Robert Baldwin,
prendra également la parole à son tour pour un temps
limité de vingt minutes pour les questions préliminaires. Chacun
aura, à ce moment-là, la possiblité de s'exprimer d'une
façon générale sur les orientations du ministère et
de la future société et, par la suite, nous appellerons les
programmes. M. le ministre, puis-je vous accueillir comme invité
à cette commission et vous céder la parole pour nous
présenter ce qui fut votre ministère et ce que sera la
société?
M. Alain Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, je salue tous les membres de
la commission. Pour moi aussi, c'est une première et une
dernière. C'est la première fois que je participe au nouveau type
de commission mis en place par le nouveau règlement de
l'Assemblée nationale, et une dernière, puisque c'est
sûrement la dernière commission de crédits à
laquelle je participe à titre de ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement. Je vais présenter rapidement quelques-uns de mes
principaux collaborateurs et, par la suite, je vais présenter rapidement
les prioriétés d'action du ministère pour l'année
1984-1985, dont certaines se situent dans le prolongement qui s'était
fait en 1983-1984, et d'autres sont nouvelles.
J'aimerais d'abord vous présenter M. Jean-Yves Gagnon,
sous-ministre en titre au ministère. Il a l'agréable tâche,
le plaisir et le devoir de fonder la société immobilière,
puisqu'il a été nommé P.-D.G. de la Société
immobilière du Québec par le Conseil des ministres, il y quelques
semaines.
Je voudrais vous présenter, pas tous, mais quelques-uns de nos
sous-ministres ou directeurs généraux: M. Lorin Groleau, qui est
responsable de la planification et de l'attribution de l'espace; M.
Jean-Claude
Careau, qui était sous-ministre à la construction et
à l'aménagement et qui est le nouveau directeur
général du Service général des achats - je ne sais
pas s'il s'agit du titre exact - du service général chargé
des achats du gouvernement, en replacement de M. Ouimet, qui prendra sa
retraite bientôt, M. Gaston Ouimet s'est occupé des achats, durant
une douzaine d'années, au gouvernement et, depuis plusieurs
années, du Service général des achats; M. Dumas, qui est
directeur général de l'exploitation des immeubles; le nouveau
directeur des services administratifs, M. Denis Forcier, qui était
à la Régie de l'assurance-maladie et qui nous a joints depuis peu
à titre de vice-président à l'administration à la
société immobilière; il s'occupe des tâches
administratives au ministère; M. Guy Joannis, qui est le
secrétaire de la Société immobilière du
Québec; M. Denis Lefrançois, qui est... - il a eu plusieurs
titres cette semaine - directeur de la construction par intérim; Mme
Nadine Girardville, qui est directrice des communications; M. André
Frenière qui s'occupe de l'implantation de la société
immobilière, et M. Michel Champoux, qui est mon chef de cabinet.
Quant à l'action du ministère en 1984-1985, je dois
peut-être vous rappeler brièvement, très brièvement,
les priorités d'action qui avaient été les nôtres
durant les deux dernières années. Simplement pour se situer,
puisque l'action d'un ministère ne se situe pas dans une année,
cela se situe dans une processus de deux, trois, quatre ans, le
ministère a attaché beaucoup d'importance dans les deux, trois
dernières années à faire des plans d'attribution de
l'espace. C'est ce qui fait qu'à Québec, on a fait un plan qui
nous amène à réduire notre espace en location de 70 000
mètres carrés sur cinq ans. Il y a déjà deux
premières années de réalisées sur ce plan-là
et nous sommes en train de dépasser nos objectifs.
Le plan de l'attribution de l'espace pour la région de
Montréal, qui lui aussi amènera des réductions d'espace,
est également terminé. L'autre priorité du
ministère, dans les récentes années, a été
d'améliorer le fichier central des fournisseurs, ce qui est entré
en vigueur le 1er avril 1983. Une autre priorité du ministère
dans les deux dernières années, a été la
réduction des effectifs. Le ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement a réduit ses effectifs d'environ 11%, alors que
notre objectif était de 10%. On a réduit d'environ 11% les
effectifs du ministère pour les deux derniers exercices, soit environ
5,5% par année. Nous avons opéré une
régionalisation du ministère, c'est-à-dire que nous avons
donné beaucoup plus de pouvoirs décisionnels, de pouvoirs au
niveau de la signature de documents, au niveau des engagements financiers,
etc., à
nos représentants régionaux et aux gérants
d'édifices dans les municipalités et dans les grandes villes.
Cette opération réside dans une plus grande satisfaction de nos
clients face à la rapidité de nos décisions sur le
territoire, face à l'exploitation des immeubles. Une autre
priorité à laquelle nous avons attaché beaucoup
d'importance dans les deux dernières années, c'était la
révision de tout le cheminement des demandes de clients.
Vous savez que le ministère des Travaux publics avait la
réputation d'être le ministère des "travaux pas vite". Nous
avons voulu changer cette réputation et nous avons réussi. Le
sous-ministre vient de faire une tournée de toutes les régions du
Québec où il a rencontré nos clients dans l'ensemble des
régions du Québec et ceux-ci ont été unanimes
à indiquer qu'il y avait eu de très grandes améliorations
au ministère des Travaux publics dans la qualité, la
rapidité du service offert à nos clients. Ceci a
été possible à cause de la délégation de
pouvoirs de plus en plus grands à nos représentants
régionaux et aux gérants d'immeubles dans les milieux
urbains.
Une autre priorité a consisté à mettre le plus
possible en valeur, au ministère le programme d'égalité
à l'emploi des femmes de l'ensemble de la fonction publique, mais nous
avons fait des efforts pour qu'au ministère des Travaux publics, il
s'applique de façon intensive. Nous avons également
travaillé à faire en sorte qu'il y est extension du fichier
central des fournisseurs et, maintenant le ministère des Affaires
sociales a recours à ce fichier central pour le choix des services de
professionnels de la construction et également pour le choix des
entreprises en construction, ce qui fait que ce fichier central des
fournisseurs est plus utilisé qu'auparavant parce qu'il est
utilisé aussi par une bonne partie du réseau des affaires
sociales. (10 h 30)
Cela était pour les priorités des deux dernières
années. Les priorités de l'année 1984-1985, il y en a
huit, quatre qui sont dans le prolongement de priorités
déjà fixées l'an dernier et quatre qui sont de nouvelles
priorités, qui se situent toutes pour atteindre quatre objectifs:
l'amélioration de nos services à la clientèle;
l'accroissement de notre efficacité et de notre productivité
comme service gouvernemental; l'accroissement de la qualité de vie au
travail de nos employés, et, également, le respect et
l'application des politiques gouvernementales générales.
Ces huits priorités, je les énumère rapidement. Au
cours du débat, à la suite de questions, j'essaierai de donner le
plus possible d'information.
La première priorité du ministère est la
compression des dépenses. Le principal moyen utilisé dans les
deux dernières années pour comprimer nos dépenses a
été la réduction du personnel. Évidemment, ceci va
prendre moins d'importance l'an prochain puisque, après avoir
réduit de 10% le personnel en deux ans, nous nous ajustons à la
politique gouvernementale générale et notre réduction
d'effectifs, cette année, sera de 2%. Mais nous allons continuer de
mettre l'accent sur la sous-traitance. Nous continuons d'examiner chacune des
productions du ministère pour voir s'il est plus efficace ou plus
rentable de les faire faire ou de les faire nous-mêmes; et, pour chacune
de ces productions, nous faisons les choix qui s'imposent, soit de les faire
faire, donc d'aller en sous-traitance, soit de continuer à faire ces
opérations nous-mêmes.
Un deuxième secteur qui nous permet d'atteindre l'objectif de
compression des dépenses, c'est l'intensification de nos investissements
dans les économies d'énergie. Cela a été une source
d'économie considérable dans les cinq dernières
années, mais nous avons dépassé nos objectifs. Nous nous
sommes fixé des objectifs plus élevés pour les
années à venir. Voilà les principaux moyens que nous
voulons prendre pour la compression des dépenses.
Notre deuxième objectif, c'est de continuer la mise en oeuvre du
programme de motivation de productivité et de performance. Vous savez
que le ministère des Travaux publics a été le premier
ministère au gouvernement à mettre en place un programme officiel
de motivation de productivité et de performance auprès de ses
employés, qui comportait une dizaine d'activités
différentes. Face au succès de ce programme, malgré la
conjoncture, on l'a établi en plein milieu du conflit des secteurs
public et parapublic, il y a un an, un an et demi; mais on avait
été très clair avec les employés, on leur a
expliqué que c'était d'abord pour améliorer leurs
conditions générales de travail, leur donner plus de
responsabilités et qu'ils puissent davantage s'épanouir dans
leurs fonctions. Il y a eu une très grande collaboration à la
mise en place de l'ensemble du programme, qui a dix facettes. Il y a des
sondages de faits auprès des employés. Il y a le programme de
suggestions d'idées d'économie, qui sont
récompensées, et ainsi de suite, en tout cas une dizaine de
mesures concrètes. Ce programme de motivation de productivité et
de performance, on savait que cela prendrait quelques années avant qu'il
donne des résultats complets. Alors, c'est la deuxième
année où nous sommes impliqués dans sa mise en oeuvre, et
nous avons choisi de le maintenir puisque, par son objectif, on arrive à
mesurer tous les résultats que nous voulons atteindre.
La troisième priorité du ministère, c'est la mise
en place d'un programme
d'indicateurs globaux de performance. Dans les deux premières
années où j'ai été au ministère, notre
objectif a été de réviser tout le cheminement des demandes
de clients. On a fait la liste des demandes des clients - admettons que ce sont
20 à 25 demandes typiques des clients - et on a tout
révisé le cheminement de ces demandes afin de le raccourcir, pour
déléguer des responsabilités et que les décisions
se prennent plus vite et plus bas dans la machine. Mais on s'est dit: C'est
bien beau de mesurer la façon dont les demandes des clients
évoluent, l'efficacité avec laquelle on les traite, mais il faut
quand même avoir des mesures globales d'efficacité pour l'ensemble
du ministère.
L'an dernier, nous avons développé des indicateurs. Cette
année, nous sommes en mesure, concrètement, de mesurer, par des
indicateurs globaux, la performance du ministère dans des secteurs
névralgiques par rapport à la mesure de son efficacité. Et
c'est aussi une façon de modifier la culture du ministère pour
qu'un ministère se conduise, de plus en plus, comme une entreprise
privée, à ce titre.
Une quatrième priorité, qui était dans la
continuité de choses déjà engagées, c'est d'arriver
à une politique d'aménagement de l'espace au ministère et
de développer une politique claire du service à la
clientèle. Le ministère, depuis trois ou quatre années, a
développé une politique d'attribution de l'espace. Maintenant, on
sait très bien où l'on va à Québec et à
Montréal, au niveau de la gestion globale de l'espace. Mais on s'est
dit: II y a une autre chose qu'il faut arriver à faire, c'est d'avoir
une politique tout aussi claire, écrite, acceptée par le Conseil
du trésor et le Conseil des ministres, une politique de
l'aménagement, puisque c'est le point sur lequel on est le plus
vulnérable. Tous nos clients nous disent: Vous ne faites qu'administrer
des normes, il n'y a jamais moyen de discuter avec vous, jamais moyen de
s'entendre pour avoir des exceptions ou tenir compte de certaines
circonstances. On s'est dit que, au lieu d'être sur la défensive,
comme on l'était avant, au niveau de la gestion de l'espace - on
attendait les demandes des clients et on essayait d'y répondre - on est
passé à l'offensive en faisant des plans pour savoir de combien
d'espaces on avait besoin au gouvernement et combien il fallait en liquider.
Mais on veut avoir la même attitude offensive face à
l'aménagement de l'espace. On veut avoir une politique de
l'aménagement de l'espace qui soit claire pour tous nos clients et sur
laquelle ils auraient été consultés.
Actuellement, nous sommes en voie d'élaborer cette politique. Si
ma mémoire est bonne, nous en sommes à l'étape de la
consultation des clients sur cette politique d'aménagement de l'espace.
Nous voulons en arriver à produire ce qu'on appellera un manuel du
client. Quand le client s'adressera à nous, il aura un manuel
décrivant tous les services qu'il peut y avoir au ministère des
Travaux publics, et, éventuellement, à la société
immobilière.
Ce sont les quatre priorités qui existaient et que nous
poursuivons. Quant aux quatre nouvelles priorités, nous voulons mettre
en place un programme de gestion par résultats. Souvent, des organismes
parlent de gestion par objectifs; nous préférons mettre en place
et parler de gestion par résultats. Nous sommes en train de
développer tous les instruments pour en arriver à gérer le
ministère dans le cadre d'une gestion par résultats.
Une sixième priorité d'action du ministère, cette
année, est d'arriver à développer un programme
d'amélioration du climat de travail. L'an dernier, nous avons
effectué un vaste sondage auprès de l'ensemble de nos
employés sur la satisfaction des employés face à leur
unité de travail, face aux services du ministère et face à
l'information. Nous avons découvert des choses intéressantes.
À partir de l'analyse de ce sondage, j'ai demandé au
sous-ministre et, plus particulièrement, au sous-ministre responsable de
l'administration de développer un programme d'action pour
améliorer le climat de travail au ministère.
Une septième priorité: l'accélération de
l'approbation des projets de construction. Depuis deux ans, nous avons mis
l'accent sur le fait de rendre plus efficace le ministère des Travaux
publics au niveau de l'exploitation des immeubles. Ce qui touche directement
nos clients, ce sont les bébelles; on vous demande de changer une prise
de courant, une porte, ainsi de suite. On n'était pas des plus rapides
ou des plus efficaces. On le devient de plus en plus et nos clients le
reconnaissent.
Au niveau des grandes constructions du gouvernement, on constate que ce
n'est pas une fois la décision prise de faire les plans et construire,
on respecte nos échéanciers et nos coûts, il n'y a pas de
problème, mais c'est à partir du besoin énoncé par
le ministère, jusqu'à l'approbation par le Conseil des ministres
ou le Conseil du trésor, où les étapes sont très
longues et où, peut-être, les responsabilités entre le
ministère, le client et nous demandent à être
redéfinies ou reprécisées. Nous avons fait une
priorité de réviser l'ensemble du processus qui va de
l'énoncé du besoin par le client de tel bâtiment, dans
telle ville, ou de tel palais de justice, jusqu'à l'approbation par le
Conseil du trésor des budgets et de l'idée comme telle. Tout ce
circuit, l'approbation des projets de construction, une
accélération, c'est un objectif prioritaire du ministère
cette année.
Évidemment, vous vous doutez bien que
le huitième objectif prioritaire du ministère est
l'implantation de la société immobilière, sur laquelle
nous aurons sûrement l'occasion de revenir. C'est ce qui accapare
actuellement l'essentiel du travail des fonctionnaires de la direction du
ministère. Je dois vous dire que nous avions prévu que le
ministère - c'est prévu dans la loi comme telle - mette fin
à ses activités le 1er octobre; actuellement tout se
déroule normalement. Normalement, le 30 septembre prochain, le
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement
disparaîtra et sera remplacé par la Société
immobilière du Québec.
Je puis vous assurer que ces changements... Parce que mon plus grand
souci à travers tous ces changements a été de respecter au
maximum les employés du ministère. Je pense qu'on en a une
indication importante dans le fait qu'il y a, sur 1300 employés
invités à passer à celle-ci - il y a toutes sortes de
motifs qui peuvent être invoqués par ces personnes, certaines
préférant déménager de ville, etc. seulement 23
personnes qui ont désiré ne pas passer à la
Société immobilière du Québec. Je pense que c'est
une façon d'indiquer que tous ces changements dont il est question
depuis maintenant un an, soit depuis le discours inaugural de mars 1983, date
à laquelle l'idée a été lancée, se sont
faits en collaboration avec les employés dans le respect de leur
motivation et de leur goût de s'impliquer. Dans l'ensemble des contacts
que j'ai eus avec les employés du ministère, je peux vous assurer
que l'idée de la création de la Société
immobilière du Québec et de la disparition du ministère
des Travaux publics et de l'Approvisionnement a fait un large consensus et a
même suscité et suscite encore des espoirs importants. Des
employés du ministère souhaitaient des changements dans la
gestion du ministère, dans son image, dans sa perception, dans son
action, et plusieurs employés croient que cette transformation du
ministère en société est une excellente occasion de
redynamiser toute l'action, leur action personnelle comme leur action de
groupe.
J'ai essayé, M. le Président, de résumer les huit
priorités d'action du ministère et je pense que c'est ce qui va
structurer toute notre action dans les mois qui viennent.
Le Président (M. Fallu): Je vous remercie, M. le ministre.
Je voudrais également souhaiter, au nom de tous nos collègues et
de Mme la vice-présidente, la bienvenue au sous-ministre, qui est
d'ailleurs déjà le président de la Société
immobilière du Québec, et à tous ses collaborateurs.
J'inviterais le député de Robert Baldwin à
s'exprimer pendant 20 minutes.
M. John O'Galiagher
M. O'Gallagher: Merci, M. le Président. Je vous assure que
je serai bref car nous disposons de très peu de temps et nous avons
plusieurs questions à poser au ministre. Ce sera surtout pour poser des
questions.
En tant que porte-parole de l'Opposition, j'ai la responsabilité
de suivre les activités du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement et je m'intéresse, il va sans dire, à
l'importante transformation que vit présentement ce ministère.
L'étude de la loi 18, Loi sur la Société
immobilière du Québec, nous a permis, cet automne, de prendre
connaissance des intentions du gouvernement vis-à-vis de ce
ministère qui est appelé à disparaître. Au moment de
l'étude détaillée de la loi, le ministre a fait de son
mieux pour répondre à nos nombreuses questions sur le projet de
transformation de ce ministère en société d'État.
Plusieurs questions sont toutefois demeurées sans réponse. Le
ministre nous expliquait que certaines décisions n'avaient pas encore
été rendues et que certains éléments étaient
encore à l'étape de la planification. Le ministre, par exemple,
n'a pu satisfaire notre curiosité quant à l'existence d'un plan
de développement pour la Société immobilière du
Québec. Le ministre n'a pu nous dire non plus quel sera le ministre
responsable de cette nouvelle société. Enfin, nous
déplorons le fait que le ministre ne nous ait jamais communiqué
la politique de développement qu'entend suivre la
société.
Nous espérons donc profiter de l'occasion que nous offre cette
dernière étude des crédits de ce ministère pour
obtenir satisfaction à notre curiosité législative, si je
puis m'exprimer ainsi.
Je propose que nous procédions d'abord à une étude
des différents éléments du budget alloué au
ministère à l'aide du cahier d'information fourni par le
ministère pour aborder ensuite quelques points bien précis qui
nous intéressent particulièrement.
J'invite alors mes collègues de l'Opposition membres de cette
commission à profiter de l'occasion que nous offre l'étude des
crédits pour aborder avec le ministre tout sujet qui les
intéresse particulièrement. (10 h 45)
Avant de céder la parole à mes collègues, je
voudrais revenir sur les priorités que le ministre a mentionnées
l'an dernier dans son allocution avant l'étude des crédits et
qu'il a revues quelque peu. On voit, aujourd'hui, qu'il a changé l'ordre
ou le numérotage de ces priorités et vous pourriez
peut-être nous donner quelques détails additionnels sur les
études et sur le cheminement ou l'évolution de ces
priorités depuis l'an dernier.
L'an dernier, la première priorité était
la compression des dépenses. Il y avait, à ce
moment-là, 63 productions au ministère et le gros problème
était de savoir si on allait utiliser la formule "faire" ou "faire
faire". J'aimerais demander au ministre s'il existe un rapport précis
sur la question à savoir si on va "faire" ou "faire faire" des travaux
de construction, etc. Si oui, est-ce qu'on pourrait avoir un
résumé de cette étude? Je trouve que c'est quelque chose
d'assez important car il y a toutes sortes de constructions faites par le
ministère (de petites constructions, de grandes constructions), des
formules de location ou de "buy back", de "lease back", etc. Avez-vous,
à votre ministère, préparé un rapport ou une
étude qui pourrait être mis à la disposition des membres de
la commission?
Le Président (M. Fallu): Est-ce que vous aimeriez avoir la
réponse tout de suite, M. le député?
M. O'Gallagher: Oui.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: Disons que je n'ai aucune objection à vous
fournir ces renseignements, mais je puis vous assurer que cela constitue des
montagnes de papier, parce que vous avez parlé de 63 productions.
L'orientation générale, le principe général est le
suivant: Autant que possible, nous souhaitons toujours faire faire les travaux
à l'extérieur, dans la mesure où c'est moins coûteux
ou plus efficace et que cela ne nous oblige pas à avoir un budget de
fonctionnement de base trop élevé.
Ce que nous avons fait, pour les 63 productions du ministère,
c'est de regarder, dans chaque cas, s'il était plus efficace de le faire
en régie ou de le faire faire à sous-contrat. Il n'y a pas eu de
rapport-synthèse qui résume les 63 productions... Oui, dans le
fond, il y en a, parce qu'il y avait des rapports-synthèses indiquant le
nom de chacune des productions, la proportion de productions à faire et
celle de productions à faire faire et l'orientation qu'on prenait pour
chacune. Oui, on pourrait transmettre aux membres de l'Opposition...
M. O'Gallagher: Je ne désire pas un rapport sur les 63
productions, je veux simplement une précision sur la construction des
édifices; il y a des édifices de moins de 10 000 pieds
carrés, des édifices de plus de 10 000 pieds carrés et de
plus de 25 000 pieds carrés.
M. Marcoux: Tout cela, M. le député de Robert
Baldwin, est déjà fait à l'extérieur, à la
fois pour les plans et devis exceptionnellement, on peut les faire au
ministère mais, normalement, le travail des ingénieurs, de
l'architecte, de l'entrepreneur, tout cela est fait à l'extérieur
- toute la grosse construction au ministère, et ce depuis quinze ou
vingt ans, vingt ou vingt-cinq ans - je ne sais pas comment c'était
avant - se fait à l'extérieur.
Quand on a parlé, dans le cadre de la compression des
dépenses, d'analyser chacune des productions pour les faire ou les faire
faire, cela touchait surtout l'exploitation des immeubles. Est-ce qu'on doit
maintenir à Duberger un garage qui fait l'entretien de 80
véhicules du gouvernement et où on a neuf ou dix employés?
Est-ce qu'il y a un garage au Québec qui vivrait de l'entretien de 80
véhicules en employant huit ou neuf employés? On est vite
arrivé à la conclusion que non et on s'est entendu avec le
syndicat pour resituer ailleurs, dans l'appareil gouvernemental, dans notre
ministère ou ailleurs, ces personnes.
Et notre menuiserie? Y a-t-il une menuiserie qui vivrait avec dix, douze
ou quinze employés pour réparer une centaine de meubles par
année? On en a fait l'analyse et on a découvert que non. On a
décidé de garder un nombre minimal d'employés,
peut-être trois ou quatre.
En somme, on ne l'a pas fait de façon idéologique, on a
étudié chacune des productions pour savoir quel était le
pourcentage fait en régie, le pourcentage fait à
l'extérieur, le produit, ce qu'on produisait, le nombre
d'employés qu'on devait payer pour fabriquer le produit et on a
comparé cela au marché privé pour savoir si ça
coûtait moins cher ou plus cher. Pour chacune des productions, on a pris
la décision de la faire faire complètement à
l'extérieur ou on garde le statu quo, moitié par nous,
moitié par l'entreprise privée, selon chaque cas.
Ce que je pourrais vous transmettre, c'est un document qui a
peut-être sept ou huit pages, pas très long, où vous avez
le nom de chacune des productions, le pourcentage qui a été fait
actuellement au gouvernement, celui fait à l'extérieur, en termes
de nombre d'heures et de coût, et la décision prise après
avoir fait l'analyse, la décision de dire qu'on maintient le statu quo
ou qu'on va davantage à l'extérieur.
Je vais vous donner un autre exemple: les stationnements à
Montréal étaient gérés par des employés du
ministère. Nous avons décidé d'installer de plus en plus
des barrières ou de les donner à contrat. Ces employés, on
les resitue ailleurs dans du gardiennage d'édifices, car c'est moins
cher ainsi. Au fur et à mesure que ces personnes quitteront, vous le
savez pour le gardiennage d'édifices, nos politiques sont d'aller
à l'entreprise privée par contrat. C'est l'attitude que nous
avons développée. Nous n'avons mis personne à pied,
personne en disponibilité, mais, au fur et à mesure que nous
constatons que l'analyse est faite et que, dans tel secteur, il est plus
efficace de
faire effectuer les travaux à l'extérieur, nous optons
pour les contrats à l'entreprise privée. C'est notre politique
générale, nous allons vous transmettre rapidement le
résumé de l'analyse, car si nous transmettions l'analyse, le
bureau en serait plein ici.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que vous avez d'autres
questions à poser, car j'ai l'impression que M. le député
de Papineau a lui aussi une déclaration préliminaire? Nous allons
le reconnaître immédiatement.
M. Mark Assad
M. Assad: Avant, je veux juste suivre. Mon collègue va
poser des questions. Je reviendrai plus tard avec une remarque
générale. Mon collègue de Robert Baldwin a
mentionné 10 000 pieds carrés et puis 25 000 pieds carrés.
Je ne sais pas si une étude a été faite, mais
l'expérience a démontré pour le gouvernement que, dans
certaines régions, la construction pour le gouvernement
d'édifices de 10 000 carrés et moins n'est pas rentable, mais
que, à partir de 10 000 pieds et plus, cela devient rentable à
long terme, c'est-à-dire vingt à vingt-cinq ans, et dans les
grandes villes, comme Montréal évidemment et Québec, que,
à partir de 25 000 pieds et plus, il est à l'avantage du
gouvernement de construire et de gérer lui-même les
édifices.
M. Marcoux: Est-ce que je peux vous dire qu'à ma
connaissance, il n'y pas de telle étude au ministère des Travaux
publics et qu'il y a des faits que je connais qui contredisent la règle
générale que vous tracez? Je vais vous donner un exemple
précis. À Montréal, actuellement, il s'est tellement
construit, dans les trois ou quatre dernières années,
d'édifices à bureaux qu'il est actuellement beaucoup plus
rentable d'aller en location que d'aller en construction pour nous-mêmes.
C'est ainsi, par exemple, que nous avons décidé de fermer des
bureaux à Place Ville-Marie et d'aller en appel public d'offres; nous
avons économisé, selon notre évaluation, environ 1 500 000
$ sur ce contrat de dix ans; nous sommes allés dans un immeuble
complètement neuf qui nous donne une qualité exceptionnelle de
services pour le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme et
le ministère du Commerce extérieur. Il y a des circonstances
où, même dans les grandes villes, il peut être rentable de
construire nous-mêmes et puis d'arriver à faire un bon coup, mais
il y a d'autres circonstances où vous êtes bien mieux d'aller sur
le marché locatif à très long terme et vous faites des
économies considérables d'échelle. Je peux vous dire
qu'à Montréal, il y a un an, un an et demi, le ministère a
décidé de façon parfaitement consciente d'aller en appel
public d'offres, ce qui ne s'était jamais fait à Montréal,
pour la location, et ceci a eu des échos. Je ne veux pas faire trop de
politique au sens classique, comme on dit qu'on va faire de la politique, mais,
si vous regardez notre façon de procéder pour faire cet appel
public d'offres, qui nous a amenés à louer des locaux à
très bon marché, et la comparez à la méthode qu'Air
Canada a prise pour la location de ses édifices, au niveau des
coûts que nous avons payés et que nous allons payer, compte tenu
du même marché locatif, à ce moment-là, notre
décision d'aller en appel public d'offres nous assure des
économies d'environ 1 500 000 $, si ma mémoire est bonne, sur une
dizaine d'années.
M. Assad: Lors du déménagement de Place Ville-Marie
à l'édifice de la Banque Mercantile, sur le boulevard de
Maisonneuve, est-ce que ce sont les seules offres que vous avez eues?
M. Tremblay: Dois-je comprendre que nous sommes passés
tout de go à la période des questions?
Le Président (M. Fallu): Vous savez que l'étude des
crédits se fait un peu à un rythme différent de
l'étude d'un projet de loi, article par article. Il y a beaucoup plus de
souplesse. Dans une déclaration préliminaire, on peut
également poser des questions d'ensemble sur les orientations notamment
du ministère et effectivement on tombe peut-être dans des
exemples, mais, à mon avis, jusqu'à maintenant, ceux-ci ne font
qu'illustrer les politiques d'ensemble et, de toute façon, semble-t-il,
il y a peu de questions préliminaires à poser et bientôt
nous aborderons le proramme 1.
Mme Bacon: J'aimerais peut-être faire remarquer, M. le
Président, que le député de Robert Baldwin n'a pas
utilisé les vingt minutes mises à sa disposition pour sa
déclaration, car il est entré tout de suite dans ses questions,
alors qu'il aurait pu utiliser autrement ces vingt minutes.
M. Tremblay: Loin de moi l'idée de rendre
sévères les règlements ou les procédures, je
voudrais vous indiquer, M. le Président, que j'aurais aussi des
questions à poser, si vous le jugez bon.
