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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du jeudi 15 mai 1975
(Dix heures trente-huit minutes)
M. Pilote (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales est réunie ce matin pour
continuer l'étude des crédits du ministère des Affaires
municipales et de l'Environnement.
Les membres de la commission sont M. Bédard (Chicoutimi); M.
Massicotte (Lotbinière) remplace M. Bédard (Montmorency); M.
Bellemare (Johnson); M. Boutin (Abitibi-Ouest) est remplacé par M.
Harvey (Dubuc); M. Caron (Verdun); M. Chagnon (Lévis); M. Oéziel
(Saint-François); M. Goldbloom (D'Arcy-McGee); M. Leduc (Taillon); M.
Léger (Lafontaine); M. Ostiguy (Verchères); M. Perreault
(l'Assomption); M. Parent (Prévost); M. Roy (Beauce-Sud); M.
Vaillancourt (Orford).
M. Vaillancourt: M. Déziel ne sera pas ici. Il
siège à une autre commission.
M. Caron: M. Parent (Prévost) arrive.
Le Président (M. Pilote): Oui, et il est membre de la
commission. La parole est au ministre des Affaires municipales.
Fiscalité municipale et scolaire
M. Goldbloom: M. le Président, il était entendu,
vers le début de nos discussions, que nous reviendrions après le
discours du budget, et cela, à cause du fait que le gouvernement n'a pas
voulu discuter avant le discours du budget de certains sujets qui devaient y
être traités et qui, effectivement, y ont été
traités, pour examiner en particulier la fiscalité municipale
comme pouvant être influencée par la taxation foncière et
plus particulièrement par le partage de l'assiette foncière entre
le milieu scolaire et le milieu municipal.
Si j'ai bien compris, M. le Président, puisque c'est vers la fin
de nos discussions d'il y a quelques semaines, où nous avions
abordé les programmes qui touchaient l'environnement, l'honorable
député de Lafontaine voudrait poursuivre une certaine discussion
là-dessus et je n'ai certainement pas d'objection. Cependant, je
voudrais qu'il soit entendu dès le début, M. le Président,
que c'est la seule séance que nous aurons et que nous irons
jusqu'à une heure. Après cela il faudra faire rapport à la
Chambre.
M. le Président, je suis informé que nous aurons une
certaine contrainte. Nous ne serons pas en mesure d'aller jusqu'à une
heure à cause d'une réunion de députés. Alors, je
suggère de toute fa- çon que nous plongions dans le vif du sujet
et que nous voyions jusqu'où...
M. Léger: A quelle heure prévoyez-vous la
réunion de députés?
M. Goldbloom: La réunion est convoquée pour midi.
Je n'en étais pas informé.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que c'est possible d'aller
jusqu'à 12 h 30?
M. Léger: Est-ce qu'on peut revenir à 4 heures?
M. Goldbloom: Malheureusement, pas dans mon cas. J'ai un autre
engagement. Allons-y et on verra ce qui restera à la fin.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président,
concernant la fiscalité municipale, il est évident qu'il n'est
pas question de revenir sur un sujet que nous avons amplement abordé, je
crois, au niveau de la discussion de fonds lors de la discussion des
crédits du ministère des Affaires municipales. Nous l'avons fait
en commission. Nous nous sommes rendus compte que certaines des recommandations
que nous avions faites en commission parlementaire ont quand même
trouvé un écho heureux dans les oreilles gouvernementales. Nous
avons eu l'occasion de nous en rendre compte dans le budget qui a
été déposé. Nous avons eu également
l'occasion de donner l'essentiel de nos remarques, concernant le discours du
budget en ce qui a trait aux affaires municipales à l'Assemblée
nationale, lorsque nous avons donné nos réactions officielles au
nom de l'Opposition sur le discours du budget.
Globalement, il est clair que le discours du budget a apporté,
quand même, certaines améliorations pour aider les
municipalités. Il est clair que ces mesures étaient essentielles
puisque les municipalités étaient, il faut le dire, presque
acculées à la faillite. J'espère que le gouvernement ne
s'endormira pas sur ce qu'il nous a déjà annoncé. Il est
clair que les mesures annoncées ont pour effet de sauver les
municipalités de l'état de faillite auquel elles étaient
acculées.
Maintenant, elles sont loin d'assurer la santé définitive
des municipalités. Parce qu'on sait qu'il y a tellement de nouvelles
responsabilités qui appartiennent aux municipalités que celles-ci
avaient besoin, c'était une urgence, de nouvelles sources de taxation et
avaient besoin d'une nouvelle aide financière de la part du
gouvernement.
Ce que je voudrais savoir de la part du ministre, c'est surtout le but
final qui est poursuivi par le gouvernement avec l'annonce de la diminution de
la taxe scolaire. Pour autant que le ministre peut me le dire, est-ce que,
présentement, le gouvernement a adopté ces mesures dans
l'expectative d'une politique à long terme qui, effectivement,
amènera la disparition graduelle de l'impôt foncier scolaire?
M. Goldbloom: M. le Président, je ne suis pas en mesure
aujourd'hui de déclarer, au nom du gouvernement, qu'il y a un objectif
précis qui a été fixé et quantifié pour
déterminer la part éventuelle du système scolaire d'un
côté et du système municipal de l'autre. Mais il est
évident que le geste posé cette année fait suite à
d'autres qui ont précédé et qui n'ont pas donné les
résultats escomptés.
Je le dis sans ambages. Je voudrais souligner que nous avons fixé
un premier objectif et je voudrais que cet objectif soit connu et soit
clair.
Les fonds perçus par les commissions scolaires l'an dernier
cette année, parce que l'année scolaire est toujours en
cours sont calculés à approximativement $505 millions. On
a entendu d'autres chiffres jusqu'à $525 millions. Le chiffre le plus
précis que nous pouvons déterminer avec l'aide du
ministère de l'Education est de $505 millions.
Dans le discours du budget, il a été prévu que,
compte tenu de l'inflation, compte tenu de l'augmentation des coûts un
peu partout, les commissions scolaires pourraient poursuivre les tendances du
marché, augmenter l'évaluation d'une maison, d'une
propriété, jusqu'à un maximum de 10%.
Cela voudrait dire que, si toutes les commissions scolaires agissaient
de cette façon pour toutes les propriétés au rôle,
la masse globale passerait de $505 millions à $555.5 millions.
Si on applique à ce montant un taux'de $1.05 par $100
d'évaluation, le nouveau taux normalisé, au lieu de $1.25, on
baisse cette masse à $467 millions.
Or, nous avons, au minimum, une baisse de la masse perçue par les
commissions scolaires, de $505 millions à $467 millions. J'ai dit il y a
quelques instants que les dépenses des commissions scolaires augmentent,
comme celles de n'importe qui, malheureusement, et le gouvernement, pour cette
raison, n'a pas prévu seulement l'écart que je viens d'indiquer,
de $38 millions, en aide additionnelle aux commissions scolaires, mais à
peu près le double de ce montant. On prévoit que les commissions
scolaires n'iront pas jusqu'à une masse de $555 millions. Il y aura
quand même une augmentation de la masse représentée par
l'évaluation. Mais appliquant un taux moindre, le taux de $1.05 au lieu
de $1.25, nous arriverons à une baisse considérable de la masse
perçue par les commissions scolaires et nous compenserons non pas
simplement pour $38 millions, mais pour plus que cela, pour assurer aux
commissions scolaires le financement de leurs besoins.
Je ne voudrais pas aller plus loin que cela pour l'instant, M. le
Président, parce que c'est une décision qui a été
prise cette année, pour cette année. Je voudrais cependant
souligner un fait corollaire. C'est que, présentement, il y a deux
autorités qui partagent la responsabilité de l'évaluation
foncière. Il est vrai que les municipalités ont la
responsabilité de confectionner les rôles, mais c'est par la suite
que les commissions scolaires prennent les rôles municipaux et en font un
redressement, et un redressement à leur guise. Il est clair, dans notre
esprit, dans l'esprit du gouvernement, qu'il faudra arriver assez rapidement au
point où il n'y aura qu'une seule autorité en matière
d'évaluation foncière. Nous croyons qu'il faudra que ce soit
l'autorité municipale et que le redressement, s'il faut en faire un,
devra être fait par rapport à l'action des municipalités
plutôt que d'être fait d'une façon absolument autonome.
