Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Présentation de mémoires sur le projet
de loi no 107
(Dix heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs!
La commission élue permanente des affaires municipales se
réunit aujourd'hui pour l'audition des mémoires sur le projet de
loi no 107, Loi instituant la Régie du logement et modifiant le Code
civil et d'autres dispositions législatives.
Les membres de cette commission sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M.
Caron (Verdun), M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Gratton (Gatineau)...
M. Scowen: Non, remplacé par Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Le Président (M. Laplante):... remplacé par M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce); M. Guay (Taschereau), M. Mercier
(Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Roy (Beauce-Sud), M. Shaw
(Pointe-Claire), M. Tardif (Crémazie).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska)...
M. Cordeau: M. Grenier, ce matin, remplace M. Fontaine.
Le Président (M. Laplante):... remplacé par M.
Grenier(Mégantic-Compton);M.Goldbloom(D'Arcy McGee), M. Lacoste
(Sainte-Anne), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M. Samson
(Rouyn-Noranda). M. Scowen est-il remplacé par quelqu'un?
M. Scowen: Par M. Lavoie (Laval).
Le Président (M. Laplante): M. Lavoie...
Des Voix: La voix d'Ottawa.
Le Président (M. Laplante):... (Laval) remplace M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) et M. Vaugeois (Trois-Rivières).
Je vais nommer les organismes convoqués aujourd'hui et c'est la
position qu'ils vont avoir dans la journée: 1) la
Fédération des associations de personnes âgées en
résidence du Québec et le Front commun des locataires; 2) les
Centres locaux de services communautaires et le Centre des services sociaux du
Montréal métropolitain; 3) le Comité des citoyens du
quartier Saint-Sauveur Inc.; 4) la région de Montréal-Centre du
Parti québécois; 5) la Ligue des propriétaires de
Montréal Inc.; 6) l'Association des propriétaires de maisons
mobiles.
J'appelle maintenant la Fédération des associations de
personnes âgées en résidence du Québec et le Front
commun des locataires. Je vous prierais d'identifier votre organisme,
d'identifier les person- nesqui vous accompagnent et aussi d'essayer le plus
possible, en vingt minutes, de résumer le mémoire que vous avez
pour que pendant le reste de l'heure parce qu'on a établi
à peu près à une heure l'intervention de chaque groupe
les membres de cette commission puissent avoir le temps de vous poser
des questions. La parole est à vous.
Fédération des associations de
personnes
âgées en résidence du
Québec et
Front commun des locataires
M. Moreau (Roger): M. le Président, la
Fédération des associations de personnes âgées en
résidence sera représentée par M. Haché pour la
présentation du mémoire. M. Roméo Haché est membre
de l'Association du comité du logement du projet Place du Nord; Mme
Hébert, membre de l'Association des résidents de l'Oasis de
Laval, sera le porte-parole pour répondre aux questions, M.
Haché.
M. Scowen: Voulez-vous vous identifier?
M. Moreau: Je suis Roger Moreau, CLSC de
Montréal-Nord.
Le Président (M. Laplante): Vous pouvez y aller, M.
Haché.
M. Haché (Roméo): Présentation du
mémoire de la Fédération des Associations de personnes
âgées en résidence du Québec à la commission
parlementaire des affaires municipales pour l'étude du projet de loi
107.
M. le Président, la Fédération des Associations de
personnes âgées en résidence du Québec Inc..
Le Président (M. Laplante): M. Haché, est-ce que
vous voudriez approcher votre micro le plus possible, s'il vous
plaît?
M. Haché (Roméo): Excusez-moi. La
Fédération des Associations de personnes âgées en
résidence du Québec Inc. a déjà soumis au ministre
des Affaires municipales des mémoires faisant état des principaux
problèmes qui nous affectent comme locataires. En juin 1977, nous avons
tenté d'attirer l'attention du groupe de travail du ministre des
Affaires municipales sur certaines situations injustes que nous affrontons
quotidiennement et qui sont engendrées, entre autres, par la structure
légale qui a prévalu jusqu'à maintenant. L'orientation du
livre blanc et du présent projet de loi 107 ne règle pas à
la racine nos multiples problèmes. Aujourd'hui, notre propos n'est pas
de décrire toutes ces situations, mais de formuler des recommandations
d'amendements au projet de loi 107 et de demander des dispositions
législatives particulières qui régissent le secteur des
résidences privées pour personnes retraitées.
Une large manoeuvre d'exploitation existe au niveau des capitaux
provenant des sociétés publi-
ques et d'entreprises privées. Un exemple, qui parle par
lui-même, vous est donné en page 2 du présent
mémoire: Plus de $17 millions pour 318 chambres. Trop de
propriétaires ont vu dans la clientèle âgée
l'occasion de faire une piastre. En page 3, nous énumérons
quelques facteurs d'exploitation par le biais du loyer et les quelques formes
d'injustice dans l'administration de l'actuelle commission des loyers à
cause d'une loi inadéquate. Le législateur a-t-il reçu le
mandat d'aider ces propriétaires à réaliser leur profit ou
celui de garantir le respect du droit à un logement décent et
à un prix équitable pour tous les citoyens? (10 h 30)
Le législateur croit-il encore aujourd'hui, en 1979, que les
propriétaires n'ont aucune responsabilité sociale à
l'égard de leurs locataires? Appuyés sur des faits et des
expériences pénibles, appuyés aussi sur des droits
fondamentaux reconnus par nos institutions démocratiques, tels que le
droit à un logement décent et adapté aux besoins de la
vieillesse, nous traçons en page 4, 5 et 6 quelques grandes lignes sur
lesquelles la loi devrait se baser et nous soumettons, de la page 7 à la
page 12, des propositions d'amendements qui s'imposent au projet de loi
107.
Enfin, la résidence pour personnes âgées
étant devenue une nouvelle forme d'habitation, il est maintenant
nécessaire d'ajouter au Code civil un chapitre traitant de ces
résidences. Nous suggérons que ces dispositions
législatives particulières constituent le chapitre XII, des
articles 1666 à 1666.16.
Nous demandons à la commission parlementaire de prendre position
aujourd'hui face à tant de laisser-faire, de complicité de la
part des gouvernements antérieurs pour qu'enfin il y ait un peu plus de
justice dans le secteur des rapports entre locateurs et locataires en
général, et dans le secteur du logement pour personnes
âgées en particulier.
Nous exigeons un contrôle strict des loyers par la révision
des loyers de base et par le contrôle des augmentations annuelles. Nous
suggérons un formulaire beaucoup plus complet que le RN-1. Nous exigeons
que soit retirée la méthode de calcul de l'indexation de profit
net. Nous demandons, en ce qui nous concerne, la négociation collective
des baux et les moyens de négocier.
Il est urgent de mettre fin au climat d'anxiété
imposé aux vieux dans ces résidences et c'est là votre
responsabilité. Ceci est tellement urgent que nous vous demandons que la
loi nouvelle soit effective au 1er mars 1979.
Nous aimons croire qu'il y a ici assez de gens honnêtes pour que
les choses changent et que le mal soit enlevé à la racine.
Merci de nous avoir donné cette occasion d'exprimer notre
position sur cette question primordiale pour nous.
Merci!
Le Président (M. Laplante): C'est tout? Je vous remercie,
vous avez fait ça vite. M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je désire remercier
l'Association des personnes âgées en résidence du
Québec, non seulement les trois personnes, Mme Hébert, MM.
Haché et Moreau, qui font les représentations, mais
également les personnes âgées qui ont accompagné
leurs représentants.
En effet, on fait état, dans la présentation, du fait
qu'on est déjà venu me rencontrer, plus précisément
à Montréal, dans mon bureau de comté, pour me faire
état d'un certain nombre des problèmes qui ont été
vécus, problèmes concrets, très réels, qui ont
été vécus par les personnes âgées,
particulièrement dans les résidences mentionnées, que ce
soit l'Oasis de Laval, ou les Cascades ou les autres. J'aimerais, pour le
bénéfice des membres de la commission qui n'ont pas eu ces
contacts privilégiés que j'ai eus avec vous autres, que vous
puissiez faire état de ces problèmes concrets. Je comprends que
vous proposez également des remèdes, des façons de
corriger ces situations. Là-dessus, également, nous allons
prendre bonne note de votre mémoire et de vos représentations,
mais il y a, je pense, dans les problèmes que vous avez soulevés
dans votre mémoire, dans ceux que nous avons eu l'occasion de discuter
lors de nos rencontres antérieures, une dimension qui déborde
strictement la loi 107. A titre d'exemple, vous demandez que les personnes
âgées soient impliquées dans tout le processus
d'élaboration des logements pour personnes âgées, depuis
leur conception, leur emplacement, même jusqu'aux plans et devis et la
gestion par la suite. J'aimerais que vous donniez des détails
là-dessus. Si je comprends bien votre mémoire, ceci tant pour les
logements publics que privés.
Or, vous savez comme moi qu'il y a une catégorie de logements qui
sont, je dirais, des logements entre les deux. C'est-à-dire des
logements qui sont gérés par des organismes à but non
lucratif, donc à but non lucratif privé, mais dont les fonds
proviennent en grande partie des fonds publics. Sur cela aussi on peut se poser
des questions et j'aimerais savoir si vous avez des commentaires
là-dessus également. Je pense que si on commence par ce
point-là et qu'on aborde par la suite certaines des recommandations de
votre mémoire, on pourra peut-être permettre à la
commission et aux autres membres de la commission d'apprécier vraiment
un certain nombre des problèmes vécus et par la suite
peut-être mieux apprécier l'ampleur du remède
proposé.
Le Président (M. Laplante): Avant de donner la parole
à Mme Hébert, on me demande de faire deux changements parmi les
membres et intervenants de la commission, que les membres de la commission
pourront accepter ou rejeter. En remplacement de M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce), dans les intervenants, on m'avait donné M.
Lavoie (Laval) et on me dit de le remplacer par M. Blank (Saint-Louis). Parmi
les membres réguliers, on me demande qu'au lieu d'être un
intervenant M. Alfred (Papineau) remplace M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes)
comme membre.
Une Voix: Accepté.
Le Président (M. Laplante): Merci. Mme Hébert.
Mme Hébert (Juliette): Je pourrais peut-être
commencer par la construction des édifices.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux simplement appuyer la suggestion de M. Tardif,
mais je veux ajouter une demande. Peut-être pouvez-vous nous renseigner
un peu sur le pourcentage des résidences pour personnes
âgées qui sont dans les trois secteurs privé, public et
parapublic. Quelle est l'importance du secteur privé dans ce domaine? Si
vous avez cette information j'aimerais l'avoir aussi dans le cours de votre
intervention ici.
Mme Hébert: Pour le moment, je crois que le secteur
privé est plus important que le secteur public. On est en face du
problème, justement, que des gens ont besoin de la subvention du loyer
et qu'ils ne sont pas dans un milieu adéquat quant aux services
nécessités par leur état. Ce sont des
propriétés privées qui, en somme, sont des blocs
d'appartements ordinaires auxquels on a ajouté quelques services comme
le service d'infirmière 24 heures par jour. Un médecin vient
faire son bureau dans cet endroit. Il paie son loyer, les locataires paient
pour, mais les activités ne sont pas suffisamment organisées
quand il s'agit du secteur privé parce que les personnes
âgées ont besoin d'activités sur place. Alors, on trouve
que la construction publique comme telle, qui existe dans le moment, n'est pas
adéquate pour répondre aux besoins de la personne
âgée au point de vue des services adéquats, de l'espace
nécessaire. Cela n'a pas été prévu suffisamment,
quand cela l'est, et ce n'est pas assez actif parce qu'on n'a pas d'aide
gouvernementale dans le secteur privé pour établir ces
choses-là pour que la personne âgée ait ce dont elle a
besoin. Je mélange peut-être un peu service social et services
municipaux, parce que cela se lie facilement; nous avons besoin des deux
services. Mais pour revenir à la construction d'édifices
privés, comme on les appelle dans le moment, ce qui arrive, c'est que
les propriétaires construisent avec l'argent du gouvernement ou c'est
endossé par la Société centrale d'hypothèques et de
logement fédérale de telle sorte qu'ils ne font pas de mise de
fonds. A partir de là, déjà, le loyer est trop haut parce
qu'il faut rembourser la mise de fonds, les intérêts, il faut tout
faire.
Dans le mémoire, on explique pas mal ces détails qui sont
techniques, mais on voudrait que toutes les maisons appartiennent au
gouvernement, de telle sorte qu'on cesse de faire l'exploitation par la
revente, le bénéfice à chaque vente et l'augmentation des
taxes parce que l'évaluation devient plus forte. C'est tout un rouage de
choses qui s'accumulent et qui font que, finalement, le loyer devient trop
élevé par cette spéculation et, ensuite, il faut demander
une subvention du loyer parce que forcément les gens qui ont un revenu
fixe de pension ne peuvent pas subir ces augmentations indéfiniment.
Si on ne fait pas réviser un loyer de base, si on ne fait pas
réviser le système de construction ou le système de
prêts ou l'indexation du projet net du propriétaire il y a
tellement de choses, que je ne peux pas vous les nommer en quelques minutes
si on ne révise pas tout ça d'une façon
équitable pour les deux parties, c'est le locataire qui est
exploité, ce sont tous les citoyens qui sont exploités
après, parce qu'il faut demander une subvention du loyer et ça
retombe sur les taxes de tout le monde, pour ne faire profiter que
quelques-uns. Ils profitent de l'argent du gouvernement pour se construire de
beaux commerces que personne n'aurait dans les mêmes conditions. Ils
construisent avec leurs compagnies de construction, ils font leurs profits
à ce niveau, ensuite, ils exploitent le commerce, ils refont un profit
sur l'administration, sur les revenus que ça rapporte. En plus, on
trouve qu'ils font pitié, alors on indexe le profit net sous
prétexte qu'ils ne peuvent pas replacer ce capital ailleurs.
Ils capitalisent et, en plus, on donne 6% dans le moment sur le profit
net quand ils peuvent encore prendre ce capital et le replacer ailleurs. Il y a
beaucoup d'injustices au niveau du locataire. Il y a beaucoup d'exploitation
des personnes âgées et on en fait des assistés sociaux de
cette façon par le rouage de l'exploitation d'une loi qui n'est pas
adéquate. On demande des amendements au niveau de la construction, que
les sommes du gouvernement, les sommes publiques, restent des édifices
qui appartiennent au public. Des bons constructeurs peuvent faire des
soumissions publiques, ensuite on peut surveiller le genre de construction
après, que ce soit des plans approuvés par le gouvernement, pour
être sûr que ça réponde aux besoins des personnes qui
vont y vivre. Et on peut limiter la spéculation sur ces édifices
pour maintenir le loyer aussi équitable que possible face aux
engagements vis-à-vis du gouvernement.
On demande que le fédéral coopère avec le
provincial à ce niveau, parce que pour le moment le gros handicap est de
ce côté. Il n'y avait pas de lois provinciales, semble-t-il, qui
ont juridiction sur les constructions du fédéral. Alors on va au
fédéral, le fédéral prête et, ensuite, on a
des tas d'embêtements et on n'a personne à qui s'adresser parce
que c'est le fédéral qui en a donné bien trop pour ce qui
a été construit avec ça. Je pense qu'il y a des
têtes à découvrir de ce côté et il faut les
trouver.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
ministre?
M. Tardif: Je préférerais attendre que les autres
membres de la commission aient posé leurs questions.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Vos suggestions tombent dans deux domaines,
d'après moi. Premièrement, toutes les questions de participation
dans la construction et dans le choix de l'endroit pour les immeubles pour les
personnes âgées. Je me demande si vous prévoyez que cette
partie de vos recommandations soit inscrite dans le projet de loi 107. Il me
semble qu'à première vue c'est une question de normes, de
pratiques, soit de la Société d'habitation, soit de l'Office
d'habitation de Montréal.
Est-ce que c'est quelque chose que vous croyez qui doit être
inscrit dans la loi même? Ou est-ce que c'est une suggestion qui va en
parallèle avec les idées qui sont inscrites dans la loi
même?
Mme Hébert: On pense que toutes les précautions
doivent être prises pour que personne ne se faufile à
côté de la loi, qui n'est pas spécifique, pour pouvoir en
abuser à son gré. C'est ce qui a été fait tout le
temps. Les personnes qui décident les lois doivent consulter les
personnes âgées. Nous faisons des réunions avec tout le
monde, on leur demande ce dont ils ont besoin, on vit avec eux; personnellement
je vis avec eux depuis six ans et je les aide depuis six ans. Je sais que ce
n'est pas une personne jeune, qui n'est pas dans le milieu qui peut se rendre
compte exactement des besoins de la personne âgée, tant au niveau
des services à l'intérieur, de la grandeur des pièces, du
service d'une cafétéria ou de gens qui sont pris en pension. Il y
a des tas de choses qui sont les besoins immédiats de la personne
âgée. Et cela coûte énormément cher. On paie
pour et on ne les a pas, parce qu'il n'y a pas de loi qui régit le
secteur privé. Ils font ce qu'ils veulent et nous on paie, et on paie ce
qu'ils veulent nous demander. Et à la régie, c'est un autre
micmac et on y goûte.
M. Scowen: Votre recommandation numéro 11, "Que soit mise
en place une politique de développement à long terme visant
à ce que l'entreprise privée disparaisse complètement du
secteur des résidences pour personnes âgées", simplement
pour que je comprenne exactement vos intentions, est-ce que vous
prévoyez une loi pour défendre qu'un entrepreneur privé
ait la permission de construire une maison destinée aux personnes
âgées qui reçoivent des subventions?
Je ne vois pas, à première vue, comment vous pouvez
développer une telle politique, ou une telle loi, à moins que
vous nationalisiez la plus grande partie du secteur de l'habitation. (10 h
45)
Mme Hébert: Là, je vais vous répondre dans
mes termes, parce que je ne suis pas avocate. Seulement, une chose qui est
certaine, c'est que, sur certains contrats de grosses constructions de
logements privés qu'on loue à des personnes âgées,
j'ai vu qu'il y avait, en vertu des privilèges du National Housing Act
(1954), certains privilèges. Il y en a un, entre autres, auquel on a
prêté $6 800 000, parce que la Société centrale
d'hypothèques et de logement a endossé en vertu de cet acte,
semble-t-il. Je n'ai pas eu le temps de tout lire, j'ai été
à la bibliothèque tout à l'heure pour en avoir une copie,
mais j'ai vu que c'était en vertu de ce privilège-là.
Ce qui arrive, c'est que le secteur privé va chercher l'argent du
gouvernement ou emprunte dans des banques, des compagnies d'assurances, et se
fait endosser par le gouvernement. Vous avez en première page les $17
millions. Cela a été $13 millions qui ont été
prêtés pour construire 318 chambres. C'est la
Société centrale d'hypothèques et de logement qui a
payé les $400 000 qui étaient dus à la ville de
Montréal, parce que c'était construit sur un terrain
détenu par bail emphytéotique. Les gens n'avaient pas
déboursé pour cela. Ils n'avaient payé aucun loyer, aucune
taxe foncière, aucune taxe d'affaires ou quoi que ce soit depuis que
cela avait été loué au début. De plus, ils
n'avaient fait aucun remboursement sur l'emprunt ni payé aucun
intérêt, de telle sorte que la Société centrale
d'hypothèques et de logement, après avoir prêté $13
500 000 à ces gens-là, qui ont construit avec leur propre
compagnie de construction, a simplement pris toutes les dettes
accumulées, ce qui a fait au-delà de $17 millions. Nous trouvons
qu'avec ces $17 millions, elle aurait pu construire au moins six maisons
équivalant à la nôtre avec 350 logements, non pas des
chambres, mais des studios de deux pièces et demie, de trois
pièces et demie. On trouve que c'est un abus et c'est à ce niveau
d'abus qu'on dit: Si la construction de résidences pour personnes
âgées était toute la propriété du
gouvernement, puisque c'est construit avec l'argent du gouvernement, cela
n'empêcherait pas les constructeurs privés de faire des
soumissions publiques pour construire. Ce serait au moins contrôlé
quant au coût de construction, à la qualité de la
construction, et bien vérifié avant que les plans ne soient
changés aussi, parce qu'ils présentent une telle affaire, ils
modifient ensuite et nous autres, on paie.
M. Scowen: Je vous comprends maintenant, c'est parfait. Si je
comprends bien, ce que vous suggérez, c'est que le secteur privé
ne soit plus subventionné par le gouvernement dans le domaine des
résidences pour les personnes âgées.
Mme Hébert: Qu'il n'y ait plus de résidences
privées.
M. Scowen: Oui parfait.
Mme Hébert:... parce que la personne
âgée...
M. Scowen: Puis-je simplement... parce qu'il y en a d'autres qui
attendent et que j'ai une dernière question à vous poser?
Mme Hébert: Oui.
M. Scowen: II y a une partie de ce projet de loi qui commence
avec l'article 1661 qui concerne les "dispositions particulières au bail
d'un logement à loyer modique". C'est toute la question de la liste
d'admissibilité. J'ai vécu, dans mon comté, à
Montréal, certaines expériences avec les person-
nes âgées qui cherchent un foyer, un logement à
loyer modique, qui sont sur une liste d'admissibilité qui contient
peut-être quelque 1000 noms et qui ont beaucoup de misère.
Avez-vous, de la part de votre organisation, des suggestions à faire
pour améliorer ou changer le système actuel qui existe, par
exemple, à Montréal, pour ce qui concerne le système
d'admissibilité, le système dont on se sert pour décider
de la priorité des personnes? Avez-vous étudié cette
question?
Mme Hébert: II y a plusieurs personnes que je dois placer
dans d'autres immeubles parce qu'elles n'ont pas chez nous les services dont
elles ont besoin. Je me heurte à cette difficulté qu'il n'y a pas
moyen de savoir quoi que ce soit. Il s'en construit dans le moment à
Laval. Quand on demande l'admission de ces personnes, on nous dit: II y a
déjà 2000 demandes. Oui, ils sont tous en foyer clandestin et on
va les vider parce que c'est honteux; tenir du monde là-dedans, ce n'est
pas humain pour plusieurs. Pour le moment, on les cache, mais on va remplir les
autres maisons. Quand les maisons se construisent, on aimerait avoir, avant
qu'elles soient construites, toute l'information dont on a besoin pour voir si
les décisions seront prises de façon adéquate par rapport
aux besoins ou si on a des amendements à proposer avant que cela soit
fait.
M. Scowen: Oui, je posais la question simplement parce que, dans
votre mémoire, vous n'avez fait aucun commentaire sur l'article 1661 et
les suivants. Je me posais la question. C'est une partie importante. Vous
êtes contente, en effet, des propositions du projet de loi 107?
Mme Hébert: Vous me posez la question sur un chapitre
nouveau qu'on veut ajouter au Code civil. C'est notre première
expérience dans ces choses; alors, on voudrait avoir des lois bien
adéquates. On vous donne de l'information sur nos besoins, on vous dit
qu'il est nécessaire d'avoir dans le Code civil un chapitre qui va
régir la question des résidences pour personnes
âgées parce que c'est quelque chose d'important.
M. Tardif: J'aurais une question à poser à Mme
Hébert. Lorsque vous parlez de résidences pour personnes
âgées, je ne suis pas sûr si vous parlez d'abord de
logements, deuxièmement de centres d'accueil et d'hébergement ou
des deux, ou de chambres. Il nous semble parfois que vous parlez de
logements.
Mme Hébert: C'est parce que cela les comprend tous.
M. Tardif: Oui, mais...
Mme Hébert: Dans ce sens que la personne âgée
a des étapes différentes dans son vieillissement. Alors, elle est
autonome, elle est semi-autonome, elle n'est plus autonome du tout et elle est
grabataire.
M. Tardif: D'accord.
Mme Hébert: A ce moment, il faut différentes sortes
d'habitations, parce que c'est inutile, au premier stage de la retraite, quand
la personne est parfaitement autonome, de mettre tous les services dont elle
aura besoin dans 10, 15 ou 20 ans.
M. Tardif: Remarquez, vous avez tout à fait raison de dire
qu'il y a une continuité finalement entre ces types d'institutions. On
pourrait même penser aux services disponibles à domicile avant de
penser aux institutions, pour assurer une continuité complète. Je
voudrais aussi seulement vous dire que, dans le cadre de cette loi 107, ce dont
on parle, ce sont des relations finalement entre les propriétaires et le
locataire dans du logement. Lorsqu'on parle des centres d'accueil qui sont sous
l'autorité ou conventionnés en vertu de la Loi sur les services
de santé et les services sociaux, ce n'est pas que vos remarques ne sont
pas pertinentes, mais elles sont en dehors du sujet de cette loi et du mandat
qu'a cette commission, même si on peut évidemment transmettre
à mon collègue des Affaires sociales les représentations
qui le concernent.
Mme Hébert: Oui, je faisais plutôt un exposé
pour qu'on comprenne bien l'état de la personne âgée, ses
besoins.
M. Tardif: Mme Hébert, si vous me le permettez, je vais
essayer d'être court et je vous demanderais de l'être aussi, parce
qu'il y a beaucoup de membres qui veulent vous poser des questions. L'autre
point, c'est que vous avez tenté d'illustrer un exemple, de dire: Voici
comment des promoteurs privés bâtissent. Est-ce que vous voulez
donner cet exemple de façon concrète? De quel endroit s'agit-il,
qu'est-ce qu'on y a fait? Voulez-vous le décrire pour cette
commission?
Mme Hébert: Je peux donner des noms? On a fait
enquête sur plusieurs maisons. Nos problèmes découlent de
ces choses-là. On a l'Oasis de Laval, qui est du secteur privé.
Il y a la résidence du Confort, ou il y a un tas de problèmes,
avec différents propriétaires, de revente, de spéculation,
des tas de choses. On vit le problème au sujet de l'Auberge Renaissance,
sur la rue Sherbrooke, le 425, qui est présentement fermée et qui
a coûté à la Société centrale
d'hypothèques et de logement au-delà de $17 millions. Notre
problème pour le moment est vécu dans nos difficultés au
niveau du secteur privé, puis des lois de la régie, d'abord, le
prix du loyer et, ensuite, le contrôle de la régie, qui est
extrêmement difficile pour une personne âgée, tel qu'il est.
C'est pour ça qu'on demande la négociation du bail collectif
mais, au niveau de la construction, c'est la construction privée qui est
notre gros problème dans le moment.
Quand je parle des autres constructions qui appartiennent au
gouvernement, il y en a qui découlent plus des services médicaux,
mais j'attire l'attention sur les étapes, parce qu'on voudrait que
dans le secteur privé il y ait le préhébergement.
On dit: Ce n'est pas nécessaire, parce qu'une personne commence à
être handicapée, d'être à la charge de l'Etat. Si
elle avait, dans le secteur privé, une chambre quand elle ne peut plus
habiter un logement, mais qui est attenant au service des infirmières,
quand elle a besoin de soins, de s'habiller et de se déshabiller...
Le Président (M. Laplante): Mme Hébert, vu le
nombre impressionnant des membres qui voudraient parler...
Mme Hébert: Oui, je sais bien, mais je donne un
aperçu...
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Mme Hébert: ... cela éliminera peut-être bien
des questions.
Le Président (M. Laplante): Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce... d'autres questions...
Mme Hébert: Parce qu'au niveau du secteur privé,
c'est ça. On veut du préhébergement et la personne va
payer pour ces services, mais on veut un contrôle sur les services
qu'elle sera capable de payer avec l'argent qu'elle a. On veut qu'elle paie un
loyer équitable, autant pour le propriétaire que pour le
locataire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. Caron a une question concernant...
M. Caron: Dans le même ordre d'idées, je comprends
mal, j'ai du mal à saisir. Les admissions dans ces places, est-ce que
vous êtes satisfaits de la façon dont la sélection se fait
ou si vous avez des suggestions à faire à la commission?
Mme Hébert: Pour les admissions, présentement, dans
le secteur privé, tout ce qu'on vous demande, c'est d'être
autonome et sain d'esprit, parce que dès que vous n'êtes plus
autonome ou pas trop sain d'esprit, vous avez cinq jours pour sortir.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je vais passer la parole
à mon collègue parce qu'il doit s'absenter tantôt.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, j'écoute
l'exposé que Madame nous fait ici et je n'ai pas besoin de vous dire que
j'étais dans le secteur depuis quelque temps. Je me suis attardé
sur l'article 11 et votre recommandation de la page 5, que je trouve
passablement radicale. Sans vouloir faire de politique, l'hébergement
des personnes âgées en centres d'accueil a été
réalisé sous le gouvernement de l'Union Nationale en 1966 et 1970
et, après ça, on a fait une transformation qui, je pense, a
été bonne. Le gouvernement qui a suivi a décidé,
après, qu'on ferait du centre de jour davantage. Je pense que cela a
été une bonne politique de l'ancien gouvernement.
Maintenant, quand vous dites que ça doit disparaître
complètement, je ne partage pas votre opinion là-dessus. Le
secteur privé ne doit pas disparaître complètement, parce
que dans ces résidences, si vous habitez Montréal... J'ai eu
l'occasion de parcourir toutes les résidences de personnes
âgées du Québec et, dans les résidences
privées, il y a deux sortes de gens qui y habitent. Il y a les gens
très riches et il y a les gens très pauvres, des gens très
riches qui paient le gros prix pour être là et des gens
très pauvres qui n'ont pas de place dans les résidences
publiques, les résidences d'Etat. Il y a ce monde très riche dans
des maisons cossues, bien faites, comme celles que vous avez
mentionnées, qui n'ont de beau que le nom, qui demeure dans ces
résidences. Ils sont peut-être heureux de le faire et ils sont
heureux pour deux raisons: pour avoir des services qu'ils n'auraient
peut-être pas plus dans des résidences publiques, mais surtout
parce que, n'étant pas dans des résidences publiques, elles ne
sont pas obligées de dévoiler leur avoir. C'est la raison
principale pour laquelle, souvent, elles se retrouvent là-dedans.
Maintenant, je dis que, quand on veut corriger une situation comme celle
que vous proposez ce matin, on peut désirer voir la disparition du
secteur privé, mais je peux vous dire qu'en province, en dehors de
Montréal, ce n'est pas tout à fait la même chose. Il y a
des maisons, des institutions privées pour personnes âgées
qui correspondent très bien aux besoins des personnes. S'il fallait
faire disparaître ces maisons-là et en faire des entreprises
d'Etat, je ne suis pas sûr qu'on rendrait service à toutes les
personnes âgées.
Dans le moment, les étapes qui ont été franchies
dans ce secteur depuis 1966, peut-être 1967, et jusqu'à nos jours,
ont évolué, normalement, ont pris le temps qu'il fallait et cela
va bien, mais je ne voudrais pas qu'on s'attaque uniquement au problème
de la disparition du secteur privé. Si on pouvait, à ce
moment-là, trouver une formule, de votre part ou de la part d'autres
personnes, entre les deux. Je sais qu'il y a des correctifs à apporter.
Les abus dont vous parlez sont incroyables et il faut les vivre pour
connaître les abus de la part de propriétaires d'institutions
privées. Mais il me semble qu'il devrait y avoir un palliatif, qu'on ne
soit pas obligé de se lancer seulement dans le secteur privé. Le
gouvernement que vous avez en face de vous est très disposé
à étatiser les maisons du secteur privé, si bien que les
difficultés sont considérables vis-à-vis du secteur
privé, des personnes qui sont obligées d'avoir des subventions de
l'Etat. Si vous les avez vécues
de près, vous le savez. C'est extrêmement difficile, vous
le savez.
M. Alfred: M. le député de Mégantic-Compton,
vous nous accusez.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Grenier: Que l'étatisation vienne dans cela comme cela
peut se faire ailleurs, c'est possible. J'aimerais bien, par exemple, que vous,
comme fédération, si cela vous était possible, vous
proposiez un autre système. Je ne dis pas que le gouvernement veut
étatiser chacune des institutions, mais la volonté de ce
gouvernement vise à cela dans tous les autres secteurs. A partir de
là, il faut qu'il y ait des gens comme vous et des gens comme nous, de
l'Opposition, qui représentons 60% de la population, qui se fassent un
devoir de proposer autre chose que cela. Je trouve que la solution de faire
disparaître complètement le secteur privé n'est pas une
solution à laquelle il faut s'attacher. Il faut trouver autre chose que
cela. Je suis sûr que, si vous avez un peu de personnel-ressources, vous
pouvez proposer autre chose que cela au gouvernement pour qu'il y ait moins
d'abus et en même temps contrôler. Qu'il y ait un secteur
privé comme dans le domaine de l'éducation, le parallèle
est facile à faire. Qu'il y ait une compétition envers les
entreprises d'Etat. J'ai dirigé deux entreprises d'Etat et je sais ce
que cela coûte. Je sais que cela coûte presque le double du secteur
privé pour les personnes âgées qui y habitent. Il y a une
modification à apporter là.
Mme Hébert: Je pense que vous confondez des choses dans
votre affaire.
M. Grenier: Je n'ai pas voulu parler des HLM, je n'ai voulu
parler que des résidences dont vous avez fait mention.
Mme Hébert: Moi non plus. Je veux faire la
différence. Il y a une chose qu'il faut regarder. Dans le secteur
privé, c'est quand même un service qu'on rend au public quand on a
soin de personnes malades, parce que cela relève du ministère des
Affaires sociales. Alors, il y a une grosse partie qui découle de cela
et il faut qu'il y ait un contrôle sur les services qui sont
donnés. Que ce soit un service privé, cela peut entrer un peu
dans le domaine des foyers clandestins, si vous voulez, il faut qu'il y ait une
surveillance et des règles. Si ce secteur privé construit avec
l'argent du gouvernement, donc avec notre argent, il faut qu'il y ait des
règles au point de vue de la qualité de la construction, des
services qui seront donnés et du prix qui sera exigé. (11
heures)
Mais, à part cela, ce que je veux vous dire, que la personne soit
riche ou pauvre, quand on est malade, on est pas mal tous égaux, on a
besoin des autres pour nous aider. A ce moment-là, la personne qui
était une grande personnalité du temps où elle
était en forme peut devenir un navet à un moment donné et
elle va faire les mêmes dégâts que tout le monde. Il ne faut
pas qu'elle soit nécessairement avec des gens cossus, bien portants ou
mentalement bien portants. Il faut qu'elle soit avec des gens pareils à
elle pour ne pas qu'il y ait de différence. Quand je vais à
l'hôpital, même si mon mari a été chirurgien, j'ai
une chambre à trois lits comme tout le monde, et je n'ai pas un mot
à dire parce que c'est l'Etat qui paie.
Je suppose que quand on est âgé, il y a la
différence avec les gens qui ont de l'argent pour payer, et je ne trouve
pas qu'ils devraient être à la charge de l'Etat, pas du tout.
C'est justement ce qu'on demande, que le contrôle privé soit mieux
fait pour que les gens restent le plus longtemps possible capables de payer
eux-mêmes leurs frais de logement, d'habitation. C'est ce qu'on demande.
C'est là que le contrôle n'est pas assez grand, que cela devient
trop cher et qu'il faut demander une subvention à l'Etat. Les gens qui
n'ont jamais rien eu sont déjà choyés dans un sens qu'ils
ont déjà tout. Ils n'ont pas les mêmes besoins. Même
si on regarde Angélica, les gens ont $67 et quelques cents pour leur
argent de poche. Chez nous, il y en a qui n'ont même pas cela pour manger
pendant tout le mois parce que c'est un édifice privé qui leur
coûte trop cher pour leurs revenus. Je suis obligée de demander la
subvention du loyer pour eux. Ils mangent du riz, ils mangent des rôties
et ils vont chez le médecin chercher des vitamines et des
minéraux pour suppléer à leurs carences alimentaires.
C'est cela que ça veut dire. Venez visiter un peu, dans nos coins,
regarder les gens de plus près, les voir vivre et leur poser des
questions. Vous allez voir que ce n'est pas ce qu'on pense, que ce ne sont pas
tous des richards, il s'en manque, même si on veut que ce soit un
hôtel-appartements. Comme je dis toujours, la grenouille qui veut se
faire grosse comme le boeuf veut les nommer hôtels-appartements, parce
qu'eux se croient des personnes importantes comme instructeurs. C'est cela au
fond. On flatte ces gens-là.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez d'autres
questions, M. le député de Mégantic-Compton?
M. Grenier: Non, c'est seulement ce point-là que je
voulais évoquer. Merci, madame.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, j'ai été vivement
ému par le plaidoyer du député de Mégantic-Compton
qui semble plus intéressé au sort de l'entreprise privée
qu'au sort des personnes âgées. On pourrait peut-être
revenir justement aux besoins des personnes âgées. J'aimerais
savoir de la part de Mme Hébert...
M. Grenier: II n'a rien compris.
M. Guay: J'ai lu le mémoire au long et je vous en
félicite, d'ailleurs. J'ai l'impression que bon nombre de
recommandations sont faites en fonction d'une situation particulière que
vous décrivez, mais de manière incomplète. J'aimerais que
vous nous donniez plus de détail là-dessus. Au sujet de ces
fameux $17 millions qui semblent être le cas extrême
j'espère en tout cas auquel vous faites allusion, qu'est-ce qui
est arrivé au juste? Il s'agit de quoi? Il s'agit de quel immeuble?
Comment est-ce que cela s'est passé?
Mme Hébert: II s'agit de l'immeuble qui est situé
au 425 Sherbrooke est. C'est un immeuble qui a été... On a
d'abord demandé de construire une résidence pour personnes
âgées, on a obtenu ce permis. Pendant les Jeux olympiques, on a
demandé que ce soit transformé en hôtel. On l'a obtenu et
quand l'hôtellerie n'a pas marché beaucoup dans Montréal,
on a redemandé que ce soit de nouveau une résidence pour
personnes âgées. Alors, nous avions déjà, parce que
c'était le même propriétaire que chez nous... Apparemment,
c'est plutôt du côté de l'Union Nationale que sont les vrais
propriétaires, avec l'argent du gouvernement. Alors, ils ont
demandé certains...
M. Guay: Qui est propriétaire?
Mme Hébert: Les Immeubles Sherbrooke-est, dans le moment.
C'est pour cela d'ailleurs qu'on demande...
M. Guay: Qui est-ce que les Immeubles Sherbrooke-est? Qui
est...
Mme Hébert: On demande justement que les compagnies
s'identifient par les noms des personnes qui sont les vrais
propriétaires qui se cachent derrière cela. On a de la
misère à le découvrir, cela va sortir bientôt,
peut-être aujourd'hui. Je ne veux pas annoncer la nouvelle trop tôt
parce qu'elle va sortir. On a fait une investigation sérieuse sur tout
cela et sur d'autres choses aussi, mais concernant celui-là, puisque
vous me parlez de celui-là...
M. Guay: Mais qui est président des Immeubles...
Mme Hébert: Je peux le dire sans me faire cogner sur les
doigts?
M. Guay: C'est public. Les corporations...
Mme Hébert: D'après la charte ce serait M. Mario
Beaulieu qui est président.
M. Guay: L'ancien ministre de l'Union Nationale.
Mme Hébert: Oui, avec Pierre Masson, comme
vice-président. C'est pour cela que je disais: L'Union Nationale, ne
parlez pas trop vite.
M. Guay: Donc, c'est à l'emplacement... Si je comprends
bien...
Mme Hébert: L'ancien trésorier de l'Union Nationale
de 1972 à 1976, semble-t-il.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre!
M. Grenier: Oui, M. le Président, c'est le ministre qui a
fondé Loto-Québec qui finance actuellement le gouvernement du PQ.
C'est !e même ministre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Hébert: Ne m'en demandez pas trop.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je ne voudrais pas qu'on sorte du mémoire.
Mme Hébert: Ne m'en demandez pas trop, vous le lirez dans
les journaux.
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ... je veux simplement proposer qu'on retourne au
mémoire et aux problèmes des personnes âgées. Si le
Parti québécois et l'Union Nationale veulent faire une bataille
politique, ils peuvent la faire à l'Assemblée nationale. Le
problème est sérieux et je pense qu'on doit retourner au
mémoire.
Mme Hébert: Oui.
Le Président (M. Laplante): Complètement
d'accord.
M. Guay: M. le Président...
M. Alfred: J'invoque une question de privilège.
Des Voix: II n'y a pas de question de privilège.
M. Alfred: Une question de règlement.
Le Président (M. Laplante): Une question de
règlement sur quoi, M. le député de Papineau?
M. Alfred: Je pense que la question soulevée par le
député de Taschereau et les réponses de madame sont
très pertinentes, n'en déplaise au député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau, je vous demanderais de revenir à la pertinence du
mémoire.
M. Guay: Justement, M. le Président, dans la mesure
où le mémoire s'inspire d'une situation vécue, il me
paraissait important de savoir quelle était cette situation. Ce n'est
pas du tout pour mettre en cause l'Union Nationale.
M. Blank: Question de règlement. Le député
de Papineau a dit qu'on doit retourner au mémoire et à la
discussion. C'est peut-être vrai que tout cela est contenu dans le
mémoire, mais une partie du mémoire n'a rien à faire avec
le mandat de cette commission. C'est ça. Le mandat de la commission est
d'étudier le bill 107 et j'espère qu'on retournera à un
moment donné à ce bill.
Mme Hébert: J'aimerais bien ça qu'on me pose des
questions sur la Régie des loyers.
M. Blank: C'est ça. C'est pour ça que vous
êtes ici ce matin, vous avez raison.
Mme Hébert: Ce que j'avais à dire sur le reste, je
l'ai dit.
M. Blank: On n'est pas ici pour faire de la petite politique d'un
côté ou de l'autre.
Une Voix: Vous en faites tellement, vous aussi.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. Mme
Hébert: Non, non.
Le Président (M. Laplante): Sur la même question de
règlement?
Mme Hébert: Vous en avez trop demandé. M.
Tardif: M. le Président...
Une Voix: Les libéraux ne peuvent pas faire de petite
politique.
M. Blank: On fait de la grande politique, nous autres.
M. Guay: Quelle grandeur d'âme! M. Ouellette: Quelle
pureté!
M. Guay: Venant du député de Saint-Louis, je la
trouve suave.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il faut prendre en
considération non pas uniquement le cas particulier on laissera,
évidemment, Mme Hébert faire état des détails de
cette histoire comme elle le voudra et quand elle le voudra mais bien se
rendre compte d'une chose: que ce soit des particuliers ou sous la couverture
d'organismes sans but lucratif, des promoteurs obtiennent, à même
des fonds publics, des conditions de financement vraiment exceptionnelles. On
obtient un prêt à 100% avec une remise gracieuse de 10% de la
Société centrale; donc, on ne rembourse que 90% du prêt. On
obtient un taux d'intérêt préférentiel de 8% quand
ce n'est pas un taux d'intérêt inférieur encore et des
modalités de remboursement étalées sur une très
longue période. On bâtit un édifice, on fait son profit en
le construisant et, par la suite, soit directement par l'entreprise
privée, soit par le biais d'un organisme sans but lucratif de bonne foi
et intéressé à aider vraiment les bonnes gens, on s'en
remet à cet organisme qui ne peut pas arriver évidemment et qui
doit donc augmenter les loyers de façon considérable. Là,
on revient, évidemment, à la loi 107 et aux requêtes qui
sont formulées devant la régie pour fixer les loyers.