Le Président (M. Fallu): Après que le
député de Robert Baldwin aura terminé, après que le
député de Papineau aura aussi terminé et que le
député de Hull sera également intervenu.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): Oui, volontiers,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: D'ailleurs, on ne doit pas dire question de
règlement mais rappel au règlement.
Le Président (M. Fallu): Un rappel au règlement,
oui.
M. Rochefort: M. le Président, je conviens facilement que
le député de Robert Baldwin avait droit à 20 minutes de
commentaires introductifs, qu'il pourra toujours reprendre à un autre
moment durant l'étude des crédits du ministère
concerné, mais, à partir du moment où un autre
député de sa formation politique entre dans des questions
spécifiques, il me semble qu'on doit respecter l'alternance.
Le Président (M. Fallu): Oui, en effet. On en
convient.
M. Rochefort: Sinon, je vous avoue qu'on va lui donner une heure
et on reviendra dans une heure et on fera quatre heures.
Le Président (M. Fallu): Bon! M. Assad: On
n'était pas contre. M. Rochefort: Pardon? M. Assad: On
n'était pas contre.
M. Rochefort: Ah! je suis convaincu que vous n'étiez pas
contre. Je veux simplement être certain que le président
n'oubliera pas l'alternance. J'étais convaincu, M. le Président,
que vous étiez suffisamment tolérant pour nous donner du temps.
Merci.
Le Président (M. Fallu): Je vous remercie de me rappeler
à la règle de l'alternance. Vous savez que je n'ai pas l'habitude
de présider des commissions. Je demande votre sollicitude et surtout
votre aide.
Néanmoins, est-ce que vous permettez que nos deux
députés terminent leur intervention, ensuite le
député de Chambly et enfin le député de Hull. M. le
député de Papineau.
M. Assad: M. le Président, j'aimerais amener une autre
dimension aux remarques générales de mon collègue de
Robert Baldwin. Vous avez dit que M. Careau est le directeur du Service
général des achats. Je sais que c'est évidemment un gros
budget qui est à la disposition du Service général des
achats.
M. Marcoux: C'est l'un des plus petits budgets au gouvernement
parce que je pense qu'il s'agit de 5 000 000 $ ou 6 000 000 $ ou quelque chose
du genre. C'est que le Service général des achats n'achète
pas. Tout ce qu'il fait, c'est d'examiner tous les appels d'offres, il fait des
regroupements d'achats, il s'assure de la qualité des produits
livrés mais les budgets des achats sont dans chacun des
ministères. Le Service général des achats comme tel ne
paie pas les commandes. Il ne fait que centraliser les appels d'offres,
l'analyse de la qualité, regrouper les achats pour arriver à des
économies d'échelle et s'assurer du contrôle des normes qui
sont fixées au gouvernement.
M. Assad: D'accord. La dimension que je voulais amener, M. le
Président, c'est que lorsque sont étudiés des appels
d'offres -dans toutes les régions, selon l'équipement dont vous
avez besoin - j'ai remarqué que, dans le domaine de la petite et moyenne
entreprise, ceux qui font des soumissions auprès du gouvernement, trop
souvent ne sont pas concurrentiels pour la simple raison qu'à cause de
leur manque d'organisation à l'intérieur de leur entreprise ou
qu'avec le temps, ils ne deviennent pas concurrentiels.
Ce que je voudrais savoir, c'est si, lorsqu'on regarde la gamme de tous
les programmes qui existent au ministère de l'Industrie et du Commerce
pour aider la petite et la moyenne entreprise, l'aide technique, l'aide
financière, etc., dans les montants dépensés par le
gouvernement, dans tous les achats faits par les ministères, on ne
pourrait pas mettre l'accent sur la petite et la moyenne entreprise, la rendre
concurrentielle, car il y aurait alors de meilleures chances d'avoir des
contrats non seulement d'équipements mais de services.
Je trouve qu'il y aurait une étude qui pourrait être
lancée par le Service général des achats dans tous les
ministères en leur disant: On sait où sont tous les achats dans
toutes les régions du Québec. Qu'on mette l'accent sur les
entreprises locales et qu'on voie de quelle façon elles pourraient
bénéficier des programmes du ministère de l'Industrie et
du Commerce pour les rendre concurrentielles et que les montants d'argent qui
sont dépensés pour les achats pourraient être
distribués d'une façon aussi équitable et aussi large que
possible dans toutes nos entreprises au Québec. (11 heures)
M. Marcoux: Je crains que nous soyons en désaccord sur
certains points que vous avez énoncés, mais nous sommes en accord
sur d'autres, dont la chose suivante: le Service général des
achats, historiquement, plus particulièrement peut-être depuis une
dizaine d'années, a essayé de profiter de la connaissance du
regroupement des achats du gouvernement pour aider et pour développer
des entreprises au Québec, dans certains secteurs où on ne
produisait pas et pour
lesquels on achetait de façon suffisante pour susciter la
création d'entreprises. Dans d'autres secteurs où nous
étions déjà présents, par exemple, le secteur du
meuble, le Service général des achats, en normalisant le type
d'ameublement gouvernemental qu'on achetait, a facilité auprès
des entreprises le type de besoins du gouvernement et la spécialisation
de certaines entreprises dans des types d'ameublement. Ce sont des actions que
le Service général des achats effectue en collaboration avec les
acheteurs du gouvernement et les fournisseurs de l'entreprise privée.
À cet égard, je rejoins vos objectifs.
Là où je ne peux rejoindre vos objectifs, c'est lorsque
vous dites que le rôle du Service général des achats
pourrait être d'assurer une meilleure redistribution des commandes ou des
contrats gouvernementaux sur le territoire ou entre la petite, la moyenne et la
grande entreprise. Je peux vous dire que le principe absolu du Service
général des achats, à moins d'une décision formelle
du Conseil du trésor ou du gouvernement, par exemple, dans le secteur de
l'informatique, c'est la concurrence, c'est par appel public d'offres qu'on
procède et c'est le fournisseur qui soumissionne au meilleur prix.
Vos préoccupations doivent être et sont les
préoccupations d'un autre ministère du gouvernement, qui est
celui de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, qui est aussi responsable de
la définition de la politique d'achats du gouvernement. Le Service
général des achats doit, pour sa crédibilité, avoir
une attitude absolument neutre face à toutes les entreprises
fournisseuses de biens et services du Québec. C'est le ministère
de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui, d'une part, en
établissant la politique d'achat préférentiel du
Québec et, d'autre part, par les moyens qu'il a de faciliter la
modernisation de certains secteurs industriels par des subventions ou
autrement, peut développer des entreprises au Québec, à la
lumière des informations que nous avons, ou les aider à se
moderniser. Je pense que c'est très important pour les fournisseurs de
distinguer les deux rôles. Les fournisseurs le demandent d'ailleurs et
ils sont d'accord.
M. Assad: D'accord, mais ce que je voulais dire...
Le Président (M. Fallu): M. le député, je
vous ai cédé la parole tout à l'heure sous prétexte
que c'était une sous-question en rapport avec ce que votre
collègue de Robert Baldwin avait abordé. Profitant de votre droit
de parole, vous êtes maintenant rendu au dernier programme.
M. Assad: Ce n'était pas dans un programme. Je ne traitais
pas du Service général des achats comme tel. Ce n'est pas une
question que j'ai posée.
Le Président (M. Fallu): Je voudrais solliciter votre
collaboration pour que votre collègue de Robert Baldwin, qui avait la
parole initialement, puisse terminer son intervention
préliminaire...
M. Assad: II n'avait pas fini?
Le Président (M. Fallu): Non, il n'avait pas
terminé. On vous a donné la parole pour une question incidente,
qu'on croyait incidente à l'une de ses questions. Est-ce que vous
pourriez terminer pour qu'on puisse redonner la parole à votre
collègue?
M. Assad: D'accord. Je vais redonner la parole à mon
collègue de Robert Baldwin après ce qui suit. On voudrait, autant
que possible, que la philosophie du Service général des achats
soit que les achats se fassent à l'intérieur du Québec et
qu'on ne soit pas obligé d'aller à l'extérieur du
Québec, mais on est obligé d'y aller quand il y a une
différence de prix. Je sais qu'il faut que le Service
général des achats soit honnête avec tous les fournisseurs
et que le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme puisse
travailler en collaboration pour identifier les secteurs où il pourrait
y avoir amélioration. Des programmes existent au ministère de
l'Industrie, du Commerce et du Tourisme qui pourraient rendre les industries du
Québec plus concurrentielles pour s'assurer, autant que possible, que
nos fabricants, à l'intérieur du Québec,
s'améliorent au point d'être toujours concurrentiels.
M. Marcoux: Je pourrais donner de nombreux exemples, M. le
député, où le Service général des achats, en
collaboration avec le MICT et d'autres ministères, a travaillé
dans ce sens-là. Je donne l'exemple de la fourniture des appareils
informatiques. Il y a quatre ou cinq ans, si ma mémoire est bonne, les
cégeps, le ministère de l'Éducation et les commissions
scolaires se sont associés pour faire des commandes regroupées et
cela a entraîné l'établissement, au Québec,
d'entreprises dans le secteur informatique, telles Comterm, des filiales ou
d'autres petites entreprises. Il y a plusieurs exemples comme celui-là.
Je peux vous dire que l'augmentation du contenu québécois des
achats est une préoccupation de la CPIA, la Commission permanente
interministérielle des achats, et c'est appliqué par le Service
général des achats. Je ne veux pas prendre trop de temps. Je
pourrais vous citer certainement quelques dizaines d'exemples où le
Service général des achats est intervenu avec d'autres
ministères ou avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme
dans le sens d'augmenter le contenu québécois des produits
que nous achetons.
M. O'Gallagher: Est-ce que je pourrais avoir une copie, M. le
ministre, des exemples; vous pourriez m'envoyer cela à mon bureau?
M. Marcoux: Bien sûr.
M. O'Gallagher: Merci. Pour terminer mes remarques sur les
paroles du ministre, au début de nos travaux, je voudrais continuer de
l'interroger sur les priorités. Je vais poser mes questions et il pourra
y répondre à la fin de mes remarques.
Le Président (M. Fallu): Le député signale
qu'il va poser l'ensemble de ses questions en vous demandant d'y
répondre et moi je vais ajouter le plus brièvement possible.
M. Marcoux: D'accord.
M. O'Gallagher: Mes remarques concernent seulement les
priorités. Vous en avez fait mention dans vos remarques
préliminaires et dans les priorités que vous avez
mentionnées l'an dernier. Dans la même optique, votre
première priorité, c'est la compression des dépenses. Vous
y avez mentionné la rationalisation des espaces; sur une période
de cinq ans, on voulait réduire à Québec de 70 000
mètres carrés la superficie utilisée. Vous avez dit tout
à l'heure que, sur cette période - on est rendu à deux ans
sur le plan de cinq ans - on est assez avancé. Je voudrais savoir dans
quelle mesure on a réduit l'espace aujourd'hui à Québec et
quels sont les projets ou quel est l'objectif de réduction de l'espace
à Montréal au cours de cette période. Quel est le plan de
réduction prévu pour les espaces à Montréal?
Deuxièmement, on avait un objectif, l'an dernier, celui de
réduire les effectifs de 10% pour les travailleurs permanents et de 40%
pour les occasionnels. Je vois que, d'après le rapport fourni, nous
avons réussi à réduire les effectifs - pas de 10%, mais de
5,3% pour les permanents...
M. Marcoux: Une précision. C'était de 10% sur deux
ans.
M. O'Gallagher: Deux ans. Les 40%, c'est aussi pour les
occasionnels? Je vous donne une bonne note là-dessus, vous avez 5,3%
pour l'année pour les permanents et pour les occasionnels, c'est 34,9%.
La cinquième priorité de l'an dernier, qui est devenue la
troisième priorité de cette année, c'est la
révision du cheminement des demandes. L'an dernier, vous avez
mentionné qu'avant, le ministère des Travaux publics, des Travaux
"pas vite", comme vous avez dit, donnait des services sur une période de
35 jours et que vous aviez réussi, l'an dernier, à réduire
cette période à 15 jours. Vous avez mentionné tout
à l'heure que vous avez fait une amélioration et de combien? Je
présume que vous avez mesuré cette performance. Pouvez-vous nous
donner le rendement que vous avez réussi à atteindre cette
année, nous pourrons en prendre note?
La sixième priorité de l'an dernier, qui est la
troisième priorité cette année, c'est la fabrication d'un
indicateur global de productivité et de performance. Quels en sont les
résultats? Je voudrais avoir un rapport là-dessus. Quels sont les
résultats de l'utilisation de cette manière de mesurer la
productivité. Votre huitième priorité de l'an dernier,
c'était d'augmenter le nombre des femmes qui travaillent à votre
ministère. Avez-vous réussi à augmenter le nombre de
personnes de sexe féminin dans votre ministère? Je crois qu'au
sein de la Société immobilière du Québec, le
gouvernement a nommé deux femmes sur une possibilité de dix, soit
20% de femmes au conseil d'administration. Il y a même une anglophone,
c'est-à-dire que 10% des anglophones sont aussi
représentés. Au ministère même, avez-vous
réussi à augmenter le nombre de femmes dans les postes
cadres?
Votre neuvième priorité, l'an dernier, visait le
prolongement du fichier central des fournisseurs aux Affaires sociales. Vous
aviez dit que c'était fait. Est-ce que le prolongement du réseau
du fichier des fournisseurs affecte les CLSC? Dans mon comté, il y a un
CLSC qui est à la recherche de nouveaux locaux ou de locaux plus
centraux. Dans cette optique, est-ce le CLSC qui choisit l'endroit ou le site?
Dans un cas semblable, est-ce le ministère des Travaux publics ou
éventuellement la nouvelle société d'État qui va
faire la construction sur le site choisi par le CLSC? Cela conclut mes
remarques préliminaires, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): La conclusion sera la
réponse du ministre, qui pourrait incidemment informer le
député de Robert Baldwin et tous les membres de la commission
qu'il y a aussi moyen de construire des CLSC par le biais des
municipalités en vertu des lois 54 et 55 de 1977. Je le signale au
ministre des Affaires municipales.
M. Alain Marcoux (réplique)
M. Marcoux: J'ai noté sept questions; si j'en oubliais,
vous me le rappellerez. La première: Comment va le plan de
réduction de l'espace en location à Québec? On
prévoyait, durant les deux premières années
d'application du plan sur cinq ans, libérer 16 000 mètres;
dans les deux premières années, on a déjà 21 000
mètres de libérés, c'est donc 5000 mètres de plus.
L'an prochain, on est assuré de libérer un autre important
secteur puisque tout le ministère de l'Environnement ira se loger dans
l'édifice Marly, à Pointe-Sainte-Foy, avec le ministère du
Revenu, ce qui, automatiquement, nous fait récupérer le quart.
Des 60 000 mètres de l'édifice qui a été construit
dans le temps, on va récupérer 15 000 mètres soit 25% de
l'espace pour loger tout le ministère de l'Environnement.
Pour répondre précisément à votre question,
on devait, dans les deux premières années, cesser de louer 16 000
mètres; on a déjà cessé de louer 21 000
mètres dans la ville de Québec. Sur cinq ans, notre objectif
était de 70 000 mètres, on va donc y arriver plus vite et
probablement le dépasser.
À Montréal, on prévoyait libérer beaucoup
moins d'espace, au total, 18 000 mètres sur cinq ans; le résultat
sera atteint dès l'an prochain, soit après trois ans,
plutôt que cinq ans. Dès l'an prochain, on aura
libéré 18 000 mètres en location à Montréal,
ce qui répond à vos deux premières questions.
La troisième concerne les effectifs. Vous dites avoir la
réponse. Sur deux ans, c'est environ 11% de l'effectif permanent qu'on a
réduit; pour ce qui est de l'effectif occasionnel, 34%, c'est pour une
seule année. Sur deux ans, c'est peut-être de 55% ou 60% que les
effectifs occasionnels ont été réduits.
Quatrième question: le cheminement des demandes des clients pour
la réduction du temps. Il y a environ 25 cheminements de demandes de
clients dont on a analysé le temps. J'ai donné un exemple l'an
dernier des choses qui se faisaient en 35 jours; on a essayé de les
réduire à 20 et à 15 jours. Les choses qui se faisaient en
un an et demi, on a essayé de les réduire à huit, neuf ou
dix mois. (11 h 15)
Dans nos indicateurs globaux - là, je rejoins votre question
suivante - on a eu le deuxième rapport, il y a quelques jours à
peine, sur la mesure des délais. Je peux vous dire qu'il y a les
chiffres, mais il y a aussi la perception de nos clients. Tantôt, j'ai
indiqué rapidement que le sous-ministre a complété, en
janvier et février, une tournée de tous nos clients dans tout le
Québec, y compris Montréal et Québec. Nos clients
étaient unanimes à dire qu'en ce qui concerne l'exploitation des
immeubles, il y avait eu de très nets progrès.
En somme, c'était le résultat de nos changements à
la procédure de délégation de pouvoirs au
ministère. Si cela vous intéresse, on pourra vous le transmettre,
mais je peux vous assurer que c'est une grosse brique. Ce n'est pas ce qu'il y
a de plus agréable à lire. Pour l'ensemble des productions, les
nouveaux délais et ce qu'on a atteint comme résultat qu'on voit
par l'intermédiaire de nos indicateurs globaux de performance, je peux
vous dire qu'on a des chiffres qui confirment nos objectifs.
En ce qui concerne l'augmentation du nombre de femmes au
ministère, non, il n'y a pas eu d'augmentation du nombre de femmes cette
année. L'an dernier, il y avait eu une femme-cadre de plus, la seule.
C'est le même problème dans tous les ministères. Comme on
était en phase de réduction de personnel et non de recrutement ou
de croissance, comme on n'allait pas chercher du personnel à
l'extérieur de la fonction publique mais simplement à
l'intérieur de la fonction publique, globalement, il n'y a pas eu
d'augmentation du nombre de femmes au ministère.
Ce que je peux dire, c'est que notre programme, au comité de la
condition féminine ou d'égalité en emploi du
ministère, n'en a pas moins été très actif et
soutenu par la direction du ministère, par moi-même, au niveau de
ce qu'on appelle le perfectionnement, au niveau de la libération de
personnes pour suivre des cours le jour comme pour la libération
à temps partiel pour cours de perfectionnement. De ce côté,
nous avons accordé l'ensemble des demandes faites par le comité
de la condition féminine du ministère des Travaux publics et nous
avons toujours eu d'excellents rapports. Ce comité s'est dit satisfait
des décisions que nous prenions, qui allaient exactement dans le
même sens.
Je suis heureux que vous ayez signalé le fait qu'au conseil
d'administration d'une société immobilière - cela veut
dire que cela doit être possible dans d'autres conseils d'administration
aussi - donc une société à caractère
économique, il y a eu deux femmes - j'aurais souhaité que ce soit
trois ou quatre - nommées au conseil de la Société
immobilière du Québec, une société à
caractère économique, alors que, souvent, vous avez d'autres
sociétés ou offices de gouvernement qui n'ont aucune
représentation semblable.
La dernière question que vous avez soulevée concerne le
fichier central des fournisseurs. Ce qu'il faut distinguer, c'est ceci: J'ai
dit que, au fichier central des fournisseurs de services - il y a sept ou huit
fichiers - il y en a un qui s'appelle celui des fournisseurs de services
professionnels: architectes, ingénieurs, etc. C'est ce fichier auquel a
recours maintenant le ministère des Affaires sociales pour le
réseau des affaires sociales. Alors, c'est au niveau des services
professionnels.
Au niveau de la construction comme telle, c'est fait par appel public
d'offres selon les règles habituelles utilisées par le
ministère des Affaires sociales.
Deuxième partie de ma réponse, la Société
immobilière du Québec aura le pouvoir, dans la mesure où
les ministères impliqués le souhaiteront, où les gens de
réseaux, les CLSC ou les hôpitaux le souhaiteront, où le
gouvernement le décrétera, de construire des édifices pour
les réseaux des secteurs public et parapublic. À ce moment, ce
sera sur commande, sur fourniture de services professionnels. Il y a un
concours pour un poste de vice-président à la construction qui a
été lancé pour la Société immobilière
du Québec. Je souhaite que les personnes qui postulent le poste et celle
surtout qui sera choisie soient particulièrement dynamiques et
entreprenantes de ce côté, pour que la société
immobilière offre ses services aux autres réseaux des secteurs
public et parapublic.
Concernant la question de la représentation des femmes au
ministère, le sous-ministre m'indique que, dans les concours que nous
avons faits jusqu'à maintenant, aux postes de vice-président
à l'administration et de vice-président à la construction,
il n'y a eu aucune candidature de femmes. Ce sont des concours qui ont
été annoncés dans les journaux, des concours publics; or,
il y a certains types de postes où il est difficile de faire du
recrutement.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Chambly, s'il vous plaît.
Société immobilière du
Québec
M. Tremblay: Oui, M. le Président. Merci. M. le ministre,
vous avez commenté abondamment la diminution du personnel à votre
ministère: 11% en deux ans. C'est effectivement très
considérable de diminuer du personnel de 10% ou de 11%. J'aimerais
savoir si, selon vous, l'impact de la bureautique est une des raisons pour
lesquelles vous avez pu diminuer le personnel?
M. Marcoux: Si j'étais ministre du Revenu, je vous
répondrais oui, que cela aiderait ou cela va aider. Mais, comme ministre
des Travaux publics, ma réponse est non. Comme ministre des Travaux
publics, il y a très peu de bureautique ou de robotique au
ministère. C'est marginal, puisque les services que nous avons sont
surtout au niveau de l'exploitation. Ce sont des services de professionnels
pour la supervision de plans, etc., de techniciens pour la concession de ces
plans, ou de surveillants de travaux ou de personnel d'entretien, etc. Ce n'est
pas du tout dû à cela. Je tiens particulièrement à
souligner que, dans cette réduction de personnel, on a réduit de
16% le nombre de cadres sur une moyenne totale de 11%. Cela veut dire que les
techniciens, les ouvriers professionnels ont peut-être été
réduits de 9% ou de 9,5% environ. C'était aussi un de mes
objectifs. J'attribue la satisfaction générale des
employés face aux politiques du ministère et leur identification
de plus en plus positive au ministère au fait que, lorsqu'il a
été question de réduction de personnel au
ministère, ce qu'on craint toujours, ce qu'on dit toujours, c'est que ce
soit les petits qui soient coupés alors que les cadres ne sont pas
touchés. Nous, nous avons fait une révision complète de la
structure de l'encadrement au ministère, les 350 gestionnaires du
ministère. Nous avons diminué de 16% le taux d'encadrement du
ministère, ce qui est exactement l'inverse de la tendance
gouvernementale à l'augmentation du nombre de cadres, l'augmentation du
nombre de professionnels et la réduction du nombre de techniciens,
d'ouvriers, etc. Ce n'est pas du tout dû à la bureautique ou
à la robotique. C'est vraiment dû au fait qu'on n'a fait aucun
remplacement à la suite de départs et qu'on a constamment
réaménagé des tâches pour arriver à plus
d'efficacité.
M. Tremblay: Est-ce qu'il y a eu une étude de faite sur
les possibilités d'augmenter la productivité au ministère
par l'utilisation plus grande de la bureautique?
M. Marcoux: M. le sous-ministre m'indique qu'il y a
déjà eu une étude de faite au ministère à ce
sujet, mais que la conclusion de l'étude, c'était que les gains
de productivité qu'on aurait pu avoir ou qu'on pourrait avoir sont
marginaux. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas du tout de bureautique au
ministère. Il s'en implante depuis un an et demi, deux ans, mais cela
touche très peu d'employés dans le fond. On le fait surtout
encore là dans une perspective d'accroître notre
productivité. Je ne sais pas si j'ai les termes exacts, mais, pour moi,
c'est presque le monde merveilleux de la couleur. On est en train de donner
à tous nos gérants d'édifice des moyens de bureautique
pour compiler toutes les dépenses qu'ils font pour l'entretien d'un
édifice pour pouvoir comparer le coût d'entretien des
édifices et arriver à établir quels sont très
coûteux pour nous et chercher les solutions pour en rendre moins
coûteux l'entretien soit en termes d'énergie, soit en termes
d'électricité, de chauffage, de coût des services de
gardiennage, etc. On est en train de se donner des moyens pour mesurer le
coût d'entretien et d'exploitation de chacun de nos édifices.
Pour ceci, on est en train de doter de certains équipements
informatiques ou bureautiques nos micro-ordinateurs et nos gérants
d'édifice seront mieux équipés pour compiler ces
données. Cela n'entraîne pas de réduction de personnel,
mais cela nous
permet de connaître nos coûts et de prendre des
décisions en conséquence. Si on découvre qu'un
édifice nous coûte 50% de plus d'énergie au pied
carré qu'un autre édifice comparable ailleurs, on va se poser des
questions. Qu'est-ce qu'il y a? À ce moment, on va peut-être
décider d'investir 500 000 $ ou 1 000 000 $ dans la réfection du
toit ou dans l'isolation des édifices. Pour répondre à
votre question, il n'y a pas eu de réduction de personnel à cause
de la bureautique ou de la robotique.
M. Tremblay: Je ne sais pas si c'est ici qu'il faut demander
cela. Je ne sais si vous avez répondu tout à l'heure à mon
collègue de l'Opposition de Robert Baldwin, qui demandait quel serait le
ministère responsable de la nouvelle corporation.
M. Marcoux: Disons que, pour le moment, j'ai été
nommé par le Conseil des ministres comme ministre responsable de la
Société immobilière. Je suis à la fois ministre des
Travaux publics et de l'Approvisionnement et ministre responsable de la
Société immobilière du Québec. La
Société immobilière du Québec est en existence
depuis déjà un mois, un mois et demi, elle pose actuellement des
actes financiers, des actes de gestion et je suis le ministre de tutelle, selon
l'expression consacrée, de la Société immobilière
du Québec. Qu'est-ce qui arrivera à partir du 1er octobre?
À ce moment-là, je ne serai plus ministre des Travaux publics et
de l'Approvisionnement, c'est sûr. Est-ce que je demeurerai ministre
responsable de la Société immobilière du Québec? Je
ne le sais pas.
M. Tremblay: D'accord. Vous avez aussi parlé de la
diminution des espaces. Est-ce que les diminutions en pieds carrés ou en
mètres carrés que vous prévoyez correspondent sensiblement
au pourcentage du personnel de moins?
M. Marcoux: Cela n'a presque pas de lien. Cela a un lien, mais
marginal. Prenons l'exemple du grand secteur, Québec, où on a
environ 900 000 mètres carrés, la moitié en
propriété et la moitié en location. Nous sommes
propriétaires de 450 000 mètres carrés, soit les palais de
justice, les édifices de la colline parlementaire, etc., et l'autre
moitié, c'est en location. Les 450 000 mètres carrés en
location, on a dit que, en cinq ans, on va les diminuer de 70 000 mètres
carrés. Cela va nous ramener à 380 000 mètres
carrés, soit 15% de l'espace loué à Québec et qu'on
ne louera plus dans cinq ans. Je vous dis qu'on a déjà 21 000
mètres carrés qu'on ne loue plus, alors que notre objectif
était de 16 000 mètres carrés. L'essentiel vient de ce
que, juste avant notre arrivée au pouvoir, il y a eu deux
décisions importantes d'augmenter les espaces gouvernementaux. Il y a eu
l'édifice Le Marly, à Pointe-Sainte-Foy, où est
situé le ministère du Revenu, ce qui a ajouté 60 000
mètres carrés, et l'édifice de La Laurentienne, à
côté du Grand Théâtre, ce qui a ajouté 30 000
mètres carrés. Ce sont 90 000 mètres carrés qu'on a
décidé de louer en 1975-1976 et qu'on a effectivement
loués; ce sont des baux de 25 ou 30 ans, avec La Laurentienne, d'une
part, et L'Industrielle, d'autre part c'est 90 000 mètres carrés
qui ont été ajoutés à Québec. Il faut
comprendre que, de 1970 à 1976, il y avait eu un accroissement du
personnel de la fonction publique de 20 000 personnes dans tout le
Québec, dont probablement environ la moitié à
Québec. On s'est donc retrouvé avec trop d'espace, même
s'il y avait eu simplement un gel dans la fonction publique depuis trois ans.
Il y a eu une réduction de 2000 ou 3000 fonctionnaires, dont environ
1500 à Québec; c'était marginal par rapport aux 30 000 ou
35 000 fonctionnaires. Il y avait eu vraiment trop de location d'espace par
rapport aux besoins et c'est pour cela qu'il a fallu réduire. Bien
sûr, le gel dans la fonction publique, comme la réduction du
personnel de la fonction publique, fait que cela accroît encore la
réduction d'espace, mais cela l'accroît de façon
marginale.
M. Tremblay: Je vais vous demander sans méchanceté
pourquoi vous avez attendu de 1975 jusqu'à maintenant pour
réduire le nombre de mètres carrés en location.