De cela découle la conclusion que l'action déjà
entreprise, mais pas encore en application véritable, d'une
normalisation, d'une uniformisation des rôles d'évaluation
à l'échelle de toute la province, que ce travail viendra
remplacer toute nécessité de redressement de rôles, parce
que, en vertu d'un principe fondamental, les rôles seront faits à
la valeur réelle et cela d'une façon scientifique, partout dans
la province.
Malheureusement, cette action globale est d'une envergure telle... Je
m'excuse d'un mot un peu vulgaire, mais la pagaille que nous connaissons, dans
ce domaine, à l'échelle de la province, est telle que nous ne
serons pas en mesure dès l'an prochain de régulariser la
situation. Il y aura donc une période de transition qui devra durer
encore peut-être une année ou deux, avant qu'on soit en mesure de
régler le problème à l'échelle de la province. Je
ne dis pas que, d'ici un an ou deux, tous les rôles de la province seront
des rôles scientifiques, quinquennaux, en vertu du manuel de
l'évaluation.
Mais, nous en aurons fait assez, je crois, pour pouvoir
régulariser la situation par rapport à cette division de la
responsabilité ou de l'action entre le scolaire et le municipal.
En terminant, M. le Président, je voudrais préciser une
chose encore une fois, je pense l'avoir déjà dit. Le manuel de
l'évaluation sera publié intégralement vers la fin de
l'été et, dès l'automne, nous serons en mesure
d'émettre les premières ordonnances pour diriger des
municipalités à commencer la confection du rôle
définitif, du rôle quinquennal, du rôle scientifique en
vertu du manuel.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je comprends bien, le discours
du budget avec les mesures qui ont été annoncées ne font
que répondre, comme il se devait, à un état d'urgence qui
était le fait que les municipalités étaient presque
acculées à la faillite avec les nouvelles responsabilités
qu'elles ont. Quand même, ce qui a été annoncé dans
le discours du budget ne peut être considéré comme la
préparation d'une politique à long terme; c'est plutôt,
partiellement du moins, une politique de cataplasme pour répondre
à une situation d'urgence. Concernant la préparation d'une
politique à long terme, parce que je pense que c'est nécessaire
d'en avoir une, est-ce qu'au moins le ministère a l'intention de faire
faire une étude globale sur la fiscalité scolaire pour savoir,
par exemple, quelles seraient les conséquences de la disparition de
l'impôt scolaire, conséquences administratives, financières
ou autres, afin d'en arriver à une politique globale? Parce qu'il me
semble que, si on veut que ce soit efficace, il faut que le gouvernement
s'aligne vers un objectif bien précis et ne
réponde pas toujours seulement à des situations
d'urgence.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que le
député de Chicoutimi est légèrement injuste en
utilisant le mot "cataplasme". C'est un mot qui a un peu un sens
péjoratif.
M. Goldbloom: Un minimum de $38 millions lui donnais.
M. Goldbloom: Un minimum de $38 rnillions d'augmentation de la
masse que pourront percevoir les municipalités, à mon sens, c'est
plus qu'un cataplasme.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez, M. le
ministre, prenez le transport en commun. Ce sont des millions et des millions
que donne le gouvernement, à l'heure actuelle, pour financer à
50% le transport en commun dans les différentes régions du
Québec. Cela n'empêche pas le ministre des Transports de dire
lui-même que c'est une politique de cataplasme, dans le sens que ce n'est
pas là cela répond à des situations d'urgence
une politique globale, quand même, vers un objectif
précis.
M. Goldbloom: Sans vouloir être désobligeant
à l'endroit de qui que ce soit et surtout pas à l'endroit de mon
collègue des Transports, je pense que nous faisons face à une
situation un peu différente dans le transport en commun et
qu'effectivement nous sommes obligés de courir à gauche et
à droite et d'appliquer des cataplasmes, à cause de menaces de
grèves et de faillites, ainsi de suite. Il faudra encore un peu de temps
pour pouvoir appliquer une politique globale de transport en commun, mais nous
travaillons là-dessus. Dans le domaine municipal, ce n'est pas
exactement cela. C'est une situation qui a évolué d'une
façon telle que certaines municipalités connaissent des
difficultés plus grandes. C'est vrai et nous essayons d'y
remédier.
Je pense que la réponse à la question précise du
député de Chicoutimi Allons-nous étudier la
fiscalité scolaire en même temps que nous étudierons la
fiscalité municipale? est évidemment oui, et plus que
cela, c'est déjà en cours. Je pense que nous parlons ici tout
simplement d'un transfert. Nous n'avons pas, par ce transfert, aboli l'action
des commissions scolaires dans le domaine de l'évaluation
foncière. Il faudra poser d'autres gestes dans ce sens. Jusqu'où
pourrons-nous aller? Jusqu'où devrons-nous aller? Le conseil des
ministres et le gouvernement ne se sont pas prononcés là-dessus
jusqu'à maintenant. L'hypothèse est avancée par les
municipalités qui, tout normalement, prêchent pour leurs paroisses
respectives que nous devrions éliminer le milieu scolaire totalement du
champ de la taxation foncière.
Nous ne sommes pas en mesure de répondre, de façon
précise, oui ou non aujourd'hui à cette prétention, mais
il est clair que les municipalités continueront de faire valoir ce point
de vue. Si nous examinons cette hypothèse, nous trouvons que la
définition du but ultime n'est pas aussi facile que cela. Quand on parle
d'éliminer le scolaire du champ de la taxe foncière, veut-on dire
vraiment totalement, c'est-à-dire non seulement pour les dépenses
que nous appelons admissibles, mais pour les dépenses inadmissibles
aussi?
Si nous faisons cela, véritablement, nous transformons le milieu
scolaire d'une façon radicale et draconienne. L'autonomie des
commissions scolaires disparaît et c'est le ministère de
l'Education qui doit assumer toute la responsabilité du financement.
Pouvons-nous aller jusqu'au point zéro quant au taux
normalisé de la taxe scolaire, laissant le secteur qu'on appelle
inadmissible comme élément d'autonomie aux commissions scolaires?
La question se pose? Elle ne trouve pas encore sa réponse. Ou bien,
devons-nous définir un niveau autre que le niveau zéro pour le
taux normalisé et fixer cela comme objectif?
Je pense que l'on peut dire ceci: Le geste posé cette
année, avec les chiffres globaux que j'ai donnés vers le
début, vise une amélioration de la situation financière
des municipalités. Nous mesurerons l'impact de ce que nous aurons fait.
Nous appliquerons les mesures administratives nécessaires pour atteindre
le but visé, c'est-à-dire une réduction d'au moins $38
millions par comparaison à ce qui a été perçu cette
année. Je voudrais et je le dis sans ambages que les
municipalités en profitent et que nous surveillions ensemble, au cours
de cette année, le comportement de la taxe scolaire d'un
côté et de la taxe municipale de l'autre et que nous surveillions
de façon particulière, parce que c'était un point chaud
jusqu'à maintenant, les taxes dites inadmissibles, les taxes pour
couvrir les dépenses dites inadmissibles des commissions scolaires. Le
ministère de l'Education s'est engagé à exiger des
commissions scolaires l'identification, sur le compte de taxe, de ce qui
découle de l'application du taux normalisé et de ce qui
représente les dépenses inadmissibles. Et si nous pouvons, par
analyse de ces résultats, d'ici une année, poser d'autres gestes,
cela sera en vertu de l'analyse que nous aurons faite.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis d'accord pour dire que les
mesures budgétaires qui ont été annoncées auront
pour effet d'améliorer la situation financière des
municipalités, mais, pratiquement, je pense qu'on peut dire que l'effet
de ces mesures permet simplement aux municipalités de moins emprunter
pour pouvoir répondre aux besoins actuels auxquels ils ont à
faire face.
Il est clair que, si on pense en fonction de l'avenir, si on regarde les
nouvelles responsabilités que les municipalités ont, que cela
soit dans le domaine de l'environnement ou dans le domaine des loisirs, il y
aura, en définitive, nécessité d'une autre action
gouvernementale, de la préparation d'une politique budgétaire
à long terme pour qu'elles puissent faire face à ces
responsabilités.
