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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Fallu): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Nous continuons nos travaux sur l'étude des crédits des
Affaires municipales.
Je voudrais, avant de passer la parole à quiconque, faire
état d'un consensus intervenu autour de cette table à propos des
droits de parole. Le règlement de l'Assemblée nationale, on le
sait, est plutôt vague en ce qui a trait au droit de parole d'une
façon générale à la commission des crédits.
Notre commission prend acte ce matin d'un consensus intervenu entre ses membres
en ce sens que, pour nos séances de ce matin, de cet après-midi
et de ce soir, nous nous partagions le temps à parts égales,
c'est-à-dire 3 h 55 de part et d'autre, y compris le temps des questions
et le temps de réponse du ministre. J'inciterai évidemment, au
même moment, le ministre ou ses invités à être les
plus brefs possible afin de permettre aux parlementaires de poser de nombreuses
questions.
Ce consensus ne nous amène pas à respecter le principe
d'alternance systématique à tous les 20 minutes, puisque,
jouissant d'une enveloppe globale, c'est, par la suite, aux formations
politiques de déterminer qui d'entre elles prendront la parole et selon
le rythme qui convient au fur et à mesure que nous appellerons les
programmes et les éléments des programmes. C'est donc aux
formations politiques d'établir leur propre discipline interne durant
les 3 h 55 qui leur sont dévolues. Je réitère une demande
pressante à notre invité, M. le ministre des Affaires
municipales, de s'acquitter de sa tâche de répondre dans les plus
brefs délais afin de permettre un dialogue constant et fructueux.
M. Rocherfort: Je demanderais la suspension de nos travaux
pendant quelques minutes, s'il vous plaît!
Le Président (M. Fallu): Volontiers, suspension pendant
quelques secondes.
(Suspension de la séance à 10 h 22)
(Reprise de la séance à 10 h 32)
Le Président (M. Fallu): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Chers collègues, nous constatons, après nos caucus
respectifs et une sorte de commission plénière que la commission
a tenue en dehors d'une séance ou à l'occasion d'une
réputée séance de négociation, que nous nous sommes
entendus pour appliquer le règlement de l'Assemblée
nationale.
Une voix: Bravo!
Le Président (M. Fallu): Je vais donc, comme j'avais tout
à l'heure signalé qu'il y avait certaines imprécisions, un
peu gouverner à l'oeil. Je demande l'indulgence de chacune et de chacun
afin qu'on puisse poursuivre nos travaux.
Le règlement étant connu, je voudrais seulement rappeler
très brièvement les données. Normalement, sur chaque
élément chaque député peut s'exprimer 20 minutes;
le ministre peut répondre aussi souvent qu'il le désire, mais la
longueur, on le sait, est limitée à 20 minutes au maximum. La
troisième règle, c'est la règle de l'alternance. Pour le
reste, collègues, nous entreprenons vraiment nos travaux cette fois et
souhaitons-nous bonne chance. Je me permets, dès le départ, de
reconnaître le député de Laprairie.
Le projet de loi 38 (suite)
M. Saintonge: Merci, M. le Président. À la fin de
nos travaux, la semaine dernière, j'en étais rendu à poser
une question au ministre sur le projet de loi 38. Sans vouloir revenir sur le
fond du débat, ma question précise porterait sur un point
relativement au projet de loi 38. On sait que, lors de l'ajournement des
travaux, en décembre dernier, nous en étions à l'adoption
de principe du projet de loi à la fin de la deuxième lecture. Le
ministre des Affaires municipales de l'époque avait promis une
commission parlementaire concernant la proposition de règlement qui
devait être incluse dans les amendements qui devaient été
déposés en commission parlementaire parce qu'elle n'avait pas
été incluse dans le projet de loi en Chambre lors de la
deuxième lecture. Cette commission parlementaire devait se tenir vers la
mi-février. Elle fut finalement reportée, semble-t-il, au
début de mars, suivant ce qu'on a écrit dans les journaux. Le
ministre Léonard avait manifesté son intention, à ce
moment-là, que le projet de loi 38 soit étudié en
troisième lecture à la reprise de la session. La session a
débuté le 13 mars dernier, sans que la commission parlementaire
n'ait été tenue. Le nouveau ministre des Affaires municipales,
à une question que je lui adressais en Chambre le 14 mars, mentionnait
qu'il avait l'intention de ramener le projet de loi 38, éventuellement,
dont entre autres le projet de règlement qui devait être soumis
dans quelques semaines. Quelques semaines se sont donc écoulées,
pratiquement un mois; c'est la quatrième semaine qui s'écoule
depuis que j'ai posé cette question. Nous n'avons toujours pas de
nouvelle là-dessus.
On sait que le premier ministre, il y a environ deux semaines,
mentionnait l'intention possible du gouvernement de retirer le projet de loi
38, que le gouvernement était pour analyser toute cette question,
finalement, pour prendre une décision sur le retrait éventuel du
projet de loi 38.
Les municipalités se trouvent, à ce moment-ci, je pense,
dans une espèce d'indécision; on ne sait pas exactement quelle
est la position officielle du gouvernement. On entend, d'un certain
côté, qu'en ce qui concerne le projet de loi 38 la question est
réglée, il n'y a pratiquement plus de problèmes, il
devrait être retiré. On a des échos dans des journaux; je
fais référence, principalement, à un editorial de M.
Giroux dans le Soleil, si je me souviens bien, qui mentionnait que le but du
projet de loi avait été atteint et que de continuer à
vouloir faire adopter le projet de loi 38 serait, ni plus ni moins, faire
preuve d'intransigeance et de vouloir pousser à fond de train contre les
municipalités.
Ma question est fort simple, pour éclairer le monde municipal,
d'autant plus que l'on sait que le congrès de l'UMQ aura lieu cette
semaine. Au congrès, il est évident que, dans les ateliers, cela
pourra sûrement être discuté. Au niveau de l'UMRCQ, nous
avons vu qu'il y a eu certaines réunions, même en fin de semaine.
Il y a eu des réunions de préfets il y a quinze jours. Les gens
se posent des questions, se demandent quelle est l'attitude du gouvernement sur
ce sujet-là. Est-ce que l'on pourrait savoir, une fois pour toutes,
considérant le fait que le projet de loi 38 est déposé
depuis plus de dix mois, une loi qui sera rétroactive et qu'on garde en
suspens au-dessus des municipalités, quelle est l'intention formelle du
ministre, à ce moment-ci? Et peut-il nous dire si la discussion au
Conseil des ministres, concernant le retrait ou non du projet de loi 38, a eu
lieu ou si c'est quelque chose à venir, dans quel délai cela
devrait se faire?
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: Disons que, au point de départ, le Conseil des
ministres a décidé, au début de mars, avant la reprise de
la session, que les trois premières semaines de la session seraient
d'abord axées autour de l'adoption de projets de loi à
caractère économique. Au bout de ces trois semaines, on le sait,
on est engagés dans la période des crédits où il
n'y a pas de période législative; le projet de loi 38 ne
reviendrait sûrement pas pour discussion ou adoption à
l'Assemblée nationale avant Pâques, donc pas avant le mois de mai.
Cela est une décision qui a été prise au Conseil des
ministres, au début mars.
Quant au sens de la réponse que j'avais donnée en Chambre
il y a environ trois semaines au député de Laprairie, lorsqu'il
m'avait posé la question, à savoir ce qu'il adviendrait du projet
de loi 38, je n'ai rien à retrancher ou rien à ajouter pour
l'essentiel. J'avais indiqué, à ce moment-là, que le
projet de loi 38 serait adopté mais que je devais, comme ministre des
Affaires municipales, prendre le temps de consulter les partenaires du monde
municipal, consulter mes collègues du caucus des députés,
du Conseil des ministres et en arriver à me faire une opinion
personnelle sur la démarche que le gouvernement devrait suivre quant
à la réglementation incluse et quant à l'adoption des
modalités du projet de loi 38, qui pourraient être
modifiées soit dans le projet de loi ou dans le projet de
réglementation.
C'est cette démarche que j'ai entreprise il y a quelques jours,
particulièrement lors de la première réunion de la table
Québec-municipalités, où un des points à l'ordre du
jour était le projet de loi 38 et les ententes avec le gouvernement
fédéral, soit l'entente déjà signée avec M.
Roberts et les ententes à venir dans les autres secteurs:
l'assainissement des eaux, l'aqueduc, l'égout, les chemins municipaux,
les équipements de loisir et la revitalisation des centres-villes.
Alors, ce que je peux indiquer aux membres de la commission, c'est que je
poursuis cette réflexion. J'ai mené cette réflexion aussi
en allant rencontrer les préfets de l'Union de municipalités
régionales de comté il y a environ trois semaines qui, soit dans
des conversations privées ou soit comme groupe, m'ont fait valoir leur
point de vue. Je veux poursuivre ces réflexions dans les prochains
jours, dans les prochaines semaines. Quand je serai prêt à faire
rapport au Conseil des ministres et au caucus des députés, je le
ferai pour qu'on essaie d'avoir une attitude qui rallie l'ensemble de la
députation concernant la loi 38, sa réglementation, son
application.
M. Saintonge: À ce moment, dois-je comprendre que votre
position n'est pas défi-
nitive?
Une voix: II ne le sait pas.
M. Saintonge: Je ne sais pas, le premier ministre a
mentionné il y a deux semaines et demie que...
M. Marcoux: Personnellement...
M. Saintonge: ...l'on considère la possibilité
d'enlever le projet de loi 38. On entend dire aussi... Je n'ai pas à
citer de nom mais le ministre nous parle de discussions avec le monde
municipal, de consultations avec les partenaires du monde municipal. En tout
cas, les réflexions que j'ai des partenaires du monde municipal,
c'est-à-dire des représentants des unions, de certains maires ou
de conseillers municipaux, c'est que les municipalités n'ont jamais
souhaité l'adoption d'une telle loi.
Il faut être clair. Je pense à des résolutions du
monde municipal qui ont été prises l'été dernier,
l'automne dernier, de nouvelles résolutions qui sont parvenues - en tout
cas j'en ai à mon bureau que je pourrai déposer en temps et lieu.
J'ai un certain nombre assez important de résolutions de
municipalités qui demandent le retrait du projet de loi 38 tout en
reconnaissant la question de la compétence du Québec. Ce n'est
pas le problème.
Mais le monde municipal est tanné d'avoir une espèce
d'épée de Damoclès au-dessus de la tête et on se
demande où on s'en va. Si le premier ministre, d'un côté,
dit qu'on peut le retirer, il y a des députés
ministériels, semble-t-il, qui, dans des comtés ou des rencontres
avec le monde municipal, ont dit que le but du projet de loi 38 a
été atteint.
Jusqu'à maintenant le but a été atteint, et je peux
même parler de mon confrère de Chambly qui, hier, dans une
émission enregistrée sur la rive sud, mentionnait que le but du
dépôt de la loi 38 était atteint, que le problème
était réglé. Il a mentionné cela textuellement;
d'après lui... Il pourra intervenir après à son tour mais
c'est ce que j'en ai compris. Je n'ai pas la transcription mais, effectivement,
il disait qu'avec le projet de loi 38, la signature de l'entente qui
était intervenue le monde municipal avait compris; il avait atteint son
point, son but. Si c'est cela, je pense qu'il reste une solution, c'est de le
retirer. Dans d'autres municipalités, on mentionne un peu la même
chose. Il semble que de ce côté c'est réglé.
Le ministre doit le comprendre il y a eu tout le cheminement des
relations entre le gouvernement et le monde municipal, en décembre,
même le cheminement des négociations en janvier; il ne faut pas se
cacher que l'UMQ a voulu rencontrer le premier ministre pour discuter du
problème et je pense que la rencontre a effectivement eu lieu. Ce
n'était pas le ministre des Affaires municipales que l'UMQ voulait
rencontrer à l'époque, c'était le premier ministre, pour
tenter de mettre au clair les points, pour établir les ponts.
Quand le président de l'UMQ dit que les relations entre le monde
municipal et le gouvernement n'ont jamais atteint un aussi bas niveau dans
toute son expérience du monde municipal, je pense qu'il faut être
sensible à cela et, si je comprends bien, le monde municipal a
hâte d'arriver à un point où on pourra discuter ouvertement
avec le gouvernement, sachant où on s'en va.
Le premier point pour le faire, c'est l'attitude du gouvernement sur la
loi 38, ne pas attendre. Cela fait dix mois que la loi est
déposée. Est-ce que le gouvernement du Québec veut faire
adopter la loi 38, oui ou non? Est-ce qu'il veut le faire dans les mêmes
conditions qu'il l'a présentée ou s'il va présenter des
amendements ou retirer certaines choses là-dessus? C'est simplement ce
que le monde municipal a hâte de savoir.
Si je comprends la réponse du ministre - il pourra me corriger
là-dessus si j'ai mal compris - la décision n'est pas prise. On
peut attendre encore un mois avant de savoir une décision. On va revenir
ici au mois de mai avec la question et à ce moment la législation
va continuer parce que certains projets... Il ne faut pas se cacher
qu'actuellement, au niveau de la Chambre, il y a certains projets de loi que le
gouvernement aurait sûrement voulu passer avant l'ajournement pour le
congé pascal mais qui sont en suspens.
Donc, en revenant, ces projets de loi vont être tout aussi
importants qu'ils l'étaient la semaine dernière. En
conséquence, le projet de loi 38 va continuer quand? Quand va-t-il
arriver? Au mois de juin? À la fin de la session? Cela va faire un an
que c'est déposé. Je pense que la question du monde municipal est
claire. J'aimerais obtenir du ministre son attitude. Le projet de loi 38
va-t-il passer ou non? Le premier ministre a dit qu'il y a une ouverture
réelle de ce côté et une discussion sérieuse quant
au retrait du projet de loi 38; est-ce simplement pour faire attendre les
municipalités, les faire languir pour arriver avec la matraque dans un
mois? (10 h 45)
M. Marcoux: Je dois d'abord dire que je vais essayer de faire en
sorte que mes réponses soient plus brèves ce matin que mercredi
passé parce que mes collègues m'ont reproché de prendre
trop du temps de la commission. Vous avez soulevé trois aspects.
D'abord, vous avez indiqué que le premier ministre avait indiqué
que le projet de loi 38 serait retiré. J'ai lu les articles de journaux
concernant la déclaration de M. Lévesque. Elle était
beaucoup plus nuancée
que cela. On titrait que le projet de loi 38 serait retiré mais
quand on lisait les articles au complet, l'essentiel, M. Lévesque
disait: Les objectifs de la loi doivent être poursuivis. Il doit y avoir
des moyens concrets pour qu'ils soient atteints. Il faut examiner les
meilleures modalités pour les atteindre. J'ai trouvé cela correct
puisqu'il a laissé toutes les avenues possibles ouvertes à ma
réflexion. Alors, c'est dans ce sens-là que je
réfléchis. Je regarde toutes les avenues et elles sont ouvertes.
Je pense que c'est préférable à un premier ministre qui
trace d'avance un corridor trop étroit pour la réflexion
gouvernementale.
Deuxième point, vous dites que c'est réglé. C'est
réglé dans le sens suivant: sous un aspect oui et sous un autre
aspect non. C'est réglé en ce sens que les unions des
municipalités du Québec ont clairement indiqué qu'elles
étaient d'accord avec les principes de cette loi. Elles sont d'accord
que le gouvernement fédéral respecte la constitution et qu'on
prenne les moyens pour la faire respecter.
Mes collègues ministériels et d'autres
députés viennent me voir avec des lettres des
députés fédéraux, des lettres de février et
de mars des députés fédéraux offrant directement
des subventions à leurs municipalités, les faisant chanter en
disant: Si votre municipalité ne le prend pas, je vais le donner
à la municipalité voisine. Je pense que si le problème est
réglé au niveau théorique, ou des principes ou des droits,
j'ai l'impression que ce ne sont pas tous les députés
fédéraux qui ont compris la lettre du premier ministre du Canada
au premier ministre du Québec, l'été dernier. En tout
état de cause, je pense que la sagesse indique que de bons principes
s'appuient sur une bonne articulation des faits.
Or, ce que je veux trouver dans les discussions avec les partenaires du
monde municipal, c'est comment on pourrait articuler l'engagement au niveau des
principes et au niveau de la réalité. Je pense qu'il y a une
première base d'établie. Il y a eu un précédent
très important, la signature d'un premier protocole d'entente sur les
programmes de création d'emplois avec le ministre Roberts. On m'a
toujours dit qu'une hirondelle ne fait pas le printemps. Elle l'annonce
peut-être. Dans ce cas-là, je voudrais vérifier si
l'hirondelle fait le printemps ou si elle fait juste annoncer qu'il y aura
peut-être un printemps.
Je pense que la chose qu'il nous faut vérifier plus amplement,
c'est si le gouvernement fédéral a signé un protocole
d'entente pour dire: Oui, on a signé un protocole d'entente, et il n'y a
plus de problème. Pourquoi les députés
fédéraux continuent-ils d'écrire aux municipalités
et de les menacer de ne pas leur donner de subventions si elles ne les
acceptent pas directement, malgré la constitution? Le protocole
d'entente que j'ai signé avec le ministre Roberts est-il vraiment le
signe d'un dégel et de la volonté du gouvernement
fédéral et de sa base, les députés? Vous le savez,
ils disposent d'un budget discrétionnaire d'à peu près 5
000 000 $ à 6 000 000 $ chacun alors que nous on a un budget
discrétionnaire d'à peu près 22 000 $ au ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
Vous dites que le député de Chambly a indiqué que
le problème était réglé. Je suis convaincu, pour
avoir parlé personnellement avec lui pendant une demi-heure ou trois
quarts d'heure du projet de loi 38, que ses propos vont probablement dans le
sens de mon interprétation.
Troisième point concernant les relations entre l'Union des
municipalités du Québec et le ministère des Affaires
municipales. Je peux vous assurer de ma volonté d'améliorer ces
relations. J'ai déjà rencontré le président de
l'Union des municipalités du Québec il y a environ un mois.
L'Union des municipalités du Québec a accepté de
participer pour la première fois à une rencontre de la table
Québec-municipalités la semaine dernière. C'est sur la
base fait par fait, dossier par dossier que nous allons essayer de collaborer
ensemble. Je suis tout disposé à trouver les meilleurs modes de
relations possible concrètement entre l'Union des municipalités
du Québec et le ministère des Affaires municipales.
M. Tremblay: M. le Président, sur une question de
règlement. Puisque je ne peux pas le faire ici, je demanderais le
consentement de l'Opposition pour me permettre de clarifier les faits
quand...
Le Président (M. Fallu): Le règlement de
l'Assemblée nationale prévoit qu'après un discours, une
intervention un député qui croit avoir été mal
cité peut intervenir mais le cas vaut essentiellement sur place. S'il y
avait...
M. Tremblay: Je demande seulement le consentement.
M. Saintonge: ...consentement, le député de Chambly
pourrait...
M. Tremblay: Je suis certain que le député de
Laprairie va donner son consentement pour me permettre...
Le Président (M. Fallu): En somme, vous continuez votre
dialogue d'hier.
M. Saintonge: J'imagine que vous voulez parler de ce que vous
avez mentionné hier.
M. Tremblay: Juste là-dessus.
M. Saintonge: D'accord.
M. Tremblay: Je comprends que le député de
Laprairie est resté sur sa faim après l'émission d'hier et
qu'il voudrait la continuer. Je veux dire que j'ai eu beaucoup de plaisir
à travailler avec lui hier et que je serais prêt à refaire
le même genre de travail à plusieurs reprises.
En ce qui concerne l'affirmation qui a été faite que
j'aurais dit que la loi 38 a déjà fait son oeuvre, je la
réaffirme parce que l'objectif fondamental de cette loi est de faire en
sorte que le gouvernement du Québec conserve sa juridiction sur les
municipalités et en même temps qu'elle sensibilise les
municipalités au danger d'accepter des...
M. Saintonge: M. le Président, juste une seconde. Je
voudrais quand même qu'on ne s'engage pas sur le fond. Le
député de Chambly s'en va sur le fond de la question. On n'est
pas en troisième lecture.
Le Président (M. Fallu): D'accord.
M. Tremblay: C'est cela que je veux vous dire exactement...
M. Saintonge: Non, mais il a confirmé...
Le Président (M. Fallu): Votre rectification
est-elle...
M. Tremblay: ...redire les paroles que j'ai dites hier parce que,
de toute évidence, cela ne vous avait pas... Je m'étais
peut-être mal exprimé mais vous ne les aviez pas comprises.
J'espère que la population les a comprises.
M. Saintonge: J'ai compris ce que vous avez dit.
Le Président (M. Fallu): Donc, les...
M. Rodrigue: ...ont été mal comprises par le
député de l'Opposition.
Le Président (M. Fallu): Ces choses étant dites, je
donne la parole au député de Laprairie.
M. Saintonge: Juste une question. M. le ministre, il reste quand
même que, sur le fond de la question que j'avais posée
tantôt, je n'ai pas eu ma réponse.
M. Marcoux: Pendant combien de temps je vais
réfléchir?
M. Saintonge: J'ai dit tantôt que le projet pourrait
être retiré. J'ai mentionné que le premier ministre - j'ai
retrouvé la coupure de journal ici - avait dit qu'il était
possible que la loi 38 soit retirée. Il y avait une possibilité
de retrait de la loi 38. C'est ce que le premier ministre a laissé
entendre. C'est ce que le monde municipal souhaite de toute façon, les
questions sont dans ce sens. Vis-à-vis de cette affirmation du premier
ministre qu'il y avait une possibilité de retrait de la loi 38, que la
question serait examinée au niveau du Conseil des ministres, je pense,
au niveau du caucus, je me demande quand. La question est: A quel moment le
gouvernement va-t-il prendre une position définitive sur le projet de
loi 38? On retire ou on ne retire pas? On y va ou on n'y va pas? Et dans quel
sens?
M. Marcoux: Je peux vous donner la date limite que je me suis
fixée pour régler l'ensemble de ce dossier, c'est le 23 juin
1984. C'est la date limite. D'ici là, moi aussi je souhaite que... Je
suis d'accord avec vous, une loi déposée il y a dix mois, qui,
comme une loi fiscale, s'applique le jour de son dépôt, ne peut
pas rester décemment tellement plus d'un an devant l'Assemblée
sans être adoptée ou retirée, ou mourir au feuilleton. Je
souhaite que ce soit bien avant cela. Mais je peux vous assurer que c'est le
délai maximum; ce n'est pas mon objectif de retarder cela
jusque-là. Je souhaite que ce soit beaucoup plus tôt que cela,
mais vous comprendrez que je viens d'arriver au ministère des Affaires
municipales, j'ai commencé à rencontrer des partenaires du monde
municipal, il y a un nouveau sous-ministre, il faut entrer ensemble dans la
maison, on fait le tour du jardin, du potager, on regarde tout cela et on
réfléchit ensemble. Quand notre réflexion sera
complète on va la soumettre, comme c'est normal, au Conseil des
ministres et au caucus des députés. Je peux vous dire que je
souhaite que cette réflexion soit terminée le plus tôt
possible et que ce dossier trouve son aboutissement.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: M. le Président, je ne veux pas
éterniser le débat là-dessus. Le ministre a
mentionné tantôt que les députés
fédéraux se promenaient avec des budgets d'environ 2 000 000 $
à donner. Cela c'est de la fausse publicité. C'était
peut-être vrai qu'un des budgets donnés dans la
municipalité l'an dernier...
M. Marcoux: Vous voulez dire que ce sont des menteurs.
M. Saintonge: Non. J'ai dit que c'est de la fausse
publicité de dire qu'ils ont cela annuellement. Je n'ai pas dit que ce
sont des menteurs. Il y a eu des budgets que les députés
fédéraux ont pu utiliser, mais je
pense qu'en politique c'est normal que des députés, s'ils
ont des subventions possibles à distribuer, puissent le faire. Et, si on
veut distribuer des sommes dans des municipalités, c'est évident
qu'au Québec ils vont les donner non pas aux municipalités mais
cela va, à un moment donné, arriver dans le décor quelque
part et ce quelque part c'est dans des villes, dans des municipalités
parce que c'est dans une région donnée et on a regroupé
par municipalités. Mais ce n'est pas donné directement à
des municipalités dans tous les cas.
Il reste une chose, on n'a pas de réponse, cela va faire un an
que le débat dure. Je vais juste vous citer, brièvement, les
paroles de M. Giroux, dans le Soleil du 20 mars, où on disait: "Le
débat autour du projet de loi 38 a fait son temps; l'objectif principal
a été atteint. De là à tirer un trait final dans ce
dossier, à retirer du champ politique le projet de loi 38 au feuilleton
de l'Assemblée nationale, il n'y a qu'un pas que le bon sens demande de
franchir." Un peu plus loin, il dit: "Pousser le débat à son
extrême limite laisserait une odeur de mauvais goût, une
mesquinerie certaine de la part d'un gouvernement qui quitte victorieux un
champ de bataille. Il est préférable de naviguer quelque temps en
mer calme, quitte à demeurer sur ses gardes pour d'autres
tempêtes."
La compétence exclusive du Québec dans les affaires
municipales, ce n'est pas le principe du projet de loi 38. Le projet de loi 38,
c'est une pénalité aux municipalités. Les
municipalités ne veulent plus vivre avec une épée de
Damoclès au-dessus de leur tête pour une querelle sur laquelle
elles n'ont aucun contrôle, pour des subventions qui peuvent être
acordées dans leur territoire et sur lesquelles elles n'ont aucun
contrôle. C'était la question. J'espère que le ministre
pourra quant au projet de loi 38, agir rapidement, même s'il est nouveau
titulaire. Le débat a été clairement établi
à l'Assemblée nationale en décembre dernier. Le premier
ministre a mentionné qu'on le ramènerait pour en discuter.
J'engage le ministre à agir le plus rapidement possible pour le
mieux-être du monde municipal.
M. Marcoux: Je vais suivre votre conseil.
Le Président (M. Fallu): Alors, est-ce que nous sommes
prêts...
M. Saintonge: Non, non. M. le Président, j'ai des
questions d'ordre général avant d'entrer dans le programme 1.
Le Président (M. Fallu): D'ordre général,
parfait.
Décentralisation des pouvoirs
M. Saintonge: On a parlé de la première session,
tantôt, d'une table Québec-municipalités. On attendait
depuis longtemps une table Québec-municipalités. Il avait
été annoncé, il y a plus de deux ans, je pense, la tenue
d'une table Québec-municipalités sur toute la question de la
décentralisation. Il y a dû y avoir de nouvelles propositions, des
discussions à la table avec les deux unions, puisque le ministre avait
annoncé - je pense que c'est mercredi dernier - que la première
réunion avait eu lieu avec les représentants des deux unions
ainsi que les représentants du gouvernement. Cette nouvelle table
Québec-municipalités, quel est son champ d'action? Dans quels
domaines plus particulièrement désirez-vous pousser les
consultations avec les municipalités?
M. Marcoux: Essentiellement, cela va être tous les domaines
que l'Union des municipalités du Québec ou l'Union des
municipalités régionales de comté va vouloir aborder
à cette table. Quant au contenu, il n'y a pas de limite. Ce n'est pas
limité au dossier des affaires municipales. On s'est même entendu
sur le fait que, à l'occasion et selon les besoins, j'inviterais un de
mes collègues, selon les dossiers abordés, pour que, à
cette table-là, on discute des dossiers qui concernent les
municipalités mais qui dépendent d'autres de mes
collègues. Un des messages - je l'ai indiqué dans mon mot
d'ouverture, la semaine passée, lors de l'étude de ces
crédits - importants qu'on m'a passés depuis le début de
mon mandat au ministère des Affaires municipales, c'est qu'on souhaite
que le ministère des Affaires municipales joue vraiment son rôle
de coordonnateur de l'action du gouvernement auprès des
municipalités.
Les municipalités prétendent - elles m'en ont donné
quelques exemples précis -que les autres ministères
interviennent, leur donnent des mandats, leur fixent des objectifs, leur fixent
des modalités d'action sans nécessairement que le
ministère des Affaires municipales ait été
consulté, ait été partie au processus de consultation et
de décision. Je pense que ce que l'on souhaite, dans le fond, c'est que
le ministère des Affaires municipales devienne le lobbyist en chef des
municipalités auprès des autres ministères, afin quel'action des autres ministères auprès des
municipalités soit coordonnée.
Alors, il n'y a pas de sujet exclu et il n'y a pas de sujet automatique.
Évidemment, les premiers dossiers que nous regarderons concerneront les
lois et les orientations du ministère des Affaires municipales. Mais,
cela va toucher aussi des politiques qui sont de la responsabilité
d'autres ministères. (11 heures)
M. Saintonge: Toute la fameuse question de la
décentralisation des pouvoirs, au niveau des municipalités, avait
été annoncée il y a presque deux ans, maintenant. On avait
dit qu'il y aurait une consultation globale là-dessus avec le monde
municipal et qu'une décison pourrait être prise en accord avec les
représentants des municipalités. On avait dit que des discussions
auraient lieu avant toute nouvelle décentralisation de pouvoirs ou avant
que l'on confie tout nouveau pouvoir aux MRC, entre autres, et même aux
municipalités d'une certaine façon, eu égard aux questions
fiscales qui suivraient les pouvoirs donnés aux municipalités
pour les exercer finalement.
Le ministre pourrait-il nous donner son point de vue à ce sujet?
Avant de pousser plus loin toute décentralisation de pouvoirs, avant de
confier tout pouvoir non seulement aux municipalités, mais
principalement aux MRC, a-t-il l'intention de poursuivre une étude avec
les représentants des unions et d'avoir leur accord avant d'arriver
à une décentralisation quelconque?
M. Marcoux: Le dossier de la décentralisation, je peux
vous dire qu'il n'a pas été abordé lors de la
première rencontre Québec-municipalités, qu'il ne sera pas
abordé lors de la deuxième - puisqu'on a fait l'ordre du jour
ensemble et que cela n'a été proposé par personne - ni
même de la troisième, dont on a déjà fixé une
partie de l'ordre du jour, et personne n'a proposé de l'aborder à
ce moment-là. En tout cas, ce ne sera pas un sujet abordé
normalement dans les prochaines semaines à la table
Québec-municipalités.
Quant à la façon dont ce débat devrait se faire,
pour moi il y a une chose qui est claire comme l'eau de roche, c'est que le
dossier de la décentralisation devrait être mené exactement
comme le dossier de la fiscalité municipale, le dossier de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et le dossier sur la démocratie
municipale, mais plus particulièrement ceux de la fiscalité
municipale et la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Cela ne peut
être que par consensus qu'il y ait une politique de
décentralisation qui touche les municipalités et les
municipalités régionales de comté, autant que la
fiscalité municipale ou l'aménagement. Il n'est certainement pas
question comme ministre des Affaires municipales de défendre quelque
projet de décentralisation que ce soit qui n'aurait pas
été établi sur la base d'un consensus avec les
municipalités.
Deuxièmement, je pense que pour la bonne intelligence de toute
consultation, s'il devait dans les prochains mois y avoir une consultation ou
des discussions ou plutôt une concertation entre les municipalités
et le gouvernement sur la décentralisation vers les municipalités
et/ou vers les municipalités régionales de comté de
certains pouvoirs et de certaines responsabilités administratives ou de
moyens financiers, cela devrait se faire sur la base d'un document
gouvernemental très clair. A-t-on des choses à mettre sur la
table? Y a-t-il des choses décentralisables ou pas? Y a-t-il des
équivalences fiscales décentralisables ou pas? Ce qui a fait le
succès du dossier de la fiscalité municipale comme de
l'aménagement c'est que le gouvernement s'était fait une
idée; que ce soit dans le livre vert, ou dans un document de
consultation, ou dans un livre blanc, c'était clair et précis, il
y avait des hypothèses. On a discuté avec les
municipalités et on dit: Cela, on l'accepte; cela on le rejette; cela on
va mettre une troisième formule à la place. C'est comme cela que
le débat s'est fait à la conférence
Québec-municipalités sur la fiscalité municipale et
également sur l'aménagement.
Je vois que ce devrait être la même démarche.
Actuellement, dans les problèmes de compréhension et de
perception réciproques qu'il y a eu en particulier entre l'Union des
municipalités du Québec et le gouvernement concernant la
décentralisation, c'est qu'il n'y a pas encore de dossier ou de document
sur la décentralisation. Il y a eu Le choix des régions, mais Le
choix des régions c'est bien davantage un document sur le
développement régional, économique, social ou culturel. Il
y a à peine deux ou trois pages sur la décentralisation.
Peut-être que le gouvernement a fait l'erreur de ne pas préciser
sa pensée sur la décentralisation, mais elle n'est pas
précisée actuellement. Si cela devient une priorité pour
le gouvernement, le débat sur la décentralisation avec l'Union
des municipalités et l'Union des municipalités régionales
de comté devrait se faire exactement comme dans le cas de la
fiscalité, c'est-à-dire avoir un document clair et précis
et dire: Voici pour nous les pouvoirs décentralisables. Y en a-t-il
d'abord? Lesquels? Combien coûte chaque pouvoir? Quel sera l'argent qu'on
va vous donner pour assumer tel pouvoir au niveau de la municipalité ou
de la municipalité régionale de comté? Ce sont les deux
principes qui vont guider mon action dans la démarche que j'aurai
à faire avec mes collègues sur le dossier de la
décentralisation.
M. Saintonge: M. le Président, vous me permettrez
d'être sceptique un peu lorsqu'on parle du dossier de la fiscalité
municipale tel qu'il a été mené, du dossier de la loi 125
tel qu'il a été mené. Le monde municipal va
peut-être se poser des questions également. Si je me souviens bien
de la loi 125, quand la loi avait été déposée, la
plus grande partie de la loi, en tout cas plus de la
moitié de la loi traitait du nouveau régime
d'évaluation foncière qui n'avait pas été en
discussion dans le monde municipal. C'est arrivé comme une brique sur la
tête de tout le monde. Je me souviens fort bien de cela à cette
époque. On ne s'attendait pas à cela. Ce point-là est
arrivé.
Un autre problème est arrivé. Au niveau de la
réforme de la fiscalité municipale, il y avait certaines
incertitudes et certaines données que le ministère donnait
à l'époque. On se posait des questions fondamentalement sur ce
qui arriverait. Il y avait un point particulier avec la réforme de la
fiscalité municipale telle qu'elle avait été amenée
en 1979. On va y revenir dans l'élément 3 au niveau de
l'évaluation foncière. C'est au niveau du fardeau fiscal des
contribuables. On sait que depuis deux ans l'Opposition a demandé au
ministre des Affaires municipales de prendre position là-dessus,
c'est-à-dire de voir à alléger d'une certaine façon
le fardeau des contribuables qui se trouvent aux prises avec les rôles
nouvelle génération. Il y a des surplus de taxes à payer,
en tout cas il y a un déplacement du fardeau fiscal qui vient toucher
principalement les propriétés résidentielles et surtout
les unifamiliales, les duplex, triplex, par rapport aux autres
catégories de contribuables.
C'étaient les incertitudes qui existaient au moment de la loi 57
et qui n'ont pas été réglées. Aujourd'hui, les gens
ont à faire face au problème. On va revenir là-dessus. On
parle de la loi 125. Je pense que les consultations sur la loi 125 n'ont pas
été à la satisfaction de l'ensemble du monde
municipal.
Évidemment, plusieurs municipalités demandaient la
nécessité d'avoir la loi 125. La réponse qu'on nous
donnait au niveau de l'inclusion dans une MRC, au niveau des
municipalités, c'est que la loi était votée. Il fallait
arriver à s'intégrer dans une MRC et elles n'avaient pas le
choix. Si le choix avait été donné aux
municipalités de faire partie ou non d'une MRC, si le ministre à
l'époque avait fait une consultation de l'ensemble du monde municipal
sur la volonté de l'ensemble des municipalités du Québec
de s'intégrer à des MRC, s'il avait tenu compte vraiment à
ce moment du désir du monde municipal, je peux me permettre de douter
fortement que les municipalités auraient accepté d'entrer dans le
jeu des MRC à cette époque.
Même la consultation sur l'application de la loi 125 qui avait eu
lieu à cette époque au niveau de la création des MRC n'a
pas été faite de façon à rendre justice à
l'ensemble des municipalités du Québec. Il y a certains
problèmes qui demeurent et sur lesquels on pourra revenir
brièvement un peu plus loin.
Au niveau de la décentralisation des pouvoirs, ce que le ministre
nous dit, l'engagement que je comprends qu'il prend, c'est qu'il consultera le
monde municipal et que toute décision surviendra uniquement après
avoir eu un consensus clair du monde municipal. J'ai bien compris le ministre
au moins en ce sens. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Marcoux: Vous m'avez très bien compris. Mais, comme
vous avez fait une longue introduction avant de poser cette question, je me
permettrai quelques phrases. La consultation - vous parlez de la consultation
sur la fiscalité municipale comme sur la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme - n'a peut-être pas été parfaite. Il y a
peut-être eu des faiblesses.
Une chose est certaine. Une réforme de la fiscalité
municipale qui était attendue depuis à peu près 15 ou 20
ans au Québec, qui tardait, ne pouvait se faire sans changer certaines
règles du jeu et cela ne pouvait pas être facile. Globalement,
quand on rencontre les gens du milieu municipal, tout le monde admet que compte
tenu de l'ampleur de la réforme - on y reviendra probablement dans
d'autres éléments de programme; je veux être bref - il y a
une large satisfaction sur la façon dont la réforme de la
fiscalité a été faite et la façon dont a
été menée la consultation et son aboutissement et ce qui
se passe depuis trois ans qu'elle est faite.
Quant à la consultation sur la Loi sur l'aménagement,
là aussi je pourrais admettre que la consultation n'a peut-être
pas été parfaite, il n'y a peut-être pas eu des accords sur
tout mais je dois dire que cela faisait onze ou douze ans que des gouvernements
antérieurs avaient essayé de faire une loi sur l'urbanisme et
l'aménagement. Ils s'étaient tous "cassé la gueule" parce
qu'ils l'envisageaient comme étant une réforme carrément
bureaucratique. C'était le règne des bureaucrates. À ce
moment, on voyait dix grandes régions administratives avec dix grands
schémas d'aménagement basés sur les régions
administratives, une réforme vraiment bureaucratique, et ainsi de suite.
Mais ce qui a été conçu par la loi 125, c'est qu'on a
donné aux élus municipaux, dans le cadre des MRC, des
responsabilités qu'ils ont acceptées de très large
façon. Je ne vous dis pas que les consultations sur la fiscalité
municipale comme sur la Loi sur l'aménagement ont été
parfaites, qu'il y a eu des consensus absolus, mais je pense qu'il y a eu de
larges consensus et qu'on peut dire que, d'une façon
générale, c'est un succès parce que ces deux choses
étaient bloquées depuis dix à quinze ans chacune, autant
l'aménagement que la fiscalité. Or, en 1978, 1979 et 1980, ces
deux grandes réformes ont débloqué, et dans une attitude
de concertation. C'est la seule façon de faire débloquer
éventuellement, si
c'est une priorité gouvernementale, le dossier de la
décentralisation.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Hull, nous sommes toujours dans les remarques préliminaires.
M. Rocheleau: Oui, c'est cela.
M. Marcoux: Peut-être un élément plus sur la
question de la fiscalité municipale. On a parlé des
problèmes des résidences et ainsi de suite. Indépendamment
des vertus et des avantages globaux conférés à la
réforme de la fiscalité municipale, il est évident qu'une
réforme aussi importante, qui incluait aussi, comme vous l'avez
signifié, des éléments au niveau des évaluations
foncières, peut nécessiter des ajustements. Je peux
immédiatement indiquer que la question de la fiscalité municipale
sera à l'ordre du jour de la prochaine réunion de la table
Québec-municipalités. Évidemment je pense bien que les
représentants des deux unions feront une liste des problèmes qui
seront soulevés. Il y a beaucoup d'aspects techniques dans cela qui
doivent être regardés au niveau de comités techniques qui
doivent faire rapport à des élus pour que des choix soient faits.
Mais je suis également conscient qu'il puisse y avoir des ajustements en
ce qui concerne la fiscalité municipale. J'ai indiqué globalement
au début de la commission que pour moi au ministère des Affaires
municipales le temps était aux ajustements. Cela comprend des
ajustements à la fiscalité municipale.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Hull, je vous reconnais maintenant.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord
saluer Je nouveau sous-ministre des Affaires municipales, M. Jacques O'Bready.
Je trouve que c'est un geste relativement positif que le nouveau ministre des
Affaires municipales a posé en nommant un ex-maire et
ex-président de l'Union des municipalités du Québec au
poste de sous-ministre des Affaires municipales. Je pense que c'est de nature
à temporiser vis-à-vis du monde municipal au cours des prochains
mois et surtout en tenant compte de cette fin de régime que l'on
connaît et que l'on vit actuellement avec le gouvernement actuel.
M. le Président, j'aimerais rappeler, si possible, au nouveau
ministre des Affaires municipales la loi 57, si l'on s'en souvient, à
laquelle j'ai été partie à titre de représentant de
la Communauté régionale de l'Outaouais au comité
Québec-municipalités dont faisait aussi partie le maire de
Sherbrooke du temps, M. Jacques O'Bready, alors président de l'Union des
municipalités du Québec. Il y avait réellement eu une
consultation en profondeur, un dialogue intéressant avec le monde
municipal du secteur urbain, du secteur rural, des communautés urbaines
et régionales. (11 h 15)
Le ministre mentionne qu'il y a eu une consultation en profondeur et que
le monde municipal était des plus heureux, à ce moment, de la loi
57 qui était réclamée par le monde municipal depuis
plusieurs années au niveau de l'imposition foncière qui
était partagée par le monde municipal et le monde scolaire. Il y
a une chose que je tiens à noter pour le bénéfice du
nouveau ministre des Affaires municipales qui n'était pas là dans
le temps, c'est que sur la loi 57, quand on l'a étudiée en
commission parlementaire -je n'y étais pas moi non plus parce que
à ce moment-là j'étais maire de la ville de Hull -le
gouvernement a déposé près de 109 amendements. Plusieurs
de ces amendements avaient été contestés par l'Union des
municipalités du Québec et par l'Union des municipalités
de comté. Je dois vous dire que plusieurs des amendements touchaient
plus particulièrement l'évaluation. Je suis heureux que vous ayez
soulevé le fait que la prochaine rencontre
Québec-municipalités touchera la fiscalité et tout
particulièrement l'évaluation foncière. On avait
détecté dans le temps plusieurs pépins à
l'intérieur de cette loi. Nous serons en mesure en temps opportun de
faire la preuve du fait que le gouvernement s'était trompé sur
plusieurs de ces aspects.
Je reviens au fait que le nouveau ministre des Affaires municipales
pourra sûrement bénéficier largement des conseils que
pourra lui prodiguer le nouveau sous-ministre des Affaires municipales, de par
son expérience du monde municipal dans le temps, de par son
expérience avec l'Union des municipalités du Québec. Cela
aura peut-être été un des seuls gestes heureux qu'aura
posés à aujourd'hui ce gouvernement dans le but d'apaiser le
climat tendu qui existe entre le monde municipal et le gouvernement actuel; je
pense que cela va être bénéfique.
Je reviens un petit peu, M. le Président, à un des points
- sans entrer dans les différents éléments - que soulevait
tantôt mon collègue le député de Laprairie, c'est la
fameuse question du projet de loi 38 qui pend encore un peu comme une
épée de Damoclès sur la tête des
municipalités. Le ministre nous mentionnait tantôt que d'ici le 23
juin il allait savoir ce qu'il allait faire avec le projet de loi 38. Il
faudrait peut-être que le ministre des Affaires municipales se
décide avant cette date en retirant tout simplement son projet de loi 38
pour permettre peut-être de ramener un certain
calme entre le monde municipal et le gouvernement du Québec.
J'ose souhaiter qu'il puisse le faire dans les plus brefs délais. Je
sais pertinemment, M. le Président, que le ministre ne peut pas faire
autrement. Ancien président de l'UMQ et ancien maire avec de
l'expérience dans le domaine, M. O'Bready ne pourrait pas accepter
d'être sous-ministre dans un ministère et laisser passer une loi
semblable sans - je vous mets en garde - démissionner, sans doute.
M. le Président, pour terminer, je suivrai très
attentivement certains des programmes qui touchent plus particulièrement
le monde municipal, qui est un monde très important. Vous avez aussi
mentionné, M. le ministre, tantôt, que la loi 125 avait aussi
connu une consultation extraordinaire. Je vous prie de me croire qu'au moment
où le gouvernement a adopté la loi 125, à la fin de 1978,
vous avez informé le monde municipal dans plusieurs régions du
Québec. Je dois vous avouer que la loi 125 n'a pas été
acceptée à 100% par le monde municipal, bien au contraire. Je
dois vous dire que la loi 125 avait été, d'une part,
créée pour permettre la création des municipalités
régionales de comté et permettre, d'autre part, la
préparation des schémas d'aménagement dans chacune des
régions du Québec et dans chacune des MRC. Vous nous avez
parlé tantôt de décentralisation; je vous avoue que votre
prédécesseur avait déjà emmagasiné une foule
d'éléments, une foule de sujets qui pouvaient faire partie de la
décentralisation. Je vous prierais encore une fois d'avoir
l'amabilité de consulter le monde municipal là-dessus et de
développer un consensus de fond avant de penser décentraliser
vers les gouvernements régionaux toute forme de services additionnels ou
toute forme d'éléments nouveaux.
M. Marcoux: D'abord sur la nomination de mon nouveau
sous-ministre, je pense qu'il faut rendre à César ce qui
appartient à César. Vous vous doutez bien que ce n'est pas moi
qui ai fait les démarches pour convaincre M. O'Bready de devenir
sous-ministre, c'est mon prédécesseur. Je dois le dire parce que
c'est la vérité. Lorsque mon prédécesseur a soumis
ce projet de nomination au Conseil des ministres, j'ai été
heureux de concourir à la nomination de M. O'Bready comme sous-ministre
en titre aux Affaires municipales pour toutes les raisons que vous avez
indiquées, M. le député de Hull.
Quant à la fin de régime, elle nous a déjà
été annoncée à quelques reprises depuis 1976.
Peut-être qu'un jour notre régime finira comme d'autres ont fini,
probablement. Je pense que ce ne serait pas très utile...
M. Rocheleau: ...
M. Marcoux: ...ce matin, de s'étendre à savoir
à quel moment le régime du Parti québécois va
s'éteindre. Je pense que les appréciations sur ce sujet peuvent
varier comme les espoirs.
Quant à la loi 38, je peux vous assurer que je n'ai pas
l'intention d'accepter le "deal" que vous me proposez: Conserver mon
sous-ministre et retirer le projet de loi 38 ou faire adopter la loi 38 et
demander au sous-ministre de quitter. Je peux vous dire que, lorsque M.
O'Bready a accepté de devenir sous-ministre, la loi 38 était
là et, à ce que je sache, il n'a mis aucune condition à
son acceptation...
M. Rocheleau: On verra dans le temps. On verra.
M. Marcoux: En tout cas, le "deal" que vous me proposez, je peux
vous dire qu'il est hors de question.
Concernant la décentralisation, vous dites que de nombreuses
idées ont été émises au moment de la consultation
sur la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, à savoir ce qui
pourrait être et ne pas être décentralisé au niveau
des municipalités. C'est sûr que beaucoup d'idées ont
été émises à ce moment. Les documents
gouvernementaux sur la décentralisation, depuis des années, ce
n'est ce qui a manqué. Mais, entre une articulation concrète de
l'identification soit de pouvoirs, soit de programmes, soit de
règlements, soit du secteur administratif qui pourrait être
confié aux municipalités ou aux municipalités
régionales de comté en identifiant les sommes impliquées
et en identifiant les sources de revenu impliquées et des discours
théoriques sur la décentralisation, il y a toute une
démarche à faire et cette démarche n'est pas encore faite
au gouvernement. Je le dis sans méchanceté, je pense que,
peut-être, l'attitude de l'Union des municipalités du
Québec, par rapport au dossier de la décentralisation depuis un
an, un an et demi, a été constituée sur des craintes qui
ne reposaient ni sur une politique gouvernementale, ni sur une volonté
gouvernementale, ni sur des projets gouvernementaux précis.
Je pense que la meilleure façon de sortir de ce climat
d'inquiétude face au dossier de la décentralisation c'est de,
premièrement, dire: Est-ce que cela constitue une priorité pour
le gouvernement ou non? Deuxièmement, si cela constitue une
priorité, au lieu de parler à partir de principes ou de discours,
il vaudrait mieux fonctionner à partir - comme on l'a fait dans la
réforme de la fiscalité - de projets précis. Dans la
mesure où on dit: Oui, on veut décentraliser des pouvoirs, une
attitude pratique est bien
préférable à de longs discours et de longs
poèmes, je dirais, sur la décentralisation.
Quant à l'évaluation que vous vous avez tenté de
faire sur la façon dont le gouvernement a amené la consultation
et les résultats sur la Loi sur la fiscalité municipale comme sur
la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, je peux comprendre votre
attitude. Le parti auquel vous appartenez s'est fait un devoir de s'opposer
à toutes les réformes importantes du gouvernement durant son
premier mandat. La Loi sur la santé et la sécurité du
travail, celles sur la protection du territoire agricole,
l'assurance-automobile, la fiscalité municipale et l'aménagement,
ce sont cinq grandes réformes. Vous avez voté contre ces cinq
grandes réformes en deuxième lecture sur les principes et en
troisième lecture, mais sur la loi 105 sur la démocratie
municipale, si mes souvenirs sont bons, vous avez voté favorablement.
Mais, quant aux cinq autres grandes réformes, je ne vous demanderai pas
d'avoir une évaluation positive sur la façon dont la consultation
s'est faite, les mécanismes qui y ont présidé et les
résultats puisque vous étiez systématiquement contre ces
cinq grandes réformes et que vous défendiez d'autres
intérêts. Elles ne sont peut-être pas parfaites, si on
revient aux lois sur la fiscalité et l'aménagement, ce sont deux
réformes, mais il y a une chose que je sais c'est que cela fait 15 ans
ou 20 ans que le monde municipal les attendait. Les gouvernements qui nous ont
précédés n'ont jamais eu le courage de faire des
changements. Cela n'aurait peut-être pas été ces
changements, mais je pense que ces changements se sont faits en
concertation.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que c'est
complété, maintenant, les remarques préliminaires?
M. Saintonge: Avant de passer au programme 1, j'aurais quelques
questions dont une, entre autres, sur certains programmes. Le ministre a dit
tantôt qu'il se voyait un peu comme le coordonnateur de l'action du
gouvernement auprès des municipalités et des autres
ministères. Il y a certaines questions que je voudrais poser qu'on ne
retrouve pas dans les programmes précis puisque cela est
administré par d'autres ministères. Je voudrais régler ces
choses avant d'arriver aux programmes 1, 2, ou 3. J'aurais peut-être une
demande à formuler. Dans l'étude des programmes, serait-il
possible de passer le programme 3 avant le programme 1 ou des choses comme
cela?
Le Président (M. Fallu): II y a consentement de la
commission.
M. Saintonge: Mon confrère de Wesmount voudrait
sûrement régler le problème de l'évaluation
foncière avant ce soir puisque ce soir il sera à une autre
commission.
D'accord. Pour le moment présent, j'aurais...
M. Marcoux: ...pas pour le député de Westmount.
M. Saintonge: Bon. J'aurais une courte...
M. Marcoux: Le grand réformateur du parlementarisme, on
n'est pas pour lui faire regretter la réforme qu'il a conçue.
Assainissement des eaux
M. Saintonge: Bon! J'aurais une ou deux questions au sujet de
l'assainissement des eaux. Je comprends que le dossier est plutôt au
niveau du ministère de l'Environnement mais il y a une incidence directe
sur les municipalités qui participent à ce programme. En
décembre dernier, lors de l'étude du projet de loi 45, on a eu
l'adoption de dispositions favorisant l'intégration du concept
clé en main dans la question de l'assainissement des eaux. Actuellement
les premiers sons de cloche qui semblent nous venir non seulement du monde
municipal mais même de l'Association québécoise des
techniques de l'eau ou des ingénieurs ne sont pas très favorables
au concept clé en main, pour divers motifs. Disons qu'il y a une
inquiétude certaine qui semble se manifester au niveau des
municipalités et des bureaux d'ingénieurs sur ce sujet.
Même l'AQTE ne semble pas favorable, d'après les commentaires que
j'ai reçus, au concept clé en main. Maintenant dans tout le cadre
de gestion...
M. Marcoux: Oui?
M. Saintonge: L'AQTE.
M. Marcoux: L'AQTE, d'accord.
M. Saintonge: D'après ce que j'ai entendu dire; vous
m'excuserez de ne pas avoir été présent à ce
moment, mais les informations que j'ai sont en ce sens.
M. Marcoux: J'ai lu cela dans les journaux moi aussi.
M. Saintonge: Oui. Maintenant sur le concept clé en main
je veux connaître la position du ministre. La responsabilité des
municipalités au niveau de l'assainissement des eaux demeure importante.