M. Marcoux: II faut dire que les décisions de louer ou de
construire ont été prises en 1975, mais, concernant
l'édifice Le Marly, quand on est arrivé au pouv.ir, le contrat
était déjà signé; on l'a donc respecté. Le
ministère du Revenu a déménagé, si ma
mémoire est bonne, en 1979, à l'édifice Le Marly. A
l'édifice de La Laurentienne, c'est à peu près à la
même époque, 1977-1978, qu'on y a aménagé. Quand on
est arrivés au pouvoir, les contrats étaient signés; on
les a donc respectés.
Il s'est également passé ceci. En 1979, mon
prédécesseur, Mme Jocelyne Ouellette, a fait une
réorganisation du ministère et elle a doté le
ministère d'une direction de la planification et de l'attribution des
espaces. Le ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement,
dans le passé, était toujours en réaction aux demandes. Un
ministère demandait de l'espace et on s'arrangeait pour le lui fournir,
s'il avait l'approbation du Conseil du trésor. Il était en
réaction aux demandes. Il ne planifiait pas les besoins. Dans le fond,
il ne planifiait pas l'ensemble des besoins. Mme Ouellette a fait un
réaménagement de la structure et elle a institué une
direction de la planification qui a commencé à travailler en
1980-1981 et qui
a conçu un plan de planification de l'espace, pour Québec,
d'abord, et pour Montréal, qu'on a terminé il y a quelques mois.
C'est à partir de cette direction de la planification qu'on a pris
conscience, par les données, qu'on avait beaucoup trop d'espace au
gouvernement et qu'on a décidé de mettre fin à des
locations. Cela nous fait épargner, à terme, 6 000 000 $ par
année en location de baux à Québec et c'est environ le
quart à Montréal, 1 500 000 $.
M. Tremblay: Je vous remercie.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Papineau, je crois que vous avez également une question
supplémentaire à poser. Me permettriez-vous de demander au
ministre si le transfert des édifices de l'Assemblée nationale a
été fait en tous droits, feux et lieux, comme on dit, à
l'Assemblée nationale elle-même? (11 h 30)
M. Marcoux: Non. Dans le texte de la Loi sur la
Société immobilière du Québec qu'on a
adoptée, on indique que les édifices A, B et C -
l'Assemblée nationale, soit l'Hôtel du Parlement, l'édifice
Pamphile-Le May et celui du ministère des Finances -demeurent la
propriété du gouvernement, c'est-à-dire que celle-ci ne
sera pas transmise à la Société immobilière du
Québec. Quant à savoir si le gouvernement adoptera un
décret ou non, ou s'il juge utile de le faire ou non, pour
transférer à l'Assemblée nationale les édifices
dont il est propriétaire plutôt que de les garder comme
propriété du gouvernement, c'est une question qui ne
relève pas du ministre des Travaux publics.
Le Président (M. Fallu): Et, entre-temps, on va vous
laisser sortir le ministère des Finances.
M. Marcoux: Nous sommes pendus au consentement...
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Papineau. Pour l'information des membres de la commission, M. le
député de Gouin et M. le député d'Orford.
M. Assad: Merci, M. le Président. Le ministre a
mentionné que cela fonctionnera comme une entreprise privée,
c'est-à-dire avec compression des dépenses, et cela est à
souhaiter. Vous avez mentionné qu'il y aurait une réduction du
personnel de 11%. Est-ce par attrition que s'est produite cette
réduction de personnel? Est-ce que vous avez envisagé la
possibilité d'encourager, lorsque cela est avantageux pour vous, les
préretraites?
M. Marcoux: Pour arriver à ceci, il y a eu des mutations
dans d'autres ministères, toujours des mutations volontaires; il y a eu
des démissionnaires qu'on n'a pas remplacés, des retraites et des
préretraites. Évidemment, il y a eu des décès mais
c'est marginal; cela ne représente même pas 1%. Sur 188 coupures
l'an dernier, il y a eu une révocation. C'est l'ensemble de ces moyens
qui a causé une réduction de personnel de 11%. Les départs
vers d'autres ministères et les gens qu'on n'a pas remplacés; les
démissions de la fonction publique, les décès, les
préretraites. On a utilisé l'ensemble des moyens mais on n'a pas
de politique active pour atteindre cet objectif. À la direction du
personnel, on a développé un service de placement où ceux
qui voulaient changer de ministère pouvaient s'adresser pour changer de
ministère ou même de fonction à l'intérieur du
ministère.
Quand on dit qu'il y a eu 10% de gens qui sont partis sur environ 2300
employés, cela crée des vides et il y a des vides qu'il faut
combler. On a d'abord essayé de les combler avec d'autres
employés du ministère qui voulaient avoir une mutation ou une
promotion; plusieurs voulaient aller dans d'autres ministères, on leur a
facilité la tâche, soit en transmettant postes et crédits.
Je peux vous dire qu'on n'a fait aucune mise en disponibilité, comme je
l'avais indiqué il y a deux ans et demi aux employés. Lorsque
cette décision a été prise, on ne s'est pas caché,
on l'a dit aux employés immédiatement après; on leur a dit
qu'il n'y aurait aucune mise en disponibilité. On leur fournissait un
service de placement, une possibilité de préretraite.
M. Assad: Pour les prochaines années, cette diminution de
11% ne sera pas maintenue, évidemment.
M. Marcoux: On a déjà réduit les effectifs
de 11%; pour la prochaine année, on a choisi de les diminuer encore de
2% en s'ajustant à la moyenne gouvernementale. Quant à l'avenir,
je laisse à la Société immobilière du Québec
la responsabilité de cette décision. Je suis convaincu qu'il y a
des économies possibles en termes de personnel et dans le même
respect des employés. Je suis convaincu qu'il y a des employés
qui ont vu leur tâche valorisée, qui ont vu qu'on leur faisait
confiance en leur confiant de nouvelles responsabilités en leur
demandant de combler un poste vacant ailleurs. Je peux vous dire que c'est un
esprit, que c'est une mentalité. J'ai l'exemple récent de deux
directeurs d'une section du ministère qui sont allés proposer au
sous-ministre de supprimer leur direction, de supprimer leur équipe de
travail en lui disant que ce travail pouvait très bien être
accompli par une autre direction et sans personnel supplémentaire. Deux
ans après, les
gens vont même jusqu'à proposer, dans cet esprit de
productivité et de performance, que leur propre service de cinq, six ou
sept personnes soit supprimé. La tâche pouvait être
accomplie par un autre service puisqu'il s'agissait d'un chevauchement et ils
l'ont eux-mêmes proposé. Cela veut dire qu'ils ont
développé un sentiment de sécurité par rapport au
fait qu'on ne les mettra pas à pied, mais qu'on tentera de leur trouver
une fonction en utilisant leurs possibilités, mais de façon plus
rationnelle. C'est dans ce sens que j'ai toujours été convaincu
qu'il y a moyen de faire des changements importants dans une administration
publique, pourvu qu'on joue cartes sur table.
M. Assad: Depuis la création de la Société
immobilière du Québec, vous avez mentionné, M. le
ministre, que, de tous ceux qui ont été transférés
et qui ont accepté d'aller à la Société
immobilière du Québec, il y en avait seulement 13 qui ont
décliné cette offre...
M. Marcoux: C'est plutôt 23 que j'ai dit.
M. Assad: ... 23 qui n'étaient pas
intéressés. Mais, chez les cadres et les agents de
maîtrise, si mes informations sont exactes, il y en a qui sont inquiets
parce qu'ils n'ont pas encore été invités. Que sera leur
avenir?
M. Marcoux: Sur ceci, j'ai toujours été franc avec
l'ensemble du personnel du ministère; j'ai dit que l'ensemble du
personnel syndiqué du ministère serait invité à
faire partie de la Société immobilière du Québec.
Par la suite, ne tenant pas nécessairement compte des conventions, mais
des relations de travail existant au niveau des agents de maîtrise,
l'ensemble de ces agents de maîtrise ont automatiquement
été invités à être transférés
à la Société immobilière du Québec, sauf
sept personnes qui étaient en préretraite ou dans des situations
comme des congés de maladie, etc. Ce sont les seuls employés
qu'on n'a pas invités à venir à la Société
immobilière du Québec. Cela ne change pas la règle
générale au niveau des agents de maîtrise. Ils ont tous
été invités.
Au niveau des cadres, j'avais toujours indiqué qu'en
créant la Société immobilière du Québec,
c'était l'occasion de faire un changement au niveau du leadership du
ministère et qu'avec ces changements, il était normal de dire que
quelqu'un qui est devenu fonctionnaire au Québec n'est pas devenu
fonctionnaire dans tel ministère: il est d'abord devenu fonctionnaire,
il a appartenu à un appareil de la fonction publique, et il a une
culture de la fonction publique.
Lorsque je dis que la Société immobilière du
Québec, sans renier, bien au contraire, les actifs et les valeurs de
cette culture qui appartient au fonctionnarisme, doit développer une
nouvelle culture axée sur la productivité, la comparaison
d'avantages avec les modes de gestion de l'entreprise privée, etc., il
est évident que cela implique des changements au niveau du leadership de
la Société immobilière du Québec.
Au niveau des cadres, il y a une bonne partie de ceux-ci qui ont
été invités à faire partie de la
société; il y en a d'autres qui n'ont pas été
invités et qui ne le seront pas. On essaie, avec eux, de travailler
à leur trouver d'autres responsabilités dans l'appareil
gouvernemental. Encore là, on essaie de le faire de la façon la
plus correcte et la plus franche possible. J'aurais souhaité, dès
le mois d'octobre, que chacun soit avisé, mais, pour toutes sortes de
circonstances liées à mon travail et à l'évaluation
qu'il fallait faire, c'est plutôt à la fin de janvier que chaque
personne a été avisée. C'est quand même huit mois
avant la disparition du ministère. Je pense que c'est un délai
correct pour trouver quelque chose d'autre.
Vous avez raison de faire le constat que vous faites, mais je pense que
cela faisait partie de la mise en place de la Société
immobilière du Québec.
M. Assad: Est-ce que, plus tard, cette question des cadres et des
agents de maîtrise va évoluer?
M. Marcoux: Ça va quoi?
M. Assad: Tôt ou tard, vont-ils être invités
ou, s'ils refusent...
M. Marcoux: Concernant tous les agents de maîtrise, c'est
réglé. Tous les agents de maîtrise ont été
invités, je l'ai dit. Il y a à peu près 150 agents de
maîtrise. Ils ont tous été invités à venir
à la Société immobilière du Québec, sauf
sept qui étaient en congé de maladie ou en préretraite.
Tous les agents de maîtrise ont donc été
invités.
En ce qui concerne les cadres, normalement, à ma connaissance,
ils ont tous été avisés, c'est-à-dire ceux qui
étaient invités à venir à la Société
immobilière du Québec, sauf ceux qui n'étaient pas
invités ou ceux à qui on disait: Tu peux toujours solliciter un
des postes qui seront annoncés publiquement dans les journaux et
soumettre ta candidature. Celle-ci sera évaluée sur la même
base que les autres candidatures venant du public en général.
Cela ne touche pas 200 ou 300 personnes. Cela peut peut-être toucher 20
ou 25 personnes. Le sous-ministre m'indique qu'il y a treize personnes qui,
comme cadres, ne sont pas invitées à venir à la
société.
M. Assad: Une autre chose sur laquelle j'aimerais avoir une
explication, c'est au sujet du fichier central, c'est dans le cas de montants
de 5000 $ et plus; quant au fichier parallèle, c'est pour ceux qui sont
entre 1000 $ et 5000 $ et on peut avoir un prix par téléphone,
par exemple, il n'est pas nécessaire d'aller directement au fichier
central.
M. Marcoux: Même pour 5000 $ et plus, le prix peut
être établi par téléphone, mais...
M. Assad: Entre 1000 $ et 5000 $.
M. Marcoux: Mais, pour 5000 $ et plus, le fichier donne une liste
de noms et ils doivent tous être appelés. Souvent, cela se fait
dans le cadre de délais très courts d'exécution, chacun
fait son prix, l'indique, et ce peut être fait par
téléphone. Pour répondre à votre question, les cas
de moins de 5000 $ font partie de ce qu'on appelle le fichier local.
M. Assad: D'accord. Je ne sais pas si mon collègue de
Robert Baldwin en a déjà parlé, nous en avons
discuté ce matin, quand un contrat dépasse les 5000 $, le fichier
central fournit une liste de noms, mais vous vous réservez le droit de
former un comité de sélection.
M. Marcoux: Cela dépend. Le fichier central, ce n'est pas
une chose. Il y a, si ma mémoire est bonne, sept fichiers: le fichier
des professionnels de la construction (génie, architecture, etc.), le
fichier des organismes de publicité, le fichier des entrepreneurs en
construction auquel on recourt pour les contrats de construction
inférieurs à 100 000 $, le fichier de l'audiovisuel, le fichier
relié à l'administration (les comptables, les conseils de
gestion, etc.), le fichier des services reliés à la
sécurité. Je crois les avoir tous nommés.
Je vais répéter votre question et dites-moi à quel
type de services vous vous référez. Il y a des services - par
exemple, la publicité - où on va inviter... Non, pas la
publicité. S'ils ont tous la note de passage, nous allons choisir le
moins cher parmi ceux qui ont la note de passage. Parmi ceux qui satisfont aux
critères, nous allons choisir celui qui demande le moins cher.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre et chers
collègues, j'aimerais simplement rappeler une petite règle de
procédure qu'on n'a pas évoquée ce matin sur le droit de
parole du ministre. On sait que le ministre peut répondre aussi souvent
qu'il le désire; chaque fois, il peut prendre la parole vingt minutes.
Notre règlement prévoit également qu'il peut passer son
droit de parole, mais sur son temps de parole, à l'un de ses adjoints,
sous-ministres, présidents d'organismes, directeurs, etc. Ce n'est pas
tout à fait encore l'imputabilité, telle qu'on la définira
un de ces jours dans notre règlement, mais c'est un début.
Il y a une seule provision à cet effet: un membre de la
commission peut toutefois s'opposer à ce que quelqu'un réponde
à la place du ministre et sous son nom propre. Si vous voulez inviter
quelqu'un à répondre occasionnellement, vous pouvez le faire, M.
le ministre.
M. Marcoux: II y a seulement trois fichiers sur les sept
où on retrouve des comités de sélection; pour les autres,
c'est le prix qui fait foi de tout. Pour le fichier des entrepreneurs en
construction, évidemment, c'est le prix, c'est le plus bas
soumissionnaire et c'est seulement pour les contrats de moins de 100 000 $, de
toute façon, car, au-dessus de 100 000 $, on y va par appel d'offres
dans les journaux.
Pour le fichier des professionnels reliés à la
construction, le secteur du génie, des architectes, sciences physiques,
etc., il y a un comité de sélection. Comme on ne tient pas compte
des prix, on étudie la valeur de l'équipe, car ce sont des tarifs
professionnels fixés par le Code des professions; c'est dans le cas de
50 000 $ et moins. Quand le contrat est de plus de 50 000 $, il y a un
comité de sélection.
Quant au fichier des professionnels reliés à
l'administration, là aussi, pour les contrats de plus de 50 000 $, il y
a un comité de sélection. Il y a toujours des comités de
sélection pour 50 000 $ et plus.
En ce qui concerne le fichier des services reliés à
l'audiovisuel et aux arts graphiques, c'est le prix le plus bas qui est retenu;
pour le fichier des services reliés à la sécurité,
c'est évidemment le prix, et, pour le fichier des agences de
publicité, il y a un comité de sélection.
Allocation de l'espace et de
l'équipement
M. Assad: M. le ministre, vous avez mentionné qu'il y a eu
une étude région par région concernant l'utilisation de
l'espace, n'est-ce pas?
M. Marcoux: II y a deux régions où c'est fait:
Québec et Montréal.
M. Assad: Est-ce que cette étude va porter sur l'ensemble
des régions administratives du Québec? (11 h 45)
M. Marcoux: C'est évident. Cela va se poursuivre au fur et
à mesure qu'on diagnostiquera des problèmes dans certaines
régions. Disons que, comme à Québec, c'est
une concentration de 50% des fonctionnaires de la fonction publique
qu'on retrouve, et qu'il y avait eu des grosses locations récentes,
comme j'en ai parlé tantôt, de 90 000 mètres, qu'on avait
acheté 10% de l'espace d'un seul coup, en 1975-1976, c'était
là qu'il fallait d'abord entamer l'étude. On l'a fait ensuite
à Montréal où on a constaté 18 000 mètres de
trop. Compte tenu de l'espace occupé à Montréal, 18 000
mètres, par rapport à 500 000 mètres, c'est même 3%
de l'espace de trop.
Évidemment, Montréal et Québec constituent
déjà près des trois quarts de l'espace qu'on loue dans
tout le Québec. Dans les autres petites villes, ici et là, c'est
quand même marginal par rapport à l'ensemble de ce qu'on loue.
Souvent, ce n'est pas dans les régions du Québec que les gens ont
été le plus gâtés qu'il s'est gaspillé le
plus d'espace. Quand vous visitez les bureaux de différents organismes
publics dans les différentes régions, vous vous apercevez souvent
que ce ne sont pas eux qui sont logés dans les bureaux les plus vastes,
les plus luxueux, etc., et que ce n'est pas là qu'est la plus grande
perte d'espace.
Il y avait de grosses pertes d'espace dans la région de Hull. On
s'en était déjà parlé en commission parlementaire.
Vous savez qu'à l'édifice Jos.-Montferrand on a trouvé une
solution. 0e pense que l'Université du Québec a accepté de
louer la totalité de l'espace vacant. Après Montréal et
Québec, c'était l'endroit au Québec, avec l'édifice
Jos.-Montferrand, où il y avait la moitié de l'édifice ou
presque qui était vacante depuis des années. On s'est
donné un mandat pour régler cela et on l'a
réglé.
Au fur et à mesure, à Sherbrooke, Drummondville ou
ailleurs, on va continuer ces études. Évidemment, les
économies qu'on va en faire peuvent peut-être nous amener,
à l'inverse, plutôt à des dépenses, parce qu'on peut
constater que, dans certaines régions nos services sont mal
logés; il n'y a peut-être pas assez d'espace qui leur est
alloué. Mais c'est plutôt l'inverse, ce ne sont pas des
économies que cela risque de nous amener.
M. Assad: On est d'accord que, dans de petites localités
de 5000 à 10 000 de population, il y a des endroits où il y a des
services du Crédit agricole, du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et plusieurs CLSC. Comme vous l'avez
déjà mentionné, c'est évidemment
préférable de regrouper tous les services dans un même
édifice pour avoir une meilleure visibilité. Est-ce toujours la
politique du ministère d'encourager ce regroupement?
M. Marcoux: Non. Actuellement, ce n'est pas du tout une politique
du ministère.
Il y a eu une politique du gouvernement ou du ministère des
Travaux publics il y a une quinzaine d'années, après la
constitution des régions administratives du Québec, de
développer un centre administratif dans chacune des capitales
administratives où, à l'origine - vous voyez comment les choses
changent - cela devait être des bureaux régionaux des
ministères qui seraient là.
Or, à l'expérience, on a constaté que ce
n'était pas ce que les citoyens voulaient, parce que, la plupart du
temps, le citoyen ne va pas dans les bureaux régionaux, il va dans les
bureaux locaux. De plus en plus, ces centrales administratives, ce sont les
bureaux locaux de la main-d'oeuvre, du ministère de l'Industrie, du
Commerce et du Tourisme ou des différents bureaux locaux des
ministères qui sont là parce que le citoyen veut aller dans un
endroit où les bureaux locaux sont regroupés. Puis on
dissémine les bureaux régionaux dans le reste de la ville alors
qu'au début, avec les conférences administratives et le
rêve des grandes régions administratives qui deviendraient quasi
des gouvernements régionaux, etc. - le bag des années
soixante-cinq, soixante-dix - il devait y avoir une centrale administrative
dans chaque région administrative avec les bureaux régionaux.
Aujourd'hui, cela regroupe des bureaux locaux.
J'ai répondu clairement non à votre question: Est-ce que
c'est une politique de faire des centrales administratives dans toutes les
petites villes du Québec, de 5000 à 30 000 de population
où seraient regroupés les services gouvernementaux? Non. Cela
pourrait le devenir, mais ce serait une politique coûteuse.
Cela pourrait le devenir, un peu comme en 1977. Il y avait un gros
problème: tous les postes de la Sûreté du Québec au
Québec, du moins la plupart, étaient vraiment
sous-équipés, dans des locaux inadéquats, etc. On s'est
entendu avec le ministère de la Justice, on a fait quatre plans ou
quatre modèles: trois modèles pour les petits postes locaux et
des modèles pour les postes régionaux et de district. À
partir de ces modèles, on s'est mis à construire des postes de la
Sûreté du Québec en série, qui ont
coûté relativement peu cher, parce que, comme on avait des
modèles, c'est allé très vite et on n'avait pas à
faire refaire chaque fois des plans complets et on ne recommençait pas
à neuf.
C'est sûr que le gouvernement pourrait se donner comme politique
de dire: Dans la perspective de meilleures relations avec les citoyens, d'une
plus grande visibilité des services gouvernementaux du Québec, je
vais me doter d'une politique pour construire, dans chaque ville du
Québec où il y a quelques bureaux gouvernementaux - vous m'en
avez donné un exemple, tantôt, dans votre comté - un
mini-centre administratif.
Ce ne serait pas illogique et cela aurait du bon sens. Mais cela
supposerait que le gouvernement choisisse comme priorité
d'investissement ce secteur par rapport à d'autres priorités
d'investissement, comme l'assainissement des eaux ou autre chose. Mais il y a
une chose qui est certaine d'avance, c'est que cela entraînerait une
hausse considérable des coûts de location. Actuellement, les prix
qu'on paie pour nos baux, je dirais, dans le milieu rural du Québec,
dans les régions du Québec, c'est peut-être 7 $, 8 $, 10 $,
11 $ le pied carré, alors qu'il faudrait augmenter à 20 $, 22 $,
25 $ le pied carré si on construisait un nouveau centre administratif
tout neuf, où on logerait les bureaux de l'aide sociale et, comme vous
dites, ceux de l'assurance agricole, les autres services qu'on a tous à
l'esprit et que je n'ai pas besoin d'énumérer. Alors, il faudrait
que ce soit un choix gouvernemental clair, que l'on indique à la
Société immobilière: Nous voulons que vous fassiez - ce
n'est pas long à faire - ces plans. Vous l'avez fait pour votre ville en
peut-être une heure ou deux. C'est d'additionner actuellement l'espace
qu'on loue. Pour le ministère des Travaux publics, combien est-ce: 20
000, 30 000 ou 40 000 pieds carrés? On pourrait avoir des "kits" comme
pour la Sûreté du Québec, un petit centre administratif de
20 000 pieds carrés, un autre de 40 000, un autre de 60 000, trois
modèles, puis qu'on se mette à en construire comme des
champignons, une vingtaine ou une trentaine au Québec. Mais cela serait
très coûteux. Il faudrait que ce soit, à ce
moment-là, un choix gouvernemental, parce que la Société
immobilière, dans sa perspective d'avoir les taux de location les plus
bas, pour facturer au plus bas les ministères clients, ne pourrait
certainement pas s'embarquer dans une politique semblable sans une
volonté gouvernementale de hausser le coût de ses loyers pour
améliorer sa relation avec les citoyens ou sa visibilité.
M. Assad: M. le ministre, pour les locaux que vous
possédez dans de petites localités comme la ville de Buckingham
en particulier, c'est vrai que, peut-être, vous payez 7 $ ou 8 $ le pied
carré, sauf que les bureaux sont dispersés un peu partout, le
problème de stationnement revient toujours à la surface, les
édifices ne sont même pas fonctionnels, il y manque d'espace et
beaucoup d'autres choses. Je suis d'accord, vous n'allez pas partir de 7 $ ou 8
$ le pied carré et monter à 22 $, parce qu'on veut augmenter la
visibilité du gouvernement, mais il faut toujours tenir compte du
service à la clientèle.
M. Marcoux: C'est cela que je vous dis, ce n'est pas un choix
illogique. Cela pourrait être un choix que le gouvernement décide
de faire, mais je dis qu'il faudrait que ce soit une volonté
gouvernementale, en fonction des objectifs que vous poursuivez, qui sont
parfaitement respectables, qui pourraient rallier, je pense, la plupart des
députés et des citoyens, c'est-à-dire de centraliser les
services à la population dans un édifice. Accroître la
visibilité d'une institution gouvernementale, ce n'est pas juste
négatif, c'est positif du point de vue des services aux citoyens. Mais
ce que j'indique, c'est que cela peut avoir des conséquences sur le
coût.
Une autre chose que je dois ajouter, on en avait déjà
discuté avec le député d'Orford qui m'avait posé la
question, c'est pour savoir si on voulait faire une centrale administrative
à Sherbrooke. Je lui avais dit qu'on avait fait une étude au
ministère, qui indiquait, à ce moment-là, que, compte tenu
de la faiblesse du marché commercial et de la location des bureaux
à Sherbrooke, si c'était le gouvernement qui construisait une
centrale administrative, il nuirait à la revitalisation du centre-ville
jusqu'à un certain point, en désarticulant le marché
locatif. Cela, il faut en tenir compte aussi, parce qu'il y a des investisseurs
privés qui ont investi dans le passé - il y a cinq, dix ou quinze
ans - pour louer au gouvernement. Si vous construisez une centrale
administrative et que vous libérez sept, huit ou dix locaux dans une
petite ville de 5000 à 10 000 habitants, qu'il n'y a pas de
remplaçant en termes de location de bureaux, puisque c'est surtout ce
dont l'on a de besoin, vous n'avez pas aidé, peut-être, à
la revitalisation du centre-ville; vous y avez peut-être nui.
Je n'en fais pas une règle. Je dis qu'il faut en tenir compte
dans certains cas. Entre autres, le cas de Sherbrooke, on l'avait
analysé au ministère, déjà. Dans cette
conjoncture-là, peut-être que cela a changé et que,
aujourd'hui, il y a une croissance du besoin de bureaux à Sherbrooke,
qui ferait que si le gouvernement construisait une centrale administrative, il
ne nuirait pas à l'entreprise privée. Mais, dans une autre ville,
c'est peut-être différent. Cela n'empêche pas que moi, comme
représentant des citoyens, si le gouvernement disait: Je veux que la
société immobilière investisse -cela pourrait
représenter un programme d'à peu près 50 000 000 $. Un
édifice, comme vous le dites, de 4000 mètres, cela fait à
peu près 4 000 000 $. Si on dit que le gouvernement veut se doter, dans
25 villes du Québec, de 25 centres administratifs d'environ 40 000 pieds
chacun, ou 40 000 mètres, à environ 4 000 000 $ chacun, cela
revient à environ 1000 $ le mètre carré, soit un programme
de quelque 5 000 000 $ de construction pour avoir 25 centres administratifs
dans autant de villes. Je ne dis pas que ce soit insensé; cela peut
se
défendre au point de vue de la logique des services avec le
citoyen.
Il faut voir cet investissement de 100 000 000 $ et le coût que
cela entraîne sur les baux, comparé à la situation
actuelle, ce qui ferait doubler ou tripler le coût des baux par rapport
à d'autres priorités d'investissements.
M. Assad: M. le Président, une dernière question.
Je m'excuse auprès de mon collègue ici. M. le ministre...
Le Président (M. Fallu): Vous voulez lui voler la vedette,
à propos?
M. Assad: ...une dernière question sur la politique de
votre ministère concernant l'équipement. Vous avez des
entrepôts partout au Québec. Si, dans la région
administrative 07, notre région, on avait besoin d'équipement, on
pourrait aussi bien l'obtenir de Québec que de Sherbrooke pour le
transporter dans notre région. Je me demande s'il ne serait pas plus
pratique, plutôt que de dépenser des montants d'argent pour le
transport, de faire un appel d'offres pour des meubles dans la région
même où on aura besoin d'équipement.
M. Marcoux: D'accord... Je m'excuse.
M. Assad: Plutôt que de transporter de l'équipement
d'un bord et de l'autre, vous avez, premièrement, des frais
d'entreposage et, deuxièmement, le transport étant très
coûteux, ne serait-il pas mieux, quand vous avez besoin
d'équipement - je ne parle pas d'équipement de milliers de
dollars, mais d'équipement de bureaux et le reste - dans certaines
régions, d'acheter sur les lieux et, en même temps d'encourager
les gens de la place, au lieu de transporter la marchandise d'un bord et de
l'autre?
M. Marcoux: Je vais être d'accord sur une partie, encore,
de ce que vous dites et en désaccord sur une autre. D'abord, je dois
indiquer que la Société immobilière du Québec -
même depuis le 1er avril, depuis trois jours - ne s'occupe plus de
l'ameublement des ministères. Ce n'est plus le ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement qui s'occupera de l'ameublement, mais
chacun des ministères qui achètera ses meubles. Je vais
préciser. Actuellement, jusqu'au 31 mars, quand un ministère
désirait des meubles, il devait passer par le ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement, qui avait le budget de l'ensemble
des meubles du gouvernement à son enveloppe budgétaire. On a
toujours eu des critiques à ce sujet, sur le fait que c'était
lent et compliqué. Des ministères disaient: On a toujours de
vieux meubles, tel autre ministère a toujours des meubles neufs. Ils
n'étaient jamais satisfaits.