Le ministre nous dit qu'il y a une étude qui se fait tant du
point de vue de l'impôt scolaire que du point de vue de l'impôt
foncier municipal. Le mi-
nistre est-il en mesure de nous dire qui fait cette étude et s'il
y a un échéancier?
M. Goldbloom: Ce sont les hauts fonctionnaires de trois
ministères, celui des Finances, celui de l'Education et celui des
Affaires municipales.
Nous nous sommes réunis et les ministres ont été
présents à plusieurs reprises, assez fréquemment et
surtout, on le comprendra facilement, pendant la période de
préparation du budget quant aux crédits et du discours du budget
quant à la politique budgétaire. Nous allons continuer de nous
réunir. Le rythme n'a pas été déterminé de
façon formelle. Nous allons, comme je viens de le dire, suivre et
analyser le comportement des deux éléments de taxe
foncière au cours de l'année. Cela nous mènera à
des conclusions qui s'exprimeront dans le discours du budget de l'an prochain.
Je pense que cela est assez clair. Le gouvernement n'a pas la prétention
d'avoir réglé tous les problèmes des municipalités
avec le geste posé cette année, mais on comprendra aussi que
l'ajustement effectue un transfert de peut-être jusru'à, en
chiffres ronds, $80 millions à l'intérieur du budget de la
province, et je comprends là-dedans le budget des municipalités.
La perception de taxes par la province et par les municipalités se
trouve modifiée par un transfert du milieu scolaire vers le milieu
municipal quant à le taxation appliquée par les
municipalités. Il y a la compensation par le transfert à
l'intérieur du budget de la province vers le ministère de
l'Education d'une certaine somme et cela veut dire que les ajustements qui se
font doivent être acceptables au ministre des Finances; ce sera l'an
prochain que le ministre des Finances déterminera si un ajustement
additionnel, un transfert additionnel est possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsqu'on parle de l'autonomie des
municipalités, il y a quand même dans le discours du budget,
l'expression de la part du gouvernement que l'aide aux municipalités
prenne surtout la forme d'ouverture de champs de taxation et de transfert
inconditionnel. Même si cela représente un bien petit montant, il
y a quand même une mesure du budget qui me semble significative, c'est le
transfert de l'impôt sur les télécommunications aux
municipalités. On a vraiment libéré complètement le
champ en faveur des municipalités. Cela représente seulement $7
millions, mais quand même, le geste me semble significatif. Je voudrais
savoir s'il y a d'autres sources qui seront transférées? Il me
semble que c'est un élément important lorsqu'on parle
d'élaboration d'une politique globale et lorsqu'on parle de
véritable autonomie des municipalités.
M. Goldbloom: Vous comprendrez, M. le Président, que c'est
au ministre des Finances d'annoncer des transferts de cette nature. Et je dois
dire que...
M. Bédard (Chicoutimi): Mais est-ce que vous l'avez
envisagé? Est-ce que vous étudiez cette possibilité?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, sans pouvoir
identifier les secteurs précis, nous examinons l'opportunité
d'accorder aux municipalités des accès additionnels à des
champs de taxation.
Je ne pourrais aller plus loin que cela pour l'instant. Mais il est
évident que les municipalités aimeraient avoir des accès
additionnels et notamment à des formes de taxation qui suivent plus
fidèlement les augmentations du coût de la vie que la taxe
foncière elle-même qui suit, mais à une certaine distance,
qui est moins souple, moins élastique, qui répond moins
immédiatement aux changements qui se dessinent dans les marchés
en général.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans cet ordre d'idées, je
terminerai là-dessus, puisque nous sommes limités par le temps.
Puisqu'il va y avoir une étude où on envisagera
nécessairement le transfert de champs fiscaux, j'aimerais faire une
suggestion au ministre à l'effet de penser à transférer au
moins 50% des montants que représentent les coûts
d'immatriculation des véhicules automobiles. On sait que les
municipalités, à l'heure actuelle, de plus en plus, les villes,
de plus en plus, ont à assurer l'entretien des routes ou des rues qui
sont sur leur territoire et je crois qu'une grande partie de leur budget est
dépensée à cette fin. Je pense qu'il ne serait que justice
que les municipalités puissent avoir l'assurance du gouvernement de
profiter, puisqu'elles en assurent les dépenses d'amélioration,
d'un pourcentage important du coût d'immatriculation des véhicules
automobiles. Cela représente, au niveau du Québec, pas loin de
$200 millions et il me semble qu'étant donné les obligations
d'entretien qu'ont les municipalités, il ne serait que normal qu'elles
puissent retirer au moins 50% de ce montant.
M. Goldbloom: C'est une suggestion que certaines
municipalités ont faites et qui est examinée présentement.
Il y a d'autres suggestions qui ont été faites et, sans doute,
d'autres encore qui seront faites par les municipalités et par d'autres
intéressés. On sait, par exemple, que l'an dernier le
gouvernement a accordé aux trois municipalités les plus grandes,
Montréal, Laval et Québec, une partie du revenu provenant de la
taxe d'hôtellerie et la taxe sur les repas et d'autres
municipalités nous demandent présentement d'élargir cette
possibilité. Cela aussi est à l'étude.
Je regrette de devoir dire continuellement que c'est une chose que nous
examinons, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): A force d'étudier, on va
accoucher.
M. Goldbloom:... c'est ce que nous venons de faire le 17 avril,
avec un geste important et ce n'était pas sans étude. Donc, il
est normal d'étudier et, ayant posé des gestes importants le 17
avril, il faudra attendre le budget de l'an prochain pour connaître les
autres mesures. Je voudrais que cela soit clair.
Il est déjà clair, dans l'esprit des municipalités
parce que la conférence provinciale-
municipale sera surtout une conférence de travail, en ateliers,
pour examiner des choses que ce ne sera pas l'occasion pour le
gouvernement d'annoncer quelque décision que ce soit.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, si je ne m'abuse,
nous devons maintenant passer au programme 13, l'environnement, est-ce exact?
Direction...
M. Goldbloom: Aux programmes, en général, qui
touchent...
Le Président (M. Gratton): Qui touchent l'environnement.
D'accord.
M. Goldbloom: Sans restriction.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Lafontaine.
Environnement Dépotoirs
M. Léger: Nous avons changé de président.
J'espère, M. le Président, que même si le ministre nous dit
qu'à midi, il doit aller à une réunion de
députés, il nous donnera l'occasion de revenir; nous avons
différents programmes dans lesquels nous avons des questions à
poser. Dans chaque programme, il y a des questions d'importance et d'autres
d'urgence.
Je ne voudrais pas qu'on aille adopter les crédits à un
moment donné ou qu'on ne revienne pas et qu'on ait oublié
certains programmes. Si le ministre me permet, plutôt que d'y aller par
éléments, ce qui serait risqué, c'est d'essayer de poser,
au départ, des questions d'importance, même si on saute d'un
programme à l'autre, de façon à toucher au moins à
certains aspects importants, je dirais même urgents. Ce sont toutes des
questions importantes, mais il y a des questions urgentes là-dedans.
J'ai été approché, à plusieurs occasions,
par des personnes de la région de Mirabel, concernant les
dépotoirs à ciel ouvert, et quand je dis la région de
Mirabel, je l'agrandirais jusque dans la région de
Saint-Louis-de-Terrebonne, où les gens sont absolument opposés
à un dépotoir à ciel ouvert.
Entre autres, on me disait que, même avec les directives
gouvernementales, avec la connaissance par le ministère des
problèmes causés par cela, on dérogeait aux
règlements et à la loi, en faisant même brûler des
déchets durant les fins de semaine.
On ajoute qu'on a essayé d'aller sur les terrains, mais qu'on a
été empêché d'y passer par des policiers de cette
région. Est-ce que le ministre est au courant et est conscient du
problème du dépotoir de Saint-Louis de Terrebonne? Je vais le
ramener par la suite à une discussion sur les dépotoirs en
général, dans la région de Mirabel.
M. Goldbloom: Pour ma part, j'aimerais commencer par l'autre bout
et parler du problème général. Nous avons fait faire une
étude globale du grand territoire aéroportuaire et nous avons
cherché des solutions aux problèmes des dépotoirs, qui
sont multiples.