On semble craindre qu'on minimise l'importance des municipalités comme
maîtres d'oeuvre en ce qui touche le concept clé en main. Est-ce
que le ministre a des commentaires précis à
ce sujet? Je voudrais l'entendre sur un point plus particulier, entre
autres, avec le concept clé en main, sur les études
d'avant-projet qui sont réalisées par le ministère
à ce moment. Est-ce le ministère de l'Environnement, finalement,
qui décide, après une étude du ministère sur les
projets éventuels, la façon dont le projet devrait évoluer
ou le concept qui sera adopté? N'y aurait-il pas lieu de favoriser, dans
l'étude de ces concepts préliminaires, une participation des
municipalités à l'étude et à la prise de
décision sur les bases qui serviront à l'établissement du
système d'épuration qui sera adopté par les
municipalités? (11 h 30)
M. Marcoux: Je dois indiquer que, sur ceci, c'est peut-être
plus à titre de député que je réagirai que de
ministre, mais aussi comme ministre. Comme député ce que j'ai pu
constater auprès des municipalités de mon comté, c'est que
les gens des municipalités étaient enchantés de cette
possibilité. Ce n'est pas une obligation. En somme c'est une loi
habilitante, comme on dit. La municipalité peut conserver tous les
droits qu'elle a actuellement de dire: Je réalise moi-même, je
suis entièrement maître d'oeuvre - comme cela se passait
jusqu'à décembre dernier - de tous les travaux d'assainissement
des eaux. Donc, je vais faire toutes les étapes comme je le faisais pour
n'importe quel contrat de travaux publics dans ma municipalité
auparavant. Ou elle peut dire: Si je ne veux pas avoir à me doter de
toute l'expertise nécessaire, avoir à surveiller tous ces travaux
et avoir à faire des règlements d'emprunts temporaires, etc., je
confie à la Société québécoise
d'assainissement des eaux le projet au complet, clé en main.
La municipalité est libre. Ce que j'ai eu comme commentaires des
municipalités, de tous les maires que j'ai rencontrés depuis un
mois et de ceux que j'avais pu rencontrer avant comme député,
c'est qu'il n'y a personne qui a émis des objections à cette
possibilité de contrat clé en main. Il faut voir que la
municipalité, même dans le contrat clé en main, continue
à choisir les architectes, les ingénieurs qui vont
préparer les plans et devis. Bien sûr que pour l'essentiel de la
réalisation c'est la Société québécoise
d'assainissement des eaux qui... Il y a un double choix, cela peut être
une firme privée en plus. À ce moment je ne vois pas de
problème. Une chose que je sais c'est que la société... Je
ne sais pas quelles sont les objections de la Société
québécoise des techniques de l'eau. Mais, par contre, je me
souviens très bien de leurs articles, depuis deux, trois ou quatre ans,
disant: Le programme d'assainissement des eaux, ça ne marche pas. Cela
taponne, cela n'avance pas et on a l'impression qu'on n'en sortira pas.
Alors, ils disaient au ministère de l'Environnement: Faites le
ménage dans votre cour. Servez-vous de façon correcte de la
Société québécoise d'assainissement des eaux. C'est
ce que le nouveau ministre de l'Environnement s'est employé à
faire depuis un an. D'abord, répartir les responsabilités de
façon très claire entre le ministère de l'Environnement et
la Société québécoise d'assainissement des
eaux.
Cela ne s'est pas fait sans heurt, sans changement de personnes, sans
changement d'orientation. Mais les décisions ont été
prises. Je sais que l'Association québécoise des techniques de
l'eau a émis des objections. Je ne connais pas le contenu et les motifs
de ses objections mais, en ce qui me concerne, comme ministre des Affaires
municipales, je peux vous assurer que je suis entièrement d'accord avec
la loi 45 et les amendements qu'elle a apportés. D'autant plus que cela
ne force pas les municipalités à changer leurs habitudes; cela
détermine simplement des possibilités, des ouvertures possibles
pour les municipalités. Ce qu'on m'indique c'est que l'objection de
l'AQTE serait la crainte de la naissance de cartels et qu'on aboutisse à
des gros bureaux. Je n'ai pas d'évaluation précise. Tout ce que
je peux donner... Je ne peux pas dire: Est-ce qu'il y a trop de gros bureaux au
Québec? Est-ce qu'il y aura trop de gros bureaux? C'est vrai, je m'en
souviens, la députée de Chomedey avait posé la question au
ministre de l'Environnement lorsque cela a été
discuté.
Je sais une chose, c'est que souvent, dans certains secteurs au
Québec, on ne fait pas notre marque parce qu'on manque de grandes
entreprises qui ont une expertise très forte et qui peuvent prendre
à leur charge de grands projets. Dans un autre domaine de la
construction je connais des comtés au Québec où on dit: On
n'a jamais les contrats, nous autres, du ministère des Travaux publics.
Bien oui! Mais lorsque, dans une petite population de 20 000 habitants, il y a
sept ou huit entrepreneurs en construction, s'ils étaient
regroupés en une ou deux firmes peut-être pourraient-ils
soumissionner à des prix concurrentiels et les avoir. Bon! II y a des
avantages à être de petite taille pour certaines entreprises, mais
il y a aussi des avantages à avoir dans certains secteurs de grandes
entreprises qui ont une expertise développée et qui peuvent
travailler à long terme. Dans certains secteurs, même penser
à l'exportation de leur expertise. Je ne sais pas si dans ce secteur, un
jour, comme dans d'autres secteurs au Québec, on pourra penser à
l'exportation de notre expertise en assainissement de l'eau, mais je sais que
si on veut viser éventuellement, par exemple, l'exportation - je ne sais
pas si cela s'applique dans ce secteur - il nous faut de
grandes entreprises, la plupart du temps.
Alors, comme ce n'est pas une loi contraignante pour les
municipalités - les changements qu'on a apportés - mais une loi
habilitante, je suis d'accord avec les amendements qui ont été
adoptés à l'occasion de l'étude de la loi 45.
M. Saintonge: J'ai une question un peu plus précise. Il
semblerait que le concept clé en main soit favorisé par le
ministère des Finances plus que par le ministère de
l'Environnement ou même le ministère des Affaires municipales.
Étant donné que les projets sont subventionnés à
fort taux par le gouvernement, à 90%, il y a une espèce
d'incidence. On semble peut-être craindre qu'on pousse le concept
clé en main, d'une part; deuxièmement, est-ce que le ministre
peut me dire s'il pourra faire des vérifications, à tout le moins
à savoir si l'on peut faire intégrer dans les études des
avant-projets qui sont réalisées actuellement par le
ministère de l'Environnement... Dans ces études des avant-projets
qui vont établir, finalement, les bases de la convention
d'assainissement, est-ce que les municipalités pourront avoir une part
active? C'est la première question. C'est qu'on puisse accepter que les
municipalités participent aux études d'avant-projets,
premièrement. Deuxièmement, l'autre question....
Une voix: Quelle est la question, je m'excuse?
M. Saintonge: Je demandais si le ministre peut tenter, à
ce moment-ci...
Une voix: Oui.
M. Saintonge: ...d'assurer au monde municipal - il semble qu'il y
a une demande de ce côté-là...
Une voix: Oui.
M. Saintonge: ...en tout cas d'après les échos que
j'ai...
Une voix: Oui.
M. Saintonge: ...c'est quand même assez récent...
Ces questions-là, cela va probablement se discuter un peu plus dans les
prochaines semaines. Est-ce que, au niveau des études d'avant-projets
qui vont être réalisées par le ministère de
l'Environnement, avant qu'on en arrive à la signature de la convention
d'assainissement...
Une voix: Oui.
M. Saintonge: ...il y aurait moyen d'assurer, que le monde
municipal puisse y participer activement, puisse donner son idée sur le
genre de programme éventuel qui s'appliquera dans les
municipalités? C'est ma première question.
La deuxième question que je voudrais poser, sur laquelle on
m'informait la semaine dernière, effectivement, après des
communications que j'ai eues avec des gens intéressés dans ce
domaine, c'est de quelle façon le ministère - je pense que cela
peut revenir au ministère des Affaires municipales - va s'assurer,
finalement, d'une espèce de surveillance au niveau des installations
pour le contrôle de la qualité. On dit que dans le concept
clé en main, une des craintes actuelles, tant au niveau, dans certains
cas, des municipalités que même des bureaux d'ingénieurs,
c'est le manque de surveillance dans l'installation des équipements pour
assurer un contrôle de la qualité des produits. Cela me
paraît un point important à souligner ici pour éviter que
si le projet est donné pour la construction, éventuellement, pour
cinq ans, soit à la Société québécoise
d'assainissement des eaux ou à un entrepreneur privé, comme c'est
possible, on se retrouve au bout des cinq ans avec des problèmes de cet
ordre, si c'est un entrepreneur privé qui a pris cela, s'il n'y a pas eu
une surveillance adéquate pour s'assurer que les installations ont bel
et bien la qualité requise pour se maintenir. Par exemple, il peut
être facile d'installer des équipements qui pourraient être
de moindre qualité mais à moindre coût pour un
entrepreneur.
M. Marcoux: Si vous me permettez, je demanderais à M.
Arsenault, sous-ministre adjoint, qui s'occupe de ce secteur, de
répondre à vos questions.
M. Saintonge: Au nom du ministre!
M. Marcoux: Oui, oui. La confiance règne.
M. Saintonge: Non, non, mais je pense que c'est le principe.
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Fallu): Vous me permettez, un
moment...
M. Arsenault (Jean-Paul): D'abord, en ce qui a trait...
M. Saintonge: Est-ce que ce n'est pas le principe?
Le Président (M. Fallu): Vous me permettrez de signaler
que, pour la première fois, le ministre invite quelqu'un de son
entourage à s'exprimer. Il faut savoir que dorénavant, au journal
des Débats, la personne qui s'exprime à la demande du
ministre le fait à condition qu'il y ait consensus de la
commission. Un seul membre peut s'y opposer. On a donc le consensus.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Fallu): Deuxièmement, je dois vous
informer, M. Arsenault, qu'au journal des Débats votre intervention sera
inscrite à votre nom. Ce n'est pas tout à fait
l'imputabilité mais c'est peut-être un petit début,
faiblard.
M. Marcoux: Si c'est l'imputabilité, je retire mon
consentement!
Le Président (M. Fallu): Nous vous invitons, M.
Arsenault.
M. Arsenault: En ce qui a trait aux avant-projets, d'abord,
j'aimerais souligner que, depuis l'automne dernier, afin
d'accélérer le processus, les études d'avant-projets sont
confiées par le ministère de l'Environnement à des firmes
privées. Antérieurement, c'était fait par des
fonctionnaires du ministère, ce qui avait pu contribuer, un peu,
à l'engorgement qu'on a connu. Donc, il y a eu une notion
d'accélération.
Deuxième point. En ce qui a trait à la participation des
municipalités comme telles, le cadre de gestion prévoit,
effectivement, même si c'est une étude réalisée,
supervisée et payée à 100% pour et par le ministère
de l'Environnement, qu'il y a un comité de coordination où
siègent automatiquement des représentants désignés
par la municipalité. Donc, elle est impliquée tout au long de
cette étude d'avant-projets; elle est impliquée au niveau des
recommandations d'études d'avant-projets qui visent à proposer
différents modes de solutions.
Pour ce qui est de la troisième partie de votre question en ce
qui a trait à l'implication du ministère des Finances,
effectivement c'est dans une perspective - il faut se situer à l'automne
dernier - de relance de l'économie. A ce moment-là il avait
été envisagé de développer le plus de mesures
possible et la méthode clé en main était une avenue
additionnelle offerte aux municipalités pour permettre
d'accélérer ces investissements majeurs au Québec qui sont
ceux du secteur de l'assainissement des eaux.
Pour ce qui est du contrôle de la qualité, selon la
méthode clé en main, évidemment, dans le contrat qui sera
signé entre la municipalité et celui qu'on appelle le
cocontractant, celui qui va réaliser, il y aura des exigences de
départ qui seront formulées conjointement par le ministère
de l'Environnement et le ministère des Affaires municipales où on
voudra s'assurer que la municipalité ait toutes les garanties. On va lui
suggérer une série de garanties à mettre dans son contrat
avec celui qui voudra faire le projet clé en main et ce sera connu avant
même que les cocontractants puissent présenter leur demande de
"soumission", qui n'est pas une soumission comme telle.
En plus, durant la réalisation du projet comme tel, il est
prévu que la municipalité pourrait faire appel soit à la
Société d'assainissement des eaux, comme conseiller technique
pour vérifier la qualité de ce qui est fait, ou à tout
autre consultant de son choix.
M. Saintonge: Je suis content de l'information apportée
par le sous-ministre parce que, au niveau municipal et au niveau de certaines
firmes d'ingénieurs, ce sont des questions qu'on se pose clairement et
il semble que le concept clé en main actuellement n'est pas tellement
compris. Il y a peut-être lieu d'informer davantage les
municipalités, parce que je peux vous dire que pour toute la question
concernant le maître d'oeuvre des travaux, on semble craindre que la
solution soit une solution ministérielle. C'est-à-dire que le
ministère de l'Environnement va proposer sa solution et les
municipalités, semblerait-il d'après les informations que j'ai
actuellement, craignent de ne pas participer à la prise de
décisions. Finalement, si on m'assure qu'au niveau des comités
d'étude d'avant-projets les municipalités participent, j'en suis
très heureux. Je voulais le faire confirmer par le ministre des Affaires
municipales qui, en fin de compte, parlait de son rôle de coordinateur
entre les municipalités et les autres ministères. Vous avez un
rôle à assumer de ce côté-là.
M. Marcoux: On m'indique qu'il doit y avoir un programme
d'information plus systématique du ministère de l'Environnement
et du ministère des Affaires municipales sur l'ensemble de ces
changements et les possibilités offertes aux municipalités de
participer entièrement à ce projet.
M. Saintonge: Toujours au niveau de l'assainissement des eaux par
rapport au coût, le ministre est sûrement saisi de la question. Les
journaux en ont parlé et j'imagine que le président de l'UMQ a
dû lui en glisser un mot également. Actuellement, le gouvernement
finance à 90% le coût de construction, mais l'exploitation comme
telle revient à la charge des municipalités.
M. Marcoux: ...du taux de l'électricité.
M. Saintonge: Oui, c'est cela, sauf qu'il y a une demande
actuellement qui semble se dessiner du côté du monde municipal au
niveau de l'assainissement des eaux pour tenter d'impliquer le gouvernement,
d'une certaine façon, non seulement au niveau du
coût de la construction, mais également au niveau de
l'exploitation comme telle. Le jeudi 8 mars 1984, on mentionnait dans un
quotidien que M. Dufour, le président de l'UMQ, voulait des changements.
C'est un peu dans ce sens-là qu'il parlait pour tenter d'obtenir
l'engagement du gouvernement au niveau de l'exploitation, parce qu'un des
points - peut-être que cela pourrait se corriger avec le concept tel
qu'il est en train de s'établir et les informations qu'on a eues
tantôt au niveau des municipalités - est que, si les
municipalités n'ont pas la chance de participer à la
préparation du choix de programmes sur lesquels elles vont fonctionner,
on craindrait dans le milieu que le gouvernement puisse prendre, au niveau de
la construction, la solution qui est la moins onéreuse mais qui
coûterait plus cher au niveau de l'exploitation. C'est une des craintes
manifestées par le milieu. (11 h 45)
Je voudrais m'assurer qu'au niveau du ministère des Affaires
municipales on puisse finalement vérifier ces données, s'assurer
qu'au niveau des infrastructures la qualité y soit et également
qu'au niveau de la construction comme telle on puisse considérer le
coût d'exploitation à long terme pendant une période de
15-20 ans. Le coût d'exploitation pourrait engendrer des économies
substantielles aux municipalités. Qu'on arrive, au niveau du coût
de construction, à en tenir compte et éventuellement
peut-être même modifier certaines données. On pourrait
être tenté de choisir, au ministère de l'Environnement, un
moindre coût de construction mais le coût serait supérieur
au niveau de l'exploitation. On devra s'assurer, au ministère des
Affaires municipales, qu'une telle solution pourra être
réglée à l'avantage des municipalités si,
effectivement, les études pouvaient démontrer que les coûts
d'exploitation seraient moindres avec certains équipements, même
si cela coûte plus cher à construire.
M. Marcoux: D'accord. Deux points. D'abord, je ne peux vous
donner de réponse absolue sur les subventions ou la participation au
coût d'exploitation. C'est la première fois que j'en entends
parler mais je serais fort étonné, connaissant la démarche
du gouvernement par rapport à plusieurs secteurs de ce type, que ce soit
dans le domaine de l'agriculture ou des affaires municipales ou autre chose,
que le gouvernement commence à subventionner les coûts
d'exploitation des usines d'assainissement des eaux. De plus en plus, on veut
précisément que le gouvernement sorte de ces subventions qui
reviennent de façon périodique et qui touchent le coût de
fonctionnement.
Le gouvernement a choisi la voie de la participation au coût
d'immobilisation comme on l'a fait - par analogie, ce n'est pas
complètement pareil - dans le transport en commun, où on a dit:
On va assumer 100% du coût du prolongement du métro en participant
au coût d'immobilisation. Pour le coût d'exploitation, cela
m'étonnerait fort que le gouvernement s'oriente vers la participation au
coût d'exploitation.
Quant à la crainte que vous avez, il faut dire que, dans la
réalisation des projets d'assainissement des eaux, ce sont les
municipalités qui ont le gros bout du bâton. Tant qu'elles n'ont
pas signé le protocole d'entente, on ne peut rien faire. Le protocole
d'entente indique clairement le choix de la solution retenue. Je peux vous dire
que c'est exactement ce qui se passe.
Pas plus tard qu'hier, à mon bureau de comté, je recevais
une municipalité qui est précisément en train d'analyser
si elle va participer avec Rimouski à une usine de traitement
centralisée pour Pointe-au-Père, Rimouski-Est, Saint-Anaclet,
Rimouski, ce qui supposerait des coûts d'investissement plus
élevés peut-être de 500 000 $ mais des coûts
d'exploitation moindres, ou si elle veut avoir sa propre usine de traitement
des eaux usées; le coût de construction serait évidemment
moindre parce qu'il y a un égout collecteur de 500 000 $ qui n'aurait
pas à être construit mais le coût d'exploitation pourrait
être plus élevé.
D'abord, ils n'étaient pas satisfaits des chiffres donnés
par le ministère de l'Environnement sur ce que serait le coût
d'exploitation alternatif de l'une par rapport à l'autre, comme le
coût de construction. Ils ont demandé au ministère de
l'Environnement des réponses à des questions que le conseil
municipal a proposées. Ils vivaient précisément cela et
c'est par hasard qu'on en a parlé parce qu'ils étaient venus pour
parler d'autres sujets.
Je n'ai pas du tout eu le sentiment qu'ils se sentaient manipulés
par le ministère de l'Environnement. Au contraire, ils étaient
véritablement face à un choix dans ce cas -peut-être pas
des choix mais un choix - et ils avaient demandé des explications
supplémentaires. Ils étaient bien conscients que c'était
eux qui auraient à choisir s'ils voulaient faire partie de l'usine
centrale de traitement des eaux ou s'ils voulaient avoir leur propre usine, se
posant le problème qu'ils ont déjà une usine de traitement
mais dont le fonctionnement est dépassé. À ce moment, ils
n'ont jamais eu le sentiment que la solution leur serait imposée. Le
ministère de l'Environnement fournit des services jusqu'à un
certain point consultatifs. Il fournit des services et en plus il est là
comme soutien parce que c'est la municipalité qui décide si elle
embarque ou non et selon telle ou telle solution.
M. Saintonge: Quand on parle des solutions envisagées, il
reste qu'au niveau des
municipalités, actuellement, il y a une espèce de, je ne
dirai pas contrainte mais une incitation très forte pour les
municipalités de s'inscrire dans le programme d'assainissement des eaux.
D'abord, on a une date: le 31 mars 1986. Il est évident que les
municipalités, dans ce cadre, si la proposition du gouvernement est
là et que tout le monde s'y lance, c'est un peu un jeu de course qui
s'en vient. Il y a donc un danger que les municipalités qui n'ont pas
l'expertise nécessaire, pour bénéficier de subventions,
s'inscrivent trop rapidement au programme d'assainissement des eaux si elles
ont une bonne publicité et une bonne pression de vente par le
gouvernement avant le 31 mars 1986, pour ne pas être
pénalisées par rapport aux autres municipalités. Mais, au
31 mars 1986, quelle est la position du ministre? Est-ce que les
municipalités qui n'auront pas pu commencer les travaux avant le 31 mars
1986 seront désavantagées par rapport aux autres
municipalités?
M. Marcoux: Bien sûr. Vous ne viendrez pas nous faire des
reproches, après avoir soulevé autant de questions ou de
commentaires en Chambre, disant: Votre programme d'assainissement des eaux,
cela ne marche pas, les municipalités ne s'inscrivent pas, c'est lent.
Je vous remercie du témoignage que vous venez de rendre. On est devenu
efficace et on a mis des moyens en place pour que cela fonctionne.
J'espère que vous ne changerez pas votre discours pour nous dire qu'on
se traîne les pieds, que cela ne marche pas, que les municipalités
ne sont pas suffisamment intéressées. Cela ne me surprendrait pas
énormément - je regarde le député - que vous
changiez votre discours...
M. Rocheleau: Vous regardez qui?
M. Marcoux: ...mais je ne souhaite pas que vous le fassiez.
M. Rocheleau: Qui est-ce qu'il regarde? Toi ou moi?
M. Marcoux: Je pense que vous devez, comme nous, vous
réjouir. Ce qu'on voulait, c'est que cela débloque et que, en
plus, cela se produise dans le cadre d'un plan de relance où l'on veut
créer des emplois, notamment dans les secteurs lourds. Les
matériaux que ces constructions utilisent sont lourds. Dans le fond, je
suis très heureux de vos inquiétudes parce qu'elles prouvent que
l'action du gouvernement, en particulier du ministre de l'Environnement, dans
les derniers mois, et du ministère des Finances, a été
efficace et que cela commence à donner des résultats.
Quant au 31 mars 1986, pour être très clair avec vous, je
n'ai aucune hésitation à dire que, le 1er avril 1986, les
subventions redescendront à 80%. On veut un programme
d'accélération. Bien, c'est un programme
d'accélération.
M. Saintonge: Sauf que dans ma question je n'ai pas dit que je
voulais faire enlever cette date mais ce que j'ai voulu vous mentionner, M. le
ministre, c'est le danger de mettre une date limite, le 31 mars 1986 - dans
deux ans à peine - et de pousser un dossier trop rapidement sans laisser
le temps aux municipalités de comprendre réellement le
problème avant de s'inscrire.
Je vous donne l'exemple du concept clé en main; au mois de
décembre, je me souviens fort bien, dans la même salle,
j'étais assis à un banc, à droite, quand on a posé
des questions au ministre des Affaires municipales; le concept clé en
main était le seul valable pour permettre la réalisation de
l'assainissement des eaux. C'était pratiquement cela. Il nous a dit
qu'il était essentiel que le concept clé en main soit
adopté si l'on voulait que le dossier de l'assainissement des eaux
puisse débloquer et qu'on puisse le faire dans le temps prescrit. Sauf
qu'on se retrouve au mois d'avril 1984 et que le concept clé en main
n'est pas compris pleinement par l'ensemble du monde municipal. On se pose de
sérieuses questions sur ce qu'est le concept clé en main. On se
demande où l'on s'en va avec cela. Même si c'est vraiment le seul
concept qui peut s'appliquer pour résoudre le problème et mener
les travaux avec efficacité dans le délai utile, vous comprendrez
que le monde municipal ne doit pas plonger les yeux fermés dans des
investissements d'une si grande importance. Je comprends que le gouvernement
investit un montant important mais la crainte du monde municipal, c'est quant
à la proportion de l'investissement que le gouvernement va faire d'ici
à 1986. Les municipalités, elles, c'est pendant quinze à
vingt ans qu'elles seront prises avec le même investissement parce que le
coût d'exploitation, selon les informations que j'ai, entre les quinze et
vingt premières années, sera aussi grand que le coût des
constructions. Cela va être aussi énorme à supporter. Je
comprends qu'on dise que c'est un investissement majeur pour le gouvernement,
qu'on y va à fond de train, qu'on met des montants importants à
la disposition des municipalités, mais il restera que les
municipalités auront à subir le même fardeau les
années suivantes uniquement au niveau de l'exploitation du
système. Elles pourront peut-être avoir besoin, au cours de
l'exploitation du système, d'ajustements, de corrections, etc. ce qui
sera également à leur charge à ce moment.
Donc, il y a la crainte que j'énonçais plus tôt et
la question du délai, en mars
1986, pour les municipalités. Est-ce qu'il y a un maximum de
municipalités qui pourront s'inscrire avant 1986? Celles qui voudraient
s'inscrire un peu plus tard auront-elles la certitude de pouvoir
bénéficier, même vers la fin de la date en question, des
subventions promises? Si elles ne s'inscrivent pas immédiatement,
auront-elles une fin de non-recevoir éventuellement à cause des
montants qui sont déjà engagés ou des
disponibilités de fonds?
M. Marcoux: En revenant sur le sujet, il vaut peut-être
mieux aller directement au fond du débat. Le fond du débat pour
le gouvernement était le suivant: Le programme d'assainissement des eaux
ne fonctionnait pas. On s'est dit: Pourquoi cela ne fonctionne-t-il pas? On a
regardé au ministère de l'Environnement et il y avait des
problèmes de structures, de machines et de chicanes, d'organisation de
structures. Il y avait des problèmes de relations avec la
Société québécoise d'assainissement des eaux, sur
son mandat et sur les rapports avec l'environnement. Les municipalités,
d'autre part, à 80% de subventions, ne trouvaient pas cela tellement
intéressant. Elles trouvaient que leur service de la dette augmentait
trop et, avec les coûts d'exploitation, elles trouvaient également
cela un peu trop fort. Un des choix qui s'est posé au gouvernement et
qu'on a discuté clairement, c'était de faire comme l'Ontario et
dire: On règle votre problème, c'est nous qui construisons. C'est
comme les routes, c'est nous qui décidons où on les construit, ce
qu'on fait et, une fois que c'est construit, c'est vous qui payez et qui les
exploitez. On aurait pu modifier la loi pour dire: L'assainissement des eaux,
comme un autre pouvoir ou une autre responsabilité, c'est le
gouvernement qui l'assume lui-même et à travers une
société d'État il fait tout le reste. On livre cela et
payez après, comme l'Ontario a choisi de le faire.
À la place on a dit: Non, on va respecter notre attitude globale
face aux municipalités depuis 25 ou 30 ans au Québec et on va
essayer d'y aller par des voies incitatives. On a dit: Nos incitatifs ne sont
pas assez forts et il faut diversifier la batterie de moyens. On va ajouter des
incitatifs financiers, soit 10% de plus de subvention sur le coût
d'investissement. De plus, un moyen organisationnel; au lieu que ce soit
vous-même qui le fassiez, vous pouvez confier cela clé en main
à la Société québécoise d'assainissement des
eaux.
Je vais vous donner l'exemple précis de Luceville,
municipalité de 2500 habitants dans mon comté. Motadit que le
maire était soulagé. Il voulait s'inscrire au programme
d'assainissement des eaux mais il ne voyait pas comment simplement avec son
gérant municipal - le secrétaire ou le greffier de la
municipalité - et six ou sept employés il pourrait mener une
entreprise aussi importante, un investissement aussi important. Quand il a vu
que cela pouvait être signé clé en main, il s'est inscrit
tout de suite parce qu'il s'est dit: Je n'aurai pas besoin d'augmenter le
nombre de fonctionnaires dans ma municipalité - une municipalité
de 2500 habitants. Je n'aurai pas besoin de me doter d'un "staff" d'expertises
spéciales. Je n'ai pas nécessairement l'expertise pour dire si ce
que les ingénieurs nous proposent est la meilleure solution. Tout de
suite il a accepté de signer un protocole d'entente avec le
ministère de l'Environnement et confier le contrat clé en main.
Il s'est senti soulagé et il était d'accord avec cette nouvelle
possibilité puisque cela lui rendait service.
Une grande municipalité, cela peut être différent.
Une municipalité de 50 000 ou 60 000 habitants peut dire: Je peux le
réaliser à mon rythme. Je vais le réaliser moi-même
puisque j'ai déjà mes équipes d'ingénieurs. J'ai
déjà ma direction des travaux publics qui peut assumer cela. Les
appels d'offres, il n'y a pas de complication pour moi puisque je suis
habituée à cela et je vais le faire moi-même. Les travaux
publics, je sais ce que c'est, j'en ai l'habitude et je vais le faire. Ou,
encore, elle peut décider d'y aller clé en main. C'est tout cela
qui a été discuté. Au lieu de dire qu'on va arriver avec
une solution magique traditionnelle où c'est l'État qui va tout
faire comme en Ontario, on a dit: On va offrir une possibilité de
moyens, on va mettre de l'ordre dans notre machine gouvernementale, et c'est ce
que le ministre de l'Environnement a fait. On va clarifier les rapports entre
l'Environnement et la Société québécoise
d'assainissement des eaux, et c'est ce qui a été fait. On va
offrir de nouveaux moyens aux municipalités et en plus on va augmenter
les subventions. En somme, au lieu de dire que notre piano a juste une note et
qu'on va jouer juste d'une note, on a dit: On va offrir différents
moyens et cela sera une musique agréable aux municipalités qui
vont s'impliquer davantage. C'est ce qui se passe. Vous m'en voyez
réjoui.
M. Saintonge: On suivra l'évolution du dossier dans ce
cadre.
M. Marcoux: Nous aussi.
M. Saintonge: Je pense que le ministre des Affaires municipales a
un rôle à jouer même si c'est le ministère de
l'Environnement qui va suivre cela. Je veux m'assurer que les
municipalités puissent participer activement aux prises de
décision et qu'elles puissent contrôler la qualité de
l'eau.
Le dernier point à ce niveau qu'on a brièvement
touché...
M. Marcoux: Comme ministre des Affaires municipales je dois
signer chacune des autorisations pour les contrats clé en main. Vous
pouvez être assuré qu'on va suivre cela de très
près. (12 heures)
M. Saintonge: Avant de signer la convention, je veux m'assurer
que le ministre puisse voir à ce que le monde municipal participe
à la prise de décision sur les études d'avant-projet.
C'est cela qui est important, je pense. En ce qui concerne l'assainissement des
eaux, pour conclure sur cela, sur la question du financement le ministre me dit
qu'il n'était pas au courant, tantôt, du partage en ce sens que le
gouvernement finance à 90% les coûts de construction et que les
municipalités vont se préoccuper des coûts d'exploitation.
Mais la demande...
M. Marcoux: J'ai dit que je n'étais pas au courant,
c'est-à-dire qu'il n'y a jamais eu de demande qui m'a été
faite pour dire: Le gouvernement devrait subventionner les coûts
d'exploitation. Je dis: Si une telle demande était faite, je pense,
connaissant les principes d'action dans le domaine de la fiscalité
municipale de façon générale, que la réponse serait
négative. Il y a peut-être une chose que je dois ajouter par
rapport au 31 mars 1986 pour que cela soit très clair. Sur un projet de
10 000 000 $, s'il y a 80% des travaux qui sont réalisés avant le
31 mars 1986, il y a 80% des travaux qui seront subventionnés à
90%. Les 2 000 000 $ qui restent seront subventionnés à 80%. Je
pense que cela est important que les municipalités disent: Ce n'est pas
tout ou rien. Si une municipalité a le temps d'ici le 31 mars 1986 de
réaliser 30%, 40%, 50%, ou 70% de son projet, elle
bénéficie de subventions augmentées. Donc, elle a
intérêt à commencer le plus tôt possible. Mais ce
n'est pas noir ou blanc, elle ne tombe pas à zéro de subventions
au 1er avril 1986. Même, il ne faut pas que le projet soit
nécessairement réalisé en totalité d'ici le 31 mars
1986 pour qu'elle bénéficie de 90%. Elle va
bénéficier de 90% de subventions sur les travaux
réalisés. Je pense que la plupart des municipalités le
savent et que cela leur donne aussi une marge de manoeuvre. Il ne faut pas
nécessairement que tout soit fait avant le 31 mars 1986.
M. Saintonge: Cela les oblige à commencer rapidement et
à prendre des décisions parfois rapides et elles ne sont
peut-être pas actuellement...
M. Marcoux: Si je me fie aux questions de la
députée de Chomedey en Chambre, c'est ce qu'elle souhaitait
depuis longtemps.
M. Saintonge: Ah oui, mais il faut tout de même permettre
aux municipalités de prendre des décisions dans des cadres
informés, si on veut. L'autre problème c'est que si on arrive
avec des concepts quelconques au niveau des firmes d'ingénierie au
Québec, avec les dangers que ce ne soit que de grosses firmes qui
puissent participer à ces travaux... Il est évident que les
municipalités et ceux qui vont être embarqués dans cela le
plus rapidement possible pourront bénéficier des services de ces
firmes mais, pour ceux qui vont être en attente, les travaux ne
fonctionneront pas et ils vont être obligés d'attendre d'avoir la
disponibilité des compétences professionnelles pour faire les
travaux en question. C'est un autre élément qui fait en sorte que
les municipalités font une espèce de course; premier
arrivé, premier servi. Le premier arrivé va
bénéficier des subventions pour plus de travaux effectués
avant mars 1986. Je voudrais m'assurer qu'on va tenter de vérifier pour
être sûr sur cela de suivre le dossier et que les
municipalités ne soient pas aux prises avec des décisions qu'on
puisse finalement leur imposer à cause d'un contexte de temps trop
court.
Un autre point, avant de tomber dans un problème précis,
qui touche plus d'un ministère, soit le ministère des Affaires
municipales et le ministère de l'Environnement, c'est le projet de
règlement de l'eau destinée à la consommation humaine.
C'est une question importante puisque actuellement il semble qu'au
ministère de l'Environnement on veut transférer aux
municipalités le dernier projet. Les dates - j'ai vu cela la semaine
dernière - ce n'est pas le 1er juin, mais je pense que cela va
être à compter du 1er janvier prochain que ce transfert
va s'effectuer, si je me souviens bien, au niveau d'une certaine partie des
analyses, et les autres analyses le seront le 1er juin 1985. Pour les analyses
physico-chimiques, ce sera au 1er juin 1985 et les autres analyses
générales le seront à partir du 1er janvier 1985, c'est
cela. Mais, dans tout ce dossier, ce qu'on disait tantôt au niveau de la
décentralisation des pouvoirs, cela paraît un cas patent où
le ministère de l'Environnement cède aux municipalités des
responsabilités qui étaient siennes en transférant la
facture sans contrepartie. On me dit que le coût de transfert de cette
responsabilité au niveau de l'analyse de l'eau destinée à
la consommation humaine c'est de l'ordre de 2 000 000 $. Quelle est la position
du ministre des Affaires municipales dans ce dossier, considérant que
c'est une décentralisation de responsabilités, à mon point
de vue, et qu'on transfère directement aux municipalités en leur
imposant la charge de ces analyses de coûts? Je comprends que
d'après le dernier projet on a diminué le nombre de tests,
etc., pour tenter de diminuer la facture; on parlait d'un montant de 2 D00 000
$ à 4 000 000 $ il y a quelques mois et maintenant on parle d'environ 2
000 000 $. Quelle est la l'attitude du ministre vis-à-vis de ce
problème particulier?
M. Marcoux: D'accord, le principe pour moi est très clair,
il ne faudrait pas que cela arrive trop souvent - qu'on transfère la
gestion de programmes ou de responsabilités aux municipalités et
qu'en même temps on ne transfère pas des montants d'argent
équivalents. Dans ce cas, je vais vous dire pourquoi je suis très
à l'aise pour soutenir la décision de mon collègue de
l'Environnement. Je pense que le ministère de l'Environnement a
montré une très grande ouverture d'esprit à toutes les
discussions qui ont eu lieu depuis la parution à la Gazette officielle
du projet de règlement. Il a été considérablement
assoupli pour tenir compte des représentations qui ont été
faites en particulier par l'Union des municipalités régionales de
comté, ce qui fait que le coût annuel, pour les
municipalités, est maintenant réduit à 1 200 000 $. Or,
depuis janvier 1984, à travers l'augmentation de 40% à 50% du
paiement des "en lieu" de taxe sur les écoles primaires et secondaires,
le gouvernement a transféré 17 500 000 $ de nouvelles ressources
financières aux municipalités.
Je sais que c'est une nouvelle responsabilité financière
pour les municipalités, 1 200 000 $. Par contre, le transfert de cette
responsabilité s'est fait au moment où on a ajouté, pour
tenir lieu de taxes 17 500 000 $ pour l'ensemble des municipalités du
Québec.
Je pense pouvoir dire que, même si les municipalités ne
sont probablement pas satisfaites de ce changement, elles seront
disposées à l'accepter compte tenu des améliorations
importantes qui ont été apportées par le ministère
de l'Environnement au projet de règlement et qui diminuent
considérablement les coûts qu'elles avaient prévu devoir
supporter.
M. Saintonge: M. le Président, je vais m'inscrire en faux
immédiatement contre ce que le ministre vient de me dire parce que lors
de la nouvelle Loi sur la fiscalité municipale - on en a parlé -
en 1979, c'était connu que le transfert était de 360 000 000 $ et
que c'est rendu à 400 000 000 $ maintenant, le transfert fiscal que le
gouvernement devait effectuer avec les "en lieu" de taxes, etc.; c'était
un montant important.
On vient dire aujourd'hui: On va donner une nouvelle
responsabilité aux municipalités avec le règlement de
l'eau destinée à la consommation humaine. C'est juste 1 200 000 $
qu'on transfère aux municipalités, ce n'est pas très
grave, c'était 2 000 000 $, plus que cela, on parlait de 4 000 000 $
à un moment donné et après cela c'est revenu à 2
000 000 $. Présentement, on me dit que c'est rendu à 1 200 000 $,
c'est un peu plus soulageant pour les municipalités, elles vont en avoir
moins à payer. On leur transfère une responsabilité mais
il faut dire dans quel cadre aussi.
Dans les analyses à effectuer, les municipalités ne
contrôlent rien. Elles ont juste l'obligation de faire le test suivant ce
que le gouvernement décide, avec les accréditations de
laboratoire que le gouvernement décide, elles n'ont rien à faire
dans la mise en oeuvre de ce programme. C'est tout fixé par le
gouvernement. La seule chose que les municipalités ont à faire,
elles ont la responsabilité de payer maintenant. C'est la seule chose
qu'elles ont.
On vient nous dire qu'on augmente de 17 500 000 $ les "en lieu" de
taxes, que les municipalités sont bien chanceuses, cela leur coûte
seulement 1 200 000 $. Je m'inscris en faux parce que l'engagement du
ministère était que ce transfert d'"en lieu" de taxes devait
avoir lieu. C'était prévu dans le temps et on s'était
engagé à cela dans le cadre de responsabilités qui
existaient à ce moment. Si on vient à transférer d'autres
responsabilités aux municipalités, c'est tout le problème
de la table Québec-municipalités sur la décentralisation
qui n'a pas eu lieu jusqu'à maintenant. Cela fait deux ans,
pratiquement, que le ministre Léonard l'a promis. Un des premiers
à l'annoncer avait été le ministre Gendron, lors de
l'ouverture du congrès de l'Union des municipalités du
Québec en 1982. Il avait reparlé de cette possibilité et
dit qu'à l'été 1983 le fameux congrès se tiendrait
mais que, tant que cela ne serait pas arrivé, tant qu'on n'aurait pas
discuté de la décentralisation des pouvoirs, il n'y aurait pas de
transfert de responsabilités et surtout pas de transfert fiscal aux
municipalités sur des problèmes de ce genre.
Là, le ministre vient me dire qu'il n'est pas convaincu que c'est
la bonne façon, qu'il souhaite que cela arrive le moins souvent
possible, qu'il n'est pas d'accord que cela arrive souvent, qu'il ne voudrait
que cela se reproduise, qu'il est sceptique là-dessus. Nous aussi, nous
le sommes, mais qu'on ne vienne pas me dire, par exemple, que les
municipalités doivent se considérer chanceuses parce qu'elles ont
obtenu 17 500 000 $. Je pense que cela ne peut pas fonctionner
là-dessus. Je pense qu'il est grand temps que le ministre mette en
oeuvre la table Québec-municipalités sur la
décentralisation avant de transférer d'autres pouvoirs de ce
genre. En tout cas, à ce niveau, je ne considère pas
normal...
M. Marcoux: M. le député de Laprairie, vous
avez...
M. Saintonge: ...qu'on donne finalement comme réponse...
Je comprends que cela coûte plus cher aux municipalités, mais on
leur transfère 17 500 000 $. Les 17 500 000 $ sur les "en lieu" de
taxes, c'est le montant réel, cette année, avec l'augmentation de
40% à 50% qui s'ensuit, mais le gouvernement s'était
engagé à donner ce montant en 1979, ainsi que le ministre
Parizeau au début de mars 1981. J'ai cité ses propos la semaine
dernière.
M. Marcoux: On aura l'occasion d'en parler à nouveau
tantôt. Vous avez résumé ce que j'ai dit en tirant un peu
la couverte. Je l'ai dit au point de départ, il ne faudrait pas que cela
arrive trop souvent. Je pense que j'ai été clair, sauf que, dans
ce cas, j'ai eu des discussions avec l'Union des municipalités du
Québec ainsi qu'avec l'Union des municipalités régionales
de comté. On en a parlé. Tout le monde reconnaît que le
ministère de l'Environnement a manifesté une très grande
ouverture d'esprit à la suite de la publication du projet de
règlement sur les tests de l'eau, le règlement concernant l'eau
potable, dans la Gazette officielle. Les gens sont satisfaits du projet de
règlement discuté, tel que modifié.
Quant à la facture ou aux coûts, il y a deux choses. Il y a
le principe et le cas particulier. Le principe, je le reconnais -mes
collègues l'ont déjà donné - c'est qu'à tout
nouveau transfert de tâches ou de responsabilités doit
correspondre une enveloppe financière équivalente. Dans ce cas,
après discussion avec mes partenaires du monde municipal, on a dit:
Soyons de bon compte. C'est peut-être une façon de résumer
cela. D'accord, il y a une facture supplémentaire de 1 200 000 $, mais,
en janvier, le gouvernement, par ses "en lieu" de taxes, accordera quand
même 17 500 000 $ de plus de rentrées fiscales à vos
municipalités. Au moment - je vais ajouter une seule phrase, parce que
je sais qu'on va y revenir longuement cet après-midi ou ce soir -
où les déficits du gouvernement augmentent mais où, par
ailleurs, les surplus accumulés des municipalités sont
passés de 150 000 000 $ à 350 000 000 $, en quatre ans, où
le taux d'endettement des municipalités est passé de 5,75%
à 4,95%, c'est-à-dire une baisse d'à peu près 16%
du taux d'endettement des municipalités, au moment où le service
de la dette des budgets municipaux est passé de 25% à 22%, au
moment où, après avoir augmenté leurs dépenses de
58% dans les trois ou quatre dernières années, elles ont
augmenté leurs revenus de 19%, je pense que tout le monde admettra que
la situation des municipalités est meilleure et que, dans ce contexte,
le règlement concernant l'eau potable est plus acceptable.
M. Saintonge: En tout cas, je...
M. Tremblay: Je ne voudrais pas faire un chiard, mais il me
semble que vous abusez de notre tolérance.
M. Saintonge: Le président me dira si vous avez de la
tolérance. Il y a des questions importantes concernant le monde
municipal qui ne dépendent pas des programmes directs du
ministère, mais qui relèvent du ministère des Affaires
municipales et d'autres ministères. Il m'apparait essentiel de discuter
de ces problèmes avec le ministre.
M. Tremblay: M. le député, ce n'est pas cela...
Le Président (M. Fallu): Si vous permettez, je n'ai pas
pour le moment...
M. Tremblay: Vous avez un droit de parole de 20 minutes et vous
êtes rendu à 60 minutes. On n'a pas dit un mot. À un moment
donné, il faudrait être raisonnable.
Le Président (M. Fallu): Si vous permettez, M. le
député de Chambly, il arrive que ma liste d'intervenants est tout
à fait vierge. Donc, si quelqu'un veut demander la parole...
M. Rochefort: J'en appelle au règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefortî J'ai des questions à poser au ministre
et je suis certain que mes collègues en ont.
Le Président (M. Fallu): Un débat
préliminaire ou...
M. Rochefort: II s'agit de questions qui portent sur des
programmes et des éléments précis.
Le Président (M. Fallu): D'accord.
M. Rochefort: C'est pour cela qu'on est réuni ici
aujourd'hui. Je n'ai pas voulu inscrire ma demande de droit de parole, parce
que je considérais qu'on en était toujours à des
discussions préliminaires. Je souhaite qu'au minimum, cet
après-midi, on aura terminé afin de pouvoir aborder les
programmes et les éléments. J'imagine qu'il y a des choses
soulevées par le député de Laprairie dans ses questions
préliminaires qui pourraient être abordées à
l'étude des
programmes. Cela permet une meilleure dynamique de discussion. (12 h
15)
Le Président (M. Fallu): Est-ce qu'on pourrait avoir, de
la part du député de Laprairie, une indication?
M. Saintonge: Oui, j'achève, M. le Président...
Le Président (M. Fallu): Oui. M. Saintonge: ...mes
questions.
Le Président (M. Fallu): Bon. Alors on fait...
M. Saintonge: J'avais d'ailleurs annoncé, la semaine
dernière, que j'avais des questions au niveau du concept clé en
main et du contrôle de l'eau potable. C'est ce que j'ai fait ce matin.
J'ai donné aussi d'autres questions au ministre sur les interventions
qu'il avait faites et qui ont amené certaines questions précises.
Mais je pense que ce sont des programmes, dans ce cadre-là, c'est pour
un transfert de 1 200 000 $ aux municipalités...
Le Président (M. Fallu): On ne vous demande pas de
justifier puisqu'il s'agit d'une question de règlement.
M. Rochefort: On vous a dit que, lorsque l'on va aborder les
programmes et les éléments, on aura des questions et on a
hâte de le faire, soit dès cet après-midi.
Le Président (M. Fallu): Bon. M. Saintonge: Bon,
d'accord.
M. Tremblay: Ce n'est pas parce que vous les annoncez d'avance
que vous avez le droit...
M. Saintonge: Vous demandez la parole, M. le
député?
M. Tremblay: Oui, bien oui.
M. Saintonge: Allez-y.
Le Président (M. Fallu): Bon, allez.
M. Saintonge: Posez la question.
M. Tremblay: Sur une question de règlement.
M. Saintonge: Posez les questions.
M. Tremblay: Ce n'est pas parce que vous les annoncez d'avance
que vous avez le droit d'abuser de notre tolérance.
Le Président (M. Fallu): Bon. Le message étant
fait, le député de Laprairie nous ayant annoncé qu'il
achève...
M. Saintonge: Le député de Chambly a la
tolérance faible, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): ...ses questions, nous
appellerons bientôt...
Une voix: Les questions sont très sérieuses, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): S'il vous plaît! Les
questions de règlement sont terminées. Nous appellerons
bientôt les premiers programmes.
M. Saintonge: D'accord, M. le Président. Je fais juste
constater que le député de Chambly a la tolérance bien
faible.
Le Président (M. Fallu): Je vous demanderais de ne pas
faire de telles constatations mais plutôt d'intervenir sur les remarques
préliminaires.
M. Saintonge: Simplement, M. le ministre, pour clore le
débat sur la question du contrôle de l'eau, les
représentations que j'avais du monde municipal, des deux unions,
là-dessus vous me dites que, aujourd'hui, les unions semblent accepter
le règlement. Je n'ai pas pu vérifier cet élément
dans mes derniers contacts avec les unions des municipalités et des
municipalités régionales de comté; je le
vérifierai. Mais, à ma connaissance, même la semaine
dernière, on n'était pas en accord avec ce règlement;
deuxièmement, la nouvelle disposition du dernier règlement, quand
j'en ai pris connaissance, il y avait une des deux unions qui n'avait pas eu
connaissance de ce règlement jusqu'à ce jour. Alors, je
vérifierai. J'imagine que le ministre, après ses discussions de
jeudi dernier avec le monde municipal, est plus au courant que moi
là-dessus.
J'aurais quelques questions, avant d'arriver au programme 1, concernant
les documents qui nous ont été transmis par le
ministère.
M. Marcoux: Juste sur un point. Je ne pense pas que ce que vous
dites et ce que j'ai dit se contredisent sur la réaction des deux unions
concernant le Tèglement sur l'eau potable. Quand j'ai dit aux
municipalités: Soyons de bon compte, elles ont dit: Dans le fond,
d'accord, soyons de bon compte. Je ne demanderai pas - parce que je serais
d'accord avec elles - à l'Union des municipalités du
Québec: Votez une résolution disant que, en principe, vous
êtes d'accord pour payer ces 1 200 0000 $.
M. Saintonge: D'accord.
Le Président (M. Fallu): La parole est à vous, M.
le député de Laprairie.
Personnel du cabinet et autres sujets
M. Saintonge: Sur les documents qui nous ont été
transmis, avant l'étude des crédits, il y avait la liste des
employés du cabinet du ministre. On écrit: Excluant les agents de
bureau, dactylos et secrétaires, réceptionnistes et
téléphonistes, en date du 1er janvier 1983. On avait certains
noms. Et, au 31 mars 1984, on modifie. Dans la liste d'employés du
cabinet du ministre, là où antérieurement on avait huit
personnes, au 31 mars on retrouve trois personnes. Est-ce que la liste, au 31
mars, est complète, ou si elle a été modifée, ou si
des ajouts se font?
M. Marcoux: Au 31 mars 1984?
M. Saintonge: Oui. Vous aviez, comme directeur de cabinet, M.
Berthier Landry...
M. Marcoux: Oui, il est dans...
M. Saintonge: ...et deux attachés politiques.
M. Marcoux: Un instant. C'est parce que c'est en mutation. La
liste n'est pas complète. Mon chef de cabinet, qui est à ma
gauche ici, est Berthier Landry; comme agent de liaison, attaché
politique, Mariette Bellavance; Jean Fournier, attaché politique. Disons
qu'il y a un autre attaché politique qui est engagé, qui va
rentrer en fonction dans une dizaine de jours. Pour les autres... C'est parce
que j'ai deux cabinets, alors mon attaché de presse est à la fois
attaché de presse aux Travaux publics et aux Affaires municipales.
M. Saintonge: À ce moment-là, est-ce que votre
budget aux Affaires municipales est amputé d'un certain montant pour
couvrir...
M. Marcoux: II n'est pas amputé mais, ordinairement, je
l'utilise.
M. Saintonge: Je veux dire séparé.
M. Marcoux: Je n'ai jamais utilisé mes enveloppes de
cabinet au complet. Mes attachés politiques me trouvent radin de ce
côté-là.
M. Saintonge: Ah bon! Je comprends. Disons que le seul ajustement
que vous faites, c'est que vous ajoutez un attaché politique à
votre personnel.
M. Marcoux: Oui. Normalement, aux
Affaires municipales, j'aurai un directeur de cabinet et trois
attachés politiques.
M. Saintonge: Est-ce qu'on pourrait avoir le salaire de ce
troisième attaché politique ou nous faire parvenir la liste
complète, à ce moment-là?
M. Marcoux: Oui, quand il arrivera...
M. Saintonge: On pourrait avoir la liste complète,
à la fin d'avril, du personnel politique du cabinet du ministre?
M. Marcoux: La liste complète ce sera cela, il va y avoir
un attaché politique de plus, plus évidemment le personnel de
soutien.
M. Saintonge: Est-ce qu'on peut compter que ce document nous soit
transmis?
M. Marcoux: Pas de problème.
M. Saintonge: Je vous remercie. Dans la liste des employés
de la suite sous-ministérielle, entre le 1er janvier 1983 et le 31 mars
1984, on a deux sous-ministres adjoints de plus. Est-ce que je peux avoir une
information concernant l'ajout de deux sous-ministres au cabinet en cours de
route?
M. Marcoux: II y avait deux postes vacants de sous-ministre parce
que Jean-Louis Lapointe et Michel Lucier avaient quitté le
ministère des Affaires municipales et les deux nouveaux sous-ministres
sont M. Arsenault et M. Florent Gagné, qui ont remplacé
après le 1er janvier 1983.
M. Saintonge: Le 23 février 1983 est la date
d'entrée en fonction comme sous-ministres?
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: D'accord. Est-ce que la liste au 31 mars 1984
comprend tout votre personnel d'employés de la suite
sous-ministérielle actuellement?
M. Marcoux: Un instant.
M. Saintonge: M. Kenniff n'est plus là.
M. Marcoux: II est entré au mois d'avril 1984 seulement.
Il y a M. Laliberté qui est encore là jusqu'au mois de juillet
mais qui a été nommé membre de la Commission municipale,
donc qui ne sera pas sur cette liste l'an prochain. Pour les autres, il n'y a
pas de changement.
M. Saintonge: M. O'Bready prend la place de M. Kenniff à
ce moment-là.
M. Marcoux: C'est cela. Il est entré en fonction lundi
passé.
M. Saintonge: Question perspicace, est-ce qu'il est au même
traitement?
M. Marcoux: II faudrait que je fasse sortir le contrat.
Même traitement.
M. Saintonge: Merci. Il nous est aussi parvenu une liste des
contrats de services professionnels inférieurs à 25 000 $
octroyés à des professionnels. Dans cette liste, question de
compléter le document en question, il appert qu'il y a trois postes
où le contrat n'indique pas de montants chiffrés. Est-ce qu'il y
aurait possibilité d'avoir des informations supplémentaires
là-dessus?
M. Marcoux: En ce qui concerne M. O'Bready, je lui ai
demandé de raccourcir ses vacances pour rentrer trois jours plus
tôt au ministère. J'avais hâte qu'il entre.
M. Saintonge: M. le ministre, ce n'est pas que je doute de cela.
Je sais que M. O'Bready... J'avais eu l'information par M. Kenniff même,
que j'avais rencontré à l'occasion d'un cocktail. Il me disait
qu'il avait eu des réunions avec M. O'Bready - et je comprends fort bien
le problème - pour entrer en fonction le 1er avril.
M. Marcoux: On ne voulait pas modifier le contrat et on a fait un
contrat spécifique pour trois jours. En ce qui concerne M. Gilles
Boutin...