Or, nous basant sur l'expérience de la Colombie britannique, qui
a également créé une société
immobilière, et sur le désir de nos clients, les
ministères, on a dit: À partir du 1er avril, chaque
ministère s'occupe de l'achat des meubles. Voici comment cela va
fonctionner - on ne retombera pas dans la barbarie, ne vous inquiétez
pas - chaque ministère s'adressera au Service général des
achats, qui administrera ce qu'on appelle un fonds renouvelable. Actuellement,
le Service général des achats dispose d'un fonds renouvelable
pour la papeterie, les crayons, ainsi de suite, où chaque
ministère peut s'adresser, acheter et commander. Il y a toujours des
stocks et cela s'autofinance. Il s'y fait même un peu de profits.
Nous avons un autre fonds renouvelable dans le domaine de
l'informatique. Le Service général des achats aura un
troisième fonds renouvelable, c'est-à-dire qu'il y aura des
meubles - je vais préciser le stock - et c'est lui qui vendra les
meubles aux différents ministères, qui vont payer au Service
général des achats le coût d'achat de leurs meubles.
Quant au stockage dont vous parlez, une expérience menée
par le Service général des achats fait en sorte qu'on aura besoin
de moins d'entrepôts à l'avenir; on laissera les meubles en stock
chez le fabricant. Quand un ministère commandera un meuble, on dira au
fabricant: Tu envoies tel meuble à tel endroit. Ceci diminuera nos
coûts; on aura moins besoin d'entrepôts, on diminuera nos
inventaires, le service sera plus rapide, parce que le meuble partira
directement du fournisseur pour aller au client et le ministère aura
à payer le Service général des achats. C'est ainsi que
cela fonctionne depuis le 1er avril.
Ceci accroîtra notre qualité de service. Je dis nous, parce
que je me sens un peu responsable du Service général des achats
aujourd'hui, même si, depuis le 1er avril, il dépend de mon
collègue du Conseil du trésor. Mais, dans les crédits,
c'était intégré avec le ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement. On a pensé le traiter aujourd'hui en
même temps, pour l'ameublement. (12 heures)
C'est comme cela que ça fonctionne depuis le 1er avril. Le client
va être mieux servi. Il va savoir le coût direct de ses meubles, il
va arrêter de chialer ça va être lui qui va en être
responsable. Au niveau du stockage des entrepôts, le problème va
être réglé parce que la nouvelle politique sera de le
laisser chez le fabricant.
M. Assad: Et le surplus...
M. Vaillancourt: Qu'est-ce que vous faites avec l'inventaire que
vous avez
actuellement en stock?
M. Marcoux: On va continuer à l'utiliser, à
l'offrir aux ministères. C'est la politique de gestion des surplus du
Service général des achats, qui gère déjà
les surplus, qui est chargé de les liquider. Quand on pense ne plus s'en
servir au gouvernement, il est chargé de les liquider.
M. Assad: Les liquider comment? Tous les deux ou trois mois ou
tous les ans?
M. Marcoux: C'est selon ce qu'on a.
M. Assad: Ah bon! D'accord, M. le Président.
M. Fallu: M. le député de Gouin, ensuite M. le
député d'Orford et Mme la députée de Johnson.
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le Président. J'ai
trois ou quatre sujets que je voudrais aborder avec le ministre. J'en
profiterai pour commencer avec un sujet qui est relié au dernier sujet
abordé par le député de Papineau et qui concerne le
mobilier. Comme vous le savez, un des problèmes que les
députés vivent, que directement l'Assemblée nationale
elle-même vit à l'intérieur de son budget, c'est
l'équipement en mobilier des députés dans leur bureau de
comté. Comme on le sait, chaque député travaille un petit
peu à son compte quand vient le temps de meubler son bureau de
comté et se voit attribuer une enveloppe budgétaire assez
importante de la part de l'Assemblée nationale pour faire face à
cette obligation. En même temps le député, pour des raisons
qui me semblent évidentes, n'a pas le droit d'acheter les meubles qu'il
utilisera pour son bureau de comté puisqu'une fois qu'il quittera la vie
politique, pour des raisons personnelles ou pour une décision qui
relève de ses électeurs, il se retrouverait avec des biens qu'il
aurait acquis à même les fonds publics, sauf que le méthode
de location du mobilier des bureaux de comté des députés
est une procédure très coûteuse pour l'Assemblée
nationale, donc pour les fonds publics, puisqu'on sait que, normalement, une
location de meubles d'environ quatre ans, au maximum cinq ans, c'est
l'équivalent d'une acquisition pure et simple des meubles en termes de
coût. Ce n'est pas ce qui se produit. Après cinq ans, si le
député est changé, on retourne les meubles au locateur,
qui lui peut les relouer, donc faire beaucoup de profit, mais, pour
l'Assemblée nationale, on recommence l'expérience à
zéro chaque fois. Une des hypothèses envisagées
était de faire appel au ministère des Travaux publics et au
Service général des achats afin de savoir s'il y aurait
possibilité de fournir ce service aux membres de l'Assemblée
nationale pour aménager leur bureau de comté ou, si vous ne les
avez pas en stock, s'il serait possible qu'une fois pour toutes les bureaux des
députés soient meublés par vos services et qu'ensuite les
meubles soient transférés d'un député à
l'autre lorsqu'il y a succession de députés dans une même
circonscription. Est-ce que vous avez réfléchi à cela?
Est-ce que des gens vous ont abordé sur cette question? Où est
rendue cette question?
M. Marcoux: C'est rendu à zéro. C'est un sujet dont
on a discuté peu de temps après que j'ai été
nommé ministre des Travaux publics, à l'automne 1981. À ce
moment-là, on avait entrepris une consultation auprès des deux
caucus, le caucus du Parti libéral et le caucus des
députés du Parti québécois. Le caucus du Parti
libéral, à ce moment-là, s'était prononcé
contre le fait que le ministère des Travaux publics ait la
responsabilité de louer des bureaux pour les députés, de
les meubler, il s'était prononcé contre le "kit" complet, disant
que la situation actuelle coûte moins cher - vous n'avez pas
nécessairement développé beaucoup d'arguments, mais dans
les discussions on pouvait le voir - et il souhaitait le statu quo. Du
côté des députés ministériels, voyant cette
prise de position, le sujet est mort de lui-même pour ne pas en faire une
question politique. En ce sens, c'est complètement à zéro.
Dans la perspective de ce qui s'applique depuis le 1er avril, où
même le ministère des Travaux publics n'a plus rien à voir
avec l'ameublement et que c'est chaque ministère qui achète ses
meubles, le Service général des achats étant simplement un
moyen de fournir une batterie de meubles, si vous désirez, comme
député, reprendre le débat, il faudra le reprendre avec le
Bureau de l'Assemblée nationale, qui pourra décider que,
concernant l'ameublement, on soustrait de l'enveloppe du député
tel montant et ce sera le Service général des achats, payé
par l'Assemblée nationale, qui fournira une certaine quantité de
meubles. Il peut y avoir différentes hypothèses, mais le
débat doit être repris au point où il a été
laissé, c'est-à-dire quasiment au point zéro au Bureau de
l'Assemblée nationale. Je peux vous assurer que j'étais partisan
du fait que le ministère des Travaux publics aurait dû s'occuper
de la location des bureaux de députés comme il le fait pour les
ministres. On le fait toujours par dérogation. De toute façon, on
demande au ministre dans quel coin il veut aller, s'il veut agrandir le bureau
qu'il a actuellement, etc. Il y aurait eu moyen de faire le même type de
choses pour les députés, de le faire de façon très
rapide et de faire en sorte que les députés aient des services un
peu plus équivalents, c'est-à-dire, en termes de location et en
termes de bureaux, mais cela
n'a pas été le désir des députés en
1981.
La façon de reprendre le débat, c'est au Bureau de
l'Assemblée nationale. Comme vous avez raison de dire, il y a deux
choses: il y a la location de l'endroit et il y a la fourniture de meubles.
Cela pourrait être distingué. Si le Bureau de l'Assemblée
nationale choisissait que, pour la fourniture des meubles, c'est fait par
l'Assemblée nationale, à ce moment, il faudrait que
l'Assemblée nationale paie au Service général des
achats...
M. Rochefort: L'Assemblée nationale deviendrait un des
ministères clients du Service général des achats.
M. Marcoux: C'est cela. Ce serait très simple. Ce n'est
pas compliqué et les livraisons pourraient se faire de la même
façon que pour les ministères.
Construction d'immeubles
M. Rochefort: La deuxième question que je voudrais vous
poser, au programme 1, allocation de l'espace et de l'équipement,
lorsqu'on regarde les éléments 2 et 3, construction d'immeubles,
aménagement fixe de l'espace, on s'aperçoit qu'il y a une
réduction considérable du budget de 1983-1984 à 1984-1985.
On pourrait en conclure que c'est parce qu'on va moins construire, il y aura
donc moins d'espace aménagé, ce qui est une bonne chose
peut-être, mais, en même temps, cela réduit d'autant
l'activité économique que peuvent créer les
immobilisations et l'aménagement d'espace. C'est que lorsqu'on lit,
notamment, la note 9, les immobilisations, on s'aperçoit finalement que
c'est le budget qui est prévu au 30 juin 1984 alors que, si je comprends
bien, à partir du 1er juillet 1984, c'est la nouvelle
société de gestion immobilière qui aura à assumer
ces responsabilités.
M. Marcoux: Par voie d'emprunt.
M. Rochefort: Par voie d'emprunt, évidemment. Mais
qu'est-ce que vous prévoyez en termes d'activité? Est-ce qu'en
fin de compte on se retrouvera avec une activité à
l'élément 2 et à l'élément 3 qui soit
comparable à celle qu'on a connue en 1983-1984 ou est-ce qu'il y aura
vraiment une réduction mineure ou majeure des constructions et des
aménagements?
M. Marcoux: II n'y a pas de réduction ni d'augmentation du
budget d'immobilisations du ministère ni de la Société
immobilière. En somme, le plan de construction pour 1984-1985, c'est le
même ordre de grandeur quant aux montants que l'an dernier. Je peux vous
dire que, durant les trois récentes années, on n'a jamais
dépensé notre budget de construction au complet, pas parce qu'on
n'a pas la compétence, qu'on n'a pas l'efficacité ou tout cela,
c'est parce que notre principal client, qui est le ministère de la
Justice, a réévalué complètement sa politique
carcérale entre autres. Comme on avait fini de construire les principaux
postes régionaux et les principaux postes locaux de la
Sûreté du Québec, la priorité du ministère de
la Justice, c'est maintenant quelques grands palais de justice et les centres
de détention. Comme il y a une réévaluation
complète de la politique carcérale qui amène à
changer le mode de centres de détention qu'on va construire, cela peut
se résumer à ceci: Avant, c'était une
sécurité périphérique faible et une
sécurité interne très importante. En se basant sur
l'expérience américaine, qui fait que le coût de
fonctionnement, au lieu d'être de 30 000 $ par année par
prisonnier, par la suite, ou de personne en détention est plutôt
de 10 000 $ ou 12 000 $, les centres de détention aux États-Unis
sont construits de façon à avoir une sécurité
périphérique forte et, à l'intérieur, il y a une
très grande liberté et un rapport très direct entre agents
de la paix ou constables spéciaux et le détenu.
C'est une conception complètement différente, qui
amène un type de construction complètement différent et
qui diminue presque des deux tiers le coût de fonctionnement de ces
centres de détention par la suite. Comme le ministère de la
Justice a réévalué depuis deux ans sa politique
carcérale, on a été dans une période où on
n'a pas pu faire les projets mêmes qui étaient prévus. Il
n'y a jamais eu, je puis vous le dire, depuis deux ou trois ans, de contrainte
financière à la construction au ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement. Ce sont des retards, je dirais, dans la
définition des besoins de nos ministères clients qui ont
entraîné une baisse ou une non-augmentation de la
construction.
M. Rochefort: Si vous prévoyez qu'à la fois au
ministère des Travaux publics jusqu'au 30 juin et à la
société générale -comment appelons-nous cela
déjà? Comment s'appelle votre société? - la
société immobilière, si donc il est prévu qu'il y
aura à peu près le même niveau de construction que
d'aménagement fixe, quels sont vos projets pour Montréal pour
l'année 1984-1985? Mon collègue de Kamouraska-Témiscouata
ne me souffle rien, mais je suis convaincu du contraire, évidemment.
M. Marcoux: Pour 1984-1985...
M. Rochefort: De la même façon que je souhaite qu'il
y en ait aussi dans son comté.
M. Marcoux: Pour 1984-1985, tout d'abord, on veut réduire
notre espace en location à Montréal. En fait de construction, le
gros développement, c'est le palais de justice.
M. Rochefort: Écoutez, si c'est assez long à lire,
est-ce qu'il y a possibilité qu'on en reçoive une copie?
M. Marcoux: Je vais l'indiquer rapidement. Il y a le 360
McGill.
M. Rochefort: Où est le ministère de
l'Immigration?
M. Marcoux: En 1984-1985, on pense dépenser 1 800 000 $
environ pour un projet de réfection. Il y a le 100, Notre-Dame est,
l'édifice Ernest-Cormier, où l'on va refaire la climatisation
pour la conservation de l'énergie, on va y dépenser 1 000 000 $
l'an prochain. Pour le 360 McGill, on va dépenser 800 000 $ sur un
projet de 6 700 000 $ s'échelonnant...
M. Rochefort: 1 850 000 $.
M. Marcoux: Je le reprends pour être clair. Au 360 McGill,
sur un projet de 6 769 000 $, en 1984-1985, nous dépenserons 800 000 $.
Sur un deuxième projet, au 100, Notre-Dame est, à
l'édifice Ernest-Cormier, sur un projet de 4 015 000 $, nous
dépenserons 1 000 000 $, c'est en climatisation et conservation
d'énergie. Au palais de justice de Montréal, en conservation
d'énergie, sur un projet de 7 715 000 $, c'est la queue du projet, nous
dépenserons 1 585 000 $ en 1984-1985, ce qui nous fera économiser
50% d'énergie au palais de justice de Montréal. Cet
investissement, je crois, se paiera en trois ans. C'est un investissement de 7
000 000 $, presque 8 000 000 $, qui se paie en trois ans. Il y a un autre
investissement important, au palais de justice de Montréal
également, en sécurité, sur un investissement de 4 000 000
$, nous dépenserons en 1984-1985, 440 000 $. C'est surtout l'an prochain
que se fera la dépense.
L'autre projet majeur qui, à Montréal, on l'espère,
se fera dans les années à venir, c'est Bordeaux.
M. Rochefort: Cela fait quoi? Cela fait 4 000 000 $ à 5
000 000 $ sur à peu près...
M. Marcoux: À peu près 50 000 000 $. M.
Rochefort: Où mettez-vous le reste?
M. Marcoux: Le palais de justice de Longueuil, c'est un
investissement de quelque 12 000 000 en partant. Il y a des projets au niveau
des centres de détention. Trois-Rivières, Sherbrooke, LaSalle, ce
sont là des projets...
M. Rochefort: Est-ce qu'il y aurait moyen de nous faire parvenir
la liste pour Montréal? Moi, cela m'intéresserait de la
recevoir.
M. Marcoux: Pour Montréal? M. Rochefort: Oui.
M. Marcoux: Notre gros projet, sur les 50 000 000 $ cette
année, c'est le Musée de la civilisation à Québec.
C'est cette année de 3 000 000 $ à 4 000 000 $.
M. Rochefort: A l'édifice du 6161, Saint-Denis, est-ce
qu'il y a des projets pour cette année? L'édifice du
ministère des Affaires sociales et du Tribunal de la jeunesse?
M. Marcoux: Je dois ajouter une chose. Le Musée d'art
contemporain, c'est 12 000 000 $, ce n'est pas fait par nous. C'est nous qui
sommes responsables de la construction, il est payé par la Place des
Arts, mais c'est le ministère des Travaux publics qui en est
responsable.
M. Rochefort: Mais cela, c'est en sus des 50 000 000 $?
M. Marcoux: Oui. L'Orchestre sym-phonique de Montréal, 30
000 000 $, c'est en plus évidemment des 50 000 000 $, ce n'est pas nous
qui le faisons, mais nous sommes en relation avec les intéressés,
nous nous coordonnons.
M. VaiiJancourt: Pendant que nous en sommes aux projets de palais
de justice et de centres de détention, je voudrais tout simplement que
le ministre élabore un peu ses projets dans la région de
Sherbrooke, qu'arrivera-t-il au centre de détention?
M. Rochefort: M. le président, je n'étais pas
là-dessus.
Le Président (M. Fallu): M. le député
d'Orford, vous êtes l'intervenant suivant, il nous reste un bon quart
d'heure, seize minutes précisément. Le député de
Gouin achève.
M. Assad: II faut dire que nous sommes partis avec vingt minutes
de retard.
Le Président (M. Fallu): Oui, mais on en reparlera
à la fin des travaux.
M. Rochefort: Au 6161, Saint-Denis, à l'édifice du
Tribunal de la jeunesse, où loge
le ministère des Affaires sociales, est-ce qu'il y a des projets
d'immobilisations ou d'améliorations pour l'année qui vient?
M. Marcoux: Les travaux sont terminés.
M. Rochefort: Est-ce qu'il y aurait moyen, M. le ministre - vous
comprendrez, c'est dans ma circonscription - de me faire parvenir un
état de ce qui a été fait depuis trois ans? (12 h 15)
M. Marcoux: D'accord.
M. Rochefort: Pas aujourd'hui même.
M. Marcoux: C'est surtout en termes d'économie
d'énergie qu'il y en a eu.
M. Rochefort: En termes de projets, de coûts
d'investissement, d'emplois créés et générés
par les investissements en... Quatrième chose, les 18 000 mètres
carrés que voulez réduire en espace à Montréal. Il
s'agit de mètres carrés? Je ne suis pas familier avec cela.
M. Marcoux: On multiplie par 10 pour avoir le résultat en
pieds.
M. Rochefort: Je vous remercie, M. le ministre.
M. Marcoux: On divise par 10, si c'est en pieds, pour avoir le
résultat en mètres.
M. Rochefort: Est-ce qu'il serait possible de nous faire
connaître les services et les ministères qui seront
touchés?
M. Marcoux: Leurs services seront améliorés. Je
vais vous donner un exemple.
M. Rochefort: C'est la deuxième question que je voulais
poser, est-ce que cela est uniquement dû à une meilleure gestion
des espaces ou si cela tient compte d'une réduction actuelle
décidée ou à venir de certains services que le
gouvernement dispense à Montréal? Par exemple, des services qui
seraient rapatriés à Québec?
M. Marcoux: Cela peut amener des améliorations à
certains services. Je vous donne l'exemple du Marly, à Québec,
où le ministère du Revenu occupait 60 000 mètres; on le
tasse dans 45 000 mètres pour récupérer 15 000
mètres et on y amène le ministère de l'Environnement, qui
avait des bureaux dans quatre endroits différents, et on le loge
à ce seul endroit. C'est une économie d'espace; on va
économiser 1 500 000 $ par année en loyer tout en donnant un
meilleur service à un de nos clients, le ministère de
l'Environnement. C'est là le paradoxe; des économies de
coûts n'amènent pas nécessairement une réduction du
service; elles peuvent accroître la qualité du service. C'est un
bon exemple.
En ce qui concerne Montréal, on a ajouté de l'espace. On a
construit Henri-Bourassa, mini-centre administratif. Il y a une autre
construction dont on va disposer. À Montréal, on avait des
édifices tels que le 360, McGill qui étaient inoccupés; on
investit actuellement pour le rénover et, quand il sera
rénové, on y enverra des gens. On l'avait en
propriété, il faut donc s'en servir. Cela n'entraîne pas
une diminution de la qualité du service ou une amélioration;
c'est simplement une meilleure gestion de notre parc de
propriétés. Cet édifice étant vacant depuis des
années, en l'améliorant, on le récupère.
M. Rochefort: Je peux donc conclure que cette réduction de
18 000 mètres carrés sur cinq ans...
M. Marcoux: Ce n'est pas du tout relié à une
réduction du nombre de services gouvernementaux.
M. Rochefort: D'aucune façon. C'est uniquement lié
à une meilleure gestion...
M. Marcoux: Une meilleure gestion de l'espace.
M. Rochefort: ...des espaces. Finalement, dernière
question, M. le Président, je m'aperçois que le ministère
a investi en publicité par mandat 58 767,35 $ au cours de l'année
qui vient de s'écouler et en publicité obligatoire 315 800 $.
Première question, qu'entendez-vous par la publicité
obligatoire?
M. Marcoux: C'est le Service général des achats. Ce
sont tous les appels d'offres...
M. Rochefort: Chaque fois que vous allez en soumission.
M. Marcoux: ...du Service général des achats.
M. Rochefort: Deuxième question, quelle est la politique
de placements-médias pour l'ensemble des annonces par mandat ou
obligatoires?
M. Marcoux: C'est la politique du ministère des
Communications. Nous préparons les annonces et le ministère des
Communications les place, selon sa politique.
M. Rochefort: Vous ne savez donc pas si cette
publicité...
M. Marcoux: On le sait peut-être, mais...
M. Rochefort: ...est placée dans ce qu'on appelle les
hebdos métropolitains de Montréal.
M. Marcoux: Lorsqu'on fait des constructions dans une
région en particulier, il y a des annonces qui sont faites dans les
hebdos de cette région.
M. Rochefort: Justement, M. le ministre, pour ce qui est des
hebdos régionaux - c'est à cela que je veux en venir - il faut
savoir qu'à Montréal, il n'existe pas de presse régionale
au sens qu'on lui donne à l'extérieur de Montréal. Il n'y
a pas, par exemple, l'équivalent des Hebdos A-l. Il y a les hebdos
locaux et il y a la presse nationale. Je voudrais que vous m'assuriez
qu'à chaque fois qu'il y a une incidence régionale...
M. Marcoux: C'est au ministère des Communications que la
commission devrait se référer pour connaître la politique
suivie, d'une façon plus précise. Ce qu'on m'indique, c'est
qu'ordinairement on place des annonces semblables dans trois grands quotidiens
du Québec, plus un hebdo régional. Cela ne doit pas comprendre
les hebdos locaux, comme vous l'indiquez.
M. Rochefort: Quels sont les hebdos régionaux pour
Montréal? Si je comprends bien, vous ne placez pas d'annonces dans les
hebdos régionaux, vous vous limitez à la presse nationale.
M. Marcoux: Pour Montréal, ce sont seulement les
quotidiens.
M. Rochefort: Est-ce que je pourrais faire pression auprès
de vous et, par la suite, auprès du président de la nouvelle
société, pour que, dans vos commandes -vous êtes, quand
même, un ministère client du ministère des Communications -
vous vous assuriez qu'à Montréal, comme partout ailleurs au
Québec, on tienne compte qu'il y a une presse qui n'est pas une presse
nationale? Il y a des ministères qui le font, M. le ministre. Je suis
convaincu que vous pouvez convaincre vos services et le président de la
Société immobilière du Québec, par la suite
aussi...
M. Marcoux: Enfin...
M. Rochefort: ...convaincre vos services, d'inclure cela dans vos
avis préalables que vous envoyez au Conseil du trésor et au
ministère des Communications.
M. Marcoux: Je prends vos remarques comme ministre de tutelle de
la Société immobilière du Québec. On va regarder
cela. Comme ministre des Travaux publics, je peux vous dire qu'on n'a rien
à décider: c'est le ministère des Communications qui fait
tous les placements-médias...
M. Rochefort: Oui, mais il répond à des
commandes.
M. Marcoux: ...à la fois pour le ministère des
Travaux publics et à la fois pour le Service général des
achats. Dans les placements-médias ou dans la publicité
payée, 90% doit provenir du Service général des achats et
peut-être 10% du ministère des Travaux publics. C'est
décidé par le ministère des Communications.
Lorsque la Société immobilière du Québec
fera de la publicité - en fait, ce sera pour les contrats de
construction, les agences de sécurité ou des choses comme cela -
qu'on regarde la possibilité d'annoncer dans les médias
locaux.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Gouin, avez-vous terminé?
M. Rochefort: Merci, oui.
Le Président (M. Fallu): M. le député
d'Orford, je voudrais simplement vous rappeler qu'il ne nous reste que quelques
minutes, mais que, tout à l'heure, nous reviendrons sur le cas. Est-ce
que vous cédez votre droit de parole au député de Robert
Baldwin?
M. Vaillancourt: Je vais céder mon droit de parole au
porte-parole de notre parti. J'avais plusieurs questions à poser mais
à la majorité de celles-ci on a déjà
répondu. Il ne me reste qu'une couple de questions que je voudrais
poser, mais je donne mon droit de parole au député de Robert
Baldwin.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Robert Baldwin.
M. Vaillancourt: Je voudrais m'excuser auprès du
député de Gouin parce que, tout à l'heure, lorsque je suis
intervenu, étant donné que le ministre était en train de
donner la liste des palais de justice, je voulais tout simplement savoir
où en était rendu le palais de justice de la région de
Sherbrooke.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends mon
collègue d'Orford, sauf que j'avais peur qu'on glisse dans la liste
complète des postes de la Sûreté du Québec, des
centres de détention, etc.
Le Président (M. Fallu): Vous voulez dire, de ceux qui
n'étaient pas à Montréal?
M. Rochefort: Exactement, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): On a compris. M. le
député de Robert Baldwin, vous avez la parole.
M. Vaillancourt: Étant donné qu'il ne reste pas
beaucoup de temps...
M. Marcoux: C'est la première fois qu'il est question de
ceux de Montréal.
M. Rochefort: Ce n'est pas la dernière. Le
Président (M. Fallu): À l'ordre!
M. Marcoux: C'est sûrement la dernière, parce que
c'est la dernière fois que le ministère des Travaux publics vient
en commission.
Le Président (M. Fallu): S'il vous plaît'. M. le
député de Robert Baldwin, vous avez la parole.
M. O'Gallagher: Merci. Avec cette nouvelle façon de
traiter les crédits, je vois qu'on n'a pas demandé suffisamment
de temps, M. le Président. Si tout le monde, de chaque
côté, a un droit de parole de vingt minutes sur chaque
élément, on est loin d'avoir le temps de faire une étude
vraiment approfondie des crédits. Cependant, on va essayer...
Le Président (M. Fallu): Si vous permettez. Je n'ai pas le
temps. Je sais que le secrétariat tient le temps et je crois que
l'Opposition a eu à son service peut-être les deux tiers ou les
trois quarts du temps. On vérifiera tout à l'heure.
Déjà, il peut ressortir de nos travaux - on connaît
l'ambiguïté des commissions sur l'étude des crédits,
comme de celle des engagements financiers d'ailleurs - qu'on n'a pas de
règle très précise, sauf les règles
générales de fonctionnement de l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire le principe d'alternance. Peut-être qu'en fin de
session, puisque nous avons un règlement sessionnel, il y aurait lieu,
à la commission de l'Assemblée nationale, de préciser ces
règles de fonctionnement des crédits. Entre-temps, je n'ai
guère le choix que de respecter les règles
générales. J'ai même été très large,
ce matin, en laissant notamment le député de Papineau aller bien
au-delà des vingt minutes, de même pour le député de
Gouin: je soupçonne, sur la montre de ma coprésidente, que nous
l'avons laissé voguer au-delà des vingt minutes
réglementaire également.
M. Rochefort: Oui. Mais, M. le Président, selon votre
directive, je comprends deux choses: d'abord, j'ai droit, je pense, à 20
minutes par élément; alors, cela m'aurait donné
sûrement plus de temps que le temps de la commission que j'ai pris
jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Fallu): Oui, mais nous en sommes toujours
aux remarques préliminaires, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. Mais j'avais compris, du fonctionnement de la
commission, depuis une heure ou deux, qu'on y allait un peu sur tout ce qui
nous convenait facilement. Je n'aurai pas d'autre question, donc vous allez
être bien en deçà du temps que j'aurais eu le droit de
prendre.
Deuxièmement, si je comprends vos remarques pour la commission de
l'Assemblée nationale, en fin de session, cela ne touchera pas la
question de l'alternance ou du temps de parole aux députés des
deux côtés, mais, possiblement, à une plus longue
durée pour l'étude des crédits des ministères.
Mme Bacon: Si vous me permettez...
Le Président (M. Fallu): Vous permettez?
Mme Bacon: ...M. le Président, je dois déplorer le
fait que l'étude des crédits ne soit plus l'endroit
privilégié, pour l'Opposition, de poser ses questions au
ministre. Les députés ministériels ont quand même
d'autres possibilités, comme le caucus ou des rencontres. Ils sont
beaucoup plus près des ministres, je pense, que les
députés de l'Opposition. Je dois dire ce matin que je regrette
que l'Opposition n'ait pas suffisamment de temps pour poser ses questions au
ministre, pour poser des questions concernant le ministère et que cela
ne devient plus l'endroit privilégié pour l'Opposition pour poser
ses questions. J'ai personnellement l'intention, en tout cas, de faire part de
ces remarques au président, et, lors de l'étude ou du post-mortem
de ces réunions, de ces commissions sur l'étude des
crédits, j'ai l'intention de demander qu'on revoie tout cela, ou bien
qu'on ne dise plus que c'est ici l'endroit privilégié pour
l'Opposition pour poser ses questions. Donc, il faudra utiliser la
période des questions pour poser ce même genre de questions.