Nous avons identifié trois secteurs où des centres
régionaux d'élimination des déchets, par des
méthodes acceptables dans les trois cas, c'était par
enfouissement sanitaire pourraient être établis. Je pense
que le député de Lafontaine connaît bien la situation qui
en a résulté dans la partie sud-est de cette région,
c'est-à-dire que chacune des municipalités, à tour de
rôle, a adopté une résolution, refusant sur son territoire,
un centre régional d'élimination des déchets.
C'est ce fait qui complique tout ce que nous voudrions faire, par
rapport à un problème particulier, comme celui du dépotoir
de Saint-Louis-de-Terrebonne.
Il n'y a pas présentement, à ma connaissance, à une
distance raisonnable, un endroit où l'on pourrait envoyer ces
mêmes déchets.
Nous essayons, par des interventions et des avis, de faire gérer,
d'une façon acceptable, toute installation, même si, à la
base, ce n'est pas une installation acceptable et qui devra être
remplacée.
M. Léger: J'aurais seulement une petite question sur ce
qu'il vient de dire. D'après le ministre, quel est le rayon raisonnable
de distance pour un centre régional de disposition des
déchets?
M. Goldbloom: Nous demandons aux ingénieurs-conseils, aux
consultants de déterminer cela pour nous dans chaque cas. Je pense que
la réponse doit varier selon la qualité du réseau routier,
par exemple. Si l'on a un accès facile à une autre route et un
débouché facile vers le centre d'élimination des
déchets à l'autre bout, la distance acceptable peut être
beaucoup plus grande.
Je pense donc qu'il faut penser plutôt en termes de temps,
c'est-à-dire de la durée du voyage, qu'en termes de distance
à couvrir. C'est en ces termes que nous essayons de déterminer
une politique raisonnable.
M. Léger: Mais, en termes de temps, vous êtes
arrivé à quel chiffre?
M. Goldbloom: De mémoire, M. le Président, je ne
voudrais pas essayer de déterminer un chiffre. Je ne suis même pas
convaincu que nous ayons assez de données pour généraliser
des conclusions et dire: II faudra limiter la durée du voyage.
M. Léger: Une variante, c'est une question d'une
demi-heure?
M. Goldbloom: Nous constatons que, si nous avons un rayon de
quinze milles, en moyenne, nos études sur le facteur temps ne sont pas
allées assez loin pour nous permettre de nous prononcer
là-dessus. Mais une distance de quinze milles nous semble
acceptable.
M. Léger: Dans un diamètre de trente milles?
M. Goldbloom: A peu près, oui.
M. Léger: Quinze milles du centre de...
M. Goldbloom: C'est cela, quinze milles de voyage à faire;
rendu à vingt milles, on commence à imposer des frais de
transport qui sont assez élevés. Justement, même si nous
aimions peut-être tenir compte davantage du facteur temps, les frais sont
calculés par les transporteurs sur un mil-lage à couvrir. Donc,
malgré ce que j'ai dit il y a quelques instants, il faut toujours, pour
encore un certain temps, tenir compte de la distance.
Il y a un autre facteur. C'est un facteur humain et
compréhensible, c'est-à-dire que ce que l'on paie
présentement joue un rôle psychologique assez important dans
l'acceptation, par une municipalité, d'une solution régionale. Si
le coût additionnel du transport vers un centre acceptable
représente un écart considérable par rapport à ce
que l'on paie présentement, la solution sera moins facilement
acceptable. Je ne pense pas avoir besoin de dessiner davantage cette
situation.
M. Léger: M. le Président, je pense que je vais
poser une question fondamentale au ministre qui lui permettrait peut-être
de nous éclairer là-dessus ou de commencer à trouver une
solution dans ce sens. Le territoire de Mirabel est un territoire
fédéral qui devra, parce qu'il apporte des avantages et des
inconvénients, payer au Québec, non pas une taxe, puisque les
gouvernements ne se taxent pas, mais ce qu'on appelle, je pense, des
compensations gouvernementales aux taxes normalement perçues par des
municipalités.
C'est sûr que le territoire fédéral de Mirabel devra
payer une compensation soit aux municipalités, soit au ministère
des Affaires municipales, au gouvernement provincial, pour son
approvisionnement en eau, pour ses services d'incendie, de police et,
spécialement, pour la disposition et l'élimination de ses
déchets.
Je pense que la solution devrait être envisagée à
peu près dans la direction que je suggère au ministre
actuellement. C'est, d'abord, de déterminer la sorte
d'élimination des déchets qu'on veut, avec le coût, et une
négociation avec Ottawa pour défrayer, par une compensation de
taxe du gouvernement fédéral au gouvernement provincial ou aux
municipalités concernées, un service d'élimination des
déchets.
A ce moment, il s agirait de déterminer... C'est sûr que le
processus idéal serait une usine de recyclage qui coûterait
énormément cher, on le sait. Cela pourrait être aussi
quelque chose d'intermédiaire, une usine de compostage. Cela pourrait
être aussi un incinérateur à une distance raisonnable. S'il
n'y a pas de contrepartie trop grave ou de conséquences trop graves pour
les municipalités de la région, surtout si on prend un
procédé de plus en plus moderne, on pourrait établir
à un endroit donné, à une distance raisonnable, une usine
soit de recyclage, ou de compostage, ou un incinérateur quelconque,
permettant d'éliminer les dé- chets provenant de Mirabel, donc
une participation aux coûts et aux dépenses de cette usine ou une
subvention du gouvernement fédéral du ministère de Mme
Sauvé qui se targue de vouloir aider le provincial dans le domaine de la
pollution et de la qualité de l'environnement.
M. le Président, comme c'est une responsabilité
provinciale de voir à l'aménagement du territoire et que le
service de l'environment est une responsabilité de plus en plus
municipale et sur laquelle le gouvernement du Québec se penche de plus
en plus avec le ministre actuel, on devrait voir à établir une
négociation avec le fédéral pour obtenir une compensation
de taxes pour permettre une usine régionale qui servirait non seulement
Mirabel, mais la région de 30 ou 45 milles aux environs, avec un
réseau routier qui aiderait à déterminer par une
subvention fédérale il a de l'argent, le
fédéral, il en prend en masse au Québec, qu'il en donne
aux endroits où on en a besoin le style d'usine dont on a besoin
dans notre aménagement du territoire, dans les systèmes
d'élimination des déchets. Je pense qu'avec cette
négociation et avec une compensation de taxes que le
fédéral paierait pour Mirabel, plus une subvention pour que le
fédéral puisse se vanter en masse de le faire, mais selon nos
priorités, on pourrait établir une usine soit de compostage ou de
recyclage je sais que cela coûterait cher, le recyclage
mais peut-être de compostage ou un incinérateur et à, ce
moment, on réglerait les problèmes du milieu.
Ce qu'il faut, c'est de la bonne volonté, laisser la
politicaillerie de côté et permettre au Québec de recevoir
les sommes qui lui reviennent pour qu'il établisse lui-même sa
politique d'élimination des déchets, surtout quand le
fédéral est venu prendre du territoire chez nous, ce qui
amènera des conséquences graves au niveau de ce refus des
municipalités d'avoir chez elles un dépotoir à ciel
ouvert. On sait qu'elles ne veulent pas de dépotoir à ciel
ouvert, on sait qu'elle ne veulent pas être l'endroit où les
déchets seront acheminés, parce que chacune veut bien avoir sa
ville propre et ne veut pas que les déchets soient cachés en
dessous du tapis.
Je pense, M. le Président, que le ministre devrait
immédiatement nous donner les commencements des résultats de ses
négociations, s'il y en a. S'il n'y en a pas eu, il est urgent de
négocier avec le fédéral pour savoir comment on peut
financer une usine pour cette région pour l'élimination des
déchets.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Lafontaine mêle toutes sortes de choses dans...
M. Léger: Dans les déchets, il y a toutes sortes de
choses.
M. Goldbloom: Je m'abstiens de commentaires. Je pourrais
être désobligeant à l'endroit de mon collègue, ce
qui n'est pas mon habitude, et il le sait.