M. Saintonge: M. le ministre, je vous demanderais simplement s'il
y a possibilité de compléter...
M. Marcoux: Si je pourrais transmettre les montants. D'accord. Si
c'est possible et si on les a.
M. Saintonge: C'est tout simplement pour compléter le
document.
M. Marcoux: On m'indique que le coût réel des
contrats n'est pas terminé. Le contrat a été signé
mais les dépenses n'étaient pas effectuées.
M. Saintonge: Est-ce qu'il y a moyen de savoir le coût du
contrat?
M. Marcoux: Quand ils seront terminés on vous les fera
parvenir.
M. Saintonge: D'accord. On voudrait avoir au moins le coût
du contrat quand les dépenses seront effectuées.
M. Marcoux: Gilles Boutin, maximum 2000 $. Pour M. O'Bready,
c'est environ 800 $. En tout cas, c'est inférieur à 25 000 $.
M. Saintonge: C'est simplement pour compléter le document.
Ma question était dans le but de compléter un tel document.
M. Marcoux: Oui, oui. C'est encourageant, cela prouve que
l'Opposition lit les documents qu'on lui fait parvenir.
M. Saintonge: Maintenant, M. le ministre, j'aurais une autre
question, toujours dans les réponses aux renseignements demandés
par l'Opposition. Dans les publications régulières du
ministère et des organismes, sociétés, régies,
commissions attachés au ministère, on parle du rapport annuel du
ministère en 1981-1982; ce dernier, nous l'avons reçu mais celui
de 1982-1983, je pense que nous ne l'avons pas encore reçu. Est-ce qu'on
peut m'indiquer dans quel délai nous pourrions recevoir ce rapport?
Finalement, c'est un rapport qui est attendu depuis plus d'un an.
M. Marcoux: Dans les meilleurs délais.
M. Saintonge: Cela me paraît... C'est une belle
réponse! Mais, à des fins d'efficacité, si on
reçoit cela deux ans après...
M. Marcoux: Non, j'ai deux gros problèmes.
M. Saintonge: ...ce n'est pas tellement...
M. Marcoux: J'ai deux dossiers à régler au
ministère: le projet de loi 38, d'ici le 23 juin, et le rapport annuel
du ministère, d'ici la fin juin, M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: D'ici la fin juin, d'accord. Est-ce que le ministre
peut me dire - je n'ai pas la pratique administrative de gérer un
ministère - ce qui fait que c'est si long avant d'avoir un rapport?
Là, cela fait pratiquement un an et quatre mois depuis la fin de
l'excercice financier.
M. Marcoux: Ah, je vais répondre. L'absence d'un directeur
permanent pendant près de deux ans au service des communications et la
très forte mobilité du personnel expliquent le retard du rapport
annuel. Évidemment, cela ne rentre probablement pas dans les
priorités de la Direction des communications - et je les comprends - de
produire le rapport annuel parmi d'autres opérations de communication,
le programme PRIME, le programme de création d'emplois et tous les
autres programmes du ministère. Et le premier service est aux
municipalités!
M. Saintonge: En tout cas, tout ce que je peux souhaiter, c'est
que les éventuels rapports annuels du ministère pourront nous
être transmis dans des délais plus courts.
M. Marcoux: Vous serez d'accord avec moi que la priorité
est, d'abord, la communication avec les municipalités et que la parution
du rapport annuel est quand même une priorité moindre parmi les
autres priorités de la Direction des communications.
M. Saintonge: Je ne suis pas à même d'établir
les priorités de la Direction des communications. Je pense que c'est
à eux de le faire. Mais, comme critique aux Affaires municipales,
j'aimerais bien avoir le rapport annuel du ministère dans les meilleurs
délais.
M. Marcoux: D'accord.
M. Tremblay: Simplement comme député, je trouve que
vous avez raison.
M. Saintonge: Maintenant, M. le ministre, au niveau de la revue
Municipalités...
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: ...au point d, dans le même document,
à la page 2, on écrit: coût estimé à 102
767,50 $, incluant les frais reliés à l'impression, la
distribution, la composition et aux travaux de révision grammaticale et
de rédaction de textes; en date du 20 mars 1984, les dépenses
réelles s'élèvent à 64 995,39 $. La
différence entre les deux montants m'apparaît assez grande.
Qu'est-ce qui justifie une telle différence par rapport aux estimations
prévues?
M. Marcoux: C'est parce qu'il y a encore des factures qui ne sont
pas rentrées; alors, il y a des paiements qui vont être
échelonnés jusqu'à la fin d'avril. Ce sera certainement
plus élevé que 64 000 $, mais on ne sait pas si on se rendra
à 102 000 $. On ne les dépassera sûrement pas. Alors, c'est
au niveau du paiement qu'il y a des délais. Ce n'est pas parce que le
gouvernement est en retard pour payer, c'est parce qu'on n'a pas encore
reçu la facture.
M. Saintonge: Oui, mais la facture, c'est parce que la
différence...
M. Marcoux: Vous les voulez, les factures!
M. Saintonge: ...m'apparaissait assez importante par rapport au
20 mars. On avait presque 45% du montant qui restaient à venir. Est-ce
que vous allez périmer des crédits là-dedans?
M. Marcoux: II y aura certainement des crédits
périmés à ce poste budgétaire.
M. Saintonge: À l'élément 6,
Publicité, les sommes dépensées en 1983-1984: 526 162,82
$. Est-ce que vous...
M. Marcoux: Vous voulez avoir la description...
M. Saintonge: C'est la liste. Si vous ne l'avez pas ici,
j'aimerais, si c'est possible, qu'on la reçoive
éventuellement.
M. Marcoux: On a une liste. On va vous la remettre.
Le Président (M. Fallu): Nous allons donc suspendre nos
travaux.
M. Marcoux: Nous ne vous la remettrons pas tout de suite, mais,
normalement, on va vous la donner aujourd'hui.
Le Président (M. Fallu): MM. le membres de la commission,
nous devons suspendre nos travaux à l'instant. Nous nous donnons
rendez-vous après la période des questions.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise de la séance à 15 h 42)
Le Président (M. Fallu): II est 15 h 42, nous reprenons
nos travaux. Nous en sommes toujours aux remarques préliminaires. Il
semble toutefois, selon les indications que nos collègues nous donnent,
que nous pourrons très bientôt appeler un programme. M. le
député de Gouin, vous avez une remarque?
M. Rochefort: Oui, M. le Président, j'ai une remarque sur
l'affirmation que vous venez de faire que nous en étions toujours
à l'étape des remarques préliminaires. Je crois qu'on
devrait s'entendre pour dire que les quatre ou cinq dernières questions
du député de Laprairie, ce matin, n'étaient plus du bloc
de celles qu'on pose normalement aux remarques préliminaires puisqu'il y
avait des questions qui concernaient directement la Direction des
communications du ministère, la liste de paie, le personnel de la suite
sous-ministérielle du cabinet du ministre. Ce sont tous des sujets que
l'on retrouve dans les éléments des programmes du
ministère des Affaires municipales. J'étais bien d'accord pour
être large, flexible, tolérant, pour les remarques et les
discussions préliminaires mais, si on fait une deuxième
étape pour l'étude de crédits en recourant à des
interventions dispersées, je vais
m'inscrire pour parler parce que, moi aussi, j'ai des questions à
poser.
Le Président (M. Fallu): Bon, le message est donc
passé.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, ce n'était pas
un message. Nous ne sommes pas ici à la télévision. C'est
une demande, un rappel au règlement.
Le Président (M. Fallu): Enfin, si ce n'est pas un
message, c'est donc un rappel au règlement, je veux bien, mais en
sachant toutefois que, par un débat privé, le
député de Laprairie n'aurait plus qu'une ou deux questions
très brèves à poser après lesquelles nous pourrions
appeler un premier programme.
Est-ce que je...
M. Rochefort: M. le Président, c'est la plus belle des
vertus, lorsqu'elle a des limites.
Une voix: Excellent message!
M. Rochefort: S'il s'agit du même ordre de questions que ce
matin, le député peut très bien les garder en note - sa
recherchiste peut le faire pour lui, s'il ne peut pas le faire - et il les
posera lorsqu'on sera arrivé au bon programme, au bon
élément.
J'avais compris, M. le Président, qu'on reprenait cet
après-midi, avec la participation de notre collègue et bon ami,
le député de Westmount, au programme 3.
Le Président (M. Fallu): C'est d'ailleurs ce que je
souhaitais comme animateur des travaux qu'on puisse le faire déjà
cet avant-midi.
M. Rochefort: Moi, c'est ce que j'avais compris.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Je voudrais juste mentionner un détail par
rapport à ce que je fais actuellement. Jusqu'à maintenant, c'est
la troisième année que je fais des crédits, on a toujours
procédé de la même façon et, avec les renseignements
obtenus en réponse à nos questions, on vide cela avant d'entamer
chacun des programmes. Or, c'est ce que je fais et il me restait deux questions
à poser là-dessus.
M. Rochefort: Vous prétendez faire comme par les
années passées?
M. Saintonge: Sûrement.
Le Président (M. Fallu): Est-ce qu'on peut user de
tolérance? Il reste au député deux questions et, ensuite,
on appellera d'office un programme.
M. le député de Laprairie, vos deux questions.
Publicité
M. Saintonge: J'en suis à la publicité à
l'élément 6 - pas à l'élément, mais au point
6 - concernant la publicité. J'avais demandé ce matin en tout
premier lieu la liste des déboursés pour l'année
1983-1984, qui s'établissaient à 245 947,19 $. Le ministre m'a
dit qu'il me ferait parvenir cette liste éventuellement. L'autre
élément, en 1984-1985, ce sont des projets estimés
à 160 000 $. Ces estimations sont-elles connues ou avez-vous une liste
de ces projets estimés?
M. Marcoux: En tout cas, je peux vous énumérer les
projets pour les 160 000 $ de cette année. Le premier point est pour
l'annonce des audiences publiques de la Commission municipale, lorsqu'elle en
tient, pour 6000 $, la publication d'avis publics concernant les
municipalités régionales de comté pour 9000 $; les
renseignements concernant les services offerts aux clients du ministère;
avec l'objectif de mieux faire connaître les rôles du
ministère et de ses bureaux régionaux, pour 15 000 $; il y a la
poursuite de la sensibilisation des citoyens à l'exercice de la
démocratie municipale, 100 000 $; la campagne annuelle se fera à
l'automne. Pour la poursuite des mises en garde contre les risques d'incendie
et leurs méfaits, c'est 30 000 $.
M. Saintonge: Merci, M. le ministre. Au même sujet, la
publicité de la Société d'aménagement de
l'Outaouais, en 1983-1984, les déboursés en publicité et
en activités de promotion sont estimés à 277 125 $. En
1984-1985, des crédits de l'ordre de 325 000 $ sont prévus
à cette fin. Cela m'apparaît une augmentation assez importante.
Qu'est-ce qui justifie, premièrement, de tels déboursés en
publicité et en activités de promotion? Comment explique-t-on
l'augmentation en question?
L'autre question, est-ce que ce montant, j'imagine, est compris dans le
budget global de la SAO de...
M. Marcoux: Bien sûr.
M. Saintonge: ...5 000 000 $?
M. Marcoux: Oui.
Le Président (M. Fallu): Les données n'étant
pas immédiatement disponibles, est-ce qu'on pourrait renvoyer cette
question soit
au programme 7, sur la société d'aménagement, ou au
programme 4, Administration générale? Ceci permettrait aux
fonctionnaires du ministère du préparer techniquement les
éléments de réponse.
M. Saintonge: Oui, d'accord.
M. Marcoux: Pour l'année dernière, cela peut vous
donner un ordre de... Un instant! D'accord. Le secteur de l'industrie et du
commerce: 190 000 $ en publicité et en promotion. Le secteur du
tourisme: 42 000 $. Le secteur des communications: 50 000 $. Le secteur des
parcs et des centres touristiques: 45 000 $. Il a été
prévu, en somme, 327 000 $ pour les campagnes de publicité et de
promotion. Vous savez que la Société d'aménagement de
l'Outaouais a la responsabilité de gérer les parcs, de s'occuper
de promotion industrielle, commerciale et touristique. Alors, c'est sur ces
secteurs qu'elle met l'accent, le principal secteur étant, à 190
000 $ sur 327 000 $, celui de l'industrie et du commerce.
M. Saintonge: L'augmentation se situe-t-elle à ce
niveau?
M. Marcoux: Je peux vous donner le détail - j'ai tout le
détail ici - pour 190 000 $. Promotion de la campagne d'achat Outaouais:
59 000 $; c'est détaillé en sous-titres. Développement et
stimulation de l'entrepreneurship: 25 000 $. Promotion et publicité
interne: 13 000 $. Promotion externe: 76 000 $. Instruments de promotion
externe: 16 500 $ - tout cela est détaillé à environ 30
rubriques pour 190 000 $ Promotion interne et développement de
l'entrepreneurship: 18 000 $; c'est dans le secteur des transports et
communications, le secteur du tourisme. Promotion externe et prospection
d'investisseurs: 21 000 $.
Instruments de promotion, alors, ce sont des projets de publicité
et de promotion touristique, industrielle et commerciale.
M. Saintonge: Y aurait-il possibilité que le ministre nous
fasse parvenir copie de ces données?
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: La question que je me posais concerne ces
dépenses en publicité et ces activités de promotion pour
l'Outaouais et pour la SAO par rapport à ce qui peut se faire dans
d'autres régions du Québec. On a un budget précis et
détaillé. Par rapport aux autres régions du Québec,
on n'a pas une telle société. Le ministère
dépense-t-il des montants analogues, en contrepartie, dans d'autres
régions du Québec?
M. Marcoux: Pas du tout parce que, dans les autres régions
du Québec, cela fonctionne autrement. Vous connaissez les fins en gros
de la Société d'aménagement de l'Outaouais, qui sont des
fins de promotion touristique, de gestion de certains parcs, de promotion
industrielle, commerciale, alors que, dans les autres régions, ce sont
les commissariats industriels, pour l'essentiel, qui sont rattachés
à des corporations de développement économique qui
dépendent des villes ou qui dépendent de plusieurs
municipalités. Ce sont ces corporations qui sont chargées de la
promotion industrielle et commerciale. Au niveau de la promotion touristique,
vous avez les associations touristiques dans les régions, qui sont
chargées de développer la publicité coopérative;
chaque fois que les entreprises du secteur privé donnent deux dollars,
le ministère de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ajoute un
dollar. Dans les autres régions du Québec, c'est par d'autres
méthodes et par d'autres façons que l'on fait la publicité
ou la promotion à des fins industrielles, commerciales et touristiques.
Vous avez le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui,
grâce à sa documentation pour l'ensemble du Québec, la
promotion publicitaire, fait sa publicité. La Société de
l'aménagement de l'Outaouais a vraiment une structure unique au
Québec pour une région spéciale.
M. Saintonge: D'accord, M. le ministre. Maintenant, au 7e point,
j'ai une question concernant les sondages effectués par le
ministère ou à sa demande depuis le premier janvier 1983 au
niveau des coûts. On parle des frais engendrés par les envois
postaux, qui sont estimés à près de 1500 $. Les
coûts se résument au temps consacré par le personnel
interne du ministère à la conception et à la
réalisation de ces sondages. Est-ce qu'on peut chiffrer ces coûts
pour le traitement ou le salaire engendré par de tels sondages?
M. Marcoux: II y a 73 jours-personnes qui sont divisés par
5, cela fait environ deux mois et demi de travail, le tiers est composé
d'employés professionnels. C'est à peu près le quart du
salaire d'un professionnel pour une année. Je pense que, dans le fond,
c'est marginal, d'autant plus que ce sont les employés du
ministère, c'est sur leur temps régulier. Ce que je note, c'est
qu'il n'y a pas eu de frais externes sauf de Postes Canada.
M. Saintonge: D'accord. Cela complète mes questions sur
les documents transmis pour l'étude des crédits.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que je dois constater
qu'il n'y a plus d'autres remarques préliminaires et que nous
pouvons
enfin appeler un programme? Est-ce que quelqu'un aurait une motion
à faire pour l'ordre de l'étude des programmes? M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Je suggérerais, M. le Président, si
c'est possible, qu'on commence par le programme 3. Finalement, puisqu'on a
à adopter tous les programmes, et considérant la limite de temps
qu'on peut avoir si des personnes ont des questions particulières
à poser à certains programmes, je voudrais commencer par le
programme 3 afin de permettre à mon confrère de Westmount, qui
est ici et qui doit s'absenter pour participer à d'autres commissions,
de discuter sur ce sujet qui l'intéresse et qu'on avait d'ailleurs
soulevé aux crédits provisoires, antérieurement. De toute
façon, je suggérerais également que, pour l'adoption comme
telle de chacun des programmes, on la fasse à la toute fin des travaux.
On s'allouera une période de dix minutes pour adopter tous les
programmes.
Le Président (M. Fallu): Bon, j'aimerais saisir. Si nous
commençons par le programme 3, nous adopterions le programme 3,
élément par élément. Mais, par la suite, il vous
faudrait appeler un programme ou l'autre pour que nous ayons devant nous une
motion qui nous permette de débattre, d'interroger. Est-ce que, par la
suite, nous entreprendrions le programme 1?
M. Saintonge: Le programme 1, par exemple.
Le Président (M. Fallu): Je désirerais les appeler
programme par programme pour permettre... À moins qu'on développe
un comité plénier et qu'on revienne à des questions de
type préliminaire, où tout le monde parle de tous les programmes
à la fois.
M. Saintonge: Non, non, ma proposition n'est pas dans ce
sens-là. C'est qu'on puisse appeler, par exemple, le programme 3...
Le Président (M. Fallu): Le programme 3.
M. Saintonge: On pourrait poser une question concernant les
éléments qu'on juge essentiels dans le programme 3...
Le Président (M. Fallu): L'adopter. M. Saintonge:
L'adopter ou le laisser... Le Président (M. Fallu):Le
suspendre.
M. Saintonge: ...quand on n'aura plus de questions, le suspendre,
aller au programme 1 et, à la fin, tout reprendre, programme par
programme, et adopter tous les crédits.
Le Président (M. Fallu): Je veux bien. En termes
d'organisation de nos travaux, il faudra qu'à un moment donné,
après le programme 3, on appelle le programme 1, ensuite le programme 2,
et ensuite le...
M. Saintonge: On suspendra le programme 3 et on prendra le
programme 1, on le suspendra et on appellera le programme 2...
Le Président (M. Fallu): Bon, je veux bien.
M. Saintonge: ...de sorte que si, sur certains points... La
question est la suivante: c'est qu'au cours des débats, on peut oublier
des points, on peut laisser tomber des points pour tenter d'aller à
d'autres points qui m'apparaissent essentiels dans d'autres programmes. S'il
restait du temps à la fin, on pourra reprendre un point, par exemple,
dans le programme 1, si on l'a suspendu, ou dans le programme 3, si je peux y
revenir.
Le Président (M. Fallu): À propos de l'ordre de
l'étude des programmes, est-ce qu'il y a d'autres suggestions qui
pourraient entrer dans cette motion?
M. Tremblay: M. le Président, je suis bien d'accord si le
député de Laprairie veut qu'on appelle d'abord le programme 3. Je
n'ai pas d'objection du tout. Mais, ensuite, qu'on passe les programmes 1, 2,
4, 5, 6 et ainsi de suite.
Une voix: Oui, oui.
Le Président (M. Fallu): Parfait. Donc, cette motion est
adoptée à l'unanimité. J'appelle donc le programme... Je
rappellerai aux membres de la commission que nous avons en tout des
crédits de l'ordre de 455 654 800 $ à adopter, que le programme 3
comporte des crédits de l'ordre de 313 112 100 $, c'est-à-dire
que c'est un des plus importants. C'est même le plus important de tous
les programmes que nous avons à adopter. Il porte sur
l'évaluation foncière et il a lui-même cinq
éléments: normalisation et aide technique; compensation tenant
lieu de taxes à l'égard des immeubles du gouvernement;
compensation tenant lieu de taxes sur les immeubles des réseaux des
affaires sociales et de l'éducation; compensation de l'effet de
plafonnement des taxes foncières sur les terres agricoles et, enfin, les
services quasi judiciaires en évaluation foncière,
c'est-à-dire le Bureau de révision de l'évaluation
foncière.
Quelqu'un demande-t-il la parole?
Bureau de révision de l'évaluation
foncière
M. Saintonge: Oui, M. le Président. Si vous n'avez pas
d'objection, je voudrais commencer par l'élément 5 concernant le
BREF, soit les services quasi judiciaires en évaluation foncière
ou le Bureau de révision de l'évaluation foncière.
Le Président (M. Fallu): Y a-t-il consentement pour qu'on
commence par l'élément 5 du programme 3? Donc, il y a
consentement? Qui veut intervenir?
M. Saintonge: M. le Président.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: D'accord. Je remarque à
l'élément 5 qu'effectivement on a une augmentation de 4,7% de ce
programme au départ et que l'élément 5 représente
2,7% du budget total de l'ensemble du programme 3 qui, effectivement, comme le
député de Groulx le soulignait, le président, ce programme
3, l'évaluation foncière, représente quand même
68,7% de l'ensemble des crédits.
Au niveau du Bureau de révision de l'évaluation
foncière, j'aurais une question à poser au ministre. Lors des
études des crédits provisoires, le 22 mars dernier, on a
discuté du problème engendré par le fait qu'au niveau du
Bureau de révision de l'évaluation foncière plusieurs
plaintes étaient en suspens. Entre autres, on a mentionné, selon
les informations qu'on pouvait recueillir dans les articles, soit dans Urba ou
même dans le journal La Presse, je pense, et dans Municipalités
également, qu'il semblerait que, sur les trois dernières
années, aucune plainte supérieure à 250 000 $ n'avait
été entendue au BREF. En fin de compte, cela représentait
un recul ou un retard de 13 500 plaintes: 10 000 plaintes pour la région
de Montréal et 3500 plaintes pour la région de Québec.
À l'époque, le ministre nous avait mentionné qu'il tentait
de faire les vérifications nécessaires pour nous informer
exactement de la situation concernant ce retard dans les plaintes
supérieures à 250 000 $.
M. French: Si je pouvais ajouter... Le Président (M.
Fallu): Oui...
M. French: Je voudrais seulement signaler pour le ministre que ce
n'est pas par hasard que cette catégorie de plaintes est en retard.
C'est parce qu'il y a une décision prise, paraît-il au niveau du
BREF, que les évaluations de ce niveau passaient après les autres
pour fins de révision, si j'ai bien compris. J'aimerais bien être
corrigé, mais c'est ce qu'on a pu lire dans Urba, publié par
l'Union des municipalités du Québec.
Or, à cette occasion, je soumettais - et je pense que le ministre
était d'accord - que soit on a un droit d'appel, que soit on n'en a pas
et que ce genre de réglementation informelle me semblait hautement
injuste par rapport aux propriétaires de maisons qui tombaient dans la
catégorie en question. (16 heures)
M. Marcoux: II est vrai que le BREF, le Bureau de révision
de l'évaluation foncière, a d'abord traité, dans les
récentes années, les plaintes impliquant de plus petits montants
parce que ces plaintes était beaucoup plus nombreuses, et je pense qu'il
faut tenir compte un peu du calendrier des plaintes au Bureau de
révision de l'évaluation foncière. Les citoyens ont
jusqu'au 30 avril, normalement, pour déposer une plainte demandant une
réévaluation de leur évaluation foncière. Les
nouveaux rôles d'évaluation sont déposés dans les
municipalités le 15 septembre, ce qui fait que l'administration du
Bureau de révision de l'évaluation foncière a choisi,
depuis deux ou trois ans, de traiter en priorité toutes les petites
plaintes parce que la grande quantité des plaintes est faite de petites
plaintes, pour éviter que cette quantité revienne d'année
en année. C'est parce que si une plainte n'est pas traitée avant
le 15 septembre, dans les mois qui suivent le 30 avril, elle va automatiquement
revenir pour une deuxième ou une troisième année, tant
qu'elle n'est pas traitée. Et, à ce moment-là, la
commission aurait vu le nombre de ces plaintes non traitées augmenter de
façon très considérable.
Mais je peux assurer le député de Westmount que, compte
tenu des ressources supplémentaires accordées au Bureau de
révision de l'évaluation foncière, l'an dernier, depuis un
an et pour la deuxième année, cette année, et qui seront
encore augmentées cette année - l'an dernier, si ma
mémoire est bonne, c'était treize postes occasionnels et cela
passera à 25 postes occasionnels pour une autre année, une
augmentation pour une année de plus - l'ensemble des plaintes de 250 000
$ à 1 000 000 $ seront appelées d'ici la mi-juin. En ce qui
concerne les plaintes de 1 000 000 $ et plus, elles pourront être
traitées à partir de l'été et du début de
l'automne, dans le cheminement normal de la commission. Ce qui va permettre, en
somme, dans l'année qui vient, de vraiment réduire le nombre de'
dossiers en retard, au Bureau de révision de l'évaluation
foncière, puisque, avec l'application des frais d'inscription, il y aura
- et c'est déjà prévisible - une diminution sensible du
nombre de plaintes. Deuxièmement, le Conseil du trésor a
accepté d'augmenter le nombre d'occasionnels. Il l'avait
déjà
augmenté à treize, l'an dernier, et il l'a augmenté
à vingt-cinq pour l'année qui vient. Malgré que l'on
prévoie une diminution du nombre de plaintes dans l'année 1984,
d'ici le 30 avril 1984, on a quand même décidé d'augmenter
le nombre d'occasionnels, ce qui fait que les petites plaintes seront encore
traitées rapidement, comme par le passé; ce qui fait aussi qu'on
aura les ressources suffisantes d'ici le 15 juin pour inscrire au rôle
l'ensemble des plaintes de 250 000 $ à 1 000 000 $ et, à partir
de l'été et du début de l'automne, entreprendre le
traitement de l'ensemble des plaintes - je crois qu'il y en a
déjà eu dans le passé - de 1 000 000 $ et plus.
Il y a des facteurs aussi qui expliquent certains retards dans le
traitement de ces dossiers. C'est qu'il y a plusieurs milliers de plaintes qui
sont reliées au même dossier; je veux dire - il faut que j'emploie
les bons termes parce qu'on est dans le domaine juridique, ici - qu'il peut y
avoir des dizaines de plaintes liées à la même
propriété, ce qui fait que, avec quelques dossiers
d'étudiés, il peut y avoir des milliers de plaintes de
réglées. Mais, souvent, ces plaintes-là sont
défendues par quelques bureaux d'avocats. Il y a quelques bureaux
d'avocats - il y en a deux, spécialement à Montréal - et
quelques bureaux d'évaluateurs qui ont la responsabilité de
défendre plusieurs milliers de plaintes à propos de quelques
propriétés. Cela suppose des études, des expertises
très longues. Si les dossiers au-delà de 250 000 $, mais
particulièrement de 1 000 000 $, sont traités dans des
délais beaucoup plus longs, c'est que ces dossiers exigent des
expertises beaucoup plus importantes et qu'il y a très peu de bureaux
à la fois d'avocats et d'évaluateurs spécialisés
dans certaines de ces plaintes. C'est ainsi que leur inscription au rôle
et leur traitement entraînent des délais
supplémentaires.
Ce que va me dire le président du Bureau de révision de
l'évaluation foncière, c'est que le problème serait moins
grave aujourd'hui si le Conseil du trésor, il y a deux ans, avait
accepté d'allouer l'ensemble des ressources demandées par le
bureau. Mais le Conseil du trésor, à ce moment-là, avait
accepté en partie, ce qui supposait que la récupération,
au lieu de prendre peut-être un an, prendrait plus de temps. Cela, c'est
pour le passé. Je veux le dire, en parfaite honnêteté, par
rapport à l'administration du Bureau de révision de
l'évaluation foncière, il a fallu récupérer sur les
dossiers passés, à partir des ressources qui étaient
allouées. Il faut bien comprendre que le nombre de plaintes s'est
considérablement accru pendant les deux ou trois dernières
années. Par exemple, dans la région de Montréal, au lieu
peut-être de 15 000 ou 20 000 plaintes par année, c'est
monté jusqu'à 32 000 ou 35 000 plaintes par année dans les
deux ou trois dernières années, ce qui a évidemment
apporté une augmentation considérable du nombre de dossiers
à traiter.
J'ai esquissé une réponse générale. Je sais
qu'il y aura d'autres questions spécifiques. Cela me fera plaisir d'y
répondre et je vais demander à M. Genest, que tout le monde
connaît, de répondre également aux questions.
M. French: M. le Président...
M. Marcoux: M. Genest me prie d'ajouter, et avec raison - je n'ai
peut-être pas été assez clair - que, dans les plaintes de
250 000 $ à 1 000 000 $, il y en a beaucoup qui ont été
traitées jusqu'à maintenant. Quand j'ai dit que, d'ici le 15
juin, toutes les plaintes auraient été appelées, ce n'est
pas parce que l'on va commencer...
M. French: Au début des 13 000. M. Marcoux:
Pardon?
M. French: Vous avez passé à travers une partie
importante des 13 500 qui étaient en attente.
M. Marcoux: Oui, oui. C'est ça. Quand je dis le 15 juin,
c'est quand même dans deux mois et demi; l'ensemble des plaintes
inférieures à 1 000 000 $ auront été
appelées au rôle c'est-à-dire qu'il y en a
déjà plusieurs milliers qui ont déjà
été traitées et qui ont déjà
été appelées au rôle du Bureau de révision de
l'évaluation foncière.
M. French: Je prends bonne note de ce que le ministre dit. Il
s'engage à nettoyer, à balayer le réservoir de cas en
retard. Il entreprend en même temps de s'assurer que le même
problème ne se répète à l'avenir.
Cependant, il ne s'est pas engagé de façon précise
sur une question comme la suivante: Est-ce qu'on va suivre la règle du
premier arrivé, premier servi, à l'avenir? Je dois avouer que je
ne conçois pas que l'argument que le nombre de plaintes était
plus grand - ce qui n'est pas tellement surprenant - soit très
convaincant. Ce n'est pas clair pourquoi on doit établir,
arbitrairement, qu'un groupe de citoyens a moins de droits que les autres.
J'aimerais pouvoir revenir dans mon comté et que tout le monde
soit traité sur le même pied. S'il y a un problème de
relations humaines au sein du BREF tout le monde va en souffrir au même
degré. Je peux dire cela, je peux défendre le BREF. À
moins d'être capable de le dire, je ne vois pas pourquoi il y aurait deux
poids, deux mesures.
M. Marcoux: Ce que je peux me demander, M. le
député de Westmount, c'est, à l'avenir, à partir du
moment où on aura ramené le nombre de dossiers à celui du
nombre de dossiers réguliers de l'année, plus un certain nombre
de dossiers qui seront toujours plus complexes, donc plus longs à
régler, chaque année, comment le Bureau de révision de
l'évaluation foncière - si on considère que le niveau
normal pour tout le Québec est de 35 000 causes - va les traiter. Je
pense qu'il est justifié de traiter d'abord, pour une raison bien
simple, l'ensemble des petites causes dans les semaines qui suivent le 30
avril, pour éviter qu'à partir du 15 septembre, elles se
réinscrivent une deuxième fois au bureau d'évaluation, ce
qui doublerait inutilement chaque année le nombre des causes. Il y a une
deuxième raison, c'est que les causes qui impliquent des sommes plus
importantes exigent de la part de celui qui porte plainte la constitution d'un
dossier plus élaboré et il y a un certain nombre de semaines ou
de mois qui sont nécessaires, à la fois du côté de
la commission et du côté du défendeur, en somme, pour
monter l'ensemble de son dossier. Je partage votre point de vue que trois ans
pour inscrire au rôle une plainte de 1 000 000 $, c'est inacceptable, et
deux ans pour inscrire une plainte de 150 000 $ à 1 000 000 $ au
rôle, c'est un délai inacceptable.
Mais si vous me demandez si, à partir du 1er mai 1985
- mettons que nous avons fait le ménage au 1er mai 1985 - le
traitement des dossiers se fera dans l'ordre d'inscription, de la date
d'inscription du dossier au BREF, je crois, c'est une première analyse
évidemment, je ne suis pas responsable de l'administration du bureau
immédiatement, mais le choix que nous avons fait dans le passé,
je pense, vaut pour l'avenir aussi, que, compte tenu que les petits montants
qui constituent l'immense majorité des dossiers, à peu
près 85% des dossiers à Montréal et 90% des dossiers
à Québec, en bas de 250 000 $, c'est 85% des dossiers à
Montréal, et 90% des dossiers à Québec, si nous ne prenons
pas toutes les mesures pour traiter au plus vite ces dossiers-là, ils se
réinscrivent automatiquement l'année suivante et nous amplifions
alors le problème pour l'avenir. Compte tenu du fait que les plaintes
pour les plus gros dossiers exigent de la part des défendeurs, de la
part du propriétaire qui conteste son évaluation, une
préparation et des expertises plus développées, je pense
que les deux ne se contredisent pas, mais évidemment il faudrait arriver
à des délais afin que cela puisse être traité
normalement dans la première année. Compte tenu de l'aspect
administratif de la chose, je demanderais à M. Genest, en son nom, de
compléter la réponse et d'apporter des précisions ou des
corrections s'il y a lieu.
Le Président (M. Fallu): Vous permettez que M. Genest
s'adresse à la commission? M. Genest?
M. Genest (Yvon): La politique du premier arrivé, premier
servi n'existe pas au BREF, parce que toutes les plaintes sont
déposées en même temps, comme on dit, les rôles sont
déposés le 15 septembre, entre le 15 août et le 15
septembre de chaque année. Les plaignants ont jusqu'au premier mai pour
se plaindre jusqu'au 30 avril, ce qui est un délai de plainte de neuf
mois. Sur le plan pratique, 95% des plaintes sont déposées au
mois d'avril, de telle sorte que les grosses plaintes et les petites plaintes
sont déposées en même temps. Il peut y avoir quelques
plaintes de déposées au mois de janvier, février, mars,
mais l'expérience des années passées démontre de
façon indubitable que 95% des plaintes sont déposées
durant le cours du mois d'avril.
De cette façon, pour corroborer ce que le ministre disait
tantôt, nous traitons en priorité la petite plainte, car nous
avons quatre mois pour les entendre; alors, il est physiquement impossible
d'entendre en quatre mois toutes les plaintes, avant le dépôt des
rôles, le 15 septembre, afin que l'évaluateur puisse corriger son
rôle, pour éviter au plaignant de redéposer une plainte
pour l'année suivante et d'être convoqué au BREF une
deuxième fois pour la même chose.
De plus, il est bien évident que, pour les plaintes qui
excèdent 250 000 $, quand même elles seraient appelées
durant l'été, immédiatement, en même temps que les
petites plaintes, le résultat serait nul. L'expérience a
démontré que le taux de remise dans la plainte de 250 000 $
à 1 000 000 $ est deux fois plus élevé que dans la petite
plainte. Les parties ne seraient pas prêtes à procéder,
parce que leurs experts ne sont pas choisis, leurs avocats ne sont pas choisis,
et nous avons l'expérience au BREF effectivement, il est quand
même curieux de constater que, présentement, il y a des plaintes
qui attendent d'être convoquées en audition depuis deux ans, que
le taux de remise présentement monte en flèche. Évidemment
le BREF fait tous les efforts pour rencontrer les objectifs qui sont
fixés par la loi, mais nous nous heurtons à d'autres intervenants
et d'abord au plaignant lui-même, qui n'est pas prêt à
procéder lorsque le bureau le convoque nécessairement et qui
demande que sa cause soit remise. Ceci explique un petit peu les raisons pour
lesquelles le bureau, nécessairement, même s'il avait tout le
personnel requis, ne pourrait pas dès le mois de juin appeler des causes
d'un million, on les appellerait pour rien.
M. French: M. le Président, je prends bien note que,
techniquement, toutes les plaintes sont déposées en même
temps, mais il reste que vous ne recevez pas toutes les plaintes la même
journée dans votre bureau, donc elles n'ont pas la même
étampe quant à la date. Vous avez quand même une
espèce de classement, qui pourrait servir de base pour procéder
le premier rendu, le premier servi.
Deuxièmement, je ne voudrais pas mettre en cause l'argumentation
de M. Genest. Cependant, il est, je pense, très clair, pour moi, dont le
rôle est d'être député dans un comté où
il y a un certain nombre de propriétaires qui sont dans une situation
assez difficile par rapport à l'évaluation foncière depuis
deux ou trois ans, que ce n'est pas le cas que tous les plaignants, tous ceux
et celles qui en appellent, avec des évaluations d'au-delà de 250
000 $ par année, soient satisfaits et que, ultimement, les retards en
question se produisent parce que leurs propres experts ne sont pas prêts.
(16 h 15)
Par exemple, un certain nombre d'entre eux, propriétaires des
maisons en question, n'engagent pas d'expertise particulière, en tout
cas selon ce qu'ils me disent. Ils sont insatisfaits du fait que cela prenne
deux ou trois ans, et il reste que je cherche aujourd'hui, d'une part, la
garantie ou l'engagement que j'ai par rapport au retard actuel et, d'autre
part, une façon de concevoir un meilleur service à l'avenir. Je
ne recherche que cela pour le moment. Si on me dit que, tout en gardant cette
ligne quelque peu arbitraire de 250 000 $ d'évaluation, on
réussira quand même à nettoyer cela dans six ou neuf mois
pour chaque année, je suis satisfait. Je n'exige même pas ce que
la loi exige là-dessus...
M. Marcoux: Je puis vous assurer qu'à partir du moment
où on aura récupéré le retard, la volonté du
gouvernement est de faire en sorte que le traitement des plaintes se fasse dans
des délais normaux, c'est-à-dire qu'on n'attende pas deux ou
trois ans pour les inscrire au rôle des plaintes. Est-ce que je puis vous
assurer que l'ensemble des plaintes sera réglé à
l'intérieur d'un, deux ou trois ans? Je ne peux pas vous en assurer,
parce que vous savez très bien - et vous le reconnaîtrez - qu'il y
a des plaintes qui...
M. French: Voyons donc! Soyons raisonnables!
M. Marcoux: ...c'est pour cela. On s'entend sur cela. Je
comprends très bien le sens... Par rapport au sens que vous indiquez, je
peux dire que je partage entièrement vos objectifs. C'est dans ce sens.
C'est pour cela que, même si le nombre de plaintes, on le sait, en 1984,
diminuera considérablement, on n'a pas diminué les ressources au
BREF; au contraire, on les a augmentées. Je pense bien qu'on essaie de
joindre les deux bouts. Est-ce qu'on va les joindre pour la même date
l'an prochain quand on se reverra? C'est notre souhait. Mais je peux vous
assurer qu'on va maintenir ce rythme d'augmentation plutôt que de
diminution des ressources tant qu'on n'aura pas rejoint les deux bouts, parce
que, évidemment, cela touche la qualité de relations avec le
citoyen.
Je peux vous assurer que je suis fort sensible à cette question,
ayant eu à m'en faire une préoccupation dominante dans d'autres
expériences ministérielles que j'ai eues récemment.
M. French: M. le Président, je suis content que le
ministre évoque la question des relations avec le citoyen, parce que
j'avais à lui référer quelques cas, au moins un en
particulier auquel je pense actuellement...
M. Marcoux: J'aimerais donner une réponse à une
question que vous avez soulevée en Chambre sur la question du formulaire
en anglais. On a fait tout le tour au bureau du BREF et, en tout cas, on n'est
pas parvenu à retrouver un seul cas où n'auraient pas
été disponibles les formulaires dans les deux langues. Quant
à la traduction des jugements, voici ce qui est arrivé. Durant un
certain temps, grâce aux services de Communication-Québec - vous
le savez, on s'est entendu - le juge faisait le jugement dans sa langue
à lui et, dans le passé, il pouvait être traduit par
Communication-Québec. Durant un certain temps,
Communication-Québec, peut-être dans le cadre des compressions -
je ne le sais pas - a discontinué ce service, mais on l'a maintenant
réinstauré. Quand un citoyen nous écrit pour nous demander
une traduction de son jugement, on le réfère avec l'adresse, le
numéro de téléphone, etc., au service de
Communication-Québec qui est spécialisé dans la traduction
de ces documents pour le citoyen. Ce service a été
réinstauré à l'automne 1983 par
Communication-Québec. Depuis qu'il a été
réinstauré et qu'on en a été avisé, on en
informe les citoyens qui peuvent avoir la traduction anglaise ou l'inverse du
jugement du Bureau de révision de l'évaluation
foncière.
M. French: Je suis très content d'entendre parler le
ministre là-dessus et je signalerai tout simplement que j'ai vu au moins
un cas dans lequel la réponse du BREF était non seulement pas
très positive, mais manquait complètement d'esprit de service au
citoyen. C'était peut-être durant la période
d'interruption, remarquez, mais le
ton et même les paroles précises de Me Desjardins qui est
le secrétaire du BREF manquaient grandement... J'ai même
trouvé très répugnant le commentaire qu'on a fait à
l'un de mes commettants qui ne parlait que l'anglais et qui avait le malheur de
s'appeler Casgrain en lui conseillant de demander à un parent de lui
traduire le jugement en question. Je voudrais savoir ce que M. Genest pense de
cette façon de s'adresser à un contribuable.
M. Marcoux: Je m'excuse de ne pas retrouver le dossier, mais je
peux vous dire que, maintenant, dès qu'il y a une demande en ce sens,
c'est fait par écrit; il y a déjà un projet de lettre
standardisée au BREF; on écrit au citoyen de s'adresser à
tel service de Communication-Québec avec l'adresse, le numéro de
téléphone, etc., pour obtenir la traduction
désirée. On m'indique même que c'est le BREF qui la demande
pour le contribuable. Alors, le BREF n'oblige pas...
M. French: Je dois donc présumer que le BREF verra
à ce que l'incident que je viens d'évoquer, plus
particulièrement les paroles, le commentaire, ou le conseil servis
à ce contribuable ne se répètent pas.
M. Marcoux: Le président m'informe qu'il a donné
des instructions pour que cela ne se répète pas.
M. French: J'apprécie beaucoup ces instructions. Une autre
question, M. le Président, que j'ai déjà soumise au
ministre lorsqu'on s'est vu il y a une dizaine de jours sur les plaintes...
M. Marcoux: Celle-là, voulez-vous la
répéter? Je peux vous donner la réponse sans que vous
répétiez la...
M. French: Allez-y!
M. Marcoux: Vous m'avez parlé des plaintes
répétées...
M. French: Oui.
M. Marcoux: J'en ai discuté avec la Direction de la
législation au ministère et avec le président du BREF, M.
Genest. Ce qu'on m'indique, c'est que c'est possible et même, dans le cas
que vous avez cité, c'est arrivé cinq fois; ce n'était pas
sept...
M. French: Excusez-moi.
M. Marcoux: ...selon nos dossiers, c'est cinq fois où il a
fallu retourner parce que l'évaluateur, chaque fois...
M. French: II refusait.
M. Marcoux: ...ne modifiait pas l'évaluation, à la
suite de la décision du BREF. Bon! Deux attitudes sont possibles. Le
ministère, depuis plusieurs années, et le Bureau de
révision de l'évaluation foncière, ont souvent eu
l'occasion - chaque année, il y a des congrès
d'évaluateurs, etc. - de diffuser de l'information aux
évaluateurs, leur disant: Dès qu'il y a une plainte qui est faite
par un citoyen, il peut faire réviser d'office son évaluation,
plutôt que d'attendre et d'aller devant le bureau de révision et
de dire: Oui, j'accepte le changement. Mais il y a encore quelques
évaluateurs, peut-être plusieurs, qui attendent d'être
convoqués pour dire: Je révise mon évaluation. Mais, de
plus en plus - c'est cela qui est encourageant -la tendance est que plusieurs
évaluateurs, sur réception de la contestation du citoyen, jugent
devoir réviser, à cause d'une erreur technique ou pour toute
autre chose, et révisent d'office. Ils en avisent le bureau; à ce
moment-là, ils n'ont même pas à être
convoqués. Ce qui fait que ce problème que vous indiquez diminue
d'année en année et devient de plus en plus marginal.
Sur la foi de ces renseignements, j'ai demandé: Est-ce que c'est
possible de modifier les lois pour obliger à des choses comme cela? On a
fait du travail d'information auprès des évaluateurs, on a
amélioré la communication dans ce sens-là, et il me
répugne un peu de dire: On va adopter une autre loi ou une autre
réglementation pour régler un problème là où
il y a de moins en moins d'évaluateurs qui l'admettent ou qui le
perpétuent. L'orientation, qui a été choisie autant par le
bureau de révision que par le ministère, d'accroître
l'information auprès des évaluateurs, de les inciter, s'ils
veulent accepter une révision, à la faire d'office, à la
faire le plus rapidement possible, à ne pas attendre que ce soit inscrit
au rôle et à tenir compte des décisions du bureau de
révision, je pense que c'est la bonne technique. Jusqu'à
maintenant, elle a produit essentiellement les effets recherchés. Pour
quelques cas ou plusieurs cas, mais le nombre diminue, je n'envisagerais pas
actuellement de penser à des modifications réglementaires ou
législatives pour régler le genre de dossiers que vous me
signalez.
M. French: M. le Président, je remercie le ministre. Je
sais fort bien qu'il n'est pas de la responsabilité du BREF de s'occuper
de ces questions. Ce n'est pas la faute du BREF. Il transmet l'information,
mais il ne peut pas, puisque les évaluateurs ne travaillent pas pour le
BREF, émettre des directives. Mais le ministre me dit qu'il est
satisfait que la proportion de cas où le problème se pose,
essentiellement l'évaluateur contre le BREF, implique donc les plaintes
répétitives de la part du
contribuable, que c'est relativement minime et qu'il n'y a pas lieu de
changer les règlements ou les lois.
M. Marcoux: Je veux dire que je pourrais reconsidérer cela
peut-être avec le temps, mais ma première réaction à
la suite des renseignements que j'ai reçus, autant de la part du
ministère que du bureau, m'indique que c'était beaucoup plus
fréquent dans le passé et que, le fait de participer aux
rencontres des évaluateurs, à leurs congrès etc., est un
effort valable pour leur donner la meilleure information possible. Comme il y a
une collaboration, un effort d'ensemble de plus en plus sérieux de la
part des évaluateurs, je ne souhaiterais pas, en tout cas, avoir
à modifier la loi ou à ajouter des règlements qui fassent
qu'au-delà d'un certain nombre d'années ou de plaintes
répétitives sur le même dossier on dise d'office - on m'a
dit que cela changeait même la nature de la Loi sur l'évaluation
foncière, parce qu'il y a le pouvoir des corporations professionnelles
qui est touché, leur responsabilité professionnelle - que la
révision de l'évaluation foncière était fausse. Il
faut partir de l'idée que le jugement du bureau était valable
pour telle année mais que, pour l'année suivante,
l'évaluateur, qui a sa responsabilité professionnelle - et compte
tenu de l'évolution du marché, on sait que cela peut être
très rapide - peut professionnellement évaluer que le jugement du
BREF, pour la deuxième année, ne s'applique pas et ainsi de
suite. Par rapport au principe de l'évaluation foncière et de la
façon que notre loi est rédigée - en tout cas, à
première vue - ce serait peut-être plus compliqué que
simple alors que, par les voies actuelles d'une bonne communication avec les
évaluateurs, l'essentiel de ce problème se corrige.
M. French: D'accord, M. le Président. Je voulais tout
simplement signaler au ministre que si la personne en question a la même
évaluation l'année suivante, et si elle est obligée de
revenir à la charge au BREF, je vais l'inviter à avoir une
entrevue personnelle avec le ministre pour qu'il puisse lui expliquer pourquoi
les responsabilités professionnelles des évaluateurs la forcent
à revenir une sixième ou une septième année
déposer une plainte auprès du BREF.
M. Marcoux: Mais je vous obligerai à assister à
cette rencontre, ou peut-être inciterai-je la municipalité
à changer d'évaluateur.
Le Président (M. Fallu): Avez-vous terminé, M. le
député de Westmount?
M. French: Oui, merci.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Chambly. Nous sommes toujours sur le BREF.
M. Tremblay: C'est un problème important mais je suis
surpris que ça refoule au portillon. Il doit y avoir une raison.
Quelle est votre interprétation de la raison pour laquelle, tout
à coup, cela retarde? Est-ce que cela a toujours retardé comme
cela? Est-ce que ç'a toujours été long d'aller en
révision pour l'évaluation? Est-ce qu'il est arrivé un
moment, dans l'histoire, où cela s'est mis à refouler?
M. Marcoux: La raison est l'augmentation des plaintes. Pourquoi
les plaintes ont-elles doublé? C'est que ce sont les rôles de
nouvelle génération. Quand, dans beaucoup de municipalités
au Québec, on vivait sous d'anciens rôles, qui n'étaient
jamais révisés depuis cinq, dix ou quinze ans, si
évidemment une personne voit l'évaluation de sa maison passer de
3000 $ à 22 000 $ dans telle municipalité rurale, elle se dit
qu'il y a sûrement une erreur. C'est bien sûr qu'en plus des frais
d'inscription qu'on a ajoutés, le fait que les rôles de nouvelle
génération, pour l'ensemble du Québec, sauf
Montréal, sont complétés, sera un facteur qui va diminuer
les plaintes. Une personne qui a vu son évaluation, une fois, passer de
3000 $ à 22 000 $ a été scandalisée. La prochaine
fois, si elle la voit passer de 22 000 $ à 24 500 $, elle se dira: c'est
l'indexation, le marché.
Il y a un autre facteur que l'on m'indique et qui est important, c'est
au niveau de la Communauté urbaine de Montréal. Si, chaque
année, elle avait indexé ses rôles, là aussi, il y
aurait moins de problèmes. Je vais lire l'ensemble de la note et essayer
de la résumer.
M. Tremblay: II me semble important, de toute façon, de
prendre le temps de clarifier ce point correctement.
M. Marcoux: La principale raison c'est que ce sont les
rôles de nouvelle génération, dans l'ensemble du
Québec, et le fait qu'à la Communauté urbaine de
Montréal, à l'encontre de la majorité du Québec, on
a tardé à refaire les rôles, même si la nouvelle base
administrative est publiée au ministère depuis 1975. La
Communauté urbaine de Montréal indexe chaque année son
vieux rôle sans pour autant en corriger les écarts.
Évidemment, cela amène des distortions qui font que, dans la
région de Montréal, il y a une augmentation des plaintes beaucoup
plus considérable que dans la région de Québec. (16 h
30)
En fait, si la CUM avait été plus rapide dans la
révision de ses vieux rôles, à
partir de 1975, à partir du moment où le ministère
des Affaires municipales a publié tous les nouveaux livres techniques
sur les rôles de nouvelle génération...
M. Tremblay: M. le Président, est-ce qu'en 1975
c'était une nouvelle loi ou si ce sont des nouveaux règlements
qui ont fait que l'évaluation ne se faisait plus de la même
façon, c'est-à-dire que, dorénavant, on le faisait avec la
méthode qu'on connaît actuellement? Est-ce que c'est une nouvelle
loi ou si c'est seulement par règlement?
M. Marcoux: En 1972, il y a une Loi sur l'évaluation
foncière qui a complètement modifié les bases de
l'évaluation foncière. À partir de l'adoption de la loi,
le ministère a développé une pile de manuels techniques
qui sont très denses et très complexes, édités
à partir de 1974, et dont la publication a été
complétée en 1975, puis l'ensemble des conseils de comté
se sont mis à faire leur rôle de nouvelle génération
sur la base de ces données.
M. Tremblay: C'était à partir de quelle
année, M. le ministre?
M. Marcoux: À partir de 1975.
M. Tremblay: 1975?
M. Marcoux: Oui.
M. Tremblay: Ou 1977? 1975?
M. Marcoux: 1975.
M. Tremblay: Et je pense qu'elles avaient jusqu'en 1982 pour se
mettre à jour.
M. Marcoux: Non. Jusqu'au 31 décembre 1983.
M. Tremblay: 1983?
M. Marcoux: Jusqu'au 31 décembre 1983.
M. Tremblay: D'accord.
M. Marcoux: Mais Montréal n'a pas complété
ceci.
M. Tremblay: D'accord. Donc, puisque vous avez si bien
résumé, en fait, ce qu'on administre présentement...
M. Marcoux: Avec raison, en somme.
M. Tremblay: ...c'est une loi qui a été faite par
nos prédécesseurs, loi que nous ne contestons pas, bien au
contraire.
M. Marcoux: C'était une bonne loi.
M. Tremblay: C'était une bonne loi, mais qui comporte
quand même des difficultés d'application comme la plupart des
lois, dans le sens que le nouveau type d'évaluation fait en sorte
qu'elle rend plus équitable l'évaluation parce qu'elle rend...
Nous nous entendons là-dessus, mais il y a des difficultés
d'application quand même, parce qu'il y a des citoyens qui,
précisément, ne payaient pas suffisamment par rapport à
d'autres et maintenant ils doivent se rattraper très rapidement. Je
pense qu'on s'entend là-dessus. Il n'y a pas de problème.
Maintenant, on peut penser qu'étant donné que toutes les
évaluations sont faites en fonction de la nouvelle méthode
d'évaluer les propriétés, dans un avenir donné, il
y aura moins de plaintes qui seront portées à la commission de
révision.
M. Marcoux: Disons que les indices qu'on a, c'est que, depuis
janvier, février, mars et le début d'avril de cette année,
il n'y a aucune réduction appréciable du nombre de plaintes
à la suite du changement de la loi qui a amené l'inscription et
la mise en vigueur du règlement qui a amené l'instauration de
frais d'inscription pour le Bureau de révision de l'évaluation
foncière.