Le Président (M. Fallu): J'ai deux rappels au
règlement; je vous demanderais d'être très bref.
M. Rochefort: Oui, je vais être très bref, M. le
Président, mais vous comprendrez qu'à titre de
député qui a reçu le même mandat et la même
légitimité que ceux et celles qui ont donné des mandats
identiques aux députés de l'Opposition, je considère que
je dois jouir des mêmes privilèges que ceux de tous les membres de
l'Assemblée
nationale et que cela doit être le cas de l'ensemble de mes
collègues de la majorité. Nous avons tous été
élus démocratriquement, nous avons tous reçu un mandat
légitime, un mandat précis de la part de nos électeurs de
venir ici les représenter, défendre leurs intérêts
et assumer, nous aussi, une fonction de contrôle de l'Exécutif et
nous entendons continuer à assumer cette fonction à laquelle nous
donne droit le présent règlement de l'Assemblée
nationale.
Et toute tentative qui viserait à faire deux catégories de
députés dans cette Assemblée serait, quant à moi,
une tentative visant à diminuer le caractère démocratique
et légitime de l'institution qu'est l'Assemblée nationale du
Québec. Je ferai remarquer à Mme la députée de
Chomedey que, du temps où elle était ministre,
c'est-à-dire dans les années 1973-1976, où l'Opposition
n'était représentée que par six députés et
où la majorité possédait 102 députés, pour
avoir travaillé avec l'équipe de l'Opposition, il y a eu une part
très importante, très considérable de temps qui a
été accordée non seulement aux commissions parlementaires
des crédits ou aux commissions parlementaires pour l'étude de
projets de loi, article par article, ou pour les auditions d'organismes, mais
également à la période des questions elle-même. On
se retrouvait dans des situations où il y avait deux et trois questions,
par période de questions, qui étaient accordées à
un député de la majorité, à l'époque, ce
dont nous n'avons jamais abusé.
J'ajouterai, en conclusion, que, dans le nouveau règlement, nous
sommes même allés jusqu'à concéder - ce qui est une
concession majeure et à laquelle je ne souscrivais pas au départ
- la possibilité, l'exclusivité de la question avec débat,
qu'on appelle maintenant l'interpellation du vendredi matin, l'initiative en
relève maintenant et uniquement de l'Opposition. Déjà,
c'est faire un écart, c'est poser un geste qui tend à faire deux
catégories de députés et c'est vraiment, quant à
moi, la seule concession que les députés de la majorité
feront quant à la création de deux types de députés
dans notre Assemblée.
Le Président (M. Fallu): Je crois que ce débat,
s'il doit avoir lieu, doit avoir lieu plutôt à la commission de
l'Assemblée nationale. Je ne voudrais pas qu'on prolonge cette question
de règlement. Néanmoins, le député de Chambly m'a
demandé la parole sur un rappel au règlement, si vous voulez
être bref.
M. Tremblay: Je vais, M. le Président, avec votre
permission, juste ajouter un mot, pour bien clarifier dans l'esprit de Mme la
vice-présidente, que les travaux que nous faisons ici... Elle disait que
les députés ministériels pouvaient voir les ministres en
toute occasion et poser leurs questions. Je ferais remarquer très
humblement que, si c'était l'esprit des travaux que nous faisons ici,
elle pourrait envoyer une lettre au ministre pour lui poser des questions,
l'accoster en Chambre comme on le fait, l'interpeller dans le corridor comme
cela nous arrive à tous. Mais ici, nous le faisons publiquement, c'est
notre rôle de député et c'est consigné au journal
des Débats. C'est la différence fondamentale des travaux qui se
déroulent ici, ce matin.
Le Président (M. Fallu): Bon! On vous remercie.
Mme Bacon: J'espère, M. le Président, que le
député de Chambly ne veut pas renvoyer les membres de
l'Opposition dans les corridors pour poser leurs questions!
M. Tremblay: Mais c'est ce que fait Mme la vice-présidente
à notre endroit. (12 h 30)
Le Président (M. Fallu): Bon! Je clos, si vous permettez,
ce rappel au règlement en cédant la parole au
député de Robert Baldwin. Toutefois, étant donné
l'heure, peut-il y avoir consensus de la commission afin de prolonger nos
travaux pour reprendre les vingt minutes qui nous ont manqué, en
début de séance, c'est-à-dire jusqu'à 12 h 50?
Est-ce qu'il y a consentement?
M. O'Gallagher: Consentement.
Le Président (M. Fallu): Nos travaux se poursuivront donc
jusqu'à 12 h 50.
M. le député de Robert Baldwin et, ensuite, Mme la
députée de Johnson.
M. O'Gallagher: Ma première question concernant le
programme 1 est d'ordre général et s'applique un peu à
tous les programmes. À plusieures reprises, nous trouvons dans les notes
explicatives fournies dans votre cahier d'informations budgétaires qu'en
raison de la création de la Société immobilière du
Québec, les enveloppes budgétaires consacrées à
certains éléments de programmes n'ont été
prévues que pour la période du 1er avril au 30 juin
1984.
Lors de l'étude du projet de loi 18, le ministre nous a
indiqué tout à l'heure que le processus de transformation du
ministère en société d'État ne serait
complété que le 30 septembre 1984. Le ministre peut-il nous
expliquer quelles sont les dispositions budgétaires pour la
période du 1er juillet au 30 septembre?
M. Marcoux: C'est essentiellement le budget d'immobilisations qui
est affecté par votre question et uniquement le budget
d'immobilisations, c'est-à-dire qu'à partir du
1er juillet, toutes les immobilisations seront
financées par mode d'emprunt plutôt que par mode de paiement
direct. Pour tout le reste du budget, cela ne change rien. Que ce soit au 30
septembre ou au 1er octobre, le paiement de l'exploitation et des coûts
d'exploitation, sera encore fait directement par le Conseil du trésor au
ministère des Travaux publics, c'est-à-dire que notre objectif
est que chaque ministère soit facturé directement. Pour cela, il
faut développer des systèmes de comptabilité informatique
en conséquence, ce qu'on est en train de faire. Le seul changement est
au niveau des budgets d'immobilisations.
M. O'Gallagher: Si je comprends bien, on empruntera pour toutes
les constructions et, même en cette période de transformation, les
ministères ne paieront pas de loyer directement aux
sociétés d'immobilisations mais bien au Conseil du
trésor.
M. Marcoux: C'est bien cela.
M. O'Gallagher: Maintenant, dans le programme 1,
élément 2, Construction d'immeubles, nous avons le rapport du
ministère des Travaux publics de 1982-1983. Je comprends que le rapport
de 1983-1984 ne soit pas préparé à ce jour, mais je
voudrais des renseignements précis, non pas sur tous les projets de
construction, mais bien sur un en particulier, soit le plus gros projet que
vous ayez mentionné, soit le Musée national de la
civilisation.
Est-ce possible d'avoir, pas immédiatement, mais aussitôt
que possible, une liste de tous les consultants
arpenteurs-géomètres, ingénieurs des sols,
ingénieurs en structure, en mécanique et en architecture - qui
ont été choisis, soit par le fichier central ou par des
comités de sélection?
J'aimerais, en particulier, avoir des renseignements concernant
des...
M. Marcoux: Dans ce cas, M. le député, le choix a
été fait par un concours en 1981. Les architectes et les
ingénieurs devaient faire des équipes et nous ont
présenté des projets et une équipe a été
retenue. Depuis ce temps, il n'y a eu personne d'autre d'engagé. C'est
cette équipe qui a été choisie par voie de concours. Ce
fut l'un de mes premiers gestes comme ministre des Travaux publics en 1981 que
de rendre public le résultat du concours qui s'était fait au
début de l'année 1981 pour le Musée de la civilisation.
C'est cette équipe gagnante qui fait présentement les plans et
devis.
M. O'Gallagher: J'aimerais avoir des détails sur un cas
particulier, il s'agit du conseiller qui a fait le rapport sur les sols.
Selon les informations que j'ai en main, ce conseiller aurait
été choisi par le fichier central pour effectuer treize trous de
forage, semble-t-il, pour un montant d'environ 14 000 $. Les conseillers ou les
ingénieurs ont demandé deux autres trous de forage qui devaient
s'élever à environ 1000 $. Le même conseiller en sols a
été choisi par le fichier central, mais il a été
rejeté parce que le choix a été remis à un
comité de sélection pour les deux trous supplémentaires de
forage. J'aimerais avoir des détails là-dessus.
M. Marcoux: On vous transmettra, pour la question des sols, le
nom de la firme choisie, expliquant comment elle a été choisie,
les coûts impliqués, tout cela.
M. O'Gallagher: Pour satisfaire mon collègue d'Orford,
pourriez-vous nous fournir des renseignements sur la construction ou
l'agrandissement du nouveau palais de justice de Sherbrooke, la reconstruction
de ce palais de justice? Où en êtes-vous rendus au niveau de la
planification ou de la construction elle-même, au palais de justice de
Sherbrooke?
M. Marcoux: La conception et les esquisses du palais de justice
de Sherbrooke sont terminées depuis décembre 1983. Actuellement,
l'équipe est en train de terminer et doit terminer en avril, donc ce
mois-ci, les plans préliminaires. Les plans et devis d'exécution
seront prêts à ce moment pour le mois d'août 1984, ce qui
signifie qu'on ira en appel d'offres à l'automne 1984 et, donc, que la
construction devrait débuter au début de 1985.
M. O'Gallagher: Dans la même région, M. le ministre,
où en êtes-vous rendus avec le projet du centre de
détention de Sherbrooke?
M. Marcoux: Concernant le centre de détention de
Sherbrooke, nous attendons du ministère de la Justice le programme
indiquant les besoins du ministère. Comme je vous le dis, ce programme
est en voie de révision complète, à la suite de
l'évolution de la philosophie carcérale du ministère de la
Justice. Si ma mémoire est bonne, c'est pour juin... Normalement, on
devrait recevoir en juin 1984 le programme et les besoins du ministère
de la Justice. À partir de ce moment, on prépare le programme
à soumettre au Conseil du trésor, on fait approuver le budget,
etc. On ne prévoit aucun problème de ce côté, parce
que la nécessité de la construction d'un centre de
détention à Sherbrooke a déjà été
reconnue par le gouvernement depuis longtemps.
Ce qui est arrivé, c'est que, depuis deux ans, comme il y a une
révision de toute la philosophie carcérale au ministère de
la Justice, celui-ci doit élaborer un
nouveau programme de besoins, parce qu'il ne s'agit pas du même
type de bâtiments, d'autant plus qu'il est possible que, dans ce cas, on
procède à partir de bâtiments déjà existants
pour une partie, qu'on rénove ces bâtiments et qu'on érige
d'autres bâtiments neufs sur le même terrain. Plusieurs
bâtiments seraient sur le même terrain, comme je vous le dis, dans
une perspective de sécurité périphérique maximale
et de sécurité interne minimale. Nous attendons le programme de
besoins du ministère de la Justice.
M. O'Gallagher: Maintenant, M. le Président, je voudrais
poser une question concernant la Société immobilière du
Québec. J'ai devant moi la liste des membres du conseil d'administration
choisis tout dernièrement. Il y a M. Jean-Yves Gagnon, sous-ministre,
qui est avec vous à la table; Mme Monique Vézina-Parent,
conseillère en administration auprès des caisses populaires; Me
André Roy, avocat, vice-président des Épiciers-Unis; M.
Jean Ouellet, architecte, directeur du département d'architecture de
l'Université de Montréal; M. Raymond Benoît,
représentant du ministère de la Justice, et il y a quatre autres
personnes sur lesquelles nous n'avons aucun renseignement. Pourriez-vous nous
fournir quelques informations sur Mme Judy Ann Scott?
M. Marcoux: Mme la députée de Chomedey la
connaît bien. Je peux vous donner les principaux éléments
de son curriculum vitae. Entre autres, elle a été candidate du
Parti québécois en 1981 dans le comté... Chomedey? Bon!
Elle est dans le milieu de l'assurance. En 1982, elle est
préposée à la clientèle industrielle et commerciale
et directrice du marketing. Elle a été directrice du courtage
d'assurance-vie. En 1976, elle a été souscriptrice de Lloyd's
"Pen", ligne personnelle et automobile, pour Wise, Brainin, Favreau
Ltée. En tout cas, elle est dans le domaine de l'assurance.
Or, nous croyons que cette compétence était utile à
la société immobilière. En plus, vous savez que le
gouvernement tient à la représentation du milieu anglophone dans
l'ensemble des sociétés d'État. Cela permettait aussi de
satisfaire cet objectif.
En ce qui concerne M. Paul-Henri Larose, il est vice-président de
Bombardier, comme M. André Roy est vice-président de
Métro-Richelieu. Il y a M. Jean-Paul Cloutier, que vous connaissez, qui
a été à la Chambre de commerce régionale de la
Communauté urbaine de Québec, qui est président de la
Chambre de commerce de Sainte-Foy, qui a été impliqué dans
la préparation d'un sommet économique de la région de la
ville de Sainte-Foy et qui est un ancien député et un ancien
ministre de l'Union nationale.
Vous avez M. Gaston Mailhot, qui est un ex-président de
l'Association de la construction, en tout cas une des associations du monde de
la construction. M. Mailhot est président du comité provincial du
Bureau des soumissions déposées du Québec, ce qui est
important par rapport aux types de travaux de la société
immobilière. Membre durant huit ans du conseil d'administration de la
l'Association de la construction de Montréal et du Québec, il en
a été président durant deux ans. Il est maintenant
président du Conseil patronal de l'industrie de la construction du
Québec. Il est retiré des affaires, mais on voulait
précisément quelqu'un du monde de la construction, qui y avait
vécu et connaissait très bien ce monde de la construction, mais
n'était pas en conflit d'intérêts par rapport à des
contrats sur lesquels il aurait pu être intéressé à
soumissionner. C'est M. Gaston Mailhot.
M. Raymond Benoît, vous l'avez indiqué, est sous-ministre
à la Justice. Comme c'était notre principal client, on
considérait cela normal. M. Jean Ouellet a été
président du premier jury aboutissant à la construction du palais
de justice de Québec. Lorsqu'on a commencé à fonctionner
avec des jurys de sélection en architecture et en ingénierie,
c'est M. Jean Ouellet qui, comme vous l'avez indiqué, enseigne à
l'Université du Québec, a été président de
l'Ordre des architectes du Québec ou... En tout cas, il est directeur de
l'École d'architecture de Montréal. Je pense que c'est important
d'avoir un architecte à la société immobilière.
M. André Roy, je l'ai indiqué, est vice-président
de Métro-Richelieu dans le secteur administratif, financier, etc.
Quant à Mme Monique Vézina-Parent, comme nous sommes
propriétaires à 49% de la Place Desjardins, nous voulions avoir
quelqu'un du Mouvement Desjardins. Elle est présidente de la
Fédération régionale du Bas-Saint-Laurent des Caisses
populaires Desjardins.
Je puis vous assurer que je suis très fier de cette équipe
comme premier conseil d'administration de la Société
immobilière.
M. O'Gallagher: Maintenant, pourriez-vous nous dire les salaires
de ces personnes, s'il vous plaît, M. le ministre?
M. Marcoux: Zéro. Bien, elles ont une
indemnité...
M. O'Gallagher: Quelle est l'indemnité?
M. Marcoux: ...de 250 $ comme pour tous les membres des conseils
d'administration, par journée de séance ou...
M. O'Gallagher: 250 $?
M. Marcoux: Oui. C'est ce qui s'applique à tous les
conseils d'administration.
M. O'Gallagher: Et, dans vos prévisions budgétaires
pour cette société, avez-vous un montant prévu pour ces
salaires ou ces indemnités?
M. Marcoux: Oui, oui, oui. C'est dans un budget de 8 000 000 $
approuvé actuellement pour la mise en place de la société
jusqu'au 1er octobre. Il y a le coût du conseil d'administration.
Actuellement, on a prévu deux réunions par mois du conseil
d'administration. Je pense que c'est normal au début. On a prévu
30 000 $ pour les frais de déplacement et les frais de
représentation pour l'ensemble du conseil d'administration.
M. O'Gallagher: Très bien. Il me semble qu'on n'a pas
reçu copie des prévisions de 8 000 000 $ pour le budget
provisoire de la Société immobilière du Québec.
Est-ce possible d'avoir une copie de cette...? (12 h 45)
M. Marcoux: Je peux vous en donner une copie, aujourd'hui
même, immédiatement. Sur les 8 000 000 $, je pense qu'il y a 4 700
000 $ pour les remboursements d'intérêts. Il reste à peu
près 4 000 000 $, dont un contrat pour l'informatique, un contrat pour
la mise en place des systèmes comptables, 1 000 000 $ pour chacun
à peu près, 4 500 000 $ pour les intérêts et
d'autres petits montants. On peut vous en remettre une copie tout de suite.
M. O'Gallagher: Vu le manque de temps et qu'on ne peut pas vous
poser beaucoup de questions, on va se satisfaire de cela pour le moment.
Le Président (M. Fallu): Mme la députée de
Johnson, en vous rappelant qu'il nous reste exactement cinq minutes et qu'il
nous faudra garder au moins 60 secondes pour établir notre liturgie de
la fin, c'est-à-dire le vote très officiel. Quatre minutes sont
à votre disposition.
Mme Juneau: Merci. Cela va me suffire, je pense, puisque le
député de Robert Baldwin a touché au dossier qui concerne
l'Estrie. Je voulais simplement que le ministre me donne quelques explications
supplémentaires. C'est qu'il y a trois ans passés, les
députés de l'Estrie avaient fait un programme qui s'appelait
Bâtir l'Estrie et, à l'intérieur de ce programme où
il y avait 37 propositions, nous avions formulé un voeu qui devenait une
proposition très importante chez nous. C'est que le palais de justice de
Sherbrooke... Vous avez dit tout à l'heure, en réponse au
député de Robert Baldwin, que le début des travaux
était prévu pour 1985. Est-ce que c'est bien 1985, parce que,
dans une conférence de presse, il y a peut-être quelques semaines,
un chiffre avait été cité et c'était 1986.
J'aimerais bien cela si c'était vraiment 1985.
M. Marcoux: C'est la fin des travaux qui est en 1986.
Mme Juneau: La fin des travaux...
M. Marcoux: La fin des travaux est en 1986, mais la construction
est au début de 1985.
Mme Juneau: II y a quelques mois de retard à peine?
M. Marcoux: À peine deux mois. Mme Juneau: À
peine deux mois.
M. Marcoux: Par rapport à ce que je vous ai donné,
je vous ai donné les dates, y inclus les deux mois.
Mme Juneau: D'accord. Concernant le centre de détention,
vous avez dit tout à l'heure qu'à cause du changement
d'orientation de la philosophie carcérale du ministère de la
Justice, cela a amené un retard à cause duquel vous
prévoyez qu'en juin on présentera le programme, la commande, ni
plus ni moins, du ministère de la Justice. Est-ce que vous
prévoyez qu'il y aura un retard là-dessus ou si vous êtes
sûrs qu'en juin...
M. Marcoux: On ne prévoit pas de retard du
côté du ministère de la Justice pour nous transmettre d'ici
juin son programme de besoins. Ce qu'on m'indique, c'est qu'il reste une chose
à décider, s'il y aura une buanderie ou pas dans le centre de
détention. C'est parce que cela coûte très cher, s'il y en
a une. C'est ce que la Justice examine actuellement. Pour l'essentiel du
programme, on me dit qu'à la Justice les préparatifs sont
très avancés.
Mme Juneau: Lorsque vous recevrez cette commande, est-ce que vous
aurez un certain échéancier à nous donner pour savoir
combien de temps cela pourrait prendre?
M. Marcoux: On met cela en français, c'est-à-dire
qu'on le met dans les termes des Travaux publics, c'est-à-dire qu'on met
cela en termes de mètres carrés, de types de besoins. En somme,
on prépare le mémoire pour le Conseil du trésor et, rendu
là, on demande l'approbation au Conseil du trésor de construire
selon tel délai, tel échéancier, un centre de
détention pour tant de places et à tel coût.
Mme Juneau: Est-ce qu'il y a certaines choses de prévues
déjà dans cela?
M. Marcoux: On prépare ceci à partir du programme
de besoins du ministère. En fait, le ministère de la Justice va
nous dire: Nous, on veut un centre de détention pour 175...
Mme Juneau: Personnes.
M. Marcoux: ...détenus. On veut tel service.
C'est-à-dire qu'on veut un édifice, un atelier de menuiserie pour
occuper les détenus. On veut des chambres, on veut des salles
communautaires. Il définit l'ensemble des besoins et nous, on globalise
cela et on prépare un mémoire pour le Conseil du trésor en
disant: Le total de ceci, cela va faire, mettons, cinq édifices pour un
total, je ne sais pas, moi, de 15 000 mètres pour une prison. C'est
à peu près 1500 $ le mètre. Donc, cela nous prend 22 000
000 $. Là je parle des chiffres théoriques.
Mme Juneau: Vous avez dit tout à l'heure que vous aviez
des plans pour des postes de la Sûreté du Québec. Est-ce
que cela existe aussi dans le cas...
M. Marcoux: Des centres de détention? Non. Il y a beaucoup
moins de centres de détention. Chacun est un cas particulier. Il peut y
avoir un centre de détention de 50 places, un centre de détention
de 175 ou de 350 détenus. Dans chaque cas, c'est une équipe
différente d'architectes; ce sont des plans spécifiques. Dans le
cas de Sherbrooke, comme il est possible qu'il y ait recyclage
d'édifices existants, cela ne peut pas être comme un autre centre
de détention, où on part d'un terrain vacant, d'un autre centre
de détention où d'un autre type de recyclage d'édifices
comme à LaSalle.
Mme Juneau: Pour terminer, vous avez dit tout à l'heure
dans votre exposé que le ministère des Travaux publics n'aurait
plus de hangars avec du stock, mais que les fabricants remiseraient le stock.
Est-ce qu'il y aura des coûts à ce moment-là pour stocker
ce matériel?
M. Marcoux: Le coût sera moindre; au lieu d'avoir de grands
entrepôts qui sont parfois pleins, parfois vides, et de stocker des
inventaires dont on ne sait quand ils seront utilisés, le type de
contrats qu'on signe avec le fabricant est différent. On signe un
contrat pour 150 pupitres de tel type et on spécifie qu'ils seront
livrables sur demande. Dans le coût de sa soumission, il en tiendra
compte mais on sait par notre expérience antérieure que cela
coûte moins cher. Si le Service général des achats a
pensé appliquer cette méthode dans le domaine de l'ameublement,
c'est qu'il l'a expérimentée dans d'autres secteurs et que cela
nous a été profitable, et profitable pour le client aussi, parce
que la livraison est souvent beaucoup plus rapide. La commande part directement
de chez le fabricant pour s'en aller chez le client.
Le Président (M. Fallu): Le mandat qui nous a
été confié par l'Assemblée se termine à
l'instant, après deux heures trente minutes de séance. Il nous
faut toutefois, en quelques secondes, adopter dans un premier temps des
crédits de 225 666 700 $ pour le ministère des Travaux publics.
D'autre part, nous devons également adopter les crédits d'un
organisme qui relève du ministère délégué
à l'Administration, car il nous a été confié pour
fins d'étude des crédits, le Service général des
achats, pour lequel nous devons également adopter des crédits de
14 083 800 $. Selon ce que j'ai appelé tout à l'heure la
liturgie, vous me permettrez d'appeler le programme 1: Services de soutien.
Est-ce que le programme 1 est adopté?
M. O'Gallagher: Adopté.
Le Président (M. Fallu): J'appelle le programme 2:
Exploitation des immeubles. Est-ce que le programme 2 est adopté?
M. O'Gallagher: Adopté.
Le Président (M. Fallu): J'appelle le programme 3: Gestion
interne et soutien. Est-ce que le programme 3 est adopté?
M. O'Gallagher: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Quant aux crédits du
Service général des achats, est-ce qu'ils sont
adoptés?
M. O'Gallagher: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. Merci infiniment.
On doit également faire motion pour adopter l'ensemble de ces
crédits. L'ensemble de ces crédits est adopté. Vous me
permettrez de remercier ma collègue, la députée de
Chomedey, vice-présidente de la commission, notre secrétaire, M.
François Côté, les membres de cette commission, nos
assistants et, également, M. le ministre, qui a bien voulu se
prêter à ce premier exercice. Nous le revoyons cet
après-midi pour un autre dossier.
M. Marcoux: M. le Président, est-ce que je peux souhaiter
que la commission continue à s'intéresser à la
Société immobilière du Québec et invite à
l'occasion son président à venir faire rapport aux membres de
l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Fallu): Je veux précisément
m'adresser à son président, M. Gagnon, en lui disant que,
peut-être dès l'an prochain, la commission pourrait le choisir,
choisir la société comme l'une des sociétés, des
régies ou l'un des offices dont elle pourrait faire l'interrogatoire
puisque, maintenant, par pouvoir d'initiative, la commission peut
d'elle-même décider...
M. Marcoux: Un homme averti en vaut deux.
Le Président (M. Fallu): ...d'interroger les organismes
relevant de sa juridiction. Je ne peux pas déjà vous souhaiter la
bienvenue, mais je peux néanmoins vous en prévenir. Merci
à tous de la collaboration que vous avez manifestée ce matin.
Quant à nous tous, nous avons rendez-vous cet après-midi,
après la période des questions, dans cette même salle.
(Suspension de la séance à 12 h 55) (Reprise de la
séance à 16 h 21) Affaires municipales
Le Président (M. Fallu): Mme la Vice-Présidente,
collègues, M. le ministre, M. le secrétaire, notre séance
de travail se continue cet après-midi et je rappelle incidemment aux
membres qu'à dix-huit heures nous avons une courte séance de
travail, sans enregistrement mais avec procès-verbal, néammoins.
Donc, c'est notre séance de ce matin qui se poursuit.
Les hasards veulent que nous ayons devant nous le même
invité, le ministre. Par ailleurs, nous avons une brochette
d'invités que vous me permettrez, au départ, de saluer
personnellement. D'abord, le nouveau sous-ministre, M. O'Bready, en lui offrant
nos meilleurs voeux, et l'ensemble des sous-ministres adjoints, Mme la
secrétaire du ministère, les directeurs généraux,
qui ont été de très agréables compagnons de travail
pendant plusieurs années au ministère, si vous me permettez de le
souligner.
Notre tâche cet après-midi est donc de commencer
l'étude des crédits du ministère des Affaires municipales.
Déjà, le ministre a mis à la disposition des membres de la
commission un certain nombre de moyens pour nous aider à étudier
ces crédits, dont une explication des variations d'une année sur
l'autre et un certain nombre de documents dont l'avant-dernier numéro de
la revue Municipalité, le rapport annuel 1982-1983 de la
Société d'aménagement de l'Outaouais et une liste de
réponses aux questions préalablement posées par
l'Opposition officielle.
M. le ministre, vous connaissez maintenant les règles du jeu
puisque nous avons fait une première pratique ce matin.
On vous invite à vous adresser aux membres de la commission
pendant un maximum de 20 minutes en vue de vous exprimer sur les orientations
générales du ministère et, notamment, sur les orientations
des crédits budgétaires, à la suite de quoi on
cédera la parole à notre collègue de Laprairie pour une
première réplique. Après cela, vous me permettrez
d'intervenir comme président de commission sur les orientations puisque
vous savez que maintenant le président participe à la commission
comme tous les membres dans les mêmes conditions, d'ailleurs, avec une
limite de 20 minutes par intervention. Ce serait probablement une des seules
que je me permettrai dans cette séance d'aujourd'hui. M. le ministre,
vous avez la parole.
Exposés préliminaires M. Alain
Marcoux
M. Marcoux: M. le Président, chers membres de la
commission, j'aimerais d'abord vous présenter mes principaux
collaborateurs, si vous me le permettez. Je prends à mon compte les mots
de félicitations et de bienvenue adressés à mon nouveau
sous-ministre, M. O'Bready, qui connaît très bien le monde
municipal puisqu'il a été maire de Sherbrooke pendant plusieurs
années. Je suis convaincu qu'ensemble nous allons faire du bon boulot au
ministère des Affaires municipales dans les mois et les années
qui viennent. Je voudrais également vous présenter - je ne les
connais pas encore tous, il y en a probablement parmi vous qui les connaissez
mieux que moi - M. Jean-Paul Arsenault - je ne connais pas tous leurs titres -
qui est sous-ministre adjoint à la gestion financière; M.
Gagné qui est sous-ministre adjoint, également, à
l'aménagement; M. Hieu-Duc qui nous surveille au niveau financier, au
budget; M. Mario Saint-Germain, qui est secrétaire adjoint du
ministère; Mme Jalbert, qui est secrétaire du ministère;
M. Verret, qui est au budget; M. Berthier Landry, mon chef de cabinet. Il y en
a d'autres qui seront probablement questionnés, et j'aurai besoin de
leur aide, sûrement. Il y a M. Genest, qui est président du BREF,
Mme Robert, qui est sous-ministre adjointe à la législation, que
vous avez eu le plaisir de rencontrer et que vous verrez encore souvent puisque
la législation municipale est toujours très abondante; M.