M. Léger: Ni la mienne.
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord il y a un
problème un peu particulier à Mirabel à cause d'un certain
partage de responsabilités administratives. Nous n'avons pas eu de
difficulté quant à cela. Je ne voudrais pas que l'on prenne le
cas de Mirabel pour généraliser des conclusions à
l'échelle de toute la province. Nous avons pris nos
responsabilités. Nous avons fait faire une étude de toute la
région aéroportuaire. Cette grande région est, à
notre avis, trop vaste pour être desservie par un seul centre, une seule
usine de quelque nature que ce soit. Nous avons, en vertu de notre analyse des
rayons de transport et des coûts de transport, je l'ai dit tout à
l'heure, nous sommes venus à la conclusion qu'il faudrait trois
centres:
Un vers le nord, dans la région générale de
Saint-Jérôme, un vers l'ouest, dans la région
générale de Lachute et de Brownsburg, et un troisième vers
le sud-est, dans la région de Terrebonne, Sainte-Thérèse
et les municipalités de ce secteur.
Je pense que cette conclusion demeure valide et que si nous voulions
créer un seul centre pour remplacer ces trois qui ont été
prévus, nous imposerions des frais de transport extrêmement
élevés.
Quant aux négociations possibles avec le gouvernement
fédéral, il serait assez facile de les envisager dans le cas
particulier de Mirabel. Nous avons des conversations qui se poursuivent sur une
foule de sujets, avec le gouvernement fédéral, quant à
l'implantation de ce nouvel aéroport et la gestion du territoire, mais
c'est principalement notre responsabilité et nous entendons l'assumer.
Nous n'avons pas envisagé une négociation globale avec le
gouvernement fédéral pour obtenir des contributions, à
l'échelle de toute la province, pour la gestion des déchets. Nous
avons préféré assumer nos propres responsabilités
et les partager avec les municipalités qui, effectivement, assument
presque tous les coûts présentement.
Quant il s'agit de choisir le genre de traitement, nous avons
examiné cette question dans beaucoup de détails et avec des
consultants qui nous ont été d'une grande utilité, d'un
grand appui. Nous sommes venus à la conclusion que, quant au recyclage,
sauf des considérations particulières et locales, il faut un
bassin de population assez important, en chiffres ronds un million
d'âmes, pour fournir assez de matière au fonctionnement rentable
d'une telle usine sans surcharger les municipalités et leurs
contribuables.
Il est évident que, s'il y a sur le plan local une industrie qui
peut accepter des produits recyclés, et cela sans frais de transport, il
y a peut-êre un avantage à chercher à le faire, mais
ériger un système intégré de recyclage est une
chose coûteuse et la rentabilité doit en être assurée
par des marchés importants et sûrs. Ce n'est que dans les deux
grandes régions, les deux grandes agglomérations de notre
province: Montréal et Québec, que nous pouvons envisager cette
hypothèse sur le plan général.
Quant aux incinérateurs, il y en a de toutes sortes.
Présentement, les grands incinérateurs, tels ceux que nous
connaissons à Montréal et plus récemment à
Québec, les incinérateurs modernes, munis d'équipement
antipollution, sont certai- nement efficaces. Pour une grande région,
avec beaucoup de déchets, ils peuvent fonctionner à des taux
raisonnables, mais nous cherchons des moyens de faire l'incinération
à plus petite échelle, dans des agglomérations plus
petites. Il y a des perspectives intéressantes, mais nous ne sommes pas
encore en mesure de dire: Nous avons une solution à cela. Nous examinons
quand même la possibilité de l'implantation d'incinérateurs
de taille moindre dans les différentes régions de la
province.
M. Léger: Dans la région de Mirabel, combien en
avez-vous prévu dans votre projet?
M. Goldbloom: J'ai indiqué que ce que nous
prévoyons dans cette région présentement demeure trois
centres d'enfouissement sanitaire pour les trois secteurs
identifiés.
Nous n'avons pas encore envisagé l'hypothèse d'une
transformation de l'enfouissement sanitaire prévu en
incinérateur. Nous savons déjà que le coût serait
plus élevé, et de beaucoup. Ce serait au moins le double et
peut-être le triple.
M. Léger: Sur la question des trois centres
d'enfouissement sanitaire, y a-t-il eu des négociations avec le
fédéral concernant la compensation que le fédéral
paierait pour les services que la province va lui donner? Y a-t-il des montants
établis? Etes-vous encore en négociations ou si vous n'avez pas
commencé les négociations?
M. Goldbloom: A ma connaissance, nous n'avons pas
négocié des montants de cette nature. Comme je l'ai dit, les
discussions se poursuivent avec le fédéral assez
régulièrement.
M. Léger: Avec SATRA ou avec votre ministère?
M. Goldbloom: SATRA n'existe plus, ce sont les services du
ministère comme tels et, évidemment, d'autres ministères
aussi qui s'occupent des relations avec le gouvernement fédéral,
notamment depuis l'adoption des lois que l'on connaît, à la fin de
la dernière session.
C'est le ministère des Affaires intergouvernementales qui doit
coordonner et assurer les conversations; nous passons donc par ce
ministère pour toute conversation avec le gouvernement
fédéral ou avec les autres provinces.
M. Léger: Qu'est-ce qui arrivera des déchets qui,
dans deux ans, sortiront de Mirabel? Les trois endroits que vous avez
mentionnés seront-ils suffisants pour recevoir tous ces
déchets?
M. Goldbloom: Sauf le fait que les endroits n'ont pas
été choisis de façon définitive. La discussion a
commencé autour du problème créé par les
municipalités du secteur sud-est qui ont refusé d'avoir un
terrain pour l'élimination de déchets, même un
enfouissement sanitaire et vraiment sanitaire et vraiment bien
géré. Je ne sais pas si c'est par manque de compréhension
ou si c'est par en-
têtement, mais il y a quand même je n'ai pas besoin
de le dire au député de Lafontaine qui le sait fort bien
une différence fondamentale et dramatique entre un dépotoir
à ciel ouvert et un enfouissement sanitaire bien entretenu.
M. Léger: Bien sûr, mais le ministre nous a
parlé tantôt du critère d'une population assez dense pour
avoir un système de plus en plus sophistiqué et efficace. Du fait
justement qu'on prépare un projet TRRAMM il va changer de nom,
probablement, parce que c'est une nouvelle personne qui est responsable de
présenter un projet au ministère des Transports le
développement et la population vont augmenter énormément
dans cette région.
Je pense donc que le gouvernement devrait rapidement commencer des
négociations pour établir les sommes qu'il peut recevoir et
penser en même temps à des subventions du ministère
fédéral de l'Environnement qui iraient selon les politiques
et j'espère que le ministère a des politiques
là-dessus établies dans le domaine de la disposition des
déchets de toute cette région qui est entre Mirabel, la ville de
Laval et Montréal. Je pense qu'il faudrait, immédiatement,
entreprendre des négociations sur les compensations basées sur
les éliminations des déchets provenant de Mirabel et aussi sur le
fait de se servir de cette occasion pour obtenir des subventions pour
établir un système qui serait acceptable par les
municipalités du sud.
M. Goldbloom: II y a deux questions là-dedans: La question
d'argent et la question de décision quant à...
M. Léger: Le ministre admettra que c'est toujours une
question d'argent. Chaque fois qu'il a été question de
problèmes de la qualité de l'environnement, le ministre disait:
Nous sommes limités par des problèmes d'argent. Je suis d'accord
avec lui mais je lui dis d'aller en chercher en négociant
immédiatement avant que le fédéral ait disposé de
cet argent dans d'autres domaines ou dans d'autres endroits qui ne sont pas
selon les politiques que le gouvernement provincial veut établir.
M. Goldbloom: Je ne pense pas qu'il soit honnête à
l'endroit du gouvernement fédéral...
M. Léger: Je n'aime pas que le fédéral se
vante pour des choses qui ne sont pas dans l'intérêt du
Québec.
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Léger: Je suis en faveur que le ministre
québécois ait une politique, qu'il aille chercher l'argent dont
il a besoin et que le fédéral le lui donne. C'est cela que je
veux.