Alors, je pense que le problème du financement de ces organismes
par la Société centrale d'hypothèques et de logement est
très réel. On devra se pencher sur cette question. Finalement, ce
sont des deniers publics qui sont là et qui servent à des
entrepreneurs ou à des promoteurs à faire fonctionner la
machinerie. Mais après, on se retire et les gens sur place restent pris
avec les problèmes des loyers. C'est un problème réel, il
ne faut pas se le cacher.
Maintenant, on peut revenir à la loi 107, évidemment
à la compétence ou à la juridiction de la régie
pour corriger cette situation. Là-dessus, j'aimerais peut-être que
Mme Hébert, en réponse aux questions, nous dise
véritablement ce qu'elle attend de cette loi 107 et de la
régie.
Mme Hébert: Concernant la Régie des loyers, depuis
deux ans exactement, c'est moi à chaque fois qui représente les
locataires aux auditions de la régie. Tous les problèmes des
locataires, à ce niveau, c'est moi qui ai à les supporter,
à me déranger. Toutes les complications, je les connais à
fond parce que j'y ai goûté. La personne âgée n'est
pas capable de fouiller tout ce qu'on a à fouiller, nous, en
commençant par le coût de construction et les opérations,
tout ce qu'on a établi; après ça, prendre la formule RN-1,
fouiller là-dedans pour voir quelles sont les dépenses
déclarées par le propriétaire, parce que c'est fait
globalement.
Et après cela, il faut passer des heures debout, à un
comptoir parce qu'il faut que quelqu'un nous surveille à
feuilleter facture par facture, pour savoir sur quoi est basé le
coût d'opération et après cela, réfuter ces factures
devant un administrateur qui se fout de nous royalement, les trois quarts du
temps.
C'est le problème de la régie...
Le Président (M. Laplante): Si vous aviez des...
Mme Hébert: J'achève. Il n'y en a pas beaucoup ici,
je pense bien, qui sont allés à la régie pour leur loyer,
ils ne connaissent pas le problème de la régie. C'est cela
l'affaire. J'expose tout ce que la personne âgée a à faire
pour aller personnellement à la régie. Quand elle arrive devant
l'administrateur, le comptable ou l'avocat de l'associa-
tionn des propriétaires arrive, il est ferré, il est
armé, c'est son travail quotidien. Il sait exactement ce qu'il y a dans
le dossier. Tandis que nous, on l'apprend au fur et à mesure qu'on a une
preuve à faire.
Je trouve que c'est une injustice monumentale pour une personne
ordinaire. Pour une personne âgée, c'est encore pire. Quand elle
arrive, elle n'est pas initiée à ces choses-là; les trois
quarts du temps, elle est malade, elle a des difficultés de
concentration, elle a des pertes de mémoire. Elle arrive devant la
régie et elle est prise de panique. Et l'administrateur se moque de nous
en disant: Ils ne se souviennent même pas de ce qu'ils avaient à
dire. La personne âgée, cela revient lentement pour elle. Il faut
d'abord la mettre en sécurité, et ils ne font pas cela.
J'ai eu toutes sortes de problèmes avec la régie. Et je
demande sérieusement que des choses soient faites pour y remédier
en adoptant le formulaire qu'on a proposé, qui était d'ailleurs
une idée qui vient de quelqu'un d'autre. Mais il est basé sur
toutes les difficultés de preuve qu'on a à faire à la
régie pour en venir à un loyer équitable, tant pour le
propriétaire que pour le locataire, autrement, c'est le locataire qui
est exploité.
Si le propriétaire remplit le formulaire, le signe ou le fait
assermenter, au moins, on a quelque chose à temps pour faire la
négociation du bail collectif avec le comité de l'association des
locataires de chaque immeuble, pour en venir à une entente ou, du moins,
être préparé. Si le propriétaire met des choses qui
ne sont réellement pas acceptables, il ira à la régie
demander la permission de faire augmenter le loyer et on arrivera avec des
documents qu'on aura aussi eu le temps d'étudier.
Cela favorise la négociation à l'amiable, cela
empêche bien des abus par le fait qu'il faut que le propriétaire
le mette sur papier, qu'il le signe, et après cela, les administrateurs
compétents, s'ils sont de bonne foi, vont pouvoir dire: C'est cela que
vous avez écrit. L'ordinateur pourra alors donner sa réponse,
mais à la condition que l'ordinateur soit contrôlé lui
aussi. Dans le moment, même celui qui traduit en code ne garde pas de
dossier. Si on va en appel, il reprend le dossier complet et il refait des
petites notes, et remet cela dans l'ordinateur. On a deux ou trois dollars de
réduction, et on ne sait même pas s'il s'est trompé sur
certains montants. On ne sait même pas ce que l'administrateur a
donné à compter à l'ordinateur. Cela n'a pas d'allure.
C'est injuste.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Taschereau?
M. Guay: Mme hébert, pour être bien fixé
quant à vos revendications et à quel chapitre du projet de loi
cela pourrait s'adresser, la Fédération des personnes
âgées en résidence, comprend combien de résidences
privées du genre, à votre connaissance; Est-ce que ce sont
uniquement des chambres? Ou est-ce que cela peut être à la fois
des chambres et des appartements, des logements?
Mme Hébert: Notre expérience, c'est qu'il y en a
qui ont des grosses difficultés dans les HLM, comme le Fontainebleau.
Ils ont de grosses difficultés. M. Haché est dans des logements
qui... Non, il dit que c'est privé. M. Haché, son HLM, c'est un
autre problème. Mais les résidences privées je
parle des résidences privées surtout ce sont les plus
exploitées pour le moment.
M. Guay: Ce sont des résidences où on trouve
uniquement des chambres ou si on trouve également des logements?
Mme Hébert: Ce sont des studios, équipés
avec des cuisinettes. Ce sont des 2 1/2, 3 1/2 pièces. Ce ne sont pas
des chambres.
M. Guay: Ce ne sont pas des chambres?
Mme Hébert: Non, ce ne sont pas des chambres. Quand je
parle des résidences du secteur privé, ce ne sont pas des
chambres. Ce sont des appartements de 1 1/2, 2 1/2 et 3 1/2 pièces.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Pointe-Claire.
M. Shaw: Mme Hébert, l'an passé, on a fait une
étude qui a démontré que 8000 personnes âgées
au Québec cherchent des appartements réservés aux
personnes âgées. Pensez-vous que le gouvernement peut donner ces
places à cette population, ou est-ce que cela va être plus
facilement trouvé par le secteur privé? Est-ce que vous croyez
que le gouvernement, avec $320 millions dans un programme, peut donner
l'habitation à ces 8000 personnes sans le secteur privé qui va
fonctionner avec lui? (11 h 15)
Mme Hébert: Je ne le sais pas exactement. Ce que je sais,
par exemple, c'est que s'il est prudent dans la façon de donner
l'argent, après avoir eu des appels d'offres, il va y avoir une bonne
économie qui va permettre de construire plus de logements. Ce que je
sais aussi, c'est qu'il y a beaucoup de personnes qui sont dans le moment dans
leur logement privé ordinaire, avec un service à domicile qui ne
peut être que temporaire et bien insuffisant par rapport aux besoins
grandissants de ces personnes-là.
M. Shaw: Madame, je veux que vous restiez sur la question.
Mme Hébert: Oui, mais je vous dis que cela va
dépendre...
M. Shaw: On est conscient, madame, que le besoin est là.
C'est clair, le besoin est là.
Mme Hébert: Avec le montant, cela dépend s'il y a
du gaspillage ou non.
M. Shaw: Qu'est-ce que vous suggérez ici? Vous ne voulez
plus avoir de secteur privé dans le domaine du domicile des personnes
âgées.
Mme Hébert: On a goûté au secteur
privé et, tel qu'il est en tout cas il faut le changer. Il faut qu'il y
ait beaucoup de contrôle dessus.
M. Shaw: On accepte toujours les moyens qui sont appliqués
par... C'est une autre chose. Mais on dit ici: Est-il possible que ces places
soient disponibles seulement avec le secteur public ou avons-nous besoin de
donner davantage au secteur privé, de l'impliquer dedans? Si vous
demandez que ce secteur soit impliqué, il faut que des profits soient
là; autrement, il n'y aura pas d'investissements.
Mme Hébert: Ce que les propriétaires disaient hier,
ils ne sont pas francs dans la façon d'expliquer leurs problèmes,
parce qu'ils ne me diront pas qu'ils sont à plaindre avec l'argent qu'on
leur donne pour construire. Mais si on en donne trop au secteur privé et
qu'on ne fait pas la loi pour régir le secteur privé, le secteur
privé va encore pleurer, parce qu'il n'exploite pas assez le locataire.
Une chose est sûre, c'est qu'on a bien plus besoin de maisons qui
appartiennent au gouvernement à ce niveau-là, à cause du
besoin des services qui deviendraient tellement onéreux dans le secteur
privé. C'est toujours insuffisant. Il y a Me Paquet qui parlait hier de
Port-Royal. Je lui ai posé de petites questions après. Je lui ai
dit: Quelle sorte de services donnez-vous dans ces logements-là? Il a
dit: Ils ont la lessiveuse, la sécheuse, la laveuse de vaisselle. Ils
ont des "jockeys"...
M. Shaw: Madame, cela, c'est une exception.
Mme Hébert: Ecoutez bien, ils ont des "jockeys" pour
placer les autos dans le garage, ces choses-là. On leur livre...
M. Shaw: D'accord, mais, cela, c'est le Port-Royal.
Mme Hébert: Non, mais vous parlez du service d'une
résidence privée.
M. Shaw: On parle de deux choses différentes.
Mme Hébert: Apporter le courrier. Non, je parle de la
même chose.
M. Shaw: On parle de deux choses totalement différentes.
Vous venez de dire dans votre mémoire que vous ne voulez plus que le
secteur privé s'implique dans les logements pour les personnes
âgées. C'est bien cela que vous avez dit?
Mme Hébert: Qu'il s'implique donc dans les immeubles
à logements multiples, tout court.
M. Shaw: Mais le gouvernement a-t-il les moyens de construire
8000 logements tout de suite, parce que la demande est pour tout de suite?
Mme Hébert: II a les moyens, puisqu'il leur prête
l'argent pour le faire.
M. Shaw: Comme vous venez de le dire, il y a une demande pour ces
places.
Mme Hébert: Oui, mais le secteur privé construit
avec l'argent du gouvernement; pourquoi le gouvernement n'aurait-il pas
l'argent nécessaire pour construire des maisons qu'il va garder?
M. Shaw: Les hypothèques, madame, ne sont pas l'argent du
gouvernement, ce sont des prêts du gouvernement.
Mme Hébert: J'ai fait passablement d'investigations sur
des résidences privées et sur des gros immeubles à
logements multiples qui appartiennent à des constructeurs privés,
et c'est de l'argent endossé ou emprunté de cette
façon-là et en totalité.
M. Shaw: C'est endossé, mais l'hypothèque doit
quand même être payée.
Mme Hébert: J'ai fouillé dernièrement le
Bel-lerive. Cela vient de se vendre un peu plus de $10 millions. On avait
emprunté $6 800 000. On a bien mis $275 000 pour le terrain. Il a
été payé à même l'argent qu'on a
emprunté. C'est stipulé sur le contrat et on appelle cela payer
comptant.
M. Shaw: On parle de deux choses différentes.
Mme Hébert: Je parle de la même chose.
M. Shaw: Je sais qu'il y a des abus, c'est pour cela que ce
projet de loi essaie d'empêcher les abus, mais de dire qu'à un
moment donné, demain, on ne veut plus que le secteur privé soit
impliqué... Comme vous le savez maintenant, 90% des personnes
âgées sont dans des logements qui proviennent du secteur
privé. Allons-nous continuer demain avec cette même balance ou
allons-nous changer demain avec les taxes qui sont impliquées?
Mme Hébert: Vous regardez du côté de
l'argent. Nous autres, on regarde du côté de l'argent et du
côté de l'état de la personne âgée. La
personne âgée n'est pas un locataire ordinaire qui peut dire: Cela
ne fait pas mon affaire ici, je m'en vais ailleurs.
M. Shaw: Madame, est-ce que vous voulez...
Mme Hébert: Elle est obligée de rester dans un
certain endroit, parce qu'elle a besoin de certains services...
M. Shaw: D'accord, mais...
Mme Hébert: ... qui découlent en majorité du
service social.
M. Shaw: Madame, cela, c'est une affaire des affaires
sociales.
Mme Hébert: Oui, mais on ne peut pas dissocier les
deux...
M. Shaw: Je suis totalement d'accord, mais ce ne sont pas les
locateurs qui ont besoin de subventionner ce secteur...
Mme Hébert: ... quand on parle de la personne
âgée. Vous autres, vous regardez le propriétaire et les
bénéfices; nous autres, il faut regarder...
M. Shaw: Oui, c'est...
Le Président (M. Laplante): Si les deux parlent ensemble,
vous ne vous comprendrez pas.
Mme Hébert: Non, mais je ne peux pas dissocier la question
et dire: Vous pouvez continuer dans le secteur privé, parce que la
personne âgée devient exploitée et elle n'est pas en mesure
de se défendre toute seule. Il faut qu'elle ait une association de
locataires qui va l'assister dans tout ce dont elle a besoin, de toutes les
façons possibles. Si elle est dans le secteur privé, elle va
être avec un petit groupe qui va l'entourer et qui va faire tout ce qu'il
voudra d'elle. La personne âgée est exploitée, et c'est
cela qu'il faut limiter. Si cela appartient au gouvernement, s'il y a un
système d'établi pour qu'il y ait l'association des locataires,
la négociation du bail collectif, le fait que tous les gens
s'entraident, pour qu'il y ait aussi le service d'infirmières, les
médecins 24 heures par jour, à ce moment, on n'a pas besoin du
secteur privé.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: J'aimerais avoir un peu d'explications. A la page 5,
dans vos remarques, la seizième, vous mentionnez que "le profit du
propriétaire soit considéré au niveau de la construction
et que le nombre des compagnies de gestion soit limité". Pourriez-vous
expliciter votre pensée sur ce sujet? Pourriez-vous expliciter votre
pensée en quelques mots?
Mme Hébert: Oui, c'est cela. Quand le propriétaire
va chercher de l'argent en totalité pour construire et qu'il construit
avec ses compagnies à lui, cela fait bien des compagnies de gestion et
chaque compagnie prend son profit. Cela devient le coût de la
construction. Nous autres, on n'a rien à contrôler
là-dessus, personne ne contrôle cela. Cela devient notre loyer de
base. Il est déjà trop haut en partant, parce qu'il y a trop de
monde qui a pris son profit sur papier. C'est pour cela qu'on demande beaucoup
de contrôle, pour éviter d'être à la charge de
l'Etat, finalement. C'est cela, les deux bouts de la question.
M. Cordeau: Une autre question. Tout en respectant l'entreprise
privée, si une compagnie se forme et va chercher l'argent du
gouvernement pour construire des logis, croyez-vous que cette compagnie ne
pourrait pas revendre la propriété? Il faudrait que ce soit
contrôlé afin que les améliorations qui ont
été faites durant la période, soit deux ou trois ans... Il
faudrait que la compagnie qui a emprunté l'argent du gouvernement pour
construire ne puisse revendre la construction, comme vous l'avez dit
tantôt; qu'une compagnie qui a construit un édifice avec $6
millions et qui vient de ie vendre $10 millions maintenant, après avoir
pris, bien sûr, à même son administration un profit,
c'est-à-dire un certain revenu pour la capitalisation, et ainsi de
suite, pour rembourser le capital parce qu'il faut qu'il y ait des
obligations il faudrait, dis-je, qu'il n'y ait pas une plus-value
ajoutée, que la compagnie ne prenne pas une plus-value lors de la
vente.
Mme Hébert: C'est cela. Voyez-vous, l'édifice dont
je vous parlais, c'est un édifice à logements privé. Ce
n'est pas pour les personnes âgées. Il y a pas mal de personnes
âgées qui restent là, mais il y a beaucoup de jeunes aussi.
C'est un exemple que je vous ai donné; une bâtisse qui est
construite en totalité avec de l'argent emprunté, endossé
par la Société centrale d'hypothèques et de logement. On
pourrait la transformer, comme on l'a fait avec d'autres et dire que c'est une
résidence pour personnes âgées. On dit que ce genre de
construction ne convient pas pour les personnes âgées. Quand vous
parlez de prendre une maison d'appartements ordinaire et de faire des
modifications pour la transformer, cela non plus, on n'en veut pas, parce qu'on
veut que les plans, quand c'est pour être une résidence, quand on
demande un permis de construire une résidence, soient des plans
approuvés d'avance, des plans faits par le gouvernement pour qu'ils
soient adéquats aux besoins. Alors là, ce sera une
résidence. Le gouvernement peut faire construire par des particuliers,
mais après soumissions publiques, et garder la maison pour qu'elle ne
soit pas revendue avec bénéfices et bénéfices et
bénéfices. On veut aussi qu'au niveau de l'évaluation
municipale, cela ne fasse pas monter les taxes tout le temps, parce que quand
cela se revend, cela devient la nouvelle évaluation. C'est tout un
enchaînement d'augmentations fictives qui créent un nouveau
pouvoir d'emprunt. Souvent, ce qui arrive, parce que cela nous arrive et
à d'autres...
M. Cordeau: Cela se reflète sur les loyers.
Mme Hébert: C'est une nouvelle forme d'extorsion du
locataire. Cela donne un autre pouvoir d'emprunt, parce que cela vaut plus. Le
propriétaire, quand il s'arrange avec des gens, comme on l'a vu à
la régie, nous fait absorber cet emprunt et les intérêts
sous un prétexte quelconque qui est camouflé dans quelque chose.
Et tout à coup, on s'aperçoit qu'on a l'affaire!
M. Cordeau: Voulez-vous insinuer qu'il peut y avoir connivence,
à un moment donné, entre le
personnel de la régie et les propriétaires, comme vous
l'avez mentionné?
Mme Hébert: J'ai des contrats d'un certain notaire
passés entre autres, en 1968 et en 1973. Il était administrateur
à la régie; son client était le propriétaire ou le
représentant du propriétaire, en tout cas, il était
là et ils nous ont fait absorber $1 million plus les
intérêts de telle sorte que les mensualités ont
monté de $31 000 à $41 000.
M. Cordeau: Est-il encore administrateur?
Mme Hébert: Oui, monsieur! On a eu affaire à lui
deux fois et il nous a passé ça.
M. Cordeau: Est-ce que vous l'avez dénoncé à
qui de droit?
Mme Hébert: On cherche à qui le dénoncer,
mais pas au président de la régie, parce que lui, il nous envoie
toujours nous balader.
M. Cordeau: M. le ministre pourrait peut-être vous donner
l'adresse.
Mme Hébert: Je vais donner ça à M. Tardif,
parce que ce sont des choses que je suis allée chercher
dernièrement. Je vais vous donner les copies des contrats en
question.
M. Tardif: Je m'excuse...
Mme Hébert: Le nom du notaire est dessus.
M. Tardif: ... j'ai rencontré effectivement Mme
Hébert à quelques reprises auparavant, mais jamais elle ne m'a
saisi de ce cas-là.
Mme Hébert: II est nouveau; je suis allée le
chercher avant-hier.
M. Tardif: Je voudrais que ce soit bien clair.
Mme Hébert: Je vais vous les donner, parce que je suis
allée les chercher avant-hier.
M. Tardif: Mais vous comprendrez que cette question de conflit
d'intérêts possible entre des administrateurs de la
régie...
Mme Hébert: Oui.
M. Tardif: ... enfin, au sein des administrateurs,
m'intéresse au plus haut point et je vous en prie, Madame, si vous avez
des renseignements à ce sujet-là...
Mme Hébert: Je vais vous les donner. J'ai demandé
à M. Moreau d'en apporter des copies, mais ils n'ont pas eu le temps
d'en faire.
M. Tardif: Non, mais vous faites allusion à des causes qui
auraient été jugées en 1973?
Mme Hébert: En 1974 et 1975 et le notaire en question
avait passé ces contrats en 1973 et d'autres antérieurement
à 1968.
M. Tardif: Madame, je vous prierais d'informer cette commission
ou...
Mme Hébert: II nous a fait absorber $1 million d'emprunt
sur la plus-value.
M. Cordeau: Ou le ministre, je crois. M. Tardif: Oui.
M. Cordeau: Je crois qu'il serait bon que vous transfériez
vos informations au ministre.
Mme Hébert: Absolument! Je ne parle que de choses que je
peux prouver.
M. Cordeau: En terminant, étant donné que cela
achève, je voudrais vous féliciter, Mme Hébert,
premièrement, pour votre participation et l'intérêt que
vous portez au troisième âge. Réellement, si on avait
autant de bénévoles que vous, la société se
porterait mieux.
Merci, Mme Hébert!
Le Président (M. Laplante): Une courte question, parce que
le député de Rosemont en avait une courte lui aussi. On voudrait
donner la chance à tout le monde.
M. Scowen: Oui. Mme Hébert, si vous me le permettez, je
vais poser la question à M. Moreau. Cela touche la page 12 du
mémoire, votre nouveau chapitre, si vous voulez, les conditions
particulières au bail d'un logement de résidence privée
pour personnes âgées.
Quand je le lis, M. Moreau, ce que je vois là, c'est un
système de contrôle de loyer qui est, en effet, plus strict que
celui proposé par le projet de loi no 107. Mais, vous avez un seul
article, le point 13, qui touche directement les personnes âgées.
J'ai l'impression que c'est une série d'articles qui pourrait
s'appliquer à tous les locataires du Québec et je me demande si
vous... Je vous pose la question parce que je sais que vous vous impliquez dans
les affaires des locataires en général; peut-être que Mme
Hébert peut répondre aussi. Pour moi, quand je le lis, je me pose
la question: Pourquoi une telle série d'articles ne s'appliquerait-elle
pas à tous les locataires? Dans quel sens ces articles, ces conditions
sont-elles relatives seulement aux personnes âgées, sauf,
évidemment, le point 13?
M. Moreau: II y a aussi le point 7 qui parle du site de la
construction quand il s'agit des personnes âgées.
M. Scowen: Le point 7, pour moi, c'est quelque chose qui doit
s'appliquer plus ou moins à tout le monde. On doit éviter la
pollution par le
bruit et la pollution de l'air. Je pense que ce n'est pas en
exclusivité pour les personnes âgées, d'après moi.
Vous comprenez le sens dans lequel je pose les questions?
M. Moreau: Oui, mais c'est que le problème devient plus
aigu quand il s'agit de personnes âgées. Il y a d'autres
regroupements. Nous avons notre spécialité quant à
l'opérationnalisation du contrôle lui-même et de certaines
normes que devait contenir le projet de loi no 107. Comme il n'y a pas eu
consensus à d'autres instances, c'est en faisant notre propre
représentation que nous avançons des positions qui pourraient
certainement être étendues à d'autres secteurs que celui
des personnes âgées. De ça, j'en conviens.
M. Scowen: Parfait! Un mot en terminant à Mme
Hébert. Comme le député de l'Union Nationale, je veux vous
remercier. Vous m'avez donné un cours de première classe ce matin
et je vous remercie.
Mme Hébert: II était temps que tout le monde le
sache.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'ai eu l'occasion,
également, de rencontrer Mme Hébert, l'année
dernière, et je tiens à féliciter son groupe qui nous
donne l'exemple d'un groupe de citoyens qui prend ses affaires en main. Je
pense qu'étant donné la situation pénible que vivent les
personnes âgées dans des résidences, un groupe comme le
vôtre s'imposait.
Contrairement aux allégations des députés de
l'Opposition, si je comprends bien, vous n'êtes pas d'accord avec le fait
que l'entreprise privée donne de bons services aux personnes
âgées. Pensez-vous...
M. Scowen: M. le Président...
M. Paquette: Voulez-vous me laisser parler?
Une Voix: Charriez pas!
M. Goldbloom: Est-ce que le député de Rosemont ne
met pas tous les députés de l'Opposition dans le même
sac?
Le Président: A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Rosemont.
M. Paquette: Nous sommes en train d'étudier une loi qui
concerne la Régie du logement. Affirmez-vous qu'il est plus difficile
pour les personnes âgées en résidence privée de
négocier des conditions de logement, tant au niveau des baux qu'à
celui de la qualité du logement, que dans les HLM, selon votre
expérience?
Mme Hébert: Oui. Les HLM ont déjà un certain
règlement d'établi qui est clair et spécifique.
Ils ont affaire à un groupe de personnes qui ont pour charge
d'appliquer certaines lois, alors on peut toujours revenir si cela n'a pas
été appliqué de façon adéquate, tandis que
dans le secteur privé, il n'y a pas de lois. En plus de ne pas avoir de
lois, les personnes âgées on en a connaissance chaque fois
que vient le temps de renouveler les baux sont censées recevoir
leur avis d'augmentation par courrier recommandé, avoir 30 jours pour y
penser; non. On les appelle par l'intercom et on les talonne: II faut descendre
signer votre bail. On les énerve et on ne leur donne même pas cinq
minutes pour le lire. Même si elles le lisent, elles ne retiennent rien
de ce qu'il y a dessus. Moi, quand je leur donne des renseignements, il faut
que je l'écrive, que je le passe sous les portes pour qu'elles puissent
le lire et le relire, et le reprendre en main pour m'en parler et me redire de
quoi elles voulaient me parler. C'est une exploitation systématique de
l'état de la personne âgée au profit du propriétaire
de résidences privées. Et il engage du monde selon ses besoins,
à part cela.
M. Paquette: Concernant la Régie des loyers, est-ce que je
vous ai bien compris? Souhaitez-vous que, dans la fixation du loyer et des
conditions d'habitabilité du logement, ce soit la régie qui
négocie avec les propriétaires de résidences
privées au nom des locataires? Voulez-vous préciser votre
pensée là-dessus?
Mme Hébert: Non, non. Ce qu'on veut, c'est qu'il y ait un
formulaire rempli par le propriétaire, que toutes les
déclarations soient faites là-dedans. Avec l'Association des
locataires on voudrait bien avoir ce que M. Lazure nous a déjà
promis: un budget pour avoir l'assistance d'avocats, de comptables, d'un
secrétariat, d'animateurs sociaux. On veut également avoir des
diététiciennes, c'est bien important pour sauver de l'argent; je
vous dis cela en passant. Mais pour revenir aux conditions, on voudrait
faciliter l'entente à l'amiable, mais en connaissance de cause, On ne se
fie pas entièrement aux autres. On a quand même des gens qui sont
assez en forme pour regarder le bien-fondé de ce qu'on nous demande. A
ce moment-là, on le négocie en venant en aide à tous les
autres qui ne sont pas en moyen de le faire eux-mêmes.
M. Paquette: C'est pour cela qu'à l'article 21 vous
souhaitez une négociation collective des baux. Vous souhaitez que l'Etat
vous aide à vous donner des moyens pour établir un rapport de
forces équilibré entre les locataires et les propriétaires
de résidences privées.
Mme Hébert: Oui, parce qu'il y a aussi le fait que si
certaines personnes ont besoin de la subvention du loyer, il ne faut pas
qu'elle aille signer n'importe quoi. Il faut que ce soit quelque chose
d'équitable pour ensuite demander la subvention du loyer pour ces
gens-là.
M. Paquette: Au sujet de la négociation collective des
baux, est-ce que les dispositions de la loi 107 qui est devant nous vous
satisfont telles qu'elles sont?
Mme Hébert: Si on a ajouté des choses c'est que ce
n'était peut-être pas assez spécifique pu qu'on voulait
être sûr que cela y soit et que cela ne soit pas juste une
proposition. On voudrait que ce soit une décision bien
arrêtée, que cela existe. Mais avec le formulaire, même s'il
est amélioré, amendé de quelque façon, que cela y
soit, parce que c'est indispensable. Je sais tout l'ouvrage que cela me donne
de m'occuper de chacun qui a besoin d'être aidé pour aller
à la régie concernant son bail. Ce n'est pas humain de nous
demander cela.
Le Président (M. Laplante): Une très courte
question, M. le député de Papineau. La dernière.
M. Alfred: Ce ne sera pas une question, ce sera un commentaire
très bref. Je remercie les personnes âgées pour un
mémoire si bien étoffé, si bien articulé. Surtout,
l'argumentation de Mme Hébert ressemble beaucoup aux argumentations que
les personnes âgées expriment dans mon comté, dans mon
coin, et surtout des personnes âgées qui vivent dans des maisons
mobiles. Donc, je demande personnellement au gouvernement de considérer
très attentivement ce mémoire qui, comme certains
mémoires, provient des gens qui vivent des situations
problématiques. Je comprends aussi que la façon dont le
problème a été envisagé par les personnes
âgées et la personne dont nous comprenons le problème, ne
peut pas être partagée, bien sûr, par certains membres de
l'Opposition. Ce sont deux optiques de partis bien différents.
Cependant, à la page 3, je demande au ministre des Affaires municipales
de considérer très sérieusement et c'est le Parti
québécois qui forme le gouvernement qui est au pouvoir, qui a
été élu par des gens pour résoudre des
problèmes qui ont été trop longtemps
délaissés si le législateur a le mandat d'aider ces
propriétaires à réaliser des profits ou de garantir le
respect du droit...
M. Cordeau: Est-ce un bref commentaire que vous avez
demandé ou si c'est un discours de deuxième lecture?
M. Alfred: ... à un logement décent et pour tous
les citoyens à un prix équitable. Ce que nous devons faire, je
pense, c'est d'écouter des gens qui vivent des problèmes, qui
vivent des situations pour amender la loi. Et je pense que les problèmes
soulevés par ces personnes âgées ici sont des
problèmes soulevés par des personnes âgées dans
presque tout le Québec et il est grand temps que le gouvernement de M.
Lévesque résolve ces problèmes. Je vous remercie, vous
autres, de décider de vous prendre en main. Si vous avez parlé
beaucoup pour expliquer votre cas, c'est parce que non seulement il y a la loi
107, mais d'autres problèmes que vous éprouvez, je suis
très content que vous les verbalisiez pour nous. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin. Vous aviez une courte question?
M. Caron: Mme Hébert, il semblerait qu'avec l'argent de la
Société centrale d'hypothèques et de logement il y aurait
des abus, de la façon que vous nous l'exposez. Seriez-vous d'accord
qu'au lieu que l'argent soit prêté à des gens de
l'entreprise privée, ces montants soient à la disposition des
municipalités? Je pense bien que s'il y a un gouvernement près de
la population, ce sont les municipalités et que les municipalités
pourraient construire et, avec des gens de groupements comme vous autres aux
conseils d'administration, former des commissions en conséquence et
construire.
Mme Hébert: Ce qu'on veut, c'est que ce soit une chose
ouverte, étalée au grand jour, que tout le monde soit bien
renseigné sur ce qui se passe pour l'utilisation de l'argent qui est
prêté, où cela va, comment cela se gère, à
qui cela profite, ainsi de suite. Que les municipalités participent
comme cela se fait dans le moment avec le fédéral et le
provincial sur la subvention des loyers, c'est évident que c'est une
chose nécessaire. Que les municipalités décident de ne
plus taxer ces maisons, ce serait peut-être une bonne chose pour
permettre aux gens qui ont toujours payé des taxes et qui ont
accumulé cet argent de pouvoir avoir la satisfaction de dire: Je paie
mon loyer moi-même, je ne suis pas une assistée sociale. Qu'on
baisse tout ce qu'on pourra dans tous les profits abusifs pour en venir
à cela, pour garder la fierté de la personne âgée
qui, elle, dans son temps, avait justement cet honneur de dire: Moi, je ne
vivrai pas au crochet des autres, je vais économiser pour mes vieux
jours. Qu'on lui donne cette satisfaction personnelle de pouvoir subvenir
à ses propres besoins, mais, en même temps, de la laisser choisir.
Qu'on trouve tous les moyens.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Tardif: M. le Président, je remercie également
Mme Hébert et son groupe pour leur mémoire. Je suis tout à
fait conscient qu'à certains égards, ainsi qu'on l'a
souligné, des représentations qui nous ont été
faites pouvaient déborder le cadre de la loi 107. Il reste que, comme
commission, nous avons à entendre les représentations qui nous
sont présentées et à les diriger en tout cas moi
comme ministre responsable de la Société d'habitation du
Québec d'abord aux organismes qui relèvent de moi, la
Société d'habitation du et la Régie des loyers et, pour
les autres, à mes collègues. J'en ai pris bonne note. D'ailleurs,
il y a déjà un certain nombre de documents que Mme Hébert
m'avait transmis auparavant et qui ont déjà été
envoyés.
Je voudrais simplement dire que nous avons tenté, dans certains
articles du projet de loi 107, de rejoindre un certain nombre des objectifs
demandés; par exemple, à l'article 11, on verra que la notion de
conflit d'intérêts, qui était absente de la
législation antérieure, est maintenant contenue dans la loi.
L'article 11 se lit comme suit: "Les régisseurs ne peuvent, sous peine
de déchéance de leurs charges, avoir des intérêts
directs ou indirects dans une entreprise susceptible de mettre en conflit leur
intérêt personnel et les devoirs de leurs fonctions, toutefois,
cette déchéance n'a pas lieu si de tels intérêts
leur échoient par succession ou donation, pourvu qu'ils y renoncent ou
en disposent avec toute la diligence possible".
Donc, nous avons été conscients, lors de la
préparation du projet de loi, de la possibilité de conflit
d'intérêts et nous avons introduit un article dans la loi.
Egalement, à l'article 57, madame, vous avez fait allusion au
problème que représentait, pour certaines personnes
âgées, le fait de pouvoir très bien saisir, finalement, les
tenants et aboutissants des représentations ou enfin des demandes
d'augmentation de loyer qui pouvaient leur être formulées et vous
avez déclaré qu'il était important que d'autres personnes
puissent les représenter. L'article 57 permet cette
délégation de représentations justement et, lorsqu'on l'a
rédigé, j'avais précisément en mémoire cette
rencontre que nous avions eue où vous aviez très bien
plaidé ce point. C'est la raison pour laquelle nous l'avons introduit
dans la loi, à l'article 57.
Je voudrais terminer ces remarques en disant que, personnellement, je
compte associer les gens du milieu à l'élaboration de certains
éléments d'une politique d'habitation et particulièrement
au sein de la Société d'habitation du Québec, où
j'ai déclaré récemment, à la suite des
représentations des personnes handicapées, que je comptais
modifier le conseil d'administration de la société pour y mettre
un représentant des personnes handicapées. Or, je prends
aujourd'hui le même engagement vis-à-vis des personnes
âgées et je compte bientôt faire des représentations
au cabinet pour qu'un représentant des personnes âgées
siège à la Société d'habitation du Québec et
soit donc dès lors sensibilisé au plus haut niveau de cette
société.
Pour l'instant, je pense que ça répond à un des
voeux de votre organisme. Merci.
Le Président (M. Laplante): Mme Hébert, M.
Haché, M. Moreau, les membres de cette commission vous remercient de la
présentation de votre mémoire.
Mme Hébert: Merci, monsieur.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant les
représentants des Centres locaux des services communautaires et le
Centre des services sociaux du Montréal métropolitain.
Messieurs, si vous voulez identifier votre groupement, vous-même
et les personnes qui vous accompagnent. Comme pour tous les autres grou- pes,
s'il vous plaît, essayez de vous en tenir à la période de
vingt minutes pour la présentation de votre mémoire. Le reste du
temps sera consacré à une période de questions. Merci.
Centres locaux de services communautaires
et Centre de services sociaux de
Montréal
métropolitain
M. Piché (Serge): Mon nom est Serge Piché. Je suis
directeur général du CLSC de Saint-Henri. J'ai à ma droite
Biaise Lefebvre, responsable de la recherche. J'ai à ma gauche Claude
Gilbert, directeur de services au CSSMM et, à l'extrême-gauche,
Jean-Pierre Massicotte, directeur général du CLSC
Hochelaga-Maisonneuve. A mon extrême-droite, Yvon Jean, directeur
général du CLSC Saint-Louis-du-Parc. (11 h 45)
Nous représentons aussi d'autres CLSC dont les noms sont
indiqués sur la page de présentation du mémoire, qui sont
les CLSC Du Marigot, Norman Bethune, Centre-Ville, Rosemont, Centre-Sud.
La question du logement est une bonne partie de la trame du
problème que posent les clients des centres locaux de services
communautaires et des centres de services sociaux. C'est ainsi que les
organismes ci-avant mentionnés ont essayé de se situer par
rapport à la situation du logement, il y a une année et demie,
à la suite de nombreuses interventions et une représentation
constante de la population vis-à-vis de ces organismes.
Ils ont alors réalisé leur manque d'information et leur
manque de recul vis-à-vis de cette question. Les CLSC de la ceinture
Centre-Sud, particulièrement, et le CSS de Montréal ont alors
commandé une étude en profondeur sur le logement, afin de se
donner une opinion sur le sujet et d'aider à orienter leur action dans
le quotidien.
Cette étude est terminée et sera publiée vers la
mi-avril. Le projet de loi no 107 nous amène, pour la première
fois, à utiliser les connaissances que nous a données
l'étude sur le logement, pour apporter à cette commission notre
point de vue, nos réactions et les amendements que nous jugeons
nécessaires pour augmenter la qualité de l'application de cette
loi.
En effet, dans la situation actuelle, plus de 90% des ménages
dans les quartiers du sud de Montréal sont locataires. L'étude
effectuée cette année souligne que 40% de ces locataires doivent
consacrer de 30% à 50% de leur faible revenu à se loger. Ces
ménages ne peuvent ainsi répondre convenablement à leur
besoin de nourriture, vêtement, soins de santé, éducation
et loisirs.
Cette situation est identifiée comme la cause d'une misère
physique et psychologique à laquelle font face 30 000 ménages de
Montréal. Cette étude nous permet de préciser, dans le
mémoire que le CLSC et le CSS vous présentent, que malgré
l'importance qu'on accorde, en général, à d'autres
facteurs de l'habitation, à d'autres facteurs dans l'augmentation de
l'indice des prix à la consommation, c'est le secteur de l'habitation
qui est le principal facteur de la hausse.
En 1975-1976, l'habitation était responsable de près de
40% de cette hausse. De plus, l'augmentation du coût du logement est
régressive et ce sont proportionnellement les locataires et les
propriétaires de logements les moins coûteux qui subissent la plus
forte augmentation de loyer et de coût de taxes, en assurances et en
frais d'entretien.
Selon le mémoire, l'augmentation du coût de l'habitation
est près de deux fois plus rapide pour les ménages les plus
démunis que pour les mieux nantis. Enfin, on souligne que la question
des relations entre propriétaires et locataires ne peut être
isolée de la crise de développement de la ville,
caractérisée par la perte de plus de 40% de la population des
quartiers du sud de Montréal au cours des quinze dernières
années, soit plus de 140 000 citoyens, et par l'augmentation
vertigineuse du fardeau des taxes et de la détérioration des
logements.
Devant cette crise, les petits propriétaires sont souvent aussi
démunis que leurs locataires et le gouvernement doit intervenir de
façon beaucoup plus large que par des modifications à la
Régie des loyers.
Dans les faits, on réalise aussi que l'absence de politique
générale concernant le loyer nous amène à toucher
d'autres points qui ne sont pas mentionnés ici, mais qui ont une
ingérence directe sur les problèmes auxquels on a à faire
face tous les jours, tels les taux hypothécaires, les hausses des taxes,
la détérioration des immeubles, le coût des services, les
feux, l'augmentation scandaleuse des taux d'assurance, le vieillissement de la
région et la paupérisation de la région.
Les recommandations des CLSC et du CSS concernant le projet de loi
visent particulièrement à une meilleure information du public et
à une plus grande accessibilité à la Régie du
logement. Et pour ce faire, je demanderais à M. Blaise Lefebvre de
présenter les recommandations.
M. Lefebvre (Blaise): Avant de procéder à la
présentation des recommandations qu'il contient, nous voudrions vous
demander formellement, M. le Président, que le texte de notre
mémoire soit intégralement, avec son annexe, publié dans
le journal des Débats de cette commission, tel que le règlement
nous permet de vous le demander.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que les membres de
cette commission acceptent?
M. Guay: Oui, M. le Président, c'est un excellent
mémoire.
M. Cordeau: Oui.
Le Président (M. Laplante): Adopté. Cela sera
écrit intégralement, monsieur.
M. Lefebvre (Blaise): Merci. Nous vous avons
précédemment souligné que, pour la solution des
difficultés que rencontre une bonne partie de la population de nos
quartiers à se loger convenablement, nos institutions considèrent
qu'il est urgent que le gouvernement du Québec adopte une politique
générale de l'habitation et que, sans elle, le projet de loi no
107 ne constitue qu'une mesure qui risque par certains aspects d'avoir des
effets contraires aux objectifs qu'une politique générale dans le
domaine devrait avoir.
Au demeurant cependant, les relations locateur-locataire restent un
facteur important dans l'accessibilité au logement convenable et la
situation de milliers de ménages, particulièrement dans le sud et
le centre de Montréal, est telle qu'avec certaines modifications, le
projet de loi no 107 pourrait devenir un instrument important de protection
pour les locataires. Dans ce sens, notre mémoire vous soumet 18
recommandations dont nous voudrions ici résumer les objectifs.
Les statistiques de la Commission des loyers montrent que seulement 5%
des locataires ont recours à la commission et que, parmi ceux-ci, les
ménages les plus démunis sont largement sous
représentés. Chez les 60% des ménages des quartiers
desservis par nos institutions qui avaient, en 1971, un revenu inférieur
à $7000, chez les 20 000 personnes âgées de plus de 65 ans,
chez les 146 000 personnes n'ayant pas atteint la neuvième année
de scolarité, il est fort possible qu'on ne connaisse pas la loi, qu'on
craigne les représailles, qu'avoir recours à la régie
semble trop difficile, que l'aide pour remplir les formules soit insuffisante
et que de se rendre au palais soit une aventure tout bonnement
inimaginable.
Avant tout, il nous apparaît important que la régie se
rapproche des bénéficiaires éventuels,
particulièrement des ménages les plus démunis, par une
meilleure information et par une plus grande et plus facile
accessibilité. En ce sens, nous formulons plusieurs recommandations.
Recommandation 1 : Que la nouvelle Régie du logement prenne les
moyens nécessaires pour informer la population des dispositions de la
loi et particulièrement de la fausseté du droit à
l'augmentation annuelle de 10%. Il existe en effet un mythe très
répandu selon lequel les propriétaires ont droit à une
augmentation annuelle de 10%. Alors, quant ils demandent 12%, 15%, parfois 20%,
les locataires acceptent ces hausses considérant qu'il ne vaut pas la
peine de les contester.