Poiré, qui est au secteur financier des municipalités; M.
Métra, qui fait partie maintenant du comité d'études sur
l'Outaouais, et quelques autres avec lesquels nous aurons l'occasion de
discuter durant ces travaux.
Mes propos seront très brefs. Je n'utiliserai probablement pas
les vingt minutes que vous m'avez allouées, M. le Président, et
vous comprendrez sûrement
pourquoi. Il y a à peine quelques semaines que j'ai
été nommé ministre des Affaires municipales. Ma
première priorité est d'écouter le monde municipal pour
savoir quelles devraient être les priorités du ministère
des Affaires municipales dans les mois et les années à venir,
particulièrement dans les mois à venir, en termes
législatifs, en termes de politiques gouvernementales.
C'est ce que j'ai commencé à faire en rencontrant l'Union
des municipalités régionales de comté qui regroupait
environ 65 ou 70 préfets et adjoints samedi, il y a quinze jours ou
trois semaines. C'est ce que j'ai eu l'occasion de faire en rencontrant le
président de l'Union des municipalités du Québec, M.
Dufour, il y a déjà trois semaines également. C'est ce que
j'ai eu l'occasion de faire en rencontrant brièvement les participants
à la Conférence des maires de banlieue de la Communauté
urbaine de Montréal ainsi que le maire Drapeau qui était
présent à une partie des travaux de la dernière
Conférence des maires de banlieue. C'est ce que j'aurai l'occasion de
faire au prochain congrès de l'Union des municipalités du
Québec qui se déroulera les 12, 13 et 14 avril prochain.
En somme, je pense que mon premier devoir comme ministre des Affaires
municipales est d'être à l'écoute du milieu municipal dans
son ensemble et dans ses particularités et de voir ce que devraient
être, à son avis, les priorités du ministère dans
les mois et les années à venir.
Je peux quand même indiquer certaines préoccupations que
j'ai senties dans ce milieu et auxquelles je voudrais m'identifier. D'abord, je
dirai qu'après le temps des grandes réformes - je trouve que cela
fait un peu prétentieux comme expression - vient le temps - j'allais
dire le temps d'une paix -des ajustements. C'est cette expression que je trouve
un peu prétentieuse. Après la réforme de la
fiscalité municipale, après la réforme de la loi 125,
créant les MRC et confiant des pouvoirs sur l'aménagement et
l'urbanisme à ces nouvelles structures municipales, après la
réforme de la fiscalité, après la loi sur la
démocratie municipale, les trois grandes réformes des quatre ou
cinq dernières années auxquelles le monde municipal, autant rural
qu'urbain, a été associé.
À mon avis, ce que le milieu municipal souhaite et désire
actuellement, ce sont des ajustements, des améliorations à ces
réformes. C'est dans cette perspective que j'ai accepté les
responsabilités qui m'ont été confiées par le
premier ministre. (16 h 30)
Un deuxième élément qui définit l'attitude
dans laquelle je compte travailler est que le ministère des Affaires
municipales doit devenir de plus en plus - ça ne pourra jamais
être totalement l'un ou totalement l'autre - un instrument de soutien, de
services pour les municipalités, davantage qu'un organisme de
contrôle. Je dis que ça ne pourra jamais être totalement
l'un ou totalement l'autre car on ne peut imaginer que le ministère des
Affaires municipales abdique sa responsabilité de contrôle sur la
façon dont les municipalités exercent leurs pouvoirs financiers,
l'application des règlements, des lois dont elles ont la
responsabilité, quoique, avec l'évolution, un peu, je dirais,
comme conséquence des trois réformes que nous avons faites, comme
conséquence de la réforme de la fiscalité municipale qui a
donné de plus en plus de pouvoir, d'automonie financière aux
municipalités, on sache que les municipalités sont de moins en
moins dépendantes de subventions du gouvernement du Québec, de
plus en plus autonomes au niveau financier. Dans cette même perspective,
la loi 105, qui a amélioré les conditions d'exercice de la
démocratie municipale, a confié davantage de
responsabilités aux municipalités, ainsi que la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme qui, à travers la création
des MRC, a considérablement articulé les pouvoirs des
municipalités.
Je pense qu'il faut fonctionner dans un esprit de confiance par rapport
aux municipalités et, à ce moment-là, peut-être
diminuer le rôle de contrôle de la part du ministère. Je
pense que cela correspond à une des priorités des
municipalités. Je crois que le ministère des Affaires municipales
doit faire de plus en plus sienne cette perspective et, par ailleurs, augmenter
son rôle de soutien et de service, qu'il s'agisse de conseils, de
formation, d'assistance technique auprès des municipalités.
Ce que" j'ai compris aussi des quelques rencontres que j'ai eues avec le
monde municipal dans les dernières semaines, c'est que le principal
problème que vivent les municipalités, actuellement, c'est
d'avoir à entretenir des relations avec quelque douze ministères
du gouvernement, sans qu'il n'y ait nécessairement une cohérence,
une coordination dans l'action des ministères auprès des
municipalités. Je pense que c'est un des deux ou trois principaux
défis que j'ai dans le mandat qui commence, en ce qui me concerne ainsi
que mon nouveau sous-ministre, de faire en sorte que le ministère des
Affaires municipales n'aura jamais à exercer les pouvoirs des autres
ministères. Il n'est pas question de se substituer aux lois du
ministère de l'Environnement, du ministère des Transports, du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, mais c'est
certainement notre rôle, et c'est ce à quoi s'attend le monde
municipal, de savoir autant que possible avant lui, ce qui l'attend, de le
consulter, et, lors de ces consultations, d'assurer une certaine forme de
coordination pour qu'il y ait de la cohérence dans
l'intervention des ministères du gouvernement auprès des
municipalités.
C'est ce que j'ai perçu comme étant une revendication
primordiale du monde municipal par rapport au rôle qu'il voudrait que le
ministère des Affaires municipales joue dans l'appareil gouvernemental.
Personne ne rêve. Le ministère des Affaires municipales ne
deviendra pas le ministère des Transports pour les municipalités.
Je ne deviendrai pas le ministre de l'Environnement pour les
municipalités, ni le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche pour les municipalités. Tout le monde sait que notre vie
sociale se spécialise de plus en plus et que chacun a ses lois à
faire appliquer, mais ce que nous souhaitons, c'est quand même que le
ministère des Affaires municipales soit l'interlocuteur vraiment
privilégié des municipalités dans leurs relations avec les
autres ministères pour que les politiques, les lois, les
règlements des autres ministères, lorsqu'ils arrivent à la
Gazette officielle, aient au moins été, pourrait-on dire,
analysés par le ministère des Affaires municipales, avec des
consultations du monde municipal. Là, je veux être bien clair, je
ne veux pas enlever les responsabilités que doivent exercer directement
mes collègues par rapport à l'application de leurs lois ou des
règlements dont ils sont responsables. Mais je dirais que c'est d'abord
une question de réseau de relations, de réseau d'influence et
moi, en tout cas, d'après ce que j'ai compris, c'est un des principaux
défis qu'on me lançait d'arriver à constituer ce
réseau de relations, ce réseau d'influence auprès de mes
collègues, de la fonction publique, des autres ministères, pour
que l'action des autres ministères qui s'exerce sur les
municipalités se fasse dans une certaine cohérence.
Dans cette perspective d'un nouveau "partnership" avec le monde
municipal, je suis heureux de dire à cette commission - et de le dire
d'abord à cette commission - que ce soir se réunira, pour la
première fois au complet - il y a déjà eu une
première réunion mais il n'y avait qu'une seule union
présente - la table Québec-municipalités. L'Union des
municipalités du Québec, l'Union des municipalités
régionales de comté et le ministère des Affaires
municipales seront représentés. Cette table de concertation avait
été conçue, il y a quelques mois, par mon
prédécesseur. Elle avait été mise partiellement en
place. Ce soir se tiendra la première rencontre où les deux
unions ainsi que le ministère seront présents pour examiner
différents sujets d'intérêt commun. Je souhaite que cette
table fonctionne -évidemment, c'est quelque chose d'un peu formel - de
la façon la plus informelle possible pour faire en sorte que, dans toute
la mesure du possible, les municipalités soient consultées sur
les projets de réglementation, les projets de loi qui les touchent,
avant même que le gouvernement ait à prendre des décisions.
Cela ne signifie pas qu'on sera toujours d'accord. Cela ne signifie pas que,
comme ministre des Affaires municipales, je n'aurai pas à
défendre auprès de mes collègues du Conseil des ministres
des lois, des projets de loi ou des parties de projets de loi qui ne feront pas
nécessairement consensus. Il devra devenir régulier que les
municipalités soient consultées de façon claire et nette
avant le dépôt ou la présentation d'un projet de loi
à mes collègues du Conseil des ministres ou au cours des
discussions, parce que, souvent, un projet de loi est discuté pendant
plusieurs mois au sein du Conseil des ministres, au sein des différents
organismes gouvernementaux, soit le comité de législation, le
Conseil du trésor, etc. Je suis heureux de vous indiquer, à vous
d'abord, membres de la commission de l'aménagement et des
équipements, que cette première rencontre se tiendra ce soir.
C'est un pas important dans la collaboration
Québec-municipalités.
Un autre point que je voudrais aborder brièvement concerne
l'ensemble du budget des Affaires municipales. Le député de
Laprairie indiquait en Chambre, la semaine dernière, qu'il trouvait
qu'une augmentation de 4,3% du budget était minime. Il y a toujours un
paradoxe, l'Opposition demandant que le gouvernement dépense plus, mais,
en même temps, qu'il taxe moins. Ce que j'ai indiqué à ce
moment - tous n'y étaient pas, c'était quasi une commission
privée tenue en public à l'Assemblée nationale - en
réponse au député de Laprairie, c'est qu'en ayant une
augmentation d'environ 4,3% du budget, le ministère des Affaires
municipales adopte, au niveau financier, une attitude assez prudente, comme
l'ensemble des municipalités du Québec, au niveau
budgétaire en général, qui, dans les récentes
années, ont augmenté leurs taxes - quelquefois leurs
dépenses étaient différentes, vous en conviendrez -
à un taux moindre que l'inflation. Plus particulièrement, dans
les récentes années, elles ont très peu augmenté,
à chaque année - les deux plus récentes, en tout cas -
leurs dépenses.
Le ministère des Affaires municipales est à l'image des
municipalités avec lesquelles il doit collaborer. L'augmentation de son
budget est modeste, comme l'augmentation des dépenses des
municipalités en général.
Cela ne signifie pas pour autant que l'action du ministère des
Affaires municipales, comme l'action des municipalités en ce qui a trait
à la relance économique, soit marginale. Au contraire, quand on
pense au plan de relance de l'action économique du gouvernement, on voit
que les municipalités y ont été associées dans le
passé et qu'elles le seront encore davantage dans l'avenir.
Elles l'ont été dans le passé et ont pleinement
collaboré à travers le programme de création d'emplois
pour les municipalités, à l'automne 1982, à travers le
programme PRIME dont ont bénéficié les
municipalités pour environ 50 000 000 $, et environ 15 000 000 $
continueront d'être dépensés ou payés en 1984. Cela,
je dirais, c'est pour le passé. Quant à l'avenir, que ce soit par
le programme d'assainissement des eaux où, depuis quelques semaines,
vous le sentez certainement à la lecture des journaux, les faits le
confirment, des municipalités signent plus que jamais des protocoles
d'entente avec le ministère de l'Environnement pour que se
réalisent des travaux d'assainissement des eaux... En somme, les
municipalités ont compris le message du premier ministre, le 13 novembre
1983 et participent entièrement à la relance en ce qui concerne
l'assainissement des eaux. Elles ont hâte de participer à la
relance par la rénovation des centres-villes. Et, normalement, à
cause de ma présence, aujourd'hui, en commission parlementaire, ce matin
et cet après-midi, à la période des questions cet
après-midi, le dossier sur la rénovation des centres-villes, qui
était inscrit à l'ordre du jour du Conseil des ministres, n'a pu
passer. Cela reviendra sûrement la semaine prochaine, certainement la
semaine prochaine.
Grâce au programme de rénovation des centres-villes, les
municipalités seront appelées à collaborer d'une
façon très concrète au programme de relance
économique du gouvernement; grâce aussi au programme de travaux
communautaires annoncé dans la réforme de l'aide sociale. L'on
veut que les jeunes bénéficiaires d'aide sociale retournenent
à l'école, fassent un an d'apprentissage en entreprise ou
fournissent des services à leur communauté. Le montant de l'aide
sociale sera doublé en conséquence. Les municipalités
pourront profiter de cet engagement des jeunes bénéficiaires
d'aide sociale dans des services à donner à leur
communauté. C'est-à-dire que les municipalités du
Québec, par les quelques exemples que j'ai donnés, vont
participer et participent pleinement au programme de relance économique
du gouvernement du Québec. Elles peuvent le faire d'autant plus
facilement que - ce seront mes dernières phrases - la réforme sur
la fiscalité municipale a produit tous les effets escomptés.
Même bien davantage, puisque le taux d'endettement des
municipalités a baissé, depuis 1979, de 5,75 $ les 100 $
d'évaluation à 4,85 $ ou 4,95 $ les 100 $ d'évaluation,
c'est-à-dire une baisse de près de 1%; ou, selon une autre
façon de le présenter, presque une baisse de 15% ou 16% du taux
d'endettement des municipalités du Québec, ce qui est
considérable.
Les municipalités du Québec ont moins augmenté
leurs taxes que l'inflation à chaque année, durant les quatre
dernières années, même si elles ont augmenté leurs
dépenses de beaucoup plus que l'inflation. Ceci a été
possible à cause du transfert net opéré par la
réforme de la fiscalité, qui était un transfert net
d'environ 400 000 000 $ aux municipalités, dont elles ont
récupéré à peu près de 200 000 000 $
à 250 000 000 $ et laissé environ 150 000 000 $ en
réduction de taxes à leurs concitoyens. En somme, les
municipalités, aujourd'hui, sont moins endettées; leur taux de
taxation a augmenté moins vite que l'inflation, même si leurs
dépenses ont augmenté plus vite que l'inflation. Et les
municipalités ont des surplus accumulés qui sont passés -
tenez-vous bien - de 150 000 000 $ qu'ils étaient en 1979 à 350
000 000 $ en 1983, soit une hausse de 200 000 000 $. Ils ont plus que
doublé, ces surplus accumulés des municipalités, passant
de 150 000 000 $ à 350 000 000 $.
C'est ce qui fait que la situation financière des
municipalités du Québec est très saine. C'est ce qui fait
que, lorsque le gouvernement du Québec les a invitées à
collaborer à la relance de l'économie, les municipalités
pouvaient le faire sans mettre en danger leur situation financière, tout
en permettant d'atteindre les objectifs de la relance économique dans
leurs secteurs d'activité.
Voilà, M. le Président, les quelques mots que je voulais
vous dire au début de cette commission. J'essaierai, avec mes
collaborateurs, vous le comprendrez, de donner les réponses les plus
précises aux questions qui pourront être posées par les
membres de la commission.
Le Président (M. Fallu): Merci, M. le ministre. Je suis
heureux de voir que cette table Québec-municipalités va se mettre
en marche. Je pense que c'est un nouveau pas que vous avez réussi
à franchir avec le monde municipal, puisqu'il y a un certain nombre de
dossiers et de relations qui sont bloqués depuis quelques semaines. Sans
plus de commentaire, j'invite maintenant le député de Laprairie
à s'adresser à la commission. (16 h 45)
M. Jean-Pierre Saintonge
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord,
au tout début, saluer les membres du personnel du ministère qui
accompagnent le ministre, principalement M. Jacques O'Bready, le nouveau
sous-ministre aux Affaires municipales. Sans vouloir être négatif,
cependant, M. le ministre, je voudrais, au tout début des travaux - je
vous en ai d'ailleurs glissé un mot ce matin -rappeler que nous avons
à déplorer encore une fois cette année que les documents
qui
peuvent nous être utiles pour préparer les crédits,
comme Opposition, nous ont malheureusement été transmis assez
à la dernière minute. On m'informe effectivement que cela a
été transmis en fin de journée lundi. C'est donc dire
qu'au niveau du travail les députés de l'Opposition... En tout
cas, à ce moment, cela ne simplifie pas notre tâche, loin de
là. Dieu sait qu'ayant cela en main mardi, avec les occupations usuelles
des députés, cela ne nous donne pas tellement le temps pour
arriver au mercredi, début de l'étude des crédits, pour
faire un travail qu'on voudrait le plus valable possible.
C'est un peu ce que le député de Westmount soulevait en
Chambre hier, c'est-à-dire que, de toute façon, avec la nouvelle
réforme parlementaire, nous pourrons arriver, pour les prochains
crédits à tout le moins, à obtenir ces documents dans un
délai plus raisonnable pour nous permettre de nous préparer
davantage.
Des remarques du ministre au tout début, je retiens qu'il se dit
à l'écoute du monde municipal, qu'il se veut à
l'écoute du monde municipal au début de son mandat et au cours de
son mandat comme ministre des Affaires municipales. Je pense que c'est un
très bon point. Il fera sûrement plaisir aux municipalités
du Québec, aux représentants des unions de municipalités
du Québec, l'UMQ et l'UMRCQ, d'entendre de telles paroles puisqu'il
semblait finalement qu'au cours de la dernière année nous ayons
eu à déplorer une brisure entre le monde municipal et le
gouvernement et, principalement, le ministre des Affaires municipales et son
ministère.
C'est en fait un bilan assez triste, si on peut dire, que celui de la
dernière année au niveau municipal, ce qui faisait dire au
président de l'UMQ que la situation s'était
détériorée au point le plus bas qu'il avait pu constater
dans ses années de participation au monde municipal. Dieu sait que le
président de l'UMQ est dans le domaine municipal depuis de nombreuses
années.
C'est ce bilan fort triste que je voudrais souligner pendant quelques
minutes. Je pourrais rappeler qu'au niveau législatif il y a tout
d'abord eu la loi 12, Loi modifiant la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme. À ce moment, on avait déploré le fait que le
gouvernement manifestait la volonté de se soustraire à certaines
contraintes au sens de la loi qui pouvaient être imposées au
gouvernement tout comme aux municipalités par la loi 125. C'était
par les amendements apportés au projet de loi 12. Le débat a
finalement eu lieu. Je ne veux pas revenir sur tout le fond de la question,
mais par ce projet de loi le ministère des Affaires municipales
s'enlevait certaines obligations au niveau de la loi 125.
L'étape suivante - je pense qu'il est important de le souligner
aujourd'hui encore une fois - c'est la question de la loi 38, loi qui va
malheureusement subir un triste anniversaire dans quelque temps. Cela fera
bientôt presque un an que la loi 38 a été
déposée - c'était en juin 1983 - et elle a
été l'objet d'un débat assez vigoureux à
l'Assemblée nationale en décembre dernier. Elle n'a pu finalement
être adoptée, ayant été bloquée malgré
un avis de clôture.
Je pense qu'il était clair que la volonté de l'Opposition
était d'arrêter une telle loi, en accord avec le monde municipal,
de façon unanime. Les municipalités avaient d'ailleurs fait
valoir au ministre précédant leur opposition à l'adoption
d'une telle loi; les unions avaient fait valoir leur opposition. On avait
même refusé d'entendre les représentants des unions sur la
loi 38.
J'espère que le ministre se souviendra de ce point puisque, dans
ses remarques préliminaires au tout début, il dit vouloir
être à l'écoute du monde municipal. Dans le cas où
des lois viennent perturber d'une façon importante le monde municipal et
la façon de fonctionner du monde municipal, il m'apparaît
absolument nécessaire que le monde municipal puisse
bénéficier de l'occasion d'être entendu et, lors de projets
de loi, d'être entendu avant l'adoption du principe du projet de loi.
C'est ce qu'on n'a pas eu avec la loi 38. Ce que je dois déplorer
aujourd'hui, avec toute la question de la loi 38, c'est que le monde municipal,
au moment où on se parle, le 4 avril 1984, presque dix mois après
le dépôt de la loi, ne sait pas plus sur quel pied danser, dans le
sens qu'on ne sait absolument pas quelles seront les intentions finales du
gouvernement. Je me souviens fort bien qu'à une question que je posais
au ministre, il y a trois semaines exactement aujourd'hui, le ministre nous
faisait part de son intention d'adopter la loi 38, peut-être avec
certaines modifications, après la commission parlementaire promise, qui
doit avoir lieu dans quelques semaines. Dois-je rappeler ici les propos du
premier ministre, il y a un peu plus de deux semaines? Il considérait la
possibilité du retrait de la loi 38. Cette possibilité a
été énoncée par le premier ministre lors d'une
allocution transmise à la radio à Trois-Rivières et elle a
fait la manchette des journaux. Selon les informations que j'ai, elle
reçoit même l'assentiment de certains députés
ministériels. Évidemment, les députés de
l'Opposition sont d'accord. J'en vois un sourire, mais c'est quand même
vrai. Il semblerait que certains députés ministériels
auraient transmis au monde municipal, aux municipalités de leur
comté que le problème de la loi 38 pourrait se régler
éventuellement.
Ce que le monde municipal souhaite, ce que l'Opposition demande, c'est
qu'on en arrive à une position définitive au gouvernement sur le
projet de loi 38. Qu'on
cesse, finalement, de tenir l'épée de Damoclès
au-dessus de la tête des municipalités. Je pense que le ministre
devrait, s'il est à l'écoute du monde municipal... Je suis
convaincu qu'à la réunion qu'il pourrait avoir aujourd'hui avec
le groupe Québec-municipalités, les deux unions, s'il demande aux
unions leur idée, leur désir sur ce projet de loi 38, il pourra
sûrement avoir l'heure juste des présidents des unions
concernées et du monde municipal de façon générale.
C'est à souhaiter, en tout cas, que tout le contentieux de la loi 38
finisse par aboutir dans un bref délai pour que le monde municipal
puisse savoir vraiment à quoi s'en tenir et, principalement, ne pas
être tenu comme otage pour des subventions qui pourraient être
accordées entre autres à des organismes sur lesquels il n'a aucun
contrôle.
Au sujet d'un certain bilan triste du monde des affaires municipales, je
dirai un mot de la loi 45, la loi omnibus qui a été
sanctionnée en décembre dernier après le retrait de
certains éléments que, comme Opposition, nous avons cru
nécessaire de faire retirer de la loi pour, finalement, en arriver
à un consensus. Le mandat de l'évaluation, la question du
jumelage, la question des contrats sans soumissions publiques, ce qui devait
s'appliquer à tout contrat possiblement et non seulement relativement
à l'assainissement des eaux, et quelques autres points comme cela. Je
veux revenir à la loi 45, loi omnibus. Je pense qu'il est bon de
rappeler au ministre certains engagements que son prédécesseur
avait pris selon lesquels toute loi omnibus devrait être
déposée au début de novembre au plus tard disait-on, et
non pas à la fin de novembre, de sorte qu'on puisse être
obligé d'étudier une loi omnibus plutôt que le monde
municipal, encore une fois avec un très bref délai pour
étude de notre part, pour consultation du monde municipal. Il y a
surtout le fait que même si les lois omnibus souvent sont des lois qui
contiennent des dispositions réclamées par le monde municipal,
suivant ce qu'on nous informe, souventefois certaines dispositions qui sont
apportées dans les lois omnibus sont des dispositions dont le monde
municipal n'est nullement au courant. Cela demande certainement une
consultation encore une fois avant l'adoption du principe du projet de loi pour
savoir éventuellement où on s'en va.
Il y a un point important que je voudrais rappeler au ministre
concernant l'écoute des municipalités, qui fait partie du bilan
assez triste, je pense, du monde municipal pour la dernière année
et même, devrait-on dire, pour les deux ou trois dernières
années. C'est toute la question des municipalités
régionales de comté. Je retiens fort bien ici que le ministre a
fait peut-être une certaine ouverture, la semaine dernière,
à l'étude des crédits, sur certains problèmes des
MRC. J'espère qu'on pourra y arriver. Je ne dis pas que le ministre a
pris un engagement. Je dis qu'il a fait montre d'une certaine ouverture
d'esprit qu'on ne connaissait pas auparavant. La question des MRC que je veux
soulever, c'est toute la question d'appartenance. Vous savez qu'il y a
plusieurs municipalités qui ont été inscrites dans un
territoire de municipalité régionale de comté
contrairement à ce qu'elles souhaitaient au départ, lors de
l'intégration du système des municipalités
régionales de comté. Je pense, entre autres, à toute la
question de la MRC d'Acton et de la MRC des Mascoutains. Je pense à la
MRC de Témiscouata où le canton Parke a été
enlevé à cette MRC pour être transféré
à celle de Kamouraska après l'émission de lettres
patentes, après consultation où la volonté majoritaire
semblait vouloir que le canton Parke demeure dans la MRC de Témiscouata.
Je pense, par exemple, à des problèmes soulevés au sujet
des MRC dans la région de Brome-Missisquoi, dans la région de
Joliette. Ce sont des points importants. Rappelons aussi un des
problèmes majeurs, la question des MRC dans la Gatineau où le
premier ministre, après moultes demandes faites non seulement au
ministre des Affaires municipales, mais même au premier ministre, a
finalement consenti à mettre sur pied une commission indépendante
pour étudier le cas des MRC dans l'Outaouais sur le partage du
territoire et l'appartenance. Donc, l'appartenance est un point. Il y a aussi
la délimitation du territoire qui est importante pour la création
des MRC. Dans l'Outaouais, c'est plutôt la délimitation du
territoire qui est le point en discussion dans le milieu. Il est à
souhaiter que le ministre ait une certaine ouverture là-dessus. Au
niveau des MRC, il y a eu certains problèmes qui reviennent à la
surface tranquillement comme, par exemple, toute la question de la
représentativité.
Je lisais ce matin, justement, dans le Soleil, un article où le
président de l'UMRCQ, Me Asselin, mentionnait des problèmes de
partage de voix entre les municipalités locales couvertes par les
conseils de comté et les municipalités de villes qui sont
réunies à l'intérieur des MRC. Ce sont des questions de
représentativité fondamentales. Ce problème de
représentativité se retrouve donc dans les municipalités
du monde rural et du monde urbain, mais également dans certaines MRC
comme celle de Champlain dont au moins une des municipalités est dans
mon comté, par rapport au nombre de voix détenues par chacune des
municipalités dans les décisions à prendre. Ce sont des
problèmes qui deviennent importants à soulever puisque,
éventuellement, dans des décisions qui seront à prendre
par les MRC, si les gens se sentent en position d'infériorité,
s'ils sentent
que justice ne leur est pas rendue parce qu'ils n'ont pas les voix
nécessaires pour se faire entendre, je ne pense pas qu'on puisse compter
que le monde municipal fonctionnera d'une façon saine pour assurer une
bonne gestion, comme le souhaite le ministre.
D'ailleurs, au niveau des MRC, je me rends compte qu'il est important de
toucher cette question. Je regardais la liste des programmes de subventions du
ministère. Les trois premières activités
normalisées, subventionnées, concernent directement les MRC. Ce
sont 14 500 000 $ qui sont investis et cela représente de l'argent quand
le budget n'augmente que de 4,3%; c'est donc un point important du budget. Je
pense que dans un tel cas, puisque le gouvernement apporte une aide
financière à l'établissement et au fonctionnement des MRC,
il est très important qu'on y voit de près et qu'on donne
satisfaction au monde municipal.
Il est également important de souligner le temps de répit.
Le ministre a parlé tantôt de faire les ajustements
nécessaires. Je pense que le monde municipal a besoin de répit
après les nombreuses réformes qui ont été faites
dans le domaine municipal au cours des dernières années; il a
besoin d'un temps de répit pour lui permettre de se stabiliser et aussi
de faire le point sur la législation et sur la réglementation. Le
monde municipal s'est souvent plaint, je pense avec raison, de la
surréglementation qui l'affectait. Je pense que nous sommes
arrivés à un point où nous pourrons clarifier cette
réglementation et éviter les problèmes qui faisaient dire
à un président d'union qu'il faut maintenant presque aller en
Cour suprême pour avoir l'interprétation qu'il faut donner
à cette réglementation ou pour s'y retrouver.
Le ministre a touché tantôt un point important quand il a
parlé de la relance. Lors des derniers crédits, j'avais
souligné que dans les renseignements relatifs aux crédits que le
ministre nous avait remis, au niveau du plan d'action, pour intensifier la
relance économique, dans ce qui est précisé...
Malgré les annonces faites le 13 novembre dernier par le premier
ministre en ce qui a trait aux municipalités, principalement la
revitalisation des centres-villes... On avait créé des attentes.
Je dois dire que dans le budget 1984-1985, dans les renseignements
supplémentaires sur les crédits déposés par le
ministre, nous ne trouvons absolument rien pour les municipalités. Il y
a quelques points uniquement pour des programmes de démolition de
hangars. (17 heures)
Dans ces renseignements supplémentaires, on parle de nouvelles
initiatives prioritaires. Je déplore encore une fois qu'il n'y ait rien
dans celles-ci qui touchent le secteur municipal directement. Les
municipalités peuvent peut-être être touchées
indirectement par certaines initiatives, mais je pense que c'est assez
restreint comme intervention.