M. Tremblay: Vous attribuez cela tout de go au fait que vous avez
mis un frein modérateur. Ne serait-ce pas qu'effectivement les gens sont
maintenant tous habitués au nouveau rôle d'évaluation et
que l'eau a pris son cours tout simplement?
M. Marcoux: Non. Il n'y aurait pas eu une chute de 50% du nombre
d'évaluations simplement parce qu'il y a eu des rôles de nouvelle
génération qui sont tombés le 15 septembre, encore, 1983.
Donc, normalement, il aurait dû y avoir autant de plaintes cette
année, si on se base sur cette raison. Non. Les frais d'inscription d'un
montant minimum de 20 $ - cela peut être plus élevé pour
des évaluations plus élevées - sont un facteur important
et aussi le fait de devoir aller au greffe de la Cour des petites
créances pour l'inscription de la plainte est un autre facteur qui fait
qu'à ce moment le nombre de plaintes diminue.
M. Tremblay: D'accord. Est-ce qu'il y a moyen de prévoir
à quel moment, en 1984 ou en 1985, avec le présent personnel, la
commission de révision va être en mesure de faire face aux
demandes normales?
M. Marcoux: Je vais donner la réponse textuelle de M.
Genest. Il est optimiste, mais il ne peut donner de date. Je vais vous dire
pourquoi il est optimiste, c'est que nous avons augmenté ses ressources
en nombre et le nombre des plaintes diminue. Il m'ajoute une troisième
raison, il y a énormément de
retrait de plaintes dans les dossiers supérieurs à 250 000
$. Une fois convoqués, les gens ne se présentent pas, ou disent:
Je laisse tomber ma plainte.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Le délai pour
porter plainte, c'est la fin d'avril?
M. Marcoux: Le 30.
M. Saintonge: Le 30 avril, on peut donc présumer avoir
peut-être moins de plaintes d'entrés mais on peut être
confondu par la situation du fait qu'un nombre important de plaintes pourraient
quand même être portées encore une fois d'ici la fin du mois
d'avril, comme c'est le cas chaque année.
M. Marcoux: II faudra poser la question le 1er mai, mais disons
que si l'on cherche à avoir une comparaison par rapport à l'an
dernier, les gens ont quand même reçu, comme par les années
passées, le 15 septembre, leur évaluation ou ils ont reçu
leur compte de taxes au même moment, et, souvent, à ce
moment-là, ils vérifient le compte de taxes en janvier; donc,
pour le citoyen les mêmes délais courent en somme, comme les
rentrées de plaintes ont été inférieures en
janvier, février, mars et même depuis le début d'avril
comparativement à l'an dernier.
M. Saintonge: D'accord, ce que je veux souligner, c'est qu'au
niveau de la loi, je ne me souviens pas de l'article, je l'ai ici, c'est
l'article 139, le bureau doit décider d'une plainte dans les douze mois
de son dépôt. On se rend compte qu'effectivement dans la pratique,
c'est quasiment impossible de faire une telle chose. Le directeur du Bureau de
révision de l'évaluation foncière mentionnait tantôt
qu'évidemment, il y a trois années et 13,500 plaintes. Il y en a
beaucoup qui diraient: Je laisse faire, car si ces plaintes sont au moins
inscrites au rôle du bureau, n'est-il pas vrai que, la première
fois que le dossier va être appelé devant le Bureau de
révision de l'évaluation foncière, nous pouvons quand
même subir des remises, nous pouvons demander des remises, ce qui veut
dire que, même en tentant de prévoir de la meilleure façon
administrative possible l'audition des plaintes par le Bureau de
révision de l'évaluation foncière, il reste que vous
n'êtes pas à l'abri de remises, et Dieu sait que, dans ce
domaine-là, il y a quand même des remises assez
fréquentes.
M. Marcoux: Non, mais il y a une chose que je peux...
M. Saintonge: Donc, avec 13,500 plaintes, cela m'apparaît
assez...
M. Marcoux: II y a une chose que je peux vous dire, par exemple.
Une propriété industrielle, c'est un exemple que l'on me donne,
est inscrite sur 500 unités d'évaluation. Alors, avec 500
unités d'évaluation à entendre, il y a une seule
décision à prendre. Le Bureau de révision de
l'évaluation foncière va rendre une décision qui disposera
de 500 dossiers. Si cette propriété de 500 unités
d'évaluation a fait l'objet de plaintes durant trois ans, parce que
c'est une plainte pour un montant mettons élevé, qui s'est
répétée, en prenant une décision sur un dossier,
cela dispose de 1500 plaintes. Il faut voir que, dans les dossiers à
montant élevé, il y a eu des plaintes répétitives
d'année en année, parce que les causes n'ont pas
été entendues; mais souvent, pour la même
propriété, vous avez un très grand nombre de plaintes.
C'est pour cela que l'on doit avoir des expertises très longues, autant
du côté de l'évaluateur qui défend le
propriétaire que du côté du Bureau de révision de
l'évaluation foncière. C'est pour cela aussi qu'on dit qu'il y a
un grand nombre de plaintes qui n'ont pas été traitées,
dans les gros dossiers car, en prenant une décision sur un dossier, vous
réglez 1500 plaintes.
M. Saintonge: Cela, c'est un exemple. Il peut s'agir d'un
dossier.
M. Marcoux: Non, mais il y en plusieurs.
M. Saintonge: S'il y a tellement de dossiers que cela pour 1500
plaintes, cela accélérera sûrement le processus, mais, ce
qui me surprend, M. le ministre, je vais vous l'avouer honnêtement..
M. Marcoux: Juste une seconde, M. Genest va compléter.
M. Genest: Ce pourcentage de causes et de dossiers est dans une
proportion de 60%; comme pour l'illustrer, en 1983, il y a 19 000 plaignants
qui ont déposé des plaintes sur 35 000 unités
d'évaluation. Or, c'est une proportion de 60-40. Il est exact de
mentionner que, dans presque tous les dossiers, à la section de
Montréal en particulier, lorsque nous rendons un jugement, nous rendons
jugement sur* deux, trois ou quatre dossiers. Dans le cas de
propriété unifamiliale, c'est moins fréquent, mais, dans
le cas de propriété commerciale ou industrielle, c'est un exemple
qui existe ici, il n'est pas rare de voir des industries inscrites sur 200
unités d'évaluation ou une ferme, par exemple, la contestation
d'une ferme sur trois, quatre, cinq unités
d'évaluation. Par exemple, vous prenez une semaine pour entendre
la cause d'une industrie, vous disposez, dans un seul jugement, de 500
dossiers.
M. Saintonge: Donc, sur les 13 500 plaintes en retard, on peut
assumer que la proportion au niveau résidentiel par rapport au niveau
commercial ou industriel, c'est quoi?
M. Genest: Dans l'inventaire de 13 000 000 $, il n'y a pas de
propriétés résidentielles, ce sont toutes des
propriétés industrielles ou des propriétés
commerciales, car il n'y a pas de retard dans la propriété
résidentielle au BREF.
M. Saintonge: D'accord. Maintenant, pour l'autre
élément, la possibilité, qu'on a mentionnée qu'une
façon de récupérer le retard, c'est qu'il y a de 13
à 25 occasionnels supplémentaires qui travailleront.
M. Marcoux: C'est-à-dire que, l'an dernier, c'était
13 et que cela va passer à 25 cette année.
M. Saintonge: À 25. C'est cela exactement. Si je regardais
au niveau des employés à ce moment, c'est chez les
employés à temps partiel, mais ils ne sont pas compris... Est-ce
qu'on les retrouve dans les employés à temps partiel au niveau
des...
M. Marcoux: C'est-à-dire que je pense que cela a
été alloué après l'inscription aux
crédits.
M. Saintonge: On rajoute...
M. Marcoux: Ce qu'on avait alors aux crédits dans la revue
de programme c'était 13 occasionnels et 13 de l'an dernier ont
été acceptés cette année. Au cours du mois de
janvier, M. Genest avait fait des démarches auprès de M.
Léonard qui les a reprises auprès du Conseil du trésor et
le Conseil du trésor a accepté d'augmenter à 25 le nombre
des occasionnels. Dans le livre des crédits, il n'est donc pas tenu
compte des 12 occasionnels supplémentaires.
M. Saintonge: Donc, en principe, on passerait de 28 à 25
occasionnels. Globalement, il y a trois occasionnels en moins. Ce qui
m'étonne c'est que - je vais vous le dire honnêtement - au niveau
des possibilités de solution du problème, on parlait
d'augmentation d'effectifs du BREF pour corriger le problème à
long terme chaque année. Le président est ici. Il semblait, en
tout cas, d'après ce que je voyais comme critique, tant par les
représentants du monde municipal que même par une remarque du
bureau du président, que cette situation... On disait: Selon M. Genest,
cette situation s'explique en premier lieu par le manque d'effectifs du
BREF.
En corrigeant les effectifs du BREF au niveau des occasionnels, est-ce
que c'est suffisant pour récupérer le retard ou s'il n'y aurait
pas lieu d'envisager la possibilité d'avoir une augmentation d'effectifs
- non pas que je veuille prôner une augmentation d'effectifs - mais sur
un problème qui touche directement le contribuable, pour le
régler une fois pour toutes? Parce que la question d'évaluation
foncière, ce n'est pas la première année, ni la
deuxième année, cela fait des années que c'est comme
cela.
M. Marcoux: Disons que je peux vous assurer que le
président a déjà commencé à me faire des
représentations à ce sujet. Je ne sais pas, mais je vais
peut-être apprendre en même temps que vous les principes qui vont
me guider dans ceci. On n'est pas pour régler une situation temporaire
en y injectant des effectifs permanents. Je pense que ce serait un mauvais
principe de gestion. Je pense que l'évaluation - on est là encore
pour un certain nombre d'années, on va pouvoir la faire étape par
étape pour dégager ce qu'il faut comme effectifs permanents
stables à la commission par rapport aux occasionnels.
Il n'est pas dit que comme il y a beaucoup plus de dossiers, par
exemple, et qu'il faut les traiter rapidement, du 1er mai au 15
septembre, chaque année, il ne pourrait pas y avoir des effectifs
occasionnels durant cette période. Par rapport aux services aux
citoyens, je pense qu'il ne faut pas avoir peur au gouvernement de
développer l'engagement des personnes à temps partiel et des
occasionnels pour répondre aux besoins selon les circonstances.
J'aimerais beaucoup mieux qu'on regarde la question des effectifs
permanents à long terme de la commission sur la base de ce que sera en
1984 le nombre de plaintes et sur la base de ce que cela pourra être en
1985. Si le nombre de plaintes diminue d'à peu près la
moitié, je n'annonce pas au président qu'on diminuera de
moitié ses effectifs permanents mais disons qu'on évaluera les
ressources permanentes sur la base de ces nouvelles réalités. Je
ne dis pas qu'on coupera de moitié, parce qu'évidemment il n'y en
avait pas assez pour passer à travers avec le nombre de dossiers qu'il y
avait depuis trois ans. Donc, probablement qu'il manque un peu de ces effectifs
permanents par rapport à des dossiers, le nombre de plaintes
étant le double des années 1979, 1978, etc. Ce que je peux vous
dire, c'est qu'on va regarder cela de façon très pratique. Par
rapport aux relations avec le citoyen, je peux vous dire qu'il devra y avoir au
BREF les ressources suffisantes pour que les plaintes soient
traitées dans l'esprit de la loi, comme vous l'avez
indiqué.
M. Saintonge: Outre la question d'augmenter les effectifs, s'il y
a lieu, le ministre répond à ma satisfaction, en tout cas
à ce point de vue. Il reste que, dans le bilan et le suivi de la
nouvelle fiscalité, dans le rapport du comité
Québec-municipalités qui a été déposé
il y a un an et demi, il y avait certaines recommandations précises qui
avaient été faites quant à la possibilité de
régler les délais qu'on qualifiait d'inadmissibles dans ce
rapport. À ma connaissance, il y avait certaines recommandations dont
celle de donner des pouvoirs supplémentaires au bureau de
révision, sans entrer dans les détails. Sans entrer dans ces
détails, il y avait la possibilité de donner des pouvoirs
supplémentaires au bureau de révision. Depuis un an et demi,
à ma connaissance, il n'y a rien qui s'est fait dans ce sens. (16 h
45)
Puisque le travail a été fait, puisque cela a
engendré un certain coût, quand même, il y a des gens qui
ont fait un effort considérable pour produire un tel document
d'étude, est-ce que le ministre pourrait finalement se pencher sur ce
rapport et tenter d'appliquer les recommandations qui ont été
faites par les gens qui regroupaient les parties intéressées,
tant au point de vue ministériel que du point de vue des offices
gouvernementaux et des municipalités?
M. Marcoux: J'ai le rapport devant moi, mais je ne retrouve pas
l'esprit de la recommandation dont vous parlez. J'ai une recommandation...
M. Saintonge: Page 43.
M. Marcoux: Oui, pages 43 et 44. J'étais aux
recommandations, de la page 44. On y dit: "Afin d'accélérer le
règlement des litiges, que soit conféré au Bureau de
révision de l'évaluation foncière, sur demande des parties
impliquées, le pouvoir S'étendre à des causes similaires
le jugement découlant de causes types et de réunir dans une
même demande toutes les causes impliquant une même partie, pourvu
que les recours exercés ne soient incompatibles ou contradictoires."
C'est déjà possible et cela se fait. Alors, je ne vois pas
la recommandation qui dirait, selon ce que vous affirmez d'augmenter le pouvoir
du BREF. On ne m'a jamais indiqué qu'on manquait de pouvoirs au
BREF.
M. Saintonge: II me semblait que c'était un pouvoir qu'on
pouvait conférer au BREF, parce qu'en lisant cela - je ne suis pas un
expert en évaluation - je dois vous avouer clairement qu'il me semblait,
suivant ce qu'on pouvait lire du rapport, qu'une des façons
d'accélérer le règlement des plaintes et les délais
inadmissibles, c'était d'étendre dans certains cas et d'utiliser
une procédure d'exception, de permettre au bureau d'employer une telle
procédure d'exeption. Si cela est possible au niveau de la loi actuelle,
tant mieux. Cela me surprend que les recommandations des gens impliqués
dans le domaine de la fiscalité...
M. Marcoux: Disons que cela nous permettra de dire qu'il y a
plusieurs propositions, dont cette recommandation qui est
réalisée, face à la suite du rapport...
M. Saintonge: Pas à la suite du rapport. Il n'y a pas eu
de changement. Je vais vous dire clairement ce que je ne comprends pas, sans
être un expert, je me répète là-dessus, il me
semblait qu'il y avait des possibilités, suivant ce qu'on dit dans le
volume, de modifier le pouvoir du BREF pour arriver par des procédures
d'exception, à étendre dans certains cas, les possibilités
de règlement des dossiers.
Si c'était déjà prévu dans la loi, tant
mieux mais, cela a des redondances au niveau du comité
Québec-municipalités. Cela me surprenait mais, si le BREF a le
pouvoir, tant mieux, si cela se fait de cette façon.
M. Marcoux: Sans doute. Disons que, lors de la prochaine
rencontre à la table de Québec-municipalités, on doit
regarder la question de la fiscalité municipale et l'évaluation y
est liée. Si, à ce moment, il y a des choses qui sont
soulevées, on les regardera. Par rapport à la recommandation 8 de
ce chapitre, le BREF a déjà tous les pouvoirs pour le faire.
M. Saintonge: D'accord, M. le Président. Il n'y a pas
d'autre question sur le programme du BREF?
Le Président (M. Fallu): On pourrait maintenant appeler
l'élément 1: Normalisation et aide technique. Si mes
collègues me le permettent...
Si vous permettez, M. le ministre, le budget résiduel de
1984-1985 est encore de l'ordre de 12 000 000 $. C'est éventuellement un
budget qui est appelé à disparaître, en grande partie, du
moment où les rôles de seconde génération seront
complétés. Que reste-t-il actuellement, comme engagement du
ministère vis-à-vis des municipalités et, surtout quelles
sont-elles? Vous avez notamment signalé tantôt, par incidence, la
Communauté urbaine de Montréal mais, à part la
communauté urbaine, qu'est-ce que vous avez encore, cette année,
à verser à la Communauté urbaine de Québec,
à la ville de Laval ou à d'autres municipalités?
M. Marcoux: Le programme PAIRE?
Le Président (M. Fallu): Le programme 1, oui.
M. Marcoux: Non, le programme PAIRE est terminé.
Le Président (M. Fallu): Terminé. Donc il se
terminait au dernier budget.
M. Marcoux: Oui. Ce qui reste maintenant - il y encore des
budgets au ministère - ce sont les paiements des choses faites l'an
dernier. Il y a des délais, évidemment.
M. Saintonge: D'accord.
Le Président (M. Fallu): Une autre question à
propos de l'élément: Normalisation et aide technique. On a
publié au mois de mai, l'an dernier, en avant-projet, un certain nombre
de propositions de règlement relatif à l'évaluation
foncière, notamment, en ce qui a trait aux inscriptions, aux fiches
à distribuer aux propriétaires. Il y avait - je ne sais plus de
mémoire - quatre ou cinq règlements. Quel a été le
sort réservé à chacune de ces propositions de
règlements?
M. Marcoux: Tous les règlements sont entrés en
vigueur, sauf celui concernant le compte de taxes et l'avis
d'évaluation. Lors de la rencontre Québec-municipalités de
la semaine dernière, il y avait eu des discussions entre les
municipalités et le ministère. J'ai indiqué aux
municipalités que nous acceptions les recommandations qu'elles nous
avaient faites concernant ce règlement. On l'a modifié tel que
souhaité par les municipalités.
Le Président (M. Fallu): Merci. Alors, à propos de
l'élément 1, des collègues ont certaines observations
à faire.
M. French: M. le Président, là-dessus, je ne peux
pas me faire le porte-parole de mon collègue, mais je crois qu'il
voudrait faire quelques commentaires.
Le Président (M. Fallu): Nous pourrons peut-être
suspendre, étant donné que...
M. Tremblay: Si le député de Laprairie a des choses
à dire là-dessus, on va suspendre cela.
Le Président (M. Fallu): Suspendre l'élément
1. Alors, j'appelle les éléments... Est-ce que nous
pourrions...
M. Tremblay: ...adopter quelque chose une fois de temps en
temps?
Le Président (M. Fallu): Parce qu'on a
décidé...
M. French: On n'adopte pas les éléments.
Le Président (M. Fallu): On a décidé de les
adopter à la fin...
M. French: On adopte seulement un programme.
Le Président (M. Fallu): ...complètement pour
laisser ouvert... J'appelle l'élément 2, c'est-à-dire les
compensations tenant lieu de taxes à l'égard des immeubles du
gouvernement. M. le député de Gouin.
Compensations tenant lieu de taxes
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Enfin, on arrive
à un élément qui est beaucoup d'actualité, à
ce moment-ci, puisque, quant à moi, il est au coeur, d'une façon
évidente, du débat qui a entouré et qui entoure encore le
projet de loi 38 et la présence du gouvernement fédéral,
dans le monde municipal, qui souhaiterait subventionner et qui a
commencé à tenter de subventionner directement les
municipalités. Il y a une différence notoire qui existe entre le
gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec par
rapport au monde municipal, non seulement à cause des dispositions de la
constitution canadienne qui fait que le gouvernement fédéral
n'est pas autorisé à financer directement des activités
dans le monde municipal sans que ce soit dans le cadre d'ententes entre le
gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral, mais,
d'autre part, parce que le gouvernement fédéral, contrairement au
gouvernement du Québec, ne s'est pas modernisé, ne s'est pas
transformé par rapport à l'attitude qu'il doit avoir avec les
municipalités en tant que bon citoyen. On sait que le gouvernement du
Québec paie maintenant directement aux municipalités, à la
suite de la réforme sur la fiscalité municipale dont nous devons
tous être très fiers, des transferts qui sont devenus des sources
de financement autonomes - à peu près 90% de l'ensemble de leurs
activités qui étaient défrayées à partir de
subventions qui venaient du gouvernement du Québec et d'autres sources
de revenu - et que le gouvernement fédéral, quant à lui,
n'a pas encore décidé de payer ses taxes sur ses immeubles et sur
les immeubles de ses réseaux. Ma question au ministre des Affaires
municipales est la suivante: Est-ce qu'on a réussi à faire une
évaluation du montant global que le gouvernement fédéral
peut, par l'intermédiaire de ses députés, offrir,
annoncer, qui aurait pu être accepté par des
municipalités, être versé à des
municipalités depuis que le gouvernement fédéral a
décidé une nouvelle fois, par l'intermédiaire de ses
députés, d'intervenir directement dans le monde municipal sans
qu'il y ait d'entente? Cela, c'est une première question, M. le
Président. Est-ce qu'on peut chiffrer, au fond, de combien on parle
quand on parle des intentions avouées et souvent réalisées
du gouvernement fédéral de souscrire directement aux
municipalités des sommes à l'extérieur du cadre
d'ententes, tel que le prévoit la constitution canadienne?
M. Marcoux: Je pense qu'en fait la fumisterie n'est pas
chiffrable.
M. Rochefort: La fumisterie n'est pas chiffrable.
M. Marcoux: Mais, ce que je veux vous indiquer, par rapport
à votre question précise, c'est non, on n'a pas
d'évaluation de ce qui a été promis, de ce qui a
été donné, de ce qui n'a pas été
donné, de ce qui a été promis à plusieurs
municipalités, mais jamais donné à aucune ou donné
à une seule. Tout ce qu'on a, c'est deux pleins cahiers de revues de
presse, de promesses annoncées dans les journaux, etc.
M. Rochefort: ...des promesses. M. Marcoux: Pardon?
M. Rochefort: Est-ce qu'on a fait l'addition des promesses?
M. Marcoux: Ah! mon Dieu! Seigneur! Non, on me dit qu'on ne l'a
pas faite; à la lecture de ces cahiers, on voit que c'est dans plusieurs
coins, mais, je ne peux pas vous dire que c'est tant de millions.
Le Président (M. Fallu): Ces remarques ne sont pas
enregistrées. M. le député de Gouin, vous avez la parole
si vous voulez continuer à interroger le ministre.
M. Rochefort: Donc, on n'a pas chiffré cela.
Deuxième question et, après cela je ferai le lien pour ceux qui
ne verraient pas le lien entre mes deux questions. Deuxièmement, on a
une connaissance, peut-être pas précise, mais en tout cas au
minimum, de l'ordre de grandeur de ce qu'il en coûterait au gouvernement
fédéral s'il devait, comme nous, verser aux municipalités
du Québec ses taxes foncières pleinement, comme on le fait, dans
les mêmes proportions.
M. Marcoux: Je puis vous dire qu'actuellement, en "en lieu" de
taxes, le gouvernement du Québec donne 250 000 000 $ en 1983-1984,
comparative- ment à 40 000 000 $ pour le gouvernement
fédéral, alors six fois moins. Je puis vous donner la liste de ce
sur quoi le gouvernement fédéral ne paie aucun "en lieu" de
taxes.
Il paie 40 000 000 $ sur certains équipements, mais il ne paie
pas d'"en lieu" de taxes sur les murs et écluses des canaux, sur les
tapis roulants et transporteurs autres qu'ascenseurs et escaliers
mécaniques, matériel de tri de courrier, ordinateurs, grues
fixes, tours, foreuses, presses à imprimer et appareils de pesage. Il ne
paie pas d'"en lieu" de taxes sur les bassins, appontements, jetées,
pilotis, poteaux d'amarrage, quais flottants, brise-lames et murs de
soutènement de digues. Il ne paie pas d'"en lieu" de taxes sur les cales
sèches, pompes, buttes de tir, monuments, murs et clôtures des
pénitenciers, lignes sur poteaux, lignes de transmission,
réverbères électriques, tours de communications ouvertes,
phares ou feux de balisage ouverts. Il ne paie pas d'"en lieu" de taxes sur les
réservoirs, les réservoirs d'emmagasinage, piscines en plein air,
viviers et passages pour poissons. Il ne paie pas d'"en lieu" de taxes sur les
chemins, trottoirs, pistes d'envol ou d'atterrissage, pavements, voies
ferrées. Il ne paie pas d'"en lieu" de taxes sur les abris contre la
neige, tunnels, ponts et garages, conduites d'eau et égouts
collecteurs.
Voilà quelques exemples sur lesquels le gouvernement
fédéral ne paie pas d'"en lieu" de taxes. Il paie 40 000 000 $
d'"en lieu" de taxes, comparativement à 250 000 000 $ pour le
Québec.
Selon l'évaluation que nous avons, s'il payait des "en lieu" de
taxes, puisque ses "en lieu" de taxes sont discrétionnaires, ils ne sont
pas sur la base de l'évaluation foncière, parce qu'ils ne sont
pas évalués comme les immeubles appartenant au gouvernement du
Québec, on évalue à environ 50 000 000 $ de plus, s'il
payait ces sommes, même sur leur propre base. C'est un rapport du
sous-comité conjoint Québec-municipalités qui
évaluait à ce moment-là, c'est-à-dire en 1982,
à 44 500 000 $, le montant d'"en lieu" de taxes supplémentaires
que le gouvernement fédéral devrait payer s'il payait de
façon correcte.
M. Rochefort: Et s'il les payait sur la base de ses calculs et de
ses évaluations? Pensez-vous - vous dites, selon le rapport de ce
sous-comité, qu'il s'agit de 40 000 000 $ à 50 000 000 $ de plus
- qu'il y a un manque à gagner pour le monde municipal au Québec
du fait que le gouvernement fédéral refuse d'agir en bon citoyen
comme le gouvernement du Québec l'a fait? Avez-vous des raisons de
croire, d'après toutes les informations qui sont venues à vos
oreilles et à celles des fonctionnaires de votre ministère, que
ce qui a été offert au monde
municipal dans le cadre du présent débat d'intentions du
gouvernement fédéral de souscrire directement des subventions au
monde municipal, ce montant, pourrait être équivalent à 40
000 000 $ ou inférieur? Un chiffre est venu à mes oreilles, qui
était de l'ordre de...
M. Marcoux: II y a 75 députés
fédéraux. Si on met 1 000 000 $, 2 000 000 $ ou 3 000 000 $ par
"patroneux" dans le paysage, vous avez un ordre de grandeur de ce que cela peut
signifier par montant versé. Ce sont des évaluations qu'on peut
faire à travers les journaux puisque le gouvernement
fédéral ne nous transmet pas la liste des montants alloués
à ces "patroneux".
M. Rochefort: On peut donc, j'imagine, conclure que si le
gouvernement fédéral versait pleinement ses taxes
foncières, le Québec et l'ensemble de ses municipalités
seraient largement gagnants par rapport à la situation qui
prévaut actuellement et où on se fait saupoudrer quelques
centaines de milliers de dollars ici et là. Est-ce cela largement?
M. Marcoux: Oui, parfaitement.
M. Rochefort: J'aimerais qu'on prenne un cas précis, M. le
Président, et qu'on parle de Montréal durant quelques minutes.
Quels sont les transferts, en vertu de la réforme de la fiscalité
municipale, que le gouvernement du Québec effectuera auprès de
Montréal durant l'année 1984-1985? Est-ce qu'on a les chiffres?
(17 heures)
M. Marcoux: Si on prend Montréal, en compensation pour le
gaz, l'électricité, les télécommunications, c'est
46 300 000 $ plus, pour les "en lieu" sur les réseaux, les
écoles, les édifices appartenant au gouvernement: 84 017 000 $
plus, 6 045 000 $, pour la taxe d'affaires, cela fait 136 360 000 $ et le
fédéral donne environ 8 000 000 $ à la ville de
Montréal.
M. Rochefort: 8 000 000 $?
M. Marcoux: 8 000 000 $ à comparer à 136 000 000 $.
Si je fais une erreur, je serai heureux de me corriger, M. le
député.
M. Rochefort: Le député de Hull veut
intervenir?
M. Rocheleau: Tantôt. Je vais vous laisser finir.
M. Rochefort: Tout de suite, si vous voulez ouvrir une
parenthèse. Non? Cela va bien?
M. Rocheleau: Complétez, et je vais revenir par la
suite.
M. Marcoux: Puisque le député de Hull est
intervenu, je dois ajouter une chose: c'est que, moi, je demanderais simplement
au gouvernement fédéral de se comporter par rapport à
l'ensemble des municipalités du Québec comme il se comporte face
à la ville de Hull, parce que c'est la seule ville au Québec
où le gouvernement fédéral a accepté de payer de
pleins "en lieu" de taxes sur la pleine valeur de ses propriétés.
Je souhaiterais que le gouvernement fédéral traite l'ensemble des
municipalités du Québec comme il a accepté de traiter
Hull.
M. Rocheleau: Hull avait un excellent maire dans le temps.
M. Rochefort: En vertu de quoi?
M. Marcoux: Si ma mémoire est bonne, cela a
été décidé par la suite.
M. Rocheleau: Pendant que j'étais là.
M. Rochefort: C'est en vertu de quoi? Le chat va sortir du
sac.
M. Marcoux: Pour l'ensemble des municipalités du
Québec, c'est encore plus époustouflant que pour Montréal.
Le Québec paie 433 000 000 $ en "en lieu" de taxes et la taxe sur le
gaz, l'électricité, etc., à comparer à 36 000 000 $
pour le fédéral. C'est à peu près douze fois plus
pour le Québec.
M. Rochefort: Donc, on serait largement les grands gagnants si
Ottawa décidait d'agir avec toutes les municipalités du
Québec comme il agit avec la municipalité de Hull plutôt
que de se laisser saupoudrer...
M. Marcoux: Exactement.
M. Rochefort: ...saupoudrer quelques petites sommes...
M. Marcoux: Non, non, c'est évident. M. Rochefort: C'est
souhaitable.
M. Marcoux: Je peux vous dire qu'il y a une chose qui
m'étonne...
M. Rochefort: C'est souhaitable, largement souhaitable pour tous
les Québécois et toutes les Québécoises.
M. Marcoux: II y a une chose qui m'étonne...
M. Rochefort: II y a consensus sur cela,
M. le député de Hull.
M. Marcoux: C'est à peu près le seul sujet que je
sache sur lequel le gouvernement fédéral n'a fait une
publicité dans tout le Québec, parce qu'il fait beaucoup de
publicité. Je m'étonne que très peu de
municipalités sachent que le gouvernement fédéral paie ses
"en lieu" de taxes à plein dans une municipalité au Québec
et refuse de le faire partout ailleurs.
M. Rochefort: Ne trouvez-vous pas, M. le Président, qu'on
peut faire, à l'étude des crédits, des suggestions au
ministre? Je crois, M. le ministre, que c'est une chose qui devrait être
transmise à chacune des municipalités du Québec afin de
leur faire savoir non seulement qu'elles sont victimes d'une discrimination
à l'égard des tentatives de financement direct qui sont
inéquitables et que, d'autre part, il y a une municipalité qui,
elle, jouit du droit d'obtenir de pleines taxes foncières sur des
immeubles fédéraux. Je vous fais cette suggestion. Est-ce que
vous ne trouvez pas qu'il serait utile que vous informiez toutes les
municipalités du Québec du fait qu'il y a seulement la ville de
Hull qui profite de l'ensemble des taxes foncières municipales du
gouvernement fédéral et qu'elles sont donc toutes victimes d'une
discrimination et d'un manque à gagner considérable qui les
empêchent sûrement de réaliser beaucoup plus de projets que
ceux qu'on leur fait miroiter?
M. Marcoux: Ce que je crains, c'est que le fédéral
enlève son avantage à Hull. Je ne voudrais pas pénaliser
cette ville parce que, comme je connais le gouvernement fédéral,
j'ai l'impression qu'il ne voudra pas être généreux pour
l'ensemble des municipalités du Québec. Il préfère,
et c'est son style, être discrétionnaire et dire: Telle
municipalité, je te donne tant; telle municipalité, je ne te
donne rien; telle autre, je te donne tant. Connaissant la philosophie d'action
discrétionnaire face à la fiscalité municipale du
gouvernement fédéral, j'ai de fortes craintes que, si l'ensemble
des municipalités du Québec exigeaient la même chose, la
ville de Hull soit pénalisée. Je vais étudier votre
suggestion avec attention.
M. Rochefort: Je serais très heureux qu'on la mette en
pratique et si jamais il y avait une tentative de pénaliser la
municipalité de Hull, je suis convaincu que le député de
Hull retournerait à la mairie pour défendre les
intérêts de ses concitoyens puisqu'il prétend que c'est lui
qui a obtenu cela pour ses concitoyens.
M. Rocheleau: Je peux aller négocier pour vous, si vous
voulez.
M. Tremblay: De toute façon, on serait les gagnants,
quoi?
M. Rochefort: Oui, j'imagine?
Le Président (M. Fallu): Est-ce que c'est terminé
sur l'élément 2?
M. Rochefort: Oui, sur ces bonnes remarques de mon
collègue de Chambly, je pense que cela suffit pour l'instant. Merci.
Le Président (M. Fallu): Donc, nous passons la parole au
député de Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Je voulais
simplement poser une question au ministre des Affaires municipales, puisqu'on a
eu droit à une petite publicité gratuite. Évidemment, si
le gouvernement canadien ne paie pas d'"en lieu" de taxes comme le gouvernement
provincial le fait, est-ce qu'il est prêt au moins à
reconnaître que la constitution canadienne n'oblige pas le gouvernement
fédéral à payer des "en lieu" de taxes de ce genre? Est-ce
qu'il a au moins l'honnêteté intellectuelle de le
reconnaître?
M. Marcoux: C'est évident. Pas plus que la constitution
canadienne n'oblige le gouvernement du Québec à payer des taxes
sur ses bâtiments.
M. Saintonge: Je ne vous demande pas une comparaison, je vous
pose la question...
M. Marcoux: Non, non, mais...
M. Saintonge: ...je veux savoir si vous reconnaissez cela.
M. Marcoux: ...vous êtes libre de votre question...
M. Saintonge: Bon, c'est parfait.
M. Marcoux: ...je suis libre de ma réponse, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: D'accord. Mais vous reconnaissez....
M. Marcoux: Je n'ai pas reformulé... M. Saintonge:
Oui, oui.
M. Marcoux: ...mais laissez-moi répondre comme je
l'entends. Je pense que c'est la règle du jeu dans le système
parlementaire.
M. Saintonge: Oui, mais vous parlez cependant de se comporter en
bon citoyen...
M. Marcoux: Oui, oui.
M. Saintonge: Le gouvernement fédéral n'a aucune
obligation de payer un tel "en lieu" de taxes. Ce n'est pas que je veuille
défendre le gouvernement fédéral, mais s'il n'a pas
d'obligation, il n'est pas obligé de le payer. Si le gouvernement du
Québec décide, dans le cadre d'un réaménagement de
la fiscalité municipale, de payer des "en lieu" de taxes, c'est sa
décision, n'est-ce pas?
M. Marcoux: C'est cela. C'est sûr qu'on pourrait
décider d'en payer pleinement juste à Québec, et de ne pas
en payer aux autres du tout...
M. Saintonge: Depuis quand le gouvernement du
Québec...
M. Marcoux: ...ou d'en payer 10% ou 15%.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre pourrait me dire...
M. Marcoux: Vous dites que vous ne voulez pas défendre le
gouvernement fédéral, mais cela ressemble à cela en
maudit.
M. Saintonge: Non, non.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que le
député de Laprairie me permettrait une question sur ce
sujet-là?
M. Saintonge: Vous parlerez après.
M. Rochefort: Non? Je vous demande si vous acceptez une question
de ma part. C'est oui ou c'est non.
M. Saintonge: Non, merci. M. Rochefort: Non, merci!
M. Saintonge: Est-ce que le ministre des Affaires municipales
pourrait m'informer depuis combien de temps les subventions d"'en lieu" de
taxes sont versées par le gouvernement provincial aux
municipalités du Québec? À quel moment est-ce
arrivé?
M. Marcoux: II faudrait que je vérifie. Je sais que c'est
avant la réforme sur la fiscalité. Il y avait des "en lieu" de
taxes pour les hôpitaux. On m'indique que c'est en 1966 que cela a
commencé. Je ne savais pas le début mais je savais que
c'était bien avant la réforme sur la fiscalité, le
principe étant que le gouvernement du Québec reçoit des
services des municipalités pour les édifices qu'il a dans ces
municipalités; comme le gouvernement fédéral a des
édifices, il reçoit aussi des services. Alors, la logique
voudrait qu'il paie aussi.
M. Saintonge: Est-ce que vos sources peuvent également
vous dire quel montant le gouvernement provincial payait en 1966 en "en lieu"
de taxes aux municipalités?
M. Marcoux: II en payait très peu, à ce
moment-là, parce que, à la place, il y avait d'autres
façons de compenser les municipalités, c'était par la taxe
de vente de 8%; il y avait 1% qui allait aux municipalités,
c'était réparti selon certains critères, certaines
formules de péréquation et ainsi de suite, en tenant compte de la
population. Globalement, à ce moment-là, il y avait, de la part
du gouvernement du Québec, un paiement qui était fait. Mais, dans
le cadre de la réforme sur la fiscalité, il y a eu d'autres
méthodes qui ont été choisies.
M. Saintonge: II y avait donc des subventions du gouvernement
provincial, pour fins de fonctionnement aux municipalités, j'imagine -
avant le cadre de la réforme -c'est à peu près cela que
vous voulez nous dire. Le gouvernement provincial subventionnait les
municipalités pour d'autres sortes de subventions, qu'on peut appeler de
fonctionnement. Est-ce que c'est bien le cas?
M. Marcoux: Avant?
M. Saintonge: Avant la réforme sur la
fiscalité.
M. Marcoux: Avant la réforme sur la fiscalité, il y
avait des "en lieu" de taxes, il y avait des subventions inconditionnelles et
il y avait des subventions conditionnelles. Essentiellement, ce que la
réforme sur la fiscalité a changé, c'est que les
subventions conditionnelles ont diminué, sont presque disparues; les
subventions inconditionnelles aussi; il est, essentiellement resté,
comme base de la fiscalité municipale, le paiement d'"en lieu" de
taxes.
M. Saintonge: Est-ce que le ministre pourrait me chiffrer,
à ce moment-là, le genre de subventions conditionnelles ou de
fonctionnement qui étaient versées aux municipalités, pour
l'année précédant la réforme sur la
fiscalité, prenez 1979-1980?
M. Marcoux: Je pourrais sûrement le faire. J'ai
retrouvé cela dans le rapport que vous me citiez tantôt, ces
données y sont indiquées. Or, en 1979, transferts conditionnels -
parce qu'il y a une page sur laquelle il y a beaucoup de chiffres...
M. Rocheleau: Demandez au sous-ministre qui était
là.
M. Marcoux: Oui. S'il connaît le chiffre par coeur, il n'y
a pas de problème, il peut l'indiquer tout de suite. D'accord. Le
total
des revenus de sources locales était de 2 070 000 000 $ en 1979.
Les transferts inconditionnels: taxes de vente, taxes sur les repas et
l'hôtellerie, les subventions per capita, étaient de 496 000 000
$. Les transferts conditionnels étaient de 147 000 000 $, pour un total
de revenus de transfert de 643 000 000 $ entre les transferts inconditionnels
et les transferts conditionnels en 1979.
M. Saintonge: Le paiement d'"en lieu" de taxes était de
combien à cette époque?
M. Marcoux: Les paiements d"'en lieu" de taxes à ce
moment-là?
M. Saintonge: En 1979.
M. Marcoux: Compensations tenant lieu de taxes, le gouvernement
du Québec, 17 000 000 $.
M. Saintonge: 17 000 000 $?
M. Marcoux: Pour les immeubles des réseaux, s'ajoutaient
45 000 000 $ et, pour les sociétés de
télécommunications, de gaz et d'électricité, 37 000
000 $. À ce moment-là, pour le gouvernement
fédéral, c'était 18 000 000 $. Sur un total de 119 000 000
$ de compensations tenant lieu de taxes, le gouvernement fédéral
versait 18 000 000 $ alors que le gouvernement du Québec, plus les
immeubles du réseau, plus les sociétés de
télécommunications, de gaz et d'électricité,
versait environ 100 000 000 $. C'est à la page 11 du...
M. Saintonge: L'année suivante, au niveau des "en lieu" de
taxes, l'augmentation était assez importante. En 1980-1981, avec la
réforme de la fiscalité municipale, quand on arrive au paiement
d'"en lieu" de taxes...
M. Marcoux: Oui. En 1981? M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: C'est 373 000 000 $ au lieu de 119 000 000 $ en
1979.
M. Saintonge: Ce paiement d'"en lieu" de taxes, à ce
moment-là, provenait d'une décision au niveau de la
réforme de la fiscalité municipale de modifier les paiements de
transfert conditionnel que le gouvernement provincial amenait aux
municipalités. Est-ce qu'on pourrait établir la différence
globale avec les données qui sont là, le fait que le gouvernement
provincial ait haussé d'une façon aussi importante... Le paiement
d'"en lieu" de taxes provenait d'une modification de la fiscalité
municipale avec un changement d'approche avec le monde municipal. C'est clair.
Équivalant l'un à l'autre, vous arrivez à une
différence quand même de...
M. Marcoux: Si ma mémoire est bonne, l'effet global de
tous les changements - car il y avait environ une quinzaine de changements dans
la réforme de la fiscalité municipale - est de 360 000 000 $ ou
390 000 000 $ de marge de manoeuvre financière supplémentaire, si
on ajoute la réforme scolaire. J'ai les deux chiffres, selon
différents documents, de 360 000 000 $ ou 390 000 000 $ de marge de
manoeuvre financière supplémentaire. Il y a 200 000 000 $ qui ont
été récupérés immédiatement par les
municipalités et environ 160 000 000 $ qui ont servi à diminuer
le poids de la fiscalité pour les contribuables au niveau municipal. En
somme, les municipalités ne sont pas allées chercher la
première année l'ensemble de la marge supplémentaire
qu'elles avaient obtenue.
M. Saintonge: Si le gouvernement du Québec se comportait
en bon citoyen administratif et en bon négociateur et comme quelqu'un
qui respecte les promesses faites en 1979 et renouvelées en 1981 dans le
budget préélectoral, quel est le montant que les
municipalités du Québec recevraient en surplus aujourd'hui, du
bon gouvernement du Québec pour la totalité des paiements?
C'est-à-dire quel est le manque à gagner actuel des
municipalités du Québec, parce que le gouvernement du
Québec ne paie pas 20% du montant qu'il s'était engagé
à payer en "en lieu" de taxes pour les établissements des
affaires sociales, des universités et des cégeps et, parce qu'il
ne paie pas, encore cette année, 50% du montant qu'il s'était
engagé à payer pour les écoles primaires et secondaires?
Est-ce que vous avez fait le calcul de ces chiffres, M. le ministre? Est-ce que
vous pouvez le donner à la commission?
M. Marcoux: Le calcul que j'ai fait dans ma tête est
d'environ 100 000 000 $. Le sous-ministre me corrige, c'est 104 000 000 $ ou
109 000 000 $. (17 h 15)
M. Saintonge: C'est 104 809 000 $ que le gouvernement du
Québec...
M. Marcoux: 104 000 000 $ ou 109 000 000 $ de plus...
M. Saintonge: ...de plus...
M. Marcoux: En somme, chaque tranche - prenons cinq tranches -
sur les immeubles du primaire et du secondaire à 17 500 000 $ la tranche
de 10%; 17 500 000 $ multiplié par 5, cela fait environ 87 500 000 $,
plus les 80 000 000 $ à 100% pour les hôpitaux etc., cela veut
dire environ 109 000 000 $ ou 110 000 000 $.
M. Saintonge: Donc, le ministre reconnaît que le
gouvernement du Québec ne paie pas actuellement l'équivalent du
montant sur lequel il s'était engagé en 1979.
M. Marcoux: Non. Je reconnais que le gouvernement du
Québec pourrait, au lieu de verser seulement 433 000 000 $ à
comparer à 36 000 000 $ pour le gouvernement fédéral, en
verser plus, mais il y a une chose qu'on doit reconnaître, c'est que,
lorsque la réforme de la fiscalité municipale a été
faite, ce qu'on voulait, c'est vraiment que l'ensemble des municipalités
du Québec qui avaient de nouvelles responsabilités à
assumer, non pas nécessairement parce qu'on avait décidé
de leur donner plus de pouvoirs, mais simplement... Il est en train de se
passer par rapport aux municipalités ce qui s'est passé par
rapport aux gouvernements provinciaux au début de la constitution
canadienne. Quand les gouvernements des provinces ont été
constitués en 1867, les pouvoirs qu'on leur a donnés:
l'éducation, la santé, les municipalités, les loisirs
etc., c'étaient des pouvoirs qui n'impliquaient pas beaucoup de
dépenses. C'étaient de très petits budgets, c'était
très local. L'État n'avait presque rien à dépenser.
C'était ce qu'on appelait des pouvoirs marginaux, ce n'étaient
pas des pouvoirs importants. La société a évolué de
telle façon que les pouvoirs des provinces sont devenus très
importants, en termes budgétaires, et, de plus en plus, l'augmentation
de la masse des taxes est allée du côté des provinces, des
pouvoirs pour satisfaire les exigences de la santé, de
l'éducation, etc.
On peut dire que c'était la même chose du côté
des municipalités; du côté des institutions locales, il y a
une cinquantaine ou une centaine d'années, leurs responsabilités
étaient minimales, leur budget était minimal. Depuis une
trentaine d'années, depuis particulièrement dix ou quinze ans,
les champs des responsabilités que les municipalités avaient
déjà et le coût de l'exercice de ces champs se sont accrus,
ce qui a amené la nécessité de 'revoir le financement de
ces institutions. La réforme de la fiscalité a été
conçue pour leur donner un champ fiscal suffisant pour leur permettre
d'assumer leurs responsabilités et je dirais même qu'elle a
été conçue de façon brillante, de telle
façon que cette réforme puisse au moins avoir une valeur pour une
ou deux décennies, qu'elle ne soit pas valable seulement pour trois,
quatre ou cinq ans. On constate que, même en n'y ayant pas ajouté,
seulement en passant de 40% à 50% cette année pour les immeubles
scolaires et primaires, la réforme de la fiscalité, comme telle,
a permis d'atteindre quatre ou cinq objectifs importants, de diminuer
considérablement l'endettement des municipalités. C'est
passé de 5,75% à 4,95% de l'évaluation foncière
comme taux d'endettement. La part du budget des municipalités
consacrée au service de la dette est passée de 25% à 23%.
Malgré des augmentations de dépenses d'environ 58%, si ma
mémoire est bonne, l'augmentation des revenus autonomes est d'environ
30%, alors que les dépenses ont augmenté d'environ 58% lors des
récentes années. Ce qui fait que, quand on regarde ce portrait
global, l'objectif de la réforme a été atteint et que,
vraiment, les municipalités ont eu une marge fiscale accrue. En plus, il
nous reste, pour les années à venir, cette marge d'augmentation
du paiement des "en lieu" de taxes sur les immeubles scolaires du primaire et
du secondaire et sur les cégeps et les hôpitaux, ce qui fait que
cette réforme qui avait été conçue pour plusieurs
années, et non seulement pour trois, quatre et cinq ans, pourra
être valable probablement pour une quinzaine ou une vingtaine
d'années. En ce sens, le fait que le gouvernement n'ait pas
augmenté, dans les quatre dernières années, le paiement
des "en lieu" de taxes sur les immeubles scolaires primaires et secondaires et
sur les cégeps et les hôpitaux et que, malgré cela, la
situation financière des municipalités se soit
améliorée, et de beaucoup, je pense que c'est réjouissant.
Cela signifie que la réforme de la fiscalité qui a
été faite, sa base essentielle, va pouvoir durer beaucoup plus
longtemps.
M. Saintonge: Dans combien d'années le ministre pense-t-il
que le gouvernement va pouvoir tenir sa promesse de payer
l'entièreté de ces montants?
M. Marcoux: On peut s'amuser sur cela. Je m'excuse, M. le
député.
M. Saintonge: Non, non, mais si le ministre peut s'engager.
M. Marcoux: Non, non. Concernant...
M. Saintonge: On a déjà engagé, juste pour
avoir un engagement... M. Parizeau, le ministre des Finances, avait dit en 1981
qu'il le ferait dans un espace de temps qui nous amenait à 1985 ou 1986,
je pense.
M. Marcoux: Une chose... Bon! D'accord. Mais le comité
d'évaluation, le bilan et le suivi de la nouvelle fiscalité, de
la revalorisation du pouvoir municipal, le rapport du comité
Québec-municipalités, en 1982; parce qu'en 1978, quand le projet
est né - et cela a été adopté en 1979 et c'est
devenu une réalité en janvier 1980 - tout le monde était
convaincu que c'était une amélioration pour les
municipalités, la réforme de la fiscalité, mais je pense
que tout le monde ne croyait peut-être pas que cela donnerait autant de
bons résultats au
niveau financier, finalement, pour les municipalités,
réellement et qu'à ce moment-là, dans le climat
d'insécurité où on a créé une telle
réforme, qu'on ait dit: Ne vous inquiétez pas. Si, en somme, la
marge financière qu'on vous a donnée est insuffisante, on a des
possibilités d'améliorer cette marge financière. Quand il
y a eu une réévaluation deux ans après - et là, je
constate, je vois que les membres du comité
Québec-municipalités étaient peut-être plus
réalistes - en 1982, à la suite de l'évaluation des deux
premières années, voici ce qu'ils disent. Ce n'est
peut-être pas aussi loin que je le souhaiterais, mais voici ce qu'ils
disent; à la page 52: "Par conséquent, le comité
recommande que, compte tenu de ses disponibilités budgétaires -
je pense que c'est déjà faire preuve de réalisme, les
disponibilités budgétaires du côté municipal, depuis
trois ans, se sont améliorées constamment chaque année par
rapport au gouvernement du Québec ou même par rapport au
gouvernement fédéral - le gouvernement établisse un
échéancier visant une augmentation progressive des plafonds
actuels de 40% et 80% du taux global applicable aux immeubles du réseau
de l'éducation et des affaires sociales et que cet
échéancier soit rendu public."
Vous voyez, cela montre une nuance. C'est votre droit, et je comprends
votre attitude, vous pouvez revenir aux discours qui avaient été
faits et aux engagements pris en 1978 ou en 1979 par ceux qui avaient
travaillé à la réforme de la fiscalité et qui y
travaillaient dans un contexte où il y avait beaucoup
d'inquiétude sur les effets de cette réforme. Pour rassurer ces
gens-là aussi et pas seulement pour les rassurer, on leur a dit: Si
cette réforme ne produit pas tous les résultats financiers qu'on
attend d'elle, on peut augmenter les "en lieu" de taxes, ce qui va permettre de
faire en sorte que vous n'ayez pas - les municipalités - un poids fiscal
trop lourd à supporter. Deux ou trois ans après, les mêmes
personnes regroupant des gens des communautés urbaines, du monde rural,
du monde urbain et du ministère regardent la situation et disent: Dans
le fond, oui, notre situation est correcte et la réforme de la
fiscalité a produit ses effets. Voici ce qu'ils recommandent, et je
pense que c'est beaucoup plus nuancé: "Que compte tenu de ses
disponibilités budgétaires - là, ils ne disent plus: On
veut, pour l'année 1984, 100% sur tout, parce qu'ils savaient que ce
n'était pas réaliste, en plein dans la crise économique,
en plus - le gouvernement établisse un échéancier visant
une augmentation progressive des plafonds actuels de 40% et 80% - on l'a
augmenté de 40% à 50% cette année - du taux global
applicable aux immeubles du réseau de l'éducation et des affaires
sociales." Et on souhaitait, évidemment, que cet
échéancier soit rendu public.
Je pense que, compte tenu de ce qui s'est passé depuis deux ou
trois ans au Québec en termes d'évolution de la fiscalité
pour les municipalités qui s'est améliorée à tous
les points de vue, compte tenu de ce qui s'est passé à l'inverse
au niveau budgétaire au gouvernement du Québec, au niveau de
notre situation par rapport aux emprunts, par rapport au déficit, par
rapport à l'augmentation des dépenses, je pense que le monde
municipal sait très bien une chose: S'il n'y avait pas eu de
réforme de la fiscalité en 1979, elle n'aurait probablement pas
eu lieu avant 1990. C'est parce qu'il y avait une excellente conjoncture
budgétaire, financière, etc., qu'il y a eu une réforme de
la fiscalité en 1978-1979 et il aurait été impensable de
faire une réforme de la fiscalité en 1981, 1982 ou 1983, de
transférer 400 000 000 $ de marge financière de plus aux
municipalités au moment où le gouvernement se débattait
avec des augmentations de déficit énormes à cause de la
baisse des rentrées fiscales, en raison de la crise économique et
des causes qu'on connaît et sur lesquelles je n'ai pas l'intention de
revenir plus longtemps. Mais je veux dire que l'esprit du comité
Québec-municipalités et cette proposition en page 52 montrent, je
pense, un réalisme qui signifie que les situations évoluent. La
marge ou le coussin qu'on souhaitait est encore là et, au fur et
à mesure de l'évolution des besoins, on fera les ajustements,
comme on l'a fait cette année.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que nous passons la parole
à M. le député de Hull?
M. Saintonge: Oui, au député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Il n'en demeure pas
moins, M. le ministre, qu'en 1979, quand le comité
Québec-municipalités a étudié tout l'aspect de la
fiscalité, il en est arrivé à la conclusion d'un transfert
important, mais tenant compte de l'impôt foncier qui était aussi
retiré aux commissions scolaires et également du fait que la taxe
de vente, à cause de modifications apportées au niveau de
l'élimination de la taxe de vente sur les chaussures, sur les meubles,
qui faisaient partie des prévisions du gouvernement, allait quand
même retirer un montant assez appréciable, il faut tenir compte du
fait -vous n'y aviez pas pensé et je vous le dis -que les
municipalités actuellement, quoi qu'en dise ou en pense le ministre,
subventionnent le gouvernement du Québec pour le manque à gagner
de 105 000 000 $ ou de 109 000 000 $.