Recommandation 2: Que la formule obligatoire pour les demandes
d'augmentation de loyer exige du locateur une justification de l'augmentation
demandée, comporte une partie détachable pour servir au locataire
à introduire auprès de la régie une demande en fixation du
loyer et contienne les renseignements sur la loi, ses mécanismes
d'application, les numéros de téléphone et les adresses
des bureaux de la régie.
Recommandation 3: Que la Régie du logement crée des
bureaux locaux dans les quartiers pour faciliter l'accès des citoyens
aux renseignements concernant la loi, pour enregistrer les demandes et les
plaintes ainsi que les demandes en appel et pour permettre l'audition des
causes en première instance et en appel.
Recommandation 4: Que la Régie du logement et l'instance d'appel
tiennent leurs auditions dans des lieux et à des heures et à des
jours qui
permettent le plus facilement aux travailleurs d'être
présents sans encourir de perte de revenus.
Recommandation 5: Que la juridiction de la Régie du logement,
à l'exclusion de tout autre tribunal en matière de litige de
nature civile résultant d'un bail d'un logement, ne soit pas
limitée aux baux de moins de $3000 annuellement et que l'exclusion de la
représentation par un avocat ne se limite pas aux seuls cas
s'apparen-tant au recouvrement de petites créances de moins de $500 , ce
dans le but de réduire le plus possible les cas où la
représentation par avocat devient nécessaire par la
complexité des procédures ou pour équilibrer la
représentation de la partie adverse. Il nous semble en effet qu'une
interprétation restrictive de la loi pourrait conduire à laisser
à la Cour supérieure les litiges concernant les logements dont
les loyers sont de plus de $250 par mois et que la présence d'avocats
pourrait être permise dans de trop nombreux cas.
Recommandation 6: Que les employés des institutions publiques et
parapubliques, ainsi que des corporations sans but lucratif puissent, avec un
mandat écrit et spécial, représenter une personne devant
la régie, tout en étant rémunérés pour cela
dans le cadre de leurs fonctions habituelles, dans la mesure où son
mandat est gratuit pour la personne représentée.
Il nous apparaît ici encore, en effet, qu'une
interprétation limitative de la loi exclurait le droit d'être
représenté par de telles personnes.
Recommandation 7: Que la Régie du logement favorise la
négociation collective des baux par une information et une aide
appropriées aux regroupements de locataires et que la Régie du
logement entende en première instance les demandes ou plaintes
collectives d'un groupe de locataires représenté par une seule
personne, ainsi que les plaintes ou demandes présentées par une
seule personne, mais dont les fondements impliquent un recours qui concerne
tous les locataires d'un immeuble et pour lesquelles un jugement devrait
être rendu les concernant tous.
Il nous semble que le recours collectif en matière de bail
résidentiel se distingue suffisamment du recours collectif en
général pour être laissé à la juridiction de
la régie.
Le projet de loi no 107 donne à la régie une toute
nouvelle juridiction en matière de démolition et de changement de
destination des lieux. Il propose aussi aux cités, villes et
municipalités de se doter de règlements en cette matière,
et en précise également les procédures et les juridictions
applicables. Cet élargissement de la juridiction de la régie est
conforme aux revendications nombreuses formulées par les citoyens depuis
de nombreuses années. Il apparaît cependant que l'étendue
de cette nouvelle juridiction et les procédures d'application varient
énormément selon l'autorité en charge et ce, croyons-nous,
au détriment des objectifs de préservation du "stock" de
logements et du caractère résidentiel des quartiers, d'une part,
et du caractère démocratique des procédures, d'autre part.
A ce sujet, nous formulons trois recommandations:
Recommandation 8: Que les juridictions de la Régie du logement,
des cités et villes, y compris les villes incorporées par bills
privés, et des municipalités en matière de
préservation du patrimoine résidentiel prévues par le
projet de loi no 107, soient étendues à tout immeuble comportant
ou ayant comporté un ou plusieurs locaux servant ou ayant servi de lieu
ordinaire d'habitation.
Recommandation no 9: Que le projet de loi no 107 soit modifié de
façon à: 1.imposer à la ville de Montréal, aux
cités, villes et municipalités et à la Régie du
logement les mêmes conditions quant aux procédures visant à
garantir le caractère démocratique de l'exercice des nouveaux
pouvoirs qui leur sont dévolus; 2.imposer la publication d'avis
préliminaires à la décision, avis portant date de
l'audition; 3.imposer l'affichage de l'avis sur l'immeuble concerné;
4.imposer le droit d'intervention de tiers; 5.imposer des délais dans le
cas d'une offre d'achat de l'immeuble visant à y conserver son
caractère résidentiel; 6.imposer une audition obligatoire avec
droit d'intervention des tiers.
Enfin, recommandation 10: Que le projet de loi no 107 précise
que, dans les cas où le nombre de conseillers ou les séances
habituelles du conseil ne permettent pas la tenue d'auditions publiques, une
commission du conseil doit tenir de telles auditions.
Quant au droit au logement et au contrôle de son coût, nous
nous étonnons que le projet de loi no 107 ne consacre pas ce droit parmi
les objectifs de la loi. Nous regrettons que le projet de loi ne fasse, du
moins en ce que nous en savons, que reconduire les règles actuelles.
Selon les résultats de nos recherches, le coût du logement
n'apparaît pas seulement comme un facteur économique parmi les
autres, mais, dans bien des cas, il est, sinon le principal, du moins parmi les
premières causes de la paupérisation. Ainsi, il faut le
souligner, l'aide sociale financière qu'accorde le gouvernement aux
ménages les plus démunis est utilisée dans bien des cas,
pour 30% à 50%, à défrayer le coût du logement. Dans
ce sens, une politique de l'habitation apparaît nécessaire non
seulement pour permettre l'accès à un logement convenable
à un prix raisonnable, mais aussi pour s'attaquer à un
problème que nous ne faisons qu'éviter en y consacrant, sous un
autre nom, des centaines de millions de dollars par an. (12 heures)
Dans son application, le projet de loi no 107 pourrait aider à la
réduction de l'augmentation des coûts du logement en limitant
certains facteurs de hausse des loyers. Le gouvernement du Québec
pourrait, d'autre part, élargir sa surveillance des coûts
afférents à l'habitation. Dans cette perspective, nous formulons
les recommandations suivantes:
Recommandation no 11 : Que le calcul de base servant à la
fixation du loyer soit modifié de façon à ne pas
légitimer les hausses abusives antérieu-
res ni à empêcher un rajustement à la hausse du taux
de profit lorsque raisonnable et justifié.
Cette recommandation vise à faire éviter la situation que
crée la méthode actuelle de fixation du loyer qui, dans certains
cas, consacre les hausses abusives que les propriétaires ont pu obtenir
au cours des années antérieures, alors que les
propriétaires qui connaissent un manque à gagner ne peuvent
rajuster leur revenu.
Que l'exemption de cinq ans consentie par le projet de loi no 107
à l'égard des logements neufs soit réduite à trois
ans. Une première année pour trouver preneur et connaître
les réalités du secteur, une deuxième année pour
compléter le taux d'occupation à un niveau raisonnable et pour
rajuster les loyers et une troisième année pour consolider.
Les deux autres années d'exemption que propose le projet de loi
nous semblent superflues et permettent des abus.
Recommandation no 13: Que la Régie du logement, en vertu de
l'article 3 du projet de loi no 107, réalise prioritairement une
étude sur le monopole de gestion des logements neufs et ses
conséquences sur le coût du logement en général.
De la trentaine de grands immeubles à appartements du
centre-ville de Montréal, une douzaine sont gérés par une
société. Une société étrangère
gère aussi une dizaine d'autres immeubles à appartements en
banlieue.
Aussi, contrairement à ce qu'affirme le livre blanc, nous ne
croyons pas que le marché des logements neufs soit beaucoup plus
concurrentiel que celui des logements construits depuis quelques années.
Au contraire, il apparaît, en première analyse, qu'il n'y a pas de
véritable concurrence entre les administrateurs des logements neufs.
Recommandation no 14: Que le gouvernement du Québec prenne les
moyens nécessaires pour limiter les hausses des coûts des services
afférents à l'habitation, particulièrement au niveau des
taux minimaux et de la première tranche de consommation.
Plusieurs mémoires présentés ou qui vous seront
présentés à cette commission ont montré ou
montreront dans le détail certaines imprécisions du projet de loi
qui pourraient permettre une réduction importante du droit à un
logement salubre et au maintien dans les lieux que veut protéger ce
projet de loi. Sur ce sujet, nous vous soumettons quatre recommandations.
Recommandation no 15: Que le projet de loi no 107 soit modifié
afin que les délais pour résiliation du bail par un employeur
à son employé ou pour une reprise de possession soient ni avant
la fin du bail, ni avant trois mois; que, dans le cas d'expropriation, de
démolition ou de changement de destination des lieux, ils soient ni
avant la fin du bail, ni avant six mois et que, pour les réparations ou
les améliorations majeures qui nécessitent l'évacuation
des lieux pour plus d'une semaine, d'au moins trois mois. Ceci afin
d'éviter des délais trop courts, particulièrement dans le
cas des employés qui louent leur logement de l'employeur et qui perdent
généralement ce logement à l'occasion de la perte de leur
emploi et les délais trop longs dans le cas de reprise de possession par
le nouveau propriétaire.
Recommandation no 16: Que les taux de rendement consentis par la
régie pour les réparations et les améliorations majeures
soient proportionnels à l'augmentation réelle du bien-être
des locataires.
Recommandation no 18: Qu'un code minimal d'habitabilité
spécifiquement applicable aux chambres soit adopté; que seules
les chambres répondant aux normes de ce code puissent être mises
en location et qu'en vue de l'application de ces normes, une inspection
systématique des maisons de chambres soit effectuée.
Je termine, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci! M. le ministre.
M. Lefebvre (Blaise): Oui. Que la régie crée un
fonds spécial auquel pourront avoir recours les locataires pour faire
effectuer les réparations urgentes dont les coûts dépassent
le montant du loyer mensuel quand, après avoir avisé ou
tenté d'informer le propriétaire, les réparations ne sont
pas effectuées par celui-ci.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je remercie les
représentants des organismes sociaux et des services communautaires de
la région de Montréal pour l'excellence de leur
présentation structurée et étoffée. Je constate
également avec beaucoup de satisfaction qu'un certain nombre de mesures,
à tout le moins du projet de loi 107, visent à atteindre un
certain nombre des objectifs énoncés dans le mémoire.
Lorsqu'on parle, notamment, de l'importance de l'information, on a entendu
d'autres représentants d'organismes qui s'offusquent ou qui se disent
tout à fait scandalisés que l'on utilise des deniers publics pour
faire, disent-ils, des campagnes de publicité visant à
dénigrer les propriétaires ou les relations entre les
propriétaires et les locataires, je pense que l'on souligne
l'importance, notamment, d'une information adéquate, information qui va
depuis la publicité jusqu'à l'accessibilité à la
fois de la régie et du personnel de ses bureaux, et même,
information au niveau des formulaires, des avis qui peuvent être
envoyés par les propriétaires aux locataires, ce qui pourrait
simplifier, d'ailleurs, d'autant la démarche des locataires, ceux-ci
n'ayant qu'à détacher une partie du formulaire pour introduire
l'affaire devant la régie.
Cela dit, ce mémoire est d'autant plus intéressant que,
même si je ne peux pas, dans le cadre de la loi 107, sur la Régie
du logement, régler tout le problème de l'habitation, soyez
assurés que ce mémoire me sera éminemment utile dans
l'élaboration de cette politique d'habitation dont les volets
débordent cette relation entre locataires et propriétaires et qui
rejoint, par exemple, d'autres organismes gouvernementaux, je pense à la
So-
ciété d'habitation du Québec et au ministère
des Affaires sociales qui, lui aussi, a un intérêt très
direct et très immédiat à cette question. Je me fais fort
d'en envoyer des copies à mes collègues des autres
ministères que certaines parties peuvent intéresser.
Histoire d'amorcer la période de questions et de réponses,
je n'ai pas toujours trouvé, en note infrapaginale, les sources de
certaines statistiques qui sont citées. Je prends, par exemple, la page
15, où l'on fait état, aux quatre dernières lignes, de
ceci: "... les ménages qui payaient en 1971, $75 pour se loger, payaient
$123 en 1976, soit une augmentation de 64%, alors que les autres qui payaient
$400 en 1971 payaient $602 en 1976..." Est-ce qu'il s'agit d'un relevé
que vous avez effectué auprès des locataires dans votre
région? D'où proviennent ces données? Surtout qu'elles ne
me semblent pas concorder tout à fait avec celles de l'INRS-Urbanisation
et l'étude faite par Matthews et Godbout qu'on a citée hier.
Pourriez-vous nous dire la source de ces données?
M. Lefebvre (Blaise): C'est effectivement un calcul que j'ai
préparé moi-même, le problème étant que les
statistiques fournies soit par l'INRS-Urbanisation soit par Statistique Canada
portent soit sur un loyer brut soit sur un loyer net. La définition de
ces deux termes diffère d'année en année à la
société centrale de logement.
Par exemple, j'ai fait le calcul suivant: j'ai pris simplement un loyer
net, celui qu'on paie au propriétaire et j'ai fait le calcul en disant
qu'une personne qui paie $400, par exemple, pour son logement, ceci inclut
habituellement les autres services, les services de chauffage et
l'électricité. Cela fournit d'autres services comme la
cuisinière, des choses comme cela. Par contre, les ménages les
plus démunis doivent payer eux-mêmes leurs frais de chauffage,
paient eux-mêmes leur électricité, etc. Alors, si on
applique aux deux loyers nets, c'est-à-dire aux loyers qui sont
payés au propriétaire, le même taux global d'augmentation
depuis cinq ans, soit à peu près 33%, compte tenu des autres
frais que les petits ménages doivent combler eux-mêmes,
proportionnellement, l'augmentation du loyer est régressive. D'autre
part, elle est aussi régressive par d'autres facteurs qui sont, par
exemple, des installations de chauffage vieillotes, les installations
électriques qui sont aussi vieillotes, qui consomment plus
d'électricité, etc.
M. Tardif: Donc, cette augmentation de 64% pour cinq ans, qui
nous donne l'augmentation annuelle de 12,8% et qui est supérieure
à celle citée dans l'étude Matthews et Godbout, provient
du fait que vous avez ajouté ces services qui, dans des logements plus
chers, sont inclus.
M. Lefebvre (Blaise): C'est cela. Sans compter, d'autre part, que
dans les quartiers de Montréal dont nous parlons, l'augmentation de la
taxe foncière sous forme d'augmentation de l'évaluation
foncière a été plus grande que partout ailleurs dans la
région de Montréal. Ainsi, par exemple, les duplex dans le
quartier Maisonneuve ont connu une augmentation de 42% de leur valeur au cours
des trois dernières années seulement.
M. Tardif: Une question également qui revient dans votre
mémoire et qui a été mentionnée également
par le groupe qui vous a précédé, c'est celle de la
négociation collective des baux qui, évidemment, est permise
comme telle puisque la Charte des droits et libertés de la personne
reconnaît le droit d'association et, en conséquence, le droit pour
des locataires de s'unir et de négocier. Evidemment, rien n'oblige, dans
la loi actuelle, le propriétaire à accepter de parler à ce
vis-à-vis qui serait une association de locataires. Imaginons qu'on
puisse essayer de s'orienter. On songe à s'orienter, à un moment
donné, dans cette direction. Il restera toujours le problème des
relations ou de la négociation entre des petits propriétaires de
duplex et triplex qui sont de loin la très grande majorité au
Québec. D'ailleurs, c'est là une des lacunes des données
que Statistique Canada nous fournit, toutes les données sont
basées sur des taux de vacance, par exemple, et autres
caractéristiques du logement dans des immeubles de six logements et
plus, ce qui a pour effet d'éliminer précisément la masse
des logements locatifs au Québec. Comment voyez-vous cette question ou
comment adapter une telle formule dans le cas précis des petits
propriétaires de duplex, de triplex et des relations avec leurs
locataires.
M. Lefebvre (Blaise): Je vous avoue qu'on n'a pas
réfléchi beaucoup à cet aspect de la question. Ce qui nous
semble important, ce sont particulièrement les immeubles où il y
a beaucoup de logements. Cela nous semble important pour la raison suivante.
Dans le marché clos que constitue l'habitation actuellement, le logement
neuf a un effet d'entraînement à la hausse des prix, contrairement
à ce qui se produit dans d'autres secteurs; par exemple, quand on met un
nouveau téléviseur couleur sur le marché, cela a pour
effet de faire baisser le prix des téléviseurs noir et blanc.
Contrairement à cela, le logement neuf permet au
propriétaire de demander un loyer supérieur à ce qui
existe sur le marché et le marché en général a
tendance à s'ajuster au prix du logement neuf, sachant très bien
que les locataires n'ont pas le choix. Ou ils vont décider de prendre un
deux pièces et demie, dans une grande habitation, et payer $500, ou ils
vont prendre un quatre pièces et demie à $300 dans un logement un
peu moins neuf, qui n'offre pas les services de garage chauffé, ni de
piscine, ni de buanderette au sixième étage, etc. (12 h 15)
A notre avis, c'est dans ce sens aussi qu'on demande à la
régie de mener une étude sur un monopole qui nous semble exister
dans le secteur de la gestion des grands immeubles, cela nous apparaît
important que, dans ces immeubles, les locataires puissent contrôler
mieux le coût de leur
loyer, surtout que les locataires, pendant les trois premières
années d'occupation de ces immeubles, n'ont pas de recours à la
Régie du logement concernant du moins la fixation du coût des
loyers.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Jusqu'à 12 h 30.
M. Scowen: Merci, M. le Président. J'ai trouvé
votre document fort intéressant. Je ne sais même pas par où
commencer parce que j'ai plusieurs questions. Premièrement, je veux vous
parler d'un aspect de la situation que vous soulevez vous-même et auquel
le ministre a fait référence il y a une minute, le fait que, pour
vous autres, la grande majorité de vos propriétaires sont des
petits propriétaires. Je ne sais pas si vous étiez ici hier, mais
on a dit, je parle du Parti libéral au moins, qu'on cherchait un
équilibre, une loi qui aurait comme objectif de chercher un
équilibre dans le jeu de marché qui se fait entre les
propriétaires et les locataires.
C'est dans ce sens que je commence mes réflexions et ma
conversation avec vous. Vous avez lu le projet de loi 107 et vous avez
apporté un certain nombre de suggestions qui visent, si je comprends
bien, à renforcer un peu la position du locataire; la plupart des
recommandations que j'ai vues ici ont cette tendance et ne sont pas
exagérées du tout. Pour moi, ce sont des suggestions raisonnables
et modérées. Mais parce que vous êtes présent au
comité, parce que vous voyez sur une base quotidienne non seulement les
locataires, mais les propriétaires, est-ce que vous pouvez parler
pendant quelques minutes, de la part des petits propriétaires de votre
quartier, de parler un peu du point de vue de ces propos qui sont contenus dans
le projet de loi 107, de parler des amendements que vous proposez, simplement
de prendre la part de ce côté pour une minute?
En terminant, peut-être pouvez-vous donner un petit commentaire
sur votre recommandation 6 dans laquelle vous avez proposé, à la
page 8, que des employés des institutions publiques et para-publiques,
disons probablement les employés des CLSC, puissent représenter
une personne devant la régie, si, dans votre esprit, vous pensez que
cette personne pourrait être un propriétaire. Est-ce que vous avec
l'idée que, par exemple, un CLSC pourrait avoir un service permanent
pour donner de l'aide aux deux parties, que cela doit être un volet, une
mission permanente des CLSC?
Je pose la question finale et précise, dans le sens de la
question un peu plus grande à laquelle je vous laisse
répondre.
M. Lefebvre (Biaise): Au sujet des petits propriétaires,
i' existe un fait, il existe plusieurs mythes dans le secteur de l'habitation,
particulièrement, comme le soulignait M. le ministre tantôt...
Finalement, malgré toutes les études, toutes les recherches qui
ont été faites dans le secteur de l'habitation, on possède
peu de choses, particulièrement dans le domaine qui touche les petits
propriétaires.
Ce qu'on sait, c'est que nos petits propriétaires ou les petits
propriétaires de nos quartiers sont des personnes qui, habituellement,
ont un certain âge. Ce ne sont pas des administrateurs
diplômés. Ce sont des gens qui, finalement, gèrent leur
logement en bons pères de famille, selon le terme accepté,
plutôt que comme des administrateurs astucieux. Ceci fait que,
finalement, ces gens sont confrontés à des hausses de taxes, sont
confrontés à des hausses dans le domaine des services de
l'électricité et du chauffage et n'ont finalement pas beaucoup de
ressources pour lutter contre ces phénomènes.
Dans ce sens-là, la loi 107 nous apparaît un instrument
pour régler un certain nombre de problèmes entre locateurs et
locataires. Cependant, cela ne règle pas les problèmes
fondamentaux du propriétaire. Une conséquence de cela, c'est que,
devant la hausse et les tracas qu'amènent ces hausses pour les
propriétaires, les propriétaires ont tendance à vouloir se
départir de leur habitation. Conséquemment, ceux qui peuvent
acheter de telles habitations et continuer à payer de telles taxes, ce
sont souvent des gens qui sont assez fortunés pour le faire et
très souvent aussi des spéculateurs et le chef du service
des incendies criminels à Montréal l'avoue lui-même
qui, en passant par-dessus toutes les lois, verront bien à faire
démolir malgré tout, et assez souvent par le feu, des immeubles,
pour ensuite reconstruire en hauteur et changer la physionomie de tout un
quartier.
Dans ce sens-là, on ne croit pas qu'il y ait plus de mauvais
propriétaires qu'il puisse y avoir de mauvais locataires, somme toute.
Cependant, sauf la recommandation que nous faisons concernant la fixation du
loyer, nous ne croyons pas que la loi 107 puisse améliorer sensiblement
le sort des propriétaires. C'est par d'autres mesures qu'on devrait y
arriver.
Quant à la fixation du loyer, ceci nous semble important. Les
propriétaires qui, au cours des dernières années, ont
réussi à obtenir de leur locataire 20%, 25%, 30% ou même
50% de l'augmentation du loyer se présentent devant la commission et la
commission ne prend que la dernière année, ce qui fait que les
hausses qui ont été accumulées précédemment
ne sont pas considérées. Si ce propriétaire fait un profit
excessif sur ses logements, la Commission des loyers ne fait, dans sa fixation
de loyers, que consacrer cette chose-là.
Par contre, un petit propriétaire c'est dans ce
sens-là que je disais tantôt qu'il se comporte souvent plus en bon
père de famille qu'en administrateur a un locataire qui est
là depuis cinq, dix ans, il va augmenter annuellement son logement de 5%
à 10% et, après un certain temps, il trouve non seulement que son
immeuble ne lui rapporte plus de profits, mais lui cause des pertes. Il demande
alors au locataire une hausse de 30%. Le locataire est surpris, il conteste. On
va devant la régie et, la régie, dans ce cas-là aussi, ne
prend que la dernière année pour calculer sa fixation de loyer
et, finalement, elle ne permet pas au petit
propriétaire de rattraper un peu ce qu'il a perdu au cours des
années.
Quant à l'autre partie de votre question, M. Yvon Jean ici, de
Saint-Louis-du-Parc va vous répondre.
M. Jean (Yvon): M. le Président, pour répondre
à la deuxième question posée concernant la
représentativité d'une personne devant la régie, ce n'est
pas simplement les CLSC qui pourraient représenter, je pense que la
question est beaucoup plus globale. Face au projet de loi tel qu'il est
présenté, il semble que les administrateurs des compagnies
pourraient être représentés devant la régie, par le
biais de personnes engagées par eux et qu'ils les paieraient
indirectement pour les représenter, alors que ce droit nous semble, du
moins d'après une étude rapide du projet de loi, exclu pour les
autres types, c'est-à-dire face aux locataires comme tels.
Dans le fond, ce qu'on croit, c'est que les organismes à but non
lucratif, entre autres, certains groupes populaires qui actuellement offrent
des services surtout dans la ceinture sud, il y a un bon nombre de
groupes populaires qui défendent les intérêts des
locataires comme tels devraient avoir, même s'ils sont à
l'intérieur de projets PIL, soit en faisant partie d'institutions, le
droit de représenter des personnes. On pense surtout actuellement
à toute la question des personnes âgées, des chambreurs et
autres qui entrent dans ce domaine-là. Ils devraient pouvoir les
représenter, tout en étant payés non pas pour ce qu'ils
font devant la régie, mais à l'intérieur d'un travail
ordinaire. Je pense qu'au point de vue justice, si on accorde aux
administrateurs ce pouvoir de représentation, on devra aussi l'accorder
aux locataires et aux petits propriétaires aussi.
M. Scowen: Au lieu de vous poser une deuxième question,
vous me permettrez de pousser un peu plus loin la première, parce que,
à mon avis, c'est très intéressant. Comme je vous l'avais
dit, nous cherchons un équilibre. Nous sommes habitués à
voir devant nous les personnes qui représentent un côté ou
l'autre de la médaille, soit les propriétaires, soit les
locataires. J'avais l'impression, en vous écoutant et en lisant votre
mémoire, que vous étiez peut-être vraiment en mesure
d'essayer de représenter ou de développer une position qui sera,
pour votre milieu, pour votre quartier, un équilibre. En effet, les deux
questions que j'ai posées étaient très reliées.
Tout ce que je voulais savoir, c'était: Est-ce que vous pensez que dans
votre quartier, le projet de loi 107, avec les recommandations que vous
apportez, sera accueilli également par vos petits propriétaires,
vos propriétaires en général et par vos locataires? Est-ce
que vous avez vraiment essayé, étant sensibilisés au fait
que les propriétaires sont souvent les personnes sur place, les bons
pères de famille, les gens du quartier, dans votre milieu, de parler aux
deux groupes, d'essayer de réaliser un équilibre? Est-ce que
c'est dans cet esprit que vous nous présentez ce mémoire ou
est-ce que vous êtes surtout un autre groupe qui représente les
locataires? Je pense que c'est dans ce sens que je vous avais posé les
deux questions.
M. Lefebvre (Blaise): A vrai dire, effectivement, on n'a pas,
jusqu'à maintenant, rencontré les propriétaires, les
ligues de propriétaires ou les ligues de locataires. La chose
était voulue au sens où, effectivement, les positions de ces deux
groupes sont tellement polarisées qu'il est finalement difficile de se
faire une image véritable du problème en écoutant
seulement leurs discours. Cependant, c'est l'intention des CLSC et
déjà ceux-ci collaborent particulièrement avec des groupes
de locataires; en fait, ils sont aussi les plus nombreux et souvent les mieux
organisés aussi de collaborer avec les petits
propriétaires. Malheureusement, ceux-ci sont souvent mal
organisés. Ils ont aussi, il est vrai, subi l'assaut d'une certaine
publicité et, vraisemblablement, ils croient difficilement qu'ils
puissent avoir recours aux CLSC pour se faire aider. C'est une image propre au
réseau des affaires sociales que nous voulons changer.
M. Scowen: Merci! Il faut, finalement, vous savez, que quelqu'un
essaie de régler les conflits qui sont inhérents à cette
affaire et j'avais l'espoir, pour un moment au moins, que vous soyez en mesure
de nous aider.
Je veux vous poser une dernière question. Cela touche le Bureau
d'habitation de Montréal. A Montréal, vous y êtes
habitués, vous avez une certaine expérience, vous avez
vécu une certaine expérience avec la ville de Montréal en
ce qui concerne non seulement les démolitions, mais, de plus, il y a la
question de la réglementation dans le domaine de l'habitabilité
d'un logement.
J'aimerais vous poser deux questions. Vous n'avez pas fait
référence à la première dans votre mémoire.
Nous sommes obligés de réglementer dans le domaine de la
définition d'une maison devenue inhabitable. Pensez-vous que la
réglementation qui existe déjà à la ville de
Montréal soit un modèle qu'on doit suivre, d'après votre
expérience dans votre quartier, ou si vous avez des critiques envers
cette réglementation?
Deuxièmement, vous avez apporté quelques critiques en ce
qui concerne la réglementation de la démolition à la ville
de Montréal. Je pense que c'est très important, parce que
ça existe déjà. Vous pouvez peu-être élargir
un peu vos commentaires là-dessus.
Le Président (M. Laplante): Avant de répondre,
parce que nous sommes obligés d'ajourner la séance, je voudrais
m'assurer de votre présence après la période des questions
à l'Assemblée nationale. Seriez-vous intéressé
à revenir pour finir votre mémoire? Il y aurait une quinzaine de
minutes encore après ça.
M. Lefebvre (Biaise): Ce serait vers 15 heures, j'imagine?
Le Président (M. Laplante): Ce serait autour de 15 heures,
15 h 15.
M. Lefebvre (Blaise): D'accord, oui.
Le Président (M. Laplante): On compte sur votre
présence, d'autant plus qu'il se pourrait qu'on soit obligé de
changer de salle cet après-midi après la période de
questions. Il faudra suivre l'ordre de l'Assemblée nationale comme elle
le donnera. Il se peut qu'on soit à la salle 91-A, en bas.
Sur ce, les travaux de la séance sont ajournés sine
die.
Suspension de la séance à 12 h 31
Reprise de la séance à 15 h 37
Le Président (M. Laplante): Nous reprenons les travaux de
la commission des affaires municipales, l'audition des mémoires sur le
projet de loi no 107, Loi instituant la Régie du logement et modifiant
le Code civil et d'autres dispositions législatives. Les membres de
cette commission sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun), M.
Cordeau (Saint-Hyacinthe), M. de Belle-feuille (Deux-Montagnes), M. Gratton
(Gatineau), M. Guay (Taschereau), M. Mercier (Berthier), M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Roy (Beauce-Sud), M. Shaw (Pointe-Claire), M. Tardif
(Crémazie). Je crois que M. Gratton (Gatineau) était
remplacé par M. Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: M. Alfred (Papineau), M. Charbonneau
(Verchères), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Goldbloom (D'Arcy McGee),
M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M. Samson
(Rouyn-Noranda), M. Vaugeois (Trois-Rivières). M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) était remplacé par M. Blank
(Saint-Louis).
Avant de commencer, on a un problème à régler pour
demain matin. Demain, on n'a que deux heures trente minutes d'audition et on a
quatre organismes invités. Sachant fort bien que des gens viennent de
l'extérieur, il ne faudrait pas les faire venir ici pour rien. Ce que je
demande, c'est l'autorisation des membres de cette commission. On me dit qu'il
y a un groupe qui vient de Québec, qu'on pourrait avoir ces gens demain
à 9 heures en avisant le secrétaire des commissions d'essayer de
communiquer avec eux. Il y a un autre groupe de Montréal ou de
l'extérieur qu'on pourrait choisir et on pourrait avertir les deux
autres groupes qu'ils seront convoqués ultérieurement. Est-ce que
ce serait la volonté de la commission d'identifier les groupes qu'on
veut avoir?
M. Caron: Quel que soit le groupe, c'est la question de
déplacer le moins de monde possible en peu de temps.
Le Président (M. Laplante): C'est la question de
déplacer, c'est ça.
M. Tardif: Quel est le groupe de Québec? M. Cordeau: M. le
Président? Le Président (M. Laplante): Oui?
M. Cordeau: De quelle heure à quelle heure allons-nous
siéger demain?
Le Président (M. Laplante): De 9 heures à 11 h 30,
parce qu'on avait dit que l'heure avant 10 heures, on l'enlevait le midi, qui
était 12 h 30. On la reporte à 11 h 30 en venant à 9
heures.
M. Cordeau: Demain, on devrait siéger jusqu'à
midi.
Le Président (M. Laplante): On ferait venir trois
groupes?
Des Voix: Oui.
M. Guay: II semble que le mémoire le plus long soit celui
de la Commission des services juridiques.On pourrait peut-être passer les
trois autres et remettre la Commission des services juridiques à une
autre journée.
M. Scowen: Mais jusqu'à midi, demain.
Le Président (M. Laplante): On peut aller jusqu'à
midi, je n'ai pas d'objection.
M. Cordeau: Je peux travailler de 9 heures à midi, demain,
il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Laplante): Quel groupe vous...
Le groupe de Québec, je ne sais pas si le secrétaire peut
l'appeler!
M. Cordeau: Je ne veux pas être accusé de
discrimination.
M. Tardif: Je pense bien que le groupe à remettre,
à une date qui lui convienne, serait la Commission des services
juridiques.
Le Président (M. Laplante): II faudrait donner avis au
secrétaire de la commission de remettre à plus tard l'audition de
la Commission des services juridiques, et, en autant que faire se peut, essayer
d'appeler le groupe de Québec, pour qu'il soit ici pour neuf heures, si
possible. D'accord?
M. Scowen: M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai une question. Je ne sais pas si vous voulez la
régler ou non, mais la Ligue des
propriétaires de Montréal, qui est sur la liste
d'aujourd'hui, m'avait prié de vous demander s'il était possible
de changer l'ordre, pour qu'elle soit entendue cet après-midi; parce
que, semble-t-il, ces gens ont un autobus qu'ils sont obligés de payer
en supplément.
Le Président (M. Laplante): Vous savez, la commission est
maîtresse de ses travaux. Et si les membres de la commission me demandent
de changer l'ordre des groupes...
M. Scowen: S'il y a un groupement de Québec qui est ici
cet après-midi et si cela pouvait être changé. J'ai
simplement posé la question en leur nom. Ils sont là et ils
attendent.
M. Guay: II y a effectivement un groupement de Québec ici,
mais qui ne peut pas ne pas passer cet après-midi, en ce sens que ces
personnes avaient déjà quelque chose de prévu pour ce
soir. Les reporter à ce soir, cela équivaut à ne pas les
entendre. En conséquence...
M. Scowen: Cela doit marcher. Le groupement de Québec doit
être entendu cet après-midi?
M. Guay: II doit être entendu cet après-midi.
M. Scowen: II doit être entendu cet après-midi.
M. Tardif: II reste quand même de 16 heures à 18
heures pour deux groupes. Quinze minutes pour le groupe des CLSC de
Montréal; de 16 heures à 17 heures et de...
Le Président (M. Laplante): La Ligue des
propriétaires du Québec Inc., arriverait vers 20 heures ce soir.
C'est le numéro cinq.
M. Scowen: Semble-t-il, il n'y a rien.
M. Guay: M. le Président, il y a l'Association du Parti
québécois de Montréal-Centre qui pourrait peut-être
accepter d'intervertir l'ordre.
M. Scowen: Echanger avec l'autre groupe, peut-être. Ils
sont un autobus au complet. Ils sont à l'extérieur de la salle.
Ils nous attendent à l'extérieur.
M. Tardif: D'accord.
M. Guay: S'ils sont un autobus au complet et qu'ils veulent
présenter le mémoire cet après-midi, dans cette salle-ci,
mesurez la grandeur de la salle. Tandis qu'en haut, ce soir, au salon rouge, il
y a de la place pour accueillir, sinon l'autobus, en tout cas, tout le monde
qui est dans l'autobus.
M. Scowen: Si vous voulez m'excuser, je vais leur proposer ce
choix.
Une Voix: S'il vous plaît, oui.
Le Président (M. Laplante): D'accord, on va commencer
maintenant avec les Centres locaux de services communautaires et le Centre des
services sociaux de Montréal métropolitain. Il vous restait
environ une quinzaine de minutes et la parole était au
député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je crois que le
député de Notre-Dame-de-Grâce avait posé une
question aux membres et ils n'avaient pas eu le temps de répondre.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Voulez-vous
réserver votre réponse pour aussitôt qu'il sera
arrivé et, en attendant, le député de Saint-Hyacinthe
pourrait commencer l'interrogatoire pour ne pas perdre de temps.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Au début de vos
remarques, vous avez mentionné que le projet de loi aurait des effets
contraires aux besoins et aux aspirations des citoyens ou des groupements que
vous représentez. Pourriez-vous expliciter votre pensée? Lorsque
vous avez présenté votre mémoire, il me semble que vous
avez fait allusion à quelques problèmes.
M. Lefebvre (Blaise): Ce que j'ai dit c'est qu'avec le projet de
loi, l'application pure et simple du contrôle des loyers peut finalement
avoir des effets contraires aux objectifs que devrait contenir une politique
générale de l'habita-taion. Par exemple, on l'a souligné
dans le cas du calcul du loyer, jusqu'à maintenant en tout cas, le
calcul du loyer faisait que les petits propriétaires avaient beaucoup de
dificulté à récupérer de l'argent perdu au cours
des dernières années. Dans ce sens-là, des mesures
coercitives purement et simplement, dans le secteur de l'habitation peuvent
avoir des effets contraires à ce qu'on souhaite, c'est-à-dire le
développement du secteur de l'habitation.
M. Cordeau: Croyez-vous que la réforme de la
fiscalité municipale pourrait apporter quelques remèdes aux
problèmes auxquels ont à faire face les petits
propriétaires, parce qu'actuellement, c'est le propriétaire qui
paie la taxe foncière et, en second lieu, c'est le locataire qui paie.
Croyez-vous que la réforme de la fiscalité pourrait apporter des
soulagements aux locataires?
M. Lefebvre (Blaise): La réforme de la fiscalité
pourrait apporter un soulagement aux contribuables. Cependant, ce qu'il faut
remarquer c'est que quand, par exemple, on songe tout simplement à
passer d'une imposition foncière qu'on dit régressive à
une imposition sur le revenu, il faudrait bien voir aussi que, selon certaines
études menées par le Conseil économique, on
démontre que l'imposition sur le revenu est, elle aussi,
régressive et que, finalement, ce sont toujours les ménages les
plus démunis, malgré toutes les formules d'imposition qu'on peut
inventer, qui, proportionnellement, paient encore le plus.
Dans ce sens, évidemment, la réforme de la
fiscalité municipale nous semble importante. Cependant, cela ne
règle pas tous les problèmes, comme, par exemple, il reste que,
dans la région de Montréal, on ferme des écoles, que la
Commission des écoles catholiques de Montréal est
réticente à louer ou à vendre, alors qu'on construit des
écoles à Sainte-Julie. Une subvention du ministère, soit
de l'Education, soit des Travaux publics, pour la construction de ces
écoles provient aussi des taxes sur le revenu payées par les
habitants de Montréal. C'est finalement tout le régime de
taxation qu'il faudrait repenser et aussi dans le cadre d'un plan
d'aménagement. On a souligné, par quelques statistiques, qu'au
cours des quinze dernières années, nos quartiers ont perdu, en
moyenne, dans la ceinture sud de Montréal, jusqu'à 40% de leur
population. Certains quartiers, comme Saint-Henri, ont perdu au cours des
quinze dernières années 60% de leur population. Il reste que ces
quartiers ont des infrastructures et que les gens continuent à payer des
taxes. Il faut donc aussi un plan d'aménagement pour que les citoyens
reviennent vivre en ville. Dans ce sens, la Loi sur la protection du territoire
agricole est peut-être une façon d'empêcher ce qu'on appelle
le développement à saute-mouton. Cependant, il reste aussi que,
dans la région de Montréal, dans la ville de Montréal
comme telle, il y a encore 26% du sol qui est vacant, sans compter les terrains
de stationnement, sans compter des terrains comme ceux des usines Angus, par
exemple, sans compter des terrains que le gouvernement fédéral
pourrait développer dans le port de Montréal et aux alentours du
port de Montréal. On songe, par exemple, aux terrains qui sont
utilisés par Adacport et qui, somme toute, depuis près de dix
ans, ont servi à garer des automobiles ou à garer des avions,
mais n'ont jamais servi vraiment à la population. Dans ce sens, il y a
tout un plan d'aménagement. Ce qu'on croit, c'est que Montréal
est encore à bâtir. (15 h 45)
M. Cordeau: Est-ce que vous croyez que le gouvernement devrait
apporter des moyens incitatifs afin d'aider à la rénovation des
centre-ville, les rendre plus vivants, afin d'inviter les gens à trouver
une âme dans les centre-ville, parce qu'actuellement, je pense qu'il y a
plusieurs centre-ville qui dépérissent plutôt qu'ils ne se
développent.
M. Lefebvre (Biaise): Oui. Dans ce sens, il nous apparaît
important qu'un plan général de l'habitation ou une politique
générale de l'habitation favorise d'abord la rénovation et
favorise aussi la construction en ville. Le problème est cependant que,
pour la plupart des gens, on ne peut pas concevoir qu'un particulier va aller
acheter, par exemple, le terrain qui est vacant depuis quinze ans au coin de
Saint-Denis et de Sherbrooke pour y construire des petits immeubles de quatre,
cinq ou sept logements. Les coûts sont beaucoup trop
élevés, les taxes que cette personne aurait à payer sont
aussi beaucoup trop élevées, mais, à notre avis, il est
essentiel qu'on redéveloppe le centre des villes non seulement en
faisant de l'aménagement des terrains qui sont déjà
là, mais aussi en favorisant la construction en ville. A ce
niveau-là, on pense que, vraisemblablement, ce sont seulement les
pouvoirs publics, les gouvernements qui peuvent le faire.
A ce niveau-là, je voudrais ajouter que, pour ce faire, si,
effectivement, il y avait une véritable coordination entre le
gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et le
gouvernement municipal, ainsi qu'avec certaines corporations qui
dépendent d'eux, je pense notamment au Canadien National qui, dans la
région de Montréal, est le plus grand propriétaire
foncier, à ce moment-là, le gouvernement n'aurait même pas
à exproprier pour construire des milliers de logements. Si, à
Montréal, on utilisait actuellement seulement le quart des terrains
vacants, utilisant le reste pour faire des espaces verts et tout ça, on
pourrait construire, en immeubles n'ayant pas plus de sept logements,
suffisamment de logements pour loger 500 000 personnes.
M. Cordeau: Merci!
Vous avez parlé aussi dans votre exposé de la diminution
des facteurs de hausse des loyers. Pourriez-vous expliciter un peu votre
pensée, s'il vous plaît? Quels sont les facteurs qui seraient
employés afin de diminuer la hausse des loyers?
M. Lefebvre (Blaise): Ce à quoi on pensait, c'est surtout
aux coûts afférents au logement. On pense à
l'électricité où, au cours des trois prochaines
années, les coûts minimaux vont augmenter de 40%. On pense aux
fournisseurs de gaz naturel qui, au cours de la dernière année,
ont reçu, je crois, l'autorisation de la Régie de
l'électricité et du gaz d'augmenter les tarifs de 50%, du moins
dans la région de Montréal. On pense aux assurances qui, au cours
des trois ou des cinq dernières années, ont augmenté leurs
coûts de 196%, tout en refusant d'assurer bon nombre des citoyens de nos
quartiers parce qu'ils demeurent dans des logements qui sont supposément
inassurables ou qui offrent de trop grands risques. Il nous semble que les
compagnies d'assurance sont justement là pour couvrir les risques.