M. Goldbloom: Si c'est cela...
M. Léger: Et j'appuie le ministre là-dessus.
M. Goldbloom: ... qui chatouille le député de
Lafontaine, je finis par comprendre sa préoccupation. Ce que je voulais
dire tout à l'heure, c'est qu'il faut quand même prendre une
décision sur le plan technique, sur le plan professionnel, quant
à la forme que devront prendre les systèmes d'élimination
des déchets dans cette région comme dans toute autre. J'ai voulu
dire qu'il ne serait pas juste et honnête à l'endroit du
gouvernement fédéral d'essayer de le convaincre de donner des
sommes additionnelles pour l'implantation de systèmes
d'élimination des déchets qui ne seraient pas justifiés
selon les principes professionnels qu'on appliquerait à n'importe quelle
région. Je ne prévois pas que la population de la région
aéroportuaire atteigne à brève échéance, un
chiffre suffisant pour justifer, par exemple, un système
intégré de recyclage. Il faudra commencer sur l'île de
Montréal. Il y aura peut-être moyen de faire quelque chose ici
dans l'agglomération de la capitale. Nous n'avons pas d'autres
agglomérations pour l'instant, sauf, possiblement, s'il y a un
système intégré entre l'Outaouais québécois
et la région Ottawa-Carleton à travers la rivière. Cela
est possible.
C'est hypothétique pour l'instant, mais c'est en discussion et en
négociation. Le bassin de population serait à peu près
équivalent à celui que nous avons ici, dans la région de
notre capiiale provinciale. Alors, il y a ces trois endroits, où on
pourrait peut-être envisager une usine intégrée de
recyclage. Ailleurs dans la province, nonobstant l'accroissement
prévisible de la population de Mirabel et des environs, je ne crois pas
que ce soit réaliste d'y penser. Donc, nous restons, pour ces deux
régions, avec soit l'incinération, soit l'enfouissement
sanitaire. Nous avons opté pour l'enfouissement sanitaire. Ce dossier
est complet, sauf le choix des endroits et ce choix devra être
négocié avec les municipalités, ou, s'il y a un refus
catégorique, il faudra que le ministre exerce son pouvoir d'ordonnance
pour choisir et identifier un endroit. Mais ce n'est pas ce que je voudrais
faire. Quant aux négociations avec le fédéral, s'il y a
une compensation à obtenir, nous ne manquerons pas d'aller la
chercher.
M. Léger: M. le Président, j'aurais beaucoup
d'autres questions dans le même domaine, mais étant donné
que le temps presse, je voudrais tout simplement continuer dans la même
veine, mais dans une autre direction, concernant les dépotoirs à
ciel ouvert. Depuis janvier dernier, avec la proclamation d'un certain nombre
d'articles de la loi 34, les entrepreneurs de dépotoirs doivent avoir un
permis des services de protection de l'environnement. Je voudrais savoir
combien en ont fait la demande et combien en ont obtenu? Et en particulier,
est-ce qu'à Saint-Louis-de-Terrebonne le dépotoir à ciel
ouvert a eu un permis et s'il n'en a pas eu? Comment se fait-il qu'il continue
à être ouvert précisément les fins de semaine pour
qu'il n'y ait pas de vérification?
M. Goldbloom: II faudra que l'honorable député de
Lafontaine se rappelle que l'application de
la loi, jusqu'à maintenant et cela me semble toujours
logique vise les nouvelles exploitations et les anciennes qui ont eu
leur permis de la municipalité concernée dans la grande
majorité des cas. Nous avons, de temps en temps, un cas qui est
porté à notre attention où il n'y a même pas eu
d'autorisation de la part de la municipalité, mais ces cas sont
relativement rares. Nous n'appliquons pas cette exigence qui est d'obtenir un
permis. Il faudra arriver à cela, mais il faudra y arriver en
définissant les solutions régionales. Il faut envoyer les
déchets quelque part. Le fait que ce sont des déchets nous oblige
à les envoyer quelque part à l'extérieur de nos foyers,
à l'extérieur de nos propres terrains, à
l'extérieur des zones habitées parce qu'il y a
l'inconvénient des odeurs, des insectes, de la vermine et tout le reste.
C'est l'histoire du monde, de la recherche d'endroits à
l'extérieur des agglomérations habitées pour y envoyer les
déchets. Il faudra, en intervenant auprès de n'importe quelle
municipalité, offrir une solution de rechange et approuver cette
solution de rechange. C'est ce que nous tentons de faire.
M. Léger: Et pour Saint-Louis-de-Terrebonne, est-ce que le
dépotoir, qui a soulevé un tollé partout, avait eu un
permis de la municipalité de Saint-Louis-de-Terrebonne? Comment se
fait-il qu'il y ait un tollé général dans la région
et qu'on fait même brûler les déchets en fin de semaine
lorsque c'est difficile d'avoir des personnes pour faire des
vérifications?
M. Goldbloom: A notre connaissance, il n'y a pas eu de permis
municipal dans ce cas et nous avons des enquêteurs qui y sont
allés, qui continuent d'y aller. A moins d'avoir des gens sur place 24
heures par jour, on n'est pas en mesure d'éviter que des gestes soient
posés. Mais une intervention draconienne impliquerait des
dépenses énormes pour ceux qui devraient envoyer leurs
déchets à des distances beaucoup plus grandes. C'est pour cette
raison que nous cherchons un moyen terme. Entre-temps, nous avons poursuivi
d'autres recherches dans le secteur sud-est de la région pour trouver un
endroit convenable à l'enfouissement sanitaire. Nous avons
présentement un bon espoir d'avoir trouvé un endroit qui serait
acceptable.
Contenants recyclables
M. Léger: M. le Président, on va passer d'un sujet
à l'autre. Pour quelle raison le ministre a-t-il laissé en
suspens la question des contenants recyclables, sans que la commission
parlementaire qui s'était penchée là-dessus ait eu le
temps d'avancer sérieusement ses travaux?
Le problème est que le ministre dit qu'il doit partir à
midi. C'est pour ça qu'au début j'ai dit que j'étais
obligé de passer d'un sujet à l'autre parce que sans ça il
y aura des points qui ne seront pas discutés. Je voudrais quand
même qu'on y revienne malgré tout. Mais je pose certaines
questions...
M. Goldbloom: Je réponds d'une façon courte et
simple. Nous avons eu certaines recommandations et nous les avons
pesées, examinées, évaluées. Entre-temps, j'ai pris
contact avec nos voisins de l'Ontario. J'avais eu des informations par des
intermédiaires et notamment par les media d'information qui semblaient
indiquer une ligne de pensée, en Ontario, semblable à celle que
nous développions nous-mêmes. Mais depuis lors et encore plus
récemment, j'ai eu des conversations avec le ministre ontarien et il
paraît que la tendance de la pensée ontarienne est tout à
fait différente de celle que nous avions développée. S'il
y a une incohérence entre ce qui se fait en Ontario et ce qui se fait au
Québec, nous risquons de voir déverser sur le marché de
l'une ou l'autre des provinces des quantités importantes de contenants
qui ne seraient pas désirables. Cela étant un peu
compliqué, j'ai prévu une rencontre avec le ministre ontarien. La
date n'est pas fixée, mais ce sera probablement au cours du mois de
juin, au plus tard au mois de juillet. Nous aurons cette rencontre et nous
essaierons de coordonner les politiques des deux provinces pour avoir une
cohérence qui me semble assez désirable dans les
circonstances.
M. Léger: Je suis heureux de voir que le ministre veut
coordonner sa politique avec l'Ontario et j'espère qu'il va faire la
même chose avec la spéculation foncière. Le ministre fait
signe que oui.
Pour revenir aux contenants recyclables, le ministre m'avait promis,
à la commission parlementaire, d'étudier la salubrité des
contenants recyclables, parce que les groupes qui étaient venus devant
nous n'étaient pas d'accord. Ceux qui avaient des objections contre le
bannissement des bouteilles recyclables disaient que les bouteilles
elles-mêmes étaient insalubres. Est-ce que le ministre a fait des
études là-dessus? Où est-ce qu'il en est rendu?
M. Goldbloom: Nous n'avons pas d'études très
précises qui ont été faites. Nous avons essayé de
colliger des données qui nous ont été fournies et, de
façon générale, je pense que nous pouvons dire que c'est
le contenu qui fait la différence. Il y en a qui alimentent les microbes
plus généreusement que d'autres, il y en a qui, par leur
acidité et peut-être par la présence de certains additifs,
restreignent la multiplication des microbes. En général, le
problème le plus important que nous avons constaté porte
clairement sur le lait. C'est pour cette raison que certaines provinces ont
banni des contenants en plastique de très grande dimension, de grand
volume. D'après les données que nous avons et après examen
des systèmes de stérilisation utilisés dans des usines
d'embouteillage, nous n'avons pas de raison de croire que le manque de
stérilité, au moment où la bouteille peut être
récupérée, est un problème quant à sa
réutilisation et donc, quant à la santé publique.