Je m'explique. Si le gouvernement du
Québec, du haut de sa chaire, dit aux autres: Ne faites pas ce
que je fais, mais faites plutôt ce que je vous dis de faire,
c'est-à-dire de dire au gouvernement fédéral de
reconnaître les "en lieu" de taxes à 100% partout, il faudrait que
le gouvernement du Québec commence par le pratiquer d'une part. Vous
avez mentionné tantôt qu'à Hull, le gouvernement
fédéral respectait à 100% l'évaluation
foncière, parce que, premièrement, l'impact dans la région
de la capitale nationale de la présence du gouvernement
fédéral à Hull est très important car il
répond à environ 25% du montant global des taxes perçues
par la ville de Hull, au niveau des revenus. C'est donc un
élément très, très important. Mais quand le
gouvernement, en 1979, alors que le ministre des Affaires municipales du temps,
M. Guy Tardif, à la suite du congrès de l'Union des
municipalités qui a suivi au printemps 1980 et où le ministre des
Finances s'était engagé, à ce moment-là, à
répondre aux objectifs, c'est-à-dire dans les quatre
années qu'on s'était fixées pour en arriver à 100%,
c'est que, dans le budget de l'an dernier, on a bougé un peu, soit de
10%, mais je considère que ce que le ministre a dit tantôt, c'est
qu'il veut agir en bon père de famille: Quand les municipalités
auront besoin de plus, on leur en donnera un peu plus.
Les municipalités ont prouvé que, depuis 1980, elles ont
mieux administré que le gouvernement du Québec, parce que, au
cours de la crise économique, les municipalités ont su la
traverser plus facilement par des restrictions budgétaires aussi alors
que le gouvernement du Québec a été obligé de
s'endetter et d'endetter la population d'un montant très
considérable. Tout ceci pour dire qu'il y a un manque à gagner
actuellement de 100 000 000 $ qui revient aux municipalités. Je voudrais
poser une question au ministre là-dessus et qu'il me réponde.
Ce matin, il a dit qu'il n'était pas question d'imposer, sous
forme de décentralisation, des pouvoirs soit aux gouvernements
régionaux, aux MRC, ou d'imposer aux municipalités des pouvoirs
accrus sans pour autant transférer des enveloppes budgétaires ou
des sommes correspondantes. Est-ce que le ministre pourrait m'informer si c'est
l'intention du gouvernement, sous une certaine forme de
décentralisation, d'utiliser le manque à gagner du réseau
de l'éducation et du réseau des affaires sociales,
c'est-à-dire les pourcentages pour lesquels vous ne payez pas d'"en
lieu" de taxes encore aujourd'hui? Est-ce que ces sommes pourraient être
utilisées dans le but de décentraliser certains pouvoirs de
Québec par rapport aux municipalités. C'est une question à
laquelle vous me répondrez tantôt.
Deuxièmement, vous avez dit qu'au cours des prochaines
années le gouvernement s'engagerait à atteindre les 100% des
réseaux de l'éducation et des affaires sociales, soit des
cégeps ou des universités. Mon collègue de Laprairie vous
a demandé de préciser, étant donné qu'il y a eu des
engagements qui ont été pris antérieurement par vos
collègues quant à la reconnaissance à 100% des
évaluations sur l'ensemble des réseaux appartenant au
gouvernement du Québec dans chacune des municipalités. (17 h
30)
J'aimerais que vous soyez plus précis là-dessus. On l'a
demandé, il y a deux ans, à votre prédécesseur,
à celui qui a osé déposer une loi comme la loi 38 et qui
est parti faire un tour. Le ministre qui l'a précédé, le
député de Crémazie, s'était aussi engagé
à le faire. J'aimerais donc que le nouveau ministre des Affaires
municipales, pour le temps qui lui reste, puisse prendre l'engagement, au nom
de son gouvernement, de nous dire s'il a l'intention de respecter les
énoncés de ses prédécesseurs quant au transfert des
"en lieu" de taxes en totalité.
Après, M. le ministre, vous pourrez tenter d'imposer vos
volontés au gouvernement fédéral. Là, je vous
aiderai. Je vous aiderai parce que je considère que le gouvernement
fédéral devrait reconnaître ses "en lieu" de taxes sur la
majorité de ses équipements tant au Québec que dans les
neuf autres provinces canadiennes. Le gouvernement fédéral ne
fait pas exception au niveau des "en lieu" de taxes, il paie les mêmes ou
à peu près les mêmes pourcentages dans chacune des
provinces canadiennes.
M. Rochefort: Ce n'est pas comme pour la police, pour cela, c'est
vrai, c'est une question de développement économique.
M. Rocheleau: II faut s'entendre là-dessus. Nous ne sommes
pas des "polices montées", nous.
M. Rochefort: Là-dessus, il est équitable.
M. Rocheleau: J'aimerais que le ministre nous précise ce
point relativement important. S'il veut répondre à ces deux
premières questions, j'aurai peut-être l'occasion de revenir.. Pas
de chiures de mouche!
M. Marcoux: Pardon?
M. Rocheleau: II ne faut pas chercher de chiures de mouche, ce
sont des faits. Il ne faut pas comparer des pommes et des bananes.
M. Marcoux: Je ne suis pas un
spécialiste des chiures de mouche; je ne me suis pas
spécialisé dans cela.
M. Rocheleau: Non, mais, tantôt, vous en avez sorti
quelques-unes.
M. Marcoux: Oui? Alors, je m'excuse. Il y a toujours une
façon de faire la preuve par l'absurde. Il y a toujours la preuve en soi
et la preuve par l'absurde qu'une chose est plus ou moins bonne. Je ne sais pas
ce qui arriverait si on disait aujourd'hui aux municipalités: La
réforme de la fiscalité, on l'a essayée et, après
quatre ans, on s'interroge, comme gouvernement, et on voudrait revenir à
l'ancienne méthode, à la loi telle quelle. On fait sauter la loi
adoptée en 1979 et on revient à l'ancienne façon avec la
taxe de vente, etc. On verrait le niveau d'emballement au niveau municipal par
rapport à cette formule.
Vous avez dit tantôt que le gouvernement du Québec avait
mal géré ses affaires depuis deux ou trois ans, qu'on voit ses
déficits, qu'il a endetté la province et que ça va mal. Je
peux vous assurer que je me suis promené dans les municipalités
et il n'y en a pas beaucoup qui disent: Mon Dieu, qu'on s'ennuie de la taxe de
vente'. À la suite de ce qui s'est passé depuis deux ou trois
ans, après l'augmentation de 3% ou 4%, alors que l'inflation
était à 12%, à 13% et à 14% et les taux
d'intérêt à 20% et 22%, il n'y a pas beaucoup de
municipalités qui réclament le retour à la taxe de vente
comme base, comme assiette fiscale. Elles ont même vu l'évaluation
foncière augmenter alors que, au contraire, quand il y a de
l'insécurité, les gens vont spéculer de façon
normale et placer leur argent dans l'immobilier parce que c'est plus
sécure, etc. C'est peut-être la preuve par l'absurde que,
fondamentalement la réforme de la fiscalité, telle qu'elle a
été décidée en concertation, est largement
acceptée et il n'y a plus personne qui remet cela en question.
Vous avez parlé de 1979. C'est sûr que vous pouvez citer
ces déclarations, elles ont été faites et je les
reconnais, mais le milieu municipal évolue et j'aimerais que
l'évolution atteigne aussi le Parti libéral. Je vous ai
cité une recommandation qui prouve que nos partenaires du monde
municipal admettent qu'il y a eu certains changements de la
réalité en 1981, 1982 et 1983; ils le reconnaissent
eux-mêmes. Dans le rapport, en page 52, ils auraient pu dire: On veut que
le gouvernement réalise l'engagement pris par le ministre Tardif en 1978
d'augmenter à 100%, pour le 1er janvier 1984, des taxes, des "en lieu"
de taxes. Ce n'est pas ce qu'ils disent et ces partenaires sont ceux qui sont
les plus visés.
Voici ce qu'ils disent: Compte tenu des disponibilités
financières, budgétaires, que le gouvernement établisse un
échéancier visant à une augmentation progressive. Ils ne
parlent même pas d'une augmentation statutaire chaque année mais
d'une augmentation progressive des plafonds actuels, etc. Je l'ai
indiqué tantôt. Je pense que cette attitude de nos partenaires
montre qu'ils tiennent compte qu'il y a une évolution de la
réalité et qu'il faut en tenir compte.
Quant à votre question de la décentralisation, sur le
principe qui doit correspondre à une réalité que, si on
décentralise des pouvoirs, il doit y avoir de l'argent en
conséquence; quelle est la meilleure méthode de financer ces
nouveaux pouvoirs? Est-ce à travers une augmentation à 50%, 60%,
70%, jusqu'à 100% des paiements des "en lieu" de taxes ou par d'autres
méthodes? Je pense que c'est dans les discussions avec nos partenaires
du milieu municipal et compte tenu des pouvoirs qui pourraient être
transférés. Je pense qu'on ne peut pas en décider en
théorie. Cela dépend quelle sorte de services ou de pouvoirs sont
transférés. Si ces pouvoirs transférés
coûtent proportionnellement aussi cher au milieu rural qu'au milieu
urbain et qu'on constate que telle méthode de financement - mettons 10%
d'augmentation sur les réseaux élémentaires et secondaires
- cela donne beaucoup plus d'argent au milieu urbain et très peu au
milieu rural et que le pouvoir qu'on veut envoyer avec le consentement des
municipalités au niveau des municipalités a à peu
près le même coût proportionnellement, ce n'est
peut-être pas le meilleur moyen.
Je pense qu'il faut juger du type de financement en même temps
qu'on décide du type de pouvoirs ou de responsabilités. Si on
transfère un pouvoir qui coûte 1000 $ par année à
une municipalité rurale et qu'il coûte également 1000 $ par
année à une municipalité urbaine de 30 000 habitants, je
n'enverrai pas le même type de subvention ou le même type de
transfert fiscal que si c'est un pouvoir qui coûte 1000 $ à une
municipalité rurale et 30 000 $ à une ville. Je pense qu'il faut
trouver la source de financement qui s'ajuste au pouvoir
transféré ou au service transféré.
Je prends un exemple théorique. Si on s'entendait pour dire que
la responsabilité d'offrir des services ou des locaux de garderie, c'est
une fonction municipale et que cela ne regarde plus le gouvernement du
Québec comme tel, que ce sont les municipalités qui doivent avoir
cette responsabilité, je sais bien qu'il n'y aura pas de garderie dans
chacune des municipalités rurales du Québec. Par contre, je suis
bien sûr que, dans les villes, il y en aurait. À ce
moment-là, je pense que la source de financement qu'il faut trouver, il
faut l'ajuster à la responsabilité qu'on transfère. C'est
dans ce sens-là que je veux être très clair sur le
principe. Ce que le gouvernement a toujours affirmé, je le partage
entièrement, mais je ne peux pas répondre
théoriquement et concrètement à votre question à
savoir: si les nouveaux pouvoirs pourraient ou devraient être
financés à travers l'augmentation des "en lieu" de taxes. Je ne
peux pas, parce que la première question est de savoir quels pouvoirs
seraient transférés, s'il y en a de transférés.
M. Rocheleau: II y a un autre élément relativement
important. Quand le projet de loi 57 a été adopté en 1979
- la loi a été appliquée en 1980 - on se souvient qu'on
avait limité l'augmentation de l'impôt scolaire à 6%.
M. Marcoux: Oui, 6% de l'évaluation normalisée.
M. Rocheleau: C'est cela.
M. Marcoux: Et, maintenant, cela devient de plus en plus
général avec les nouveaux rôles.
M. Rocheleau: Par contre, le ministre est peut-être au
courant que les commissions scolaires se sont adressées à la cour
et ont obtenu jugement. Apparemment, ce serait ultra vires de limiter les
commissions scolaires à 6%, c'est-à-dire qu'elles peuvent imposer
le montant qu'elles veulent bien, elles ne sont pas limitées aux 6%.
En tenant compte de cet aspect, en 1979 on se souviendra que le
comité Québec-municipalités, particulièrement les
municipalités, avait revendiqué la totalité du champ
d'impôt foncier aux municipalités et qu'à cause des
transferts on avait gardé un certain pourcentage qui équivalait
peut-être à 10% à peu près, mais avec cette
possibilité de maximiser l'augmentation possible des dépenses
à 6%.
Tenant compte du fait que les commissions scolaires, d'après le
jugement rendu, ne seraient pas tenues au maximum de 6%, est-ce que le ministre
a l'intention de réexaminer cet ensemble de transferts d'impôt
foncier tant aux municipalités qu'aux commissions scolaires dans
l'hypothèse où les commissions scolaires pourraient demain matin
augmenter plus que la limite permise de 6% sans pour autant aller en
référendum ou le demander par voie de
référendum?
M. Marcoux: Je pense que c'est un jugement qui a
été rendu. Le gouvernement est allé en appel. Le Procureur
général du Québec est allé en appel sur ce
jugement. Je ne peux pas présumer des décisions qui seront prises
par les tribunaux ultérieurement sur cette cause présentée
par les commissions scolaires. Je pense que je pourrais simplement dire que
c'est une question hypothétique et que je ne peux pas y répondre,
que je ne veux pas y répondre.
Pour aller au fond, indépendamment de la décision des
tribunaux et sans vouloir entrer dans un sujet sub judice, le gouvernement du
Québec a toujours respecté les décisions des tribunaux
même lorsqu'il croyait que cela pouvait avoir des conséquences qui
n'allaient pas dans le sens de l'intérêt tel qu'il le voyait pour
les citoyens, c'est sûr qu'on respecterait ce jugement, j'en suis
convaincu, comme on a respecté tous les autres jugements de tribunaux,
sauf que je pense que, à ce moment, cela deviendrait un choix dans les
discussions que l'on devrait avoir avec les commissions scolaires. Quand on
aurait vécu un système durant, cinq, six, sept ans, je pense
qu'il faudrait discuter avec nos partenaires des commissions scolaires et cela
m'étonnerait fort qu'après avoir vécu ce régime qui
satisfait les municipalités depuis plusieurs années et, en
pratique, je pense qu'au niveau des commissions scolaires, le fait d'être
subventionnées à 98% actuellement, directement par le
gouvernement, elles l'ont vécu et je pense que l'agressivité par
rapport à cette question a diminué. Je pense que cela se poserait
dans un autre contexte et qu'il faudrait à ce moment faire le
débat tel qu'il se présentera à ce moment et aussi les
jugements à venir peuvent être différents d'actuellement,
ils peuvent être plus nuancés, il peut y avoir des nuances dont il
faudra tenir compte. En fait, tout ce que je peux vous dire, c'est une
réponse très théorique.
M. Rocheleau: Dans cette optique, je ne veux pas prendre plus de
temps. Au comité de Québec-municipalités, dans le temps
j'avais soulevé un problème pas nécessairement
hypothétique, qui pouvait ou qui allait venir, qui allait être
réalité. Vous limitez à 6% les augmentations des
dépenses des commissions scolaires globalement et, autrement, les gens
doivent être consultés sous forme de référendum s'il
y a plus de 6% d'augmentation. Dans le cas du litige de la taxation scolaire
dans tout l'Outaouais, où cela représente un montant d'environ 60
000 000 $, qui doublerait la facture scolaire actuelle pour une période
variant entre cinq et huit ans, est-ce qu'à ce moment le ministre des
Affaires municipales, qui a accepté de transférer l'impôt
foncier pratiquement en totalité aux municipalités, va accepter
que les commissions scolaires viennent s'arroger un pouvoir maintenant
dévolu aux municipalités depuis la loi 57 de 1980 et va permettre
à ce moment aux commissions scolaires d'aller taxer les
municipalités dans le champ des impôts fonciers?
M. Marcoux: Vous me demandez un avis juridique que je ne puis
vous donner.
M. Rocheleau: Sans me donner un avis
juridique, si vous avez fait une loi qui s'appelle la loi 57 et si vous
y avez limité l'augmentation des commissions scolaires à 6%,
comment le ministre pourrait-il accepter que les commissions scolaires ou
certaines commissions scolaires puissent imposer...
M. Marcoux: Ce à quoi je pense - vous me demandez un avis
juridique que je ne suis pas en mesure de vous donner - c'est que, comme le
jugement des tribunaux sur cette question porte sur les effets
antérieurs et une méthode d'imposition antérieure à
l'application de la réforme de la fiscalité, je me demande si, au
moment où le jugement est rendu ou est exécuté, il doit
s'appliquer dans le contexte de la nouvelle fiscalité ou s'il doit
s'appliquer dans le contexte du jugement de la date où s'est posé
le problème. C'est un avis juridique que je ne peux donner. (17 h
45)
M. Rocheleau: Mais est-ce que le ministre s'engage à le
considérer au moment opportun?
M. Marcoux: Je pense que, d'abord, c'est le ministre de
l'Éducation qui est responsable de ce dossier puisque cela touche les
revenus des commissions scolaires et l'application de la Loi sur le financement
des commissions scolaires à cette époque.
M. Rocheleau: Mais, est-ce que le ministre des Affaires
municipales va s'engager à protéger ces municipalités
concernant l'impôt foncier qui leur a été
transféré par la loi 57 en 1979 et en vertu de laquelle on ne
peut pas revenir et taxer des gens pour des erreurs de 1970 ou 1971? Sans
ouvrir de débat là-dessus, M. le ministre, j'aimerais simplement
que vous en soyez saisi et, quand le moment se présentera, que vous
puissiez au moins être en mesure de nous informer.
Le Président (M. Fallu): Le prochain intervenant sur la
liste est Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. J'aimerais demander au
ministre si les transferts minimaux faisaient partie de la réforme de la
fiscalité au tout début de cette réforme? J'aimerais qu'il
nous en parle un peu, s'il vous plaît!
M. Marcoux: Oui. Toute réforme, évidemment,
avantage certaines personnes ou certains groupes et peut en désavantager
certains. Il est évident que, dans le cas de la réforme de la
fiscalité municipale, il y avait, si ma mémoire est bonne,
environ 135 ou 150 municipalités au Québec qui étaient
quelque peu défavorisées au niveau des rentrées fiscales
provenant du gouvernement du Québec par la réforme de la
fiscalité. Il a été prévu certains coussins
d'atterrissage. Le transfert minimal en était un; la formule de
péréquation en était une autre; il y avait d'autres
objectifs et le plafonnement de la taxe d'affaires pour les petites entreprises
dans certaines villes du Québec en était aussi un autre. Or, il y
avait un certain nombre de coussins d'atterrissage de la réforme pour
faire la transition par rapport au transfert minimal qui avait pour objectif
d'assurer un transfert fiscal équivalent à au moins 10 $ par
habitant dans les municipalités où la réforme procurait
moins de revenus que l'ancien système. Dans l'ancien système, il
y avait certaines municipalités qui ne percevaient aucune taxe du
Québec; elles vivaient simplement de la taxe de vente et des autres
transferts de revenus du gouvernement. Comment pouvaient-elles faire une saine
gestion des affaires municipales alors que tous leurs revenus étaient
des revenus de transfert, qu'elles étaient entièrement
subventionnées et qu'elles n'avaient aucune taxation locale ou presque?
Le transfert minimal avait été conçu à ce
moment-là pour assurer une période transitoire et il devait
disparaître au bout de trois ans. Ce que le gouvernement a choisi de
faire, au lieu de le faire disparaître d'un seul coup au bout de trois
ans, c'est de le prolonger durant deux années mais de payer 75% du
transfert minimal la quatrième année, et, la cinquième
année, 33% si ma mémoire est bonne - 40% la cinquième
année; et que, la sixième année, évidemment, le
transfert minimal disparaît.
Mme Juneau: II se terminerait quand?
M. Marcoux: En 1984, les municipalités qui étaient
admissibles au transfert minimal vont recevoir 40% de ce qu'elles recevaient il
y a trois ans et, au 1er janvier 1985, en somme, dans leur prochain budget, au
transfert minimal, ce sera zéro pour l'ensemble des
municipalités.
Mme Juneau: Quand vous parlez des 135 à 150
municipalités, est-ce que cela veut dire que ces municipalités
sont des municipalités où il n'existe pas d'immeubles
gouvernementaux, c'est-à-dire des ministères de
l'Éducation ou des Affaires sociales? Je peux vous dire que dans un
comté comme le mien où j'ai des municipalités de canton,
dans certaines de ces municipalités, il n'y a aucun immeuble
gouvernemental. A ce moment-là, si elles n'ont plus de transfert minimal
et qu'elles ne peuvent jouir d'aucune forme de subvention, comment vont-elles
arriver à faire leur budget, sinon en augmentant les taxes des
contribuables?
M. Marcoux: En fait, il y a 554 municipalités qui
bénéficient du transfert
minimal en 1984, c'est pour un montant de 12 070 000 $. Excusez, je me
reprends. En 1982-1983, lorsque le montant était total, c'était
12 000 000 $; cela a été abaissé à 9 000 000 $ en
1983, cette année, en 1984, à 4 800 000 $, presque 5 000 000 $
et, l'an prochain, à zéro.
Concernant la question que vous soulevez, on sait que plusieurs
municipalités au Québec chargeaient comme taxe foncière
peut-être 0,30 $, 0,40 $ ou 0,50 $ les 100 $ d'évaluation.
Plusieurs municipalités de mon comté bénéficiaient
du transfert minimal. Quand vous leur posez la question: Maintenant, à
quoi est rendu votre taux de taxe foncière? Même avec le transfert
minimal cette année de 40% seulement, elles sont rendues à 0,70
$, 0,80 $, 0,90 $, 1,10 $, alors que, lorsqu'on compare le taux de la taxe
foncière générale dans les villes, c'est beaucoup plus
souvent 1,60 $, 2 $, 2,50 $ ou 3 $.
Il reste que, pour le monde rural, essentiellement touché par
l'abolition du transfert minimal, quelques villes étaient
également touchées par cela. Tout simplement, cela les
amène progressivement à un taux de taxation qui correspond en
milieu rural à une taxe foncière générale moyenne
entre 0,90 $ les 100 $ d'évaluation et 1,20 $ ou 1,30 $ environ.
Mme Juneau: À ce moment-là, M. le Président,
est-ce que, dans ces municipalités rurales, la compensation pour les
fermes et les boisés vient pas mal...
M. Marcoux: Oui, continuez votre question.
Mme Juneau: ...je disais donc que, dans ces municipalités
rurales, je sais que vous avez un programme qui vise à compenser les
municipalités pour les fermes et les boisés? Est-ce que le
transfert minimal qui existait et qui n'existera plus peut équivaloir
à peu près en valeur à un montant X?
M. Marcoux: La compensation pour perte de revenu pour les fermes
et les boisés est une tout autre question ou un tout autre débat.
Vous savez qu'en vertu de la Loi sur l'évaluation foncière
l'évaluation des fermes et des boisés est plafonnée.
Lorsque la valeur réelle de ce bien foncier dépasse ces maximums,
le gouvernement paie la différence entre ce qu'aurait été
la valeur marchande ou la valeur réelle et ce que paie le cultivateur.
En fait, le cultivateur ou le propriétaire de fermes et de
boisés, s'il est dans la zone verte, est remboursé à 70%,
puisqu'on compte que l'autre tranche de 30% est à peu près
l'équivalent de sa maison, son garage, etc.
Il arrive que le plafonnement fasse que les municipalités
perdraient des revenus de taxes. Alors, le gouvernement compense pour la
différence. Si ma mémoire est bonne, cette compensation se situe
aux alentours de 11 000 000 $ pour les municipalités rurales, en
fonction du plafonnement des fermes et des boisés. Je pense qu'on ne
peut pas comparer, l'un n'a pas de rapport direct avec l'autre.
Mme Juneau: Mais, vous savez que...
M. Marcoux: Ce qui compense, ce qui a le plus de lien entre le
transfert minimal et l'ensemble de la fiscalité, c'est la formule de
péréquation, car la formule de péréquation est
là pour aider les municipalités au Québec dont la valeur
foncière se situe à 66,67% de la moyenne provinciale. Plus leur
valeur foncière est basse par rapport à 66%, admettons
qu'elle soit à 40%, elles bénéficient plus de la formule
de péréquation qu'une à 50% ou qu'une à 60%. C'est
davantage la formule de péréquation qui continuera à aider
les municipalités rurales qui peuvent avoir une valeur foncière
déficiente par rapport à l'évaluation foncière
moyenne du Québec.
Mme Juneau: Dans un autre domaine, M. le ministre, quand vous
avez signé l'entente le 16 mars dernier avec votre homologue
fédéral, M. Roberts, a-t-il été question de
chiffres? Je veux bien comprendre qu'il y a eu des ententes signées,
mais combien de millions ont été mis là-dedans?
M. Marcoux: Jusqu'à maintenant, le gouvernement
fédéral ne nous a pas informés du nombre de millions de
dollars qu'il entendait mettre dans les programmes de création
d'emplois disponibles pour les municipalités. Les discussions se
poursuivent intensivement entre mes fonctionnaires et ceux de M. Roberts pour
déterminer, sur les sept, huit ou neuf programmes d'Emploi et
Immigration Canada, à quels programmes pourraient être admissibles
les municipalités, et quelles seraient les enveloppes
budgétaires. Nous attendons avec impatience ces informations.
Mme Juneau: Savez-vous, M. le Président, je me suis
laissé dire que l'entente avait été signée. Cela se
dit chez nous, en tout cas; les maires m'ont dit que l'entente avait
été signée, mais qu'il ne restait plus d'argent à
mettre dans ce projet. Cela m'inquiète moi aussi.
M. Marcoux: En tout cas...
Mme Juneau: Car tout aurait été distribué
par les députés fédéraux...
M. Marcoux: Je ne peux pas conclure à
ceci, puisque je ne comprendrais pas que le gouvernement
fédéral ait signé un protocole d'entente avec le
gouvernement du Québec, avec le ministère des Affaires
municipales, nommément, pour rendre les municipalités admissibles
à des programmes de création d'emplois et qu'en même temps
il n'ait pas réservé d'argent pour ces municipalités.
À ce moment-là, il s'impose une pression terrible, parce que,
n'importe quand, nous, actuellement - nous attendons des réponses et
nous voulons agir avec la plus entière bonne foi face au gouvernement
fédéral -nous pourrions, n'importe quand, à partir de ce
moment-ci, écrire aux municipalités et leur dire:
Transmettez-nous vos projets dans le cadre du programme Canada au travail,
Été-Canada au travail, en somme, l'ensemble des programmes,
transmettez-nous vos projets, et nous les transmettrons au gouvernement
fédéral. Nous allons commencer à les étudier et le
gouvernement fédéral vous répondra, s'il ne peut pas les
accepter, parce qu'il n'a pas d'argent ou tout cela. Je ne comprendrais pas que
le gouvernement fédéral se soit mis dans une situation telle
qu'il signe une entente pour laquelle il n'a pas réservé de
fonds. Nous voulons agir de la façon la plus correcte possible. Nous
avons demandé au gouvernement fédéral de nous identifier
des programmes pour lesquels il voulait que les municipalités postulent
des subventions et d'indiquer les montants afin que nous informions les
municipalités et qu'elles fassent des projets qui correspondent aux
enveloppes disponibles, mais, jusqu'à preuve du contraire, je suis
convaincu de la bonne foi du gouvernement fédéral.
Mme Juneau: Vous attendez des nouvelles bientôt?
M. Marcoux: Oui.
Mme Juneau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Merci, M. le Président. Justement, en
parlant des programmes de péréquation du transfert minimal, le
ministre nous informait tantôt que nous augmentions de 40% à 50%
le niveau des établissements scolaires du primaire et du secondaire,
c'est 20 000 000 $ à peu près que cela coûtera au
gouvernement au surplus...
M. Marcoux: 17 500 000 $.
M. Saintonge: 17 500 000 $. Est-ce que le ministre est au courant
que son prédécesseur, au courant de la dernière
année, a quand même coupé dans les subventions aux
municipalités qui avaient été amenées par le
réforme fiscale, dans certains cas sur des programmes transitoires? Je
veux bien être d'accord avec lui, mais le ministre pourrait
peut-être reconnaître que son prédécesseur, je ne
sais pas s'il est au courant, a coupé, au niveau de la
péréquation l'an passé, 6 000 000 $, au niveau des
transferts minimaux.
M. Marcoux: Oui, c'est bien en l'abaissant de 75% à 66%,
oui, c'est bien, je reviendrai, je vais vous laisser terminer, quoique...
M. Saintonge: Non, mais, quand même, juste dans les faits,
il y a eu des abaissements des programmes transitoires. Le manque à
gagner des municipalités dans ces transferts de subventions
s'établissait, alors que les discussions étaient en cours pour
les augmenter de 10%, au niveau des immeubles du secondaire et du primaire. Il
y avait une augmentation de 17 000 000 $ mais, en même temps, on tirait
sur l'autre bout de la couverte on allait chercher 6 000 000 $ en
péréquation de moins que nous ne versions pas aux
municipalités: transfert minimal, 12 000 000 $; subventions aux MRC l'an
dernier, à peu près à cette époque-ci
I 500 000 $ en moins; la taxe d'affaires, le dernier bijou de la loi 45,
7 700 000 $. Ceci fait que les municipalités, dans une période
d'environ 12 à 15 mois, ont été privées de
subventions de l'ordre de 27 200 000 $ pour obtenir en retour un gain du
gouvernement provincial de 17 200 000 $. C'est exactement le genre de calcul au
niveau des subventions qui est toujours à l'avantage des
municipalités.
Je comprends également qu'avec les recommandations du
comité Québec-municipalités à la première,
étant donné le temps, le ministre ne peut pas s'engager à
ce moment-ci dans des échéanciers. Et s'il ne peut pas s'engager
dans des échéanciers à ce moment-ci, il reste une chose,
c'est que le ministre pourra, par la même occasion, je l'espère,
me dire s'il entrevoit des possibilités de ce
côté-là dans les recommandations 2, 3 et 4 du même
rapport qu'il me lisait tantôt, en page 52, le rapport
Québec-municipalités du mois d'octobre 1982. Le comité y
recommandait que les immeubles des réseaux de l'éducation et des
affaires sociales, vacants ou non, utilisés aux fins prévues par
la loi deviennent taxables, de façon à favoriser la
"réaffectation" des surplus d'équipements. L'exemption
n'existerait plus, si elle n'est pas utilisée pour les fins auxquelles
elle était prévue.
La troisième recommandation était que les programmes
gouvernementaux de paiements d'"en lieu" de taxes, soient élargis de
manière à assujettir des biens encore exclus.
II y a certains exemples qui sont donnés de biens exclus. Est-ce
que le ministre pourrait
donner suite à cette recommandation également et dans quel
délai?
La quatrième recommandation est, conformément à son
statut de contribuable à part entière que le ministre nous a
loué si fortement lors de l'intervention de M. le député
de Gouin, que le gouvernement et ses agences versent des intérêts
sur des montants non payés aux dates d'échéance
prévues pour tout autre contribuable.
Si je prends le paquet de tout cela - je ne veux pas défendre le
fédéral là-dessus - il serait peut-être souhaitable,
comme le comité le recommande, que le gouvernement décide de
payer des "en lieu" de taxes plus élevés au Québec, et
peut-être de payer les entités aussi, et je suis alors d'accord
avec vous. Mais ce qu'il faut dire fondamentalement, c'est qu'actuellement le
gouvernement du Québec, au niveau des "en lieu" de taxes, dans une
réforme qu'il a lui-même concoctée, qu'il a lui-même
mise en application, ne respecte plus les règles du jeu en ne payant pas
les "en lieu" auxquels il s'était engagé alors qu'il
récupérait des municipalités des champs de taxation qui
étaient auparavant aux municipalités elles-mêmes. Est-ce
que le ministre peut donner certaines informations sur l'agir du gouvernement
comme citoyen à part entière et comme bon citoyen du
Québec à ce sujet?
Le Président (M. Fallu): La question étant
posée, la réponse viendra à 20 heures dans cette
même salle. Je vous invite tous à être ici à 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise de la séance à 20 h 21)
Le Président (M. Fallu): À l'ordre, s'il vous
plaît, mesdames et messieurs! Nous reprenons nos travaux. Vous savez,
compagnons de route, vous qui êtes ici autour de cette table ainsi que
nos invités, que nous sommes menacés, par la force des choses,
par la gravitation universelle, de prolonger un peu nos travaux ce soir. Cela
prendra peut-être un consentement de la commission puisque nous accusons
présentement un retard de 112 minutes.
On pourrait peut-être s'entendre tout à l'heure pour... On
sait qu'on ne peut pas dépasser minuit, de toute façon. Enfin, on
peut déjà prévoir que nous risquons de dépasser 22
heures.
M. le ministre, un chapelet de questions vous a été
posé avant le dîner. On vous demanderait de ne pas répondre
par un rosaire.
Oui, Mme la députée.
Mme Juneau: Les 112 minutes de retard que nous avons, est-ce que
c'est dû au grand nombre de questions que le député a
posées ce matin?
Le Président (M. Fallu): Non, il s'agit d'un retard
dû aux délais impartis au début de nos séances ou
aux suspensions.
M. Saintonge: Ce n'est pas non plus la longueur des
réponses.
Le Président (M. Fallu): Voilà. M. le ministre,
vous avez la parole.
M. Marcoux: Concernant la question du député de
Laprairie, je dois dire que cela peut être bref ou que cela peut
être long. Cela peut être bref dans le sens que, concernant le
transfert minimum, il avait été convenu au moment de
l'étude de la Loi sur la fiscalité municipale que cette
compensation durerait trois ans et le gouvernement l'a prolongée
à cinq ans. D'accord, on peut dire que les municipalités perdent
quelque chose, mais je pense qu'au contraire elles ont gagné deux ans de
plus, partiellement, des montants qui devaient finir au bout de trois ans. La
compensation de taxes d'affaires applicable à environ onze
municipalités, sur 11 000 000 $ ou 12 000 000 $, l'essentiel c'est 8 000
000 $ ou 9 000 000 $ à Montréal, 1 000 000 $ à
Québec puis quelques petits montants dans d'autres
municipalités.
Cette compensation pour taxes d'affaires pour les petites entreprises,
encore là, était vue comme une mesure d'atterrissage de la
réforme et, donc, perçue essentiellement comme temporaire. Encore
là, le gouvernement ne l'a pas fait disparaître d'un coup; il va
le faire disparaître en deux étapes. Par ailleurs,
indépendamment de cela, le gouvernement a décidé
d'augmenter de 40% à 50% les compensations pour taxes scolaires.
En ce qui concerne l'abaissement de 75% à 66% du critère
à partir duquel la péréquation s'applique, il faut
admettre qu'à 75% on touchait, si ma mémoire est bonne, à
une ou deux grandes villes à qui on donnait quelques millions alors que,
lorsqu'on regarde la situation financière de ces municipalités,
celle-ci était excellente à la suite de la réforme. Il y a
cinq municipalités urbaines, dont, entre autres, Verdun... Je me suis
fait sortir, parce que le député de Verdun était avec nous
la semaine passée et il disait que la réforme avait
été avantageuse dans le passé, mais qu'elle le serait
moins dans l'avenir pour Verdun. Voici quelques données. Pour les
compensations tenant lieu de taxes, nous sommes passés dans cette
municipalité, de 1980 à 1984 - je ne parle pas de 1979 - de 1 400
000 $ à 2 600 000 $, ce qui signifie 114% d'augmentation en 4 ans.
Au niveau de l'évolution des dépenses
municipales, elles ont augmenté de 56%, puis les revenus des
taxes ont augmenté de 19%. Il y a donc quelqu'un qui a assumé la
différence quelque part.
Au niveau de la dette à long terme de la municipalité,
c'est passé de 8% à 6,9%. Si la dette à long terme de la
municipalité, le niveau de l'endettement de la municipalité est
passé de 8% à 6,9%, ce n'est pas que la situation
financière a empiré, et ainsi de suite. Je pourrais fournir
d'autres données, mais lorsqu'on dit que le gouvernement modifie les
règles du jeu, que par la péréquation il fait des
économies, il faut voir que les cinq municipalités qui ne sont
plus éligibles - qui l'étaient lorsque c'était à
75% plutôt qu'à 66% - étaient des municipalités
urbaines qui se trouvaient dans une situation financière excellente et
qui avaient largement bénéficié de la réforme de la
fiscalité. Voilà ma réponse, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que le débat sur
l'élément 3 est maintenant terminé? Nous pourrions revenir
à l'élément 1 que nous avions laissé provisoirement
en suspens?
Donc, nous revenons à l'élément 1. Quelqu'un
demande la parole?
M. Saintonge: M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le député
de Laprairie.
Rôles de nouvelle
génération
M. Saintonge: En fin de compte, j'imagine que je suis à
l'élément 1, que cela doit se rapporter à la question de
la normalisation et de l'aide technique, au niveau de l'évaluation
foncière.
Il y a deux ans, il y avait eu un débat, en Chambre, assez
sérieux concernant certains problèmes que les
municipalités de la région de Montréal connaissaient
relativement à la hausse de l'évaluation foncière et, par
ricochet, de la taxe foncière imposée aux propriétaires,
principalement de maisons unifamiliales et aussi de duplex, triplex,
quadruplex, principalement. Avec la nouvelle évaluation, leur
évaluation augmentait proportionnellement plus rapidement que
l'évaluation, par exemple, des maisons d'appartements ou des industries
de la municipalité, de telle sorte que le fardeau des contribuables pour
le résidentiel, l'unifamilial principalement, les duplex, triplex,
était beaucoup plus lourd que pour les autres catégories.
Un débat s'était tenu au mois de mai, les 5 et 12 mai
1982, en Chambre, et certaines propositions pour tenter de trouver des
éléments de solution avaient été faites par
l'Opposition. Le ministre des Affaires municipales de l'époque attendait
le résultat du rapport Québec-municipalités à
l'automne 1982, rapport qui a été cité cet
après-midi à plusieurs reprises. Pour soulager le problème
des contribuables municipaux à Montréal et dans les environs,
rien de spécifique n'avait été fait. Je sais pertinemment,
pour en avoir eu des échos, que le ville de Laval subit cette
année le même phénomène avec le nouveau rôle
d'évaluation, de sorte que les propriétaires des maisons
unifamiliales se retrouvent, encore une fois, à Laval comme dans
d'autres municipalités du Québec, avec une évaluation qui
augmente de façon importante et, par ricochet, leur compte de taxes
augmente aussi de façon importante.
On me cite qu'à Laval, dans certains cas, des augmentations de
comptes de taxes sont même de l'ordre de 100% et plus.
C'est-à-dire que des comptes de taxes de 2000 $ sont rendus à
4000 $ dans certains cas. C'est l'information que j'ai eue d'un conseiller
municipal de la ville de Laval, la semaine dernière.
Vis-à-vis de tout cela, je me demande si le ministre actuel des
Affaires municipales avec les officiers du ministère ont pu
préparer une possibilité de solution, comme cela avait
été demandé à l'époque par l'Opposition, et
non seulement par l'Opposition, mais aussi par le milieu municipal dans la
région de Montréal. Les éditoriaux même parlaient de
soulager d'une quelconque façon le fardeau de ces contribuables. Est-ce
que le ministre a une solution à envisager à brève
échéance pour permettre à ces contribuables de
bénéficier du moins d'un certain rabais, sinon d'un rabais de
taxes? La solution, je la laisse au ministre pour voir s'il y en a une au
niveau du ministère pour soulager le fardeau de ces contribuables.
M. Marcoux: Ce que je vous ai indiqué, cet
après-midi, à propos de la Communauté urbaine de
Montréal à savoir qu'elle a pris de sérieux retards dans
la fabrication des nouveaux rôles d'évaluation, des rôles de
nouvelle génération, s'applique également à Laval.
C'est ce qui a pu causer des problèmes parce que les règles de la
Loi sur l'évaluation foncière, comme les documents techniques qui
aident à sa mise en application, indiquent que l'évaluation, que
ce soit des résidences, des commerces ou des industries, doit
correspondre à leur valeur marchande, leur valeur réelle, et
qu'ils doivent être en équité les uns par rapport aux
autres. Ces principes n'ont pas eu à être modifiés dans la
loi. En fait, la solution au problème que vous identifiez est dans la
révision des rôles ou leur mise à jour, le plus rapidement
possible, par les municipalités concernées. On m'indique
qu'à Laval il faut qu'on rattrappe quatre ans d'équilibre du
rôle.
M. Saintonge: Je comprends mais il reste qu'avec la
réforme de la fiscalité municipale, indépendamment du fait
que les villes avaient...
M. Marcoux: Ce qu'on m'indique, c'est que les augmentations que
Laval aurait dû faire en quatre ans, elle les a faites d'un seul coup.
C'est au niveau de l'application, mais, normalement, comme les
municipalités régionales de comté sont responsables de
l'application de l'évaluation sur le territoire des MRC, il en est de
même pour les villes comme Laval. Elles sont responsables sur leur
territoire. Si les ajustements ne sont pas faits d'année en
année, évidemment, cela a des conséquences.
M. Saintonge: Concernant les ajustements faits d'année en
année, le problème est que l'augmentation de l'évaluation
touche davantage les propriétés unifamiliales,
résidentielles en fait, que les commerces et même les
propriétés à logements multiples. C'est un
phénomène, je comprends, qu'on n'a pas rajusté. Mais, dans
les faits, si on ne les rajuste pas sur une période de quatre ans, il
reste que les autres commerces - les industries par exemple -n'ont pas
été rajustés dans ces quatre ans.
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: L'évaluation des propriétés
à logements multiples n'a pas été non plus
rajustée, dans ces quatre ans. D'une quelconque façon, à
un moment donné, l'impact du rajustement au niveau de
l'évaluation, le concept de la valeur marchande, étant
donné que les propriétés résidentielles
unifamiliales, sur le marché, se vendent davantage... Le marché
est plus ouvert qu'au niveau des propriétés à logements
multiples, pour différents motifs. Les propriétaires de ces
maisons se plaignent des contrariétés apportées par toute
la question de la Régie du logement, ce qui fait en sorte que les
propriétés à logements multiples sont beaucoup moins
flexibles et évoluent beaucoup moins rapidement. Cela a une influence
directe au niveau de la valeur. Je ne critique pas sur ce point, mais je donne
un exemple de l'influence du comportement de la Régie du logement sur la
progression ou non de la valeur marchande des propriétés à
logements multiples.
Au niveau des industries, c'est un peu la même chose. La valeur
marchande augmente moins rapidement que la question de l'évaluation
foncière des propriétés résidentielles. En
conséquence, disons qu'il y a quand même une espèce de
"gap" à remplir, à sauter entre les deux; au lieu de se faire sur
une période à plus long terme, cela se fait dans une
année. Il reste que, au niveau de la fiscalité municipale,
même à l'époque de la loi 57, dans les critiques de la loi
57 ou lors de l'adoption de la loi en 1979, les critiques du Parti
libéral mentionnaient justement que la capacité de payer des
contribuables au niveau des résidences unifamiliales atteignait un point
de saturation, que c'était un danger éventuel, avec
l'entrée en vigueur de la loi 57, de toucher davantage ces
gens-là. J'ai lu, brièvement, quelques commentaires
là-dessus. Disons qu'on arrive au problème, aujourd'hui,
où les nouveaux rôles sont déposés. On a
peut-être pu retarder, mais il reste que le contribuable est
rattrapé cette année. Est-ce que le ministère envisage une
possibilité d'aider ces contribuables ou de faire en sorte qu'il y ait
des assouplissements quelconques, des modifications pour les aider à
remplir cette marge?
M. Marcoux: II n'y a pas de modification possible pour dire qu'on
va aider tel groupe de contribuables en particulier; que, parce qu'il a mal
été évalué ou insuffisamment évalué
durant un certain nombre d'années et qu'il a une hausse brusque de son
évaluation, on va, indirectement, payer à sa place. Je pense que
ce ne serait pas correct par rapport à tous ceux dont
l'évaluation correspond aux critères généraux,
correspond à la valeur marchande. Ce serait, la conséquence de la
suggestion que vous faites - je ne la prends pas comme proposition - encourager
les municipalités à ne pas mettre en oeuvre la Loi sur
l'évaluation foncière le plus rapidement possible et le plus
correctement possible si nous disions que nous allons compenser -
peut-être même de façon arbitraire, je ne vois pas comment
cela pourrait être fait autrement que de façon arbitraire -
certains types de résidences ou de propriétés par rapport
à des hausses d'évaluation qui pourraient être trop fortes
parce que les rôles d'évaluation n'ont pas été
ajustés d'année en année mais l'ont été d'un
seul coup, à un moment donné, au bout de quatre ans. En tout cas,
c'est une première réaction que je vous donne; mais vu la
façon dont je perçois votre suggestion, je pense qu'elle
entraînerait des iniquités par rapport à l'ensemble des
municipalités au Québec, l'ensemble des villes, des
communautés urbaines qui ont appliqué la Loi sur
l'évaluation foncière dans les délais normaux.
M. Saintonge: Les propositions pourraient arriver, M. le
ministre, dans le sens où elles avaient été
proposées lors du débat, il y a deux ans, au mois de mai 1982. On
parlait, par exemple, de taux variables de taxation; c'est une
possibilité qui pouvait être envisagée. Il y avait des
possibilités également du côté de crédits
d'impôt foncier, par exemple; on parlait de
remboursement d'impôt, de déduction d'impôt.
C'étaient des énoncés qu'on faisait. C'étaient des
façons de régler cela, d'appliquer la taxation selon les
bénéfices reçus, particulièrement dans certains
cas.
M. Marcoux: Est-ce que c'étaient des propositions du
comité Québec-municipalités?
M. Saintonge: Non, non, c'étaient des propositions faites
au ministre des Affaires municipales lors du débat sur une question du
mercredi, qui avait duré deux semaines, en 1982.
M. Marcoux: Faites par l'Opposition.
M. Saintonge: Par l'Opposition, dans certains cas; où
l'Opposition avait donné des exemples...
M. Marcoux: Est-ce que ces propositions avaient
déjà été soumises, mettons, au ministère des
Affaires municipales, soit par les communautés urbaines ou par l'Union
des municipalités du Québec?
M. Saintonge: Je pense que cela avait été
discuté. C'était en discussion, si je me souviens bien, au niveau
du comité Québec-municipalités, pour tenter de trouver une
solution, d'après ce que j'ai pu comprendre. Ou, du moins, le ministre
avait dit: On envisagera des solutions pour tenter de diminuer l'impact du
côté des contribuables, pour ceux qui sont propriétaires de
maisons unifamiliales.
M. Marcoux: En tout cas, pour la première lecture que j'ai
pu en faire, je n'ai pas vu que ces propositions avaient été
retenues par le comité Québec-municipalités, qui a
consacré un chapitre de ses travaux à l'évaluation
foncière.
M. Saintonge: Ce sont des dispositions qui avaient
été soumises au ministre à l'époque. Ce que je veux
dire, c'est que le ministre semble s'en être
désintéressé parce qu'il n'y a pas eu de solution. Il
devait tenir compte de cela pour tenter de trouver une solution
éventuelle pour la catégorie de contribuables qui sont les plus
affectés par l'augmentation du coût de la propriété,
c'est-à-dire les propriétaires de maisons unifamiliales.
M. Marcoux: Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas eu de modification
législative ou réglementaire que le ministre n'en a pas tenu
compte; il en a peut-être tenu compte et il en est arrivé à
la conclusion que les propositions qui étaient faites créeraient
plus d'iniquités que le système qui s'applique actuellement. Je
me souviens très bien des manifestations auxquelles ce débat
avait donné lieu, des assemblées au Forum à
Montréal et tout cela. Je suppose, comme la nature du débat a
changé en tout cas de couleur et qu'il est certainement moins actif
actuellement que par le passé, que les municipalités où ce
type de problèmes a existé ont demandé à leur
évaluateur d'agir au plus vite pour avoir la pleine assurance que ces
établissements, en particulier les résidences, soient
évalués de la façon la plus juste possible pour que
l'ensemble des propriétaires aient à payer des impôts en
équité l'un par rapport à l'autre, ce qui est le principe
de base de l'évaluation foncière.
La Présidente (Mme Bacon): Est-ce qu'il y a d'autres
questions, M. le député?
M. Saintonge: Oui, le ministre peut-il prendre en
considération... Si Laval soumettait une demande dans ce sens, ce serait
la même réponse, j'imagine. Il n'y a pas eu de solution
envisagée, si l'on veut, pour tenter de pallier au fardeau fiscal plus
lourd, dans ce cas, qui semble frapper les contribuables propriétaires
de maisons unifamiliales.
M. Marcoux: Quand vous parlez de fardeau fiscal plus lourd, si
les dépenses de la municipalité n'augmentent pas ou augmentent
simplement de 5% ou 10% par année, le fardeau fiscal des citoyens
n'augmente pas selon ce que vous évoquez. C'est la répartition de
ce fardeau fiscal, pour être précis. Au sujet de la
répartition du fardeau fiscal, la Loi sur l'évaluation
foncière de 1972 prévoit que la base était d'en arriver
à de nouveaux rôles d'évaluation le plus tôt possible
pour que les citoyens au Québec soient évalués sur la base
la plus égalitaire possible, la plus équitable possible, dans
l'ensemble du Québec, non seulement à l'intérieur d'une
municipalité, mais dans l'ensemble du Québec.
Une période de dix ans était prévue pour la mise en
oeuvre de ces rôles. Des municipalités et des MRC - la plupart et
même la très grande majorité - se sont empressées
d'appliquer cette loi et d'aboutir à de nouveaux rôles qui
traitent avec plus d'équité l'ensemble de leurs concitoyens.
Quand on parle du fardeau fiscal, je ne conteste pas les faits que vous
indiquez qu'il a pu arriver que des propriétaires de résidences
aient eu une augmentation très élevée, très
brusque, de leurs taxes foncières, mais cela vient du fait que, durant
quelques années, des retards avaient été
accusés...
M. Saintonge: En plus de cela - je suis d'accord avec vous -
peut-être que je m'exprime mal, mais il semble qu'il y ait un
déplacement du fardeau fiscal vers les propriétaires de
résidences unifamiliales par
rapport aux propriétaires de bâtiments industriels, par
rapport aux propriétaires d'édifices à logements
multiples. Donc, c'est dire que la valeur marchande des maisons augmente plus
rapidement que celle des immeubles à logements multiples ou des
industries. En conséquence de quoi le déplacement du fardeau
fiscal se fait vers les individus plutôt que vers les compagnies ou les
groupes détenteurs d'intérêts dans des logements multiples.
Dans ce sens...
M. Marcoux: En ce qui concerne les compagnies, avec le taux de
taxation sur la valeur locative, les municipalités peuvent ajuster la
proportion de leurs revenus qui proviennent du secteur résidentiel par
rapport au secteur d'affaires. Il y a une marge de jeu et on voit que les
municipalités s'en sont très bien servies, parce que si,
globalement, dans l'ensemble du Québec, de 1980 à 1983, les taxes
pour les particuliers ont augmenté de 29% dans les municipalités,
au niveau des affaires, cela a été de 32%. Donc, on peut dire que
les municipalités auraient pu choisir de moins augmenter la taxe sur la
valeur locative pour faire en sorte de faire porter davantage le fardeau sur
les particuliers plutôt que sur les entreprises d'affaires.
Or, les municipalités ont maintenu un certain équilibre,
parce qu'elles ont considéré, ou elles présupposaient
qu'il y avait déjà un équilibre. Au cours des quatre
dernières années, de 1980 à 1983, elles ont
augmenté de 29% les taxes des particuliers et de 32% les taxes
d'affaires ou les taxes sur la valeur locative.
En ce qui concerne Laval, on me donne l'information suivante. Laval
était au comité conjoint Québec-municipalités; elle
a elle-même voté contre la taxation différenciée et
pour des rôles équitables, disant ainsi que c'est par
l'équité des rôles qu'on atteindra l'objectif
souhaité. La façon d'atteindre l'équité des
rôles, c'est que les municipalités fassent revoir leurs
rôles de façon régulière.
On me signale encore l'un des autres principes du premier comité
conjoint Québec-municipalités, en 1978: le principe de la
neutralité du régime fiscal. La neutralité est un
corollaire du principe d'équité et signifie que la
fiscalité locale ne doit pas modifier la répartition des
coûts réels de façon à favoriser certains
contribuables aux dépens des autres. La façon de l'atteindre,
c'est par un bon système d'évaluation foncière. Vous dites
que les maisons résidentielles privées, leur valeur, compte tenu
de certaine conjoncture, peut augmenter beaucoup plus vite que celle
d'immeubles d'appartements ou du secteur commercial.
Pour le secteur commercial, j'ai indiqué clairement tantôt
que, si une municipalité voit que le rendement de sa taxe, la valeur
locative diminue, ou n'augmente pas assez vite par rapport au rendement de la
taxe des particuliers, elle peut réajuster sa taxe sur la valeur
locative. (20 h 45)
Maintenant, par rapport à l'équité interne des
particuliers, que voulez-vous, si les résidences individuelles prennent
plus de valeur à chaque année que les immeubles à
logements multiples, je pense que c'est la stricte équité que
ceux qui demeurent dans des résidences privées paient davantage
de taxes foncières que ceux qui demeurent dans des immeubles à
logements multiples. C'est la base de notre système d'impôt, le
correctif étant apporté, s'il y a lieu, par le crédit
d'impôt foncier au moment du rapport d'impôt.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: J'aurais un autre cas, M. le ministre, sur un
problème semblable au même programme, portant sur la
normalisation.