Il y a aussi le prix du mazout qui a augmenté de 200% au cours
des cinq dernières années. De tous ces coûts, on dit que le
gouvernement, dans la mesure où il est possible de le faire, devrait
réduire les hausses. On comprend que pour différentes raisons,
les hausses sont nécessaires; à ce moment-là, on dit: La
première tranche de consommation, celle que tout le monde est
obligé de prendre de toute façon pour chauffer son eau et
s'éclairer, devrait, autant que possible, ne pas être
augmentée, c'est-à-dire que l'augmentation viendrait avec
l'ensemble de la consommation. Alors, plus une personne consomme de
l'électricité ou du gaz, plus elle paierait cher. Ce serait
peut-être aussi une façon de décourager la
surconsommation.
M. Cordeau: A la page 19 de votre mémoire, votre
recommandation no 12: "Que l'exemption de
cinq ans consentie par le projet de loi no 107 à l'égard
des logements neufs soit réduite à trois ans." Vous avez
donné les raisons pour lesquelles vous mentionnez trois ans et vous
voulez soustraire les deux autres années, parce qu'il y a abus de la
part des propriétaires, peut-être. Quels sont ces abus de la part
des propriétaires?
M. Lefebvre (Blaise): En fait, ce qu'il faut souligner, c'est
d'abord que cela se produit dans les grands immeubles, d'une part, dans la
plupart des édifices; ce sont les immeubles neufs de grande taille.
D'autre part, le projet de loi, ou le livre blanc soulignait qu'il fallait
protéger les administrateurs contre leurs propres erreurs, en leur
permettant de bien concevoir leur taux d'occupation. On donne cinq ans aux
propriétaires pour faire cela. Nous disons: Cinq ans, c'est
vraisemblablement trop, parce que la première année,
effectivement, le propriétaire a des difficultés à louer
son immeuble. Pour qu'il puisse ajuster ses prix de façon
concurrentielle, nous sommes bien d'accord pour que la première
année soit sans contrôle des loyers comme tel.
On tolère une deuxième année en disant: II
réussit à remplir son immeuble; il commence à comprendre
quels sont les problèmes qu'il peut y avoir, quoiqu'il faudrait bien
souligner aussi que les immeubles neufs, à Montréal, sont en
grande partie contrôlés par de très grandes
sociétés de gestion d'immeubles qui, dans le fond, n'ont
véritablement pas besoin d'expérience; elle l'ont
déjà. Disons qu'elles ont connu un mauvais temps ou, par d'autres
facteurs, on doit leur permettre de s'ajuster au marché. La
troisième année nous apparaît suffisante pour consolider,
pour savoir si cela marche ou si cela ne marche pas.
M. Scowen: M. le Président, sur ce point-là, c'est
une proposition qui m'avait intéressée. Est-ce que les trois
tranches que vous avez suggérées, le temps que vous avez
alloué, c'est basé sur quelque chose que vous avez
recherché, c'est une étude scientifique comme les études
scientifiques de M. Landry et de l'OPDQ ou est-ce que c'est basé sur une
opinion? Je vous pose la question: Si on mettait dans votre explication: C'est
18 mois pour la première tranche et 18 mois pour la deuxième, on
arriverait facilement à 5 ans. Je voulais savoir simplement comment vous
avez développé cette idée de trois ans plutôt que
cinq. Est-ce que c'est basé sur quelque chose d'autre qu'une opinion
personnelle?
M. Lefebvre (Blaise): C'est une opinion qui est fondée sur
l'expérience des gens qui ont vécu dans de grands immeubles.
M. Scowen: Est-ce que les propriétaires sont, en
général, d'accord avec vous que ces trois ans sont
suffisants?
M. Lefebvre (Blaise): II faudrait leur demander. Je crois que
non. Eux défendent leurs intérêts. Cependant, si vous me
permettez, ce que nous soulignons, c'est que les deux dernières
années, comme le locataire est déjà dans un logement,
comme peut-être aussi pendant les trois premières années il
n'a pas connu de hausse très importante du logement, au cours des deux
dernières années le propriétaire demande des hausses,
comme la personne est là depuis trois ans, elle ne souhaite pas
nécessairement déménager et perdre les services qu'elle a
déjà, auxquels elle s'est habituée: le garage au sous-sol,
le dépanneur au coin de la rue et tout cela. Comme elle n'a pas recours
devant la régie, la clientèle est finalement une clientèle
captive. On dit: Finalement, trois ans cela devrait être assez, surtout
parce que, d'après nous, la loi ne devrait pas être là pour
protéger les administrateurs de leurs propres erreurs, d'autant plus que
quand il s'agit des petits propriétaires qui demandent une augmentation,
parce qu'au cours des trois dernières années ils ont fait des
erreurs, la loi jusqu'à maintenant ne leur donne aucun
privilège.
Le Président (M. Laplante): Une dernière
question.
M. Cordeau: Une dernière question. Par contre, ces abus,
vous ne les avez pas décelés dans les constructions de six ou
huit logis, les constructions ordinaires de développement domiciliaire
à logis multiples, c'est surtout dans les grands ensembles
immobiliers?
M. Lefebvre (Blaise): C'est surtout dans les grands ensembles
immobiliers, pour une raison qui est assez simple, et c'est pour ça
qu'on demandait aussi le recours collectif.
M. Cordeau: C'est seulement cette spécification que je
voulais savoir.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez
répondu aux deux questions que le député de
Notre-Dame-de-Grâce vous avait posées ce matin avant
d'ajourner?
M. Lefebvre (Blaise): Non.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez y
répondre, assez rapidement, s'il vous plaît, parce que le temps
est déjà dépassé.
M. Scowen: M. le Président, est-ce que je peux proposer
quelque chose, parce que je sais que le temps de ce groupe est
déjà dépassé? J'ai d'autres questions que
j'aimerais en plus à vous poser. A moins que la réponse à
ma dernière question soit d'intérêt général,
on peut peut-être s'arranger pour se rencontrer privément d'ici
les deux ou trois prochaines semaines. J'aimerais énormément
discuter avec vous, un peu plus en profondeur, non seulement celles que je vous
avais posées, mais quelques autres questions.
M. Lefebvre (Blaise): D'accord.
M. Scowen: Si les autres membres de la commission sont d'accord,
je suis prêt à laisser tomber ma question pour que le prochain
groupe puisse se présenter. Si je comprends bien, l'heure fixée
pour ce groupe est déjà passée.
Le Président (M. Laplante): Merci. De courtes questions,
M. le député de Taschereau, vu qu'il n'y en a pas eu
là?
M. Guay: A moins que le député de
Notre-Dame-de-Grâce retire sa question en impliquant
qu'automatiquement... J'ai effectivement quelques questions à poser de
ce côté-ci, assez rapidement. Je voudrais d'abord féliciter
très sincèrement le groupe qui a mis au point ce mémoire.
Les problèmes qui sont décrits très sobrement, de
manière très exhaustive, dans le centre-ville de Montréal
sont des problèmes qu'on retrouve aussi dans la circonscription que je
représente du centre-ville de Québec. En changeant les noms, les
problèmes demeurent les mêmes.
Il y a quelques questions que je me posais. Assez paradoxalement, hier,
des groupes sont intervenus pour suggérer que ce devrait être le
propriétaire qui devrait introduire la demande auprès de la
régie, soit de manière absolue, soit de manière relative,
comme ça se fait en Ontario ou au-dessus d'un certain seuil fixé
annuellement par le gouvernement, c'est aux propriétaires à faire
la demande de hausse de loyer à la régie, ce qui n'exclut pas que
le locataire en deçà du pourcentage, c'est le cas en Ontario,
puisse quand même contester la demande d'augmentation.
Dans votre mémoire, vous semblez admettre implicitement que c'est
au locataire à introduire la demande devant la régie. Vous
proposez une formule automatique détachable qui pourrait constituer
l'introduction de la demande. Vous ne proposez pas de renverser le fardeau.
Est-ce que l'expérience que vous avez dans le centre de la ville de
Montréal est que le fait de laisser au locataire le soin d'introduire la
demande est une solution satisfaisante, comme c'est le cas sous la loi actuelle
et comme ce qui est proposé dans le projet de loi 107?
M. Lefebvre (Blaise): Ce que je dirais là-dessus, c'est
que la proposition qu'on fait relève davantage du souci
d'économie en termes de structure administrative. Si la demande
d'augmentation était faite sous forme absolue, ça ferait 900 000
ou 1 million de demandes par année à la régie; ça
nous apparaît totalement superflu. D'autant plus que ça pose
d'autres problèmes, ça pose le problème de fixation d'un
prix minimum et on n'en sort pas, à moins de vraiment contrôler
tout le secteur.
D'autre part, si on pense à un contrôle relatif, il faudra
se poser toute la question, à savoir: Est-ce que c'est 5%? Est-ce que
c'est 6%? Est-ce que c'est 7%? Et, si on dit 7%, quand le propriétaire
va demander 14%, est-ce que les locataires veulent discuter dans des
circonstances comme cela? Et, finalement, il y a une autre chose. Actuellement,
on arrive tout de suite devant la régie. C'est le locataire qui a le
fardeau de se présenter devant la régie. Par contre, si on a une
formule, tout cela pourrait se faire par la poste, ce serait beaucoup plus
facile. (16 heures)
Mais ce qu'on veut dire, c'est que si, effectivement, la régie
prend une décision, cela va être à qui... Si le locataire
n'est pas satisfait, il va loger un appel. A moins que déjà, en
première instance, au moment où le propriétaire est
obligé de faire sa demande, on prévoie aussi que le locataire va
venir en audition, pour défendre son point, on pense que, presque
automatiquement, le propriétaire va gagner son point, puisqu'il est tout
seul vis-à-vis... De toute façon, il faudrait que le locataire se
déplace. Et il n'est pas certain que le locataire veuille le faire. Mais
cela entraînerait toute une série de procédures, au sens
où la régie devrait prendre contact avec le locataire pour savoir
si le locataire conteste l'augmentation demandée par son
propriétaire. Finalement, on n'en sort pas non plus, en termes de
paperasserie.
M. Guay: Le fardeau psychologique auquel on faisait
référence hier et que beaucoup admettaient, c'est-à-dire
que le locataire se trouve, ne fût-ce que psychologiquement, dans une
situation d'infériorité dans le rapport de force avec le
propriétaire et qu'en conséquence, il n'est peut-être pas
porté et vous-même, vous l'évoquez dans votre
document à faire la démarche-Vous soulignez combien il
peut être compliqué, que cela peut être tout un autre monde
pour un locataire d'aller au palais de justice, je suis d'accord avec vous.
Mais, pour autant, tout en proposant une décentralisation des
bureaux de la régie, vous continuez à proposer quand même
que ce soit cette démarche qui prévale.
M. Piché (Serge): Ce dont on parle, c'est effectivement
d'un climat qui est psychologique. Nous, on pense que, pour changer un climat
psychologique, il faut utiliser des instruments psychologiques. Une loi ou une
plus grande fonctionnalisation du système, pour nous, cela ne change
rien. On dit: Informez les propriétaires, informez les locataires,
permettez aux locataires d'avoir simplement à déchirer le talon
de la demande de loyer pour introduire une demande et peut-être que,
justement, quand le propriétaire sera avisé que le talon est
parti vers la régie, il va revenir cogner à la porte et va
négocier.
Avant de penser résoudre un climat psychologique par d'autres
mesures coercitives, on dit: Utilisons d'abord des instruments qui touchent
effectivement le psychologique, qui vont faire, par exemple, que le locataire
va savoir que le propriétaire n'a pas droit à une augmentation de
10% annuellement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre. Le temps est
écoulé. Cela fait une heure et trente. C'est à vous de
décider.
M. Guay: Est-ce qu'on peut permettre encore une question au
député de Rosemont?
M. Paquette: J'avais plusieurs questions, mais, si la commission
est d'accord, je vais me contenter d'une très brève question.
Le Président (M. Laplante): Une très brève
question.
M. Paquette: Une très brève question qui concerne
la recommandation no 16, où vous proposez que les taux de rendement
consentis par la régie pour les réparations et les
améliorations majeures soient proportionnels à l'augmentation
réelle du bien-être des locataires.
J'imagine que vous proposez cela pour distinguer les
améliorations que le propriétaire veut faire, qui sont
peut-être des améliorations de luxe, des améliorations qui
sont vraiment essentielles pour maintenir le logement à un certain
niveau de qualité. Maintenant, tel que proposé là, je me
demande si le mécanisme est suffisant.
Il y a d'autres groupes qui nous ont proposé que le locataire ait
un certain moyen d'intervention sur les réparations faites au logement
qu'il habite, qu'une certaine consultation ou même qu'une certaine
autorisation dans certains cas soil demandée au locataire de
façon que celui-ci ne se trouve pas devant des hausses abusives de loyer
pour des réparations qui n'apportent pas grand-chose à son
bien-être ou à celui de sa famille. Est-ce que c'est mal vous
interpréter que de penser que votre recommandation qui est là,
vous la trouvez suffisante ou devrait-elle être complétée
par d'autres mécanismes?
M. Piché: Je pense que cela pourrait être
complété par d'autres mécanismes, mais,
déjà, du fait que le propriétaire sait que devant la
régie il aura un taux différent, peut-être ne se
lancera-t-il pas dans des réparations de ce type-là.
M. Paquette: Sauf qu'il peut être difficile de
séparer les deux types de rénovations.
M. Piché: Oui, d'accord. D'autre part, la loi pourrait
prévoir, outre simplement le droit de contester les conditions qui sont
faites au moment d'une réparation majeure, que la personne puisse
contester les conditions qui viendraient par la suite. Ce qui est important,
c'est que les gens s'entendent sur le coût du logement à la fin de
l'opération et non pas nécessairement sur la réparation
qui est faite. A ce niveau-là, on a consulté les personnes de la
Commission des loyers et on nous a dit qu'il arrive parfois que le locataire
dise non à un propriétaire qui veut installer un bain dans un
logement. Il dit non. Il a peut-être raison de dire non, vu qu'il n'a pas
d'argent. Il n'a peut-être même pas d'argent pour acheter le savon
qui pourrait aller avec le bain, mais il faudrait quand même que le
propriétaire puisse faire les changements, quitte à ce qu'il y
ait une entente qui soit faite sur les mécanismes de fixation du loyer
dans ce sens-là.
M. Paquette: Parce qu'il ne faut pas empêcher les
rénovations de se faire et il faut aussi maintenir le stock de logements
à un certain niveau de qualité.
M. Piché: D'accord.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, c'est dommage que le temps
nous presse, parce qu'il y a tellement de questions à aborder. Je crois
comprendre que le groupe qui nous a présenté ce mémoire
est en train de compléter une étude beaucoup plus exhaustive de
la question et qu'il fera bénéficier, sinon cette commission si
elle ne siège encore, à tout le moins le ministère du
résultat de ses recherches. Je désire donc l'en remercier et
poser quelques brèves questions avant de terminer.
A la page 21 du mémoire, on dit que le fait de porter le
délai de trois à six mois pour la reprise de possession est une
mesure trop dure à l'endroit des propriétaires, alors qu'on a eu
des représentations plutôt contraires de la part des groupes de
locataires. Voulez-vous parler là-dessus?
M. Piché: II faut se souvenir que, dès le
début, on a dit: Ce qu'il faut d'abord, c'est une politique
générale de l'habitation et, dans ce sens-là, on dit: II y
a d'autres propositions plus générales qu'on va vous soumettre,
mais qui sont gravées dans notre esprit actuellement.
Quand on dit, par exemple, qu'il ne faut pas empêcher ou qu'il ne
faut pas faire en sorte que les nouveaux propriétaires, les gens qui
veulent rénover des logements, soient obligés d'attendre six mois
ou un an en payant deux logements à !a fois, en ayant deux
propriétaires, en vivant dans leur valise, etc., alors que s'il y avait
d'autres mesures, peut-être que les locataires délogés
pourraient plus facilement trouver du logement temporaire, qui pourrait
être créé par le gouvernement. A ce niveau, par exemple, on
pourrait utiliser certains logements du Parc olympique. On pense à
d'autres mesures qui pourront être prises en concordance avec cela.
M. Tardif: D'accord. Concernant l'accessibilité dont il a
été beaucoup question ce matin, je voudrais simplement informer
les gens qui sont devant nous, qu'en sus de ces 28 bureaux permanents en
province, la régie a 30 bureaux itinérants et que dans la
région de Montréal, au cours des douze derniers mois, il y a eu
une certaine déconcentration avec l'ouverture d'un bureau à Laval
et un autre à Longueuil, et que dans le territoire de l'île
même, il y a maintenant cinq bureaux ouverts le soir, un soir par
semaine, pour accueillir les demandes des gens qui veulent s'adresser à
la régie. Donc, c'est une première amorce dans le but de
déconcentrer les activités qui étaient auparavant
concentrées au palais de justice.
Evidemment, je suis très sensible au problème plus
général de la construction à Montréal et du
logement. Certains des faits que vous avez évo-
qués se retrouvent tels quels presque dans notre rapport produit
par le ministère des Affaires municipales, qui s'intitule
"L'urbanisation dans la conurbation montréalaise", où on sait
pertinemment que près de 200 000 personnes, entre le recensement
fédéral de 1966 et celui de 1976, ont quitté le territoire
de la ville de Montréal pour aller s'installer ailleurs en banlieue,
avec les coûts afférents considérables pour la
société. Alors, c'est bien évident que diverses mesures
doivent être prises pour endiguer cet exode vers la banlieue et, parmi
lesquelles, la fiscalité est une mesure importante. Dans ce sens, je
disais qu'une des caractéristiques de la réforme, entre autres,
dont les détails seront révélés dans le discours du
budget, implique notamment l'abolition des surtaxes dans le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, ce qui frappe les immeubles de
$100 000 et plus, qui sont des immeubles locatifs précisément, et
qui devraient, en tout cas, et Dieu sait qu'il ne faut pas avoir un immeuble
très considérable pour atteindre $100 000...
Sur ces mesures et sur celles qui pourraient toucher une politique
d'habitation dans son ensemble, j'ai pris bonne note des représentations
concernant la restauration. C'est un fait que sur le plan social, on n'a pas
accompli grand-chose. Quant aux programmes PAREL, par exemple, programmes de
remise en état des logements, avec des subventions de l'Etat, à
la fois d'Ottawa, de Québec et de la municipalité, on n'a pas
accompli grand-chose si la rénovation amène l'éviction du
locataire. Sur ce plan, il m'apparaît évident que ces programmes
doivent être pensés.
M. Scowen: M. le Président, avec tout le respect du monde,
parce que le temps presse et qu'on ne veut pas retarder les autres, j'ai
accepté de restreindre mes questions, mais l'idée de parler de la
fiscalité de la ville de Montréal et des changements possibles en
ce qui touche la disparition de la population, franchement, je pense que si on
peut essayer de restreindre nos interventions aux questions et réponses,
je ne sais pas ce que vous pensez, mais...
M. Tardif: M. le Président, je prends acte des remarques
du député de Notre-Dame-de-Grâce, mais, ne lui en
déplaise, M. le Président, et ne vous en déplaise, les
intervenants qui sont devant nous ont soulevé le problème de
l'étalement urbain et de ses conséquences.
M. Scowen: Oui, et c'est grave, mais ce n'est pas dans le projet
de loi no 107.
M. Tardif: Bon!
M. Scowen: C'est tout ce que__l'ai beaucoup de commentaires
là-dessus. C'est tout ce que je vous dis...
M. Tardif: D'accord.
M. Scowen: Si on veut faire un mini-débat sur ces
questions, je suis prêt, mais...
M. Tardif: D'accord.
M. Scowen: ... je pense qu'il s'impose de...
M. Tardif: M. le Président, sur ce, je pense qu'il
convient de remercier le groupe et de souhaiter qu'il nous fasse part de ses
travaux qui pourront nous éclairer.
Merci!
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre.
MM. Massicotte, Gilbert, Lefebvre, Piché, les membres de cette
commission vous remercient de votre excellent mémoire. Merci!
J'appelle le Comité des citoyens du quartier Saint-Sauveur
Inc.
Madame ou monsieur je ne sais pas lequel représente
l'organisme veuillez identifier votre organisme et les personnes qui
vous accompagnent.
Vous avez un maximum de 20 minutes pour faire votre exposé. Si
vous le faites à l'intérieur de ça, bravo! cela donnera
plus de temps pour une période de questions qui pourrait durer environ
40 minutes.
A vous!
Comité des citoyens du quartier Saint-Sauveur
Inc.
Mme Adam (Danielle): Nous représentons tous les trois
l'organisme et nous avons chacun une partie à exposer dans le
résumé.
Il y a Michel Bédard, Jacques Fiset et moi-même, Danielle
Adam.
Je vais peut-être situer le cadre dans lequel nous avons
rédigé le mémoire. Pour le Comité des citoyens du
quartier Saint-Sauveur, le droit à un logement décent est un
droit fondamental inhérent au droit de vivre.
Dans le livre blanc et dans les documents accompagnant le projet de loi,
nous constatons que le gouvernement affirme lui aussi le droit au logement.
En légiférant dans le domaine du logement, le gouvernement
reconnaît l'aspect social et collectif du logement. La raison et la
logique du moins, nous le pensons veulent qu'un droit collectif
soit protégé collectivement par une loi et défendu
collectivement également.
Un peu plus de la moitié des Québécois sont
locataires. Dans les villes comme Montréal ou Québec, les trois
quarts ou plus de la population sont constitués de locataires, mais la
situation actuelle laisse le marché du logement aux mains de
l'entreprise privée qui le gère en vue du profit.
On en arrive donc à une contradiction entre les aspirations des
locataires qui veulent jouir du droit au logement décent et les
aspirations des propriétaires. (16 h 15)
Le projet de loi ne change pas cet état de choses. Nos
revendications, nous en sommes bien conscients, restent dans le cadre du projet
de loi. Elles visent cependant à mieux défendre le droit
au logement décent. Le mémoire et le résumé
que nous en ferons sont présentés en trois grands chapitres que
chacun de nous exposera successivement: d'abord, le contrôle de la hausse
des loyers; ensuite, la conservation du stock de logements en location et enfin
l'adoption d'un code d'habitabilité.
Je vais passer la parole à Jacques Fiset.
M. Fiset (Jacques): Concernant le contrôle de la hausse du
loyer, nous nous sommes d'abord attardés sur la question de
l'information parce que, dans le livre blanc on affirmait très fortement
qu'on voulait faire une loi qui permette une meilleure information, en tout
cas, que l'information ait beaucoup d'importance pour améliorer
l'entente entre propriétaire et locataire. De ce côté, nous
croyons que l'information c'est bon mais que cela ne règle pas les
problèmes. Pour régler les problèmes, il faut s'attaquer
aux mécanismes. C'est pour cela que nous avons une partie un peu plus
élaborée sur les mécanismes.
Partant de l'idée, donc, que le logement décent est un
droit de base et qu'il doit être défendu par la
société, au lieu d'un mécanisme tel que nous l'avons et
tel que le propose la loi 107, à savoir que c'est le locataire qui doit
contester une hausse du loyer, ce qui est une démarche négative,
une démarche de contestation, nous exigeons plutôt une
démarche du propriétaire, qui devient une démarche
positive par laquelle le propriétaire doit se justifier auprès de
la régie pour hausser le loyer.
Notre revendication se lit comme suit: Que ce soit le
propriétaire qui ait à faire une démarche positive
auprès de la régie pour demander une hausse de loyer. Si on
reconnaît vraiment le droit du locataire, la société
protégera ce droit sans que cela repose uniquement sur l'initiative du
locataire. Si, vraiment, on veut défendre son droit, il ne faut pas que
cela porte uniquement sur ses épaules.
Troisième aspect du contrôle de la hausse du loyer, ce que
nous avons appelé le contrôle du loyer de base. Si on arrivait
à bien contrôler la hausse du coût du loyer, cela ne serait
pas encore suffisant pour arriver à une justice dans le domaine du loyer
parce que, même si on gelait certains loyers actuels, ce serait encore
une injustice.
On voudrait donc qu'il soit possible, si on reconnaît toujours le
droit au loyer décent comme étant une chose essentielle, pour un
locataire de demander une révision de son loyer de base, s'il juge que
le loyer de base est déjà une surestimation du loyer qu'il paie
actuellement. C'est à cet effet qu'on a une recommandation: Qu'un
mécanisme de recours en fixation d'un loyer de base soit accessible
à tout locataire qui le désire. Si on ne peut pas arriver
à toucher le loyer de base, on ne fait que ralentir d'une façon
ou de l'autre l'exploitation; il y a déjà de l'exploitation pour
certains loyers qui sont trop élevés.
Mme Adam: Pour ce qui concerne la conservation du stock de
logements en location, il est certain que nous nous réjouissons de voir
ce souci de conservation des logements présent dans le projet de loi.
Cette conservation des logements peut se faire en agissant sur deux variables
au moins: la qualité du logement et la quantité des
logements.
Dans un premier temps, voyons ce qu'il en est du maintien et, si
possible, de l'amélioration de la qualité des logements. Pour
évaluer cette qualité, il faudrait un code. A l'article 29 du
projet de loi, on propose quelques normes mais elles sont assez vastes et
très floues; elles peuvent donc tout justifier. Parmi ces normes, nous
retrouvons même la détérioration de l'apparence
architecturale et la détérioration du caractère
esthétique. Nous l'avons compris comme une norme négative. Pour
nous, ce sont des préoccupations dignes, peut-être, des Beaux-arts
ou du Tourisme, mais qui n'ont rien à voir avec le droit au logement.
Nous exigeons donc un code d'habitabilité clair et précis; le
chapitre suivant traitera en détail de ce code dans son contenu.
Il ne suffit pas, pour maintenir la qualité d'un logement,
d'être capable de l'évaluer en regard d'un code inexistant,
rappelons-le. Il faut encore et surtout que le propriétaire soit
efficacement contraint de maintenir la qualité de ses logements. Rien de
tel dans le projet de loi. Pas de code, pas de prévention de la
dégradation. Il ne reste pas grand-chose, nous semble-t-il, pour
maintenir et ne parlons pas d'amélioration la
qualité des logements. Non seulement nous exigeons un code
d'habitabilité, mais nous exigeons aussi que des mesures
sévères et efficaces contraignent tous les propriétaires
à maintenir tous leurs logements habitables. Le droit au logement,
rappelons-le, est un droit social et le logement est un service essentiel
à la collectivité et un droit de cette collectivité.
Lorsque ce service ne lui est pas rendu efficacement, la collectivité se
doit de défendre son droit. Ainsi, les propriétaires qui ne
peuvent ou ne veulent pas entretenir leurs logements doivent se voir retirer
ceux-ci. Nous exigeons des mesures permettant la reprise de possession par la
collectivité, par expropriation par exemple, de tout logement qui n'est
pas maintenu habitable. Ceci est l'essentiel pour la qualité.
L'essentiel, maintenant, de ce qui concerne la quantité des
logements, quantité qui concerne évidemment le stock de
logements. Nous avons déjà vu qu'il n'y a pas de code pour
trancher clairement la question de l'évaluation de la qualité,
aucune mesure ne prévient la dégradation. Tout cela mène
assez inexorablement à la démolition, donc à la perte de
logements. Au chapitre du maintien de la quantité des logements, le
projet de loi est en très net recul par rapport au livre blanc. Nous
nous sommes demandé quels choix ou jeux politiques ont justifié
le retrait de propositions telles que l'autorité unique de la
régie sur toute émission de permis de transformation ou de
démolition, la soumission d'une municipalité, commission scolaire
et organisme public ou parapublic à l'autorité de la
régie, l'obligation de tenir une audience publique et d'entendre toute
personne désirant s'expri-
mer lors d'une demande de démolition ou de transformation de
logements.
Si nous regardons concrètement la situation, à
Québec, qui est le plus gros démolisseur? C'est
évidemment, directement ou indirectement, la ville de Québec
elle-même. Il y a à peine quelques années, M. Lamontagne,
alors maire, ne s'en cachait pas. Il a déclaré plusieurs fois son
parti pris pour la démolition, le redéveloppement en
béton, et cela est allé plus loin qu'une déclaration de
parti pris d'ailleurs. Aujourd'hui, prenez le temps de descendre de la colline
et, les pieds dans la boue, vous allez constater que les projets sur papier,
cela fait des vides dans les quartiers. Il y a des pâtés de
maisons qui sont entièrement rasés, mais il n'y a rien d'autre
à la place et c'est à une administration de ce genre, qui se
soucie comme cela du droit au logement, que vous voulez confier
l'autorité d'émettre des permis de démolition pour
conserver le stock de logements? Dans ses projets de rénovation et de
démolition, la ville est grandement aidée en plus par les
entreprises et les autres gouvernements. Il n'y a pas un an, M. Canac-Marquis,
propriétaire d'une grosse entreprise commerciale, obtenait sans
difficulté l'autorisation de démolir huit bons logements
après avoir jeté les locataires à la rue et ce, pour
construire un édifice commercial qui devait abriter, entre autres, des
services de la Société des alcools. Un providentiel zonage
rendait tout espoir inutile pour le maintien des logements. Voilà
comment est considéré, par la ville de Québec, le droit au
logement.
Nous exigeons donc que la régie soit la seule et unique
autorité habilitée à émettre les permis de
transformation et de démolition et qu'elle ne puisse transmettre ce
pouvoir aux municipalités qui sont les instigatrices ou les complices du
plus grand nombre de démolitions. Nous nous étonnons le
mot est faible, en vérité qu'un gouvernement qui dit
vouloir protéger le droit au logement et le stock de logements se situe
au-dessus des lois qu'il édicte. Nous pensons que, pratiquement, votre
collègue, Mme le ministre Ouellette, pourra vous renseigner longuement
sur les méfaits dont sont capables les gouvernements dans le domaine du
respect des logements et des quartiers populaires.
Nous exigeons que des mesures forcent le gouvernement à respecter
le droit au logement dans ses propres projets. Par exemple, chaque projet
pourrait donner lieu à l'étude de plusieurs solutions. Une
préférence serait accordée à la solution qui
respecte le logement, indépendamment de son coût. Lorsque des
logements seraient quand même supprimés, ils devraient être
remplacés par des constructions neuves offrant les mêmes avantages
au point de vue de la situation, de la grandeur, du coût, etc., et cela
avant la démolition. Il n'est pas question d'aller construire un HLM
dans le champ, loin de tout, et cela dix ans plus tard.
Enfin, venons-en à l'émission des permis par la
régie. Le propriétaire introduit une demande, mais les principaux
intéressés, du moins selon le projet actuel, les locataires, n'en
seront même pas informés. Le président peut, s'il le juge
nécessaire, tenir une audition, mais sur quoi va-t-il se baser pour le
juger nécessaire? Il n'y a pas de code, il n'y a pas de mesure qui
prévoit la dégradation, il n'y a plus d'indication concernant les
auditions.
La collectivité a son mot à dire dans le maintien de la
quantité de logements, elle a un droit à défendre, et elle
a le droit d'avoir les moyens d'exercer cette défense. Nous exigeons que
toute demande de permis de démolition et de transformation fasse l'objet
d'une ou plusieurs audiences publiques. Il ne suffit pas d'annoncer cette
audience par affichage sur la maison concernée. Y passez-vous souvent,
vous, sur la rue Saint-Benoît ou sur la rue Père-Lacombe? Nous
exigeons que des audiences publiques soient annoncées dans les endroits
stratégiques du quartier ou de la ville. Par ailleurs, le souci du
maintien de la qualité du logement anime plusieurs organismes et
individus. Ces groupes et personnes doivent pouvoir être tenus au courant
de toute demande de permis de transformation ou de démolition. Nous
exigeons des mécanismes à cet égard.
Enfin, il est inutile d'informer les organismes et individus s'ils ne
peuvent s'exprimer en audience publique. Nous exigeons donc que toute personne
ou organisme qui le désire puisse s'exprimer en audience publique sur
toute demande de permis de démolition ou de transformation.
Cela n'est qu'un résumé des principales mesures que nous
revendiquons pour contribuer encore partiellement à la conservation du
stock des logements à location. Il reste donc à aborder le
problème du code d'habitabilité.
Le Président (M. Laplante): C'est tout?
M. Bédard (Michel): II reste une troisième section
qui traite du code d'habitabilité. Il peut paraître surprenant
d'aborder ce point, alors que le projet de loi n'en parle à peu
près pas. Mais c'est précisément là le
problème, c'est que le projet de loi passe par-dessus ça, comme
si c'était à peu près rien. J'ai pu savoir, ce matin, que
les règlements pouvaient contenir des normes d'habitabilité.
Maintenant, qu'est-ce qu'elles seront? Est-ce bien sûr que le
règlement va en contenir? On se le demande, on a eu l'information ce
matin. Cela dénote, si ce n'est pas dans le projet de loi, que ce n'est
peut-être pas considéré avec l'importance que cela devrait
avoir, cette question du code. Ou on veut en minimiser l'importance, ou on veut
reporter les choix politiques qu'il y a en dessous de ça. Ce n'est pas
seulement technocratique que d'adopter un code d'habitabilité.
Pour nous, ce qui est clair, c'est que c'est un élément
qui est déterminant, vraiment déterminant, dans toute la
discussion sur les hausses de loyer et dans les questions de démolition.
Quand il n'y en a pas, c'est de l'arbitraire. Evidemment, l'arbitraire du plus
fort prédomine, savoir que des gens fassent de belles
déclarations et que, finalement, il y ait de petites clauses qui
permettent que des normes esthétiques suffisent pour démolir un
logement.
Finalement, ce code est un élément, une cause au niveau
des hausses et des démolitions, alors il faut absolument l'aborder et
pas seulement parler des effets que sont les hausses. Les recommandations qu'on
va faire ont été construites à partir d'un bilan assez
serré d'une expérience d'un programme de restauration dans
Saint-Sauveur. Ce qu'on retrouvait au coeur même de ce bilan, c'est
précisément le code d'habitabilité. Vous savez qu'à
la ville de Québec, il existe un code. Il est très large,
apparemment, on regarde ça et c'est vraiment inoffensif, mais c'est
à partir de ça que les résidents ont subi, en moyenne
ceux qui ont eu la restauration des hausses de 33%. S'il y a une
moyenne de 33%, il y en a jusqu'à 150%.
Cela a causé le départ de 40% des gens qu'on a pu visiter
pour faire ce bilan. C'est dû à quoi? Au fait que les inspecteurs
de la ville ont exigé des travaux qui étaient souvent
doublés, peut-être même triplés par rapport à
ce que les propriétaires pouvaient s'attendre de faire, de payer. Des
exemples, si vous avez des questions là-dessus, on en a, des perles,
à vous donner. Cela devenait des normes qu'on imposait d'une
façon très arbitraire, très subjective, mais finalement,
c'étaient des normes qu'on imposait pour avoir droit aux
subventions.
Cette situation de hausses de loyer inaborda-les, suite à des
travaux d'amélioration dans certains logements, a également eu
pour effet de causer des hausses généralisées dans tous
les autres logements, sans même que le moindre travail y ait
été entrepris. Même si cette situation est plus criante
dans Saint-Sauveur, à cause des programmes de restauration qui y sont
appliqués, c'est la même situation néfaste qui peut se
retrouver partout quand on laisse l'arbitraire des plus forts prévaloir,
en l'absence d'un code; ou même s'il existe, il existe avec des normes
très générales.
Là-dessus, nos propositions, c'est qu'on travaille le plus
rapidement possible à un code d'habitabilité, que dans ce code,
il y ait des normes précises et claires, de façon à
éviter l'arbitraire. Le laisser-aller, c'est de la fausse souplesse.
Nous exigeons que ce soit précis et que ce soit la régie qui ait
la responsabilité d'appliquer une souplesse, s'il faut en avoir une. (16
h 30)
Que ce code soit discuté, non pas d'une manière
technocratique, mais à partir de choix politiques à faire, soit
de rendre les logements conformes à des normes minimales et que ces
normes minimales servent de critères dans des décisions sur des
démolitions. Un deuxième objectif, c'est de permettre et de
favoriser également l'amélioration des logements à un
niveau décemment acceptable.
Le Président (M. Laplante): Dernière minute.
M. Bédard (Michel): Et évidemment, contrôler
des restaurations de luxe. Je me dépêche. En fonction de ces trois
objectifs, ce qu'on propose, c'est que le code se répartisse en trois
catégories de normes: Une première, des normes véritable-
ment minimales, touchant l'hygiène, etc. Ces normes seraient rendues
obligatoires, peut-être même subventionnées jusqu'à
100%, pour que tous les logements connaissent un minimum de restauration,
à l'inverse de ce qui se fait présentement, où il n'y en a
qu'un petit nombre et que cela joue sur tous les autres. Finalement, cela
servirait de base pour tous les logements qu'on peut rendre conformes à
ces normes, qui ne pourront pas être démolis.
Une deuxième catégorie qu'on peut appeler normes de
convenabilité, évidemment, cela doit être encouragé,
mais la proposition principale qu'on fait à ce niveau, c'est qu'un
propriétaire doive obtenir l'accord écrit du locataire avant de
pouvoir effectuer ses travaux. Bien sûr, dans la majorité des cas,
il va pouvoir y avoir entente avec des petits ajustements. Mais s'il n'y a pas
entente, il n'y aura pas entente, parce que le locataire devra payer la
moitié, sinon plus, la plupart du temps, pour-ces travaux. C'est au
locataire à dire son mot également sinon, cela va à
rencontre d'un principe même du projet de loi qui est le maintien dans
les lieux. On s'aperçoit que lorsque les locataires subissent des
restaurations qu'ils ne sont pas capables de payer, ils sont obligés de
foutre le camp.
Et enfin, une troisième catégorie de normes qu'on appelle
des normes de restauration de luxe. Il faudrait que le code le précise.
Qu'est-ce que c'est que des restaurations de luxe? Et il faudrait que, pour ces
restaurations, il y ait l'accord, d'abord, du locataire et aussi l'accord
obligatoire de la régie qui, elle, décidera si cela rend ce
logement complètement inabordable pour la catégorie de gens qui
habitent dans ce quartier.
J'ai terminé. Et disons que, finalement, ce qu'on souhaite
surtout, c'est que la loi qui sera adoptée ne soit pas encore un
diminutif de ce qu'on avait, par rapport au livre blanc. On s'est aperçu
tantôt que cela commençait à descendre, on espère
que cela peut remonter un petit peu.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, je remercie les gens qui sont
venus nous faire la présentation du mémoire du groupe du quartier
Saint-Sauveur.
Il est bien évident que le projet de loi ne contient pas le code
d'habitabilité, mais il reste qu'il faut quand même dire que
l'article 86 prévoit les termes ne sont pas là au
paragraphe 4, l'établissement des exigences minimales relatives à
l'habitation et à l'entretien d'un logement. Il s'agit
véritablement du code d'habitabilité et, au point 5, de
définir un logement impropre à l'habitation, c'est-à-dire
du seuil en-deça duquel on ne saurait permettre la location d'un
logement. Que le groupe appelle le point 4, ce qui est prévu là,
un code de convenabilité, on ne se chicanera pas sur la
sémantique, mais déjà il est prévu dans la loi deux
séries d'exigences, les unes plus fondamentales et les autres, disons,
accessoires, souhaitables et désirables et on ne fait pas, j'en
conviens, mention d'améliorations dites de luxe.
Ceci dit, ces deux règlements sont en voie de préparation.
Ce ne sont pas uniquement des promesses en l'air. Et j'ai annoncé au
début des travaux de cette commission qu'ils seraient
déposés dès l'étude article par article, en
commission, ici, après que le principe de la loi aura été
voté en deuxième lecture et après que tous les organismes
concernés, comme le vôtre, nous auront fait les
représentations. Il me serait paru pour le moins inconvenant d'avoir,
à ce stade-ci, le texte même des règlements, alors que nous
discutons des questions de principe et que nous pourrions intégrer dans
de tels règlements certaines des représentations qui nous ont
été faites. Mais je me suis engagé à les
déposer lors de l'étude article par article et ce sera fait.
Il m'apparaît également évident que de telles
exigences en matière d'habitation devront comporter comme corollaire la
révision des programmes de restauration qui, je l'ai mentionné
tantôt, ont l'effet secondaire très néfaste d'amener
parfois et même souvent l'expulsion des locataires qui ne peuvent plus
assumer le nouveau loyer. Sur le plan social, on n'a rien fait et on a
même empiré la situation en permettant à des programmes
publics, financés à même des fonds publics, d'atteindre de
tels résultats. Là aussi, un programme de restauration est en
voie d'élaboration au ministère et c'est mon intention de faire
en sorte qu'il y ait une certaine simultanéité entre la
promulgation des règlements prévus à l'article 86 et
l'entrée en vigueur d'un nouveau programme de restauration qui implique
le genre de concertation entre locataires et propriétaires qu'on a
mentionnée tantôt.
Egalement, M. le Président, j'ai pris bonne note des
représentations concernant non pas uniquement le maintien de la
qualité du stock de logements, mais aussi de la quantité.
Là, évidemment, on s'adresse à tout le problème des
démolitions, des changements d'affectation et autres. Pourquoi
avons-nous proposé dans ce projet de loi de confier aux
municipalités le soin d'appliquer ces règlements? Ce qu'il nous
semble, et ceci conformément à la politique gouvernementale, qui
est de rapprocher le plus possible les décisions des centres de
décisions des usagers, c'est que, finalement, en dernier ressort, je
conviens avec les intervenants que la décision de démolir ou de
ne pas démolir un immeuble n'est pas uniquement une question
d'esthétique, de gabarit, de convenances architecturales ou pas, mais
est finalement une décision politique. La tribune politique la plus
près des gens où les pressions doivent s'exercer de la part de la
population d'un quartier, c'est à l'hôtel de ville. Ce n'est pas
au Parlement, à Québec, ou encore devant une régie
gouvernementale, en raison précisément du caractère
éminemment politique des choix qui peuvent être faits par une
collectivité. C'est la raison, en plus évidemment de cette
politique gouvernementale de décentralisation, pour laquelle il nous a
semblé que le "situs" que le lieu devait en être la
municipalité. A défaut pour la municipalité d'agir ou
d'avoir un règlement, la régie ou les causes pourraient
être entendues par la régie et, par surcroît, toute personne
qui ne serait pas satisfaite de la décision prise au niveau municipal
pourrait en appeler devant la régie. Il y a donc un recours de
prévu devant la régie.
Finalement, les remarques du groupe étaient structurées en
trois points. Il y avait celles relatives à la qualité des
logements, leur quantité et, finalement, le contrôle des
loyers.
Sur la question du contrôle des loyers, qui implique l'inversion
du fardeau de la démarche, on a entendu tantôt un groupe
d'intervenants, tout juste avant celui-ci, qui nous a dit que, finalement,
procéder à cette inversion allait finalement amener devant la
régie, bon an mal an, quelque chose comme 900 000 requêtes
d'augmentation, puisque c'est à peu près le nombre, un million de
logements locatifs qu'il y a au Québec, et que ceci allait probablement
causer des problèmes d'administration de nature telle que, finalement,
les bienfaits pour à la fois les propriétaires et les locataires
n'étaient pas immédiatement évidents. J'aimerais, en tout
cas, au cours des questions tantôt, avoir peut-être des indications
de la part des intervenants pour savoir s'il n'y aurait pas entre cette
solution globale, peut-être selon déjà d'autres
intervenants.