M. Léger: C'est quand même une étude assez
facile à faire, en prenant les échantillonnages de
bouteilles dans les usines, après le traitement, et avant qu'on
ait mis les nouveaux contenus.
M. Goldbloom: Nous avons souvent eu l'occasion de souligner le
fait que, dans notre vie, sur cette terre, nous sommes entourés de
microbes, et nous sommes tous les jours en contact avec des millions de
microbes.
Or, il me semble que le point crucial n'est pas de savoir combien de
microbes on peut trouver dans une bouteille qui a été
utilisée, vidée peut-être de façon
incomplète, laissée pendant plusieurs jours dans un
entrepôt ou dans un magasin quelconque et ensuite envoyée à
une usine d'embouteillage.
La question est plutôt de savoir si cette bouteille, une fois
nettoyée et stérilisée, remplie de nouveau et remise sur
le marché, représente un danger pour la santé publique.
Là, il y a des analyses qui se font tous les jours dans de nombreuses
usines d'embouteillage et les résultats sont tout à fait
satisfaisants.
L'on sait que, pour un secteur particulier, celui des eaux
embouteillées, nous exerçons nous-mêmes une surveillance
directe et il arrive de temps en temps que nous décelions des microbes
dans des eaux embouteillées; nous émettons alors les avis et les
ordonnances nécessaires. J'en ai signé deux cette semaine ou la
semaine dernière, au cours des récents jours, de toute
façon. J'ai signé deux lettres à des compagnies les
avertissant que nous avions décelé des microbes dans leurs eaux
embouteillées.
Fibres d'amiante
M. Léger: Comme il ne reste que peu de temps, je vais
toucher à la région de Thetford et d'Asbestos. Une étude
devait être effectuée concernant la présence de fibres
d'amiante dans les eaux destinées à la consommation, dans la
région de Thetford et d'Asbestos. Ou en est-on rendu
là-dessus?
M. Goldbloom: Cette étude se poursuit et fait face
à certaines difficultés techniques que nous discutons avec le
gouvernement fédéral, c'est-à-dire que les techniques
d'analyse pour identifier la présence ou l'absence de fibres, et surtout
pour compter les fibres, nous laisse un peu dans l'incertitude quant à
leur valeur.
Nous ne voudrions pas tirer trop rapidement, trop à la
légère, des conclusions à ce sujet. Entretemps, j'ai pris
des contacts avec des autorités médicales, celles du
ministère des Affaires sociales et d'autres autorités en
épidémiologie, pour avoir une idée des tendances des
maladies que l'on pourrait craindre, par rapport à la présence de
fibres d'amiante dans l'eau; or, nous ne constatons pas dans la région
de l'amiante une incidence plus élevée qu'ailleurs, une incidence
inquiétante, de maladies comme le cancer de l'estomac, par exemple.
Je souligne le fait que l'amiante est exploitée dans cette
région depuis de nombreuses décennies. Donc, même si nous
devons attacher beau- coup d'importance au temps d'exposition à
l'amiante, de quelque façon que ce soit, nous n'avons pas de raison de
croire que cette présence représente un danger certain à
la santé publique.
Nous continuons cependant de surveiller ce problème, parce que,
tout ce qui se rapporte à l'amiante, doit nous alerter à un
danger possible à la santé publique.
M. Léger: Dans la région que je viens de
mentionner, il y a eu des glissements de terrains, dernièrement, qui ont
amené qu'une bonne partie du système d'aqueduc et d'égout
a été démolie. Le ministère a-t-il fait une
étude là-dessus et a-t-il l'intention de donner une subvention
pour la réparation et la réinstallation du système
d'aqueduc et d'égout de la région de Thetford-Asbestos, où
il y a eu des glissements de terrains, surtout à Asbestos?
M. Goldbloom: Dans le cas d'Asbestos, M. le Président,
nous avons complété, aussi rapidement que possible, notre
étude des problèmes techniques. Nous venons, il y a une semaine,
de donner notre approbation, sur le plan technique, aux ouvrages
nécessaires, aqueduc et égouts, dans la région. Je pense
que cela nous permet d'envisager une solution assez rapide, d'autant plus que
nous allons, très clairement, donner de l'aide financière et une
aide substantielle que je ne peux chiffrer, aujourd'hui, mais qui sera
substantielle.
M. Léger: Quand le ministre parle de "substantielle", il
ne peut pas dévoiler le chiffre précis, mais est-ce dans les cinq
chiffres ou dans les six chiffres?
M. Goldbloom: Je n'oserais pas le dire, M. le Président.
Je n'ai aucune idée, présentement. Je n'ai pas reçu le
rapport de l'analyse financière, d'autant plus qu'il fallait avoir
l'approbation des services de protection de l'environnement, sur le plan
technique, pour être sûr que les ouvrages seraient ceux
prévus par les autorités municipales et, ensuite, en calculer le
coût. Il est possible que nous ne soyons pas en mesure de
déterminer, non seulement possible, mais probable, un chiffre
précis, pour notre aide financière, avant l'ouverture des
soumissions, parce qu'il faudra savoir le coût réel,
connaître le coût réel. Donc je peux tout simplement dire,
l'aide sera aussi généreuse que méritée par les
circonstances et par le fardeau financier déjà assumé par
les contribuables d'Asbestos.
Dans le cas de la région de Thetford, Black Lake et Thetford-Sud,
il y a un problème un peu particulier que no us cherchons à
résoudre sur le plan régional. Il y a des hypothèses de
solutions avancées par I'une et l'autre des municipalités. Pour
cette raison, nous n'avons pas voulu accepter d'emblée
l'hypothèse de l'une ou de l'autre, mais bien examiner
l'opportunité de retenir une suggestion quelconque.
Il y a aussi la préoccupation mentionnée tout à
l'heure par l'honorable député de Lafontaine, la présence
de fibres d'amiante. Nonobstant notre
impression présente qu'il n'existe pas de danger attribuable
à cette présence, si nous pouvons trouver une source d'eau
potable qui ne serait pas atteinte par des fibres d'amiante, nous serions plus
heureux, cela est clair.
Donc, nous poursuivons les études. Nous avons des raisons de
croire que certaines des suggestions faites par des municipalités
impliqueraient des dépenses exagérées ou inutiles. C'est
pour cette raison que nous voudrions déterminer une solution à la
fois sécuritaire et économique.
M. Léger: M. le Président, je suis quand même
un peu étonné que le ministre minimise le problème
puisque, l'année dernière, il y a eu des analyses publiées
dans les journaux qui étaient dramatiques et qui montraient que les
fibres d'amiante dans le système, ingurgitées par l'eau ou
autrement, étaient une matière non biodégradable qui fait
qu'il y avait des conséquences graves, non seulement pour les poumons
mais pour le système digestif. Je pense que le ministre devrait prendre
cela pas mal au sérieux et voir à ce qu'il y ait une solution
apportée, concernant l'ingurgitation de l'eau dans laquelle il y aurait
des fibres d'amiante.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Lafontaine répète ce que j'ai dit moi-même et à
répétition au cours de cette discussion. J'ai dit que nous
n'avons pas de preuve actuelle pour indiquer un danger à la
santé. Il faut commencer par cela. Cela ne veut pas dire que l'on
oublie, à partir de cette constatation, le problème possible; on
continue de le suivre. Je lui ai dit il n'y a pas plus de trois ou quatre
minutes que tout ce qui concerne l'amiante nous alerte à une
possibilité de danger à la santé publique. Je
répète ce que j'ai dit il y a quelques instants. Je ne traite
donc pas le problème à la légère. Je voudrais quand
même faire part à la population des constatations premières
que nous avons pu faire et ces constatations sont rassurantes. Aussi bien qu'on
le dise, plutôt que de laisser semer une panique inutile. Je ne dirais
pas la même chose en ce qui concerne les voies respiratoires, mais
l'évidence que nous avons jusqu'à maintenant ne nous inspire pas
une grande crainte immédiate quant au tube digestif. Nous allons
continuer de suivre de très près toute cette question. On sait
que le milieu médical est alerté davantage, je dis davantage,
parce que c'est depuis un bon moment que nos propres universitaires se penchent
sur le problème de l'amiante. Ces autorités universitaires sont
de plus en plus sensibilisées aux problèmes qui peuvent surgir.