Une voix: Est-ce que c'est un cas de comté?
M. Saintonge: Non, ce n'est pas un cas de comté. Ce n'est
pas dans mon comté de toute façon que c'est arrivé.
Vis-à-vis de l'ensemble du programme Évaluation foncière,
il peut se produire certains cas fort particuliers. Je pense que c'est
important de le porter à l'attention du ministre ici.
Au niveau de l'évaluation foncière, on le sait, nous en
avons parlé ce matin, dans certains cas, chaque propriété
peut avoir des variantes, à un moment donné. Les
évaluateurs ont même dit: Si cela ne fonctionne pas que la
municipalité change d'évaluateurs. Si, pendant tant
d'années, vous êtes évalué à 40 000 $ ou
à 60 000 $, que vous allez en appel et puis, finalement, que vous
réussissez à faire baisser de 10 000 $...
M. Marcoux: Ce n'est pas moi qui ai dit cela...
M. Saintonge: Non, ce n'est pas vous qui avez dit cela. Je ne
voudrais pas mettre dans la bouche du ministre ce qu'il n'a pas dit, mais c'est
une espèce de boutade que l'on pouvait faire. Il reste que, dans
certains endroits, certains contribuables peuvent se plaindre en regardant le
rôle d'évaluation par rapport à la valeur à laquelle
ils sont évalués. Ils peuvent toujours se plaindre pour leur
propriété, mais un contribuable qui se rend compte que sa
propriété est évaluée à un certain montant
et puis que les propriétés voisines de la sienne sont
évaluées à des montants beaucoup inférieurs
à la sienne, alors que sur le marché courant, ces
propriétés se vendent plus cher, n'a pas de recours possible
autre que d'aller en
annulation du rôle d'évaluation, je pense.
M. Marcoux: Eh bien oui, il y a d'autres recours. Il peut aller
au Bureau de révision de l'évaluation foncière faire
baisser son évaluation à lui. Il peut amener comme argumentation
les actes de vente des autres résidences dans les mois qui ont
précédé et c'est bien sûr que le Bureau de
révision de l'évaluation foncière va en tenir compte
à ce moment-là.
M. Saintonge: D'accord, il pourra contester sa propre
évaluation...
M. Marcoux: II n'est pas obligé de contester tout le
rôle d'évaluation.
M. Saintonge: Non, il va contester son évaluation, mais si
on lui baisse son évaluation à un certain montant... Supposez
qu'on l'évalue à 60 000 $, s'il va au Bureau de révision
de l'évaluation foncière et obtient une évaluation
à 40 000 $, il reste que dans la même municipalité, dans
certains des cas qui ont été soumis - là c'est un exemple
particulier - des voisins, par exemple, sont évalués à 35
000 $ alors que les propriétés se vendent 100 000 $. S'il veut
contester cela, il y a une seule façon pour lui de le faire, c'est
d'aller contester le rôle d'évaluation globalement, faire une
annulation du rôle d'évaluation.
M. Marcoux: Mais pourquoi éliminez-vous l'hypothèse
que j'ai indiquée, qui est possible également?
M. Saintonge: II va faire baisser sa propre évaluation
à lui, mais il ne fera pas 80, 50 ou 35 plaintes contre des
contribuables. Allez faire une plainte sur l'évaluation d'un voisin pour
faire augmenter son évaluation, par exemple. Le voisin ne contestera pas
l'évaluation s'il se trouve à un tiers de la valeur
marchande.
M. Marcoux: On m'indique qu'un citoyen peut porter plainte
concernant l'évaluation d'autres citoyens et non pas seulement sur son
évaluation. Deuxièmement, en vertu de l'article 156 de la Loi sur
la fiscalité municipale, la municipalité peut demander au Bureau
de révision de l'évaluation foncière d'examiner
l'évaluation de l'ensemble du rôle de la municipalité, ou
de partie du rôle de la municipalité. L'article 156 dit: "À
la demande de la corporation municipale, le président de la section
peut, entre la date du dépôt du rôle et la fin de l'exercice
financier pour lequel il est fait, demander à l'évaluateur de
soumettre au Bureau un rapport motivé concernant l'exactitude, la
présence ou l'absence d'une inscription au rôle.
"L'évaluateur transmet ce rapport au secrétaire de la section, au
greffier de la corporation municipale et, s'il y a lieu, à celui de la
municipalité dans les 60 jours de la demande. "Dans ce rapport,
l'évaluateur peut faire une requête en vertu de l'article 151,
auquel cas les articles 152 à 155 s'appliquent."
Donc, il y a un recours à la fois de la municipalité et
des citoyens.
M. Saintonge: Bon. Le citoyen qui est pris dans un tel cas - ma
question va être bien simple, vous venez de faire le tour de... - qui
veut faire annuler un rôle d'évaluation en Cour supérieure
pourrait porter, s'il y a 40 propriétaires alentour de lui qu'il
considère sous-évalués par rapport à lui-même
et à certains de ses voisins, une plainte contre chacun de ces
contribuables. Vous allez comprendre que cela ne crée pas un climat
social tout à fait bon pour l'individu qui se retrouve contre 40 autres
de ses concitoyens.
La corporation municipale...
M. Marcoux: Oui, mais il peut demander au conseil municipal de le
faire.
M. Saintonge: Bon, j'arrive à cela. Le conseil municipal
pourrait le demander. Mais si le conseil municipal ne le fait pas, au niveau de
la loi... Il peut arriver qu'un conseil municipal décide de ne pas le
faire. Dans une municipalité du Québec, un cas qui m'a
été soumis, c'est celui de la ville de Dunham. Je pense qu'au
ministère vous êtes sûrement au courant de tout cela.
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: Parce que le monsieur en question...
M. Marcoux: Je ne suis pas au courant du détail, mais je
sais qu'on veut m'en parler.
M. Saintonge: Le comité de citoyens de Dunham a fait moult
débats là-dessus. On m'a fait parvenir un beau petit dossier, qui
est au ministère depuis longtemps, avec des coupures de presse à
profusion. J'ai vu, M. le ministre, certaines fiches d'évaluation que
l'individu a montées par rapport à chacune de ces
propriétés, avec des photos à l'appui, qui m'ont paru
absolument contraires à tout bon sens, en tout cas par rapport à
l'évaluation qu'il m'a donnée. Je ne suis pas un
évaluateur, je n'ai pas fait l'évaluation comme telle, mais j'ai
visualisé certains faits.
Évidemment que le conseil municipal, dans un tel cas, ne prend
pas la possibilité de l'article 156 pour demander une révision au
Bureau de révision de l'évaluation
foncière ou une vérification. Est-ce qu'il n'y aurait pas
un moyen, au niveau de la loi, pour que le citoyen ou un groupe de citoyens
pris dans une situation de ce genre puissent bénéficier d'un
recours si le conseil municipal n'agit pas? Bien que sur une requête
quelconque de citoyens, on puisse faire la démarche. Par exemple, la Loi
sur la fraude et la corruption dans les affaires municipales
prévoit...
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: ...que le conseil municipal peut le faire ou que
des citoyens, sur requête, peuvent le faire.
M. Marcoux: Je peux...
M. Saintonge: Dans le cas présent, le citoyen aux prises
avec le problème ou ceux qui se trouvent à être
pénalisés de cette façon se trouvent à payer,
évidemment, une portion de taxes plus élevée que d'autres
personnes qui ont des résidences et qui devraient avoir une
évaluation supplémentaire pour compenser avec un montant de taxes
plus élevé que ce qu'ils doivent payer. Donc, ce qu'ils perdent -
si vous perdez d'un côté, de l'autre côté, ils vont
payer davantage. Autrement dit, si ma propriété vaut moins qu'une
autre...
M. Marcoux: Non, je comprends très bien.
M. Saintonge: ...et que l'autre est évaluée d'une
façon beaucoup moindre, le taux de taxes va s'appliquer pour fort
à moi qu'à mon voisin. Est-ce que le ministère, au niveau
de la Direction générale de l'évaluation foncière,
pourrait prévoir une possibilité pour des citoyens aux prises
avec ce problème, alors que le conseil municipal ne veut pas agir, que,
par un processus quelconque, une enquête soit faite par la Direction
générale de l'évaluation foncière ou que le Bureau
de révision de l'évaluation foncière entre en jeu
là-dessus pour examiner la situation?
M. Marcoux: Bon. D'accord. On m'indique que, dans le cas de
Dunham, le problème pourrait peut-être être
réglé parce que le conseil municipal a signifié son
congé à l'évaluateur. Mais, indépendamment de cela,
par rapport à la suggestion que vous faisiez, à savoir si on ne
pourrait pas donner le droit à un comité de citoyens d'intenter
des recours auprès du Bureau de révision de l'évaluation
foncière ou de passer, en somme, à côté du conseil
municipal, actuellement c'est soit un citoyen qui, dans son cas, peut demander
une révision - ou d'autres citoyens - soit que le conseil municipal le
demande pour des sections de la municipalité ou des choses comme cela.
Bon.
J'aurais crainte à envisager la possibilité de donner le
pouvoir à un comité de citoyens d'avoir recours directement au
Bureau de révision de l'évaluation foncière parce que cela
entraînerait nécessairement des dépenses pour la
municipalité. Je peux vous dire que lors de la première rencontre
avec l'Union des municipalités du Québec et l'Union des MRC, la
semaine passée, à la table Québec-municipalités,
les frais taxables devant le Bureau de révision de l'évaluation
foncière ont été soumis comme étant un
problème. Alors, je craindrais fort, en disant que n'importe quel groupe
de citoyens au Québec peut faire une demande contestant une partie ou la
totalité du rôle d'évaluation d'une municipalité,
d'entraîner des dépenses importantes pour les
municipalités. Je pense qu'il y a une façon de régler le
problème et c'est de changer le conseil municipal. Si on
considère que le conseil municipal n'agit pas avec équité
par rapport à ceci, c'est-à-dire qu'il y a une requête des
citoyens demandant de faire réviser le rôle par le Bureau de
révision de l'évaluation foncière et qu'il n'y donne pas
suite, qu'on est convaincu d'une injustice, à ce moment-là, le
recours des citoyens est l'élection.
M. Saintonge: Dans quatre ans.
M. Marcoux: Oui! C'est ça la démocratie.
M. Saintonge: Ma question - et je sais que c'est un point
difficile à évaluer -concerne la situation présente du
contribuable en question: j'ai vu son dossier, je l'ai examiné avec lui,
j'ai parlé à un représentant du comité des
citoyens, et il m'apparaît effectivement que c'est un cas particulier qui
pourrait se produire ailleurs au Québec. Le recours de l'article 156 est
ouvert au conseil municipal mais y a-t-il un mécanisme quelconque pour
éviter que ce soit à la charge d'un contribuable de faire toute
la démarche au lieu du conseil municipal s'il ne veut pas agir dans ce
sens?
M. Tremblay: Peut-être que ce serait un beau cas pour la
Commission municipale.
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre!
M. Saintonge: Ils ne peuvent pas intervenir.
M. Tremblay: Oui, s'il y a des citoyens qui le demandent.
La Présidente (Mme Bacon): À l'ordre! A
l'ordre!
M. Marcoux: S'il présente 40 causes et demande au bureau
de l'évaluation de
réévaluer la valeur de 40 résidences environnantes,
s'il gagne ses causes, à ce moment-là, ses frais sont tous
remboursés. S'il les perd, évidemment c'est lui qui paie; c'est
40 fois 20 $, donc 800 $.
Mais, dans le cas que vous présentez, c'est évident, si
les maisons sont évaluées à 35 000 $ et valent 100 000 $,
il n'y a pas grand risque à investir 20 $ pour faire évaluer ce
secteur.
S'il y a d'autres suggestions que vous avez à me faire, je vais
les regarder avec attention mais celle que vous faites, ce soir, comme
hypothèse - encore là je ne le prends pas comme solution, je le
prends comme hypothèse - de donner des pouvoirs à des groupes de
citoyens pour passer à côté du conseil municipal pour aller
directement au BREF, j'ai mes doutes.
M. Saintonge: Sauf quand on parle d'un contribuable qui va aller
déposer 40 plaintes, qui va payer 20 $, même s'il
récupère ses 20 $, s'il va au bureau de révision pour
examiner le dossier, normalement il faut qu'il arrive avec des munitions dans
les mains, dans les poches. Il n'arrivera pas là seul pour dire: C'est
trop gros, cela ne marche pas, il n'est pas assez évalué, je suis
trop évalué. Il faudra qu'il présente une preuve à
un moment donné. Il faudra qu'il examine les fiches d'évaluation
de chacune des propriétés. Pour pouvoir voir ces fiches, il
faudra qu'il se les procure à la municipalité, qu'il paie le
coût relatif à l'obtention de ces fiches. Vous mettez le fardeau
sur le contribuable: venir contester quelque chose qui semble un droit
légitime au sens de la loi, sauf qu'il n'a pas de possibilité de
recours.
Je suis sensible au fait qu'un citoyen -mais cela ne devrait pas
être à la charge du citoyen - doit faire en sorte de
démontrer l'injustice flagrante, qui est manifeste. La Commission
municipale ne veut pas intervenir; le Bureau de révision de
l'évaluation foncière ne veut pas intervenir; la direction
générale ne peut pas intervenir.
M. Marcoux: Au-delà des moyens juridiques que j'ai
indiqués, il y a un moyen en démocratie qui est l'information. Je
peux vous assurer qu'un conseil municipal ne peut tenir longtemps si, sur 200
maisons dans sa municipalité, il y en a 40 qui sont
évaluées au tiers ou à 50% de la valeur marchande que tout
le monde connaît. Ce conseil municipal ne tiendra pas longtemps s'il ne
prend pas les procédures pour faire réviser cela. Si le citoyen
est convaincu de sa cause, les expertises - si lui est évalué
à 100 000 $ et les autres à 35 000 $ - ne devront pas être
multiples dans un cas aussi évident.
La Présidente (Mme Bacon); Dernière question, M. le
député de Laprairie, sur l'élément 1.
M. Saintonge: M. le ministre, j'aurais une autre question. Je
vais faire vite: il ne reste qu'une seule question. Celle-ci concerne l'article
65 de la Loi sur l'évaluation foncière, l'interprétation
de l'article 65.1 ou le problème de Jonquière, le problème
qui se répercute à Baie-Comeau, Sept-Îles, La Tuque,
Saint-Romuald. Il y a un jugement à Saint-Romuald à cette fin.
(21 heures)
Cela fait déjà quelque temps qu'on demande au ministre
d'intervenir là-dessus pour tenter de trouver une solution. Dans le
rapport Québec-municipalités sur la nouvelle fiscalité,
déposé en 1982, à la page 53, en conclusion de la
recommandation no 11, on demande que l'article 65.1 de la Loi sur la
fiscalité municipale concernant l'imposition de la machinerie
industrielle soit révisé et clarifié. Le comité
recommande en outre, étant donné la difficulté pour
l'évaluateur de déterminer leur utilisation précise, que
les réservoirs servant partiellement à des fins d'entreposage ou
de transformation dans des usines pétrochimiques et des raffineries de
pétrole soient portés au rôle et imposés. Donc, le
problème est connu du ministre depuis longtemps. Je comprends que
c'était sub judice, que c'était à la cour. Il y a
déjà des jugements dans certains cas, je ne sais pas s'ils sont
en appel, mais ils sont au bureau d'évaluation foncière de toute
façon.
Concernant Saint-Romuald, c'est le Bureau de révision de
l'évaluation foncière qui a rendu jugement. Dans le cas de
Jonquière, c'est sub judice. Mais, effectivement, le ministre a-t-il
l'intention au niveau de l'article 65.1, même si c'est sub judice, pour
les prochaines années, de clarifier la situation? Cela fait
déjà quatre ou cinq ans que la situation n'est pas claire. On ne
peut pas régler le problème, légiférer
rétroactivement, mais pour les prochaines années, pour
éviter que le problème continue pendant les cinq prochaines
années et qu'on laisse la décision, au niveau de
l'évaluation foncière, aux tribunaux qui apprécient ce
qu'on veut dire - actuellement, cela ne semble pas aller en faveur des
municipalités - qu'on définisse donc une fois pour toutes, au
niveau de la loi même, ce qu'on veut dire par l'article 65.1, ce qu'on
veut inclure ou pas comme étant taxable.
Le ministre peut-il au moins s'engager à prendre une
décision avant le dépôt des prochains rôles pour
éviter le problème pendant les prochaines années?
M. Marcoux: II faut être bien réaliste. Prendre des
mesures avant le dépôt du prochain rôle, c'est le 15
septembre prochain. En tout cas, on a parlé du programme
législatif en cette commission,
mercredi dernier; sur ma table de travail, il n'y a pas de projet de loi
actuellement sur l'évaluation foncière.
Je peux vous dire que, la semaine dernière, il y a eu une
rencontre entre les fonctionnaires du ministère et cinq des villes les
plus impliquées dans l'application de l'article 65.1 sur l'imposition de
la machinerie industrielle. On va essayer de regarder des solutions avec ces
municipalités. Sur le contenu comme tel, comme vous l'avez
indiqué, c'est sub judice, donc je ne me baserai pas sur le jugement
déjà porté par le tribunal. Mais, je peux vous dire que,
indépendamment du fait que ce soit sub judice, actuellement au
ministère on travaille en relation avec les municipalités
impliquées pour voir les solutions possibles.
La Présidente (Mme Bacon): Mme la députée de
Johnson, programme 3, élément 1.
Mme Juneau: Sur le programme 1.
La Présidente (Mme Bacon): Ah! C'est un autre
programme?
Mme Juneau: Sur le programme 1, Mme la Présidente... la
Vice-Présidente, pardon.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député
d'Iberville avait demandé la parole sur le même
élément...
Mme Juneau: D'accord.
M. Beauséjour: C'était pour compléter un peu
les questions du député de Laprairie tantôt au sujet de
l'évaluation. Le recours d'un citoyen concernant la contestation de
l'évaluation ou la contestation de l'évaluation d'autres
personnes de la municipalité, vous avez dit que cela peut amener des
coûts à la municipalité. Il ne faut pas oublier qu'il y a
presque une inéquité dans la démarche; le citoyen,
souvent, est obligé d'assumer les frais de recherche pour sa cause; en
plus, il ne faut pas oublier qu'il paie des taxes à la
municipalité, ce qui veut dire que son argent aide, d'une certain
façon, à travailler contre lui. C'est pour cela...
M. Marcoux: Je ne peux rien ajouter à ceci, sauf vous dire qu'un
des phénomènes qui - nous ne savons s'il se développe
mais, en tout cas - existent actuellement au Québec, c'est que,
contrairement à leur code professionnel, vous avez soit des avocats ou
des évaluateurs qui font des assemblées de sollicitation pour
inciter les citoyens à porter leur cause devant le Bureau de
révision de l'évaluation foncière en disant: Vous n'avez
rien à perdre. C'est contre le code d'éthique des professions.
Cela se fait. Je pense que les frais d'inscription que l'Assemblée
nationale a votés comme possibilité et qui sont en oeuvre depuis
le 1er janvier 1984 aideront à faire que les plaintes portées au
Bureau de révision de l'évaluation foncière seront des
plaintes significatives, en ce sens que quelqu'un qui fait modifier son
évaluation de 300 $, à 1 $ les 100 $ d'évaluation,
épargne 3 $, mais cela a coûté combien? Il a
économisé 3 $, mais combien cela a-t-il coûté
à l'ensemble du système bureaucratique? C'est beaucoup plus
considérable. Quant aux frais, cela arrive souvent dans notre
société. Toute la justice est fondée sur ce que vous
indiquez. Le gouvernement, au niveau criminel ou civil, va souvent assumer les
frais des deux parties ou va assumer les frais d'une des parties. Le citoyen
pourrait dire: En payant mes impôts et en ayant des procureurs de la
couronne, je paie des impôts pour combattre ma cause devant les
tribunaux. Quand vous indiquez que la municipalité a des taxes pour se
défendre et que la personne se pénalise en payant des taxes pour
aller contre sa cause, cela fait partie de notre système juridique.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Une autre question, on fini cela... Au niveau du
BREF, on a parlé, cet après-midi, de certaines lenteurs dans les
plaintes au-dessus de 250 000 $. On retouche à cela, ici, avec la
question d'évaluation au niveau de l'article 65.1. Il est remarquable
que dans ces cas, suivant ce que j'ai pu constater, comme Jonquière,
Saint-Romuald, c'est assez long avant qu'une décision soit rendue. Cela
prend quatre ou cinq ans et dans certains cas c'est plus que cela, je pense
à Jonquière. Est-ce qu'il y a des dispositions, est-ce que des
instructions seront données à ce niveau pour que...
M. Marcoux: Comme il y a déjà un premier jugement
et qu'on va aller en appel, ce que l'on peut souhaiter c'est que l'appel soit
entendu plus rapidement que le premier procès.
M. Saintonge: Mais, à ce moment-là, dans un tel cas
de complexité, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, sans lever un recours,
dans le cas d'évaluations de ce genre -puisque de toute façon
l'expérience démontre que la plupart du temps on s'en va en appel
en Cour provinciale - d'aller, dans le cas d'évaluations industrielles,
directement à la Cour provinciale pour éviter un délai
aussi long?
M. Marcoux: Cela m'étonnerait, parce que la cause est
importante ou qu'elle est...
M. Saintonge: Pas importante, mais disons dans le cas
d'évaluations industrielles,
par exemple, de faire sauter une étape et dire que la plainte
irait directement à la
Cour provinciale au lieu de passer pas le bureau de révision.
M. Marcoux: En tout cas, à première vue je ne vois
pas cela comme une solution. La solution est d'accélérer le
processus des auditions de l'ensemble des causes au BREF. On a pris des mesures
dans ce sens-là. Je pense qu'on n'est pas pour faire une loi qui dit
que, lorsque c'est industriel et que ce sont de grosses causes, cela ne
franchira pas l'étape du BREF et que, si c'est résidentiel et que
ce sont de petites causes, cela va y aller. Je pense que...
M. Saintonge: Ce n'est pas la position du ministre de favoriser
un tel déblocage et ce n'est pas la position, actuellement, au
niveau...
M. Marcoux: Je suis d'accord pour favoriser un déblocage,
mais pas...
M. Saintonge: Non, non, un tel déblocage,
c'est-à-dire de donner accès directement à la Cour
provinciale. Ce n'est pas la position que le ministre veut prendre.
M. Marcoux: Non, non.
M. Saintonge: D'accord, c'est une clarification que je voulais
obtenir. Il reste qu'au niveau de la loi, si la plainte doit être
jugée dans l'année qui suit, si ce n'est pas fait, je pense que
le contribuable peut s'adresser, à ce moment-là, à la Cour
provinciale pour faire sauter des étapes, directement.
M. Marcoux: Probablement, ce doit être comme au
ministère du Revenu. Si, au bout de six mois, à la suite d'une
opposition, votre opposition n'a pas été notifiée, vous
pouvez aller directement à la Cour provinciale sans attendre. On
m'indique que ce n'est pas la même chose au BREF, mais cela pourrait
être une ouverture intéressante. Disons qu'on va mettre l'accent
sur le raccourcissement des délais, mais je suis convaincu que
même s'il y avait cette ouverture, la plupart des... Comme cela arrive
dans le cas du ministère du Revenu, c'est très rare que des gens
vont dire: Si au bout de six mois mon opposition n'a pas été
entendue, je m'en vais directement à la Cour provinciale; 99,9% des gens
préfèrent attendre d'avoir l'opposition même si cela prend
un certain nombre de mois de plus. Cela serait probablement la même chose
au niveau du BREF. Mais, je ne vois pas d'objection à regarder cela.
La Présidente (Mme Bacon): Programme 1, Aménagement
du territoire municipal,
Mme la député de Johnson.
Aménagement du territoire municipal
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. M. le
ministre, j'aimerais que vous informiez les membres de cette commission sur le
troisième paragraphe de la fiche B qui dit: "Services professionnels
requis afin d'examiner les possibilités d'introduire, au niveau
scolaire, les matières reliées à l'aménagement du
territoire." Est-ce que vous pourriez nous dire ce que vous entendez par cela?
C'est nouveau. Vous dites que vous voulez instaurer.
M. Marcoux: Je demanderais à M.
Gagné, puisque je n'étais pas informé de
l'existence de ce programme, de vous en donner les tenants et aboutissants.
Mme Juneau: Merci.
M. Gagné (Florent): Le programme dont vous parlez, madame,
est essentiellement une discussion que nous sommes en train de mener avec le
ministère de l'Éducation pour créer un programme au niveau
du secondaire qui sensibiliserait les jeunes à la préoccupation
de l'aménagement du milieu de vie qui est une préoccupation que
nous mettons beaucoup de l'avant au ministère à travers les MRC,
les schémas d'aménagement, etc. Cela se fait déjà
pour d'autres programmes gouvernementaux, par exemple, aux ministères de
l'Énergie et des Ressources et du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Ils ont développé avec le ministère de
l'Éducation des programmes qui visent essentiellement à
sensibiliser les jeunes à des préoccupations majeures comme
celles-là. On est en train de mettre ce programme sur pied et on
espère qu'il sera lancé dans les écoles, si possible, en
septembre prochain.
Mme Juneau: C'est comme une espèce de
prévention...
M. Gagné: C'est une sensibilisation à l'importance
de l'aménagement du cadre de vie, du milieu. En fait, ce sont des
préoccupations qu'on essaie de véhiculer au niveau des MRC et des
schémas mais on veut, dès l'école, dès un plus
jeune âge, sensibiliser les jeunes à cette
préoccupation.
Mme Juneau: Est-ce que vous croyez être en mesure de nous
assurer que dès septembre prochain ce sera là?
M. Gagné: On vise septembre prochain. Je peux vous dire
qu'on demeure optimiste quant à septembre prochain. Il y a toujours des
discussions avec le ministère de l'Éducation; on est à
faire la préparation du matériel pédagogique, et c'est
assez substan-
tiel à faire. Alors, on vise septembre prochain. On espère
bien respecter cette date. Il se peut, à la limite, que nous ayons
à reporter d'un semestre, si besoin est, la mise en oeuvre du
programme.
Mme Juneau: D'après vos calculs, est-ce que cela peut
vouloir dire un montant d'argent assez appréciable pour l'implantation
d'un tel système?
M. Gagné: Je pense que, compte tenu de la clientèle
qui serait touchée, si on fait un ratio rapide per capita, c'est
vraiment très mineur comme dépense. En fait, il s'agit
essentiellement d'utiliser un canal qui est déjà là, soit
celui des écoles. Pour nous, le coût principal consiste à
préparer le matériel pédagogique. Nos urbanistes au
ministère travaillent là-dessus avec des personnes du
ministère de l'Éducation. Je ne pourrais peut-être pas vous
donner un chiffre précis mais je peux vous dire que, dans l'ensemble, ce
n'est pas une dépense majeure, compte tenu de l'objectif qui doit
être poursuivi.
Mme Juneau: Avez-vous mentionné au début de
votre...
M. Gagné: On me dit que cela pourrait peut-être
coûter 50 000 $.
Mme Juneau: Au début de votre intervention, avez-vous
mentionné que cela s'appliquerait au primaire-secondaire?
M. Gagné: Actuellement, on travaille en fonction du
secondaire I et II. Peut-être qu'ultérieurement, quand on aura
plus d'expérience, quand le programme sera lancé, on pourra
l'étendre davantage. Mais, présentement, c'est dans le cadre des
premières années du secondaire.
Mme Juneau: Je vous remercie.
La Présidente (Mme Bacon): Avez-vous d'autres questions,
Mme la députée de Johnson?
Mme Juneau: Seulement une toute petite question. À quel
cours est-ce que cela serait intégré?
M. Gagné: Je pense que c'est au niveau du cours de
géographie. Je ne me souviens plus quel numéro. C'est un des
cours de géographie du ministère de l'Éducation; je pense
que le titre général est Connaissance du Québec. Le
matériel pédagogique serait donné aux instituteurs dans le
cadre de ce programme.
Mme Juneau: Je vous remercie. Merci, Mme la
Vice-Présidente.
La Présidente (Mme Bacon): M. le député de
Laprairie.
Les MRC
M. Saintonge: M. le Président... Je m'excuse, Mme la
Présidente. Dans le cadre du programme d'urbanisme et
d'aménagement du territoire, il y a un problème auquel on avait
touché brièvement le 22 mars dernier. Dans les dernières
minutes, le ministre s'attendait que je revienne. J'avais annoncé que je
reviendrais évidemment, puis... bon.
Toute la question des MRC...
M. Marcoux: Vous êtes un stratège. Les grosses
questions à six heures moins deux, six heures moins trois, puis...
M. Saintonge: Non, non.
M. Marcoux: À deux reprises.
M. Saintonge: C'est le temps qui veut cela.
M. Marcoux: À deux reprises.
M. Saintonge: Au niveau de la loi 125, je pense que la
détermination des territoires des MRC appartient toujours au ministre
des Affaires municipales. C'est bien cela?
M. Marcoux: On ne m'a pas informé qu'il y avait du
changement de ce côté.
M. Saintonge: D'accord. Je pense que c'est bien cela aussi.
M. Marcoux: Est-ce que vous souhaitez des changements?
M. Saintonge: Non. C'est parce que à un moment
donné on s'est demandé...
M. Marcoux: Vous sembliez lancer une rumeur.
M. Saintonge: Non mais à un moment donné on s'est
demandé qui avait raison entre le ministre de l'Aménagement et le
ministre des Affaires municipales. Il y avait certaines contradictions,
certaines paroles qui étaient rapportées qui...
M. Marcoux: Non, non. L'Aménagement fait la coordination
interministérielle et nous assumons la relation avec la
municipalité.
M. Saintonge: Bon. C'est cela. Mais ce n'était pas clair.
En tout cas, l'an passé il y a eu une petite discussion là-dessus
avec votre prédécessseur et les fonctions de chacun
n'étaient pas tellement claires. On avait quand même
clarifié cela. On sait que...
M. Marcoux: Qui l'avait clarifié? Vous dites que ce
n'était pas clair. C'est lui qui l'avait clarifié ou vous
autres?
M. Saintonge: Par les réponses qui avaient
été données dans certains cas.
M. Marcoux: Ah bon! D'accord. (21 h 15)
M. Saintonge: Je veux revenir à la délimitation des
territoires des MRC. Il existe certains problèmes. Je vous ai
mentionné, entre autres, des problèmes qui existaient dans la MRC
d'Acton. Sainte-Hélène, Saint-Liboire, paroisse et village -Mme
la députée de Johnson est au courant -et Saint-Valérien
sont actuellement en recours collectif contre la fameuse décision du
ministre. La décision a été rendue de refuser le recours
collectif mais ce que la députée de Johnson ne sait
peut-être pas, c'est que les gens sont présentement en appel sur
cela et sont toujours financés pour aller en appel. C'est une situation
un peu étrange où des municipalités qui ne sont pas
satisfaites d'une décision rendue dans ce dossier doivent s'adresser aux
tribunaux pour tenter de faire régler le problème. Et, pourtant,
ce recours collectif a été entrepris parce que les citoyens ont
derrière eux - si l'on veut - concernant le problème
d'appartenance, tout un historique. Les conseils municipaux et les
comités de citoyens des quatre municipalités qui voudraient avoir
un changement de MRC ont mené certaines enquêtes, ont suivi le
formulaire de consultation que le ministère avait mis en vigueur au
moment de la consultation première. Ils ont joué le jeu et dans
certains cas au-dessus de 90% des gens veulent se rattacher à la MRC des
Maskoutains. Celle-ci a même adopté . une résolution
d'accueil à ces quatre municipalités. Il n'y a pas de
décision de rendue actuellement au niveau du tribunal mais ce qui est
curieux, c'est qu'une demande a été faite au ministre pour que la
Commission municipale enquête sur cela, pour qu'une décision soit
rendue, mais on n'a pas bougé. C'était le cas dans Acton.
Vous avez aussi un cas qui est semblable mais qui n'est pas en recours
collectif: le cas de Saint-Thomas-de-Joliette, par exemple, où suivant
la loi 125 il y a eu une requête pour changement de MRC qui a
été envoyée au ministère il y a un an et demi. On
attend toujours une réponse. Il y a eu un accusé de
réception disant: Bien, on va regarder cela et on vous donnera une
réponse. On attend toujours. C'est le cas de
Saint-Thomas-de-Joliette.
Vous avez la MRC de Beauce-Sartigan, un autre cas assez patent où
les gens ne siègent pas à leur propre MRC. Ils vont s'asseoir
là en spectateurs et ils attendent. Il y a même eu une action de
prise, une saisie d'un camion de pompier pour payer des quotes-parts non
payées.
Ce sont des exemples qui démontrent qu'il a des problèmes
à certains endroits. Je suis peut-être d'accord avec le ministre
qu'il n'y a pas des tonnes de problèmes mais il y en a quand même
peut-être une douzaine.
Vous avez aussi Kamouraska-Témiscouata, où il y a aussi un
problème de cet ordre. Je sais que les gens prennent en
considération la possibilité de prendre un recours judiciaire
contre le ministère pour tenter de se faire donner - disons - raison sur
ce qui s'est passé.
Vous avez aussi le secteur de Brome-Missisquoi, où les gens ont
un problème d'appartenance. On voulait, à ce moment, se diviser
en deux MRC. Il y a seulement une MRC qui a été faite dans ce
cas.
Ce sont des exemples où des citoyens ne sont pas satisfaits.
Est-ce que le ministre peut nous renseigner sur ces cas où des
requêtes sont faites pour changement de MRC, où des enquêtes
sont demandées par la Commission municipale pour examiner les
doléances des citoyens pour tenter de régler le problème?
Est-ce que ces requêtes ou ces demandes pourront être
examinées à tout le moins par le ministre ou par des gens du
ministère ou de la Commission municipale pour arriver à une
décision où les citoyens auront au moins le sentiment que justice
aura été rendue s'ils sont entendus à ce point de vue?
Actuellement, ce n'est pas le cas. On dit que le problème, on le
reporte, comme le ministre précédent l'avait mentionné:
Dans cinq ans, on verra ce qui va arriver. Mais, dans cinq ans, c'est
absolument irréaliste parce que ces gens, dans cinq ans, auront un
schéma d'aménagement en vigueur et ce sera absolument impossible
de changer cela. Les coûts pour ces municipalités qui voudront
changer de MRC seront disproportionnés par rapport à la situation
qui sera créée. Ce sont des points sur lesquels j'aimerais avoir
l'opinion du ministre, à savoir si éventuellement il peut au
moins s'engager à ce que la Commission municipale entende ces gens ou
s'il prendra la peine d'aller les entendre.
Greffé à cela - le ministre pourrait nous répondre
- il y a le problème de l'Outaouais. Cela a pris un temps énorme
avant que dans l'Outaouais on arrive à régler le problème
d'une certaine façon ou, à tout le moins, il y aura une
commission indépendante, la commission Robidas, qui ira examiner le
problème et tenter de faire valoir son opinion sur la situation qu'elle
aura constatée.
M. Marcoux: J'aurais le goût de vous demander ce que vous
feriez à ma place dans les cas que vous avez cités.
M. Saintonge: À tout le moins, M. le
ministre, j'irais entendre les gens peut-être plus que votre
prédécesseur. Je vous dirai que dans un certain cas, si je ne me
trompe pas, dans Kamouraska-Témiscouata, le ministre Gendron avait dit
qu'il se saisirait du problème, que le gouvernement ferait quelque chose
avec cela et qu'on aurait des nouvelles avant longtemps. On attend encore, cela
fait un an. Si je ne me trompe pas, c'est Kamouraska-Témiscouata. Le
ministre Léonard n'a pas bougé là-dessus. Pourtant, je lui
en ai fait allusion au début de l'étude des crédits ici,
la semaine dernière, dans Kamouraska-Témiscouata, le canton Parke
était dans la MRC de Témiscouata; des lettres patentes avaient
été émises où le canton faisait partie de cela. Le
ministre nous a dit qu'il ne ferait rien. 5auf que, dans ce cas, il a fait
quelque chose après des pressions qu'on dit politiques du
député de Kamouraska-Témiscouata. Je ne peux pas me
prononcer là-dessus, mais les journaux rapportaient: Suivant certaines
pressions politiques, on a modifié les lettres patentes contre toute
attente des citoyens de Témiscouata qui voulaient conserver le canton
Parke dans leur MRC. Deuxièmement, la municipalité qui
était concernée par cela, Pohénégamook,
était en demande vu l'annexion du territoire, c'est-à-dire pour
que le canton Parke soit annexé au territoire de la ville de
Pohénégamook. Les démarches étaient entreprises,
c'était en suspens au ministère des Affaires municipales, mais on
n'a pas répondu. On a laissé cela là et peu de temps
après une décision a été rendue, on a
transféré le canton Parke dans Kamouraska.
Ce que je ferais, M. le ministre, je vous l'ai dit. Vous, qu'est-ce que
vous feriez dans un tel cas? Est-ce que, oui ou non, vous allez entendre les
citoyens? Respecterez-vous les éléments premiers lors de
l'instauration du processus de consultation pour la mise en place des MRC, les
critères énoncés là-bas pour le choix des citoyens
par rapport à leur région d'appartenance? Y donnerez-vous suite
comme c'était mentionné au niveau, à ce moment, de la
consultation qui devait se tenir? Êtes-vous vraiment à
l'écoute du monde municipal ou des gens des municipalités en
question pour répondre à leurs besoins? Il ne faut pas s'en
faire, d'une certaine façon, toute la question des MRC qui, au
début, devait regarder uniquement le schéma d'aménagement,
on se rend compte aujourd'hui que cela touche beaucoup plus de problèmes
que seulement la question d'aménagement.
Si on regarde ce qu'on aligne sur les territoires des MRC ce sont:
Travail-Québec, l'aide sociale, les CLSC. Les commissions scolaires,
potentiellement, ont été mises de côté pour un bout
de temps. Pour combien de temps? on ne le sait pas. Mais si tout cela au
départ avait été connu des citoyens, lors de la
décision sur la région d'appartenance, il est fort possible que
la volonté des citoyens se serait exprimée d'une façon
beaucoup plus virulente que ce qu'on a connu. Et les gens se seraient
intéressés davantage à toute cette question puisque cela
pouvait, effectivement, influencer leur régime de vie.
Le Président (M. Fallu): Avez-vous terminé, M. le
député?
M. Saintonge: J'attends la réponse.
Une voix: Qui est...
M. Saintonge: Le ministre.
M. Marcoux: II y a certains paradoxes dans les propos du
député de Laprairie. D'une part, il reproche à mon
prédécesseur, supposément, de n'avoir bougé sur
aucun dossier et, d'autre part, il donne un exemple où il y a eu un
changement dans la MRC de Kamouraska-Témiscouata. Il ne pouvait pas dire
qu'il ne bougait pas et, tout de suite après, dire: Dans un cas il a
bougé. Il y a un paradoxe. Je ne dis pas une contradiction...
M. Saintonge: Est-ce que vous me permettez, juste
là-dessus, de vous dire un mot?
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: Vous me dites qu'il y a un paradoxe. C'est
évident, le ministre ne veut entendre personne là-dessus pour un
changement quelconque quant aux gens d'Acton, dans le coin de Joliette, dans le
coin de Brome-Missisquoi, dans l'Outaouais. Mais, quand vous arrivez dans le
Bas-du-Fleuve, dans Kamouraska-Témiscouata, alors qu'on est même
en train de demander l'annexion d'un territoire à la Commission
municipale, qu'on est dans l'attente d'une décision, le ministre bouge.
Pas à la demande des citoyens, mais de certains citoyens, et en dessous
des couvertes, comme on a dit, évidemment pas à la
clarté.
M. Marcoux: Si cela s'est fait en dessous de la couverte, cela
s'est su, n'est-ce pas?
M. Saintonge: Cela s'est su certain. Les lettres patentes ont
suivi.
M. Marcoux: Je suis heureux d'avoir entendu le
député de Laprairie. En ce qui me concerne, quand je suis
allé dans la municipalité de Sutton signer l'entente pour une
subvention de 10 000 000 $ dans la construction d'un réseau d'aqueduc et
d'égout pour permettre un développement important
du complexe de plein air hiver-été de Sutton, un
journaliste de l'Estrie m'a demandé: Est-ce dans le ciment à
propos d'Acton? Il pensait à ce dossier en particulier, mais il parlait
aussi du dossier des territoires des MRC en général. Je lui ai
dit: En politique, il n'y a pas grand-chose dans le ciment.
Ce que je peux dire, c'est que, de façon générale,
il est important de situer le contexte. Je ne nie pas qu'il y ait des
problèmes à certains endroits, mais je pense qu'il faut les
situer dans leur contexte. Il y a 1600 municipalités au Québec.
Il y a un an, il y avait à peu près 20 municipalités qui
contestaient leur appartenance à une MRC plutôt qu'à une
autre: 20 sur 1600 pour une opération assez importante de refabrication
du territoire. Évidemment, celles qui sont au coeur d'une MRC ce
n'était pas là qu'on pouvait s'attendre qu'il y ait contestation,
mais il y avait à peu près 20 dossiers il y a un an.
Actuellement, on se retrouve avec environ quatre ou cinq dossiers qui sont, on
pourrait dire, encore actifs au niveau des discussions dans la population comme
dans certaines MRC ou dans certains conseils municipaux.
Le deuxième élément important à savoir,
c'est que, pour toutes ces MRC, la municipalité est maintenant dans la
MRC où elle avait choisi d'aller au point de départ sans que cela
lui soit imposé. Dans tous les cas que vous avez cités, les
municipalités sont allées dans la MRC qu'elles avaient choisie au
point de départ.
M. Saintonge: Hum, hum.
M. Marcoux: Oui, oui, oui.
Une voix: Pas dans l'Outaouais.
M. Saintonge: Pas dans Acton non plus.
M. Marcoux: En ce qui concerne l'Outaouais, je pourrai y revenir,
c'est une question plus régionale que locale. Il y a un comité
d'étude, mais les cas qu'on a cités: Acton, Saint-Prosper,
Saint-Thomas-de-Joliette, tout ce coin-là... On me dit que, dans le cas
de Saint-Prosper, il faudrait vérifier si, au point de départ, on
avait choisi l'une plutôt que l'autre. Mais, d'après les
résumés que j'ai lus dans les dossiers au ministère,
l'ensemble des cas litigieux qui restent, ce sont les municipalités qui
avaient choisi la MRC à laquelle elles appartiennent actuellement.
Vous dire qu'il n'y aura aucun changement et que mon attitude est qu'il
n'y ait aucun changement, point final, d'ici cinq ans? Un ministre ne peut pas
s'interdire le pouvoir d'appliquer la loi qui lui permet d'accepter des
changements aux MRC. Je ne peux pas le dire, sauf qu'il y a encore quatre ou
cinq dossiers actifs où il y a des contestations. Pour qu'il y ait des
changements d'appartenance aux MRC ou avant de dire pourquoi dans certains cas
il pourrait y en avoir, il faut rappeler l'autre élément qu'a
énoncé à plusieurs reprises mon
prédécesseur, et que je partage; c'est que, à partir du
moment où les MRC sont embarquées dans la fabrication d'un
schéma d'aménagement qui doit durer cinq ans, l'idéal
serait qu'il n'y ait, autant que possible, pas de changement des
municipalités appartenant à une MRC durant cette phase où
on est en train de fabriquer un schéma d'aménagement. (21 h
30)
C'est toujours ce qu'a indiqué mon prédécesseur. Il
n'a jamais parlé de moratoire absolu. Il a toujours indiqué que
normalement, durant cette période de cinq ans, les municipalités
qui se sont regroupées et qui appartiennent à telle MRC doivent
faire l'expérience de la vie dans une MRC. Je pense que, à la
suite de l'orientation globale qui a été choisie il y a un an ou
un an et demi, les résultats s'avèrent positifs puisqu'il y a
déjà en gros une quinzaine de dossiers ou de situations où
les municipalités, en travaillant dans telle MRC où elles
étaient inscrites et auxquelles elles appartenaient, se sont
découvert des affinités, ont accepté de participer de
bonne foi et font le travail du schéma d'aménagement
actuellement. Ce qui signifie que cela a été une approche logique
et qui a donné des résultats positifs, l'approche de mon
prédécesseur concernant des changements à effectuer ou non
aux territoires d'appartenance des MRC.
Dans quelles conditions pourrait-il y avoir des changements? Il y a des
raisons qui pourraient les justifier et il y a des raisons qui pourraient faire
en sorte qu'il n'y ait pas de changements. Est-ce qu'on va déplacer des
municipalités dans une autre MRC parce que dans le cadre de la loi 40 ou
de la réforme scolaire il a été question que les
commissions scolaires aient le territoire des MRC? Cela n'est pas encore fait.
Même là il pourrait exister, il existera toujours des ententes
possibles de services entre des commissions scolaires. Personnellement, dans
mon comté, j'ai une municipalité qui est à la limite de la
MRC mais les citoyens de ce village sont toujours, depuis dix ou quinze ans,
allés à l'école à Squatec plutôt qu'à
Rimouski. La municipalité voisine, Trinité-des-Monts, ils sont
toujours allés à Rimouski. Pourtant Esprit-Saint et
Trinité-des-Monts sont dans la MRC de Rimouski-Neigette.
Tout le monde sait qu'il peut y avoir des ententes entre des commissions
scolaires pour desservir la population de tel secteur. Ce que je veux dire
c'est qu'il n'est pas question de dire: II ne faudra pas tenir compte de ce qui
arrivera de la loi 40 et de la carte scolaire. Je dis d'abord: Tant que
cette loi n'est pas adoptée, tant qu'on ne dit pas:3 Les
commissions scolaires c'est le territoire des MRC et qu'on n'a pas
examiné les possibilités d'entente de services, on ne peut pas
dire: À cause de la loi 40, c'est clair et net, comme il y a un projet
là, qu'on va déplacer des municipalités pour qu'elles
changent de MRC parce qu'elles préfèrent être maintenues
dans la commission scolaire actuelle.
D'autres raisons qu'on ne peut retenir pour changer de MRC, ce n'est pas
parce qu'il y a un changement de conseil municipal qu'on va changer de MRC.
À ce moment, cela va être en mouvance très fréquente
les territoires des MRC. À un moment donné, il peut arriver qu'il
y ait des conflits. Il y a des municipalités, on le sait, depuis des
années qu'elles sont en conflit l'une par rapport à l'autre. Ce
n'est pas parce que ce type de situation se présenterait que là
aussi il faudrait changer le territoire des MRC. Il y a aussi des conditions.
Je ne suis pas prêt à dire qu'il n'y aura pas de changement, je
l'ai indiqué tantôt. Mon prédécesseur l'a fait dans
le cas de Parke, parce qu'on lui a présenté des raisons valables.
Moi, qui viens de la région, je sais une chose c'est que le territoire
de Parke a toujours appartenu à Kamouraska. C'est un territoire non
organisé; il y a eu une erreur d'affectation de ce territoire non
organisé au point de départ à telle MRC plutôt
qu'à telle autre. Qu'on ait corrigé cette situation, il
m'apparaît qu'il n'y aucun problème dans ce cas. Je soutiens
entièrement la décision de mon prédécesseur.
Mais il y aurait certaines conditions. D'abord, je pense qu'il faudrait
qu'il y ait un certain consensus de la part de l'Union des municipalités
du Québec, de l'Union des MRC, non pas nécessairement un
consensus de tout le monde mais de la MRC qui recevrait ou de celle où
il y aurait un départ. Je vais vous citer un extrait de ce que M.
Asselin a dit en allant dans la MRC des Etchemins, le 9 mars dernier, cela ne
fait pas longtemps. Il a dit ceci, et je me rallie à cela comme approche
globale: Concernant le redécoupage des MRC, abordant le cas de certaines
municipalités qui refusent d'accepter l'actuel découpage des
territoires des MRC - ce qui est le cas pour neuf MRC du Québec, dont
celle des Etchemins - le président de l'UMRCQ mentionna que son
organisme n'acceptera jamais de redécoupages s'ils devaient remettre en
cause l'existence même de certaines MRC. C'est un autre motif sur lequel
il faut être prudent. Est-ce que tel redécoupage ou tel
déplacement remet en cause l'existence même d'une MRC? Je pense
qu'il serait un peu curieux qu'après à peine un an et demi de la
naissance d'une MRC, par un redécoupage important de cette MRC, on
remette en question son existence ou sa viabilité. Et il ajoute: Ces
créatures que sont les MRC sont trop jeunes pour qu'on puisse se
permettre d'intervenir dans leur "membership", d'argumenter M. Asselin, qui
concluait cette question en affirmant que toute éventuelle modification
de territoire d'une MRC devra se faire en consultation et avec l'accord des
parties impliquées. Or, je peux vous dire que, de façon globale,
j'achète cette déclaration de M. Asselin.
En somme, pour être bref, parce qu'on pourrait être long et
regarder chaque cas... Je peux avoir mon impression personnelle, je suis natif
du comté de Berthier. Sur Saint-Thomas-de-Joliette, je pourrais avoir
une réaction spontanée de résident de cette région,
mais il faudrait que je regarde encore l'ensemble de l'évolution du
dossier. Je sais que Saint-Thomas-de-Joliette est volontairement allée
dans la MRC de D'Autray. Elle souhaite maintenant quitter. Si
Saint-Thomas-de-Joliette quittait, est-ce que cela remettrait en question
l'appartenance de Lavaltrie et de Sainte-Élisabeth à la MRC de
D'Autray et, donc, la viabilité de D'Autray? Vous voyez qu'une chose qui
a l'air simple, une municipalité qui veut changer, peut entraîner
des conséquences sur la viabilité de la MRC auquelle elle
appartient. Il faut regarder tout cela.
Alors, vous me demandez une chose -je veux être très clair
et je vais terminer sur cela - la position de principe et la démarche
globale adoptée par le ministère jusqu'à maintenant c'est
qu'autant que possible il n'y ait pas de changements aux territoires des MRC -
ce que M. Asselin soutient, d'ailleurs - sans consultations et consensus de
plusieurs des parties impliquées. C'est mon attitude
générale, mais cela ne signifie pas qu'il ne doit pas y avoir
d'exceptions et certains changements. Quant à votre dernière
question précise: Ces gens-là pourront-ils être entendus et
avoir une réponse claire, dans le sens d'une acceptation ou d'un refus?
je vous dis oui. C'est mon rôle de le faire.
M. Saintonge: À tout le moins, je comprends que le ministre
pourra faire jouer ce que l'on retrouve dans la loi 125 au niveau de la
requête pour changement de MRC, comme ce qui a été
présenté pour Saint-Thomas-de-Joliette, ce qui a
été demandé par les quatre municipalités
dissidentes de la MRC d'Acton. À tout le moins, si la requête est
présentée et s'il y a une demande formelle de faite au
ministère, qu'on entende ces gens-là, qu'on porte un jugement sur
les argumentations que l'on donne d'une façon éclairée et
positive. On ne peut pas discuter de chacun des cas, ce serait trop long.
M. Marcoux: D'accord. Il y a neuf étapes pour changer le
territoire d'une MRC:
avis de motion, adoption d'un règlement, publication d'un avis
à la Gazette officielle, avis public, présentation de la
requête au ministre des Affaires municipales, enquête publique de
la Commission municipale, si le ministre le requiert, consultation des conseils
des municipalités régionales de comté concernés par
le ministre des Affaires municipales, recommandation du ministre au
gouvernement, modification des lettres patentes, entrée en
vigueur...
M. Saintonge: C'est dans le règlement?
M. Marcoux: Bon, il y a plusieurs étapes
d'impliquées pour la modification du territoire d'une MRC. Quand je vous
dis d'examiner, je n'ai pas l'intention d'inciter des municipalités
à s'embarquer dans ce long processus administratif et politique, parce
qu'il y a des consultations de prévues. Dans un premier examen de la
demande, il m'apparaît évident qu'en fin de compte je ne serais
jamais prêt à recommander pour les deux, trois ou quatre
années qui viennent au gouvernement de modifier le territoire des MRC.
Là où cela apparaîtrait plausible, ou faisable, ou
souhaitable, ce serait pour indiquer des ouvertures possibles aux
municipalités impliquées.
Le Président (M. Fallu): Vous avez terminé, M. le
député?
M. Saintonge: Oui.
Le Président (M. Fallu): Alors, je cède la parole
à Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le Président. C'est simplement pour
corriger quelques affirmations que le député vient de faire. Dans
la municipalité d'Acton qui est située dans mon comté, je
dois dire que votre prédécesseur, l'ancien ministre des Affaires
municipales, M. Léonard, a fait quelque chose; si j'avais su qu'on
parlerait de cela, j'aurais apporté mon dossier. Il a reçu, l'an
passé les quatorze maires de cette MRC qui sont venus ici à
Québec au ministère, et j'étais présente à
la rencontre. Le président, qui était alors adjoint
parlementaire, était aussi présent. Il a aussi reçu dans
un autre temps le préfet et un maire qui demandaient une rencontre et il
a essayé avec eux de comprendre le problème qui était
censé exister dans la MRC d'Acton.
En premier lieu, je voudrais vous dire, M. le Président, que la
MRC d'Acton comprend quatorze municipalités à caractère
agricole. Si on en venait a dire qu'on écoute seulement les quatre
municipalités dissidentes et qu'on ne se donne pas la peine
d'écouter les dix autres qui croient qu'ensemble elles peuvent former
une MRC valable, une MRC où il fait bon vivre, où il fait bon
travailler, où ce serait extraordinaire de pouvoir faire ensemble un
schéma d'aménagement qui serait, à l'égard de tout
le monde, un bien-être pour la collectivité, je serais
drôlement mal à l'aise de retourner chez moi et dire à mes
maires qu'on écoute seulement les quatre municipalités
dissidentes, qu'on se fout de ce que les dix autres peuvent penser et croire
que cela pourrait être viable ensemble.