On a fait des distinctions entre les types de logements, logements
multiples à 15, 20, 50, 100 logements et la relation entre un
propriétaire de duplex ou de triplex qui n'est pas la même
nécessairement que celle avec une grande entreprise, où il n'y a
pas cette relation personnalisée. J'aimerais peut-être entendre
les représentations du groupe tantôt et l'assurer, en tout cas, de
mon ouverture pour l'examen de son mémoire et des suggestions qu'il nous
fera. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux vous remercier également de votre
mémoire. Il était fort intéressant. Je veux situer votre
perspective sur le problème. Est-ce que vous croyez qu'aujourd'hui, en
général, nous sommes une population bien logée ou mal
logée? Je vous pose la question pour savoir si vous croyez qu'en
général, les correctifs et les changements qu'il faut apporter
à la situation actuelle ne sont pas une question d'urgence, mais une
question de nature à toucher beaucoup de gens ou si c'est surtout une
petite partie de la population qui est touchée? En effet, est-ce qu'on
est bien logé ou mal logé, ici au Québec, d'après
vous autres?
M. Fiset: Si je peux répondre à cela. D'abord, je
trouve que c'est une question à laquelle il est difficile de
répondre, en général, parce que, quand on répond
à cette question, on regarde d'abord son propre logement. Je pense que,
si cette loi n'arrive pas à améliorer la situation des plus mal
"amanchés" au point de vue du logement, elle ne sert à rien. Nous
autres, je pense qu'on est dans un secteur où, au point de vue du
logement, on est plus mal "amanchés", si je peux dire.
M. Scowen: D'accord.
M. Fiset: Si cette loi ne réussit pas à
améliorer, je trouve qu'elle ne sert à rien.
M. Scowen: D'accord. J'ai posé la question, parce que vous
avez commencé et vous avez répété à maintes
reprises que la base de votre présentation était l'idée du
droit au logement pour la collectivité, et d'une façon
appropriée. C'est une question que j'ai soulevée de temps en
temps, mais je ne veux pas aller en profondeur aujourd'hui. Si je comprends
votre perspective, en général, vous croyez que le droit au
logement, c'est le droit de chaque personne qui habite le Québec. C'est
un droit que l'Etat a fondamentalement l'obligation de donner à la
population, qu'il y aurait place peut-être pour le secteur privé,
les propriétaires privés, mais conformément aux normes que
vous proposez et que, finalement, si les propriétaires ne sont pas
prêts à accepter de se conformer à ces normes, c'est
plutôt l'Etat qui doit prendre la relève pour donner à la
population l'habitation à laquelle elle a droit. Est-ce que c'est votre
perspective sur le sujet?
Mme Adam: Oui, si ce n'est que ce n'est pas que l'Etat qui peut
prendre la relève. Il y a d'autres formules comme les
coopératives, qui en sont un exemple. Je pourrais faire la comparaison:
Je pense que vous n'accepteriez plus de manger du pain dans lequel vous ne
savez pas ce qu'il y a dedans, parce que vous tenez à votre bonne
santé. Vous regardez peut-être, sur les boîtes de
nourriture, si vous faites parfois le marché, de quoi est
composée la nourriture. C'est une exigence.
M. Scowen: Je n'ai aucune idée de ce qu'il y a dans le
pain que je mange, malheureusement.
Mme Adam: En cette journée des femmes, je vous
suggérerais d'y faire attention de temps en temps. On a
déjà des mesures de contrôle sévères
concernant la santé, parce qu'on a commencé à
reconnaître le droit à la santé. Ce n'est pas encore acquis
non plus. N'importe qui ne fait pas manger n'importe quoi à la
population. N'importe qui ne soigne pas n'importe comment la population.
Actuellement, on a encore des situations où n'importe qui loge n'importe
comment les locataires, par exemple dans les logements qui ne sont pas soumis
à la régie, dans tous les cas où on a affaire à des
locataires qui n'ont pas la capacité de se défendre. Il ne faut
pas penser que tout le monde est capable et armé aujourd'hui pour aller
mener la bataille, sa petite bataille. Si on reconnaît un droit au
logement, ce n'est pas à un individu de défendre son petit droit,
c'est à la collectivité de défendre ce droit. C'est notre
perspective. (16 h 45)
M. Scowen: Avec les propositions du projet de loi no 107 et les
amendements que vous avez suggérés aujourd'hui, est-ce que vous
avez l'impression que, au moins, le locataire sera bien
protégé?
Mme Adam: Nous espérons qu'il le sera mieux.
M. Scowen: Nous cherchons, je pense, un équilibre entre
les droits et les responsailités des locataires et ceux des
propriétaires. Avez-vous l'impression que les propositions que vous
énoncez ici, ajoutées au projet de loi no 107, seront acceptables
par la majorité des propriétaires qui habitent dans votre
quartier? Est-ce que ce sont des propositions qui seront, d'après vous,
acceptables par les propriétaires des logements du quartier
Saint-Sauveur?
Mme Adam: Nous n'avons absolument pas considéré la
chose sous cet angle, parce qu'un des points de vue, peut-être, en tout
cas il y a d'autres données mais on n'a pas le choix
d'être locataire; on a le choix d'être propriétaire. Mais on
n'est pas obligé d'investir dans le logement, alors que tout le monde a
besoin d'être abrité.
M. Scowen: Oui.
Mme Adam: On ne peut pas traiter de la même façon le
droit du locataire et le droit du propriétaire.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez, à ce
moment-ci, je vais suspendre la séance pour deux minutes environ pour
donner le temps aux personnes d'un certain âge qui sont ici de prendre
les chaises qui sont libres et d'essayer de s'asseoir quelque part.
La séance est suspendue pour deux minutes.
Suspension de la séance à 16 h 47
Reprise de la séance à 16 h 49
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, si vous voulez continuer.
M. Scowen: Avant de continuer, j'ai une question à poser
au ministre qui pourrait peut-être être intéressante pour
Mme Adam ici. Est-ce que vous pensez que quand vous sortirez votre code
d'habitabilité, cette salle sera en conformité avec les
normes?
M. Guay: M. le Président, il ne s'agit pas du code
d'habitabilité; il s'agit de la loi 126 sur les normes minimales de
travail.
M. Scowen: On est en dehors de la loi depuis...
M. Tardif: C'est probablement contraire aussi au code
énergétique de mon collègue, avec la chaleur qu'il fait
ici aussi.
M. Guay: On pourrait au moins la canaliser.
M. Scowen: Madame, pour continuer, dans la section de votre
rapport qui touche la quantité de
logements, vous avez parlé de la question d'expropriation, de
prévention, de démolition et de transformation mais vous n'avez
pas parlé de construction et c'est clair qu'un élément
important dans le maintien du contrôle de la quantité de
logements, c'est l'élément de construction. Pour ma part, au
moins, quand je vous dis que je cherche cet équilibre entre les
propriétaires et les locataires, c'est que, jusqu'à nouvel ordre,
on est dans un système d'initiatives privées pour la grande
majorité de nos logements. Il faut avoir au moins assez d'espace pour
que les propriétaires, qui sont souvent des petits propriétaires
qui construisent un duplex ou un triplex et, de temps en temps, des personnes
qui construisent des immeubles plus grands, aient assez d'espace, assez de
liberté, assez d'incitation pour qu'ils ajoutent à notre stock de
logements. C'est pourquoi, moi, au moins, je cherche cet équilibre entre
les droits du locataire et ceux du propriétaire parce que, finalement,
si de nouveaux logements ne se construisent pas, ce sera très difficile
de vous accorder, de m'accorder à moi-même ce droit au logement
auquel, vous le constatez, j'ai droit. C'est sûr que si on ne fait
qu'empêcher les démolitions et encourager les transformations, on
n'en aura pas assez; il faut en construire. C'est pourquoi je vous ai
posé ces questions et cela m'intéresse toujours de savoir si,
avant de présenter vos mémoires, vous avez pensé aux deux
côtés de l'affaire que nous sommes ici obligés de
considérer. Je ne sais pas si vous avez des commentaires
là-dessus.
M. Bédard (Michel): Bien sûr qu'on voudrait bien un
bon équilibre, on se situe, on le sait trop, à l'intérieur
d'un système de libre entreprise, On le sait, il n'y a pas de
problème là-dessus. Mais, finalement, il arrive des situations
extrêmement abusives qu'il va falloir corriger. Nous sommes dans un
centre-ville. Il y a des gens de banlieue qui possèdent des maisons dans
leur coin et je ne peux pas croire qu'au nom du principe de l'entreprise
privée on va les laisser détériorer leur maison à
l'extrême. Finalement, les hausses de loyers très importantes se
produisent. Cela, le projet de loi ne le corrige pas nécessairement
beaucoup, parce que le fardeau de la preuve est encore aux locataires et ce
sont souvent des gens qui n'ont pas les moyens de se démener dans cette
affaire. Il ne faut pas oublier que c'est quand même une patente
compliquée que de faire affaire avec la régie. Pour ce qui est de
la construction neuve, précisément pourquoi on n'en parle pas par
rapport à notre quartier, ce n'est pas que, de manière
générale, il n'en faut pas, c'est certain qu'il en faut, c'est
absolument certain, mais, dans notre quartier, avec la catégorie de
population qui y réside en majorité, et ce sont en
majorité de petits travailleurs, chômeurs, assistés
sociaux, beaucoup de retraités, ce n'est pas nous qui le disons, on se
fonde sur une étude très sérieuse faite par une firme
privée même, qui dit que, pour la clientèle de gens dans le
quartier, c'est impensable de les voir habiter du logement neuf. Tout ce qu'on
peut penser, c'est de sauver des logements, restaurer des logements avec
différentes formules. La seule formule qu'on a trouvée
adaptée, c'est la formule de coopérative d'habitations, où
les gens s'entraident au niveau de la restauration.
M. Scowen: Merci. Une dernière question. Je veux
simplement vous demander si vous voulez répondre à la question du
ministre. En ce qui concerne le système du contrôle des loyers,
j'ai l'impression que nous sommes tous à la recherche d'une formule qui
peut être convenable pour tout le monde. La critique qu'on peut apporter
à votre suggestion, c'est que si vous demandez à tous les
locataires d'avoir l'approbation d'une régie pour chacune des
augmentations de loyer, il faut attendre une bureaucratie assez forte. Est-ce
que vous avez pensé à cet aspect du problème? Est-ce que
vous pensez que l'idée d'avoir un taux général est bonne?
Où vous situez-vous dans cette affaire?
M. Bédard (Michel): II y a deux choses. D'abord, pour ce
qui est de la question, je trouve que si on veut réellement arriver
à une loi qui soit efficace et que tous les problèmes qui se
posent entre locataires et propriétaires soient présentés
à la régie, si on veut vraiment arriver à un
mécanisme efficace, que ce soit présenté par un
propriétaire ou par un locataire, cela va être la même
quantité de problèmes qui va arriver au bout. J'ai l'impression
qu'on veut retourner cela aux locataires, parce qu'on se dit: II y a moins de
locataires qui y vont. Les propriétaires vont tous y aller. Donc, cela
va en faire plus.
Je trouve que quand il y a un problème entre un locataire et un
propriétaire, cela fait le même nombre de problèmes; qu'on
le considère du côté du locataire ou qu'on le
considère du côté du propriétaire, c'est le
même nombre de problèmes.
M. Scowen: Je m'adresse à votre définition de
l'efficacité. Si je vous comprends bien, votre idée, c'est que
toutes les augmentations, pour avoir un système efficace, votre
définition, c'est un système dans lequel chaque augmentation pour
chaque loyer au Québec sera soumise à une tierce partie par une
des deux parties pour approbation? Est-ce que c'est de l'efficacité pour
vous parce que, pour moi, c'est assez inefficace?
M. Fiset: C'est pourquoi, dans notre mémoire, on a
ajouté, concernant cette démarche positive du
propriétaire, une marge, ce qu'on a appelé une marge maximale qui
permettrait de relativiser...
M. Scowen: Une minimale marge maximale.
M. Fiset: Je ne le sais pas trop, mais, en tout cas... C'est pour
relativiser l'obligation qui serait faite que, pour chaque changement de taux
de loyer, il y a une démarche obligatoire. Mais, pour nous, c'est une
concession parce qu'ultimement, on désirerait une démarche.
Finalement, on trouve que, dans bien des cas, ce à quoi il faudrait en
arriver, c'est à un certain gel des taux de loyer; dans notre coin, ce
serait...
On a fait cette concession, on l'a faite. C'est pas pire, on a fait
quand même la concession pour permettre de relativiser un peu le
mécanisme. Mais cette marge, pour nous, quand on dit que c'est une marge
maximale, on la voit la plus petite possible.
M. Scowen: Avez-vous l'expérience, jusqu'à
maintenant, que les hausses qui sont accordées par ces tierces parties,
la commission par exemple, sont justes? Le système de contrôle des
loyers par la bureaucratie est-il plus juste, plus satisfaisant pour les
locataires que le contrôle des loyers par le marché ou les
locateurs, si vous voulez? Est-ce que vous êtes satisfaits jusqu'à
maintenant du contrôle, par les fonctionnaires, de ces loyers? Est-ce que
ça marche bien?
M. Bédard (Michel): Pas pour autant, mais il est
peut-être moins pire; quand il coupe la hausse de moitié, c'est
déjà ça.
M. Scowen: C'est moins pire.
M. Bédard (Michel): C'est moins pire, seulement moins
pire.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Guay: Une question additionnelle, parce que ce n'était
pas très clair quand vous avez posé la question sur la marge
minimale ou maximale; c'est quoi la marge?
M. Tardif: C'est quoi la concession?
Mme Adam: On pourrait simplement reprendre une phrase que nous
avons à la page 9 de notre mémoire, c'est-à-dire que la
régie pourrait déterminer un pourcentage de hausse à
l'intérieur duquel la démarche ne serait pas obligatoire pour le
propriétaire. C'est le taux. Mais, pour éviter l'assimilation
à l'idée de taux à 8%, 10%, nous, on le voit plus faible,
on n'a pas employé le même terme. On dit que cette marge serait la
plus mince possible, permettant de couvrir uniquement la hausse de
dépenses du propriétaire. On pense à l'huile dans le cas
de logements chauffés ou des choses comme cela, mais pas du tout pour
augmenter sa capacité de profits.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
Une Voix: C'est le système ontarien en d'autres mots.
M. Cordeau: Est-ce qu'il y a plusieurs coopératives
d'habitation qui ont été formées dans votre quartier
dernièrement?
Mme Adam: Oui.
M. Cordeau: Combien?
Mme Adam: Au moins trois; je dis au moins parce qu'il y en a
certainement deux. La troisième, je ne sais pas si elle est
considérée comme une seule coopérative ou si elle se
répartit en plusieurs coopératives, habitations populaires.
Une Voix: En terme de nombre de logements?
Mme Adam: En terme de nombre de logements, les deux pour
lesquelles j'ai la meilleure connaissance atteignent environ 40 logements,
entre 30 ou 40, ou vont les atteindre. En fait, c'est le seuil qu'elles se
fixent pour rester à un niveau de travail et de relation raisonnable et
efficace.
M. Cordeau: Afin de faire face aux coûts, quelles ont
été les augmentations que les coopé-rateurs ont dû
assumer l'an passé pour faire face aux besoins et aux dépenses de
la coopérative?
Mme Adam: Les augmentations maximales ont probablement
été... Je n'ai pas les chiffres, mais très peu ont
dépassé $10. La plupart des logements ont connu un loyer
égal ou une diminution de loyer par rapport à la situation
antérieure.
Pour donner une moyenne, de loyer d'un quatre ou cinq pièces se
situe en dessous de $100. Il se situe entre $88 et $95.
M. Cordeau: Des locataires ont dû payer 10% d'augmentation.
Si le loyer était en bas de $100 et qu'ils ont eu une augmentation de
$10, ils ont eu une augmentation de 10%.
Mme Adam: Après restauration totale de tous les logements
et de la maison.
M. Cordeau: Après restauration. Mme Adam:
Après restauration, oui.
M. Cordeau: C'est une chose à préciser, bien
sûr.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions,
monsieur?
Mme Adam: Restauration, en conformité avec les programmes
actuels dont on connaît la rigueur. (17 heures)
M. Cordeau: Tantôt, vous avez également parlé
du gel des loyers. Vous avez mentionné que ce serait l'idéal.
Mais croyez-vous qu'il serait possible aussi d'empêcher le gel de salaire
de tous les corps de métier qui doivent faire les réparations
dans les maisons? A ce moment-là, s'il y a gel quelque part, il faudrait
qu'il y ait un gel dans toute la structure de la société.
M. Fiset: Je peux peut-être expliquer plus en détail
de quoi il s'agit quand je parle de gel. Il me semble je parle pour
notre quartier, je le
connais, je ne suis pas un spécialiste, je ne suis pas un
scientifique, je ne suis pas un sociologue, rien que dans mon quartier,
il y a beaucoup de logements qui sont surévalués. S'il y a un
gars qui connaît cela, c'est moi, parce que j'ai cherché longtemps
des logements, et j'ai été d'un logement à l'autre
souvent. Il y a beaucoup de logements qui sont surévalués et
c'est incroyable de voir les différences qu'on peut observer dans
l'état même des logements. C'est incroyable.
Je dis qu'il y a beaucoup de logements qui sont surévalués
et qu'il y a un pourcentage de profits excessifs que le propriétaire
fait sur les logements. Dans ce sens-là, il faudrait d'abord un gel de
loyer pour arriver à une certaine justice pendant un certain temps,
avant qu'il y ait des...
C'est dans ce sens-là qu'on suggère aussi qu'une mesure
devrait être ajoutée dans la loi, pour permettre à un
locataire de demander une réévaluation de son loyer de base. A ce
moment-là, ce serait plus facile d'accepter la hausse du coût,
selon certaines normes, parce qu'il y aurait une réévaluation
possible du loyer de base. Actuellement, il y en a qui commencent avec une
injustice, en partant, et ils vont être obligés d'accepter de
petites hausses. Mais une petite hausse sur une injustice, quand il y a
déjà $30 de trop par année, cela devient tannant.
M. Cordeau: Quand c'est déjà trop cher, c'est trop
cher.
M. Fiset: Oui.
M. Scowen: Simplement pour préciser un point. J'imagine
que vous proposez que les propriétaires et les locataires aient le droit
de demander rétablissement d'une nouvelle base s'ils croient que la base
est trop basse ou trop haute. Cela va dans les deux sens, j'imagine.
M. Fiset: Nous défendons surtout les locataires, ici,
parce que c'est notre cas. On n'a pas peur que les propriétaires ne
soient pas capables de se défendre.
M. Scowen: Je comprends bien, mais cela va de soi, j'imagine,
dans votre esprit.
M. Cordeau: Est-ce qu'il y a beaucoup de restauration dans votre
quartier?
M. Fiset: Tout le quartier est soumis à un programme de
restauration. A savoir qu'il s'en fait beaucoup, je ne peux pas vous donner une
proportion exacte, cela varie. D'ailleurs, on a de la difficulté
à obtenir des chiffres précis de la ville. Quand on en a, c'est
souvent des chiffres soufflés. On peut dire qu'à peu près
20% des logements ont connu une restauration. C'est déjà
beaucoup, comme on l'a déjà expliqué, à notre avis,
compte tenu des normes très exigentes auxquelles ont dû se
soumettre les propriétaires pour les faire. On constate qu'environ une
vingtaine, je n'avance pas de chiffre plus précis, sont de bonnes
restaura- tions. Ce qu'on constate de plus frappant, c'est que la
majorité je ne veux pas jouer sur les chiffres, non plus
une très grande partie des propriétaires du quartier ne peuvent
pas restaurer dans ces conditions. Plusieurs ont déjà mis leur
maison en vente parce qu'ils ont fait une demande à la ville et on dit:
Je suis prêt à mettre $10 000, $20 000 pour faire réparer
ma maison, mais la ville m'en demande $40 000 ou $50 000; ils
préfèrent vendre. C'est vraiment une situation horrible.
Quand je parle de cela, tous ceux qui ont restauré sont des
propriétaires résidents. Aucun propriétaire
extérieur n'a restauré. Ces propriétaires laissent
détériorer, vont chercher de l'argent de leurs locataires et tout
ce qu'ils attendent, c'est que la ville les oblige à démolir afin
qu'ils aient un peu d'argent.
M. Cordeau: Vous dites que c'est la ville, je ne crois pas que ce
soit la ville. La ville doit respecter le Code d'habitation. Je crois qu'il y a
des normes bien spécifiques, dans les programmes de restauration, que la
municipalité doit suivre. Peut-être que M. le ministre pourra
expliciter ce point de vue, tantôt. Chez nous, à Saint-Hyacinthe,
on a des programmes, des PAQ, et les propriétaires doivent
également suivre les normes contenues dans le Code d'habitation.
Le Président (M. Laplante): Dernier intervenant. M. le
député...
M. Cordeau: Pour avoir l'aide du gouvernement, ils doivent suivre
les normes.
M. Guay: Je suis d'accord avec vous, M. le député
de Saint-Hyacinthe, pour avoir l'aide du gouvernement. Ce qu'on souligne
à juste titre, c'est que les propriétaires extérieurs au
quartier ne veulent pas restaurer, même si le programme est
là.
Le Président (M. Laplante): II ne faudrait pas que ce soit
une discussion à deux.
M. Cordeau: C'était ma question suivante. Vous
côtoyez les gens, vous côtoyez certainement les
propriétaires. Quelles sont les raisons fondamentales qui expliqueraient
que les propriétaires ne sont pas plus pressés de
rénover?
M. Bédard (Michel): Cela dépend des
propriétaires dont on parle. Ceux de l'extérieur ne sont pas
intéressés. Les propriétaires-résidents sont
intéressés à restaurer. La preuve, ils le font souvent
sans demander de permis, etc. Je pense qu'il y a une volonté de
restauration dans le quartier. Les locataires aussi veulent la restauration,
mais pas n'importe quelle restauration non plus, pas à n'importe quel
coût.
Quand vous demandiez un exemple, tantôt vous disiez qu'il y a un
code précis, etc. C'est au nom de ce code qu'on voulait obliger,
à un endroit, que le comptoir de cuisine ait neuf pieds au lieu de sept,
ce qui obligeait à tasser la chambre
de bain, qui grugeait sur le salon, qui grugeait sur la chambre
d'à côté et, finalement, ça donnait une augmentation
de $10 par mois pendant 30 ans; tout ça pour deux pieds de comptoir de
plus. Cela est dans les normes, c'est un inspecteur qui l'a exigé; c'est
tombé sur une coopérative et on s'est défendu, mais de
tels exemples, on en a à la tonne. C'est là que le code...
M. Cordeau: C'est la bureaucratie qui, à un moment
donné, fait ça; c'est que quelqu'un, au lieu de se servir de son
jugement, se sert du code et dit: Le code dit ça, vous allez faire
ça.
M. Bédard (Michel): C'est à ça qu'on a
affaire.
M. Cordeau: C'est peut-être que ça prendrait un peu
plus de souplesse, un peu plus de compréhension; mais, quand on a
affaire à beaucoup de bureaucratie, c'est ça; le gars a un cahier
et il suit le cahier. Il dit: Si je ne le fais pas et qu'un autre inspecteur
vient et me prend, moi, je perds mon travail. Alors, le gars suit son cahier et
suit sa patente; quand les normes ont été faites dans un bureau
à quelque part, c'est ce qui arrive, c'est le citoyen qui paie à
la fin. C'est assez dangereux.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: J'espère bien, M. le Président, que le
député de Saint-Hyacinthe n'était pas en train de
suggérer qu'il ne devrait pas y avoir de normes
d'habitabilité.
M. Cordeau: Pas du tout! M. Guay: Bon...
M. Cordeau: Seulement, parfois je pense qu'on vous a
peut-être rapporté des cas ça manque un peu de
souplesse.
M. Guay: C'est exact. M. le Président, je suis d'autant
plus heureux de féliciter les gens qui ont fait le mémoire qu'il
s'agit d'un quartier que j'ai l'honneur de représenter à
l'Assemblée nationale, le quartier de Saint-Sauveur. Les propositions
qui sont contenues dans le mémoire je tiens à le signaler
à la commission parce que je trouve que les membres du comité ont
été un peu avares de ce côté en particulier
la dernière partie, lorsqu'on parle de restauration, on en parle
d'expérience. Les coopératives d'habitation auxquelles M. le
député de Saint-Hyacinthe a fait allusion tantôt, un
certain nombre d'entre elles sont des émanations, sinon juridiques, en
tout cas de facto, du Comité des citoyens de Saint-Sauveur et ce sont
des expériences réelles qui ont été vécues
et qu'on vit hebdomadairement, parce que j'en ai vu au bureau de comté,
des hausses faramineuses, des loyers passer, à cause de la restauration,
de $80 à $140, d'un coup. Je n'ai pas besoin de vous dire que le
locataire, dans ce temps-là, s'il n'a pas les moyens de payer ce
qui est généralement le cas il ne lui reste plus qu'une
seule solution, c'est de trouver un autre logement ailleurs, si tant est qu'il
peut en trouver.
Dans le mémoire qui nous a été
présenté, il y a un certain nombre de choses. D'abord, au cours
de l'exposé, on a fait allusion au ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement, Mme Ouellette. Je n'ai pas très bien saisi;
voulez-vous dire par là que Mme Ouellette pourrait attester ce qu'est la
démolition, parce que c'est une expérience qu'elle a vécue
comme député de Hull?
Mme Adam: ...
M. Guay: Non pas que le ministère des Travaux publics,
à l'heure actuelle...
Mme Adam: Non, c'est qu'elle, à plusieurs reprises, a
déjà signalé combien des programmes d'envergure pouvaient
être néfastes dans des quartiers résidentiels et
populaires. C'est ce parallèle que je voulais souligner.
M. Guay: II y a un article qu'on n'interprète
peut-être pas de la même façon. Il y aurait peut-être
lieu d'en corriger la rédaction. Lorsqu'il est question de
l'esthétique, à l'article 29: "Le caractère
esthétique ou la détérioration d'apparence
architecturale... "; l'interprétation que j'en fais c'est que la
régie pourrait interdire la démolition parce qu'un ensemble
que ce soit sur la rue Saint-Hubert à Montréal, la
Grande-Allée à Québec où d'anciens gouvernements
ont construit le calorifère à la place de résidences
victoriennes qui auraient dû être conservées, au moins pour
leur apparence architecturale ne fût-ce que... même s'il n'y
avait aucune autre raison. En fait, il y en avait d'autres... Mais, la
façon dont j'interprète l'article 29 c'est que c'est une raison
qui milite à l'encontre de la démolition et non pas une raison
qui milite en faveur de la démolition pour dire: On va se donner un beau
quartier bien moderne en rasant tout. Il y a peut-être lieu de le
préciser dans l'article 29. C'est une raison de plus pour
conserver...
M. Fiset: Dans le quartier, c'est rare que l'on pense à
cela, parce que l'on voit plus de raisons dans l'autre sens.
M. Guay: C'est pourquoi je dis qu'il y aurait peut-être
lieu de le préciser. Préciser dans quel sens...
Mme Adam: L'alignement des raisons données n'est pas
évident. Les unes sont pour, les autres sont contre, dans l'article
29.
M. Tardif: Cela a plutôt, si on me permet,
été inscrit dans le sens d'énumérer une raison de
plus pouvant justifier de conserver un immeuble qui, sans faire partie des
monuments classés, pourrait néanmoins présenter, sur le
plan architectural, une continuité avec la trame urbaine d'un
quartier.
Mme Fiset: On n'a pas pris de chance.
M. Guay: Quand vous parlez du loyer de base, tantôt, le
groupe qui est intervenu avant vous nous a fait une suggestion quant à
la définition d'un calcul de ce que pourrait être le loyer de
base. Il disait: Une façon de vérifier, ce serait, par exemple,
de prendre le loyer au cours des trois années précédentes
et de vérifier si l'augmentation du loyer a été dans la
moyenne, en-dessus ou en deçà, compte tenu non seulement des
augmentations moyennes nationales, mais compte tenu aussi des services qui ont
été donnés, des améliorations ou des
non-améliorations. Quand vous parlez des loyers de base, c'est ce
concept qui est séduisant, mais qui est difficile à cerner,
avez-vous une façon d'en faire le calcul à nous
suggérer?
Mme Adam: C'est en plein ce qui était prévu dans le
livre blanc concernant les loyers des chambreurs, c'est-à-dire une
évaluation du service rendu par le logement. Une classification des
logements en fonction des services que ces logements rendent, pour
éviter d'avoir ce que l'on a actuellement, des logements assez
semblables, dont l'un est le double des loyers de l'autre. L'un peut être
surévalué et l'autre sousévalué, mais on a cette
situation. C'est pour éviter également, même en prenant les
trois dernières années, une situation de base injuste: un taudis
que l'on loue à $70, c'est trop cher pour un taudis. Même si cela
fait trois ans qu'il est loué à $70, c'est trop cher pour un
taudis. Les services rendus par un taudis, cela vaut $10 ou $15, je ne sais
pas, tandis que les services rendus par un logement qui comporte telle grandeur
de pièces, tels avantages, etc., c'est d'évaluer toutes les
normes qui peuvent entrer, toutes les variantes qui peuvent entrer dans un
logement.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Tardif: M. le Président, j'ai pris bonne note des
représentations des intervenants. Maintenant que j'ai eu l'explication
quant à la marge ou à la concession qui a été faite
et que ceci semble s'apparenter à d'autres représentations que
l'on a eues, quant à l'établissement possible du taux fixe que
l'on a appelé la formule ontarienne, je pense que j'ai suffisamment
d'éléments d'information; j'ai lu en entier le mémoire. Je
tiens à féliciter les gens qui sont devant nous pour leur
contribution au problème de la qualité des logements et de la
conservation du stock de logements. Jusqu'à maintenant, on n'a pas eu
tellement, dans nos mémoires, de gens qui se sont attardés
à ces questions. On l'a mentionné parfois de façon
incidente, alors qu'ici c'est vraiment l'armature essentielle du
mémoire, une bonne partie en tout cas, qui est consacrée à
ces problèmes et qui sont des problèmes très réels.
Nous sommes présentement à travailler à la confection de
ces codes de normes minimales et je vous avouerai que ce n'est pas facile,
puisqu'on se retrouve devant un dédale de législations, avec le
Code national du bâtiment, qui est fédéral, le Code du
bâtiment du Québec, qui couvre les immeubles de huit logements et
plus, une kyrielle de règlements municipaux, dans certaines villes du
Québec: Montréal, Québec, Verdun, notamment, Sherbrooke et
peut-être, je ne sais pas, c'est quand même l'infime
minorité de municipalités du Québec, sur les 1500 qui ont
un code ou un règlement du bâtiment. On se retrouve avec des
règlements relatifs aux édifices publics, à
l'hygiène publique, à la qualité de l'environnement, le
code de plomberie, le code des installations électriques et j'en passe.
Si bien qu'il est bien évident qu'à partir du moment où
l'Etat dit: Pour qu'un logement soit mis sur le marché de la location,
il devra remplir les exigences minimales, on ne saurait prendre tels quels ces
codes, quels qu'ils soient, puisque bon nombre d'entre eux contiennent des
normes qui sont vraiment au-delà de ce seuil ou ce plancher. (17 h
15)
Alors, nous y travaillons présentement et, comme je l'indiquais
à l'autre groupe qui vous a précédé, il
m'apparaît important ou c'était plutôt dans mon
intervention de faire en sorte que les programmes actuels de
restauration soient révisés pour, justement, éviter, d'une
part, les évictions, de faire en sorte que les restaurations puissent
s'accomplir à la satisfaction à la fois des propriétaires
et des locataires, ce qui suppose une entente entre les parties c'est
cela, rien de plus, rien de moins que cela et que les deniers publics,
en tout cas, ne servent pas, ne produisent pas des évictions, mais ne
servent pas non plus à augmenter indûment les loyers. En tout cas,
la partie de subventions de l'Etat ne sert pas ces fins.
Il me reste à remercier le groupe de sa contribution fort
importante aux travaux de notre commission.
Le Président (M. Laplante): Mme Adam, M. Fiset, M.
Bédard, les membres de cette commission vous remercient de la
participation que vous avez donnée à cette commission.
Ligue des propriétaires de Montréal
Inc.
J'appelle maintenant la Ligue des propriétaires de
Montréal Inc.
Messieurs, si vous voulez vous identifier et identifier le groupe que
vous représentez. Il vous reste, malheureusement, trois quarts d'heure
d'ici à 6 heures. Si vous voulez faire votre retour ce soir, essayez de
condenser cela dans les 45 minutes qui vous restent.
M. Reynolds: Cela va être bien difficile; on a 47 pages de
mémoire. Est-ce qu'on peut revenir à 20 heures pour terminer s'il
y a lieu?
Le Président (M. Laplante): Là, je ne voudrais pas
causer de préjudices, mais c'est vrai que les conditions qu'on nous a...
Avancer d'un mémoire...
M. Reynolds: J'aimerais...
Une Voix: On pourrait finir à 6 h 15.
M. Cordeau: Oui, on pourrait aller à 6 h 15, si...
M. Tardif: Si la commission est d'accord, je serais tout à
fait d'accord pour aller à 6 heures...
Le Président (M. Laplante): C'est aux membres de la
commission de décider.
M. Cordeau: J'accepte la suggestion du ministre.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Maranda (Jean-Hubert): Je m'identifie, Jean-Hubert Maranda,
conseiller juridique, Ligue des propriétaires de Montréal.
Le Président (M. Laplante): Me Maranda.
M. Maranda: Selon les statistiques, il y a environ 5% de
locataires qui s'adressent annuellement à la régie. Certaines
personnes ou groupes tendent à nous faire croire que, s'il y en a si
peu, c'est parce que beaucoup de locataires ont peur de représailles,
certains l'ont même écrit textuellement. Nous croyons le contraire
et Statistique Canada, d'ailleurs, nous approuve, parce qu'une enquête
sérieuse faite également par Gallup au mois de novembre a
démontré et quand même, c'est sérieux; on se
fie là-dessus pour prévoir le résultat des
élections que 95% des locataires...
M. Guay: Le moment du déclenchement des
élections!
M. Maranda: ... enfin, mais a démontré que 95% des
locataires du Québec sont satisfaits de leurs logements. Alors, cela
confirme le chiffre de 5% d'insatisfaits qui se rendent à la
Régie des loyers à chaque année. Maintenant, j'aurais
aimé que l'enquête se fasse également au nom des
propriétaires; demander aux propriétaires: Est-ce que vous
êtes satisfaits, vous, de l'état dans lequel vous jugez, dans les
cas de propriétaires? Etes-vous satisfaits? Je pense que le
résultat aurait été inversement proportionnel, que la
plupart des propriétaires auraient dit: Non, nous ne sommes pas
satisfaits. Je vous le dis maintenant, mais, malheureusement, on n'a pas fait
d'enquête Gallup vis-à-vis des propriétaires. Mais on peut
se demander, à ce moment: Comment se fait-il qu'il y ait tant de bruit?
Bien, le bruit se fait par les locataires qui, eux, sont organisés. Il y
a peut-être 50 personnes qui travaillent à temps plein sur
l'île de Montréal, qui sont rémunérées soit
par les anciens programmes fédéraux de PIL ou Centraide ou
autrement.
Aussi paradoxal que cela puisse vous paraître, les
propriétaires ne sont pas organisés et n'ont pas les moyens
financiers pour faire connaître leurs points de vue. Par exemple, la
Ligue des propriétaires de Montréal a un homme qui répond
au téléphone, qui travaille gratuitement, parce que nous n'avons
aucune ressource financière. Je sais que c'est paradoxal, cela peut vous
surprendre, mais, vu sous cet aspect, les locataires sont beaucoup plus riches
que nous et beaucoup mieux organisés. C'est pourquoi vous ne savez pas
vraiment, vous ne connaissez pas comment nous réagissons à ces
divers projets de loi. D'ailleurs, nous croyons qu'il y a une tendance à
favoriser nettement le locataire, dans les lois, depuis quelques
années.
Le gouvernement fédéral a créé la loi en
temps de guerre, une loi de conciliation ou enfin, de protection du locataire
dans des circonstances bien particulières, mais je pense qu'à ce
moment-là, cela pouvait se comprendre; c'était légitime,
c'était nécessaire. En 1951, lorsque le fédéral
s'est retiré, la province de Québec a pris ce champ de
législation à son compte et, depuis 1951, cette loi existe au
Québec. Elle a souvent été amendée. D'un amendement
à l'autre, on s'est rendu compte qu'elle était toujours
amendée au bénéfice du locataire. Par exemple,
jusqu'à la loi de 1972, le Code du logement ou projet de loi 59, on a
tout le temps voulu aider le locataire au détriment du
propriétaire, et nous le disons: Cela a toujours été fait
au détriment du propriétaire.
Evidemment, le propriétaire n'a jamais pu s'exprimer, parce qu'il
n'a jamais été structuré; il n'a jamais eu le moyen; c'est
pour cette raison que nous profitons, par nos faibles ressources, de la
commission parlementaire. Lorsqu'on a changé la loi en 1974, la loi
actuelle qui est devenue le projet de loi no 2, l'amendement au Code civil, on
nous présentait cela comme étant une loi qui devait être
définitive. C'était dans le projet de la réforme du Code
civil; on a demandé aux commissaires qui étaient chargés
de la révision du Code civil de présenter, sous prétexte
que c'était urgent, leur rapport immédiatement pour en faire
quelque chose de définitif. Là, on nous dit: Voici, on va
regrouper dans un même tribunal la Régie des loyers et la partie
du Code civil qui traite des relations propriétaire-locataire ou, si
vous voulez, qui traite des problèmes de logement.
Tout en faisant cela, on en a profité pour gruger encore le peu
de droits qui restent aux propriétaires. Nous déplorons que
beaucoup d'organismes fassent passer le propriétaire pour un exploiteur
et le locataire pour un exploité. Nous croyons que ce n'est pas du tout
cela et je pense qu'on ne s'arrête pas suffisamment pour faire la
différence de catégories. Quand je dis de catégories, je
veux dire ceci: Ce n'est pas un bloc monolithique; vous n'avez pas un bloc
monolithique de locataires d'un côté, de propriétaires de
l'autre. Quant aux propriétaires, on peut dire qu'il y en a de petits,
de moyens et de grands. Quant aux locataires, il y a aussi des
différences. Il y a le locataire qui l'est par nécessité;
il est jeune, il n'a pas d'économie ou encore, ce sont de vieilles
personnes qui ne veulent pas ou ne peuvent pas gérer des logements. Il y
a, également, une catégorie de locataires peut-être
plus nombreuse qu'on le pense parce qu'elle ne se fait pas
entendre, mais elle est quand même nombreuse soit des gens
qui ne veulent pas s'embêter à gérer des immeubles, qui
trouvent plus payant et moins embêtant de faire des placements en
obligations, à s'acheter de l'or ou Dieu sait quoi, mais, souvent, ces
locataires sont quand même plus riches que leurs
propriétaires.
Le petit propriétaire, qui est-il? C'est un homme qui a acquis un
ou quelques logements je ne m'attarderai pas au nombre de logements, peu
importe c'est souvent le placement de l'économie de toute une
vie, non seulement de sa vie à lui. mais de la vie d'un couple, qui a
voulu placer son argent de cette façon plutôt qu'autrement; alors,
c'est lui qui prend les durs coups lorsqu'il y a des périodes
d'inflation ou, encore, lorsqu'on lui impose de garder un locataire
indésirable et qu'il ne peut pas s'en débarrasser, parce que les
lois de preuve actuelles, l'article 25 de la Loi de la conciliation, sont trop
difficiles; alors, c'est lui qui souffre de tout cela.
Nous avons la deuxième catégorie qui est le moyen
propriétaire, celui qui, habituellement, a quelques dizaines de
logements peu importe le nombre et dont la principale occupation
est de gérer ses logements. Finalement, il y a les grandes corporations
qui, elles, sont souvent étrangères.
Tout cela pour vous dire que nous voulons, lorsqu'on nous
présente un texte de loi, qu'on essaie de faire la différence. Je
pense que d'après ce que j'ai entendu aujourd'hui, d'ailleurs, on essaie
de faire des différences dans la protection qui doit être
apportée à chacun. Je résume mon texte; j'en passe
beaucoup, parce que je n'ai pas beaucoup de temps.
Une chose qui fait peur aux propriétaires dans ce projet de loi,
c'est... Je dois dire en commençant que nous sommes d'accord sur le
principe de conserver un stock de logements en bon état. Ce qui nous
fait peur, c'est le fait qu'on puisse nous imposer des réparations sans
nous garantir de quelle façon nous pourrons payer pour ces
réparations.
Nous en arrivons à un point où, avec les augmentations de
loyers que nous avons été obligés de demander, nous
devons... Prenons le cas de Montréal: on a demandé des
augmentations de loyers assez élvées à cause de
l'augmentation phénoménale des taxes. Par exemple, une nouvelle
taxe a été demandée à la CUM, ensuite nous avons
dû demander de grosses augmentations de loyers à cause des taux
d'assurances qui sont montés en flèche; nous avons dû
demander de grosses augmentations de loyers à cause du prix de l'huile
qui monte en flèche et qui ne cesse de monter en flèche, du prix
de l'électricité pour ceux qui chauffent à
l'électricité. Nous connaissons 15% des augmentations qui s'en
viennent pendant trois ans.
Nous croyons donc que nous devrons encore, si on pense simplement au
coût du carburant, aux coûts d'entretien qui s'en viennent,
être obligés de demander des augmentations de loyers. Mais dans
tout cela, que sommes-nous? Nous percevons pour d'autres. Nous percevons pour
l'ayatollah pour son huile ou l'Hydro-Québec pour son
électricité ou la CUM qui devra doubler ses taxes d'ici 1982,
à moins qu'on la renfloue d'une façon extraordinaire.
Nous savons déjà que nous allons être obligés
de percevoir pour autrui. Nous sommes des percepteurs déguisés.
On n'aime pas cela et ça nous fait peur. Je comprends que cela nous
rende bien impopulaires. Le locataire habituellement ne pense pas sous cet
aspect-là. Alors, qu'arrivera-t-il? Nous allons arriver à un
point de saturation, saturation surtout de la part du locataire qui ne pourra
plus payer. On ne pourra pas lui demander de donner ce qu'il n'a pas.
D'autre part, en plus, on va nous imposer de faire des
réparations si un commissaire quelconque ou un régisseur
quelconque décide que notre maison demande des réparations.
Déjà ce n'est pas facile. Vous savez qu'à Montréal,
il y a un code du logement. Si un inspecteur passe, que fait-il? Il vous envoie
un avis de 30 jours. Vous avez 30 jours pour faire la réparation, sinon,
vous passez à la cour no 8, la cour municipale. La cour no 8, c'est une
façon déguisée de prendre des taxes, parce qu'il n'y a
aucun moyen de défense. L'inspecteur arrive avec son rapport, avec ses
photos et que dit-il? Est-ce que oui ou non les réparations
étaient faites à telle date?