Elles vont étudier la question de l'effet de l'amiante et sous ses
diverses formes, parce que l'amiante existe sous plusieurs formes, sur le tube
digestif.
M. Léger: Maintenant, sur quoi le ministre s'appuie-t-il
pour parler de l'évidence, pour affirmer ce qu'il vient de dire?
Est-ce qu'il y a eu des études dans les hôpitaux de la
région et comparativement aussi à l'analyse qui a
été faite dans les eaux de la région immédiate pour
affirmer que, d'une façon évidente, ce n'est pas aussi
dramatique? Est-ce qu'il y a eu des études, même au niveau des
hôpitaux?
M. Goldbloom: M. le Président, je ne pourrais accepter que
le député de Lafontaine ne fasse pas la distinction entre
l'analyse de l'eau pour y compter le nombre de fibres et les analyses
épidémiologiques qui se poursuivent, qui se font
régulièrement tous les ans et pour chacune des régions de
la province. Le ministère des Affaires sociales a des chiffres pour
l'incidence de chacune des maladies importantes. Or, la présence des
fibres est réelle, elle est plus élevée dans la
région de l'amiante qu'ailleurs dans la province, mais à
Montréal, à Québec et un peu partout dans la province, il
y a des fibres d'amiante dans l'eau potable. Or, il s'agit de savoir si cela
constitue un danger immédiat ou non. La première impression,
d'après les chiffres épidémiologiques, comparaison non
seulement à l'intérieur de notre province, entre la région
de l'amiante et les autres régions, mais entre notre province et les
autres provinces qui n'ont pas d'amiante, entre notre pays et d'autre pays qui
n'ont pas d'amiante et qui ne s'en servent pas, tout cela nous mène
à la conclusion que l'incidence paraît à peu près
identique dans tous les cas; identique, le mot est un peu fort, mais
comparable.
Deuxièmement, pour répondre plus précisément
à la question, il y a des études qui se poursuivent dans les
hôpitaux, des études pathologiques, c'est-à-dire des
relevés des résultats obtenus d'examens de tissus, tissus
enlevés par chirurgie et tissus d'autopsie et ce genre de travail est
nécessairement de longue haleine. Il faut aussi chercher par des
techniques raffinées à identifier les fibres d'amiante dans les
minces tranches de tissus que l'on peut examiner sous le microscope et cela
n'est pas du tout facile. Mais il est de toute évidence, que notre
collaboration avec le milieu médical est telle que nous devons
absolument suivre toute cette question pour identifier la relation possible de
cause à effet entre l'amiante et quelque maladie que ce soit que l'on
peut identifier.
M. Léger: Est-ce que le ministre veut conclure par
là que le ministère des Affaires sociales a conclu qu'au niveau
pathologique, dans la région de Thetford, les hôpitaux n'ont pas
trouvé, concernant le système digestif, les incidences
particulières venant de l'amiantose.
M. Goldbloom: Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce que j'ai dit est
que l'analyse préliminaire des chiffres épidémiologiques
n'indique pas une incidence plus élevée.
M. Léger: A Thetford?
M. Goldbloom: Oui. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a aucune
relation entre les cas qui ont existé et qui pourront exister et la
présence d'amiante dans cette région. Il faudra analyser cela
avec beaucoup de soins. Les analyses sont déjà en cours et je
pense que nous devons tous rendre hommage à notre collègue, le
député de Frontenac, qui est
acharné dans sa poursuite de la vérité
médicale, dans ces problèmes et également à
l'endroit de notre collègue de Richmond qui a la responsabilité
du secteur d'Asbestos et qui s'y intéresse d'une façon
très active. Je tiens à assurer le député de
Lafontaine et les autres membres de cette commission que ces deux
collègues sont en communication régulière et insistante
avec celui qui vous parle et, de mon côté, avec les
autorités compétentes en la matière.
M. Léger: Juste avant de terminer, M. le Président,
deux points. Je m'étonne que, devant les éloges que le ministre
fait, les députés concernés ne soient pas ici pour poser
des questions au ministre à ce sujet. De toute façon...
M. Goldbloom: M. le Président, ceci est pas mal
démagogique.
M. Léger: ... parce que le ministre vient de
féliciter. On discute du problème...
Le Président (M. Pilote): A l'ordre!
M. Léger: ... de la salubrité, etc., et ils ne sont
pas présents. Alors, je ne vois pas pourquoi le ministre fait des
félicitations là-dessus.
M. Goldbloom: Si le député de Lafontaine avait
averti ses deux collègues qu'il avait l'intention de poser des
questions...
M. Léger: Ce ne sont pas mes questions. Ce sont leurs
questions puisqu'ils sont intéressés à leur milieu.
M. Goldbloom:... ils seraient sûrement venus. M.
Léger: De toute façon...
M. Goldbloom: Oh! Ne charrions pas, M. le Président.
M. Léger: Avant de conclure, puisqu'on doit terminer
à midi, je voudrais dire au ministre que, comme il est très
intéressé à ce que ses crédits soient
adoptés, il n'est peut-être pas au point d'empêcher la
discussion sur des sujets très importants comme la salubrité du
milieu dont nous n'avons pas encore discuté, la pollution industrielle,
la pollution atmosphérique, des cas particuliers comme la Canadian
Copper, la Carter White Lead et la Chromasco. Nous aurons l'occasion de
reparler du domaine de l'environnement puisqu'on n'a pas tellement eu de temps.
Je pense qu'on a eu à peine une heure et demie, jusqu'à
maintenant: une demi-heure aujourd'hui et une heure la dernière fois.
J'espère que le ministre convoquera à nouveau la commission
parlementaire pour continuer l'étude des crédits de
l'environnement.
M. Goldbloom: En toute sérénité, je voudrais
attirer l'attention du député de Lafontaine sur le fait que nous
avons maintenant consacré au moins 22 heures à l'étude des
crédits et que, si nous avons consacré tout ce temps, c'est
évidemment parce que quelqu'un a posé des questions.
Dans les faits, à part quelques interventions pendant une
séance, peut-être deux au plus, de la part de l'honorable
député de Johnson, seuls les membres du Parti
québécois ont posé des questions. Je ne devrais pas dire
"seuls" parce que certains collègues du côté
ministériel ont, de temps en temps, posé des questions. Nous
n'avons pas été assaillis de questions du côté
ministériel et je voudrais remercier mes collègues de leur
patience et de leur intérêt silencieux, mais c'est justement parce
qu'un autre député du Parti québécois a posé
des questions pendant des heures et des heures que nous ne sommes pas
arrivés plus tôt à l'examen des crédits de
l'environnement. Mais si le règlement de la Chambre prévoit une
durée limitée pour les crédits de chaque ministère
et pour les crédits dans leur ensemble, c'est sûrement pour
empêcher que des députés posent énormément de
questions d'un côté et ensuite se plaignent qu'ils n'aient pas eu
le temps d'en poser d'autres. C'est au Parti québécois de choisir
ses questions.
Le Président (M. Gratton): ...
M. Léger: M. le Président, il faut admettre une
chose. Le ministère des Affaires municipales est une chose et la
responsabilité de l'environnement qui était dévolue
à un ministre auparavant est une autre chose. La partie de
l'environnement est une question de plus en plus importante et, comme je voyais
le ministre dire à l'émission Appelez-moi Lise qu'il était
une voix dans le désert, je voudrais l'accompagner dans son
désert pour qu'on puisse éclairer davantage la population sur les
problèmes de l'environnement. Ce n'est pas avec une heure et demie de
discussion sur l'environnement que nous avons touché à fond ce
domaine et je connais suffisamment bien le ministre pour savoir qu'à la
première occasion, il va accepter de revenir en commission parlementaire
pour discuter de la question de l'environnement.
M. Goldbloom: M. le Président, un dernier mot. Justement,
nous n'avons pas insisté sur les dix heures réglementaires et,
reconnaissant ce que vient de souligner le député de Lafontaine,
nous y avons consacré plus de 20 heures. Alors, on aurait pu donner dix
heures aux Affaires municipales comme telles et dix heures à
l'environnement comme tel. Si ce n'était pas le choix qui a
été fait... Ce choix relève du Parti
québécois et, quant à aller dans le désert, M. le
Président je choisirai mes propres compagnons.
Le Président (M. Gratton): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 4)