Je voudrais également rappeler au ministre certains points qu'on
avait soulevés lors de l'étude sur les crédits provisoires
la semaine dernière au niveau de la taxation municipale, du paiement des
"en lieu" de taxes. Quand je l'ai mentionné au ministre, il m'a dit
qu'il avait un budget assez conservateur, une augmentation de 4 300 000 $. Ce
que j'avais reproché à ce moment au budget du ministère
des Affaires municipales, c'est que sur la totalité du budget, sur la
presque totalité du budget du ministère des Affaires municipales,
on retrouve l'augmentation uniquement au niveau de l'augmentation dans le
paiement d'"en lieu" de taxes, où on passe de 40% à 50%. Le
ministre sourit, je suis bien d'accord avec lui. Mais, ce que je veux dire
c'est que l'ensemble...
M. Marcoux: On augmente nos transferts, mais on n'augmente pas
nos dépenses à l'intérieur du ministère.
J'applaudis.
M. Saintonge: Bon, d'accord. Le transfert sur un point, sur la
question d'"en lieu" de taxes, de 40% à 50%. Je rappellerai quand
même au ministre, à ce moment, que cette augmentation avait
été promise par le ministre Tardif - je l'avais cité la
dernière fois - en 1979. Dans les cinq ans, le gouvernement s'engageait
alors d'une façon fort précise à atteindre les 100% dans
tous les niveaux, non seulement au niveau de ses immeubles mais
également au niveau des affaires sociales, au niveau de
l'éducation universités-cégeps, qu'on devait augmenter de
80% à ce moment, et également au niveau des établissements
scolaires primaires et secondaires.
Je dois rappeler ici de toute façon que l'engagement du ministre
Tardif, à l'époque, avait d'ailleurs été
confirmé en 1981 par M. Parizeau, lors du discours sur le budget du 10
mars 1981, tout juste avant les élections de 1981. Il disait qu'à
partir de 1982-1983 on devrait commencer à augmenter les pourcentages de
façon que, quatre ans plus tard, les taxes soient pleinement
payées sur tous les immeubles des réseaux. Donc, on avait
déjà reporté de deux ans, finalement, la promesse faite en
1979 par le ministre Tardif. Ici, on se reportait à deux ans plus tard,
mais il faut quand même constater qu'à partir de 1982-1983 on
promettait une augmentation dans le cas de programmes qui étaient des
"en lieu" de taxes payés à 80% et à 40%. À partir
de 1982-1983, cela n'a pas été le cas; c'est 1984-1985, donc avec
déjà deux ans de retard sur la prévision de M. Parizeau en
1981, puisque l'augmentation de 10% - de 40% à 50% - prend effet
simplement pour l'année courante et non pas pour les
années antérieures. Il y a donc un retard appréciable
là-dessus. Je devrai dire au ministre que si les municipalités
n'ont pas de déficits, que, dans plusieurs cas, les surplus ont
augmenté, c'est peut-être vrai, mais c'est tant mieux pour la
bonne administration des municipalités qu'il faut féliciter,
d'une part, mais, deuxièmement, les transferts de près de 400 000
000 $ que le gouvernement s'était engagé à faire
dès 1979, il était au courant qu'il avait à faire certains
transferts dans un nombre précis d'années, soit en
deçà de cinq ans.
On ne peut pas reprocher au monde municipal aujourd'hui d'avoir des
surplus, de ne pas faire de déficits monstrueux. De toute façon,
ces transferts sont moins nombreux, mais ils existent quand même. Il ne
faut pas pénaliser les municipalités pour leur bonne
administration. Je comprends donc que la potentialité de paiement en
entier des transferts des "en lieu" de taxes pourra se réaliser d'ici
les deux prochaines années. Ainsi, les promesses faites par M. Parizeau
en 1981, à la suite de celles de M. Tardif en 1979, qui ne se
réaliseront pas dans le temps prévu, pourront se réaliser
d'ici les deux prochaines années.
Je pense que mon temps d'intervention de 20 minutes achève.
C'était les principaux points que je voulais soulever. Disons qu'il y
aurait peut-être d'autres points, mais je considère que, lors de
l'étude des crédits, nous pouvons revenir sur certains points
tout en rappelant... Je suis content de voir que M. Genest est ici. Nous
pourrons peut-être vider un peu la question qu'on avait commencé
à soulever la dernière fois, obtenir des précisions sur le
BREF et certains autres domaines. Il m'apparaît important de soulever,
peut-être de façon même générale, la question
de l'assainissement des eaux dont le ministre a parlé tantôt.
C'est un point qu'il serait important d'aborder. En tout cas, je peux
même mentionner la question des contrôles de l'eau potable qui
n'est pas un programme relevant directement de ce ministère. Il
relève plutôt du ministère de l'Environnement, mais on
pourra poser certaines questions au ministre lors des questions
générales tantôt. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, si vous voulez
apporter immédiatement des réponses?
M. Alain Marcoux
(réplique)
M. Marcoux: Je ne sais pas si vous voulez permettre à
d'autres... En tout cas, je peux parler de quelques points. Je n'aborderai
probablement pas tous les points, quitte, si j'en oublie, à ce que le
député de
Laprairie revienne. Concernant ce que vous avez appelé le
passé, je pourrais éviter le sujet, mais je n'ai pas l'intention
de l'éviter, en particulier la loi 38. J'ai rencontré des maires
du Québec avant d'être ministre des Affaires municipales, j'en ai
rencontré depuis que je suis ministre des Affaires municipales. Ce que
je peux dire, c'est que plusieurs reconnaissent que le débat
enclenché par la loi 38, quoi qu'il advienne - ils le disent très
bien eux-mêmes - aura été un débat salutaire. Il
aura fait prendre conscience à beaucoup de municipalités du
Québec des conséquences que pouvait avoir sur leur propre gestion
municipale, l'incohérence de la distribution des subventions
fédérales. Quand on sait qu'"en lieu" de taxes, le gouvernement
fédéral dépense à peine 40 000 000 $ au
Québec comparé à 250 000 000 $ pour le gouvernement du
Québec, c'est-à-dire cinq fois moins, et qu'il distribue, de
façon absolument discrétionnaire, peut-être 25 000 000 $,
30 000 000 $, 40 000 000 $ ou 50 000 000 $ aux municipalités du
Québec, on voit qu'il est probablement 100 000 000 $, 150 000 000 $ ou
200 000 000 $ en dessous par rapport à ce que pourrait être une
contribution normale du gouvernement fédéral au financement de
ces municipalités, soit à travers le paiement de ses impôts
fonciers, s'il agissait comme nous, en "en lieu" de taxes, soit à
travers des protocoles d'entente dont pourraient bénéficier les
municipalités du Québec.
Plus je circule auprès des maires des municipalités du
Québec, ainsi que des députés, plus je constate
l'incohérence de la situation actuelle. Quand une municipalité se
fait offrir 1 500 000 $ pour une aréna, 500 000 $ ou 400 000 $ pour une
patinoire couverte, alors qu'à travers le programme des
équipements de loisir disponible pour les municipalités au
Québec, c'est 150 000 $ de subvention qui est possible pour une
municipalité qui fait une aréna ou une patinoire couverte, je me
dis que ce n'est peut-être pas assez, 150 000 $. Si le
fédéral trouve que ce n'est pas assez, d'accord, on peut
augmenter à 300 000 $, à 400 000 $, mais que l'ensemble des
municipalités du Québec soit traité de façon
équitable. Si c'est 25% de subvention qui est donné, 35% ou 50%,
en tenant compte de l'effort fiscal des citoyens, etc., l'ensemble des
municipalités sera traité sur un pied d'équité,
d'autant plus que ce qui a l'air d'un cadeau, une aréna de 1 500 000 $,
cela signifie probablement un coût de 225 000 $ par année de
fonctionnement par la suite, ou de 125 000 $ ou de 150 000 $. Je pourrais vous
citer, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas, une lettre rendue publique
par M. Asselin, le président de l'Union des municipalités du
Québec, où son député fédéral a
essayé de passer 150 000 $ à la
chambre de commerce d'une municipalité. Imaginez cela, une
municipalité de 1000 habitants qui voulait construire un centre
communautaire...
M. Saintonge: Sainte-Émélie...
M. Marcoux: Oui, oui. Le député
fédéral voulait donner une subvention de 150 000 $. La
dernière élection municipale s'est faite sur ce débat et
M. Asselin a gagné son élection en se prononçant contre
cet investissement, contre cette subvention parce qu'il y avait d'autres
priorités dans la municipalité, entre autres, au niveau de
l'approvisionnement en eau ou de l'assainissement des eaux. Le
député fédéral a maintenu l'offre de subvention, on
a même commencé les travaux. Après cela on a changé
d'idée, et là, il a offert à la municipalité,
directement, sans respecter la constitution du Québec...
Une voix: Du Canada.
M. Marcoux: ...du Canada et du Québec aussi, parce que
jusqu'à nouvel ordre on en est partie liée... M. Asselin dit
ceci: "Sainte-Émélie-de-l'Énergie, comme tant d'autres
municipalités du Québec, attend avec impatience que des ententes
Ottawa-Québec lui permettent de soulager ses citoyens dans la fourniture
de services essentiels, tels l'assainissement des eaux usées, le
perfectionnement de notre réseau routier, de meilleurs
équipements pour assurer aux gens de l'âge d'or et à une
quinzaine d'organismes bénévoles la possibilité de mieux
remplir leur mandat auprès de notre population, tout cela sans compter
les sommes nécessaires à assurer la survie de l'économie
dans notre région par la création d'emplois permanents pour nos
jeunes. La population de Sainte-Émélie-de-l'Énergie jugera
elle-même votre décision de dépenser les sommes auxquelles
elle a droit dans une autre municipalité. Vous agissez ainsi en
patroneux, comme on en a connu au Québec depuis trop longtemps. Un
patroneux, M. le député, c'est un élu qui dépense
des fonds publics à sa discrétion afin d'en retirer un
bénéfice politique personnel, comme si l'argent qu'il
dépense lui appartenait personnellement. Voyez-vous, je suis
persuadé que la vérité a toujours sa place dans
l'administration publique, surtout que c'est de l'argent de nos concitoyens que
nous dépensons." C'est le président de l'Union des
municipalités régionales de comté du Québec qui
écrit cela; ce n'est pas une lettre d'il y a trois ans, c'est du 24 mars
1984.
Le niveau de conscience des maires du Québec, j'en ai eu des
témoignages aussi de maires de municipalités urbaines face
à l'incohérence du système actuel, où c'est
statutaire à Québec et discrétionnaire à
Ottawa. C'est cela le "deal" qui a été conclu en 1979,
lorsque nous avons fait la réforme de la fiscalité municipale. Je
dis que c'est un "deal". Pourquoi? Parce que cela a été fait en
discussions claires, nettes et franches autour d'une table entre les
municipalités urbaines, les municipalités rurales et le
gouvernement du Québec. On s'est entendu sur une réforme de la
fiscalité où le discrétionnaire dans les subventions, et
les subventions conditionnelles du gouvernement du Québec
disparaissaient, à toutes fins utiles, pour l'essentiel, et
étaient remplacés par une contribution statutaire définie
sur la base de l'impôt foncier. Le discrétionnaire disparaissait,
à toutes fins utiles.
Pendant ce temps-là un autre ordre de gouvernement vient
bousiller l'esprit et la lettre de cette réforme, en plus de bousiller
la constitution qu'il a rapatriée et qui nous régit. Je peux vous
assurer que, dans le milieu municipal, quoi que l'on pense de la loi 38 - et
les opinions varient - quoi que l'on pense des modalités de correction
de la loi 38 ou de modifications à la loi 38, tout le monde s'entend
pour dire que le débat qu'il y a eu depuis un an au Québec sur
cette question est un débat qui aura des résultats positifs,
parce qu'il aura permis de rendre claire et nette l'attitude, je dirais, dans
le fond, fondamentalement méprisante du gouvernement
fédéral face aux municipalités du Québec dans sa
façon de "bargainer": Si tu ne prends pas tel projet de 150 000 $, je
l'envoie dans telle autre municipalité à côté. Ce
chantage est fait de comté en comté actuellement par les
députés fédéraux. Cette attitude de patroneux, de
mépris de la population - si vous n'acceptez pas nos 150 000 $,
même si cela ne respecte pas la constitution, on va les envoyer dans
telle autre municipalité à côté - cette attitude, ce
débat, dis-je, aura eu et aura des effets positifs, vous pouvez en
être sûrs. Vous avez voulu revenir sur ce sujet, je pense que c'est
normal, la loi 38 est là. Moi aussi, je souhaite que, le plus rapidement
possible, on trouve des modalités, en concertation avec le monde
municipal, pour amender la loi ou trouver une réglementation qui la
rende applicable de façon correcte, pour qu'elle ne commette pas
d'injustices. On veut corriger des injustices, je ne voudrais pas aboutir
à un règlement ou une loi qui crée d'autres
injustices.
Tout le monde s'entend sur le fait que si le gouvernement
fédéral respectait la constitution et signait des protocoles
d'entente pour dépenser dans les municipalités du Québec
l'argent que l'on veut tous qu'il y dépense tout ce débat aurait
pu être évité.
Quant aux autres points que vous avez abordés et qui sont d'une
autre nature, je vais répondre beaucoup plus rapidement. Sur
les délais concernant les lois omnibus, je peux dire que je
partage votre point de vue. Elles devraient être déposées
beaucoup plus vite et les municipalités devraient être
consultées, autant que faire se peut avant qu'elles soient
déposées, sur le contenu de ces projets de loi traditionnels, qui
se présentent une ou deux fois par année. Un des problèmes
qui en résultent, c'est que souvent le ministre des Affaires municipales
veut rendre service à trop de monde en même temps. Je sais que la
dernière fois, au mois d'octobre ou de novembre, l'automne passé,
la loi omnibus des affaires municipales contenait une soixantaine ou
soixante-dix articles et, face aux demandes des municipalités, face aux
demandes des autres ministères, elle est devenue une brique importante.
À ce moment-là vous dites: D'accord, il faut que le ministre des
Affaires municipales puisse dire non, sache dire non à ses
collègues ou sache dire non aux municipalités qui veulent toutes
sortes d'amendements. Je peux vous assurer que ce n'est pas seulement à
cause du ministre des Affaires municipales que le projet de loi omnibus, lequel
devrait avoir des correctifs marginaux, devient souvent un projet de loi assez
important. Je suis convaincu que le seul maire qui siège à cette
Chambre pourra confirmer mes propos. (17 h 15)
Vous avez parlé des problèmes concernant les MRC. Il y
avait, il y a environ un an, une vingtaine de dossiers litigieux concernant la
délimitation du territoire des MRC, sur environ 1500 MRC
regroupées dans 94 municipalités régionales de
comté. Vingt dossiers litigieux sur 1500, 1600 municipalités,
environ, je me dis que c'est normal. C'était prévisible.
Aujourd'hui, un an plus tard, il reste environ quatre, cinq, six dossiers
litigieux concernant la délimitation du territoire des
municipalités régionales de comté. Je suis convaincu qu'on
aura l'occasion, mardi ou mercredi prochain, de revenir plus longuement sur le
sujet. Je voulais simplement indiquer que je ne nie pas qu'il y ait des
problèmes, mais l'ampleur de ces problèmes ne doit pas nous
masquer le fait que l'opération est difficile. Le découpage du
territoire du Québec en 94 MRC a quand même suscité
beaucoup plus d'approbation, de façon générale, que de
désapprobation.
En ce qui concerne la région de l'Outaouais, je pense que la
commission d'étude qui est mise sur pied - il faut faire confiance
à cette commission - a un mandat suffisamment large pour nous soumettre
des recommandations permettant de satisfaire les parties en cause et trouver
les meilleures solutions au problème de l'Outaouais. Je ne pense pas
qu'il soit correct de ma part, au moment où cette commission
d'étude commence son travail, de me prononcer sur les détails
comme sur l'essentiel de ce qu'elle a à étudier. Mon travail,
dans les mois qui viennent, parallèlement à la commission, est de
prendre connaissance de l'ensemble des dossiers de l'Outaouais, municipaux et
connexes à la vie municipale, pour faire en sorte qu'au moment où
la commission soumettra son rapport, je sois prêt à faire, avec
mes autres collègues du gouvernement et les autres ministres qui
pourraient être impliqués, des recommandations au Conseil des
ministres.
Pour le budget de fonctionnement des municipalités
régionales de comté, des représentations m'ont
été faites. Je vais en tenir compte, particulièrement en
ce qui concerne les municipalités régionales de comté
éloignées ou les petites municipalités régionales
de comté. Il y a là des ajustements qui devraient ou doivent
être faits. Le président de l'Union des municipalités m'en
a parlé à deux reprises déjà. On travaille
déjà au ministère à trouver des solutions pour
faire en sorte que les municipalités régionales de comté,
petites ou éloignées, aient des budgets suffisants soit pour leur
fonctionnement de base ou pour la fabrication du schéma
d'aménagement.
Vous avez également abordé la question des "en lieu" de
taxes et de l'engagement d'un de mes prédécesseurs de hausser de
40% à 100% et de 80% à 100% le paiement des "en lieu" de taxes
sur les édifices du secteur des affaires sociales, de l'éducation
du niveau élémentaire et secondaire. On a abordé le sujet
en Chambre la semaine dernière. Compte tenu qu'il est 17 h 20, on est
sans doute mieux de se réserver vingt ou trente minutes la semaine
prochaine pour en parler. Je ne pense pas qu'en une ou deux minutes je puisse
en dire plus ou moins que... Nous en avons discuté en Chambre, la
semaine dernière et, je pense qu'il serait préférable de
se donner une demi-heure ou une heure la semaine prochaine pour en parler
puisqu'il s'agit d'un sujet important, qui touche également la
réforme de la fiscalité.
Je voudrais ajouter une chose, et ce sera ma dernière phrase sur
les commentaires du député de Laprairie. Quand j'ai dit la
semaine dernière, comme je le répète aujourd'hui, que les
municipalités sont moins endettées qu'auparavant, qu'elles ont
augmenté moins les taxes que l'inflation malgré des hausses de
dépenses plus élevées que l'inflation que leurs surplus
accumulés sont passés de 150 000 000 $ à 350 000 000 $, je
me suis mal exprimé si j'ai pu laissé entendre que je reprochais
aux municipalités leur excellente administration. Je veux être
bien clair. Au contraire, ce que j'ai voulu indiquer, c'est que les effets de
la réforme de la fiscalité municipale, où le gouvernement
espérait - certains en doutaient - un transfert net de ressources
vers les municipalités, ce transfert net s'est réellement
effectué puisque, même en augmentant leurs dépenses de
beaucoup plus que l'inflation, 58% durant les trois ou quatre dernières
années, à comparer à l'inflation de 30%, malgré
cela, elles ont diminué leur taux d'endettement et ont augmenté
de 200 000 000 $ leur surplus accumulé. Même Montréal
annonçait hier, que, pour une seule année, l'an dernier, le
surplus accumulé était de 48 000 000 $. Je dis que la
réforme sur la fiscalité a vraiment atteint ses objectifs
fondamentaux et que, en somme, l'assiette fiscale qu'on a consacrée aux
municipalités leur a permis d'atteindre les objectifs que nous
voulions.
Projet de loi omnibus
Le Président (M. Fallu): Merci, M. le ministre. Si vous me
permettez, vous savez qu'un président de commission peut maintenant
s'exprimer, je voudrais donc me prévaloir de ce privilège que me
reconnaît le règlement, mais rapidement.
D'abord, à l'avantage des travaux de cette commission, puisque
c'est le seul moment où nous pouvons vous interroger sur les travaux que
vous aurez à nous soumettre, notamment en termes législatifs, on
sait qu'il y aura tôt ou tard, en cours d'année, un projet de loi
omnibus.
Notre collègue de Laprairie a souhaité qu'il soit
présenté le plus rapidement possible. Je sais que vous avez un
excellent service de législation au ministère avec
l'arrivée de Mme Robert, pour pouvoir activer le sujet. Mais j'ai un
certain nombre de questions assez précises à poser sur ces
travaux, pour le bénéfice des parlementaires de la commission.
Ainsi, est-ce que, dans ce projet de loi omnibus, vous prévoyez
déjà, entre autres, toucher à la question des fonds de
retraite des élus, à la démocratie municipale? Je dis
entre autres, parce que je sais qu'il y a des dossiers qui sont en attente dans
ces deux domaines.
D'autre part, en ce qui a trait à la législation, il est
déjà annoncé un projet de loi privé, je crois bien,
de mémoire, sur la ville de Québec. On sait aussi que, de toute
nécessité, soit vous-même, soit votre collègue des
Transports - mais j'imagine que vous aimerez passer par des modifications
à la charte de la ville de Laval - il vous faudra, en cours
d'année et nécessairement avant le 31 décembre, changer la
partie de la charte de la ville de Laval en ce qui touche la CTL, au moment de
la réorganisation du transport en commun dans la région nord.
Et quoi d'autre encore nous sera présenté par le
ministère? Déjà, les municipalités ont
annoncé des projets de loi privés; il est bon que nous sachions
un peu, pour les prochains mois, quel travail nous attend, quel sera notre
fardeau législatif ici, à cette commission.
M. Marcoux: Très brièvement, sur le projet de loi
omnibus, il y aura sûrement un projet de loi omnibus d'ici
décembre prochain, mais probablement pas d'ici juin. Je ne dis pas
certainement pas d'ici juin; s'il y a un projet de loi omnibus d'ici juin, ce
serait un très petit projet de loi omnibus, peut-être d'une
dizaine d'articles, ou cinq, six articles... En tout cas, il n'y a pas de
contenu actuellement, mais je ne peux pas dire que, d'ici le 15 mai, il ne sera
pas présenté des choses qu'il serait important de faire d'ici
juin. Ce ne sera certainement pas un projet de loi omnibus important, si vous
voulez, quant au nombre d'articles. Ce sera plutôt un projet de loi
omnibus en décembre prochain, sûrement, et j'essaierai de la
présenter le plus tôt possible, à votre demande et comme je
le souhaite également.
En ce qui concerne les fonds de retraite, le ministère des
Affaires municipales a transmis une ou des hypothèses à l'Union
des municipalités du Québec, qui est en train de les examiner. On
n'a pas encore eu ses réactions. Alors, je ne peux pas dire quel sera le
contenu de ces changements aux fonds de retraite et quand nous pourrons les
faire. Le premier ministre s'est engagé envers l'Union des
municipalités du Québec, l'an dernier, à régler ce
problème-là, normalement dans l'année qui allait suivre,
donc ce printemps. Mais nous avons transmis déjà, il y a quelques
semaines, à l'Union des municipalités du Québec des
hypothèses ou une hypothèse... On lui a transmis trois
hypothèses déjà, il y a plusieurs mois. On n'a pas encore
eu ses réactions sur ces hypothèses. Je ne peux pas dire si ce
sera dans le projet de loi omnibus ou dans un projet de loi à part, je
ne le sais pas.
En ce qui concerne la démocratie municipale, toute la question
des élections, il y a des travaux qui se font aux services de la
législation du ministère, mais ils ne sont pas suffisamment
avancés pour vous dire s'il y aura un projet de loi ou des amendements
à la loi 105 sur la démocratie municipale d'ici décembre
1984.
Concernant la Commission des transports de Laval, on a reçu des
projets de modifications et actuellement le ministère des Transports est
à les examiner, nous également. Personnellement, je ne peux pas
dire - je n'ai pas encore vu le dossier et donc je n'ai pas pris de
décision - quelle sera mon attitude dans le dossier, si je devais
l'amener au Conseil des ministres ou au ministre des Transports. Il n'y a eu
aucune prise de décision. Ce dossier est actuellement
examiné.
Une voix: La charte de la ville de
Québec?
M. Marcoux: Pardon?
Une voix: La charte de la ville de Québec?
Une voix: La charte de la ville de Québec a
été déposée devant l'Assemblée
nationale.
M. Marcoux: La charte de la ville de Québec, comme elle
est déjà déposée, sera sûrement
étudiée d'ici le 21 juin. De notre côté, nous sommes
prêts. Cela ira certainement à l'étude des projets de loi
d'ici le 21 juin. Voilà!
Personnellement, je ne peux dire actuellement qu'il y aura un ou des
projets de loi, d'ici la fin de juin, inscrits au nom du ministre des Affaires
municipales, mis à part celui sur les fonds industriels qui a
été déposé la semaine dernière. Je ne peux
dire qu'il y aura, au nom du ministre des Affaires municipales, un ou des
projets de loi. J'ai actuellement des consultations avec mes collègues,
l'Union des municipalités, l'Union des municipalités
régionales de comté. Selon le résultat de ces
consultations, il y aura peut-être des projets de loi. Je ne peux en
assurer les membres de la commission, mis à part celui sur les fonds
industriels.
Le Président (M. Fallu): Sur la même question, ma
collègue vice-présidente.
Mme Bacon: Ce sera une courte question, M. le ministre.
Concernant la CTL, je sais que le ministère des Transports est
également impliqué, de même que votre ministère.
Est-ce qu'il y a un échéancier de travail d'établi face
à la suite de la demande de la ville de Laval?
M. Marcoux: II n'y a pas d'échéancier de travail
actuellement. La semaine prochaine, je pourrai essayer d'être plus
précis. Je sais qu'actuellement, la seule chose que j'ai demandée
aux fonctionnaires du ministère - parce qu'on avait le projet -est de
transmettre une copie du projet au ministère des Transports le plus
rapidement possible, pour le faire analyser, pour avoir son point de vue et,
autant que possible, faire consensus sur les amendements.
J'ai eu des représentations du président du caucus des
députés de Laval, M. le député...
Mme Bacon: Dont je ne fais pas partie. M. Marcoux: Pardon?
Mme Bacon: Dont je ne fais pas partie. M. Marcoux: Non, vous
êtes l'unique membre de votre caucus à Laval. Alors... Mme
Bacon: On s'entend très bien.
M. Marcoux: C'est ça. J'ai eu des représentations
du député de Vimont disant que c'était urgent, important.
Il avait également eu des discussions avec le maire de la ville de
Laval. Je n'ai pas pris d'engagement et je ne suis pas prêt à en
prendre, puisqu'il faut que j'examine d'abord le contenu.
Mme Bacon: Dans un même souffle...
M. Marcoux: Je pourrais être sensible à vos
représentations. Est-ce que c'est urgent ou non? Vous êtes
d'accord avec les solutions proposées?
Mme Bacon: On pourrait s'en reparler, en discuter davantage. Cela
ne relève pas de l'étude des crédits.
Vous avez parlé de la tournée que vous faites. Vous
rencontrez les autorités municipales. Est-ce que vous avez prévu
une visite dans la grande ville de Laval?
M. Marcoux: Je ne fais pas de tournée
systématiquement. Je viens d'être nommé ministre et on est
en pleine session. J'ai encore deux ministères.
Mme Bacon: Cela achève.
M. Marcoux: Jusqu'au 1er octobre. Cela va faire deux ans. Je
profite des occasions qui me sont données. Je suis convaincu que je
pourrai rencontrer le maire de Laval, M. Lefebvre, lors du congrès de
l'Union des municipalités du Québec et qu'à cette
occasion, il me poussera très fort dans le dos pour que le projet sur la
CTL soit étudié rapidement. Au contraire, je n'ai pas d'objection
à rencontrer les élus de la ville de Laval, mais l'occasion ne
s'est pas présentée à ce jour. Je suis convaincu que, les
12, 13 et 14 avril, l'occasion se présentera.
Je reviens à mon offre de connaître votre opinion sur le
projet de loi sur la CTL.
Mme Bacon: Je vous écrirai, M. le ministre.
M. Marcoux: Vous pouvez me le dire verbalement. J'en tiendrai
compte...
Une voix: ...dans la loi.
Mme Bacon: Ça répondrait à M. Rochefort, ce
matin.
Le Président (M. Fallu): Deux questions
supplémentaires, me semble-t-il, sur le projet de loi pour qu'on fasse
le tour du sujet. M.
le député de Verdun et notre collègue de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Caron: M. le ministre, je vais essayer d'être bref. Dans
votre exposé...
Le Président (M. Fallu): Sur la législation, M. le
maire? (17 h 30)
M. Caron: Le ministre, dans son exposé...
Le Président (M. Fallu): C'est que je ne veux pas
m'enlever à moi-même mon droit de parole.
M. Caron: Moi, c'est parce que j'en ai...
Le Président (M. Fallu): S'il s'agit de
législation, puisque c'est le thème que j'avais
abordé.
M. Marcoux: Sur la législation.
M. Caron: C'est précisément sur la
législation.
M. Marcoux: Sur la législation. Peut-être, avant que
le député de Verdun m'interpelle, il y a seulement une chose que
je voudrais ajouter, parce que c'est important que vous le sachiez. Il y a eu
des représentations qui ont été faites pour un projet de
loi pour la Communauté urbaine de Québec, modifiant la Loi sur la
Communauté urbaine de Québec.