Comment voulez-vous vous défendre si vous ne les avez pas faites?
Dire que vous n'aviez pas d'argent pour les faire, ce n'est pas un moyen de
défense à la cour no 8. Et c'est plein à tous les matins.
Alors, imaginez-vous, quand on aura le système que vous prévoyez,
le système de la Régie des logements! Le régisseur va
ordonner n'importe quoi. Qu'est-ce qui va arriver avec le propriétaire?
Comment va-t-il être financé?
Evidemment, dans le livre blanc, on parle d'un revenu juste ou
équitable, mais où va-t-on prendre l'argent? Le livre blanc ne le
dit pas. J'insiste sur les augmentations que nous devrons exiger à
l'avenir. Avec les toutes les augmentations de frais d'administration qui s'en
viennent, on va être obligés de leur en demander et si on demande
des réparations en plus, ils ne pourront pas payer et le
propriétaire va être obligé de les faire.
Dans quel état est-il? Il est pris excusez l'expression
en sandwich avec, d'un côté, le locataire qui ne peut plus
payer et, de l'autre côté, l'administration qui le force à
faire les changements ou transformations.
Quand on parlait tout à l'heure des armoires de cuisine, c'est
très vrai. Je connais beaucoup de gens qui ont voulu faire de la
restauration à Montréal. Cela fait douze ans que je fais partie
de la Ligue de propriétaires, j'ai rencontré bien des gens, j'ai
entendu raconter beaucoup d'expériences de la part des membres. Les
gens, la plupart du temps, refusent de demander la subvention. Vous pouvez
avoir une subvention de la ville de Montréal de 25%, jusqu'à
concurrence de $2000 par logement, mais les gens se disent: L'inspecteur va
passer et je suis capable de mettre $2000. D'accord, il va me donner 25%, cela
me fera $2500, mais je sais qu'il va m'en demander pour
$2000, $3000, $4000 ou $6000. (17 h 30)
II va entrer et dire: II faut refaire toutes les armoires de cuisine, il
faut refaire le comptoir parce que, quand vous avez cinq pièces, il y a
une formule que j'oublie, cela revient à 15 ou 18 pieds carrés de
tablettes, pas d'armoire, seulement de tablettes.
Le bonhomme de l'électricité passe et dit: Oui, votre
électricité est bonne, sauf que ça prend une fiche directe
pour la cuisine. Donc, il faut mettre un circuit simplement pour la fiche de
cuisine. Cela s'en va à l'avenant, comme ça. Si on parle de
subventions actuellement, c'est la façon dont ça existe
pour la rénovation, il va falloir repenser à une nouvelle
politique de subventions, refaire un code d'exigences dans l'ensemble du
Québec comme on le disait, on est bien d'accord mais un
code minimal. Un code selon lequel les gens vont penser qu'ils seront un peu
maîtres de leur logement, que ce ne soit pas le locataire qui leur dicte
une conduite, ni l'inspecteur municipal. Que ce soit le propriétaire
après tout, c'est son bien, il veut le défendre, il n'a
pas l'intention de le laisser dépérir qui décide,
s'il a $2000 à mettre, ce qui est le plus urgent. Cela ne
l'empêche pas de demander conseil. Autrement, quand il ne le fait pas,
c'est là qu'on arrive à une situation de taudis, pace que ce
n'est plus administrable.
Je vous demanderais de faire attention à cette façon que
vous allez prendre pour ordonner les réparations que vous voulez
ordonner. Faire un beau texte de loi, c'est beau, ce sont de belles intentions,
mais ça ne fait couler l'argent ni dans les poches du
propriétaire, ni dans les poches du locataire.
Si vous permettez, nous allons faire quelques commentaires sur certains
articles du projet de loi établissant la règle du logement.
D'abord, la nomination des régisseurs. Nous remarquons que les
régisseurs occuperont un emploi à plein temps pour un mandat de
cinq ans. Dans certains cas, il pourront être ingénieurs,
architectes, surtout avocats. S'ils s'en vont là pour cinq ans, ils
n'auront pas le choix, ils vont laisser leur bureau, ils vont rompre. Ils vont
passer cinq ans là, ils auront besoin d'un renouvellement. Qu'est-ce qui
arrive? Ils seront tentés de plaire à leur patron pour obtenir
leur renouvellement parce qu'ils ne sont pas intéressés à
se retrouver dans la rue au bout de cinq ans. Ils n'ont pas l'autonomie
nécessaire, parce qu'on leur dit: Laissez votre profession, vous avez
30, 35, 40 ans, laissez votre profession pour cinq ans et, si on veut, on va
vous reprendre pour cinq autres années. Qu'est-ce qu'il fait? Il
plaît au patron. Vous avez une pension beaucoup plus vite.
Nous pensons que, pour assurer leur indépendance, ils devraient
être nommés à vie, comme les juges. Je pense que c'est la
seule solution. Pardon?
M. Scowen: C'est correct.
M. Maranda: A la lecture de l'article 11, nous comprenons que les
régisseurs ne peuvent pas être les propriétaires, au cas
où ça créerait un conflit d'intérêts. En
conséquence, qu'est-ce que vous aurez comme régisseurs? Que des
locataires. Vous ne pouvez pas avoir de propriétaires, vous allez avoir
des locataires.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît, toute
manifestation est interdite en commission parlementaire. Vous pouvez continuer,
il reste trois minutes, monsieur, sur vos vingt minutes.
M. Maranda: Est-ce que j'ai parlé si longtemps que
cela?
Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Maranda: Excusez-moi, je ne m'en suis pas aperçu. Je
vais aux conclusions, je vais sauter 40 pages. Evidemment, les conclusions ne
s'enchaîneront pas avec ce que j'ai dit, parce que je n'ai pas eu le
temps d'en dire suffisamment.
Ce que nous voulons dire à ce moment-là nous
aurions eu besoin d'au moins trois ou quatre heures pour exposer notre
mémoire, surtout que je pense que les mémoires ont
été présentés, jusqu'à maintenant, en
majorité par des locataires et très peu par des
propriétaires c'est que ce que nous procurons à la
population, c'est quand même un bien réel, physique, durable. On
passe pour des espèces d'entremetteurs comme il y en a dans le commerce,
des gens dont le travail est inutile. On n'a pas l'air à réaliser
qu'administrer des logements, c'est beaucoup de travail, c'est embêtant,
et que nous sommes des gens utiles dans la société. Nous ne
sommes pas des exploiteurs. Nous procurons un bien réel aussi
nécessaire que la nourriture et le vêtement.
Pour ce qui est des augmentations de loyers, nous pensons qu'il n'y a
pas d'augmentation abusive si elle ne résulte pas en un rendement
excessif. On veut avoir un rendement normal et je pense qu'il n'y a pas
à se casser la tête parce que, au ministère des Affaires
municipales, on l'a calculé, c'est tout fait. Il y a un livre qui
s'appelle "Principes et concepts généraux en évaluation
foncière", qui est publié par le ministère des Affaires
municipales, un livre qui a été fait par des gens très
versés dans ces sciences et le livre calcule exactement, de la
façon la plus juste possible, la détermination du juste prix d'un
loyer.
Nous ne demandons pas grand-chose, nous demandons au ministère
des Affaires municipales de s'en remettre à ses propres normes pour
fixer les loyers. Il ne faut quand même pas oublier que ce n'est pas
facile, le gouvernement en a fait des expériences; le gouvernement est
obligé de louer les beaux logements les plus grands, les plus
coûteux, j'en conviens dans les pyramides olympiques, à
$850 par mois.
Alors, j'espère que, quand vous regarderez les normes de fixation
des loyers, vous consulterez ce que ça a coûté aux
pyramides olympiques et ce
que ça va coûter ou encore ce que coûte
l'administration des HLM. Les dernières statistiques disent que les
HLM... En 1978, l'administration et la construction de certains HLM ont
débouché sur un déficit de $52 millions, seulement en
1978. J'ai l'article, M. le ministre, si vous êtes sceptique.
M. Tardif: C'est dans mon budget, je suis très au
courant.
M. Maranda: Cela démontre que c'est très difficile
à administrer. Comme M. Lévesque l'a dit récemment
à Asbestos je crois que c'est le 2 février II va
falloir sortir de l'administration des logements publics. Il parlait
spécialement des logements pour personnes âgées; les
coûts augmentent à une vitesse astronomique et il a dit: Ce n'est
pas à nous à faire ça.
Si ce n'est pas à vous à faire ça, donc c'est
à nous à le faire; c'est l'un ou l'autre. Mais, si c'est à
nous à le faire, il faudrait quand même avoir une
possibilité de normes où on puisse le faire décemment, si
vous voulez qu'en plus, on ait des logements en bon état.
Maintenant, évidemment, toute cette Régie de logement,
d'après nous nous le disons bien humblement, nous ne voulons
vexer personne jusqu'à maintenant, ça n'a pas
amélioré du tout les relations entre propriétaires et
locataires. D'ailleurs, quand on voit les gens partir de la Régie des
loyers, ils sont "antagonisés", ils se regardent comme des chiens de
faïence ou des chats de faïence; mais, actuellement, qu'est-ce que
ça donne? Les gens viennent avec des positions de plus en plus
diamétralement opposées et nous croyons que nous en arrivons
à un résultat où ça fait deux classes de population
qui s'opposent l'une à l'autre. Nous pensons revenir à la libre
concurrence peut être une bonne solution. D'ailleurs, si on regarde ce
qui est arrivé en Scandinavie, en Suède plus
précisément, ce sont les associations de locataires qui ont
demandé l'abolition de ces régies. Prenez en France, tous les
logements étaient régis; maintenant, il y en a seulement 800 000
qui sont régis dans tout le territoire français. Partout
où on a fait des régies sévères,
l'expérience a été mauvaise, mais, malheureusement, on
s'en est aperçu trop tard et on les a enlevées après avoir
créé des taudis et des ghettos.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. M. le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, je remercie Me Maranda de sa
présentation pondérée, mais je ne puis m'empêcher,
évidemment, de relever un certain nombre de choses et peut-être de
lui poser un certain nombre de questions, quitte peut-être à
commencer par la fin, puisqu'on a terminé en disant: En Suède,
les locataires eux-mêmes ont demandé l'abolition des
contrôles; donc, nous devrions abolir les contrôles.
Je pense qu'il convient de s'assurer qu'on compare des choses
comparables. En Suède, les coopératives d'habitation
possèdent à peu près 30% du stock de logements. Depuis la
fin de la guerre, 40% des logements locatifs construits l'ont été
par le secteur public ou coopératif. Troisièmement, en
Suède, de puissantes associations de locataires existent et
négocient collectivement les baux.
C'est vrai que ce sont les associations de locataires qui ont
demandé l'abolition du contrôle par la régie d'Etat, mais
ceci afin de pouvoir mieux négocier librement avec les associations ou
les représentants des propriétaires.
Alors, si on me dit qu'au Québec on est prêt à s'en
aller dans une direction semblable, évoluer dans ce sens, ce serait
peut-être différent. Mais je pense qu'il faut comparer des choses
comparables. On a cité le cas de la France, puis le cas de l'Angleterre
dans d'autres mémoires. Encore là, on ne parle pas des
mêmes choses. En France, après la guerre, c'était un gel
des loyers, il y a contrôle, et contrôle. Ici, on contrôle
des hausses abusives, en France, c'était un gel des loyers. Si bien
qu'en 1946 les gens consacraient 1 1/2% de leur revenu à se loger;
à toutes fins utiles, ils étaient logés gratuitement.
C'est vrai que cela a entraîné une détérioration du
stock de logements, mais il reste que la France a quand même
réussi à combler cette déperdition de logements et
à rebâtir, tout en ayant un contrôle, mais un contrôle
qui n'était plus un gel, cette fois. Donc, il faut quand même
comparer des choses qui se comparent.
Vous nous dites, dans votre mémoire: Bon, écoutez, les
HLM... à part cela, l'Etat est un mauvais bâtisseur, un mauvais
constructeur. Ecoutez, ce matin, on a eu une intervenante...
M. Maranda: Je m'excuse, mais je n'ai jamais dit cela.
M. Tardif: Bon, en tout cas, que les HLM coûtaient trop
cher par rapport à ce que l'entreprise privée produisait. Cela
rend mieux votre pensée?
M. Maranda: J'ai mentionné que c'était un
déficit de $52 millions.
M. Tardif: Bon, d'accord, on va y arriver à ce
déficit, si vous me permettez. Mais, ce matin, une intervenante est
venue devant nous pour nous signaler le cas d'un centre d'accueil, rue
Sherbrooke, de 318 logements ou pièces, qui a été
construit au coût de $17 millions. Si vous faites le calcul...
M. Scowen: La rue Sherbrooke.
M. Tardif: La rue Sherbrooke, c'est bien cela. Ce n'est pas cela
que j'ai dit? En tout cas, cela nous donne à peu près $50 000 par
unité, et cela a été pourtant construit par l'entreprise
privée et non pas le gouvernement. C'est évident qu'il peut y
avoir des coûts élevés dans le cas des constructions
gouvernementales. D'abord, le gouvernement ne construit pas
nécessairement pour une
période de vingt ans, pour se débarrasser d'un logement
sur le stock de marché. Il bâtit pour une période assez
longue. On comprendrait mal, vous seriez tous les premiers à
blâmer l'Etat, si, par exemple, un foyer de personnes âgées
passait au feu à cause de normes insuffisantes de ce côté.
Je pense qu'il y a des coûts afférents à ce type de
logements, c'est normal. Troisièmement, les gens paient,
évidemment, là-dedans, un loyer qui est fonction de leur revenu.
Alors, les gens qui sont là avec la pension de vieillesse seulement ou
avec le supplément de revenu, qui est de $150 de supplément et
$180 de pension, ne peuvent pas payer le genre de loyer qui est demandé
aujourd'hui par la construction neuve et l'Etat subventionne la
différence, le gouvernement fédéral, le gouvernement du
Québec et la municipalité pour une part. C'est cela qui constitue
ce qu'on appelle le déficit d'exploitation qui s'élève
cette année, c'est vrai, à $52 millions que se partagent les
trois paliers de gouvernement et qui est une stricte question de justice
sociale envers les plus démunis des citoyens et particulièrement
les personnes âgées. Il faut dire que c'est pour 25 000 logements,
ces $52 millions.
Autre chose: On dit je vais seulement m'arrêter à
l'essentiel, mais il y a un point important qui me touche comme ministre des
Affaires municipales vous autres, vous dites qu'on est des percepteurs
de taxes finalement. On perçoit la taxe municipale pour la
municipalité, puis on perçoit des frais de chauffage et puis tout
cela. Evidemment, on peut dire aussi que vous êtes des courtiers de
service, à certains égards, c'est que vous pourriez louer un
logement non chauffé, vous le louez chauffé. Je vais vous poser
la question suivante, tout au groupe: Est-ce que, finalement, je dois
comprendre que vous seriez prêts à dire au locataire quelle est
exactement la part de son loyer qui est attribuable aux taxes foncières,
quelle est exactement la part de son loyer qui est attribuable aux assurances,
la part de son loyer qui est attribuable au chauffage, à
l'électricité, aux réparations?
Est-ce qu'on est prêt à lui présenter un bilan en
disant: Voici ce que mon immeuble a coûté cette année, il y
a dix logements là-dedans admettons qu'ils sont tous de
qualité et de grandeur égale on divise par dix; votre
part, c'est cela monsieur? Est-ce qu'on est prêt à fournir ce
genre de données aux locataires?
M. Maranda: M. le ministre, votre réaction ne me surprend
pas du tout parce que j'ai résumé quelques pages du
mémoire, à peine une sur quatre ou cinq; de toute façon,
on avait des conclusions, des solutions de rechange; on n'a pas dit: Abolissez
cela comme cela avec rien. (17 h 45)
Pour en revenir à votre question particulière, on parle
aussi dans ce mémoire des fameuses formules RN1, par exemple, qui sont
le cauchemar des propriétaires, ils ont une difficulté terrible
à faire cela. Nous la remplissons mais il y en a
énormément qui la remplissent de peine et de misère, qui
ne sont pas capables parce que, tout à l'heure, j'entendais des
locataires dire qu'ils ne sont pas des diplômés
d'université, mais vous seriez surpris de voir le nombre de
propriétaires qui ont travaillé comme des fous toute leur vie et
qui ont à peine une scolarité de trois ans; ils ne sont pas
capables de la remplir.
On aimerait bien avoir une formule, mais facile. On demanderait
même que de temps à autre, quand il y a des élaborations de
formules ou de lois ou n'importe quoi, des propriétaires soient
invités à dire leur mot. De tout ce projet de loi, nous avons
l'impression je ne parle pas des gens qui sont ici mais des
rédacteurs que ce sont des gens qui n'ont pas l'expérience
de posséder des logements locatifs. Nous sentons qu'il y a un manque
à quelque part, qu'il y a quelque chose qui ne clique pas; que les gens
ne l'ont pas fait ou du moins, il y en a très peu; ils ne savent pas ce
que c'est. Cela, c'est bien important parce que le propriétaire est
nécessairement en contact avec son locataire. Il faut faire une loi...
Que celui qui fait la loi comprenne la position du propriétaire parce
que s'il ne la comprend pas, il va "antagoni-ser" les deux groupes; c'est tout
ce qu'il va faire.
M. Tardif: Je prends note de vos suggestions quant à la
complexité des formulaires. C'est bien évident que
l'administration avec un grand "A", quelle qu'elle soit, peut parfois avoir
tendance à fonctionner pour elle-même, c'est-à-dire avoir
des fonctionnaires qui font des formules pour d'autres fonctionnaires.
Peut-être que l'usager de ces formulaires gouvernementaux, quels qu'ils
soient, c'est rendu, vraiment, que pour faire son rapport d'impôt,
heureusement qu'il y a H & R Block, comme dit M. Parizeau, mais quand
même... Je pense qu'effectivement, il doit y avoir un effort de
simplification de ces formulaires. Mais je reviens au fond de la question; peu
importe qu'on ait des formules simples ou compliquées ou en trois
couleurs ou en quatre dimensions, la question est, finalement, si on dit au
locataire... Est-ce qu'on est véritablement prêt à dire au
locataire: Voici dans votre loyer la composante de chacun des facteurs
d'augmentation. C'est cela, finalement, qui est prévu dans le projet de
loi et qui pourrait peut-être enlever une partie de ce que vous appelez
l'odieux d'être des percepteurs à partir du moment où on
dit: Ecoutez, les taxes, cette année, c'est $300 de plus; il y a trois
logements et la part de chacun est de $100. A ce moment-là, il y a
véritablement une part qui passe dans les mains du propriétaire
mais ce n'est pas du profit; c'est pour les taxes municipales pour lesquelles
le compte de taxes est là comme preuve à l'appui.
M. Maranda: Je pense que votre question pourrait être
divisée en deux. Il faudrait voir si vous parlez des augmentations de
loyer ou de tout le loyer; c'est cela. Vous m'avez dit: Est-ce que vous
êtes prêt à dire, dans le loyer, combien passe à
l'électricité, aux taxes, etc. Voulez-vous dire que s'il y a un
loyer de $300, le prendre globalement et dire: Dans les $300, il y a tant pour
ceci, tant pour cela?
M. Tardif: Enfin, on peut imaginer les deux; soit uniquement pour
justifier le facteur augmentation c'est disons une moindre solution
et l'autre qui serait une analyse complète de la composante de
chacun, ce qui, je l'admets, est plus complexe.
M. Maranda: Quand j'ai parlé tout à l'heure du
livre du ministère des Affaires municipales, je pensais à une
formule que pourrait faire le ministère. On voit des évaluateurs
qui vont en cour avec ce même bouquin parce qu'il est très
complexe, peut-être parce qu'il est très complet. Il ne s'agit pas
de demander à nos gens de faire une telle formule. Je parle de la
formule qui devra être employée à la future régie,
si jamais vous décidez qu'on ne peut pas se passer de ce cancer. A ce
moment-là, qu'elle suive vos normes et nous en serons satisfaits.
Peut-être qu'il y a eu des abus. Comme quelqu'un le disait ce matin, il
n'y a pas plus de propriétaires que de locataires qui sont mauvais. Il y
a des abus de part et d'autre. Mais les abus, c'est à peu près
5%; les statistiques sont là pour le dire. Il faut faire attention de ne
pas trop légiférer pour 5% tout en pensant à
protéger.
Nous vous disons que, si vous voulez nous donner un rendement juste,
nous en serons satisfaits. Nous nous en remettons à vos critères,
nous les acceptons.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, j'ai deux questions et deux
petits commentaires. Ma première question est la suivante: Après
avoir été élu, j'ai été frappé de
voir que dans mon comté, et ailleurs au Québec, ce que vous avez
constaté, les propriétaires du Québec sont très mal
organisés. Je continue de me poser la question: Pourquoi? C'est une
industrie importante. Si le gouvernement s'intéresse à
l'Association des manufacturiers de pâte et papiers ou aux
détaillants en alimentation, il n'y a pas de problème pour
trouver un groupement organisé qui connaisse un peu le gouvernement.
Vous avez présenté ce fait comme si c'était injuste envers
les locataires.
Je me pose la question et je vous la pose, non pas pour que vous y
répondiez aujourd'hui: Comment se fait-il que dans un domaine où
c'est clair que le gouvernement a l'intention et l'obligation d'intervenir
d'une façon assez importante, les propriétaires du Québec
se trouvent si mal organisés? C'est un commentaire, ce n'est pas une
question. C'est peut-être quelque chose dont vous pourrez discuter
à l'intérieur de votre propre groupe.
Le deuxième commentaire qui saute aux yeux, c'est que vous avez
parlé du libre marché. En effet, si je comprends bien la loi
actuelle et le projet de loi qui est devant nous, c'est basé sur le
principe du libre marché. En effet, vous avez dit vous-même, M.
Maranda, que 95% des baux sont réglés, aujourd'hui, entre le
propriétaire et le locataire, sans intervention de l'Etat ou d'un
organisme de l'Etat. Nous sommes, en effet, dans une économie de libre
marché. Ce que l'Etat a essayé de faire et ce que ce projet de
loi essaie de faire d'une façon plus efficace, c'est de régler
les cas exceptionnels. Je pense que nous sommes tous d'accord avec cela,
même les députés du Parti québécois sont
d'accord que nous vivons et que nous voulons continuer de vivre dans un
système de logement basé sur l'entreprise privée. Je pense
que c'est clair, c'est la base de notre système.
Il me semble qu'il faut accepter que, dans l'offre et la demande de
quelque chose qui est aussi essentiel que le logement, c'est essentiel, comme
je l'ai dit hier... Pour un propriétaire d'un appartement vide, c'est
sérieux, mais pour un locataire, une famille sans logement, c'est
désastreux. Mais alors, il incombe à l'Etat d'essayer de prendre
une position, de régler ces cas. Je dis non seulement sans logement,
mais aussi dans un logement qui n'est pas habitable.
Alors, avec ce petit éditorial, si vous voulez, je veux vous
poser deux questions. La première touche la question standard que nous
avons posée, je pense, à tout le monde et cela touche la question
des deux moyens, des deux systèmes; le système que nous avons
maintenant, le système du cas par cas, et l'autre, le système
alternatif, qui se trouve dans d'autres pays et les autres provinces, le
système qui consiste à établir un taux minimum, un taux
normal chaque année, basé sur quelques critères qui seront
établis et à dire: Ecoutez, en dessous de 6% ou 5%, tout le monde
peut augmenter le loyer.
Une chose qui m'a été dite, que j'ai lue, en effet, c'est
que le système actuel a pour effet de faire exactement ce que vous avez
décrit, M. Maranda, c'est-à-dire d'accentuer les
différences personnelles, les frictions personnelles entre le locataire
et le locateur et le système à taux fixe est beaucoup mieux dans
ce sens. Si c'est accepté, tout le monde peut lire dans les journaux que
cette année, le taux minimum, c'est 6% ou 4% ou 8%. Ce système a
tendance à créer moins de frictions, moins d'animosité
personnelle entre les deux côtés. La première question que
je vais vous poser, au nom du ministre, peut-être, mais en mon nom aussi,
c'est: Est-ce que vous pensez que ce système que nous avons du cas par
cas, que vous avez critiqué, en effet, pour les exceptions... Je
répète: Pour les 5%, est-ce que vous pensez que ce système
est mieux qu'un système de taux fixe, général, pour vous
autres?
M. Maranda: Je vais essayer de répondre rapidement
à tout ce que vous avez dit. Pourquoi nous sommes si mal
organisés? Bien, c'est cela, on est dans un cercle vicieux. L'argent,
c'est le nerf de la guerre; nous n'avons pas d'argent. Nous n'avons que les
cotisations de nos membres. C'est à peine si nous pouvons payer un
local, un téléphone, ainsi...
M. Tardif: Excusez, est-ce que le député me
permettrait une sous-question? Quand vous dites:
On n'a que les cotisations de nos membres, une question usuelle qu'on
demande parfois aux gens qui viennent devant nous: Vous représentez
combien de membres précisément?
M. Maranda: Pas autant qu'on aimerait, on ne représente
que quelques milliers de membres. On devrait en représenter quelques
dizaines de milliers. J'arrive justement à mon point: on a juste
l'argent pour fonctionner pratiquement en vase clos. Alors, ce qui arrive on
n'a pas le moyens de mettre une annonce dans la Presse ou ailleurs, pour nous
faire connaître. C'est pour cette raison que j'ai remarqué que les
locataires sont organisés, ils ont différentes sortes de
subventions, ils viennent ici. Quelquefois, ils peuvent apporter une
étude et même des réponses qui peuvent éclairer une
commission comme celle-ci. Mais nous, nous n'avons pas de recherchistes. Nous
faisons notre possible avec les moyens du bord. Mais si nous avions des
subventions, on pourrait peut-être vous éclairer davantage.
M. Tardif: Je voudrais corriger peut-être une chose. Aucun
groupe n'a eu de subvention pour présenter un mémoire ici. Tous
sont venus spontanément.
M. Maranda: Excusez-moi, ce n'est pas ce que je veux dire. J'ai
eu des subventions pour fonctionner. J'ai mentionné qu'il y a à
peu près 50 personnes dans le territoire de l'île de
Montréal qui travaillent à temps plein pour les locataires, que
ce soit par l'entremise des CLSC ou encore, par l'entremise des
différentes organisations. Vous avez le comité Saint-Louis,
Côte-des-Neiges, etc., et chacun a une ou deux personnes qui travaillent
à temps plein, alors que nous, nous avons une personne pour l'île
de Montréal. Alors, c'est ce que je veux dire. Si on avait des
subventions de PIL ou de Centraide ou d'autres, nous pourrions fonctionner.
M. Guay: Une sous sous-question là-dessus. Vous avez
quelques milliers de personnes. Combien de personnes et de combien sont leur
cotisation?
M. Maranda: $18 par année.
M. Guay: Pour combien de milliers de personnes?
M. Maranda: A peu près 5000 à 7000. Je ne suis pas
au courant exactement. Il y a toujours une fluctuation dans l'organisme. Est-ce
que j'ai répondu à votre question au sujet de l'organisation?
M. Scowen: Alors, c'est plutôt une question pour vous
autres. C'est...
M. Maranda: Oui, je le sais. Mais enfin, comme on a la
réponse, je voulais vous la donner tout de suite. Maintenant, vous
m'avez parlé égale- ment du libre marché, parce que vous
l'avez mentionné, et j'ai dit: Pourquoi pas le libre marché? Tout
à l'heure, les gens ont mentionné qu'ils ont des logements dans
leurs quartiers absolument identiques, mais avec des différences de prix
qui peuvent aller du simple au double. Ce n'est sûrement pas la loi de
l'offre et de la demande qui fait cela, c'est celle de la Régie des
loyers. Là, cela devient juste. Vous avez un locataire qui paie beaucoup
moins cher, qui est subventionné par son propriétaire, alors que,
comme on l'a mentionné tout à l'heure, vous avez un type qui paie
deux fois plus cher, donc lui, il enrichit trop son propriétaire. Alors,
c'est une des situations que la régie engendre
régulièrement. S'il y avait la loi de l'offre et de la demande,
le locataire ne pourrait pas trouver un logement si bon marché et celui
d'à côté, qui paie le double, n'aurait jamais payé
le double. C'est une question d'offre et de demande.
M. Scowen: Mais, M. Maranda, simplement pour préciser.
Nous sommes d'accord, je pense, que cette situation ne touche que 5% de tous
les locataires du Québec. Sommes-nous d'accord?
M. Maranda: Oui, mais, pour préciser mon exemple d'offre
et de demande, me permettez-vous de donner un exemple personnel, quelque chose
qui m'est arrivé, pour montrer comment fonctionne la loi de l'offre et
la demande? Cela va prendre une minute, si vous voulez.
M. Scowen: Après, vous allez répondre à ma
question?
M. Maranda: Oui, sûrement. M. Scowen: Merci.
M. Maranda: C'est aussi un début de réponse
à l'autre question. Dans la rue Saint-Denis, en face du Carré
Saint-Louis, j'ai fait des rénovations qui m'ont coûté $10
000 par logement; j'en ai rénové exactement quatre. J'ai fait des
calculs avant de le faire en me disant que je devais les louer $350 par mois.
Si ça avait été dans l'ouest de Montréal, dans
certaines rues d'Outremont ou ailleurs, j'aurais pu louer pratiquement le
double, étant donné que les logements sont entièrement
refaits à neuf et que ce sont de grands logements. Je les ai
affichés pendant trois ou quatre mois à $350 et je les ai
loués en moyenne $292.
J'ai fait une erreur, j'en prends mon parti; c'est ça la loi de
l'offre et de la demande. C'était à moi de ne pas évaluer
la capacité de louer, dans ce coin, en face du Carré Saint-Louis,
à $350. Que voulez-vous? C'est juste, c'était à moi de ne
pas faire l'erreur, c'est tout.
M. Tardif: Est-ce de la rénovation faite avec le programme
PAREL?
M. Maranda: Non, après analyse, je ne trouvais pas le
programme fédéral intéressant.
M. Scowen: Pardon...
M. Maranda: Je n'ai pas fini de répondre à votre
question.
M. Scowen: ... j'avais une question à laquelle vous n'avez
pas répondu et il y en a une autre que je n'ai pas posée.
M. Maranda: J'y arrive. Vous savez, j'ai eu très peu de
temps pour faire mon exposé, mais il y a quand même...
M. Scowen: La question du taux fixe. (18 heures)
M. Maranda: Justement, vous disiez qu'il y a à peu
près 5% des gens qui ont de tels problèmes. Nous, nous disons
qu'on devrait subventionner c'est dans nos conclusions le
locataire. Il y a deux façons de le subventionner: lors du discours
inaugural, on a parlé d'un revenu garanti; le journal La Presse a dit
que, la première année, ça pourrait coûter $35
millions. D'une part, on a $35 millions ici; si, d'autre part parce
qu'on en vient pratiquement à dire que cette régie du logement
existe surtout pour ces 5% de gens on n'avait pas cette régie, si
on avait un autre mécanisme plus simple, plus souple, qui coûte
beaucoup moins cher... Cela va coûter on ne le sait pas, personne
ne le sait, parce qu'il n'a pas commencé à fonctionner
quelques millions ou quelques dizaines de millions de dollars par année
pour administrer cette affaire, cette régie du logement. Si on prenait
cet argent pour subventionner également les locataires qui en ont besoin
et les $35 millions de revenu garanti qui pourraient être donnés
sous forme d'allocations au logement, on n'aurait plus besoin de se demander de
quelle façon on va les augmenter. Ceux qui sont mal pris, les 5%, on les
subventionnerait de cette façon.
M. Scowen: Entre les deux maux, le taux fixe et le cas par
cas...
M. Maranda: Concernant ie taux fixe, lors de l'étude du
projet de loi 59 qui a été présenté en 1972, il a
été question de 5% et la commission parlementaire en est venue
à la conclusion à juste titre, je pense qu'il ne
fallait pas faire cela c'était présidé par
Jérôme Choquette à ce moment-là. Les gens, bien
qu'on mette des annonces dans les journaux, à la
télévision et que ça coûte des millions de dollars,
ne suivent pas. On est arrivé à la conclusion que si on dit 5%,
le locataire va penser que c'est un droit automatique du propriétaire.
Dans beaucoup de cas aussi, le propriétaire va penser qu'il ne peut
aller plus loin que 5%, même s'il y a des augmentations de 10%.
Je pense donc qu'à cause de cela le cas par cas est meilleur.
M. Scowen: Merci, il y a une dernière question que je veux
vous poser. Je regrette énormément que vous n'ayez pas eu
l'occasion de résumer toutes vos propositions. Je les ai lues, mais je
pense que ce serait intéressant si vous en avez l'occasion
maintenant de nous dire au moins, parmi tous les problèmes que
vous voyez dans le projet de loi et la loi actuelle... Y a-t-il, d'après
la Ligue des propriétaires, deux ou trois de ces problèmes qui
lui semblent les plus importants ou les plus mauvais?
Si vous pouvez au moins nous donner les plus importants, cela pourra
nous aider, considérant le temps limité dont nous disposons.
M. Maranda: D'accord. Une des choses qui font le plus mal
à nos membres je parle évidemment au nom de nos membres
c'est le principe pratiquement absolu du maintien dans les lieux, tel
qu'il est présenté dans la loi.
Nous, nous disons ceci, en résumé: Nous ne sommes pas
contre le principe du maintien dans les lieux, mais on dit que tout droit a un
corollaire. Le droit au maintien dans les lieux a un corollaire qui est celui
de choisir son locataire. On peut imaginer, suivant la loi actuelle, l'exemple
suivant: Vous savez que le concubin hérite du droit au logement; le
légataire universel, le parent qui reste là, tout cela fait
partie du maintien dans les lieux.
Vous pourriez imaginer la petite histoire suivante: Un homme vient de
finir la construction de son logement; il loue une première fois
à un jeune homme. Ce jeune homme se prend une maîtresse, ça
devient une concubine; il s'ennuie, il s'en va, la concubine est dans les
lieux, elle a droit au bail. La concubine meurt, elle a un frère, qui
est légataire universel; son frère vient habiter le logement avec
sa femme et sa belle-mère. Il meurt dans un accident d'automobile avec
sa femme; la belle-mère, qui est une parente habitant les lieux, a le
droit de rester là...
Une Voix: Elle se trouve un concubin.
M. Maranda: La belle-mère est esseulée, elle se
pend un concubin, etc., et si vous poussez l'exemple au paroxysme, vous allez
arriver au cas où un homme aura loué une fois un logement
à un seul propriétaire et pour une seule année et, 75 ou
100 ans après, on devra démolir l'immeuble et il n'aurait eu le
droit de choisir qu'un seul locataire.
Vous savez, actuellement, je pense que notre société est
à l'envers. Un homme prend une femme pour la vie, il divorce au bout
d'un an; un locataire prend un propriétaire pour un an et le garde pour
la vie.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce, il reste
très peu de minutes. M. le député de Saint-Hyacinthe,
c'est à vous.
M. Cordeau: D'accord. M. Guay: M. le
Président...
M. Cordeau: On prendra cinq minutes de plus s'il le faut.
Merci.
M. Guay: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
sous-question.
M. Cordeau: En autant...
M. Guay: Deux secondes. Le cas que vous soulignez du concubin ou
de la concubine qui a lâché l'autre pour la belle-mère,
d'après votre expérience, est-ce que c'est un cas qui se produit
très souvent?
M. Maranda: On est prêt à faire des concessions; on
dit simplement: D'accord, si c'est un droit, le maintien dans les lieux, on va
le respecter, mais nous prétendons aussi avoir un droit de choisir un
locataire. Parmi les articles que vous avez là, essayons de composer
ensemble, parce que, tout ce qu'on veut, somme toute, ce n'est pas mettre un
bon locataire dehors. Quand on a un bon locataire, on le garde. C'est
simplement se débarrasser des indésirables. C'est cela qui arrive
quand le petit propriétaire, surtout celui qui vit dans l'immeuble qu'il
loue, est pris avec un indésirable; cela devient épouvantable. Ce
sont des chicanes à n'en plus finir et j'ai vu plus d'une fois un
propriétaire qui avait une maison, qui avait économisé
toute sa vie pour acheter une maison, se faire tellement emmerder par son
locataire que c'est lui qui a déménagé. Cela devient une
guerre des nerfs et c'est le plus fort qui l'emporte. Nous voulons respecter le
droit au maintien dans les lieux, mais on veut aussi respecter le
nôtre.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Sur le même sujet, c'est un propriétaire
chanceux parce qu'il aurait pu hériter, c'est-à-dire qu'un
légataire aurait pu être une famille avec cinq enfants et il en
aurait hérité quand même. Ce n'est pas parce que je suis
contre les enfants, mais il a toujours eu seulement deux personnes dans son
logis. C'est un propriétaire chanceux.
Maintenant, une autre question plus sérieuse.
M. Maranda: Excusez, ce que je veux dire par là...
M. Cordeau: Une question plus sérieuse. M. Maranda:
D'accord.
M. Cordeau: Qu'arrive-t-il à la cour no 8 à
Montréal lorsque votre propriétaire dit qu'il n'a pas assez
d'argent, qu'il ne peut pas réparer les lieux? Vous nous avez
amenés à la cour no 8 à Montréal et le gars n'a pas
d'argent pour réparer, qu'arrive-t-il?
M. Maranda: II paie une première amende. Après
cela, un peu plus tard, il reçoit un deuxième avis. S'il ne paie
pas, il a une amende qui va doubler. Après cela, il va recevoir un
troisième avis et il va avoir une amende astronomique. Alors, s'il n'a
pas d'argent, il est aussi bien de les faire.
M. Cordeau: Les trois amendes totalisent combien?
M. Maranda: Cela peut différer selon les offenses.
M. Cordeau: Dans un autre mémoire, on nous a parlé,
on a fait une suggestion selon laquelle le contrôle des loyers sur une
construction nouvelle arrive après trois ans au lieu de cinq ans.
M. Maranda: Oui.
M. Cordeau: Selon l'opinion qui a été
exprimée, le propriétaire, après trois ans, a fait
à peu près les expériences, c'est-à-dire, il a
vécu certaines expériences; soit. Il a pu tout louer ses logis,
enfin, après trois ans, il serait normal qu'une maison neuve tombe sous
le contrôle de la régie. Est-ce que vous pouvez exprimer votre
opinion à ce sujet?
M. Maranda: C'est un autre... Vous mentionnez vous-même des
exemples. Ce qui arrive, plus cela va, plus on veut gruger le peu qui reste au
propriétaire. C'est pour cette raison, qu'il ne se sent plus chez lui.
Cinq ans, ce n'est pas tellement dans la vie d'une maison, pour être
capable de juger le rapport réel selon la loi de l'offre et de la
demande.
M. Cordeau: Vous avez dit aussi tantôt que ce projet de loi
grugeait certains droits des propriétaires à part celui-ci,
c'est-à-dire, celui-là accorde cinq ans. Il faut être bien
juste, il accorde cinq ans. Mais quels sont les droits des propriétaires
que ce projet de loi va gruger à part, bien sûr, des obligations
de faire des réparations et ainsi de suite?
M. Maranda: Bien, il y a le maintien dans les lieux. Il y a aussi
des choses qu'on trouve, on trouve que cela n'a vraiment pas de bon sens au
simple point de vue familial. Dans la reprise de possession, par exemple, on
dit ceci: Si vous êtes propriétaire d'une maison, dans un
logement, c'est à vous, telle maison, tel duplex. Vous pouvez le
reprendre encore pour loger, par exemple, votre garçon. Mais si vous
êtes un propriétaire dans l'indivision, vous pouvez voir l'exemple
suivant. Vous êtes deux personnes, propriétaires de la
totalité d'un édifice de 100 logements. Vous n'auriez pas le
droit de mettre un locataire à la porte pour loger votre garçon
ou votre fille qui se marie, parce que vous êtes dans l'indivision. Vous
avez l'obligation de loger 100 étrangers, mais vous ne seriez pas
capable de loger votre garçon sous prétexte que vous êtes
dans l'indivision. C'est dans ce sens qu'on nous gruge de partout. Si vous
lisez le mémoire, vous allez voir qu'il y a plein d'exemples
semblables.
M. Cordeau: Est-ce que vous croyez qu'à l'avenir le nombre
des petits ou moyens propriétaires va augmenter ou diminuer?
M. Maranda: Non, actuellement, d'après nous, si on passe
la loi, telle quelle, ce qui va arriver avec les augmentations dont j'ai
parlé au début de mon exposé plus les réparations
pour maintenir
un bon stock de logements avec en plus l'inflation qui s'en vient, les
petits propriétaires sont déjà étouffés,
sont déjà au bout. Ils devront vendre, parce qu'ils ne pourront
pas administrer à déficit. Alors, ce qui va arriver, c'est qu'ils
vont vendre souvent à des intérêts étrangers ou
enfin, à un certain capitalisme le capitalisme au Québec,
c'est un peu synonyme d'étranger; c'est pourquoi je dis cela qui
eux, vont être capables de supporter pendant quelques années une
perte de revenus, en disant: Bien, cela ne se peut pas qu'on soit dans une
situation aussi bête. Il va falloir qu'un jour, cela se normalise. Mais
pendant ce temps, le petit propriétaire va vendre à perte et on
continue d'aliéner ce qu'on a de plus fondamental, nos immeubles,
après avoir aliéné tout le reste.
Le Président (M. Laplante): C'est tout?
M. Cordeau: Cela va. Il faut penser de permettre à
d'autres aussi.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, pourrais-je inviter Me Maranda
à prendre connaissance c'est celui qui nous a décrit
tantôt le scénario du conjoint je n'en reparlerai pas,
parce que c'est assez compliqué mais il y avait des
décès en cours de route, n'est-ce pas?
M. Maranda: Oui.
M. Guay: II y avait des décès. L'article 1657.4 dit
effectivement que l'héritier ou le légataire qui n'habite pas
dans l'immeuble si le locataire meurt peut résilier le bail. Mais
à l'article 1658.4 ça va plus loin: "Le locateur ou le
propriétaire peut éviter la prolongation du bail d'un
héritier ou d'un légataire qui, sans avoir cohabité avec
le locataire décédé, a succédé aux droits et
aux obligations résultant du bail..." En d'autres mots, le lien que vous
avez fait tantôt en disant que le fait que quelqu'un meurt,
conséquemment il se créait un lien avec le légataire et
ainsi de suite pendant 100 ans....
M. Maranda: Oui.
M. Guay: ... vous avez escamoté un peu rapidement
l'article 1658.
M. Maranda: Je n'ai pas escamoté, monsieur, parce que je
dis que cet article-là, c'est un trompel'oeil. Si vous voulez, on va en
continuer la lecture et on va lire 1658.7: "Le locataire qui reçoit
l'avis prévu par les articles 1658.3 et 1658.4 peut, dans les 30 jours,
s'adresser au tribunal pour contester le bien-fondé de l'avis..."