Je dois vous dire qu'au tout départ les raisons pour lesquelles
on demandait un changement c'étaient les découpages scolaires. On
leur a fait comprendre que c'était possible de s'entendre, tel que vous
l'avez dit tout à l'heure. Le découpage scolaire est resté
tel quel. Il n'y avait donc, supposément, plus aucun problème
dans cette MRC. Mais on en a trouvé d'autres, et c'est ainsi que cela
dure depuis X temps.
Je dois vous dire aussi qu'au tout début tous les maires de cette
MRC étaient d'accord de faire partie de celle-ci. Ce n'est
qu'après qu'on a fait démissionner trois maires pour les
remplacer par d'autres, pour attiser le feu qu'on voit aujourd'hui. Je pense
que ce serait une erreur, là où on en est rendu aujourd'hui, que
d'accepter d'écouter seulement ces quatre municipalités et de ne
pas écouter les dix autres.
Je pense qu'il y a déjà un bon bout de chemin de fait et
je souhaite, M. le ministre, que vous les écoutiez, bien sûr, mais
qu'on écoute les deux côtés de la médaille avant de
prendre une décision.
M. Marcoux: Une des premières personnes que j'ai
écoutées dans le dossier c'était évidemment la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci, M. le ministre.
M. Marcoux: Mais j'ai cru comprendre que le député
de Laprairie était d'accord pour diviser la municipalité
régionale de comté d'Acton avec les conséquences que cela
pouvait avoir. Je ne sais pas si j'ai mal interprété.
M. Saintonge: Non. Mais tout ce que je peux vous dire, M. le
Président, si vous me donnez la parole deux, minutes...
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: Sans vouloir contredire, on dit que je ne connais
pas le dossier, ce sur quoi les gens d'Acton étaient d'accord au
départ. Dans la MRC, il y a quatorze municipalités. J'ai
rencontré des gens d'Acton également à une
assemblée publique où la députée de Johnson
était absente. Elle avait été invitée mais
n'était pas présente. Son confrère de Saint-Hyacinthe
était présent. J'ai rencontré ces gens à
quelques
occasions. Être intégré dans la MRC d'Acton -
c'était la MRC de l'ancien Bagot qui comprenait 19 municipalités
- c'était là l'accord fondamental au départ. Cela n'a pas
été respecté parce que Acton a eu quatorze de ces
municipalités et non pas les 19. Cela changeait le portrait un petit
peu, d'un point.
M. Marcoux: À ce moment, la solution n'est-elle pas d'en
ajouter cinq?
M. Saintonge: II semble que ce ne soit pas possible. Que
voulez-vous que je vous dise? Il faudrait peut-être entendre les gens. On
me dit que c'est peut-être mieux d'essayer d'entendre les dix autres. Je
suis d'accord avec vous. Entendez tout le monde. À moins que mon
souvenir me trompe, le bureau de la corporation de comté se trouvait
à Saint-Liboire...
Mme Juneau: Cela a été corrigé depuis. C'est
rendu à Acton.
M. Saintonge: Bon. C'était à Saint-Liboire.
À cause des problèmes engendrés, ils ont dit: La
bâtisse appartient à la MRC, on ferme boutique, on chauffe le
bâtiment et il reste là. On loue autre chose à Acton et on
fait les réunions à Acton. C'est là une façon de
s'entendre? Les quatre autres, restez seuls dans votre coin. Il y a un
problème réel entre les citoyens. Sur les quatre maires issus des
dernières élections, il y en a trois qui favorisaient le
rapatriement aux Maskoutains, et ils ont été
réélus. Le quatrième a été
réélu par acclamation et non à la suite d'une
élection. S'il y a là un problème fondamental, on ne
pourra le régler sans aller au fond du dossier. Et on ne pourra le faire
sur l'interprétation du ministre.
Les gens d'Acton, lorsqu'ils ont demandé une enquête
publique de la Commission municipale sur le sujet, ont demandé au
ministre une requête en rattachement à une autre MRC; le ministre
l'a ignorée. Il a ignoré la demande d'être entendu à
la Commission municipale. Donnez au moins aux gens l'impression que justice
aura été rendue; entendez-les là-dessus. Il y a une
décision première qui avait été prise pour 19
municipalités dans une MRC. C'est modifié, les règles du
jeu sont changées. À ce moment, je pense qu'il y a lieu
d'examiner toute la situation à nouveau et ne pas attendre que le
schéma d'aménagement soit implanté. Ce sera trop tard. (21
h 45)
D'autre part, je sais ce que vous avez dit plus tôt quand vous
m'avez parlé de Saint-Thomas-de-Joliette. On m'a dit qu'on avait
demandé de faire partie de la MRC de D'Autray. Je suis d'accord avec
vous sauf qu'ils sont à quatre milles de Joliette; quand ils ont besoin
de services pour l'aide sociale, Travail-Québec, CLSC, au lieu de faire
quatre milles, on leur demande de faire vingt-deux milles. Les gens ne trouvent
pas cela drôle. Dans mon comté, j'ai deux MRC. Les gens de
Laprairie qui sont à deux minutes de Brossard, du bureau d'aide sociale,
du bureau de Travail-Québec, qu'est-ce qu'on fait? On fait un petit
voyage à Châteauguay, mes amis, vingt-cinq minutes, pas de service
d'autobus pour vous rendre là. Si vous êtes
bénéficiaire de l'aide sociale, que vous n'avez pas d'auto,
marchez! Téléphonez, c'est un interurbain! Pas de
problème, allez-y les gens! On s'en va sur cela. C'est cela qui, au
départ des MRC, n'avait pas été conclu dans le consensus
que le ministère demandait aux gens. Si les gens avaient vraiment su ce
que les MRC, comme fonctions fondamentales, auraient éventuellement dans
le milieu, je vous dis, M. le ministre, que les assemblées de
consultation auraient eu une plus grande assistance. Les assemblées de
consultation auraient fait valoir des opinions beaucoup plus valables. Les gens
se seraient penchés davantage sur le problème avant d'accepter
d'être intégrés à une MRC. Ils n'avaient pas le
choix. On y va! Il fallait se joindre à une MRC, allons-y, prenons
position dans tel sens, mais le développement que les MRC sont en train
de prendre, ce n'était pas là au départ. Dans cette
circonstance, les gens n'auraient pas fait les mêmes choix. Je suis
convaincu que, aujourd'hui, à ce niveau, ce serait fort différent
si l'on avait une consultation fondamentale sur les objectifs globaux, non pas
les objectifs qu'on rajoute à la cachette, petit à petit, au
niveau des MRC et des pouvoirs qu'on veut de plus en plus implanter pour en
faire des gouvernements régionaux.
Ce n'est pas seulement l'Opposition qui le dit; si vous regardez le
CPDQ, ce fut dit à un moment donné. Le Conseil de planification
et de développement a clairement manifesté ce point de vue en
1983. On a réglé leur problème rapidement, on les a
tassés, ils ne sont plus là, ils n'existent plus, ils
n'étaient pas d'accord, mais ils ont mis en garde les citoyens et ont
demandé au gouvernement de ne pas faire de gouvernements
régionaux avec cela, de ne pas donner des pouvoirs que les gens ne
demandaient pas. Contre toute attente, on l'a tranquillement, à la
pièce, cela s'en vient. Regardez les éditoriaux de mai 1983, l'an
dernier, où l'on prévenait, dans certaines circonstances les
citoyens du Québec et les municipalités de faire attention de ne
pas se faire pirater un gouvernement régional dans les jambes, à
petit feu. C'est vers cela qu'on s'en vient.
À tout le moins pour les MRC existantes, pour clore le
débat sur ce sujet,
j'espère que le ministre pourra entendre les gens, non seulement
les députés. Allez voir les gens sur place par une enquête
sérieuse de la Commission municipale ou la Commission nationale de
l'aménagement. Que quelqu'un aille examiner le problème puis
fasse part de ses constatations au ministre qui, lui, peut modifier les lettres
patentes. Je pense que c'est un minimum pour que ces gens puissent avoir au
moins le sentiment que justice leur a été rendue dans ce cas.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, est-ce que vous
voulez réagir aux propos du député de Laprairie?
M. Marcoux: Non, cela va. J'ai écouté ses
conseils...
Le Président (M. Fallu): Je pense que c'est moins une
question qu'une intervention.
M. Marcoux: II y a peut-être juste une chose, c'est que le
député de Laprairie a semblé me reprocher que
j'écouterais le point de vue de Mme la députée de Johnson.
Je n'ai pas dit que j'écouterais seulement ce point de vue, j'ai dit que
je regarderais l'ensemble des points de vue mais je pense que, jusqu'à
preuve du contraire, le point de vue des députés est important, y
compris celui des députés de l'Opposition. J'ai toujours
attaché de l'importance aux points de vue des députés
concernés dans les dossiers.
Mme Juneau: M. le Président, la bâtisse qui abritait
le secrétariat de la MRC d'Acton n'est pas devenue un
éléphant blanc. Elle abrite aussi le bureau d'enregistrement, qui
paie toutes les dépenses de cette maison.
Le Président (M. Fallu): Bon, correction étant
faite, la parole est au député de Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, cela semble être
tellement naturel qu'il y ait des gouvernements régionaux qui ne sont
pas formés et tout le monde leur accorde des pouvoirs qu'ils n'ont pas.
J'ai l'impression qu'il va falloir regarder cela sérieusement et ce
serait peut-être un travail que notre commission pourrait faire
éventuellement.
Revenons aux crédits. Cela fait trois ans que je siège
à la commission des affaires municipales et on n'a pas
étudié beaucoup de crédits dans les trois années
malgré qu'on a siégé là-dessus. Le programme 1,
élément 2, prévoit des budgets pour la Commission
nationale de l'aménagement.
Une voix: Est-ce qu'on laisse tomber les MRC?
Le Président (M. Fallu): Est-ce que vous permettez, M. le
député de Chambly, que le député de Gouin
intervienne sur l'élément 1?
M. Rochefort: Une intervention sur l'élément 1.
M. Tremblay: Je retirerais presque toujours mon droit de parole
pour le donner au député de Gouin.
Le Président (M. Fallu): Je ne vous demande pas de le
retirer, mais de le suspendre.
M. Tremblay: Sachant que cela va être une intervention de
fond et fort intéressante.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Gouin, on vous prie de parler.
M. Rochefort: Après une introduction comme
celle-là, M. le Président, je ne suis pas certain que je vais
maintenir ma demande d'intervention.
M. le Président, je suis un peu agacé par le débat
qui revient, non seulement à chaque année depuis trois ans au
cours de l'étude des crédits du ministère des Affaires
municipales, mais qui est revenu à de multiples reprises à
l'Assemblée nationale et ailleurs quant au découpage des
municipalités régionales de comté. Cela joue dans mes
bibites un peu, évidemment, puisque cela est associé à
l'adoption de la loi 125, comme plusieurs le savent. Je pense qu'il y a des
choses qu'il faudrait peut-être redire à certaines personnes pour
situer à nouveau, dans son véritable contexte, le processus qui a
mené au découpage des municipalités régionales de
comté.
Au fond, le gouvernement du Québec, quand il a adopté la
loi 125, aurait pu choisir deux voies qui avaient été
déjà retenues par des gouvernements libéraux avant 1976,
dans le découpage de régions. On aurait très bien pu
retenir le modèle opération 55. Quand est venu le temps de faire
le regroupement des commissions scolaires au Québec et qu'il y a eu la
fameuse opération 55 qui visait à créer 55 commissions
scolaires régionales au Québec, sauf erreur, cela n'a pas
été un grand processus de consultation de la base, du bon peuple
avec des commissions consultatives, des tournées de consultation et
d'écoute. Cela s'est fait essentiellement à Québec dans un
processus autoritaire et majoritairement unilatéral à partir de
cartes qui avaient été faites par les fonctionnaires.
M. Marcoux: Ce n'est rien comme...
M. Rochefort: Rappelons-nous un deuxième exemple. Mme la
députée de Chomedey n'est pas d'accord sur celui-là,
peut-être que si je lui en rappelais un autre qui serait plus
proche, qui serait peut-être plus frais à sa mémoire, le
fameux projet de loi qui avait été présenté par M.
Goldbloom, ministre des Affaires municipales à ce moment, qui
proposait... Justement, il n'a pas été voté, et voyons
pourquoi. Non, ce n'est pas si simple que cela; il n'a pas été
voté, ce n'est pas nous, cela ne nous regarde pas. Quelle était
la méthode que le Parti libéral du Québec proposait pour
définir les fameuses agglomérations urbaines que le Québec
aurait comprises dans son territoire dans le projet de loi que vous proposiez
pour résoudre le problème d'aménagement et d'urbanisme du
Québec à l'époque? Quelle était la solution que le
Parti libéral apportait à l'époque?
M. Saintonge: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): Je vous entends.
M. Saintonge: C'est juste sur la question de la pertinence du
débat. Si on parle d'un projet de loi qui avait été
proposé par l'administration libérale en 1970...
M. Rochefort: Êtes-vous gêné de cela?
M. Saintonge: Je ne suis pas gêné de cela, mais ce
n'est pas le problème.
M. Rochefort: Oui c'est le problème.
M. Saintonge: Ce n'est pas le problème aujourd'hui. Il y a
une loi qui est en vigueur, c'est la loi 125. Il y a des crédits qui
sont votés pour cela et il y a des municipalités qui sont aux
prises avec cela aujourd'hui. L'autre projet de loi n'a pas été
adopté. La consultation aurait eu lieu; si elles n'avaient pas
été d'accord avec les gens du ministère sur cela, elles
auraient subi des préjudices en temps et lieu. M. le Président,
qu'on en reste à la loi 125, pas aux décisions qui auraient pu
être prises à l'époque par le Parti libéral en
1972.
Le Président (M. Fallu): J'écoute le
député de Chambly, mais rapidement s'il vous plaît.
M. Tremblay: Rapidement, M. le Président, je pense que
chacun des membres de la commission, ainsi que le ministre, prépare son
intervention de la manière qu'il l'entend et le député de
Gouin est en train, justement, de préparer son intervention. Tout
à l'heure, le député de Laprairie en a fait une
très longue. Nous avons été patients, tolérants
même, dirais-je, et nous l'avons laissé aller jusqu'au bout sans
le déranger. Je prierais le député de Laprairie de laisser
mon collègue de Gouin développer son argumentation comme il
l'entend.
Le Président (M. Fallu): C'est l'article 204 qui
régit nos débats ce soir et qui dit: "Tout discours doit porter
sur le sujet en discussion". Je me souvenais de cet article au moment où
le député de Gouin a pris la parole et je me disais: Cela doit
être une analogie qui mérite - je ne veux pas juger de la
pertinence - pour le moins, d'être abrégée.
M. Rochefort: M. le Président, je suis convaincu qu'elle
ne mérite pas et qu'elle n'a pas besoin d'être
abrégée. Si le député de Laprairie manifestait
autant de tolérance à l'endroit de ses collègues du parti
ministériel que celle qu'il demande chaque fois qu'il a une intervention
à faire, j'aurais le temps de compléter mon intervention et il
pourrait peut-être comprendre qu'il y a eu deux façons de
fonctionner: celle que j'évoquais et qui était proposée
par le parti auquel il est associé directement aujourd'hui et celle
retenue par le gouvernement du Parti québécois et à
laquelle je vais arriver tantôt. S'il veut être patient - je sais
que c'est peut-être difficile pour lui de se faire rappeler de mauvais
souvenirs dans l'histoire de son parti...
Une voix: Voyons donc!
M. Rochefort: ...mauvais souvenirs qui pourraient peut-être
nous revenir puisque vous avez repris le chef qui présidait aux
destinées du Québec à l'époque...
Une voix: Voyons donc! Voyons donc! M. Saintonge: C'est
quoi la pertinence?
M. Rochefort: ...mais on va quand même me permettre de
terminer mon intervention.
Mme Bacon: C'est stupide!
M. Saintonge: On va ajourner à 22 heures.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que les propos de la
députée de Chomedey, vice-présidente de la commission,
indiquant que mes propos sont stupides, seront enregistrés dans le
journal des Débats?
Le Président (M. Fallu): Nullement. Des voix: Ah!
Ah! Ah!
Le Président (M. Fallu): Vous êtes le seul à
être enregistré, le seul à avoir la parole. J'entends des
bruits de fond quelquefois...
M. Rochefort: Des fonds creux.
Le Président (M. Fallu): ...mais je vous écoute et
vous seul, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Des fonds creux.
M. Saintonge: Vous entendez des choses.
M. Rochefort: Donc, M. le Président, je disais que, d'une
part, il y a eu l'opération 55 pour créer des commissions
scolaires régionales au Québec qui a causé tous les
problèmes qu'on connaît et, surtout, qui a été faite
de façon très autoritaire et très centralisée
à partir de Québec. Deuxième référence que
nous pouvons avoir, quand M. Goldbloom, alors ministre des Affaires municipales
du gouvernement Bourassa de l'époque, est arrivé avec son projet
de loi d'aménagement et d'urbanisme, que proposait-il? Il proposait de
grandes agglomérations urbaines qui auraient été
définies et déterminées par le ministère des
Affaires municipales à Québec, de Québec. Il n'y avait pas
de grands processus de consultation.
Il est donc évident que, si cette façon avait
été retenue par le gouvernement du Parti québécois
pour déterminer les territoires des municipalités
régionales de comté, les problèmes soulevés aux
crédits, en Chambre et ailleurs par les députés
libéraux, notamment, n'auraient jamais vu le jour et n'auraient jamais
été soulevés, parce que personne n'aurait pu
prétendre qu'au bout de la consultation il n'avait pas été
satisfait, parce qu'il n'y aurait pas eu de consultation. Il aurait
été informé, un beau matin, quelle était la
municipalité régionale de comté dans laquelle il se
trouve, quel serait son territoire et quelle serait la liste des
municipalités membres. Point, au bout de la ligne.
M. Marcoux: Et quel fonctionnaire ferait son choix
d'aménagement.
M. Rochefort: Oui, oui et peut-être qu'il aurait même
eu une copie de proposition préliminaire de schéma
d'aménagement incluant les documents constituant la municipalité
régionale de comté. Qu'avons-nous fait, nous du gouvernement du
Parti québécois, quand nous avons adopté la loi 125? On
n'a pas déposé de carte. On a lancé l'un des plus vastes
processus de consultation jamais mis en place au Québec pour
définir des territoires.
La meilleure preuve que ce processus de consultation a été
efficace, c'est que dans au-delà de... M. le ministre, dans quel
pourcentage, il y a combien de cas où les résultats de la
consultation sur la définition des municipalités
régionales de comté ont été tout simplement
transcrits dans des décisions du cabinet ministériel?
Au-delà de 90% ou 95%...
M. Marcoux: Plus que cela.
M. Rochefort: ...Ah bon! peut-être 98%. Qu'on vienne
aujourd'hui se scandaliser...
M. Rocheleau: Wo! Wo!
M. Rochefort: ...Wo! wo! wo! Où sont les fous de
l'Outaouais?
M. Rocheleau: 98%!
Mme Bacon: Ce n'est pas beaucoup mieux que stupide.
M. Rochefort: M. le Président, rappelez à l'ordre
la députée de Chomedey.
Le Président (M. Fallu): Je dois faire un rappel à
l'ordre. M. le député de Gouin, je sais qu'à tout moment
il y a des interpellations de la gauche et de la droite qui ne font pas partie
du débat. J'ai appelé cela tout à l'heure des bruits de
fond. Je sais que quelquefois...
M. Rochefort: Je suis sensible aux bruits de fond, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): Bon, alors je vous demande donc
de vous adresser à moi, sans tenir compte des hochements de tête,
des grognements, bref des bruits de fond pour ne pas les qualifier
davantage.
Une voix: ...
Des voix: Ah! Ah! Ah! (22 heures)
M. Rochefort: Donc, M. le Président, que des
problèmes se soient posés, que des municipalités n'aient
pas été complètement satisfaites du résultat des
décisions qui ont été prises quant à la
constitution des municipalités régionales de comté dans
quelques cas au Québec, il est évident qu'il n'est pas surprenant
que cela se produise. Je pense qu'il faut voir qu'on a réussi à
trouver des solutions intéressantes, satisfaisantes pour tout le monde
en fait, 95% ou 98% des cas. Il était donc évident dès le
départ, et nous en étions conscients lorsqu'on a
créé des comités de consultation de chacune des
régions du Québec pour l'établissement des
municipalités régionales de comté, qu'au bout du compte il
y aurait un certain nombre de cas qui poseraient des problèmes qu'on ne
pourrait pas résoudre dès le départ de façon
satisfaisante. En plus, on se retrouve avec des cas problèmes qui sont
dus à des changements de conseils municipaux dans bien des cas où
on a des cas problèmes, des situations problématiques à
l'heure actuelle.
II est bien évident que ce n'est pas une façon pour nous,
pour les municipalités de simplifier le problème qu'elles ont si
elles changent d'idée en dedans de deux années sur la
municipalité régionale de comté à laquelle elles
voulaient être associées quant à la définition du
territoire. Mais il me semble qu'on devrait relativiser un peu les
débats quand vient le temps de faire des drames autour des
problèmes que vivent un certain nombre de municipalités,
problèmes réels et dont on est conscient au gouvernement. La
preuve, on a créé la commission consultative pour l'Outaouais, le
ministre des Affaires municipales, député de Labelle, a
rencontré les gens du comté de Johnson de Mme la
députée Juneau, le nouveau ministre des Affaires municipales dit
qu'il est prêt à rencontrer des gens, à les écouter,
à tenter de trouver des solutions aux problèmes qu'ils vivent.
Mais il ne faut quand même pas essayer de créer une fausse
impression sur l'économie générale des résultats de
la création des municipalités régionales de comté.
C'est peut-être 3% ou 4% de problèmes qu'on a, et c'est cela le
lot général, alors que le reste, ce n'est pas important, cela ne
s'est pas passé.
Je pense qu'il faut reconnaître qu'il y a des problèmes
dans un certain nombre de cas mais que ces problèmes qui sont
très peu nombreux quand on regarde le lot de municipalités qui
ont été impliquées dans cette opération. C'est
normal, à la suite d'une décision d'implanter des
municipalités régionales de comté par un processus de
consultation aussi large que celui qu'on a mené, qu'il reste des
problèmes. Il est évident que si on avait pris la méthode
libérale, la loi Goldbloom sur les agglomérations urbaines, ou
l'opération 55 créant les 55 commissions scolaires
régionales du Québec, on n'aurait jamais connu ces
problèmes et on aurait pu faire cela en deux semaines et passer à
autre chose.
Le Président (M. Fallu):' Je m'adresse maintenant aux
membres de la commission pour deux raisons. La première c'est que nous
arrivons à l'heure fatidique de 22 heures. Donc, il nous faut
établir des consensus pour prolonger nos travaux, ce dont je ne doute
pas, mais j'aimerais également vous consulter sur l'organisation de nos
travaux pour l'heure ou l'heure et demie pendant laquelle nous poursuivrions en
vue de terminer l'étude de ces crédits. Nous avions
établi, au départ, que nous allions analyser le programme 3 et
revenir à 1. Maintenant, au programme 1 je croyais que
l'élément 1 se terminait à l'instant et le débat
vient de resurgir. Je ne peux pas l'arrêter puisque les règlements
de l'Assemblée nationale nous disent qu'on a droit à
l'alternance, 20 minutes chacun, etc.
Néanmoins, j'aimerais avoir de la part des membres de la
commission une indication sur l'organisation ou peut-être les programmes
ou les éléments de programme qu'on aimerait privilégier
comme analyse ce soir puisque nous avons également pris une autre
décision ce matin qui est dans les dernières minutes,
d'approuver, à la toute fin de nos travaux, selon le rythme que veut le
règlement, l'ensemble des programmes un par un. Puis-je avoir quelques
indications de la commission, s'il vous plaît, pour la bonne gouverne de
nos travaux?
M. Saintonge: Vous voulez avoir le consentement pour qu'on
continue nos travaux.
Le Président (M. Fallu): Premièrement.
M. Saintonge: De notre côté, on va donner notre
consentement. Je pense qu'on peut aller au maximum de temps, à 112
minutes. Donc, jusqu'à 11 h 52.
Le Président (M. Fallu): À tout près de
minuit.
M. Saintonge: 11 h 52.
Le Président (M. Fallu): Le consentement est
accordé.
M. Saintonge: 11 h 52.
Le Président (M. Fallu): 11 h 52.
Une voix: Vous avez raison.
Le Président (M. Fallu}: II y a consentement?
Quant à l'organisation de nos travaux, est-ce que vous avez
quelques indications à fournir à la présidence ou si l'on
utilise les deux droits de parole qui sont demandés sur
l'élément 1 du programme 1? Ensuite j'appellerais d'office, sans
plus de commentaires, si vous me permettez d'être le moindrement...
M. Saintonge: L'élément 2.
Le Président (M. Fallu): ...directif, immédiatement
par la suite, l'élément 2. Est-ce qu'il y a consentement? Bon. M.
le député de Hull et M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Rocheleau: Bon, nous y allons! Le Président (M. Fallu):
Oui.
M. Rocheleau: Nous sommes toujours dans le programme 1,
élément 1, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Programme 1,
élément 1.
M. Rocheleau: Élément 1. On y arrive. Alors,
j'aimerais poser une question au ministre, à savoir si, dans les
montants prévus pour 1984-1985, au sujet de l'urbanisme et de
l'aménagement - le député de Gouin mentionnait la
formation d'une commission d'enquête, la commission Robidas - les fonds
pour les travaux à être effectués par cette commission
proviennent de son ministère.
M. Marcoux: Du Conseil exécutif. C'est une commission
d'étude constituée par décision du Conseil des ministres
et dont le coût relève du budget du Conseil exécutif.
M. Rocheleau: Alors, c'est le Conseil exécutif. Cela la
rend plus indépendante.
M. Marcoux: Je pense qu'il y a plusieurs dimensions dans ce
dossier. La proposition a été pour faire en sorte que ce soit
clair que ce n'est pas seulement la perspective municipale qui soit
analysée mais l'ensemble, je dirais, de la perspective outaouaise. C'est
pourquoi cela a été une commission d'étude
créée par le Conseil des ministres et dont le budget
relève du Conseil exécutif.
M. Rocheleau: M. le Président, dans les montants
attribués cette année, on remarque qu'il y a une faible
augmentation de 2,5%. Tantôt, on mentionnait le fait que rien
n'était pris dans le ciment et qu'il pourrait y avoir des changements si
cela pouvait être souhaité ou souhaitable. On a parlé de
municipalités régionales de comté qui avaient des
problèmes d'adaptation entre autres, qui, sans vouloir provoquer des
changements en profondeur, demandaient des réajustements de territoire
comme tels.
Est-ce que, à l'intérieur du programme 1,
élément 1, il y a des montants de prévus, dans votre
budget de cette année, sous la gouverne du nouveau ministre des Affaires
municipales, pour faire en sorte de réadapter des limitations de
territoire, tenant compte du fait que l'ex-ministre des Affaires municipales
semblait avoir gelé, pour une période de trois ou quatre ans,
toute modification aux territoires des municipalités régionales
de comté? Je trouvais une confusion ou une ambiguïté;
comment pouvions-nous permettre l'élaboration d'un schéma
d'aménagement sur un territoire qui n'était peut-être pas
approprié à l'ensemble de ceux qui en faisaient partie et
où on allait déterminer, par ce schéma, l'implantation des
grands équipements, des infrastructures et, plus
particulièrement, l'appartenance du milieu?
Tantôt mon collègue de Laprairie vous a demandé
d'être plus spécifique. Il disait qu'il y a un grand nombre de
municipalités régionales de comté qui semblent vivre en
harmonie, à l'intérieur de leur territoire, sans aller plus loin
que l'aménagement du territoire et la préparation de leur
schéma d'aménagement. Mais, pour les municipalités
régionales de comté qui souhaiteraient avoir un examen un peu
plus en profondeur pour les ambiguïtés qui semblent les
préoccuper, tantôt mon collègue demandait si le ministre
était d'accord pour mettre des sommes d'argent afin de poursuivre des
études sommaires, pas nécessairement des études en
profondeur, et retourner à la base même pour corriger ou
harmoniser ces territoires qui pouvaient préoccuper ces gens-là.
J'aimerais entendre le ministre là-dessus, s'il a une attitude ou une
approche différente de celle de son prédécesseur, qui
semblait avoir gelé l'ensemble des territoires pour une période
de trois ou quatre ans. Une fois que les schémas seraient faits, on
verrait s'il est nécessaire de revoir les territoires.
M. Marcoux: Sur le contenu, je pense que j'ai été
très clair tantôt en répondant aux interventions de Mme la
députée de Johnson et du député de Laprairie.
L'aspect que vous ajoutez c'est: Est-ce qu'il y a des conséquences
financières à ceci? Mon Dieul S'il y avait un changement de
territoire dans une MRC qui obligeait des modifications au schéma qui
donneraient lieu à des études et qui pourraient impliquer des
dépenses financières supplémentaires, on l'examinera
à ce moment mais, de toute façon, ce sera marginal. Donc, ce que
je peux répondre c'est que, si, par exemple, Saint-Thomas-de-Joliette
change de MRC et s'en va à celle de Joliette, il faudra faire des
réajustements au schéma d'aménagement pour en tenir
compte; la MRC de D'Autray devra aussi modifier son schéma
d'aménagement pour tenir compte de la disparition d'une
municipalité membre de la MRC. Si des conséquences s'en suivent
et valent la peine d'être étudiées, je ne dis pas qu'il ne
pourrait pas y avoir de compensations financières, je dirais marginales,
pour l'ajustement.
Il faut voir que ce budget, à l'élément 1, comprend
trois aspects. Premièrement, le salaire des préfets et des maires
qui vont aux réunions de la MRC. Deuxièmement, le budget de
fonctionnement de base de la MRC. Troisièmement, les montants qui sont
prévus sur cinq ans pour la fabrication du schéma. Il y a 17 900
000 $. Là, vous dites: Avec ces 17 900 000 $, s'il y avait un changement
au territoire d'une MRC, qu'une municipalité était
déplacée d'une MRC à une autre, s'il y avait des
conséquences financières au niveau de l'étude du
schéma d'aménagement, êtes-vous prêt à en
défrayer une partie? Je réponds: On verra à ce
moment.
Quant à l'approche de principe, je pense avoir répondu
assez longuement plus tôt.
Le Président (M. Fallu): Avez-vous d'autres questions, M.
le député de Hull?
M. Rocheleau: Pas pour le moment.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Le Blanc (Montmagny-L'Islet): Merci, M. le Président.
Tout à l'heure le député de Laprairie a fait état
d'un résultat éventuel des découpages de territoire si des
municipalités régionales de comté ou si des maires des
municipalités régionales de comté avaient, lors de ces
découpages, envisagé d'autres attributions ou d'autres pouvoirs
que la réalisation d'un schéma d'aménagement. Je pense que
ce point, au départ, était suffisant pour faire un choix
judicieux quant à moi. Je parle par expérience, ayant
présidé un comité de consultation justement dans le
territoire auquel le député de Laprairie a fait
référence tout à l'heure, celui de
Kamouraska-Témiscouata, où il y a la MRC de Kamouraska et la MRC
de Témiscouata. Le litige qui est survenu dans ce dossier a
été au sujet d'un territoire non organisé (TNO) et non pas
au niveau des municipalités. Le découpage des territoires a
été fait par les maires des municipalités et la
consultation, je dois vous dire, a été très large et
soutenue. Il y a des erreurs traditionnelles qui ont été
corrigées lors de ces découpages par les maires eux-mêmes.
Je prends à témoin la municipalité de Saint-Athanase dans
Kamouraska qui, par tradition, a toujours fait partie du comté municipal
de Kamouraska et qui, en toute logique, devait s'intégrer presque
à la ville de Pohénégamook. Par décision
spontanée, ces gens ont adhéré à la MRC de
Témiscouata. Quatre municipalités du comté de Rimouski ont
adhéré spontanément à la municipalité
régionale de comté. La première qui a été
formée dans le territoire que je présidais a été la
municipalité des Basques. Ces gens avaient une expérience
antérieure de travail régional. Il y a eu formation
spontanée dans tout le territoire où j'ai présidé
à la formation, la mise en place des municipalités
régionales de comté avec des partenaires qui, d'ailleurs, ne
partageaient pas, à ce moment, mes opinions politiques. Un des maires a
été candidat à la même élection que moi en
1981, pas pour le même parti bien sûr. J'ai eu, à ce moment,
des contacts très amicaux avec ces gens, contacts que j'ai d'ailleurs
conservés, et je dois vous dire que le travail de consultation s'est
fait dans une atmosphère absolument sérieuse. (22 h 15)
Je ne partage pas l'avis du député de Laprairie, à
savoir que les découpages auraient été différents
si d'éventuels nouveaux pouvoirs avaient été
dévolus dans l'avenir aux municipalités régionales de
comté. D'ailleurs, tout le monde a fait mention du fameux fascicule
fantôme et cela a été discuté couramment pendant que
le comité de consultation fonctionnait. Les maires ont
décidé réellement du découpage de leur territoire;
cela n'a été ni imposé ni parachuté ce
découpage, pour autant que je témoigne de l'expérience que
j'ai vécue. Je ne peux pas témoigner de l'expérience des
18 autres présidents de comité de consultation, mais les contacts
étaient assez fréquents avec nos voisins, que ce soit ceux de
Rimouski ou d'autres régions du Québec, pour savoir qu'à
peu près la même formule et le même processus fonctionnaient
à peu près partout.
Aujourd'hui, ces municipalités régionales de comté
et les maires qui y ont adhéré de façon
spontanée... Je peux citer certaines municipalités
régionales de comté, entre autres celle de L'Islet, qui est une
municipalité régionale de comté à l'avant-garde.
Elle a déjà une société de développement
parce qu'elle l'a liée très étroitement au schéma
d'aménagement, qui est à toutes fins utiles terminé, et
elle est engagée dans un processus de développement. Le travail
final qui vient après est déjà engagé dans les
municipalités qui considèrent que la municipalité
régionale de comté c'est une table de concertation formidable
pour les maires d'une région qui veulent réellement regarder plus
loin que leur petit territoire municipal et avoir une vision régionale.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Après ce témoignage
éloquent d'un ex-président d'un comité de concertation,
nous passons donc à l'élément 2 qui traite de la
Commission nationale de l'aménagement. Le premier intervenant qui
m'avait signifié son désir de parler sur ce sujet était le
député de Chambly. Quelqu'un d'autre veut-il s'inscrire? M. le
député de Hull, oui.
Alors, M. le député de Chambly.
Commission nationale de l'aménagement
M. Tremblay: M. le Président, je ne serai pas long parce
qu'il me reste plusieurs éléments et plusieurs programmes
à étudier d'ici une heure et demie. Je veux simplement
connaître les fonctions et la raison d'être de la Commission
nationale de l'aménagement.
M. Marcoux: Voulez-vous me répéter votre question,
s'il vous plaît?
M. Tremblay: Je veux simplement
savoir pourquoi existe la Commission nationale de
l'aménagement.
M. Marcoux: La Commission nationale de l'aménagement a
comme première fonction de faire l'enregistrement des règlements
de contrôle intérimaire et de donner des avis de conformité
- jusqu'à maintenant, elle a eu à en donner très peu
-entre le schéma d'aménagement qui est au niveau de la MRC, le
plan d'urbanisme au niveau de la ville ou de la municipalité et le
règlement de zonage, construction et lotissement qui définit les
modes d'utilisation de certaines parties du territoire.
Alors, la fonction principale de la Commission nationale de
l'aménagement sera de donner des avis de conformité entre ces
différents schémas d'aménagement, plans d'urbanisme,
règlements de zonage, lotissement et de construction.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Pour enchaîner, non pas pour me
déchaîner, M. le Président, la question du
député de Chambly était très pertinente. La
Commission nationale de l'aménagement a été
créée en 1980, quelques mois après le
référendum du 20 mai 1980. On y nommait comme président
l'ex-président de la Communauté régionale de l'Outaouais,
M. Jean-Marc Rivest, un bonhomme compétent, ou d'une certaine
compétence, un bonhomme qui a vu à la préparation et
à l'adoption du schéma d'aménagement de la
Communauté régionale de l'Outaouais, en tout cas qui a
piloté une partie de ce dossier avec brio. Je souhaiterais que le
ministre puisse me répondre, étant nouveau ministre des Affaires
municipales, n'ayant pas eu l'occasion de laisser pourrir sur une tablette des
personnes ou des compétences dans certains domaines. Est-ce qu'il ne
considère pas un peu scandaleux que cette commission, cette
année, demande un budget de 418 000 $ et que depuis sa création,
en 1980, cela totalise à peu près 1 500 000 $ pour se maintenir
en vie tant bien que mal? Cette commission a été très mal
utilisée parce que le travail pour lequel elle avait été
créée elle ne l'a jamais exercé, autrement que de remplir
des formules d'avis. J'aimerais savoir si le nouveau ministre des Affaires
municipales a l'intention de réorienter la vocation de la Commission
nationale de l'aménagement qui, à ce que je sache, est à
pourrir sur une tablette et accuse à ce jour des dépenses de plus
de 1 500 000 $ pour avoir à peu près rien produit. J'ai d'autres
questions qui vont suivre.
M. Marcoux: Dans quel sens vous la réorienteriez?
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais connaître
la position du ministre des Affaires municipales. C'est lui qui a la charge de
ce ministère pour exercer ses compétences.
M. Marcoux: C'est parce que vous avez fait plusieurs
affirmations. Vous avez dit: II faudrait la réorienter. Je vous demande:
Dans quel sens?
M. Rocheleau: Je veux savoir de quelle façon le ministre a
l'intention de l'orienter ou de la réorienter, tenant compte du fait
qu'elle est là depuis 1980, qu'elle n'a rien fait à ce jour, ou
à peu près rien fait à ce jour. Je trouve cela un peu
scandaleux que l'on dépense les deniers publics pour maintenir des
commissions en vie de cette façon. J'aimerais savoir ce que le nouveau
ministre des Affaires municipales a l'intention de faire avec cela ou s'il a
simplement l'intention de maintenir artificiellement en vie cette commission
avec du personnel qui lui est attitré selon le rapport annuel qu'on nous
fait et où on semble avoir énormément de
difficultés à remplir quelques pages.
M. Marcoux: Bon! Vous touchez à un point sur lequel j'ai
déjà eu l'occasion de réfléchir. Je peux vous dire
que c'était un des points inscrits à l'ordre du jour de la
réunion de la table Québec-municipalités de la semaine
dernière, l'avenir de la Commission nationale de l'aménagement.
Une hypothèse a été soumise aux membres de l'Union des
municipalités du Québec et de l'Union des municipalités
régionales de comté, hypothèse qui a rallié leur
adhésion. Je m'apprête à faire une recommandation au
Conseil des ministres mais qui devra passer d'abord par le Comité
ministériel permanent à l'aménagement, par le COMPA, pour
être discuté par mes collègues chargés des dossiers
de l'aménagement en général au gouvernement, concernant
l'avenir de la Commission nationale de l'aménagement.
M. Rocheleau: M. le Président, j'aimerais simplement que
le ministre prenne note de la page 14 du rapport annuel 1982-1983.
Tantôt, il a mentionné les avis de conformité; ici, on peut
lire que la commission, au cours du dernier exercice, n'a été
saisie d'aucune demande d'avis de conformité et a rendu une seule
décision, c'est-à-dire...
M. Marcoux: Cela a beaucoup changé, l'an dernier ils ont
eu trois demandes!
M. Rocheleau: ...oui mais...
M. Marcoux: Cela est une augmentation de 200%!
M. Rocheleau: Ah bon! M. le ministre, si vous le permettez, je
vais terminer.
M. Marcoux: Je pense que c'est important, comme
élément d'information, pour la poursuite de votre
intervention.
M. Rocheleau: Vous n'avez peut-être pas eu le temps encore
de lire le rapport 1982-1983 qui a été soumis par le
président de la Commission nationale de l'aménagement à
votre prédécesseur.
M. Marcoux: J'ai lu celui de 1983-1984. C'est encore plus...
M. Rocheleau: Ils se ressemblent beaucoup.
M. Marcoux: Je vous l'ai lu. Il y a une augmentation de 300% dans
les avis de conformité donnés.
M. Rocheleau: Ah bon! M. Marcoux: 200%.
M. Rocheleau: Je vous lis celui-là, celui de 1982-1983.
S'il y a une augmentation de trois, c'est une grosse augmentation. On le notera
sûrement dans notre rapport.
On dit: "À la suite d'une demande en ce sens..." Il y a eu une
demande, entre autres, de Sillery. Dans le bas de la page, afin de se justifier
on dit: "Dans les circonstances, il ne faudrait pas trop s'étonner du
peu d'activités décisionnelles de la commission, cet état
étant consacré par la logique de la loi et la dynamique propre au
processus d'aménagement." Très bien. Excellent.
Je suis très sérieux, M. le Président, dans le sens
que je conçois mal qu'un gouvernement puisse se permettre de laisser
pourrir des organismes créés par lui-même. Je ne voudrais
pas aller aussi loin que dire que c'étaient des cadeaux politiques que
l'on devait donner à la suite du référendum de 1980, parce
que M. Jean-Marc Rivest, à ce moment, avait été
président du comité du oui dans le comté de Hull.
M. Marcoux: Au cas où les gens auraient des doutes, vous
le dites.
M. Rocheleau: Non. Je laisse à chacun le choix de
penser.
M. Tremblay: II ne dit pas, il n'a pas le courage. Mais il
suggère.
M. Rocheleau: Non, non. Je pense que cette année c'est le
temps qu'on en parle sérieusement. On sait que l'ex-ministre des
Affaires municipales ne tenait pas dans la plus haute estime le
président de la
Commission nationale de l'aménagement ni l'entourage, pour toutes
sortes de raisons. On y reviendra sûrement en temps opportun. J'aimerais
que le ministre prenne note du fait que je considère que c'est
absolument scandaleux de maintenir artificiellement en vie une commission dont
on ne sait même pas ce qu'on veut faire.
J'ose souhaiter qu'un des premiers mandats que se donnera le ministre
sera de corriger dans les plus brefs délais cette perte de fonds
importante alors qu'on cherche de l'argent au Québec pour d'autres
programmes plus importants. Le rapport annuel n'atteint sûrement pas les
objectifs que s'était fixés le gouvernement lors de la
création de cette commission.
Si le ministre, dans un laps de temps aussi court que l'on puisse
souhaiter, ne trouve pas les orientations nécessaires à cette
commission, on pourra peut-être lui fournir des suggestions et certaines
recommandations que l'Opposition libérale pourrait mettre sur papier -
c'est peut-être déjà sur papier mais, étant
donné qu'on n'a pas à faire l'ouvrage pour vous, on aimerait que
les initiatives soient prises par ceux qui ont dilapidé les fonds des
citoyens du Québec jusqu'à maintenant.
M. Marcoux: Concernant le premier point abordé par le
député de Hull, concernant la dynamique de la loi - à ce
moment, il citait le rapport disant que la dynamique de la loi faisait qu'ils
n'avaient pas tellement eu d'ouvrage en 1982-1983 et pas tellement plus en
1983-1984 - je pense que la dynamique de la loi 125 était la suivante:
C'étaient les élus qui décidaient, contrairement aux
anciens modèles d'aménagement qui avaient tous
échoué et avaient été préparés de
1968 à 1976 et où la place des élus était marginale
par rapport à la fabrication des schémas d'aménagement. La
dynamique de la loi 125 c'était que les élus étaient au
coeur de toute décision concernant l'aménagement et que, dans la
mesure où il devait y avoir une commission de surveillance ou de
contrôle ou d'assistance à l'application de la loi, cette
commission devait simplement avoir pour fonction de donner des avis, entre
autres des avis de conformité, par rapport aux éléments
que j'ai indiqués tantôt. (22 h 30)
Cette dynamique de la loi, on est très fier de l'avoir choisie
plutôt que d'avoir choisi d'autres dynamiques qui avaient toutes
échoué de 1968 à 1976. Je regrette qu'après la
délicatesse des propos du député de Hull au point de
départ envers le président de la commission le
député ait senti le besoin de tomber dans des remarques sur la
nomination du président de la commission que je pourrais qualifier
d'inopportunes par rapport aux premières remarques qu'il avait eues,
mais je lui laisse la paternité de sa méthode
d'intervention.
M. Rocheleau: Non, non, ce n'est pas vrai.
M. Marcoux: Quant à la commission, il nous dit ceci: Vous
pourriez examiner la possibilité de supprimer cela - si j'ai bien
compris - de faire disparaître cela pour faire des économies. Mais
il dit: On ne vous le suggère pas; on vous dira peut-être quelque
chose un jour. C'est exactement la méthode du Parti libéral
depuis 1976: se prononcer contre les augmentations de taxes, contre les
déficits, contre les hausses de dépenses, mais en proposer tous
les jours, et surtout ne pas dire ce qu'il ferait à notre place. Il nous
dit: Ce n'est pas ma responsabilité. Je pense que c'est aussi le
rôle d'une opposition d'indiquer ce qu'elle ferait. Une fois de plus, on
pose des questions, on fait des commentaires, mais on n'indique pas quelle
orientation on prendrait. C'est exactement dans la tradition du Parti
libéral depuis 1976 de ne pas agir comme une opposition qui indique ses
positions pour que les citoyens puissent juger. Cela fait partie du rôle
d'une opposition de dire: On est contre ceci et cela; on est contre les
emprunts; on est contre les déficits; on est contre les hausses de
dépenses, mais voici ce qu'on ferait à votre place, voici
où on couperait, ce qu'on remplacerait, quelles nouvelles taxes on
imposerait. Ce n'est évidemment pas la méthode du Parti
libéral. Quant à la suggestion du député de Hull
-parce que j'ai cru comprendre, malgré le fait qu'il dise qu'il ne
voulait pas donner son opinion, qu'il nous ferait peut-être des
suggestions un jour, il était presque prêt à nous en faire
- si j'ai bien compris, il souhaitait qu'on examine de façon
sérieuse la possibilité de faire disparaître cette
Commission nationale de l'aménagement. Je le note et cela fera partie de
ma réflexion.
M. Rocheleau: M. le Président, les derniers propos du
ministre sont les siens, s'il juge opportun de faire disparaître cette
commission après en avoir étudié tous les aspects, il
devrait prendre ses responsabilités.
M. Marcoux: Oui, mais est-ce que j'ai mal
interprété votre suggestion?
M. Rocheleau: Mais j'aimerais noter, pour le
bénéfice du ministre, que nous avons à plusieurs reprises
fait des recommandations. J'aimerais faire allusion à certaines lois qui
ont été adoptées dernièrement, entre autres le cas
de la fusion de Baie-Comeau-Hauterive, pour lequel on vous avait
suggéré point par point tous les éléments d'un
règlement susceptible d'unir ces deux municipalités sans pour
autant créer le climat social et économique que vous avez
créé et qui perdure actuellement dans cette région.
Nous avons fait des recommandations avant les fêtes sur le projet
de loi 38 et on a recommandé au gouvernement plusieurs choses qui
auraient fait en sorte que les municipalités soient respectées
davantage et qu'on ne les utilise pas à des fins partisanes uniquement
pour engendrer des chicanes avec Ottawa. On a traité de la loi 45 avant
les fêtes et l'Opposition, après s'être battue avec
acharnement contre le gouvernement -plus particulièrement avec mon
collègue de Laprairie - a fait retirer certains articles néfastes
à la vie municipale et au monde municipal, après avoir fait
comprendre au gouvernement que certains de ces articles allaient
complètement à l'encontre des volontés et des voeux des
municipalités. Nous aurons l'occasion de proposer dans un avenir
prochain à la population du Québec, et plus
particulièrement à l'ensemble de nos concitoyens et
concitoyennes, un programme qui traitera de l'ensemble des points qui
préoccupent autant la population que l'Opposition dans le genre de
gestion que vous offrez actuellement aux Québécois et aux
Québécoises.
M. Tremblay: On a hâte de voir cela.
M. Rocheleau: Ayant été élus
majoritairement...
M. Marcoux: Après huit ans!
M. Rocheleau: ...et ayant la responsabilité...
M. Tremblay: Vous êtes en peine de "boss".
M. Rocheleau: ...de gérer les biens de l'État -
chose que vous faites très mal en passant...
Une voix: C'est bon, cela.
M. Rocheleau: ...ce n'est sûrement pas nous, M. le
Président, qui avons pour le moment - même si la population
favorise très majoritairement le Parti libéral - à
gérer les biens de l'État et à prendre position à
la place du gouvernement. C'est pour cela que je tiens quand même
à dénoncer au ministre le gaspillage éhonté qui
s'est fait là, jusqu'à ce jour, et je ne tiens pas rigueur
à ceux qui composent cette commission. J'ai mentionné les
débuts de la commission et les remerciements que vous faites, en
l'occurrence dans certains cas, et que vous avez faits dans d'autres cas aussi,
cela ne veut pas dire pour autant que ces gens ne pourraient pas être
utilisés à de meilleures fins et à de meilleures
sauces,
sûrement. Ils pourraient être utilisés à des
choses beaucoup plus progressives qu'ils ne le sont actuellement.
Que je sache, M. le Président, les montants de 418 000 $
proposés cette année dans les crédits comportent une
très légère augmentation de 3,5%. Ce n'est pas sur ces
questions que nous nous en tenons, mais c'est plutôt sur le rôle
que n'a pas joué, à aujourd'hui, cette Commission nationale de
l'aménagement, le rôle qu'on l'a peut-être
empêchée de jouer ou le rôle qu'il était
peut-être prématuré de faire jouer à cette
commission. Amen.
Le Président (M. Fallu): Cela met un point final à
notre débat de l'élément 2.
M. Marcoux: Si j'ai bien compris, le budget de la Commission
nationale de l'aménagement, l'Opposition n'est pas prête à
l'adopter?
M. Rocheleau: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Ce ne sont pas les
éléments que nous adoptons, mais ce sont les programmes. Et nous
avons convenu que nous y reviendrions à la toute fin de nos travaux.
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Fallu): Nous passons au programme 2, Aide
et surveillance administratives et financières, qui comporte quatre
éléments: la surveillance de la gestion municipale, l'aide
financière aux municipalités, le fonds de
péréquation, dont on a parlé d'ailleurs tout à
l'heure, et les services quasi judiciaires en gestion municipale,
essentiellement donc la Commission municipale. Nous avons 42 839 700 $ à
voter. J'appelle l'élément 1. Avez-vous un commentaire, M. le
député de Laprairie?
Aide aux municipalités
M. Saintonge: L'élément 1, c'est la surveillance de
la gestion municipale. J'imagine que les frais encourus par la table de
concertation Québec-municipalités vont se retrouver à
l'intérieur de ce programme. C'est à cet élément
qu'on retrouve...
M. Marcoux: Je peux vous dire que, pour les frais du premier
soir, chaque partie paie ses frais. Cela a probablement coûté une
centaine de dollars en papier, en Seven-up et en Coke.
M. Saintonge: Ce sont des travaux en cours d'année, ce
sont des dépenses plus sérieuses que de payer un Seven-up, un
Coke, des chips ou autres, après des études qui
s'avéraient nécessaires à la lumière des sujets que
les municipalités voudraient étudier. A quel endroit est-ce que
les crédits sont pris? Est-ce que c'est à l'intérieur de
ce programme précis ou si c'est dans le cadre du travail usuel des
fonctionnaires du ministère?
M. Marcoux: Ce serait du travail usuel. On s'est entendu pour que
l'attitude à la table Québec-municipalités, soit de
discuter des objectifs qu'on doit poursuivre à travers des
règlements, des lois ou des politiques qui concernent les
municipalités et que, s'il y a lieu, on crée, chaque fois que ce
sera nécessaire, des comités techniques ad hoc composés de
fonctionnaires du ministère, de représentants de l'Union des
municipalités ou de l'Union des MRC et que ces gens vont travailler dans
le cadre de leurs activités professionnelles régulières.
Si, dans un cas particulier, on sentait le besoin d'avoir des avis
extérieurs ou de créer un comité spécial, on verra
à ce moment comment le financer, mais la question ne se pose pas du tout
pour le moment.
Le Président (M. Fallu): L'élément 2 et
l'élément 3 sont des programmes de transfert aux
municipalités, comme d'ailleurs les principaux éléments du
programme 3. Nous avons tout à l'heure, à l'occasion du programme
3, touché à quelques-uns de ces points. La question est-elle
vidée ou reste-t-il des questions supplémentaires à poser
sur ces crédits de transferts.
M. Saintonge: J'aurais une question à poser au ministre
concernant le programme PRIME.
M. Rochefort: Est-ce qu'on s'en va à 3?
Le Président (M. Fallu): Disons qu'on pourrait traiter les
éléments 2 et 3 ensemble, si vous le permettez.
M. Rochefort: 2 et 3, oui.
M. Saintonge: PRIME est-il dans le programme 2?
Le Président (M. Fallu): Oui, dans le 2.
M. Saintonge: C'est l'élément 2. Jusqu'à ce
jour, M. le ministre, le programme PRIME prévoyait un transfert en fin
c'est un programme de 50 000 000 $. Le ministre a donné certains
éléments hier et la semaine dernière concernant le
programme PRIME.
Je voudrais savoir, au départ, combien a été
dépensé à ce jour dans le programme PRIME, dans les 50 000
000 $ affectés à ce programme.