Normalement, pour ne pas dire certainement, il y aura un projet de loi
modifiant la Loi sur la communauté urbaine de Québec pour rendre
possible... En tout cas, la demande est à cet effet mais j'attends la
réponse de la Communauté urbaine de Québec sur un
problème que je lui ai exposé et la présentation du projet
de loi en dépend aussi. La Communauté urbaine de Québec
souhaite qu'on modifie la loi pour permettre qu'il y ait un président
à temps plein et, en même temps, j'ai fait valoir la
possibilité à la Communauté urbaine de Québec de
profiter de l'occasion pour se doter de commissions analogues à celles
de la Communauté urbaine de Montréal, pour qu'elle puisse
siéger en public, etc., dans différents secteurs.
Il est à peu près acquis, pour ne pas dire certain, qu'il
y aura un projet de loi concernant la Communauté urbaine de
Québec.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Verdun, pourvu que ce ne soit ni sur la revitalisation des centres-villes, ni
sur la loi 38, ni sur toute autre chose, à l'exception des projets de
loi.
M. Caron: Parfait! Alors, je vais vous parler du centre-ville. M.
le ministre, vous dites que c'est au Conseil des ministres...
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Verdun, si vous permettez, nous voudrions simplement vider le sujet de la
législation que nous aurons à faire ici. Ensuite, on continuera
le tour de table. Je vous inscris déjà...
M. Caron: ...pour revenir à ce que le ministre a dit tout
à l'heure.
Le Président (M. Fallu): Très juste.
M. Caron: Je pense que c'est la place pour discuter...
Le Président (M. Fallu): Oui, oui. Très juste. Je
vous inscris d'ailleurs après le député de Chambly.
D'accord?
M. Caron: Bon! Alors, passez au député de Chambly.
Je passerai après. Je ne suis pas pressé.
Le Président (M. Fallu): Mais, sur les projets de loi, il
y a une courte question venant du député de
Kamouraska-Témiscouata.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Oui, M. le Président. Je ne sais pas si cela s'adresse à
vous ou au ministre. C'est dans la foulée des projets privés
qu'on a toujours à chaque session. Je sais que je dépose un
projet de loi pour donner un statut de municipalité demain en
première lecture, un projet de loi privé qui concerne une de mes
municipalités. Il y a à peu près trois articles dans le
projet de loi. Cela va traîner au feuilleton pendant avril, mai et juin
et cela va venir dans la foulée de la fin de la session. Je ne sais pas
si cela s'adresse à vous ou au ministre, est-ce qu'on va pouvoir faire
accepter ces projets de loi plus rapidement?
Le Président (M. Fallu): II faut bien savoir que ces
projets de loi sont toujours versés pour étude à la
commission avec une motion du leader parlementaire. Donc, la commission n'a pas
d'autorité sur ce type de travaux, du moins pas encore.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Alors, cela va être les mêmes procédures que
les...
Le Président (M. Fallu): II vous faudra donc demander au
leader de choisir, en coopération avec le ministre qui, cette fois, sera
membre de la commission parlementaire à cet effet, de nous apporter le
projet de loi.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Ma deuxième question, c'étaient des remarques sur le
député de Laprairie sur son...
Le Président (M. Fallu):. Non.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
Je ne peux le faire tout de suite?
Le Président (M. Fallu): Tout à l'heure. Je vous
inscris après le député de Verdun.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata):
D'accord. Merci.
Le Président (M. Fallu): Parfait. M. le ministre, si vous
permettez. Vous avez défini le ministère comme étant
davantage un ministère de services. C'était l'orientation
d'ailleurs qui avait été prise. Par ailleurs, vous avez
ajouté que vous entendiez faire en sorte que le ministère
devienne à lui seul une sorte de réseau influent, un porte-parole
auprès de l'ensemble du gouvernement, une porte d'entrée. Je
traduirais peut-être cela à la limite, par une expression à
la mode ces temps-ci dans le monde industriel, "un guichet unique", pour ainsi
dire mais entre guillemets. Dans cette politique, quel rôle voulez-vous
accorder aux bureaux régionaux?
Les bureaux régionaux
M. Marcoux: Je vais vous donner une première
réaction. Vous savez que, de façon générale, je
suis un partisan de la décentralisation, de la régionalisation et
de la délégation de pouvoirs aux fonctionnaires des
régions. Je l'ai fait comme ministre des Travaux publics et je m'en
félicite, compte tenu des commentaires qu'on a maintenant de nos clients
des autres ministères dans les régions. Je m'apprêtais
à l'accentuer de façon très forte à l'autre
ministère dont j'avais la responsabilité. Ce serait devenu une
priorité pour l'année qui allait venir. En ce qui concerne le
ministère des Affaires municipales, ma première réaction,
c'est que les bureaux régionaux du ministère des Affaires
municipales - c'est vraiment une première réaction - doivent
continuer à être d'abord des bureaux d'information et ne doivent
pas devenir des bureaux de décision par rapport à l'application
des programmes ou par rapport aux contrôles des règlements
d'emprunt ou tous les types d'activités reliés à la Loi
sur l'aménagement ou à la Loi sur la gestion financière du
ministère des Affaires municipales.
Je vais vous dire pourquoi. Cela va probablement surprendre plusieurs
députés ministériels qui me connaissent depuis dix, quinze
ans. Dans cela, il n'y a rien d'idéologique. J'essaie d'être
pratique. Si, pratiquement, on me prouvait qu'une autre orientation serait
préférable, je la choisirais, puisque c'est l'orientation que
j'avais aux Travaux publics et que je voulais donner au Revenu. En ce qui
concerne les Affaires municipales, nos bureaux régionaux, c'est quoi?
C'est 1600 municipalités du Québec. Ce sont eux qui
décident. Ce sont eux qui ont le pouvoir réglementaire et ce sont
eux qui appliquent les lois qui concernent les citoyens dans leur vie
quotidienne et qui adoptent des règlements en conséquence. Le
rôle du ministère est forcément un rôle, comme je le
dis, de soutien, de services, pour permettre aux municipalités de bien
donner ces services aux citoyens et cela a toujours été depuis
100 ans le rôle du ministère de contrôler la saine gestion
financière entre autres, des municipalités. Mon ambition n'est
pas de grossir le nombre de fonctionnaires au ministère des Affaires
municipales. Ceux qui me connaissent savent que j'ai plutôt tendance
à pratiquer l'amaigrissement des ministères. Je pense qu'on peut
peut-être, mieux le faire, pour le type de services que le
ministère a à donner aux municipalités tel que cela s'est
fait jusqu'à maintenant.
Ma première réaction, en résumé, c'est que
les bureaux régionaux du ministère continueront d'exister; en
tout cas, à première vue, je ne prévois pas de changement
majeur.
Revitalisation des centres-villes
Le Président (M. Fallu): En ce qui concerne la politique
de revitalisation des centres-villes, sans en faire le bilan, parce que chacun
le connaît, étant donné que presque tout est passé
maintenant par voie législative, et qu'il reste le volet financier, le
député de Laprairie a indiqué tantôt qu'on n'avait
rien trouvé dans les crédits déposés à
l'Assemblée nationale, mais, en contrepartie, vous avez laissé
entendre que vous aviez un mémoire au Conseil des ministres. Sans vous
demander de dévoiler ce qui constitue toujours le secret
ministériel, est-ce que vous pourriez nous confirmer ici que l'intention
du ministre est de prolonger cette politique, même d'actualiser cette
politique de revitalisation des centres-villes par des moyens financiers tant
au ministère chez vous qu'à celui de l'Habitation.
M. Marcoux: En ce qui concerne le ministère des Affaires
municipales, je peux vous dire que, si le projet que j'ai soumis à mes
collègues est accepté, le gouvernement a les
disponibilités financières pour y répondre. Le
président du Conseil du trésor a indiqué, lorsqu'il a
rendu publics les crédits du gouvernement, qu'il y avait une enveloppe
de 330 000 000 $ qui était consacrée à la
réalisation du plan de relance. Or, dans le plan de relance, le premier
ministre avait
été très clair en novembre 1983, il y avait une
dimension de revitalisation des centres-villes. Les sommes prévues dans
le programme que j'ai soumis à mes collègues existent et seront
là.
Le Président (M. Fallu): Une dernière question.
L'entente qui est devenue l'entente Marcoux-Roberts a-t-elle été
déposée à l'Assemblée nationale au départ?
Est-ce que vous avez fait le dépôt de cette entente à
l'Assemblée nationale?
M. Marcoux: Non, mais ce serait une bonne idée.
Le Président (M. Fallu): Le président peut, de son
initiative, inviter des gens à faire des dépôts ou
décider s'il y a des dépôts. Au nom de mes
collègues, est-ce que je pourrais vous demander, lors de notre prochaine
séance, de déposer, pour fins archivistiques et pour notre usage
personnel, ce document d'entente? D'autre part, nous ne savons pas, et
plusieurs maires, notamment, m'ont souligné la chose, ce que cela
comporte comme entente, quelles sont les sommes disponibles, quels sont les
programmes auxquels les municipalités ont accès; les
municipalités ne semblent pas savoir actuellement ce à quoi elles
ont exactement droit. Les travaux importants commencent toujours au printemps
dans le monde municipal, les mois de mai et juin sont les mois où les
dépenses sont les plus fortes dans les municipalités. Et chacun
se demande ce qu'il peut tirer de ces programmes. Est-ce que vous pourriez nous
en donner rapidement quelques indices et nous dire de quelle façon vous
allez informer le monde municipal?
M. Marcoux: L'entente signée permettra à toutes les
municipalités du Québec de bénéficier des
programmes de création d'emplois du ministère de l'Emploi et de
l'Immigration, grâce aussi à la commission de l'emploi et
immigration. Ceci signifie que les programmes de Travail Canada, les programmes
clés de création locale d'emplois, les programmes
d'été de Travail Canada seront des programmes disponibles pour
les municipalités du Québec.
Actuellement, il y a déjà eu quelques rencontres depuis
quelque quinze jours entre les fonctionnaires de mon ministère et ceux
du gouvernement fédéral pour mettre au point - ce qui n'est pas
très long - le contrat type qui sera signé par le gouvernement du
Canada, le gouvernement du Québec et la municipalité pour chacun
des projets précis. Nous avons demandé par écrit aux
fonctionnaires fédéraux de nous préciser les programmes
parmi les programmes d'Emploi et Immigration Canada dont ils voulaient que les
municipalités du Québec bénéficient
immédiatement et de nous indiquer les enveloppes financières, les
montants que le gouvernement fédéral était prêt
à "disponibiliser" pour les municipalités dans le cadre de chacun
de ces programmes. Nous attendons d'ici quelques jours une réponse
à cette lettre qui a été transmise au niveau des
fonctionnaires, car à quelques heures d'avis, nous sommes prêts
à écrire à l'ensemble des municipalités du
Québec pour leur dire de nous transmettre leurs projets dans n'importe
lequel des programmes de création d'emplois du gouvernement
fédéral et nous sommes prêts, dès que nous aurons
reçu ces projets, à les transmettre au gouvernement
fédéral afin de procéder à l'analyse et à
l'acceptation de ces projets.
Le Président (M. Fallu): Merci.
M. Marcoux: Mais, pour répondre clairement, pour le moment
actuellement, nous n'avons pas une idée de l'ampleur des sommes que le
gouvernement fédéral veut y consacrer et des programmes qu'il
veut rendre actifs immédiatement.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Chambly. Par la suite, M. le député de Verdun.
M. Tremblay: Merci, M. le Président. À l'occasion
de cette première séance de la nouvelle commission, je vais en
profiter pour entrer dans le nouvel esprit de la commission, en accord avec
trois points que soulevait mon collègue de l'Opposition, le
député de Laprairie. Tout d'abord, je voudrais me joindre
à lui et à mes collègues, sans qu'ils m'en aient
donné la permission, pour féliciter le nouveau sous-ministre, M.
Jacques O'Bready, de sa nomination. Deuxièmement, je voudrais me joindre
à lui aussi pour démontrer mon accord en ce qui à trait
à l'information que l'on devrait recevoir comme membres de cette
commission, de façon à pouvoir préparer
adéquatement l'étude des crédits et nous exprimer
efficacement au moment où l'on étudie les crédits en tant
que membres à part entière de la présente commission.
Enfin, sur un dernier point, je vais être très court, j'y vais
rapidement, je ne veux pas abuser du temps de la commission, et laisser le
temps à mon collègue de Verdun de poser ses questions et de faire
son intervention. Je voudrais montrer mon accord avec l'affirmation du
député de Laprairie en ce qui concerne les multiples
réformes qui ont été apportées au monde municipal
depuis certaines années. Il disait que les réformes avaient
été tellement nombreuses que, maintenant, il faudrait cesser d'en
faire afin de permettre aux municipalités de digérer ces
réformes-là. (17 h 45)
Pour terminer et sans être méchant, je
vous dirais que c'est toujours comme cela quand on n'a pas fait le
ménage pendant longtemps et que, tout à coup, il faut faire le
ménage. C'est un grand ménage et cela cause des
dérangements. Il ne faudrait pas se retrouver dans dix ans dans une
situation comme cela. Continons à faire l'entretien ménager
régulier qu'impose la bonne gestion de l'Etat et des
municipalités. Je vous remercie.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Verdun.
M. Marcoux: Vous avez dit en d'autres mots ma pensée.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Moi aussi, M. le Président, je vais essayer
d'être le plus bref possible. J'ai quelques questions à poser au
ministre avant six heures. Au sujet de la question des centres-villes, je pense
que vous n'avez pas été clair dans votre réponse à
mon collègue de Laprairie. Le fait est qu'il semblait y avoir un
problème financier à discuter au Conseil des ministres. Sur la
question de la relance, on est tous d'accord pour collaborer autant de notre
côté que de l'autre côté. Votre programme de relance
a été annoncé d'une façon extraordinaire et je ne
veux pas être désagréable en disant cela, mais nous sommes
déjà rendu au mois d'avril et les municipalités attendent
toujours. Chez moi, je suis prêt à partir en affaires, et je
prétends que c'est l'été qu'on doit faire du ciment et de
l'asphalte. Pour parler le langage des gens de Verdun, on n'est pas
avancé, on ne sait pas où on s'en va. Je pense qu'il y a certains
comtés au Québec qui ont eu des crédits qu'on n'a pu
déceler aux engagements financiers. Mais ça presse. Il est aussi
question de hangars. Le gouvernement doit y faire sa part de subventions, et
cela fait partie de votre programme de relance. Il faudrait que les
municipalités soient informées le plus tôt possible, que ce
soit chez nous où ailleurs, pour celles qui sont
intéressées à partir en affaires. Comme vous le savez, le
processus est assez long, pour les règlements d'emprunt, enfin tout.
J'aimerais bien qu'on puisse avoir une réponse dans le plus bref
délai possible.
J'ai une deuxième question à vous poser. Vous pourrez
peut-être répondre aux deux questions, puis je laisserai la parole
à d'autres. On a uniformisé le montant des amendes sur le
territoire de l'île de Montréal. Toutes les municipalités
ont, si ma mémoire est bonne, le même montant pour les amendes.
C'est la police de la CUM qui émet les billets; par contre, chaque
municipalité a sa cour. Vous avez donné des pouvoirs à
Montréal pour lui faciliter les surplus. C'est une façon pour
Montréal d'avoir des surplus. Les surplus que les municipalités
ont, ce n'est pas parce qu'elles ont toutes eu de l'argent du gouvernement, car
il y a certaines municipalités qui sont pénalisées. On
aura l'occasion d'en parler avec le sous-ministre. Au moment de la loi 57, cela
avait favorisé certaines municipalités sur une période de
X années. Je peux vous dire que, chez nous, c'est fini cette affaire. Le
cadeau qu'on a eu dans le temps est complètement épuisé.
J'aurai l'occasion de vous le prouver.
Je veux revenir à la Cour municipale. Je pense que beaucoup de
contribuables sont pénalisés à la Cour municipale par le
système qui existe. Dans votre projet de loi omnibus, il y aurait lieu
de donner les pouvoirs à la CUM. Il faudrait que toutes les villes de la
CUM aient les mêmes pouvoirs, parce que ce sont les mêmes montants.
Lorsqu'une personne ne paie pas son amende, la municipalité envoie un
huissier, qui part de la Place d'Armes ou d'ailleurs. Le millage est
calculé à partir de la Place d'Armes pour aller à
Sainte-Anne-de-Bellevue ou ailleurs. Je pense qu'il y aurait moyen d'avoir des
secteurs pour protéger ces gens qui ont omis de payer, qui n'ont pas
voulu payer ou qui n'avaient pas l'argent pour payer à un certain
moment. Le huissier va chez vous. Il peut arriver et vous facturer trois,
quatre ou cinq voyages. Vous aussi bien que moi n'avons pas de preuve de cela.
Il y a une lacune là-dedans pour les automobilistes
pénalisés; ils devraient être mieux protégés.
On devrait y aller en profondeur pour tenter de remédier à cela.
Quand des gens sont obligés de payer 1300 $ pour un billet de
stationnement, je pense qu'il y a des abus. Le ministère des Affaires
municipales devrait regarder cela.
Une voix: 1300 $ pour un billet? M. Caron: Oui.
M. Marcoux: Ma réponse à vos trois questions, cela
va être très bref.
M. Caron: Je ne veux pas une réponse aujourd'hui, mais
j'aimerais que le ministre, par ses fonctionnaires, se penche
là-dessus.
M. Marcoux: Oui. Sur la question des centres-villes, je l'ai
indiqué tantôt, l'argent est prévu dans le cadre du plan de
relance. Comme le projet n'était pas encore accepté par le
Conseil des ministres, l'argent est au fonds de suppléance. Il sera
viré au ministère des Affaires municipales lorsque le projet sera
accepté par le Conseil des ministres. L'argent est prévu
là, il n'y a pas de problème.
En ce qui concerne les délais, comme je vous l'ai dit,
j'espère que le Conseil des
ministres - aujourd'hui, il était inscrit à l'ordre du
jour du Conseil des ministres, on n'a pas pu compléter l'adoption - la
semaine prochaine, pourra en faire l'adoption. À cette occasion,
j'aimerais vous poser une question. Parmi les hypothèses qui ont
été examinées, certaines impliqueraient des changements
législatifs. Je voudrais savoir si je pourrais obtenir la collaboration
de la commission, si ce changement législatif était prêt
d'ici juin, pour approuver ces changements législatifs qui permettraient
de faire bénéficier les municipalités du Québec
d'une partie ou de la totalité du programme de rénovation des
centres-villes.
M. Caron: Je pense bien que, dans l'intérêt de tous
les contribuables du Québec, quel que soit leur secteur, la commission
va collaborer et vous donner la chance de mettre ce programme en oeuvre le plus
rapidement possible et de faire travailler du monde. Pour ma part, vous pouvez
compter sur mon entière collaboration et, je le pense bien, sur celle
des autres également.
M. Marcoux: Comme personne ne dément cet appui...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Marcoux: ...je compte sur l'appui des membres de la commission
pour, s'il y a lieu, collaborer à l'adoption de ces amendements qui
permettraient de rendre encore plus important le programme de rénovation
des centres-villes. Quant à la Cour municipale...
M. Saintonge: Une question, M. le Président, si le
ministre me le permet, pour vider la question, vous avez posé une
question à savoir si la commission consentirait... Au côté
de l'Opposition, je vais vous avouer très honnêtement que, si vous
demandez sa collaboration sur un projet de loi que vous déposeriez et
qui serait favorable aux municipalités, celle-ci ne s'est jamais
démentie là-dessus, elle n'a jamais voulu bloquer quelque chose
uniquement pour le plaisir de le bloquer. Au contraire, si c'est un projet de
loi qu'on peut étudier en temps utile, vous pouvez être
assuré que, si c'est favorable aux municipalités, il nous fera
plaisir de collaborer avec le ministre en tout temps.
M. Marcoux: II faut croire que j'ai mal lu les journaux dans les
récents mois et les récentes années. En tout cas, je suis
heureux de voir que le député de Verdun est prêt à
collaborer à l'adoption de l'amendement éventuel qui permettrait
d'améliorer le programme de rénovation des centres-villes, si de
tels amendements s'avéraient nécessaires. C'est ce qu'on
discutera au
Conseil des ministres.
M. Saintonge: Voulez-vous mentionner que vous avez mal lu les
journaux à ce sujet en particulier?
M. Marcoux: Non, non, pas à ce sujet. Non, je parlais de
façon générale, en disant que l'Opposition a toujours
collaboré avec les amendements qui étaient favorables aux
municipalités.
M. Saintonge: Ceux qui nous semblaient favorables aux
municipalités.
M. Marcoux: C'est cela.
M. Saintonge: On n'a pas toujours le même
entendement...
M. Caron: Les journaux, ce n'est pas toujours la Bible.
M. Marcoux: Concernant la Cour municipale, je peux vous dire une
chose: les personnes qui m'entourent entendent pour la première fois
parler de votre problème d'huissiers qui font trois ou quatre voyages ou
qui en font un seul et en factureraient trois ou quatre aux contribuables.
C'est la première fois qu'on entend parler de cela autour de moi. Je
vous inviterais à nous illustrer le problème pour qu'on le
regarde. Ce sera d'autant plus pertinent de le regarder que la sous-ministre
adjointe à la législation m'indique que le ministère des
Affaires municipales est déjà en discussion avec le
ministère de la Justice sur l'évaluation des cours municipales,
sur une réforme des cours municipales ou, en tout cas, sur des
ajustements à apporter aux lois afin d'améliorer, je suppose, le
fonctionnement des cours municipales.
Je puis vous dire que, personnellement, je suis sensibilisé au
détail de ces projets, mais il y a déjà des discussions
sur les cours municipales en général entre le ministère
des Affaires municipales et le ministère de la Justice. Mais, sur le
point précis que vous avez indiqué, concernant les huissiers,
personne n'a entendu parler de cette question.
M. Caron: Cela fait partie de l'ensemble, si vous avez à
amender la loi en conséquence. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Donc, le député de
Kamouraska-Témiscouata.
Le projet de loi 38
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Très
brièvement, M. le Président, pour permettre d'autres questions
aux membres de l'Opposition.
À mon tour, je voudrais féliciter le nouveau sous-ministre
des Affaires municipales et aussi le nouveau ministre des Affaires municipales,
qui a été récemment nommé. J'en suis fier, parce
qu'il vient de l'Est du Québec. Étant donné que je suis
d'un comté de 40 municipalités, je suis en accord avec certains
points que le député de Laprairie a exposés, sauf sur
celui du projet de loi 38, où je ne peux être d'accord. Il a
parlé des députés ministériels qui étaient
d'accord pour le retrait du projet de loi; je ne le suis pas.
Il a soulevé un point concernant les MRC qui touchait mon
comté, le fait que la MRC de Kamouraska avait enlevé le canton
Parke à la MRC de Témiscouata. À ce que je sache, en ayant
fouillé le dossier, l'ayant suivi de près, si on regarde à
fond ce dossier, le canton Parke n'a jamais appartenu à la MRC de
Témiscouata et, depuis X années, il a toujours été
sous la responsabilité et sous la juridiction du conseil de comté
de Kamouraska. S'il y a eu un manque de consultation ou une consultation pas
assez approfondie, c'est sans doute dû à un manque de
communication et c'est pour cette raison que les lettres patentes ont
été rouvertes pour faire justice à ce cas.
Comme je le disais tout à l'heure, c'est sur certains points
comme le fait de donner plus d'accès aux députés à
différents dossiers pour étudier certains projets de
crédits de chaque ministère. Je suis en accord avec lui, parce
que les députés autant ministériels que de l'Opposition -
cet avant-midi, on en parlait - ne sont pas des députés de
corridor, je ne voudrais pas être obligé de régler des
dossiers dans les corridors. Pour les demandes et les remarques qu'on veut
faire à certains ministres, je pense que l'occasion idéale de les
faire, ce sont ces nouvelles commissions. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie, du moins pour une rectification, à l'heure qu'il est,
puisqu'il nous reste à peine quelques minutes...
M. Saintonge: M. le Président, quelques minutes.
Le Président (M. Fallu): Deux minutes.
M. Saintonge: Deux minutes. Merci, M. le Président. J'ai
une rectification à faire concernant le projet de loi 38. Tantôt,
le ministre a fait certaines déclarations. Je n'ai pas dit
nécessairement, dans mon intervention, que les députés
ministériels avaient demandé le retrait du projet de loi 38. J'ai
dit que l'interprétation que j'ai eue des paroles des
représentants municipaux, c'est que les députés
ministériels pensaient que, le problème étant
réglé, le projet de loi 38 n'avait plus sa raison d'être.
C'est cela qu'on avait mentionné, d'une part.
Deuxièmement, sur le projet de loi 38, je n'ai pas voulu aller au
fond du débat. Mais je maintiendrai vis-à-vis de la commission
que le débat a dégénéré, pendant une dizaine
de minutes, sur une question de fond. Sur le principe du projet de loi 38, on
n'a jamais contesté, nous de l'Opposition, que le gouvernement
fédéral n'avait pas affaire à intervenir dans les affaires
municipales. Cela est compris de tout le monde. Le gouvernement, l'Opposition,
les municipalités, tout le monde au Québec est pleinement
d'accord que la compétence du Québec, en affaires municipales,
est là pour y demeurer, et il n'est pas question qu'on soit d'aucune
façon de connivence ou qu'on accepte que le fédéral puisse
intervenir, que le fédéral fasse des propositions directement aux
municipalités, soit pour construire une salle, ou offrir 100 000 $
à une place, ou 125 000 $ ou 200 000 $ ailleurs; on ne sera jamais
d'accord avec cela. D'ailleurs, c'est un gouvernement libéral qui, en
1974, a adopté la Loi sur les affaires intergouvernementales. Le
principe du projet de loi 38, contre lequel l'Opposition s'est battue au mois
de décembre, contre lequel on va toujours continuer de se battre, auquel
les municipalités, à mon point de vue, n'adhéreront
jamais.
Mais si vous avez un contentieux entre le gouvernement provincial sur un
point avec le fédéral, le fait de vouloir attaquer vos
partenaires que sont les municipalités pour toute subvention
donnée dans un territoire municipal, directement, indirectement ou sous
quelque forme que ce soit, ceci ne sera jamais acceptable au niveau du monde
municipal. C'est le principe que l'Opposition a voulu défendre. Les
municipalités n'ont pas à être les souffre-douleur du
ministère des Affaires municipales ou du ministre, en l'occurrence,
c'est le nouveau ministre, ils n'ont pas à être des
souffre-douleur là-dessus, ils n'ont pas à avoir une
épée de Damoclès au-dessus de leur tête sur des
questions d'interventions discrétionnaires, abusives du ministre des
Affaires municipales, dans certains cas, ou du gouvernement. Ceci était
le principe de la loi 38 auquel nous nous sommes opposés, le principe
que nous avons voulu enlever de la loi, c'est-à-dire toute intervention
indirecte ou sous quelque forme que ce soit.
Quant aux questions directes, nous avons toujours prétendu
qu'avec la loi de 1974, si le ministère des Affaires municipales ou le
ministre pouvaient considérer l'intervention du fédéral
comme indue, comme contraire à la constitution canadienne, les
dispositions de la loi le mentionnaient, ces interventions étaient
nulles, qu'il y avait la possibilité pour le gouvernement d'intervenir
directement, par des moyens légaux, devant les tribunaux,
pour frapper de nullité de telles subventions. C'est ce que nous
avons défendu comme principe au niveau de la loi 38 à cette
époque-là. Le ministre ne m'a pas répondu lorsque je lui
ai posé la question, j'ai pensé pouvoir sonder l'ouverture
d'esprit du ministre sur la loi 38, savoir ce qui était arrivé.
Le premier ministre a mentionné, il y a deux semaines et demie, un
dimanche, à Trois-Rivières, au poste de radio CHLN, qu'il
considérait la possibilité de retirer la loi 38. Est-ce
qu'effectivement le gouvernement considère cette possibilité,
est-ce que le sujet a été discuté au Conseil des
ministres? Est-ce qu'il y aura une décision afin que le monde municipal
sache, une fois pour toutes, avant le 21 juin prochain, ce qui arrive avec la
loi 38. Il faut éviter de garder depuis un an l'effet rétroactif
d'une loi, ce qui ferait dix mois avec des effets rétroactifs. Le monde
municipal ne peut fonctionner dans un tel cadre. C'est au détriment,
à mon point de vue, de l'ensemble des interventions dans le monde
municipal avec le gouvernement du Québec. Si le gouvernement canadien
veut intervenir au niveau des affaires municipales, qu'il le fasse dans le
cadre d'entente. Nous sommes d'accord avec cela. C'est le principe que l'on
reconnaît.
Le Président (M. Fallu): Je dois interrompre à
l'instant les travaux. Vous m'excuserez. De toute façon, nous reprenons
notre dialogue demain matin à 10 heures. Pardon, mardi prochain à
10 heures. M. le ministre vous aurez une réponse brève à
apporter, si vous le désirez, une réponse ou une réaction.
Donc, nous ajournons nos travaux à mardi, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 3)