M. Guay: II peut contester le bien-fondé, cela ne veut pas
dire pour autant que le tribunal va dire oui.
M. Maranda: Bien voyons!
M. Guay: Vous n'avez pas d'expérience de la Régie
des loyers.
M. Maranda: II va falloir qu'il prouve que c'est un locataire
indésirable. Parmi les locataires indésirables, on avait avant,
au moins, l'article 25 de la loi de la conciliation qui disait par exemple: Si
votre locataire est une source de tracasseries pour vous ou les co-locataires,
vous pouvez le mettre à la porte. Aujourd'hui, ce qu'on dit: Le locateur
pourra obtenir la résiliation du bail dans les cas prévus par la
loi. Les cas qui étaient prévus dans la Régie des loyers
ne sont pas reproduits ici. Alors on se demande où sont les cas
prévus par la loi.
M. Guay: Je vous ferai remarquer, vous qui semblez avoir
l'expérience de la Régie des loyers, que le locataire peut
s'adresser à la régie pour contester le bien-fondé. Le
fardeau de la preuve, en l'occurrence, n'appartient pas au propriétaire,
mais appartient au locataire.
M. Maranda: Je regrette, mais ce n'est pas comme ça.
M. Guay: C'est ce que dit l'article.
M. Maranda: A chaque fois qu'on conteste un bien-fondé
d'un avis de reprise de possession ou d'éviction, le fardeau de la
preuve revient automatiquement au propriétaire qui doit prouver qu'il a
un mauvais locataire.
Une Voix: C'est ça, que voulez-vous!
M. Guay: Vous avez évoqué tantôt le fait...
Vous avez qualifié, sans autre nuance, la régie, soit l'actuelle
ou soit celle à être créée, de cancer. C'est un
jugement assez radical. Est-ce que vous avez déjà mesuré
puisque je présume que si vous la qualifiez de cancer, c'est que
conséquemment vous voudriez, comme tout cancer, l'enrayer,
c'est-à-dire, en d'autres mots, l'abolir quelles seraient les
conséquences sociales juste cela de l'abolition de la
Régie des loyers?
M. Maranda: Bon, voici. Nous avons parlé de subventions
pour ceux qui en ont besoin. Nous aurions aimé parler également
de copropriété. Dans le livre blanc, à la page 52, je ne
sais pas, je l'ai dit au hasard, on est tout à fait contre cette forme
d'accession à la propriété. Nous croyons, et nous le
disons bien humblement d'ailleurs, que les raisons amenées dans le livre
blanc ne sont pas très sérieuses ou, à tout le moins, que
la balance d'inconvénients penche en faveur de la
copropriété. Je pense que, actuellement, on se dit ceci: On a 80%
de locataires à Montréal, 50% ailleurs, moyenne 70%. Et là
on fait un projet de loi pour essayer de se faire un petit paradis de
locataires, on n'y parviendra jamais. Au lieu de changer la situation, de
changer la vapeur, pourquoi serait-on d'éternels locataires chez nous?
Pourquoi ne pas tout faire pour favoriser l'accès à la
propriété? Vous ne le faites pas. Ce que vous faites...
M. Guay: Là-dessus, M. Maranda, est-ce que je peux attirer
votre attention, très brièvement, sur un article que j'ai
trouvé dans le Time de la semaine dernière, sur les condominiums.
Ce qu'on dit là-dedans, on le voudrait pour le Québec, le cas
échéant, si on permettait les condominiums ou du moins comme ils
sont permis aux Etats-Unis. Je vous cite tout simplement cette phrase: "Buying
one's own apartment is still largely an upper income phenomenon, since the
mortgage and maintenance can cost as much as 50% more than renting the same
space." En d'autres mots, le fait de pouvoir acheter un condominium en
copropriété, c'est un phénomène qui appartient
à ce qu'on appelle "upper income phenomenon", c'est-à-dire aux
gens qui ont des moyens.
M. Maranda: Oui, voulez-vous que...
M. Guay: ... supérieurs à la moyenne, notamment
parce que les frais sont de 50% plus élevés. Concrètement,
si vous permettez cela, il est très évident que vous diminuez
considérablement le stock de logements locatifs, puis les gens qui
louent des logements et qui n'ont pas les moyens, eux, d'acheter des
condominiums, c'est quand même beaucoup de monde au Québec.
Où allez-vous les loger, vous qui dénoncez, par ailleurs, les HLM
qui coûtent $52 millions?
M. Maranda: Ce que je ne comprends pas, c'est quand vous dites
que je diminue considérablement le nombre de maisons locatives, de
logements. Voulez-vous m'expliquer cela?
M. Guay: Le fait d'autoriser les condominiums, la transformation
de logements locatifs en condominiums automatiquement diminue le stock des
logements locatifs. (18 h 15)
M. Maranda: Oui mais, automatiquement, vous diminuez le nombre de
locataires, vous faites des propriétaires.
M. Guay: Oui, mais ils n'ont pas les moyens de devenir
propriétaires.
M. Maranda: Oui, mais, justement, dans l'article dont vous
parlez, on parle surtout du neuf, du condominium neuf...
M. Guay: Non, non, non. Relisez l'article.
M. Maranda: Je pense que l'auteur aurait dû faire la
différence entre le neuf et le vieux. Quand vous arrivez dans le neuf,
c'est un fait que vous pouvez payer jusqu'à 60% et plus de plus que sa
valeur de construction, à cause du phénomène suivant:
habituellement, ce sont de gros immeubles qui sont construits, le constructeur
prend une moyenne de six ans avant de tout vendre.
C'est-à-dire que, pendant trois ans, c'est lui qui va être
seul à payer les taxes, le chauffage, l'entretien et tout le reste. Il
doit nécessairement mettre ça sur son prix de revente. Sur
ça, je suis d'accord avec vous; il y a le Tournesol près de chez
moi à Outremont, à Montréal où il n'y
a rien en bas de $60 000 pour un cinq pièces et demie, pour un beau
logement, en haut, c'est $120 000. Il est sûr que ce n'est pas une
solution, je suis d'accord avec vous, mais moi, je vous dis que vous avez un
stock de logements dans les duplex, dans les triplex et autres, à
Montréal, qui seraient très facilement transformables en
copropriétés, sans frais et, à ce moment, ils pourraient
être achetés à un prix raisonnable. Si vous êtes
propriétaire de votre logement, ça ne devrait pas,
raisonnablement, vous coûter plus cher à administrer que le
propriétaire qui le fait.
M. Guay: Cela coûte automatiquement plus cher en
impôt foncier...
Le Président (M. Laplante): M. le ministre...
M. Guay: ... puisque chaque logement est évalué
indépendamment.
M. Grégoire: Je voudrais poser une question, M. le
Président, je ne sais pas si j'aurais le consentement.
M. Cordeau: Sans éditorial au début?
M. Grégoire: Sans éditorial. Je suis un
propriétaire moyen; j'ai écouté vos remarques et je trouve
qu'on n'est pas si à plaindre que ça malgré tout, M.
Maranda, du moins d'après la description que vous faisiez.
L'expérience de la Régie des loyers, je l'ai et je n'ai jamais eu
à m'en plaindre trop et je suis allé souvent. Seulement je pense
que, au lieu d'arriver et de décrire une situation plutôt
alarmiste situation qui ne l'est pas, je crois il y aurait
peut-être lieu surtout de suggérer des améliorations. Quand
vous avez parlé de la formule RN-1, c'est vrai qu'elle est
compliquée; mais aussi, il y a ceci; c'est que la formule RN-1, si vous
avez un locataire dont le bail se termine dans les six premiers mois de
l'année, vous êtes obligé de la remplir le 1er mars;
l'année qui va du 1er mars X au 1er mars Y. Si votre locataire a un bail
qui se termine dans les six derniers mois de l'année, vous êtes
obligé d'en faire une autre en sortant à nouveau toutes les
factures du 1er novembre X au 1er novembre Y. Si votre année
financière se termine le 31 décembre ou le 31 juin, ça
veut dire que vous êtes obligé de préparer trois bilans
dans l'année et préparer un bilan, on sait ce que ça
coûte; ça, ce sont des dépenses d'administration. Moi, je
crois qu'il faudrait suggérer des choses comme celles-là, qui ne
dépendent pas de la loi elle-même, mais des règlements
imposés par la Régie des loyers.
M. Maranda: Si j'avais eu le temps de lire mon mémoire,
vous auriez vu que j'ai beaucoup de suggestions; je suggère même
au ministre des Affaires municipales, si la chose est possible, de demander que
les comptes de taxes municipales sortent, dans toutes les municipalités
du Québec,
dans les premières semaines de janvier, pour que le
propriétaire qui envoie son avis sache quel sera le montant de la taxe
auquel il aura à faire face, parce qu'actuellement, comme à
Montréal, quand il envoie son avis, il ne le sait pas. Alors, les
augmentations de taxes, il ne peut les récupérer que
l'année d'après.
Lisez-le, vous allez voir que c'est plein de suggestions.
Le Président (M. Laplante): II est près de 18 h 20,
M. le ministre. C'est qu'on doit reprendre à 20 heures...
M. Guay: ...
M. Tardif: M. le Président, justement, sur ce dernier
point précis, dire que, avec la réforme de la fiscalité,
un des objectifs qu'on voudrait atteindre serait de normaliser l'année
financière des municipalités au Québec. Actuellement,
l'année financière de toutes les municipalités sauf deux,
va du 1er janvier au 31 décembre. Les deux exceptions notoires sont la
ville de Montréal et la ville de Québec, dont l'année
financière commence le 1er mai pour se terminer le 30 avril. Alors, avec
l'entrée en vigueur de la réforme, nous avons fait des
démarches pour faire en sorte que les années financières
de ces municipalités s'alignent sur celles des autres
municipalités du Québec, si bien, que les comptes de taxes
parviendraient quelque temps en janvier ou février et pourraient donc
être pris en compte dans l'établissement de la demande
d'augmentation et du bilan de l'année.
Autre élément, on l'a dit tantôt je pense que
c'est vrai quand même, même si j'ai à mon budget un
montant important pour des logements sociaux, il reste que cela ne
représente à peine que 4% du stock de logements au Québec
sur les 2 millions de logements qu'il y a et 95% ou 96% sont des logements
privés. Je pense que la situation va rester sensiblement la même
et que le Québec devra compter sur sa population et sur ses
propriétaires pour entretenir, pour maintenir, pour promouvoir, pour
développer ce parc immobilier. On est prêt à prendre les
mesures nécessaires, tant sur le plan de la restauration que par les
programmes qui pourraient permettre l'accession à la
propriété et à des formules comme la
copropriété. Encore une fois, c'est l'ancien gouvernement qui
avait mis un moratoire sur la copropriété et il l'a fait avec
raison aussi, compte tenu du fait qu'il y a des problèmes juridiques
considérables qui ont été soulevés ou par ces
dispositions législatives qui ont été adoptées en
1974 et qui ont été gelées en 1975 et qu'on a reconduites;
on a reconduit le moratoire, mais on vise à le supprimer, ce moratoire,
à l'intérieur de certaines balises, comme on voudrait et sur
lesquelles on aimerait très certainement avoir les commentaires et
toutes les opinions éclairées possibles là-dessus.
Egalement, il y a une chose qui serait peut-être
intéressante pour les propriétaires que vous êtes, que la
loi devant nous va permettre: A l'heure actuelle, un propriétaire dont
le locataire déguerpit sans avoir payé deux mois de loyer ou
après avoir causé des dommages à la
propriété, doit s'adresser à la Cour provinciale avec,
évidemment, les frais afférents à une telle
démarche et des frais d'avocat, de représentation ne vous
en déplaise, Me Maranda et se dit: Cela va me coûter $300
pour en récupérer $250, cela ne vaut donc pas la peine.
Or, la loi maintenant va permettre au proprié-taie, sans frais,
de faire ses représentations devant la régie et d'obtenir le
dédommagement. Cela est une mesure importante. J'aurais aimé que
votre association souligne aussi ces points-là qui, je pense, vont faire
l'affaire d'un bon nombre de propriétaires. Là-dessus, je vous
remercie de votre présentation. Même si vous n'avez pas eu le
temps de présenter votre mémoire en entier, je l'ai lu en entier
et j'en ai pris bonne note.
M. Maranda: Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci Me Maranda. La
séance est suspendue jusqu'à 20 heures.
Suspension de la séance à 18 h 23
Reprise de la séance à 20 h 18
Le Président (M. Laplante): A l'ordre, messieurs! Reprise
des travaux de la commission élue permanente des affaires municipales
pour l'étude du projet de loi 107. J'appelle maintenant le groupe de la
région de Montréal-Centre du Parti québécois.
Région Montréal-Centre du Parti
québécois
M. Loiselle (Robert): M. le Président, MM. les membres de
la commission, mon nom est Robert Loiselle. Je représente ici ce soir la
région de Montréal-Centre du Parti québécois, qui
regroupe 17 comtés situés dans le centre et l'est de l'île
de Montréal.
Pour nous, le droit à un logement décent est un des droits
fondamentaux de tous les citoyens. Or, nous constatons que ce droit est plus
difficile à exercer pour les locataires en milieu urbain. Il se trouve
que dans notre région 83% des logements sont occupés par des
locataires, ce qui constitue vraiment une situation exceptionnelle au
Québec et peut-être en Amérique du Nord. Je vous donne
comme exemple le reste du territoire du Québec, à l'exception de
l'île de Montréal, où le pourcentage de locataires est
d'environ 41% ou 42%, soit à peu près la moitié de ce
qu'il est dans l'est et le centre de Montréal.
Cette population de locataires située dans notre région
n'est pas une population homogène. C'est une population dont les
caractéristiques
socio-économiques sont fort variables d'un quartier à
l'autre. Il en va de même, d'ailleurs, des logements. On y trouve autant
des duplex, des maisons de moins de six logements que des HLM ou des ensembles
de grand luxe. Compte tenu de cette diversité, tant dans les
différentes catégories de locataires que dans les
différents types de logements, nous avons préféré
présenter un mémoire et formuler des recommandations qui,
à notre avis, concernent l'ensemble des locataires plutôt que de
présenter un mémoire ou de formuler des recommandations qui
n'auraient concerné qu'une ou quelques catégories de locataires
ou de types de logements.
Nous tenons également à signaler que notre organisme ne se
préoccupe pas uniquement ou même prioritairement des questions
reliées aux logements. Nous n'avons donc pas la prétention de
présenter ce soir un mémoire ainsi que des recommandations
à caractère scientifique. Notre mémoire et nos
recommandations ont été rédigés à partir
d'observations ou de commentaires recueillis chez de simples citoyens, et non
à partir de données ou d'études plus scientifiques.
Tout d'abord, nous désirons faire connaître à la
commission ainsi qu'au ministre des Affaires municipales notre appui quant
à l'orientation générale du projet de loi qui a en
particulier l'avantage de préciser un certain nombre de règles du
jeu concernant les relations qui doivent exister entre locataires et locateurs.
Toutefois, nous tenons à préciser que la réglementation
qui découlera de cette loi, particulièrement la
réglementation prévue à l'article 86, nous paraît
avoir autant, sinon plus de répercussions concrètes,
particulièrement chez les locataires, que la loi comme telle qui est,
finalement, plutôt un cadre juridique.
Cette préoccupation, quant à l'importance que nous
attachons à la réglementation, se reflète d'ailleurs dans
les six recommandations que nous formulons. Les trois premières de ces
recommandations concernent d'ailleurs, en totalité ou en partie, la
prochaine réglementation.
Je voudrais regarder avec vous, justement, une par une, chacune des
recommandations que nous faisons aux pages 3 et suivantes du
mémoire.
La première recommandation est d'ajouter aux fonctions de la
Régie du logement, telles que définies à l'article 3,
l'obligation de tenir des audiences publiques afin de recevoir les
représentations de la population concernant la présente loi ainsi
que les règlements prévus à l'article 86 et ce, dès
avant l'adoption de ces règlements. De telles audiences publiques nous
paraissent être un complément nécessaire à la
première fonction de la régie telle que décrite dans le
projet de loi et qui est "d'analyser les effets de l'application de la
présente loi et de faire au ministre des Affaires municipales les
recommandations qu'elle juge utiles".
De même, il nous apparaît souhaitable que le gouvernement,
avant d'exercer les pouvoirs de réglementation que lui accorde l'article
86, puisse recevoir, par l'intermédiaire de la régie, les
repré- sentations des parties intéressées qui sont les
locataires et les locateurs.
Lors de précédentes interventions, le ministre des
Affaires municipales a d'ailleurs déclaré, je pense, à ce
sujet, que certaines réglementations seraient déposées
avant même l'adoption finale du projet de loi.
Disons que c'est déjà un premier pas. Nous nous demandons
toutefois si, compte tenu de la relative rapidité avec laquelle les
projets de loi sont adoptés, il sera possible quand même au
gouvernement et particulièrement au ministre des Affaires municipales de
faire un minimum de consultation auprès de la population, soit des
individus, soit des groupes intéressés, concernant plus
spécifiquement la réglementation à être
adoptée.
Nous demandons, comme deuxième recommandation, que le
gouvernement fasse adoption d'un code d'habitabilité, l'une de ses
priorités en matière d'habitation. Une telle mesure nous
apparaît en effet être un complément indispensable au
présent projet de loi.
Nous demandons, en troisième lieu, que les règlements
prévus à l'article 86 incluant le code d'habitabilité,
s'ils sont déjà prêts, soient rendus publics avant
l'adoption du présent projet de loi de façon à permettre
d'en évaluer la portée et la concordance avec la loi et, s'il y a
lieu, d'adopter les modifications nécessaires à celle-ci.
Là encore, les raisons que je veux invoquer sont grosso modo les
mêmes que celles que j'ai invoquées pour tenter de justifier notre
première recommandation.
Notre quatrième recommandation veut que le propriétaire
qui désire reprendre possession d'un logement aux fins prévues
à l'article 1659 du Code civil, c'est-à-dire pour utilisation
personnelle ou utilisation par un proche parent, soit obligé de fournir
au locataire le nom et le lien de parenté du futur occupant au moment
où il donne l'avis de reprise de possession conformément à
l'article 1659. Nous demandons également que copie en soit
simultanément envoyée à la Régie du logement; que
la régie, dans les 30 jours de la date de la reprise de possession
vérifie si celle-ci s'est faite conformément à la loi, et,
enfin, que l'ancien locataire puisse être informé des
résultats de la vérification.
La raison d'être de cette recommandation est le fait que dans
certains cas, et c'est vrai surtout dans le cas de petits propriétaires
qui, pour une raison ou pour une autre, soit pour raison de mésentente
avec leur locataire, soit pour obtenir plus facilement des hausses de loyer
plus fortes que celles qu'ils pourraient normalement obtenir, invoquent
à tort ou faussement le motif de reprise de possession pour usage
personnel ou pour usage par un proche parent.
Nous respectons ce droit que possèdent déjà les
propriétaires de reprendre possession d'un logement dont ils sont
propriétaires soit pour leur usage personnel ou pour l'usage de leurs
proches parents, mais nous tenons à ce que ce droit soit bien
utilisé. Compte tenu qu'il se produit à l'occa-
sion des abus dans ce domaine, nous demandons qu'il y ait un minimum de
contrôle qui soit exercé par la régie et que l'ancien
locataire ait les informations lui permettant éventuellement d'exercer
un recours sous une forme ou sous une autre pouvant, par exemple, aller
jusqu'à la reprise de possession de son ancien logement s'il
s'avère que la reprise de possession s'est faite sous de fausses
représentations.
Cinquièmement, nous demandons que l'article 1656 soit
modifié de façon que le propriétaire puisse refuser la
sous-location ou la cession du bail pour des motifs raisonnables. Ici, à
notre grande surprise, le texte pris à la lettre du projet de loi nous
apparaît un recul par rapport à la situation actuelle.
Dans le bail type actuellement existant, le texte prévoit que le
propriétaire peut refuser la cession du bail ou la sous-location pour
des motifs raisonnables. L'article 1656 se contente d'obliger le
propriétaire à communiquer ses motifs au locataire sans
préciser que ces motifs doivent être raisonnables. A ce
moment-là, le locataire se trouve un peu démuni et
également la Régie du logement éventuellement, si le
locataire décidait de faire appel de la décision du
propriétaire de refuser la cession du bail ou la sous-location,
étant donné qu'il suffit au propriétaire de faire
connaître ses motifs sans avoir à les justifier. Nous ne voyons
pas, à ce moment-là, comment la régie pourrait
intervenir.
Notre sixième recommandation demande que la Régie du
logement dès l'entrée en vigueur de la présente loi prenne
tous les moyens nécessaires pour faire connaître ses droits
à la population, ainsi que les services à sa disposition. Par la
suite, cette information devrait être maintenue et l'un des moyens
appropriés pourrait être l'établissement de
mécanismes favorisant des relations permanentes entre la régie et
les associations et groupements intéressés aux questions
relatives au logement.
Il y a actuellement beaucoup de locataires qui ne font pas valoir leurs
droits, soit parce qu'ils ignorent, aussi bête que cela puisse
paraître, même qu'ils ont des droits face à leur
propriétaire, soit parce qu'ils craignent des représailles du
propriétaire ou des conflits avec celui-ci. On peut également
noter que l'actuelle Commission des loyers, dans l'information qu'elle transmet
à la population, est à tout le moins d'une sobriété
exemplaire, en ce sens qu'à certaines périodes de l'année
elle se contente de publier des annonces indiquant qu'en fonction d'une
période de renouvellement des baux, etc., les intéressés
peuvent utiliser ses services. Nous souhaitons que la future Régie du
logement fasse plus que donner de l'information que je qualifierais
d'information un peu standard, un peu juridique et plutôt utilise le mode
de fonctionnement en termes d'information et d'incitation à
l'utilisation de ces droits qu'utilisent déjà certains organismes
voués à la défense des droits des citoyens.
On pourrait citer par exemple un organisme gouvernemental qui,
déjà, bien que ce ne soit pas encore parfait, a fait un bon bout
de chemin dans ce sens, à savoir l'Office de protection du consommateur,
dont l'information et la publicité non seulement renseignent les
citoyens sur leurs droits, mais également les incitent à
défendre ces droits et à utiliser les services de l'office des
consommateurs pour ce faire.
En terminant, je veux rappeler, comme je l'ai dit au début, que
nous sommes d'accord avec l'orientation de la loi, mais que, finalement, nous
accordons plus d'importance à la réglementation qui sera
éventuellement adoptée en vertu de l'article 86 qu'à la
loi elle-même qui, finalement, n'est qu'un cadre juridique
général avec certaines règles du jeu un peu plus
précises. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Merci monsieur. M. le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, je remercie M. Loi-selle qui,
au nom de la région Montréal-Centre du Parti
québécois, qui représente sept comtés de
l'île de Montréal, est venu nous présenter ce
mémoire. Je ne sais pas si M. Loiselle était présent hier
en commission, lorsque j'ai annoncé qu'en effet les règlements
étaient en train d'être rédigés. J'ai dit que nous
avions décidé, à bon droit, je pense, d'attendre d'avoir
reçu tous les mémoires avant d'y mettre la touche finale et que
mon objectif était de les déposer devant cette commission,
lorsqu'elle se réunira pour étudier le projet de loi article par
article, de sorte que, déjà, encore une fois, bien avant leur
adoption, bien même avant l'adoption de la loi, la réglementation,
dans son ensemble, sera connue. Non seulement celle prévue à
l'article 86, mais également les autres règlements prévus
en ce qui concerne les différents avis à envoyer, en ce qui
concerne les règlements et les normes d'embauche du personnel de la
régie, en ce qui concerne la méthode de fixation notamment, toute
réglementation c'est là mon objectif sera rendue
publique.
Quant à la possibilité de tenir des audiences publiques
sur la réglementation, c'est-à-dire des audiences soit de cette
commission, soit encore de la régie, parce que je crois savoir par votre
recommandation un que ce n'est peut-être pas clair: "De même, il
nous apparaît souhaitable que le gouvernement, avant d'exercer les
pouvoirs de réglementation que lui accorde l'article 86, puisse
recevoir, par l'intermédiaire de la régie, les
représentations des parties intéressées." Je ne sais pas
si la régie est le canal ou le moyen approprié pour tenir de
telles audiences, mais soyez assurés là-dessus que nous verrons
à étudier cette possibilité, que ce soit par le biais de
la régie ou de cette commission, que la réglementation, avant
d'être adoptée, fasse l'objet d'une consultation.
J'ai également pris bonne note de certaines recommandations,
notamment en ce qui concerne le fait d'ajouter à l'article 1656 que le
propriétaire ne puisse refuser la sous-location que s'il a des motifs
raisonnables. Cela nous apparaît en effet raisonnable d'introduire un tel
qualificatif à cet
article. Il n'y a pas de problème majeur. J'ai aussi pris bonne
note des recommandations en ce qui concerne l'information, information que vous
décrivez d'une sobriété, entre guillemets, "exemplaire" et
que d'aucuns qui sont venus devant cette commission ont qualifié
d'excessive, d'inutile et de mauvaise utilisation des deniers publics.
Personnellement, je persiste à croire qu'il n'en est rien. C'est
même dans la loi qu'on confie à la régie un tel rôle
d'information puisque le gouvernement croit que le citoyen informé, les
parties informées, en l'occurrence propriétaires et locataires,
pourront d'autant mieux exercer leur droit, pourront d'autant moins avoir
recours à un tiers pour juger d'un litige pouvant survenir entre les
deux, que les règles du jeu seront claires, nettes, connues de tous.
A ce sujet, c'est vrai qu'il arrive des moments de l'année
où la régie fait plus de publicité qu'à d'autres
moments. Par exemple, à ce temps-ci de l'année, alors qu'on
assiste à la période de renouvellement des baux, il y a une
campagne de publicité qui est menée; il y en a eu une l'an
dernier. L'an dernier, c'était "Le temps est aux baux". Cette
année, c'est "Passez le test de la bonne entente"; je ne sais pas si
vous avez vu ce formulaire avec une série de questions qui, sous forme
de jeu plus qu'autrement, veut passer un certain nombre de messages quant aux
droits et pouvoirs.
Mais ce n'est pas la seule façon et les bureaux itinérants
de la régie ont aussi pour but d'informer les gens, de les aider
à remplir une demande, un formulaire, une formule RN-1, par exemple,
dans le cas du propriétaire et ces bureaux itinérants de la
régie sont maintenant au nombre de sept dans la région de
Montréal, en plus évidemment du siège social de la
régie. Il y en a un à Montréal, un à Longueuil. Il
y en a cinq dans l'île de Montréal qui siègent, qui sont
ouverts un soir par semaine, le mercredi, de 19 heures à 21 heures avec
une publicité dans le pourtour immédiat de ces bureaux. C'est
donc une autre façon, je pense, d'informer les gens de leurs droits et
des procédures à suivre si on veut s'adresser à la
régie.
Je pense que toutes ces mesures devraient concourir à l'objectif
énoncé dans le projet de loi qui est encore une fois de favoriser
une certaine harmonie entre propriétaires et locataires. On a entendu
des points de vue diamétralement opposés, mais, finalement, en
discutant, surtout après les sessions, avec les gens, les groupes qui
étaient ici et en leur posant des questions, on se rend compte que les
conflits ou les exemples très réels, les problèmes
vécus par les gens ne justifient pas, je crois, la mise sur pied de tout
un appareillage vraiment lourd et que, finalement, l'intervention de l'Etat
sera justifiée, mais pour l'exception, la très grande
majorité des gens réussissant à s'entendre.
Je désire, encore une fois, remercier M. Loi-selle. Je ne sais
pas si le groupe qu'il représente a eu l'occasion d'entendre les
représentations qui nous ont été faites, mais, à
plusieurs reprises des gens ont invoqué, devant la complexité de
la détermination des loyers, devant le processus qui suppose une analyse
cas par cas, devant le fait que cela pouvait entraîner ou enfin
détériorer le climat des relations entre propriétaires et
locataires, certains ont avancé l'idée d'avoir possiblement un
taux fixe comme cela existe en Ontario. Je ne sais pas si, là-dessus,
vous avez une idée, de même que sur l'hypothèse,
évoquée par certains au cours des travaux de cette commission,
d'avoir peut-être deux procédures distinctes: une pour les
très grands immeubles, les grands immeubles au-delà d'un certain
seuil, et une autre pour les petites unités, duplex, triplex ou autres,
où les relations sont forcément moins impersonnelles que dans le
cas des grands ensembles. Je ne sais pas si, là-dessus, vous avez des
idées ou des commentaires.
M. Loiselle: C'est plutôt une opinion personnelle que
j'émets là-dessus. Je n'ai pas la prétention de parler au
nom de mon organisme. La possibilité de deux procédures
distinctes, une pour les grands ensembles et une pour les petites
propriétés ou les petits propriétaires, à
première vue, cela m'apparaît valable, en ce sens qu'en
général les relations entre locataires et petits
propriétaires sont d'un autre ordre que les relations entre locataires
et propriétaires de grands ensembles. Je ne connais pas les statistiques
ou les données de la régie en ce qui concerne le pourcentage de
locataires habitant des grands ensembles qui font appel aux services de la
régie par rapport au pourcentage de locataires qui ont des
propriétaires possédant des propriétés plus
modestes. Mais il m'apparaît évident que les relations
étant différentes, les procédures auraient avantage
à être distinctes, particulièrement en ce qui concerne les
grands ensembles. Je ne connais ni le texte, ni l'esprit de la Loi du recours
collectif, mais on pourrait peut-être, pour régler les
problèmes se posant particulièrement dans le cas des baux pour
les grands ensembles, l'échelle des loyers pour les grands ensembles,
envisager un mécanisme qui pourrait s'apparenter à une forme de
recours collectif, à ce moment. Cela éviterait la multiplication
des plaintes. Cela allégerait également le fardeau de la
Régie du logement et cela rendrait justice à un plus grand nombre
de locataires.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je n'ai pas de question à poser à M.
Loiselle. Les fidèles se présentent devant le gouvernement dans
toute sa splendeur et beauté. Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de
sérieux. Si M. Loiselle veut vraiment s'intéresser aux
préoccupations des locataires ou des propriétaires, il n'a
qu'à lire les documents qu'on a reçus et les étudier,
prendre 50 pages avec des recommandations assez approfondies. Je regrette qu'il
n'y ait rien là-dedans qui, pour moi, semble important. Pour ma part, je
préfère laisser les trente minutes qui restent aux
députés péquistes, féliciter le Parti
québécois de Montréal-Centre, et celui-ci féliciter
le Parti québécois. Je vais passer le temps en étudiant
les documents qui sont, si vous voulez,
plus approfondis. Je prends note des deux ou trois points qui sont dans
ce document et je remercie M. Loiselle de sa présence ce soir.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Dans votre
mémoire, M. Loiselle, vous faites mention que le pourcentage des
résidents locataires dans votre secteur varie de 90% et plus, 94%.
Est-ce que pour le mémoire que vous nous présentez ce soir, il y
a eu une consultation avec les locataires de votre région? C'est ma
première question.
M. Loiselle: II n'y a pas eu de consultation systématique.
En ce qui concerne les données en termes de pourcentage, ce sont des
données qui seront facilement vérifiables. Ce sont des
données qui ont été recueillies, compilées à
même d'autres données contenues dans les rapports de Statistique
Canada lors du recensement 1976.
En réponse à votre question, il n'y a pas eu de
consultation directe. La préoccupation qui s'est manifestée chez
nous, ainsi que les éléments du mémoire et des
recommandations, proviennent de suggestions ou de commentaires que des citoyens
à titre personnel m'ont faits à moi ou à d'autres
personnes qui, oeuvrant avec moi, s'occupent, entre autres questions, de
questions d'habitation.
M. Cordeau: Autant de locataires que de propriétaires.
Plus de locataires que de propriétaires probablement, parce que, dans
votre secteur, étant donné qu'il y a 94% environ de locataires,
les commentaires que vous avez recueillis doivent provenir en majorité
de locataires.
M. Loiselle: Essentiellement, monsieur, vous avez raison.
M. Cordeau: Bon! Parfait! C'est parce que j'admire les locataires
du centre de Montréal pour leur sobriété, leur
compréhension face à leurs problèmes concernant le projet
de loi no107 car, à la lecture du mémoire présenté
par le Front commun des locataires du Montréal métropolitan,
c'est une autre chanson tout à fait. (20 h 45)
Je vais vous lire quelques passages. A la page 1, à
l'introduction, on peut lire: "D'abord et avant tout, le projet de loi actuel
ne modifie en rien les rapports entre propriétaires et locataires".
Un peu plus loin: "Rien ne garantit le droit au logement dans ce projet
de loi". Et, en conclusion, cette association de locataires,
c'est-à-dire le Front commun des locataires, dit: "Le Front commun des
associations de locataires de Montréal ne peut qu'être très
révolté du peu de changements apportés par le projet de
loi no 107, un projet de loi que les locataires se sont fait promettre depuis
plus de deux ans par le gouvernement provincial et qui devait amener des
améliorations importantes dans la défense de leurs droits", et
ainsi de suite. Je pourrais vous en lire quatre ou cinq paragraphes de
même acabit.
Je tiens à souligner que la modération de vos locataires
dans le centre de Montréal, je la trouve très bien, parce que le
projet de loi n'est peut-être pas aussi néfaste que le Front
commun des locataires du Montréal métropolitain a semblé
le démontrer devant cette commission. Je crois que c'est un des premiers
groupes que nous avons entendus.
C'était ça que je voulais voir préciser. Je peux
vous laisser répondre à ça aussi, donner vos observations,
parce que vous méritez certainement des explications.
M. Loiselle: Là-dessus, je pourrais apporter deux
précisions, monsieur. D'abord, à la page 1 de notre
mémoire, dans l'introduction, on dit bien que ce
rééquilibre, fin du quatrième paragraphe, je cite: "Ce
rééquilibre constitue un pas de plus vers la véritable
reconnaissance".
Nous n'avons jamais prétendu ni dans notre mémoire, ni
dans l'exposé que nous avons fait, que la loi comme telle constituait en
soi une reconnaissance du droit au logement. Nous avons commencé notre
exposé oral tantôt en disant que le droit à un logement
décent nous apparaissait un droit fondamental pour tous les citoyens,
d'une part. D'autre part, dans le mémoire, nous disons que la loi
constitue un pas de plus vers la reconnaissance que nous n'avons pas encore
atteinte, que le projet de loi comme tel, à notre avis, ne constitue pas
en soi une reconnaissance formelle du droit à un logement
décent.
De plus, nous avons également à deux reprises, lors de
l'exposé de nos recommandations, mentionné que nous accordions
plus d'importance à la réglementation qu'au projet de loi comme
tel que nous prenons pour ce que c'est, c'est-à-dire pour un cadre
juridique devant orienter la réglementation, mais que c'est finalement
l'ensemble des règlements, la réglementation, disons, qui va
prévoir les solutions à l'ensemble des problèmes et non
pas la loi.
M. Cordeau: Estimez-vous logique que la réglementation
soit plus importante que la loi même?
M. Loiselle: Là-dessus, monsieur, c'est tout notre
système législatif qui est comme cela. Je n'ai pas la
prétention de porter un jugement sur l'ensemble de notre système
législatif ce soir.
M. Cordeau: Cela ne serait pas une accusation contre le
gouvernement actuel: cela a toujours été comme cela.
M. Loiselle: C'est ce que je dis, monsieur, c'est l'ensemble de
notre législation qui est comme cela et je n'ai pas la prétention
de porter un jugement. C'est la situation qu'on constate et on considère
donc que la réglementation est plus importante que le projet de loi.
M. Cordeau: Ce n'est pas une accusation que je porte en
mentionnant que votre mémoire n'est pas aussi accusateur que le
mémoire du front
commun des locataires qui, réellement, accuse presque le
gouvernement de ne protéger que le propriétaire dans ce projet de
loi. Je voulais faire ressortir un peu la portée des deux
mémoires, un du front commun des locataires et le vôtre qui
représente en majorité les citoyens locataires du centre de
Montréal et qui est un peu plus doux.
M. Loiselle: C'est évident.
M. Cordeau: Je voulais faire ressortir cela dans les
mémoires de deux organismes à peu près, non pas
similaires, mais composés presque exclusivement de locataires parce que
vous avez dit tantôt que, dans la région Montréal-Centre,
il y a à peu près 90% à 94% de locataires.
Le Président (M. Laplante): Avez-vous d'autres questions,
M. le député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Non, pas pour tout de suite.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: M. le Président, je voudrais profiter de cette
intervention pour, à l'instar du député de
Notre-Dame-de-Grâce, non pas poser des questions, mais m'insurger contre
l'attitude insultante qu'il a eue à l'endroit des intervenants.
Jusqu'à maintenant, la commission parlementaire a accueilli tous les
intervenants avec le même degré de politesse, peu importe leurs
origines. C'est dans la tradition des commissions parlementaires de
l'Assemblée nationale. Je me souviens, M. le Président, lorsque
nous avons étudié la loi 101 en commission et lorsque nous avons
entendu les mémoires. J'en faisais partie et nous avons entendu les
jeunes libéraux de la région de Québec avec beaucoup de
plaisir et avec beaucoup de courtoisie et non pas avec la désinvolture
et l'arrogance qu'a manifestées le député de
Notre-Dame-de-Grâce en disant: Vous autres, c'est le gouvernement, vous
êtes à sa remorque. Ce qui revient à peu près
à dire cela.
La région de Montréal-Centre du Parti
québécois, dans le passé, s'est présentée
à d'autres commissions parlementaires, M. le Président. Elle n'a
pas toujours été d'accord avec les mesures gouvernementales.
C'est normal et c'est sain en démocratie, et c'est sain au sein de la
démocratie même du Parti québécois. La région
de Montréal-Centre est collée, les militants de
Montréal-Centre sont collés à la réalité de
leur milieu; c'est normal qu'ils viennent l'exprimer en commission
parlementaire.
Je regrette infiniment que le député de
Notre-Dame-de-Grâce qui nous a habitués à une attitude de
plus grande gentilhommerie depuis son élection ait sombré bien
rapidement, ce soir, dans une arrogance et une suffisance que l'on est
habitué à connaître de son chef qui, au fur et à
mesure qu'il fait ses tournées du Québec insulte à peu
près tout le monde à gauche et à droite. J'aurais
pensé que, de sa part, on aurait eu droit à mieux que cela.
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez revenir
à la pertinence du mémoire, s'il vous plaît, M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Je suis la pertinence du débat, M. le
Président, il s'agit du groupe qui est devant nous, afin de se pencher
sur le projet de loi 107. Je termine simplement en disant que dans ce parti il
n'y a pas un unique centre de pensée inspiré par la main de Dieu,
qui fait tout avaler ensuite par des cruches qui ne demandent pas mieux que
d'être remplies, comme c'était le cas au conseil
général du Parti libéral, la fin de semaine
dernière.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, je voudrais poser une petite
question. Dans la région de Montréal-Centre, d'après vous,
quel est le pourcentage que vous pouvez percevoir de propriétaires ou de
locataires qui seraient indésirables, des propriétaires ou
locataires qui ne seraient pas faciles d'approche, autant d'un bord que de
l'autre? Est-ce que vous avez...
M. Loiselle: Sans porter de jugement à savoir...
M. Caron: Non, c'est cela, à peu près.
M. Loiselle: Je ne parlerai pas de pourcentage de
propriétaires ou de locataires indésirables. Parlons plutôt
en termes de conflits ou de litiges ou de problèmes à
régler. Comme je vous le dis, je ne sais pas si la Régie des
loyers a actuellement des statistiques sur le taux de litiges concernant des
locataires de grands ensembles, ni de taux de litiges concernant des locataires
ayant des propriétaires qui possèdent des
propriétés plus modestes, sauf que l'expérience pratique
vécue de moi et d'autres qui avons.. Je suis un locataire parmi
d'autres. J'ai un petit propriétaire avec qui je m'entends finalement
relativement bien, mais j'ai déjà vécu également
dans de grands ensembles. Je sais par expérience personnelle et par
l'expérience d'autres qu'on côtoie quotidiennement, de
façon générale, que les problèmes sont
différents pour les locataires ou pour les propriétaires selon
qu'il s'agisse de grands ensembles ou de petites propriétés. De
façon générale, également, les problèmes
entre locataires et petits propriétaires semblent plus facilement se
régler à l'amiable je dis bien que c'est une perception
que j'ai que les problèmes, les litiges entre des locataires et
des propriétaires de grands ensembles.
Je n'ai peut-être pas répondu précisément
à votre question en termes de statistiques, je vous donne une
perception.
M. Caron: Non, je ne m'attendais pas à une réponse
précise, mais on vous demande si vous avez à peu près un
pourcentage, des chiffres, parce que cela a été demandé
à d'autres. C'est seulement pour essayer d'avoir une vue d'ensemble. Je
vous remercie du renseignement.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Dans Montréal-Centre, est-ce qu'il y a
plusieurs coopératives d'habitation?
M. Loiselle: II y en a un certain nombre, mais disons qu'elles
sont...
M. Cordeau: En voie de formation.
M. Loiselle: ... en voie de formation, d'autres ont existé
et, finalement, elles sont disparues. Cela semble assez difficile, à
Montréal, de mettre sur pied des coopératives d'habitation.
M. Cordeau: Celles qui sont disparues, est-ce que vous en
connaissez les causes?
M. Loiselle: Non, pas de façon spécifique. Je n'en
connais pas dans le quartier comme tel où j'habite, mais effectivement
plutôt vers le Sud de la ville, il y en a déjà qui ont eu
des problèmes et je ne connais pas exactement le motif de leur
disparition.
M. Cordeau: Dans votre quartier, est-ce qu'il se fait un peu de
rénovation?
M. Loiselle: II s'en fait, en ce sens que le quartier où
j'habite, finalement, c'est un quartier...
M. Cordeau: Dans quel quartier habitez-vous?
M. Loiselle: J'habite le plateau Mont-Royal. Il s'y fait de
l'entretien, si on peut dire, en ce sens que ce sont, pour la plupart, des
petits propriétaires. Ces petits propriétaires sont bien souvent,
surtout ceux qui possèdent des habitations, des propriétés
en bonne condition. Ils sont intéressés à la maintenir en
bonne condition tant qu'ils habitent la propriété.
M. Tardif: Si vous permettez, avant qu'ils quittent, le
député de Verdun demandait si on avait une idée du nombre
de plaintes par taille de logement. Sur 40 000 causes entendues en 1977 en
fixation de loyer, 0,9% étaient pour des édifices d'un logement;
20,8% pour des édifices de deux et trois logements; 37,1% pour des
édifices de 4 à 20 logements; 23,3% pour des édifices de
21 à 100 logements et 17,9% pour plus de 100 logements. Si on fait le
total, on devrait arriver à 100%.
M. Caron: Cela donne à peu près les chiff resque
d'autres ont laissé entendre, à peu près.