M. Marcoux: D'abord, dans les 50 000 000 $, 4 000 000 $ ont
été divertis par décret ministériel pour la Plaza
Saint-Hubert à Montréal, puisque, dans le cadre des
critères réguliers du programme PRIME, compte tenu des
conventions collectives en vigueur à Montréal, qu'il fallait
respecter, par contre, on voulait dans le cadre du programme PRIME que
Montréal ait une part du gâteau. Il y a donc eu un décret
soustrayant 4 000 000 $ pour la création d'emplois à
Montréal, qui fait partie aussi de la revitalisation d'un des
centres-villes de Montréal.
Jusqu'à maintenant, 36 000 000 $ ont été
payés aux municipalités. Il reste environ 9 000 000 $ à
payer aux municipalités sur des travaux à compléter ou
à terminer, ou des travaux dont on n'a pas encore reçu les
factures. Dans l'année 1984-1985, il y a ce qu'on appelle une queue de
programmes de 9 000 000 $.
M. Saintonge: Si je comprends bien, les 9 000 000 $ qui seront
payés au cours de cet exercice ont-ils été
transférés à cet exercice?
M. Marcoux: Non, c'était déjà prévu
en fait. Le ministère a l'habitude de semblables programmes:
création d'emplois, d'investissements, d'immobilisations. On sait bien
que, à partir du moment où des projets sont acceptés, il y
a parfois des étalements dans le temps au niveau de la
réalisation ou au moment où la municipalité sollicite les
derniers paiements. Évidemment, l'ensemble des projets a
été accepté l'an dernier, mais, jusqu'à maintenant,
il y a 36 000 000 $ de paiements des travaux. Ceci veut dire que, dans le
champ, 40 000 000 $ ou 42 000 000 $ des travaux sont peut-être
déjà faits; il reste peut-être 2 000 000 $ ou 3 000 000 $
à dépenser dans les travaux à faire. Pour nous, au niveau
des paiements, c'est 36 000 000 $. Je ne sais pas de combien il s'agit pour
celui de la Plaza Saint-Hubert... Rien n'a été versé
encore, me dit-on. Alors, 36 000 000 $ sur 45 000 000 $ ont été
versés. Il reste 9 000 000 $ à verser.
M. Saintonge: D'accord. Est-ce que j'ai compris de l'intervention
du ministre, la semaine dernière, que le programme PRIME serait
prolongé pour cette année?
M. Marcoux: Ah non! J'ai été très clair,
j'ai dit que le programme PRIME était terminé.
M. Saintonge: II est terminé. J'avais cru comprendre,
à un moment donné, que vous aviez mentionné qu'un certain
montant d'argent au niveau du programme PRIME serait mis en oeuvre cette
année.
M. Marcoux: Non. J'avais indiqué que, dans les budgets
actuels, on avait 9 000 000 $ d'inscrits qui seront payés en 1984-1985,
mais sur des choses autorisées en 1983-1984.
M. Saintonge: Dans la répartition du programme PRIME, il y
a les 4 000 000 $ à la Plaza Saint-Hubert, donc dans les 45 000 000 $
environ qui restent, quels étaient les critères qui
prévalaient pour la distribution de ce montant? Est-ce que des
critères ont été établis par le ministère au
point de vue régional ou d'une façon quelconque pour la
distribution de ce montant? (22 h 45)
M. Marcoux: Je voudrais d'abord vous indiquer combien de projets
ont été présentés. Si ma mémoire est bonne,
il y a 900 municipalités qui ont eu des projets d'acceptés. Des
projets soumis, il y en a eu 2399 pour 117 000 000 $; il y a eu 1307 projets
d'acceptés; donc, un peu plus de 50% de projets acceptés pour un
montant de 45 000 000 $, environ le tiers des projets présentés;
le nombre d'emplois créés: 5800 emplois personnes-années;
les projets acceptés: 1300, si ma mémoire est bonne, c'est
environ 950 municipalités au Québec que cela a touchées.
Évidemment, comme cela touchait davantage les municipalités je
dirais rurales et les villes de taille moyenne, on peut considérer
qu'une très large portion des municipalités, enfin les deux tiers
des municipalités du Québec, ont eu des programmes
acceptés.
M. Saintonge: Est-ce que, dans la répartition de ces
montants dans les quelque 950 municipalités, il y a eu certains
critères d'établis pour que cela soit dépensé dans
telle ou telle région, c'est-à-dire tel montant dans telle
région et tel montant dans telle autre région, ou si l'on avait
une planification, autrement dit, une répartition dans l'ensemble du
Québec?
M. Marcoux: Les principaux critères tenaient compte du
niveau de chômage des comtés et des municipalités
visés. Puisque c'est un programme de création d'emplois et qu'il
fallait procéder très rapidement, ce n'était pas d'abord
un programme axé vers de la création d'immobilisations ou
d'investissements. C'est un programme de création d'emplois très
rapide; il faut se souvenir que le programme - si ma mémoire est bonne -
a été lancé au début de mai l'an dernier.
Déjà, à partir de la mi-juin, des projets étaient
déjà acceptés pour que l'argent soit
dépensé. Si l'on compte qu'il y a déjà 36 000 000 $
déjà payés sur des travaux, cela veut dire que l'essentiel
des travaux, comme on le voulait, s'est fait en juillet, août, septembre,
octobre, novembre,
décembre et janvier; cela s'est donc fait très rapidement.
Le principal critère était le chômage.
M. Saintonge: Le chômage, oui, mais vous aviez des
statistiques précises par région à ce moment ou comment
cela se faisait-il?
M. Marcoux: Oui, les statistiques du chômage par
région. On a les statistiques du chômage par région. On me
dit qu'en plus on a mis des plafonds par municipalité pour ne pas donner
de très, très gros montants à de petites
municipalités.
Par exemple, pour les municipalités de 2000 et moins de
population, on donnait un maximum de 40 000 $, quelle que soit la
population.
M. Saintonge: Ce que je voulais dire, c'est que, par exemple,
à travers le Québec, vous avez 50 000 000 $, est-ce que
c'était convenu que, dans la région de l'Outaouais, il pouvait y
avoir tel montant de dépensé; dans la région de L'Estrie,
tel montant; dans la région du Bas-du-Fleuve, tel montant; au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, etc?
M. Marcoux: Bon! Je peux vous donner l'affectation région
par région.
On peut commencer par la région du Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie: à tout seigneur tout honneur. Sur 173 projets, 108 ont
été acceptés pour un montant de 3 800 000 $ sur environ 46
000 000 $. On sait que la Gaspésie est une région où le
chômage est très élevé.
Au Saguenay-Lac-Saint-Jean: sur 123 projets, 50 projets ont
été acceptés, pour 3 100 000 $. Évidemment, comme
il y avait quelques grosses villes là, il y a peut-être eu
proportionnellement un peu moins de projets d'acceptés. À
Québec, la région 03, sur 654 projets, 348 projets
d'acceptés, à peu près 50% à Trois-Rivières,
pour 9 500 000 $, 291 projets pour 153 d'acceptés, pour 5 300 000 $;
dans les Cantons de l'Est, 130 projets, 89 d'acceptés, pour 2 400 000 $;
à Montréal, 688 projets, 372 projets d'acceptés, c'est la
région 06, pour 15 000 000 $, plus 4 000 000 $ évidemment pour
Montréal, ce qui est à part. Dans l'Outaouais, sur 144 projets,
il y en a eu 66 d'acceptés pour 2 240 000 $. Dans le Nord-Ouest, sur 121
projets, 68 d'acceptés pour 2 000 000 $. Sur la Côte-Nord, sur 59
projets, 41 d'acceptés, compte tenu du très haut taux de
chômage dans cette région actuellement, pour 1 500 000 $. Au
Nouveau-Québec, sur dix projets, il y en a eu huit d'acceptés,
pour 415 000 $. Ceci vous donne la répartition régionale.
M. Saintonge: Mais, au départ, il n'y avait pas
d'affectation. Je voulais vous demander s'il y avait des affectations, un
montant d'argent pour telle ou telle région. Cela n'existait pas?
M. Marcoux: Non. On tenait compte des critères de
chômage, etc. Je me souviens très bien qu'on avait demandé,
au caucus du Parti québécois, qu'il y ait des affectations par
enveloppe régionale. On nous a dit: Si on procède comme cela, il
faudrait attendre que tous les projets de toutes les municipalités
soient présentés pour voir la proportion des quantités et
des projets présentés et la valeur, ce qui retarderait les
décisions. Alors, comme on voulait une intervention rapide, il y a eu
des acceptations au fur et à mesure. Mais, comme je vous le dis, il y
avait pour les municipalités de 2000 habitants et moins un maximum de 40
000 $ d'acceptés. Cela pouvait signifier une douzaine d'emplois environ
au maximum.
Le Président (M. Fallu): Les péréquations
ont été traitées tout à l'heure.
M. Marcoux: II serait peut-être intéressant
d'ajouter que, par rapport au type d'emplois créés, il y a eu sur
environ 5800 emplois personnes-années, 171 professionnels, 680
techniciens, 788 ouvriers spécialisés, 3900 employés de
bureau et 195 journaliers.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que nous passons à
l'élément 4?
M. Saintonge: M. le Président, j'aurais une question
concernant une nomination récente. Est-ce que le personnel de la
Commission municipale est maintenant complet?
M. Marcoux: Oui, pas complet de facto, il y a un poste qui n'est
pas encore comblé. M. Laliberté, qui est actuellement
sous-ministre au ministère des Affaires municipales, est nommé
à la Commission municipale et entrera en fonctions le 1er juillet. Il
reste un poste vacant.
Le Président (M. Fallu): Vous me permettez, M. le
ministre, de saluer M. Paul Laliberté, il est ici dans cette salle, et
de lui souhaiter bonne chance à la Commission municipale dans ses
nouvelles fonctions.
M. Marcoux: Je m'excuse, je ne vous ai pas présenté
tout le monde aujourd'hui, j'ai oublié par rapport à mercredi
dernier.
M. Saintonge: Quand il y a nomination à la Commission
municipale, est-ce que cela se fait sur une base de consultation? De quelle
façon procédez-vous pour remplir les postes vacants? Par exemple,
M. Moreau a été nommé récemment
également.
M. Marcoux: Oui.
M. Saintonge: De quelle façon les nominations se
font-elles? Y a-t-il une consultation qui se fait auprès du monde
municipal ou à quelque autre niveau?
M. Marcoux: II y a évidemment des consultations. Un
gouvernement qui ne consulterait pas avant de faire des nominations ne jouerait
pas son rôle correctement. Il y a eu toutes les consultations normales
dans ce genre de nomination.
M. Saintonge: Vous consultez qui? Les unions des
municipalités, par exemple? Votre sous-ministre?
M. Marcoux: On consulte qui on juge bon de consulter selon les
nominations à faire. Il n'y a pas de règle dans cela. Je veux
dire que, selon les nominations, les consultations peuvent varier
énormément.
M. Saintonge: Donc, il n'y a pas de règle stricte, c'est
un peu à votre discrétion.
M. Marcoux: Mais, il n'y a à peu près plus de
secteurs où il n'y a pas de loi ou de règlement. Vous souhaitez
devenir aussi le gouvernement un jour?
M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: Je pense que vous souhaiterez vous réserver la
consultation pour les nominations aux postes de sous-ministres, de
commissaires, de présidents de commissions et voudrez dire que ce ne
sera pas nécessaire d'avoir une loi et dix règlements et dix
moyens de contrôle pour savoir comment devrait se faire la consultation
pour combler ces postes. Il reste à peu près quoi?
Peut-être 300 ou 400 postes au gouvernement où c'est par
nomination. Je pense que, pour les règles de consultation, vous pouvez
consulter vos anciens collègues qui ont déjà fait partie
d'un gouvernement pour savoir comme...
M. Saintonge: Ce n'est pas les nôtres qu'on veut savoir,
mais les vôtres. Pour les autres, on peut toujours se parler et on sait
des fois comment cela a pu marcher. Je vous demandais, dans le cas
précis des affectations faites à la Commission municipale, de
quelle façon vous aviez procédé? C'était ma
question, s'il y avait des critères que vous aviez fixés et s'il
y avait des consultations auxquelles vous vouliez vous soumettre à ce
moment. Je comprends très bien de votre réponse ce qu'il a pu
advenir.
M. Marcoux: Je peux assurer que cela faisait un large consensus,
sinon l'unanimité dans le cas des nominations dont vous parlez, que ce
soit la nomination de M. Moreau à la Commission municipale, la
nomination de M. Laliberté et la confirmation de M. Mathieu
également comme vice-président de la Commission municipale.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Hull aurait une question.
M. Rocheleau: M. le Président, simplement pour m'assurer
que j'ai bien compris.
M. Marcoux: Je vous ai agacé!
M. Rocheleau: Non, non. C'est simplement pour m'assurer que j'ai
bien compris le ministre des Affaires municipales, que les nominations
deviennent de plus en plus limitées dans le cadre immédiat du
rôle politique qu'on y à jouer les dirigeants politiques et
autres. Vous trouvez que la formule que vous avez actuellement est une bonne
formule, que c'est une formule qui est acceptable, que c'est une formule qui
tient compte des compétences qui doivent entourer le cabinet
immédiat d'un ministre. Vous trouvez que la formule actuelle n'a pas
à être changée...
M. Marcoux: II y a une chose, je peux vous dire que je ne
considère pas que les membres de la Commission municipale font partie du
cabinet immédiat du ministre.
M. Rocheleau: Non, non. Je ne parle pas de la Commission
municipale comme telle.
M. Marcoux: Je serais étonné qu'ils se voient comme
cela d'ailleurs. Vous parlez de...
M. Rocheleau: Je parle globalement des nominations qui sont
faites sur recommandation du ministre, dans certains cas, du sous-ministre,
dans d'autres cas...
M. Marcoux: En tout cas, puisque vous semblez vouloir
développer le sujet, je pense que le gouvernement actuel a
développé différentes méthodes. On a tenu des
concours publics pour la nomination de certains sous-ministres. On a
développé le contrat pour les sous-ministres en titre ou adjoints
comme contractuels, pour deux ans, trois ans, quatre ans, cela ne se faisait
pas avant. Je pense qu'il n'y a pas qu'une seule technique d'engagement au
gouvernement pour des postes qui sont comblés par le Conseil des
ministres comme tel. Le gouvernement en a développé plusieurs.
Quant aux nominations des membres des conseils d'administration, des
présidents des offices, des régies, aux
nominations des sous-ministres, il y a des évaluations qui sont
faites des candidatures possibles. C'est fait sur une base d'évaluation
de la pertinence des nominations, compte tenu des circonstances et des
objectifs qu'on poursuit par rapport à l'évolution de telle
commission ou de telle régie, à l'évolution d'un
ministère, etc.
M. Rocheleau: J'ai simplement souligné au ministre que
j'approuve la formule que le gouvernement ou que les gouvernements
antérieurs ont employée, sauf que l'on va prendre un cas et citer
un exemple: l'an passé, on a restructuré la Loi sur la
Communauté régionale de l'Outaouais, alors que tout le monde
savait que la loi allait être restructurée, c'est-à-dire
amendée. On a reconfirmé dans son poste le président
nommé par l'État pour une période de cinq ans, alors que
la loi proposait que le président soit élu parmi les élus
composant la Communauté régionale de l'Outaouais. C'est
simplement cette partie que je trouve un peu emmerdante, pour un gouvernement
qui prendrait la relève d'un autre gouvernement. À ce moment, les
nominations qui sont faites doivent être faites normalement, je pense,
dans un cadre qui tienne compte de la gouverne ou du nombre d'années
qu'un gouvernement prévoit de gérer l'État. (23
heures)
M. Marcoux: D'accord. C'est dans ce sens qu'au temps du
gouvernement du Parti libéral la plupart des nominations, sinon beaucoup
de nominations, étaient faites pour dix ans. C'est une règle
qu'on a changée dès qu'on en a eu l'occasion et progressivement
depuis 1977-1978, et toutes les nouvelles nominations, à ma
connaissance, depuis quelques années, sont faites pour cinq ans. Quand
c'est par contrat, c'est souvent pour deux ans, trois ans, mais la règle
générale est d'environ cinq ans. C'est déjà un
changement majeur, au lieu de nommer quelqu'un pour dix ans, de le nommer pour
cinq ans, quitte à ce qu'il soit reconfirmé dans sa fonction.
Dans le cas particulier dont vous parlez, je me souviens très
bien que j'ai entendu parler de cette nomination. Il semblait que
c'était la meilleure façon d'assurer la transition d'une
façon de procéder à une autre et que ce n'était pas
le fait d'une orientation idéologique ou de principe. C'était,
compte tenu des circonstances, que, dans ce dossier, il semblait qu'une telle
nomination était préférable.
Le Président (M. Fallu): Nous passons maintenant au
programme 4, qui porte...
M. Saintonge: M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Oui.
M. Saintonge: ...dans le programme 3, ce n'est pas pour
élaborer longtemps ma pensée. C'est une question que j'ai pu
oublier tantôt de poser au ministre. Je voudrais y revenir
brièvement.
Le Président (M. Fallu): Allez! Je vous en prie!
M. Saintonge: Cela concerne le dossier de Schefferville, plus
particulièrement la nouvelle proposition de la répartition de la
taxe municipale qui avait été demandée dans le rapport du
groupe de travail sur l'avenir de Schefferville. On avait fait allusion
à cela en Chambre dans une question au ministre de l'Aménagement.
C'était afin d'alléger le fardeau municipal de certains
contribuables de Schefferville.
On disait que le ministre délégué à
l'Aménagement avait confirmé que la partie qui traitait de ce
problème, particulièrement au niveau de la répartition de
la taxe municipale, avait été acheminée vers le
ministère des Affaires municipales. Effectivement, est-ce que le
ministre peut nous confirmer que ce dossier a bien été transmis
et a bien été reçu au ministère des Affaires
municipales?
M. Marcoux: Ce qu'on m'indique, c'est qu'actuellement il y a des
discussions entre notre bureau régional du ministère des Affaires
municipales et la compagnie Iron Ore pour négocier la partie de la dette
qui pourrait être assumée par Iron Ore et que ces discussions se
poursuivent.
M. Saintonge: La ville participe à cela, j'imagine, avec
le groupe de travail.
M. Marcoux: Oui, oui. C'est évident.
M. Saintonge: Est-ce qu'il y a un échéancier qui a
été établi pour en arriver à une solution?
M. Marcoux: On me dit que, d'ici quelques mois, cela devrait
être réglé. On m'indique qu'il y aura de l'aide
donnée à la municipalité en vertu du fait que la richesse
foncière est baissée à 32%, ce qui fait que cette
municipalité va pouvoir profiter du fonds de péréquation
de façon appréciable puisque l'écart est de 32% par
rapport à 66 2/3%. Cela devrait donc aider à régler une
partie du dossier.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que cela répond
à vos questions?
M. Saintonge: Vous mentionnez que cela va prendre quelques
mois...
M. Marcoux: J'ai dit quelques mois.
M. Saintonge: C'est combien? Deux? Trois? Quatre? Cinq? Cela fait
plus d'un an que le dossier a été transmis finalement au
gouvernement, pour lui demander de prendre action là-dedans.
M. Marcoux: Dans toute négociation, il y a deux parties.
Il y a l'Iron Ore et nous.
M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: Et la municipalité. Si cela dépendait
exclusivement de nous, je pourrais peut-être vous donner une
réponse plus précise mais, comme cela dépend de trois
parties, je ne peux vous donner une réponse plus précise que de
dire dans quelques mois.
M. Saintonge: Les gens attendent depuis un bon bout de temps et
c'était quelque chose d'urgent et de pressant à ce
moment-là. Je veux m'assurer que le ministère poursuit ses
négociations rapidement.
M. Marcoux: Je peux vous assurer qu'il est très actif.
M. Saintonge: Très actif. D'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): Au programme 4, il s'agit de
l'administration générale du ministère. Ce sont des
programmes pour faire fonctionner le ministère lui-même, donc qui
permettent le fonctionnement des programmes. Ce sont les communications, les
services, l'entretien, quelques loyers, notamment ceux des bureaux
régionaux, les fournitures, quelques dépenses, très peu de
transferts et 163 employés sur environ 600. Y a-t-il des questions?
Monsieur.
M. Marcoux: Je me permets de répéter encore une
fois que 90% de notre budget est un budget de transfert, ce qui fait qu'on est
vraiment au service des municipalités.
Le Président (M. Fallu): II y a 7 000 000 $ sur 455 000
000 $.
M. Marcoux: Oui, il y a quelques éléments
ailleurs.
Le Président (M. Fallu): Oui, il y a encore des
éléments de transfert; il y a encore 417 000 $ en transfert
ici.
Si vous permettez, M. le ministre, en ce qui concerne les loyers, je ne
crois pas avoir commis une erreur en disant que c'était essentiellement
les loyers des bureaux régionaux, puisque vous n'avez pas à payer
le loyer pour les nouveaux bureaux du ministère lui-même,
situé à l'angle des rues Cook et Chauveau.
M. Marcoux: C'est de la location d'équipement ou de
machinerie. Ce ne sont pas des loyers, parce que les loyers sont encore
budgétisés au ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement.
Le Président (M. Fallu): D'accord. Ils ne sont pas encore
imputables aux divers ministères.
Concernant les communications, le député de Laprairie a
posé ses questions ce matin en épluchant la catégorie des
communications.
M. Saintonge: Exactement.
Le Président (M. Fallu): II n'y a donc pas d'autre
question. Programme 5: Aide institutionnelle et restructuration du territoire.
Les éléments sont: Organisation municipale, les affaires
nordiques et amérindiennes, l'administration centrale et les bureaux
régionaux. Cela donne un total de 12 528 200 $.
M. Saintonge: On remarque, M. le ministre, qu'il y a à
l'élément 1 une diminution d'environ 8,7%. Qu'est-ce qui explique
cette diminution?
M. Marcoux: C'est parce qu'il n'y a pas de ruée vers les
fusions volontaires; il y a souvent des montants compensatoires, lorsqu'il y en
a. On budgétise selon ce qui est prévu. Ces montants sont souvent
répartis sur plusieurs années et ils sont
décroissants.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, avez-vous
l'intention de présenter à l'Assemblée nationale
bientôt une révision de la Loi sur les fusions volontaires?
M. Marcoux: Non.
Le Président (M. Fallu): Pas dans l'immédiat?
M. Marcoux: Non.
Le Président (M. Fallu): Pourriez-vous y songer afin de,
notamment, favoriser - je dis "favoriser" et non pas "inciter" afin que cela
s'applique aux municipalités qui veulent se fusionner - les
mécanismes de fusion pour faire en sorte que, concernant les
calendriers, les municipalités n'aient pas à vivre ces fusions
annuelles à date fixe, mais bien dans le courant de l'année
où elles en ont pris la décision? Il y a là un premier
point qui achoppe. D'autre part, il y aurait, je crois, une simplification de
cette loi, un réaménagement complet de cette loi et
peut-être même, en termes d'incitation, à revoir des
montants qui n'ont pas été indexés depuis de très
nombreuses années.
M. Marcoux: Je m'excuse, en ce qui concerne la deuxième
partie de votre question. En ce qui concerne la première, c'est
sûr que des améliorations pourraient sans doute être
apportées en présentant un bill omnibus ou quelque chose du
genre. Je peux vous dire que, pour le moment, je n'ai pas eu le temps
d'établir l'ensemble des priorités législatives pour la
saison d'automne et pour les deux prochaines années. Je sais qu'il y a
des idées au ministère qui bouillonnent concernant une
révision de l'ensemble de cette loi qui permettrait de simplifier, de
favoriser davantage les fusions volontaires de villages, paroisses, etc. Est-ce
que je retiendrai cette question comme faisant partie d'une priorité
législative pour les mois à venir ou l'année 1985?
Actuellement, je ne peux pas vous dire oui. Une chose que je peux vous dire,
c'est que, d'ici le mois de juin, certainement non. Pour l'automne, je ne le
sais pas. Est-ce qu'il y a simplement deux ou trois changements qui seront
introduits dans une loi omnibus ou s'il y aura une révision
complète de la loi? C'est une évaluation que je n'ai pas encore
faite.
Le Président (M. Fallu): Merci. Sur les affaires nordiques
ou amérindiennes.
M. Saintonge: Sur la question des fusions, à
l'élément 1, quand vous parlez de 537 000 $ qui sont
accordés aux villes de Baie-Comeau et de Hauterive, en vertu de l'aide
financière fixée par la loi 37, quel est le montant actuel d'aide
financière que le gouvernement a versé jusqu'à maintenant,
en comprenant cette tranche de 537 000 $? Combien en reste-t-il à
venir?
M. Marcoux: En 1983-1984, on a versé 691 000 $ et, en
1984-1985, ce sera 537 000 $, selon la loi.
M. Saintonge: C'était 691 000 $.
M. Marcoux: 691 000 $ en 1983-1984 et, en 1984-1985, ce sera 537
000 $.
M. Saintonge: Est-ce qu'il en reste à venir pour la
prochaine année?
M. Marcoux: Non, cela est terminé. M. Saintonge: Cela va
compléter. M. Marcoux: Ce sera 1 200 000 $.
Le Président (M. Fallu): Cela val Est-ce qu'il y a
quelques remarques, quelques questions sur les affaires nordiques et
amérindiennes?
M. Saintonge: Non, pas de question.
Le Président (M. Fallu): Nous passons à
l'élément 3, l'administration centrale et les bureaux
régionaux.
Une voix: Adopté.
M. Saintonge: Je n'ai pas de question là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): D'accord. Donc, on passe au
programme 6: Aide financière à la construction de réseaux
d'aqueduc et d'égouts. Donc, c'est le programme PAIRA, entre autres...
Oui.
M. Tremblay: M. le ministre, est-ce que PAIRA est une entente
fédérale-provinciale?
M. Marcoux: Non. Cela a déjà été dans
le cadre d'une entente fédérale-provinciale au moment de
l'entente sur les équipements communautaires, le programme PEC. Le
fédéral nous a fait le dernier paiement je crois que c'est l'an
dernier. On a fait des paiements globaux à ce moment aux
municipalités, ce qui fait que même si, apparemment, dans le cadre
du programme PAIRA, il y a eu simplement une légère augmentation
du programme cette année, il y a en fait une bien plus forte
augmentation puisqu'on a fait des paiements globaux au comptant l'an
dernier.
M. Tremblay: Est-ce que PAIRA fait partie des ententes que le
fédéral n'a pas reconduites?
M. Marcoux: C'est-à-dire que, dans les cinq projets de
nouveaux protocoles d'entente...
M. Tremblay: PAIRA est dedans.
M. Marcoux: Oui exactement. Il y avait l'assainissement des eaux,
les aqueducs et égouts en milieu rural, la revitalisation et les
centres-villes, les chemins municipaux et les équipements de loisirs ou
équipements communautaires.
M. Tremblay: Ce ne sont pas les idées qui manquent.
M. Marcoux: Pardon?
M. Tremblay: Ce ne sont pas les idées qui manquent.
M. Marcoux: Ce ne sont pas les projets. Les municipalités
sont prêtes à participer à la relance.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que, dans PAIRA, il y a
des crédits spécifiques qui viennent du programme de relance ou
si c'est le programme régulier, c'est PAIRA 3, PAIRA 1983?
M. Marcoux: C'est le programme régulier. C'est PAIRA
1983.
Le Président (M. Fallu): D'accord.
M. Saintonge: Combien y avait-il eu de demandes d'aide, l'an
passé, pour ce programme? (23 h 15)
M. Marcoux: Un instant, je vais vous dire tout cela, c'est dans
cela ici. En demandes reçues, en 1983-1984, 275. On estime qu'on recevra
130 demandes en 1984-1985.
M. Saintonge: 130?
M. Marcoux: Oui, on estime qu'on en recevra 130 en 1984-1985.
M. Saintonge: Sur les 275 demandes, combien ont été
acceptées?
M. Marcoux: Sur les 508 demandes reçues au total - on en
avait reçu en 1982-1983 - 288 demandes ont été
accordées, pour un montant au comptant de 5 900 000 $ et, sur dix ans,
de 124 000 000 $.
M. Saintonge: II y a eu des crédits périmés
de l'ordre de 1 700 000 $.
M. Marcoux: Oui, parce qu'il peut arriver que les travaux
réalisés se fassent plus lentement, selon le rythme de
réalisation.
M. Saintonge: Donc, à 1.1, c'est simplement le rythme de
réalisation. Il y avait suffisamment de demandes pour... Je me souviens
d'un cas où des demandes avaient été soumises concernant
la question de l'aqueduc à Marieville. Il semble que le ministère
aurait refusé la demande de Marieville d'accroître la
capacité de l'aqueduc.
M. Marcoux: Pour...
M. Saintonge: Accroître la capacité de l'aqueduc
à Marieville.
Une voix: Marieville a plus de 5000 habitants.
M. Tremblay: Non, pas plus de 5000. Le problème qui se
posait, c'est qu'elle n'était pas admissible. C'est Richelieu qui
était admissible et qui ne voulait pas agrandir l'usine de filtration.
Ce projet est encore en cours.
M. Saintonge: On m'a dit qu'on ne voulait pas accorder la
subvention.
M. Tremblay: II n'y a pas eu de subvention, parce que Chambly
est...
M. Marcoux: On a refusé Marieville compte tenu des
règles du programme PAIRA. On a appliqué les règles et
Marieville ne correspondait pas aux règles.
M. Saintonge: Cela ne correspondait pas au programme même
des règles...
M. Marcoux: Oui, aux critères d'admissibilité.
M. Tremblay: De toute façon, pour les villes
impliquées et qui étaient admissibles, le projet était de
1 400 000 $ et ces subventions étaient vraiment minimes par rapport au
projet global. Les autres municipalités, Chambly en particulier, qui
défraient au-delà de 50% des coûts, hésitent
à faire les dépenses qui s'imposent.
M. Marcoux: Je ne sais pas pour quel motif ou pour quelle
règle en particulier ce projet n'a pas été accepté,
mais on me dit qu'il a été étudié de façon
normale et qu'il ne correspondait pas aux règles du programme PAIRA.
M. Saintonge: La question se posait, parce que j'avais entendu
dire que, pour Marieville, cela pouvait être une question pour
l'agrandissement d'une importante usine à Marieville. Le fait de ne pas
bénéficier du programme PAIRA ou de ne pas pouvoir agrandir
l'aqueduc comme tel pouvait la priver d'un investissement important au point de
vue industriel. Je n'ai pas poussé la question plus à fond.
Remarquez que ce sont des renseignements préliminaires que j'ai
reçus. Je voulais m'en informer parce que, semble-t-il, cela ne
correspondait pas aux critères mêmes de PAIRA. Les motifs ont
été transmis sans doute à Marieville à ce
moment.
M. Marcoux: Lors de tout refus, on indique ce pourquoi une
municipalité n'est pas admissible, soit à cause de la
densité, parce qu'elle dépasse 5000 habitants ou que
l'investissement minimal à consentir par le nombre de clients est
suffisant pour défrayer la totalité du coût du projet.
Le Président (M. Fallu): Quant au programme 7, on sait que
c'est un programme un peu spécial puisque c'est un programme de
transfert de crédits à la Société
d'aménagement de l'Outaouais pour un total, pour l'année
1984-1985, de 5 117 900 $. Comme par hasard, la main du député de
Hull se lève instantanément au nom de la SAO. M. le
député.
Société d'aménagement de
l'Outaouais
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. M. le ministre,
indépendamment du fait que la commission Robidas a été
créée pour examiner un peu plus en profondeur certains organismes
de la région, tels les CRD, SAO, CRO et même la Commission de la
capitale nationale, la CCN, pour laquelle vous allez sûrement avoir une
certaine curiosité, c'est la raison pour laquelle le mandat l'a incluse,
tenant aussi compte du découpage du territoire des municipalités
régionales de comté de la Vallée de l'Or, Antoine-Labelle,
Papineau-Pontiac et la Vallée de la Gatineau; vu que, en ce qui concerne
la Société d'aménagement de l'Outaouais, nous avons
sensiblement le même budget depuis déjà quelques
années et tenant compte des objectifs poursuivis par la SAO au niveau de
l'implantation d'équipements ou d'études particulières sur
l'industrie et sur l'implantation de nouvelles industries en région,
j'aimerais avoir certains commentaires de la part du ministre sur certaines
demandes que nous avons faites. J'ai personnellement demandé au cours
des trois dernières années, et je l'avais demandé
antérieurement par résolution du conseil municipal de Hull que la
SAO, qui est un organisme à caractère de développement
économique qui avait comme mandat dans la loi qui l'a
créée et qui avait comme mandat en 1969 de promouvoir
l'industrie, le commerce, l'aspect touristique, nous avons, dis-je, à
plusieurs reprises recommandé que la Société
d'aménagement de l'Outaouais relève d'avantage d'un
ministère à caractère économique.
Vous allez sûrement me répondre que la commission a
été créée pour examiner les affinités avec
un ou l'autre des ministères ou que la SAO pourrait se retrouver avec
plus d'affinité et plus de compréhension face à ces
demandes et aux objectifs poursuivis. Mais, pour autant, est-ce que le ministre
ne juge pas opportun de tenir compte des crédits que l'on avait
suggérés cette année à moins que le
président puisse m'informer du contraire? On semble limiter depuis
quelques années les montants à 5 100 000 $ et 5 200 000 $. Il n'y
a pas tellement de variantes là-dedans. Je sais pertinemment qu'il y a
eu des conventions collectives qui ont été signées, qu'il
y a sûrement eu des augmentations d'accordées. Pour autant que je
sache, la pression n'a pas diminué dans cette boîte-là et
même si elle est latente depuis quelques années, il y a
sûrement une vocation qu'elle continue d'avoir dans cette région,
la région de l'Outaouais.
J'aimerais demander au ministre si lui, de son côté, a
l'intention de faire certaines recommandations à la commission Robidas.
Je ne sais pas si les différents ministères pourront ou
pourraient être appelés à faire des recommandations sur le
rôle qu'a joué une commission à l'intérieur d'un
ministère comme ce fut le cas dans le ministère des Affaires
municipales. Je me pose la question, je me demande si le ministre va, à
un moment donné, faire certaines recommandations à la commission
Robidas ou s'il va y avoir des impressions ou des commentaires qui seront
fournis. Parce que vous pourriez tout aussi bien, demain matin, décider
ou dire qu'il n'est pas question que la SAO se retire de la gouverne des
affaires municipales et je veux que cela demeure là.
J'aimerais connaître l'impression du nouveau ministre des Affaires
municipales sur les affinités qu'il perçoit par rapport à
la SAO et peut-être d'autres ministères à caractère
plus économique, ou à caractère économique comme
tel.
M. Marcoux: Je peux vous assurer qu'en ce qui me concerne je n'ai
pas tellement d'attitudes impérialistes. Si la commission Robidas
recommandait par exemple le rattachement de la SAO à un autre
ministère, pour des raisons de fonctionnement, d'intérêt,
etc.,. je ne me raccrocherais pas au fait que la SAO dépend actuellement
du ministre des Affaires municipales. Je pense cependant que au moment de la
création de la SAO, les objectifs visés étaient entre
autres dans le domaine industriel, commercial, touristique, etc. Comme je crois
qu'il y avait des liens avec l'aménagement du territoire, c'est
évident que cela nous donne une perspective de développement, et
il n'était pas incohérent de rattacher la SAO au ministère
des Affaires municipales.
Je voudrais corriger une chose. Vous dites que la SAO n'a pas fait de
compression. Au contraire, depuis quelques années, la SAO, qui avait
déjà eu jusqu'à 125 postes autorisés, a dû
faire des mises à pied. Actuellement, il y 98 postes autorisés
à la SAO, à part les postes occasionnels pour l'été
dans les parcs, etc. Malgré cela, le budget de la SAO s'est maintenu au
cours des récentes années - c'est simplement une information. Je
regarde les trois dernières années: 4 300 000 $, 4 600 000 $, 5
000 000 $ et cette année, 5 117 000 $. Ce qui indique en fait que c'est
simplement l'indexation du budget de la SAO. A cause des compressions que la
SAO a subies, à la demande du Conseil du trésor, on peut
maintenant dire qu'en gros la SAO est dans une situation d'équilibre
budgétaire.
M. Rocheleau: M. le Président, quelle partie du budget de
5 100 000 $ est attribuée uniquement aux salaires des
employés?
M. Marcoux: Je demanderais au président de
détailler le budget dans la
mesure du possible.
M. Rocheleau: J'ai l'impression que l'amortissement de la dette
engendrée par l'immobilisation des équipements a
été défrayé en partie l'an passé par
l'addition, je pense, de 12 000 000 $.
M. Marcoux: C'est cela. L'an dernier, deux opérations
importantes ont été faites. Une première a
transféré de 40 000 000 $ à 45 000 000 $.
Une voix: ...52 000 000 $.
M. Marcoux: ...52 000 000 $ de dettes de la SAO à la dette
générale du gouvernement. En plus, 12 000 000 $ ont
été ajoutés, ce qui fait que c'était 17 000 000 $
l'an dernier aux crédits, pour payer les intérêts sur les
emprunts temporaires effectués par la SAO pour supporter les
infrastructures, les achats de terrains qu'elle a faits, etc. Je dirais que
ceci a été réglé l'an dernier, d'une part en
transférant au service de la dette du gouvernement la dette globale de
la SAO et, d'autre part, en payant les 12 000 000 $, surtout composés,
si ma mémoire est bonne, d'intérêts accumulés
auprès des institutions financières avec lesquelles la SAO
faisait affaires. En fait, ceci est réglé. Actuellement, je
dirais que les 5 000 000 $ correspondent au budget de base pour le
fonctionnement régulier de la SAO.
Une voix: M. Roger Blais.
M. Marcoux: ...M. Blais est le président de la SAO.
M. Blais (Roger): II faut dire que le total des dépenses
est plus élevé que le montant de la subvention qu'on
reçoit du MAM, parce qu'on a les revenus des centres et de
l'aéroport et des équipements en location. Au point de vue des
traitements, le total est de 4 827 000 $. Cela inclut les salaires au
siège social, dans les centres touristiques et à
l'aéroport.
M. Rocheleau: Alors, cela veut dire que, de votre budget de 5 100
000 $, à l'exception des revenus générés par la
vente ou la location, il y a une partie très considérable qui
sert uniquement à défrayer le coût des salaires. Cela
comprend 98 employés - le ministre le mentionnait tantôt qui,
j'imagine, sont des employés permanents pour le maintien du
fonctionnement des parcs et des endroits d'hébergement.
M. Marcoux: II y a les occasionnels, en plus des 98 permanents,
qui sont au nombre de 170 l'été?
M. Blais (Roger): Disons que cela peut aller jusqu'à 175,
durant l'été, qui s'ajoutent à cela. J'ai les proportions
des dépenses. La masse salariale compte pour à peu près
65% des dépenses, les dépenses fixes 30% et la programmation
environ 5%. (23 h 30)
M. Rocheleau: Qu'entendez-vous par programmation? Est-ce que cela
comprend le marketing, les études, la recherche, l'analyse, la campagne
d'achat chez nous, etc.?
M. Blais (Roger): C'est cela. La campagne d'achat chez nous et
les études également.
M. Rocheleau: Je voudrais avoir un commentaire du ministre, M. le
Président. Une société comme la vôtre, qui a quand
même un budget de 5 000 000 $, consacre 65% de ce budget à
défrayer le salaire des employés pour gérer les
équipements qui sont déjà en place comme
l'aéroport, le parc Lemay, le parc Beauchamp et certains autres. Mais un
pourcentage de 5% attribué à la recherche, au marketing, à
la campagne d'achat chez nous et au développement régional ou
touristique en général, est-ce que vous ne trouvez pas cela
faible comme montant global dévolu à cette recherche, ou pour
faire des efforts pour aller chercher des investissements particuliers dans
différents domaines comme la haute technologie entre autres du
côté de l'Outaouais québécois?
M. Marcoux: Ce qui est faible et ce qui ne l'est pas, c'est
toujours une question d'évaluation. Je pense que la SAO a établi
de bonnes priorités pour l'an prochain puisque, dans son budget de
recherche et de publicité et en particulier de promotion, il y a une
croissance importante: il est passé de 277 000 $ à 327 000 $.
M. Blais (Roger): Les 277 000 $, c'était pour le 3 mars et
les comptes entrés à ce moment-là.
M. Marcoux: Donc, c'est plus élevé? M. Blais
(Roger): C'est plus élevé.
M. Marcoux: D'accord. Alors, c'est probablement de 300 000 $ et
de 327 000 $?
M. Blais (Roger): C'est à peu près
l'équivalent.
M. Marcoux: Bon! Donc, quand on dit que le budget global des
salaires, c'est 4 800 000 $ sur 7 000 000 $ environ - il y a d'autres
dépenses - est-ce que c'est un budget suffisant? Est-ce qu'il ne
pourrait pas être plus élevé? On pourrait en faire
l'évaluation. Pour le moment, je ne peux pas
vous dire que j'ai les critères qui me permettraient de dire de
façon certaine si je considère que ce budget est suffisant ou
non. Je sais que le Conseil du trésor demande déjà depuis
trois ans d'évaluer l'ensemble du coût de fonctionnement de la SAO
par rapport aux fins qu'elle doit poursuivre. Je pense qu'à la suite des
recommandations de la commission d'étude Robidas, on aura des
décisions à prendre. Mais les résultats de cette
commission seront certainement un élément important dans
l'évaluation de l'avenir et des possibilités d'augmenter ou non
les budgets de la SAO.
M. Rocheleau: Est-ce que la Société
d'aménagement de l'Outaouais, dans sa programmation 1984-1985, a
prévu certaines campagnes de publicité? Est-ce que vous
préconisez de telles campagnes, cette année ou dans
l'année qui vient, à frais partagés avec les
municipalités participantes? Est-ce que vous anticipez de meilleurs
succès que ceux que vous avez eus au cours des années
précédentes, quand certaines municipalités embarquaient et
que d'autres n'embarquaient pas?
M. Blais (Roger): On va continuer. Si on peut se
référer à la campagne d'achat chez nous, on va continuer
à fonctionner avec les municipalités. Mais, de plus en plus, on
va faire notre campagne d'achat chez nous de façon sectorielle. On va
faire des campagnes, par exemple, avec les marchands de meubles, avec les
marchands d'autos, les vendeurs de l'Association des marchands d'automobiles.
On va y aller plus par secteur, mais ce sera toujours à 50-50 avec les
marchands ou les municipalités.
M. Rocheleau: Le conseil d'administration de la
société d'aménagement est composé actuellement de
combien de membres?
M. Blais (Roger): II y a six membres et une possibilité de
sept.
M. Rocheleau: Est-ce que les mandats de chacun des membres ont
une date limite?
M. Marcoux: Ils sont tous échus, si ma mémoire est
bonne, excepté celui de la présidence. Ils sont tous
échus, sauf celui du président, qui est nommé
jusqu'à juillet 1987. Mais, dans le contexte actuel, mon
prédécesseur - et je maintiens le même jugement - pensait
que ce ne serait pas le temps, soit de reconduire de façon
spécifique ou de changer les personnes qui sont là pour les mois
qui viennent.
M. Rocheleau: Alors, simplement pour préciser ma
pensée, M. le Président, je souhaiterais que le ministre,
effectivement, attende le rapport de la commission Robidas avant de faire de
nouvelles nominations ou avant de reporter ou de prolonger les nominations
déjà en place. Il y aurait peut-être lieu, si on a
l'intention de doter un caractère plus avant-gardiste au niveau de la
représentativité, de tenter d'aller chercher peut-être des
personnes qui ont plus d'affinités avec l'industrie, avec le monde de
l'industrie et, possiblement, des gens qui ont différentes
compétences dans différents domaines: II me semble que,
actuellement, il n'y a peut-être pas assez de diversité au niveau
de la représentativité et cela fait en sorte que les personnes
qui sont là ont peut-être un champ d'action plus limité
vis-à-vis de l'environnement du monde commercial, industriel et
autres.
Le fait que le ministre me dise qu'il va attendre sûrement que la
commission Robidas fasse son rapport au gouvernement, cela me satisfait.
M. Marcoux: Je vais suivre votre bon conseil comme dans le cas de
l'avenir de la Commission nationale de l'aménagement, si je vous ai bien
compris tantôt.
M. Rocheleau: C'est à suivre, celle-là. C'est tout,
M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Je vous remercie. Sur le
programme 8, si vous permettez, M. le ministre...
M. Rocheleau: Je voudrais simplement, M. le
Président...
Le Président (M. Fallu): Oui, allez, je vous en prie.
M. Rocheleau: ...si vous me permettez, remercier...
Une voix: Non, ce n'est pas fini.
M. Rocheleau: Non, non, mais remercier le président et le
directeur des finances de la SAO de s'être déplacés et
d'avoir eu la patience d'endurer les discussions que nous avons eues. On leur
souhaite un bon retour et la patience, également, d'attendre le rapport
de la commission Robidas.
M. Marcoux: M. le président de la SAO, je me joins aux
propos du député de Hull. C'est la première fois que
j'entends le député de Hull tenir des propos aussi gentils sans
qu'ils soient suivis de propos... Disons, je m'arrêterai là et
trois petits points de suspension!
Alors, cela doit être vraiment spécial!..
M. Tremblay: Je retire les paroles que j'ai dites tout à
l'heure, qu'il n'était pas changeable.
M. Marcoux: Pardon?
M. Saintonge: Vous n'avez pas toujours suivi les travaux de la
commission des affaires municipales, antérieurement.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre...
M. Marcoux: Tant mieux si cela s'est passé souvent
auparavant.
M. Saintonge: C'est arrivé déjà. M.
Tremblay: Oui?
M. Marcoux: C'est arrivé à un moment
donnél
M. Tremblay: Donnez-moi un cas!
M. Marcoux: Même votre collègue semble confirmer que
c'est l'exception qui confirme la règle.
M. Saintonge: Non, non, loin de là. M. Marcoux:
Loin de là!
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, il faudrait que
je vous prévienne que c'est à ces heures tardives,
habituellement, que commencent les bagarres en commission parlementaire.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Fallu): Ne les provoquez pas, s'il vous
plaît. Et je me donne la parole, si vous permettez.
M. Marcoux: Je peux vous assurer que je ne provoquerai
personne.
Sécurité-incendie
Le Président (M. Fallu): Au programme 8, il s'agit de la
sécurité-incendie. Il y a deux éléments. J'aurais
quelques questions à poser sur la formation des pompiers.
On sait que, actuellement, il y a l'école Saint-Maxime, d'une
part, pour la formation, à Laval; il y a également l'école
de Mirabel. Quelles sont vos intentions pour l'école de Mirabel?
M. Marcoux: Je demanderais à M. Jean-Paul Arsenault,
sous-ministre adjoint, de répondre à votre question.
M. Arsenault: En ce qui a trait à la formation des
pompiers, cela se fait actuellement en deux phases et cela se fait
conjointement avec le ministère de l'Éducation. Il est
prévu, à partir de septembre prochain, que des cours seront
donnés aux instructeurs à l'école Saint-Maxime, de
façon à permettre, à partir du printemps 1985, d'avoir une
équipe d'instructeurs qui pourront, dans tout le Québec, donner
des cours surtout aux pompiers volontaires. C'est dans ce contexte que pourrait
se situer l'utilisation de l'école de pompiers de Mirabel, dans le cadre
de la poursuite des tâches qu'elle exécute actuellement, à
savoir la formation de pompiers volontaires. Cela n'exclut pas pour autant la
possibilité que l'école Saint-Maxime ait recours à
certaines ressources de l'école des pompiers de Mirabel pour des
activités reliées aux instructeurs. Donc, ce serait un
élément de soutien.
Le Président (M. Fallu): C'est donc dire que, en jonction
avec le ministère de l'Éducation, on peut maintenant entrevoir la
perspective d'un certain statut de scolarité puisque c'est le
ministère de l'Éducation, pour les pompiers volontaires, en leur
reconnaissant, un certain nombre de crédits, pour les études
faites, avec un curriculum bien établi.
M. Arsenault: Oui, le programme, les cours sont établis de
concert avec le ministère de l'Éducation. Selon la durée
des cours qui seront suivis, des crédits seront donnés et
reconnus par le ministère de l'Éducation, dans la mesure
où suffisamment de cours seront suivis; si ce nombre de cours n'est pas
atteint, des attestations pourront être données. Donc, les
pompiers volontaires qui suivront très peu de cours auront quand
même une attestation qui fera état des compétences
nouvelles qu'ils auront acquises. S'ils en acquièrent une certaine
quantité pour répondre aux exigences du ministère de
l'Éducation, ils auront des crédits comme pour tous les autres
cours dispensés aux adultes.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que, comme dans la
nouvelle politique du ministère de l'Éducation concernant
l'éducation des adultes, on créditera également les
apprentissages antérieurs et notamment les acquis du métier pour
certains membres de ces corps qui ont déjà plusieurs
années de pratique et d'entraînement même parfois assez
intensif, les fins de semaine notamment?
M. Arsenault: On doit en tenir compte dans les prérequis
exigés pour être admissible à suivre les différents
cours et il y aura différents degrés. Donc, on tiendra compte de
l'expertise effectivement des pompiers eux-mêmes, mais également
des autres cours qu'ils auraient pu suivre comme à l'école de
Mirabel, qui en a déjà dispensé.
Le Président (M. Fallu): Du point de vue de la protection
des citoyens, on sait
qu'il fut un temps où le ministère des Affaires
municipales a soutenu les municipalités dans l'achat
d'équipements pour la construction de postes de pompiers. Peut-on juger
que les équipements, sur l'ensemble du territoire
québécois, répondent à des critères de
sécurité minimale en termes d'équipements et
également en termes d'ententes iritermunicipales en cas d'incendie?
M. Marcoux: Les équipements sont-ils suffisants? Je
laisserai M. Arsenault répondre. Y aurait-il lieu de remettre en vigueur
un programme d'incitation à...? Je dis non. Cela faisait clairement
partie de la réforme de la fiscalité qui abolissait ces
subventions conditionnelles, d'autant plus qu'à ma connaissance - j'ai
eu l'occasion de fricoter un peu dans le programme lorsque j'étais jeune
député en 1977-1978; j'ai pu voir à ce moment que peu de
municipalités ont bénéficié véritablement de
ce programme et qui, en fait, n'a peut-être pas donné tout ce
qu'on souhaitait en tirer. Dans le cadre de la réforme de la
fiscalité municipale, tout le monde s'entendait à dire que
c'était l'un des programmes qui devaient disparaître.
Quant à l'évaluation des équipements, je pense
qu'il est normal d'avoir une opinion pour savoir si les équipements
actuels sont suffisants ou non et s'il y a suffisamment d'ententes
intermunicipales ou non.
M. Arsenault: Actuellement, dans le domaine de la
prévention des incendies, il y a deux priorités. On a
parlé de la première tantôt, la formation des pompiers
volontaires. On en a 15 000 au Québec et on veut qu'ils
acquièrent une compétence. La deuxième priorité est
celle des ententes intermunicipales. Là-dessus, je peux vous indiquer
qu'il y a une nette progression du nombre d'ententes intermunicipales
signées. De 1982 à 1983, on était à 15 et, de 1983
à 1984, à 28. On vise donc, par des ententes intermunicipales,
à suppléer entre autres la carence d'équipements qu'on
peut trouver chez certaines petites municipalités, et là, il y a
vraiment avantage à regrouper des services, des équipements pour
assurer une sécurité plus grande.
Cette direction a toujours ses campagnes publicitaires: Pit le sorteux
et autres.
Je vous remercie. Pour ma part, c'est tout. Avez-vous des questions?
M. Marcoux: Je voudrais compléter une réponse sur
Marieville. On a vérifié les motifs pour lesquels ils n'ont pas
été acceptés; c'est qu'ils avaient le nombre de clients
nécessaires pour assumer la totalité du coût.
Le Président (M. Fallu): II nous reste donc à
accomplir cette tâche pour laquelle nous sommes réunis en
commission, c'est approuver, programme par programme, les crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales.
Est-ce que le programme 1 est adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu): Le programme 1 est adopté
sur division. Le programme 2 est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu): Le programme 2 est adopté
sur division également. Le programme 3 est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu): Le programme 3 est adopté
sur division. Le programme 4 est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division également.
Le Président (M. Fallu): Le programme 4 est adopté
sur division. Le programme 5 est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu): Le programme 5 est adopté
sur division. Le programme 6 est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu): Le programme 6 est adopté
sur division. Vous savez qu'il s'agit de l'aide financière aux
municipalités dans le domaine des réseaux d'aqueduc et
d'égouts.
M. Saintonge: Oui.
Le Président (M. Fallu): Le programme 7 est-il
adopté? Il s'agit de la SAO.
Une voix: Dites cela aux maires de vos comtés.
Une voix: Les paroles changent mais ça ne change pas par
exemple.
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu): Le programme 7 est adopté
sur division. Le programme 8 sur la sécurité-incendie est-il
adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu): L'ensemble des programmes des
crédits du ministère des
Affaires municipales est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté sur division.
Le Président (M. Fallu); Je voudrais remercier le ministre
qui s'est prêté, le premier, à cette commission, à
cette nouvelle formule de témoins. Je remercie également le
sous-ministre et les sous-ministres adjoints, le directeur et le personnel
politique du ministre qui ont bien voulu l'accompagner et le soutenir dans ses
réponses. Je ne porterai pas de jugement de valeur sur les
réponses que nous avons reçues mais, pour le moins, je peux dire
que le ministre a fait montre d'une certaine maîtrise d'un dossier qu'il
a pris en main récemment. Je veux enfin remercier le secrétaire
de la commission et nos collègues. Je crois que, finalement, nous avons
réussi, en termes de discipline et d'organisation, à nous
entendre et cela présage bien pour la suite de nos travaux.
C'est ainsi que la commission ajourne ses travaux jusqu'à 10
heures, demain, 12 avril.
(Fin de la séance à 23 h 45)