M. Tardif: Evidemment, encore une fois, ce n'est peut-être
pas une juste répartition du stock de logements, puisque finalement on
n'a là que on l'a cité plusieurs fois 5% des gens
qui s'adressent à la régie et, même à
I'intérieur de ces 5%, ce ne sont que ceux qui s'adressent pour des
fixations de loyer. Ce qui représente à peu près 50% des
demandes, des causes entendues devant la régie.
M. Caron: A part ça, là-dessus, ça peut
dépendre des secteurs, question d'âge des
propriétés.
M. Tardif: Oui, j'ai des distributions par taille de
municipalités également, je ne sais pas si j'ai Verdun, en tout
cas...
M. Caron: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Non. Est-cequevousaviezterminé, concernant la
rénovation, vos informations?
Le Président (M. Laplante): Pas d'autres questions, M. le
ministre?
M. Cordeau: Je vous remercie, M. Loiselle, de votre participation
à la commission.
Le Président (M. Laplante):M.leministre, le mot de la
fin.
M. Tardif: Je n'ai pas d'autres questions ou d'autres
commentaires, si ce n'est de réitérer qu'effectivement la
réglementation est très importante, particulièrement en
matière de code d'habitabilité et que nous sommes en train de
travailler à ce code qui doit véritablement être
différent, forcément, du Code national du bâtiment, du code
québécois et des réglementations municipales. Dès
que ce code sera prêt, il sera rendu public et il nous fera plaisir
d'entendre les commentaires de M. Loiselle et de tout autre groupe.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, M. Loiselle, les
membres de cette commission vous remercient de votre participation.
M. Loiselle: Est-ce que vous me permettez de faire quand
même deux courts commentaires?
Le Président (M. Laplante): D'accord.
M. Loiselle: D'abord, en ce qui concerne l'information, je
voudrais insister sur ce qui me paraît être une
nécessité, à savoir sur une information spécifique
et non seulement périodique, non pas lorsque la loi sera adoptée,
mais lorsque la réglementation entrera en vigueur. Il me paraît
nécessaire que, lorsque la réglementation ou des parties de la
réglementation entreront en vigueur, il y ait une information
spécifique sur ces réglementations, en plus de l'information
périodique que donnera la régie du logement.
Deuxièmement, je tiens à informer les membres de la
commission qu'il est fort probable que, quelles que soient les modalités
qui seront utilisées par la commission ou par le gouvernement pour
recueillir les commentaires des groupes intéressés concernant la
réglementation, nous essaierons, dans la mesure de nos moyens, de fai re
des représentations concernant la réglementation qui sera dans
la
logique des représentations que nous avons faites sur le projet
de loi comme tel et également, à l'aven ir, sur d'autres projets
de loi concernant l'ensemble de la question de l'habitation et de la
rénovation urbaine.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. J'appelle
maintenant l'Association des propriétaires de maisons mobiles. (21
heures)
Si vous voulez identifier votre organisme et identifier les personnes
qui vous accompagnent et vous-même. Je ne sais pas si vous connaissez les
règles, environ 20 minutes pour résumer votre mémoire et
le reste du temps de l'heure pour les questions.
Association des propriétaires de maisons
mobiles Laurier
M. Parent (R.): Je suis M. R. Parent, de Saint-Hubert, je suis
président de l'Association des propriétaires de maisons mobiles
Laurier. M. Jean-Pierre Gauthier, vice-président de l'association, est
avec moi.
Un merci s'adresse à tous ceux qui ont permis à notre
association de venir s'exprimer devant cette commission et à tous ceux
qui nous écoutent ce soir. A l'assemblée générale
du 23 janvier, les membres de cette association des maisons mobiles Laurier de
Saint-Hubert ont décidé de présenter au gouvernement, en
commission parlementaire étudiant le projet de loi j'ai
écrit 117, mais c'est une erreur, je m'en excuse 107, les
principaux points suivants. 1) Le bail. Tout locataire de terrain dans un parc
de maisons mobiles devrait être assujetti à la Loi de la
Régie des loyers et posséder un bail pour la location de terrain
devenant en vigueur le 1er juillet ou le 1er janvier de chaque année,
c'est-à-dire à la même date qu'un locataire de logement.
Nous pourrions ainsi entendre la cause d'un groupe de contestataires,
d'associations ou d'un avocat représentant le groupe la même
journée devant la régie, ce qui diminuerait les coûts. Les
dépenses du terrain d'exposition de vente de maisons mobiles ne
devraient pas être incluses dans les dépenses
présentées à la régie pour l'exploitation de la
location des terrains de maisons mobiles.
Je vais expliquer cela un peu. Depuis janvier 1978, on a
été à la Régie des loyers, on a eu 169
contestataires. On y est allé une première fois, on a eu une
décision. On est allé devant la régie pour une
deuxième décision, on est allé en appel et l'appel a
été rejeté. C'était la première fois que
cela arrivait au Québec, c'était la première fois qu'on se
présentait devant la régie. On est encore en attente à la
Régie des loyers, après 14 mois, pour retourner à la
première audition.
La deuxième augmentation de loyer était effective, au 1er
mars, on est encore aux prises avec le même dilemme, la première
réponse n'a pas été donnée et le deuxième
groupe de contestataires, 115 personnes cette fois-ci, est devant la
Régie des loyers et on attend la réponse. Quand je dis que
les dépenses du terrain d'exposition de vente d'une maison mobile ne
devraient pas être incluses dans les dépenses
présentées à la régie pour l'exploitation du
terrain, les propriétaires font la vente de la maison mobile et ils font
l'exploitation du terrain. En un mot, devant la régie, ils
présentent un montant global de toutes les dépenses existantes
pour les deux sortes d'exploitation ou de location. 2) Les règlements.
Comme il existe des règlements municipaux dans toutes les
municipalités concernant l'environnement, l'urbanisme, ces
règlements devraient être uniformes pour les parcs de maisons
mobiles du Québec. Il faudrait voir à ce qu'ils soient
respectés. Dans le moment, les propriétaires se foutent des lois
en vigueur depuis 1977 et ne se conforment pas aux lois municipales.
On a une lettre nous attestant qu'à Saint-Hubert ils ne peuvent
pas faire respecter les lois municipales parce que ce sont des terrains qui ont
des droits acquis.
Les normes. La loi devrait obliger les propriétaires de parcs
privés à remplir les normes minimales de portée ou de
support pour les maisons mobiles, voir à ce que le terrain soit
préparé à recevoir une maison de 7500 kilos sans que
celle-ci ne subisse de graves détériorations à chaque
dégel. Le propriétaire du parc envoie la maison mobile dans un
terrain qui n'est même pas défriché. Quand la maison reste
sur les bases, c'est nous qui subissons les conséquences de la
négligence et on paie les factures.
Du côté municipal, nous demandons de faire en sorte que les
lois municipales en vigueur soient respectées par les
propriétaires des parcs privés. De fortes amendes devraient
être imposées s'ils refusent de s'y conformer.
J'ai plusieurs articles, je vais essayer de faire assez vite.
Vérification de l'eau potable qui n'a jamais été faite
à Saint-Hubert. Vérification et nettoyage des égouts.
Vérification et utilisation des bornes-fontaines et déneignement
durant l'hiver. La police et la patrouille obligatoires pour un minimum de
sécurité. Les pompiers, visite et vérification, ainsi que
le contrôle de l'équipement exigé par la loi municipale
pour les incendies.
La sortie d'urgence: Advenant un sinistre, aucune sortie d'urgence n'a
été prévue pour les 405 locataires de Saint-Hubert.
L'urbanisme: Remplir toutes les exigences requises par le service
d'urbanisation municipale. On sait dans le moment que le ministère de
l'environnement, ici à Québec, a eu un dossier de Saint-Hubert
qui est resté mort depuis six mois pour des articles concernant
l'environnement.
Le libre choix. On est rendu dans le libre choix. Vous dites que, ce
soir, on n'a rien du gouvernement pour nous supporter dans le libre choix des
fournisseurs. On est imposé par le libre choix des fournisseurs du
propriétaire, le libre choix de vendre sa propre maison sans être
lié aux propriétaires du terrain. On nous demande un minimum de
8% sur la vente d'une maison et, dans d'autres
terrains, le terrain doit se revendre au propriétaire, ce qui est
écrit dans une clause du contrat.
Je mets: recours collectif, article 6, mais la loi 26, ce n'est pas le
recours collectif. La loi 26 en vigueur depuis janvier 1979 ne comprend pas les
maisons mobiles. La demande de ce mémoire voudrait que les parcs de
maisons mobiles y soient assujettis afin d'aider les locataires en cas de
diminution de services ou d'entretien; on pourrait aller à la
Régie des loyers faire réduire nos loyers. Ceci aiderait à
freiner l'augmentation abusive du loyer demandée aux nouveaux locataires
non avisés, voire imposée par l'exigeant propriétaire. Ces
nouveaux locataires ne sont pas protégés par les lois de la
régie pour la première année. Comme il est entendu,
à Saint-Hubert, si vous n'achetez pas la maison des autres, vous
êtes obligés de débourser $10 additionnels par mois si la
maison...
On passe à l'aide financière. Tout propriétaire ou
acheteur éventuel devrait pouvoir faire l'acquisition de sa maison ou de
son terrain en empruntant de la Société centrale
d'hypothèques et de logement. Toute aide financière et,
après étude, un prêt devrait être consenti à
des locataires voulant se grouper pour former une coopérative dans le
but de devenir propriétaires de leurs propres terrains dans un seul parc
de terrains aménagé par chaque municipalité à cette
fin.
L'article 7a, loyer de base. Le prix de location devrait être
fixé d'après la superficie occupée par le locataire du
lot. Toute augmentation devrait être justifiée (hausses de taxes)
pour les terrains exploités seulement.
Les normes de loisirs. Etablir un minimum de services et de loisirs et
de récréation comprenant un centre de loisirs, un parc
d'amusement, une piscine; cela devient une nécessité pour un
groupe de 400 familles qui vivent dans un parc de maisons mobiles. Les permis
devraient être accordés à ceux qui peuvent procurer ces
services et ces mêmes permis devraient être retirés à
ceux qui ne s'y conforment pas.
La vente de maisons. On demande, pour la vente de maisons, un acte
juridique. Tout acte de vente de maison mobile devrait être
légalisé par un acte notarié pour confirmer la quittance
de toute dette du vendeur. Ceci éviterait les causes de faillite, de
fraude, d'extorsion et les hausses excessives de la valeur réelle de la
maison à des gens non méfiants et non avisés qui sont la
proie des vendeurs peu honnêtes qu'on a dans notre parc.
Permis d'opération. Une investigation devrait être faite
dans les parcs pour vérifier si les propriétaires de parcs ont un
équipement adéquat, capable de résoudre les
problèmes qui surgissent, tels que le déneigement des rues,
où le service d'entretien se limite à 10%. Ils ne font aucun
service depuis que la Régie des loyers applique les
règlements.
L'explication, c'est que, chaque fois maintenant que la Régie des
loyers condamne le propriétaire, il nous coupe les vivres. Il ne veut
rien savoir. Il dit: plus d'électricité, plus de ceci, plus de
cela, plus de grattage de chemins. Les chemins, on pourrait dire que vous vous
promenez à Saint-Hubert-sur-Mer, parce qu'on a pris des photos d'enfants
dans une barque avec des rames, dans le chemin.
Des Voix: Venise.
M. Parent: On mettra cela dans les journaux, la semaine
prochaine. Dans le moment, notre problème, c'est que le bureau
d'affaires est complètement fermé aux locataires existants pour
qu'ils ne soient pas confrontés par les problèmes qui existent
dans le parc en présence de nouveaux acheteurs, ce qui ne les
arrête aucunement à faire leur vente sous fausse
représentation.
Qu'est-ce qu'ils font? Ils ferment la porte du bureau: Déposez
vos chèques, on ne veut rien savoir de vous autres en arrière,
dans la boîte, par en dedans. Ce qui fait que d'autres acheteurs viennent
et ils ouvrent la porte, discutent avec eux. En général, nos
recommandations devraient être: On demande un bail du gouvernement et non
celui du propriétaire, parce que le bail qui existe à
Saint-Hubert, c'est un bail qui est en ligne directe. C'est seulement pour le
propriétaire. Les articles 1 à 20, c'est la même chose,
mais c'est pour lui, on n'est pas couvert. On demande comme date
d'entrée en vigueur, le 1er juillet ou le 1er janvier, ou quelque chose
comme cela.
La deuxième, la loi 26, pour nous aider à entrer dans la
diminution de loyer, si le service diminue. Troisièmement, à la
régie, on demanderait une représentation des membres d'une
association à but non lucratif par le comité de l'association ou
l'avocat de l'aide juridique à la même date, si possible, ne pas
déplacer 169 personnes ou 169 propriétaires pour la même
chose. Quatrièmement, on demande la vérification du service des
revenus et des dépenses des propriétaires en connexion avec la
régie pour déterminer le coût du loyer du terrain, ainsi
que la vérification physique d'une équipe du ministère de
l'environnement et de l'urbanisme pour vérifier l'état des
terrains.
Ce qu'on a fait, nous autres, jusqu'à maintenant, on a
envoyé un dossier qui est ici. On a présenté ce dossier
à multiples organismes au Québec: le service de l'impôt sur
le revenu fédéral, provincial, taxe de vente, qui
détermine qu'il y a de la fraude et toutes sortes de choses
là-dedans. On attend encore les résultats.
La taxe de vente, on sait que cela fonctionne. Il y a quelque chose qui
ne va pas là. On est encore en suspens avec le problème des
maisons mobiles. On a un parc. Nous sommes les premiers à former une
association dans le moment. On a une association qui s'est formée il y a
à peu près un mois ou deux, à Laval, qui va se
présenter demain devant vous. Elle a des problèmes presque comme
nous, mais pires que les nôtres. C'est un vrai mélange.
A l'article 5, on demande que le gouvernement donne des directives
nécessaires aux municipalités de faire suivre les lois au
règlement municipal.
Même si ce sont des droits acquis, on dit que maintenant, s'ils
nous amènent une maison mobile neuve sur un terrain qui a des droits
acquis, on devrait suivre les lois municipales d'aujourd'hui. Que les droits
acquis sur les terrains soient modifiés et soient annulés, si le
propriétaire loue le terrain avec une maison mobile neuve, remplace une
maison mobile neuve sur le terrain. Que les locataires réunis en
association puissent avoir le privilège de choisir leurs fournisseurs.
Dans le moment, ce sont eux qui nous les imposent. Le fournisseur d'huile nous
est imposé. Les prescriptions à la pharmacie... Ils imposent tout
au Québec. Pour expliquer un peu...
M. Marchand: Vous ne pouvez pas aller chez Coutu.
M. Parent: Non. Pour l'huile, on vient de constater, on a eu une
lettre par le fournisseur d'huile Normand Petroleum de Longueuil disant qu'il
engageait les nouveaux propriétaires à leur insu pour prendre
l'huile de ce détaillant pendant trois ans. Pourquoi devrais-je
être obligé de prendre de l'huile pendant trois ans du même
gars sans le savoir? C'est ce qu'ils nous ont fait et on a des lettres pour le
prouver.
M. Tardif: M. Parent, je ne veux pas vous interrompre, mais dans
la mesure où il y aurait une distinction importante à faire entre
ce qu'on pourrait appeler les normes de lotissement qui existent dans les
municipalités, c'est une chose et votre mémoire en parle, cela
m'intéresse comme ministre des Affaires municipales, évidemment,
mais c'est un peu en dehors du champ de la loi 107 comme telle. (21 h 15)
M. Parent: Oui.
M. Tardif: Je pourrai peut-être vous donner des
renseignements à ce sujet-là, si les membres de la commission me
le permettent. Après ça, il y a la loi 107 elle-même et les
dispositions qui y sont contenues.
Par exemple, ce que vous soulignez, c'est-à-dire l'obligation de
prendre un fournisseur désigné par le propriétaire du
terrain mobile, est prévu à l'article 1663.9 qui dit ceci: "Est
annulable une clause limitant le droit du locataire d'acheter des biens ou
d'obtenir des services de la personne de son choix". D'accord?
M. Parent: Oui.
M. Tardif: Donc, ça trouve immédiatement une
réponse...
M. Parent: Oui.
M. Tardif: ... à vos préoccupations, une telle
clause qui dit "est annulable une clause limitant le droit du locataire
d'acheter des biens ou d'obtenir des services de la personne de son choix".
M. Parent: Je suis d'accord, mais supposons que...
M. Scowen: M. le ministre... M. Parent: Oui, c'est
bien.
M. Scowen: ... permettez-moi de vous poser une question qui est
assez importante pour moi. L'article 1663.9 parle du droit du locataire.
M. Tardif: Oui.
M. Scowen: En vertu de cette loi, est-ce que les
propriétaires des maisons mobiles...
M. Tardif: Sont considérés comme des
locataires.
M. Scowen: ... sont considérés... M. Tardif:
Oui.
M. Scowen: ... comme des locataires. M. Tardif: C'est
ça.
M. Scowen: S'ils décident de louer leur maison mobile
à quelqu'un, c'est une sous-location?
M. Tardif: Ce sont des locateurs, au même titre qu'une
personne...
M. Scowen: Ils deviennent locateurs ou est-ce une
sous-location?
M. Tardif: Au même titre qu'une personne qui serait
locataire d'une maison pourrait louer des chambres, par exemple. Ils seraient
locateurs.
M. Scowen: Ils deviennent à ces fins locateurs.
M. Tardif: C'est ça.
M. Scowen: Dans votre projet de loi...
M. Tardif: Ils sont les deux, m'informe-t-on. Ils sont locateurs
de la maison et sous-locateurs du terrain. D'accord?
M. Scowen: Cela est très clair dans le projet de loi.
M. Parent: On est propriétaire de la maison, mais on est
locataire du terrain.
M. Tardif: Oui, mais si, par exemple, vous décidiez de
louer votre maison mobile, vous seriez locateur de votre maison mobile...
M. Parent: Oui.
M. Tardif:... mais sous-locateur du terrain sur lequel est
située votre maison mobile.
M. Parent: Oui, mais c'est notre problème. On ne veut pas
accepter un nouveau locataire, un nouveau propriétaire. Si moi, je vends
ma maison mobile ce soir à quelqu'un on ne voudra pas accepter le
nouveau propriétaire. On dira: Dehors.
M. Scowen: Le nouveau propriétaire de la maison
mobile.
M. Tardif: L'article 1662.5 prévoit
précisément cette situation. On dit ceci: L'acquéreur
d'une maison mobile située sur un terrain loué succède
pour l'avenir aux droits et aux obligations résultant du bail du
terrain, à moins qu'il avise le locateur de son intention de quitter les
lieux dans les trente jours de l'acquisition.
Donc, si vous vendez, il y a un transfert des droits en faveur de la
personne à qui vous avez vendu votre maison mobile.
M. Parent: Oui, je comprends votre point, mais qu'est-ce qu'on
peut faire avec des gens qui disent: C'est un terrain privé, et qui ne
veulent rien savoir du gouvernement ni des lois? Il va falloir que quelqu'un
nous aide au gouvernement pour normaliser cela.
M. Tardif: Ecoutez! Le projet de loi est là, monsieur.
M. Parent: Oui, je sais.
M. Tardif: II n'est pas encore voté...
M. Parent: Je comprends.
M. Tardif: ... il n'est pas encore loi...
M. Parent: Non.
M. Tardif: ... et ces mesures sont précisément
adoptées pour répondre à des besoins comme ceux que vous
présentez devant cette commission Vous n'êtes pas les seuls. Je ne
sais pas... Combien êtes-vous, dans votre association, de
propriétaires de maisons mobiles Laurier?
M. Parent: On est 235 membres actifs...
M. Tardif: 235 membres...
M. Parent: ... sur 400.
M. Tardif: ... sur 400.
M. Parent: Oui.
M. Tardif: Donc, il y a 400 personnes...
M. Parent: Qui sont propriétaires...
M. Tardif: ... qui sont propriétaires...
M. Parent: ... de maisons.
M. Tardif:... de maisons mobiles dans ce parc de maisons mobiles
à Saint-Hubert.
M. Parent: Oui, monsieur.
M. Tardif: C'est ça?
M. Parent: Oui, monsieur.
M. Tardif: Pour l'information de cette commission, les
données, le relevé qu'on a fait indique qu'il y a 37 000 maisons
mobiles au Québec. Il y avait, le 31 décembre 1975, 37 000
maisons mobiles, dont 37% étaient installées dans plus de 180
parcs de maisons mobiles.
M. Scowen: Est-ce que vous avez des chiffres sur le nombre qui
étaient occupées par les propriétaires et le nombre qui
étaient louées à quelqu'un?
M. Tardif: Ecoutez! Dans la mesure où on dit: 37%
étaient installées dans les parcs, on peut présumer que la
différence était installée sur des terrains acquis
individuellement par les gens. Donc, 60% seraient sur leur propre
terrain...
M. Lavoie: Leur propre terrain.
M. Tardif: ... isolé, et 40% vivraient dans les parcs qui
sont généralement loués.
M. Lavoie: ... locataires de terrains.
M. Tardif: Mais je vous donne ça sous toute
réserve.
Maintenant, je voudrais aussi peut-être... J'ai mentionné
tantôt qu'il y avait la question des normes minimales, ce qui est
important. Votre mémoire touche beaucoup de ces points. L'an dernier, le
Code municipal et la Loi des cités et villes ont été
amendés pour permettre aux municipalités d'adopter des normes
minimales en ce qui concerne les glissements de terrain, les plaintes
d'inondation et il semble y en avoir une chez vous aussi
l'installation de parcs de maisons mobiles. Mon ministère a
préparé à l'intention des municipalités des notes
sur ces normes minimales. Or, il y a un passage qui touche évidemment
les maisons mobiles, qui donne ce que pourrait contenir une telle
réglementation, la superficie du terrain, les places de stationnement,
l'ancrage, etc. Il me fera plaisir, évidemment, de vous remettre ce
document que j'ai distribué à toutes les municipalités du
Québec. Cela, c'est pour la partie zonage et réglementation
municipale.
Pour la partie, évidemment de vos droits comme locataires
puisque, pour les fins de la présente loi, le propriétaire d'une
maison mobile située sur un terrain loué est assimilé
à un locataire avec tous les droits et privilèges que
reconnaît la loi, nous pourrions peut-être vous inviter à
prendre connaissance, si ce n'est déjà fait, des articles 1662,
particulièrement parce qu'il
y a toute la loi, mais il y a aussi la partie pour les maisons mobiles
à 1662.5. Je veux seulement souligner une chose, peut-être. Vous
dites: Nous devrions, nous aussi, avoir un bail-type.
M. Parent: Oui.
M. Tardif: C'est quelque chose que nous pourrions examiner, mais
je voudrais corriger une impression que vous laissez dans votre mémoire,
quand vous dites au tout début, à la page 1: Nous voudrions avoir
un bail-type et posséder un bail pour location de terrain devenant en
vigueur le 1er juillet, c'est-à-dire à la même date que les
locataires de logements. Cela n'est pas tout à fait exact parce que les
baux concernant les logements peuvent venir à expiration en tout temps
dans l'année.
M. Parent: Je suis d'accord avec cela.
M. Tardif: Ce n'est que par commodité qu'il a
été décidé de les faire finir à telle date;
on pourrait très bien imaginer un bail commençant le 1er
septembre et finissant le 31 août.
M. Parent: Ne pourrait-on pas avoir une date définitive?
Quand vous avez un groupe de 200 personnes, ne pourrait-on pas avoir une date
définitive qu'on pourrait limiter... Actuellement, on est couvert par la
loi 96...
M. Tardif: C'est cela.
M. Parent: ... jusqu'en décembre 1979; est-ce que cette
loi nous couvre pour un bail ou si c'est seulement une loi qui nous couvre pour
qu'on ne puisse pas être évincés du parc?
M. Tardif: C'est vrai que la loi a été
adoptée à la veille des Fêtes pour une période de
douze mois, mais c'était en attendant cette loi-ci, d'accord?
M. Parent: D'accord.
M. Tardif: Or, la loi 96 actuelle prévoit que les baux se
termineront le 31 décembre 1979. Il pourrait fort bien se faire que
cette loi les prolonge automatiquement jusqu'au 30 juin, après quoi la
période de renouvellement tombera à peu près à la
même date que celle des logements. Cela est tout à fait
concevable.
M. Parent: Mais, quand on a passé... J'ai une autre petite
question; Quand on a passé à la régie, tous ceux qui
avaient contesté avaient un bail se terminant selon la loi le 31
décembre 1978. Votre loi nous donne l'extension d'un an; est-ce que cela
couvre même ceux qui n'ont pas contesté dans un parc de maisons
mobiles, tous les résidents dans un parc de maisons mobiles?
M. Tardif: Tous les baux sont prolongés automatiquement
jusqu'au 31 décembre...
M. Parent: Pour tout résident.
M. Tardif: ... nonobstant le fait qu'il y ait eu ou non appel
à la régie.
M. Parent: C'est cela, monsieur, merci.
M. Tardif: L'appel était d'ailleurs sur la fixation des
loyers et non pas sur la durée du bail.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je veux revenir un moment à la
déclaration que vous avez faite, M. le ministre, sur l'article 63.9.
C'est peut-être votre conseiller juridique ou vous, mais je... Dans la
partie du projet de loi 62 qui touche les maisons mobiles, il n'y a aucune
indication définissant le propriétaire d'une maison mobile
située sur un terrain comme locataire et je vous demande si on peut
tenir pour acquis que le 63.9 s'appliquera à un locataire
propriétaire d'une maison mobile.
M. Tardif: Le 1650.3 dit: "Les articles 1650 à 1665
s'appliquent également, en faisant les adaptations requises, au bail
d'un terrain destiné à l'installation d'une maison mobile."
M. Scowen: Pour vous, c'est assez le fait que 63.9 s'applique aux
propriétaires d'une maison mobile.
M. Tardif: C'est cela.
M. Scowen: Si je comprends bien, le 1662 dit en effet que le
locateur, et, j'imagine, le locataire aussi, sera tenu aux normes
d'aménagement prévues par la loi ou par un règlement
municipal. Alors, dans le cas de Saint-Hubert, est-ce qu'il existe des
règlements municipaux et est-ce que les plaintes que vous soulevez dans
votre mémoire sont liés aux lacunes ou aux faiblesses?
M. Parent: Oui.
M. Scowen: Alors, dans ce cas-là, cette loi ne corrigera
pas les faiblesses que vous soulevez parce que cela relève de la
réglementation municipale. Ce seront encore les règlements qui
mèneront le jeu, même après que la loi 107 sera
entrée en vigueur. Est-ce que c'est exact?
M. Parent: J'ai ici une lettre venant du procureur de la ville de
Saint-Hubert qui dit: "II serait de mauvaise politique, voire même
discriminatoire, d'appliquer le règlement de zonage SH59 avec plus de
sévérité à l'égard des maisons mobiles Le
Marquis que nous ne le faisons pour d'autres contribuables. Comme l'adoption du
règlement de zonage SH59 est postérieure à l'ouverture de
l'ancien parc, il nous est donc impossible de l'appliquer pour cette partie du
territoire. C'est la théorie des droits acquis."
Il continue: "Troisièmement, bon nombre de plaintes concernent
l'entretien des rues. La ville
vous suggère de formuler vos plaintes auprès des
propriétaires des maisons mobiles Le Marquis. Nous ne pouvons nous
ingérer dans un domaine privé. Cependant, nous désirons
vous informer que notre service du génie entrera en contact avec le
service de la protection de l'environnement afin que tout ce qui concerne la
question d'hygiène publique soit réglé à la
satisfaction de tous." Il n'y a rien eu de fait.
M. Scowen: Votre deuxième recommandation est qu'il existe
des règlements municipaux...
M. Parent: Qui ne sont pas suivis.
M. Scowen: Et vous préférez un règlement
uniforme pour tous les parcs de maisons mobiles du Québec. C'est ce que
vous recommandez.
M. Parent: Oui.
M. Scowen: En effet, la loi préconise que ce soit la loi
de la municipalité qui règle le cas.
M. Parent: C'est cela qui est le problème. Les
municipalités nous répondent par des lettres qui... Elles ne sont
pas capables de faire des lois ou de suivre la loi municipale en raison des
droits acquis. Par la suite, on essaie d'avoir quelque réglementation,
on essaie de faire marcher les choses et personne ne nous aide.
M. Scowen: Vous représentez un groupement de
propriétaires d'un parc particulier. Vous recommandez qu'il y ait une
loi-cadre pour tout le Québec. Est-ce que vous pensez que vous parlez au
nom de tous les propriétaires ou locataires des maisons mobiles du
Québec ou est-ce simplement pour régler votre propre cas à
vous que vous...
M. Parent: Non. C'est une suggestion. Les problèmes qui
existent à Saint-Hubert se retrouvent à Saint-Basile. Je voyage,
je vais voir, les mêmes problèmes existent à Vimont ou
à Laval que vous allez entendre demain à la commision. Ils
existent partout.
M. Scowen: Les problèmes et les perspectives des
municipalités... l'attitude envers les parcs mobiles est à peu
près semblable...
M. Parent: Elle est semblable. (21 h 30)
M. Scowen: ... à Sept-lles, à Saint-Hubert,
partout.
M. Parent: C'est semblable pas mal partout.
M. Scowen: Toutes les municipalités ont à peu
près les mêmes attitudes, les mêmes problèmes, les
mêmes avantages et désavantages.
M. Parent: Oui, parce qu'elles disent que les droits acquis,
quand vous allez dans un terrain privé, c'est une autre histoire. Les
propriétaires de notre terrain nous disent: On ne veut rien savoir du
projet de loi qui s'en vient, on ne reconnaît absolument rien, parce que
c'est un terrain privé. Mais on a des lois qui s'en viennent et je suis
sûr et certain que dans le moment, ils ne veulent rien savoir de
ça. Ce n'est pas nous qui sommes les riches dans ça. Nous autres,
on est les locataires. Eux, ils font des revenus substantiels, parce que nous
autres, ça fait vingt ans que le parc est ouvert, ils ont fait
approximativement $3 500 000 en location de terrains seulement, plus la
vente.
M. Tardif: Je m'excuse, ça vous coûte combien, si
vous permettez, monsieur, pour louer un terrain pour une maison mobile à
Saint-Hubert?
M. Parent: Pour le terrain, ce qui est injuste, il y a des
terrains de 24 pieds sur 70 pieds qui coûtent $80; 36 pieds sur 90 pieds
coûtent aussi $80. On veut que le gouvernement dise: On va, au pied
carré, sur la grandeur de terrain utilisé pour la maison mobile
et...
M. Tardif: Je m'excuse, vous payez $80 par mois pour le
terrain...
M. Parent: Oui.
M. Tardif: ... avec un certain nombre de services fournis,
j'imagine, de collecte d'ordures, de déneigement, de choses comme
ça.
M. Parent: Oui, ordures, déneigement, on peut le dire
vite.
M. Tardif: C'est fait par le propriétaire du
terrain...
M. Parent: Oui.
M. Tardif: ... ou par la municipalité?
M. Parent: Par le propriétaire du terrain.
M. Tardif: Vous payez quoi à la municipalité?
M. Parent: On paye $80, tout est compris.
M. Tardif: Vous ne payez aucune taxe à la ville de
Saint-Hubert.
M. Parent: Les taxes sont comprises dans les $80...
M. Tardif: Tout est là-dedans. M. Parent: ... au
propriétaire.
M. Cordeau: ... directement, vous ne payez pas de taxe.
M. Tardif: Pas de taxe d'eau...
M. Parent: On ne paie aucune taxe.
M. Tardif: ... d'eau, aucune...
M. Parent: Parce que Saint-Hubert ne veut pas embarquer dans le
dossier, ils disent: On ne veut pas prendre ce parc parce que la dépense
qu'on va avoir pour l'entretien du parc ou les services à donner au
parc, on va être en dessous.
M. Scowen: Je veux poser quelques questions en ce qui concerne le
propriétaire d'une maison mobile en guise de locataire. Si je comprends
bien, toutes les parties de la loi 107 seront en vigueur en ce qui concerne la
location et, par démolition, ça va équivaloir à un
déplacement, parce que si une maison mobile est louée à
une tierce partie, ce ne sera pas permis de démolir ou
déménager, tous les droits qu'on mentionne, le droit des
concubins, tout ce dont on a parlé cet après-midi, toute cette
patente va s'appliquer entièrement...
M. Tardif: Avec les adaptations nécessaires, la loi, dans
son ensemble, s'applique aux propriétaires de maisons mobiles,
locataires de terrain.
M. Scowen: La démolition, qu'est-ce que cela veut dire
dans le domaine des maisons mobiles?
M. Tardif: Dans ce cas-là, j'imagine que le
problème ne se pose pas puisqu'on peut déménager la maison
plutôt que la... on dit bien: Avec les adaptations
nécessaires.
M. Scowen: Mais si je comprends bien, si on s'occupe de sa propre
maison mobile, on peut la déménager, mais si on en a loué
une autre, qu'on est devenu propriétaire dans une relation de locataire
avec une autre personne, ce n'est pas permis de la déménager
jusqu'au moment où tous les articles de la loi actuelle sont
respectés.
M. Tardif: C'est ça. M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci. J'aimerais poser une question au ministre qui
va peut-être nous éclairer. Est-ce que ce projet de loi 107 va
contrôler aussi les terrains, c'est-à-dire que si quelqu'un loue
un terrain, il va être protégé, il va avoir sa maison et
garder le même terrain? Mais est-ce que dans le cas qu'on a à
Saint-Hubert, la loi va protéger ces gens, lorsque les services
municipaux sont fournis par le propriétaire?
M. Tardif: Absolument, peu importe qui fournit les services, de
la même manière qu'un locataire qui loge dans un immeuble de luxe
où tout est payé, l'électricité, le chauffage et
tout le reste, par le propriétaire. Cela fait partie de son bail, il
reçoit ces services et il a quand même la protection de la loi, au
même titre que celui qui loue un logement non chauffé avec aucun
service.
M. Cordeau: Lorsque le propriétaire actuel dit qu'il n'a
rien à faire avec le projet de loi 107, lorsque la loi va être
adoptée, il sera obligé de la suivre.
M. Tardif: De toute façon, ils sont déjà
sous le coup de la loi pour une chose, la fixation du loyer et les
évictions et ceci, depuis que l'Assemblée nationale a voté
la loi 96 au mois de décembre 1977. C'étaient deux mesures
essentielles qui étaient posées à ce moment-là
puisque le livre blanc avait annoncé l'intention d'inclure les chambres
et les terrains pour maisons mobiles. Si on ne l'avait pas fait
immédiatement, on aurait pu s'attendre à une demande très
forte d'augmentation de loyer pour les maisons mobiles. On a donc
immédiatement soumis les maisons mobiles et les évictions au
contrôle des loyers, à tout le moins, en disant: Dans la loi
permanente, l'ensemble des autres dispositions sera adapté aux terrains
pour maisons mobiles.
M. Cordeau: II faut instaurer cela. M. Tardif: C'est
cela.
M. Cordeau: Cela va résoudre le problème des
locataires.
M. Tardif: On espère que cela va rejoindre un certain
nombre de gens.
M. Cordeau: J'aurais une autre question à poser. Quelle
était la cause en litige que vous avez inscrite et qui est allée
jusqu'en appel et que vous avez perdue? Est-ce qu'on pourrait
connaître...
M. Gauthier: On ne l'a pas perdue.
M. Parent: On ne l'a pas perdue. C'est une augmentation de loyer
envoyée en janvier 1978. 169 contestataires ont envoyé leur
formule de contestation à la régie. L'administrateur a rendu un
verdict de $5.52 d'augmentation par mois sans qu'on voie les dossiers, les
pièces justificatives des dépenses et des revenus, les bilans
financiers du propriétaire. Il a rendu un verdict de $5.52 et il a
avisé les gens par lettre enregistrée que c'était $5.52;
c'était final. Quand on a vu cela, on a été en appel
à la régie. Les deux procureurs ont dit qu'étant
donné que les bilans financiers n'avaient pas été
donnés à la date précise, dans les quinze jours de la
première décision, et qu'étant donné que les 169
locataires n'avaient pas eu le droit de vérifier les dossiers pour en
faire une étude approfondie des bilans financiers, on remettait la
cause, on annulait tout cela. On a envoyé tout cela en première
audition. Là, on attend la première audition.
M. Cordeau: Vous êtes retournés en première
audition.
M. Parent: On va retourner en première audition par lettre
enregistrée quand ils vont nous aviser, dans quelques mois.
M. Tardif: Pour qu'une nouvelle affaire soit inscrite.
M. Parent: Avec les mêmes documents.
M. Cordeau: A ce moment-là, vous pourrez vérifier
les comptes du propriétaire.
M. Parent: On les a vérifiés, on en a fait une
étude approfondie. On a dit: Vous déclarez $51000 de
dépenses et $177 000 de dépenses spéciales. On a pris tout
cela, on a envoyé cela aux ministères du Revenu provincial et
fédéral et au service de la taxe de vente. Débattez-vous.
Dans leur bilan financier, ils mettaient au-delà de $278 000 de
dépenses et, à la régie, ils déclarent $51 000. On
va avoir du "fun" tout à l'heure. A la grâce de Dieu.
M. Scowen: M. Parent, j'espère que vous m'excuserez de
poser les questions plutôt au ministre qu'à vous. Votre double
situation de propriétaire et de locataire, je trouve cela intrigant et
je veux comprendre un peu ce que cela veut dire en termes de notre projet de
loi.
J'aurais une dernière question à poser au ministre. Je
voudrais savoir s'il existe, au Québec, en plus des maisons mobiles, des
maisons ou des logements qui sont, de nature permanente, situés sur des
terrains qui appartiennent à quelqu'un d'autre. C'est un système
qui existe dans les autres pays, mais est-ce quelque chose qu'on voit assez
souvent ici? Ce projet de loi tient-il compte de ces situations? Ou est-ce
impossible?
M. Tardif: Le cas qui s'y apparente le plus, c'est celui des
maisons de chambres, où une personne pourrait louer un immeuble, enfin
être locataire d'un immeuble, mais locateur de chambre.
M. Scowen: Mais y a-t-il des maisons, ou des immeubles, des
appartements, des immeubles à logements multiples qui sont construits
sur les terrains qui appartiennent à...
M. Tardif: Oui, par bail emphytéotique, par
emphytéose, mais là, c'est assimilable à un droit de
propriété.
M. Scowen: Ah! dans ce cas, il n'y a qu'un seul
propriétaire.
Le Président (M. Laplante): Un dernier mot, M. le
ministre.
M. Tardif: M. le Président, je remercie MM. Gauthier et
Parent de leur présentation. Je conçois que c'est un domaine
vraiment de droit nouveau. Ces mesures qu'on va adopter sont la deuxième
série de mesures. La première, encore une fois, ne visait qu'un
effet limité, parce qu'on voulait empêcher des hausses abusives.
C'est du droit nouveau. On est bien conscient qu'au fur et à mesure que
la maison mobile perd de sa mobilité pour devenir une résidence
stable d'ailleurs, à ce sujet-là, un certain nombre de
mesures fiscales ont été adoptées; par exemple, cela a
été l'exemption de la taxe de vente pour les maisons mobiles,
pour celles en tout cas qui allaient acquérir un statut de
"sédentaires" et qu'à ce moment-là aussi la
structure de taxation des immeubles a été modifiée,
c'est-à-dire celle qui s'applique aux immeubles pour s'étendre
aux maisons mobiles, ceci va évidemment entraîner des frais
probablement pour les propriétaires de maisons mobiles qui deviennent
des contribuables à la municipalité. Mais cela pourra aussi
comporter en retour qu'ils exigent des municipalités des services
adéquats. Je pense que l'un ne va pas sans l'autre. Evidemment, dans le
système qui est le nôtre d'une structure gouvernementale et
administrative très décentralisée avec plus de 1500
municipalités, la première réaction, lorsque la Loi des
cités et villes, et le Code municipal ont été
amendés a été: Le gouvernement fera des règlements
pour cela.
Finalement, à la suite des représentations entendues et
avec raison, je pense, les municipalités ont dit: Nous allons faire des
règlements. Donnez-nous des délais pour les faire. Dites-nous un
peu le contenu de ces règlements et laissez-nous les faire et, si on ne
les fait pas, vous les ferez à notre place, si bien que le ministre des
Affaires municipales a amendé la Loi des cités et villes et le
Code municipal pour permettre aux municipalités d'adopter des normes. Je
leur ai envoyé un règlement modèle en disant: Vous pouvez
vous inspirer de cela. Il est fait, avec des esquisses et tout, mais si vous ne
le faites pas, enfin je n'ai pas émis l'ordonnance encore, je pourrais
permettre un règlement, à la place des municipalités, si,
dans un délai de douze mois, elles n'avaient pas adopté un
règlement conforme.
Des mesures sont donc prises. C'est du droit nouveau. Je pense qu'il y a
quand même 100 000 Québécois qui vivent dans des maisons
mobiles. Ils ont droit à la protection du législateur et non pas
à être strictement des parcs dont on ne s'occupe pas et on entend
prendre les mesures. On l'a fait sur le plan fiscal. On l'a pris sur le plan du
zonage et de l'urbanisme et maintenant sur la protection des droits des
locataires. On va continuer dans le même sens. Je vous remercie
messieurs.
M. Cordeau: J'aurais une question à poser à M. le
ministre. Est-ce que plusieurs municipalités se sont prévalues de
cette option d'adopter des règlements concernant les maisons
mobiles?
M. Tardif: En tout cas, Saint-Hyacinthe ne l'a pas fait, M.
Cordeau.
M. Cordeau: On n'a pas de taxes d'enlevées. On n'a pas de
taxes actuellement.
M. Tardif: A vrai dire, il n'y a pas beaucoup de
municipalités qui l'ont fait jusqu'à maintenant. On leur a remis
ces documents l'automne dernier pour leur congrès de l'UMQ-Mississippi;
cela fait six mois qu'ils ont ce règlement modèle, si vous
voulez.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, MM.
Parent et Gauthier, les membres de cette commission vous remercient de
votre mémoire.
M. Parent: Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Avant d'ajourner les travaux
jusqu'à demain, 9 heures, je vais vous nommer les organismes avec
le numéro de leur mémoire qui seront ici demain:
Association des offices municipaux d'habitation du Québec (12-M);
Association des propriétaires de maisons mobiles de Vimont (21-M); la
Commission des services juridiques (5-M).
M. Cordeau: C'est la commission qui vient demain matin?
Le Président (M. Laplante): Oui, la Commission des
services juridiques.
M. Tardif: Oui, elle vient demain matin, parce que les gens sont
à Québec, nous a-t-on dit.
M. Cordeau: Ce n'est pas l'Office municipal d'habitation. Cela a
été changé.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, les travaux sont
ajournés à demain, 9 heures. Il y a seulement trois
organismes.
Fin de la séance à 21 h 40